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Hydro

Québec

Guide de conception
des aménagements hydroélectriques

Aménagement de Bryson

Direction Ingénierie, Groupe Ingénierie, Approvisionnement et Construction


Direction Expertise et support technique de production, Groupe Production

Janvier 2000
r
Émis par :
Denis Bergeroiyfpgr
Chef ^"^
Conception des installations

Approuvé par :
Octave Caron, ing.
Directeur
Ingénierie

aeau, ing.

Expertise et support technique de production

\
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Avant-propos
Le Guide de conception des aménagements hydroélectriques constitue une étape importante
du processus de refonte du document Critères de conception émis en 1994 par l'ancienne di-
rection Aménagements de centrales. Cette refonte découle de l'exercice de réingénierie de la
filière hydroélectrique qu'Hydro-Québec a entrepris en 1997 dans le but d'augmenter la compé-
titivité de cette filière par rapport aux autres filières énergétiques.
Plusieurs recommandations ont été formulées à la suite des travaux commencés en 1997 sur
les critères de conception. Le présent guide intègre celles dont les éléments pouvaient contri-
buer à une réduction significative des coûts.

Avant-propos page i
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Contribution
Les personnes suivantes ont contribué à l'élaboration du présent document dans le cadre de
divers groupes de travail.

Membres Groupes de travail


Michel Gagné Alternateurs
Ngoc Duc Nguyen (responsable)
Rémi Tremblay
Jacques Bellemare (responsable) Appareillage électrique auxiliaire et systèmes d'excitation
Jean-Marc Bernard
Maurice Loranger
Serge Ouellette
Marc Soullière
Serge Barceloux Automatismes de production
Jacques Ostiguy
Bernard Poulin
Yves Talbot
Pierre L. Martin (responsable)
Raymond Ares (RSW) Géotechnique, géologie et accès
Oscar Dascal
Yousef Hammamji
Hani Keira (Agra-Monenco)
Bachir Touileb (responsable)
Pierre Villemure
Pierre Bruneau Hydraulique
Jean Joannette (responsable)
Tung Quach
Sylvain Robert
Gervais Dufour Mécanique auxilaire
Jocelyn Marcotte
Daniel Marquis (Tecsult)
Tu Dang Ngo (responsable)
Phat V. Nguyen
Jules Robert
Buu Long Tran
Pierre Léger Ouvrages civils en béton
Marc Longpré
Richard Larivière
Grégoire Lavoie
Roger Lupien
Martin Roberge
Mario Veilleux (responsable)
Gervais Dufour Turbines
Nathalie Laberge
Michel D. Roy
François Théorêt (responsable)

Contribution page ni
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Membres Groupes de travail


Pierre Chevalier (responsable) Vannes et appareils de levage
André Chouinard
Stéphane Meunier
Ngoc Duc Nguyen Coordination des groupes de travail
Harry Barton Intégration des textes
Ngoc Duc Nguyen

page iv Contribution
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Table des matières

Avant-propos . i

Contribution iii

1 Introduction 1.1
1.1 Objectifs du guide 1.1
1.2 Utilisation du guide 1.1
1.3 Démarche de conception 1.2
1.3.1 Généralités 1.2
1.3.2 Arbre fonctionnel du processus de conception 1.2
1.3.3 Cahier de charges fonctionnel. 1.3
1.4 Structure du guide 1.3

2 Hydrologie 2.1
2.1 Généralités ! 2.1
2.2 Détermination des caractéristiques des bassins versants 2.1
2.2.1 Caractéristiques physiographiques 2.1
2.2.2 Caractéristiques hydrométéorologiques 2.2
2.3 Débits mensuels aux sites aménagés 2.3
2.4 Analyse des crues 2.3
2.4.1 Analyse des crues par la méthode statistique ...; 2.4
2.4.1.1 Analyse de fréquence 2.4
2.4.1.2 Analyse régionale 2.5
2.4.2 Analyse des crues par la méthode stochastique 2.7
2.4.3 Analyse des crues par la méthode déterministe-statistique 2.7
2.4.3.1 Modélisation du bassin versant 2.8
2.4.3.1.1 Étalonnage du bassin versant 2.10
2.4.3.1.2 Validation de l'étalonnage 2.11
2.4.3.2 Conditions météorologiques des crues maximales probables 2.11
2.4.3.3 Simulation de la crue maximale probable 2.13
2.4.3.3.1 Crue maximale probable de printemps 2.13
2.4.3.3.2 Crue maximale probable d'été-automne..; ; 2.15
2.4.3.3.3 Comparaison des résultats : 2.15
2.4.3.4 Faiblesses des approches méthodologiques et recommandations
pour les atténuer 2.16
2.4.3.4.1 Méthode statistique 2.16
2.4.3.4.2 Méthode stochastique 2.16
2.4.3.4.3 Méthode par simulation déterministe 2.16
2.5 Laminage des crues 2.17
2.5.1 Modèles de laminage 2.17
2.5.2 Données de simulation 2.18
2.5.3 Hypothèses de laminage des crues déterminées par la méthode
statistique 2.18

Table des matières page v


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.5.4 Hypothèses de laminage des crues déterminées par la méthode


déterministe-statistique '. 2.19
2.6 Analyse des conditions d'étiage 2.19
2.7 Débit réservé 2.20
2.7.1 Contexte : .2.20
2.7.2 Réglementation fédérale 2.20
2.7.3 Réglementation provinciale 2.20
2.7.4 Modalités d'application 2.21
2.7.4.1 Étude préliminaire 2.21
2.7.4.2 Étude de faisabilité 2.22
2.8 Références 2.22

3 Géologie et géotechnique ,3.1


3.1 Généralités 3.1
3.2 Définition des conditions de fondation 3.1
3.3 Vérification des matériaux d'emprunt 3.2
3.3.1 Règles générales 3.2
3.3.2 Choix d'un site 3.3
3.3.3 Distances à respecter 3.3
3.3.4 Sondages 3.4
3.3.5 Accès 3.4
3.4 Évaluation de la sismicité 3.4
3.4.1 Sélection des paramètres 3.4
3.4.2 Détermination de l'accélération de pointe au rocher 3.6
3.4.3 Définition du coefficient sismique 3.6
3.5 Excavations 3.6
3.5.1 Excavations dans le mort-terrain 3.10
3.5.1.1 Décapage 3.10
3.5.1.2 Excavations permanentes 3.10
3.5.1.3 Excavations temporaires 3.11
3.5.1.4 Contrôle de l'eau d'infiltration 3.11
3.5.2 Excavations dans le roc 3.12
3.5.2.1 Généralités 3.12
3.5.2.2 Méthode d'excavation 3.12
3.5.2.3 Contrôle du dynamitage 3.13
3.5.2.3.1 Dynamitage sur terre 3.13
3.5.2.3.2 Sautage sous l'eau ..3.14
3.5.2.3.3 Méthodes de remplacement 3.14
3.5.2.4 Géométrie 3.15
3.5.3 Protection, consolidation, injection et drainage 3.16
3.5.3.1 Généralités 3.16
3.5.3.2 Protection et consolidation 3.16
3.5.3.2.1 Treillis métallique 3.16
3.5.3.2.2 Boulons de consolidation... 3.17
3.5.3.2.3 Goujons de consolidation 3.18
3.5.3.2.4 Béton projeté 3.18
3.5.3.3 Drainage et injection .....3.19

pagevi . Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

4 Géomatique et bathymétrie 4.1


4.1 Généralités 4.1
4.2 Établissement de la référence kilométrique 4.1
4.3 Topographie 4.2
4.4 Arpentage 4.2
4.5 Géodésie 4.3
4.6 Relevés topographiques 4.3
4.7 Bathymétrie 4.4
4.7.1 Bathymétrie des sites 4.4
4.7.2 Bathymétrie des rivières 4.4
4.7.3 Bathymétrie des milieux marins ou des grandes surfaces 4.5
4.7.4 Bathymétrie des eaux turbulentes 4.5

5 Conception des ouvrages 5.1


5.1 Généralités 5.1
5.2 Revenus et coûts 5.1
5.3 Demande, apports, réserve et facteur d'utilisation 5.2
5.4 Principes de dimensionnement 5.2
5.5 Conséquences de la présence des ouvrages 5.3
5.6 Outils de conception 5.3
5.6.1 Modèles ATHENA et MINERVE 5.4
5.6.2 Modèle OPTIMEAU 5.5
5.6.3 Modèle SIMHYDE 5.6
5.6.4 Modèle ÉNERGIE 5.6
5.7 Détermination des données de base 5.7
5.7.1 Sites ...5.7
5.7.2 Série d'apports naturels 5.7
5.7.3 Volume d'emmagasinement 5.7
5.7.4 Facteur d'utilisation 5.8
5.7.5 Patron de la demande 5.8
5.7.6 Facteur de puissance de pointe 5.8
5.7.7 Taux d'indisponibilité 5.9
5.7.8 Rendement 5.9
5.7.9 Pertes de charge 5.9
5.7.10 Niveau de restitution 5.10
5.7.11 Contraintes environnementales 5.10
5.7.12 Contraintes économiques.... 5.11
5.8 Références 5.1

6 Réservoirs 6.1
6.1 Généralités 6.1
6.2 Réservoirs à buts multiples 6.1
6.3 Réserve 6.1
6.3.1 Réserve du sédiment : 6.1
6.3.2 Réserve pour hauteur de chute 6.2
6.3.3 Réserve d'inondation 6.2
6.4 Gestion des crues 6.2
6.5 Effets des glaces sur la taille des réservoirs 6.2

Table des matières page vii


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

6.6 Remplissage 6.3


6.6.1 Généralités 6.3
6.6.2 Durée de remplissage 6.3
6.6.3 Taux de remplissage 6.4
6.7 Stabilité et étanchéité 6.5
6.8 Vidange 6.6
6.9 Rupture de barrage 6.7
6.10 Foresterie 6.9
6.10.1 Législation..... 6.9
6.10.2 Impact et autorisations 6.9
6.10.3 Nature des études 6.10
6.10.3.1 Étude sommaire 6.10
6.10.3.2 Étude préliminaire 6.11
6.10.3.3 Étude de faisabilité 6.12
6.11 Références 6.13

7 Ouvrages de retenue en béton 7.1


7.1 Généralités... 7.1
7.1.1 Origine des barrages-poids en béton 7.2
7.1.2 Contexte de construction des ouvrages en béton 7.2
7.1.3 Cadre réglementaire 7.11
7.1.4 Gestion du risque 7.12
7.1.5 Contenu et organisation des rubriques 7.12
7.2 Structures en béton .7.13
7.2.1 Types de barrages en béton 7.13
7.2.1.1 Profil 7.15
7.2.1.2 Drains 7.15
7.2.1.3 Galeries .-... 7.15
7.2.1.4 Dimensions des blocs et joints de construction 7.16
7.2.2 Barrage-poids en BCR 7.17
7.2.3 Barrage mixte 7.18
7.3 Objectifs de performance , 7.18
7.3.1 Cycle de vie et durabilité 7.18
7.3.2 Usage fonctionnel 7.18
7.4 Considérations économiques 7.19
7.5 Spécifications techniques et préparation des plans et devis 7.19
7.5.1 Archivage des documents 7.20
7.5.2 Dessins « tel que construits » 7.20
7.6 Méthodologie d'analyse et de conception structurale 7.20
7.6.1 Analyse par la méthode de gravité 7.21
7.6.2 Analyse par la méthode des éléments finis 7.21
7.7 Analyse de risques 7.22
7.7.1 Terminologie et définitions 7.24
7.7.2 Principes 7.26
7.7.2.1 Méthodes FMEA et FMECA 7.29
7.7.2.2 Méthode ETA 7.30
7.7.2.3 Méthode FTA 7.30

page viii Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.8 Propriétés des matériaux 7.31


7.8.1 Béton : 7.31
7.8.1.1 Béton de masse 7.31
7.8.1.1.1 Béton frais 7.31
7.8.1.1.2 Béton durci 7.36
7.8.1.2 Béton structural 7.43
7.8.1.3 Béton compacté au rouleau 7.44
7.8.1.4 Durabilitédu béton 7.44
7.8.1.5 Problèmes particuliers 7.45
7.8.1.5.1 Réactions alcalis-granulats 7.45
7.8.1.5.2 Attaque des sulfates 7.45
7.8.1.5.3 Chaleur d'hydratation 7.46
7.8.1.5.4 Retrait ! 7.46
7.8.1.6 Essais relatifs au béton 7.46
7.8.2 Roc de la fondation 7.47
7.8.3 Acier 7.48
7.8.3.1 Acier d'armature et câbles de post-contrainte 7.48
7.8.3.2 Acier structural 7.48
7.9 Définition des charges à considérer 7.49
7.9.1 Classification des charges 7.49
7.9.2 Application du Code national du bâtiment 7.52
7.9.3 Description des charges 7.52
7.10 Charges permanentes 7.53
7.10.1 Vannes 7.53
7.10.2 Treuils des vannes 7.53
7.10.3 Turbines .7.54
7.10.4 Équipements mobiles 7.54
7.11 . Vent 7.54
7.12 Vagues 7.54
7.13 Poussées hydrostatiques amont et aval 7.55
7.13.1 Niveau de la retenue et poids volumique 7.55
7.13.2 Effets stabilisateurs-déstabilisateurs 7.55
7.13.3 Poussées verticales 7.55
7.13.4 Poussées horizontales 7.56
7.13.4.1 Amont.... 7.56
7.13.4.2 Aval - section non déversante 7.56
7.13.4.3 Aval - section déversante 7.56
7.13.4.4 Évacuateurs avec vannes 7.57
7.13.5 Passages hydrauliques 7.57
7.14 Poussée subatmosphérique 7.58
7.15 Sous-pressions 7.58
7.15.1 Pressions interstitielles et sous-pressions 7.58
7.15.2 Pressions interstitielles dans le béton de masse 7.60'
7.15.3 Sous-pressions - conditions normales d'exploitation et de crues 7.60
7.15.3.1 Joints de reprise de bétonnage et contact-béton rocher - sans
drainage, ni fissure 7.61
7.15.3.2 Incidence des drains 7.61
7.15.3.3 Sélection de l'efficacité du système de drainage 7.62
7.15.3.3.1 Méthode empirique 7.62
7.15.3.3.2 Méthodes analytique-numérique 7.63

Table des matières page ix


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.3.3.3 Incidence de la fissuration sur les sous-pressions 7.63


7.15.3.3.4 Sous-pressions en aval des sections déversantes 7.64
7.15.3.3.5 Sous-pressions dans les fondations 7.64
7.15.4 Conception du système de drainage 7.64
7.15.4.1 Drainage du corps de l'ouvrage et des fondations 7.65
7.15.4.2 Mise en place d'une galerie de drainage 7.65
7.15.4.3 Contrôle des sous-pressions à partir du pied aval 7.67
7.15.4.4 Colmatage des drains 7.67
7.15.4.5 Obstruction par le gel des drains 7.67
7.15.4.6 Submersion des galeries de drainage 7.67
7.15.4.7 Érosion des joints 7.68
7.15.5 Conditions de crues 7.68
7.15.6 Conditions sismiques 7.68
7.15.7 Conditions post-sismiques 7.68
7.15.8 Considérations particulières pour les évacuateurs de crues et les
centrales 7.69
7.15.9 Dispositions constructives pour atténuer l'incidence dès sous-pressions 7.72
7.15.9.1 Membranes amont 7.73
7.15.9.2 Tapis amont 7.74
7.16 Poussées des terres et des sédiments 7.75
7.16.1 Poussées statiques des terres et des sédiments 7.75
7.16.1.1 Sédiments - fluide équivalent 7.75
7.16.1.2 Sédiments - poussée au repos par rapport à poussée active 7.75
7.16.1.3 Poussée des terres 7.76
7.16.2 Poussées sismiques des terres et des sédiments 7.76
7.17 Poussées des glaces 7.76
7.18 Post-tension 7.78
7.19 Effets thermiques 7.79
7.19.1 Température et comportement structural 7.79
7.19.2 Chaleur d'hydratation du béton lors de la construction '. 7.80
7.19.2.1 Contrôle de la chaleur d'hydratation 7.83
7.19.2.1.1 Matériaux cimentaires 7.83
7.19.2.1.2 Refroidissement des ingrédients 7.83
7.19.2.1.3 Actions sur le béton durci 7.84
7.19.3 Variations saisonnières de la température du béton durci 7.84
7.19.3.1 Méthodologie d'analyse thermique 7.85
7.19.3.1.1 Méthode des éléments finis 7.85
7.19.3.1.2 Transfert de chaleur en régime transitoire ....7.85
7.19.3.1.3 Transfert de chaleur en régime permanent 7.85
7.19.3.2 Dispositions constructives pour réduire l'incidence des variations de
température 7.87
7.19.3.2.1 Isolation 7.87
7.19.3.2.2 Béton de qualité supérieure 7.87
7.20 Retrait et fluage 7.87
7.20.1 Retrait 7.88
7.20.1.1 Évaluation du retrait 7.88
7.20.1.2 Contrôle du retrait 7.89
7.20.1.3 Dispositions constructives 7.89

page x Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.20.2 Fluage 7.90


7.20.2.1 Évaluation du fluage : 7.91
7.20.2.1.1 Méthodes empiriques..... 7.91
7.20.2.1.2 Module élastique soutenu 7.91
7.20.2.2 Contrôle du fluage 7.91
7.21 Charges sismiques 7.92
7.21.1 Intensité des secousses sismiques 7.92
7.21.2 Forces d'inertie des ouvrages et poussées dynamiques du réservoir 7.93
7.22 Débris 7.94
7.22.1 Généralités 7.94
7.22.2 Méthodologie de conception pour prévenir l'obstruction causée par les
débris 7.94
7.22.3 Méthodes d'évaluation des forces générées par les débris 7.95
7.22.4 Poussée du vent et des vagues 7.98
7.23 Autres charges 7.99
7.23.1 Effets du dynamitage 7.99
7.23.2 Pressions d'injection 7.99
7.24 Combinaisons de charges 7.100
7.24.1 Principes 7.100
7.24.2 Catégories 7.100
7.24.3 Combinaisons normales 7.101
7.24.4 Combinaisons inhabituelles 7.102
7.24.5 Combinaisons extrêmes 7.103
7.24.6 Barrages-poids 7.104
7.24.7 Évacuateurs et ouvrages régulateurs 7.105
7.24.8 Prises d'eau 7.109
7.24.9 Centrales 7.110
7.25 Critères de stabilité 7.112
7.25.1 Exigences générales de performance des ouvrages 7.112
7.25.2 Mécanismes de défaillance 7.113
7.25.3 Analyse de contraintes et analyse de stabilité 7.114
7.25.4 Plans de ruptures potentielles 7.114
7.25.5 Indicateurs de performance 7.116
7.25.5.1 Méthodes de calcul des indicateurs de performance 7.116
7.25.5.1.1 Méthode de gravité 7.116
7.25.5.1.2 Méthode des éléments finis 7.117
7.25.5.2 Facteurs de sécurité et critères de stabilité 7.118
7.25.5.2.1 Calcul des contraintes 7.119
7.25.5.2.2 Calcul de la position de la résultante 7.120
7.25.5.2.3 Calcul du facteur de sécurité contre le glissement 7.120
7.25.5.2.4 Stabilité au soulèvement 7.123
7.25.5.2.5 Déplacements admissibles 7.123
7.26 Conception des ouvrages en béton pour les crues 7.124
7.26.1 Généralités 7.124
7.26.2 Sécurité hydrologique et analyse de risques 7.124
7.26.3 Crue de projet 7.124
7.26.4 - Crue de vérification ou de sécurité 7.125
7.26.5 Méthodologie d'analyse structurale 7.125
7.26.5.1 Généralités 7.125
7.26.5.2 Submersion des ouvrages lors des crues 7.125

Table des matières page xi


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.26.5.2.1 Mécanisme de défaillance 7.125


7.26.5.2.2 Dispositions constructives pour atténuer les effets de la
submersion 7.126
7.26.5.2.3 Analyse de stabilité et submersion 7.126
7.26.6 Optimisation des ouvrages pour les crues 7.128
7.27 Conception parasismique des ouvrages en béton 7.129
7.27.1 Sélection du site 7.130
7.27.2 Principes de la conception parasismique des ouvrages de retenue ..7.130
7.27.2.1 Séisme de base d'exploitation (SBE) 7.130
7.27.2.2 Séisme maximum de dimensionnement (SMD) 7.130
7.27.2.3 Stabilité en condition post-sismique 7.131
7.27.3 Mécanismes de défaillance 7.131
7.27'A Paramètres sismiques et caractéristiques des secousses sismiques 7.132
7.27.5 Méthodologie générale de conception sismique 7.133
7.27.6 Détermination de la réponse sismique 7.134
7.27.7 Conception des barrages-poids 7.136
7.27.8 Propriétés dynamiques des matériaux .7.136
7.27.9 Modélisation des cas de charges élémentaires 7.136
7.27.10 Combinaisons de charges pour la conception parasismique 7.137
7.27.10.1 Considération des charges statiques 7.137
7.27.10.2 Considération de la poussée des glaces 7.137
7.27.10.3 Considération de l'excitation verticale 7.137
7.27.10.4 Analyse 2D 7.137
7.27.10.5 Analyses 3D 7.138
7.27.10.6 Conditions post-sismiques 7.139
7.27.11 Sélection de la méthode d'analyse 7.139
7.27.12 Critères de stabilité 7.140
7.27.13 Méthode pseudo-statique 7.140
7.27.14 Méthode pseudo-dynamique 7.140
7.27.15 Méthode dynamique 7.142
7.27.16 Considérations particulières aux évacuateurs de crues 7.143
7.27.16.1 Mécanismes de défaillance 7.143
7.27.16.2 Contreventement latéral des piliers ...7.143
7.27.16.3 Poussée hydrodynamique sur les vannes 7.144
7.27.17 Considérations particulières aux prises d'eau 7.144
7.27.17.1 Excitations sismiques longitudinales 7.144
7.27.17.2 Combinaisons de charges - vannes ouvertes ou fermées 7.144
7.27.17.3 Poussée hydrodynamique dans les passages hydrauliques 7.144
7.27.18 Conception parasismique des équipements mécaniques et électriques 7.145
7.27.18.1 Structures connexes de faibles masses 7.145
7.27.18.2 Qualification sismique des équipements 7.145
7.27.19 Dispositions constructives visant à optimiser la performance sismique 7.145
7.28 Traitement des fondations 7.149
7.28.1 Injection de la fondation 7.150
7.28.1.1 Injection de consolidation 7.150
7.28.1.2 Rideau d'injection 7.151
7.28.2 Drainage 7.151

page xii • Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29 Considérations géométriques 7.152


7.29.1 Tracé longitudinal du barrage 7.152
7.29.1.1 Forme de la vallée et choix du barrage 7.152
7.29.1.2 Estimation préliminaire du volume du barrage 7.154
7.29.1.3 Mécanisme 3D de reprise des charges hydrostatiques 7.155
7.29.1.4 Tracés à angles prononcés 7.155
7.29.2 Optimisation des sections non déversantes 7.156
7.29.2.1 Recherche de la section optimale et critères de performance 7.156
7.29.2.2 Fruit global pour le dimensionnement préliminaire des sections 7.156
7.29.2.3 Facteurs de sécurité au glissement et dimensionnement préliminaire
des sections 7.157
7.29.2.4 Inclinaison du parement amont 7.158
7.29.2.5 Chanfreinage du pied aval 7.159
7.29.2.6 Recherche du volume minimal de béton 7.159
7.29.2.7 Réduction des coûts de construction 7.160
7.29.3 Utilisation de sections symétriques 7.162
7.29.4 Réduction du niveau des plus hautes eaux envisageables 7.165
7.30 Béton compacté au rouleau 7.166
7.30.1 Généralités 7.166
7.30.2 Dosage du béton 7.166
7.30.3 Mise en place 7.167
7.30.4 Conception des barrages en BCR 7.168
7.30.5 Comportement thermomécanique du barrage 7.170
7.30.6 Considérations économiques 7.171
7.31 Barrages mixtes 7.172
7.31.1 Généralités 7.172
7.31.2 Barrage mixte en BCR-remblai 7.172
7.31.3 Barrage mixte en BCR-enrochement 7.173
7.31.4 Barrage mixte en enrochement-remblai dur 7.174
7.31.5 Barrage-poids en remblai dur 7.174
7.32 Auscultation des ouvrages 7.176
7.32.1 Objectifs de l'auscultation 7.176
7.32.2 Inspection visuelle 7.176
7.32.3 Choix des instruments et paramètres mesurés 7.176
7.32:4 Instruments de détection des mécanismes de défaillance 7.178
7.32.5 Instruments de contrôle du comportement global 7.178
7.32.6 Automatisation 7.178
7.32.7 Optimisation de l'instrumentation 7.179
7.32.8 Dispositions constructives pour l'installation des instruments 7.180
7.33 Références 7.180

8 Ouvrages de retenue en remblai 8.1


8.1 Généralités 8.1
8.2 Sections types 8.2
8.3 Dimensions 8.3
8.3.1 Hauteur 8.3
8.3.2 Digue de revanche 8.4
8.3.3 Largeur en crête 8.4
8.3.4 Cambrure 8.4
8.3.5 Courbure 8.15

Table des matières page xiii


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.3.6 Inclinaison des pentes 8.15


8.3.7 Revanche -..8.15
8.4 Formation des zones intérieures 8.20
8.4.1 Noyau 8.20
8.4.2 Filtres et transitions 8.22
8.4.3 Drains internes 8.24
8.4.4 Recharges 8.24
8.5 Protection des talus 8.24
8.6 Mise en place des matériaux 8.28
8.7 Traitement des fondations 8.29
8.7.1 Mort-terrain 8.29
8.7.1.1 Généralités 8.29
8.7.1.2 Traitement des fondations 8.30
8.7.1.3 Contrôle des infiltrations 8.37
8.7.1.4 Traitement spécifique des sols 8.39
8.7.1.4.1 Sol morainique 8.39
8.7.1.4.2 Sol granulaire 8.40
8.7.1.4.3 Sol granulaire 8.46
8.7.1.4.4 Matériau argileux 8.46
8.7.2 Roc 8.47
8.7.2.1 Généralités 8.47
8.7.2.2 Remodelage 8.49
8.7.2.3 Injection et drainage 8.61
8.7.2.4 Traitement de surface 8.68
8.8 Instrumentation 8.72
8.8.1 Raison d'être 8.72
8.8.2 Installation et disposition 8.72
8.8.2.1 Barrages homogènes 8.73
8.8.2.2 Barrages zones à noyau sur fondation rocheuse 8.74
8.8.2.3 Barrages zones à noyau sur fondation meuble 8.74
8.8.2.4 Barrages avec masque étanche amont 8.74
8.8.3 Fonctions et types d'instruments 8.74
8.8.3.1 Déplacements et déformations en X, Y et Z 8.74
8.8.3.1.1 Repère d'arpentage (ou borne d'observation) 8.75
8.8.3.1.2 Inclinomètre..... 8.75
8.8.3.1.3 Indicateur de tassement 8.76
8.8.3.1.4 Extensomètre 8.76
8.8.3.2 Pressions interstitielles et totales 8.77
8.8.3.2.1 Piézomètre 8.77
8.8.3.2.2 Cellule de pression totale 8.79
8.8.3.3 Infiltrations 8.79
8.8.3.3.1 Déversoir de jaugeage 8.80
8.8.3.3.2 Canal de jaugeage : 8.80
8.8.3.3.3 Mesure du débit 8.81
8.8.3.3.4 Mesures volumétriques ; 8.81
8.8.3.4 Température et gel 8.81
8.8.3.4.1 Thermomètre 8.81
8.8.3.4.2 Indicateur de gel 8.82
8.8.3.5 Sismicité 8.82
8.8.3.6 Paramètres externes 8.82

page xiv Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.9 Analyse de stabilité statique et dynamique 8.82


8.9.1 Généralités 8.82
8.9.2 Stabilité des barrages 8.83
8.9.3 Stabilité en vidange rapide 8.83
8.9.4 Stabilité pseudo-statique 8.84
8.9.5 Stabilité sismique 8.84
8.10 Éléments de calcul numérique des barrages 8.88
8.10.1 Contraintes et déformations à l'état statique 8.88
8.10.2 Réponse dynamique des barrages 8.89
8.10.3 Période propre de vibration 8.90
8.10.4 Cycles représentatifs d'une sollicitation sismique 8.91
8.10.5 Déplacements permanents associés aux séismes 8.92
8.10.5.1 Généralités 8.92
8.10.5.2 Méthode de Makdisi et Seed 8.92
8.10.5.3 Méthode de Herzog 8.93
8.10.5.4 Méthode de Jansen 8.93
8.10.5.5 Méthode de Newmark 8.93
8.10.6 Séismes induits par les réservoirs 8.94
8.11 Normes et paramètres 8.94
8.11.1 Normes ; 8.95
8.11.2 Paramètres 8.96
8.12 Références 8.96

9 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs 9.1


9.1 Généralités 9.1
9.2 Choix du débit de conception 9.2
9.3 Critères hydrauliques 9.3
9.3.1 Géométrie d'approche 9.4
9.3.2 Caractéristiques des piliers 9.4
9.3.3 Coursier ". 9.4
9.3.4 Dissipation d'énergie 9.5
9.4 Critères structuraux 9.6
9.4.1 Généralités 9.6
9.4.2 Dimensionnement global 9.7
9.4.3 Charges et combinaisons de charges 9.7
9.4.4 Béton exposé aux écoulements 9.7
9.4.5 Piliers 9.8
9.4.6 Pont de service 9.8
9.5 Critères mécaniques 9.8
9.5.1 Évacuateur à vannes droites 9.8
9.5.1.1 Utilisation. : 9.8
9.5.1.2 Construction 9.9
9.5.1.3 Chauffage et drainage 9.9
9.5.1.4 Étanchéité 9.9
9.5.1.5 Système de levage 9.10
9.5.1.6 Poutrelles 9.10
9.5.1.7 Pièces encastrées 9.10
9.5.2 Évacuateur à vannes segments 9.11
9.5.2.1 Utilisation 9.11
9.5.2.2 Historique 9.11

Table des matières page xv


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.2.3 Construction 9.11


9.5.2.4 Chauffage, éclairage et drainage 9.12
9.5.2.5 Accessibilité 9.12
9.5.2.6 Étanchéité 9.12
9.5.2.7 Système de levage 9.12
9.5.2.8 Poutrelles 9.13
9.5.2.9 Pièces encastrées 9.13
9.5.3 Évacuateur à autre type de vanne 9.14
9.5.4 Normes et critères 9.14
9.5.4.1 Normes 9.14
9.5.4.2 Calculs 9.14
9.5.4.3 Épaisseur minimale des matériaux 9.16
9.5.4.4 Roues 9.17
9.5.4.5 Tolérances 9.17
9.5.4.6 Coefficients de frottement 9.19
9.5.4.7 Débit des fuites 9.19
9.5.4.8 Fléchissement 9.19
9.5.4.9 Treuils 9.19
9.5.4.10 Contribution de la plaque écran 9.19
9.5.4.11 Pression d'appui au béton 9.20
9.5.4.12 Températures de conception 9.20
9.5.4.13 Préparation de surfaces et peinture 9.20
9.5.4.14 Accessibilité et entretien 9.20
9.5.5 Conditions de chargement 9.21
9.5.5.1 Vannes 9.21
9.5.5.2 Treuils de vanne ou de poutrelle 9.21
9.5.5.3 Poutrelles de révision 9.21
9.5.5.4 Palonniers .9.22
9.6 Critères électriques 9.22
9.7 Commande, automatismes et protection 9.23
9.8 Références 9.23

10 Canaux d'amenée et de fuite 10.1


10.1 Généralités 10.1
10.2 Critères hydrauliques 10.1

11 Prises d'eau 11.1


11.1 Généralités 11.1
11.2 Critères hydrauliques 11.1
11.3 Critères structuraux 11.2
11.3.1 Généralités 11.2
11.3.2 Charges et combinaisons de charges 11.3
11.3.3 Méthode de calculs 11.4
11.3.4 Autres structures similaires 11.4
11.4 Critères mécaniques 11.4
11.4.1 Généralités 11.4
11.4.2 Vannes et treuils .^ 11.5
11.4.2.1 Utilisation 11.5
11.4.2.2 Construction 11.5
11.4.2.3 Chauffage 11.5

pagexvi Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.2.4 Étanchéité 11.6


11.4.2.5 Système de levage 11.6
11.4.2.6 Commande 11.6
11.4.3 Poutrelles et palonniers 11.7
11.4.4 Grilles à débris et palonniers 11.7
11.4.5 Manutention et entreposage 11.8
11.4.6 Rainures et pièces encastrées 11.8
11.4.7 Normes et critères 11.9
11.4.7.1 Normes 11.9
11.4.7.2 Calculs 11.9
11.4.7.3 Épaisseur minimale des matériaux 11.9
11.4.7.4 Roues 11.9
11.4.7.5 Tolérances 11.9
11.4.7.6 Coefficients de frottement 11.9
11.4.7.7 Débit des fuites 11.9
11.4.7.8 Fléchissement 11.10
11.4.7.9 Treuils 11.10
11.4.7.10 Contribution de la plaque écran 11.10
11.4.7.11 Pression d'appui au béton 11.10
11.4.7.12 Températures de conception 11.10
11.4.7.13 Préparation de surfaces et peinture 11.10
11.4.7.14 Accessibilité et entretien 11.11
11.4.8 Conditions de chargement 11.11
11.4.8.1 Vannes 11.11
11.4.8.2 Treuils de vanne 11.11
11.4.8.3 Poutrelles de révision 11.11
11.4.8.4 Grilles à débris 11.12
11.4.8.5 Palonniers 11.12
11.5 Portails 11.12
11.6 Critères électriques 11.13
11.7 Commande, automatismes et protection 11.14

12 Galeries d'amenée 12.1


12.1 Généralités.... 12.1
12.2 Critères hydrauliques 12.1
12.2.1 Méthode des coûts marginaux 12.1
12.2.2 Méthode du coût de revient minimal 12.2
12.2.3 Méthode simplifiée en étude préliminaire 12.3
12.3 Géométrie 12.3
12.4 Revêtement en béton 12.3

13 Chambres d'équilibre 13.1


13.1 Généralités 13.1
13.2 Concept.. 13.1
13.3 Critères hydrauliques 13.2

14 Conduites forcées 14.1


14.1 Généralités 14.1
14.2 Critères hydrauliques 14.1
14.3 Calcul des pressions 14.1

Table des matières page xvii


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

14.4 Répartiteur 14.2


14.5 Références 14.2

15 Centrales 15.1
15.1 Généralités 15.1
15.2 Critères hydrauliques 15.3
15.2.1 Pertes de charge par frottement 15.3
15.2.2 Pertes de charge singulières 15.3
15.2.3 Protection aval de la centrale contre les crues 15.4
15.2.4 Références 15.4
15.3 Critères structuraux 15.5
15.3.1 Généralités 15.5
15.3.2 Superstructure de la centrale et des aires de service et d'administration 15.6
15.3.3 Infrastructure de la centrale 15.7
15.3.3.1 Plancher des alternateurs 15.7
15.3.3.2 Plancher des turbines 15.8
15.3.3.3 Encastrement de la bâche spirale 15.8
15.3.3.4 Aspirateur 15.8
15.3.3.5 Tablier des vannes d'aspirateur 15.8
15.3.4 Aires de service de la centrale 15.9
15.3.5 Charges de service 15.9
15.3.6 Voies de roulement des ponts roulants 15.10
15.4 Turbines 15.11
15.4.1 Généralités 15.11
15.4.2 Contraintes et déformations admissibles 15.12
15.4.2.1 Contraintes permises 15.12
15.4.2.2 Déformations permises 15.13
15.4.2.3 Compatibilité entre la conduite forcée et la bâche 15.14
15.4.3 Matériaux 15.14
15.4.4 Régulation 15.15
15.4.4.1 Généralités 15.15
15.4.4.2 Besoins d'exploitation 15.15
15.4.4.2.1 Exigences de maintenance 15.15
15.4.4.2.2 Exigences d'investigation 15.16
15.4.4.2.3 Exigences dô fiabilité 15.16
15.4.4.2.4 Exigences de sécurité 15.17
15.4.4.3 Description du système : 15.18
15.4.4.4 Critères de conception 15.18
15.4.4.4.1 Classement des centrales 15.18
15.4.4.4.2 Appareillage mécanique .....15.18
15.4.4.5 Références 15.27
15.4.5 Vannes de garde 15.28
15.5 Alternateurs 15.29
15.5.1 Généralités 15.29
15.5.1.1 Domaine d'application 15.29
15.5.1.2 Normes et guides pour la conception, la fabrication et les essais 15.29

page xviii Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.2 Considérations spécifiques 15.31


15.5.2.1 Essais en atelier des barres et des bobines stator 15.31
15.5.2.1.1 Généralités 15.31
15.5.2.1.2 Facteur de dissipation et variation du facteur de dissipation 15.31
15.5.2.1.3 Vieillissement accéléré des barres et des bobines 15.32
15.5.2.2 Montage en chantier 15.33
15.5.2.2.1 Tolérances et garanties 15.33
15.5.2.2.2 Stators 15.33
15.5.2.2.3 Rotors 15.33
15.5.2.2.4 Procédures 15.33
15.5.2.3 Essais au chantier 15.34
15.5.2.3.1 Sériel Essais en cours de montage avant la rotation 15.34
15.5.2.3.2 Série 2 Essais de mise en marche 15.35
15.5.2.3.3 SérieS Essais préparatoires à la mise en exploitation 15.35
15.5.2.3.4 Série 4 Essais de réception 15.36
15.5.3 Caractéristiques assignées 15.38
15.5.3.1 Type 15.38
15.5.3.2 Caractéristiques de fonctionnement , 15.38
15.5.3.3 Exigences de fonctionnement 15.39
15.5.3.3.1 Puissance apparente nominale et rendement 15.39
15.5.3.3.2 Limites de températures et d'échauffements 15.39
15.5.3.3.3 Tension nominale 15.40
15.5.3.3.4 Facteur de puissance 15.41
15.5.3.3.5 Fréquence 15.41
15.5.3.3.6 Nombre de phases 15.41
15.5.3.3.7 Type de connexion 15.41
15.5.3.3.8 Vitesse synchrone 15.41
15.5.3.3.9 Survitesse 15.42
15.5.3.3.10 Réactances 15.42
15.5.3.3.11 Conditions anormales de fonctionnement 15.44
15.5.3.3.12 Vitesse d'emballement 15.44
15.5.3.3.13 Constante d'inertie 15.45
15.5.4 Conception et construction 15.46
15.5.4.1 Généralités 15.46
15.5.4.2 Stators 15.47
15.5.4.2.1 Circuit magnétique 15.47
15.5.4.2.2 Enroulement ; 15.48
15.5.4.2.3 Carcasse 15.49
15.5.4.2.4 Instrumentation 15.51
15.5.4.2.5 Bornes 15.51
15.5.4.3 Rotors 15.52
15.5.4.3.1 - Croisillon : 15.52
15.5.4.3.2 Jante 15.52
15.5.4.3.3 Pôles 15.53
15.5.4.3.4 Enroulement 15.54
15.5.4.3.5 Levage 15.54
15.5.4.4 Paliers-guides 15.54
15.5.4.4.1 Description .15.54
15.5.4.4.2 Instrumentation 15.55

Table des matières page xix


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.5 Paliers de butée 15.55


15.5.4.5.1 Description 15.55
15.5.4.5.2 .' Instrumentation 15.56
15.5.4.6 Refroidissement 15.56
15.5.4.6.1 Description ...15.56
15.5.4.6.2 Instrumentation 15.57
15.5.4.7 Collecteur à bagues 15.57
15.5.4.7.1 Description 15.57
15.5.4.7.2 Instrumentation 15.57
15.5.4.7.3 Ventilation.. ...15.57
15.5.4.8 Protection contre incendie 15.58
15.5.4.9 Couvercles, passerelles et échelles 15.58
15.5.4.10 Pièces de rechange 15.58
15.5.4.11 Auxiliaires et accessoires .". 15.59
15.5.4.11.1 Boîtes de jonction et boîtes de tirage 15.59
15.5.4.11.2 Boîte de jonction principale 15.59
15.5.4.11.3 Boîtes de jonction du système hydraulique et de régulation 15.59
15.5.4.11.4 Boîtes de jonction pour signaux analogiques 15.60
15.5.4.11.5 Boîtes de jonction intermédiaires 15.60
15.5.4.11.6 Boîtes de raccordement 15.60
15.5.4.11.7 Misée la terre de l'appareillage 15.60
15.5.4.11.8 Armoire d'instrumentation 15.60
15.5.4.12 Dessins 15.61
15.5.5 Références 15.61
15.6 Critères électriques 15.63
15.6.1 Schémas unifilaires 15.63
15.6.2 Systèmes d'excitation 15.63
15.6.3 Sorties de puissance ....: 15.65
15.6.3.1 Circuit à moyenne tension 15.65
15.6.3.2 Circuit à haute tension 15.65
15.6.4 Détection et protection contre incendie 15.66
15.6.4.1 Transformateurs de puissance 15.66
15.6.4.2 Alternateurs 15.66
15.6.5 Court-circuit et régulation de tension 15.66
15.6.6 Réseau de mise à la terre 15.67
15.6.7 Appareillage a moyenne tension 15.67
15.6.7.1 Barres blindées et appareillage connexe 15.67
15.6.7.2 Disjoncteur d'alternateur 15.68
15.6.7.3 Appareillage de distribution à moyenne tension 15.68
15.6.8 Transformateurs de services auxiliaires 15.68
15.6.9 Appareillage à basse tension 15.69
15.6.9.1 Centres de distribution principaux 15.69
15.6.9.2 Centres de distribution secondaires 15.69
15.6.9.3 Panneaux et équipements de distribution à 600 V et moins 15.70
15.6.9.4 Câbles de puissance 15.70
15.6.10 Système d'alimentation à courant continu 15.70
15.6.11 Système d'éclairage 15.70
15.6.11.1 Réseau d'éclairage intérieur normal 15.71
15.6.11.2 Réseau d'éclairage intérieur d'urgence 15.71
15.6.11.3 Réseau d'éclairage extérieur 15.71

page xx Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.6.12 Agencement des équipements 15.72


15.6.13 Références 15.72
15.7 Commande, automatismes et protection 15.73
15.7.1 Critères de conception 15.73
15.7.1.1 Circuits de protection 15.74
15.7.1.1.1 Critères de base 15.74
15.7.1.1.2 Applicabilité 15.75
15.7.1.1.3 Principes généraux 15.76
15.7.1.1.4 Protection de l'appareillage mécanique 15.76
15.7.1.1.5 Protection reliée aux services auxiliaires 15.77
15.7.1.2 Circuits de commande 15.78
15.7.1.2.1 Critères de base 15.78
15.7.1.2.2 Principes généraux 15.79
15.7.1.2.3 Exigences de l'instrumentation pour l'appareillage mécanique 15.79
15.7.1.2.4 Circuits de commande reliés aux services auxiliaires 15.80
15.7.1.3 Alimentation auxiliaire à 125 Vc.c 15.82.
15.7.1.3.1 Critères de base 15.82
15.7.1.3.2 Applicabilité 15.83
15.7.1.4 Alimentation auxiliaire à 120 V c.a , 15.84
15.7.1.5 Système de protection contre incendie 15.84
15.7.1.6 Fonctions de conduite 15.84
15.7.1.6.1 Conduite locale 15.85
15.7.1.6.2 Conduite centralisée 15.85
15.7.1.6.3 Interface de téléconduite 15.87
15.7.1.6.4 Automatismes locaux 15.87
15.7.1.6.5 Interface personne-machine 15.88
15.7.1.7 Analyse du comportement et diagnostic des installations 15.88
15.7.1.7.1 Transmission des données d'ECE 15.89
15.7.1.7.2 Oscilloperturbographie 15.89
15.7.1.7.3 Transmission des données d'oscilloperturbographie , 15.89
15.7.2 Équipements 15.89
15.7.2.1 Système de conduite d'installation 15.90
15.7.2.1.1 Critères de base 15.90
15.7.2.1.2 Description du système de conduite d'installation 15.90
15.7.2.1.3 Critères de configuration du système de conduite d'installation 15.91
15.7.2.2 Tableau d'alternateur 15.92
15.7.2.3 Armoire d'instrumentation 15.92
15.7.2.4 Cabinet du système contre-incendie de l'alternateur 15.93
15.7.2.5 Chargeurs et batteries d'accumulateurs à 125 Vc.c 15.93
15.7.2.5.1 Systèmes redondants pour la commande et la protection 15.94
15.7.2.5.2 Système pour l'amorçage des groupes turbines-alternateurs 15.95
15.7.2.5.3 Système simple 15.96
15.7.2.5.4 Types d'accumulateurs 15.96
15.7.2.6 Onduleur 15.96
15.7.2.7 Limnimètres 15.96
15.7.3 Agencement des salles 15.97
15.7.3.1 Salle de commande 15.98
15.7.3.2 Salle des ordinateurs 15.98
15.7.3.3 Salle des accumulateurs 15.98
15.7.4 Références 15.98

Table des matières page xxi


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.8 Vannes et appareils de levage 15.99


15.8.1 Ponts roulants principaux 15.99
15.8.1.1 Utilisation 15.99
15.8.1.2 Chariot 15.100
15.8.1.3 Normes 15.100
15.8.2 Ascenseurs monte-charge 15.100
15.8.3 Vannes d'aspirateur 15.101
15.8.3.1 Utilisation 15.101
15.8.3.2 Construction 15.101
15.8.3.3 Équipement de levage et de manutention 15.101
15.8.3.4 Normes et critères de calcul, de conception et de fabrication 15.102
15.8.3.5 Conditions de chargement 15.102
15.8.4 Références 15.102
15.9 Systèmes auxiliaires mécaniques 15.103
15.9.1 Eau de refroidissement des groupes 15.104
15.9.1.1 Problématique reliée à la moule zébrée 15.104
15.9.1.2 Impacts de la moule zébrée 15.104
15.9.1.2.1 Effet sur les barrages 15.104
15.9.1.2.2 Effet sur les équipements des centrales 15.104
15.9.1.3 Alimentation en eau 15.105
15.9.1.4 Pompes 15.105
15.9.1.5 Débits d'eau de refroidissement 15.106
15.9.2 Protection contre incendie 15.106
15.9.2.1 Alimentation en eau 15.106
15.9.2.2 Capacité du système 15.106
15.9.2.3 Densité d'application 15.107
15.9.2.4 Réseau de canalisations et de robinets armés d'incendie 15.107
15.9.2.5 Extincteurs portatifs 15.107
15.9.3 Eau de service, eau filtrée et eau potable 15.107
15.9.3.1 Alimentation en eau 15.108
15.9.3.2 Qualité de l'eau 15.108
15.9.3.3 Filtres : 15.108
15.9.3.4 Eau potable 15.108
15.9.3.4.1 Obligations légales et réglementaires 15.108
15.9.3.4.2 Règles générales 15.109
15.9.3.5 Capacité du système 15.109
15.9.4 Vidange et remplissage des groupes 15.110
15.9.4.1 Vidange de la galerie d'amenée 15.110
15.9.4.2 Vidange partielle de la turbine 15.110
15.9.4.3 Vidange de l'aspirateur 15.111
15.9.4.4 Évacuation des eaux de fuite et d'infiltration 15.111
15.9.5 Drainage des eaux claires 15.111
15.9.5.1 . Évacuation par gravité 15.111
15.9.5.2 Évacuation par pompage 15.111
15.9.5.3 Pompes de drainage et hydro-éjecteurs 15.112
15.9.5.4 Récupérateur d'huile 15.112
15.9.6 Drainage des eaux huileuses 15.112
15.9.6.1 Séparateur eau-huile 15.112
15.9.6.2 Drainage des bassins de retenue d'huile des transformateurs 15.113
15.9.6.3 Drainage de la salle des huiles 15.113

page xxii Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.6.4 Drainage des aires des régulateurs de vitesse 15.113


15.9.6.5 Drainage de l'atelier mécanique 15.113
15.9.7 Drainage des eaux usées ; 15.113
15.9.7.1 Bassin de neutralisation 15.114
15.9.7.2 Fosse septique 15.114
15.9.8 Manutention d'huile lubrifiante et hydraulique 15.114
15.9.8.1 Réservoir d'huile 15.114
15.9.8.2 Pompe fixe et pompe mobile 15.115
15.9.8.3 Purificateur d'huile 15.115
15.9.9 Air comprimé à haute pression 15.115
15.9.9.1 Réserve générale d'air 15.115
15.9.9.2 Compresseurs d'air 15.116
15.9.9.3 Air de freinage 15.116
15.9.9.4 Tuyauterie 15.116
15.9.10 Air comprimé à basse pression 15.116
15.9.10.1 Compresseurs d'air 15.116
15.9.10.2 Réservoir d'air 15.117
15.9.10.3 Réseau de distribution 15.117
15.9.11 Chauffage, ventilation et climatisation 15.117
15.9.11.1 Unités de traitement d'air 15.117
15.9.11.2 Débit d'air neuf 15.117
15.9.11.3 Températures de conception 15.118
15.9.11.4 Ventilation de la salle des accumulateurs 15.118
15.9.11.5 Évacuation 15.119
15.9.11.6 Récupération de chaleur 15.119
15.9.11.7 Circuits d'urgence 15.119
15.9.11.8 Circuits de climatisation du bloc de commande 15.119
15.9.12 Système de surveillance permanente des équipements 15.120
15.9.13 Références 15.120

16 Ouvrages de restitution 16.1


16.1 Généralités 16.1
16.2 Collecteur 16.1
16.3 Galerie de fuite 16.1
16.4 Autres considérations 16.2
16.5 Références 16.2

17 Dérivations provisoires 17.1


17.1 Généralités 17.1
17.2 Débit de dimensionnement 17.1
17.3 Critères d'optimisation 17.2
17.4 Conditions d'exploitation 17.2
17.5 Galeries 17.3
17.6 Portails 17.3
17.7 Batardeaux '. 17.4
17.8 Critères mécaniques 17.4
17.9 Débit réservé 17.5

Table des matières page xxiii


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

18 Infrastructures 18-1
18.1 Routes permanentes et réglementées 18-1
18.2 Chemins d'accès non réglementés 18-1
18.2.1 Trouées de déblayage „ 18-2
18.2.2 Proximité des lacs et des cours d'eau 18-2
18.3 Accès aux centrales 18-3
18.4 Accès ferroviaires 18-3
18.5 Accès aériens 18-3
,18.6 Accès maritimes 18-3
18.7 Conception des ponts 18-4

page xxiv Table des matières


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Liste des illustrations

Figures
Figure 1.1 : Arbre fonctionnel des activités de conception relatives à un ouvrage ou à
un équipement 1.4
Figure 3.1 : Iso-accélérations de pointe au roc 3.7
Figure 3.2 : Coefficients sismiques d'Hydro-Québec 3.9
Figure 7.1 : Aménagement La Gabelle - Plan et coupes des éléments 7.3
Figure 7.2 : Manicouagan-2 - Sections-poids, déversoir et prises d'eau 7.5
Figure 7.3 : Centrale Grand-Mère - Prise d'eau et centrale 7.7
Figure 7.4 : Centrale Grand-Mère - Évacuateur de crues principal 7.9
Figure 7.5 : Solutions inhabituelles pour l'étude de futurs projets 7.11
Figure 7.6 : Section typique d'un barrage-poids avec galeries 7.16
Figure 7.7 : Détail d'une galerie de drainage 7.16
Figure 7.8 : Détail d'un joint de dilatation 7.17
Figure 7.9 : Relation entre les différentes définitions utilisées dans la gestion des
risques 7.27
Figure 7.10 : Procédure pour la gestion des risques des barrages 7.28
Figure 7.11 : Forces et sollicitations agissant sur un barrage-poids 7.50
Figure 7.12 : Charges et déformations à considérer pour les ouvrages de retenue en
béton 7.51
Figure 7.13 : Poussée hydrostatique et sous-pression pour les sections déversantes 7.57
Figure 7.14 : Pressions interstitielles et sous-pressions 7.59
Figure 7.15 : Paramètres affectant les sous-pressions 7.60
Figure 7.16 : Conditions de sous-pressions à considérer pour les ouvrages poids 7.61
Figure 7.17: Solution analytique pour le calcul de la réduction des sous-pressions
occasionnée par les drains 7.63
Figure 7.18 : Implantation de l'écran d'injection (i) et du rideau de drainage (d) avec
galerie (a) et sans galerie(b) 7.66
Figure 7.19 : Coupe typique du barrage d'EL Koreima 7.66
Figure 7.20 : Distribution de la sous-pression : centrale au fil de l'eau - critères de
conception pour le projet NBR 7.69
Figure 7.21 : Étude de stabilité de la centrale Grand-Mère : centrale opérationnelle 7.70
Figure 7.22 : Distribution de la sous-pression : centrale séparée de la prise d'eau -
critères de conception pour le projet NBR 7.70
Figure 7.23 : Étude de stabilité de la centrale Grand-Mère : évacuateur de crues
principal 7.71
Figure 7.24 : Exemples de sous-pressions pour les piliers d'évacuateurs 7.72
Figure 7.25 : Coupe typique du barrage de Villaumur 7.73
Figure 7.26 : Tapis amont 7.74
Figure 7.27 : Évolution de la température du béton de masse avec le temps 7.81
Figure 7.28 : Réponse structurale à la suite du dégagement de chaleur par hydratation
de la pâte de ciment 7.82
Figure 7.29 : Élévation de température d'un béton de masse selon le type de ciment
utilisé 7.83

Liste des illustrations page xxv


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.30 : Évaluation des températures saisonnières et des contraintes thermiques


dans les barrages en béton 7.86
Figure 7.31 : Relation entre le retrait et le temps pour le béton selon différentes
conditions d'humidité relative 7.89
Figure 7.32 : Courbe de la déformation cumulative élastique et de fluage du béton,
incluant le recouvrement 7.90
Figure 7.33 : Cas de charges élémentaires - méthode pseudo-statique 7.93
Figure 7.34 : Forces exercées par les débris flottants 7.97
Figure 7.35 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N1) pour les
barrages-poids 7.107
Figure 7.36 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N2) pour les
évacuateurs 7.109
Figure 7.37 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N3) pour les
centrales 7.112
Figure 7.38 : Plans de ruptures à l'interface béton-rocher et dans la fondation 7.115
Figure 7.39 : Sécurité réduite des monolithes latéraux 7.115
Figure 7.40 : Paramètres pour le calcul du facteur de sécurité au glissement 7.121
Figure 7.41 : Définition de la cohésion à partir de la courbe enveloppe de rupture 7.122
Figure 7.42 : Enveloppe de rupture bilinéaire pour les joints non liés 7.122
Figure 7.43 : Charges concernées par la submersion 7.127
Figure 7.44 : Fissuration sismique des barrages-poids 7.132
Figure 7.45 : Combinaisons des sollicitations sismiques horizontales et verticales 7.138
Figure 7.46 : Exemples de dispositions constructives parasismiques 7.146
Figure 7.47 : Effets sismiques sur la crête d'un barrage-poids 7.148
Figure 7.48 : Glissement dans la fondation 7.149
Figure 7.49 : Flambement d'une strate de la fondation rocheuse 7.150
Figure 7.50 : Géométrie simplifiée d'un site de barrage 7.152
Figure 7.51 : Barrages-poids à sections classiques 7.153
Figure 7.52 : Exemples de sections de barrages-poids conventionnels 7.154
Figure 7.53 : Évaluation préliminaire du fruit aval requis pour satisfaire au facteur de
sécurité contre le glissement (cohésion nulle) 7.157
Figure 7.54 : Optimisation de la section d'un barrage-poids pour les critères de
contraintes 7.158
Figure 7.55 : Optimisation de la section d'un barrage-poids selon les critères de
conception du complexe NBR.... 7.160
Figure 7.56 : Sections typiques de barrages-poids en BCR 7.161
Figure 7.57 : Comparaison de la réponse structurale d'un barrage-poids classique et
d'un barrage symétrique 7.162
Figure 7.58 : Sections de barrages-poids submergés 7.163
Figure 7.59 : Optimisation de la section d'une crête déversante 7.165
Figure 7.60 : Barrage mixte en BCR-remblai 7.173
Figure 7.61 : Barrage mixte en BCR-enrochement 7.173
Figure 7.62 : Barrage mixte en enrochement-remblai dur 7.174
Figure 7.63 : Coupe typique du barrage de Mykonos 1, à profil symétrique 7.175
Figure 8.1 : Coupes types - Barrages et digues homogènes 8.5
Figure 8.2 : Coupes types - Barrages et digues en enrochement 8.7
Figure 8.3 : Coupes types - Barrages et digues en sable et gravier 8.9
Figure 8.4 : Coupes types - Barrages et digues sur argile - Digues de revanche et
batardeaux 8.11
Figure 8.5 : Autres coupes types 8.13

page xxvi . Liste des illustrations


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 8.6 : Définitions relatives aux vagues 8.17


Figure 8.7 : Spécifications granulométriques générales :.... 8.21
Figure 8.8 : Traitement du rocher (généralités) 8.48
Figure 8.9 : Divergence des appuis rocheux 8.50
Figure 8.10 : Pente vers l'aval 8.51
Figure 8.11 : Cas d'inclinaison excessive (noyau) 8.52
Figure 8.12 : Cas d'inclinaison excessive (noyau) 8.53
Figure 8.13 : Cas d'inclinaison excessive (épaulement) 8.54
Figure 8.14 : Profil longitudinal trop abrupt 8.56
Figure 8.15 : Profil longitudinal trop abrupt 8.57
Figure 8.16 : Variations locales 8.58
Figure 8.17 : Dépressions profondes (H > 2 X) 8.59
Figure 8.18 : Dépressions peu profondes (H <= 2 X) 8.60
Figure 8.19 : Patrons d'injection du rocher 8.62
Figure 8.20 : Injection du rocher - Noyau vertical 8.64
Figure 8.21 : Injection du rocher - Noyau incliné 8.65
Figure 8.22 : Injection du rocher - Noyau vertical 8.66
Figure 8.23 : Injection du rocher - Noyau incliné 8.67
Figure 8.24 : Traitement type des appuis 8.71
Figure 8.25 : Méthodologie progressive d'évaluation de la sécurité sismique des
barrages en remblai 8.86
Figure 8.26 : Méthodologie progressive d'évaluation de la sécurité sismique des
barrages en remblai : niveau 0 - évaluation préliminaire 8.87
Figure 15.1 : Prises de pression '. 15.16
Figure 15.2 : Circuit hydraulique système basse pression - centrale à démarrage
autonome 15.19
Figure 15.3: Circuit hydraulique système haute pression - centrale à démarrage
autonome 15.20
Figure 15.4 : Architecture typique d'un système de conduite d'installation 15.91
Figure 15.5 : Schéma d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c 15.94
Figure 15.6 : Schéma d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. avec batterie et chargeur
unique 15.97

Liste des illustrations page xxvii


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableaux
Tableau 2.1 Lois d'extrapolation des crues 2.5
Tableau 2.2 Récurrences des crues 2.7
Tableau 3.1 Pentes proposées pour des excavations permanentes 3.11
Tableau 5.1 Échelle des cartes requises au calcul du volume d'emmagasinement .5.7
Tableau 7.1 Propriétés statiques du béton selon différentes sources 7.38
Tableau 7.2 Propriétés dynamiques du béton comparativement aux propriétés stati-
ques 7.40
Tableau 7.3 Propriétés thermiques du béton 7.41
Tableau 7.4 Propriétés en cisaillement du béton et du roc : 7.42
Tableau 7.5 Valeurs des paramètres de résistance au cisaillement au contact béton-
roc selon le type de roc : résistance en pointe 7.42
Tableau 7.6 Valeurs des paramètres de résistance au cisaillement au contact béton-
roc selon le type de roc : résistance en glissement résiduel 7.43
Tableau 7.7 Propriétés statiques et thermiques de barrages en BCR 7.44
Tableau 7.8 Programmation des essais sur le béton 7.47
Tableau 7.9 Forces transmises par les vagues 7.99
Tableau 7.10 : Vitesse particulaire en fonction de l'âge du béton 7.99
Tableau 7.11 : Probabilités associées aux combinaisons de charges 7.101
Tableau 7.12 : Combinaisons de charges pour les barrages-poids 7.106
Tableau 7,13 : Combinaisons de charges pour les évacuateurs 7.Ï08
Tableau 7.14 : Combinaisons pour centrales et prises d'eau 7.111
Tableau 7.15 : Facteurs de sécurité et critères de stabilité 7.118
Tableau 7.16 : Méthodes d'évaluation delà réponse sismique 7.134
Tableau 7.17 : Valeurs de tan<t>....... 7.164
Tableau 7.18 : Efficacité des sections par rapport au total des efforts verticaux et au
poids du béton 7.164
Tableau 7.19 : Comparaison des coûts des BCR et des barrages en béton convention-
nel vibré 7.171
Tableau 8.1 Conception du perré pour un vent sur l'eau de 100 km/h 8.27
Tableau 8.2 Compactage des matériaux 8.28
Tableau 8.3 Caractéristiques et particularités des méthodes d'amélioration des fonda-
tions pour les barrage en remblai sur mort-terrain 8.33
Tableau 8.4 Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fon-
dations perméables 8.41
Tableau 8.5 Paramètres et critères d'injection 8.69
Tableau 8.6 Coefficients de sécurité requis pour les pentes des ouvrages de retenue
en remblai 8.83
Tableau 8.7 Niveaux d'évaluation de la sécurité des grands barrages (H >15 m) 8.88
Tableau 8.8 Valeurs du nombre de cycles équivalents Néq. pour l'Est du Canada 8.92
Tableau 9.1 Cas de chargement 9.16
Tableau 9.2 Tolérances 9.18
Tableau 15.1 : Exemples d'équipements et appareillages associés aux ouvrages hy-
drauliques d'Hydro-Québec .15.2
Tableau 15.2 :Valeurs des coefficients K 15.4
Tableau 15.3 : Charges de service pour la conception des composantes structurales des
centrales : 15.9
Tableau 15.4 : Types de turbine et classes de chute 15.11

page xxviii Liste des illustrations


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 15.5 : Contraintes permises sous charges maximales et conditions les plus sé-
vères d'exploitation 15.13
Tableau 15.6 '.Types de vanne et classes de chute 15.28

Liste des illustrations page xxix


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

1 Introduction

1.1 Objectifs du guide


Le Guide de conception des aménagements hydroélectriques vise principalement à :

• influer sur les décisions techniques prises l^r les concepteurs, de façon à ce que les pro-
jets puissent se réaliser au plus bas coût possible tout en maximisant le rendement des in-
vestissements, et ce, sur tout le cycle de vie des ouvrages et des équipements ;

• assurer la cohérence interdisciplinaire, de manière à ce que le même niveau de qualité ré-


gisse les ouvrages et les équipements de tout type ;

• informer dès le début des études tant les fournisseurs de produits et de services que les
entrepreneurs de construction traitant avec Hydro-Québec des attentes ultimes de
l'entreprise par rapport à ses ouvrages et ses équipements ;

• fournir un point de départ à l'élaboration des documents relatifs à l'ingénierie et des devis
normalisés.

1.2 Utilisation du guide


Le Guide de conception des aménagements hydroélectriques n'a pas la prétention de sup-
planter le jugement dont tout concepteur doit faire preuve tout au cours du processus de
conception et de construction d'un aménagement hydroélectrique. Les encadrements et les
orientations que ce guide procure se doivent donc d'être judicieusement adaptés de manière à
prendre en compte les particularités des sites et les caractéristiques des ouvrages et des équi-
pements.
Le processus de conception et de construction d'un aménagement hydroélectrique se subdivise
normalement en trois grandes étapes qui se déroulent successivement. Chaque étape sert
d'intrant à l'étape suivante, ce qui permet des calculs de plus en plus élaborés et précis. Pour
chaque projet, ces étapes sont les suivantes :

• étude préliminaire ;
Durant la première étape, il est déterminé s'il y a suffisamment d'intérêt à poursuivre le pro-
cessus et les variantes à examiner sont choisies.

• étude de faisabilité ;
Au cours de la deuxième étape, après que le premier décret et les directives gouverne-
mentales aient été obtenus, une variante est retenue et optimisée globalement pour rendre
le projet acceptable sur les plans technique, économique et environnemental.

Introduction page 1.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• réalisation du projet.
Pendant la troisième étape, après que le deuxième décret ait été obtenu, les activités
d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction sont accomplies et le projet se réalise
en fonction de l'échéancier prévu, au moindre coût et dans le respect de l'environnement.

Le Guide de conception des aménagements hydroélectriques doit trouver sa pleine utilité au


cours des deux premières étapes du processus de conception et de construction, à savoir
l'étude préliminaire et l'étude de faisabilité. Pour certains domaines techniques, il pourrait servir
de référence pendant l'élaboration de documents d'ingénierie comme les devis techniques, ac-
tivité qui a lieu durant la troisième étape du processus. De plus, il permet d'intégrer dès le début
du processus les principaux critères environnementaux susceptibles de contribuer à
l'acceptation des projets par le milieu hôte.
Bien que ce guide mette l'accent sur la conception d'ouvrages et d'équipements dans le cadre
de projets de construction d'aménagements hydroélectriques, il pourra quand même être utile
dans un contexte de réfection des ouvrages et des équipements de tels aménagements,
moyennant certaines adaptations.

1.3 Démarche de conception

1.3.1 Généralités
Les principaux critères de conception et de performance qui ont été élaborés dans le Guide des
aménagements hydroélectriques ont été examinés au cours de l'exercice de réingénierie entre-
pris en 1997. À ce moment, seulement quelques domaines techniques avaient eu l'occasion
d'expérimenter la technique d'analyse fonctionnelle servant à décrire et à hiérarchiser, sous
forme d'arbre fonctionnel, les activités du processus de conception. Les résultats obtenus de-
vaient servir de base à une argumentation objective et utile tant aux spécialistes techniques
qu'aux gestionnaires de projet.
Or, de tels arbres fonctionnels ne sont que des outils sectoriels destinés à orienter la concep-
tion spécifique d'un ouvrage ou d'un produit. Ils sont nettement insuffisants pour qu'un gestion-
naire puisse imposer une orientation claire et précise par rapport aux objectifs d'une étude. Une
telle lacune peut cependant être comblée par l'élaboration de cahiers de charges fonctionnels.

1.3.2 Arbre fonctionnel du processus de conception


Les fonctions relatives à la conception d'ouvrages et d'équipements comportent un ensemble
de liens entre les critères de conception et les finalités de cette conception ; par exemple, l'une
des finalités de la conception d'un ouvrage consiste à en garantir la sécurité. Ces liens pren-
nent la forme d'approches analytiques, de méthodes de calcul ou de méthodes d'analyse.

page 1.2 Introduction


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans le cas des équipements qu'Hydro-Québec doit acquérir, les fonctions comportent un en-
semble de liens entre les exigences de fonctionnement et les finalités d'une spécification
d'achat. Par exemple, l'une des finalités d'une spécification d'achat consiste à assurer la sûreté
de fonctionnement de l'équipement ; cette finalité se veut la résultante de quatre composantes :
fiabilité, maintenabilité, investigabilité et sécurité. Une autre finalité non moins importante d'une
spécification d'achat est l'exploitabilité de l'équipement. Les liens se présentent alors habituel-
lement sous forme de composantes propres à la sûreté de fonctionnement et à l'exploitabilité.
La figure 1.1 illustre un arbre fonctionnel simplifié des activités de conception relatives à un ou-
vrage ou à un équipement.

1.3.3 Cahier de charges fonctionnel


Dans la mesure où la conception d'un aménagement hydroélectrique s'apparente à celle d'un
produit industriel, il est nécessaire que, dès le début de la première étape du processus, les
objectifs et les besoins soient d'abord discutés et définis en termes de qualité et de quantité,
puis consignés dans un document appelé cahier de charges fonctionnel selon le lexique relatif
à l'analyse de la valeur.

1.4 Structure du guide v


Dans le but d'assurer le maximum de cohérence, le Guide de conception des aménagements
hydroélectriques a été structuré de façon à regrouper tout ce qui se rapporte à un ouvrage
donné et aux équipements qui le constituent. En vue d'éviter des répétitions qui alourdiraient
inutilement le texte, ce qui est commun à toutes les disciplines est toutefois présenté au début
du guide.

Introduction page 1.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 1.1 : Arbre fonctionnel des activités de conception relatives à un ouvrage ou à


un équipement
Autres sous-
processus Interface avec
d'autres disciplines
techniques Types de Critères de
dimensionnement dimensionnement

Types de charge et Critères de cas de


cas de chargement charges normaux et
extrêmes

Critères de
Finalité de la Calcul de stabilité
conception
conception d'un
ouvrage
Autres méthodes de Critères de
calcul et d'analyse conception

- Garantir la sécurité
• Exigences de
Composantes de la
fonctionnement
constructibilité, de la
• Exigences de
fonctionnalité et de
Finalité de l'ouvrage ou performance
l'exploitabilité
de l'équipement dans le • Exigences relatives
Garantir la constructibilité
processus d'affaires à l'exploitabilité
• Garantir la fonctionnalité
« Produire »
(maintenabilité,
investigabilité)
Garantir l'exploitabilité
Barrage-poids en béton :
Assurer par son poids
propre la retenue ou la
dérivation d'un cours d'eau

Turbine : Finalité de la Composantes de la - Exigences de


Transformer l'énergie spécification de sûreté de fonctionnement
hydraulique en énergie fourniture d'un fonctionnement et de - Exigences de
mécanique équipement l'exploitabilité performance
- Exigences relatives
Alternateur : à l'exploitabilité
Transformer l'énergie
mécanique en énergie
électrique
- Garantir la sûreté de
Vannes : I fonctionnement (fiabilité,
Contrôler l'eau -< maintenabilité, investigabilité,
1 sécurité)
- Garantir l'exploitabilité
II-
Approvisionnement

Construction

Maintenance et entretien

Exploitation

page 1.4 Introduction


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2 Hydrologie

2.1 Généralités
Les études hydrologiques couvrent les deux principaux champs d'activités suivants :

• les séries chronologiques, c'est-à-dire l'évolution dans le temps de plusieurs paramètres


dont les plus importants sont les débits (détermination des apports à long terme et des sé-
quences de forte et faible hydraulicité, analyse et extrapolation des crues et des étiages),
mais aussi d'autres paramètres connexes (niveaux de l'eau, marées, vents, précipitations,
températures, humidité relative, rayonnement solaire, etc.) qui serviront d'intrants à des
études de conception spécialisée telles la revanche des ouvrages de retenue, les études
sur les glaces, les bilans thermiques et les évaluations environnementales ;

• la gestion hydroénergétique, c'est-à-dire la détermination des principaux paramètres relatifs


à la conception des complexes hydroélectriques, tels le nombre de centrales, de réservoirs
et de dérivations de rivière, la puissance installée à chaque site, la cote de retenue et de
restitution des réservoirs, l'énergie annuelle garantie et moyenne, la durée de remplissage
initial, la gestion de l'eau par bassin versant, le contrôle des crues, le régime des eaux
après aménagement.

2.2 Détermination des caractéristiques des bassins


versants
L'aménagement optimal d'un cours d'eau pour fins de production hydroélectrique requiert la
connaissance des caractéristiques physiographiques et hydrométéorologiques du bassin ver-
sant à l'étude. Toutes les données utilisées doivent être des données validées de qualité fiable.

2.2.1 Caractéristiques physiographiques


Les caractéristiques physiographiques, à savoir l'emplacement de la ligne de partage des eaux,
la superficie des sous-bassins, le profil des cours d'eau et la description du réseau hydrogra-
phique, incluant l'emplacement et les dimensions des lacs et des marais, sont prélevées sur
des cartes topographiques à l'échelle de 1 :50 000 pour l'ensemble du bassin versant à
l'étude. Le recours à des échelles plus précises n'est justifié que pour des cas présentant une
complexité inaccoutumée.

Hydrologie page 2.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.2.2 Caractéristiques hydrométéorologiques


Les caractéristiques hydrométéorologiques doivent être analysées sous un angle tant spatial
que temporel. Ceci signifie que les données doivent être suffisamment nombreuses et simulta-
nées pour permettre une comparaison entre des régimes hydrologiques observés à diverses
stations de mesure et sur une période assez longue pour représenter d'une manière vraisem-
blable les aléas climatiques qui surviendront durant la vie utile de l'aménagement projeté.
Un postulat est sous-jacent à ce type d'étude : les séries chronologiques du passé permettent
la meilleure estimation du comportement climatique à venir, sans considération toutefois pour
une tendance particulière (comme un réchauffement progressif du climat ou une augmentation
graduelle des précipitations).
«
Pour que les données hydrométéorologiques soient utiles, il est nécessaire qu'elles aient été
recueillies pendant une période suffisamment longue, d'où les deux exigences suivantes :

• il faut utiliser le plus possible les données disponibles auprès d'organismes qui ont la res-
ponsabilité de ces mesures prises à titre d'inventaire (le ministère de l'Environnement du
Québec en général, mais aussi Environnement Canada et Hydro-Québec elle-même pour
les aménagements déjà en exploitation) ;

• il faut qu'Hydro-Québec se dote d'un programme de relevé de mesures pour les cas évi-
dents où aucun organisme n'en recueille actuellement.
Ce programme aurait pour but d'évaluer le potentiel hydroélectrique global indépendam-
ment des relevés propres à une étude de faisabilité particulière, puisque ces derniers ne
peuvent être entrepris que dans le cadre d'un processus administratif qui les rend trop tar-
divement disponibles.

Pour prolonger les séries historiques et augmenter la fiabilité des échantillons, les observations
hydrométéorologiques doivent se poursuivre au-delà de la période d'étude, voire durant
l'exploitation des aménagements ; en effet, en plus de permettre la prévision des apports, la
prévention des inondations et une gestion optimale des réserves, elles servent périodiquement
aux revues d'adéquation des ouvrages d'évacuation.
Les résultats obtenus pour le bassin versant à l'étude sont d'autant plus fiables que le réseau
des stations de mesure est dense et bien géré et que la période d'observation est longue. Il
n'existe pas de critère absolu en ce domaine. La plus récente norme d'Hydro-Québec recom-
mande que les séries hydrologiques utilisées dans les études s'étalent sur une période de
50 ans. En pratique, les exigences des spécialistes varient selon le degré d'avancement de
l'étude en cours, l'importance des pertes encourues en cas de mauvaise évaluation et les
conditions particulières du bassin versant à l'étude. Ainsi, la détermination préliminaire du po-
tentiel hydroélectrique d'un bassin peut se faire avec des mesures s'étalant sur une dizaine
d'années. Cependant, la conception finale des ouvrages requiert une période d'observation mi-
nimale de 30 ans.

page 2.2 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les techniques de l'hydrologie, telles que la génération de données stochastiques, la transpo-


sition par corrélation des données des bassins voisins ou la modélisation de l'écoulement des
précipitations, peuvent pallier certaines carences des observations. Toutefois, l'usage de ces
techniques risque d'augmenter la marge d'erreur des résultats.

2.3 Débits mensuels aux sites aménagés


Pour simuler des équipements dans un bassin versant, il faut disposer d'une longue série de
débits intermédiaires au site projeté pour une centrale ou un réservoir, à un pas de temps en
rapport avec l'usage prévu pour ces aménagements. En règle générale, le pas de temps men-
suel est suffisant dans le cas des grands aménagements. Le pas de temps plus petit, hebdo-
madaire ou journalier, est nécessaire s'il existe des contraintes d'ordre environnemental à res-
pecter quant au niveau et au débit, pour les études sur le suréquipement d'une centrale ou pour
la construction d'une centrale au fil de l'eau, surtout si ces centrales sont appelées à fonction-
ner pour satisfaire la demande en période de pointe. Les critères fournis ci-dessous
s'appliquent à un pas de temps mensuel (ceux qui s'appliquent à un pas de temps hebdoma-
daire sont semblables).
Pour obtenir les séries d'apport intermédiaire à un site donné, des séries chronologiques de
'débits moyens mensuels de longueur uniforme doivent d'abord être établies aux stations
d'observation du bassin versant à l'étude. À partir des débits journaliers, les valeurs mensuelles
sont calculées en tant que moyenne arithmétique du mois ; cependant, lorsqu'il manque plus
de quatre valeurs dans un mois, la moyenne mensuelle est déclarée manquante. Ces valeurs
manquantes sont généralement reconstituées par corrélation avec les stations avoisinantes les
mieux corrélées, qu'elles se trouvent ou non dans le même bassin versant. Dans le cas de sta-
tions très proches, les valeurs manquantes peuvent être comblées par proportionnalité des
bassins versants pondérée avec les précipitations moyennes correspondantes (isohyètes) ou,
au mieux, par ratio des modules de débit correspondants.
Le recours à un modèle déterministe, représentant l'écoulement à partir des données physio-
graphiques et hydrométéorologiques, n'est requis que lorsque les séries de débits observés
sont trop courtes et que des séries météorologiques de plus longue durée sont disponibles.
L'étalonnage de ce type de modèle requiert un minimum de trois années de débits observés
sans interruption à chaque station considérée.
Quand les séries de débit mensuel sont reconstituées adéquatement à toutes les stations
d'observation du bassin à l'étude, il est possible d'en déduire les débits intermédiaires au site
projeté en appliquant le débit spécifique approprié aux parties de bassin que les stations ne
contrôlent pas.

2.4 Analyse des crues


Pour les ouvrages d'évacuation temporaires et permanents, le choix de la crue de conception
s'appuie sur plusieurs méthodes, soit des études de crue statistique (analyse stochastique et
analyse statistique classique) ou déterministe (crue maximale probable)'11.

111
Le choix de la crue de conception est traité à la rubrique 9.2.

Hydrologie page 2.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans le cadre d'une étude sommaire, l'étude des crues n'est qu'esquissée à partir des résultats
d'une autre étude sur un bassin versant comparable (ces résultats sont ajustés par simple pro-
portionnalité de la superficie de chaque sous-bassin versant, à moins qu'il s'y trouve un lac ou
un réservoir particulièrement important).
Pour une étude préliminaire et une étude de faisabilité, il existe deux façons d'aborder les étu-
des de crue :

• par la méthode statistique, de réalisation rapide, qui sert à l'analyse du risque lors du choix
de la crue de conception des évacuateurs de crue ainsi qu'aux études relatives aux ouvra-
ges de dérivation provisoires et à l'environnement ;

• par la méthode stochastique, très laborieuse, qui sert à l'analyse du risque lors du choix de
la crue de conception des évacuateurs de crue pour les systèmes hydriques d'envergure en
raison de leur taille, du nombre des réservoirs, des aspects juridiques, etc. ;

• par la méthode mixte déterministe-statistique de la crue maximale probable (CMP), beau-


coup plus délicate et laborieuse, qui sert à l'analyse du risque lors du choix de la crue de
conception des évacuateurs de crue.

Peu importe la méthode adoptée, les études de crue doivent être faites à l'échelle du bassin
versant à l'étude, étant donné que tous les ouvrages en amont ont des impacts sur la concep-
tion de ceux en aval.

2.4.1 Analyse des crues par la méthode statistique

2.4.1.1 Analyse de fréquence


L'analyse de fréquence a pour objet d'établir les paramètres de distribution des débits de pointe
et des volumes de crue aux stations d'observation et d'en déduire des relations permettant
d'estimer ces variables pour différentes périodes de récurrence au site projeté.
La crue de printemps et la crue d'été-automne sont traitées séparément. La crue de printemps
est la plus importante à cause de la fonte des neiges, mais elle s'accumule en partie ou en to-
talité dans les grands réservoirs dont le niveau est le plus bas de l'année à ce moment. Moins
importante en termes de volume, la crue d'été-automne survient alors que les réservoirs sont
pleins. A priori, le type de crue qui déterminera la dimension d'un évacuateur ou d'un ouvrage
de dérivation est inconnu. Trois analyses de fréquence indépendantes doivent donc être faites
par rapport aux éléments suivants :

• le débit de pointe du printemps, dans le cas d'une centrale au fil de l'eau ou d'un réservoir
dont le volume disponible est peu important ;

• le volume de la crue de printemps, en vue de simuler la capacité de laminage d'un grand


réservoir ;

• le débit de pointe d'automne.

page 2.4 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

À titre d'exemple, le tableau 2.1 énumère quelques lois utilisées au Québec pour extrapoler les
crues observées à une station. La liste qui y est présentée n'est pas exhaustive puisque des
recherches portant sur de nouvelles lois sont toujours en cours. Il existent des logiciels conçus
spécifiquement pour effectuer les analyses de fréquence, tel HYFRAN, et des programmes
préparés en vue d'applications statistiques générales, comme SAS et MATLAB.

Tableau 2.1 : Lois d'extrapolation des crues


Loi d'extrapolation Applicabilité aux volumes Applicabilité aux pointes
Normale Très rarement Jamais
Log-normale Parfois Rarement
Pearson III Donne parfois un bon résultat Donne parfois un bon résultat

Peu fréquemment Souvent choisie pour les séries


Gùmbel
de moins de 25 années

Souvent Souvent la meilleure, surtout si


Log-Pearson
les séries ont plus de 25 années

2.4.1.2 Analyse régionale

La détermination d'une crue de récurrence donnée doit être confirmée par une analyse régio-
nale qui vise à augmenter la fiabilité des lois d'extrapolation déduites des séries de mesures
disponibles à un site particulier. Ainsi, non seulement les crues observées dans le bassin ver-
sant à l'étude sont considérées, mais aussi celles des bassins voisins lorsque leurs caractéris-
tiques hydrologiques sont semblables à celles du bassin étudié. Cette méthode permet quel-
quefois d'allonger les séries observées dans un bassin. Elle est également utile pour réduire les
erreurs d'échantillonnage quand des mesures existent au site même.

À chaque station, les débits de pointe et les volumes de crue sont extraits des séries observées
en conservant leur ordre chronologique. Les valeurs manquantes sont reconstituées par
corrélation entre les stations de façon à former des séries de même longueur pour toutes les
stations. En plus de faciliter le traitement des données, cela permet de conserver toutes les
informations obtenues par observation.

Un examen visuel de chacune des stations permet de choisir la loi qui s'applique le mieux à
l'ensemble du bassin. Cette loi est ensuite appliquée aux données de chaque station pour cal-
culer les courbes de fréquence adimensionnelles qui expriment le rapport entre l'intensité des
valeurs obtenues pour différentes périodes de récurrence et l'intensité d'une valeur de réfé-
rence.

Hydrologie page 2.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Quand la loi extrémale de type 1 de Gùmbel est retenue, la courbe de fréquence régionale est
définie comme la médiane de chacune des droites représentant la loi de chaque station sur un
papier à échelle fonctionnelle de Gùmbel. Dans le cas d'autres types de lois, l'intensité de la
courbe régionale est calculée à chaque point correspondant à un intervalle de récurrence ;
cette intensité est la médiane obtenue en ajustant selon la même loi les valeurs adimension-
nelles de toutes les stations. Une telle valeur de référence doit pouvoir être estimée d'une façon
précise et correspondre à un intervalle de récurrence fixe. Pour y arriver, il est possible d'utiliser
la valeur moyenne T = 2 ans avec les lois normales et T = 2,33 ans avec la loi de Gùmbel ;
avec les autres lois toutefois, c'est la médiane T = 2 ans qui est utilisée puisque leur moyenne
ne correspond pas à un intervalle de récurrence fixe.
Avant d'utiliser les courbes de fréquence obtenues aux stations dans le but d'en déduire une loi
régionale, il importe de s'assurer que les échantillons des observations faites à chaque station
sont homogènes d'une part et d'éliminer les séries qui montrent des écarts importants à cause
des particularités du bassin ou d'une carence systématique des mesures d'autre part. Le test
d'homogénéité de Langbein permet de distinguer les séries qui appartiennent à une même po-
pulation selon un taux de fiabilité variant entre 95 et 99 %.
Pour obtenir le résultat final, c'est-à-dire le débit (ou le volume en un point déterminé), il faut
connaître le débit (ou le volume) médian ou moyen par lequel le rapport sera multiplié pour ob-
tenir une valeur dimensionnelle.
Le débit qui s'écoule en un point d'un cours d'eau résulte d'une combinaison de facteurs tels
que les précipitations, la superficie du bassin de drainage, la régularisation naturelle effectuée
par les lacs et les marécages, le type et la répartition de la végétation, la pente du bassin, le
taux d'infiltration et le taux d'évaporation. Il est possible d'estimer tous ces facteurs sous forme
de quantités mesurables pour établir une équation régionale. Cependant, la plupart d'entre eux
varient trop peu d'une station à l'autre pour expliquer une partie appréciable de la différence
entre les débits observés aux stations.
/

La superficie du bassin versant à l'étude est le facteur qui influence le plus la valeur moyenne
ou médiane. Pour la plupart des bassins versants du Québec, ce facteur explique plus de 90 %
de la variabilité des crues, de sorte que les autres facteurs sont généralement négligés à
l'exception du taux de régularisation naturelle des lacs et des marécages qui varie parfois suffi-
samment d'un bassin à l'autre pour influencer la pointe de la crue.
Une fois l'équation régionale déterminée, il faut s'assurer qu'elle s'applique raisonnablement
bien à chaque station ; en cas d'écart notable, il faut en rechercher la cause qui peut être un
facteur négligé, un facteur mal estimé ou une erreur systématique dans les observations.
Le tableau 2.2 donne la liste des récurrences des pointes et des volumes de crue les plus cou-
ramment utilisées.

page 2.6 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 2.2 : Récurrences des crues


Récurrence (ans) Utilisation
Conception d'un ouvrage de dérivation temporaire servant pour un an
20
au maximum *
Conception d'un ouvrage de dérivation temporaire servant pour deux
40
ans au maximum
Conception d'un ouvrage de dérivation temporaire servant pour trois
60
ans au maximum
Conception d'un ouvrage d'évacuation permanent selon une étude de
100
risque
200
500 Intrant à une étude de risque faite au cours d'une étude de faisabilité
1 000
Conception d'un ouvrage d'évacuation permanent fait au cours d'une
10000 étude préliminaire
Intrant à une étude de risque faite au cours d'une étude de faisabilité

2.4.2 Analyse des crues par la méthode stochastique


La méthode stochastique consiste à générer de longues séries synthétiques d'apports à un
certain nombre de sites propres à un système hydrique qui tiennent compte de la corrélation
spatiale entre les sous-bassins, et ce, afin d'obtenir des propriétés statistiques semblables à
celles des apports historiques. Cette multitude des combinaisons des apports naturels est utili-
sée comme intrant à un modèle de laminage capable de simuler les règles de gestion de ma-
nière à obtenir une longue série de niveaux de retenue et des soutirages à chaque sous-site.
En utilisant une relation qui permet de calculer une fréquence empirique, il est possible de trou-
ver les valeurs correspondantes à une période de récurrence donnée.

2.4.3 Analyse des crues par la méthode déterministe-statistique


La crue maximale probable (CMP) est l'écoulement résultant de la combinaison des conditions
climatiques et hydrologiques extrêmes, neige maximisée ou pluie maximale probable (PMP),
qui peuvent raisonnablement survenir dans une région.

Hydrologie page 2.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La détermination de la CMP s'appuie sur la description sommaire des caractéristiques physi-


ques du bassin versant à l'étude et des ouvrages en cause, existants ou prévus. Elle comporte
les trois volets suivants :
1. la modélisation du bassin versant à l'aide d'un modèle numérique ;
Ce volet comporte deux étapes :
1. l'étalonnage du bassin versant ;
2. la validation de l'étalonnage.
2. la détermination des conditions météorologiques des crues maximales probables (PMP) ;
3. la simulation de la CMP.
La méthodologie de calcul de la CMP est en constante évolution et se précise au fur et à
mesure que les connaissances hydrologiques et météorologiques augmentent. Les recher-
ches et l'ajout continuel de données font évoluer les méthodes d'évaluation de la CMP et
ces dernières doivent donc être constamment réévaluées. La référence 2.11 et la
référence 2.12 fournissent des détails sur les critères à respecter dans le choix d'une mé-
thode.

2.4.3.1 Modélisation du bassin versant


Pour déterminer la CMP, il faut disposer d'un modèle numérique qui permette de simuler le
comportement hydrologique du bassin à l'étude pour diverses conditions météorologiques. Les
modèles hydrologiques les plus couramment utilisés à Hydro-Québec sont les suivants :

• le modèle conceptuel HSAMI d'Hydro-Québec ;


Ce modèle est utilisé quotidiennement pour prévoir les apports naturels sur plus de
90 bassins versants. Il est également utilisé pour reproduire les apports naturels historiques
à partir des données climatologiques (référence 2.6). Ce modèle permet de reconstituer les
débits d'un système hydrique à partir des données relatives aux précipitations (pluie et
neige) et à la température de l'air, au pas de temps journalier ou moins (6 heures).

• le modèle HYDROTEL ;
II s'agit d'un modèle distribué de dernière génération, pouvant bénéficier des données four-
nies par la télédétection, par les radars météo et les systèmes d'information géographique.
Il a été développé à I'INRS_EAU et il est capable de simuler d'une façon plus fine et plus
physique les processus hydrologiques puisqu'il prend en compte le type de sol, le type de
végétation et l'occupation des sols (référence 2.5). Ce modèle permet :
• de reconstituer les débits d'un système hydrique à partir des données relatives aux pré-
cipitations (pluie et neige) et à la température de l'air au pas de temps journalier ou
moins (horaire) ;
• de simuler la propagation des débits dans les tronçons des cours d'eau en fonction d'un
modèle donné ;

page 2.8 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• d'afficher, en cours de simulation, des cartes présentant la distribution spatiale de varia-


bles (neige au sol, humidité des couches, débit des tronçons, précipitation, etc.) et de
faire le suivi de ces variables ;
• d'obtenir les débits entrants, sortants et latéraux de chaque bief ;
• de simuler la régularisation dès retenues, des réservoirs et des lacs selon les règles de
gestion préétablies (niveaux visés ou débits fixés) ;
• de tester diverses variantes d'ouvrages hydrauliques en fonction de leurs caractéristi-
ques ;
• d'utiliser les PMP distribuées sur le bassin.

• le modèle SSARR.
Ce modèle vient de la U.S. Army Corps of Engineers et il est très utilisé (référence 2.1,
référence 2.14 et référence 2.18). Ce modèle permet de :
• reconstituer les débits d'un système hydrique à partir des données relatives aux préci-
pitations (pluie et neige) et à la température de l'air, au pas de temps journalier ou
moins (horaire) ;
• simuler la propagation des débits dans les tronçons des cours d'eau ;
• simuler la régularisation des retenues, des réservoirs et des lacs selon les règles de
gestion préétablies.

Pour fonctionner, ces modèles requièrent donc des données journalières ou horaires propres
aux débits, aux niveaux, aux précipitations et aux températures. L'étalonnage des modèles né-
cessite normalement trois années de mesures concomitantes recueillies là où se trouvent des
ouvrages majeurs. Une telle durée présuppose qu'un étalonnage basé sur une longue série de
données hydrométriques existe pour une rivière analogue à celle qui est à l'étude. Si les sta-
tions hydrométriques ou météorologiques requises ne sont pas encore en service au moment
où débute l'étude préliminaire, il importe d'en planifier l'installation dès ce moment afin de dis-
poser de données suffisantes pour l'étude de faisabilité. Le choix du modèle à utiliser peut-être
influencé par le type de bassin à étudier.
À la limite, il est possible de déterminer la CMP à partir de mesures prises au cours d'une seule
année ; dans ce cas toutefois, l'étalonnage des modèles ne peut être validé à partir d'un cycle
hydrologique conservé comme témoin et les résultats obtenus sont grandement incertains. La
difficulté de disposer de toutes les données requises à temps explique fondamentalement
pourquoi il faut que les calculs effectués soient revus quand l'aménagement est en exploitation.
La modélisation d'un bassin versant comprend les deux étapes suivantes :
1. l'étalonnage du bassin versant ;
2. la validation de l'étalonnage.

Hydrologie page 2.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.4.3.1.1 Etalonnage du bassin versant

L'étape d'étalonnage du bassin versant consiste à en fixer les éléments et les caractéristiques
de façon à simuler le plus fidèlement possible les conditions naturelles observées pour un ou
plusieurs événements hydrologiques.
Cinq critères quantitatifs sont utilisés pour juger de la fiabilité de l'étalonnage réalisé, soit :

• l'écart entre les volumes de crue observés et simulés ;

• l'écart entre les pointes journalières maximales de crue observées et simulées ;

• le décalage entre les pointes de crue observées et simulées ;

• des coefficients d'ajustement des hydrogrammes produits (coefficient de Nash par exem-
ple) ;

• le bilan hydrologique mensuel.

De plus, la présentation globale des hydrogrammes doit être fidèle et les exigences liées aux
quatre aspects suivants doivent être respectées (référence 2.13) :

Établissement des valeurs Les écarts maximaux permis entre les volumes et les pointes journalières
maximales des crues observées et simulées sont fixés à 15 % tandis que
le décalage maximal autorisé entre l'apparition des pointes de crues
maximales est de deux jours.
Le coefficient de Nash peut prendre des valeurs entre moins l'infini et 1 .
Des valeurs supérieures à 0,7 sont acceptables et des valeurs supérieu-
res à 0,9 sont très bonnes.
Le bilan mensuel ne doit pas montrer d'écart substantiel par rapport aux
écarts de volume déjà enregistrés ni présenter de tendance constante à
sous-estimer ou surestimer les débits mensuels.
Les valeurs fixées pour l'acceptation des résultats doivent assurer un
étalonnage représentatif du bassin versant à l'étude. Étant donné la faible
quantité de données généralement disponibles et les marges d'erreur in-
hérentes à ces données, il importe de porter une attention particulière
aux événements choisis pour, l'étalonnage, de façon à ce qu'ils repré-
sentent des conditions homogènes et non pas des phénomènes ponc-
tuels (comme un orage au-dessus d'une station météorologique).
Période d'étalonnage À partir d'hydrogrammes observés et concomitants avec les données
météorologiques, l'intervalle choisi pour réaliser l'étalonnage doit com-
porter des crues d'été-automne et de printemps importantes afin que
l'extrapolation à la CMP soit plausible.
Crues d'origine pluviale Le modèle pluie-ruissellement choisie doit être calibré pour l'année com-
plète afin de représenter les crues d'origine pluviale et nivale.
Fonte des neiges Au Québec, les crues les plus fortes sont habituellement liées à la fonte
des neiges. Les années présentant les crues les plus tardives et les plus
fortes servent par conséquent à l'étalonnage du modèle.

page 2.10 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.4.3.1.2 Validation de l'étalonnage

L'étape de validation de l'étalonnage permet de s'assurer que les paramètres fixés lors de
l'étalonnage proprement dit reproduisent correctement d'autres événements hydrologiques ob-
servés. Elle consiste à évaluer la performance du modèle étalonné en effectuant des simula-
tions des événements hydrologiques survenus à des années différentes de celles utilisées pour
les simulations de calage. Pour ce faire, il faut :

• choisir des périodes jugées suffisantes relativement à celles des simulations d'étalonnage ;

'• simuler le comportement hydrologique du bassin versant à l'étude ;

• présenter les paramètres d'évaluation et les résultats de l'étalonnage et analyser ces résul-
tats ;

• ajuster les paramètres du modèle étalonné, s'il y a lieu, jusqu'à ce que la qualité désirée ait
été obtenue pour ces résultats, particulièrement en ce qui concerne la reproduction des
grandes crues historiques observées.

Les résultats obtenus ne sont jugés acceptables que si les écarts observés, dans le cas où ils
sont supérieurs à la tranche des 15 % permis, sont sécuritaires, c'est-à-dire que les valeurs si-
mulées sont supérieures aux valeurs observées.
Il arrive souvent que les écarts entre les volumes d'eau simulés et observés et entre les pointes
maximales simulées et observées soient importants. Ces différences s'expliquent par la diffi-
culté d'avoir pour l'ensemble des bassins versants des données représentatives sur les pluies ;
en effet, il y a fréquemment dissemblance entre la forme des hydrogrammes produits pour di-
verses stations, ce qui reflète l'hétérogénéité spatiale des pluies reçues et des températures.

2.4.3.2 Conditions météorologiques des crues maximales probables


Les précipitations maximales probables (PMP) pour une région donnée sont définies comme
étant celles dont l'importance serait voisine de la limite supérieure que l'atmosphère peut géné-
rer. Pour établir les PMP, il faut suivre la méthode décrite à la référence 2.16 et être conforme
aux recommandations de l'Organisation mondiale de météorologie (référence 2.20). Le travail
consiste à déterminer :

• le couvert de neige ayant une période de récurrence de 100 ans ;


L'analyse de fréquence est effectuée en trois étapes, en commençant par la validation des
données de neige au sol aux stations nivométriques situées sur ou près des bassins ver-
sants à l'étude. Par la suite, l'analyse statistique des données validées aux stations nivo-
métriques retenues permet d'évaluer le couvert de neige ayant une période de récurrence
de 100 ans. Finalement, les résultats obtenus aux stations sont interpolés aux bassins ver-
sants à l'étude à l'aide de la méthode des polygones de Thiessen.

Hydrologie page 2.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

la neige maximale probable ; •


L'évaluation de la neige maximale probable est effectuée en trois étapes. Dans un premier
temps, les hivers les plus forts aux bassins versants à l'étude sont déterminés à partir de la
quantité de neige totale tombée aux stations climatologiques avoisinantes au cours des an-
nées passées ; un hiver commence le 1er octobre et il se termine le 15 mai suivant. Par la
suite, une étude de maximisation des événements individuels de neige permet d'évaluer la
neige maximale probable aux stations climatologiques pour chacun des hivers forts retenus.
Cette étude est effectuée selon la méthode de maximisation développée par Jones en 1992
(référence 2.4). Finalement, les résultats obtenus aux stations sont interpolés aux bassins
versants à l'étude à l'aide de la méthode des polygones de Thiessen.

la pluie printanière ayant une période de récurrence de 100 ans ;


L'analyse de fréquence de la pluie printanière est essentiellement effectuée en quatre éta-
pes d'après la méthodologie développée par Doray en 1994. Dans un premier temps, à
partir de la quantité de pluie quotidienne tombée aux stations climatologiques, les événe-
ments de pluie les plus importants sont retenus durant les mois d'avril et de mai de chaque
année. Les résultats obtenus aux stations sont ensuite interpolés aux bassins versants à
l'étude à l'aide de la méthode des polygones de Thiessen. Un échantillon constitué des va-
leurs d'accumulation de pluie obtenues à chaque bassin versant pour les dépressions prin-
tanières les plus fortes de chaque année est ainsi créé. L'analyse statistique de ces échan-
tillons permet d'évaluer la pluie printanière ayant une période de récurrence de 100 ans. Fi-
nalement, une distribution temporelle des résultats est effectuée afin de distribuer la pluie
printanière de 1 :100 ans dans le temps.

la pluie maximale probable printanière ;


L'évaluation de la pluie maximale probable printanière consiste à maximiser un grand nom-
bre de tempêtes qui ont laissé d'importantes quantités de pluie sur les bassins versants
étudiés aux mois d'avril et de mai. La méthodologie à suivre pour ce faire est décrite en
détail dans un document publié par l'Organisation météorologique mondiale
(référence 2.19).
La majorité des tempêtes importantes qui ont laissé au moins 5 cm de pluie en 24 heures
sont analysées par le Service de l'environnement atmosphérique (SEA) qui les présentent
sous forme de graphiques HDS (hauteur-durée-superficie) dans une série de publications
intitulée Pluies de tempêtes au Canada (1912-1988). Toutefois, parmi la dizaine de tempê-
tes printanières importantes qui se sont produites au Québec et qui ont été analysées par le
SEA, peu sont tombées sur les bassins versants potentiellement à l'étude.
Il est donc souvent nécessaire de spatialement transposer les tempêtes printanières im-
portantes qui se produisent hors du bassin versant à l'étude. En effet, la transposition spa-
tiale permet de déplacer théoriquement une tempête au bassin d'intérêt, d'une région cli-
matologiquement similaire à celle du bassin, en faisant des ajustements pour l'humidité at-
mosphérique disponible, les effets de barrière et les effets orographiques. Ainsi, pour être
transposables, les tempêtes doivent tout de même présenter des caractéristiques sembla-
bles à celles du bassin d'intérêt tant sur les plans météorologique que climatologique, oro-
graphique et géographique.

page 2.12 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les résultats de la maximisation servent d'intrants au logiciel HMR52 (référence 2.2). Ce


logiciel est utilisé pour distribuer la PMP de printemps spatialement et dans le temps à des
intervalles de six heures. Les résultats ainsi obtenus doivent être utilisés avec précaution,
car leur résolution temporelle est plus fine que celle des données de base. Dans le cas de
la PMP de printemps, les centres de précipitation sont localisés au point central des bassins
versants à étudier.

le scénario optimal printanier des températures ;


Le scénario optimal de températures se compose d'étapes de nature différente et qui se
suivent chronologiquement, du 1er mars au 30 juin. Ce scénario a été développé de façon à
produire une fonte maximale du couvert de neige et se subdivise de la façon suivante : hi-
ver froid, période de maturation du couvert de neige, période de fonte associée à l'anticy-
clone, période de pluie et période après le passage de la dépression. Chaque partie du
scénario a été développée à partir des observations climatologiques (températures maxi-
males et minimales) aux stations climatologiques disponibles.
Ce scénario est conforme aux recommandations d'un comité d'experts (référence 2.17) et à
la méthodologie développée en partie par Doray en 1994.

la pluie maximale d'été-automne.


Tel qu'expliqué précédemment, l'évaluation de la pluie maximale probable d'été-automne
est effectuée à partir des tempêtes de pluie importantes qui tombent sur les bassins ver-
sants et de celles qui présentent les mêmes caractéristiques météorologiques et qui peu-
vent être transposées. La méthodologie suivie est celle de l'Organisation météorologique
mondiale (référence 2.19).
Comme pour la PMP de printemps, les résultats de la maximisation servent d'intrants au lo-
giciel HMR52 (référence 2.2). Ce logiciel est utilisé pour distribuer la PMP d'été-automne
spatialement et dans le temps à des intervalles de six heures. Comme pour la PMP de
printemps, les centres de précipitation sont localisés au point central des bassins versants à
étudier.

2.4.3.3 Simulation de la crue maximale probable


La crue maximale probable (CMP) est définie comme la plus forte crue susceptible de se pro-
duire à un endroit d'un cours d'eau, générée par la combinaison des conditions météorologi-
ques et hydrologiques les plus critiques qui peuvent survenir raisonnablement sur un bassin
versant à un instant donné.

2.4.3.3.1 Crue maximale probable de printemps

Méthodologie
Pour tenir compte des recommandations du comité d'experts sur l'étude de la crue maximale
probable sur le Saint-Maurice qui suggérait de ne pas coupler deux événements maximaux
probables (référence 2.17), on a donc analysé, dans l'étude de la CMP du printemps, les cou-
ples d'événements météorologiques suivants :

Hydrologie page 2.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• cas A : neige maximale probable couplée à une pluie printanière centennale ;

• cas B : pluie maximale probable de printemps couplée avec la neige centennale.

La CMPP retenue est celle qui est la plus forte des deux cas, après laminage.

Conditions initiales
Pour arriver aux conditions de saturation du sol au passage des CMP, une des conditions mé-
téorologiques et hydrologiques initiales suivantes sont à considérer : conditions historiques ob-
servées les plus critiques ou conditions avec la moitié des pluies maximales probables (PMP).

Scénarios de température
Les scénarios optimaux de température à utiliser sont ceux déterminés dans l'étude des para-
mètres météorologiques nécessaires au calcul des crues maximales probables de printemps.
Il faut s'assurer que la série de température est bien synchronisée avec la période de fonte de
neige et de pluies maximales probables, quitte à la retarder ou à l'avancer de quelques jours
pour autant que tous ces trois événements météorologiques soient cohérents entre eux.

Paramètres météorologiques
Les données nécessaires au calcul de la CMP du printemps sont :

• la neige maximisée ;

• la neige de 1 : 100 ans ;

• la pluie maximale probable (PMP) du printemps ;

• la pluie de 1 :100 ans du printemps.

Ces valeurs sont déterminées dans l'étude des paramètres météorologiques nécessaires au
calcul des crues maximales probables de printemps.

Résultats
Le résultat des simulations forme un ensemble d'hydrogrammes intermédiaires qui servent lors
du laminage de la CMP. Plusieurs de ces ensembles peuvent être requis pour les simulations
de laminage.

page 2.14 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.4.3.3.2 Crue maximale probable d'été-automne

Méthodologie
La crue maximale probable d'été-automne (CMPEA) est par définition une crue d'origine plu-
viale uniquement. Les conditions météorologiques extrêmes causant les pluies maximales pro-
bables (PMP) d'été-automne qui génèrent la CMP sont donc à déterminer. L'approche métho-
dologique proposée par l'Organisation mondiale de météorologie (référence 2.19) est adoptée
pour déterminer les PMP d'été-àutomne. En résumé, cette méthode consiste à déterminer,
pour chaque tempête passée et répertoriée, un facteur de maximisation à appliquer aux quan-
tités de pluies observées.

Conditions initiales
Pour arriver aux conditions de saturation du sol au passage des CMP, une des conditions mé-
téorologiques et hydrologiques initiales suivantes sont à considérer : conditions historiques ob-
servées les plus critiques ou conditions avec la moitié des pluies maximales probables (PMP).

Paramètres météorologiques

Les données utilisées pour le calcul de la CMP de l'été-automne (la PMP et la pluie de
1 :100 ans) proviennent de l'étude de la pluie maximale probable.

Résultats
L'ensemble des hydrogrammes obtenus constitue le résultat avant laminage. Comme les ca-
ractéristiques des aménagements sur une rivière peuvent influencer d'une façon importante les
résultats des simulations de laminage, il est parfois requis de simuler plusieurs ensembles de
données correspondant à divers scénarios de centres des pluies maximales probables (sur tout
le bassin versant par exemple ou encore sur le bassin versant intermédiaire ou un sous-
ensemble de bassins versants intermédiaires). Le résultat retenu à chaque site du projet est
celui qui correspond aux conditions les plus critiques après simulation de laminage des CMP
générés par ces différents scénarios de centres de pluies maximales probables.

2.4.3.3.3 Comparaison des résultats

II est utile de situer les résultats de la simulation de la CMP par rapport aux résultats obtenus
pour d'autres bassins. Un tableau montrant les hauteurs de précipitation totale de la neige et de
la pluie, le débit spécifique à la pointe ainsi que la taille du bassin versant permettra d'établir
une comparaison.

Hydrologie . page 2.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.4.3.4 Faiblesses des approches méthodologiques et recommandations


pour les atténuer

II n'existe pas de critère unique utilisé pour déterminer la crue maximale à un site ; cependant,
selon le degré de risque, c'est-à-dire le niveau de dommages accepté par la société, deux ty-
pes de crues sont définis :

• la crue de projet, qui est utilisée pour le dimensionnement des ouvrages d'évacuation et qui
peut être déterminée par l'analyse statistique ou stochastique ou par la CMP ;

• la crue de sécurité, qui est celle que le barrage peut supporter dans les conditions excep-
tionnelles, sans rupture (en général, il s'agit de la CMP).

2.4.3.4.1 Méthode statistique

Dans l'approche statistique, il faut s'assurer que :

• l'hydrogramme de crues hypothéthiques a des caractéristiques fréquentielles de volume et


de débit de pointe cohérente ;

• dans le cas de plusieurs sites, les hydrogrammes hypothéthiques des bassins versants in-
termédiaires ont des probabilités conjointes réalistes d'une part et que les délais de propa-
gation d'un hydrogramme du site en amont au site en aval sont respectés d'autre part.

2.4.3.4.2 Méthode stochastique

La qualité des résultats obtenus avec cette méthode dépend du degré de respect des hypothè-
ses et des critères de base, lors du calage du modèle stochastique. La longueur de la série
historique est très importante pour le choix des paramètres dans les étapes de transformation
et de détermination de l'ordre du modèle.

2.4.3.4.3 Méthode par simulation déterministe

Trois point importants sont à analyser :

• la maximisation raisonnable des paramètres météorologiques extrêmes ;

• la détermination des conditions initiales d'écoulement, pour obtenir une crue extrême ré-
aliste ;

• l'étalonnage du modèle hydrologique à utiliser (SSARR ou HSAMI).

Des études antérieures réalisées à Hydro-Québec doivent servir de guide pour des choix des
paramètres raisonnables.

page 2.16 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.5 Laminage des crues


La simulation du laminage des crues a pour but de vérifier la sécurité des ouvrages permanents
(évacuateurs, canaux de dérivation, etc.) au passage des crues extrêmes, sous les conditions
qui prévaudront après la réalisation du projet, et aussi d'évaluer le degré de réduction des
crues naturelles de l'environnement du projet. Au cours d'une étude préliminaire, les ouvrages
associés au passage des crues sont généralement conçus à partir de la crue décamillennale
calculée par analyse statistique ; il est cependant pratique courante d'effectuer, habituellement
pendant une étude de faisabilité, une étude de laminage de la CMP étant donné qu'elle peut se
produire et qu'il faut la prévoir.

2.5.1 Modèles de laminage


Plusieurs modèles peuvent servir à la simulation du laminage. Deux de ces modèles, LAMI-
NAGE et LAMI, sont basés sur l'équation de la continuité et prennent en compte les apports, le
stockage et la débitance des ouvrages de dérivation et d'évacuation permanents. Le modèle
LAMINAGE est le plus couramment utilisé pour simuler les évacuateurs projetés puisqu'il est
capable d'en effectuer automatiquement une conception sommaire. Le modèle LAMI permet
d'étudier l'effet de laminage d'un ouvrage quelconque pour lequel la fonction de débitance est
connue ; plus complexe que LAMINAGE mais sans pour autant apporter plus de précision la
plupart du temps, il n'est utilisé que pour traiter quelques cas particuliers (un seuil noyé par
exemple).
Le modèle SSARR, qui sert à modéliser les bassins versants, comporte également une fonction
de simulation du laminage qui est aussi utilisée pour traiter des cas particuliers d'un système
hydrique composé de plusieurs aménagements, ou ceux nécessitant des pas de temps de si-
mulation horaire.
Le modèle HYDROTEL, qui sert à modéliser les bassins versants, comporte les mêmes fonc-
tions de laminage que les modèles LAMINAGE et LAMI. Il est capable d'étudier l'effet du lami-
nage en fonction d'une débitance connue et de règles de gestion connues. De plus on peut
obtenir les débits laminés en rivière sur n'importe quels tronçons des cours d'eau du bassin
versant.
Dans le cadre de systèmes complexes, il y a des logiciels disponibles (TRAJECT) pour trouver
le niveaux maximum à respecter chaque jour pour chaque réservoir de façon à ce que la pro-
babilité de violer le niveau maximal d'exploitation soit inférieure à une valeur donnée.

Hydrologie page 2.17


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

2.5.2 Données de simulation


Pour simuler le laminage des crues, les caractéristiques suivantes doivent être disponibles pour
chacun des ouvrages prévus :

Réservoirs niveaux maximal et minimal d'exploitation


revanche
niveau moyen au début d'une crue (fourni par les simulations énergétiques)
volume utile
superficie du bassin versant avant et après aménagement
Canaux niveau maximal
revanche
niveau minimal
niveau moyen au début d'une crue (fourni par les simulations énergétiques)
superficie du bassin versant avant et après aménagement
niveau du radier
Centrales débit turbinable sans charge

Les données suivantes sont également requises :

• la courbe d'emmagasinement ;

• l'hydrogramme de la crue à laminer ;

• le niveau de départ du réservoir ;

• la courbe de débitance de l'évacuateur.

Certains modèles permettent l'incorporation de règles de gestion particulières.

2.5.3 Hypothèses de laminage des crues déterminées par la


méthode statistique
Au cours d'une étude préliminaire, il est supposé que, pour le laminage d'une crue décamillen-
nale et en vue de la conception d'un ouvrage permanent, la centrale ne laisse passer aucun
débit et que le niveau de l'eau ne dépasse pas le niveau maximal d'exploitation (aucune sur-
charge n'est permise). Plusieurs niveaux de départ doivent être simulés afin de trouver celui
qui, suivant l'hypothèse précédemment mentionnée (centrale fermée), fait en sorte que le ni-
veau maximal d'exploitation ne soit jamais dépassé.

page 2.18 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Selon les modes de gestion fournis par l'exploitation, lorsque la valeur de la CMP est connue et
que les ouvrages sont conçus pour la laisser passer sans que le barrage ne se rompe, les
contraintes relatives au dépassement du niveau maximal d'exploitation au passage de la crue
décamillennale peuvent être allégées. Dans un contexte d'analyse du risque, le risque de perte
de production associé à la nécessité de déversements préventifs visant à ne pas excéder ce ni-
veau doivent être pris en compte.
Seules les crues de printemps font l'objet d'une simulation de laminage. Les débits de pointe
d'été-automne doivent pouvoir être complètement évacués sans que le niveau maximal
d'exploitation ne soit excédé, même si la centrale ne fonctionne pas. Ces contraintes peuvent
aussi être allégées lorsque la valeur de la CMP est connue et que les ouvrages sont conçus
pour la laisser passer sans que le barrage ne se rompe.

2.5.4 Hypothèses de laminage des crues déterminées par la


méthode déterministe-statistique
Dans le cas du laminage de la CMPEA, il est considéré, lorsque cela est mécaniquement pos-
sible, que les turbines ne laissent passer que le débit de turbinage sans charge et qu'elles sont
complètement fermées dès que le niveau aval de l'eau atteint le niveau du plancher de la cen-
trale (référence 2.11). De plus, il est supposé que le réservoir est plein au début de la crue et
que la gestion du réservoir est effectuée de façon à ne pas en dépasser le niveau maximal
d'exploitation. Une surcharge temporaire du niveau du réservoir peut être néanmoins admise
(référence 2.14) dans la mesure où les ouvrages de retenue sont conçus en conséquence et
que la hauteur maximale des vagues permettent une telle surcharge.
Dans le cas du laminage de la CMPP, les hypothèses sur les turbines sont les mêmes que pour
la CMPEA. Une surcharge est également acceptée. Le niveau de départ du réservoir doit suivre
les modes de gestion lors de crues extrêmes préparés par l'exploitation.

2.6 Analyse des conditions d'étiage


L'analyse des conditions d'étiage permet de calculer les débits extrêmes pour des sécheresses
à récurrence variable. Tout comme les études de crue, une analyse régionale est effectuée afin
d'augmenter la fiabilité des résultats.
La méthodologie à utiliser est semblable à celle qui se rapporte aux crues ; cependant, les étu-
des sur l'étiage présentent trois différences marquées. En premier lieu, puisque la durée de
l'étiage est un facteur important, une gamme de durées est donc considérée pour un même site
en plus de l'intensité de l'étiage. En deuxième lieu, étant donné que les données journalières se
trouvent sur la courbe de tarissement des hydrogrammes, celles qui sont manquantes peuvent
être déduites en appliquant une loi exponentielle décroissante à cette portion des hydrogram-
mes. En troisième lieu, la loi de Weibull est souvent retenue pour ajuster l'étiage, car il s'agit
d'une loi appropriée aux extrêmes de faible intensité bornés par une valeur nulle.

Hydrologie page 2.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le débit d'étiage relatif à une période de récurrence donnée et d'une durée arbitraire peut donc
être établi à partir des caractéristiques hydrologiques du bassin versant, d'une loi régionale
adimensionnelle de fréquence et d'une relation régionale s'appliquant aux débits moyens
d'étiage.

2.7 Débit réservé


Les activités assujetties incorporent les nouveaux projets d'aménagement hydroélectrique, le
suréquipement de centrales existantes, la réfection de barrages désaffectés de même que les
révisions de plans de gestion des eaux retenues présentées au ministère de l'Environnement
du Québec. Elles incluent également les projets de prélèvement d'eau et de dérivation de cours
d'eau.

2.7.1 Contexte
La protection de l'habitat du poisson est généralement l'enjeu le plus fréquent pour la détermi-
nation du débit réservé, mais d'autres considérations de nature environnementale (navigabilité,
prises d'eau, activités récréatives, etc.) pourraient entraîner des contraintes supplémentaires de
débit réservé. De plus, les contraintes de débit réservé pourraient entrer en conflit avec des
contraintes de. niveau d'eau en amont ou en aval du tronçon visé par le débit réservé. La dé-
termination de la valeur de débit réservé doit donc tenir compte de ces autres contraintes.

2.7.2 Réglementation fédérale


La Loi sur les pêches confère au ministre des Pêches et des Océans le pouvoir de prendre des
décisions relatives à la conservation et à la protection du poisson et de son habitat à l'appui des
pêches canadiennes.
Le maintien de la capacité de production des habitats du poisson entraîne presque nécessai-
rement la détermination d'un débit réservé. Il est de la responsabilité du promoteur d'un projet
de démontrer que les mesures d'atténuation proposées, incluant, le cas échéant, le débit réser-
vé, sont suffisantes pour préserver les habitats du poisson.

2.7.3 Réglementation provinciale


Le gouvernement du Québec s'est récemment doté d'une politique de débits réservés écologi-
ques pour la protection du poisson et de ses habitats. Cette politique s'appuie sur les trois prin-
cipes directeurs suivants :

• aucune perte nette d'habitat du poisson ou de productivité des milieux récepteurs ;

• maintien de la libre circulation des poissons dans les cours d'eau ;

• contribution à la protection de la biodiversité des écosystèmes aquatiques.

page 2.20 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La politique permet au promoteur d'envisager deux avenues. La première, privilégiée par la so-
ciété de la Faune et des parcs du Québec et par le ministère de l'Environnement du Québec,
consiste à laisser un débit réservé écologique dans le ou les tronçons où le régime hydrologi-
que sera modifié. La seconde exige de compenser intégralement, par l'aménagement
d'habitats à poissons, plus de la totalité des habitats perdus en raison de la modification du ré-
gime hydrologique ou d'autres interventions.
Les débits réservés ne sont pas fixés a priori dans la politique, mais le promoteur d'un projet
doit démontrer que le débit proposé respecte les principes directeurs mentionnés ci-dessus. Le
débit réservé doit être évalué à l'aide de méthodes fiables et scientifiquement reconnues qui
doivent être approuvées par la Société de la Faune et des Parcs du Québec. Lorsqu'il est dé-
montré que le maintien d'un débit réservé écologique empêche la faisabilité d'un projet de dé-
veloppement hydroélectrique, l'aménagement d'habitats (compensation) combiné au maintien
d'un débit inférieur au débit réservé écologique, peut également être considéré pour atteindre
l'objectif d'un gain net d'habitats ou de productivité du milieu. Toutefois, la valeur de débit infé-
rieur au débit réservé écologique ne peut être nulle et doit être déterminée selon les besoins
des espèces dont les habitats ne peuvent être remplacés. Avant de s'engager dans la voie de
la compensation par l'aménagement d'habitats, le promoteur doit d'abord avoir réalisé
l'ensemble des démarches nécessaires à la détermination d'un débit réservé écologique ainsi
que les pertes d'habitat encourues par le maintien d'un débit inférieur au débit réservé écologi-
que.
Quelle que soit l'avenue de conservation et de mise en valeur retenue par le promoteur, un
programme de suivi biologique d'une durée minimale de cinq ans doit être élaboré par ce der-
nier et approuvé par la Société de la Faune et des Parcs du Québec ou par le ministère de
l'Environnement du Québec avant le début des travaux. De plus, le programme impose une
obligation de résultats par rapport aux mesures de conservation et de mise en valeur adoptées.

2.7.4 Modalités d'application

2.7.4.1 Étude préliminaire


Les analyses techniques et économiques de tous les projets devraient tenir compte d'un débit
réservé allant jusqu'à 30 % du débit moyen annuel : 0, 5, 10, 20 et 30 %.
Hydro-Québec doit envisager des études minimales de terrain afin de déterminer l'ordre de
grandeur des débits réservés écologiques pour la protection du poisson et de ses habitats. Les
types de relevés minimaux consistent en :

• un inventaire des espèces de poissons ;

• la réalisation d'un vidéo vertical aéroporté, accompagné d'un jaugeage, en étiage estival (ce
vidéo permet de déterminer la surface mouillée) ;

• un rapport photographique.

Hydrologie page 2.21


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Ces études permettent d'évaluer de façon préliminaire l'ordre de grandeur du débit réservé
écologique, son impact sur la rentabilité du projet, de même que l'ampleur des aménagements
d'habitats du poisson nécessaires si on vise un débit réservé inférieur au débit réservé écologi-
que. À la fin de l'étude préliminaire, on devrait retenir au moins deux patrons de débits réservés
pour l'étude de faisabilité.

2.7.4.2 Étude de faisabilité


Dans le cadre de l'étude de faisabilité, les études à réaliser pour évaluer le débit réservé écolo-
gique peuvent être de deux types, selon l'importance de la ressource halieutique :

• présence de poissons très valorisés ou activités de pêche importantes ;


Dans les rivières où on note la présence d'espèces très valorisées (le saumon par exem-
ple), des activités de pêche sportive ou commerciale et des activités de subsistance impor-
tantes, des études de modélisation des microhabitats sont requises (telle l'« Instream Flow
Incrémental Methodology »). Ces études nécessitent généralement des relevés sur le ter-
rain pour une période d'au moins deux saisons estivales. Le débit réservé écologique
correspond au débit nécessaire pour conserver la quantité d'habitats présente en conditions
naturelles pour les espèces visées.
Si le débit réservé écologique compromet la rentabilité du projet; un débit réservé moindre
peut être fixé. Les études de modélisation permettent alors d'évaluer la quantité d'habitats
perdus et les aménagements écologiques nécessaires au maintien de la productivité ha-
lieutique.

• autres situations.
Dans les rivières où il n'y a pas d'espèce très valorisée ni d'activité de pêche importante, la
détermination du débit réservé par la méthode des périmètres ou surfaces mouillés (mé-
thode hydraulique) est suffisante. Ces périmètres ou surfaces mouillés doivent être déter-
minés pour différents débits. Ces études nécessitent des relevés sur le terrain pour une pé-
riode d'un an. Le débit réservé écologique correspond au débit nécessaire pour maintenir le
périmètre ou surface mouillé. Ce débit peut toutefois être modulé selon le jugement
d'experts.
Si le débit réservé écologique compromet la rentabilité du projet, un débit réservé moindre
peut être fixé. Les études environnementales doivent alors mener à une évaluation de la
quantité d'habitats perdus et des aménagements écologiques nécessaires au maintien de
la productivité halieutique.

