Vous êtes sur la page 1sur 185

DOCTRINES INITIATIQUES

Essai de Science Occulte


S. LANCRI

DOCTRINES
INITIATIQUES

Essai de Science Occulte

© Copyright Editions Adyar, Paris. EDITIONS ADYAR


Tous droits réservés. 4, Square Rapp, 75007 PARIS
H. P. BLAVATSKY A NEW-YORK
PREFACE

Dans le dernier quart du dix-neuvième siècle, un personnage hors


série, Helena Petrovna Blavatsky, acquit rapidement une réputation
mondiale. Fondatrice de la Société Théosophique avec le Colonel
Olcott et d'autres chercheurs passionnés de l'Occulte, elle montrait
devant de nombreux témoins des dons extraordinaires de clairvoyance
et de magicienne. Elle faisait, en outre, preuve d'une surprenante
érudition à propos des diverses religions et philosophies de l'anti-
quité et traitait, magistralement, de tout ce qui se rapporte à
l'occultisme.
Elle se disait l'élève et la messagère de Sages résidant au Tibet
dont, jusqu'à sa mort, survenue en .1891, elle répandit les enseigne-
ments. Elle les exposa dans ses livres, dont, le principal est « La Doc-
trine Secrète », dans de nombreux articles de presse et dans des lettres
dont beaucoup ont été publiées.
Leur étude n'est pas aisée, étant donné la complexité des sujets
traités et les innombrables références à de multiples religions, philo-
sophies et traditions occultes dont elle émaillait ses écrits. Le présent
essai a été publié dans l'espoir qu'il pourrait faciliter cette étude.
En levant un coin du voile masquant aux profanes certaines doc-
trines communiquées jusqu'alors aux seuls Initiés, H.P. Blavatsky a
parfois suggéré plutôt qu'exposé ce qu'elle révélait. Tout lecteur de
la « Doctrine Secrète » a tôt fait de s'en apercevoir. Cet ouvrage,
publié en 1888, « contient tout ce qui peut être donné au monde, dans
ce siècle », mais il « retient bien plus qu'il ne donne » ( D.S., I, 22
et 299).
Ainsi qu' « Isis Dévoilée », l'autre grand ouvrage d'H.P. Blavatsky,
paru en 1877, il n'est pas rceuvre exclusive de la fondatrice de la
Société Théosophique. Le Colonel Olcott a raconté, dans son livre
« Old Diary Leaves », les circonstances insolites de la rédaction
d' « Isis Dévoilée ». Il passait plusieurs heures, chaque jour, en com-
pagnie de Madame Blavatsky alors que celle-ci était occupée à cette
rédaction. Il déclare ne pas avoir tardé à s'apercevoir que, parfois,
alors qu'elle écrivait, elle changeait brusquement d'expression et de
8 DOCTRINES I NITIATIQUES PRÉFAci! 9

comportement. Il en déduisit qu'elle prêtait son corps à des collabo- sur le manuscrit de « La Doctrine Secrète », de nombreuses feuilles
rateurs invisibles qui se relayaient pour écrire, avec elle, son premier contenant une importante contribution à la rédaction de cet ouvrage,
livre. Il affirme qu'il était parvenu à les distinguer les uns des autres, écrite avec la même encre et la même écriture. A la fin de sa seconde
par leur langage et leurs habitudes. Il acquit la conviction qu'ils visite à H.P. Blavatsky, il découvrit, dans une brochure lui apparte-
étaient des Adeptes de la Science Occulte, Maîtres de Sagesse dont nant, un feuillet qui, selon lui, y avait été placé à l'aide de pouvoirs
Madame Blavatsky lui parlait souvent, et qu'elle considérait comme supranormaux. Sur ce feuillet, un message signé K.H. (initiales de
ses instructeurs et ses guides. Kout Houmi), l'assurait que « La Doctrine Secrète » était l'oeuvre
commune de cet Initié, d'un autre Adepte nommé Morya, et d'Oupâ-
En ce qui concerne « La Doctrine Secrète », le témoignage d'Olcott sikâ (en sanscrit : disciple féminin), nom donné par ces deux Adeptes
fait défaut, car il n'était pas en compagnie d'H.P. Blavatsky lorsque à H.P. Blavatsky. Sur l'autre face du feuillet, quelques lignes signées
celle-ci l'écrivit. Cependant, le 22 août 1888, alors qu'il se rendait de de l'initiale M., se terminaient par ces mots : « ... je certifie que « la
l'Inde en Angleterre, il reçut, à bord du paquebot « Shannon », une Doctrine Secrète » est dictée à Oupâsikâ en partie par moi-même, et
lettre signée de l'un des Adeptes, le Maître Kout-Houmi, et ainsi en partie par mon frère K.H. » (« Lettres des Maîtres de la Sagesse »,
conçue : deuxième série, lettres 69 et 70 ; Barborka, « The Mahatmas and their
« J'ai aussi noté vos pensées relativement à la « Doctrine Letters », 301, 302).
Secrète ». Soyez assuré que ce qu'elle n'a pas emprunté direc- De son côté, un an environ après, William Quan Judge, co-fonda-
tement à des ouvrages scientifiques ou autres, c'est nous qui teur de la Société Théosophique, recevait, par l'intermédiaire de
le lui avons donné ou suggéré. Chaque faute ou inexactitude Madame Blavatsky, une lettre signée Kout-Houmi, lui révélant l'exis-
corrigée ou expliquée par elle, dans les ouvrages d'autres tence des deux messages reçus par le Docteur Hübbe -Schleiden. L'au-
théosophes, a été corrigée par moi ou sur mon ordre. Cet teur de cette lettre fournissait une copie de ces messages, affirmait
ouvrage a plus de valeur que le précédent. C'est un abrégé leur authenticité et précisait que certains passages de «La Doctrine
de vérités occultes qui en feront, pendant de longues années, Secrète » avaient été copiés par H.P. Blavatsky, sur son propre manus-
pour l'étudiant sérieux, une source de renseignements et crit ou sur celui de l'Adepte Morya. Le 21 juillet 1892, le Docteur
d'instruction (« Lettres des Maîtres de la Sagesse », publiées Hübbe-Schleiden et Judge avaient une entrevue à Londres. Ils confron-
par C. Jinarâjadâsa, première série, lettre 19, page 66). taient l'original des messages reçus par Hübbe-Schleiden et leur copie
détenue par Judge et en constataient la parfaite conformité. C'est ce
Citons, comme exemple d'inexactitude corrigée dans « La Doctrine qu'indiquait Judge dans son journal, dans les termes suivants : « H.S.
Secrète », l'affirmation de Sinnett, dans son livre « Le Bouddhisme arrive et nous avons eu un entretien. Il me prête les lettres que les
Esotérique », que les planètes Mars et Mercure font partie de la Maîtres lui ont adressées. Les mêmes que les copies que m'a envoyées
Chaîne terrestre (système d'évolution composé de la Terre et de six H.P.B. » ( Barborka, op. cité, 304).
autres globes).
Des indications fournies par le Docteur Hübbe-Schleiden et William
Quan Judge corroborent celles contenues dans la lettre reçue par le
colonel Olcott. Le Docteur Hübbe-Schleiden, ami d'H.P. Blavatsky,
lui rendit visite en octobre 1885 et en janvier 1886, alors qu'elle rési-
dait à Würzbourg. Il nota la façon étrange dont elle s'y prenait,
parfois, pour rédiger « La Doctrine Secrète ». « Je la vis », dit-il
« écrire des phrases comme si elle les copiait d'après un document
placé devant elle, où je ne voyais d'ailleurs rien ». Il affirme avoir vu,
dans le manuscrit d'H.P. Blavatsky ou dans les livres qu'elle laissait
sur son bureau, des corrections et annotations de la même écriture
que celle des lettres de l'Adepte Kout Houmi, et, comme celle-ci,
écrites avec de l'encre bleue. Un matin, il eut la surprise de trouver,
ABREVIATIONS PREMIERE PARTIE

D.S. : « La Doctrine Secrète » (édition en langue anglaise), en


trois volumes, par H.P. Blavatsky.
I.D. : « Isis Dévoilée » (édition en langue anglaise), en deux
volumes, par H.P. Blavatsky. COSMOGENESE
C.W. : « Collected Writings of H.P. Blavatsky ».
T.G. : « Theosophical Glossary », par H.P. Blavatsky. « Il y a, Horatio, sur terre et dans les cieux,
« Plus que n'en a rêvé notre philosophie. »
B.W. : « Esoteric Writings », (seconde édition), par Subba Row. (Hamlet, I, 5.)
P.B.G. : « The Philosophy of the Bhagavad Gîtd », par Subba Row.
M.L. : « Les Lettres des Mahatmas M. et K.H. à A.P. Sinnett »
(édition d'Adyar, en langue anglaise, 1962).
DE L'ETERNITE AU TEMPS PERIODIQUE

La « Doctrine Secrète » répudie toute conception de « création »


de l'univers ex nihilo. Rien, affirme-t-elle, ne peut sortir de rien et
l'effet est nécessairement inclus dans la cause. C'est adopter la doc-
trine du satkârya, « c'est-à-dire de l'effet préexistant à l'intérieur de
la cause » (Anne-Marie Esnoul, « Les Strophes de Sâmkhya », LIII).
Comme l'affirme Ishvarakrishna dans ses « Sâmkhya Kârikâh »,
l'inexistant ne peut être produit (9e kârikâ).
Pour éviter d'évoquer l'idée d'une chose qui n'existait pas avant
son apparition, Mme Blavatsky utilise le mot « manifestation » de pré-
férence au terme « création ».
Selon la « Doctrine Secrète », l'Univers a existé à l'état latent avant
sa manifestation et, celle-ci terminée, retourne à sa latence primitive
pour en ressortir après une période de repos. Cette nouvelle mani-
festation est suivie d'un nouveau repos et ainsi de suite. L'existence
de l'Univers se poursuit ainsi éternellement, dans une incessante alter-
nance de périodes d'activité et de non activité comparables aux veilles
et aux sommeils qui scandent la vie d'un homme.
Les Hindous appellent Manvantaras et Pralayas ces cycles univer-
sels. Le terme sanscrit Manvantara est formé des mots Manou (nom
d'un Etre divin) et antara (période intermédiaire). Il signifie donc
la période correspondant à un Manou, ou encore celle écoulée entre
deux Manous consécutifs. Quant au mot sanscrit Pralaya, il provient
du verbe pralî (se dissoudre, disparaître). Le Pralaya est donc la disso-
lution de l'Univers.
La « Doctrine Secrète » distingue diverses sortes de cycles univer-
sels. Le Mahâ (Grand) Manvantara et le Mahâ Pralaya concernent le
Cosmos tout entier. Pendant le Mahâ Manvantara, certaines parties
de l'Univers passent par des phases de manifestation et de non mani-
festation également nommées Manvantaras et Pralayas. Ceux-ci sont
relatifs, par exemple, à une planète, ou à une chaîne planétaire.
Chacun de ces cycles de manifestation est suivi d'un Pralaya qui lui
est égal en durée.
A la fin du Mahâ Manvantara, tout l'Univers retourne à l'état
latent, dans sa source, Parabrahman (littéralement : au-delà de Brah-
man). Celui-ci est l'Absolu. La « Doctrine Secrète » l'appelle le Mental
Universel, l'Idéation Cosmique, ou encore la Pensée Divine.
14 DOCTRINES INITIATIQUES DE L'11TI3RNITÉ AU TEMPS PÉRIODIQUES 15

Il serait vain de tenter de se représenter avec précision ce qu'est Comme le démontre Subba Row, Parabrahman est non pas l'in-
ce Mental Universel. Aussi est-il appelé l'Inconnaissable. Il est tel conscience mais la Conscience Absolue.
même pour les Etres les plus évolués du Cosmos. Il serait, en tout
« Si l'on soutient que la grande première cause (Parabrah-
cas, tout à fait erroné de le considérer comme le Mental d'un être
man) est inconsciente dans le sens qu'elle est la négation de
ou d'un ensemble d'êtres. Tout ce qu'on peut en dire, c'est qu'il est
toute conscience, on commet une grande erreur. Si, d'un
le noumène éternel et illimité de toutes les consciences individuelles
et de toutes les formes matérielles qui apparaissent pendant le Mahâ autre côté, on imagine qu'elle est consciente dans le sens
que nous attribuons à la conscience, on se trompe également.
Manvantara. Tout en étant la Cause de tous les êtres, il n'est pas
lui-même un être. Mme Blavatsky le désigne par un mot qu'elle a Si les mots ont un sens quelconque, l'existence consciente
implique trois éléments : le Connaisseur, la Connaissance et
forgé : Etre-té.
le Connu. Parabrahman est « Un seulement, sans second »
Pendant le Mahâ Pralaya, le Mental Universel « demeure comme
(ekamevâdvitîyam) ou, en d'autres termes, l'unification des
une possibilité permanente d'action mentale, ou comme une Pensée
trois éléments de l'existence consciente ci-dessus mentionnée,
abstraite et absolue dont le Mental est la Manifestation concrète et
la destruction des trois réceptables comme on l'appelle tech-
relative » (D.S., I. 70). Ce dernier Mental, qualifié également d'Uni-
niquement ( triputi bhangam ). Par conséquent, il ne peut y
versel, est ce que les Hindous appellent Mahat (le Grand). C'est le
avoir d'existence consciente dans Parabrahman. D'un autre
Mental Universel Relatif, manifestation périodique et limitée du Men-
côté, si Parabrahman est considéré comme inconscience abso-
tal Universel Absolu où, à la fin du Mahâ Manvantara, il se résorbe,
lue, on fera violence au premier principe de notre philoso-
y demeurant comme une « simple potentialité » (C.W., X, 319).
phie. L'inconscience est la négation de toute forme de cons-
« Le Mental Cosmique est Mahat, ou l'idéation divine en cience et, en conséquence, sans aucune relation avec celle-ci.
fonctionnement actif (créatif), et ainsi seulement la manifes- Faire dériver la conscience de l'inconscience est établir une
tation périodique, dans le temps et in actu, du Mental Uni- sorte de relation entre les deux, ce qui, comme nous l'avons
versel Eternel (in potentia). Dans la stricte vérité, le Mental vu, est impossible. Parabrahman n'est donc pas l'inconscience
Universel n'étant qu'un autre nom de l'Absolu hors du temps et, comme on l'a montré, il n'est pas conscient dans le sens
et de l'Espace, cette Idéation ou ce Mental Cosmique n'est où ce mot doit toujours être utilisé. Nous en sommes donc
pas du tout une évolution (et encore moins une « création »), réduits à la conclusion que Parabrahman est la conscience
mais simplement un des aspects de l'Absolu, lequel ne connaît absolue ou niroupâdhikam mahâcaitanyam comme dit l'Oupa-
aucun changement, a toujours été, est, et sera toujours » nishad. De plus, cela est vérifié par l'expérience des occul-
(C.W., X, 319). tistes pratiques. Les émanations de Moûlaprakriti deviennent
conscientes par la réflexion de cette conscience absolue. Par
l'interposition des voiles de Mâyâ, la conscience absolue
Cause sans Cause de tout, le Mental Universel Absolu « est pendant
donne naissance au Sopâdhikam conditionné (la conscience
le Pralaya aussi bien que durant le Manvantara. Il est immuable »
ou l'existence consciente) » (E.W., 425, 426).
(C.W., X, 317). Ar Blavatsky l'appelle l'Espace, « seule chose éter-
e

nelle que nous puissions facilement imaginer », non influencée par Parabrahman est dit, dans la Mândûkya Oupanishad, suprême et
« la présence ou l'absence en elle d'un Univers objectif » (D.S., I, 67). non suprême. « Il est suprême comme cause, non suprême comme
Identique à l'Ain-Soph (sans limite) de la Cabale, Parabrahman effet ». Il est le « Cosmos incluant tout (ou plutôt l'Espace Cosmique
est la Cause Eternelle et non la Première Cause. Mme Blavatsky, pour Infini), dans le sens spirituel le plus haut, naturellement ». Para-
justifier cette distinction, fait remarquer que l'adjectif « Première » brahman est, en bref, tout le Cosmos « dans son infinité et son éter-
implique qu'il s'agit d'une Cause produite en premier lieu, qui fait nité ». Il est la Vie une « éternelle, invisible, cependant omniprésente,
donc partie de la manifestation cosmique et ne peut en être consi- sans commencement ni fin, mais périodique dans ses manifestations
dérée comme la Cause. C'est pourquoi la « Doctrine Secrète » réserve régulières ». Son unique attribut, « qui est Lui-même le Mouvement
l'appellation de Première Cause au Premier Logos, synthèse des pou- éternel incessant, est appelé, dans le langage ésotérique, le Grand
voirs créateurs encore potentiels qui apparaissent au début du Mahâ Souffle qui est le mouvement perpétuel dans l'Univers, dans le sens
Manvantara (D.S., I, 43, i note).
re
de l'Espace illimité et toujours présent » (D.S., I, 32, 35, 36).
16 DOCTRINES INITIATIQUES DE L'ÉTERNITÉ AU TEMPS PÉRIODIQUES 17

Le Grand Souffle est la source « de la Force et de toutes les Cons- Mme Blavatsky fait une distinction entre la Substance et la Matière.
ciences individuelles, et fournit l'intelligence dirigeante dans le vaste
plan de l'Evolution cosmique » (D.S., I, 42, 43). C'est cet aspect de Avec une stricte précision, et pour éviter toute confu-
l'Absolu qui « assume le rôle d'Idéation Pré-Cosmique » (D.S., I, 43), sion et mauvaise compréhension, le terme « Matière » devrait
autrement dit devient le Premier Logos. être appliqué à l'ensemble des objets de perception possible,
et le terme « Substance » aux Noumènes. Car, dans la mesure
Le Mental Universel Absolu est hors du Temps et de l'Espace rela-
où les phénomènes de notre plan sont les créations de l'Ego
tifs. Ceux-ci sont des phénomènes limités. Leurs noumènes sont le
qui perçoit (les modifications de sa propre subjectivité), tous
Temps ou Durée et l'Espace Absolus, tous deux illimités comme
les « états de la matière représentant l'ensemble des objets
Parabrahman dont ils sont deux aspects. perçus » ne peuvent avoir qu'une existence relative et pure-
L'immuable Parabrahman ne peut avoir aucune relation directe ment phénoménale pour les enfants de notre plan. Ainsi que
avec l'univers manifesté. S'il en était autrement, il ne saurait être le diraient tous les Idéalistes modernes, la co-opération du
immuable ; il serait nécessairement affecté par le changement inces- Sujet et de l'Objet a pour résultat l'objet des sens ou le phé-
sant des formes et des consciences dans le monde du devenir et de nomène » (D.S., I, 350, 351).
l'impermanence où, selon les Hindous, règne Mâyâ (l'Illusion).
La Substance Primordiale n'est donc pas la Matière, mais sa
« L'immuablement Infini et l'absolument Illimité ne peut
source, ou sa « Racine », comme l'indique son nom sanscrit, Moûla-
ni vouloir, ni penser, ni agir. Pour cela il doit devenir Fini et prakriti, composé de Moûla (Racine) et de Prakriti (Matière).
il le fait par son Rayon pénétrant dans l'Œuf du Monde ou La Substance Primordiale est aussi, en sanscrit, Avyaktam, le Non
l'Espace infini et en émanant comme un Dieu fini. Tout cela
Manifesté. Aspect de Parabrahman, elle est donc, comme celui-ci
est laissé au Rayon latent dans l'Un » (D.S., I, 378). éternelle et immuable. Etant antérieure à la manifestation du Cosmos,
elle est une pure abstraction pour nous qui faisons partie de cette
C'est, certainement, l'immuabilité qui caractérise le plus la Déité manifestation. Par contre, elle est objective pr rapport à Parabrah-
Suprême, dans la Cosmogonie Hindoue. « Dans la perspective du man. Aussi est-elle appelée le Voile de Parabrahman, comme Shekinah,
Brahman-Atman des Oupanishads, la caractéristique de l'Etre est son équivalent dans la Cabale, est le Voile d'Ain-Soph. Parabrahman
moins son unité que son immuabilité. L'Etre ne peut changer, encore ou Ain-Soph est CELA, la Réalité Unique et Inconnaissable. Moûla-
moins se dégrader : asti, il est. La racine AS signifie être, en germa- prakriti ou Shekinah en est l'aspect relativement objectif apparais-
, nence et en stabilité. Dans un tel contexte, l'action, Karman... porte- sant au réveil du Cosmos.
rait préjudice à l'Etre, si l'Etre pouvait, en essence, subir quelque
préjudice. Agir brouille la claire vision de l'Etre ; c'est pourquoi pous- « Parabrahman et Moûlaprakriti sont Un en réalité, quoi-
sière, trouble, activité ne sont que les aspects divers d'un même mal » qu'ils soient Deux dans la conception universelle du Mani-
(Anne-Marie Esnoul, « Les Strophes de Sâmkhya », page XLVIII). festé et même dans la conception du Logos Unique, la pre-
Lorsque s'achève un Mahâ Pralaya et que le Cosmos, sur le point mière « Manifestation » auquel... CELA apparaît du point de
de se réveiller, n'est pas encore manifesté, apparaît un Principe Pré- vue objectif comme Moûlaprakriti et non comme Parabrah-
Cosmique abstrait qu'à défaut d'un autre terme plus approprié man ; comme son Voile et non comme la Réalité Unique
Mme Blavatsky appelle la Substance Primordiale. C'est la source d'où cachée derrière et qui est inconditionnée et absolue » (D.S.,
jaillira la première Matière Cosmique. Ce principe Pré-Cosmique est I, 294).
nommé la Déesse Mère dans certaines religions. Dans leur symbolisme
archaïque, la Matière est considérée comme un principe universel Moûlaprakriti est le préambule de la manifestation cosmique, bien
féminin et l'Esprit comme masculin. qu'elle demeure au-delà de la ligne séparant le Non Manifesté du
Manifesté. Elle est la première impulsion tendant à l'objectivation de
l'Univers et la source de l'aspect objectif du Cosmos. En elle se trouve,
d'abord latent, puis actif, le Principe qui est à l'origine de l'aspect
subjectif et dynamique de l'Univers.

2
18 DOCTRINES INITIATIQUES DE L'ÉTERNI TE AU TEMPS PÉRIODIQUES 19

Mme Blavatsky appelle ce Principe le Premier Logos ou Logos non Ainsi, le Premier Logos (non manifesté) est le Père du Premier
Manifesté. Le mot grec Logos signifie Parole. Le Logos est donc le Logos manifesté appelé Adam Kadmon dans la Cabale. Pour les Gnos-
Verbe divin. Dès que le Premier Logos devient actif, il émet une tiques, ce dernier était Ennoia, « Homme Primitif », né de Bythos.
énergie provenant de Parabrahman laquelle, fécondant Moûlaprakriti, Dans leur cosmogonie, la Déité suprême et inconnue (Ain Soph)
en fait jaillir la première émanation appelée Sephira dans la Cabale n'avait pas de nom et « sa première émanation femelle était appelée
et Mahattattva dans les Pourânas. Bythos ou la Profondeur ».
Le Premier Logos est le Soleil Central des Cabalistes, « le centre Il convient de faire une nette distinction entre la Déité Inconnais-
sable (Ain-Soph ou Parabrahman) et son rayonnement, Shekinah
de l'Electricité-Vie Universelle, le réservoir dans lequel est emmaga-
siné ce Rayonnement divin ». Il est dans une « condition Laya ou laquelle, affirme Mn" Blavatsky, vient, dans le processus de la mani-
neutre », c'est-à-dire dans un état indifférencié de non manifestation festation cosmique, en second lieu, après Ain-Soph et avant « Sephira
ou le Kadmon » (D.S., III, 183), c'est-à-dire avant l'androgyne Sephira-
(D.S., II, 250, note). C'est l'Inconscient des Panthéistes Européens
Adam-Kadmon. Ainsi comprise, Shekinah est la « forme primordiale »,
(D.S., I, 44). Cependant, il est non l'Inconscience, mais l'Idéation pré-
in abscondito de Sephira (D.S., I, 83, 6e note).
cosmique, la « racine de toute conscience individuelle » ( D.S. I, 43).
Non différent de Parabrahman, il est « le mouvement qui anime la Cette dernière est le Macroprosope (Grande Face) (C.W., VIII, 145).
Elle n'est Kether (mot signifiant Couronne) que « dans le principe
Matière Cosmique » (E.W., 409). « Statique » pendant le Mahâpralaya,
ce mouvement devient « cinétique » au cours du Mahâmanvantara abstrait seulement, comme un x mathématique, la quantité incon-
nue ». Sur « le plan de la Nature Différenciée » elle est « la contre-
(E.W, 4133, 414). « Mouvement Abstrait Absolu », le Premier Logos
est la « Conscience non conditionnée ». Il est le noumène de l'aspect partie femelle d'Adam Kadmon, le premier Androgyne » (D.S., I, 236),
subjectif de l'Univers dont le côté objectif a pour origine l'« Espace l'homologue hébraïque de la Vâch hindoue, la shakti ou partie femelle
de Brahmâ.
Abstrait Absolu » (D.S., I, 42).
Dans le Bouddhisme, Avalokiteshvara (mot sanscrit formé d'Ava-
Le Premier Logos peut ainsi être considéré comme le Fils de Moû- lokita, qui est vu et d'Ishvara, Seigneur) ou « le Seigneur qui est vu »,
laprakriti dans le sein de laquelle il apparaît, après une période de est le Logos. Dans un sens, il est le principe cosmique perçu par la
gestation, comme un Pouvoir actif. Il est également son Epoux, car il « Bouddhi Universelle, le Mental ou l'Intelligence qui est l'agrégat
s'unit à elle pour produire Séphira. synthétique de tous les Dhyân-Chohans ». Dans une seconde acception,
11 est Atmâ, le plus haut principe humain « débarrassé de sa distinc-
« Au premier soupçon de différenciation, le Subjectif com- tion mâyavique d'avec sa Source Universelle, qui devient l'objet de
mence à émaner ou à tomber, comme une Ombre, dans l'Ob- perception pour et par l'Individualité centrée en Bouddhi, le sixième
jectif et devient ce qui a été appelé la Déesse Mère, dont principe » (humain), perception qui ne se produit que « dans le plus
procède le Logos, le Dieu Fils et le Dieu Père en même temps, haut état de Samâdhi ». Avalokiteshvara est donc « à la fois le Père
tous deux non manifestés. Mais le Premier ne doit pas être non manifesté et le Fils manifesté, celui-ci procédant du précédent et
confondu avec le Logos manifesté, également appelé le identique à lui ; il est, autrement dit, Parabrahman et Jîvâtman, le
« Fils »... si nous nous reportons aux cosmogonies hindoues, septième Principe Universel et le septième Principe individualisé, le
nous constatons que Parabrahman n'y est même pas men- Passif et l'Actif, ce dernier étant le Mot, le Logos, le Verbe » (M.L.
tionné, mais seulement Moûlaprakriti. Cette dernière est, 338, 339). Le mot Parabrahman a ici le sens de Premier Logos mani-
pour ainsi dire, la doublure ou l'aspect de Parabrahman dans festé, c'est-à-dire de l'androgyne Adam Kadmon (Kether ou Sephira,
l'Univers invisible... Ensuite vient, sortant de cette Déesse le Protogonos), l'Ennoia des Gnostiques et le Shiva des Hindous. Ce
Mère ou plutôt y résidant, le Logos non manifesté, celui qui premier Avalokiteshvara est le Kwan-Shai-Yin des Bouddhistes chinois
est, à la fois, son Fils et son Epoux et qui est appelé le qui est « une déité androgyne, comme le Tétragramme et tous les Logoï
« Père caché ». D'eux procède le premier Logos manifesté ou de l'antiquité » (D.S., I, 101). Il est dit non manifesté parce qu'il se
l'Esprit, le Fils, de la substance duquel émanent les sept manifeste par l'intermédiaire de son « Fils », identique à lui, le
Logoï dont la synthèse, considérée comme une Force collec- deuxième Avalokiteshvara. Ce dernier est parfois appelé le second
tive, devient l'Architecte de l'Univers Visible. Ces derniers Logos (quand on ne tient pas compte du Père-Mère, la Shakti),
sont les Elohim des Juifs » (C.W., X, 303). parce qu'il vient après son « Père ». Il est aussi appelé le « Démiurge »
20 DOCTRINES INITIATIQUES DE L'ÉTERNITÉ. AU TEMPS PPAZIODUell?S 21

(D.S., II, 26) car, contrairement à son « Père », il est actif et « crée » source et, sous l'impulsion qui lui a été communiquée, le Germe
les mondes matériels (les sept « Prakritis » en lesquelles Mahat se devient le « Triangle dans l'OEuf du Monde ». C'est « ce triangle idéal,
différencie suivant la Cosmogonie hindoue). Il est Chokmah ou symbole du Second Logos, qui est le Point dans l'Œuf du Monde et
Christos, le Jîvâtman (car il est formé des Dhyân-Chohans qui sont qui, après gestation et en troisième lieu, sortira de l'Œuf pour former
les Jîvâtmas, septièmes principes ou Dieux Personnels des hommes) le Triangle ». Ce dernier est le triangle concret, c'est-à-dire Brahmâ-
ou le Verbe et il est représenté, dans le Zodiaque, par le Lion ( E.W., 9). Vach-Virâj, ou Kether-Chokmah-Binah (C.W., X, 351), le Troisième
Ainsi, « il y a deux Avalokiteshvaras dans l'Esotérisme : le Premier Logos (C.W., X, 352).
Logos et le Second » (D.S., I, 101). En d'autres termes, il y a deux
« Uns » dans la Métaphysique Occulte. « Aucune spéculation n'est « Ayant jailli hors du point central et vibré dans le Germe,
possible » à propos du premier qui ne peut ni émaner ni se diviser, le Rayon retourne dans ce point et le Germe devient le
« car il est éternel, absolu et immuable ». Il n'en est pas de même du Second Logos, le triangle à l'intérieur de l'Œuf du Monde »
(C.W., X, 351).
second Un qui est « sur le plan des Emanations » et qui est néces-
sairement au-dessous d'Alaya (le Père-Mère), car celle-ci ne se divise
pas (C.W., X, 324). Il est « le Logos ou Ishvara dans l'Univers de Le « Germe » est la nature non manifestée, l'Œuf du Monde étant
l'Illusion » et émane les sept Rayons « ou Dhyân Chohans (comme la la matière non différenciée ( C.W., X, 353). Le Premier Logos, la
« Monade invisible qui produit le premier, le second et le troisième
Triade Séphirotique supérieure émane les sept Sephiroth (infé-
Points, puis se retire dans l'obscurité et le silence éternel », constitue
rieures) ; autrement dit, l'Homogène devient l'Hétérogène, le Protyle
se différencie en Eléments » (D.S., I, 154, 155). avec ces trois points, la véritable Tetraktys par laquelle juraient les
Py I hugoriciens (C.W., X, 357).
Le Premier Logos est symbolisé par un point « potentiel »,au centre
d'un cercle. C'est le stade initial de la manifestation. Le second stade Le Premier Logos est hors du Temps et de l'Espace. Il est dans
leurs noumènes, la Durée et l'Espace absolus. Les Stances de Dzyan
est « le jaillissement du Rayon hors du point blanc potentiel, pro-
Io situent dans « la dernière vibration de la septième éternité ».
duisant le premier point, lequel est appelé, dans le Zohar, Kether ou
Il semble étrange de diviser l'éternité comme l'implique l'expres-
Sephira » (C.W., X, 352). Un cercle avec un point central, symbole du
« germe primordial », représente « la première chose que l'on peut sion « septième éternité ». Elle se justifie cependant par la considé-
ration que le Mahâpralaya, bien qu'il replonge tous les êtres dans
imaginer au commencement de la différenciation ». Ce stade embryon-
l'I?ternel Parabrahman, n'est pas éternel. Sa durée étant égale à celle
naire est celui de l'univers à l'état purement subjectif. Le stade sui-
►I►I Mahâmanvantara, il est normal de faire correspondre aux sept
vant est l'apparition du Troisième Logos, quand la matière « a dépassé
grands Cycles de ce dernier sept « éternités » mahâpralayiques qui
le point zéro ou point laya » ( C.W., X, 385) et qu'en conséquence
l'Univers, perdant son caractère d'idéalité, devient à la fois subjectif sont les noumènes de ces Cycles mahâmanvantariques.
et objectif (C.W., X, 352). Cette troisième phase de la manifestation « L'emploi apparemment paradoxal de l'expression « Sep-
cosmique est représentée par un triangle. tième Eternité » qui divise l'indivisible est justifié dans la
La Matière primordiale homogène est dans l'état Laya. Ce dernier Philosophie Esotérique. Celle-ci divise la Durée sans limite
terme est « un synonyme de Nirvâna. C'est en fait, la dissociation en Temps inconditionnellement éternel et universel ( Kâla) et
Nirvânique de toutes les substances fondues, après un Cycle de en Temps conditionné (Khandakâla). L'un est l'abstraction
vie, dans la latence de leur condition primordiale. C'est l'ombre ou le noumène, le Temps infini, l'autre son phénomène appa-
lumineuse, mais sans corps, de la Matière qui était, le royaume de raissant périodiquement comme l'effet de Mahat (l'Intelli-
la négativité dans lequel se trouvent latentes, pendant leur période gence Universelle limitée par la durée manvantarique) » (D.S.,
de repos, les Forces actives de l'Univers » (D.S., I, 164). I, 91, 92).
Le Premier Logos est la « Monade jamais manifestée » dont parle
Pythagore. Cette Monade « vit dans la solitude et l'obscurité ». Quand Le Premier Logos et Moûlaprakriti sont éternels. Il convient donc
vient le moment, il en émane un Rayon. Celui-ci produit trois points de lem situer dans l'éternité et, plus précisément, dans la « dernière
ou trois nombres formant un « triangle idéal ou abstrait ». Plus préci- vibration de la septième éternité », car ils sont la transition entre le
sément, ayant vibré dans le « Germe », le Rayon retourne dans. sa MahApralaya et le Mahâmanvantara. Le Temps et l'Espace n'existent
22 nom( I NIES INITIATIQUES

pas encore au stade du Père-Mère homogène ou Second Logos. Ils


n'apparaissent qu'avec la différenciation de la Matière Primordiale,
au stade du Troisième Logos ou Mahat, c'est-à-dire quand naissent
les premiers Etres doués de Conscience active et non plus seu-
lement latente, et dont l'émanation est symbolisée par le « Fiat
lux » biblique. Lorsque s'est produite dans l'infini, la « dernière vibra- LE PERE-MERE
tion de la septième éternité », après l'énergie passive (centripète) du
Second Logos s'éveille l'énergie positive (centrifuge) de l'Esprit et la
«Mère » s'enfle, « s'étendant de l'intérieur à l'extérieur, comme le
bouton du lotus » (D.S., I, 91). C'est au stade du Second Logos manifesté ou « Père-Mère » que
l'univers sort de l'état Laya : « Si le Père-Mère existe, il ne peut natu-
« C'est seulement lorsque « la mère, s'enfle » que com- rellement y avoir un état tel que Laya... des objets individuels peuvent
mence la différenciation. Car, lorsque le premier Logos vibre être en Laya, mais l'univers ne peut être dans cette condition quand
à travers la matière primordiale et non différenciée, il n'y a apparaît le Père-Mère » ( C.W., X, 333, 334).
encore aucune action dans le Chaos. « La dernière vibration Le Père-Mère est l'Akâsha (D.S., I, 46, 105). Tous les Mondes sont
de la Septième Eternité » est la première chose qui annonce issus de « l'Elément Unique dans son second stade, le Père-Mère,
l'Aube, et c'est un synonyme du Premier Logos ou Logos non l'Aine du Monde Différenciée... que nous l'appelions, avec la Science
manifesté. Il n'y a pas de Temps à ce stade. Il n'y a ni Espace moderne, la poussière cosmique ou le brouillard de feu, ou bien,
ni Temps quand se produit le commencement, mais tout est avec l'Occultisme, Akâsha, Jîvâtmâ, Lumière Astrale Divine ou Ame
dans l'Espace et le Temps dès que survient la différenciation. du Monde » (D.S., I, 164).
A l'époque de la radiation primordiale, ou quand émane le
Le Père-Mère est, selon Mm" Blavatsky, Moûlaprakriti (C.W., XI,
Second Logos, c'est le Père-Mère potentiellement. Mais quand
490). Elle identifie ainsi l'Akâsha et Moûlaprakriti. Cependant, par
le Troisième Logos ou Logos manifesté apparaît, cela devient
ailleurs, elle déclare que l'Akâsha est « l'émanation directe de
la Mère-Vierge. Le « Père et le Fils » sont un dans toutes les
Moûlaprakriti ». Cette dernière est éternelle ( D.S., I, 39), alors que
Théogonies du monde. Il s'ensuit que l'expression correspond
l'Akâsha, sa « radiation », ne dure que pendant le Mahâmanvantara.
à l'apparition à la fois du Logos non manifesté et du Logos
M'"" Blavatsky emploie donc le mot Moûlaprakriti dans deux sens
manifesté, l'un au début et l'autre à la fin de la Septième
différents. Dans « le système tibétain de l'Ecole contemplative du
Eternité... la dernière vibration débute hors du Temps et de
Mahdyana », Alaya a ces deux significations, étant identique « à
l'Espace et finit avec le troisième Logos lorsque commencent
l'A kdsha dans son sens mystique et à Moûlaprakriti dans son essence,
le temps et l'Espace » (C.W., X, 358, 359).
car elle est la base ou la racine de toutes choses » ( T.G., 14).
De même, Svabhâvat est, d'une part, « la matière in abscondito
éternelle, indestructible, sans commencement ni fin », « la Racine
éternelle de tout, la Moûlaprakriti du Védantin », l'Espace qui est
« dans sa présence abstraite la Déité elle-même, la Cause Une inef-
fable et Inconnue » (D.S., III, 223). Cependant, Mm" Blavatsky déclare
d'autre part que Svabhâvat est « l'aspect concret de l'abstraction, appe-
lée, dans la philosophie hindoue, Moûlaprakriti », étant par rapport à
cette dernière, dans la position du corps vis-à-vis de l'âme ( D.S., I, 90).
C'est seulement sous son aspect concret que Svabhâvat est l'« Essence
Plastique » qui remplit l'Univers ( D.S., I, 90), c'est-à-dire le Père-Mère
(T.G., 314), l'Akâsha, la « Grande Profondeur », « la Grande Mère et
cependant la Vierge Immaculée », le Chaos de la Genèse et l'Aditi
védique, Mère de Mârttanda (le Soleil) ( T.G., 77, 78).
24 DOCTRINES INITIATIQUES PÈRE-MItRE 25

Cette Grande Mère est le Plerôme des Gnostiques qui « doit être nom donné à Binah. Dans un autre sens, ils sont le Protogonos et la
distingué de Moûlaprakriti ». Elle est le Jagad Yoni (Matrice de Shakti ( D.S., I, 161). « En Egypte, Osiris était le Feu et Isis était la
l'Univers) et l'OEuf doré ou Œuf de Brahmâ des Hindous ( C.W., XI, Terre ou son synonyme l'Eau, les deux éléments opposés, nécessaires
491). C'est la seconde vie du Codex Nazareus, l'« Ish Amon ( Plérôme), l'un à l'autre (précisément à cause de leurs qualités opposées) pour
le vase d'élection, contenant la pensée visible de Jordanus Maximus » un but commun : celui de la procréation » ( D.S., III, 231).
( T.G., 204). « Au sein de cette seconde vie appelée Juschamin, a été L' « Elément Unique Universel » dont provient le Père-Mère, n'est
conçue d'abord l'idée de la création, dont elle est le type le plus élevé pas l'Ether, le cinquième Elément (en comptant du plus matériel au
et le plus pur » (Henri Sérouya, « La Kabbale », 73). Ish Amon (ou plus spirituel), « ni même l'Akâsha, mais la source de ceux-ci ». Il
Juschamin ) est le « Chaos », le Tohu-Vah-Bohu de la Bible ( D.S., III, est « infini, non né et immortel ». Les sept Elements sont ses « modi-
232). Celui-ci est formé dans le Chaos éternel, aspect que revêt fications et aspects conditionnés » ( D.S., I, 41). Quatre sont « entiè-
l'Absolu ( Parabrahman) au début de chaque Mahâmanvantara. Le rement physiques » (matériels) et « le cinquième ( l'Ether) semi-maté-
Père-Mère, ou le Chaos ( T.G., 77), ou encore « l'Ahâsha à la double riel » ( D.S., I, 40).
nature, procède de ce qu'on appelle le Chaos indifférencié, ce dernier Avec l'Elément Unique co-existent la Durée, la Matière et le Mou-
étant le premier aspect de Moûlaprakriti, la Racine de la Matière et vement (ou la Vie) (« The Letters of H.P. Blavatsky to A.P. Sinnett »,
la première Idée abstraite que l'on peut se former de Parabrahman » 376, 377).
( D.S., I, 585). « L'Elément Unique Eternel... est l'Espace, sans dimension
dans tous les sens, avec lequel co-existent la Durée sans fin,
C'est du Chaos éternel dont il s'agit dans la citation suivante : la Matière Primordiale (donc indestructible) et le Mouvement
(le « Mouvement Perpétuel » Absolu) qui est le « Souffle » de
« Au début de chaque aube de « Création », la Lumière l'Elément Unique. Ce Souffle, comme on le voit, ne peut
léternelle, qui est obscurité, assume l'aspect de ce qu'on jamais cesser, même durant les Eternités Pralayiques ». ( D.S.,
appelle le Chaos... Dans ce Chaos sont formées les « Eaux » I, 85).
la Mère Isis, Aditi, etc. Elles sont les « Eaux de la Vie » dans
lesquelles les germes primordiaux sont créés (ou plutôt Cette Matière est « l'Ilus primordial, reposant en Laya » ( D.S., I,
réveillés) par la Lumière Primordiale. C'est Pouroushottama 164). Elle est la Substance Primordiale, éternelle, « qui n'a ni com-
ou l'Esprit Divin, en sa qualité de Nârâyana, Celui qui se mencement ni fin, n'est ni chaude ni froide, mais est de sa propre
meut sur les Eaux de l'Espace, qui, le fructifiant, infuse le nature », car le chaud et le froid sont des qualités qu'on ne peut
Souffle de Vie dans ce germe qui devient l'« CEuf Doré du attribuer qu'aux choses des mondes manifestés ( D.S., I, 110). « Le
Monde », dans lequel, le mâle Brahmâ est créé » ( D.S., III, Mouvement, comme l'Un Eternel , EST, et contient les potentialités de
229-230). toutes ses qualités apparaissant dans les Mondes Manvantariques »
( D.S., I, 655, 1" note).
Ces « Eaux de l'Espace » sont appelées par les Hindous « Ndrd A l'encontre de Moûlaprakriti (la « Racine de la Matière »), son
(Eaux - la Grande Profondeur) » sur lesquelles se meut « Nara (l'Esprit émanation, appelée Sephira par les Kabalistes, « n'est pas illimtée,
Suprême) » ( D.S., III, 232). Pourousha, Nara ou Nârâyana est Sephira, mais temporaire dans notre monde phénoménal » ( C.W., VIII, 144).
« Esprit de Dieu », qui, se reflétant dans les Eaux de l'Espace, Sephira, nommée également Risha Havurah (Tête Blanche), Kether
produit la Voix (la Grande Mère), laquelle « émane le Mot ou Logos » (Couronne) et Crâne Supérieur (C.W., VIII, 144), est la « Substance
(C.W., X, 406). Spirituelle émanée de la Lumière Infinie » ( D.S., I, 379). Elle « crée
Nârâyana et la Grande Mère sont respectivement Kwan-Shai-Yin les Eaux Primordiales, ou, en d'autres termes, le Chaos prend forme »
et Kwan-Yin, qui sont « synonymes de Feu et d'Eau » (C.W., X, 378). ( D.S., I, 379 ; I.D., II, 267, 2. colonne). Ce chaos est le Père-Mère, le
Ils forment un couple qui enfante un autre couple (le Mahat des Tohu-Vah-Bohu, la déesse Neith ou Nout des Egyptiens ( T.G., 77).
Hindous), ce dernier étant, dans la Cabale, formé de Chokmah (mas- Il s'agit d'un Chaos secondaire (dont la durée n'excède pas celle du
culin comme Adam Kadmon ou Kwan-Shai-Yin ) et de Binah (féminine Mahâmanvantara), identique au Jagad Yoni des Hindous, « la Matrice
comme la Grande Mère ou Kwan-Yin ). Dans l'Egypte ancienne, de l'Univers ou l'OEuf de Brahmâ », dont la racine est Moûlaprakriti
Chokmah était appelé Osiris ( D.S., II, 743, 2e note) et Isis était le (C.W., XI, 491). Quant au Chaos primordial et éternel ( Moûlaprakriti),
Il demeure une abstraction immuable.
26 DocTRINES INITIATIQUES Ptiite-mtuul 27

« On ne doit pas un seul instant supposer que Moûlapra- Kether, « la Couronne, le Père-Mère » ( T.G. 375) est dans le Monde
kriti... puisse jamais subir un changement de substance ( Pari- Archétype (Atziloth) (C.W., X, 145). Svabhâvat « que les Occultistes
nama ). Elle est la Sagesse Absolue, l'Unique Réalité, la Déité Identifient au Père-Mère » (D.S., I, 125, 2e note) est aussi placée, par
Eternelle... ce que l'on veut dire par la différenciation de M"'" Blavatsky, dans ce Monde Archétype (D.S., I, 125).
Moûlaprakriti c'est que l'essence primordiale de toutes for- L'Esprit et la Matière (Pouroucha et Prakriti), non distincts l'un
mes d'existence ( Asat ) est irradiée par elle, et, une fois de l'autre au stade du Père-Mère, sont différenciés au stade suivant,
rayonnée, devient le centre d'énergie d'où, par des processus celui du Troisième Logos (Mahat). Ils sont « co-existants, non seule-
graduels et systématiques d'émanation ou de différenciation, men t corrélatifs et indépendants, mais positivement la seule et même
l'univers jaillit à l'existence... Il ressort manifestement de cela chose » (E.W., 485). Tous deux sont indispensables pour que naissent
que « Moûlaprakriti » ne se différencie jamais, mais émane des entités pourvues de conscience individuelle.
ou rayonne seulement son premier-Né, Mahat-tattva, la
Sephira des Kabalistes » (C.W., VI, 142, 143). « Sans la substance Cosmique, l'Idéation Cosmique ne
pourrait se manifester comme Conscience Individuelle. Car
Le Premier Logos manifesté est une potentialité, une Cause non c'est seulement par un véhicule (oupâdhi) de matière que
révélée (C.W., X, 351) « dans le sein du Père-Mère » (C.W., X, 334). la conscience jaillit comme « Je suis Je »... Egalement, sans
Le Second Logos manifesté, « la pensée encore latente » (C.W., X, 351), l'Idéation Cosmique, la Substance Cosmique resterait une
est une « collectivité abstraite de créateurs appelés Démiurges abstraction vide et aucune émergence de Conscience ne
par les Grecs, ou Constructeurs de l'Univers » (C.W., X, 334). La pourrait s'ensuivre » (D.S., I, 43, 44).
pensée ne devient active qu'au stade suivant, celui du Troisième Logos
manifesté, le Démiurge, la « Volonté active » (C.W., X, 351), stade où Il serait erroné de « penser que Prakriti et Pouroucha existaient
se produit « la différenciation ultime du Second Logos et l'individua- avant la période d'activité cosmique, comme deux entités séparées
lisation de Forces Cosmiques » (C.W., X, 334). Sephira « devenant la et qu'il a fallu un moteur quelconque pour les amener ensemble à
lumière visible, produit Adam Kadmon. Mais, dans le sens caché, inter-agir l'un sur l'autre, à la manière dont l'oxygène et l'hydrogène
Sephira et Adam sont une seule et même lumière, seulement latente sont conduits à se combiner chimiquement par l'intermédiaire de
et active, invisible et visible » (I.D., II, 268), le stade intermédiaire l'électricité. En réalité, Prakriti et Pouroucha ne sont, pour nous,
étant celui du « Père-Mère », le Second Logos manifesté. des entités séparées que subjectivement. Nous pouvons seulement
Le Père-Mère (mot composé signifiant Esprit-Matière, C.W., X, imaginer qu'ils sont séparés et tenter alors de comprendre leur
333), ou « le plastique Akâsha », le premier à se réveiller à la vie nature de ce point de vue. En fait, aucun d'eux ne peut exister seul »
active, est « l'Esprit et l'Ame de l'Ether » (D.S., I, 46). Il est le sixième (E.W., 424, note). Aussi, pour les Occultistes, l'Esprit est-il « l'ultime
principe cosmique, Alaya, « l'Ame Spirituelle », dont l'émanation est sublimation de la matière, et la matière la cristallisation de l'Esprit »
Mahâ-Bouddhi, le véhicule de Mahat. Cette Mahâ-Bouddhi est Pra- (M.L., 138).
kriti, l'étoffe du monde ou la Matière qui se différencie en sept plans. Le Père-Mère contient, au début du Mahâmanvantara, tout l'univers
(C.W., X, 324). Svabhâvat (Alaya) est donc non pas la « substance et à l'état latent. Il est donc défini comme le « Rayon Blanc qui n'est
l'étoffe du monde », mais, « ce qui est derrière elle, l'esprit et l'essence pas une couleur, car il contient potentiellement toutes les couleurs...
de la substance » ( T.G., 314). rayonnant du Logos non Manifesté » (D.S., III, 477).
Le Père-Mère, reflet de Sephira (l'Esprit de Dieu) dans les Eaux La Force est « toujours double en différenciation » (C.W., X, 386).
de l'Espace (C.W., X, 406), produit les « Sept Elohim, mâles et La force centripète (de contraction), est le « travailleur à l'intérieur,
femelles ». Ceux-ci sont appelés le Père-Mère Supérieur et sont « les la force inhérente qui tend toujours à s'unir avec son essence parente
réflexions du Saint-Esprit Féminin » ( C.W., X, 145). Les deuxième à l'extérieur ». Cette essence, l'énergie centrifuge (d'expansion), est
et troisième Sephiroth, Chokmah et Binah sont un second « Père- la force « libre », non emprisonnée dans la matière. La Théorie de la
Mère » (C.W., X, 144, 145). Celui-ci est Mahat ou Brahmâ (C.W., X, gravitation ne tient compte que de l'action de la « Mère » (la force
355), lequel dans « la Cabale, est certainement Adam Kadmon centripète). Elle ne peut, à elle seule, expliquer convenablement les
(l'homme mâle et femelle du premier chapitre de la Genèse). Car les mouvements planétaires. Il est nécessaire, pour comprendre ceux-ci,
Manus procèdent de Brahmâ, comme les Sephiroth procèdent de prendre également en considération le « Père » ou la force centri-
d'Adam Kadmon » (C.W., X, 346).
28 DOCTRINES INITIATIQUES LB PÈRE-MÈRE 29

fuge. Ce que la Science appelle gravitation est considéré, par les dans un embrasement général, la dissolution de l'Univers, autrement
Occultistes, comme «le travail de la Vie-Force universelle, qui rayonne dit son retour à l'état Laya ou potentiel, la condition illimitée qui
de la FORCE Absolue et Inconnaissable, laquelle est en dehors de était la sienne avant la manifestation cosmique.
tout Espace et Temps ». Ce travail est « l'Evolution et l'Involution
Eternelles ou l'expansion et la contraction » (C.W., X, 386, 387). « Quand le souffle de la Mère touche la Toile, c'est que le
Mme Blavatsky appelle Poids le premier aspect que revêt le Logos temps de la manifestation est arrivé et que la Toile doit
lorsqu'il jaillit (au commencement du Mahâmanvantara ) de la « Déité parvenir à l'objectivité de la forme. Elle se contracte, car
universelle » qui est obscurité. Elle le définit comme le « Chaos qui il n'y a pas de forme matérielle objective qui soit sans
devient aether dans son état primordial » et le considère « dans le limite » (C.W., X, 386).
sens occulte d'attraction et de répulsion » (C.W., X, 376, 377).
La Toile dont il s'agit est « l'Univers tissé avec les deux Substances
« Le Pouvoir actif, le « Mouvement du Grand Souffle », rendues une Substance, qui est Svabhâvat ». Ainsi que l'exprime une
réveille seulement le Cosmos à l'aube de chaque nouvelle Stance de Dzyan, cette Toile « s'étend quand le Souffle de Feu est
Période, le mettant en mouvement au moyen des deux Forces sur elle » et « se contracte quand le Souffle de la Mère la touche »
contraires, les Forces centripète et centrifuge, qui sont mâle (1).S., I, 111).
et femelle, positive et négative, physique et spirituelle, Le Sceau de Salomon (les deux triangles entrelacés formant
toutes deux constituant la Force Primordiale unique. Il l'étoile à six pointes) est appelé dans l'Inde le « Chakra Shatkona
fait ainsi devenir objectif le Cosmos sur le plan de l'Illusion. (In roue de Vichnou) » (C.W., VIII, 154, note) ( chakra signifie cercle
En d'autres termes, ce mouvement double transfère le ou roue, shat six et kona angle). Cependant, quoique cet hexagone
Cosmos du plan nouménal au plan phénoménal » (D.S., I, 302, soit appelé, par les Hindous,
303).
« le signe de Vichnou, il est en vérité le symbole de la Triade
ou Trimoûrti, car, même dans l'interprétation exotérique,
La manifestation cosmique commence avec l'apparition des « états le triangle inférieur dont le sommet est dirigé vers le bas
de l'énergie cosmique symbolisée par la Cabalistique Sephira-Adam est le symbole de Vichnou, le Dieu du Principe Humide et
Kadmon » et l'Ardhanârîshvara des Hindous ( T.G., 29), tous deux de l'Eau, Nârâyana étant le Principe qui se meut dans Nârâ
symbolisés par le signe zodiacal des Gémeaux ( E.W., 8). Ardha-Nârî ou les Eaux, tandis que le triangle dont le sommet est dirigé
(littéralement : demi-femme) est « Shiva représenté comme Andro- vers le haut est Shiva, le Principe du Feu symbolisé par la
gyne, comme à moitié mâle et à moitié femelle, un type d'énergies triple flamme dans sa main » ( D.S., II, 625, 626).
mâles et femelles combinées » ( T.G., 29).
La force centripète (la Mère) produit une contraction qui rend L'Eau (la Matière), le principe féminin ( I.D., II, 267, 2e colonne),
fini ce qui, pendant le Mahâpralaya, était infini. Au contraire, la est le véhicule de Vichnou. Celui-ci est le germe déposé dans les
force centrifuge (l'Esprit ou, symboliquement, le Feu) a pour effet eaux par le « Seigneur existant par lui-même », germe qui devient
d'étendre toutes choses. Pendant le Mahâmanvantara, ces deux forces un « oeuf brillant comme l'or, aussi éclatant que l'astre aux mille
s'équilibrent. « Les forces centripète et centrifuge, symboles du Bien rayons et dans lequel l'Etre Suprême naquit lui-même sous la
et du Mal, de l'Esprit et de la Matière, de la Vie et de la Mort, sont forme de Brahmâ, l'aïeul de tous les êtres » (« Lois de Manou »,
aussi ceux du Créateur et du Destructeur... Dans les mondes subjec- T, versets 6 à 9, traduction de Loiseleur-Deslongchamps, page 3).
tifs, aussi bien que dans les mondes objectifs, ils sont les deux Vichnou est « Nara, l'Esprit Divin ou Saint Esprit » la Sophia des
pouvoirs qui, par leur conflit éternel, maintiennent l'univers d'esprit Gnostiques, ce Saint Esprit étant considéré comme femelle « dans
et de matière en harmonie... la balance est là... Elle règle l'action des toutes les théogonies philosophiques » ( I.D., II, 267, 2e colonne).
deux combattants... et, préservant une stricte harmonie dans le ciel Quoique Nârâyana soit le nom donné dans les « Lois de Manou »
visible et invisible et sur terre, l'unité forcée des deux réconcilie à Brahmâ ( Mahat ), « dans les Pourânas (antiques légendes) Nârâyana
l'esprit et la matière... » ( I.D., II, 463). Cet équilibre est rompu à la est ordinairement l'un des noms du dieu Vichnou » ( ibid, page 4,
fin du Mahâmanvantara. Alors, le Feu (la force centrifuge) provoque, 1" note). Dans le « Mahâbhârata » sont mentionnées ces paroles de
30 DOCTRINES INITIATIQUES LE PPRE-M$RI? 31

Vichnou : « Dans les anciens temps, j'ai nommé l'Eau Nârâ, et suis Le mot sanscrit nâri signifie femme et désigne la matière pri-
en conséquence appelé Nârâyana, car Nârâ est la demeure ( Ayana) mordiale, les eaux. Celles-ci sont, en sanscrit, nârâ, mot dérivé de
dans laquelle je me mouvais ». ( D.S., II, 625, 4 note). Vichnou est
e vara (homme). Ainsi que l'indiquent les Lois de Manou : « Les eaux
ainsi le « premier germe de l'Univers » jeté dans « l'eau ou Chaos, le sont appelées nârâ parce qu'elles ont été produites par Nara, l'Esprit
Principe Humide des Grecs et d'Hermès » ( D.S., II, 625, 4 note).
e de Dieu » (I.D., II, 267, 5 note).
e

C'est la « Shakti (la couronne de la lumière astrale combinant en Nârâyana (littéralement « celui qui se meut sur les eaux ») est,
elle tous les pouvoirs de la nature) » ( E.W., 287). L'Eau est l'Akasha, dans la Cabale, Sephira devenue « lumière visible » ou active (Adam
la « forme originelle ou primordiale » de Prakriti (Matière) (E.W., 287). Kadmon ). Il est le « Second Logos ou même le Troisième Logos,
Et, bien que, pour produire un « résultat phénoménal », la Shakti suivant l'énumération adoptée » (C.W., X, 313). Il ne peut être le
agisse toujours « en conjonction avec l'Akâsha », ce dernier n'est pas premier, puisqu'il se meut sur les eaux ou la matière, laquelle n'existe
lui-même la couronne de la Lumière Astrale, ni l'une des « six forces pas encore au stade du Logos non manifesté. D'autre part, Sephira
primordiales » (E.W., 298). rie peut se mouvoir sur les Eaux qu'après avoir émané celles-ci.
Shiva, le Kwan-Shai-Yin des Boudhistes chinois, est 1' « activité « Ensuite, à la première radiation de l'aube, l'Esprit de Dieu (après
absolue ». Il est passif au regard de l'Univers phénoménal. Le Logos que le Premier Logos et le Second Logos eussent été rayonnés), le
actif, son émanation, est l'Ahoura Mazda des anciens Perses, l'Osiris Troisième Logos ou Narayan, commença à se mouvoir sur la face
des Egyptiens, le Christos des Gnostiques et le Chokmah des des Grandes Eaux de la Profondeur » (C.W., X, 379). Celles-ci sont « le
Kabalistes (D.S., II, 743, 2 note). Sa gestation a lieu dans l'Œuf
e symbole de l'Akâsha, l'Océan Primordial de l'Espace, sur lequel se
du Monde, Hiranyagarbha (l'Œuf Doré). Un germe de vie y est déposé meut Nârâyana, l'Esprit auto-généré, reposant sur ce qui est sa
par Aditi qui est aussi bien Père que Mère ( I.D., II, 267). Cet andro- progéniture » (D.S., I, 494).
gyne « infini » constitue, avec la « Cause Eternelle » (Parabrahman ), L'Œuf du Monde où se produit la gestation de Brahmâ « est
« la première Triade abstraite exprimée par AUM » (I.D., II, 267), le si mplement le premier stade de la manifestation, la matière primor-
mot sacré des Hindous, que ceux-ci appellent Pranava. diale non différenciée, dans laquelle le germe vital créateur reçoit
Ce terme sanscrit est dérivé du verbe PRANU qui provient lui- sa première impulsion spirituelle ». Grâce à cette impulsion « la
même de la racine NU signifiant résonner, retentir. Pranava est Potentialité devient le Pouvoir » ( C.W., X, 352). En d'autres termes,
donc le Son ou le Verbe primordial. Il est considéré comme le la « potentialité encore non manifestée au sein du Père-Mère »
créateur de l'Univers. Subla Row lui assigne le signe zodiacal du (C.W., X, 334) ou le « Premier Logos Manifesté » devient le Second
Taureau (E.W., 7). Logos, avant que n'apparaisse Mahat , le Troisième Logos, « le Dé-
miurge, la Volonté active » (C.W., X, 351).
« Dans cette eau (ou chaos primordial) l'androgyne « in-
Il y a plusieurs sortes d'Œufs du Monde, « des Œufs Universels
fini » qui, avec la Cause Eternelle, forme la première Triade
et des Œufs Solaires (et autres) ». Le premier est l'Œuf Eternel, le
abstraite représentée par AUM, déposa le germe de la vie
« Mère-Père Eternel aux sept Peaux » (D.S., I, 38). Ce « Parent Eter-
universelle. C'est l'Œuf du Monde dans lequel a eu lieu la nel » aux « robes à jamais invisibles » suivant l'expression des Stances
gestation de Pouroucha ou de Brahmâ manifesté. Le germe de Dzyan, et que Mme Blavatsky identifie à l'Espace, est Moûlaprakriti,
qui a fécondé le Principe Mère (l'eau) est appelé Nara,
l'Esprit Divin ou Saint-Esprit, et les eaux elles-mêmes qui « qui cache ou voile Parabrahman », et la substance symbolisée par
sont une émanation du précédent, sont nommées Nâri, ses « Robes » se trouve « sur le septième plan de la matière en
tandis que l'Esprit qui planait au-dessus est appelé Nârâ- comptant de bas en haut, ou plutôt de l'extérieur à l'intérieur » ( C.W.,
X, 301, 302, 306).
yana » (I.D., II, 267).
Dans le mythe Hindou, Brahmâ, d'abord androgyne, divise son
corps en deux moitiés, Vâch (femelle) et Virâj (mâle). « En termes
Nara, le « germe est partout, de même que le cercle dont la
plus clairs et ésotériquement, l'Univers en se différenciant produit
circonférence n'est nulle part et dont le centre est partout. Il signifie,
la nature matérielle, Virâj, et la Nature intelligente et spirituelle,
en effet, tous les germes, c'est-à-dire la nature non manifestée ou
Vâch, qui est le Logos ou la Déité, c'est-à-dire l'expression manifestée
tout le pouvoir créateur qui émanera et qui est appelé Brahmâ par
de l'Idéation divine et éternelle » ( T.G., 63).
les Hindous » (C.W., X, 352).
32 DOCTRINES INITIATIQUES LE PÈRE-MÈRE 33

Vâch ou Vâk est un mot sanscrit signifiant Parole. Vâch est Dans le Zodiaque, selon Subba Row, le signe du Lion représente
Ishvara ou Mahat, le cinquième principe cosmique, « le Mot, le Nârâyana, Jfvâtma ou Pratyagâtma, c'est-à-dire Shiva, le « Brahmâ
Logos, le Verbe ». Le « Christ réel de tout chrétien est la Vâch » la muet » (le Protogonos ) et le signe de la Vierge symbolise Shakti ou
« Voix mystique » qu'il convient de « ne pas confondre avec Kwan-Yin Mahâmâyâ (E.W., 9, 10), autrement dit Kwan-Yin, le sixième principe
ou Bouddhi, l'Ame spirituelle (le sixième Principe) », le « véhicule cosmique. Quant au signe du Scorpion, il « signifie l'univers en pensée
de son Seigneur », c'est-à-dire de Kwan-Shai-Yin, le septième principe ou l'univers dans la conception divine » ( E.W., 13). De plus, ce hui-
cosmique, « le Fils identique à son Père ». Kwan-Shai-Yin est l'équi- tième signe du Zodiaque « est destiné à représenter Vichnou » et
valent chinois d'Avalokiteshvara, le Logos des Bouddhistes du Nord, Vichnou a la signification « de ce qui est amplifié (amplifié comme
Avalokiteshvara signifie, littéralement, en sanscrit, le « Dieu qui est Vlshvam ou l'Univers) » (E.W., 13). Le Scorpion est donc le symbole
vu », sous-entendu par la Bouddhi cosmique. Dans un second sens, de la première concrétisation de l'univers qui n'existe qu'à l'état
Avalokiteshvara est le Dieu vu par l'individualité humaine, centrée idéal (ou subjectif) dans le Protogonos (Shiva). C'est le reflet de cet
dans Bouddhi, dans « le plus haut état de Samâdhi ». Dans cette univers idéal dans « l'essence plastique » qui constitue Svabhâvat ou
seconde acception, Avalokiteshvara est Mahat ou Vâch. Car cette la Shakti. Les signes de la Vierge et du Scorpion représentent donc
dernière « était adorée sous le nom d'Avalokiteshvara, le Dieu mani- tous deux un même principe cosmique, la Shakti. C'est pourquoi
festé ». De sorte qu'Avalokiteshvara est « à la fois le Père non mani- Subba Row déclare qu'ils « devraient former un seul signe » et
festé et le Fils manifesté, ce dernier procédant du premier et iden- devraient être suivis par le signe de la Balance ( E.W., 10).
tique à lui » et étant « le Mot, le Logos, le Verbe » (M.L., 338, 339). Les deux Chélas (disciples d'un Adepte) auteurs de « Man :
Fragments of forgotten History » (Mohini Chatterji et Mrs Holloway)
« Vâch est la personnification mystique de la parole et le identifient également Vâch au Logos. Ils déclarent qu'elle « est la
Logos femelle, étant une avec Brahmâ qui l'a créée avec première manifestation de la grande réalité non manifestée dans
une moitié de son corps, divisé par lui en deux parties. Elle l'Univers des phénomènes. C'est le Christ mystique des Gnostiques —
est aussi une avec Virâj (appelé le Virâj « féminin ») qui a le Logos manifesté » (p. 98).
été créé en elle par Brahmâ... Esotériquement, elle est la Kwan-Yin est l'énergie du Protogonos (Kether ), l'intermédiaire
Force Créatrice subjective qui, émanant de la Déité Créatrice entre celui-ci et la matière. Mme Blavatsky et Subba Row l'appellent
(l'Univers subjectif, sa « privation » ou idéation), devient le la Lumière ou l'Aura du Logos. Elle constitue le troisième terme de
« monde de la parole » manifesté, c'est-à-dire l'expression la Trinité Chrétienne, le Saint-Esprit.
concrète de l'idéation, donc le « Mot » ou le Logos. Vâch est « Parabrahman, après être apparu, d'une part, comme
l'Adam « mâle et femelle » du premier chapitre de la Genèse l'Ego et, d'autre part, comme Moûlaprakriti, agit comme
et ainsi appelée « Vâch-Virâj » par les sages (Voyez l'Atharva l'énergie unique par l'intermédiaire du Logos... Parabrahman
Veda). Elle est aussi « la Sarasvatî céleste produite par les rayonne hors du Logos la lumière et l'énergie de celui-ci et se
cieux », une « voix dérivée du Brahmâ muet » (Mahâbharata ), manifeste comme cette lumière et énergie. Nous voyons donc
la déesse de la sagesse et de l'éloquence. Elle est appelée
que la première manifestation de Parabrahman est une
Shata-roûpa, la déesse aux cent formes » ( T.G., 357). Trinité, la plus haute que nous puissions concevoir. Elle
consiste en Moûlaprakriti, en Ishvara ou Logos et en l'énergie
Dans ce passage de son « Theosophical Glossary », Mme Blavatsky consciente du Logos qui est son pouvoir et sa lumière...
indique les deux sens du mot Vâch. D'une part, elle est l'Adam « mâle cette lumière provenant du Logos est appelée Daiviprakriti
et femelle » du premier chapitre de la Genèse, le « Mot » ou le Logos, dans la Bhagavad-Gîta. Elle est la Sophia gnostique et le
c'est-à-dire Mahat , le troisième Logos, qui est identique à Virâj Saint-Esprit des Chrétiens... Elle est symbolisée par la
(T.G., 203) et elle est donc appelée « Vâch-Virâj ». D'autre part, elle est Gâyatri... Cette lumière est, en outre, appelée le Mahâchai-
aussi Sarasvatî, la « voix » du Brahmâ muet, c'est-à-dire la Shakti de tanyam de tout le Cosmos. C'est la vie de toute la nature. Il
Shiva, ou le sixième principe cosmique (le Logos femelle). C'est dans doit être observé que ce qui se manifeste comme lumière,
ce second sens seulement qu'elle est identique à Kwan-Yin (D.S., I, comme conscience et comme force est exactement la même
161). et unique énergie... Cette lumière du Logos est le lien, pour
34 DOCTRINES iNtr ucti °uns PÈRE-M 35

ainsi dire, entre la lumière objective et la pensée subjective « L'Akasha n'est pas le Saint-Esprit, car alors l'Akasha
d'Ishvara. Elle est appelée Fohat dans plusieurs livres boud- serait Shekinah tandis que l'Akasha est le noumène du
dhiques. C'est l'unique instrument avec lequel travaille le Septénaire Cosmique dont l'Ether est l'âme. Shekinah est
Logos » (P.B.G., 15 à 19). un principe féminin comme l'était le Saint Esprit avec les
premiers chrétiens et les gnostiques ». ( C.W., IX, 361).
Le Saint Esprit (féminin) des premiers chrétiens (la Sophia des
Gnostiques, le « Principe Humide » de l'hermétisme, la Daiviprakriti Quoique dans la véritable Cabale, celle du Livre des Nombres
de la Bhagavad Gîtâ, la Kwan-Yin des Bouddhistes chinois et la chaldéen (introuvable en dehors du cercle des Initiés), Shekinah soit
Shakti de l'hindouisme) est ainsi identifié à « la vie de toute la « sans sexe et la plus pure abstraction », elle est considérée comme
nature ». C'est le « Père-Mère », le second Logos ou la Vie ( D.S., 1, féminine dans les traités cabalistiques actuellement publiés où l'on
44), le Rayon Blanc qui « contient potentiellement toutes les cou- ne trouve qu'un ésotérisme déformé.
L'Akâsha, le noumène « du septénaire cosmique » ne doit pas être
leurs » (D.S., III, 477). Quand ces dernières en émanent, elles consti- con fondu avec la « Prakriti sept fois différenciée » (D.S., I, 277). Celle-ci
tuent « les Sept Primordiaux, les sept Rayons formant le Logos (tonne naissance, par sa différenciation, aux sept Prakritis étagées de
manifesté » (D.S., III, 481). Celui-ci est Mahat, le Troisième Logos, ou Mahat à la Terre. L'Akâsha dont il s'agit n'est pas une substance,
« la Synthèse des sept Rayons Créateurs, les sept Logoï » (C.W, X, « mais plutôt le chaos, le Grand Vide Spatial », l'Aditi des Hindous
313). Ceux-ci, appelés les « Sept Primordiaux » dans les Stances de et « la Moûlaprakriti des Védantins » (D.S., III, 497, et 3e note). Cette
Dzyan (Stance IV, Shloka 2), « procèdent du Père-Mère (Esprit-Hyle substance est la Racine de la Matière qui, comme nous l'avons dit, se
ou Illus) » (D.S., I, 116 ; C.W., X, 397), c'est-à-dire de la Matière Pri- trouve sur le « septième plan de la matière » ( C.W., X, 306) Moûla-
mordiale, « Sédiment du Chaos ou de la Grande Profondeur » ( T.G., prakriti est la « Semence Cosmique » ( D.S., III, 441). Elle forme le
146). Tattva Adi et émane le Tattva Anoupâdaka qui constitue Sephira.
Kwan-Yin (ou Aditi ) est le Logos Femelle, la « Mère de Compas- Celle-ci est l'origine (ou principe émanateur) de Mahat (C.W., X, 355),
sion et dé Connaissance ». Elle est la « Triple de Kwan-Shai-Yin ». le cinquième principe cosmique. Dans sa signification supérieure,
En effet, « dans ses corrélations métaphysiques et cosmiques », elle Shekinah est identique à Moûlaprakriti, la Racine de la Matière.
est la Mère, l'Epouse et la Fille du Logos manifesté. De même, Dans un autre sens, elle n'est qu'Alaya, la Shakti.
Daiviprakriti, « la lumière manifestée par l'intermédiaire d'Ishvara, « Et c'est ainsi qu'elle est considérée dans les Pourânas
le Logos, est en même temps la Mère et aussi la Fille du Logos ou exotériques, car Shekinah n'est pas plus que la Shakti — le
Verbum de Parabrahman » (D.S., I, 160, 161). double femelle de tout Dieu — dans un tel cas. Et il en
Akâsha est un synonyme de Kwan-Yin. Cependant, ce mot sanscrit était ainsi avec les premiers Chrétiens dont le Saint-Esprit
désigne, à la fois, le septième et le sixième principes cosmiques était féminin, comme l'était Sophia avec les Gnostiques »
(D.S., II, 538). Dans le premier sens il est le Tattva Adi, la synthèse (D.S., I, 678).
des sept Tattvas (D.S., III, 498), c'est-à-dire le noumène du septénaire
cosmique. C'est dans sa seconde acception qu'il est le Saint-Esprit, Par contre, dans son sens de Lumière du Logos non manifesté,
le Chaos, le Père-Mère, la Déesse Egyptienne Neit et l'Aditi védique comme on l'envisageait dans « la Kabale transcendante chaldéenne,
Shekinah est asexuée et la plus pure abstraction, un état comme
(T.G., 77). Il a une troisième signification, car, selon une conception
exotérique, il est le troisième Tattva, « suivi seulement de quatre Nirvâna, ni sujet, ni objet, ni quoi que ce soit, excepté une Présence
absolue » (D.S., I, 678).
Tattvas, chacun devenant plus grossier que son prédécesseur », et il Vâch est la « parole mystique secrète » qui « descend sur les
est placé « seulement au-delà des quatre plans de notre Chaîne Rishis primordiaux ou entre en eux » comme, dit-on, les langues
Terrestre » (D.S., III, 497, 498). Mais, ésotériquement, cet Akâsha de de feu se sont posées sur les apôtres ( T.G., 357). Elle est appelée
« la Philosophie exotérique du Yoga et de la pratique du Hatha Yoga » Shataroûpa, c'est-à-dire, en sanscrit, Celle aux Cent Formes (D.S.,
(D.S., III, 499) n'est que « l'Ether de l'Espace, ou l'Akâsha dans sa I, 116). Elle est la nature ( D.S., I, 121), plus précisément la « Nature
troisième différenciation » ( D.S., III, 501). intelligente et spirituelle » ( T.G., 63). Elle est une avec Brahmâ (le
Protogonos ) qui l'a créée « d'une moitié de son corps », et avec
36 DOCTRINES INITIATIQUES LE PÈRE-MIIRE 37

Virâj (identique à Mahat, T.G., 203) « qui a été créé en elle par Pour la lumière du Logos abstrait « tous les plans manifestés
Brahmâ » (T.G., 357). Elle est le deuxième Logos, et devient le dans le système solaire sont objectifs » ( P.B.G., 99, 100), y compris
« Mot ou Logos » (T.G., 357), le Troisième Logos, Mahat ou Virâj par conséquent le Logos solaire ( Kwan-Shai-Yin) et sa Lumière
qui est la « nature matérielle » ( T.G., 63) ou « l'expression concrète ( Kwan-Yin ). Car ces deux derniers font partie du système solaire et
de l'idéation » (T.G., 357) Vâch, l'aura du Logos, contient les formes ne sont donc que des « subdivisions » de l'aspect le plus objectif
de tout ce qui apparaît dans l'univers objectif. Elle est la (le Sthoûla Sharîra ou corps physique de Parabrahman) du cosmos
« déesse des forces actives dans la Nature », identique à la Bath-Kol Infini ( P.B.G., 99). La Lumière du Logos abstrait est l'infinie Aditi,
(Filia Vocis) des Hébreux. Celle-si est « la Fille de la Voix Divine la Lumière Primordiale (I.D., II, 267), 1" colonne) dont Kwan-Yin
ou de la Lumière Primordiale, Shekinah ». Similairement, Vâch est est, comme nous l'avons dit, la fille, tout comme, dans la Cabale,
« une permutation d'Aditi, la Lumière Primordiale » ( D.S., II, 112). lia th-Kol est la fille de Shekinah, la radiation primordiale et sans
L'univers, en germe dans le Logos (septième principe cosmique) sexe d'Ain-Soph.
est transmis et amplifié dans sa Lumière (sixième' principe), puis On peut, déclare Subba Row, considérer le système solaire comme
imprimé sur la matière. composé de quatre éléments qui sont Moûlaprakriti, Ishvara, Hiranya-
garbha et Vaishvânara. Ils correspondent, respectivement, dans
« Les conclusions que j'entends tirer de ce chapitre sont
l'homme, à Atmâ, au Kârana Sharîra (Corps Causal), au Soûkshma
les suivantes. D'abord que le Logos reflète tout le cosmos
Shadra (Corps Astral) et au Sthoûla Sharîra (Corps Physique).
en lui-même ou, en d'autres termes, que tout le cosmos
I sh vara, qu'il appelle également Soûtrâtma, est, dit-il, « le Germe
existe dans le Logos dans son germe. Comme je l'ai déjà dit,
ternel de l'univers manifesté, existant dans le champ de Moûla-
le monde est le mot rendu manifeste et le Logos est, dans la
phraséologie mystique de nos anciens écrivains, la forme prakriti » (E.W., 513, 7e note). Hiranyagarbha est « la Vie Une telle
pashyanti de ce mot. C'est le germe dans lequel tout le plan qu'elle est manifestée dans le plan de la Lumière Astrale » ( E.W.,
513, 6e note). Quant à Vaishvârana, il est « le feu magnétique qui
du système solaire existe éternellement. L'image existant
dans le Logos devient étendue et amplifiée quand elle est remplit le Système Solaire manifesté » et l'aspect objectif de la Vie
communiquée à sa lumière et elle est manifestée dans la Une (E.W., 513, 5e note). Il constitue « la base physique unique dont
matière quand la lumière agit sur Moûlaprakriti. Aucune n jailli à l'existence tout le monde objectif », tandis qu'Hiranyagarbha
est « la base du monde astral » ( P.B.G., 22).
i mpulsion, aucune énergie, aucune forme dans le cosmos ne
peut jamais venir à l'existence sans avoir eu sa conception La lumière du Logos est l'aspect terrifiant sous lequel Krishna,
originelle dans le champ de chit qui constitue le mental le Logos, se révèle à Arjouna. Celui-ci « avec son intelligence spiri-
démiurgique du Logos » (P.B.G., 98, 99). tuelle, voit devant lui une image ou forme objective qui, quoique
splendide et magnifique, n'est, strictement parlant qu'une image
Remarquons que Vâch est la Lumière du Logos de notre système externe du monde ». Ce qu'il voit ainsi n'est pas le Logos lui-même,
solaire seulement. On peut considérer que tous les systèmes solaires mais sa forme vishvaroûpa « manifestée dans sa lumière, Daivi-
constituent le corps physique de Parabrahman, dont, pour ainsi dire, prokriti ». C'est seulement sous cette forme que le Logos peut « deve-
le corps astral ( Soûkshma Sharîra ) et le corps causal ( Kârana Sha- nir visible même à la plus haute intelligence spirituelle de l'homme ».
rîra ) sont respectivement la Shakti et le Logos « abstrait » (Premier Pourquoi Arjouna fut-il terrifié par cette vision ? Parce que, le
Logos, ou Logos in abscondito, I.D., II, 295) « du cosmos infini, non du Logos « étant l'univers en idée », les événements futurs avant de
système solaire » (P.B.G., 20). se manifester sur le plan objectif, apparaissent « dans le plan du
Logos dont surgissent originellement toutes les impulsions ». De
« Tout le Cosmos, par quoi j'entends tous les innom- sorte qu'Arjouna, voyait dans la Lumière du Logos, d'effrayants
brables systèmes solaires, peut être appelé le corps physique événements futurs. La mort dé Bhishma, Drona et Karna ainsi que
de l'Unique Parabrahman ; toute cette lumière ou force la destruction de presque toute leur armée étaient visibles à l'avance
peut être appelée son Soûkshma sharîra. Le Logos abstrait dans cette apparition du Logos. La forme prise par celui-ci « n'était
sera alors le Kârana Sharîra, tandis que l'Atmâ sera Para- qu'une indication des choses terribles qui étaient sur le point de se
brahman lui-même » ( P.B.G., 99). produire. En lui-même, le Logos n'a pas de forme ; vêtu de sa
38 DOCTRINES INITIATIQUES LE PÈRE-MERE 39
lumière, il assume une forme qui est, pour ainsi dire, un symbole possédant, Alaya leur sert si peu » (ibid., 38). Et, s'adressant au
des impulsions agissant ou sur le point d'agir, dans le Cosmos au « candidat au savoir caché de la nature », elle s'écrie :
moment de la manifestation » (P.B.G., 100, 101).
Répétons-le, rien ne se passe ici-bas avant de s'être produit dans « Les Maîtres sont nombreux, l'Ame Maîtresse est une,
le champ de chit, le « mental démiurgique du Logos », c'est-à-dire Alaya, l'Ame universelle, Vis dans ce Maître comme son
dans sa Lumière ou Aura. Celle-ci est l'Ame Universelle, Sarasvatî rayon vit en toi. Vis en tes compagnons comme ils vivent
ou Vâch, « le Saint-Esprit des premiers Chrétiens et Gnostiques », en Lui » (ibid., 78).
l'Anima Mundi, l'Ame Universelle de Platon, l'Akâsha des Hindous,
et « le Mental du Créateur Démiurgique » (D.S., I, 377). Mais, pour que le « courant de connaissance durement gagnée,
t l e sagesse née du ciel » provenant d'Alaya, « reste une eau douce et
Alaya, « l'Arne du Monde » ou Anima Mundi (D.S., I, 79) des
cotwante », et éviter qu'il ne devienne un « marais stagnant », son
Bouddhistes du Tibet, est, dans son essence (aspect nouménal et
cuti doit être transmise à autrui. « Sache que le courant de connais-
abstrait), Moûlaprakriti et, dans son sens mystique, Akâsha (T.G.,
NIIIICC surhumain et de sagesse-déva que tu as gagné doit être
14), c'est-à-dire, Vâch, la Lumière du Logos. C'est pourquoi, « quoique
vt• isé de toi-même, canal d'Alaya, dans un autre lit » (ibid., 107). Car
dans son essence, elle soit éternelle et immuable » (comme l'est
Moûlaprakriti), « elle se réfléchit dans tout objet de l'Univers » In Compassion, la « Loi de l'éternel amour » est « la Loi des Lois,
(D.S., I, 79). Car tout ce qui est dans l'univers objectif préexiste à l'harmonie éternelle, le Soi d'Alaya, une essence sans rivage et
l'état de prototype dans la Lumière du Logos. Tout comme Vâch est universelle ». Et plus « tu deviens un avec elle, ton être fondu dans
Non être, plus ton âme s'unit à ce qui est, et plus tu deviendras
la « parole mystique secrète » qui descend sur les Rishis primor-
diaux, de même Alaya est « le Soi d'un Adepte avancé » ( D.S., I, 80). Compassion absolue » (ibid., 111).
Non seulement les Dhyâni-Bouddhas « sont un avec Alaya en Ame et
Essence, mais même l'homme fort en yoga (méditation mystique)
« est capable de fusionner son âme avec elle », comme le dit Arya-
sanga, de l'école Yogâchârya. Ce n'est pas Nirvâna, mais la condition
qui le suit » (D.S., I, 79).
Bouddhi, le sixième principe humain, est « un rayon de l'Ame
Spirituelle Universelle (ALAYA) » (D.S., III, 494). C'est en élevant sa
conscience au niveau de Bouddhi que le Yoguin atteint « le plus
haut état de Samâdhi » et obtient la vision de son septième principe,
Avalokiteshvara (le Seigneur qui est vu), Atmâ (M.L., 338).
Alaya est le Maître intérieur de tous les hommes, la « parole
mystique secrète ». Dans le roman mystique « l'Idylle du Lotus Blanc »
elle est personnifiée par la Dame du Lotus Blanc (E.W., 262). Subba
Row fait un rapprochement entre l' « eau douce et sonore » du bassin
du Lotus Blanc où apparaît cette Dame et l' « eau magique » dont
parle Mme Blavatsky dans « Isis Dévoilée » (E.W., 263 ; I.D., II, 349).
« L'AME, MAITRESSE est Alaya, l'âme universelle ou
Atman, dont chaque homme possède en lui-même un rayon
avec lequel il peut s'identifier et dans lequel il peut s'absor-
ber » (« La Voix du Silence », 78).

Mme Blavatsky déplore que les hommes négligent de rechercher le


secours de cette Ame Maîtresse : « Hélas, hélas Dire que tous les
hommes possèdent Alaya, sont un avec la Grande Ame et que, la
L'IDEATION COSMIQUE

Mahat, le Troisième Logos (D.S., III, 560), est le pouvoir créateur


que les Hindous nomment également Brahmâ et Ishvara (D.S., I, 277,
486). Il est le « Fils » du « Brahmâ Créateur » (le Macroprosope,
Ennoia ou l'Homme Primitif) et de Pradhâna, « la Substance Pri-
mordiale » (D.S., I, 236) ou l'Akasha (D.S., I, 276). Son véhicule est
Prakriti (C.W., X, 324) dont Pradhâna est le noumène (D.S., I, 277).
Prakriti se différencie sept fois. Son plan le plus bas est la Lumière
Astrale (le linga sharira de notre globe terrestre) qui est « au-dessus
et autour de nous » (D.S., I, 277).
Mahat est composé de Chokmah et de Binah (C.W., X, 355) dont
('hristos et Sophia sont les copies grecques (I.D., II, 42). Il est, ésoté-
rlquement, le chef des Esprits Planétaires (les Régents des sept
planètes sacrées des Anciens) et exotériquement le Soleil visible (D.S.,
I1, 26). Il se situe dans le monde Briah de la Cabale (C.W., VIII, 145),
le troisième plan aroûpa (D.S., III, 540), le Monde Divin où se trouvent
les innombrables « Bouddhis ou Ames Divines sans forme » (D.S.,
I, 145). Prakriti, la matière de ce plan, est la « Bouddhi cosmique » ou
Mithâ-Bouddhi (C.W., X, 324), nom donné aussi à Mahat. Manas est
nu-dessous. Il va du plan Kâma-Mânassique à Mahat (D.S., III, 558).
Les Régents Planétaires dont Mahat est le Chef sont les Mânasa-
poutras, ses émanations (D.S., III, 540). Ils sont les Sept Rayons qui
procèdent du Logos manifesté et « qui, dans le Zohar sont appelés
les Sephiroth inférieures » (C.W., X, 352). Ces Esprits Planétaires
sont les « Lhas supérieurs » qui « font créer le monde par les sept
litas » inférieurs (D.S., II, 26). Ils sont identiques à « Michel et ses
Anges, ou Jehovah-Tzabaoth (la « Légion ») qui, comme les sept fils
cic Brahmâ sans passion et nés du mental, ont refusé de créer, parce
qu'ils aspirent à s'incarner comme hommes de façon à devenir plus
hauts que les dieux » (C.W., VIII, 148). Ils sont symbolisés par
Netzah, la septième des Sephiroth dont le nom divin est Jehovah-
Tzabaoth et qui « correspond à Haniel (vie humaine physique), aux
Elohim androgynes, à Vénus-Lucifer et à Baal et finalement à la lettre
Vaou ou le Microprosope, le Logos », tous ceux-ci appartenant au
« monde formatif » (C.W., VIII, 148) c'est-à-dire au monde de Jetzirah
de la Cabale. Ce monde est le Firmament de la vision d'Ezekiel (C.W.,
42 DOCTRINES IN IT M'IODES CI DÉAT ION COSM I le I 43

VIII, 152). Il est « l'habitat des anges qui ne voulurent pas créer » (lues qui ont la même signification que les signes zodiacaux. Ils sont
( C.W ., VIII, 154) symbolisés dans le premier chapitre de l'Apocalypse les Dii Minores (Dieux Mineurs), les « dieux inférieurs d'Assyrie et de
par le personnage qui ressemblait à un fils d'homme (1, 13). Ce Babylone », émanations inférieures groupées « autour de Bel, le
personnage est le Microprosope ou Christos, l'émanation parfaite de Démiurge et l'aidant dans son travail », comme les patriarches
Sophia ( I.D., II, 295). Ces anges sont appelés Koumâras par les assistent Jehovah, le Seigneur Dieu ( I.D., II, 450, 451).
Hindous. Ils constituent la cinquième hiérarchie de Pouvoirs Créa- Les Anges Lunaires sont des « Bne Alhim (Fils des Dieux ou des
teurs ( D.S., I, 239), ceux qui ont doté l'homme de son cinquième Elohim ) » ( D.S., II, 26). Ils sont identiques aux anges de Hod, la
principe (Manas). huitième Sephira, les « Beni Elohim, fils des Dieux » (Mac Gregor
Le premier Logos Manifesté est, dans la Cabale, Ottik Yomin Mathers, « The Kabbalah Unveiled », 26). Ils sont les émanations des
(l'Ancien des Jours). Cette appellation est un autre nom de Kether, anges de Netzah, la septième Sephira, c'est-à-dire des « Elohim » ou
la Couronne (Mac Gregor Mathers, « The Kabbalah Unveiled », 23). « Dieux » (ibid. 26).
Dans l'Inde, c'est Shiva, « dieu du premier ordre, plus élevé, dans Ces Anges de la seconde Hebdomade des Gnostiques sont supé-
son rôle de destructeur, que Vichnou, le Préservateur, car il ne détruit rieurs aux Esprits Terrestres ( D.S., I, 483, 3e note). Ces derniers
que pour régénérer sur un plan supérieur ». Roudra est le nom qui sont, comme eux, des « Beni Elohim », mais sont moins anciens
lui est donné dans les Védas ( T.G., 301). Les Koumâras, en qui les qu'eux ( D.S., II, 26), et sont symbolisés par les quatre animaux de
Occultistes voient les protecteurs de l'homme, sont les « Fils du la vision d'Ezechiel, dont le monde est Asiah (le monde cabalistique
Brahmâ-Roudra ou Shiva », des « ascètes vierges » qui « refusent de de l'Action) (C.W., VIII, 152). Les Esprits Terrestres sont de la
créer l'être humain matériel ». De même, l'Archange Michel refuse nature des « sept stellaires mal disposés » des Nazaréens, dont la
de créer. Il est un « combattant vierge » qui lutte contre le Dragon mère est le « Spiritus Venereus (le Saint Esprit dans son aspect
Apophis « dont la victime est toute Ame que des liens trop lâches matériel) », l'un des « sept daemons-imposteurs » ou stellaires qui
relient à son Esprit immortel » ( D.S., I, 495). Cet Archange, qui « décevront tous les fils d'Adam » (les Anges Lunaires) ( I.D., II, 296).
« préside sur Saturne (Shiva ou Roudra) », est « de même essence Le Spiritus Venereus (correspondant à la planète Vénus) est le « côté
que son Père (Saturne) » et il est « le Fils du Temps », c'est-à-dire la matériel, mauvais, de Sophia-Achamoth, laquelle émane Ilda-Baoth et
progéniture de Chronus, ce dernier étant le Kâla des Hindous et ses six fils » ( I.D., II, 296, 2e note), ces derniers étant les Anges
l'Ancien des Jours de la Cabale ( D.S., I, 496). Car Ottik Yomin ou Lunaires. Ce « Spiritus » est la « nature grossière » de la « semi-
Kether est identique au « Vieux Temps » des Grecs avec sa faux et spirituelle et semi-matérielle » Sophia Achamoth (le Saint-Esprit,
son sablier et au Brahmâ indou « dans sa forme tri-une, dont le nom identique à Binah) dont la partie spirituelle est Fetahil ( I.D., II, 174).
est également Sanat, l'Ancien » ( D.S., I, 496) et, aussi, Adi-Sanat Ce dernier correspond, dans la Cabale, à l'aspect mâle de Binah, le
(l'Ancien Primordial) (D.S., I, 125). « Père, Arelim », ce dernier mot étant « un pluriel, signifiant une
Les Koumâras jouent un rôle primordial dans la « création » de légion collective, génériquement ; et littéralement, le fort lion »
l'homme et dans son évolution, comme nous aurons maintes fois ( D.S., III, 182, 183 et 184, ira note). Le « Spiritus » des Nazaréens est,
l'occasion de l'indiquer dans les pages qui suivent. Michel, leur nom dans la Cosmogonie du Japon, In, le « principe femelle plus grossier
collectif dans la tradition judéo-chrétienne, est l'Ophjiomorphos des ou plus matériel » qui se sépare de Yo, le « principe mâle éthéré »
Gnostiques Ophites Grecs, « l'esprit rebelle et antagoniste » ( D.S., ( Fetahil ). Et c'est d'In que « naissent les Sept Esprits Divins, dont
I, 496). émaneront les sept créations, exactement comme, dans le Codex
Subordonnés à ces Régents ou Esprits Planétaires sont les « Dhyân Nazareus , de Karabtanos et de la Mère Spiritus naissent les sept
Chohans sextuples » formant le sixième Ordre de Pouvoirs Créateurs. esprits mal disposés (matériels) » (D.S., I, 237).
Ils sont les Pitris (Ancêtres) des hommes ( D.S., I, 242), les Anges « Le Groupe de la Hiérarchie qui est çhargée de « créer »
Lunaires qui ont créé l'homme extérieur (matériel). Ils sont les sept les hommes est donc un Groupe Spécial ; il a cependant
« Cieux » intelligents composant la seconde Hebdomade des Gnosti- produit l'homme nuageux dans ce Cycle, exactement comme
ques, dirigés par Iaô, le Régent de la Lune ( D.S., I, 483). Symbolisés un Groupe supérieur et encore plus spirituel l'a produit dans
par les signes du Zodiaque, les « Animaux Sacrés » ou la « Ceinture la Troisième Ronde. Mais, comme il est le sixième Groupe,
du Ciel » ( D.S., II, 26), ils sont personnifiés par les Patriarches bibli- sur l'échelle descendante de la Spiritualité (le Septième et
L'IDÉATION COSMIQUE 45
44 DOCTRINES INITIATIQUES

dernier étant les Esprits Terrestres ( Elémentals) qui, gra- Dans la Cabale, le Tetragramme supérieur est Kether, la Tête
duellement, forment, construisent et condensent son corps Blanche, qui se situe dans le Monde archétype (Atziloth ). Appelé
physique), ce Sixième Groupe ne produit rien de plus que Ain (Rien) et Négativement Existant, il est représenté par un carré
la forme nuageuse de l'homme futur, une copie transparente dans un cercle (D.S., II, 662). Il n'est pas « la Tetraktys aux quatre
d'eux-mêmes, mince comme une pellicule, à peine visible. Ce lettres » (le Tetragramme inférieur symbolisé par les quatre lettres
fut la tâche de la Cinquième Hiérarchie (les Etres mysté- Yod, Hé, Vaou, Hé formant le nom divin Jehovah) mais « le Carré
rieux qui président sur la constellation du Capricorne, seulement, pour ainsi dire, sur une surface plane ». Issu de cette
Makara ou « Crocodile » en Inde et en Egypte) d'informer « Tête Blanche », le troisième Logos (Mahat ) est représenté par le
la forme animale vide et éthérée et d'en faire l'Homme Triangle dans le Carré et par le Cube septuple (D.S., II, 622 ; C.W.,
Rationnel » (D.S., I, 254). VIII, 144, 145).
La Tetraktys (ou le Tetragramme) aux quatre lettres est « le Père-
Mère et le Fils en un » (C.W., VIII, 146), car il comprend, outre
Ainsi, comme le déclare le Zohar (Ha Idra Zuta Qadisha ou « La Malkouth (représentée par le dernier Hé du nom divin) Chokmah
Petite Sainte Assemblée », XXII, 742), Tiphereth, la sixième Sephira, et Binah (le Père et la Mère) (symbolisés par le Yod et le premier
« est le Tetragramme, mais Netzah et Hod sont les armées, d'où le lié) et le Microprosope (le Fils) que représente la lettre Vaou. Le
nom Tetragramme Tzabaoth » (Mac Gregor Mathers, « The Kabbalah Microprosope est appelé le Tetragramme « seulement parce qu'il est
Unveiled » 337), le mot Tzabaoth signifiant armées. une des quatre lettres qui embrassent toutes les neuf Sephiroth,
Les sept Sephiroth qui suivent Binah forment Seir (ou Zeir) Anpin, mais non Sephira » (C.W., VIII, 147), car cette dernière est le Tetra-
la Petite Face ou le Microprosope, par opposition à Kether ou gramme Supérieur dont émanent les neuf autres Sephiroth.
Sephira qui est Arich Anpin, la Grande Face ou le Macroprosope. Le Les sept Sephiroth inférieures sont appelées, dans le traité caba-
Microprosope (le Fetahil des Gnostiques et le Yo des Japonais) est listique « La Grande Assemblée Sainte » (Ha Idra Rabba Qadisha)
aussi appelé Melek (Roi). La dernière Sephira, Malkouth, appelée les sept rabbins, compagnons ou yeux du Tetragramme (D.S., II, 663)
également la Reine, est dite sa fiancée. Comme le déclare Mac Gregor c'est-à-dire du Microprosope ou Démiurge. Dans la Bible, l'expres-
Mathers, la Couronne (Kether), le Roi (le Microprosope) et la Reine sion « les yeux du Tetragramme » a été traduite par « les yeux du
(Malkouth) sont, dans un sens (celui accepté par les Chrétiens) la Seigneur », ce qui montre bien que les Chrétiens ont accepté pour
Trinité « du Père, du Fils et du Saint Esprit, lesquels, dans leur leur « Seigneur Dieu » une quatrième émanation séphirotique et la
Nature Divine la plus haute sont symbolisés par les trois premières lettre mâle Vaou » (C.W., VIII, 151). Effectivement le Microprosope
Sephiroth, Kether, Chokmah et Binah » (« The Kabbalah Unveiled », vient en quatrième position, après Binah (C.W., VIII, 145).
26, 28). Mahat est la « première Ogdoade engendrée » de la Gnose. En
Les sept Sephiroth inférieures constituent l'Homme Céleste, Théogonie, il était « le second Logos, le Manifesté, parce qu'il était
appelé aussi Adam Kadmon, issu de la Triade Séphirotique supé- né du Premier Logos Septuple et donc était le huitième sur ce plan
rieure (le Triangle dont l'angle gauche est Binah) et symbolisé par manifesté. Et, en Astrolâtrie, il était le Soleil, Mârttanda, le huitième
le Carré (Quaternaire ou Tetragramme) (D.S., II, 630). Les Sephiroth Fils d'Aditi » (D.S., I, 483). Ce n'est qu'exotériquement qu'il était le
formant cet Homme Céleste sont « seulement les nombres des Soleil. Esotériquement il était « le Second Logos, le Démiurge »
Hiérarchies créatrices de Dhyân Chohans » (C.W., VIII, 145, 2e note). ( D.S., II, 26). Situé dans Briah, le monde de la création de la Cabale,
Cet Homme Céleste n'est pas le premier Adam Kadmon, la « synthèse il est l' « Idéation Divine Manifestée » composée des « Logoï Créa-
des dix Sephiroth », mais le second Adam, l'ensemble des Sephiroth teurs ». Ceux-ci ont « leur compréhension ouverte ». Ils voient « dans
qui « créent le monde matériel manifesté » (D.S., II, 1, note). le Monde Idéal, jusque-là caché dans la Pensée Divine, les formes
Les Chrétiens, ayant adopté le Microprosope pour Dieu (alors qu'il archétypes de tout ». Ils « se mettent à copier et construire ou
n'est que le Démiurge), « le Mot ne fut plus appelé le premier Adam façonner, sur ces modèles, des formes évanescentes et transcen-
Kadmon, mais devint le Logos, le Christ et fut fait aussi vieux que dantes. A ce stade de l'Action, le Démiurge n'est pas encore l'Architecte.
l'Ancien des Anciens, son père. La SAGESSE cachée devint identique Né à l'aube de l'Action, il doit d'abord percevoir le Plan, réaliser les
à son émanation » (I.D., II, 41). Formes Idéales qui gisent enfouies dans le sein de l'Idéation Eternelle,

46 DOCTRINES !Nin/Motus L'IDÉATION COM/11011H 47

exactement comme les feuilles futures du lotus, les pétales imma- Occultiste » figurant dans « The Paradoxes of the Highest Science »,
culés, sont cachés dans la semence de cette plante » (D.S., I, 407, 408). traduction anglaise d'un ouvrage du célèbre Cabaliste français Eliphas
Ainsi, comme l'a dit Syrianus, le maître de Proclus, (exprimant la Lévi :
pensée de Platon), le Démiurge, d'une part « est rempli des monades « La Première Vie se manifeste par son intelligence, Logos
intelligibles et des sources de la vie, d'autre part, projette hors de ou sagesse, septième principe, considéré comme le premier
lui l'oeuvre entière de la création » ; ayant « mis à la tête de l'univers principe mâle. A ce stade de la conception, la sagesse est
des pères plus partiels » (les Dieux mineurs qui ont divisé le Chaos identique à l'esprit ou Pouroucha, le premier mâle divin
en sept Océans), il demeure lui-même « au sommet de l'Olympe » chez les Hindous. L'Ancien Testament emploie sagesse, esprit
(Paul Bastid, « Proclus et le Crépuscule de la Pensée Grecque » 135). et mot comme termes synonymes. Les deux existences ou
Comme Mahat qui, « dans les Pourânas, n'apparaît qu'à la troisième lumières étaient appelées, des âges avant le Christ, le PERE
des Sept Créations ou stade d'évolution » (C.W., X, 319), le Démiurge et le FILS » (page 56).
des Grecs, que Platon a laissé innommé, mais qu'Orphée a appelé
Zeus et qui a pour tâche « de créer l'intelligence », ne vient qu'en Dans la Cabale, le Père (la Première Vie) est le Macroprosope,
troisième lieu. « S'il était le tout premier, il se bornerait à rester K ether ou l'androgyne Sephira, « l'Esprit de Dieu se mouvant sur
dans son éclat accoutumé ». Second, « il serait principalement cause la face des eaux » (I.D., II, 267, 2e colonne, note). Les eaux sur les-
de vie ». Il est donc le troisième terme de « la triade fondamentale quelles il se meut sont la matière, sa progéniture. C'est dans cette
de Proclus : être, vie, intelligence » (ibid. 136). D'où l'affirmation : matière (le « chaos primordial ») constituant l'Œuf du Monde, qu'eut
« Les Premiers Nés » (issus de l'Un, qui correspond à l'être) « sont la lieu « la gestation de Pouroucha ou le Brahma manifesté » (I.D., II,
VIE, le Coeur et le Pouls de l'Univers ; les seconds sont son MENTAL 267, ire colonne), l'équivalent hindou du Cabalistique Chokmah et du
ou sa conscience » (D.S., I, 236). Nous reconnaissons dans ces trois gnostique Christos (D.S., II, 743, 2e note). Il est le « Fils (le Pouvoir
Principes Cosmiques les trois Logoï de la Doctrine Secrète. manifesté) que Dieu a établi héritier de toutes choses, par lequel il
Selon Platon, le Démiurge est composé des Dieux (Etres Spirituels) a aussi fait les mondes (pluriel) » dont parle Saint-Paul dans son
du troisième rang, venant après les Dieux intelligibles et les Dieux épître aux Hébreux (D.S., II, 743) et le signe zodiacal de la Balance
intelligibles et intellectuels. Timée, en disant que le Démiurge regarde lui correspond (I.D., II, 452, 463).
vers le modèle intelligible « entend le séparer des premiers Dieux Tdentique au Roi Messie, il est le Chef des « Dieux-Mystères ».
intelligibles ; en le disant intelligence, il veut le séparer des dieux Ce principe mâle de Sagesse est le septième principe de l'Anima
intelligibles et intellectuels ; en le disant la plus excellente des càuses, Mundi, le « Feu Vivant » sans lequel seules « des créatures de
il veut l'établir au-dessus de tous les autres démiurges, hypercosmi- matière peuvent être produites » (D.S., I, 218) et qui « donne au
ques ou cosmiques » (Paul Bastid, ibid., 136 ; « Commentaires de mental humain sa soi-perception et sa soi-conscience ou Manas »
Proclus sur le Timée de Platon », trad. Thomas Taylor, I, 261), c'est- ( D.S., II, 107).
à-dire au-dessus des « dieux mineurs ». Nous avons déjà signalé que le couple Chokmah-Binah est iden-
Mahat, la « Lumière Astrale ou Anima Mundi est double ou bi- tique à celui formé par Christos et Sophia. Ces derniers, en effet,
sexuelle. Sa partie mâle (idéale) est purement divine et spirituelle.
C'est la Sagesse, c'est l'Esprit ou Pouroucha. Tandis que sa partie « furent modelés le premier sur l'original du « Roi Messie »,
femelle (le Spiritus des Nazaréens)... est le principe vital de toute le principe mâle de sagesse et la seconde sur la troisième
créature vivante et fournit l'âme astrale, le périsprit fluidique aux Sephira de la Cabale Chaldéenne, et même sur les Brahmâ
hommes, animaux, oiseaux de l'air et à tout ce qui vit » (D.S., I, 218). et Sara-âsvati hindous et les Dionysus et Demeter Payens »
Car Mahat est le couple Chokmah-Binah (C.W., X, 355). Chokmah (I.D., II, 42).
est Pouroucha (D.S., II, 743, 2e note) et Binah est l'homologue Mahat, l'Anima Mundi, est double, comme nous l'avons vu. Il est
cabalistique de l'Eve biblique (I.D., II, 268, 2e colonne) et de la composé d'un Mâle ou Père (Chokmah, Christos, Brahmâ, Dionysos)
Sophia-Achamoth des Gnostiques (I.D., II, 227) ainsi que du Spiritus et d'une Femelle ou Mère (Binah, Sophia, Sarasvatî, Demeter).
femelle des Nazaréens (I.D., II, 226). Cependant, dans un autre sens, Sarasvatî est le sixième principe
Chokmah (Christos dans la Gnose) est le « Fils », comme l'indique cosmique, Kwan-Yin, le Logos Femelle. Car « Sarasvatî, la Déesse
l'Adepte Kout-Houmi dans une note signée du pseudonyme « Eminent
48 DOCTRINES INITIATIQUES L'IDÉATION COSMIQUE 49

