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Revue théologique de Louvain

Myrrha Lot-Borodine, La déification de l’homme selon la doctrine


des Pères grecs. Préface du cardinal Jean Daniélou (coll.
Orthodoxie), 2011
Jean-Marie Auwers

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Auwers Jean-Marie. Myrrha Lot-Borodine, La déification de l’homme selon la doctrine des Pères grecs. Préface du
cardinal Jean Daniélou (coll. Orthodoxie), 2011. In: Revue théologique de Louvain, 44ᵉ année, fasc. 4, 2013. pp. 603-
604;

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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 603

de l’Occident. – Dans la préface à la traduction italienne de The Conflict


between Paganism and Christianity, publiée en 1968, Momigliano écrivait que
les contributeurs de 1958 n’auraient plus écrit alors comme ils l’avaient fait
dix ans plus tôt. C’est que la représentation que l’on se fait du conflit entre les
chrétiens et les païens de l’Antiquité tardive évolue sans cesse. Dans ses
Concluding Remarks (p. 599-608), P. Brown mesure le chemin parcouru
depuis cinquante ans et trace quelques pistes pour les cinquante ans à venir.
Jean-Marie AUWERS

Franciszek SZULC, Le Fils de Dieu pour les Judéo-chrétiens dans «Le Pas-
teur» d’Hermas. Traduction du polonais par Anna LATKA avec la col-
laboration de sœur Marie et de sœur Myriam, moniales dominicaines de
Langeac (coll. Théologies). Paris, Cerf, 2011. 281 p. 19,5 ≈ 12,5. 27 /.
ISBN 978-2-204-09215-9.
Une vingtaine d’années après P. Henne, l’A. revient sur la question de
la christologie du Pasteur d’Hermas – un ouvrage composé à Rome dans la
première moitié du IIe s., et où le nom de Jésus et le titre de Christ n’appa-
raissent jamais. La monographie se compose de quatre chapitres. Le premier
offre un état de la question des problèmes que pose le Pasteur (structure,
genre littéraire, auteur, etc.), le suivant propose une analyse de la cinquième
Similitude et de sa christologie pneumatologique, qui semble au premier
abord tout à fait incohérente, les deux derniers chapitres abordent chacun un
aspect particulier de la question, respectivement la christologie angélomor-
phique et la théologie du Nom de Dieu. Pour l’A., si Hermas évite d’utiliser
le titre de messie et n’emploie nulle part le mot «Christ», c’est pour trois
raisons: premièrement, le titre messianique ranime des controverses entre
juifs et chrétiens; deuxièmement, pour les pouvoirs romains, il avait un
caractère de provocation et pouvait susciter des persécutions; troisièmement,
c’est un concept incompréhensible pour les païens appelés à la conversion.
À strictement parler, il n’y aurait donc pas de christologie dans le Pasteur,
mais bien une «théologie du Fils de Dieu», dont F. S. martèle qu’elle est
judéo-chrétienne (au sens où J. Daniélou entendait le judéo-christianisme,
c’est-à-dire comme catégorie de pensée). Hermas aurait voulu «développer
un enseignement sur le Fils de Dieu susceptible d’être compris et accepté
tant par les juifs que par les (pagano) chrétiens de cette époque-là» et son
enseignement pourrait «constituer une source d’inspiration pour le dialogue
se déroulant actuellement entre les chrétiens et les juifs» (p. 258) – ce qui
semble bien naïf, tant cet enseignement paraît aujourd’hui étrange.
Jean-Marie AUWERS

Myrrha LOT-BORODINE, La déification de l’homme selon la doctrine des


Pères grecs. Préface du cardinal Jean DANIÉLOU (coll. Orthodoxie).
Paris, Cerf, 2011. 290 p. 19,5 ≈ 13,5. 24 /. ISBN 978-2-204-09028-5.
Republication, sous une forme révisée (les citations grecques et latines ont
été traduites en français), d’un recueil publié en 1970 et rassemblant les
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travaux suivants: «la doctrine de la ‘déification’ dans l’Église grecque


jusqu’au XIe s.» (1932); «La doctrine de la grâce et de la liberté dans l’ortho-
doxie gréco-orientale» (1939); «La béatitude dans l’Orient chrétien. Myste-
rium spei» (1950). L’objet principal de l’ouvrage est la transfiguration de la
nature humaine par les énergies divines, par l’action déifiante de l’Esprit-
Saint. Certes, l’être humain est misérable (Grégoire de Nysse aime à dire que
l’homme est «revêtu de tuniques de peaux», ce qui embrasse les passions,
la mortalité, la sexualité et tout le fond de l’homme animal), mais telle n’est
pas la destinée de l’homme. S’il est incapable par lui-même de se libérer de
sa condition, le Verbe de Dieu vient, dans l’humanité du Christ, ressaisir la
nature pour la pénétrer intimement des énergies divines. Loin d’une théolo-
gie de la kénose ou de la mort de Dieu, l’A. centre sa réflexion sur le Christ
de gloire qui est le cœur de l’univers. Cette transfiguration accomplie par le
Christ se continue dans la vie sacramentelle, puisque les énergies spirituelles
contenues dans l’humanité glorifiée du Christ se communiquent dans les rites
de l’initiation chrétienne, notamment dans l’eucharistie qui, en tant que pré-
sence réelle du Christ de gloire, constitue le cœur de l’existence chrétienne.
Par l’action des sacrements, l’homme est ainsi restauré dans la vie paradi-
siaque, il est engagé dans ce processus de divinisation dont la vie mystique
est l’expression supérieure. «Ce qui fait la valeur exceptionnelle de l’œuvre
de Myrrha Lot-Borodine – écrit J. Daniélou dans la Préface (p. 11) – c’est
qu’elle ne s’est pas simplement consacrée à une recherche savante,
mais qu’elle a retrouvé l’expression vivante de la mystique byzantine et
qu’elle a su la faire percevoir. Son œuvre est nourrie de la lecture des grands
spirituels et théologiens grecs et byzantins. On y retrouve l’écho des Grégoire
et d’Evagre, de Maxime le Confesseur et du Pseudo-Denys, de Siméon le
Nouveau Théologien et de Nicolas Cabasilas». L’A. mentionne souvent ces
auteurs, mais de manière peu précise ou sans donner la référence exacte, ce
qui donne à son ouvrage un côté peu universitaire. Ajoutons à cela, par-ci
par-là, une pointe de polémique contre les Latins (moins que chez V. Lossky,
cependant), au-delà de laquelle le lecteur devra passer. Malgré la date qui
nous sépare de la première publication de ces articles (80 ans pour le pre-
mier), cet ouvrage reste un grand livre.
Jean-Marie AUWERS

Marie-Christine HAZAËL-MASSIEUX, Dictionnaire contemporain des Pères de


l’Église. Leurs mots, leurs textes, leur langage. Montrouge, Bayard,
2011. 971 p. 21 ≈ 14. 49 /. ISBN 978-2-227-48131-2.
Ce gros ouvrage est un dictionnaire thématique: on n’y trouvera donc pas
de notice sur Augustin, Origène, sauf dans l’appendice, où sont aussi men-
tionnés des auteurs médiévaux (Anselme de Cantorbéry, Bonaventure, etc.)
et tout à fait contemporains (François Cheng, Claude Dagens, Adalbert-
Gautier Hamman, Joseph Ratzinger, etc.) en passant par Ignace de Loyola et
Blaise Pascal. D’Abandon à Volonté, les entrées de ce dictionnaire concernent
les mots, concepts, expressions et thèmes qui tiennent une place importante
dans les prédications et les écrits des Pères de l’Église, «ces hommes qui

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