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Laure Bouquet

Division B

CAS PRATIQUE SUR LA FILIATION ARTIFICIELLE

I. L’adoption de l’enfant du conjoint

Un couple de même sexe s’est marié ensemble en 2015. Le conjoint de cet homme
souhaite adopter l’enfant dont la mère de ce dernier est décédée. Par ailleurs, la famille du
père de cet enfant ne désire plus s’occuper de l’enfant en raison de convictions
personnelles suite à l’orientation sexuelle du père. De plus, l’un des époux n’ayant pas
encore d’enfant, ce dernier souhaiterait se rendre aux Etats-Unis afin de recourir à une
mère porteuse pour avoir son « propre » enfant.

Il convient d’envisager l’adoption de l’enfant du conjoint et plus précisément les


conditions de l’adoptant en vue d’une adoption plénière, les conditions de l’adopté en vue
de l’adoption plénière ainsi que les conditions de l’adoption simple. De plus, il permet
d’envisager la filiation par procréation médicale et plus précisément le cas de la gestation
pour autrui.

A. Les conditions de l’adoptant en vue d’une adoption plénière

L’article 344 du Code civil dispose que « Les adoptants doivent avoir quinze ans de plus
que les enfants qu’ils se proposent d’adopter. Si ces derniers sont les enfants de leur
conjoint, la différence d’âge exigée n’est que de dix ans. Toutefois, le tribunal peut, s’il y
a de justes motifs, prononcer l’adoption lorsque la différence d’âge est inférieure à celles
que prévoit l’alinéa précédent ». La règle fondamentale est que l’adoption plénière
suppose quinze ans d’écart entre l’adoptant et l’adopté. Elle est permise dans deux
situations comme le couple ou une personne seule. L’existence du couple est repris à
l’article 343 et suivants du Code civil. Les conditions de l’adoptant exigent un couple
marié qui soit suffisamment mûr dans le mariage c’est-à-dire plus de deux ans de mariage
soit le cas échéant que les deux époux cumulent moins de deux ans de mariage mais plus
de vingt-huit ans sur leur état civil. La loi du 17 mai 2013 apporte une modification dans
les conditions de l’adoptant puisque l’altérité sexuelle n’est plus exigée. De plus, les
couples pacsés et les concubins sont d’ailleurs exclus de l’adoption. C’est ainsi qu’avant
la loi du 17 mai 2013, les couples unisexes ne pouvaient pas non plus adoptés ainsi les
partenaires pacsés ou les concubins. La loi du 17 mai 2013 consacrant le mariage pour
tous ne résout que partiellement le problème dans le sens où les couples unisexes qui ne
sont pas mariés vont très probablement aller à l’étranger pour pouvoir procéder à une
adoption à l’étranger. A priori, le couple marié de même sexe peut adopter. Le 17 mai
2013, le Conseil constitutionnel est venu dire qu’il appartient au législateur de fixer les
conditions d’adoption mais qu’il appartient au juge de vérifier que ces conditions soient
remplies et soient conformes à l’intérêt de l’enfant. Par ailleurs, une personne seule peut
tout à fait adopter. C’est l’article 343-1 du Code civil qui dispose que « L’adoption peut
être aussi demandée par toute personne âgée de vingt-huit ans. Si l’adoptant est marié et
non séparé de corps, le consentement de son conjoint est nécessaire à moins que ce
conjoint ne soit dans l’impossibilité de manifester sa volonté. De plus, si une seule
personne veut adopter, c’est le critère de l’âge qui est nécessaire puisqu’il faut au moins
avoir vingt-huit ans. Si l’adoptant est marié et qu’il souhaite adopter un enfant qui est tiers
au couple. Le consentement du conjoint est nécessaire. Si l’adoptant est marié et souhaite
adopter l’enfant de son conjoint. Cette situation est régit par les articles 343-2 et 344 du
Code civil qui vont faciliter l’adoption car l’enfant est déjà inséré dans le foyer.
Néanmoins, l’absence de filiation d’un enfant peut permettre à l’autre conjoint d’adopter
cet enfant dans diverses situations comme lorsque cet enfant n’a jamais eu de père, le père
est décédé, le père a été privé de l’autorité parentale ainsi que l’enfant qui a été adopté de
manière plénière par la femme toute seule. La femme a d’abord adopté puis s’est mariée
par la suite. Son époux pourra alors adopter l’enfant.