Hindoue, est la même que Vâch, dont le nom signifie Discours et Mahat manifesté, l'Intellect ou l'Anne du Monde ». ( D.S., III, 442),
qui est ésotériquement le logos femelle » ( C.W., X, 399). De Chokmah- dont le véhicule (ou aspect matériel) est Maha-Bouddhi ou Prakriti
Binah (Père-Mère) émane un Fils qui est le Microprosope, appelé ( C.W., X, 324). Ainsi l'Ether de l'Espace est le troisième plan cosmique
aussi Tétragramme dans la Cabale ( C.W., VIII, 145). ( aroûpa ), celui de Mahat. Il est l'Elément Ether composant le
Strictement parlant, le Tétragramme ou nom divin formé par troisième Tattva , dont la Force est celle du Troisième Logos. Cette
les quatre lettres hébraïques Yod, Hé, Vaou, Hé ( JHVH ou Jéhovah) Force est le Saint-Esprit des Chrétiens, Pneuma, « le vent ou l'air
« est le Père-Mère et le Fils en un » (C.W., VIII, 146), autrement dit raréfié » (D.S., HI, 499). L'Ether de l'Espace est donc le troisième
Chokmah-Binah (Mahat ) et l'univers matériel produit par ce « Père- terme de la Trinité Feu, Eau, Air. Nous reconnaissons dans cette
Mère ». Effectivement, dans ce nom divin la lettre Vaou est le Trinité les septième, sixième et cinquième principes de notre système
symbole du Microprosope formé par les six Séphiroth suivantes solaire (les trois Logoï ) constituant la Trimurti hindou composée de
(Hesed, Gebourah, Tiphereth, Netzah, Hod, et Yesod) qui appar- Shiva, Vichnou et Brahmâ (D.S., III, 557), qui correspondent à l'Enve-
tiennent à Jetzirah, le Monde de la Formation. Quant à la dernière loppe Aurique de notre univers solaire, à Alaya et à Mahat (D.S., III,
lettre, le second Hé, elle représente Malkouth, la dernière Séphira, Vçh ), ainsi qu'à Pouroucha, Prakriti et Mahat (D.S., III, 444, Diagram-
qui est dans Asiah, le monde de l'Action. me 1), Pouroucha et Prakriti sont respectivement Kwan-Shai-Yin
I le Feu) et Kwan-Yin (l'Eau) c'est-à-dire l'Esprit caché et sa progé-
Dans la Cabale, le Logos Femelle est Bath-Kol . Et de même que
niture l'humidité (C.W., X, 378).
« Vâch fut appelée avant le Judaïsme, la « Mère des Védas » qui entra
dans les Rishis et les inspira par ses révélations », similairement Virâj est l'Air primordial ou Ether de l'Espace, « troisième
« Bath-Kol , dans le Mysticisme Juif, est une voix articulée surnaturelle différenciation de la Substance évoluante », « Moûlaprakriti devenant
venant du ciel et révélant au « peuple juif » les traditions et les lois Prakriti » (D.S., III, 442). Car il est l'Univers ( I.D., II, 268, I colonne)
re

sacrées » (D.S., II, 112). in plutôt « le type idéal de l'univers » ( I.D., II, 270, ire colonne), tout
En Chine, l'anima mundi ou la Shakti (Alaya ou Svabhâvat) est Intime l'Ether de l'Espace est « sur le plan supérieur tout l'Univers »
appelée le Taa. Ce dernier est « l'énergie de la nature, non créée, non I).S., III, 442). Virâj n'est, ainsi, pas différent de Mahat, comme le
née et éternelle, se manifestant périodiquement » ( T.G., 320). L'homme déclare Mme Blavatsky (T.G., 203).
qui s'est purifié et a développé pleinement ses possibilités spirituelles,
s'unit finalement au Tao « qui est la source de toute béatitude et de I.e Feu, l'Eau et l'Air, sont donc les Eléments Primordiaux qui
son i à l'oeuvre dans la « Création Primaire » des Pourânas (D.S., I,
toute félicité » (T.G., 320).
1 )) ; celle des Noumènes. Après un repos (Sabbat) de 4 320 000 000
nuis , elle est suivie par la « Création Secondaire », celle de notre
« Comme dans la philosophie hindoue et bouddhique, une notule phénoménal.
telle pureté, béatitude et immortalité ne peut être atteinte
que par l'exercice de la vertu et par une parfaite quiétude de « Dans la philosophie hindoue, quand le Créateur actif a
notre esprit mondain. L'esprit humain doit contrôler et
produit le Monde des Dieux, les Germes de tous les Eléments
finalement dominer et même écraser l'action turbulente de
la nature physique de l'homme. Plus vite il atteindra le non différenciés et les Rudiments des Sens futurs (en bref
le Monde des Noumènes), l'Univers reste inaltéré pendant
degré requis de purification morale, plus heureux l'homme
un Jour de Brahmâ, période de 4 320 000 000 ans. C'est la
se sentira » ( T.G., 320).
septième Période passive, ou le « Sabbat » de la Philosophie
Orientale, suivant six périodes d'évolution active. ( D.S., I,
481, 482).
Les Anciens « associaient le Son ou la Parole à l'Ether de l'Espace,
dont le Son est la caractéristique. En conséquence, le Feu, l'Eau et Quand l'Esprit a imprégné jusqu'au plus minuscule atome
l'Air sont la Trinité Cosmique Primordiale » (D.S., II, 113). L'Ether de des Sept Principes du Kosmos, alors commence la Création
l'Espace est « la troisième différenciation de la Substance évoluante, Secondaire, après la période de repos ci-dessus mentionnée,
Moûlaprakriti devenant Prakriti » et il correspond mystiquement au ( D.S., I, 484).
50 DOCTRINES I NITIATIQUES L'IDÉAT I ON COSMIQUE 51

La Création Primaire est appelée la Création de la Lumière Le Chaos éternel (Bythos, Shekinah ou Moûlaprakriti) produit la
(Esprit) et la Création Secondaire celle de l'Obscurité Lumière (Adam Kadmon, le Protogonos ou Ennoia). Cette Lumière
( Matière). Toutes deux sont trouvées dans la Genèse (I, 2, et « brille dans l'Obscurité et l'Obscurité ne la comprend pas » (Evan-
aussi au commencement de II). La première est l'émanation vile de Saint-Jean, I, 4). Car l'Obscurité (l'Absolu) ne peut connaître
des Dieux soi-nés ( Elohim ) ; la seconde est l'émanation de vette « lumière passagère, aussi transcendante soit-elle aux yeux
la Nature Physique » (D.S., I, 485). humains » (D.S., I, 99). Elles ne sont pas sur le même plan (C.W., XI,
488). Du « champ de conscience latente » qu'est cette Lumière émane
Le Zohar fait également allusion à ces deux sortes de Créations. « un champ inférieur de conscience différenciée qui est Mahat »
L'homme, y est-il écrit, « comme émanation, était à la fois homme ( C.W., X, 360). Ce Chaos éternel, cette Lumière et ce « champ » de
et femme, aussi bien du côté du Père que du côté de la Mère ». conscience différenciée sont respectivement le Tattva Adi, le Tattva
Esotériquement, du côté du Père (l'esprit) « se rapporte à la Création A noupâdaka et le troisième Tattva.
Primaire, et du côté de la Mère (Matière) à la Secondaire ». ( D.S., Le Premier Logos Manifesté est l'Esprit de Dieu ( Sephira) qui
I, 485). se mouvait au-dessus des eaux » alors que les ténèbres étaient
4i mplement (sans se mouvoir) sur les eaux (Genèse, I, 1). Car les
L'Esprit (Pouroucha ) et la Voix (Alaya ) sont suivis par le Mot ou enèbres dont il s'agit sont l' « Obscurité Absolue ou l'Eternel
Logos (Mahat ) la synthèse des sept Rayons créateurs identiques aux I nconnu » (C.W., X, 378) et sont, donc, dans un état de total repos.
sept Sephiroth inférieures (C.W., X, 313, 352). Le Mot, en union avec Sephira est « l'Univers subjectif, sa privation ou idéation » (T.G.,
la « Voix » et l'Esprit (l'expression et la Source de la Conscience),
457). Elle est une lumière invisible ou passive qui, devenant visible
constitue les neuf Nombres ou Pouvoirs Créateurs Primordiaux. Ces
oui active, produit, dit-on, Adam Kadmon. Mais celui-ci lui est, en
derniers, avec le zéro ou le cercle, c'est-à-dire avec Oi-Ha-Hou, le eali té, identique « quand il est androgyne » (I.D., II, 268, 2e colonne).
Premier Logos, dont le cercle est le symbole ( C.W., X, 352), forment Cet androgyne est l'Adam mâle et femelle du premier chapitre de la
« la Décade qui contient en elle tout l'Univers » ( D.S., I, 125, 126).
Genèse, c'est-à-dire Vâch (T.G., 357) considérée non comme le Père-
Le Mot, « Fils » de la Voix est Virâj ou Brahmâ (T.G., 203). Celui- Mère (sa signification la plus habituelle dans la « Doctrine Secrète »),
ci, le troisième personnage de la Trimourti (Shiva, Vichnou, Brahmâ) niais comme le Troisième Logos. Le Père-Mère, l'Akâsha des Hindous,
est Mahat (T.G., 203), le cinquième principe cosmique ( D.S., III, 555, esI le Second Logos (D.S., III, 477). Il est le premier à se réveiller à la
557), le Logos Manifesté. Comme Osiris ( T.G., 243), il est le Troisième vie active » (D.S., I, 46). Il produit le Troisième Logos, Mahat, qui n'est
Logos. pats différent de Mârttanda, le Fils d'Aditi. Car ce n'est qu'exotérique-
lent que Mârttanda est le Soleil visible (D.S., II, 26).
« Plus tard, de ce Logos manifesté procèderont les Sept Vâch ou Sarasvatî (la Shakti), la « voix provenant du Brahmâ
Rayons qui, dans le Zohar, sont appelés les Sephiroth infé- muet », devient le Mot ou Logos ( T.G., 357), c'est-à-dire Mahat. Celui-ci,
rieures et, dans l'Occultisme oriental, les sept rayons pri- mime le Christos et le Roi Messie, est le Logos et le Démiurge
mordiaux. De là sortiront les innombrables séries de Hiérar- ( 1).S., II, 26), le producteur des quatre plans cosmiques inférieurs
chies » (C.W., X, 352). les plans roûpa). Dans la Cabale, « le Fils du Père caché qui demeure
dans la lumière et la gloire, est l'Oint, le Seir (ou Zeir) Anpin, qui
La Voix (Alaya) n'est Sephira (D.S., I, 161) que lorsque celle-ci IIIIi t en lui toutes les Sephiroth. Il est Christos ou l'Homme Céleste ».
est considérée comme, « sur le plan de la nature différenciée, la Et c'est par le Christ que « le Pneuma ou le Saint-Esprit crée toutes
contrepartie femelle d'Adam Kadmon, le premier Androgyne » (D.S., choses (Éphésiens, III, 9) et produit les quatre éléments, l'air, l'eau,
I, 236), c'est-à-dire sa Shakti ou Energie (D.S., I, 160). Elle est la le feu et la terre » (I.D., II, 230, 231).
troisième émanation de Parabrahman et le dernier des « Trois Pas
de Vichnou », ce Dieu hindou représentant, dans cette expression, « L'Esprit émane de l'Obscurité inconnue, le mystère
l'Absolu (Parabrahman ou Ain-Soph). Car la sucession des Principes dans lequel aucun d'entre nous ne peut pénétrer. Cet Esprit
Cosmiques primordiaux est la suivante : ( Moûlaprakriti, Pouroucha (appelez-le « Esprit de Dieu » ou la Substance Primordiale)
et Prakriti, ou en termes cabalistiques « Shekinah, Adam Kadmon et se réfléchit dans les Eaux de l'Espace ou la matière encore
Sephira » (D.S., I, 466, 3e note). non différenciée du futur Univers, et produit ainsi le premier
52 DOCTRINES INITIATIQUES L'IDÉATION COSMIQUE 53

souçon de différenciation dans l'homogénéité de la matière ainsi constitué » ( C.W., X, 352). Le stade suivant, celui de l'émanation
primordiale. Cela est la Voix, le pionnier du « Mot », ou la des plans roûpa (avec forme), est symbolisé par la transformation
première manifestation, et de cette Voix émane le Mot ou du Triangle en Tétrade ou Pyramide.
Logos, c'est-à-dire l'expression définie et objective de ce qui
jusqu'alors, était resté dans les Profondeurs de la Pensée « Dans la géométrie occulte et Pythagoricienne, la Tétrade
Cachée. Ce qui se réfléchit dans l'Espace est le Troisième combine en elle-même, dit-on, tous les matériaux dont le
Logos. Nous pouvons aussi exprimer cette Trinité par les Cosmos est produit. Le Point ou l'Un s'étend en une ligne, le
termes Couleur, Son et Nombres » ( C.W., X, 406). Deux. La ligne s'accroît en une Superficie, le Trois. Et la
Superficie, la Triade ou le Triangle, est convertie en un
Solide, la Tétrade ou le Quatre par le point qui est placé
La Voix, Vâch ou Sophia (le sixième principe cosmique) est la au-dessus » ( C.W., X, 355).
Mère à demi manifestée ( C.W., X, 332), la « collectivité abstraite »
des constructeurs de l'Univers ( C.W., X, 334). Ceux-ci, différenciés et
individualisés au stade cosmique suivant, forment le Troisième Logos Un quatrième principe, la Vie, est nécessaire pour que le Père, la
Manifesté (Mahat ), le Christos gnostique, « fils de Sophia (l'aînée) Mère et le Fils (l'Esprit, la Matière et l'Univers), transformés en
et de l'homme primitif » ( Ennoia ). Il est, en conséquence, appelé le Quaternaire, deviennent une « manifestation vivante » ( D.S., I, 89).
« fils de l'homme » ( I.D., II, 176, 177), non de l'homme terrestre et
mortel, mais du premier Homme Céleste, le Protogonos. « L'union de ces trois principes dépend d'un quatrième,
Dans le Symbolisme de la « Doctrine Secrète », Parabrahman est la Vie qui rayonne des sommets de l'Inaccessible pour deve-
nir une Essence universellement répandue sur les plans
un cercle illimité ( D.S., I, 462) et le Premier Logos (appelé Monade manifestés de l'Existence » ( D.S., I, 89).
non manifestée par Pythagore) un point « potentiellement » blanc
dans un cercle noir ( C.W., X, 351, 352), cercle sans limite ni frontière Cette Vie est la « Vie Une », Shekinah la « lumière primordiale
et « qui ne peut avoir ni nom ni attribut » ( C.W., X, 314). émanant du toujours caché Ain-Soph ». Elle est la « vie infinie »,
Le Père-Mère ou Second Logos est symbolisé par « la première
une « essence inépuisable », « universellement répandue », la « source
ligne ou premier diamètre » dans un cercle ( C.W ., 314). Il est égale- de toute vie visible et invisible », en bref Svabhâvat, appelée Fohat
ment représenté par le « triangle primordial » formé par les trois « quand elle se manifeste dans notre monde phénoménal » ( M.L., 89).
points produits par le Rayon issu du Premier Logos. Dans l'homme elle constitue Bouddhi. Sur « le sentier de Malkouth
« Le point dans le Cercle est le Logos non manifesté. Le menant du monde matériel aux mondes supérieurs », elle est
Logos Manifesté est le Triangle. Pythagore parlait de la Shekinah, la « Présence divine » ( C.W., VIII, 152), expression impli-
Monade qui n'est jamais manifestée et qui vit dans la solitude quant « l'inconscience, ou, ce qui est la même chose, la conscience
et l'obscurité. Quand l'heure sonne, elle rayonne hors d'elle- absolue » ( C.W ., V, 97).
même UN, le premier nombre. Celui-ci, descendant, produit La « Vie Une », là « Moûlaprakriti Védantique et la Svabhâvat
DEUX, le second nombre et DEUX, à son tour, produit des Bouddhistes », est, à la fois, indifférenciée et différenciée. Indif-
TROIS, formant un triangle, la première figure géométrique l'érenciée, dans « son premier principe, c'est une pure abstraction qui
complète dans le monde de la forme. C'est ce triangle ne devient différenciée que lorsqu'elle est transformée, au cours du
idéal ou abstrait qui est le Point dans l'OEuf du Monde et temps, en Prakriti » (C.W., X, 304). Elle devient alors le Père-Mère que
qui, après gestation et dans la troisième phase en jaillira Platon et Hermès Trismégiste considéreraient « comme la Pensée
pour former le Triangle. Ce dernier est Brahmâ-Vâch-Virâj Divine » et Aristote « comme la privation de la matière » (C.W., X,
dans la Philosophie Hindoue et Kether-Chokmah-Binah dans 104 ). Cette dernière expression se justifie par le fait, déjà signalé
le Zohar » ( C.W ., X, 351). par nous, que Svabhâvat (le Père-Mère) n'est pas la matière ( Prakriti )
ou l'étoffe du monde, mais « plutôt ce qui est derrière », autrement
Ce second Triangle symbolise ainsi le troisième stade de la mani- dit son esprit ou son essence ( T.G., 314).
festation cosmique qui « est la production, hors de Kether, de L'Œuf du Monde contient un « Germe latent ». Celui-ci est, selon
Su bba Row, Chinmâtrâ, le « germe de l'Idéation Cosmique » ( E.W.,
Chokmah et Binah, le Troisième Logos ou Logos manifesté étant
54 DOCTRINES INITIAI' I °CES L'Imbu LON COSMIQUE 55

Nui vantles termes de la troisième Stance de Dzyan (D.S., I, 488). Il


468) ou le « germe de Prâjna ». Ce germe existe partout et, quand
« arrive le temps de l'évolution », il se développe et « devient fina- est identique à Sephira dans laquelle se trouvent les Elohim (D.S., I,
lement l'Idéation Cosmique » (E.W., 467), c'est-à-dire Brahmâ ou 70). Ceux-ci en émanent et donnent naissance aux Anges secondaires,
Mahat, le Troisième Logos. Mme Blavatsky déclare aussi, comme nous les Esprits Planétaires « qui complètent l'homme » (en lui fournissant
l'avons mentionné, que le Germe est omniprésent et qu'il se trans- le Manas) et qui forment Adam Kadmon, l'Adam mâle et femelle du
forme en le « pouvoir créateur » appelé Brahmâ par les Hindous premier chapitre de la Genèse ( D.S., II, 41). Le Fiat Lux de la Bible
(C.W., X, 353). symbolise l'émanation de ces Esprits Planétaires.
Le Troisième Logos, le Mahat (mot signifiant Grand) des Sâmkhya- « Et Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut. Cette
Kârikâ, est « le Manas du Corps Cosmique » ( D.S., III, 546, 555). Ce dernière n'est nullement la lumière mais, comme dans la
cinquième Principe Cosmique est constitué de la matière « la plus Cabale, l'androgyne Adam Kadmon ou Séphira (la Lumière
subtile, Soûkshma » (D.S., HI, 555), car le plan immédiatement plus Spirituelle), car ils sont un. Ou, selon le Livre des Nombres
élevé, celui d'Alaya (ou Svabhâvat ), n'est pas formé de matière, mais chaldéens, les Anges secondaires (les premiers étant les
de l'essence de la matière, comme nous venons de le rappeler. Elohim ) qui sont l'agrégat de ce Dieu « façonnant ». Car à
La matière la plus subtile dont est formé le plan de Mahat (le qui sont adressés ces mots de commandement ? Et qui est
troisième du Cosmos) est l'Ether, le cinquième Elément Cosmique, celui qui commande ? Ce qui ordonne est la Loi Eternelle et
lequel est « à moitié matériel » ( D.S., I, 40). Cette matière, en se ceux qui obéissent sont les Elohim... les Forces de la Force
différenciant, donne naissance aux sept Prakritis de la philosophie Unique... Il est parfaitement sant importance que nous
Sâmkhya. « Mahat, Ahamkâra et les cinq Tanmâtras sont appelés appelions ces « Forces » les Dhyân-Chohans ou, comme
les Sept Prakritis ou Natures et sont comptés de Mahâ-Bouddhi ou Ezechiel, les Auphanim » (D.S., I, 359).
Mahat à la Terre » ( D.S., I, 358).
L'Ether est le « doublure » de l'Ame du Monde (D.S., I, 124), c'est- Ces Anges Secondaires composent Chokmah, Christos ou Mârttan-
à-dire du sixième Principe Cosmique, ou Svabhâvat, le Père-Mère. dii, le fils d'Aditi. Sephira est la « Mère des Sephiroth », de même
Dire que l'Ether est la doublure de Svabhâvat revient à dire que (111e, dans le Panthéon hindou, Aditi est la Devâmatri ou la Mère des
celle-ci est, comme l'affirme Mme Blavatsky, ce qui est derrière Dieux (D.S., I, 83, 6 note). De même, dans la Gnose, Sophia (mot
e

Prakriti, son esprit ou son essence ( T.G., 314). La relation entre les signifiant Sagesse), « qui est la Mère de l'Ogdoade (Aditi, dans un
aspects matériels des second et troisième plans cosmiques est la certain sens, avec ses huit fils), est le Saint-Esprit et le Créateur de
même que celle qui existe entre leurs aspects de conscience. Car les 'l'ont, comme dans les anciens systèmes ». Car, dans les plus anciennes
Anoupâdaka du deuxième plan sont l'aspect spirituel des « Rayons ou Cosmogonies, le premier Dieu Créateur était considéré comme
Logoï » (Esprits Planétaires) du troisième plan ( C.W., X, 344, 345). I éminin. « Le Père est une invention bien postérieure. Le Premier
C'est en raison de cette étroite association que l'étoffe du monde est Logos manifesté était femelle partout — la mère des sept pouvoirs
définie, par Mme Blavatsky, comme étant « à la fois le cinquième et planétaires » (D.S., I, 101, i re note).
le sixième Principes Cosmiques » ( D.S., I, 127, 128). Aditi est la Mère des huit Adityas, qui sont le Soleil et les sept
Mahat comprend « tous les Dieux ou Pouvoirs dans l'Univers planètes. Celles-ci sont formées de la même matière (l'étoffe du
manifesté » (C.W., X, 91). Il est le Logos des anciens Grecs et le inonde) que le Soleil et sont ses « soeurs » et non ses enfants.
Verbum des Latins, autrement dit ce qui exprime ou manifeste une
réalité invisible, tout comme la parole donne expression à la pensée. « La première condensation de la matière cosmique eut
Il rend objectif une « Pensée Cachée », réalité éternelle dont la pre- naturellement lieu près d'un noyau central, son Soleil Central.
mière manifestation, abstraite, est le Protogonos, le « premier Homme Mais notre Soleil, nous enseigne-t-on, s'est simplement dé-
paradigmatique et idéal » et « l'Univers in abscondito, dans sa priva- taché avant tous les autres, alors que se contractait la masse
tion au sens aristotélicien » ( T.G., 6). en rotation, et il est leur « frère » aîné et plus gros, donc non
Le Protogonos est le « Logos primordial ou Brahmâ, le premier leur « père ». Les huit Adityas, les « dieux », sont tous formés
Pouvoir Créateur manifesté ». Il est, comme le Kwan-Shai-Yin des de la substance éternelle (la matière cométaire, la Mère) ou
Bouddhistes chinois, le « Dragon Doré dans lequel sont les Sept », « étoffe du monde », qui est, à la fois, le cinquième et le
56 DOCTRINES INITIATIQUES L'IDÉATION COSMIQUE 57

sixième Principes Cosmiques, l'Oupâdhi ou la Base de l'Ame tournoyant sans l'espace, pendant des âges et des âges,
Universelle, exactement comme, dans l'homme, le Micro- comme toutes les autres comètes et tous les autres météores,
cosme, Manas est l'Oupâdhi de Bouddhi » (D.S., I, 127, 128). jusqu'à ce que chacun, guidé par Karma, soit saisi dans le
tourbillon des deux forces et soit fixé dans un système
L'étoffe du monde, le matériau dont notre Système Solaire est supérieur et meilleur » (C.W., X, 402).
formé, est appelé matière cométaire parce qu'elle forme d'abord des
comètes, état originel des soleils. « Une comète se refroidit partielle- Le Monde de eat ou Monde de Vérité est formé de « poussière
ment et s'établit comme soleil. Celui-ci attire ensuite graduellement cosmique » ou « Brouillard de Feu » qui obéit à la pensée des
autour de lui des planètes non encore attachées à un centre quel- « Constructeurs de la Forme ». Ceux-ci font prendre à cette poussière
conque, et ainsi, au cours de millions d'années, un Système Solaire cosmique une forme circulaire qui, dans les anciennes cosmogonies,
est formé » (D.S., HI, 562). Toutes les comètes « se sont détachées citait symbolisée par l'Ouroboros, le serpent qui se mord la queue.
du magasin commun du matériau déjà préparé, la Voie Lactée ». C'est l'une des raisons pour lesquelles notre globe est appelé, dans
Celle-ci n'est « ni plus ni moins que l'étoffe du monde complètement Brâhmana, Sarpa-Râjnî (Reine des Serpents). L'autre motif
développée », tout le reste, dans l'espace, étant « le matériau encore est que, à l'instar du serpent qui rejette sa vieille peau, la Terre
brut, invisible pour nous » (C.W., X, 402). renouvelle sa matière par des bouleversements géologiques qui se
L'essence de l'étoffe du monde (le Septième Elément Cosmique), produisent au début de chaque Ronde et au cours de chacune des
est « homogène dans sa forme primitive, au-delà des Systèmes Solai- %tilt périodes correspondant aux races humaines (D.S., I, 103 ; D.S.,
res, et se différencie complètement dès qu'elle franchit les limites de II, 50, 51).
la région de notre Terre. Viciée par les atmosphères des planètes et
la matière déjà composite de l'étoffe interplanétaire, elle est hété- « Avant que notre globe (et aussi l'Univers) ne prenne la
forme ovoïde, « une longue traînée de poussière cosmique
rogène seulement dans notre monde manifesté » (D.S., I, 127,
(ou brouillard de feu) se mouvait et se tordait comme un
4e note).
serpent dans l'Espace ». « L'Esprit de Dieu se mouvant sur
Chaque soleil a d'abord été une comète. A la fin de son Mauvantara, le Chaos » était symbolisé dans toutes les nations sous
il explose et ses fragments deviennent des planètes dans un autre l'aspect d'un serpent ardent soufflant du feu et de la lumière
système solaire. Toutes les comètes se sont détachées de la Voie sur les eaux primordiales, jusqu'à ce qu'il ait imprégné la
Lactée et « ont commencé leur vie comme vagabondes sur la face du matière cosmique et lui ait fait prendre la forme annulaire
Cosmos infini » (C.W., X, 402). d'un serpend avec sa queue dans la bouche, ce qui symbolise
non seulement l'éternité et l'infini, mais aussi la forme glo-
« Puis, commençant leur long voyage, elles se sont établies bulaire de tous les corps formés dans l'Univers avec ce
dans la vie, là où les conditions étaient préparées pour elles brouillard de feu » (D.S., I, 103).
par Fohat, et sont graduellement devenues des soleils. En-
suite, chaque soleil, quand est arrivé son Pralaya, s'est résolu
en millions et millions de fragments. Chacun de ces frag- L'Akâsha, la « forme primaire » de Prakriti (D.S., I, 277 ; E.W.,
ments s'est déplacé çà et là dans l'espace, amassant de 298, est la Moûlaprakriti Védantique (D.S., I, 277) et la Pradhâna du
nouveaux matériaux alors qu'il continuait à rouler, comme système philosophique Sâmkhya. Cette dernière est la « Mère tou-
une avalanche, jusqu'à ce qu'il se soit arrêté en vertu des jours immaculée d'un Fils sans père qui devient Père sur le plan
lois de l'attraction et de la répulsion et soit devenu une manifesté inférieur ». Son premier produit est Mahat, « le Créateur
planète dans notre système solaire ou dans d'autres au-delà ou le Mental Divin en opération active » et « la Cause de toutes
de la portée de nos télescopes. Les fragments du soleil choses » (D.S., I, 277).
deviendront exactement de telles planètes après le Pralaya
Solaire. Il était jadis une comète, au début de l'Age de « L'Aether supérieur, ou Akâsha, est la Vierge Céleste et
Brahmâ. Il est ensuite parvenu à sa présente position dont la Mère de toute forme et de tout être existant » (D.S., I,
il sortira en explosant, et ses atomes seront projetés en 354).
38 Don It I NES INITIATIQUES 59
L'IDI1AT ION COSM touv

De Mahat , nous l'avons vu, émanent les sept Rayons ou


(C.W., X, 352), qui sont les Tanmâtras Logoï k, Père, qui vient en troisième lieu et qui est le Fils de la Mère »
de la philosophie Sâmkhya. ( U.S., I, 103, 104). Cette dernière est l'Akâsha, que ce texte hermétique
Ceux-ci, les « Noumènes primordiaux » des Eléments Cosmiques tels désigne comme l' « Océan céleste, l'iEther... le souffle du Père, le prin-
que les entendaient les philosophes de l'antiquité ( D.S., I, 625), sont cipe qui donne la vie, la Mère, le Saint-Esprit » ( D.S., I, 103, 104).
les Fils de la Lumière ou Logoï de Vie ( D.S
sont les sept Prakritis commençant à Mahat
., I, 625) dont les demeures Mahat correspond au Dieu Indra du Rig Véda. Actuellement,
Terre ( D.S., I, 358). et se terminant à la déclare Mue Blavatsky, les Hindous se forment une moins haute
conception de la çature d'Indra parce que nous sommes, depuis
Le Père-Mère est d'abord passif. « Quand de l'Homogénéité il com- S 000 ans environ, dans un Age sombre, le Kali Youga, qui doit encore
mence, par la différenciation, à tomber dans l'Hétérogénéité, il devient persister durant 427 000 ans. Dans cet Age, les « aspirations divines
positif et négatif. Sortant ainsi de « l'état Zéro » (ou laya), il devient de l'Humanité mystique à la délivrance des entraves de Mâyâ et à la
actif et passif au lieu de passif seulement. Et, par suite de cette diffé- félicité finale subséquente » sont moins générales qu'à l'époque de
renciation (dont le résultat est l'évolution et l'Univers subséquent), la rédaction du Rig Véda. La «Doctrine Secrète » fait remonter cette
le « Fils » est produit, ce Fils étant ce même Univers ou le Cosmos édaction à bien plus que 5 000 ans. De nos jours, ces aspirations
manifesté jusqu'à un nouveau Mahâpralaya » (C.W, X, 333). Npi ri tuelles « sont devenues anormales en raison d'une propagation
La manifestation cosmique initiale se fait en deux étapes. D'abord, générale d'Ahamkâra, le sentiment de l'Egotisme ou de Je suis ainsi
Pouroucha ( Sephira ou l'Esprit de Dieu) émane la Matière quo de l'ignorance » ( D.S., II, 649).
diale indifférenciée (les Eaux de l'Espace). Puis il l'imprègne, Primor-
la I ndra était, primitivement, l'un des plus grands Dieux du Panthéon
transformant en l'Ame du Monde. hindou. Il était nommé Sourâdhipa, le « chef des dieux » et Jishnou,
Ir « Chef de la Légion Céleste » (comme Saint-Michel dans le Christia-
« Dans les Hymnes Orphiques, Erôs-Phanes émane de nisme). Il est maintenant devenu un « adversaire de l'ascétisme,
l'OEuf Divin qu'imprègnent les Vents feEthérés l'ennemi de toute sainte aspiration ». On le montre comme ayant
, le Vent étant et
l'« Esprit de Dieu », ou plutôt l'« Esprit de l'Obscurité Incon- épousé Aindrî (Indrânî ) « à cause de ses attraits voluptueux »
nue » (l'Idée Divine de Platon), lequel, dit-on, se meut dans t oitime envoyant des démons femelles pour exciter les passions de
l'iEther. Dans la Kathopanishad hindoue, Pouroucha
, l'Esprit sain ts Yogis. Les Hindous le considèrent, de nos jours, comme le dieu
Divin, se tient déjà devant la Matière Originelle, et, « de leur tin firmament et, en quelque sorte, comme une personnification de
union jaillit la Grande Ame du Monde », Mahâ-Atmâ, l'iiIinosphère. Mais il n'est rien de tout cela. Indra est, en réalité, d'une
Brahmâ, l'Esprit de Vie, etc..., ces dernières appellations étant part , le cinquième principe cosmique, et, d'autre part, Manas, le
Bouddhi
toutes identiques à l'Anima Mundi ou l'« Ame Universelle », t I ittt uième principe humain dont l'aspect supérieur est relié à
la Lumière Astrale du Cabaliste et de l'Occultiste » ( D.S., I, ri dont l'aspect inférieur se laisse « entraîner vers le bas par le prin-
391, 392, 499). ci pe Kâma, le corps de passions et de désirs » ( D.S., II, 649, 650).
Mahat, Brahmâ ou Ishvara (D.S., I, 486) est identique au Nous
Dans le traité égyptien d'Hermès, « Poimandrès, le Nous de la d'Anaxagore et au Nout du Panthéon Egyptien (T.G., 234). Mme Ma-
Souveraineté absolue » est la « Pensée » ou Dieu le Père, On y lit que fia( sky fait dériver le mot grec « Nous » du nom de ce Dieu égyptien.
ce Nous est « mâle-et-femelle, existant comme vie et lumière », avant I es Gnostiques adoptèrent ce nom, en lui faisant subir cette légère
« la nature humide », c'est-à-dire avant les Eaux ou la matière pri- Ininsformation, « pour désigner leur premier Aeon conscient qui,
mordiale. Poimandrès enfante un Verbe saint et lumineux qui, ainsi pour les Occultistes, est le troisième Logos, cosmiquement, et, dans
que le Christ, est le Fils de Dieu. La nature (ou le principe) humide l'homme, le troisième principe (en commensant par le haut) ou
manas » 234).
est « la grande Profondeur, le Père-Mère, la première différenciation
dans le Cosmos manifesté » ( D.S., II, 247), autrement dit Aditi ou « la
la Vierge Céleste, la Mère toujours immaculée. Selon Mme Blavatsky Mahat est « la première Déité manifestée », mais seulement
l'Inconnu et de l'Inconnaissable,
« la Pensée qui est Dieu le Père » dont il est question dans ce traité troisième manifestation qui jaillit de
hermétique, est Mahat. Cependant, fait-elle remarquer, la « Doctrine Ir premier non manifesté et le second logdi dans la philosophie
ésotérique de toutes les nations » ( T.G ., 234). Il entre dans Prakriti
Secrète archaïque » ne place pas « à la tête de l'évolution de la Vie
(In Matière) et l' « agite ».
60 DOCTRINES INITIATIQUES

L'Idéation divine est « éternelle dans sa Potentialité et périodique


dans sa Puissance, quand elle devient Mahat, l'Anima Mundi ou l'Arne
Universelle » (C.W., X, 304). Mahat « met en ordre et dispose toutes
choses, et en a été la cause » (D.S., I, 486). Remarquons qu'il est
issu du Père-Mère (le Chaos ou Désordre) et qu'il produit les plans
roûpa, le Cosmos, (mot grec signifiant Ordre). 4
Mahat, le Démiurge des anciens Grecs, « dirige sa Pensée Divine
dans le Chaos qui, sous l'action façonnante de Dieux mineurs, sera LA BALANCE
divisé en les Sept Océans (Saptà Samoudras) » (D.S., II, 743, 2e note).
Ces Océans sont les sept Prakritis en lesquelles est différenciée Mahâ-
Bouddhi (C.W., X, 324). Comme le dit Paul Bastid, c'est en copiant
un modèle « toujours identiquement semblable à lui-même » que le Le Logos (le Père ou Kwan-Shai-Yin), sa Shakti (Kwan-Yin) et
Démiurge « ordonne l'univers » (« Proclus et le Crépuscule de la « Fils » (Mahat), c'est-à-dire les septième, sixième et cinquième
Pensée Grecque », p. 131). Proclus insistait sur le fait « que le principes cosmiques sont les trois « vies » constituant le Plérôme
Démiurge est une cause d'ordre, le modèle étant simplement pour les gnostique.
êtres qui y participent cause de forme » (ibid. 131).
Eros ou Phanès, le Démiurge (Mahat), étant issu, selon les Hymnes « Ces trois émanations sont les trois vies, les trois degrés
Orphiques, d'un Œuf, était considéré (symboliquement) comme un du Plérôme gnostique, les trois « faces Cabalistiques »... la
animal, par Platon et ses disciples. C'est ce qu'explique Proclus en première lumière est l'âme de l'Ancien des Anciens, le souffle
ces termes : « Car quelle différence y a-t-il entre appeler une cause infini, illimité et immortel, sous le flux duquel l'univers sou-
occulte un oeuf et ce qui en sort à la lumière un animal ? ». Et si lève son sein puissant et qui infuse la vie intelligente dans
Phanès émane d'un oeuf, « il est évident que, le très puissant Phanès toute la création. La seconde émanation condense la matière
n'est rien d'autre que le premier animal » (« Commentaires de Proclus cométaire et produit des formes dans le cercle cosmique, fait
sur le Timée de Platon », traduction de Thomas Taylor, 1820, Londres, flotter les mondes innombrables dans l'espace électrique, et
page 361). infuse le principe vital inintelligent, aveugle, dans toutes les
formes. La troisième produit tout l'Univers de matière phy-
sique ; et, à mesure qu'elle continue à reculer graduellement
de la Lumière Centrale Divine, sa luminosité diminue et
devient l'OBSCURITE et le MAL (la matière pure, les « gros-
sières purgations du feu céleste » des Hermétistes » ( I.D.,
I, 302).

Ces trois lumières forment une « nature tri-une (le purement Spi-
? line', le purement Matériel, et la Nature Moyenne ou matière impon-
dérable dont est composée l'âme astrale de l'homme) ». Cette nature
virile et une à la fois (les trois en un) est représentée par un triangle
dkonn t les trois côtés sont égaux, parce que les trois principes qui la
éons tituent « sont répandus dans tout l'univers en proportions
égii les ». (C.W., III, 313). Ces principes sont représentés par la tri-
il té hindoue Shiva (le purement Spirituel) Vichnou (le purement
Matériel) et Brahmâ. Ce dernier, identique à Mahat, est la Nature
Moyenne. Chacun des Sept Primordiaux, Rayons ou Hiérarchies cons-
ti tuan t Mahat (le Logos manifeste) «fournit l'Aura de l'un des Sept
principes de l'homme » (D.S., III, 482).
62 Duc 12 I NES IN I TI AT MUES LA BALANCE 63

« Les trois côtés du triangle représentent, pour les Occul- sont les septième, sixième et cinquième principes cosmiques, « Brah-
tistes comme pour les Aryens, l'Esprit, la matière et la rnfl étant le plus bas » (D.S., III, 557). Car le mâle Brahmâ (qu'il
nature moyenne (cette dernière identique, dans sa significa- convient de distinguer du neutre Brahma ou Brahman, la déité
tion, à l'espace) et par conséquent, aussi les énergies créa- suprême) « est bien inférieur à Shiva, le Lingam, qui personnifie la
trice, préservatrice et destructrice symbolisées par les « Trois génération universelle, ou à Viclmou, le préservateur, Shiva et Vich-
Lumières ». La première lumière infuse la vie intelligente, nou étant tous deux les régénérateurs de la vie après la destruction »
consciente, dans tout l'univers, correspondant ainsi à l'éner- ( 1).S., II, 183, 2e note). Shiva, le Logos, est « le patron de tous les
gie créatrice. La seconde lumière produit constamment des Yogis et Adeptes », car il est « l'esprit de la Sagesse Divine et du
formes dans la matière cosmique préexistante et à l'intérieur chaste Ascétisme lui-même qui s'incarne dans ces Elus » (D.S., II,
du cercle cosmique, et, donc, est l'énergie préservatrice ; la 2')S ).
troisième lumière produit tout l'univers de matière physique Shiva est l'Homme Céleste « qui est le Protogonos, Tikkoun, le
grossière ; et, au fur et à mesure que cette dernière recule Premier-né de la Déité passive et la première manifestation de
graduellement de la lumière centrale spirituelle, son éclat l'Ombre de cette Déité », la « Forme et Idée Universelle ». Il engendre
se ternit et elle devient 1'OBSCURITE ou le MAL, menant à le Logos Manifesté, Adam Kadmon, ou le symbole aux quatre
la Mort. Elle devient donc l'énergie destructrice que nous lel Ires, dans la Cabale, de l'Univers lui-même, également appelé le
trouvons toujours à l'oeuvre dans les formes (le temporaire et Second Logos » (D.S., II, 28). Ce second Logos (ce rang lui étant
le changeant). Les Trois Faces Cabalistiques de « l'ANCIEN donné parce que le principe intermédiaire, le Père-Mère, n'est pas
des Anciens » qui « n'a pas de face » sont les déités aryennes pi is en considération) est Mahat, le Démiurge, le Messie, ou Christos,
appelées respectivement Brahmâ, Vichnou et Roudra ou le chef des sept Régents planétaires (D.S., II, 26). Il y a une grande
Shiva » ( C.W., III, 314). d i I férence entre le Logos (Protogonos) et le Démiurge, « car l'un est
l' Fsprit et l'autre est Filme » (D.S., II, 28).
Cette Trinité hindoue (la Trimurti) est le modèle sur lequel les Ce Démiurge est, comme le Jéhovah de la Bible, « le chef et la
Egyptiens ont copié la leur et c'est cette dernière qui a elle-même synthèse du Quaternaire cosmique inférieur » (D.S., II, 630). Il cons-
servi de modèle à Orphée, Pythagore et Platon quand ils ont élaboré th ue Abatour, la troisième vie des Nazaréens ou Mandéens.
leur doctrine des trois hypostases divines (D.S., III, 180). Brahmâ, Les trois lettres mères de l'alphabet hébraïque, Aleph, Mem et
Vichnou et Shiva (ou Hiranyagarbha, Hari et Shankara) sont d'ailleurs Chine, correspondent aux trois Eléments Primordiaux, l'Air, l'Eau
précédés par une triade primordiale dont ils constituent la manifes- et le Feu qui sont désignés par le mot EMESH formé par ces trois
tation et qui se trouve enclose dans une « Essence universelle éter- lettres (C.W., IX, 290, note). Celles-ci ont la même signification que
nelle », laquelle est « passive parce qu'absolue ». les trois Mères du Faust de Goethe, les trois Propriétés Primordiales
de la Nature de Jacob Boehme et les Tres Matres d'Hermès Trimé-
« Comme c'est constamment montré dans le Zohar, l'Unité giste. Elles désignent trois forces cosmiques : la Lumière, la Chaleur
Infinie ou Ain-Soph est toujours placée au-delà de la pensée et l'Electricité (D.S., III, 71 ; C.W., IX, 290).
et de l'appréciation humaines, et, dans le Sepher-Jetzirah, Aleph, Mem et Chine correspondent aussi « au plateau du mérite,
nous voyons l'Esprit de Dieu (le Logos, non la Déité elle- au plateau du démérite et à la balance de la loi qui met l'équilibre
même) appelé Un » (D.S., III, 180). entre eux » (Henri Sérouya, La Kabbale, 133). Les initiés grecs qui
ont ajouté au Zodiaque le signe de la Balance, l'ont ainsi appelé pour
Cet « Un » forme avec la « Triade prégénétique ou pré-cosmique » l'aire allusion à cette action équilibrante. La balance « symbolisait
(celle-ci étant une « pure abstraction métaphysique », D.S., III, 180), l'équilibre éternel qui est une condition nécessaire d'un univers
un « Cube mystique » dont émane tout le Cosmos (D.S., III, 181). (l'harmonie, d'exacte justice », l'équilibre « des forces centripète et
Shiva, Vichnou et Brahmâ sont, en réalité, les trois gounas « ou cen trifuge, de l'obscurité et de la lumière, de l'esprit et de la matière »
attributs de l'univers d'Esprit-Matière, auto-formateur, auto-préser- I.D., II, 457). Sans le maintien d'une « stricte harmonie » entre
vateur et auto-destructeur à des fins de régénération et de perfec- l'esprit et la matière, l'univers manifesté ne pourrait subsister long-
tionnement ». Shiva est le gouna Tamas, Vichnou est le gouna Sattva et temps. Car si la force centripète l'emportait, elle entraînerait «les
Brahmâ celui dénommé Rajas ( T.G., 340, 341). Ces trois déités hindoues planètes et les âmes vivantes dans le soleil, le type du Soleil Spirituel
64 DOCTRINES INITIATIQUES LA BALANCE 65

invisible ». Et si la force centrifuge était la plus forte, elle chasserait Anges » après laquelle les Anges solaires constituant « Christos » s'in-
planètes et âmes loin du soleil et « du royaume spirituel du salut et carnent dans les hommes ou plus précisément deviennent leurs Egos
de la vie éternelle, dans le chaos de la destruction cosmique finale ri constituent alors la cinquième hiérarchie représentée par le signe
et de l'annihilation individuelle ». Il est donc indispensable que la du Capricorne). Car ce Christos Oint, ou Roi Messie, est, lui aussi, le
balance « régularise l'action des deux combattants » (I.D., II, 463), Metatron (I.D., II, 225).
c'est-à-dire équilibre constamment les forces antagonistes de l'Esprit Le signe du Scorpion, qui suit la Balance, est produit par la dupli-
et de la Matière. ca ion du signe de la Vierge (primitivement Vierge-Scorpion). Il
Indique « la dégradation de tout l'univers dans le cours de son invo-
« Dans la nature humaine, le mal indique seulement la lution descendante du subjectif à l'objectif » (I.D., II, 457).
polarité de la matière et de l'Esprit, une « lutte pour la vie »
entre les deux Principes manifestés dans l'Espace et le Temps, « Il est universellement admis que tout le système de la
Principes qui sont un per se dans la mesure où ils sont enra- Nature se meut dans une direction particulière, et cette
cinés dans l'Absolu. Dans le Cosmos, l'équilibre doit être direction, nous enseigne-t-on, est déterminée par la composi-
maintenu. Les opérations des deux contraires produisent tion de deux forces, à savoir celle agissant du pôle d'exis-
l'harmonie, comme les forces centripète et centrifuge qui, tence habituellement nommé « matière » vers l'autre pôle
étant mutuellement inter-dépendantes, sont nécessaires l'une appelé « esprit », e l'autre agissant dans la direction opposée.
à l'autre, « de façon que toutes deux puissent vivre ». Si l'une Le fait même que la Nature se meut montre que ces deux
était arrêtée, l'action de l'autre deviendrait immédiatement forces ne sont pas égales en grandeur. Le plan sur lequel
auto-destructrice » (D.S., I, 448). l'activité de la première force prédomine est appelé, dans
les traités occultes, l'« arc ascendant », et le plan correspon-
La doctrine occulte de la Roue d'Ezéchiel énonce la division du dant à l'activité de l'autre force est nommé l'« arc descen-
Cosmos en un monde spirituel, le Macrocosme (les trois plans aroûpa), dant ». Un peu de réflexion montrera que le travail de l'évo-
et un monde matériel, le Microcosme, séparés par un monde inter- lution commence sur l'arc descendant et fait son chemin vers
médiaire où l'esprit et la matière s'équilibrent. Le monde spirituel le haut à travers l'arc ascendant » (C.W., V, 340).
est représenté par la « ligne ascendante » du zodiaque et le monde
matériel par la « ligne descendante ». C'est au « point de jonction » des deux arcs (ascendant et descen-
i Inuit) que « se tient le mythique Balance - Hermès - Enoch » (I.D., II,
« Les six premiers signes zodiacaux étaient appelés la 4'54).
ligne ascendante ou ligne du Macrocosme (le grand monde
spirituel) ; les six derniers étaient nommés la ligne descen-
dante ou le Microcosme (le petit monde secondaire), simple
réflexion du premier pour ainsi dire » (I.D., II, 456).

Nous reconnaissons dans ce Macrocosme le « Monde de Lumière »


subjectif mais réel des deux grands diagrammes d'« Isis Dévoilée »
(I.D., II, 264). Le « point tournant » (monde où il y a autant d'esprit
que de matière), situé à la jonction du Macrocosme (où domine
l'Esprit) et le Microcosme (où domine la Matière) est représenté dans
le Zodiaque par le signe de la Balance et dans la liste des Patriarches
bibliques (qui ne sont, comme les Pradjâpatis des Hindous, que des
personnifications des signes du Zodiaque), par Enoch, « l'ange Meta-
tron, ou le Médiateur entre l'esprit et la matière, ou entre Dieu et
l'homme » (I.D., II, 456), autrement dit le Christos Oint, « l'Adam de
Poussière avant sa chute » (I.D., II, 223) (il s'agit de la « Chute des
LE SEPTENAIRE COSMIQUE

Il existe sept états de Prajnâ (Esprit ou Conscience), sept états


de la Matière et sept états de la Force.

« La Matière différenciée existant dans le Système


Solaire... en sept conditions différentes, et Prajnâ, ou la
faculté de perception, existant également sous sept aspects
différents correspondant aux sept conditions de la Matière,
il doit y avoir nécessairement sept états de conscience dans
l'homme » (D.S., II, 631, 2e note).

Daiviprakriti, la Lumière Primordiale, est l'état supérieur de l'éner-


gie. Cette Force, ou « Lumière du Logos non manifesté » (D.S., I, 236),
est la synthèse des six autres forces cosmiques. Lui correspondent la
condition la plus élevée de la Matière et l'état supérieur de la Cons-
cience qui est le Nirvâna des Bouddhistes (tous trois constituant le
'I'n ttva Adi). Il n'y a donc en réalité, que six états de conscience dans
l'Univers, comme il n'existe que six Forces et six plans de matière,
In septième condition de chaque série étant la synthèse nouménale
des six autres.

« Strictement parlant, il n'y a que six états de la matière,


ce qu'on appelle le septième état étant l'aspect de la Matière
Cosmique dans sa condition originelle indifférenciée. Similai-
rement, il y a six états de Prajnâ différenciée ; je veux dire
la condition dans laquelle Prajnâ est scindée en divers états
de conscience. Ainsi, nous avons six états de conscience... et
un état de parfaite inconscience qui est le commencement
et la fin de tous les états de conscience concevables, corres-
pondant aux états de la matière différenciée et à sa base
originelle indifférenciée, laquelle est le commencement et
la fin de toutes les évolutions cosmiques » (E.W., 463).

Les sept principes de l'être humain, correspondant « aux sept états


distincts de Prajnâ ou de conscience... sont associés aux sept états
de la matière et aux sept formes de la force » (E.W., 373).
68 DOCTRINES INITIATIQUES LE SEPTENAIRE COSMIQUE 69

Les sept principes cosmiques ont chacun un triple aspect, spirituel, monde archétype (Atziluth) de la Cabale. Il est le Macroprosope (Arikh
matériel et énergétique. Nous avons déjà fourni des indications sur les Anpin), autre nom de Sephira. En lui, selon l'expression cabalistique,
trois premiers de ces principes que les Hindous appellent Tattvas. Il y a l'équilibre. Autrement dit, en Sephira les deux forces opposées
Ceux-ci sont tout à la fois « Force, Pouroucha, et Matière, Prakriti. Et ( Esprit et Matière, Force centrifuge et Force centripète) ne sont pas
si les formes, ou plutôt les plans de cette dernière, sont au nombre de différenciées. Qaud elles en &panent (par leur différenciation), la
sept, ses forces doivent également être au nombre de sept. Autrement « balance » est formée. « Nous ne devons pas confondre ces deux ter-
dit, les degrés de solidité de la matière et les degrés du pouvoir qui mes, équilibre et balance. La balance consiste en deux plateaux (for-
l'anime doivent aller la main dans la main ». Ainsi, les sept Tattvas ces opposées), l'équilibre est le point central du fléau » (ibid., 45).
« sont à la fois Substance et Force, ou Matière atomique et l'Esprit Le Tattva Anoupâdaka est « la première différenciation sur le plan
qui l'anime ». (D.S., III, 492). de l'être (la première étant une différenciation idéale), ou ce qui est
né par la transformation de quelque chose qui lui est supérieure ».
Le Tattva Adi (le mot sanscrit Adi signifie premier) est le rayon- C'est « la Force qui procède du Second Logos » (D.S., III, 498),
nement par lequel débute la manifestation cosmique. Il est : c'est-à-dire du Père-Mère (D.S., III, 477). Ce second Tattva est
« l'Essence Spirituelle ou l'Esprit », les « Eaux Primordiales de la
« la Force primordiale universelle sortant, au commencement Pt ofondeur » (D.S., III, 501). Celles-ci sont les « Eaux de Vie ensom-
de la manifestation ou de la période « créatrice », de l'éternel meillées » des Stances de Dzyan, c'est-à-dire « la Matière Primordiale
et immuable SAT, le substratum de TOUT. Il correspond à avec, en elle, l'Esprit latent ». C'est le « Chaos (le principe femelle
l'enveloppe Aurique ou à l'CEuf de Brahmâ qui entoure clans le symbolisme) » sur lequel se meut le « Souffle de l'Obscurité ».
chaque globe aussi bien que chaque homme, chaque animal et ('e dernier est « le Nârâyana Brahmanique (Celui qui se meut sur
chaque chose. C'est le véhicule contenant potentiellement les Eaux), personnification du « Souffle Eternel du Tout inconscient
toute chose, l'Esprit et la Substance, la Force et la Matière. ( ou Parabrahman) » (D.S., I, 93).
Le Tattva Adi est, dans la Cosmogonie Esotérique, la Force Le Tattva Anoupâdaka est donc à la fois le Protogonos (Ennoia)
que nous disons provenir du Premier Logos ou Logos non et le sixième principe cosmique, la « Gnostique Sophia, la Sagesse,
manifesté » (D.S., III, 498). qui est la Mère de l'Ogdoade (Aditi en un sens, avec ses huit fils) »,
lu « mère des sept pouvoirs planétaires » (D.S., I, 101, i' note).
Ce Premier Tattva est la « Semence Cosmique » qui contient Cette « Mère », s'unissant au Protogonos, donne naissance au Logos, le
« tout l'Univers comme le gland contient le chêne ». Soupçon initial « Premier Né » (Mahat). Ce dernier « né du Chaos et de la Lumière
de différenciation « à la surface de la Substance illimitée homogène, Primordiale (le Soleil Central) », est « seulement l'agrégat de la Légion
ou de l'Espace », le Tattva Adi est le « commencement de l'Œuf des Constructeurs, les premières Forces Constructrices ». Ces Cons-
Orphique ou Œuf de Brahmâ » (D.S., III, 441). Ce premier Tattva est I 'licteurs primordiaux sont appelés, dans les anciennes Cosmogonies,
constitué par la Substance symbolisée par les « robes à jamais « les Anciens, nés de la Profondeur ou du Chaos et du Premier Point ».
invisibles » de Moûlaprakriti et qui se trouve sur « le septième plan Ils sont également appelés, collectivement, le Tétragramme placé « à
de la matière » (C.W., X, 306). Ce Tattva « contient et inclut les sept In tête des Sept Sephiroth inférieures ». Ils constituent Brahmâ, qui
Centres de Force, par conséquent les six Tattvas dont il est le « est Theos, issu du Chaos ou de la Grande Profondeur des Eaux, sur
septième ou plutôt la synthèse » (D.S., III, 498). lesquelles l'Esprit ou l'Espace (l'Esprit se mouvant sur la face du
futur Cosmos illimité) plane silencieusement, à la première heure du
Le Tattva Anoupâdaka est l'Adi-Sanat des Stances de Dzyan, identi- réveil ». De sorte que « Chaos, Theos, Cosmos ne sont que les trois
que à Sephira, l'Ancien des Jours de la Cabale, appelé également le Mymboles de leur synthèse (l'Espace) » (D.S., I, 367, 368).
Saint Vieillard (Sanat signifie Ancien) (D.S., I, 125). Il est donc aussi le Ce Premier-Né est le Troisième Logos, Dis, « l'ordonnateur de
Mahat-Tattva (Grand Tattva) car celui-ci, selon Mme Blavatsky, « cor- toutes choses » selon Damascius (D.S., I, 366). Il est identique au
respond à la Lumière Spirituelle ou la Sephira des Cabalistes Juifs ». troisième Tattva, qui est « la Force du Troisième Logos, la Force
(E.W., 487, 1" note). Etant identique à Sephira ou Kether « dont Créatrice dans l'Univers déjà Manifesté » (D.S., III, 499). Il convient
l'une des appellations est Autheqa, l'Ancien » (Mac Grégor Mathers, de ne pas confondre ce Logos « Créateur », et cette Force agissant
« The Kabbalah Unveiled », 44), le Tattva Anoupâdaka constitue le dons l'Univers déjà Manifesté, avec « l'Espace Brillant, Fils de
70 DOCTRINES INITIAI' MUES LE SEPTENA IRE COSMIQUE 71

l'Espace Sombre », l'Oeaohoo des Stances de Dzyan, qui « émerge particule et tout atome soient imbibés, pour ainsi dire, par « l'essence
des Profondeurs des Grandes Eaux Sombres », le « Divin et Etin- Paramâtmique », il est cependant incorrect d'appeler Paramâtmâ un
celant Dragon de Sagesse », qui « resplendit comme le Soleil ». « Principe humain ou même un Principe universel », car « il n'est pas
Celui-ci, qui est le « Jeune », c'est-à-dire « La Nouvelle Vie », « le un Principe, mais la cause de tout Principe » (D.S., III, 510). Para-
Germe de toutes choses jusqu'à la fin du Cycle de Vie » et « l'Homme mâtmâ est « la seule éternelle Réalité vivante » que les Hindous
Incorporel qui contient en lui-même l'Idée Divine », est identique à appellent Parabrahman (D.S., VI, 512).
Kwan-Shai-Yin (D.S., I, 100, 2' note). Il est le Protogonos, le septième Pratyagâtmâ est également appelé Paramapada et Pouroucha
principe cosmique, la première des sept « Créations » du Vichnou (E.W., 486). Paramapada est un synonyme de « Nirvâna ou de la
Pourâna (D.S., I, 486), alors que le Troisième Logos est le cinquième condition de Moksha » (E.W., 487, 2' note). Il s'agit du Nirvâna et
principe cosmique (D.S., III, 555) et la troisième de ces « Créations » non du Paranirvâna, car les Mouktas (ceux qui ont atteint Moksha,
(C.W., X, 313). la libération) peuvent, s'ils le veulent en revenir pour « s'incarner
Le Troisième Tattva est l'« Ether de l'Espace ou l'Akâsha dans sa sur terre », afin de travailler au mieux être du monde (D.S., I,
troisième différenciation » (D.S., III, 501). Et l'Ether de l'Espace 156, 157).
« correspond mystiquement au Mahat manifesté, ou à l'Intellect ou Les « Seigneurs de l'Etre » constituant collectivement Ishvara ou
Ame du Monde » (D.S., III, 442). Dans la Cabale, ce troisième Tattva Pratyagâtmâ (D.S., II, 37) sont non des entités, mais des centres de
est le Roi Messie, le fils d'Arich Anpin (Grande Face) ou Macropro- conscience individuelle dans l'essence dite Suddasattva. Il n'y a pas
sope, c'est-à-dire de Sephira, Kether ou Tikkoun, le « Père Caché » d'entité au-dessus du troisième plan cosmique, le plan de Mahat
(Kwan-Shai-Yin). Comme nous l'avons déjà indiqué, Seir ou Zeir qui est constitué « de la matière la plus subtile, Soûkshma » (D.S.,
Anpin, le reflet plus matériel d'Arich Anpin, est le Christos, l'Homme III, 555).
Céleste, par l'intermédiaire duquel Pneuma ou le Saint-Esprit crée
« toutes choses » (I.D., II, 230, 231). « Dans les enseignements Théosophiques, le terme
« Esprit » est seulement appliqué à ce qui appartient direc-
Cependant, le « véritable Christ de tout Chrétien » est le Proto-
gonos (Shiva), le septième principe cosmique. C'est ce véritable Christ tement à la Conscience Universelle et qui est son émanation
homogène et non adultérée... L'Esprit est sans forme et
qui est « le Logos des philosophes grecs, apparaissant au commen-
immatériel, étant, quand il est individualisé, constitué de la
cement de chaque nouveau Manvantara ». Il est constitué des « pre-
miers et plus élevés Seigneurs de l'Etre ». De ceux-ci qui sont « collec- plus haute substance spirituelle, Suddasattva, l'essence divine
dont le corps des plus hauts Dhyânis qui se manifestent est
tivement JIVATMA ou Pratyagâtmâ » procèdent « les nombreuses
Hiérarchies des Forces Créatrices » (D.S., II, 37). formé... En bref, l'Esprit n'est pas une entité dans le sens
d'avoir une forme ; car, comme le déclare la philosophie
Jîvâtma est, dans l'homme, le plus haut principe. Il est donc bouddhique, là où il y a une forme, il y a une cause de peine
inexact d'identifier Christos à Bouddhi, le sixième principe humain, et de souffrance. Mais chaque esprit individuel (son indivi-
qui « per se, est passif et latent » et n'est que le véhicule de Christos, dualité persistant seulement pendant tout le cycle de vie
ou Atmâ, « le septième principe » (D.S., II, 241, i note).
re
manvantarique) peut être décrit comme un centre de
On dit « métaphoriquement, que Jivatmâ provient de Para- conscience, un centre soi-sensible et soi-conscient, un état,
mâtmâ » (D.S., II, 37). Selon Subba Row, ce « Christ réel, le pur non un individu conditionné » (T.G., 306).
esprit », identique à Nârâyana, à Jîvâtma et à Pratyagâtmâ, est
« pour ainsi dire le fils de Paramâtmâ » et il est représenté, dans Il convient de ne pas confondre Christos, le septième principe
le Zodiaque, par le signe du Lion (E.W., 9) ainsi que nous l'avons humain avec Christos, l'Ego Supérieur (D.S., III, 591). Ce dernier
déjà dit. Paramâtmâ signifie Soi Suprême. C'est un terme « appliqué est Manas, le cinquième principe (D.S., III, 518) ou plutôt Bouddhi-
à Parabrahman » pour le distinguer de Pratyagâtmâ, ce dernier Manas (D.S., III, 524). Il est « en un sens, le Père, étant de la même
étant le Logos personnifié par Krishna dans la Bhagavad Gîtâ essence que l'Esprit Universel et, en même temps, le Fils, car Manas
(P.B.G., 61, 62). Paramâtmâ « peut être considéré comme hors vient en deuxième lieu après le Père » (D.S., III, 524). Immortel
de l'Œuf Aurique humain, comme il est aussi hors de l'Œuf pendant tout le Mahâmanvantara (de 311 040 000 000 000 ans) (D.S.,
Macrocosmique ou Œuf de Brahmâ ». En effet, quoique toute 1 II, 517), l'Ego Supérieur est vraiment un principe humain, tandis
72 DOCTRINES INITIATIQUES LE SEPTUNAIRE COSMIQUE 73

qu'Atmâ est « un Principe universel auquel l'homme participe » l'astral. De sorte que, des quatre plans roûpa, seul, le premier,
(D.S., III, 518). Autrement dit, l'Ego Supérieur est une conscience où se trouvent le premier et le dernier globes d'une chaîne, est
individuelle n'appartenant qu'à un seul être qui, de ce fait, est une considéré comme spirituel par eux.
entité. Par contre, la Conscience du septième principe (le Logos) est
une conscience collective partagée par tous les êtres qui atteignent « J'emploie le mot matériel pour désigner non seulement
ce niveau nirvânique. les organismes physiques et astrals, mais aussi ceux du plan
Kshetrajna (le Connaisseur du Champ) est l'équivalent hindou de qui est plus haut que l'astral. Beaucoup de ce qui se trouve
Christos. Il est, d'une part, l' « Esprit Substance » qui, informant sur ce plan est, aussi, à mon avis, physique, quoique peut-
Pradhâna donne naissance à Mahat (C.W., X, 314) et, d'autre part, être ce plan puisse différer, dans sa constitution, des formes
l'Ego Supérieur (C.W., X, 254, 314), c'est-à-dire le Koumâra (D.S., connues de la matière sur le plan objectif ordinaire » (P.B.G.,
III, 494, 590) ou Manasa Poutra (C.W., X, 255) qui dote l'homme du 33).
Manas.
Les sept plans actuels de notre univers sont issus de « bases »
Christos (mot grec signifiant « Oint ») est non seulement l'Ego
relativement homogènes qui sont les sept Prakritis des Hindous.
humain, mais aussi, cosmiquement, le chef des « Régents des sept
Comme nous l'avons déjà indiqué, ces Prakritis sont, dans la philo-
planètes principales » qui constituent « le pouvoir visible et actif
dans le monde des Formes ». Ce pouvoir, composé d' « Anges toujours sophie Sânkhya, Mahat, Ahamkâra et les cinq Tanmâtras et s'étagent
de Mahat à la Terre (D.S., I, 358). Car, « la Terre et Mahat sont les
subjectifs (excepté dans les grades les plus bas) », est, « pour ainsi
li mites intérieure et extérieure de l'Univers » (D.S., I, 277).
dire, le Logos visible et objectif du Logos Invisible ». Ce dernier,
« avec ses Sept Hiérarchies (chacune représentée ou personnifiée « Vibrant au sein de la Substance inerte, Fohat la pousse
par son Ange ou Recteur principal) », forme dans les mondes invi- à l'activité et guide ses différenciations primaires sur tous
sibles un « pouvoir unique, intérieur et invisible » (S.S., II, 26, 37). les sept plans de la Conscience Cosmique. Il y a ainsi sept
Christos était, dans la cosmogonie égyptienne, l' « Œil d'Osiris » Protyles (comme on les appelle maintenant, alors que l'anti-
(Osiris désignant, dans cette expression, le septième principe uni- quité Aryenne les nommait les sept Prakritis ou Natures)
versel) et il était lui-même « le Logos, le Premier-engendré, ou la servant séparément, de bases relativement homogènes qui,
Lumière rendue manifeste au monde », « le Mental et l'Intellect au cours de l'hétérogénéité croissante dans l'évolution de
divin du Caché ». Et c'est seulement par « le septuple Rayon de cette l'Univers, se différencient dans la merveilleuse complexité
Lumière que nous pouvons connaître le Logos » (Shiva). Nous avons présentée par les phénomènes sur les plans de la perception.
déjà signalé la grande différence existant entre le Logos et le Dé- Le mot « relativement » est employé à dessein, car l'existence
miurge. Il convient de considérer le démiurge (Christos) comme même d'un tel processus aboutissant aux ségrégations pri-
le « Créateur de notre Planète et de toute chose lui appartenant, et le maires de la Substance Cosmique non différenciée en ses
Logos comme la Force directrice de ce Créateur » (D.S., II, 29). sept bases d'évolution nous oblige à considérer le Protyle de
Récapitulons les diverses significations anthropologiques de chaque plan comme seulement une phase médiate assumée
Christos. Il est le septième principe humain, Atmâ ou Jîvâtmâ (D.S., par la Substance dans son passage de l'abstrait à la pleine
I, 247), Kâranâtmâ, le Dieu personnel de l'homme et son Sauveur. Il objectivité. Le mot protyle est dû à M. Crookes... la ségré-
est, d'autre part, l'Ego Personnel. Comme l'Ophis des Gnostiques, il gation primaire de la matière primordiale en atomes et en
est enfin « la sagesse divine tombée dans la matière ou l'homme-Dieu, molécules a eu lieu après l'évolution de nos sept Protyles.
Jésus » (I.D., II, 172), autrement dit l'Initié qui s'est uni à son Dieu C'est le dernier de ceux-ci que recherche M. Crookes, ayant
intérieur. Ainsi, comme le dit Mme Blavatsky, « il n'y a pas moins de récemment découvert la possibilité de son existence sur
trois Christs dans le Système Gnostique » (Lucifer, mai 1890, 233, notre plan » (D.S., I, 349, 350).
5e note).
Comme Mme Blavatsky, Subba Row considère comme matériel Le troisième plan cosmique, celui de Mahat, est « réellement le
tout ce qui appartient non seulement au plan physique, mais aussi point de départ de la manifestation primordiale, de la réflexion
au plan astral, et même au monde qui vient immédiatement après objective du non manifesté » (C.W., X, 320). Mahat est la « Bouddhi
74 DOCTRINES INITIATIQUES LE SEPTENAIRE COSMIQUE 75

Cosmique » ou Mahâ-Bouddhi, qui se différencie en sept plans matière nébuleuse de la poussière solaire disséminée dans
(C.W., X, 324). l'espace, et une série de trois évolutions invisibles à l'oeil de
la chair apparaît en succession, c'est-à-dire que trois règnes
« La matière astrale est, doit-on noter, la matière dans d'élémentals ou forces de la nature sont évolués. En d'autres
son quatrième état qui a, comme notre matière grossière, termes, l'âme animale du futur globe est formée ou, comme
son propre « protyle ». Il y a plusieurs protyles dans la dirait un Cabaliste, les gnomes, les salamandres et les
Nature, correspondant aux divers plans de la matière. Les ondines sont créés. On peut établir de la façon suivante la
deux règnes élémentals sub-physiques, le plan mental, Manas correspondance entre le globe-mère et l'homme-enfant. Tous
ou plan de la matière dans son cinquième état, comme aussi deux ont leurs sept principes. Dans le Globe, les élémentals
celui de Bouddhi, la matière dans son sixième état. sont (dont il y a en tout sept espèces) forment a) son corps
évolués chacun de l'un des six protyles qui constituent la base grossier ; b) son double fluidique (linga sharîram ; c) son
de l'Univers-Objet. Ce que l'on appelle les trois « états » de principe vital (jîva) ; d) son quatrième principe, kâma roûpa,
notre matière terrestre et que l'on connaît comme les états est formé par son impulsion créatrice agissant du centre à
« solide », « liquide » et « gazeux » ne constitue, si l'on la circonférence ; e) son cinquième principe (âme animale ou
parle avec une stricte précision, que des sous-états » (D.S., Manas, l'intelligence physique) est incorporée dans les règnes
II, 778). végétal (en germe) et animal ; f) son sixième principe (ou
âme spirituelle Bouddhi) est l'homme ; g) et son septième
Ainsi, il y a sept états de la matière et il convient de considérer principe (âtmâ) est une pellicule d'akâsha spiritualisé qui
toutes choses, « cosmiques et terrestres, comme existant dans des l'entoure » (M.L., 92).
modalités de ces sept états » (C.W., X, 366). Dans l'homme, ces
modalités sont les sept principes, chacun d'eux étant comme un reflet L'Adepte poursuit en déclarant que les « trois évolutions ter-
de l'une des sept Prakritis. C'est ainsi qu'Atmâ, le « septième minées » (celles des trois règnes élémentals), un « globe palpable
principe, ou plutôt la septième essence, appartient au septième état commence à se former ». Le règne minéral fait son apparition. « Ses
de la matière, c'est-à-dire à un état qui peut être considéré, dans nos dépôts sont d'abord vaporeux, mous et plastiques, ne devenant durs
conceptions mondaines, comme pur esprit ; tandis que la nature du et concrets qu'au septième anneau. Quand cet anneau est terminé,
sixième principe n'est pas un centre de force comme son esprit, il projette son essence sur le globe B, qui est en train de passer par
centre dans lequel l'idée de toute substance disparaît entièrement, les stades préliminaires de formation » (ceux de l'évolution des trois
mais « un atome » fluidique ou plutôt éthéré. Le premier est de la règnes élémentals).
matière non différenciée, le second de la matière différenciée, quoi- Le règne minéral commence alors son évolution sur le globe B,
que dans son état le plus haut et le plus pur ; l'un la vie qui anime y accomplit sept « anneaux » (phases correspondant aux Races
l'atome, l'autre le véhicule qui la contient » (C.W., IV, 558). Chacun humaines), puis son essence passe sur le globe C. Ce processus
des sept globes composant notre chaîne planétaire est formé de se répète sur ce globe et sur les suivants, jusqu'au globe Z, le
sept principes. Et il importe « de ne pas confondre les éléments dernier de la chaîne. Il en est de même pour les règnes végétal,
universels avec les éléments terrestres » (C.W., X, 365). Toute chaîne animal et humain.
planétaire a également ses sept principes qui sont ses sept globes. Lorsque le règne minéral apparaît sur le globe B, le règne végétal
Ces derniers correspondent (et correspondent seulement) aux sept fait son apparition sur le globe A. Il y accomplit ses sept anneaux,
états de la conscience, de la matière et de la force, ainsi qu'aux sept puis son essence pénètre sur le globe B, tandis que « l'essence »
principes humains (D.S., I, 177). minérale se transporte sur le globe C et les germes du règne
animal entrent dans « A ». Lorsque ce dernier règne y a accompli, à
Voici comment l'Adepte Kout-Houmi décrit la formation du son tour, ses sept anneaux, « son principe vital va au globe B et
globe A (le premier) de notre Chaîne Terrestre : les essences des végétaux et des minéraux avancent ». C'est alors
« Maintenant l'impulsion atteint « A » ou plutôt ce qui qu'apparaît sur le globe A l'homme. Celui-ci, dans une forme éthérée
est destiné à devenir « A » et qui, jusqu'à présent, n'est que bien différente de la nôtre, y passe par sept Races. Il quitte ensuite
de la poussière cosmique. Un centre est formé dans la le globe A pour être transféré « successivement sur chacun des globes
jusqu'à Z » (M.L., 92, 93).
76 DOCTRINES INITIATIQUES LE SEPTENAIRE COSMIQUE 77

Les Elémentals sont issus de l'Ether de l'Espace (Mahat) dont illi mitée et absolue, agit avec compréhension ; mais elle est l'unique
ils sont le « contenu sidéral », les « parties substantielles » (D.S., et seule Loi de la Vie et de l'Etre ». Fohat est le « pouvoir moteur,
III, 442). Ils sont les êtres appelés entéléchies par Aristote et constituant la synthèse de toutes les forces-vies emprisonnées ».
Leibnitz. Il est « l'intermédiaire entre la Force absolue et la Force condi-
tionnée » exactement comme, dans l'homme, le Manas assure la liaison
« Leibnitz, comme Aristote, appelle les Monades « créées »
entre « la matière grossière du corps physique et la Monade divine
ou émanées (les Elémentals issus des Esprits Cosmiques ou
qui l'anime mais est incapable d'agir directement sur elle »
Dieux) des Entéléchies et des « Automata incorporels » (D.S.,
X, 392). Cependant, le « travailleur à l'intérieur, la force inhérente,
I, 692).
tend constamment à s'unir avec son essence mère à l'extérieur »
(C.W., X, 387). Elle y parvient à la fin du Mahâmanvantara ou Mahâ
Les Elémentals ou « Monades » sont l'Ame de l'Univers manifesté. Kalpa, au « Grand Jour ». Alors, selon les termes d'une Stance de
Les Dieux dont ils sont émanés constituent son Esprit et les Atomes Dzyan, les « Fils » ou « les Eléments avec leurs Pouvoirs ou Intelli-
représentent son corps. Ces Atomes ou « Unités Divines primor- gences respectifs » (C.W., X, 385) « embrassent » ce qui est sans
diales » (C.W., X, 353), sont « le septième principe d'un corps ou li mite. Pendant la manifestation cosmique, ils s'efforcent « par leur
plutôt d'une molécule » (C.W., X, 370, 371). Ils sont indestructibles, force inhérente et emprisonnée, de rejoindre la force unique uni-
« étant la quintessence des Substances » (C.W., X, 353). Ces Atomes verselle ou force libre, c'est-à-dire d'embrasser l'infini, cette force
sont l'aspect phénoménal de la Vie Une. « Le Principe Vie, ou l'Ener- libre étant infinie » (C.W., X, 393, 394).
gie-Vie, qui est omniprésent, éternel, indestructible, est une Force et Dans le Mahâyana (Bouddhisme du Nord), la Déité suprême est
un Principe comme noumène, tandis qu'il est les Atomes, comme Adi-Bouddha. Celui-ci est, selon les enseignements ésotériques (D.S.,
Phénomène ». On ne peut considérer ces deux aspects de la Vie III, 378, 2e note), « le Principe-Sagesse qui est l'Absolu et, par
Une comme séparés, « sauf dans le Matérialisme » (D.S., II, 710). conséquent hors de l'espace et du temps » (D.S., III, 378). Il est
Les Atomes constituent collectivement les Eaux, la Matière Primor- « l'Un Inconnu, sans commencement ni fin, identique à Parabrahman
diale, issue de Séphira. Ils apparaissent à la deuxième « Création » et à Ain Soph ». Il « émane, hors de son Obscurité, un Rayon brillant »
des Pourânas, pendant « la Période du Brouillard de Feu, le premier qui est le Premier Logos, appelé « Vajradhara, le Bouddha Suprême,
stade de la Vie Cosmique après son état chaotique, quand les Atomes nommé aussi Dorjechang ». Ne pouvant se manifester, ce « Seigneur
sortent de Laya » (D.S., I, 489). (le tous les Mystères », envoie « dans le monde de la manifestation,
La Matière et la Force sont « inséparables, éternelles, indestruc- son Coeur, le Coeur de Diamant, Vajrasattva ou Dorjesempa ». Ce
tibles, car le phénomène est inséparable du noumène ». Mais on ne dernier est « le Second Logos de Création » dont émanent exotéri-
saurait déclarer « qu'il n'y a pas de Pouvoir Créateur immatériel », quement cinq et ésothériquement sept « Dhyâni-Bouddhas, appelés
au motif qu' « il ne peut y avoir de Force indépendante, toute Force les Anoupâdakas, les sans Parents » (D.S., I, 624).
étant une propriété inhérente et nécessaire de la Matière » (D.S., I, 533). Vajradhara et Vajrasattva sont en fait identiques, l'un agissant
Car le Noumène (l'Energie-Vie) peut parfaitement exister indépen- par l'autre (D.S., HI, 380). Vajradhara dépasse cependant Vajrasattva
demment du Phénomène (la Matière ou les Atomes). L'énergie comme Parabrahman transcende Mahat (C.W., X, 343). Le premier
nouménale est la Force libre. Elle est infinie, alors que la Force est vis-à-vis du second comme Jehovah par rapport à l'Archange
emprisonnée (dans la matière) est limitée et conditionnée par son Michel. Celui-ci est, pour les Catholiques Romains, le Ferouer ou la
véhicule matériel. La Force libre dépourvue de véhicule et ne trouvant Face du Christ.
rien sur quoi agir, reste dans une « grandeur solitaire ». Elle ne
perçoit qu'elle-même, étant tout à la fois, « sujet et objet, celui qui « C'est précisément la position de Vajradhara ou Vajra-
perçoit et ce qui est perçu » (C.W., X, 392, 393). Seule la Force sattva dans le Bouddhisme du Nord... Car Vajrasattva, dans
emprisonnée agit consciemment. La Force libre « ne peut être consi- son Soi Supérieur comme Vajradhara (Dorjechang), n'est
dérée comme une force consciente » dans le sens que nous attribuons jamais manifesté, excepté aux Sept Dhyân Chohans, les
à cet adjectif. « C'est seulement ce qui est enfermé dans une forme, Constructeurs primordiaux. Esotériquement il est l'Esprit
une limitation de matière, qui est conscient de soi-même, sur ce des « sept » collectivement, leur septième principe ou
plan. On ne peut dire que cette Force ou Volonté Libre, qui est Atman » (D.S., III, 388).
78 DOCTRINES 'INITIATIQUES LE SEPTENAIRE COSMIQUE 79

Vajradhara est donc Kwan-Shai-Yin ou Avalokiteshvara, le « Dieu « son plein Nirvâna » en 563 et qu'il est mort en 543 avant Jésus-Christ
qui est vu », c'est-à-dire le « septième principe Universel » qui est (C.W., V, 249). Subba Row place à la même date le décès de Gautama
« perçu par la Bouddhi Universelle, le « Mental » ou Intelligence qui Bouddha (E.W., 54) et affirme que, selon les Initiés tibétains et
est l'agrégat synthétique de tous les Dhyân Chohans comme de toutes hindous, Shankarâcharya est né en 510 avant Jésus-Christ, « 51 ans
les autres intelligences petites ou grandes qui ont été, sont ou seront » et 2 mois après la date du Nirvâna de Bouddha » (E.W., 50). C'est
(M.L., 338). Vajrasattva est cet agrégat, c'est-à-dire Mahat, le Mental donc, selon lui, en 561 avant Jésus-Christ, soit 18 ans avant sa mort,
Universel et la Bouddhi Cosmique (C.W., X, 324). que le Bouddha s'est, pour la première fois, élevé à l'état nirvânique.
Il est impossible de revenir du Paranirvâna ou Paranishpanna Nirvâna est le quatrième état (Avastha) de la conscience, ou état
(D.S., I, 84). Par contre, cette possibilité existe pour celui qui n'a Tourîya (E.W., 8). C'est une condition d'absorption dans le Logos
pas dépassé Paramapada ou « littéralement, le lieu le plus sacré » (E.W., 269), ce dernier devenant le siège ou l'oupâdhi (véhicule) de
et donc le « Nirvâna ou condition de Moksha » (E.W., 487, 2 note).
e l'âme (E.W., 274). Dans les trois états (Avasthas) inférieurs, ceux de
Jâgrat, Svapna et Soushoupti (ou selon la classification du Védanta :
« Après avoir atteint Moksha (un état de béatitude signi- Vishva, Taijasa et Prâjna, E.W., 274) l'âme a pour véhicule, respec-
fiant « délivrance de Bandha » ou de l'asservissement) l'âme tivement, le corps physique, le corps astral et le Kârana Sharîra
jouit de la félicité en un lieu appelé Paramapada, endroit qui (E.W., 274). Chacun de ces trois états comporte trois subdivisions,
n'est pas matériel, mais qui est fait de Suddasattva (l'essence les trois degrés de Soushoupti étant l'état de Dévachan, celui entre
dont le corps d'Ishvara, le « Seigneur » est formé). Là les deux planètes d'une chaîne, et celui entre deux Rondes (E.W., 109).
Mouktas ou Jîvâtmâs (Monades) qui ont atteint Moksha ne Vichnou « est le Logos qui représente la sagesse manifestée de la
sont plus sujets aux qualités de la matière ou du Karma. doctrine bouddhique. On dit qu'il s'incarne quand cette sagesse
Mais, s'ils le veulent, ils peuvent, pour faire du bien au adombre un mortel et se manifeste en lui ». Mme Blavatsky, ayant
monde s'incarner sur terre» (D.S., I, 156). ainsi défini l' « incarnation » de Vichnou (en qui nous reconnaissons
l'Ophis des Gnostiques, I.D., II, 172), ajoute : « La sagesse divine, qui
Subba Row identifie Paramapada à Pouroucha et à la Pierre
représente Vichnou, s'est reliée à la personnalité de Gautama, ou
Philosophale, ainsi qu'à Satta Sâmânya. C'est, dit-il, la Matière cos-
plutôt cette personnalité s'est absorbée dans le divin Logos et a été
mique indifférenciée « sous son aspect d'esprit latent », c'est-à-dire
assimilée par celui-ci, quand Gautama est devenu Bouddha » (« The
« un état de parfaite inconscience produisant un simple Chida-
Theosophist », janvier 1885, p. 95).
kasham ». Dans cet état les trois Gounas (Sattva, Rajas et Tamas) sont
dans une « condition indifférenciée » (E.W., 486, 487). Subba Row
Selon Taimni,
s'explique sur la nature de cette « parfaite inconscience ». Le Nirvâna,
dit-il, est une « conscience absolue qui est non-conscience ». « la Réalité que nous appelons Shiva est la Conscience dans
« Il est conscience absolue parce que l'âme est pleinement son état parfait, pur, intégré et non souillé par l'activité du
en rapport avec le mental universel (l'Adam Kadmon des mental même au niveau divin. Cette conscience n'est pas
Cabalistes et l'Adonai des Juifs). Et il est non-conscience seulement le substratum de tous les niveaux du mental,
parce qu'il n'est pas une conscience semblable d'une façon mais est le medium de base dans lequel tout l'univers mani-
quelconque à la conscience que nous expérimentons dans festé fonctionne dans toute sa complexité et ses degrés de
les conditions qui nous sont familières » (E.W., 414). subtilité. C'est cette conscience qui, lorsqu'elle descend dans
la manifestation, devient modifiée en différents degrés de
M me
Blavatsky déclare que « Gautama Bouddha a, dit-on, atteint mental et perd sa vraie et Réelle nature à mesure qu'elle
seulement le Nirvâna et non le Para-Nirvâna » (« The Theosophist », devient de plus en plus enfoncée dans la matière et le
décembre 1884, page 72), non pas le jour de sa mort, comme l'af- mental » (« Glimpses into the Psychology of Yoga », 111).
firment les Bouddhistes du Sud, mais « plus de vingt ans avant sa
désincarnation ». Elle ajoute que les Chohans (Adeptes) tibétains « pos-
sèdent tous les documents relatifs aux 24 dernières années de Sa vie
extérieure et intérieure ». Elle précise que le Bouddha a accédé à
LES AH - HI

Les Ah-Hi (mot de la langue des initiés, inconnue des profanes, le


Senzar, et correspondant au mot sanscrit Ahi, signifiant serpent,
T.G., 11) sont les premiers êtres qui apparaissent au début du
Mahâmanvantara. Pendant le Mahâpralaya, comme le déclare le
Livre de Dzyan, le Mental Universel « n'était pas, car il n'y avait pas
d'Ah-Hi pour le contenir » (D.S., I, 69). Ceux-ci sont « les Légions
d'Etres Spirituels (les Légions angéliques du Christianisme, les
Elohim et « Messagers » des Juifs) qui sont le Véhicule servant à la
manifestation de la Pensée et de la Volonté Divines ou Universelles »
(D.S., I, 70).
Ces êtres sont, en quelque sorte, l'ombre de Parabrahman et
c'est cette première radiation du Mental Universel Eternel (nouménal)
qui devient l'Univers manifesté. L'Absolu est « le mental endormi,
latent » et c'est « seulement son ombre qui se différencie dans la
collectivité de ces Dhyânis » (C.W., X, 318).
Emanés, « à la première Aube du Manvantara » (C.W., X, 318)
par le Premier Logos, les Ah-Hi sont alors des Forces plutôt que
des êtres. Ils ne sont pas le Mental Universel lui-même, mais servent
simplement à le refléter dans le monde des phénomènes.
« On doit distinguer entre le Mental Absolu qui est
toujours présent, et sa réflexion et manifestation dans les
Ah-Hi qui, étant sur le plan le plus haut, réfléchissent collec-
tivement le mental universel au premier frémissement du
Manvantara. Après quoi, ils commencent le travail de l'évo-
lution de toutes les forces inférieures, à travers les sept plans,
jusqu'au plan le plus bas, le nôtre. Les Ah-Hi sont les sept
rayons ou Logoï primordiaux, émanés du premier Logos,
triple mais un dans son essence » (C.W., X, 317).

Contrairement à l'homme qui « a une volonté libre, les Ah-Hi n'en


ont pas. Ils sont obligés d'agir simultanément, car la loi sous laquelle
Ils doivent agir leur donne l'impulsion ». Une volonté libre ne se
conçoit que dans un être qui, comme l'homme, « possède à la fois
un mental et une conscience qui agissent et le font percevoir les
82 DOCTR I NES IN I T1 ATIOUES LES AIl-HI 83
choses à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur de lui-même ». Les Ah-Hi constituent collectivement Avalokiteshvara, nom donné
conséquence, les Ah-Hi « sont des Forces et non des êtres humains » par les Adeptes aux Légions de Dhyân Chohans qui représentent « la
(C.W., X, 322). Ils ne peuvent être considérés déclare Mn" Blavatsky, source mère, la somme totale de toutes les intelligences qui ont été,
comme des entités, car ils ne sont pas des êtres « indépendants de sont ou seront jamais, que ce soit sur notre chapelet de planètes
n'importe quoi d'autre ». Les premières entités apparaissent au stade porteuses d'hommes ou dans n'importe quelle autre partie de notre
de Mahat. système solaire » (M.L., 89).
Actuellement, les Ah-Hi n'existent plus, du moins en tant qu'Ah-Hi.
« Mahat est la plus haute Entité du Cosmos. En nous,
c'est Manas, et les Logoï eux-mêmes sont moins élevés, « Ils sont depuis longtemps devenus des Egos Planétaires, des Egos
n'ayant pas acquis d'expérience » (D.S., III, 555). Solaires, Lunaires, et finalement des Egos qui s'incarnent » (C.W.,
X, 321).
Ces Logoï ne sont pas ceux constituant Mahat, mais les Ah-Hi dans « Les Ah-Hi passent par tous les plans, commençant à se
leur condition originelle, sur le « plan le plus haut ». Ils n'y restent manifester sur le troisième. Comme toutes les autres hiérar-
pas constamment, d'ailleurs. Car ils appartiennent « aux premier, chies, sur le plan le plus haut ils sont aroûpa, c'est-à-dire
second et troisième plans, ce dernier plan étant réellement le point sans forme, sans corps, sans aucune substance, de simples
de départ de la manifestation primordiale, la réflexion objective du souffles. Sur le second plan, ils approchent pour la première
non manifesté » (C.W., X, 320). Ce troisième plan cosmique est celui fois de Roûpa ou de la forme. Sur le troisième, ils deviennent
de Mahat (D.S., III, 540) ou Mahâ Bouddhi (Grande Bouddhi) (D.S., des Manasapoutras, ceux qui se sont incarnés dans les
I, 44). hommes. A chaque plan qu'ils atteignent, ils sont appelés
Avant d'atteindre le stade de Mahat, les Ah-Hi ne sont conscients par des noms différents. Il se produit une différenciation
que « dans la mesure où ils agissent dans la conscience universelle. continuelle de leur substance originelle homogène. Nous
Mais la conscience du Manasa-poutra, sur le troisième plan, est l'appelons substance quoique, en réalité, il ne s'agisse d'au-
complètement différente. C'est seulement alors qu'ils deviennent des cune substance que nous puissions concevoir. Puis, ils de-
Penseurs » (C.W., X, 322). viennent Roûpa (des formes éthérées) » (C.W., X, 321).
Les Ah-Hi sont des Dhyân Chohans, c'est-à-dire des Etres Célestes
(C.W., X, 340). Ils sont « sans passion, purs et sans mental. Ils n'ont Ainsi, les Ah-Hi ont disparu dans le sens où une chenille n'existe
pas de lutte, pas de passions à écraser. On fait passer les Dhyân plus dès que, par sa métamorphose, elle devient un papillon. Ils sont
Chohans par l'Ecole de la Vie ». Ainsi « Dieu va à l'école » (D.S., maintenant tous les êtres peuplant notre système solaire. Il n'existe
III, 559). donc aucun être, du plus élevé au plus bas, qui n'ait fait sa première
Ces Etres Célestes, « Fils Lumineux de l'Aube Manvantarique », les apparition, dans notre univers solaire, dans l'immense légion septuple
« Constructeurs » et « Vrais créateurs de l'Univers », sont des Ah-Hi.

