Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
L’équilibre macroéconomique
1 Introduction
Toutes les économies sont sujettes à des fluctuations de l’emploi, du chômage,
de la production industrielle, du PIB...Il existe des récessions accompagnées
d’accroissement du chômage, des booms accompagnés de diminution du chô-
mage...
Parvenir à écrire un bon modèle n’est pas facile. Il faut sans cesse faire des allers
et retours entre le modèle théorique et les faits. Pratiquement, la recherche du
bon modèle est une entreprise collective à laquelle participe toute la communauté
scientifique.
2
Exemples de modèles :
• Le modèle IS/LM qui sera exposé dès la deuxième section a été proposé par
John Hicks en 1937 comme une façon pratique (réductrice dirons certains)
de résumer la Théorie Générale de Keynes parue en 1936.
• Dans les années soixante, Mundell et Fleming l’étendent pour tenir compte
de l’ouverture croissante des économies.
• Mais ce modèle, qui n’accorde qu’une maigre place aux comportements des
entreprises et à l’offre de biens n’est pas un outil d’analyse suffisant pour
rendre compte par exemple de ce qui se passe au moment de la brutale
hausse des prix du pétrole en 1973. Il n’est alors pas étonnant que ce
modèle ait été par la suite complété pour intégrer des phénomènes liés à
l’offre. Le résultat est le modèle ” Offre Globale / Demande Globale ” qui
sera présenté ici.
En fait ces conclusions, qui paraissent franchement opposées, peuvent être obtenues
à partir de modèles en tout point semblables, à l’exception d’une ou deux hy-
pothèses fondamentales. C’est pourquoi les débats entre macroéconomistes se
concentrent bien souvent sur la nature des hypothèses de base sur lesquelles sont
construits leurs modèles.
3
Les débats peuvent porter sur la politique économique à mettre en
oeuvre.
• 3 marchés :
Les mêmes agents économiques interviennent des deux côtés des 3 marchés.
La marche à suivre :
4
On disposera alors d’une représentation très simplifiée (car soumise à beau-
coup d’hypothèses simplificatrices) de l’économie qui permettra d’apporter des
réponses (elles aussi conditionnelles à nos hypothèses) aux questions qu’on se
pose : on analysera l’effet de chocs de demande, de choc d’offre ainsi que l’effet
de différentes politiques économiques.
Remarque : Comme cette offre et cette demande de biens ont été obtenues
en prenant en compte le fonctionnement des autres marchés (marché du travail
et marché de la monnaie) on préfère les nommer Quasi Offre Globale et Quasi
Demande Globale, ou plus simplement Offre Globale et Demande Globale.
3. on introduit de la dynamique
4. on ouvre l’économie
...
5
Définition 2 : L’équation d’offre globale exprime la relation entre la
production agrégée (ou offre agrégée) et le niveau général des prix.
Pour prendre leurs décisions de production concernant les mois à venir, les entre-
prises considèrent le stock de capital (la quantité de machines) dont elles disposent
comme donné ⇒ la principale variable d’ajustement pour l’entreprise est la quan-
tité de travail qu’elle utilise ⇒ sous ces hypothèses, l’offre agrégée provient de
l’équilibre sur le marché du travail.
max Π(N) = Y P − W N − RK
N
6
α
Dans le cas d’une fonction de production Cobb-Douglas : F (N, K) = AK N 1−α
α
equation (1) ⇔ (1 − α)AK N −α = W/P
1/α
∗ P (1 − α)A
⇔ N = K
W
W/P
Ys
(Ys)1
(W/P)2
(Ys)2
(W/P)1
7
W/P
Ys
(Ys)2
(W/P)1 (Ys)1
Pour l’analyse des phénomènes de court terme qui nous intéressent, nous pouvons
considérer que ces caractéristiques sont données et nous intéresser au lien qui unit
l’offre de travail et le salaire.
Arbitrage consommation/loisir
Exemple : Imaginez un instant que votre salaire nominal double (passant de
1000 à 2000 euros par mois) alors que tous les autres prix restent identiques.
Quel sera votre réaction ?