2.8 Références
Référence 2.1 Application of Probable Maximum Précipitation Estimâtes - U.S. East of thé
103h Meridian. 1982. N.W.S., National Weather Service, NOM, U.S. Dept.
Commerce. Silver Springs Md, Hydrometeorogical Report N° 52,167 p.
Référence 2.2 BOSS Corporation. 1988. BOSS HMR52. Proprietary Software, Version 1.1.

page 2.22 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 2.3 C.D.Z. Environnement inc. 1997. Étude des paramètres météorologiques
nécessaires au calcul des crues maximales probables de printemps et d'été-
automne au bassin versant du lac Kénogami. Rapport préparé pour Hydro-
Québec (unité Prévisions et Ressources hydriques, direction Plans et pro-
grammes d'équipement de production). Contrat 05690-97-ENV-001-00.
Référence 2.4 Chow, K.C.A. & Jones, S.B. 1994. Probable Maximum Floods in Boréal Ré-
gions. Final Report and Appendices. Canadian Electrical Association, Re-
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Hydraulics Inc. -
Référence 2.5 Fortin J.P., Turcotte R. et al. 1999. Simulations de crues maximales proba-
bles et prévisions des apports sur le bassin de la rivière Mitis par le modèle
HYDROTEL INRS-Eau, Rapport de recherche N° R 551A
Référence 2.6 Hydro-Québec. 1999. Le modèle météo-apport HSAMI: historique, théorie et
application. IREQ.
Référence 2.7 Hydro-Québec. 1998. Adéquation des capacités d'évacuation des aména-
gements existants. Norme SB-50-11-00. Groupe Production, direction Sécu-
rité des barrages.
Référence 2.8 Hydro-Québec. 1998. Étude des paramètres météorologiques nécessaires
au calcul des crues maximales probables de printemps et d'été-automne
pour le bassin versant du lac Mékinac. Unité Prévisions.
Référence 2.9 Hydro-Québec. 1996. Étude globale des crues de la rivière des Outaouais.
Référence 2.10 Hydro-Québec. 1994. Étude des paramètres météorologiques nécessaires
au calcul des crues maximales probables de printemps et d'été-automne
pour les bassins versants de la rivière Gatineau. Unité Prévisions.
Référence 2.11 Hydro-Québec. 1992. Critères de conception et de vérification de la capacité
des ouvrages d'évacuation. Service Hydraulique.
Référence 2.12 Hydro-Québec. 1989. Proposition de critères de sécurité des barrages face
à des crues extrêmes. Service Hydraulique. Correspondance interne SH-89-
810.
Référence 2.13 Hydro-Québec. 1989. Ste-Marguerite - Site SM-3 incluant la dérivation P2-C
- Simulation et laminage des crues maximales probables. Service Hydrauli-
que. Rapport 07441-RA-89/12.
Référence 2.14 Lavalin. 1982. Centrale de pompage Delaney - Dérivation provisoire et éva-
cuateur de crues.
Référence 2.15 Noble, J.R.H. 1972. Storm Rainfall in Canada. Environnement Canada, ser-
vice de l'Environnement atmosphérique.
Référence 2.16 Pugsley, W.l. 1981. Guide de crue au Canada; techniques hydrométéorolo-
giques, crue de projet. Environnement Canada, service de l'Environnement
atmosphérique.

Hydrologie page 2.23


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 2.17 SNC-Shawinigan. 1992. Recommendations of thé Expert Committee on thé


Détermination of a Realistic Scénario for Probable Maximum Flood on thé
St.Maurice River Basin. Rapport préparé pour Hydro-Québec (unité Hydrau-
lique, direction Aménagements de centrales).
Référence 2.18 U.S. Geological Survey. Flood-Frequency Analyses - Tate Dalrymple-
Manual ofHydrology. Part 3 - Flood-Flow techniques. Paper 1543 A.
Référence 2.19 World Meteorological Organization. 1986. Manual of Estimation of Probable
Maximum Précipitation. Operational Hydrology Report N° 1. WMO N° 332.
269 pp.
Référence 2.20 World Meteorogical Organization. 1969. Estimation of Maximum Floods.
Technical note n° 98. N° 233 TP. 126.

page 2.24 Hydrologie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Géologie et géotechnique

3.1 Généralités
Au cours d'une étude préliminaire, les études géologiques visent à déterminer les conditions
probables du terrain, en effectuant au droit du site à aménager une analyse géomorphologique
régionale et locale. Les principaux traits structuraux du rocher et les formes de dépôts meubles
sont ainsi identifiés à l'aide de photos aériennes, puis une visite du terrain permet de vérifier
quelques éléments des interprétations faites. Finalement, des hypothèses raisonnables sur la
structure et le niveau du rocher ainsi que sur la nature des sols de fondation sont émises pour
permettre une première évaluation du site.
Pour une étude de faisabilité, il faut préciser pour les variantes les plus prometteuses le niveau
réel du socle rocheux de façon à bien positionner les principales composantes de l'aménage-
ment projeté. À ce stade, les informations géologiques et géotechniques disponibles servent à
fixer correctement l'axe des ouvrages et à évaluer chaque variante d'une manière assez pré-
cise. Pour ce faire, l'exécution d'un premier programme d'exploration comprenant une carto-
graphie géologique, des forages, des puits et des levés sismiques est requise ; les résultats
obtenus permettent de définir un concept d'aménagement valable et de privilégier une variante.
En outre, une investigation générale est menée pour repérer les principales sources d'emprunt.
Une fois qu'une variante est retenue, il s'agit de définir précisément les conditions de fondation.
Un autre programme d'exploration est mis en œuvre non seulement pour établir la position du
roc et la stratigraphie des dépôts meubles, mais aussi pour définir la nature exacte de ces ma-
tériaux de façon à optimiser le concept des ouvrages prévus. Les sources d'emprunt font aussi
l'objet d'investigations détaillées qui tiennent compte de la position de la nappe d'eau dans les
dépôts et des autres contraintes d'exploitation. Les propriétés physiques et mécaniques des
matériaux composant les fondations et le remblai sont établies à l'aide d'essais exécutés sur
place et en laboratoire.
Dans le cas d'ouvrages dont le taux de risque est très élevé, il est possible de recourir à une
étude régionale des caractéristiques et des paramètres sismiques.

3.2 Définition des conditions de fondation


Dès le début d'une étude de faisabilité, il est requis de procéder à des levés sismiques le long
des axes des principaux ouvrages prévus ainsi que sur des axes alternatifs ; ces relevés per-
mettent de définir le profil du roc souterrain et la nature approximative des sols entre autres afin
de détecter la présence d'un sillon, élément particulièrement indésirable dans le profil rocheux,
et de vérifier la couverture rocheuse pour les ouvrages souterrains. Des forages faits en nom-
bre suffisant servent à vérifier ce profil, à repérer les couches de sol qui comblent le sillon et à
établir les conditions hydrogéologiques du terrain à l'aide de piézomètres.

Géologie et géotechnique page 3.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les méthodes d'investigations employées, le type d'échantillonnage et le type d'essais in situ


dépendent et sont ajustés en fonction de la nature du terrain rencontré. Pour chacun des fora-
ges exécutés, il faut procéder à des essais in situ, tel l'essai de pénétration standard
(« Standard Pénétration Test » ou SPT), accompagnés de prélèvements d'échantillons du sol.
Dans certains cas, la présence de dépôts granulaires lâches peut exiger des investigations
particulières, telles que des mesures d'ondes de cisaillement prises au moyen de levés géo-
physiques utilisant deux trous de forage (diagraphie trou-à-trou ou « cross-hole test »), ainsi
que des essais de pénétration à la foreuse Becker effectués avec calibrage de l'énergie de
battage en relation avec l'essai standard SPT. Le roc sous-jacent est carotté afin de bien en
déterminer la nature ; sa conductivité hydraulique est évaluée à l'aide d'essais d'eau sous pres-
sion.

3.3 Vérification des matériaux d'emprunt


Même si l'analyse des caractéristiques du terrain indique avec assez de justesse l'origine et la
nature des matériaux d'emprunt, il y a lieu d'en vérifier les propriétés au cours de l'étude de fai-
sabilité. Un certain nombre de puits d'exploration est donc requis dans chaque dépôt sélection-
né pour vérifier les caractéristiques du matériau et les contraintes d'exploitation du dépôt telles
que la présence et la profondeur de la nappe d'eau, la proportion de cailloux et de blocs, etc.
De plus, une recherche de sites de carrière, avec description et échantillonnage du roc, doit
être effectuée.
Une carence locale de matériaux exige normalement davantage de recherche à cause de son
incidence sur le coût du projet. Il existe cependant plusieurs façons de pallier cette carence.
Ainsi, de l'enrochement peut être utilisé dans les épaulements des ouvrages au lieu de maté-
riaux naturels (sable, sable et gravier, till). S'il y a carence locale de till pour la confection.du
noyau, un mélange de sable et d'argile peut être employé ou encore un mélange bitumineux ;
un masque amont en béton peut aussi être considéré dans ce cas.
À cause de ses exigences granulométriques, le sable nécessaire à la confection du béton est
rarement disponible dans les environs immédiats du site à aménager. Il faut donc déployer un
peu plus d'efforts pour trouver ce matériau et étendre le rayon d'exploration en conséquence.
Une partie du granulat à béton peut toujours être produite par concassage de la roche de car-
rière.

3.3.1 Règles générales


II ne faut pas exploiter une aire d'extraction sans avoir obtenu un certificat d'autorisation de la
direction régionale du ministère de l'Environnement du Québec.

En vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement, toute carrière ou sablière dont l'aire
d'exploitation couvre trois hectares ou plus et qui est située dans la région de la baie James et
du Nord québécois est assujettie à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement et le milieu social.

page 3.2 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

En vertu du Règlement sur les carrières et sablières, il est interdit d'établir une nouvelle aire
d'extraction dans un territoire zone par une municipalité à des fins résidentielles, commerciales
ou mixtes.

3.3.2 Choix d'un site


II faut utiliser dans la mesure du possible les carrières et sablières existantes et s'assurer qu'il
ne s'agit pas d'un site archéologique.
Si on prévoit la création d'un réservoir, il faut choisir de préférence les carrières et les sablières
à l'intérieur de la zone qui sera inondée et les aménager au besoin pour la faune aquatique.
Il faut choisir les endroits où les travaux d'extraction ont le moins d'impact sur l'environnement.
Il est requis de n'entreprendre aucun travail préparatoire (déboisement, décapage, etc.) avant
que la qualité et les quantités de matériaux de l'aire d'extraction n'aient été confirmées par
sondage ou autrement. Dans le cas d'exploitation de grande étendue, il faut exécuter ces tra-
vaux par tranches afin d'éviter de perturber plus de terrain qu'il n'est nécessaire.
Il faut aussi réduire le nombre d'exploitations en choisissant des carrières ou des sablières qui
peuvent fournir le plus fort volume de matériaux. Ces emplacements doivent, dans la mesure
du possible, être situés de façon à s'intégrer au paysage une fois l'exploitation et la restauration
terminées.

3.3.3 Distances à respecter


L'aire d'exploitation choisie doit être située à une distance minimale de :

• 1 km des puits, sources ou autres prises d'eau servant à l'alimentation d'un réseau de dis-
tribution d'eau ;

• 600 m d'une zone résidentielle, commerciale ou mixte dans le cas d'une nouvelle carrière et
150 m dans le cas d'une nouvelle sablière ;

• 600 m de toute habitation pour une carrière où se fait du concassage et 150 m pour une
nouvelle sablière ;
Cette règle s'applique également aux institutions d'enseignement, aux temples, aux terrains
de camping et à tout établissement au sens de la Loi sur les services de santé et les servi-
ces sociaux.

• 100 m de toute réserve écologique créée en vertu de la Loi sur les réserves écologiques ;

• 75 m d'un cours d'eau, d'un lac, d'un marécage ou d'une batture ;

• 70 m d'une voie publique dans le cas d'une carrière et 35 m dans le cas d'une sablière ;

• 10 m de la limite de propriétés appartenant à un propriétaire autre que celui qui possède le


lot où se trouve la carrière.

Géologie et géotechnique page 3.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Afin de mieux masquer les lieux et d'éviter tout empiétement en cours d'exploitation, il est re-
commandé d'augmenter ces distances dans le cas des voies publiques ou privées et des limi-
tes de propriétés.
S'il est nécessaire de réduire les distances prescrites, il faut suivre la procédure prévue au Rè-
glement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement.

3.3.4 Sondages
Pour la sécurité des travailleurs et de la faune, il est requis de remblayer au fur et à mesure les
tranchées et les puits de sondage ou d'installer des dispositifs de protection.

3.3.5 Accès
Dans la mesure du possible, il ne faut aménager qu'un seul accès par aire d'exploitation. La
largeur de l'accès ne doit pas excéder 2,5 fois celle du plus gros véhicule servant au transport
des matériaux. Son tracé (en courbe, en diagonale, etc.) doit permettre, autant que possible, de
masquer la présence de l'exploitation et il doit être situé à une distance minimale de 25 m des
habitations, des établissements, des institutions d'enseignement et des terrains de camping.

3.4 Évaluation de la sismicité

3.4.1 Sélection des paramètres


La sismicité du Québec qui est essentiellement de nature intraplaque peut être qualifiée de
moyenne. La période d'observation des séismes qui ont été répertoriés dans l'histoire récente
de la Province (350 ans) est relativement courte en comparaison avec son histoire géologique.
Quant à la période d'observation par instruments, elle ne remonte qu'à quelques dizaines d'an-
nées tout au plus, particulièrement près des grands centres. La connaissance des causes et
des paramètres de sismicité est donc limitée et l'évaluation du péril sismique des sites à amé-
nager nécessite des efforts supplémentaires.
Le Québec est le foyer des activités sismiques les plus fréquentes et les plus intenses de l'Est
du Canada. Des manifestations d'une magnitude atteignant 7,0 sur l'échelle de Richter ont été
enregistrées pendant les 350 dernières années.
Bien que les causes d'événements particuliers soient difficiles à établir, un certain nombre de
séismes importants ont été observés ou enregistrés au Québec, notamment dans les régions
de Charlevoix (séisme de Charlevoix du 5 février 1663 à l'échelle de 7,0 et séisme du Sague-
nay du 26 novembre 1988 à l'échelle de 6,3), du Bas-Saint-Laurent (séisme de Godbout du
23 juin 1944 à l'échelle de 5,1) et de l'Outaouais (séisme du Timiskaming du
1er novembre 1935 à l'échelle de 6,2).

page 3.4 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Chargée d'évaluer le danger régional en ce qui a trait à la conception et à la vérification des


structures, la Commission géologique du Canada dresse la carte des zones sismiques qui défi-
nit les paramètres relatifs aux mouvements du terrain à considérer dans les calculs. Cette carte
fait partie du Code national du bâtiment et elle est établie à partir d'une analyse des données
statistiques disponibles. Ainsi, chaque zone sismique y est définie par une relation spécifique
reliant chaque magnitude à sa fréquence d'occurrence et comporte une loi d'atténuation des
séismes.
Produite en 1953, la première carte reposait sur l'activité historique des séismes enregistrés,
tandis que la carte de 1970 a été développée en se basant sur l'approche probabiliste ; les ac-
célérations de pointe y étaient alors considérées avec une probabilité de dépassement de 1 %
par année. La dernière carte encore en vigueur a été mise à jour en 1985 et elle est basée sur
une probabilité de dépassement des accélérations de 10 % en 50 ans.
Dans la version révisée du Code national du bâtiment mise en circulation pour commentaires
en 1995 et devant être publiée en 2003, la Commission géologique du Canada a maintenu
cette probabilité de dépassement (10 % en 50 ans), mais elle a introduit des changements très
importants en ce qui concerne le développement de la nouvelle carte destinée à l'évaluation
des paramètres sismiques :

• le modèle Robuste sera utilisé au lieu du modèle Historique ;

• Le modèle Robuste consiste à utiliser le paramètre sismique maximal obtenu par l'un ou
l'autre du modèle H (historique) et du modèle R (séismo-tectonique ou « rift ») :
• Le modèle H est basé sur la concentration des séismes historiques, chacun étant défini
par une date, un épicentre et une magnitude.
• Le modèle R est basé sur considérations de nature séismo-tectonique comprenant la
réactivation probable d'une faille située le long du fleuve Saint-Laurent.

• les lois d'atténuation des ondes sismiques de Hasegawa utilisées en 1985 sont actuelle-
ment remplacées par celles de Atkinson et Boore (1995) ;

• les valeurs de pointe des accélérations et des vitesses sont calculées à la surface du sol en
considérant un dépôt de mort-terrain type de classe B caractérisé par une épaisseur de
30 m et une vitesse de propagation des ondes de cisaillement Vs de l'ordre de 750 m/s.

Les conditions du modèle Robuste retenues pour le Code national du bâtiment de l'an 2003 ne
sont pas nécessairement suffisantes pour la conception des ouvrages d'Hydro-Québèc. En ou-
tre, le Code national du bâtiment n'a pas de juridiction sur les ouvrages de retenue, les barra-
ges étant en général des structures plus importantes et leur durée de vie est plus longue que
celle des bâtiments. Par conséquent, des périodes de récurrence plus élevées, c'est-à-dire des
probabilités plus faibles, doivent plutôt être envisagées. C'est donc le Guide pour la sélection
des paramètres sismiques produit par Hydro-Québec en 1998 qui s'applique. En résumé, ce
guide stipule que :

• l'accélération de pointe au rocher est déterminée sous les conditions équivalentes suivan-
tes :
• une période de récurrence de 2 500 ans,

Géologie et géotechnique page 3.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• une probabilité de dépassement de 2 % tous les 50 ans,


• une probabilité de dépassement annuelle de 5 x 10-4 ;

• le coefficient sismique destiné au calcul pseudo-statique est déterminé comme étant 50 %


de l'accélération de pointe au rocher.

3.4.2 Détermination de l'accélération de pointe au rocher


L'accélération de pointe au rocher est déterminée au moyen du modèle H. La période de récur-
rence retenue pour le calcul des accélérations de pointe est de 2 500 ans, ce qui correspond à
une probabilité de dépassement de 2 % tous les 50 ans. Ces accélérations sont habituellement
utilisées pour le calcul dynamique.
À la demande d'Hydro-Québec, la Commission géologique du Canada a préparé la carte des
iso-accélérations de pointe au rocher (valeur médiane sans considération pour l'écart type)
pour une probabilité de dépassement de 2 % tous les 50 ans (figure 3.1 ).

3.4.3 Définition du coefficient sismique


Le coefficient pseudo-statique nécessaire aux calculs de stabilité des ouvrages est défini
comme étant la moitié de l'accélération de pointe au rocher correspondant à une période de ré-
currence de 2 500 ans. Ce coefficient est habituellement utilisé pour le calcul de la stabilité en
équilibre limite de la pente des barrages en remblai.
La figure 3.2 illustre le zonage des coefficients sismiques pour le Québec. Ceux-ci s'appliquent
aux barrages d'Hydro-Québec.

3.5 Excavations
Divers types d'excavations sont effectués lors de la réalisation d'un aménagement hydroélectri-
que. Un décapage de la partie superficielle du sol est d'abord exécuté dans l'emprise prévue
pour les ouvrages, puis des excavations plus ou moins profondes sont pratiquées, soit pour dé-
couvrir le roc de fondation, soit pour réaliser une clé d'étanchéité sous le noyau de l'ouvrage de
retenue projeté ou un point de drainage à son pied aval. Sous les futures structures, le roc est
excavé plus ou moins profondément. Chaque fois qu'un aménagement doit comporter des ou-
vrages souterrains, la stabilité des parois excavées doit être assurée en choisissant les pentes
appropriées.

page 3.6 Géologie et géotechnique


Figure 3.1

km

509
Peak Accélération
2%/50 year probability Figure 2.2
Iso-accélérations de pointe au rocher dans l'est canadien pour une
probabilité de dépassement de 2% en 50 ans (période de récurrence
1*1 Naturai Resources
Canada
1 Onervatoy Cnœcant
Ressources naturelles
Canada
.
H mode) hard rock values de 1 / 2 500 ans). ' OttvaOïtaric
K1A OV3
OUMKktanol
Kl* OY3
Zone -Coefficient
sismique (k)

0,05

0,10

0,15

0.25

0,30

Figure 3.2
Coefficients sismiques
d'Hydro-Québec, 1998
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

3.5.1 Excavations dans le mort-terrain

3.5.1.1 Décapage
Le décapage consiste à enlever et évacuer tous les matériaux organiques, y compris les sou-
ches, l'humus et le sol contaminé recouvrant le mort-terrain ou le socle rocheux. Cette activité
est considérée comme une excavation de mort-terrain effectuée pour prendre une mesure.
Lorsque le matériau des couches sous-jacentes ne peut servir de fondation ou pour la mise en
place du remblai, le décapage et l'excavation du mort-terrain peuvent être effectués en une
seule opération. La profondeur minimale de ce type d'excavation est de 0,5 m. L'excavation
d'un dépôt de tourbe de plus de 1 m d'épaisseur doit être évaluée séparément du décapage. Le
décapage doit être effectué de façon à réduire au minimum les pertes de matériau sous-jacent
conformément aux exigences relatives aux matériaux de remblai et de fondation.
Pour le décapage de la couche de sol arable ou végétale, il faut respecter rigoureusement les
plans établis. Quand un réaménagement est prévu, il est requis de conserver la terre végétale
et de l'utiliser à cette fin.
En zone agricole, il faut éviter de créer des ornières et de mélanger le sous-sol à la couche
arable. Il est particulièrement important de séparer la terre arable et la terre du sous-sol, en vue
de la remise en état du terrain.
La terre végétale provenant des aires de travail situées sous le niveau d'exploitation d'un réser-
voir hydroélectrique peut être transportée à l'extérieur du futur réservoir et servir aux travaux de
réaménagement.

3.5.1.2 Excavations permanentes


Lorsque des excavations à caractère permanent sont effectuées, il y a lieu de s'assurer que les
pentes de talus au pourtour de l'enceinte excavée demeurent stables à long terme. Le degré de
stabilité de ce talus peut être évalué par calcul si les propriétés du matériau qui le compose
(angle de frottement interne, cohésion et masse volumique) et les valeurs des pressions inters-
titielles dans le massif sont bien connues. Ces dernières doivent le plus souvent être déduites
et choisies à partir d'un réseau d'écoulement pessimiste. Une attention particulière doit être
portée aux talus de plus de 5 m de hauteur situés à proximité des structures prévues et en bor-
dure des canaux d'amenée et de fuite projetés en amont et en aval d'une centrale. La stabilité
des talus argileux est en général plus préoccupante que la stabilité des talus constitués de tout
autre matériau.
À défaut d'informations précises sur les propriétés géomécaniques du sol à excaver, les pentes
d'excavation suivantes sont proposées pour différents types de sols (tableau 3.1).

page 3.10 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 3.1 : Pentes proposées pour des excavations permanentes


Pente d'excavation
Type de sol
Horizontale Verticale
Sable et gravier 1,5' 1f
Sable 2f 1'
f
Sol morainique grossier 2 1*
Sol morainique fin 2,5* 1*
Silt (sans argile) 3 1
Argile molle et sensible 5 1
Sans nappe phréatique

Durant les travaux, la stabilité d'un talus peut être améliorée en installant des puits de drainage
aux points critiques sur celui-ci ou aux environs. Des pointes filtrantes (« well points ») sont
souvent prescrites pour stabiliser les excavations. Cette méthode est cependant inefficace dans
les argiles à cause de leur nature imperméable.

3.5.1.3 Excavations temporaires


Les excavations temporaires peuvent être réalisées selon des pentes un peu plus raides que
celles suggérées dans le tableau 3.1 pour les excavations permanentes, mais les risques
d'instabilité et les conséquences d'une rupture de talus doivent être préalablement évalués. Les
coefficients de sécurité requis dans ce cas sont 1,3 (sans activité sismique) et ± 1,0 (avec
l'application d'un coefficient sismique). En cas de doute et en l'absence d'informations sur les
propriétés du sol à excaver, il est suggéré d'utiliser les pentes proposées pour les excavations
permanentes pour calculer les métrés. La pente de 5H : 1V suggérée pour l'argile est valable
pour un grand nombre de cas rencontrés. Cependant, si l'excavation est peu profonde (moins
de 2 m) ou si l'argile locale est surconsolidée, les pentes requises peuvent être raidies ; si elle
est profonde (plus de 10 m), elles peuvent être adoucies.

Il est souvent économique de rechercher des moyens simples pour stabiliser les excavations
(rabattement de nappes, drainage des eaux de surface, bernes, etc.).

3.5.1.4 Contrôle de l'eau d'infiltration


L'eau d'infiltration qui se concentre au fond de l'enceinte d'excavation doit être évacuée par
pompage. Dans le cas des sols perméables, il est souvent requis de contrôler cette eau à l'aide
de puits de pompage installés soit au pied du talus d'excavation (à l'intérieur), soit derrière le
sommet de ce talus.

Géologie et géotechnique page 3.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

3.5.2 Excavations dans le roc

3.5.2.1 Généralités
Dans le cadre d'une étude de faisabilité, les critères relatifs aux excavations dans le roc
s'appuient essentiellement sur les expériences et sur les pratiques connues et éprouvées dans
un terrain comparable sur le plan géologique. Puisqu'à ce stade les connaissances sur le site à
aménager sont relativement limitées, il n'est pas question de procéder aux analyses sophisti-
quées de conception ou de stabilité, car celles-ci seraient fondées sur des données indisponi-
bles telles que des paramètres géotechniques bien précis ou encore des structures et des dis-
continuités géologiques particulières au site.
Depuis les 30 dernières années, les expériences et les pratiques relatives aux excavations
dans le roc portent principalement sur la roche précambrienne du bouclier canadien ; il est pro-
bable que celles-ci répondront en grande partie aux besoins d'Hydro-Québec pour encore un
bon nombre d'années. En conséquence, les critères formulés ci-dessous sont applicables à
des formations géologiques similaires. Pour les sites se trouvant dans les basses terres du
Saint-Laurent, des mesures et des ajustements qui tiennent compte de leurs particularités
géologiques et géotechniques s'imposent.

3.5.2.2 Méthode d'excavation

II est généralement admis que la méthode d'excavation utilisée tant en surface que sous terre
est le forage et le dynamitage.
En surface, les excavations se font en banquettes successives. Sous terre, selon la grandeur
des galeries et des cavernes, la percée frontale, l'abattage et les banquettes constituent la
méthode couramment utilisée. À l'occasion, une galerie, ou un puits-pilote, peut être excavée
sur une longueur variable devançant le front de taille, en fonction des conditions géologiques
ou des facteurs de sécurité. Quoi qu'il en soit, la hauteur d'une banquette est généralement li-
mitée à 10 m et la profondeur d'une volée en percée frontale, à 5 m.
Dans le but de préserver l'intégrité et la stabilité des faces d'excavation finales ainsi que de mi-
nimiser l'extension de la fissuration et des bris au-delà des lignes d'excavation, des procédés
de forage et de dynamitage périphériques contrôlés, seuls ou combinés avec d'autres métho-
des, sont utilisés pour toutes les excavations, en surface ou sous terre. Le diamètre des fora-
ges périphériques varie entre 5 et 8 cm et leur espacement initial est généralement fixé en-
tre 45 et 60 cm pour fin d'estimation. Ces critères peuvent être révisés à la hausse comme à la
baisse en fonction des besoins locaux, des données géologiques et des résultats obtenus.

Pour de longues galeries ou conduites hydrauliques, il peut être financièrement avantageux


d'envisager des excavations par tunnelier pour autant que la taille de celles-ci ne soit pas trop
importante. D'après la réalisation récente d'un tunnel sous-fluvial, cette méthode semble tout
aussi indiquée pour des ouvrages qui seraient situés dans les basses terres du Saint-Laurent.
Des critères spécifiques doivent alors être émis dans le cadre des projets où l'emploi d'un tun-
nelier est envisagé.

page 3.12 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

3.5.2.3 Contrôle du dynamitage


Le contrôle du dynamitage a pour but principal de préserver l'intégrité, la sécurité et la stabilité
des surfaces rocheuses finales et des ouvrages avoisinants. Il permet aussi de respecter l'envi-
ronnement en diminuant les bruits et les ondes de choc dans l'eau et dans l'air ainsi que
d'assurer le bon fonctionnement des équipements de production en tout temps. En général, le
contrôle du dynamitage se fait en termes de valeurs limites du facteur de charge, du poids
maximum d'explosifs par délai (ou période d'amorce) et de vitesse de vibration des particules
mesurée à l'aide des séismographes.
Il est admis que la vitesse limite des particules est de 5 cm/s au droit des travaux de bétonnage
et d'injection et à l'intérieur d'un rayon de 30 m des ouvrages existants en béton ainsi que de
15 cm/s à tout autre endroit. Ces critères généraux sont énoncés comme guides pendant une
étude de faisabilité. Des mesures spécifiques de planification, de conception et de contrôle du
dynamitage sont élaborées et adaptées ultérieurement en fonction des paramètres du terrain,
du type et de la séquence de sautage, du genre de travaux à exécuter ou des ouvrages à pro-
téger.

3.5.2.3.1 Dynamitage sur terre

À proximité d'un lieu de travaux de sautage, il faut inspecter les bâtiments, les structures et les
ouvrages de génie civil avant le début des travaux.
Il est requis d'établir le patron de sautage en tenant compte de la vulnérabilité du milieu. Dans
la mesure du possible, il faut donc réduire les charges, utiliser des détonateurs de haute préci-
sion, se servir d'un exploseur à synchronisation séquentielle pour obtenir des explosions à
micro-retards et procéder au sautage par pré-cisaillement.
Après avoir évalué si certains des impacts suivants risquent de se produire, il faut en faire le
suivi :

• lézardes ou fissures dans les ouvrages de génie civil, dans les conduites souterraines et
dans les fondations des bâtiments ;

• fissuration du tubage d'un puits ou modification du réseau d'écoulement de l'eau souter-


raine, ce qui peut réduire le débit du puits, voire le tarir, ou permettre à des polluants de s'y
introduire ;

'• projection de pierres ou de débris dans les zones voisines ;

• bruits gênants pour les résidants, pour la faune ou pour certains types d'exploitation comme
les élevages ;

• accumulation de débris.

Le cas échéant, des mesures de protection nécessaires doivent être prises : limite de charge,
pare-éclats, élimination des débris dans un endroit approprié, etc.

Géologie et géotechnique page 3.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

II faut également s'assurer que la vitesse au sol des ondes sismiques impulsives ou disconti-
nues émises lors du sautage est inférieure à 4 cm/s à moins de 30 m d'un bâtiment, d'un ou-
vrage, d'une habitation ou d'un puits.

3.5.2.3.2 Sautage sous l'eau

II est requis de prendre les précautions nécessaires pour protéger l'écosystème aquatique, soit
notamment :

• déterminer la période d'exécution des travaux de sautage ou de relevés sismiques en fonc-


tion de la période de frai des poissons, des migrations et de la présence d'œufs ;
L'usage d'explosifs doit se faire en période d'activité biologique faible.

• éviter toute explosion produisant un déplacement de particules supérieur à 1,3 cm/s à


proximité d'un site de reproduction ou en présence de jeunes stades larvaires ;

• éviter, s'il y a présence de mammifères marins, toute explosion dans un rayon de moins de
500 m (un observateur accrédité par Pêches et Océans Canada doit être présent sur les
lieux au moment de l'explosion) ;

• élaborer, s'il y a risque de présence de bélugas à proximité du site des travaux, un plan de
surveillance en collaboration avec Pêches et Océans Canada ;

• choisir des explosifs à faible vitesse de détonation, employer de petites charges, effectuer
des explosions à micro-retards et utiliser des charges-écrans ;

• protéger la faune aquatique de l'onde de choc en plaçant un rideau de bulles d'air le plus
large possible très près de la surface des matériaux à faire sauter ;

• limiter la pression de l'onde de choc dans l'eau à 100 kPa à une distance de 10 m de la
source ;

• éloigner les poissons du lieu de sautage par des procédés mécaniques ou électroniques ;

• procéder au sautage le plus rapidement possible après la mise en place d'explosifs de fa-
çon à ce que les poissons n'aient pas le temps de revenir sur les lieux.

3.5.2.3.3 Méthodes de remplacement

Lorsqu'il est possible de réaliser les travaux projetés sans utiliser d'explosifs, cette solution doit
être privilégiée.
Dans les zones à faible profondeur d'eau, il est souvent possible de réaliser les travaux à sec.
Si la nature des matériaux à extraire le permet, il est conseillé d'utiliser des dragues ou des ex-
cavatrices pour réaliser les travaux.

page 3.14 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Lorsque les contraintes de fragmentation et de déplacement le permettent, on peut utiliser au


lieu d'explosifs, des agents de démolition non-explosifs, comme des substances sous forme de
poudre qui, mélangées à l'eau, prennent suffisamment d'expansion pour fragmenter le roc ou le
béton à l'intérieur desquelles on les a confinées.

3.5.2.4 Géométrie
Les parois des excavations profondes à ciel ouvert, telles que celles des canaux d'amenée, de
fuite ou de dérivation, exigent une pente moyenne de l'ordre de 1H : 20V. Entre chaque ban-
quette est laissé un décrochement ou une petite risberme d'environ 30 à 50 cm pour fins d'ali-
gnement et de forage périmétrique.
Selon la topographie du socle et lorsque plusieurs paliers d'excavation sont nécessaires pour
atteindre les cotes finales, une berme de 3 à 5 m de largeur est généralement conservée à
chaque série de trois banquettes consécutives pour fins de stabilité, de sécurité, d'accès ou
d'entretien. En tête de l'excavation rocheuse, une risberme de 3 à 5 m de largeur est aussi dé-
gagée au point de contact du roc et du mort-terrain pour assurer la stabilité des excavations.
Pour des raisons structurales évidentes, les galeries, les puits et les cavernes exigent, dans un
contexte normal, une section transversale circulaire (ou passablement circulaire) ; l'orientation
longitudinale de ces ouvrages doit tenir compte de l'orientation des traits structuraux prédomi-
nants ainsi que des discontinuités du rocher de manière à assurer la stabilité des parois et à
minimiser les bris hors profil.
Pour des raisons pratiques et financières, une section de galerie en forme de D renversé, ayant
un rapport hauteur-largeur d'environ 1,0 à 1,3 et une flèche de voûte égale à 25 % de sa lar-
geur, est généralement adoptée. Dans le cas des cavernes et des chambres d'équilibre dont la
largeur dépasse 20,25 m et d'après les conditions géologiques prévalant au site à aménager, la
flèche de la voûte peut être plus prononcée, soit 30 % ou plus. La section bien connue en
forme de fer à cheval n'est généralement pas requise dans le rocher du bouclier canadien. Il
est cependant entendu que, dans un roc compétent, les petites chambres d'équipement ou les
petites galeries de service (de 3 à 5 m) peuvent prendre une géométrie différente pour répon-
dre spécifiquement à ce besoin.
La couverture rocheuse au-dessus des galeries, de même que le pilier rocheux séparant deux
chambres ou deux galeries souterraines, exige généralement une dimension qui représente
de 1 à 1,5 fois la largeur des ouvertures adjacentes. Cette dimension doit être parfois majorée
de quelques mètres pour tenir compte de l'affaiblissement local du roc de surface ou du roc
adjacent causé par des dynamitages souterrains. Elle doit en outre être revue dans le cas spé-
cifique des galeries et des conduites hydrauliques en charge pour tenir compte des conditions
d'exploitation de ces ouvrages.

Géologie et géotechnique page 3.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

3.5.3 Protection, consolidation, injection et drainage

3.5.3.1 Généralités
La protection, la consolidation, l'injection et le drainage du roc sont des mesures préventives ou
correctives qui visent à assurer la sécurité et la stabilité des ouvrages tout au cours de leur vie
utile.
En effet, le roc donne lieu à un milieu discontinu, entrecoupé de contacts et de structures géo-
logiques telles des failles, des diaclases, des fractures. Dans le bouclier canadien, l'excavation
d'une ouverture ou d'une galerie crée un effet de voûte généralement autoportante. Cependant,
des instabilités locales telles que des chutes de blocs ou des effondrements et des éclatements
de paroi peuvent survenir à tout moment, ce qui exige un traitement, ou une combinaison de
traitements des parois, qui suit de près l'avancement des fronts d'excavation.

3.5.3.2 Protection et consolidation


Les traitements les plus couramment appliqués pour protéger et consolider le roc sont les sui-
vants :

• le treillis métallique ;

• les boulons de consolidation ;

• les goujons de consolidation ;

• le béton projeté.

Les cintres et les ligatures métalliques sont habituellement utilisés en combinaison avec d'au-
tres moyens (boulons, béton ou béton projeté). Selon l'expérience acquise au cours des derniè-
res décennies, les cintres métalliques sont très peu requis alors que des ligatures métalliques
sont appliqués avec des boulons ici et là, sur une base locale.

3.5.3.2.1 Treillis métallique

Fait d'acier galvanisé, le treillis à mailles flexibles est une protection superficielle habituellement
installée sur toutes les voûtes et sur le haut des murs de plus de 5 m de hauteur.
Puisque l'usage de ce traitement est dicté par la sécurité, il est donc utilisé systématiquement
dans le cas des voies d'accès, des passages, des portails et des aires d'équipement ou de sta-
tionnement. Selon les circonstances, il peut être également employé sur les falaises et les
pentes naturelles lorsque celles-ci surplombent directement les ouvrages prévus et représen-
tent un risque potentiel pour ces derniers.

page 3.16 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La pose de treillis métallique est moins justifiée pour certains murs des canaux d'amenée, de
fuite, de dérivation et d'évacuation, particulièrement lorsqu'ils sont bien coupés dans du roc
compétent et qu'ils sont loin de toute circulation ou de tout passage du personnel.
L'enlèvement de treillis métallique peut être requis pour certains passages hydrauliques ou
pour la mise en place de béton. Dans de telles circonstances, il peut s'avérer plus avantageux
d'utiliser du béton projeté.

3.5.3.2.2 Boulons de consolidation

Pour la majorité des ouvrages du Québec, les boulons de consolidation constituent le principal
outil de stabilisation et de sécurisation des murs et des parois rocheux.
Les boulons tensionnés et injectés sont utilisés dans tous les ouvrages permanents alors que
les boulons tensionnés mais non-injectés ne sont acceptés que temporairement.
Les ancrages mécaniques des boulons, tels que la coquille expansive, sont utilisables pour
toutes les formations rocheuses, sauf les zones de faille plus ou moins importante du bouclier
canadien, les schistes et quelques conglomérats ou autres roches moins compétentes. Dans
ces cas, les ancrages à base de résine synthétique à prise lente ou rapide sont une solution de
rechange acceptable.
L'injection des boulons par coulis de ciment est le moyen le plus couramment utilisé. Celui-ci
présente l'avantage de sceller aussi, dans une certaine mesure, les fissures avoisinantes dans
le roc. Dans un roc très fracturé à fissures ouvertes et communicantes toutefois, ce moyen ne
réussit que si les fissures sont préalablement colmatées avec du béton projeté ou par d'autres
moyens adéquats. Dans un rocher très fissuré et quasiment friable, l'efficacité des boulons peut
être grandement améliorée grâce à un usage combiné et harmonieux des éléments métalliques
(cintres ou ligatures) et du béton projeté. À moins de devoir répondre à un besoin bien précis,
les câbles d'acier, injectés ou non, ne sont pas utilisés de manière courante.
Les boulons les plus courants mesurent 25 et 35 mm de diamètre et ils offrent une capacité
utile de l'ordre de 160 et de 330 kN respectivement. Pour répondre à des besoins structuraux
spécifiques, des boulons réguliers de 35 mm de diamètre ou des tirants d'ancrage (de type
Dywidag) fabriqués à partir d'aciers à haute performance et pouvant offrir jusqu'à 630 kN par
unité sont généralement appropriés.
Les boulons de 3 à 6 m de longueur sont les plus couramment utilisés pour obtenir un boulon-
nage systématique et planifié. Des boulons ou des tirants d'ancrage de 4 à 8 m de longueur,
voire parfois 10 ou 12m, sont aussi recommandés pour répondre à des besoins structuraux
spécifiques.
L'espacement entre les boulons doit être adapté à la géologie locale (par exemple l'état du roc,
l'orientation et l'espacement des discontinuités, la présence des traits structuraux), de même
qu'à la géométrie et aux dimensions des excavations. L'espacement initialement prévu varie
habituellement entre 1,5 et 2,5 m, ce qui peut être modifié par la suite en fonction des condi-
tions locales. Il arrive aussi qu'un boulonnage planifié comme primaire doive être renforcé par
un patron secondaire de boulons placés en quinconce pour répondre à un besoin spécifique et
local. En présence de faiblesses particulières, il est recommandé d'utiliser un boulonnage spé-
cialement conçu et adapté à la configuration de ces faiblesses à la place des patrons prééta-
blis.

Géologie et géotechnique page 3.17


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Normalement, le boulonnage suit de très près les travaux d'excavation pour en maximiser
l'efficacité et pour minimiser les déplacements (ceux-ci sont défavorables à la stabilité des pa-
rois rocheuses). Il arrive assez souvent que des boulons de consolidation soient mis en place et
injectés à la périphérie des ouvertures ou des coupes de roc avant les sautages des excava-
tions adjacentes. Dans ce cas, ces boulons jouent un rôle de pré-stabilisation comparable à
celui des goujons de consolidation.

3.5.3.2.3 Goujons de consolidation

En termes de stabilisation des parois, les goujons de consolidation jouent un rôle relativement
moins actif que les boulons puisqu'ils n'appliquent pas de précontrainte initiale à la surface ro-
cheuse. Dans une roche massive et relativement peu fracturée comme celle qui se trouve sou-
vent dans les régions québécoises, leur effet contre le déplacement et la dislocation des blocs
et contre l'ouverture ultérieure des diaclases et des fractures est toutefois aussi valable et bé-
néfique.
Dans cette optique, les goujons sont installés au besoin dans le périmètre des ouvertures pré-
alablement aux excavations pour pré-stabiliser et préserver les coins rocheux. Dans le cas
d'excavations dentaires, les goujons sont assez souvent utilisés au même titre que les boulons
pré-installés pour minimiser les surexcavations et le remplissage subséquent par du béton.
Pour assurer une consolidation générale des voûtes et des parois d'ouvrages permanents, les
patrons planifiés de goujons sont jusqu'à présent moins utilisés que ceux des boulons.
Les goujons les plus courants sont des barres d'armature de 25 mm de diamètre injectées dans
un coulis de ciment. Leur longueur, leur espacement et leur orientation sont déterminés en
fonction des besoins et des conditions géologiques locales. Les goujons mesurant de 3 à 5 m
de longueur et espacés d'environ 1,5 à 2 m c/c sont les plus employés.
À l'occasion, les goujons périmétriques peuvent présenter un inconvénient lorsqu'il faut abattre,
après un dynamitage adjacent, des blocs instables ou potentiellement instables, mais encore
retenus les uns aux autres ou à la masse rocheuse par des goujons pré-installés.

3.5.3.2.4 Béton projeté

Le béton a de multiples usages dans la consolidation, la stabilisation et le colmatage des parois


rocheuses.
Dans un terrain très déformable où les voûtes et les parois rocheuses sont exposées immé-
diatement après les excavations à des risques d'éboulis et d'effondrements, un usage combiné
et harmonieux de boulonnage et de béton projeté appliqué systématiquement, le plus rapide-
ment et le plus près possible du front de taille, est un moyen efficace pour assurer la consolida-
tion et la stabilisation de ces parois. Dans de telles situations, le béton projeté est appliqué en
plusieurs couches successives pour finalement devenir un revêtement massif et permanent.
L'usage de cintres ou de ligatures métalliques entièrement enrobés dans ce béton projeté n'y
est donc pas exclus.

page 3.18 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans le bouclier canadien, la situation est généralement moins cruciale en termes de besoin
urgent de soutènement, car le roc conserve toujours une certaine capacité de résistance après
les excavations. Le béton projeté est alors utilisé sur une base locale et en combinaison avec
des boulons (dans les zones de fracture, de cisaillement ou de faille par exemple). Attaché aux
parois rocheuses, un treillis métallique à mailles soudées de 10 cm sur 10 cm fait partie inté-
grante de ce béton projeté. Des épaisseurs finales de béton projeté de 5, 1.0 ou 20 cm sont les
plus courantes ; elles répondent généralement bien aux objectifs visés, compte tenu des condi-
tions locales prévalant sur les sites à aménager. Du fait que ce béton peut présenter des fissu-
res, il est souvent préférable qu'il soit muni de drains supplémentaires pour prendre en compte
les conditions d'exploitation variables des ouvrages hydrauliques.
Le béton projeté sert aussi de matériau de colmatage et de remplissage utilisé après le cure-
tage et le nettoyage des matériaux meubles sujets à l'érosion qui se trouvent dans les failles ou
dans les zones de cisaillement. Son application est recommandée pour traiter la fondation des
ouvrages de. retenue et aussi pour protéger les murs et les parois rocheuses à court ou à long
terme de l'érosion et de la déstabilisation. Dans cette optique, le béton projeté est souvent ap-
pliqué sur les faces fraîchement excavées dans certains schistes argileux propres aux basses
terres du Saint-Laurent pour empêcher que ceux-ci, exposés aux intempéries et aux cycles ré-
pétitifs de mouillage-séchage et de gel-dégel, ne se désagrègent et tombent en ruine.
Dans un massif fracturé, une couche de béton projeté de 5 cm d'épaisseur constitue une me-
sure de protection superficielle, aussi valable que celle offerte par un treillis métallique à mailles
flexibles. De plus, cette couche a un effet bénéfique sur le scellement des joints et des fractu-
res ouvertes dans le roc, ce qui facilite les injections effectuées ultérieurement (l'injection des
boulons et l'injection d'étanchement par exemple).
Dans les endroits qui requièrent l'enlèvement du treillis métallique à mailles flexibles (comme la
zone de bétonnage), il peut être préférable de considérer l'usage du béton projeté à la place de
celui du treillis métallique.
Le mélange de mortier (gunite) n'est pas recommandé sur les chantiers d'Hydro-Québec.

3.5.3.3 Drainage et injection


En règle générale, toutes les infiltrations doivent être captées, contrôlées et canalisées, qu'elles
soient naturelles (ruissellement) ou induites (mise en service d'ouvrages). Un massif rocheux
soumis à une charge hydrostatique constante ainsi que les joints et les fractures exposés aux
cycles de gel-dégel répétitifs ont un potentiel déstabilisateur qui finit par se concrétiser à court
ou à long terme. Les voûtes et les parois rocheuses exposées momentanément ou en perma-
nence aux hautes pressions doivent par conséquent être drainées. Tel est le cas entre autres
du massif autour des conduites forcées, du mur amont et de la voûte de la salle des machines
ainsi que des parois verticales de la plupart des puits et des portails de galerie.

Géologie et géotechnique page 3.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les conditions géologiques locales, la configuration des ouvrages prévus et le mode d'exploita-
tion de ces derniers sont parmi les facteurs déterminants du patron et de la longueur des
drains. Une attention particulière doit être portée aux murs et aux falaises adjacents à un réser-
voir et à des conduites de haute pression. En effet, les joints de décompression sont souvent
porteurs d'eau d'infiltration et de ruissellement en provenance d'une montagne. Les failles et les
plans de cisaillement remplis de roc désagrégé ou de matériaux meubles plus ou moins im-
perméables constituent des écrans naturels favorisant la formation à court ou à long terme de
forces hydrostatiques destructives.
Les drains les plus courants mesurent 75 mm de diamètre et de 5 à 10 m de longueur ; ils pos-
sèdent un espacement de 4 à 6 m c/c. Dans des endroits spécifiques ou pour répondre à un
objectif précis, ils peuvent mesurer de 20 à 30 m, voire davantage. La formation potentielle de
dépôts solides qui bloqueraient la sortie des drains au contact de l'air explique que ceux-ci doi-
vent être munis d'une tête en siphon comme mesure de protection (du moins ceux qui débi-
tent). Dans l'optique d'en réduire l'entretien, les drains forés ne sont généralement pas placés
au niveau du plancher ou au fond d'un caniveau à cause du risque élevé de saletés et d'ensa-
blage que cela représente, mais préférablement à un niveau supérieur.
Contrairement à un usage plus ou moins généralisé des drains, les injections de consolidation,
d'étanchement ou de contrôle des infiltrations s'appliquent plutôt aux ouvrages courants (par
exemple autour des conduites forcées, des aspirateurs, des bouchons de roc et de béton et de
certains puits verticaux ou inclinés) ou à des situations particulières.
Pour les ouvrages courants, les forages d'injection sont habituellement de 50 mm de diamètre,
de 4 à 6 m de profondeur dans le roc et espacés d'environ 3 à 5 m c/c. Les situations particuliè-
res exigent bien entendu leurs propres critères. Les injections de surface pour le contrôle des
infiltrations commandent parfois des forages de 20 m ou plus pour intercepter les joints de dé-
compression de la roche.
t
Seul un mélange de ciment est recommandé. Dans une roche relativement étanche présentant
des joints souvent fermés, il faut toujours commencer avec un mélange léger, avec un rapport
du volume eau-ciment de 5 : 1. La pression, qui est de 70 kPa à la tête du forage, est majorée
de 25 kPa par mètre de couverture rocheuse additionnelle pour les ouvrages de retenue. Dans
le cas des conduites forcées, elle est de 350 kPa pour les injections de collage et de 550 kPa
pour les injections de consolidation du massif rocheux.

page 3.20 Géologie et géotechnique


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Géomatique et bathymétrie

4.1 Généralités
La connaissance du territoire à l'étude constitue l'une des données de base essentielles à
considérer durant une étude préliminaire et une étude de faisabilité. Cette connaissance se tra-
duit par des cartes topographiques et bathymétriques, des levés d'arpentage et des inventaires
des droits et biens immobiliers qui seront utilisés tout au cours d'un projet.
Ces données doivent être localisées géographiquement afin de faciliter l'intégration, la conser-
vation, la mise à jour et la mise en relation des divers types de données.
Puisque les relevés sur le terrain sont effectués en collaboration avec des représentants du mi-
lieu hôte, il importe de les aviser des travaux et de prendre des ententes au besoin.

4.2 Établissement de la référence kilométrique


L'une des premières activités d'une étude préliminaire consiste à établir la référence kilométri-
que de la rivière à l'étude. Les points kilométriques sont établis en mesurant le parcours de la
rivière d'aval en amont, l'origine se situant à l'embouchure. Un profil longitudinal (ligne d'eau)
qui définit les pentes, l'emplacement des rapides et, le cas échéant, les réservoirs, complète les
informations requises.
Ces informations existent déjà pour plusieurs rivières du Québec. À cet effet, des plans et des
profils ont été publiés par le ministère des Ressources naturelles. Dans le système de réfé-
rence géodésique, les distances sont généralement exprimées en milles et les niveaux, en
pieds. Bien que le maintien de ces unités soit recommandé, il faut cependant procéder à la
conversion des données en unités internationales.
La référence kilométrique établie est susceptible d'être utilisée par plusieurs personnes ; c'est
pourquoi il faut éviter d'implanter des systèmes de référence temporaires qui ne sont qu'une
source de désordre.
La référence kilométrique s'avère très utile pour situer les différents sites des projets entre eux.
Elle peut également servir à l'identification des variantes de point de coupure pour un site à
l'étude. Pour plus de précision, il est parfois utile d'adjoindre à la référence kilométrique d'un
site la superficie du bassin versant contrôlé par ce site.

Géomatique et bathymétrie page 4.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

4.3 Topographie
Pendant une étude préliminaire, les scénarios d'agencement des ouvrages sont élaborés à
partir des cartes topographiques existantes à l'échelle de 1 :50 000 (courbes de niveau aux
50 pi ou aux 10 m selon le cas) ou de 1 : 20 000 (courbes de niveau aux 20 pi ou aux 10 m se-
lon le cas), selon leur disponibilité. À cette étape, seul un inventaire des informations cartogra-
phiques existantes est réalisé.
La qualité de ces cartes varie grandement en fonction des dates d'édition, des méthodes de
production, des réseaux géodésiques existants lors des travaux de cartographie ou tout sim-
plement des buts poursuivis lors de leur fabrication. Dans ce contexte, l'inventaire des informa-
tions cartographiques a pour but de dresser un portrait le plus complet possible de l'état de la
cartographie existante et de la valeur de celle-ci en termes de précision et de contenu. Cet in-
ventaire est accompagné d'index illustrant la couverture cartographique du territoire à l'étude.
Dans le cadre d'une étude de faisabilité, des cartes topographiques à l'échelle de 1 : 20 000
couvrant l'ensemble des territoires affectés par le projet doivent être disponibles. Une cartogra-
phie à plus grande échelle est nécessaire dans le cas où ces cartes ne donneraient pas suffi-
samment d'information sur la zone de marnage d'un réservoir, soit une définition altimétrique
d'au moins trois courbes de niveau.
En ce qui concerne les sites à aménager, des cartes topographiques à l'échelle de 1 :5 000
avec courbes de niveau aux deux mètres doivent être disponibles. Pour les .sites très peu acci-
dentés, une cartographie à l'échelle de 1 : 2 000 avec courbes de niveau au mètre est préférée.
Dans le cas d'un projet de réfection d'un aménagement situé en territoire urbanisé, des cartes
topographiques à l'échelle de 1 : 2 000 ou de 1 : 1 000 (courbes au mètre) appuyées par des
levés d'arpentage effectués aux endroits critiques sont requises.
Quant aux .accès routiers à mettre en place, des cartes à l'échelle de 1 : 5 000 sont nécessai-
res. En territoire non boisé, la disponibilité d'une cartographie à l'échelle de 1 :1 000 permet
d'éviter la réalisation d'un levé des sections et des profils.

4.4 Arpentage
Pendant une étude de faisabilité, une requête en soustraction au jalonnement accompagnée de
plans d'arpentage foncier, est présentée au ministère des Ressources naturelles dans le but de
protéger les ouvrages et les infrastructures projetés de toute exploitation minière nuisible.
De plus, un inventaire des droits fonciers est dressé afin de repérer les propriétés privées et
publiques qui sont susceptibles d'être affectées par le projet. Cet inventaire est accompagné
d'une carte d'occupation du territoire montrant le statut juridique des propriétés.
Par suite de cet inventaire, une étude d'évaluation foncière des propriétés affectées est réalisée
pour estimer les coûts d'acquisition et de dédommagement s'il y a lieu.

page 4.2 Géomatique et bathymétrie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Des plans d'arpentage foncier sont ensuite élaborés après une ronde de consultations avec les
spécialistes techniques et la région exploitante concernée. Ces plans représentent les territoi-
res sur lesquels Hydro-Québec doit obtenir les pleins droits fonciers temporaires ou perma-
nents pour exploiter ses ouvrages, ses infrastructures et ses réservoirs.

4.5 Géodésie
Au cours d'une étude de faisabilité, des réseaux géodésiques (altimétriques et planimétriques)
de troisième ordre sont établis dans la zone à l'étude pour rattacher toutes les données prove-
nant d'investigations géologiques, hydrométriques et topographiques ainsi que d'autres relevés
techniques effectués sur le terrain.
Un réseau géodésique est une référence permanente et stable qui facilite l'intégration, la
conservation, la mise à jour et la mise en relation des différents types de données.
Un inventaire des points géodésiques est dressé et les points existants sont montrés sur une
carte.
Pour faire suite à cet inventaire, une analyse du réseau géodésique existant doit déterminer la
qualité des données en planimétrie et en altimétrie.
Une densification du réseau est réalisée selon la méthodologie appropriée afin d'établir des
nouveaux repères dans la zone d'étude .
Toutes les données requises par le projet, telles que les données d'investigation géologiques,
hydrométriques, topographiques et autres relevés techniques sur le terrain sont rattachées à
ces points géodésiques.
Le degré de précision de ces réseaux est comme suit :

• sur le plan altimétrique, l'écart tolérable entre les nivellements exécutés indépendamment
entre deux repères est égal à ±24 mm multiplié par la racine carrée de la distance (en km)
le long du cheminement entre les repères ;

• sur le plan planimétrique, la précision relative des coordonnées d'un point par rapport aux
stations voisines du réseau géodésique doit être meilleure que la valeur (en cm) corres-
pondant à 12 fois la distance (en km) plus 0,2 (cette valeur produit un degré de confiance
de 95 %).

4.6 Relevés topographiques


Des relevés topographiques au terrain sont nécessaires lorsque certaines données ne sont pas
disponibles sur les cartes ou lorsqu'une plus grande précision est requise.
Ainsi, certains détails physiques naturels ou artificiels dans les environs des futurs ouvrages
sont relevés au terrain selon la méthodologie appropriée.

Géomatique et bathymétrie page 4.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

4.7 Bathymétrie
Aucune bathymétrie n'est effectuée pour une étude préliminaire, ce qui suppose qu'il faut se
servir des données existantes.
Quand un programme de relevés bathymétriques est requis, il faut le prévoir au tout début
d'une étude de faisabilité pour que les données recueillies soient disponibles le plus tôt possi-
ble.
Les relevés bathymétriques appartiennent à quatre grandes catégories :

• la bathymétrie des sites ;

• la bathymétrie des rivières ;

• la bathymétrie des milieux marins ou des grandes surfaces ;

• la bathymétrie des eaux turbulentes.

4.7.1 Bathymétrie des sites


La bathymétrie des sites sert surtout à la conception des ouvrages et au calcul des volumes
d'excavation. Elle se présente sous forme de cartes à l'échelle de 1 : 5 000 et de 1 : 2 000 avec
isocontours aux deux mètres ainsi qu'à l'échelle de 1 :1 000 avec isocontours au mètre.
La densité des lignes de sondage dépend de deux facteurs : l'espacement désiré entre les iso-
contours et l'échelle de la carte produite.
Les profondeurs de l'eau sont fournies par un écho-sondeur et positionnées à l'aide d'une sta-
tion totale implantée en rive à un point connu. La station totale, ou théodolite électronique à
distancemètre, permet de déterminer les coordonnées cartésiennes d'un point observé en pro-
curant les angles et les distances des visées à l'aide d'un rayon optique infrarouge.
Le rattachement des résultats obtenus aux mesures altimétriques et planimétriques est prati-
quement toujours requis. En effet, la bathymétrie et la topométrie définissent d'une façon com-
plémentaire la morphologie d'un secteur. Il s'avère donc pertinent d'arrimer ces deux sources
d'information sur un même support afin de favoriser une implantation adéquate des ouvrages.

4.7.2 Bathymétrie des rivières


La connaissance de la géométrie de la rivière à l'étude est essentielle au calcul des courbes de
remous. Des mesures de ligne d'eau accompagnées des débits correspondants complètent
habituellement les relevés bathymétriques des sections d'une rivière, ce qui permet ainsi l'éta-
lonnage des modèles d'écoulement.

page 4.4 Géomatique et bathymétrie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Un espacement entre les sections de l'ordre de 1 km satisfait aux critères de précision du cal-
cul. Toutefois, toute discontinuité de la géométrie doit faire l'objet d'un resserrement de cet es-
pacement. La plupart du temps, les profondeurs de l'eau se mesurent à l'aide d'un écho-
sondeur ; en présence de faibles profondeurs, les sondages sont réalisés avec une tige gra-
duée. Les résultats obtenus sont rattachés aux mesures altimétriques et positionnés sur une
carte topométrique à l'échelle de 1. : 20 000 ou de 1 : 50 000. Dans des cas particuliers (comme
une étude sur le saumon), des sections transversales plus rapprochées peuvent être requises
dans des zones bien précises.
Les courbes de remous sont calculées pour diverses conditions, incluant des conditions hy-
drauliques extrêmes. À fort débit, les bandes riveraines deviennent ainsi des sections dont la
contribution à l'écoulement peut être importante. Il importe donc d'inclure des informations sur
les berges, telles la cote en rive, la pente, le type de végétation et le substrat.
L'emplacement des seuils de contrôle est également primordial et seules des observations sur
le terrain en condition d'écoulement critique permettent de le fixer adéquatement. La géométrie
de ces seuils doit être bien définie puisqu'il s'agit souvent du seul élément disponible au début
du processus d'étude.

4.7.3 Bathymétrie des milieux marins ou des grandes surfaces


Des relevés bathymétriques de grandes surfaces sont souvent demandés pour caractériser les
milieux humain et naturel. En milieu marin, les données recueillies sont surtout intégrées aux
modèles hydrodynamiques tandis qu'en lac, elles servent plutôt à caractériser le milieu physi-
que.
Les applications très spécifiques de ce genre de relevés supposent une densité de sondage qui
varie selon les besoins. Le principal outil employé se compose d'un bathymètre couplé à un
système de localisation appelé « Global Positioning System » (GPS). Cependant, la précision
de GPS fluctue en fonction du nombre de satellites disponibles et visibles dans la zone où les
travaux sont prévus ; par contre, elle s'améliore constamment puisque le nombre de satellites
augmente régulièrement et que ce type de système est continuellement perfectionné. De plus,
comme ces relevés s'effectuent habituellement de concert avec d'autres types de relevés hy-
drométriques, le rattachement des résultats obtenus aux mesures altimétriques peut aussi se
vérifier à l'aide d'une borne conventionnelle (en milieu fluvial) ou de marégraphes (en milieu
marin).

4.7.4 Bathymétrie des eaux turbulentes


La configuration des contrôles hydrauliques naturels représente un renseignement très utile, les
aménagement hydroélectriques se trouvant fréquemment à proximité de chutes ou de rapides
importants.
La turbulence de l'écoulement entraîne des inconvénients majeurs, car en plus de rendre la na-
vigation hasardeuse, voire impossible, elle génère des bulles d'air qui masquent le signal de
l'écho-sondeur.

Géomatique et bathymétrie page 4.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le géoradar permet de mesurer les profondeurs de l'eau à partir d'un hélicoptère. Son posi-
tionnement s'effectue d'une façon similaire à la bathymétrie d'un site, c'est-à-dire par le biais
d'une station totale implantée à proximité d'un repère geodesique. À cause de son imprécision
et de son coût important, cette façon de faire ne doit être utilisée qu'en dernier recours.

page 4.6 Géomatique et bathymétrie


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Conception des ouvrages

5.1 Généralités
La conception des ouvrages vise principalement à répondre aux critères de rentabilité
qu'imposé le contexte économique des années 2000 tout en respectant les exigences fonction-
nelles reliées aux installations hydroélectriques.
Comme pour tout projet d'ordre économique, la faisabilité d'un projet se détermine par une
analyse des coûts et des bénéfices basée sur les flux monétaires positifs et négatifs
s'appliquant à une période donnée. Par conséquent, la conception des ouvrages doit avoir
comme objectif primaire la maximisation de la productibilité, donc celle des revenus aussi, et la
minimisation des coûts d'investissement.

5.2 Revenus et coûts


Le calcul de la productibilité, ou production énergétique moyenne à long terme, est le paramè-
tre clé dans l'analyse de la faisabilité d'un projet. Dans le contexte énergétique actuel, il est dif-
ficile de trouver des sites à rentabilité élevée, ce qui pousse la conception des ouvrages vers
des processus d'optimisation de plus en plus élaborés. L'énergie garantie est un concept beau-
coup moins important qu'il ne l'était dans le passé, notamment parce que :

• le coût environnemental et sociétal pour bâtir de grands réservoirs est élevé ;

• des moyens de support thermiques sont disponibles à des coûts concurrentiels.

L'énergie moyenne est donc devenu le paramètre sur lequel s'appuie le calcul de la productibi-
lité.
Les coûts considérés dans la conception des ouvrages sont constitués des coûts directs aux-
quels sont appliqués des facteurs d'intérêt et d'inflation. Les facteurs qui affectent l'échéancier
de réalisation ont aussi une influence directe sur les coûts.

Conception des ouvrages page 5.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.3 Demande, apports, réserve et facteur d'utilisation


Le concept de base propre à la conception des ouvrages est la série hydrologique des apports
naturels au site du réservoir ; cette série est un événement météorologique naturel qui com-
porte généralement un haut degré de variabilité annuelle et interannuelle. L'aspect interannuel
d'une série est caractérisé par la moyenne, c'est-à-dire le débit module, en m3/s, et l'écart type
correspondant qui définit la variabilité de la série ou l'éloignement de la moyenne d'une année à
l'autre. La variabilité annuelle est caractérisée par la distribution mensuelle des apports avec
les périodes de crue de printemps et d'été-automne ainsi que l'étiage d'hiver ou la sécheresse
d'été ; en général, les apports sont maximaux au printemps et minimaux en hiver.
Le concepteur d'un aménagement hydroélectrique doit composer avec le fait qu'il y a un dé-
phasage entre les apports et la demande énergétique qui se produit en général en hiver, quand
les apports sont minimaux. Il donc faut emmagasiner l'excédent de crue de printemps pour être
en mesure de le turbiner l'hiver suivant. Pour ce faire, on a besoin d'un réservoir dont la capa-
cité doit être suffisante pour réaliser le transfert été-hiver (réserve saisonnière).
Si la capacité du réservoir est suffisante pour un usage pluriannuel, il s'agit alors d'une réserve
interannuelle. Selon sa position dans le réservoir, la réserve peut être utile, active ou morte.
Un autre aspect important quant à la rentabilité d'un aménagement est son facteur d'utilisation,
c'est-à-dire le rapport entre sa production annuelle moyenne et la production annuelle produite
par la puissance installée durant 8 760 heures par année. Le choix d'un facteur d'utilisation est
donc un compromis entre les besoins en puissance et la capacité de produire de l'énergie au
moindre coût.

5.4 Principes de dimensionnement


En vue de déterminer la productibilité de l'aménagement à l'étude, la conception des ouvrages
de production comporte le calcul de la valeur optimale des cotes de retenue et de restitution, du
débit d'équipement des centrales et de la réserve utile des réservoirs. Ces calculs sont réalisés
selon les principes suivants :

• les méthodes utilisées sont celle des coûts marginaux et celle du coût de revient minimal,
actuellement en usage'21 ;

• l'étude est menée à l'échelle du bassin versant à l'étude (ou d'un ensemble de bassins ver-
sants s'il y a dérivation de rivière) sur une série chronologique longue d'au moins 30 ans
(durant cette période, le réservoir doit être vidangé une fois complètement) et elle prend en
compte les aménagements existants ;

• l'aménagement est conçu pour produire le maximum d'énergie selon une répartition men-
suelle assignée d'avance qui est fixe d'une année à l'autre (patron de la demande) ;

121
Ces sujets sont traités à la rubrique 12.2.

page 5.2 Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• la gestion des cours d'eau et des plans d'eau est conçue pour respecter les contraintes
physiques des ouvrages existants et projetés, les règles de gestion existantes ou propo-
sées (laminage des crues, soutien des minimaux, débits réservés, etc.) et les exigences
environnementales ;

• l'énergie annuelle garantie en tout temps est calculée comme le minimum interannuel de la
valeur de l'énergie annuelle correspondant à la série chronologique des données utilisées ;

• une étude de sensibilité est réalisée pour déterminer s'il ne serait pas avantageux de ré-
duire le pourcentage du temps pour l'énergie garantie ;
On évaluera au moins le cas avec pourcentage de 95 % du temps.

• la conception est généralement faite à l'échelle d'un aménagement hydroélectrique, sans


permettre de contribution du parc ni d'autres moyens ;

• l'énergie moyenne annuelle n'est pas nécessairement adaptée au patron de la demande


(elle est le chiffre qui définit la productibilité du projet dans le contexte actuel).

L'application des principes décrits ci-dessus suppose une interaction poussée entre les ges-
tionnaires et les spécialistes qui œuvrent dans toutes les disciplines liées à la conception des
ouvrages. Sans cette interaction, le processus de conception peut difficilement se réaliser d'une
manière optimale.

5.5 Conséquences de la présence des ouvrages


L'exercice de conception des ouvrages doit prendre en compte les conséquences négatives
inacceptables que la présence ou la destruction d'un ouvrage peut provoquer. Ces conséquen-
ces ont notamment trait aux débordements dus à une crue ou aux ruptures causées par un
trembjement de terre. Pour pallier ces conséquences, on commence d'abord par essayer des
mesures non structurelles (systèmes d'alarme et modification du mode de gestion par exem-
ple) ; si ces mesures ne suffisent pas, on modifie la conception tant que cela reste économique.
Si le degré de risque acceptable ne peut être atteint, on abandonne le site et on envisage alors
une autre solution.

5.6 Outils de conception


Le processus de conception commence avec le planimétrage du bassin versant et l'obtention
de la série d'apports correspondante après avoir constaté sur des cartes la présence de sites
possédant une chute naturelle et la capacité de mise en place d'une réserve. Une fois que l'aire
du bassin est définie, on choisit les sites jugés intéressants et c'est sur ces sites que les outils
de conception vont être appliqués.

Conception des ouvrages page 5.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Une fois les sites choisis, il faut définir les réservoirs, selon une courbe capacité-niveau, ainsi
que les centrales, par la hauteur de chute et le débit d'équipement. Après que cette structure
préliminaire est en place, il faut obtenir la distribution de la demande énergétique annuelle
qu'on prévoit imposer à l'aménagement. Le décalage entre la distribution annuelle d'apport et la
demande définit en partie les besoins en réserve pour le complexe.
La hauteur de chute brute est la différence de niveau entre le bief amont et le bief aval au point
de restitution, le niveau de restitution étant fourni comme une courbe de tarage (le débit par
rapport au niveau) tandis que le niveau du bief amont est normalement le niveau du réservoir,
tel que déterminé par le mode de gestion. Les pertes par frottement et les pertes singulières
viennent diminuer la hauteur de chute brute, ce qui donne lieu à la hauteur de chute nette ;
dans le cas où les galeries d'amenée sont longues, ces pertes peuvent être très importantes
comme pour Sainte-Marguerite et Toulnustouc.
ATHENA, MINERVE, ÉNERGIE et SIMHYDE sont les outils de conception (référence 5.1 à
référence 5.4). Basés sur le concept d'énergie garantie, ces outils essaient de maximiser la
production minimale pendant la période historique de référence de simulation. Pour ces outils,
le transfert interannuel des apports servant à maximiser la production du complexe durant les
années de sécheresse extrême est fondamental. Les simulations réalisées avec ces outils peu-
vent être au pas de temps mensuel ou hebdomadaire.
Un autre outil plus récent, OPTIMEAU, incorpore la gestion à un pas de temps journalier. Il ne
peut distribuer la demande comme le font les autres outils, mais il compense cette lacune par
une contrainte, soit une cote prédéfinie au 1er novembre (il s'agit de l'équivalent d'essayer
d'avoir le réservoir plein pour en turbiner l'eau en hiver). Le modèle OPTIMEAU est développé
pour vérifier la conception et répondre aux questions de type « what if » ; il fait un transfert inte-
rannuel minime et il est approprié pour simuler les aménagements au fil de l'eau ou pour analy-
ser l'exploitation des aménagements existants.
La classification des outils selon le principe d'énergie garantie ou de l'énergie moyenne produit
deux groupes d'outils classés selon le critère optimisation-simulation : ATHENA, MINERVE et
OPTIMEAU sont des outils d'optimisation tandis que ÉNERGIE et SIMHYDE sont des outils de
simulation.
Les outils de simulation font une optimisation grossière par tâtonnements ; par contre, les outils
d'optimisation utilisent des procédures mathématiques élaborées pour définir des configura-
tions optimales. Les avantages et les inconvénients des outils d'optimisation par rapport aux
outils de simulation ne sont pas bien définis, mais, en général, les outils de simulation compen-
sent leur faiblesse mathématique par une description très réaliste de l'ouvrage, chose que les
outils d'optimisation ne peuvent faire. Grâce aux coûts de traitement informatique qui sont
maintenant devenus négligeables, cet écart est en train de disparaître (OPTIMEAU incorpore
déjà ces avantages).

5.6.1 Modèles ATHENA et MINERVE


Les modèles ATHENA et MINERVE font la conception des aménagements pour un intervalle
des énergies garanties fixées à la volonté de l'opérateur du modèle. Le modèle ATHENA
(référence 5.1) est basé sur la programmation linéaire et le modèle MINERVE (référence 5.2),
sur la programmation non linéaire en variables mixtes.

page 5.4 Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Ces modèles peuvent être employés dans la conception préliminaire ou dans l'analyse détaillée
des projets déjà avancés ou des aménagements existants. Comme pour les simulateurs
ÉNERGIE et SIMHYDE, le résultat est contrôlé par la sécheresse critique. Dans le contexte
actuel des projets marginalement rentables, ce sont des outils puissants et incontournables
pour la conception optimal des aménagements. Leur méthode de programmation linéaire dé-
terministe égalise le coût marginal de toutes les variables dans la solution optimale proposée.
Leur caractère déterministe est une limitation certaine, mais, par la gestion répétée de toutes
les années de la série historique, ces modèles sont capables de définir des patrons de gestion
qu'aucun des simulateurs disponibles ne peuvent le faire.
À part l'aspect déterministe, il n'y a pas d'autres limitations ; les pertes et le rendement peuvent
être linéarisés et la fonction « objective » peut inclure la puissance.
Le modèle a été mis en place pour le projet Grande-Baleine et les coûts les plus significatifs
proviennent du barrage : un vecteur, une cote en crête par rapport au coût et, pour la centrale,
une matrice de 2 sur 2, un débit d'équipement et une hauteur de chute par rapport au coût. Le
modèle peut accepter un coût pour le tarage, un coût pour la restitution et un coût pour la gale-
rie d'amenée ; il fait même ressortir le niveau optimal de la restitution d'un aménagement en
amont d'un réservoir dont la restitution est affectée par le niveau du réservoir situé immédiate-
ment en aval. Les résultats obtenus avec ATHENA ou MINERVE doivent être vérifiés avec OP-
TIMEAU ou SIMHYDE pour confirmer la validité de la conception fournie par ATHENA et pro-
céder à des ajustements minimes. La conception d'ATHENA ou de MINERVE est toujours op-
timale.
Le résultat du modèle est un graphique d'énergie garantie par rapport au coût de l'aménage-
ment. À cause des coûts fixes, le point optimal se trouve souvent à des niveaux d'énergie ga-
rantie élevés ; pour chaque niveau d'énergie garantie produite correspond un aménagement
qui peut comprendre ou pas tous les sites du modèle selon le niveau d'énergie garantie requis.
Il peut être employé pour analyser des modifications ou des ajouts à des aménagements exis-
tants. Il fournit le maximum d'informations sur la série historique tant du point de vue gestion
que conception dans une perspective déterministe, gestion optimisée selon la série hydrologi-
que historique.
Le modèle a besoin d'être davantage développé pour le débarrasser de sa dépendance envers
le sous-programme MPSX de l'ordinateur central et le rendre capable de linéariser quelques
variables.

5.6.2 Modèle OPTIMEAU


Le modèle OPTIMEAU est le plus récent de tous les modèles. Programmé en C++, il incorpore
la prolongation dynamique, un peu comme le modèle PEREX, le modèle d'analyse multi-
annuelle du parc de production.
C'est un outil d'optimisation qui prend des décisions d'après une grille et selon l'état de la ré-
serve. Son objectif est la maximisation de la production moyenne. Il n'est pas multi-annuel
comme les autres, mais la grande flexibilité qu'il a pour établir des contraintes permet la mise
en place des scénarios où l'aspect multi-annuel est important.

Conception des ouvrages page 5.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le fait d'avoir le pas journalier ainsi que d'accepter les caractéristiques de chaque groupe de la
centrale permet d'éviter le nivellement que la moyenne mensuelle peut donner dans les autres
modèles.
Le niveau de détail dans le rendement des groupes permet de calculer facilement l'écart de
rendement, de manière à optimiser le nombre de groupes requis.
Les données sont similaires à celles d'ÉNERGIE ou SIMHYDE, mais au lieu d'une présentation
des relations en tableau, celles-ci sont polynomiales, typiques de l'exploitation.
Le calage de ce modèle face à la production historique donne des résultats plus élevés, ce qui
est normal si on considère qu'il s'agit d'un outil d'optimisation.

5.6.3 Modèle SIMHYDE


Le modèle SIMHYDE (référence 5.4) est une évolution du modèle ÉNERGIE qui permet une
représentation plus fidèle des aménagements que son prédécesseur. Il est un outil de simula-
tion basé sur le principe de l'énergie garantie, mais avec la possibilité de jouer sur
200 paramètres permet de simuler en détail des scénarios complexes. Il fonctionne également
par tâtonnements, ce qui l'empêche d'être flexible. Sa performance s'améliore de beaucoup s'il
se sert des trajectoires des réservoirs calculées par OPTIMEAU. Il permet de reproduire des
situations telles que des centrales en parallèle, des dérivations doubles ou des écoulements bi-
directionnels.

5.6.4 Modèle ÉNERGIE


Le modèle ÉNERGIE est l'ancêtre du modèle SIMHYDE (référence 5.3). C'est un simulateur de
même structure que SIMHYDE, mais il est plus simple à utiliser (seulement 12 paramètres au
lieu de 200). Le concept utilisé et les résultats obtenus sont similaires à ceux de SIMHYDE.
Ce modèle simule l'exploitation d'un aménagement et il détermine la puissance et l'énergie
mensuelles, l'énergie moyenne et l'énergie garantie annuelle de la centrale à l'étude. Ce mo-
dèle tient compte de tous les paramètres qui influencent la production, mais il n'optimise pas
les caractéristiques des ouvrages en fonction des coûts de construction et de la valeur de la
production. De nombreux essais doivent donc être faits en modifiant les caractéristiques à op-
timiser, de même qu'une analyse des coûts marginaux. Le modèle ÉNERGIE est particulière-
ment utilisé dans le cadre d'une étude préliminaire.
L'avantage d'utiliser ÉNERGIE pour des modifications ou des analyses économiques des com-
plexes existants est qu'il fonctionne pour tous les complexes d'Hydro-Québec grâce à une mise
à jour des contraintes ou d'autres paramètres d'exploitation.

page 5.6 . Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.7 Détermination des données de base


Les données de base qui sont utilisées au cours des simulations effectuées avec les modèles
ATHENA, MINERVE, OPTIMEAU, ÉNERGIE et SYMHIDE portent sur la représentation physi-
que des sites pouvant être aménagés, les apports naturels, les caractéristiques prévues pour
les équipements, les contraintes d'exploitation et la représentation de la demande énergétique.

5.7.1 Sites
Tous les sites qui permettraient d'aménager une centrale ou un réservoir préliminairement
d'une façon rentable sont décrits dans le modèle ATHENA ou MINERVE. Les sites considérés
dans les modèles OPTIMEAU, ÉNERGIE ou SYMHYDE sont ceux qui correspondent aux va-
riantes les plus prometteuses établies avec le modèle ATHENA ou MINERVE.

5.7.2 Série d'apports naturels


Le pas de temps relatif à la série de débits intermédiaires dont il faut disposer aux sites à
l'étude pour une centrale ou un réservoir est de un ou trois mois avec le modèle ATHENA ou
MINERVE ; toutefois, si la configuration des sites le requiert, il peut être d'une semaine avec
les modèles ÉNERGIE et SIMHYDE. Le modèle OPTIMEAU a besoin des apports au pas de
temps journalier.

5.7.3 Volume d'emmagasinement


La courbe d'emmagasinement d'un réservoir est déduite des superficies planimétrées figurant
sur des cartes topographiques. Ces courbes doivent refléter fidèlement les variations du vo-
lume en fonction du niveau de l'eau dans la zone de marnage. L'échelle des cartes topographi-
ques utilisées varie selon le type de l'étude effectuée, tel que le montre le tableau 5.1

Tableau 5.1 : Échelle des cartes requises au calcul du volume d'emmagasinement


Type d'étude Échelle minimale acceptable1
Étude sommaire 1 : 250 000
Étude préliminaire 1 : 50 000
1 : 20 000 (zone inondée)
Étude de faisabilité
1 : 50 000 (zone non inondée)
Des vérifications peuvent être faites localement à des échelles plus précises s'il en existe.

Conception des ouvrages page 5.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.7.4 Facteur d'utilisation


Le facteur d'utilisation servant à qualifier les caractéristiques d'un aménagement est exprimé
par le rapport entre l'énergie moyenne annuelle et l'énergie annuelle maximale produite par la
puissance installée, c'est-à-dire entre l'utilisation moyenne des équipements et leur capacité
installée.
Ce rapport peut être calculé pour une centrale et pour l'ensemble des centrales d'un complexe.
L'intervalle de variation actuellement envisagé se situe entre 0,40 et 0,80.
Le facteur d'utilisation visé en fonction de la prévision de la demande à long terme est norma-
lement fourni pour l'ensemble d'un complexe. Si ce complexe comporte plusieurs centrales
dont le bassin intermédiaire est assez important, il est peu probable toutefois que la variante la
plus économique comporte un facteur d'utilisation uniforme pour toutes les centrales. Le facteur
d'utilisation le plus approprié est déterminé au cours de la période d'optimisation de la variante
retenue afin de respecter l'objectif global. Le facteur d'utilisation est une conséquence du pa-
tron de la demande et de l'équipement en puissance souhaité par le concepteur. Jusqu'à
maintenant la conception et l'optimisation par le modèle se fait en fonction de l'énergie, mais il
est possible d'ajouter la puissance.

5.7.5 Patron de la demande


Le patron de la demande d'énergie mensuelle prescrit le rapport entre l'énergie moyenne re-
quise chaque mois et l'énergie annuelle garantie. Essentiel à tous les modèles de conception,
sauf à OPTIMEAU, ce patron permet donc de moduler la production mensuelle en fonction des
besoins. Pour éviter des déversements, toute production supplémentaire constitue de l'énergie
excédentaire. L'impact du patron est majeur lorsqu'une centrale (ou un complexe) est optimisée
en fonction de l'énergie garantie ; il est beaucoup moindre si l'objectif visé consiste plutôt à en
maximiser l'énergie moyenne. Le choix du critère dépend du type de la centrale (ou du com-
plexe) et il est fait par l'unité responsable de planifier le parc de production. Le patron force la
conception des ouvrages à créer la réserve pour transposer les apports au moment où la de-
mande se manifeste. OPTIMEAU module des contraintes pour produire selon le patron voulu.

5.7.6 Facteur de puissance de pointe


Le facteur de puissance de pointe est le rapport entre la puissance moyenne du mois pour le-
quel la demande est la plus forte (généralement en janvier) et la puissance de pointe pour le
même mois. Ce rapport est établi en fonction de l'usage prévu pour la centrale ou le complexe
à l'étude. S'il s'agit d'un complexe, le facteur de puissance de pointe ne s'applique pas néces-
sairement à chaque centrale. De plus, puisqu'il ne s'agit pas d'un critère, il peut être modifié par
suite des résultats des simulations en fonction de la rentabilité désirée.

page 5.8 Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.7.7 Taux d'indisponibilité


L'indisponibilité se compose du taux de panne (aléatoire) et des retraits programmés pour en-
tretien. Les taux annuels moyens d'indisponibilité des équipements permettent d'évaluer, pour
l'ensemble du parc d'équipements, quelle est la réserve de puissance nécessaire pour com-
penser l'arrêt de certaines turbines dû à des pannes ou à des travaux d'entretien.
L'application de taux d'indisponibilité due aux pannes et aux périodes d'entretien hivernales a
pour effet d'augmenter la puissance installée requise pour les équipements. Le calcul de ces
taux est effectué par l'unité responsable de planifier le parc de production.

5.7.8 Rendement
Les collines de rendement de la centrale à l'étude sont déduites des courbes de rendement
unitaires pour les hauteurs de chute qui lui sont appropriées. Le rendement d'une centrale est
calculé en supposant que celle-ci est gérée de façon à ce que les turbines utilisées fournissent
un rendement optimal.
Le rendement d'une centrale est calculé par approximation à partir du rendement de chaque
groupe. Le modèle OPTIMEAU, qui considère chaque groupe individuellement, représente
beaucoup plus fidèlement le rendement que les autres modèles.
Au cours d'une étude préliminaire, le rendement des groupes s'obtient à partir d'une conception
sommaire de ceux-ci fournie par le programme ECOP.

5.7.9 Pertes de charge


Le calcul des pertes de charge permet d'établir la hauteur de chute nette aux groupes en sous-
trayant ces pertes de la hauteur de chute brute. Les pertes de charge comprennent les pertes
par frottement et les pertes singulières dans les systèmes d'adduction et de fuite, incluant les
éléments à surface libre (galerie et canaux).
Les pertes dans le système en charge peuvent s'exprimer par la loi des pertes de charge sui-
vante :


AH = pertes de charge (m)
a = te qui est fonction du système consi-
constante
déré
Q = débit (m3/s)

Conception des ouvrages page 5.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans les tronçons à surface libre, les pertes s'expriment différemment et elles sont souvent
fonction du niveau des biefs. Il s'agit donc d'évaluer le niveau de l'eau en amont et en aval de
manière à établir la relation la plus appropriée.
Lorsqu'il s'agit d'un système ramifié, il faut distinguer les pertes dans le tronçon commun (la
galerie et la prise d'eau, par exemple) de celles dans les tronçons propres à chacun des grou-
pes. Dans ce dernier cas, les pertes peuvent être considérées comme constantes si
l'hypothèse que les groupes ne seront exploités qu'à leur rendement optimal est émise. Dans le
tronçon commun, la loi des pertes de charge peut être utilisée ; bien que cette approche
conduit à une légère surestimation de la production, elle offre cependant l'avantage d'être sim-
ple.
Cette surestimation tient au fait que les modèles de simulation mensuels fournissent des va-
leurs de débit turbiné moyennes. Un examen plus détaillé permet de définir les combinaisons
de débits optimaux (selon le nombre de groupes en fonction) conduisant à l'exploitation du
même volume. Il ne faut donc pas considérer que les groupes seront exploités à leur rende-
ment optimal en même temps que les pertes sont évaluées pour des débits moyens. Les diffé-
rences se manifestent d'autant plus que les débits moyens mensuels turbines sont faibles (ces
remarques ne s'appliquent pas à OPTIMEAU qui a des débits journaliers).

5.7.10 Niveau de restitution


Si la hauteur de chute est influencée par l'écoulement en aval, des relevés doivent être faits
lors de l'étude de faisabilité pour déterminer la courbe de tarage. Dans le cas d'une restitution
en mer ou dans un estuaire, le niveau de restitution est déterminé au moyen d'une étude de
marée : le niveau de restitution utilisé pour calculer la production moyenne mensuelle est alors
le niveau moyen du bief aval, avec et sans marée. La contribution (à la pointe) doit être calcu-
lée pour le niveau moyen amont et aval, avec ou sans marée. Si le débit s'écoulant de
l'évacuateur influence le niveau du bief aval de la centrale, il faut en tenir compte dans la
courbe de tarage.

5.7.11 Contraintes environnementales


Le choix des caractéristiques de l'aménagement à l'étude doit se faire en tenant compte des
contraintes environnementales qui lui sont associées. Ainsi, le marnage, qui a un impact im-
portant sur le milieu, doit souvent être limité à une valeur inférieure à celle qui serait requise
pour transférer les apports de l'été à l'hiver pour satisfaire le patron de la demande.
Le débit réservé, qui doit être turbiné ou déversé afin d'alimenter le bief aval d'un ouvrage pour
des raisons diverses (environnement, niveau de l'eau, prise d'eau, etc.), doit être pris en
compte dès l'étude préliminaire, lors de l'évaluation de la production énergétique et de la renta-
bilité du projet. Les outils d'optimisation gèrent mieux les contraintes environnementales que
les outils de simulation.

page 5.10 Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.7.12 Contraintes économiques


Les données économiques nécessaires à la conception des ouvrages se divisent en six catégo-
ries, chacune d'entre elles comprenant tous les coûts directs et indirects qui lui sont associés.
Chaque catégorie de coût est calculée séparément, comme suit :

• les coûts fixes ;


Ces coûts ne varient qu'en fonction de l'existence d'un ouvrage. Ce sont les sommes asso-
ciées aux routes, aux aéroports, aux quais, etc. La partie de ces sommes qui n'est dépen-
sée que pour l'aménagement d'un site est attribuée à ce site. Le coût de construction d'une
route reliant deux sites intermédiaires est assumé par le plus éloigné des deux. Le coût as-
socié à l'ensemble d'un complexe est ajouté au coût total des équipements, sans les répar-
tir entre les sites aménagés.
Les coûts fixes influencent le choix du site à aménager, mais après que ce choix est fait, ils
n'ont pas d'influence sur la conception des ouvrages puisqu'ils sont invariables.

• les coûts relatifs à la cote des ouvrages ;


Ces coûts comprennent les sommes associées uniquement à la cote maximale de retenue
des réservoirs (par exemple le coût des digues, de Pévacuateur, du déboisement, des déri-
vations et des voies locales).

• les coûts relatifs au débit d'équipement et à la hauteur de chute ;


Ces coûts comprennent les sommes qui varient normalement en fonction du débit
d'équipement et de la hauteur de chute (par exemple le coût des turbines, des alternateurs,
du canal d'amenée, de la prise d'eau, des conduites forcées, du canal de fuite, de la struc-
ture de la centrale et du poste de départ). La hauteur de chute élevée produit des turbines
légères à grande puissance, ce qui n'arrive pas pour les faibles chutes ou les turbines sont
massives pour la même puissance.

• les coûts relatifs au marnage ;


Ces coûts comprennent les sommes associées à d'importants travaux destinés à abaisser
la prise d'eau dans le but d'augmenter le marnage (ces coûts font normalement partie de la
catégorie précédente, sauf quand des excavations coûteuses sont prévues).

• les coûts relatifs à la restitution ;


Ces coûts comprennent les sommes associées à la restitution lorsque la hauteur de chute
peut être augmentée en allongeant le canal ou la galerie de fuite et que la rentabilité de
cette configuration n'est pas évidente (ces coûts font normalement partie de la catégorie
des coûts relatifs à la cote des ouvrages).

• les coûts relatifs à l'environnement.


Ces coûts comprennent les sommes associées au programme de mise eh valeur, aux me-
sures d'atténuation, au suivi environnemental pendant et après les travaux (ils sont géné-
ralement considérés dans la première catégorie).

Conception des ouvrages page 5.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

5.8 Références
Référence 5.1 Hydro-Québec. 1992. Modèle ATHÉNA. Troisième édition. Projet n° 16410-
572-54459. Vice-présidence Technologie et IREQ.
Référence 5.2 Hydro-Québec. 1 997. Modèle MINERVE 0.96 (Version déterministe) - Ma-
nuel d'utilisation . IREQ.
Référence 5.3 RSW pour Hydro-Québec. 1982. Programme de simulation de complexes
hydroélectriques ÉNERGIE III.
Référence 5.4 Technik-Eaucan Inc pour Hydro-Québec. 1996. Modèle SIMHYDE 2.71 -
Manuel de référence - Simulation hydroénergétique.

page 5.12 Conception des ouvrages


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Réservoirs

6.1 Généralités
Le réservoir constitue l'une des composantes majeures d'un aménagement hydroélectrique. Sa
dimension et ses caractéristiques ont un rôle déterminant sur la productibilité et le mode de
gestion de la centrale.
Ses fonctions sont définies par sa capacité de régulation et d'augmentation de la hauteur de
chute.
Selon sa dimension, le réservoir provoque très souvent une modification importante du milieu
où il est localisé.

6.2 Réservoirs à buts multiples


Bien que généralement conçus pour des fins énergétiques, les réservoirs affectent les habitats
humains avoisinants et des usages non énergétiques, tels que les activités récréotouristiques,
la navigation et la pêche, peuvent s'y développer avec le temps.
Puisque ces usages peuvent parfois entrer en conflit avec le rôle original des réservoirs et leur
mode d'exploitation, toute augmentation de capacité doit se concevoir en en tenant compte.
Des contraintes environnementales, particulièrement les marnages qui produisent des impacts
importants sur le milieu, doivent aussi être considérées. L'ensemble des contraintes qui affec-
tent la conception des ouvrages est introduit dans un modèle d'optimisation.
Par sa seule présence, un réservoir important peut changer le patron pluviométrique de la ré-
gion où il est situé.

6.3 Réserve

6.3.1 Réserve du sédiment


À cause des eaux froides du Québec, la capacité des eaux à charrier des sédiments est ré-
duite ; une réserve pour fins de sédiments est donc très rarement considérée dans l'analyse.
Sur le plan international, le problème des sédiments peut représenter une considération ma-
jeure dans la conception et le fonctionnement du réservoir, car cela peut affecter la rentabilité
de l'aménagement à long terme. La réserve du sédiment constitue une réserve morte dans
l'analyse de l'exploitation.

Réservoirs page 6.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

6.3.2 Réserve pour hauteur de chute


La réserve pour hauteur de chute est aussi de la réserve morte et elle se situe en bas du ni-
veau minimal d'exploitation. Cette réserve est une conséquence du processus d'optimisation de
la conception selon la fonction objective choisie. Indirectement, elle garantit la puissance mini-
male du site.

6.3.3 Réserve d'inondation


La réserve d'inondation est employée pour minimiser les impacts négatifs au moment du pas-
sage de la crue. Par exemple, ce type de réserve existe sur la rivière des Outaouais pour ré-
duire les inondations dans la région de Montréal.

6.4 Gestion des crues


Un des effets favorables d'un réservoir est la diminution de la pointe des crues et de ses effets
en aval du site. Ceci constitue un impact positif que peut contrebalancer les autres impacts né-
gatifs.
La gestion des crues est orientée vers des événements à forte récurrence dont la période de
retour est inférieure à 50 ans, étant donné que ces crues ont impact plus prononcé sur le milieu
humain affecté.

6.5 Effets des glaces sur la taille des réservoirs


L'effet du gel se fait sentir de deux manières dans l'exploitation d'un réservoir :

• une partie de la glace s'échoue sur les rives du réservoir au fur et à mesure que son niveau
baisse ;

• l'autre partie de la glace flotte sur l'eau, mais elle n'est pas disponible pour le soutirage.

Les glaces échouées sur les rives d'un grand réservoir peuvent réduire considérablement le
volume d'eau disponible à la fin de l'hiver, au moment où le niveau de l'eau est le plus bas.
Pour conserver l'énergie garantie calculée sans tenir compte de la glace, il faut rehausser le ni-
veau maximal d'exploitation du réservoir à l'étude de façon à compenser le volume perdu au
cours d'années critiques.
Cependant, il n'est cependant pas toujours nécessaire de tenir compte de la glace ; cela l'est
surtout pour un réservoir peu profond, car l'effet des glaces est négligeable quand la prise
d'eau est calée suffisamment bas et qu'elle se trouve dans une vallée relativement encaissée.

page 6.2 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Contrairement au modèle ÉNERGIE qui ne peut tenir compte de la glace, le modèle SIMHYDE
peut accepter des épaisseurs moyennes et des coefficients de sévérité du froid pour chaque
période. Les hypothèses suivantes sont généralement adoptées.

• Seule la glace se formant à la surface de l'eau est considérée (les volumes de glace accro-
chés aux rives du réservoir sont négligés).

• L'épaisseur de la glace est calculée pour chaque mois d'une année dont la température est
moyenne (le cas extrême où l'hiver le plus rigoureux surviendrait simultanément à la pé-
riode d'étiage la plus critique n'est pas considéré).

• Le niveau du réservoir est le niveau mensuel simulé par le modèle SIMHYDE sans tenir
compte de la glace.

• Le volume mensuel de la glace échouée est égal à l'épaisseur moyenne de la glace durant
le mois multipliée par le changement de superficie du plan supérieur de l'eau liquide.

• L'accroissement mensuel du volume de la glace flottante est égal à l'accroissement moyen


de l'épaisseur multiplié par la superficie moyenne du plan supérieur de l'eau liquide (le vo-
lume de la glace échouée est déduit chaque mois du volume de la glace flottante).

6.6 Remplissage

6.6.1 Généralités
Le remplissage du réservoir à l'étude doit être examiné sous plusieurs aspects. Bien entendu,
l'objectif visé sur le plan strictement économique est de parvenir à un remplissage aussi rapide
que possible en vue de produire de l'énergie dans les meilleurs délais et ceci, pour autant que
les ouvrages et les équipements le permettent. Cependant, le taux et la durée du remplissage
sont essentiellement conditionnés par deux facteurs, à savoir les apports hydriques et la courbe
d'emmagasinement du réservoir. Puisque les apports hydriques sont de nature aléatoire de par
leur quantité et leur répartition dans le temps, ils sont étudiés selon une approche probabiliste.
Il est également possible d'ajouter une contrainte sur la vitesse de montée, en rapport avec les
contraintes environnementales ainsi que le comportement des berges et des ouvrages en rem-
blai.

6.6.2 Durée de remplissage


Le modèle REMPLIR peut être utilisé dans les cas simples. Ce programme prévoit la durée de
remplissage selon diverses probabilités ainsi qu'une courbe de montée du plan d'eau pendant
le remplissage selon des probabilités de 5, 50 et 95 %. La création d'un réservoir doit être pla-
nifiée de manière à tenir compte du risque et du coût associés à chaque paire du-
rée-probabilité. On doit faire un suivi au plan environnemental avant et pendant le remplissage.

Réservoirs page 6.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La plupart du temps, une précision acceptable est obtenue en ne considérant que les éléments
suivants :

• courbe d'emmagasinement ;

• niveau initial ;

• niveau final ;

• débits mensuels (ou hebdomadaires).

Toutefois, si l'augmentation de superficie du réservoir créé est importante par rapport à la su-
perficie du bassin versant qui l'alimente, il est nécessaire de tenir compte des éléments sup-
plémentaires suivants :

• courbe de superficie ;

• évaporation moyenne de chaque période ;

• précipitation totale de chaque période.

Le modèle REMPLIR est utilisé quand un seul réservoir est simulé à la fois, c'est-à-dire où n'y a
pas d'optimisation de la gestion commune de plusieurs sites à faire et où il n'est pas nécessaire
d'évaluer la production énergétique pendant la période transitoire de mise en service de certai-
nes centrales correspondant au premier remplissage d'un ou plusieurs réservoirs. Dans les cas
plus complexes, le modèle GESTREMP peut servir à cette évaluation en tenant compte des
besoins de production durant le remplissage ; en plus des intrants mentionnés ci-dessus pour
REMPLIR, ce modèle doit représenter les caractéristiques des centrales à l'étude.

6.6.3 Taux de remplissage


Le remplissage d'un réservoir doit se faire à un taux qui ne met pas en danger la stabilité des
ouvrages de retenue ni celle des talus situés en périphérie du plan d'eau. Le début du remplis-
sage peut se faire à un taux accéléré, tant que le niveau de l'eau n'atteint que le pied du talus
des ouvrages ou des berges du réservoir. L'influence réelle du taux de remplissage sur chaque
ouvrage de retenue important et sur les talus les plus abrupts situés sur .le pourtour du réservoir
doit être évaluée (un taux limite de remplissage de 0,6 m/jour, soit le taux de remplissage des
réservoirs Manie 3 et aux Outardes 2 en phase finale, est suggéré).
En phase finale, le taux de remplissage des grands réservoirs est relativement lent, moins de
0,15 m/jour ; celui du réservoir d'une centrale au fil de l'eau, qui peut être aussi rapide que
2 m/jour, peut être généralement contrôlé par l'ouverture des vannes de l'évacuateur dont le
seuil est surbaissé.
Si cela présente un avantage économique, il est possible d'envisager le remplissage du réser-
voir en même temps que la construction des ouvrages de retenue, à condition d'assurer une
revanche suffisante en tout temps contre la crue millennale d'une part et de prévenir les débor-
dements dus à la crue décamillennale d'autre part. Le taux de remplissage doit être suivi au
plan environnemental avant et pendant le remplissage.

page 6.4 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

6.7 Stabilité et étanchéîté


Les zones de talus potentiellement instables situées sur le pourtour du réservoir à l'étude sont
déterminées dès l'étude de faisabilité. L'influence de l'érosion du pied des talus est présumée à
cette étape ; elle est vérifiée au moyen de sondages et de relevés à exécuter par la suite, dans
le cadre des activités d'ingénierie. Une attention particulière doit être portée aux talus abrupts
avoisinant les principales structures. Au Québec, les talus argileux en équilibre précaire peu-
vent être le siège de glissements simples dont certains, affectent le sommet de ces talus et
peuvent causer des mouvements de grande ampleur communément appelés coulées. De tels
mouvements peuvent gêner l'exploitation d'une centrale, générer des vagues qui pourraient
déborder de la crête des ouvrages et avoir un impact sur la qualité de l'eau.
Les traits qui caractérisent les zones sujettes aux glissements de terrain incluent entre autres :

• les masses de terre dont le pied est érodé par des ruisseaux ou par le réservoir ;

• les pentes raides comportant de grandes masses de sol et roc dans un état lâche ;

• les fissures de tension au sommet des terrasses ou une démarcation abrupte des escar-
pements ;

• des surfaces bombées constituées de masses de glissement se trouvant en bas des escar-
pements ;

• une topographie inhabituelle, telles que des dépressions en forme de cuillère dans le ter-
rain ;

• les zones d'infiltration ;

• les dépressions linéaires ou allongées ;

• les canaux de drainage rapprochés ;

• l'accumulation de débris dans les vallées ou les canaux de drainage ;

• une coloration pâle sur les photographies aériennes aux endroits où la végétation et le drai-
nage ne sont pas rétablis ;

• les zones présentant une coloration variant de pâle à foncé sur les photographies aérien-
nes, les tons foncés indiquant une humidité élevée ;

• les changements dans la végétation indiquant des variations de l'humidité ;

• les arbres inclinés et les routes, les murs ou les clôtures déplacés à cause du fluage.

Réservoirs page 6.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le repérage des zones potentiellement instables doit englober le pourtour du réservoir et les
vallées tributaires. Des glissements peuvent être déclenchés par plusieurs facteurs tels131 :

• les séismes ;

• une nappe phréatique élevée à cause de précipitations ou de la fonte de la neige ;

• la vidange rapide du réservoir ;

• des niveaux exceptionnellement élevés du réservoir ;

• l'érosion du pied des talus.

Les terrains situés en bordure du réservoir à l'étude doivent être examinés afin d'y détecter les
zones perméables où pourraient s'échapper les eaux du plan d'eau. La condition la plus critique
est celle d'une terrasse constituée de matériaux granulaires dont la cote de terrain est près de
celle du réservoir. Durant une étude de faisabilité, il ne faut pas présumer du degré de perméa-
bilité de ces terrasses, ni de la résistance à l'érosion interne des matériaux qui la composent.
Les passages potentiellement perméables détectés en bordure du réservoir doivent donc être
sondés afin d'y apporter les correctifs requis si la situation est précaire.

6.8 Vidange
Le rabattement rapide d'un réservoir qui s'appuie sur un talus de sol naturel ou de remblai a
pour effet de laisser une nappe d'eau élevée dans le massif de terre sous le talus. Plus le sol
est imperméable, plus l'abaissement de cette nappe est long ; celle-ci devient alors un élément
de déséquilibre dont il faut tenir compte dans l'évaluation de la stabilité des talus naturels situés
en bordure du réservoir à l'étude et des talus amont des ouvrages de retenue en remblai pré-
vus.
Un taux de vidange de l'ordre de 0,15 m/jour est tolérable pour la plupart des ouvrages de rete-
nue. Un taux plus rapide demande la réévaluation de la stabilité du talus amont de ces ouvra-
ges. Quant aux talus naturels potentiellement instables, l'influence d'une vidange rapide doit
être évaluée cas par cas ; pour ce faire, le niveau de la nappe phréatique et l'évolution des
pressions interstitielles dans le sol aux endroits jugés critiques sont suivis à l'aide de piézomè-
tres installés à différents niveaux sous la pente de talus. Normalement, une évaluation environ-
nementale est réalisée avant la vidange d'un réservoir.
Les talus de berge constitués de sol granulaire ou même de sol morainique (till) sont en géné-
ral sensibles à un rabattement soudain d'un réservoir. Il en va de même pour les talus argileux
du fait que la baisse de niveau élimine la pression de stabilisation exercée par l'eau sur les ver-
sants des talus. Selon les observations faites jusqu'à maintenant, un important rabattement est
requis pour provoquer un glissement dans un talus d'argile en équilibre précaire (de 5 à 10 m).

131
Les glissements de terrain majeurs sont souvent le résultat de la combinaison de ces facteurs.

page 6.6 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

6.9 Rupture de barrage


Les phénomènes de formation et de propagation de l'onde de submersion qui résulterait de la
rupture d'un barrage dépendent principalement du mode de rupture du barrage, de la diffé-
rence entre les niveaux de l'eau en amont et en aval de l'ouvrage, du volume d'eau dans le ré-
servoir ainsi que de la géométrie et de la rugosité de la vallée en aval.
Au cours d'une étude préliminaire, un avis technique sur la problématique associée à la rupture
d'un barrage peut être parfois utile. Les analyses de comportement de l'onde sont toutefois
réalisées dans le cadre d'une étude de faisabilité afin d'établir un programme de protection de
la population vivant en aval du réservoir et d'évaluer les risques associés aux installations
riveraines et aux autres éléments d'intérêt du milieu.
Ces analyses sont généralement effectuées au moyen d'un modèle unidimensionnel ou bidi-
mensionnel ; un modèle physique est parfois requis pour les topographies complexes (sur un
court tronçon de la vallée). La zone couverte par le modèle doit inclure le réservoir, le barrage
ainsi que la vallée en aval du barrage jusqu'à l'endroit où une condition limite peut être impo-
sée. Les débordements dans les vallées secondaires doivent aussi être considérés. Les résul-
tats obtenus permettent de déterminer les paramètres suivants :

• Phydrogramme du débit à la brèche ;

• la durée de la vidange du réservoir en amont ;

• le temps d'arrivée du front d'onde en tout point de la vallée ;

• le niveau maximal de l'eau et son temps d'obtention le long de la vallée.

Ces paramètres sont utilisés pour tracer des cartes d'inondation de la vallée à l'échelle de
1 : 50 000 ou à une échelle plus grande si possible.
Les données de base requises pour analyser l'onde de submersion sont les suivantes :

• les données topographiques et bathymétriques représentatives ;

• la courbe d'emmagasinement ou les sections transversales de la partie amont du réservoir ;

• les caractéristiques d'exploitation de l'aménagement ;

• le niveau de l'eau dans la vallée et les débits de crue.

Les coefficients de rugosité peuvent être estimés à partir de photos aériennes ou terrestres ; la
forme et les dimensions de la brèche sont déterminées à partir des caractéristiques des ouvra-
ges de retenue, de leurs fondations ainsi que de la topographie et de la nature des appuis du
barrage.

Réservoirs page 6.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les calculs effectués s'appuient sur les hypothèses suivantes :

• la géométrie de la vallée est invariable, c'est-à-dire sans érosion ni dépôt durant


l'événement et libre de glace et de débris ;

• les conditions normales d'exploitation s'appliquent en temps sec, avec le niveau maximal
d'exploitation du réservoir (au débit module) et avec les ouvrages d'évacuation fermés ;

• les ponts traversant les cours d'eau ne résistent pas à l'onde de rupture ;

• le temps requis pour que la rupture du barrage soit complète dépend du type de l'ouvrage ;
Dans le cas d'un barrage en béton, une nappe d'eau peut soit déferler librement sur sa
crête, soit entraîner sa rupture lorsque la hauteur de la nappe dépasse la crête de l'ouvrage
de 1,5 m. La brèche est de forme rectangulaire et elle est considérée comme étant com-
plète après un intervalle de temps de 0,2 h. La largeur d'une brèche dans un barrage-poids
est généralement de 3 à 4 fois la hauteur de l'ouvrage ; elle peut atteindre la moitié de la
longueur d'un barrage-poids et jusqu'à 80 % de la longueur d'un barrage-voûte ou à
contreforts. La hauteur de la brèche est limitée par la fondation du barrage qui est norma-
lement en roc.
Dans le cas d'un barrage en remblai, il y a rupture progressive par érosion dès que le ni-
veau du réservoir atteint la crête de l'ouvrage. La brèche est de forme trapézoïdale et elle
est considérée comme complète après un intervalle de temps variant entre 0,2 et 5 h. La
pente des côtés de la brèche peut varier entre 1V : 1H et 5V : 1H ; elle est généralement de
2V : 1H pour un barrage en enrochement. La largeur moyenne de la brèche peut atteindre
de 0,5 à 4 fois la hauteur maximale de l'ouvrage. Sa hauteur n'est pas limitée à la hauteur
du barrage si celui-ci n'est pas érigé sur le roc. La profondeur de la brèche peut alors être
estimée à partir du profil du lit de la rivière en amont et en aval de l'ouvrage.

• sauf pour les barrages-voûte, la rupture est généralement partielle et n'entraîne pas la perte
de tout l'ouvrage.

D'autres conditions hydrauliques peuvent être considérées en temps mouillé, notamment les
suivantes :

• le niveau maximal d'exploitation du réservoir atteint lors de la crue de conception et les ou-
vrages d'évacuation ouverts à 50 et à 100 % ;

• le niveau maximal critique, où la crue maximale probable (CMP) est retenue, et les ouvra-
ges d'évacuation ouverts à 50 et à 100 %.

Si l'ouvrage n'est pas conçu pour retenir la CMP comme crue de sécurité, il y a lieu d'étudier le
cas avec le niveau du réservoir et le type de crue qui provoqueraient la rupture avec les ouvra-
ges d'évacuation ouverts à 50 et à 100 %.
Les études de rupture répondent à des demandes de la protection civile dans une perspective
de sécurité globale à long terme, ce type d'étude est réactivé très souvent suite à une catastro-
phe où devis ponctuel, en général ce sont des événements à faible probabilité d'occurrence.

page 6.8 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

6.10 Foresterie

6.10.1 Législation
Les objectifs de la Loi sur les forêts (L.R.Q., chap. F-4.1) adoptée en 1986 sont d'assurer la pé-
rennité des ressources et le respect de la polyvalence du milieu forestier du domaine public lors
d'un aménagement forestier. Au sens de cette loi, le mot « aménagement » comprend
« l'abattage et la récolte de bois, l'implantation et l'entretien d'infrastructures, l'exécution de
traitements sylvicoles, y compris le reboisement et l'usage du feu, la répression des épidémies
d'insectes, des maladies des arbres et de la végétation concurrente de même que toute autre
activité ayant un effet sur la productivité d'une aire forestière ».
Les Normes d'intervention dans les forêts du domaine public (décret 1627-88) précisent les
pratiques sylvicoles autorisées dans chaque unité territoriale ainsi que les règles à suivre dans
le cadre des activités d'aménagement forestier. Ces normes visent à maintenir ou à reconsti-
tuer le couvert forestier, à protéger l'ensemble des ressources du milieu forestier et à assurer
que les travaux d'aménagement forestier réalisés dans une aire donnée sont compatibles avec
l'affectation de cette aire.

La loi définit le mode de gestion et d'attribution des bois : le contrat d'approvisionnement et


d'aménagement forestier (CAAF). Ce contrat lie un industriel exploitant une usine de transfor-
mation du bois et le ministère responsable de la gestion des forêts. Il comporte à la fois des
droits et des obligations. Le détenteur d'un CAAF acquiert notamment le droit de récolter an-
nuellement un volume de bois donné sur un territoire forestier déterminé ; en retour, il s'engage
à réaliser, à ses frais, les travaux sylvicoles requis pour assurer le rendement soutenu du terri-
toire forestier où il approvisionne son usine. Le volume attribué ne peut en aucun cas dépasser
la possibilité annuelle de coupe à rendement soutenu de l'aire visée, c'est-à-dire le volume
maximal de bois qu'on peut y prélever à perpétuité sans en diminuer la capacité de production.
Le CAAF est un contrat de 25 ans, prolongé tous les cinq ans si le bénéficiaire respecte ses
obligations.
Les aires forestières sur lesquelles ne s'exerce aucun contrat d'approvisionnement et d'aména-
gement forestier sont constituées en réserves forestières. Dans ces réserves, le ministre peut
réaliser des activités d'aménagement forestier en respectant la possibilité annuelle de coupe à
rendement soutenu.

6.10.2 Impact et autorisations


Les activités de projet finissent par avoir pour effet la création de réservoirs, ce qui entraîne
une réduction de la productivité de cette aire forestière. Ces activités sur le terrain sont donc
assujetties à la Loi sur les forêts et aux normes d'intervention en milieu forestier. Pour les ter-
rains privés, les activités sont soumises au Code civil.

Réservoirs page 6.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les effets des activités de projet sur la ressource forestière, sur les activités des bénéficiaires
de CAAF et sur les autres ressources et utilisateurs du territoire doivent être évalués à chaque
étape des études. Des mesures d'atténuation doivent aussi être élaborées pour minimiser les
effets de ses interventions sur la ressource forestière.
Des autorisations et des permis sont requis à toutes les étapes d'un projet pour respecter la Loi
sur les forêts, la Loi sur les terres du domaine public et le Code civil. Plusieurs de ces autorisa-
tions et permis, n'ayant qu'une durée de douze mois, doivent être renouvelés annuellement.

6.10.3 Nature des études


Les études forestières doivent être incluses à chacune des étapes d'étude d'un projet pour ré-
pondre aux attentes du public et du gouvernement. Les objectifs, le contenu et les critères
d'exécution de ces études forestières doivent être adaptés à chaque étape d'étude d'un projet.

6.10.3.1 Etude sommaire


Une revue des études forestières existantes est requise dans certains cas, particulièrement en
territoire déjà exploité commercialement, lorsque cet élément risque d'avoir un impact sur la
faisabilité du projet.
L'étude du milieu forestier à cette phase vise à préciser de façon succincte les contraintes de
réalisation ainsi que les incidences sur la forêt et sur ses utilisateurs. Les objectifs de l'étude
sont alors de fournir des informations générales sur le contexte forestier :

• vocations et utilisations ;

• définition écologique, composition botanique ;

• tenures ;

• superficies forestières affectées (par type de peuplement) ;

• volumes de bois affectés et récupérables ;

• obligations d1 Hydro-Québec envers la ressource forestière et les autres ressources ;

• estimation des échéanciers et des coûts reliés à la forêt, en fonction de trois scénarios :
• pas de récupération,
• récupération totale,
• récupération partielle ;

• objectifs et coûts des études ultérieures.

page 6.10 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les données de base sont obtenues des cartes forestières existantes, des images prises par
satellites ou par photo-mosaïques et des statistiques disponibles auprès du MFO.
Le rapport d'étude forestière comprend, en plus des mesures, des calculs et des conclusions
des analyses, une partie cartographique pour illustrer le territoire affecté sur les cartes appro-
priées.

6.10.3.2 Étude préliminaire


À cette étape, l'étude forestière permet d'analyser et de préciser les contraintes de réalisation
et la portée des incidences du projet dans le contexte économique régional et provincial.
Les objectifs de l'étude forestière sont donc :

• de dresser le portrait forestier de la région (tenures, activités, politiques de gestion, etc.) ;

• de préciser les volumes et les superficies des terrains forestiers affectés et d'en faire la re-
lation avec le contexte régional (perte de possibilité, perturbation du réseau routier forestier,
etc.);

• de recommander des mesures d'atténuation et de préciser les obligations d'Hydro-Québec


en la matière ;

• de définir les objectifs et les coûts des études ultérieures.

La collecte des données s'effectue sur une base régionale et locale. Elle a pour but d'obtenir
pour les terrains inondés et le territoire affecté, des inventaires physiques, administratifs (liste
des bénéficiaires de CAAF, réglementations) et techniques (cotes de retenue, marnages) ainsi
que des données forestières.
Le traitement des données permet d'obtenir des résultats tels :

• rétablissement des volumes récupérables de bois affecté ;

• rétablissement de la perte de possibilité annuelle de coupe à rendement soutenu.

L'analyse des résultats permet d'établir les effets et les conséquences du projet sur le milieu fo-
restier, de même que les contraintes de réalisation sur les éléments du milieu et sur le projet
lui-même, tels que :

• les bénéficiaires de CAAF affectés ;

• l'échéancier de réalisation du projet, compte tenu de la récupération des volumes de bois et


des attributions à chaque bénéficiaires de CAAF ;

• l'ampleur des travaux sylvicoles à réaliser pour compenser la perte de possibilité.

Réservoirs page 6.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le rapport de foresterie que l'on nomme « portrait forestier » doit aussi :

• proposer des mesures d'atténuation pour compenser la perte de possibilité forestière de la


région affectée par le projet ;

• présenter une carte synthèse illustrant la tenure, la subdivision administrative du MFO, les
aires communes, le réseau routier principal et les territoires ennoyés ;

• comprendre des cartes forestières à l'échelle de 1:20 000 illustrant en détail la tenure, tout
le réseau routier, les peuplements forestiers et la zone inondée.

De plus, un rapport sectoriel dresse une synthèse des résultats, analyse les incidences du
projet sur la forêt et détermine les obligations d'Hydro-Québec. Il contient en outre des analy-
ses économiques ainsi que des prévisions et des recommandations quant aux études de la
phase suivante, incluant les besoins financiers.

6.10.3.3 Étude de faisabilité


Les activités de l'étude de faisabilité comprennent les études servant à préciser les données
obtenues durant l'étude préliminaire ainsi que les démarches ayant pour but de préciser les
obligations d'Hydro-Québec et coûts en découlant.
Elles comprennent les éléments suivants :

• révision du « portrait forestier » ;

• inventaire d'intervention de chaque réservoir, en collaboration avec le MFO, pour préciser le


volume des bois marchands des terrains affectés à récupérer ;

• plan d'intervention de chaque réservoir en vue de déterminer, par bloc, le volume récupéra-
ble et le coût de récupération des bois marchands affectés
À cette fin, les critères d'identification des strates potentiellement récupérables sont les sui-
vantes :
• volume supérieur à 50 m3/ha ;
• pente inférieure à 40 %.

• incidence économique du projet sur l'activité forestière (récolte des bois, camionnage, flot-
tage, transformation, etc.) ;

• analyse des mesures visant à corriger ou atténuer les effets du projet sur la forêt ;

• négociation d'un protocole d'entente avec le MFO ;

• négociation d'ententes avec chaque bénéficiaire de CAAF pour la récupération des bois
marchands affectés ;

• évaluation des propriétés privées ;

page 6.12 Réservoirs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• évaluation du coût de déblaiement des terrains ennoyés ;

• participation aux études de la vice-présidence Environnement qui ont un contenu forestier.

Le rapport sectoriel fait une synthèse des données forestières, met en évidence les points sen-
sibles de la problématique et présente les échéanciers et les coûts forestiers du projet.

6.11 Références
Référence 6.1 Department of Energy, Fédéral Energy Regulatory Commission. 1991. En-
gineering Guidelines for thé Evaluation of Hydropower Projects. (FERC
0119-2).
Référence 6.2 Margolis, M.H. et Yung, K.Y.C. 1991. Dam Breach Inundation Studies on
B.C. Hydro Dams, International Conférence - Dam Break Flood Wave Si-
mulation.

Réservoirs page 6.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Ouvrages de retenue en béton

7.1 Généralités
L'objectif de la rubrique 7 est de présenter les critères pour la conception des barrages-poids
en béton pour les nouveaux aménagements hydroélectriques. Ceux-ci sont des structures
conçues de manière à ce que leur poids propre assure la stabilité sous l'effet des efforts impo-
sés. Par cette définition, on peut considérer, nonobstant certaines exigences spécifiques, les
prises d'eau avec ou sans centrale incorporée dans le corps de l'ouvrage, les évacuateurs de
crues, les ouvrages régulateurs, les barrages-poids évidés et les barrages à contreforts comme
faisant partie de la grande famille des barrages-poids. Des exemples de conception typique
sont illustrés aux figures 7A à 7.4. La figure 7.1 montre une vue en plan et les différentes cou-
pes des ouvrages pour l'aménagement La Gabelle construit en 1924. On peut voir à la
figure 7.2, des profils longitudinaux ainsi que différentes coupes de l'aménagement Manic-2
construit en 1965 et dont la particularité est la présence d'évidements vis-à-vis les joints trans-
versaux. À la figure 7.3 et à la figure 7.4, on peut voir des coupes de la nouvelle prise d'eau in-
tégrée à la centrale ainsi que du nouvel évacuateur de l'aménagement Grand-Mère dont la
construction est projetée pour l'an 2000.
Contrairement aux barrages-poids conventionnels qui n'utilisent que leur poids propre, les bar-
rages à contreforts utilisent le poids de l'eau au-dessus de la face amont pour assurer leur sta-
bilité. Ces barrages sont constitués généralement de dalles inclinées du côté amont s'appuyant
sur une série de contreforts du côté aval perpendiculaires à l'axe du barrage. Pour un barrage
de faible hauteur, les dalles peuvent parfois être conçues comme des éléments en béton armé.
Pour un barrage de hauteur plus importante, les dalles sont constituées par des voûtes en bé-
ton. C'est alors un barrage à voûtes multiples. Un barrage à contreforts ou à voûtes multiples
utilise moins de béton qu'un barrage-poids conventionnel. Cependant, les économies en béton
peuvent facilement être dépassées par le coût additionnel requis en main-d'œuvre et pour les
coffrages.
Actuellement au Québec, on peut affirmer que le rapport entre les coûts de la main d'œuvre et
les coûts des matériaux n'est pas favorable à la construction de barrages à contreforts.
D'ailleurs, selon Jansen (référence 7.92), cette solution ne serait viable que dans les pays où
les coûts de la main d'œuvre sont faibles. Pour cette raison, la présente rubrique ne traite pas
de la conception des barrages à contreforts ou à voûtes multiples et se limite à la conception
des barrages-poids. Généralement, ce type de barrage suit un alignement rectiligne en plan,
mais dans certains cas, l'alignement peut être curviligne ou avec des angles de façon à optimi-
ser l'utilisation du profil topographique du site. La conception d'un aménagement hydroélectri-
que inclut non seulement la détermination des proportions les plus efficaces et économiques
des structures de retenue, mais également la détermination de l'ouvrage de contrôle et
d'évacuation des eaux la plus appropriée pour la fonction de l'aménagement.
Dans cette rubrique, on retrouve la définition des critères de conception qui sont communs à
ces ouvrages. D'autres précisions ou spécificités se retrouvent dans les rubriques respectives
qui leur sont consacrées.