« les sept rayons primordiaux dont émanent, à leur tour,


toutes les autres vies, lumineuses et non lumineuses, qu'il
s'agisse d'Archanges, de Diables, d'hommes ou de singes.
Certains ont été et d'autres deviendront maintenant seule-
ment des êtres humains. C'est seulement après la différen-
ciation des sept rayons et après que les sept forces de la
nature les ont pris en main et ont travaillé sur eux, qu'ils
deviennent des pierres angulaires ou des morceaux d'argile
rejetés. Tout, en conséquence, est dans ces sept rayons,
mais il est impossible de dire, à ce stade, dans lequel, parce
qu'ils ne sont pas encore différenciés et individualisés »
(C.W., X, 347, 348).
LES HIERARCHIES CREATRICES

Les sept Ordres ou Hiérarchies de Pouvoirs Créateurs, à l'oeuvre


dans notre univers, s'étagent des « Divins » aux Elémentals (D.S.,
I, 233). Ils ont leur origine dans « les sept Légions Créatrices (Sephi-
roths) » contenues dans Oeaohoo. Celui-ci, identique à Kwan-Shai-Yin
(D.S., I, 100), le Protogonos, est le « Dragon Doré en qui sont les
Sept » (D.S., I, 488), le « Rayon Unique (le Logos) qui contient en
lui les sept autres Rayons ou Pouvoirs Procréateurs (les Logoï ou
Constructeurs) » (D.S., I, 108).
L'étude de ces diverses Hiérarchies créatrices est extrêmement
ardue et, selon Mm' Blavatsky, seuls les plus hauts Initiés pourraient
expliquer convenablement les relations existant entre elles. Pour
mieux les comprendre, ou plutôt pour se rendre compte qu'elles sont
« au-dessus de toute compréhension » elle préconise l'étude des
systèmes Gnostiques depuis « celui de Simon le Magicien jusqu'au
plus élevé et le plus noble d'entre eux, appelé Pistis-Sophia » (C.W.,
X, 403).
Le « Groupe le plus élevé est composé des Flammes Divines »,
appelées également Lions de Feu et Lions de Vie, « dont l'ésotérisme
est caché » dans le signe zodiacal du Lion (D.S., I, 234). A cette
« Flamme divine, l' « Un », sont allumés les trois Groupes descen-
dants. Ayant leur être potentiel dans le Groupe supérieur, ils
deviennent maintenant des Entités distinctes et séparées » (D.S.,
I, 235). Subba Row déclare également que la constellation du Lion,
correspondant au Jivâtma, le septième principe humain, et au « Christ
réel, le pur esprit oint », contient des êtres qui « ont simplement une
existence potentielle dans ce signe » et qui deviennent « des entités
distinctes, séparées dans les trois signes suivants » (E.W., 9, 10).
Viennent ensuite les Spirituels (D.S., I, 233), les Etres Célestes
du Second Ordre, composés de Feu et d'Ether et correspondant à
Atmâ-Bouddhi (la Monade humaine). Ils sont les « Prototypes des
Sivas ou Monades qui s'incarnent » (D.S., I, 236, 237).
Signalons, à ce propos, que le Dieu personnel d'un homme « n'est
pas la Monade, mais en vérité le prototype de celle-ci » (D.S., III, 58).
Il est le Soi Supérieur, qu'il convient de ne pas confondre avec l'Ego
Supérieur ou Manas Supérieur, lequel n'est que « le véhicule de la
divine Monade ou Dieu» (D.S., III, 66, .2e note).
86 DOCTRINES INITIATIQUES LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 87

« L'Adepte et l'Occultiste savent que « ceux que l'on Les Hiérarchies sont subdivisées en d'innombrables groupes
appelle les Dieux sont simplement les premiers principes » d'êtres « divins, spirituels, semi-spirituels et éthérés » (D.S., I, 233).
(Aristote). Ils n'en sont pas moins des « Principes » intelli- C'est par une série « presque sans fin » de ces diverses classes
gents, conscients et vivants, les Sept Lumières primordiales d'entités dont chacune a une mission bien déterminée à accomplir,
manifestées provenant de la Lumière non manifestée (qui que le Cosmos est « guidé, contrôlé et animé ». Ces êtres, situés plus
pour nous est Obscurité). Ils sont les sept (exotériquement ou moins haut sur l'échelle de l'existence, sont tous des Messagers,
les quatre) Koûmâras ou « Fils Nés du Mental » de Brahmâ. mais « seulement dans le sens où ils sont les agents des Lois Kar-
Et c'est encore eux, les Dhyân Chohans, qui sont les proto- miques et Cosmiques » (D.S., I, 295). Chacun d'eux a été « ou se
types dans l'éternité œonique de Dieux inférieurs et de prépare à devenir un homme, que ce soit dans le présent Manvantara
hiérarchies d'Etres divins, échelle des êtres à l'extrémité ou dans un Manvantara passé ou futur ».
inférieure de laquelle nous sommes, nous, les hommes » Ils sont « dépourvus du sentiment de la personnalité et de la
(D.S., III, 59). nature émotionnelle humaine ». Les Messagers qui ont dépassé le
stade humain, étant devenus des « hommes perfectionnés », n'ont pas
Envisagé comme principe cosmique, Christos ou le Christ est le ce sentiment, caractéristique de l'état humain, parce qu'ils n'ont pas
Fils que, selon les termes de Saint-Paul, Dieu « a établi héritier de de corps physique. Le « pur élément spirituel étant laissé sans entrave
toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde » (Epître aux et étant plus libre » en eux, ils sont « moins influencés par Mâyâ »
Hébreux, 1, 2), ou plutôt les mondes comme l'indique Mu' Blavatsky qu'aucun homme, à moins qu'il ne s'agisse d'un Adepte qui « garde
(D.S., II, 743), le terme originel étant lEons, c'est-à-dire émanation entièrement séparées ses deux personnalités (la spirituelle et la phy-
(I.D., II, 506, note). sique) ». Quant aux Messagers qui n'ont encore jamais appartenu
Il est identique à Chokmah, le second Adam qui est une « puis- à l'humanité et sont des hommes « naissants », étant donné qu'ils
sance active et masculine ». Il est le Pouroucha hindou et l'Ahoura n'ont jamais eu de corps physique, « ils ne peuvent avoir aucun sens
Mazda (ou Ormuzd) des Zoroastriens (D.S., II, 743, 2e note) dont le de la personnalité ou Ego-isme ».
« Ferouer » correspond au Protogonos (Ennoia). Selon l' « Eminent Les Pouvoirs Créateurs sont donc des êtres dépourvus « d'indi-
Occultiste » (l'Adepte Kout-Houmi), le Seir Anpin (Petite Face) de la vidualité ou de personnalité comme Entités séparées », autrement
Kabale est l'Ame du Messie unie au Logos Eternel ( « The Paradoxes dit du sentiment égocentrique d'être distinct des autres. Ils ne
of the Highest Science », 57, V' note). Ce Seir Anpin est le Christos connaissent pas ce sentiment qui pousse l'être humain à s'affirmer
de la Gnose et l'Homme Céleste de la Cabale (I.D., II, 230, 231). en face des autres et le fait penser : « Je suis moi-même et per-
Les diverses Hiérarchies « ne sont pas plus séparées que ne sonne d'autre ». Il n'en existe pas moins, dans les Hiérarchies de
le sont les âmes ou monades pour celui qui voit au-delà du voile de Pouvoirs Créateurs, un sentiment d'individualité. Mais il s'agit d'une
matière ou d'illusion » (C.W., X, 395, 396). individualité collective et non celle d'un Pouvoir Créateur particulier.
Toutes les Hiérarchies émanent de « la Vierge Céleste, la Grande Cette individualité est « la caractéristique de leurs Hiérarchies res-
Mère de toutes les religions, l'Androgyne, la Séphira Adam Kadmon » pectives et non de leurs unités ». Plus le plan auquel appartient une
(D.S., I, 236) (1). Celle-ci est la Shakti (sixième principe cosmique) Hiérarchie est proche « de l'Homogénéité et de l'Un Divin, plus pure
qui, avec le « Sur-Esprit » (septième principe cosmique) et Mahat et moins accentuée » est son individualité (D.S., I, 295, 296).
(cinquième principe cosmique) forme le « Trois en Un » ou le Sur Les Anges Primordiaux (les Asouras des Hindous) forment le
Esprit universel « se manifestant sur les deux plans supérieurs, ceux « Premier-Né » et sont « par conséquent si proches des confins de
de Bouddhi et de Mahat » (D.S., I, 627). l'Esprit Pur et Inactif qu'ils sont simplement les privations (au sens
Le Sur-Esprit, Sephira ou Adi Bouddhi (la Sur-Ame) et Mahat aristotélicien), les Ferouers ou types idéaux de ceux qui les ont
correspondent dans l'homme à « Atmâ-Bouddhi et l' « Enveloppe » qui suivis ». Ils étaient absolument incapables de créer « des choses
reflète leur lumière, les trois en un » (T.G., 338). matérielles corporelles », leur nature étant trop spirituelle pour cela.
Cette considération ayant été perdue de vue, « on a dit, avec le temps,
qu'ils ont refusé de créer, comme Dieu l'avait ordonné, autrement
(1) Comme nous l'avons vu, Sephira est l'essence des neuf autres dit qu'ils se sont rebellés » (D.S., II, 513, 514). Ils sont les Elohim qui
Sephiroth. « créent la Lumière », suivant le premier chapitre de la Genèse (D.S.,
II, 512). Ils se sont « manifestés avant les Pitris » (D.S., II, 512)
88 DOCTRINES INITIATIQUES LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 89

(Ancêtres Solaires et Lunaires). Ils sont les Dhyânis « entièrement Effectivement, Satan ou « Lucifer est le Logos dans son aspect
divins », les Anoupâdaka, « l'aspect spirituel des sept Logoï » (C.W., le plus haut et l'Adversaire dans son aspect le plus bas » (D.S., II,
X, 344, 345). Leur nom d'Asouras « a été donné indistinctement, 171). Le Logos ou le « Verbum et Lucifer sont un dans leur aspect
par les Brâhmanes, à tous ceux qui s'opposaient à leurs pitreries double » (D.S., II, 542). Satan, sous son aspect supérieur, est le
et sacrifices, comme le fit le grand Asoura appelé Asourendra », Second Adam, « le Messie, le Christos, le sujet oint par le Grand
et c'est là, sans doute, l'origine de la conception « du Démon considéré Souffle » (D.S., II, 26), l'Adam de poussière avant sa Chute (I.D.,
comme opposant et adversaire » (D.S., II, 512). II, 223), le « Second Logos, le Démiurge » (D.S., II, 26). Sa Chute
Après ces Anges Primordiaux viennent les Anges Secondaires (la est celle de la Légion des Anges qui ont doté l'homme du Manas et
« Lumière » créée par les Elohim), les Esprits Planétaires, les sept qui sont appelés des Rebelles, car la « Chute » entraîne « à une
Gouverneurs ou Régents du Poimandres, les Saptarshis (sept Rishis) extrémité de l'échelle de l'Evolution la rebellion, c'est-à-dire l'action
des Hindous et, dans le Zoroastrisme, les Amshaspends. Ces derniers de différencier l'intellection ou la conscience, sur ses divers plans, en
ont un « double et même triple caractère ». Sur le plan physique cherchant l'union avec la Matière ; et, à l'autre bout, l'extrémité
ils sont, comme les « Stellaires mal disposés » des Nazaréens, les inférieure, la rebellion de la Matière contre l'Esprit, ou de l'action
planètes elles-mêmes. Spirituellement, ils sont « les Pouvoirs Divins contre l'inertie spirituelle... Dans l'allégorie originelle, c'est la
d'Ahoura Mazda. Mais sur le plan astral ou psychique, ils sont les Matière (donc les Anges les plus matériels) qui était considérés
Constructeurs, les Veilleurs, les Pitris ou Pères, et les premiers comme le vainqueur de l'Esprit ou des Archanges qui tombèrent
Précepteurs de l'Humanité » (D.S., II, 374). sur notre plan » (D.S., II, 65, 66).
Ahoura Mazda (Christos ou Chokmah) est « la Déité septuple,
le Régent des sept Mondes » (les sept Prakritis s'étageant de Mahat « Le Verbum, ou le « Fils », était montré sous un double
à la Terre). Il vient en quatrième lieu dans la succession des principes aspect par les Gnostiques Payens. En fait, il était une dualité
cosmiques. Le premier est le « Principe Suprême et Inconnaissable » en complète unité. D'où les versions nationales variées et
(Ain-Souph). Il est suivi de Zerouana Akarana, équivalent, dans le innombrables. Les Grecs avaient Jupiter, le fils de Cronus,
Zoroastrisme, de la Shekinah cabalistique. En troisième position le Père, qui le précipite dans les profondeurs du Cosmos. Les
vient le Fravarshi ou Ferouer d'Ormuzd ou Ahoura Mazda, l'Ennoia Aryens avaient Brahmâ (dans la théologie la plus récente)
ou Homme Primitif de la Gnose. Le « Fils » de celui-ci est Ahoura précipité par Shiva dans l'Abîme d'Obscurité, etc. Mais la
Mazda lui-même, le « Seigneur qui confère la lumière et l'intelligence Chute de tous ces Logoï et Demiourgoï en bas de leur pri-
et dont le symbole est le Soleil » (Lucifer, mars 1891, page 1, 1" note ; mitive position exaltée, contenait, dans tous les cas, une seule
T.G., 11). et même signification ésotérique ; la Malédiction, dans son
Ce Christos, Christ ou Homme Céleste n'est autre que le Démiurge sens philosophique, d'être incarné sur cette Terre ; échelon
des Gnostiques et le Microprosope des Cabalistes. Les Anges qui le inévitable dans l'Echelle de l'Evolution Cosmique... » (D.S.,
composent sont, collectivement, Satan (ou Saturne), le Dieu, ou II, 542).
Seigneur de notre planète. Car, comme c'est indiqué dans un appen-
dice intitulé « Le Secret de Satan », figurant dans la seconde édition Ainsi, dans la philosophie ésotérique, les « Rebelles », appelés par
de « The Perfect Way » (La Voie Parfaite) d'Anna Kingsford et les Hindous « les Roudras (Koumâras, Adityas, Gandharvas, Asouras,
Edward Maitland, « parmi les Dieux, aucun n'est semblable à celui etc.), sont les Dhyân Chohans ou Devas les plus élevés en ce qui
entre les mains de qui sont confiés les royaumes, le pouvoir et la concerne l'intellectualité. Ils sont ceux qui ... sont devenus indépen-
gloire des mondes » (D.S., II, 243). Il y est encore affirmé que « Satan dants des purs Devas Aroûpa » (D.S., II, 618).
est le ministre de Dieu, le Seigneur des sept maisons du Hadès,
L'Oint « est devenu, avec les Juifs, Jehovah, le Dieu de la Géné-
l'Ange des Mondes manifestés ». Mme Blavatsky déclare que ces mai-
ration sur la Montagne Lunaire (le Sinaï, la Montagne de la Lune
sons sont les « sept Lokas (ou Saptaloka) de la Terre, suivant les
Hindous, car le Hadès, ou le Limbe d'Illusion, dont la Théologie fait (Sin) ». Et les théologiens chrétiens ont transformé en Satan et en
une région en bordure de l'Enfer, est simplement notre Globe, la Serpent Tentateur (celui qui, dans la Genèse, tente Eve) le « Dragon
de Sagesse » ou « le Dieu conscient qui avait besoin d'un corps pour
Terre, et, en conséquence, Satan est appelé l'Ange des Mondes
revêtir sa divinité trop subjective » (D.S., II, 214). La dualité de ce
manifestés ». Et elle ajoute que c'est Satan qui « est le Dieu de notre
planète et son seul Dieu... car il est un avec le Logos » (D.S., II, 245).
90 DOCTRINES INITIATIQUES LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 91

Dieu d'abord dépourvu, puis muni d'un corps (formé de la matière de la planète Saturne et que, dans l'Anthropogonie, elle « est le
d'un plan « roûpa ») est exprimé ainsi qu'il suit dans l'Appendice corps humain avec ses deux principes inférieurs. Ces trois principes
de « La Voie Parfaite » : meurent, tandis que l'Homme le plus intérieur est immortel » (D.S.,
II, 245).
« 42 — Deux sont les armées de Dieu : au ciel les cohortes
de Michel ; dans l'abîme (le monde manifesté) les légions de Satan (ou Michel) est ainsi constitué par les Egos Supérieurs
Satan. humains qui sont l'aspect inférieur d'une Légion d'Anges « aroûpa »
(privés de corps formés par la matière d'un plan roûpa). Chacun de
« 43 — Ceux-ci sont le Non Manifesté et le Manifesté ;
ces Egos est l' « Homme Intérieur » (T.G., 156) et lui-même sert de
le libre et le lié (dans la Matière) ; le virginal et le tombé. véhicule ou de corps à un Etre encore plus élevé qui est le Dieu
« 44 — Et tous deux sont les ministres du Père accom- Personnel de l'homme. C'est pourquoi Mme Blavatsky déclare que
plissant le Mot divin » (D.S., II, 245). « Ego conscient, ou Manas, le Cinquième Principe » est « le véhicule
de la Monade divine, ou Dieu » (D.S., III, 66, 2e note).
Dans l'Apocalypse (ou Révélation), Satan est le personnage sem-
« ... La Philosophie Esotérique identifie les Asouras Pré-Brâhma-
blable au Fils de l'Homme mentionné au premier chapitre et identifié niques, Roudras (appelés « grands-pères paternels » dans les Lois
par Mme Blavatsky à la lettre hébraïque Vaou (C.W., VIII, 153), car
de Manou, II, 284), Râkshasas, et tous les « Adversaires » des Dieux
cette lettre symbolise le Microprosope (C.W., VIII, 155). Elle situe dans les allégories, aux Egos qui, en s'incarnant dans l'homme encore
ce personnage « sur les plans de Yetzirah (le monde de la formation, dépourvu de raison de la Troisième Race, le rendent consciemment
l'habitat des anges qui ne voulurent pas créer) » (C.W., VIII, 154),
immortel » (D.S., II, 173).
c'est-à-dire dans le monde dont les quatre plans inférieurs contiennent
les globes composant les Chaînes planétaires (D.S., I, 176). Ce même Ahoura Mazda est l'Adam Kadmon androgyne (l'Homme Double)
personnage, nous dit-elle encore, « avec ses sept étoiles », est le Logos de la Cabale, composé des Anges secondaires (la « lumière » du
et une « autre forme d'Ophis » (I.D., II, 295). premier chapitre /de la Genèse) qui « complètent l'homme » (D.S., II,
Pour les Juifs, Jéhovah était le Microprosope, le Démiurge ou 40) (en le dotant du Manas). Leurs « Ferouers » sont les Elohim qui
Satan. Pour les Chrétiens, Jéhovah est « maintenant devenu le chef « créent » la Lumière, les Dhyâni-Bouddhas ou Anoupâdaka.
de tout, le Dieu le plus haut et unique, et son ancienne place est prise
Fravarshi (ou Ferouer) est un terme du Zend Avesta. Il est, dans
par Mikael (Michel) », le « Chef de la Légion » (tzaba), le régent de la
le cas qui précède, employé dans le sens de « Double ou Image qui
planète Saturne et « aussi l'Esprit informant du Soleil et de Jupiter,
précède tout dieu, homme et animal, et lui survit » (Lucifer, mars 1891,
et même de Vénus » (D.S., III, 334, 3e note). C'est pourquoi Mme Bla-
1, 1" note). Le Fravarshi d'un homme est sa partie immortelle, son
vatsky, donnant à Michel le sens que lui attribuent les théologiens
Ego Supérieur ou Double Divin (D.S., II, 503, 5e note). Cependant, ce
chrétiens, identifie Michel et ses anges à Jehovah-Tzabaoth, à Lucifer
mot est également utilisé, par Mme Blavatsky, comme signifiant la
et à « la lettre Vaou ou le Microprosope, le Logos » (C.W., VIII, 148).
« contrepartie spirituelle d'un original encore plus spirituel ». Dans
Ces anges, qui « ont refusé de créer » (C.W., VIII, 148) forment collec-
cette autre acception, le Fravarshi est le côté obscur (plus matériel)
tivement Seir (ou Zeir) Anpin (la Petite Face), le « Fils du Père
d'une Déité, sa « doublure plus sombre ». C'est ainsi qu'Ahriman
Caché », c'est-à-dire « Adam Kadmon ou le premier Homme Céleste
est « le Ferouer ou le Fravarshi d'Ormuzd (Demon est Deus inversus) ».
manifesté, le Logos » (T.G., 294).
De même Michel (littéralement : celui qui est semblable à Dieu) est
Si ces anges « ont refusé de créer » (l'homme simplement matériel
un Ferouer du Dieu auquel il ressemble (T.G., 119).
des deux premières races), c'est parce qu'ils aspiraient « à s'incarner
comme hommes » (C.W., VIII, 148), c'est-à-dire à fournir aux hommes Les six Amshaspends sont « synthétisés » par B'raishith. Ce mot,
de la troisième Race leur Manas, en devenant leurs Egos Supérieurs. le premier de la Genèse dans sa version hébraïque, est traduit par
Il y est fait allusion dans le « Secret de Satan », où on lit : « 34 — Et « Au commencement », mais désigne, en réalité, le Protogonos
Dieu a mis une ceinture autour de ses reins et le nom de cette (Ennoia), le septième principe cosmique (I.D., II, 37). De même, les
ceinture est Mort ». Mme Blavatsky explique que cette ceinture est six Sephiroth de Construction sont six classes d'êtres (appelés
constituée, si l'on adopte l'interprétation cosmique, par les anneaux Dhyân Chohans, Manous et Prajâpatis par les Hindous) synthétisées
92 DOCTRINES INITIATIOUIS LES DIERARCIIIES CRËATRICES 93

par la septième qui est B'raishith, « la Première Emanation ou le Ces Manous sont les Anges Solaires. Il y a deux sortes de Pitris,
Premier Logos » ; et ces êtres, « les Constructeurs de l'Univers infé- les Agnishvâttas (Anges Solaires) et les Barhishads (Anges Lunaires).
rieur ou physique », appartiennent tous « au-dessous » (D.S., I, 402). En outre, ces Pitris sont divisés en trois classes incorporelles et
Les Cabalistes appellent Sephiroth de Construction les six Sephiroth quatre corporelles. Les classes incorporelles « intellectuelles et spi-
qui suivent Binah (Enel, « Trilogie de la Rota ou Roue Céleste », 103, rituelles », sont composées des Asouras « nés dans le Corps de Nuit
104). Elles constituent « l'Oupâdhi, la Base ou la Pierre Fondamentale de Brahmâ » (Mahat), alors que les classes corporelles sont produites
sur laquelle l'Univers Objectif est construit, les Noumènes de toutes dans son « Corps du Crépuscule » (D.S., II, 96). Les Pitris incorporels
choses ». Elles sont « en même temps, les Forces de la Nature, les « refusent de créer l'homme, mais le dotent du Mental, les quatre
sept Anges de la Présence, les sixième et septième Principes dans classes corporelles créant seulement son corps » (D.S., II, 97). Les
l'Homme, les Sphères spirito-psycho-physiques de la Chaîne septé- Pitris incorporels sont appelés Vairâjas » (D.S., II, 94). Ils sont ainsi
naire, les Races-Racines, etc. » (D.S., I, 402). Autrement dit, les nommés parce qu'ils sont les « Fils » de Virâja (Brahmâ ou Mahat)
Sephiroth de Construction sont non seulement les Elohim, les Forces (D.S., II, 94). Ils sont les Agnishvâttas les plus anciens (D.S., II, 93)
de la Force Une (D.S., I, 359), les Anges de la Présence (Lipika), mais et ceux qui ont refusé de créer (D.S., III, 570).
aussi des Hiérarchies créatrices inférieures qui sont leur reflet dans Les sept Rishis ou Pitris des Hindous sont identiques aux Ases de
des mondes plus matériels. la mythologie scandinave. Ceux-ci, dont le nom signifie Piliers et
Parmi ces Pouvoirs Créateurs sont les Rishis mentionnés dans Supports du Monde, sont « les Régents du Monde qui a précédé le
le verset suivant de la Bhagavad-Gîtâ: « Les sept grands Rishis, nôtre ». Ils sont identiques aux Cosmocratores des Grecs, « aux sept
les quatre précédents Manous, partageant ma nature, sont nés de Travailleurs ou Recteurs du Poimandrès » ainsi qu'aux « sept Dieux
mon mental ; d'eux ont jailli (ont émané ou sont nés) la race humaine et sept Mauvais Esprits Chaldéens, aux Séphiroth cabalistiques
et le monde » (X, 6). Ces Manous (les Anges Solaires qui ont doté synthétisées par la Triade séphirotique supérieure ». Ils « créent la
les hommes du Manas en s' « incarnant » en eux plus ou moins terre, les mers, le ciel et les nuages, tout le monde visible, avec les
complètement) et Rishis (les Anges Lunaires, émanés par les précé- restes d'Ymir, le géant tué ; cependant, ils ne créent pas l'Homme,
dents, qui sont leurs principes supérieurs) sont donc des Mânasa- mais seulement sa forme, de l'arbre Ask ou Ash » (D.S., II, 102). Ils
poutras ou « Nés du Mental de Brahmâ », car celui qui, dans ce sont donc les homologues scandinaves des Pitris hindous, les Dieux
verset de la Bhagavad Gîtâ s'exprime ainsi est Krishna, personni- Lunaires créateurs de l'homme matériel et « les Anges qui, dans les
fication de Brahmâ ou Ishvara. Voici le commentaire que Mme Bla- légendes exotériques, ont obéi à la Loi » (D.S., II, 99).
vatsky a fait de ce verset : Les sept « grands Rishis » naissent, nous dit-on, sur Terre, comme
hommes, dans divers Cycles et Races. Ces « sept Dieux primordiaux
« Ici, par les sept Grands Rishis on veut dire les sept avaient tous un double état, l'un essentiel, l'autre occasionnel. Dans
grandes Hiérarchies ou Classes de Dhyân Chohans Roûpa. leur condition essentielle, ils étaient tous les Constructeurs ou Mode-
Rappelons-nous que les sept Grands Rishis, les Saptarshis, leurs, les Protecteurs et les Régents de ce Monde. Et, dans leur état
sont les Régents des sept étoiles de la Grande Ourse et sont, occasionnel, se revêtant de corporéalité visible, ils descendaient sur
par conséquent, de la même nature que les Anges des Terre et régnaient sur elle, comme Rois et Instructeurs des Légions
Planètes ou les sept Grands Esprits Planétaires. Ils sont inférieures incarnés sur notre globe, une fois de plus, comme
tous nés à nouveau, comme hommes, sur Terre, dans divers hommes » (D.S., II, 541).
Kalpas et Races. De plus, « les quatre précédents Manous » Les Fils de Mahat ou Brahmâ possèdent « l'omniscience pour tout
sont les quatre Classes des Dieux originellement Aroûpa, les ce qui appartient au royaume de Mâyâ » (D.S., III, 568, Diagramme V).
Koumâras, les Roudras, les Asouras, etc., qui, dit-on, se sont Ce sont les « Dieux informants » qui furent
aussi incarnés. Ils ne sont pas des Prajâpatis comme le sont
les premiers, mais les « principes » qui les informent ; cer- « au commencement des temps, les Gouverneurs de l'Huma-
tains d'entre eux se sont incarnés dans des hommes, tandis nité, alors qu'incarnés comme Rois des « Dynasties Divines »,
que d'autres ont simplement fait d'autres hommes les véhi- ils donnaient la première impulsion à la civilisation et diri-
cules de leurs reflets » (D.S., II, 332, 2 note).
e geaient le mental dont ils avaient pourvu les hommes vers la
découverte et le perfectionnement de tous les arts et de
94 DOCTRINES INITIATIOUES LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 95

toutes les sciences. Ainsi, dit-on, les Kabires sont apparus M'n° Blavatsky fait, à ce propos, remarquer que « le blé n'a jamais
comme les bienfaiteurs des hommes et, comme tels, ils ont été trouvé à l'état sauvage, il n'est pas un produit de la terre »,
vécu pendant des âges dans la mémoire des nations. A ces contrairement aux autres céréales qu'on a pu rattacher à des « herbes
Kabires ou Titans est attribuée l'invention des lettres (le sauvages ». Le blé a « jusqu'à présent, tenu en échec les efforts des
Deva-nâgari ou alphabet et langage des Dieux), des lois et de botanistes pour remonter à leur origine » (D.S., II, 390).
la législature, de l'architecture, comme aussi des diverses Les plus hauts Dhyân Chohans, « les Progéniteurs du véritable
sortes de ce qu'on appelle la magie, ainsi que de l'utilisation Soi Spirituel dans l'homme physique » sont les Prajâpatis supérieurs.
médicale des plantes. Hermès, Orphée, Cadmus, Asclépius... Les Pitris ou Prajâpatis inférieurs ne sont « que les Pères du modèle
sont tous des noms génériques. C'est à ces Kabires que l'on ou type de sa forme physique, faite à leur image » (D.S., I, 493).
attribue le mérite d'avoir révélé le grand bienfait de l'agri- Les Koumâras sont des Prajâpatis de la catégorie supérieure. Les
culture en produisant le blé » (D.S., II, 380). noms de quatre des sept (Hiérarchies de) Koumâras sont habituelle-
ment indiqués dans les écritures sacrées des Hindous, « trois des
Ces protecteurs et bienfaiteurs des hommes « descendent de leur Koumâras étant secrets ». « Les quatre exotériques sont Sanatkou-
Demeure Céleste et règnent sur Terre, enseignant à l'humanité l'Astro- mâra, Sanandana, Sanaka et Sanâtana, les trois ésotériques étant Sana,
nomie, l'Architecture et toutes les autres sciences qui nous sont Kapila et Sanatsujâta » (D.S., I, 493).
parvenues ». Ces Etres Spirituels « apparaissent d'abord comme des Dans la Cabale et le Christianisme, les Prajâpatis supérieurs sont
Dieux et des Créateurs, puis ils s'immergent dans l'homme naissant les Anges de la Présence : Zadkiel, Uriel, Samael, Raphael, Haniel,
pour finalement émerger comme des Rois et des Régents Divins » Gabriel et Michel. Ces noms sont d'ailleurs, pour la plupart, des
(D.S., II, 382). substituts (C.W., X, 50). Dans un missel imprimé en 1563 et conservé
Platon déclare, dans le quatrième livre des « Lois », que, longtemps à la Bibliothèque du Vatican, ces Anges sont appelés Saalthiel, Eudiel,
avant la construction des premières cités, Saturne avait établi une Raphael, Michel, Gabriel, Barachiel et Uriel (C.W., X, 26).
certaine forme de gouvernement, sur terre qui rendit les hommes Au nombre de cinq seulement dans le Bouddhisme exotérique,
très heureux. Il s'agissait du règne des Rois Divins (D.S., II, 389). les Dhyâni-Bouddhas sont sept dans l'enseignement ésotérique. Ils
Il semble, nous dit Mme Blavatsky, que Platon considérait comme ne sont pas de simples entités, mais sept Hiérarchies. Celles-ci se sont
un mal social « l'identité des gouvernants et des gouvernés, car il dit déjà incarnées sur Terre, pour aider l'humanité. Deux d'entre elles
que, longtemps avant que l'homme n'ait bâti ses villes, dans l'Age d'Or, dirigeront, au commencement de la septième Ronde, les hommes qui
il n'y avait rien d'autre sur terre que le bonheur, parce qu'il n'y avait constitueront alors « une race de Bouddhas ». Ces grands Etres « ne
pas de besoins. Pourquoi ? Parce que Saturne, sachant que l'homme sont en rapport qu'avec l'Humanité et, strictement parlant, qu'avec
ne saurait gouverner l'homme sans qu'immédiatement l'injustice les plus hauts principes des hommes » (C.W., X, 343).
envahisse l'univers à cause se ses caprices et de sa vanité, ne pouvait Outre les Dhyâni-Bouddhas qui s'incarnent, il en est d'autres
permettre à un mortel quelconque d'obtenir le pouvoir sur ses sem- dont le rôle consiste à veiller sur les différentes Rondes des Chaînes
blables. Pour cela le Dieu utilisa le même moyen que nous employons Planétaires de notre Système Solaire. Ces Dhyâni-Bouddhas sont
nous mêmes pour nos troupeaux. Nous ne plaçons pas un boeuf ou également répartis en sept Hiérarchies.
un bélier à la tête de nos boeufs et de nos béliers, mais nous leur
donnons un chef, un berger, c'est-à-dire un être d'une espèce complè- « Chaque classe ou Hiérarchie correspond à l'une des
tement différente de la leur et d'une nature supérieure. C'est exacte- Rondes, la première ou la plus basse à la première Ronde, la
ment ce que fit Saturne. Il aimait l'humanité, et il plaça au-dessus moins développée, la seconde Hiérarchie à la seconde Ronde,
d'elle, pour la diriger, non un roi ou un prince mortel, mais des et ainsi de suite jusqu'à ce que soit atteinte la septième
Esprits et Génies (daimones) d'une nature divine, plus excellente Ronde qui est sous la supervision de la plus haute Hiérarchie
que celle de l'homme » (D.S., II, 389). des sept Dhyânis. A la fin, ils apparaîtront sur terre, comme
aussi quelques-uns des Planétaires, car toute l'humanité sera
« Des fruits et des céréales, jusqu'alors inconnus sur
devenue des Bodhisattvas, leurs propres « Fils », c'est-à-dire
Terre, furent apportés par les « Seigneurs de la Sagesse »,
les « Fils » de leur propre Esprit et de leur propre Essence,
pour le bénéfice de ceux que, d'autres Lokas (Sphères), ils
ou eux-mêmes » (C.W., X, 344).
gouvernaient » (D.S., II, 390).
LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 97
96 DOCTRINES INITIATIQUES

Les Tanmâ tras sont les sept Anges de la Présence (D.S., I, 358). Ces
Les Dhyâni-Bouddhas constituent « la même Hiérarchie d'Archan-
ges que celle à laquelle appartiennent Saint-Michel, Saint Gabriel et derniers sont aussi les Lipika émanés de Mahat (C.W., X, 405).
d'autres dans la Théogonie chrétienne ». Ils veillent « successivement
sur chacune des Rondes et des grandes Races Racines de notre Chaîne « Comme ce sont les Lipika qui projettent dans l'objec-
Planétaire » et proclament sept « Vérités ». Celles-ci sont, en réalité, tivité, hors du Mental Universel passif, le plan idéal de
des « secrets révélés ». Quatre de ces Vérités ont été proclamées, car l'Univers sur lequel les « Constructeurs » reconstruisent le
nous sommes dans la quatrième Ronde. De sorte qu'il y en a, de nos Cosmos après chaque Pralaya, ce sont eux qui sont en
jours, seulement quatre, selon le Bouddhisme. C'est pourquoi il y a parallèle avec les Sept Anges de la Présence que les Chrétiens
quatre Védas. C'est pour la même raison qu'Irénée « insistait sur voient dans les Sept « Esprits Planétaires » ou les « Esprits
la nécessité de quatre Evangiles. Mais, comme chaque nouvelle Race- des Etoiles » et ainsi ce sont eux qui sont les secrétaires
Racine en tête d'une Ronde doit avoir sa révélation et ses révélateurs, directs de l'Idéation Eternelle ou la « Pensée Divine », comme
la prochaine Ronde apportera la Cinquième Vérité, la suivante la l'appelle Platon » (D.S., I, 130).
Sixième, et ainsi de suite » (D.S., I, 73, 74).
Les Esprits Planétaires ont une activité entièrement différente de Les Lipika (mot sanscrit signifiant Scribes) sont les archivistes
celle des Dhyâni-Bouddhas. Ils s'occupent de la terre « physiquement « qui impriment sur les tablettes invisibles (pour nous) de la Lumière
Astrale, le grand musée de peinture de l'éternité, un enregistrement
et moralement ». D'une part, ils « façonnent la matière ». D'autre
part, ils s'occupent « moralement » de la terre, car ils régissent « le fidèle de tout acte et même de toute pensée de l'homme, de tout ce qui
sort des hommes ». Ils sont, en effet, des « agents karmiques ». Ils fut, est ou sera jamais dans l'Univers phénoménal. Comme c'est
indiqué dans Isis Dévoilée, cette toile divine et invisible est le Livre
ne s'occupent pas de la triade supérieure de l'être humain (Atma-
de Vie » (D.S., I, 130). Ce dernier est le Livre de Vie de l'Apocalypse
Bouddhi-Manas), contrairement aux Dhyâni-Bouddhas qui sont liés
( XX, 12) auquel Mme Blavatsky identifie les Lipika (C.W., X, 405).
à cette triade « d'une façon mystérieuse » non expliquée par Mme
Dans Pistis-Sophia, il est question de Sept Vierges de la Lumière qui
Blavatsky (C.W., X, 341).
sont des « aspects de la Vierge unique. Car il y a, comme de toute
C'est à partir de l'Idéation Cosmique et de la Substance qui lui autre chose, sept aspects, plans ou principes de la matière vierge,
sert de véhicule que débute la manifestation cosmique. correspondant aux sept principes de l'homme, du pur et divin
Akâsha à la Lumière Astrale, l'atmosphère chargée de péchés de
« L'impulsion manvantarique commence avec le réveil de notre terre. Ce sont les sept feuilles du Livre de l'Ange Archiviste,
l'Idéation Cosmique, le Mental Universel, concurremment et Le Livre de la Conscience, où sont immédiatement transférés les
parallèlement avec l'émergence primordiale de la Substance actes, mots et PENSEES de chaque minute de nos vies, l'enregis-
Cosmique (celle-ci étant son véhicule manvantarique) hors trement karmique de chaque âme emprisonnée » ( « Lucifer », avril
de son état pralayique indifférencié. Puis la Sagesse Absolue 1891, 128). Mme Blavatsky rapproche cet enregistrement de l'impres-
se réfléchit dans son idéation qui, par un processus transcen- sion de la mémoire d'événements terrestres dans l'aura des objets
dental supérieur et incompréhensible pour la conscience physiques dont le contact peut déclencher, dans un sensitif, un état
humaine, produit l'Energie Cosmique, Fohat. Celui-ci, vibrant de voyance (psychométrie). Et elle approuve ces mots de deux
dans le sein de la Substance inerte, la pousse à l'activité et savants : « Toute particule de la matière existante doit être un
guide ses différenciations primaires sur tous les sept plans registre de tout ce qui est survenu » (D.S., I, 130).
de la Conscience Cosmique. Ainsi sont formés les Sept
Les Lipika sont appelés les sept Seconds dans les Stances de
Protyles, comme on les appelle maintenant, alors que l'anti-
Dzyan (D.S., I, 129), car ils viennent après les sept Primordiaux qui
quité aryenne les appelait les Sept Prakritis ou Natures. Ces
ont « rayonné directement de ce qui n'est ni Père ni Mère, mais le
Protyles servent de bases relativement homogènes lesquelles,
Logos non manifesté ». Ces Primordiaux sont dans Kwan-Shai-Yin,
au cours de l'hétérogénéité croissante dans l'involution de
le Dragon Doré (mentionné dans la troisième Stance de Dzyan),
l'Univers, se différencient, donnant la merveilleuse com-
c'est-à-dire dans « le Logos Primordial ou Brahmâ, le Premier Pouvoir
plexité présentée par les phénomènes sur les plans de la
Créateur manifesté » (D.S., I, 488).
perception » (D.S., I, 349, 350).
98 DOCTRINES INITIATIQUES LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 99

Les Lipika constituent un Groupe d' « Esprits de l'Univers » manvantara, ou le « Jour-Sois-Avec-Nous ». Alors toutes
supérieur à celui formé par les Esprits Planétaires, lequel est lui- choses deviennent une, toutes les personnalités se fondent en
même supérieur au groupe des Constructeurs, ces derniers n'étant un et cependant chacun se connaissant lui-même, un mysté-
que « nos propres déités planétaires » (D.S., I, 152, 153). Les Lipika rieux enseignement, en vérité. Mais alors ce qui, pour nous,
sont les sept Amsbaspends du Zoroastrisme et les Chitrashikhandinas est maintenant non-conscience ou l'inconscient, sera alors
(ceux à la crête brillante) ou Rikshas, « Rishis que l'on dit être conscience absolue... Les Lipika sont une partie, quatre de
devenus les Ames informantes des sept Etoiles (de la Grande Ourse) » l'un des septénaires qui émanent de Mahat... Les Lipika sont
(D.S., I, 488 ; T.G., 82, 291), et qui sont « l'origine de la forme » (D.S., sur le plan correspondant au plan le plus élevé de notre
I, 488). chaîne de globes » (C.W., X, 405, 406).
Nous reconnaissons dans les Lipika l'aspect supérieur des Sephi-
roth de Construction de la Cabale. Celles-ci, identiques aux Sept Les Lipika « appartiennent à la partie la plus occulte de la
Anges de la Présence (D.S., I, 402), sont synthétisées par B'raishit cosmogénèse ». M"" Blavatsky déclare que cette partie de la Science
(Breshit ou Rasit, le premier mot de la Genèse, dans le texte Occulte ne peut être révélée dans la « Doctrine Secrète ». Elle se
hébraïque). Ce dernier est le Logos de Philon le Juif, Michel, le Chef demande si les Adeptes, même les plus élevés, connaissent tout ce
des Aeons Gnostiques, l'Ormazd des Perses, la seconde Personne de puissant ordre angélique et elle suppose qu'ils n'en connaissent que
la Trinité Chrétienne (I.D., II, 36), le Protogonos, l'Adam Kadmon des le degré le plus bas. Quant à « son grade le plus haut, une chose
Cabalistes et le Brahmâ des Hindous (I.D., II, 37). seulement est enseignée : les Lipika sont en rapport avec le Karma,
étant ses Archivistes directs » (D.S., I, 153).
« Les « Sephiroth de Construction » sont les six Dhyân-
Dans l'Atharva Véda, les Lipika sont les quatre Immortels ou
Chohans ou Manous, ou Prajâpatis synthétisés par le sep-
« Veilleurs » préposés à la garde des quatre quartiers du ciel (D.S.,
tième, « B'raishit », la Première Emanation ou Logos et qui I, 130, 1" note).
sont donc appelés les Constructeurs de l'Univers Physique
ou Inférieur, tout ce qui appartient au-dessous » (D.S., I, 402). Les quarante Assesseurs qui sont, dans l'Amenti, les accusateurs
du défunt, devant Osiris, « appartiennent à la même classe de déités
Elles sont, nous l'avons vu, « l'Oupâdhi, la Base ou la Pierre que les Lipika ». L'hindou Chitragoupta qui consulte le livre Agra-
Fondamentale sur laquelle l'Univers Objectif est bâti, les Noumènes Sandhâni pour y lire le récit de la vie de chaque décédé et les divers
de toutes choses » et constituent les Forces de la Nature (D.S., I, 402). Assesseurs qui, « devant Yama, Minos, Osiris ou Karma », lisent
Les quatre animaux de la vision d'Ezechiel symbolisent aussi dans le coeur de chaque mort le récit de son existence terrestre, sont
bien quatre principes humains (T.G., 121) qu'un quaternaire cosmique. des copies des Lipika.
Ils sont le reflet dans les mondes « roûpa » ou l'aspect inférieur de Les Quatre Mahârâjahs, Régents des quatre points cardinaux et
principes cosmiques spirituels. Ces derniers appartiennent aux plans des quatre éléments (Feu, Air, Eau, Terre) (D.S., I, 150, 151) sont
« aroûpa » et sont représentés par les quatre êtres vivants du qua- inférieurs aux Lipikas. Ils sont des Esprits Planétaires, « les protec-
trième chapitre de l'Apocalypse, qui se trouvent « au milieu du teurs de l'humanité et aussi les agents du Karma sur Terre », alors
trône et autour du trône ». Le premier de ces êtres a l'apparence d'un que les Lipikas, « Esprits de l'Univers » s'occupant de l'avenir de
lion, le second celle d'un veau, le troisième est semblable à un homme l'Humanité (D.S., I, 151), sont des déités non « en rapport avec
et le quatrième ressemble à un aigle. la Mort, mais avec la Vie Eternelle » (D.S., I, 131). Les points cardi-
naux symbolisent les quatre plans cosmiques inférieurs, formant
« Les Lipikas procèdent de Mahat et sont appelés, dans l'Univers phénoménal (D.S., I, 369, 501). L'Est, le Sud, l'Ouest et
la Cabale les quatre Anges Archivistes, dans l'Inde les quatre le Nord représentent, en réalité, respectivement les plans cosmiques
Mahârâjahs, ceux qui enregistrent chaque pensée et chaque du Feu, de l'Air, de l'Eau et de la Terre.
action de l'homme. Ils sont appelés le Livre de Vie, par Saint- Ces Mahârâjahs sont identiques aux anges qui, comme l'indique
Jean, dans l'Apocalypse. Ils sont directement en rapport avec Cornelius Agrippa dans son ouvrage « La Philosophie Occulte »
le Karma et avec ce que les Chrétiens nomment le Jour du (livre III) sont les régents des quatre régions de l'Univers. Il y a,
Jugement. En Orient, on l'appelait le Jour qui suit le Mahâ- déclare ce Cabaliste, « quatre anges principaux, gouverneurs des
1 00 DOCTRINES INITIATIQUES
LES HIÉRARCHIES CRÉATRICES 101

quatre vents et des quatre parties du monde ; desquels, Michel, et irrésistiblement attirés vers ceux qui produisent ces
gouverne le vent d'orient ; Raphaël, le vent d'occident ; Gabriel, le Causes et réagissent sur eux, qu'ils soient d'une façon posi-
vent du nord, et selon d'autres Urie!, le vent du Midi ». tive des personnes qui font le mal en actes, ou simplement
des « penseurs » qui ont ruminé des pensées méchantes. Car
Ces quatre Anges, agents du Karma des hommes, sont : la pensée est matière... chaque pensée, en plus de son accom-
« les quatre animaux vivants « qui ont l'apparence d'un pagnement physique (changement dans le cerveau), produit
homme » dans la vision d'Ezéchiel, appelés par les traducteurs un aspect objectif (quoique supersensiblement objectif pour
nous) sur le plan astral » (D.S., I, 148, 149).
de la Bible « Cherubim », « Seraphim », etc... par les « Occul-
tistes », « Globes Ailés », « Roues Ardentes », et, dans le Pan- Les Quatre Mahârâjahs sont des Anges répartis dans les quatre
théon hindou, par de nombreux noms différents » (D.S., I,
plans cosmiques inférieurs (roûpa). Ils sont les instruments de la
151). Loi de Rétribution appelée Karma. C'est-à-dire qu'ils font en sorte
que les causes générées par les actions et les pensées des hommes
Les Esprits Planétaires sont répartis en sept classes, dont trois produisent leurs effets, les bonnes causes engendrant pour leurs
sont aroûpa et quatre roûpa. Ils sont « les esprits animateurs des auteurs des conséquences bénéfiques et les mauvaises des résultats
Etoiles en général et des Planètes en particulier » (D.S., I, 153). maléfiques. Ces Anges ou Dhyânis, appelés Dieux par les Anciens,
dirigent, selon Hermès, « les affaires du monde », Secondés par
« Ils régissent les destinées des hommes qui naissent
des multitudes de Génies (Elémentals), ils « secouent et ren-
tous sous l'une ou l'autre de leurs constellations... Dans le
versent la constitution des états et des individus ». Les Génies
Panthéon exotérique hindou, ils sont les déités gardiennes
« impriment leur ressemblance sur notre âme, sont présents dans
qui président sur les huit points de la rose des vents (les
nos nerfs, notre moëlle, nos veines, nos artères et même notre
quatre points cardinaux et les quatre points intermédiaires)
substance cervicale ». En foules innombrables, ils entourent le soleil,
et sont appelés Lokapâlas, « Soutiens ou Gardiens du Monde » comme une « armée de satellites ».
(dans notre Cosmos visible) dont Indra (Est), Yama (Sud),
Les Elémentals sont des « Forces guidées » (D.S., I, 313, 3 note).
e
Varouna (Ouest) et Kouvera (Nord) sont les chefs » (D.S.,
Ils résident « dans le voisinage des Immortels » et accomplissent les
I, 153). décrets du Karma par « des tempêtes, des successions d'incendies et
Le Karma dont les Quatre Mahârâjahs sont les agents est généré de tremblements de terre, comme aussi par des famines et des
aussi bien par les pensées que par les actions des hommes. guerres ». A l'exception des « hauts Initiés et Adeptes », tout homme
est, à sa naissance, pris en charge par les Génies « qui président aux
« A la suite de Platon, Aristote a expliqué que le terme naissances ». L'âme et le Corps des êtres humains non Initiés sont
stoicheia désignait seulement les principes incorporels placés ainsi « dirigés par les Génies ». De sorte que ces derniers, se servant
dans chacune des quatre grandes divisions de notre monde des corps des mortels comme d'instruments, ont le « contrôle des
cosmique pour les surveiller. Ainsi, les Payens, pas plus que choses mondaines » (D.S., I, 313, 314).
les Chrétiens, n'adorent les Eléments et les points cardinaux
(imaginaires), ni leur vouent un culte, mais les « dieux » qui Commentant ces enseignements d'Hermès, Mm° Blavatsky déclare :
les gouvernent respectivement... Ce n'est pas le Régent ou « Le sens de cela est que, comme l'homme est composé
Mâhârâjah qui punit ou récompense, avec ou sans la per- de tous les Grands Eléments (Feu, Air, Eau, Terre et Ether),
mission ou l'ordre de « Dieu », mais l'homme lui-même, les Elémentals appartenant respectivement à ces Eléments
ses actions ou son Karma attirant, individuellement et collec- se sentent attirés vers l'homme en raison de leur co-essence.
tivement (comme dans le cas, parfois, de nations entières), L'Elément qui prédomine dans une certaine constitution sera
toutes sortes de maux et de calamités. Nous produisons des l'Elément dirigeant péndant toute la vie. Par exemple, si
Causes, et celles-ci éveillent les pouvoirs correspondants l'homme a, en prépondérance, de l'élément terrestre ou
dans le Monde Sidéral. Ces pouvoirs sont magnétiquement gnomique, des Gnomes le conduiront à assimiler les métaux,
l'argent et la richesse, etc. » (D.S., I, 313, 4 note).
e
102 DOCTRINES INITIATIQUES

Cependant, les effets karmiques ne suivent pas immédiatement


leurs causes. Ils peuvent se produire fort longtemps après. Il est donc
nécessaire, pour que s'exerce la loi karmique, que le souvenir de ces
causes soit conservé. C'est le rôle des Lipika de veiller à cette
conservation, comme nous l'avons indiqué.

TRINITE ET TETRAGRAMME

Le « Fils » (de la « Mère Immaculée ») est, en fait, « l'Univers


manifesté dans la forme » (C.W., X, 397), comme Virâj est « le Fils
ou l'Univers » (I.D., II, 268, 1" colonne) ou le « type idéal de l'Uni-
vers » (I.D., II, 270, 1" colonne). C'est ce « Fils » qui « commence la
hiérarchie qui se terminera avec l'Humanité ou l'Homme » (C.W.,
X, 397). Dans la mythologie hindoue, c'est Virâj qui « commence le
travail de la création en produisant les dix Prajâpatis, Seigneurs de
tous les êtres » (I.D., II, 270, 1" colonne).
La Trinité chrétienne comprend « le trio de Sephiroth, les trois pre-
mières Lumières cabalistiques » (I.D., II, 36). Du Père (le « Premier
Principe », le Chaos primordial) émane le « second Principe », la
Sagesse, qui est « la Seconde Personne de la Trinité Chrétienne »
et l'Ormazd des Perses (I.D., II, 36). Ce « Fils » est double, car il
comprend un mâle (le Protogonos) et une femelle (la Shakti). Ils
sont les septième et sixième principes cosmiques et constituent,
ensemble, le Logos (E.W., 550). La troisième émanation est le Saint-
Esprit. De sorte que cette Trinité est, en réalité, un Quaternaire.
« Le premier nombre éternel est le Père ou le Chaos
Chaldéen primordial, invisible et incompréhensible, dont
procède le Chaos Intelligible. Le Phtah égyptien ou « le
Principe de la lumière, non la lumière lui-même, et le
Principe de la Vie, quoique non la vie lui-même ». La Sagesse
par laquelle le Père créa les cieux est le Fils, ou le cabalisti-
que et androgyne Adam-Kadmon. Le Fils est, à la fois, le
mâle Ra ou Lumière de Sagesse et Prudence ou Intelligence,
Sephira, la partie femelle de Lui-même, tandis que de cet être
double procède la troisième émanation, Binah ou la Raison,
la Seconde Intelligence, le Saint-Esprit des Chrétiens. Par
conséquent, strictement parlant, c'est, en fait, une TETRAK-
TYS ou un quaternaire consistant en la Première Monade
Inintelligible et sa triple émanation qui constitue notre
Trinité » (I.D., II, 36).
104 DOCTRINES INITIATIQUES TRINITÉ ET TÉTRAGRAMME 105

Cette « triple émanation » (Sephira, Chokmah et Binah) issue de d'autres termes, elle situe ce Tétragramme suprême, « véritable
la Première Monade (le Premier Logos) était formée, dans la Gnose, Tétraktys Pythagoricienne » (C.W., X, 357), au-delà d'Atziloth, le Monde
d'Ennoia, Ophis et Sophia et, dans la doctrine des Nazaréens, de Archétype où se trouve Sephira (C.W., VIII, 145).
Mano, Jourdain et Abatur (I.D., II, 295). Les Nazaréens, appelés aussi Les quatres plans cosmiques inférieurs (roûpa) forment un autre
Mandéens, « quoiqu'ils aient existé longtemps avant les jours du Tétragramme, servant de véhicule pour la manifestation des trois
Christ, et même avant les lois de Moïse, étaient des Gnostiques, et plans supérieurs (aroûpa) où se trouvent le Logos, sa Shakti et le
beaucoup d'entre eux étaient des Initiés ». Leurs doctrines, conservées Mental Universel (Mahat). Ceux-ci sont « l'Esprit, la Volonté et
dans le Codex Nazareus, leur Ecriture Sacrée, « sont un fidèle écho l'Intellect animant les quatre principes inférieurs » (C.W., X, 356).
des enseignements de la Doctrine Secrète ». Ils « tenaient leurs Mys- Le Triangle est le symbole de l'Esprit et le Carré ou Tetragramme
tères de la Vie à Nazara (l'ancienne et moderne Nazareth) » (D.S., II, représente l'Esprit tombé dans la Matière. Le Logos (l'Esprit) « de-
101, ire note). vient un Tétragramme ; le Triangle, ou le Trois, devient le Quatre »
Ophis, identique à Christos et à Chokmah, est l'Agathodœmon (le (C.W., X, 356).
Bon Serpent). « Comme une unité. Ennoia et Ophis sont le Logos » ; De même que le quaternaire cosmique (les quatre plans roûpa)
lequel se manifeste « comme un double principe de bien et de mal » est sous la protection de quatre Mahârâjahs appelés, dans le Pan-
(I.D., II, 293). Séparé d'Ennoia, Ophis est « l'Ombre de la Lumière théon hindou, Indra, Yama, Varouna et Koubera, de façon similaire,
(non la Lumière éternelle, mais la plus grande Lumière Divine sur Malkouth (notre globe terrestre) est sous la garde de quatre Anges
notre plan) » (D.S., II, 224), car Ennoia est identique à Sephira, la Gardiens : les anges d'une planète invisible inter-mercurielle (dont le
Tête Blanche, laquelle « n'est pas illimitée, mais temporaire » (C.W., substitut exotérique est le Soleil), les anges d'une autre planète
VIII, 144). Cependant, alors que la Lumière (Ennoia) est « inactive inconnue de la science actuelle et dont le substitut est la Lune, ceux
et absolue », l'Ombre (Ophis) est « ce qui permet à la Lumière de se de Mercure, et ceux de Vénus. Ces Anges correspondent, dans le corps
manifester et lui donne une réalité objective. Par conséquent, l'Ombre physique de l'homme, aux deux yeux et aux deux oreilles.
n'est pas le mal, mais est le corollaire nécessaire et indispensable de Cependant, ces correspondances n'existent qu'entre les principes
la Lumière ou le Bien et qui la complète ; c'est son créateur sur humains et les Anges des Planètes. « Une Planète matérielle ne peut
Terre » (D.S., H, 225). Selon les Gnostiques, ces deux Principes correspondre qu'à quelque chose de matériel. Ainsi, quand on dit
Primordiaux, la Lumière et l'Ombre, ou le Bien et le Mal, qui sont que Mercure correspond à l'oeil droit, cela ne signifie pas que la
inséparables car ils sont un, ont existé de toute éternité, et ils planète objective a une influence quelconque sur l'organe optique
« continueront toujours à exister tant qu'il y aura des mondes droit, mais plutôt que tous deux se trouvent en correspondance
manifestés » (D.S., II, 225). Ils sont identifiés, dans la « Doctrine mystique, par l'intermédiaire de Bouddhi. L'homme obtient son Ame
Secrète », à Pouroucha et Prakriti après lesquels vient Mahat, le Spirituelle (Bouddhi) de l'essence des Mânasa Poutra, Fils de la
cinquième principe cosmique (D.S., III, 444, Diagramme I). Sagesse, qui sont les Etres Divins (ou Anges) gouvernant la planète
Mercure. De la même façon, Vénus, Manas et l'oeil gauche sont placés
Le Tétragramme (ou Carré) est un quaternaire qui sert de véhicule
en correspondance... l'oeil droit est l'OEil de la Sagesse, c'est-à-dire
pour la manifestation d'un principe supérieur (son Esprit). « Le pre-
qu'il correspond magnétiquement au centre occulte dans le cerveau
mier Tétragramme est le toujours caché, le PERE (lui-même une
que nous appelons le Troisième Œil, tandis que l'oeil gauche corres-
émanation de la lumière éternelle, donc non Ain-Soph) » (C.W., VIII,
pond au cerveau intellectuel, ou les cellules qui sont l'organe, sur le
144). C'est le Premier Logos non Manifesté qui est considéré comme
plan physique, de la faculté de penser » (D.S., III, 458).
Dieu suprême par M»° Blavatsky. Il est bien au-dessus du Micro-
prosope (le Démiurge créateur du Monde phénoménal formé par les « De la même façon, les narines droite et gauche où est
quatre plans roûpa) et il est même supérieur au Macroprosope insufflé le « Souffle de Vie », sont déclarées, ici, corres-
(Kether) avec qui en' Blavatsky désire s'unir, mais seulement « dans pondre au Soleil et à la Lune, car Brahmâ-Prajâpati et Vâch,
ce cycle d'incarnation ». Voici comment elle définit ce Dieu suprême : ou Osiris et Isis, sont les parents de la vie naturelle. Ce
« Le « Logos » que nous reconnaissons... n'a rien à faire avec le Quaternaire, à savoir : les deux yeux et les deux narines,
plan matériel, ni avec Macroprosope ou Microprosope, mais est Mercure et Vénus, le Soleil et la Lune, constituent les Anges-
seulement relié au monde pro-archétype » (C.W., VIII, 149). En.\ Gardiens Cabalistiques des Quatre Coins de la Terre. Il en
106 DOCTRINES INITIATIQUES TR I N LIÉ 1I' TÉTRAGRAMME 107

est de même dans la Philosophie Esotérique Orientale complétée d'une manière, pourrait-on dire, pseudo-hébraïque... La
laquelle, cependant, ajoute que le Soleil n'est pas une planète, deuxième liste nous offre un tableau complètement gnosticisé... Mais
mais l'étoile centrale de notre système, et que la Lune, est outre les noms des esprits, Origène nous apprend beaucoup d'autres
une planète morte dont tous les principes sont partis, tous choses. Il nous rapporte des formules au moyen desquelles on
deux étant des substituts, l'un d'une planète invisible inter- s'adressait à eux pour que l'élément divin intérieur à l'homme puisse
Mercurielle, et l'autre d'une planète qui semble avoir, mainte- s'élever à travers eux jusqu'à la divinité suprême et transcendante.
nant, complètement disparu. Ce sont les Quatre Mahârâjahs, Chacun était en rapport avec une planète et portait la tête ou le
les « Quatre Saints » en rapport avec le Karma et l'Humanité, masque d'un animal » (ouvrage cité, 46, 47).
le Cosmos et l'Homme, dans tous leurs aspects. Ils sont : le Dans un article paru en juillet 1888, dans sa revue « Lucifer »
Soleil, ou son substitut Michel ; la Lune, ou son substitut (pp. 355-365), Mme Blavatsky donne des indications sur ces Esprits
Gabriel, Mercure, Raphaël, et Vénus, Urie!. Il est à peine Planétaires. Elle déclare que certains occultistes chrétiens les invo-
nécessaire de dire, encore, ici, que les corps planétaires eux- quaient à des fins magiques. Elle cite l'Archevêque Adalbert de
mêmes, qui ne sont que des symboles physiques, ne sont pas Magdebourg qui, au 8e siècle, fut condamné à Rome, par un Concile
souvent visés dans le Système Esotérique, mais, en règle présidé par le pape Zacharie, pour avoir, au cours de cérémonies
générale, sous leurs noms, sont symbolisées leurs forces magiques, utilisé les noms des sept Archanges, en particulier celui
cosmiques, psychiques, physiques et spirituelles » (D.S., III, cl'Uriel, « avec l'aide de qui il avait réussi à produire les plus grands
459). phénomènes » (C.W., X, 15).
Mme Blavatsky ajoute que les sept Régents Planétaires, parmi Elle affirme que « ces archanges peuvent être identifiés, par une
lesquels se trouvent les quatre Mahârâjahs, sont indiqués par Origène. méthode ésotérique facile de transmutation, aux grands dieux chal-
« Nous pouvons renvoyer, pour confirmation, aux oeuvres d'Origène déens, et même aux Sept Manous et aux Sept Rishis de l'Inde » (C.W.,
qui dit que « les sept daimons régents » (génies ou régents plané- X, 19).
taires) sont Michel, le Soleil (celui à l'apparence de lion) ; le second, Les planètes « Sacrées » sont, dans l'ordre habituellement adopté
dans l'ordre, le Taureau, Jupiter ou Suriel, etc. ; et que tous ces par les Astrologues : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure
daimons, les « Sept de la Présence », sont les Séphiroth » (D.S., III, et Lune. Les trois premières (Saturne, Jupiter, Mars) correspondent
459, 5e note). à la triade cosmique supérieure (les trois plans aroûpa). Les quatre
autres sont les symboles des quatre Mahârâjahs et correspondent au
Dans son livre Contra Celsum (Contre Celse), Origène donne deux quaternaire inférieur du Cosmos (les quatre plans roûpa).
listes de noms des sept Esprits Planétaires. Robert M. Grant indique,
dans son ouvrage « La Gnose et les origines chrétiennes », ces noms « L'ordre des planètes, dans la pratique exotérique, est
et les met en parallèle avec ceux mentionnés par Celse. Voici une celui défini par leurs rayons géocentriques, ou les distances
partie du tableau établi par lui (page 47) : de leurs orbites respectives à la Terre, prise comme centre, à
savoir : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et
CELSE ORIGENE I ORIGENE II Lune. Dans les trois premières de ces planètes nous trouvons,
1 - Lion Michel-Lion Ialdabaoth symbolisée, la Triade céleste de pouvoir suprême dans l'uni-
2 - Taureau Suriel-Taureau Iao vers manifesté physique, ou Brahmâ, Vichnou et Shiva.
3 - « Siffleur » Raphaël-Serpent Sabaoth Tandis que dans les quatre dernières nous reconnaissons les
4 - Aigle Gabriel-Aigle (Adonai)
5 - Ours Thauthabaoth-Ours Astaphaeus symboles du quaternaire terrestre gouvernant toutes les
6 - Chien Erathaot-Chien Ailoaeus révolutions naturelles et physiques des saisons, quartiers du
7 - Ane Thartharaoth-Ane Horaeus jour, points cardinaux et éléments » (D.S., III, 464).

Robert M. Grant fait remarquer que la première liste d'Origène est Les sept Séphiroth inférieures « qui contiennent en elles l'uni-
« évidemment d'origine juive ; les quatre premiers noms sont ceux versalité des Anges » (D.S., III, 183), sont les sept Hiérarchies
des quatre archanges qui entourent le trône de Dieu. Mais elle a été émanées de Mahat (Chokmah-Binah).
108 DOCTRINES INITIATIQUES

« De Chokmah a émané une puissance féminine passive


appelée... Binah, dont le nom divin est Jéhovah, et dont le nom
angélique, parmi les Constructeurs et les Légions, est Arelim.
C'est de l'union de ces deux puissances, mâle et femelle (ou
Chokmah et Binah) que sont émanées toutes les autres BIBLE ET DOCTRINE SECRETE
Séphiroth, les sept ordres de Constructeurs » (D.S., III, 184).

Mme Blavatsky répartit les divers Anges émanés de Mahat en


trois classes : les Lipika, les Esprits Planétaires, et les Construc- L'Occultiste considère l'Ancien et le Nouveau Testaments comme
teurs. Ces derniers ne s'occupent pas de l'Esprit, mais uniquement des traités contenant des enseignements ésotériques. Ceux-ci y sont
de la Matière. « Les dieux et régents de notre Terre sont des Régents exprimés d'une façons voilée, car ils ne sont pas destinés au grand
cosmiques ; c'est-à-dire qu'ils forment et façonnent la matière cos- public. Le sens de leurs allégories devient clair pour celui qui
mique, raison pour laquelle ils ont été appelés Cosmocratores. Ils sait comment décoder certains de leurs mots ou noms. Il doit, pour
n'ont jamais rien eu à faire avec l'esprit... Les « Constructeurs » sont ce faire, connaître la signification secrète des nombres, car chaque
...les Maçons invisibles mais intelligents qui façonnent la matière mot des anciens langages, et, en particulier, chaque mot hébraïque
suivant le plan idéal, préparé pour eux dans ce que nous appelons correspond à un nombre qui est la somme des valeurs numériques
l'Idéation Divine et Cosmique. Ils ont été appelés, par les premiers des lettres le composant. De fait, les connaissances occultes étaient,
Francs-Maçons, le « Grand Architecte de l'Univers , collectivement » dans l'antiquité, invariablement exprimées sous le déguisement de
(C.W., X, 341). l'allégorie
Comme les Lipika et les Esprits Planétaires, les Constructeurs
se subdivisent en trois groupes. Les Constructeurs du premier groupe « chaque fois qu'elles étaient confiées au parchemin ou au
« construisent, ou plutôt reconstruisent chaque « système » après la papier. Mais les anciens Tanaïm, les Initiés par l'intermé-
« Nuit ». Le Second Groupe de Constructeurs est l'Architecte de notre diaire desquels la sagesse de la Cabale (tradition orale) fut
Chaîne Planétaire, exclusivement. Et le Troisième Groupe est « le obtenue par les Talmudistes postérieurs, avaient en leur
Progéniteur de notre Humanité (le prototype macrocosmique du possession les secrets du langage des mystères, et c'est dans
microcosme) » (D.S., I, 152, 153). ce langage que les Evangiles furent écrits. Seul celui qui a
Ce que les Constructeurs reconstruisent, après chaque Pralaya maîtrisé le code ésotérique de l'antiquité (le sens secret des
« mineur », ce n'est pas les trois plans aroûpa. Car ceux-ci ne sont nombres, propriété commune, à une époque, de toutes les
détruits qu'à la fin du Mahâmanvantara ou Age de Brahmâ (d'une nations) a la preuve totale du génie qui a été montré dans le
durée de 311 040 000 000 000 ans). Ils ne reconstruisent que les quatre mélange des allégories et noms de l'Ancien Testament pure-
plans inférieurs (roûpa) qui sont détruits à la fin de chaque Kalpa ment Egypto-Juif, et ceux des Gnostiques Grecs payens, les
ou Jour de Brahmâ (D.S., III, 569), d'une durée de 4 320 000 000 ans. plus raffinés de tous les mystiques de ce temps » (C.W.,
Ils réédifient donc au début d'un nouveau Manvantara, toute la VIII, 210, 211).
chaîne (dont les sept globes se trouvent dans les quatre plans
cosmiques inférieurs) détruite à la fin de la septième Ronde. Car un
Jour de Brahmâ « représente le cycle de vie d'une chaîne, c'est-à-dire Les Pouvoirs créateurs que les Hindous nomment Pitris (Pères)
embrasse la période de sept Rondes... un « Jour » et une « Nuit » re- et Prajâpatis (Seigneurs des Etres) sont les Elohim de la Bible.
présentent, comme Manvantara et Pralaya, 8 640 000 000 ans » (T.G., Le mot hébraïque Elohim est un pluriel. Il est cependant traduit,
129). Après un Jour et une Nuit de Brahmâ, « un nouveau SOLEIL dans le premier chapitre de la Genèse, par un singulier, « Dieu ».
se lève triomphalement sur un nouveau Manvantara, pour la Chaîne L'expression Jehovah Elohim figurant dans le texte hébraïque du
Septénaire qu'il illumine » (D.S., I, 719). second chapitre est devenue, dans la traduction, « Seigneur Dieu »
ou « Eternel Dieu », mais elle ne désigne que des Pouvoirs Créateurs
issus du Logos.
110 DOCTRINES INITIATIQUES BIBLE ET DOCTRINE SECRhTE 111

« Le « Dieu » du premier chapitre de la Genèse est le de six Sephiroth qui sont appelées, avec Malkouth, les sept
Logos, et le « Seigneur Dieu » du second chapitre est les inférieures... Son septième principe est représenté par la
Elohim Créateurs, les Pouvoirs inférieurs » (D.S., II, 1, note). dixième des Sephiroth, qui est Eve dans le système exoté-
rique, ou la mère inférieure » (Livre du Mystère Caché, vers
Le premier Adam, mâle et femelle, mentionné dans le premier 22) » (C.W., VIII, 150).
chapitre de la Genèse, fait à l'image et à la ressemblance de Dieu et à
qui ce dernier ordonne de croître et de multiplier (c'est-à-dire émaner Dans la Cabale, Malkouth est appelée la « mère inférieure » pour
d'autres êtres), est, nous l'avons vu, le « Mot », le Logos, l'Homme la distinguer de Binah qui est la « mère supérieure ». Ainsi la « créa-
Double, l'Homme céleste ou l'androgyne Adam Kadmon. Celui-ci tion » du monde matériel est l'oeuvre d'anges relativement inférieurs,
appelé Mahat par les Hindous, est « la Synthèse des sept Rayons ce qui explique son imperfection.
créateurs, les sept Logoï » (C.W., X, 313).
Le second Adam, l'Adam de poussière du second chapitre de la « Les millions et millions de travaux imparfaits trouvés
genèse, est « avant sa chute » le « CHRISTUM OINT ou Roi Messie ». dans la Nature attestent hautement qu'ils sont les produits'
Autrement dit ce second Adam se trouve, primitivement, dans le d'êtres finis et conditionnés, quoique ces derniers soient des
Christum Oint. Ce dernier est Chokmah (le Mot), Christos, Ahoura Dhyân Chohans... ces travaux imparfaits sont la production
Mazda ou Osiris, le Troisième Logos (Mahat), l'Adam mâle et femelle inachevée de l'évolution, sous la direction des Dieux imparfaits
du premier chapitre de la Genèse, la Troisième Vie (Abatour) des ... Ce n'est pas le « Principe » Un et Inconditionné ni même
Nazaréens. Ce Roi Messie est oint, car il a sur lui l'esprit d'Adonaï, Sa réflexion, qui crée, mais seulement les « Sept Dieux » qui
son père (le Protogonos, septième principe cosmique) et de Shekinah façonnent l'Univers dans la Matière éternelle, vivifiée en
Adonai, sa mère (Sophia, la Shakti, sixième principe cosmique) (I.D., vie objective par la réflexion en elle de la Réalité Une. Le
II, 223). C'est par lui que « Pneuma ou le Saint Esprit » (sa mère, la Créateur est eux (Dieu la Légion), appelés dans la Doctrine
Shakti ou Sophia) crée « toutes choses » (I.D., II, 230 ; D.S., II, 743, Secrète les Dhyân Chohans, par les Hindous les Prajâpatis,
2e note). Quand il émane de ce Roi Messie oint, le second Adam par les Cabalistes Occidentaux les Sephiroth, et par les
devient le Septenaire inférieur de Sephiroth (Hesed, Gebourah, Bouddhistes les Dévas... Ils sont les Amshaspends des Zoroas-
Tiphereth, Netzah, Hod, Yesod et Malkouth) qui est l'ensemble des triens et, alors que pour le Mystique Chrétien le « Créateur »
sept Rayons créateurs émanés de Mahat. Autrement dit, après sa est les « Dieux de Dieu », pour l'Homme d'Eglise dogmatique
« Chute » le second Adam est le couple formé par le Microprosope il est le « Dieu des Dieux », le « Seigneur des seigneurs », etc. »
et Malkouth, ou le Roi et sa Fiancée. (D.S., III, 209).

« Car le premier Adam, le Kadmon, est la syntèse des dix


Sephiroth. De celles-ci, la Triade supérieure reste dans le Il y a donc une grande différence entre le Second Adam ou
monde Archétype, comme la future « Trinité », tandis que « Adam de poussière » qui, dans sa signification cosmique, est le
les sept Sephiroth inférieures créent le monde matériel créateur du monde matériel, et l'Adam mâle et femelle dont il
manifesté. Et ce septenaire est le second Adam » (D.S., II, émane. Ce dernier était, dans l'Egypte ancienne, Osiris, le Dieu
1, note). né sur le Mont Sinaï, c'est-à-dire sur la Montagne dé la Lune
(Sin). Cette descendance, au prime abord étrange, s'explique par le
Dans le second Adam se trouve l' « Eve de poussière » appelée fait que dans l'ésotérisme égyptien, ce Dieu est issu d'un principe
dans la Genèse, la « mère de tous les vivants » (I.D., II, 223, 224). cosmique féminin qui était symbolisé par la Lune (la Grande Mère,
Cette Eve n'est évidemment pas Binah (qui fait partie de Mahat), la Shakti des Hindous, l'Astarté des Chaldéens, le Père-Mère ou
mais Malkouth. sixième principe cosmique).

« Tout le Livre du Mystère Caché est plein de telles phra- « Comme dans toutes les théogonies une déesse précède
ses : « Le Microprosope est sextuple. Son septième principe un dieu, suivant le principe que, selon toute vraisemblance,
est représenté par la dixième des Sephiroth... Car il est formé le poussin peut difficilement précéder son oeuf, en Chaldée
112 DOCTRINES INITIATIQUES
BIBLE ET DOCTRINE SECRhTE 113
la lune était considérée comme plus vieille et plus vénérable La Bible débute par la création de la Lumière, le « Fiat Lux » qui,
que le Soleil parce que, disait-on, l'obscurité précède la
nous l'avons vu, symbolise « la formation et l'évolution des Sephi-
lumière à chaque renaissance (ou « création ») périodique roth » (D.S., I, 236).
de l'univers. Osiris, quoique relié au Soleil et bien qu'il soit
un Dieu Solaire, est, néanmoins, né sur le Mont Sinaï parce Si la Genèse « avait commencé comme il eût fallu, on aurait
que Sin est le mot chaldéo-assyrien pour la lune ; il en était trouvé en elle, d'abord, le Logos Céleste, l'Homme Céleste qui évolue
de même de Dio-Nysos, dieu de Nyssi ou Nisi, appellation comme une Unité Composée de Logoï ; hors duquel, après leur
qui était celle du Sinaï en Egypte, où il était appelé Mont sommeil pralayique... les Logoï apparaissent en leur totalité comme
Nissa. Le croissant (comme c'est prouvé par de nombreux le premier Mâle et Femelle ou Adam Kadmon, le « Fiat Lux » de la
auteurs) n'est pas l'insigne des Turcs, mais fut adopté comme Bible ». En d'autres termes, la Genèse aurait dû exposer d'abord
symbole par les Chrétiens avant les Musulmans. Pendant des l'émanation de Kether ou Tikkun, le Protogonos, puis celle d'Adam
âges le croissant a été l'emblème de l'Astarte chaldéenne... Kadmon ou Mahat. Ceux qui obéissent au commandement de la Loi
et finalement devint l'emblème de la Vierge Marie » (T.G., Eternelle : « Que la Lumière soit », sont les Elohim, les Anges pri-
193). mordiaux, et la Lumière est l'ensemble des Anges secondaires (D.S.,
I, 359). Cette Lumière « est l'Homme-Double ou les Anges Androgynes
Du Roi Messie oint (Mahat) n'émanent pas seulement des Anges (ou plutôt Asexués) dont le nom générique est Adam-Kadmon. Ce
« créateurs » ou « constructeurs », mais aussi des Anges « informants » sont eux qui complètent l'homme dont la forme éthérée est émanée
ou « incarnants ». Ceux-ci sont les Koumâras qui ont fourni aux par d'autres Etres divins mais de beaucoup inférieurs à eux » (D.S.,
hommes le Manas. La « Chute » de ces Koumâras est leur descente II, 40). Autrement dit les Anges désignés par le nom collectif Adam-
du plan céleste, qui est leur demeure normale, pour venir s'incarner Kadmon, sont les Anges Solaires qui fournissent à l'homme son
dans les hommes dont ils sont devenus les Egos Supérieurs. Collec- Manas, dans la Troisième Race. Les Prajâpatis des Hindous et les
tivement, ils sont le « Serpent ». Alors que les Koumâras ou Agnish- Sephiroth des Kabalistes, « représentent d'abord l' « Homme Arché-
type, le Protogonos ; et c'est seulement dans leur aspect secondaire
vâttas sont des Anges Solaires, les Anges qui composent l'Adam de
poussière sont des « Esprits Lunaires », les Barhishad Pitris des qu'ils deviennent des pouvoirs cosmiques et des corps astronomiques
Hindous et « les Elohim créateurs de la forme » (D.S., II, 81). ou sidéraux » (D.S., I, 380).
Les quatre mondes cabalistiques sont allégoriquement décrits
« On attribuait au « Serpent » tombé d'en haut (deorsum dans le livre d'Ezéchiel (chapitre premier). On y trouve dépeints :
fluens) la possession des Clefs de l'Empire des Morts (tou 1) « quatre animaux dont l'aspect avait une ressemblance humaine »
thanaton arche) jusqu'au jour où Jésus le vit tomber et qui avaient « tous une face d'homme, tous quatre une face de
« comme la foudre... du ciel, malgré l'interprétation Catho- lion à droite, tous quatre une face de boeuf à gauche, et tous quatre
lique Romaine de « cadebat ut fulgur ». Cela signifie, en une face d'aigle » ; 2) « au-dessus des têtes des animaux », un firma-
vérité, que même « les diables sont assujettis » au Logos qui ment, « comme un ciel de cristal resplendissant, qui s'étendait sur
est la Sagesse, mais, en même temps, en tant qu'adversaire leurs têtes dans le haut » ; 3) « au-dessus du ciel qui était sur leurs
de l'ignorance, Satan ou Lucifer. Cette remarque se rapporte têtes », « quelque chose de semblable à une pierre de saphir, en
à la Sagesse Divine tombant comme l'éclair sur les intellects forme de trône » ; 4) une « figure d'homme » placée sur ce trône.
de ceux qui combattent les diables de l'ignorance et de la Les quatre animaux ou chérubim correspondent au monde Asiah,
superstition et les vivifient ainsi. Jusqu'à l'époque où la car ils représentent « les pouvoirs des lettres du Tétragramme sur
Sagesse, sous la forme des Esprits incarnants de Mahat, le plan matériel » (C.W., VIII, 149). Le firmament est Jetzirah, le
descendit des hauteurs pour animer et éveiller la Troisième monde de la Formation. Le trône représente Briah, le monde de la
Race à la vie consiente réelle, l'Humanité, si on peut l'appeler Création et la figure d'homme correspond à Atziloth, le monde des
ainsi dans son état animal et dépourvu de sens, était natu- Archétypes. Ces animaux, ce firmament, ce trône et cette figure
rellement vouée à la mort morale aussi bien que physique ». d'homme « correspondent aux quatre mondes ou plans kabalistiques
(D.S., II, 240). eux-mêmes, c'est-à-dire Atziloth, l'Archétype (la figure nuageuse de
l'homme) ; Briah, le Créateur (le trône) ; Yetzirah, le Formateur (le
114 DOCTRINES INITIATIQUES BIBLE ET DOCTRINE SECRÈTE 115

firmament) ; Asiah, le Matériel (les animaux vivants). Ils corres- gyne) qui sort de sa bouche est le Yod de IHVH ». Quant à ce per-
pondent également aux quatre lettres du tétragramme ainsi : le point sonnage, il est, dit-elle, le « Tétragramme » symbolisé par la lettre
supérieur de Yod dans IHVH à la « figure de l'homme » ; le H ( Hé) Vaou du nom divin IHVH (C.W., VIII, 153).
au trône ; le V (Vaou) au firmament ; et le H final aux animaux »
(C.W., VIII, 152). « Mais cette figure est une chose entièrement différente
Dans cette vision, la figure d'homme sur le trône « se rapporte à de celui qui est sur le trône, dans la vision d'Ezéchiel. Car le
Kether ; le trône à Chokhmah et Binah, le monde de Briah, dont premier (la figure du Chapitre Premier de la Révélation) est
l'autre nom est Korsia (le trône) ; le firmament est le Microprosope sur les plans de Yetzirah (le monde de la formation, la de-
qui consiste en les six Séphiroth Hesed, Gebourah, Tiphereth, Netzah, meure des anges qui ne voulaient pas créer), et la figure
Hod et Yesod » (C.W., VIII, 154). Ce firmament est constitué par les d'Ezéchiel est sur le plan d'Atziloth, et elle est décrite dans
trois plans « roûpa » qui sont au-dessus du plan physique. le 4e chapitre de l'Apocalypse comme « celui qui était assis
sur le trône » (C.W., VIII, 154).
Kether (ou Sephira) est identique à Adam Kadmon. En consé-
quence, la figure d'homme placée sur le trône de la vision d'Ezéchiel
Les quatre animaux de la vision d'Ezéchiel symbolisent des prin-
est le Protogonos, comme le précise Mme Blavatsky « l'apparence
cipes inférieurs humains ne dépassant pas le Manas Supérieur (T.G.,
d'un homme est celle d'Adam Kadmon, à travers lequel passe le fil
121). « Ces quatre animaux sont, en réalité, les symboles des quatre
de lumière représenté par le feu » (I.D., II, 229).
Eléments et des quatre Principes inférieurs dans l'homme. Cependant,
Le livre d'Ezéchiel est un livre cabalistique, contenant, voilés, de ils correspondent physiquement et matériellement aux quatre cons-
profonds enseignements occultes. « Il est écrit à l'intérieur et à tellations qui forment, pour ainsi dire, la suite ou le cortège du Dieu
l'extérieur, et son sens réel est identique à celui de l'Apocalypse » Solaire et qui, pendant le soltice d'hiver, occupent les quatre points
(I.D., II, 232). Ces deux ouvrages comme le déclare Eliphas Lévi, sont, cardinaux du cercle zodiacal » (D.S., I, 389).
parmi les livres sacrés du christianisme, les seuls que l'Église n'a pas Jehovah, le Dieu jaloux et vengeur, n'est pas le Dieu suprême,
la prétention de comprendre et qu'elle n'essaye jamais d'expliquer. mais simplement le « Septenaire le plus inférieur » d'Elohim ou
Ce sont des « livres fermés de sept sceaux pour les croyants fidèles Esprits Planétaires (D.S., II, 630). Il est mentionné dans le quatrième
et parfaitement clairs pour l'infidèle initié aux sciences occultes » chapitre de la Genèse où il est appelé Caïn (D.S., II, 406). Celui-ci
(« Dogme et Rituel de Haute Magie », I, 67, 68). est le fils du « Seigneur », c'est-à-dire d'Adam Kadmon et non d'Adam.
Dans le premier chapitre de l'Apocalypse, le personnage « qui Fils de « la pensée coupable et non la progéniture de chair et de
ressemblait à un fils d'homme », qui « avait dans sa main droite sept sang » (I.D., II, 464 ; D.S., II, 135), il est identique à l'Ilda-Baoth des
étoiles » et de la bouche de qui « sortait une épée aiguë » à deux Gnostiques Ophites, né de Sophia Achamoth (Binah), et au Fetahil
tranchants est le Microprosope. Celui-ci est le « Fils » de Chokmah des Nazaréens ou Mendéens, le « génie de Saturne, la planète, ou
et Binah, le « Père-Mère » du monde de la Création (Briah), et ce plutôt le mauvais esprit de son régent ». Il est père des six « Stellai-
« Fils » n'est autre que l'Univers matériel créé par ce « Père-Mère ». res » terrestres (c'est-à-dire appartenant à notre chaîne terrestre) dont
« Le « Père-Mère » appartient au monde créateur, parce que c'est lui les demeures sont « les sept sphères, la plus haute desquelles com-
qui crée. C'est-à-dire qu'il est le matériau bisexuel de l'essence duquel mence dans l'espace médian, la région de leur mère Sophia Acha-
le « Fils » (l'univers) est formé. Ce Fils est le Microprosope ou moth, la plus basse se terminant sur notre terre » (T.G., 152, 153).
Tétragramme » (C.W., VIII, 146). Jehovah est « le nom générique du Groupe ou de la Hiérarchie
Selon Mme Blavatsky, les « sept Eglises qui sont en Asie » aux- d'Anges Planétaires Créateurs » sous l'influence desquels la nation
quelles s'adresse Jean dans l'Apocalypse (I, 4) ne sont pas, comme on juive est placée (la théorie des sept Rayons expliquant cette influence).
l'interprète habituellement, des Eglises d'une province romaine du Ces Anges proviennent « du Groupe Régent de Saturne » (D.S., II,
sud-ouest de l'Asie mineure nommée « Asie », mais les « sept palais » 134). Noé, « comme permutation de Jehovah », est l'ensemble des
d'Asiah, le monde kabalistique de l'Action, « ou le lieu matériel Anges Planétaires de notre Chaîne terrestre, ainsi que « le Créateur
septénaire ». Les sept étoiles qui sont dans la main droite du per- (le Préservateur) de toute vie animale ». C'est pourquoi il reçoit
sonnage ressemblant à un fils d'homme « ne sont pas ces sept églises, l'ordre de prendre dans son arche un couple de chacun des animaux
mais les sept clefs de celles-ci ; et l'épée à deux tranchants (andro- et « oiseaux du ciel », « afin de conserver leur race en vie sur la
face de toute la terre ». (Genèse, VII, 2, 3) (D.S., II, 632).
116 DOCTRINES INITIATIQUES BIBLE ET DOCTRINE SECRÈTE 117

Les Elohim personnifiés par Jéhovah, Caïn et Noé font partie de de la Profondeur » et le « Dieu de Sagesse et de Connaissance » (T.G.,
la troisième classe de Sephiroth, la « Légion inférieure d'Anges » 108), est Svabhâvat, la « mâle-femelle Déité de Sagesse » (D.S., II,
qui ont généré les hommes (D.S., II, 28, 2e note). Bien loin d'être 122). Ainsi, quoique Mahat soit le premier Principe dans notre
« des pouvoirs suprêmes ou même des pouvoirs exaltés de la Nature, univers objectif (C.W., X, 314), il « est en réalité le Troisième Logos »
ils sont seulement des Anges inférieurs ». Les imperfections de notre (C.W., X, 313). Si nous partons de l'Inconnaissable, « nous trouvons
monde sont dues, ainsi que nous l'avons indiqué, à leurs imperfec- qu'il est le troisième » (C.W., 314).
tions. Ils ne sont d'ailleurs que « les façonneurs de la forme matérielle Dans la Cosmogonie de l'ancienne Egypte, le premier Logos mani-
et astrale de l'homme ». Ces Constructeurs ne sont donc nullement festé (Ennoia ou Adam Kadmon, le Protogonos) est Seb, le « Saturne
la Divinité, « ni même les Esprits Planétaires supérieurs, mais les égyptien, le père d'Osiris et d'Isis ». Esotériquement, il est « le seul
Architectes de notre planète physique visible et du corps matériel principe avant la création, plus proche, dans sa signification, de
ou fourreau de l'homme » (D.S., III, 204). 'Parabrahman que Brahmâ ». Son épouse, Nout ou Neith, est la
Dans le Codex Nazareus (livre sacré des Mandéens ou Nazaréens), « Grande Mère et, cependant, la Vierge Immaculée » (T.G., 294). En
le Démiurge Fétahil, le « Créateur du monde matériel » (I.D., II, 228), d'autres termes, Seb, le septième principe cosmique, est l'époux du
« l'architecte de l'univers visible » (I.D., II, 224), est le fils d'Abatur. Père-Mère, le Chaos ou la Shakti, le sixième principe cosmique. Il
Ce dernier est le Saint-Esprit, troisième personnage de la trinité est Ottik Yomin (l'Ancien des Jours), le Père de. Chokmah (Osiris)
chrétienne (I.D., II, 229), l'Ancien des Jours et le « Père » de Jésus et Binah (Isis) et plus spirituel que Brahmâ ou Mahat, le cinquième
(I.D., II, 224). Il est la troisième Vie, comme Sophia est « la troisième principe universel.
émanation » (I.D., II, 175) et il « correspond au Troisième Logos dans
« Dans le Rituel égyptien, il est dit que Seb, le Dieu du
la Doctrine Secrète » (T.G., 2), c'est-à-dire à Mahat ou Chokmah-
Temps et de la Terre, a pondu un Œuf, ou l'Univers, « Œuf
Binah. Son fils, Fetahil, est le Microprosope (Seir ou Zeir Anpin)
de la Cabale. Binah, la troisième des Sephiroth, « est Sophia et la conçu à l'heure du Grand Un à la Force Double ». Ra est
montré, comme Brahmâ, en gestation dans l'OEuf de l'Uni-
Sophia des Gnostiques n'est sûrement pas un pouvoir mâle, mais
vers » (D.S., I, 385).
simplement la Sagesse féminine ou Intelligence » (I.D., II, 215, note).
Sophia est « le plus haut prototype de la femme, la première
Mahat (ou Brahmâ) est le premier mâle divin, quoiqu'il ait en lui
Eve spirituelle » (I.D., II, 171, note). Elle est la « première femme » les deux sexes. Il est issu de l'OEuf du Monde appelé, dans les Pound-
(sixième principe cosmique). De son union avec « le Père et le Fils » nas, Haima ou Hiranya. Ce dernier mot est traduit habituellement
(le Logos non manifesté et le Protogonos), naît le Christos oint, le
par le terme « doré », mais signifie plutôt resplendissant ou étince-
Roi Messie ou Adam de poussière « avant sa chute » (I.D., II, 223).
lant (D.S., I, 385). C'est dans l'OEuf qu'il désigne qu'a lieu la gestation
« Fécondée par la Lumière Divine du Père et du Fils, le plus haut
de Mahat, c'est-à-dire de l'Univers non plus seulement subjectif, mais
esprit et Ennoia, Sophia produit à son tour, deux autres émanations,
également objectif (C.W., X, 352). C'est ce qu'énonce le passage
l'une parfaite, Christos, l'autre imparfaite, Sophia-Achamoth » (I.D., suivant du Vichnou Pourâna, dont le sens est éclairé par les mots
II, 172). Christos est le Logos révélé. Comme « Logos non révélé ou
ajoutés entre parenthèses par Mme Blavatsky : « L'Intellect (Mahat)...
caché dans état latent, il a existé de toute éternité dans l'Arba-II »
y compris les éléments grossiers (non manifestés) formèrent un Œuf...
(I.D., 172). Ce Logos caché est son « Ferouer ». Comme Logos révélé
et le Seigneur de l'Univers y habita sous l'aspect de Brahmâ. Dans
« il est androgyne, Christos et Sophia (Sagesse Divine) qui descendent
cet oeuf, ô Brâhmane, se trouvaient les continents, les mers et les
dans l'homme Jésus » (I.D., II, 172).
montagnes, les planètes, les dieux, les démons et l'humanité » (D.S.,
L'Arba-Il ou Tetraktys, le « Dieu quadruple », est composé, dans I, 385).
la Cosmologie chaldéenne, d'Anu, de Bel, de Hoa et de Mylitta. Il est
identique à la « Tetraktys Chrétienne Céleste » formée du Père, du Fils, « En Grèce et dans l'Inde, le premier Etre mâle visible,
qui unissait en lui la nature des deux sexesi a habité dans
du Saint-Esprit et de Marie ou : 1) Premier Logos, 2) Ennoia ou Shiva,
l'OEuf et en est sorti. Ce « Premier-Né du Monde » était
le Protogonos, 3) Mahat, 4) Marie. Car cette dernière est le principe
féminin « désigné par Mylitta, la Grande Mère, appelée aussi Ishtar » Dionysos pour quelques Grecs, le Dieu jailli de l'OEuf du
(I.D., II , 171). Hoa ou Hea (I.D., II, 170), ou encore Ea, le « Seigneur Monde et dont provenaient les Mortels et les Immortels »
(D.S., I, 385, 386).
118 DOCTRINES INITI MIES BIBLE E'l' DOCTRINE SECRIM: 119

Dionysos est identique à Osiris, lequel est le même Principe signifie Fils. Et AIMA est composé de « la lettre I ( Yod) qui, on vient
Cosmique que Chokmah (D.S., H, 743, 2e note), l'aspect mâle de de le dire, représente Chokmah, jointe à AMA, Mère, qui est Binah »
Mahat. Comme Osiris, Dionysos est tué et découpé en quatorze mor- ( ibid., 285, note). Ajoutons que, comme l'indique « La Petite Assemblée
ceaux. Dionysos est « le Soleil personnifié ». Nyssa ou Nissi était « le Sainte », seule le second Hé (c'est-à-dire Malkouth) du nom divin
nom donné par les Hébreux au Mont Sinaï (Exode, XVII, 15), le E HVH est appelé la Fiancée, ce nom n'étant jamais donné au premier
lieu de naissance d'Osiris», ce qui identifie ce dernier « au Jehovah Hé (Binah) (ibid., 286).
Nissi » (T.G., 102). Dionysos se décompose en Dio-Nysos, ce qui
signifie Dieu (Zeus) de Nysa (I.D., II, 165) ou du Sinaï de Moïse
(I.D., II, 526).
Chokmah est appelé Ab (Père) et il est symbolisé par la lettre
hébraïque Yod. Binah, représentée par la lettre Hé (cinquième lettre
de l'alphabet hébraïque) est nommée Am (Mère) (C.W., VIII, 147)
ou Ama. Cependant elle est aussi appelée Aima (C.W., VIII, 147,
1" note), nom également donné à Malkouth, la dixième Sephira,
représentée dans le nom divin IHVH par le deuxième Hé. Car
il y a « deux Aima (les deux mères, ou le premier et le second H du
mot IHVH » (C.W., VIII, 147, 1'° note). Malkouth, la seconde Aima,
est la « femme avec l'enfant » du douzième chapitre de l'Apocalypse
(dans l'un des sens de cette allégorie). Cette femme est la Matière,
la « fiancée » du Microprosope, et son enfant est l'humanité (C.W.,
VIII, 148). C'est à tort que Boris de Zirkoff, le compilateur des
« Collected Writings of H.P. Blavatsky », déclare qu'Aima est « très
probablement une orthographe phonétique », le mot hébraïque pour
mère étant am ou imah (dont le pluriel est imoth) (C.W., VIII, 148,
2e note). En réalité, Mme Blavatsky n'a pas commis d'erreur d'ortho-
graphe en écrivant Aima. Car il est indiqué dans « La Petite Assemblée
Sainte » ( Ha Idra Zuta Qadisha, chapitre VIII) que, dans le nom
divin IHVH, I (Yod) représente Chokmah, le premier H (Hé) est Aima,
ou Binah, et les deux autres lettres, « VH, Vaou et Hé, sont les deux
enfants produits par Aima, la Mère ». (Mac Gregor Mathers, « The
Kabbalah Unveiled », 285).
« 257 — Le commencement de tout est appelé la Demeure
de tout. Donc, IVD (Yod) est le commencement et la fin de
tout ; comme c'est écrit dans le Ps. CIV, 24 : « Tu as fait
toutes choses dans Chokmah ».
« 258 — Dans Sa place, Il n'est pas manifesté ni connu ;
quand il est associé avec la Mère, BAMA (Be-Ama), alors,
Il est connu (ou symbolisé) dans la Mère, BAIMA (Be-Aima) »
(Mac Gregor Mathers, ibid., 285).
Ainsi, comme le fait remarquer Mac Gregor Mathers, la somme
des valeurs numériques des lettres composant le mot AIMA est 52
qui est le total des valeurs numériques des lettres du mot BN qui
GNOSE ET DOCTRINE SECRETE

Le traité anonyme intitulé « Réfutation de toutes les hérésies »,


plus généralement connu sous le titre de « Philosophumena », et
attribué à l'évêque d'Ostie, Hyppolyte (mort en 222), ami et admira-
teur d'Origène, ainsi que les écrits de Justin, Irénée et Epiphane,
nous renseignent, plus ou moins tendancieusement, sur les doctrines
de Simon le Magicien. Celui-ci, dont il est parlé dans les Actes des
Apôtres (VIII, 5-25) ainsi que dans les « Récognitions » (II, 7 et suiv.)
et les « Homélies pseudo-clémentines » (II, 22 et suiv.), était originaire
du bourg de Gitton, en Samarie. Aux dires de Justin, il était un
expert en magie et considéré comme un Dieu par presque tous les
Samaritains (« Apologie », I, 26). Ses enseignements sont entièrement
conformes à la « Doctrine Secrète » (D.S., III, 466).
Il enseignait, « comme tous les autres Gnostiques, que notre monde
a été créé par des anges inférieurs qu'il appelait Aeons » (D.S., III,
465). Simon déclarait que le sommet de l'Univers est le Feu qu'il
considérait comme double, ayant un côté objectif (la Mère) et un
côté secret ou sacré (le Père) (D.S., III, 466). Ce Feu est l'androgyne
Kether ou Sephira, le septième principe cosmique. Ce « septième
Pouvoir, synthétisant tout, est l'Esprit planant sur les eaux de
l'Espace indifférencié, Nârâyana ou Vichnou dans l'Inde ; le Saint-
Esprit dans le Christianisme » (D.S., III, 468). Il émane trois Syzygies
(couples) d'Aeons. Un septénaire est aussi formé, « le Feu étant le
septième » (D.S., III, 466).

« Dans un passage extrait des oeuvres de Simon le Magicien


par l'auteur des Philosophumena nous lisons : « De la per-
manente stabilité et de l'Immortalité de ce premier principe
manifesté, le « Feu » (le troisième Logos), dont l'immuabilité
n'exclut pas l'activité car le second après lui est doté d'in-
telligence et de raison (Mahat), il (le Feu) passa de la
potentialité de l'action à l'action elle-même. 1?e cette série
d'évolutions furent formés six êtres ou l'émanation de la
puissance infinie. Ils furent formés en Syzygies, c'est-à-dire
qu'ils rayonnèrent de la flamme deux par deux, l'un étant le
i22 DOCTRINES INITIATIQUES GNOSE ET DOCTRINE SECRÈTE 123

principe actif, l'autre le principe passif ». Simon les nomma prime abord, que Binah, la Shakti de Chokmah, soit identifiée à
Nous et Epinoia (ou Esprit et Pensée), Phoné et Onoma (Voix Kwan-Yin, la Shakti du Protogonos et le sixième principe cosmique.
et Nom) et Logismos et Enthumesis (Raison et Réflexion) » Mais n'oublions pas que Kwan-Yin est la « Triple » de Kwan-Shai-
(C.W., X, 403, 404). Y i n (le Protogonos) c'est-à-dire sa Mère, son Epouse et sa Fille (D.S.,
1, 160). Le siège de ce « pouvoir femelle » est le Chakra Sahas-
Ces « premiers six Aeons, synthétisés par le septième, le Pouvoir râra (le Chakra aux mille pétales, situé au sommet de la tête).
Père » (D.S., III, 467) sont les tout premiers Etres, les « Légions Dans l'Adepte, ce Chakra est actif et la « grande déesse » (Binah ou
créatrices » contenues dans « l'étincelant Dragon Divin de Sagesse » Sophia), s'asseyant sur ce siège, « répand les eaux de la vie et de la
appelé Oeaohoo dans les Stances de Dzyan (D.S., I, 100) (Shiva, le grâce pour le bénéfice et la régénération de l'âme humaine » (E.W.,
septième principe cosmique). Ces Dhyâns Chohans primordiaux ou 264). Quand Simon le Magicien déclarait qu'Hélène était « son
« Aeons supérieurs » sont les « Fils de la Flamme et du Feu » (D.S., Epinoia, sa Pensée Divine », il ne parlait nullement d'une femme,
III, 466). Ces six Aeons et le Feu, celui-ci « étant le septième » (D.S., mais de son âme spirituelle (Bouddhi). Par son union avec cette
III, 466) constituent « le Pouvoir incréé, Atman » (D.S., III, 469). Hélène, « il entendait le mariage de sa Bouddhi avec son Manas »,
D'eux émanent les « six Aeons du Monde intermédiaire » (D.S., Hélène symbolisant « la Shakti de l'homme intérieur, le pouvoir
III, 466). Cette seconde série d'Aeons « est générée dans les eaux femelle » (D.S., III, 472).
sombres de l'Espace (le Chaos ou la Substance indifférenciée, notre Dans le système du Gnostique Valentin, sur lequel nous renseigne
Bouddhi) de ou par l'image des premiers Aeons reflétée dans ces Irénée, l'évêque de Lyon, le Monde Intermédiaire ou Ogdoade était le
eaux, l'image de Celui ou de Cela qui se meut sur elles » (D.S., III, Mésotès, la Région médiane. Elle était le monde des Psychiques,
469). Ce second monde de Simon est donc le Père-Mère (sixième situé immédiatement au-dessous du Plérôme ou plan des Pneuma-
principe cosmique). Il est « l'Air incompréhensible qui n'a ni com- tiques et au-dessus du monde Hylique ou de Matière Subtile (le
mencement ni fin » et la Lumière Astrale cabalistique (D.S., III, 467). deuxième principe cosmique ou Lumière Astrale inférieure). Ce
Il est « la Vie Une, la Flamme Intelligente Divine, omniprésente et dernier était lui-même placé au-dessus de notre monde de matière
infinie », autrement dit Svabhâvat. Ce second Monde est « gouverné grossière. Mme Blavatsky donne, dans son commentaire de Pistis-
par un Etre ou Pouvoir mâle et femelle à la fois, ou actif et passif, Sophia, un tableau mentionnant ces quatre mondes qu'elle identifie
bon et mauvais qui a été, est et sera debout aussi longtemps que aux quatre plans roûpa du cosmos (« Lucifer », juin 1890, 319). Elle
durera le Cosmos manifesté » (D.S., III, 468). La dualité Esprit- demande à son lecteur de faire le rapprochement entre ce tableau et
Matière attribuée à cet Etre est ce qui caractérise le « Père-Mère » (le un autre, concernant également ces mêmes plans cosmiques, figurant
Chaos) qui est constitué de Matière (Prakriti) animée par l'Esprit dans la « Doctrine Secrète ». Elle déclare que l'élément Hylique « doit
(Pouroucha). nécessairement périr, dans la mesure où il n'a en lui aucun souffle
d'incorruptibilité » (ibid. 319).
Le Troisième Monde de Simon, avec sa troisième série de six
Subba Row appelle Lumière Astrale ou Anima Mundi le quatrième
Aeons et le septième Aeon, le Parent, est émané de la même façon.
principe du système solaire (E.W., 550) et le distingue de l'Akâsha.
Les écrits d'Irénée, Theodoret et Epiphane répètent l'affirmation
que Simon le Magicien et Cerenthus faisaient de Binah « l'Esprit « On doit se rappeler qu'il y a une différence entre l'Akâsha
féminin divin qui inspirait Simon. Binah est Sophia » (I.D., II, 215, et la Lumière Astrale, quoique ces deux termes aient été
note). Elle est « le Saint Esprit des Chrétiens » (I.D., II, 36). Subba souvent employés comme synonymes. L'Akâsha est une sorte
Row appelait Binah la Consolatrice, la disait représentée par le d'éther cosmique bien supérieur qui existe comme un lien
premier Hé du nom divin Yod-Hé-Vau-Hé et l'identifiait également entre un système solaire et un autre, et il est aussi infini
au Saint-Esprit (E.W., 548, 549). Binah, comme Sophia, son équivalent que la matière cosmique originelle. Il est le résultat du
gnostique, est « Vidyâ, une intelligence spirituelle ». Elle est repré- mouvement dans cette matière cosmique même. La Lumière
sentée par la Dame du Lotus Blanc dans l'ouvrage de Mabel Collins Astrale n'est pas l'Akâsha, mais une forme différente d'éther
« L'Idylle du Lotus Blanc ». Elle est aussi « la Kwan-Yin et la cosmique. C'est simplement l'entité qui, dans le système
Prajnâ des écrivains bouddhistes », ainsi que « la lumière ou l'aura solaire manifesté, correspond à ce que nous avons appelé
du Logos qui est sagesse » (E.W., 261, 262). Il semble surprenant, au le quatrième principe dans l'homme. C'est une manifestation
124 DOCTRINES INITIATIQUES GNOSE ET DOCTRINE SECRÈTE 125

de la matière non différenciée. Elle est une espèce de matière Les plans ainsi représentés « n'allaient pas plus haut que l'Esprit
bien plus éthérée que toutes celles que nous connaissons. Cosmique ou le Manas Supérieur » dont le plan était symbolisé par
Peut-être la matière dans son état ultra-gazeux (la matière l'aigle, habituellement associé à l'évangile de Saint Jean (T.G., 121).
radiante) peut-elle nous aider à avoir une idée du fluide Au-dessus du monde pneumatique sont les trois plans aroûpa.
astral. Quoique celui-ci existe uniformément dans tout l'es- Le plus élevé de ceux-ci est « le royaume des noumènes » le « seuil
pace, dans le système solaire, il est cependant plus dense du Monde de Vérité ou Sat ». Puis vient ce Monde de Vérité où se
autour de certains objets, en raison de leur action molécu- couvent les « Sept Lumières » qui sont « l'Atmâ ou l'Esprit rayonnant
laire. C'est particulièrement le cas autour du cerveau et de de toute créature de la famille humaine ». Ces Lumières sont les
la moëlle épinière des êtres humains où il forme ce que l'on sept classes d'êtres dont chacun est le « Dieu personnel » d'un être
appelle l'aura. C'est cette aura autour des cellules nerveuses humain (son « Père dans le Ciel » ou septième principe). Leurs
et des filets nerveux qui permet à l'homme de capter les « réflexions sont les Monades humaines immortelles », c'est-à-dire
impressions faites dans la Lumière Astrale, dans le Cosmos » les « Bouddhis ou Ames Divines sans forme du dernier Monde
(E.W., 129, 130). A roûpa » (D.S., I, 144, 145).
L'Heptade des Gnostiques, composée d'Hyle ou Matière subtile,
Le plan du Mental Supérieur, où se trouvent le premier et le est le plan de matière astrale ou quatrième état de la matière (D.S.,
dernier globes d'une chaîne planétaire, était, pour les Gnostiques, le II, 778). La région psychique était appelée Région Moyenne, car elle
« Trésor de la Lumière ou Plérôme », comme l'indique Mme Blavatsky se situe entre le monde pneumatique et le monde hylique et sa
(« Lucifer », juin 1890, 319). Dans le système du Gnostique Valentin, matière est un mélange (Kérasmos) de Lumen ou Lumière (Manas) et
déclare-t-elle, « le Mésotès ou Région Moyenne est au-dessus du Ciel d'Hyle (Astral) (« Lucifer », juin 1890, 319).
le plus haut, mais au-dessous du Plérôme ». C'est, ajoute-t-elle, le Le Mental enrobé d'Hyle qui constitue le Psychique est le Mental
lieu des Psychiques, le Plérôme étant la région des Pneumatiques. Inférieur. Il est de même nature que le Mental Supérieur (Manas)
Le Mésotès est « le lieu propre de Sophia-Achamoth, la Sophia-du- formant le monde Pneumatique (Trésor de Lumière ou Plérôme) des
dehors ou Pistis-Sophia qui, désirant la Lumière, tombe de l'Ogloade Gnostiques. Comme le Manas dont il est une émanation, il ne peut,
dans l'Heptade ». Le « plus haut Loka ou Sous-Plan » de l'Heptade tout seul, produire une impression quelconque sur la matière phy-
est gouverné par l'Obstiné (le Démiurge). Quand Pistis-Sophia « attein- sique et n'en peut recevoir aucune. Il s'enveloppe dans « l'essence
dra le Plérôme, le Démiurge sera élevé à la Région Moyenne. En de la Lumière Astrale » ou « degré le plus élevé du Plan Astral », ce
d'autres termes, quand le Manas Inférieur sera devenu un avec le qui le relie au plan physique, mais le sépare du Mental Supérieur
Mental Supérieur, les éléments Kâmiques qui suivent les éléments (D.S., III, 560, 578). Le Manas supérieur ne se mélangeant pas à
supérieurs et s'y impriment d'une façon permanente seront purifiés l'Astral, ne peut recevoir aucune impression du physique.
(« Lucifer », juin 1890, 319, 320). Car, si l'on adopte l'interprétation Comme le Psychique des Gnostiques, qui s'incline soit vers le
anthropologique, le Plérôme, Pistis-Sophia, et le Démiurge (Ildabaoth) Pneumatique ou Spirituel, soit vers l'Hylique ou matériel, le Mental
représentent respectivement le Mental Supérieur, le Mental Inférieur Inférieur dirige ses énergies vers le haut et vers le bas (« Lucifer »,
et Kâma. juin 1890, 319 ; D.S., III, 591). Ainsi que ses personnifications gnosti-
Le Plérôme, monde pneumatique ou spirituel (le plus haut des ques, Pistis-Sophia et Sophia-Achamoth, il est tiraillé dans les deux
quatre plans roûpa), est « le plan du mental, Manas, ou le cinquième sens. Le Psychique « étant au milieu du Spirituel et de l'Hylique, va
état de la matière » (D.S., II, 778). Manas, en effet, étant « le véhicule dans la direction où il est attiré ; tandis que le Spirituel (Manas)
de Mahat ou Idéation Divine (Mahâ-Bouddhi dans les Pourânas), a été envoyé de sorte qu'en s'unissant avec le Psychique ici-bas (c'est-
l'Ame Universelle Intelligente » (D.S., III, 517) doit être situé dans le à-dire en émettant le Kâma-Manas) il puisse prendre forme et soit
plan immédiatement inférieur au troisième plan cosmique qui est instruit avec lui (avec le Psychique ou Kâma-Roûpa) en partageant
celui de Mahat ou Mahâ-Bouddhi (D.S., III, 540). Chacun des quatre son existence » (« Lucifer », juin 1890, 319).
animaux de la vision d'Ezéchiel (l'Aigle, le Lion, le Taureau, et l'Ange) Dans le Diagramme V de la « Doctrine Secrète » (D.S., III, 568),
« représente l'une des quatre classes de mondes ou l'un des quatre les principes (Atmâ, Bouddhi, Manas Supérieur, etc...) mentionnés
plans à la ressemblance desquels chaque personnalité est formée ». sont les principes cosmiques et non humains. Ce qui correspond
126 DOCTRINES INITIATIQUES GNOSE ET DOCTRINE SECRETE 127

dans l'Univers au Manas, le cinquième principe humain, est Maliat, comme « un attribut de l'Akâsha » (E.W., 298, 299). Il s'ensuit qu'on
le cinquième principe cosmique (D.S., III, 555). Comme le fait remar- ne fait généralement pas de distinction « entre Prakriti, Mâyâ et
quer Mme Blavatsky, le Mental Inférieur qui, « du point de vue Shakti ; et les anciens philosophes hindous ne faisaient aucune
microcosmique » (ou humain), est le rayon du Mental Supérieur, différence entre la Matière et la Force » (E.W., 513). Cependant, la
correspond, « du point de vue macrocosmique » (ou universel) au Force (que les Occultistes identifient à la Vie) est distincte de la
Mental Supérieur (Manas), le rayon de Mahat (« Lucifer », mai 1890, Matière comme de l'Esprit et elle est produite après eux. Car elle
233, 5e note). Il s'ensuit que le plan indiqué, dans ce Diagramme V, résulte de leur union. « Brahman est le Kshetram ou la base,
comme celui du Mental Inférieur cosmique, est le plan du Mental l'Akâsha ou Prakriti est le germe ou semence, et Shakti est le pouvoir
Supérieur humain. produit par leur union ou contact » (E.W., 287, 288). Car, comme le fait
Mahat est le « Manas du Corps Cosmique » (D.S., III, 540), parce remarquer Subba Row, Prakriti (la Matière) n'est pas le Kshetram
que, situé sur le troisième plan cosmique (en commençant par le (champ) et Brahman (le Logos) n'est pas le germe qui y serait déposé.
plus spirituel) (D.S., III, 540), il est, relativement à l'Akâsha (le La réalité est l'inverse. L'Esprit (l'Un ou le Feu) vient en premier lieu.
sixième principe cosmique), comme Manas par rapport à Bouddhi Puis apparaît la Matière (le Deux ou l'Eau) et ce n'est qu'ensuite que
(D.S., III, 546). Manas (humain), le Rayon de Mahat (D.S., III, 494), surgit la Force produite par le contact des deux précédents, comme
se situant sur le quatrième plan cosmique, « s'étend vers le haut jus- le courant électrique jaillit d'une batterie dont les deux pôles sont
qu'à Mahat » (D.S., III, 558) et se trouve immédiatement au-dessus du mis en liaison. Au début du Mahâmanvantara, Moûlaprakriti vient
plan psychique. « Cinq et six couvrent, par conséquent, les plans qui avant la Force universelle.
vont du psychique au divin » (D.S., III, 558). Autrement dit, Manas et
Bouddhi, les cinquième et sixième principes humains, sont les condi- « La Force, donc, n'émerge pas avec la Substance Primor-
tions de conscience correspondant aux plans compris entre le psy- diale de la latence Parabrahmanique... Ainsi la Force et la
chique (le cinquième plan) et le divin (le premier plan en commen- première objectivation de Moûlaprakriti ne sont pas syn-
çant par le haut). chrones... La Force succède à Moûlaprakriti... » (D.S., II, 27,
28).
Les trois lettres du mot AIO, permutation de IAO, nom du
« Dieu-Mystère » des Gnostiques, représentent les trois plans aroûpa.
Elles symbolisent, également, « l'Esprit (A) relié à la Matière (0) Les combinaisons de Brahman (Esprit), Prakriti (Matière) et
par le Mental (I) » (Lucifer, octobre 1890, 147). Mme Blavatsky ajoute Shakti (Force), ces trois éléments primordiaux pris séparément,
que ces lettres représentent encore le Feu, l'Eau et l'Air, les « Elé- puis deux à la fois et enfin les trois ensemble, produisent les sept
ments de la Création Primaire » (D.S., I, 239, 369). principes humains. Atmâ est formé de Brahman ; Bouddhi, de
Le Feu, ou l'Esprit (Pouroucha) est la Déité, l'UN. L'Eau ou le Brahman et Shakti ; Manas, de Brahman et Prakriti ; Prâna (ou
DEUX est « la matière (le nombre tellement méprisé par les Pytha- Jîvâtman), de Brahman, Shakti et Prakriti ; Kâmaroûpa, de Shakti ;
goriciens, parce que la matière, per se, ne peut jamais être une Linga-Sharîra, de Prakriti et Shakti ; et Sthoûla-Sharîra (corps phy-
entité consciente) ». Quant à l'Air, il est « le Trois (ou le Triangle) » sique), de Prakriti (E.W., 289). L'homme est ainsi formé semblable-
qui, combinant la Monade et la Duade et participant à la nature des ment au spectre lumineux, où co-existent trois couleurs primordiales
deux, devient la triade ou le monde phénoménal » (C.W., III, 318). et quatre couleurs secondaires.
Nous reconnaissons dans cette Triade Mahat, le Mental Universel, Iaô, le Régent de la Lune, chef des Anges Lunaires composant la
qui est l'Univers subjectif et objectif (C.W., X., 352). seconde Hebdomade des Gnostiques, personnifiait les « Dieux-Mys-
La Matière est Prakriti ou Akâsha dont le premier produit est le tères » ou Régents Planétaires formant la première Hebdomade.
son ou Mahat (C.W., X, 314). Elle est également Pradhâna dont la Dans le traité Poimandrès, Hermès Trismégiste appelle les Pitris
première émanation est Mahat (D.S., III, 494). La Force (Shakti, ou Lunaires les sept Gouverneurs. Ceux-ci sont les « Sept Constructeurs »,
Lumière du Logos, ou encore la Couronne de la Lumière Astrale) est les « Esprits qui guident les opérations de la Nature dont les atomes
distincte de l'Akâsha. Celui-ci est « Prakriti dans son état primordial ». animés sont les ombres, dans leur propre monde, de 'leurs Primaires
Mais, « chaque fois qu'un résultat phénomènal est produit, la Shakti dans les Royaumes Astrals » (D.S., I, 520, 521). Ces « Sept Gouver-
agit en conjonction avec l'Akâsha » et peut donc être considérée neurs ou Créateurs et Régents du Monde Matériel » (D.S., II, 109)
128 DOCTRINES INITIATIQUES

sont inférieurs au personnage qu'Hermès appelle l'Homme Céleste.