En l’espèce, Monsieur Legrand souhaite adopter le fils de son époux. En conséquence, il


faut l’existence d’un couple marié d’au moins deux ans de mariage. Le couple s’est marié
en 2015, dés lors la condition est remplie puisque cela fait 3 ans de mariage. L’altérité
sexuelle n’est plus une condition pour adopter un enfant au regard de la loi du 17 mai
2013. Cette question de l’altérité sexuelle ne se pose plus puisque la Cour de cassation
avait commencé à modifier sa jurisprudence dans un arrêt de la première chambre civile
du 8 juillet 2010. De surcroit, une telle discrimination a été condamnée par la Cour
européenne des droits de l’Homme dans un arrêt E.B contre France du 22 janvier 2008. En
l’espèce, il s’agit d’un couple de même sexe et plus particulièrement du conjoint de
l’époux qui souhaite adopter l’enfant. L’article 343-1 du Code civil pose le principe que
pour l’adoption, si le mariage n’a pas au moins deux ans, l’adoptant doit avoir au moins
vingt-huit ans sur l’état civil. Néanmoins, l’article 343-2 du Code civil pose une exception
lorsqu’il s’agit de l’enfant du conjoint. En l’espèce, Monsieur Legrand souhaite adopter
l’enfant de son conjoint qui se prénomme Julien et qui a 5 ans. Par conséquent, la
condition d’âge n’est donc pas exigée lorsqu’il s’agit de l’enfant du conjoint. Néanmoins,
la différence d’âge doit être au moins de 10 ans puisqu’il s’agit de l’enfant du conjoint. En
l’espèce, la condition des 10 ans est remplie puisque le conjoint a 29 ans et l’enfant a 5
ans ce qui constitue une différence d’âge de 24 ans. Il y a donc bien plus de 10 ans d’écart
entre l’adoptant et l’enfant. Dans le cadre où l’adoptant est marié et souhaite adopter
l’enfant du conjoint. L’article 343-2 et l’article 344 du Code civil vont faciliter l’adoption
de l’enfant car ce dernier est déjà inséré dans le foyer. De plus, la loi supprime le
minimum d’âge de l’adoptant qui doit être seulement de dix-huit ans. La différence est
donc aussi réduite à dix ans voire moins si des justes motifs le permettent. De surcroit,
l’enfant ne doit plus avoir de filiation de l’autre parent biologique comme un parent
décédé. En l’espèce, Julien qui est l’enfant du conjoint n’a plus de filiation établis avec
son autre parent biologique puisque sa mère est décédée depuis quatre ans. De plus,
l’enfant vit avec le couple depuis maintenant quatre ans ce qui signifie qu’il est donc bien
intégré dans le foyer familial.

Par conséquent, les conditions semblent remplies pour que l’adoptant puisse adopter
l’enfant du conjoint au regard de la condition d’âge, l’absence de filiation de l’autre parent
ainsi que l’absence d’altérité sexuelle.