Ouvrages de retenue en béton page 7.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.1.1 Origine des barrages-poids en béton


À travers les époques, le recours aux barrages-poids en béton s'est répandu en raison de la
stabilité inhérente à ce type d'ouvrage et de son étanchéité améliorée par rapport aux anciens
barrages en terre et en maçonnerie non liée, permettant ainsi de réduire considérablement le
volume des ouvrages. Cette pratique a entraîné, à son tour, de nombreux progrès dans la
technologie du béton, tant sur la composition, la fabrication, la mise en œuvre que sur les trai-
tements pour la conservation, d'où une utilisation toujours plus efficiente de ce matériau, met-
tant à profit ses propriétés particulières.
Ainsi, d'une part, on évite de solliciter le béton en cisaillement ou en traction, qui sont des do-
maines de faiblesse pour ce matériau, ou alors on y pallie par des armatures d'acier. Certes,
depuis la fin du siècle dernier, les barrages-poids en béton massif conventionnel ont connu une
grande vogue et un grand développement. Pour diverses raisons, ils ont peu à peu cédé la
place aux autres types de barrage. Mais aujourd'hui, la technique du béton compacté au rou-
leau (BCR) se développe rapidement et ses avantages, entre autres la rapidité de réalisation,
tendront à maintenir les barrages-poids en béton comme alternative pour les futurs projets
d'ouvrage de retenue.

7.1.2 Contexte de construction des ouvrages en béton


II est important de prendre en considération l'évolution du contexte de construction des ouvra-
ges en béton à Hydro-Québec. Depuis la fin des travaux de la baie James, on peut dire que
l'ère des grands travaux reliés à la construction de grands barrages est révolue. La réalité ac-
tuelle fait en sorte que la majorité des prochains ouvrages de retenue seront des ouvrages de
faible et de moyenne hauteur. De plus, le coût des barrages en béton conventionnels est géné-
ralement plus élevé que les barrages en enrochement. Par conséquent, il est impératif
d'adapter notre façon de concevoir les prochains ouvrages à ce nouveau contexte. Bien que les
mêmes critères de conception puissent être utilisés, il est indéniable que la méthodologie de
gestion pour la construction de petits barrages doit être revue et allégée. Le processus
d'optimisation des nouveaux projets devrait permettre d'envisager des conceptions d'ouvrages
innovateurs ou non conventionnels qui pourraient permettre des économies substantielles par
rapport à des ouvrages traditionnels. Quelques exemples de ces ouvrages, tirés du bulletin 83
de la Commission Internationale des Grands Barrages (référence 7.45), sont donnés à la
figure 7.5.

page 7.2 6 : Ouvrages en béton


NOTE: On doit ajouter 0,8 pied a toutes les cotes
•5ûT~ce plan pour obtenir la cote géodéaique
réelle.
Ex.: cote 115' = cote 115,8' ou 35,30 m
(cote géodésique réelle)

COUPE A-A (CLOISON)


COUPE D-D (DÉVERSOIR) tCH.: l'-2e'-0'
tCH. •.!'• ZO'-O"

PLAN!
fr I-MM'.Q-

COUPE C-C.(EVACUATEUR) COUPE B-Q (CENTRALE)


CCH :l'-;o'-0' ECU.: I" • 20'- 0"

Figure 7.1
COUPE E-E
teu.: i' » ao'-e'

0039
1
eu OR.G£N.PROOUCTtON ET TRANSPORT
OlRICTIONAPmRtlllAU [TINTRCTICN
ouvKMn K a Hydro - Québec
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AMENAGEMENT LA GABELLE
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« (Mf(t«»MM«U«4 HIKfWmM

-•~ PT-5-484. .,
17 — SPIU.WAT-BLOCUS O-tt PKST O'EAU
CENTRE BUUOCAO - BLOCKS I1-2E
M-X-9-D-892, «7 B 038
SALLE_ DES HUILER ET
181-9-0-
M89-M»)
IRE Pg L* ÉQlgP ft* RI I r*

ÎLERÏ'SuSÉBEURE- Viïlfi..:i.--V.:SîvK

COUPE A' TRAVERS LES GALERIES


SECTION THROUGH GALLERIES

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HUXE - BLOCUS 27-34

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COUPE A1 TRAVERS LES GALERIES


SECTION THROUGH GALLERIES

SECTION SECTION SECTION

^ RÉFÉRENCE
HVDRO-QUÉBEC
SECTIONS -POOS. DEVERSOO» ET CRISE D'EAU
ACDtCEKEMT CEMEBAL - 6ALERIES
BULKHEADS. SPIU.WAY AND «TAXE
28-1-9-0-IMJ MANICOUAGAN
GENERAL ARRANGEMENT - 6AU.CRIB
SECTIONS-POIDS,DÉVERSOIR a PRISE D'EAU
AGENCEMENT GÉNÉRAL- GALERIES
BULKHEADS-SPILLWAY AND INTAKE
GENERAL ARRANGEMENT - GALLERIES
H. o. «CRES a coumuiT UMTEO I
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.5 : Solutions inhabituelles pour l'étude de futurs projets


MIERIAU ETANCHE-

(a) (b) (c)

- REMBLAI DUR
MASQUE EN ACIER

(d) (e) (f)

ENROCHEMENT
ETANCHEITE AMONT

(9) (h)

7.1.3 Cadre réglementaire


La conception des nouveaux ouvrages doit respecter la réglementation en vigueur et doit pren-
dre en considération les modifications aux règlements à venir. Ceci est particulièrement impor-
tant maintenant puisqu'à la suite des événements reliés aux inondations dans la région du Sa-
guenay en 1996, le gouvernement du Québec décidait de légiférer pour assurer la sécurité des
barrages au Québec.
Bien qu'à l'heure actuelle, la loi n'ait pas encore été adoptée, les indications contenues dans
l'avant-projet de loi de 1998 sont assez claires sur l'orientation et le contenu de celle-ci. De
plus, il y a de fortes chances que certains critères contenus dans le guide de vérification de la
sécurité des barrages émis par l'Association Canadienne des Barrages (ACB/CDA) en jan-
vier 1999 soient adoptés comme tel ou en partie dans le cadre législatif établi. C'est d'ailleurs
une des raisons pour lesquelles certains des critères de CDA (référence 7.16) ont été intégrés
à l'intérieur de nos critères de manière à assurer la sécurité et la pérennité des nouveaux bar-
rages-poids en béton ainsi que leur conformité aux lois et règlements gouvernementaux aux-
quels ils sont ou seront assujettis.

Ouvrages de retenue en béton page 7.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.1.4 Gestion du risque


Lors de la conception des nouveaux ouvrages en béton, il est essentiel que l'optimisation des
coûts de construction soit réalisée à l'intérieur d'un cadre permettant d'assurer un niveau de
sécurité acceptable. Pour ce faire, il est nécessaire que les concepteurs aient une connais-
sance approfondie des mécanismes de défaillance pouvant amener une rupture de l'ouvrage
ou une perte de fonctionnalité ainsi que la capacité de définir et de quantifier les différents ris-
ques propres aux aménagements hydroélectriques. Ici, on doit considérer la définition de rup-
ture comme étant celle utilisée en analyse de risques, c'est-à-dire l'incapacité d'une compo-
sante à remplir la fonction pour laquelle elle a été conçue. Par conséquent, selon cette défini-
tion du terme, on peut considérer, par exemple, que la défaillance d'un moteur actionnant le
système de levage des vannes d'un évacuateur amène la rupture fonctionnelle de l'évacuateur.
Les conséquences de cette rupture pouvant être peu importante ou déterminante quant au
maintient de la production et de l'intégrité structurale assurant la retenue du réservoir.
D'autre part, il est important de reconnaître que la sécurité absolue d'un ouvrage ne peut être
garantie même si l'objectif de réduire les risques à zéro est visé. Par conséquent, le rôle du
propriétaire doit être tel que les risques doivent être analysés d'une façon intelligente et ration-
nelle de manière à allouer les ressources nécessaires, mais non illimitées, permettant de ré-
duire ces risques au niveau le plus faible possible.
Pour ce faire, il est nécessaire de définir une nouvelle approche de conception basée sur la
gestion du risque. Bien qu'il soit reconnu que l'application des concepts d'analyse de risques à
la sécurité des barrages pose certaines difficultés (référence 7.69), il est essentiel d'introduire
graduellement ces concepts dans les critères de conception d'une manière efficace et écono-
mique.
C'est donc notre objectif de réviser dans les prochaines années les critères de conception de
manière à intégrer la gestion du risque faisant appel à l'étude systématique de scénarios
d'événements pouvant entraîner des dommages économiques et mettre en danger des per-
sonnes. Ces scénarios de défaillance font appel à des notions probabilistes et semi-
probabilistes afin de quantifier les risques encourus. Entre-temps, pour familiariser le concep-
teur à cette nouvelle approche, nous avons introduit la rubrique 7.7 portant sur certaines no-
tions sommaires de l'analyse de risques.

7.1.5 Contenu et organisation des rubriques


Outre les généralités contenues dans la rubrique 7.1 incluant des indications sur le contexte de
construction, les nouvelles orientations et le cadre réglementaire dans lequel Hydro-Québec
doit concevoir ses ouvrages, la rubrique 7 contient les sections utiles au concepteur pour la
conception des ouvrages de retenue en béton. Ceci est une modification importante par rapport
à l'ancien document de la DAC (référence 7.82) où les critères structuraux étaient répartis dans
plusieurs chapitres. Nous croyons que la façon de faire actuelle, en regroupant les charges et
combinaisons de charges ainsi que les critères de vérification dans le même chapitre, facilitera
le travail du concepteur.

page 7.12 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les rubriques 7.2 à 7.7 fournissent des renseignements généraux utiles aux concepteurs. La
rubrique 7.2 définit le type de structure pour lequel les critères établis sont applicables. Ces
structures incluent les barrages-poids en BCR ainsi que certains types de barrage mixte. La ru-
brique 7.3 présente le cycle de vie, la durabilite et l'usage fonctionnel attendus des ouvrages de
retenue en béton. La rubrique 7.4 donne l'objectif de conception et d'optimisation des nouveaux
ouvrages. Celui-ci doit viser à réduire le coût global de l'aménagement pour un niveau de sécu-
rité acceptable. Des recommandations sont fournies à la rubrique 7.5 pour les dessins, les épu-
res de stabilité et l'archivage des documents. La rubrique 7.6 présente brièvement les deux
méthodes d'analyse les plus couramment utilisées, soit la méthode de gravité et la méthode
des éléments finis. L'analyse de risques est sommairement abordée à la rubrique 7.7.
La rubrique 7.8 donne des indications sur les propriétés des matériaux, principalement pour le
béton de masse et les joints de reprise de bétonnage niais également pour le roc de fondation
et l'acier.
Les rubriques 7.9 à 7.23 présentent les différentes charges qui doivent être considérées pour
l'analyse des ouvrages de retenue en béton. La rubrique 7.9 définit sommairement ces diffé-
rentes charges. Les rubriques 7.10 à 7.23 présentent en détails d'autres types de charges.
Les rubriques 7.24 et 7.25 représentent le cœur de la rubrique 7 où se retrouve la définition des
combinaisons de charges et des critères de vérification de la stabilité des ouvrages.
Les rubriques 7.26 à 7.32 fournissent des informations complémentaires. Compte tenu de la
particularité des évacuateurs de crues, la rubrique 7.26 présente certaines notions utiles pour
les concepteurs. La rubrique 7.27 présente les principes et la méthodologie préconisée pour la
conception parasismique des ouvrages en béton. La rubrique 7.28 rappelle au concepteur
l'importance de vérifier la stabilité de la fondation. Plusieurs informations sont fournies à la ru-
brique 7.29 pour aider le concepteur à optimiser les sections des ouvrages. Compte tenu de
ses particularités, la rubrique 7.30 présente plusieurs informations utiles sur l'utilisation du BCR
pour les ouvrages de retenue. La rubrique 7.31 présente certains concepts de barrage mixte
qui pourraient permettre des économies par rapport à des solutions traditionnelles.
L'auscultation des barrages en béton est traitée à la rubrique 7.32. Finalement, la rubrique 7.33
fournit une liste exhaustive des références mentionnées et utilisées dans la préparation des ru-
briques.

7.2 Structures en béton

7.2.1 Types de barrages en béton


On distingue trois catégories principales de barrages en béton : les barrages-poids (PG), les
barrages-voûte (VA) et les barrages à contreforts (CB). En raison du faible nombre de barra-
ges-voûte et de barrages à contreforts existants ou prévus dans les aménagements futurs, et
comme mentionné précédemment, la rubrique 7 ne porte que sur les barrages-poids et aucun
critère n'y est présenté pour les autres catégories de barrages.

Ouvrages de retenue en béton page 7.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les principaux avantages du béton pour la construction de barrages sont les suivants :

• rigidité et stabilité globale de l'ouvrage lui conférant la capacité de subir sans dommage dés
débordements importants en cas de crues exceptionnelles et de résister à la submersion
durant la construction ;

• volume réduit, permettant des économies substantielles en territoire développé et aux sites
où les matériaux de construction ne sont pas disponibles ;

• facilité d'intégration des ouvrages hydrauliques tels que prise d'eau, conduites, évacuateur,
ouvrage régulateur, pertuis de fond, passes à poisson, écluse, etc., d'où économies possi-
bles résultant d'une dispersion moins grande des chantiers ;

• exigences relativement faibles et bien connues quant aux caractéristiques des granulats re-
quis et possibilité de recourir aux bancs d'emprunt et carrières proches du chantier ;

• adaptabilité du béton aux exigences spécifiques, par le choix du type de ciment et par son
dosage ;

• construction facilitée par la maniabilité du matériau lors de la mise en place, la disponibilité


d'équipements de bétonnage de haut rendement et la possibilité de réaliser avec précision
des formes géométriques complexes ;

• durée de vie relativement longue, généralement supérieure à 50 ans ;

• possibilité de mise en eau avant la fin de la construction.

À noter que les deux premiers avantages mentionnés ci-dessus permettent de réduire l'enver-
gure des ouvrages de dérivation.
Les barrages en béton requièrent certaines conditions de site et présentent aussi certains in-
convénients spécifiques qui pourront être réduits appréciablement par le soin apporté à leur
conception, mais qui obligent à des précautions dont certaines sont coûteuses :

• la fondation de l'ouvrage en béton doit avoir une bonne capacité portante, à défaut de quoi
les excavations exigées pour atteindre le roc sain peuvent devenir prohibitives ;

• les granulats utilisés pour la fabrication du béton ne doivent pas être réactifs ;

• la nécessité de contrôler le retrait thermique du béton par l'ajout de joints de retrait (d'autres
mesures spéciales peuvent être requises, telles que le réchauffement ou le calorifugeage
des surfaces exposées en saison froide, l'incorporation de glace dans le béton en saison
chaude ou l'utilisation de produits pouzzolaniques) ;

• le retrait hygrométrique résultant d'un béton surgâché pour faciliter la mise en place doit
être limité (par contre, l'utilisation d'un béton plastique peu gâché exige plus de travail de
vibration) ;

• la drainage des eaux d'infiltration rend nécessaire la construction de galeries de drainage


dans les grands ouvrages.

page 7.14 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.2.1.1 Profil

La face amont des barrages-poids est généralement verticale ou légèrement inclinée. La crête,
qui sert généralement de voie de service, a une largeur variant de 5 à 10 m.

7.2.1.2 Drains

La décision de drainer les fondations et le parement amont d'un ouvrage doit être prise après
l'étude, notamment, des points suivants :

• la hauteur de l'ouvrage ;

• les conditions géologiques ;

• la méthode de drainage de la galerie (par gravité, par pompage) ;

• les coûts d'éclairage et de ventilation de la galerie ;

• la construction d'accès et d'issues de secours ;

• l'efficacité prévue du drainage et les moyens alternatifs de drainer ;

• les économies résultant de la diminution du volume de béton.

7.2.1.3 Galeries

Les barrages-poids d'une certaine importance ont habituellement des galeries internes dont le
rôle est de permettre l'inspection du béton, l'entretien du réseau de drainage et l'installation
d'instruments d'auscultation si requis. Les dimensions typiques d'une galerie sont de 2 m de
largeur sur 3 m de hauteur. La figure 7.6 et la figure 7.7 illustrent la géométrie des galeries
dans le corps d'un barrage-poids typique.

Ouvrages de retenue en béton page 7.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.6 : Section typique d'un barrage-poids avec galeries

A. Joints de dilatation transversaux


B. Galeries longitudinales
C. Tunnels pour le drainage et l'injection
de la fondation
D. Joints de construction
E. Galeries transversales
F. Rideau d'injection
G. Drains de la fondation
H. Drains dans la structure

Adaptation de EPRI (1986)

Figure 7.7 : Détail d'une galerie de drainage

A. Galerie longitudinale E. Drain de la fondation


B. Fondation F. Drain dans le barrage
C. Caniveau G. Amont
D. Rideau d'injection H. Aqulsition des données
d'instrumentation

Adaptation de EPRI (1986)

7.2.1.4 Dimensions des blocs et joints de construction

Un barrage-poids est constitué de blocs de béton superposés que l'on vient par la suite injecter
au besoin pour assurer le monolithisme. La dimension des blocs est déterminée par la réaction
thermique du béton.

page 7.16 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'expérience et les calculs ont démontré que, sans refroidissement, les dimensions des blocs
ne doivent pas dépasser 15m de largeur sur 2m d'épaisseur. Il est également nécessaire
d'introduire des joints de contraction ou de dilatation dans les barrages-poids. La figure 7.8 il-
lustre un détail d'un joint de dilatation. À noter que la pratique d'Hydro-Québec est d'omettre le
drain du joint (c) au profit des drains de parement (e).

Figure 7.8 : Détail d'un joint de dilatation

a - Joint de dilatation transversal


b - Cfés
c - Drain du joint
d - Lame d'étanchéité
e - Drain dans le corps de l'ouvrage
Adaptation de EPRI (1986)

Pour bétonner des blocs plus gros, il faut refroidir le béton soit en ajoutant de la glace, sort en
contrôlant la température des matériaux par un autre moyen approprié141. Par exemple, on peut
utiliser des circuits de refroidissement, mais il s'agit d'un dispositif coûteux que l'on évite habi-
tuellement.

7.2.2 Barrage-poids en BCR


Tout comme le béton conventionnel, le BCR est un mélange de granulats inertes, de liants et
d'eau. Cependant, son faible dosage en eau et en liants rend possible sa mise en place à l'aide
de la machinerie utilisée habituellement pour les terrassements (camion à benne, bouteur et
rouleau compacteur) et permet l'installation rapide de grandes quantités de béton. Ceci en fait
un matériau destiné à constituer de gros massifs tels les barrages-poids. De plus, la possibilité
de mettre en place rapidement de grandes quantités de béton permet de réduire les coûts des
barrages. Tout comme les barrages en béton conventionnel, les barrages-poids en BCR tolè-
rent les débordements ce qui permet d'adopter une-revanche plus faible que pour les barrages
en enrochement et permettent l'intégration des ouvrages de contrôle au barrage même.

Ce sujet est traité à la rubrique 7.19.2.1.

Ouvrages de retenue en béton page 7.17


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.2.3 Barrage mixte


Les barrages mixtes sont des ouvrages utilisant deux matériaux très différents. Ces nouveaux
types de barrages constituent en fait des modifications apportées aux barrages-poids en BCR
et sont optimisés de manière à réduire les quantités de BCR, simplifier la réalisation de l'étan-
chéité (en éliminant le surdosage en amont ou le masque amont), supprimer certains coffrages
et améliorer la facilité d'accès à l'ouvrage en construction. Les économies proviennent de la ré-
duction des quantités et de l'utilisation d'un BCR peu dispendieux, ne comportant pas de spéci-
fication coûteuse liée à l'étanchéité : ceci est rendu possible grâce à une bonne étanchéité
amont.
Selon les études conceptuelles réalisées par la CIGB (référence 7.45), ces nouveaux types de
barrages permettraient de réaliser des économies de l'ordre de 20 % par rapport aux barrages
classiques. De plus, ils nécessitent des volumes réduits pour les emprunts et les carrières en
raison du volume réduit des barrages et permettent souvent le déversement sur le corps du
barrage. Quelques types sont présentés plus loin.

7.3 Objectifs de performance

7.3.1 Cycle de vie et durabilité


Les structures de béton doivent résister de manière sécuritaire aux charges qui les sollicitent
durant leur construction, leur première mise en eau et leur exploitation, sans exposer à un ris-
que inacceptable les personnes, les propriétés situées en aval et l'environnement. Leur
conception doit être optimisée de manière à garantir économiquement leur durabilité et leur pé-
rennité en tenant compte des réparations périodiques. La durée de vie économique des ouvra-
ges est de 50 ans. Cependant, l'expérience acquise avec les ouvrages existants permet d'envi-
sager une durée de vie de l'ordre de 100 ans. D'autre part, la qualité des matériaux utilisés pour
les surfaces exposées aux intempéries devrait permettre une durée de vie supérieure à 25 ans
pour ces surfaces. La conception doit en outre prévoir les moyens d'entretenir les ouvrages tout
en minimisant les inconvénients durant leur exploitation : cette exigence est de première im-
portance pour les ouvrages associés à la production d'énergie. Par exemple, la largeur de crête
des ouvrages doit être suffisante pour permettre l'accès de la machinerie nécessaire à l'entre-
tien ; les rainures pour l'installation de poutrelles doivent être ajoutées afin de pouvoir assécher
les parties d'ouvrage en vue de leur inspection, de leur entretien ou de leur réfection.

7.3.2 Usage fonctionnel


La conception des ouvrages doit définir les exigences nécessaires pour que ceux-ci remplis-
sent leurs fonctions pour le site considéré ; elle ne doit pas simplement réutiliser systémati-
quement les exigences les plus contraignantes utilisées pour la construction des ouvrages an-
térieurs.

page 7.18 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.4 Considérations économiques


La conception et l'optimisation de chaque ouvrage considéré individuellement doivent viser à
réduire le coût global de l'aménagement et non pas nécessairement le coût individuel de cha-
que composante.
La réduction des coûts de l'aménagement ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des
ouvrages. Elle doit plutôt englober la réduction des volumes de roc à excaver et de matériaux à
mettre en place, à réduire la teneur en ciment dans les ouvrages aux endroits non exposés aux
intempéries ou peu sollicités. Elle s'obtient également en choisissant des solutions qui permet-
tent de réduire les coûts de main d'œuvre et la durée de la construction ou en éliminant des
éléments non essentiels ou dispendieux. Par exemple, pour les petits ouvrages de moins de
30 m de hauteur, la conception pourrait considérer l'élimination du drainage des fondations
lorsque la qualité du rocher le permet.
L'optimisation des ouvrages doit vérifier la possibilité de permettre le déversement sur les bar-
rages-poids en béton dans les cas de la crue de vérification qui est habituellement la crue
maximale probable (CMP). L'optimisation des sections de barrages sur la base des cas de
chargements extrêmes (c'est-à-dire des déversements) conduit à l'utilisation de sections de
barrages non traditionnelles plus économiques tout en offrant une meilleure sécurité en cas de
déversement'51.

7.5 Spécifications techniques et préparation des plans


et devis
Les dessins de réalisation doivent indiquer les charges et les cas de chargement utilisés pour la
conception des ouvrages. Pour les ouvrages de retenue, des épures de stabilité précisant les
charges, les cas de chargement étudiés, les hypothèses de sous-pressions considérées, les
paramètres de résistance utilisés et les facteurs de sécurité obtenus doivent être préparées sur
desdessins.
Les dessins de structure d'acier doivent être complétés de manière à satisfaire aux exigences
de la norme CAN/CSA-S16.1 (chapitre 4).
Les clauses techniques doivent être adaptées aux travaux à réaliser de manière à éliminer les
clauses ne s'appliquant pas.

151
Ce sujet est traité à la rubrique 7.29.

Ouvrages de retenue en béton page 7.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.5.1 Archivage des documents


Les documents techniques (spécifications, calculs, rapports) doivent être conservés durant la
vie de l'aménagement. Les documents de nature administrative doivent être conservés durant
une période de 10 ans après la mise en service de l'aménagement. La conservation des des-
sins est assurée par l'unité Gestion des originaux qui conserve à vie les dessins de réalisation
et les dessins des fabricants.
La collecte des critères de conception et des caractéristiques des ouvrages existants repré-
sente un travail long et souvent difficile à compléter pour les vieux ouvrages. Afin de faciliter ce
travail, une fiche typique des caractéristiques d'un ouvrage est définie et remplie par le
concepteur à la fin de la période d'ingénierie détaillée.

7.5.2 Dessins « tel que construits »


Les dessins de béton doivent être mis à jour après la construction afin de montrer l'état réel des
ouvrages. Les dessins de mise en œuvre des autres matériaux, pour lesquels des dessins de
fabricants à jour ont été préparés (par exemple les dessins de structure d'acier), n'ont pas à
être mis à jour.
i

Les manuels d'exploitation et d'entretien doivent être préparés à partir d'une mise à jour des
documents d'énoncés d'envergure.

7.6 Méthodologie d'analyse et de conception structu-


rale
Les ouvrages en béton sont analysés généralement par l'une ou l'autre des méthodes suivan-
tes : la méthode de gravité, la méthode « Trial load twist » et la méthode par éléments finis
MEF. Le choix d'une méthode est fait selon la configuration de l'ouvrage, les conditions de
continuité entre les monolithes et le degré de raffinement désiré. La méthode de gravité est la
méthode la plus utilisée pour les barrages-poids, et ce, peu importe si les joints sont pourvus de
clés de cisaillement et injectés. Toutefois, dans ce dernier cas, il est recommandé de vérifier
l'ouvrage soit par la méthode « Trial load twist », soit par la méthode des éléments finis, de
manière à tenir compte de l'effet sur les déplacements et les contraintes occasionné par
l'interaction des monolithes.
Compte tenu de l'évolution importante du matériel informatique et des logiciels de calcul au
cours des deux dernières décennies, la MEF est de plus en plus utilisée au détriment des mé-
thodes manuelles ou semi-manuelles comme la méthode « Trial load twist ». C'est d'ailleurs
pourquoi cette dernière méthode n'est pas présentée ici. On réfère plutôt le lecteur aux réfé-
rences et en particulier au document publié par le United States Bureau of Réclamation
(référence 7.133). Finalement, il est bon de noter que la méthode par éléments finis est la mé-
thode à privilégier pour des analyses dynamiques avancées ou lorsqu'il est important de modé-
liser des géométries complexes ou des variations dans les propriétés mécaniques des maté-
riaux.

page 7.20 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.6.1 Analyse par la méthode de gravité


L'analyse de stabilité globale utilisant la méthode de gravité est généralement suffisante pour
les barrages-poids dont les monolithes sont indépendants. En général, l'analyse de stabilité est
effectuée pour une section unitaire d'un mètre de largeur selon les critères établis à la rubri-
que 7.25. Chacune des sections du barrage doit être stable par elle-même et à toute élévation.
La méthode de gravité est basée sur l'hypothèse que les contraintes verticales sur n'importe
quel plan horizontal varient uniformément selon une ligne droite, donnant ainsi une distribution
trapézoïdale des contraintes. La précision de cette méthode est moins grande près de la base
de l'ouvrage où des concentrations de contraintes se produisent aux pieds aval et amont. Pour
les grands barrages, ces concentrations de contraintes sont significatives mais sont souvent
réduites par un comportement non linéaire localisé. On considère toutefois que la méthode de
gravité est appropriée dans la plupart des cas pour la conception structurale finale.

7.6.2 Analyse par la méthode des éléments finis


Dans les situations où les barrages ne peuvent être assimilés à un état bidimensionnel, on doit
procéder à une analyse par éléments finis. Cette condition se produit, par exemple, lorsque le
barrage est courbé, lorsqu'il est soumis à une poussée latérale ou lorsque les joints sont injec-
tés, introduisant ainsi une interaction latérale.

Généralement, la vérification de l'ouvrage consiste à s'assurer du respect des contraintes ad-


missibles en compression, en traction et en cisaillement dans la structure ainsi que dans les
fondations.
La méthode des éléments finis considère un barrage comme un assemblage d'éléments dis-
tincts connectés à leurs extrémités (nœuds). Les déplacements de ces nœuds sont les para-
mètres inconnus de base du problème, et un ensemble de fonctions est choisi pour définir
d'une manière unique l'état de déplacement à l'intérieur de chaque élément en termes de ses
déplacements aux nœuds. Ceux-ci définissent l'état des déformations et indirectement l'état
des contraintes à l'intérieur de chaque élément. La solution des équations est obtenue d'une
manière pratique grâce à la puissance de calcul des ordinateurs modernes qui permettent
d'obtenir une approximation proche pour la géométrie du barrage et pour la variation dans les
propriétés des matériaux. La formulation et la théorie de la MEF sont données dans plusieurs
publications (référence 7.50 et référence 7.147).
Contrairement aux autres méthodes d'analyse, l'utilisation de la MEF facilite la considération de
charges complexes comme le chargement thermique, les sous-pressions internes ou le char-
gement séismique. Ainsi, il est possible en réalisant des analyses couplées thermique-
mécanique ou hydraulique-mécanique de prendre en compte d'une manière approximative
mais réaliste des phénomènes de chargement qui seraient difficiles à considérer par les appro-
ches traditionnelles. Toutefois, il est important de noter que la modélisation tant au niveau de la
géométrie et des propriétés mécaniques d'un ouvrage que des différents chargements néces-
site une compréhension approfondie des mécanismes structuraux impliqués. Par exemple, le
choix de la modélisation des sous-pressions doit tenir compte de l'objectif visé par les calculs
puisque celles-ci peuvent être introduites dans le modèle de plusieurs façon.

Ouvrages de retenue en béton page 7.21


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

On doit se rappeler que la méthode par éléments finis est une méthode approximative et que
les résultats dépendent du choix des éléments et du maillage. Une analyse en deux dimensions
est utilisée pour des conditions de contraintes planaires ou de déformations planaires dans le
cas général des problèmes associés à l'analyse des barrages-poids. Lorsque la structure ou le
chargement est tel que ces conditions ne puissent s'appliquer, une analyse en trois dimensions
peut être requise. Dans certains cas, des effets tridimensionnels peuvent faire l'objet d'une ap-
proximation en réalisant des analyses bidimensionnelles dans plusieurs plans.
Finalement, il est bon de mentionner que dans tous les cas d'utilisation de logiciel de calculs
par la méthode des éléments finis, il est nécessaire de définir un processus de validation de fa-
çon à s'assurer de la justesse et de l'exactitude des résultats fournis par le logiciel de calculs. À
cet effet, le bulletin 94 de la CIGB (référence 7.43) peut être d'une certaine utilité.

7.7 Analyse de risques


Plusieurs propriétaires de barrages envisagent, ou ont déjà intégré, certains des concepts as-
sociés à l'analyse de risques (« risk analysis ») dans leur processus d'évaluation de la sécurité
de leurs aménagements. Bien qu'en pratique l'application globale de l'analyse de risques au
domaine de la sécurité des barrages comporte plusieurs difficultés, le nombre de documents
publiés ces dernières années montre l'intérêt qu'il y a à développer une approche systématique
pour l'étude de différents scénarios d'accidents faisant intervenir des concepts probabiliste ou
semi-probabiliste.
D'ailleurs, une revue de la documentation confirme l'effort consacré par plusieurs pays et orga-
nismes au développement et à l'intégration des notions de gestion de risques dans leur prati-
que de gestion de la sécurité des barrages. Parmi ceux-ci, on peut mentionner les travaux de la
CIGB avec la publication récente d'un document préliminaire traitant de la prise en compte des
risques comme une aide à la gestion de la sécurité des barrages (référence 7.87). Une bonne
partie de ce document est basée sur les travaux déjà réalisés par un comité formé par
l'Association Canadienne de l'Électricité CEA/ACE et ayant pour objectif le développement d'un
guide de gestion des risques associés aux barrages (référence 7.18). Actuellement, seuls les
principes de base du guide ont été émis en version préliminaire. Ultérieurement, des commen-
taires, des études de cas et le développement théorique viendront s'ajouter au guide.
On doit également mentionner les travaux de BC Hydro (référence 7.130), qui ont intégré à leur
pratique actuelle une approche basée sur la gestion du risque. Les Britanniques ont également
incorporé dans certains aspects de leur gestion, et en particulier pour leurs vannes
d'évacuateur, des notions associées à la gestion des risques (référence 7.11, référence 7.103
et référence 7.129). De leur côté, les Australiens ont publié un guide sur l'évaluation des ris-
ques comprenant une revue de l'état de la pratique (référence 7.3). Finalement, mentionnons
les efforts réalisés par USAGE (référence 7.69) qui a adapté certains concepts de l'analyse de
risques dans le développement d'outils permettant d'établir les priorités en fonction des risques
associés à chacun de leur barrage.
Comme on peut le constater, et bien que relativement récente, l'approche préconisant
l'intégration de l'analyse de risques à la gestion de la sécurité des barrages constitue une ten-
dance mondiale irréversible. Toutefois, plusieurs sont d'avis que le niveau d'intégration et le
choix des méthodes d'évaluation de risques doivent correspondre au besoin particulier de cha-
que pays ou organisme.

page 7.22 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Actuellement, si on fait abstraction de la procédure de sélection des crues basée sur une ap-
proche où intervient des analyses de risques telle que définie par la norme SB-50-11-00
(référence 7.79), l'approche générale utilisée par Hydro-Québec pour assurer la sécurité de ses
barrages peut être décrite comme une approche déterministe traditionnelle. Cette approche
applique des facteurs de sécurité spécifiés pour différents scénarios de chargements et repose
en grande partie sur l'hypothèse (généralement raisonnable mais potentiellement dangereuse)
que l'expérience passée peut être extrapolée dans le futur (référence 7.108).
En fait, les concepteurs savent que s'ils suivent les procédures de vérification traditionnelles, le
nouveau barrage aura un niveau de sécurité acceptable. Cependant, cette approche ne permet
pas aux concepteurs de connaître les probabilités associées à la rupture du barrage ou aux
mécanismes de défaillance pouvant mettre en cause la fonctionnalité de l'aménagement. Dans
ce sens, l'approche déterministe favorise le maintien dans l'esprit de plusieurs d'une notion non
réaliste de la sécurité absolue. D'ailleurs, les efforts réalisés par certains propriétaires pour ap-
pliquer l'analyse de risques ont permis de montrer que les phénomènes de rupture ou de dé-
faillance de barrages étaient encore très mal compris. En fait, plusieurs se sont rendus compte
que l'introduction des notions probabilistes pour les charges et les conditions pour lesquelles
une rupture s'initie, telles que requises par l'analyse de risques, est beaucoup plus difficile que
de majorer un facteur de sécurité dans la méthode déterministe (référence 7.87). Une autre dif-
ficulté associée à l'utilisation de l'analyse de risques réside dans les politiques d'acceptation
des risques, particulièrement quant au risque de perte de vies. Malheureusement, et contraire-
ment à ce que certains propriétaires peuvent penser, le fait de nier l'existence d'un tel risque
n'élimine pas celui-ci.
Bien que certains aspects de l'analyse de risques puissent être difficilement applicables, il y a
un intérêt évident à définir cette méthodologie permettant de mieux évaluer la véritable sécurité
associée à la construction de barrages. On peut croire également, qu'une meilleure connais-
sance de cette sécurité permettra éventuellement des économies substantielles en disposant
les matériaux et en spécifiant les dispositions constructives de manière à permettre une réduc-
tion des risques. Comme l'indique Melchers (référence 7.108), les codes et leurs critères de
conception ne constituent qu'une forme particulière d'une analyse de risques-bénéfices. Parmi
les différentes approches, l'analyse de risques constitue un outil précieux permettant d'évaluer
les différents scénarios de défaillance dans de telles analyses de risques-bénéfices.
Dans une première étape, l'application pratique de l'analyse de risques pour la gestion de la
sécurité des barrages peut prendre plusieurs formes. Parmi celles-ci, on peut mentionner la
sélection des périodes de récurrence pour les charges autres que celles associées aux crues,
l'identification des points de défaillance mécanique et électrique .(par exemple, l'alimentation
électrique des vannes) ainsi que le choix de la revanche et des sections d'évacuation en fonc-
tion des probabilités d'occurrence d'un déversement.
Les rubriques qui suivent présentent une description sommaire de l'analyse'de risques appli-
quée à la gestion de la sécurité des barrages. Celles-ci devront être revues et bonifiées ulté-
rieurement, car elles constituent la base nécessaire à une meilleure évaluation des facteurs de
sécurité qui permettra une optimisation réelle des coûts de conception des nouveaux aména-
gements.

Ouvrages de retenue en béton page 7.23


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.7.1 Terminologie et définitions


L'application des concepts reliés à l'analyse de risques n'est sans doute pas facilitée par le fait
que différentes terminologies ou définitions sont utilisées par l'industrie en général, par les spé-
cialistes en gestion du risque et par les gens du domaine des barrages. Heureusement, cer-
tains documents publiés récemment tentent d'uniformiser une terminologie propre à la sécurité
des barrages (référence 7.18 et référence 7.87). Une autre difficulté réside dans la terminologie
française puisque l'ensemble des références est de terminologie essentiellement anglaise. Par
exemple, les termes anglais « risk assessment » et « risk évaluation » ont une signification très
différente. Dans ce cas précis, le choix des termes équivalents français n'est pas évident.
Toutefois,, nous avons tenté, dans la présente section, de donner tant bien que mal une traduc-
tion et une définition françaises aux termes principaux utilisés dans les documents de langue
anglaise (référence 7.18 et référence 7.87). Pour les termes non définis, nous recommandons
fortement au lecteur de se référer à ces documents.
Aménagement (« dam System »)
L'aménagement est l'entité physique circonscrite à l'intérieur de limites définies. Il comprend les
ouvrages de retenue et le réservoir, la zone aval ainsi que toutes les entités impliquées direc-
tement ou indirectement par la rupture d'un des ouvrages de retenue.

Analyse de risques (« risk analysis »)


L'analyse de risques est l'utilisation pratique des informations disponibles pour estimer les ris-
ques associés aux dangers pour les individus et les populations, la propriété ou
l'environnement. Cette analyse comprend les étapes suivantes : définition de l'étendue, identifi-
cation des dangers et estimation des risques.

Confiance (<< confidence »)


La confiance est le degré auquel on peut être certain.

Conséquence (« conséquence »)
La conséquence réfère aux pertes totales subies résultant d'une rupture, d'une rupture partielle
ou d'autres événements défavorables aux opérations. '

Contrôle des risques (« risk control »)


Le contrôle des risques est la mise en application d'encadrements permettant de contrôler les
risques ainsi que la réévaluation périodique de l'efficacité de ceux-ci.

page 7.24 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Danger (« hazard »)

Un danger est une condition ayant le potentiel de causer une conséquence indésirable. Les
crues, les tremblements de terre et le terrorisme sont des exemples de danger externe pour un
aménagement.

Estimation des risques (« risk estimation »)

L'estimation des risques est l'étape dans l'analyse des risques permettant d'établir une mesure
de l'importance des risques pour la santé (et la vie), la propriété ou l'environnement.
L'estimation des risques comprend les étapes suivantes : l'analyse des probabilités de rupture,
l'analyse des conséquences ainsi que l'intégration du produit des probabilités et des consé-
quences.

Évaluation des risques (« risk évaluation »)


L'évaluation des risques est la procédure d'examen et d'appréciation des risques significatifs.
Celle-ci constitue l'étape où les valeurs (de la société, réglementaires, légales et des propriétai-
res) et les jugements entrent dans le processus de prise de décision, de façon explicite ou im-
plicite, en considérant l'importance des risques estimés et des conséquences résultantes pour
la société, l'environnement et l'économie, de manière à identifier différentes alternatives pour
gérer les risques.

Gestion des risques (« risk management »)

La gestion des risques est le processus complet de connaissance des risques incluant l'analyse
des risques, l'évaluation des risques et le contrôle des risques.

Incertain (« uncertain »)
Incertain veut dire non déterminé ou fixé dans le temps, en occurrence ou en quantité, en nom-
bre ou en étendue.

Incertitude (« uncertainty »)
L'incertitude est la qualité d'être incertain par rapport à la durée, la continuité, l'occurrence, etc.

Mode de rupture et mécanisme de défaillance (« failure mode »)

Un mode de rupture ou un mécanisme de défaillance est la manière selon laquelle une rupture
ou une défaillance se produit.

Ouvrages de retenue en béton page 7.25


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Prise en compte des risques (« risk assessment »)


La prise en compte des risques est la procédure permettant de décider si les risques existants
sont acceptables et si les mesures actuelles de contrôle des risques sont adéquates ou sinon
de définir quelles sont les mesures de contrôle alternatives requises. La prise en compte des
risques utilise l'information obtenue de l'analyse des risques et de l'évaluation des risques.

Probabilité (« probability »)
La probabilité est une mesure du degré de confiance dans la prédiction concernant la nature
d'une quantité incertaine ou l'occurrence d'un événement incertain.

Réponse du barrage (« dam response »)


La manière selon laquelle le barrage répond aux conditions de chargement considérées.

Risque (« risk »)
Le risque est une mesure de la probabilité et de la sévérité d'un effet indésirable pour la santé,
la propriété ou l'environnement. Le risque correspond donc au produit de la probabilité d'un
événement et de ses conséquences (R = P x C).

Rupture (« failure »)
V '

La rupture est définie comme l'incapacité d'une composante à remplir la fonction pour laquelle
elle a été conçue. Elle inclut tout mode de rupture ainsi que tout mécanisme de défaillance
pouvant mettre en cause la fonctionnalité d'un aménagement.

7.7.2 Principes
La figure 7.9 illustre les liens qui existent entre les différentes définitions utilisées dans la ges-
tion des risques, tels que présentés dans la norme canadienne CAN/CSA-Q634-M91.

page 7.26 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.9 : Relation entre les différentes définitions utilisées dans la gestion des ris-
ques
Gestion des risques

1
Prise en compte des risques Contrôle des risques

1
Analyse de risques Évaluation des risques Prise de décisions Auscultation

Identification Estimation Acceptation Analyse des


des dangers des risques des risques options
Adaptation de CSA (référence 7.23)

La prise en compte des risques a pour objectif de permettre de prendre une décision en rapport
avec l'acceptabilité des mesures de contrôle des risques existants. Dans ce processus, il est
important de considérer la somme de tous les risques et non pas seulement le risque associé à
chaque danger individuellement car le risque total doit être plus faible que le risque acceptable.
Un des principes fondamentaux de la gestion de risques pour les barrages est basé sur la phi-
losophie que les risques devraient être réduits à un niveau aussi faible que possible considé-
rant l'état raisonnable de la pratique. En anglais, on réfère à l'acronyme ALARP (« as low as is
reasonable practicable »).

Dans le document préliminaire préparé par la CEA (référence 7.18), on mentionne que le pro-
cessus de gestion de la sécurité des barrages basé sur la gestion des risques doit être consi-
déré comme une extension de la procédure traditionnelle de vérification de la sécurité des bar-
rages. Ceci est appuyé par le fait que comme pour l'approche traditionnelle, la gestion des ris-
ques nécessite cinq processus fondamentaux :
1. la génération et l'analyse des informations concernant chaque sous-système de
l'aménagement ;

2. l'établissement de critères avec lesquels chaque sous-système peut être évalué ;


3. une procédure de prise de décision ,qui doit mener à l'action la plus appropriée ;
4. un processus de contrôle ;
5. un audit périodique permettant de suivre l'étendue et la pertinence des mesures de contrôle
des risques.

Cette procédure est illustrée à la figure 7.10.

Ouvrages de retenue en béton page 7.27


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour bien gérer les risques, ceux-ci doivent être bien compris. Cette compréhension est obte-
nue grâce à l'analyse de risques. Cette analyse appliquée à la sécurité des barrages est un
processus structuré permettant d'identifier non seulement la probabilité de rupture d'un barrage
ou de ses composantes, mais également l'étendue des conséquences d'une telle rupture.

Figure 7.10 : Procédure pour la gestion des risques des barrages

Evaluation continue des


risques et de la sécurité

ÉVALUATION

Principes de
Surveillance |
gestion de la
Révision de la
Évaluation détaillés des
performance risques et de la sécurité

I-1ISU
RISQUES El
ET ÉVALU/
Est-ce ANALYSE DE
le barrage Non ou SÉCU
rencontre les incertain
objectifs de • I
performance?

Est-ce
le barrage
rencontre les
objectifs de
performance?

Non ou non démontré


Contrôle des risques

Procédures Si requis, actions


d'opération et de Plans d'urgence pour réduire les
maintenance risques

L'analyse de risques permet d'obtenir les caractéristiques fondamentales de performance d'un


barrage et de ses composantes. Elle permet de générer les informations concernant les risques
dans le système ainsi que les composantes qui contribuent à ces risques. L'analyse de risques
peut être qualitative ou quantitative et avoir plusieurs niveaux de détails, c'est-à-dire avoir un
nombre de sous-systèmes selon les exigences requises. Par conséquent, l'analyse de risques
peut prendre plusieurs formes selon l'étendue et les fins auxquelles elle est utilisée.

page 7.28 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'analyse de risques appliquée à la sécurité des barrages nécessite une approche multidiscipli-
naire puisqu'elle couvre plusieurs domaines des sciences, de l'ingénierie et des sciences so-
ciales.
Les principales étapes de l'analyse de risques sont les suivantes (référence 7.18) :
1. définition de l'étendue et sélection des méthodes d'analyse ;
2. .identification et définition des dangers ;
3. estimation des probabilités de rupture ;
4. estimation des conséquences de rupture ; .
5. estimation des risques ;
6. documentation ;
7. vérification ;
8. mise à jour des analyses.

Trois principales méthodes sont utilisées pour réaliser une analyse de risques (référence 7.18
et référence 7.87). Ces méthodes sont :
• méthode d'analyse des effets et modes de rupture FMEA (« failure modes and effects ana-
lysis ») ;
La méthode d'analyse des états critiques et des effets et modes de rupture FMECA
(« failure modes, effects and criticality analysis ») est une extension de la FMEA.

• méthode de l'arbre des événements ETA (« event tree analysis ») ;


• méthode de l'arbre des défauts FTA (« fault tree analysis »).

7.7.2.1 Méthodes FMEA et FMECA

La méthode FMEA est une méthode d'analyse où les effets et conséquences des modes de
rupture individuels des composantes sont systématiquement identifiés et analysés. Lorsque
l'approche d'analyse est inductive, c'est-à-dire basée sur la question « Qu'est qui arrive si une
composante ou un élément subit une rupture ? », il est nécessaire de procéder dans un premier
temps à une étape de décomposition de l'aménagement en composantes ou éléments. Des
diagrammes logiques similaires à ceux utilisés en analyse de la valeur peuvent être d'une
grande utilité pour réaliser cette tâche.

Ouvrages de retenue en béton . page 7.29


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Lorsque le système a été décomposé, les modes de rupture de chaque élément fondamental
peuvent alors être identifiés. Par la suite, les effets de chaque mode de rupture sur les autres
composantes des sous-systèmes et du système dans son entier sont systématiquement-identi-
fiés. Habituellement, l'analyse est descriptive et les informations sont présentées sous forme de
tableaux. La méthode FMEA relie clairement les modes de rupture des composantes et leurs
différentes causes aux effets prévus sur l'aménagement tout en les présentant dans un format
facilement lisible. Bien entendu, une compréhension approfondie des systèmes sous-tendant
un aménagement est requis avant d'entreprendre une analyse de risques à l'aide de la mé-
thode FMEA. La norme CAN/CSA Q634-M91 (référence 7.23) fournit un guide d'utilisation de
cette méthode.
La méthode FMECA est une extension de la méthode FMEA. Elle ajoute à cette dernière
l'objectif additionnel d'identifier et d'évaluer, généralement en termes qualitatifs, les risques
potentiels vis-à-vis les performances du système en déterminant les états critiques des compo-
santes du système. Pour l'application aux barrages, ceci nécessite une évaluation des consé-
quences et des effets d'une rupture ou d'une défaillance d'une des composantes constituant
l'aménagement sur-la performance de celui-ci. Cette performance est définie en termes de sé-
curité pour la vie des gens, de pertes économiques relatives à la propriété, des dommages à
l'environnement ainsi que de pertes vis-à-vis les performances de fonctionnement attendues de
l'aménagement (référence 7.130).

7.7.2.2 Méthode ETA

La méthode ETA est une technique qualitative ou quantitative qui est utilisée pour identifier les
résultats possibles, et au besoin, leurs probabilités si un événement initial se produit. Cette
méthode est inductive puisque la question qui est posée est « Qu'est qui arrive si...? ».
L'application de cette méthode à la sécurité des barrages permet d'établir les relations entre le
fonctionnement ou la rupture de sous-systèmes variés. Elle est très utile pour identifier les évé-
nements qui demandent une analyse plus poussée à l'aide de la méthode FTA. Dans ce cas,
chaque embranchement obtenu de la méthode ETA peut devenir l'événement de départ pour la
méthode FTA. Des exemples de cette méthode sont illustrés dans la référence 7.18) pour un
danger correspondant à un tremblement de terre de magnitude M6,25-6,50 et dans la
référence 7.87 pour des précipitations extrêmes.

7.7.2.3 Méthode FTA

La méthode FTA est une technique qualitative ou quantitative par laquelle les conditions et les
facteurs qui peuvent contribuer à un événement indésirable spécifié sont identifiés par déduc-
tion, organisés d'une manière logique et représentés sous forme graphique. Les défauts identi-
fiés dans l'arbre peuvent être des événements qui sont associés avec les ruptures des compo-
santes matérielles, les erreurs humaines ou n'importe quel autre événement pertinent qui mène
à un résultat indésirable. En commençant par l'événement de départ, les causes possibles ou
les modes de rupture pour le niveau suivant des systèmes de fonctionnalité sont identifiés. En
suivant étape par étape l'identification des opérations indésirables des systèmes jusqu'au ni-
veau inférieur, il est possible de déterminer le mode de rupture d'une composante ou d'un élé-
ment.

page 7.30 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Des exemples de cette méthode sont illustrés dans la référence 7.18 pour un bris de moteur
d'urgence d'un évacuateur et dans la référence 7.87 pour un système de pompage dans une
galerie de drainage. Ballard et Lewin (référence 7.11) présentent l'application des méthodes
ETA et FTA pour l'étude de la fonctionnalité post-sismique d'un évacuateur de crues vanné
(possibilité ou non d'ouvrir les vannes après un séisme).
L'expérience a montré que la méthode FMEA peut être utilisée efficacement pour l'analyse des
éléments qui causent la rupture du système global. Elle est particulièrement adaptée lorsque la
connaissance détaillée des caractéristiques de défaillance est requise. Toutefois, cette mé-
thode n'est pas appropriée pour tous les risques. Dans certains cas, les méthodes ETA et FTA
sont préférables.

7.8 Propriétés des matériaux

7.8.1 Béton

7.8.1.1 Béton de masse


Le béton de masse est tout volume important de béton (généralement coulé en place) dont les
dimensions sont suffisamment imposantes pour exiger que des mesures soient prises pour
faire face à la génération de chaleur due à l'hydratation du ciment et minimiser la formation de
fissures lors du changement de volume. Le béton de masse est généralement non armé, sauf
sur les faces soumises aux intempéries.

7.8.1.1.1 Béton frais

Le béton frais doit être plastique ou semi-liquide et pouvoir être façonné à la main. Le mélange
doit être résistant et doit demeurer homogène lors de la manipulation et la mise en place.
Pour obtenir les caractéristiques désirées du béton, des mesures peuvent être prises sur les
différents constituants du mélange.

Type de ciment
L'obtention d'un béton de barrage de bonne qualité dépend, pour une grande part, des caracté-
ristiques du ciment. Le ciment doit être stable, ne pas contenir de chaux libre, présenter une
résistance mécanique à long terme suffisante, ne pas réagir avec les granulats et, en particu-
lier, dégager une faible quantité de chaleur d'hydratation.

Ouvrages de retenue en béton page 7.31


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour répondre à ces besoins précis, on fabrique plusieurs types de ciment Portland possédant
différentes caractéristiques physiques et chimiques. L'association canadienne de normalisation
(CSA) définit cinq types de ciment Portland différents dans sa norme A5, soit :
Type 10 : ciment Portland normal ;
Type 20 : ciment Portland modéré ;
Type 30 : ciment Portland à haute résistance initiale ;
Type 40 : ciment Portland à faible chaleur d'hydratation ;
Type 50 : ciment Portland résistant aux sulfates.

Pour la construction d'ouvrage massif comme les barrages, le choix du type de ciment repose
presque essentiellement sur l'objectif de réduire la chaleur d'hydratation. Pour ce faire, l'utilisa-
tion d'un ciment de type 40 est la plus appropriée. Cependant, ce type de ciment est peu utilisé
en pratique puisqu'il peut ne pas être disponible de façon économique partout au Canada. De
plus, l'expérience passée démontre que l'utilisation du ciment type 20 combinée avec d'autres
moyens, tel l'ajout de pouzzolanes au mélange, permet de contrôler efficacement le dégage-
ment de chaleur.
La possibilité d'une réaction alcalis-granulats doit également être examinée lors du choix du
type de ciment. En effet, le choix d'un ciment à faible teneur en alcalis, c'est-à-dire avec une
teneur en Na2O et K2O inférieure à 0,6 % par poids, permet de réduire cette réaction et d'amé-
liorer la durabilité du béton.
Finalement, le concepteur doit se souvenir que la réduction à son minimum de la quantité totale
de ciment utilisée dans le mélange de béton permet de faire des économies et de diminuer le
dégagement de chaleur lors de l'hydratation.

Granulats
Les granulats utilisés dans les bétons de masse sont généralement constitués de sable naturel,
de gravier et de pierres concassées.
Les granulats fins sont généralement constitués de sable naturel ou de pierres concassées
dont la plupart des particules sont plus petites que 4,76 mm (passant le tamis n° 4). Ils doivent
être durs, denses et durables. Les granulats fins ne doivent pas contenir de grandes quantités
d'argile, de silt, de poussières, de mica, de matières organiques ou d'impuretés.
Les gros granulats se composent soit de gravier, soit de granulats concassés ou d'un mélange
des deux où prédominent les particules de plus de 5 mm. La pratique récente est d'utiliser des
granulats variant de 75 à 150 mm de diamètre (référence 7.92). Cependant, au Québec, des
granulats de plus de 40 mm sont très difficiles à obtenir. La disponibilité de granulats aussi gros
ne peut généralement se justifier que si le volume de l'ouvrage est important. Par exemple, des
granulats de 150 mm ont été utilisés lors de la construction de Manie 5. La pratique courante à
Hydro-Québec est donc d'utiliser des granulats de l'ordre de 38 mm de diamètre.

page 7.32 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les granulats doivent être durs, denses, durables et exempts d'impuretés. Les granulats fria-
bles ou qui ont tendance à se dégrader dans le mélange, au cours du transport ou lors de l'en-
treposage doivent être évités. L'utilisation de granulats dont le taux d'absorption est supérieur à
3 % ou qui ont un poids spécifique inférieur à 2,5 est à proscrire.
La forme et la texture d'un granulat influent davantage sur les propriétés du béton fraîchement
malaxé que sur celles du béton durci. Les particules rugueuses, anguleuses et allongées né-
cessitent plus d'eau que celles qui sont lisses, arrondies et compactes. Les particules anguleu-
ses nécessitent donc plus de liants pour maintenir le même rapport eau/liants. En général, plus
les particules d'un granulat donné sont rugueuses et anguleuses plutôt que lisses et arrondies,
plus elles adhèrent à la pâte de ciment. Il s'agit d'une caractéristique importante à prendre en
compte pour obtenir un béton qui possède une bonne résistance mécanique.
Il est essentiel de s'assurer que les granulats ne contiennent pas de substances susceptibles
de réagir avec le ciment et de conduire à des produits expansifs désintégrant le béton à plus ou
moins longue échéance. Pour ce faire, on doit déterminer les caractéristiques et la qualité des
granulats par des essais appropriés en laboratoire et des études pétrographiques. Par exem-
ple, la teneur en sulfates, évaluée par la quantité de SO3, ne devrait pas excéder 0,5 % du
poids des gros granulats. On doit également éviter les granulats qui contiennent une trop
grande quantité de silice qui pourraient réagir avec les alcalis du ciment et contribuer à la dété-
rioration du béton.

Eau de gâchage
L'eau utilisée dans le mélange de béton ne doit pas contenir d'éléments susceptibles d'affecter
la réaction d'hydratation du ciment. De façon générale, toute eau naturelle potable n'ayant pas
une odeur ou un goût prononcé peut être employée. Certaines eaux non potables peuvent
également convenir à la fabrication du béton.
Pour les eaux de qualité incertaine, des essais de teneur en chlorure doivent être effectués,
principalement si des aciers sont insérés dans la masse de béton (aciers d'armature ou câbles
de précontrainte).
À titre indicatif, on peut considérer comme satisfaisante une eau contenant moins de
5 000 parties/million d'impuretés. Au-delà de cette valeur, l'eau doit faire l'objet d'essais portant
sur son effet sur la résistance, sur la durabilité et sur le temps de prise du béton. L'eau conte-
nant des sucres ou des dérivés de sucre, même en faible quantité, ne doit pas être utilisée
puisque le sucre influe sur le temps de prise et sur la résistance du béton.
L'eau de mer peut être utilisée comme eau de gâchage pour le béton non armé si sa quantité
de sels dissous est inférieure à 35 000 parties/million. Cependant, l'eau de mer ne convient pas
à la fabrication du béton armé et ne doit pas être utilisée dans le béton précontraint en raison
du risque de corrosion de l'armature.

Ouvrages de retenue en béton page 7.33


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pouzzolanes
Pouzzolane est le nom donné aux matériaux siliceux ou alumino-siliceux qui n'ont pas de pro-
/ priétés (ou ont de faibles propriétés) propres de liant, mais qui, finement divisés et en présence
d'eau, se combinent avec l'hydrate de calcium, aux températures ordinaires, pour donner des
composés stables. Le groupe des pouzzolanes comprend trois types :
Type N : pouzzolanes naturelles brutes ou calcinées (Plusieurs existent à l'état naturel
dans les matériaux vitreux volcaniques, terres à diatomées, cherts opalins,
schistes, tufs et pierres ponces. D'autres peuvent être produites à partir d'argiles
ou de schistes calcinés.)
Type F : cendres volantes normalement produites à partir d'anthracite ou de charbon bi-
tumineux (Elles sont recueillies sous forme de résidu particulaire fin par des col-
lecteurs mécaniques ou des précipitateurs électrostatiques dans les gaz de
combustion avant leur émission dans l'atmosphère.)
Type C : cendres volantes normalement produites par la combustion de lignite pulvérisée
ou de charbon sub-bitumineux (Recueillies d'une façon semblable à celle qui est
décrite pour le type F, les particules ont quelques propriétés liantes.)

Les conditions fondamentales pour que des matériaux pouzzolaniques soient utilement em-
ployés dans le béton sont les suivantes :

• ils'doivent être finement divisés ;

• ils doivent avoir une activité pouzzolanique importante ;

• ils doivent maintenir des caractéristiques constantes ;

• ils ne doivent pas contenir de matières nuisibles en quantité susceptible d'affecter le béton ;

• ils ne doivent pas être incompatibles avec le ciment de base utilisé.

Les pouzzolanes peuvent être utilisées de deux façons :

• broyées en même temps que le ciment Portland (à l'usine) ;

• introduites dans la bétonnière, au moment du malaxage, comme tout autre constituant du


béton.

Les deux procédés ont été utilisés dans la construction des barrages et ont tous deux des
avantages et des inconvénients. Cependant, sauf dans le cas où la distance de transport est
très longue, il est en général souhaitable de fabriquer le ciment aux pouzzolanes dans l'usine
de ciment plutôt que. d'introduire directement les matériaux pouzzolaniques dans la bétonnière.

page 7.34 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'utilisation des pouzzolanes dans les bétons de masse est maintenant pratique courante. Elles
sont utilisées pour réduire la quantité de ciment dans le mélange, pour réduire le dégagement
de chaleur lors de l'hydratation, pour augmenter la maniabilité du béton frais, pour augmenter la
résistance à long terme, pour augmenter la résistance du béton aux attaques par les sulfates et
autres agents destructeurs et pour réduire les dommages potentiels dus à la réaction alcalis-
granulats. La quantité de pouzzolane généralement utilisée dans le béton de masse varie en-
tre 15 et 50 % de la quantité de ciment (référence 7.141). Cependant, pour le béton compacté
au. rouleau, la quantité de pouzzolane utilisée peut atteindre 75 % (référence 7.92) et même
plus.
L'utilisation de pouzzolanes naturelles et de cendres volantes allonge généralement le délai de
prise du béton. Le degré de retard de la prise dépend de facteurs tels que la quantité de ciment
et d'eau, le type de pouzzolane et la température du béton. Le retard dans la prise du béton est
un point important à considérer lors de la planification des contrôles de qualité du béton durci.
Avant que des pouzzolanes soient utilisées, des essais doivent être effectués avec le type de
ciment et les granulats retenus pour le projet, de manière à s'assurer que les pouzzolanes aient
une contribution bénéfique sur le mélange, tant au point de vue qualité du béton qu'au point de
vue économique.

Adjuvants
Un adjuvant est défini comme le produit qui est incorporé soit au ciment dans le processus final
de production, soit, plus fréquemment, directement lors du malaxage du béton, afin d'améliorer
ou de modifier certaines propriétés du béton.
Les adjuvants utilisés dans la construction des barrages sont classés comme suit :

• les entraîneurs d'air ;

• les réducteurs d'eau ;

• les entraîneurs d'air avec maîtrise de la prise ;

• les accélérateurs et retardateurs de prise ;

• les adjuvants hydrophobes et autres produits.

On utilise les entraîneurs d'air pour entraîner volontairement des bulles d'air microscopiques
dans le béton. L'air entraîné améliore de façon spectaculaire la durabilité des bétons exposés à
l'humidité durant les cycles de gel-dégel. Les entraîneurs d'air peuvent être considérés comme
obligatoires pour les bétons soumis à des conditions climatiques rigoureuses avec basses tem-
pératures. L'air entraîné améliore également la maniabilité du béton frais et élimine pratique-
ment ou réduit tout au moins considérablement les risques de ségrégation et de ressuage. Cet
adjuvant est ajouté directement au mélange, avant ou pendant le malaxage. Une teneur en air
entraîné de 4 à 8 % est généralement recherchée.
Les produits réducteurs d'eau sont utilisés pour diminuer le rapport eau-ciment du mélange,
pour améliorer la maniabilité du béton frais et pour augmenter la résistance et la pérennité du
béton durci. Tout comme les entraîneurs d'air, les produits réducteurs d'eau peuvent être
considérés indispensables à tous les bétons de barrage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.35


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les produits accélérateurs de prise ne sont généralement pas utilisés dans le béton des barra-
ges puisque ce type de construction ne requiert pas de résistance importante en bas âge ; de
plus, ces adjuvants contribuent à un dégagement de chaleur indésirable. On emploie parfois
des retardateurs de prise pour le bétonnage par temps très chaud.
Les adjuvants hydrophobes et les autres produits disponibles sur le marché ne sont générale-
ment pas vraiment nécessaires au béton de barrage.

Dosage des bétons


Le calcul des mélanges de béton de masse vise à déterminer la combinaison des matériaux
disponibles la plus économique possédant la résistance, la durabilité et l'imperméabilité dési-
rées tout en conservant une maniabilité suffisante pour la mise en place et en minimisant le dé-
gagement de chaleur.
Le dosage du béton doit être effectué selon les spécifications de la norme CSA-A23.1.

7.8.1.1.2 Béton durci

Pour assurer la sécurité de l'ouvrage tout au long de sa vie utile, les qualités recherchées du
béton durci sont : la résistance mécanique, la déformabilité, la densité, l'étanchéité, la résis-
tance à la fissuration et la pérennité.

Les propriétés du béton qui doivent être évaluées se divisent en trois classes :

• les propriétés statiques ;

• les propriétés dynamiques ;

• les propriétés thermiques.

Les différentes valeurs mentionnées dans cette rubrique le sont à titre indicatif seulement et
doivent être confirmées par des essais au laboratoire et durant les campagnes d'investigation.

Propriétés statiques

Les principales propriétés statiques du béton durci qui doivent être déterminées sont les sui-
vantes :

• la résistance à la compression (fc1) ;

La résistance à la compression du béton doit être évaluée à différentes périodes, les essais
pouvant se dérouler jusqu'à un an suivant la mise en place. La résistance à la compression
recherchée pour le béton est déterminée selon les critères de contraintes admissibles'61.

161
Ce sujet est traité à la rubrique 7.25.

page 7.36 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

la résistance à la traction (ft) ;

Plus un béton est résistant en compression, plus il l'est en tension. Cependant, la relation
n'est pas linéaire. L'AGI (référence 7.1 ) propose la relation suivante pour déterminer la ré-
sistance à la traction (en MPa) en fonction de la résistance en compression (en MPa) :

f t =0,32f' c (2/3)

Par ailleurs, il est de pratique courante de considérer la résistance à la traction du béton


comme étant égale à 10 % de la résistance à la compression.

La résistance à la traction du béton peut être déterminée par l'essai dit « brésilien » qui est
un essai d'écrasement latéral d'éprouvettes cylindriques ou par le module de rupture qui est
un essai de flexion (norme CSA-A23.2). USAGE mentionne que la résistance à la traction
évaluée à partir de l'essai Brésilien peut être majorée de 1,33 fois pour être comparée à la
valeur obtenue du module de rupture (référence 7.138). Toujours selon cet organisme, la
valeur obtenue par le module de rupture devrait être utilisée dans les analyses linéaires par
éléments finis pour évaluer l'initiation de fissures dans la masse de béton.

le module d'élasticité (E) ;

Lorsque qu'une charge est appliquée au béton, ce dernier subit une déformation. Cette
dernière est fonction de l'amplitude de la charge, du taux de chargement et du temps total
d'application de la charge. Deux types de module d'élasticité statique peuvent être considé-
rés : le module d'élasticité instantané et le module d'élasticité soutenu.

Le module d'élasticité instantané pour un béton est considéré le même en compression et


en tension. Les valeurs typiques pour le béton de masse, évaluées sur différents barrages
(référence 7.1 ), sont de 1,9 à 3,8 x 104 MPa à 28 jours et de 2,6 à 4,7 x 104 MPa à un an.

Le module d'élasticité soutenu prend en compte les effets du fluage et doit être obtenu par
des essais appropriés. Des essais ont démontré (référence 7.1) que le module d'élasticité
soutenu est approximativement égal à la moitié du module instantané (Einst.) qui lui est éva-
lué immédiatement après l'application de la charge (Esout=0,5 Einst.). USAGE
(référence 7.141) mentionne plutôt que Esout= 2/3 Einst[7)

le coefficient de Poisson (v) ;

Le coefficient de Poisson est le rapport des déformations transversales à la déformation


longitudinale. Les valeurs du coefficient de Poisson pour le béton de masse varient géné-
ralement entre 0,16 et 0,20.

la masse volumique (p) ;

La masse volumique est le rapport de la masse d'un béton sur son volume. La masse vo-
lumique du béton des barrages est généralement voisine de 2 400 kg/m3.

Ce sujet est traité à la rubrique 7.20.

Ouvrages de retenue en béton page 7.37


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• la résistance au cisaillement.
La résistance au cisaillement du béton provient de la friction interne (qui varie selon la
contrainte normale de compression) et de la force de cohésion (c) qui se développe (résis-
tance avec une contrainte normale nulle). La friction interne est évaluée à partir de l'angle
de friction interne du béton (<]>). La valeur de ces paramètres doit généralement être déter-
minée par des essais. Cependant, certaines références mentionnent des valeurs. Par
exemple, CDA (référence 7.16) indique d'utiliser <)>' = 55B pour évaluer la résistance de
pointe et <\>" = 45- pour la résistance résiduelle au cisaillement181. Quant à la cohésion, CDA
(référence 7.16) utilise les formules suivantes :

c = 0,170>/f'7 (Mpa) pour le béton de masse

c ^O. (Mpa) pour les joints de reprise

Le tableau 7.1 présente des valeurs pour ces propriétés selon différentes références.

Tableau 7.1 : Propriétés statiques du béton selon différentes sources


fc ft E c <t>
Référence V
(MPa) (MPa) (MPa) (kg/m3) (MPa) (degré)
Hydro-Québec 20 à 35 0,10fc' 25000 0,18 2400 2,7 55°
(référence 7.82)
ACIT 15 à 45 0,32fc(2/3) 19 000 à 0,16 à 2500 si aucun essai = 43°
(référence 7.1) 38000 0,20 0,10f'c
(28 jours)

26 000 à
47000
(1an)
Valeurs moyennes évaluées à partir de différentes valeurs mesurées in situ

[8]
Ce sujet est traité à la rubrique 7.25.

page 7.38 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.1 : Propriétés statiques du béton selon différentes sources (suite)


f'c ft E P , c <t>
Référence V
(MPa) (MPa) (MPa) (kg/m3) (MPa) (degré)
CDA béton de Résistance en Résistan-
(référence 7.16) masse : pointe : ce en
0,1 fé pointe :
55°
béton de
masse i
joints de Glisse-
reprise : 0,17^"
ment rési-
0,05 fc duel :
joints de re- 45°
prise :
0,085^

Glissement ré-
siduel :
0 ou max. de
100 kPa si es-
sais
CSA Béton monoli- Béton
0,6A^f,T 4500^
(référence 7.25) thique : monolithi-
1 ,00 MPa que : 55°
X = 1 ,0 pour pour 20 < fc <
le béton de 40 MPa Joints ru- Joints ru-
densité gueux : gueux :
normale 0,5 MPa 45°
Joints non ru- Joints non
gueux : rugueux :
0,25 MPa 31°
ANCOLD 2350 Résistance en Résis-
(référence 7.4) 0,2-y/fT pointe : tance en
pointe :
0,14 fé
45°
USAGE 2,3f'c(2/3) 10 350 à 2400
(référence 7. 138) (psi) 41 400
USAGE >27,6 0,1 Of c ' 31 050 0,20 2400 0,10 f'c 45°
(référence 7. 141)
USBR 20,7 à 4 à 6% de 34500 0,20 2400 0,10 f'c 45°
(référence 7. 135) 34,5 fc

Propriétés dynamiques
Les propriétés dynamiques du béton qui doivent être prises en compte sont : la résistance à la
compression, la résistance à la traction, la résistance au cisaillement et le module élastique. On
retrouve au tableau 7.2 les principales variations des propriétés dynamiques du béton compa-
rativement aux propriétés statiques.

Ouvrages de retenue en béton page 7.39


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les contraintes de compression sont généralement très faibles pour une structure hydraulique
de type poids. Elles ne sont généralement pas critiques pour assurer la stabilité structurale
même sous sollicitations sismiques. On utilise donc habituellement la valeur de la résistance
uniaxiale à la compression (f'c) pour déterminer les contraintes admissibles en compression.
Cependant, NRC (référence 7.113) note qu'une augmentation de 25 % de f'c peut-être considé-
rée pour tenir compte de l'augmentation de résistance occasionnée par le taux rapide de char-
gement sismique lors de l'interprétation des contraintes dynamiques de compression.
En l'absence d'essais de laboratoire, les valeurs préliminaires de la résistance dynamique à la
traction du béton peuvent être prises égales à 1,5 fois les valeurs statiques pour le béton de
masse et les joints de reprise afin de tenir compte de l'effet rapide du chargement sismique
(référence 7.4, référence 7.17 et référence 7.138).
Les paramètres de résistance au cisaillement (cohésion et angle de friction interne) ne sont pas
majorés pour prendre en compte le taux rapide de chargement lors des séismes.
Le module d'élasticité à court terme est majoré de 25 % pour tenir compte du taux rapide d'ap-
plication des charges (référence 7.26 et référence 7.134).

Tableau 7.2 : Propriétés dynamiques du béton comparativement aux propriétés stati-


ques
Propriétés Valeurs Référence
f'c (MPa) f'c (dyn) = 1 ,25 f'c (Stat) NRC (référence 7. 11 3)
f,(MPa) ft(dyn) = 0,15 f'c (stat) CDSA (référence 7. 17)
USAGE (référence 7. 140)
ANCOLD (référence 7.4)
E (MPa) E(dyn) = 1 ,25 E(Stat) NRC (référence 7.1 13)
USBR (référence 7. 134)
V V(dyn) = V(stat) -
3
P (kg/m ) P(dyn) = P(stat) -
c (MPa) C(dyn) = C(Stat) -
<|> (degré) fydyn) = <t>(stat) -

Propriétés thermiques
Dans les bétons de masse, l'étude du comportement thermique est de première importance.
Les propriétés thermiques à évaluer sont : le coefficient d'expansion thermique, la chaleur spé-
cifique, la conductivité thermique et le coefficient de diffusion. Le tableau 7.3 présente les va-
leurs typiques des propriétés thermiques du béton.

Le coefficient d'expansion thermique (a) se définit comme étant la variation d'unité de longueur
causée par une variation de température de un degré. La valeur du coefficient d'expansion
thermique dépend principalement de la composition des granulats. Par exemple, les bétons fa-
briqués avec des granulats à haute teneur en quartz ont des valeurs a élevées.

page 7.40 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La chaleur spécifique du béton est la quantité de chaleur nécessaire pour accroître la tempé-
rature d'une unité de masse du matériau de 1e. La chaleur spécifique du béton augmente avec
un accroissement de l'humidité et diminue avec une réduction de la température.
La conductivité thermique quantifie la facilité qu'a un matériau à transmettre la chaleur. Elle se
définit comme étant le flux de chaleur transmis à travers une unité d'aire de matériau pour un
gradient thermique unitaire. Plus un béton est saturé, plus sa conductivité est grande. Par
exemple, une augmentation de 10 % du degré de saturation du béton peut augmenter la valeur
de la conductivité de 50 %.
Le coefficient de diffusion de la matière est une mesure de la vitesse à laquelle la température
se propage à l'intérieur d'une masse. Il s'agit d'un indice de la facilité avec laquelle le béton
peut subir un changement de température. Le coefficient de diffusion (À exprimé en m2/s) est
fonction de la conductivité (k), de la chaleur spécifique (cs) et de la masse volumique (p) du
béton selon la relation X = k / pcs.

Tableau 7.3 : Propriétés thermiques du béton


a cs k
Référence
(xlO^'C'1) (J / kg °C) (W/m°C)
Acr 7,2 à 12,5 870 à 1080 1,87 à 3,86
(référence 7.1)
USACEt 5,4 à 14,4 920 à 1050 2,08 à 3,98
(référence 7. 138)
Mindess et Young 7,4 à 13,0 840 à 1170 1,50 à 3,50
(1981)
Neville 1 1 ,0 à 20,0 840 à 1170 1,40 à 3,60
(référence 7. 11 4)
Béton de masse

Joints et fissures
Les joints sont des surfaces de discontinuité dans les ouvrages en béton. Certains joints sont
prévus lors du projet pour empêcher la fissuration du béton d'origine mécanique ou thermique ;
d'autres joints sont rendus nécessaires pour des considérations pratiques d'exécution des tra-
vaux, tandis que d'autres sont des discontinuités accidentelles qui se produisent lors d'arrêts
non programmés dans le bétonnage d'un élément particulier de l'ouvrage.
L'interface béton-rocher est également considérée comme une discontinuité où peut être locali-
sé un plan de rupture. Finalement, le massif de fondation peut comporter diverses failles ou fis-
sures qui peuvent représenter des plans de rupture.
On évalue la stabilité au glissement de la structure le long de ces discontinuités à partir de la
résistance au cisaillement. Pour ce faire, on doit déterminer les valeurs de la cohésion (c) et de
l'angle de friction interne (<J>) de ces joints ou fissures. Bien que ces valeurs doivent être confir-
mées par des essais en laboratoire, le tableau 7.4 donne, à titre indicatif, quelques valeurs ty-
piques. Pour bien comprendre comment ont été obtenues ces valeurs et à quels cas elles s'ap-
pliquent, il est important de consulter les références mentionnées.

Ouvrages de retenue en béton page 7.41


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.4 : Propriétés en cisaillement du béton et du roc


Béton-béton Béton-béton Roc-roc Roc-roc
Béton-roc
(masse) (joints) (sain) (fissuré)
Référence
c «t> c <fr c <> c 4> c <t>
(MPa) (degré) (MPa) (degré) (MPa) (degré) (MPa) (degré) (MPa) (degré)
Hydro-Québec 2,7 55 2,5 37 2,5 37 0,7 37
(référence 7.82)
ANCOLD 0,14 fc 45 0,14 ft 45
(référence 7.4) <1,4
CDA Pointe Pointe Pointe Pointe
(référence 7.16) 0,17^ 55 0,OBsfi 55

Rési- Rési- Rési- Rési-


duelle duelle duelle duelle
<100 45 <100 45
kPa kPa1
CEA 0,1 Ofc 45 <0,48 35 à = 1,5 57 39
(référence 7. 19) 48
Si cela est justifié par des essais

Les valeurs de la cohésion et de l'angle de friction au contact béton-roc dépendent de la com-


position et du type de roc. Le tableau 7.5 et le tableau 7.6 présentent les valeurs expérimenta-
les obtenues par des essais en laboratoire selon EPRI pour la résistance en pointe et pour la
résistance en glissement résiduel (référence 7.59).

Tableau 7.5 : Valeurs des paramètres de résistance au cisaillement au contact béton-roc


selon le type de roc : résistance en pointe
Valeurs moyennes Limite inférieure
Type de roc au
contact c 4> ft c ft
(MPa) (degré) (MPa) (MPa) (degré)
* (MPa)
granité 1,26 54 0,97 0,65 53 0,55
granité/gneiss 1,30 57 0,83 0,48 57 0,31
calcaire ou dolomie 1,92 68 - 1,14 68 -
phyllite 1,66 62 0,89 0,48 62 0,28
grès 1,79 65 0,80 0,35 65 0,17
schiste argileux 0,12 60 - 0,00 48 0,00

page 7.42 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.6 : Valeurs des paramètres de résistance au cisaillement au contact béton-roc


selon le type de roc : résistance en glissement résiduel
Valeurs moyennes Limite inférieure
Type de roc au
contact ^apparente ^apparente <t>
(MPa) (degré)
* (MPa) (degré)
granité 0,076 35 0,000 32
granité/gneiss 0,028 34 0,000 31
calcaire ou dolomie 0,117 37 0,000 23
phyllite 0,000 35 0,000
grès 0,173 39 0,000 27
schiste argileux 0,000 29 0,000 13
grès fin 0,103 34 0,000 22

La résistance à la traction au contact béton-rocher est initialement négligée à moins d'avoir ef-
fectué des essais sur échantillons représentatifs de l'état in situ du contact béton-rocher
(référence 7.16 et référence 7.67). Il s'agit là d'une hypothèse conservatrice. Des essais de
traction effectués sur des spécimens de contacts béton-rocher extraits de plusieurs barrages
en béton aux USA (référence 7.59 et tableau 7.5) et au Canada (Lo et Grass, 1994) ont indiqué
la présence de résistance significative à la traction. Cependant, il est mentionné que bien que
les contacts béton-rocher soient souvent intacts in situ, ils ne devraient pas être présumés liés
sans investigation par forage. De plus, l'intensité des contraintes de traction à laquelle peut ré-
sister la fondation dépend des caractéristiques du réseau de joints (fissures) dans le massif ro-
cheux. Dans le contexte de la conception d'un nouvel ouvrage, il est donc approprié de négliger
la résistance au contact béton-rocher.

7.8.1.2 Béton structural

De façon générale, les indications mentionnées précédemment concernant le béton de masse


s'appliquent également au béton structural. Cependant, pour la conception d'éléments structu-
raux particuliers (béton armé, poutres, dalles, etc.) le concepteur doit se référer et suivre les in-
dications de la norme CSA-A23.3.

Ouvrages de retenue en béton page 7.43


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.8.1.3 Béton compacté au rouleau


Le regain d'intérêt pour les profils poids est venu de l'invention du béton compacté au rouleau
(BCR) qui est une innovation majeure dans la technologie des barrages. Depuis les années 80,
de nombreux barrages en BCR ont été construits à travers le monde. Avec ce type de barra-
ges, on constate cependant des variations appréciables, tant dans la composition des mélan-
ges utilisés (teneur en ciment, pouzzolanes, constituants) que dans la conception'9'.
Les propriétés importantes à évaluer pour lé béton conventionnel (statiques, dynamiques et
thermiques) le sont tout autant pour le béton compacté au rouleau ; celles-ci sont traitées à la
rubrique 7.8.1.1.2. Les écarts entre les propriétés du béton conventionnel et du BCR sont prin-
cipalement dus aux différences dans les proportions des ingrédients du mélange. En effet, un
BCR contient généralement 40 % moins d'eau et 30 % moins de pâte qu'un béton convention-
nel. Le tableau 7.7 présente les valeurs de quelques propriétés de BCR évaluées sur des bar-
rages existants selon des valeurs moyennes provenant des données de Hansen et Reinhardt
(référence 7.76).

Tableau 7.7 : Propriétés statiques et thermiques de barrages en BCR


f'c ft E V c a Cs k
(MPa) (MPa) (MPa) (kg/m3) (MPa) (degré) (J/kg°C) (W/m °C)

15 à 40 = 0,1 3 fc' 9000 à 0,17 à 2400 ou <0,6 34 à 52 6à11 750 à 970 1,81 à 2,05
22450 0,22 plus

7.8.1.4 Durabilité du béton


La durabilité est l'aptitude du béton à résister à la détérioration provenant de son environne-
ment ou de son utilisation. Un béton conçu convenablement doit se comporter sans détériora-
tion sensible pour sa vie utile. Il n'est généralement pas possible de prévoir la durabilité en ser-
vice d'un béton par des essais en laboratoire.
La dégradation du béton résultant des facteurs environnementaux est principalement due aux
variations saisonnières de la température ambiante ainsi qu'aux cycles de gel-dégel. Tel que
mentionné à la rubrique 7.8.1.1.1, l'utilisation d'agents entraîneurs d'air améliore la durabilité du
béton aux cycles de gel-dégel'101.
Le béton peut également se dégrader suite à diverses réactions chimiques comme par exemple
la réaction alcalis-granulats entre le ciment et les granulats. Il convient donc de vérifier le ca-
ractère non réactif des granulats vis-à-vis ces différentes réactions et d'utiliser un ciment avec
une faible teneur en alcalis'111.

191
La rubrique 7.30 traite en détails des barrages en BCR en abordant, entre autres, le dosage et la mise en place
du BCR, la conception de ce type d'ouvrage et les principales propriétés inhérentes à ce type de béton.
1101
La rubrique 7.19.3 traite de l'effet des variations saisonnières de la température sur le béton durci.
'11) Ce sujet est traité à la rubrique 7.8.1.1.1.

page 7.44 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le béton peut être attaqué par les sulfates présents dans le sol ou dans l'eau qui peuvent pro-
voquer la fissuration et la désintégration de la masse. Cependant, diverses mesures peuvent
être prises pour protéger le béton de ces attaques'121.

7.8.1.5 Problèmes particuliers

7.8.1.5.1 Réactions alcalis-granulats

La réaction alcalis-granulats (RAG) est une forme de détérioration du béton qui se produit lors-
que des minéraux actifs de certains granulats réagissent avec les alcalis du sodium et du po-
tassium provenant du ciment. Quatre conditions essentielles doivent être satisfaites pour que
les signes de la RAG, tel que le gonflement du béton, se manifestent :
1. le granulat doit réagir aux alcalis ;
2. le béton qui contient ces granulats doit contenir suffisamment d'alcalis ; .
3. le niveau d'humidité au sein du béton doit être supérieur à 75 % ;
4. le degré de confinement triaxial du béton ne doit pas être trop élevé.

Les mesures à prendre pour réduire la RAG sont, tel discuté à la rubrique 7.8.1.1.1, l'utilisation
d'un ciment à faible teneur en alcalis et le choix de granulats peu réactifs.

7.8.1.5.2 Attaque des sulfates

Les sulfates représentent un risque majeur d'agression chimique pour le béton. Les sulfates
peuvent être d'origine naturelle, biologique ou provenir de pollutions domestiques et industriel-
les. Des quantités excessives de sulfates dans le sol ou dans l'eau (eaux de pluies, eaux sou-
terraines) peuvent attaquer et détruire le béton qui n'a pas été correctement conçu.
La source des sulfates peut également être interne au béton dans le cas d'une pollution acci-
dentelle des granulats (déchets de plâtre, par exemple), d'une utilisation de granulats gypseux
ou d'une surdose du ciment en gypse.
Les sulfates attaquent le béton en réagissant avec les composants hydratés de la pâte de ci-
ment pour former un sufoaluminate de calcium (ettringite). A cause de la croissance des cris-
taux, cette réaction expansive peut provoquer suffisamment de pression pour briser la pâte de
ciment, ce qui provoque la fissuration et la désintégration du béton. Pour éviter cette réaction,
diverses mesures peuvent être prises comme : utilisation d'un ciment résistant aux sulfates
(type 50), ajout de pouzzolanes au mélange, eau de gâchage avec une faible teneur en sulfa-
tes et utilisation d'agents entraîneurs d'air. Selon Skalny (référence 7.132), les bétons avec une
perméabilité et un rapport E/C faibles constituent une aussi bonne protection que les béton uti-
lisant le ciment de type 50.

1121
Ce sujet est traité plus en détails à la rubrique 7.8.1.5.

Ouvrages de retenue en béton page 7.45


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.8.1.5.3 Chaleur d'hydratation

Dans les ouvrages massifs, comme les barrages, il est primordial de contrôler le dégagement
de chaleur qui se produit par suite de la réaction d'hydratation par laquelle le ciment réagit avec
l'eau, puisque cette élévation de température s'accompagne d'un phénomène d'expansion
thermique, créant par le fait même des fissures indésirables lors du refroidissement'131.

7.8.1.5.4 Retrait

Lors de la construction d'un ouvrage, le béton de surface sèche et rétrécit plus rapidement que
celui à l'intérieur ce qui provoque des efforts de tension et, lorsque le joint est déficient et/ou
que l'on empêche le béton de se rétrécir, des fissures14.

7.8.1.6 Essais relatifs au béton


Les essais relatifs au béton doivent être faits selon les recommandations de la norme
CSA-A23.2 qui traite des principales méthodes d'essai du béton durci et plastique et des cons-
tituants.
Pour s'assurer que l'ouvrage en béton offre satisfaction et performance, il est indispensable
d'effectuer des essais de qualité et d'acceptation des matériaux pour s'assurer qu'ils convien-
nent pour faire le béton.
Des essais doivent également être effectués sur le béton frais (affaissement, teneur en air,
etc.) pour établir les proportions du mélange et contrôler la qualité sur le chantier.
Il est également nécessaire de prévoir des essais sur le béton durci pour déterminer ses pro-
priétés statiques, dynamiques et thermiques ainsi que pour assurer un contrôle de la qualité
tout au cours du processus de construction.
La fréquence des essais est un facteur important si l'on veut avoir un contrôle de qualité effi-
cace. USAGE (référence 7.141) propose un programme d'essais sur le béton (tableau 7.8).

1131
La rubrique 7.19 traite en détail des effets thermiques qui affectent les ouvrages en béton et indiquent les mesu-
res à prendre pour contrôler le dégagement de la chaleur d'hydratation.
[14)
L'évaluation et le contrôle du retrait du béton sont traités à la rubrique 7.20.

page 7.46 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.8 : Programmation des essais sur le béton


Âge du béton en jours
Essai
1 3 7 28 90 180 365
Essai de compression V V V V V V V
Module de rupture V V V V V V V
Essai Brésilien V V
Essai de cisaillement V V
Module d'élasticité V V V V V V V
Coefficient de Poisson V V V V V V V
Essais dynamiques V
Fluage V V V V V V V
Essai de déformation V V v- V
Coefficient d'expansion thermique V . v V V V
Chaleur spécifique V V V V V
Coefficient de diffusion V V V V V

Cependant, selon le type de béton (BCR, par exemple) la programmation des essais peut être
bien différente et se poursuivre sur une période supérieure à 365 jours. La programmation doit
également prévoir que les essais se déroulent sur un nombre suffisant d'échantillons pour dé-
terminer de façon précise les propriétés du béton.

7.8.2 Roc de la fondation


Le module de déformation de la fondation doit être déterminé pour évaluer le tassement que
subira l'ouvrage de béton construit sur cette dernière. L'évaluation de la compressibilité de la
fondation doit considérer les déformations élastiques et inélastiques. Bien que différentes mé-
thodes permettent d'évaluer le module de déformation, les essais in situ demeurent la méthode
la plus précise pour prendre en compte les discontinuités naturelles du roc. La valeur du mo-
dule de déformation est inférieure à celle du module élastique du roc intact. Il est très important
de ne pas confondre ces deux valeurs.

Ouvrages de retenue en béton page 7.47


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les propriétés de résistance les plus importantes pour la fondation rocheuse, sont les résistan-
ces à la compression et au cisaillement. Pour prendre en compte les failles et les plans de fai-
blesse existants in situ, la résistance en compression de la fondation est généralement consi-
dérée comme étant une fraction de la résistance moyenne en compression du roc. La résis-
tance au cisaillement est évaluée à partir de la cohésion et de l'angle de friction interne qui doi-
vent être déterminés à partir d'essais en laboratoire. Il est particulièrement important de déter-
miner les propriétés associées aux failles ainsi qu'aux zones de faiblesses (matériaux peu ré-
sistants, défauts, etc.) puisque ces dernières contrôlent souvent le comportement structural de
la fondation1151.
Il est possible d'améliorer le module de déformation ainsi que la résistance mécanique du mas-
sif rocheux en effectuant une injection de consolidation'161.
Lorsque le massif de la fondation est inclus dans les analyses sismiques, les effets du taux ra-
pide de chargement sur le module de déformation et la résistance sont considérés comme né-
gligeables par rapport aux incertitudes reliées à la détermination des propriétés mécaniques.
Pour tenir compte de ces incertitudes, une borne inférieure et une borne supérieure doivent
être considérées pour le module de déformation de la fondation rocheuse.

7.8.3 Acier

7.8.3.1 Acier d'armature et câbles de post-contrainte


Le renforcement du béton par des aciers n'est généralement pas requis dans les zones com-
primées. Cependant, dans certaines zones où les contraintes principales de compression sont
supérieures aux deux-tiers de la résistance ultime, l'ajout d'acier peut être justifié.
Dans les zones tendues, l'ajout de barres d'acier doit être considéré si les contraintes de trac-
tion sont supérieures à la résistance du béton (jonts). De plus, près des ouvertures et des gale-
ries par exemple, l'utilisation d'armatures d'acier est d'Usage courant. Des barres d'armature
peuvent également être utilisées pour contrôler la fissuration sur les parois de l'ouvrage.
Les propriétés de l'acier d'armature et des câbles de post-contrainte doivent répondre aux spé-
cifications des normes CSA-A23.1 et CSA-A23.3[17!.

7.8.3.2 Acier structural


L'évaluation des propriétés ainsi que la conception d'éléments structuraux en acier (poutres,
colonnes, etc.) doit se faire selon les recommandations de la norme CSA-S16.1.

1151
Ce sujet est traité aux rubriques 7.25.4 et 7.28.
1161
Ce sujet est traité à la rubrique 7.28.1.1.
1171
La rubrique 7.18 traite de la post-contrainte et mentionne diverses références concernant la conception des câ-
bles de post-contrainte.

page 7.48 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les pièces en acier exposées aux conditions extérieures doivent être protégées par galvanisa-
tion, si la taille des pièces le permet, ou par application d'une peinture à base d'époxy.
Dans les régions nordiques, la conception de pièces en acier doit prendre en compte la varia-
tion de ductilité de ce matériau à basse température. Le choix du type d'acier doit être fait en
fonction d'assurer un comportement ductile du matériau dans la plage de température à la-
quelle il sera soumis. Les essais et le choix du type d'acier doivent être faits selon les indica-
tions de la norme CSA-G40.20.

7.9 Définition des charges à considérer

7.9.1 Classification des charges


Les principales charges, les variations volumétriques des matériaux (dilations et contractions)
et les déplacements imposés pouvant affecter la durabilité, l'usage fonctionnel et la sécurité
des ouvrages de retenue en béton sont illustrés à la figure 7.11 et à la figure 7.12 pour les bar-
rages-poids. Ces actions (co-actions) peuvent être catégorisées de différentes façons selon :

• leurs variations dans le temps ;

• le niveau d'incertitude relié à leur quantification ;

• leurs actions de résistances (forces stabilisatrices) et de sollicitations (forces déstabilisatri-


ces).

La classification des charges, selon leurs variations dans le temps, considère :

• les charges (phases) de construction ;

• les charges permanentes (ex. poids-propre) ;

• les surcharges dues à l'usage (ex. surcharge des voies de roulement sur la crête) ;

• les sollicitations de longue durée (pseudo-statiques, cycliques - ex. température) ;

• les sollicitations dynamiques (ex. séismes).

Ouvrages de retenue en béton page 7.49


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.11 : Forces et sollicitations agissant sur un barrage-poids

changements votumétriques internes


(Iluage, retrait, chaleur d'hydratation,
gonflement hydrique, réaction alcalis-
granulats, etc.)

En conditions normales d'opération, les principales forces stabilisatrices sont le poids-propre de


l'ouvrage (ouvrage-poids) et le poids de l'eau contribuant à la stabilité. Les principales forces
déstabilisatrices sont :

• les poussées hydrostatiques et les sous-pressions contribuant à l'instabilité ;

• les surcharges et poussées des sédiments contribuant à l'instabilité ;

• la poussée des glaces.

page 7.50 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.12 : Charges et déformations à considérer pour les ouvrages de retenue en bé-
ton

CHARGES ET DÉFORMATIONS À CONSIDÉRER POUR LES OUVRAGES EN BÉTON

ÉVALUATION U.
DU RISQUE 13
1
-rupture en DISTRIBUTION SPATIALE ÉVOLUTION TEMPORELLE
conditions normales
-rupture causée
par les crues t -STATIQUE Là.
-PSEUDO-STATIQUE
DURÉE ^
-CYCLIQUE
-COURTE DURÉE
ANALYSE[3 1
DE RISQUE
-risque acceptable
-considérations -VALEURS NORMALES El
probabilistes -VALEURS INHABITUELLES
-VALEURS EXTRÊMES

1
|Ï2a |Ï3a
CHARGES APPLIQUÉES CHANGEMENTS VOLUMÉTRIQUES DÉPLACEMENTS IMPOSÉS
-poids propre (phases de construction) -retrait -tassements de la fondation et
-densité de Peau (teneur en sédiments) -séchage / mouDIage mouvements de la vallée
-niveau d'eau amont -humidité -poids du barrage et du réservoir
-niveau d'eau aval -gonflement hydrique -drainage de la fondation (tunnels,
-sous-pressions, pressions interstitielles -température minage)
-glace (statique, dynamique) -chaleur d'hydratation -mécanisme de transfert de charge
-sédiments et remblais -variations saisonnières -infiltration de sédiments dans les
-trafic sur la crête -cycle de gel-dégel fissures
-fluage, relaxation
-contraintes résiduelles |l3b
-séismes
-poids propre de l'équipement 12b -composantes horizontales/verticales
-pression hydrostatique et dynamique -effets chimiques -séisme d'opération de base (QBE)
-débordement -réactions alcalis-granulats -séisme maximal de
-évacuateurs (vannes ouvertes/fermées) -sulfatation dimensionnement (SMD)
-poutrelles de révision (en place ou non) -carbon atation -séisme maximal probable (SMP)
-prise d'eau -dissolution chimique -inertie, amortissement
•coup de bélier -cristallisation des sels -pressions hydrodynamiques
-mouvement de l'eau -niveau eau amont/aval
•coincement/frottement des vannes 12c -sous-pressions
-vibration de réquipement mécanique -érosion -pressions hydrodynamiques sur
-vibrations induites aux grilles à débris -lessivage le long des joints/fissures les vannes
par le courant -rideau d'injection -poussées dynamiques des terres
-fondation -montée du réservoir due aux mouve-
ments de terrain (glissement,
-vent |l2d éboulis.etc.)
-vagues -contraintes in situ dans la fondation -déformation du rocher causée par le
-excavation de la fondation mouvement des failles
(décompression du roc) -excitation multiple (effet des vagues)
-débris flottants -coupure dans le barrage -martellement des composantes
-glissements de terrain, adjacentes
-avalanches

hle
-post-tension •—
-poussée des terres (active, passive)
-injection des joints et des fissures
-minage et charges de construction

-champ gravitaliorme) •—
-sabotage, bombes, actions militaires
-autres (éclairs, volcans, écrasement
d'avion, etc.)

Ouvrages de retenue en béton page 7.51


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.9.2 Application du Code national du bâtiment


Afin de déterminer si les charges définies par le Code national du bâtiment du Canada (par
exemple les charges sismiques) sont applicables, on doit identifier les structures essentielles et
non essentielles à la retenue des eaux.
Une structure est dite essentielle lorsque l'endommagement ou la ruine de celle-ci peut entraî-
ner la ruine ou l'endommagement du barrage principal ou des structures connexes, ou lorsqu'il
est absolument nécessaire qu'elle continue à remplir son rôle après un séisme. La ruine peut
entraîner une perte de réservoir ou occasionner des risques inacceptables en aval. La ruine
peut aussi rendre une structure inopérable, c'est-à-dire incapable de protéger les ouvrages de
retenue contre une rupture.
Une structure non essentielle est une structure pour laquelle l'endommagement ou la ruine :

• n'entraîne pas l'endommagement ou la ruine du barrage principal (structures connexes) ;

• n'empêche pas le contrôle du réservoir pour protéger les ouvrages de retenue.

Les structures essentielles ou de protection civile doivent généralement résister à des sollicita-
tions (ex. crues, séismes) ayant une période de récurrence plus grande que celle utilisée dans
le Code national du bâtiment pour les bâtiments. Les structures non essentielles peuvent être
dimensionnées pour résister aux sollicitations définies par ce code lorsqu'elles sont applicables.

7.9.3 Description des charges


On retrouve aux rubriques suivantes une description des sollicitations à prendre en considéra-
tion lors de la conception des ouvrages de retenue en béton (barrages-poids, ouvrages régu-
lateurs, évacuateurs de crue, prises d'eau et centrales) :

• charges permanentes ;

• surcharge d'utilisation ;

• vent ;

• vagues ;

• poussées hydrostatiques ;

• poussée subatmosphériques ;

• sous-pressions ;

• poussées des terres et des sédiments ;

• poussées des glaces ;

page 7.52 ' Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• post-tension ;

• température, retrait, fluage ;


v
• sollicitations sismiques ;

• débris ;

• autres (dynamitage, injections, etc.).

7.10 Charges permanentes


Les charges permanentes comprennent le poids-propre des ouvrages, le poids des remblais
ainsi que le poids des équipements fixes et permanents.
Le poids-propre des ouvrages comprend je poids du béton du barrage et celui des superstruc-
tures telles que les ponts d'évacuateurs et les piliers. Le poids volumique du béton à utiliser
dans les calculs dépend de la densité des granulats, de leur taille maximale et des détails du
mélange utilisé. Pour les calculs préliminaires, lorsqu'on ne connaît pas le type de granulats, on
utilise généralement un poids volumique de 23,5 kN/m3. Lors de la conception finale cette va-
leur doit être révisée en fonction des résultats d'essais sur le mélange qui sera utilisé lors de la
construction.
V

Dans le cas où le remblai est considéré comme charge permanente, son poids volumique pour
l'analyse initiale est supposé égal à 19,6 kN/m3. Lors de la conception finale, cette valeur doit
être révisée en fonction des résultats d'essais sur les matériaux utilisés et les conditions de te-
neur en eau appropriées (humides ou saturées).
Le poids de l'équipement permanent doit être révisé si les caractéristiques de ces équipements
sont modifiées lors des différentes étapes de la conception. CDSA (référence 7.17) mentionne
que si le poids d'un équipement permanent est inférieur à 1 % du poids du béton, celui-ci ne
devrait pas être pris en compte dans le calcul des charges permanentes.

7.10.1 Vannes
Le poids des vannes d'évacuateur doit normalement être inclus pour les analyses où
l'évacuateur est en opération. Les circonstances spéciales où l'on doit tenir compte des condi-
tions de maintenance ou de l'enlèvement des vannes devraient être considérées cas par cas.

7.10.2 Treuils des vannes


Les treuils des vannes d'évacuateur ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul
des poids, à moins qu'ils ne soient en place pour chaque vanne et que leurs poids puisse être
déterminé approximativement.

Ouvrages de retenue en béton page 7.53


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.10.3 Turbines
Les sections de centrales sont habituellement analysées pour les conditions normales
d'exploitation (avec et sans glace), de même que pour l'excitation sismique de base
d'exploitation (SBE) avec les poutrelles de révision en place; au moins un groupe avec les pas-
sages hydrauliques vides et l'équipement de génération électrique enlevé. Toutes les autres
combinaisons sont généralement analysées avec l'équipement de génération d'électricité en
place et les passages hydrauliques remplis d'eau.

7.10.4 Equipements mobiles


Le poids des équipements mobiles tels que les grues et les camions ne doit être considéré que
lorsqu'ils diminuent le facteur de sécurité contre le renversement.

7.11 Vent
La sollicitation du vent est déterminée selon le Code national du bâtiment du Canada pour
l'endroit où l'ouvrage sera construit. Les pressions de vent horaires utilisées correspondent à
une probabilité annuelle de dépassement de 1 :100 pour les structures essentielles et de 1 : 30
pour les autres structures. Les pressions de vent peuvent agir dans n'importe quelle direction et
devraient notamment être utilisées dans les calculs de stabilité des superstructures supportant
les vannes.

7.12 Vagues
La surélévation du plan d'eau à la face amont des ouvrages et la hauteur des vagues sont in-
fluencées par l'action du vent sur le réservoir. La hauteur des vagues et l'effet de clapotis lors-
qu'elles heurtent une paroi fixe sont à considérer pour déterminer la revanche nécessaire. La
hauteur des vagues dépend principalement de la vitesse du vent, de sa durée et de la longueur
continue de la surface du plan d'eau du réservoir soumise à son action. En plus de l'information
présentée à la rubrique 8.3.7, des informations pertinentes aux calculs de l'action des vagues
sur les ouvrages sont données à la référence 7.51, à la référence 7.53, à la référence 7.118 et
à la référence 7.142.
Les surpressions hydrodynamiques induites par l'action des vagues sont généralement faibles
et de nature transitoire. Elles sont souvent ignorées dans les calculs de stabilité globale des
barrages-poids. Cependant, elles peuvent avoir un effet plus important pour le calcul de la sta-
bilité des vannes et des structures connexes, ou encore de la structure de crête des barrages.
Les surpressions hydrodynamiques dues à l'action des vagues peuvent être calculées selon
USAGE (référence 7.142).

page 7.54 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.13 Poussées hydrostatiques amont et aval

7.13.1 Niveau de la retenue et poids volumique


Les poussées hydrostatiques amont et aval sont évaluées selon les niveaux des plans d'eau
amont et aval correspondant :

• au niveau normal d'exploitation ;

• à la crue de projet ;

• à la crue de sûreté.

La pression hydrostatique s'exerce perpendiculairement sur toutes les surfaces immergées.


Elle est calculée en utilisant un poids volumique de 9,81 kN/m3, bien que celui-ci varie légère-
ment en fonction de la température et des solides (sédiments) en suspension qui peuvent se
retrouver en quantité importante lors des crues estivales (ex. crue du Saguenay de 1996). La
densité relative d'une eau chargée de sédiments peut facilement atteindre des valeurs variant
de1,05à1,10(FRCOLD, 1991).

7.13.2 Effets stabilisateurs-déstabilisateurs


La présence de colonnes verticales d'eau au-dessus de surfaces horizontales et inclinées, ou à
l'intérieur de passages hydrauliques, génère habituellement des forces stabilisatrices. La pous-
sée hydrostatique horizontale agissant en aval de l'ouvrage génère également un effet stabili-
sateur.

7.13.3 Poussées verticales


On retrouve principalement l'eau :

• au-dessus des parois inclinées amont et aval ;

• au-dessus de la portion amont du coursier des évacuateurs ;

• dans les passages hydrauliques (prises d'eau et centrales).

Ouvrages de retenue en béton page 7.55


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'élaboration des combinaisons de charges considère la vidange des passages hydrauliques


lors de l'exploitation et la maintenance des équipements. Par exemple, en conditions normales
d'exploitation (avec ou sans glace), on ne considère pas l'effet stabilisateur de l'eau dans les
passages hydrauliques pour certaines combinaisons de charges'181.
Dans certains cas, le jet d'eau passant au-dessus d'une section déversante exerce une pres-
sion sur celle-ci. Les forces correspondantes doivent habituellement être négligées dans les
calculs de stabilité, à l'exception des pressions subatmosphériques telles que.décrites ci-
dessous.

7.13.4 Poussées horizontales

7.13.4.1 Amont

Une distribution triangulaire de la pression statique exercée par l'eau agissant dans la direction
normale à la face amont est généralement utilisée pour la conception des sections non déver-
santes. Pour les sections déversantes, l'effet de la vitesse d'approche de l'eau doit être consi-
déré.

7.13.4.2 Aval - section non déversante

Pour les sections non déversantes, la pression hydrostatique aval est calculée en considérant
la pleine profondeur du plan d'eau aval.

7.13.4.3 Aval - section déversante

La poussée hydrostatique aval doit être ajustée pour la rétrogression lorsqu'il se produit un res-
saut hydraulique dans le canal aval. Dans ces conditions, les poussées peuvent présenter
d'importantes fluctuations et doivent être estimées d'une façon conservatrice. Lorsque les ré-
sultats d'études hydrauliques ne sont pas disponibles, on utilise communément une profondeur
effective du plan d'eau aval correspondant à 60 % de la pleine profondeur pour le calcul des
pressions et des forces correspondantes (référence 7.140). Ceci est illustré à la figure 7.13.
Brand (1999) présente une méthode de calcul pour évaluer la profondeur effective du plan
d'eau aval.
Pour les sections déversantes où il n'y a pas de ressaut hydraulique dans le bassin
d'évacuation, la pleine profondeur du plan d'eau peut être utilisée pour le calcul des forces in-
duites par le plan d'eau aval.
La pleine profondeur du plan d'eau aval doit être utilisée pour le calcul des sous-pressions
agissant au pied aval de l'ouvrage, sans égard aux conditions de l'écoulement à l'aval de
l'ouvrage.

t181
Ce sujet est traité à la rubrique 7.24.

page 7.56 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.13 : Poussée hydrostatique et sous-pression pour les sections déversantes


NIVEAU D'EAU

PRESSION
HYDROSTATIQUE

SÉDIMENTS

PRESSION
SÉDIMENTS
HYDROSTATIQUE
SOUS-PRESSION

Adaptation de ANCOLD (référence 7.4)

7.13.4.4 Évacuateurs avec vannes

Lors de l'analyse d'un évacuateur avec vannes pour la stabilité globale, la poussée hydrostati-
que horizontale sur l'évacuateur doit être ajustée afin d'enlever la poussée pertinente à
l'ouverture des vannes pour une condition de crue particulière (crue de projet ou crue de sûre-
té). Le nombre de vannes qui seront ouvertes doit être évalué en fonction de l'adéquation de la
capacité d'évacuation lors de l'ouverture d'une (ou plusieurs) vanne avec le débit à évacuer.
Même si la vanne est ouverte, il peut subsister une force horizontale si celle-ci ne peut être
soulevée au-dessus du niveau du plan d'eau lors de la crue. Pour la stabilité locale, on doit
considérer la possibilité qu'une vanne demeure fermée ou non fonctionnelle. Par conséquent,
en situation de crue, il faut utiliser la pleine pression sur la vanne.

7.13.5 Passages hydrauliques


Une surpression équivalente de 10 à 25 % de la pression hydrostatique est considérée au ni-
veau des passages hydrauliques de la prise d'eau et des bâches spirales de la centrale lors
des études structurales. La valeur de surpression associée au coup de bélier dépend de la vi-
tesse de fermeture des vannes, de la configuration de la conduite et de la présence ou non
d'une cheminée d'équilibre.

Ouvrages de retenue en béton page 7.57


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.14 Poussée subatmosphérique


À la charge hydraulique totale pour laquelle le profil d'une section déversante a été déterminé,
la pression au contact du jet d'eau et du profil est voisine de la pression atmosphérique. Pour
un profil donné, une nappe d'eau d'une hauteur égale à la charge totale qui a servi à tracer le
profil n'induit donc aucune pression. Par ailleurs, une nappe d'eau de plus grande hauteur que
la charge totale crée une pression subatmosphérique (succion) de nature déstabilisatrice sur le
profil. Lorsque le profil a été déterminé pour une charge hydraulique passablement moindre
que le maximum qui pourrait survenir, l'intensité des efforts de succion devrait être déterminée
et ceux-ci inclus dans les calculs de stabilité (référence 7.140).

7.15 Sous-pressions

7.15.1 Pressions interstitielles et sous-pressions


Le béton est un matériau poreux de sorte qu'une pression d'eau peut se développer par per-
colation dans les espaces interstitiels présents dans le corps des ouvrages (figure 7.14, a). Les
pressions interstitielles résultantes génèrent des forces internes auto-équilibrées qui induisent
des contraintes de traction dans le béton (figure 7.14, b). Les contraintes totales de compres-
sion dans le béton sont réduites à une valeur dite « effective » en présence de pressions in-
terstitielles et les contraintes de traction (si présentes) sont augmentées. Par ailleurs, l'intrusion
de l'eau sous pression dans une fissure ouverte ou un joint agit comme une charge externe ac-
tive de « sous-pression » qui doit être incluse dans les calculs de contrainte et de stabilité pour
assurer l'intégrité structurale de l'ouvrage (figure 7.14, c).
Les sous-pressions, qui résultent de la présence d'eau en amont et en aval d'un système bar-
rage-fondation existent dans les sections du barrage, au contact béton-rocher et dans la fonda-
tion rocheuse. Les sous-pressions varient dans le temps selon les cycles d'ouverture-fermeture
(décompression-compression) des joints et des fissures et selon la cote du réservoir. Les sous-
pressions dépendent des conditions frontières (drainage, écrans d'injection), de la perméabilité
des matériaux et de la conductivité hydraulique des joints et des fissures (figure 7.14, d) et
figure 7.15).
L'intensité et la distribution des sous-pressions susceptibles de se développer dans un barrage-
poids et dans sa fondation ont un effet marqué sur la stabilité de l'ouvrage et la conception
structurale de celui-ci. Il y a quatre principaux éléments qui peuvent être conçus de façon à ré-
duire l'intensité et la distribution des sous-pressions :

• l'écran d'injection qui augmente la longueur du chemin d'écoulement de l'eau, dans la fon-
dation ;

• le tapis amont qui augmente également la longueur du chemin d'écoulement de l'eau dans
la fondation ;

• le rideau de drainage qui relâche les sous-pressions ;

page 7.58 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'utilisation d'une membrane (revêtement) imperméable sur la face amont.

Figure 7.14 : Pressions interstitielles et sous-pressions

a) Barrage - réservoir

' Béton intact

Joint de reprise
Écoulement de
l'eau
V

\
b) Béton de masse (intact et saturé) c) Joint de reprise (cheminement de
conductivité hydraulique uniforme)

= YH p =0

distribution linéaire des


sous-pressions
pressions interstitielles

d) Joint de reprise (fissuré non


drainé)
fissure ligament

- perméabilité (conductivité
hydraulique) «1 » l<2
p= Y H n =o
p
" P'e'ne pression hydrostatique
~ amont dans la fissure

Ouvrages de retenue en béton page 7.59


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.15 : Paramètres affectant les sous-pressions


température

temps

niveau amont •=• porosité et perméabilité


du béton

\
caractéristiques
du roc

traitement de
drain de la fondation
rideau / fondation
d'injection

7.15.2 Pressions interstitielles dans le béton de masse


Le béton de masse intact est très imperméable et les mesures in situ ont confirmé que les
pressions interstitielles ne se développent que près de la paroi amont (référence 7.55). Les cal-
culs ont démontré qu'il peut s'écouler plusieurs centaines d'années pour que l'eau sature les
vides en se déplaçant d'amont en aval d'un barrage typique en béton (référence 7.12). USAGE
(référence 7.140) reconnaît que l'imperméabilité du béton intact préviendra le développement
de grandes pressions interstitielles. La distribution de pressions internes est présumée varier
de 50 % de la pression maximale à la paroi amont, à zéro en aval (pas d'eau en aval). Cepen-
dant, la présence de fissures et des joints de reprise de bétonnage dans le corps de l'ouvrage
modifie cette hypothèse. On doit alors considérer l'intensité et la distribution des sous-pressions
telles que décrites ci-dessous.

7.15.3 Sous-pressions - conditions normales d'exploitation et de


crues
Les sous-pressions sont considérées comme agissant sur 100 % de là section considérée pour
les calculs de contraintes et de stabilité.

page 7.60 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.3.1 Joints de reprise de bétonnage et contact-béton rocher - sans


drainage, ni fissure

La distribution des sous-pressions pour une section non-drainée ni fissurée de l'ouvrage varie
linéairement de la pleine charge à la face amont à la pleine charge à la face aval
(figure 7.16, a).

Figure 7.16 : Conditions de sous-pressions à considérer pour les ouvrages poids


(a)
K(H,-H4)+ H)

ai H, <
H3=K(H,-H2)+H2

E = anicaclti dsa drains


Kol -E

T= longueur de la fissure (T < x) (e) T= longueur de la fissure (T >x)


»IH 4 >H 2 NOTE: l'efficacité des drains (E). est supposée varier entre
Ha= <(HrHgl (L-Kl ^ H2 - H4) (1^) +«4 25% et 50%. Cependant, à partir de mesures in situ
(L-T) Justificatives, refficacité peut être augmentée jusqu'à
«H 4 <H 2 un maMmum de 67%.
Hqs {(H* 44^^1.^11) (1 -E) +H2
(L.T)

H '

YH
E = efficacité doa draina

Adaptation de USAGE, référence 7.140

7.15.3.2 Incidence des drains

Lorsqu'un système de drainage est présent, on considère généralement que celui-ci peut ré-
duire l'intensité des sous-pressions le long de sa ligne d'action. En l'absence de fissure, on
présume habituellement une distribution linéaire des sous-pressions des faces amont et aval
jusqu'à la ligne des drains (figure 7.16, b). L'influence du rideau de drainage sur les forces de
sous-pressions à considérer lors de la conception structurale dépend (figure 7.16, de b à e) :

• de l'efficacité du drain (E) ;

• de sa position le long du chemin d'écoulement (X) ;

• de l'élévation de sa décharge (H4) (galerie de drainage, drain collecteur) par rapport à


l'élévation du plan d'eau aval (H2) ;

• de la présence d'une fissure produisant une zone de décompression de longueur (T) pou-
vant intercepter ou non les drains.

Ouvrages de retenue en béton page 7.61


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.3.3 Sélection de l'efficacité du système de drainage

L'efficacité des drains pour réduire les sous-pressions en deçà de la valeur sans drainage est
exprimée sous la forme d'une décimale E. Ce facteur indique la proportion de l'écoulement qui
peut être capturée par le système de drainage afin de réduire la charge hydraulique. La valeur
de E dépend de l'espacement des drains par rapport à la longueur du chemin d'écoulement et
de la capacité des drains pour évacuer le débit collecté. Le diamètre effectif du drain (après
colmatage partiel ou total par dépôt de calcite) et la présence de fissures interceptant les drains
influencent l'efficacité du système de drainage.

7.15.3.3.1 Méthode empirique

Pour la conception préliminaire de barrages d'une hauteur modérée reposant sur une fondation
ne présentant pas de condition géologique défavorable, on utilise souvent E = 0,67. Les trous
de drainage, quand ils sont opérationnels, ont donc pour effet d'amener les sous-pressions à
cet endroit à la valeur de la pression hydrostatique aval, augmentée du tiers de la différence
entre les pressions amont et aval. Cette approche peut être utilisée seulement si les conditions
suivantes sont satisfaites (référence 7.4) :

• la ligne des drains doit être localisée à une distance de la face amont prise entre 5 et 15 %
de la hauteur maximale du réservoir amont ;

• l'espacement latéral des drains ne doit pas excéder 10 % de la hauteur maximale du réser-
voir amont ;

• les drains dans le corps du barrage doivent être forés ou formés avec un diamètre d'au
moins 150 mm;

• les drains forés dans la fondation à partir d'une galerie localisée dans le bas de l'ouvrage
doivent avoir un diamètre minimum de 75 mm (de préférence 100 mm) et l'espacement ne
doit pas excéder 3 m (l'espacement des drains est souvent plus rapproché pour les fonda-
tions relativement imperméables par rapport aux fondations plus perméables) ;

• des dispositions doivent être prises pour permettre l'entretien du système de drainage (le
reforage des drains à partir d'une galerie de fondation par exemple).

À noter que USAGE (référence 7.140) considère que la valeur de E = 0,67 pour les drains de
fondation comme une borne supérieure qui doit être supportée par des essais d'écoulement et
de perméabilité in situ. Autrement, une valeur de E variant entre 0,25 et 0,50 doit être retenue
et justifiée en fonction des hypothèses adoptées.

page 7.62 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.3.3.2 Méthodes analytique-numérique

L'effet d'un système de drainage sur les sous-pressions peut être calculé par la méthode ana-
lytique (figure 7.17) présentée par Ransford (référence 7.126) et Casagrande (référence 7.31 )
ou par réseaux d'écoulement en milieux poreux (et fissurés le cas échéant ). Novak et al.
(référence 7.118) présentent un abaque pour estimer l'efficacité d'un système de drainage en
fonction de la géométrie des drains (diamètre, espacement, distance de la face amont).
_z
sinh 27i—
s 1 s_
P= où D = — In
271 . .n d
sinh
s T 2 s

Figure 7.17 : Solution analytique pour le calcul de la réduction des sous-pressions oc-
casionnée par les drains

Adaptation de ANCOLD (référence 7.4)

7.15.3.3.3 Incidence de la fissuration sur les sous-pressions

Lorsqu'une fissure en contact avec le réservoir existe, les sous-pressions sont généralement
considérées constantes et égales à la pleine charge amont sur toute la longueur de la fissure
jusqu'au point où la section devient comprimée (figure 7.16, d et e) (sauf pour le cas où la fis-
sure est induite par un séisme). Toutefois, selon USAGE (référence 7.140), les mesures indi-
quent que cette approche serait conservatrice.

Ouvrages de retenue en béton page 7.63


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.3.3.4 Sous-pressions en aval des sections déversantes

La pleine hauteur d'eau à l'aval après stabilisation de l'écoulement est utilisée pour le calcul
des sous-pressions sans égard aux conditions particulières pouvant résulter de la présence
d'un ressaut hydraulique (référence 7.140).

7.15.3.3.5 Sous-pressions dans les fondations

La stabilité contre le glissement du système barrage-fondation doit être vérifiée pour des plans
de rupture susceptibles de se développer dans les fondations le long des failles ou le long de
joints importants1 '. On doit porter une attention particulière à la définition des sous-pressions à
prendre en considération dans ces calculs en fonction de la présence de matériaux de perméa-
bilités différentes, de même qu'à l'efficacité du système de drainage pour réduire ces sous-
pressions. USAGE (référence 7.140) et Casagrande (référence 7.31) présentent des exemples
de diagrammes de sous-pressions pour le calcul de la stabilité des fondations.

7.15.4 Conception du système de drainage


La décision de drainer les fondations d'un ouvrage doit être prise après l'étude des points sui-
vants :

• les conditions géologiques ;

• la méthode de drainage de la galerie (par gravité ou par pompage) ;

• les coûts de construction, d'éclairage et de ventilation de la galerie ;

• la construction d'accès ou d'issues de secours ;

• l'efficacité prévue du système de drainage et les moyens alternatifs de drainer.

Une fois prise la décision de drainer, la conception du système de drainage demande :


1. la définition des caractéristiques de l'écran d'injection (profondeur, inclinaison, diamètres
des trous et patron de forages, qualité des coulis, séquence d'injection, etc.) ;
2. la spécification du diamètre des drains, de leur localisation, espacement, profondeur, incli-
naison et des procédures d'entretien ;

3. la définition des caractéristiques des galeries ;


4. la planification du réseau de collecte et de mesure des débits provenant des drains ;
5. la planification du système de mesure des sous-pressions.

M 91
Ce sujet est traité à la rubrique 7.25.4.

page 7.64 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le rôle du système de drainage est :

• de contrôler le développement des pressions interstitielles et des sous-pressions dans les


fondations et le corps de l'ouvrage, tout particulièrement le long des joints de reprise de
bétonnage ;

• de limiter les circulations d'eau susceptibles de déboucher en aval et d'entraîner une dégra-
dation accélérée du béton sous l'action des cycles de gel-dégel ;

• les drains sont également utiles comme indicateur du développement de la fissuration lors-
qu'on mesure une augmentation de débit sous des conditions constantes de la cote du plan
d'eau.

7.15.4.1 Drainage du corps de l'ouvrage et des fondations


Afin d'intercepter les infiltrations et diminuer les sous-pressions, les grands barrages-poids
possèdent habituellement un système de drainage qui consiste en une ligne de trous (forés ou
formés) verticaux localisés à environ 4 m du parement amont sur toute la hauteur de l'ouvrage.
Les drains ont un diamètre d'au moins 150 mm et sont espacés généralement de 3 m. Les
drains débouchent habituellement dans des galeries de drainage implantées près du pied
amont et aussi parfois plus haut dans l'ouvrage. Le corps des petits barrages-poids n'est géné-
ralement pas drainé.