8
• Travailler moins pour conservez un pouvoir d’achat identique à celui que
vous aviez précédemment et profitez de davantage de temps de loisir ?
sous la contrainte
C + W (N0 − N) = W N0 + W ⇔ C = WN + W
N0 : temps disponible
N : temps consacré au travail
N0 − N : temps consacré au loisir
W N0 : revenus salariaux potentiel
W : revenus non salariaux
E1
WN0+W
E'
E'' E
W1
W0
N0-N
N0
9
A l’optimum :
dC ∂U/∂(N0 − N)
Taux marginal de substitution = − |U =U = =W
d(N0 − N) ∂U/∂C
On suppose que le loisir est un bien normal. Si W augmente, il existe :
• L’Etat prend en charge les frais de garde des enfants ou abaisse l’âge d’entrée
à l’école. La conséquence sera probablement que pour un niveau de salaire
donné, davantage de personnes souhaiteront travailler ⇒ déplacement vers
la droite de la fonction d’offre de travail.
10
• Un crédit d’impôt (comme celui mis en place l’année 2001 en France) a aussi
pour effet d’augmenter, pour un salaire donné, le nombre de personnes qui
souhaitent travailler.
Définitions :
On parle de flexibilité parfaite des salaires, lorsque le salaire nominal (et avec
lui le salaire réel) varie de façon à assurer l’égalité entre l’offre et la demande de
travail :
11
W/P
Ns
W0/P0
W1/P0
Nd
Nd N* Ns N
b) L’offre agrégée
Une fois déterminé le niveau d’emploi d’équilibre, l’offre dans l’économie est don-
née par la fonction de production macroéconomique : Y ∗ = F (N ∗ , K).
Comment l’offre des entreprises varie-t-elle lorsque le niveau des prix auquel les
entreprises peuvent écouler leur production varie ? Commençons par étudier ce
qui se passe si les prix augmentent (passant de P0 à P1 ) alors que le salaire réel
initial (W0∗ /P0 ) permettait l’équilibre sur le marché du travail.
• Cependant, les salariés, face à la hausse des prix qui réduit le pouvoir
d’achat des salaires, diminuent leur offre de travail.
12
• La flexibilité des salaires nominaux est le mécanisme qui permet au marché
de retrouver un équilibre : la hausse des salaires nominaux en augmentant
l’offre de travail des ménages et en réduisant la demande de travail des en-
treprises permet l’ajustement. Le salaire nominal augmente donc jusqu’au
niveau où, de nouveau, l’offre et la demande de travail sont égales.
Finalement, lorsque les salaires nominaux sont parfaitement flexibles, une hausse
des prix est sans effet sur l’offre des entreprises, sans effet sur le niveau d’emploi
et sans effet sur le niveau du salaire réel. On dit alors que l’offre globale est
inélastique au prix.
13
W/P Ys
Ns
Ys*1=Ys*0
W0/P0=W1/P1
W0/P1
Nd
Ns N* Nd N N* Nd
P
Ys
Ys*1=Ys*0 Y
Graphique 5 : Effet d’une hausse des prix sur le marché du travail, et offre
globale
Exemples :
14
W/P
Ys
Ns
W1/P0
Nd1
Ys*1
W0/P0
Ys*0
Nd0
Ys*0 Ys*1 Y
Que se passe-t-il si les salaires ne varient pas toujours de façon à assurer l’équilibre
sur le marché du travail ? Pour un niveau de prix donné, le salaire nominal peut
être au dessus ou au dessous de celui qui équilibrerait le marché du travail. Dans
ce cas, c’est le ”côté court” du marché qui détermine le niveau d’emploi dans
l’économie.
15
chômage mais les entreprises aimeraient embaucher davantage) et l’offre de
biens et services des entreprises est déterminée par cette quantité de travail.
W/P
U0
Ns
W0/P0
Nd
N0=Nd0 Ns0 N
b) L’offre agrégée
Une fois déterminé le niveau d’emploi par le ”côté court” du marché, l’offre
dans l’économie est donnée par la fonction de production macroéconomique :
Y ∗ = F (N, K).
Dans ce qui suit, on se place dans le cas le plus réaliste pour lequel la demande de
travail est inférieure à l’offre. Une hausse des prix a alors pour effet de diminuer
le salaire réel, les entreprises souhaitent embaucher davantage et produire plus,
le chômage est réduit et l’offre de biens et services des entreprises augmente.
Retenons donc que lorsque les salaires nominaux sont rigides, le niveau d’emploi
et l’offre agrégée sont des fonctions croissantes du niveau des prix et le niveau de
chômage est une fonction décroissante du niveau des prix. Reste à déterminer le
16
niveau de prix. Ceci sera fait un peu plus loin lorsque la demande globale sera
introduite.