B. Les conditions de l’adopté en vue d’une adoption plénière

L’article 348-1 du Code civil dispose que « Lorsque la filiation d’un enfant n’est établie
qu’à l’égard d’un de ses auteurs, celui-ci donne le consentement à l’adoption ». Trois
conditions sont essentielles pour adopter un enfant. Le premier critère est qu’il faut
regarder l’intérêt de l’enfant. L’adoption doit toujours être dans son intérêt. Si ce dernier a
plus de treize ans, celui-ci doit donner son consentement. S’il a moins de treize ans,
l’enfant ne donne qu’un avis qui est pris en compte à l’article 388-1 du Code civil. Le juge
va donc apprécier souverainement l’intérêt de l’enfant au regard de l’article 348-3 du
Code civil. L’adoption ne doit pas être considérée comme perturbatrice par rapport à
l’enfant. La qualité des grands-parents des adoptants peut le cas échéant poser problème
lorsque cela met sur le même pied d’égalité les petits-enfants et d’autres enfants qui seront
les oncles et les tantes de l’adopté. Le deuxième critère est l’intégration de l’enfant. Il faut
que l’enfant soit intégré dans le nouveau foyer. L’adoption plénière n’est possible que si
l’enfant a moins de quinze ans. Si l’enfant a entre quinze et vingt ans, l’adoption plénière
peut jouer si l’enfant était déjà intégré dans la famille soit s’il avait déjà été adopté de
manière simple. Le troisième critère est l’abandon. Il existe deux types d’abandon.
L’abandon peut être volontaire dans le sens où les parents vont faire la démarche auprès
d’un organisme pour abandonner l’enfant. Il faut un consentement des parents dans un
acte solennel reçu par notaire ou par les services de l’aide sociale à l’enfance. Il faut que
les parents prouvent leur désintérêt de l’enfant afin d’éviter le trafic de nourrisson. Si
l’enfant a moins de deux ans et est remis à l’aide sociale pour l’enfance alors cela peut
démontrer que les parents ne peuvent s’en occuper. Les parents ont deux mois pour se
rétracter puisque la restitution de l’enfant est de droit. Après ces deux mois, la rétractation
est toujours possible mais la restitution devient facultative puisque le juge doit donner son
accord et vérifier que l’enfant n’est pas déjà été placé en vue d’une adoption. Le deuxième
type d’abandon est l’abandon « supposé ». Il s’agit des parents qui ne veulent pas de
l’enfant. Ils n’ont pas abandonné l’enfant en tant que tel puisqu’ils n’ont pas une
incapacité à s’occuper de celui-ci mais c’est le fait qu’ils ne le veulent pas. En
conséquence, soit l’enfant est alors déclaré abandonner via un acte administratif (mère qui
accouche sous X ou un enfant retrouvé dans la rue) alors l’enfant deviendra pupille de
l’Etat. La deuxième hypothèse est que l’enfant a été remis à un tiers pendant longtemps, la
personne qui a recueilli l’enfant peut demander une déclaration d’abandon au tribunal.
C’est cette décision de justice qui va permettre l’adoption de l’enfant. Le juge va donc
vérifier le désintérêt complet de l’enfant. Cet élément doit être apprécié sur un an avant la
demande et non postérieurement. L’article 350 du Code civil vient préciser qu’il y a un
désintérêt de l’enfant si le parent n’a pas entretenu avec l’enfant des relations qui sont
nécessaires au maintien de liens affectifs. Le désintérêt doit être totalement conscient et
volontaire. Si l’abandon est dû à une détresse psychologique et financière, les juges
n’acceptent pas toujours la décision judiciaire. Si d’autres membres de la famille
demandent à assumer l’enfant, le juge vérifiera s’il est dans l’intérêt de l’enfant d’être
déclaré abandonné et d’être recueilli par ces autres membres de la famille. L’enfant sera
placé en vue d’une adoption et souvent elle se fait par la personne qui a demandé la
déclaration d’abandon. L’adoption nécessite de plus une phase administrative avec un
agrément et un placement. Par conséquent, le couple adoptant doit obtenir un agrément.
De plus, le couple va obtenir le placement de l’enfant qu’il souhaite adopter. Le placement
s’effectue pendant six mois. Par ailleurs, la phase judiciaire nécessite que les adoptants
puissent saisir le tribunal pour obtenir l’adoption de l’enfant. Le juge vérifie l’agrément et
qu’au cours des six mois que l’adoption est conforme à l’intérêt de l’enfant. Une fois que
le jugement est rendu, l’adoption est transcrite sur les registres de l’état civil. Le jugement
d’adoption tiendra lieu d’acte de naissance.