Ce dernier est le « Logos » ou le « Fils » (D.S., II, 247, 1" note), c'est-
à-dire « la Somme totale de la Légion d'Anges qui étaient trop purs
pour la création des Mondes inférieurs ou des Hommes de notre
Globe, mais qui, néanmoins, tombèrent dans la Matière par suite de VEDANTA ET DOCTRINE SECRETE
cette même évolution, comme le Second Logos du Père » (D.S., II,
247). Car « tout Logos Créateur ou le Fils qui est un avec le Père
est la Légion des Rectores Mundi » (D.S., II, 247). Suivant le
Poimandrès, « la Nature, se mélangeant à l'Homme Céleste (Elohim Dans le Védanta Advaitiste, Sephira est appelée Chinmâtrâ. Subba
ou Dhyânis), produisit ... sept Hommes ... conformément à la nature Row définit celle-ci comme le « pouvoir ou la faculté qui donne
des sept Gouverneurs » (D.S., II, 2, ire note). Ces sept Hommes sont naissance à la perception », le germe de Prajnâ (D.S., II, 631, 1" note),
les sept Groupes humains émanés simultanément dans sept régions c'est-à-dire l'embryon de Mahat. Car Prajnâ est un synonyme de Mahat
de l'Ile Blanche, le premier Continent, et ils constituent la première (T.G., 259), le Troisième Logos. Ce germe est donc le Second Logos,
Race Racine. Ils forment le troisième Hebdomade des Gnostiques et I' « Idéation Universelle latente » (D.S., II, 631). En se développant, il
sont identiques aux sept Rois d'Edom de la Cabale. Ceux-ci furent produit l'Idéation Cosmique, Intelligence ou Universelle (E.W., 467 ;
détruits parce que la Première Race était imparfaite, étant « née C.W., X, 252). Les « idées » générées par cette Intelligence « sont les
avant que n'existât la balance (les sexes) ». Les sept Rois d'Edom conceptions de toutes les conditions d'existence dans le Cosmos,
disparurent « comme Race, en s'immergeant dans leur propre pro- existant dans ce qui peut être appelé le mental universel » (E.W.,
géniture (par exsudation) ». En d'autres termes, la première Race, 467, 468).
asexuée, se transforma dans la seconde Race « (potentiellement) bi- Selon Subba Row, Chinmâtrâ est la Vie Une (la Force), Svabhâ va t,
sexuelle » qui donna naissance aux androgynes de la Troisième Race, la Couronne de la Lumière Astrale ou la Shakti, mais aussi, sous son
lesquels, à la fin de cette Race, devinrent une humanité formée aspect objectif, Moûlaprakriti. Par ce dernier terme il désigne non
d'hommes et de femmes (D.S., II, 2). Quant à la « Nature » qui la Racine de la Matière, mais la Matière Primordiale Homogène,
mélange « harmonieusement » son essence à celle des sept « Pitris ou l'Akâsha ou Prakriti, la « base ou Adisthânam pour la transmission
Gouverneurs », elle est « le Corps Naturel, l'Ombre des Progéniteurs » des courants de force » (E.W., 298), autrement dit le véhicule de la
(D.S., II, 279 et 2e note). Shakti. Sous son aspect subjectif, Chinmâtrâ est non seulement la
Shakti, dais aussi Chidâkâsham, le « champ de l'Idéation Cosmique »,
(E.W., 468). Chidâkâsham-Chinmâtrâ-Moûlaprakriti, ou Esprit-Force-
Matière, est la plus haute Trinité du Védanta Advaitiste (E.W, 468).
Ce dernier envisage la manifestation cosmique d'un point de vue
subjectif, comme une évolution des consciences. Cette Cosmogonie est
complémentaire de la « doctrine des Arhats », ou Adeptes du Tibet, qui
adoptent un point de vue objectif en expliquant la manifestation de
l'Univers comme une évolution de la matière. Car les divers états de
la conscience, de la conscience absolue à Bahirprajnâ (Prajnâ Exté-
rieure), « ou la conscience sur le présent plan de l'existence », corres-
pondent aux différentes conditions de la matière. C'est ce qu'affirme
Subba Row dans les lignes suivantes :

« Tel est le sens de la Philosophie Advaitiste sur ce sujet


et il est, à mon humble avis, en harmonie avec la doctrine
des Arhats relative au même sujet. Cette dernière doctrine
postule l'existence de la matière cosmique dans un état non
130 DOCTR I NES INITIATIQUES VEDAN TA P.T DOCTRINE SIICRÎ?TIi 131

différencié, dans l'étendue infinie de l'espace... Cette doctrine Commentant cette affirmation, M'e Blavatsky déclare :
explique la cosmogonie d'une point de vue objectif. Quand
la période de l'activité arrive, des parties du tout se diffé- « La doctrine secrète des Arhats n'admet donc qu'une
rencient suivant la loi latente. Quand cette différenciation a INCONSCIENCE... absolue, indestructible, éternelle et non
commencé, la sagesse cachée, ou la Chichchhakti latente, créée... une Présence qui toujours a été, est, et sera... qu'il y
agit dans le mental universel et l'énergie cosmique ou Fohat ait un univers ou qu'il n'y en ait pas... Et cela est l'ESPACE,
forme l'univers manifesté, conformément aux conceptions le champ pour l'action des Forces éternelles et de la Loi
générées dans le mental universel, avec les principes diffé- naturelle, la base (comme l'appelle justement M. Subba
renciés de la matière cosmique. Cet univers manifesté cons- Row)... » (E.W., 312, 313).
titue un système solaire » (« Five Years Of Theosophy », 132,
133). Cette Présence (mot impliquant l'inconscience, rappelons-le) est
pour ainsi dire le pôle positif de l'univers dont le pôle négatif est la
Ainsi, comme le déclare Subba Row, « la matière cosmique non Matière, et du contact de ces deux principes opposés jaillit la Force
différenciée, Pouroucha, et la Vie Une des philosophes Arhats sont Universelle, la Shakti, le lien entre l'Esprit et la Matière.
la Moûlaprakriti, le Chidâkâsham et la Chinmâtrâ des philosophes L'unique différence, à la connaissance de Ar' Blavatsky, entre la
Advaitistes ». Et alors que les Arhats (Adeptes du Tibet) décrivent philosophie ésotérique du Védanta Advaitiste et la « doctrine ésoté-
« l'évolution du système solaire manifesté à partir de la matière non rique tibétaine ou des Arhats » (E.W., 292, note) est que les Védantins
différenciée », les Védantins Advaitistes exposent l'évolution de la identifient le septième principe humain à cette Présence, c'est-à-dire
conscience « à partir de l'originelle Chinmâtrâ » jusqu'à Bahirprajnâ à Parabrahman, alors que, selon les Arhats tibétains, l'impersonnel
(« Five Years of Theosophy », 133). Parabrahman ne peut « s'immerger ou se séparer en un fivatmel ou
dieu personnel d'une créature humaine ». Cette divergence de concep-
Dans l'Univers manifesté, Chinmâtrâ est l'Existence Initiale. Celle-
tions provient du fait que les Arhats Bouddhistes, à l'encontre des
ci « qui peut être appelée, quand elle est dans cet état, la VIE UNE,
Védantins, ne reconnaissent aucune déité (consciente) « en dehors de
est... une Pellicule faite à des fins créatrices ou formatrices. Elle se
l'homme » (E.W., 293, note). En raison de la similitude et complémen-
manifeste en sept états lesquels, avec leurs subdivisions septénaires,
tarité de ces deux philosophies, que, seule, sépare cette différence,
sont les quarante-neuf Feux mentionnés dans les livres sacrés » (D.S.,
Blavatsky qualifie la doctrine ésotérique des Arhats de « Védanta
I, 310). Rationaliste » et celle du Védanta Advaitiste de « Bouddhisme Trans-
Chidâkâsham est défini par Mm Blavatsky comme le « champ de cendental » (E.W., 311).
la conscience primordiale ». Il y a sept « champs » ou états de Disciple d'un Arhat tibétain, Mme Blavatsky prend évidemment
conscience. L'état primitif de conscience est une condition d'incons- position en faveur de la thèse bouddhique.
cience (ou de conscience latente). Chidâkâsham est le « champ de
la conscience latente qui persiste pendant la durée du premier et du « Bouddha a déclaré qu'il n'y a ni un Créateur, ni un
second Logoi non manifestés ». Mahat en émane : « Quand sonne ETRE ABSOLU. Le rationalisme bouddhique a toujours été
l'heure de l'apparition du Troisième Logos, alors rayonne de la trop conscient de l'insurmontable difficulté d'admettre une
potentialité latente un champ inférieur de conscience différenciée conscience absolue, car, selon les termes de Flint, « là où il
qui est Mahat » (C.W., X, 360). y a relation, il y a toujours dualité ». La Vie UNE est soit
L'expression « champ de la conscience primordiale » semble « MOUKTA » (absolue et inconditionnée) et ne peut avoir au-
étrange. On pense généralement que la Matière (Prakriti) est un cune relation avec quoi ou qui que ce soit ; ou bien elle est
champ (Kshetram) où est enfouie une semence qui, en se développant, « BADDHA » (liée et conditionnée), et alors elle ne peut être
devient la Conscience (Brahman). Cependant, comme nous ,l'avons appelée l'ABSOLU » (E.W., 311, 312).
indiqué, les Oupanishads exposent une doctrine différente. C'est
Brahman qui est « le Kshetram ou la base », Prakriti étant la Par contre, selon les Védantins, Parabrahman (l'Absolu) a de
semence (E.W., 287, 288). constantes relations avec le monde phénoménal du fait que, selon
eux, il est le septième principe humain. Cette conception ré-
I32 DOCTRINES INITIATIQUES

suite de leur doctrine des trois sortes de « Jîva » ou d'individualité


vivante. Ils distinguent le Jîva vyâvahârika, celui de l'existence
ordinaire, le Jîva prâtibhâsika, dont les expériences s'effectuent dans
un état d'hallucination ou d'illusion, et le Jîva pâramârthika qui,
seul, disent-ils est réel. Comme ils ne reconnaissent qu'une seule
Réalité, Parabrahman, ils l'identifient au Jîva pâramârthika que
« ésotérisme aryen » (celui du Védanta) considère, en conséquence,
comme le septième principe humain et appelle Jîvâtmâ (E.W., 311).

DEUXIEME PARTIE

L 'ANTHROPOGENESE
« Une pierre devient une plante ; une plante, un
animal ; l'animal, un homme ; un homme un esprit ;
et l'esprit un dieu. »
(Aphorisme cabalistique, D.S., I, 266).
LA CHAINE TERRESTRE

La Terre forme, avec six autres globes, une « Chaîne ». Les sphères
de ce système d'évolution s'étagent dans les quatre plans roûpa du
cosmos. Six d'entre elles sont constituées de matière subtile et sont
donc invisibles, seule la Terre étant située dans le dernier plan roûpa
(le plan physique). Chacun des trois plans roûpa supérieurs contient
deux des six compagnons de notre planète. Dans le Zend Avesta
des anciens Perses, ces six globes étaient appelés des Karshvars. Ces
sphères sont situées « dans trois plans au-dessus de notre Globe »
(le septième Karshvar), « deux à deux sur chaque plan, l'un sur
l'arc descendant, l'autre sur l'arc ascendant » (D.S., II, 801, 802).
Les êtres peuplant la chaîne passent successivement dans l'un
des deux globes situés dans chacun des trois premiers plans roûpa
(les globes A, B et C) puis parviennent sur notre Terre (le globe D),
parcourant ainsi l'arc descendant. Ils s'élèvent ensuite, de plan en
plan, séjournant tour à tour dans les globes E, F et G, sur l'arc
ascendant (du milieu le plus matériel à celui le plus spirituel). Notre
globe, placé au point tournant, à la jonction des deux arcs, occupe
le quatrième rang sur l'arc descendant. La population de la Chaîne
est destinée à parcourir sept fois ce chapelet de globes. Puis, ceux-ci
se désintégrant, elle poursuivra son évolution, après un long repos
(pralaya inter-chaîne) dans une nouvelle chaîne composée également
de sept globes dont un seul sera physique.
La Terre a un long passé dont la durée était évaluée par les
Hindous à 1 955 884 687 ans en 1887, année où fut écrite la partie
de « La Doctrine Secrète » où ces indications sont données. La
chronologie des Brahmanes est presque d'accord, sur ce point, avec
la Cosmogonie ésotérique (D.S., II, 72, 73). Notre planète a donc
déjà eu une très longue existence pendant laquelle ont eu lieu trois
« Rondes » et demie. Une « Ronde » est le parcours des sept globes
de la Chaîne (du globe A au globe G) par la population de ce système
d'évolution. La durée d'occupation d'un globe par cette population
est une « période mondiale ». Au cours de chaque période mondiale,
chacune des sept catégories d'êtres peuplant la chaîne (trois règnes
élémentals, règne Minéral, règne végétal, règne animal et règne
136 DOCTRINES INITIATIQUES LA CHAINE TERRESTRE 137

humain) passe par sept phases successives. Celles-ci, en ce qui et ils n'étaient donc pas, « pendant les trois Rondes précédentes,
concerne l'humanité, sont appelées des Races Racines ou Races Mères, comme ils sont maintenant. Autant que nous sachions, le FEU a été
pour les distinguer de leurs subdivisions. Chaque Race Racine com- de l'Akâsha pur, semble-t-il, la Première Matière du « Magnum Opus »
porte sept sous-races (qui se succèdent avec un certain chevauche- des Créateurs et Constructeurs... ; l'AIR simplement de l'Azote... ;
ment, de même que les Races-Racines, la fin de l'une co-existant avec l'EAU le fluide primordial nécessaire, suivant Moïse, pour faire une
le début de la suivante), dont chacune donne naissance à sept rameaux Arne Vivante » (D.S., I, 272, 273).
(ou « races-familles »). Ces derniers se ramifient eux-mêmes en nations L'évolution des Eléments va nécessairement de pair avec celle de
ou tribus, lesquelles sont « innombrables et dépendent de l'action la conscience des habitants de la Chaîne. Ceux-ci ont besoin d'orga-
karmique » (D.S., II, 452). nismes qui leur sont fournis par les Eléments et qui doivent être
Selon la « Doctrine Secrète », la Chaîne terrestre ne comportant, constamment adaptés à leur conscience, dont le niveau s'élève sans
comme les autres Chaînes planétaires de notre Système Solaire, cesse. Il existe d'ailleurs une interaction incessante entre les cons-
qu'une seule sphère physique (le globe terrestre), ne comprend pas ciences et les milieux matériels dont proviennent leurs véhicules.
les planètes Mars, Mercure et Vénus qui font partie, chacune, d'une « Les éléments, simples ou composés, n'auraient pu rester
autre chaîne. Signalons que Mars est « à présent dans un état d'obcu- les mêmes depuis le commencement de l'évolution de notre
ration », que Mercure vient de sortir d'un tel état, et que « Vénus Chaîne. Chaque chose, dans l'Univers, progresse régulière-
est dans sa dernière Ronde » (D.S., I, 188). ment dans le Grand Cycle, en même temps qu'elle s'élève et
Dans notre période mondiale (la quatrième de notre globe terrestre, descend incessamment dans les Cycles plus petits... La
car nous sommes dans la quatrième Ronde), quatre Races Racines vie minérale, la vie végétale, et la vie humaine doivent
sont apparues et ont disparu, l'une après l'autre et, dans la cinquième toujours adapter leurs organismes aux Eléments qui règnent.
Race actuelle (la race Aryenne), cinq sous-races se sont déjà succédées, En conséquence, ces Eléments étaient, dans le passé, adaptés
deux autres devant prendre naissance avant l'extinction de cette à ces vies comme ils le sont maintenant à la vie de l'humanité
Race. Nous avons donc à peine dépassé le point médian de notre actuelle » (D.S., I, 278).
Chaîne, point atteint au milieu de la quatrième Race (celle des
Atlantes). Un Maître de Sagesse a succinctement retracé les principales
Dans chaque Ronde se manifeste un nouvel Elément cosmique. phases de l'évolution de l'humanité dans les trois Rondes et demie
Après le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre, le cinquième Elément, l'Ether, qui se sont déjà succédées dans notre Chaîne Planétaire. Dans la
sera perçu par l'humanité de la cinquième Ronde. Première Ronde, déclare-t-il, l'homme était bien différent de nous.
Dépourvu de mental (Manas) et super-spirituel, il était éthéré, d'énor-
« La succession des aspects primitifs de la Nature aux- mes proportions et son corps, monstrueux comme celui de ses
quels se rapporte la succession des Rondes est relative, contemporains des règnes végétal et animal, correspondait à son
comme on l'a déjà indiqué, au développement des Eléments entourage grossier.
(dans le sens occulte) Feu, Air, Eau, Terre. Nous sommes Dans la seconde Ronde, l'être humain était encore très spirituel.
seulement dans la Quatrième Ronde, et notre catalogue Son mental, embryonnaire, ne se développait que fort lentement.
s'arrête là. L'ordre dans lequel ces Eléments sont mentionnés Quant à son corps, encore gigantesque, il se condensa progressive-
dans l'avant-dernière phrase est l'ordre correct, pour les fins ment, tout en demeurant éthéré.
ésotériques et dans les Enseignements Secrets » (D.S., I, L'homme de la troisième Ronde fut moins spirituel, et plus
272, 273). intelligent, ou plutôt plus rusé. Son corps, de forme simiesque,
devint plus compact. Sa stature était encore gigantesque au début
Les Eléments maintenant manifestés n'étaient pas, dans les de la Ronde, mais diminua à la fin.
Rondes antérieures, dans leur état actuel. Car, comme toutes choses C'est dans notre quatrième Ronde que le mental humain parvient à
dans la Nature, ils ne cessent de se transformer. « Si la Nature est le un énorme développement. Sur notre globe, l'humanité obtient la
toujours-devenir sur le plan manifesté, ces Eléments... doivent évoluer, parole, perfectionne son langage et acquiert une connaissance étendue
progresser et augmenter jusqu'à la fin manvantarique » (D.S., I, 271) des choses physiques. Dans la quatrième Race, alors qu'augmente
138 DOCTRINES INITIATIQUES LA MAINE TERRI?S FRE 139

énormément l'activité intellectuelle des hommes, par contre leur en bref, des « combinaisons d'animaux et d'hommes divers, de
spiritualité décline fortement. Les nations passent par des phases poissons, de reptiles et d'autres animaux monstrueux prenant les
de grande civilisation et de décadence. Les sciences, les arts, la formes et visages les uns des autres » (D.S., II, 57).
littérature et la philosophie prennent parfois leur essor, atteignent un La « Nature Physique » productrice de ces êtres était personnifiée
très haut sommet, puis ces âges de haute culture font place à des clans la cosmogonie chaldéenne, par Thalath, la Mer ou l'Eau, « qui
périodes d'obscurantisme et de barbarie où les peuples récoltent les est finalement conquise par Belus, le principe mâle ». Ce dernier
effets produits par leur mauvais Karma. Depuis qu'il a dépassé le extermine tous les êtres de cauchemar auxquels Thalath a donné
milieu de la quatrième Race, qui est en même temps le milieu de naissance (D.S., II, 57). Formés à l'aide des vestiges minéraux,
notre Ronde, ainsi que celui de notre Chaîne, l'homme manifeste des végétaux et animaux provenant des trois premières Rondes, les
tendances à devenir, ou plutôt à redevenir, plus spirituel. Après avoir hideux Hommes Aquatiques « furent détruits par les Lhas d'en haut
parcouru tout l'arc descendant de son évolution, il est, depuis ce et les Lhamayin d'en bas » qui sont, respectivement, des Etres Célestes
point médian, sur l'arc ascendant. En lui, l'Ego Spirituel intensifie surhumains (D.S., II, 25) et des Elémentals (T.G., 188).
sa lutte contre « le corps et le mental pour manifester ses pouvoirs
transcendants » (M.L., 87).
Précisons que 300 000 000 ans se sont écoulés du commencement
de la première Ronde à l'apparition du premier homme dans notre
Chaîne planétaire qui a eu lieu il y a 1 664 500 987 ans (D.S., II, 72,
3e note).
C'est dans la troisième Race qu'apparurent, il y a environ dix-huit
millions d'années, les premiers hommes pourvus d'un corps physique
dense (D.S., II, 49). Les hommes des deux premières Races et du
début de la troisième n'étaient qu'embryonnaires, sans mental et
dotés seulement d'un corps fluidique.
Pendant les trois cents millions d'années qui, dans la présente
quatrième Ronde, précédèrent la première Race, la Terre rejeta ses
trois vieilles « peaux », c'est-à-dire les résidus des trois Rondes
précédentes. Elle s'est « écorchée », selon l'expression imagée de
Pistis Sophia (Lucifer, mars 1891, 39, 1" note). Elle s'est ensuite
revêtue de la première de ses sept nouvelles « peaux ». Ce fut le
premier des « sept changements géologiques qui accompagnent l'évo-
lution des sept Races-Racines de l'Humanité et leur correspondent »
(D.S., II, 50, 51).
Au cours de la période préliminaire pré-humaine de trois cents
millions d'années, la Nature créa toute seule, sans l'assistance des
Fils de la Sagesse représentant l'élément mâle (ou spirituel) du
Cosmos, des « Hommes Aquatiques terribles et mauvais » (D.S., II,
55). Ceux-ci, « production de la Nature Physique seule » et premier
essai de création de l'homme, « la couronne et le but de toute la
vie animale sur Terre », étaient des êtres monstrueux. Ils demeuraient
dans l'Eau, symbole de l'élément femelle du Cosmos. Ils avaient
l'aspect d'hommes à deux ou quatre ailes, d' « êtres humains à deux
têtes, avec les pattes et les cornes d'un bouc », de « centaures, tau-
reaux à tête d'homme », de « chiens à queue de poisson ». Ils étaient,
LES PROGENITEURS DE L'HOMME

C'est après cette destruction que commença la création de la


première race. Les « Lhas » inférieurs fournissent aux hommes de
cette race leur corps éthéré et sont donc les « Progéniteurs » de
l'être humain. Ils sont pourvus d'un « corps double (Forme Astrale
dans une Forme Ethérée) ». Les Hindous les appellent Prajâpatis
(Seigneurs des Créatures), Pitris (Pères) et Shishta (Semences). Dans
les corps fluidiques qu'ils projettent s'incarnent les Monades humai-
nes formées des septième et sixième principes (Atmâ et Bouddhi),
appelées Dragons Doubles et Deux Lettres, chaque principe humain
étant symbolisé par une lettre (D.S., II, 60, 4e note). Elles viennent
des « Sphères de l'Attente », « Sphères Intermédiaires où, dit-on, les
Monades qui n'ont pas atteint le Nirvâna sommeillent dans une inac-
tivité inconsciente entre les Manvantaras » (D.S., II, 60, 5e note).

« D'abord viennent les SOI-EXISTANTS sur cette Terre.


Ils sont les « Vies Spirituelles » projetées par la VOLONTE
et la LOI absolues, à l'Aube de chaque Renaissance des
Mondes. Ces Vies sont les divins « Shishta » (les Manous-
Semences ou les Prajâpatis et les Pitris). D'eux proviennent :
1) La Première Race, les « Soi-Nés », qui sont les Ombres
(astrales) de leurs Progéniteurs. Le Corps était dépourvu de
toute compréhension (mental, intelligence et volonté). L'Etre
Intérieur (le Soi Supérieur ou Monade), quoique dans la
charpente terrestre, n'était pas relié à celle-ci. Le lien, le
Manas, n'était pas encore là. 2) De la Première (Race) émana
la Seconde, appelée la « Née de la Sueur » et la « Sans Os ».
C'est la Seconde Race-Racine, dotée par les Préservateurs
(Râkshasas) et les Dieux incarnants (les Asouras et Koumâ-
ras) de la première étincelle, faible et primitive (le germe
de l'intelligence). Et de celle-ci procède à son tour. 3) La
Troisième Race-Racine, la « Double » (l'Androgyne). Les pre-
mières Races sont des Coques jusqu'à ce que la Troisième
Race soit « habitée » (c'est-à-dire informée) par les Dhyânis »
(D.S., II, 173, 174).
142 DOCTRINES IN I T I AT I QUER LLIS PROGÉNITEURS DE 1:110MMII 143

Les Soi-Existants sont les Progéniteurs de l'homme, les Anges Ils sont les Mânasa-poutras (Fils du Mental) (T.G., 150), Mânasas ou
Lunaires. Ces « ancêtres de l'homme... font suinter leur double astral Mânasa Dhyânis de l'Occultisme oriental, les « Pitris les plus élevés
hors des formes simiesques qu'ils avaient évoluées dans la Troisième des Pourdnas », les « Agnishvâtthas ou Ancêtres Solaires de l'Homme ».
Ronde » (D.S., I, 203). Ils sont appelés « Shishta » (mot sanscrit Ils « ont doté l'humanité de manas ou d'intelligence » et sont « les
signifiant « Reste ») parce qu'ils sont restés sur notre globe pendant EGOS immortels dans les hommes » (T.G., 203). Iaô Hebdomas (D.S.,
sa période d'obscuration, avant le renouveau de la vie terrestre dans 1, 483) était donc le nom collectif donné par les Gnostiques aux
notre Ronde actuelle (la quatrième). « Rebelles » et sa signification ésotérique est celle de Prométhée et
de Lucifer.
« On doit aussi se rappeler que les Monades qui entrent Les Pitris Lunaires sont la catégorie inférieure des Amshaspends
dans le cycle évolutif sur le Globe A dans la première Ronde des Zoroastriens. Ces derniers « considéraient leurs Amshaspends
sont à des stades de développement très différents... Les comme des entités doubles (Ferouers) ». Cette doctrine était univer-
plus développées, les Monades Lunaires, atteignent le stade sellement répandue dans l'antiquité. C'est ainsi qu'au sixième siècle
humain germinal dans la Première Ronde. Ils deviennent Damascius déclarait que, dans les Oracles Chaldéens, « les sept
des êtres humains terrestres quoique très éthérés vers la Cosmocratores du Monde (les Piliers du Monde), également men-
fin de la Troisième Ronde, restant sur le Globe pendant tionnés par Saint Paul, sont doubles, une série étant chargée de
toute la période d' « obscuration », comme semence de gouverner les mondes supérieurs, spirituels et sidéraux, et l'autre
l'humanité future de la Quatrième Ronde, et deviennent série de diriger les mondes de matière et de veiller sur eux ». Cette
ainsi les pionniers de l'Humanité au commencement de la distinction correspondait à celle faite par Jamblique, dans son
présente Quatrième Ronde » (D.S., I, 204). ouvrage De Mysteriis (II, chap. 3) entre les Archanges et les Archontes
( D.S., I, 255, 256).
Ces derniers sont les Archanges devenus « des Ferouers ou
leur propre ombre, ayant une mission à accomplir sur terre ».
Les Progéniteurs, « Dévas ou Hommes Divins » qui, dès l'Epoque Cette condition implique « une ubiquité mystique », une « double
Primordiale, apparaissent sur Terre (D.S., II, 752) pour y projeter la vie », une « espèce d'action hypostatique », une vie active « de
« semence de vie », sont répartis en « sept Classes, des plus parfaits pureté dans une région supérieure » et une autre existence « d'ac-
aux moins exaltés » (D.S., II, 752, 3e note). « La Quatrième Hiérarchie tivité terrestre exercée sur notre plan » (T.G., 29). A ce propos,
ou Hiérarchie Kâmique des Pitris devient l'homme de chair » (D.S., l'Occultisme se sépare résolument de la doctrine de l'Eglise Catho-
III, 559). lique Romaine. Car celle-ci considère les Archanges comme divins et
Les sept classes de Pitris forment la seconde Hebdomade « leurs Double* comme des Diables. Mais le mot Ferouer ne doit pas
des Gnostiques. Subordonnés aux Anges composant la première être compris dans ce sens, car il signifie simplement le revers ou le
Hebdomade (appelés Rebelles par les théologiens alors que leur côté opposé d'un attribut ou d'une qualité. Ainsi quand l'Occultiste
prétendue désobéissance n'est que l'abstention normale de participer dit que le « Démon est le contraire de Dieu » (le mal, le revers de la
à une tâche incombant à une autre catégorie d'Anges), ces Pitris médaille), il ne veut pas dire deux réalités séparées, mais deux aspects
Lunaires sont des « Anges Inférieurs capables de construire l'homme ou facettes de la même Unité. Mais l'homme le meilleur vivant côte
physique seulement » avec l'aide de la Nature. A cette fin, ils projettent à côte avec un Archange... paraîtrait un démon. D'où une certaine
« hors d'eux-mêmes la Forme Ethérée » et laissent la forme physique raison pour déprécier un Double inférieur, immergé bien plus pro-
se développer graduellement à partir de ce « modèle éthérique ou, fondément dans la matière que son original », quoiqu'il n'y ait aucune
comme on dirait maintenant, protoplasmique » (D.S., II, 159). raison de considérer les « Doubles » des Archanges comme des
Diables (D.S., I, 256).
Les Anges de la seconde Hebdomade, supérieurs seulement aux Les Amshaspends ou Cosmocratores sont, dans leur état primitif,
Esprits de la Terre (D.S., I, 483, 3e note) ont pour chef Iaô, « le les « Triples » ou « Triades » émanés du Second Ordre d'Etres
Dieu Mystère et le Régent de la Lune » (D.S., I, 483). Ce Dieu des Célestes et composant le Troisième Ordre (D.S., I, 237, 238). Ils sont
Mystères est, comme nous l'avons dit, l'ensemble des sept classes ainsi appelés parce qu'ils sont composés de trois Principes, Atmâ,
d'Anges Solaires composant la première Hebdomade des Gnostiques. Bouddhi et Manas. C'est ce Triple « qui se différencie », sa partie
144 DOCTRINES INITIATIQUES LES PROGENITEURS DE L'HOMME 145
plus matérielle étant « précipitée dans l'univers de substance, quand Emanés du « Principe non différencié », les Dhyân Chohans de la
une séparation intervient entre le céleste et le terrestre » (D.S., I, 237). première classe de Prajâpatis
C'est cette différenciation des Triples qui explique l' « ubiquité mys-
tique » des Cosmocratores. « sont formés de l'Esprit de l'Elément Unique. La seconde
catégorie ou seconde Emanation est constituée de l'Ame des
« Car, par la permutation mystique et mystère des renais- éléments. Les êtres de la troisième catégorie ont un « corps
sances primordiales et de l'ajustement, les Sept Rishis sont, mental » auquel ils ne sont pas assujettis, mais qu'ils peuvent
en réalité, identiques aux sept Prajâpatis, les pères et créateurs assumer et gouverner comme un corps, qui est soumis à leur
de l'humanité et, aussi, aux Koumâras, les premiers fils de volonté en forme et substance. Se séparant de cette (troi-
Brahmâ qui refusèrent de procréer ou multiplier. Cette sième) catégorie, ils (les esprits, anges, Dévas ou Dhyân
contradiction apparente est expliquée par la nature septuple... Chohans) ont des CORPS. Leur premier groupe roûpa est
des hommes célestes, les Dhyân Chohans. Cette nature est composé d'un élément, l'Ether ; le second groupe, de deux
divisée et séparée ; et, tandis que les principes supérieurs (éther et feu) ; le troisième, de trois (éther, feu et eau) ; le
(Atmâ-Bouddhi) des « Créateurs des Hommes » sont déclarés quatrième, de quatre (éther, air, feu et eau). Puis vient
être les Esprits des sept constellations, leurs principes mé- l'homme qui, outre les quatre éléments, a le cinquième qui
dians et inférieurs sont reliés à la terre... demeurant Kau- prédomine en lui (la Terre) » (C.W., VII, 188).
mâriques (vierges et non souillés). On dit, en conséquence,
qu'ils ont refusé de créer. Ils sont, pour cela, maudits et
condamnés à naître et renaître comme des « Adams », ainsi Les trois Faces Cabalistiques correspondent aux « natures mysti-
que diraient les Sémites » (D.S., III, 196). ques du premier Groupe de Dhyân Chohans, dans le régimen ignis...
divisé en trois classes ». Il existe une « progression dans les natures
angéliques, à savoir du passif à l'actif ; les derniers de ces Etres sont
Les « Triples » qui se « divisent » constituent la troisième classe aussi près de l'Elément Ahamkâra (la région ou le plan où l'état
de Pitris ou Prajâpatis émanés par les Lipika qui composent la d'Ego, ou le sentiment « Je suis », commence à se préciser) que les
seconde classe de Prajâpatis. premiers sont proches de l'Essence non différenciée. Les premiers
sont Aroûpa, incorporels, et les derniers sont Roûpa, corporels »
« Les premiers Pitris ou Pitris primordiaux, les « Sept (D.S., I, 218, 219).
Fils du Feu » ou de la Flamme, sont divisés en sept classes
(comme les Sept Séphiroth...) dont trois sont Aroûpa, sans Les Prajâpatis de la première classe apparaissent dans le Monde
forme, « composées de substance intellectuellemet non élémen- Originel des anciens Chaldéens, ceux de la seconde classe (Lipika)
taire », et quatre sont corporelles. Les premiers sont du pur se manifestent dans leur monde Intelligible et les « Triples » font
Agni (feu)... Etant une essence sans forme, purement spiri- leur apparition dans leur troisième monde, qualifiés par eux de
tuelle, dans le premier degré de l'évolution, ils ne pouvaient Céleste.
pas créer ce dont la forme prototypique n'était pas dans leur
« Dans la Cabale Chaldéenne ou Juive, le Cosmos est
mental, car c'est la première condition. Ils ne pouvaient que
divisé en sept mondes : l'Originel, l'Intelligible, le Céleste,
donner naissance aux êtres « nés du mental », leurs « Fils »,
l'Elérnentaire, le Moindre (Astral), l'Infernal (Kâma-Loka ou
la seconde classe de Pitris (ou Prajâpatis, ou Rishis, etc.), Hadès) et le Temporel (celui de l'homme). Dans le système
d'un degré plus matériels. Ceux-ci donnèrent naissance à la
Chaldéen, c'est dans le Monde Intelligible, le second, qu'ap-
troisième classe, la dernière des classes Aroûpa, C'est seule-
paraissent les « Sept Anges de la Présence »... Ils sont aussi
ment cette dernière classe qui fut capable, avec l'aide du
les « Constructeurs » de la Doctrine Orientale, et c'est seule-
Quatrième principe de l'Ame Universelle (Aditi, Akâsha), de
ment dans le troisième monde, le monde céleste, que les
produire des êtres qui devinrent objectifs et pourvus d'une sept planètes et notre système solaire sont construits par
forme » (C.W., VI, 191).
les sept Anges Planétaires, dont les planètes deviennent les
corps visibles » (D.S., III, 202).

in
146 DOCTRINES INITIATIQUES LES PROGÉNI l'EURS DE L'HOMME 1 47

Ces Anges Planétaires, « Constructeurs de notre univers », sont Ceux-ci sont non seulement au-dessus d'eux mais, comme nous
les « Gardiens naturels des sept Régions de notre Système Plané- l'avons indiqué, au-dessus des Pitris Lunaires. Ils supervisent le
taire ». L'un « des plus puissants parmi ces sept Anges créateurs travail des Esprits de la Terre, et sont les « Cosmocratores » qui ont
du troisième ordre » est le Régent de la planète Saturne (D.S., III, 115). façonné notre Système Solaire (D.S., II, 26). Il y a donc une grande
Les « Cosmocratores construisent, dans le Mental Divin, sur des différence entre les Régents des planètes sacrées (les sept Logoï
plans qui leur sont visibles, quoiqu'ils ne le soient pas pour nous ». Les issus de Mahat) et « les Régents d'une petite chaîne comme la nôtre »
Constructeurs les plus humbles, les Elémentals, sont dirigés par les (C.W., X, 340), car « l'esprit terrestre » n'est pas « d'un très haut
Cosmocratores plus élevés. Ce sont eux qui produisent, notamment, grade » (C.W., X, 341). Remarquons que les « sept Planètes ne sont
la « variation protectrice » de la coloration de certains insectes (mimé- pas limitées à ce nombre parce que les Anciens n'en connaissaient
tisme) grâce à laquelle ceux-ci se confondent avec leur entourage pas d'autres, mais simplement parce qu'elles étaient les Maisons
(plantes ou sol) et évitent, ainsi, de devenir la proie d'autres animaux primitives ou primordiales des sept Logoï ». Quel que soit le nombre
(D.S., III, 561). de planètes découvertes dans notre Système Solaire, il n'en demeure
Dans la Cabale, Netzah (la septième Séphira) correspond, comme pas moins que « seules ces sept Planètes sont sacrées » (D.S., II, 637,
nous l'avons déjà dit, « aux Elohim androgynes, à Vénus-Lucifer 3' note).
et à Baal, et finalement à la lettre Vaou ou au Microprosope, Les Esprits de la Terre (Régents de notre chaîne Planétaire) sont
le Logos. Tous appartiennent au monde formatif » (ou monde Jetzira- des « Roûpa-dévas », des « Dhyân Chohans ayant des formes » et des
tique). « Tous sont des septénaires et tous sont associés à la formation « ex-hommes ». L'Adepte Kout-Houmi fait, à leur propos, la remarque
plastique et à la MATIERE » (C.W., VIII, 148). Esotériquement, la suivante : « Les Esprits Planétaires de notre Terre ne sont pas des
lettre hébraïque Vaou, troisième du nom divin J H V H représente, plus élevés, comme vous pouvez bien l'imaginer, puisque, ainsi que
comme nous l'avons indiqué, le Microprosope (Zeir Anpin), c'est-à-dire le dit Subba Row dans sa critique de l'ouvrage d'Oxley, aucun Adepte
les six Séphiroth venant après Binah et avant Malkrouth, cette Oriental n'aimerait être comparé à un ange ou un Déva » (M.L., 104).
dernière étant le « monde matériel créé » (C.W., VIII, 154). Les « plus saints » de ces Roûpa-dévas ont pour demeure le Maharloka,
Les Cosmocratores (les Pitris Lunaires constituant la sixième le plus haut des quatre plans cosmiques inférieurs (dits plans roûpa).
Hiérarchie Créatrice) sont « des Entités éthérées, conscientes, aussi Les Roûpa-devas qui sont les « gardiens du monde animal » sont
invisibles que l'Ether ». Ils font émaner d'eux « d'innombrables dans le Kâma Loka (deuxième plan roûpa en commençant par le plus
groupes secondaires dont les plus bas sont les Esprits de la Nature bas) (D.S., III, 568, Diagramme V).
ou Elémentals d'espèces et de variétés sans nombre, allant des La troisième Hebdomade des Gnostiques était « composé des
organismes sans formes et non substantiels (pensées idéales de leurs sept hommes primordiaux, les ombres des Dieux Lunaires projetés
créateurs) aux corps atomiques, quoique invisibles pour la perception par la première Hebdomade » (D.S., I, 484). Ainsi que nous l'avons
humaine ». Ces corps ne sont pas constitués d'atomes physiques mais dit, l'homme dut attendre l'intervention, dans la Troisième Race,
d' « esprits des atomes », créatures qui, si elles ne sont pas à propre- des Anges Solaires (les Koumâras), « Façonneurs de l'Homme Inter-
ment parler intelligentes, n'en sont pas moins susceptibles d'éprouver ne » (D.S., II, 152) pour obtenir le Manas. C'est alors seulement que
des sensations (D.S., I, 241). l'homme fut un être complet, en possession de ses sept principes.
Les Pitris « ont fini leur travail dans cette Ronde et sont allés au L'égyptologue G. Massey affirmait donc à tort que l'être humain a
Nirvâna. Mais ils reviendront pour faire le même travail jusqu'au été d'emblée créé « avec ses sept éléments, principes ou âmes » (D.S.,
milieu de la Cinquième Ronde » (D.S., III, 559). « Ayant projeté leurs III, 197). En réalité sa création s'est effectuée en deux phases
Ombres et fait des hommes d'un Elément (Ether), les Progéniteurs séparées par un énorme laps de temps. Une première création ne
remontent au Mahâ-Loka d'où ils descendent périodiquement, quand produisit que l'homme incomplet de la Première Race. Dans la Gnose
le Monde est renouvelé, pour donner naissance à de nouveaux elle était l'oeuvre des six Fils d'Ildabaoth. Ceux-ci, qui n'étaient pas
Hommes » (D.S., II, 96). des êtres, mais des légions d'Anges, firent, à l'incitation de leur père,
Les Esprits de la Terre auxquels les Pitris Lunaires sont supé- « un homme gigantesque qui gisait sur terre et se tortillait comme un
rieurs sont, collectivement, le Régent de notre planète. Ils sont des ver (l'homme des premières rondes et races) » (Lucifer, août 1890,
Esprits Planétaires, comme les Régents des planètes sacrées. 497). Ces Fils d'Ildabaoth, identiques aux Pitris Lunaires, proviennent
148 DOCTRINES INITIATIQUES LES PROGÉNITEURS DE L'HOMME 149

de la Chaîne Lunaire qui a précédé la nôtre et dont notre Chaîne Dans la Cosmogonie des Nazaréens, Fetahil, le « Créateur du
Terrestre est la continuation et, pour ainsi dire, la réincarnation. Ils monde physique » (T.G., 205), est identique à Ildabaoth, le Démiurges
sont la première classe de Monades Lunaires qui passent, dans la des Gnostiques. Il représente « la légion des Pitris qui ont créé
première Ronde, successivement, dans « tout le triple cycle des l'homme comme une coque seulement » (D.S., I, 217, 1" note). Moins
règnes minéral, végétal et animal, dans leurs formes les plus éthérées, élevé que lui, Bahak Zivo (c'est-à-dire les Roûpa-devas ou Esprits
ténues et rudimentaires, de façon à se vêtir de la nature de la Chaîne de la Terre) ne réussit pas davantage dans cette tâche.
nouvellement formée et assimiler cette nature ». Ils sont « les pre-
miers à atteindre la forme humaine (s'il peut y avoir une forme « Bahak Zivo, le « Père des Génies », reçoit l'ordre de
quelconque dans le royaume du presque subjectif) sur le globe A, construire des créatures (de « créer »). Mais, comme il est
dans la première Ronde ». Au cours de cette Ronde initiale, ils ont « ignorant d'Orcus », il ne réussit pas à le faire et appelle à
répété ce processus sur les six autres globes de notre Chaîne, puis son aide Fetahil, un esprit encore plus pur, qui échoue
ont « conduit et représenté l'élément humain pendant les Seconde encore plus » (D.S., I, 216).
et Troisième Rondes ». Ils ont, ensuite, projeté « leurs ombres » au
début de notre Ronde pour fournir des corps éthérés à d'autres êtres Bien inférieurs aux Dieux Lunaires sont les Elémentals appelés
qui avaient atteint, après eux, le niveau humain (D.S., I, 197) et qui « Pères » dans les Stances de Dzyan. Pourvus du Kavyavâhana, le
forment la seconde classe de Monades Lunaires. Feu Electrique ou « Feu qui brûle dans la Terre » (D.S., II, 107), ils
étaient démunis de « l'élément Mahatique supérieur », c'est-à-dire
« Les Monades Lunaires, ou Pitris, les ancêtres de du Manas. Se trouvant « au niveau des Principes supérieurs (ceux
l'homme, deviennent, en réalité, l'homme lui-même. Ils sont qui précèdent la matière grossière objective), ils ne pouvaient donner
les Monades qui entrent dans le cycle d'évolution sur le naissance qu'à l'homme extérieur » (D.S., II, 82). Ils ne pouvaient
Globe A et qui, passant autour de la Chaîne de Globes, évo- donner « que ce qu'ils avaient dans leur propre nature, et rien de
luent la forme humaine comme on vient de le montrer. Au plus » (D.S., II, 100). Ne possédant que le « feu créateur physique »,
commencement du stade humain de la Quatrième Ronde, ils étaient seulement capables de « créer, ou plutôt revêtir les Mona-
sur notre Globe, ils font « suinter » leur double astral hors des humaines de leur propre Soi Astral » (D.S., II, 99).
de la forme « simiesque » qu'ils avaient évoluée dans la
« L'homme ne doit pas être comme l'un de nous, disent
Troisième Ronde. Et c'est cette forme subtile et éthérée qui
les Dieux Créateurs chargés de la fabrication de l'animal
sert de modèle autour duquel la Nature construit l'homme
inférieur — mais supérieur. La création par eux de l'appa-
physique. Ces Monades ou Etincelles Divines sont, ainsi, les
rence des hommes avec leur propre Essence divine signifie,
Ancêtres Lunaires, les Pitris eux-mêmes ; car ces Esprits
ésotériquement, que ce sont eux qui sont devenus la Première
Lunaires doivent devenir des « hommes » de façon que leurs
Race et qui ont ainsi partagé sa destinée et son évolution
Monades puissent atteindre un plan supérieur d'activité et
de soi-conscience, c'est-à-dire le plan des Mânasa-Poutras, ultérieure. Ils n'ont pas donné à l'homme l'étincelle sacrée
ceux qui, dans la dernière partie de la Troisième Race- qui brûle et s'épanouit dans la fleur de la raison humaine
Racine, dotent de «mental » les coques « dénuées de sens » parce qu'ils ne pouvaient pas le faire, ne l'ayant pas pour la
créées et informées par les Pitris » (D.S., I, 203). donner » (D.S., II, 99).

On lit dans le Codex Nazareus que, pour contrebalancer la mau-


Les Pitris Lunaires ont été « les Pygrnalions de l'Homme Primitif, vaise influence des « sept stellaires mal disposés » (I.D., II, 296) ou des
ils n'ont pas réussi à animer la statue (intellectuellement) » (D.S., sept « Figures » engendrées par le Spiritus, l'aspect inférieur de
II, 108). Ils sont, collectivement, « le Prométhée malheureux qui ne Sophia-Achamoth dont l'aspect supérieur est. Fetahil (I.D., II, 174),
réussit pas à s'emparer du Feu Vivant nécessaire pour la formation Kebar Zivo, « le puissant Seigneur de Splendeur, produit sept autres
de l'Ame Divine, car il ignore le nom secret, le nom ineffable et vies (les vertus cardinales) qui brillent dans leur propre forme et
incommunicable des Cabalistes » (D.S., I, 217, ire note). lumière d'en haut » (D.S., I, 217). Ces stellaires mal disposés, « pro-
géniture de Karabtanos, la personnification de la concupiscence et
150 DOCTR NES INITIATIQUES LES PROGENITEU 128 DE L'HOMME 151

de la matière » sont les sept planètes physiques (T.G., 71). Kebar nom Abatour est dérivé du terme Ab qui signifie Père. Il est, effecti-
Zivo, « le procréateur (émanateur) des sept vies saintes (les sept vement, le Père du Démiurge Fetahil « que les Ophites appellent
Dhyân Chohans primordiaux ou Archanges dont chacun représente 1 l da-Baoth ». Il l'engendre en « regardant dans l'eau sombre », tout
l'une des Vertus Cardinales) » est « la troisième vie (le troisième comme Sophia-Achamoth (identique à Binah) « engendre son Fils
Logos) » (T.G., 159). Cette troisième vie est aussi appelée Abatour (I.D., Ilda-Baoth, le Démiurge, en regardant le chaos de matière ». Ish Amon
II, 228). Celui-ci est la Vigne, et il est donc identique au Christ qui (la Shakti), appelée aussi le Seigneur Jourdain, est la « manifestation
déclare : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le Laboureur » ou émanation du Jourdain Maximus » (I.D., II, 295). Ce dernier, le
(T.G., 159). Il est, en conséquence, le Christos des Gnostiques et le Jourdain Invisible ou Spirituel, est « l'Esprit de la Couronne la plus
Chokmah de la Cabale. Ce « Mot » (D.S., II, 743, 2e note) ou Logos Haute », ou du « Seigneur Suprême de splendeur et de lumière »
Manifesté, est une Légion d'Etres Spirituels. Le « Père » de Jésus (Parabrahman). Cette Couronne forme avec le Seigneur Ferho (Pre-
est son « Dieu dans le Ciel » ou Dieu Personnel, son Ferouer ou mier Logos ou Logos non manifesté), la vie non révélée qui existait
Fravarshi. Tout être, quel qu'il soit, divin, humain, « animal, plante en elle de toute éternité, et avec le Jourdain Invisible (Moûlaprakriti
ou même élément », a un Ferouer qui est sa « contre-partie spiri- ou Shekinah), une trinité in abscondito (I.D., II, 228).
tuelle ». C'est ainsi qu'Ahoura Mazda conseillait à Zarathoustra de Chokmah, le « Mot », est l'Esprit, et Binah, sa « Reine » ou Shakti,
ne pas l'invoquer lui-même, mais de faire appel à son Fravarshi,
est la Nature. Les êtres émanés de Chokmah (appelés collec-
« c'est-à-dire l'essence impersonnelle et véritable de la Déité, une avec
tivement Aebel Zivo et Lehdaio par les Nazaréens) sont les
le propre Atmâ (ou Christos) de Zoroastre » (D.S., II, 502, 504).
Anges Solaires qui « complètent » l'homme de la Troisième Race en
Les « sept vies saintes » produites par Kebar Zivo ou Cabar Zio, lui fournissant le Manas (Mental Supérieur). Les Anges Lunaires,
et les sept Aeons dont le chef est Mano, le Rex Lucis, sont les Régents issus de Binah, constituent la seconde Hebdomade des Gnostiques ;
des sept Planètes Sacrées (T.G., 71, 159), les « Dieux-Mystères » ce sont eux qui, en émanant leurs « Chhâyâs », ont doté les premiers
composant la première Hebdomade des Gnostiques. Ils sont identi- hommes de notre Ronde, sur notre Globe, de corps fluidiques.
ques aux sept Aeons des Gnostiques dirigés par Christos, aux sept
Esprits de Dieu de l'Apocalypse et aux sept Rishis des Hindous (I.D., « L'univers a un Régent (des Régents collectivement)
II, 296). Ils sont personnifiés, dans le Codex Nazareus, par Aebel Zivo, placé sur lui, Régent appelé le MOT (Logos). L'Esprit
le « Metatron ou Esprit Oint des Gnostiques Nazaréens » (T.G., 8), fabriquant est sa Reine. Tous deux sont le Premier Pouvoir
et sont, collectivement, le « Logos révélé, Christos, l'Apôtre Gabriel après l'UN. Ils sont l'Esprit et la Nature, et tous deux
et le premier Légat ou Messager de Lumière » (I.D., II, 174), le « génie forment notre Univers Illusoire. Les deux inséparables de-
envoyé par le Seigneur de Celsitude » (I.D., II, 204), c'est-à-dire par meurent dans l'Univers des Idées aussi longtemps qu'il dure,
Mano (I.D., II, 228). Ils sont également représentés par Lehdaio, le puis reviennent se dissoudre dans Parabrahman, l'Un tou-
« Seigneur Juste », issu de Mano (I.D., II, 228). Ces « vies saintes » jours sans changement. « L'Esprit dont l'essence est éternelle,
sont les Egos Supérieurs des hommes, les Koumâras constituant la une, et soi-existante » émane une pure Lumière éthérée (une
Cinquième Hiérarchie Créatrice. lumière double non perceptible aux sens élémentaires) sui-
Mano fait partie d'une trinité de « vies » et correspond à Ennoia vant les Pourânas, la Bible, le Sepher Yetzirah... Dans la
(I.D., II, 295), ou Kether, le Protogonos. Il est la première Vie issue Cabale, qui explique le sens secret de la Genèse, cette Lu-
du Seigneur Ferho. La seconde Vie est Ish Amon, la manifestation du mière est l'Homme-Double, ou les Anges Androgynes (ou
« Jourdain Spirituel », « l'eau vivante de la grâce », par laquelle plutôt Asexués) dont le nom générique est Adam Kadmon.
seulement nous pouvons être sauvés et qui correspond à la Shekinah Ce sont eux qui complètent l'homme dont la forme éthérée
de la Cabale. Lehdaio est le « Christos, l'Oint, qui répand la grâce est émanée par d'autres Etres divins, mais de loin inférieurs,
du Jourdain Invisible » (I.D., II, 228). En d'autres termes, il transmet qui solidifient le corps avec de l'argile ou la poussière du
la Shekinah, la « Grâce Divine » et l'épouse (symboliquement) du sol » (D.S., II, 40).
Metatron (D.S., II, 226). De l'union des deux premières Vies (les
septième et sixième principes cosmiques) naît la troisième, Abatour,
qui est l'équivalent de Mahat, le cinquième principe cosmique. Le
152 DOCTRINES INITIATIQUES

Ces Anges formant l'Homme-Double ou Adam Kadmon (Mahat)


sont, nous l'avons vu, les Anges secondaires émanés par les Elohim
(D.S., I, 359). Ils sont les sept Sephiroth, identiques aux sept Logoï de
la « Doctrine Secrète ». Car Adam Kadmon est la « synthèse des
Sephiroth » (D.S., II, 744, 2 note) tout comme Mahat est la « synthèse
LA PREMIERE RACE
e

des sept rayons créateurs, -les Sept Logoï » (C.W., X, 313). Adam
Kadmon, l'Homme Céleste ou Homme Double, est la forme assumée
par l' « Ancien », Tikkoun (Kether, Ennoia ou l'Homme Primitif, le
Protogonos). Ce dernier, avant l'apparition d'Adam Kadmon, produit
Sept Races-Racines doivent évoluer successivement, chacune sur
des Mondes qui sont détruits (ce sont les Rois d'Edom de la Bible)
un Continent particulier, dans la présente période mondiale de
parce qu'il leur manque la Balance (équilibre des forces centrifuge
notre globe terrestre. Dans les Pourânas hindous, ces sept Continents
et centripète, ou de l'Esprit et de la Matière). Ces mondes sont
sont désignés par le terme « dvîpa » qui signifie île. Ces « îles ou
appelés des Scintillas (Étincelles) dans le « Zohar » parce qu'ils sont
continents plutôt » (D.S., II, 801) sont appelés Jambou, Plaksha,
comparés à des étincelles jaillissant « sous le marteau du forgeron »
Shalmâli, Kousha, Krauncha, Shâka et Poushkara (D.S., II, 422,
(celui-ci étant Tikkoun) (« Ha Idra Zuta Qadisha » ou « Petite Assem-
4< note). Ces noms désignent également les sept globes de notre
blée Sainte ») (D.S., II, 744).
chaîne. Jambou-dvîpa est le nom donné à notre terre, le seul globe
Tikkoun est un mot hébraïque employé dans deux sens différents physique de notre chaîne planétaire (D.S., II, 334). Dans le Vichnou
par Mme Blavatsky. Il désigne, tout d'abord, comme nous venons de Pourâna, il est déclaré que chaque dvîpa est gouverné par un Roi
l'indiquer, Kether ou le Protogonos, « la Forme et l'Idée Universelle qui, invariablement, a sept fils. C'est une « allusion aux sept sous-
qui engendrent le Logos manifesté, Adam Kadmon » (D.S., II, 28). races » (D.S., II, 386, 2e note).
Dans une seconde acception, Tikkoun est « l'Homme Manifesté ou Le premier continent, la « Terre Sacrée Impérissable », couvrant
Adam Kadmon, le premier rayon du Logos manifesté » (T.G., 334), « tout le Pôle Nord comme une croûte d'un seul tenant », est demeuré
c'est-à-dire Mahat. C'est cette seconde signification qu'il faut attribuer intact. Contrairement aux autres Continents qui apparaissent et
à ce terme dans le grand diagramme cabalistique figurant dans « Isis disparaissent en même temps que leurs Races respectives, il doit
Dévoilée » (I.D., II, 264). Le terme correspondant, dans le second subsister pendant toute la période mondiale actuelle, étant « le seul
grand diagramme (hindou) de cet ouvrage, est Virâj qui est identique, dont la destinée est de durer du début à la fin du Manvantara, dans
ainsi que nous l'avons dit, à Mahat (T.G., 203), c'est-à-dire à la forme chaque Ronde ». Il est « le berceau du premier homme et la demeure
du Protogonos « reflétée dans le Chaos » (D.S., II, 744) (ou dans le du dernier mortel divin choisi comme Shishta pour la semence
Père-Mère, sixième principe cosmique). Signalons que le mot Tikkoun future d'humanité » (D.S., II, 6). Il est la « Terre Centrale Eternelle »,
est généralement employé, par les Cabalistes, pour désigner le réta- « immortelle » et « indestructible » pendant le Manvantara (D.S.,
blissement d'un état originel de perfection, ou « la rédemption du II, 418) de notre Ronde (D.S., II, 418, 3e note). Les « anciens Hindous
monde par l'homme ». Le destin de celui-ci est de « remonter » les divisaient la face du Globe en sept Zones, Climats, Dvîpas, géogra-
divers niveaux d'existence que représentent les vingt-deux lettres de phiquement ». C'est « le Pôle Nord, la région de Merou, qui est la
l'alphabet hébraïque, du Tav à l'Aleph ou l'Unité (chaque lettre septième subdivision, car il correspond au septième Principe »,
hébraïque correspondant à un nombre) « où réside le Maître du l'immuable Atmâ (D.S., II, 421). Le Mont Merou et Shveta Dvîpa (en
monde » (Guy Casaril, « Rabbi Siméon bar Yochaï et la Cabale », 165). sanscrit : Ile Blanche) sont les noms donnés, dans les Pourânas, au
premier Continent, nommé dans le Zoroastrisme Airyana Vaêjô, et,
« La fin secrète du monde, son but et son achèvement par les Occultistes, la « Terre des Dieux » (D.S., II, 5, 6). « Ni l'Atlan-
résident dans la restitution (tikkoun) de l'état originel. Elle tide, ni même Shankha-dvîpa, n'ont jamais été appelées l'Ile Blanche...
sera le résultat d'un processus d'évolution dont l'homme Selon la tradition tibétaine, l'Ile Blanche est la seule région qui
même détient la clé. La venue du Messie, la Rédemption échappe au sort général des autres Dvîpas ; elle ne peut être
générale et le retour à l'Un sont la forme dernière du tikkoun. détruite ni par le feu, ni par l'eau, car elle est la Terre Eternelle »
L'homme en est responsable » (Guy Casaril, op. cit., 151). (D.S., II, 426, note). Shankha-dvîpa est le nom donné, dans la litté-
154 DOCTRINES INITIAI'IQUES 1,A EREM I 1A411 RACI? 155

rature pourânique, à « Poséidonis (l'Atlantide de Platon) » (D.S., II, Les « Pralayas géologiques » raciaux sont des cataclysmes qui
426). Ce n'était qu'une « île mineure » comme le déclare le Vâyou Pou- surviennent à la fin des Races-Racines, modifiant profondément la
râna (D.S., II, 423), le dernier vestige de l'immense Atlantide, le configuration des terres émergées de notre globe. Pendant « la pré-
continent de la quatrième Race. Le Mont Mérou est « décrit géogra- sente Ronde, il doit y avoir sept Pralayas terrestres occasionnés par
phiquement comme « passant au milieu du globe terrestre et saillant le changement de l'inclinaison de l'axe de la Terre » (D.S., II, 344).
de chaque côté ». A l'endroit supérieur sont les Dieux, à l'extrémité Les hommes de la Première Race ont été créés, simultanément,
inférieure ou Pôle Sud, est la demeure de Démons (Enfers) » (D.S., dans sept régions du premier Continent, « au Pôle Arctique de la
II, 422). Il s'ensuit que chaque action bénéfique « (astrale et cosmique) Terre (alors) unique » (D.S., II, 343). Les régions arctiques n'ont
vient du Pôle Nord, chaque influence mortelle vient du Pôle Sud ». pas toujours été des contrées glacées. « Les Livres Secrets nous
En outre, la région polaire septentrionale est appelée l'extrémité informent que le climat a changé plus d'une fois dans ces régions
droite ou la tête de la terre et la région du pôle sud est dite son depuis que les premiers hommes ont habité ces latitudes maintenant
extrémité gauche ou ses pieds. La première est reliée à la Magie presque inaccessibles. Elles furent un Paradis avant de devenir un
Blanche ou de la main droite et la seconde à la Magie Noire ou de la Enfer» (D.S., II, 817).
main gauche (D.S., II, 418, ire note). La première humanité a donc, dès sa création, été divisée en sept
Ces deux régions sont des soupapes de sûreté pour notre globe. groupes distincts. Elle a ainsi été faite à l'image des Chaînes Plané-
« Les deux Pôles sont, dit-on, les magasins, les réceptacles et, en taires septénaires. Dans les Hymnes du Rig Véda, les sept rayons de
même temps, les libérateurs de la Vitalité (Electricité) cosmique et Soûrya (le Soleil) « sont représentés comme parallèles aux sept
terrestre, dont le surplus aurait depuis longtemps mis en pièces la Mondes de chaque Chaîne Planétaire et aux sept rivières du Ciel et
Terre s'il n'y avait eu ces deux soupapes de sûreté naturelles » (D.S., de la Terre, les premières rivières étant les sept Légions créatrices et
I, 226). les autres les sept Hommes ou groupes humains primitifs » (D.S., II,
Le Mérou, tout en ayant ses racines dans l'Himalaya, est ainsi 640). Les sept rivières du Ciel sont « les Dieux Créateurs qui descen-
la région du Pôle Nord. Il existe une « ceinture » terrestre qui sépare dent », et les sept rivières de la Terre constituent « les sept Huma-
nités primitives » (D.S., II, 641), c'est-à-dire les sept groupes humains
les hémisphères nord et sud. « L'Occultisme indique que cette
créés simultanément et constituant la première Race Racine.
« ceinture » est la Chaîne de l'Himalaya et maintient que celle-ci
Les hommes de cette Race initiale, bien différents de nous,
encercle le Globe, que ce soit sous l'eau ou au-dessus » (D.S., II, 419,
ire n'étaient que « l'Astral, adombré par Atmâ-Bouddhi, tombant dans
note). Dans cette ceinture sont « cachées la vie et la santé de tout
ce qui vit et respire » (D.S., II, 418). Cette force tellurique est le « sang la matière ». Ces « sacs à poudding », selon l'expression de Mn" Bla-
de la Terre ». C'est le courant électromagnétique emmagasiné dans vatsky, possédaient « la Vie et Atmâ-Bouddhi, mais pas de Manas.
le « nombril » de notre Globe et qui circule dans tout celui-ci, Ils étaient, en conséquence, dépourvus de sens » (D.S., III, 559).
comme le sang dans notre corps (D.S., II, 419, 1" note). Ce n'est que dans la troisième Race que l'être Humain fut pourvu
de Manas (Mental) et d'un corps physique. Pendant les deux pre-
Chacun des sept « dvîpas » mentionnés dans les Pourânas désigne mières Races, il n'eut qu'un corps éthéré. Celui-ci est ce que les
non seulement l'ensemble des territoires où évolue une Race-Racine Hindous nomment Chhâyâ (Ombre) et les Cabalistes Tzelem (Image).
particulière, mais aussi ce qui en reste après le « Pralaya géologi- « La Chhâyâ est identique au Corps Astral » (D.S., III, 593), autrement
que » qui survient à la fin de cette Race. Dans un troisième sens, il dit, au Linga Sharîra, le deuxième principe humain.
signifie les terres « qui entreront, après des cataclysmes futurs, L'homme de la première Race, totalement dépourvu de Kâma (le
dans la formation de nouveaux Continents, Péninsules ou Dvîpas principe, qui inspire les passions), était un être spirituel, mal à l'aise
universels ». Cette troisième signification explique l'affirmation que dans son corps fluidique. « Adam le Second, ou la première Race
« certaines parties de l'Amérique, de l'Afrique, et de l'Asie Centrale créée, que Platon appelle dieux et la Bible, Elohim, n'était pas triple
avec la région de Gobi » entrent dans la constitution de Shâka et de dans sa nature ». Formé d'un esprit et d'un corps, mais sans âme
Poushkara « qui n'existent pas encore » (D.S., II, 422, 5e note), et que pour les relier, il était « un composé d'éléments astrals sublimés,
« Poushkara est l'Amérique du Nord et du Sud » géographiquement dans lequel le Père avait insufflé un esprit immortel et divin ». Ce
(D.S., II, 421). dernier tentait sans cesse de se libérer de la prison qu'était pour lui
un corps, même éthéré (I.D., I, 299).
156 DOCTRINES INITIATIQUES LA PREMIÈRE RACE 157

Les hommes de la première Race étaient des « esprits immortels D'abord viennent, sur terre, les « Soi-Existants », Pitris ou « divins
et divins », des Dhyân Chohans. Mme Blavatsky les dépeint comme Shishta » (les Anges Lunaires). Ils « précédèrent nos races d'hommes
« sans passion, purs et sans mental ». Ils n'avaient « aucune lutte, et ils étaient, physiquement aussi bien que spirituellement, bien
aucune passion à écraser ». Aussi doit-on faire « passer les Dhyân supérieurs à nos pygmées modernes. Dans le Mânava Dharma Shâstra
Chohans par l'Ecole de la Vie ». A cette fin, les hommes de la troi- ils sont appelés les Ancêtres Lunaires » (T.G., 255). D'eux proviennent
sième Race sont dotés du Mental grâce auquel ils peuvent s'instruire. les « Auto-Nés », les hommes de la première Race « qui sont les
Comme le dit Mme Blavatsky, « Dieu va à l'Ecole » (D.S., III, 559). La Ombres (Astrales) de leurs Progéniteurs » et sont « dépourvus de
Monade (Atmâ-Bouddhi) seule, sans le secours du Manas, n'est pas toute compréhension (mental, intelligence et volonté) », car « le
apte à procurer à l'être humain une instruction quelconque au cours Manas, n'était pas encore là » (D.S., II, 173). Chacun des Amânasas
de son existence terrestre. Effectivement, identique à la « TOUTE- (sans Manas) composant la « Race Chhâyâ », c'est-à-dire la première
FORCE », elle est « toute puissante sur le plan Aroûpa ou sans Race, était « inférieur à son Père » (D.S., II, 95), car l'Ange Lunaire
forme », mais, sur notre plan, son essence étant trop pure, « ellé qui lui avait fourni, son corps éthéré « était un Etre complet de
reste toute potentielle, mais individuellement devient inactive » son espèce » (D.S., II, 101), étant pourvu, lui, du Manas.
(D.S., II, 116). Les Pitris Lunaires sont personnifiés, dans la Bible, par Noé. Ce
L'homme descendit progressivement de la spiritualité de la dernier est « identique au Shishta hindou, la Semence humaine
première Race à l'extrême matérialité des derniers Atlandes (qua- laissée pour le peuplement de la Terre et provenant d'une création
trième Race). Ayant dépassé le point le plus bas de sa carrière, au ou d'un Manvantara antérieur » (D.S., II, 630). Le nom Shishta
milieu de la quatrième Race, il s'est engagé sur l'arc ascendant de (Reste) s'applique d'ailleurs aussi bien aux Pitris Lunaires qu'aux
son évolution. Il poursuivra son ascension pendant le reste de la Pitris (ou Ancêtres) Solaires qui ont fourni le Mental (Manas) à
présente Race, puis au cours des sixième et septième Races. Avant l'homme de la Troisième Race, le rendant ainsi « Parfait » (dans le
le point tournant, sur l'arc descendant, l'homme est sous l'influence sens de complet).
de son enveloppe astrale (I.D., I, 299). Le point médian franchi, il
échappe de plus en plus à cette influence à laquelle succède celle de « En conséquence, lorsque sonna l'heure pour le Pou-
son Ego Supérieur. roucha de monter sur les épaules de Prakriti pour la forma-
Leur corps fluidique fut fourni aux premiers hommes par les tion de l'Homme Parfait (l'homme rudimentaire des deux
Anges Constructeurs appelés Pitris (Pères) par les Hindous et Elohim premières Races et de la première moitié de la troisième
par les Cabalistes. Créée par Kriyâshakti (le mystérieux pouvoir de Race n'étant que le premier des mammifères devenu gra-
la pensée), la « Chhâyâ est, en réalité, le Manas inférieur, l'ombre duellement le plus parfait des mammifères), les Ancêtres
du Mental supérieur. Cette Chhâyâ fait le Mayavi Roûpa. Le Rayon se Célestes (Entités provenant de Mondes précédents et appelés
revêt dans le plus haut degré du Plan Astral » (D.S., III, 559, 560). Shishta dans l'Inde) firent leur entrée sur notre plan, s'in-
Les Elohim créent la forme fluidique de l'homme primitif en proje- carnant dans l'homme physique et animal comme les Pitris
tant leur Tzelem, comme les Pitris projettent leur Chhâyâ. De sorte y avaient, avant eux, fait leur entrée pour la formation de
que la doctrine ésotérique que « la Première Race de l'humanité a cet homme. Ainsi les processus des deux « créations » (de
été formée avec les Chhâyâs ou Images Astrales des Pitris est plei- l'homme animal et de l'homme divin) diffèrent grandement.
nement corroborée dans le Zohar : Dans le Tzelem, l'ombre-image Les Pitris projetèrent hors de leur corps éthéré des répliques
d'Elohim (les Pitris), il fit Adam (l'homme) » (D.S., II, 145). d'eux-mêmes encore plus éthérées et plus nuageuses, ou ce
Dieu créa l'homme à son image (Tzelem), déclare la Genèse (I, 27). que nous appellerions maintenant des « doubles » ou des
Depuis que l'homme se reproduit sexuellement (c'est-à-dire depuis « formes astrales », à leur propre ressemblance » (D.S., I,
la troisième Race), cette « image » (corps fluidique) « attend l'enfant 268).
et le reçoit au moment de sa conception ; et ce tzelem est notre
linga sharîra » (T.G., 377). « Le corps astral est d'abord dans la
matrice. Puis vient le germe qui le fructifie. Il est ensuite revêtu
de matière » (D.S., III, 559).
158 DOCTRINES INITIATIOUES

Les Pitris Lunaires sont, dans la mythologie hindoue, issus du


Corps de Crépuscule de Brahmâ et, en conséquence, appelés les
Fils du Crépuscule (D.S., II, 127, 128, 172). Les hommes « créés » par
eux, étant seulement pourvus d'un corps éthéré, étaient invulnérables.
« Les Auto-Nés étaient les Chhâyâs, les ombres émanées des corps
des Fils du Crépuscule. Ni l'eau, ni le feu ne pouvaient les détruire »
(D.S., II, 146). LA SECONDE RACE
C'est l'Ego inférieur, le Soi personnel « avec son égoïsme sauvage
et son désir animal (Tanhâ) de vivre une existence dépourvue de sens,
qui est le constructeur du tabernacle, comme l'appelle Bouddha dans
le Dhammapada ». Les « Sois Astrals humains » construisent « le Les Amânasas (sans Mental) composant la « Race Chhâyâ » (D.S.,
II, 95) ne connurent pas la mort. Ils passèrent donc, sans transition,
tabernacle physique de l'homme pour qu'y logent la Monade et son
dans d'autres corps fluidiques, ceux de la Seconde Race. « La vieille
principe conscient, le Manas » (D.S., II, 116).
Race Primitive se fondit dans la Seconde Race et devint une avec
Les dispositions pour le mal que manifestent actuellement les
elle » (D.S., II, 128).
hommes sont anormales, l'humanité ayant franchi « le point médian »
et s'étant engagée sur l'arc ascendant de son évolution. « En vérité, Bien qu'asexués « et même encore dépourvus du véhicule de
le vice et la méchanceté sont des manifestations anormales, antina- désirs ou Kâma Roûpa, lequel ne se forma que dans la Troisième
turelles dans la période actuelle de notre évolution humaine (ou du Race », les « Fils du Yoga », c'est-à-dire les hommes de la première
moins ils devraient l'être) » (D.S., II, 116, 117). Pendant les trois Race (D.S., II, 122) donnèrent naissance à la Seconde Race. Ils le
premières Races-Racines et la première moitié de la quatrième, firent inconsciemment, comme les plantes procréent leur espèce, ou
c'est-à-dire « jusqu'au point médian ou tournant, ce sont les Ombres comme se reproduisent les amibes, mais à un niveau plus éthéré
Astrales des Progéniteurs, des Pitris Lunaires qui sont les pouvoirs (D.S., II, 123). C'est pourquoi leur progéniture, les hommes de la
formateurs ». Ces pouvoirs font évoluer graduellement « la forme Seconde Race, sont appelés les « Fils du Yoga Passif » (D.S., II, 175).
physique vers la perfection, et cela au prix d'une perte de Spiri-
« De la Première (Race) émana la Seconde, appelée la
tualité ». Mais, ainsi que nous l'avons déjà indiqué, « à partir du
« Née de la Sueur » et la « Sans Os ». C'est la Seconde Race-
point tournant, c'est l'Ego Supérieur ou Principe Incarnant, le Nous
Racine, pourvue par les Préservateurs (Râkshasas) et les
ou Mental, qui règne sur l'Ego Animal et le gouverne, quand il n'est
Dieux qui s'incarnent (les Asouras et Koumâras) de la pre-
pas entraîné vers le bas par ce dernier. En bref, la Spiritualité est
mière Etincelle, primitive et faible (lé germe de l'intelli-
sur son arc ascendant » (D.S., II, 116).
gence) » (D.S., II, 174).

Les hommes des deux premières Races, ainsi que ceux du début
de la troisième, furent des Coques, « jusqu'à ce que les derniers
fussent habités (c'est-à-dire informés) par les Dhyânis » (D.S., II, 174).
Comme les Pitris (Monades Lunaires moins évoluées que les
« Divins Shistas ») s'étaient totalement « immergés dans leur propre
Corps Astral, qui était leur progéniture, de même cette dernière fut
absorbée dans ses descendants, les Nés-de-la-Sueur ». Les « Fils du
Yoga » n'étant pas soumis à la mort, leur corps ne pouvait être
déserté par leur âme, transformé ainsi en cadavre et désintégré. Il
ne pouvait être détruit mais seulement se fondre dans le corps des
Nés-de-la-Sueur. « La vieille Race ou Race primitive se fondit dans
la seconde Race et ne fit plus qu'une avec elle » (D.S., II, 128). Les
Nés-de-la-Sueur furent la seconde Humanité composée de monstres
160 DOCTRINES INITIATIQUES LA SECONDE RACE 161

« à demi humains, et gigantesques, les plus hétérogènes, premières termes quand il eût acquis le premier développement du
tentatives de construction de corps humains par la Nature matérielle » Mental et lorsque fût implanté en lui le Manas... Pramlochâ
(D.S., II, 146). est la Lilith hindoue de l'Adam aryen. Et Mârichâ, la fille
Dans la Bible, la première Race est personnifiée par « Adam solus. née de la transpiration de ses pores, est la « Née-de-la-
Puis vint la Seconde Race : (Adam-Eve ou Jod-Heva) des Androgynes Sueur » et symbolise la Seconde Race de l'humanité » (D.S.,
inactifs ; et finalement, la Troisième Race ou l'Hermaphrodite qui II, 185).
se sépare, Caïn et Abel, qui produisent la Quatrième Race, Seth-
Enos, etc. » (D.S., II, 142). Les hommes de la première Race furent les « Images » ou « dou-
Les Autos-nés ont, « pour ainsi dire, suinté hors des corps des bles » astrals d'êtres qui étaient les entités « les plus avancées prove-
Pitris » (D.S., II, 183). La première Race prend donc naissance par nant d'une Sphère précédente quoique inférieure, dont la coque est
un mode asexué de procréation. Une allusion à ce mode de repro- maintenant notre Lune. Mais, même cette coque est toute-puissante,
duction est faite, dans les Pourânas hindous, avec la légende de car la Lune ayant généré la Terre, son fantôme, attiré par l'affinité
Sanjnâ, la fille de Vishvarkarman. Celle-ci, mariée au Soleil et magnétique, a cherché à former les premiers habitants de notre
incapable de supporter les ardeurs de son mari, lui donna son ombre globe, les monstres pré-humains » (D.S., II, 121).
(chhâyâ), puis se retira dans la jungle pour y pratiquer des austérités.
Le Soleil fit de cette ombre son épouse et « comme Adam avec Lilith, « Alors que les Dieux ont été générés dans le sein andro-
une ombre éthérée aussi », engendra avec elle des enfants. (D.S., II, gyne de cette Sagesse (Svabhâvat, l'Espace-Mère), les ré-
183). flexions de cette Sagesse devinrent sur Terre la femme
La première Race engendra la seconde Race d'une façon également Omorôka, qui est la Thavatth (ou Thalatth) chaldéenne, la
asexuée. Un autre mythe hindou est une allusion à la naissance des Thalassa grecque, la Profondeur ou la Mer laquelle, ésotéri-
« Nés de la Sueur ». C'est l'histoire, racontée dans les Pourânas, de quement et même exotériquement, est la Lune. Ce fut la Lune
Kandou. Ce dernier symbolise l'homme de la Première Race. Réduit (Omorôka) qui présida à la création monstrueuse d'êtres
à sa Monade (Atmâ-Bouddhi), au principe vital et à un corps éthéré, indéfinissables qui furent tués par les Dhyânis » (D.S., II,
il est un être « spirituel », d'une pureté que n'a souillée aucun désir 122).
inférieur, Kâma (le principe des désirs) étant encore inexistant en lui.
Il est donc représenté comme « un Sage et un Yogî », éminent par Les hommes de la Seconde Race furent produits par voie de
sa Sagesse et ses pieuses austérités. Il éveille la jalousie des Dieux bourgeonnement. Ces hommes sont appelés, dans les Stances de
dont le Roi, Indra, lui envoie, pour le séduire, une apsaras (nymphe) Dzyan, les Asexués, issus des « Sans-Sexe » (D.S., II, 122). Ces der-
nommée Pramlochâ. Celle-ci y parvient et reste avec lui pendant niers sont les hommes de la première Race, « les Chhâyâs émanées des
neuf cent sept ans, six mois et trois jours, laps de temps qui semble corps brillants des Seigneurs, des Pères, des Fils du Crépuscule »
à Kandou ne durer qu'un jour. Quand il sort de cet état d'enchan- (D.S., II, 127).
tement, il chasse Pramlochâ qui s'enfuit dans les airs, en essuyant la Au moment de la reproduction, un bourgeonnement se produit
transpiration de son corps avec les feuilles des arbres. dans la forme astrale qui sert de revêtement à l'être humain de la
Première Race. Un germe est ainsi créé qui se nourrit de l'Aura de
« Kandou représente la Première Race. Il est le fils des celui qui lui a donné naissance. Lorsqu'il est pleinement développé
Pitris et donc « dépourvu de mental », fait auquel il est fait il se sépare graduellement de son progéniteur, en amputant celui-ci
allusion par la déclaration qu'il est incapable de discerner d'une partie de son Aura qu'il s'approprie et emporte avec lui (D.S.,
d'un jour une période de presque un millier d'années. On le II, 124). « Les hommes de la première Race (Racine) furent les Pères
montre, donc, comme facilement trompé et aveuglé. C'est des Nés-de-la-Sueur. Ceux de la dernière partie de la Seconde Race
une variante de l'allégorie de la Genèse, celle d'Adam né ( Racine) furent eux-mêmes les Nés-de-la-Sueur » (D.S., II, 124).
comme une image d'argile dans laquelle le « Seigneur Dieu »
insuffle le « souffle de vie », mais non le souffle d'intellect et
de discernement qui ne se sont développés qu'après qu'il eût
goûté au fruit de l'Arbre de la Connaissance, en d'autres
LA TROISIEME RACE

C'est dans la troisième Race qu'apparaissent les premiers hommes


physiques. Ils furent d'abord des « nés de la Sueur », puis des « nés
de l'Œuf ». Dans le mythe hindou, Daksha, le fils de Marichâ (celle-ci
symbolise, nous l'avons vu, la seconde Race) est, ésotériquement,
« le progéniteur des vrais hommes physiques » (D.S., II, 186) qui
naissent dans la troisième Race.

« Le début de la Troisième Race, donc, est formé de


gouttes de « Sueur » lesquelles, après de nombreuses trans-
formations, grandissent en formant des corps humains »
(D.S., II, 186).

Graduellement, le mode de procréation des hommes de la troi-


sième Race se transforma. « Ils ont émané, dit-on une vis formativa
qui changea les gouttes de transpiration en gouttes plus grandes
lesquelles grandirent, prirent de l'extension et devinrent des corps
ovoïdes, d'énormes oeufs. Dans ceux-ci, le foetus humain restait en
gestation pendant plusieurs années. Dans les Pourânas, Mârichâ, la
fille de Kandou, le sage, devient la femme des Prachetasas et la
mère de Daksha. Or Daksha est le père des premiers Progéniteurs
à l'apparence humaine qui sont nés de cette manière » (D.S., II, 187).
Dans la Troisième Race, l'homme devint tout d'abord herma-
phrodite. Puis un sexe prédomina de plus en plus, au fur et à mesure
que se succédaient les générations, jusqu'à ce que naquirent, fina-
lement, des enfants unisexués, comme de nos jours. Cette séparation
des sexes se produisit ainsi, progressivement, il y a environ seize
millions et demi d'années.

« La Première Race ayant créé la Seconde par « bour-


geonnement », comme on l'a expliqué plus haut, la Seconde
Race donne naissance à la Troisième, laquelle est elle-même
séparée en trois divisions distinctes, consistant d'hommes
différemment procréés. Les deux premières divisions sont
produites par la méthode ovipare, inconnue, selon toute
probabilité, de l'Histoire Naturelle moderne. Alors que les
164 DOCTRINES INI TIAT MUES LA TROISIÈME RACE 165

premières sous-races de la Troisième Humanité procréaient porteurs de cette semence d'iniquité pour des âges à venir,
leur espèce par une sorte d'exsudation de buée ou fluide parce que les corps qu'ils devaient informer avaient été
vital, dont les gouttes, se réunissant, formaient un ballon souillés à cause de leur retard. Ce fut la « Chute des Anges »
oviforme (ou un oeuf, dirions-nous), lequel servait de véhicule due à leur rébellion contre la Loi Karmique. La « chute de
étranger pour que s'y fît la génération d'un foetus et d'un l'homme » ne fut pas une chute, car il était irresponsable »
enfant, le mode de procréation des sous-races postérieures (D.S., II, 238).
changea, dans ses résultats en tout cas. Les petits des
premières sous-races étaient entièrement asexués, sans forme Ces Dieux informants, les « Fils de Mahat », sont « les accélérateurs
même, autant qu'on le sache. Mais ceux des sous-races sui- de la Plante humaine. Ils sont les Seigneurs de la Vie Eternelle et
vantes naquirent androgynes. C'est dans la Troisième Race Spirituelle... Dans le commencement (dans la Seconde Race), certains
que se produisit la séparation des sexes. D'abord primiti- ( des Seigneurs) insufflèrent de leur essence seulement dans les
vement asexuée, l'Humanité devint distinctement herma- Manoushyas (les hommes) et quelques-uns logèrent dans l'homme »
phrodite ou bisexuelle et, finalement, les oeufs porteurs (D.S., II, 108).
d'hommes donnèrent naissance, graduellement et presque
imperceptiblement, dans leur développement évolutif, d'abord « Les « Fils du Yoga Passif »... sont issus des Seconds
à des êtres en qui un sexe prédominait sur l'autre et, Manoushyas (Seconde Race Humaine) et devinrent ovipares.
finalement, à des hommes et des femmes distincts » (D.S., Les émanations qui sortaient de leur corps pendant les sai-
II, 140). sons de procréation étaient ovulaires. Les petits noyaux
sphéroïdaux, se transformant en un grand véhicule, mou et
C'est vers la fin de la quatrième sous-race de la Troisième Race semblable à un ceuf, se durcissaient graduellement. Puis,
que « le bébé perdit la faculté de marcher dès sa libération de sa après une période de gestation, ils se brisaient et le jeune
coque ». Vers la fin de la cinquième sous-race, tous les hommes animal humain en sortait, non aidé, comme les oiseaux le
furent conçus et naquirent exactement de la même façon qu'actuelle- font dans notre Race » (D.S., II, 175).
ment. Ce fut l'aboutissement d'une évolution graduelle qui s'étendit
sur des millions d'années (D.S., II, 207, 208). Les « Fils de Mahat » (les Agnishvâttas) sont les Progéniteurs
Les Dieux incarnants ou informants (les Koumâras) commencent, « Intellectuels » de l'homme. Comment ont-ils été, eux-mêmes, pour-
dès la Seconde Race, à « compléter » l'homme en lui fournissant une vus du Manas dont ils ont doté l'homme ? « Les Fils de la Sagesse
« Etincelle » qui est le « germe de l'Intelligence » (D.S., II, 174). Mais ou Dhyânis Spirituels étaient devenus « intellectuels » par leur
c'est dans la Troisième Race qu'ils le rendent pleinement conscient contact avec la Matière, parce qu'ils avaient déjà atteint, durant des
en le dotant du Manas (Mental). Pour ce faire, ils « s'incarnent cycles antérieurs d'incarnation, le degré d'intellect qui les a rendus
comme les Egos des Monades immortelles, mais sur ce plan, dépour- capables de devenir des entités indépendantes et soi-conscientes,
vues de sens » (D.S., II, 238). Certains d'entre eux sur ce plan de la Matière. Ils naquirent à nouveau en raison d'effets
Karmiques. Ils sont entrés en ceux qui étaient prêts et devinrent les
« obéirent (à la Loi de l'Evolution) immédiatement... Ceux Arhats ou Sages auxquels il a été fait allusion ci-dessus » (D.S., II, 176).
qui... s'incarnèrent bien plus tard, eurent leur première Ces Dieux Informants sont véritablement les « Pères » ou éma-
punition karmique préparée pour eux. Ils obtinrent des nateurs des hommes en ce qui concerne le Mental et ils leur
corps inférieurs (physiologiquement)... parce que leurs demeurent associés d'une façon étroite et peu aisée à comprendre.
Chhâyâs avaient appartenu à des Progéniteurs d'un degré « Comment est-il possible de concevoir que ces « Dieux » ou Anges,
inférieur dans les sept Classes. Quant aux « Fils de la puissent être en même temps leurs propres émanations et leurs sois
Sagesse » qui « retardèrent » leur incarnation jusqu'à la personnels ? Est-ce dans le même sens que dans le monde matériel
Quatrième Race, laquelle était déjà teintée (physiologique- où le fils est, d'une façon, son père, étant son sang, l'os de son os
ment) par le péché et l'impureté, ils produisirent une terrible et la chair de sa chair ? A cela, les Instructeurs répondent : En
cause, dont le résultat karmique pèse sur eux jusqu'à ce vérité, il en est ainsi. Mais on doit pénétrer profondément dans le
jour. Elle fut produite en eux-mêmes et ils devinrent les mystère de l'Etre avant de pouvoir comprendre complètement cette
vérité » (D.S., I, 242).
166 DOCTRINES INITIATIQUES LA TROISIÈME RACE 167

C'est seulement à partir de la fin de la Troisième Race que « ... lorsque les « Fils de la Sagesse » vinrent s'incarner,
l'homme connut la mort. Avant « la séparation des sexes et avant pour la première fois, certains d'entre eux s'incarnèrent
que l'humanité n'eût reçu le feu créateur ou sacré de Prométhée », pleinement, d'autres projetèrent seulement une Etincelle
il était « sans désir ou passion, inspiré par la sainte sagesse, étranger dans les formes, tandis que certaines des Ombres furent
à l'Univers et non désireux de progéniture » (D.S., III, 196, 2e note). exclues du remplissage et du perfectionnement jusqu'à la
Il était trop pur, trop innocent, pour produire des causes pouvant le Quatrième Race. Ces races donc, qui « restèrent dépourvues
mener dans le Kâma-Loka (monde astral où vont tout d'abord les de connaissance », ou encore celles qui furent laissées « sans
défunts) et encore moins dans le Dévachan. Les hommes des deux mental », demeurèrent comme elles étaient, même après la
premières Races ne mouraient donc « jamais, mais disparaissaient séparation naturelle des sexes. Ce sont elles qui commirent
seulement dans leur progéniture, et la Troisième Race ne connut la le premier croisement, pour ainsi dire, et engendrèrent des
mort que vers sa fin, après la séparation des sexes et sa Chute dans monstres. Et c'est parmi les descendants de ceux-ci que les
la génération » (D.S., II, 644). Atlantes choisirent leurs épouses » (D.S., II, 299, 300).

« Jusqu'alors, comme on l'a dit plus haut, il n'y avait pas C'est donc seulement pendant la Troisième Race qu'eurent lieu
eu de mort régulière, mais seulement une transformation, des « mésalliances » d'hommes « sans mental » et d'animaux. Et
car les hommes n'avaient pas encore de personnalité. Ils c'est dans la Race suivante, celle des Atlantes, que des hommes,
avaient des Monades, « Souffles » du Souffle Unique, aussi s'unissant avec des descendants des êtres hybrides provenant de ce
impersonnelles que la source dont elles émanaient. Ils avaient croisement contre nature, donnèrent naissance aux ancêtres des
des corps, ou plutôt des ombres de corps, qui étaient sans singes anthropoïdes actuels. Les êtres auxquels s'unirent les Atlantes
péchés et donc sans Karma. Par conséquent, comme il n'y descendants des « sans mental » étaient des animaux « beaux à voir »..
avait pas de Kâma Loka et encore moins de Nirvâna ou Ils avaient l'apparence d'un bipède, « ayant la forme humaine, mais
même de Dévachan pour les « Ames » d'hommes qui n'avaient ayant les extrémités inférieures, de la taille jusqu'en bas, couvertes
pas d'Egos personnels, il ne pouvait pas y avoir de périodes de poils. D'où, peut-être, la race des satyres » (D.S., II, 300). Ce
intermédiaires entre les incarnations. Comme le Phoenix, n'est que depuis l'apparition des Atlantes que les animaux se sont
l'homme primordial renaissait de son vieux corps dans un reproduits « inter se (c'est-à-dire selon le genre et l'espèce) » (D.S.,
nouveau... La mort vint avec l'organisme physique complet, et II, 300).
avec elle la décadence morale » (D.S., II, 645). La période du début de la Troisième Race pendant laquelle les
« Fils de Dieu » se sont incarnés dans les hommes, « peut être consi-
Les hommes de la Troisième Race qui étaient « prêts » ont été dérée comme pré-humaine ». C'est l'âge de « l'Homme Divin ou,
« habités » par des « Fils de la Sagesse ». Ils constituèrent l'élite des comme le déclare maintenant la plastique Théologique Protestante,
Lémuriens, puis celle des Atlantes. Ils forment actuellement la fine l'époque Pré-Adamique » (D.S., II, 297).
fleur de notre humanité et ont atteint le niveau qui sera celui des Avant d'être dotés du Manas par les Fils de la Sagesse, les
hommes de la cinquième Ronde. hommes n'étaient réellement pas humains. Ils n'étaient que des
D'autres hommes de la Troisième Race ne reçurent qu'une « Etin- animaux. Car la différence entre l'homme et la bête n'est pas exté-
celle » de la part des Fils de la Sagesse, c'est-à-dire seulement une rieure, mais intérieure. L'animal a bien une âme, mais celle-ci n'est
faible impulsion mentale. Ils constituent la majorité de l'humanité pas, comme celle de l'homme une « Ame-Ego consciente et survivante,
actuelle. Quant à ceux qui, avant la quatrième Race ne reçurent même c'est-à-dire le principe qui survit après un homme et se réincarne
pas cette « Etincelle », étant les moins « prêts », leur évolution dans un homme semblable ». L'animal a les « germes de tous les
mentale fut beaucoup plus lente que celle des autres hommes. Ce principes humains en lui, mais ceux-ci sont latents ». Son corps
sont eux qui, pourvus de corps physiques sexués, s'unirent à des astral « survit à la forme physique pendant une courte période ».
animaux et produisirent une race hybride. Celle-ci est à l'origine de Puis sa Monade se réincarne, « non dans la même espèce, mais dans
la création des singes anthropoïdes actuels (ourang-outang, gorille, une espèce supérieure et, naturellement, n'a pas de Devachan » (D.S.,
chimpanzé). II, 206, 2e note).
168 DOCTRINES INITIATIQUES

L'homme n'a donc pas un principe de plus que le plus ténu des
insectes. Mais il est « le véhicule d'une monade
pleinement développée
et soi-consciente, qui suit délibérément sa propre ligne de
progrès
tandis que dans l'insecte, et même dans l'animal supérieur, la triade
des principes supérieurs est absolument latente » (C.W., X, 313).
LES PREMIERES CIVILISATIONS

Dans la Troisième Race apparut « le premier homme physique »,


il y a environ 18 000 000 ans (D.S., II, 49). Certaines des populations
Lémuriennes qui se sont succédées depuis cette époque formèrent
des nations civilisées qui, « sous la direction de leurs Régents divins,
construisirent de grandes villes, cultivèrent les Arts et les Sciences,
et connurent l'Astronomie, l'Architecture et les Mathématiques à
la perfection ». Plusieurs centaines de milliers d'années s'écoulèrent
après l'apparition des premiers hommes physiques et l'édification
de la première ville lémurienne. C'est dans leur sixième sous-race que
les Lémuriens construisirent pour la première fois une cité « avec
des pierres et des laves » (D.S., II, 331). Les premières grandes villes
furent édifiées dans le territoire qui forme actuellement l'île de
Madagascar et qui, à cette époque, n'était pas insulaire, mais faisait
partie de l'immense continent Lémurien (D.S., II, 331).

« Il y avait des gens civilisés et des sauvages à cette


époque, comme il y en a de nos jours. L'évolution accomplit
son oeuvre de perfection dans les premiers et Karma son
travail de destruction dans les seconds. Les Australiens et
leurs semblables sont les descendants de ceux qui, au lieu de
vivifier l'Etincelle projetée en eux par les « Flammes »,
l'éteignirent par de longues générations de bestialité. Tandis
que les nations Aryennes pourraient faire remonter leur
ascendance, par l'intermédiaire des Atlantes, aux races les
plus spirituelles des Lémuriens en qui les « Fils de la Sa-
gesse » s'étaient personnellement incarnés » (D.S., II, 331,
332).

Le tait que tous les hommes n'ont pas, dans la même mesure,
été dotés du Manas par les « Flammes » explique les différences
existant actuellement entre eux, sur le plan intellectuel.

« Cela explique la diversité des capacités intellectuelles


des races, nations et hommes individuels, et la grande diffé-
rence entre ces capacités. En s'incarnant, dans certains cas,
170 DOCTRINES INITIATIQUES LES PREMIÈRES CIVILISATIONS 171

dans les véhicules humains évolués par la première Race C'est d'eux que l'homme « obtient tous ses principes, sauf le plus
sans cerveau (sans Manas), et en les informant seulement haut et le plus bas, ou son esprit et son corps ». Ces « cinq principes
dans d'autres cas, les Pouvoirs et Principes qui s'incarnent médians » sont « l'essence même de ces Dhyânis » appelés Flagae,
devaient prendre en considération, pour faire leur choix, les par Paracelse, Anges Gardiens par les Chrétiens, et Pitris par les
Karmas passés des Monades pour lesquelles ils devaient Hindous. Ce sont eux qui font fructifier la semence humaine (le
devenir le trait d'union entre elles et leur corps. De plus, « Plasma physique ») en fournissant le « Plasma Spirituel », c'est-à-
comme il est correctement déclaré dans le Bouddhisme dire les cinq principes médians. La procréation humaine ne pouvant
Esotérique (p. 30), « le cinquième principe ou âme humaine s'effectuer qu'avec la coopération de ces Esprits lunaires, on com-
intellectuelle n'est même pas encore pleinement développé prend que l'Occultisme établisse une étroite relation entre la Lune
dans la majorité de l'humanité » (D.S., II, 332, 1" note). et la génération sexuelle.

Les « Pères » (élémentals) qui appartiennent à la septième Hiérar- « Complétez le Plasma Physique mentionné ci-dessus, la
chie ont complété l'oeuvre de création de l'homme physique en « Cellule Germinale » de l'homme avec toutes ses potentialités
« condensant » la Chhâyâ projetée par les Pitris Lunaires. Ces derniers matérielles, par le « Plasma Spirituel », pour ainsi dire, ou
produisirent « l'homme nuageux dans ce Cycle, exactement comme le fluide qui contient les cinq principes inférieurs des Dhyânis
un Groupe supérieur et encore plus spirituel le produisit dans la à Six Principes, et vous aurez le secret, si vous êtes assez
Troisième Ronde ». Ces Anges du sixième Ordre de Pouvoirs Créateurs spirituel pour le comprendre... Quand la semence de l'homme
ne furent capables de créer « que la forme éthérée de l'homme futur, animal est jetée dans le sol de la femme animale, cette
une copie pelliculaire, transparente et à peine visible d'eux-mêmes ». semence ne peut germer si elle n'a pas été fructifiée par les
Ce fut « la tâche de la Cinquième Hiérarchie.., d'informer la forme cinq vertus (le fluide ou l'émanation des principes) de
animale, vide et éthérée et d'en faire l'Homme Rationnel » (D.S., I, l'Homme Céleste Sextuple. Par conséquent, le Microcosme
253, 254). est représenté par un Pentagone dans l'Étoile Hexagonale,
le Macrocosme) » (D.S., I, 244).
Le feu que Prométhée, personnification de cette Cinquième
Hiérarchie, « dérobe aux Dieux, c'est d'abord la flamme de l'intellect
Comme nous l'avons signalé, la lettre Vaou du nom divin IHVH
conscient, l'étincelle qui anime le cinquième Principe ou Manas ; c'est
(Jéhovah) représente le Microprosope. Ajoutons que la valeur numé-
encore la flamme génératrice et sexuelle ; cette étincelle est le rique de cette lettre hébraïque est six, et que son symbole est « un
reflet (sinon l'essence même) des Archanges, ou Monades, forcés
par leur karma du manvantara précédent, de s'incarner dans les crochet ou un croc phallique » (C.W., VIII, 153, 2e note).
Le septième principe de l'homme, « le Rayon Divin, l'Atman,
formes astrales de la troisième grande race préadamique avant
provient directement de l'Un » (D.S., I, 242). Quant au Corps Physique,
sa chute (la chute de l'Esprit dans la Matière)... Une fois doués
le principe humain le plus bas, il est fourni, comme nous l'avons
du feu créateur, les hommes entièrement évolués n'eurent plus vu, par les Elémentals composant la septième Hiérarchie de Pou-
besoin de l'aide des Puissances ou Dieux créateurs tels que les Elohim voirs Créateurs, qui, graduellement, le « forment, construisent et
du chapitre II de la Genèse. Ils devinrent Dieux créateurs à leur tour,
condensent ».
capables de donner la vie à des êtres comme eux... puisque les hommes Chacun des Koumâras ou Anges Solaires qui s'incarna dans un
avaient surpris, grâce à Prométhée, le secret des divers modes de la
être humain de la troisième Race devint son Guide spirituel ou Dieu
création et créaient à leur tour, à quoi bon les dieux créateurs
?» intérieur. Cependant, il n'en continue pas moins à mener, dans le
(C.W., VIII, 367).
monde céleste, une existence distincte de celle de l'homme qu'il
Les Pitris Lunaires, Barhishads ou « Dieux Lunaires » (D.S., II, informe. Nombreuses sont les « Entités Spirituelles qui se sont
81, note) « étant les Esprits Lunaires plus étroitement reliés à la incarnées corporellement dans l'homme depuis sa première apparition
Terre, devinrent les Elohim créateurs de la forme ou de l'Adam de et qui, malgré cela, existent encore aussi indépendamment qu'aupa-
poussière » (D.S., II, 81). Ils sont des « Dhyan Chohans sextuples », ravant, dans les étendues infinies de l'Espace ». Une telle Entité
étant composés de six principes et étant « en fait des hommes moins « peut être corporellement présente sur terre sans, cependant, aban-
le corps physique » (D.S., I, 242). donner son statut et ses fonctions dans les régions supersensibles »
(D.S., I, 254).
172 DOCTRINES INITIATIQUES LES PREMIÈRES CIVILISATIONS 173

Dès que l'homme, dans la troisième Race, reçut le Manas, il fut remonte vers la spiritualité de son origine en suivant un arc ascen-
immédiatement doué de pouvoirs divins, ceux de l'Etre Céleste qui dant. Les subdivisions de la Race Atlante, la Quatrième, « étaient
s'était incarné en lui. Les hommes conservèrent ces pouvoirs tant nombreuses, et leur évolution dura pendant des millions d'années.
qu'ils demeurèrent purs. Ces facultés spirituelles s'affaiblir gra- 'Tous les Atlantes n'étaient pas mauvais, mais ils le devinrent vers la
duellement au fur et à mesure qu'en eux se fortifiait le principe fin de leur cycle, comme nous, hommes de la Cinquième Race,
kâmique, créateur des passions inférieures, et elles finirent par sommes, maintenant, rapidement, en train de le devenir » (D.S., II,
disparaître complètement. 285, l.'° note).
Tant qu'ils conservèrent la vision spirituelle, les hommes connu- Au fur et à mesure que le « vêtement de peau » (le corps physique)
rent un Age d'Or. Ils avaient une connaissance directe des réalités des Lémuriens se condensa, devenant de plus en plus solide, leur
occultes et n'avaient donc pas besoin de croire. Quel besoin pou- clairvoyance spirituelle s'atténua. L'homme devint ainsi progressi-
vaient-ils avoir d'une religion quelconque, alors qu'ils avaient « leurs vement ignorant des Réalités supérieures. Cependant dans une race
Dieux brillants des Elements autour d'eux et même en eux-mêmes » de Dhyân Chohans et d'Elus, la Connaissance Sacrée fut conservée,
et que « les Dieux marchaient sur terre et se mêlaient librement aux intacte. Car dans cette race, contemporaine des Lémuriens, s'incar-
mortels » ? (D.S., II, 285). Ils étaient remplis d'amour et de révérence nèrent des Etres Célestes, symbolisés par le Nârada des Hindous et
pour leurs divins protecteurs et étaient instruits par eux. dont chacun, comme le Michel des Chrétiens, est vierge et refuse de
créer (c'est-à-dire de produire, sexuellement, des enfants). Et ces
« Qu'était la religion de la Troisième et de la Quatrième Dhyân Chohans dissuadèrent les Elus, leurs disciples, les Hari-
Races ? Dans l'acception ordinaire du terme, ni les Lému- ashvas (qui formèrent le germe de la Fraternité Blanche des Adeptes
riens, ni même leurs descendants, les Lémuro-Atlantes, n'en
actuels) de « créer » de cette façon.
avaient de quelque nature que ce soit. Car ils ne connaissaient
pas de dogme et n'avaient pas, non plus, à croire à la «A mesure que leurs « vêtements de peau» s'épaississaient,
religion. Dès que l'oeil mental de l'homme se fut ouvert à la et que les hommes tombaient de plus en plus dans le
compréhension, la Troisième Race se sentit une avec le Tout péché physique, la communication entre l'Homme Physique
Toujours-Présent et qui doit Toujours Etre, inconnu et et l'Homme Ethéré Divin fut interrompue. Le Voile de
invisible, la Déité Une et Universelle. Doué de pouvoirs divins Matière entre les deux plans devint trop dense pour que
et sentant en lui son Dieu intérieur, chacun avait le sentiment même l'Homme Intérieur pût le traverser. Les Mystères du
d'être un Homme-Dieu dans sa nature, quoique un animal Ciel et de la Terre révélés aux hommes de la Troisième Race
dans son soi physique. La lutte entre les deux commença à par leurs Instructeurs Célestes à l'époque de leur pureté de-
partir du jour même où ils goûtèrent au fruit de l'Arbre de vinrent un grand foyer de lumière dont les rayons furent
la Sagesse, lutte à mort entre le spirituel et le psychique, nécessairement affaiblis à mesure qu'ils étaient diffusés et
entre le psychique et le physique. Ceux qui ont conquis les répandus sur un sol non approprié parce que trop matériel.
« principes » inférieurs en obtenant la maîtrise sur le corps, Avec les masses, ils dégénérèrent en Sorcellerie, prenant plus
se sont joints aux « Fils de la Lumière ». Ceux qui sont tard la forme de religions exotériques, d'idolâtrie pleine de
tombés victimes de leur nature inférieure devinrent les escla- superstitions et d'adoration de l'homme et du héros. Seuls,
ves de la Matière. De « Fils de la Lumière et de la Sagesse », une poignée d'hommes primitifs (en qui l'étincelle de la
ils finirent par devenir les « Fils de l'Obscurité ». Ils tom- Sagesse Divine brûlait brillamment et ne fit que se renforcer
bèrent dans la bataille de la vie mortelle contre la Vie en intensité, alors qu'elle devenait de plus en plus faible, avec
Immortelle, et tous ceux qui tombèrent ainsi devinrent la les âges, en ceux qui l'orientaient vers des fins mauvaises)
semence des générations futures d'Atlantes » (D.S., II, 284, demeurèrent les gardiens choisis des Mystères révélés à
285). l'humanité par les Instructeurs Divins. Il y en eut parmi
eux qui restèrent dans leur état Kaumârique depuis le
Ce fut une évolution normale, car nous avons vu que l'humanité, commencement. Et la tradition murmure ce que les Ensei-
au cours des sept Races Racines, suit d'abord un arc descendant dont gnements Secrets affirment, à savoir que ces Elus furent
le point le plus bas est atteint au milieu de la Quatrième Race, puis le germe d'une Hiérarchie qui n'est jamais morte depuis
cette époque » (D.S., II, 294).
174 DOCTRINES INITIATIQUES LES PRINIIIUMS CIVILISATIONS 175

L'état Kaumârique est l'état de Virginité, celui des Grands r I t'es jours le même ». Il est l'Initiateur, appelé également le « Grand
que les Hindous nomment Koumâra et à propos desquels un « Caté- Sacrifice ». Et c'est sous la direction « directe et silencieuse de ce
chisme » occulte fournit les indications suivantes : « Des sept Hom- MAHA-GOUROU que tous les autres Instructeurs moins divins de
mes-Vierges (Koumâra), quatre se sacrifièrent pour les péchés du l'Humanité devinrent, depuis le premier éveil de la conscience hu-
monde et l'instruction des ignorants, pour demeurer jusqu'à la fin du maine, les guides de la première Humanité. C'est par ces « Fils de
présent Manvantara. Quoique invisibles, ils sont toujours présents. Dieu » que l'Humanité, dans son enfance, acquit ses premières notions
Quand les gens disent de l'un d'eux : « Il est mort », regarde, il est de tous les arts et de toutes les sciences, aussi bien que de la
vivant et dans une autre forme. Ils sont la Tête, le Coeur, l'Ame et connaissance spirituelle. Et ce sont Eux qui ont posé la première
la Semence de la connaissance immortelle (Jnâna). Tu ne parleras pierre des anciennes civilisations qui ont tellement intrigué notre
pas, ô Lanou, de ces grands êtres (Maha...) devant une multitude, en génération moderne d'étudiants et de savants » (D.S., I, 229).
les mentionnant par leurs noms. Les sages seuls comprendront »
(D.S., II, 294, 295).
Ces quatre grands Etres (ou plutôt Hiérarchies d'Etres) sont les
quatre Mahârajahs, symbolisés par le Nom « ineffable » aux quatre
lettres des Cabalistes. Car, dans la Cabale, la prononciation de ce
Nom ineffable est « un arcane très secret », « un secret des secrets »
(D.S., II, 295, lre note). Au-dessus de ces quatre Mahârajahs il n'y a
« sur Terre comme dans les Cieux » qu'un seul « Etre encore plus
mystérieux et plus solitaire » (D.S., II, 295). Celui-ci est le Veilleur
Silencieux, la « Base-Racine » de la Hiérarchie des Adeptes, l'Etre le
plus élevé « sur Terre et dans notre Chaîne Terrestre ». Cet « Etre
Merveilleux », descendit sur Terre « avant la séparation des sexes,
dans la Troisième Race ». Il prit un corps produit par Kriyâshakti
(« le mystérieux pouvoir de la pensée qui la rend capable de produire
des résultats extérieurs, perceptibles et phénoménaux par sa propre
énergie inhérente », D.S., I, 312) par les « Fils de la Sagesse » (Agnish-
vâttas) qui s'étaient incarnés dans la Troisième Race. A la suite du
Veilleur Solitaire, des Etres Spirituels, les « Fils d'Ad » ou « Fils du
Brouillard de Feu » s'incarnèrent sur terre, de la même façon
immaculée. Ils formèrent
« un groupe d'Etres à demi divins et à demi humains. « Mis
à part » dans la genèse archaïque pour certains desseins, ils
sont ceux en qui, dit-on, se sont incarnés les plus hauts
Dhyânis (« Mounis • et Richis provenant de précédents Man-
vantaras ») pour former la pépinière des futurs Adeptes
humains, sur cette Terre et pendant le présent Cycle. Ces
« Fils de la Volonté et du Yoga », nés, pour ainsi dire, d'une
façon immaculée, restèrent, explique-t-on, entièrement sépa-
rés du reste de l'humanité » (D.S., I, 228).

Le Veilleur Solitaire, « toujours invisible et cependant toujours


présent », exerce une domination spirituelle sur les Adeptes dans
le monde entier. Il « change de forme et pourtant demeure tou-
LA CHUTE DES ANGES

Les Dhyân Chohans qui s'incarnèrent dans les hommes et devinrent


leurs guides, les Agnishvâttas et les Koumâras des Hindous, les
Kabires des Chaldéens et les Titans des Grecs, sont les « Dieux » que
rejoint Xisouthrous, le Noé Chaldéen, qui, comme Enoch, est sauvé
et transporté vivant au ciel, où il vit en compagnie des sept Dieux
(D.S., II, 150).
Ces derniers sont les « Dieux des Mystères », les Régents des
sept Planètes Sacrées, à qui les Anciens donnaient de nombreuses
appellations.

« Faber... a montré l'identité des Corybantes, Curetes,


Dioscuri, Anactes, Dii Magni, Idii, Dactyli, Lares, Penates,
Manes, Titans et Aletœ avec les Kabiri. Et nous avons
montré que ces derniers étaient les mêmes êtres que les
Manous, les Rishis et nos Dhyân Chohans qui s'incarnèrent
dans les Elus des Troisième et Quatrième Races... Les sept
Grands Dieux mystérieux qui inspirent le respect (les Dios-
cures, les déités entourées des ténèbres de la Nature Occulte),
deviennent les Idei Dactyli ou « Doigts » Idéiques avec les
Adeptes guérisseurs par les métaux... Ils sont les Lares, les
Conducteurs et Guides des hommes. Comme Aletœ, ils étaient
les sept Planètes, mystiquement nos Protecteurs et Diri-
geants » (D.S., II, 376, 377).