W/P
Ys
U0
U1
Ns
W0/P0
W0/P1 Ys1
Ys0
Nd
N0=Nd0 N1=Nd1 Ns1 Ns0 N N0 N1 Nd
P
Ys
P1
P0
Ys0 Ys1 Y
Graphique 8 : Effet d’une hausse des prix sur le marché du travail et offre
globale
Exemples :
17
• Une politique en faveur de l’offre de travail n’accroît ni l’emploi effectif ni
le niveau d’offre de biens et services de la part des entreprises. Elle accroît
cependant le chômage.
2.2.2 L’équilibre
La confrontation de l’offre et de la demande de biens permet d’identifier le niveau
de prix pour lequel l’offre de biens est égale à la demande. Si les prix sont
suffisamment flexibles, le niveau d’activité dans l’économie est celui pour lequel
l’offre de biens (Ys ) est égale à la demande (Yd ). L’équilibre macroéconomique
correspond à l’intersection entre la demande globale et l’offre globale
dans le plan (Y, P). On en déduit les niveaux d’emploi et de chômage dans
l’économie.
• Dans le cas où les salaires nominaux sont rigides, les niveaux d’emploi et
d’activité de l’économie dépendent du niveau des prix lequel est déterminé
par la confrontation entre l’offre et la demande de biens.
18
2.3 Effet d’un choc d’offre ou d’une politique économique
visant l’offre
Exemple 1:
Exemple 2 :
19
les entreprises peuvent refuser de baisser le salaire qu’elles proposent →théories
du salaire d’efficience
les entreprises peuvent souhaiter ajuster le salaire mais ce sont des accords
implicites ou explicites entre les travailleurs qui les empêchent de le
faire→ théories des négociations collectives
• si ses membres perdent leur emploi, leur chances d’en retrouver un sont
plus faibles
20
...et renforce celui de l’employeur car l’arbitrage entre le coût de la grève et
un accroissement des salaires se déplace lorsque le chômage s’accroît, en faveur
d’une plus forte résistance aux revendications salariales.
Remarque : les courbes représentant la relation entre emploi et salaire négocié
diffèrent suivant les pays.
Les théories du salaire d’efficience
Il peut exister des circonstances dans lesquelles l’entreprise n’a pas intérêt
à réduire le salaire qu’elle propose lorsque l’offre de travail est en excès. Les
modèles de salaires d’efficience supposent que le salaire réel est rigide à la baisse.
L’intuition est que conserver un salaire élevé assure que les employés vont être
plus productifs.
On regroupe sous les termes ”salaire d’efficience” l’ensemble des arguments
permettant de conclure à un lien entre le niveau de salaire d’un individu et celui de
sa productivité. On aboutit alors à une situation de chômage involontaire: si les
entreprises espèrent accroître la productivité en élevant le salaire et qu’en défini-
tive cette opération aboutit finalement à un gain net positif, elles augmenteront
effectivement le salaire. Ce dernier atteindra alors une valeur supérieure à celle
qui équilibrait précédemment le marché du travail, et du chômage involontaire
apparaîtra. Cette description de la formation du salaire est donc très différente
de celle proposée dans le cadre du modèle classique (le salaire était alors une vari-
able d’ajustement). Les théories du salaire d’efficience présentent l’avantage de
rendre compatible une situation de chômage involontaire avec une détermination
endogène des salaires. Leur portée comme explication du chômage involontaire a
cependant été remise en cause (elles décriraient de façon trop fruste les politiques
salariales des entreprises).
Les explications possibles d’une relation croissante entre salaire et productivité
sont en général classées selon quatre catégories :
21
• les individus sont sensibles au niveau de leur rémunération car elle traduirait
la mesure dans laquelle la relation salariale peut être considérée comme
équitable (approche sociologique)
W = P e F (u, z )
− +
e
P : niveau anticipé des prix
u : taux de chômage
z : toutes les autres variables affectant la fixation du salaire : le niveau
de l’assurance chômage (plus elle est élevée, plus le pouvoir de négociation des
travailleur est fort) ; les changement structurels dans l’économie ; la legislation
concernant les licenciements ... Si on suppose que le salaire nominal est fonction
du niveau réel des prix, P, la relation devient:
W = P F (u, z )
− +
∂F (N, K)
P = W (1 + µ)
∂N
∂F (N, K) W
⇔ = (1 + µ)
∂N P
où µ est la marge du prix par rapport au coût marginal. On rappelle que µ est liée
à l’élasticité prix de la demande (une plus faible élasticité de la demande implique
un taux de marge plus élevé). Si µ est constant, alors le salaire réel induit par la
détermination des prix a la même pente que la productivité marginale du travail.