On trouve également dans la fondation un réseau de drainage constitué de trous de forage es-
pacés généralement de 3 m et dont la profondeur varie habituellement entre 20 et 50 % de la
hauteur du barrage. Les drains de fondation sont localisés en aval de l'écran d'injection. Pour
des conditions géologiques usuelles, la profondeur de l'écran d'injection varie entre environ 60
et 75 % de la hauteur de l'ouvrage. Lorsque les conditions géologiques sont favorables et pour
les ouvrages de 15 m de hauteur ou moins, le drainage des fondations peut être omis.

7.15.4.2 Mise en place d'une galerie de drainage


Les sous-pressions agissant à l'interface béton-rocher d'un barrage-poids ont un effet important
sur sa stabilité et sur le volume de béton à mettre en œuvre. On considère donc souvent le
drainage des fondations. Cependant, pour que ce drainage soit efficace et réduise le volume de
béton du barrage, on doit localiser les drains relativement près de l'amont. Ceci nécessite ha-
bituellement la présence d'une galerie de drainage dans le corps de l'ouvrage près des fonda-
tions (figure 7.18).
La construction d'une galerie de drainage, de ses accès et la mise en place des équipements
(éclairage, ventilation) sont souvent très coûteux. Pour les petits barrages, on préfère souvent
l'augmentation du fruit global de l'ouvrage et du volume de béton à la réalisation d'une galerie.
À titre indicatif, FRCOLD (référence 7.40) mentionne que les barrages-poids en béton conven-
tionnel de moins de 15 m ne seront généralement pas munis d'une galerie lorsque les condi-
tions géologiques sont favorables, celle-ci étant mise en place pour les ouvrages plus élevés.
Pour les barrages en BCR, on évite l'utilisation d'une galerie pour les ouvrages atteignant 20 à
25 m à cause des inconvénients de chantier qu'elle entraîne nuisant ainsi à l'application effi-
cace de la technique du BCR.

Ouvrages de retenue en béton page 7.65


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.18 : Implantation de l'écran d'injection (i) et du rideau de drainage (d) avec ga-
lerie (a) et sans galerie(b)

Adaptation de FRCOLD (référence 7.40)

La figure 7.19 présente la section du barrage d'EI Koreima au Maroc (26 m de hauteur). Une
tranchée parafouille, prolongée par un masque amont en béton conventionnel vibré (BCV), as-
sure l'étancheite. Des drains verticaux et horizontaux débouchant en aval drainent la fondation
et le barrage sans l'utilisation d'une galerie (référence 7.40).

Figure 7.19 : Coupe typique du barrage d'EL Koreima

Béton coffré

Parafouille d'étanchéité

page 7.66 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.4.3 Contrôle des sous-pressions à partir du pied aval


Pour les petits barrages, sans galerie, d'une hauteur inférieure à 15 m, on peut implanter un
système de drainage à partir de forages localisés sur la face aval et inclinés vers l'amont. Ces
drains permettent de réduire les sous-pressions sous le coin aval du barrage.
En l'absence de drainage près de l'amont, il est possible que le diagramme de sous-pressions
soit plus défavorable que le diagramme trapézoïdal (figure 7.15, a) si les fissures dans le ro-
cher ont tendance à se refermer au pied aval (référence 7.40) ou si on a mis en place un tapis
de béton pour protéger la fondation près du pied aval en cas de submersion. Si les études
géologiques ou la présence d'un tapis aval indiquent qu'un diagramme défavorable de sous-
pressions est susceptible de se produire, il est important de mettre en place des drains au pied
aval.

7.15.4.4 Colmatage des drains


Le risque de colmatage des drains de fondation et des drains localisés dans le corps des ou-
vrages est à considérer dans les calculs de stabilité. Lorsque les drains sont accessibles et font
l'objet d'une maintenance régulière, on considère une combinaison de charge inhabituelle avec
les drains non opérationnels. Dans le cas où les drains ne sont pas accessibles pour le contrôle
de leur efficacité et pour les travaux de maintenance, ceux-ci doivent être ignorés lors de la
conception de l'ouvrage. Il est évidemment illogique de mettre en place un système de drai-
nage qui ne peut pas être contrôlé et entretenu. Le colmatage des drains se produit principale-
ment par la formation d'un dépôt de calcite au contact de l'air. La circulation d'air dans les
drains doit donc être évitée dans la mesure du possible. Différents dispositifs peuvent être mis
en œuvre dans ce but, notamment les siphons.

7.15.4.5 Obstruction par le gel des drains


La possibilité d'obstruction des drains à cause du gel de leur sortie devrait être considérée lors-
que ceux-ci sont susceptibles d'être exposés à de basses températures en conditions hiverna-
les (drains au pied aval par exemple).

7.15.4.6 Submersion des galeries de drainage


*
Lorsqu'on présume que le système de drainage est efficace en cas de crue, on doit s'assurer
que les galeries où débouchent les drains ne seront pas noyées. Dans le cas où des pompes
seraient nécessaires pour drainer la galerie, celles-ci doivent demeurer fonctionnelles pour pré-
server l'efficacité du réseau de drainage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.67


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.4.7 Érosion des joints

On doit également reconnaître que la quantité d'eau s'écoulant dans l'ouvrage vers les drains
aura tendance à augmenter si on accroît l'efficacité du système de drainage. Des gradients hy-
drauliques importants peuvent alors se développer sur de courtes distances entre la face amont
et les drains, favorisant l'érosion du béton le long des joints particulièrement en présence d'eau
agressive.

7.15.5 Conditions de crues


Lors de l'évaluation de la stabilité d'un ouvrage-poids en cas de crues, certaines études font
l'hypothèse que les sous-pressions n'auront pas le temps d'augmenter d'une façon substan-
tielle avant que la crue ne se résorbe. Ce délai d'augmentation des sous-pressions en réponse
à la cote du niveau de l'eau amont est connu sous le vocable de « temps de délai »
(référence 7.74). Ce temps de délai dépend de la perméabilité du champ d'écoulement souter-
rain reliant le réservoir et les joints du rocher de fondation, de même que de l'ouverture de
ceux-ci. Des mesures de sous-pressions de huit barrages-poids ont montré que le temps de
délai entre l'augmentation du niveau de l'eau amont et l'augmentation des sous-pressions était
minime par rapport à la durée de la plupart des crues (référence 7.74). Il est donc recommandé
de n'utiliser aucune réduction des sous-pressions à cause du temps de délai lors des calculs de
stabilité. De plus, on doit considérer qu'il est possible que l'efficacité du système de drainage
soit diminuée lors d'une crue importante (apport d'eau important, turbulence de l'écoulement,
etc.).

7.15.6 Conditions sismiques


La distribution et l'intensité initiales des sous-pressions au contact béton-rocher, dans les joints
et les fissures (pré-sismiques et sismiques), sont supposées inchangées pendant un séisme
(référence 7.67 et référence 7.140).

7.15.7 Conditions post-sismiques


Après le séisme maximum de dimensionnement (SMD), le barrage doit être capable de conte-
nir le réservoir pour une période de temps suffisante pour permettre son renforcement si né-
cessaire. Pour les conditions normales d'exploitation, la stabilité sera habituellement vérifiée le
long de la base en supposant la distribution des sous-pressions initiales (pré-sismiques) si les
fissures sismiques se sont refermées (comprimées) et s'il n'y a pas d'endommagement anticipé
du système de drainage, de l'écran d'injection et de la fondation (référence 7.67). Une combi-
naison de charges présumant les drains inopérants peut être pertinente pour l'évaluation post-
sismique si on anticipe l'endommagement du système de drainage.

page 7.68 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

CDA (référence 7.16) mentionne également qu'une hypothèse conservatrice en condition post-
sismique est d'appliquer la pleine sous-pression dans les fissures induites par le séisme. Cette
hypothèse est sans doute plus juste s'il y a eu glissement et dilatance de la fissure ou du joint ou
si la fissure est partielle et s'est produite dans un matériau initialement sain. On doit néanmoins
considérer que si la fissure (ou le joint fissuré) est traversante avec une ouverture hydraulique
non nulle, la conductivité hydraulique et les conditions frontières (pression) en aval influenceront
la distribution des sous-pressions le long de la fissure (joint).

7.15.8 Considérations particulières pour les évacuateurs de crues


et les centrales
Des exemples de la distribution des sous-pressions à considérer pour la conception structurale
des centrales et des évacuateurs de crues sont présentés de la figure 7.20 à la figure 7.24. La
sous-pression entre les joints horizontaux des piliers d'évacuateur est égale à la pleine charge
hydrostatique amont jusqu'au joint d'étanchéité de la vanne ou des poutrelles, et cette charge
agit sur 100% de la surface. Par la suite, la sous-pression diminue linéairement jusqu'à la
pression correspondante à la pleine charge hydrostatique aval, et ce, sur une longueur égale à
la largeur du pilier, et demeure constante jusqu'à la fin du pilier. Sur la longueur égale à la lar-
geur du pilier, la sous-pression agit sur les deux tiers de cette surface et agit sur 100 % de la
surface lorsque la pression demeure constante.

Figure 7.20 : Distribution de la sous-pression : centrale au fil de l'eau - critères de


conception pour le projet NBR

(a) Drains en opération (b) Drains bloqués

Ouvrages de retenue en béton page 7.69


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.21 : Étude de stabilité de la centrale Grand-Mère : centrale opérationnelle

CAS No. 1.1 ;


-CHARGES MOTTES
-NIVEAU AMONT UAX EXPLOITATION (ia&56m)
-NIVEAU AVAL UAX. NORMAL (TBjem)
-VANNES OUVERTES (AMONT ET AVAL)
-PRISES D'EAU. BÂCHE ET ASPIRATEUR PLEINS
-POUSSEE STATIQUE DE LA GLACE
-SOUS-PRESSION NORMALE (ORAINS EN OPERATION)

Figure 7.22 : Distribution de la sous-pression : centrale séparée de la prise d'eau - critè-


res de conception pour le projet NBR

Trous de drainage

(a) Drains en opération (b) Drains bloqués

page 7.70 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.23 : Étude de stabilité de la centrale Grand-Mère : évacuateur de crues princi-


pal

CAS No.1.1 :
102.56m -CHARGES MORTES
-NIVEAU AMONT MAX. EXPLOITATION (102.56m)
-NIVEAU AVAL MAX. NORMAL (7848m)
-VANNES FERMEES
-POUSSÉE STATIQUE OE LA GLACE
PILIER : 150 kN/m
VANNE : 75 kN/m
-SOUS-PRESSION SANS DRAINS

Ouvrages de retenue en béton page 7.71


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.24 : Exemples de sous-pressions pour les piliers d'évacuateurs

•50750

46.e
41280
B

i t-40.840
' 19 930

fL^VATIDN PLAN

Coup» A-A

440

B-B
23.9t.Po

P«65.7l«Po-v P>32.9kPi
P«56.8KPo

C-C

152 40—
P«32.9kPo

P»65.7kPo

Adaptation de Miron (référence 7.111)

7.15.9 Dispositions constructives pour atténuer l'incidence des


sous-pressions
En plus de la mise en place d'un écran d'injection et d'un rideau de drainage, l'utilisation de
membranes (masques) amont et de tapis amont peut atténuer l'incidence des sous-pressions,
sur la stabilité des ouvrages.

page 7.72 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.15.9.1 Membranes amont

Le béton conventionnel remplit deux fonctions de base pour les barrages en béton. Il assure
tout d'abord la résistance mécanique de l'ouvrage puis par sa faible perméabilité, il assure son
étanchéité. La résistance mécanique est généralement limitée par les joints de reprise de bé-
tonnage. Cependant, elle est adéquate pour les ouvrages en béton conventionnel ou en BCR.
Pour les ouvrages en BCR, l'étanchéité est beaucoup moins certaine à cause des joints de re-
prise. Par exemple, pour améliorer l'étanchéité des ouvrages en BCR, on a construit pour le
barrage Villaumur un mur amont de béton armé conventionnel de 1 m d'épaisseur, possédant
une perméabilité réduite, sur lequel vient reposer la masse de béton en BCR formant le corps
de l'ouvrage. Le masque amont est drainé par un géotextile relié à une série d'exutoires en
PVC (figure 7.25).

Figure 7.25 : Coupe typique du barrage de Villaumur

61.50

Adaptation de FRCOLD (référence 7.40)

Ouvrages de retenue en béton page 7.73


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Divers types d'écrans ou de membranes en acier, en PVC, en asphalte ou en résine époxy ont
été appliqués sur la paroi amont de barrages en béton conventionnel ou en BCR pour en amé-
liorer l'étanchéité, diminuer les sous-pressions et contrôler les circulations d'eau
(référence 7.40 et référence 7.109). Cependant l'utilisation de membranes est généralement
considérée comme une solution temporaire, celles-ci devant être remplacées tous les vingt ans
par exemple. De plus, un endommagement mineur de la membrane est susceptible de permet-
tre le développement de pressions à l'interface béton-membrane et leur propagation à l'intérieur
des joints de l'ouvrage. L'utilisation de matériaux vieillissants sur une grande échelle lors de la
construction d'un nouvel ouvrage doit donc être examinée avec soin dans le contexte des coûts
associés à la gestion à long terme de celui-ci.

7.15.9.2 Tapis amont

L'utilisation d'un tapis de béton imperméable disposé horizontalement sur la fondation et


connecté de façon étanche et permanente au pied amont peut réduire l'intensité des sous-
pressions se développant au contact béton-rocher en augmentant la longueur de cheminement
du réseau d'écoulement (figure 7.26). Des tapis amont ont été installés comme mesure de ré-
habilitation aux barrages de La Girotte et Bort en France. Des tapis amont ont également été
intégrés à la construction de nouveaux ouvrages, notamment en Russie (référence 7.109).

Figure 7.26 : Tapis amont

H4 = HW-TW x (L/L1 + TW
Adaptation de FERC (référence 7.67)

page 7.74 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.16 Poussées des terres et des sédiments


Les poussées statiques et sismiques générées par la présence de sédiments qui se dépose-
ront contre la paroi amont des ouvrages et la présence de remblais reposant sur les structures
en béton doivent être considérées dans les analyses structurales. On doit tout d'abord détermi-
ner le profil de déposition des sédiments susceptible de survenir en amont de l'ouvrage consi-
déré pendant la vie de l'aménagement. À noter que la déposition de sédiments en amont et en
aval des évacuateurs de crue est également susceptible d'influencer les conditions
d'écoulement et la gestion des plans d'eau.
La poussée des terres sur les ouvrages est déterminée en fonction de la composition et de la
géométrie des remblais selon les dessins de construction.

7.16.1 Poussées statiques des terres et des sédiments

7.16.1.1 Sédiments - fluide équivalent


Lors des calculs préliminaires, la poussée des sédiments est généralement assimilée à celle
d'un fluide dont le poids unitaire définissant les composantes horizontales et verticales est
augmenté par rapport à celui de l'eau. Pour la poussée horizontale, on utilise un fluide avec un
poids volumique de 13,4 kN/m3 (liquide de gravité spécifique de 1,36) ; la poussée verticale est
calculée pour un fluide de poids volumique égal à 18,9 kN/m3 (liquide de gravité spécifique de
1,92) (référence 7.134). L'augmentation des poussées est donc de 0,36 et de 0,92 respective-
ment, dans la direction horizontale et verticale par rapport aux poussées normalement considé-
rées pour l'eau. Puisque la poussée de l'eau s'applique sur toute la hauteur du barrage, il est
pratique d'effectuer les calculs de la poussée additionnelle due aux sédiments en utilisant leur
poids volumique déjaugé.

7.16.1.2 Sédiments - poussée au repos par rapport à poussée active


La poussée des sédiments peut également être calculée en considérant un silt submergé de
poids volumique égal à 18,9 kN/m3 et un angle de friction interne de l'ordre de cp = 20B à cp = 30e
avec cohésion nulle. La poussée des sédiments-en contact avec la paroi amont d'un ouvrage
est influencée par les mouvements de celle-ci. Les déplacements des ouvrages-poids sur fon-
dations rocheuses sous conditions normales d'exploitation sont généralement très petits de
sorte que le coefficient de poussée au repos est approprié (Ko= 1-sincp). Le coefficient de
poussée au repos est adéquat pour les calculs de stabilité basés sur la résistance de pointe au
cisaillement où aucun glissement n'est susceptible de survenir.

Ouvrages de retenue en béton page 7.75


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour les calculs de stabilité basés sur la résistance résiduelle au cisaillement, l'utilisation du
coefficient caractérisant la poussée active des sédiments est plus approprié (KA = (1 -
sincp) / (1 + sincp)). Par ailleurs, puisque la poussée de.l'eau est considérée sur toute la hauteur
du barrage, il est pratique d'effectuer les calculs en contraintes effectives, c'est-à-dire en utili-
sant le poids volumique déjaugé pour les sédiments.

7.16.1.3 Poussée des terres


En général, les coefficients de poussée au repos sont appropriés pour calculer la poussée laté-
rale exercée par les remblais déposés en aval des ouvrages-poids sur fondations rocheuses. Si
le remblai est submergé, le poids unitaire du sol doit être réduit du poids unitaire de l'eau afin
de déterminer la poussée additionnelle à la poussée hydrostatique. La poussée passive n'est
généralement pas appropriée pour assurer la stabilité des ouvrages-poids. La pleine poussée
passive ne peut se développer que si l'ouvrage présente de grands déplacements vers le rem-
blai. Puisque l'ouvrage s'est déplacé, on considère alors qu'il s'est produit une « rupture » par-
tielle de l'ouvrage, une situation inacceptable à tout le moins pour les conditions normales
d'exploitation et les conditions inhabituelles (crue de projet). Par ailleurs, si on considère l'effet
stabilisateur d'un remblai aval lors d'une crue, on doit s'assurer que celui-ci ne sera pas érodé
par l'action de l'eau lors d'un déversement sur la crête des ouvrages en béton.

7.16.2 Poussées sismiques des terres et des sédiments


Les poussées dynamiques des remblais et des sédiments devront être ajoutées aux poussées
statiques. La possibilité de liquéfaction des remblais et sédiments doit être considérée. Pour les
remblais non submergés, on fera appel aux principes de la dynamique des sols. Pour les sédi-
ments, on pourra utiliser comme première approximation le modèle de Westergaard pour le
calcul des forces hydrodynamiques des sédiments considérés comme un liquide dont le poids
unitaire est égal au poids volumique déjaugé (référence 7.67). Des méthodes de calcul plus
détaillées, telle que la solution de Mononobe-Okabe pour la poussée dynamique d'un sol sub-
mergé sur un mur de soutènement, peuvent aussi être considérées (référence 7.6,
référence 7.68, référence 7.71 et référence 7.107).

7.17 Poussées des glaces


Les poussées des glaces sur les ouvrages en béton sont traitées dans un document séparé in-
titulé Guide pratique pour le calcul des forces exercées par les glaces. Ce document présente
aussi d'autres sujets importants du génie des glaces rencontrés dans la conception des amé-
nagements hydroélectriques.

Le guide fait, dans la première partie, un rappel de certaines propriétés fondamentales de la


glace qui sont essentielles pour bien comprendre son comportement. Ensuite, il traite des for-
ces horizontales que la glace peut exercer sur les structures rigides, les talus en enrochement
et les estacades. Dans la troisième partie, il analyse le comportement des glaces sous des
changements verticaux. Une attention spéciale est accordée à la conception des ponts de
glace. Les différents sujets abordés sont traités selon le plan ci-dessous :

page 7.76 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Caractéristiques de la glace d'eau douce


Réseau cristallin de la glace
Types de glace polycristalline
Glace primaire
Glace secondaire
Glace surimposée
Glace agglomérée
Formation et croissance de la glace
Épaisseur de la glace sur une nappe d'eau calme
Apparition et évolution du frasil en rivière
Comportement rhéologique de la glace
Comportement ductile de la glace
Propriétés mécaniques dans le domaine fragile

Forces horizontales exercées par les glaces


Poussées statiques des glaces
Cas particuliers de poussées statiques
Structure longue
Pilier en saillie
Vanne en retrait
Forces dynamiques des glaces
Pilier circulaire vertical
Pilier avec nez angulaire incliné
Pilier rectangulaire vertical
Conception des estacades à glace
Équations de base
Forces sur une estacade
Choix des câbles
Exemple de calcul
Action de la glace sur les enrochements
Effet « bélier »
Arrachement
Cisaillement
Formules

Forces verticales sur les champs de glace


Mécanismes de rupture
Capacité portante des champs de glace
Chargement de courte durée
Charge mobile
Chargement de longue durée
Forces verticales exercées par la glace sur les structures
Force verticale sur un pieu isolé
Force verticale sur un barrage long
Composante verticale de l'impact d'un glaçon sur un pilier incliné

Ouvrages de retenue en béton page 7.77


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Ponts de glace
Généralités et hypothèses de calcul
Détermination de l'épaisseur requise
Largeur du pont de glace
Espacement entre les véhicules
Vitesse admissible
Choix du site
Méthodes de construction
Entretien et opération

Le concepteur pourra trouver, dans ce document, une synthèse des connaissances actuelles
en mécanique des glaces et surtout, des méthodes simples pour évaluer, d'une part, les forces
exercées par les glaces sur les ouvrages hydrauliques et, d'autre part, la capacité portante des
champs de glace. Une abondante bibliographie présentée à la fin du document permettra au
lecteur d'approfondir certains sujets traités.

7.18 Post-tension
Les câbles de post-tension ne sont utilisés habituellement que pour l'amélioration de la stabilité
des ouvrages existants (référence 7.140). En ce qui concerne les nouveaux ouvrages, les câ-
bles de post-tension sont employés occasionnellement pour augmenter la stabilité pendant la
période de construction (LG-1). Ils sont efficaces pour améliorer la résistance au glissement, la
position de la résultante et pour réduire la traction au pied amont de l'ouvrage. Toutefois, mal-
gré les progrès techniques effectués ces dernières années, la post-tension n'est pas considé-
rée dans la conception de nouveaux ouvrages.
Si la post-tension est utilisée, les pratiques suivantes sont recommandées :

• pour minimiser le risque de corrosion, il est recommandé d'utiliser des câbles à double ou à
triple protection ;

• il est également recommandé de rendre possible la mesure de la tension résiduelle dans


les câbles ;

• il est préférable de permettre le retensionnement des câbles au besoin ;

• l'assise de l'ancrage doit être conçue pour transmettre la charge sans poinçonnement et de
l'acier d'armature doit être ajouté au besoin ;

• la longueur des ancrages dans le roc doit être déterminée en fonction de la qualité du roc et
de l'adhérence au contact entre le coulis de ciment et le roc.

Les guides suivants sont recommandés pour la conception des câbles de post-contraintes :

• G round anchorages : British Standard code ofpractice (1989) ;

• Recommandations for Prestressed Rock and soil Anchors : Post-Tensionning Institute


(1985).

page 7.78 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Bien que limité habituellement à la réhabilitation, plusieurs nouveaux barrages ou plusieurs re-
haussements ont été réalisés avec des câbles de post-tension. Mgalobelov et Landau
(référence 7.109) citent plusieurs exemples de barrage de 23,3 à 59 m de hauteur qui ont été
construits avec câbles de post-tension aux États-Unis, en Australie, en Angleterre et en Russie.
On peut réduire appréciablement le volume de béton en utilisant la post-contrainte (à évaluer
selon le cas), mais l'élancement de l'ouvrage rend ces ouvrages plus sensibles aux effets sis-
miques, thermiques, etc. Dans le cas du barrage Ôl-en Lerige (GB), la force de post-contrainte
compte pour 50 % du poids de la structure. La principale appréhension envers ce type de
conception demeure le comportement à long terme où la corrosion et le fluage peuvent dimi-
nuer la capacité des ancrages. Toutefois, avec l'amélioration des techniques de protection
contre la corrosion, avec la possibilité technique d'exercer un contrôle étroit de la tension effec-
tive et avec la possibilité de retensionner les câbles au besoin, la post-contrainte constitue une
avenue intéressante pour réduire le coût de certains ouvrages.

7.19 Effets thermiques

7.19.1 Température et comportement structural


Les charges thermiques ne sont généralement pas considérées dans les analyses de stabilité
des barrages poids en béton. Le contrôle de la température dans la masse de béton est plutôt
un moyen d'améliorer la durabilité et la pérennité de l'ouvrage en évitant la formation de fissu-
res. Cependant, des analyses thermiques (par éléments finis ou autres) peuvent être faites
pour évaluer les effets de différents mélanges de béton et pour établir une séquence de cons-
truction (hauteur des levées, position des joints, méthodes de refroidissement).
Pour les barrages en béton compacté au rouleau, où il n'y a pas de joint de dilatation (ou très
peu), il est essentiel d'évaluer a priori la température de la masse de béton pendant et après la
construction pour évaluer le degré de fissuration.
Les effets thermiques qui affectent les barrages sont principalement de deux natures :

• l'augmentation de la température du béton à la suite de la réaction chimique d'hydratation


du ciment ;

• les variations saisonnières de la température du béton durci avec la température ambiante.

Ouvrages de retenue en béton page 7.79


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.19.2 Chaleur d'hydratation du béton lors de la construction


Le chargement thermique le plus sévère qui affecte les barrages en béton se produit lors de la
construction. En effet, le béton génère de la chaleur durant son durcissement par suite du dé-
veloppement de la réaction d'hydratation par laquelle le ciment réagit avec l'eau pour former
une pâte dure et stable. Dans les ouvrages massifs, comme les barrages, la quantité de cha-
leur dégagée et la vitesse à laquelle s'effectue ce dégagement sont importantes. Si cette cha-
leur ne se dissipe pas rapidement, la température du béton risque de s'élever considérable-
ment. Or, il n'est pas souhaitable que l'élévation de température se fasse trop vite, car elle ris-
que de s'accompagner d'un phénomène d'expansion thermique. Le refroidissement inégal du
béton durci jusqu'à une température ambiante risque d'engendrer des contraintes indésirables.
Bien que ceci soit très difficile à obtenir en pratique, la température interne du béton pour les
barrages non armés de résistance à la compression relativement faible ne devrait pas aug-
menter de plus de 10 à 15 QC au-dessus de la température annuelle moyenne ambiante pour
éviter la fissuration (référence 7.22). USAGE (référence 7.138) mentionne plutôt que la tempé-
rature maximale admise au centre de la masse de béton pour éviter la fissuration en surface se
détermine de la manière suivante :

Mr
Tmax ~ 'amb-moy
E-a
ou
Tmax = température maximale admise au centre de la
masse de béton
Tamb-moy= température ambiante annuelle moyenne
Mr = module de rupture
E = module élastique
a = coefficient de dilatation thermique (BF1)

L'application de cette formule pour des valeurs moyennes, indique que la température du béton
ne doit pas augmenter plus de 9 5C au-dessus de la température ambiante annuelle moyenne.
La figure 7.27 illustre schématiquement l'évolution de la température du béton de masse avec
le temps.

page 7.80 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.27 : Évolution de la température du béton de masse avec le temps


refroidissement initial ' période variant de 1 à 2 mois périodes de période variant entre 2 à 3 cycle de température
jusqu'à 1 an refroidissement • „, slia} ,e ^ annuel
intermédiaire et fmale refroidissement

M) La température lors de la mise en place varie généralement entre


^^ 4"C et 27°C .
/7\ L'évolution de la température varie en fonction de l'épaisseur de la
\éJ section, de la diffusivrté du béton, du type et de la quantité de
ciment, etc.
(s) Température finale : variation cyclique annuelle

La figure 7.28 présente les principaux points à considérer pour évaluer la réponse structurale
d'un barrage en béton suite au dégagement de chaleur par hydratation de la pâte de ciment.

Ouvrages de retenue en béton page 7.81


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.28 : Réponse structurale à la suite du dégagement de chaleur par hydratation


de la pâte de ciment
CHALEUR D'HYDRATATION DU BÉTON LORS
DE LA CONSTRUCTION

Li. DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES ' CONDITIONS FRONTIÈRES Li.


PROPRIÉTÉS DU BÉTON -température de l'air
-température à la mise en place -radiation solaire
-thermiques (a, e, k, c) -refroidissement des ingrédients
-mécaniques (E,p,v) -vent
-actions sur le béton durci -humidité
-résistance à la traction -hauteur et volume des levées -pluie, neige
-fluage -espacement des joints
-retrait -volume de la structure
-coffrage (isolation)
-cure du béton

PROCESSUS D'HYDRATATION . LL
-élévation de la température pour atteindre un maximum, refroidissement jusqu'à
une température stable
-changement volumétrique
-évolution des propriétés du béton avec la température (rigidité, résistance,
fissuration, etc.)

ï
ENTRAVES AUX VARIATIONS DE VOLUME UL
-différence de température entre la surface et l'intérieur
-refroidissement inégal de la masse
-rigidité et résistance de la fondation
-présence d'autres structures qui agissent comme butée

ï
MODÈLES D'ÉCHANGE DE CHALEUR ET
D'ANALYSES STRUCTURALES
-analyses couplées ou non, modèles de fissuration, fluage, retrait
-modèles linéaires et non linéaires
-simulation des séquences de construction
-développement de la résistance avec l'âge, vitesse de chargement

I
RÉPONSE STRUCTURALE Li
-fissuration (ouverture, espacement, profondeur)
-résistance, perméabilité,

page 7.82 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.19.2.1 Contrôle de la chaleur d'hydratation

7.19.2.1.1 Matériaux cimentaires

L'augmentation de la température interne du béton est contrôlable par différents moyens. Tout
d'abord, il est conseillé d'utiliser un ciment à faible chaleur d'hydratation, tel le ciment Portland
type 40 ou type 20 (figure 7.29). Cependant, comme le ciment de type 40 est généralement
peu disponible, la pratique courante est d'utiliser un ciment de type 20 combiné à différentes
autres mesures correctives, comme par exemple, l'ajout de pouzzolanes, pour diminuer le dé-
gagement de chaleur. Le mélange de béton doit contenir une faible teneur en ciment (de 120 à
270 kg/m3) avec granulats de fort calibre. L'utilisation d'ajouts cimentaires (pouzzolanes) dont la
chaleur d'hydratation se situe entre 25 et 50 % de celle du ciment, permet également de réduire
le dégagement de chaleur.

Figure 7.29 : Élévation de température d'un béton de masse selon le type de ciment uti-
lisé
ÉLÉVATION DE TEMPERATURE (°C)
301

1 3 14
AGE (JOURS)
Adaptation de CPCA (référence 7.22)

7.19.2.1.2 Refroidissement des ingrédients

Une autre façon de contrôler le dégagement de chaleur d'hydratation est de refroidir les ingré-
dients du béton avant le malaxage. Bien que la température du béton dépende surtout de celle
des granulats, il est évident que l'on peut abaisser la température du béton en refroidissant
l'eau de gâchage, qui est d'ailleurs l'ingrédient le plus facile à refroidir. On peut refroidir l'eau
avec un système de réfrigération, utiliser de l'azote liquide ou utiliser de la glace. Dans ce cas,
la glace doit être complètement fondue avant la fin du malaxage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.83


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La température des granulats a un effet marqué sur la température du béton frais. En effet,
pour abaisser la température du béton de 5 9C, il suffit de réduire la température des granulats
de 8 9C. Finalement, on peut diminuer la température du ciment, mais cela n'a que peu d'effet
sur la température du béton frais. Une variation de la température du ciment de i 0 9C abaisse
la température du béton de 1 9C.

7.19.2.1.3 Actions sur le béton durci

Des actions peuvent également être mises en place lors de la prise du béton frais. En effet, une
cure à l'eau du béton résultera en une réduction de la température à la surface. Il est égale-
ment possible de réduire la température de la masse au moyen d'une circulation d'eau froide
dans un réseau de tubes noyés dans le béton. Dans ce dernier cas, la prudence est de mise
puisqu'un refroidissement trop brusque du béton peut également initier la fissuration. Finale-
ment, la mise en place de petites levées de béton (1,5 m ou moins) et un délai plus long entre
chaque levée permet de contrôler l'augmentation de la température interne lors de la construc-
tion par temps relativement froid. Cette recommandation est particulièrement importante au
contact barrage-fondation puisque la rigidité du roc vient empêcher le mouvement du béton lors
du refroidissement. Au cours des mois d'été, comme l'air ambiant est plus chaud que le béton,
des mesures inverses doivent être prises.

7.19.3 Variations saisonnières de la température du béton durci


Les contraintes saisonnières d'origine thermique contribuent de façon significative à la dégra-
dation à long terme de la rigidité et de la résistance des barrages en béton situés en régions
nordiques. En effet, si la surface du barrage se refroidit plus rapidement avec la température
ambiante que l'intérieur de la masse de béton, des fissures se produiront en surface.
L'agent météorologique le plus destructeur est le gel et le dégel que subit un béton mouillé ou
humide. La détérioration est imputable au gel de l'eau dans la pâte, dans les granulats ou les
deux. L'entraînement d'air rend le béton très résistant à cette dégradation. En effet, l'expansion
du volume d'eau provoquée par la formation de glace dans la pâte est absorbée par les bulles
d'air du béton qui fournissent à l'eau des chambres d'expansion et contribuent ainsi à dissiper
la pression hydraulique produite. Le concepteur doit donc privilégier un mélange à faible rap-
port eau-ciment avec une teneur en air entraîné de 4 à 8 %.
Le concepteur doit tenir compte des effets thermiques saisonniers que subira l'ouvrage puisque
ces derniers peuvent être aussi importants, voire plus importants, que les chargements causés
par le poids propre et la pression hydrostatique.
Les effets thermiques sont particulièrement importants pour les ouvrages comportant des évi-
dements et ceux dont la géométrie n'est pas rectiligne.

page 7.84 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.19.3.1 Méthodologie d'analyse thermique

7.19.3.1.1 Méthode des éléments finis

La méthode des éléments finis est un outil efficace et reconnu pour l'étude du transfert de cha-
leur dans les barrages en béton (autant pour le dégagement de chaleur d'hydratation que pour
les variations saisonnières de température), car elle permet de représenter même les structures
les plus complexes et de prendre en compte les différentes conditions frontières qui affectent le
système. L'analyse thermique permet de déterminer la distribution de la température dans le
barrage qui servira à son tour à déterminer l'état de contrainte le plus défavorable affectant la
structure. À cet effet, la figure 7.30 présente une méthodologie possible pour ce genre d'ana-
lyse (référence 7.101 et référence 7.121).

7.19.3.1.2 Transfert de chaleur en régime transitoire

Pour une meilleure représentation du phénomène de transfert de chaleur dans le barrage, les
analyses thermiques doivent être effectuées en régime transitoire, c'est-à-dire en tenant
compte de l'évolution temporelle et de la distribution spatiale des champs de température qui
affectent le modèle. Les informations requises pour effectuer une analyse de transfert de cha-
leur en régime transitoire sont :

1. les données climatiques décrivant les variations de la température de l'air, des radiations
solaires, de la vitesse du vent et du couvert de neige ;
2. la distribution spatiale et l'évolution temporelle des températures dans le réservoir et dans la
.fondation ;
3. les propriétés thermiques des matériaux constituant le système barrage-fondation-réservoir.

7.19.3.1.3 Transfert de chaleur en régime permanent

Une analyse en régime permanent peut être effectuée en appliquant aux frontières du modèle
des températures constantes. Cependant, les résultats d'une telle analyse ne représentent pas
adéquatement le phénomène de transfert de chaleur qui se produit réellement dans la structure
et ne devraient être utilisés que comme valeurs approximatives.

Ouvrages de retenue en béton page 7.85


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.30 : Évaluation des températures saisonnières et des contraintes thermiques


dans les barrages en béton
ÉVALUATION DES TEMPÉRATURES SAISONNIÈRES ET Li
DES CONTRAINTES THERMIQUES DANS LES BARRAGES

I CONDITIONS
ENVIRONNEMENTALES
ANALYSE DE TRANSFERT DE CHALEUR (variations dans le temps)
PROPRIÉTÉS (1) Détermination des conditions initiales lors d'une analyse
THERMIQUES en régime permanent à partir des valeurs moyennes des - Température de l'air
conditions environnementales - Radiation solaire
DU BÉTON
- Température du réservoir
(2) Analyse transitoire (pas de temps : 1 jour ou 12 heures) - Température de la fondation
- Couvert de neige

DISTRIBUTIONS DE LA TEMPÉRATURE L1L


- 365 champs de température sont obtenus suite à la convergence de l'analyse transitoire
- la température annuelle moyenne du barrage est considérée comme la température de
référence (contraintes nulles)
- enveloppes de température
- pénétration du gel
-etc.

CHARGES APPLIQUÉESLâ.
ANALYSE STRUCTURALE - Poids propre
PROPRIÉTÉS - Poussée hydrostatique
MÉCANIQUES - Sélection du champs de température critique - Poussée des glaces
DU BÉTON - Application du chargement thermique - Séismes
-etc.

ï
DISTRIBUTIONS DES CONTRAINTES THERMIQUES L§-
- Enveloppes des contraintes thermiques
- Champs de température critiques et contraintes associées

i
COMBINAISON DES CONTRAINTES
(charges appliquées et champs de température critiques)
- Champs de contraintes critiques

I
ÉVALUATION DU COMPORTEMENT STRUCTURAL
- Stabilité, fissuration, etc.

page 7.86 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.19.3.2 Dispositions constructives pour réduire l'incidence des variations de


température

7.19.3.2.1 Isolation

Certains travaux de recherche (référence 7.97) démontrent l'efficacité de procédés d'isolation


des surfaces comme moyen pour réduire les gradients thermiques dans les ouvrages en béton.
Il peut s'agir de membranes isolantes appliquées directement sur le béton, de matériel synthé-
tique de type polystyrène ou de même type d'isolation par l'ajout d'un matériau granulaire. Ce-
pendant, il s'agit de moyens peu utilisés en pratique lors de la conception de nouveaux ouvra-
ges.

7.19.3.2.2 Béton de qualité supérieure

La fissuration des surfaces de l'ouvrage induite par les contraintes thermiques peut être égale-
ment contrée par l'utilisation d'un béton de surface de qualité supérieure.

7.20 Retrait et fluage


Le retrait et le fluage sont des variables interdépendantes qui sont influencées par de nom-
breux facteurs communs. Ils peuvent rarement être complètement isolés et ne peuvent pas être
simplement superposés.
Tout comme dans le cas des charges thermiques, les changements volumétriques induits par
le retrait et le fluage sont principalement évalués pour éviter le développement de contraintes
de tension excessives et la formation de fissures. Ces efforts ne sont généralement pas consi-
dérés dans les combinaisons de charges pour les études de stabilité'201.
La détermination des effets du retrait et du fluage comporte deux aspects :

• en premier lieu, il est nécessaire d'être capable d'en prévoir les effets pour les besoins du
projet avant la construction afin d'étudier un projet qui soit économique et sûr ;

• en deuxième lieu, il est nécessaire d'observer les effets dans la structure, à la fois pendant
la construction et après son exécution pour s'assurer que son comportement est conforme
au projet et que des conditions qui sont indésirables ou qui ne sont pas compatibles avec la
sécurité ne se produisent pas.

1201
Ce sujet est traité à la rubrique 7.25.

Ouvrages de retenue en béton page 7.87


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.20.1 Retrait
Le retrait est le phénomène de raccourcissement qui accompagne la prise et le durcissement
du béton. Dû en partie au séchage et à des modifications chimiques, le retrait s'effectue très
lentement, la valeur limite n'étant parfois atteinte qu'au bout de plusieurs années.

Au fur et à mesure du séchage, le béton près de la surface sèche rétrécit plus rapidement qu'à
l'intérieur causant des efforts de tension et, à l'occasion, des fissures. Des fissures importantes
peuvent se développer lorsque le jointement est déficient et que l'on empêche le béton de ré-
trécir.

Le taux et la quantité ultime de retrait sont moins considérables pour les grandes masses que
pour les petites, bien que le retrait continue plus longtemps pour les grandes masses.

7.20.1.1 Evaluation du retrait

Pour la conception d'un nouvel ouvrage, les caractéristiques de retrait du béton peuvent être
prévues empiriquement sur la base de courbes standards ou d'équations. La formule suivante,
présentée par AGI (référence 7.1) et par ICOLD (référence 7.91), permet d'estimer la valeur du
retrait du béton en tout temps :

ta
/gf c . V - -
V shJt
F + ta(Csn'U

ou
(£sh)u = retrait final
t = temps Qours)
a = constante empirique (varie normalement en-
tre 0,9 et 0,1)
f = fonction du rapport de la surface au volume de
la structure de béton (varie entre 20 et
130 jours)

Finalement, la valeur du retrait final évaluée selon divers essais (béton normal non armé) est
comprise entre 415 x 10"6 à 1 070 x 10"6 (m/m).

Selon quelques valeurs données dans AGI (référence 7.1), le retrait moyen dû au séchage
évalué après un an sur différents barrages est d'environ 500 x 10"6 (m/m).

La figure 7.31 illustre l'évolution du retrait dans le temps pour différentes conditions d'humidité
relative du milieu ambiant. En condition de 100 % d'humidité, on observe une augmentation du
volume du béton (retrait négatif).

page 7.88 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.31 : Relation entre le retrait et le temps pour le béton selon différentes condi-
tions d'humidité relative

1.20O

-4OO
10 28 9O
jours
Temps (échelle logarithmique)
Adaptation de Neville (référence 7.114)

Étant donné l'importance du retrait, le concepteur doit prendre, lors des études du béton et de
la réalisation des ouvrages, toutes les précautions pour en diminuer la valeur ou en réduire les
effets.

7.20.1.2 Contrôle du retrait

Le facteur le plus important influençant le retrait est la quantité d'eau par unité de volume de
béton. En effet, le retrait peut être réduit en maintenant la quantité d'eau aussi basse que pos-
sible ; ceci peut être réalisé en utilisant la plus grande quantité possible de gros granulats. Le
type et les propriétés des granulats influencent également le retrait dû au séchage. En effet,
des granulats difficiles à comprimer entravent le retrait de la pâte de ciment. Donc, l'utilisation
de granulats de forte teneur en quartz, en granité, en feldspath, en calcaire ou en dolomie don-
nent généralement des bétons à faible retrait.

7.20.1.3 Dispositions constructives

Pour éviter la formation de fissures dues au retrait, la pratique courante est de construire les
ouvrages en blocs séparés par des joints de contraction transversaux. Ces joints sont verticaux
et s'étendent généralement de la fondation jusqu'à la crête.

Ouvrages de retenue en béton page 7.89


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Selon les dimensions de l'ouvrage, il peut également être nécessaire d'introduire des joints lon-
gitudinaux. Dans ce cas, la construction consistera en la mise en place d'une série de blocs de
béton prismatiques, libres de subir les changements volumétriques sans contrainte provenant
des blocs adjacents. La séquence de construction peut même prévoir la coulée en quinconce
des blocs pour permettre aisément les mouvements.

Si l'injection des joints est nécessaire pour assurer le monolithisme de l'ouvrage, il est important
de s'assurer que le retrait du béton soit terminé pour éviter toutes contraintes additionnelles. De
même, les blocs de béton ne doivent pas être liés les uns aux autres par la présence d'arma-
ture.

7.20.2 Fluage
Lorsqu'une charge est appliquée sur du béton, la déformation causée par cette charge peut
être divisée en deux parties : une déformation qui survient immédiatement (telle la déformation
élastique) et une déformation qui commence immédiatement, mais qui se produit dans le temps
à un taux décroissant tant et aussi longtemps que la charge est appliquée. Cette dernière dé-
formation est appelée « fluage ». La figure 7.32 illustre une courbe typique de fluage, évalué
sur des cylindres de béton.

Figure 7.32 : Courbe de la déformation cumulative élastique et de fluage du béton, in-


cluant le recouvrement
Déformation par MPa (%)
0,0125
Enlèvement de la charge
0,0100
Recouvrement instantané--1
0,0075 'Déformation, Recouvrement de fluage
de fluage
0,0050 Fluage non recouvrable—
0,0025 Déformation
élastique Déformation permanente

400 800 1200 1600


Temps (jours)
Adaptation de CPCA (référence 7.22)

Si la charge initiale est suffisamment élevée pour produire immédiatement la fissuration du bé-
ton, le fluage, sous une charge permanente, propagera ces fissures et causera des désordres
avec le temps.

L'interaction entre les changements volumétriques dus au fluage et ceux dus aux réactions
chimiques du béton (réaction alcalis-granulats, sulfatation, carbonatation, etc.), s'il y a lieu, doit
être considérée pour l'évaluation des déformations à long terme du béton.

page 7.90 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.20.2.1 Évaluation du fluage

7.20.2.1.1 Méthodes empiriques

Le fluage du béton peut être prévu empiriquement sur la base de courbes standards ou
d'équations. La formule suivante, présentée par AGI (référence 7.1) et par ICOLD
(référence 7.91), permet d'estimer la valeur du fluage du béton en tout temps :

IfE \ /r \
l cpJt . tV V^-cp/u

ou
coefficient final de fluage (généralement : 1,30
<(ecp)u<4,15)
temps Cours)
constante empirique (varie normalement en-
tre 0,4 et 0,8)
constante empirique (varie normalement en-
tre 6 et 30 jours)

7.20.2.1.2 Module élastique soutenu

Une méthode pour évaluer les effets du fluage lors d'analyses linéaires élastiques, est l'utilisa-
tion d'un module d'élasticité soutenu (Esout) évalué à partir d'essais où la contrainte est divisée
par la déformation totale pour le temps où la charge est appliquée. Des essais ont démontré
(référence 7.1) que le module d'élasticité soutenu est approximativement égal à la moitié du
module instantané (Einst) qui lui est évalué immédiatement après l'application de la charge
t- 0,5 Einst.)- USAGE (référence 7.141) mentionne plutôt que Esout.^ 2/3 Einst.

7.20.2.2 Contrôle du fluage


Le fluage dépend de l'importance des efforts, de l'âge et de la résistance du béton lorsque la
contrainte est appliquée et de la période de temps durant laquelle le béton est chargé. Il est
aussi influencé par d'autres facteurs relatifs à la qualité du béton et aux conditions d'exposition
comme le type, la quantité et la grosseur maximale des granulats, le type de liants, la quantité
de pâte de ciment, la grosseur et la forme de la masse de béton, le rapport volume/surface, les
conditions de cure antérieures et la température et l'humidité ambiantes.

Ouvrages de retenue en béton page 7.91


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Voici quelques points à considérer pour réduire le fluage du béton :

• le fluage du béton à l'état sec est plus important que celui du béton gardé humide ;

• le fluage augmente lorsque la résistance à la compression du béton diminue ;

• un béton chargé très tard flue moins qu'un béton chargé plus tôt ;

• très peu de fluage survient dans un béton traité à la vapeur à haute pression (autoclave) ;

• le béton traité à la vapeur à la pression atmosphérique a considérablement moins de fluage


que le béton traité à l'humidité.

7.21 Charges sismiques

7.21.1 Intensité des secousses sismiques


Pour assurer un comportement sismique adéquat des ouvrages de retenue en béton, on doit
considérer deux niveaux d'intensité vibratoire de la fondation :

• séisme maximal de dimensionnement (SMD) ;

Le SMD est représenté par la plus forte secousse sismique admise dans le calcul ou dans
la réévaluation de la sécurité d'un barrage. Les barrages et les structures connexes essen-
tielles doivent être conçus et réévalués pour résister aux secousses sismiques induites par
le SMD sans libérer les eaux du réservoir. Les caractéristiques de base des secousses
sismiques d'un site pour l'évaluation structurale sont déterminées à partir du SMD.

• séisme de base d'exploitation (SBE).


Le SBE correspond au niveau maximal de secousses sismiques susceptibles de se pro-
duire durant la vie de l'ouvrage et après lesquelles le barrage, ses équipements essentiels,
ouvrages d'évacuation, évacuateurs de.crues, centrales et machines demeureront fonction-
nels. La grandeur du SBE obtenue par calcul probabiliste est celle ayant 50 % de probabi-
lité de ne pas être excédée en 100 ans ce qui correspond à une probabilité annuelle de dé-
passement de 1 :145. Comme première approximation, on peut utiliser pour le SBE l'inten-
sité du SMD divisée par deux.

La rubrique 3.4 présente les paramètres à utiliser pour caractériser les secousses sismiques
associées au SMD (accélération de pointe au rocher et coefficient sismique pour les calculs par
la méthode pseudo-statique). La rubrique 8.10.6 traite de la considération des séismes induits
par les réservoirs. On retrouve une description plus détaillée de la méthodologie utilisée pour la
sélection des paramètres sismiques, de même que les données nécessaires à la construction
des spectres de calculs pour l'application de la méthode d'analyse pseudo-dynamique
(référence 7.80). Par ailleurs, la rubrique 7.27 traite de la conception parasismique des ouvra-
ges de retenue en béton. Finalement, la référence 7.78 présente une description détaillée de la
méthodologie à suivre pour évaluer le comportement sismique des ouvrages en béton.

page 7.92 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.21.2 Forces d'inertie des ouvrages et poussées dynamiques du


réservoir
Les forces et les poussées induites par l'action d'un tremblement de terre qui doivent généra-
lement être prises en considération lors de l'analyse structurale des ouvrages de retenue en
béton sont :

• -les forces d'inertie horizontales induites par la masse permanente de l'ouvrage ;

• les forces d'inertie verticales induites par la masse permanente de l'ouvrage (ces forces
sont considérées égales aux deux-tiers des forces horizontales) ;

• -la poussée hydrodynamique du réservoir ;

• la poussée dynamique des sédiments.

La figure 7.33 illustre ces forces et ces poussées dans le contexte de la méthode pseudo-
statique, où les forces d'inertie sont calculées par le produit de la masse permanente et de
l'accélération au rocher. La poussée hydrodynamique est calculée selon la formulation de
Westergaard. On retrouve à la rubrique 7.27 une description des facteurs de pondération à ap-
pliquer lors de la combinaison des forces d'inertie horizontales et verticales. Cette rubrique pré-
sente également une brève description des différentes méthodes qui peuvent être utilisées pour
quantifier les forces d'inertie et les poussées du réservoir afin de vérifier le comportement sis-
mique des ouvrages (méthodes pseudo-statique, pseudo-dynamique et dynamique). Les
considérations particulières concernant le comportement sismique des evacuateurs de crues et
des centrales y sont abordées.

Figure 7.33 : Cas de charges élémentaires - méthode pseudo-statique


W = poids permanent
U = sous-pression avant séisme
Hs = poussée statique du réservoir
Hs,i = poussée statique des sédiments
EQH = force d'inertie horizontale (barrage)
EQV = force d'inertie verticale (barrage)
Hd = poussée dynamique du réservoir
Hd,i = poussée dynamique des sédiments
Ww = poids de l'eau

Ouvrages de retenue en béton page 7.93


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7.22 Débris

7.22.1 Généralités
Les observations réalisées lors de la crue exceptionnelle du Saguenay en juillet 1996 et lors
d'autres événements similaires ailleurs dans le monde (Suisse, Norvège) ont mené au constat
que les débris transportés lors des crues exceptionnelles peuvent s'accumuler, en particulier
devant les évacuateurs de crues, et provoquer non seulement une obstruction au passage de
l'eau, mais aussi générer des poussées additionnelles sur les ouvrages. Les débris ont égale-
ment pour conséquence de provoquer la hausse du plan d'eau.
Bien que les évacuateurs de crues soient surtout concernés par le risque d'accumulation des
débris, tout autre structure susceptible de retenir des débris soit par la présence d'un bâtiment
ou d'une structure de levage (prise d'eau) peut être soumise à des poussées additionnelles
causées par les débris.
Selon la norme SB-50-11 -00 concernant l'adéquation des capacités d'évacuation des aména-
gements existants, les ouvrages de génie civil doivent tenir compte de l'impact sur la stabilité
des poussées additionnelles causées par les débris. De plus, lors de l'analyse des structures
déjà existantes ou pour la conception de nouveaux ouvrages, une attention particulière doit être
portée de façon à minimiser les risques d'obstruction.

7.22.2 Méthodologie de conception pour prévenir l'obstruction


causée par les débris
Selon CDA (référence 7.16), les débris présents dans le réservoir doivent être gérés de façon à
ce qu'il n'y ait pas de risque inacceptable pour la sécurité du barrage.
Dans cette optique, des études menées par Gotland et Tesaker (référence 7.73) ont permis
d'établir les règles suivantes pour évaluer le risque d'accumulation des débris :

• les piliers d'évacuateurs doivent être espacés d'une distance équivalente à 80 % de la lon-
gueur des arbres les plus susceptibles d'être emportés par les crues ;

• la hauteur libre entre le plan d'eau et le dessous du pont ou de toute autre structure doit
être de 15 % de la longueur des arbres ;

• les enchevêtrements d'arbres sont évacués si la hauteur du plan d'eau excède 15 % de la


longueur des arbres.

Ces règles peuvent être utilisées aussi bien pour le dimensionnement de nouveaux ouvrages
que pour l'évaluation du risque d'obstruction d'ouvrages existants.

page 7.94 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les règles précédentes ont été établies selon l'hypothèse que la majeure partie des débris était
constituée d'arbres, ce qui est le cas en zone forestière. Toutefois, dans les zones habitées, la
dimension des débris doit être évaluée selon le type de débris attendus (maisons, autos, ba-
teaux, etc.). Le risque d'accumulation des débris est aussi fonction du type de rive.
Le rapport Nicolet sur la crue du Saguenay de 1996 recommande un espacement entre les pi-
liers supérieur à 4 m. Pour augmenter la fiabilité opérationnelle des évacuateurs, on recom-
mande également de bannir l'usage des poutrelles, de garantir l'accès aux ouvrages et de pro-
céder à des essais fonctionnels. Par comparaison aux dimensions des débris anticipés géné-
ralement, la largeur minimale de 4 m proposée par la Commission Nicolet apparaît insuffisante
pour garantir l'évacuation des débris. Selon les règles énoncées précédemment, si la hauteur
moyenne des arbres est de 20 m, l'espacement minimal serait de 16 m.

7.22.3 Méthodes d'évaluation des forces générées par les débris


Afin d'évaluer le risque d'accumulation des débris, la NVE (référence 7.117) recommande
l'approche suivante :
1. définition des caractéristiques et de la quantité des débris ;
Normalement, il y a risque d'accumulation de débris à la suite de pluies très importantes
provoquant des glissements de terrain. Les débris peuvent être constitués d'arbres, de
tourbes, de maisons-mobiles, de maisons, de bateaux ou d'automobiles. Le contenu typi-
que des débris peut être établi à l'aide de cartes ou de photographies aériennes. La quan-
tité de débris peut être estimée selon la condition des forêts, l'étendue des zones potentiel-
les de glissements de terrain et les cas antérieurs de glissements de terrain.
2. risque d'obstruction des débris à l'évacuateur ;

II s'agit d'examiner les dimensions des ouvertures et dégagements à l'évacuateur en fonc-


tion des dimensions prévues des débris. Les règles de dimensionnement définies à la rubri-
que 7.23.2 peuvent être utilisées afin d'établir le risque d'accumulation de débris.
3. études détaillées ;
Au besoin, des études plus détaillées peuvent être entreprises pour établir le degré
d'obstruction. Des études sur modèles réduits peuvent être effectuées à cette fin.
S'il est établi que les débris peuvent s'accumuler, la force à considérer peut être estimée
selon deux méthodes (référence 7.120). La force transmise par les débris est fonction de
plusieurs paramètres dont principalement la vitesse de l'eau, l'épaisseur des débris et la vi-
tesse du vent. Selon CEA (référence 7.21) :

Ouvrages de retenue en béton page 7.95


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Fg-Fs

ou
Fr = force résultante transmise par les débris
FA1 = traînée due au vent sur le dessus des débris
FA2 = traînée due au vent sur la surface verticale des
débris exposée au vent
FW1 = traînée due à l'écoulement de l'eau sous les
débris
FW2 = traînée due à l'écoulement de l'eau sur la sur-
face verticale
Fi = force d'impact
Fg = composante gravitationnelle
Fg = résistance du rivage

CEA (référence 7.21) considère que FA2, Fg et Fi n'ont qu'une faible contribution à la force to-
tale. Par ailleurs, la valeur de Fs est négligée pour être conservateur, de sorte que la formule
se résume à :

[Fr = FA1 + FW1 + FW2|

Toutefois l'approche norvégienne est jugée plus pratique puisqu'elle ne fait intervenir que les
caractéristiques géométriques de l'enchevêtrement et la vitesse d'approche alors que
l'approche de CEA (référence 7.21 ) requiert l'évaluation de paramètres difficilement quantifia-
bles. Considérant la force engendrée par le vent trop faible, les travaux de recherche du NVE
(référence 7.117) ont abouti à la relation suivante (voir aussi référence 7.73) :

Fd = F,R +FSR (figure 7.34)

ou
Fd = force causée par les débris
R
F| = traînée due à l'écoulement de l'eau sur la sur-
face verticale
FSR = traînée due à l'écoulement de l'eau sous les
débris
F1 = 30C dPw v 2 /2(b d t s )
F2 = CdPwv2/2(bdLd)

page 7.96 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.34 : Forces exercées par les débris flottants

L°- Longueur des débris parallèlement à récoulement


F*= Résistance des rives due à la friction des débris
F°- Force résultante sur le pilier oTévacoatcur
B ~ Distance relie entre les piliers d'évacualeur
b°- Largeur des débris
u - Epaisseur des débris exposée a l'air
t» - Épaisseur des débris sous l'eau
If- Profondeur d'eau sous les.débris
Vitesse du vent FI*= Tnùnéc du vent sur Faire projetée
F," = Traînée de l'eau sur Taire projetée
F,* = Traînée du vent sur l'aire exposée
F,* = Traînée de l'eau sur la surface submergée
Fn, • Force d'impact due aux débris flottants
F*"" Composante due A la gravité
v. - Vitesse du vent
v, = Vitesse de l'eau en surface
Débit de la rivière: Q
Vitesse de Peau : v v - Vitesse moyenne de Feau
vol = Vitesse de feau submergée
p. - Densité de l'air
pt = Densité de f eau
pu - Densité des débris

Wind
Perte de charge
à travers le barrage

Écoulement de la rivière

Profil des vitesses


de l'eau Pente du lit de
la rivière
(b)

Figure 4.3 Forces exercées par les débris flottants : (a) vue en plan; (b) vue
en élévation (Léger et al. 1997)
Adaptation de Larivière (référence 7.95)

Ouvrages de retenue en béton page 7.97


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Une fois combiné on trouve :

= C d b d (30t s +L d )pcol

OU
Fd = force causée par les débris (N)
Cd = 0,06 pour v<vs
Cd = 0,08 pour vs < v< 1,1 vs
Cd = 0,10 pour vs <v< 1,1 vs
v = vitesse moyenne de l'eau à l'amont (m/s)
vs = vitesse moyenne de l'eau sous les débris (m/s)
bd = largeur de l'amas de débris (m)
ts = profondeur immergée des débris (m)
l_d = longueur de l'amas de débris (m)
pw = masse volumique de l'eau (kg/m3)

La vitesse de l'eau sous les débris est obtenue à l'aide de l'équation suivante basée sur la loi
de similitude de Froude dérivée à partir des données expérimentales de Gotland et Tesaker
(référence 7.73) :
5
Vs = 0,3(b/0,5)°'

7.22.4 Poussée du vent et des vagues


La poussée causée par le vent peut être estimée par la relation suivante

C d L d )p a u 2 /2

ou
Fv = poussée occasionnée par le vent (N)
bd = largeur de l'amas de débris (m)
h = hauteur des débris au dessus de l'eau (m)
Cd = coefficient de traînée ( = 0,028)
l_d = longueur de l'amas de débris (m)
pa = masse volumique de l'air (kg/m3)
u = ivitesse du vent à la surface des débris (m/s)

page 7.98 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Par comparaison avec la poussée générée par les débris dans l'eau, la poussée occasionnée
par le vent est très faible. Ainsi, dans leurs travaux de recherche, Gotland et Tesaker
(référence 7.73) ont évalué que pour un amas de débris de 10 m x 20 m x 1 m, des vents de
20 m/s et une vitesse de l'eau de 1 m/s, la force du vent produit une poussée de 2,8 kN/m par
rapport à une poussée de 15 kN/m pour l'eau.
La poussée causée par les vagues est encore plus faible, tel que le montre le tableau 7.9.

Tableau 7.9 : Forces transmises par les vagues


Hauteur des vagues (m) 0,3 0,5 1,0
Force transmise (kN) 0,1 0,3 1,3

Par conséquent les poussées générées par les vagues et le vent peuvent être négligées et
seule la poussée provoquée par la traînée des débris dans l'eau devrait être considérée dans
les calculs de stabilité.

7.23 Autres chargés

7.23.1 Effets du dynamitage


Les charges utilisées doivent être réduites de manière à limiter les vitesses particulaires à l'en-
droit des travaux de bétonnage aux valeurs spécifiées dans le tableau 7.10. Cette exigence
s'applique également aux vibrations causées par les équipements de démolition, tels que mar-
teaux piqueurs, foreuses, etc.

Tableau 7.10 : Vitesse particulaire en fonction de l'âge du béton


Âge du béton Vitesse particulaire (mm/s)
moins de 3 jours 25
de 3 à 7 jours 50
7 jours et plus 80

7.23.2 Pressions d'injection


Les pressions d'injection maximales à utiliser pour le scellement de joints ou d'injection de
contact sont fonction de plusieurs facteurs dont notamment la qualité des matériaux injectés, la
proximité des biefs amont ou aval, la pression hydrostatique à l'endroit considéré et la hauteur
de béton ou de roc au-dessus de l'endroit à injecter. À titre indicatif, la pression d'injection est
souvent limitée à 20 kPa en surface et augmentée de 20 kPa par mètre de profondeur.

Ouvrages de retenue en béton page 7.99


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.24 Combinaisons de charges

7.24.1 Principes
Les charges individuelles définies précédemment sont regroupées pour définir les différentes
combinaisons de charges statiques et dynamiques qui peuvent solliciter les ouvrages de rete-
nue en béton ainsi que leur fondation et qui serviront aux calculs de stabilité. Il s'agit des com-
binaisons plausibles les plus défavorables susceptibles de se produire durant la construction et
l'exploitation. Généralement, les ouvrages de retenue sont subdivisés en monolithes que l'on
considère comme indépendants pour les besoins de vérification de la stabilité ; ainsi, les ta-
bleaux présentés ci-dessous concernent plus particulièrement la stabilité globale et ils ont été
élaborés dans le contexte d'une approche aux « contraintes admissibles ». Quant aux divers
éléments structuraux (piliers, murs, poutres, pertuis, etc.), ils sont souvent assujettis aux mê-
mes combinaisons, mais aussi à certaines sollicitations particulières (effets latéraux, flexion,
torsion, etc.) ; ils devront être conçus selon la norme CSÀ-A23.3. La norme utilise une appro-
che aux « états limites » et aucune adaptation particulière n'a encore été proposée ou acceptée
pour le domaine des ouvrages de retenue (statu quo).
Le principe de base pour définir les combinaisons de charges requises pour assurer la sécurité
des ouvrages est de rechercher, à partir des conditions de chargement élémentaires, les com-
binaisons plausibles (simultanéité des charges) et susceptibles de maximiser l'état de charge-
ment et minimiser l'état de résistance de l'ouvrage à concevoir. Il s'agit en fait :

• de maximiser les contraintes de compression et de traction (critères de contraintes admissi-


bles et de renversement) ;

• de maximiser l'effort tranchant (glissement) et de minimiser (maximiser) le poids-propre


(accélération sismique verticale).

7.24.2 Catégories
Les combinaisons de charges sont classées en trois grandes catégories, soit: les cas normaux,
inhabituels et extrêmes. Ces catégories sont associées à une probabilité de dépassement pour
une période de temps donnée ainsi qu'à un niveau acceptable de sécurité. À cet égard, l'appro-
che de USAGE (tableau 7.11) est intéressante ; les combinaisons de charges y sont catégori-
sées par leur probabilité annuelle de dépassement à laquelle est associé un certain niveau de
performance. Les facteurs de sécurité seront établis en conséquence'211.

1211
Ce sujet est traité à la rubrique 7.25.

page 7.100 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.11 : Probabilités associées aux combinaisons de charges


Combinaisons de charges Probabilité annuelle (p) Période de retour (tr)
Normales p>0.5 tr < 2 ans
Inhabituelles 0.0069 < p < 0.5 2<tr<145ans
Extrêmes p < 0.0069 tr > 145 ans
Adaptation de USAGE (référence 7.137)

L'utilisation des cas de chargement et des combinaisons proposés dans les tableaux ci-
dessous est intimement liée aux méthodes d'analyses de stabilité ainsi qu'aux limites imposées
pour les facteurs de sécurité, selon les diverses catégories de chargement.
À cause de la spécificité des ouvrages, il est difficile d'établir des règles strictes permettant de
définir des combinaisons appropriées pour toutes les situations. Chaque ouvrage est différent,
tant dans ses chargements que dans sa réponse structurale, et c'est pourquoi le concepteur
doit utiliser son jugement et son expérience pour choisir les combinaisons qui conviennent aux
cas particuliers ou encore qui lui semblent plus critiques que celles proposées dans les ta-
bleaux ci-dessous. À cet effet, afin d'examiner la sensibilité de ses hypothèses sur la stabilité,
le concepteur peut essayer d'autres combinaisons avec les charges intermédiaires qu'il juge
plausibles. De plus, il doit garder à l'esprit que le vieillissement ne permet généralement pas de
maintenir les mêmes facteurs de sécurité que ceux prévus lors de la conception.

7.24.3 Combinaisons normales


Les combinaisons normales sont celles qui sont directement reliées à la raison d'être des
structures concernées ; elles comprennent toutes les charges permanentes ainsi que celles
liées à l'exploitation normale, été comme hiver ; elles se présentent fréquemment durant la du-
rée de vie utile et ne doivent pas solliciter les ouvrages au-delà du domaine élastique.

• S'il existe un système de drainage, il est présumé fonctionnel (Uo) ; s'il n'existe pas de sys-
tème de drainage, la distribution conventionnelle (trapézoïdale) des sous-pressions est utili-
sée (rubrique 7.15) ; cette situation correspond alors à une simplification d'un écoulement
normal.

• La poussée statique de la glace supposée à sa pleine valeur, est encore considérée comme
une charge normale. Toutefois, il est probable qu'on en vienne à établir deux chargements
de glace à considérer, pour tenir compte soit des probabilités, soit des caractéristiques d'un
site particulier ; pour le moment, on n'en considère qu'un seul. Si la charge dynamique est
supérieure à la charge statique, c'est cette valeur qui servira pour les vérifications si le ni-
veau hydrostatique est le même (évacuateurs et prises d'eau). Selon l'ouvrage étudié, cette
poussée peut provenir du bief amont et du bief aval.

• Le chargement hydrostatique (HN) inclut aussi dans sa définition les effets aval avec le ni-
veau minimal ou un niveau jugé plus critique, s'il y a lieu. En effet, il est possible que le ni-
veau le plus bas ne soit pas, sous certains aspects, le plus critique ; par exemple, un niveau
d'eau aval élevé pourrait, par sous-pressions, amener un cas plus critique. Toutefois, une
telle situation pourrait aussi être interprétée par le concepteur comme inhabituelle.

Ouvrages de retenue en béton page 7.101


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.24.4 Combinaisons inhabituelles


Les combinaisons inhabituelles peuvent se présenter exceptionnellement et solliciter plus sévè-
rement les structures, sous certains aspects, que celles dites normales. Certains désordres mi-
neurs (fissuration, déformations permanentes, etc.) peuvent être acceptés ; toutefois, si des ré-
parations devenaient nécessaires, elles doivent demeurer minimes. Les ouvrages doivent
continuer de se comporter de façon satisfaisante et sécuritaire.
Des événements distincts tels la crue de projet (niveau hydrostatique HCp), des drains bouchés
(sous-pressions non drainées UNO), un réservoir vide, la période de construction, les poutrelles
de révision installées (HNP), le séisme de base d'exploitation (SBE) ou encore une situation
après séisme (post-sismique UPQ) sont considérés comme inhabituels.
Puisque les risques peuvent être mieux contrôlés en spécifiant la séquence et la durée des ac-
tivités ainsi qu'en imposant un suivi plus serré de la performance, les chargements particuliers,
mobilisés lors de la construction ou lors de l'entretien, sont considérés comme des charge-
ments inhabituels, et ce, même si leur probabilité d'occurrence est de 100 %. Certains événe-
ments inhabituels sont mieux précisés par les considérations suivantes :

• avec la crue de projet (CP), on ne considère pas la présence de débris flottants'221 (arbres,
blocs de glace, etc.) dans la mesure où l'on présume, dans la définition de la crue de projet,
que l'eau n'aura pas ou peu empiété sur la revanche ;

• une condition « vanne coincée ou inopérable » peut être considérée comme une situation
inhabituelle ;

La possibilité qu'un certain nombre de vannes d'évacuateurs (une sur huit, par exemple) ne
puisse être complètement ouvertes (directive SB-50-11-00) est envisageable ; elle pourrait
être implicitement considérée dans les combinaisons inhabituelles en supposant le niveau
approprié du bief amont.

• la condition « poutrelles de révision installées » (HNP, HC2, HCp2, HCS2) ne va généralement


concerner qu'un seul groupe (ou prise d'eau) ou une seule passe à la fois ;
Souvent les poutrelles ne sont pas conçues pour résister à la poussée de la glace ; toute-
fois, il est possible que la poussée dynamique de la glace puisse quand même affecter les
piliers adjacents, si des précautions particulières n'ont pas été prises.

• en présence de drains, la condition UNO pourrait représenter une situation « drains bou-
chés », « drains non fonctionnels » ou « drains à efficacité réduite » ;
L'efficacité des drains est tributaire d'un bon entretien et d'un suivi systématique ; plusieurs
de nos vieux ouvrages ont eu, à un moment ou à un autre, leur galerie de drainage inondée
ou leurs drains bloqués. Aussi, la zone drainée peut, après quelques dizaines d'années, se
modifier et s'auto-colmater, et ce, même si les drains sont bien entretenus ; une telle situa-
tion ne laisserait que peu d'indices.

1221
Ce sujet est traité à la rubrique 7.22.

page 7.102 . Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'exemple du barrage Paugan, avec les événements de septembre 1969 où l'on a mis plus
de six mois à colmater des fuites inquiétantes et à ainsi boucher le système de drainage, il-
lustre bien qu'un ouvrage peut avoir à vivre de longues périodes, voire plusieurs années,
avec un système de drainage colmaté ou rendu inefficace. Les essais de pression parfois
effectués, en bouchant plusieurs drains à la fois, peuvent aussi constituer un chargement
inhabituel.

en l'absence de drains, la condition U réfère au cas d'écoulement normal (distribution trapé-


zoïdale des sous-pressions) dans le béton ou la fondation ;
La condition non drainée UNO pourrait référer à un cas d'écoulement normal qui pourrait être
modifié, dans le temps, par la présence de fissures ou encore perturbé par un colmatage
naturel (silt, calcaire, etc.) ou artificiel (injection, tablier), côté aval.

en conditions de crue, on présume que le couvert de glace sera brisé et que la poussée de
la glace statique (Ij) ne pourra pas s'exercer ;

en conditions sismiques SBE, le niveau du réservoir HN peut être celui que l'on considère
comme se présentant, en moyenne, assez souvent durant l'année ;

en conditions post-sismiques, les sous-pressions UPQ seront considérées, dans l'état exis-
tant avant le séisme (référence 7.67) ;
De façon plus conservatrice, CDA (référence 7.16) considère la pleine charge hydrostatique
du réservoir dans les fissures induites par le séisme'23'.

la condition « réservoir vide » (le barrage Lacroix en hiver, par exemple), pourrait présenter
des problèmes en cas d'efforts renversants vers l'amont causés par le vent (V) ou un
séisme (SBE), surtout dans le cas particulier d'un barrage sur sol ou encore en présence de
remblais débalancés (S).
La condition « réservoir vide » peut parfois ne se présenter que lors de la construction.

7.24.5 Combinaisons extrêmes


Les combinaisons extrêmes sont des combinaisons reliées à des événements très improbables
mais qui, s'ils se présentaient, entraîneraient des conditions d'urgence. Les structures doivent
résister sans entraîner une rupture catastrophique (c'est-à-dire maintien du réservoir). La fonc-
tionnalité des ouvrages sera compromise et des réparations majeures, pouvant même néces-
siter un remplacement, pourraient être requises. Ainsi, les facteurs de sécurité sont à leur plus
bas et les vérifications consistent vraiment à analyser des structures très proches de leur état
limite.

1231
Ce sujet est traité à la rubrique 7.15.7.

Ouvrages de retenue en béton page 7.103


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les combinaisons ne considèrent généralement qu'une seule charge inhabituelle ou extrême à


la fois ; ainsi, le séisme maximal de dimensionnement (extrême), la crue de sûreté (extrême) et
les drains complètement bouchés (inhabituel) ne sont pas considérés simultanément. Toute-
fois, une combinaison de plusieurs événements considérés normalement comme inhabituels
peut être traitée comme un cas extrême. Quelques précisions sont apportées ci-dessous pour
la considération de certaines charges :

• en conditions extrêmes, il est présumé que le couvert de glace sera ou bien brisé, ou bien
qu'il n'interviendra pas de façon défavorable ;
Ainsi on ne considérera pas la poussée de la glace simultanément au séisme.

• en conjonction avec la crue de sûreté (CS), la présence de débris flottants (arbres, blocs de
glace, etc.) peut être indirectement prise en compte par une surélévation équivalente de ni-
veau introduite dans le terme HCs et par l'introduction d'une charge de débris (FD), si elle
peut être estimée'241 ;

• de même, la possibilité qu'un certain nombre de vannes d'évacuateurs (une sur huit, par
exemple) ne puissent être complètement ouvertes (directive SB-50-11-00) doit être envisa-
gée dans le contexte d'une étude de risques pour l'évaluation de HCS ;

• à cause de la nature transitoire et de courte durée des charges sismiques, on ne considère


pas les sous-pressions à la pleine valeur de la charge hydrostatique dans les fissures qui
pourraient être induites lors d'un séisme.
Cependant, certaines circonstances, particulières à l'aménagement étudié (incluant sa fon-
dation), peuvent justifier une baisse d'efficacité du système de drainage (Uo).

7.24.6 Barrages-poids
Au tableau 7.12 sont définies les combinaisons générales de charges à utiliser pour ces ouvra-
ges de retenue en béton. Quant aux barrages à contreforts et aux barrages-voûte qui nécessi-
tent des considérations particulières, ils ne sont pas traités dans cette rubrique.
La charge de température (T) n'apparaît pas non plus dans les combinaisons du tableau 7.12 ;
les effets de température peuvent avoir certaines conséquences sur le comportement à long
terme des structures, particulièrement en termes de fissuration, de dégradation par gel et dé-
gel, de mouvements partiellement gênés, de joints de construction ou de dilatation ainsi que de
gonflement évolutif. Il appartient au concepteur d'évaluer la pertinence, pour un ouvrage donné,
de considérer les effets thermiques et de soigner certains détails en conséquence ; les barra-
ges à contreforts et les barrages-voûte y sont beaucoup plus sensibles et la charge de tempé-
rature (T) doit être considérée explicitement, dans les diverses combinaisons de charges.

!24]
Ce sujet est traité à la rubrique 7.22.

page 7.104 . Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.24.7 Évacuateurs et ouvrages régulateurs


D'un point de vue structural, comme les évacuateurs et les ouvrages régulateurs appartiennent
généralement à la catégorie des barrages-poids, la vérification de leur stabilité globale s'effec-
tue à l'aide de combinaisons semblables, mais avec certaines particularités associées au fonc-
tionnement des vannes ou à l'exploitation des poutrelles. Le tableau 7.13 résume les combinai-
sons appropriées. Les charges de base n'y apparaissant pas (D, FD, Ij, S, UPQ) conservent la
même définition que celle fournie au tableau 7.12.
Les piliers de béton comportent généralement une armature structurale pour la reprise des ef-
forts latéraux ; particulièrement, ils doivent être vérifiés pour la flexion biaxiale et la torsion in-
duites par les charges débalancées dues principalement :

• à l'expansion de la glace entre deux piliers alors qu'une passe adjacente est utilisée pour le
déversement ou par la non symétrie induite par la présence de vannes chauffées ;

• aux effets dynamiques provoqués par les blocs de glace qui viennent les heurter ;

• aux effets sismiques et à l'interaction avec les superstructures ;

• aux chargements non symétriques provoqués par l'ouverture ou la fermeture des vannes
et/ou des poutrelles.

L'armature a aussi un rôle important pour les effets thermiques et le contrôle de la fissuration.
Généralement, les calculs de stabilité globale ne considèrent pas l'armature des piliers ; toute-
fois, celle-ci peut être mise à contribution, s'il y a lieu et si les conditions minimales sont satis-
faites, en fonction des règles de conception des pièces en béton armé (acier minimum, par
exemple).

Ouvrages de retenue en béton page 7.105


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.12 : Combinaisons de charges pour les barrages-poids


Cas Charges considérées
Normaux
Ni (normal) D + HN + I, + S + U
Inhabituels
H (normal, drains bouchés) D + HN + h + S + UND
12 (crue de projet) D + HCp + S + U
13 (séisme de base d'exploitation) D + HN + QSBE + S + UQ
14 (post-séisme) D + HN + Ij + S + UPQ
15 (construction ou réservoir vide) D + S+V
Extrêmes
E1 (construction ou rés. vide, SBE) D + QSBE + S
E2 (crue de sûreté) D + FD + Hcs + S + U
E3 (séisme maximum, SMD)
ou
D = poids propre ou charges permanentes des structures ou de l'équipement
FD = effets des débris, s'ils n'ont pas déjà été pris en compte dans HCs ou ailleurs (voir rubri-
que 7.22)
HN = niveau maximal normal d'exploitation du bief amont, combiné au niveau le plus critique du bief
aval (compatible avec le cas étudié)
HCP = niveau maximal du bief amont en période de crue de projet, combiné au niveau correspondant
du bief aval ; selon le nombre de vannes présumées fonctionnelles et alors ouvertes en posi-
tion « crue »
HCS = niveau maximal du bief amont en période de crue de sûreté, combiné au niveau correspondant
du bief aval et incluant aussi les effets des débris flottants, s'il y a lieu (voir rubrique 7.22)
li = poussée statique (IA) ou dynamique (IG), selon la valeur maximale exercée par la glace
QSBE = séisme de base d'exploitation défini à la rubrique 7.21 ; forces sismiques vers l'amont, puis
vers l'aval, simultanément avec une force sismique verticale
QSMD = séisme maximum de dimensionnement (SMD) défini à la rubrique 7.21 ; forces sismiques vers
l'amont, puis vers l'aval, simultanément avec une force sismique verticale
S = poussées horizontale et verticale exercées par les sédiments ou les remblais (roc ou sol), in-
cluant les effets potentiels de liquéfaction
U = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation ; en situation drainée : U = UD
UNO = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation ; situation non drainée, drains
bloqués ou écoulement perturbé
UQ ' = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation lors du séisme ; ces sous-
pressions (UQ) seront considérées, dans l'état existant avant le séisme (voir rubrique 7.15)
UPQ = sous-pressions dans une condition post-séisme ; ces sous-pressions (UPQ) seront habituelle-
ment considérées dans l'état existant avant le séisme ( voir rubrique 7.15 et référence 7.67)
V = vent appliqué sur la face aval (voir rubrique7.11) ; suggestion pour calcul préliminaire:
1,4 kN/m2

page 7.106 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.35 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N1) pour les bar-
rages-poids

9,10

'N(av)

N(av)

1
N(am)

Ouvrages de retenue en béton ; page 7.107


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.13 : Combinaisons de charges pour les évacuateurs


Cas Charges considérées
Normaux
N2 (normal) D + HNF + li + S + U
Inhabituels
16 (poutrelles installées) D + HNP + S + U
17 (normal, drains bouchés) D + HNF + l| + S + UNO
18 (crue de projet) D + HCp + S + U
19 (séisme de base d'exploitation) D + HNF + QSBE + S + UQ
HO (SBE, poutrelles installées) D + HNp + QSBE + S + UQ
111 (post-séisme, vannes fermées) D + HNF + li + S + UPQ
112 (post-séisme, poutrelles installées) D + HNP + h + S + UPQ
113 (construction ou réservoir vide) D + S +V
Extrêmes
E4 (construction ou rés. vide, SBE) D + QSBE + S
E5 (crue de sûreté) D + FD + Hcs + S + U
E6 (séisme maximum, SMD) D + HNF + QSMD + S + UQ
OU
HNF = niveau maximal normal d'exploitation du bief amont, combiné au niveau le plus critique du bief
aval (compatible avec le cas étudié) ; vannes fermées
HCP = niveau maximal du bief amont en période de crue de projet, combiné au niveau correspondant
du bief aval ; selon le nombre de vannes présumées fonctionnelles et alors ouvertes en posi-
tion « crue »
HCS = niveau maximal du bief amont en période de crue de sûreté, combiné au niveau correspondant
du bief aval et incluant aussi les effets des débris flottants, s'il y a lieu (voir rubrique 7.22)
HNP = niveau maximal normal d'exploitation du bief amont, combiné au niveau le plus critique du bief
aval (compatible avec le cas étudié); poutrelles installées dans une passe et vanne fermée
dans la passe adjacente
QSBE = séisme de base d'exploitation défini à la rubrique 7.21 ; forces sismiques vers l'amont, puis
vers l'aval, simultanément avec une force sismique verticale
QSMD = séisme maximum de dimensionnement (SMD) défini à la rubrique 7.21 ; forces sismiques vers
l'amont, puis vers l'aval, simultanément avec une force sismique verticale
U = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation ; en situation drainée : U = UD
UNO = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation ; situation non drainée, drains
bloqués ou écoulement perturbé
DO = sous-pressions dans le corps du barrage ou dans la fondation lors du séisme ; ces sous-
pressions (UQ) seront considérées, dans l'état existant avant le séisme (voir rubrique 7.15)
V = vent appliqué sur l'ouvrage et les vannes en position relevée

page 7.108 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.36 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N2) pour les
évacuateurs

102,56 m

NF(av)

7.24.8 Prises d'eau


La plupart des prises d'eau constituent des ouvrages relativement massifs dont la stabilité glo-
bale est généralement assurée par leur poids. À ce titre, les vérifications et les combinaisons
de charges ressemblent à celles des barrages-poids ; certaines particularités associées à l'ex-
ploitation des passages d'eau, vides ou pleins, ou encore fermés par les vannes ou les pou-
trelles, exigent des vérifications distinctes.
D'un point de vue comportement structural, les prises d'eau peuvent se classer selon cinq types
principaux qui nécessiteront certaines distinctions quant à l'application des charges hydrostati-
ques :

• les prises d'eau faisant bloc avec la centrale (LG-1, Rivière-des-Prairies) ;

• les prises d'eau avec centrale juxtaposée au pied aval (Beauharnois, Rapides-Farmers) ;

• les prises d'eau encastrées dans le roc (LG-2) ;

• les prises d'eau adossées ou intégrées à un barrage en remblai (LG-3) ;

• les prises d'eau implantées dans le réservoir (LG-4).

Ouvrages de retenue en béton page 7.109


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le premier type est typique des centrales de basse chute ou au fil de l'eau. L'analyse de stabi-
lité globale doit s'effectuer pour le bloc d'ensemble centrale-prise d'eau. Il est possible aussi
que, pour des raisons économiques liées à la séquence de construction, la prise d'eau soit
construite en premier et agisse temporairement comme ouvrage de retenue ; dans cette situa-
tion, elle doit être vérifiée séparément. Les quatre autres types seront généralement analysés
comme des ouvrages indépendants, selon les critères appropriés et les combinaisons propo-
sées au tableau 7.14. Les charges de base n'y apparaissant pas (D, FD, S, U, UND, UQ, UPQ, V)
conservent la même définition que celle fournie au tableau 7.12.
La poussée statique de la glace peut s'exercer sur une prise d'eau est considéré comme nor-
male, de même que la poussée dynamique (chocs dus aux blocs de glace) constitue un cas
normal. Les combinaisons du tableau 7.14, pour la vérification de la stabilité globale, considè-
rent la valeur Ij maximale (statique ou dynamique).
En plus de la stabilité globale d'un monolithe (ou plot), il faut vérifier la stabilité locale des diffé-
rents éléments tels les piliers, les plafonds des passages hydrauliques, les murs-poutres'251 ; en
effet, des conditions débalancées viennent affecter les piliers entre les passages hydrauliques,
quand un groupe est vidangé ou quand une seule vanne est fermée. De plus, des effets d'im-
pact sont à considérer en cas de fermeture soudaine des directrices ou de la vanne d'urgence
(coup de bélier).

7.24.9 Centrales
Les centrales peuvent être séparées de |a prise d'eau (Paugan), être immédiatement construi-
tes au pied aval de la prise d'eau (Beauharnois, Chelsea, Rapides-Farmers) ou être intégrées à
la prise d'eau (LG-1, Rivière-des-Prairies). ,
D'une façon générale, les chargements sont très semblables à ceux définis pour les barrages-
poids et les prises d'eau, les combinaisons de charges étant adaptées pour refléter les particu-
larités (tableau 7.14). En effet, la présence de passages hydrauliques (conduites forcées, bâ-
ches spirales et aspirateurs) qui peuvent être vidangés amène des conditions spécifiques et
nécessite quelques considérations supplémentaires (référence 7.139). De plus, la vidange des
passages hydrauliques peut introduire des risques de flottaison ou de stabilité qui demandent à
être vérifiés et qui doivent demeurer sous un certain seuil. Les chargements pour les centrales
isolées ou séparées de leur prise d'eau sont légèrement différents ; la poussée hydraulique
amont s'exerce sur une surface réduite (conduite forcée) et du côté aval, le niveau à considérer
est le niveau correspondant à la combinaison étudiée. Par ailleurs, quand les planchers des
aspirateurs ne sont pas dimensionnés pour reprendre les sous-pressions ou les charges de
fondation, on ne peut pas les considérer dans les analyses de stabilité (ni leur poids, ni leur
contribution à résister aux sous-pressions). C'est pourquoi il est recommandé de prévoir un
système de drainage sous le plancher des aspirateurs afin de réduire les sous-pressions.

(25)
Les charges particulières liées à l'exploitation des prises d'eau sont traitées à la rubrique 11.3.2.

page 7.110 Ouvrages de retenue eh béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 7.14 : Combinaisons pour centrales et prises d'eau


Cas Charges considérées
Normaux
N3 (normal, groupe en marche) D + HC1 + I, + S + U
Inhabituels
114 (groupe à sec, glace) D + HC2 + li + S + U
115 (groupe en marche, drains bouchés) D + HCi + Ij + S + UNO
116 (crue de projet, groupe en marche) D + HCPi + S + U
117 (crue de projet, groupe à sec) D + HCP2 + S + U
118 (SBE, groupe en marche) D + HCi + QSBE + S + UQ
119 (SBE, groupe à sec) D + HC2 + QSBE + S + UPQ
120 (post-séisme, groupe en marche) D + HCi + I; + S + URQ
121 (post-séisme, groupe à sec) D + HC2 + h + S + UPQ
122 (réservoir vide, ou construction) D + S +V
Extrêmes
E7 (SBE, réservoir vide) D + QSBE + S
E8 (crue de sûreté, groupe en marche) D + FD + HCSI + S + U
E9 (crue de sûreté, groupe à sec) D + FD + HCS2 + S + U
E10 (SMD, groupe en marche) D + HCi + QSMD +S + UQ
E11 (SMD, groupe à sec) D + HC2 + QSMD +S + UQ
ou
HCi = niveau maximal normal d'exploitation du bief amont (contexte : centrale), combiné au niveau corres-
pondant du bief aval (compatible avec le cas étudié) ; les vannes de tête sont ouvertes, les passages
hydrauliques sont remplis d'eau (incluant la bâche spirale et l'aspirateur) ; pour une centrale, la poussée
hydraulique est appliquée sur la surface appropriée
HC2 = niveau maximal normal d'exploitation du bief amont (contexte : centrale), combiné au niveau corres-
pondant du bief aval (compatible avec le cas étudié) ; les poutrelles amont et aval sont en place, les
passages hydrauliques sont à sec (conduite d'amenée, bâche spirale et aspirateur)
HCPI = niveau maximal du bief amont en période de crue de projet, combiné au niveau correspondant du bief
aval ; les vannes de tête sont ouvertes, la bâche spirale et l'aspirateur sont remplis d'eau
Hcpa = niveau maximal du bief amont en période de crue de projet, combiné au niveau correspondant du bief
aval ; les poutrelles amont sont alors fermées, tous les passages hydrauliques sont à sec
HCSI = niveau maximal du bief amont en période de crue de sûreté, combiné au niveau correspondant du bief
aval et incluant aussi les effets des débris flottants, s'il y a lieu ; les vannes de tête sont ouvertes, la bâ-
che spirale et l'aspirateur sont remplis d'eau
Hcs2 = niveau maximal du bief amont en période de crue de sûreté, combiné au niveau correspondant du bief
aval et incluant aussi les effets des débris flottants, s'il y a lieu ; les poutrelles amont et aval sont en
place, les passages hydrauliques sont à sec (conduite d'amenée, bâche spirale et aspirateur)
li = poussée statique (U) ou dynamique (!G ou IGL), selon la valeur maximale exercée par la glace ; ici la
glace peut agir à l'amont et/ou à l'aval, selon le type d'ouvrage
QSBE = séisme de base d'exploitation défini à la rubrique 7.21, forces sismiques vers l'amont, puis vers l'aval,
simultanément avec une force sismique verticale
QSMD = séisme maximum de dimensionnement (SMD) défini à la rubrique 7.21 ; forces sismiques vers l'amont,
puis vers l'aval, simultanément avec une force sismique verticale

Ouvrages de retenue en béton page 7.111


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les analyses doivent aussi être faites pour toutes autres combinaisons qui pourraient apparaî-
tre plus critiques, selon l'avis du concepteur. En particulier, les vérifications de stabilité doivent
être effectuées pour les diverses phases de construction ; par exemple, le mur aval peut servir
temporairement d'ouvrage de retenue pendant la construction, particulièrement lors de la mise
en place des équipements mécaniques et la coulée du béton périphérique.

Les centrales souterraines ne sont pas traitées dans cette rubrique.

Figure 7.37 : Exemple typique de la combinaison de charges normales (N3) pour les
centrales

102,56 f. <?I i .
fL_i f!

r-78,30 m

n
II ~\ C1(av)

7.25 Critères de stabilité

7.25.1 Exigences générales de performance des ouvrages


Les ouvrages doivent être conçus de façon à satisfaire les exigences suivantes
(référence 7.81 ) :

• montrer un comportement structural adéquat tout au long de leur vie utile sans compromet-
tre les conditions d'exploitation ;

page 7.112 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• posséder une capacité structurale suffisante pour résister adéquatement à l'ensemble des
scénarios de chargements susceptibles de se produire (ex. crues, séismes).

7.25.2 Mécanismes de défaillance


Pour assurer la sécurité structurale d'un barrage, on doit tout d'abord anticiper tous les méca-
nismes de défaillance possibles. Pour obtenir un état sécuritaire, les probabilités que ces mé-
canismes puissent survenir doivent évidemment être extrêmement faibles.
L'identification des mécanismes de défaillance consiste à établir des liens de cause à effet en-
traînant des conséquences néfastes pour la durabilité, l'exploitation et la sécurité de l'ouvrage.
Par exemple, lors d'un événement de pluie abondante, les causes pouvant entraîner la défail-
lance d'un ouvrage, ou d'une de ses composantes, peuvent être multiples : crue excédant la
capacité d'évacuation, rupture d'un barrage en amont, glissement de terrain dans le réservoir,
érosion du lit de la rivière, obstruction des organes d'évacuation par les débris flottants, coin-
cement des vannes, inaccessibilité du site pour effectuer les manœuvres nécessaires, perte de
puissance électrique, etc. Les effets sont aussi variés : augmentation de la pression hydrostati-
que et des sous-pressions, ouverture des joints, fissuration du béton, mouvements de fonda-
tion, érosion interne et des fondations, etc. Les conséquences sont évidemment la réduction de
la marge de sécurité, les perturbations de l'exploitation pouvant aller jusqu'à la rupture partielle
pu totale de l'ouvrage avec les dommages correspondants (pertes de vies, pertes économi-
ques, impact environnemental, impact psychologique et perte de confiance du public). Beau-
coup d'expérience et d'imagination sont nécessaires pour cerner les maillons faibles des chaî-
nes d'événements (ou scénarios) plausibles pouvant entraîner la rupture d'un ouvrage.

Quelques mécanismes de défaillance susceptible d'affecter la sécurité structurale des ouvrages


de retenue en béton et leurs fondations sont donnés ci-dessous (référence 7.90) :

• glissement sur la fondation ou glissement des joints de reprise de bétonnage ;

• ouverture des joints ou fissuration produisant des fuites incontrôlables ;

• rupture en compression par écrasement local du béton, renversement ;

• soulèvement des ouvrages (flottaison) par de trop grandes sous-pressions ;

• fissuration, déformations excessives des piliers d'évacuateurs empêchant le fonctionnement


des vannes ;

• rupture des pièces encastrées guidant les vannes ;

• déformations excessives des vannes (glissières) les rendant inopérables ;

• glissement, tassement excessifs de la fondation.

Ouvrages de retenue en béton page 7.113


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La CIGB (référence 7.42) rapporte les conclusions suivantes sur l'analyse statistique des ruptu-
res de barrages :

• pour les barrages en béton, les problèmes de fondation sont les plus fréquemment à
l'origine de la rupture : érosion interne des fondations et résistance insuffisante au cisaille-
ment ;

• pour les barrages de maçonnerie, la submersion et l'érosion interne des fondations sont à
l'origine des ruptures les plus fréquentes ;

• quand la rupture est imputable aux ouvrages connexes, c'est l'insuffisance de la capacité
des évacuateurs qui est à l'origine des ruptures.

7.25.3 Analyse de contraintes et analyse de stabilité


La vérification de la sécurité structurale contre le glissement, le renversement et le soulèvement
demande deux analyses distinctes :

• une analyse de contraintes qui vise à déterminer la longueur d'une éventuelle fissure et les
contraintes maximales de compression ;

• une analyse de stabilité qui vise à :


• évaluer le potentiel de glissement le long des plans de ruptures anticipées,
• déterminer la position de la résultante.

7.25.4 Plans de ruptures potentielles


Les ouvrages-poids sont habituellement représentés par un modèle 2D. Le calcul des
contraintes et de stabilité sont effectués pour :

• une série de plans horizontaux de ruptures potentielles situés à différents niveaux dans
l'ouvrage, le plus souvent localisés au niveau des joints de reprise de bétonnage ;

• un plan de rupture potentielle localisé à l'interface béton-rocher ;

• des plans de ruptures potentielles localisés dans la fondation (figure 7.38, figure 7.48 et
figure 7.49).

Lombardi (référence 7.105) mentionne également que les monolithes moins élevés fondés sur
les flancs escarpés de la vallée peuvent avoir une sécurité réduite par rapport aux monolithes
plus élevés fondés sur le fond de la vallée (figure 7.39). Ceci est dû à la réduction de la force
normale issue du poids propre et à l'augmentation de la surface sur laquelle agit les sous-
pressions. Cependant, ces considérations négligent les interactions qui sont susceptibles de se
développer entre les monolithes lorsque des déplacements significatifs prendront place lors de
sollicitations très importantes.

page 7.114 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.38 : Plans de ruptures à l'interface béton-rocher et dans la fondation

(f)

Adaptation de Rocha (référence 7.127)

Figure 7.39 : Sécurité réduite des monolithes latéraux

(la composante normale


est réduite
r\w cos 9 de W à W cos 8)
Sl
(poids) WJ "

(sous-pression) U 4
(la sous-pression est
augmentée de u à u / cos 8)

Adaptée de Lombard! (référence 7.105)

Par ailleurs, il est important de noter que, par suite de l'initiation d'une fissure horizontale au pa-
rement amont causée par un chargement hydrostatique excessif, la trajectoire de propagation
de cette fissure vers le parement aval peut s'incliner vers le bas produisant une fissuration dia-
gonale sous l'effet combiné des efforts de compression et de cisaillement. Ce mécanisme de
défaillance a été observé pour les barrages en maçonnerie de Bouzey en France et de Bhan-
dardara aux Indes. Un plan de rupture horizontal n'est donc pas nécessairement représentatif
du mécanisme de rupture lors d'une crue importante.

Ouvrages de retenue en béton page 7.115.


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.25.5 Indicateurs de performance


Pour assurer une performance structurale adéquate, une marge suffisante doit exister entre
l'offre (état résistant) et la demande (état de chargement). Ceci est réalisé dans les normes de
sécurité de barrages (référence 7.16 et référence 7.140) par la spécification de facteurs de sé-
curité déterministes. Ces facteurs de sécurité sont définis pour tenir compte des incertitudes re-
liées :

• aux variations aléatoires inhérentes aux matériaux et aux chargements ;

• à l'évaluation statistique des paramètres de matériaux/chargements à partir d'un nombre li-


mité d'échantillons ;

• aux simplifications et hypothèses utilisées dans la modélisation mathématique de phéno-


mènes physiques forts complexes (référence 7.54).

La conception structurale des ouvrages de retenue en béton est effectuée en imposant des
critères de performance sur des indicateurs définis pour assurer une marge de sécurité suffi-
sante pour chacun des mécanismes de défaillance considérés. Les indicateurs de performance
couramment utilisés sont :

• la position de la force résultante ;

• les contraintes normales de traction et de compression ;

• les contraintes de cisaillement ;

• les contraintes principales de traction et de compression ;

• la longueur des fissures ;

• les facteurs de sécurité contre le glissement.

7.25.5.1 Méthodes de calcul des indicateurs de performance

7.25.5.1.1 Méthode de gravité

La méthode de gravité est utilisée pour l'analyse de contraintes et l'analyse de stabilité prélimi-
naire des nouveaux ouvrages-poids. La méthode de gravité est également appropriée pour la
conception finale de barrages-poids rectilignes dont les joints de contraction transversaux ne
sont pas injectés ni liés par des clés de cisaillement.

page 7.116 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La méthode de gravité repose sur les calculs d'équilibre des corps rigides pour déterminer les
efforts internes agissant sur les plans de ruptures potentielles et sur la théorie de poutre pour le
calcul des contraintes. L'utilisation de la méthode de gravité demande plusieurs hypothèses
simplificatrices concernant l'application des cas de chargements sur le barrage et le comporte-
ment structural de celui-ci :

• le béton de masse est homogène, isotropique et uniformément élastique ;

• toutes les charges appliquées sont transférées aux fondations par l'action console du bar-
rage sans interaction avec les monoli^es adjacents ;

• les contraintes normales sont distribuées linéairement le long de plans horizontaux.

On doit être prudent quant au calcul de l'intensité et de la distribution des contraintes près de la
base des ouvrages à l'aide de la méthode de gravité. Ces contraintes et la fissuration suscepti-
ble de se développer peuvent être influencées par la déformabilité de la fondation rocheuse qui
n'est pas prise en considération lors de l'application de la méthode de gravité. L'incidence de la
compatibilité des déformations à l'interface béton-rocher sur les contraintes est généralement
plus important pour les grands ouvrages que les petits ouvrages.

7.25.5.1.2 Méthode des éléments finis

Dans le cas où les ouvrages ne peuvent pas être assimilés à un état bidimensionnel ou lorsque
l'interaction barrage-fondation est importante, on doit procéder à une analyse par éléments fi-
nis. Le comportement structural 3D se rencontre par exemple lorsque le barrage est courbé ou
lorsqu'il est soumis à une poussée latérale. L'utilisation de la méthode des éléments finis est
également utile pour étudier l'effet de différents paramètres et phénomènes tels que :

• les déplacements et déformations anticipés ;

• les discontinuités géométriques ;

• les grandes ouvertures ;

• les phases de construction et l'application progressive du poids-propre ;

• les zones possédant différents modules de déformation ;

• la trajectoire et l'intensité des contraintes principales ;

• les joints et les fissures potentielles ;

• les effets de température, fluage et retrait ;

• les caractéristiques dynamiques et la réponse sismique d'ouvrages flexibles.

Ouvrages de retenue en béton page 7.117


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'interprétation des résultats des analyses par éléments finis se fait à partir de critères de stabi-
lité qui sont a priori les mêmes que pour la méthode de gravité. Les calculs de stabilité au glis-
sement étant effectués à l'aide de l'intégrale des contraintes effectives agissant le long du plan
considéré (contraintes totales tenant compte des sous-pressions). On doit évidemment inter-
préter les résultats des calculs de contraintes par éléments finis avec discernement à cause
des problèmes associés à la singularité du champ de contraintes près des discontinuités géo-
métriques et des points d'application de charges concentrées.

7.25.5.2 Facteurs de sécurité et critères de stabilité


Le tableau 7.15 présente les contraintes admissibles et critères de stabilité pour les ouvrages-
poids en béton. Les valeurs retenues sont adaptées de CDA (référence 7.16) et USAGE
(référence 7.140). •

Tableau 7.15 : Facteurs de sécurité et critères de stabilité


Combinaisons de charges
Inhabituelles Extrêmes
Indicateurs de (11-lx) (E1-Ex)
performance Normales
(N1 - NX) Crue Projet Crue Sûreté
Séisme SBE Post-sismique Séisme SMD
Drains bloqués Séisme SBE
Contraintes - traction*
Béton de masse 0,0 0,5ftm 0,66ftm 0,9ftdm
Joints de reprise 0,0 O.Sftj 0,66ftj O.gftfl
Contact béton-rocher 0,0 0,0 0,0 0,0
Fondation rocheuse 0,0 0,0 0,0 0,0
Contraintes - compression
Béton de masse, joints 0,33f'c 0,50f'c 0,67f'c 0,90fc
(Oc)
Fondation <àdm. <adm. <adm. <1,33adm.
1
Position de la résultante 1/3 médian /2 médian Intérieure sec- Intérieure section
(longueur de fissure - % de (0%) (25%) tion (ac<0,90f'c)
la section) (oc<0,67fc)
FS Glissement
FSGPi (<t>,c de pointe 3,0 2,0 2,0 1,3
sans essais)
FSGp2 ((|),c de pointe 2,0 1,5 1,5 1,1
avec essais)
FSGr (<t>,c résiduel) 1,5 1,3 11
' 1,05e
Soulèvement
FSS 1,20 1,10 1,10 1,05
Contraintes admissibles pour prévenir l'initiation de la fissuration - pour les combinaisons sismiques, on utilise
la résistance dynamique à la traction du béton ft<jm et des joints ft<jj.
La sélection des paramètres caractérisant la résistance des matériaux doit correspondre aux valeurs à long
terme pouvant être affectées par le vieillissement de l'ouvrage et les actions climatiques de façon à maintenir
une sécurité structurale adéquate tout au long de la vie de l'ouvrage.
Pour les combinaisons sismiques (SMD, SBE), le facteur de sécurité au glissement résiduel FSGr peut être
pris égal à 1.

page 7.118 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.25.5.2.1 Calcul des contraintes

Contraintes normales
Des valeurs typiques de la résistance à la traction et à la compression du béton de masse, des
joints de reprise de bétonnage et du contact béton-rocher sont présentées à la rubrique 7.8.
Des contraintes de tension excédant la résistance à la traction du béton ou des joints sont per-
mises pour les combinaisons de charges inhabituelles et extrêmes puisqu'une fissuration
contrôlée de l'ouvrage est acceptable. Des contraintes excessives de tension obtenues d'un
calcul linéaire élastique n'indiquent donc pas nécessairement que la structure est dans une
condition non sécuritaire. Lorsque la résistance à la traction du béton est excédée (critère
d'initiation), il est prudent de considérer que la fissuration résultante se propagera jusqu'au
point où la contrainte de traction devient nulle à la pointe de la fissure (critère de propagation).
Lors du calcul des contraintes normales, on considère que les sous-pressions agissent comme
un chargement sur la structure (référence 7.17 et référence 7.140). Par exemple, la fissuration
débute à la base de l'ouvrage si les contraintes au pied amont, calculées avec les sous-
pressions agissant comme un chargement sur la surface de rupture présumée, excèdent la ré-
sistance à la traction du contact béton-rocher (qui devrait être nulle). L'application de la mé-
thode de gravité résulte donc en des contraintes effectives linéaires même lorsqu'un système
de drainage est présent. L'évolution du diagramme de sous-pression à considérer, à cause de
la pénétration potentielle de l'eau dans une fissure se propageant dans le corps de l'ouvrage ou
le long d'un joint, est fonction de la combinaison de charges considérée (non sismique par rap-
port à sismique) et de la présence d'un réseau de drainage'261.

Contraintes de cisaillement
Lors de l'application de la méthode de gravité, l'effort tranchant est généralement considéré
comme uniformément distribué sur le ligament en compression. Les contraintes de cisaillement
résultantes sont alors comparées à la résistance au cisaillement du joint considéré ou de la
fondation. Une analyse plus raffinée, tenant compte d'une distribution non uniforme des
contraintes de cisaillement, peut aussi être utilisée. La longueur minimale du ligament en com-
pression doit donc être suffisante pour éviter un mécanisme de rupture « local » causé par une
combinaison excessive de contraintes de compression et de cisaillement pouvant entraîner la
fissuration par traction diagonale du béton de masse (ou du rocher) le long du plan de rupture
considéré.

[26]
Ce sujet est traité à la rubrique 7.15.

Ouvrages de retenue en béton page 7.119


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.25.5.2.2 Calcul de la position de la résultante

La stabilité contre le renversement est vérifiée à l'aide du calcul de la position de la résultante


des forces le long du plan de rupture considéré, soit :

Position de la résultante = IM / SVI

ou
ZM = somme des moments par rapport au pied aval
incluant les sous-pressions
ZV = somme des forces verticales incluant les sous-
pressions

Pour les barrages-poids de section conventionnelle le renversement est très improbable. Un


mécanisme de glissement par cisaillement du pied aval aura tendance à se produire après un
soulèvement important du pied amont. On doit porter une attention particulière à l'incidence de
la fissuration sur les efforts à considérer dans les calculs.

7.25.5.2.3 Calcul du facteur de sécurité contre le glissement

Formule de base
Le calcul du facteur de sécurité contre le glissement s'effectue à l'aide de la formule suivante
(figure 7.40) :

|FSG = [(IV cosa + £H sina- U)tan()) + C A c J/ [SHcosa- IV sina] |


FSG = facteur de sécurité contre le glissement(on doit
considérer deux types de FSG : celui corres-
pondant à la résistance de pointe au cisaille-
ment FSGDi ou FSGB2 et celui correspondant à
la résistance résiduelle au cisaillement, FSGr
EV = somme des forces verticales sans les sous-
pressions
ZH = somme des forces horizontales sans les sous-
pressions
U = résultante des sous-pressions normale au plan
considéré
<)> = angle de friction
C = cohésion
AC = aire de contact en compression
a = angle d'inclinaison par rapport à l'horizontale du
plan de rupture considéré

page 7.120 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.40 : Paramètres pour le calcul du facteur de sécurité au glissement

Cohésions réelle et apparente


La valeur de la cohésion à retenir dans les calculs de stabilité est fonction du traitement des re-
prises de bétonnage (c = 0 pour les reprises froides sans traitement particulier des joints). Si on
définit la cohésion réelle comme étant la résistance au cisaillement d'un joint lorsque la
contrainte normale est nulle, on ne peut pas avoir de cohésion si la résistance à la traction du
joint est nulle. Par ailleurs, il est courant d'utiliser une régression linéaire de résultats d'essais
effectués à divers taux de contraintes normales pour définir un terme de cohésion (résistance
au cisaillement à charge normale nulle) par extrapolation (figure 7.41 et figure 7.42). Le critère
de rupture s'exprime alors sous la forme linéaire suivante :

T = C + a tancj)

ou
T = résistance au cisaillement
C = cohésion
o = contrainte normale
0 = angle de friction

On constate alors qu'il est possible de définir une cohésion apparente pour des joints non liés
(résistance à la traction nulle) mais ayant des surfaces de contact rugueuses (figure 7.42). Si
on mobilise de la cohésion apparente dans les calculs de stabilité contre le glissement, on doit
vérifier la présence simultanée d'une contrainte normale minimale de compression le long du
plan de rupture considéré (de l'ordre d'au moins 150 kPa).

La cohésion (réelle ou apparente) est nulle sur toute partie de la base (ou du joint de reprise)
qui a été déterminée comme fissurée (par traction excessive) dans les calculs de la réponse
sismique.

Ouvrages de retenue en béton page 7.121


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Figure 7.41 : Définition de la cohésion à partir de la courbe enveloppe de rupture

Enveloppe
de rupture

Figure 7.42 : Enveloppe de rupture bilinéaire pour les joints non liés
Joints non liés
Résistance à la traction nulle

Y
résistance de pointe

résistance résiduelle

cisaillement des aspérités

angle de friction résiduel comprenant l'effet des aspérités


angle de friction de base du matériau
angle des aspérités
Ça = cohésion apparente dérivée des aspérités
contrainte de compression minimale pour utiliser le concept de cohésion
apparente

Adaptation de Nicholson (référence 7.115)

page 7.122 Ouvrages de retenue en béton


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Résistances de pointe et résiduelle au cisaillement


Si les facteurs de sécurité correspondants à la résistance de pointe au cisaillement (FSGpl ou
FSGp2) ne sont pas satisfaits, la stabilité de l'ouvrage est considérée acceptable si la valeur du
facteur de sécurité correspondant à la résistance résiduelle au cisaillement (FSGr) excède la
valeur minimale requise (référence 7.16). Une approche pour appliquer ce critère consiste à vé-
rifier tout d'abord le FSGp : si la valeur minimale est excédée, on conclut qu'il n'y aura pas de
glissement. L'analyse de glissement est terminée si on a confiance dans les paramètres de ré-
sistance choisis (angle de friction, cohésion). Si la valeur du FSGp n'est pas adéquate, on véri-
fie alors le FSGr. Si la valeur du FSGr est adéquate on considère que l'ouvrage possède une
marge de sécurité suffisante contre le glissement. Il va de soi que l'on doit être particulièrement
vigilant dans la sélection des paramètres caractérisant la résistance de pointe au cisaillement
(angle de friction et cohésion).
Cependant, il est prudent de satisfaire les exigences pour le facteur de sécurité correspondant
à la résistance résiduelle au cisaillement dans les calculs de stabilité afin d'assurer la stabilité
de l'ouvrage après un léger déplacement dû à un séisme (conditions sismiques ou post-
sismiques).

7.25.5.2.4 Stabilité au soulèvement

Dans le cas d'immersion, les ouvrages de génie civil doivent résister à la poussée verticale en-
gendrée par les sous-pressions qui tend à les soulever. Le facteur de sécurité contre le soulè-
vement est donné par :

FSS=W/U

ou
W = Z forces verticales sans les sous-pressions (in-
cluant le poids de l'eau agissant sur les parties
immergés)
U = forces de soulèvement dues aux sous-
pressions

7.25.5.2.5 Déplacements admissibles

Dans certains cas, tels que pour les sollicitations sismiques, les déplacements et les déforma-
tions peuvent devenir le facteur critique pour déterminer l'acceptabilité de la réponse structu-
rale. Les structures connexes (évacuateurs) et équipements associés (vannes) doivent pouvoir
accommoder les déplacements et les déformations anticipées. De plus, lors de la conception
des ouvrages, des tolérances dimensionnelles appropriées doivent être considérées pour ac-
commoder les variations volumétriques des éléments structuraux pouvant survenir pendant la
vie de l'aménagement à cause des actions climatiques ou de la dégradation du béton.

Ouvrages de retenue en béton page 7.123


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.26 Conception des ouvrages en béton pour les crues

7.26.1 Généralités
Selon la pratique actuelle, les nouveaux aménagements sont conçus généralement en considé-
rant l'évacuation de la crue maximale probable (CMP).
Dans certains cas, on peut envisager la submersion des ouvrages afin d'optimiser les coûts de
l'aménagement, à la condition évidemment que les risques encourus soient acceptables. Cette
pratique est limitée pour le moment aux ouvrages existants.
Tel qu'observé lors de la crue exceptionnelle du Saguenay, l'érosion peut conduire à la perte du
réservoir. La conception des ouvrages doit tenir compte de cette éventualité .et si un risque de
rupture existe, des mesures correctives doivent être adoptées pour contrer non seulement
l'érosion du pied des ouvrages, mais aussi l'érosion des rives.

7.26.2 Sécurité hydrologique et analyse de risques


Les études hydrologiques permettent de définir la crue de projet qui assurera le bon fonction-
nement hydraulique de l'aménagement lors d'événements inhabituels. Dans les nouveaux
aménagements, la capacité des évacuateurs de crues est établie habituellement en fonction de
la crue maximale probable. L'optimisation de l'aménagement peut être réalisée par une analyse
de risques où différents scénarios de capacité d'évacuation assortis des niveaux des plans
d'eau correspondants sont considérés et évalués. Tel que mentionné précédemment, la sub-
mersion des ouvrages en béton pour les ouvrages existants peut être envisagée à la condition
qu'un tel scénario n'entraîne pas la rupture d'un ouvrage de l'aménagement, de pertes de vies,
de risques économiques trop élevés ni de dommages inacceptables à l'environnement. Les ris-
ques sont établis en fonction des cartes d'inondation, de l'évaluation des dommages et des
probabilités d'occurrence des événements considérés.

7.26.3 Crue de projet


La crue de projet correspond au débit maximal qui est évacué par les ouvrages d'évacuation
dans des conditions normales d'exploitation sans empiétement sur la revanche (norme
SB-50-11-00). La crue de projet est considérée comme un événement inhabituel dans la défini-
tion des combinaisons de charge'27'.

1271
Ce sujet est traité à la rubrique 7.24.

page 7.124 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.26.4 Crue de vérification ou de sécurité


II s'agit de la crue pour laquelle on considère comme acceptable que la crête du barrage.ainsi
que les ouvrages d'évacuation et de dissipation d'énergie soient à la limite de la rupture, mais
présentent encore un fonctionnement sûr (SB-50-11-00). La crue de sûreté est considérée
comme un événement extrême dans de la définition des combinaisons de charges'281.

7.26.5 Méthodologie d'analyse structurale

7.26.5.1 Généralités

Le dimensionnement des ouvrages de génie civil pour les crues s'effectue par les études
d'agencement et par les analyses de stabilité en considérant les niveaux hydrostatiques amont
et aval et les sous-pressions correspondantes.
De plus, les analyses de stabilité permettent d'évaluer les marges de sécurité vis-à-vis des mé-
canismes de défaillance tels que le glissement et la rupture par fissuration en utilisant les critè-
res énoncés à la rubrique 7.25 selon les combinaisons de charges décrites à la rubrique 7.24.

7.26.5.2 Submersion des ouvrages lors des crues

7.26.5.2.1 Mécanisme de défaillance

Lorsque la submersion d'un ouvrage est susceptible de se produire lors d'une crue, on doit
évaluer les conséquences en fonction de la durée, de la profondeur, de la vitesse et du volume
de la lame d'eau passant par-dessus la crête. Les barrages en béton sont habituellement
considérés résistants à l'érosion à la condition que les fondations puissent résister aux actions
causées par le jet d'eau à haute vitesse arrivant au pied aval du barrage. Les modes de rupture
des barrages en béton résultant de la submersion incluent donc :

• l'érosion par perte de blocs de fondation causée par la grande vitesse de l'écoulement ;

• le soulèvement hydraulique causant la perte de bloc de fondation causé par le développe-


ment de sous-pressions importantes ;

• les fluctuations de pressions hydrodynamiques causant la vibration du barrage et l'agitation


des blocs de fondation ;

[28]
Ce sujet est traité à la rubrique 7.24.

Ouvrages de retenue en béton page 7.125


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'abrasion des matériaux causée par l'action des matières en suspension dans un écoule-
ment torrentiel.

7.26.5.2.2 Dispositions constructives pour atténuer les effets de la submersion

Afin de prévenir la submersion d'un barrage, on peut diminuer le niveau d'exploitation du réser-
voir, augmenter la capacité d'évacuation ou augmenter la hauteur du barrage et des digues
contenant le réservoir. Cependant, pour les barrages en béton, le renforcement de la fondation
au pied aval et des structures adjacentes peut être une alternative économique pour passer la
crue anticipée en acceptant la submersion de l'ouvrage. Le système de protection contre la
submersion doit dissiper adéquatement l'énergie de l'écoulement et assurer la stabilité du bar-
rage en prévenant l'érosion de la partie aval de la fondation qui est nécessaire pour prévenir le
glissement-renversement.
Un tapis de protection au pied aval constitué d'une dalle de béton armé ancrée dans la fonda-
tion et drainée est souvent utilisé en pratique. Des ancrages peuvent également être nécessai-
res pour consolider la fondation. Une fois que la résistance de la fondation est assurée, les cri-
tères de stabilité doivent considérer la pression hydrostatique en amont et en aval ainsi que les
sous-pressions correspondantes en tenant compte de la submersion de l'ouvrage. La crue du
Saguenay de 1996 a démontré la résistance élevée à la submersion des ouvrages-poids en
béton dont certains ont été submergés de plus de 2 m pendant plusieurs heures sans rupture ni
dommage excessif. Toutefois, l'érosion des rives a causé la perte du réservoir à certains sites
(référence 7.99). Si les matériaux des rives sont sujets à l'érosion, des travaux protecteurs
comme la mise en place de gabions, d'enrochement ou de renforcement des sols peuvent être
considérés.
Par ailleurs, l'utilisation de parapets pleins ou de structures pouvant favoriser l'accumulation de
débris doit être évitée. La rupture soudaine d'un parapet plein peut entraîner une lame d'eau
importante en aval. Il est recommandé d'utiliser des parapets à claire-voie pour faciliter le pas-
sage de l'eau sur la crête (CIGB, 1998). Finalement, on verra à protéger les conduits électri-
ques des effets de la submersion et des débris.
Si la submersion est considérée, il est possible d'améliorer la performance d'un ouvrage-poids
à l'aide de sections symétriques tel qu'expliqué à la rubrique 7.29. De plus, on peut également
arrondir l'angle entre la paroi amont et la crête pour améliorer le coefficient de débit et minimi-
ser le décollement de la lame d'eau de la crête produisant une pression subatmosphérique.

7.26.5.2.3 Analyse de stabilité et submersion

En cas de submersion, la stabilité des ouvrages est vérifiée selon les critères énoncés à la ru-
brique 7.25 et selon les combinaisons de charges décrites à la rubrique 7.24.
Les charges concernées par la submersion sont illustrées à la figure 7.43 et celles-ci peuvent
être évaluées selon les explications données ci-après.

page 7.126 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.43 : Charges concernées par la submersion

YHo
2~~ Distribution de la pres-
sion sur la crête

Niveau de
crue

Niveau normal
d'exploitation

Niveau aval
Pression additionnelle due
au profil courbé de
l'écoulement

Poussée hydrostatique
La pression amont est évidemment augmentée en fonction de la cote du plan d'eau quoique la
force horizontale PH est diminuée de la portion de poussée au-dessus de la crête.

Poussée des débris


On doit aussi considérer une poussée FD causée par les débris si ceux-ci sont retenus en
crête1291.

[29]
Ce sujet est traité à la rubrique 7.22.

Ouvrages de retenue en béton page 7.127


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Poids de l'eau sur la crête et sur le parement aval


Comme première approximation, la force verticale V causée par la pression de l'eau sur la
crête peut être estimée à 75 % de la hauteur H0 multipliés par la largeur de la crête et le poids
spécifique de l'eau (référence 7.67). La pression exercée sur la crête est fonction de la géomé-
trie, du profil de la lame déversante et de la vitesse d'écoulement (référence 7.99).
La force verticale sur le parement aval est habituellement négligée, car elle est difficile à éva-
luer et son omission n'apparaît pas significative.

Poussée hydrostatique aval


USAGE (référence 7.140) recommande d'utiliser une poussée hydrostatique PH1 aval équiva-
lent à 60 % de la hauteur stabilisée du bief aval pour tenir compte de l'effet réducteur du res-
saut hydraulique'301.

Sous-pression
En dernier lieu, bien que certaines études retiennent l'hypothèse que la durée des crues est
trop courte pour mobiliser les sous-pressions maximales, il est plutôt recommandé de supposer
que la sous-pression atteigne l'amplitude déterminée par les biefs amont et aval de la crue
considérée. Cette approche est plus conservatrice et des mesures effectuées par EPRI ont
montré que le délai d'augmentation des sous-pressions est court relativement à la durée de la
crue'311. Le temps de mobilisation de la pleine sous-pression est fonction de la perméabilité des
fondations, de la qualité du contact béton-rocher et de l'efficacité du rideau d'étanchéité. Il y a
lieu de mentionner également que la courbure de l'écoulement au pied aval peut occasionner
des sous-pressions additionnelles.

7.26.6 Optimisation des ouvrages pour les crues


L'optimisation des ouvrages de génie civil pour les crues s'effectue en considérant les analyses
et les possibilités suivantes :

• analyse de l'agencement et du dimensionnement des ouvrages en considérant la submer-


sion si nécessaire ;

• utilisation du BCR dans la conception des évacuateurs ou des déversoirs ;

• utilisation de vannes gonflables pour réduire le coût des évacuateurs et des équipements
mécaniques ;

• optimisation du dimensionnement hydraulique (nombre et dimensions des ouvertures hy-


drauliques) ;

[30)
Ce sujet est traité à la rubrique 7.13.4.
1311
Ce sujet est traité à la rubrique 7.15.5.

page 7.128 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• utilisation de seuils déversants et de digues ou seuils fusibles pour réduire la dimension des
évacuateurs ;

• évacuation de la crue de construction sur les ouvrages en béton partiellement construits.

Dans tous les cas, les sections de béton soumises au déversement doivent résister à l'érosion
et à l'abrasion. On utilise s'il y a lieu des produits protecteurs (durcisseurs, fibres) pour aug-
menter la résistance à l'érosion et à l'abrasion du coursier. Les aspérités sont au besoin meu-
lées pour minimiser les dommages par cavitation. Par ailleurs, tel que mentionné précédem-
ment, on doit protéger le pied des ouvrages et les rives contre l'érosion.