En l’espèce, trois conditions sont nécessaires pour adopter un enfant: regarder son intérêt,
son intégration ainsi que son abandon. En, l’espèce, l’enfant du conjoint a moins de treize
ans ce qui nécessite son avis en vue de l’adoption de celui-ci. Si l’enfant avait eu plus de
treize ans, il aurait fallu le consentement de ce dernier. En l’espèce, l’enfant du conjoint
n’a que cinq ans. De plus, le mineur doit être auditionné par le juge. Néanmoins, il est fort
probable que le juge constate que l’enfant a un manque de discernement étant donné l’âge
de celui-ci. En conséquence, il appartient souverainement au juge de regarder l’intérêt de
l’enfant au regard des prescriptions de l’article 348-3 du Code civil. La qualité de grands-
parents des adoptants peut le cas échéant poser problème. En l’espèce, une éventuelle
opposition de l’enfant n’est pas probable étant donné que ces derniers ne s’occupent plus
de l’enfant en raison de convictions personnelles liées au choix de sexualité de son père.
Néanmoins, dans un arrêt de la première chambre civile du 16 octobre 2001, la Cour de
cassation avait refusé d’octroyer l’adoption aux grands parents. L’enfant du conjoint aura
donc peu de chance de voir son adoption mise en péril par l’opposition de la famille de
son père. L’intégration n’est possible que si l’enfant est intégré dans le nouveau foyer et
que si ce dernier a moins de quinze ans. De plus, Julien n’ayant que cinq ans et habite
depuis le décès de sa mère avec le conjoint de son père. Il est fort probable que la
condition de l’intégration soit remplie puisque cela fait quatre ans que l’enfant est intégré
au foyer du couple. La condition de l’abandon est remplie puisque en l’espèce, la mère de
l’enfant est décédée.

Par conséquent, les conditions de l’adopté en vue d’une adoption plénière semblent
possibles. Il est par conséquent très probable que l’enfant du conjoint puisse se faire
adopter de façon plénière.

C. Les conditions de l’adoption simple

L’article 361 du Code civil dispose que « Les dispositions des articles 343 à 344, du
dernier alinéa de l’article 345, des articles 346 à 350, 353-1, 353-2, 355 et du dernier
alinéa de l’article 357 sont applicables à l’adoption simple. Les conditions de fond et de
forme sont principalement les mêmes que pour l’adoption plénière. L’adoption simple est
possible unilatéralement ou pour un couple marié. L’adoption simple n’est pas possible en
concubinage ou en pacte civile de solidarité. La différence entre l’adoption plénière et
l’adoption simple résulte sur la forme, qu’il n’y a pas d’obligation de placement de six
mois de l’enfant car il est déjà bien intégré avec l’adoptant. Par conséquent, puisque
l’enfant intègre une nouvelle famille mais qu’il n’y a pas de rupture dans ce cas le même
acte de naissance demeure pour lui. L’article 362 du Code civil mentionne l’adoption
simple sur l’acte de naissance. De plus, les différences de fond entre l’adoption plénière et
simple découle du fait que l’adopté n’a pas à être un mineur de quinze ans. La différence
d’âge est exigée mais peu importe l’âge de l’adopté. L’article 345-1 du Code civil est
relatif à l’adoption du conjoint ne s’applique pas pour l’adoption simple. L’exigence d’un
seul lien de filiation n’existe pas dans le cadre d’une adoption simple. Si l’enfant a
toujours ses deux liens de filiation, l’adoption plénière est empêchée. Les principaux
critères de l’adoption tant simple que plénière reste l’intérêt de l’enfant, son intégration
dans son nouveau foyer ainsi que l’abandon.

En l’espèce, l’adoption simple crée le maintien du lien avec la famille d’origine.


L’adoption simple ne fait pas obstacle à l’établissement ultérieur de la filiation réel de
l’enfant. L’adopté reste investi de ses droits héréditaires vis-à-vis de sa famille d’origine
et les parents également. En l’espèce, même si la mère de l’enfant n’était pas décédée, le
conjoint du père aurait pu adopter l’enfant de façon simple. L’adoption simple n’empêche
pas le maintien du lien de filiation du parent d’origine. De plus, si les grands parents n’ont
pas de liens, ces derniers ne peuvent changer d’avis au regard de l’article 371-4 du Code
civil qui autorise le maintien de lien. Néanmoins, dans un arrêt de la première chambre
civile du 14 janvier 2009 précise que dans l’intérêt de l’enfant le juge peut mettre fin voir
même fixer les modalités des relations entre l’enfant et les tiers qu’il s’agisse d’un parent
ou non. En l’espèce, il y a la possibilité de rupture des liens avec les membres de la
famille puis ces derniers ne s’occupent plus de l’enfant en raison du choix de sexualité du
père de celui-ci. Il y a donc une possibilité que le juge rompt les liens avec la famille du
père de l’enfant.

Par conséquent, l’adoption simple est possible puisque le lien de filiation d’origine peut
être présent. En conséquence, le conjoint peut adopter l’enfant de façon simple.