Les observations empiriques suggèrent au contraire que le taux de marge baisse
lorsque le chômage diminue, ce qui reflète le fait que l’élasticité de la demande
augmente avec l’emploi et l’output ; cela aboutit à une relation inverse entre
22
salaire induit par la détermination des prix et emploi. Dans Blanchard et Cohen,
il est supposé que : ∂F ∂N
(N,K)
=1
23
2.4.3 Emploi et chômage d’équilibre
A l’équilibre sur le marché du travail, le salaire déterminé lors des négociations
salariales est égal au salaire induit par la détermination des prix. Le taux de
chômage d’équilibre, un , est aussi appelé taux de chômage structurel (et aussi
parfois taux de chômage naturel) ; il est tel que le salaire induit par la négociation
soit égal au salaire induit par la détermination des prix:
1
F (un , z) =
1+µ
On en déduit l’emploi d’équilibre et la production agrégée.
2.5 Conclusion
A l’issue de ces développements nous avons donc déjà plusieurs modèles différents
de l’économie.
• Un premier modèle dans lequel les salaires nominaux sont rigides, dans
lequel il y a éventuellement du chômage et où les variations de l’offre et de
la demande affectent le niveau d’activité économique.
• Un second modèle, dans lequel les salaires varient de façon à assurer l’équilibre
sur le marché du travail et où les augmentations de la demande se traduisent
uniquement par de l’inflation et ne stimulent pas l’activité économique.
Le petit modèle que l’on va construire et utiliser pour étudier les déterminants
de la demande est le célèbre modèle IS/LM, proposé par John Hicks sur la base
de fondements théoriques développés par Keynes. Les objectifs sont :
1) d’identifier
24
• d’une part les variables qui déterminent la demande agrégée et peuvent
donc être à l’origine de fluctuations du PIB
• d’autre part, parmi ces variables, celles susceptibles d’être influencées par
le gouvernement pour affecter la demande agrégée.
2) d’étudier l’effet des chocs et des politiques économiques sur l’activité d’un pays,
en mettant ensembles les éléments relatifs à l’offre de la section précédente et ceux
relatifs à la demande qui sont développés ici ce qui nous permet de disposer d’un
premier modèle complet de l’économie.
Y = C + I + G avec G = GC + GI
remarque : Les variations de stocks (différence entre marchandises produites et
marchandises vendues) qui, en valeur absolue -car elles peuvent être positives
ou négatives- représentent environ 0,1% du revenu national sont intégrées dans
l’agregat d’investissement.
25
450
400
350
300
Y
250
C
G
200
I
150
100
50
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
On observe que :
Y = C +I +G
⇔ Y − C − GC = I + GI
26
Comme à l’équilibre de tous les marchés Y est aussi le revenu global d’un pays,
cela signifie que l’épargne (le revenu net de la consommation) est égale
à l’investissement. C’est de là que provient l’appellation ” IS ” (avec I pour
”investment” et S pour ”saving”) de la courbe qui rend compte de l’équilibre
ressource emploi dans le modèles IS/LM.
C = c(Y − T ) + C0
27
Remarque : dans la réalité, la propension marginale à consommer n’est prob-
ablement pas constante dans le temps. Elle dépend notamment des anticipations
que forment les consommateurs concernant leur environnement futur : plus ils
sont optimistes plus ils souhaitent consommer une part importante de leur revenu.
max U (C1 , C2 )
C1 ,C2
C2 Y2
sous la contrainte C1 + = Y1 +
1 + r 1 + r
consommation intertemporelle richesse intertemporelle
∂U/∂C2
β=
∂U/∂C1
28
est bien la quantité d’utilité que le consommateur veut recevoir au cours de
la période 2 quand il renonce à 1 unité d’utilité à la période 1. Cela peut se
réécrire :
∂U/∂C1 = (1 + r)∂U/∂C2
C’est l’équation d’Euler. Elle indique que quand l’utilité est maximale, le
consommateur est indifférent entre transférer ou non un petit peu de consomma-
tion d’une période à l’autre : si, au voisinage de la solution optimale, il réduit
sa consommation d’une unité à la période 1, il perd (∂U/∂C1 ) en termes de de
satisfaction. Il peut transférer en période 2 l’unité non consommée en période
1 ; il obtient alors (1 + r) unités et gagne alors ((1 + r)∂U/∂C2 ) en termes de
satisfaction.