7.27 Conception parasismique des ouvrages en béton


La conception parasismique des ouvrages de retenue en béton comprend :

• la définition des caractéristiques vibratoires des secousses sismiques pouvant affecter le


système barrage-fondation-réservoir ;

• le calcul de la réponse structurale de l'ouvrage ;

• l'interprétation des résultats et l'ajustement des caractéristiques de l'ouvrage pour satisfaire


aux critères de performance spécifiés.

Le calcul de la réponse structurale de l'ouvrage lors d'un tremblement de terre peut être effec-
tué à l'aide d'une variété de méthodes d'analyse allant des méthodes pseudo-statiques simpli-
fiées (méthode du coefficient sismique) aux méthodes dynamiques transitoires. La
référence 7.78 présente en détail l'ensemble de la méthodologie d'évaluation de la sécurité
sismique des ouvrages de retenue en béton et l'accent y est mis sur la réévaluation de la sécu-
rité sismique des barrages existants. On présente ici une synthèse des considérations visant à
assurer une conception parasismique adéquate des nouveaux ouvrages.
Par ailleurs, il existe une abondante documentation technique sur le comportement, l'analyse et
la sécurité sismique des ouvrages de retenue en béton. Les guides et normes suivants pré-
sentent de l'information très utile sur la conception parasismique :

• des barrages en béton : ICOLD (référence 7.86 et référence 7.89), USAGE


(référence 7.136 et référence 7.140), CDA (référence 7.16), CDSA (référence 7.17), CEA
(référence 7.20), FERC (référence 7.67), USBR (référence 7.134), NRC (Référence 7.113)
et BRE (référence 7.15);

• des évacuateurs de crues (prises d'eau) ICOLD (référence 7.85) et USCOLD


(référence 7.143).

Ouvrages de retenue en béton page 7.129


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.1 Sélection du site


Pour les nouveaux barrages, le premier élément à considérer pour assurer la sécurité sismique
est évidemment la sélection d'un site approprié. Les effets anticipés des vibrations sismiques
sur les ouvrages, l'incidence de failles traversant le site et la stabilité des berges du réservoir
doivent être acceptables ou maîtrisés par des dispositions constructives adéquates, faute de
quoi le projet est abandonné.

7.27.2 Principes de la conception parasismique des ouvrages de


retenue
Un séisme peut survenir sans avertissement à n'importe quel moment au cours de la vie d'un
ouvrage. Afin d'assurer une performance sismique adéquate, on doit concevoir l'ouvrage pour
résister au séisme de base d'exploitation (SBE) et au séisme maximal de dimensionnement
(SMD). De plus, l'ouvrage doit demeurer stable en condition post-sismique. Par ailleurs, on doit
examiner l'importance relative des séismes potentiellement induits par la mise en eau du réser-
voir par rapport à l'intensité du SMD(32].

7.27.2.1 Séisme de base d'exploitation (SBE)


L'intensité des secousses sismiques peut être de faible à modérée pour des tremblements de
terre se produisant fréquemment et possédant donc de courtes périodes de retour (séisme de
Mont-Laurier en 1990 : M = 5,0, séisme de Napierville en 1993 : M = 4,3, séisme de Cap-Rouge
en 1997 : M = 5,2). Pour éviter une perturbation importante de l'exploitation d'un aménagement
lors d'un séisme de faible intensité susceptible de survenir une fois dans la vie de l'ouvrage, on
utilise le concept du séisme de base d'exploitation SBE ayant une période de retour de 145 ans
(probabilité annuelle de dépassement de 50 % en 100 ans). Les ouvrages de retenue doivent
démontrer un comportement essentiellement élastique lors du SBE, demeurer fonctionnels et
ne pas demander de réparations importantes.

7.27.2.2 Séisme maximum de dimensionnement (SMD)


Par ailleurs, les secousses peuvent être de plus forte intensité que celles du SBE ou encore
d'intensités qualifiées de « maximales de dimensionnement » pour un tremblement de terre
ayant une longue période de retour (2 500 ans, par exemple). Les ouvrages de retenue doivent
être capables de survivre aux effets du SMD sans rupture catastrophique pouvant résulter en
un relâchement incontrôlé du réservoir susceptible de mettre en danger des vies humaines ou
d'occasionner des dommages économiques et environnementaux inacceptables.

[32]
Ce sujet est traité à la rubrique 6.6.

page 7.130 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.2.3 Stabilité en condition post-sismique


Après le SMD, le barrage doit être capable de contenir le réservoir .pour une période de temps
suffisante pour permettre son renforcement si nécessaire'331.

7.27.3 Mécanismes de défaillance


Pour chaque structure (composante), on doit identifier les mécanismes d'endommagement ou
de rupture susceptibles d'être provoqués par les secousses sismiques. La structure (compo-
sante) est jugée adéquate lorsqu'elle répond aux critères de performance définis pour assurer
une marge de sécurité suffisante pour chacun des mécanismes de défaillance considérés. En
plus des mécanismes de défaillance susceptibles d'affecter la sécurité sismique des barrages
en béton, des évacuateurs de crues et de leur fondation'341, on doit également considérer :

• les déplacements des blocs et des sections supérieures (par exemple des mouvements
hors phase entraînant la rupture des lames d'étanchéité et des clés de cisaillement) ;

• le cognement sismique de monolithes adjacents ;

• l'endommagement des contrôles hydrauliques ;

• l'endommagement des équipements électromécaniques de levage (perte de puissance


électrique, etc.) ;

• l'endommagement des treuils, des ponts, des grues (stabilité pour excitations horizontales
et verticales) ;

• les problèmes de fondation (glissement, tassements excessifs, stabilité des rives, mouve-
ment des failles près de l'ouvrage, endommagement du rideau d'injection, du rideau de
drainage, liquéfaction des sols, etc.).

Le type d'ouvrage (barrages-poids, prises d'eau, piliers d'évacuateur, etc.) détermine les méca-
nismes de ruine qui seront prépondérants lors d'un séisme. Pour les piliers d'évacuateurs de
crues qui sont élancés, c'est souvent la flexion autour de l'axe faible, provoquée par un séisme
dans la direction rive gauche - rive droite (et non pas amont-aval) qui contrôle. En général, pour
les barrages-poids, deux profils distincts de fissuration peuvent être identifiés à partir des évi-
dences historiques, expérimentales (essais sur table vibrante) et numériques (analyses par
éléments finis) :

• une fissure passablement horizontale dans la partie supérieure du barrage, souvent initiée
au niveau d'un joint de reprise de bétonnage ;

[33)
Les conditions de sous-pressions à considérer lors des calculs de stabilité post-sismique sont traitées à la ru-
brique 7.15.7.
[34
' Quelques exemples de mécanismes de défaillance sont présentés à la rubrique 7.25.2.

Ouvrages de retenue en béton . page 7.131


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• une fissure localisée à la base du barrage le long du contact béton-rocher (figure 7.44, fis-
sures 3, 4, 5 et 7).

Figure 7.44 : Fissuration sismique des barrages-poids

1 - Vibrations sismiques 7 - Fissuration curviligne inclinée dans


2 - Niveau de la retenue la fondation
3 - Fissure horizontale près de la crête 8 - Fissuration curviligne inclinée vers le haut
4 - Fissure horizontale le long d'un joint de l'amont à l'aval
de reprise de bétonnage 9 - Fissuration curviligne inclinée dans la
5 - Fissure horizontale au contact béton-rocher fondation
6 - Fissuration curviligne inclinée vers le bas 10 - Embranchement des fissures
de l'amont à l'aval 11 - Fissuration verticale dans la fondation
12 - Plan de glissement dans la fondation

7.27.4 Paramètres sismiques et caractéristiques des secousses


sismiques
L'évaluation de la sécurité sismique utilise les paramètres d'excitations sismiques déterminés
selon les recommandations du sous-groupe Sismicite d'Hydro-Quebec (référence 7.80) à l'aide
des coefficients sismiques ou accélérations de pointe au roc (APR), accélérations spectrales et
accélérogrammes. La section 3.4 de la référence 7.78 présente des informations complémen-
taires pour caractériser les secousses sismiques.
Les secousses sismiques en champ libre peuvent être appliquées directement à la base des
structures ayant une fondation considérée rigide. Si la fondation est flexible, celle-ci doit être in-
cluse dans le modèle de calcul et l'excitation sismique doit être modifiée (au besoin) pour tenir
compte de l'interaction structure-fondation.

page 7.132 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Des excitations multiples aux supports (c'est-à-dire l'application de secousses sismiques de ca-
ractéristiques différentes le long de la fondation) peuvent être utilisées lorsqu'on anticipe que
différentes zones de la fondation seront excitées différemment. Ceci pourrait être le cas pour
un très long ouvrage analysé en 3D ou encore pour les barrages subissant des secousses non-
uniformes le long de vallées escarpées.

7.27.5 Méthodologie générale de conception sismique


La démarche à suivre lors de la conception parasismique d'un aménagement hydraulique com-
prend :
1. la sélection des paramètres caractérisant la rigidité et la résistance dynamique des maté-
riaux qui seront utilisés lors de la construction de l'ouvrage ;
II est généralement approprié d'effectuer des essais de laboratoires sur des échantillons de
matériaux et des essais in situ sur la fondation pour mieux caractériser les paramètres à uti-
liser dans les calculs. L'incidence du vieillissement de l'ouvrage sur les paramètres détermi-
nés sur du béton au jeune âge doit être considérée.
2. la détermination des conditions initiales de contrainte et de déformation de l'ouvrage sous
conditions statiques avant que le séisme ne l'atteigne (conditions normales d'exploitation) ;
Pour les barrages en béton, on doit considérer l'état éventuel des joints de reprise de bé-
tonnage.
3. la détermination des caractéristiques des secousses sismiques pour le SBE et le SMD ;
4. l'identification des structures essentielles et non essentielles (rubrique 7.9.2) et des méca-
nismes de défaillance ;
Les structures essentielles, pour assurer la retenue du réservoir, doivent être dimension-
nées pour le SMD (barrages, évacuateurs de crues, prises d'eau). Les structures non es-
sentielles peuvent être dimensionnées pour résister à un séisme plus faible que le SMD
(certaines sections de centrales par exemple). En plus de l'effet des secousses sismiques
directement imposées au barrage et aux ouvrages connexes, la possibilité d'imposantes
lames d'eau déferlant sur l'ouvrage est à considérer dans certains cas. Par exemple, de
fortes vagues peuvent être induites par le mouvement du réservoir, par un glissement de
terrain ou par la rupture d'un ouvrage situé en amont sur le même cours d'eau.
5. la sélection de la méthode d'analyse sismique et de calcul de la réponse structurale ainsi
que les critères de performance et de stabilité pour la vérification des structures essentiel-
les ;
6. l'évaluation des caractéristiques pseudo-statiques ou dynamiques du système barrage-
fondation-réservoir et autres structures essentielles, incluant les effets hydrodynamiques
susceptibles de se développer ;

7. la détermination de la réponse sismique (distribution des forces, résultantes, contraintes et


mouvements sismiques sur les ouvrages incluant les effets hydrodynamiques et des sous-
pressions initiales) ;

Ouvrages de retenue en béton page 7.133


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8. l'évaluation et l'interprétation des résultats par rapport aux critères de performance et de


stabilité ;
9. l'évaluation de la sensibilité de la réponse sismïque en fonction de l'incertitude des paramè-
tres d'entrée (sismiques, structuraux, modélisation, etc.) ;
10. l'évaluation de la performance et de la marge de sécurité contre l'endommagement sismi-
que et l'ajustement des caractéristiques de l'ouvrage au besoin.

7.27.6 Détermination de la réponse sismique


La réponse dynamique d'un barrage à l'accélération imposée par un séisme produit des forces
d'inertie provenant du barrage lui-même et de l'eau retenue dans le réservoir. Ces forces
d'inertie sont de nature oscillatoire alternant rapidement dans les directions amont-aval, vers le
haut et vers le bas pendant le tremblement de terre. L'amplitude et la période de vibration des
forces d'inertie dépendent de la masse de la structure et de son accélération qui tendent géné-
ralement à augmenter vers le haut de la structure lorsque celle-ci est flexible.
Il existe trois méthodes d'analyse pour évaluer les forces d'inertie (tableau 7.16). Il s'agit de :

• la méthode pseudo-statique (coefficient sismique) où les forces d'inertie sont estimées par
le produit de la masse et d'un coefficient sismique constant ;

• la méthode pseudo-dynamique qui utilise les modes et périodes de vibration de l'ouvrage et


un spectre de calcul pour évaluer les forces d'inertie maximales se produisant à différentes
hauteurs le long de l'ouvrage ;

• la méthode dynamique où un accélérogramme est utilisé pour obtenir à l'aide d'un modèle
d'éléments finis l'historique complet de l'amplitude et de la variation dans le temps des for-
ces d'inertie.
La réponse sismique correspondante d'un ouvrage (stabilité, contraintes, déplacements) est
par la suite calculée à l'aide de la méthode de gravité ou la méthode des éléments finis en
considérant les forces d'inertie préalablement calculées.

Tableau 7.16 : Méthodes d'évaluation de la réponse sismique


Caractéristiques
Méthode d'analyse Excitation sismique dynamiques Réponse structurale
de l'ouvrage
Pseudo-statique Coefficient sismique Masse, rigidité infinie Statique équivalente
Spectres lisses de Masse, rigidité, amor- Valeurs maximales pro-
Pseudo-dynamique
calcul tissement bables (sans signe)
Accélérogramme Historique complet à
Masse, rigidité, amortis-
Dynamique compatible avec le chaque pas de temps
sement
spectre de calcul (avec les signes)

page 7.134 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

On devrait utiliser une approche progressive quant à la complexité de la méthode d'analyse uti-
lisée pour évaluer la réponse sismique. Cette approche est basée sur cinq niveaux d'analyse
pour l'évaluation de la sécurité sismique des barrages en béton (référence 7.70, référence 7.71
et référence 7.78). Les niveaux d'analyses suivants sont proposés :

• niveau 0 : classement préliminaire d'un parc d'ouvrages ;

• niveau I : méthode pseudo-statique (coefficient sismique) ;

• niveau II : méthodes pseudo-dynamiques :


• niveau ll(a) : méthode simplifiée de réponse spectrale (référence 7.39),
•• niveau ll(b) : méthode classique de réponse spectrale ;

• niveau III : méthodes dynamiques transitoires linéaires :


• niveau lll(a) : domaine des fréquences,
• niveau lll(b) : domaine du temps;

• niveau IV : Méthodes dynamiques transitoires non linéaires.

Dans le contexte de la réévaluation de la sécurité sismique des barrages existants et de façon


générale, on doit passer à un niveau supérieur d'analyse si les résultats du niveau précédent
indiquent une marge de sécurité sismique inadéquate. Pour la conception des nouveaux ou-
vrages, il est recommandé d'utiliser les méthodes pseudo-dynamiques, suivies de vérifications
à l'aide de méthodes dynamiques transitoires s'il y a lieu.
Lorsqu'on utilise la méthode des éléments finis, on doit s'assurer que les résultats sont indé-
pendants des paramètres de modélisation choisis (la taille du bloc de fondation inclus dans le
modèle, le type d'éléments, la taille et l'élancement des éléments finis, le nombre de modes
retenus dans les calculs, le pas d'intégration dans les méthodes transitoires). Ceci nécessite
des études de convergence en comparant, par exemple, la réponse d'un maillage initial avec
un maillage plus fin, etc.

Ouvrages de retenue en béton page 7.135


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.7 Conception des barrages-poids


Pour les barrages-poids, on utilise généralement des modèles de calcul 2D. Cependant, il est
possible de mobiliser des effets 3D pouvant contribuer à la résistance des barrages situés dans
des canyons relativement étroits (largeur-hauteur inférieure à 3). La contribution des effets 3D
doit être clairement démontrable s'ils sont pris en compte dans les analyses sismiques. D'une
façon générale, la possibilité de transmettre des efforts tranchants au travers des joints de
construction verticaux est limitée par les détails de construction des joints et les efforts normaux
nécessaires pour mobiliser la friction. Pour de fortes amplitudes de vibration, typiques des
séismes majeurs, les forces d'inertie peuvent être suffisamment grandes pour excéder la ré-
sistance inter-monolithe des joints construits sans clé de cisaillement. Ces monolithes auront
alors tendance à vibrer de façon indépendante. L'utilisation de modèles 2D en contraintes pla-
naires est sans doute plus appropriée pour la prédiction du comportement sismique des barra-
ges-poids, avec des joints de construction verticaux sans clé de cisaillement, soumis à des
séismes d'intensité modérée ou importante.
D'une façon générale, la stabilité et les contraintes sismiques des barrages-poids sont évaluées
pour des mouvements au roc agissant dans la direction amont-aval. Si la géométrie indique
une possibilité de « cognement » des monolithes adjacents, des analyses dans la direction
« rive gauche - rive droite » doivent être entreprises.

7.27.8 Propriétés dynamiques des matériaux


Le taux d'application de la charge a une grande influence sur la résistance du béton. Ainsi, plus
une charge est appliquée d'une façon brusque et soudaine, comme dans le cas de secousses
sismiques, plus la résistance du béton sera grande. Il est donc important d'évaluer les proprié-
tés dynamiques du béton pour l'évaluation du comportement et de la stabilité sismique des ou-
vrages1351.

7.27.9 Modélisation des cas de charges élémentaires


On retrouve à la rubrique 7.21.2 (figure 7.33) la description des forces d'inertie et des poussées
induites par l'action d'un tremblement de terre qui doivent être considérées lors de la formula-
tion des combinaisons de charges.

|35
' La rubrique 7.8.1.1.2 traite des propriétés dynamiques du béton qui doivent être considérées et donne des indi-
cations concernant les valeurs à utiliser.

page 7.136 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.10 Combinaisons de charges pour la conception


parasismique

7.27.10.1 Considération des charges statiques


En général, un événement sismique est considéré comme une sollicitation extrême et il doit
être combiné avec les chargements usuels provenant du réservoir et de la pression des sols.

7.27.10.2 Considération de la poussée des glaces


On ne considère pas la poussée de glace simultanément avec le séisme maximum de dimen-
sionnement (référence 7.67 et référence 7.140).

7.27.10.3 Considération de l'excitation verticale


Un séisme produit des sollicitations structurales de nature oscillatoire. En général, aux efforts
initiaux statiques, on doit additionner (ou soustraire) les efforts sismiques pour maximiser (mi-
nimiser) le paramètre de réponse structurale considéré (efforts, contraintes, déplacements, ac-
célérations). Une sollicitation sismique produisant desj forces d'inertie verticales réduisant le
poids-propre est la condition la plus défavorable pour la stabilité des ouvrages-poids. On doit
cependant reconnaître que l'accélération de pointe au rocher (APR) horizontale ne se produira
pas simultanément avec l'APR verticale. On adopte très souvent la règle des 30 % pour vérifier
la sécurité sismique des ouvrages de génie civil par les méthodes pseudo-statiques ou pseudo-
dynamiques (référence 7.2 et référence 7.112).

7.27.10.4 Analyse 2D

Les combinaisons de charges suivantes doivent être examinées lors de l'évaluation de la sécu-
rité sismique des barrages-poids, des évacuateurs et leurs équipements (grues portiques par
exemple) par la méthode pseudo-statique ou la méthode pseudo-dynamique (figure 7.45) :

Ouvrages de retenue en béton page 7.137


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

S ± 1,0 (EQH, + Hd) ± 0,3 EQV

S±0,3(EQH >AA +Hd)±1,OEQV

ou
S = forces statiques (poids-propre, poussée hy-
drostatique, sous-pression)
EQH,AA= forces d'inertie horizontales amont-aval (masse
permanente du barrage)
Hd = poussée hydrodynamique du réservoir
EQV = forces d'inertie verticales dirigées vers le haut
(réduction du poids propre)

Figure 7.45 : Combinaisons des sollicitations sismiques horizontales et verticales

On doit également prendre en compte toutes les forces additionnelles pouvant affecter la stabi-
lité de l'ouvrage (sédiments, remblais, etc.).

7.27.10.5 Analyses 3D

Dans le cas où un modèle de calcul 3D est nécessaire, on introduira progressivement les com-
posantes de l'excitation sismique pour bien comprendre le comportement de l'ouvrage : séisme
amont-aval seul (EQH,A.A), rive gauche-rive droite seul (EQH,RG.RD), vertical seul (EQV). On
examinera ensuite progressivement les combinaisons suivantes :

S±1,0(EQH.'AA + Hd)±0,3EQH. RG-RD ±0,3EQV

S±0,3(EQH >AA + Hd)±1,OEQH, RQRD ±0,3 EQV

S±0,3(EQH >AA +Hd)±0,3EQH, RGRD ±1,OEQV

page 7.138 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

On doit également prendre en compte toutes les forces additionnelles pouvant affecter la stabi-
lité de l'ouvrage (sédiments, remblai, etc.).

7.27.10.6 Conditions post-sismiques

Les combinaisons de charges pertinentes pour les analyses en conditions post-sismiques sont
présentées à la rubrique 7.24.

7.27.11 Sélection de la méthode d'analyse


La sélection de la méthode d'analyse dépend de l'importance de la structure et des conséquen-
ces d'un endommagement ou d'une rupture, des propriétés dynamiques de la structure (ampli-
fication des forces d'inertie) et de la précision requise par l'analyse. En plus de la méthode
d'analyse, on doit déterminer la complexité requise par le modèle de calcul pour donner des ré-
sultats représentatifs du comportement structural. Des modèles de calculs en 2D sont généra-
lement applicables si les conditions de déformation ou de contrainte planaire sont respectées.
Un modèle 3D peut être requis si les effets 3D sont importants (géométrie de la vallée, grandes
ouvertures, etc.).
En général, la méthode pseudo-statique est acceptable pour la conception parasismique préli-
minaire des barrages-poids d'une hauteur inférieure à 30 m situés dans les zones sismiques où
l'accélération de pointe au rocher (APR) est inférieure à 0,20 g (référence 7.67 et
référence 7.140). Une analyse pseudo-dynamique, au besoin suivie d'une analyse dynamique,
est requise pour vérifier l'acceptabilité des contraintes (fissuration) et la stabilité sismique des
ouvrages lors de la conception finale.
Une analyse pseudo-dynamique doit être utilisée lors de la conception :

• des monolithes d'évacuateur de crues avec vannes ;

• de ceux possédant une voie large de roulement ;

• des prises d'eau ou d'autres monolithes ayant une géométrie inhabituelle susceptible de fa-
voriser les concentrations de contraintes ;

• des ouvrages sensibles aux excitations sismiques latérales (rive gauche, rive droite).

En général, une analyse pseudo-statique est adéquate si la structure évaluée peut être classée
comme « rigide », la période fondamentale de l'ouvrage étant alors plus petite qu'environ
0,03 s. Les forces d'inertie ne sont pas amplifiées par les caractéristiques dynamiques d'un ou-
vrage « rigide ». Dans ce cas, le coefficient sismique (ou l'accélération soutenue au rocher)
peut être utilisé pour l'analyse de stabilité et l'APR pour l'analyse des contraintes.

Ouvrages de retenue en béton page 7.139


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.12 Critères de stabilité


Les critères de stabilité pour assurer une performance sismique adéquate des ouvrages pour
les combinaisons de charges considérant le SBE et le SMD sont présentés au tableau 7.15.

7.27.13 Méthode pseudo-statique


La méthode du coefficient sismique est aussi connue sous le vocable de la méthode pseudo-
statique1361. Le chargement sismique est considéré par des forces d'inertie appliquées pseudo-
statiquement à la structure. La magnitude des forces d'inertie est calculée selon le principe de
la masse multipliée par l'accélération sismique. Les forces d'inertie agissent au centre de
masse (centre de gravité) de la section ou de l'élément considéré (figure 7.33).
La méthode pseudo-statique, avec un coefficient sismique constant selon la hauteur du barrage,
est fondamentalement basée sur le principe que l'ouvrage à l'étude peut être considéré comme
rigide (très courte période fondamentale), c'est-à-dire que l'amplification dynamique des forces
d'inertie est négligeable. Si la structure à l'étude est très rigide, les résultats de l'analyse de
contraintes effectuée par la méthode pseudo-statique devraient être similaires aux résultats de
l'analyse pseudo-dynamique.
Par conséquent, l'analyse de contraintes visant à établir la longueur des fissures à l'aide de la
méthode pseudo-statique devrait être effectuée avec les forces d'inertie basées sur l'APR au
lieu du coefficient sismique. Les contraintes sont alors évaluées à l'aide des propriétés
« dynamiques » du béton à la traction. Les hypothèses utilisées pour interpréter les résultats
des analyses pseudo-statiques et (pseudo) dynamiques sont alors consistantes. L'analyse de
stabilité, visant à déterminer le facteur de sécurité contre le glissement, doit être effectuée à
l'aide du coefficient sismique k = 0,5 APR (référence 7.80 et référence 7.78 qui fournit plus de
détails sur la mise en œuvre de la méthode pseudo-statique, incluant un exemple de calcul
pour un barrage-poids typique).

7.27.14 Méthode pseudo-dynamique


La méthode pseudo-dynamique utilise les caractéristiques modales de la structure (périodes et
modes de vibration) et les caractéristiques de l'excitation sismique décrites sous la forme d'un
spectre de calcul. Elle tient compte de l'interaction barrage-fondation-réservoir qui peut affecter
le comportement dynamique de l'ouvrage. La méthode de combinaison modale (SRSS ou
CQC) donne des paramètres structuraux (contraintes, efforts) qui sont toujours positifs ; on doit
alors porter une attention particulière à l'interprétation des résultats conduisant à des problè-
mes potentiels causés par les contraintes de tension.

(36)
Le domaine d'application de la méthode pseudo-statique est défini à la rubrique 7.27.11.

page 7.140 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La méthode pseudo-dynamique ne considère pas la nature oscillatoire et transitoire des sollici-


tations sismiques, celles-ci étant toujours appliquées dans la même direction pour une combi-
naison de charge particulière. Il est donc approprié d'utiliser la méthode pseudo-dynamique de
la même façon que la méthode pseudo-statique, soit en effectuant tout d'abord une analyse de
contraintes (fissuration) et par la suite une analyse de stabilité (glissement, renversement).
L'analyse de contraintes s'effectue en considérant le spectre de calcul comme excitation sismi-
que. L'analyse de stabilité s'effectue en multipliant les forces d'inertie calculées lors de
l'analyse de contrainte par 0,5 (référence 7.80) et en considérant les résultantes normales et
tangentielles agissant sur les plans de ruptures potentielles.
La technique de superposition modale (méthode pseudo-dynamique) pour les ouvrages hy-
drauliques peut être appliquée selon deux procédures :

• l'approche simplifiée de réponse spectrale ;


La méthode simplifiée de réponse spectrale (,) évalue la réponse linéaire maximale d'une
section typique de barrage-poids non déversant dans son mode fondamental de vibration
causée par une excitation sismique horizontale. La contribution des modes supérieurs est
considérée de façon approximative. Chopra (référence 7.39), Fenves et Chopra
(référence 7.61 à référence 7.64 et référence 7.66) présentent les détails de cette méthode.
Des exemples d'application sont présentés par Hydro-Québec (référence 7.78), Ghrib et al.
(référence 7.70 et référence 7.71), FERC (référence 7.67) et Chopra (référence 7.39).
La méthode simplifiée de réponse spectrale peut être utilisée pour un monolithe d'une sec-
tion déversante d'un évacuateur de crues sans vanne qui a une section similaire à celle
d'un monolithe typique non déversant. Une méthode simplifiée d'analyse pour les monoli-
thes d'évacuateurs de crues avec des vannes a été développée par Chopra et Tan
(référence 7.38).

• l'approche classique de réponse spectrale.


Cette méthode est utilisée avec la méthode des éléments finis pour les sections non stan-
dards ou des sections régulières de barrages. L'analyse peut être effectuée en 2D ou en 3D,
en considérant les ouvertures et discontinuités. Le réservoir est représenté par les masses
ajoutées de Westergaard. Le spectre de réponse est déterminé selon les données sismi-
ques137. La fondation est idéalisée pour simuler sa flexibilité, mais avec une masse nulle si le
spectre de réponse n'a pas été modifié pour le mécanisme d'interaction sol-structure. La mé-
thode de combinaison modale CQC devra être utilisée. La méthode CQC dégénère à la mé-
thode SRSS (racine carrée de la somme des carrés) pour les structures 2D avec des périodes
de vibration bien séparées. Pour les structures 3D, la méthode SRSS peut fortement suresti-
mer ou sous-estimer la réponse dynamique. On doit inclure assez de modes pour obtenir une
masse modale effective d'au moins 90 % de la masse totale dans chacune des directions.

f371
Ce sujet est traité à la rubrique 3.

Ouvrages de retenue en béton . page 7.141


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.15 Méthode dynamique


Si une analyse dynamique transitoire est effectuée, l'étendue, l'amplitude et la durée de
contraintes excessives (potentiel de fissuration) peuvent être estimées. Lors de l'interprétation
des contraintes calculées à l'aide de modèles linéaires élastiques, des contraintes excessives
peuvent alors être admises si on peut démonter qu'elles n'existent que sur une petite étendue,
avec un nombre restreint de cycles de courtes durées (référence 7.57).
On doit utiliser des accélérogrammes indépendants pour les excitations horizontales et vertica-
les. Habituellement, trois groupes d'accélérogrammes indépendants doivent être considérés
dans les calculs :

• les analyses dynamiques linéaires ;


Les calculs dynamiques linéaires transitoires peuvent être effectués dans le domaine du
temps ou des fréquences. Dans le domaine du temps, les analyses linéaires peuvent être
effectuées à l'aide de logiciels commerciaux d'éléments finis (SAP2000, COSMOS, ANSYS,
ABAQUS, FLAC). Une attention particulière doit être portée à la modélisation des méca-
nismes dynamiques d'interaction barrage-fondation-réservoir et à l'effet des sous-pressions
dans les analyses. Les calculs peuvent également être effectués avec le logiciel spécialisé
pour barrages-poids 2D, EAGD-84 (référence 7.65). Ce logiciel fonctionne dans le domaine
des fréquences afin de tenir compte de façon plus rigoureuse des mécanismes d'interaction
barrage-fondation-réservoir (compressibilité de l'eau, perte d'énergie par radiation, etc.).

• les méthodes dynamiques non linéaires ;


Les analyses pseudo-dynamiques et dynamiques linéaires ne sont pas réellement applica-
bles lorsque la fissuration et une redistribution des contraintes se produisent. Un estimé ri-
goureux du glissement résiduel pouvant survenir si la résistance au cisaillement est excé-
dée, demande des analyses non-linéaires. Une approche progressive doit être suivie pour
mettre en œuvre des analyses dynamiques non linéaires. Il s'agit habituellement d'études
complexes qui demandent l'expertise de spécialistes.
Selon l'état actuel de la pratique on peut estimer le glissement sismique résiduel le long
d'un plan de rupture à l'aide de méthodes simplifiées, telles que la méthode de Newmark,
de Ghrib (référence 7.70), de Mir et Taylor (référence 7.110), de Danay et Adeghe
(référence 7.52), ou à l'aide de méthodes d'intégration des équations d'équilibre dynamique
en considérant le barrage comme un corps rigide selon Ghrib (référence 7.70), Mir et Taylor
(référence 7.110) ou Chopra et Zhang référence 7.36 et référence 7.37). Le logiciel com-
mercial Working Model (Knowledge Révolution 1996) peut effectuer ce type de calcul.
Saini et Krishna (référence 7.128), Chen (référence 7.35) et Malla (référence 7.106) pré-
sentent des analyses dynamiques non linéaires basées sur la dynamique des corps rigides
en rotation pour évaluer la sécurité contre le renversement d'un bloc de béton découpé par
des fissures traversantes au sommet d'un barrage ou d'un pilier d'évacuateur.

page 7.142 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

la méthode des éléments finis utilisant des éléments de contacts (« gap-friction »).
Cette méthode peut également être considérée pour effectuer des études de glissement
sismique à l'aide de logiciels commerciaux (référence 7.67 et référence 7.98). Le logiciel
d'éléments finis EAGD-84 a été . modifié par Chavez et Fenves (référence 7.32 et
référence 7.33) afin de permettre le calcul du glissement à l'interface béton-rocher, le corps
du barrage étant supposé demeurer linéaire élastique. Le nouveau logiciel appelé EAGD-
SLIDE a été utilisé par Ghrib (référence 7.70 et référence 7.72) lors de l'évaluation de la ré-
ponse sismique du barrage de Paugan.

7.27.16 Considérations particulières aux évacuateurs de crues

7.27.16.1 Mécanismes de défaillance


Les principaux mécanismes de défaillance à considérer lors de la conception parasismique des
évacuateurs de crues sont :

• les déplacements, déformations excessives des piliers soumis à l'excitation sismique dans
la direction rive gauche - rive droite, occasionnant l'endommagement des guides des van-
nes et le coincement de celles-ci ;

• la fissuration des piliers de sorte que la section réduite né puisse plus résister aux poussées
du réservoir ou que le réseau dé fissures entraîne la rupture des pièces encastrées ;

• l'amplification des mouvements affectant la structure de levage des vannes (grues porti-
ques, etc.) occasionnant des contraintes élevées pouvant entraîner la rupture ;

• les contraintes excessives induites dans les vannes par les poussées dynamiques d'origine
sismique.

7.27.16.2 Contreventement latéral des piliers


Les calculs linéaires élastiques ont souvent tendance à montrer de très petits déplacements
sismiques au sommet des piliers. Cependant, s'il y a fissuration du pilier, un mécanisme
d'instabilité dynamique peut survenir (glissement, renversement). On note souvent la présence
d'un pont reposant sur la crête des piliers pouvant également servir à contreventer latéralement
l'évacuateur. On doit alors s'assurer de la solidarité des appuis du pont avec les piliers pour la
transmission d'efforts tranchants ainsi que de l'ancrage des extrémités du pont à la fondation
rocheuse.

Ouvrages de retenue en béton page 7.143


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.16.3 Poussée hydrodynamique sur les vannes


Pour les calculs sismiques amont-aval, on utilisera la masse ajoutée de Westergaard pour les
vannes. Dans un calcul 2D, on doit alors considérer explicitement la largeur du pilier et d'une
demi-vanne de chaque côté de celui-ci pour l'évaluation des masses ajoutées. La poussée hy-
drodynamique sur les vannes doit être transmise au pilier.
ICOLD (référence 7.85) et USCOLD (référence 7.143) présentent des guides d'évaluation sis-
mique des ouvrages connexes aux barrages.

7.27.17 Considérations particulières aux prises d'eau

7.27.17.1 Excitations sismiques longitudinales


D'une façon similaire aux évacuateurs de crues vannés, les prises d'eau peuvent également
être susceptibles aux excitations sismiques longitudinales, selon l'axe faible des piliers. Cepen-
dant, on note souvent la présence d'une dalle de béton structural pouvant assurer une certaine
stabilité latérale.

7.27.17.2 Combinaisons de charges - vannes ouvertes ou fermées


Selon le mode d'exploitation de la centrale et d'entretien des turbines, on doitt considérer la vé-
rification de la stabilité pour les conditions avec vannes ouvertes et vannes fermées. À noter
que la fermeture de certaines vannes peut entraîner une variation du niveau de l'eau en amont.

7.27.17.3 Poussée hydrodynamique dans les passages hydrauliques


La géométrie des passages hydrauliques et la présence de vannes fermées à leurs extrémités
peuvent induire une accélération de l'eau contenue dans le passage (eau incompressible). Les
vannes, si elles sont fermées, doivent alors être en mesure de résister à ces poussées hydro-
dynamiques en plus de la poussée hydrostatique usuelle. La force d'inertie résultante peut être
estimée à partir de la masse de l'eau dans le passage multipliée par l'accélération de l'ouvrage
au niveau correspondant (Weiland, 1994). Weiland note que les vannes d'évacuation intermé-
diaires du barrage à contreforts de Sefi-Rud (Iran) ont été endommagées lors du séisme im-
portant de 1990.

page 7.144 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.27.18 Conception parasismique des équipements mécaniques et


électriques

7.27.18.1 Structures connexes de faibles masses


Pour les structures connexes de faibles masses par rapport à la masse de la structure de sup-
port, on peut calculer les secousses sismiques amplifiées au sommet des supports et utiliser ce
signal pour l'analyse sismique. Cette approche néglige l'interaction entre la structure connexe
et la structure principale. Par exemple, pour une structure légère située sur la crête d'un bar-
rage, la réponse sismique amplifiée à la crête du barrage doit être obtenue pour analyser la
structure considérée de façon indépendante.

7.27.18.2 Qualification sismique des équipements


Les équipements mécaniques et électriques nécessaires pour assurer la sécurité des ouvrages
peuvent aussi être affectés par de grands déplacements ou de fortes accélérations. Ces équi-
pements doivent être ancrés à leur fondation et à leur support de façon à prévenir le glisse-
ment, renversement ou les forces d'impact (par exemple un panneau de contrôle électrique mal
fixé frappant un mur de béton adjacent).

Pour la qualification sismique des équipements électromécaniques, on doit démontrer par ana-
lyses, essais ou expériences passées, que la structure-pièce d'équipement maintiendra son
intégrité structurale et sa fonctionnalité pendant et après le séisme pour lequel elle est évaluée.
Une combinaison d'analyse et d'essais peut être nécessaire (essais in situ ou en laboratoire à
l'aide d'une table vibrante). Par exemple, pour la conception sismique des vannes d'évacuateur,
les vannes peuvent être évaluées par analyse, mais les vérins hydrauliques et les autres com-
posantes électriques faisant fonctionner les vannes peuvent demander des essais pour dé-
montrer leur fonctionnalité en cas de séismes.
Par ailleurs, la spécification SN-29.1a (référence 7.84) présente de l'information pertinente sur
les exigences d'Hydro-Québec concernant la résistance aux secousses sismiques et le fonc-
tionnement après les séismes de ce type d'équipement.

7.27.19 Dispositions constructives visant à optimiser la


performance sismique
Diverses dispositions constructives peuvent êtres mises en place pour améliorer la perfor-
mance sismique des ouvrages de retenue en béton (figure 7.46). Ces dispositions constructives
peuvent être classées en trois catégories.

Ouvrages de retenue en béton page 7.145


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

On retrouve :

• les mesures visant à réduire l'intensité des conditions de chargement pré-sismique ;


II s'agit alors d'augmenter la marge de sécurité sous conditions normales d'exploitation afin
d'avoir une réserve de résistance pour contrer les efforts sismiques. Par exemple, on peut
optimiser le système de drainage en fonction de la performance sismique et post-sismique
de l'ouvrage.
/
• les mesures visant à réduire l'intensité des forces dynamiques induites par le séisme ;
Les Russes ont été très actifs dans le développement de techniques d'isolation hydrodyna-
mique faisant intervenir des matériaux flexibles ou un rideau de bulles d'air le long de la
face amont de l'ouvrage. Il s'agit d'absorber la majeure partie des ondes hydrodynamiques
de compression se répercutant sur le barrage lors d'un tremblement de terre
(référence 7.13, référence 7.75 et référence 7.131).

• les mesures structurales visant à modifier l'équilibre des forces internes et la résistance de
l'ouvrage.
On retrouve les changements de géométrie, l'ajout de clés de cisaillement, l'utilisation de
béton à haute résistance (armature-fibres), l'introduction de joints, l'introduction de contre-
ventements en acier ou en béton, plaques (ceintures) d'acier. L'utilisation près des pare-
ments d'ancrages passifs ou en post-tension (référence 7.146), Pajout de contreforts en
béton et l'ajout de remblais stabilisateurs en aval (référence 7.8 et référence 7.9) sont des
mesures de renforcement sismique qui sont généralement utilisées pour les ouvrages
existants, mais qui dans certains cas peuvent également être considérées lors de la
conception de nouveaux ouvrages.

Figure 7.46 : Exemples de dispositions constructives parasismiques

Vannes peu déformables; pièces Optimisation de la masse de la crête


encastrées adéquates

Renforcement, contreventement des piliers

Élimination des changements brusques de


pente; optimisation du profil

Optimisation des galeries

Élimination des changements / Optimisation du drainage


brusques de pentes; Optimisation j
du profil
Traitement adéquat du contact béton-rocher
,'

Adaptation de Priscu (référence 7.124)

page 7.146 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

On retrouve ci-dessous certaines dispositions parasismiques qui peuvent être relativement fa-
ciles à mettre en œuvre lors de la construction de nouveaux ouvrages en béton
(référence 7.86, référence 7.109 et référence 7.125).

• barrages-poids :
• optimisation de la masse de la crête (figure 7.47) (géométrie, utilisation de béton léger),
redistribution de la masse de l'ouvrage sur la hauteur et la longueur de l'ouvrage ;
Une faible masse est souhaitable en crête. Par ailleurs, une augmentation de la largeur
de la crête peut réduire les conséquences d'une fissuration locale de bord en bord.
• optimisation de la distribution de la résistance du béton mis en place selon les zones les
' plus sollicitées sous chargements sismiques, utilisation de béton à haute résistance
(armature/fibres) près des parements ;
• utilisation d'une basse température lors de la mise en place du béton pour minimiser la
fissuration de retrait et les contraintes de traction induites par la chaleur d'hydratation ;
• élimination de changements brusques des pentes du parement amont et aval (si ces
changements sont nécessaires, un ferraillage adéquat doit être mis en place) ;
• optimisation des pentes amont et aval pour minimiser les efforts sismiques (profil ten-
dant vers la symétrie), élargissement du profil près de la base de l'ouvrage pour réduire
l'intensité des contraintes et abaisser le centre de gravité ;
• utilisation d'un axe curviligne en plan avec un parement amont convexe favorisant le dé-
veloppement d'efforts longitudinaux de compression le long de l'ouvrage ;
• réduction du nombre et de la longueur des galeries dans le barrage ;
Les galeries devraient être de forme arrondie pour limiter l'effet des concentrations de
contraintes et être renforcées sur leurs pourtours.
• traitement adéquat de la fondation dans le lit de la rivière et sur les flancs de la vallée
pour obtenir de meilleurs coefficients de friction et de cohésion ;
• préparation soignée des joints de reprise de bétonnage pour maximiser l'adhésion et la
résistance à la traction ;
• utilisation de clés de cisaillement dans les joints de construction ;
• système de drainage systématique et efficace, réparti transversalement sur la section
de l'ouvrage, pour contrôler les infiltrations éventuelles au travers du voile d'étanchéité
dans le corps du barrage (principalement en condition post-sismique) ;
• renforcement des zones traversées par des tuyaux et conduites (pertuis de fonds, prise
d'eau, conduites forcées) ;
• augmentation de la revanche pour inclure la cote du plan d'eau produite par l'onde de
surface (seiche) susceptible d'être générée dans le réservoir ;

Ouvrages de retenue en béton page 7.147


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.47 : Effets sismiques sur la crête d'un barrage-poids


Zones de concentration de
contraintes sur les deux faces.
Possibilité de fissuration.

Effets d'inertie important à cause de Contrefort supportant la voie de


la masse de la crête et la voie de roulement •
roulement.

(a) Problème potentiels de fissuration (b) Réduction de la masse de la


dans les régions de sismicité active. crête.

Adaptation de Novak (référence 7.118)

injection des joints de contraction pour augmenter la rigidité dans la direction longitudi-
nale de certaines parties d'un ouvrage, introduction de clés de cisaillement le long des
joints de contraction,.introduction de joints permettant les mouvements près des zones
les plus susceptibles de se fissurer ;
utilisation de matériaux flexibles et visqueux, dissipateurs d'énergie, pour le scellement
des joints ;
introduction de joints déformables permettant de diminuer l'intensité des vibrations (bé-
ton latex, sol) ;
introduction de joints favorisant l'effet de coin pour stabiliser les composantes structu-
rales sous sollicitations sismiques, utilisation de vérins plats pour comprimer certains
joints ;
considération du comportement dynamique non linéaire de l'interface barrage-fondation
(ouverture-fermeture) lors de l'analyse sismique de l'ouvrage ;
Le comportement non linéaire du contact agit comme un mécanisme d'isolation sismi-
que à la base de l'ouvrage permettant une réduction de l'intensité des efforts dynami-
ques induits selon la déformabilité de la fondation (référence 7.98).

page 7.148 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

évacuateurs de crues :
• renforcement des piliers et des pièces encastrées supportant les vannes (séismes
amont aval et rive gauche - rive droite) ;
• utilisation de vannes rigides pour minimiser les déformations susceptibles de gêner le
fonctionnement post-sismique ;
• contreventement latéral des piliers.

7.28 Traitement des fondations


La rubrique 3.5 traite en détails des méthodes d'excavation ainsi que de la préparation de la
fondation. La rubrique 7.28 vient la compléter en mettant l'accent sur les aspects structuraux en
rapport avec la sécurité et la stabilité du barrage.
Les fondations sont destinées à servir d'appuis au corps du barrage et à constituer une barrière
suffisamment étanche contre les infiltrations provenant de la retenue. La résistance et la rigidité
du roc doivent être suffisantes pour qu'en présence des charges de conception, une stabilité
adéquate soit assurée au barrage, aux appuis et à la fondation, et ce, pour que les déforma-
tions soient limitées à des valeurs acceptables.
Pour les barrages-poids, les cas de ruptures recensées historiquement sont généralement des
ruptures dans le massif de fondation. Le concepteur doit donc faire en sorte d'évaluer la stabi-
lité de la structure selon différents plans dans la fondation potentiellement critiques (rubri-
que 7.25.4). USAGE (référence 7.140) présente d'ailleurs une telle approche pour l'évaluation
de la stabilité au glissement. La figure 7.48 illustre un cas fréquemment rencontré en pratique.
Il s'agit du cas où le glissement d'un plan de rupture horizontal ou légèrement incliné, de faible
résistance au cisaillement, est facilité par les conditions topographiques (a) ou par la présence
d'une deuxième discontinuité (b).

Figure 7.48 : Glissement dans la fondation

Adaptation de Wittke (référence 7.145)

La figure 7.49, quant à elle, illustre la possibilité de rupture par flambement d'une section de la
fondation en aval du barrage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.149


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.49 : Flambement d'une strate de la fondation rocheuse

Flambement

L Plan de rupture potentielle


Adaptation de ASCE (1996)

7.28.1 Injection de la fondation


Les principaux objectifs de l'injection de la fondation sont d'empêcher les écoulements d'eau et
de consolider le massif rocheux. Généralement, l'injection se déroule en deux étapes :
1. injection de consolidation à basse pression ;

2. injection à haute pression du rideau d'étanchéité.

7.28.1.1 Injection de consolidation


L'injection de consolidation est utilisée pour combler les vides, les zones fracturées et les fissu-
res à'la surface et dans la fondation. Le concepteur peut ainsi augmenter la résistance et la ri-
gidité du massif rocheux. Il est important de procéder à des essais in situ pour évaluer les pro-
priétés de la fondation et de bien documenter les résultats pour d'éventuels travaux de réfec-
tion.
La rubrique 3.5.3.3 mentionne quelques règles pratiques concernant le diamètre, la profondeur
et l'espacement des forages. On y traite également de la pression d'injection et du type de cou-
lis d'injection à utiliser.
Les forages doivent être orientés normalement à la surface excavée à moins que certaines
fractures ou fissures particulières ne veuillent être injectées. D'une façon générale, les forages
sont faits à partir de la surface excavée, mais il est également possible qu'ils soient faits à partir
de galeries dans le barrage. Dans ce cas, une attention particulière doit être apportée pour
éviter le décollement du barrage et de la fondation lors de l'injection.

page 7.150 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.28.1.2 Rideau d'injection

Le rideau d'injection permet de réduire les infiltrations d'eau dans la fondation et par le fait
même de diminuer les forces de sous-pressions qui sont déstabilisatrices pour la structure.
Généralement, le rideau d'injection est constitué d'une série de forages situés sous la face
amont du barrage et espacés d'environ 3 m chacun.
Pour éviter tout désordre structural lors de l'application de la pression, l'injection du rideau d'in-
jection doit se faire après l'injection de consolidation et après la coulée d'une certaine quantité
de béton composant le barrage. Généralement, l'injection du rideau se fait à partir de galeries
dans le barrage. Lorsque aucune galerie n'est prévue dans l'ouvrage, l'injection est faite à partir
de la section amont du barrage avant le remplissage du réservoir.
Le rideau d'injection doit être aligné avec la projection verticale de la face amont du barrage.
Dans le cas où le rideau est injecté à partir d'une galerie dans le barrage, le rideau peut être in-
cliné jusqu'à un angle de 159. La profondeur du rideau varie selon les propriétés de la fondation
et le niveau de la retenue. Dans une fondation dense et de bonne qualité, la profondeur du ri-
deau peut varier entre 30 et 40 % du niveau de l'eau et dans le cas d'une fondation de faible
qualité la profondeur peut atteindre jusqu'à 70 % du niveau du réservoir.
La durabilité du rideau d'injection est tributaire du coulis utilisé (stable, instable). En effet, avec
le temps, le coulis peut être lavé par l'érosion de l'eau. L'utilisation d'un coulis de ciment stable
(moins de 5 % de ressuage après deux heures) est à considérer étant donné ses meilleures ca-
ractéristiques physiques et mécaniques.

7.28.2 Drainage
La rubrique 3.5.3.3 traite du drainage de la fondation pour réduire les pressions d'eau internes.
Le concepteur doit être conscient que des forces hydrostatiques importantes, pouvant mener à
la rupture de l'ouvrage, peuvent se développer dans certaines failles ou plans de la fondation.
Le drainage est habituellement formé d'une ou plusieurs séries de forages de 75 mm de dia-
mètre situés en aval du rideau d'injection.
L'espacement, la profondeur et l'orientation des drains sont déterminés par les caractéristiques
de la fondation. La rubrique 3.5.3.3 donne, à titre indicatif, certaines valeurs couramment ren-
contrées en pratique.
Le forage des drains se déroule lorsque les travaux d'injection de la fondation sont complétés à
partir de la fondation ou à partir des galeries dans le barrage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.151


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29 Considérations géométriques

7.29.1 Tracé longitudinal du barrage

7.29.1.1 Forme de la vallée et choix du barrage


La forme de la vallée influence le choix du type de barrage. Les vallées larges, qui ont en géné-
ral une forme trapézoïdale ou en U (figure 7.50), sont appropriées pour la construction de bar-
rages-poids de sections classiques (figure 7.51 et figure 7.52). Lorsque U/H > 5, où U est la
longueur du couronnement et H la hauteur de l'ouvrage, on considère que le barrage-poids a
un comportement structural strictement bidimensionnel lors de la reprise de la poussée du ré-
servoir. Par ailleurs, les vallées étroites de sections triangulaires sont appropriées pour les bar-
rages-voûtes. Ceux-ci développent un mécanisme 3D de résistance aux charges hydrostati-
ques par l'action d'arc en compression permettant ainsi une réduction appréciable du volume
de béton à mettre en œuvre par rapport à la solution barrage-poids.

Figure 7.50 : Géométrie simplifiée d'un site de barrage

Fondation
errain naturel
équivalent

l-b largeur du site au niveau de la base


Lc largeur du site simplifié au niveau de la crête

Adaptation de Carrère (Référence 7.29)

page 7.152 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.51 : Barrages-poids à sections classiques

ALPe-GERA

Adaptation de Priscu (Référence 7.124)

Ouvrages de retenue en béton page 7.153


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.52 : Exemples de sections de barrages-poids conventionnels

La Tuque - rive gauche Manicouagan 2

EL 365'-0'
EL. 152.70 m

Beauharnois - rive droite Rapide-blanc - rive droite

EL. 277.06 m

7.29.1.2 Estimation préliminaire du volume du barrage


Comme première approximation du volume de béton d'un barrage poids classique, on peut uti-
liser la formule suivante (référence 7.76 et figure 7.50) :

page 7.154 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Vp = (0,16) [(SH)2 (Lc + 2 Lb) + 3 T2C Lcj|

ou
Vp = volume du barrage-poids (m )
S = fruit du parement aval (Horizontal à 1 Vertical)
H = hauteur du barrage (m)
U = largeur du site simplifié au niveau de la crête
(m)
Lb = largeur du site au niveau de la base (m)
Tc = largeur de la crête (m)

7.29.1.3 Mécanisme 3D de reprise des charges hydrostatiques


On peut diminuer le volume de béton à mettre en œuvre pour les ouvrages-poids s'il est possi-
ble de développer un mécanisme 3D de reprise des charges hydrostatiques. Ce mécanisme 3D
est susceptible de se développer pour les ouvrages rectilignes avec U/H < 5. La présence de
joints de contraction avec clés de cisaillement et une vallée de profil étroit avec des pentes
abruptes favorisent également le développement de l'action 3D. Cette action 3D redistribue les
charges appliquées entre les monolithes et peut transmettre une fraction de la poussée du ré-
servoir sur les flancs de la vallée.

On peut également favoriser l'effet 3D par une conception qui inclut une courbure de l'ouvrage
dans le plan longitudinal. On utilise alors une solution intermédiaire entre la section d'un ou-
vrage-poids et d'un ouvrage-voûte. L'effet bénéfique de cette courbure sera vraisemblablement
complètement mobilisé lors d'événements extrêmes tels que la crue de sûreté où il se produira
un resserrement des joints de contraction. La sécurité des barrages, dont la longueur n'excède
pas dix fois la hauteur, peut être améliorée en leur donnant une courbure continue en plan
de 300 à 400 m de rayon. Un tracé en trois alignements proche de ce tracé courbe peut être
utilisé pour simplifier l'implantation du barrage (référence 7.41 ).

7.29.1.4 Tracés à angles prononcés


Par ailleurs, l'utilisation d'angles prononcés, aigus ou obtus, en contact avec le réservoir dans
le plan longitudinal des barrages-poids est à éviter. La présence de ces angles modifie le che-
minement des efforts le long de l'ouvrage et favorise la fissuration d'origine thermique. Plu-
sieurs barrages-poids québécois construits avec des angles prononcés dans le plan longitudi-
nal ont démontré un comportement structural inadéquat dans les zones concernées (Chute-à-
Caron et Paugan par exemple).

Ouvrages de retenue en béton page 7.155


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29.2 Optimisation des sections non déversantes

7.29.2.1 Recherche de la section optimale et critères de performance


L'approche classique pour l'optimisation de la section d'un barrage-poids non déversant
consiste à minimiser le volume de béton à mettre en œuvre tout en satisfaisant les critères de
performance visant à assurer la durabilité, l'usage fonctionnel et la sécurité de l'ouvrage. D'une
façon générale, les critères suivants sous conditions normales d'exploitation sont prépondé-
rants dans le choix de la section du barrage :

• la section ne doit démontrer aucune contrainte de traction pour les conditions normales
d'exploitation (réservoir plein) ou lorsque le réservoir est vide ;
La résultante des efforts doit demeurer à l'intérieur du tiers médian de la section pour sa-
tisfaire ce critère de zéro traction.

• aucune contrainte excessive de compression ne doit se développer dans le barrage ou


dans la fondation ;

• la résistance au cisaillement dans le corps du barrage (joints de reprise de bétonnage), à


l'interface béton-rocher et dans la fondation, doit être suffisante pour prévenir le glisse-
ment ;

• le barrage doit être d'une épaisseur suffisante sur toute sa hauteur pour résister à l'action
des glaces, des vagues et aux actions (impacts) des débris flottants.

Le coût des matériaux (m3 de béton mis en place), le coût de la main d'œuvre, le coût des
équipements de construction et le coût du capital investi doivent être considérés pour optimiser
la solution retenue.

7.29.2.2 Fruit global pour le dimensionnement préliminaire des sections


La figure 7.51 et la figure 7.52 présentent des sections typiques d'ouvrages poids.

• Pour les barrages-poids avec galeries et drainage de la fondation, un fruit global (amont +
aval) de l'ordre de 0.75H : 1,00V permet habituellement de satisfaire les critères de stabilité.

• Pour les barrages-poids sans galerie de drainage, le fruit global (amont + aval) devrait être
de l'ordre de 0.85H : 1,00V.

Ces ordres de grandeurs pour le fruit global sont à augmenter pour les ouvrages situés dans
les zones de sismicité moyenne à forte et les barrages susceptibles d'être submergés lors de la
crue de sûreté.

page 7.156 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29.2.3 Facteurs de sécurité au glissement et dimensionnement préliminaire


des sections
La figure 7.53 présente un abaque pour l'estimation préliminaire du fruit aval (S) d'un barrage-
poids en fonction du facteur de sécurité requis pour le glissement résiduel. Cet abaque est ba-
sé sur les hypothèses suivantes (référence 7.76) :

• il n'y a pas de cohésion le long des joints de reprise de bétonnage et au contact béton ro-
cher ;

• la masse unitaire du béton est de 2 400 kg/m3 et celle de l'eau de 1 OOOkg/m3 ;

• un système de drainage d'une efficacité E = 0,66 est localisé près du parement amont à
1 0 % de la largeur de la base.

En utilisant un angle de friction de 459 et un facteur de sécurité contre le glissement résiduel de


1 ,5 pour les conditions normales d'exploitation (tableau 7.15), on obtient un fruit aval de l'ordre
de 0,7H : 1V lorsque le parement aval est fini uniformément. On doit alors ajuster le profil pour
satisfaire l'ensemble des critères de stabilité.

Figure 7.53 : Évaluation préliminaire du fruit aval requis pour satisfaire au facteur de
sécurité contre le glissement (cohésion nulle)
Hypothèses : sous-pression triangulaire variant de la
(a) -Axe du barrage
(b)
pleine pression du réservoir à l'amont, réduction de 2/3
aux drains et niveau d'eau à l'aval à zéro.
3,0

plage des valeurs usuelles

<D
<n

tan<t>= 1,19
(<»=50°)
•£ 1,5
•c
H 3
o
1,0 •81,0
0>
T5

CD

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
SH Pente de la face aval (horizontal sur vertical)
Adaptation de Hansen (référence 7.76)

Ouvrages de retenue en béton page 7.157


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29.2.4 Inclinaison du parement amont


La figure 7.54 présente la section d'un ouvrage-poids avec parement amont incliné.
L'introduction d'un parement amont incliné présente les avantages suivants :

• augmentation de la surface de contact béton rocher pour améliorer la répartition des


contraintes et la résistance au glissement ;

• augmentation de la résistance sismique de l'ouvrage ;

• pour les ouvrages ayant une crête de masse importante, l'inclinaison du parement amont
permet de réduire les contraintes de tension susceptibles de .se développer le long du pa-
rement aval pour les conditions de réservoir vide.

La hauteur optimale de la partie inclinée peut être estimée à partir de l'intersection entre la
ligne d'action de la masse de la crête et la ligne amont délimitant le tiers médian de la sec-
tion à parois verticale selon la figure 7.54. La largeur de la partie inclinée est calculée en
posant égale à zéro la somme des moments causés par le poids-propre par rapport à la
position révisée de la limite amont du tiers médian de la section incluant la section inclinée.

Figure 7.54 : Optimisation de la section d'un barrage-poids pour les critères de


contraintes

Centre de gravité de la
masse de la crête

Chanfreinage du
/~ pied aval
nclinaison du
/ ^
parement amont

T/3

Adaptation de Novak (référence 7.118)

page 7.158 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29.2.5 Chanfreinage du pied aval


Par ailleurs, les calculs rigoureux d'optimisation structurale montrent que l'on peut chanfreiner
le pied aval afin d'optimiser les contraintes verticales de compression (minimiser les contraintes
principales inclinées) tout en respectant les critères de performance (figure 7.54,
référence 7.60, référence 7.122 et référence 7.124). La réduction du volume de l'ouvrage est
de l'ordre de 1 %. Estienne (référence 7.60) mentionne que l'optimisation de la géométrie du
pied aval a été faite sur quelques barrages anciens mais n'est plus pratiquée aujourd'hui.

7.29.2.6 Recherche du volume minimal de béton


Hydro-Québec (référence 7.83) a effectué une étude ayant pour objectif de choisir une section
typique de barrage-poids ayant un volume de béton minimal et respectant l'ensemble des critè-
res de stabilité retenus pour la conception d'avant-projet phase I du complexe NBR. Ces critè-
res sont similaires aux critères de conception de l'entreprise (référence 7.82). La section choi-
sie devait pouvoir se rattacher au noyau de la digue en enrochement de part et d'autre de la
centrale ou de l'évacuateur. Idéalement, les faces amont et aval de la section de raccordement
devaient avoir une pente semblable à celle du noyau soit 0,2H : 1V (ou 1H : 5V). Les principa-
les conclusions de cette étude sont résumées ci-dessous :

• pour les barrages de hauteur constante inférieure à 15m, la section (a) montrée à la
figure 7.55 avec une pente variable à l'aval est la plus économique ;

• pour des hauteurs constantes comprises entre 15 et 27 m, la section (b) classique


(figure 7.55) était le choix le plus économique ;

• pour des barrages de hauteur supérieure à 27 m, la section (a) était recommandée ;

• dans le cas où le barrage a une hauteur variable entre 0 et 22,5 m, la section (a) était re-
commandée.

Ouvrages de retenue en béton page 7.159


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.55 : Optimisation de la section d'un barrage-poids selon les critères de concep-
tion du complexe NBR
1,5 m 8,0m
1,0m.
2.0 ,-T
rf '•'{ F H
£
- Niveau ^-Niveau normal -Niveau Niveau normal
maximal d'exploitation maximal d'exploitation
d'exploitation d'exploitation

(a) (b)

II est intéressant de noter que dès-sections symétriques (section trapézoïdale initialement rete-
nue pour LG-1 par exemple) ont également été examinées, mais que leur utilisation n'a pas été
recommandée dans une optique de minimisation du volume de matériaux à mettre en œuvre
en fonction des critères de conception utilisés.

7.29.2.7 Réduction des coûts de construction


Les barrages en maçonnerie et les barrages-poids en béton conventionnel ont souvent été
conçus en modifiant plusieurs fois le fruit global de l'ouvrage sur la hauteur de façon à satisfaire
les critères de résistance précités pour un volume minimal de béton. Pour les barrages-poids
de construction récente, la tendance est d'utiliser des sections relativement simples construites
en BCR afin de minimiser les coûts de construction, comme le montre la figure 7.56 qui com-
prend (a) Lac Robertson (adaptée de Dussault, référence 7.58), (b) barrage Ciné, premier bar-
rage en BCR construit en Turquie (adaptée de Ozdogan, référence 7.119) et (c) évacuateur de
crues du barrage Falls en Nouvelle-Ecosse (adaptée de Locke, référence 7.104).

page 7.160 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.56 : Sections typiques de barrages-poids en BCR


. 162.40 (a)
' niveau extrême
- 166.OO

131.30
128.85

105.2O

r Élév. 264.8 (b) (C)


Élév. 260 T

face amont en pièces


v
Béton
préfabriquées conventionnel Elév. 335,2 pieds
galerie de drainage et
Instrumentations

Elév. 330 Élév. 329,33 pieds

terrain naturel
\. -^>
jiiév. ITJJ ~ly Béton de surface

drain collecteur Élév. 304,2 pieds : i==


(approi.) |j} Élév. 302 pieds
galerie de couchéNie béton con- fapprox.)
fondation ventlonnel pour couvrir drainage
la fondation

" pendule Inversé

, drainage
rideau d'injection

Ouvrages de retenue en béton page 7.161


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.29.3 Utilisation de sections symétriques


Les barrages-poids de sections triangulaires classiques (fruit aval de l'ordre de 0.75H : 1V à
0,8H : 1V) présente trois inconvénients (référence 7.10) :

• ils demandent une fondation rocheuse de bonne qualité ;

• la stabilité est théoriquement compromise pour une surélévation du réservoir de l'ordre de


10 % de la charge normale (figure 7.57) ;
Une surcote du réservoir est toujours possible compte tenu des critères et incertitudes re-
liés à l'estimation de la cote maximale du plan d'eau correspondant à la crue de sûreté,

• ils sont sensibles aux fortes secousses sismiques qui peuvent induire des -contraintes ex-
cessives de traction près des parements.

Figure 7.57 : Comparaison de la réponse structurale d'un barrage-poids classique et


d'un barrage symétrique
y = 24 kN/m3

RESULTANTE CRITIQUE
RÉSULTANTE CRITIQUE POUR UN SEISME 0.2 g
lUR UN SEISME 0.2 g

PLEIN
1 *}9>^ ^

2
C
"m
(MPa) (MPa)

Adaptation de BaCaRa (référence 7.10)

CIGB (référence 7.41) mentionne qu'il est possible d'améliorer l'économie d'un projet de petits
barrages de moins de 30 m en modifiant le profil lorsque le barrage déverse ou que la fonda-
tion est médiocre. À cet égard, la figure 7.57 présente une comparaison de la réponse structu-
rale d'une section classique et d'une section symétrique d'un barrage-poids d'une hauteur no-
minale de 100 m. On constate que pour un profil symétrique :

• les contraintes normales exercées sur la fondation sont relativement uniformes d'amont en
aval et elles sont peu sensibles au remplissage du réservoir (la contrainte maximale de
compression est égale à 1,4 MPa en comparaison d'une valeur de 2,4 MPa pour le profil
traditionnel) ;

page 7.162 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• en condition de réservoir plein, le pied amont est en compression ;

• la contrainte moyenne de cisaillement T = 0,36 MPa est approximativement deux fois plus
faible que celle issue du profil traditionnel T = 0,63 MPa.

Par ailleurs, lors d'un séisme important le profil symétrique ne démontre aucune traction au
pied amont alors que le profil poids triangulaire démontre des contraintes importantes de trac-
tion de l'ordre de 1 à 4 MPa selon les caractéristiques de l'accélérogramme et de la déformabi-
lité du barrage et de la fondation. De façon générale un profil symétrique produit des contrain-
tes dynamiques de traction qui sont environ dix fois plus faibles que dans un barrage-poids
classique (référence 7.40).
L'étude de la CIGB (référence 7.41) sur l'utilisation de profils symétriques pour les petits ouvra-
ges déversants est résumée à la figure 7.58, au tableau 7.17 et au tableau 7.18. Cette étude
indique que l'utilisation de profils symétriques présente la même sécurité que des profils classi-
ques de 15 à 20 % plus épais ou permet à volume égal une hauteur d'eau amont supérieure de
près de 15 %.

Figure 7.58 : Sections de barrages-poids submergés

0,8

0,8 H 0,9 H

H H H
0,7

0,8 H 1,27 H

Adaptation de CIGB (référence 7.41)

Ouvrages de retenue en béton page 7.163


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Tableau 7.17 : Valeurs de tan<}>

, Total des ch arg es horizontales


ta
Total des ch arg es verticales
h = haute ur de la lame déversante au-dessus du barrage
H = hauteur du barrage
densité du béton = 2,3
sou«-pression aval = 0
sous-pression amon 2/3 de la charge totale considérant une variation linéaire le
long de la base

Volume de h/H
béton (H2) 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
2
la 0,40 H 0,70 0,90 1,10 1,30 1,55 1,75
2
Ha 0,40 H 0,58 0,70 0,81 0,90 1,02 1,14
Ib 0,50 H2 0,59 0,72 0,86 1,01 1,17 1,33
2
Mb 0,50 H 0,47 0,55 0,64 0,72 0,79 0,85
2
le 0,60 H 0,48 0,58 0,68 0,78 0,89 1,00
Ile 0,61 H2 0,38 0,45 0,52 0,58 0,64 0,70
CIGB (référence 7.41)

Tableau 7.18 : Efficacité des sections par rapport au total des efforts verticaux et au
poids du béton
h = hauteur de la lame déversante au-dessus du barrage
H = hauteur du barrage
densité du béton = 2,3
sous-pression aval = 0
sous-pression amont 2/3 de la charge totale considérant une variation linéaire le
long de la base

Volume de h/H
béton (H2) 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
2
la 0,40 H 0,70 0,67 0,64 0,61 0,58 0,56
lia 0,40 H2 0,86 0,86 0,87 0,87 0,88 0,88
Ib 0,50 H2 0,74 0,72 0,70 0,68 0,66 0,65
2
llb 0,50 H 0,93 0,95 0,97 0,98 1,00 1,01
le 0,60 H2 0,77 0,76 0,75 0,74 0,73 0,72

Ile 0,61 H2 0,93 0,94 0,96 0,97 0,98 1,00


CIGB (référence 7.41)

page 7.164 Ouvrages de retenue en béton


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7.29.4 Réduction du niveau des plus hautes eaux envisageables


Le volume d'un barrage-poids de profil traditionnel ou symétrique augmente rapidement en
fonction de la cote des plus hautes eaux envisageables. Par exemple, la CIGB (référence 7.41)
mentionne qu'une surcote de 1 m pour un barrage de 20 m de hauteur maximale augmente de
15 % le volume de l'ouvrage. Pour un ouvrage non vanné, trois façons ont été suggérées pour
réduire le niveau des plus hautes eaux :

• allongement du déversoir principal ;

• admettre le déversement lors d'une crue importante (revanche réduite) ;

• équiper le déversoir principal d'un labyrinthe fixe ou d'éléments fusibles (figure 7.59 où
a = évacuateur standard et b = alternative en utilisant une vanne fusible) afin de réduire la
différence entre le niveau des plus hautes eaux exceptionnelles, qui influence le volume du
barrage, et le niveau normal de la retenue, qui détermine le volume utile du réservoir.

La CIGB (référence 7.41) mentionne que la prise en compte des suggestions ci-dessus peut
permettre des économies de l'ordre de 20 à 30 % à sécurité égale par rapport à un ouvrage
classique.

Figure 7.59 : Optimisation de la section d'une crête déversante

(a)

(b)

vanne
fusible

Adaptation de Lempérière (référence 7.102)

Ouvrages de retenue en béton page 7.165


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7.30 Béton compacté au rouleau

7.30.1 Généralités
Les barrages-poids en béton compacté au rouleau (BCR), par leur teneur réduite en eau et en
liants, permettent une grande rapidité de construction et sont généralement plus économiques
que les barrages en béton conventionnel. Depuis 1980, plus de 100 barrages ont été construits
partout dans le monde et les techniques de conception et de mise en place se sont améliorées
permettant la construction de grands barrages (référence 7.133).

7.30.2 Dosage du béton


Tout comme le béton conventionnel, le BCR est un mélange de granulats inertes, de liants et
d'eau. L'utilisation de tous les liants est possible, mais il y a intérêt à en choisir un à faible exo-
thermie. Typiquement, un m3 de BCR contient 100 kg d'eau, 100 kg de liants et le reste est
constitué de granulats ; cependant, ce mélange contient environ de 5 à 10 % de vides, qui sont
comblés selon une des deux approches suivantes :

• l'approche « béton » utilise des matériaux contrôlés tels que pouzzolanes ou cendres ;
Ces produits peuvent être très coûteux dans certaines régions.

• l'approche « sol » utilise les granulats fins naturels présents avec le granulat grossier.
La compatibilité des granulats fins naturels doit être vérifiée avec les liants utilisés.

La grande majorité des cendres volantes sont produite par les centrales thermiques, sont pau-
vres en calcaire (classe F) et sont essentiellement des silico-aluminates, inertes sauf en pré-
sence d'un excès de clinker du ciment. Si l'ajout de cendres dans le BCR est faible (de 20 à
30 %), elles participent totalement à la réaction de prise ; s'il est élevé (environ 60 %), une par-
tie ne participe pas à la réaction et sert de remplissage. Les cendres sont utilisées en rempla-
cement du ciment afin de réduire la chaleur d'hydratation et de réduire les coûts ; elles servent
également de remplissage minéral et à améliorer l'ouvrabilité : ceci est très important en raison
du mélange très sec. Des adjuvants, notamment les entraîneurs d'air, sont à considérer pour
améliorer les caractéristiques du BCR.
La dimension maximale du gros granulat est souvent limitée à environ 75 mm en fonction des
usines à béton et des équipements de compactage.

page 7.166 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.30.3 Mise en place


Le BCR présente l'aspect d'un sol caillouteux et légèrement humide pouvant être transporté par
camion ou par convoyeur. Il peut être nivelé comme un sol et compacté par des rouleaux lisses
et vibrants, ce qui permet une cadence de mise en place élevée. La mise en place s'effectue
habituellement en couches successives de 30 à 60 cm d'épaisseur selon les BCR et les com-
pacteurs choisis.
Le compactage du BCR près du parement aval doit être fait par des compacteurs plus légers
en raison de la prise insuffisante des couches inférieures. Pour le parement amont, s'il n'est
pas fait de béton conventionnel, le compactage se fait de la même façon que le parement aval.
Aux endroits où un compactage avec des rouleaux vibrants ne peut être fait, des dispositions
spéciales (coffrages, béton conventionnel) doivent être utilisées. Pour cette raison, les rives, les
contours irréguliers, les galeries et les puits sont souvent réalisés en béton conventionnel en
raison de l'approche difficile des compacteurs et de l'arrêt de la vibration durant l'inversion de
marche. Pour une mise en place satisfaisante du BCR, l'aire de travail doit être d'au moins
500 m2.
La mise au point d'une centrale à production continue nécessite la production préalable d'une
quantité suffisante de BCR permettant de définir le stockage provisoire et les conditions de re-
prise. De plus, des planches de convenance doivent être faites pour déterminer l'épaisseur op-
timale de la couche de BCR, qui dépend de la grosseur maximale du granulat, de la capacité
des rouleaux compacteurs et de l'adéquation entre la cadence de la centrale et du délai de re-
couvrement. De plus, ces planches doivent démontrer qu'il n'y a pas de perte de densité du
BCR causée par la circulation des camions. À titre indicatif, l'épaisseur des couches est d'envi-
ron 30 cm et la cadence est de 2 à 3 couches par jour. Pour assurer la maîtrise de la qualité du
BCR, le contrôle de la teneur en eau des granulats est essentiel.
Le transport du BCR se fait habituellement par camions ou par convoyeur. Après le décharge-
ment, le BCR est étendu par des bouteurs de type D5 comportant des chaînes normales larges
et des lames munies d'oreilles pour éviter la ségrégation et il est compacté par des rouleaux vi-
brants. Des petits compacteurs sont généralement utilisés près des bords afin d'éviter tout ris-
que d'instabilité. La cure, souvent faite par arrosage, complète le cycle de mise en place du
BCR.
Une reprise est dite chaude lorsque le recouvrement d'une couche inférieure est fait avant
qu'elle n'ait fait prise. Lorsque des précautions sont prises pour assurer la propreté des pneus
des camions pour éviter le surcompactage et le lessivage de la pâte, les propriétés à la jonction
des couches sont très voisines de celles de la masse.
Une reprise est dite froide lorsque le recouvrement d'une couche inférieure est fait après qu'elle
n'ait fait prise. Il faut alors laver la laitance et utiliser un mortier de liaison pour obtenir une co-
hésion et une étanchéité acceptables.
Les joints transversaux sont faits habituellement par l'une des deux méthodes suivantes :

• par découpage à l'aide d'une lame vibrante portée par le bras d'une pelle après le compac-
tage d'une couche et le dépôt d'un matériau empêchant le collage des lèvres du joint ;

• par insertion d'une plaque mince dans le BCR avant le compactage.

Ouvrages de retenue en béton page 7.167


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La construction des galeries d'accès et de visite dans les grands barrages doit être étudiée de
manière à réduire les inconvénients pour la machinerie faisant la mise en place du BCR. Elles
sont souvent faites en béton conventionnel et situées près du parement amont, ou construites
dans la masse du BCR selon différentes techniques non présentées ici.

7.30.4 Conception des barrages en BCR


La plupart des caractéristiques mécaniques du BCR sont déterminées par sa compacité ; l'ob-
tention d'une haute compacité est par conséquent essentielle. Les spécifications doivent donc
préciser la densité du BCR à mettre en place indépendamment des exigences sur la densité
absolue. Aux endroits où un compactage avec des rouleaux vibrants ne peut être fait, des dis-
positions spéciales (coffrages, béton conventionnel) doivent être utilisées. L'alignement des
granulats dans le sens des couches par la technique de mise en place a comme conséquence
que le BCR est un matériau anisotrope.
Les parements protègent le corps du barrage contre les sollicitations extérieures (intempéries,
passage de crues, contraintes thermiques). De plus, ils servent souvent de coffrage durant la
montée du BCR.
Il existe plusieurs catégories de barrages en BCR selon le type de parement amont choisi
(figure 7.56) :

• BCR homogène ;
Le BCR doit être étanche dans la masse et entre les couches. Un mortier de liaison est
souvent utilisé entre les couches et une augmentation du dosage en ciment est parfois utili-
sée dans une zone voisine du parement amont.

• barrage avec parement amont en béton conventionnel (de 0,5 à 1 m d'épaisseur) et joints
d'étanchéité mis en place en même temps que les couches de BCR du corps du barrage ;

• barrage avec parement amont en béton conventionnel préfabriqué sans joint d'étanchéité ;

• barrage avec parement amont en béton extrudé (béton conventionnel mis en place par cof-
frage coulissant) sans joint d'étanchéité ;

• barrage en BCR élaboré (BCR dont les granulats proviennent de trois classes différentes
ou plus) ;

• barrage avec parement amont en béton conventionnel de forte épaisseur, avec traitement
des joints de reprise (technique japonaise RCD) ;

• barrage avec membrane d'étanchéité amont ou avec membrane comprise entre les élé-
ments préfabriqués du masque amont et le BCR ;

• barrage avec mur en béton armé conventionnel et joints d'étanchéité construits avant la
mise en place du BCR ;

• barrage en béton armé conventionnel mis en place après la construction du massif en BCR.

page 7.168 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le parement aval doit assurer la protection du béton de masse vis-à-vis les conditions atmos-
phériques et le niveau du plan d'eau aval. Les types de parement aval sont :

• parement aval en BCR brut, avec souvent un surdosage en liant par rapport à la masse ;

• parement aval en BCR avec compactage de la face aval inclinée ;

• parement aval en béton conventionnel mis en place en même temps que le BCR, avec cof-
frage provisoire ;

• parement aval avec éléments préfabriqués en béton conventionnel ;

• parement aval en béton extrudé.

Le parement aval est très souvent semblable au parement amont, sans nécessiter la réalisation
des joints d'étanchéité dans la zone située au-dessus du niveau d'eau aval. Il peut être lisse ou
en marches d'escalier, selon le mode de construction ou la présence d'un évacuateur.
La pente du parement aval dépend de la méthode de construction. Pour un BCR fait de granu-
lats concassés, l'angle naturel du talus est d'environ 0,8H : 1V et pour un BCR fait de granulats
lisses, d'environ 0,9H : 1V. Pour un parement aval non coffré, un surdosage en liant ne suffit
pas, en général, à compenser le compactage moins efficace. Il est préférable généralement
d'épaissir le profil d'environ 50 à 60 cm : cette surépaisseur protège le parement aval contre les
altérations et ne doit pas être prise en compte dans les calculs de stabilité. Afin de conserver
une largeur suffisante en crête d'ouvrage pour permettre la mise en place du BCR, l'angle du
parement aval doit être redressé, ce qui nécessite habituellement une deuxième méthode
d'exécution. Pour les ouvrages implantés dans les régions sismiques et ayant une crête mas-
sive, il faut éviter les changements de pente importants.
Le concepteur et le personnel de laboratoire doivent collaborer afin de définir les proportions de
liants (ciment, pouzzolanes, laitiers) dès l'étape d'ingénierie afin de préparer les spécifications
techniques pour le projet. De plus, des planches d'essai doivent être faites dès cette étape afin
de vérifier l'ouvrabilité, le compactage et réchauffement, d'évaluer le délai nécessaire entre la
pose des couches de BCR et le délai maximal permettant d'éviter les reprises froides, de définir
l'épaisseur des couches, la méthode de compactage et la procédure à suivre pour les reprises
froides.
Les calculs de stabilité d'un barrage-poids en BCR s'effectuent suivant les mêmes principes
qu'avec un barrage-poids en béton conventionnel. À titre indicatif, pour une conception prélimi-
naire, les valeurs suivantes peuvent être utilisées :

• tg <|> = 1 (avant application de tout facteur de sécurité) ;

• cohésion = 0 (pour les reprises froides sans traitement de joint) ;

• cohésion = 0,3 Mpa (pour les reprises froides avec traitement des joints) ;

• cohésion = 1 à 2 Mpa (pour les reprises dans le BCR élaboré avec détermination par des
planches d'essai et contrôle serré) ;

• la résistance à la traction est habituellement nulle ;

Ouvrages de retenue en béton page 7.169


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• la résistance dynamique à la traction est de l'ordre de 0,5 à 1,0 MPa pour les BCR avec
traitement des reprises et contrôle.

7.30.5 Comportement thermomécanique du barrage


Les effets thermiques proviennent premièrement de la réaction exothermique de la réaction
d'hydratation du ciment, suivi du refroidissement progressif, et deuxièmement des variations de
la température ambiante. Cette réaction d'hydratation produit une augmentation non négligea-
ble de la température du béton en raison de la construction rapide, même si le dosage en liants
est nettement inférieur à celui du béton conventionnel.
Afin, d'une part, d'optimiser la dimension des plots, la position des joints transversaux dans les
ouvrages et le scénario de construction et, d'autre part, de statuer sur la nécessité d'un joint
longitudinal dans les barrages de grande hauteur, une étude du comportement thermomécani-
que du barrage est généralement requise (figure 7.28). Cette étude est habituellement faite
avec la méthode des éléments finis. Elle nécessite la collecte des données sur les conditions
climatiques du site (températures, conditions d'ensoleillement), les propriétés thermiques (cha-
leur d'hydratation, capacités thermiques, conductivités thermiques, pouvoirs convectifs 'des
surfaces vis-à-vis l'air et l'eau) et mécaniques (BCR, béton conventionnel et roc) des matériaux
et les conditions de mise en place du BCR (température du BCR, échéancier de construction).
La phase critique du point de vue de la fissuration thermique correspond généralement au
premier hiver. L'analyse du comportement mécanique doit tenir compte du comportement non
linéaire du BCR. Généralement, des joints sont requis aux changements de section importante
du barrage et aux variations de caractéristiques de la fondation.
L'expérience de la construction des barrages en BCR sans joint transversal a apporté les ren-
seignements suivants :

• fissuration transversale fréquente à la suite d'un abaissement rapide de la température ex-


térieure après construction de l'ouvrage (Galesville, É.-U.) ou lors d'arrêts de chantier en hi-
ver (Upper Stillwater, É.-U.) ;

• fissuration préférentielle aux endroits où il y a des discontinuités dans la structure ou selon


. un espacement correspondant approximativement à la hauteur du barrage ;

• fissuration souvent traversante ;

• fuites généralement modérées mais plus importantes que celles provenant des joints hori-
zontaux (le traitement des fissures a permis de réduire généralement les fuites mais rare-
ment de les supprimer).

Le concepteur doit s'assurer de la compatibilité des déplacements dans les cas où un barrage
en BCR est construit contre un ouvrage de type différent.

page 7.170 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.30.6 Considérations économiques


Les économies découlant de l'utilisation du BCR proviennent essentiellement de la vitesse
d'exécution et de la réduction de la durée des travaux. En effet, les coûts de fabrication et de
mise en œuvre sont réduits du fait des cadences élevées et continues qui rendent possible l'uti-
lisation des moyens industriels performants. La réduction des frais généraux et des frais finan-
ciers ainsi que la réduction possible des coûts de dérivation découlent de la durée réduite du
chantier. Pour permettre de réaliser ces économies, c'est-à-dire d'atteindre une cadence élevée
de mise en œuvre, il faut limiter les ouvrages incorporés dans le barrage, utiliser dans le corps
du barrage un BCR unique et homogène et limiter les contraintes d'étanchéité du corps du bar-
rage afin d'éviter ou réduire les traitements de reprise entre les couches.
L'utilisation d'un matériau BCR approprié permet de générer des économies additionnelles. En
effet, les principaux facteurs déterminant le coût d'un BCR sont indiqués au tableau 7.19, par
ordre décroissant d'importance (la base de comparaison est le béton conventionnel dont le coût
est établi à 100).

Tableau 7.19 : Comparaison des coûts des BCR et des barrages en béton convention-
nel vibré
Béton BCR BCR BCR
Constituant
conventionnel remblai dur* intermédiaire8 élaboré0
Granulats, stockage compris 27 16 27 29
Liants et adjuvants 32 12 17 26
Fabrication et transport 16 6 7 10
Mise en œuvre 13 4 4 4
Traitement entre les couches 4 1 6 8
Coffrage ou joint 6 1 2 3
Contrôle 2 2 2 4
Coût total 100 42 65 84
A 3
Matériau non reconstitué (teneur en liants < 90 kg/m )
H T

Matériau recomposé à partir de trois classes de granulats ou plus et dont les reprises ont une bonne résistance
à la traction (teneur en liants > 90 kg/m3)
Adaptation de BaCaRa (référence 7.99)

D'après ce tableau, le coût d'un BCR peut varier du simple au double suivant le type choisi. Le
coût des granulats (traitement, transport, stockage) est le plus important pour toutes les clas-
ses de BCR et peut varier aussi du simple au double. Le tiers du coût du BCR est constitué par
la fabrication, la mise en œuvre et les exigences techniques.
La conception doit donc identifier la solution qui minimise le coût global du projet, à sécurité
équivalente, en recherchant un compromis entre un ouvrage ayant un volume minimal et utili-
sant un BCR onéreux, et un ouvrage ayant un volume plus important mais utilisant un BCR
économique.

Ouvrages de retenue en béton page 7.171


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.31 Barrages mixtes

7.31.1 Généralités
Seuls les cas des barrages utilisant le BCR ou le remblai dur dans la masse sont considérés
dans cette rubrique. Les barrages en remblai ou en enrochement utilisant le BCR ou le remblai
dur comme parement ne sont pas considérés.
L'évolution dans la conception des barrages progresse relativement lentement par rapport aux
changements rapides survenus, par exemple, dans la conception des bâtiments et des ponts.
On invoque souvent la sécurité pour expliquer le conservatisme de la conception des barrages.
Pourtant dans le cas des autres catégories d'ouvrages, l'innovation a permis d'améliorer à la
fois la sécurité et l'économie.
Dans le but de réduire le coût des ouvrages, la CIGB (référence 7.45 et référence 7.47) a pu-
blié des bulletins faisant appel, notamment, à des solutions inhabituelles pour la construction
des barrages. Ces nouvelles solutions sont cependant réalistes et utilisent des matériaux
connus combinés différemment. Elles traitent de façon indépendante la fonction d'étanchéité et
la fonction résistance du barrage, ce qui permet d'utiliser un béton de moindre qualité dans la
masse de l'ouvrage. Des remblais durs économiques peuvent ainsi être utilisés, sans exigence
coûteuse relative à l'étanchéité.
Les barrages mixtes décrits ci-après ont été étudiés d'une façon sommaire. Cependant, même
en tenant compte des limites de ces études, celles-ci permettent d'envisager des économies de
l'ordre de 20 % par rapport au coût des solutions conventionnelles. Avant de retenir une solu-
tion non conventionnelle pour un projet, il est nécessaire d'effectuer les études détaillées de
stabilité, de perméabilité et de déterminer l'interaction entre les matériaux rigides et les remblais
à leur interface. L'évaluation de la solution doit aussi considérer la durabilité et les coûts d'en-
tretien des ouvrages.

7.31.2 Barrage mixte en BCR-remblai


Un barrage mixte en BCR-remblai comprend un noyau en BCR et une recharge amont en rem-
blai (figure 7.60). Entre ces deux parties, une couche de matériaux fins est intercalée afin de
colmater les fissures éventuelles dans le BCR. Une recharge aval en remblai peut être ajoutée
ainsi qu'un drainage et un tapis drainant. Dans les sections déversantes, la recharge aval est
éliminée et le parement aval en BCR est profilé pour le déversement libre et la protection du
pied aval.
L'avantage principal de ce type de barrage est l'élimination des coffrages aux endroits où sont
ajoutés les recharges et la facilité d'accès de la machinerie durant la construction.

page 7.172 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.60 : Barrage mixte en BCR-remblai


ZONE DÉVERSANTE
ZONE NON DÉVERSANTE
crête déversante

VUE EN PLAN
Adaptation de CIGB (référence 7.47)

7.31.3 Barrage mixte en BCR-enrochement


Un barrage mixte en BCR-enrochement est constitué d'un noyau en BCR, d'une recharge
amont en enrochement et d'un masque amont (figure 7.61). La partie située en amont du BCR
doit être drainée.
Cet arrangement permet la submersion durant la construction ainsi que le déversement. Une
centaine d'ouvrages ont été construits en Chine selon ce principe, en utilisant des recharges
amont en terre-enrochement et un mur aval en maçonnerie.

Figure 7.61 : Barrage mixte en BCR-enrochement

ZONE NON DÉVERSANTE ZONE DÉVERSANTE

béton compacté roulé

Masque en béton armé


ou auto» protection ~

VUE EN PLAN
Adaptation de CIGB (référence 7.47)

Ouvrages de retenue en béton page 7.173


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7.31.4 Barrage mixte en enrochement-remblai dur


Un barrage mixte en enrochement-remblai dur zone horizontalement consiste à superposer
deux matériaux différents, le moins cher étant placé sur la fondation et le plus cher sur le des-
sus, où les pentes des parements peuvent être plus accentuées (figure 7.62). Ainsi, une partie
en remblai dur peut être placée sur une partie en enrochement. Les deux parties sont rendues
étanches en utilisant un masque à l'amont. ^

Figure 7.62 : Barrage mixte en enrochement-remblai dur

EMBUAI DUR

MASQUE EN BETON ARME


OU EN ACIER

Adaptation de CIGB (référence 7.45)

Les économies proviennent de la réduction des quantités de matériaux et sur le volume réduit
de l'ouvrage. Cette solution permet la réalisation d'économies additionnelles sur la dérivation
provisoire et la préparation des fondations.

7.31.5 Barrage-poids en remblai dur


Un barrage-poids en remblai dur a des profils amont et aval à peu près symétriques de l'ordre
de 1 : 1 et utilise comme matériau de construction le remblai dur, qui est un BCR fabriqué avec
des granulats non reconstitués et ayant une teneur en liants inférieure à 90 kg/m3(figure 7.63).
Cet arrangement doit comporter un plan de drainage situé près de l'amont.
Ce nouveau type de barrage élimine les inconvénients des barrages-poids classiques à pare-
ment amont vertical (nécessité d'avoir une bonne fondation rocheuse, sensibilité aux fortes se-
cousses sismiques et aux élévations anormales du bief d'amont).

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Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 7.63 : Coupe typique du barrage de Mykonos 1, à profil symétrique

béton extrudé

Adaptation de FRCOLD (référence 7.40)

Les contraintes modérées dans ce type de barrage permettent l'utilisation d'un BCR de faible
résistance à la compression, qui ne nécessite pas d'exigence particulière sur les reprises
concernant la perméabilité, la résistance à la traction et même la résistance au cisaillement. Le
masque amont est posé à la fin de la construction du remblai dur, après que la fissuration
thermique, en supposant qu'il y en ait une, ait eu le temps de se produire. Le masque amont
est en béton armé pour les grands barrages ; il pourrait être une géomembrane pour les petits
ouvrages. Un système de drainage doit être installé en aval du masque.

Ce type de barrage peut tolérer les déversements occasionnels. Les déversements systémati-
ques peuvent être permis en adoptant, par exemple, un parement aval en escalier. Ce profil a
comme avantage de ne pas nécessiter des fondations de qualité en raison des faibles
contraintes générées. Les séismes ne créent pas de contrainte en traction dans le massif.
La tendance actuelle en Amérique du Nord pour la construction des barrages n'est pas d'utiliser
le remblai dur, mais plutôt un BCR de qualité ayant une résistance à la compression supérieure
à 15 MPa et contenant de l'air entraîné pour obtenir une meilleure résistance au gel et dégel.

Ouvrages de retenue en béton page 7.175


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.32 Auscultation des ouvrages

7.32.1 Objectifs de l'auscultation


La rupture soudaine ou partielle d'un barrage comporte un potentiel destructeur énorme et peut
entraîner de nombreuses pertes de vie, des pertes économiques importantes et des dommages
environnementaux importants. L'auscultation des barrages et l'analyse des données
d'instrumentation constituent une assurance contre les risques d'une rupture et sont une des
activités parmi les plus importantes pour l'évaluation de la sécurité des barrages. Les objectifs
principaux de l'auscultation sont les suivants :

• contrôle du comportement pendant le premier remplissage, qui constitue selon les statisti-
ques d'accidents de barrage une phase importante dans la vie d'un ouvrage ;

• vérification des paramètres de conception pour s'assurer que l'ouvrage se comporte tel que
prévu ;

• suivi des paramètres de comportement susceptibles de détecter les mécanismes de défail-


lance les plus probables pour garantir la sécurité de l'ouvrage ;

• contrôle du comportement pour l'entretien et le maintien de la pérennité de l'ouvrage ;

• suivi des anomalies détectées dans la vie d'un ouvrage pour apprécier leur évolution, leur
importance et pour juger de la nécessité d'apporter des correctifs ;

• amélioration des connaissances pour la conception des barrages.

7.32.2 Inspection visuelle


L'inspection visuelle des barrages constitue un complément indispensable à l'auscultation.
L'expérience montre que plusieurs désordres détectés par les inspections visuelles (fissures,
fuites ) n'ont pas été décelés au préalable par l'instrumentation (référence 7.94). Toutefois les
données d'auscultation permettent de mieux comprendre les anomalies détectées par
l'inspection visuelle et de juger de leur évolution et de leur impact sur la sécurité.

7.32.3 Choix des instruments et paramètres mesurés


Les qualités recherchées dans le phoix des instruments sont les suivantes (référence 7.48) :

• précision ;
La précision doit être adaptée au phénomène mesuré, souvent les grandeurs mesurées
sont faibles et la précision exigée est grande.

page 7.176 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• simplicité ;
On recherche des instruments dont les mesures sont faciles à lire et à interpréter. Il est
préférable de choisir des instruments ne requérant pas plusieurs corrections pour obtenir
une donnée à interpréter.

• durabilité et fiabilité ;
Idéalement, on recherche des instruments dont la vie utile est aussi longue que celle du
barrage, les instruments susceptibles de dériver dans le temps sont à éviter.

• robustesse.
Les instruments doivent être conçus pour bien résister aux conditions parfois sévères des
barrages en termes d'humidité, de température et d'agressivité de l'eau. Les instruments
mesurant des grandeurs électriques (résistance, voltage) doivent être protégés contre la
foudre et les effets électromagnétiques.

De plus on choisit des instruments dont le coût d'installation, d'entretien et de remplacement


est optimal. Il est préférable également d'opter pour des instruments faciles à intégrer dans un
système d'automatisation, même si cette option n'est pas retenue au moment de la construc-
tion.
Les différents paramètres mesurables sont les suivants :

• mesure de la cote du plan d'eau ;

• mesure de la température ;

• mesure des déplacements par pendules, mesures topographiques et mesure de nivelle-


ment ;

• mesure des infiltrations en provenance des fissures, du contact des joints ou d'autres im-
perfections ;

• mesure de la piézométrie des fondations ou de l'ouvrage ;

• mesure des accélérations sismiques ;

• mesure des contraintes ;

• mesure des déplacements aux joints ou aux fissures.

Lors de la conception du système d'auscultation, il est important d'estimer a priori la grandeur


des paramètres à mesurer soit d'après les calculs de conception ou selon certaines estimations
structurales. À cet égard, Herzog (référence 7.77) propose des formules simplifiées pour esti-
mer les déformations des barrages-poids causés par le poids-propre, la poussée hydrostatique,
la déformabilité de la fondation et les variations de température.

Ouvrages de retenue en béton page 7.177


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le choix des instruments doit prendre en considération l'amplitude des phénomènes mesurés ;
ainsi, les faibles déplacements anticipés pour les barrages-poids usuels de moins de 15 m ne
justifient pas généralement l'utilisation de pendules, sauf en présence d'anomalies particulières
(gonflement).

7.32.4 Instruments de détection des mécanismes de défaillance


La conception du dispositif d'auscultation doit permettre en premier lieu la détection des méca-
nismes de défaillance potentiels tels que déterminés par les calculs structuraux ou tels que si-
gnifiés par révolution du comportement de l'ouvrage. Autrement dit, l'instrumentation doit pré-
venir l'exploitant des ruptures les plus probables pour un ouvrage donné.
La détection des ruptures éventuelles peut être obtenue de manière directe ou indirecte. Par
exemple, une rupture par glissement d'un ouvrage ne peut être mesurée directement, mais elle
peut être détectée par la mesure des sous-pressions. Ces instruments seront lus typiquement
avec une fréquence plus élevée en fonction du comportement de l'ouvrage (lecture journalière
à mensuelle).
Par ailleurs, l'historique des incidents et accidents de barrages en béton et en maçonnerie fait
ressortir l'importance des mesures hydrauliques (pression et infiltrations) comme signe précur-
seur des défaillances majeures (référence

7.32.5 Instruments de contrôle du comportement global


Une autre catégorie d'instruments rassemble les instruments non-reliés à un mécanisme de
défaillance probable, mais dont l'utilité est d'analyser le comportement global d'un ouvrage ou
d'assurer le maintien de la pérennité de l'ouvrage. Certains instruments peuvent être également
employés à des fins de connaissance ou de recherche afin d'améliorer la conception future des
barrages ou des systèmes d'auscultation. La fréquence de lecture de ces instruments est géné-
ralement moins élevée que celle des instruments de détection (lectures mensuelles à plurian-
nuelles).

7.32.6 Automatisation
Malgré une utilisation de plus en plus répandue, il n'est pas de pratique courante d'automatiser
systématiquement les mesures d'auscultation de tous les barrages. L'automatisation de
l'instrumentation d'un barrage se justifie par la nécessité d'augmenter la surveillance d'un ou-
vrage ou par souci de minimiser les coûts d'exploitation du dispositif d'auscultation. Il ne faut
pas toutefois que l'automatisation contrevienne à la vigilance humaine dont l'importance dans la
détection des désordres a été soulignée précédemment (référence 7.46).
Les instruments de détection des mécanismes de défaillance seront habituellement raccordés
aux systèmes d'acquisition automatique tandis que généralement, il n'est pas requis de raccor-
der les instruments de contrôle à moins que des économies le justifient.

page 7.178 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les qualités recherchées d'un système d'acquisition sont les suivantes :

• robustesse ;
II va de soi que les systèmes d'acquisition doivent être en mesure de bien résister au milieu
difficile des barrages en termes d'humidité, de température et d'effets électromagnétiques.
Les systèmes d'acquisition doivent être bien protégés également contre la foudre.

• flexibilité ;
L'entretien, l'ajout ou le retrait d'instruments, la modification des logiciels, doivent être faci-
les à réaliser et autant que possible sans l'intervention des fournisseurs.

• fonctionnel.
Les systèmes d'acquisition doivent permettre l'analyse graphique des données en temps
réel, la détection des anomalies par seuils flexibles et le transfert ouvert des données vers
d'autres bases de données.

Il va de soi qu'avant de procéder à l'automatisation, on doit s'assurer de la qualité métrologique


des instruments.

7.32.7 Optimisation de l'instrumentation


Les considérations énoncées dans les rubriques précédentes permettent d'optimiser les dispo-
sitifs d'auscultation en termes du choix, de la qualité et du nombre d'instruments. L'expérience
montre que les instruments simples et ne nécessitant pas de correction, tels que les pendules
ou les déversoirs, donnent les meilleurs résultats. D'autres instruments requièrent des soins et
des précautions plus grandes tels les piézomètres, les extensomètres et les fissuromètres.
Par ailleurs, la tendance actuelle est de réduire au minimum les mesures topographiques qui
sont coûteuses, difficiles à mettre en œuvre en cas d'urgence et difficile à automatiser. Les
mesures de déplacement effectuées par les pendules sont moins coûteuses, plus précises et
faciles à automatiser.
Les nouveaux instruments tels les GPS et les instruments à fibre optique semblent présenter
des avenues intéressantes pour améliorer la durabilité, la fiabilité et le coût de l'instrumentation.
Il serait opportun de procéder à des bancs d'essais pour en vérifier les bénéfices.

Ouvrages de retenue en béton page 7.179


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

7.32.8 Dispositions constructives pour l'installation des


instruments
II est recommandé de prévoir, dès la construction du barrage, la mise en place du dispositif
d'auscultation, afin de réduire les coûts d'implantation et pour disposer de mesures dès la mise
en eau. À cet effet, les dispositions constructives suivantes sont préconisées :

• prévoir le drainage des infiltrations pour faciliter les mesures de débit et s'il y a lieu prévoir
la séparation par zone des débits, prévoir des niches pour les déversoirs et empêcher les
apports extérieurs dans le système de drainage ;

• prévoir des chambres, au besoin, pour les pendules et les systèmes d'acquisitions ;

• prévoir les facilités et services nécessaires (accès, ventilation, alimentation électrique, éclai-
rage, câblage, chauffage, etc.) ;

• prévoir la protection contre la foudre ;

• protéger les instruments contre les infiltrations (en particulier si la submersion est considé-
rée).

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page 7.190 Ouvrages de retenue en béton


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8 Ouvrages de retenue en remblai

8.1 Généralités
La conception d'un ouvrage de retenue requiert de l'expérience aussi bien dans la conception
proprement dite que dans la construction, le suivi du comportement et la surveillance de tels
ouvrages. Les méthodes de conception des barrages évoluent grâce à tous ces intrants ainsi
qu'à d'autres avantages modernes tels que les techniques d'auscultation, les techniques de
calcul numérique et les moyens de communication qui permettent de profiter amplement de
l'expérience accumulée à travers le monde.
L'implantation d'un aménagement hydroélectrique exige que les eaux soient contrôlées au
moyen d'un ou de plusieurs ouvrages de retenue. Des barrages et des digues sont donc
conçus en vue de retenir les eaux au droit des vallées ou des dépressions. Un barrage est un
ouvrage de retenue érigé en travers du lit du cours d'eau principal et une digue est un ouvrage
de retenue construit sur le pourtour d'un réservoir ou le long de cours d'eau secondaires. La
majorité des ouvrages de retenue en remblai d'Hydro-Québec sont des ouvrages en terre ou en
enrochement dont l'étanchéité est assurée par un noyau de moraine compactée. Ce matériau
d'origine glaciaire (till) possède une granulométrie étalée permettant de produire un compac-
tage adéquat.
L'implantation d'un ouvrage de retenue est fonction de la topographie et de la nature du terrain
et sa conception est entre autres régie par des considérations d'ordre économique et environ-
nemental. Il faut donc être à la recherche de vallées de moindres dimensions tout en tentant
d'éviter les fondations granulaires perméables qui nécessitent des coupures coûteuses.
Le type d'ouvrage de retenue à adopter est choisi à la suite d'une évaluation globale de plu-
sieurs variantes (béton, béton compacté au rouleau (BCR), remblai et autres solutions éprou-
vées). L'avantage de choisir un ouvrage en remblai réside dans le fait que sa coupe type est
conçue en fonction de la disponibilité des matériaux requis (enrochement, granulat, moraine,
argile non dispersive) dans un rayon d'environ 10 km et dans le respect des critères de
conception et de stabilité de base. En général, la préférence est donnée au type d'ouvrage qui
demande le volume de remblai le moins important ; un ouvrage en enrochement est donc pré-
férable à un ouvrage en sable et gravier qui a à son tour préséance sur un ouvrage homogène
en moraine. Les variantes présentant le moins d'arrêts des travaux de construction à cause des
conditions météorologiques offrent de multiples avantages. C'est ainsi qu'il est recommandé
d'inclure la variante « barrage à parement amont de béton » dans les analyses économiques.
Dans le cas des fondations granulaires perméables, il est d'usage de prévoir un traitement spé-
cial destiné à éviter l'écoulement à travers la fondation. Ce traitement peut se réduire à une
simple clé au roc quand il s'agit d'un dépôt perméable mince. Par contre, des injections, une
tranchée de boue ou des murs de béton peuvent s'avérer nécessaires si le dépôt est plus
épais. Il est toujours adéquat de se rappeler que les coupures partielles ont tendance à pro-
duire une efficacité limitée dès qu'une ouverture est maintenue sous la limite inférieure de la
coupure.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Des tapis imperméables placés sous un réservoir et reliés au noyau d'un ouvrage de retenue
permettent de réduire la percolation. Cependant, la prudence est de mise avec l'usage des ta-
pis lorsque la fondation granulaire perméable présente une structure ouverte, riche en blocs et
en gravier qui favorisé le lessivage des tapis sous l'action des gradients descendants dirigés de
la base du réservoir vers l'aval. Dans le cas d'une forte anisotropie favorisant l'écoulement hori-
zontale, il est préférable d'opter pour une coupure.
Le recours à des puits de décharge installés en aval d'un ouvrage de retenue pour le rabatte-
ment de la ligne piézométrique (nappe phréatique) peut présenter des avantages aussi bien en
tant que mesure corrective que caractéristique adoptée dès le début de la conception.
Au cours d'une étude préliminaire, des cartes topographiques à l'échelle de 1 : 50 000 permet-
tent d'avoir une idée du volume de remblai engagé dans le projet. Dans le cadre d'une étude de
faisabilité par contre, des cartes à l'échelle de 1 : 5 000, des investigations in situ et des essais
en laboratoire élaborés sont souvent nécessaires. Comme les sols et matériaux ne peuvent pas
tous être individuellement testés, il est clair que le recours aux données géotechniques dispo-
nibles s'avère non seulement avantageux, mais aussi nécessaire.
L'éventail des sections types disponibles pour un ouvrage en remblai est certainement le plus
large. Le zonage de l'intérieur de la section est souvent agencé en fonction des matériaux dis-
ponibles sur le site à l'étude. La validation de la section choisie nécessite la réalisation d'une
étude de stabilité en équilibre limite des pentes amont et aval sous divers cas de chargement.
Ces cas de chargement comprennent aussi bien les sollicitations normales, telles les conditions
d'exploitation permanente, que des sollicitations extrêmes ou peu fréquentes, telle l'action
d'une vidange rapide ou d'un séisme'381.
Des études plus élaborées telles que l'analyse de l'écoulement à travers l'ouvrage et ses fon-
dations, le calcul des contraintes et des déformations dans le corps de l'ouvrage ainsi que la
réponse dynamique dans le cas des séismes1391 peuvent aussi être réalisées en vue de
s'assurer du comportement de l'ouvrage à ces égards.

8.2 Sections types


En plus des sections types disponibles qu'il est d'usage d'employer, il en existe maintenant de
nouvelles qui ont été introduites pour répondre à la diversité des projets et tenir compte de
l'apparition de technologies modernes.
De plus, la concurrence déployée sur la scène mondiale apporte des éléments nouveaux qui
nécessitent la mise à jour des méthodes traditionnellement utilisées. En effet, les projets de
moindre envergure, tels que la dérivation partielle de rivières, l'usage plus important de seuils
déversants et la mise à jour de certaines études antérieures, et les projets internationaux re-
quièrent l'introduction de solutions différentes. C'est ainsi que divers concepts de renforcement
des sols tels que la terre armée, les gabions et le ter-voile, sont maintenant considérés pour les
seuils déversants.

1381
Les cas de chargement sont présentés au tableau 8.6.
1391
La décision de recourir à une étude dynamique dans le cas des séismes est traitée à la rubrique 8.9.5.

page 8.2 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des/aménagements hydroélectriques

Les principaux types d'ouvrages en remblai sont les suivants :

Barrages en enrochement à noyau de till ou d'argile


à masque amont de béton1
à noyau de béton bitumineux compacté
à noyau de béton bitumineux coulé à
chaud
en sable et gravier à noyau de till ou d'argile
homogène en till
de faible hauteur (<15 m) à étanchéité en géocomposites
Seuils déversants en terre armée à étanchéité amont
en terre (gabion)
en terre (ter-voile)
Batardeaux cages à claire-voie à étanchéité amont
à noyau de moraine déversée en-
tre deux épis d'enrochement
en sable et gravier à étanchéité amont (membrane synthéti-
que ou matériau fin)
en enrochement
Les masques amont en béton bitumineux exposés nécessitent un examen avant leur implantation dans les ré-
gions nordiques.

Les figures 8.1 à 8.5 montrent l'ensemble des coupes types d'usage.

8.3 Dimensions

8.3.1 Hauteur
Au sens de la Commission internationale des grands barrages (CIGB), la hauteur est l'écart
entre la plus profonde fondation du terrain préparé pour servir d'assise à l'ouvrage et la crête
de celui-ci, sans prise en compte de la cambrure. On appelle « grands barrages » tous les ou-
vrages de retenue dont la hauteur dépasse 15 m.
Le plus haut barrage en remblai construit à travers le monde est un ouvrage en enrochement
dont la hauteur atteint 335 m. Les barrages en enrochement à masque amont de béton sont
excellents quand il s'agit d'ériger un ouvrage de retenue de grande hauteur dans une zone
sismique.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.3.2 Digue de revanche


Dans le cas des vallées de très faible profondeur, il est d'usage d'ériger des digues de revan-
ches dont la crête est établie à 3,0 m au dessus du niveau maximal d'exploitation.

8.3.3 Largeur en crête


II est d'usage à Hydro-Québec d'adopter une largeur de 7,5 m pour une digue et de 9 m pour
un barrage. La largeur en crête est généralement déterminée par la nature et les caractéristi-
ques des véhicules de transport et d'épandage utilisés pendant la construction d'une part et par
la nature de la circulation après la construction d'autre part. La hauteur d'un ouvrage de rete-
nue en influence la largeur en crête.

La crête d'un ouvrage qui sert de route publique doit être conçue selon les normes du ministère
des Transports. ,

Indépendamment des considérations de conception, les largeurs minimales indiquées ci-


dessous doivent être respectées pour assurer la sécurité.

Ouvrage de moins de 15 m de hauteur et circulation de véhicules 4,5 m


légers
Ouvrage de moins de 15 m de hauteur et circulation de véhicules 7,0 m
lourds
Ouvrage dont la crête constitue une route réservée au personnel 8,0m
d'Hydro-Québec
Ouvrage dont la crête constitue une route publique* 10,0m
Ouvrage situé dans une zone de sismicité 3 ou 4 augmentation de la largeur des grands
(référence 8.16) barrages6 de 30 %
A
Une surlargeur de 1,3 m de chaque côté de la crête du barrage est requise pour la glissière de sécurité.
B
Tel que défini dans le glossaire de la CIGB (ICOLD, 1978).

8.3.4 Cambrure
La cambrure d'un ouvrage de retenue sert à compenser pour les tassements anticipés. Elle est
estimée en fonction de sa hauteur (H), comme suit :

• 1 % H, pour un ouvrage à noyau de till fondé sur le roc ou la moraine ;

• tassement de la fondation calculée + 1 % H, pour un ouvrage à noyau de till fondé sur un


mort-terrain compressible.

page 8.4 Ouvrages de retenue en remblai


NOTES
I - Pour les injections du rocher
0
(voir figure F-4)
2- HS fst la hauteur de vague significative
3- Cette planche est lo reproduction du dessin
No 002 1-70040-544-01-A-PH-0
4- Coupes types 2 et 3:
La couche filtrante (2A) du parafouîtle pourrait J
FONDATION
être élargie pour obtenir une largeur horizontale TRANCHÉE PERMÉABLE
de 2.5m (épaisseur o 2.08m)
TOURBE ARGILE
5- Coupe type 4:
La pente aval peut avoir une inclinaison de
2.2$H:1V avec une berme ou dessus du
drain de pied

DÉTAIL "A"
TRANCHÉE DE BOUE

<BHGI>

GRANULAIRE 00 MORAINE (DENSE) GRANULAIRE OU MORAINE (DENSE)

BARRAGE OU DIGUE HOMOGÈNE FONDÉ SUR LE ROC


(TYPE 1)
VARIABLE 3 O 5:1 TOURBE ARGILE
I \
H TERRAIN NATUREL

GRANULAIRE OU MORAINE. PERMEABLE (DENSE)

TERRAIN NATUREL BARRAGE OU DIGUE HOMOGÈNE AVEC TAPIS AMONT ET'DRAIN DE PIED AVAL
(TYPE 4)

TOURBE ARGILE
(Voir toblcou) VARIABLE 3 O 5:1
•ERRA1N NATUREL
ZONE OE ROC À TRAITER

BARRAGE OU DIGUE HOMOGÈNE AVEC CLÉ AU ROC

(TYPE 2) /r^7f.'Jfi/7fa\ /./"..t.''-/./


\ / % & ^ s n&&stez&n'fy& '
•sîïï| '4t^WUfr$iifr. 0.5 J
GRANULAIRE OU MORAINE (DENSE)
<BH05>
MORAINE IMPERMEABLE (DENSE) ®
MORAINE IMPERMÉABLE (DENSE)

BARRAGE OU DIGUE HOMOGÈNE FONDÉ SUR MORAINE AVEC CLÉ DANS MORAINE IMPERMÉABLE

(TYPE 5)

TOURBE ARGILE

LÉGENDE:

(T) Moraine compactée, maximum 30cm.

(M) Moraine déversée ou compactée pour oataraeoui

(Ts) Moraine ou granulaire tout-venant, compacté

\2} Granulaire tout-venant compacté, maximum 30cm.


GRANULAIRE OU MORAINE. PERMEABLE (OENSE)
(2A) Granulaire traité, maximum 7.5cm compacté.

(^C) Granulaire traité, maximum 30cm compacté.

(3A) Enrochement traité, maximum 22.5cm. compacté.


(SI 8 < a < 15 VOIR DETAIL "A") ~
(3B) Enroch. tout-venant, mai. 1m (zone înt.) et 2m (zone ext.). compacté. ^Hydro
(S) Enrochement tout-venant déversé pour batardeoux V^V Québec
(_*) Enrochement sélectionné pour perré.
l \INJECTION OE RIDEAU
(VOIR TABLEAU) (*A) Enrochement sélectionné pour coussin de perré.
.. /
(5) Matériau tout-venant non -organique déversé et roulé,
BARRAGE OU DIGUE HOMOGÈNE FONDÉ SUR LE SOL PERMÉABLE (s) Couche de roulement, pierre concassée 2.8cm max. 15cm d'épaisseur
COUPES TYPES
AVEC COUPURE ËTANCHE BARRAGES ET DIGUES, HOMOGÈNES
(TYPE 3) Mo in< j COUPES TYPES 1, 2,. 3,- 4 ET '5
pp ™ -
•°'--°.' Granulaire.
« -«.O'*.

^ir->^: Granulaire ou moraine (dense)


Figure 8.1
ile
» ^
dS*- Tourt»
PLANCHE 1
NOTES
1 - Pouf les Injections du rochtr
(voir figure F-4)
2- Ha «st lo houteur d< vogue sîgnifîcolJve
J- Celte pionche est to reproduction du dessin
No 002l-7eQ*fl-5*5-ei-A-PH-e
*- Coupes types 2 et 3:
La couche filtrante (2A) du porofouiDe pourrait
être élargie pour ototwwr une largeur horizontale
de 2.5m (épaisseur = 2.98m) | 1

B<d<15 1.5 — — TRANCHÉE OE BOUE

AMONT AVAL FONDATION PERUÉABLE


!
U£rz3Jt)tz2JJli£^ gnyL-Xj^jL-^Jf

DÉTAIL "A"
TRANCHÉE DE BOUE

IOURBE
\ U^ <1?%
IL\ 2 ^^^ «"GUE w//;

AVAL

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN ENROCHEMENT FONDÉ SUR ROC


( TYPE 1 )

-7.5 ou 9

AMONT AVAL

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN ENROCHEMENT AVEC TAPIS AMONT ET DRAIN OE PIED AVAL

( TYPE 4 ) :

VARIABLE 3 à 5:1

| |I 5 GRANULAIRE OU MORAINE
—' 3 "— fDENSE)

INJECTIONS—JM/J-3M!ri- AMONT AVAL


(Voir tableau) >
—toNE OE ROCl—
À TRAITER

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN ENROCHEMENT AVEC CLË AU ROC

( TYPE 2 )

MORAINE IMPERMÉABLE (OENSE) 'Ài/

\~ 7.5 ou 9

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN ENROCHEMENT AVEC CLÉ DANS MORAINE IMPERMÉABLE


AMONT AVAL ( TYPE 5 )

LÉGENDE

Moraine compactée, maximum 38cm.


(TA) Moroifie déversée ou compacté* pour botordeoui

Moraine ou gronutaife tout-wenoot. compacté

Granulaire tout-venant compacté. ma»!mum JOcm.

Gronufoire traité, maximum 7.5cm compacté.

Granulaire traité, maximum 30cm compacté.

Enrocnement troîté. maximum 22.9cm. compacté.


QHydm
Enrocn. tout-venant, max. 1m (zone înt.) et 2m (zone ext.), compacté.
Québec
Cnrocnement tout-venant déversé pour ttatordtoux

Enrocnement sélectionné pour pcrré.

Cnrocnemcnt lélectîonné pour coussin de perré.

Uatériou tout-venont non -organique déversé et roulé.


COUPES TYPES
(fi) Couche de roulement, pierre concassée 2.3cm mai. 15cm d'épaisseur
j
- INJECTION oc. RIDEAU
(Voir tableau) Roc.
BARRAGES ET DIGUES EN ENROCHEMENT
Moroûie.

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN ENROCHEMENT FONDÉ SUR SOL PERMÉABLE Gronutoire ! Figure 8.2
Granulaire ou moraine (dense)
AVEC COUPURE ÉTANCHE
Argile

( TYPE 3 ) Touro*
PLANCHE
NOTES
1- Pour les injections «tu rocher
(«O» figure F-4)
2- Hs est la hauteur de vogue significative
3- Cttta planche est ta reproduction Ou dessin
No 6021 -70040-546-61 -A-PH-0
*- Coupes types 2 et 3:
Lo couche filtrante (2A) du parafouiUe pourrait
. être élargie pour obtenir une largeur horizontal
de 2.5m (épaisseur - 2.88m)

— TRANCHÉE DE BOUE

FONDATION PERUEABLE

AMONT AVAL

DÉTAIL "A"
TRANCHEE DE BOUE

AMONT AVAL

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN SABLE ET GRAVIER FONDÉ SUR LE ROC


( TYPE 1 )
TERRAIN NATUREL

r n/®
r—7.5 OU 9-M

l-Jî K^

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN SABLE ET GRAVIER AVEC TAPIS AMONT ET DRAIN DE PIED AVAL

( TYPE 4 ) !

AVAL

BARRAGE OU DIGUE ZONE EN SABLE ET GRAVIER AVEC CLÉ AU ROC

( TYPE 2 )

7.5 OU S

AMONT
C ^_ BARRAGE OU DIGUE ZONE EN SABLE ET GRAVIER AVEC CLÉ DANS MORAINE IMPERMÉABLE

( TYPE 5 )
AVAL

LÉGENDE:

Moraine compactée. mo»imum JQcm.


(j7) Moraine déversée ou compactée pour bataroeaux

(Te) Moraine ou gronuloîre tout-venant, compocté

Cronulaîre towt-vencnt compacté. mo»imum 39cm.

Granulaire traité, maiimum 7.5cm compocté.

Granulaire traité, maximum 30cm compacté.

GRANULAIRE OU MORAINE
PERMÉABLE (DENSE)
<3>13
(SI 8<d<13. VOIR DÉTAIL "A")
Enrocnement traité, maximum 22.5cm. compocté.
Hydro
PAROI UOUL£E
Ertroch. tout -venant, mai. tm (zone înt.) et 2m (zone cxt.). compacté.
Québec
0£ BÉTON' Enrochement tout'venont déversé pour batardeoux
(7) Enrochement sélectionné pour perré.

Cnrochement sélectionné pour coussin de perré.


INJECTIONS
(VOIR TABLEAU) Matériau tout-venant non-orgonique déversé et roulé.
COUPES TYPES
Couche de roulement, pierre concassée 2.8cm moi. 15cm d'épaisseur

Roc.
BARRAGES ET DIGUES.
Moraine.
EN SABLE ET: GRAVIER
Granulaire
BARRAGE OU DIGUE ZONE EN SABLE ET GRAVIER
Granulaire ou moraine (dense) Figure 8.3
FONDÉ SUR LE SOL PERMEABLE AVEC COUPURE ÉTANCHE
Argile
( TYPE 3 ) Tour&e
PLANCHE
BARRAGE OU DIGUE SUK ARGILE. CONSTRUCTION EN UNE PHASE

BARRAGE SUR ARGILE. CONSTRUCTION EN DEUX PHASES

NOTES
DIGUES DE REVANCHE
1 - Pour les injections du rocher
(voir figure F—4)
2- Cette plonche est la reproduction du dessin
No 0021-70040-547-01-A-PH-0.

LÉGENDE:

© Moroine compactée, maximum 30cm.


Moraine déversée ou compactée pour botardeaux DÏGUE DE REVANCHE
Moraine ou granulaire tout—venant, compacté
6
© Granulaire tout-venant compacté, maximum 30cm.

© Granulaire traité, maximum 7,5cm compacté.


Granulaire traité, maximum 30cm compacté.
Enrochement traité, maximum 22.5cm. compacté.
Enroch. tout-venant, max. 1m (zone int.) et 2m (zone ext.). compacté. TOURBE NON
TOURBE TASSÉE

Enrochement tout-venant déversé pour batardeaux


DIGUE DE REVANCHE SUR TOURBE
© Enrochement sélectionné pour perré.

Enrochement sélectionné pour coussin de perré.


<REV31>
QHydro
Québec
Matériau tout—venant non—organique déversé et roulé.
-2.5
Couche de roulement, pierre concassée 2.8cm max. 15cm d'épaisseur

Roc.
'COUPES TYPES, BARRAGE
Moroine. ET DIGUES SUR ARGILE,...
Granulaire DIGUES DE REVANCHE ET BATARDEAUX
Granulaire ou moraine (dense) | Figure 8.4
Argile
Tourbe BATARDEAU AVEC 'DEUX MASSIFS D'ENROCHEMENT
PLANCHE 4
LÉGENDE ;

(T) BÉTON BITUMINEUX

(T) GRANULAIRE 0-60 mm

(T) GRANULAIRE 9-200 mm

(4A) ENROCHEMENT 0-400 mm

(*B) ENROCHEMENT 0-800 mm

(?) ENROCHEMENT SÉLECTIONNÉ DE PROTECTION DE TALUS

(jT) ENROCHEMENT DE PROTECTION DE LA CRÊTE ET COUCHE DE ROULEMENT

1,4
1,0

BARRAGE EN ENROCHEMENT AVEC


NOYAU DE BETON BITUMINEUX AMONT

NIVEAU MAXIMUM DE LA RETENUE 398,68 m

300 _. AXE DU BARRAGE PRINCIPAL

f-24' -0"—-j BARRAGt AVEC NOYAU INCLINÉ

280
NIVEAU D'EAU MAX. EL. 277'-0"
f\ 280'-0"
EL. 285' -0"
T7
1
H
>^H
—L °-««--^ft. 279, EL. 277'-0"

260

240 . QHydn
0.
2
Québec

220
I
AUTRES COUPES TYPES
200
Figure 8.5
180 BARRAGE AVEC PAREMENT AMONT DE BÉTON
PLANCHE 5
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.3.5 Courbure
L'axe longitudinal d'un ouvrage de retenue en remblai est généralement droit. Dans certains
cas toutefois, il y a avantage à adopter une concavité dirigée vers l'amont ; le rayon de cour-
bure d'un ouvrage possédant une telle concavité peut être réduit à 400 m.