II. La filiation par procréation médicale


A. La prohibition de la gestation pour autrui

L’article 16-7 du Code civil dispose que « Toute convention portant sur la procréation ou
la gestation pour le compte d’autrui est nulle ». De plus l’article 16-9 du Code civil
dispose que « Les dispositions du présent chapitre sont d’ordre public » qui vient
compléter l’article 16-7 du Code civil. La gestation pour autrui est donc interdite en
France. La gestation pour autrui consiste pour une femme à porter l’enfant destiné à
autrui. Il existe deux types de gestations pour autrui qui sont la gestation pour autrui
stricto sensu qui consiste à porter l’enfant conçu par les demandeurs. L’enfant est conçu
par la voie médicale et l’embryon est transféré dans l’utérus de la mère porteuse. Le
deuxième type de gestation pour autrui est la procréation médicalement assistée est le fait
que la mère porteuse porte l’enfant dont l’une de ses gamètes a servi à la conception. C’est
le contrat de maternité pour autrui. La mère porteuse abandonne donc l’enfant à la
naissance à un couple d’intention. La mère porteuse accouche mais n’inscrit pas son nom
dans l’acte de naissance. Le père reconnait l’enfant comme si la mère porteuse était
comme sa compagne. L’adoption est donc plénière ou simple. Dans une autre hypothèse,
la mère porteuse inscrit son nom sur l’acte de naissance ainsi que l’homme reconnait
l’enfant. La mère porteuse délaisse l’enfant et la mère d’intention adopte l’enfant de
manière simple. S’agissant de la filiation maternelle, la mère porteuse sera considérée
comme la mère de l’enfant. De surcroit, l’article 336 du Code civil permet de prohiber
cette fraude et interdit toute possibilité de reconnaissance par la mère d’intention.
S’agissant de la filiation paternelle, si la mère porteuse est mariée, l’enfant aura pour père
le mari, sinon il aura pour père celui qui reconnaitra l’enfant. Il y a donc une filiation avec
la mère porteuse et avec le père d’intention.

En l’espèce, le conjoint se rendre en Californie pour recourir à une mère porteuse afin
d’avoir son propre enfant également. Néanmoins, la convention de gestation pour autrui
est considérée comme nulle. Dans un arrêt en assemblée plénière du 30 mai 1991, la Cour
de cassation a considérée que la convention de maternité pour autrui est considérée
comme nulle car elle porte atteinte au principe d’indisponibilité de l’état des personnes et
du corps humain. Néanmoins, la Cour européenne des droits de l’homme dans un arrêt
Labassé contre France du 28 juin 2014 condamne la France sur le principe d’avoir violé la
filiation paternelle. De plus, l’assemblée plénière de la Cour de cassation du 3 juillet 2015
conçoit qu’il faut reconnaitre le lien de filiation paternelle. C’est ainsi que la filiation
pourra être établie entre l’enfant issus de la gestation pour autrui et Monsieur Louis
Legrand. De plus, la reconnaissance peut être considérée comme frauduleuse. En l’espèce,
il s’agit bien d’une fraude puisque le conjoint se déplace en Californie pour faire appel à
une mère porteuse. Néanmoins, il est possible de faire une délégation d’autorité parentale.
La Cour de cassation l’a notamment rappelé dans un arrêt en première chambre civile du
24 février 2006 qui nécessite la condition de l’intérêt de l’enfant.

Par conséquent, la convention de mère porteuse est nulle en France. Le droit français
n’accorde pas le principe de gestation pour autrui. En conséquence, la filiation sera
néanmoins établie vis-à-vis de Monsieur Legrand.

III. L’établissement du lien de filiation du père de l’enfant

Un homme et une femme se sont mariés ensemble avant de divorcer en 2012 par
consentement mutuel. Ce dernier rencontra une autre femme qui tomba enceinte de lui
avant de se séparer. Cependant, celle-ci a été claire sur ses intentions, elle souhaite
accouchée sous X. Le père décida en conséquence de prendre ses responsabilités et
reconnut son enfant par une reconnaissance prénatale. Suite à cette rupture, cet homme
décida de refaire sa vie avec une autre femme. En conséquence, ils se sont mariés
ensemble et un enfant est issu de leur couple. De surcroit, l’épouse a décidé de mentir au
sujet de la véritable mère de l’enfant née par accouchement sous X. Pour ne pas que la
fille du mari découvre le fait qu’il ne s’agissait pas de sa mère, l’épouse décida pour
consolider le lien de l’adopter.