29
b.4) Le modèle de cycle de vie
Le modèle de cycle de vie développé par Franco Modigliani (prix Nobel en
1972), repose lui aussi sur la théorie selon laquelle la consommation courante
dépend du revenu anticipé par l’agent sur sa durée de vie. S’y ajoute l’observation
que le revenu tend à fluctuer de façon systématique durant la vie de l’agent et que
son épargne courante dépend donc de l’étape de la vie à laquelle l’agent se trouve.
Ainsi, lorsque l’agent est jeune, son revenu est faible et il s’endette facilement car
il anticipe de gagner mieux sa vie ultérieurement. Lorsqu’il travaille, l’agent
rembourse sa dette et épargne pour sa retraite. Enfin, lorsque l’agent arrive à la
retraite, il consomme son épargne passée.
c) L’investissement I
Le taux d’intérêt est le coût de l’emprunt qui permet de financer les investisse-
ments (ou le coût d’immobilisation de fonds qui ne pourront pas être placés).
Lorsque le taux d’intérêt augmente le nombre de projets d’investissement renta-
bles (ceux dont le rendement est inférieur au taux d’intérêt) diminue.
30
Remarque : ce n’est pas en fonction du taux d’intérêt nominal mais du taux
d’intérêt réel que les entrepreneurs prennent leurs décisions d’investissement car
l’inflation affecte de la même façon le rendement nominal de l’investissement et
le taux d’intérêt, ce qui revient à comparer des rendements réels. L’investissement
dépend donc négativement du niveau du taux d’intérêt réel (i − π ∗ ), où i est le
taux d’intérêt nominal et π ∗ est le taux d’inflation anticipé.
max Π(N) = Y P − W N − cK
N
∂F (K, N)
⇒P =R
∂K
ce qui donne le stock de capital optimal.
La productivité marginale du capital doit être égale au coût d’usage du capital.
Si elle l’excède, les entreprises trouvent un intérêt à accroître leur stock de capital.
Si elle est inférieure à R, les entreprises préfèrent laisser leur capital se déprécier.
31
Une augmentation du taux d’intérêt accroît le coût d’usage. Cela réduit le gain
à détenir du capital et donc l’incitation à accumuler du capital.
c.4) Le q de Tobin
La théorie du q Tobin (prix Nobel en 1982) part de l’idée que la valeur boursière
d’une entreprise aide à mesurer l’écart entre le capital effectif et le capital désiré.
valeur boursière du capital installé
q =
coût de remplacement du capital installé
coût d’acquérir l’entreprise sur le marché financier
=
coût d’acheter le capital de l’entreprise sur le marché des biens
Tobin a montré que
32
3.1.3 La courbe IS
Rappel des principaux déterminants des composantes de la demande
C I G = GI + Gc
Y t ρ∗C i π∗
ρ∗I Y
exogène
+ - + - + + +
où π ∗ est le taux d’inflation anticipé. ρ∗C est un indicateur des anticipations que
forment les consommateurs sur leur l’environnement futur et ρ∗I de celles que for-
ment les entrepreneurs. Plus ρ∗C ou ρ∗I sont élevés, plus les agents sont optimistes.
Pour des anticipations d’inflation données, plus le taux d’intérêt nominal est
élevé, plus le taux d’intérêt réel l’est aussi ⇒ plus l’investissement est faible car
le nombre de projets rentables diminue. Cela réduit mécaniquement la demande
et donc le revenu (du fait de l’équilibre ressources emplois). Il existe ainsi une
relation négative entre Y et i et la courbe IS est décroissante. Toute
augmentation du taux d’intérêt nominal se traduit par un déplacement le long
de la courbe IS dans le sens d’une diminution du revenu national.
Nous raisonnons maintenant à partir d’un niveau fixe et donné du taux d’intérêt
nominal.
33
composantes de la demande accroît la demande agrégée pour un niveau
donné du taux d’intérêt réel : dans le plan (Y, i) la courbe IS s’est déplacée
vers la droite.
Que se passe-t-il si les entrepreneurs anticipent une hausse de l’inflation ?
Dans tous ces cas, dès que la demande de biens et services s’accroît, la pro-
duction, qui s’ajuste, augmente elle aussi ce qui conduit à une augmentation du
revenu national. Nous venons de décrire une première réaction de l’économie.