8.3.6 Inclinaison des pentes


L'inclinaison des pentes amont et aval d'un ouvrage de retenue en remblai est généralement
déterminée par les conditions de stabilité'401. Cependant, cette inclinaison peut être limitée par
d'autres considérations, comme le danger pour le personnel de circuler pendant la construction
de l'ouvrage ou de procéder aux activités de surveillance après la construction. Les pentes d'un
ouvrage de retenue en enrochement sont limités à 1,4H : 1,0V (cas des barrages en enroche-
ment avec masque amont de béton).
Étant donné la concentration possible des déplacements sismiques au voisinage de la crête, il
faut éviter le raidissement des pentes dans la partie supérieure d'un ouvrage de retenue, en
particulier s'il est situé dans une zone à forte séismicité.

8.3.7 Revanche
La revanche est l'écart entre le niveau de la crête d'un ouvrage de retenue, sans prise en
compte de la cambrure, et le niveau maximal d'exploitation du réservoir associé. Elle sert à
empêcher le déferlement des eaux par suite :

• de la surélévation du plan d'eau et de la remontée des vagues sur le talus ;

• d'un glissement de terrain ou d'un séisme générant des vagues dans le réservoir ;

• de tassements non considérés dans la cambrure ;

• de défauts de construction.

En absence d'autres arguments, les dispositions suivantes doivent être appliquées dans le cas
d'un grand ouvrage de retenue en remblai.

[40]
Ce sujet est traité à la rubrique 8.9.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• L'écart entre le niveau de la crête d'un ouvrage et le niveau maximal d'exploitation du réser-
voir associé est de 3 m ou de deux fois la hauteur significative de la vague (figure 8.6).
Une revanche de 3 m est souvent adoptée comme l'équivalent de surcharge verticale né-
cessaire pour empêcher le soulèvement du noyau et la formation de fissures horizontales
par suite de la formation de lentilles de glace dans un noyau composé de matériaux gélifs
et situé dans une région nordique. Cette valeur peut être diminuée à condition qu'une me-
sure particulière contre la pénétration du gel soit adoptée (isolation thermique par exemple).

• L'écart entre le niveau de la crête d'un ouvrage et le niveau maximal critique du réservoir
associé est de 1,5 m.

• L'écart entre le niveau de la crête de l'élément étanche d'un ouvrage et le niveau maximal
critique du réservoir associé est de 0,5 m.

Dans le cas d'un projet de moindre envergure, il est possible d'opter pour des dispositions diffé-
rentes à condition que les critères de performance soient respectés. L'envergure de la revan-
che peut donc varier selon les conditions considérées et les méthodes utilisées pour calculer
les divers éléments, ce qui permet de distinguer :

• la revanche normale, soit l'écart entre le niveau de la crête d'un ouvrage de retenue et le ni-
veau maximal normal d'exploitation du réservoir associé, sans prise en compte de la cam-
brure ;

• la revanche minimale, soit l'écart entre le niveau de la crête d'un ouvrage de retenue et le
niveau maximum exceptionnel atteint dans le réservoir lors du laminage de la crue de
conception, sans prise en compte de la cambrure.

En général, les éléments suivants influencent la détermination de la revanche :

• les crues (hydrographie, volume, débit de pointe, durée) ;

• les vents (vitesse, durée, direction, probabilité d'occurrence) ;

• la géométrie du réservoir ;

• la longueur effective du fetch ;

• le type d'étanchéité (matériaux naturels pulvérulents par rapport à matériaux solides) ;

• le type de protection des pentes ;

• la résistance à l'érosion de la crête ;

• la sismicité du site ;

• la capacité d'évacuation réduite, les défauts de fonctionnement des équipements électri-


ques, mécaniques et de contrôle des sources d'énergie ;

• les probabilités de glissements de terrain dans le réservoir ;

• les conséquences d'un déferlement ou d'une rupture de l'ouvrage en aval.

page 8.16 Ouvrages de retenue en remblai


LÉGENDE

1 - PENTE DU REMBLAI

2 - NIVEAU MAXIMAL D'EXPLOITATION

3 - SURCHARGE LORS DE LA CRUE DE PROJET

4 - SURÉLÉVATION DUE AU VENT ET EFFET DE SEICHE

5 - HAUTEUR MAXIMALE DE LA VAGUE

6 - HAUTEUR DE LA VAGUE DE CONCEPTION


1.25 H POUR LA CONCEPTION DU RIP-RAP
1,25 H POUR LA REVANCHE

7 - HAUTEUR SIGNIFICATIVE DE LA VAGUE (Hg)

8 - LONGUEUR DE LA VAGUE

9 - DÉFERLEMENT POUR LA VAGUE DE CONCEPTION

10 - DÉFERLEMENT POUR LA VAGUE MAXIMALE

11 - REVANCHE

"Figure 8.8

DÉFINITIONS RELATIVES AUX VAGUES


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La revanche normale et la revanche minimale se calculent de la façon suivante :

Revanche normale La condition la plus critique des deux combinaisons suivantes doit être
considérée :
• la hauteur et le déferlement des vagues générées par les vents
maximaux combinés au tassement du remblai et de sa fondation non
inclus dans la cambrure ;
• la hauteur et le déferlement des vagues générées par un glissement
ou un déplacement du volume du réservoir combinés au tassement
du remblai et de sa fondation non inclus dans la cambrure ainsi qu'au
tassement du remblai et de sa fondation sous l'effet d'un tremble-
ment de terre.
Revanche minimale La combinaison des éléments suivants, s'ils peuvent raisonnablement se
produire simultanément, doit être considérée :
• la hauteur et le déferlement des vagues générées par les vents
maximaux ;
• les effets de la défaillance des organes d'évacuation lors du passage
de la crue de conception ;
• le tassement du remblai et de sa fondation non inclus dans la cam-
brure ;
• la hauteur et le déferlement des vagues générées par un glissement
ou un déplacement du réservoir (seulement les glissements produits
par suite d'une augmentation importante du niveau des eaux lors du
passage de la crue de conception).

La hauteur et le déferlement des vagues doivent être calculés à l'aide des formules suivantes'411
(référence 8.32) :

141
' Ces formules, développées dans le cas d'une cambrure des vagues (c) d'environ 0,06 lors des tempêtes dont le
pourcentage de dépassement est fixé à 5%, restent valables.

page 8.18 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Su =1,6x105 x105 x(U2 F d )-d

R u = 3,5(cot(a))'1Hs sicot(a)> = 2,7

Ru = 1 ,95 ^ si cot(a)> = 2,7


(en admettant un dépassement des vagues de 5 % et une cambrure de la vague de 0,06)

'02 -271

Hmo =0,001917 F0'45 U1'353

ou
Rv = hauteur de la revanche (m)
Su = surélévation du plan d'eau due aux vents (m)
Ru = remontée des vagues sur le talus (m)
U = vitesse du vent (km/h)
Fd = fetch direct (km)
F = fetch (km)
d = profondeur d'eau moyenne le long du fetch (m)
c = cambrure de la vague
T = période de la vague (s)
Hs = hauteur significative de la vague (m)
=
Hmo Hs

a = angle de la pente du talus du rip rap (deg)


g = accélération de la gravité (9,81 m/s2)
T02 = période moyenne des vagues (s)

À moins de raisons particulières, il est recommandé de considérer une vague de conception


dont la hauteur minimale est de 1,0 m.
L'effet des vagues générées par un glissement de terrain dans le réservoir doit être pris en
considération.

Les tassements relatifs aux tremblements de terre doivent aussi être considérés dans les cas
d'un ouvrage situé dans les zones sismiques 3 et 4|42]. Une évaluation de l'importance de ces
tassements peut être réalisée et ajoutée à la revanche.

[42]
Ce sujet est traité à la rubrique 3.4.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Indépendamment du résultat des calculs, les valeurs minimales suivantes doivent être respec-
tées :

Fetch (km) Revanche normale (m) Revanche minimale (m)


<1,5 1,5 1,5
1,5 1,5 1,5
5,0-10,0 2,2 2,0
15,0 3,0 2,5

8.4 Formation des zones intérieures

8.4.1 Noyau
Le till, matériau imperméable généralement disponible au Québec à la suite du dernier épisode
glaciaire, est utilisé pour former le noyau d'un ouvrage de retenue. Puisqu'il a une teneur en silt
qui varie selon les sites et les dépôts, les limites d'acceptation se situent entre 15 et 60 % de
particules pour un tamis de 0,08 mm (figure 8.7) ; dans le cas d'un ouvrage de retenue homo-
gène, la limite inférieure peut être réduite à 12 %. Le till contient également une proportion va-
riable de cailloux et de blocs. Pour en faciliter la mise en place, la grosseur maximale des blocs
est limitée à 300 mm. En résumé, le till mis en place présente une granulométrie assez bien
étalée, ne comportant généralement que des traces de particules argileuses plus petites que
0,002 mm. Il s'agit donc d'un matériau peu cohésif, où le sable fin à grossier prédomine.
D'autres matériaux peuvent aussi être utilisés, soit :

• l'argile silteuse, à condition que sa teneur en eau ne soit pas trop élevée ;

• un mélange d'argile et de sable.

En l'absence de ces trois matériaux, le noyau peut être constitué d'un mur en béton ou de pal-
planches situé à l'intérieur de l'ouvrage, d'une dalle de béton couvrant la face amont, de béton
asphaltique compacté, de béton bitumineux compacté ou coulé à chaud.
Les dimensions d'un noyau constitué de matériaux naturels et imperméables sont les suivan-
tes :

• la largeur en crête minimale est de 3 m ;

• la base (à la hauteur de la fondation rocheuse) est égale à environ la moitié de la charge


d'eau pour un noyau vertical et au tiers de celle-ci pour un noyau incliné ;

• l'inclinaison dépend de la topographie des appuis et de la fondation rocheuse, de la pré-


sence d'une structure adjacente à l'ouvrage (évacuateur, prise d'eau) et d'autres considéra-
tions liées à la déformabilité relative des diverses zones du remblai.

page 8.20 Ouvrages de retenue en remblai


POURCENTAGE PASSANT

m.
o

1
o
z
c/i
o
(Q
C

o o'
z.

f t
2
o
c
m
c/)
O

z

n
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.4.2 Filtres et transitions


Placées de part et d'autre du noyau, les zones de filtre sont constituées, selon le type de
noyau, de sable ou d'un mélange de sable et gravier provenant de bancs d'emprunt générale-
ment situés à proximité de l'ouvrage de retenue. Dans le cas d'un ouvrage en enrochement, la
transition entre la zone de filtre et la zone d'enrochement est constituée de pierre concassée ou
de gravier grossier (figure 8.7). La granulométrie des matériaux relatifs aux filtres et aux transi-
tions suivent généralement les mêmes critères, soit ceux établis par Terzaghi pour les maté-
riaux filtrants :

f''tre <d85min base [[43]


di5 = diamètre obtenu sur la courbe granulométrique
auquel sont inférieurs 15 % en poids des parti-
cules
D15 = diamètre obtenu sur la courbe granulométrique
auquel sont inférieurs 15 % en poids des parti-
cules
DBS = diamètre obtenu sur la courbe granulométrique
auquel sont inférieurs 85 % en poids des parti-
cules

Le premier critère sert à éviter l'érosion du sol de base alors que le second tend à obtenir un
filtre suffisamment perméable. Si le premier critère doit absolument être respecté en aval du
noyau d'un ouvrage en enrochement, il n'est pas nécessaire de respecter le second à la lettre
puisque les zones de transition et d'enrochement en aval assurent inévitablement le drainage.
En amont du noyau d'un ouvrage en enrochement, il est possible d'outrepasser légèrement les
deux critères tout en conservant un niveau de sécurité adéquat, car les zones de filtre et de
transition n'y sont pas soumis à des gradients élevés.
L'expérience démontre qu'il faut ajouter d'autres critères pour empêcher l'érosion interne d'un
ouvrage et ainsi en assurer la sécurité. Pour un ouvrage à noyau de till, il est donc recomman-
dé de concevoir les zones de filtre et de transition en suivant les règles suivantes :

• la zone de filtre doit être conçue en utilisant la fraction du matériau constituant le noyau (till,
argile, mélange argile-sablé) passant le tamis de 5 mm ;

• pour assurer une bonne perméabilité de la zone de filtre, le pourcentage de particules pas-
sant le tamis de 0,08 mm ne doit pas excéder 5 % ;

• la courbe granulométrique de la zone de filtre doit être relativement parallèle à celle de la


matrice (fraction passant le tamis de 5 mm) du matériau constituant le noyau ;

[43]
Un rapport de 5 est aussi couramment accepté.

page 8.22 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• pour éviter la ségrégation durant la mise en place, la grosseur maximale des particules doit
être limitée à 75 mm pour la zone de filtre et à 150 mm pour la zone de transition, avec
quelques exceptions à 225 mm lorsque la zone de transition est large ou que le matériau
est peu sujet à la ségrégation ;

• les zones de filtre et de transition doivent être bien graduées, sans manque ni excès de
particules d'un diamètre donné.

Ce dernier critère, utilisé déjà depuis longtemps pour éviter l'instabilité du filtre lui-même sous
l'effet d'un certain débit sous pression, a été exprimé numériquement grâce aux expériences en
laboratoire de Kenney et Lau (référence 8.18 et référence 8.19). Ce critère est représenté par :

ou
H = F4D - FD, soit le pourcentage de particules
passant le diamètre équivalent à 4D moins le
pourcentage de particules passant le diamè-
tre D
F = pourcentage de particules passant le diamè-
tre D
D = Diamètre donné de la courbe granulométrique
choisi pour la vérification du critère

Sherard et Dunnigan (référence 8.31 ) recommandent aussi que la conception de la zone de fil-
tre soit réalisée en utilisant la granulométrie de la matrice du noyau, soit la fraction passant le
tamis de 5 mm. La conception de la zone de filtre dépend alors du pourcentage de particules
de la matrice qui passent le tamis de 0,08 mm, comme suit :

D15 filtre = 0,7 mm


(si le pourcentage passant 0,08 mm de la matrice du noyau est entre 40 et 80)

D15 filtre ^ —-—- -0,7mm)+0,7mm


40 — 15
(si le pourcentage passant 0,08 mm de la matrice du noyau est entre 15 et 40)

= pourcentage passant le tamis de 0,08 mm
= dss de la matrice du noyau

Pour un ouvrage à noyau en argile, un sable comportant la granulométrie du sable à béton est
généralement acceptable comme filtre. Pour les argiles du Québec, Chapuis (référence 8.7) re-
commande que la conception de la zone de filtre respecte la règle D15 filtre = 0,2 mm.

La zone de filtre en amont du noyau doit également être composée de matériaux naturels afin
de faciliter le remplissage et le colmatage des fissures qui pourraient se développer dans le
noyau. La largeur des zones de filtre et de transition est minimale en crête, soit 2,5 m, et elle
augmente légèrement avec la profondeur, selon la disponibilité des matériaux.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.23


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.4.3 Drains internes


Les ouvrages de retenue comportent un drain dont le rôle est d'intercepter l'eau d'infiltration qui
traverse le noyau. Légèrement incliné vers l'aval, il communique avec le drain du parafouille
central et le tapis drainant aval. En plus de filtrer les particules fines des matériaux adjacents,
ce drain doit contenir suffisamment de vides pour laisser s'écouler librement et rapidement les
eaux d'infiltration. Le matériau constituant les drains doit donc respecter tous les critères qui
s'appliquent à la conception d'une zone de filtre.
Le tapis drainant est généralement incorporé sous la recharge aval des ouvrages pour soulager-
les sous-pressions éventuelles et drainer les infiltrations vers le pied aval. Afin d'éviter toute
sous-pression sous la recharge aval, le tapis drainant comprend souvent une zone centrale
plus perméable que le matériau filtrant qui l'entoure. Cette zone est parfois remplacée par des
langues drainantes (ou antennes de drainage) lorsque le matériau qui la constitue est coûteux.
De plus, un drain de pied en aval est généralement prévu quel que soit le type de remblai ou de
fondation pour concentrer les fuites vers un fossé de décharge où elles peuvent être mesurées
par un déversoir de jaugeage. Dans les régions nordiques, il est important de protéger le drain
de pied aval contre le gel.

8.4.4 Recharges
La dimension maximale des fragments de roc utilisés pour les ouvrages de retenue en enro-
chement est de 1 m dans la zone interne des recharges (cette zone est définie par la face exté-
rieure de la zone de transition et par une ligne théorique inclinée à 45e et tracée à partir de l'ex-
trémité de la crête) ; elle est de 2 m dans la zone externe des recharges qui est comprise entre
la ligne théorique et le talus extérieur. Ces dimensions correspondent aussi aux épaisseurs
maximales de couche autorisées lors de la mise en place des matériaux dans ces zones.
Dans le cas de recharges en sable et gravier, les matériaux les plus grossiers sont générale-
ment réservés aux zones externes. Ces matériaux ne doivent cependant pas dépasser 30 cm,
soit les deux tiers de l'épaisseur des couches.

8.5 Protection des talus


La partie supérieure du talus amont d'un ouvrage de retenue en terre et en enrochement doit
être protégé contre l'effet des vagues. La zone à protéger s'étend du niveau de la crête, après
rehaussement par la cambrure longitudinale, jusqu'à une distance égale à deux fois la hauteur
de la vague de conception sous le niveau minimal d'exploitation du réservoir associé. Cette
protection est constituée d'un enrochement sélectionné à granulométrie uniforme (appelé riprap
ou perré) placé mécaniquement de manière à obtenir une bonne imbrication des blocs. L'enro-
chement déversé ou tout-venant n'est pas acceptable, même s'il s'agit de faibles sollicitations.
L'épaisseur de la couche de protection doit être d'au moins 2,5 fois le diamètre minimal de l'en-
rochement de protection.

page 8.24 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Un coussin agissant comme transition sous la couche de protection amont doit être prévu, sauf
si le matériau de recharge ou de transition à protéger est un enrochement de grosseur adé-
quate.
La conception du perré se fait en considérant une vitesse de vent de conception ayant une pro-
babilité de dépassement de 5 % en 50 ans, soit une fois en 1 000 ans (référence 8.32). La
hauteur de la vague de conception doit être égale à la hauteur significative de la vague corres-
pondant au vent de conception qui est déterminée pour calculer la revanche (figure 8.6).
La détermination du fetch est très importante, car celui-ci a une grande influence sur la masse
des pierres du perré et par conséquent sur leurs dimensions. Une version modifiée de la mé-
thode de Saville a été retenue pour calculer le fetch effectif qui couvre 1809 devant l'ouvrage.
La hauteur significative de la vague se calcule en utilisant la valeur du fetch effectif et la vitesse
du vent sur l'eau. La masse minimale du perré est déterminée en fonction de la hauteur signifi-
cative de la vague par la formule suivante :

Pr
Mmin =
K(Sr-l)3(cota)

ou
Mmin masse minimale (kg)
pr = masse volumique du roc (kg/m3)
pw = masse volumique de l'eau (kg/m3)
Sr = densité relative du roc (pr -=- pw)
Hs = hauteur significative de la vague = Hmo (m)
H™ = H. (m)
K = coefficient expérimental de stabilité, soit 3,5
pour un degré de dommages acceptable (cas
d'Hydro-Québec) ou 1,75 pour une absence
de dommages acceptable
cot a = pente du talus (horizontal/vertical)

Pour le talus amont, il est recommandé d'adopter une pente de 1,8H : 1V lorsque la hauteur si-
gnificative de la vague est supérieure à 1,5 m. Dans le cas contraire, une pente plus raide peut
être adoptée.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.25


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La masse maximale (Mmax) du perré ne doit pas excéder 3 Mmin (Mmax ^ 3Mmin) pour que la gra-
nulométrie soit uniforme. En utilisant un coefficient de forme de 0,60 pour les pierres, il est en-
suite possible d'en déterminer les dimensions minimale et maximale (Dmax) équivalentes à aux
masses minimale et .maximale par la formule suivante :

M
D= (m)
Pr

ou
M = masse du perré (kg)
Cf = coefficient de forme

La hauteur significative de la vague et les dimensions minimale et maximale du perré peuvent


être déterminées rapidement à l'aide des règles suivantes :

'max = 1,4Dmin

D min =0,4Mmax

-0,4

ou
Hs = hauteur significative de la vague (m)
F = la plus grande longueur d'eau libre représen-
tative (sans obstruction majeure) devant l'ou-
vrage (km)
Dmin = dimension minimale du perré (m)
Dmax = dimension maximale du perré (m)
Mmax masse maximale du perré (kg)
dc = épaisseur de la couche de perré (m)

page 8.26 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le tableau 8:1 montre la dimension et la masse minimales du perré pour un vent sur l'eau de
100km/h.

Tableau 8.1 : Conception du perré pour un vent sur l'eau de 100 km/h
Hauteur Ouvrage en enrochement Ouvrage en terre
Fetch effectif significative (pentede1,8H : 1V) (pente de 2,51-1 : 1V)
(km) de la vague
(m) Mmm (kg) Dmln (m) Mmm (kg) Dmm (m)

0,5 0,71 31 0,27 22 0,24


1 0,97 80 0,37 57 0,33
2,5 1,47 277 0,56 200 0,50
5 2,00 698 0,76 502 0,68
7,5 2,41 1 221 0,91 879 0,82
10 2,75 1 814 1,04 1 306 0,93
12,5 3,04 2451 1,15 1 765 1,03
15 3,30 3135 1,25 2257 1,12

Une pierre est caractérisée par trois dimensions principales, soit la longueur, la largeur et la
hauteur, associées à celles des arêtes intérieures d'une boîte parallélépipède pouvant contenir
la pierre.

Dans les devis, les pierres sont spécifiées par la plus petite (dmin) et la plus grande (dmax) des
trois dimensions principales. La longueur, la largeur et la hauteur des pierres ne doivent être ni
inférieures à la plus petite dimension spécifiée, ni supérieures à la plus grande dimension spé-
cifiée. Le principe généralement retenu pour définir la plus petite dimension est de retrancher
un maximum de 0,1 m de la dimension minimale. La plus grande dimension spécifiée est trois
fois plus grande que la dimension minimale, soit dmin(dmax = 3 dmin), mais elle est limitée à 2 m.

Pour limiter les pierres à dés grosseurs raisonnables, un volume maximal est également spéci-
fié. Ce volume se détermine en calculant le volume équivalent à cinq fois la masse minimale ou
au diamètre, soit la moyenne des dimensions minimale et maximale. Le perré obtenu sur les
chantiers est un peu plus étalé que celui a été spécifié (le rapport entre les masses Mas et M15
varie généralement entre 3 et 5).

Le talus aval d'un ouvrage homogène ou en sable et gravier doit être protégé contre l'érosion
associée au ruissellement de surface. À cet effet, une pente de drainage doit être prévue en
crête pour diriger l'écoulement vers l'amont et ainsi éviter la formation de sillons d'érosion. La
couche de protection aval est constituée de matériaux granulaires grossiers naturels ou d'enro-
chement concassé.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.27


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.6 Mise en place des matériaux


La mise en place des matériaux s'effectue en couches successives, dont l'épaisseur et le mode
de compactage sont présentés au tableau 8.2. Ce processus de mise en place, qui est essen-
tiellement celui utilisé pour construire les ouvrages à la baie James, est susceptible de fournir
un massif de remblai dont les matériaux sont suffisamment denses pour en assurer la stabilité
lorsque l'ouvrage sera en fonction.

Le degré de compactage recherché en utilisant le processus de mise en place spécifié (devis


de performance) est de 95 à 97 %, soit celui obtenu par une densité équivalant entre 95 et
97 % de la densité maximale de l'essai Proctor standard pour le till (noyau ou recharge). Le
compactage recherché pour les recharges en sables et graviers est un indice de densité de
70 %. Dans le cas du till, ce résultat peut être obtenu facilement si sa teneur en eau lors de la
mise en place est comprise entre l'optimum Proctor moins 1 % et plus 2 %. Comme on observe
un début d'instabilité à la surface du till à une teneur en eau dépassant l'optimum plus 2 %, des
ornières n'excédant pas 150 mm de profondeur y sont alors tolérées.

Au contact d'un appui rocheux, de la fondation rocheuse et aux îlots de protection des instru-
ments, l'épaisseur des couches de till doit être réduite à 150 mm. Le matériau utilisé à ces en-
droits particuliers doit être plus fin (dimension maximale de 100 mm) et plus humide, avec une
teneur en eau minimale supérieure à l'optimum plus 1 %, de façon à faciliter sa mise en place
et à lui donner une consistance plus plastique.

Une attention particulière doit être apportée au compactage des îlots d'instrumentation afin
d'éviter la formation de trous ou cônes d'affaissements pendant, ou après, la mise à eau du ré-
servoir qui aura pour effet l'effondrement (densification par mouillage) de ces zones de maté-
riaux lâches.

Pour le filtre d'un barrage zone ou le drain-cheminée d'une digue homogène, le compactage
recherché est un indice de densité de 60 %. L'indice de densité requis est plus faible que dans
le cas des recharges afin d'éviter un effet de voûte et la fracturation hydraulique dans le noyau.

Tableau 8.2 : Compactage des matériaux


Matériau Zone Épaisseur (m) Type de rouleau Nombre de pertuis
Enrochement 1 m max. Recharge 1 Vibrant 9 1 ou équi- 4
intérieure valent
Enrochement 2 m max. Recharge 2 Vibrant 9 1 ou équi- 4
extérieure valent
Sable & gravier tout- Recharge 0,45 Vibrant 9 1 ou équi- 3
venant 300 mm max. valent
Pierre concassée Transition 0,45 Vibrant 9t ou équi- 3
valent
Sable et gravier Filtre et 0,45 Vibrant 5,4 1 ou 3
drain équivalent
Till Noyau et ta- 0,45 Pneumatique 50 1 4
pis ou équivalent

page 8.28 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7 Traitement des fondations


/

Les barrages en remblai peuvent être mis en place sur le terrain meuble, le socle rocheux ou
une combinaison des deux. Les objectifs et l'approche utilisée pour le traitement d'une fonda-
tion sur mort-terrain sont différents de ceux d'une fondation sur roc. Pour cette raison, chaque
type de traitement de fondation est présenté séparément dans les rubriques suivantes.
Pour un barrage dont les fondations sont composées de mort-terrain et de roc, on doit prévoir
une zone de transition entre ces différentes fondations. La nature de cette transition dépend,
d'une part, du type de barrage à construire et, d'autre part, du type de mort-terrain en place.
Chaque projet doit faire l'objet d'une analyse spécifique.

8.7.1 Mort-terrain

8.7.1.1 Généralités
Pour les barrages en remblai, les principaux objectifs visés par la préparation et le traitement
des fondations sont les suivants :

• s'assurer que les fondations et les appuis sont stables pour toutes les conditions de char-
gement pendant la construction et lors de l'exploitation dé la retenue ;
Des problèmes de stabilité des fondations pourraient survenir à cause de plusieurs facteurs,
soit la présence d'une mince couche sous-jacente ayant peu de résistance au cisaillement,
des tassements ou des déformations excessives sous la charge du barrage, l'accumulation
de pression interstitielle au pied aval du barrage ou la liquéfaction sous une charge sismi-
que.

• s'assurer que l'infiltration au travers de la fondation et des appuis est contrôlée afin de mi-
nimiser les sous-pressions ;

• éviter les phénomènes de boulance ou de renard (formation de cavités par érosion interne
du sol) ;

• empêcher le sapement ;

• minimiser les pertes d'eau provenant du réservoir.

Les rubriques suivantes décrivent les méthodes utilisées pour assurer la stabilité et le contrôle
des infiltrations.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.29


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.1.2 Traitement des fondations


Les paramètres suivants influencent le choix de la méthode utilisée pour le traitement de la
fondation en fonction des critères de résistance et de stabilité recherchés :

• types de sol et granulométrie ;

• présence, répartition et types de cailloux ;

• épaisseur et répartition des diverses couches de sol ;

• densité et résistance obtenues par les essais in situ de pénétration standard ;

• densité et résistance obtenues par les essais in situ au cône de pénétration ;

• compressibilité des diverses couches ;

• perméabilité des diverses couches ;

• profondeur de la nappe phréatique ;

• nature et relief du roc sous-jacent ;

• caractéristiques séismiques du site ;

• hauteur du barrage ;

• charge hydraulique ;

• disponibilité des équipements requis ;

• temps disponible ;

• intensité et durée des crues ;

• besoins en dérivation ;

• contraintes environnementales, si applicables ;

• optimisation des coûts.

La granulométrie des matériaux de fondation est le facteur le plus important pour déterminer le
choix de la méthode à utiliser pour obtenir le meilleur traitement. Le tableau 8.3 présente les
différentes méthodes d'amélioration des sols à utiliser en fonction de la nature du sol.

page 8.30 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le traitement d'une fondation de mort-terrain peut nécessiter une ou plusieurs des méthodes
de traitement décrites ci-après :

• excavation et remblayage ;
Les matériaux lâches, de faible résistance ou de mauvaise qualité doivent, en général, être
enlevés puis remplacés par un remblai adéquat compacté. Il est possible d'utiliser cette
méthode lorsque la profondeur du matériau à enlever est limitée. Cette méthode suppose la
disposition des matériaux dans une aire de rebuts désignée et dûment autorisée qui ne de-
vrait pas engendrer d'impacts environnementaux. L'emplacement le plus approprié serait à
l'intérieur des limites du réservoir. Ceci peut requérir la construction de routes additionnelles
pour effectuer cette opération.

• compactage de surface par rouleaux vibrants ;


Cette méthode est utilisée pour les sols pulvérulents. L'influence du traitement peut attein-
dre une profondeur maximale d'environ 2 à 3 m. Les coûts associés à cette méthode sont
faibles.

• pré-chargement ;
Avant de mettre en place le barrage en remblai, on comprime les sols lâches ou compressi-
bles de fondation en les pré-chargeant. Cette méthode est appropriée pour les argiles et les
silts normalement consolidés. Des drains verticaux (synthétiques ou en sable) peuvent être
installés sous la pré-charge afin d'accélérer la consolidation du sol et de procéder rapide-
ment à construction de l'ouvrage. La surveillance de l'ouvrage est assurée par la mesure du
tassement et de la pression interstitielle. La construction par étape d'un barrage en remblai
peut aussi être utilisée sur des fondations argileuses et silteuses. Cette méthode entraîne
des délais supplémentaires parce que la consolidation du sol doit être terminée avant que la
construction du barrage puisse se poursuivre.

• compactage dynamique ;
Le compactage dynamique (pilonnage lourd) peut être utilisé pour une variété de sols tel
que montré au tableau 8.3. Cette méthode consiste à laisser tomber un poids de 10 à 401,
d'une hauteur de 15 à 40 m, sur des points de la surface de fondation espacés de 5 à 10 m
entre eux. Des essais sont réalisés pour déterminer le quadrillage optimum. Avant et après
les travaux, des essais in situ sont requis afin de confirmer les résultats. Cette méthode est
efficace jusqu'à une profondeur de 15 m.

• vibro-compactage ;
Le vibro-compactage consiste à provoquer une vibration entretenue par une pointe vibrante
insérée dans le sol. Sous l'effet de la vibration, le sol est densifié et un cône d'affaissement
est créé à la surface du sol. L'affaissement ainsi créé est comblé par des matériaux granu-
laires déversés depuis la surface. Cette méthode est ordinairement utilisée dans les sols
sableux, jusqu'à une profondeur dépassant 30m. Elle est particulièrement efficace dans
des sols sableux contenant moins de 15 à 20 % de silt.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.31


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Des densités relatives supérieures à 70 % sont habituellement spécifiées comme exigence


afin de minimiser le risque de liquéfaction dans des endroits où les sollicitations sismiques
sont modérées à élevées. La densification des sols peut être exécutée sous l'eau. Des
conditions saturées faciliteront le compactage tout en réduisant l'énergie requise pour pro-
duire la densification. Quelques essais préliminaires devraient être réalisés afin d'établir le
meilleur espacement du quadrillage. La densité in situ du sol devrait être mesurée pour
confirmer les résultats.

vibro-remplacement ou colonnes ballastées ;


Pour cette méthode, des trous sont forés dans le dépôt de sol en utilisant un jet d'eau ou
d'air sous pression et remblayés avec du gros gravier ou de la pierre concassée densément
compacté. Cette méthode est utilisée pour les argiles et les dépôts alluvionnaires. La pro-
fondeur maximale de traitement peut dépasser 30 m.

densification par explosifs ;


Cette technique utilise les ondes de choc causées par des explosifs pour réarranger la
structure originale des particules du sol. Elle consiste à forer des trous, installer des tubes
de PVC, mettre les charges explosives à différents niveaux et procéder au sautage simulta-
né par groupe de trois à quatre trous. Les séquences de sautage s'échelonnent du bas vers
le haut, de sorte que la liquéfaction des couches inférieures permette l'effondrement des
couches supérieures du dépôt, créant ainsi le tassement souhaité. Cette méthode efficace
peut atteindre de grandes profondeurs. Elle a déjà été utilisée avec succès à des profon-
deurs atteignant 40 m.

vibroflottation.
Cette technique consiste à foncer un vibreur dans le sol à compacter et à y injecter de l'eau
simultanément. Au voisinage du vibreur, le sol est saturé et mis en suspension par les vi-
brations. Le compactage du sol s'accompagne par la formation d'un cône d'affaissement à
la surface du sol, tout autour de la colonne du vibreur. L'affaissement ainsi créé est comblé
par des matériaux d'apport.

page 8.32 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.3 : Caractéristiques et particularités des méthodes d'amélioration des fondations pour les barrage en remblai
sur mort-terrain
Conditions Profondeur Dimension
Matériaux Équipement Propriétés Avantages spéciaux
ou types de maximale économique Coût
Méthode Principe spéciaux spécial re- du matériel et limites d'appli-
sol le plus de traite- de la zone relatif
requis quis traité cation
approprié ment (m) traitée (m2)
Excavation et Excavation du sol Argile molle 3-4 Faible Remblai Excavation Résistance Par rapport aux autres Élevé
remblayage impropre remplacé et silt de bonne et compac- améliorée et méthodes, donne de
par du remblai qualité tage réduction de meilleurs résultats.
compacté la compres-
sibilité Idéal au-dessus de la
nappe phréatique, si-
non assèchement re-
quis.
Besoin d'une aire de
rebuts sans impact en-
vironnemental.
Compactage Densification par vi- Sols pulvé- 2 Sans limite Aucun Rouleaux vi- On peut at- Meilleure méthode Faible
de surface par bration, tassements rulents brants teindre une pour couches minces à
rouleaux- induits par la vibra- densité rela- traiter.
vibrants tion des rouleaux tive très éle-
vée

Ouvrages de retenue en remblai page 8.33


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.3 : Caractéristiques et particularités des méthodes d'amélioration des fondations pour les barrage en remblai
sur mort-terrain (suite)
Conditions Profondeur Dimension
Matériaux Équipement Propriétés Avantages spéciaux
ou types de maximale économique Coût
Méthode Principe spéciaux spécial re- du matériau et limites d'appli-
sol le plus de traite- de la zone relatif
requis quis traité cation
approprié ment (m) traitée (m2)
Pré-charge La charge est appli- Argile molle, Proportion- >000 Terre ou Équipement Réduction Facile, théorie bien Faible
quée suffisamment silt, dépôts nelle à la autre ma- de terrasse- de la teneur connue, uniformité.
organiques, largeur de tériau pour ment et en eau et de (moyen
longtemps avant la
construction de ma- sites la pré- charger le système de l'indice des Nécessite longue du- si drains
nière à terminer la d'enfouisse charge site; sable drainage vides rée (drains de sable ou verticaux
consolidation du sol ment sani- ou gravier parfois utili- synthétiques peuvent sont uti-
avant les travaux taire pour tapis sé, repères être utilisées pour ré- lisés)
de drai- de tasse- duire le temps de
nage ment, pié- consolidation).
zomètres Nécessite le suivi du
tassement et des dé-
pressions par
l'observation des ins-
truments installés.

page 8.34 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.3 : Caractéristiques et particularités des méthodes d'amélioration des fondations pour les barrage en remblai
sur mort-terrain (suite)
Conditions Profondeur Dimension
Matériaux Équipement Propriétés Avantages spéciaux
ou types de maximale économique Coût
Méthode Principe spéciaux spécial re- du matériau et limites d'appli-
sol le plus de traite- de la zone relatif
requis quis traité cation
approprié ment (m) traitée (m2)
Compactage Application répétée Sols pulvé- 15 >5000 Remblai Poids de 10 Peut attein- Simple, rapide, appro- Modéré
dynamique d'impacts de haute rulents, tout- à 40 tonnes, dre de gran- priée pour sols avec à élevé
(pilonnage intensité sur la sur- d'autres ty- venant grue de des densités particules fines, appli- . (sembla-
lourd) face traitée pes de sol granulaire grande ca- relatives, cable au-dessus et en ble à vi-
peuvent pour le pacité uniformité dessous de la nappe bro-com-
aussi être comble- acceptable phréatique. pactage)
améliorés ment des
dépres- Nécessite des contrô-
sions in- les à distance de
duites par structures existantes.
le pilo- Rendement réduit si
nage utilisée sous l'eau ou si
un tapis granulaire est
requis.
Vibro- Densification par vi- Sols non 40 >1 500 Remblai Grue, vibra- Peut attein- Utile en milieu saturé Modéré
compactage bration et compac- cohésifs granulaire teur dre une ou semi-saturé, résul- à élevé
tage du matériel de avec moins densité rela- tats uniformes, tests
Vibro-flottation remblai de 20 % de tive élevée, requis pour confirmer
particules fi- bonne uni- les résultats. La pré-
nes formité sence de cailloux pro-
voque des effets ad-
verses.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.35


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.3 : Caractéristiques et particularités des méthodes d'amélioration des fondations pour les barrage en remblai
sur mort-terrain (suite)
Conditions Profondeur Dimension
Matériaux Équipement Propriétés Avantages spéciaux
ou types de maximale économique Coût
Méthode Principe spéciaux spécial re- du matériau et limites d'appli-
sol le plus de traite- de la zone relatif
requis quis traité cation
approprié ment (m) traitée (m2)
Vibro- Trou foré par jet ou Argiles mol- 40 >1 500 Remblai Grue, vibra- Tassement Plus rapide que la pré- Modéré
remplacement vibrateur et rem- les non sen- de gravier teur, eau réduit charge, élimine la né- à élevé
blayé par du gravier sibles et dé- ou pierre cessité d'assèchement
(colonnes compacté pôts allu- concassée ainsi que les aires de
ballastées)
k^«tllt««4AAA\
vionnaires rejet.
Les résultats sont
moins bons qu'avec la
méthode par vibro-
compactage.
Compactage Ondes de chocs et Sable pro- >40 Petites surfa- Explosifs, Foreuse au Peut attein- Rapide, peu coûteuse Faible
par explosifs vibration produisant pre, saturé, ces remblai jet, à per- dre une pour petites surfaces,
la liquéfaction, le sable ou silt pour col- cussion ou densité rela- résultats variables,
déplacement et une partiellement mater les rotation tive de 70 à inefficace près de la
structure plus dense saturé après trous de 80%; den- surface, dangereux, les
inondation forage sité peut va- résultats doivent être
rier confirmés par des es-
sais in situ.

page 8.36 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.1.3 Contrôle des infiltrations

Les fondations d'un barrage ayant une perméabilité de 1 x 10'5 cm/s ou moins sont considérées
comme étant imperméables. Un matériau contenant un minimum de 15% de particules fines
inférieures à 0,08 mm et de compacité dense à compacte est aussi considéré imperméable.
Selon le degré de perméabilité de la fondation, les critères suivants doivent être satisfaits :

• il ne doit y avoir aucun mouvement des particules fines ;

• le coefficient de sécurité sur le gradient de sortie doit être égal à ou plus grand que 3,0 ;

• le coefficient de sécurité contre le soulèvement doit être égal à ou plus grand que 1,5.

Des mesures pour contrôler les infiltrations sont requises si la perméabilité de la fondation est
plus grande que 1 x 10"5 cm/s. Les mesures à prendre dépendront des éléments suivants :

• le type de mort-terrain ;

• le degré d'étanchéité (imperméabilité) souhaité ;

• la profondeur des couches perméables de fondation à traiter ;

• la présence de gravier, de cailloux et de blocs ;

• la largeur et la forme de la vallée ;

• la forme et le relief du roc sous-jacent ;

• les caractéristiques du socle rocheux ;

• la hauteur du barrage ;

• la charge hydraulique ;

• la rentabilité.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.37


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les méthodes suivantes sont généralement utilisées pour contrôler l'infiltration à travers le
mort-terrain (un sommaire comparatif des différentes méthodes est présenté au tableau 8.4) :

• tapis imperméable amont ;


Un tapis imperméable amont est utilisé pour augmenter la longueur du chemin de percola-
tion et ainsi réduire les sous-pressions. Il est normalement utilisé lorsque la sous-couche de
matériau perméable est épaisse ou difficile à pénétrer. La longueur du tapis depuis le pied
amont du noyau est généralement de 10 à 15 fois la charge hydraulique, alors que son
épaisseur au point de départ amont est de 1 0 % de la charge. Le tapis amont est accompa-
gné d'une berme servant de recharge du pied aval et se terminant dans un puits de décom-
pression. Puisque le tapis n'est pas complètement étanche, des infiltrations sont à prévoir.
Des piézomètres doivent donc être installés au pied aval du barrage pour mesurer les pres-
sions et un seuil déversant doit permettre de mesurer les débits de fuite. Dans le cas où la
formation de sol est hétérogène et très perméable, il est requis de recourir à des études
' détaillées de l'écoulement. Cette méthode de traitement s'applique davantage aux fonda-
tions constituées de sols semi-perméables ayant des coefficients de perméabilité de l'ordre

coupure étanche totale ;


Plusieurs solutions comprennent une coupure étanche sous le noyau. Le choix des types
d'écran d'étanchéité s'établit à partir des critères suivants :
• parafouille ;
Lorsque l'épaisseur de mort-terrain perméable situé sous la base du noyau ne dépasse
pas 8 m, il est suffisant d'opter pour une tranchée remplie de matériau imperméable,
souvent combinée à un drain interne le long de la partie aval du parafouille. La largeur
de la tranchée au contact avec l'horizon étanche de la fondation est généralement égale
au tiers de la charge hydraulique, avec un minimum de 3 m. Pour des profondeurs su-
périeures à 8 m, on doit considérer le comportement du barrage, les techniques de
construction et les coûts avant de choisir cette solution.
Dans le cas où le socle rocheux est peu profond et lorsqu'il existe un manque
d'informations sur la nature du sol de fondation, le parafouille d'étanchéité est prolongé
jusqu'au roc. La largeur du contact du matériau imperméable sur sa fondation rocheuse
doit être égale au tiers de la charge hydraulique (3 m au minimum) pour un barrage
homogène et à la moitié de cette charge pour un barrage zone. Dans ce dernier cas,
cette exigence correspond à asseoir directement sur le roc traité, la pleine largeur du
noyau et du filtre aval.
• tranchée de boue ;
Pour une profondeur d'écran comprise entre 8 et 30 m et lorsque les concentrations de
cailloux et blocs dans le massif perméable sont faibles, la tranchée à la boue de bento-
nite constitue une solution économique. La largeur de la tranchée est de 1 ,5 m pour
toute charge hydraulique égale ou inférieure à 1 5 m ; dans le cas d'une charge hydrau-
lique supérieure à 15m, la largeur est augmentée proportionnellement de 1 m pour
chaque tranche de charge additionnelle de 10 m. L'excavation est effectuée et stabilisée
au moyen d'une boue de bentonite, laquelle est remplacée par un mélange de bentonite
et de moraine.

page 8.38 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• paroi de ciment-bentonite ;
Une tranchée d'une largeur suffisante de 0,6 m est excavée et comblée au fur et à me-
sure par une boue de ciment-bentonite qui, une fois solidifiée, forme l'écran étanche.
Dans le cas d'une charge supérieure à 15 m agissant sur des sols relativement com-
pressibles ou dans une zone de sismicité élevée, une attention particulière doit alors
être apportée à la conception du mur écran. La paroi de ciment-bentonite peut s'avérer
plus économique que la tranchée de boue en raison de l'installation et de l'espace im-
portants requis par cette dernière.
• paroi moulée.
La paroi moulée, constituée de panneaux jointifs en béton coulé en place, est utilisée
pour contrôler l'écoulement dans une fondation profonde constituée de sable et gravier
très perméable. La largeur de la paroi est de 0,6 m. Les panneaux, d'une longueur en
crête d'environ 7 m, sont ancrés dans le roc ou la moraine imperméable sur une profon-
deur de 0,3 et 1,5 m respectivement. Dans le cas d'une fondation très profonde consti-
tuée de matériaux très grossiers, des pieux jointifs ou sécants sont requis. L'utilisation
de béton plastique comme matériau de remplissage peut être spécifiée comme solution
de rechange au béton conventionnel. Comme pour la tranchée de boue, une attention
spéciale doit être apportée aux barrages plus hauts, ou lorsque le sol est peu compact
ou que la sismicité du site est plus élevée.

rideau d'injection ;
Le rideau d'injection est aussi utilisé pour contrôler les infiltrations. Le rideau peut être for-
mé d'injections de coulis de ciment ou d'injections pour le traitement des graviers, ou par la
méthode des tubes à manchettes dans le cas des sables avec un coulis de produits chimi-
ques (silicates, lignosulfites, acrylamides, acrylates ou polyuréthane, etc.).
Pour des résultats de qualité, des essais de vérification doivent être conduits pendant les
travaux pour s'assurer de leur efficacité.

injection à haute énergie.


Pour le traitement des sables et graviers, incluant des blocs en profondeur, l'injection à
haute énergie (« jet grout ») peut aussi être utilisée. Un tubage introduit dans le sol injecte
de l'eau qui liquéfie le sol en place et le mélange à un coulis de ciment injecté. Une épais-
seur de 1,0 m est suffisante pour des profondeurs allant jusqu'à 20 m, alors qu'un double
mur est utilisé pour de plus grandes profondeurs.

8.7.1.4 Traitement spécifique des sols

8.7.1.4.1 Sol morainique

L'expression « sol morainique » utilisée dans cette rubrique est plus générique que le mot
« till » qui est un matériau à granulométrie mieux définie. Le sol morainique est aussi un sol
constitué de matériaux denses mais qui peuvent être perméables particulièrement près de la
surface.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.39


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tous les matériaux de surface ou impropres doivent être enlevés. Si le sol morainique servant
de fondation est jugé suffisamment homogène et imperméable, seuls sont prévus une clé de
1,5 m de profondeur, sous le noyau ou la partie centrale du barrage homogène, et un drain de
pied nominal. Le parafouille assure aussi un bon contact remblai-fondation et permet de mieux
connaître le matériau de fondation. Ces deux éléments sont approfondis lorsqu'un horizon de
sol perméable recouvre la moraine ou lorsque les charges hydrauliques sont relativement im-
portantes (supérieures ou égales à 20 m).
Si le till de fondation renferme de nombreuses lentilles de sols plus perméables ou si un hori-
zon plus perméable a été détecté à travers une masse homogène, il peut être requis de prévoir
un tapis imperméable amont combiné à un drain de pied approfondi ou à une berme de pied
constituée de matériaux filtrants, ou d'autres éléments de drainage, de coupure partielle et
d'étanchéité décrits plus loin pour le cas d'une fondation perméable. Les dimensions de ces
éléments d'appoint, parfois ajoutés durant la construction ou même lors du premier remplis-
sage du réservoir, dépendent des conditions géologiques locales.

8.7.1.4.2 Sol granulaire

La stabilité d'une fondation constituée de sol granulaire soumise à une sollicitation sismique
doit être vérifiée et des mesures adéquates de contrôle de l'infiltration doivent être prises.

page 8.40 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.4 : Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fondations perméables
Matériaux Équipement
Profondeur
Méthode Description spéciaux spécial Avantages et limitations
effective (m)
requis requis
Tapis im- Matériau imperméable Indépendant Matériau im- Équipement de ter- Avantages :
perméable compacté placé en amont de la profon- perméable rassement et de
amont du noyau et directement deur compactage • indépendant de la profondeur du mort-terrain ;
sur la fondation perméa- • peut être construit sur différents types de sol ;
ble. Longueur de 10 à
15 fois la charge hydrau- • employé pour plusieurs projets, la plupart avec succès.
lique (écart entre les ni-
veaux d'eau amont et Limitations :
aval). Épaisseur de 10 %
de la charge. • n'est pas efficace lorsque la fondation est constituée de
matériau trop perméable (blocs, etc) ;
• ce n'est pas une coupure positive et il pourrait y avoir
quelques infiltrations (des puits de décompression de-
vraient être ajoutés au pied aval) ;
• il est important d'installer de l'instrumentation et faire un
suivi ;
• plus d'espace est requis pour assécher l'amont du bar-
rage ;
• n'est pas recommandé si la pente naturelle du sol tombe
rapidement vers l'aval.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.41


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.4 : Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fondations perméables (suite)
Matériaux Équipement
Profondeur
Méthode Description spéciaux spécial Avantages et limitations
effective (m)
requis requis

ParafouilleA Consiste en l'excavation 8 Matériau im- Rétro-excavatrice, Avantages :


d'une tranchée sous le perméable équipement de ter-
noyau jusqu'au rocher ou rassement et de • procure une coupure positive et est idéal pour mort-terrain
jusqu'à la couche imper- Un filtre peut compactage peu profond jusqu'à 8 m ;
méable et remplie avec être requis
• la présence de cailloux et blocs ne présente aucun pro-
du matériau imperméable blème.
compacté.
La largeur minimale de la Limitations :
base devrait être de 3 m • nécessite la pose de matériaux filtrants du côté aval de la
pour des barrages plus tranchée ;
petits ou 33 % de la
charge hydraulique (la • peut nécessiter des puits de drainage pendant la construc-
pire condition gouverne). tion, si le niveau de l'eau est élevé.
Les palplanches ont souvent été utilisées pour contrôler l'infiltration sous les batardeaux.

page 8.42 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.4 : Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fondations perméables (suite)
Matériaux Équipement
Profondeur
Méthode Description spéciaux spécial Avantages et limitations
effective (m)
requis requis

Tranchée Tranchée verticale stabili- 20-40 Bentonite, Rétroexcavatrice Avantages :


de boue sée par boue de bentonite sol, eau jusqu'à 20 m de
puis remplacée par un profondeur • méthode reconnue ;
mélange de sol-bentonite. • procure des coupures positives ;
Benne-preneuse
ou tiges Kelley • peut être utilisée sans dérivation.
pour plus profond
Limitations :
• la présence de blocs peut créer des problèmes ;
• il peut y avoir une perte de bentonite dans le mort-terrain
qui est difficile à estimer ;
Paroi de ci- Tranchée verticale sous le Ciment,
ment- noyau avec boue de bentonite, • si le roc sous-jacent est résistant ou possède un relief ac-
bentonite bentonite, remplacée par sol, eau centué, il sera difficile d'ancrer la coupure ;
mélange de ciment-
bentonite qui se solidifie • des problèmes peuvent être causés par l'étroitesse et la
pour former un écran profondeur de la tranchée, plus particulièrement si la tran-
d'une épaisseur de 10% chée est profonde.
de la charge. L' épaisseur
minimale est de 0,6 m.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.43


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.4 : Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fondations perméables (suite)
Matériaux Équipement
Profondeur
Méthode Description spéciaux spécial Avantages et limitations
effective (m)
requis requis
Paroi mou- Excavation d'une tran- 60 Eau, bento- Benne-preneuse Avantages :
léeB chée verticale avec boue nite et béton hydraulique ou
de bentonite remplacée 120 pour mécanique, ou • méthode reconnue ;
par du béton. pieux-jointifs bien ou Tige Kelly • procure des coupures positives ;
Hydrofraise (béton • peut être utilisé sans dérivation.
plastique)
Limitations :
• la présence de cailloux peut créer des problèmes ;
• il peut y avoir une perte de bentonite dans le mort-terrain
qui est difficile à estimer ;
• si le roc sous-jacent est résistant ou possède un relief ac-
centué, il sera difficile d'ancrer la coupure ;
• des problèmes peuvent être causés par l'étroitesse et la
profondeur de la tranchée, plus particulièrement si la tran-
chée est profonde ;
• la coupure en béton est un élément rigide et des arrange-
ments spéciaux doivent être prévus pour tenir compte du
tassement du barrage.
Il existe plusieurs autres méthodes de coupure tels les murs ICOS et les injections chimiques. Cependant, ces méthodes nécessitent d'être explorées da-
vantage.

page 8.44 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.4 : Comparaison des méthodes de contrôle de l'infiltration à travers les fondations perméables (suite)
Matériaux Équipement
Profondeur
Méthode Description spéciaux spécial Avantages et limitations
effective (m)
requis requis
Injection à Des jets d'eau sous 200 à 50 ou plus Coulis de Équipement spé- Avantages :
haute éner- 500 kg/cm2 de pression ciment cial pour injection
gie (« jet • peut être exécutée lorsque la dérivation n'est pas compli-
sortant de buses de 1 à
grout ») 2 mm installées sur un quée ;
tuyau d'injection creusent • la forme du lit de la rivière n'affecte pas les résultats ;
un sillon dans le sol.
• peu d'information requise pour la conception et la cons-
Un coulis de ciment est truction du mur ;
alors mélangé au sol dé-
placé pour former la bar- • exécution relativement rapide.
rière étanche.
Limitations :
• la possibilité de la présence de cailloux et blocs durs à dif-
férents niveaux rend douteuse l'efficacité de l'injection ;
• la variation de la granulométrie du sol rend difficile le
contrôle du diamètre de la colonne injectée ;
• la nécessité de la précision verticale de la foreuse pour les
trous de forage est une contrainte, particulièrement avec la
présence de cailloux et blocs ;
• requiert fréquemment une deuxième ligne pour assurer
l'efficacité ;
• pas beaucoup de précédents pour utilisation permanente
sous, un barrage (a été utilisée sous les batardeaux des
aménagements LG-1 et SM-3).
Il existe plusieurs autres méthodes de coupure tels les murs ICOS et les injections chimiques. Cependant, ces méthodes nécessitent d'être explorées da-
vantage.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.45


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.1.4.3 Sol granulaire

La stabilité d'une fondation constituée de sol granulaire soumise à une sollicitation sismique
doit être vérifiée et des mesures adéquates de contrôle de l'infiltration doivent être prises.
Du point de vue de la stabilité, l'évaluation du potentiel de liquéfaction doit tenir compte de la
densité in situ, de la granulométrie du sol en place et de l'intensité et de la durée de
l'événement sismique. Il faut noter que les sables lâches fins ou moyens uniformes sont plus
sujets à la liquéfaction. L'évaluation doit être effectuée selon une méthodologie reconnue telle
celle de Seed et al. (1983). Si les résultats montrent un risque de liquéfaction, un traitement de
fondation doit alors être appliqué (vibro-compactage, compactage dynamique ou autres métho-
des parmi celles décrites précédemment). Une densité relative minimale de 70 % est généra-
lement requise pour réduire les risques de liquéfaction en zone sismique élevée. De plus, une
analyse détaillée doit être réalisée pour les sites à risque élevé.
L'infiltration dans la fondation doit être contrôlée par l'utilisation d'un tapis imperméable et d'un
ensemble de puits de décompression au pied aval, ou par l'emploi d'une des méthodes de cou-
pure totale décrites précédemment.

8.7.1.4.4 Matériau argileux

Si un matériau argileux est rencontré au niveau de la fondation et si son épaisseur est faible
comparée à la hauteur de l'ouvrage, il sera généralement excavé. Lorsqu'il est décidé de faire
reposer un ouvrage sur une argile molle et sensible, il faut prévoir des pentes latérales relati-
vement douces'44'. Pour les barrages de grande hauteur, il est possible de traiter les fondations
avec des drains verticaux (drains de sable ou synthétiques) de façon à accroître la résistance
de l'argile par consolidation accélérée. Ce mode de traitement requiert une construction du
remblai en deux étapes, la dernière étant effectuée lorsque la consolidation primaire de l'argile
est accomplie.
Dans le cas des drains de sable, l'espacement entre les drains verticaux est typiquement de
2 m centre à centre. L'espacement requis pour des drains synthétiques est de 1,5 m pour pro-
duire un tassement équivalent et au même rythme que celui produit par un drain de sable de
0,30 m de diamètre espacé de 2 m.

(44)
Ce sujet est traité à la rubrique 8.4.3.

page 8.46 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.2 Roc

8.7.2.1 Généralités
Pour les ouvrages en remblai, les principaux objectifs recherchés lors du traitement de la fon-
dation rocheuse sont les suivants (figure 8.8) :

• assurer l'étanchéité de la partie supérieure du roc au droit des zones du noyau, des filtres et
transitions, par le colmatage des joints et des fissures du roc ;

• uniformiser la distribution des contraintes dans le remblai de manière à éviter le dévelop-


pement de zones de tension, de fissures ou de faible compression résultant d'effets de
voûte ou de tassements différentiels ;

• assurer l'étanchéité, la permanence et la rigidité des appuis rocheux ;

• assurer la stabilité du remblai en corrigeant les pentes adverses trop prononcées ;

• contrôler l'écoulement plus en profondeur dans la masse rocheuse de façon à réduire le


gradient d'écoulement ainsi que les pertes d'eau sous l'ouvrage de retenue ;

• corriger la surface du roc de façon à assurer un contact positif (en compression) entre le
remblai et les appuis rocheux et éliminer, dans les zones du noyau et du filtre aval, les dé-
pressions profondes, les surplombs et les plans divergents qui autrement produisent par
effet de voûte, des zones mal confinées à la base du remblai ;

• empêcher toute migration des particules fines du matériau de remblai à travers les fissures
de la fondation rocheuse sous l'action de l'eau d'infiltration (la nature du traitement sera
donc établie en fonction des matériaux du remblai).

Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de prévoir trois types de travaux :

• le remodelage des appuis rocheux ;

• l'injection et le drainage ;

• le traitement de surface.

En principe, ces travaux doivent être exécutés dans l'ordre énuméré, mais ce principe peut
souffrir de nombreuses exceptions selon le genre de travail requis dans chaque cas.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.47


/MORT TERRAIN CONFINÉ

\CAVITE
ROC FRACTURÉ
PAROI VERTICALE JOINTS OUVERTS

ROC FRACTURÉ
ZONE DE CISAILLEMENT

SILLON OU JOINTS. FISSURES


FOSSE PROFONDE 7 DÉPRESSIONS ET MARMITE

EXCAVATION DU MORT-TERRAIN

REMODELAGE DU SURPLOMB PAR SAUTAGE


COFFRAGE ET TUYAUX POUR INJECTION
EXCAVATION DENTAIRE

EXCAVATION DENTAIRE

ASSÈCHEMENT PAR PUITS


ROC FRACTURÉ
VENUE
D'EAU

VENUE D'EAU

EXCAVATION DU ROC REMODELAGE

.BÉTON DE REMPLISSAGE
ET INJECTION DE CONTACT

TUYAUX DE POMPAGE
ET D'INJECTION

LÉGENDE
MORTIER
«vmmm MORT TERRAIN
ROC

TRAITEMENT. (APRÈS NETTOYAGE ET INJECTION1)

TRAITEMENT DU ROCHER (GÉNÉRALITÉS^

Figure 8:8-0
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.2.2 Remodelage

Le remodelage des appuis rocheux est requis pour corriger les situations suivantes :

• divergence des appuis rocheux ;


La divergence d'un appui existe lorsque son orientation moyenne dans un plan horizontal
fait un angle obtus vers l'aval par rapport à l'axe de l'ouvrage. Elle doit être corrigée seule-
ment dans la zone de contact du noyau tout en prévoyant une transition appropriée (maxi-
mum 45) pour rejoindre l'appui naturel dans les zones adjacentes (filtres et transitions).
Les divergences inférieures à 95Q ou dont l'étendue, mesurée suivant l'axe de l'ouvrage le
long de la surface de contact, n'excède pas la moitié de la largeur du noyau à cet endroit,
ne nécessitent pas de correction (figure 8.9).

• pente vers l'aval dans la zone de contact du noyau ;


Une pente vers l'aval existe lorsque l'inclinaison moyenne de l'appui rocheux, dans un plan
vertical perpendiculaire à l'axe de l'ouvrage, est descendant dans le sens amont-aval.
Cette pente vers l'aval doit être corrigée seulement dans la zone de contact du noyau lors-
que l'inclinaison moyenne excède 5H : 1V (11) dans la zone adjacente amont pour rejoindre
l'appui naturel (figure 8.10 et figure 8.11). Du côté aval, le béton pourra être placé à l'angle
usuel de 70e (figure 8.12).

• inclinaison excessive des appuis sous les recharges (épaulements) ;


II y a inclinaison excessive d'un appui rocheux lorsque la surface de glissement passant au
contact de cet appui donne un coefficient de sécurité inférieur à celui spécifié. La concep-
tion des ouvrages a été définie par rapport à un plan normal et elle doit respecter le coeffi-
cient de sécurité minimum. La figure 8.13 montre que pour la même inclinaison le coeffi-
cient de sécurité peut varier selon l'arrangement de l'ouvrage.
Dans les cas où le coefficient de sécurité est inférieur à celui requis, les correctifs suivants
peuvent être appliqués :
• raidissement local des pentes extérieures de remblai ;
• addition de bermes ;
• réduction de l'inclinaison des appuis.
Les solutions comme la réduction de la largeur de la crête ou le raidissement des pentes
peuvent être considérées localement, mais la stabilité des coupes types ainsi modifiées doit
être vérifiée dans tous les cas et doit répondre aux coefficients de sécurité minimum.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.49


AMONT
ZONE DE CONTACT
NOYAU ET ROCHER
o
VOIR DÉTAIL SUR
FIGURE 2

i (O
1 m ao
fi o

CORRECTION NÉCESSAIRE AUCUNE CORRECTION NÉCESSAIRE


SJ «x < 95' OU
T < 0.5 L

AVAL

DIVERGENCE DES APPUIS ROCHEUX


Figure, 8.9.:
ZONE
CONTACT
NOYAU

COUPE 1
B > 1V (5H : 1V)
CORRECTION NÉCESSAIRE
(VOIR NOTE 1)

COUPE 2
B £ 1V (5H : W) AUCUNE
CORRECTION NÉCESSAIRE

NOTE 1 : PENTE VERS L'AVAL


DANS CERTAINS CAS. LA PENTE
MOYENNE POURRA ETRE ADOUCIE Figure 8:10.-..,
EN ELARGISSANT LOCALEMENT LE
NOYAU (VOIR FIG. 4)
60

50

40

30

20

10

COUPE 1 0
(TYPE)

60

50

40

30

20

A EXCAVER

COUPE 2
(TYPE)

CAS D'INCLINAISON EXCESSIVE (NOYAU)

Figure 8r.11.< .?
AVAL

(VOIR REMARQUE)

REMARQUE :
COUPE TYPE MODIFIÉE ET BÉTON
DE REMPLISSAGE AJOUTE POUR
DIMINUER LA PENTE MOYENNE VERS
L'AVAL, SUIVANT L'ELARGISSEMENT DU
NOYAU UN A.NGLE B LEGEREMENT
SUPÉRJEUR A 1V PEUT ETRE
TOLERE.

CAS D'INCLINAISON EXCESSIVE (NOYAU)


Figure 8.12 4
60
PLAN NORMAL
F.S. CALCULÉ > F.S. REQUIS
5Q

40

30

20

50

4B
ACCEPTABLE SI TRÈS LOCAL

30

20

10

50

40
RAIDISSEMENT LOCAL
OU DEPLACEMENT DE L'AXE
30

A EXCAVER
COUPE 3 20
(TYPE)
10

50

40

30

COUPE 4 20
(TYPE)
10

CAS D'INCLINAISON EXCESSIVE (ÉPAULEMENT^

Figurées. 13- ;
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• profil longitudinal trop abrupt ;


Pour respecter les objectifs énoncés au début de cette rubrique, le profil des appuis ro-
cheux suivant l'axe de l'ouvrage doit être le plus uniforme possible (figure 8.14 et
figure 8.15). Ce principe fondamental doit être considéré lors de la définition de toutes les
corrections apportées aux appuis. Toutefois, ceci n'est pas suffisant et des corrections ad-
ditionnelles sont requises dans les conditions suivantes :
• dans la zone de contact du noyau des filtres et des transitions, tout surplomb et toute
pente de plus de 709 doit être corrigée de manière à ne pas excéder ce maximum sauf
lorsque la hauteur de la pente est inférieure à 1,5 m et sa longueur inférieure à la moitié
de la largeur du noyau ;
• sous les recharges (épaulements), tout surplomb doit être éliminé.

• variations locales ;
Toutes les corrections ont été définies par rapport à un plan moyen (figure 8.16). Les varia-
tions de profil à l'intérieur d'une zone doivent être corrigées lorsque leurs dimensions sont
grandes par rapport à celles de la zone, c'est-à-dire, plus du quart de la dimension linéaire
ou de la surface considérée.

• dépressions profondes ;
Occasionnellement, des dépressions linéaires ou circulaires très profondes sont ren-
contrées dans le fond de la rivière ou de la vallée traversée par l'ouvrage de retenue. Lors-
que ces dépressions s'étendent dans la direction parallèle ou perpendiculaire à l'axe de
l'ouvrage, il faut remplir le fond de la dépression avec du béton ou excaver la partie supé-
rieure suivant la géométrie de la dépression, afin de réduire au minimum l'effet de voûte.
Quelques exemples de traitement de dépressions profondes sont illustrés à la figure 8.17 et
à la figure 8.18.

• traitement type des appuis.


Le remodelage des appuis rocheux s'effectue par excavation et par bétonnage. Lorsque les
systèmes de joints sont peu nombreux et d'orientation favorable, un dynamitage contrôlé
peut être exécuté avant les injections et le traitement de surface. Lorsque le roc est très
fracturé, de l'équipement mécanique doit être utilisé pour l'excavation si celle-ci demeure
préférable, elle sera nécessairement suivie d'un bétonnage de surface.
Le béton de remplissage peut être mis en place à l'intérieur de coffrages ou peut être pro-
jeté. Le contact entre le béton coffré et le roc doit être injecté pour collage après la prise du
béton. En général, le béton projeté est utilisé pour corriger de grandes surfaces requérant
un petit volume de béton. Dans le cas inverse, des coffrages sont utilisés. Le contrôle de la
qualité du béton projeté est effectué par la mesure de sa résistance à la compression, dont
les exigences sont les suivantes :
• 4,8 Mpa pour une résistance minimale après 8 heures ;
• 15,0 Mpa pour une résistance minimale après 3 jours ;
• 30,0 MPa pour une résistance minimale après 28 jours.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.55


AMONT
PAROIS VERTICALES 1.5 m ±: UNE ACCEPTÉE
SANS TRAITEMENT. MAIS TRAITER S'IL Y EN
A PLUSIEURS (DISTRIBUTION DÉFAVORABLE)

AXE AXE

ZONE DU NOYAU
DES FILTRES ET DES TRANSITIONS AVAL

PLAN
REMARQUE
POUR LES COUPES FIG. 7.7

PROFIL LONGITUDINAL TROP ABRUPT

Fïigyre";8.14.6
ft < 70" f < 70*

9GT
1.5 m MAX.

COUPE 1 COUPE 2 COUPE 3


ACCEPTABLE ACCEPTABLE

INJECTION
DE CONTACT

INJECTION DE CONTACT

COUPE 4 COUPE 4A COUPE 5

MAX.
À EXCAVER /+*+*+

REMARQUES
POUR LA VUE EN PLAN VOIR FIG. 7.6

COUPE 5A

PROFIL LONGITUDINAL TROP ABRUT

FigùrëB. Ï57
60

50

40

30

20

FAILLE
LARGEUR : X 10
EXCAVATION DENTAIRE : 3x ET
II// REMPLISSAGE AVEC DU BÉTON

COUPE 1
(TYPE)
60

50

40

30

20

10
COUPE 2
ACCEPTABLE
(TYPE)

60

50

40

30

20

10

COUPE 3
(TYPE)

VARIATIONS LOCALES
REMARQUE
LÇ CHOIX DU TRAITEMENT
DEPEND DE LA GEOMETRIE
DU SILLON ET DES CONDITIONS
GEOLOGIQUES

BETQNNAGE

DÉPRESSIONS PROFONDES H > 2X

Figufë.8..17<
BÉTON

X < 3 m

CONSOLIDATION

DÉPRESSIONS PEU PROFONDES (H £ 2X)


rRigure:8.18.0
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.7.2.3 Injection et drainage

L'injection et le drainage des appuis rocheux sont requis pour les fins suivantes :

• contrôler la percolation ;

• confiner et empêcher l'érosion des matériaux meubles contenus dans les fissures et les
joints ;

• réduire la pression interstitielle en aval du rideau ;

• consolider le roc de fondation.

Les critères d'injection généralement requis sont comme suit (figure 8.19) :

• procédure d'injection ;
La procédure détaillée d'injection fait partie des devis et n'a pas sa place dans le présent
document. Cependant, les normes générales suivantes doivent toujours être respectées :
• l'injection doit être précédée d'un lavage du trou d'injection pour enlever la boue de fo-
rage et nettoyer les fissures dans le roc ;
• l'injection doit toujours se faire dans du roc non gelé ;
• le produit injecté doit être un mélange de ciment et d'eau avec un agent anti-retrait et
occasionnellement du sable et d'autres additifs ;
• la pression d'injection, mesurée au sommet du trou, ne doit pas excéder 25 kPa par
mètre de profondeur ;
• l'injection doit être poursuivie jusqu'à ce que le taux d'absorption d'un coulis dont le rap-
port eau-ciment est de 5 :1 (en volume), soit moins de 13,5 I par 10 minutes, à la pres-
sion maximale permise pour le stage d'injection (ce taux d'absorption doit être considéré
comme critère de refus) ;
• la fermeture de la ligne ou du rideau d'injection est obtenue lorsque l'absorption totale
pour chaque passe de 3 m n'excède pas 0,09 m3 (trois sacs de ciment = 120 kg) dans
deux trous adjacents dont l'espacement n'excède pas celui des trous primaires.
Chaque fois que l'absorption dépasse cette limite dans un trou, deux trous additionnels
doivent être forés de part et d'autre de celui-ci à mi-distance des trous adjacents à une
profondeur dépassant de 3m le niveau d'absorption qui a été constaté, jusqu'à
l'obtention du critère de fermeture.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.61


CAS 1
o- o•
INJECTION
-o 12 DE TAPIS o
-o- o
o o
o- -INJECTION o
CAS 1 : H<8 DE RIDEAU
o o
o o
t
E CAS 1 ET 2 CAS 3
GO 6 3 3 6 6

CAS 2 : 8$H<25 m • 0 •

• 0 • 6
| =*lllll«IINfc=Jllllle • «
' 3
E
co \
• 0 •

1
X

• 0 •
•» . OC^LJ^C/X
• 0 • — LIMITE AVAL
» DU NOYAU
• o •

E • 0 •
00
• 0 •

CAS 4 : H£6Q m

PATRONS D'INJECTION DU ROCHER


iFigure:8.,194
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

injections de tapis ;

Les injections de tapis sont requises pour assurer l'étanchéité du roc sous le noyau imper-
méable de l'ouvrage de retenue dans la zone de relaxation où les joints sont souvent ou-
verts et plus nombreux. En principe, le patron d'injection doit être fonction de la profondeur
de la zone de relaxation, de l'espacement des joints et de la charge hydraulique (figure 8.20
et figure 8.21). En pratique, le patron minimal adopté aura généralement des trous primai-
res de part et d'autre du rideau d'étanchéité, espacés de 6 m et ayant une profondeur de
8 m. Le nombre de rangées de trous varie avec la charge hydraulique comme suit :

Charge hydraulique (m) Nombre de rangées d'injection


Oà25
25 à 60
Plus de 60 Zone de contact du noyau à l'intérieur des limites montrées à la figure 8.18
et à la figure 8.19 couverte avec des trous de 8 m de profondeur et espa-
cés de 6 m c/c.

Lorsque la charge hydraulique est supérieure à 60 m, le nombre de rangées doit être suffi-
sant pour couvrir toute la surface du noyau incluant un dépassement possible sous la limite
amont du filtre aval.

Les trous seront en général verticaux. Localement, des trous inclinés peuvent être requis
pour recouper certains joints d'orientation particulière.

injections de rideau.

En général, les zones d'absorption ne peuvent être décelées dans le roc en profondeur lors
des explorations. Les trous d'injection profonde jouent donc un rôle d'exploration (figu-
res 8.20 à 8.23). Leur profondeur doit être égale au tiers de la charge d'eau (H) avec un mi-
nimum de 8 m.

L'axe des injections profondes correspond à celui de l'ouvrage lorsque le noyau est central
et symétrique ; il ne doit jamais être situé en aval du milieu du noyau. Il est situé au tiers
amont du noyau lorsque celui-ci est incliné. Dans le cas d'une clef au roc, l'injection est au
centre du noyau ou de la clef.

Charge hydraulique (m) Profondeur du rideau


DeOàS 8 m à 12 m c/c
De 8 à 25 8 m à 6 m c/c
De 25 à 60 Les injections de H/3 de profondeur (minimale) sont exécutées sur une
rangée localisée entre les deux rangées d'injection de tapis. Les trous sont
espacés de 6 m maximum et disposés en quinconce par rapport aux ran-
gées d'injections de tapis.
Plus de 60 Les injections de H/3 de profondeur (minimale) sont exécutées sur une
rangée avec un espacement maximum de 6 m, chaque trou étant localisé
à mi-chemin entre deux trous adjacents d'une des rangées d'injection de
tapis.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.63


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•INJECTION DE RIDEAU .v.vJ).—


PROF. 8 m, 12 m c/c

h : 0 A 8 m

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PROF. 8 m. 6 m c/c
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h : 8 A 25

INJECTION NOYAU VERTICAL

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INJECTION DE RIDEAU
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h : 0 A 8 m

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INJECTION DE TAPIS
PROF. 8 m. 6 m c/c
EN QUINCONCE
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h : PLUS DE 60 m

INJECTION NOYAU VERTICAL

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EN QUINCONCE

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-INJECTION DE RIDEAU
PROF. 1/3 DE h. 6 m c/c

h : PLUS DE 60 m

INJECTION NOYAU INCLINÉ


Figure 8.23
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le tableau 8.5 donne un sommaire des paramètres et des critères typiques de réalisation
des travaux d'injection dans la fondation de roc. Les critères incluent les pressions
d'injection, le mélange de départ, le critère de changement du mélange, le refus, etc.

8.7.2.4 Traitement de surface

Le traitement de surface est requis dans les zones de contact avec le noyau, les filtres et les
transitions après excavation du roc fissuré ou altéré. Ce travail comprend les éléments sui-
vants :

• nettoyage de la surface de contact avec le noyau, des filtres et des transitions ;


La surface du roc doit être nettoyée comme pour la mise en place du béton avec des balais,
des jets d'air et d'eau sous pression. Ceci permet de bien déterminer les défauts à corriger
tel que décrit plus loin et d'éviter la présence d'un plan de faiblesse au contact du remblai
avec le roc.

• nettoyage sous les recharges (épaulements) ;


Sous les recharges (épaulements), un nettoyage mécanique est généralement suffisant.

• zones de faille et de cisaillement ;


Les zones de faille et de cisaillement sous les noyaux, filtres et transitions doivent être ex-
cavées jusqu'à une profondeur égale à trois fois la largeur de la zone en cause ou jusqu'au
roc sain. Le matériau excavé doit être remplacé par du béton de remplissage ou du béton
placé à sec (figure 8.16 et figure 8.24).
Lorsque ces accidents géologiques se produisent sous la recharge (l'épaulement) amont et
qu'ils traversent le noyau, le traitement est le même que pour les zones centrales. Lorsqu'ils
apparaissent sous la recharge (l'épaulement) aval, après nettoyage, un traitement avec des
filtres inversés appropriés est requis.

• fissures et joints ouverts ;


Dans les aires de contact du noyau, du filtre et de la transition, les fissures et les joints ou-
verts doivent être nettoyés aussi bien que possible et colmatés avec du mortier liquide ou
du béton placé à sec (figure 8.24).

• roc très fragmenté ;


Des zones de roc fortement fracturé peuvent être repérées dans les appuis rocheux. Lors-
que ces zones se situent dans l'aire de contact du noyau, de la transition et du filtre, les pe-
tites fissures du roc doivent être remplies en balayant du mortier liquide sur la surface pré-
parée pour la mise en place du remblai. Dans le cas de fissures profondes, le roc doit être
recouvert de béton projeté ou d'une dalle de béton suffisamment épaisse pour permettre les
injections de consolidation au besoin.

page 8.68 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.5 : Paramètres et critères d'injection


Description Critères Remarques
1. But des injections Créer une barrière étanche dans le roc de fondation Une valeur de 1 Lugeon correspond à l'absorption de 1 I
sous le barrage. Atteindre une valeur de 1 à 3 pour d'eau/min sous une pression de 10atm (1 000 kPa) ou
le coefficient de Lugeon, en fonction des coûts as- une perméabilité d'environ 1,2x1 0'5 cm/s.
sociés aux pertes d'eau et la hauteur du barrage.
2. Pression d'injection 25 kPa par mètre de profondeur. Dans certains cas où la qualité du roc est très bonne, la
pression d'injection est augmentée à 35 kPa/min pour
une profondeur au-delà de 15 m.
3. Longueur d'injection 3 m depuis le fond du trou en passe ascendante. Dans certains cas où l'absorption de coulis est faible, la
longueur est augmentée à 4 m.
4. Espacement des trous d'injection Trous primaires (P) 6 m c/c pour les barrages dont Des trous secondaires (S) sont requis lorsque
la charge hydraulique est supérieure à 8 m. Pour l'absorption de ciment excède 0,03 m3 (un sac de ciment
une charge hydraulique inférieure à 8 m, les trous = 40 kg) pour un mètre. Des trous tertiaires (T) et quater-
primaires sont espacés à 12 m c/c. naires (Q) peuvent être requis selon les mêmes critères.
5. Coulis de départ et de fin Rapport eau / ciment de 5 :1 (en volume).
6. Procédure d'injection et d'épaissis- Le mélange du coulis de départ doit être injecté
sement du coulis pendant 1 0 minutes lorsque le taux d'absorption
diminue régulièrement. L'injection se poursuit jus-
qu'au refus. Si le taux d'absorption est élevé, le
rapport E/C doit être réduit graduellement et injecté
pendant 10 minutes jusqu'à ce que l'absorption se
stabilise. Lorsque l'absorption d'un coulis plus épais
diminue, on revient alors à un mélange plus liquide.
7. ' Critère de refus L'injection est arrêtée lorsque le taux d'absorption,
E/C = 5 : 1 , pour une passe de 3 m, est inférieur à
13,5 1 pendant 10 minutes.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.69


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.5 : Paramètres et critères d'injection (suite)


Description Critères Remarques
8. Terminologie utilisée pour l'absorption Taux d'absorption du ciment (kg/m) :
de ciment
• 0-12,5 = très faible;
• 12,5-25 = faible;
• 25 - 50 = moyennement faible ;
• 50-100 = moyen ;
• 100 - 400 = moyennement élevé ;
• 200 - 400 = élevé ;
• > 400 = très élevé.

page 8.70 Ouvrages de retenue en remblai


SURPLOMB-
BÉTON PROJETÉ

INJECTION DE CONTACT
BÉTON REMPLISSAGE ET
INJECTION DE CONTACT

BÉTON DE REMPLISSAGE

PAROI VERTICALE
MORTIER LIQUIDE
BÉTON PROJETÉ

JOINTS OUVERTS
FISSURES

•ZONE DE CISAILLEMENT
».ï
t ^ -MORTIER LIQUIDE

•SALBANDE
JOINTS OUVERTS
m
(VOIR NOTE 1) ni

COUPE TYPE

NOTE 1
TRAITEMENT SELON LA LOCALISATION,
LES DIMENSIONS. LA CONFIGURATION DES
PAROIS ET LES CARACTÉRISTIQUES DES
MATERIAUX DE REMPLISSAGE

TRAITEMENT TYPE DES APPUIS

Figùrëi;8.2415
Guide de conception des aménagements hydroélectriques

marmites et cavités ;
Les marmites et cavités de petites dimensions situées dans les zones du noyau et des tran-
sitions doivent être nettoyées et remplies de béton de manière à obtenir une surface d'appui
rocheux aussi uniforme que possible.
Lorsque leurs dimensions sont importantes, sans toutefois atteindre les limites définies à là
rubrique 8.7.2.2, le remplissage peut être limité à ce qui est requis pour obtenir une surface
contre laquelle les matériaux de remblai peuvent être mis en place conformément aux sti-
pulations du devis technique. Lorsque le coût d'excavation d'une marmite s'avère prohibitif,
d'autres solutions, tel le traitement des matériaux de remplissage, peuvent être envisagées.

sillon et dépressions profondes.


Les sillons et dépressions profondes trouvés dans la zone du noyau des filtres et des tran-
sitions doivent être remodelés, nettoyés et remplis de béton de manière à obtenir une sur-
face d'appui rocheux aussi étanche, continue et uniforme que possible (figure 8.17).

8.8 Instrumentation

8.8.1 Raison d'être


L'instrumentation est le moyen le plus important d'auscultation d'un barrage. C'est elle qui four-
nit la plupart des données quantitatives durant les trois périodes de la vie d'un ouvrage : la
construction, la première mise en eau et l'exploitation.
Les données obtenues permettent :

• de s'assurer du bon comportement des ouvrages ;

• de vérifier les paramètres de conception ;

• d'accroître les connaissances sur le comportement des ouvrages en remblai.

8.8.2 Installation et disposition


L'importance relative de l'ouvrage, sa hauteur, sa longueur, des appuis raides, la nature de la
fondation, etc. sont considérés pour définir le type d'instrument et son emplacement.
La répartition des instruments dans un ouvrage à construire est définie lors de sa conception
selon l'incertitude associée aux particularités de l'ouvrage. Certains instruments supplémentai-
res sont ajoutés en cours de construction ou durant l'exploitation.

page 8.72 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les parties le plus souvent instrumentées sont des sections dans :

• le noyau ;

• le filtre aval ;

• la fondation derrière le rideau d'injection ou de la coupure étanche (paroi moulée, tranchée


de boue, etc.).

L'emplacement d'une section est choisi en premier dans la partie la plus profonde de la vallée
et en second en des endroits spécifiques, comme :

• à proximité d'une paroi rocheuse abrupte ou peu confinée ;

• un changement important de l'angle de plus grande pente de la fondation ;

• la jonction avec une structure en béton ;

• tout emplacement où des déformations différentielles significatives peuvent se produire


(courbure, divergence des appuis, appuis fuyants).

Pour un ouvrage existant peu ou pas instrumenté, c'est généralement l'emplacement de


l'anomalie ou la zone à surveiller qui dictera l'emplacement. Dans ce cas, l'installation
d'instruments dans la masse du remblai ne peut se faire que par forage.
Durant la construction, les instruments s'installent généralement au fur et à mesure de la mon-
tée du remblai. Dans la fondation les instruments sont installés dans des forages.
Les instruments, leurs câbles et les divers accessoires sont installés dans les fondations et les
épaulements ou en surface, exceptionnellement dans des galeries creusées dans les fonda-
tions ou construites dans les remblais. Les façons de sortir les câbles du remblai doivent res-
pecter les critères suivants :
1. choisir le chemin le plus court ;
2. ne pas traverser le noyau d'amont en aval ;
3. enfouir les câbles dans des tranchées ;
4. laisser une réserve de câble à l'endroit de la traversée de zones dont le tassement peut être
important.

8.8.2.1 Barrages homogènes

Les plus importants paramètres mesurés pour les barrages homogènes sont les suivants :

• pressions interstitielles ;

• débits de fuite ;

• niveaux amont et aval ;

Ouvrages de retenue en remblai page 8.73


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

écoulement dans les fondations en aval du rideau d'injections.

8.8.2.2 Barrages zones à noyau sur fondation rocheuse


Tous les paramètres doivent être considérés pour les barrages zones à noyau sur fondation ro-
cheuse. Selon la nature des zones, certains peuvent être en nombre réduit ou éliminés.

8.8.2.3 Barrages zones à noyau sur fondation meuble


En ce qui concerne les barrages zones à noyau sur fondation meuble, une attention particulière
est apportée aux fondations argileuses, car dans ce cas, les pressions de consolidation durant
la construction sous le poids du remblai ne doivent pas dépasser le seuil de rupture.
Des mesures de déformations par inclinomètre et indicateurs de tassements sont aussi primor-
diales.

8.8.2.4 Barrages avec masque étanche amont


Les paramètres les plus importants pour les barrages avec masque étanche amont sont :

• les déplacements (inclinomètres et extensomètres) ;

• les débits.

8.8.3 Fonctions et types d'instruments


Les instruments ont pour fonction de mesurer :

• des déplacements et des déformations internes et externes en X,Y et Z ;

• des pressions interstitielles et totales ;

• des infiltrations ;

• des paramètres naturels (température, vitesse et direction du vent, pluviométrie) ;

• des vibrations.

8.8.3.1 Déplacements et déformations en X, Y et Z


Le principe est de mesurer le déplacement spatial de certains points du barrage et de son envi-
ronnement.

page 8.74 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le réseau d'auscultation topographique doit couvrir une aire assez grande pour permettre
l'observation à long terme tant de la structure du barrage que son environnement immédiat. Il
doit permettre le contrôle des points de référence des autres systèmes de mesure (inclinomè-
tres et pendules inversés éventuellement).

8.8.3.1.1 Repère d'arpentage (ou borne d'observation)

Le repère d'arpentage permet de mesurer les déplacements du barrage en surface sur la crête
et les parements. Il est constitué d'un repère scellé dans un bloc de béton ou le roc sain. La
position du repère est déterminée par triangulation en mesurant des angles et des distances.

Installation de mesure Réseau géodésique


Instrument de mesure Théodolite, lunette de nivellement
Méthode de mesure Triangulation
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Précision < ± 5 mm à l'horizontale
< ± 2 mm à la verticale
Redondance Absolument nécessaire
Surabondance de points et d'éléments de mesure
Combinaison avec d'autres instruments ou installations de mesure

8.8.3.1.2 Inclinomètre

L'inclinomètre est composé d'un long tube capable de suivre les mouvements du barrage et de
deux sondes. C'est une succession de tubes rainures (plastique ou aluminium) de longueurs
constantes (3,048 m ou 1,524 m) reliés entre eux par des raccords télescopiques et allant de la
surface à la fondation. Les tubes sont placés dans les différentes zones du barrage selon des
angles allant de la verticale à l'horizontale.
Deux sondes permettent la mesure des mouvements selon X, Y et Z. La première est une
sonde électronique qui circule dans le tube et mesure les déplacements par rapport à la verti-
cale. La seconde est une sonde mécanique accrochée à un ruban d'arpentage. En l'accrochant
à la base de chaque section, on mesure les tassements selon l'axe des tubes.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.75


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Installation de mesure Tubage


Instrument de mesure Sonde inclinaison et tassement
Méthode de mesure Angulaire et différentielle
Exigences À être fixés selon le cas
Précision Dépend du système de guidage et de la qualité des capteurs. Cha-
que mesure est précise à ± 0.1 mm pour une erreur cumulée de
± 6 mm sur 25 m de tubage et pour un angle < 20S
Redondance Non nécessaire

8.8.3.1.3 Indicateur de tassement

L'indicateur de tassement est généralement constitué d'une combinaison de deux circuits dis-
tincts. Un circuit de mise en pression est un tube rempli d'un fluide qui établit une colonne de
pression entre deux points du remblai. L'autre circuit est un capteur de pression qui mesure la
dénivellation entre ces deux points : celui de la sonde et celui du réservoir du circuit de mise en
charge. Si l'un des points est référencé à un repère externe aux mouvements du remblai, il est
alors possible de parler de tassement absolu sinon, il s'agit de tassement relatif.

Installation de mesure Circuit de tubes mise en pression


Instrument de mesure Capteur de pression
Méthode de mesure Mesure des variations de niveau du liquide
Exigences
Fiabilité Bonne
Longévité Selon la durée du tassement jusqu'à la consolidation complète
Gamme de mesure Tassements prévus + 50 %
Précision ±2 cm
Redondance requise avec autres systèmes : arpentage et inclinomètre

8.8.3.1.4 Extensomètre

L'extensomètre est constitué de plusieurs capteurs électriques (LVDT, DCDT) reliés entre eux
par des tiges coulissantes protégées par des gaines. Chaque capteur est solidaire d'un an-
crage soumis aux mouvements du remblai coulissant de la tige suivante munie d'un ancrage.
Son utilisation est très spécifique.

page 8.76 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.8.3.2 Pressions interstitielles et totales

8.8.3.2.1 Piezomètre

Le piezomètre mesure directement les pressions interstitielles dues aux écoulements internes.
Il peut être composé d'un capteur et d'un transducteur de type :

• électrique (à corde vibrante, à jauges ou autre) ;

Installation de mesure Piezomètre électrique


Instrument de mesure Par poste de lecture en fréquence, tension ou courant
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure (M) Hauteur entre le piezomètre et la crête
Précision ± 0,5 % M
Redondance Nécessaire
Jumelage de deux types de piézomètres différents
Qualités Possibilité de centraliser les lectures en un ou quelques points
Protection contre les champs électriques
Choisir soigneusement le type de filtre et sa perméabilité
Aucun raccord dans les câbles et tubulures
Exiger une bonne résistance des câbles et tubulures aux tasse-
ments différentiels

Ouvrages de retenue en remblai page 8.77


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• à tube ouvert ou fermé si la pression dépasse le niveau du sommet du tubage.

Installation de mesure Piézomètre à tube ouvert


Méthode de mesure Par sonde à contact électrique ou acoustique
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure (M) Longueur totale du tube
Précision ± 5 cm ou 1 % M
Redondance Nécessaire
Jumelage de deux types de piézomètres différents
Qualités Le tubage et ses joints doivent être parfaitement étanches
Protection de la tête contre la pénétration d'eau, de boue, de pierre,
etc.
Assurer l'aération permanente
Nécessité de vérifier le fonctionnement par nettoyage et purge
-

Installation de mesure Piézomètre à tube fermé


Méthode de mesure Par manomètre de précision
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure (M) Hauteur du manomètre à la crête du barrage
Précision ± 0,5 m ou 1 % M
Redondance Nécessaire
Jumelage de deux types de piézomètres différents si possible
Qualités Le tubage et ses joints doivent être parfaitement étanches
Périodiquement vérifier le fonctionnement par nettoyage et purge
Contrôle périodique du manomètre
Isolation du sommet exposé au gel

page 8.78 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.8.3.2.2 Cellule de pression totale

La cellule de pression totale mesure de façon indirecte la résultante des forces (contraintes)
agissant en un point précis et selon une direction définie par l'orientation de la cellule.
L'instrument est constitué d'un vérin plat hermétique rempli d'un fluide incompressible (huile,
mercure) et d'un transducteur électrique (corde vibrante, jauges, etc.) ou pneumatique pour la
lecture de la pression du fluide. Les cellules sont placées dans le remblai ou à son contact avec
un élément plus rigide, dans la fondation de roc ou béton. En un même point, elles sont sou-
vent regroupées à plusieurs selon des orientations différentes afin de déterminer les contrain-
tes principales.

Instrument de mesure Capteur à transducteur électrique ou pneumatique


Méthode de mesure Posté de lecture électrique en fréquence, courant ou tension ou
poste de lecture pneumatique
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure (M) Égale à la charge due à la hauteur du remblai au-dessus de la cel-
lule
Précision ± 0,5 % M
Redondance Pas nécessaire
Qualités Le module de déformation de l'instrument doit être ajusté à celui du
matériau
L'installation exige beaucoup de soins et d'attention
Résultats et interprétation problématiques

8.8.3.3 Infiltrations

L'instrument est installé au pied aval de l'ouvrage. La mesure des infiltrations est une donnée
importante qui nécessite parfois la construction d'un abri isolé et au besoin chauffé, afin de me-
surer les débits surtout en hiver. Durant cette période, les précipitations sous forme de neige
influencent très peu la valeur des infiltrations. La mesure des débits des infiltrations à travers le
remblai et la fondation doit se faire en excluant au maximum les débits parasites ; son empla-
cement peut s'avérer problématique.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.79


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.8.3.3.1 Déversoir de jaugeage

Le déversoir de jaugeage est constitué d'une plaque métallique indéformable (acier galvanisé
ou inoxydable, aluminium) munie d'une échancrure calibrée de forme triangulaire, rectangulaire
ou trapézoïdale. La mesure de la hauteur d'eau qui passe au travers permet de calculer le dé-
bit. Les dimensions caractéristiques dépendent de la gamme de débit à mesurer. L'angle du V
peut varier de 20 à 100e. Les courbes de calibration sont faites généralement pour un angle de
90e, 53e8' ou 28-4'. Les dimensions du V et du canal d'approche doivent correspondre à des
proportions et dimensions spécifiées dans la norme ISO 1438/1. Tout autre déversoir doit faire
l'objet d'un étalonnage de la courbe hauteur-débit.
Pour des débits supérieurs à 120 l/s, il faut utiliser des formes de section de jaugeage rectan-
gulaires ou trapézoïdales pour lesquelles il existe aussi des normes ISO.

Installation de mesure Station de jaugeage


Instrument de mesure Déversoir à parois minces en V
Méthode de mesure Règle graduée ou capteur électronique à ultra-sons ou autre
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure (M) Infiltration maximum prévue plus 100%
Précision ± 1à2 %M
Qualités Non recommandé pour des débits inférieurs à 0,3 l/s
Le débit limite inférieur calibré correspond à une hauteur de 6 cm
d'eau. En dessous, il faut utiliser des volumes calibrés.
Nettoyer périodiquement les sédiments accumulés

8.8.3.3.2 Canal de jaugeage

Dans des conditions particulières telles que des débits importants, vitesse du courant élevée ou
risque d'ensablement, il faut utiliser un canal de jaugeage dont la forme et les caractéristiques
sont choisies en fonction du débit et des caractéristiques du site. Ce type d'appareil est moins
précis, avec une précision de 2 à 5 %. Les dimensions du canal doivent correspondre à des
proportions spécifiées dans la norme ISO 4359.

page 8.80 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.8.3.3.3 Mesure du débit

Quel que soit le type de système de jaugeage, il s'agit de mesurer la hauteur d'eau qui passe
au travers d'une ouverture de géométrie et de surface connue et standard. L'instrument de me-
sure va de la simple règle en passant par le limnimètre à pointe, à ruban avec flotteur, à bulles
pour se terminer avec les capteurs sans contact à ultra-sons. Les spécifications doivent se ba-
ser sur la norme ISO 4373.

8.8.3.3.4 Mesures volumétriques

Pour des débits faibles (inférieurs à 0,3 l/s ou 18 l/min), des méthodes volumétriques sont em-
ployées. Le principe de ces méthodes consiste à utiliser des volumes connus et calibrés et à
mesurer à l'aide d'un chronomètre,le temps de remplissage. La précision de ces mesures étant
tributaire dé l'erreur due aux réflexes humains, il est nécessaire de :

• répéter plusieurs fois la même mesure ;


• prolonger la mesure d'au moins 10 secondes.

8.8.3.4 Température et gel


La position du front de gel dans la crête des ouvrages est une information importante.

8.8.3.4.1 Thermomètre

Les températures sont mesurées à l'aide d'un thermomètre sur le bord aval en crête dans une
ou plusieurs sections. Afin de déterminer les gradients thermiques, les points de mesure sont
répartis de la surface de roulement jusqu'à une profondeur de 5 m sous la limite supérieure du
noyau (zone 1). D'autres thermomètres peuvent être installés dans le noyau afin de mettre en
évidence les champs thermiques provoqués par un régime d'infiltrations particulier. Le thermo-
mètre est une sonde à résistance de type RTD de préférence au platine.

Instrument de mesure Capteur à résistance type RTD au platine


Méthode de mesure Poste de lecture
Exigences
Fiabilité Très bonne
Longévité Durée de vie de l'ouvrage
Gamme de mesure - 40 à + 40oeC
Précision ± 3 eC selon la norme DIN 43760 classe B
Redondance Nécessaire (prévoir assez d'instruments)

Ouvrages de retenue en remblai page 8.81


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.8.3.4.2 Indicateur de gel

Lorsque seule la profondeur de gel doit être connue, il est possible d'installer un simple tuyau
souple transparent suspendu dans un trou de forage. Le tuyau est rempli d'une solution de bleu
de méthylène qui devient incolore dans la partie gelée.

8.8.3.5 Sismicité
La réponse d'un ouvrage particulier à une secousse sismique peut s'avérer importante durant
toute son existence, surtout durant la phase de remplissage du réservoir. Des accéléromètres
sont installés sur le roc, sur la fondation constituée de terrain meubles (sables, argiles, etc.), à
différents niveaux ainsi que sur la crête afin d'enregistrer les accélérations en ces points selon
la direction de chaque accéléromètre. Un ou plusieurs enregistreurs synchronisés dans le
temps sont nécessaire pour encoder les signaux des accéléromètres.

8.8.3.6 Paramètres externes


Les paramètres externes utiles sont :

• la température extérieure ;

• la pression atmosphérique ;

• les précipitations (pluie et neige) ;

• le niveau du réservoir ;

• le niveau du bief aval s'il y a lieu.

8.9 Analyse de stabilité statique et dynamique

8.9.1 Généralités
La stabilité des barrages en remblai est vérifiée pour plusieurs scénarios ou cas de charge-
ment, pour lesquels des coefficients de sécurité contre la rupture - ou coefficients de sécurité
requis - sont spécifiés à l'avance. La méthode utilisée est la méthode de l'équilibre limite avec
des surfaces dé rupture aussi bien linéaires et multilinéaires que circulaires. En général, on re-
commande la méthode de Bishop modifiée, excepté dans le cas des surfaces de rupture linéai-
res ou multilinéaires où il est recommandé d'avoir recours à la méthode de Morgenstern et
Priée. La méthode de détermination des paramètres de résistance des différents matériaux du
barrage doit être spécifiée dans le cas où elle a un impact sur les calculs ; c'est le cas notam-
ment du scénario « vidange rapide ».

page 8.82 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Finalement, on note que les coefficients de sécurité requis sont d'autant plus faibles que le
scénario considéré comprend une ou plusieurs sollicitations de nature moins fréquente.
Plusieurs logiciels d'automatisation de la méthode de l'équilibre limite existent sur le marché.
Celui qui est le plus en usage actuellement aussi bien à Hydro-Québec que chez les consul-
tants est le logiciel Slope-W fabriqué par la firme Geo-Slope (Calgary, Alberta).

8.9.2 Stabilité des barrages


Les coefficients de sécurité requis pour la stabilité des barrages diffèrent d'un cas de charge-
ment à un autre. Le tableau 8.6 donne l'ensemble des cas usuels.

Tableau 8.6 : Coefficients de sécurité requis pour les pentes des ouvrages de retenue en
remblai
Cas de chargement Coefficients de sécurité
Phase de construction (réservoir vide à très bas) 1,3
Phase de construction (réservoir partiellement rempli) 1,3
Phase d'exploitation sous le niveau maximum d'exploitation avec 1,5
écoulement permanent
Vidange ou rabattement rapide, complet ou partiel 1,2-1,3
Tremblement de terre (analyse pseudo-statique avec coefficient >1,0
sismique)

8.9.3 Stabilité en vidange rapide


Le chargement correspondant à la vidange rapide représente un cas défavorable pour la pente
amont du barrage. En effet, la poussée de confinement exercée par l'eau du réservoir sur la
face amont est diminuée par la vidange, alors qu'une percolation a lieu de la partie amont du
corps du barrage vers le réservoir. L'impact de la vidange rapide sur la stabilité des talus natu-
rels granulaires formant le pourtour du réservoir devrait être vérifié.

Une revue comparative des méthodes de détermination des paramètres de résistance dans le
cas de la stabilité sous les conditions de vidange rapide a été réalisée par Lambe et Silva
(1994). En pratique, on recommande l'utilisation de la méthode simple de l'US Corps of Engi-
neers (USCE) ou celle de la Fédéral Energy Regulatory Commission (FERC). La méthode
exacte (cheminement des contraintes effectives) ou la méthode approximative admise (chemi-
nement des contraintes totales) peuvent s'avérer pertinentes uniquement dans les cas particu-
liers et complexes.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.83


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.9.4 Stabilité pseudo-statique


L'analyse de la stabilité pseudo-statique consiste à considérer une charge horizontale addition-
nelle exprimée à l'aide d'un coefficient sismique (k) dans le but de simuler de façon simple l'ac-
tion d'un tremblement de terre sur un ouvrage. L'étude de stabilité est menée conformément à
la méthode de l'équilibre limite dans laquelle la masse du bloc glissant est frappée de ce coeffi-
cient sismique1451.
Cette méthode est valable et, dans certains cas, suffisante comme vérification de la stabilité,
dans le cas où les matériaux de la fondation et du barrage ne sont pas susceptibles de perdre
leur résistance effective nominale. Cependant, on admet que la méthode reste applicable si la
perte de résistance effective représente moins de 15 % de la résistance nominale. Par consé-
quent, cette méthode ne s'applique aux cas où l'un des matériaux de la fondation ou du bar-
rage est susceptible de se liquéfier sous l'action de l'événement sismique considéré.
On rappelle que la liquéfaction d'un matériau sous l'action d'une sollicitation sismique ou cycli-
que est un phénomène de perte de résistance du matériau. Les cisaillements alternés du sol
ont tendance à générer des pressions interstitielles dans le sol. Par conséquent, la résistance
effective et la « portance » diminuent.

8.9.5 Stabilité sismique


L'analyse de la stabilité d'un barrage en remblai sous l'effet d'une sollicitation sismique néces-
site l'usage de l'état de l'art en cette matière qui évolue rapidement. Dans le cas des barrages
d'Hydro-Québec, les barrages nécessitant l'usage de méthodes évoluées et sophistiquées est
restreint. On admet donc actuellement que le jugement du spécialiste aura préséance dans ce
domaine.
Un document intitulé Classification et Méthodes d'évaluation sismiques des barrages existants
d'Hydro-Québec (1999,) renferme les principales méthodes nécessaires aux analyses.
L'approche retenue repose sur une démarche progressive selon laquelle le niveau d'analyse
est associé à l'importance de l'ouvrage et de la sollicitation sismique choisie pour son dimen-
sionnement (séisme maximal de dimensionnement ou SMD). Les conséquences de la rupture
de l'ouvrage ou la classe de risque sismique de l'ouvrage sont en général retenues pour la dé-
termination du SMD.
La vérification de la stabilité d'un barrage en remblai sous l'action des séismes peut être réali-
sée au moyen d'une méthode simple telle que la méthode pseudo-statique ou d'une méthode
complexe telle que la méthode de la réponse dynamique de l'ouvrage.

T451
Les coefficients sismiques applicables aux ouvrages de retenue sont présentés à la rubrique 3.4.3.

page 8.84 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La figure 8.25 présente l'ensemble du processus de l'étude de la stabilité sismique d'un ou-
vrage en terre. Le tableau 8.7 présente un aperçu général des niveaux d'analyse en fonction
des sollicitations sismiques anticipées. On présente ci-après la description de chacun des ni-
veaux d'analyse utilisés dans l'approche progressive :

• niveau 0 (évaluation préliminaire de la sécurité sismique de l'ouvrage) ;


Moyennant quelques critères simples, il est possible de statuer que l'ouvrage est stable et
d'arrêter l'étude à ce niveau, sans avoir recours aux niveaux plus élevés (figure 8.26).

• niveau 1 (utilisation de la méthode pseudo-statique) ;


Le coefficient de sécurité requis devrait être > 1,0 en utilisant le coefficient sismique de la
référence 8.16. Si le coefficient de sécurité est inférieur à 1,0, cela signifie qu'un déplace-
ment est susceptible de se produire et on a recours à une étude de niveau 2 pour le calcul
des tassements de la crête. Il est recommandé d'éviter l'ajout de bermes ou d'introduire
d'importants changements à la conception en se basant uniquement sur cette méthode.
La méthode pseudo-statique ne peut être utilisée que si les matériaux ne sont pas suscep-
tibles de générer des pressions interstitielles élevées, ni perdre plus de 15 % de leur résis-
tance lors des séismes.

• niveau 2 (méthode simplifiée ou évoluée pour le calcul des déplacements de la crête des
barrages) ;
Cette méthode nécessite la connaissance de l'accélération maximale en crête Km et l'ac-
célération limite Ky (« yield accélération ») qui représente le coefficient sismique corres-
pondant à un coefficient de sécurité de 1,0 en condition pseudo-statique (analyse de la sta-
bilité en équilibre limite).

• niveau 3 (analyse dynamique avec le modèle linéaire équivalent de Seed) ;


Si l'étude dynamique montre que des pressions interstitielles ou des zones de liquéfaction
sont susceptibles de se développer - en particulier au voisinage des surfaces de glissement
potentielles -,il faut alors s'assurer qu'il n'y a pas de rupture pendant et après le séisme.
Théoriquement, les pressions interstitielles pourraient aussi migrer vers une surface de
glissement potentielle et provoquer le glissement plusieurs heures après le séisme. Il est
inutile d'avoir recours à ce niveau d'analyse dans le cas des études sommaires ou prélimi-
naires.
Si le coefficient de sécurité post-sismique est inférieur à 1,0, des mesures de réhabilitation
sont à envisager.

• niveau 4 (analyse dynamique avec un modèle de comportement non-linéaire du sol et éva-


luation des déplacements et statuer au sujet de la stabilité sismique).
Ce niveau d'analyse est habituellement utilisé lorsque la sollicitation sismique est assez
forte pour induire un comportement manifestement non-linéaire. Il est inutile d'avoir recours
à ce niveau d'analyse dans le cas des études sommaires, préliminaires ou de faisabilité.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.85


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 8.25 : Méthodologie progressive d'évaluation de la sécurité sismique des barrages en remblai

Début

Niveau 0 Niveau I Niveau II Niveau III


Évaluation préliminaire de Analyse pseudo-statique Analyse des déformations Analyse dynamique linéaire
la sécurité sismique du (coefficient sismique) permanentes (Méthodes sim- équivalente
barrage plifiées)

Analyse et évaluation détaillée de la


sécurité sismique du barrage

Décision en matière de sécurité sismique

page 8.86 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 8.26 Méthodologie progressive d'évaluation de la sécurité sismique des barrages en remblai niveau 0 - évalua-
tion préliminaire

Collecte et analyse Conditions des critères de présélection


des données dispo-
nibles H < 15 mètres
Amax= 0,08 g
Pas de failles ou de zones sismotectoniques actives à
non
proximité Poursuivre avec les ni-
Fondation rocheuse veaux requis de l'analyse
Détermination des Danger faible en aval (conséquences minimales)
caractéristiques du
progressive (niveaux I à IV)
Début Matériaux de remblai denses et bien compactés
séisme maximum de
dimensionnement Stabilité statique suffisante
.(SMD) Zones du barrage ou de la fondation susceptibles de
contenir des pressions interstitielles (sous-pressions arté-
siennes) élevées
Pas de conditions particulières (telles que sols liquéfiables,
argiles sensibles, topographie de surface ou du socle ro-
DéterminationTdeïa- cheux accidentée)
phase du projet
(sommaire, prélimi-
naire, faisabilité, in-
génierie) oui

Pas de risque sismique significatif

Ouvrages de retenue en remblai page 8.87


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.7 : Niveaux d'évaluation de la sécurité des grands barrages (H >15 m)


Zone sis- Type de Accélération de pointe Niveau d'analyse requis
mique du sollicitation au rocher
site sismique (A™,) Minimum requis Maximum suggéré

I Faible Amax < 0,08 g 0


II Modéré 0,08 g < Amax < 0,20 g 1 2
III Significatif 0,20 g < A^ < 0,35 g 3 4
IV Élevé Amax > 0,35 g 3 4

8.10 Éléments de calcul numérique des barrages

8.10.1 Contraintes et déformations à l'état statique


Le calcul des contraintes et des déformations dans le corps du barrage est réalisé à l'aide de
l'un des programmes informatiques disponibles utilisant la méthode des éléments finis ou des
différences finies.
Pour les États-Unis et le Canada, les premiers calculs de ce type remontent au début des an-
nées 70, alors que l'université Berkeley (Californie) rendait disponibles les programmes infor-
matiques LSBUILD, RESFIL et FEADAM. À ce titre, on rappelle que la majorité des barrages
de la province ont été calculés, lors de la phase de conception, à l'aide du programme FEA-
DAM.
Dans les années 90, le programme FEADAM a continué à être utilisé dans la province en rai-
son de l'expérience accumulée au niveau de la détermination des paramétrés. Cependant,
d'autres programmes informatiques ont fait leur apparition sur le marché nord américain et le
marché mondial. On peut citer les outils suivants :

• FLAC (États-Unis) ;

• GEFDYN (France) ;

• CON2D-90 (États-Unis).

Habituellement les éléments suivants sont considérés pour la discrétisation et la modélisation


du milieu continu :

• éléments « sol » ;
Les éléments « sol » choisis sont du type isoparamétrique rectangulaire (quatre nœuds aux
sommets) ou triangulaire (trois nœuds aux sommets).

page 8.88 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

éléments « béton » ;
Les éléments « béton » choisis sont des éléments poutre (« beam éléments »). Au terme du
calcul, on obtient les efforts usuels moment fléchissant (M), effort tranchant (T), effort nor-
mal (N) ainsi que les déplacements aux nœuds des éléments.

éléments « joint » ;
Les éléments « joint » sont nécessaires à chaque fois que deux matériaux de rigidité diffé-
rentes interagissent. Dans ce cas, le sol de fondation de rigidité, plus faible et plus com-
pressible que le béton du mur, nécessite la mise en place d'éléments « joint ». D'un point
de vue qualitatif, le sol de fondation supportant la charge du barrage va se comprimer et
transférer une partie de ces charges au mur. Il s'agit donc d'un frottement négatif. Le sol
situé au voisinage du mur tasse et force ce dernier à tasser.

emprise effective du barrage.


L'emprise effective du barrage ne se limite pas aux pieds aval et amont de l'ouvrage. La
détermination de ces limites est réalisée au moyen d'une étude paramétrique au cours de
laquelle l'emprise est augmentée jusqu'à ce que l'effet du barrage ne se fasse plus sentir
au voisinage des extrémités de la fondation ou des frontières latérales de la grille de discré-
tisation numérique du milieu continu. L'emprise effective est atteinte lorsque les déplace-
ments horizontaux deviennent négligeables dans les éléments « sol » de la fondation ou
que les contraintes verticales y deviennent égales à celles exercées par le terrain plat, en
aval ou en amont du barrage.

8.10.2 Réponse dynamique des barrages


Le calcul dynamique des barrages consiste à déterminer la réponse de l'ouvrage sous l'action
d'un séisme. Ce dernier peut être déterminé à l'aide des guides suivants élaborés par Hy-
dro-Québec :

• Guide pour la sélection des paramètres sismiques (~\998) ;

• Guide pour les méthodes d'évaluation sismique des barrages (1999).

Le premier guide permet de déterminer l'accélération maximale au roc (APR) au droit du site
étudié. Le second guide permet de déterminer le contenu fréquentiel, les accélérations spec-
trales, les magnitudes possibles de ce séisme, sa durée et sa distance possible au site. Habi-
tuellement, on spécifie au moins deux séismes - naturels ou artificiels - que l'on souhaite, res-
pectivement, représentatifs d'un épicentre en champ proche et d'un épicentre en champ éloi-
gné.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.89


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le calcul dynamique est mené exclusivement à l'aide d'un programme informatique. Les pro-
grammes permettant de réaliser des analyses complètes telles que la détermination des condi-
tions initiales (calcul statique avec prise en compte de l'écoulement de l'eau) suivi du calcul dy-
namique sont les suivants :

• FLAC (États-Unis) ;

• GEFDYN (France) ;

• TARA-3 (Canada) ;

• DYNAFLOW (Grande-Bretagne).

D'autres programmes consacrés exclusivement au calcul dynamique existent :

• FLUSH (États-Unis) ;

• QUAD-4 (États-Unis).

8.10.3 Période propre de vibration


La période propre d'un barrage en remblai se situe entre 0,2 et 1,0 s. Elle peut être estimée au
moyen des méthodes simples suivantes ou à l'aide d'une analyse numérique. À titre indicatif, la
période propre du premier mode de vibration du barrage Manic-3 (108 m de hauteur) se situe à
environ 0,70 s. Cette valeur correspondant au cas des petites déformations est déduite des
analyses de la réponse du barrage Manic-3 (Rainer, 1990) au tremblement de terre du Sague-
nay d'une magnitude 5,9 et d'une accélération au roc égale à 0,5 % g (25 novembre 1988).
La méthode simplifiée de Priscu et al. (1985) pour les barrages en enrochement s'exprime
comme suit où H = hauteur du barrage (m) :
[7=0,5 H/100]

11 est possible aussi d'utiliser la méthode simplifiée de Tan et Wilson (1987) qui s'applique aux
barrages en remblai et qui est basée sur des considérations géométriques et de rigidité. Cette
formulation a été établie au moyen d'une vérification par éléments finis dans le cas de plusieurs
configurations, comme suit :

page 8.90 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

f n =1,72[H-WP' 172 f. b s

ou
sb
fréquence du dépôt plat équivalent (Hz)
fréquence naturelle du barrage modélisé
en poutre (« shear beam ») travaillant en
cisaillement (Hz)
H hauteur du barrage (m)
W largeur en crête du barrage (m)
Vs vitesse de propagation des ondes de cisaille-
ment dans le barrage (m/s)
Tn .= période propre du barrage (secondes)

8.10.4 Cycles représentatifs d'une sollicitation sismique


Le caractère non uniforme de la sollicitation sismique et des contraintes et déformations indui-
tes par le séisme, dont les valeurs sont variables dans le temps, a suscité la détermination d'un
nombre de cycles équivalents Néq. correspondant à une sollicitation cyclique uniforme de fré-
quence constante et dont l'amplitude est égale à 65 % de la valeur maximale induite.
Une revue de la question a été réalisée par Leboeuf et Lefebvre (référence 8.22) pour le cas
particulier du Québec. Les travaux de Seed (1975) et d'Annaki et Lee (1977) portant sur une
vingtaine d'enregistrements sismiques californiens ont conduit à une relation unique entre le
nombre de cycles équivalents Néq. et la magnitude du tremblement de terre.
Dans le cas des tremblements de terre du Québec (Saguenay, Miramichi), EI-Hindy (1989) a
établi d'autres relations. En fait, les nombres de cycles équivalents dans le cas de l'est du Ca-
nada sont supérieurs à ceux de la Californie. Les paramètres fournis au tableau 8.8 sont ac-
tuellement recommandés.
Dans le cas des tremblements de terre du Québec (Saguenay, Miramichi), EI-Hindy (1989) a
établi d'autres relations. En fait, les nombres de cycles équivalents dans le cas de l'est du Ca-
nada sont supérieurs à ceux de la Californie. Les paramètres fournis au sont actuellement re-
commandés.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.91


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 8.8 : Valeurs du nombre de cycles équivalents Néq. pour l'Est du Canada
Zone Magnitude du séisme Néq.
Charlevoix (CHV) 7,5 12-16
Ouest du Québec (WQU ) 6,5 9-12
Nord Appalaches (NAP) 6,0 7-10
Bas Saint-Laurent (LSL) 5,5 5-8
Eastern Background (EBG) 5,0 3-6
Adaptation de Lebœuf et Lefebvre (référence 8.22)

Une application importante du nombre de cycles équivalents Néq. est la détermination du po-
tentiel de liquéfaction ou de déformation d'un matériau sous un chargement cyclique au labo-
ratoire (essai de cisaillement simple ou trixial). Les contraintes de cisaillement induites par le
tremblement de terre sont traduites en nombre de cycles de contraintes à amplitude constante
égale à 65 % de la contrainte induite.

8.10.5 Déplacements permanents associés aux séismes

8.10.5.1 Généralités

Nous avons vu que la sollicitation sismique anticipée avait pour conséquence le développement
de zones de liquéfaction dans la fondation de sable, aussi bien au voisinage du pied amont que
du pied aval. La stabilité étant assurée en conditions post-sismiques ou post-liquéfaction, il
s'agit d'évaluer à présent les déplacements susceptibles de se produire suite à la réduction de
rigidité qui affecterait les éléments de sable liquéfiés.

Les méthodes empiriques simples telles que celles de Makdisi et Seed (référence 8.23), Her-
zog (référence 8.13), Jansen (1980) et Newmark (référence 8.27) sont recommandées. Elles
doivent cependant être appliquées avec prudence dans tous les cas. En particulier, ces métho-
des ne s'appliquent que lorsque les matériaux de la fondation conservent leur pleine résistance
pendant et à la fin du séisme. Les résultats trouvés au moyen de ces méthodes constituent
donc une borne inférieure aux déplacements réels.

8.10.5.2 Méthode de Makdisi et Seed

Cette méthode est basée sur le principe de la méthode de Newmark (1965). Selon l'approche
de Newmark, les déformations permanentes s'accumulent le long d'une surface de cisaillement
(surface de glissement critique correspondant à coefficient de sécurité Fs = 1,0 en équilibre li-
mite pseudo-statique) entre deux blocs rigides glissant l'un par rapport à l'autre. Il n'y a défor-
mation inélastique que lorsque l'accélération calculée à un temps donné (t) dépasse l'accéléra-
tion limite (Ky).

page 8.92 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La méthode de Makdisi et Seed (1977) est une méthode simplifiée, dérivée de la méthode de
Newmark. Elle nécessite la connaissance de :

• l'accélération maximale en crête ;

• la période propre fondamentale de vibration ;

• l'accélération limite.

8.10.5.3 Méthode de Herzog


La méthode de Herzog (1985) est relativement simple. Elle est basée sur des considérations de
comportement élastique des matériaux du barrage ; cependant, une réduction de la rigidité est
supposée dans les calculs. En outre, le barrage est considéré équivalent à une poutre encas-
trée à la base.

8.10.5.4 Méthode de Jansen

Jansen (1980) a mis au point une formule simple destinée au calcul du tassement de la crête

U = 19 x (0,1 M)8 x (Km - Ky)x Ky -°'5


U = déplacement vertical ou tassement de la crête
(pi)
M = magnitude du séisme sur l'échelle de Richter
Km = accélération en crête
Ky = accélération limite

Cette méthode est basée sur un grand nombre d'observations, en particulier sur le barrage
La Viilita (Mexique) dont la hauteur atteint 60 m.

8.10.5.5 Méthode de Newmark


La méthode de Newmark (1965), basée sur le glissement d'un bloc rigide, correspondant à la
masse définie par une surface de rupture lors d'une étude de stabilité en équilibre limite, stipule
qu'aucun déplacement n'a lieu si l'accélération induite par le séisme est plus que l'accélération
limite et que les forces de résistance sont formées par la résistance ultime au cisaillement le
long de cette surface.
Le programme DISP élaboré par l'USBR (Chugh, 1980) permet de considérer l'historique de
l'accélération sismique dans la masse définie par la surface de rupture et d'accumuler les dé-
placements au fur et à mesure qu'une accélération supérieure à l'accélération limite et dirigée
vers l'extérieur du barrage est rencontrée.

Ouvrages de retenue en remblai page 8.93


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.10.6 Séismes induits par les réservoirs


Lors de la mise en eau des grands barrages, il est de coutume que les concepteurs évaluent la
possibilité de la génération de séismes de faible intensité dont les hypocentres se situent sous
le réservoir (Meade, 1982). Ce type d'activité sismique, qui a été à l'origine de la fissuration de
la crête du barrage en béton Koyna (Inde, 1962-1967), a été détecté, dans une moindre me-
sure, par Hydro-Québec dans le cas des barrages La Grande-4 et Manic-3 (Leblanc et Lange-
vin, 1978). Ce type d'activité sismique s'explique actuellement par le fait que l'augmentation des
pressions d'eau sous la charge de la retenue conduit à l'ouverture et à la lubrification des plans
de faiblesse du socle rocheux (micro-fissures ou failles). Cette situation conduit à une baisse de
résistance des contacts résultant en des séismes induits dont la fréquence peut atteindre
400 chocs par semaine (barrage Koyna).
Dans le cas particulier du barrage Manic-3, les séismes enregistrés à la mise en eau (1975-
1976) possédaient une magnitude maximale de l'ordre de 4,1 (le niveau du réservoir a atteint
environ 90 % de charge finale) et ils étaient tous concentrés dans une zone de 20 km2 dont le
centre se situait à 8 km en amont du barrage. Les accélérations ressenties au niveau de la fon-
dation rocheuse du barrage n'ont pas été rapportées par les auteurs, mais il est possible de les
estimer à 3 % g. Cette activité sismique habituellement limitée à la période du remplissage du
réservoir a duré au moins neuf mois, d'octobrel 975 à juin 1976, et a complètement disparu
vers la fin de juin 1976.
Il apparaît donc que les séismes induits par le remplissage du réservoir entrent dans le cadre
d'une activité sismique limitée à la période de mise en eau et qu'habituellement cette activité ne
se manifeste de nouveau que si le niveau d'un réservoir est rehaussé de manière substantielle.
Pour tenir compte de la possibilité des séismes induits, il est recommandé de considérer un
séisme minimal dans les régions jugées non sismiques.