Il convient d’envisager l’établissement du lien de filiation du père de l’enfant ainsi que


l’établissement du lien de filiation avec sa nouvelle et ainsi d’envisager l’hypothèse de
l’adoption plénière.

A. La création du lien de filiation avec sa fille

L’article 326 du Code dispose que « Lors de l’accouchement, la mère peut demander que
le secret de son admission et de son identité soit préservé. Cet article pose le principe de
l’accouchement sous X. L’article 310-1 du Code civil qui dispose que « La filiation est
légalement établie, dans les conditions prévues au chapitre II, du présent titre, par l’effet
de la loi, par la reconnaissance volontaire ou par possession d’état constatée par acte de
notoriété. Elle peut aussi l’être par jugement dans les conditions prévues au chapitre III du
présent titre ». L’article 316 du Code civil pose le principe que la reconnaissance prénatale
est possible pour un homme. La filiation maternelle comme paternelle peut s’établir par
acte de reconnaissance avant ou après la naissance. L’intérêt de la mesure concerne
surtout le père dans le sens où si le couple n’est pas marié, le père devra faire une
reconnaissance, c’est indispensable. Si le couple est marié, la reconnaissance est
nécessaire par sécurité dans trois hypothèses. La première hypothèse serait si l’homme a
peur que la femme accouche sous X. Il fait une reconnaissance prénatale. La deuxième
hypothèse est si la mère souhaite revenir sur sa décision d’abandon d’accouchement sous
X. La troisième hypothèse est le fait que dans tous les cas, il y a une possibilité de
reconnaissance prénatale. De plus, l’article L222-6 du Code de l’action sociale et des
familles dispose que « Toute femme qui demande, lors de son accouchement, la
préservation du secret de son admission et son identité par un établissement de santé est
informée des conséquences juridiques de cette demande et de l’importance pour toute
personne de connaitre ses origines et son histoire. Elle est donc invitée à laisser, si elle
l’accepte, des renseignements sur sa santé et celle du père, les origines de l’enfant et les
circonstances de la naissance, ainsi que, sous pli fermé, son identité. Elle est informée de
la possibilité qu’elle a de lever à tout moment le secret de son identité et, qu’à défaut, son
identité ne pourra être communiquée, que dans les conditions prévues à l’article L.147-
6 ». Cet article pose le principe du secret de l’identité de la femme qui accouche sous X.
L’article L222-6 du Code de l’action sociale et des familles est lié à l’article 8 de la
Convention européenne des droits de l’homme qui protège la vie privée et familiale.

En l’espèce, Madame Marthe Benard a évoqué son souhait d’accoucher sous X. Il est
donc dans l’intérêt de Monsieur Augustin Lafargue de faire une reconnaissance prénatale
au sens de l’article 316 du Code civil afin de faire valoir ses droits sur son enfant. Ce
dernier a de plus pris ses responsabilités et a élevé seul cet enfant puisqu’il avait effectué
une reconnaissance prénatale en avril 2014. De plus, la Cour européenne dans un arrêt
Jagui et Suisse du 13 juillet 2006 précise que la naissance et la connaissance de ses
parents relèvent de ses droits privés. Cependant, l’arrêt Odièvre contre France du 13
février 2003 implique la Cour européenne des droits de l’homme a tranché entre l’intérêt
légitime d’un enfant de connaitre ses racines et l’intérêt de la mère à préserver son
anonymat. La Cour européenne va estimer que l’intervention de l’Etat doit se limiter à
mettre en place des moyens alternatifs permettant à une autorité indépendante de trancher
cette question. Néanmoins, la loi vient préciser qu’elle peut changer d’avis dans les deux
mois suivant la naissance de l’enfant ainsi celui-ci sera placé en vue d’une adoption sauf si
le père fait une reconnaissance prénatale. En l’espèce, la femme ne semble pas avoir
changé d’avis dans les deux mois qui ont suivi son accouchement. Rien ne laisse sembler
qu’elle aurait laissé des informations sur son identité ou tous autres renseignements qui
seraient susceptibles de l’a retrouvé ou d’avoir des renseignements sur sa santé.
Néanmoins, la femme peut quand même laissée un pli fermé ce qui en l’espèce ne semble
pas être le cas.