Mais cela ne s’arrête pas là. De façon simultanée, cette première réaction induit
un autre effet qui lui-même en engendre un autre etc. En effet, l’accroissement
de revenu national stimule la consommation des ménages et l’investissement ce
qui, à nouveau accroît la demande de biens et services et le revenu, ce qui favorise
la consommation, et ainsi de suite. Se produisent ainsi une succession d’effets
simultanés qui contribuent à accroître le revenu national. Ils sont connus sous
le nom d’effet multiplicateur. On obtient grâce au modèle IS qu’une politique
budgétaire expansionniste ou une réduction des impôts permet de relancer la
demande : dans le plan (Y, i) la courbe IS s’est déplacée vers la droite
Y = c(Y − Y t) + C0 + I(r) + G
C0 + I(r) + G
⇔Y =
1 − c(1 − t)
1
⇒ ∆Y = ∆G
1 − c(1 − t)
multiplicateur simple
34
⇒ on parle d’effet multiplicateur, où 1/(1 − c(1 − t)) est le multiplicateur sim-
ple. Il provient de l’existence d’un effet direct et d’effets induits. L’augmentation
des dépenses publiques accroît la demande agrégée ⇒ augmentation directe de
la production et des revenus distribués aux ménages ⇒ augmentation de la con-
sommation des ménages donc de la demande agrégée ⇒ hausse de la production
et des revenus ⇒ augmentation de la consommation etc...Tous ces effets sont
résumés dans le multiplicateur simple.
Remarque : l’effet sur le produit n’est pas infini car les accroissements successifs
du revenu sont de plus en plus petits et tendent vers zéro : 0 < c(1 − t) < 1.
Notion de stabilisateurs automatiques
Choc de demande défavorable ⇒ ↓ Y ⇒↓ impôts ⇒ limite l’effet négatif
initial
35
Le revenu d’équilibre dépend donc non seulement des variables qui affectent
directement le marché des biens et services (dépenses publiques, impôts, opti-
misme des agents) mais aussi des variables intervenant directement sur le marché
de la monnaie (comme l’offre de monnaie M). Le modèle IS/LM est un mod-
èle d’équilibre général, qui permet d’analyser les interactions du marché de la
monnaie et du marché des biens et services.
On va s’intéresser aux chocs exogènes qui perturbent l’économie, puis aux
politiques économiques que les gouvernements peuvent mettre en place pour con-
trer l’effet de ces chocs : l’Etat peut jouer sur le niveau des dépenses publiques,
des impôts, de l’endettement public et de la masse monétaire. La contrainte
budgétaire de l’Etat montre cependant clairement qu’il ne dispose en fait que
de 3 instruments indépendants de politique économique (le niveau du 4ème se
déduisant comptablement du niveau des 3 autres).
∆M ∆B
G= + +T
P P
avec : ∆B : titres financiers émis par l’Etat et T , l’ensemble des transferts
nets des ménages vers l’Etat (impôts nets du remboursement de la dette).
On suppose en général que G, T , et M sont les instruments indépendants (et
on en déduit l’émission de titres publics).
36
Remarque 1 : l’effet négatif d’un choc de demande défavorable est tempéré par
la réaction du marché de la monnaie.
Remarque 2 : un choc favorable aurait eu des effets symétriques.
• ∆ρ∗I < 0, est la seule modification de variable exogène (il ne se passe no-
tamment rien du côté du déficit budgétaire : ∆G = ∆T = 0). Elle provient
d’un choc.
• L’effet global sur l’investissement est ambigü car ∆ρ∗I < 0 et ∆Y < 0 le
réduisent mais la baisse du taux d’intérêt nécessaire à l’équilibre sur le
marché de la monnaie le favorise. Tout dépend des sensibilités relatives de
l’investissement à l’optimisme des entreprises et au taux d’intérêt.
37
d’intérêt est tiré vers le bas : comme l’offre de titres diminue, la demande se
trouve en excès, ce qui provoque une augmentation du cours des titres et donc
une baisse du taux d’intérêt. Cette dernière permet de rééquilibrer le marché des
titres et de la monnaie (la baisse du taux d’intérêt réduit la demande de titre et
accroît celle de monnaie). Cette baisse du taux d’intérêt suite à une expansion
monétaire est parfois appelée effet Keynes.
2) La baisse du taux d’intérêt affecte alors le marché des biens et services car
elle favorise l’investissement privé. La demande agrégée et la production ou le
revenu (par effet multiplicateur) augmentent jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli
sur le marché des biens et services.
3) La hausse du revenu national accroît la demande de monnaie ce qui accroît
le taux d’intérêt.
Remarque : l’effet initial sur les taux d’intérêt est un peu tempéré par la
réaction du revenu national qui vient accroitre la demande de monnaie.