8.11 Normes et paramètres


Les ouvrages en terre et en enrochement sont généralement conçus suivant les règles de l'art.
Leur conception n'est donc pas régie par des codes ou des normes. Toutefois, les travaux de
construction sont soumis à des normes et à des exigences légales.

page 8.94 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.11.1 Normes
La dernière édition des normes suivantes régit la construction des ouvrages :

Sols et matériaux
BNQ 2501 -025 Analyse granulométrique des sols inorganiques.
BNQ 2501 -052 Détermination de la masse volumique en place à l'aide de la mem-
brane élastique - Appareil de type Washington.
BNQ 2501 -054 Détermination de la masse volumique en place à l'aide d'une mem-
brane élastique.
BNQ 2501 -058 Détermination de la masse volumique du sol en place à l'aide d'une
membrane flexible (volume d'eau).
BNQ 2501 -060 Détermination de la masse volumique en place selon la méthode du
cône de sable.
BNQ 2501 -062 Détermination des masses volumiques minimale et maximale des
sols pulvérulents - Essai à la table vibrante.
BNQ 2501 -070 Détermination de la densité relative.
BNQ 2501 -090 Détermination de la limite de liquidité à l'aide de l'appareil de Casa-
grande et de la limite de plasticité.
BNQ 2501 -170 Détermination de la teneur en eau.
BNQ 2501 -250 Détermination de la relation teneur en eau-masse volumique - Essai
Proctor normal.
Géotextiles
CAN/CGSB-148.1, méthode n° 3-M Épaisseur
CAN/CGSB-148.1 , méthode n° 4 Perméabilité
CAN/CGSB-148.1 , méthode n° 7.3 Effet de tension
CAN/CGSB-148.1 , méthode n° 7.3 Allongement à la rupture

Ouvrages de retenue en remblai page 8.95


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

8.11.2 Paramètres
Les paramètres usuels à respecter pour les bétons compactés sont les suivants

Paramètres Enrochement Granulaire Moraine


3
Masse volumique humide (kg/m ) 2000 2100 2200
3
Masse volumique déjaugée (kg/m ) 1 200 1 250 1 325
Angle de frottement effectif (<t>') 45e - 509 368 - 40e 36e - 389
Coefficient de poussée horizontale au repos (Ko) 0,4 0,5 0,5
Coefficient de frottement (tg <)>') 0,40 (béton) — " —
0,75 (roc)

8.12 Références
Référence 8.1 Acres International Ltd. 1990. Safety Assesment of Existing Dams for Ear-
thquake Conditions. Report for thé Canadian Electrical Association, R&D.
CEA N° 420-G-547, Vol. A, B, C-1, C-2, C-3, C-4 and C-5.

Référence 8.2 ASCE. 1993. Design, construction and maintenance of relief wells.

Référence 8.3 ASCE. 1985. Seepage and Leakage from Dams and Impoundments. Pro-
ceedings of Geotechnical Engineering Division, Denver Colorado.

Référence 8.4 ASCE. 1982. Seepage Control with Chemical Grout. Proceedings of thé
Conférence on Grouting in Geotechnical Engineering.

Référence 8.5 ASCE. 1978. Soil Improvement, History, Capabilities and Outlook.

Référence 8.6 Basham, P.W., Weichert, D.H., Anglin, F.M. et Berry, M.J. 1982. New Pro-
babilistic Strong Seismic Ground Motion. Maps of Canada : A compilation of
Earthquake Source Zones, Methods and Results.

Référence 8.7 Chapuis, R.P. 1995. Filtration des sols pulvérulents et des sols fins : Critères
et exemples. Vecteur Environnement, vol. 28, n° 4.

Référence 8.8 Dascal O. 1990. Seismic Safety Evaluation of Hydro-Quebec's Dams. Ca-
nadian Dam Safety Conférence, Toronto, September.

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page 8.96 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

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Ouvrages de retenue en remblai page 8.97


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page 8.98 Ouvrages de retenue en remblai


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs

9.1 Généralités
Un évacuateur de crue a pour fonction principale de restituer dans le cours naturel de la rivière
les apports excédentaires qui arrivent au réservoir ou dans le bief amont et ainsi ne fonctionne
qu'occasionnellement. Un ouvrage régulateur, par contre, doit assurer le transfert des eaux
d'un réservoir périphérique vers la rivière aménagée et fonctionne d'une façon relativement
continue. Ce mode de fonctionnement exige par conséquent une conception plus conservatrice
contre l'érosion et la cavitation. Malgré la différence importante de fonctionnement en les deux
ouvrages, leur conception et leur configuration sont similaires.
En première approximation, c'est-à-dire lors de l'étude préliminaire ou au début de l'étude de
faisabilité, on considère un rapport hauteur-largeur d'environ 1,5 pour les passes qui seront
fermées par des vannes de type wagon ou de type segment. Il ne s'agit pas là d'une règle
stricte, mais plutôt de valeurs couramment obtenues à partir d'autres considérations. Notam-
ment, la cote de la crête du coursier de chaque passe d'évacuation constitue un critère impor-
tant pour l'étude de laminage des crues lorsque l'ouvrage contrôle un réservoir. Ainsi, les di-
mensions des passes d'évacuation sont optimisées à la fin de l'étude de faisabilité.
Il n'existe actuellement aucune règle fixe concernant le nombre de passes d'évacuation. Du
simple point de vue de l'hydraulique, il est souvent préférable de choisir un nombre impair de
passes afin de favoriser une opération symétrique lors des lâchages du débit. Ceci permet de
minimiser les mouvements des écoulements de retour qui peuvent éroder les radiers de cha-
que côté des passes qui déversent. Il est recommandé d'éviter un nombre trop faible (un ou
deux) ou trop élevé de vannes afin d'éviter des problèmes de sécurité en cas de défectuosité
d'une vanne ou du système de levage.
Les méthodes de calcul publiées par le U.S.B.R. (référence 9.11) constituent la principale réfé-
rence actuellement pour la conception de ces ouvrages. Les pratiques adoptées pour le com-
plexe La Grande sont également des exemples à considérer (référence 9.9 et référence 9.10).
La conception hydraulique de ces ouvrages est habituellement vérifiée et optimisée au moyen
d'essais hydrauliques sur modèle physique lors de l'ingénierie du projet.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.2 Choix du débit de conception


Les critères utilisés pour la conception des évacuateurs de crue doit tenir compte à la fois de
l'importance de l'ouvrage et du risque qui lui est associé. La tendance actuelle dans de nom-
breux pays est de distinguer l'aspect sécurité du barrage de celui du dimensionnement des ou-
vrages d'évacuation. Selon la CIGB (référence 9.3), le choix de la crue de projet dépend du de-
gré de risque en cas de dépassement de celle-ci. Il intervient à la fois sur la sécurité du barrage
ainsi que sur le dimensionnement des ouvrages d'évacuation et de la réserve supplémentaire
nécessaire au laminage de la crue de vérification à laquelle doit faire face l'aménagement.
D'autres notions doivent aussi être vérifiées, tels les mesures de prévention, les plans d'alerte
et d'évacuation.
Cette approche conduit en pratique à définir deux critères de conception des ouvrages d'éva-
cuation (référence 9.2) :

• la « crue de vérification » du barrage est celle que le barrage peut supporter dans des
conditions exceptionnelles, quelques dommages et une réduction des coefficients de sécu-
rité étant acceptées, à l'exclusion de la rupture du barrage ;

• la « crue de projet » du barrage est celle utilisée pour le dimensionnement des ouvrages
d'évacuation, c'est-à-dire celle pouvant être évacuée par les ouvrages en bon état de fonc-
tionnement.

Dans pratiquement tous les cas d'étude réalisée par Hydro-Québec depuis une vingtaine d'an-
nées, la crue maximale probable (CMP) est toujours retenue comme crue de vérification. En
effet, dans beaucoup de cas, les conséquences de la rupture du barrage seraient si sévères
qu'aucune probabilité significative de rupture ne peut être tolérée, et une protection doit être
assurée jusqu'au niveau atteint par l'eau lors de la crue maximale probable.
Toutefois, si les conséquences d'une rupture de barrage s'avéraient moins sévères, une faible
probabilité de rupture pourrait être acceptée et les coûts pour assurer la protection seraient
alors réduits. Lors d'un tel choix, il doit être démontré qu'une rupture ne présente aucun risque
de pertes de vie humaine autant en amont qu'en aval du barrage et que le risque des domma-
ges économiques, sociaux et environnementaux n'est pas trop important.
La crue de projet est étroitement liée au choix de la crue de sécurité. Ce débit doit fixer le degré
de sécurité en exploitation normale, en offrant la flexibilité d'évacuation des crues requise. En
fonction des dimensions de l'ouvrage, de l'importance du barrage sur le parc d'équipement
d'Hydro-Québec, de la nature des différentes composantes de l'aménagement, le choix de la
crue de projet varie généralement entre la pointe de la crue décamillennale (crue de
1:10 000 ans) et celle de la crue millennale (crue de 1 :1 000 ans) après laminage pour les
nouveaux ouvrages d'évacuation.
Lorsque la CMP n'est pas connue et que la crue de vérification ne peut être fixée, ce qui est
généralement le cas dans une étude préliminaire, le débit de conception correspond en pre-
mière approximation à la crue décamillennale évacuée sous le niveau maximal d'exploitation.
Dans le cas où l'aménagement comprend uniquement des ouvrages en béton, il peut être inté-
ressant de vérifier l'importance des coûts de l'évacuateur sur l'ensemble du projet d'aménage-
ment avec une crue de projet qui correspondrait à la crue millennale.

page 9.2 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Lorsque la CMP est connue et qu'elle est retenue comme crue de vérification, l'empiétement
maximal sur la revanche qui peut être admis lors de cette crue doit être fixé en fonction de la
composition des différents ouvrages qui composent l'aménagement. Par exemple, si l'aména-
gement comporte un ou des ouvrages en enrochement importants, la plupart des cas d'études
antérieures ont montré qu'un empiétement de 1 m sur la revanche à la crue de vérification est
acceptable. Par ailleurs, lorsque l'aménagement est composé uniquement d'ouvrages en bé-
ton, un empiétement plus important peut être retenu. Dans ce cas, si le déversement est toléré
lors de la crue de vérification, ses effets en aval immédiat doivent être évalués afin de s'assurer
que la sécurité des ouvrages est respectée.
Dans le but de minimiser les coûts d'investissement des équipements lors de la construction de
nouveaux ouvrages, il existe actuellement une tendance des concepteurs à considérer la pas-
sage du débit de conception à la fois par un évacuateur de crue principal, muni généralement
de vannes droites ou de vannes radiales, et d'un évacuateur de crue secondaire qui pourrait
comporter des vannes pneumatiques, des poutrelles déclenchables, etc. Évidemment, l'idée
essentielle est de permettre l'évacuation des crues courantes par l'évacuateur principal et d'uti-
liser l'évacuateur secondaire en cas de crues importantes.
Dans le cas de l'étude de réfection ou de remplacement des ouvrages d'évacuation existants à
un site donné, la norme SB-50-11 -00 (référence 9.6) a été émise par Hydro-Québec afin d'uni-
formiser une adéquation des capacités d'évacuation sur une rivière. Cette norme s'applique à la
vérification de tous les aménagements hydrauliques existants dans le cadre des études de ré-
évaluation de la sécurité prévues dans le programme de Sécurité des barrages du groupe Pro-
duction.
Autant pour la crue de vérification que pour la crue de projet, la contribution de la centrale pour
l'évacuation des eaux n'est généralement pas considérée. Toutefois, lorsqu'on est en présence
d'une centrale avec des groupes de type bulbe ou saxo, avec lesquels le débit évacué en mode
déchargeur est estimé à environ 70 % du débit d'équipement, on peut alors prendre en compte
la contribution de la centrale en mode déchargeur en crues extrêmes (référence 9.7).
Dans le cas de la conception d'un régulateur, le débit de conception résulte d'optimisations hy-
drologiques et économiques par rapport à la gestion des réservoirs et des simulations hydro-
énergétiques. Pour les cas où l'ouvrage régulateur sert également d'évacuateur de crue, celui-
ci devra satisfaire aux deux types de critères élaborés ci-dessus.

9.3 Critères hydrauliques


Les critères hydrauliques suivants sont généralement considérés lors de la conception

• la géométrie d'approche ;

• les caractéristiques des piliers ;

• le coursier ;

• la dissipation d'énergie.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.3.1 Géométrie d'approche


II existe peu de normes strictes quant à la géométrie du canal d'amenée. Pour les canaux rela-
tivement longs, on limite les vitesses maximales à 3 ou 4 m/s afin de diminuer le rabattement
du plan d'eau et de favoriser une alimentation adéquate des passes. Au débit de conception, la
vitesse d'écoulement est généralement de 3,5 m/s. Les transitions doivent être graduelles et les
courbes limitées au minimum. En amont immédiat de l'ouvrage, on évite toute discontinuité
brusque, tant pour le radier que pour les parois.
Les pentes longitudinales du radier du canal d'amenée sont limitées à 15 % afin de permettre la
circulation des équipements lors des travaux de construction.

9.3.2 Caractéristiques des piliers


Le nez des piliers est profilé pour éviter un décollement de l'écoulement, telle l'ellipse avec un
rapport des deux axes de l'ordre de 2. D'autres formes peuvent toutefois être utilisées, telles
que les arcs de cercles, notamment dans les cas où le décollement de la nappe ne constitue
pas un problème majeur. Lorsqu'on prévoit l'agression sévère des glaces sous forme de pla-
ques, on a généralement recours à la forme d'ogive. Dans tous les cas, la largeur des passes
est déterminée en fonction de la forme des piliers, en tenant compte de la contraction causée
par ceux-ci.
Dans tous les cas d'aménagements au fil de l'eau, là où le contrôle des glaces à la débâcle,
des débris ou autres est complexe, il est recommandé de choisir des passes de grande largeur.
On pourrait envisager l'utilisation d'autres moyens tels que le recours à un brise-glace pour as-
surer une gestion optimale des glaces (référence 9.4) pour la phase d'exploitation.
Les rainures de vanne, dans le cas de vannes droites, sont généralement placées dans l'axe de
la crête du coursier. Leurs dimensions correspondent aux caractéristiques des vannes.

9.3.3 Coursier
Le coursier est généralement précédé d'une paroi verticale ou inclinée. Sa forme est telle que
la pression qui s'exerce sur la surface bétonnée demeure positive.
Deux profils types sont souvent retenus pour la géométrie des seuils :

• un profil Creager pour les ouvrages normalement destinés à fonctionner la plupart du temps
à grande ouverture des vannes ;

• un profil parabolique, défini par la trajectoire d'un jet libre issu d'une ouverture de vanne de
30 cm sous une charge égale à 85 % de la charge maximale de fonctionnement normal,
lorsque les ouvrages sont susceptibles de fonctionner fréquemment à ouverture partielle.

page 9.4 Evacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour diminuer le risque de la cavitation lors de fonctionnements à ouverture partielle, l'axe des
vannes est souvent déplacé vers l'aval de l'axe de la crête du coursier.
Afin d'éviter les rejaillissements brutaux de l'eau à l'extrémité aval des piliers, on diminue gra-
duellement leur épaisseur dans l'axe longitudinal. La vitesse sur les coursiers (surfaces béton-
nées) est limitée à 30 m/s pour les évacuateurs et à 18 m/s pour les ouvrages régulateurs.
Pour les parties de roc non revêtues, la vitesse maximale doit être limitée à 15 m/s durant une
étude préliminaire. Toutefois, au cours d'une étude de faisabilité, lorsque la qualité du roc et de
l'excavation sont mieux connues, des vitesses plus élevées, pouvant atteindre de 20 à 25 m/s
peuvent être envisagées lors de l'optimisation du canal. Le choix final de la vitesse tient compte
de la fréquence d'usage et du mode de fonctionnement de l'ouvrage, ainsi que de la proximité
d'ouvrages importants.
L'utilisation des vannes à faible ouverture (moins de 1 m) produit, dans certains cas, d'impor-
tantes vibrations des vannes, préjudiciables à la longévité des ouvrages (vannes et maçonne-
ries (référence 9.8).
Le coefficient de débit peut être optimisé de deux façons :

• en adoptant, pour les parois latérales, un tracé qui réduit les contractions ;
La longueur effective du seuil peut alors approcher la longueur du seuil réduit, la différence
entre les deux étant égale à 2 % de la charge de conception (H0) du seuil.

• en acceptant une certaine dépression, sur le seuil, lors des crues extrêmes.
Le coefficient, dans ce cas, pourrait être maximal (référence 9.7).

Il faut toutefois veiller à ce que la dépression ne soit pas inférieure à -6,1 m (référence 9.7). De
plus, pour limiter les risques d'érosion, l'indice de cavitation minimal est fixé à 0,3
(référence 9.12).

9.3.4 Dissipation d'énergie


Le mode de dissipation de l'énergie à la sortie des ouvrages est adapté aux conditions particu-
lières de chacun des sites, les principaux critères étant d'éviter l'érosion autour des structures
permanentes situées à proximité et d'éviter les embruns lorsque ceux-ci peuvent nuire à l'ex-
ploitation des équipements. La façon la plus efficace de dissiper l'énergie cinétique de l'eau est
de favoriser la formation d'un ressaut hydraulique.
Pour un site à basse hauteur de chute, la dissipation peut se faire directement en rivière ou, si
les conditions géologiques et hydrauliques le permettent, dans un canal d'évacuation ou dans
un bassin excavé dans le roc ou bétonné. Lorsque l'énergie ne peut être dissipée en rivière, il
est de pratique courante de contenir l'écoulement dans le roc ou en ajoutant des murs de béton
jusqu'à la fin du ressaut hydraulique avec une revanche de 1,5 m au-dessus du niveau calculé
pour l'eau. La méthode de calcul de la longueur du radier pour contenir le ressaut est indiquée
à la référence 9.1.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans chacun des cas, les conditions d'écoulement sont établies de façon à éviter que la sub-
mergence en aval immédiat du coursier ne provoque la réduction de la débitance de l'évacua-
teur de crue.
Pour la conception du canal d'évacuation, comme l'écoulement est en régime torrentiel, il faut
éviter les géométries qui sont la source de ressauts obliques, conduisant à des surélévations
excessives du niveau de l'eau dans la zone extérieure de la courbe. On aménage le radier de
telle façon que la plus grande partie de l'énergie de l'eau, dans chacun des régimes d'écoule-
ment, se trouve dissipée dans un ressaut hydraulique et par le frottement sur la surface du ra-
dier, ou sur une protection (enrochements lourds) faisant suite au radier en béton.
Lorsque la hauteur de chute est plus importante, deux modes de dissipation sont généralement
étudiés. Le premier consiste à créer une série de cascades au moyen de paliers excavés dans
le roc (type aussi nommé escalier) qui peuvent être précédés d'un bassin de tranquilisation. Le
second consiste à repousser la dissipation d'énergie plus en aval, possiblement avec l'aide d'un
saut à ski, dans une fosse de dissipation. Dans ce cas, la profondeur initiale de la fosse doit
correspondre à environ 60 % de la profondeur ultime d'affouillement.
Afin de bien contrôler les conditions d'écoulement, il est généralement nécessaire de docu-
menter les conditions d'écoulement entre le canal de restitution et le prochain point de contrôle
hydraulique aval sur le chemin d'écoulement des eaux de restitution. Selon les sites, on pro-
cède à des relevés de sections bathymétriques et à des profils de la surface de l'eau corres-
pondant à différents débits, ou encore à des jaugeages afin d'établir une relation niveau-débit à
la sortie aval du canal de restitution. Ces relevés et les calculs qui en dérivent doivent tenir
compte de l'influence de la présence éventuelle d'un couvert de glace en hiver.
Généralement, la hauteur des murs bajoyers sera suffisante pour contenir l'écoulement en te-
nant compte de l'effet des vagues et de l'entraînement d'air. Dans le cas des basses chutes,
pour éviter les courants de retour qui pourraient créer des problèmes d'abrasion sur les structu-
res, on peut recourir au prolongement des bajoyers dans chacune des passes. Ce prolonge-
ment se fait généralement jusqu'à la fin du radier du bassin de dissipation d'énergie, ce qui
peut être coûteux. Alors, à la suite d'essais sur modèle physique, des essais peuvent être réali-
sés dans le but de récommander une exploitation particulière des passes de l'ouvrage (ex. Ca-
rillon, Lobstick) et ainsi en diminuer les coûts de construction.
Dans le cas où les eaux d'évacuation sont dirigées vers le canal de fuite de la centrale, l'in-
fluence sur le fonctionnement de cette dernière doit être évaluée.

9.4 Critères structuraux

9.4.1 Généralités
Les évacuateurs de crues et les ouvrages régulateurs sont des ouvrages-poids et leur concep-
tion s'effectue suivant les méthodes utilisées pour les barrages-poids. En général, l'analyse de
stabilité est effectuée pour un élément monolithique qui comprend un pilier intermédiaire et
deux demi-coursiers adjacents, ou un pilier d'extrémité et un demi-coursier adjacent.

page 9.6 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les piliers doivent être conçus comme des éléments structuraux considérés en porte-à-faux par
rapport au coursier. Le calcul doit être effectué en conformité avec les normes
CAN/CSA-A23.1, CAN/CSA-A23.2 et CAN/CSA-A23.3.
Le traitement des fondations s'effectue de la même façon que pour les barrages-poids.

9.4.2 Dimensionnement global


Les études d'agencement mécanique et hydraulique établissent le profil du coursier, le nombre
et la grandeur des pertuis et des vannes. La conception structurale permet de définir par la
suite le dimensionnement global de l'infrastructure pour s'assurer de la stabilité adéquate de
l'ouvrage et pour fixer le dimensionnement des éléments structuraux tels que le pilier et le pont
de service. L'optimisation du coût de l'ouvrage s'obtient par la variation de certains paramètres
tels que la présence d'un système de drainage, la forme des piliers et la position des vannes.

9.4.3 Charges et combinaisons de charges


En plus des charges et des combinaisons de charges spécifiées à la rubrique 7 pour les ouvra-
ges de retenue, les évacuateurs et les ouvrages régulateurs doivent résister aux charges ré-
sultant de la manutention des vannes et des poutrelles. Le concepteur doit apporter une atten-
tion particulière à la considération de tous les arrangements d'installation de poutrelles et de
vannes produisant les effets les plus sévères sur les piliers.

9.4.4 Béton exposé aux écoulements


Le béton des murs bajoyers, des piliers et des radiers exposés aux écoulements doit résister à
l'abrasion par le transport de matières solides et, en particulier, à l'impact des glaces. On peut
augmenter la résistance du béton ou au besoin recourir à l'incorporation de fibres.
Pour les surfaces exposées aux grandes vitesses d'écoulement, telles que lés parois et les ra-
diers bétonnés du canal d'évacuation, des normes sont généralement prévues au devis pour
l'obtention d'un fini du béton de qualité suffisante pour minimiser les aspérités génératrices de
cavitation. Au besoin, un meulage peut être requis après le décoffrage pour réduire les aspéri-
tés hors normes. L'utilisation d'aérateurs pour combattre la cavitation sur les coursiers béton-
nés, une pratique de plus en plus courante dans plusieurs pays, n'est pas préconisée au Qué-
bec compte tenu de son climat nordique.
Pour les ouvrages où les vannes sont noyées partiellement en aval et où le ressaut hydraulique
s'établit à proximité des vannes, le seuil d'une partie de coursier, les pièces encastrées latéra-
les et les parois latérales en aval des rainures doivent être protégées par des blindages sur les
six premiers mètres environ.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.4.5 Piliers
La largeur du pilier est établie par l'encombrement des pièces encastrées des rainures des
vannes. De manière générale, l'épaisseur des piliers est comprise entre 3,0 et 4,25 m. En aval,
l'épaisseur du pilier peut être réduite graduellement jusqu'à la moitié de l'épaisseur en amont.
La longueur du pilier est fixée par l'analyse de stabilité.
Les rainures des vannes et des poutrelles doivent résister aux charges dues à l'infiltration de
l'eau entre le béton structural et le béton de seconde phase, ou entre le béton de seconde
phase et la plaque de blindage des pièces encastrées. Elles doivent résister également aux
charges dues au coincement de la vanne en cours de levage alors que le treuil atteint deux fois
sa capacité nominale.

9.4.6 Pont de service


Le pont de service peut être localisé en amont ou en aval des vannes. La localisation en amont
est préférable, car elle permet de minimiser la formation de givre s'il y a un ressaut hydraulique
ou un dissipateur à proximité aval du seuil déversant (La Grande-2 par exemple). Dans le cas
particulier d'un évacuateur intégré dans un barrage-poids, la localisation du pont de service en
amont des vannes contribue à augmenter légèrement la stabilité du barrage.
La conception du pont de service doit être conforme aux explications de la rubrique 18.

9.5 Critères mécaniques

9.5.1 Évacuateur à vannes droites

9.5.1.1 Utilisation
Les vannes droites sont généralement utilisées pour couper ou régulariser le débit.

page 9.8 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.1.2 Construction

Les vannes droites sont conçues avec des roues à axe fixe montées sur roulement à rouleaux
coniques. Elles sont construites en sections horizontales mécano-soudées devant être assem-
blées au chantier pour former une vanne complète. Les deux montants verticaux portent les fa-
ces d'étanchéité et les roues. Elles sont composées d'une plaque écran munie de raidisseurs
ou de poutres orthotropiques au cas où il y aurait impact de glace ; ces éléments sont soudés
sur une série de poutres horizontales principales. Si elles sont chauffées, elles possèdent aussi
une plaque aval fixée aux semelles des poutres pour former une structure fermée (caisson).
La charge hydrostatique sur la plaque écran est transmise aux poutres horizontales. Ces char-
ges sont alors portées par les membrures verticales d'extrémité. Les charges des membrures
sont transmises le plus également possible par les roues aux pièces encastrées.
Les vannes doivent être assemblées en usine afin d'en assurer la planéité et la rectitude et el-
les sont démontées en sections à assembler au chantier.

9.5.1.3 Chauffage et drainage

Lorsque les vannes sont chauffées, elles sont alors de type caisson et l'intérieur est éclairé. Le
chauffage se fait à l'intérieur par deux aérothermes à circulation forcée de même puissance. Un
thermostat garde la température intérieure à au moins 5 QC. Un système de gaines distribue
l'air chaud à chaque roue le long des montants latéraux jusqu'au caisson inférieur. Le retour se
fait par le centre de la vanne. Le chauffage peut aussi se faire par système radiant. De plus,
une certaine quantité d'air frais est continuellement introduite dans la vanne par une prise d'air
située au haut de la face aval afin d'éviter la condensation. La face aval des vannes est isolée
sur toutes ses surfaces exposées à l'air libre.
Une pompe de vidange est installée dans chaque vanne de type caisson lorsque le niveau aval
excède le seuil.

Le nombre de vannes chauffées est établi en fonction du débit d'équipement requis.

9.5.1.4 Étanchéité

L'étanchéité est assurée sur la face amont par des barres de bronze ou des joints d'élastomère
en forme de note de musique sur les côtés. Puisque les vannes sont exploitées en eau vive, les
joints d'élastomère sont recouverts de fluorocarbone afin de diminuer les forces de frottement.
Au seuil, l'étanchéité est assurée par un joint plat en élastomère fixé en aval du couteau usiné
de façon à transmettre les charges par contact métal à métal.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.1.5 Système de levage


Les vannes sont manœuvrees par des treuils à câbles individuels, installés au sommet des
tours et ponts. Chaque treuil est composé essentiellement d'un moteur électrique entraînant un
tambour par l'intermédiaire d'un réducteur de vitesses et d'engrenages.

9.5.1.6 Poutrelles
Les poutrelles, de construction soudée, sont constituées d'une plaque écran aval, d'un mini-
mum de deux poutres horizontales et de raidisseurs verticaux et horizontaux. Deux glissières
soudées à la plaque écran servent à transférer les charges aux pièces encastrées.
Les joints d'étanchéité des poutrelles sont placés du côté aval. L'étanchéité latérale et entre
chaque poutrelle est assurée par un joint d'élastomère de type note de musique ou rectangu-
laire placé entre la première poutrelle et le seuil.
Le palonnier est constitué d'une structure rigide en acier munie de deux crochets conçus pour
s'engager automatiquement aux axes de levage des poutrelles.
Un monorail, un pont roulant ou une grue mobile sert à la mise en place et à l'enlèvement des
poutrelles et à leur transport jusqu'au lieu d'entreposage. Le monorail ou le pont roulant est
suspendu aux poutres de roulement fixées aux tours.

9.5.1.7 Pièces encastrées


L'épaisseur minimale des piliers de l'évacuateur de crue doit être suffisante pour permettre de
réserver dans le béton l'espace nécessaire aux pièces encastrées et aux ancrages de la struc-
ture portante métallique.
Les ancrages dans le béton de première phase sont conçus pour permettre un mésalignement
de 5Q dans toutes les directions et ainsi faciliter l'ajustement des pièces encastrées avant le
bétonnage de deuxième phase. Toutes les pièces lourdes des rainures sont encastrées dans le
béton de deuxième phase et la partie en contact avec l'écoulement est blindée.
Le chauffage des pièces encastrées s'effectue avec des éléments radiants insérés dans des
gaines intégrées aux pièces. Il doit y avoir deux éléments sous la voie de roulement et un autre
sous le fer d'étanchéité amont.
Les faces d'étanchéité des pièces encastrées doivent être en acier inoxydable.

page 9.10 Evacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.2 Évacuateur à vannes segments

9.5.2.1 Utilisation
Les vannes segments sont généralement utilisées pour couper ou régulariser le débit.

9.5.2.2 Historique
Le plus récent projet d'Hydro-Québec comportant l'installation de vannes segments est celui du
barrage de la Première-Chute (réalisé à la fin des années 60). Depuis ce projet, les vannes
segments n'ont jamais été considérées en raison des difficultés d'exploitation et d'entretien si-
gnalées. La technologie ayant évolué depuis les vingt dernières années, il serait souhaitable de
considérer à nouveau ce type de vanne. On sait qu'à l'échelle internationale, les vannes seg-
ments sont aujourd'hui plus répandues que les vannes droites.

9.5.2.3 Construction

La plaque écran située du côté amont de la vanne repose sur une structure constituée d'un en-
semble de poutres horizontales et verticales qui transmettent leur charge aux tourillons par
l'intermédiaire de deux bras latéraux. Les forces appliquées aux vannes sont transmises par les
tourillons et par suite aux piliers par des ancrages de post tension. La tension des câbles d'an-
crage est appliquée après l'installation des poutres de support des tourillons.
Une plaque de revêtement aval et des plaques latérales sont soudées aux semelles des pou-
tres verticales et horizontales pour former une vanne caisson entièrement étanche et facile à
inspecter de l'intérieur. Les deux bras latéraux, construits en même temps que le volet de la
vanne, sont constitués de plaques raidies pour former des poutres caissons.
Le rayon de courbure du volet de la vanne et la position des tourillons doivent limiter les efforts
de levage, réduire les effets de poussée des glaces et assurer que les joints d'étanchéité de la
vanne sont accessibles lorsqu'elle est levée.
Des roues latérales et des sabots fixes sont montés de chaque côté des volets pour maintenir
les vannes alignées pendant leur descente et leur remontée. Les roues sont pourvues d'un
coussinet de bronze autolubrifiant à axe en acier inoxydable. Les sabots sont placés près des
roues pour limiter les efforts sur ces dernières et transmettre aux pièces encastrées les char-
ges dues à un coincement éventuel de la vanne.
La cote de l'axe des tourillons est telle qu'ils sont toujours à sec en toutes conditions de débit
normal. Ils peuvent être mouillés en condition de grand débit. Les arbres des tourillons sont en
acier inoxydable et les paliers, en bronze, sont munis d'un système de graissage ou en matériel
autolubrifiant.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.2.4 Chauffage, éclairage et drainage


Lorsque cela est requis, l'intérieur des vannes et des bras est chauffé et asséché par un sys-
tème à air chaud puisé. L'air chaud est distribué dans la vanne par une conduite qui guide l'air
vers les tourillons, les plaques latérales et le couteau. Le système de chauffage peut aussi être
de type radiant. Les surfaces de contact des joints sur les pièces encastrées sont chauffées du-
rant la saison hivernale par des éléments chauffants électriques. Des coupe-froid sont aussi
prévus près des joint d'étanchéité latéraux.
Un éclairage est prévu à l'intérieur des vannes et des bras afin que les travaux d'entretien puis-
sent être effectués en toute sécurité.
Une pompe de drainage, installée à l'intérieur, dans le fond de la vanne, permet de vidanger
l'eau provenant de la condensation et de fuites éventuelles.

9.5.2.5 Accessibilité
La vanne est munie d'une écoutille d'accès près de la poutre supérieure et d'un système
d'échelle qui assure l'accès interne à tous les niveaux de la vanne et dans les deux bras, jus-
qu'aux tourillons. Afin de permettre la manutention et l'inspection, une porte est prévue pour
donner accès de l'intérieur aux passerelles sur le dessus des bras.

9.5.2.6 Étanchéité
Les joints d'étanchéité latéraux sont placés en aval immédiat de la plaque écran, dans l'espace
prévu entre les membrures verticales d'extrémité et les piliers. Le joint au seuil est situé du côté
aval du couteau de la vanne. Les joints sont en élastomère vulcanisé, fabriqués selon la norme
en vigueur à Hydro-Québec. Les joints latéraux sont de type note de musique, pour permettre
un déplacement considérable dû aux mouvements latéraux de la vanne et aux dilatations ther-
miques. Le joint du couteau est droit et travaille en compression.

9.5.2.7 Système de levage


Le système de levage comprend un ou deux cylindres hydrauliques. Le fluide hydraulique, ré-
sistant au gel, est distribué aux cylindres par un système de tuyauterie à haute pression. Une
extrémité des cylindres est fixée à la partie supérieure des piliers alors que l'autre extrémité est
fixée à la membrure inférieure des vannes, à l'intérieur des bras. Les connexions des tiges à la
vanne comprennent des paliers en bronze auto-lubrifié.
Les cylindres peuvent lever les vannes jusqu'à pleine ouverture en tout temps et maintenir cette
position ou toute position intermédiaire. Après un déplacement de 50 mm dû au glissement, le
système rétablit automatiquement la position de la vanne.

page 9.12 • Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Chaque groupe hydraulique est muni d'une motopompe à déplacement positif, d'un manomè-
tre, d'une soupape de sûreté, d'un réservoir d'huile en acier et de tous les robinets, équipe-
ments de contrôle et de sécurité nécessaires. Une pompe de circulation assure la filtration
continue de l'huile et lorsque la vanne est fermée, la circulation continue dans les conduits des
cylindres. Tous les cylindres, leurs blocs d'alimentation hydrauliques de même que les tuyaux
exposées au gel sont chauffés par circulation d'huile pour maintenir une température minimale
de 5 QC en toutes saisons.
Les groupes hydrauliques sont reliés (deux à deux) de manière à permettre l'utilisation d'un
groupe comme unité de relève de l'autre.
Les efforts de levage des vannes varie considérablement selon le niveaux amont et aval et se-
lon la position de la vanne. La rigidité de la vanne assure un déplacement équilibré (tolérance
+ 5 mm). La course des tiges des cylindres est telle que le joint du couteau de la vanne devient
accessible lorsque la vanne est entièrement ouverte. La vitesse de déplacement des cylindres
est de 0,85 m/min et cette vitesse assure une vitesse moyenne de levage de vanne de
1,5 m/min.
Des treuils à câbles peuvent remplacer les systèmes hydrauliques s'ils s'avèrent plus économi-
ques. Chaque treuil est composé essentiellement d'un moteur électrique entraînant un ou plu-
sieurs tambours par l'intermédiaire d'un réducteur de vitesses et d'engrenages.

9.5.2.8 Poutrelles
Un jeu de poutrelles amont est prévu pour l'évacuateur. Lorsque les seuils sont normalement
noyés par la retenue aval, des poutrelles aval doivent aussi être prévues.
Les poutrelles amont sont manipulées de la même façon que les vannes droites.

9.5.2.9 Pièces encastrées


Les pièces encastrées sont constituées de deux poutres circulaires encastrées dans le béton
des piliers et d'une poutre de seuil horizontale.
Des rainures en arc de cercle, d'une courbure égale au rayon de la vanne, sont prévues lors de
la coulée des piliers. Des poutres en arc de cercle comportant une surface d'étanchéité en
acier inoxydable y sont insérées, ancrées et bétonnées. Les surfaces d'étanchéité sont chauf-
fées par des éléments électriques enfouis dans le béton près du point de contact des joints
d'étanchéité avec la surface en acier inoxydable. Les pièces encastrées latérales sont conçues
de manière à limiter les dimensions des rainures de première phase dans les piliers afin d'en
réduire l'épaisseur.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.3 Évacuateur à autre type de vanne


L'utilisation de vanne d'évacuateur de type gonflable ou clapet peut être considérée dans les
projets d'Hydro-Québec, là où il s'avérerait avantageux d'un point de vue économique ou pour
l'exploitation.

9.5.4 Normes et critères

9.5.4.1 Normes

Les normes applicables sont les suivantes :

Vannes, poutrelles, pièces encastrées et palonnier


Superstructures métalliques (ponts des treuils, tours, abris...) CSAS16-1969ouS16.1-Mf
Treuils CSAB167
Câbles des treuils CSA G4
Soudure CSA W59-M
Engrenages AGMA
Moteurs EEMAC MG!, CSA C22.2 n°54 et 100
Article non couverts par d'autres normes Code national du bâtiment
Les directives suivantes concernant les normes S16 et S16.1 sont extraites du rapport d'étude Revue des fac-
teurs de sécurité en usage dans le monde et recommandations pour la conception de nouvelles installations.

9.5.4.2 Calculs

Les calculs aux contraintes admissibles (norme S16-1969) sont comme suit :

• en condition normale :
• la charge hydrostatique est définie par le niveau maximal d'exploitation ;
• les contraintes admissibles sont égales à 90 % des valeurs de celles spécifiées dans les
normes applicables.

• en condition exceptionnelle :
• la charge hydrostatique est définie par le niveau maximal critique ;
• les contraintes admissibles usuelles sont majorées d'un tiers ;

page 9.14 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• dans le cas particulier où la contrainte maximale est provoquée par le calage du moteur
du treuil à la suite du coincement de la vanne et que cette charge n'est appliquée qu'à
un point de levage (charge asymétrique), les contraintes usuelles sont majorées de
deux tiers.

Les calcul aux états limites (norme S16.1-M) sont comme suit :

• en condition normale :
• la charge hydrostatique est définie par le niveau maximal d'exploitation ;
• la conception doit être complétée en utilisant les coefficients suivants (tels qu'ils sont
définis dans les normes applicables) :

. coefficient de charge permanente <XD égal à 1,25,

. coefficient de surcharge OL égal à 1,5 (la charge hydrostatique est considérée


comme étant une surcharge),

• coefficient de tenue <j> égal à 0,9,

. coefficient de risque Y égal à 1,11.

• en condition exceptionnelle :
• la charge hydrostatique est définie par le niveau maximal critique ;
• la conception doit être complétée en utilisant les coefficients tels qu'ils sont définis pré-
cédemment ;
• on applique à la charge pondérée un facteur de réduction égal à 0,75 ;
• dans le cas particulier où la charge maximale est provoquée par le calage du moteur du
treuil suite au coincement de la vanne et que cette charge n'est appliquée qu'à un point
de levage (charge asymétrique), on applique à la charge pondérée un facteur de réduc-
tion égal à 0,6.

Le tableau 9.1 résume les conditions de chargement décrites ci-dessus, où


F = contrainte maximale calculée
L = surcharge (Hs>...)
R = résistance nominale spécifique à un état limite ultime
FS = facteur de sécurité résultant

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 9.1 : Cas de chargement


Condition Contraintes admissibles États limites
Normale F < 0,9 * 0,6 1,11 * 1 , 5 L < 0 , 9 R
FS = 1,85 FS = 1 ,85
Exceptionnelle
cas général F < 1 ,33 * 0,9 * 0,6 0,75*1,11 * 1 , 5 L < 0 , 9 R
FS = 1 ,39 FS = 1 ,39
charge asymétrique F < 1 ,67 * 0,9 * 0,6 0,6*1,11 * 1,5 L< 0,9 R
FS = 1,11 FS = 1,11

On choisit de maintenir OL égal à 1,5, même si cette valeur ne reflète pas nécessairement
l'incertitude et la variabilité de la charge hydrostatique. En effet, d'autres équipements (treuils,
tours et ponts, etc.) soumis à des charges moins prévisibles que la charge hydrostatique com-
mandent, de leur côté, l'utilisation d'un coefficient de pondération de la charge égal à 1,5.
Comme il ne serait pas souhaitable de définir plusieurs coefficients OL en fonction des différents
équipements, on privilégie la solution la plus simple qui nous permet d'obtenir le facteur de sé-
curité désiré.

Les surépaisseurs d'acier comme moyens de prévention contre la détérioration causée par la
corrosion sont abandonnées, car elles alourdissent considérablement les structures en aug-
mentant la résistance des zones non critiques. L'efficacité des systèmes de peintures époxydi-
ques, l'imposition d'épaisseurs minimales aux membrures et la tendance à l'utilisation, par les
manufacturiers, de plaques d'acier plus épaisses justifient cette orientation.

9.5.4.3 Épaisseur minimale des matériaux


Tous les éléments doivent respecter les épaisseurs minimales suivantes après usinage

• vannes et poutrelles :

• éléments structuraux = 10 mm ;

• éléments non structuraux = 8 mm.

• pièces encastrées en général :

. parties exposées ou partiellement encastrées = 12 mm ;

• parties encastrées = 8 mm.

page 9.16 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.4.4 Roues

Les roues doivent être en acier forgé avec surface de roulement durcie à une dureté minimale
de 321 BHN. Elles doivent être montées sur des axes retenus mécaniquement aux montants
latéraux de la vanne. Les surfaces des extrémités des axes doivent être usinées avec une ex-
centricité d'au moins 3,0 mm par rapport à la surface usinée des paliers, pour permettre un bon
alignement des roues.
Les roues, les axes, les paliers et la structure de la vanne portant les axes doivent être conçus
pour une force latérale égale à 30 % de la charge radiale maximale sur la roue et agissant sur
la surface extérieure de la jante.
La largeur minimale de la roue (ou du chemin de roulement) ne doit pas être inférieure à la va-
leur donnée par la formule suivante :

ou
W = largeur de la roue ou du chemin de roulement
(mm)
P = charge sur la roue (N)
D = diamètre de la roue (mm)
Fp = contrainte admissible sur la projection de la
roue (Mpa), soit (0,169(BHN)-15,169) -=-3
BHN = dureté Brinell de la roue ou du chemin de
roulement (la plus faible des deux)

La contrainte de compression maximale ne doit pas excéder la plus faible des deux valeurs sui-
vantes : soit 6,8 fois la dureté Brinell minimale du matériau le plus mou, soit 1 720 MPa.
La contrainte de cisaillement ne doit pas excéder la plus petite des deux valeurs suivantes : soit
2,4 fois la dureté Brinell minimale du matériau le plus mou, soit 620 MPa.

9.5.4.5 Tolérances

Le tableau 9.2 indique les tolérances finales avant et après le bétonnage des pièces encastrées
et après le montage des vannes de l'évacuateur de crue.

Evacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.17


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 9.2 : Tolérances


Position ou dimension Verticalité Horizontalité Planéité Perpendicularité
Élément
(mm) (mm/hauteur) (mm/longueur) (mm/m) (mm)

Pièces encastrées
Seuil (surfaces d'étanchéité) ±1,5A 0.258 0,10/2,0
Guides latéraux
surfaces d'étanchéité ±1,5A 0,75 0,10/2,0
surfaces de roulement ±1,5A 0,75 0,10/2,0
A
surfaces d'appui des galets latéraux de guidage ±1,5 1,5
surfaces amont des sabots ±1,5A 3,0

surfaces de fond de rainures des sabots ±1,5A 3,0

Vannes
Surfaces de contact des roues principales (pour toute 0,1/longueur
position des roues) par rapport à la ligne passant par
les surfaces de contact de la première et de la dernière
roue principale
Surfaces d'appui usinées des tiges d'étanchéité 0,15/2,0
Arêtes usinées du bas de la vanne 0,1/longueur 1,0e
Surfaces d'étanchéité des quatre coins de la vanne 3,0
Jeu entre arête et seuil 0,15
Ces tolérances de position sont définies par rapport aux axes du pertuis telles qu'elles sont implantées et doivent être respectées sur toute la lon-
gueur des pièces.
S'applique aux directions longitudinales et transversales.
Cette tolérance de perpendicularité est définie par rapport à la ligne reliant les points de contact des roues principales.

page 9.18 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.4.6 Coefficients de frottement

Pour fins de conception, les coefficients de frottement suivants doivent être utilisés :

Démarrage En mouvement
Paliers à roulement 0,015 0,007
Bronze sur acier inox lubrifié 0,50 0,20
Acier mouillé sur acier mouillé 0,40 0,20
Joint Delthane 60 NSE sur acier inox (poutrelles) 0,95 0,46
Roulement des roues sur le rail 0,75 mm 0,75 mm

9.5.4.7 Débit des fuites

Le débit des fuites, pour une vanne, ne doit pas excéder 500 l/min.

9.5.4.8 Fléchissement

Le fléchissement d'une vanne sous charge ne doit pas excéder 1 : 800 de la portée entre les
axes.

9.5.4.9 Treuils

Chaque treuil doit être muni.d'un frein électromagnétique capable de ralentir et de retenir la
vanne en condition normale d'exploitation.

La vitesse normale de levage et de descente doit être de 0,6 m/min. En condition d'urgence, la
vitesse de chaque vanne est contrôlé par un ventilateur à registres et ne doit pas dépasser
1,5 m/min.

Les treuils doivent respecter la norme ACNOR B167 mais le facteur de sécurité des câbles est
porté à 5 pour les conditions normales de charge.

9.5.4.10 Contribution de la plaque écran

Ce document n'émet aucune directive quant à la contribution de la plaque écran à la résistance


de la vanne. Les révisions futurs du présent document devront prescrire des méthodes de cal-
culs à ce sujet.

Evacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.4.11 Pression d'appui au béton

La pression d'appui transmise au béton par la semelle arrière de la poutre supportant le chemin
de roulement des roues principales des vannes ne doit pas excéder 11,6 Mpa si L > L74 ou
7,8 MPa si L < L'/4

L = distance mesurée au droit de l'appui de la semelle arrière entre l'extrémité efficace de
cette semelle et la surface d'écoulement
L' = largeur efficace de la semelle arrière

La largeur efficace de la semelle est la largeur de la semelle selon une distribution uniforme et
symétrique des efforts, par rapport à l'âme de la poutre.

9.5.4.12 Températures de conception

Les températures de conception sont celles données par le Code national du bâtiment ou Envi-
ronnement Canada pour la localité la plus proche. Pour les basses températures, on utilise la
valeur correspondant à 1 %.

9.5.4.13 Préparation de surfaces et peinture


Les surfaces d'acier doivent être préparées selon un décapage SSPCSP-10 (SP-6 pour les
treuils des vannes).
La surface préparée doit être recouverte de une couche d'apprêt riche en zinc et de deux cou-
ches de peinture époxyde à haut pouvoir garnissant. L'épaisseur du feuil sec de la peinture
époxyde doit être de 180 jjm par couche.

9.5.4.14 Accessibilité et entretien


Une attention particulière doit être apportée à l'accessibilité et à la facilité d'entretien des équi-
pements.

page 9.20 Evacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

9.5.5 Conditions de chargement

9.5.5.1 Vannes
Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des vannes
et des pièces encastrées :

• la charge hydrostatique agissant sur la vanne pour toute ouverture possible, lorsque le ni-
veau de l'eau amont est maximal ;

• une poussée, due à la glace, de 75 kN/m agissant sur la plaque écran amont, sur une tran-
che de 0,6 m d'épaisseur ;
Cette poussée peut agir sur toute la hauteur de la vanne, lorsque la vanne repose sur son
seuil. La valeur de la poussée peut varier en fonction du site et du réservoir.

• les forces hydrodynamiques agissant sur la vanne à ouverture partielle pour toutes les
conditions hydrauliques possibles ;

• le poids mort de la vanne et de ses accessoires ;

• toutes les charges de levage et de frottement ;

• tous les efforts résultant d'un coincement possible des vannes dans les rainures lorsqu'une
de celles-ci est suspendue par un ou deux points de levage, pendant que le moteur du treuil
développe son couple maximal.

9.5.5.2 Treuils de vanne ou de poutrelle


La capacité nominale du treuil doit être basée sur le poids de la vanne, les forces de frottement
et les forces hydrodynamiques qui agissent sur la vanne durant la manœuvre. Les éléments
mécaniques et structuraux du treuil par contre doivent être calculés pour la capacité nominale
majorée de 25 % pour tenir compte des charges d'impact.
Pour les conditions exceptionnelles de coincement, le couple de calage du moteur doit être
déterminé sur un banc d'essai. Il est d'environ 200 % du couple nominal.

9.5.5.3 Poutrelles de révision


Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des poutrel-
les de révision :

• la charge hydrostatique agissant sur les poutrelles alors que le niveau amont est maximal ;

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9-21


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• les charges hydrodynamiques dues au déplacement de la poutrelle supérieure pour le rem-


plissage de l'espace entre les poutrelles et la vanne ;

• le poids de chaque poutrelle ;

• tous les efforts de levage et de frottement.

9.5.5.4 Palonniers
Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des palon-
niers :

• le poids de la poutrelle la plus lourde ;

• les charges de frottement et d'impact résultant de la manipulation des poutrelles dans les
guides ;

• les charges dues à l'entrebâillement d'une poutrelle ;

• les charges induites par le coincement d'une poutrelle et le blocage du treuil ;

• les charges induites en cours de translation par le freinage de l'équipement de levage à la


vitesse maximale et lorsque la poutrelle est suspendue ;

• les charges induites en cours de translation à la demi-vitesse alors que le freinage est ap-
pliqué.

9.6 Critères électriques


Le système d'alimentation des services auxiliaires de l'évacuateur de crues doit être à
600 V c.a. Les exigences sur la fiabilité du système ne doivent pas être supérieures à l'impor-
tance de l'ouvrage et des risques qui y sont associés.
À part la question de fiabilité, la géographie du complexe hydroélectrique peut imposer des
contraintes quant à l'agencement de l'alimentation. Deux cas peuvent se présenter selon la
distance entre la centrale et l'évacuateur de crue.
Dans le premier cas, lorsque l'évacuateur est rapproché de la centrale ou intégré à celle-ci, il
peut être alimenté soit par un ou deux transformateurs à moyenne tension, selon le degré de
fiabilité recherché, soit directement à partir des centres de distribution de la centrale.

Dans le deuxième cas, pour des ouvrages éloignés de la centrale, à plus de 1,5 km environ,
l'alimentation se fait en général à partir d'une ligne aérienne à moyenne tension du réseau de
distribution existant ou en provenance de la centrale. Un centre de distribution principal à
600 V c.a. alimente toutes les charges de l'ouvrage.

Dans le cas où le degré de fiabilité recherché exige une source d'alimentation de relève, elle
peut provenir de la centrale, du réseau de distribution existant ou d'un groupe électrogène
(référence 9.5).

page 9.22 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

En ce qui a trait aux critères de conception établissant d'une part la philosophie de distribution
de l'alimentation d'un tel ouvrage et d'autre part le type d'appareillage à installer, il faut se réfé-
rer à la rubrique 15.6.

9.7 Commande, automatismes et protection


Une armoire de commande est située dans le bâtiment de l'évacuateur de crue. Elle contient
les circuits servant à la transmission des alarmes des équipements de l'évacuateur. Si les ca-
ractéristiques de l'installation le demandent, les circuits doivent également permettre le réglage
à distance de l'ouverture des vannes par valeur de consigne. Ce système est lié au système de
conduite informatisé de la centrale.
Un système de limnimètre est aussi requis à l'évacuateur de crue lorsque ce dernier est éloigné
de la centrale.
La conception du système d'alimentation des services auxiliaires de l'évacuateur de crue doit
être conforme au document Guide technique. Partie XVI, Auxiliaires, Section 5, Services auxi-
liaires à courant alternatif dans les centrales hydroélectriques. Ce document décrit en détail les
étapes à suivre pour choisir un système d'alimentation adéquat pour l'évacuateur de crue.
La commande de la vanne doit être conçue de façon à permettre sa télécommande.
L'ouverture peut être ajustée de 0 m jusqu'à la pleine ouverture avec un écart de positionne-
ment inférieur à 100 mm.
Les vannes munies d'unité autonome de graissage, d'éclairage permanent et, au besoin, d'une
pompe de vidange doivent être chauffées pour assurer le bon fonctionnement électrique de
l'éclairage et des autres composants.

9.8 Références
Référence 9.1 Chow V.T. 1959. Open Channel Hydraulics. McGraw-Hill Book Company
Inc.
Référence 9.2 Commission Internationale des Grands Barrages. 1998. Coût de la maîtrise
des crues dans les barrages. Bulletin 108.
Référence 9.3 Commission Internationale des Grands Barrages. 1992. Sélection de la crue
de projet. Bulletin 82.
Référence 9.4 Eaton L.L. 1987. Ice Management on thé Niagara River. CEA/EPRI.
Référence 9.5 Hydro-Québec. 1999. Alimentation d'urgence des ouvrages régulateurs et
évacuateurs. Norme AP-AE-N101. Groupe Production.
Référence 9.6 Hydro-Québec. 1998. Adéquation des capacités d'évacuation des aména-
gements existants. Norme SB-50-11-00. Direction Sécurité des Barrages.
Référence 9.7 Linsley, R. K. et Franzini, J. B. 1970. Water-resources Engineering. Sheet
111-16.

Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs page 9.23


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 9.8 Petrikat, K. 1958. Vibration test on weirs and bottom gâtes. Water Power.
Référence 9.9 S.E.B.J. 1996. Le complexe hydroélectrique de la Grande Rivière, Réalisa-
tion de la deuxième phase.
Référence 9.10 S.E.B.J. 1987. Le complexe hydroélectrique de la Grande Rivière, Réalisa-
tion de la première phase.
Référence 9.11 U. S. Bureau of Réclamation. 1987. Design of small dams. A water ressour-
ces technical publication.
Référence 9.12 Falvey HT. 1960. Cavitation in Chute and Spillway. U.S.B.R. Water resour-
ces technical Publications, Engineering Monograph n° 42.

page 9.24 Évacuateurs de crue et ouvrages régulateurs


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

10 Canaux d'amenée et de fuite

10.1 Généralités
Le canal d'amenée a pour fonction d'alimenter la prise d'eau à partir du réservoir en amont. Le
canal de fuite a pour fonction de retourner l'eau turbinée de la centrale à la rivière. Les canaux
peuvent être de longueur et de forme variable, en fonction de l'aménagement concerné.

10.2 Critères hydrauliques


La conception des canaux d'amenée et de fuite est similaire à celle décrite pour les canaux des
évacuateurs de crues. Cependant, pour les ouvrages de production, ils prennent une impor-
tance particulière compte tenu du coût relié aux pertes de charge.
Lorsque le canal d'amenée est précédé à l'amont de sections d'écoulement qui créent des
pertes de charges significatives, on doit documenter les conditions d'écoulement en amont du
canal d'amenée. Généralement, on procède à des relevés de sections bathymétriques et de
profils d'eau pour les débits correspondants à l'étude. L'établissement d'une relation niveau-
débit à l'entrée du canal d'amenée est alors requise par des jaugeages en rivière.
Il en va de même pour la conception du canal de fuite.
En termes de performance, le canal d'amenée se caractérise par la qualité d'alimentation de la
prise d'eau. Une bonne répartition de l'écoulement et l'absence de vortex sévère, sous diverses
conditions de débits et de niveaux, constituent un but à atteindre. On évite donc les conditions
asymétriques et les discontinuités marquées. Des corrections locales peuvent cependant être
apportées (épis, déhanchements des parois ou différents dispositifs) au besoin. Il est actuelle-
ment difficile de garantir le bon fonctionnement de la combinaison du canal d'amenée avec la
prise d'eau sans recourir à la modélisation physique.
Le canal d'amenée est conçu pour éviter l'entraînement de glace dans les prises d'eau. D'une
façon générale, il est requis de respecter les conditions hydrauliques suivantes au débit d'équi-
pement de la centrale et au niveau minimal d'exploitation dans le canal pendant la période hi-
vernale :

• dans le cas d'une exploitation hivernale avec un couvert de glace :


• le nombre de Froude est inférieur ou égal à 0,06,
• la vitesse d'écoulement est inférieure ou égale à 0,65 m/s ;

• dans le cas d'une exploitation hivernale sans couvert de glace : la vitesse d'écoulement
dans le canal n'excède généralement pas 1,5 m/s.

Canaux d'amenée et de fuite page 10.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le canal de fuite relie la sortie des aspirateurs (ou de la galerie de fuite) au bief aval de la ri-
vière. Il est conçu en fonction du calage des groupes de la centrale à son entrée et du thalweg
de la rivière à sa sortie. Ses dimensions résultent d'une optimisation entre le coût d'excavation
du canal et les pertes énergétiques dues aux pertes de charge. Généralement, l'optimum éco-
nomique est atteint lorsque la vitesse d'écoulement est d'environ 2 m/s au débit d'équipement
de la centrale. À la sortie, la forme du canal doit permettre une transition graduelle avec le point
de restitution en rivière. La pente ascendante est limitée, si c'est possible, à environ 15 % pour
faciliter la construction du canal. L'angle divergeant des parois latérales est restreint à 129 afin
d'éviter le décollement de la veine d'eau.
Dans le but de fixer le calage des groupes pour éviter des problèmes de cavitation, il importe
d'étudier les conditions hydrauliques à faible débit dans le canal. Ce calage des turbines est
calculé en fonction du niveau de l'eau à la sortie des aspirateurs pour le plus faible débit qui
peut être turbiné. Ce faible débit turbiné correspond à un groupe à pleine charge de la centrale
étudiée.

page 10.2 Canaux d'amenée et de fuite


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11 Prises d'eau

11.1 Généralités
La prise d'eau a pour fonction principale d'alimenter les turbines de la centrale à partir du canal
d'amenée pour introduire l'eau dans les bâches, directement ou par l'intermédiaire de conduites
ou de galerie d'amenée. La prise d'eau exerce également d'autres fonctions importantes :

• assurer la protection, avec les grilles, contre l'introduction de débris vers les groupes ;

• permettre la coupure d'urgence du débit avec une vanne en cas d'incidents dans la cen-
trale, dans les conduites ou dans la galerie ;

• permettre la vidange ou le remplissage contrôlé du système d'adduction au moyen d'une


vanne de garde.

Généralement, la prise d'eau constitue l'une des principales structures du système d'adduction
d'une centrale. Elle peut être intégrée à la centrale ou raccordée au groupe par une galerie ou
des conduites forcées.

11.2 Critères hydrauliques


Le calage de la prise d'eau, c'est-à-dire l'enfoncement de l'ouvrage par rapport au niveau mini-
mal d'exploitation pour le débit d'équipement, est déterminé de manière à éviter l'apparition de
vortex ou toute autre circulation rotationnelle de l'écoulement susceptible d'entraîner des débris
flottants vers les grilles à débris et d'assurer une alimentation stabilisée des écoulements des
prises d'eau.
Lors des études de conception, la relation de J.-L. Gordon constitue une des références les
plus souvent utilisées. La vitesse nette maximale aux grilles à débris est d'environ 2 m/s au dé-
bit nominal en tenant compte d'un taux d'obstruction de l'aire d'écoulement de 25 % afin de te-
nir compte de la structure des grilles.
Afin de favoriser de bonnes conditions d'alimentation et d'éviter le décollement de la nappe
d'eau, les parois de l'entonnement sont souvent profilés selon des courbes quadratiques. Le
raccordement avec la conduite forcée ou la galerie se fait au moyen d'une transition, dont les
parois divergent par un angle maximal de 7 %.

Prises d'eau page 11.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le choix adéquat des dimensions des grilles et des vannes (section et rapport H/B) constitue
l'un des principaux exercices permettant d'atteindre le double objectif de performance et d'éco-
nomie. L'augmentation du rapport H/B conduit, à section égale, à des réductions du poids de
ces organes. Les économies qui en découlent se répercutent également sur d'autres éléments
(glissières, appareils de levage, poutrelles de révision). Une bonne combinaison de rapport H/B
pour les grilles et les vannes peut faciliter la conception de l'entonnement et permettre d'en mi-
nimiser la longueur. De la même façon, le rapport H/B d'une vanne sera conditionné par la
forme de la conduite ou de la galerie située en aval. Il peut s'agir, dans plusieurs cas, d'une
conduite circulaire (bétonnée ou non) ou d'une galerie en D possédant elle-même un rapport
H/B. Comme pour l'entonnement, la conception de la transition reliant la vanne à la conduite est
facilitée par le choix du rapport H/B.
L'examen des fluctuations de vitesse entre la grille à débris et la conduite donne une image de
la qualité de l'alimentation. Dans le cas où la prise d'eau est suivie d'un coude, par exemple, on
évite la décélération dans ce dernier élément.
Dans le but d'éviter la formation d'un vide lors de la fermeture d'une vanne, alors que les grou-
pes correspondants sont soumis à un débit d'emballement, un reniflard est installé en aval im-
médiat de cette dernière. Le reniflard est aussi requis pour l'évacuation d'air pendant le rem-
plissage du système d'adduction. Ce passage permet d'assurer une alimentation suffisante en
air pour éviter une dépression lorsque la vanne de la prise d'eau est appelée à servir pour cou-
per le débit en cas d'urgence. La dimension du reniflard peut être obtenue à l'aide de l'aba-
que 050-01 de la U.S. Army Corps of Engineers en considérant une vitesse maximale de l'air
de l'ordre de 45 m/s.
Afin de minimiser les pertes de charge aux prises d'eau, la conception de la prise d'eau doit
être faite en tenant compte de la facilité du nettoyage des grilles à débris.
Lors des activités d'ingénierie détaillée, la prise d'eau fait généralement l'objet d'une étude sur
modèle physique pour vérifier le calage et les conditions d'alimentation et assurer son bon
fonctionnement, ce qui ne peut être fait totalement par les calculs théoriques. Cette étude est
généralement requise étant donné l'influence que peut avoir un comportement inadéquat de la
prise d'eau sur le fonctionnement des turbines en aval.

11.3 Critères structuraux

11.3.1 Généralités
Du point de vue structural, les prises d'eau peuvent se classer sous cinq types principaux :

• prise d'eau faisant bloc avec la centrale (Beauharnois) ;

• prise d'eau encastrée dans le roc (Manie 5 PA) ;

• prise d'eau adossée à un barrage en remblai (LG-3) ;

• prise d'eau implantée dans le réservoir (LG-4) ;

page 11.2 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• prise d'eau insérée dans un barrage en béton (Manic-2).

Le premier type est souvent utilisé pour les centrales de basse chute et au fil de l'eau. L'ana-
lyse de stabilité s'effectue pour le bloc d'ensemble prise d'eau-centrale. Cependant, pour des
raisons économiques liées à la séquence de construction, la prise d'eau peut être construite en
premier et peut avoir à agir temporairement comme ouvrage de retenue indépendant. Dans un
tel cas, elle doit aussi être analysée comme telle pour sa stabilité pendant la construction.
Les quatre autres types doivent être analysés comme des ouvrages indépendants.
Le deuxième type, en général, encastré dans un roc compétent, reçoit normalement le moins
de sollicitations, à part son poids propre, celui des équipements, les sous-pressions et la pous-
sée des glaces.
Le troisième type doit supporter la poussée des remblais, ce qui peut représenter une charge
importante dont la valeur doit être soigneusement déterminée dans l'analyse de stabilité. Les
mouvements relatifs ultérieurs entre l'ouvrage, le remblai et les aspects structuraux induits sont
à considérer lors du choix d'un tel type d'ouvrage.
Le quatrième type requiert la construction d'un pont pour accéder au tablier de la prise d'eau.
L'analyse de stabilité doit considérer que les poussées des glaces peuvent agir dans toutes les
directions.
Le cinquième type peut être considéré comme un barrage-poids en béton partiellement évidé.
En particulier, la stabilité en cas de vidange de la prise d'eau et de la conduite est à surveiller.

11.3.2 Charges et combinaisons de charges


En plus des charges et combinaisons de charges spécifiées à la rubrique 7 pour les ouvrages
de retenue, les prises d'eau doivent résister aux charges résultant de la manutention des van-
nes et des poutrelles ainsi qu'aux charges vives appliquées sur le tablier, telles que neige, pou-
trelles, structures de levage, camions, fardiers et grues.
Dans le cas des prises d'eau intégrées aux barrages en enrochement, on doit tenir compte de
la poussée des sols au repos suivant la formule de Rankine.
Les rainures des vannes et des poutrelles sont conçues de manière à résister aux charges sui-
vantes :

• charges dues à l'infiltration de l'eau entre le béton structural et le béton de seconde phase,
ou entre le béton de seconde phase et la plaque de blindage des pièces encastrées ;

• charges dues au coincement de la vanne en cours de levage alors que le treuil atteint deux
fois sa capacité nominale.

Les rainures des grilles à débris doivent être calculées pour résister aux charges suivantes :

• .charge hydrostatique uniforme de 6,0 m d'eau causée par le blocage partiel des grilles par
des débris ;

Prises d'eau page 11.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• charge d'impact d'un débris de 16 kN sur les grilles ;

• charges dues à l'infiltration d'eau entre le béton structural et le béton de seconde phase.

11.3.3 Méthode de calculs


La tour de la prise d'eau, le passage hydraulique et les autres composantes sont conçus selon
une analyse de résistance structurale effectuée conformément aux normes CAN/CSA-A23.1, .2
et .3. La traction à l'intérieur des passages hydrauliques est limitée à 1,4 MPa de façon à pré-
venir une fissuration excessive.
L'analyse des sections du passage hydraulique et de la tour est effectuée en considérant la
pression externe maximale lorsque la conduite est vide, c'est-à-dire lorsque la vanne ou la
vanne-batardeau est abaissée.

11.3.4 Autres structures similaires


Les portails de dérivation sont des ouvrages en béton qui utilisent la résistance du rocher pour
résister aux charges hydrauliques. Ils sont conçus de la même façon que les prises d'eau en-
castrées dans le roc.
Afin de déterminer la pression hydrostatique maximale à laquelle le portail est soumis, il est né-
cessaire de connaître le niveau maximum du réservoir au moment de l'enlèvement des vannes
ou à la fin de l'injection du bouchon de la galerie de dérivation.

11.4 Critères mécaniques

11.4.1 Généralités
L'équipement mécanique des prises d'eau comprend, pour chaque pertuis, une vanne action-
née par un treuil à câbles et un jeu de grilles à débris et, pour tout l'ouvrage, une vanne batar-
deau ou un jeu de poutrelles. Lorsqu'il y en a une de disponible, une grue mobile est utilisée
pour la mise en place et l'entretien des équipements mécaniques de la prise d'eau. Dans le cas
contraire, on prévoit l'installation d'une grue portique.

Le rôle des vannes batardeaux ou des poutrelles est le même, soit d'isoler l'ouvrage de la prise
d'eau du bief amont afin de permettre l'inspection des vannes ainsi que l'entretien de leurs piè-
ces encastrées.
Les poutrelles sont généralement préférables aux vannes batardeaux en raison de leur moindre
poids, ce qui permet l'utilisation d'une grue mobile, plus économique à l'achat qu'une grue por-
tique.

page 11.4 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.2 Vannes et treuils

11.4.2.1 Utilisation
Les vannes droites sur roues sont utilisées pour couper le débit d'une turbine à l'emballement,
si cette dernière n'est pas munie d'une protection du type vanne papillon, sphérique, treillis ou
vanne fourreau, et pour enlever la pression .d'eau quand le groupe ne fonctionne pas. Ce dis-
positif est requis afin de limiter l'usure des directrices et pour vidanger la conduite forcée à des
fins d'inspection et de réparation de cette dernière.

11.4.2.2 Construction

Ces vannes sont conçues avec des roues à axe fixe montées sur roulements à rouleaux coni-
ques. Elles sont construites en sections horizontales mécano-soudées devant être assemblées
au chantier pour former une vanne complète. Les deux montants verticaux portent les faces
d'étanchéité et les roues.
Les vannes sont composées d'une plaque écran renforcée par des raidisseurs et soudée sur
une série de poutres horizontales principales pour former une structure fermée. Leur concep-
tion finale fait en sorte que les charges sont distribuées le plus uniformément possible entre les
poutres maîtresses horizontales et par conséquent entre les roues. Sans alourdir indûment les
vannes, une résultante positive à la fermeture, d'une valeur minimale de 30 % du poids de la
vanne mais limitée à 300 kN, doit être maintenue durant toute la fermeture de la vanne.
La charge hydrostatique sur la plaque écran est transmise aux poutres horizontales. Ces char-
ges sont alors portées par les membrures verticales d'extrémité. À ces membrures doivent être
reliés les essieux des roues qui distribuent le plus uniformément possible les charges aux piè-
ces encastrées.

11.4.2.3 Chauffage
Les vannes ne sont pas chauffées. Le puits de vanne et l'appentis sont chauffés par des aéro-
thermes pour prévenir le gel. Les pièces encastrées émergées sont alors directement chauf-
fées par convection.

Prises d'eau page 11.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.2.4 Etanchéité
L'étanchéité est assurée sur la face amont par des joints d'élastomère en forme de note de
musique sur les côtés. Puisque les vannes sont exploitées en eau vive, les joints d'élastomère
sont recouverts de fluorocarbone afin de diminuer les forces de frottement. Au seuil, l'étan-
chéité est assurée par un joint plat en élastomère fixé en aval du couteau usiné de façon à
transmettre les charges par contact métal à métal.

11.4.2.5 Système de levage


Les treuils du système de levage comportent un ou deux points de levage avec câbles en acier
galvanisé.

11.4.2.6 Commande
La fermeture de la vanne est commandée localement, à partir de la niche des treuils. Pour une
centrale qui ne possède pas de vanne de garde, la fermeture de la vanne de prise d'eau est, de
plus, commandée automatiquement par la protection mécanique du groupe, lorsque se produi-
sent les défaillances suivantes :

• survitesse 110 % prolongée ;

• survitesse 140% (emballement) ;

• très bas niveau d'huile dans le réservoir oléopneumatique ;

• si, après un temps défini, le vannage du groupe n'atteint pas la position « vitesse à vide »
par suite d'un ordre d'arrêt amorcé par les protections mécaniques 86L-1 ou 86L-2 ;
Les conditions anormales susceptibles d'amener cette situation sont les suivantes :
• défaut régulateur de vitesse (65/DEF) ;
• très bas niveau d'huile au réservoir oléopneumatique ;
• très basse pression d'air au réservoir oléopneumatique ;
• commande d'arrêt d'urgence provenant de l'armoire du régulateur de vitesse, du tableau
d'alternateur ou de la salle de commande.

Afin d'éviter tout accident causé par une mise en eau trop rapide de la conduite forcée, l'ou-
verture de la vanne ne peut se faire que manuellement au pied des tours ou à partir de la plate-
forme du treuil de la vanne. Sur une commande d'ouverture ou de remplissage, la course de la
vanne est limitée à 20 cm environ. Le contrôle se fait par un interrupteur monté sur le tambour
du treuil. Il doit être impossible de dépasser cette limite d'ouverture avant que ne soient rem-
plies les deux conditions suivantes :

page 11.6 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'eau dans le puits de la vanne atteint le niveau du réservoir, cette condition étant vérifiée
par un interrupteur à flotteur, un interrupteur à pression ou des électrodes ;

• un délai prédéterminé et suffisamment long s'est écoulé depuis la commande d'ouverture


assurant que la conduite est pleine.

L'opérateur peut, localement, après avoir constaté que la conduite est pleine, commander l'ou-
verture complète de la vanne.

11.4.3 Poutrelles et palonniers


Les poutrelles de construction soudées sont constituées d'une plaque écran aval, d'un mini-
mum de deux poutres horizontales et de raidisseurs verticaux et horizontaux. Deux glissières
soudées à la plaque écran servent à transférer les charges aux pièces encastrées.
Deux points de levage sont requis à la partie supérieure de chaque poutrelle pour la manuten-
tion par une grue mobile munie d'un palonnier.
La poutrelle supérieure est munie d'un robinet de remplissage pour remplir l'espace entre les
poutrelles et les vannes. Les poutrelles ne sont pas interchangeables.
Le palonnier des poutrelles doit être constitué d'une structure rigide en acier munie de deux
crochets conçus pour s'engager automatiquement aux axes de levage des poutrelles. Le dé-
clenchement des crochets doit être prévu être actionné par le treuil auxiliaire de la grue mobile.

11.4.4 Grilles à débris et palonniers


La prise d'eau de chaque groupe est pourvue d'un jeu de grilles à débris ayant pour objet de
protéger les turbines contre les débris flottants du bief amont. Ces grilles se présentent en plu-
sieurs panneaux superposés dans une rainure sur la face amont de la prise d'eau. Les pan-
neaux inférieurs sont identiques et interchangeables. La partie supérieure du panneau est ajou-
rée afin d'améliorer l'écoulement.
Chaque section de grille se compose d'une structure portante fermée, de poutres principales
horizontales, de colonnes verticales et de barreaux verticaux sur la face amont. Les barreaux
sont de section rectangulaire avec l'extrémité amont arrondie et ils ont un espace libre maximal
de 125 mm entre chacun. Chaque section de grille est pourvue de sabots de guidage et de
plaques d'appui disposées aux colonnes latérales et aux poutres horizontales pour limiter le
déplacement pendant leur manœuvre et pour transmettre les charges aux pièces encastrées.
Deux points de levage sont requis à la partie supérieure de chaque section de grille pour la
manutention par une grue mobile munie d'un palonnier.
Le nettoyage des grilles doit être possible, à intervalle régulier, au moyen d'une grue mobile
équipée d'un grappin (ou d'une grue portique).

Prises d'eau page 11.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le palonnier des grilles à débris, tout comme celui des poutrelles, est constitué d'une structure
rigide en acier munie de deux crochets conçus pour s'engager automatiquement aux axes de
levage des grilles. Le déclenchement des crochets est prévu pour être actionné par le treuil
auxiliaire de la grue mobile.

11.4.5 Manutention et entreposage


L'équipement de levage pour manutentionner les poutrelles ou les sections de grilles à débris
d'une prise d'eau est une grue mobile ou une grue portique. Le choix entre l'une ou l'autre se
fait selon des critères économiques et d'exploitation.
La capacité nominale aux crochets du treuil de la grue mobile ou portique est déterminée par la
masse de la poutrelle la plus lourde additionnée de la masse du palonnier ou la masse de la
section de grille à débris la plus lourde.
On doit prévoir des aires d'entreposage pour les poutrelles et les grilles ainsi que les accès
pour les grues mobiles.

11.4.6 Rainures et pièces encastrées


La prise d'eau comporte les rainures suivantes :

• une paire de rainures pour les grilles à débris ;"

• une paire de rainures pour la vanne.

Selon les considérations économiques, d'exploitation et d'entretien du projet, une paire de rai-
nures peut être considérée pour la mise en place de poutrelles (dans des cas particuliers, il est
possible d'envisager de loger les poutrelles dans les rainures des grilles à débris).
L'épaisseur minimale des piliers de la prise d'eau doit être suffisante pour permettre de réserver
dans le béton l'espace de logement pour les pièces encastrées et les ancrages.
Les ancrages dans le béton de première phase sont conçus pour permettre un mésalignement
de 5° dans toutes les directions et faciliter ainsi l'ajustement des pièces encastrées avant le
bétonnage de deuxième phase. Toutes les pièces lourdes des rainures sont encastrées dans le
béton de deuxième phase et la partie en contact avec l'écoulement est blindée.
Les voies de roulement, les éléments de guidage, les plaques d'étanchéité et le blindage de
fond de rainures forment une pièce monolithique rigide usinée avec précision. Les faces
d'étanchéité doivent être en acier inoxydable.

Les pièces encastrées des poutrelles et des grilles à débris ne sont pas chauffées. Par contre,
le chauffage des pièces encastrées des vannes s'effectue par le chauffage du puits de vanne
quel que soit le type de portail.

page 11.8 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.7 Normes et critères

11.4.7.1 Normes

Les normes applicables sont identiques à celles fournies à la rubrique 9.5.4.1.

11.4.7.2 Calculs

Les calculs aux contraintes admissibles et aux états limites sont identiques à ceux fournis à la
rubrique 9.5.4.2.

11.4.7.3 Épaisseur minimale des matériaux

Tous les éléments doivent respecter les épaisseurs minimales spécifiées à la rubrique 9.5.4.3.

11.4.7.4 Roues

Les roues doivent être telles que décrites à la rubrique 9.5.4.4.

11.4.7.5 Tolérances

Les tolérances finales avant et après le bétonnage des pièces encastrées et après le montage
des vannes de l'évacuateur de crues sont au indiquées au tableau 9.2 de la rubrique 9.5.4.5.

11.4.7.6 Coefficients de frottement

Pour fins de conception, les coefficients de frottement à utiliser sont ceux décrits à la rubri-
que 9.5.4.6.

11.4.7.7 Débit des fuites

Le débit des fuites, pour une vanne, ne doit pas excéder 500 l/min.

Prises d'eau page 11.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.7.8 Fléchissement
Le fléchissement d'une vanne sous charge ne doit pas excéder 1/800 de la portée entre les
axes.

11.4.7.9 Treuils
Chaque treuil doit être muni d'un frein électromagnétique capable de ralentir et de retenir la
vanne en condition normale d'exploitation.
La vitesse normale de levage et de descente doit être de 1,2 m/min. En condition d'urgence, la
vitesse de chaque vanne est contrôlé par un ventilateur à registres et elle ne doit pas dépasser
2,4 m/min.
Les treuils doivent respecter la norme ACNOR B167, mais le facteur de sécurité des câbles est
porté à 5 pour les conditions normales de charge.

11.4.7.10 Contribution de la plaque écran

Ce guide n'émet aucune directive quant à la contribution de la plaque écran à la résistance de


la vanne. Les révisions futures du présent document devront prescrire des méthodes de calculs
à ce sujet.

11.4.7.11 Pression d'appui au béton


La pression d'appui transmise au béton par la semelle arrière de la poutre supportant le chemin
de roulement des roues principales des vannes est identique à celle fournie à la rubri-
que 9.5.4.6.

11.4.7.12 Températures de conception

Les températures de conception sont celles données par le Code national du bâtiment ou Envi-
ronnement Canada pour la localité la plus proche. Pour les basses températures, on utilise la
valeur correspondant à 1 %.

11.4.7.13 Préparation de surfaces et peinture


Les surfaces d'acier doivent être préparées tel que la rubrique 9.5.4.13.

page 11.10 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.4.7.14 Accessibilité et entretien


Une attention particulière doit être apportée à l'accessibilité et à la facilité d'entretien des équi-
pements. Les révisions futures du présent document devront contenir des directives plus préci-
ses à ce sujet.

11.4.8 Conditions de chargement

11.4.8.1 Vannes
Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des vannes
et des pièces encastrées :

• la charge hydrostatique agissant sur la vanne pour toute ouverture possible, lorsque le ni-
veau de l'eau en amont est maximal ;

• les forces hydrodynamiques agissant sur la vanne à ouverture, partielle pour toutes les
conditions hydrauliques possibles ;

• le poids mort de la vanne et de ses accessoires ;

• toutes les charges de levage et de frottement ;

• tous les efforts résultant d'un coincement possible des vannes dans les rainures lorsqu'une
de celles-ci est suspendue par un ou deux points de levage, pendant que le moteur du treuil
développe son couple maximal.

Une charge latérale égale à 30 % de la charge normale sur chaque roue et s'appliquant à la pé-
riphérie des roues doit être considérée dans la conception des roues et de la structure de la
vanne.

11.4.8.2 Treuils de vanne


Les treuils de vanne sont identiques à la description fournie à la rubrique 9.5.5.2.

11.4.8.3 Poutrelles de révision

Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des poutrel-
les de révision :

• la charge hydrostatique correspondant au niveau amont critique agissant sur l'ensemble


des poutrelles en place ;

Prises d'eau ' page 11.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• le poids de chaque poutrelle ;

• tous les efforts de levage et de frottement.

11.4.8.4 Grilles à débris


Les conditions de chargement suivantes doivent être considérées lors des calculs des grilles à
débris :

• une charge uniforme, équivalente à un différentiel de 6 m d'eau, appliquée sur l'aire totale
de chaque section pour le calcul de ses éléments ;

• une charge ponctuelle de 16 kN pour tenir compte de l'impact d'objets flottants ;

• la masse des sections de grilles ;

• tous les efforts de levage et de frottement ;

• les effets dus au remisage temporaire d'un jeu de grilles sur un autre déjà en place.

De plus, le pourcentage d'obturation par les éléments métalliques doit être maintenu idéale-
ment en deçà de 25 %. Le choix des profilés des barreaux doit tenir compte des fréquences vi-
bratoires induites par les mouvements hydrauliques et les barreaux doivent être calculés selon
les normes du United States Bureau of Réclamation.

11.4.8.5 Palonniers
Les conditions de chargement à considérer lors des calculs des palonniers sont identiques à
celles décrites à la rubrique 9.5.5.4.

11.5 Portails
On retrouve deux types de portail de prise d'eau : le portail de type « treuils sur tours et ponts »
et le portail de type « treuils en niche ».
Le portail de type « treuils sur tours et ponts » permet d'entreposer la vanne, lorsqu'elle est en
position ouverte, hors du puits immergé. La manœuvre de la vanne à des fins d'inspection,
d'entretien ou de réparation est alors minimale. Toutefois, l'installation du treuil sur un pont au-
dessus du puits de vanne oblige à déplacer le puits de vanne vers l'aval, de manière à disposer
d'un espace suffisant entre les rainures des grilles et celles de la vanne pour permettre l'accès
à la grue mobile nécessaire à la manutention des poutrelles et des grilles. Cette disposition
augmente considérablement la distance entre le seuil des grilles et le seuil de la vanne. Le seuil
des poutrelles demeure à quelques mètres en aval de celui des grilles.

page 11.12 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Un portail du type « treuils en niche » suppose que la vanne, en position ouverte, demeure
noyée, ce qui entre autres accélère la corrosion et limite l'entretien. Lorsqu'on veut retirer la
vanne de son puits, à des fins d'inspection, d'entretien ou de réparation, il faut utiliser une grue
mobile qui soulève, en premier lieu, le treuil de sa niche et puis la vanne. Au préalable, les
poutrelles sont placées dans leurs rainures et la prise d'eau est vidangée. Lorsque le poids total
de la vanne est considérable, il est nécessaire d'utiliser une grue de grande capacité. La diffi-
culté de se procurer un tel type de grue peut entraîner des délais. Dans un tel cas, on doit utili-
ser une grue portique.
La superstructure du portail de type « treuils sur tours et ponts » comprend les principaux élé-
ments suivants : pont des treuils, tours,-abri des treuils et appentis. Un recouvrement architec-
tural abrite le pont et la (ou les) tour ayant un escalier. Une des tours d'extrémité comporte un
escalier d'accès au pont des treuils. La tour à l'extrémité opposée est munie d'une échelle pour
une prise d'eau de cinq vannes ou moins ou d'un escalier pour une prise d'eau de plus de cinq
vannes.
Le portail de type « treuils en niche » comprend les principaux éléments suivants : les treuils
sur pont, les salles de chauffage et d'équipements électriques et une structure de béton conçue
pour supporter les équipements mobiles qui vont circuler sur le dessus de la niche. Une des
extrémités de la niche comporte un escalier d'accès au niveau des treuils alors que l'extrémité
opposée est munie d'une échelle pour une prise d'eau de cinq vannes ou moins ou d'un esca-
lier dans le cas d'une prise d'eau avec plus de cinq vannes.

11.6 Critères électriques


Le système d'alimentation de la prise d'eau ne requiert pas une fiabilité aussi élevée que ceux
de la centrale et de l'évacuateur de crue. En effet, les freins qui maintiennent ouvertes les van-
nes de la prise d'eau sont alimentés par un système à courant continu indépendant et sont té-
lécommandés à partir de la salle de commande de la centrale.
À part la question de fiabilité, la géographie du complexe hydroélectrique peut imposer des
contraintes quant à l'agencement de l'alimentation. Deux cas peuvent se présenter selon l'éloi-
gnement entre la centrale et la prise d'eau.
Dans le premier cas, lorsque la prise d'eau est rapprochée ou intégrée à la centrale, elle peut
être alimentée soit par un transformateur moyenne tension, soit directement à partir des cen-
tres de distribution de la centrale.
Dans le deuxième cas, lorsque la prise d'eau est éloignée de la centrale, l'alimentation se fait
en général à partir d'une ligne aérienne à moyenne tension du réseau de distribution existant
ou en provenance de la centrale. Un centre de distribution principal à 600 V c.a. alimente toutes
les charges de la prise d'eau.
En ce qui a trait aux critères de conception établissant d'une part la philosophie de distribution
de l'alimentation de la prise d'eau et d'autre part le type d'appareillage à installer, il faut se réfé-
rer à la rubrique 15.6.

Prises d'eau page 11.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

11.7 Commande, automatismes et protection


L'équipement relatif à la transmission de la commande et de la signalisation des vannes est
habituellement monté dans le centre de distribution de type CCM de la prise d'eau.
Dans certains cas, le système limnimétrique peut être situé dans le bâtiment de la prise d'eau.
L'emplacement de ce système doit être déterminé en tenant compte des caractéristiques de
l'aménagement.
Dans tous les cas, le système limnimétrique possède sa propre armoire pour la transmission
des signaux.

page 11.14 Prises d'eau


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

12 Galeries d'amenée

12.1 Généralités
La galerie d'amenée a pour fonction d'acheminer l'eau de la prise d'eau vers la turbine de la
centrale. Lorsque le roc est compétent, il est souvent avantageux d'utiliser une galerie non re-
vêtue à cause d'une durée de construction plus courte (pas de coffrage et de bétonnage), des
coûts moindres (élimination du béton), des pertes de charge plus faibles et des surpressions
moindres (vitesse économique plus petite). Toutefois, les ouvrages secondaires mais requis
pour compléter la galerie d'amenée peuvent représenter des coûts additionnels non négligea-
bles (bretelles de construction, chambre d'équilibre, fosse de dégravage, répartiteur, etc.). Une
comparaison économique avec d'autres variantes d'adduction demeure essentielle.

12.2 Critères hydrauliques


Les caractéristiques les plus significatives de la galerie d'amenée sont sans doute sa section
d'écoulement et son rayon hydraulique. Ces paramètres doivent être définis par optimisation en
utilisant la méthode permettant d'atteindre les objectifs du projeteur.
Les deux principales méthodes retenues par Hydro-Québec sont la méthode des coûts margi-
naux et la méthode du coût de revient minimal, cette dernière étant en usage actuellement. Ces
techniques sont fondamentalement différentes et, pour plus de clarté, on en présente la des-
cription ci-dessous.

12.2.1 Méthode des coûts marginaux


La méthode des coûts marginaux permet le dimensionnement d'un élément pris isolément et
consiste à minimiser le total de son coût de construction (majoré) et celui des pertes de charge
qu'il induit. Le coût des pertes de charge est calculé, pour un patron d'exploitation donné, à
partir des coûts marginaux de puissance et d'énergie établis pour un projet de référence. Dans
cette perspective, le projeteur accepte d'investir dans un élément hydraulique, de façon à aug-
menter la production (en réduisant les pertes de charge) jusqu'au point où il deviendrait avan-
tageux d'obtenir ce gain en construisant le projet de référence.
Cette méthode est généralement utilisée pour le dimensionnement des galeries, mais elle est
théoriquement applicable à tout autre élément hydraulique ayant une incidence sur la produc-
tion.

Cette méthode facilite le travail du concepteur dans le mesure où le coût de construction requis
ne concerne que l'élément étudié. Elle permet également au projeteur de tenir compte de l'en-
semble des sources d'énergie et de puissance potentielles.

Galeries d'amenée page 12.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

12.2.2 Méthode du coût de revient minimal


La méthode du coût de revient minimal consiste à concevoir un projet de façon à minimiser le
coût de la production de l'énergie uniquement, donc à réduire au minimum le ratio coût du pro-
jet-énergie produite (généralement exprimé en $/kWh). Évidemment, le coût du projet n'est pas
égal au coût de construction puisqu'il sera étalé dans le temps, de la même façon que la pro-
duction, sur un horizon de référence. On peut cependant supposer que le coût du projet est en
proportion directe avec le coût de construction de sorte que l'on cherchera à minimiser le ratio
coût de construction-énergie produite.
La génération de puissance n'intervient pas dans le processus de calcul, mais le projeteur peut
en tenir compte dans la comparaison des projets.
La difficulté que présente cette méthode tient au fait que lors du dimensionnement, le concep-
teur doit avoir une connaissance assez juste du coût global de construction, incluant les routes,
l'évacuateur de crue, etc., ce qui n'est pas le cas lorsque le projet n'est que partiellement défini.
On doit alors formuler des hypothèses que l'on rajustera de façon itérative lorsque certains
éléments se préciseront.
Cette technique présente également certains risques puisque le positionnement des autres
projets dans le plan de développement n'est pas pris en compte. Ainsi, un projet défini sur la
base du coût de revient minimal peut conduire à n'exploiter qu'une faible partie du potentiel d'un
site, le résidu étant perdu. Cette perte finira par être compensée par l'aménagement d'un autre
site dont le coût de revient pourrait être bien supérieur. Le projeteur doit donc appliquer un
certain jugement lors du choix de l'envergure d'un projet.
En contrepartie, la méthode du coût de revient minimal permet de faire ressortir un aspect inté-
ressant, à savoir que l'on tient compte de l'incidence de la dimension de la galerie, tant sur le
coût total du projet que sur la production. Ainsi, dans le cas d'un projet en région éloignée,
l'augmentation de la section de la galerie a peu d'impact sur le coût total du projet, en compa-
raison avec le gain de production. En d'autres termes, il serait inapproprié de réaliser de faibles
économies au détriment de la production lorsqu'on doit investir des sommes importantes sur
les autres infrastructures, les accès par exemple.
Peu importe la méthode d'optimisation utilisée pour le dimensionnement de la galerie, l'aspect
prépondérant dans la majorité des cas est limité aux pertes de charge. Il est rarement avanta-
geux d'en modifier le dimensionnement pour satisfaire d'autres considérations (surpressions,
oscillations dans la chambre d'équilibre, etc.).

page 12.2 Galeries d'amenée


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

12.2.3 Méthode simplifiée en étude préliminaire


Une méthode simplifiée, recommandée à la phase d'étude préliminaire, consiste à utiliser une
vitesse d'écoulement économique telle que calculée pour un autre site dans des conditions
équivalentes (patron d'exploitation, facteur d'utilisation, etc.). À titre de référence, mentionnons
que la vitesse économique est d'environ 2,5 m/s pour une galerie en D non revêtue. Le rapport
de la base sur la hauteur doit faire l'objet d'une optimisation, car des économies peuvent résul-
ter des excavations en banquette. Par comparaison, on obtient une vitesse économique de
2,7 m/s dans le cas d'une conduite de forme circulaire non revêtue. Le coefficient de rugosité
(Manning) généralement utilisé varie entre 0,027 et 0,033 pour le roc dans une galerie non re-
vêtue. La rugosité des parois et de la voûte pour une galerie en D est relativement faible
(n = 0,025) comparativement à celle du radier (0,033). La rugosité de l'ensemble corres-
pondante est alors fonction de la géométrie de la galerie. Pour une galerie de 11,5 m sur
16,5 m (cas de SM-3), le nombre de Manning a été établi à 0,027. Une galerie de 11,5 m sur
10 m (cas de Toulnustouc) présenterait une rugosité relativement plus élevée, soit 0,028.
Ce coefficient est de 0,014 pour le béton et de 0,011 pour l'acier dans le cas d'une galerie re-
vêtue1461.

12.3 Géométrie
La géométrie de la galerie d'amenée est fonction des particularités inhérentes à chaque site.
Les dimensions limites des galeries en D sont de 16 m de largeur et de 20 m de largeur hors
tout. La flèche de la galerie est généralement égale au quart de la largeur. Pour des questions
de facilité d'exécution, il est préférable de limiter les pentes latérales des galeries au minimum.
Lorsqu'une descente s'impose, son inclinaison sera de 50 à 609 de façon à permettre l'évacua-
tion des matériaux excavés par gravité. Les raccordements s'effectuent au moyen de courbes
dont le rapport du rayon au diamètre équivalent varie entre 3 et 5.
Dans le cas d'une galerie excavée dans un roc de mauvaise qualité, il est requis d'effectuer une
étude de coup de bélier pour éviter toute possibilité d'affaissement de la galerie.
Si la galerie est de longueur importante, le bétonnage du radier peut être envisagé afin de per-
mettre un accès pour son inspection au cours de l'exploitation. Sinon, l'accès peut s'avérer dif-
ficile, voire impossible.

12.4 Revêtement en béton


Tel qu'indiqué précédemment, le revêtement en béton n'est considéré qu'en dernier recours
pour des sections de roc altéré ou des zones de faille.

[461
Ce sujet est également traité à la rubrique 15.2.1.

Galeries d'amenée page 12.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

13 Chambres d'équilibre

13.1 Généralités
Le but premier de la chambre d'équilibre est de maintenir, en tout temps, la qualité de l'électri-
cité par rapport à la fréquence sur le réseau. Elle assure le bon réglage de la centrale en toutes
circonstances et l'amortissement des oscillations. De façon plus détaillée, elle permet de :

• procurer un dispositif de grande déformabilité (masse d'eau avec surface d'eau) pour ab-
sorber les grandes variations de pression et pour ne laisser se réfléchir que des variations
atténuées vers la conduite ou la galerie ;

• permettre un démarrage rapide de la centrale en approvisionnant temporairement en eau


chaque groupe mis en marche, jusqu'à ce que l'eau de toutes les conduites atteigne son
régime d'écoulement permanent pour alimenter ce groupe ;

• accumuler temporairement de l'eau lors d'une réduction de charge ou d'un délestage, jus-
qu'à ce que l'eau de la conduite atteigne son nouveau régime d'écoulement ou soit arrêtée.

Les variations de charge d'un groupe turbine-alternateur, sources de phénomènes d'écoule-


ment transitoires (variations de pression et de débit) qui se propagent en ondes vers les systè-
mes d'adduction et de fuite de l'aménagement, reviennent par réflexion en signes inversés vers
la source de perturbation et se produisent en cycles avec des amplitudes qui s'atténuent plus
ou moins rapidement. Des suppressions excessives et des dépressions, communément appe-
lées coups de bélier, peuvent en résulter et mettre le système d'adduction ou de fuite en dan-
ger. Si le système d'adduction ou de fuite est court, les variations transitoires de pression sont
faibles et s'atténuent. Dans le cas contraire, une chambre d'équilibre est la solution la plus éco-
nomique à prévoir pour atténuer rapidement les perturbations. Le temps de retour au mode
d'exploitation normal peut cependant être très long. Cette chambre d'équilibre, conçue pour
protéger le système d'adduction ou de fuite, est généralement implantée entre la source de
perturbation initiale, en l'occurrence la centrale et le tronçon considéré.

13.2 Concept
La chambre d'équilibre est constituée d'un réservoir généralement cylindrique relié à une gale-
rie directement ou au moyen d'un puits de raccordement comportant parfois un étranglement à
son extrémité. Les cotes du fond et du dessus de la chambre sont fixées en fonction des ni-
veaux d'exploitation minimal et maximal du plan d'eau atteints dans les calculs des oscillations.
Par mesure de sécurité, on ajoute habituellement une hauteur additionnelle de 1,5 m de part et
d'autre des cotes des amplitudes maximales calculées dans la chambre.

Chambres d'équilibre page 13.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Lorsque les conditions topographiques le permettent, on choisit d'aménager la chambre d'équi-


libre en amont de la centrale par des excavations dans le roc. Cette solution s'avère plus éco-
nomique que l'érection d'une structure qu'il faut isoler et chauffer. Il peut être également possi-
ble d'envisager, toujours en fonction de la topographie, la création d'un bassin d'expansion
(comme à SM-3) qui peut être conçu avec ou sans déversement.

13.3 Critères hydrauliques


La nécessité de recourir ou non à l'utilisation d'une chambre d'équilibre (en amont ou en aval)
peut être vérifiée au cours d'une étude préliminaire à l'aide du calcul du temps de lancer de
l'eau qui correspond à la formule suivante :

ou
TL = temps de lancer de l'eau (s)
L = longueur de la galerie d'amenée (m)
V = vitesse d'écoulement au débit d'équipement
dans la galerie (m/s)
g = constante gravitationnelle
H = hauteur de chute nette maximale (m)

Pour tout le système d'adduction, le temps de lancer de l'eau doit être inférieur à 2 s. Si cette
condition n'est pas satisfaite, on doit calculer les pressions transitoires provoquées par une
coupure d'urgence au débit turbiné tant en amont (surpressions) qu'en aval (dépressions) des
turbines.
Les surpressions doivent être normalement limitées à des valeurs correspondant à environ 25
ou 30 % de la pression hydrostatique aux machines. Les dépressions ne doivent pas dépasser
-4,5 m (5,8 m en pression absolue) pour éviter la rupture de la colonne d'eau. Lorsque cette
valeur ne peut être atteinte, on peut augmenter le calage des groupes ou le temps de lancer de
l'eau doit être réduit. D'autres solutions peuvent être envisagées pour éviter la construction
d'une chambre d'équilibre : le déplacement de la centrale vers l'aval, la diminution de la galerie
de fuite, l'augmentation de l'aire d'écoulement des conduites d'adduction, etc.
La chambre d'équilibre est habituellement dimensionnée selon le critère de Thoma (réglage à
puissance constante) afin d'en assurer la stabilité.
Lorsque la centrale alimente un réseau isolé, la section calculée de Thoma est ensuite majorée
par un facteur variant entre 2 et 2,5 selon le gradient désiré pour l'amortissement des oscilla-
tions du plan d'eau dans la chambre. Le dimensionnement définitif de la chambre d'équilibre est
souvent réalisé par une étude sur modèle réduit où il est possible de simuler le système hy-
draulique et d'ébaucher la simulation d'un réglage à puissance constante.

page 13.2 Chambres d'équilibre


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Lorsque la centrale est reliée au réseau provincial, la section calculée de Thoma est alors ma-
jorée par un facteur acceptable variant entre 1,4 et 1,8, selon les conditions au site et les
contraintes de l'aménagement. Toutefois, à la suite d'une panne majeure d'électricité, la cen-
trale alimente une portion limitée du réseau et ces conditions s'apparentent temporairement à
celles d'un réseau non relié.
Le rôle de l'étranglement à l'entrée de la chambre est de limiter l'amplitude des oscillations du
niveau de l'eau et d'accélérer leur amortissement. Sa présence contribue toutefois à augmenter
les surpressions. La conception optimale avec étranglement est obtenue si la surpression
maximale produite aux turbines à la suite d'un rejet totale de la charge est égale à la pression
produite par l'eau lorsqu'elle atteint son niveau maximal dans la chambre. La section requise
dans la chambre d'équilibre peut alors être diminuée. Dans le but d'amortir le plus rapidement
possible le régime oscillatoire de l'eau dans la chambre, on cherche à maximiser les pertes de
charge à l'étranglement lors d'un écoulement descendant en construisant'des étranglements
avec une dissymétrie aussi grande que possible.
Dans le cas de très petites centrales, il peut être possible d'éviter l'implantation d'une chambre
d'équilibre dans le but de minimiser les coûts. Il faut alors ne pas compter sur la centrale pour
le redémarrage du réseau après une panne majeure et ajuster les épaisseurs des blindages, le
temps de fermeture des directrices de la turbine et le taux de prise en charge.

Chambres d'équilibre page 13.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

14 Conduites forcées

14.1 Généralités
La conduite forcée est une canalisation qui relie l'extrémité des ouvrages d'amenée à la turbine.
Elle constitue le dernier élément majeur du système d'adduction. Suivant les conditions topo-
graphiques, elle peut être souterraine ou extérieure. Il s'agit de la composante du système la
plus sollicitée, d'où son appellation.
On a généralement intérêt à réduire la longueur de la conduite forcée, car il en découle une ré-
duction proportionnelle du poids (et par conséquent du coût) et de la perte de charge due à la
résistance générale de la conduite. On cherche à réduire le nombre et l'importance des coudes
qui sont la cause de résistances locales provoquant des pertes de charge singulières s'ajoutant
à celles dues à la résistance générale de la conduite.
À la suite de singularités (répartiteur, trifurcation, bifurcation, coude, etc.), il est recommandé de
prévoir une longueur rectiligne égale à environ 10 fois le diamètre de la conduite, avant la jonc-
tion avec la bâche spirale, afin d'assurer à la turbine une alimentation équilibrée.

14.2 Critères hydrauliques


Les conduites forcées (circulaires) souterraines comportent une section bétonnée et une sec-
tion blindée. Leur coût par unité linéaire est plus élevé que celui des galeries non revêtues.
Comme pour les galeries d'amenée, le diamètre des différentes sections est optimisé afin de
minimiser le coût combiné (coût de construction et perte d'énergie). On obtient donc des vites-
ses économiques plus importantes, associées à des sections réduites. Les pertes de charge
sont calculées en considérant que les aspérités du béton et de l'acier sont respectivement
égales à 0,60 mm et 0,05 mm. Dans les conduites forcées bétonnées, la vitesse économique
est d'environ 5,5 m/s alors qu'elle varie entre 6 et 8 m/s pour les conduites forcées blindées.
Lorsque cette dernière est relativement courte, son diamètre est égal à celui de l'entrée de la
bâche.

14.3 Calcul des pressions


L'épaisseur du blindage est calculée pour résister à la pression interne et à la pression externe.
Les pressions à considérer pour les calculs de résistance des conduites forcées résultent, entre
autres, des simulations en régime transitoire. Dans le calcul de l'épaisseur du blindage, la pres-
sion interne est majorée d'un facteur de surpression dû aux coups de bélier. On tient compte
aussi de la pression externe exercée sur ce dernier lors de la vidange du système d'adduction.

Conduites forcées page 14.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La sous-pression extérieure, agissant entre le revêtement en béton et la surface rocheuse ainsi


qu'entre la surface de béton et le blindage d'acier est égale à la pleine pression hydrostatique
existant dans le rocher autour de la conduite, cette pression étant due à la différence entre le
niveau du rocher en surface et le niveau de la conduite.
L'acier de blindage des conduites forcées doit être conçu conformément aux références techni-
ques appropriées (référence 14.1 à référence 14.4).

14.4 Répartiteur
Le répartiteur est une composante indispensable dans le calcul de bifurcation ou lorsque la
galerie d'amenée alimente plus d'un groupe. Il s'agit d'un élément complexe dont la conception
relève en grande partie de l'expérience et dont les dimensions doivent être optimisées à l'aide
d'un modèle réduit. Puisqu'il s'agit d'un élément de raccordement, certaines dimensions sont
fixées par les caractéristiques des éléments adjacents, tels l'entraxe des groupes, le diamètre
d'entrée de la bâche ainsi que celui de la galerie d'amenée. On peut y raccorder au besoin des
transitions.
Dans le choix des sections à géométrie variable, il y a lieu de considérer l'aspect relatif à l'ingé-
nierie de construction, notamment la réutilisation des coffrages pour le bétonnage de réparti-
teur.
Dans le cas d'une galerie d'amenée non revêtue, on doit prévoir une fosse à débris en amont
du répartiteur bétonné.

14.5 Références
Référence 14.1 Amstutz, E. 1970. Buckling of Pressure Shaft and Tunnel Linings. Water
Power.
Référence 14.2 Jacobsen, S. 1977. Pressure Distribution in Steel-lined Rock Tunnels and
Shafts. Water Power.
Référence 14.3 Jacobsen, S. 1974. Buckling of Circular Rings and Cylindrical Tubes under
externat pressure. Water Power.
Référence 14.4 Tâche, J. 1974-1975. Contribution à la théorie et au calcul du blindage d'une
galerie circulaire. Bulletin technique Vevey.

page 14.2 Conduites forcées


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15 Centrales

15.1 Généralités
Trois types de centrale sont généralement considérés lors des études d'aménagement hy-
droélectrique : la centrale souterraine comprenant une caverne excavée dans le massif ro-
cheux, lorsque les conditions topographiques et géologiques le permettent, la centrale en sur-
face avec une superstructure pour abriter les équipements et le personnel et la centrale au fil
de l'eau. Le choix du type de centrale fait suite à une optimisation de la localisation et du di-
mensionnement du site. La centrale doit en outre être protégée contre les inondations corres-
pondant à la crue décamillennale.
Le dimensionnement de la centrale dépend essentiellement des caractéristiques des machines
hydrauliques, telles que le diamètre de la turbine, l'entraxe des groupes et le calage.
L'entraxe des groupes est généralement imposé par les dimensions de la bâche spirale. Seu-
lement dans le cas où la chute excède 120 m et où la vitesse d'écoulement à la sortie de la
roue est plus petite que 12 m/s, la dimension de l'alternateur pourra être déterminante pour
établir l'entraxe des groupes. Dans le cas des centrales souterraines, l'entraxe peut être dicté
par la largeur du pilier de roc requis entre deux aspirateurs.
Les équipements sélectionnés dans la conception d'une centrale doivent quant à eux répondre
à différent critères. Ces critères doivent répondre, entre autres, à des exigences de :

• fiabilité, pour assurer le maintien du service et, dans des cas spécifiques, la remise en
charge du réseau lors de pannes ;

• stabilité, pour minimiser l'impact des perturbations lors de défauts sur le réseau ;

• maintenabilité, exploitabilité et sécurité, pour assurer l'optimisation des coûts d'exploitation.

Pour chaque installation ces exigences dépendent de facteurs tels que la puissance, le nombre
d'alternateurs, la position stratégique, le rôle dans la stabilisation du réseau, avec réservoir ou
non, etc.
L'évolution du réseau d'Hydro-Québec oblige à revoir et réévaluer ses exigences constamment.
La conception doit demeurer dynamique.
Quelques exemples d'équipements caractéristiques des ouvrages hydrauliques, surtout des
centrales, sont donnés au tableau 15.1.

Centrales page 15.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 15.1 : Exemples d'équipements et appareillages associés aux ouvrages hydrau-


liques d'Hydro-Québec
Equipement Centrale
Evacuateur de crue
Vannes wagon (droites sur roues) La majorité des centrales d'Hydro-Québec
Vannes segment Première Chute, Saint-Timothée
Prise d'eau
Vannes wagon (droites sur roues) La majorité des centrales d'Hydro-Québec
Vannes de garde
Sphérique de la Bersimis-2
Papillon aux Outardes-2, aux Outardes-3
Fourreau La Grande-2, La Grande-4, Manic-3
Treillis aux Outardes-3, Manic-5-PA
Sans vanne de garde La Grande-3, Manic-2
Turbines
Pelton Aucune
Francis La majorité des centrales
Dériaz Aucune
Kaplan Carillon, Laforge-2, Brisay
Hélice La Grande-1, Beauharnois-3
Bulbe Aucune
Tube Hull-2
Straflow Aucune
Sortie de puissance moyenne et haute tension
Câbles aériens ou barres blindées La majorité des centrales
Barres blindées ventilées La Grande-2
Câbles isolés à l'huile aux Outardes-3, des Churchill Falls,
Câbles secs isolés à XLPE Beauharnois
Barres isolés au SF6 La Grande-2-A, Manic-5-PA

page 15.2 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.2 Critères hydrauliques


La puissance d'un groupe est fonction, entre autres, du débit considéré et de la hauteur de
chute nette. Cette hauteur de chute nette est obtenue en enlevant les pertes de charge par
frottement et singulières de la hauteur de chute brute.

15.2.1 Pertes de charge par frottement


Pour les galeries d'amenée, on utilise couramment la formule de Strickler-Manning
(référence 15.1) que l'on applique à la surface telle qu'excavée. Les études expérimentales ont
conduit à déterminer les valeurs usuelles des coefficients Ks et n. Ainsi, pour les galeries, les
valeurs suivantes sont utilisées en fonction de la finition de ses parois :

Type de galerie Coefficient Ks Coefficient n


Galerie revêtue de béton avec enduit parfaitement lisse 100 0,010
Galerie revêtue de béton brut de décoffrage 80-70 0,012-0,0143
Galerie sur roc brut de perforation 37-30 0,027 - 0,033

Le calcul des pertes de charge dans les conduites forcées découle de l'emploi de la formule de
Darcy-Weisbach.
Le coefficient de frottement est évalué à partir de l'équation de Colebrook et White pour la ré-
gion transitoire du diagramme de Moody. .

15.2.2 Pertes de charge singulières


Les pertes de charge singulières sont généralement exprimées en fonction de l'énergie cinéti-
que (V2/2g) pour chacun des éléments au moyen d'un coefficient K. À part les éléments d'un
ouvrage à géométrie simple, ce coefficient ne peut être calculé avec exactitude qu'à l'aide d'un
modèle de similitude. Tant que ce genre de modèle n'est pas réalisé, les pertes de charge sont
généralement évaluées par les valeurs de coefficient présentées au tableau 15.2.

Centrales page 15.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 15.2 : Valeurs des coefficients K


Élément de l'ouvrage Valeur K Indication sur la vitesse d'écoulement (V)

Prise d'eau 0,15-0,3 Vitesse dans la conduite adjacente

Grille à débris* 0,7 - 0,9 Vitesse brute à la grille

Courbe6 0,1 - 0,4 Vitesse dans la conduite adjacente

Répartiteur 0,1 -0,15 Vitesse à la sortie du répartiteur

Transition6 0 - 0,03 Vitesse à la sortie de transition

Aspirateur 1 Vitesse à la sortie de l'aspirateur

Galerie de fuite (entrée) 0,5 Vitesse dans la galerie

Galerie de fuite (sortie) 0,8 Vitesse dans la galerie

Les pertes de charge singulières à la grille à débris peuvent être majorées de 10 à 30 % selon le taux de
transport des débris sur la rivière (par exemple, la centrale Carillon).
6
Les coefficients de pertes singulières pour les coudes et les convergents sont calculés à partir des formules et
des abaques présentés dans le manuel de Levin (référence 15.2).

15.2.3 Protection aval de la centrale contre les crues


La protection de la centrale contre les inondations, créées par le rehaussement du bief aval en
période de crues, doit se faire généralement par une étude de risque économique en tenant
compte de l'importance de la centrale sur le réseau provincial.

En étude préliminaire, une protection de la centrale en fonction de la crue decamillennale peut


être utilisée pour fin de comparaison des variantes étudiées.

15.2.4 Références
Référence 15.1 Ginocchio, R. 1978. L'Énergie hydraulique. Collection de la Direction des
Études et Recherches d'Électricité de France, Éditions Eyrolles.

Référence 15.2 Levin, L. 1968. Formulaire des conduites forcées, oléoducs et conduits
d'aération. Dunod.

page 15.4 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.3 Critères structuraux

15.3.1 Généralités
Quatre types de centrale sont habituellement considérés lors des études et avant-projets
d'aménagements hydroélectriques :

• la centrale souterraine aménagée dans une caverne excavée dans le massif rocheux lors-
que les conditions topographiques et géologiques le permettent ;

• la centrale en surface adossée au rocher, avec superstructure généralement en acier, pour


abriter les équipements et le personnel ;

• la centrale au fil de l'eau ou intégrée ;

• la centrale en puits.

Le choix du type de centrale, fait par suite d'une optimisation de la localisation et du dimension-
nement des ouvrages et des équipements requis pour l'aménagement du site. La centrale doit
être protégée contre les inondations : le niveau du plancher des alternateurs doit être au-
dessus du niveau aval correspondant à la crue décamillennale ou en prévoyant une protection
adéquate contre ce niveau de crues.
Les dimensions de la centrale dépendent essentiellement des caractéristiques des machines
hydrauliques, telles que le diamètre de la turbine, l'entraxe des groupes, le calage, les dimen-
sions de la bâche spirale et de l'aspirateur.
Un bâtiment de centrale est généralement divisé en deux parties distinctes, soit l'aire des grou-
pes et les aires de service et d'administration. Aussi, on distingue la superstructure, qui est si-
tuée au-dessus du plancher des alternateurs, de l'infrastructure, qui comprend la partie située
entre la fondation rocheuse et le niveau du plancher des alternateurs.
La superstructure comprend les cadres d'acier, les planchers des mezzanines, le toit et la
structure de support du pont roulant. Dans le cas des centrales souterraines, la superstructure
ne comprend que la structure de support du pont roulant ; cependant, dans la pratique actuelle,
les voies de roulement des ponts roulants des centrales souterraines reposent sur des conso-
les excavées à même le roc.
L'infrastructure est composée des aspirateurs, de l'encastrement de la bâche spirale, des plan-
chers des turbines et des alternateurs.
Les combinaisons de charges permanentes et de charges vives doivent répondre aux exigen-
ces du Code national du bâtiment du Canada (1995) pour les bâtiments de protection civile.

Centrales page 15.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.3.2 Superstructure de la centrale et des aires de service et


d'administration
Le toit de la centrale doit résister aux charges suivantes :

• charges permanentes :
• masse de la charpente, de la dalle et du revêtement du toit,
• structures et fondations du poste, lorsque celui-ci est situé sur le toit,
• équipements mécaniques et électriques fixes du toit,
• voie de roulement des véhicules ;

• charges vives :
• neige,
• vent,
• séisme,
• surcharge de service uniforme, ,
• surcharges des équipements de manutention, tel que véhicules, grues mobiles, mono-
rails,
• surcharges des structures et équipements du poste,
• impacts provenant des équipements mécaniques ou électriques.

La dalle du toit est habituellement en béton-coulé sur pontage métallique.


Les planchers des mezzanines doivent résister aux charges suivantes :

• charges permanentes :
• masse de la charpente et de la dalle,
• murs et partitions architecturales,
• équipements mécaniques et électriques fixes ;

• charges vives :
• surcharges de service uniformes propres à la fonction des espaces considérés,
• surcharges des équipements de manutention, tel que véhicules et monorails,
• séisme.

page 15.6 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les dalles des mezzanines sont habituellement en béton coulé sur pontage métallique.
Les cadres d'acier de la superstructure doivent résister aux charges suivantes :

• charges permanentes :
• masse de la charpente,
• charges du toit et des mezzanines,

• charges vives :
• charges du toit et des mezzanines,
• température,
• séisme,
• ponts roulants,
• surcharges dues aux câbles conducteurs des lignes de transport.

La stabilité longitudinale du bâtiment est assurée par des contreventements au droit des murs
amont et aval et dans l'axe des colonnes de support du pont roulant, tandis que sa stabilité
transversale est assurée par une combinaison des moyens suivants :

• contreventements au niveau du toit et dans les murs d'extrémité ;


r

• boulons d'ancrage dans le roc pour les centrales souterraines et en surface, et dans le bé-
ton de la prise d'eau pour les centrales intégrées ;

• utilisation de cadres rigides.

15.3.3 Infrastructure de la centrale

15.3.3.1 Plancher des alternateurs


Le plancher des alternateurs doit supporter son poids propre ainsi que sa charge de service
uniformément répartie.
Les dalles unidirectionnelles en béton armé, avec ou sans pontage métallique, portent sur les
murs d'enceinte du puits d'alternateur et sur les murs situés en amont et en aval de la salle des
machines au niveau du plancher des turbines. Entre les groupes, les dalles reposent sur des
poutres appuyées sur les murs des puits d'alternateur des groupes adjacents. Les murs por-
teurs sont considérés encastrés dans le béton d'encastrement de la bâche spirale.

Centrales page 15.7


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.3.3.2 Plancher des turbines


La conception du plancher des turbines inclut les assises du stator et des freins vérins du rotor
de l'alternateur.
Les charges provenant du stator comprennent sa masse statique verticale ainsi que les char-
ges tangentielles normales et celles dues au court-circuit ; ces charges sont fournies par le
manufacturier.
Les charges provenant des freins vérins sont les charges verticales et tangentielles provenant
du freinage du groupe ; ces charges sont également fournies par le manufacturier.
Les assises du stator et des freins vérins sont analysées comme des anneaux encastrés dans
le béton de la bâche spirale.
Les dalles du plancher des turbines doivent supporter leur poids propre ainsi que leur charge
de service uniformément répartie. Lorsque la dalle de la galerie amont se trouve au-dessus de
la conduite forcée, elle ne doit transmettre aucune charge à celle-ci.

15.3.3.3 Encastrement de la bâche spirale


Le béton d'encastrement de la bâche spirale doit supporter son poids propre, les charges
transmises par les murs du puits de l'alternateur et par le plancher des turbines ainsi que les
charges statiques et dynamiques transmises par les assises du stator et des freins vérins. Il
doit de plus résister à la pression hydrostatique interne durant le fonctionnement du groupe
ainsi qu'à la surpression lors de l'arrêt de celui-ci. Ces charges sont fournies par le manufactu-
rier.

15.3.3.4 Aspirateur
La conception de l'aspirateur inclut le cône, le coude, le divergent et les piliers. Il doit résister à
toutes les charges provenant des structures et des équipements situés au-dessus. Il doit éga-
lement résister aux pressions et sous-pressions provenant du bief aval.

15.3.3.5 Tablier des vannes d'aspirateur


Le tablier des vannes d'aspirateur est conçu selon les exigences de la norme CAN/CSA-S6 et
doit résister à toutes les charges provenant des équipements de manutention des vannes et
éventuellement des transformateurs de puissance, dans le cas où ces transformateurs sont si-
tués sur la plage aval, notamment pour les centrales intégrées.

page 15.8 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.3.4 Aires de service de la centrale


La conception structurale des aires de service, de l'aire de montage et de déchargement ainsi
que du bâtiment de service utilise les méthodes d'analyse courantes des bâtiments. Les char-
ges de conception sont définies à la rubrique 15.3.5.

15.3.5 Charges de service


Les charges de service habituellement utilisées pour la conception des composantes structu-
rales sont indiquées au tableau 15.3.

Tableau 15.3 : Charges de service pour la conception des composantes structurales des
centrales
Charge
Niveau/Salle
(kN/m2)
Plancher des turbines
• Aire des groupes
Corridors amont et aval et aires entre les groupes 15
• Aire de service
Salle des huiles 25
Salle d'entreposage de hydrocarbures 15
Salles des accumulateurs, des équipement de commande, des chargeurs et de 10
communication
Plancher des alternateurs
• Aire des groupes
Corridors amont et aval et aires entre les groupes 50
• Aire de service
Aire de montage et de déchargement (pour les endroits de montage et de dépôt 75
des rotors d'alternateur et des roues de turbine, les charges spécifiques et leur
emplacement doivent être définies à partir des charges réelles des équipe-
ments)
Salle d'air comprimé 15
Salle de conférence, ateliers mécanique et électriques, poste de soudure 10
Mezzanine et autres planchers supérieurs 10
Escaliers, paliers, passerelles, etc. 5

Centrales page 15.9


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.3.6 Voies de roulement des ponts roulants


Les charges utilisées pour la conception de la voie de roulement du pont roulant sont habituel-
lement fournies par le fabricant du pont. Ces charges sont généralement déterminées en appli-
quant une charge égale à la capacité du pont roulant successivement à chaque point extrême
de translation du chariot du treuil, sans égard à l'encombrement de la charge levée.
Afin d'optimiser la conception de la voie de roulement, le concepteur peut déterminer lui-même
les réactions maximales des roues du pont roulant en fonction des caractéristiques du pont
roulant et des charges à lever, en tenant compte de leurs gabarits et des distances auxquelles
ces charges peuvent s'approcher effectivement des extrémités de la poutre du pont. Pour ce
faire, le concepteur doit obtenir notamment les informations suivantes :

• la masse du pont roulant ;

• la masse de l'ensemble chariot-treuil ;


' V

• la masse et le gabarit de chaque composante importante à soulever (rotor, arbre, turbine,


palonnier etc.).

Si le concepteur détermine les charges de roues du pont roulant, il doit prendre les dispositions
nécessaires afin de s'assurer que la charge maximale utilisée dans ce calcul ne puisse s'ap-
procher effectivement plus près des extrémités du pont roulant que la distance servant à dé-
terminer les réactions des roues.
Les différents facteurs de charges à utiliser pour la conception de la voie de roulement sont les
suivants:

• OL : 1,50 ;
• facteur d'impact des charges verticales : 1,25 ;

• charge horizontale longitudinale appliquée au sommet des rails : 10 % de la charge des


roues ;

• charge horizontale transversale appliquée au sommet des rails : 20 % des charges levées
et du chariot, répartie également sur chaque rail.

Nonobstant les facteurs définis ci-dessus, le facteur de majoration des charges à utiliser pour le
levage du rotor peut être pris égal à 1,25.
En raison de l'efficacité et de la fiabilité des contrôles limiteurs de surcharge, il n'est pas néces-
saire de concevoir les voies de roulement pour la charge correspondant au calage du treuil.

page 15.10 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.4 Turbines
La composante turbine couvre :

• les passages hydrauliques, de l'entrée de la bâche à la sortie de l'aspirateur ;

• l'arbre de turbine et ses paliers jusqu'à la bride d'accouplement à l'alternateur ;

• le système hydraulique ;

• le régulateur de vitesse.

Les critères reliés aux arbres et paliers ne sont présentement pas couverts dans ce guide.

15.4.1 Généralités
II existe une turbine appropriée pour une gamme de chute donnée.

Les différentes turbines ainsi que les hauteurs de chute sous lesquelles elles fonctionnent sont
montrées au tableau 15.4.

Tableau 15.4 : Types de turbine et classes de chute


Type de turbine Classe de chute (m)
Pelton 50 à 1700
Francis (turbine et turbine pompe) 50 à 600
Dériaz 50 à 150
Kaplan 20 à 75
hélice 20 à 75
bulbe 5 à 25
tube 5 à 25
Straflo 10 à 35

Chacune d'elles possède une gamme de chute préférentielle déterminée par les niveaux amont
et aval maximal, minimal et nominal.