Tous ces Dhyân Chohans formaient sept classes, symbolisées par


les Régents des sept Planètes des Sabéens. Ceux-ci les adoraient,
« exactement comme les Hindous adorent leurs Rishis » et ils
considéraient « Seth et son fils Hermès (Enoch ou Enos) comme
les plus élevés des Dieux Planétaires ». Il convient, à ce propos, de
signaler que Seth est non pas un homme, mais en réalité le « Progé-
niteur » des premiers hommes de la Troisième Race. « Il était lui-
même un Dhyân Chohan et appartenait aux Dieux informants »
(D.S., II, 378), c'est-à-dire à l'une des deux catégories de Dhyân
Chohans, l'autre étant la classe des Dieux créateurs.

12
178 DOCTRINES INITIATIQUES LA FE DES ANGES 179

Ces « Dieux informants » sont les Esprits Planétaires, « esprits dans l'hindouisme, les hommes sont symbolisés par les gopis (ber-
informants des Etoiles en général et des Planètes en particulier » gères) auxquelles s'unit Krishna. On retrouve le même symbolisme
(S.S., I, 153). Quant aux « Dieux créateurs », ils sont les « Construc- dans la Gnose où les âmes humaines deviennent les épouses de « Puis-
teurs », les « représentants des premières Entités Nées du Mental, sances » spirituelles qui sont leurs Sauveurs.
par conséquent des Rishi-Prajâpati primordiaux, aussi des sept L'avertissement de l'Eternel : « Mon esprit ne restera pas toujours
grands Dieux de l'Egypte dont Osiris est le chef, des Sept Amshas- dans l'homme » (Genèse, VI, 3) est une allusion au fait qu'après
pends des Zoroastriens avec Ormazd à leur tête, des Sept Esprits avoir été rendu soi-conscient, instruit et protégé par son « Dieu
de la Face, des Sept Sephiroth séparées de la première Triade, etc., informant », l'homme s'est progressivement détaché de celui-ci en
etc... » (D.S., I, 152). Les Kabires qui, selon Mme Blavatsky, appar- cédant de plus en plus à ses tendances inférieures et, finalement
tiennent tous « aux groupes septénaires créateurs et informants de livré à lui-même, a perdu graduellement ses pouvoirs spirituels.
Dhyân Chohans » (D.S., II, 377) constituent l'ensemble des Dieux On retrouve le même symbolisme dans la Gnose. Dans le traité qui
« incarnants » ou Esprits Planétaires et des Dieux Constructeurs, porte son nom, Pistis-Sophia, après avoir été « informée » (c'est
chacune de ces deux catégories de Dhyân Chohans se subdivisant en le terme utilisé dans ce traité) par Christos, est abandonnée par
sept classes. lui. De même, dans la Gnose de Valentin, Sophia-Achamoth (l'âme
Les Dioscures étaient, « pour les Grecs, limités à Castor et Pollux humaine) n'est d'abord qu'un « avorton ». Elle est « informe » car
seulement. Mais, à l'époque de la Lémurie, les Dioscures, les Nés de elle n'a rien saisi de mâle. Ce qui signifie que, dans les deux premières
l'OEuf, étaient les Sept Dhyân Chohans (Agnishvâtta-Koumâra) qui Races et le début de la Troisième, elle est dépourvue de Manas,
s'incarnèrent dans les Sept Elus de la Troisième Race » (D.S., II, son aspect spirituel (l'Esprit étant considéré comme mâle). Christos,
377, 1" note). assisté de Pneuma ou Esprit Saint (la Sagesse Divine), a pitié d'elle
Les « Dieux des Mystères », Régents Planétaires, ou « Agnishvâtta- et lui donne une « formation de substance seulement et non de
Koumâra », proviennent des plans aroûpa. A Soutala, le troisième des gnose » (la dote du Manas). Puis il l'abandonne, retirant d'elle sa
Talas (en commençant par le plus spirituel), « appartiennent les « dynamis ». Sophia-Achamoth, « ainsi formée et devenue consciente »,
Hiérarchies des Koumâras, des Agnishvâttas, etc. » dont l'état de fut, dans les termes d'Irénée qui nous rapporte les doctrines de
conscience « correspond sur terre au Manas Supérieur » (D.S., III, Valentin, « vidée de celui qui l'assistait invisiblement, à savoir du
566). Logos, c'est-à-dire du Christos » (Sagnard, « La Gnose Valentinienne
Ces Etres sont appelés Mânasa-Poutras ou Fils du Mental, car ils et le Témoignage de Saint Irénée », 160, 161). Il est manifeste que le
sont les « radiations directes » de Mahat (C.W., X, 252 ; D.S., III, 540). Christos qui « informe » Pistis-Sophia et celui qui « forme » Sophia-
Ce dernier est le Mental Universel manifesté sur le troisième plan Achamoth sont identiques. Tous deux sont le « Fils de Dieu » ou
cosmique (D.S., III, 540) où les Ah-hi, descendus des deux plans Koumâra qui s'incarne dans l'âme humaine et lui donne le mental,
aroûpa supérieurs, « deviennent des Mânasapoutras, ceux qui s'in- agissant comme Prométhée à l'égard de son frère Epiméthée. La
carnèrent dans les hommes » (C.W., X, 321). descente de Christos et de Pneuma symbolise donc « la descente en
La « Chute » des Anges dont il est question dans la Théologie incarnation des Koumâtras » (Lucifer, mai 1890, 238). Le retrait de
chrétienne se situe dans la Troisième Race. Esotériquement, elle la « dynamis » de Christos représente la perte des pouvoirs spirituels
est simplement la descente des « Fils de la Lumière » (Esprits Plané- de l'homme lorsqu'il se soustrait à l'influence de son Ego Supérieur
taires) qui, quittant le dernier plan aroûpa, pénètrent dans les plans pour n'écouter que la voix de ses passions.
roûpa et s'incarnent plus ou moins complètement dans certains
hommes de la Troisième Race prêts pour la réception du Manas, « Les premiers Lémuro-Atlantes (les incarnations divines)
l'octroi du Mental étant différé pour ceux qui n'étaient pas encore sont accusés d'avoir pris des épouses d'une race inférieure.
prêts. Toute ancienne Ecriture a la même légende, plus ou moins
Cette descente est allégorisée, dans la Genèse biblique (VI, I) par défigurée. Primitivement, la « Chute » angélique qui a trans-
l'union des Fils de Dieu (les Fils de la Lumière) et des « filles des formé les « Premiers-Nés » de Dieu en Asouras ou en
hommes » que ces Fils de Dieu trouvèrent belles. Ces filles sont en l'Ahriman ou Typhon des « Payens » (si l'on prend à la lettre
réalité des êtres humains considérés comme féminins par rapport les récits donnés dans le Livre d'Enoch, l'Hermès, les Pou-
aux Fils de la Lumière, parce qu'ils leur sont inférieurs. De même, rânas et la Bible), a la simple signification suivante quand
180 DOCTRINES INITIATIQUES
LA CI1UTE DES ANGES 181
on les lit ésotériquement : ... Poussés par la loi de l'Evolu Ion Lunaires ou Barhishad Pitris (la sixième Hiérarchie) qui ne nous
Eternelle et du Karma, l'Ange s'incarna, sur Terre, dans ont donné qu'un corps éthéré (la Chhâyâ) et bien plus encore
l'Homme. Et, comme sa Sagesse et sa Connaissance sont que les Elémentals (la Septième Hiérarchie créatrice) a qui nous
encore divines, quoique son Corps soit terrestre, il est (allégo- devons notre corps physique. Car ils nous ont fourni notre Mental
riquement) accusé de divulguer les Mystères du Ciel » (D.S., (Manas). Ils sont symbolisés par le Typhon des Egyptiens : « Typhon,
II, 296). le Python égyptien, les Titans, les Souras et les Asouras, tous appar-
tiennent à la même légende d'Esprits peuplant la Terre. Ils ne sont
Telle est l'explication de ce passage du Livre d'Enoch : « Alors pas des « Démons chargés de créer et d'organiser cet univers visible »,
que les enfants des hommes s'étaient multipliés, il advint qu'ils mais les Modeleurs ou « Architectes » des Mondes, et les Progéni-
donnèrent naissance à des filles qui étaient belles et agréables. Et teurs de l'Homme. Ils sont les Anges Tombés, métaphoriquement,
les anges, les enfants du ciel, les virent et les désirèrent. Ils se dirent, les « vrais miroirs » de la Sagesse Eternelle » (D.S., II, 543). Ces
les uns aux autres : Allons nous choisir des épouses parmi les enfants Progéniteurs de l'homme soi-conscient sont, comme on le dit des
des hommes et engendrons nous des enfants ». Koumâras, des « ascètes vierges » qui refusent de créer l'être humain
La suite du récit nous apprend que les « enfants du ciel », s'étant matériel (D.S., I, 495).
réciproquement liés par les serments les plus solennels, sur le mont
Hermon, se prenant ainsi mutuellement à témoin de leur engagement « De toutes les sept grandes catégories de Dhyân Chohans
formel de consommer leur union avec les « filles des hommes », ou Dévas, il n'y en a aucune qui intéresse davantage l'huma-
chacun en choisit une et s'unit à elle. Ils commencèrent alors, lit-on nité que les Koumâras. Les Théologiens Chrétiens sont
encore dans le Livre d'Enoch, à « se souiller avec elles et leur imprudents de les avoir abaissés au rang d'Anges Tombés
apprirent des charmes et des enchantements, ainsi que l'arrachage et de les appeler maintenant Satan et Démons. Car on doit
des racines en leur faisant connaître les plantes » (chapitres VI et donner parmi ces habitants célestes qui « refusent de créer »
VII). En d'autres termes, ils devinrent les Instructeurs et les Pro- une place des plus importantes à l'Archange Michel, le plus
tecteurs des hommes. grand Saint protecteur des Eglises Occidentale et Orientale
La descente de la légion prométhéenne, effectuée en vue de doter sous son double nom de Saint Michel et de Saint Georges, le
les hommes du mental, est la « Chute des Anges » des théologiens, qui • vainqueur du Dragon et sa copie supposée sur terre » (D.S.,
interprétant littéralement le récit biblique, donnent à cette allégorie I, 495).
un sens sexuel.
Le Livre d'Enoch (chapitre VII) nous apprend encore que les Loin d'être des démons tentateurs, et, collectivement, Satan, les
enfants issus de l'union des « Enfants du Ciel » et des filles des Koumâras sont les Sauveurs de l'humanité. « Les Koumâras, les Fils
hommes furent des géants qui commirent toutes sortes d'iniquités. Nés-du-Mental de Brahmâ-Roudra, ou Shiva, lequel est mystiquement
Ces géants, identiques aux Gibborim de la Bible, sont les hommes le terrible et hurlant destructeur des passions humaines et des sens
gigantesques de la Quatrième Race, les Atlantes. Ceux-ci sont dits physiques qui font toujours obstacle au développement des percep-
les « fils » des Lémuriens en qui les Anges Solaires s'étaient « incar- tions spirituelles supérieures et à la croissance de l'homme éternel
nés » parce que la Quatrième Race est issue de la troisième. intérieur, sont la progéniture de Shiva, le Mahâyogî, le grand patron
Les Anges « Tombés » appelés Enfants du Ciel dans le Livre de tous les Yogis et Mystiques de l'Inde » (D.S., I, 495).
d'Enoch et les Fils de Dieu (Bne Elohim) dans la Genèse, sont éga- L'Archange Michel des Chrétiens, est le « combattant vierge » du
lement désignés par le terme Egrégores, dérivé d'un verbe grec Dragon Apophis, c'est-à-dire des tendances inférieures de l'âme hu-
signifiant veiller. C'est une allusion au fait que, selon le Livre d'Enoch, maine. Ainsi que l'ont montré les Gnostiques, il a, comme les Koumâ-
ils s'étaient installés sur le mont Hermon et avaient juré d'y veiller ras, refusé de créer. Et Mme Blavatsky montre que cet Archange ou
jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à s'unir avec les filles des hommes. « Ange protecteur des Juifs » qui « préside sur Saturne » est identique
Le Christianisme a fait de ces « Anges Déchus » Satan, le « Ten- à Sanatsujâta, le chef des Koumâras (D.S., I, 496), le Régent de la
tateur » de l'humanité. En réalité ces prétendus Anges Tombés sont planète Saturne étant, comme nous l'avons déjà mentionné, l'un
nos Progéniteurs ; ils méritent bien plus ce nom que les Ancêtres « des plus puissants parmi les sept Anges Créateurs du troi.edème
ordre » (D.S., III, 115).
182 DOCTRINES INITIATIQUES

Les êtres « que l'Eglise appelle maintenant les Anges Tombés, et


collectivement Satan, le Dragon » (D.S., H, 535) sont les mêmes que
ceux qu'elle révère en leur donnant le nom d'Archanges. La signifi-
cation ésotérique de la Chute des Anges est indiquée par les Caba-
listes, dans leur adage : Demon est Deus inversus. En réalité, les sept
LA QUATRIEME RACE
« Dieux primordiaux » appelés Archanges par les Chrétiens, Elohim
dans la Bible (où ce mot est souvent traduit par « Dieu »), Asouras
par les Hindous et collectivement, dans le Zoroastrisme, Ahriman,
étaient tous des Etres Spirituels (D.S., II, 512, 513). Ils constituent, Le « Fils de la Lumière » incarné dans l'homme a une Sagesse
ensemble, le « Premier-Né », issu du Chaos et de la Lumière Primor- divine et un corps terrestre. « Il combine et emploie les deux aux
diale, ou de la Profondeur et du Premier Point (D.S., I, 367). fins de procréation humaine au lieu de procréation supra-humaine.
Lucifer, « le premier Archange jailli des profondeurs du Chaos », En conséquence, l'homme engendrera et ne créera pas. Mais comme,
n'est nullement le Diable qu'en a fait la théologie chrétienne. « Le ce faisant, il doit employer son faible corps comme moyen de pro-
Diable est maintenant appelé obscurité par l'Eglise, tandis que dans création, ce corps paiera le prix pour le transfert de cette Sagesse
la Bible, dans le Livre de Job, il est appelé le Fils de Dieu, la brillante du Ciel ici-bas, sur Terre. La corruption de la pureté physique de-
étoile du premier matin, Lucifer » (D.S., I, 99). Lucifer représente viendra, en conséquence, une malédiction temporaire » (D.S., II,
les « Dieux primordiaux » supérieurs aux sept Légions « nées dans 296, 297).
la Sphère de l'Opération » ou sphère démiurgique, les seph Sephiroth
inférieures de la Cabale. Collectivement, ils sont, dans le traité her- Le Manas conféré par les « Fils de la Sagesse » à l'homme est le
Serpent qui, dans le récit de la Bible, tente Eve, l'incitant à goûter
mitique Poimandrès, 1' « Homme » (céleste) qui entre « dans la sphère
démiurgique où il devait avoir plein pouvoir » et qui est aussitôt au fruit de l'Arbre de la Connaissance du Mal et du Bien. Eve est iden-
aimé par les Gouverneurs ou Régents des « Sept Cercles ». Ceux-ci tique à Sophia-Achamoth. Celle-ci, outre sa signification cosmique, a un
sont « les sept planètes et plans aussi bien que les sept Esprits sens anthropologique. Nous avons indiqué que, comme Pistis-Sophia,
Invisibles dans les Sphères Angéliques dont les symboles visibles sont elle représente l'âme humaine « informée » par le Koumâra. « Car
l'Esprit de la Sagesse Divine étant l'homme et dans l'homme (véri-
les sept planètes, les sept Rishis de la Grande Ourse et autres
tablement le Serpent de l'Eternité et de la Connaissance, l'Esprit
glyphes » (D.S., II, 513). On lit, dans le Poimandres, que les Gouver-
Mânasique qui lui fit apprendre le secret de la création sur le plan
neurs s'éprirent de l'Homme Céleste et que chacun d'eux « lui donna
Kriyâshaktique et de la procréation sur le plan terrestre), conduisit
part à sa propre magistrature ».
aussi naturellement celui-ci à découvrir son chemin vers l'immortalité,
« Ceux qui étaient nés dans la sphère de l'Opération en dépit de la jalousie de tous les Dieux » (D.S., II, 295, 296).
étaient les frères « qui l'aimaient bien ». Celui-ci (celui qu'ils Les Races (ou plutôt les sous-Races) « Atlantes furent nombreuses
aimaient) était constitué par les Anges Primordiaux, les et leur évolution dura pendant des millions d'années. Toutes n'étaient
Asouras, Ahriman, les Elohim ou « Fils de Dieu » dont l'un pas mauvaises, mais le devinrent à la fin de leur Cycle... » (D.S., II,
est Satan, tous les Etres Spirituels appelés « Anges de 285, ire note). Comme de nos jours, l'humanité était alors divisée en
l'Obscurité » parce que cette Obscurité est la Lumière abso- deux grands blocs : les bons et les mauvais. Dans cette seconde
lue, fait maintenant négligé s'il n'est entièrement oublié par catégorie entrèrent les Gibborim mentionnés dans la Genèse biblique.
la Théologie » (D.S., II, 513).
« Ainsi les premières races Atlantes, nées sur le Continent
Lémurien, se divisèrent, dès leurs premières tribus, en justes
et injustes, en ceux qui adoraient l'Esprit de la Nature, un et
invisible, dont l'homme sent en lui le Rayon (ce sont les
Panthéistes), et ceux qui vouaient une adoration fanatique
aux Esprits de la Terre, les Pouvoirs sombres, cosmiques et
184 DOCTRINES INITIATIQUES LA QUATRIi?ME RACE 185

anthropomorphiques, avec qui ils firent alliance. Ces derniers Dans la Bible, les hommes des deux premières Races sont appelés
furent les premiers Gibborim, les « hommes puissants... de les Rephaïm (fantômes), parce qu'ils étaient dépourvus de corps
grande réputation », en ces jours (Genèse VI)... » (D.S., II, physiques, les Lémuriens sont nommés Néphilim (tombés) et les
286). Atlantes Gibborim (puissants) (1). Les hommes de la Quatrième Race
étaient effectivement puissants. Ils étaient des géants d'une force
prodigieuse et c'est seulement après eux que « les hommes com-
La Première et la Seconde Races n'eurent aucune histoire qui
mencèrent à décroître en stature » (D.S., II, 292).
leur fût propre (D.S., II, 276). L'histoire de la Troisième et surtout
celle de la Quatrième furent celles d'une lente décadence, d'un
abaissement graduel du spirituel au matériel. Il n'y a pas lieu de s'étonner, nous dit Mme Blavatsky, que, dans la
Bible, les Rephaïm, les Néphilim et les Gibborim soient considérés
Le quatrième Continent (l'Atlantide), avant d'être morcelé par comme identiques, car il s'agit des mêmes hommes à divers stades
des convulsions géologiques « en sept péninsules et îles », était de leur évolution. Cependant :
immense. Il « couvrait toutes les régions de l'Océan Atlantique Nord
et Sud, aussi bien que des parties de l'Océan Pacifique Nord et Sud, « Ces noms, qui n'appartiennent de droit qu'aux quatre
et avait des îles même dans l'Océan Indien (vestiges de la Lémurie) » précédentes Races et au tout début de la Cinquième, se
(D.S., II, 423, 424). rapportent très clairement aux deux premières Races Fan-
Les Atlantes devinrent peu à peu passionnels et bestiaux. Ils tômes (Astrales), à la Race « Tombée » (la Troisième) et à la
s'unirent à des femmes qui étaient des êtres humains « informés » Race des Géants Atlantes (la Quatrième) » (D.S., II, 292).
par des entités sidérales (génies) d'un bas niveau.
Parvenu à l'Adeptat, l'homme acquiert la faculté de se plonger
« Mais avec la Quatrième Race, nous atteignons la période dans l'état appelé en pali, l'ancienne langue de l'Inde méridionale et
purement humaine. Ceux qui étaient, jusqu'alors, des Etres de Ceylan, Sammâ Sambouddha (Seigneur entièrement éveillé), condi-
à demi divins, auto-emprisonnés dans des corps qui n'étaient tion dans laquelle « un Adepte voit la longue série de ses vies passées
humains qu'en apparence, se transformèrent physiologique- tout au long de ses incarnations antérieures » (D.S., III, 431, 4e note).
ment et prirent des épouses entièrement humaines et belles Et il est alors à même de vérifier l'exactitude des enseignements
à regarder, mais en qui s'étaient incarnés des Etres inférieurs, occultes concernant les Races et sous-races qui se sont succédées
plus matériels, quoique sidéraux » (D.S., II, 297, 298). sur notre globe.

Ces « Etres aux formes femelles » n'avaient pas de mental, mais


« seulement l'instinct animal ». Leur souvenir s'est perpétué par la
tradition juive concernant Lilith et par le mythe hindou de Dâkinî
(D.S., II, 298).
Les Atlantes sombrèrent graduellement dans « le phallicisme et
l'adoration sexuelle ». De stature gigantesque, ils « n'étaient pas des
géants en connaissance et en instruction, quoique cela leur vînt
plus facilement qu'aux hommes d'aujourd'hui. Leur science était
innée. Le Lémuro-Atlante n'avait pas besoin de découvrir et de
fixer dans sa mémoire ce que son principe informant connaissait au
moment de son incarnation ». Seuls le temps et la densité toujours
croissante de la Matière du corps de ces hommes pouvaient « le pre-
mier affaiblir la mémoire de leur savoir prénatal, la seconde émousser
et même éteindre toute étincelle de spirituel et de divin en eux » (D.S., (1) Les mots Nephilim et Gibborim figurant dans le texte hébraïque
du quatrième verset du sixième chapitre de la Genèse ont parfois été
II, 298). traduits, respectivement, par Géants et Héros.
LA GUERRE DANS LE CIEL

Il est question, dans diverses théogonies, de guerres dans le ciel.


Nous pouvons lire, par exemple, dans le douzième chapitre de l'Apo-
calypse, le récit d'une telle lutte. Un dragon rouge, pourvu de sept
têtes et de dix cornes avec, « sur ses têtes sept diadèmes », et auquel
saint Jean donne le nom de serpent ancien, de diable et de Satan,
y est présenté comme l'adversaire d'une femme « enveloppée du
soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur
sa tête ». Cette femme est « dans les douleurs de l'enfantement »
et le dragon se tient devant elle, prêt à dévorer son enfant, dès la
naissance. Mais Michel et ses anges s'y opposent, combattent le
Dragon et ses anges et ceux-ci, vaincus, sont précipités sur la terre,
devenant ainsi les « Anges tombés ».
Le sens de cette allégorie est donné par Mme Blavatsky. La
femme enceinte est « Aima, la Grande Mère ou Binah, la troisième
Séphira ». L'enfant de cette, femme est l'univers matériel (les quatre
plans cosmique roûpa). Quant au Dragon qui cherche à le dévorer,
il est
« le Dragon de la Sagesse Absolue, cette Sagesse qui, sachant
qu'il n'y a pas de séparation entre, d'une part, l'Univers et
tout ce qu'il contient et, d'autre part, le TOUT Absolu, ne
voit rien de plus dans cet enfant que la grande Illusion,
Mahâmâyâ, et, en conséquence, la cause de la misère et de
la souffrance » (D.S., II, 401, 3e note).

C'est l'une des interprétations ésotériques de cette allégorie. Car


celle-ci a « plus d'une signification, des événements religieux, astro-
nomiques et géologiques étant inclus dans la même allégorie com-
mune » (D.S., II, 401). Cette interprétation est cosmique. Cosmologi-
quement, « tous les Dragons et Serpents vaincus par leurs Tueurs
sont, à l'origine, les principes turbulents et confus dans le Chaos, mis
en ordre par les dieux-Soleils ou Pouvoirs Créateurs » (D.S., II, 403).
Nous avertissant que la « Guerre dans le Ciel » a sept signifi-
cations, Mme Blavastsky en donne une seconde se rapportant au
« plan le plus matériel » (C.W., VIII, 148, note). Cette fois, Michel et
ses anges appartiennent au monde de la formation de la Cabale
LA GUEI2RE DANS LE CIEL 189
188 DOCTRINES IN i nivriouns

(Jetzirah). La femme en travail d'enfantement est la « mère infé- exemple, c'est le Manou Vaivasvata qui tient le rôle de Noé. « Le
rieure », leur « fiancée », c'est-à-dire Malkouth (le plan physique ou, Manou Vaivasvata est l'Etre Humain (quelques versions lui ajoutent
encore, notre globe terrestre) et son enfant est l'humanité. Dans cette les sept Rishis) qui, dans l'allégorie de l'Avatâra Matsya, est sauvé
du Déluge dans un bateau, comme Noé dans l'Arche. Par consé-
seconde interprétation, Michel et sa légion sont les anges de Netzah
(mot signifiant Fermeté et Victoire), la septième Séphira, dont le quent, ce Manvantara de Vaivasvata serait la période « post-dilu-
nom divin est Jéhovah-Tzabaoth et qui correspond à « Haniel (la vienne ». Cela, toutefois, ne se rapporte pas au Déluge postérieur
vie humaine physique), aux Elohim androgynes, à Vénus-Lucifer et « Atlante » ou Déluge de Noé, ni au « Déluge » Cosmique ou Pralaya
Baal, et finalement à la lettre Vaou ou Microprosope, le Logos » de l'obscuration qui a précédé notre Ronde, mais à l'apparition de
(C.X., VIII, 148). Ces anges ainsi diversement désignés sont l'humanité dans cette Ronde » (D.S., II, 72, 4e note).
Esotériquement, des quatorze Manous de la Cosmogonie hindoue
« tous des septénaires et tous associés à la formation plas- sept sont des Manous Racines et sept des Manous Semences. Chaque
tique et à la MATIERE (leur « fiancée »). Cette dernière est Ronde commence par l'apparition d'un Manou Racine sur le premier
la « mère inférieure », Aima, « la femme à l'enfant » du Globe (Globe A) de notre Chaîne et se termine par l'intervention d'un
XIIe chapitre de la Révélation, poursuivie par le grand Manou Semence sur le dernier Globe (Globe G). De plus, chaque
Dragon (de sagesse). Qu'est ce Dragon ? Est-il le diable Satan, Manou Racine émane quarante-neuf autres Manous, dont chacun est
comme l'Eglise nous invite à le croire ? Certainement pas. le Manou de l'une des quarante-neuf Races Racines (sept par Globe)
Il est le Dragon de la Sagesse Esotérique qui s'oppose à la qui évoluent, pendant une Ronde, sur les sept Globes de la Chaîne.
naissance de l'enfant de la « femme » (l'univers), car cet Les règnes des quatorze Manous s'étendent, avec leurs interrègnes,
enfant est son humanité, et, en conséquence, l'ignorance et sur les sept Rondes, c'est-à-dire sur la Chaîne d'une durée de
l'illusion. Mais Michel et ses anges, ou Jéhovah-Tzabaoth (la 4.320.000.000 ans (un Jour de Brahmâ selon la chronologie des
« Légion »), qui refusèrent de créer ainsi que le firent les Hindous) (D.S., II, 73).
sept fils de Brahmâ sans passion et nés du mental, parce Un Manou « n'est pas un homme, mais l'humanité collective »
qu'ils ,aspirent à s'incarner comme hommes de façon à à laquelle il est associé. Le Manou Vaivasvata, « le progéniteur de
devenir plus hauts que les dieux, combattent le Dragon, en notre Cinquième Race (qu'il a sauvé des flots qui ont presque
sont vainqueurs, et l'enfant de matière naît. Le « Dragon » entièrement exterminé la Quatrième Race ou Race Atlante) n'est pas
de la sagesse ésotérique retombe, en vérité, dans l'obscu- le septième Manou mentionné dans la nomenclature des Manous
rité » (C.W., VIII, 148). Racines ou Manous Primitifs, mais l'un des quarante-neuf Manous
émanés de ce septième Manou Racine ». Il n'est que l'un des sept
Cette seconde interprétation de la Guerre dans le Ciel est relative Manous Mineurs dont chacun préside sur l'une des sept Races de
à la création des hommes de la Première Race, sur notre Globe, notre période mondiale. Chacun de ces Manous Secondaires « doit
dans notre Quatrième Ronde. Une troisième signification de cette devenir le témoin de l'un des cataclysmes » qui, alternativement,
allégorie se rapporte à la lutte qui a opposé, à la fin de la Quatrième « par le feu et par l'eau », mettent fin aux Races-Racines. Vaivasvata,
Race, les Magiciens Noirs et les Magiciens Blancs : « Dans la comme Xisouthrous, Deucalion et Noé est l' « Homme allégorique
Doctrine Esotérique, cependant, une Guerre a lieu avant la construc- qui a sauvé notre Race, alors que presque toute la population d'un
tion du Système Solaire, une autre sur Terre, à la « création » de hémisphère périssait par l'eau et que l'autre hémisphère se réveillait
l'homme, et une troisième est mentionnée comme ayant lieu à la fin de son obscuration temporaire » (D.S., II, 323).
de la Quatrième Race, entre les Adeptes de cette Race et ceux de
la Cinquième, c'est-à-dire entre les Initiés de l'Ile Sacrée et les
Sorciers de l'Atlantide » (D.S., I, 451, 452).
Cette lutte se termine par un déluge qui submerge l'Atlantide et
fait périr ses Magiciens Noirs. Cependant, « comme toutes les autres
légendes, celle du Déluge a plus d'une signification » (D.S., II, 153).
On trouve, dans plusieurs antiques traditions, des versions diverses
de l'histoire biblique de Noé et de son Arche. Dans l'Inde, par
LE DELUGE

Ce dernier cataclysme est le déluge « Atlante » ou déluge de Noë.


Le déluge de « l'obscuration qui a précédé notre Ronde » est le
Pralaya qui s'est écoulé entre notre Quatrième Ronde et la précé-
dente. Qu'est donc le Manvantara de Vaivasvata que Mme Blavatsky
déclare se rapporter à « l'apparition de l'humanité dans notre
Ronde » ?
C'est la période qui a suivi les modifications physiologiques de
l'être humain de la dernière partie de la Troisième Race. Ces trans-
formations ont permis à l'humanité d'échapper à l'extinction grâce
à la reproduction sexuelle. Il est fait allusion à ce danger de destruc-
tion de l'espèce humaine dans le mythe hindou de Nârada, l'ascète
vierge, qui « menaçait de mettre fin à la race humaine en empêchant
les fils de Daksha de la procréer » (D.S., II, 148, 2 note).
e

« Nous avons dit, ailleurs , que le grand Déluge avait


plusieurs significations, et qu'il concernait, comme la
« Chute », des événements spirituels et physiques, cosmiques
et terrestres : au-dessous comme au-dessus. Le Navire ou
l'Arche (Navis), en bref, étant le symbole du Principe géné-
rateur féminin, est symbolisé dans les cieux par la Lune, et
sur Terre par la Matrice ; toutes deux étant les vaisseaux et
les porteuses des semences de la vie et de l'être, que le Soleil
ou Vichnou, le Principe mâle, vivifie et fructifie. Le Premier
Déluge concerne la Création Primordiale ou la formation
du Ciel et des Terres, auquel cas le Chaos et la grande
Profondeur représentent le « Déluge » et la Lune, la « Mère »,
dont procèdent tous les germes de vie. Mais le Déluge
Terrestre, avec son histoire, a aussi sa double signification.
Dans un cas, il se rapporte au mystère selon lequel l'huma-
nité fut sauvée de la destruction complète par le fait que
la femme mortelle a été faite le réceptacle de la semence
humaine, à la fin de la Troisième Race. Dans l'autre cas, il
se réfère à la Submersion réelle et historique de l'Atlantide.
Dans les deux cas, la « Légion » (ou le Manou qui a sauvé
la « semence ») est appelé Vaivasvata Manou » ( D.S., II,
147, 148).
192 DOCTRINES INITIATIQUES LE DÉLUGE 193

Dans le premier de ces deux cas, le « Déluge » produit la symbole de l'Esprit tombant dans la Matière. Il est représenté dès
destruction des premiers Lémuriens « Nés-de-l'OEuf » et androgynes. qu'il sort de son Arche, comme plantant une vigne, buvant de son
Et l'humanité qui est sauvée par le Manou Vaivasvata est celle des vin et s'enivrant ( Genèse, IX, 20). Ce qui signifie que « le pur esprit
hommes qui se reproduisent sexuellement. devient ivre dès qu'il est finalement emprisonné dans la Matière »
(D.S., II, 153). Ainsi, Noé est « l'Esprit vivifiant la Matière, laquelle
« La durée véritable des deux premières Races et demie est le Chaos, représenté par la Profondeur ou les Eaux du Déluge »
n'est connue de personne, sauf des Initiés supérieurs. L'his- (D.S., II, 154), tandis que l'Arche ou la Lune est le symbole du prin-
toire des Races commence à la séparation des sexes, quand cipe féminin (D.S., II, 153), ou du sixième principe, véhicule du
la Race primitive androgyne des porteurs d'oeufs périt septième (Alaya dans le Cosmos et Bouddhi dans l'homme) (1).
rapidement et que les sous-races suivantes de la Troisième
Race-Racine apparurent comme une race entièrement nou- « Cependant, comme on vient de le dire, de même que
velle physiologiquement. C'est cette « Destruction » qui est, toutes les autres légendes, la légende du Déluge a plus d'une
allégoriquement, appelée le grand « Déluge du Manou Vai- signification. Elle se rapporte, dans la Théogonie, a des
vasvata », lorsque le récit montre le Manou Vaivasvata, ou transformations pré-cosmiques, à des corrélations spiri-
l'Humanité, restant seul sur Terre, dans l'Arche de Salut, tuelles... et aussi à la Cosmogonie subséquente : au grand
remorquée par Vichnou, sous la forme d'un monstrueux Déluge des Eaux (Matière) dans le Chaos, éveillées et fruc-
poisson, et les sept Rishis « avec lui ». L'allégorie est très tifiées par les Rayons de l'Esprit, Rayons qui ont été
claire » (D.S., II, 327). absorbés dans la différenciation mystérieuse et qui y ont
péri ; mystère pré-cosmique et prologue du drame de l'Etre »
La légende de Vaivasvata est racontée dans le Mahâbhârata. (D.S., II, 153).
« Alors que Vaivasvata était absorbé dans ses dévotions, sur le bord
de la rivière, un poisson vint implorer sa protection contre un Le mythique Vaivasvata a trois significations dans la Cosmogonie
poisson plus gros. Vaivasvata le sauve et le place dans une jarre où Esotérique. Il apparaît, « a) comme le Manou-Racine sur le Globe A,
il devient plus grand et plus gros. Il communique à Vaivasvata la dans la Première Ronde ; b) comme la Semence de Vie sur le
nouvelle du Déluge qui approche. Ce Poisson est l'Avatâra Matsya Globe D, dans la Quatrième Ronde ; et c) comme la Semence de
bien connu, le premier Avatâra de Vichnou, le Dagon du Xisouthrous l'Homme, au commencement de chaque Race-Racine (spécialement
chaldéen et, en outre, beaucoup d'autres choses... Vichnou ordonne dans notre Cinquième Race) » (D.S., II, 155).
qu'un bateau soit construit, dans lequel Manou est sauvé, avec les
Dans le premier cas, le Manou-Racine Vaivasvata apparaît sur
sept Rishis, suivant le Mahâbhârata, alors que d'autres textes ne font
le premier Globe (Globe A) de la Chaîne, dans la Première Ronde,
pas mention de ces Rishis accompagnant Manou dans l'Arche »
après le Pralaya qui a suivi la fin de la Chaîne précédente. Dans
(D.S., II, 147). Le mot sanscrit matsya signifie poisson. le Shatapatha Brâhmana, « Manou trouve que le Déluge a fait dispa-
Mme Blavatsky ajoute que la mention, dans ce récit, des sept
raître toutes les créatures vivantes et que lui seul est resté, c'est-à-
Rishis indique qu'il s'agit d'un déluge survenu sur Terre, après la dire que la Semence de Vie est seule restée après la Dissolution
« création » de l'homme. Lorsque l'allégorie se rapporte à un Déluge
précédente de l'Univers ou Mahâpralaya, après un Jour de Brahmâ »
cosmique ne concernant pas spécialement l'humanité, les sept Rishis (D.S., II, 155). Dans ce cas, il n'y a encore ni Dieux, ni mortels
ne prennent pas place dans l'Arche, avec Manou. Les Rishis symbo-
lorsque le Manou Vaivasvata « atterrit sur l'Himavân », alors que,
lisent, en l'espèce, les sept principes, lesquels n'ont été au complet
dans d'autres cas, « il est permis aux sept Rishis de lui tenir
dans l'homme « qu'après qu'il eût été séparé et fût devenu une
compagnie » (D.S., II, 154).
créature humaine, cessant ainsi d'être une créature divine » (D.S.,
II, 327), c'est-à-dire après la séparation des sexes dans la Troisième
Race.
Le Déluge a sept significations ésotériques distinctes (D.S., II, 153, (1) Selon une autre interprétation donnée par Mme Blavatsky, le Déluge
représente la « Matière chaotique instable » ou le Chaos, l'Eau est le
2e note) dont la plupart ne sont pas indiquées par Mme Blavatsky. Principe Féminin ou la Grande Profondeur, et l'Arche est « le nom
Dans un sens, Noé flottant sur les eaux dans son Arche est le mystique de l'Esprit Divin de Vie qui plane sur le Chaos » (D.S.,
H, 327).
194 DOCTRINES INITIATIQUES LE DÉLUGE 195

Mme Blavatsky divise l'histoire de notre globe terrestre en deux avait coutume de se rendre, chaque année, au pays des Hyperboréens,
parties, correspondant aux deux phases principales de la manifesta- « la région qui s'étendait au-delà de Borée » (D.S., II, 6).
tion cosmique : 1) la période de la Création Primaire, où « la Terre Les hommes de la Première Race, « Ombres des Progéniteurs,
est en possession des trois Règnes Elémentals » et à laquelle elle se ne pouvaient pas être blessés ni détruits par la mort. Etant tellement
borne à faire allusion pour plusieurs raisons dont l'une est que seul éthérés et si peu humains par leur constitution, ils ne pouvaient être
« un grand voyant ou quelqu'un doué naturellement d'intuition » affectés par aucun élément (déluge ou feu). Mais leurs « Fils », la
pourrait comprendre ses explications ; 2) la période de la Création Seconde Race-Racine, pouvaient être et furent détruits ainsi »
Secondaire. Dans cette seconde phase, se produisent d'abord, au (D.S., II, 146).
cours d'une sorte d'adolescence de la Terre, d'une durée de 60.000.000
ans, d'incessantes « convulsions de la Nature (changements géolo- « Les régions toujours fleuries (le Groenland entre
giques) ». Après quoi ces bouleversements terrestres deviennent autres) du second Continent furent transformées successive-
périodiques et séparés par de longs intervalles, le dernier remontant ment d'Edens à l'éternel printemps en Hades hyperboréens.
à 120.000.000 ans environ. Ce sont ces cataclysmes que Mme Blavatsky Cette transformation fut due au déplacement des grandes
appelle des bouleversements géologiques (ou, allégoriquement, dé- eaux du Globe, au fait que les océans ont changé de lit. Et
luges) universels (D.S., II, 326 et 1- note). Elle qualifie de « semi- la masse de la Seconde Race périt dans la première grande
universel » et de « prétendu universel » (D.S., II, 153, 154) le déluge tourmente de l'évolution et de la consolidation du Globe
de moindre importance qui a détruit l'Atlantide. pendant la période humaine. Il y a déjà eu quatre de ces
Il y a déjà eu, dans notre Quatrième Ronde, sur Terre, quatre grands cataclysmes, et nous pouvons en attendre un cin-
cataclysmes semi-universels. « Le premier s'est produit lorsque ce quième pour nous, qui surviendra en temps voulu » (D.S.,
qui est maintenant le Pôle Nord a été séparé des Continents posté- II, 146).
rieurs » (D.S., II, 146, 2' note). Ce premier « Déluge » a eu lieu à la
fin de la Première Race. Il n'a pas détruit le « Pôle Nord » qui Une partie des hommes « couleur de lune », c'est-à-dire de
représente ici le premier continent, la « Terre Sacrée Impérissable », l'humanité des Première et Seconde Races, fut détruite par ce second
« dont la destinée est de durer du commencement à la fin du Man- Déluge. Le reste disparut pour toujours, « sans laisser de traces
vantara, pendant toute la durée de chaque Ronde ». C'est une terre quelconques », lors du troisième Déluge, celui de la Troisième Race
(D.S., II, 366). Ce Déluge est symbolisé par le Grand Dragon « dont
mystérieuse dont « très peu de chose peut être dit », si ce n'est cette
affirmation sibylline que l'Etoile Polaire garde son ceil vigilant fixé la queue balaye hors de l'existence des nations entières, en un clin
sur elle pendant tout un « Jour du Grand. Souffle », ou Jour de ». Il ne respecte que « les Serpents de Sagesse, les Serpents
Brahmâ (D.S., II, 6 et 1- note), autrement dit pendant toute la durée dont les trous sont sous les Pierres Triangulaires », autrement dit
d'une Chaîne (4.320.000.000 ans). les « pyramides, aux quatres coins du monde ». Ces Serpents sont
Le premier Déluge « survint à la fin du Satya Youga, l'Age de les Initiés. Une allusion est ainsi faite au fait que « les Adeptes ou
hommes Sages des Troisième, Quatrième et Cinquième Races habi-
Vérité, lorsque la Seconde Race-Racine, le Manou avec os, fit sa
première apparition, comme Né-de-la-Sueur » (D.S., II, 154). taient dans des demeures souterraines, généralement sous quelque
espèce de structure pyramidale, si ce n'est effectivement sous une
Nous sommes peu renseignés à propos du second Déluge. Les
« détails concernant la submersion du Continent habité par la pyramide. Car, de telles « pyramides » existaient aux « quatre coins
Seconde Race-Racine ne sont pas nombreux » (D.S., II, 327). Ce du monde » et n'ont jamais été le monopole de la terre des Pha-
continent « étendait ses promontoires au sud et à l'ouest du Pôle raons ». On a cru qu'elles étaient la propriété exclusive de l'Egypte
Nord, pour recevoir la Seconde Race et comprenait la totalité de ce jusqu'à ce qu'on en ait trouvé « éparpillées sur les deux Amériques,
qui est maintenant connu comme l'Asie du Nord ». Il englobait à au-dessous et au-dessus du sol, au-dessous et au milieu de forêts
vierges, et aussi dans des plaines et des vallées » (D.S., II, 367).
l'ouest le Groenland et, à l'est, le Kamschatka, ces « deux extrémités
étant unies par ce qui est maintenant la bordure nord des côtes de Le troisième Déluge se produisit au milieu de la Troisième Race.
la Sibérie Orientale et Occidentale » (D.S., II, 420). Ce continent est Le troisième Continent était gigantesque. L'Australie en est le vestige
appelé l'Hyperboréen dans la Doctrine Secrète. Ce nom est emprunté le plus important. Un autre reste de l'énorme Lémurie est l'île de
à la mythologie grecque selon laquelle Apollon (1' « Hyperboréen ») Pâques. Les énigmatiques et colossales statues qui s'y dressent sont
196 uocra 1 NES FIOULS LE DÉIAJGE 197

des représentations des hommes gigantesques qui la peuplaient avant « Bien avant les jours d'Ad-am et de sa curieuse épouse
sa submersion. Car cette île a ressurgi des flots où elle s'était abîmée He-va, là où on ne trouve plus maintenant que des lacs salés
au cours des « terribles cataclysmes géologiques de l'âge secondaire » et des déserts stériles et désolés, il y avait une vaste mer
qui firent s'engloutir au fond des océans presque toute la Lémurie, intérieure qui s'étendait sur le milieu de l'Asie, au nord de la
700.000 ans environ avant l'Eocène (début de l'âge tertiaire) (D.S., fière chaîne de l'Himalaya et de sa prolongation occidentale.
II, 327, 754). Ainsi, l'île de Pâques, « avec son volcan et ses statues », Dans cette mer, une île qui, pour sa beauté sans parallèle,
est un « témoin de l'existence de la Lémurie ». Elle constitue un n'avait aucune rivale dans le monde, était habitée par les
vestige de « la plus ancienne civilisation de la Troisième Race » derniers restes de la race qui a précédé la nôtre » (D.S.,
(D.S., II, 342). II, 230).
Le Continent lémurien avait la forme d'un fer à cheval. Il
descendait des régions de la Sibérie actuelle (D.S., II, 342) à Cette race est la Troisième, « qui a précédé les Races véritable-
l'Australie. Il englobait celle-ci et Madagascar, contournait l'empla- ment et complètement humaines, la Quatrième et la Cinquième »
cement présent de l'Afrique du Sud, alors « en voie de formation », (D.S., II, 230). Ainsi que l'indiquent les Stances de Dzyan, la Troi-
et remontait des confins du cercle antarctique (D.S., II, 338) vers sième Race « devint le Vâhan (véhicule) des Seigneurs de Sagesse.
la Norvège (D.S., II, 348). La Lémurie s'étendait « à l'est et à l'ouest, Elle créa des Fils de la Volonté et du Yoga, par Kriyâshakti » (D.S.,
aussi loin que se trouvent maintenant les deux Amériques ». II, 182). Autrement dit, dans la Troisième Race s'incarnèrent ceux
Quelques îles « survivantes, éparpillées ça et là, à la surface du que les théologiens nomment des « Anges Tombés » et des « Re-
Pacifique, ainsi qu'une grande bande de la Californie, lui apparte- belles » (D.S., II, 183, 1" note). Ces Roudras (D.S., II, 192) ou
naient ». Cet immense Continent s'étendait là où se trouvent main- Koumâras sont les Fils de la Volonté et du Yoga qui demeurèrent
tenant « les Océans Indien, Atlantique et Pacifique » (D.S., II, 342). dans l'Ile Sacrée et formèrent une race splendide.
Il incluait des régions arctiques, mais le climat y était semi-tro-
pical et « excellemment adapté aux besoins élémentaires de l'homme « Cette race pouvait vivre avec autant de facilité dans
physique naissant ». Cependant, alors que la Troisième Race « était l'eau, l'air ou le feu, car elle avait un contrôle illimité des
seulement à peu près au point médian de son développement, l'axe éléments. C'était les « Fils de Dieu »... Ce furent eux qui
de la Roue oscilla. Le Soleil et la Lune ne brillèrent plus au-dessus communiquèrent aux hommes le « mot » ineffable et main-
des terres de cette partie des Nés-de-la-Sueur ; les gens connurent la tenant perdu. Ce mot, qui n'est pas un mot, a autrefois
neige, la glace et la gelée, et hommes, plantes et animaux furent voyagé autour du globe et s'attarde encore, comme un loin-
freinés dans leur croissance. Ceux qui ne périrent pas restèrent tain écho, dans les coeurs de quelques hommes privilégiés.
comme des enfants ayant à moitié grandi, quant à la taille et à Les hiérophantes de tous les Collèges sacerdotaux connais-
l'intelligence. Ce fut le troisième Pralaya des Races » (D.S., II, 343, saient l'existence de cette île, mais le « mot » n'était connu
344). que du Java Aleim (Mahâ Chohan dans une autre langue),
Ce Continent « gigantesque et continu » était séparé, par la ou principal Seigneur de chaque Collège et n'était transmis
chaîne de montagne de l'Himalaya, d'une « mer intérieure qui faisait à son successeur qu'au moment de sa mort. Il y avait de
déferler ses vagues sur ce qui est, maintenant, le Tibet, la Mongolie nombreux Collèges semblables et les vieux auteurs classiques
et le Grand Désert de Shami (Gobi) » (D.S., II, 338). Il fut fractionné, en parlent. Il n'y avait pas de communication, par mer, avec
au cours du troisième Déluge, en « d'énormes îles qui disparurent, la belle île, mais des passages souterrains, connus seulement
graduellement, l'une après l'autre, jusqu'à la convulsion finale qui des chefs, communiquaient avec elle dans toutes les direc-
engouffra ses derniers restes » (D.S., II, 342). tions » (D.S., II, 230, 231).
Dans cette mer intérieure se dressait une île, « Ile Sacrée »,
demeure des « Fils de Dieu » et des « Fils de la Volonté et du Autant de Races, autant de Pralayas (Déluges). Notre globe
Yoga ». C'était à l'époque des premiers hommes de la Troisième Race terrestre est ainsi, dans le présent cycle mondial, « sujet à sept
dans lesquels s'étaient incarnés les « Fils de la Sagesse » (les changements périodiques et complets, qui vont pari passu, avec les
Koumâras qui obéirent immédiatement à la Loi de l'Evolution et Races ». Car, durant notre Ronde, « il doit y avoir sept Pralayas
n'encoururent aucun châtiment karmique pour un retard quelconque terrestres, occasionnés par le changement dans l'inclinaison de l'axe
à « descendre » et devenir les Egos de certains hommes).
198 DOCTRINES INITIATIQUES LL DIII.UGH 199

de la Terre ». Cette loi entre en action chaque fois que le moment d'années avant que n'eût lieu ce cataclysme, périt pendant la période
est venu, « strictement en accord et en harmonie avec la Loi Kar- Miocène » (D.S., II, 754, 755). C'est dans cette catastrophe de l'époque
mique » (D.S., II, 344). C'est la « Loi du Grand Ajusteur ». De tels Tertiaire que la plus grande partie du Continent de l'Atlantide
changements inexorables dans l'inclinaison de l'axe passant par les s'enfonça dans les flots. Bien après cette submersion, il y a environ
pôles se sont déjà produits, dans notre Ronde, à quatre reprises. 850.000 ans, deux vestiges de ce Continent, la grande île de Routa et
Provoqués par l'action de Fohat, ils ont entraîné plusieurs modifi- celle, moins vaste, de Daitya, s'affaissèrent, à leur tour, au fond des
cations importantes du relief de notre planète. « Les vieux Conti- océans. Si l'on attribue à la période Quaternaire une durée de
nents (sauf le premier) ont été aspirés par les océans, d'autres terres 1.600.000 ans, que Mme Blavatsky estime exagérée (D.S., II, 750,
sont apparues, et d'immenses chaînes de montagnes se sont dressées 2° note), « la submersion de Routa et Daitya serait post-tertiaire »
là où, auparavant, il n'y en avait aucune » (D.S., II, 344). (D.S., II, 751) et se situerait donc dans l'Age Quaternaire. Le dernier
« La submersion et la transformation de la Lémurie commença reste de l'Atlantide, l'île de Poséidonis mentionnée par Platon dans
presque au Cercle Arctique (Norvège) et la Troisième Race termina le « Timée » et le « Critias » (identique à l'île Shankha des Hindous)
sa carrière dans Lankâ, ou plutôt dans ce qui devint Lankâ avec les ne s'engloutit dans les flots qu'il y a environ 11.000 ans (D.S., II, 425).
Atlantes » (D.S., II, 347). Lankâ (nom sanscrit de Ceylan) était La submersion de l'Atlantide s'est donc produite au cours de
primitivement bien plus vaste que l'île actuelle de ce nom. Elle était trois cataclysmes d'importance décroissante.
une île gigantesque constituant un véritable continent. « Le petit
vestige maintenant appelé Ceylan est la terre septentrionale de « Cet événement (c'est-à-dire la destruction de la fameuse
l'ancienne Lankâ » (D.S., II, 347). île de Routa et de l'île plus petite de Daitya) qui s'est pro-
Cette catastrophe se produisit dans l'Age secondaire. Elle duit il y a 850.000 ans, à la fin du Pliocène, ne doit pas être
anéantit presque totalement la Race Lémurienne : « La Troisième confondu avec la submersion du principal Continent de
Race a maintenant presque disparu, emportée par les terribles cata- l'Atlantide pendant la période du Miocène. Les Géologues ne
clysmes géologiques de l'Age Secondaire, ne laissant derrière elle que peuvent rapprocher de nos jours, quoi qu'ils puissent faire,
de rares races hybrides » (D.S., II, 754). Outre une petite partie des le Miocène jusqu'à 850.000 ans avant notre époque. Il y a,
Lémuriens, survécurent également les pionniers de la Quatrième en réalité, plusieurs millions d'années que le principal de
Race. Ceux-ci habitaient la Lémurie et non l'Atlantide, dont de vastes l'Atlantide a péri » (D.S., II, 328, 1- note).
territoires « faisaient encore partie du sol des océans » (D.S., II, 338),
et, de ce fait, le nom d'Atlantes ne peut leur être donné. C'est pendant le grand déluge du Miocène, qui fut « un réel
Le « Déluge » est produit par une diminution de la vitesse de déluge géologique cette fois », que le Manou Vaivasvata sauva
rotation de la Terre sur elle-même. Quand cette vitesse diminue et « l'humanité (en réalité une partie de l'humanité, la Quatrième Race),
que le globe « oscille dans toutes sortes de directions, il se produit comme il sauva la Cinquième Race » lors du cataclysme qui se
un grand déséquilibre à la surface de la Terre ». Les eaux des océans produisit il y a 850.000 ans. Car la Cinquième Race, qui compte
se dirigent vers le Pôle Nord ou le Pôle Sud. Les territoires situés actuellement un million d'années d'existence, existait déjà à cette
près des régions polaires « sont sujets à des Pralayas par submer- dernière époque. Après quoi « il n'y eut aucune grande submersion
sion », tandis que de nouvelles terres s'élèvent du fond des mers, jusqu'aux jours de l'Atlantide de Platon, ou Poséidonis, qui ne fut
dans la région de l'Equateur (D.S., II, 339). C'est l'oeuvre des connue des Egyptiens que parce qu'elle se plaçait dans des temps
« Régents de la Lune (les Pères ou Pitris) ». Ceux-ci, vers la fin d'une relativement récents » (D.S., II, 327, 328).
Race-Racine, « commencent à attirer plus fort et, ainsi, aplatissent Cependant, Mme Blavatsky mentionne une destruction remon-
la Roue dans la région de sa Ceinutre ». La Roue (le globe terrestre) tant à 270.000 ans : « 850.000 ans environ ont passé depuis la sub-
« s'affaisse en certains endroits et se gonfle dans d'autres, et le mersion de la dernière grande île (partie du continent de l'Atlantide),
gonflement se déplaçant vers les extrémités (pôles) de nouvelles la Routa de la Quatrième Race, celle des Atlantes ; tandis que Daitya,
terres s'élèvent et d'anciennes sont englouties » (D.S., II, 339). une petite île habitée par une race mixte, fut détruite il y a environ
La destruction de la Lémurie survint 700.000 ans environ avant 270.000 ans » (D.S., I, 174).
le commencement du Tertiaire (composé de l'Eocène, du Miocène et C'est pendant la Quatrième Race que l'humanité atteignit le bas
de l'arc descendant de son évolution, avant de remonter vers la
du Pliocène) (D.S., II, 327). La Quatrième Race, « née des millions
200 DOCTRINES INITIATIQUES

spiritualité, le long de l'arc ascendant. Cette remontée, nous l'avons


mentionné, a commencé au milieu de la Quatrième Race et se pour-
suivra jusqu'à la fin de la septième.
Les Atlantes s'enfoncèrent progressivement dans la bestialité, de
sorte que les habitants de l'Ile Blanche, qui « s'étaient mêlés » avec
LA FIN DES SORCIERS ATLANTES
eux, devinrent « noirs de péchés » (D.S., II, 426).
L'Ile Blanche (en sanscrit, Shveta-Dvîpa), appelée aussi Sham-
balla, est la résidence des Dieux informants. « Suivant la tradition
tibétaine, l'He Blanche est le seul endroit qui échappe au sort général
des autres Dvîpas ; elle ne peut être détruite ni par le feu, ni par Les « Fils de Dieu » ou « Fils de la Volonté et du Yoga » qui
l'eau, car elle est la Terre Eternelle » (D.S., II, 426, 1" note). Les habitaient l'Ile Sacrée, furent les Instructeurs des Magiciens Blancs
Grands Etres qui y demeurent se sont « mêlés » aux hommes (c'est-à- de l'Atlantide. Ces derniers, contrairement aux Magiciens Noirs
Atlantes, se soumirent, sous la direction de leurs Instructeurs, à un
dire se sont « incarnés » en eux) pour les doter du Mental. Et c'est
entraînement spirituel grâce auquel ils acquirent, progressivement,
allégoriquement parlant qu'ils sont « devenus noirs de péchés ». Ces
connaissances et pouvoirs occultes et devinrent ainsi des Initiés.
péchés n'ont pas été commis par eux, mais par les Atlantes qu'ils
informaient.
« Pour continuer la tradition, nous devons ajouter que la
classe de hiérophantes était divisée en deux catégories dis-
Quand la tradition dit que « l'Ile Blanche est devenue
tinctes : ceux qui étaient instruits par les « Fils de Dieu » de
noire à cause des péchés des gens », cela signifie seulement
l'île et qui étaient initiés dans la doctrine divine de la révéla-
que les habitants de l' « Ile Blanche » ou Siddhapoura,
tion pure, et ceux qui habitaient l'Atlantide perdue (si tel doit
descendirent sur l'Atlantide de la Troisième et de la Qua-
être son nom) et qui, étant d'une autre race (produite sexuel-
trième Races pour « informer ces dernières et, s'étant incar-
lement, mais de parents divins), étaient nés avec une vue qui
nés, devinrent noirs de péchés ». C'est une simple figure
embrassait toutes les choses cachées et était indépendante à
de réthorique. Tous les Avatâras de Vichnou viennent origi-
la fois de la distance et des obstacles matériels. En bref, ils
nellement, dit-on, de l'Ile Blanche » (D.S., II, 426, 1R note).
étaient la Quatrième Race d'hommes mentionnée dans le
Popul Vuh, dont la vue était illimitée et qui connaissaient
C'est à la fin du Kalpa (Cycle) de 4.320.000 ans, qu'apparaîtra, toutes choses immédiatement » (D.S., II, 232 ; I.D., I, 592, 593).
sur terre, l'Avatâra Kalki, dont les Hindous attendent la venue,
comme les Juifs attendent le Messie. Il « viendra de Shamballa, la
Ville des Dieux, laquelle est à l'Ouest pour certaines nations, à l'Est Les magiciens de l'Atlantide ne se purifiaient pas, comme les
pour d'autres, au Nord ou au Sud pour d'autres encore » (D.S., III, disciples des « Fils de Dieu » de l'Ile Sacrée, en s'astreignant à une
346). stricte discipline et en développant graduellement leurs facultés et
Le Cycle de 4.320.000 ans (Mahâ Youga) comprend 1°) le Krita leur savoir occultes. Ils subirent la néfaste influence du Roi Thevetat.
ou Satya Youga, de 1.728.000 ans ; 2°) le Tretâ Youga, de 1.296.000
« Ils étaient peut-être ce que nous appellerions des
ans ; 3°) le Dvâpara Youga, de 864.000 ans ; 4°) le Kali Youga, de
« médiums naturels nés », qui ne luttaient ni ne souffraient
432.000 ans (D.S., II, 73). La Cinquième Race a évolué, d'abord,
pour acquérir leurs connaissances, et ne les obtenaient pas au
parallèlement à la Quatrième Race. Elle existe « comme une Race
prix d'un sacrifice quelconque. En conséquence, alors que les
sui generis et entièrement libre de sa tige mère » depuis environ
premiers marchaient sur le sentier de leurs instructeurs divins
un million d'années. Elle a toutefois co-existé avec la Quatrième Race
et obtenaient graduellement leurs connaissances, en apprenant
jusqu'à la destruction de Poséidonis. « Car les Races, sous-races, etc.
en même temps à discerner le mal du bien, les adeptes-nés de
jusqu'à leurs petites ramifications, se chevauchent et se mêlent les
l'Atlantide suivaient aveuglément les insinuations du grand
unes aux autres jusqu'à ce qu'il soit presque impossible de les
« Dragon » invisible, le Roi Thevetat (le Serpent de la
séparer » (D.S., II, 453).
Genèse ?). Thevetat n'avait ni étudié, ni acquis la connais-
202 DOCTRINES INITIATIQUES

sance..., il était « une sorte de Socrate qui connaissait sans Platon qui, aux dires de Mme Blavatsky, était un Adepte, décrit
être initié ». Ainsi, sous l'influence des mauvaises sugges- dans les dernières lignes du « Critias », tel qu'il est parvenu en
tions de son démon, Thevetat, la race de l'Atlantide devint notre possession, la décadence spirituelle des Atlantes.
une nation de magiciens méchants. En conséquence, la guerre
fut déclarée... le conflit se termina par la submersion de « Pendant de nombreuses générations, tant que la nature
l'Atlantide » (I.D., I, 593). du dieu se fit sentir suffisamment en eux, ils obéirent aux
lois et restèrent attachés au principe divin auquel ils étaient
Ces Lémuro-Atlantes furent les premiers à avoir une Dynastie apparentés. Ils n'avaient que des pensées vraies et grandes
d' « Esprits-Rois ». Il ne s'agissait pas de fantômes ou esprits invi- en tout point, et ils se comportaient avec douceur et sagesse
sibles, mais de « véritables Devas, ou Demi-Dieux, ou Anges vivants », en face de tous les hasards de la vie et à l'égard les uns des
qui prenaient des corps physiques pour gouverner cette race et autres. Aussi, n'ayant d'attention qu'à la vertu, faisaient-ils
l'instruire « dans les arts et les sciences ». « Seulement, comme ces peu de cas de leurs biens et supportaient-ils aisément le
Dhyânis étaient des Esprits Roûpa ou matériels, ils n'étaient pas
fardeau qu'était pour eux la masse de leur or et de leurs
toujours bons. » Leur Roi Thevetat se classait dans la mauvaise autres possessions. Ils n'étaient pas enivrés par les plaisirs
catégorie de ces « Esprit-Rois », et c'est sous la funeste influence de la richesse et, toujours maîtres d'eux-mêmes, ils ne
de « ce Roi-Démon que la Race de l'Atlantide devint une nation de s'écartaient pas de leur devoir. Tempérants comme ils
magiciens méchants » (D.S., II, 232).
étaient, ils voyaient nettement que tous ces biens aussi
Le quatrième grand Pralaya ou Déluge « sur notre Globe dans s'accroissaient par l'affection mutuelle unie à la vertu, et
la Ronde actuelle » entraîna la destruction, par l'eau, de sept grandes que, si on s'y attache et les honore, ils périssent eux-mêmes
îles faisant partie du Continent de l'Atlantide. Ce Déluge « surprit et la vertu avec eux. Tant qu'ils raisonnèrent ainsi et gar-
la Quatrième Race, la Race Géante, non à cause de sa dépravation, dèrent leur nature divine, ils virent croître tous les biens
ou parce qu'elle était devenue noire de péchés, mais simplement dont j'ai parlé. Mais quand la portion divine qui était en
parce que tel est le sort de tout Continent qui (comme toute autre eux s'altéra par son fréquent mélange avec un élément
chose sous le Soleil) naît, vit, décline et meurt ». Cela se produisit, mortel considérable et que le caractère humain prédomina,
« alors que la Cinquième Race était dans son enfance » (D.S., II, 365). incapables dès lors de supporter la prospérité, ils se condui-
Le Livre de Dzyan mentionne, à ce propos, que tous les « saints » sirent indécemment et à ceux qui savent voir, ils apparurent
furent sauvés et que les « non-saints » furent détruits. Ce fut dû laids, parce qu'ils perdaient les plus beaux de leurs biens les
aussi bien à « la prévision des saints êtres qui n'avaient pas perdu
plus précieux, tandis que ceux qui ne savent pas discerner
l'usage de leur Troisième Œil, qu'au Karma et à la Loi Naturelle » ce qu'est la vraie vie heureuse les trouvaient justement alors
(D.S., II, 365). parfaitement beaux et heureux, tout infectés qu'ils étaient
« Seule la poignée des Elus, dont les Divins Instructeurs d'injustes convoitises et de l'orgueil de dominer. Alors le
étaient allés habiter l'He Sacrée ( « dont le dernier Sauveur dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant les lois et qui peut
viendra »), empêchait alors une moitié de l'humanité de discerner ces sortes de choses, s'apercevant du malheureux
devenir l'exterminateur de l'autre moitié (comme c'est le cas état d'une race qui avait été vertueuse, résolut de les châtier
pour l'humanité actuelle - H.P.B.). L'humanité fut divisée. pour les rendre plus modérés et plus sages. A cet effet, il
Deux tiers en étaient gouvernés par des Dynasties d'Esprits réunit tous les dieux dans leur demeure, la plus précieuse,
de la Terre inférieurs et matériels, qui prenaient possession celle qui située au centre de tout l'univers, voit tout ce qui
des corps les plus facilement accessibles ; un tiers restèrent participe à la génération, et, les ayant rassemblés, il leur
fidèles et se joignirent à la Cinquième Race naissante, aux dit : ».
Incarnés Divins. Quand les Pôles bougèrent (pour la qua-
trième fois), cela n'affecta pas ceux qui étaient protégés et
C'est sur ces mots que se termine ce que nous possédons de cet
qui s'étaient séparés de la Quatrième Race. Comme les
ouvrage de Platon. La suite, si le grand philosophe l'a jamais écrite,
Lémuriens inférieurs, les Atlantes non divins périrent, et
ne furent plus vus... ! » (D.S., II, 365, 366). était peut-être conforme au récit de la fin de l'Atlantide que Mme Bla-
204 DOCTRINES INITIATIQUES I.A FIN DES SORCIERS ATLANTES 205

vatsky a extrait d'un Commentaire secret et que nous reproduisons La suite du récit nous apprend que les populations fidèles aux
ci-dessous. Mme Blavatsky y inclut, à son habitude, entre parenthèses, Seigneurs à la Face Etincelante, prévenues et conduites par eux,
ses propres commentaires. furent sauvées des flots qui montaient rapidement et se dirigèrent
vers l'Est et le Nord. Des météores tombèrent sur les terres des
« Et le « Grand Roi à la Face Etincelante », le chef de Seigneurs à la Face Sombre alors que ceux-ci étaient profondément
tous ceux à la Face Jaune, était triste, voyant les péchés de endormis. « Les animaux parlants (les veilleurs magiques) restèrent
ceux à la Face Sombre. Il envoya ses véhicules aériens silencieux. Les Seigneurs inférieurs attendirent des ordres, mais
( Vimânas) à tous ses chefs-frères (chefs d'autres nations et ceux-ci ne vinrent pas, car leurs maîtres dormaient. Les eaux mon-
tribus) avec dedans des hommes pieux, en disant : « Pré- tèrent, et couvrirent les vallées d'un bout de la Terre à l'autre. De
parez-vous. Levez-vous, vous hommes de la Bonne Loi, et hautes terres restèrent, le fond de la Terre (les terres des antipodes)
traversez la terre pendant qu'elle est (encore) sèche. Les demeura sec. Là habitèrent ceux qui échappèrent : les hommes à la
Seigneurs de l'orage approchent. Leurs chariots sont près de Face Jaune et à l'oeil direct (les gens francs et sincères). Quand les
la terre. Les Seigneurs de la Face Sombre (les Sorciers) ne Seigneurs à la Face Sombre s'éveillèrent et songèrent à utiliser leurs
vivront qu'une nuit et deux jours sur cette terre patiente. Vimânas, de façon à échapper aux eaux montantes, ils s'aperçurent
Celle-ci est condamnée et ils doivent descendre avec elle. Les qu'ils leur avaient été enlevés » (D.S., II, 446).
Seigneurs inférieurs des Feux (les Gnomes et les Elémentals Le même Commentaire secret ajoute, nous dit Mme Blavatsky,
du Feu) préparent leurs Agnyastra magiques (armes de feu que certains des plus puissants Magiciens Noirs, s'étant réveillés
préparés par la Magie). Mais les Seigneurs à l'OEil Sombre avant les autres, se lancèrent à la poursuite de ceux qu'ils considé-
( « Mauvais Œil ») sont plus forts qu'eux (les Elémentals) et raient comme les ayant dépouillés de leurs biens. Nombreuses étaient
ils sont les esclaves des puissants êtres. Ils sont versés en les populations qui fuyaient la montée des eaux, sous la conduite
Astra (Vidyâ, la plus haute connaissance magique). Allez et des Magiciens Blancs et beaucoup périrent dans leur fuite. Les
employez les vôtres (c'est-à-dire vos pouvoirs magiques, de Magiciens Noirs à leurs trousses, grâce à leur haute taille, purent les
façon à neutraliser ceux des Sorciers). Que chaque Seigneur poursuivre pendant « trois termes lunaires », tant que leur tête et
à la Face Etincelante (Adepte de la Magie Blanche) fasse leur poitrine émergèrent des eaux. Puis, « finalement atteints par les
tomber le Vimâna d'un Seigneur à la Face Sombre entre ses flots montants, ils périrent jusqu'au dernier homme, le sol se déro-
mains (ou en sa possession), de peur que l'un d'eux (des bant sous leurs pieds et la Terre engouffrant ceux qui l'avaient
Sorciers) n'échappe, par son moyen, à la Verge des Quatre souillée » (D.S., II, 446, 447).
(Déités Karmiques) et ne sauve ses méchants (ses fidèles ou C'est, sans doute, le même récit que l'on lit, déformé, dans
ses gens). Que chaque Face Jaune envoie du sommeil de lui- l'Exode de la Bible. « Les gigantesques Magiciens de Routa et Daitya,
même vers chaque Face Sombre (le mesmérise ?). Puissent- les Seigneurs à la Face Sombre, peuvent être devenus, dans ce der-
ils, même eux (les Sorciers), éviter la peine et la souffrance. nier récit, les Mages Egyptiens et les nations à la face jaune de la
Que chaque homme fidèle aux Dieux Solaires lie (paralyse) Cinquième Race, les fils vertueux de Jacob, le peuple choisi ! » (D.S.,
un homme soumis aux Dieux Lunaires, de crainte qu'il ne II, 447). « L'unique Pharaon que la Bible montre descendant dans
souffre ou échappe à sa destinée. Et que chaque Face Jaune la Mer Rouge fut le roi qui poursuivit les Israélites et qui est
offre de son eau vitale (sang) à l'animal parlant d'une Face demeuré non nommé, sans doute pour de très bonnes raisons. Cette
Sombre, de peur qu'il n'éveille son maître. L'heure a sonné, histoire provient sûrement de la légende atlante » (D.S., II, 519,
la nuit noire est arrivée » (D.S., II, 445, 446). 1' note).
Shâka-dvîpa est le nom donné dans la littérature pourânique à
l'Atlantide, ou plutôt à l'Atlantide primitive , dont une grande partie
L'animal parlant dont il est question était une bête artificielle qui des habitants n'avaient pas encore perdu leur pureté originelle (D.S.,
« avertissait son maître de toute approche de danger ». Le maître II, 336). Les Magas de Shâka-dvîpa dont il est question dans le
était un Magicien Noir, et son animal mécanique était informé (ani- Bhavishya Pourâna « sont les Mages de Chaldée, et leur caste ainsi
mé) « par un Djin, un Elémental, suivant les récits. Seul le sang d'un que leur culte étaient nés dans l'Atlantide la plus ancienne, dans
homme pur pouvait le détruire » (D.S., II, 446, 1" note). Shâka-dvîpa, la Sans Pêché ». C'est dans cette caste des Magas,
206 DOCTRINES INITIATIQUES LA VIN DES SORCIERS ATLANTES 207

considérée par les Brâhmanes comme aussi élevée que la leur, que historique. C'est une page arrachée à l'histoire des Sciences
naquit le premier Zarathoustra. Ces Magas étaient dits habitants de Secrètes et Sacrées, à leur évolution, à leur croissance, et à
Shâka-dvîpa non parce qu'ils demeuraient dans l'Atlantide, depuis leur mort (pour les masses profanes). Elle se rapporte a) au
longtemps ensevelie sous les flots à leur époque, mais parce que leur dessèchement systématique et graduel d'immenses terri-
caste était la même que celle des Magiciens (Blancs) Atlantes qui toires, par l'ardent Soleil, à une certaine période pré-histo-
avaient quitté l'Atlantide pour venir s'installer en Chaldée (D.S., II, rique, à l'une des terribles sécheresses qui s'est terminée
337, 338). par une transformation graduelle de terres autrefois fertiles
La défaite des Magiciens Noirs, qui s'est terminée par leur totale et abondamment arrosées en les déserts de sable qu'elles
destruction, lors du quatrième grand déluge, n'est qu'un épisode de sont maintenant ; et b) à la persécution aussi systématique
la lutte qui n'a cessé de les opposer aux Magiciens Blancs. Car, des Prophètes du Sentier de Droite par ceux du Sentier de
depuis « la fin de la Quatrième Race, il y a eu une guerre entre les Gauche. Ces derniers, ayant provoqué la naissance et le déve-
Initiés du Sentier de Droite et ceux du Sentier de Gauche » (D.S., loppement des castes sacerdotales, ont finalement conduit le
II, 519). monde dans toutes les religions exotériques qui ont été
Selon Mme Blavatsky, « presque chaque ancien roi et presque inventées pour satisfaire le goût dépravé des « hoi polloi »
chaque ancien prêtre était un Initié » (D.S., II, 519). Mais les prêtres et des ignorants pour la pompe des rituels et la matériali-
Initiés étaient de deux sortes : les uns étaient des Magiciens Blancs, sation du Principe toujours-immatériel et Inconnaissable »
les autres des Magiciens Noirs. Alors que ces derniers orientaient les (D.S., II, 528, 529).
gens vers l'idolâtrie et l'exotérisme, les premiers luttaient contre les
superstitions et le goût des foules ignorantes pour les vaines céré-
monies, la matérialisation de hauts idéals et les rites vides de sens.
Ce sont les Adeptes de la Main Gauche qui, selon la « Doctrine
Secrète », ont conduit les peuples aux diverses religions exotériques,
les détournant de l'étude des Sciences Secrètes et Sacrées, dont ils
provoquèrent « la mort pour les masses profanes ». Dans de nom-
breuses traditions antiques, on trouve des échos de cet incessant
combat entre les deux sortes d'Initiés. Cette lutte a tourné (pour le
moment) à l'avantage des Adeptes de la Main Gauche, qui ont réussi
à faire triompher les religions exotériques. La défaite des Magiciens
Blancs est symbolisée, nous dit Mme Blavatsky, par celle des puis-
sances de l'Eau, de l'Abîme ou du Chaos. Ces trois derniers repré-
sentent, en effet, dans les anciennes traditions, la Sagesse Divine qui
inspire les Adeptes de la Main Droite.

« Pendant des âges, l'Abîme Aqueux (qui, pour les


nations qui ont précédé les derniers Babyloniens, était la
demeure de la « Grande Mère », le post-type terrestre de la
« Grande Mère Chaos » dans le Ciel, la mère d'Ea (la Sa-
gesse), lui-même le premier prototype d'Oannes, l'Homme-
Poisson des Babyloniens), pendant des âges, dis-je,
« Abîme » ou le Chaos fut la demeure de la Sagesse et
non du Mal. La lutte entre Bel, puis de Merodach, le Dieu-
Soleil, avec Tiamat, la Mer et son Dragon ( « Guerre » qui
s'est terminée par la défaite de ces derniers) a un sens
purement cosmique et géologique, aussi bien qu'un sens
ALLEGORIES BIBLIQUES

C'est également des allusions à cette lutte entre les deux sortes
d'Initiés que l'on trouve dans le livre d'Ezéchiel (chapitres 28 et
suivants). L'origine du « prince de Tyr » à qui le prophète doit, sur
l'injonction de l'Eternel, adresser des reproches, remonte « aux
Dynasties Divines des Atlantes pleins d'iniquité, les Grands Sorciers »
(D.S., II, 517). Ces imprécations ne constituent pas des prophéties,
« mais simplement des souvenirs concernant le sort des Atlantes,
les Géants sur Terre » (D.S., II, 517).
Les chapitres 28 et 31 du Livre d'Ezéchiel ne se rapportent ni
à des régions d'Asie Mineure, ni à l'Egypte. L'affirmation du prophète
que « tous les arbres d'Eden ont été consolés dans les profondeurs
de la terre » signifie que les Magiciens Noirs de l'Atlantide ont péri
au cours du Déluge, les profondeurs de la terre étant « en fait le fond
des océans » (D.S., II, 519). Les arbres d'Eden désignent les Initiés de
l'Atlantide et le Jardin d'Eden « des Initiés n'était pas un mythe,
mais un endroit maintenant submergé ». C'est à l'adresse d'un Adepte
qui a abandonné le Sentier de Droite pour s'adonner à la Magie
Noire qu'Ezéchiel déclare : « Tu étais plein de sagesse, parfait en
beauté, tu étais en Eden, le jardin de Dieu... tu étais un chérubin
protecteur, aux ailes déployées, je t'avais placé et tu étais sur la
sainte montagne de Dieu » (XXVIII, 13, 14). Selon Mme Blavatsky,
« l'Eternel » dont Ezéchiel affirme avoir entendu la parole ne l'a
pas entretenu de l'Egypte, de l'Assyrie ou de Babylone, mais de
l'Atlantide et de ses Sorciers.
Le cèdre du Liban dont il est question au chapitre XXXI est
l'un de ces Sorciers. Avant de quitter le Sentier de Droite, « ses
branches étaient belles, son feuillage était touffu, sa tige élevée ».
Les eaux « l'avaient fait croître » et s'il « était beau par sa grandeur,
par l'étendue de ses branches » c'est parce que « ses racines plon-
geaient dans les eaux abondantes ». Ces eaux ne sont évidemment
pas l'élément liquide auquel nous donnons ce nom, pas plus que le
cèdre dont il s'agit n'est un arbre. Dans cette allégorie, les eaux
« sont un symbole de Sagesse et de Savoir Occulte. Hermès repré-
sentait la Science Sacrée par le symbole du Feu, les Initiés du Nord

_14
210 DOCTRINES INITIATIQUES

sous celui de l'Eau. Cette dernière est la production de Nara, l'Esprit


de Dieu... Nârâyana signifiant « celui qui habite dans la profon-
deur »... Ea, le Dieu de la Sagesse, est le Poisson Sublime, et Dagon
ou Oannès est l'Homme-Poisson chaldéen qui émerge des Eaux pour
enseigner la Sagesse » (D.S., II, 520, 2° note).
En conséquence, le « cèdre du Liban » est montré par Ezéchiel ALLEGORIES HINDOUES
comme prodiguant l'Eau (la Sagesse) autour de lui. Des fleuves, nous
dit le prophète, « coulaient autour du lieu où il était planté et
envoyaient leurs canaux à tous les arbres des champs ». Mais ce
grand « cèdre » a été chassé, par l'Eternel (en qui Mme Blavatsky Le symbole de l'Arbre était également employé dans l'Inde, mais
voit le Karma [D.S., II, 517]), du Jardin d'Eden « parce qu'il avait seulement pour désigner les Adeptes de la Main Gauche (D.S., II,
une tige élevée... et que son coeur était fier de sa hauteur », autre- 519). C'est ainsi que, dans le Vichnou Pourâna, on lit que « le monde
ment dit parce qu'il avait succombé à l'orgueil. était ravagé par les arbres », tandis que les Adeptes de la Main
Droite (les Prachetasas), « absorbés dans leurs dévotions », accom-
« Si l'on se rappelle les divers récits et qu'on les plissaient pendant 10.000 ans des austérités « dans le vaste océan ».
compare, alors on trouve que les chapitres XXVIII et XXXI Ils en émergent cependant pour lutter contre les Sorciers et, comme
d'Ezéchiel ne se rapportent ni à Babylone, ni à l'Assyrie, ni Oannès, l'Homme-Poisson des Chaldéens, pour enseigner la Sagesse.
même à l'Egypte, puisqu'aucun de ces territoires n'a été Cette allégorie pourânique
détruit de la façon décrite, étant simplement tombé en
ruines sur la surface de la terre et non au-dessous, mais en « se rapporte aux Atlantes et aux Adeptes (Aryens) du com-
vérité à l'Atlantide et à la plupart de ses nations... et on mencement de la Cinquième Race. D'autres « arbres (Adeptes
appréciera à leur juste valeur ésotérique des expressions adonnés à la Sorcellerie) se répandirent et assombrirent la
telles que : « Tu as été dans l'Eden... Tu étais sur la sainte terre dépourvue de protecteurs. Et les gens périrent... inca-
montagne de Dieu », car toutes les nations avaient et beau- pables de travailler pendant dix mille ans ». Puis les Sages,
coup ont encore des montagnes saintes : certaines nations les Rishis de la Race Aryenne appelés Prachetasas, sont mon-
ont comme montagnes de ce genre des pics de l'Himalaya, trés « venant de la profondeur » et détruisant, par le vent et
d'autres le Parnasse, d'autres le Sinaï. Ces montagnes étaient la flamme sortant de leur bouche, les « Arbres » pleins
toutes des lieux d'Initiation et les demeures des Chefs de d'iniquité et tout le règne végétal, jusqu'à ce que Soma (la
communautés d'anciens et même de modernes Adeptes » Lune), le souverain du monde végétal, les pacifie en faisant
(D.S., II, 519). alliance avec les Adeptes du Sentier de Droite... C'est une
allusion à la grande lutte entre les « Fils de Dieu » et les Fils
La « haute montagne » (Evangile de Matthieu, XVII, 1 ; Evan- de la Sagesse Sombre, nos ancêtres, les Adeptes Atlantes et
gile de Marc, IX, 2), appelée aussi « montagne sainte » (Evangile les Adeptes Aryens » (D.S., II, 519, 520).
de Luc, IX, 28), identifiée plus tard au Mont Thabor (Mircea Eliade,
Méphistophélès et l'Androgyne, 69 et note 95) où s'est produite la C'est la même lutte qui est décrite, d'une façon allégorique, dans
transfiguration du Christ, entre dans la même catégorie de hauts le Râmayana où Râma représente « le premier roi de la Dynastie
lieux spirituels. Divine des premiers Aryens » et Râvana l'humanité de l'Atlantide
Une coutume répandue dans toute l'Asie Mineure, dans l'Anti- (Lankâ). Les combattants dans le camp de Râma symbolisent les
quité, était d'appeler les Initiés « Arbres de rectitude » et « Cèdres Dieux Solaires et ceux du côté de Râvana les Dévas Lunaires. « Ce
du Liban ». « Le symbole de l'Arbre représentant divers Initiés était fut la grande bataille entre le Bien et le Mal, entre la Magie Blanche
presque universel. Jésus est appelé l'Arbre de Vie, comme le sont et la Magie Noire, pour la suprématie des forces divines sur les
aussi tous les Adeptes de la Bonne loi, tandis que ceux du Sentier pouvoirs inférieurs, terrestres ou cosmiques » (D.S., II, 520).
de Gauche étaient nommés les arbres qui se dessèchent » (D.S., II, Il est évident que le monde végétal dont Soma ou la Lune est
521). le souverain n'est pas celui des véritables plantes ou végétaux. Il
212 DOCTRINES INITIATIQUES ALLÉGORIES Ill NDOUES 213

représente l'humanité dont les membres les plus puissants (les Si Brihaspati est « le symbole et le prototype du culte exotérique
Adeptes) sont appelés des « Arbres ». Ces derniers étant, au sens ou ritualiste », Soma (la Lune) « est le Dieu des Mystères et préside
propre, les plus puissants des végétaux, le symbolisme est cohérent. à la nature mystique et occulte dans l'homme et dans l'Univers »
Quant à Soma, il symbolise dans cette allégorie la partie infé- (D.S., II, 49, 1" note). La propriété « du vrai Soma était (et elle est)
rieure du Mental (Manas) dont la partie supérieure est dite Solaire : de faire un nouvel homme de l'Initié, dès qu'il naît à nouveau, c'est-à-
« Le Manas est double : Lunaire dans sa partie inférieure, Solaire dire dès qu'il commence à vivre dans son Corps Astral » (D.S., II, 524).
dans sa partie supérieure » (D.S., II, 520). De sorte que l'alliance « En langage clair, Soma est le fruit de l'Arbre de la Connaissance
conclue par Soma avec les Prachetasas signifie l'accord entre le interdit par les jaloux Elohim à Adam et Eve ou Yahvé, de peur
Mental inférieur et le Mental Supérieur, ce dernier étant la partie que l'homme ne devienne comme l'un de nous » (D.S., II, 524, 3e note).
solaire du Manas « personnifiée par les Prachetasas » (D.S., II, 521). Quant à Târâ, l'épouse de Brihaspati, elle représente l'être humain
En d'autres termes, par cette alliance qui s'opère dans la conscience qui, « quoique uni au culte dogmatique, désire ardemment la vraie
humaine, la grande masse de l'humanité échappe à l'influence néfaste Sagesse » D.S., II, 524). Elle « préfère les vérités ésotériques à
des Adeptes du Sentier de Gauche en se soumettant davantage à l'exotérisme, simples coques de ces vérités. Elle est donc montrée
l'influence spirituelle du Manas Supérieur. C'est là une des sept clefs comme enlevée par Soma. Or Soma est le jus sacré de ce nom,
permettant d'interpréter la signification secrète septuple du Râmaya- donnant les visions mystiques et les révélations obtenues par la
na, « dont chaque ligne doit être lue ésotériquement » (D.S., II, 521). transe. Et le résultat de cétte union avec Soma est Boudha (la
La « Doctrine Secrète » explique aussi la signification ésotérique Sagesse), Mercure, Hermès, etc., bref, cette Science qui, jusqu'à pré-
de la Guerre dans le Ciel des Hindous, la « Târakâ-maya » (D.S., II, sent, est stigmatisée par les Brihaspatis de la Théologie comme
49) ou Guerre Târaka (D.S., II, 523). Ce conflit opposant les Dieux démoniaque et satanique » (D.S., II, 49, 1" note).
et les Asouras est le Mahâbhârata (D.S., II, 407). Il dura pendant près En d'autres termes, par cette union, l'être humain représenté
de 900.000 ans (D.S., II, 413), « c'est-à-dire depuis la première appari- par Târâ devient un Adepte de la Science Sacrée. Le résultat de son
tion de la Race Aryenne, quand les parties de l'Age Pliocène de initiation est la naissance de Boudha (avec un seul « d »), c'est-à-dire
l'Atlantide, autrefois immense, commencèrent graduellement à s'en- de la Sagesse Esotérique qui était personnifiée, en Egypte, par Her-
foncer sous les eaux », la plus grande partie du continent atlante mès et, en Grèce, par Mercure. Boudha est si beau que Brihaspati,
ayant déjà péri à l'époque du Miocène (D.S., II, 413 et 1" note). Le quoique sachant bien qu'il n'en est pas le père, le proclame son fils,
début de cette Grande Guerre remonte donc à la catastrophe qui, il « le fruit de ses cérémonies rituelles et sans signification ». Et
y a environ 850.000 ans, aboutit à la submersion graduelle des deux Mme Blavatsky fait remarquer que, de nos jours encore, les « reli-
grandes îles atlantes, Routa et Daitya. Elle a duré jusqu'à « la gions exotériques » s'attribuent indûment de telles paternités (D.S.,
disparition finale de la petit île d'Atlantide de Platon ». Pendant II, 524 et 4. note).
cette immense période, les races Aryennes n'ont « jamais cessé de Les Asouras sont les « Anges Tombés » du Christianisme. Ils
lutter avec les descendants des premières races géantes. Cette lutte sont, dans cette Guerre dans le Ciel, les alliés de Soma, « le père
continua jusqu'à presque la fin de l'âge qui a précédé le Kali Youya de la Sagesse Esotérique ». Ces « Fils du Souffle Créateur primor-
et fut le Mahâbhârata, ou Grande Guerre, si fameuse dans l'histoire dial », qui apparaissent « au début de chaque nouveau Mahâ Kalpa
hindoue » (D.S., II, 413). ou Manvantara », ont été abaissés au rang de « Pouvoirs ou Démons
Dans ce mythe, Târâ ou Tarakâ, la femme de Brihaspati, est opposants par les cérémonialistes, à cause de leur rebellion contre
ravie par Soma, ce qui déclenche une lutte interminable entre l'hypocrisie, le culte factice et la religion de la lettre morte » (D.S.,
Brihaspati, Indra, Roudra et leurs troupes, d'une part et le Roi II, 526).
Soma et son allié Oushanas, le Chef des Dânavas, d'autre part. C'est le sort qui a été également subi par Oushanas ou Shoukra
Brihaspati, le Régent de la planète Jupiter, est « l'Instructeur (la planète Vénus) qui est « l'ami intime de Soma et l'ennemi de
ou Gourou Spirituel des Dieux, qui sont les représentants des Pou- Brihaspati ». Ayant pris une part active dans la lutte contre l'exoté-
voirs Procréateurs ». Il personnifie « la matérialisation de la Grâce risme symbolisé par Brihaspati, il « a été dégradé au niveau d'une
Divine, pour ainsi dire, qui intervient par le moyen du rituel et des Déité démoniaque (Asoura) » (D.S., II, 49).
cérémonies ou du culte exotériques » (D.S., II, 523, 524). Dans un Les Asouras, aussi bien qu'Oushanas, sont les mêmes êtres
autre sens, il est le prêtre d'un tel culte (D.S., II, 49, 1" note). spirituels que ceux symbolisés par Lucifer, le « Fils de Dieu », la
214 DOCTRINES INITIATIQUES ALLÉGORIES HINDOUES 215

« brillante étoile du matin », le « lumineux Fils du Matin ou de sont ainsi « les Esprits très hauts et très purs qui traversèrent les
l'Aube Manvantarique », « le premier Archange qui jaillit des profon- plans intermédiaires de conscience inférieure, les « Sept Cercles de
deurs du Chaos » (D.S., I, 99). Ces êtres sont, comme nous l'avons vu, Feu » de Poimandrès » (D.S., II, 287, note).
les Anges Solaires qui ont doté les hommes du Manas. Les « Anges Tombés », répétons-le, ne sont pas les « Anges de
Les Dânavas dont Oushanas est le chef sont le produit de Satan », c'est-à-dire des démons, mais les protecteurs et bienfaiteurs
« l'union » des Fils de Dieu et d'une partie de l'humanité de la de l'humanité. Un Etre tel que Satan n'a existé que dans l'imagina-
Troisième Race. Les « filles des hommes » que ces Fils de Dieu tion des théologiens.
trouvèrent belles, selon le récit allégorique de la Genèse biblique,
sont, comme nous l'avons indiqué, des êtres humains plus évolués La « Grande Guerre » qui a opposé
que les autres et, en conséquence, jugés dignes de recevoir, les
premiers, le don du Mental. « les Râkshasas de Lankâ et les Bhâratéens, la mêlée des
Atlantes et des Aryens dans leur lutte suprême, ou le conflit
« Les Daityas et Dânavas sont les Titans, les Démons et entre les Deys et Izeds ou Péris, devint, des âges plus tard,
Géants que nous trouvons dans la Bible (Genèse, VI), la pro- la lutte des Titans séparés en deux camps ennemis, et, encore
géniture des « Fils de Dieu » et des « Filles des Hommes »... plus tard, la guerre entre les Anges de Dieu et les Anges de
ils sont les Kratoudvishas, les « ennemis des sacrifices » ou Satan. Des faits historiques sont devenus des dogmes théolo-
des comédies exotériques. Ils sont les « Légions » qui ont giques. Des scoliastes ambitieux, hommes d'une petite sous-
lutté contre Brihaspati, le représentant des religions exoté- race née seulement hier et l'un des derniers produits de la
riques populaires et nationales, et contre Indra, le Dieu du race Aryenne, ont pris sur eux-mêmes de retourner, sens
Ciel visible, du Firmament qui, dans le Véda primitif, est le dessus dessous, la pensée religieuse du monde et y sont
plus haut Dieu du Ciel cosmique, l'habitation adéquate pour parvenus. Pendant près de deux mille ans, ils ont imprimé
un Dieu extra-cosmique et personnel, au-dessus duquel aucun dans l'humanité pensante la croyance à l'existence de Satan »
culte exotérique ne peut jamais s'élever » (D.S., II, 526). (D.S., II, 820, 821).

Ainsi, les Dânavas constituent les meilleurs éléments du genre Les hommes de la Troisième Race étaient beaucoup plus spiri-
humain depuis cette « union » mystique à laquelle fait une brève tuels que ceux de la Quatrième et, comme nous l'avons vu, ils furent
allusion le sixième chapitre de la Genèse. Ils sont cette « partie de d'abord instruits par les Anges Solaires qui se mêlaient, alors,
l'Humanité dans la Troisième Race », composée de « toutes les « librement aux mortels ». Mais, ces derniers perdant graduellement
Monades d'hommes qui avaient atteint le plus haut point de Mérite leur spiritualité, « les Dieux partirent (c'est-à-dire devinrent invi-
et de Karma dans le précédent Manvantara » et qui « doivent leurs sibles) et les générations suivantes finirent par adorer leurs royaumes
natures psychique et rationnelle à des Etres divins qui se sont (les Eléments) » (D.S., II, 285).
hypostasés dans leur Cinquième Principe » (D.S., II, 287). Ces Etres Les Dhyân Chohans protecteurs des Lémuriens étaient les
divins sont les « Anges Tombés », représentés collectivement par « Dieux des Eléments », mais n'étaient pas des Elémentals. Car ces
l'Homme Céleste de Poimandrès (ler Traité du Corpus Hermeticum). derniers étaient, « au mieux, employés par eux comme véhicules et
Cet Homme « était très beau », car il reproduisait, nous dit ce traité matériaux pour se vêtir » (D.S., II, 285, r note).
hermétique, l'image de son père, Nous, Père de tous les êtres. Les « Dieux des Eléments » sont, comme nous l'avons indiqué,
L'Homme voulut « lui aussi produire une oeuvre et permission lui en collectivement personnifiés par Prométhée. Ce Titan est vaincu par
fut donnée par le Père ». Nous lisons ensuite, dans le Poimandrès, Zeus ou Jupiter qui symbolise, en l'occurrence, les Anges Lunaires.
que l'Homme pénètra dans « la sphère démiurgique où il devait avoir
plein pouvoir », passa au travers des sept cercles dans lesquels les « Dans le cas de Prométhée, Zeus représente la Légion
« Gouverneurs » ont enveloppé le monde sensible et « vint habiter des Progéniteurs primordiaux, des Pitaras, les « Pères » qui
la forme sans raison » (c'est-à-dire que chacun des Grands Etres ont créé l'homme dépourvu de sens et sans mental, tandis
composant cet « Homme », « s'incarna » dans un être humain em- que le Titan Divin représente les Créateurs Spirituels, les
bryonnaire de la Troisième Race et le dota du Mental). Ces Etres Dévas qui sont « tombés » dans la génération. Les premiers
216 DOCTRINES INITIATIQUES

sont spirituellement inférieurs, mais physiquement plus forts


que les « Prométhéens ». On montre donc ces derniers
comme vaincus... La Légion inférieure était maîtresse de
toutes les Forces Titaniques Cosmiques et inférieures. Le
Titan supérieur ne possédait que le Feu Intellectuel et
Spirituel » (D.S., II, 440). LA CINQUIEME RACE

Cette défaite a entraîné le déclin de la spiritualité des Lémuriens


et des Atlantes et ces derniers devinrent finalement des êtres pas-
sionnés et égoïstes. Les Lémuriens étaient ouverts aux influences spi- Le Kali Youya, écrivait en 1887 Mme Blavatsky, « a commencé,
rituelles provenant du Pôle Nord. Celui-ci, comme nous l'avons déjà dit-on, entre le 17 et le 18 février de l'année 3102 avant J.C. » (D.S.,
dit, est pour ainsi dire la tête de notre globe. Il est la demeure d'êtres II, 454). Si on ajoute 1887 à 3102, on obtient la durée de 4989 ans
invisibles (aux non clairvoyants), les plus spirituels de notre planète. allouée au Kali Youga en l'année 1887 (D.S., II, 72).
« Les Lémuriens gravitèrent vers le Pôle Nord ou le Ciel de leurs La Cinquième Race ayant un million d'années environ d'existence
Progéniteurs (le Continent Hyperboréen), les Atlantes vers le Pôle et étant parvenue à sa cinquième sous-race, Mme Blavatsky conjec-
Sud, la Fosse cosmiquement et terrestrement, d'où soufflent les ture (car elle déclare ne pas être informée de la durée exacte des
ardentes passions envoyées en ouragans par les Elémentals cosmiques cycles raciaux, que connaissent, seuls, les Hauts Initiés) que chacune
dont c'est la demeure » (D.S., H, 286). des sept subdivisions de la Race Aryenne dure 210.000 ans environ.
« La plus grande partie de l'Asie est sortie des eaux après la Elle ajoute que la première sous-race de cette Cinquième Race,
destruction de l'Atlantide. L'Afrique vint encore plus tard, tandis que composée d' « Aryens-Asiatiques », a été témoin de la destruction des
l'Europe est le cinquième continent, le dernier en date (certaines Géants Atlantes, habitants des îles Routa et Daitya, survenue il y a
parties des deux Amériques étant encore bien plus vieilles) » (D.S., environ 850.000 ans. La quatrième sous-race, dit-elle encore (il sem-
Il, 641, 5° note). blerait, selon son calcul, que ce soit plutôt la cinquième), a assisté
« à la destruction du dernier reste des Atlantes, des Aryo-Atlantes,
dans la dernière île de l'Atlantide, il y a environ 11.000 ans » (D.S.,
II, 452).
« Le commencement même de la Cinquième Race est témoin,
pendant le Dvâpara Youga, de la destruction des Sorciers maudits »
(D.S., II, 155). Le Dvâpara Youga a une durée de 864.000 ans, de
sorte que, « si le Kali Youga a commensé seulement il y a environ
5.000 ans, il y a juste 869.000 ans que cette destruction a eu lieu ».
Ces « chiffres ne diffèrent pas beaucoup de ceux donnés par les
Géologues qui font remonter leur Période Glaciaire à 850.000 ans »
(D.S., II, 155, 156).
Le Kalki Avatâra, identique au Maitreya des Bouddhistes, appa-
raîtra à la fin du Mahâ Youga actuel, c'est-à-dire dans 427.000 ans,
à la fin du Kali Youga. Cependant, chaque Race, comme chaque
sous-race, a ses propres Cycles ou Yougas. Il est évident que les
cycles d'une sous-race sont moins longs que ceux de la Race dont
elle est une subdivision. Le Dvâpara Youga et le Kali Youga que
nous avons mentionnés sont ceux de la Race Aryenne (la Cinquième).
Rappelons-nous, d'autre part, que les Cycles de deux Races consé-
cutives se chevauchent.
218 LA CINQUIhME RACE 219
DOCTRINES INITIATIQUES

« Le Dvâpara Youga diffère pour chaque Race. Toutes Le prochain cataclysme dont il est question dans ce passage du
les Races ont leurs propres Cycles, fait qui occasionne une Vichnou Pourâna est le cinquième « Déluge », la catastrophe géolo-
grande différence. Par exemple, la quatrième sous-race des gique qui fera disparaître le cinquième Continent par le feu (érup-
Atlantes était dans son Kali Youga quand elle fut détruite, tions volcaniques), comme cela fut le cas, dans la période Secondaire,
tandis que la cinquième sous-race était dans son Satya ou pour le Troisième Continent. C'est l'un des sept « Pralayas » qui
Krita Youga. La Race Aryenne est maintenant dans son Kali doivent se produire dans la période mondiale actuelle, par suite de
Youga, et continuera à y être pendant 427.000 ans... La la Loi du « Grand Ajusteur » (D.S., II, 344). Ce cataclysme aura une
sixième sous-race future (qui peut commencer très bientôt) bien plus grande ampleur que celui lié au Cycle de l'Année Sidérale
sera dans son Age Satya (d'Or), alors que nous récolterons (de 25.868 ans), bouleversement géologique mineur qui se produira
le fruit de notre iniquité dans notre Kali Youga » (D.S., dans 16.000 ans environ (D.S., II, 345). Pour les Hindous, nombreux
II, 155, 2* note). sont les cycles, du Mahâ Youga de 4.320.000 ans aux petits cycles
de sept ans et de cinq ans, ce dernier cycle quinquennal étant com-
Ce dernier Kali Youga est, naturellement, celui de la cinquième posé des cinq ans appelés respectivement le Samvatsara, le Parivat-
sous-race Aryenne et non celui de la Cinquième Race tout entière. sara, l'Idvatsara, l'Anouvatsara et le Vatsara, années à chacune
Il ressort de la fin de la précédente citation que les Cycles de deux desquelles sont attachés des qualités ou attributs secrets » (D.S.,
sous-races qui se suivent se chevauchent, tout comme les Yougas de III, 348, 349).
deux Races consécutives. Il y a, ainsi, « des cycles dans des cycles »
(D.S., H, 345, note). Le Kalki Avatâra (le Sosiosh des anciens Perses)
apparaîtra à la fin de notre Race. Alors, « dit-on, les gens deviendront
plus spirituels, par suite de la souffrance et du mécontentement.
La clairvoyance deviendra une faculté générale. Nous approcherons
de l'état spirituel de la Troisième et de la Seconde Races » (D.S.,
III, 348, 1- note).
Voici comment est décrit, dans le Vichnou Pourâna, l'arrivée, à
la fin du Kali Youga, du Kalki Avatâra (les commentaires entre
parenthèses ont été ajoutés par Mme Blavatsky) :
« Quand les pratiques enseignées par les Védas et les
Institutions de la Loi auront presque cessé et que la fin du
Kali Youga (1' « Age de Fer » de Virgile) sera proche, un
aspect de l'Etre divin qui existe en sa propre nature spiri-
tuelle dans le personnage de Brahmâ et qui est même le
commencement et la fin (l'Alpha et l'Oméga)... descendra sur
terre. Il naîtra dans la famille de Vichnouyashas, un éminent
Brâhmane de Shamballah... doté des huit pouvoirs surhu-
mains. Par sa puissance irrésistible, il détruira... tous ceux
dont le mental est consacré à l'iniquité. Il rétablira alors la
droiture sur terre. Et le mental de ceux qui vivront à la fin
de l'Age (Kali) sera éveillé et sera aussi transparent que le
cristal. Les hommes qui seront ainsi changés par la vertu de
cette époque particulière seront comme les semences d'êtres
humains (les Shishta, les survivants du cataclysme futur) et
donneront naissance à une race qui suivra les lois du Krita
(ou Satya) Youga (l'âge de la pureté, ou l'Age d'Or) »
(D.S., III, 348).
LES RACES FUTURES

Mme Blavatsky déclare ignorer quand apparaîtra la Sixième


Race, affirmant, comme nous l'avons déjà indiqué, que seuls les
Adeptes supérieurs connaissent la durée des divers cycles concernant
les Races et Sous-Races. Cependant, ajoute-t-elle, la Sixième Race fera
son apparition sur terre alors que la Cinquième subsistera encore et
toutes deux co-existeront pendant de nombreuses centaines de mil-
liers d'années. Des changements dans l'anatomie et la mentalité de
l'homme se produiront pendant ces énormes périodes, mais plus
rapidement en ce qui concerne les hommes de la nouvelle Race que
pour les Aryens. La Cinquième Race chevauchera donc la Sixième,
« exactement comme la Quatrième a chevauché notre race Aryenne
et comme la Troisième Race a chevauché celle des Atlantes » (D.S.,
II, 464, 465).
La phase préparatoire de la Sixième Race s'échelonnera sur
d'immenses périodes, pendant toute la durée des deux dernières et
futures sous-races de notre Cinquième Race. Puis un nouveau Conti-
nent, le sixième, s'élèvera au-dessus des mers. Cette apparition sera
suivie par la destruction du cinquième Continent, par le feu confor-
mément à la règle selon laquelle à la fin de « chaque Race-Racine
un cataclysme survient, à tour de rôle par le feu et par l'eau » (D.S.,
III, 86, 2' note). Ces bouleversements géologiques sont prédits dans
le Nouveau Testament. En effet, la seconde Epître de Pierre fait
allusion « à la destruction de la Cinquième Race et à l'apparition
d'un nouveau continent pour la Sixième Race » (D.S., III, 268). On
y lit que, tandis que « le monde d'alors » (l'Atlantide) « périt, sub-
mergé par l'eau... les cieux et la terre d'à présent sont gardés et
réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des
hommes impies... les cieux enflammés se dissoudront et les éléments
embrasés se fondront. Mais nous attendons... de nouveaux cieux et
une nouvelle terre, où la justice habitera » (III, 6, 7, 12, 13).