3 cas particuliers :
38
b) le cas de la trappe à liquidité
Dans ce cas, la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt est élevée
(à la limite, infinie) : une variation très petite (à la limite infinitésimale) du
taux d’intérêt suffit à résorber le déséquilibre sur le marché de la monnaie ⇒
l’investissement reste inchangé et l’activité économique n’est pas relancée. D’où
provient cette trappe ? Il existerait un taux d’intérêt minimal rm tel que tous les
agents anticipent que le taux d’intérêt ne puisse pas descendre plus bas.
Remarque : cela correspond à une situation conjoncturelle particulière.
c) le cas monétariste (LM verticale)
Il n’y a alors pas de coût d’opportunité à détenir de la monnaie plutôt que
des titres et l’efficacité de la politique monétaire est alors maximale. Le revenu
d’équilibre est uniquement déterminé par le marché monétaire. On peut consid-
érer ce cas comme représentatif de la vision de court terme de Milton Friedman
et de l’école monétariste. Elle renvoie à la théorie quantitative de la monnaie :
les variations du produit nominal sont uniquement déterminées par les variations
de l’offre de monnaie ; et si le niveau général des prix est fixe, c’est le volume des
transactions qui est déterminé par M. Le taux d’intérêt permet alors d’ajuster
la demande de biens à ce niveau de production (donné par M).
• par l’emprunt ∆G = ∆B P
: un déficit budgétaire est créé. C’est le mode de
financement implicite dans IS/LM standard
∆M
• par création monétaire : ∆G = P
: un déficit budgétaire est créé
1) C’est sur IS que ∆G agit tout d’abord, qui se déplace vers la droite. La
demande agrégée augmente et par effet multiplicateur, la production et le revenu
s’accroissent.
39
2) Pour le taux d’intérêt initial, le marché de la monnaie n’est alors plus à
l’équilibre : la demande de monnaie s’est élevée (suite aux transactions supplé-
mentaires occasionnées par l’accroissement de la demande agrégée) et se trouve
alors en excès par rapport à l’offre. Cela tire le taux d’intérêt vers le haut jusqu’à
ce que l’équilibre soit rétabli (suite à l’augmentation de revenu, les ménages vont
chercher à substituer de la monnaie à des titres pour pouvoir réaliser leurs trans-
actions, ce qui crée un excès d’offre de titres, fait baisser leur cours et augmenter
le taux d’intérêt).
3) la hausse du taux d’intérêt décourage l’investissement ce qui réduit la de-
mande agrégée.
Remarque : cette fois-ci, l’effet positif est partiellement ruiné par la réaction
du marché de la monnaie. On parle d’éviction par les taux d’intérêt.
Une consolidation fiscale (voir B&C [2001]) aurait des effets inverses. Il ex-
isterait notamment le même effet ambigü sur l’investissement (lié à ∆Y < 0, et
∆i < 0): on n’est pas sûr qu’en réduisant le déficit, on accroisse l’investissement.
Pourtant, l’idée est répandue que lorsque le déficit public est réduit, cela laisse
plus d’épargne disponible pour l’investissement :
⇔ Y − C − GC = I + GI
⇔ Y
−
T − C + T − GC = I + GI
épargne privée épargne publique
⇔ épargne privée = investissement+déficit public
...mais l’épargne privée aussi est affectée (via le revenu national, la consomma-
tion -qui baisse moins que le revenu- et les impôts) : si l’épargne privée diminue
plus que le déficit public, l’investissement privé peut finalement se trouver réduit.
40
L’efficacité de la politique budgétaire dépend notamment :
• pour que les consommateurs réagissent aux variations de leur revenu (sans
doute)
41
• Faut-il du temps pour que le taux d’intérêt s’ajuste ? Non, car la banque
centrale vend et achète des titres sur un marché qui ajuste à chaque instant
l’offre à la demande ⇒ le taux d’intérêt s’ajuste presqu’instantanément.
L’économie est toujours sur la courbe LM pertinente.
• une relation négative immédiate entre niveau des ventes et taux d’intérêt
• une relation négative plus tardive (effet le plus important après 4 trimestres)
de la production
42
Les techniques économétriques permettent d’une part, de sélectionner
parmi la très longue liste des variables susceptibles d’influencer un comporte-
ment donné celles qui (dans le passé) semblent avoir effectivement influencé ce
comportement, et, d’autre part, de mesurer l’intensité des effets du changement
d’une variable donné (par exemple le taux de chômage) sur une autre variable
(la consommation). L’ensemble des équations représentant les différents com-
portements sont alors exactement rassemblées (certains modèles comptent plus
de 1000 équations).