Par conséquent, le père est le seul à établir le lien de filiation avec sa fille qui se
prénomme Miranda par reconnaissance prénatale. Rien ne laisse penser que la mère de
l’accouchement sous X a laissé des informations en vue de prendre contact avec sa fille.

IV. L’établissement du lien de filiation avec sa nouvelle épouse


A. Les effets de l’adoption plénière

L’article 356 du Code civil dispose que « L’adoption confère à l’enfant une filiation qui se
substitue à sa filiation d’origine : l’adopté cesse d’appartenir à sa famille par le sang, sous
réserve des prohibitions au mariage visées aux articles 161 à 164. Toutefois, l’adoption de
l’enfant du conjoint laisse subsister sa filiation d’origine à l’égard de ce conjoint et de sa
famille. Elle produit, pour le surplus, les effets d’une adoption par deux époux. L’acte de
naissance nouveau ne comportera aucune mention de cette filiation antérieure. Deux
réserves demeurent comme les empêchements à mariage avec la famille par le sang ainsi
que l’adoption plénière de l’enfant du conjoint laisse subsister la filiation d’origine de
l’enfant. Dans ce cadre, certains grands-parents ont parfois demandé à bénéficier d’un
droit de visite de leurs anciens petits-enfants. L’adoption plénière de l’enfant confère le
nom de l’adoptant. L’adoption plénière se veut créer un lien absolu avec la famille
adoptive car l’adoption est opposable à tous les membres de la famille de l’adoptant.
L’adopté prendra le nom de l’adoptant en sachant qu’en cas d’adoption de l’enfant du
conjoint une déclaration conjointe devra être faite. L’adopté aura désormais une vocation
successorale vis-à-vis de cette nouvelle famille. L’article 359 du Code civil pose le
principe que l’adoption plénière est irrévocable dès que le jugement est passé en force de
chose jugée. Si l’adoptant décède, une nouvelle adoption plénière de l’enfant pourra être
faite. L’article 350 du Code civil prévoit qu’il est possible de substituer une adoption
simple à l’adoption plénière. L’article 353 du Code civil prévoit que les adoptants doivent
avoir un placement de l’enfant que le couple souhaite adopter. Le placement se fait
pendant six mois. Les adoptants pourront saisir le tribunal pour obtenir l’adoption de
l’enfant. Le juge vérifie l’agrément et qu’au cours des six mois que l’adoption est
conforme à l’intérêt de l’enfant. Uns fois que le jugement est rendu, l’adoption est
transcrite sur les registres de l’état civil. Le jugement d’adoption tiendra lieu d’acte de
naissance.

En l’espèce, l’adoption plénière est plus avantageuse que l’adoption simple. Il s’agit d’un
couple et plus précisément d’une nouvelle compagne qui souhaite adopter la fille de son
conjoint. L’adoption plénière permet donc une rupture avec la famille d’origine. La
nouvelle compagne du mari souhaite que Miranda ne sache jamais que sa véritable mère a
accouché sous X. Elle souhaite donc établir son lien de filiation avec cette dernière.
Néanmoins, l’adoption plénière laisse exister la filiation d’origine de l’enfant comme les
grands-parents. Dans un arrêt de la première chambre civile de la Cour de cassation du 5
mai 1986, un droit de visite a été accordé aux grands-parents. Néanmoins, cette
jurisprudence n’est pas constante puisque la première chambre civile de la Cour de
cassation du 16 juillet 1997 a refusé un droit de visite aux grands-parents. Par conséquent,
cela reste à l’appréciation souveraine des juges.

Par conséquent, Miranda ne devrait jamais apprendre l’existence de sa véritable mère


biologique sauf si cette dernière lui a laissé des informations sur son identité ce qui reste
dans le cas présent peu probable. En conséquence, la rupture du lien d’origine sera
effective. Ainsi, la mère adoptive sera Madame Ségolène Roumy, la compagne de son
père.

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