« Ce 'processus de la préparation de la Sixième grande


Race doit durer pendant toutes les sixième et septième sous-
races. Mais les derniers vestiges du cinquième Continent ne
disparaîtront pas avant qu'un certain temps ne se soit écoulé
après la naissance de la Nouvelle Race. Ils disparaîtront
seulement après qu'un autre et nouveau logement, le sixième
222 DOCTRINES INITIATIQUES LES RACES FUTURES 223

Continent, sera apparu au-dessus des nouvelles eaux, sur la « Certains disent qu'Enoch était un grand Saint, aimé
surface du Globe, de façon à recevoir la Race nouvelle venue. de Dieu et « pris vivant au ciel », c'est-à-dire quelqu'un qui
Vers ce nouveau Continent émigreront ceux qui seront assez avait atteint Moukti ou Nirvâna sur Terre, comme le fit
heureux pour échapper au désastre général, et ils s'y éta- Bouddha et comme d'autres le font encore. D'autres sou-
bliront... le cataclysme final sera précédé par de nombreuses tiennent qu'il était un sorcier, un magicien méchant. Cela
submersions et destructions moindres, provoquées à la fois montre seulement qu' « Enoch » ou son équivalent était,
par les flots et par des feux volcaniques... Il n'y aura plus même au temps des derniers Talmudistes, un terme signi-
d'Américains quand commencera la Sixième Race, pas plus, fiant « Voyant », « Adepte de la Sagesse Secrète », etc., mais
en fait, que d'Européens. Car ils seront alors devenus une sans aucune spécification quant au caractère du porteur de
nouvelle Race et de nombreuses nouvelles nations » (D.S., ce titre » (D.S., II, 560,561).
II, 465).
Selon l'historien Joseph, Enoch et Elisée « disparurent, mais de
La Sixième Race, plus engagée que la Cinquième sur l'arc ascen- telle sorte que personne ne sut qu'ils étaient morts ». L'interprétation
dant des Races, « croîtra rapidement hors des liens de la matière ésotérique de cette mystérieuse disparition est qu'ils n'étaient, en
et même de la chair » (D.S., II, 465). Ce qui signifie que, dans cette réalité, morts que dans leur personnalité, comme « jusqu'à présent,
nouvelle Race, les hommes gagneront promptement en spiritualité et des Yogîs, dans l'Inde, ou même certains moines chrétiens, meurent
atteindront un niveau tellement élevé que le corps physique ne leur pour le monde. Ils disparaissent de la vue des hommes et meurent
sera plus qu'une entrave inutile dont ils seront débarrassés. Ils rede- (sur le plan terrestre) même pour eux-mêmes. Façon évidemment
viendront à nouveau des êtres éthérés, comme l'étaient les hommes figurée de parler, et, cependant, littéralement vraie » (D.S., II, 561).
de la Seconde Race laquelle, sur l'arc descendaht, était à la même Comme Enoch, Elisée fut pris vivant au Ciel. « Cette sorte de
hauteur que celle qu'atteindra la Sixième Race, sur l'arc ascendant. mort facile ou euthanasie, a une signification ésotérique. Elle sym-
Cependant alors que les « Sacs à Poudding », c'est-à-dire les hommes bolise la mort de tout Adepte qui a atteint le pouvoir et le degré
fluidiques à l'aspect informe qui ont précédé les Lémuriens, n'avaient ainsi que la purification qui lui permettent de mourir dans le Corps
que la Vie et la Monade (Atmâ-Bouddhi) et étaient dépourvus de Physique et cependant de vivre et avoir une vie consciente dans son
sens (D.S., III, 559), les hommes de la Sixième Race auront la même Corps Astral » (D.S., II, 559). C'est la signification ésotérique de la
constitution éthérée mais posséderont en plus « la perfection de la déclaration de saint Paul que « par la foi, Enoch fut enlevé pour
forme avec l'intelligence et la spiritualité les plus hautes » (D.S., III, qu'il ne vît point la mort » ( Hébreux, XI, 5). L'affirmation qu'Enoch
545). C'est à la fin de la Sixième Race et pendant la Septième Race « partagera avec le Christ et le prophète Elisée les honneurs et la
que s'écoulera le Ratnâvabhâsa Kalpa, l'âge « où toute différence félicité du dernier Avent et de la destruction de l'Antechrist signifie,
sexuelle aura cessé d'exister et où la naissance aura lieu selon le ésotériquement, que certains des Grands Adeptes reviendront, dans
mode Anoupâdaka, comme dans la seconde et la troisième Races- la Septième Race, lorsque toute l'Erreur sera vaincue, et l'avènement
Racines » (T.G., 276). de la Vérité sera proclamé par ces Shishta, les saints Fils de la
Il appartient à « l'humanité du Nouveau Monde » (les Améri- Lumière » (D.S., II, 559).
cains) de « semer les semences pour une Race future plus élevée et La Septième Race, qui atteindra un plus haut niveau spirituel
bien plus glorieuse que toutes celles que nous connaissons à présent. que la Sixième, sera une race de Bouddhas, « Fils de Dieu », nés
Les Cycles de Matière seront suivis par des Cycles de Spiritualité » « de parents immaculés » (D.S., II, 507). Car alors, « les grands
au cours desquels la majorité de l'humanité « sera composée de Adeptes et les Ascètes Initiés se multiplieront, c'est-à-dire produiront,
glorieux Adeptes » (D.S., II, 465), ou, pour parler le langage voilé de une fois de plus, des fils immaculés, nés du mental » (D.S., II, 288).
la Bible, de splendides Enochs.
Car, dans l'Ancien Testament, Enoch est un nom générique
s'appliquant à tout Adepte. « Accepter Enoch comme un seul person-
nage vivant, équivaut à accepter Adam comme le premier homme »
(D.S., II, 560). Pour les anciens Talmudistes, ce nom générique dési-
gnait aussi bien un Initié de la Main Droite qu'un Adepte de la Main
Gauche.
A

LES MONADES LUNAIRES

L'homme et le singe descendraient d'un ancêtre commun, selon


les Darwinistes. Mais toutes les recherches faites par ces derniers
pour trouver une trace du « chaînon manquant » sont demeurées
vaines. Mme Blavatsky affirme qu'ils n'ont aucune chance de décou-
vrir des vestiges d'un « ancêtre commun fantastique et qu'on-ne-
peut-trouver-nulle-part » (D.S., II, 301). Plutôt, dit-elle, que faire la
preuve de cet aïeul imaginaire, ils parviendront, peut-être, à établir
que le singe anthropoïde descend de l'homme, comme le déclarent
les Adeptes.

« Les singes sont postérieurs de plusieurs millions d'an-


nées à l'être humain parlant et sont les plus tardifs contem-
porains de notre Cinquième Race. Ils est très important de
se rappeler que les « Egos » des singes sont des entités
obligées, par leur karma, de s'incarner dans les formes ani-
males produites par la bestialité des hommes de la fin de
la Troisième Race et du début de la Quatrième. Ce sont des
entités qui avaient déjà atteint le « stade humain » dans la
présente Ronde. Ils forment, en conséquence, une exception
à la règle générale. Les innombrables traditions concernant
les Satyres ne sont pas des fables, mais se rapportent à une
race éteinte d'hommes-animaux. Les « Eves » animales
furent leurs grand'mères et les « Adams » humains leurs
grands-pères. D'où l'allégorie cabalistique de Lilith ou Lila-
tou, la première femme d'Adam, que le Talmud décrit
comme une femme « charmante, avec une longue chevelure
ondulée », c'est-à-dire un animal femelle poilu, d'un genre
actuellement inconnu, néanmoins un animal femelle appelé,
dans les allégories cabalistiques et talmudiques, la réflexion
de Samael, Samael-Lilith ou homme-animal, être nommé,
dans le Zohar, Hayo Bischat, la Bête ou la Mauvaise Bête »
(D.S., II, 274).
226 DOCTRINES IN I TIAT MUES LES MONADES LUNAIRES 227

Les descendants de Lilith sont réellement des hommes sans (D.S., I, 205). D'autre part, aucune Monade humaine ne rétrogradera
parole, qui « deviendront des animaux parlants ou des hommes d'un à l'état animal. Car, « quoique les grands singes descendent de
ordre inférieur dans la Cinquième Ronde ». Cependant, certains l'homme », aucune Monade, « dès qu'elle a atteint le niveau de
occultistes « espèrent que les Egos de quelques singes d'une intelli- l'humanité, ne s'incarne jamais, à nouveau, dans la forme d'un
gence supérieure réapparaîtront à la fin de la Sixième Race-Racine », animal » (D.S., I, 208).
alors que l'humanité sera débarrassée du fardeau du corps physique, Strictement parlant, la Monade (Atmâ-Bouddhi), ne peut devenir
ayant suffisamment évolué pour retourner « une fois encore à humaine. Elle est associée, tour à tour, à des formes minérales,
l'astral, hors de la boue de la vie physique ». Aucun singe n'existait végétales, et animales, puis à des personnalités humaines, mais ne
avant l'homme, et « ils auront disparu avant que ne se développe la devient pas pour cela, elle-même, minérale, végétale, animale ou
Septième Race ». En raison de leur Karma, les Monades des hommes humaine.
les plus inférieurs de notre Race s'incarneront « dans les corps
humains nouvellement évolués des Babouins, qui seront ainsi physio- « Métaphysiquement parlant, c'est naturellement une
logiquement régénérés ». Mais cela n'aura lieu que « dans des mil- absurdité de parler du « développement » d'une Monade ou
lions d'années » (D.S., II, 275). Les singes anthropoïdes seront donc de dire qu'elle devient un « homme ». Mais tout essai d'ob-
« tous des hommes dans la Cinquième Ronde, tout comme les server une exactitude métaphysique de langage... nécessiterait
hommes actuels ont habité des formes simiesques dans la précédente au moins trois volumes supplémentaires du présent ouvrage,
Ronde, la Troisième » (D.S., II, 273). Ils sont « les plus hauts mam- et entraînerait une énorme quantité de répétitions verbales
mifères après l'homme » (D.S., I, 206) et sont « destinés à disparaître qui serait fastidieuses à l'extrême. Il est évident qu'une
au cours de notre race actuelle ». Leurs Monades « seront alors Monade ne peut ni progresser, ni se développer, ni même
libérées et passeront dans des formes humaines astrales, ou les plus être affectée par les changements d'état par lesquels elle
hauts élémentals des Sixième et Septième Races, puis dans les passe. Elle n'est pas de ce monde ou plan, et peut seulement
formes humaines les plus basses de la Cinquième Ronde » (D.S., I, être comparée à une étoile indestructible de lumière et de
207). feu divins, jetée en bas, sur notre Terre, comme une planche
Sauf les singes anthropoïdes, aucun être n'atteindra le stade de salut pour les Personnalités dans lesquelles elle loge. Il
humain avant la fin de notre Ronde et dans les trois dernières appartient à ces dernières de s'y cramponner et ainsi, par-
Rondes de notre Chaîne. Le cas de ces singes mis à part, la porte tageant sa nature divine, obtenir l'immortalité. Laissée à elle-
d'entrée dans le règne humain a été fermée au milieu du « Grand mème, la Monade ne se cramponnera à personne, mais,
Cycle » (durée de notre Chaîne), c'est-à-dire au milieu de la Qua- comme une planche, sera entraînée vers une autre incarna-
trième Race, sur notre Globe (le Quatrième de la Chaîne), dans notre tion, par le courant irrésistible de l'évolution » (D.S., I, 198).
Quatrième Ronde. Les Monades Lunaires (c'est-à-dire celles prove-
nant de la Chaîne Lunaire dont notre Chaîne est la « réincarnation »)
qui n'ont pas franchi cette porte avant sa fermeture, ne pourront Les Monades qui, à la fin de la Chaîne Lunaire, sont transférées
accéder au règne humain qu'au cours de la prochaine Chaîne. Et, en le celle-ci à la Chaîne Terrestre, sont « divisées en sept Classes ou
fait, « la dernière Monade humaine s'est incarnée avant le commen- liérarchies, suivant leurs respectifs stades d'évolution, conscience et
cement de la Cinquième Race-Racine » (D.S., I, 207). De sorte que, nérite » (D.S., I, 195). La première classe « atteint le stade humain
dans notre Ronde, « les unités de n'importe quel Règne ne sont plus le développement pendant la première Ronde ». Les Monades de la
animées par des Monades destinées à devenir humaines, à leur stade leuxième classe « parviennent au stade humain embryonnaire seu-
suivant, mais seulement par les élémentals inférieurs de leurs règnes ement dans la Seconde Ronde, et ainsi de suite jusqu'au milieu de
respectifs ». Ces élémentals ne deviendront « des Monades humaines, a Quatrième Ronde ». Mais, à ce point, la « porte » donnant accès
à leur tour, que dans le prochain grand Manvantara planétaire » tu règne humain se ferme, comme nous l'avons indiqué, et les
(D.S., I, 207). Les seules exceptions à cette règle sont les « races v1onades qui ne se seront pas, avant cette fermeture, élevées au ni-
muettes », dont les Monades « sont déjà au stade humain ». Ces peau humain, se trouveront, « en raison de l'évolution de l'Humanité
animaux sont « postérieurs à l'homme, et même en descendent à lle-même, tellement loin en arrière, qu'elles n'atteindront le stade
moitié ». Ils sont « les singes anthropoïdes et autres grands singes » iumain qu'à la fin de la Septième et dernière Ronde » (D.S., I, 196).
228 DOCTRINES IN ITIATIQUES
LES MONADES LUNAIRES 229

« Elles ne seront donc pas des hommes, dans notre et sont devenus « les pionniers de l'Humanité » au commencement
Chaîne, mais formeront l'Humanité d'un futur Manvantara de la présente Ronde (D.S., I, 204).
et seront récompensées en devenant des « hommes » dans
une Chaîne supérieure, recevant ainsi leur compensation Comme nous l'avons indiqué, ces Monades Lunaires de la pre-
karmique » (D.S., I, 196). mième catégorie, leur travail de Progéniteurs de l'homme physique
terminé, sont entrés en Nirvâna (D.S., III, 559). Ainsi que Fetahil, le
Il y a analogie entre ce qui se passe à la « mort » d'une Chaîne Démiurge du Codex Nazareus, qui, sa tâche achevée sur terre,
et ce qui arrive à l'homme après son décès. Les principes supérieurs remonte « vers son père Abatur » (I.D., II, 230), ces Progéniteurs,
de ce dernier vont dans le Devachan. Ils correspondent aux Monades ayant « projeté leurs Ombres et fait des hommes d'un Elément
d'une Chaîne Planétaire qui, après le « décès » de celle-ci, passent (Ether), remontent au Mahâ-loka, d'où ils descendent périodiquement,
dans le Nirvâna ou état de repos entre deux Chaînes consécutives. lorsque le Monde est renouvelé, pour donner naissance à de nou-
Quant aux principes inférieurs de l'homme, ils sont, après sa mort, veaux hommes » (D.S., II, 96). Rappelons que le Monde en question
soumis à un processus de désintégration qui dure plus ou moins fait partie des quatre plans roûpa qui sont changés à chaque nouveau
longtemps, selon les principes, lesquels sont ensuite « utilisés à Jour de Brahmâ (D.S., III, 569), c'est-à-dire à chaque nouvelle Chaîne
nouveau, par la Nature, pour la formation de nouveaux principes hu- Planétaire. Les Pitris Lunaires reviendront du Nirvâna « pour faire
mains ». Similairement, les principes inférieurs d'une Chaîne servent le même travail, jusqu'au point médian de la Cinquième Ronde »
à la construction de la Chaîne suivante. C'est là, un des « sept (D.S., III, 559).
mystères de la lune », pour la première fois révélé au grand public, Les Monades Lunaires de la seconde catégorie constituent l'Hu-
par « La Doctrine Secrète » (D.S., I, 196). manité actuelle. Elles ont atteint le stade humain « dans la seconde
Ainsi, donc, le globe terrestre, occupant le point médian dans ou la troisième Ronde, ou bien dans la première moitié de la qua-
notre Chaîne, est, dans notre Ronde, « la sphère des ajustements trième » (D.S., I, 204). Elles étaient mûres, dans la troisième Race
évolutifs finaux, le monde de la balance karmique, la Cour de Justice de notre période mondiale, pour l'épanouissement de conscience pro-
où est arrêté le compte qui détermine le sort futur de la Monade duit par le don du Manas. Prêtes « pour la nouvelle transformation »,
pendant le reste de ses incarnations, dans le Cycle ». En conséquence, elles avaient traversé « leurs phases d'imrnétallisation, de vie végétale
ce « point tournant central dans le Grand Cycle (c'est-à-dire le point et de vie animale, de la plus basse à la plus haute, et attendaient
médian de la Quatrième Race dans la Quatrième Ronde, sur notre leur forme humaine, plus intelligente » (D.S., II, 159). Ainsi, les
Globe) » ayant été dépassé, aucune Monade ne pourra plus entrer, Monades « qui sont entrées dans les Coques ou Formes Astrales
au cours de la présente Chaîne (sauf les singes anthropoïdes) « dans vides et dépourvues de sens de la Première Race, émanées par les
le règne humain. La porte est fermée, pour ce Cycle, et les comptes Pitris, sont les mêmes qui sont maintenant parmi nous et, peut-être,
sont arrêtés » (D.S., I, 205). sont nous-mêmes » (D.S., II, 317).
Les Monades Lunaires peuvent être divisées en trois grandes
Classes. Nous avons déjà eu l'occasion d'indiquer que les Monades Les êtres composant la troisième classe de Monades Lunaires,
de la première catégorie, les plus avancées, sont les Dieux Lunaires
qui, au début de la Quatrième Ronde, sur notre Terre, ont projeté « les plus attardés de tous, c'est-à-dire ceux qui occupent des
leurs « Chhâyâs » ou Ombres, lesquelles ont servi de corps fluidiques formes animales après le point tournant médian de la
aux hommes de la première Race (D.S., I, 197). Elles ont atteint le Quatrième Ronde, ne deviendront pas des hommes pendant
stade humain « germinal » dans la première Ronde et ont constitué le présent Manvantara. Ils atteindront le bord de l'Humanité
l'élite de l'humanité dans les Seconde et Troisième Rondes. Ces êtres seulement à la fin de la Septième Ronde, pour être, à leur
sont devenus des hommes terrestres très éthérés, vers la fin de la tour, introduits dans une nouvelle Chaîne, après le Pralaya,
Troisième Ronde et sont restés sur notre Globe « pendant toute la par des pionniers plus vieux, les Progéniteurs ou la Semence
période d'obscuration » (qui intervient entre la fin de la période mon- (Shishta) de l'Humanité, en d'autres termes par les hommes
diale sur un globe de la Chaîne et le début de la période mondiale qui viendront en tête de tous les autres à la fin des Rondes
du même globe, au cours de la Ronde suivante). Ils ont ainsi servi actuellement en cours » (D.S., I, 204, 205).
« de semence de la nouvelle humanité, dans la Quatrième Ronde »
230 »OUR ENIIS INI TIATIQUES

Ainsi, après la fin de notre Chaîne Terrestre, les « Monades ou


Egos des hommes de la Septième Ronde de notre Terre » (des
Monades Lunaires de la seconde classe), deviendront des Pitris ou
Ancêtres Terrestres et « créeront ceux qui deviendront leurs supé-
rieurs » (D.S., I, 203) dans la Chaîne Planétaire qui succédera à la
nôtre et dont elle sera, en quelque sorte, la « réincarnation ». Cela
sera une répétition de ce qui se produit dans notre Chaîne. Car, les
« meilleurs d'entre nous seront, dans le futur, des Mânasapoutras ; TROISIÈME PARTIE
les moins élevés seront des Pitris » (D.S., III, 559) (Progéniteurs ou
Ancêtres Terrestres) et auront donc, dans les deux cas, atteint un
niveau plus élevé que celui des Ancêtres Lunaires lorsqu'ils ont
projeté leurs « Chhâyâs » qui ont servi de corps aux hommes de la
première Race, dans notre période mondiale. La supériorité est
manifeste dans le cas des Mânasapoutras. Elle existe également, dans
le cas des Pitris, car les Ancêtres (ou Shishta) sont d'un niveau plus
élevé dans une Chaîne que dans la précédente, tout comme l'huma-
LA CONSTITUTION OCCULTE
nité à laquelle ils fournissent des corps est supérieure à celle de la
Chaîne précédente. Notre terre deviendra « la lune de la nouvelle DE L'HOMME
terre » (D.S., III, 559), c'est-à-dire du quatrième globe (physique)
de la Chaîne qui succédera à la nôtre.
« Homme, connais-toi toi-même ».
(Inscription du Temple de Delphes).

« Voici qu'une entité du monde spirituel m'inspira


( « projeta en moi ») les hautes connaissances.:
Alors, lui-dis-je : Qui donc es-tu? Elle me répondit
Je suis ta Nature Parfaite ».
( Motârahât, liv. VI, chap. IX, cité par Henry
Corbin dans « En Islam Iranien », //, 138).
MONADE ET ESSENCE MONADIQUE

Le Régent d'une Planète Sacrée n'est pas un Etre unique, mais


une Hiérarchie d'Esprits Planétaires. Comme il n'y a que sept
Rayons, Logoï ou Hiérarchies émanant du Logos, il ne peut y avoir
dans notre système solaire que sept Planètes Sacrées. Chacune d'elles
est, en effet, l'habitat d'une des sept Hiérarchies nommées Sephiroth
dans la Cabale, dont chacune nous fournit l'un de nos principes. Nous
leur sommes donc reliés par notre constitution même et subissons
leur influence. C'est le fondement de l'Astrologie. Subba Row affirme
que l'énergie des sept Logoï provient de sept centres (ou chakras) du
Logos dont ces Logoï (ou Rayons) sont émanés et qu'elle se répand
dans tout notre système solaire. Les sept Rayons, dit-il, sont formés
par « l'énergie s'écoulant des sept centres de force dans le Logos.
Ils représentent sept forces, pour ainsi dire, qui doivent entrer dans
toute chose dans l'univers. Aucun objet ne peut exister sans la
présence de l'une de ces sept forces » (E.W., 108).

« Quand les sept rayons dont nous avons parlé sortent


du Logos, ils sont séparés, et, par la suite, se mélangent dans
la formation de tous les êtres. Quand un individu commence
le cours de son évolution, ces rayons sont équilibrés en lui,
aucun d'eux ne l'emportant sur un autre. Dans le cours du
temps, les actions de l'homme, son karma, le font se placer
particulièrement sous l'influence de l'un ou l'autre des
rayons. C'est en montant le long de ce rayon qu'il doit faire
son progrès ultérieur, jusqu'à ce qu'il ait réussi à fondre sa
vie dans la vie du Logos, la grande source de lumière et de
pouvoir » (E.W., 111).

Que se passe-t-il alors ? Subba Row répond : « Quand cette fusion


a lieu, l'homme ne souffre aucune perte d'individualité. Il bénéficie
plutôt d'une extension presque infinie d'individualité. Chacune des
sept classes de Logoï a sa propre conscience particulière. » Chaque
Logos « reconnaît sa propre lumière » et participe « à la vie de
toutes les autres classes de Logoï. Ce qui signifie que la qualité
particulière de leur vie est représentée aussi en lui. De sorte qu'une
234 »oc ritt Nts I N TIA T IQUES 235
MONADE! IIT ESSENCE MONAD 'QUE

individualité, en s'immergeant dans un Logos particulier, n'est pas J îvâtma ou Pratyagâtma. Selon les termes de Mme Blavatsky : « Le
coupée de la conscience des autres Logoï, mais partage aussi leur Jîvdtma dans le Microcosme (l'homme) est la même essence spiri-
conscience et l'expérimente » (E.W., 111, 112). tuelle qui anime le Macrocosme (l'univers) ». Tous deux sont « deux
Pourquoi y a-t-il sept Hiérarchies et non six ou huit, paz. états ou conditions de la même Force » (E.W., 9, note 2).
exemple ? Parce qu'elles sont produites par trois Principes primor-
diaux : l'Esprit, la Force et la Matière (ou Brahman, Shakti et « La « monade » est la combinaison des deux derniers
Principes dans l'homme, le sixième et le septième, et, stric-
Prakriti). Et, comme l'indique Subba Row, l'algèbre « nous enseigne
tement parlant, l'expression « monade humaine » désigne
que le nombre de combinaisons de n choses prises une à la fois, deux
seulement l'Ame Spirituelle, non son Principe spirituel le
à la fois, trois à la fois, etc. est égale à 2n —1 » (E.W., 286, 287).
plus haut et vivifiant. Mais, étant donné que, séparée de ce
Le nombre de telles combinaisons, dans le cas de trois choses s'élève
donc à 23 — 1 = 8 — 1 = 7. dernier, l'Ame Spirituelle ne pourrait avoir d'existence, elle
a été ainsi appelée. La composition (si un tel mot qui heur-
Nos sept principes, qui correspondent aux sept Planètes Sacrées terait un Asiatique semble nécessaire pour aider un Euro-
du Système Solaire, sont : 1) le Sthoûla Sharîra ou Corps Physique péen dans ses conceptions) de Bouddhi ou du sixième
(formé de Prakriti) ; 2) le Linga Sharîra (combinaison de Prakriti et
Principe est faite de l'essence de ce que vous appelleriez
Shakti) ; 3) le Kâmaroûpa ou Périsprit (formé de
Shakti) ; 4) le de la matière (ou, peut-être, un centre de Force Spirituelle)
Jîvâtmâ, Prâna, Ame vitale ou Vitalité (combinaison de Brahman, dans ses sixième et septième conditions ou états, l'ATMAN
Shakti et Prakriti) ; 5) le Manas, Ame animale ou Mental (combi-
animateur faisant partie de la VIE UNE ou Parabrahman »
naison de Brahman et Prakriti) ; 6) Bouddhi ou Ame Spirituelle
(combinaison de Brahman et Shakti) ; 7) Atmâ, l'émanation de (C.W., V, 172).
l'Absolu ou pur esprit (formé de Brahman) (E.W., 289). Subba Row affirme également que « la monade humaine n'est
Un des enseignements essentiels de l'Occultisme est « l'identité pas identique au septième Principe, l'Atmâ ou le Logos. C'est de
fondamentale de toutes les Ames et de la Sur Ame Universelle » l'énergie qui travaille par l'intermédiaire du sixième Principe. C'est
(c'est-à-dire de Bouddhi et d'Alaya) et l'obligation pour toute Ame l'énergie unique répandue par le Logos, la vie une provenant du
d'effectuer un pèlerinage dans les mondes matériels, pendant un Logos comme une entité active » (E.W., 126).
« Cycle d'Incarnation et de Nécessité » au cours duquel s'applique « Adam Kadmon est le réel Logos » (E.W., 562). De lui provient
la loi Karmique.
la force qui produit toutes les consciences et toutes les formes
matérielles. Il est le seul principe éternel dans l'Univers et c'est
« En d'autres termes, aucune Bouddhi spirituelle (Ame
seulement à cause de sa liaison avec lui que la Monade humaine peut
Divine) ne peut avoir une existence consciente indépendante
avant que l'étincelle sortie de la pure Essence du sixième devenir immortelle.
Principe Universel n'ait : a) passé par toutes les formes « L'élément unique est Parabrahman, et chaque fois que
élémentales du monde phénoménal de ce Manvantara et le centre d'activité appelé le Logos en émerge comme une
b) acquis l'individualité, d'abord par impulsion naturelle, force active, cette force est l'élément unique dans sa condi-
ensuite par des efforts auto-provoqués et auto-projetés sou- tion active, la vie une, et c'est le même pouvoir que Hartman
mis à son Karma, s'élevant ainsi en traversant tous les décrit comme l'énergie unique et inconsciente qui peut être
degrés de l'intelligence, du Manas le plus bas jusqu'au Manas appelée le pouvoir-volonté de la nature, qui produit la cons-
le plus haut, du minéral et de la plante jusqu'à l'Archange cience et tout autre fait physique dans l'Univers manifesté.
(Dhyâni-Bouddha) le plus saint » (D.S., 1, 45). Nous ne pouvons dire qu'il parvient à l'existence à un mo-
ment particulier quelconque. Il semble latent dans la vie
La Monade humaine est, nous dit Mme Blavatsky, Atmâ-Bouddhi. une, pendant tout le temps, mais à son apparition comme
Mais strictement parlant, elle n'est que Bouddhi, le sixième principe une énergie active, il est le premier germe de conscience
ou l'Aine Spirituelle de l'homme. Car Atmâ est un principe non dans tout l'Univers. C'est Atmâ. Ce n'est qu'un pouvoir. Il
humain, mais universel. Il est identique au Logos. Celui-ci est le commence à oeuvrer par toutes les gradations des divers
MONADE ET ESSENCE MONADIOUE 237
236 DOCTRINES INITIATIQUES

chose animée par un quelque chose psychique, destiné à


règnes et, en arrivant au plan de volition humaine, il devient
s'épanouir en un homme des âges plus tard. Mais, c'est une
différencié et acquiert une certaine espèce d'individualité.
manifestation concrète de l'Energie Universelle, qui elle-
Et c'est cela que nous appelons la monade. Si cette monade
même n'est pas encore devenue individualisée, une manifes-
n'était pas reliée au Logos, l'immortalité serait impossible.
tation subséquente de l'Unique et Universel Monas. L'océan
Mais comme elle a été diffusée par l'intermédiaire du Logos,
ne se divise pas en ses gouttes potentielles et constituantes
il y a une chance pour qu'elle repasse par le Logos et qu'elle
avant que l'impulsion vitale n'atteigne le stade évolutif de
obtienne ainsi l'immortalité » (E.W., 126, 127).
la naissance humaine. La tendance vers la ségrégation en
monades individuelles est graduelle et elle s'achève presque
Selon Mme Blavatsky, les Monades ne se différencient les unes
dans les animaux supérieurs » (C.W., V, 172, 173).
des autres, ou s'individualisent, que lorsque le courant de vie émané
de Parabrahman par l'intermédiaire du Logos a traversé les règnes
L'Essence Monadique, parvenue à son niveau le plus matériel,
inférieurs et atteint le règne humain. Les expériences faites dans une
celui de la « Monade Minérale », est « une force pénétrant tout ce
multitude de véhicules de conscience, corps de végétaux et surtout
qui a pour son présent véhicule la matière terrestre le plus bas et
d'animaux, procurent des impressions qui colorent, pour ainsi dire,
le plus concret ». Dans le règne végétal elle « commence impercep-
d'un sentiment d'individualité, les Monades impersonnelles reliées
tiblement à se différencier ». Cette différenciation s'accroît dans le
à ces corps. Chacune de celles-ci tend, ainsi, à se séparer du
règne animal et, dans l'homme, « la monade est pleinement déve-
courant vital où elle était fondue avec les autres Monades. Au stade
loppée ». Elle est soit passive, soit active, suivant l'état de « son
humain, la ségrégation est complète et c'est seulement alors que l'on
véhicule, les cinq principes humains inférieurs ». Elle « est pleine-
peut parler de Monades individuelles. Il n'existe, déclare Mme Bla-
vatsky, qu'une Monade minérale, celle-ci étant la synthèse de toutes ment libérée » et atteint son état le plus haut, « un degré seulement
plus bas que la VIE UNE Universelle », dans « le règne des Dévas »
les Monades parvenues à ce stade évolutif et qui ne forment qu'une
masse indifférenciée, l' « Essence Monadique ». (C.W., V, 173, 174, 175).
Subba Row compare la monade à un fil (Soûtra) « sur lequel
Le règne minéral n'est pas le point de départ de l'évolution de
les expériences de nombreuses naissances sont enfilées ». Similai-
« Essence Monadique ». Il est précédé par trois autres règnes, ceux
des élémentals qui sont des « centres de force naissants ». Le règne rement, le Logos pouvant être considéré « comme la base d'in-
nombrables monades », Subba Row l'appelle, nous l'avons dit, Soû-
humain est suivi par le règne des Dévas ou des Dhyân Chohans, dans
lequel la Monade, libérée des entraves de la matière, est pleinement trâtmâ (P.B.G., 22). Cependant, ce nom est généralement donné, dans
la littérature théosophique, à l'Ego réincarnateur (Manas supérieur).
active et manifeste tous ses pouvoirs.
L'immortalité n'est que conditionnelle. « Tous les êtres humains, dont
« L'Essence Monadique (s'il nous est permis d'employer les expériences ont été transférées au Logos par la monade voyageuse,
une telle expression), dans le minéral, le végétal et l'animal, peuvent être envisagés comme ayant gagné l'immortalité. Mais quel-
quoique la même pendant toute la série de cycles, du règne quefois la monade devient tellement opposée, dans son effet magné-
élémental le plus bas au règne des Dévas, diffère cependant tique, au Logos dont elle a émané, que son absorption est impossible.
par le degré de sa progression. Ce serait beaucoup s'écarter Cela n'arrive que dans le cas d'un homme très méchant. Alors, cette
de la vérité que d'imaginer une monade comme une entité monade n'obtient jamais l'immortalité ; elle peut vivre jusqu'à ce
séparée cheminant lentement sur un sentier distinct à tra- que survienne le Pralaya et elle est alors fondue dans l'océan de
vers les règnes inférieurs et, après une incalculable série de matière cosmique sans transférer ses impressions à un Logos quel-
transmigrations, fleurissant dans un être humain ; en bref, conque » (E.W., 127, 128).
imaginer que la monade d'un Humboldt remonte à la mo- Par cette dernière expression Subba Row entend l'un des sept
nade d'un atome de hornblende. Au lieu de dire une monade Logoï, Hiérarchies ou Rayons (dont chacun est septuple) jaillis des
minérale, la phraséologie plus correcte... aurait été de l'appe- sept centres de force du Logos.
ler la Monade se manifestant dans la forme de Prakriti
nommée le règne minéral. Chaque atome ou molécule de
l'hypothèse scientifique n'est pas une particule de quelque
L'OEUF AURIQUE

Mme Blavatsky classe habituellement les principes humains de


la façon suivante, du plus spirituel au plus matériel : 1) Atmâ ;
2) Bouddhi (l'Ame Spirituelle) ; 3) Manas (Ame Humaine) ; 4) Kâma
Roûpa (Véhicule des Désirs et Passions) ; 5) Prâna ; 6) Linga Sharîra ;
7) Sthoûla Sharîra (D.S., I, 177).
Cependant, elle déclare qu'en toute rigueur la véritable classifi-
cation de ces principes ne comporte ni Atmâ, qui est un principe
universel et non individuel, ni le corps physique, qui n'est qu'une
simple écorce. Elle les exclut donc de cette nomenclature qu'elle
complète par un autre principe, l'OEuf ou Enveloppe Aurique, Œuf
Lumineux ou « Soûtratmâ ».

« On a donné d'abord seulement une classification


approximative. Le « Bouddhisme Esotérique » commence par
Atmâ, le septième, et termine avec le Corps Physique, le pre-
mier. Or, ni Atmâ, qui n'est pas un « principe » individuel,
mais une radiation provenant du Logos Non Manifesté et
un avec lui, ni le Corps qui est l'écorce matérielle ou la coque
de l'Homme Spirituel, ne peuvent, en stricte vérité, être
appelés des « principes ». En outre, le « principe » le plus
important de tous, qui n'a même pas été mentionné jusqu'à
présent, est l' « Œuf Lumineux » (Hiranyagarbha), ou la
sphère magnétique dans laquelle tout homme est enveloppé.
C'est l'émanation directe : a) du Rayon Atmique dans son
triple aspect de Créateur, Préservateur et Destructeur (Régé-
nérateur) ; et b) de Bouddhi-Manas » (D.S., III, 445).
« La raison pour laquelle il n'était pas permis de men-
tionner publiquement le corps Aurique est son caractère très
sacré. C'est ce Corps qui, à la mort, assimile l'essence de
Bouddhi et Manas et devient le véhicule de ces principes
spirituels, lesquels ne sont pas objectifs et qui, ensuite avec
la pleine radiation d'Atmâ sur lui, monte comme Manas-
Taijasi dans l'état Dévachanique. Il a donc été désigné par
de nombreux noms. C'est le Soûtrâmâ, le « fil » d'argent qui
« s'incarne » du commencement jusqu'à la fin du Manvan-
240 DOCTRINES INITIATIQUES

tara, enfilant sur lui les perles de l'existence humaine, en


d'autres termes l'arome spirituel de chaque personnalité qu'il
suit dans le pèlerinage de la vie. C'est aussi le matériau dont
l'Adepte forme ses Corps Astrals, de l'Augoeides et du
Mâyâvi Roûpa jusqu'en bas » (D.S., III, 446).
LE KARANA SHARIRA
L'essence du Manas que le Corps Aurique assimile après la mort,
ou « l'arome » du Manas, est appelée Vijnânamayakosha dans le
Vedânta. Cette meilleure partie du mental, mélangée pendant la vie
terrestre à sa partie inférieure (le Manomayakosha), s'en sépare Le mot sanscrit Kâranopâdhi, composé de Kârana (Cause) et
après la mort et s'attache au sixième principe (Bouddhi). Elle est d'Oupâdhi (base ou véhicule), peut être traduit par Corps Causal.
« en fait, la base de l'individualité supérieure spirituelle de Ce principe humain est la cause de l'état Soushoupti. Strictement
l'homme ». Le Manomayakosha, lui, n'est nullement attiré par parlant, il n'est pas constitué seulement par Bouddhi (l'Anandamaya-
Bouddhi. Il a « une plus grande affinité avec le quatrième principe kosha du Vedânta) mais par la conjonction de Bouddhi et de Manas.
qu'avec le sixième », ce qui provoque le clivage post-mortem (E.W.,
58 ; D.S., I, 181, 182). « CORPS CAUSAL. Ce « corps » n'est pas un corps soit
objectif, soit subjectif, mais Bouddhi, l'Ame Spirituelle. Celle-
ci est ainsi appelée parce qu'elle est la cause directe de la
condition Soushoupti menant à l'état Tourîya, le plus haut
état de Samâdhi. Elle est appelée Kâranopâdhi, « la base de
la Cause », par les Yogis du Târaka Râja Yoga. Et, dans le
système du Vedânta, ce mot correspond à la fois au Vijnâ-
namaya Kosha et à l'Anandamaya Kosha, ce dernier venant
après Atmâ et étant en conséquence le véhicule de l'Esprit
Universel. Bouddhi seule ne pourrait être appelée un « Corps
Causal ». Mais elle le devient en conjonction avec Manas,
l'Entité ou EGO qui s'incarne » (T.G., 74).

Manas signifie, « ésotériquement, quand il n'est pas qualifié,


l'EGO supérieur ou le Principe conscient et réincarnant dans
l'homme. Quand il est qualifié, il est appelé par les Théosophes
Bouddhi-Manas ou l'Ame Spirituelle, en opposition à sa réflexion
humaine, Kâma Manas » (T.G., 202). Ce dernier est, dans la chaîne
des Nidânas (Causes) ou Pratityasamutpada des Bouddhistes, « le
sixième du Chadâyatana, ou des six organes de la connaissance, donc
le plus haut des six, lesquels sont synthétisés par le septième appelé
Klichta » (T.G., 202, 203). La vérité complète au sujet du Manas n'est
révélée qu'aux Initiés.

« Alors que le Manas Supérieur ou Ego est directement


relié à Vijnâna (le dixième des douze Nidânas) qui est la
connaissance parfaite de toutes les formes de connaissance
concernant l'objet ou le sujet, dans la chaîne nidânique des
causes et effets, le Manas inférieur, le Kâma Manas, n'est
242 DOCTRINES INITIATIQUES LE KARANA SHARIRA 243

que l'un des Indriya ou organes (racines) des sens. Très peu le Logos lui-même, et ce qui est généralement considéré comme l'égo
peut être dit du double Manas ici, car la doctrine qui en n'est que son reflet » (P.B.G., 29). La connaissance que l'homme peut
traite n'est correctement exprimée que dans les livres ésoté- obtenir en centrant sa conscience dans l'un ou l'autre de ses corps
riques. Ainsi, sa mention ne peut être que très superficielle » dépend de l'état de cet oupâdhi. Comme l'image d'un paysage sur la
(T.G., 203). surface d'un lac devient trouble ou disparaît si l'eau de ce lac est
agitée, de même « l'homme par ses passions et émotions, peut rendre
Pour Subba Row, c'est dans le Kârana Sharîra que l'individualité trouble et déformée l'image de son vrai soi et même la rendre telle-
supérieure de l'homme a son siège (P.B.G., 30). Il subsiste « incar- ment indistincte qu'il devient complètement incapable d'en percevoir
nation après incarnation, ajoutant à chacune quelque chose à son la lumière » (P.B.G., 28, 29).
fonds d'expérience et développant une individualité supérieure, comme « L'image réfléchie du Logos, formée par l'action de cette
résultat de tout le processus d'assimilation ». C'est pour cette raison lumière, ou le Kârana Sharîra, peut être considérée comme le qua-
que le Kârana Sharîra a été nommé l'égo de l'homme et que « dans trième principe dans l'homme et elle a été considérée ainsi par
certains systèmes de philosophie, il est appelé le jîva » (P.B.G., 38). certains philosophes. Mais, en réalité, la véritable entité est la lumière
Selon Subba Row, le Kârana Sharîra ou Karanopâdhi est iden- elle-même et non l'image réfléchie » (P.B.G., 27, note). Le Kârana
tique à l'Ame Spirituelle (E.W., 58), c'est-à-dire à Bouddhi. Il compare Sharîra est Bouddhi, c'est-à-dire un rayon d'Alaya (D.S., III, 494) et
le Logos (Ishvara) au Soleil dont la lumière (Alaya) se réfléchit non Alaya (la Lumière du Logos) elle-même. Il n'est « qu'un centre
d'abord dans un miroir (le Kârana Sharîra), puis sur une plaque de Prâjna, un centre de force ou d'énergie dans lequel le troisième
métallique (le Soûkshma Sharîra) et enfin sur un mur (le Sthoûla principe (ou Soûtrâtmâ) du cosmos a été différencié par suite de la
Sharîra). même impulsion qui a produit la différenciation de tous ces prin-
cipes cosmiques » (P.B.G., 27). Ce Soûtrâtmâ est Ishvara (P.B.G., 22),
« Supposez que nous comparions, par exemple, le Logos le troisième principe (en commençant par le bas) du système solaire
lui-même au soleil. Supposez que je prenne en main un clair envisagé comme un quaternaire, le quatrième étant Moûlaprakriti
miroir, que j'y saisisse un reflet du soleil, que je fasse se (P.B.G., 22, 23).
réfléchir le rayon de la surface du miroir disons sur une Pour Mme Blavatsky, « Ishvara est la conscience collective de
plaque métallique polie et que je fasse tomber sur un mur les Brahmâ, la divinité manifestée, c'est-à-dire la conscience collective de
rayons qui sont, à leur tour, réfléchis par cette plaque. Main- l'armée des Dhyân Chohans ; et Prâjna est leur sagesse individuelle »
tenant, nous avons trois images, l'une plus claire que l'autre (« Occultisme Pratique », 228, note ; Lucifer, janvier 1889). Le Kâra-
et l'une plus resplendissante que l'autre. Je peux comparer nopâdhi ou Kârana Sharîra (l'Anandamaya Kosha ou « Fourreau des
le clair miroir au Kârana Sharîra, la plaque métallique au Béatitudes » des Védantins), autrement dit « ce que nous appelons
corps astral, et le mur au corps physique. Dans chaque cas, Bouddhi » (C.W., VII, 289 ; E.W., 58), n'est qu'un miroir formé de
un bimbam défini est formé, et ce bimbam ou image réflé- la matière dans son « sixième état » (D.S., II, 778).
chie est, provisoirement, considérée comme le soi. Le bim-
bam formé sur le corps astral donne naissance à l'idée du « Car Bouddhi, l'Etui Anandamaya, n'est qu'un miroir qui
soi en ce corps quand on le considère comme séparé du reflète la félicité absolue. Et, de plus, cette réflexion elle-
corps physique. Le bimbam formé dans le Kârana Sharîra même n'est cependant pas libre de l'ignorance et n'est pas
donne naissance à la forme la plus éminente d'individualité l'Esprit Suprême, car elle est sujette aux conditions, est une
que l'homme possède » (P.B.G., 27, 28). modification spirituelle de Prakriti et un effet. Atmâ seul est
le substratum unique, réel et éternel de tout, l'Essence et la
L'homme, déclare Subba Row, est un quaternaire formé des Connaissance Absolue, le Kshetrajna » (D.S., I, 623).
trois corps (Sthoûla Sharîra, Soûkshma Sharîra et Kârana Sharîra)
et de la Lumière du Logos. Cette dernière interpénètre toute espèce Ce dernier terme sanscrit signifie Connaisseur du Champ. Nous
d'organisme, et, « dans cette trinité, elle est manifestée dans chacun avons déjà eu l'occasion de signaler que Mme Blavatsky lui donne
des oupâdhis comme le vrai jîva ou l'égo de l'homme » (P.B.G., 27). divers sens. Dans la citation qui précède, il signifie le principe
Mais cette idée de soi est trompeuse parce que « le véritable soi est suprême dont Bouddhi est le véhicule. « Dans les doctrines Sânkhya
244 DOCTRINES INITIATIQUES 1.1? KARANA SHAMRA 245

et Pourâniques, Mahat est le premier produit de Pradhâna informé Le Kârana Sharîra est le produit de l'action de la Lumière du
par Kshetrajna, « Esprit-Substance » (C.W., X, 314). Cependant, Logos. Celle-ci est « sa vie et son énergie » et, de plus, la source de
dans la philosophie ésotérique, Kshetrajna est le nom donné à nos sa conscience sur le plan de Soûtratma (Ishvara) qui lui fournit sa
EGOS informants » (C.W., X, 314). « Le nom mystique de l' « Ego « base » matérielle (P.G.B., 39).
Supérieur » est, dans la philosophie hindoue, Kshetrajna, ou La Lumière du Logos, la Demeter des Grecs et la Ceres des
« Esprit incorporé », ce qui connaît ou informe Kshetra, le champ » Romains, est « le principe productif dans l'Esprit omni-pénétrant
(C.W., X, 254). Kshetrajna est « le Principe réincarnant, le Seigneur qui stimule tous les germes dans l'univers matériel (T.G., 75). Dans
en nous » (T.G., 181), c'est-à-dire Manas (ou Bouddhi-Manas).
l'homme, elle produit 1' « individualité consciente », en coopération
Le corps astral (Soûkshma Sharîra), séparé du Kârana Sharîra, avec « plusieurs forces subsidiaires qui sont générées par des condi-
ne peut continuer à vivre que par suite de l'impulsion reçue alors tions particulières de temps, d'espace et d'environnement ». Les
qu'il lui était uni. Il finit tôt ou tard par être complètement désin- actions volontaires de l'homme « non seulement maintiennent l'indi-
tégré. Par contre, « le Kârana Sharîra est un corps ou organisme vidualité du Kârana Sharîra, mais aussi la rendent de plus en plus
qui est capable d'exister indépendamment du corps astral. Son plan définie ». De sorte que le « Kârana Sharîra est le résultat d'impul-
d'existence est appelé Soûtrâtmâ parce que, telles de nombreuses sions karmiques. Il est, pour ainsi dire, le fils du Karma ». Il dispa-
perles enfilées sur un fil, des personnalités successives sont enfilées raît si l'influence du Karma est annihilée (P.G.B., 40). Cette mort du
sur ce Kârana Sharîra, alors que l'individu traverse incarnation Kârana Sharîra se produit, très exceptionnellement, dans des cas
après incarnation » (P.B.G., 36, 37). d'égoïsme intense.

Le Corps Causal est trop pur pour enregistrer des activités « Ceux qui ont lu le Bouddhisme Esotérique de M. Sinnett
inférieures. se rappelleront, peut-être, qu'il parle de la terrible mort de
l'âme qui peut survenir dans ce qu'il appelle la huitième
« Naturellement, toutes les associations ou idées des sphère. Cela a donné naissance à beaucoup de mauvaises
états mentaux que peut expérimenter un être humain ne interprétations. Voici ce qu'il en est réellement. Le Kârana
sont pas nécessairement communiquées à l'homme astral et Sharîra, dans des cas extrêmes, peut mourir, comme meurt
beaucoup moins encore au Kârana Sharîra. De toutes les le corps physique ou le corps astral. Supposez que, dans le
expériences de l'homme physique, l'homme astral ou, au-delà cours du temps, le Kârana Sharîra soit réduit, par un mau-
de lui, le Kârana Sharîra, ne peut assimiler que celles dont vais Karma persistant, à une condition d'existence physique
la constitution et la nature lui sont semblables. Il n'est qui le rend incapable de refléter la Lumière du Logos ; ou
d'ailleurs que conforme à la justice que tous nos états men- supposez que ce dont il est nourri, pour ainsi dire, le bon
taux ne soient pas conservés. Comme la plupart d'entre eux Karma de l'homme, perde toute son énergie et qu'aucune
se rapportent principalement aux occupations journalières tendance à l'action ne lui soit communiquée. Le résultat peut
ou mêmes aux besoins physiques de l'être humain, il n'y a alors être que le Kârana Sharîra meurt ou devient simple-
aucun profit à les conserver. Mais tout ce qui pénètre pro- ment un agrégat inutile de particules au lieu d'être un
fondément dans la nature intellectuelle de l'homme, toutes organisme vivant, exactement comme le corps physique se
les émotions supérieures de l'âme humaine, ainsi que les décompose et devient un corps mort quand le principe vital
goûts intellectuels générés en l'homme avec toutes ses aspi- le quitte » (P.B.G., 136, 137).
rations supérieures sont imprimés presque indélébilement
sur le Kârana Sharîra. Le corps astral est simplement le La défectuosité du Kârana Sharîra peut, dans ces conditions, être
siège de la nature inférieure de l'homme. Les passions et telle qu'elle rende « impossible toute existence individuelle future.
émotions animales et les pensées ordinaires qui sont géné- Alors le résultat est l'annihilation qui est simplement le plus terrible
ralement reliées aux besoins physiques de l'homme, peuvent, sort qui puisse survenir à un être humain » (P.B.G., 137).
sans aucun doute, être communiquées à l'homme astral,
mais plus haut que cela, elles ne peuvent aller » (P.B.G.,
37, 38).
L'ANTAHKARANA

L'accès, après la mort, au Dévachan n'est possible pour un être


humain que s'il a eu, plus ou moins, pendant son existence terrestre,
un comportement noble. Cette conduite est due à l'activité de
l'aspect du Manas inférieur appelé Antahkarana. Celui-ci est le lien
entre la personnalité et le Mental supérieur. « L'Antahkarana est le
nom du pont imaginaire, du sentier qui se trouve entre les Egos
divin et humain, car ils sont des Egos pendant la vie humaine, pour
redevenir un Ego en Dévachan ou en Nirvâna » (D.S., III, 519).
Si on imagine une lampe allumée au milieu d'une chambre et
projetant sa lumière sur une paroi, on peut considérer la lampe, la
lumière projetée sur le mur et ce dernier comme symbolisant respec-
tivement l'Ego Divin, le Manas inférieur, et le corps physique. « La
partie de l'atmosphère qui transmet le rayon de la lampe sur le mur
représentera alors l'Antahkarana. Nous devons, en outre, supposer
que la lumière ainsi projetée est pourvue de raison et d'intelligence
et possède, de plus, la faculté de dissiper toutes les ombres mau-
vaises qui traversent le mur, d'attirer à elle toute la clarté et d'en
recevoir des impressions indélébiles. » L'Ego a ainsi le pouvoir d'illu-
miner la personnalité, d'en « chasser les ombres » par la multipli-
cation des bonnes actions. Celles-ci permettent au Mental inférieur,
« par l'intermédiaire de l'Antahkarana, d'assurer sa propre liaison
permanente et sa réunion finale avec l'Ego Divin » (D.S., III, 519,
520), autrement dit la jonction entre la personnalité et l'individualité.
« La philosophie ésotérique enseigne l'existence de deux Egos dans
l'homme, l'Ego mortel ou personnel et l'Ego Supérieur, Divin et
Impersonnel, appelant le premier la personnalité et le second l'Indi-
vidualité » (T.G., 111).
L'Ego Supérieur d'un homme est son Manas Supérieur (D.S., II,
83). Il est « sur son propre plan, le Koûmara » (D.S., III, 590). Les
Koûmaras ne deviennent des Egos humains qu'après leur « chute »,
« à partir du moment seulement où ils animent l'Animal Homme, le
dotant de son Mental Supérieur » (D.S., III, 494). Ils sont « des Etres
Divins, des Dieux, immortels pendant tout le Mahâmanvantara ou les
311.040.000.000.000 ans pendant lesquels dure l'Age de Brahmâ » (D.S.,
III, 517). Au moment de la réincarnation, l'Ego Supérieur « projette
248 DOCTRINES INITIATIQUES

un Rayon, l'Ego Inférieur ». Les énergies de ce dernier sont dirigées


vers le haut et vers le bas. « Les tendances vers le haut deviennent
ses expériences Dévachaniques, les tendances inférieures sont Kâ-
miques » (D.S., III, 590, 591). L'Ego inférieur ou Manas inférieur,
étant de même nature que le Manas supérieur, « ne peut faire aucune KAMA, PRANA ET LINGA SHARIRA
impression sur notre plan, ni en recevoir aucune ». Pour que l'être
humain puisse être conscient dans notre monde terrestre, « le Manas
Inférieur se revêt de l'essence de la Lumière Astrale ». L'enveloppe
astrale dont il s'entoure le relie au plan physique, mais lui enlève L'homme est fait à l'image de l'univers. En lui, la Triade supé-
toute possibilité de communication avec sa source, le Manas Supé- rieure correspond aux trois plans aroûpa du cosmos et les quatre
rieur, « excepté par l'intermédiaire de l'Antahkarana qui est son seul principes inférieurs aux quatre plans cosmiques roûpa. Le véritable
salut. Brisez ce dernier et vous devenez un animal » (D.S., III, 578). quaternaire inférieur humain ne comprend pas Prâna, car celui-ci
Les Gnostiques appelaient l'Ego Supérieur Christos, le « messa- n'est pas un principe individuel, mais un principe universel. « Dans
ger de vie », et l'Ange Gabriel. C'était le Christ d'en haut, dont le Diagramme V, sont seulement donnés le Corps, l'Astral, Kâma, le
l'émanation, « le Kâma-Manas ou l'Ego inférieur personnel », était Manas Inférieur, le Manas Supérieur, Bouddhi et l'Atmâ Aurique.
pour eux le Christ d'en bas. Ils disaient donc qu'il n'y a pas un La Vie est un principe Universel Cosmique et, pas plus qu'Atman,
Christ, « mais un au-dessus et l'autre au-dessous » (T.G., 123, 124). n'appartient aux individus » (D.S., III, 569).
Ainsi, pour les Gnostiques, Jésus, l'enfant de Marie, « et le Christ Quoique l'Astral soit « le réservoir ou l'éponge de la vie » (D.S.,
sont des entités distinctes ». Jésus est « le Manas Inférieur, le rayon III, 593), il n'y a pas de Prâna sur le Plan Astral. Car la Vie (ou
à
provenant du Manas Supérieur ». Il n'est pas Christos, « exactement Jîva) « ne devient Prâna que lorsque l'enfant naît et commence
comme la Personnalité n'est pas l'Individualité ». Quant à l'Antahka- respirer. Il est le souffle de vie, Nephesh » (D.S., III, 545). Prâna ou
rana, il était, dans la Gnose, le Fruit Commun du Plérôme, égale- la vitalité d'un être humain n'est que la Vie (la Force ou Shakti)
ment appelé Jésus et le Grand Prêtre ou Pontifex, c'est-à-dire le individualisée, dont la source est le troisième plan cosmique (en
« Faiseur de Pont, celui qui dirige le rayon vers le digne et le retire comptant à partir du plus matériel). Le principe cosmique est donc
de l'indigne, celui qui construit le Pont entre le Manas Supérieur et Jîva auquel correspond le principe humain Kâma-Prâna (D.S., III,
le Manas Inférieur » (Lucifer, mai 1890, 233, 5* note). C'est pourquoi 555, diagramme), quoique, strictement parlant, comme l'indique
il est déclaré, dans le traité intitulé « Réfutation de toutes les Mme Blavatsky, Prâna soit un principe cosmique, et donc identique
Hérésies » (plus connu sous le titre « Philosophurnena ») qu'il y a à Jîva. « Kâma dépend de Prâna, sans lequel il n'y aurait pas de
trois Christs, d'abord l'émanation de Nous et Aletheia (émanation Kâma » (D.S., III, 550). Mme Blavatsky compare un être vivant à
appelée Chokmah dans la Cabale), puis le Fruit Commun du Plérôme une éponge. Tant que cette éponge est plongée dans l'océan de la
et enfin Jésus (Lucifer, mai 1890, 237). Vie Universelle (Jîva), elle continue à vivre. Quand elle en sort, elle
L'Antahkarana n'existe que lorsqu'on commence à projeter la meurt.
pensée « en haut et en bas » (D.S., III, 545). H comporte sept divi-
« L'eau dans l'intérieur de l'éponge peut être comparée
sions. « Quand vous passez de l'une à la suivante, vous approchez du
Manas Supérieur » (D.S., III, 547). « Les sept pas de l'Antahkarana au Prâna. A l'extérieur est Jîva. Prâna est le principe-moteur
correspondent aux Lokas » (D.S., III, 570), ces derniers étant tous dans la vie. Les « vies » quittent Prâna, Prâna ne les quitte
pas. Prenez l'éponge hors de l'eau et elle devient sèche, ce
des états « Divins » allant de la condition de « l'homme pensant et
bon » au « plus haut Samâdhi » (D.S., III, 568, Diagramme V). Celui qui symbolise la mort » (D.S., III, 550).
qui parvient à s'élever au-delà de la quatrième division de l'Antahka-
rana peut « se considérer comme fortuné » (D.S., III, 546). Effecti« Rappelons que, selon Subba Row, le Principe humain qui vient
vement, ce degré de l'Antahkarana correspond à Maharloka, le qua- après le Corps Physique et l'Astral ou Linga Sharîra est Kâma, la
trième Loka que seul un « Adepte pleinement initié » peut dépasser Shakti de l'homme, c'est-à-dire sa Vie ou sa Force, ces deux termes
(D.S., III, 569). étant synonymes pour les Occultistes (B.W., 289). Aussi, tant que la
vie dure, « Kâma est partout dans le corps » (D.S., III, 581).
250 DOCTRINES INITIATIQUES

Le Corps Astral ou Linga Sharîra est l'intermédiaire, dans


l'homme, entre Kâma-Prâna (la Vie) et le Corps Physique, de même
que, dans l'Univers, le Plan Astral ou Kâma Loka est ce qui fait
communiquer le monde de Jî va ou de la Vie et celui de Prakriti ou
plan physique. Il est souvent désigné, dans la « Doctrine Secrète »,
par le terme sanscrit « Chhâyâ » (Ombre). Sa source est la rate, ou LES ETATS DE LA CONSCIENCE
plutôt l'organe invisible dont la rate est l'aspect visible.

« La Chhâyâ est identique au Corps Astral. Son germe


ou essence vitale est dans la rate. « La Chhâya est enroulée Les sept plans cosmiques « correspondent aux sept états de
dans la rate. » C'est hors de cette dernière que l'Astral est conscience dans l'homme. Il appartient à celui-ci d'accorder les trois
formé. Il sort comme une essence nuageuse ondulant ou états supérieurs en lui aux trois plans supérieurs du Cosmos ». Mais,
tournant comme de la fumée et prenant graduellement auparavant, « il doit éveiller les trois sièges à la vie et à l'activité »
forme au fur et à mesure qu'elle croît... L'Astral soutient la ( D.S., I, 221). En d'autres termes, avant de tenter de mettre en
vie. Il est le réservoir ou l'éponge de la vie, la recueillant de accord les trois plans aroûpa du Cosmos avec ses trois principes
tous les règnes naturels aux alentours et il est l'intermé- supérieurs (Atmâ, Bouddhi, Manas), il doit rendre actifs ces prin-
diaire entre les règnes de vie Prânique et de vie physique. cipes. Les plans aroûpa sont « inaccessibles à l'intellect humain tel
La vie ne peut immédiatement aller du subjectif à l'objectif, qu'il est maintenant développé » et les « sept états de la conscience
car la Nature traverse graduellement chaque sphère. Par humaine appartiennent à une toute autre question » (D.S., I, 221,
conséquent, le Linga Sharîra est l'intermédiaire entre le 3° note).
Prâna et notre corps physique et il pompe en lui la vie. La Ces états sont les sept conditions de la conscience que peut
rate est, en conséquence, un organe très délicat. Cependant, expérimenter un être humain sans pénétrer dans les plans aroûpa.
la rate physique n'est qu'un revêtement de la rate réelle. La Ils peuvent être répartis, selon Rubba Row, en trois catégories, celles
Vie est, en réalité, la Divinité, Parabrahman. Mais, pour se de « la vie physique, la vie astrale et la vie spirituelle », ou bien dans
manifester, sur le plan physique, elle doit être assimilée et, les sept classes suivantes : « 1) la vie physique ; 2) l'état entre la vie
comme le purement physique est trop grossier, elle doit physique et la vie astrale ; 3) la vie astrale ; 4) l'état entre la vie
avoir un intermédiaire, à savoir l'Astral » (D.S., III, 593). astrale et la vie spirituelle ; 5) les trois états de la vie spirituelle »
(E.W., 141).

Le deuxième stade de la conscience humaine est une condition


d'inconscience.
« Dans l'homme mourant, la lutte entre l'homme physique
et l'homme astral se poursuit jusqu'à ce qu'elle se termine
par la mort physique. Ce résultat produit un choc assommant
l'homme astral qui passe dans un état de sommeil inconscient,
jusqu'à ce qu'il se réveille dans le Kâma-Loka. Ce sommeil
est le second état de la conscience » (E.W., 142).

Le troisième état est la condition qui suit l'éveil dans le plan


astral. Celui-ci est un monde d'effets, car l'homme y est privé du
corps physique.
252 DOCTRINES INITIATIQUES LES ÉTATS DE LA CONSCIENCE 253

« Quand l'homme s'éveille dans le Kâma-Loka, il com- a pleinement goûté les effets des aspirations spirituelles
mence son troisième état d'existence. L'organisme physique créées par elle. C'est seulement les entités très hautement
qui, seul, lui permet de produire des causes, n'est pas là et spiritualisées qui atteignent cet état le plus haut du Déva-
l'homme n'est, pour ainsi dire, occupé que des affinités qu'il chan. Naturellement, le cas des adeptes est ici entièrement
a déjà engendrées » (E.W., 143). laissé de côté. Car, comme le dit la Bhagavad-Gîtâ, le Jnânt
atteint l'état après lequel il n'y a pas de renaissance et qui
Pendant cette existence astrale se produit une lutte entre, d'une est appelé Moksha ou Moukti » (E.W., 147).
part, les tendances spirituelles du défunt, qui ont leur source dans
sa Monade (Atmâ-Bouddhi) et, d'autre part, ses tendances inférieures, Le Dévachan, Roûpa-Loka (M.L., 103), ou « pays de Soukhavati »
provenant de ses cinquième et quatrième principes (Manas et Kâma). ( M.L., 97), se termine par une troisième période d'inconscience pré-
Cette lutte se termine par un nouveau trépas. Le choc de cette cédant une nouvelle incarnation physique. L'existence est soumise,
seconde mort fait pénétrer le défunt dans son quatrième état de dans le Dévachan comme dans le monde physique, au déclin graduel
conscience, condition d'inconscience appelée, dans la littérature théo- et à la mort. C'est ce qui ressort du passage suivant d'un traité
sophique, « état de gestation ». Cette phase précède l'éveil de hindou où les êtres humains en Dévachan sont appelés des Devas.
les Devas
l'homme dans le Dévachan. Le « cadavre » qu'il abandonne dans le « L'Agama Soutra disant : « Dans tous ces Roûpa-Lokas,
monde astral, composé des quatrième et cinquième principes, est ( Esprits) sont également sujets à la naissance, au déclin, à la vieil-
une « coque » inconsciente où sont, cependant, imprimés des sou- lesse et à la mort », signifie seulement qu'un Ego y naît, puis
venirs provenant de la dernière incarnation physique. La « coque » commence à dépérir, et finalement meurt, c'est-à-dire tombe dans la
ne comprend pas tout le Manas dont la partie supérieure, son condition inconsciente qui précède la renaissance. Et le Shloka se
« arome », suit l'homme dans son « état de gestation », puis dans termine par cet mots : « Lorsque les Devas émergent de ces cieux,
son existence dévachanique. A nouveau conscient, il vit alors dans ils entrent à nouveau dans le monde inférieur », c'est-à-dire laissent
son Individualité ou « Amrita-Yâna », « combinaison des cinquième, un monde de félicité pour renaître dans un monde de causes »
sixième et septième principes » (M.L., 111) (Atmâ-Bouddhi-Manas). (M.L., 103).
Les trois derniers états de la conscience sont les trois conditions du
Dévachan, le degré dévachanique auquel un défunt peut accéder « La période de gestation entre la condition Dévacha-
dépendant de son niveau spirituel. Subba Row les désigne par leurs nique et la renaissance physique peut être appelée le hui-
noms sanscrits : Salokatâ (cinquième état de conscience), Samîpatâ tième état. Mais, dans les livres hindous, la vie physique
(sixième état) et Sâyujyatâ (septième état). étant conçue comme la base des sept post-états, elle n'est
pas incluse sans la catégorie des Sapta-Lokas supérieurs,
« Quand la lutte entre les affinités inférieures et les exactement comme dans la division septénaire des principes,
aspirations supérieures de l'homme est terminée dans le Parabrahman n'est pas pris en considération, absolument
Kâma-Loka, la mort astrale a lieu dans cette sphère, comme pour la même raison. Du point de vue subjectif, Parabrah-
ne sont
se produit sur terre la mort physique. Le choc de la mort man et du point de vue objectif, le Sthoûlasharîra,
jette, à nouveau, l'entité dans un état d'inconscience avant pas compris dans la division septénaire, car l'un et l'autre
son passage dans le Dévachan... De son quatrième état d'exis- sont la base sur laquelle toute la structure est bâtie » (E.W.,
tence, l'entité se réveille dans le Dévachan, dont les condi- 147, 148).
tions sont, suivant les livres hindous, Salokatâ, Samîpatâ et
Sâyujyatâ. Dans l'état le plus bas, c'est-à-dire dans celui de Subba Row énonce une autre série d'états de conscience obtenue
Salokatâ, l'entité est seulement sous l'influence du sixième en distinguant trois subdivisions dans chacun des trois premiers
et der-
et du septième principes, tandis que dans le second état, Avasthas (Jâgrat, Svapna et Soushoupti), dont le quatrième
c'est-à-dire celui de Samîpatâ, elle est entièrement adombrée nier (Tourîya) correspond au Nirvâna.
par ces deux principes. Ce n'est que dans l'état de Sâyujyatâ
qu'elle est totalement immergée dans son Logos pour
être, à nouveau, jetée dans la réincarnation, quand elle
254 DOCTRINES INITIATIQUES LES ÉTATS DU LA CONSCIENCli 255

Jâgrat, ou la conscience de veille, dit-il, est « Le sixième facteur est le mental, qui gouverne et dirige
les sens, et tire des déductions de leurs impressions, une fois
« divisé en trois : 1) le jâgrat de jâgrat, qui est la conscience celles-ci assemblées et arrangées. Le septième facteur est
de veille ordinaire ; 2) le svapna de jâgrat, l'état ordinaire l'âtmâ, qui est l'observateur de la généralisation que fait le
de rêve ; 3) le soushoupti de jâgrat, qui est le sommeil sans mental des impressions des sens. C'est le soi, le sens du
rêve. » « Je » en nous, au-delà duquel il est impossible d'aller, soit
en logique, soit en observation. Les sept facteurs doivent
« Similairement, l'état svapna a trois divisions : 1) le être présents sur chaque plan. Dans le rêve, par exemple,
jâgrat de svapna, qui est la conscience de la clairvoyance de les objets correspondant aux sens de la vue, du toucher, du
veille ; 2) le svapna de svapna, ou la clairvoyance somnam- goût, de l'odorat et de l'ouïe, passent devant le rêveur ; son
bulique ; et 3) le soushoupti de svapna, la conscience du mental classifie ces impressions et il éprouve le sentiment
Kâma-Loka. » de « Je », l'observateur qui est le sujet de ces sujets »
(E.W., 110).
« L'état soushoupti est aussi divisé en trois états : 1) le
jâgrat de soushoupti, la conscience du Devachan ; 2) le
De son côté, Mme Blavatsky précise que le sixième sens est
svapna de soushoupti, la conscience dans l'intervalle entre
constitué par les « aspects supérieurs de Manas » (D.S., II, 675) et
deux planètes ; et 3) le soushoupti de soushoupti, la véri- que la « clairvoyance et le pouvoir psychométrique sont des indica-
table conscience aroûpa (sans forme) qui existe entre deux tions du sixième sens, tandis que le septième sens est manifesté par
rondes planétaires » (E.W., 108, 109). une claire perception du Monde Astral » ( « The Theosophist »,
octobre 1884, p. 19).
A chaque plan matériel correspond une condition de conscience
Et Subba Row ajoute qu'au-dessus de ces neuf conditions de et un degré de la force universelle. De plus, chaque plan étant
conscience « viennent les véritables états de conscience mystiques septénaire, à chacun de ses sous-plans correspond un sous-état éner-
auxquels ont accès les adeptes ». Selon cet Occultiste, les neuf gétique et un sous-état de conscience. Ainsi, aux sept subdivisions du
conditions de conscience énumérées par lui existent parce que l'Atmâ plan physique correspondent sept niveaux de conscience.
ou le Soi Supérieur est susceptible d'observer « neuf classes d'ob- Mme Blavatsky indique ces derniers en prenant l'exemple d'une
jets ». Lorsque l'Atmâ dirige son attention sur l'une de ces catégories table. On peut, dit-elle, prendre conscience de cet objet « avec le
d'objets, on dit « que tel ou tel état de conscience est actif » sens de la vue ; en la voyant encore, les yeux fermés, par impression
(E.W., 109, 110). rétinienne ; l'image en est conservée dans le cerveau ; elle peut être
évoquée par la mémoire ; elle peut être vue en rêve ; ou comme un
Alors que Mme Blavatsky affirme qu'il y a sept sens et que ensemble d'atomes ; ou comme désintégrée. Tout cela est sur le
Bouddhi est « le septième sens, mais le sixième principe » (D.S., II, Plan Physique. Puis, nous pouvons recommencer sur le Plan Astral
676), Subba Row déclare que, selon l'Ecole (secrète) d'Occultisme de et obtenir un autre septénaire » (D.S., III, 543).
l'Inde Méridionale, il n'en existe que cinq. Le septième mode de vision de la table, la perception de la
« matière désintégrée (la plus haute des subdivisions matérielles),
« Dans chacune de ces classes d'objets, qui sont sur dif- est la privation de l'idée de la table (la quatrième subdivision) ».
férents plans, il y a cinq éléments, chacun correspondant à Le septième et ultime sous-état de conscience « fait le pont entre
l'un des sens. Suivant les conceptions des occultistes de un plan et l'autre. Le dernier est l'idée, la privation de matière et
l'Inde du Sud, il est erroné de parler de sept sens, dont deux vous transporte au plan suivant » (D.S., III, 549).
sont considérés comme non encore développés. Il est vrai Le septième mode de la conscience fonctionnant dans le plan
qu'il y a sept facteurs dans chaque plan de conscience ; mais physique donne la vision de la plus haute des subdivisions maté-
seulement cinq d'entre eux sont des sens et, selon les vues rielles d'un objet physique et fait accéder au plan suivant (l'astral).
de cette école, il n'y aura jamais deux sens additionnels Car « le plus haut d'un plan touche au plus bas du plan suivant »
analogues à ces cinq. » (D.S., III, 549).
256 DOCTRINES INITIATIQUES

C'est ce que symbolise l'Ouroboros des Grecs, le serpent qui se


mord la queue. Imaginons ce serpent comme divisé, de la tête à la
queue, en sept parties. Celles-ci représentent les sept sous-plans d'un
plan cosmique, la tête symbolisant le plus haut et la queue le plus
bas. Un premier parcours du serpent, de la queue à la tête, signifie,
dans ce symbolisme la traversée des sept sous-plans du plan LES SEPT DIMENSIONS
physique. Un second parcours représente l'ascension dans les sept
subdivisions du plan suivant, et ainsi de suite. Parvenu à la tête de
l'Ouroboros, c'est-à-dire au sous-plan le plus élevé d'un plan cosmique,
on a également atteint le sous-plan inférieur du plan suivant. Car le
La question des « dimensions de l'Espace » est reliée à celle des
serpent se mord la queue, façon imagée de dire que ces deux sous-
divers états de conscience. Mme Blavatsky fait, tout d'abord, remar-
plans se touchent ou se mélangent, de sorte que le sous-plan le plus quer que l'Espace lui-même ne saurait être mesuré, et qu'il serait
élevé d'un plan est le vestibule du plan immédiatement supérieur.
donc plus correct de parler de dimensions de la matière dans
Ainsi, « le septième principe de l'Ether inférieur, ou Air, se
l'Espace plutôt que de dimensions de celui-ci. Quoique de nouvelles
mélange à la subdivision la plus basse du plan astral ». Cet Ether
caractéristiques de la matière se révèlent au cours de l'évolution de
inférieur est, « sur le plan terrestre », formé de sept couches (D.S.,
l'univers, les trois dimensions (longueur, largeur et hauteur) « n'ap-
III, 443). Il constitue l'aura ou atmosphère de notre globe. Le sep-
partiennent en réalité qu'à un seul attribut ou caractéristique de la
tième principe de cette atmosphère est la Lumière Astrale, laquelle
matière, l'extension ». Lorsque les facultés de l'être humain se multi-
est « seulement le second principe sur l'échelle cosmique » (T.G., 116).
plieront, parallèlement à cette expansion de sa conscience se produira
Il existe des relations entre nos sens physiques et nos états de
une augmentation du nombre des caractéristiques de la matière.
conscience, d'une part, et les plans cosmiques, ainsi que les Planètes
Car ces dernières doivent constamment « avoir une relation directe
Sacrées des Anciens, d'autre part.
avec les sens de l'homme » (D.S., I, 271, 272).
L'humanité sera consciente, sur notre globe terrestre, de sept
« Chacun de nos sept sens physiques (dont deux sont
encore inconnus de la Science profane) et aussi chacun de dimensions lorsqu'au cours de la septième Ronde apparaîtra la
septième Race. Cela se passera lors du septième passage de l'espèce
nos sept états de conscience (à savoir : 1) veille ; 2) veille-
rêve ; 3) sommeil naturel ; 4) sommeil provoqué ou transe ; humaine sur Terre, chacun de ces périples dans la série de sept
globes de notre chaîne (système planétaire) constituant une Ronde.
5) psychique ; 6) super-psychique ; et 7) purement spirituel)
correspond à l'un des sept plans cosmiques, développe et Nous ne sommes actuellement conscients que de trois dimen-
sions parce que nous ne sommes que dans la quatrième Ronde.
emploie l'un des sept super-sens et est relié directement,
Avant la fin de notre séjour sur Terre, pendant la présente Ronde,
dans son utilisation sur le plan terrestro-spirituel, au centre
de force cosmique et divin qui lui a donné naissance et qui la quatrième dimension se révélera à nous. Le plan physique est ainsi
est son créateur direct. Chacun d'eux est aussi relié à l'une doté de sept dimensions (dont trois seulement sont perçues actuelle-
ment par nous), le plan astral de six, le plan mental de cinq et ainsi
des sept Planètes Sacrées et se trouve sous son influence
directe » (D.S., III, 448). de suite, jusqu'au plan le plus haut, correspondant au Nirvâna. Dans
celui-ci il n'y a qu'une « dimension spirituelle incluant tout » (The
Letters of H.P. Blavatsky to A.P. Sinnett, 246).

« Car qu'est-ce qu'une dimension de l'espace ? Une telle


dimension n'existe que dans nos conceptions. Nous compre-
nons l'espace comme ayant trois dimensions parce que jus-
qu'à présent la quatrième dimension ne se révèle qu'occa-
sionnellement et anormalement. Mais, parce que nous parlons
d'une étendue ou d'un espace à trois dimensions et parce
258 ixerRINES INITIATIQUES

que nous y pensons, il ne s'ensuit pas qu'un tel espace soit


présent ou existe per se dans les choses qui nous entourent.
Cela signifie simplement que l'espace, indépendamment de
l'oeil intérieur ou spirituel de l'être pensant, n'est rien. La
conception d'espaces à 3, 4, 5, 6 et 7 dimensions dépend de
l'organisation spirituelle et non pas seulement de l'organisa-
tion physique ou intellectuelle de l'homme... Prenez un être
de notre monde-espace à 3 dimensions et un autre d'un
monde-espace à 4 dimensions. Tous deux sont organisés,
QUATRIÈME PARTIE
tous deux sont physiques d'une manière (c'est-à-dire du point
de vue des états respectifs de leur « matière » ou substance).
Naturellement, pour ces êtres organisés d'une façon complè-
tement différente, les choses ne peuvent paraître semblables
et leurs conceptions des choses, leurs représentations d'une
seule et même chose, seront différentes. Mais cette diffé-
rence n'est pas fondée sur le fait (ou ne découle pas du fait)
L'ASCENSION SPIRITUELLE
que les dites choses ou les dits objets changent ou se modi-
fient dans leur nature parce que l'un est dans un monde à
« L'homme est Dieu et Fils de Dieu, et il n'y a
3 dimensions et l'autre dans un monde à 4 dimensions. Elle pas d'autre Dieu que l'homme ».
est causée par les natures différentes du prisme spirituel à
(Serment des Rosicruciens, selon « Eminent Oc-
travers lequel ces deux êtres voient la manifestation dans cultiste »).
leurs mondes respectifs » (The Letters of H.P. Blavatsky to (« The Paradoxes of the Highest Science », page 14).
A.P. Sinnett, 250).

Ainsi, l'humanité, « quoique à différents stades de développe-


ment, appartient encore à la condition tri-dimensionnelle de la ma-
tière. Et il n'y a aucune raison pour que l'Ego change ses dimensions
dans le Dévachan » (M.L., 398). L'Adepte Kout-Houmi, auteur de ces
lignes, a également écrit ce qui suit, sous la signature d'E.O. (Emi-
nent Occultiste).

« Pour le dire plus clairement, nous sommes bien main-


tenant dans la seconde moitié de la quatrième Ronde, et
notre cinquième Race a découvert un quatrième état de la
matière et une quatrième « dimension de l'espace ». La
cinquième Race doit découvrir, avant de faire place à la
sixième Race, le cinquième état de la matière et la cinquième
dimension, comme les sixième et septième Races doivent
découvrir les sixième et septième dimensions de l'espace et
les sixième et septième états de la matière (de leur planète).
Car les hommes des cinquième, sixième et septième Rondes
(ou circuits astrals) connaîtront les états et dimensions de
toutes choses dans leur système solaire » (The Paradoxes of
the Highest Science, 170, 171).
MONDES DE CAUSES ET MONDES D'EFFETS

Alors que le Dévachan est « un état sur un plan de conscience


spirituelle, le Kâma Loka est un endroit de conscience physique.
11 est l'ombre du monde animal et celle des sentiments instinctifs...
si les pensées se rapportent à la nourriture, à la boisson, etc. et aux
passions, alors la conscience est dans le plan Kâmalokique, qui est
le plan des instincts animaux purs et simples » (D.S., III, 594).
Le Plan Astral est un monde d'effets produits par le monde de
causes qu'est le plan physique. L'univers est composé de mondes de
causes et d'effets.

« Comme un rosaire composé de perles alternativement


blanches et noires, l'enchaînement des mondes est formé de
mondes de CAUSES et de mondes d'EFFETS, ces derniers
étant le produit direct des précédents. Ainsi, il devient évi-
dent que chaque sphère de Causes (et notre Terre en est
une) est non seulement reliée à une impénétrable atmosphère
(dans son sens spirituel) d'effets en bordure de la sphère
suivante, et reliée même à celle-ci sans jamais se mélanger
avec elle, mais encore est réellement séparée par cette
atmosphère de sa plus proche voisine, la sphère supérieure
de Causalité » (M.L., 48).

C'est dans l' « impénétrable atmosphère » qui borde notre globe


terrestre que se produit la gestation des nouveaux Egos qui naîtront
dans la sphère de Causes suivante.

« Les sphères intermédiaires n'étant que les ombres pro-


jetées des mondes de Causes, sont rendues négatives par
ces derniers. Ce sont les grandes étapes, les haltes où
les nouveaux Egos Soi-Conscients qui doivent naître (la pro-
géniture auto-engendrée des vieux Egos désincarnés de notre
planète) sont en gestation » (M.L., 48).
262 DOCTRINES 1NI r AT 'QUIS MONDHS DE CAUSES In MONDES D'IU 263

Il existe un monde d'effets, inférieur à notre monde terrestre presque absolue, précédant le dernier monde dans le cercle de la
et où se trouvent les pires formes-pensées générées par l'humanité. nécessité dont « il n'y a pas de rédemption, car là règne l'obscurité
Ceux qui ont fortement contribué, de leur vivant, à peupler ce monde spirituelle absolue » (Livre de Khiou-ti) » (C.W., III, 296, 1" note).
inférieur de telles néfastes formes-pensées, sont, après leur mort, L'être humain foncièrement mauvais trouve son châtiment dans
attirés par leurs créations, en raison de l'affinité existant entre Pâtâla en y entrant en contact avec ses créations, ses propres formes-
celles-ci et eux. Ils sont invinciblement aspirés et engloutis dans un pensées. Cependant, d'autres entités, inférieures à l'homme, y
tourbillon créé par eux-mêmes. Aussi, si le monde astral avec sa trouvent le milieu qui correspond à leur niveau évolutif et n'y sont
population de « coques » et de défunts dans un « état de transition » nullement malheureuses. Pâtâla est Myalba, « le monde souterrain
ou les antipodes ». C'est la « sphère des animaux irrationnels, n'ayant
entre deux mondes, est loin d'être un paradis, le
d'autre sentiment que celui de l'instinct de conservation et de la
satisfaction des sens », et des êtres humains « intensément égoïstes,
« monde au-dessous du nôtre est encore pire. Le premier est éveillés ou endormis ». Nârada visita Pâtâla quand il fut condamné
du moins inoffensif et on lui fait plus de tort en le troublant à renaître. Il déclara que « la vie y était très agréable pour ceux qui
qu'il ne cause de dommage. Le second, qui permet de conser- n'avaient jamais quitté leur lieu de naissance » (D.S., III, 566, 567).
ver la pleine conscience, étant cent fois plus matériel, est Platon a fait allusion, dans le Phèdre, à la huitième sphère.
positivement dangereux. Les conceptions d'enfer et de purga- Certains hommes, écrit-il, ayant terminé leur vie sur terre, vont dans
toire, de paradis et de résurrection, sont toutes des échos des endroits de châtiment, « sous la Terre ». Cette « région sous
déformés, caricaturaux de l'unique Vérité primordiale ensei- la terre », nous dit Mme Blavatsky, n'est pas comprise par les
gnée à l'humanité, dans l'enfance de ses races, par chaque
Cabalistes,
Premier Messager (l'Esprit Planétaire mentionné au verso de
la troisième page)... Le monde inférieur d'effets est la sphère « comme un lieu à l'intérieur de la terre. Ils affirment
de telles Pensées déformées, des conceptions et images les qu'elle est une sphère bien inférieure en perfection à la terre
plus sensuelles, des déités anthropomorphiques, les produits et bien plus matérielle qu'elle... Cette géhenne, appelée par
de leurs créateurs, les mentais sensuels humains de per- les occultistes la huitième sphère (en comptant de haut en
sonnes qui ne sont jamais élevées au-dessus de la bestialité bas), est simplement une planète comme la nôtre, attachée
sur terre. Si l'on se rappelle que les pensées sont des choses, à la terre et la suivant dans sa pénombre, une espèce de
qu'elles ont de la ténacité, de la cohérence et de la vie, dépotoir, un « endroit où tout le rebut et toute la saleté sont
qu'elles sont de vraies entités, alors le reste deviendra clair. consumés »... et où toutes les scories de la matière cosmique
Désincarné, le créateur est naturellement attiré vers sa créa- appartenant à notre planète est en continuel état de remo-
tion et ses créatures ; il est aspiré dans et par le Maelstrom delage » (I.D., I, 328).
creusé par ses propres mains... » (M.L., 48, 49).
Mme Blavatsky n'inclut pas la conscience de la vie physique dans
Ce monde infernal correspond à l'état de conscience (Tala) que les Sapta Lokas (Sept Mondes), ou sept « Divins Etats de Conscience
les Hindous nomment Pâtâla, le « monde inférieur » (T.G., 251), au- par lesquels l'homme peut passer et par lesquels il doit passer, dès
qu'il est décidé à traverser les sept sentiers et les sept portails de
dessous duquel s'en trouve un autre, la « huitième sphère ». Celle-ci
Dhyâni » (D.S., III, 569). De ces sept Lokas, quatre (Bhoûrloka,
est un monde de destruction ou d'annihilation dont personne ne
Bhouvarloka, Svarloka et Maharloka) « sont roûpa, c'est-à-dire qu'ils
revient. Pâtâla est l'Enfer dont parle Eliphas Levi en ces termes :
sont expérimentés par l'Homme Intérieur, avec le plein concours des
« Ceux qui sont en Enfer, c'est-à-dire parmi les ténèbres du mal et parties ou éléments les plus divins du Manas inférieur, et consciem-
les souffrances du châtiment nécessaire... sont appelés à en sortir. ment par l'homme personnel ». Par contre, les trois états (Lokas)
Cet enfer est pour eux seulement un purgatoire » (C.W., III, 295, 296). supérieurs ne peuvent être atteints par l'homme personnel. Seul
A ces lignes Mme Blavatsky ajoute ce commentaire : « C'est-à-dire l'Adepte « pleinement initié » peut y accéder et garder le souvenir
qu'ils renaissent dans un monde inférieur qui n'est ni un enfer, ni de ce qu'il y a perçu. Contrairement aux Lokas, les Talas (ou états
un purgatoire théologique quelconque, mais un monde de matière infernaux) sont aussi bien des mondes que des états de conscience.
264 DOCTRINES INITIATIQUES MONDES DE CAUSES ET MONDES D'EFFETS 265

Ils ne sont pas les globes de notre chaîne planétaire, mais les régions Mme Blavatsky désigne parfois par l'expression Lumière Astrale
ou « divisions » de notre Terre. Ils sont les Sheba Hachaloth (sept l'ensemble des plans qui se trouvent immédiatement au-dessus du
Palais) de la Cabale. Ainsi, « alors que les états infernaux (ou ter- monde physique et qui réfléchissent les trois plans supérieurs
restres) sont aussi les sept divisions de la terre, ce qui concerne les (aroûpa), lesquels sont, dit-elle, formés d'Akâsha.
plans comme aussi les états... les divins Saptaloka sont purement
subjectifs et commencent avec le plan de la Lumière Astrale psy- « La Lumière Astrale est ce qui reflète les trois plans
chique, se terminant avec l'état Satya ou Jîvanmoukta » (D.S., III, supérieurs de conscience et qui est au-dessus du plan infé-
569). rieur, ou plan terrestre. Elle ne s'étend donc pas au-delà du
Selon la « Doctrine Secrète », Satan est, comme nous l'avons dit, quatrième plan où, peut-on dire, commence l'Akâsha. Il y a
le nom de la légion des Dyhân Chohans qui sont, collectivement, le une grande différence que l'on doit se rappeler entre la
Régent de notre globe terrestre. Il est « le ministre de Dieu, le Lumière Astrale et l'Akâsha. Ce dernier est éternel, la pre-
Seigneur des sept demeures du Hadès, l'Ange des Mondes manifes- mière est périodique. La Lumière Astrale change non seule-
tés ». Ces sept demeures sont sept régions composées de matières de ment avec les Mahâmanvantaras, mais aussi à chaque sous-
densités différentes, les « sept Lokas ou Saptaloka de la Terre des période et cycle planétaire, ou Ronde » (C.W., X, 361).
Hindous ». Car le Hadès « est simplement notre Globe » (D.S., II, 245).
Les sept Lokas et les sept Talas sont ainsi des mondes attachés Les sept Lokas, purement subjectifs, avons-nous dit, ne com-
exclusivement à notre globe terrestre, et chacun des autres globes prennent pas, ainsi que le déclare Subba Row, l'état de conscience
de notre chaîne planétaire en a autant qui lui sont propres. relatif au plan physique. Il s'ensuit que Bhoûr, le Loka le plus
inférieur, ne correspond pas au plan physique mais au « plan de la
« Ces mondes invisibles (pour nous) dans lesquels évo- Lumière Astrale psychique » (D.S., III, 569), c'est-à-dire au « Monde
luent « simultanément avec notre bloc d'Humanité » d'autres du désir, Kâmadhâtou ou Kâmaloka » (T.G., 336). Ce Loka et les
Humanités ou plutôt des Etres doués de sens et intelligents autres « sont les mondes d'états post-mortem » (T.G., 336).
(inventez un mot, car comment pouvons-nous les appeler
humanités?) qui ne sont pas sur d'autres planètes, car « Par exemple, Kâmaloka ou Kâmadhâtou, la région de
chacun des globes ou planètes de notre chaîne a un tel cercle Mâra, est ce que les Cabalistes médiévaux et modernes
double et septénaire d'ANNEAUX... » (Lettres d'H.P. Bla- appellent le monde de la Lumière Astrale et le « monde des
vatsky à A.P. Sinett, lettre 118, page 245). coques ». Le Kâmaloka a, comme toute autre région, ses
sept divisions dont la plus basse commence sur terre ou,
Les trois Talas ou Mondes supérieurs (Atala, Vitala et Soutala) invisiblement, dans son atmosphère. Les six autres s'élèvent
sont aroûpa (sans forme) et, ainsi que leurs habitants, éternels graduellement, la plus haute étant la demeure de ceux qui
(c'est-à-dire durent pendant tout le Mahâmanvantara). Leur corres- sont morts par suite d'accident ou de suicide dans un accès
pondent les trois Lokas ou états divins de conscience, accessibles aux de folie temporaire, ou qui, d'une autre façon, ont été vic-
seuls Initiés, à savoir, en commençant par le plus élevé : 1°) le times de forces extérieures. C'est un endroit où ceux qui sont
Satyaloka, état dans lequel « le Yogi atteint le plus haut Samâdhi » ; morts avant la fin de la période qui leur était allouée et dont
2°) le Taparloka, « Etat Inné de Christos » qui rend l'homme les principes supérieurs ne vont donc pas immédiatement
« invulnérable », même s'il renaît sur terre ; 3°) le Janarloka, « Etat dans l'état Dévachanique, dorment d'un doux sommeil d'ou-
de Koumâra » où « Manas est entièrement libéré de Kâma et devient bli, sans rêves, au terme duquel ils renaissent immédiate-
un avec l'Ego » (D.S., III, 568, Diagramme V). ment ou bien passent graduellement dans l'état Dévacha-
Les quatre Talas inférieurs (dans l'ordre de matérialité crois- nique » (T.G., 336).
sante : Talâtala, Rasâtala, Mahâtala et Pâtala) sont périodiques. Ils
ne durent « qu'un Jour de Brahmâ, changeant à chaque Kalpa » Le second Loka, Bhouvah (ou Bhouvar), est la condition de la
(c'est-à-dire qu'ils ne subsistent que pendant 4.320.000.000 ans [D.S., conscience dans le « Monde de la Forme », c'est-à-dire dans le
II, 73]), alors que les trois supérieurs « durent un Age de Brahmâ » Roûpadhâtou ou Roûpa Loka, autrement dit dans le Dévachan.
(D.S., III, 569).
D'EFFETS 267
266 DOCTRINES INITIATIQUES MONDES DE CAUSES VI' MONDI?S

Stlyujya ta
« Le Roûpadhâtou est le monde céleste de la forme, ou sa Monade, Samîpatâ où s'accentue cette influence, et enfin Logos »
ce que nous appelons le Dévachan... quoique pendant le où l'âme du décédé « est entièrement immergée dans son
temps de Dévachan toute chose ou tout être conserve sa ( E.W., 147).
forme (comme dans un rêve) pour les Egos, cependant, Le Maharloka, la condition dévachanique la plus haute, est l'état
comme le Roûpadhâtou est une région purement mentale de conscience le plus élevé que puisse atteindre un être humain qui
et un état, les Egos eux-mêmes n'ont pas de forme en dehors n'a pas encore réalisé l' « entière identification du Manas Personnel
de leur propre conscience. L'Esotérisme divise cette « ré- et du Manas Supérieur ». Seul, nous l'avons dit, un « Adepte pleine-
gion » en sept Dhyânas, « régions » ou états de contempla- ment initié » peut dépasser ce niveau de conscience (D.S., III, 569).
tion qui ne sont pas des lieux, mais des représentations
mentales de lieux » (T.G., 336, 337).

Les deux Lokas suivants, les troisième et quatrième, nommés


respectivement Svar et Mahar, forment ensemble le « Monde sans
Forme » (Aroûpadhâtou) (T.G., 336).

« Cette « région » est aussi divisée en sept Dhyânas,


encore plus abstraits et sans forme, car ce « Monde » est
sans aucune forme ou sans aucun désir quel qu'il soit. C'est
la région la plus haute du Trailokya post mortem. Et comme
il est la demeure de ceux qui sont presque prêts pour l'état
Nirvânique, il est évident que dans l'Aroûpadhâtou (ou
Aroûpavachara) il ne peut y avoir ni forme, ni sensation, ni
sentiment quelconque relié à notre Univers à trois dimen-
sions » (T.G., 337).