On peut alors donner des ordres de grandeur quant aux effets des mesures de
politique économique. Qualitativement cependant, les effets sont de même nature
que ceux prédits par les petits modèles. Le modèle INTERLINK de l’OCDE
évalue qu’un accroissement des dépenses publiques égal à 1% du PIB engendre
un effet multiplicateur de :
• 1,4% en France
• 0,9 au Royaume-Uni
On part d’un point sur la courbe YD avec un taux d’intérêt implicite qui
équilibre les marchés des biens et services et de la monnaie. Que se passe-t-il si,
pour des raisons liées au côté offre que nous ignorons pour le moment, le niveau
général des prix augmente ?
1) C’est sur LM que ∆P agit tout d’abord. Si le niveau général des prix
augmente et que la masse monétaire reste constante, la quantité de biens que
les ménages peuvent acheter avec la quantité de monnaie en circulation est plus
faible : l’offre réelle de monnaie (M/P) diminue et LM se déplace vers le haut. La
demande de monnaie se trouve en excès par rapport à l’offre et les taux d’intérêt
sont tirés vers le haut.
2) L’augmentation du taux d’intérêt affecte le marché des biens et services :
l’investissement réagit négativement à la hausse du taux d’intérêt ce qui réduit la
43
demande de biens et services, la production et le revenu national jusqu’à ce que
l’équilibre soit rétabli.
3) La baisse du revenu national réduit la demande de monnaie ce qui fait
baisser le taux d’intérêt
Lorsque les salaires nominaux sont rigides, les chocs défavorables sur IS freinent
effectivement l’activité économique ; ils se traduisent par une réduction de la pro-
duction, de l’emploi (accroissement du chômage) et du niveau général des prix
(d’où il résulte une diminution du niveau des salaires réels).
44
Ys
P1
P2
Yd
Yd'
Y2 Y1
45
Lorsque les salaires nominaux sont flexibles, un choc défavorable (pessimisme
renforcé des entrepreneurs ou des ménages) réduit donc le niveau général des prix
sans affecter les variables réelles de l’économie.
Ys
P1
P2
Yd
Yd'
Y1=Y2
Remarque : On a vu que dans le cas d’un choc d’offre, les effets ne disparais-
sent pas à long terme : l’activité économique est déprimée et il y a de l’inflation.
Au fur et à mesure que les ajustements ont lieu sur le marché du travail, les
effets réels disparaissent, et seul l’effet négatif sur le niveau général des prix est
renforcé.
46
2) Il existe alors un excès de demande par rapport à l’offre qui engendre une
augmentation du niveau général des prix.
3) Sur le marché du travail, les salaires réels diminuent alors, ce qui stimule
la demande de travail des entreprises, accroît l’emploi ainsi que la production et
réduit le chômage.
Dans ce cas, une expansion monétaire permet donc de relancer l’activité
économique et de réduire le chômage. L’ampleur de l’effet dépend des sensibilités
au prix de l’offre globale et de la demande globale.
3.5.3 Conclusion
A court terme une expansion monétaire accroît le revenu national et réduit
le chômage, mais à plus long terme les prix augmentent davantage et finale-
ment l’accroissement de la masse monétaire se répercute intégralement dans
l’accroissement des prix et des salaires nominaux et n’a aucun effet réel sur
l’économie. On parle alors de neutralité de la monnaie à moyen-long terme :
une politique monétaire expansionniste peut contrer l’effet d’un choc exogène
défavorable mais les effets positifs disparaîtront à plus long terme.
47
3.6 Effets d’une réduction du déficit budgétaire (∆G < 0
et ∆T = 0) sur l’activité économique.
3.6.1 Lorsque l’offre globale est de type keynésien (court terme)
En ce qui concerne l’emploi, la production et le chômage, cette politique économique
a le même effet dépressif sur l’économie qu’un choc de demande défavorable : une
telle politique freine l’activité économique et accroît le chômage.
48
• l’investissement a augmenté.
agrégée.
3.6.3 Conclusion
A court terme, une réduction du déficit budgétaire a un effet dépressif. A moyen
terme, le revenu national revient à son niveau d’origine et l’investissement est plus
élevé. Ce n’est pas dans notre modèle, mais on peut penser qu’à encore plus long
terme, lorsque l’hypothèse de capital constant dans la fonction de production
macroéconomique n’est plus soutenable, cet accroissement de l’investissement
favorisera l’offre globale.
49