Ces quatre « Mondes » (Bhoûr, Bhouvar, Svar et Mahar) sont


des « Lokas ou états divins ». Même le plus bas, Bhoûrloka (dit
« Etat Psychique » post mortem) est une sphère où n'entrent que
les défunts « pensants et bons ». Il est inaccessible aux hommes qui
pendant leur vie ont été méchants et qui, après leur mort, vont dans
l'un des Talas « infernaux » (D.S., III, 568, diagramme V) ou dans la
huitième sphère.
Bhouvarloka est l'état « dans lequel l'homme pense plus à sa
condition interne qu'à sa personnalité ». Svarloka est l' « état saint »
dans lequel « le Yogi a perdu tout goût et s'est élancé vers la
réunion » (avec son Soi Supérieur). Quant au Maharloka, il est l' « état
super-saint » où « le Manas Inférieur a perdu toute affinité Kâmique »
(D.S., III, 568, diagramme V). Ces trois Lokas correspondent aux
« régions » Roûpadhâtou et Aroûpadhâtou du Bouddhisme, qui
« sont purement spirituelles et éthiques » (T.G., 336) et sont des
subdivisions du Dévachan dans le sens élargi que lui donne Subba
Row. Rappelons que, selon ce dernier, il y a trois catégories de
Dévachan : Salokatâ où le défunt est seulement sous l'influence de
LA CONOUETE DE L'IMMORTALITE

Comme le déclare Mme Blavatsky, les processus de la nature


sont « des actes d'emprunts et de restitution incessants » (C.W., V,
116). L'homme emprunte constamment, en se nourrissant, les molé-
cules de son corps physique aux règnes végétal et animal. Il leur
fournit, pendant sa vie terrestre, des atomes qui sont rejetés sans
arrêt par ses divers corps (y compris le véhicule physique) pour être
aussitôt remplacés par d'autres. Après sa mort, ses véhicules maté-
riels, du premier au quatrième (du corps physique au Manas infé-
rieur) sont successivement et graduellement désintégrés et leurs
particules sont absorbées par des végétaux et des animaux, pour
finalement lui revenir, en partie, lors de sa naissance physique sui-
vante. C'est ce que Mme Blavatsky appelle la « transmigration des
Atomes de Vie » (C.W., V, 109 à 119) qu'il convient, évidemment, de
ne pas confondre avec la réincarnation.
C'est cette doctrine occulte qui est le fondement des affirmations
exotériques de nombreuses religions ou philosophies concernant la
Métempsychose. Les atomes entrant dans la constitution des corps
formant la personnalité d'un homme sont plus ou moins imprégnés
du principe vital. Ce dernier (le prâna) est un « facteur indépendant »
de l'homme. Il est « éternel et conscient » car il n'est autre que la
Vie Une. Les atomes qui en sont le plus imbibés « sont partiellement
transmis de père en fils, par l'hérédité, et partiellement attirés une
fois de plus ensemble », lorsque se produit la réincarnation de
l'homme à qui ils ont originellement appartenus. Ils deviennent alors
« le principe animateur du nouveau corps » de cet homme. Il en est
ainsi parce que, « comme l'Arne Individuelle est toujours la même,
il en est de même des atomes des principes inférieurs (le corps, son
double astral ou vital, etc.), ces atomes étant toujours attirés, par
l'affinité et la Loi Karmique, vers la même individualité dans une
série de corps différents ». L'homme peut ainsi être comparé à un
Système Solaire et les atomes qui lui reviennent constamment, à
chacune de ses réincarnations, constituent, pour ainsi dire, l'Anima
Mundi de ce petit Univers, chacun de ces atomes étant « naturelle-
ment une Ame, un Monde, un petit univers doué de conscience, donc
de mémoire » (D.S., II, 709, 3* note).
270 271
DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUftE DE L'IMNIORTA LI 'I É

« Parlant d'un point de vue physique, tous les règnes Zohar, cités par Mme Blavatsky (D.S., II, 303) : « Dès que l'homme
inférieurs, excepté le minéral (qui est la lumière elle-même parut, toute chose fut complète... car toute chose est comprise dans
cristallisée et immétallisée), des plantes aux animaux qui ont III, 48 a). « Le
l'homme. Il unit en lui toutes les formes » (Zohar,
précédé les premiers mammifères, tous ont été consolidés mystère de l'homme terrestre est d'après le mystère de l'Homme
dans leur structure physique au moyen de la « poussière Céleste » (Zohar, II, 76 a). Le parallélisme est parfait. Car, comme
rejetée » des minéraux et le rebut de la matière humaine l'homme est le terme de la « création secondaire », de même
provenant soit de corps vivants, soit de corps morts, dont l'Homme Céleste ou l'Adam Kadmon mâle et femelle est produit à
ils se sont nourris et qui leur ont donné leur corps extérieur. la fin de la « création primaire », ainsi que l'indique le premier
A son tour, aussi, l'homme devint plus physique en réabsor- chapitre de la Genèse. L'Homme Céleste est identique à Vach qui,
bant, dans son système, ce qu'il avait donné et qui avait été dans ce sens, n'est pas Sarasvatî, la Shaktî nommée Shata-roûpa
mais le
transformé dans les creusets animaux vivants par lesquels « la déesse aux cent formes » (sixième principe cosmique),
cela était passé, en raison des transmutations alchimiques de « Mot » ou Logos (T.G., 357), c'est-à-dire Chokmah ou Mahat. Celui-
la Nature. Il y avait, à cette époque, des animaux dont les ci est l' « Idéation Divine, combinant les plans et prototypes idéaux
naturalistes modernes n'ont jamais rêvé. Et, plus fort deve- de toutes choses, dans le monde manifesté, objectif aussi bien que
nait l'homme physique (les géants de cette époque), plus subjectif » (C.W., X, 314), raison pour laquelle le Troisième Logos
puissantes étaient ses émanations » (D.S., II, 179). est dit être « l'Univers subjectif et objectif » (C.W., X, 352).
Il semble que Mme Blavatsky se contredise en affirmant, d'une
A cette époque lointaine, alors que l'homme n'avait encore part, que l'homme a contribué, par ses émanations, à former les
aucune activité sexuelle (avant sa « Chute », en langage biblique), les règnes végétal et animal, et d'autre part, que 300.000.000 ans de vie
formes d'animaux mammifères furent produites par les exsudations végétale ont précédé, sur notre globe, l'apparition des premiers
vitales répandues autour de lui par l'être humain. « Dès que l'Huma- groupes d' « Hommes Divins » qui furent les Progéniteurs de la pre-
nité Androgyne se sépara en sexes et fut transformée par la Nature mière Race humaine (D.S., II, 752). Comment les formes de ces végé-
en machines à enfanter, l'homme cessa de procréer son semblable taux auraient-elles pu provenir des hommes dont la première Race
par des gouttes d'énergie vitale suintant hors de son corps. Mais n'avait pas encore pris naissance sur Terre ? Mme Blavatsky répond
alors que l'homme était encore ignorant de ses pouvoirs procréateurs qu'il s'agit des formes végétales physiques : « On pourrait objecter
sur le plan humain (avant sa Chute, comme dirait quelqu'un qui que c'est une contradiction ; que la première Race-Racine étant appa-
croit à Adam), toute cette énergie vitale, éparpillée loin de lui, fut rue 300.000.000 ans après le début de l'évolution de la végétation, la
utilisée par la Nature pour la production des premières formes Semence de la vie végétale ne pouvait pas être dans la première
d'animaux mammifères » (D.S., II, 179). Race. Nous disons qu'elle le pouvait. Car, jusqu'à l'apparition de
Ainsi, selon la « Doctrine Secrète », « tous les corps des mammi-
fères ont été formés d'atomes rejetés par les diverses humanités qui l'homme dans cette Ronde, la végétation fut d'une toute autre espèce
que celle qui est la sienne maintenant, et qu'elle était tout à fait
ont précédé la nôtre. Les animaux ont été « créés » plus tard éthérée. Cela pour la simple raison qu'aucune herbe ni plante n'au-
qu'Adam » (C.W., X, 175). De sorte que l'on peut dire que l'animal rait pu être physique avant qu'il y eût des organismes animaux ou
descend de l'homme plutôt que l'homme de l'animal. Cela ne s'ap- autres pour expirer l'acide carbonique que la végétation doit absor-
plique, evidemment, qu'à notre Ronde et notre globe, et n'empêche ber pour son développement, sa nutrition, et sa croissance. Ils sont
pas qu'avant ce Cycle, dans un lointain passé, les entités humaines interdépendants dans leurs formes physiques complètes » (D.S., II,
actuelles ont été des animaux. L'être humain joue, ici-bas, un rôle
303, 1r* note).
analogue à celui tenu dans le monde divin par Adam Kadmon,
On comprend, dès lors, l'affirmation de Mme Blavastky que sur
l'Homme Céleste. « L'homme fut le Magasin, pour ainsi dire, pour
cette Ronde, de toutes les semences de vie », des notre Terre, au début de la quatrième Ronde, l'homme a précédé
végétaux comme l'animal. Il a été « la première forme qui y est apparue, seulement
des animaux. De même qu'Ain Souph est « Un, en dépit des innom-
brables formes qui sont en lui » (Zohar, I, 21 a), « de même est Un, précédée par les règnes minéral et végétal ». Et, ajoute-t-elle, le règne
sur Terre, l'homme, le microcosme du macrocosme » (D.S., II, 303). végétal doit poursuivre son évolution « par l'intermédiaire de
C'est la doctrine mystérieuse qu'énoncent ces deux passages du l'homme » (D.S., I, 183), c'est-à-dire, comme nous l'avons vu, par
272 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUÛTE DE L'IMMORTALITÉ 273

l'assimilation du « rebut de la matière humaine » rejeté par des propres mauvaises actions tout atome de ses principes inférieurs à
hommes vivants, ou provenant de la décomposition de cadavres être attirés, en raison de l'affinité magnétique ainsi créée par ses
humains. passions, dans les corps en formation d'animaux inférieurs. Telle est
Mais, pendant la première Ronde, le processus a été différent. la vraie signification de la doctrine de la Métempsychose » (C.W.,
En effet, pendant cette Ronde, ainsi que « le ver qui devient une V, 114).
chrysalide, puis un papillon, l'Homme ou plutôt ce qui devient Mme Blavatsky déclare que le Zohar, en affirmant que la forme
l'Homme, passe par toutes les formes et tous les règnes » (D.S., humaine « contient toutes choses », fait allusion à un secret qui
I, 183), revêtant, successivement, des corps minéraux, végétaux, ani- « confère à l'Adepte de terribles pouvoirs pour changer sa forme
maux et humains d'abord sur le globe A, le premier de la Chaîne, visible » (D.S., II, 745, 1- note).
puis sur chacun des six autres globes. L'explication de ce processus, Elle prend soin de nous avertir que Fohat est un terme générique,
surprenant à première vue, est que, ainsi que nous l'avons indiqué
utilisé dans de nombreux sens. Il est, dit-elle, « la lumière (Daivipra-
et comme le déclare le Zohar, l'homme « unit en lui toutes les
kriti) de tous les trois logoï... l'ensemble de toutes les idéations
formes ».
spirituelles créatrices au-dessus et de toutes les formes électrodyna-
« Ni la forme de l'homme, ni celle d'un animal, d'une miques et créatrices au-dessous, dans le Ciel et sur la Terre » (C.W.,
plante ou d'une pierre quelconque, n'a jamais été « créée ». X, 334). Cependant, elle réserve plus habituellement ce nom à l'état
Et c'est seulement sur notre plan qu'elle a commencé à différencié de la « lumière » (énergie) primordiale et homogène
« devenir », c'est-à-dire à s'objectiver dans sa matérialité qu'est Daiviprakriti. Quand celle-ci « est différenciée, elle devient
actuelle ou à se développer de l'intérieur à l'extérieur de son Fohat » (T.G., 94). Elle définit ce dernier comme « la puissance
essence la plus sublimée et la plus suprasensible à son active (mâle) de la Shakti (pouvoir femelle reproducteur) dans la
apparence la plus grossière. Par conséquent nos formes nature. L'essence de l'électricité cosmique. Terme tibétain pour
humaines ont existé dans l'Eternité comme prototypes Daiviprakriti, la lumière primordiale, et, dans l'univers de la mani-
astrals ou éthérés, modèles suivant lesquels les Etres Spiri- festation, pour l'énergie électrique toujours présente, ainsi que pour
tuels ou Dieux, dont c'était le devoir de les amener à l'être le pouvoir incessamment destructeur et formateur. Esotériquement,
objectif et à la vie terrestre, ont produit les formes proto- c'est la même chose, Fohat étant la Force Vitale propulsive, à la fois
plasmiques des futurs Egos, avec leur propre essence. Après le propulseur et le résultat » (T.G., 121).
quoi, quand cet Oupâdhi humain ou moule basique fut prêt, Plusieurs Lumières Astrales sont mentionnées dans la « Doctrine
les Forces naturelles terrestres commencèrent à travailler Secrète » et le terme générique qu'est Fohat peut s'appliquer à l'une
sur ces moules suprasensibles qui contenaient, outre leur quelconque d'entre elles.
propre forme, les éléments de toutes les formes végétales La Lumière Astrale supérieure est Divine. C'est l'Ame du Monde
passées et de toutes les formes animales futures de ce Globe. (Anima Mundi) ou Ame Universelle, « dont tout ce qui existe est né
En conséquence, la coque extérieure de l'homme est passée par séparation ou différenciation » (D.S., II, 538), c'est-à-dire Maya,
par tous les corps végétaux et animaux avant d'assumer la Séphira ou Sophia, le sixième principe cosmique, la Shakti, Lumière
forme humaine » (D.S., I, 302, 303). ou Aura du Logos, le Saint Esprit femelle des premiers Chrétiens.
Alaya, l'Ame du Monde ou Lumière du Logos, devient le Soi de
Mme Blavatsky n'accepte pas la doctrine exotérique hindoue de l'Adepte avancé (D.S., I, 80) qui est devenu assez fort en Yoga pour
la Métempsychose, c'est-à-dire de la réincarnation d'un être humain pouvoir fondre son âme en elle (D.S., I, 79), suivant le processus
dans des corps d'animaux. Elle affirme cependant que cette doctrine, analysé par Subba Row (E.W., 551). C'est la pénétration en lui du
telle qu'elle est exposée dans les « Lois de Manou », repose sur une Saint-Esprit qui assure le triomphe final de Sensa, le héros de
vérité occulte : celle de la « transmigration des Atomes de Vie », « l'Idylle du Lotus Blanc ». Le « voile d'Isis » est, pour lui, enlevé, la
c'est-à-dire la projection hors du corps humain d'atomes « et d'éma- « Lumière du Logos entre dans son âme » et il obtient ainsi le « bap-
nations, et cela non seulement après la mort de l'homme, mais tême par le Feu Divin » (E.W., 273). Voici comment Jean Tritheim, le
pendant toute la durée de sa vie » (C.W., V, 113, 114). Celui qui se célèbre Abbé de Spanheim et « le plus grand Astrologue et Cabaliste
conduit habituellement d'une manière inférieure « condamne par ses de son époque », le maître de Cornélius Agrippa, s'exprime à propos

11
274 DOCTRINES INITIATIQUES I.A CONOUPTE DE 1.'I MMORTAI. I TE 275

de la Lumière du Logos (l'Ame Universelle) où existent les prototypes elle se manifeste dans le monde de la matière différenciée. Elle y
de toutes choses et qu'il appelle la Lumière (ou Esprit) de la Nature perd son homogénéité, sa différenciation allant de pair avec celle de
(les mots entre parenthèses ont été ajoutés par Mme Blavatsky) : la matière et celle de la conscience. Selon les Occultistes, la relation
entre Satan et la Divinité est celle indiquée par l'adage « Demon
« L'art de la magie divine consiste en la capacité de
est Deus inversus », ce prétendu Démon étant, dans un sens, une
percevoir l'essence des choses dans la Lumière de la Nature
« déité manifestée et différenciée », et, dans une autre acception,
(Lumière Astrale) et à utiliser les pouvoirs de l'esprit pour « l'Univers de Matière » (C.W., X, 151). Sophia-Achamoth, « la VIE
produire hors de l'univers invisible des choses matérielles ; à moitié spirituelle et à moitié matérielle qui vivifie la matière
et dans de telles opérations, le Dessus et le Dessous doivent inerte » (I.D., II, 226) est la Lumière Astrale ou Anima Mundi
être mis ensemble et amenés à agir harmonieusement.. que Subba Row identifie au quatrième principe du système solaire,
L'Esprit de la Nature (Lumière Astrale) est une unité, créant la « réelle shakti » étant selon lui, le sixième principe cosmique,
et formant toutes choses et, en agissant par l'intermédiaire l'oupâdhi du Logos (E.W., 550), c'est-à-dire Alaya ou Akâsha ou encore
de l'homme, il peut produire des choses merveilleuses. De Sophia l'aînée. Celle-ci se trouve sur un plan spirituel alors que
tels processus ont lieu suivant la loi. Vous apprendrez la loi Sophia-Achamoth, le « Serpent » (la Kâlî des Hindous, « l'aspect
par laquelle ces choses sont accomplies, si vous apprenez à inférieur de l'Akâsha ») est sur un plan psychique (C.W., XI, 490).
vous connaître vous-même. Vous l'apprendrez par le pouvoir Ces deux Ames du Monde sont, en réalité « une seule et même chose
de l'esprit qui est en vous et l'accomplirez en mélangeant
vue sous deux aspects, le spirituel et le psychique » (D.S., I, 219).
votre esprit avec l'essence qui sort de vous-même. Si vous Dans le sytème des Nazaréens, Cabar Zio ou Iu-Kabar Zivo est
désirez réussir dans un tel travail, vous devez apprendre « la troisième vie (troisième Logos) » et le « Christ (Christos » (T.G.,
comment séparer l'esprit et la vie dans la Nature et de plus, 159), autrement dit Chokmah ou Mahat. De celui-ci émanent les sept
comment séparer l'âme astrale en vous et la rendre tangible, classes de Manasapoutras, les « Ancêtres solaires de l'Homme, ceux
et alors la substance de l'âme apparaîtra visiblement et
qui ont fait de l'Homme un être rationnel en s'incarnant dans les
tangiblement, rendue objective par le pouvoir de l'esprit » formes, privées de sens, de chair semi-matérielle des hommes de la
(D.S., II, 538, 3* note).
troisième race » (T.G., 203). De même, Cabar Zio procrée « sept vies
bénéfiques » ou « saintes » qui sont les « sept Dhyan Chohans ou
Confirmant ces affirmations de Jean Tritheim, Mme Blavatsky Archanges primordiaux dont chacun représente l'une des Vertus car-
déclare que d'innombrables formes sont dans une « sphère idéale » dinales » (T.G., 159) et constitue non un seul être, mais une catégorie
et que la matière « existe dans la Lumière Astrale ou même dans d'Etres Célestes. Ceux-ci sont les Régents des sept planètes (T.G., 71).
l'atmosphère, ayant passé par toutes les formes qu'il nous est pos- Il est aisé de reconnaître dans l'ensemble de ces « vies saintes »
sible de concevoir. Tout ce que l'Adepte doit faire, c'est choisir la
Christos, l'émanation parfaite de Sophia dont l'émanation imparfaite
forme abstraite désirée, puis la tenir devant lui avec une force et
est Sophia-Achamoth (I.D., II, 295). Celle-ci a deux aspects, l'un spiri-
une intensité inconnues des hommes de notre époque pressée, en tuel, l'autre matériel, appelés respectivement Fétahil et le Spiritus
même temps qu'il attire dans ses limites la matière requise pour la dans le système des Nazaréens (I.D., II, 174). De même, dans ce
rendre visible ». Et elle ajoute que la pratique rend cette opération système, Lehdoio est une émanation parfaite correspondant au Chris-
de plus en plus facile (C.W., IX, 239, 240).
tos, tandis que Fetahil, le fils d'Abatour, est une émanation imparfaite
La seconde Lumière Astrale issue de la précédente est la fille de (I.D., II, 295).
Sophia (D.S., I, 483), c'est-à-dire Sophia-Achamoth. Celle-ci est, par
Sophia-Achamoth « ne doit pas être confondue avec la divine
rapport à Sophia, dans la même situation que Satan par rapport à
Sophia ». Elle se trouve dans la Lumière Astrale qui « réfléchit les
la Déité (D.S., I, 219). Car elle est un aspect de Sophia de la même trois plans supérieurs de conscience et qui est au-dessus du plan
façon que Satan ou le Démon est une manifestation de Dieu dans inférieur ou plan terrestre ». Cette Lumière Astrale, « le Ciel Inter-
l'univers matériel. Elle est la même énergie universelle que Sophia. médiaire des Gnostiques » est donc au-dessus du plan physique (le
Mais, alors que cette dernière agit dans un monde de matière homo-
monde Asiah des Cabalistes) et « ne s'étend pas au-delà du quatrième
gène ( « le plus haut plan de l'Akâsha » qui, à l'encontre de Mahâ-
plan où, peut-on dire, commence l'Akâsha » (C.W., X, 360, 361). La
bouddhi, le véhicule de Mahat, ne se différencie pas) (C.W., X, 324), Lumière Astrale en question comprend donc les trois premiers plans
276 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUÉTE DE L'IMMORTALITÉ 277

roûpa (le plan physique constituant le quatrième) où se trouvent les Mme Blavatsky, tout en approuvant cette affirmation du célèbre
six globes supérieurs de notre chaîne terrestre. Elle se situe dans le cabaliste français, déclare qu'il aurait dû ajouter que « la Lumière
firmament de la vision d'Ezekiel, c'est-à-dire le monde Yetzirah de Astrale ne donne rien qu'elle n'ait reçu, qu'elle est le grand creuset
la Cabale (C.W., VIII, 152). Dans ce monde se trouve celui « qui terrestre dans lequel les viles émanations de la terre (morales et
ressemblait à un fils d'homme » (Apocalypse, I, 13), lequel est le physiques) sont toutes converties dans leur essence la plus subtile,
Microprosope représenté par la lette hébraïque vaou (C.W., VIII, intensifiées et rayonnées en retour, sur la terre, devenant ainsi des
153). Ce personnage est « le fils d'Abatour, ce dernier étant l'homme épidémies morales, psychiques et physiques » (T.G., 38).
ou la troisième vie, maintenant le troisième personnage de la trinité » La Lumière Astrale dont il s'agit est le « Serpent-Tentateur
(I.D., II, 229), c'est-à-dire le Saint-Esprit. infernal » (C.W., X, 384) et le « Grand Trompeur des sens limités
de l'homme ». Celui-ci vit dans le « Sein de Mâyâ », de la Grande
« Les prototypes ou idées des choses existent d'abord Illusion, à moins que ne vienne à son secours « la Connaissance par
sur le plan de la Conscience Divine éternelle et de là le moyen de Paramârthasatya » (D.S., I, 90), c'est-à-dire qu'il
deviennent réfléchies et renversées dans la Lumière Astrale, n'obtienne Svasamvedâna, la Conscience « analysante du soi », celle
qui reflète aussi, sur son plan individuel inférieur, la vie de qui perçoit le Soi Divin (le Réel). Car l'homme ne peut échapper à
notre Terre, l'enregistrant sur ses tablettes » (C.W., X, 361). Mâyâ qu'en s'élevant à l'état de Conscience le plus haut que l'on
puisse atteindre par la pratique du Yoga. Seule cette condition de
Le « plan individuel inférieur » de cette Lumière Astrale est le conscience exaltée permet de découvrir la « réalité absolue ». Sans
plus bas des trois plans roûpa qui la composent, celui qui se trouve elle, il n'est possible de connaître que « Samvritisatya » (la vérité
immédiatement au-dessus du plan physique. Dans ce plan inférieur relative seulement). Samvriti signifie « fausse conception « et se
trouve à l'origine de Mâyâ (l'Illusion) (D.S., I, 79, 1 note).
-
de la Lumière Astrale « toutes choses, celles des plans supérieurs et
celles du plan inférieur dense, la terre, sont, dans les deux sens, L'être qui, avant la fin du Mahâmanvantara, obtient Svasamve-
réfléchies et renversées ». Il est « pour ainsi dire, le Linga Sharîra dâna, ne sombre pas dans l'inconscience pendant le Mahâpralaya,
de notre terre » (D.S., II, 500). Il est donc constitué par les élémen- comme tous ceux qui en sont dépourvus. Ainsi que ces derniers, il est
tals qui forment le « double fluidique (linga sharîra) » du globe alors plongé dans Paranishpanna, le « summum bonum », qui est le
terrestre (M.L., 92). Le plan qui lui est immédiatement supérieur, le Paranirvâna. Mais il entre consciemment dans cette « condition de
« principe vital (jîva) » de notre globe, et le plan physique ( le subjectivité qui n'a de relation avec rien excepté l'Unique Vérité
« corps grossier » de notre planète) sont également formés par des Absolue (Paramârthasatya) sur son propre plan ». Sans la Conscience
élémentals (M.L., 92). C'est pourquoi ces trois plans roûpa inférieurs « analysante du soi » cet état final « n'est pas la béatitude, mais
(le bhûrloka, le bhuvarloka et le swarloka ou svargam) sont consi- simplement l'extinction pendant Sept Eternités », c'est-à-dire la
dérés comme matériels par Subba Row. durée totale du Mahâpralaya. L'être qui, à la fin du Mahâmanvantara,
entre dans cette condition ultime sans avoir acquis Svasamvedâna, est
« J'emploie le mot matériel pour désigner non seulement comparable à une boule de fer qui, exposée aux rayons d'un soleil
les organismes physiques et astrals, mais aussi les orga- ardent, s'échauffe, mais, contrairement à un homme, n'est pas sus-
nismes sur le plan supérieur à l'astral » (P.B.G., 33). ceptible de sentir cette chaleur et, éventuellement, de l'apprécier
(D.S., I, 84).
Mme Blavatsky a la même conception, puisqu'elle déclare que La Lumière Astrale constituant le plan astral reçoit aussi bien
les sept globes d'une chaîne Planétaire, qu'elle situe dans les quatre de bonnes que de mauvaises influences. Elle est donc de nature
plans roûpa, « sont sur trois plans matériels et un plan spirituel » double. Son mauvais aspect, ou « ses courants malfaisants et perni-
(D.S., I, 176). cieux » étaient personnifiés par les Juifs par Ob. Quiconque s'occupe
La Lumière Astrale, « Linga Sharîra » de la Terre, est « une « des esprits et de nécromantie, est, disaient-ils, possédé par l'Esprit
essence subtile, visible seulement à l'oeil clairvoyant ». C'est l' « avant- d'Ob » (T.G., 237). Ob était ainsi « le messager de mort, employé par
dernier des sept Principes Akâshiques ou Cosmiques (la terre étant les sorciers, le fluide mauvais et néfaste » (D.S., I, 105, 2° note).
le dernier) ». Eliphas Lévi l'appelle le Grand Serpent. Cette Lumière Le bon aspect du plan astral était appelé Od par les Cabalistes.
Astrale « rayonne sur l'Humanité toute mauvaise influence ». Ceux-ci le considéraient comme « la pure Lumière qui donne la vie,
278 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUÉTE DE L'IMMORTALITÉ 279

ou fluide magnétique ». C'est donc la synthèse d'Od et Ob qui est Ces êtres dont Moïse voulait la perte sont les sorciers que
la Lumière Astrale proprement dite (D.S., I, 105, 2' note). Le Serpent les Cabalistes appelaient shoel aub (obh ou ob). Chacun de ces
de la Genèse biblique représente, dans l'une de ses significations magiciens noirs « a un esprit familier en lui. Il est possédé de l'esprit
ésotériques, ce second principe cosmique, « actif et passif, positif de divination qui était considéré comme étant Python par les Grecs
et négatif ». C'est à tort que les théologiens en ont fait « un syno- et Obh par les Hébreux, le vieux serpent, l'esprit de concupiscence
nyme de Satan, le Prince de l'obscurité, alors qu'il est le plus ingé- et de matière dans sa signification ésotérique et qui, selon les Caba-
nieux de tous les mythes, dans ses divers symbolismes » (I.D., I, 157). listes est toujours un esprit humain élémentaire de la huitième
sphère ». Selon Henry More, le Shoel Obh est l'homme ou la femme
« Tel est l'origine du serpent, métamorphosé dans les qui a un esprit familier de cette sorte, dans son propre corps. La
âges chrétiens en Satan. Il est l'Od, l'Ob et l'Aour de Moïse voix de cet esprit paraissant toujours sortir d'une bouteille, un tel
et des Kabalistes. Dans sont état passif, quand elle agit sur sorcier était appelé un ventriloque (I.D., I, 355).
ceux qui sont involontairement attirés dans son courant, la
Cependant, le « vieux serpent » devient l'Od « dès qu'il est
Lumière Astrale est l'Ob ou Python... Elle devient l'Od dès
vivifié par le rayonnement conscient » d'un Adepte qui sait comment
qu'elle est vivifiée par l'émanation consciente d'une âme
contrôler et diriger ses courants. Même sans être un Initié, un
immortelle. Car alors les courants astraux agissent sous la
homme pur peut, comme l'indique Mme Blavatsky, faire agir béné-
direction d'un adepte, d'un esprit pur, ou d'un mesmériseur
fiquement les courants astraux. Il se peut, d'autre part, qu'un être
habile qui est pur lui-même et sait comment diriger les
encore plus élevé qu'un Adepte, un « haut Esprit Planétaire » descende
forces aveugles... Quant au terme Aour, il est utilisé pour
« dans notre sphère, et, purifiant l'atmosphère environnante, rende
désigner certaines propriétés occultes de l'agent universel. Il
capable le sujet de voir et ouvre en lui les sources de la divine
appartient plus directement au domaine de l'alchimistè et
prophétie » (I.D., I, 158).
n'est d'aucun intérêt pour le public en général » (I.D., I,
157, 158). C'est en contemplant, avec notre regard interne, l'impression
dans la Lumière Astrale inférieure des événements passés que nous
La Lumière Astrale, Linga Sharîra de la Terre, est un fluide exerçons notre mémoire, faculté qui s'apparente donc à la clair-
qui peut « être comprimé autour d'une personne de façon à former voyance.
une coque élastique absolument impénétrable pour tout objet phy- « C'est sur les tablettes indestructibles de la Lumière
sique, quelle que soit la vitesse à laquelle il voyage. En un mot, ce Astrale qu'est conservée l'impression de chaque pensée que
fluide peut être rendu égal à l'eau et à l'air, et même les surpasser nous avons, de chaque acte que nous accomplissons et que
en pouvoir de résistance » (I.D., I, 378).
les événements futurs (effets de causes depuis longtemps
Le même pouvoir qu'ont certains occultistes « de comprimer le oubliées) sont déjà peints comme des tableaux vivants que
fluide astral de façon à en former une coque impénétrable autour peut contempler l'oeil du voyant et du prophète. La mémoire
de soi, peut être employé pour diriger, pour ainsi dire, un dard (le désespoir du matérialiste, l'énigme du psychologue, le
fluidique contre un objet donné, avec une force fatale ». Mme Bla- sphinx de la science) est pour l'étudiant des vieilles philo-
vatsky affirme que certaines personnes parviennent à projeter, par
sophies simplement un nom pour exprimer ce pouvoir
suite de l'intensité de leur haine, une sorte de flèche fluidique qui qu'exerce l'homme inconsciemment (et qu'il a en partage
peut, tout comme un coup de feu, entraîner la mort (I.D., I, 380). avec de nombreux animaux inférieurs) de regarder avec la
Le Serpent de la Genèse est tout à la fois « l'Od, l'Ob et l'Aour vue intérieure dans la Lumière Astrale et d'y contempler les
de Moïse et des Cabalistes ». Comme nous l'avons vu, Ob est son
images de sensations et d'événements passés » (I.D., I, 178,
état passif et néfaste. « Moïse était déterminé à exterminer tous 179).
ceux qui, sensibles à son influence, se laissaient aller à tomber
sous le contrôle facile des êtres malfaisants qui se meuvent dans les La Race issue des Fils du Brouillard de Feu ou Fils de la Volonté
vagues astrales comme les poissons dans l'eau, êtres qui nous et du Yoga est la « Race qui ne meurt pas », car elle est constituée
entourent et que Bulwer-Lytton appelle dans Zanoni les gardiens du par des Adeptes qui, étant devenus capables de quitter un corps
seuil » (I.D., I, 158). physique pour en prendre immédiatement après un autre, échappent
280 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUÉTE DE L'IMMORTALITÉ 281

à la mort. Ils ont, comme le Nârada du mythe hindou, atteint la Vie Cependant, la vie dans un même corps physique, si elle peut
Continue. Ils utilisent à cette fin le procédé décrit dans l'article largement dépasser la moyenne normale et durer, dans le cas de
« L'Elixir de Vie » (The Theosophist, mars et avril 1882, pages 140-142, hauts Adeptes, plusieurs siècles, ne peut être éternelle. Aussi l'Adepte
168, 171 ; également publié, en 1885, dans Five Years of Theosophy, doit-il déterminer lui-même le moment le plus propice pour rejeter
au début de ce recueil d'articles du Theosophist). son vieux corps et en prendre un nouveau. Ayant soigneusement pré-
paré un corps éthéré, au moment choisi par lui, il s'en revêt, aussitôt
« C'est la « Race qui ne meurt pas », ainsi qu'on l'appelle après s'être défait de son ancien organisme physique, comme un
dans l'Esotérisme ; et c'est, exotériquement, la génération
serpent rejette sa vieille peau. Il peut alors demeurer plus ou moins
sans fruit de la première progéniture de Daksha, qui maudit longtemps dans son nouveau corps, invisible à tous ceux qui n'ont
Nârada, le divin Rishi, pour avoir dissuadé les Haryashvas et pas la vision clairvoyante, ou bien immédiatement condenser les
les Shabalâshvas (les fils de Daksha) de procréer leur espèce particules de ce véhicule éthéré, de façon à le rendre aussi tangible
en disant : « Nais dans la matrice ; il n'y aura pas de lieu et visible que le corps physique qu'il vient de rejeter. Ayant bu
de repos pour toi dans toutes ces régions ». Après quoi,
(métaphoriquement parlant) de l' « Elixir de Vie », il peut continuer
Nârada, le représentant de cette race d'ascètes sans fruit, à vivre pendant longtemps encore dans le monde physique. Et comme
dès qu'il meurt dans un corps renaît, dit-on, dans un autre » il peut répéter ce processus, se fabriquant un nouveau corps physique
(D.S., II, 288, ire note). chaque fois que l'usure a rendu l'ancien inutilisable, il a, en fait,
vaincu la mort. Il appartient, désormais, à la « Race qui ne meurt
« L'Elixir de Vie » est de la main d'un Anglais, Godolphin Mit- pas ». Voici comment est décrit, dans « l'Elixir de Vie », ce procédé
ford qui, devenu Musulman, prit le nom de Mirza Mourad Ali Bey. initiatique de renouvellement de la « coque extérieure » qu'est le
Selon Mme Blavatsky, cet article « fut écrit, par son auteur, sous corps physique. Le double que l'Occultiste se construit « n'est pas
dictée ou inspection » (E.W., 357), c'est-à-dire qu'il fut télépathique- spirituel, mais seulement plus éthéré » que l'organisme physique.
ment transmis à Godolphin Mitford par un Adepte. Le Colonel Olcott
suggère que c'est Mme Blavatsky qui l'aurait dicté mentalement à « L'ayant adapté, par un long entraînement et une longue
Godolphin Mitford alors qu'elle se trouvait en compagnie de ce préparation, pour une vie dans notre atmosphère, période
dernier (C.W., VI, 243, note). Mais il est en désaccord à ce propos pendant laquelle nous avons fait graduellement mourir la
avec Mme Blavatsky. Celle-ci affirme, en effet, que « L'Elixir de Vie » coque extérieure, selon un certain processus (au sujet duquel
a été écrit par Godolphin Mitford dans sa propre maison, dans un on trouvera, plus loin, des allusions), nous devons nous pré-
pays où elle n'avait jamais encore été et où elle ne se rendit que parer pour cette transformation physiologique. Comment
deux ans plus tard (E.W., 357). devons-nous le faire ? En premier lieu, nous devons nous
Quoi qu'il en soit, ainsi que Dâmodar K. Mavalankar, chela (dis- occuper du corps actuel, visible et matériel (appelé l'homme,
ciple) comme elle d'un Adepte, elle faisait le plus grand cas de cet mais qui n'est, en fait, que sa coque extérieure). Rappelons-
article. Celui-ci fournit les renseignements suivants sur la façon dont nous que la science nous enseigne que, tous les sept ans
un Adepte accède à la vie continue, sur le plan physique. environ, nous changeons de peau aussi effectivement qu'un
Le sentiment d'avoir terminé sa tâche ici-bas et de « l'inutilité serpent quelconque, et cela si graduellement et impercepti-
de sa propre existence, s'il est fortement éprouvé, produit la mort blement que si la science, après des années d'étude et d'ob-
aussi sûrement que le poison ou une balle de fusil ». En conséquence, servation, ne nous l'avait pas assuré, personne n'en aurait le
pour vivre le plus longtemps possible dans un même corps physique, plus léger soupçon. Nous voyons, en outre, qu'avec le temps
l'Initié doit avoir l'inflexible détermination de continuer à vivre. toute coupure ou lésion sur le corps, aussi profonde soit-
Cette volonté ne doit pas être seulement « une résolution passagère elle, a tendance à remédier à la perte et à se cicatriser ; un
du moment, un désir violent isolé et de courte durée, mais un courant bout de peau perdu est très vite remplacé par un autre.
établi et continu, aussi continu et concentré que possible, sans un Donc, si un homme, partiellement écorché vif, peut quelque-
seul moment de détente. En un mot, celui qui veut être Immortel fois survivre et être couvert d'une nouvelle peau, de même
doit être sur ses gardes nuit et jour, se gardant contre lui-même. nous pouvons faire en sorte que notre corps astral et vital
Vivre, vivre, vivre, telle doit être sa résolution inflexible » (« Five (le quatrième des sept ayant attiré et s'étant assimilé le
Years of Theosophy », 6). second), infiniment plus éthéré que le corps physique, endur-
282 DOCTRINES INITIATIQUES I.A CONQUAW Dit L'IMMORTALITÉ
283

cisse ses particules aux changements atmosphériques. Toul « être capable de contrôler ses états futurs et ainsi graduel-
le secret consiste à parvenir à le faire sortir et à le sépare' lement raccourcir la durée de ses états Dévachaniques entre
du corps visible et, tandis que ses atomes nouvellement deux incarnations. Dans son progrès, vient un temps où,
invisibles se mettent à se concrétiser en une masse compacte, entre une mort physique et la renaissance suivante, il n'y a
à graduellement se débarrasser des vieilles particules de pas de Dévachan, mais une espèce de sommeil spirituel, le
notre corps visible, de façon à les faire mourir et disparaître choc de la mort l'ayant, pour ainsi dire, étourdi et plongé
avant que le nouvel ensemble d'atomes n'ait eu le temps dans un état d'inconscience, dont il sort graduellement, pour
d'évoluer et de les remplacer... Nous ne pouvons en dire se trouver né à nouveau, afin de continuer son oeuvre. La
davantage. » ( « Five Years of Theosophy », 4, 5). période de ce sommeil peut varier de vingt-cinq à deux cents
ans, cela dépendant de son degré d'avancement. Mais même
Le procédé employé par l'Adepte pour se construire un double cette période peut être considérée comme une perte de
éthérique (linga sharîra) destiné à être transformé en un nouveau temps, et, en conséquence, tous ses efforts sont dirigés pour
corps physique est analogue à celui utilisé par l'Ange Lunaire pour l'écourter, de façon à parvenir, graduellement, à un point où
fournir à l'homme de la première Race son corps fluidique. La le passage d'un état d'existence à un autre est presque
Chhâyâ (Ombre) que cet Ange projette hors de lui « est, en réalité,
imperceptible. C'est sa dernière incarnation, pour ainsi dire,
le Manas inférieur, l'ombre du Mental Supérieur. Cette Chhâyâ fait car le choc de la mort ne l'assomme plus » (C.W., VI, 245).
le Mâyâvi Roûpa. Le Rayon se revêt dans le plus haut degré du Plan
Astral » (D.S., III, 559, 560). L' « Ombre » émanée par l' « Ancêtre »
La sphère de Pâtâla étant la septième dans la liste des Talas, le
Lunaire, « de façon à devenir visible, puise dans l'atmosphère envi- monde dont « il n'y a pas de rédemption », et qui est encore plus
ronnante, attirant à elle les atomes ; le Linga Sharîra ne pourrait se bas que Pâtâla, est appelé la huitième sphère. Ce qui est annihilé
former in vacuo » (D.S., III, 593).
n'est pas la Monade, celle-ci étant éternelle, mais la personnalité dont
Selon Mme Blavatsky, l'ardente détermination de l'Adepte à sur- aucun souvenir n'est conservé par la Monade. C'est à cause de cette
vivre le plus longtemps possible n'est nullement égoïste, car elle possibilité d'anéantissement de la personnalité que Mme Blavatsky
s'enracine dans la volonté de venir en aide, sur le plan physique, à affirme que l'immortalité de l'être humain n'est que conditionnelle.
l'humanité. L'égoïsme et l'état d'Adepte sont incompatibles. L'Initié,
nous dit Mme Blavatsky, élimine graduellement, par son mode de
« Pour s'introduire, par force, dans le courant de l'im-
vie spirituel, toutes les particules grossières de son corps physique. mortalité, ou plutôt pour s'assurer une série sans fin de
Il les remplace par « des particules plus fines et plus éthérées, renaissances comme individualités conscientes (dit le Livre
jusqu'à ce qu'à la fin l'ancien sthoûla sharira soit complètement mort
et désintégré et qu'il vive dans un corps entièrement de sa propre
de Khiou-ti, volume XXXI) on doit devenir un collaborateur
création, adapté à son travail » (C.W., VI, 246). de la nature, soit pour le bien, soit pour le mal, dans son
travail de création et de reproduction, ou dans celui de
C'est grâce à une stricte discipline et un entraînement incessant
destruction » (C.W., III, 297).
que l'Occultiste effectue et contrôle ce « processus d'émission et
d'attraction d'atomes » (C.W., VI, 246) qui lui permet d'être vain-
queur de la Mort. Au cours de cet entraînement il raccourcit pro- Ceux qui deviennent ainsi « immortels dans le bien » ou « im-
gressivement la durée de ses périodes dévachaniques, entre deux mortels dans le mal », suivant les termes d'Eliphas Levi (C.W., III,
incarnations, jusqu'à finalement la réduire à néant. Il accélère ainsi 296), constituent « les deux sortes d'initiés : les adeptes et les
considérablement son perfectionnement, car c'est surtout les longues sorciers », comme l'indique l'adepte K.H., qui donne aussi aux initiés
périodes de Dévachan qui allongent l'évolution d'un être humain. Il de la seconde sorte le nom de « Frères de l'Ombre » (C.W., III,
« atteint en un temps comparativement très court un sommet auquel 297, 198). « La mère nature punira son enfant, mais, puisqu'il est
l'individu ordinaire ne peut s'élever qu'après, peut-être, des billions devenu son collaborateur pour la destruction, elle ne peut le rejeter.
d'années. En bref, en quelques milliers d'années, il approche cette Ils sont des hommes entièrement mauvais et dépravés, et cependant
aussi hautement intellectuels et intensément spirituels pour le
mal
forme d'évolution que l'humanité ordinaire atteindra peut-être dans
que ceux qui sont spirituels pour le bien. Leurs Egos peuvent échap-
la sixième ou la septième ronde » (C.W., VI, 244, 245). L'Occultiste
doit
284 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONQUÉTE DE L'IMMORTALITÉ
285

per à la loi de destruction ou annihilation finale pendant des âges le quaternaire inférieur composé du Corps Physique, du Linga Sha-
à venir. C'est ce qu'Eliphas Lévi entend par devenir « immortel dans rîra, de Kâma et du Manas Inférieur, seul ce dernier permet d'établir
le mal », par l'identification avec Satan » (C.W., III, 298). le contact avec l'Ego Supérieur. « L'Ame Humaine ou
Manas Infé-
l'Ego
Commentant ces affirmations de Mme Blavatsky, l'Adepte K.H. rieur est le seul et direct intermédiaire entre la personnalité et
déclare que les « Frères de l'Ombre » ne seront pas annihilés par la Divin » (D.S., III, 514).
Nature dans le présent cycle, « s'ils savent comment la forcer. Mais L'immortalité de la personnalité humaine ne peut se concevoir
c'est une vie de torture et de haine éternelle. Si vous croyez en nous, que comme la conservation du souvenir, dans la conscience de l'Ego
comment pouvez-vous ne pas croire en eux ? » Et cet Initié précise Supérieur, des meilleurs sentiments, pensées et actions de cette
que la majorité des Magiciens Noirs « devront sortir de notre planète personnalité. Celle-ci est « annihilée » si elle ne laisse aucune trace
pour aller dans la huitième, comme elle l'appelle ». C'est-à-dire que dans la mémoire de l'individualité supérieure.
la plupart des « Frères de l'Ombre » sont destinés à être anéantis Dans le Livre des Morts égyptien, le Manas est considéré comme
dans ce que Mine Blavatsky appelle la huitième sphère. Quant aux la victime de la « sombre influence du Dragon Apophis », c'est-à-dire
plus puissants des Frères de l'Ombre ils « vivront jusqu'au seuil de « la personnalité physique de l'homme Kâmaroûpique, avec ses
même du Nirvâna final » (C.W., III, 298). passions » (D.S., III, 513). Le défunt ne triomphait de la mort, ensei-
Les Râkshasas (Démons) de la littérature hindoue sont, selon gnait-on dans l'ancienne Egypte, que s'il y avait, après son décès,
l'Adepte K.H., des « Frères de l'Ombre ». « Râkshasas (Démons), Ames réunion complète « du Manas inférieur, plein de « la moisson de la
ou Formes Astrales de sorciers. Hommes qui ont atteint le sommet vie » et de son Ego » (D.S., III, 514).
de la connaissance dans l'art interdit. Morts ou vivants, ils ont, pour Quelle est la nature de cette « moisson » ? Elle « consiste dans
ainsi dire, trompé la nature. Mais ce n'est que temporairement,
les plus belles pensées spirituelles, dans la mémoire des actes les
jusqu'à ce que notre planète entre en obscuration après quoi, ils plus nobles et les plus altruistes de la personnalité et dans la cons-
doivent nolens volens être annihilés » (M.L., 105). tante présence pendant sa félicité, après la mort, de tous ceux qu'elle
Dans l'homme, l'Individualité réincarnante est l'Ego Supérieur a aimés d'une affection divine et spirituelle » (D.S., III, 514). Tout
(le Manas Supérieur). Son émanation, le Manas Inférieur, ne se ce qui ne fait pas partie de cette moisson de la vie disparaît à jamais.
réincarne pas, changeant à chaque renaissance. Cette « partie du Si l'être humain n'emporte avec lui, après sa mort physique, aucune
Divin qui va animer la personnalité, se séparant consciemment, récolte de ce genre, sa dernière personnalité est vouée à un oubli
comme une ombre dense mais pure, de l'Ego Divin, s'enfonce dans total.
le cerveau et les sens du foetus à la fin de son septième mois » De toutes les caractéristiques mentales, physiques et spirituelles
(D.S., III, 511). Le Manas Inférieur se sépare alors complètement du dont la somme, « imprimée sur l'Ame Humaine » (le Manas Infé-
Manas Supérieur, ce dernier ne s'unissant pas avec l'enfant avant
rieur), «produit l'homme... c'est seulement les pensées purifiées
qui
que soient écoulées les sept premiers années de sa vie. « En vérité peuvent être imprimées sur l'Ego Supérieur et immortel » (D.S.,
et en nature, les deux Mentaux, le spirituel et le physique ou animal,
III, 514).
sont un, mais séparés en deux à la réincarnation » (D.S., III, 511).
Le Manas Inférieur est ainsi « la réflexion ou l'ombre du Manas « Cela est fait par l'Ame Humaine se fondant à nouveau,
Supérieur » et il « devient, à mesure que l'enfant grandit, un Principe dans son essence... Par conséquent, à moins que Kâma-Manas
pensant distinct dans l'homme, son principal instrument étant le ne transmette à Bouddhi-Manas de telles idéations person-
cerveau physique » (D.S., III, 512). Telle est la doctrine occulte de nelles et une conscience de son « Je » qui puisse être assi-
la dualité du Manas. « L'Ego Divin tend... vers Bouddhi, et l'Ego milée par l'Ego Divin, rien de ce « Je » ou de cette person-
humain gravite vers le bas, immergé dans la Matière, relié à sa nalité ne peut survivre dans l'Eternel. Seulement ce qui est
moitié supérieure et subjective seulement par l'Antahkarana... celui-ci digne du Dieu immortel en nous et identique, dans sa nature,
est, pendant la vie, le seul trait d'union entre les deux Mentaux : la à la divine quintessence peut survivre. Car, dans ce cas, ce
conscience supérieure de l'Ego et l'intelligence humaine du mental sont les propres « ombres » ou émanations de l'Ego Divin,
inférieur » (D.S., III, 512). qui montent vers lui et sont à nouveau attirées en lui, pour
L'antahkarana n'est autre que le Manas Inférieur spirituellement redevenir, une fois de plus, une partie de sa propre Essence.
orienté, de sorte que, dans la personnalité humaine, c'est-à-dire dans Aucune pensée noble, aucune aspiration élevée, aucun désir
286 DOCTRINES INITIATIQUES LA CONOUÉTE DE L'IMMORTALITÉ 287

exalté ou aucun amour divin et immortel ne peut pénétrer l'être humain qui lui est associé (l'Ego personnel) doit gagner son
dans le cerveau de l'homme d'argile et s'y installer si ce n'est i mmortalité. Voici en quels termes Mme Blavatsky décrit les Egos
comme une émanation directe de l'Ego Supérieur vers et Individuels qui « ont été forcés de s'incarner dans l'animal humain ».
au travers de l'Ego inférieur. Tout le reste, aussi intellectuel
qu'il puisse sembler, procède de l' « ombre », le mental « Les êtres divins que le Karma a conduit à jouer un
inférieur, dans son association et sa combinaison avec Kâma, rôle dans le drame de la vie manvantarique sont des entités
et s'en va et disparaît pour toujours. Mais les idéations men- de mondes et de planètes supérieurs et antérieurs, dont le
tales et spirituelles du « Je » personnel retournent à l'Ego Karma n'avait pas encore été épuisé quand leur monde est
Supérieur, comme parties de son Essence et ne peuvent entré en Pralaya. Tel est l'enseignement. Mais qu'il en soit
jamais disparaître. Ainsi, de la personnalité qui fut, seules ainsi ou non, les Egos Supérieurs sont, comparés aux formes
ses expériences spirituelles, la mémoire de tout ce qui est de boue transitoire et terrestre que nous sommes, des Etres
bon et noble, avec la conscience de son « Je » fusionnée avec Divins, des Dieux immortels pendant tout le Mahâmanvan-
celle de tous les autres « Je » personnels qui l'ont précédé, tara, ou durant les 311.040.000.000.000 ans que persiste l'Age
survivent et deviennent immortelles. Il n'y a pas d'immor- de Brahmâ » (D.S., III, 517).
talité distincte ou séparée pour les homems de la terre, en
dehors de l'Ego qui les a informés. Cet Ego Supérieur est le L'Ego Supérieur (Manas Supérieur) est vraiment éternel, car
seul support de tous ses alter egos sur terre, leur seul « Entité Manasique ne sera pas détruite, même à la fin du Mahâ-
représentant dans l'état mental appelé Dévachan. Cependant, manvantara, quand tous les Dieux seront absorbés, mais réémergera
comme la dernière personnalité incarnée a droit à sa propre de la latence Parabrâhmique » (D.S., III, 555).
condition spéciale de félicité, non mélangée et libre des sou- « En conséquence, pendant que l'EGO INDIVIDUEL, en
venirs de toutes les autres personnalités, c'est la dernière raison de son essence et de sa nature, est immortel pendant
vie seulement qui est pleinement et réellement gardée en toute l'éternité, avec une forme (roûpa) qui persiste pendant
souvenir avec clarté. Le Dévachan est souvent comparé au
tous les cycles de vie de la Quatrième Ronde, son Sosie ou
jour le plus heureux dans une série de nombreux milliers son image, l'Ego personnel doit gagner son immortalité »
d'autres « jours » dans la vie de la personne. L'intensité du
(D.S., III, 519).
bonheur ressenti dans ce jour fait entièrement oublier à
l'homme tous les autres jours, son passé devenant effacé » Pour conquérir l'immortalité, l'Ego inférieur n'a qu'un moyen :
(D.S., III, 514, 515).
se greffer, pour ainsi dire, sur l'Ego Individuel, son Dieu intérieur,
qui est l' « Arbre de la Vie Eternelle » (D.S., III, 520). Il pourra y
Tout homme, après son décès, n'échappe pas à une seconde mort
parvenir au moyen de l'Antahkarana, la partie du Manas inférieur
qui a lieu dans le monde astral, le Kâma-Loka : celle de son Manas
qui n'est pas corrompue par de mauvaises tendances. Le Manas
inférieur. Cette mort, intervenant par suite d'une loi naturelle, ne
inférieur est un rayon issu de l'Ego Supérieur, et une partie de ce
peut être considérée comme une calamité et elle n'est, pour la majo-
rayon « peut, pendant la vie, tellement se cristalliser et s'unir à
rité des êtres humains, que le prélude à l'entrée dans le Dévachan,
Kâma qu'elle restera assimilée à la Matière. La partie qui conserve
après une « période de gestation », c'est-à-dire, d'inconscience. Mais,
sa pureté forme l'Antahkarana. Tout le sort de l'incarnation dépend
en dehors de ce second trépas, normal, il y a « la terrible possi-
bilité de la mort de l'Ame, c'est-à-dire de sa séparation de l'Ego sur de la question de savoir si l'Antahkarana sera capable de dominer le
Kâma-Manas ou non. Après la mort, la lumière supérieure (Antahka-
terre, pendant la vie terrestre. C'est une mort réelle (quoique avec
rana), qui contient les impressions et la mémoire de toutes les
des chances de résurrection), qui ne laisse aucune marque sur la
bonnes et nobles aspirations, s'assimile à l'Ego Supérieur ; la lumière
personne et cependant en fait moralement un cadavre vivant » (D.S.,
mauvaise est dissociée dans l'espace et revient comme mauvais
III, 516).
Karma attendant la personnalité » (D.S., III, 580).
L'être humain, considéré comme sa personnalité, est bien infé-
rieur à son Ego Supérieur qui est un Etre Divin, s'incarnant en lui La catastrophique mort de l'Aine, qui peut survenir pendant
en vertu de la loi karmique. Si cet Ego (individuel) est immortel, l'existence terrestre, se produit lorsque le lien entre l'Ego Supérieur
288 DOCTRINES INITIATIQUES 289
I.A CONOUÉTE DE L'IMMORTALITÉ

et l'Ego personnel est rompu. C'est le seul cas où l'Ego Supérieur place », ce qui signifie « aucun Dévachan. La mort spirituelle, l'anni-
échappe à sa responsabilité de Principe dirigeant et protecteur de la hilation » (D.S., III, 568, Diagramme V). L'être humain, réduit à son
personnalité humaine, car celle-ci, par l'intensité extrême de ses Kâma-Manas, « renaît immédiatement en Myalba, l'état d'Avîtchi sur
mauvaises tendances, se place en dehors de son contrôle (D.S., III, terre » (D.S., III, 526), à moins que l'énergie emmagasinée en lui ne
524). soit pas suffisante pour provoquer cette nouvelle incarnation, auquel
cas sa fin survient par la désintégration de sa forme astrale. Mais il
Cette séparation entre l'Ego Supérieur et le Mental Inférieur ne se peut que la force de ce fantôme astral soit telle qu'elle provoque
survient pas brusquement. Elle ne se produit que graduellement, une réincarnation, et même, parfois, plusieurs renaissances terrestres
comme l'explique Mme Blavatsky dans les lignes suivantes : successives, dans des conditions de plus en plus viles. Néanmoins,
cette force n'étant pas renouvelée par l'Ego Supérieur, source éter-
« L'Ame, le Mental Inférieur, devient comme un principe nelle et inépuisable d'énergie pour les personnalités qui lui sont
à moitié animal, presque paralysé par le vice quotidien et rattachées, le Kâma-Manas d'un tel être « sans âme » finit par se
elle croît graduellement, inconsciente de sa moitié subjective, dissoudre après une ultime réincarnation. Cette destinée est encore
le Seigneur, l'un des membres de la puissante Légion. Et, en plus terrible, déclare Mme Blavatsky, pour l'humanité que pour
proportion du rapide développement sensible du cerveau et l'homme qui ne devient plus, ainsi, qu'un « homme-animal », véri-
des nerfs, l'Ame personnelle, tôt ou tard, perd finalement de table démon à l'influence et à l'action intensément maléfiques.
vue sa divine mission sur terre. »
« Comme un vampire, le cerveau se nourrit, vit et croît « Il arrive quelquefois qu'après la séparation, l'Ame
en force aux dépens de son père spirituel... et l'Ame per- épuisée, devenue maintenant suprêmement animale, s'éva-
sonnelle, à moitié inconsciente, devient dépourvue de sens, nouisse dans le Kâma Loka comme le font les autres âmes
au-delà de tout espoir de rédemption. Elle est incapable de animales. Mais, étant donné que plus matériel est le mental
discerner la voix de son Dieu. Elle ne tend qu'au développe- humain, plus longtemps il dure... il arrive fréquemment
ment d'une plus pleine compréhension de la vie naturelle et qu'après la fin de la vie présente de l'homme sans âme, il
terrestre, et elle ne peut ainsi que découvrir les mystères de soit encore et encore, réincarné dans de nouvelles incarna-
la nature physique... Elle commence à devenir virtuellement tions, chacune plus abjecte que l'autre. L'impulsion de la vie
morte pendant la vie du corps, et finit par mourir complè- animale est trop forte. Elle ne peut s'épuiser en une ou deux
tement, c'est-à-dire par être annihiliée en tant qu'Arne im- vies seulement » (D.S., III, 524, 525).
mortelle complète. Une telle catastrophe peut souvent sur-
venir de longues années avant la mort physique. « Nous Un cas encore plus terrible peut se présenter si l'Ego Supérieur,
coudoyons à chaque pas dans la vie, des hommes et des poussé par le Karma, se réincarne alors que l'homme sans âme qui
femmes sans âme. » Et, lorsque la mort arrive... il n'y a plus était, autrefois, relié à lui, est encore vivant dans le monde astral.
d'Aure (l'Ego Spirituel réincarnant) à libérer... car elle s'est « Le spectre Kâma-Mânasique peut devenir ce qui est
enfuie des années auparavant » (D.S., III, 525, 526). appelé en Occultisme le « Gardien du Seuil »... Ce Gardien,
conduit par l'affinité et l'attraction, s'introduit de force dans
le courant astral du nouveau tabernacle habité par l'Ego
Que se passe-t-il alors, après la mort d'un être humain qui a Père, à travers l'Enveloppe Aurique, et déclare la guerre à
ainsi perdu son Ame (son Ego Supérieur) ? Deux cas peuvent se la lumière inférieure qui l'a remplacé. Cela, naturellement,
présenter.
ne peut se produire que dans le cas de faiblesse morale de
Il se peut que l'homme, ayant atteint, dans l'échelle descendante la personnalité ainsi obsédée. Aucun être fort en vertu, et
des Talas « infernaux » l'état de conscience de Vitala où « le Supé- droit dans son comportement, ne peut risquer ou redouter
rieur se sépare entièrement de l'Inférieur » et où la « corde est une telle chose, mais seulement ceux qui, dans leur coeur,
coupée », descende encore davantage et parvienne au degré inférieur sont dépravés. Robert Louis Stevenson a eu, en vérité, un
de cette échelle, celui d'Atala. Dans ce cas, il « meurt, mais pour aperçu d'une réalité lorsqu'il a écrit son Etrange Histoire du
renaître immédiatement ». Le sens d'Atala est, en sanscrit, « aucune Dr Jekyll et de M. Hyde. Son histoire est une véritable
allégorie » (D.S., III, 525).
290 DOCTRINES INITIATIQUES I.A CONQUATE DE L'IMMORTALITÉ 291

Un autre cas qui peut se présenter est celui de l'homme sans « La Terre, ou plutôt la vie terrestre, est le seul Avîtchi
âme qui, « trop fort dans le mal », est devenu « immortel en Satan ». ( Enfer) qui existe pour les hommes de notre Humanité sur
Au lieu d'être transformé en fantôme « toujours souffrant dans ce globe. L'Avîtchi est un état, non un lieu ; c'est une contre-
l'Avîtchi sous la loi karmique », et de devenir, éventuellement, un partie du Dévachan. Un tel état suit l'Ame là où elle va, soit
Gardien du Seuil, ou de subir des réincarnations de plus en plus dans le Kâma-Loka, alors qu'elle est un spectre à demi-
abjectes, il peut devenir un des « collaborateurs de la Nature pour conscient, soit dans un corps humain quand elle renaît pour
la destruction ». Quoique foncièrement méchant et dépravé, il est souffrir l'Avîtchi. Notre Philosophie ne reconnaît pas d'autre
d'une brillante intellectualité et « intensément spirituel pour le mal ». Enfer » (D.S., HI, 526, note).
Et il peut, pendant des âges, échapper « à la loi de la destruction ou
annihilation finale » (D.S., III, 526). Il fait alors partie des « Frères
de l'Ombre » qui, comme nous l'avons vu, peuvent continuer à vivre
« jusqu'au seuil même du Nirvâna final » (C.W., III, 298), réduits à
leur « Ego (inférieur) » (D.S., III, 526).
N'étant pas tièdes, mais froids, les Frères de l'Ombre, comme
ceux qui sont chauds (les Adeptes ou Magiciens Blancs), ne seront
pas vomis par la Nature. C'est le sens ésotérique que Mme Blavatsky
attribue aux deux versets suivants de l'Apocalypse (Révélation) de
Jean : « Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouil-
lant. Puisses-tu être froid ou bouillant. Ainsi, parce que tu es tiède,
et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »

« Je voudrais que tu sois froid ou chaud », dit la vision


de la Révélation à saint Jean (III, 15, 16)... La Révélation est
un livre absolument Cabalistique. Le chaud et le froid sont
les deux « pôles » c'est-à-dire le bien et le mal, l'esprit et la
matière. La Nature vomit le « tiède », « la partie inutile de
l'humanité », hors de sa bouche, c'est-à-dire l'annihile »
(C.W., III, 298).

Le pendant ou l'opposé de l'état de félicité du Dévachan est


l'Avîtchi. Celui-ci, comme le Dévachan, est un état de conscience qui
peut aussi bien être expérimenté en Kâma-Loka que sur terre. De
sorte que l'être humain qui, ayant descendu l'échelle des talas
« infernaux », n'est plus qu'un Kâma-Manas séparé de ses principes
supérieurs, peut entrer en Avîtchi soit « dans Myalba, l'état d'Avîtchi
sur terre » (c'est-à-dire en renaissant sur notre globe dans un nou-
veau corps physique), soit, s'il est devenu « trop fort dans le mal »,
en demeurant dans le monde de matière subtile qui enveloppe la
terre. Il lui est, dans ce cas, « permis, pour des desseins karmiques,
de rester, dans un état actif d'Avîtchi, dans l'Aura terrestre » (D.S.,
III, 526).
L'HOMME INTERIEUR

C'est à la période pré-humaine qu'apparaissent tous les Rishis,


Prajâpatis et Manous des Brâhmanas et Pourânas hindous, ainsi que
leurs épouses et leur progéniture. « C'est autour de ces « Fils de
Dieu », enfants astrals de Brahmâ (nés-du-mental) que nos corps
physiques ont grandi et se sont développés pour devenir ce qu'ils
sont maintenant. Car les histoires Pourâniques de tous ces hommes
sont celles de nos Monades, dans leurs diverses et innombrables
incarnations, sur cette Sphère et sur d'autres, dont les événements
sont perçus par l' « Œil de Shiva » des anciens Voyants (le « Troi-
sième Œil », de nos Stances) et sont décrits allégoriquement » (D.S.,
II, 297).
Le Dieu Shiva est appelé « Viroûpâksha » (à l'oeil monstrueux),
parce qu'il est possesseur de ce « Troisième Œil ». Cet oeil n'est actif
que dans les races spirituelles, comme le furent la Troisième et
même, en partie, la Quatrième Race. L'Humanité, alors engagée sur
l'arc descendant de son évolution (arc constituant la première moitié
de son passage à travers les sept Races de notre période mondiale),
était, à cette époque, plus spirituelle que matérielle.
Cependant, depuis lors, elle a atteint le point le plus bas de
sa descente et l' « Œil Déva » n'existe plus pour la presque totalité
des hommes actuels. « Le Troisième Œil est mort et n'agit plus. Mais
il a laissé derrière lui un témoin de son existence. Ce témoin est
maintenant la Glande Pinéale » (D.S., II, 308).
Dans la Troisième Race naquirent des hommes hermaphrodites
d'un aspect bien différent de la forme humaine actuelle. « Il y avait,
dans ces premiers jours, des mâles-femelles (hermaphrodites), des
créatures humaines à quatre bras, avec une tête et cependant trois
yeux. Ils pouvaient voir devant eux et derrière eux » (D.S., II, 308).
Ce qui signifie que le « troisième Œil était à l'arrière de la tête ».
Car, selon Mme Blavatsky, le Troisième Œil n'a jamais été situé au
visage, « le transfert de la Glande Pinéale (jadis ce Troisième Œil) au
front étant une licence exotérique » (D.S., II, 309). Les hommes à
quatre bras de la première partie de la Troisième Race, sont, affirme
Mme Blavatsky, peut-être à l'origine des Dieux Hindous ayant cette
particularité (D.S., II, 308, 1- note).
294 DOCTRINES INITIATIQUES L'HOMME I NTÉRIELIR 295

La Voyance spirituelle exercée à l'aide du Troisième Œil ou « Œil Les Gnostiques insistaient sur la nécessité d'être chaste si l'on
Deva » était innée chez les Lémuriens. Mais elle s'atrophia progres- veut progresser spirituellement. Par exemple, l'auteur des Philoso-
sivement et, dans la Quatrième Race, celle des Atlantes, elle devint phumena exhorte son lecteur à « fuir hors d'Egypte », de s'abstenir
complètement latente. Elle ne peut « dorénavant être acquise qu'au des relations ( mixis) d'ici-bas et de préférer à la génération inférieure
moyen de l'entraînement et de l'initiation ». Seuls font exception à (sexuelle) qui est « mortelle », la génération supérieure ou spirituelle,
cette règle, comme nous l'avons indiqué, les « magiciens naturels et celle de la Jérusalem du haut. Il ajoute que le « Grand Jourdain »,
innés », c'est-à-dire ceux que nous appelons des sensitifs et des en coulant vers le bas, « empêche l'Exode des Enfants d'Israël »
médiums » (D.S., II, 308, 2e note). et que Jésus le fit couler vers le haut (Lucifer, juillet 1890, 400).
Il ne peut évidemment être question, pour un homme, fût-il,
« Quand la Quatrième (Race) parvint à son âge moyen, comme Jésus, un être très saint ou un Adepte, de faire rebrousser
la Vision Intérieure dut être réveillée et acquise par des chemin aux eaux d'un fleuve. En réalité, le Jourdain dont il est
stimulants artificiels dont le processus était connu des question, n'est pas le fleuve de ce nom, mais le courant de la force
anciens Sages... le Troisième Œil, se pétrifiant graduelle- Kundalinî, dirigée vers le bas pendant les relations sexuelles et que
ment, disparut bientôt. Les doubles-faces devinrent les faces le Yogin parvient à faire monter, le long de sa colonne vertébrale,
uniques. L'oeil fut profondément enfoncé dans la tête et se vers le cerveau. C'est ce qui se produit dans la condition extatique
trouve maintenant enfoui sous les cheveux. Pendant l'activité appelée Agni Dhâtou Samâdhi, dans laquelle, selon Mme Blavatsky,
de l'Homme Intérieur (durant les transes et les visions spiri- « Kundalinî est élevée jusqu'à l'extrême et l'infini apparaît comme
tuelles) l'oeil s'enfle et se dilate. L'Arhat le voit et le sent, une nappe de feu » (T.G., 11).
et il règle en conséquence son action... Le Lanou (Disciple,
Chela) non souillé, n'a à redouter aucun danger. Celui qui G.R.S. Mead déclare que les Gnostiques appelés Naassènes
ne se garde pas en état de pureté (celui qui n'est pas chaste) avaient reçu ce nom, dérivé de l'hébreu Nahash signifiant Serpent
ne recevra aucune aide de l'OEil Deva » (D.S., II, 308). (Fragments of a Faith Forgotten, 198), « parce qu'ils représentaient
« Essence Humide » de l'univers (sans laquelle rien de ce qui
existe, mortel ou immortel, animé ou inanimé, ne pourrait se main-
La chasteté est, en effet, indispensable pour l'éveil du Troi- tenir assemblé) par un serpent » (ibid., 204). Effectivement, comme
sième Œil et l'obtention des pouvoirs occultes supérieurs. C'est ce nous l'avons vu, les Gnostiques symbolisaient la « Grande Mère »,
qu'explique Mme Blavatsky dans les lignes suivantes : c'est-à-dire Alaya, Svabhâvat ou l'Akâsha, le sixième principe cos-
mique (1' « Essence Humide ») par un serpent. C'était Ophis, l'Aga-
« Pendant la vie humaine, le plus grand obstacle sur le thodaemon (le Bon Serpent). Et Mead ajoute :
chemin du développement spirituel et, en particulier, de
l'acquisition des pouvoirs du Yoga, est l'activité de nos sens « C'est l'Akâsha cosmique des Oupanishads, et la Kun-
physiologiques. L'action sexuelle étant étroitement en rap- dalinî, ou la force serpentine, dans l'homme, laquelle, lors-
port, par interaction, avec la moelle épinière et la matière qu'elle suit une impulsion animale, est la force de la
grise du cerveau, il est inutile de donner une explication génération, mais qui, quand elle est appliquée aux choses
supplémentaire quelconque. Naturellement, l'état normal et spirituelles, fait de l'homme un dieu. Ce sont les Eaux du
l'état anormal du cerveau, ainsi que le degré de travail actif Grand Jourdain coulant vers le bas (la génération des
dans la Moelle Allongée réagissent puissamment sur la hommes) et vers le haut (la génération des dieux) ; l'Akâsha-
Glande Pinéale. Car, par suite du grand nombre de « centres » gangâ ou Gange Céleste des Pourânas, le Nil Céleste de
qui, dans toute cette région, contrôlent la plus grande quan- l'Egypte mystique » (ibid., 204).
tité, de loin, des actions physiologiques de l'économie ani-
male, et en raison aussi du proche et intime voisinage des Alors que la Première Race est « spirituelle intérieurement et
deux organes, une très puissante action « inductive » est éthérique extérieurement », et qtie la Seconde Race est « mentale-
nécessairement exercée par la Moelle Allongée sur la Glande ment psycho-spirituelle et corporellement éthéro-physique », la Troi-
Pinéale » (D.S., II, 309, 310). sième Race, « encore dépourvue d'intellect à ses débuts, est astro-
296 DOCTRINES INITIATIQUES L'HOMME INTÉRIEUR 297

physique dans son corps et vit une existence intérieure dans laquelle et de la condition dépravée de l'humanité, moururent entièrement.
l'élément psycho-spirituel n'est d'aucune manière gêné par les sens Cela se passa avant la submersion de la masse du Continent Atlante »
physiologiques à peine naissants ». Dans l'homme de cette Troisième ( D.S., II, 320), c'est-à-dire il y a plusieurs millions d'années, au cours
Race, les « deux yeux de devant regardent devant eux, sans voir le du Miocène (D.S., II, 328, 1" note).
passé et le futur », mais le Troisième Œil « embrasse l'Eternité » Dans la mythologie grecque, il est question de géants « pourvus
(D.S., II, 312, 2' note). d'un oeil ». Ce sont les Cyclopes, fils de Coelus et de Terra. Au nombre
Les animaux contemporains des hommes du début de la Troi- de trois suivant Hésiode, ils représentent les trois dernières sous-
sième Race, étaient, tout comme eux, hermaphrodites et pourvus races des Lémuriens. Les deux yeux de devant « ne furent complè-
d'un seul oeil. Pour ces animaux, cet oeil (le Troisième Œil) fut, tement développés, comme organes physiques, qu'au commencement
comme pour les hommes, le premier organe de la vision. « Les deux de la Quatrième Race » (D.S., II, 813). Les poèmes d'Hésiode et
yeux physiques de devant ne se développèrent que plus tard, dans la d'Homère sont basés « sur de vagues réminiscences des vrais Tains
bête et dans l'homme » (D.S., II, 313). Ces yeux physiques n'étaient (hommes d'un terrible pouvoir physique surhumain qui leur permet-
pas alors inexistants, mais se trouvaient enfoncés dans la tête, se tait de se défendre et de tenir tête aux monstres gigantesques du
trouvant, « au commencement de la Troisième Race, dans la même Mésozoïque et de la première période du Cénozoïque) ainsi que de
position que celui de certains vertébrés aveugles actuels, c'est-à-dire réels Cyclopes, mortels aux trois yeux ». Ces Titans et Cyclopes
sous une peau opaque » (D.S., II, 313). « appartenaient à la Quatrième Race (Atlante) », et, contrairement
Car la formation du corps physique (de l'homme comme de à la légende, leur troisième oeil n'était pas, comme nous l'avons dit,
l'animal) se fait de l'intérieur à l'extérieur. Dans l'animal, « la forme au milieu du front (D.S., II, 307), mais à l'arrière de la tête.
était aussi éthérée (astralement) que celle de l'homme avant que les
Le Troisième Œil, 1' « Œil Déva », est devenu actif dans les
corps des deux ne commencèrent à évoluer leurs « vêtements de
hommes de la Troisième Race quand, en eux, se sont « incarnés »
peau », c'est-à-dire à former de l'intérieur à l'extérieur, leur épais
les « Fils de Dieu » qui « refusèrent de créer » (l'homme matériel
vêtement de substance ou matière physique, avec son mécanisme
de la Première Race). Divers noms sont donnés dans les écritures
physiologique intérieur » (D.S., II, 313).
hindoues à ces Anges (Solaires) « informants » qui ont complété
Mme Blavatsky s'appuie sur les dires d'un savant, le Professeur
l'homme en le dotant du Manas. Les Vairâjas sont les Koumâras ou
Lankester, qui affirme que les yeux se développent, dans l'embryon
Agnishvâttas les plus anciens (D.S., II, 93) qui « ont refusé de créer »
humain, de l'intérieur vers l'extérieur. Elle ajoute : « L'Occultisme,
(D.S., III, 570) et sont, en conséquence, appelés des Rebelles. Chitkala
avec son enseignement concernant le développement graduel des est également un nom donné par les Hindous aux Anges Solaires.
sens « de l'intérieur à l'extérieur » à partir des prototypes astrals,
est beaucoup plus satisfaisant » (D.S., II, 309).
Cependant, l'homme, ayant passé par le « stade animal non « Quant aux Génies, les philosophes hermétistes appe-
rationnel dans la Troisième Ronde » et dépassant donc la « simple laient Theoï (Dieux), Génies et Daimons les Entités que nous
création animale de tout un plan de conscience », le Troisième Œil appelons Dévas (Dieux), Dhyân Chohans, Chitkala (les Kwan-
était, dans le Lémurien, « et il est toujours, dans l'homme, l'organe Yin des Bouddhistes) et par d'autres noms divers. Les Dai-
de la vue spirituelle », alors qu'il était simplement dans l'animal, mons sont (dans le sens Socratique et même dans le sens
l'organe « de la vision objective » (D.S., II, 313). théologique Oriental et Latin) les esprits gardiens de la race
Les Lémuriens et les Atlantes conservèrent « un Troisième Œil humaine, « ceux qui demeurent dans le voisinage des immor-
physique presque jusqu'à la période du milieu de la troisième sous- tels et, de là, veillent sur les affaires humaines », comme
race de la Quatrième Race-Racine ». Bien que le Troisième Œil eût le déclare Hermès. En langage ésotérique, ils sont appelés
disparu de l'anatomie extérieure de l'homme pour s'enfoncer dans Chitkala, dont certains sont ceux qui ont fourni à l'homme
la tête, où il fut « emmagasiné et mis de côté par la Nature pour ses quatrième et cinquième Principes de leur propre Essence,
un emploi futur, dans les âges à venir » (D.S., II, 313), il ne et d'autres sont ceux qu'on appelle les Pitris... La racine de
perdit pas toute activité. « Psychiquement et spirituellement, cepen- ce nom est Chit, « ce par quoi les conséquences des actes et
dant, sa perception mentale et visuelle dura jusqu'à la fin de la les espèces de connaissance sont choisies pour l'usage de
Quatrième Race, époque où ses fonctions, par suite de la matérialité l'âme », ou la conscience, la voix intérieure de l'homme. Pour
298 DOCTRINES INITIATIQUES L'HOMMli 1NTIIR Illt IR 299

les Yoguins, Chit est un synonyme de Mahat, l'Intellect pri- Pourquoi l'Ego Supérieur, innocent des méfaits de l'Ego Infé-
mordial et divin. Mais « dans la Philosophe Esotérique rieur, en supporte-t-il, conjointement avec ce dernier, les consé-
Mahat est la racine de Chit, son germe, et Chit est une quences ? Il semblerait que cela soit contraire à la loi karmique. Il
qualité de Manas en conjonction avec Bouddhi, qualité qui n'en est rien, en fait. Car si les Egos Supérieurs s'incarnent dans les
attire à elle, par affinité spirituelle, un Chitkala, quand elle hommes actuels, c'est parce qu'au début de notre Manvantara, ils
se développe suffisamment dans l'homme. C'est pourquoi n'avaient pas épuisé tout leur Karma. L'Ego est donc en réalité la
on dit que Chit est une voix acquérant la vie mystique et victime de « son propre Karma », généré dans des Manvantaras
devenant Kwan-Yin » (D.S., I, 308). antérieurs et c'est parce qu'il connaît la loi karmique et ne songe
nullement à s'y soustraire qu'il « prend volontairement sur lui le
Dans l'homme, « Bouddhi-Manas est le Kshetrajna » (D.S., III, devoir de sauver ceux qui seraient autrement des hommes ou des
560) ou « l'Esprit incorporé, ce qui connaît ou informe Kshetra », personnalités sans âme » (D.S., III, 524).
ce dernier étant le corps physique (C.W., X, 254). Dans « la philo- Ainsi, ces Egos Réincarnateurs sont devenus des « Anges Déchus »
sophie ésotérique, Kshetrajna est le nom donné à nos EGOS infor- (leur Chute étant simplement leur incarnation dans les êtres humains
mants » (C.W., X, 314). Kshetrajna est donc un synonyme de Chitkala, dont ils constituent les Hommes Intérieurs) pour épuiser leur
car les êtres que désigne ce dernier nom sont « identiques aux propre Karma. Ils sont trop élevés pour être jetés « hors de leur
Koumâras, ceux qui se sont d'abord incarnés dans les hommes de état de Dhyân Chohans dans le tourbillon d'une nouvelle évolution
la Troisième Race-Racine » (T.G., 82). Les « Pitris », créateurs de primordiale à travers les règnes inférieurs ». Ils sont restés d'abord
l'homme matériel (les Anges qui n'ont pas refusé de créer) sont « comme une force spirituelle latente ou inactive dans l'aura d'un
moins anciens que les Vairâjas ou Kshetrajnas. L'Ego Supérieur ou monde naissant d'un nouveau système jusqu'à ce que le stade de
Ego Réincarnateur, c'est-à-dire le « Christos ou Bouddhi-Manas de l'évolution humaine soit atteint. Puis le Karma les atteint et ils
chaque homme » (D.S., III, 524), « sur son propre plan est le devront accepter jusqu'à la dernière goutte de la coupe amère de la
Koumâra » (D.S., III, 590). rétribution » (M.L., 86). Ils deviennent « une force active et se
L'Ego Supérieur est l'Homme Intérieur et constitue « la véritable mêlent aux élémentals », entités avancées du règne animal pour
et immortelle Entité en nous ». Il est, « strictement parlant, l'Ego produire « petit à petit le type complet de l'humanité ». Ils ne
Supérieur, l' « homme astral » étant l'appellation du Double et du passent donc pas, comme les Pitris inférieurs, par les règnes minéral,
Kâma Roûpa ou l'eidolon survivant » (T.G., 156). L'Homme Intérieur végétal et animal (D.S., I, 210).
ou le Christos « prend la responsabilité de chaque corps qu'il
informe ». Il est donc la « victime sacrificielle » qui souffre à la
place de toutes ses personnalités successives, alors que celles-ci
commettent les fautes dont il subit les néfastes conséquences
karmiques (D.S., III, 591). Cependant, l'Ego Supérieur n'est pas
coupable. Car le « Manas Supérieur ou l'EGO est essentiellement
divin et par conséquent pur ; aucune tache ne peut le souiller,
comme aucune punition ne peut l'atteindre, per se, et il en est
d'autant plus ainsi qu'il est innocent des transgressions délibérées de
son Ego Inférieur et n'y prend aucune part ». Malgré cela, du fait
que le Manas Supérieur et le Manas Inférieur sont un et qu'après
la mort, lorsqu'ils se réunissent, l'Ego Inférieur imprime sur l'Ego
Supérieur « toutes ses actions mauvaises, aussi bien que les bonnes...
l'Ego Supérieur quoique innocent et sans tache, doit endurer la
punition des mauvaises actions commises par le Soi inférieur, avec
ce dernier, dans leur future incarnation ». La doctrine chrétienne de
pardon ou de rémission des péchés par l'intervention de Jésus-Christ
est une déformation de cet enseignement ésotérique (C.W., X, 254).
LA PIERRE PHILOSOPHALE

Selon Mme Blavatsky, Atma et Bouddhi sont la Pierre Philoso-


phale. Elle cite à ce propos une affirmation d'Eliphas Lévi selon qui
le sage préfère garder cette pierre « dans ses enveloppes naturelles,
étant assuré qu'il peut l'extraire par un simple effort de sa volonté
et une simple application de l'agent universel aux enveloppes que les
Cabalistes appellent ses coques ». Et elle ajoute : « Le septième
principe, ou plutôt les septième et sixième principes, ou la Monade
Spirituelle en un, sont trop sacrés pour être projetés ou employés
par l'Adepte pour la satisfaction et la curiosité du vulgaire. Le sage
(l'adepte) les garde dans leurs coques (les cinq autres principes). Et,
sachant qu'il peut toujours « l'extraire par un simple effort de sa vo-
lonté », par le pouvoir de sa connaissance, il n'exposera jamais cette
« pierre » aux mauvaises influences magnétiques de la foule » (C.W.,
IV, 291). C'est cette même « Pierre » que Mme Blavatsky déclarait,
dans une lettre datée du 1" mars 1882, avoir obtenue (H.P.B. Speaks,
II, 67), ainsi que la « Vierge », celle-ci désignant Alaya, l'Ame du
Monde, symbolisée dans « L'Idylle du Lotus Blanc » par la resplen-
dissante Dame au Lotus dont le siège est le Sahasrâra (Chakra du
sommet de la tête) et qui s'unit à « l'homme fort en Yoga » capable,
selon les termes d'Aryâsanga, « de fondre son âme en elle » (D.S.,
I, 79).
Ajoutons qu'un homme qui a atteint l'Adeptat, n'agit comme
Adepte que lorsque l'exercice de ses pouvoirs occultes devient néces-
saire. Alors, « la volonté souveraine ouvrira la porte à l'homme inté-
rieur (l'adepte) qui peut émerger et agir librement, mais à condition
que son geôlier (l'homme extérieur) soit complètement ou partielle-
ment paralysé selon ce qu'exige la circonstance » (M.L., 177).
Ainsi, l'Instructeur ou Gourou Divin dans (et de) l'homme est
sa Monade, Atmâ-Bouddhi (D.S., II, 120). Le « Travail Secret de
Hiram » consiste dans la transformation en « Homme Spirituel
Parfait », qui s'opère lorsque « l'homme rudimentaire » « par le
développement dans son soi du Feu Spirituel, le Noumène des Trois
en Un, obtient de son Soi ou Instructeur Intérieur la Sagesse de la
Soi-Conscience qu'il ne possédait pas au début » (D.S., II, 119).
Quand il y parvient, alors, suivant les termes de la Table d'Emeraude,
302 DOCTRINES INITIATIQUES LA PIERRE PHILOSOPHALE 303

« le Supérieur s'accorde avec l'Inférieur et l'Inférieur avec le Supé- « l'Idéation Cosmique est la vraie source des états de
rieur, pour accomplir ce travail unique, vraiment merveilleux », conscience dans tout individu. L'idéation cosmique existe
c'est-à-dire, comme le déclare Mme Blavatsky, pour donner naissance partout, mais quand elle est restreinte par un Oupâdhi ma-
à l'Homme Parfait ou l'Adepte (D.S., II, 119). tériel, elle devient la conscience de l'individu inhérent à cet
Oupâdhi » (E.W., 469).
Voici comment Subba Row décrit l'entraînement spirituel. Le
Yoguin doit, tout d'abord, s'efforcer de faire jouer au Logos le rôle
tenu jusqu'alors par sa Monade qui, strictement parlant, n'est pas Pour mieux faire comprendre sa pensée, Subba Row a recours
Atmâ-Bouddhi, mais seulement Bouddhi (C.W., V, 172), laquelle est à une illustration. Imaginons, dit-il, une brillante lumière « placée
identique au Kârana Sharîra (C.W., VII, 289). S'il y parvient, l'homme au centre avec un rideau autour d'elle ». L'intensité de la luminosité
devient, intérieurement, la trinité, ayant désormais en lui le Père qui filtrera à l'extérieur dépendra du degré d'opacité du rideau et
(Premier Logos, identique à Parabrahman), le Fils (le Logos ou sera diminuée si nous entourons par d'autres voiles la lumière cen-
septième principe) et le Saint-Esprit (l'aura du Logos). trale. De sorte qu'on ne pourra percevoir à l'extérieur que la lumière
qui n'aura pas été interceptée par ces voiles : mais si ceux-ci sont
l'un après l'autre, enlevés, « la lumière devient de plus en plus
« Dès que vous avez atteint cela, l'aura du Logos qui est
brillante, jusqu'à atteindre son éclat naturel ».
son oupâdhi, commence à pénétrer dans votre corps astral,
et celui-ci commence à s'améliorer jusqu'à atteindre le ni- « Similairement, le Mental Universel ou Idéation Cos-
veau du sixième Principe. Et quand la transformation est mique devient de plus en plus limitée et modifiée par les
complète, vous avez le Logos et le sixième principe, et Para- divers Oupâdhis dont un être humain est composé. Et quand
brahman étant partout, la trinité est complète. Au lieu du l'action ou influence de ces divers Oupâdhis est graduellement
Kârana Sharîra, essayez d'avoir le Logos comme Kârana contrôlée, le mental de l'être humain individuel est mis en
Sharîra et alors, comme votre corps astral est guidé par rapport avec le Mental Universel et son idéation est perdue
votre monade, le Logos lui-même ayant pris la place de cette dans l'Idéation Cosmique » (E.W., 469, 470).
dernière, commencera à faire circuler pour ainsi dire son
aura, qui est le sixième principe, dans votre corps astral.
Selon le Bouddhisme, « chaque Dhyâni-Bouddha a la faculté de
Dès qu'il est là, sa lumière va vers lui. Avec le temps, le
créer hors de lui-même un fils également céleste, un Dhyâni-Bodhi-
corps astral devient de plus en plus spiritualisé et toutes ses
caractéristiques sont transférées au sixième principe. La sattva ». Cette affirmation exotérique est basée sur le fait que, selon
l'enseignement ésotérique, tout être humain qui obtient la plus haute
façon la plus simple de l'envisager est de considérer un
Initiation « devient virtuellement un Bodhisattva, étant créé tel par
centre rayonnant de l'énergie, le centre étant votre corps.
Tant que fonctionne le centre d'énergie, aussi longtemps le le Haut Initiateur » (D.S., I, 134).
corps reste éternel. Le septième principe est le centre à Les Dhyâni-Bouddhas sont, pour ainsi dire, « les prototypes
travers lequel Parabrahman agit comme énergie extérieure. éternels des Bouddhas qui apparaissent sur terre ». Chacun de ces
Etant éternel et omniprésent, ses ressources sont infinies et Bouddhas a son propre prototype divin. « Ainsi, par exemple,
la vie qui émane de lui constitue son corps. De sorte que Amitâbba est le Dhyâni-Bouddha de Gautama Shâkyamouni » (D.S.,
dès que vous avez en vous ce corps et ce centre et que vous I, 133, 134).
y avez transféré toute votre expérience, la transformation La formule mystique sanscrite « Om Mani Padme Hum » ( « Om !
est complète et vous n'êtes pas un homme mais un Dieu » le Joyau dans le Lotus, Hum ! ») signifie, ésotériquement : « Oh, le
(E.W., 551). Dieu qui est en moi ! ». Il y a, en effet, « un Dieu en chaque être
humain ». Cette invocation exprime « l'union indissociable de
l'Homme et de l'Univers. Car le Lotus est le symbole universel du
C'est par suite de cette réalisation spirituelle qu'Alaya, l'Ame Cosmos comme totalité absolue, et le Joyau est l'Homme Spirituel
Universelle ou Anima Mundi, devient « le soi d'un Adepte avancé » ou Dieu » (D.S., III, 475). Selon une autre interprétation, le Lotus
(D.S., I, 80). Cela est possible parce que est le symbole du Soi Supérieur (Atmâ, Avalokiteshvara) et le joyau
304 DOCTRINES INITIATIQUES LA PIERRE PHILOSOPHALE 305

celui de l'Ego Supérieur (Manas) représenté au Tibet, par Padmapâni. Selon un Maître de Sagesse, des « Esprits Planétaires les plus
Les Tibétains considèrent ce dernier comme leur premier ancêtre et élevés et qui ne peuvent plus se tromper... apparaissent sur Terre,
l'avatar d'Avalokiteshavara. au début seulement de chaque nouvelle espèce humaine ». Ils ne
demeurent parmi les hommes pas plus qu'il faut pour que « les
« Mais dans la philosophie ésotérique, Avaloki, le « spec- vérités éternelles qu'ils enseignent s'impriment dans les esprits plas-
tateur », est le Soi Supérieur, tandis que Padmapâni est tiques des nouvelles races avec une telle force qu'il soit certain
l'Ego Supérieur ou Manas. La formule mystique « Om Mani qu'elles ne seront pas perdues ou entièrement oubliées dans les âges
Padme Hum » est spécialement employée pour invoquer leur suivants par les nouvelles générations ». Car leur mission consiste
aide conjointe » (T.G., 44).
uniquement à « faire retentir la NOTE DE LA VERITE ». Dès qu'il
a accompli cette tâche, « l'habitant de la plus haute sphère habitée
La formule (mantra) « Om Mani Padme Hum » exprime donc
disparaît de la surface de notre planète » (M.L., 40, 41).
que « l'Ego conscient, ou Manas, le Cinquième Principe » est « le
véhicule de la Monade divine ou Dieu » (D.S., III, 66, 2e note), la Selon le même Maître de Sagesse, les « idées innées » dont
Monade étant Atmâ-Bouddhi. Suivant la « Doctrine Secrète », Avalo- parlent certains philosophes occidentaux ne sont que les « vibrations
kiteshavara est « le Logos céleste et humain à la fois ». Le fondement de la Vérité Primitive » (M.L., 41) énoncée par le dernier Esprit
ésotérique de l'affirmation que Padmapâni est le Dhyâni Bodhisattva Planétaire venu dans notre monde terrestre.
d'Amitâbha Bouddha est que « le premier est la réflexion spirituelle
dans le monde des formes du second, tous deux étant un (l'un dans « Les notions d'enfer et de purgatoire, de paradis et de
le ciel, l'autre sur terre) » (T.G., 44). résurrection, sont toutes des échos, des caricatures et des
Les Dhyâni-Bouddhas, prototypes célestes des Bouddhas ter- déformations de l'unique Vérité primordiale, enseignée à
restres, sont issus directement du Père-Mère (D.S., I, 116) et consti- l'humanité, dans l'enfance de ses races, par tout Premier
tuent collectivement Avalokiteshvara (M.L., 89), le Logos. Ils sont les Messager (l'Esprit Planétaire mentionné au verso de la
Dhyân Chohans les plus exaltés de notre système solaire. Que faut-il troisième page), Messager dont le souvenir est demeuré dans
entendre par Dhyân Chohan ? C'est un terme générique désignant la mémoire des hommes et qui a été appelé Elou par les
tous les Dévas ou Etres Célestes (C.W., X, 340, 341) qui, ayant atteint Chaldéens, Osiris par les Egyptiens, ses autres noms étant
le Nirvâna, sont libérés des renaissances sur le plan physique. Chacun Vichnou, les premiers Bouddhas, etc. » (M.L., 48, 49).
d'eux s'attache, dans le Manvantara Solaire qui suit celui où il a
obtenu cette libération, à un être humain dont il devient le « Dieu
dans le ciel ».
Ce Premier Messager est « le Veilleur Solitaire » que nous avons
« On dit, ordinairement, qu'un homme atteint le Nirvâna déjà mentionné. Comme nous l'avons dit, cet Etre mystérieux, le plus
lorsqu'il se transforme en Dhyân Chohan. La condition de élevé « sur Terre et dans notre Chaîne Terrestre », descendit sur
Dhyân Chohan est atteinte, dans le cours ordinaire de la notre planète avant la séparation des sexes dans la Troisième Race,
Nature, à la fin de la septième Ronde, dans la présente en utilisant un corps physique produit par Kriyâshakti. Avec ce
chaîne planétaire. Après être devenu un Dhyân Chohan, un « Mahâ-Gourou » s'incarnèrent, par le même procédé immaculé,
homme ne s'incarne pas, selon la Loi de la Nature, dans l'une d'autres Grands Etres, les « Fils de la Volonté et du Yoga » qui,
quelconque des autres chaînes planétaires de notre Système sous sa direction, constituèrent la « pépinière des futurs Adeptes
Solaire. Tout le Système Solaire est sa demeure. Il continue humains » (D.S., I, 228). Les Initiés actuels, issus de cette « pépi-
à accomplir ses devoirs dans le Gouvernement de ce Système nière », sont bien moins élevés que ces Etres divins qui se sont
Solaire jusqu'à l'époque du Pralaya Solaire. Ensuite, après élevés au-dessus de la condition humaine dans des Manvantaras
une période de repos, sa monade devra adombrer, dans un depuis longtemps écoulés. Les Adeptes proviennent de notre Huma-
autre système solaire, un être humain particulier, pendant nité. Aaron, le frère de Moïse, était un Adepte. Mme Blavatsky le
les incarnations successives de celui-ci et s'attacher aux prin- place à la tête de « la lignée ou Hiérarchie des Nabim ou Voyants
cipes supérieurs de cet être humain jusqu'à ce qu'il devienne, initiés » (T.G., 1, 2). Gautama, Bouddha, le « Tathâgata », a tellement
à son tour, un Dhyân Chohan » (C.W., VI, 248, 249). progressé qu'il est devenu capable de vivre simultanément deux
306 DOCTRINES INITIATIQUES I.A PIERRE PHILOSOPIIALE 307

existences, l'une dans les cieux, l'autre sur terre, jusqu'à la mort de suivante, plus élevée) sera encore un Dhyân-Chohan. A sa
son corps physique. première apparition, la semence de la « sagesse spirituelle »
doit être implantée, et elle doit ensuite être transportée
« Quand notre grand Bouddha (le patron de tous les
sur la planète suivante, quand approche la période d'obscu-
adeptes, le réformateur et le codificateur du système occulte)
ration de la planète habitée » (C.W., VI, 267-268).
atteignit pour la première fois le Nirvâna sur terre, il devint
un Esprit Planétaire ; c'est-à-dire que son esprit put, en
Mme Blavatsky donne les précisions suivantes à propos de la
même temps, se déplacer en pleine conscience, dans les
descente sur terre de ce Dhyân Chohan, à la fin de la septième Race :
espaces interstellaires, et continuer à vivre, à volonté, sur
Terre, dans son corps originel et individuel. Car le Soi divin « Le Dhyân Chohan apparaîtra des milliers d'années
s'était tellement affranchi de la matière qu'il pouvait créer, avant la fin du Manvantara. S'agissant d'une période impor-
à volonté, un substitut intérieur de lui-même et le laisser tante et critique, sa présence sera nécessaire. Il ne naîtra pas
dans la forme humaine pendant des jours, des semaines et dans le sens ordinaire du mot, et n'enseignera pas les
parfois des années, sans affecter par ce changement, en quoi hommes comme le Christ et le Bouddha » (The Theosophist,
que ce soit, le principe vital ou la conscience physique de octobre 1884, p. 19).
son corps. Soit dit en passant, c'est la plus haute forme
d'adeptat que l'homme puisse espérer atteindre sur notre On retrouve des enseignements semblables dans toutes les reli-
planète » (M.L., 43). gions et philosophies, présentes ou passées, parce que celles-ci ne
sont que des « variantes des premiers enseignements de la Sagesse
En atteignant le Nirvâna, Gautama Bouddha avait accédé à l'état Unique » qui ont été communiqués à notre humanité dans son
de Dhyân Chohan ou d'Esprit Planétaire, état supéreur à celui enfance, par le plus élevé de nos Esprits Planétaires (C.W., VI, 331).
d'Adepte. Aussi le Maître de Sagesse Kout Houmi déclare-t-il erroné AUM, le mot sacré des Hindous, représente non seulement la
de considérer supérieurs aux Esprits Planétaires les Adeptes, ceux-ci Trinité cosmique Parabrahinan-Moûlaprakriti-Premier Logos, mais
s'efforçant tous de « devenir, à la fin, des Dhyân-Chohans » (M.L., aussi la Triade supérieure humaine Atmâ-Bouddhi-Manas. La pre-
326). mière lettre de ce mot symbolise Atmâ et la seconde Bouddhi. Sui-
Rappelons que « Gautama Bouddha n'a atteint que le Nirvâna vant le sandhi, ou règles de la combinaison euphonique des lettres
et non le Para-Nirvâna », car après « l'accès au Para-Nirvâna, il n'y en sanscrit, A et U s'unissent pour former la diphtongue O. On peut
a pas de réincarnation possible » (The Theosophist, décembre 1884, y voir le symbole de la liaison étroite et de l'inséparabilité des
page 72). septième et sixième principes (cosmiques et humains). Le mot sacré
devient ainsi OM. Quant à la troisième lettre, M, elle représente le
Chaque Race humaine est aidée, dans son évolution spirituelle,
Manas.
par les enseignements d'un Bouddha qui lui est particulier et s'in-
carne en elle. Cependant, Gautama Bouddha, s'il est le cinquième Ce mot ne peut produire de bons effets que s'il est prononcé par
Instructeur Spirituel de notre période mondiale, n'est que le qua- quelqu'un dont la conscience (cérébrale) est en parfait accord avec
trième Bouddha. En effet, dans cette série d'Instructeurs où il a sa Triade Supérieure. Autrement, il « peut produire tout le contraire
occupé la cinquième place, le premier fut un Esprit Planétaire supé- d'un effet bénéfique ». Les Frères de l'Ombre (Magiciens Noirs) l'em-
rieur aux Bouddhas qui lui succédèrent. ploient à des fins malfaisantes. Il n'éveille alors que des « éléments
matériels et mauvais de la Nature » (D.S., III, 527).
« Comme Dhyân-Chohan, il appartenait à un autre Sys- Prononcer le Mot Sacré, c'est invoquer son Soi Supérieur. Celui-
tème, et il était ainsi bien plus élevé qu'un Bouddha... ci est l'adversaire d'Apophis ou Apap, le « Dragon tué par Horus ».
Gautama fut le cinquième instructeur spirituel dans cette Ce Dragon, identique à Typhon (D.S., II, 398), est, comme Apophis,
« Ronde », sur cette planète, tandis qu'il fut le quatrième « le Serpent du Mal, symbole des passions humaines » (D.S., II,
à devenir Bouddha. Celui qui apparaîtra à la fin de la sep- 621, 2' note).
tième race (lors de l'occupation par l'humanité de la planète
LA PIERRI3 PHILOSOPHALE 309
308 DOCTRINES INITIATIQUES

comme sept rayons distincts irradient du « Soleil Central


« Le mot AUM ou OM..., s'il est prononcé par un homme
Spirituel », tous les adeptes et Dhyân Chohans sont répartis
très saint et très pur, attirera ou éveillera non seulement des
en sept classes, chacune d'elles étant guidée, contrôlée et
Pouvoirs moins exaltés résidant dans les espaces et éléments
adombrée par l'une des sept formes ou manifestations de la
planétaires, mais même son Soi Supérieur ou le « Père » en
sagesse divine » (E.W., 268, 270, 271).
lui. Prononcé par un homme moyennement bon, de la façon
correcte, il aidera à le renforcer moralement, spécialement
si, entre deux « AUMS », il médite intensément sur l'AUM Mme Blavatsky appele Dix le « Nombre Parfait » car il repré-
en lui, concentrant toute son attention sur la gloire ineffable. sente les dix Sephiroth de la Cabale, c'est-à-dire les dix « forces
Mais malheur à l'homme qui le prononce après avoir commis répandues dans l'Espace, dont trois sont contenues dans l'Atman du
un péché dont les effets s'étendent au loin. Il ne fera qu'atti- Soleil ou son septième principe, et sept sont les rayons émis par
rer ainsi, dans sa propre photosphère impure, des Présences le Soleil » (D.S., III, 441, 442). Ces sept rayons ou forces, ou, selon
et des Forces invisibles qui n'auraient pu autrement briser l'expression de Subba Row, ces « sept formes ou manifestations de
et traverser son Enveloppe Divine » (D.S., III, 450). la sagesse divine », sont « les Sept Rayons (Dieux) Solaires » qui
« président » sur Bouddhi (D.S., III, 441).
Le Saint-Esprit ou sixième principe cosmique étant, en quelque
Un Adepte peut transmettre à son disciple non seulement sa
sorte, le corps du Logos (septième principe cosmique) (E.W., 551),
propre énergie spirituelle mais aussi celle d'un être qui lui est bien
est l'énergie spirituelle qui donne leur force aux Adeptes. Cet ensei-
supérieur. C'est ce que répondit Subba Row à un membre de la
gnement initiatique est, selon Subba Row, l'origine de la doctrine
Société Théosophique (William Yeates) qui lui objectait que le célibat
chrétienne de la Transubstantiation et de l'Eucharistie. C'est, déclare-
des Adeptes empêche qu'ils puissent « engendrer un ordre de vie
t-il, la transmission de cette énergie d'Initiateur à Initié, de Maître
supérieur ou plus pur que le leur propre ». Voici la réplique de
à Elève, qui assure la succession « apostolique ». Il y a d'ailleurs
Subba Row : « Pas nécessairement. Notre critique semble oublier
sept classes d'Adeptes, en raison de la division de l'Humanité en
(ou peut-être ne l'a-t-il jamais su) qu'un adepte a la possibilité
sept Groupes, chacun de ces Groupes étant dérivé de l'un des sept
d'inhaler dans son « chela » choisi, outre son propre « ordre élevé de
Logoï ou Rayons Primordiaux.
vie », pour employer sa propre expression, celui de quelqu'un encore
« C'est le Saint-Esprit qui maintient la succession apos- plus haut que lui-même, c'est-à-dire du plus haut Bodhisatva vivant
tolique, ou Gourouparamparâ comme l'appellent les Hindous. ou mort, pourvu que la pureté de sa propre vie lui permette de
C'est la lumière spirituelle qui est transmise de Gourou à réaliser la mystérieuse association » (E.W., 212, note).
disciple quand vient le temps de la réelle initiation. Ce que Mme Blavatsky, après avoir déclaré que, « dans le présent cycle
l'on appelle le « transfert de la vie » n'est rien d'autre que d'incarnations », son but est d'atteindre l'union avec le Macropro-
la transmission de cette lumière. En outre, le Saint-Esprit, sope, c'est-à-dire le Logos (Séphira-Adam Kadmon), ajoute qu'elle
qui est, pour ainsi dire, le voile ou le corps du Logos et, par espère progresser encore davantage, avec l'aide du « Nombre Par-
conséquent, sa chair et son sang, est la base de la sainte fait ». Celui-ci pourra, dit-elle, lui faire atteindre un niveau plus
communion. Toute fraternité d'adeptes a ce lien d'union et élevé lorsque sa lumière divine aura « réduit en cendres » ses
le temps et l'espace ne peuvent le briser... toute classe principes inférieurs (C.W., VIII, 149).
d'adeptes a son propre lien de communion spirituelle qui les
relie ensemble en une fraternité convenablement organisée. Selon Subba Row, c'est aussi grâce à ce « Nombre Parfait »,
La seule façon possible et efficace d'entrer dans une telle qu'il nomme l'étoile flamboyante, que l'homme peut atteindre le
fraternité ou de partager la sainte communion est de se Nirvâna et devenir un collaborateur de la Nature. Bouddhi, le
mettre sous l'influence de la lumière spirituelle qui rayonne sixième principe humain, est constituée, affirme-t-il, d' « impressions
de son propre Logos. Je puis, de plus, indiquer ici, sans me spirituelles » qui « ont leur existence dans un pouvoir occulte »
hasarder à entrer dans des détails, qu'une telle communion associé à cette étoile flamboyante.
n'est possible qu'entre personnes dont les âmes obtiennent
leur vie et leur nourriture du même rayon divin et que,
310 DOCTRINES INITIATIQUES

« Les initiés Bouddhistes et Brahmanis tes connaissent


fort bien le mystérieux miroir circulaire composé de deux
hémisphères et qui reflète, pour ainsi dire, les rayons éma-
nant du « buisson ardent » et de l'étoile flamboyante (le
Soleil Spirituel brillant dans CHIDAKASHAM). Les impres-
sions spirituelles constituant le principe Bouddhi ont leur
LA DAME A LA LICORNE
existence dans un pouvoir occulte associé à l'entité en ques-
tion. Les incarnations successives de Bouddha signifient, en
fait, les transferts successifs de ce mystérieux pouvoir, ou
des impressions qui s'y trouvent. Le transfert n'est possible On sait que, selon la Bible, la construction de son Temple ache-
que lorsque le Mahâtmâ qui l'opère s'est complètement iden- vée, Salomon fit venir de Tyr le fils d'une veuve de la tribu de
tifié à son septième principe, a annihilé son Ahankâram, l'a Naphtali, nommé Hiram (1), qui « était rempli de sagesse, d'intelli-
réduit en cendres dans CHIDAGNIKUNDAM, et a réussi à gence, et de savoir pour faire toutes sortes d'ouvrages d'airain ». A sa
faire correspondre ses pensées avec les lois éternelles de la demande, Hiram dressa deux piliers d'airain, qu'il nomma Yakin (ou
nature et à devenir un collaborateur de la nature. Ou, pour Jakin) et Boaz, le premier à droite, le second à gauche, dans le
exprimer la même chose avec d'autres mots, quand il a portique du Temple du Fils de David (I Rois, VII, 13 à 21). Selon
atteint l'état de Nirvâna, la condition de négation finale, Mme Blavatsky, ce Temple représente Sephira ou Kether (mot hé-
négation de l'existence individuelle ou séparée » (E.W., 299). braïque signifiant « Couronne »), la « Couronne » de la Lumière
Astrale. Quant à Yakin et Boaz, ils symbolisent respectivement
Chidâkâsham, le « champ de la conscience », est « l'état de parfaite Chokmah et Binah.
inconscience » (D.S., III, 380) correspondant au Premier Logos mani-
festé (Shiva). Rappelons que le Nirvâna dont il s'agit, qui transforme, « Yakin et Boaz (Héb.). Symbole cabalistique et maçon-
nique. Les deux piliers de bronze (Yakin, mâle et blanc ;
comme nous l'avons indiqué, l'Adepte en Dhyân Chohan ou Esprit
Boaz, femelle et rouge) fondus par Hiram Abif de Tyr,
Planétaire, est inférieur au Paranirvâna ou Nirvâna « sans restes ».
appelé « le Fils de la Veuve », pour le Temple imaginaire
L'homme qui atteint ce dernier état, ne peut plus se réincarner, être la
utile à l'humanité et devenir un collaborateur de la nature. Il demeure (maçonnique) de Salomon. Yakin était le symbole de
Sagesse (Chokmah), la seconde Sephira ; et Boaz celui de
dans l'état de Paranirvâna jusqu'au Mahâmanvantara suivant. Par
contre, celui qui atteint le Nirvâna peut soit se réincarner sur terre, l'Intelligence (Binah) ; le temple entre les deux étant consi-
soit demeurer, dans son corps subtil dans l'ambiance de la Terre déré comme Kether, la couronne, le Père-Mère » (T.G., 375).
(comme Nirmânakâya). Dans le premier cas il accomplit « Tulpa »,
Cependant, Yakin et Boaz, qui « correspondent à plusieurs idées
c'est-à-dire « la réincarnation volontaire d'un Adepte dans un corps
vivant, que ce soit celui d'un adulte, celui d'un enfant ou celui d'un mystiques », représentent, dans un autre sens, « le Manas double ou
bébé nouveau-né » (D.S., III, 387, 2e note). l'Ego Supérieur et l'Ego Inférieur » (T.G., 161), appelés également
Mental Supérieur et Mental Inférieur.
« Un Bodhisattva peut atteindre Nirvâna et vivre, comme On retrouve le même symbolisme dans les tapisseries conservées
le fit Bouddha, et après sa mort il peut soit refuser une au musée de Cluny et dites de « la Dame à la Licorne ». On sait que
réincarnation objective, ou l'accepter et l'utiliser à sa conve- ces célèbres tapisseries, au nombre de six, ont été découvertes, en
nance pour le bénéfice de l'humanité qu'il peut instruire, de 1882, par Georges Sand, dans un grenier du Château de Boussac
diverses façons, pendant qu'il reste dans les régions Dévacha- (dans le département de la Creuse). Bien des significations leur ont
niques, dans l'attraction de notre terre. Mais, dès qu'il a
atteint Paranirvâna ou « Nirvâna sans restes » (le plus haut
Fils de la Veuve " au Logos. Elle
état Dharmakâya, état dans lequel il demeure entièrement en (1) Mme Blavatsky identifie Hiram, le "
déclare, en effet, qu'en Egypte il était nommé Osiris, et dans l'Inde
dehors de toute condition terrestre), il ne retourne plus jus-
Loka-Chakshou (Œil du Monde) ainsi que Dinakara (Faiseur du Jour)
qu'au commencement d'un nouveau Manvantara, car il est ou Soleil (D.S., III, 285).
allé au-delà du cycle des naissances » (D.S., III, 387, r note).
312 DOCTRINES INITIATIQUES LA DAME A LA LICORNE 313

été attribuées. L'étudiant de la « Doctrine Secrète » pourra sans Matière (et par conséquent des Anges plus matériels) qui est consi-
doute y déceler, sans grande difficulté, des représentations allégo- dérée comme le vainqueur de l'Esprit, ou des Archanges qui sont
riques de certains arcanes de la Science Sacrée. tombés sur notre plan » (D.S., II, 66). Michel est donc, dans ce cas,
Dans l'une de ces tapisseries on voit une jeune femme ravissante, les légions des « Constructeurs » subordonnés aux Esprits Plané-
debout sous un dais où sont écrits les mots « A mon seul désir » taires.
(par lesquels cette tapisserie est habituellement désignée). A ses Selon cette interprétation, la licorne n'est autre que Makara, le
côtés, dressés sur leurs pattes postérieures et tournés vers elle, une mystérieux animal qui, dans le Zodiaque hindou, désigne le signe du
licorne, à droite, et un lion, à gauche, tiennent, chacun, la hampe Capricorne. Cet animal n'est pas un crocodile, comme le prétendent
d'un étendard barré de bleu, avec trois croissants d'argent, sur fond certains orientalistes, car il ressemble plutôt à un poisson ayant la
rouge. La licorne et son étendard peuvent représenter soit Chokmah, tête et les pattes antérieures d'une antilope (D.S., II, 609).
soit le Mental Supérieur, et le lion peut, de son côté, avec son Mme Blavatsky signale la ressemblance entre les mots Koumâra
étendard, être considéré comme le symbole de Binah ou du Mental et Makara. Selon elle, ce dernier est un dauphin, animal qui « était
inférieur. La jeune femme peut, d'autre part, être conçue comme le véhicule de Poséidon-Neptune pour les Grecs et, ésotériquement,
personnifiant l'Anima Mundi Divine (Alaya, le sixième principe cos- un avec lui ». Elle déclare que le dauphin a la même signification
mique). Enfin, on pourrait envisager le dais sous lequel elle se trouve symbolique que celle attachée par les anciens Egyptiens au crocodile
comme le symbole de la Couronne (Kether ou Sephira). du Nil Sacré, animal représentant « aussi bien le véhicule d'Horus,
Dans trois autres de ces tapisseries, la licorne et le lion tiennent qu'Horus lui-même » (D.S., II, 609, 610).
également, chacun, un étendard. Dans une cinquième, dite du « Tou- Makara est aussi, dit-elle, identique au Léviathan de la Bible
cher », c'est la Dame qui, seule, tient un étendard. Enfin, dans la (D.S., II, 218, 1 note). Il est non seulement le « dragon de mer »,
-

sixième tapisserie, dite de la « Vue », seul le lion tient, entre ses mais également le Chozzar (Neptune) des Gnostiques Pérates dont
pattes antérieures, la hampe d'un étendard de même aspect que les les cinq ministres androgynes sont identiques aux Prachetasas du
autres. Brahmanisme. Ceux-ci sont, exotériquement, les dix adorateurs de
Cette dernière tapisserie nous semble particulièrement sugges- Nârâyana. Mais ésotériquement ils ne sont que cinq (le nombre
tive. Elle illustre parfaitement, en tout cas, l'un des enseignements distinctif de ces Grands Etres) (D.S., II, 610,611).
fondamentaux de la « Doctrine Secrète », celui que les Grecs ont Mme Blavatsky fait encore remarquer que le dauphin, symbole
allégorisé par le mythe de Prométhée. On y voit la licorne, sagement des cinq « ministres » de Chozzar, fut placé, « comme le sait tout
installée sur ses pattes postérieures, ses pattes de devant posées sur Mythologue, par Poséidon, pour son service, parmi les constella-
les genoux de la jeune femme et regardant dans un miroir circulaire tions ». Il devint, ainsi, selon ce mythe, le Capricorne, animal hybride
que tient, assise, la jeune femme. On distingue dans ce miroir, tenant du Bouc et, par sa partie postérieure, du Dauphin. Selon
l'image (de dimensions réduites) de la tête et du cou de la licorne. Mme Blavatsky, cette apparence permet de l'identifier à Makara
Cette dernière peut être considérée comme le symbole de la « dont la tête est aussi celle d'une antilope et dont le corps et la
cinquième Hiérarchie créatrice, celle des Koumâras qui dotent les queue sont ceux d'un poisson ». Elle signale, d'autre part, que « des
hommes de la Troisième Race du Mental en « s'incarnant » en eux boucs étaient sacrifiés à Amphitrite et aux Néréides, sur le rivage de
On peut voir le symbole du Mental de ces hommes dans le reflet à la mer ». Et elle attire l'attention sur la forme d'un bouc que
une échelle réduite de la tête de la licorne apparaissant dans le dessinent vingt-huit étoiles dans la constellation du Capricorne. Ce
miroir. Quant au lion il représenterait la sixième Hiérarchie créa- bouc mythique fut, ajoute-t-elle, « transformé par les Grecs en Amal-
trice, celle des Dhyân Chohans Lunaires qui ne créent que l'homme thée, la nourrice de Jupiter » (D.S., II, 609 à 612). Dans ce cas,
matériel. Car, comme nous l'avons vu, dans le symbolisme antique Jupiter « est Prométhée en un sens », le « fils irrespectueux »
des Chaldéens et des Egyptiens adopté par les Juifs et, à leur suite, d'Hésiode et 1' « Homme Céleste » du traité hermétique Poimandres,
par les premiers Chrétiens, le Lion symbolisait « mystiquement et tous trois étant des personnifications des « Fils de la Sagesse »
alchimiquement » Michel (D.S., II, 121, 2' note). Et ce dernier, quoi- (D.S., II, 282). Il est aussi Cain, le fils du « Seigneur » (Genèse, IV, 1),
qu'il soit actuellement considéré par les théologiens chrétiens comme c'est-à-dire d'Adam Kadmon (I.D., II, 464) (l'homme mâle et femelle
le Chef des Légions Célestes qui triomphent de Lucifer ou Satan et du premier chapitre de la Genèse), ainsi que le « serpent tentateur »
de ses Légions Infernales, est, en l'occurrence, le symbole de « la et « la partie mâle de l'androgyne Eve (la partie femelle, avant sa
315
314 DOCTRINES INITIATIQUES I.A DANII? A LA LICORNE

chute, d'Adam Kadmon), le côté gauche ou Binah du côté droit sentant l'Adepte) et de la reine de Saba. Sâtân est un mot hébraïque
Chokmah, dans la première Triade Sephirotique » (D.S., II, 282, signifiant Adversaire (D.S., II, 404). Il désigne la Hiérarchie des
3e note). Autrement dit, Adam Kadmon, le Troisième Logos ou Koumâras, car ceux-ci sont les adversaires de « l'obscurité, la
Mahat, étant composé de Chokmah, et Binah (Ophis et Sophia méchanceté et la laideur » (D.S., II, 407).
dans la Gnose), Caïn, son fils, est la manifestation de Chokmah (la La Licorne étant le symbole des chastes Koumâras, les « éternels
Sagesse) dans le monde matériel. Ce monde est la Lumière Astrale, célibataires » (Lucifer, mars 1890, 109, 8° note), on comprend, dès
le Ciel Intermédiaire ou Moyen des Gnostiques « dans lequel est lors, pourquoi au Moyen Age, tant dans le monde chrétien que dans
Sophia Achamoth, la mère des sept constructeurs ou Esprits de la l'Islam, la virginité était attribuée, ainsi qu'une force invincible, à
Terre » (C.W., X, 361), c'est-à-dire les trois premiers plans roûpa. cet animal mythique. Sa corne, en particulier, était considérée comme
pourvue de propriétés magiques et, notamment, du pouvoir d'immu-
« Les Elohim créent l'Adam de poussière, et, en lui, niser contre l'action de tous les poisons.
Jéhovah-Binah se sépare en Eve, après quoi la partie mâle Cette corne est implantée au sommet de la tête de la Licorne et,
de Dieu devient le Serpent, se tente en Eve, puis se crée en dans la tapisserie dite du « Toucher » (parce que la Dame y touche
elle comme Caïn » (D.S., III, 181, 3' note). la corne avec la main gauche) le contact entre la Dame et la Licorne
s'établit par la corne. Ce qui semble une allusion au fait que l'énergie
Dans la Cabale, la légion des « Fils de la Sagesse » personnifiée spirituelle provenant de la Dame (la Vierge Cosmique ou Lumière
par Prométhée est symbolisée par Netzah ou Victoire, la septième du Logos) pénètre dans le Yoguin qui a éveillé son troisième oeil
Sephira, dont le nom divin est Jéhovah-Tzabaoth et qui correspond (glande pinéale) par son chakra coronal (le chakra sahasrâra).
à Vénus-Lucifer (C.W., VIII, 148). Cette légion est formée par Jupiter
ou Michel (considéré comme le chef des Légions Célestes) et ses
anges, les adversaires du Dragon du douzième chapitre de l'Apoca-
lypse (D.S., I, 223). « Michel et ses anges, ou Jéhovah-Tzabaoth (la
légion) qui ont refusé de créer comme l'ont fait les sept fils de
Brahmâ nés du mental, parce qu'ils aspirent à s'incarner comme
hommes de façon à devenir plus hauts que les dieux, combattent le
Dragon, en sont vainqueurs et l'enfant de matière naît », cet enfant
étant l'humanité, selon l'une des sept interprétations de cette allégo-
rique « Guerre dans le Ciel » (C.W., VIII, 148, note).
D'autre part, comme nous l'avons déjà indiqué dans la première
partie, la huitième Sephira, Hod ou Gloire, symbolise les Anges
Lunaires composant la Seconde Hebdomade des Gnostiques, les
créateurs de l'homme matériel, dépourvu de Manas, de la Première
Race. Les Cabalistes (comme Mme Blavatsky, dans Isis Dévoilée,
tome II, page 232) déclarent que (c'est là une de leurs différentes
significations ésotériques) les colonnes « Jakin et Boaz du Temple de
Salomon... représentent les Sephiroth Victoire et Gloire » (Henri
Serouya, La Kabbale, 268), c'est-à-dire Netzah et Hod. Et celles-ci
symbolisent, comme nous venons de le dire, respectivement les Anges
Solaires et Lunaires formant les cinquième et sixième Hiérarchies
Créatrices.
Koumâra, quoique étant « l'éternel célibataire », est néanmoins
le chaste époux de Vâch, la « Déesse de la Sagesse Cachée » (D.S.,
II, 209), union de même nature que celle de Simon le Magicien et
d'Hélène, et que celle du roi Salomon (personnage mythique repré-
LE LEVIATHAN

Les « Fils de Dieu », identiques aux Marouts, « déités qui se


meuvent rapidement », sont en réalité « un autre aspect ou un déve-
loppement des Koûmaras » (D.S., II, 649). Ces Marouts sont pourvus
des sept principes humains, moins Kâma et le corps physique. Ils
sont donc des « Pentagones » (êtres quintuples). Ayant renoncé au
Nirvâna, ils vivent dans l'ambiance de notre terre, revêtus d'un Corps
Astral, pour pouvoir protéger et aider l'humanité.
Dans le langage occulte, Marout « est l'un des noms donnés aux
Egos de grands Adeptes qui ont disparu et sont également connus
comme Nirmânakâyas » (D.S., II, 650). Les Adeptes, qui sont appelés
des Mârout Jîvas (D.S., II, 651), leur sont inférieurs. Car les Marouts
ont atteint l'Adeptat dans de précédents Manvantaras, donc bien
avant les Mârout Jîvas qui sont issus de notre humanité. Les Marouts
ont fourni leur Manas aux hommes en s'incarnant en eux. Les privi-
légiés en qui (en raison de leur bon Karma) cette incarnation a été
plus complète, sont devenus des Adeptes. Ainsi les Maroût Jîvas sont
les « monades d'Adeptes qui ont atteint la libération finale, mais
préfèrent se réincarner sur terre pour l'amour de l'Humanité ». Il
convient de ne pas les confondre avec les Nirmânakâyas plus élevés.
Ceux-ci sont « identiques à certains des Agnishvâtta Pitris, les Egos
Humains intelligents » (T.G., 208).
Le Léviathan du Livre de Job (III, 8), appelé également le Cro-
codile (XL, 20), représente, nous l'avons vu, le Chozzar (Poséidon ou
Neptune) des Gnostiques Pérates, dont les Ministres sont les Koumâ-
ras et les Prachetasas des Hindous. Le Léviathan symbolise aussi
la Science Esotérique des Koumâras ou Nirmânakâyas. Ecoutons
l'Eternel parler à Job de ce Léviathan, dont il exalte la beauté :
« Est-ce au moyen de filets qu'on lui percera le nez ? Prendras-tu le
Crocodile à l'hameçon ? Saisiras-tu sa langue avec une corde ? Met-
tras-tu un jonc dans ses narines ? Lui perceras-tu la mâchoire avec
un crochet ?... Fera-t-il alliance avec toi pour devenir à jamais ton
esclave ?... Je veux encore parler de ses membres, et de sa force et
de la beauté de sa structure. Qui soulèvera son vêtement ? Qui péné-
trera entre ses mâchoires ? » (XL, 19 et suiv. ; XLI, 3 et 4). La
réponse à toutes ces interrogations est donnée par l'Eternel. Parlant
LE 1.11v ATI 1AN 319
318 DOCTRINES INITIATIOUES

Ainsi, pour les Gnostiques, Christos n'était pas un être, mais


du Crocodile, il dit à Job : « Sur la terre, nul n'est son maître ; il a
été créé pour ne rien craindre... Il est le roi des plus fiers animaux » l'ensemble des innombrables « fils de Dieu, dont certains (qui
( XLI, 24, 25). En vérité, comme le dit Mme Blavatsky, Job apprend cependant constituent la majorité) adombrent seulement les hommes
« l'impossibilité d'attraper le Léviathan en mettant un crochet dans mortels » (I.D., II, 159).
son nez. Le Léviathan est la SCIENCE OCCULTE sur laquelle on L'appellation de Troisième Vie donnée par les Nazaréens à Kabar
peut mettre la main, mais rien faire de plus, et dont Dieu ne désire Zivo (ainsi qu'à Abatour) identifie celui-ci à Brahmâ, le troisième
pas cacher le pouvoir et la belle proportion » (I.D., II, 499). personnage de la Trimourti. Selon Mme Blavatsky, cette
Le Livre de Job est « une complète représentation de l'initiation « Trinité hindoue n'est pas une simple abstraction. Les trois
ancienne » et des épreuves qui la précèdent, le néophyte se voyant dieux représentent trois entités distinctes dans la nature, à
« privé de tout ce à quoi il attache du prix ». Ce livre est « plus The Theosophist »,
savoir Prakriti, Akâsha et Pouroucha » («
ancien que le Pentateuque ». Quand il parle de son « Champion »,
janvier 1885, p. 95).
de son « Sauveur », Job « se réfère à son propre esprit immortel ».
Celui-ci, pour les Néoplatoniciens, « était le Nous, l'Augoeides ». Pouroucha et Akâsha, nous l'avons maintes fois indiqué, dé-
Cet esprit éternel est « le Soi lumineux, l'Atman des Hindous,... qui signent respectivement le Premier et le Second Logoï manifestés (les
seul peut racheter notre âme ». Ce « libérateur » est « l'Esprit qui deux premières Vies des Nazaréens). Quant à Prakriti, c'est le nom
restaurera le corps délabré de l'homme et le transformera en un hindou de Mahat, ou plus exactement de son véhicule, Mahâ Bouddhi
vêtement d'éther. Et c'est ce Nous, Augoeides, Ferouer, Aggra,
l'Esprit de lui-même, que le Job triomphant verra hors de sa chair, (C.W., X, 324).
c'est-à-dire quand il se sera échappé de sa prison corporelle ». Le
Livre de Job est manifestement « l'oeuvre d'un Initié » et il « était
bien compris par les cabalistes w (I.D., II, 494 à 500).
Les Koumâras sont, collectivement, « un serpent qui est d'abord
la sagesse divine, mais celle-ci, tombant dans la génération, devient
polluée » (I.D., II, 226). Cette chute signifie qu'ils s'incarnent dans
les hommes pour leur servir d'Ego Supérieur. Comme le Christos des
Gnostiques, ils constituent « le Logos, qui est Sagesse, mais, en
même temps, Satan ou Lucifer, étant l'adversaire de l'ignorance...
Jusqu'à l'époque où la Sagesse, sous la forme des Esprits de Mahat
qui s'incarnent, descendit des hauteurs pour ranimer et conduire la
Troisième Race à la vraie vie consciente, l'Humanité, si on peut
l'appeler ainsi dans son état animal et dénué de sens, était naturelle-
ment condamnée à la mort morale aussi bien qu'à la mort physique.
Les Anges tombés dans la génération, sont métaphoriquement, appe-
lés Serpents et Dragons de Sagesse » (D.S., II, 241). Avant leur incar-
nation dans les hommes, les Koumâras ou Manasapoutras forment,
collectivement, Christos, l'Oint, l'Adam de poussière avant sa chute
(I.D., II, 223). Christos est identique à Aebel Zivo, Kabar Zivo, ou
Nabat-Iavar bar Iufin-Ifafin, le « Seigneur des Aeons » du système
nazaréen, qui, comme lui, est le Messager de Vie (I.D., I, 300). Kabar
Zivo est aussi la troisième Vie (I.D., I, 300), c'est-à-dire le troisième
Logos (T.G., 159). Il procrée sept vies saintes (sept classes de Dhyân
Chohans) (T.G., 159) tout comme du Troisième Logos (Mahat)
émanent les « Sept Rayons créateurs ou Dhyân Chohans » (C.W.,
X, 334).
LE DIVIN REBELLE

Les Koumâras sont les Anges Solaires appelés ésotériquement


les « Seigneurs de dévotion persévérante et incessante », qui ont
pourvu l'homme de son cinquième principe. Or, selon les Yoga
Sûtras de Patanjali, la cinquième des disciplines composant Niyama,
le deuxième « anga » du yoga, est Ishvara Pranidhâna, la dévotion au
Seigneur. Mme Blavatsky fait remarquer que ces Anges Solaires (que
les Hindous nomment Agnishvâttas), « ceux du Cinquième Principe
(Manas) semblent être en rapport avec le système des Yogis qui font
de Pranidhâna leur cinquième observance » (D.S., II, 92). Le nombre
cinq est, comme nous l'avons dit, caractéristique de ces Anges,
membres de la cinquième Hiérarchie créatrice. Celle-ci, reliée « au
pentagone microcosmique, l'étoile à cinq pointes, représentant
l'homme », est composée de Dhyânis (ou Dhyân Chohans) qui, « dans
l'Inde et l'Egypte, étaient en rapport avec le Crocodile » et dont la
« demeure est dans le Capricorne » (D.S., I, 239). Cette constellation
est le dixième (deux fois cinq) signe du Zodiaque. Ce « cinquième
Groupe d'Etres Célestes est supposé contenir en lui-même les doubles
attributs des aspects spirituel et physique de l'Univers, les deux
pôles, pour ainsi dire, de Mahat, l'Intelligence Universelle, ainsi que
la double nature de l'homme, la spirituelle et la physique. D'où son
nombre Cinq doublé et transformé en Dix, reliant ce Groupe à
Makara, le dixième signe du Zodiaque » (D.S., I, 240, 241).
Le Koumâra est un « Triangle » qui « devient un Pentagone
(quintuple) sur Terre » (D.S., II, 83, note). Les Agnishvâttas aban-
donnent leur demeure céleste pour aider les hommes « même aussi
peu que Karma le permet ». Ils sont les Nirmânakâyas supérieurs
(les Adeptes dépourvus de corps physique étant les Nirmânakâyas de
la seconde catégorie), chacun d'eux étant inséré dans le « Mur Gar-
dien », comme une pierre parmi les innombrables pierres formant
ce mur qui protège l'humanité contre plus de détresse ( « La Voix
du Silence », 108, 109). Ils deviennent des « Pentagones », car ils
possèdent les sept principes moins le corps physique et Kâma, les
tendances inférieures constituant ce dernier étant définitivement
mortes en eux. Le Pentagramme ou Pentacle, l'étoile à cinq pointes
que les Grecs appelaient Pen talpha parce que ses cinq pointes repro-

21
322 DOCTRINES INITIATIQUES LE DIVIN REBELLE 323

duisent la lettre A (alpha) « dans cinq différentes positions », est Les Koumâras ou Agnishvâttas se sont « incarnés » dans les
le symbole « de l'Ego ou du Manas Supérieur » (T.G., 248). Cette hommes de la Troisième Race et les ont rendus parfaits (D.S., II, 96),
étoile représente donc le Koumâra, car l'Ego Supérieur « sur son c'est-à-dire complets (pourvus des sept principes). Exotériquement,
propre plan est le Koumâra » (D.S., III, 590). ils sont dépourvus de feu, alors que les Barhishad Pitris en sont,
Les Koumâras dotent l'homme d'un Principe Médian reliant la dit-on, munis. Esotériquement, cependant, ils sont « dépourvus de
Monade (Atmâ-Bouddhi) aux principes inférieurs. feu, c'est-à-dire de passion créatrice, parce qu'ils sont trop divins et
trop purs, tandis que les Barhishad, étant les Esprits Lunaires plus
« Car, pour compléter l'homme septénaire et cimenter ses étroitement reliés à la Terre, sont devenus les Elohim créateurs de
trois Principes inférieurs à la Monade Spirituelle (laquelle, la forme, ou l'Adam de poussière » (D.S., II, 81).
sans cela, ne pourrait jamais demeurer dans une telle forme Prométhée ou Lucifer est, comme l'Asoura des Hindous, le divin
autrement que dans un état absolument latent), deux « Prin- « Rebelle », le « Dragon de Sagesse » « qui lutte contre les Dévas,
cipes » connecteurs sont nécessaires : Manas et Kâma. Cela c'est-à-dire que l'activité de Manas triomphe de la passivité du pur
nécessite un Feu Spirituel Vivant du Principe Médian, prove- esprit » (Lucifer, novembre 1890, 195). Il personnifie l'ensemble des
nant du Cinquième et du Troisième Etats du Plérôme. Mais Anges appelés Flammes et Souffles intellectuels en Occultisme et qui
ce Feu est la possession des Triangles... ceux-ci, depuis la se sont « rendus indépendants », étant passés « de l'état passif et
Première Création, l'ayant possédé pour eux-mêmes, comme de repos à l'état actif de Soi-conscience » (D.S., II, 332, 2° note).
dans l'allégorie de Prométhée » (D.S., II, 83). Venant après les « Soi-Existants » et les « Soi-Créés » (ou « Auto-
Créés »), ces êtres sont les « Anges du Feu qui se sont rebellés et
Le Manas inférieur (ou Ame Animale) n'est, comme le Kâma- ont refusé de se joindre aux autres Dévas » (D.S., II, 253). Ils consti-
Roûpa, le Prâna, le Linga Sharîra et le Corps Physique, qu'un aspect tuent collectivement le Quatrième Soleil ou Quatrième Groupe Angé-
transitoire. Il n'est, en effet, que « le reflet ou l'ombre de Bouddhi- lique des Cabalistes, l' « Esprit de notre Soleil visible », qui dote
Manas, possédant les potentialités des deux, mais généralement l'homme de « son Manas et de son véhicule, le Kâma Roûpa ou corps
conquis par son association avec les éléments Kâmiques » (D.S., III, des passions et désirs, les deux éléments d'Ahamkâra qui produisent
494). Son véhicule, le Kâma-Roûpa, « demeure dans le cerveau la conscience individualisée, l'Ego personnel ». Et c'est « l'Esprit de
physique, dans les cinq sens physiques et dans tous les organes la Terre » (c'est-à-dire Jéhovah) « qui, dans sa triple unité, construit
sensoriels du corps physique » (D.S., III, 517, note). Tous deux sont le Corps Physique, attirant en celui-ci les Esprits de la Vie et formant
temporaires, tout comme le Prâna, qui n'est pas la Vie Une ou Jîva, son Linga Sharîra » (D.S., II, 251), autrement dit fournit à l'homme
« mais son aspect dans un monde d'illusion » (D.S., III, 494, note). ses trois principes inférieurs, le Prâna (ou la Vie), le Linga Sharîra
A la mort, Prâna redevient Jîva (D.S., III, 493). Bouddhi et le Manas et le Sthoûla Sharîra.
Supérieur « ne peuvent être annihilés, ni en essence, ni en Les « Anges Déchus » appelés Nahash (Dépourvus) par les Juifs
conscience », mais « la personnalité physique, avec son Linga Sharîra (D.S., II, 256) sont, collectivement, Samaël ou Satan, le Serpent
et l'âme animale avec son Kâma », sont voués à la destruction séducteur de la Genèse. Et, dans la Cabale, la planète Vénus (Ousha-
(D.S., III, 517). nas ou Shoukra en sanscrit) est la demeure de Samaël (D.S., II, 34).
Les Koumâras n'ont « aucun double ou Corps Astral à projeter » Les Koumâras, fournissant aux hommes leur mental supérieur et
(D.S., II, 82), car la mission de fournir aux premiers hommes leur leur étant intimement associés, ressentent le contre-coup des actions
corps astral ou fluidique incombe aux Anges Lunaires, qui leur sont humaines. Celles-ci entraînent donc des répercussions sur la planète
inférieurs et constituent la sixième Hiérarchie Créatrice. Ils sont Vénus, appelée Sol Alter (l'autre Soleil) par Pythagore (D.S., II, 34)
appelés exotériquement des « Rebelles » au motif qu'ils auraient et, réciproquement, notre planète est influencée par ce qui se passe
refusé de participer à la création de l'être humain. Esotériquement, sur Vénus.
ils se soumirent, au contraire, aux décrets du Karma en s'incarnant
dans les formes humaines inconscientes fabriquées par les Anges « Chaque péché commis sur Terre est ressenti par
Lunaires (les Barhishad Pitris), dotant ainsi de Manas supérieur les Oushanas-Shoukra. Le Gourou des Daityas est l'Esprit Gar-
hommes dont ils devinrent les Egos. Car l'Ego humain « n'est ni dien de la Terre et des Hommes. Chaque changement sur
Atman, ni Bouddhi, mais le Manas supérieur » (D.S., II, 83). Shoukra est ressenti et réfléchi sur Terre » (D.S., II, 35).
324 DOCTRINES INITIATIQUES LE DIVIN REBELLE 325

Shoukra est considéré, par les Hindous, comme « le Précepteur dit-on, l'OEil Unique. En d'autres termes, le « Troisième Œil » est
des Daityas, les géants de la Quatrième Race ». Vénus n'a pas de devenu actif. La conjonction de Mercure (Hermès) et de Vénus
satellite. L'enseignement occulte déclare, allégoriquement, qu'elle a (Aphrodite) dans l'homme, rend celui-ci Hermaphrodite. C'est pour-
adopté la Terre, la « fille » de la Lune. « Chaque monde a son Etoile quoi ce caractère est attribué à l'Adepte, qui est le Rebis des Alchi-
mère et sa Planète soeur. Ainsi, la Terre est l'enfant adoptif et le mistes. Mais il ne faut y voir aucune signification sexuelle, car
frère plus jeune de Vénus » (D.S., II, 36). Aussi Vénus est-elle « la l'homme spirituel est « entièrement détaché du sexe » (D.S., III, 458).
planète la plus occulte, la plus puissante et la plus msytérieuse de Il ressort des rapprochements faits par Mme Blavatsky que Mercure
toutes les Planètes », celle dont l'influence sur la Terre est la plus et Vénus sont respectivement en correspondance avec Chokmah et
importante (D.S., II, 33). Aux termes d'un Commentaire secret cité Binah.
par Mme Blavatsky : « C'est par l'entremise de Shoukra que les Les Dhyân Chohans gouvernant Mercure étant très élevés, il est
doubles (les hermaphrodites) de la Troisième (Race-Racine) descen- normal que l'humanité de cette planète ait atteint un haut degré
dirent des premiers Nés-de-la-Sueur ». Vénus et la Terre sont des d'évolution. Le Livre de Dzyan déclare, effectivement, que les
planètes Jumelles, et notre globe est sous la dépendance du Régent hommes du Seigneur de Sagesse (Mercure) sont immortels. Ils le
de Vénus (D.S., II, 33). doivent à leur Sagesse, déclare Mme Blavatsky. Par contre, les « Fils
Cependant, si Vénus, « autrement dit Lucifer ou Satan » (D.S., de Soma » (les Ancêtres Lunaires) et leur progéniture (les hommes
H, 33), exerce une énorme influence sur l'humanité, il est une autre terrestres) n'ont pas acquis l'immortalité, la Lune « étant un corps
planète que Mme Blavatsky place au-dessus d'elle. C'est Mercure, inférieur même à la Terre » (D.S., II, 48).
que les Hindous appellent Boudha (avec un seul d), « Mercure,
comme planète astrologique, est encore plus occulte et plus mysté Alors que la Troisième Race est sous l'influence de Vénus (c'est
rieuse que Vénus » (D.S., II, 31). Selon les Stances de Dzyan, Boudha, dans la Troisième Race que l'homme a été doté du Manas), la Cin-
le « Seigneur de Sagesse », a reçu les sept Fils du « Seigneur à la quième, la Race actuelle, est sous celle de Mercure. Chacune des
Face Resplendissante », c'est-à-dire du Soleil. Il est permis d'en Races est sous la dépendance de l'un des « sept Dhyânis planétaires »,
déduire que le Régent de Mercure est composé d'Etres plus spirituels ou, plus exactement, des sept Hiérarchies d'Esprits Planétaires. Il en
que les Koumâras dont la demeure est Vénus. Bouddhi, l'Ame Spiri- est de même des sept « régions de la Terre » et de chaque homme
tuelle, provient « de l'essence des Mânasa Poutra, les Fils de la et de ses principes (les « hommes » qui le composent). Voici ce que
Sagesse qui sont les Etres Divins (ou Anges) qui gouvernent la pla- déclare à ce propos un Commentaire secret :
nète Mercure » (D.S., III, 458).
Dans l'homme, l'oeil gauche correspond au Manas supérieur et à « Le Globe, propulsé en avant par l'Esprit de la Terre et
Vénus. L'oeil droit, l' « Œil de la Sagesse », correspond à Bouddhi ses six Assistants, obtient toutes ses forces vitales, sa vie et
(D.S., III, 444, diagramme I) et à Mercure. Il est en relation avec le ses pouvoirs par l'intermédiaire des sept Dhyânis planétaires
« Troisième Œil », c'est-à-dire avec la glande pinéale. Mme Blavatsky provenant de l'Esprit du Soleil. Ils sont ses messagers de
fait remarquer que, dans le triangle cabalistique formé par Kether, Lumière et de Vie. Comme chacune des sept Régions de la
Chokmah et Binah, ces deux dernières Séphiroth, qui représentent Terre, chacun des sept Premiers-Nés (les Groupes Humains
« la Sagesse et l'Intelligence, le Père et la Mère ou, encore, le Père et primordiaux) reçoit sa lumière et sa vie de son propre
le Fils », sont sur un même plan et « réagissent mutuellement l'une Dhyâni spécial, spirituellement, et du Palais (Maison, Planète)
sur l'autre » (D.S., III, 458). Ce plan est Briah, le monde de la Créa- de ce Dhyâni, physiquement. Il en est ainsi pour les sept
tion des Cabalistes. Les organes physiques qui leur correspondent, grandes Races qui doivent naître sur Terre. La Première est
dans l'homme, les deux yeux, sont également sur un même plan hori- née sous le Soleil ; la Seconde, sous Brihaspati (Jupiter) ;
zontal et les principes qui leur sont reliés réagissent constamment la Troisième, sous Lohitânga (Mars, « celui au corps de
l'un sur l'autre. Quand la conscience « est tournée vers l'intérieur, Feu », et aussi sous Vénus ou Shoukra) ; la Quatrième, sous
une conjonction de Manas et Bouddhi a lieu. Dans l'homme régénéré Soma (la Lune, notre Globe aussi, la Quatrième Sphère étant
spirituellement, cette conjonction est permanente ». Elle persiste née sous la Lune et de la Lune) et Shani, Saturne, le Kroûra-
même « au-delà du seuil du Dévachan et l'Ame ou l'Esprit, qui ne Lochana (celui qui a le Mauvais Œil) et l'Asita (le Sombre) ;
doit pas être confondu avec Atmâ, le Super-Esprit, possède alors, la Cinquième, sous Boudha (Mercure). Il en est de même
326 DOCTRINES INITIATIQUES

pour l'homme et pour chaque « homme » (chaque principe)


dans l'homme. Chacun obtient sa qualité spécifique de son
Primaire (l'Esprit Planétaire). Par conséquent tout homme
est un septénaire (ou une combinaison de principes, chacun
de ceux-ci ayant son origine dans une qualité de ce Dhyâni
spécial) » (D.S., II, 32). L'UNION MYSTIQUE

Le Régent de Mercure est l'Archange Michel. Celui-ci est non


seulement « le Mercure des Grecs et d'autres nations » (D.S., II, 504),
mais aussi l'Ange de la vision dans le livre de Daniel, le Fils de Dieu Pour les Chrétiens, « Christ n'est qu'un autre nom de Jésus »
« qui était semblable à un Fils de l'Homme ». Il est, en outre, (I.D., H, 158). Pour les Occultistes, il a une autre signification. Il
« l'Hermès-Christos des Gnostiques, l'Anubis-Syrius des Egyptiens, le n'est « comme unité, qu'une abstraction ». Christ (ou Christos) est
Conseiller d'Osiris dans l'Amenti, le Léontoïde Michel-Ophiomorphos l'ensemble des « innombrables entités-esprits qui sont les émanations
des Ophites, qui porte, sur certains joyaux gnostiques une tête de directes de la PREMIERE CAUSE infinie, invisible, incompréhen-
lion, comme son père Ildabaoth » (D.S., II, 505). sible, les esprits individuels des hommes » (I.D., II, 158, 159).
Il était souvent représenté avec trois têtes et appelé Tricephalus « Ils sont les divins fils de Dieu, dont certains adombrent
et Triplex, parce qu'il était considéré comme ne faisant qu'un avec seulement des hommes mortels (ceux-ci étant cependant la
le Soleil et Vénus (D.S., II, 571, 572). En fait, il formait avec ceux-ci, majorité), certains demeurant à jamais des esprits plané-
une trinité dont il était le personnage médian. Les symbologistes ont
taires, et certains (une infime minorité) s'unissent pendant
découvert que la Trinité des Chrétiens, « à moins d'accepter les la vie à certains hommes. Des êtres semblables à Dieu,
significations plus abstraites et métaphysiques que lui donnaient les
tels que Gautama-Bouddha, Jésus, Tissou, Christna, et quel-
Gentils, était, en vérité, seulement une triade astronomique, com-
ques autres, se sont unis d'une façon permanente à leur
posée du Soleil (le Père) et des deux planètes Mercure (le Fils) et
esprit et sont donc devenus des dieux sur terre. D'autres,
Vénus (le Saint-Esprit) » (D.S., II, 569).
tels que Moïse, Pythagore, Apollonius, Plotin, Confucius,
Vénus, le dernier personnage de cette Trinité, était non seule-
Platon, Jamblique et quelques saints chrétiens, ayant obtenu
ment « Sophia, l'Esprit de Sagesse, l'Amour et la Vérité », mais
cette union par intermittence, ont pris rang, dans l'histoire,
également Lucifer. Ce dernier est la brillante étoile du matin (D.S.,
de demi-dieux et de guides de l'humanité » (I.D., II, 159).
II, 569) et Mme Blavatsky l'identifie au Christ. Car, fait-elle remar-
quer à l'appui de sa thèse, dans l'Apocalypse (XXII, 16) Jésus déclare
Tissou, l'un des personnages mentionnés dans la précédente
être l'étoile brillante du matin (D.S., II, 569).
citation, est classé, par Mme Blavatsky, parmi les saints bouddhistes
et lamaïstes qui ont été renommés pour la sainteté insurpassée de
leur vie et leurs miracles. Instructeur spirituel « de l'Empereur, qui
consacra Kublaï-Khan, le Shah Nadir », il ne se borna pas à produire
des miracles, mais purifia aussi sa religion. On dit « qu'il obligea
Kublaï à expulser des couvents d'une seule province de la Mongolie
méridionale 500.000 moines imposteurs qui faisaient de leur profes-
sion un prétexte pour vivre dans le vice et la paresse » (I.D., II,
608, 609).
Les hommes qui, comme ceux énumérés par Mme Blavatsky, se
sont unis, en permanence ou temporairement, avec l'un des Fils de
Dieu (ceux dont il est question aux versets 1 et 2 du sixième chapitre
de la Genèse) sont des Adeptes. Après leur mort ou, plus exactement
(car ils sont devenus immortels), après l'abandon de leur corps
328 DOCTRINES INITIATIQUES L'UNION MYSTIQUE 329

physique, de tels êtres rejoignent « la légion resplendissante dont émanation ». Celle-ci comporte, d'une part, la descente des « Kou-
les membres sont reliés ensemble par une solidarité spirituelle de mâras ou Egos Supérieurs de l'Humanité » et, d'autre part, « la
pensée et d'action, légion qui est appelée l'oint » (I.D., II, 159). Ils descente de l'Esprit pour informer et évoluer la Matière » (Lucifer,
sont devenus des Nirmânakâyas ou Bouddhas de Compassion, des mai 1890, 238). Pour les Gnostiques, l'Ange Gabriel (Christos) occu-
Bodhisattvas du Coeur Secret qui ont la possibilité de se plonger pait « la place du Logos, tandis que le Saint-Esprit était considéré
dans la béatitude du Nirvâna (l'état de Dharmakâya) mais y re- comme la Vie » (I.D., II, 193), cette dernière étant Sophia-Achamoth.
noncent « afin d'aider au salut des hommes », faisant ainsi « le Comme Christos, cette dernière jouait un rôle d'intermédiaire.
dernier pas, le plus haut, sur le Sentier du Renoncement » (La Voix Elle était « la médiatrice entre le monde intellectuel et le monde
du Silence, 53). En eux, l'Ego Supérieur, s'étant uni au Soi supérieur matériel » (I.D., II, 172) ou « entre la Grande Cause et la Matière »
(le septième principe), est devenu un Bouddha (La Voix du Silence, (I.D., II, 173). Il en est de même pour Lakshmi, la Sophia-Achamoth
42, note). Chacun d'eux est « inséré, comme une pierre, parmi les des Hindous. Symbole de « la nature physique, la mère universelle
innombrables autres pierres qui forment le Mur Gardien ». Car, de toutes les formes matérielles et révélées », Lakshmi est aussi « la
heureusement pour l'humanité, il existe un « Mur de Protection », médiatrice et la protectrice de la nature » (I.D., II, 172, 173). Il
bâti « par les mains de nombreux Maîtres de Compassion, élevé par convient de ne pas la confondre avec sa « Mère » (son aspect divin),
leurs tortures, cimenté par leur sang » et qui « abrite le genre Vâch, l'Adonai Shekinah des Cabalistes, Sophia l'aînée, l'Eve Spiri-
humain, depuis que l'homme est homme, le protégeant contre une tuelle, ou le Logos Femelle.
misère et une détresse plus grandes » (ibid., 109). La Matière doit être, elle aussi, sauvée ou régénérée à la fin du
L'union de l'Adepte avec son Dieu intérieur était ce que les Manvantara. Elle est, dans la Cabale, Malkouth, la Mère Inférieure
Gnostiques entendaient par la pénétration de Christos dans Jésus, et la Fiancée du Tétragramme ou Microprosope. « Quand elle sera
au moment de son baptême dans le Jourdain (I.D., II, 186). Dans la libérée de toute impureté, elle deviendra unie au Logos Spirituel,
Cabale, c'était la descente de l'Ange Gabriel, l'Ange de l'Annonciation, dans la Septième Race de la Septième Ronde, après la régénération,
également appelé le Messager de Vie et l'Ange Métatron. C'est le au jour du Sabbath. » Alors, « tout sera, une fois de plus, absorbé
même Dieu intérieur que les Nazaréens nommaient Aebel Zivo, le dans 1'Elément Unique, les esprits des hommes devenant des Nirvâ-
Delegatus envoyé par le Seigneur de Celsitude. Et il était « univer- nis, et les éléments de toute autre chose redevenant ce qu'ils étaient
sellement connu comme l'Esprit Oint » (I.D., II, 154), que les Gnos- avant : le Protyle ou la Substance non différenciée » (D.S., I, 260).
tiques considéraient comme le Sauveur de l'homme et l'intermédiaire
« Dans la Cabale, la Fiancée de l' « Homme Céleste », le
entre celui-ci et la Divinité. Comme Christos était « le guide et le
médiateur entre Dieu (le Dieu Suprême) et tout ce qui est spirituel Tétragrammaton, est Malkouth, la fondation ou le Royaume.
dans l'homme », de même Krishna, le divin instructeur d'Arjouna, C'est notre terre qui, lorsqu'elle sera régénérée ou purifiée
le héros de la Bhagavad-Gîtâ, est le « médiateur promis par Brahmâ (comme matière) sera unie à son fiancé (l'Esprit). Mais, dans
à l'humanité », Krishna joue, ainsi, le même rôle que « le gnostique l'Esotérisme, il y a deux aspects du LOGOS ou du « Père-
Christos » (I.D., II, 172, 173). Fils » qui devient son propre père. L'un est le Logos Eternel,
NON MANIFESTE, l'autre le Logos manifesté et périodique.
Mme Blavatsky affirme que les plus grands mystères de la reli-
gion brahmanique sont exposés dans la Bhagavad Gîtâ, dont même La « Fiancée » du premier est l'univers considéré comme la
les Bouddhistes reconnaissent la valeur. « Sois altruiste, subjugue nature dans l'abstrait. Elle est aussi la « MERE » qui, « vêtue
tes sens et tes passions » dit Krishna à Arjouna. Et il donne à son du pouvoir du fiancé », donne naissance à l'Univers mani-
disciple un enseignement, dont l'importance est soulignée par festé (le second Logos) par son propre pouvoir inhérent et
Mme Blavatsky, en lui déclarant que « l'adoration par les actes » mystique et qui, par conséquent, est la Mère Immaculée,
l'emporte sur la contemplation, la foi non accompagnée des oeuvres « la femme vêtue du soleil et en travail d'enfantement » du
étant sans valeur (I.D., II, 563). douzième chapitre de la Révélation » (l'Apocalypse) (C.W.,
Selon les Gnostiques, Christos et Pneuma (ou Saint-Esprit) sont IX, 64, 65).
émis, simultanément, par l'Intelligence (Nous) ou Fils Unique (Mono-
gène) (Sagnard, La Gnose Valentinienne, 155). Et nous avons indiqué
que, selon Mme Blavatsky, la syzygie Christos-Pneuma est une « post-
LE FEU SACRE

Les principes cosmiques, les Planètes et leurs Régents, sont


reliés aux principes humains et aux organes du corps humain (D.S.,
III, 444, Diagramme I). Comme nous l'avons vu, « dans l'homme
régénéré spirituellement » il y a conjonction permanente du Manas
Supérieur et de Bouddhi. Un tel homme devient un Hermaphrodite,
dans le sens que nous avons précisé. Il est pourvu de l' « Œil
Unique », c'est-à-dire qu'en lui le Troisième Œil (la Glande Pinéale)
est actif.
Parallèlement à cette évolution, qui se produit « sur le plan
psycho-physique », d'autres modifications se produisent dans l'ana-
tomie de l'homme spirituel. Ce qui survient exceptionnellement, de
nos jours, dans le cas d'un homme qui devient un Adepte, se pro-
duira dans toute l'humanité, dans les Races futures. Le système
sympathique deviendra une véritable moelle épinière (D.S., III, 545,
551). Les canaux ou nâdis Idâ et Pingalâ, sont actuellement situés le
premier à gauche, le second à droite de la moelle épinière, dans l'axe
central de laquelle se trouve une autre nâdi, nommée Soushoumnâ.
Ces trois nâdis fusionneront et ne feront plus qu'un seul canal
(D.S., III, 551).
Les fluides qui passent dans ces trois canaux sont les trois « airs
vitaux ». De l'Akâsha immaculé circule dans le canal central, celui
de Soushoumnâ. « Ses deux aspects s'écoulent dans Idâ et Pingalâ. »
Les trois canaux doivent être maintenus exempts de toute souillure
par une vie pure. Affectés par un comportement impur, ils « souillent
les airs vitaux dynamisés par la Volonté » et la Magie Noire s'ensuit.
Aussi l'Occultiste de la main droite s'abtient-il de toute activité
sexuelle (D.S., III, 537).
Les trois airs vitaux sont contrôlés par la Volonté. « De
Soushoumnâ, Idâ et Pingalâ une circulation est établie et, du canal
central, passe dans tout le corps » (D.S., III, 537). Idâ et Pingalâ sont
« semi-matériels, positif et négatif, soleil et lune, et mettent en action
le courant libre et spirituel de Soushoumnâ. Ils ont des chemins
distincts qui leur sont propres ». S'il n'en était pas ainsi, ils « rayon-
neraient dans tout le corps ». C'est par une concentration sur eux
qu' « est généré le feu sacré ,» (D.S., III, 547). « Idâ et Pingalâ
alternent dans la condition normale » (B.W., 557).
332 DOCTRINES INITIATIQUES LE FEU SACRÉ 333

« Les Hatha Yogis disent qu'Idâ et Pingalâ agissent alter- La Soushoumnâ est donc « le siège de la circulation de l'âme
nativement. Mais si vous les arrêtez toutes les deux, le courant ou Kârana-Sharîra ». Car ce dernier, appelé aussi Kâranopadhi, est
chaud est forcé de passer par la Soushoumnâ. Egalement, en Bouddhi, l'âme spirituelle (E.W., 58). La Soushoumnâ est considérée
pratiquant seulement Kumbhaka et sans avoir à faire avec comme la principale des nâdis « parce que c'est seulement par elle
Idâ et Pingalâ, la Soushoumnâ entre en action. Mais un que la Monade sort dans le cas d'un Yogi ; et, dans le cas d'un
Râja Yogi, sans utiliser aucune de ces méthodes, a une Adepte, au moment de sa mort, son âme sort par la Soushoumnd »
façon d'éveiller la Kundalinî. Le moyen qu'emploie le Râja (E.W., 103).
Yoga appartient aux mystères de l'initiation » (E.W., 102, 103).
Quand le Yogî parvient à éveiller en lui Kundalinî et que celle-ci
traverse les chakras, l'un après l'autre, il obtient le contrôle des
Kumbhaka est l'arrêt du souffle pratiqué par le Yogî qui se livre « forces reliées aux éléments dont les contreparties astrales » sont
au Pranâyâma. Mme Blavatsky fait également allusion à la méthode situées dans les chakras correspondants. Kundalinî prend, au pas-
secrète d'entraînement des Râja Yogis. Elle affirme que les Siddhis sage, « l'essence ou énergie » de chaque chakra et « finalement les
(pouvoirs occultes) peuvent être obtenus sans avoir recours à « l'en- joint tous en une sorte de courant uni ». Le mental « se combine
traînement violent du Hatha-Yoga ». Il existe, dit-elle, un «autre avec Kundalinî quand cette dernière s'approche du Chakra Ajnd »,
procédé, irréprochable et rationnel ». Mais elle ne donne aucun lequel est situé entre les sourcils. Et « alors l'homme devient clair-
renseignement sur cette seconde méthode (C.W., II, 473). voyant » (E.W., 104).
La Soushoumnâ commence à la base de la colonne vertébrale, Les sept chakras sont reliés aux sept planètes « dans l'ordre
au chakra Moûladhâra, et se termine au sommet de la tête, au chakra suivant, en commençant par Moûladhâra : Saturne, Jupiter, Mars,
Sahasrâra (E.W., 102) ou au Brahmarandhra. Ce dernier est placé en Vénus, Mercure, Lune et Soleil » (E.W., 104, 557). Le Soleil est donc
différents endroits du corps, par les auteurs hindous. Subba Row le en liaison avec le Sahasrâra, le Lotus aux mille pétales (sahasra
localise, pour sa part, au cerveau (E.W., 554) ou au sommet de la signifie mille et ara rayon de roue). Notons que Marguerite Mertens-
tête (E.W., 102). Stienon, qui s'est cependant fortement inspirée des écrits de Subba
Row, a donné d'autres correspondances entre les planètes et les
« LaSoushoumnâ est en liaison avec le tube qui est au chakras ( « Studies in Symbolism », 35, 36).
centre de la colonne vertébrale. C'est une sorte de veine
d'électricité magnétique, et l'énergie passant par la Sous- « Les Hatha Yogis disent que l'âme humaine en samddhi
houmnâ est un courant d'électricité vitale. Le tube ci-dessus monte à cette fleur aux mille pétales, par Soushoumnâ (le
mentionné est relié aux ventricules du cerveau » (E.W., 102). dath des Cabalistes) et obtient un aperçu de la splendeur du
soleil spirituel » (E.W., 204).
Cette électricité vitale est Kundalinî. Celle-ci « est parfois appe-
lée, elle-même, Soushoumnâ » (E.W., 554). Quand elle est éveillée, on
Dath (ou Daath), le « beau sentier » (Mac Gregor Mathers, The
la sent sortir du Moûladhâra et monter, dans la colonne vertébrale,
Kabbalah Unveiled, 60), est « la conjonction de Chokmah et Binah »
comme un « courant de feu » (E.W., 554). C'est « comme si un
courant d'air chaud était soufflé dans le tube, de la base au sommet » (ibid., 278, 2° note), définition qui évoque la fusion d'Idâ et Pingalâ
dans la Soushoumnâ.
(E.W., 102). Kundalinî est le « pouvoir enflammé », « Bouddhi consi-
dérée comme un principe actif au lieu de passif » (La Voix du Comme les cordons du sympathique, Idâ et Pingalâ « partent
Silence, 14, note 24). d'un endroit sacré situé au-dessus de la moelle allongée, appelé
Dans la Cabale, Kundalinî est Shekinah, « la Bouddhi du corps Triveni » (D.S., III, 547). Les « airs vitaux » circulant dans ces deux
nadîs et Soushoumnâ forment la première Triade dont le contrôle
physique », qui n'est pas une des Sephiroth « car elle procède de
est le début de l'entraînement de l'occultiste pratique. Celui-ci doit,
la dixième, Malkouth, est latente en cette dernière et est détruite
ensuite, apprendre à produire en lui les quarante-neuf « Feux
avec elle » (C.W., VIII, 152, 2' note). Naturellement, la Shekinah-
Kundalinî n'est latente que dans les hommes ordinaires. Les Yogis la sacrés ».
rendent active en eux par les méthodes que nous venons d'indiquer.
334 LE FEU SACRA 335
DOCTRINES INITIATIQUES

« Il y a trois fils d'Agni. Ils deviennent sept, puis se Electrique constituent, ensemble, Nephesh, le « souffle de Vie » que,
développent en quarante-neuf. Mais vous êtes encore igno- selon la Genèse (II, 7), l' « Eternel » (ou plus exactement Elohim),
rant de la manière de produire les trois. Apprenez d'abord après avoir formé l'homme de la poussière de la terre, lui insuffle
comment produire le « Feu sacré » dont on parle dans les dans les narines. Car Nephesh « est synonyme du Principe Prâna-
Pourânas. Les quarante-neuf feux sont tous des états de Kâmique ou de l'âme vitale animale dans l'Homme » (T.G., 228).
Kundalinî qui doivent être produits en nous-mêmes par la Supérieur à ces deux Feux est Pavamâna (mot sanscrit signifiant
friction de la Triade. Apprenez d'abord le septénaire du « Purifiant »), Saharaksha (mot formé de sapa, patient, endurant,
corps, puis celui de chaque Principe. Mais, avant tout, appre- et de raksha, force) ou Nirmathya, le « Feu par Friction » ou Feu
nez la première Triade (les trois airs vitaux) » (D.S., III, 554). des Asouras (D.S., I, 567). Pavamâna évoque le « Feu Sacré » produit
par « la friction de la Triade ».
Correspondant aux deux yeux et à la Glande Pinéale, Idâ, Pingalâ
et Soushoumnâ sont, avec les airs vitaux qui y circulent, les trois
qui « deviennent un » (dans l'homme spirituel). Il en est de même
de la Triade supérieure Atmâ, Bouddhi et Manas. « Manas absorbe
la lumière de Bouddhi. Bouddhi est aroûpa et ne peut rien absorber.
Quand l'Ego prend toute la lumière de Bouddhi, il prend celle
d'Atmâ, Bouddhi étant le véhicule de celui-ci, et, ainsi, les trois
deviennent un » (D.S., III, 572). Remarquons que Mme Blavatsky
indique implicitement que Manas (le Mental Supérieur) est roûpa en
déclarant que Bouddhi est aroûpa et rappelons que nous avons situé
Manas dans le plan roûpa le plus élevé.
Le Manas, dont nous sommes redevables aux Koumâras, est le
« Feu Vivant ». Il « donne au mental humain sa soi-perception et sa
soi-conscience » (D.S., II, 107). Les deux premières Races humaines
en étaient dépourvues. Les Monades constituant alors l'humanité
n'avaient pour corps que de simples « ombres » inconscientes et
dépourvues de sens. Ces deux Races n'étaient que le résultat impar-
fait d'essais de « création » de l'homme. Elles montraient « la vanité
des tentatives de la Nature physique de construire, sans aide, même
un animal parfait, sans parler de l'homme » (D.S., II, 107).
Ces premiers hommes possédaient cependant « une bonne
Roupâ » (forme) qui pouvait « se tenir debout, marcher, courir, se
coucher ou voler » et qui avait été produite par les efforts conjugués
des Pères ou Pitris Lunaires (Barhishads), de leur Feu (Kavyavâhana,
Vaidyouta ou Pâvaka, le feu électrique), et du Feu Solaire ( Havya-
vâhana, Saura ou Shouchi), le Feu des Dieux (D.S., I, 567 ; II, 107).
Le Feu des « Pères » (Pitris), celui qui « brûle dans la Terre »
(D.S., II, 107) est Kâma, le feu des passions grossières et de l'instinct
animal (D.S., II, 110, 5° note). Le Feu Solaire ou Feu « Animal-Elec-
trique », ne peut que créer des animaux et doter d'une « constitution
physique vivante » les « chhâyâs » projetées par les Ancêtres Lu-
naires. Quant au Feu Solaire ou « esprit dans le Soleil » (D.S., II,
107), il est la vitalité (prâna) émanant du Soleil. Les Feux Solaire et
LA MAGIE

Quand un fakir « attribue ses phénomènes aux Pitris, il veut


seulement dire ce qu'affirmaient les anciens philosophes et théur-
gistes quand ils soutenaient que tous les « miracles » étaient obtenus
grâce à l'intervention des dieux, ou des bons et mauvais daimons qui
contrôlent les pouvoirs de la nature, les élémentals, qui sont assu-
jettis au pouvoir de celui qui sait » (I.D., II, 107).
Les Elémentals sont utilisés pour faire de la Magie. C'est pour-
quoi la « Doctrine Secrète » est avare de renseignements précis à
leur propos. Car, dans ce domaine tout particulièrement, le « POU-
VOIR appartient à celui qui sait » (D.S., III, 1). La connaissance des
relations existant entre les élémentals et la lumière étant « la clef
du monde élémental », est en conséquence gardée voilée par les
Occultistes, « car c'est un secret dangereux » (C.W., IX, 106).
Il y a des relations définies entre les formes géométriques, les
nombres, les sons et les couleurs, d'une part, et les éléments cos-
miques ainsi que les élémentals qui en sont formés, d'autre part.
Leur connaissance est indispensable à l'Occultiste pratique, car c'est
« au moyen de ces corrélations de couleur, de son, de forme, de
nombre et de substance que la volonté entraînée de l'Initié gouverne
et utilise les habitants du monde élémental ». Certains théosophes,
déclare Mme Blavatsky, ont eu « de légères relations conscientes
avec les élémentals », mais n'ont pu réussir à les entendre ou les
obliger à se montrer ou agir pour eux parce qu'un élémental ne peut
comprendre la pensée d'un être humain. « Il ne peut être atteint que
lorsque la note exacte à laquelle correspond son être est mise en
vibration, que ce soit par la couleur, la forme, le son ou quoi que
ce soit d'autre » (C.W., IX, 240).
Nombreux sont les auteurs qui ont donné, avec un grand luxe
de détails, des renseignements sur les instruments et cérémonies
auxquels, selon eux, l'Occultiste doit avoir recours pour accomplir
ses opérations magiques. Eliphas Levi, le célèbre Cabaliste français
du dix-neuvième siècle, se montre prolixe à ce propos. En réalité,
tout attirail ou rite prétendu magique est superfétatoire. La connais-
sance ésotérique et une forte volonté suffisent pour accomplir des
actes de magie.

22
338 DOCTRINES INITIATIQUES LA MAGIE 339

« Les cérémonies et l'attirail décrits si minutieusement Européens d'aujourd'hui nomment Satan, Samaël ». Ainsi, comme
par Lévi sont calculés en vue de tromper le lecteur superfi- l'exprime l'adage kabalistique bien connu, Demon est Deus inversus,
ciel. Poussé par une impulsion irrésistible à écrire ce qu'il autrement dit « le démon est le revêtement de Dieu » (T.G., 269).
savait, mais craignant d'être dangereusement explicite... il Le sens littéral de cet adage est « le diable est dieu renversé, ce qui
met l'accent dans ses ouvrages sur des détails sans impor- veut dire qu'il n'y a ni mal ni bien, mais que les forces qui créent
tance et parle le moins possible de choses de plus grand l'un créent l'autre suivant la nature des matériaux qu'elles trouvent
intérêt. En réalité, les Cabalistes Orientaux n'ont nul besoin pour agir dessus » (T.G., 97).
de préparation, de costumes, d'instruments, de tiares ou Les sorciers ne peuvent utiliser, dans leurs opérations magiques,
d'armes guerrières... une simple baguette de bambou à sept que les Klippoth ou Elémentals. Les Fils de la Sagesse, Mânasapou-
noeuds complétée par leur sagesse ineffable et leur pouvoir- tras ou Dhyân Chohans, appelés également « Dieux des Eléments
volonté indomptable suffit à évoquer les esprits et à pro- ne sont « nullement les Elémentals. Ces derniers sont, au mieux,
duire des miracles authentifiés par les témoignages d'une utilisés par ceux comme véhicules et matériaux dont ils se revêtent »
nuée de témoins dépourvus de préjugés » (C.W., I, 150). (D.S., II, 285, 2' note). Jéhovah, le créateur de notre monde matériel,
« était appelé par les Gnostiques le Créateur d'Ophiomorphos, le
Les Elémentals sont les Klippoth des Cabalistes. Ils demeurent Serpent, Satan ou le Mal, et considéré comme lui étant identique »
dans le monde d'Asiah ou monde de l'Action (le mot hébraïque Asiah (D.S., II, 407). Mais, dans un sens, Jéhovah est l'humanité elle-même
signifie Action), le « monde sublunaire » également appelé Olam (I.D., II, 269), et c'est en réalité celle-ci qui est « le mauvais Esprit,
Klippoth par les Cabalistes. Ce monde Asiatique contient « les (six Satan et Samaël, l'ange de la Mort ». Car il n'y a, en dehors de
autres) Sphères, les Gilgolim et la Matière ». Il est la résidence du l'humanité, ni Mal ni Diable (D.S., II, 406). Il n'y a aucun Diable, au
« Prince de l'Obscurité », Samaël, « l'Ange de la Mort qui est aussi sens donné communément à ce mot, dans la Lumière Astrale qu'Eli-
le Serpent séducteur Satan », quoiqu'il soit aussi bien Lucifer, « le phas Lévi appelait le Grand Agent Magique.
brillant Ange de Lumière ». C'est dans ce monde sublunaire que se
trouvent les sept Hachaloth, les sept Palais ou Habitations des Klip- « Ainsi, alors que la Lumière Astrale est la Cause Uni-
poth, Palais « qui sont simplement les sept Zones de notre Globe » verselle dans son unité et son infinité non manifestée, elle
(D.S., II, 117). devient, en ce qui concerne l'humanité, simplement les effets
Klippoth signifie « Coques » d'où le nom de « Coque » donné à des causes produites par les hommes dans leurs vies per-
« la Forme Astrale, le Corps appelé Kâma-Roûpa » qu'abandonne verses. Ce ne sont pas ses brillants habitants (qu'on les
l'être humain après la mort astrale, lorsqu'il quitte le Kâma Loka appelle Esprits de la Lumière ou Esprits de l'Obscurité) qui
pour pénétrer dans le Dévachan (D.S., II, 117, 2' note). produisent le Bien ou le Mal. C'est l'humanité elle-même qui
détermine l'action et la réaction inévitables dans le Grand
Samaël, l'Ange de la Mort et le Serpent séducteur Satan, est
Agent Magique » (D.S., II, 539).
également Lucifer qui personnifie les « Fils de la Sagesse », les
protecteurs de la race humaine. Samaël est aussi, comme le Typhon Dans un sens, Jéhovah est l' « Esprit de la Terre » (D.S.,
des Egyptiens, la matière dont s'enveloppent les Fils de la Sagesse
II, 631), nom que lui donnent certains cabalistes (C.W., X, 346). Il
pour se manifester dans les mondes inférieurs. Asiah, « le monde est un « septénaire et une Hiérarchie » d'Esprits Terrestres attachés
des Démons ou des Coques », contient la matière « dont sont faites à notre globe terrestre (C.W., X, 345, 346). Ce Jéhovah est « le dieu
les étoiles et les planètes, et même les hommes ». De sorte que, dans jaloux, coléreux, turbulent et toujours actif, rancunier et aimable
un sens, « Samaël avec ses légions est simplement la matière chao-
seulement pour son peuple élu, ceux qui se le sont rendu propice »
tique, turbulente, qui est employée dans son état le plus raffiné par
(D.S., II, 631, 3' note). Les Esprits Terrestres sont subordonnés aux
les esprits pour s'enrober ». Effectivement, « les Mânasapoutras ou signes du Zodiaque ou « Animaux Sacrés », c'est-à-dire aux Dieux
Fils de la Sagesse utilisent, pour consolider leur forme et descendre
Lunaires qui forment la deuxième hebdomade des Gnostiques et qui
dans des corps inférieurs, la lie de Svabhâvat ou la matière plastique
sont seulement supérieurs aux Esprits de la Terre (D.S., I, 483).
qui est partout dans l'espace, en d'autres termes l'ilus primordial.
Dans la Cabale, les Klippoth sont les habitants du monde le plus
C'est cette lie que les Egyptiens appelaient Typhon et que les inférieur, Asiah ou monde de l'action. Ils constituent, collectivement,
340 DOCTRINES INITIATIQUES

le Diable ou le Démon, le « dieu renversé », et sont les « corrélatifs »


et les « contraires » des Anges du Monde de Jetzirah (de la Forma-
tion) dont le chef est Métatron, l'Ange du Monde Briatique (D.S.,
II, 117). Ils sont les reflets ou les ombres des Dieux Lunaires consti-
tuant la sixième Hiérarchie. Car « les Hiérarchies sont réfléchies
LES FILS DE FOHAT. - LE ROI SOMA
l'une dans l'autre », tout plan est septénaire et chaque paire de plans
contient deux Hebdomades (Lucifer, novembre 1890, 196). Celles-ci
sont complémentaires ; la première est mâle, la seconde, femelle.
Cette complémentarité est ce que les Cabalistes appellent la balance.
Le Zohar indique qu'avant la création de notre monde, des mondes, Le Soleil visible n'est qu'une réflexion du véritable Soleil. « Cette
réflexion étant une chose concrète tournée vers l'extérieur, est un
personnifiés par les Rois d'Edom, ont été détruits à cause du manque
Kâma-Roûpa. » De sorte que tous les Soleils (les étoiles que nous
de balance. Mac Gregor Mathers donne, à ce propos, les explications
voyons briller dans le ciel) forment « le Kâma-Roûpa du Cosmos ».
suivantes : « Comme chacune des Sephiroth procède de la précé-
Néanmoins, pour son propre système, « le Soleil est Bouddhi, étant
dente, dans la série, il est évident qu'avant la formation de la Sephira
la réflexion et le véhicule du véritable Soleil qui est Atmâ, invisible
équilibrante, la force dans la Sephira précédente est non équilibrée. »
sur ce plan. Toutes les Forces Fohatiques (électricité, etc.) sont dans
Et ce Cabaliste, prenant pour exemple Guedoulah et Guebourah (qua-
cette réflexion » (D.S., III, 562).
trième et cinquième Sephiroth), ajoute qu'en conséquence de cette
Ces Forces sont les « Sept Fils de Fohat » qui sont également
règle, avant qu'apparaisse Guebourah, « Guedoulah est non équilibrée
ses « Frères » (D.S., I, 169). Elles sont également les sept rayons
et cette condition est le règne de l'un des Rois Edomites ; mais
solaires symbolisés par les Gandharvas, les musiciens célestes des
quand apparaît Guebourah, son règne est terminé » (The Kabbalah
Védas. Les Gandharvas sont, en effet, les « Pouvoirs du Feu Solaire
Unveiled, 174, 2° note).
et constituent ses Forces ». Ils ont cependant une autre signification.
Dans certaines allégories postérieures aux Védas, ils sont, en effet,
présentés comme aimant les femmes et pourvus d'un pouvoir mys-
tique sur elles. Dans ce second sens, ils sont identiques aux « Fils de
Dieu qui virent que les filles des hommes étaient belles (Genèse, VI),
qui les épousèrent et enseignèrent aux filles de la Terre les secrets
du Ciel » (D.S., I, 569, note). Autrement dit, selon cette seconde
interprétation, les Gandharvas sont les Anges Solaires qui dotèrent
les hommes du Manas.
Depuis lors, nous dit Mme Blavatsky, ils sont des Instructeurs
Spirituels qui « révèlent aux mortels les secrets du ciel et de la terre
et la science ésotérique. Ils ont la charge de la plante sacrée Soma
et de son jus, l'ambroisie bue dans le temple, qui donne l'omni-
science » (T.G., 124). Car ce breuvage permet à celui qui l'absorbe de
se libérer momentanément de son corps physique et de s'en éloigner
dans sa « Forme Spirituelle », devenant ainsi « comme l'un des
Dieux » et gardant, en réintégrant son corps physique, le souvenir
de ce qu'il a vu et appris dans les mondes invisibles. « Clairement
parlant, Soma est le fruit de l'Arbre de la Connaissance, défendu par
les jaloux Elohim à Adam et Eve, ou Yahve, de peur que l'homme
ne devienne comme l'un de nous » (D.S., II, 524, 3° note). Dans la
Gnose, Ophis, l'Agathodaemon qui incite Adam et Eve à manger du
fruit défendu, est appelé l'Arbre de la Connaissance du Bien et du
LES FILS DE FOHAT. - LE ROI SOMA
343
342 DOCTRINES INITIATIQUES

Mal (I.D., II, 293). Similairement, les Gandharvas sont « mystique- alors qu'Alaya est le Chaos, Sophia (l'aînée), Sephira, Sarasvati, ainsi
ment la Force Occulte dans le Soma, la Lune ou la plante lunaire, que Svabhâvat (le Père-Mère). Ces deux Ames du Monde, le Chaos et
et la boisson qui en est faite » (D.S. I, 569, note). la Lumière Astrale sont représentées par des anneaux concentriques
dans le grand diagramme cabalistique d' « Isis Dévoilée » (I.D., II,
Cette boisson est faite avec « une plante de montagne rare, par
les Brahmanes initiés ». Cependant le Soma « connu des Européens 264).
n'est pas le véritable breuvage mais son substitut. Car seuls les Selon Subba Row, chacun des cinq éléments Terre, Eau, Air, Feu
et Ether « a sa contrepartie psychique : la contrepartie de la terre
prêtres initiés peuvent goûter du vrai Soma ; et même les rois et
est le magnétisme, la contrepartie de l'eau est l'électricité. La contre-
Râjas, quand ils sacrifient, reçoivent le substitut ». Il existe dans le
partie de l'air est, peut-être, les forces découvertes par Keely, tandis
Panthéon Hindou une divinité nommée le Roi Soma. Celui qui boit
que les contreparties des deux autres éléments sont des forces mys-
du Soma communie avec ce Roi et « il devient rempli de son essence
comme les Apôtres Chrétiens et leurs fidèles étaient remplis du tiques dont il est inutile de donner les noms » (E.W., 111).
Saint-Esprit et purifiés de leurs péchés. Le Soma fait de l'initié un
nouvel homme. Il est né à nouveau, transformé, et sa nature spiri-
tuelle l'emporte sur sa nature physique. Le Soma confère le pouvoir
divin d'inspiration et développe la faculté clairvoyante au plus haut
point » (T.G., 304).
Le Soma des Hindous correspond ainsi, mystiquement et à tous
égards, à l'Eucharistie des Chrétiens. « L'idée est semblable. Au
moyen de prières sacrificielles (les mantras), cette liqueur est sup-
posée être immédiatement transformée en le réel Soma, ou l'ange, et
même en Brahmâ lui-même » (T.G., 305).
Les rayons solaires symbolisés, dans les Védas, par les Gandhar-
das, sont Soushoumnâ, Harikesha, Vishvakarman, Vishvatryarchas,
Sannadhas, Sarvâsu et Svarâj. Ce dernier est le rayon synthétique,
identique à Brahmâ (T.G., 315). Ces Rayons émanent de l'Akâsha
dont ils sont les « effets psychiques et spirituels » (D.S., I, 561,
1- note).
Les Fils de Fohat, sont les Forces que nous appelons Mouvement,
Son, Chaleur, Lumière, Cohésion, Electricité ou Fluide Electrique et
Force Nerveuse ou Magnétisme (D.S., HI, 507, 508). Ils sont les sub-
divisions de l'Ame Universelle ou Anima Mundi qui est la « Source
de la Vie de tous les êtres et du Principe Vital des trois règnes. Elle
était septénaire pour les philosophes Hermétistes comme pour tous
les Anciens. Car elle est représentée comme une croix septuple dont
les branches sont respectivement la lumière, la chaleur, l'électricité,
le magnétisme terrestre, la radiation astrale, le mouvement et l'intel-
ligence ou ce que certains appellent la soi-conscience » (D.S., II, 593).
Cette « Ame Universelle ou Anima Mundi, la réflexion de l'Ame
Immatérielle et Idéale » (D.S., II, 593), est Fohat, la vie infinie « se
manifestant dans notre monde phénoménal » (M.L., 89). Elle ne doit
pas être confondue avec la « Sur-Ame Universelle », Alaya, le sixième
principe cosmique (D.S., I, 45), dont elle est le reflet matériel. Elle
est la Lumière Astrale, le quatrième principe cosmique (E.W., 550),
LE DIEU PERSONNEL

Chacune des sept Hiérarchies de Dhyâni-Bouddhas est, comme


chacun des Archanges des Chrétiens, associée à l'une des sept Pla-
nètes sacrées des Anciens dont elle constitue le septième principe ou
l'aspect spirituel. Effectivement, selon la « Doctrine Secrète », chaque
Planète est « un Septénaire, comme l'homme ». Elle est, pour ainsi
dire, un être dont le corps physique est la planète visible et dont le
principe le plus élevé est un Fils de la Lumière (C.W., X, 31). En
conséquence les Fils de la Lumière sont appelés Etoiles (D.S., I, 625).
Tout homme est relié à l'un des Dhyâni-Bouddhas qui est son « Père
dans le Ciel ».
« L'étoile sous laquelle une Entité humaine est née, dit
l'Enseignement Occulte, restera à jamais son étoile, pendant
tout le cycle de ses incarnations dans un Manvantara. Mais
ce n'est pas son étoile astrologique. Celle-ci n'est en rapport
qu'avec la Personnalité. L'autre étoile est reliée à l'Individua-
lité. L'Ange de cette Etoile, ou le Dhyâni-Bouddha qui lui
est relié, sera soit l'Ange qui guide ou simplement l'Ange qui
adombre, pour ainsi dire, dans chaque nouvelle renaissance
de la Monade, laquelle est une partie de sa propre essence,
quoique son véhicule, l'homme, puisse demeurer toujours
ignorant de ce fait. Chaque Adepte a son Dhyâni-Bouddha,
son « Ame-Jumelle » plus âgée, et il le connaît, l'appelant
« Ame-Père » et « Feu-Père ». C'est seulement à la dernière
et suprême Initiation, cependant, quand il est face à face
avec la brillante « Image », qu'il apprend à le reconnaître »
(D.S., I, 626).

C'est parce que tous les Dhyâni-Bouddhas sont issus d'Adam


Kadmon, l'Homme Céleste, que celui-ci, comme nous l'avons vu, est
ésotériquement, « toute l'humanité », tout comme Manou dans l'Inde,
et Vajrasattva dans le Bouddhisme du Nord. Ils sont tous considérés
comme « la totalité de l'humanité dont le commencement est dans
ce protoplaste androgyne et dont la fin est dans l'Absolu » (T.G., 146).
De même, ainsi que nous l'avons déjà indiqué, Avalokiteshvara est
346 DOCTRINES INITIATIQUES LE DIEU PERSONNEL 347

« la somme totale de toutes les intelligences qui ont été, sont ou « Les « Triades » nées sous la même Planète-Mère, ou
seront jamais sur notre chapelet de planètes... ou dans toute autre plutôt qui sont les radiations d'un seul et même Esprit Pla-
partie de notre système solaire » (M.L. 89). Aux sept Hiérarchies de nétaire ou Dhyâni-Bouddha, sont dans toutes leurs vies et
Dhyâni-Bouddhas correspondent sept catégories d'êtres humains, renaissances des soeurs ou âmes « jumelles » sur cette terre »
dont chacune est reliée à une Hiérarchie. (D.S., I, 627).
« Ishvara ou le Logos est Esprit ; ou, comme l'explique
Dans la Cabale, également, il est question d'âmes parentes, issues
l'Occultisme, c'est une unité composée d'Esprits vivants d'un même « organe » d'Adam Kadmon. C'est seulement entre de
manifestés, source-mère et pépinière de toutes les Monades telles âmes que, selon les Cabalistes, peuvent s'établir des associa-
mondaines et terrestres, plus leurs Réflexions divines qui tions d'êtres supérieurs et d'êtres inférieurs exerçant des actions
émanent du Logos et y retournent, chacune à la fin de son réciproques les uns sur les autres, les plus spirituels aidant les moins
temps. Il y a sept Groupes principaux de ces Dhyân-Chohans, élevés à se perfectionner (Henri Serouya, La Kabbale, 416).
Groupes que l'on trouve et reconnaît dans toutes les reli-
Le Corps Causal (Kârana Sharîra ou Bouddhi), est quelquefois
gions ; car ils sont les Sept Rayons primordiaux. L'Occultisme
appelé le Dieu personnel de l'homme, et il l'est « en un sens » (D.S.,
nous enseigne que l'Humanité est divisée en sept Groupes
III, 58, r note). Cependant le Dieu Personnel d'un être humain est le
e

distincts avec leurs subdivisions mentales, spirituelles et


« prototype » de sa Monade (constituée, strictement parlant, de Boud-
physiques. Il s'ensuit qu'il y a sept planètes principales, les
dhi). Ce Dieu est, en quelque sorte, son âme Causale (Kâranâtmâ). Il
sphères des sept Esprits qui y résident. Sous chacun de
arrive qu'il s'unisse à son « Fils » l'âme humaine qui est sa « progé-
ceux-ci est né l'un des Groupes humains qui est de la sorte
niture ou émanation ». Lorsqu'au cours d'une extase une telle union a
guidé et influencé » (D.S., I, 626).
lieu, le Père et le Fils deviennent un, « la source divine coulant comme
un cours d'eau dans son lit humain » (D.S., III, 57). Mme Blavatsky
De sorte que chaque être humain « est une incarnation de son
rapporte que Plotin affirme avoir expérimenté cet état sublime à
Dieu ». Il est un avec son Père dans le Ciel, « exactement comme on
six reprises différentes et que Porphyre déclare avoir eu cette extase
le fait dire à l'Initié Jésus. Autant d'hommes sur terre, autant de
une seule fois, alors qu'il était âgé de plus de soixante ans. Elle fait
Dieux dans le ciel » (D.S., HI, 449). Le « Père dans le Ciel » est Atmâ,
remarquer que « La Théophanie (ou l'apparition d'un Dieu à
le principe humain le plus élevé : « Le septième principe est le Dieu
Personnel de tout homme ». Il est représenté par un point au centre l'homme), la Théopathie (ou l'assimilation de la nature divine) et la
Théopneustie (l'inspiration, ou, plutôt, le mystérieux pouvoir d'en-
de l'étoile à six pointes ou sceau de Salomon (C.W., III, 321).
tendre oralement les enseignements d'un Dieu) n'ont jamais été
Tout être humain est donc relié à un « Veilleur Silencieux » dont
correctement comprises » (D.S., III, 57, 2' note).
sa personnalité (sa « Monade mondaine et terrestre » ou son qua-
ternaire inférieur) est, pour ainsi dire, l'Ombre sur terre. « Le Comme l'écrit Jean Daniélou, Philon a décrit avec précision cette
Veilleur ou Prototype Divin est à l'échelon supérieur de l'Echelle de extase suprême, qu'il appelait l' « extase d'Abraham ». « C'est un état
l'Etre, l'Ombre est sur l'échelon inférieur. » Entre les deux se d'enthousiasme où l'esprit divin expulse l'esprit humain et prend sa
trouve la « Réflexion divine » de la personnalité, c'est-à-dire l'Indi- place... Il n'est pas permis en effet à ce qui est mortel de cohabiter
vidualité, l'Ego Supérieur. Celui-ci est un Koumâra (D.S., III, 500), avec ce qui est immortel » (Jean Daniélou, « Platonisme et Théologie
un « Fils de Mahat » (D.S., III, 568, Diagramme V). Comme l'exprime Mystique », p. 278).
la septième Stance de Dzyan, « le Fil entre le Veilleur Silencieux et Il se peut que, dans des cas exceptionnels, l'union du Père et du
son Ombre devient plus fort et plus radieux à chaque changement » Fils ne soit pas simplement temporaire, mais permanente. Alors,
(à chaque réincarnation) (D.S., I, 285).
Ce sont les « Triades » (Atmâ-Bouddhi-Manas) qui se réincarnent, « le mystère devient complet. Le Mot est fait Chair en fait
car les quatre principes inférieurs de l'homme changent à chaque et réellement, l'individu devenant divin dans le plein sens du
renaissance. Il existe une parenté spirituelle entre les Triades issues terme, car son Dieu personnel a fait de lui son tabernacle
d'un même Dhyâni-Bouddha, ou plutôt d'une même Hiérarchie de pendant toute sa vie, « le temple de Dieu », comme dit Paul »
Dhyâni-Bouddhas. (D.S., III, 58, 59).
348 DOCTRINES INITIATIQUES LE DIEU PERSONNEL 349

Il n'est pas tout à fait exact de dire que le septième principe Divin tend, avec sa pointe en direction du haut, vers Bouddhi, et
humain (Atmâ) est le Dieu Personnel, le divin Augoeides, « un esprit l'Ego humain gravite vers le bas, immergé dans la Matière, relié à
presque immatériel » (C.W., III, 321). Le Dieu Personnel d'un homme sa moitié supérieure et subjective seulement par l'Antahkarana ». Ce
« n'est pas, naturellement, son septième principe seul, car, per se et dernier est l'unique lien, « pendant la vie, entre les deux mentais, la
en essence, celui-ci est simplement un rayon de l'Océan infini de conscience supérieure de l'Ego et l'intelligence humaine du mental
Lumière » (D.S., III, 58). inférieur » (D.S., III, 512).
« L'essence de l'Ego Divin est une « flamme pure », une entité
« Le Dieu personnel n'est pas la Monade, mais en vérité
à laquelle rien ne peut être ajouté et dont rien ne peut être enlevé. »
le prototype qu'à défaut d'un meilleur terme nous appelons
Le Manas Supérieur « ne peut donc être diminué même par un
le Kâranâtmâ manifesté (Ame Causale), l'un des « sept »
nombre incalculable de mentaux inférieurs » (D.S., III, 511, lre note).
principaux réservoirs des Monades ou Egos humains. Ces
Le mental inférieur, à chaque renaissance, « va animer la personna-
derniers sont graduellement formés et renforcés pendant leur
lité ». Il se sépare « consciemment, comme une ombre dense mais
cycle d'incarnation, par des additions constantes d'individua-
pure, de l'Ego Divin » et s'enfonce « comme un coin dans le cerveau
lité provenant de personnalités dans lesquelles s'incarne ce
et les sens du foetus à la fin du septième mois ». Quant au Manas
principe androgyne, mi-spirituel, mi-terrestre, participant à
Supérieur, il « ne s'unit pas à l'enfant avant la fin des sept premières
la fois du ciel et de la terre, appelé par les Védântins Jîva
années de sa vie ». Le Manas inférieur « devient, au fur et à mesure
et Vijnânamaya Kosha, et par les Occultistes le Manas (men-
que l'enfant grandit, un Principe pensant distinct dans l'homme, son
tal) ; principe qui, en bref, s'unissant partiellement à la
principal instrument étant le cerveau physique » (D.S., III, 511, 512).
Monade, s'incarne dans chaque nouvelle naissance. En par-
L'homme, être septénaire, est symbolisé par la croix ansée des
faite union avec son (septième) Principe, l'Esprit inaltéré,
Egyptiens qui n'est autre que le « cube déployé », c'est-à-dire un cube
il est le Soi Supérieur divin, comme le sait tout étudiant de
dont toutes les faces ont été étalées sur un même plan (D.S., II,
la Théosophie. Après chaque nouvelle incarnation, Bouddhi-
634, 5' note). Ce symbole a la même signification ésotérique que
Manas cueille, pour ainsi dire, l'arome de la fleur appelée
Vittoba, l'homme « crucifié dans l'espace », et que la croix décussée
personnalité, dont le résidu purement terrestre (sa lie) est
de Platon. Il représente le « second Dieu qui s'est imprimé sur
abandonnée et disparaît comme une ombre » (D.S., III, 58).
l'univers, sous la forme d'une croix » (D.S., II, 592). Le cube déployé
est « 6 devenant 7 » (une face, la base du cube, étant comptée deux
La personnalité de l'homme est l'aspect sous lequel il se mani- fois, une fois dans la barre horizontale de la croix, et une fois dans
feste sur terre. Son individualité est son aspect supérieur, qui se
la barre verticale). L'homme dont il est le symbole est « l'apothéose
révèle pendant son existence dévachanique. Privé de ses principes
de la déité sur terre ». Son corps est « la croit de chair sur, par et
inférieurs, il a alors pour corps son Enveloppe Aurique qui sert de
dans laquelle il crucifie sans cesse et met à mort le Logos divin ou
véhicule à sa Monade (Atmâ-Bouddhi) à laquelle s'est intégré son
son SOI SUPERIEUR » (D.S., II, 39, 40).
Manas supérieur. La Personnalité est appelée, en sanscrit, Pratyeka
L'homme est un reflet des sept Hiérarchies d'Esprits Planétaires,
Yâna, et l'Individualité Amrita Yâna.
Régents des sept Planètes Sacrées, dont il obtient ses principes.
« 1) Le Pacceka Yâna (en sanscrit « Pratyeka ») signifie Suivant l'expression du Pythagoricien Métrodore de Chios, il répète
littéralement le « véhicule personnel » ou Ego personnel ; en lui la hiérarchie. L'homme ordinaire « a en lui les sept pâles
une combinaison des cinq principes inférieurs. Tandis que réflexions des sept Hiérarchies Divines » (D.S., III, 59). Les principes
2) l'Amata-Yâna (en sanscrit « Amrita ») est traduit « l'im- d'un Adepte en sont des réflexions bien plus resplendissantes et,
mortel véhicule », ou l'Individualité, l'Ame Spirituelle, ou la dans le cas d'un Bouddha, « ils sont presque les principes célestes »
monade Immortelle, une combinaison des cinquième, sixième eux-mêmes (D.S., III, 379).
et septième principes » (M.L., 111). Les philosophes de l'Antiquité considéraient les Adeptes comme
de véritables Dieux incarnés. Ils n'entendaient nullement, par là, que
Manas, le Mental, qui appartient sous son aspect supérieur à ces êtres parfaits « fussent des incarnations du Dieu Unique,
l'Individualité et, sous son aspect inférieur, à la Personnalité, joue le Suprême et à jamais invisible », mais simplement qu'ils avaient
rôle de charnière entre les deux. Le Manas Supérieur ou « l'Ego réussi à unir leur âme avec leur Dieu personnel. Moïse et les autres
350 LE DIEU PERSONNEL 351
DOCTRINES INITIATIQUES

personnages qui, comme lui, représentent un Initié, n'étaient consi- Le Styx dee Grecs, la baleine qui avala Jonas et l'eau du Jourdain
dérés dans l'Antiquité que comme « des hommes complets, des dans laquelle s'est plongé Jésus ont le même sens ésotérique.
dieux sur terre », s'étant unis à leur dieu personnel par l'ascèse
« Ils signifiaient l'entrée dans des conditions d'existence
mystique (I.D., II, 153).
par la mort qui devenait une nouvelle vie. Comme Jonas,
C'est un Instructeur spirituel que représente Dag ou Dagon, l'Initié du Vieux Testament, entre dans le sein de la baleine
identique à Merodach, le Dieu de Babylone (T.G., 213), ainsi qu'à (Initiation Phallique), de même Jésus, l'homme, entrant dans
Oannès, l'homme-poisson chaldéen, « l'être mystérieux qui pendant l'eau (symbole de la matrice spirituelle de sa seconde nais-
le jour sortait des profondeurs de la mer pour enseigner aux gens sance), pénètre dans Jar-Dan, la rivière de Dan, tribu qui,
toute science utile » (T.G., 94). Ce dernier, également appelé Annedo- astronomiquement, était dans le Scorpion (les « portes de
tus, est présenté, dans les antiques récits chaldéens, comme l'ins- la femme » ou la matrice). En émergeant, il devenait
tructeur des Babyloniens primitifs. Selon ces récits, Oannès leur Christos, l'Initié glorifié ou l'androgyne divin et asexué. De
apporta la civilisation, les instruisit dans « les lettres et les sciences, même, Jonas, quand il émergea, devint le « Seigneur »,
la loi, l'astronomie et la religion, leur enseignant l'agriculture, la Jah hovah pour les Juifs, précédant ainsi Jes-us, la nouvelle
géométrie et les arts en général ». Musarus Oannès fut le premier vie. Le Jésus du Nouveau Testament devient l'oint par
d'une série de cinq Annedoti, chacun d'eux apparaissant dans une l'Esprit, symbolisé par la Colombe » (C.W., XI, 496).
des races-racines humaines, « notre race étant la la cinquième ».
Oannès est décrit comme ayant un corps et une queue de poisson, Par son initiation, Jésus est devenu « Christos, l'Ego Glorifié,
avec une ête d'homme sous une tête de poisson et des pieds humains. Bouddhi-Manas ». Il est désormais Lucifer (Vénus), ce qu'il affirme
Il a été démontré que sa tête de poisson était simplement une coif- en déclarant ( Apocalypse, XXII, 16) : « Je suis... l'étoile brillante du
fure. Elle est le couvre-chef des hauts Lamas et la mitre des Evêques. matin » (C.W., XI, 496, 497).
Osiris avait une telle coiffure. Quant à la queue de poisson, elle était Les douze disciples de Jésus sont un symbole. Ils représentent
simplement la traîne d'un long manteau raide dont sont revêtus « les trois aspects des quatre principes inférieurs », le trois réfléchi
certains personnages peints sur des tablettes assyriennes. On en dans le quatre (C.W., XI, 500, 1" note). Ils assistent, avec le Christ
retrouve la forme dans un vêtement sacerdotal porté de nos jours (le Manas ou Ego Supérieur) aux noces de Cana qui sont, en réalité,
par les prêtres grecs. L'Occultisme place Oannès et les autres une scène d'initiation venant après quatre jours d'épreuves et trois
Annedoti parmi les Adeptes. Ceux-ci étaient communément appelés, jours de descente dans le Hadès. Car leur présence est « nécessaire
dans l'Antiquité, des « dragons ( Nâgas) marins ou aquatiques. L'eau
pour la purification de l'Homme tout entier » (C.W., XI, 500).
indiquait leur origine humaine (car c'est un symbole de terre et de Dans son ascension spirituelle, longue et ardue, l'homme est
matière, ainsi que de purification) ». Les « Nâgas de feu » sont heureusement aidé par les Anges Solaires et Lunaires. Les premiers,
différents. Supérieurs aux Adeptes, ils sont des Etres Célestes, des nous l'avons vu, sont les Esprits ou Régents Planétaires composant
Bodhisattvas ou Dhyânis (Esprits) Planétaires, « également consi- la première Hebdomade des Gnostiques. Les seconds, les « Dieux
dérés comme les instructeurs de l'humanité ». Lunaires projetés par la première Hebdomade » (D.S., I, 484), sont
Oannès passait le jour parmi les hommes pour les instruire, et leurs « Anges subordonnés », leurs « Messagers », « leurs émanations
la nuit dans la mer. Il était donc amphibie, sa vie s'écoulant sur deux sur l'échelle descendante » (D.S., I, 220). Ces Anges Lunaires sont les
plans, l'un spirituel, l'autre physique, comme l'indique le mot grec sept Esprits Stellaires des Gnostiques (D.S., I, 219, 484). Selon
amphibios. Ce terme signifie, en effet, vie sur deux plans, étant « Eminent Occultiste » (l'Adepte K.H.) « les sept Gabborim ou
formé d'amphi (des deux côtés) et de bios (vie). Il servait, souvent, Kabiri, les sept étoiles errantes » (planètes), « sous leur nom collectif
à désigner dans l'Antiquité des hommes qui « s'étaient rendus de Kabar Ziv (Puissante Vie ou Lumière), comme un Point Central,
presque divins par la connaissance et vivaient autant dans les régions émanent les sept Daemons et leur permettent de se grouper autour
spirituelles super-sensorielles que sur terre. Oannès est faiblement d'eux » ( « The Paradoxes of the Highest Science », 123, note).
reflété dans Jonas, et même dans Jean le Précurseur, tous deux reliés L' « Eminent Occultiste » établit une relation entre ces Anges ou
au Poisson et à l'Eau » (T.G., 236, 237). « Daemons » et les principes humains qu'il fait correspondre, dans
un tableau, aux sept classes de ces Esprits Stellaires (ibid., 123).
352 DOCTRINES INITIATIQUES

Ceux-ci étaient considérés, par les Gnostiques, comme les Fils d'Ilda-
Baoth (D.S., I, 483). Ils sont « tous à son image » et les réflexions
l'un de l'autre, de plus en plus matériels à mesure qu'ils s'éloignent
de leur « Père ». Ils habitent « sept régions disposées comme une BIBLIOGRAPHIE
échelle », car ils sont « les Génies des sept planètes et des sphères
planétaires de notre chaîne planétaire » (D.S., I, 219).

Ces Anges Lunaires (la seconde Hebdomade des Gnostiques) sont Cornelius AGRIPPA. — La Philosophie Occulte (Bibliothèque Chacornac,
symbolisés par les signes du Zodiaque et sont les « Animaux Sacrés » Paris).
des Stances de Dzyan (D.S., II, 26). Ils sont également, dans la Gnose, Geoffrey A. BARBORKA. — The Divine Plan (Theosophical Publishing House,
les 360 Décans supérieurs aux 360 Archons, ces derniers étant des Adyar, Inde).
Anges inférieurs qui « refusent de croire aux mystères de la Lumière The Mahatmas and their Letters (Theosophical Publishing House,
et incitent les âmes à pécher » (Lucifer, juin 1890, 320). Les Décans, Adyar, Inde).
comme les Anges de la sixième Hiérarchie Créatrice, sont les Anges H.P. Blavatsky, Tibet and Tulku (Theosophical Publishing House,
Gardiens du Christianisme (D.S., I, 242). Selon Jacques Matter, ces Adyar, Inde).
génies tutélaires composaient la troisième série des Dieux du pan- Paul BASTID. — Proclus et le Crépuscule de la Pensée Grecque (Librairie
théon égyptien. Ils étaient « invoqués contre le néfaste pouvoir de Philosophique, J. Vrin, Paris).
Typhon, l'Ahriman égyptien ». Voici ce qu'il en dit : Helena Petrovna BLAVATSKY. — La Doctrine Secrète (The Theosophical
Publishing House, Adyar, Inde ; édition française Editions Adyar,
« Ces Dieux sont aussi peu connus de nom que les Paris, six volumes).
trois cent soixante intelligences qui formaient l'Abrasax de Isis Dévoilée (The Theosophical Publishing House ; édition
Basilide. Les anciens les désignaient par le terme générique française Editions Adyar, Paris, quatre volumes).
de Daemons. Ces Daemons étaient groupés en classes autour La Voix du Silence (édition française Editions Adyar, Paris).
des Déités que l'on appelait les Dieux Cosmiques, c'est-à-dire
The Key to Theosophy (Theosophical Publishing House).
autour des dieux qui gouvernaient le monde visible ; ils
Collected Writings (Theosophical Publishing House ; Theosophical
étaient leurs agents (Cosmocratores), exactement comme Research Society Los Angeles U.S.A. of Blavatsky Writings ;
leurs chefs étaient ceux des Dieux super célestes. Chargés de Publication Fund Los Angeles U.S.A. ; une douzaine de volumes
maintenir la communication entre les deux mondes, ils pré- parus).
sidaient à la descente des âmes des régions supérieures dans Occultisme Pratique (édition française, Editions Adyar, Paris).
les régions inférieures et leur communiquaient, pendant leur Theosophical Glossary (Theosophical Publishing House).
présente existence d'épreuves et d'expiation, les dons de la Dans les Cavernes et Jungles de l'Hindoustan (édition française,
vie divine. Ils se partageaient les trente-six parties du corps Editions Adyar, Paris).
humain et, après la fin de leur carrière terrestre, guidaient Au Pays des Montagnes Bleues (édition française, Editions Adyar,
les âmes dans leur retour vers l'Etre Suprême » (Lucifer, Paris).
juin 1890, 320). The Letters of H.P. Blavatsky to A.P. Sinnett (Fisher Urwin,
Londres).
Dans l'Egypte ancienne, le Dieu Lunaire Taht-Esmoun était consi- H.P.B. Speaks (Theosophical Publishing House, deux volumes).
déré comme le premier ancêtre de l'homme. Ce nom désignait des Guy CASARIL.— Rabbi Siméon bar Y ochaï et la Cabbale (Editions du Seuil,
Dieux (Anges) qui sans fournir à l'être humain son Esprit (Atmâ) et Paris).
son corps physique, lui donnent « ses cinq principes inférieurs » Mabel COLLINS.— L'Idylle du Lotus Blanc (avec les commentaires de Subba
(D.S., I, 248). On reconnaît dans Taht-Esmoun la sixième Hiérarchie Row) (édition française, Editions Adyar, Paris).
Créatrice dont l'homme « obtient tous les principes, sauf le plus haut La Lumière sur le Sentier (édition française, Editions Adyar, Paris).
et le plus bas », ses « cinq principes médians étant l'essence de ces
Jean DANIÉLOU. — Platonisme et Théologie Mystique (Ed. Aubier).
Dhyânis » (D.S., I, 242).

23
354 DOCTRINES INITIATIQUES

Mircea ELIADE. - Mephistophélès et l'Androgyne (N.R.F., Gallimard, Paris).


Forgerons et Alchimistes (Flammarion, Paris).
ENEL. - Trilogie de la Rota (Édit. Paul Derain, Lyon).
Amie-Marie ESNOUL. - Les Strophes de Sâmkhya (Sâmkhya-Kârikâ), avec
le commentaire de Gaudapâda (Les Belles Lettres, Paris). INDEX
Robert M. GRANT. - La Gnose et les origines chrétiennes (Editions du
Seuil, Paris).
Anna Bonus KINGSFORD et Edward MAITLAND. - The Perfect Way (John M. A Aum 30,307, 308
Watkins, Londres). Auphanim 55
Abatour 63, 150 Aura du Logos 33
Eliphas LEVI. - Dogme et Rituel de Haute Magie (Bussière, Paris). Adam Kadmon 19, 26 Auto-Nés 158
Adam mâle et femelle 55 Avalokiteshvara 19
The Paradoxes of the Highest Science, with Foot-notes of a Master Adam de poussière 64 Avatâra Kalki 200
of the Wisdom (Theosophical Publishing House, Adyar, Inde). Adi Bouddha 75 Avastha 79, 253
Adi Sanat 42 Avitchi 289, 290, 291
Mac Gregor MATHERS. - The Kabbalah Unveiled (George Redway, Londres). Aditi 23, 55
Adityas 55
Avyaktam 17

George R. S. MEAD. - Fragments of a Faith Forgotten (Theosophical Adeptes 308


Adonaï 78 B
Publishing House). Aebel Zivo 150
Aether 28, 57 Bahak Zivo 149
Marguerite MERTENS-STIENON. - Studies in Symbolism (Theosophical Agathodaemon 104, 295 Balance 28, 63, 64, 69, 340
Publishing House). Agni 144 Barhishads 93, 322
Agnishvâttas 93, 143 Bath Kol 36
L'Occultisme du Zodiaque (Editions Adyar, Paris). Ah-Hi 81 Bel 206
Ahamkara 54, 59 Beni-Elohim 43
Subba Row. - The Philosophy of the Bhagavad-Gîtâ (Theosophical Ahoura Mazda 30 Binah 43
Publishing House). Aima 187, 188 Boaz 311
Aindrî 59 Bouddhi 127
Esoteric Writings (Theosophical Publishing House). Akâsha 23, 24 Bouddhi Cosmique 73, 74
Alaya 20, 23, 38 Brahmâ 24, 26
François M. M. SAGNARD. - La Gnose Valentinienne et le témoignage de Aleph 63 B'raishith 91, 92
Saint Irénée (Librairie Philosophiqque J. Vrin, Paris). Amânasas 157
Amenti 99
Briah 41
Brouillard de Feu 23, 57
Henri SEROUYA. - La Kabbale (Grasset, Paris). Amrita Yâna 252, 348 Bythos 19
Amshaspends 98, 143
Anandamayakosha 240
Sven EEK. - Dâmodar and the Pioneers of the Theosophical Movement Ancien des Anciens 62 C
(Theosophical Publishing House). Ancien des Jours 42
Anges de la Présence 92, 95, 97, 98, 145 Caïn 115
I. K. TAIMNI. - Man, God and the Universe (Theosophical Publishing Anges Secondaires 55 Capricorne 65
House). Anima Mundi 38
Animaux Sacrés 42
Chakra Shatkona 29
Chaos 23, 24, 25
Glimpses into the Psychology of Yoga (Theosophical Publishing Annedotus 350 Cherubim 100
House). Anoupâdaka 88, 91 Chhâyâ 155, 156
Anubis 326 Chidâkâsham 78, 129, 130
La Science du Yoga (édition française, Editions Adyar, Paris). Aour 278 Chine 63
Apap 307 Chinmâtrâ 53, 129
Lettres des Mahatmas M. et K. H. à A. P. Sinnett (édition française, Editions Apophis 42, 181, 285, 307
Apôtre Gabriel 150
Chit 36
Chitkala 297
Adyar, Paris). Arbal-Il 116 Chitragoupta 99
Archanges 107, 143 Chitrashikhandinas 98
Lettres des Maîtres de la Sagesse, deux séries (édition française, Editions Archontes 143 Chokmah 20, 30
Adyar, Paris). Ardha-Nârî 28 Chozzar 213
Ardhanarishvara 28 Christos 20, 30, 318, 319, 326, 327
Man : Fragments of Forgotten History, by two Chelas (Reeves et Turner, Arelim 43, 108 Chronus 42
Londres). Arich (ou Arikh) Anpin 44, 69 Comètes 56
Arjouna 37 Constructeurs 108
Asat 26 Cosmocratores 93, 108, 143, 146
Manava-Dharma-Shastra, Lois de Manva, traduction A. Loiseleur-Deslong- Asiah 43, 48 Couronne de la Lumière Astrale 30, 126
champs (Garnier, Paris). Asouras 88, 92 Création Primaire 49
Atmâ 19, 37, 72, 127 Création Secondaire 49
Five Y ears of Theosophy (Theosophical Publishing House). Atziloth 27 Cube Mystique 62
356 DOCTRINES INITIATIQUES INDEX ALPHABÉTIQUE Y

D Force Centrifuge 27, 28 K Manas 127


Force Centripète 27, 28 Manasapoutra 72, 82, 275, 318
Dag 349 Fravarshi 91 Kabires 93,94 Mano 150
Dagon 210 Kâla 21 Manomayakosha 240
Daiviprakriti 33, 37, 67 Kâli 275 Manou 13, 189
Dâlcinî 184 G Kali Youga 59, 200, 217 Manou Racine 189
Dânavas 212, 214 Kalki Avatâra 217, 218 Manou Semence 189
Dath 333 Gandharvas 89, 341 Kâma 59 Manvantara 13
Demeter 47 Gardien du Seuil 289 Kâmaroûpa 127 Marouts 317
Demiurge 26, 31, 46, 60 Gâyatri 33 Karabtanos 43, 149 Mârout Jîvas 317
Deucalion 189 Germe 20, 30 Kâranâtmâ 72, 347 Mârttanda 23, 51
Devachan 252, 286 Gibborim 180, 183, 184, 185 Kârana Sharîra 37 Matière cométaire 55
Devamâtri 55 Gnomes 101 Kâranopâdhi 241 Matsya 192
Dhyân Chohans 20 Gounas 62, 78 Karma 101 Mâyâ 127, 277
Dhyâni Bouddhas 95, 96 Gourouparamparâ 308 Karshvars 135 Mayaviroûpa 156
Dii Minores 43 Grande Ourse 98 Kebar Zivo 149, 318 Melek 44
Dionysos 47, 117 Grande Profondeur 23 Kether 19, 20 Mem 63
Dioscures 178 Grand Sacrifice 175 Khandakâla 21 Mental Universel 13
Dorjechang 77 Grand Souffle 15 Klippoth 338 Mère Vierge 22
Dorjesempa 77 Koubera 105 Merodach 206, 358
Dragon 188 H Koumâras 42, 95, 318 Merou 153
Dragon Doré 54, 97 Kratoudvishas 214 Mesotès 123
Dvâpara Youga 200 Hachaloth 338 Krishna 37 Metatron 64, 65, 150
Dy îpa 153 Hades 88, 145 Krita Youga 200 Métempsychose 269, 272, 273
Dynasties Divines 93 Hayo Bischat 225 Kriyâ Shakti 156, 174 Michel 42
Hea 117 Kshetrajna 72, 243, 298 Microprosope 41, 44
Hermes 65 Kshetram 130 Minos 99
E Hiranyagarbha 30, 37 Kundalinî 295, 332 Moksha 20, 52, 71, 253
Hoa 117 Kwan-Shai-Yin 19, 24 Monade 227
Ea 117, 206, 210 Hod 143 Kwan-Yin 24 Monades Lunaires 148
Eaux 24 Homme Céleste 44, 52, 128 Monde de Vérité 57
Eaux de la Vie 24 Homme-Poisson 210, 211 Mot 19, 52
Eaux de l'Espace 24, 26 Hommes Aquatiques 138, 139 L Moukti 253
Egrégores 180 Huitième Sphère 64, 262, 263 Moûlaprakriti 17, 23, 53
Elémentals 101, 337 Hypostases 62 Lakshmi 329 Myalba 263, 289
Eléments 136, 137 Laya 18, 20, 23
Elohim 18, 55 Lehdaio 150
Ennoia 19, 52 I Lhamayin 139 N
Enoch 64, 222, 223 Lhas 41, 141 Nahash 323
Equilibre 69 Iaô 42 Licorne 313
IAO 126 Lilatou 225 Nara 24, 30
Esprit de Dieu 24, 26, 31, 51 Nârâ 24, 30
Esprits de la Face 178 Idâ 331 Lilith 160, 184, 225
Idéation Cosmique 13, 54 Linga Sharîra 127 Nârada 191, 263, 280
Essence Humide 295 Nârâyana 24
Essence Monadique 236 Ilda-Baoth 43, 149 Lions de Feu 85
Ile Blanche 200 Lions de Vie 85 Nâri 31
Ether 25 Nature Humide 58
Ether de l'Espace 34, 48 Ile Sacrée 188, 196 Lipika 97
Ilus 25 Livre de Vie 97 Neith 25
Etoffe du Monde 26, 53, 54, 55, 56 Nephesh 249, 335
Etoile Flamboyante 309. Indra 59 Logos 19
Indrânî 59 Logos Femelle 32, 34 Nephilim 185
Eve 183 Ish Amon 24, 150 Nés de la Sueur 159
Lucifer 182, 213, 326, 329 Nès de l'OEuf 163
Ishvara 19, 243 Lumière du Logos 33
F Ishvara Pranidhâna 321 Netzah 41
Isis 24 Nirvâna 20, 67
Faces Cabalistiques 62 Al Noé 115
Ferho 150 j Nombre Parfait 309
Ferouer 77, 91, 143 Macroprosope 19, 44 Nous 58, 59
Fetahil 43, 116, 149 Magas 205 Nout, 25, 59
Jagad Yoni 24, 25
Feu Electrique 149 Jâgrat 79 Mahâbhârata 212
Feu Vivant 47 Jakin 311 Mahâ Bouddhi 26, 74
Mahâcaitanyam 33
o
Fiat Lux 21, 55 Jéhovah 115
Filia Vocis 36 Jéhovah-Tzabaoth 41 Mahâ Gourou 175 Oannès 206, 210, 211, 350
Fils d'Ad 174 Jetzirah 41, 48, 130 Mahâ Manvantara 13 Ob 277
Fils du Brouillard de Feu 174 Jishnou 59 Mahâ Mâyâ 33, 187 Od 277
Fils du Crépuscule 158 Jîva 242 Mahâ Pralaya 13 Œaohoo 70, 122
Fils de Dieu 178, 197 Jîvâtma 70 Mahârâjahs 98 Œuf de Brahmâ 24
Fils de Mahat 165 Jîvâtman 19, 20, 235 Mahat 14, 26, 54 Œuf Doré 24
Fils de la Volonté et du Yoga 174 Jonas 350 Mahattattva 18,26 Œuf du Monde 21, 31
Fils du Yoga 159 Jordanus Maximus 24 Maitreya 217 Ogdoade 45
Fils du Yoga Passif 159 Jourdain 104, 295 Makara 313 Omorokâ 161
Fohat 34 Juschanim 24 Malkouth 44, 48 Ophiomorphos 42
358 DOCTRINES IN II I AT !OVES INDEX ALPIIAIIIIT 'QUE 359

Ophis 72, 104 S T Vaishvânara 37


Osiris 24 Vaivasvata 189, 193
Ottik Yomin 42, 117 Tamas 62 Vajradhara 77, 78
Sabbat 49 Tanaim 109
Oupâdhi 27 Sahasrâra 123, 333 Vajrasattva 77, 78
Ouroboros 57, 255 Tanhâ 158 Vaou 48
Saint-Esprit 29, 49 Tanmâtras 54, 58
Oushanas 212 Salokatâ 252 Varouna 105
Târâ 212, 213 Vénus 323, 324
Samaël 338 Târakâ Mâya 212
P Samîpatâ 252 Verbe 19, 20
Tattva Adi 51, 67 Verbum 54
Sâmkhya 57 Tattva Anoupâdaka 51
Padmapâni 04 Sammâ Sambouddha 185 Vichnou 29
Parabrahman 3 13, 15 Samvr Tête Blanche 45 Vie 53
itisatya 277 Tetrade 52
Paramapada 71, 78 Sanat 42 Vie Continue 280
Paramârthasatya 277 Tetragramme 19, 44, 104 Veilleur Silencieux 174
Sanatsujâta 181 Tetraktys 21, 103
Paramâtma 70 Sapta Samoudras 60 Veilleur Solitaire 174
Paranirvâna 78, 277 Thalath 139 Vierge Céleste 57
Sarasvatî 32 Tiamat 206
Paranishpanna 78, 277 Sarpa-Râjnî 57 Vierge Immaculée 23
Pas de Vichnou 50 Tikkoun 63, 152 Vijnanamayakosha 240
Sat 57 Tiphereth 44
Pâtâla 262, 263 Satan 88, 89, 338 Vimânas 204
Pavamâna 335 Titans 94 Virâj 31, 49
Satkârya 13 Tohu-Vah-Bohu 24, 25
Pentalpha 321 Satta Sâmânya 78 Viroûpâksha 293
Père-Mère 20, 23, 26, 52 Tansmigration 269 Vishvam 33
Sattva 62 Tres Matres 63
Périsprit 46 Satya Youga 200 Vittoba 349
Pierre-Philosophale 78 Tretâ Youga 200 Voie Lactée 56
Sâyujyatâ 252 Trimoûrti 29, 49, 62, 319
Pingalâ 331 Scorpion 65 Voix 24, 52
Pistis Sophia 124, 183 Trinité 44, 103, 326
Seb 117 Triveni 333
Pitris 42, 93 Second Logos 21
Plérôme 24, 62 Troisième Logos 22, 52 X
Seir Anpin 44 Troisième Œil 293, 294
Pneuma 49 Sephira 20, 24, 26
Poimandrès 58 Tulpa 310 Xisouthrous 177, 189
Sephiroth 26 Tourîya 79
Points-Cardinaux 99 Sephiroth de Construction 91, 92, 98
Poseidonis 153, 199 Typhon 307, 338
Seraphim 100 Tzabaoth 44
Pouroucha 27, 78 Serpent 183, 278 Y
Pouroushottama 24 Serpent Tentateur 89 Tzelem 155, 156
Pradhâna 41, 57 Seth 177 Yakin 311
Prachetasas 211, 212 Shâka Dvîpa 205, 206 U Yama 99
Prajâpatis 92, 103 Shakti 19, 30, 127 Ymir 93
Prajnâ 129 Shamballa 200, 218 Un 20
Prakriti 26 Shankha 199
Pralaya 13 Shankha Dvîpa 153 Z
Prâna 269 Shata-Roûpa 32, 35 V
Pratyagâtma 33, 70, 71, 235 Sheba Hachaloth 264 Zarathoustra 206
Pratyeka Yâna 348 Shekinah 17, 35, 53 Vâch 31, 32 Zeir Anpin 44
Premier Logos 14, 18 20 Shishta 141, 153 Vairâjas 93 Zerouana Akarana 88
Principes 234 Shiva 19, 42, 63, 79
Principe Humide 34 Shoel Obh 279
Promethée 170, 172, 215 Shoukra 213, 324
Protogonos 19, 54 Shveta Dvîpa 153, 200
Protyle 20, 73, 74
Pyramides 195 Soma 212, 213
Pithon 272 Sophia 29, 52
Sophia Achamoth 43, 183
Sosiosh 218
R
Soukhavati 253
Ra 117 Soûkshma 54
Rajas 62 Soûkshma Sharîra 37
Ratnâvabhâsa Kalpa 222 Sourâdhipa 59
Rayons 20, 233, 308
Rebis 325 Soushoumnâ 331
Recteurs 93 Soushoupti 79
Rephaim 185 Soutrâtma 37, 237
Rikshas 98 Spiritus 43, 46
Risha Havurah 25 Spiritus Venereus 43
Roie Messie 47 Sthoûla Sharîra 37, 127
Roi Thevetat 201 Suddasattva 71, 78
Rois d'Edom 340
Rois Divins 94 Svabhâvat 23
Roudra 42 Svapna 79
Roue d'Ezéchiel 64 Svasamvedâna 277
Roûpa Loka 253 Syzygies 121
TABLE DES MATIERES

PRÉFACE ........ 7
PREMIÈRE PARTIE
COSMOGENESE
De l'Eternité au Temps Périodique ................................................................ 13
Le Père-Mère ......................................................................................................... 23
L'Idéation Cosmique ............................................................................................ 41
La Balance ............................................................................................................. 61
Le Septenaire Cosmique ".................................................................................. 67
Les Ah-Hi ............................................................................................................... 81
Les Hiérarchies Créatrices ................................................................................ 85
Trinité et Tétragramme .................................................................................... 103
Bible et Doctrine Secrète ................................................................................ 109
Gnose et Doctrine Secrète ................................................................................ 121
Vedanta et Doctrine Seérète ............................................................................ 129

DEUXIÈME PARTIE
ANTHROPOGENESE
La Chaîne Terrestre ............................................................................................ 135
Les Progéniteurs de l'Homme ........................................................................ 141
La Première Race ................................................................................................ 153
La Seconde Race ................................................................................................... 159
La Troisième Race ................................................................................................ 163
Les Premières Civilisations ............................................................................ 169
La Chute des Anges ............................................................................................ 177
La Quatrième Race ............................................................................................ 183
La Guerre dans le Ciel ........................................................................................ 187
Le Déluge ............................................................................................................... 191
La Fin des Sorciers Atlantes 201
Allégories Bibliques ............................................................................................ 209
Allégories Hindoues ............................................................................................ 211
La Cinquième Race ............................................................................................ 217
Les Races Futures ................................................................................................ 221
Les Monades Lunaires ........................................................................................ 225
362 DOCTR [NES INITIATIQUES

TROISIÈME PARTIE

LA SOCIETE
LA CONSTITUTION OCCULTE DE L'HOMME
Monade et Essence Monadique ..................................................... 233
L'OEuf Aurique ............................................................................. 239
Le Kârana Sharîra ....................................................................... 241

THEOSOPHIQUE
L'Antahkârana .............................................................................. 247
Kâma, Prâna et Linga Sharîra ....................................................... 249
Les Etats de la Conscience .......................................................... 251
Les Sept Dimensions ................................................................... 257

QUATRIÈME PARTIE
L'ASCENSION SPIRITUELLE
La Société Théosophique est une organisation internationale
Mondes de Causes et Mondes d'Effets ........................................... 261
La Conquête de l'Immortalité ....................................................... 269 ayant pour but de
L'Homme Intérieur ....................................................................... 293
La Pierre Philosophale ................................................................... 301 1° Former un noyau de la Fraternité Universelle de l'Humanité
La Dame à la Licorne ................................................................... 311 sans distinction de race, credo, sexe ou couleur :
Le Léviathan ................................................................................ 317
Le Divin Rebelle ........................................................................... 321 2° Encourager l'étude comparée des religions, des philoso-
L'Union Mystique ......................................................................... 327 phies et des sciences ;
Le Feu Sacré .............................................................................. 331
La Magie .................................................................................... 337 3° Etudier les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs
Les Fils de Fohat. Le Roi Soma .................................................... 341 latents dans l'Homme.
Le Dieu Personnel ........................................................................ 345

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................ 353 Son siège mondial est à Adyar, Madras 600020, Inde.
Elle comporte des Sections nationaleà dans une soixantaine
INDEX ............................................................................................ 355 de pays.

Pour adhésions et tous renseignements, s'adresser au

Secrétaire Général
de la

SOCIETE THEOSOPHIOUE DE FRANCE

4, Square Rapp
75007 PARIS
LE CATALOGUE COMPLET
DES EDITIONS ADYAR
EST ADRESSE FRANCO
SUR SIMPLE DEMANDE

EDITIONS ADYAR
4, Square Rapp
75007 PARIS
ADY AR-PARIS - d'Editeur : 177

hnp. Bose Frères, Lyon - Dépôt légal n" 6069 - 2" trimestre 1975

Vous aimerez peut-être aussi