.La gamme des hauteurs de chute au Québec requiert surtout des turbines du type Francis, Ka-
plan, hélice et bulbe. Des exemples en sont donnés au tableau 15.1.

Les programmes ECOP et ECOPBULBE permettent d'obtenir, pour une étude de faisabilité, les
caractéristiques, les dimensions et les coûts des turbines et des alternateurs ainsi qu'un ordre
de grandeur des éléments de génie civil et d équipements divers.

Centrales page 15.11


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'une des principales dimensions qui caractérise la machine et donc la centrale est le diamètre
de gorge de la roue turbine. Le diamètre maximal des roues Francis est limité par la largeur du
four de détente des contraintes induites ou par l'espace nécessaire pour le transport de la roue.
Le diamètre maximal de la roue en une seule pièce est d'environ 6 m. Les roues du type Ka-
plan, hélice et bulbe étant démontables, ces limites ne s'appliquent pas. La vitesse hydraulique
moyenne au droit de la roue est de l'ordre de 12 m/s pour les Francis, de 14 m/s pour les Ka-
plan et bulbes et de 11 m/s pour les hélices. Ces vitesses doivent être optimisées en fonction
du facteur d'utilisation des groupes.
Dans le programme ECOP, les turbines sont sélectionnées à partir de la chute nominale et sa
variation, tandis que leur conception est basée sur une vitesse d'écoulement et un débit. Une
quinzaine d'équations basées sur les principes physiques de fonctionnement des machines
permettent de caractériser les groupes turbines-alternateurs. Les dimensions d'une centrale
type sont alors déduites par les formules empiriques à partir des dimensions du groupe.
Les volumes d'excavation et de bétonnage sont calculés à partir de ces dimensions de centrale
en supposant un niveau de roc et en utilisant des épaisseurs de béton selon des lois empiri-
ques au besoin. Les autres valeurs, tels les coûts et les masses des équipements, sont déduits
par les équations empiriques.

15.4.2 Contraintes et déformations admissibles


La pression de conception de la bâche et de l'avant distributeur est la pression maximale tran-
sitoire.

15.4.2.1 Contraintes permises


Des matériaux ayant une forte résistance à la fatigue doivent être utilisés pour les pièces sou-
mises à des efforts dynamiques ou encore à des contraintes ou des chocs cycliques.
Sauf exception, les efforts unitaires maximaux dans les matériaux utilisés ne doivent pas dé-
passer les limites données au tableau 15.5.

page 15.12 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Tableau 15.5 : Contraintes permises sous charges maximales et conditions les plus sé-
vères d'exploitation
Matériau Contraintes admissibles
Acier moulé Le moindre de 20 % de la contrainte de rupture en
traction ou de 33 % de la limite élastique du maté-
riau.
Tôles d'acier pour la bâche et l'avant distributeur :
• matériaux couverts par la section VIII du Boiter Le tout conformément aux limites imposées par la
and Pressure Vessel Code de l'ASME ; section VIII Unfired Pressure Vessel division 1 ou 2.
• matériaux non couverts par la section précé- Le moindre de 25 % de la contrainte de rupture en
dente. traction ou de 50 % de la limite élastique du maté-
riau.
Tôles d'acier pour les autres pièces Le moindre de 20 % de la contrainte de rupture en
traction ou de 33 % de la limite élastique du maté-
riau.
Cuivre recuit 60Mpa

À moins de spécification contraire, pour tous les autres matériaux utilisés, les contraintes ré-
sultant.des charges maximales, dans les conditions les plus sévères d'exploitation ne doivent
pas dépasser le tiers de la limite élastique. À la vitesse d'emballement en conjugaison et pour
les essais hydrostatiques, les contraintes maximales ne doivent pas dépasser les deux tiers de
la limite élastique. À la vitesse d'emballement hors conjugaison, les contraintes maximales ne
doivent pas dépasser les trois quarts de la limite élastique. Pour les directrices des turbines,
leurs tourillons et leurs leviers de commande, lors de la rupture des goupilles de sécurité, les
contraintes maximales ne devront pas dépasser les deux tiers de la limite élastique.

Pour les boulons et les goujons à haute résistance, la contrainte ne doit pas dépasser 60 % de
la limite élastique.

Les contraintes d'adhérence entre les ancrages et le béton ne doivent pas dépasser 700 Kpa.
Les contraintes de compression transmises au béton ne doivent pas dépasser 4 150 Kpa.

15.4.2.2 Déformations permises


Les effets dus aux déformations doivent être calculés pour toutes les pièces majeures du
groupe, pour les régimes normaux d'exploitation et pour toutes les conditions exceptionnelles.

Les jeux prévus dans les assemblages tournant ou glissant doivent tenir compte des déforma-
tions, de façon à éviter des efforts indus ou tout contact nuisible entre les éléments pendant le
fonctionnement du groupe.

La combinaison la plus défavorable des tolérances d'usinage des pièces adjacentes doit être
utilisée dans l'établissement des jeux minimaux.

Toutes les pièces de grande dimensions qui sont sujettes à déformation lors du transport ou du
montage doivent être renforcées par des croisillons appropriés.

Centrales page 15.13


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.4.2.3 Compatibilité entre la conduite forcée et la bâche


Le guide Manual of Practice for Steel Penstocks publié par l'American Society of Civil Engi-
neers (ASCE) pour le calcul de conduites forcées en acier est moins sévère que la division 1 de
la section VIII du code de l'ASME. L'épaisseur des matériaux établie à l'aide de ce guide se
rapproche plus de celle obtenue par la division 2 de la section VIII du code de l'ASME. Le ju-
melage de ces deux approches assure l'assujettissement adéquat de la conduite forcée à la
bâche spirale ou la vanne de garde. Si par contre la bâche est conçue en conformité avec la di-
vision 1 de la section VIII du code de l'ASME, il faut assurer un assujettissement adéquat de la
conduite forcée à la bâche spirale. La manchette amont des vannes de garde est conçue selon
le guide utilisé pour la conception de la conduite forcée.

15.4.3 Matériaux
Les matériaux considérés pour les pièces soumises à la pression amont sont les aciers sui-
vants :

Limite élastique Limite à la rupture


(Mpa) (Mpa)
Désignation plaques
ASTMA-516GR70 260 485-620
ASTM A-573 GR 70 290 485-620
ASTM A-662 Nuance B 275 450-585
CSAG40.21M(260WT) 260 412
CSAG40.21M(300WT) 300 452
Désignation acier coulé
ASTM A-27 GR 65-35 240 450
ASTM A-1 48 GR 80-50 345 550
ASTM A-216 Nuance WCC 275 485-655

Tous ces aciers ont leurs limites élastiques et à la rupture voisines. Ils sont appropriés à l'appli-
cation visée par leur bonne soudabilité et leur capacité à redistribuer les contraintes par plastifi-
cation locale. Certains aciers à haute résistance peuvent être considérés si les fabricants en
démontrent l'intérêt et dont l'utilisation résulte en une économie sur l'approvisionnement des
composants.

Ces aciers sont le ASTM A-514 et le ASTM A-517 ; d'autres qualités d'aciers offrant des pro-
priétés semblables peuvent aussi être considérées.

page 15.14 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.4.4 Régulation

15.4.4.1 Généralités
Les critères énoncés dans cette rubrique doivent être considérés lors de la préparation des de-
vis techniques d'approvisionnement des régulateurs et de leur circuit hydraulique.
Cette rubrique est basée sur un classement des centrales. Elle a pour objectif de normaliser le
plus possible la conception et les caractéristiques des régulateurs de vitesse et des circuits hy-
drauliques.
Actuellement, l'achat des régulateurs de vitesse est régit par la spécification technique SN-
38.1. L'achat doit donc s'effectuer en harmonie avec ce document et les exigences addition-
nelles mentionnées plus loin. Par ailleurs, la conception des circuits hydrauliques des régula-
teurs de vitesse n'a jamais été régi. Les informations qui suivent devraient donc permettre au
concepteur d'être mieux encadré.

15.4.4.2 Besoins d'exploitation

15.4.4.2.1 Exigences de maintenance

Les exigences de maintenance décrites dans cette rubrique concernent principalement les
composants du circuit hydraulique alimentant le régulateur de vitesse.
Le concepteur doit s'assurer lors de la conception du système de régulation de vitesse que ce
dernier comporte le moins de composants possible. Par surcroît, il doit s'assurer que tous les
équipements ou protections ont une valeur ajoutée.
Les exigences de maintenance pour le régulateur de vitesse se résument comme suit :

• assurer un dégagement minimal autour de la partie mécanique afin de faciliter l'entretien ;

• assurer un espace de travail près du régulateur pour permettre le démontage des compo-
sants mécaniques ;

• assurer que les fonctions d'opération en mode manuel soient complètes à partir de l'armoire
du régulateur.

Les exigences de maintenance pour les composants du circuit hydraulique se résument comme
suit :

• assurer que le réservoir de récupération soit conçu pour permettre une vidange complète ;

• assurer que l'huile du réservoir de récupération soit contenue en cas de déversement ;

Centrales page 15.15


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• assurer que les composants (valves, pompes, etc.) soient bien identifiés en utilisant la fonc-
tion du composant ainsi qu'un numéro d'identification ;

• assurer que la vidange de l'huile du filtre du circuit hydraulique se fasse dans le réservoir de
récupération.

15.4.4.2.2 Exigences d'investigation

Les exigences d'investigation permettent de réaliser l'entretien du système régulateur de vi-


tesse et de suivre l'évolution des différents composants. Le concepteur doit prévoir l'installation
de prises de pression indépendantes pour permettre de prendre des mesures avec de l'instru-
mentation externe.
Les prises de pression sont requises aux composants suivants (figure 15.1 ) :

• réservoir oléopneumatique (2) ;

• servomoteur (2).

Figure 15.1: Prises de pression

Réservoir
oléopneumatique

servomoteur

15.4.4.2.3 Exigences de fiabilité

Les exigences de fiabilité du système de régulation de vitesse sont reliées plus particulièrement
à la durée de vie des composants, à la période durant laquelle les composants sont supportés
pour les pièces de rechange et à leur fréquence d'entretien.

page 15.16 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le concepteur doit s'assurer que tous les composants mécaniques du régulateur et du circuit
hydraulique, comme la valve principale et la pompe principale, ont une durée de vie de 30 ans
et que les composants électroniques ont une durée de vie de 15 ans par suite de la mise en
service.
De même, le concepteur, doit s'assurer que tous les composants, mécaniques ou électroni-
ques, auront une période de garantie de fourniture pour les pièces de.rechange équivalente à
la durée de vie des composants.
Le concepteur doit s'assurer que la fréquence d'entretien de tous les composants soit minimi-
sée. Il est recommandé que les périodes d'entretien soient :

• de trois ans, pour les composants mécaniques ;

• annuel pour le remplacement des filtres (aux conditions normales d'exploitation) ;

• de cinq ans, pour les composants électroniques.

15.4.4.2.4 Exigences de sécurité

Les exigences de sécurité sont minimales. En effet, selon l'installation, le concepteur peut juger
nécessaire d'additionner d'autre exigences. Par contre, il doit documenter l'ajout de tout autre
dispositif de sécurité.

Les exigences pour les systèmes à basse pression et à haute pression sont les suivantes :

• les valves permettant d'isoler un composant doivent être cadenassables ;

• les valves doivent être bien identifiées à l'aide d'un numéro de code et de la fonction ;

• les purges d'air doivent être munies d'un silencieux ou ramenées à un drain ;

• les parties tournantes doivent être munies d'un garde ;

• le filtre doit être muni d'un indicateur de pression afin de permettre une ouverture sécuritaire
du corps.

De plus quelques exigences supplémentaires pour les systèmes à haute pression sont requi-
ses :

• raccords rapides pour remplissage des accumulateurs ;

• système de manutention des bouteilles de gaz sécuritaire.

Centrales page 15.17


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.4.4.3 Description du système


Un système de régulation de vitesse est la combinaison de dispositifs et de mécanismes dé-
tectant la déviation de la vitesse et de la puissance et la convertissant en un changement de
position des servomoteurs. Le système est composé d'un détecteur de vitesse, du régulateur
de vitesse, du circuit hydraulique et des servomoteurs.
Le dispositif relevant la vitesse et de la puissance du groupe transmet, au régulateur de vitesse,
un signal proportionnel à la vitesse et à la puissance du groupe.
Les nouveaux régulateurs sont de type électronique-hydraulique. Les signaux sont contrôlés
par des cartes électroniques et ils sont amplifiés par une partie hydraulique. Les signaux élec-
triques peuvent être analogues ou numériques.
Le régulateur de vitesse est un composant complet en lui-même. Par contre, il est relié au cir-
cuit hydraulique, aux servomoteurs et aux signaux provenant du groupe.
Le circuit hydraulique comprend les pompes, le réservoir oléopneumatique-accumulateur, le ré-
servoir de récupération ainsi que la tuyauterie et les accessoires reliant les différents éléments
du système (figure 15.2 et figure 15.3).

15.4.4.4 Critères de conception.

15.4.4.4.1 Classement des centrales

Selon le classement des différentes centrales à Hydro-Québec, les coûts associés à la fourni-
ture d'équipements plus sophistiqués selon la puissance et l'importance des installations pour-
raient être diminués de façon substantielle. Par contre, Hydro-Québec ne possède actuellement
aucun classement de ses centrales. C'est pourquoi, le présent guide ne se positionne pas, pour
l'instant, sur la réstriction des périphériques.

15.4.4.4.2 Appareillage mécanique

Circuits hydrauliques
Les circuits hydrauliques se divisent en deux catégories : à basse pression et à haute pression.
La limite entre les circuits à basse pression et à haute pression est fixée à 7 MPa (1 000 psi),
soit la pression à partir de laquelle un séparateur est requis pour limiter la diffusion du gaz utili-
sé dans l'huile.

page 15.18 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 15.2 : Circuit hydraulique système basse pression - centrale à démarrage auto-
nome
ALIMENTATION D'AIR

régulateur de vitesse
RÉSERVOIR OLÉOPNEUMATIQUE
XN ?A
O
N

SERVOMOTEURS

DRAIN
DRAIN

RESERVOIR DE RÉCUPÉRATION

Centrales page 15.19


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 15.3 : Circuit hydraulique système haute pression - centrale à démarrage auto-
nome

DRADM

RÉSERVOIR DE RÉCUPÉRATION

page 15.20 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour les nouveaux projets, le projeteur doit faire une analyse technoéconomique afin de déter-
miner si une solution « haute pression » est avantageuse. Il doit analyser dans la conception
globale de la centrale l'espace disponible, la nécessité d'une salle de compresseur, la possibi-
lité d'utiliser des servomoteurs commerciaux, etc.

Réservoir oléopneumatique- Les réservoirs oléopneumatiques et accumulateurs sont utilisés pour


accumulateur emmagasiner l'huile sous pression. Comme l'huile ne se compresse pas,
un gaz (air ou azote) est utilisé afin d'obtenir une réserve hydraulique ra-
pide.
• système à basse pression La construction du réservoir oléopneumatique doit répondre aux critères
(<1000psi7MPa) suivants :
• le réservoir sous pression doit être de construction soudée et doit
être conçu, construit et testé selon le code ASME Boiler and pres-
sure vessel code et le règlement A20.01 de la province de Québec
Règlement sur les appareils sous pression ;
• la dimension du réservoir doit être telle que, lorsque la pression du
réservoir atteint le seuil de déclenchement, l'énergie requise pour
effectuer une manœuvre et demie de fermeture des servomoteurs
soit disponible avant la fermeture de la vanne de blocage, et ce, sans
départ des pompes ;
• le réservoir oléopneumatique doit posséder les équipements sui-
vants :
• une soupape de sûreté ;
• un manomètre ;
• un capteur différentiel de pression ou de niveau avec sortie
4-20mA;
• un capteur de pression avec sortie 4-20 mA ;
• un indicateur de niveau visuel ;
• une vanne de blocage ;
• un dispositif d'admission d'air automatique ;
• une purge d'air manuelle.

Le contrôle pour la commande est réalisé à l'aide d'une automate pro-


grammable. La programmation de l'automate doit permettre de :
• démarrer et arrêter la pompe principale ;
• démarrer et arrêter la pompe auxiliaire d'une centrale à démarrage
non autonome ;
• actionner la vanne de dérivation de la pompe auxiliaire d'une centrale
à démarrage autonome ;
• actionner une valve solénoïde d'alimentation d'air automatique ;
• donner une alarme de basse pression ;
• donner une alarme de haute pression ;
• donner un déclenchement de très basse pression ;

Centrales page 15.21


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• donner une alarme de bas niveau d'huile ;


• donner une alarme de haut niveau d'huile ;
• donner un déclenchement de très bas niveau d'huile ;
• fermer la vanne de blocage sur un très bas niveau d'huile.

L'instrumentation électronique et les contrôles (automate) doivent suivre


les normes d'Hydro-Québec. Dans le cas contraire, ces derniers doivent
répondre à certaines exigences de la norme SN-62.1008e (voit tableau 2
de la spécification normalisée SN-38.1).
• système à haute pression Selon la pression du système, les accumulateurs des systèmes à haute
(>1000 psi) pression peuvent être de deux types :
• accumulateurs à vessie pour les pressions variant jusqu'à 35 Mpa ;
• accumulateurs à piston pour les pressions variant jusqu'à 20 MPa.

Pour des raisons de protection, de commande ainsi que d'entretien, la


pratique actuelle est d'installer des accumulateurs à piston.
La construction des accumulateurs hydrauliques doit répondre aux critè-
res suivants :
• l'accumulateur doit être de construction soudée et doit être conçu,
construit et testé selon le code ASME Boiter and pressure vessel
code et le règlement A20.01 de la province de Québec Règlement
sur les appareils sous pression ;
• la dimension des accumulateurs doivent être telle que, lorsque la
pression des accumulateurs atteint le seuil de déclenchement,
l'énergie requise pour effectuer une manœuvre et demie de ferme-
ture des servomoteurs soit disponible avant la fermeture de la vanne
de blocage, et ce, sans départ des pompes ;
• les accumulateurs doivent posséder les équipements suivants :
• un disque de rupture ;
• un manomètre ;
• un capteur de pression avec sortie 4-20 mA ;
• un capteur de fin de course.

Le contrôle pour la commande est réalisé à l'aide d'une automate pro-


grammable. La programmation de l'automate doit permettre de :
• démarrer et arrêter la pompe principale ;
• démarrer et arrêter la pompe auxiliaire d'une centrale à démarrage
non autonome ;
• actionner la vanne de dérivation de la pompe auxiliaire d'une centrale
à démarrage autonome ;
• donner une alarme de basse pression ;
• donner une alarme de haute pression ;
• donner un déclenchement de très basse pression.

page 15.22 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'instrumentation électronique et les contrôles (automate) doivent suivre


les normes d'Hydro-Québec. Dans le cas contraire, ces derniers doivent
répondre à certaines exigences de la norme SN-62.1008c (voir tableau 2
de la spécification normalisée SN-38.1).
Pour les systèmes à haute pression, le concepteur doit prendre en consi-
dération que des fluctuations importantes de température entraîne une
variation de pression de l'azote entraînant des alarmes de basse pres-
sion ou de haute pression des réservoirs oléopneumatiques-
accumulateurs. C'est pourquoi les réservoirs ou les accumulateurs doi-
vent être localisés dans des endroits où ils ne sont pas influencés par
des différences de température.
Alimentation d'air automatique Pour les systèmes à basse pression, il arrive après un certain temps que,
au niveau nominal d'huile, la pression dans le réservoir oléopnéumatique
soit plus basse. Ceci est dû aux fuites d'air et à l'air entraîné dans l'huile.
On remédie à ce problème en installant un système d'admission d'air
automatique afin de maintenir le ratio air-huile.
Le rétablissement de la pression nominale par l'ajout d'air dans le réser-
voir oléopnéumatique doit se réaliser comme suit lorsque le différentiel
de pression entre la pression d'admission d'air et la pression du réservoir
est :
• faible (l'admission d'air est réalisée lorsque la pompe débute son cy-
cle de remplissage) ;
• élevé (l'admission d'air peut se réaliser en tout temps).

La quantité d'air admise est en fonction du niveau et de la pression à un


temps donné. La fonction remplissage est gérée par l'automate pro-
grammable.
Pompes et accessoires Le circuit hydraulique doit posséder deux pompes, une pompe principale
et une pompe auxiliaire.
pompe principale Le rôle de la pompe principale est de remplir le réservoir oléopneumati-
que-accumulateur à la suite d'une vidange et de compenser pour de
grandes variations des servomoteurs. La capacité de la pompe doit
correspondre à au moins une cylindrée des servomoteurs à la minute. Le
concepteur pourra augmenter le débit en fonction de l'utilisation des
groupes.
Le départ de la pompe principale est initié par l'automate. La pompe doit
être munie d'une soupape de surpression. À la sortie de la pompe, une
soupape de dérivation doit permettre le départ et l'arrêt de la pompe sans
charge. La soupape de dérivation doit être dimensionnée pour permettre
le passage du débit maximal de la pompe.
système à basse Le démarrage et l'arrêt sont initiés par un signal de niveau du réservoir.
pression (<1000 psi
7MPa)
• système à haute pres- Le démarrage est initié par un signal de pression, tandis que l'arrêt est
sion (>1000 psi) initié par un capteur déplacement sur la tige du piston.

Centrales page 15.23


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

pompe auxiliaire Le rôle de la pompe auxiliaire est de compenser principalement les fuites
dans le système. De plus, elle permet de compenser les écarts de niveau
associés à de petites variations des servomoteurs.
Le départ de la pompe auxiliaire est initié par l'automate. La pompe doit
être munie d'une soupape de surpression. À la sortie de la pompe, une
soupape de dérivation doit permettre le départ et l'arrêt de la pompe sans
charge. La soupape de dérivation doit être dimensionnée pour permettre
le passage du débit maximal de la pompe.
Par contre, pour une centrale à démarrage autonome, la pompe auxiliaire
fonctionne continuellement. La pompe doit être munie d'une soupape de
surpression. À la sortie de la pompe, une soupape de dérivation doit
permettre de diriger l'huile vers le réservoir oléopneumatique-
accumulateur ou le réservoir de récupération. La soupape de dérivation
doit être dimensionnée pour permettre le passage du débit maximal de la
pompe. La pompe auxiliaire doit être alimentée soit à l'aide d'une turbi-
nette ou d'une alimentation statique sans coupure (ASSC). Le concep-
teur devra réaliser une étude technoéconomique pour justifier son choix.
système à basse Un contact de niveau doit commander le démarrage et l'arrêt de la
pression (<1000 psi pompe. Par contre, pour une centrale à démarrage autonome, le contact
7MPa) de niveau doit actionner la soupape de dérivation afin de dévier l'huile
vers le réservoir de récupération ou le réservoir oléopneumatique.
système à haute pres- Les capteurs de fin de déplacement sur la tige du piston et les capteurs
sion (>1000 psi) de pression doivent commander le démarrage et l'arrêt de la pompe.
Ainsi, le démarrage de la pompe est initié par un signal de pression, tan-
dis que l'arrêt est commandé par un capteur de déplacement sur la tige
du piston.
Par contre, pour une centrale à démarrage autonome, les capteurs de
déplacement sur la tige du piston et les capteurs de pression doivent ac-
tionner la soupape de dérivation afin de dévier l'huile vers le réservoir de
récupération ou l'accumulateur. Les capteurs de pression donnent la
commande de dévier l'huile vers les accumulateurs tandis que les cap-
teurs de déplacement donnent la commande de dévier l'huile vers le ré-
servoir de récupération.
Réservoir de récupération La construction du réservoir de récupération doit répondre aux critères
(puisard) suivants :
• la dimension du réservoir doit être telle que le volume du réservoir ne
doit pas être moins de 110% du volume d'huile total qui peut être
emmagasiné au réservoir ;
Le volume d'huile total comprend, le volume d'huile normal du réser-
voir de récupération, le volume d'huile du réservoir oléopneumatique-
accumulateurs, le volume d'huile des servomoteurs et de la tuyaute-
rie.
• l'aspiration de la pompe doit être sous le niveau minimal de l'huile ;
• le réservoir doit être conçu pour permettre une vidange complète via
une prise de deux pouces à connexion rapide ;

page 15.24 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• le réservoir de récupération doit posséder les équipements suivants :


• un détecteur de niveau,
• un indicateur de niveau visuel,
• une sonde de température,
• un reniflard muni d'un filtre de 3 um dans l'air,
• de trous d'homme.

Le détecteur de niveau du réservoir de récupération doit permettre de :


• donner une alarme de bas niveau d'huile ;
• donner une alarme de haut niveau d'huile.

La sonde de température du réservoir de récupération doit permettre de


donner une alarme de haute température de l'huile.
Les trous d'homme du réservoir de récupération doivent permettre de :
• réaliser l'inspection ;
• réaliser le nettoyage.
Tuyauterie Toute la tuyauterie dont le diamètre est supérieur à 1 po doit se confor-
mer à la norme ANSI B31.1 Code for pressure piping, power piping et
tous les joints doivent être à brides boulonnées.
La tuyauterie de 1 po et moins doit être en tube sans joint, avec raccords
de type SWAGELOCK.
Filtration de l'huile Un système de filtration doit être installé sur le système hydraulique.
Lorsque la pompe auxiliaire fonctionne continuellement, le projeteur doit
regarder la possibilité d'installer soit le filtre en série avec la valve de dé-
rivation de la pompe auxiliaire, soit un système de filtration autonome en
parallèle. Le premier concept est favorisé puisqu'il réduit le nombre des
composants et, par conséquent, l'entretien. Le projeteur doit justifier son
choix par une analyse technoéconomique.
Lorsque le système de filtration est installé en série avec la pompe auxi-
liaire, ce dernier ne doit en aucun cas perturber l'alimentation en huile du
circuit hydraulique.
Pour les deux types d'installation, le filtre doit être muni d'une valve de
dérivation permettant le passage d'huile à plein débit en cas de colma-
tage du filtre. Lorsque la valve de dérivation ouvre, la circulation du fluide
à travers la dérivation ne doit pas entraîner la contamination de celui-ci
par les particules accumulées dans le filtre.
L'huile filtrée qui est utilisée dans le système répond aux caractéristiques
de la spécification PAEM 89201 de la norme AP-AM-N201 d'Hydro-
Québec. La température de l'huile dans le réservoir peut varier de 5 à
60 eC. Cependant, la température normale d'exploitation est d'environ
20 eC.

Centrales page 15.25


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le filtre doit avoir une efficacité de Bêta5.7(c) > 200 et Bêta7(c) > 1 000 se-
lon le test « multipass » de la norme ISO 16889 dont le compteur de par-
ticule est calibré selon la norme ISO 11171 ou, Bêtae>200 et Bêta8.3 >
1 000 selon le test « multipass » de l'ancienne norme ISO 4572 dont le
compteur de particule est calibré selon la norme ISO 4402. De plus, la
capacité du filtre doit permettre de satisfaire à la période de remplace-
ment spécifiée à la rubrique 15.4.4.2.3.

Régulateur (partie mécanique)

Le régulateur doit être muni d'un ajustement pour limiter l'ouverture du tiroir principal afin de
contrôler les temps d'ouverture et de fermeture des servomoteurs.

La conception du tiroir principal ou diaphragme doit être telle que, lors d'une perte de la pres-
sion d'huile contrôlant le tiroir principal ou le diaphragme, ces derniers doivent se positionner
pour fermer les directrices.

Le degré de filtration du filtre installé sur le régulateur de vitesse doit être en harmonie avec les
jeux des différents tiroirs. Le filtre doit être du type jumelé et doit être muni d'une valve de déri-
vation. La conception doit permettre le changement des cartouches filtrantes jetables en mar-
che.
La valve principale peut être installée sur le réservoir de récupération ou dans un cabinet avec
la commande de cette dernière.

Valve des freins

La valve des freins doit être installée près de la commande du régulateur.

Commande et automatisme

Interface personne-machine Pour les groupes de faible puissance, l'interface à cadrans est éliminée
(IPM) lorsque l'interface personne-machine du produit proposé présente une
bonne convivialité et permet de réaliser toutes les opérations et de visua-
liser toutes les informations normalement présentées sur une interface à
cadrans.
L'interface à cadrans est requise pour des groupes de plus grandes puis-
sances (rubrique 15.4.4.1) pour entretien, dépannage et mise en service.
Par contre, les boutons fournis avec l'interface personne-machine pour-
raient remplacer les boutons recommandés dans la spécification techni-
que normalisée s'ils sont conviviaux (SN-C-38.1, articles 4.3 et 4.9).

page 15.26 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Étude des entrées-sorties L'analyse des besoins spécifiques de chaque installation permet d'opti-
miser le nombre des entrées-sorties requises et, par conséquent, de ré-
duire au minimum le coût de la fourniture. L'application de la spécification
normalisée SN-38.1 permet de bien identifier les besoins.
Une bonne analyse permettra de choisir le bon système en fonction des
besoins réels et de réduire au minimum les coûts. Le choix des entrées-
sorties doit prendre en considération le type de centrale et de son utilisa-
tion.
Une mauvaise analyse entraîne l'utilisation de plusieurs entrées-sorties,
non nécessaires, et par conséquent, l'utilisation d'un système plus gros et
donc plus coûteux (rubrique 15.4.4.1 ).
Sévérité des essais des armoi- Pour un groupe de petite puissance, les essais normalisés du fabricant
res électroniques sont considérés. Ces derniers sont analysés pour valider s'ils sont ac-
ceptables et suffisants. Ainsi, aucun essai supplémentaire, ordinairement
requis par Hydro-Québec n'est réalisé ; seulement des essais fonction-
nels sont réalisés lors de la mise en service.
Régulateur
• regroupements Le concepteur doit regarder la possibilité d'éliminer l'armoire du régula-
teur.
Pour les projets clé en main, l'armoire électronique du régulateur peut
être intégré à l'intérieur des tableaux ou d'armoires existants ou nou-
veaux (tableau d'alternateurs, armoire d'excitation, etc.).
Pour les autres projets, il est nécessaire d'envisager de faire ce regrou-
pement. Ainsi, pour chaque projet réalisé à Hydro-Québec, le projeteur
doit étudier la possibilité de regrouper le panneau du régulateur au pan-
neau des alternateurs.
positionneur Dans les centrales qui sont sans besoin de régulation, l'utilisation d'un
positionneur doit être examinée. Pour les besoins d'exploitation, une
combinaison de positionneurs et d'un régulateur peut être utilisée.
Le concepteur doit réaliser une étude technoéconomique afin d'évaluer
les coûts d'un régulateur par rapport aux coûts associés à l'installation
d'un positionneur. Le concepteur doit documenter sa recherche.
• équipements additionnels Les entrées-sorties doivent se limitées à la norme SN-C-38.1 (pp. 11 à
à la spécification techni- 14). Une dérogation à la spécification technique normalisée doit être bien
que SN-38.1 documentée et les coûts associés doivent être fournis à part.

15.4.4.5 Références
Référence 15.3 IEEE 125-1977. IEEE Recommended practice for préparation of equipment
spécifications for speed-governing of hydraulic turbines intended to drive
electric generators.

Centrales page 15.27


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.4.5 Vannes de garde


Lorsque une vanne de garde est requise, trois types sont possibles, tel que l'indique le
tableau 15.6.

Tableau 15.6 : Types de vanne et classes de chute


Vanne Classes de chute (m) Remarque
Sphérique 80 < H <600 avec conduites forcées sur embranchement
1
Papillon 80<H<180 avec conduites forcées sur embranchement
Fourreau 80<H<180 avec conduites forcées individuelles
Absence de vanne H<80 avec conduites forcées individuelles
À lentille pleine ou à treillis (ce second type produit moins de perte de charge que le type à lentille pleine).

Le choix est fonction de la chute, du diamètre de la vanne, du coût, des avantages et inconvé-
nients pour l'exploitation et, indirectement, du nombre de groupes.
La vanne fourreau fait partie de la turbine et ne nécessite pas de galerie de vanne.
Les vannes sphériques et papillon sont requises lorsqu'il y a une galerie d'amenée unique avec
plusieurs embranchements pour alimenter les groupes.
La vanne sphérique n'excède pas 4 m de diamètre nominal et elle est utilisée sous les très
hautes chutes.
La vanne papillon, plus économique que la vanne sphérique, s'installe sous des chutes plus
basses. Parfois, c'est une étude économique au stade de l'ingénierie de projet qui déterminera
le type de vanne à utiliser.
Les manchettes amont et aval sont conçues en prenant en compte les codes utilisés pour la
conception de la conduite forcée et de la bâche spirale.

page 15.28 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5 Alternateurs

15.5.1 Généralités

15.5.1.1 Domaine d'application


La rubrique 15.5 est orientée vers des alternateurs hydroélectriques de technologie conven-
tionnelle caractérisée par l'orientation verticale de l'axe, par le principe d'auto-ventilation en cir-
cuit fermé et dont l'air de refroidissement est refroidi à son tour par des échangeurs à circula-
tion d'eau et par l'enroulement à moyenne tension muni de conducteurs à isolation thermodur-
cissable.
Par ailleurs, cette rubrique n'a pas l'intention de restreindre l'introduction de nouvelles techno-
logies ou l'application de tout autre agencement ou concept novateur et prometteur de réduc-
tion de coûts des équipements et de l'agencement. Dans cet ordre d'idée, les critères énoncés
peuvent être considérés et adaptés lorsque le besoin se fera sentir (référence 15.18).
Le contenu de cette rubrique s'applique aux études préliminaires et de faisabilité de nouveaux
aménagements. Cependant, les concepts énoncés s'avèrent toujours utiles pour des projets de
réfection ou de réhabilitation des équipements et des aménagements existants moyennant des
adaptations de rigueur. De plus, la rubrique pourra servir de référence pour la préparation des
devis techniques d'approvisionnement ou de réfection d'alternateur.

15.5.1.2 Normes et guides pour la conception, la fabrication et les essais


Les dimensions et la fabrication de toutes les pièces de la fourniture doivent être conformes au
Système international d'unités (SI). Les composantes doivent être directement dimensionnées
en système SI afin d'éviter un recours abusif aux décimales qui ne résulteraient que de la
conversion à partir d'un autre système. Les abréviations suivantes sont utilisées dans cette ru-
brique :

• ACE - Association Canadienne d'Électricité ;

• AMEEC - Association des manufacturiers d'équipement électrique et électronique du Ca-


nada ;

• ANSI - American National Standards Institute ;

• ACNOR - Association canadienne de normalisation (CSA) ;

• CEI - Commission électrotechnique internationale ;

• IEEE - Institute of Electrical and Electronics Engineers ;

Centrales page 15.29


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• NEMA - National Electrical Manufacturers Association.

Chaque fois qu'il est fait référence aux normes, guides et techniques d'entretien, les éditions
courantes au moment de la conception doivent être utilisées.
Lorsqu'aucune exigence particulière n'est explicitement stipulée,, les groupes doivent être
conçus, fabriqués, assemblés et testés selon la liste non exhaustive suivante de normes, de
guides et de techniques d'entretien :

Installations électriques (Code canadien de l'électricité partie I, partie II et CSA C22.1, C22.2 et C22.10
modifications du Québec)
Alternateurs ANSIC50.10et12
ANSI/NEMA MG-1
Moteurs AMEEC M1
Transformateurs de mesure CSACAN3-C13M
Définition des termes électriques IEEE N° 100
Plates-formes et garde-corps Code national du bâtiment
Règlement concernant les
établissements industriels et
commerciaux
Matériaux thermodurcissables NEMA LI.1
Essais d'endurance thermique des barres et bobines IEEE 1310
Essais d'endurance en tension des barres et bobines IEEE 1043
Mesure de facteur de dissipation et de la variation du facteur de dissipa- IEEE P286
tion
Guide pour la vérification de l'isolation inter-tours des bobines de stator IEEE 522
préformées des machines électriques tournantes à courant alternatif
Essais des machines synchrones IEEE N° 115
Mesure des pertes par la méthode calorimétrique CEI 34.2A
Guide pour les tolérances de montage et l'alignement des pièces tour- ACE, Tomes I à IV
nantes
Instrumentation des paramètres mécaniques des groupes turbines- HQ - GT XX-2
alternateurs hydrauliques
Indications et les protections recommandées pour les composants mé- HQ-AP-TA-N105
caniques d'un groupe turbine-alternateur
Pièces de rechange pour composantes électriques d'alternateur hydroé- HQ - AP-TA-N205
lectriques

page 15.30 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.2 Considérations spécifiques

15.5.2.1 Essais en atelier des barres et des bobines stator

15.5.2.1.1 Généralités

La présente rubrique encadre certains essais spécifiques en atelier des barres et des bobines
du stator. Ces essais s'appliquent à des systèmes d'isolation éprouvés et dûment acceptés par
Hydro-Québec. Dans le cas de nouveaux procédés de fabrication, de nouveaux matériaux ou
de nouveaux systèmes d'isolation, des essais ou critères spécifiques peuvent être exigés.

15.5.2.1.2 Facteur de dissipation et variation du facteur de dissipation

La mesure du facteur de dissipation permet d'évaluer et de qualifier les matériaux et les procé-
dés employés dans la fabrication d'un système d'isolation. L'ionisation des vides, les pertes io-
niques et résistives dans la structure de l'isolation ainsi que les pertes dans le revêtement semi-
conducteur de la barre conduisent inévitablement à une augmentation du facteur de puissance
et, par conséquent, du facteur de dissipation avec la tension.

Ainsi, des essais visant à mesurer le facteur de dissipation (tanô) ainsi que la variation du fac-
teur de dissipation (Atanô) de chaque barre doivent être exécutés en atelier selon la norme
IEEE 286. La variation dû facteur de dissipation correspond à la différence entre les facteurs de
dissipation mesurés à deux niveaux de tension désignés, soit 25 et 100 % de la tension nomi-
nale phase-terre de l'alternateur. Les critères à respecter sont les suivants :

• la valeur du facteur de dissipation (tanô) de chaque barre mesurée à des tensions respecti-
ves de 25 et 100 % de la tension nominale phase-terre de l'alternateur doit être inférieure à
1,5 %, avec une moyenne inférieure à 1 % ; .

• les barres ayant une variation du facteur de dissipation plus élevée que 0,6 % doivent être
rejetées ;

• 80 % des barres de chaque groupe doivent avoir une variation du facteur de dissipation in-
férieure à 0,4 % ;

• les barres ayant une variation du facteur de dissipation entre 0,4 et 0,6 % doivent être ins-
tallées près du neutre de l'enroulement.

Centrales page 15.31


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.2.1.3 Vieillissement accéléré des barres et des bobines

L'essai de vieillissement accéléré des barres-bobines vise à vérifier, sur quelques-unes d'entre
elles choisies au hasard parmi tout le lot de production et supposées représenter l'ensemble de
la production, la capacité d'un système d'isolation à résister aux différentes contraintes de ser-
vice et d'exploitation. Ces barres ou bobines sont alors soumises continuellement à une tension
de trois à quatre fois la tension nominale phase-terre de service pendant quelques centaines
d'heures et à une température avoisinante de la température maximale d'exploitation.
L'endurance des barres-bobines se vérifie par l'absence de claquage à l'intérieur de la période
d'essai prescrite. L'échec à l'essai de vieillissement accéléré signifie le rejet de tout le lot de
production; l'essai étant en effet un de type « Go-No Go ». Ainsi, pour augmenter la probabilité
de réussite de cet essai, la pratique courante de certains fabricants consiste à augmenter au
besoin l'épaisseur du mur isolant pour l'ensemble des barres du lot de production.
Plusieurs questions ont été soulevées relativement à la pertinence de cet essai contractuel
pour des enroulements dont le système d'isolation utilisé est considéré éprouvé. Hydro-Québec
a elle-même cherché à méthodiquement apprécier l'état de vieillissement des barres stators de
ces groupes. Ainsi, plusieurs essais ont été effectués à l'IREQ (référence 15.15 à
référence 15.17) sur des barres d'alternateur ayant plus de 20 années de service ainsi que sur
des barres de réserve de ces mêmes alternateurs. Les résultats semblent indiquer que les bar-
res usagées ont une tension de claquage très élevée et parfois même comparable à celle des
barres de réserve. Aussi, les essais démontrent clairement que les points faibles du point de
vue diélectrique sont liés aux développantes à la sortie des encoches, à la jonction entre les
peintures semi-conductrice et à gradient de potentiel, et non dans la partie droite de l'encoche.
Par ailleurs, des enroulements stator qui étaient en service normal et avec lesquels le labora-
toire d'Ontario Hydro disposait d'une expérience d'essais de vieillissement de 40 ans ont permis
de confirmer que la grande diversité des conditions de vieillissement auxquelles sont soumises
réellement les alternateurs ne peut être reproduite d'une façon réaliste ou économique en labo-
ratoire (référence 15.7). Une de ces conditions pourrait être par exemple l'abrasion mécanique
de la barre causée par le relâchement du serrage de la barre dans l'encoche et qui conduit iné-
vitablement à la dégradation de l'isolant par les décharges d'encoches.
Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas encore d'établir un lien évident et
direct entre l'essai de vieillissement accéléré des barres ou bobines et leur durée de vie réelle
ou résiduelle. Bien que. cet essai n'assure pas nécessairement un fonctionnement sans défaut
de l'enroulement, il n'en demeure pas moins qu'il contribue à rassurer Hydro-Québec sur la
qualité de fabrication des barres et bobines fournies.
De ce qui précède et considérant que le coût d'un tel essai ne représente qu'un faible pour-
centage du coût total de fourniture d'un enroulement (de 15000 à 20000$ en 1999), Hy-
dro-Québec considère maintenir l'exigence d'un tel essai pour la fourniture de tous les nou-
veaux enroulements. Les barres ou bobines devront alors subir un essai à 30 kV c.a. (60 Hz)
pendant un minimum de 300 heures à une température de 100 9C. Les critères d'acceptation
sont définis selon les exigences de la spécification particulière de chacun des projets.

page 15.32 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.2.2 Montage en chantier

15.5.2.2.1 Tolérances et garanties

Le montage de l'alternateur doit être tel qu'il respecte les tolérances spécifiées dans le Guide
pour les tolérances de montage et l'alignement des pièces tournantes de l'ACE.
De plus, les tolérances dimensionnelles du stator et du rotor peuvent être exigées sous forme
de garanties valable pour les cinq premières années de service de l'alternateur. Les valeurs de
ces tolérances feront l'objet de discussions approfondies à l'interne et avec la participation des
fabricants.

15.5.2.2.2 Stators

Une seule dimension de tôle pleine du circuit magnétique est permise.


Les développantes, y compris les capots, les connexions circulaires, série et autres, doivent
être recouvertes de peinture appropriée après le montage de l'enroulement stator.

15.5.2.2.3 Rotors

Toutes les surfaces exposées du rotor assemblé doivent être recouvertes d'une peinture de fi-
nition.

15.5.2.2.4 Procédures

L'alternateur est monté en conformité avec les principales procédures suivantes qui devront
être préparées et approuvées par Hydro-Québec :

• procédure de montage du groupe ;

• procédure de montage du circuit magnétique et de son enroulement ;

• procédure de montage des pôles ;

• procédure de montage et de frettage de la jante du rotor ;

• procédure de vérification des joints électriques brasés ;

• procédure pour raccords électriques boulonnés.

Centrales page 15.33


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.2.3 Essais au chantier

Les essais à réaliser sont regroupés en quatre séries distinctes :

• Série 1 : Essais en cours de montage avant la rotation ;

• Série 2 : Essais de mise en marche ;

• Série 3 : Essais préparatoires à la mise en exploitation ;

• Série 4 : Essais de réception.

15.5.2.3.1 Série 1 : Essais en cours de montage avant la rotation

Les essais suivants de la série 1 sont requis sur chaque groupe pour s'assurer que leur mon-
tage est adéquat :

• les essais diélectriques à haute tension c.a. sur les bobines du stator durant le bobinage ;

• la mesure de la résistance de contact à la masse du revêtement semi-conducteur (écran


Faraday) de chaque barre ou bobine du stator ;

• la mesure de là conductivité de l'encoche effectuée sur au moins 20 % du nombre


d'encoches, avant et après peinture de celles-ci ;

• la mesure de la résistance des joints brasés selon la méthode établie par Hydro-Québec ;

• les essais diélectriques à haute tension c.a. sur le rotor avant sa mise en place dans le
groupe;

• la vérification des instruments et des détecteurs ;

• la mesure des dimensions du stator, du rotor et de l'entrefer pour en vérifier les tolérances
de montage ;

• la vérification de l'alignement et de la verticalité ;

• les essais démontrant l'absence de défauts ou courts-circuits entre les spires des bobines
de l'enroulement du rotor ;

page 15.34 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'essai de magnétisation du noyau statorique selon la méthode habituelle (électromagnéti-


que) pour assister le serrage final et pour détecter les points chauds ;
Toutefois, à condition que le fabricant démontre clairement que la méthode de serrage du
circuit magnétique qu'il adopte assure un serrage final adéquat du circuit magnétique, le fa-
bricant peut suggérer tout autre procédé qu'il préconise comme étant efficace pour la dé-
tection des points chauds. En ce qui concerne la vérification du serrage et des points
chauds des vieux circuits magnétiques, la méthode habituelle (électromagnétique) est re-
commandée. Par contre, la méthode ELCID (« Electromagnetic Core Imperfection Détec-
tion ») peut être acceptée. Une attention particulière doit être apportée lors de l'interpréta-
tion des résultats d'un essai ELCID.

• toute la petite filerie incluant les bornes de raccordement doivent subir un essai d'isolement
à la tension de 1 500 V c.a. durant une minute, cette tension représentant environ 65 % de
la tension du câble ;

• toute la filerie raccordée à des transformateurs de tension et de courant doit subir un essai
d'isolement à la tension de 2 000 V c.a. durant une minute.

15.5.2.3.2 Série 2 : Essais de mise en marche

Les essais suivants de la série 2 sont requis sur chaque groupe afin de s'assurer que leur
comportement mécanique est adéquat :

• les essais mécaniques incluant la rotation hors tension et les vérifications des températures
du palier de butée et des paliers-guides, du débit de l'eau de refroidissement, du mouve-
ment de l'arbre et des vibrations ;

• l'équilibrage du groupe ;

• la vérification du freinage automatique et manuel ;

• l'essai de survitesse pour vérifier et, au besoin, ajuster les dispositifs de protection de sur-
vitesse.

15.5.2.3.3 Série 3 : Essais préparatoires à la mise en exploitation

Les essais suivants de la série 3 sont requis sur chaque groupe pour permettre de s'assurer
qu'ils puissent être exploités sans restrictions :

• le séchage complet du stator et du rotor si cela est nécessaire ;

• la vérification de la séquence des phases et du circuit de synchronisation ;

• la vérification en charge des mouvements de l'arbre, d'équilibrage final du rotor ainsi que
des dispositifs de protection ;

• les essais d'échauffement incluant la vérification de la température des bagues collectrices ;

Centrales page 15.35


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

la vérification du déséquilibre entre les courants circulant dans les parties parallèles de l'en-
roulement stator.

15.5.2.3.4 Série 4 : Essais de réception

Les essais suivants dé la série 4 sont requis pour vérifier la conformité des caractéristiques de
l'alternateur aux documents contractuels. Certains essais sont effectués sur chaque alternateur
d'une centrale tandis que certains autres le sont sur un seul alternateur désigné par Hy-
dro-Québec comme représentatif d'une conception donnée dans une centrale.

Essais sur chaque alternateur mesure de la résistance à froid du rotor et du stator ;


caractéristique en court-circuit allant jusqu'à 125 % du courant nomi-
nal ;
caractéristique en circuit ouvert allant jusqu'à 120% de la tension
nominale et la vérification des courants de circulation dans les parties
parallèles ;
mesure de la capacité phase-terre des enroulements du stator et du
rotor ;
essais « Megger » après l'essai d'échauffement demandé dans la
série 3, soit :
• stator : 1 minute et 10 minutes à 2 500 V c.c. ;
• rotor : 1 minute et 10 minutes à 1 000 V c.c.
essais diélectriques à haute tension sur les enroulements du rotor et
du stator.
Les tensions nominales d'essais doivent être les suivantes :
• enroulements du stator : 2 Un + 1 000 V c.a. ;
• enroulements du rotor et des conducteurs de champ.
L'essai doit être réalisé en courant alternatif. La tension exacte
de l'essai doit être établie contractuellement avec le fabricant, en
tenant compte de la tension nominale du champ et le tout devant
être en conformité avec l'article 9.3 (« Dielectric Test ») de la
norme ANSI C50.10.
Essais sur un seul alternateur Les essais de type suivants ne seraient requis que pour toute conception
par conception (essais de d'alternateur de puissance supérieure à 50 MW et de puissance infé-
type) rieure à 50 MW pour le cas des centrales où la puissance installée totale
est supérieure à 100 MW. Par ailleurs, pour des alternateurs de faible
puissance ne répondant pas aux conditions ci-dessus mentionnées, toute
demande de réalisation des essais de type doit être justifiée.
En ce qui concerne spécifiquement l'essai consacré aux mesures des
pertes (conduisant au calcul du rendement) des groupes de faible puis-
sance, il est possible que la valeur économique de l'écart de rendement
anticipé soit inférieur au coût de l'essai. Dans tel cas, cet essai doit être
éliminé.

page 15.36 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Essais sur un seul alternateur mesure des pertes suivantes (par la méthode calorimétrique) :
par conception (essais de
• pertes par ventilation et par frottement,
type)
• pertes dans le fer en circuit ouvert,
• pertes dans le cuivre et pertes vagabondes ;
vérification du rendement de l'alternateur à six points d'exploitation,
soit 75, 80, 85, 90, 95 et 100 % de la puissance nominale ;
mesure de la forme de l'onde de tension, de la capacité et du facteur
d'influence téléphonique (TIF) ;
vérification des caractéristiques de saturation en courant réactif ;
essais d'échauffement à la tension, à la fréquence et au facteur de
puissance nominaux pour les charges suivantes : à vide et à 60, 80
et 105 % de la charge nominale ;
mesure de vibration du circuit magnétique et de la carcasse du sta-
tor, au besoin ;
vérification du frettage de la jante ;
mesure d'angle du rotor pour déterminer la réactance transversale ;
mesure de la constante de temps transitoire longitudinale en circuit
ouvert T'do ;
mesure de la poussée axiale, au démarrage, en marche normale et à
l'emballement ;
essais de décélération et de freinage pour vérifier la courbe de ralen-
tissement et la vitesse d'application des freins ;
essais de court-circuit triphasé instantané :
• à 30 % de la tension nominale (pour vérifier les instruments et
l'état de la machine),
• à 50 et 100 % de la tension nominale (pour déterminer les réac-
tances et les constantes de temps de l'alternateur) ;
essais de court-circuit instantané phase à phase à 30 et 50 % de la
tension nominale (pour déterminer la réactance inverse) ;
essais diélectriques à haute tension sur les enroulements du stator
immédiatement après les essais de court-circuit instantané triphasé
et biphasé (la tension appliquée est de 85 % de la tension nominale
d'essai de l'alternateur) ;
essai de court-circuit phase-phase-neutre soutenu (pour déterminer
la .réactance homopolaire XQ) ;
essai avec la méthode tension appliquée (pour déterminer la réac-
tance sub-transitoire transversale X"q) ;
essais de survitesse soutenue et d'emballement ;
essais diélectriques à haute tension à 85 % de la tension nominale
d'essai de l'alternateur sur l'enroulement du rotor immédiatement
après les essais de survitesse soutenue et d'emballement.

Centrales page 15.37


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'essai de démarrage sans injection d'huile à haute pression après 24 heures n'est plus requis.
En effet, par mesure de sécurité du groupe, la pratique d'exploitation actuelle exige qu'il y ait
toujours injection d'huile avant de démarrer le groupe.

15.5.3 Caractéristiques assignées

15.5.3.1 Type

L'alternateur doit être de type à axe vertical, accouplé rigidement à une turbine hydraulique et
auto-ventilé en circuit fermé, l'air de ventilation étant refroidi par des échangeurs à circulation
d'eau.

15.5.3.2 Caractéristiques de fonctionnement

Les principales caractéristiques électriques de l'alternateur sont les suivantes :

• puissance nominale (température de l'eau de refroidissement à 15 -C) ;

• puissance maximale (température de l'eau de refroidissement à 5 9C) ;

• tension nominale ;

• facteur de puissance nominal surexcité ;

• fréquence ;

• nombre de phases ;

• type de connexion ;

• vitesse synchrone ;

• réactances Xd, X'd, rapport X"q/X"d ;

• conditions anormales de fonctionnement (court-circuits et régime de fonctionnement désé-


quilibré continu).

Les principales caractéristiques mécaniques de l'alternateur sont comme suit :

• vitesse d'emballement ;

• constante d'inertie.

page 15.38 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les températures et les échauffements maximaux admissibles sont les suivants :

• stator ;

• rotor ; ,

• bagues collectrices ;

• autres données utiles telles que la température locale de l'eau utilisée comme référence
pour la conception du système de refroidissement.

15.5.3.3 Exigences de fonctionnement

15.5.3.3.1 Puissance apparente nominale et rendement

La puissance apparente nominale (exprimée en MVA) de l'alternateur est établie en fonction


des caractéristiques suivantes :

• la puissance active transmise à l'arbre de l'alternateur par la turbine (MW) ;

• le rendement de l'alternateur (Eff.) ;

• le facteur de puissance nominal (F.P.)

La puissance active à l'arbre sera établie par le turbinier une fois les études mécaniques termi-
nées.
Aux fins des études, le rendement typique de 98,5 %, à la puissance nominale de l'alternateur,
peut être considéré. Le rendement des alternateurs de puissance inférieure à 200 MVA tend à
décroître avec la puissance et serait inférieur à 98,5 %. Au besoin, les fabricants pourront être
consultés pour obtenir une valeur plus exacte.
Ainsi, la puissance apparente nominale est exprimée par l'expression suivante :

= MWxEff-HF.P.

La puissance apparente nominale de l'alternateur est définie pour les températures maximales
saisonnières (été et hiver) de l'eau de refroidissement qui dépendent de la localisation géogra-
phique de la centrale.

15.5.3.3.2 Limites de températures et d'échauffements

Pour tous les régimes de fonctionnement, la température de l'enroulement stator telle que me-
surée par les sondes RTD enfouies dans les encoches (valeur moyenne) ne doit pas dépasser
1209C.

Centrales page 15.39


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

De même, pour tous les régimes de fonctionnement, la température de l'enroulement du rotor


telle que obtenue par la méthode de la variation de résistance ne doit pas dépasser 120 QC.
La température en divers points du noyau magnétique du stator en contact avec l'enroulement
doit être uniforme de façons à ce que la différence de température maximale entre deux points
quelconques soit inférieure à 5 eC, quel que soit le régime de fonctionnement.
L'échauffement des bagues collectrices ne doit pas excéder 65 QC lorsque l'alternateur fonc-
tionne à la puissance maximale d'hiver.

15.5.3.3.3 Tension nominale

Le choix de la tension nominale entre les phases de l'alternateur résulte généralement de


l'étude économique de l'ensemble formé de l'alternateur ainsi que de l'appareillage électrique
de production connexe et de l'appareillage de transformation qui se rattachent à l'alternateur
tels les barres blindées ou les câbles de puissance, l'armoire blindée à basse tension et le
transformateur de puissance (référence 15.10, référence 15.14 et référence 15.30). Dans cer-
tains cas, les coûts actualisés des pertes ohmiques des barres blindées ou des câbles peuvent
être non négligeables.
Occasionnellement, la tension nominale de l'alternateur peut être choisie en fonction du besoin
de la tension nécessaire pour alimenter les charges locales importantes à basse ou à moyenne
tension.
De préférence, les tensions nominales retenues pour l'alternateur doivent être choisies parmi la
liste des tensions préférées canadiennes et nord-américaines suivantes: 4,16 kV, 6,9 kV,
13,2 kV, 13,8 kV et 15 kV. En fonction de la puissance de l'alternateur, les tensions nominales
préférées par Hydro-Québec sont les suivantes :

• de faible puissance, c'est-à-dire de quelques MVA à 35 MVA environ (la tension nominale
entre phases préférée par Hydro-Québec est de 6,9 kV) ;

• de moyenne à grande puissance, c'est-à-dire de 35 à 300 MVA environ (la tension nominale
entre phases préférée à Hydro-Québec est.de 13,8 kV) ;

• de grande à très grande puissance, c'est-à-dire de puissance supérieure à 300 MVA envi-
ron (la tension nominale pourra être supérieure à 15 kV sans généralement dépasser 20 kV
- de préférence en chiffre rond - selon les résultats de l'étude économique qui doit être ré-
alisée sur la base de l'ensemble de l'appareillage formé de l'alternateur, l'appareillage élec-
trique connexe et du transformateur-élévateur).

L'alternateur doit être conçu pour fonctionner normalement aux valeurs nominales de puis-
sance, fréquence et facteur de puissance, à toute tension jusqu'à 5 % supérieure ou inférieure
à la tension nominale selon la norme ANSI C50.12 et ceci, à l'intérieur des limites de tempéra-
tures et d'échauffements prescrites'471.

1471
Ce sujet est traité à la rubrique 15.5.3.3.2.

page 15.40 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.3.3.4 Facteur de puissance

Le facteur de puissance nominal est généralement spécifié par l'unité responsable de la planifi-
cation des équipements du réseau de transport. Aux fins des études, un facteur de puissance
de 0,95 peut être considéré.

15.5.3.3.5 Fréquence

La fréquence des alternateurs du réseau d'Hydro-Québec est de 60 Hz.

15.5.3.3.6 Nombre de phases

Tous les alternateurs à intégrer au réseau d'Hydro-Québec doivent être triphasés.

15.5.3.3.7 Type de connexion

Tous les alternateurs à intégrer au réseau d'Hydro-Québec doivent être connectés en étoile. Ce
type de connexion permet alors de limiter l'isolation de l'enroulement à la tension phase-terre.

15.5.3.3.8 Vitesse synchrone

La vitesse synchrone dépend du type de turbine choisie et doit être fixée par le turbinier.
Il est généralement connu que le poids ou la masse de l'alternateur, donc son coût, décroît à
mesure que la vitesse synchrone augmente et ceci, jusqu'à ce que les contraintes engendrées
par une très grande vitesse d'emballement exigent un rotor de construction coûteuse. Cepen-
dant, cette variation serait plus sensible pour les machines lentes que pour les machines rapi-
des (référence 15.23).
Une fois la vitesse synchrone connue, le nombre de pôles de l'alternateur est déterminé par la
formule suivante :

nombre de pôles = 120 x f + tpm

ou
f = fréquence nominale
tpm = vitesse synchrone (tours par minute)

Centrales page 15.41


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.3.3.9 Survitesse

Lorsque le groupe est à pleine charge et que le disjoncteur d'alternateur ou de la ligne auquel
le groupe est directement raccordé déclenche sur délestage ou sur fonctionnement de la pro-
tection électrique, la vitesse du groupe s'accroît. Aussitôt que l'accroissement de vitesse est
détecté par le régulateur de vitesse, celui-ci émet une commande de fermeture des directrices.
Cependant, au cours de la fermeture, la turbine continue à recevoir de l'eau motrice, tandis que
le couple résistant de l'alternateur, réduit aux frottements des paliers et aux pertes de ventila-
tion, est quasiment nul. Le groupe s'accélère donc d'autant plus vite que son inertie est faible.
Le régulateur de vitesse doit normalement limiter l'accroissement de la vitesse à une vitesse
inférieure à la vitesse d'emballement du groupe (valable seulement pour les turbines Francis et
Kaplan, mais non pour les turbines-pompes). Cette valeur de vitesse, appelée survitesse, dé-
pend de plusieurs facteurs dont le taux de fermeture des directrices, la vitesse spécifique de la
turbine, la géométrie de la colonne d'eau et l'inertie de la masse tournante du groupe turbine-
alternateur (référence 15.5).
Au chapitre de la protection, la survitesse à 110 % de la vitesse nominale du groupe, appelée
communément « survitesse électrique », est utilisée pour déclencher le groupe et le disjoncteur
de champ par suite d'une perturbation quelconque du groupe afin de ne pas induire de la sur-
tension à l'appareillage auxiliaire. Le groupe passe alors à un régime de fonctionnement appelé
communément « vitesse à vide » et il est ainsi prêt à être synchronisé de nouveau au réseau,
en tout temps au passage de la perturbation.
Par ailleurs, la survitesse à 140 % de la vitesse nominale du groupe, à laquelle le détecteur de
survitesse (masselotte) est normalement ajusté, est fixée comme seuil de déclenchement du
groupe et d'initiation de la commande d'arrêt complet du groupe.

15.5.3.3.10 Réactances

Les réactances des machines synchrones constituent les paramètres essentiels qui condition-
nent les différents régimes de fonctionnement de l'alternateur, du régime permanent aux phé-
nomènes accidentels et rapides comme un court-circuit brusque, un décrochage du réseau ou
une coupure de l'excitation (référence 15.8, référence 15.9 et référence 15.22). La variation de
ces paramètres peut entraîner des changements importants de poids, de coût et de rendement.
Par ailleurs, la limitation des courants de court-circuit conduit à l'adoption des réactances éle-
vées tandis que l'amélioration de la stabilité impose des réactances aussi réduites que possi-
ble. Il y a lieu de considérer les réactances synchrones, transitoires et subtransitoires.
L'utilisation des pôles saillants conduit à considérer deux valeurs pour toutes les réactances,
l'une définie sur l'axe du pôle ou axe direct, l'autre définie sur l'axe interpolaire ou transversal.
Les réactances d'axe direct interviennent dans tous les phénomènes de court-circuit alors que
les réactances d'axe transversal interviennent dans les phénomènes en charge
(référence 15.28).

page 15.42 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Réactance synchrone Xd et transversale La réactance synchrone Xd fixe la stabilité de


l'alternateur en régime permanent ainsi que la puissance
réactive maximale qu'il peut absorber. Elle correspond
aux fuites totales de l'induit et de la réaction d'induit et
elle représente approximativement l'inverse du rapport
de court-circuit si on néglige la saturation de l'alternateur.
La réactance synchrone Xd s'obtient par l'expression sui-
vante à partir des caractéristiques à vide et en court-
circuit triphasé soutenu de l'alternateur :

ou
ifcc courant d'excitation correspondant au courant
nominal obtenu sur la caractéristique en court-
circuit triphasé soutenu

Ifp = courant d'excitation correspondant à la tension


nominale de l'alternateur relevé sur la droite
d'entrefer

Une diminution de la réactance synchrone s'accompa-


gne d'une augmentation de l'entrefer et du rapport de
court-circuit, au prix d'une augmentation du poids, du
prix et des pertes de l'alternateur.
Une valeur normale de réactance synchrone Xd pour un
alternateur hydroélectrique fonctionnant à facteur de
puissance de 0,9 est d'environ 1 p.u., correspondant à
un rapport de court-circuit d'environ 1,1.
La réactance synchrone Xd varie généralement de 0,75 à
1,5 p.u.
Réactance transitoire X d La réactance transitoire X d fixe le courant de court-circuit
maximal de l'alternateur en régime transitoire. Elle se
présente toujours en relation avec les variations de
charge, donc de la première variation de tension par
exemple par suite d'enclenchement et de déclenchement
d'un puissant consommateur sur le réseau. Elle corres-
pond aux fuites totales entre l'induit et l'inducteur rame-
nées à l'induit.
La réactance transitoire varie généralement de 0,25 à
0,40 p.u. La réactance X d représente le paramètre dont
l'influence sur le prix est le plus difficile à cerner. L'évolu-
tion du prix est la résultante, lorsque X d augmente, de
l'augmentation du prix du stator et de la baisse du prix du
rotor.

Centrales page 15.43


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Réactances subtransitoires X"d et rapport X"q- La réactance subtransitoire X"d correspond aux fuites
X"d totales entre l'induit, l'inducteur et l'amortisseur rame-
nées à l'induit. Elle varie généralement entre 0,2 et
0,35 p.u.
Le rapport de X"q-X"d dépend.du type de circuit amortis-
seur de l'alternateur et caractérise particulièrement
l'amplitude de la surtension à laquelle sera exposée la
phase saine lors d'un court circuit biphasé. En effet, lors
d'un court-circuit biphasé, la troisième phase est le siège
d'une surtension qui est d'autant plus grande que le rap-
port X"q-X"d s'éloigne de 1. Il importe donc de bien dé-
terminer le type d'enroulement amortisseur nécessaire
sur l'alternateur. Un enroulement amortisseur continu au-
ra un rapport X"q-X"d près de l'unité tandis qu'il sera de
l'ordre de 1,4 pour un enroulement amortisseur sans liai-
son.

15.5.3.3.11 Conditions anormales de fonctionnement

L'alternateur doit être conçu pour pouvoir soutenir sans dommage toutes les conditions anor-
males de fonctionnement conformément à l'article 6 de la norme ANSI C 50.12 dont entre au-
tres, un court-circuit triphasé aux bornes, d'une durée de 30 secondes, aux conditions nomina-
les de puissance et de fréquence, et à 5 % de surtension en mode d'excitation fixe (mode ma-
nuel).
De même, l'alternateur doit aussi satisfaire la norme ANSI C50.12 lors du fonctionnement en
régime déséquilibré continu.

15.5.3.3.12 Vitesse d'emballement

Le dimensionnement mécanique du rotor des alternateurs hydrauliques est établi pour la vi-
tesse d'emballement (référence 15.5 et référence 15.29).
Cette vitesse peut être définie comme étant la vitesse maximum maximorum que peut atteindre
le groupe dans les conditions accidentelles les plus défavorables (par exemple, groupe à vide,
distributeur ouvert dans la position la plus défavorable et sous la plus haute chute disponible).
Elle est déterminée à partir des essais sur modèle de la turbine et elle contribue de façon im-
portante au coût total de l'alternateur.
Le rapport entre la vitesse d'emballement et la vitesse synchrone dépend du type de turbine.
Sa valeur est de l'ordre de 1,6 pour les Pelton, de 1,7 à 1,9 pour les Francis et de 2,5 à 3,5
pour les Kaplan. Pour les Francis réversibles de pompage, ce rapport peut descendre à 1,4.
La durée de l'essai d'emballement à laquelle l'alternateur sera soumis contractuellement est
fixée sur une base de cas par cas.

page 15.44 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.3.3.13 Constante d'inertie

La constante d'inertie est spécifiée pour assurer un comportement transitoire acceptable du


groupe turbine-alternateur en réseau de même que pour assurer une bonne régulation du
groupe dans l'aménagement étudié. Elle constitue un des paramètres essentiels des études de
stabilité transitoire en réseau qui ont trait au groupe ou à l'ensemble des groupes d'une cen-
trale.
En étant très utile pour comparer entre eux les groupes turbines-alternateurs de puissance et
de vitesse différentes, la constante d'inertie, du point de vue de conception et pour une vitesse
de rotation donnée du groupe, influence le choix de l'épaisseur de la jante et du diamètre
maximal de l'alternateur.
La constante d'inertie est définie comme étant l'énergie cinétique (en kW.s) emmagasinée
dans la masse tournante du groupe à la vitesse synchrone et exprimée par unité de puissance
apparente en kVA de l'alternateur.
Mathématiquement, la constante d'inertie peut se calculer au moyen de l'expression suivante :

1,37xGD 2 xN 2
kVA

ou
H constante d'énergie (s)
G = masse (kg)
D = diamètre de giration (m)
2
GD = moment d'inertie exprimé (kg.m2)
N vitesse de rotation du groupe (tpm)
H constante d'inertie (kW.s/kVA)

Exprimée en secondes, elle correspond à la moitié du temps de lancer à couple constant de la


masse tournante, soit la moitié du temps pris par le groupe turbine-alternateur pour atteindre la
vitesse nominale à partir de l'état de repos et lorsqu'il est soumis à un couple mécanique nomi-
nal.
Au cours du processus de conception de centrale, la constante d'inertie est un des paramètres
qui sont appelés à évoluer de la conception préliminaire jusqu'au gel final de concept. Ainsi,
lors de l'étude préliminaire ou même lors du début de l'étude de faisabilité, le coût du groupe
est basé sur, entre autres, la valeur dite naturelle de cette constante d'inertie. Cette valeur pro-
vient d'une conception économique de l'alternateur, c'est à dire d'une conception préliminaire
qui ne tiendrait pas nécessairement compte des particularités de l'aménagement dans lequel
l'alternateur sera appelé à fonctionner.

Centrales page 15.45


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Par la suite, une fois que le type de turbine choisi est considéré pour une variante
d'aménagement donnée, le turbinier doit s'assurer, de concert avec l'ingénieur hydraulicien,
d'une bonne régulation hydraulique du groupe dans l'aménagement en question et ceci, tout en
maintenant avec le temps de lancer des masses d'eau une certaine proportionnalité minimale
acceptable. Le temps de lancer des masses d'eau est en effet un paramètre essentiel décou-
lant du dimensionnement physique de l'aménagement: géométrie des tronçons des ouvrages
de chute, de la chambre d'équilibre et de l'ouvrage de restitution à l'air libre (référence 15.21).
Ainsi, le fait de considérer l'aspect de régulation hydraulique du groupe dans l'aménagement à
l'étude doit amener le turbinier au choix d'une valeur de constante d'inertie plus appropriée pour
cet aménagement.
Par ailleurs, en égard à l'aspect de stabilité transitoire du groupe en réseau, une valeur plus
grande que la valeur déterminée par le turbinier est généralement prescrite par l'unité respon-
sable de la planification des équipements du réseau.
Ainsi, dans l'objectif d'obtenir une conception optimale de l'aménagement, l'effort devrait doré-
navant être mis dans la recherche de la valeur technoéconomique optimale de la constante
d'inertie pour un projet donné. Ceci exige que, pour tout nouveau projet d'aménagement de
production, à la phase d'optimisation de l'étude, une étude d'intégration de la centrale au ré-
seau doit être réalisée par l'unité responsable de la planification des équipements du réseau.
Par ailleurs, des discussions doivent être entamées par la suite entre cette unité et les
concepteurs en hydraulique, en turbine et en alternateur, afin de fixer, d'un commun accord, la
constante d'inertie optimale du groupe.
La constante d'inertie technoéconomique optimale du groupe correspond à une valeur mini-
male qui satisfait simultanément les exigences de stabilité transitoire des groupes d'une cen-
trale et celles de la régulation hydraulique du groupe dans l'aménagement étudié.

15.5.4 Conception et construction

15.5.4.1 Généralités
Avec les méthodes traditionnelles de calcul, les contraintes dans les matériaux utilisés dans la
construction des pièces tournantes Gante> pôles) de l'alternateur ne doivent pas dépasser les
deux tiers de la limite élastique et ceci, pour tous les types de turbine. Cependant, s'il s'agit de
la turbine de type Kaplan où la vitesse d'emballement déconjuguée est plus élevée, la tendance
de conception actuelle est de permettre un rehaussement du niveau des contraintes des
contraintes par rapport à la limite élastique des matériaux. Le niveau de contraintes acceptable
qui pourrait atteindre dans certains cas jusqu'aux trois quarts de la limite élastique des maté-
riaux est alors décidé sur une base de cas par cas.
Les composantes du rotor et du stator doivent être dimensionnées de façon à ce qu'il existe
une marge confortable et analytiquement démontrable entre la raideur mécanique des pièces
et la raideur magnétique de l'alternateur. Cette marge doit être établie et analysée dans le
contexte d'une comparaison entre le nouvel alternateur faisant l'objet de la conception et une
population d'alternateurs de même génération et de structure semblable, réputés fiables.

page 15.46 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Particulièrement, la raideur mécanique du stator doit tenir compte, entre autres, du mode de
fixation de la carcasse à la fondation, à savoir, fixation solide ou au moyen des goupilles radia-
les permettant la libre dilatation thermique de la carcasse dans la direction radiale.
L'alternateur doit être conçu de façon à ce que les barres stator puissent être remplacées sans
devoir enlever le rotor ou toute autre pièce importante.

15.5.4.2 Stators

15.5.4.2.1 Circuit magnétique

La conception du circuit magnétique doit tenir compte de ses principales fonctions telles que :

• canaliser le flux magnétique générateur de la tension, avec le minimum de pertes et de


consommation de courant d'excitation ;

• servir de support à l'enroulement à haute tension ;

• transmettre les couples normaux et accidentels à la carcasse ;

• offrir au débit d'air les surfaces suffisantes pour assurer le refroidissement des parties acti-
ves de l'alternateur.

Le circuit magnétique doit être constitué d'un empilage enchevêtré de segments de tôle ma-
gnétique, laminée à froid, à haute perméabilité, à faible coefficient d'hystérésis et à faibles
pertes. Les tôles doivent être arrangées pour qu'il n'y ait pas de joints d'aboutement verticaux
continus de façon à former un circuit magnétique sans joint plan. Chaque tôle, après décou-
page, doit être soigneusement ébavurée et recouverte sur ses deux faces d'un vernis cuit au
four. Le papier ou les autres feuilles d'isolation en fibres entre les tôles ne sont pas acceptés.
Les tôles doivent être pressées uniformément et à divers intervalles en cours d'empilage de fa-
çon à réduire les ondulations au minimum.
Le principe de serrage du circuit magnétique doit être indépendant des barreaux de clavettes. Il
est assuré par des tirants de serrage qui transmettent leur effort à des segments de serrage
munis de doigt amagnétiques. Ces tirants de serrages doivent posséder une réserve
d'allongement très supérieure au rétrécissement possible du circuit magnétique, le préservant
ainsi de toute possibilité de desserrage conduisant à des vibrations. Les segments de serrage
doivent pouvoir être ajustés horizontalement par des vis de réglage prenant appui sur les flas-
ques extrêmes de la carcasse. Les écrous servant au serrage du circuit magnétique doivent
être bloqués par un système facile à enlever lors de la vérification du serrage.
Le circuit magnétique au complet doit être recouvert à la fin du montage de peinture de finition
de type époxydique.

Centrales page 15.47


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.2.2 Enroulement

La conception de l'enroulement stator doit tenir compte de ses principales fonctions telles que :

• créer la tension aux bornes ;

• assurer la circulation du courant défini par la charge, tout en limitant à une valeur accepta-
ble les pertes supplémentaires dues à la fréquence du courant et en permettant le meilleur
échange de chaleur possible entre le cuivre et le circuit magnétique, de manière à évacuer
les pertes dues au courant en respectant les garanties d'échauffement ;

• posséder un calage permettant de résister dans de bonnes conditions aux vibrations au


double de la fréquence fondamentale qui prennent naissance dans les parties actives ainsi
qu'aux efforts électrodynamiques en cas de court-circuit ;

• avoir une distribution spatiale étudiée de manière à engendrer en charge une force ma-
gnétomotrice ayant le plus faible taux possible d'ondes non synchrones de façon à limiter
les vibrations en charge et les pertes en surface des pôles ;

• utiliser'un enroulement possédant un coefficient de sécurité suffisant pour la tension et la


température de service ainsi qu'une inaltérabilité des isolants soumis à des contraintes pour
offrir une longévité satisfaisante, comparable à celle des parties mécaniques du groupe (il
doit en particulier ne pas être soumis à une usure lente sous l'effet des dilatations relatives
entre le cuivre et le circuit magnétique).

L'enroulement de type à bobines à tour multiple est généralement adopté pour les alternateurs
de faible à moyenne puissance (inférieure à 70 MVA) et pour des tensions nominales de
l'alternateur qui sont inférieures ou égales à 13,8 kV. Tandis que l'enroulement de type à bar-
res est adopté pour les alternateurs de moyenne à très grande puissance, à grand diamètre
d'alésage et pour des tensions supérieures à 13,8kV. Il existe cependant une gamme
d'alternateurs de puissance moyenne où les deux conceptions d'enroulement à barres ou à bo-
bines à tour multiple peuvent être invariablement adoptés.
Le regroupement général ci-dessus mentionné des types d'enroulement alternateurs en fonc-
tion des gammes de puissance et de tension nominale n'exclut cependant pas des possibilités
d'acceptation de l'enroulement à barres pour certaines conceptions ^d'alternateur de faible puis-
sance comme, par exemple, le cas de la centrale des Rapides-des-îles où les alternateurs sont
de 40,7 MVA à 13,8 kV et à 76 pôles.
Il est entendu que le choix final du type d'enroulement, à savoir des bobines à tour multiple par
opposition à un enroulement à barres, doit nécessairement résulter d'une analyse comparative
des deux solutions en termes d'avantages et de désavantages, et ceci par rapport aux considé-
rations suivantes :

• coût total de la fourniture de l'alternateur incluant les coûts de montage de l'enroulement au


site ;

• rendement de l'alternateur ;

• coûts de réparation du bobinage lors des défauts ;

page 15.48 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• fonctionnement sous le régime déséquilibré continu entraînant d'une façon certaine des
restrictions de puissance.
Particulièrement, lorsque la solution d'enroulement à bobines à tour multiple est retenue,
l'alternateur doit pouvoir être exploité avec une bobine en moins dans un circuit parallèle ou
avec un circuit parallèle en moins dans une phase, ces deux conditions pouvant se produire
indépendamment l'une de l'autre. Pour les deux cas mentionnés, le fabricant doit démontrer
que le courant de séquence inverse résultant de ce mode de fonctionnement déséquilibré
respecte entièrement les exigences de l'article 6.2 de la norme ANSI C50.12. Il doit de plus
évaluer réchauffement maximal auquel sera exposé le circuit amortisseur, particulièrement
à la face des pôles du rotor.

Des deux types d'enroulement à barres (à tour unique) qui peuvent être offerts par les fabri-
cants, à savoir les types imbriqué et ondulé, Hydro-Québec préfère le type imbriqué, car il est
connu que, pour ce type d'enroulement, la durée et les coûts de réparation des barres défec-
tueuses seraient nettement inférieurs à ceux du type ondulé (référence 15.19). Toutefois, le fa-
bricant peut proposer le type ondulé s'il peut démontrer que, pour certaines catégories
d'alternateur, il y aurait des avantages technoéconomiques importants associés à ce type
d'enroulement, au chapitre du gain de rendement par exemple (référence 15.11).
Les barres doivent être transposées d'une façon continue selon la méthode Roebel. Les barres
ainsi que les bobines à tour multiple doivent être conçues et fabriquées avec le système
d'isolation de classe F telle que définie dans les normes IEEE/ANSI. Seuls les isolants impré-
gnés à la résine polyester ou époxy sont acceptés. Les barres doivent être enrubannées d'une
façon continue sur toute leur longueur et les parties placées dans les encoches doivent être
traitées à la peinture semi-conductrice. Les développantes des barres doivent être traitées à la
.peinture semi-conductrice à gradient de potentiel (anti-effluve). Les têtes de barres doivent
avoir des boucles d'un rayon suffisamment grand pour éviter toute tendance au craquement de
l'isolation.
L'enroulement doit être supporté rigidement par le dessus et par le dessous, de façon à ne pas
gêner la dilatation thermique différentielle entre les bobines et le fer. Des cales isolantes doi-
vent être intégrées à leur structure de façon à éviter toute usure due au mouvement à leurs
points de fixation et aux endroits où elles reposent sur les anneaux de soutènement.
Les interconnexions des bobines ou des groupes de bobines doivent être réalisées à la partie
supérieure du stator.
Le système de calage radial doit être de type dur avec un élément à ressort destiné à exercer
un effort, vers le fond de l'encoche, même après le tassement initial des barres. Seul le ressort
ondulé de marque Krempel est accepté. Le matériel de calage radial doit être conforme aux
normes NEMA G-10 et aucun substitut n'est accepté.

15.5.4.2.3 Carcasse

La conception de la carcasse doit tenir compte de ses principales fonctions telles que :

• permettre le positionnement correct des tôles du circuit magnétique en cours d'empilage ;

Centrales page 15.49


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• assurer la reprise des efforts de serrage, du poids des parties actives, des couples normaux
et accidentels, des efforts d'attraction magnétique tournants et unidirectionnels, des efforts
de dilatation du circuit magnétique ;

• transmettre aux fondations les couples normaux et accidentels ;

• guider l'air vers les échangeurs de chaleur ;

• permettre la manutention du stator (là où la réduction de l'indisponibilité des groupes d'une


centrale l'exige dans le cadre de la réfection) ;

• participer à la rigidité du support du palier supérieur lorsqu'il existe, et par là même, à la


stabilité de la ligne d'arbre.

D'une façon typique, les carcasses sont des pièces mécano-soudées constituées d'une virole
cylindrique et de flasques plans annulaires entretoisés par des tubes d'acier ; les éléments sont
préparés en atelier et les différentes parties, dont la grandeur maximale est compatible avec les
moyens de transport, sont assemblées sur le site par boulonnage et par soudure
(référence 15.24).
Il a été démontré que les contraintes critiques de flambage du circuit magnétique sont inverse-
ment proportionnelles au carré du rayon moyen du circuit magnétique. De plus, il a été remar-
qué que le phénomène de flambage est plus prépondérant chez des groupes de grands dia-
mètres (référence 15.27). Ainsi, en rapport avec le diamètre fixé pour le circuit magnétique,
donc par conséquent pour la carcasse, le fabricant doit démontrer la pertinence du type de
fixation qu'il propose pour cette composante.
La fixation de la carcasse stator aux plaques d'assises peut être de type rigide ou être munie
d'un système de goupilles radiales permettant la libre dilatation de la carcasse sur ses assises
tout en assurant la transmission au béton des couples normaux et accidentels. La dilatation
thermique de la carcasse stator est connue comme étant engendrée par l'effet de son propre
échauffement et par l'effort radial qui lui est appliqué par le circuit magnétique à la suite de
réchauffement plus élevé de ce dernier.
La conception du système d'ancrage doit permettre de plus, en cours d'exploitation dans le fu-
tur, le centrage ou l'arrondissement au besoin du stator. Un système de graissage à accès fa-
cile doit être prévu pour ces plaques.
Des trappes d'accès dans la carcasse doivent être prévues pour permettre l'accès facile au cir-
cuit magnétique. De même, la conception du stator doit permettre l'accès facile aux têtes de
bobines dans le but de pouvoir effectuer des vérifications. L'accès aux têtes de bobines du
stator doit demeurer libre ; les déflecteurs d'air, s'ils sont requis, doivent permettre l'inspection
visuelle des têtes de bobines du stator avec un minimum de démontage.
L'entrepreneur doit fournir et installer huit repères qui serviront à mesurer les mouvements du
béton. Ces repères doivent être installés à proximité des plaques d'assises du stator et répar-
ties uniformément sur le pourtour du puits de turbine. La position des repères est déterminée
conjointement par l'entrepreneur et Hydro-Québec.

page 15.50 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.2.4 Instrumentation

Pour assurer l'investigabilité de l'alternateur en cours de fonctionnement, différents systèmes


de mesure de paramètres vitaux de l'alternateur, de détection de défauts latents et de supervi-
sion permanente peuvent être requis. Cependant, leur installation doit être justifiée sur une
base de cas par cas. Il s'agit des systèmes suivants :

• système SUPER ;

• système de mesure de l'entrefer dynamique ;

• système de détection de décharges partielles ;

• système de mesure des niveaux de vibration des barres statoriques ;

• système de mesure de flux magnétique dans l'entrefer.

Afin de pouvoir orienter efficacement et promptement la décision d'installer ou non de tels sys-
tèmes dans le cadre des nouveaux projets, il est requis que la base des justifications technoé-
conomiques soit planifiée et établie.

15.5.4.2.5 Bornes

Les bornes doivent être fermement soutenues afin d'éviter toute vibration nuisible. L'agence-
ment des bornes principales et de neutre doit respecter les exigences minimales suivantes :

Bornes principales Les bornes de chaque phase de chaque circuit parallèle doivent être amenées à la
partie supérieure du stator, parfaitement alignées et disposées d'une façon parallèle,
pour permettre le raccordement aux barres blindées.
La conception des bornes et connexions circulaires doit permettre, sans démontage
laborieux, l'isolation de chaque partie parallèle de chaque phase pour fins d'essais et
de mesure.
Les bornes et le jeu de barres doivent être visibles sur toute la longueur depuis
l'enroulement jusqu'au mur d'enclos alternateur.
Bornes du neutre Le côté neutre de chaque circuit parallèle de l'enroulement du stator doit être raccor-
dé en un seul point à l'intérieur du puits de l'alternateur.
Une conception de neutre distribué peut être acceptée dans la mesure où le fabri-
cant démontre clairement les avantages et les désavantages que comporte cette
conception par rapport à la conception habituelle de neutre concentré.

Centrales page 15.51


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.3 Rotors

15.5.4.3.1 Croisillon

Le croisillon du rotor peut être constitué d'un moyeu central à rayons ou d'un moyeu à disque,
centrant et entraînant la jante qui supporte les pôles. Il doit présenter une grande raideur trans-
versale de façon à empêcher la jante de se déformer.
La partie inférieure du croisillon doit être usinée pour recevoir une bande métallique qui a une
surface de frottement parfaitement usinée pour constituer la piste de freinage du groupe. Le
support de la piste doit permettre la dilatation et la contraction radiale pour ne pas développer
d'ondulations. Le croisillon doit être accouplé à l'arbre supérieur, à l'arbre de la turbine et au
bloc de butée du palier de butée.
Un système de retenue des masses temporaires d'essais lors de l'équilibrage du groupe doit
être prévu par dessous et par dessus le croisillon.

15.5.4.3.2 Jante

La conception de la jante doit tenir compte de ses fonctions et des contraintes qui lui sont im-
posées telles que (référence 15.26) :

• assurer la continuité du flux magnétique d'un pôle à l'autre sans introduire de saturation ;

• participer à la ventilation radiale de la partie active de l'alternateur ;

• transmettre le couple moteur et résister par inertie aux couples alternatifs accidentels de
court-circuit ou de couplage hors synchronisme ;

• résister à la force centrifuge des pôles et à sa propre force centrifuge, à la vitesse


d'emballement, en respectant une contrainte acceptable dans le métal'481.

La jante doit être formée d'un empilage de segments de tôle de faible épaisseur enchevêtrés et
assujettis par des goujons.
Le système de ventilation doit être conçu de manière à minimiser le plus possible le recouvre-
ment des enroulements du rotor et du stator. Si des tôles de fermeture doivent être utilisées
aux extrémités de l'entrefer, elles doivent permettre la vérification des pôles et être facilement
démontables en segments ne dépassant pas plus de deux pôles.
Lorsque des paires de clavettes biseautées sont utilisées entre les bras du croisillon et la jante
du rotor, une des deux clavettes doit dépasser le joint entre les bras du croisillon et la jante
pour que les forces de cisaillement soient absorbées par la clavette elle-même et non transmi-
ses au joint entre les clavettes.

1481
Ce sujet est traité à la rubrique 15.5.2.1.1.

page 15.52 ' Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La conception de la jante frettée doit faire partie des exigences de base pour la conception du
rotor. Le f rettage doit être maintenu à au moins 110 % de la vitesse nominale. Par contre, le fa-
bricant a toujours la liberté de proposer toute solution alternative qu'il justifie techniquement et
économiquement, une conception de jante flottante par exemple.

15.5.4.3.3 Pôles

La conception des pôles doit tenir compte de ses principales fonctions telles que
(référence 15.25) :

• créer le flux inducteur et canaliser ce flux en lui assurant la distribution uniforme dans
l'entrefer ;

• étouffer les ondes de flux non synchrone et amortir les oscillations (amortisseur) ;

• présenter le moins de fuites magnétiques possibles ;

• respecter sur les bobines réchauffement garanti ;

• soutenir les bobines contre les composantes radiales et tangentielles de la force centrifuge ;

• résister par leurs attaches à leur force centrifuge propre ;

• présenter une rigidité propre suffisante pour transmettre le couple moteur depuis la jante
jusqu'au niveau de l'entrefer.

Les pôles doivent être constitués de plaques de tôle mince de grande perméabilité magnétique
et serrées au moyen de boulons entre des flasques d'acier.
Les pôles doivent pouvoir être enlevés lorsque le rotor est en place. Par conséquent, les recou-
vrements du rotor doivent permettre l'enlèvement facile des pôles.
Les pôles et les coins interpolaires, s'ils sont utilisés, doivent être facilement démontables. La
construction doit permettre une insertion facile de l'outil de levage qui, à son tour, doit être fa-
cilement manœuvrable. Dans le but d'alléger le poids de cet outil, sa partie du bas doit être en
aluminium.
L'inspection des pôles doit pouvoir se faire par le haut et par le bas ; en conséquence, les tôles
de carénage, si elles sont utilisées, doivent être facilement amovibles et non soudées.
Les pôles assemblés avec l'enroulement doivent recevoir sur l'enroulement ainsi que sur la
face des pôles une couche de peinture de finition afin de faciliter le nettoyage et éviter l'accu-
mulation de la poussière de carbone sur les spires.

Centrales page 15.53


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.3.4 Enroulement

Les systèmes d'isolation doivent être selon la classe F de la norme C50.10 de ANSI.
Chaque pôle du rotor doit être pourvu d'un enroulement amortisseur. Cet enroulement assure
une meilleure stabilité naturelle lors de la marche en parallèle de plusieurs alternateurs sur un
réseau en plus d'assurer la protection du circuit inducteur. L'enroulement amortisseur peut être
continu ou non ; pour un enroulement continu, le rapport des réactances Xq"-Xd" est approxima-
tivement égal à 1 tandis qu'il tend vers 1,4 le cas échéant.
Dans le but de réduire le coût total de l'alternateur et aussi pour des raisons d'entretien, il est
recommandé de ne pas exiger d'enroulement amortisseur continu à moins que l'unité respon-
sable de la planification des équipements du réseau de transport ne l'exige formellement à la
suite d'une étude d'intégration de la centrale au réseau.
Tous les conducteurs reliant les pôles aux bagues doivent être isolés.
L'accès facile aux raccords interpolaires doit être prévu dans la conception pour permettre l'ins-
pection visuelle, le démontage et la mesure de l'impédance des pôles.
Une étude est requise pour déterminer le type de raccordement interpolaire prévu. L'étude ap-
puyant son choix doit inclure tous les calculs de contraintes électriques et mécaniques démon-
trant entre autres la résistance à la fatigue des raccords ainsi que leur capacité à supporter
tous les efforts mécaniques à la vitesse d'emballement.

15.5.4.3.5 Levage

Le rotor doit être conçu pour être levé d'une seule pièce par un ou deux ponts roulants. Un dis-
positif de manutention des pôles doit être fourni par le fabricant.

15.5.4.4 Paliers-guides

15.5.4.4.1 Description

Le palier-guide de l'alternateur doit normalement être monté au-dessus du rotor. Il doit être du
type à métal antifriction et lubrifié à l'huile sans pompage extérieur. Les coussinets amovibles
ou sabots doivent être en acier. Il doit être supporté par le croisillon supérieur. Le palier doit
être conçu de façon à éviter les fuites d'huile et les vapeurs d'huile.
Le palier et le carter d'huile doivent admettre un jeu vertical de 25 mm pour que les composants
tournants puissent être soulevés par vérins, permettant ainsi l'entretien du palier de butée.

page 15.54 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Si le palier-guide est situé au-dessus du rotor, il doit être isolé de façon à prévenir les courants
de circulation en provenance de l'arbre. L'état de la tenue diélectrique de l'isolation doit pouvoir
être vérifié sans difficulté à l'aide d'un multimètre. Tous les boulons dans le compartiment col-
lecteur qui comportent un isolant quelconque doivent être recouverts d'un couvercle protecteur
afin que les particules de carbone se déposant sur celui-ci, ne puissent court-circuiter l'isolation
du palier.
Une étude doit démontrer que la segmentation du circuit magnétique du stator est conçue pour
minimiser le flux magnétique dans l'arbre de l'alternateur. Un choix inapproprié de segmenta-
tion en fonction du nombre de pôles du rotor crée une asymétrie du flux magnétique dans la
jante du rotor. Ceci a comme résultat de générer un flux magnétique tournant autour de l'arbre.
La moindre dégradation de l'isolation du palier permet alors la circulation d'un courant entré
l'arbre, le palier et le balai de mise à la terre. Le courant circulant dans le film d'huile du palier
dégrade alors très rapidement le régule du palier par un phénomène d'électroérosion
(référence 15.4, référence 15.6 et référence 15.20).
Une attention particulière doit être portée à la conception de la cuve du palier, des joints
d'étanchéité et des labyrinthes afin d'éliminer les fuites d'huile; si des joints toriques sont utili-
sés, ils doivent être vulcanisés et non collés.

15.5.4.4.2 Instrumentation

L'instrumentation des paliers-guides doit être conforme au contenu de la référence 15.56 et du


guide technique d'Hydro-Québec Instrumentation des paramètres mécaniques des groupes
turbine-alternateur hydrauliques (GT XX-2).

15.5.4.5 Paliers de butée

15.5.4.5.1 Description

Le palier de butée doit supporter les pièces tournantes du groupe et fonctionner sans dom-
mage sous toutes les conditions de fonctionnement du groupe.
La pression moyenne sur la surface portante, c'est-à-dire la masse totale des pièces tournan-
tes, plus la composante verticale de la poussée hydraulique, divisées par la surface portante du
métal antifriction, ne doit pas dépasser 4,0 MPa. Cependant, le fabricant peut proposer toute
conception de palier de pression moyenne de service qui est supérieure à la valeur indiquée
dans la mesure où il démontre tant le fonctionnement éprouvé que les avantages techniques et
économiques de cette conception.
Un système d'huile à haute pression doit être fourni avec chaque groupe pour le démarrage et
l'arrêt. Chaque groupe doit pouvoir être arrêté en tout temps et redémarré, après une période
d'arrêt pouvant aller jusqu'à 24 heures, sans l'aide de la pompe d'injection, sans soulèvement
préalable du rotor et sans que les paliers ne soient endommagés.

Centrales page 15.55


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans le cas où le palier de butée est situé au-dessus du rotor, les mêmes prescriptions et mi-
ses en garde décrites pour le palier guide en ce qui a trait à l'isolation contre les courants de
circulations s'appliquent.

15.5.4.5.2 Instrumentation

L'instrumentation du palier de butée doit être conforme au contenu de la référence 15.56 et du


guide technique d1 Hydro-Québec Instrumentation des paramètres mécaniques des groupes
turbine-alternateur hydrauliques (GT XX-2).

15.5.4.6 Refroidissement

15.5.4.6.1 Description

L'alternateur doit être auto-ventilé, l'effet de ventilation du rotor étant utilisé pour forcer l'air à
travers les enroulements et les canaux de ventilation.
L'air de refroidissement, après son passage à travers le rotor et le stator, doit traverser les
échangeurs air-eau (refroidisseurs) avant d'être circulé à nouveau.
Les refroidisseurs doivent être groupés et raccordés en deux circuits de façon à réduire les
pertes dans la tuyauterie de distribution. De plus, les refroidisseurs doivent être facilement dé-
montables.
L'exigence qui veut que le système de refroidissement soit dimensionné pour un fonctionne-
ment du groupe à puissance nominale avec un échangeur de chaleur en moins n'existe plus.
Le retrait de cette exigence est justifié d'une part par le fait qu'Hydro-Québec vise une exploita-
tion optimale de son parc de production et, de ce fait, les groupes sont exploités généralement
à 80 % de leur puissance nominale et d'autre part par la faible probabilité d'occurrence du
fonctionnement à puissance nominale du groupe avec un échangeur de chaleur indisponible.
Toutefois, dans le cas particulier des centrales dont les groupes sont amenés à pleine puis-
sance pendant de longues périodes ou très fréquemment (par exemple, les centrales au fil de
l'eau), il est possible qu'une étude technoéconomique démontre qu'il est avantageux d'exiger
cet échangeur en plus. Hormis ceci, un surdimensionnement de 10 % de tout le circuit de re-
froidissement est requis pour pallier l'encrassement des échangeurs et de la tuyauterie.

page 15.56 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.6.2 Instrumentation

L'instrumentation relative au refroidissement des alternateurs doit être conforme au contenu de


la référence 15.56 et du guide technique d'Hydro-Québec Instrumentation des paramètres mé-
caniques des groupes turbine-alternateur hydrauliques (GT XX-2).

15.5.4.7 Collecteur à bagues

15.5.4.7.1 Description

Le collecteur à bagues doit être placé au-dessus du rotor et doit être facilement accessible pour
le nettoyage et le remplacement des balais ainsi que pour leur inspection visuelle durant le
fonctionnement de la machine. Des rainures en spirale sur la surface des bagues sont requises
pour réduire l'entretien et assurer une usure égale des balais. Les arêtes des rainures en spi-
rale doivent être adoucies afin d'éviter une usure prématurée des balais. La procédure que tout
entrepreneur propose d'étudier doit fait l'objet d'une approbation d'Hydro-Québec. Les bagues
doivent être conçues afin de permettre une excentricité maximale de 0,25 mm et une rugosité
comprise entre 0,75 et 1,25 fj.
Les collecteurs à bagues et leurs balais doivent être conçus de façon à permettre le soulève-
ment des pièces tournantes du groupe de 25 mm pour l'entretien du palier de butée, sans pro-
voquer de dommage ni nécessiter de réajustement. Le compartiment collecteur doit être le plus
étanche possible pour empêcher l'entrée d'huile et la sortie de poussière de carbone vers la
machine. De plus, le système de ventilation doit être conçu de façon à éliminer l'accumulation
de poussière de carbone aux endroits critiques pouvant mener à un défaut à la terre.

15.5.4.7.2 Instrumentation

Le compartiment du collecteur à bagues doit être muni d'une sonde indiquant la température du
compartiment. Une mesure de différence de pression doit être prévue pour indiquer la limite
acceptable d'obstruction des filtres conduisant à leur remplacement.

15.5.4.7.3 Ventilation

La ventilation du compartiment du collecteur doit être indépendante de celle de l'alternateur et


doit être conçue de façon à n'introduire aucune composante auxiliaire telle qu'un moto-
ventilateur ou toute forme de soufflerie indépendante. Une pression positive doit être maintenue
à l'intérieur du compartiment collecteur afin de réduire le dépôt de carbone alors que le débit
d'air doit être adéquat pour assurer une température acceptable. Les filtres doivent être dimen-
sionnés de façon à permettre leur remplacement tous les six mois seulement. Les filtres doivent
être facilement accessibles lors du remplacement.

Centrales page 15.57


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.8 Protection contre incendie


Les recherches, les analyses et les discussions effectuées entre les groupes de travail Alter-
nateur et Mécanique auxiliaire dans le cadre de l'élaboration du présent guide ont conduit à la
recommandation conjointe de maintenir la protection contre incendie des alternateurs au
moyen de système fixe utilisant l'eau comme l'agent inhibiteur de l'incendie.
La conception du système de protection contre incendie de l'alternateur dans son ensemble, le
choix des composants de ce système dont en particulier les détecteurs de chaleur et de fumée
(d'ionisation), les panneaux d'alarme et de commande de même que le positionnement exact
des détecteurs au dessus de l'alternateur feront prochainement l'objet d'une étude conduisant à
leur révision. Entre-temps, le système de protection contre incendie des alternateurs pour les
nouveaux projets devra être conçu, fabriqué et installé selon les règles de l'art actuelles'491.

15.5.4.9 Couvercles, passerelles et échelles


La conception du couvercle de l'alternateur doit être telle qu'il puisse supporter le poids d'un
croisillon supérieur d'un autre groupe lors de l'entretien majeur des groupes.
Des échelles permanentes et des passerelles à surface antidérapante doivent être fournies
pour permettre l'accès facile aux différentes pièces de la machine en vue de l'inspection et du
démontage. L'agencement général doit permettre au personnel d'effectuer le travail en se te-
nant debout.

Un abri doit être aménagé au centre du couvercle pour servir d'accès aux collecteurs à bagues.
L'abri et l'accès aux balais de l'alternateur doivent être agencés de façon à permettre un accès
facile, confortable et sécuritaire par escalier ergonomique tout autour des collecteurs à bagues
alors que l'alternateur est en marche. Si l'accès au collecteur comprend un couvercle, ce cou-
vercle doit pouvoir être enlevé par une seule personne, sans l'aide du pont roulant.
Une attention particulière doit être apportée à la protection mécanique des câbles et autres
composants pouvant être endommagés par la circulation du personnel.
Les couvercles, les prises d'air, les sorties d'air et les portes d'accès doivent être insonorisés
afin que le niveau de bruit acoustique ne dépasse pas 90 dBA.

15.5.4.10 Pièces de rechange


Le fabricant doit prévoir fournir les pièces de rechange de l'alternateur conformément au
contenu de la référence 15.13 qui est cependant due pour être révisée.
Par ailleurs, le fabricant peut également soumettre à Hydro-Québec une liste complète des piè-
ces de rechange qu'il recommande d'ajouter à la liste dans le guide précité.

[49]
Les aspects reliés à la commande sont traités aux rubriques 15.7.1.5 et 15.7.2.4.

page 15.58 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.11 Auxiliaires et accessoires

15.5.4.11.1 Boîtes de jonction et boîtes de tirage

L'emplacement des boîtes de jonction et des boîtes de tirage doit être de préférence le même
pour tous les groupes. -L'entrepreneur doit prévoir un accès facile et l'emplacement des boîtes
doit être à une hauteur convenable pour travailler lors de l'entretien. D'une façon générale,
toutes les boîtes de jonction et de tirage doivent être métalliques et de type AMÉÉC 12, à l'ex-
ception de celles installées dans le puits turbine-alternateur qui sont du type AMÉÉC 4. Pour
des raisons évidentes d'humidité excessive et de risques d'inondation, toutes les boîtes de
jonction et de tirage situées à un niveau inférieur au plancher des turbines doivent être non
métalliques et de type AMÉÉC 4. Les boîtes doivent être de couleur grise ASA 61 à moins
qu'elles n'aient été conçues spécifiquement pour les besoins d'Hydro-Québec, auquel cas elles
devront être peintes en vert. Les plaques de montage à l'intérieur des boîtes doivent être pein-
tes en blanc.
Toutes les boîtes de jonction et de tirage doivent être raccordées au réseau de mise à la terre
principal par un conducteur en cuivre de calibre approprié (référence 15.12). La mise à la terre
par l'intermédiaire de pièces métalliques (carcasse, cuvelage, etc..) n'est pas acceptable.
D'une façon générale, toutes les boîtes de jonction doivent être munies d'une barre de mise à
la terre en cuivre installée au bas de la boîte et dont la longueur correspond à 90 % de la lar-
geur de la boîte. Cette barre doit être raccordée au connecteur de mise à la terre à l'extérieur
de la boîte de jonction lorsque ce dernier est utilisé. La surface de la boîte en contact avec ce
connecteur doit préalablement avoir été décapée jusqu'au métal et nettoyée de façon à assurer
un bon contact électrique.
La continuité des masses par conduit métallique rigide peut être acceptée pour les boîtes de ti-
rage seulement.

15.5.4.11.2 Boîte de jonction principale

Une boîte à bornes des auxiliaires du groupe doit être placée à l'extérieur du puits de l'alterna-
teur. Tous les conducteurs des accessoires de l'alternateur, de la turbine, des transformateurs
de courant côté neutre, du variomètre du système d'excitation (s'ils sont requis), de l'interrup-
teur de survitesse ainsi que du système de protection contre incendie de l'alternateur doivent y
être raccordés.

15.5.4.11.3 Boîtes de jonction du système hydraulique et de régulation

Une boîte à bornes pour la filerie des organes de réglage doit être placée à l'extérieur du puits
de turbine et toute la filerie en provenance du régulateur et de ses accessoires doit y être rac-
cordée.

Centrales page 15.59


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.11.4 Boîtes de jonction pour signaux analogiques

Une boîte à bornes pour signaux analogiques doit être placée à l'extérieur du puits de l'alter-
nateur pour les câbles à signaux analogiques de faible puissance tels que les sondes de tem-
pérature à résistance et les sorties 4-20 mA des capteurs de pression, de vibrations, etc.

15.5.4.11.5 Boîtes de jonction intermédiaires

Des boîtes de jonction intermédiaires, à bornes de raccordement, doivent être installées entre
la boîte de jonction principale et les boîtes de sortie de l'appareillage électrique à l'intérieur du
puits pour permettre le démontage facile du groupe. Ces boîtes de jonction doivent faire partie
intégrante de la structure démontable de telle sorte que le démontage n'entraîne pas le retrait
des fils de leur conduit.

15.5.4.11.6 Boîtes de raccordement

Toutes les boîtes de raccordement d'appareils à l'intérieur du puits de l'alternateur et de la tur-


bine doivent être de type AMMÉÉG4. Des boîtes de type AMÉÉC 12 doivent être fournies à
l'extérieur du puits.

15.5.4.11.7 Mise à la terre de l'appareillage

Dans le cas où le raccordement est assuré par l'entremise de conduits, la mise à la terre doit
être effectuée à l'aide d'un conducteur en cuivre nu, toronné, de calibre approprié, passé par le
conduit à partir du bâti de l'appareillage jusqu'à la barre de terre la plus proche.

15.5.4.11.8 Armoire d'instrumentation

Une armoire d'instrumentation doit être fournie pour chaque groupe turbine-alternateur. Toute
la filerie en provenance de la boîte de jonction principale y est raccordée. L'armoire
d'instrumentation doit être munie d'une barre de mise à la terre en cuivre installée au bas de
l'armoire et dont la longueur correspond à 90 % de la largeur de l'armoire. Cette barre doit être
raccordée au connecteur de mise à la terre à l'extérieur de la boîte de jonction lorsque ce der-
nier est utilisé. L'armoire d'instrumentation doit être de préférence installée au plancher de tur-
bine, à proximité de l'armoire du groupe de pompage'501.

1501
Ce sujet est aussi traité à la rubrique 15.7.2.3.

page 15.60 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.5.4.12 Dessins

Tous les dessins de fabrication et d'assemblage devront être fournis à Hydro-Québec. Toutes
les tolérances des pièces d'usure doivent être indiquées. Toutes les données nécessaires à
l'entretien doivent être clairement inscrites sur les dessins.

15.5.5 Références
Référence 15.4 Alger, P.L. et Samson, H.W. 1924. Shaft currents in electrical machines.
AIEE Midwinter convention, Philadelphie, pp. 235-245.
Référence 15.5 American Society of Mechanical Engineers. 1996. The Guide to Hydropower
Mechanical Design. Section Overspeed and Runaway, chapitre 3. MCI Pu-
blications.
Référence 15.6 Amman C., Reichert K., Joho R. et Posedel Z. 1988. Shaft voltages in gene-
rators with static excitation Systems - Problems and solution. IEEE Transac-
tion in energy conversion, Vol. 3, N° 2, pp. 409-419.
Référence 15.7 CIGRÉ. 1990. Évaluation de l'état de l'isolation des machines tournantes.
Rapport 11 -201.
Référence 15.8 Daguet, R. 1958. Calcul des réactances, résistances et constantes de
temps des machines synchrones.
Référence 15.9 Economie repercussions of thé choice of parameters of salient pôles machi-
nes. 1944. Rapport CIGRÉ.
Référence 15.10 Hydroelectric Engineering Practice. 1964. Chapitre VII. Blackie & son. Lon-
don, England.
Référence 15.11 Hydro-Québec. 1998. Avantage et inconvénient du type d'enroulement on-
dulé. Note interne de R. Tremblay.
Référence 15.12 Hydro-Québec. 1998. Mise à la terre des boîtes de jonction et des boîtes de
tirage métalliques. Note interne.
Référence 15.13 Hydro-Québec. 1998. Proposition de révision de la Technique d'entretien
/V° AP-TA-N205 « Pièces de rechange pour composantes électriques
d'alternateur hydro-électriques ». Groupe de travail Alternateur.
Référence 15.14 Hydro-Québec. 1995. Paramètre de Modélisation des Alternateurs du Ré-
seau d'Hydro-Québec. Unité Système d'analyse de réseau.
Référence 15.15 IREQ. Compte-rendu d'essais C.R. 29152A - Alternateur 11, centrale Ber-
simis 1
Référence 15.16 IREQ. Compte-rendu d'essais C.R. 29152B - Alternateur 33, centrale Ma-
nie 3

Centrales page 15.61


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 15.17 IREQ. Compte-rendu d'essais C.R. 29285 - Alternateur 32, centrale Outar-
des 3
Référence 15.18 Leijon, M., Karlsson, T. et aïs. 1998. Breaking Conventions in Electrical Po-
wer Plants. Cigré Session 1998, Paris.
Référence 15.19 Lyles, J., Goodeve, T.E. et Sedding, H. 1994. Parameters Required to
Maximize a Thermoset Hydro-Generator Stator Winding Life. III Transac-
tions on Energy, Vol 9, N° 3, pp. 620-627.
Référence 15.20 Marine Industrie. 1975. Courants de palier.
Référence 15.21 National Electrical Manufacturers Association. Deternination of WR2 for Hy-
draulic Turbine Generator Units. Publication N° HT4-1958.
Référence 15.22 Réactances et constantes de temps des machines synchrones. 1949. Re-
vue Jeumont, avril-juin.
Référence 15.23 Ruelle, Dejeux et Kouskoff. 1966. Influence des divers paramètres dimen-
sionnels sur le coût relatif des alternateurs hydraulique. Rapport au Comi-
té 17 de CIGRÉ.
Référence 15.24 Ruelle, G. 1973. Alternateurs hydrauliques et compensateurs, Techniques
de l'ingénieur. Fascicule D490, article 3,02.
Référence 15.25 Ruelle, G. 1973. Alternateurs hydrauliques et compensateurs, Techniques
de l'ingénieur. Fascicule D490, article 3,05.
Référence 15.26 Ruelle, G. 1973. Alternateurs hydrauliques et compensateurs, Techniques
de l'ingénieur. Fascicule D490, article 3,08.
Référence 15.27 Seyler, J. 1991. Design Considérations For Radial Key Retrofit, Waterpower
'91. p-p 934-944. Denver 24-26.
Référence 15.28 Techniques de l'ingénieur. Pôles saillants, paramètres de dimensionnement.
Fascicule D490-1973, section 6.1.
Référence 15.29 Techniques de l'ingénieur. Vitesse d'emballement. Contraintes. Fascicule
D490-1973, section 5.1.
Référence 15.30 The World's Largest Hydro Generators. 1990. Water Power & Dam Cons-
truction Handbook.

page 15.62 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.6 Critères électriques


Cette rubrique fait référence au guide technique Services auxiliaires à courant alternatif dans
les centrales hydroélectriques (référence 15.41) pour la définition des critères de conception qui
doivent être suivis pour obtenir les niveaux de fiabilité et de flexibilité recherchés.
La conception doit toutefois considérer et s'appuyer sur les nouvelles règles, exigences et dé-
rogations établies dans le présent guide.

15.6.1 Schémas unifMaires i

Les schémas unifilaires du réseau de distribution des services auxiliaires sont conçus à partir
du schéma unifilaire de base défini par la direction Plans et programmes d'équipements de
production.
Ces schémas se divisent en deux catégories, soit :

• le schéma général des services auxiliaires comprenant la moyenne tension et les centres
de distribution principaux à 600 V c.a. ;

•••• les schémas unifilaires détaillés des centres de distribution secondaires à 600 V c.a.
f

L'établissement de la structure des schémas à moyenne tension (MT) et à basse tension (BT)
doit reposer sur deux facteurs :

• la fiabilité attendue ;
II s'agit de déterminer le niveau de fiabilité et de flexibilité, en termes de redondance, des
services auxiliaires c.a. et du système d'alimentation c.c. selon une des trois catégories de
centrales soit, celles de 1 000 MW et plus, celles de plus de 100 et de moins de 1 000 MW
et celles de moins de 100 MW.

• le calcul des charges.


Le calcul des charges et une estimation réaliste de la demande sont déterminants dans le
choix du nombre de transformateurs de services auxiliaires et de la quantité de centres de
distribution nécessaire. Une étude de charge doit être réalisée à cet effet.

15.6.2 Systèmes d'excitation


Les systèmes d'excitation comprennent tous les dispositifs pour fournir le courant et la tension
à courant continu au rotor afin de contrôler la tension aux bornes de l'alternateur.

Centrales page 15.63


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le choix d'un système d'excitation doit reposer sur les critères répondant à nos exigences en
termes de fiabilité et de stabilité. Aucun type de système d'excitation n'est privilégié dans la
mesure où il répond à ces exigences. Dans le cas d'une réfection de centrale, le maintien des
systèmes existants doit être considéré.
Si le système d'excitation choisi est de type statique, la spécification normalisée SN 21.2 s'ap-
plique et les dérogations suivantes doivent être considérées :

• redondance des ponts ;


Dans le cas d'une centrale considérée non stratégique, la redondance des ponts n'est pas
exigée.

• caractéristiques électriques générales (CEG) ;


Pour une centrale neuve de 1 000 MW et plus, les critères de 10 p.u. pour la tension de
plafond et de 1,6 ln pour le courant de plafond sont maintenus.
Dans le cas d'une réfection de centrale intermédiaire (plus de 100 et moins de 1 000 MW)
tous les critères sont discutables et chaque cas doit faire l'objet d'une analyse.
Dans le cas d'une centrale de moins de 100 MW, qu'il soit question de centrale neuve ou de
réfection, aucune exigence particulière n'est spécifiée.

• norme SN-62.1008 ;
Seul le régulateur doit passer les essais prévus à la norme pour l'homologation d'un nou-
veau modèle. Le reste des composants de l'armoire de régulation doivent tout de même sa-
tisfaire aux exigences d'essais et de vérifications pour le matériel en voie d'homologation de
la norme SN 21,2. L'unité ayant servi à l'homologation peut être utilisée (mise en service)
sur le réseau.
Un modèle de régulateur non homologué peut être retenu dans les cas où, à la satisfaction
d'Hydro-Québec, le fabricant prouve par des références et des essais qu'il est équivalent
aux exigences demandées.
La participation d'Hydro-Québec aux essais n'est pas obligatoire si ces derniers sont réali-
sés par une firme externe. Dans le cas d'essais réalisés chez le fabricant, elle est requise.
L'analyse des résultats dans tous les cas est sous la responsabilité d'Hydro-Québec.

• inverseur de polarité ;
D'une façon générale, le sectionneur est privilégié pour l'inversion de polarité, jusqu'à ce
qu'il ne soit plus justifiable économiquement par rapport à l'inversion par jeux de barres.
L'inversion de polarité par câbles doit être retenu dans les cas où il n'y a qu'un ou deux câ-
bles par pôle.

• disjoncteur de champ ;
Si une étude technoéconomique le justifie, l'utilisation d'un disjoncteur à courant alternatif
peut être considérée. Le dispositif utilisé pour court-circuiter le champ doit être électronique.
Dans les deux cas, ils doivent être conçu pour effectuer un minimum de 2 000 manœuvres
sans nécessiter d'entretien ; un compteur de manœuvre mécanique est requis.

page 15.64 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• niveau de bruit ;
Le niveau de bruit acceptable pour l'ensemble d'un système d'excitation, incluant le trans-
formateur, doit être inférieur ou égal à 75 db à 1 m.

• amorçage du champ.
Dans le cas d'un alternateur de moyenne ou de faible puissance, la source d'alimentation
du circuit d'amorçage peut être intégrée à l'excitation si l'analyse technoéconomique le jus-
tifie.
Dans certains cas particuliers, le redressement de la tension c.a. provenant des services
auxiliaires comme source d'amorçage peut être retenu.

15.6.3 Sorties de puissance

15.6.3.1 Circuit à moyenne tension


Selon le courant (le choix doit être justifié par une analyse technoéconomique), la puissance
générée par les alternateurs doit être acheminée vers les transformateurs de puissance à l'aide
de:

• barres blindées à phase séparées (ces barres blindées et l'appareillage connexe doivent
être conçus selon la norme SC 25.2) ;

• barres à gaine commune et phases isolées ;

• câbles sous gaine de type Flexibus.

Les mêmes critères s'appliquent à tous les circuits de dérivations connexes au circuit principal.

15.6.3.2 Circuit à haute tension


Pour une centrale en surface, les sorties à haute tension (HT) des transformateurs de puis-
sance sont reliées au poste à l'aide de conducteurs aériens, de jeux de barres ou de câbles de
type sec, après l'optimisation de l'agencement.

Dans le cas d'une centrale souterraine, selon l'étude technoéconomique effectuée lors de
l'étude de faisabilité, les sorties de puissance peuvent être réalisées soit avec des barres blin-
dées isolées au SF6, soit avec des câbles HT à isolation du type sec.

Centrales page 15.65


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.6.4 Détection et protection contre incendie


Le système d'incendie est constitué de deux parties distinctes, soit une partie dédiée à la dé-
tection et une autre à la protection contre l'incendie.
La partie dédiée à la détection est assurée par l'utilisation de dispositifs tels les détecteurs de
chaleur et de fumée et par les stations manuelles. Lors d'une détection d'incendie, différentes
actions de protection sont mises en opération.

Ces actions sont l'arrêt de la ventilation, la fermeture de volets coupe-feu, l'ouverture de volets
d'admission d'air frais, le démarrage de ventilateurs d'évacuation d'air vicié, la mise en marche
des pompes d'incendie, l'ouverture de valves d'arrosage de type déluge, l'arrosage par gicleurs,
etc.
Ce système possède un panneau de contrôle principal, généralement situé dans la salle de
commande de la centrale, qui assure la gestion des différentes actions, la signalisation des
alarmes et la supervision fonctionnelle du système.

15.6.4.1 Transformateurs de puissance


La conception du système de détection et de protection contre l'incendie des transformateurs
doit être coordonnée avec le concepteur des auxiliaires mécaniques de la centrale et le
concepteur du poste.

15.6.4.2 Alternateurs
La conception du système de détection et de protection contre l'incendie des alternateurs doit
être coordonnée avec le concepteur des alternateurs et le concepteur des auxiliaires mécani-
ques.

15.6.5 Court-circuit et régulation de tension


Les études de court-circuit et de régulation de tension doivent être réalisées systématiquement.
Du côté moyenne tension (MT), selon le niveau de court-circuit disponible sur les dérivations
pour les services auxiliaires, les inductances peuvent être nécessaires pour abaisser le niveau
de court-circuit à un niveau acceptable pour l'appareillage de distribution à moyenne tension.

Du côté 600 V c.a., les courants de court-circuit sont habituellement limités à 18 kA. Toutefois,
l'étude réalisée doit permettre un choix optimal en termes de coût et de dimensionnement des
disjoncteurs (BT).

L'étude sur la régulation est réalisée de pair avec l'étude de court-circuit, de façon à limiter la
chute de tension à 3 % sur le transformateur de service auxiliaire lors du démarrage du plus
gros moteur.

page 15.66 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'installation d'un changeur de prises en charge doit être rigoureusement justifiée par l'étude de
régulation de tension. L'installation d'un changeur de prises à vide doit être prévue dans tous
les cas où le changeur en charge ne peut pas être justifiée.

15.6.6 Réseau de mise à la terre


Le réseau de mise à la terre (MALT) du complexe hydroélectrique a pour but :

• d'assurer la protection du personnel aux sites, en limitant les tensions de pas et de touche à
des valeurs sécuritaires ;

• de faciliter l'exploitation des éléments de protection, en cas de défaut.

Le calcul du réseau de MALT est basé sur la partie VI, section 1, de la référence 15.40 ainsi
que sur les logiciels faisant partie intégrante de ce guide.
Selon l'emplacement du complexe, les valeurs de résistivité du roc, de la moraine, de l'eau, du
béton, du sol, etc. sont mesurées.
À part des résistivités, les caractéristiques de défaut de l'ensemble du réseau (centrale, poste
et ligne) sont des intrants importants nécessaires pour le calcul et la conception du réseau de
MALT.
Les conducteurs utilisés sont en cuivre mi-dur (recuit) étamé, flexible, torsadé et nu. Deux cali-
bres de conducteur se retrouvent dans le réseau de MALT. Ces conducteurs sont de calibre
500 kcmil ou de calibre 4/0 AWG. La plus grande partie de ces conducteurs est enfouie dans le
béton, immergée ou enterrée. Toutes les connexions enfouies sont réalisées par le procédé
thermite. Les barres d'armature ne sont pas reliées au réseau de MALT.
Une barre (ou un câble en cuivre nu) est installée dans la galerie des câbles sur toute la lon-
gueur de la galerie. La section de la barre (ou du câble) est telle que les différences de poten-
tiel entre plusieurs points sur celle-ci seront minimes lors d'un défaut.
Les contrepoids et les fils de garde des lignes à haute tension se raccordant au poste sont rat-
tachés en parallèle avec le réseau de MALT de ce dernier.

15.6.7 Appareillage à moyenne tension

15.6.7.1 Barres blindées et appareillage connexe


Le jeu de barres principales comprend le jeu de barres blindées compris entre la sortie de l'al-
ternateur jusqu'au point de raccordement des bornes à basse tension du transformateur de
puissance. Il inclut en tout temps le sectionneur d'alternateur motorisé, les transformateurs de
courant du transformateur et de l'alternateur ; dans certains cas, il peut inclure le disjoncteur
d'alternateur.

Centrales page 15.67


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les jeux de barres de dérivation sont raccordés au jeu de barres principales et servent à l'ali-
mentation des appareillages tels les inductances de limitation du courant de court-circuit des
dérivations des services auxiliaires, les armoires de transformateurs de tension et les parafou-
dres, le transformateur de l'excitation statique et les condensateurs, lorsque cela s'applique.

L'armoire de neutre de l'alternateur fait également partie de l'appareillage connexe.


Ces équipements sont conçus selon les spécifications de la norme SC 25.2

15.6.7.2 Disjoncteur d'alternateur


Le disjoncteur d'alternateur à moyenne tension n'est requis que dans deux cas précis :

• lorsqu'il y a plusieurs alternateurs raccordés sur une même barre ;

• lorsque deux alternateurs sont raccordés à un. même transformateur de puissance à deux
enroulements primaires.

Dans tous les autres cas, le concepteur doit exprimer ses besoins au concepteur du poste.

15.6.7.3 Appareillage de distribution à moyenne tension


Le système de distribution à moyenne tension comprend les centres de distribution à moyenne
tension et les artères d'alimentation des transformateurs de services auxiliaires et autres char-
ges à moyenne tension. Le centre de distribution contient les disjoncteurs d'arrivée et de dé-
part, les transformateurs de tension et de courant et les dispositifs de commande, de mesure et
de protection'511.
Lorsque cela est requis, l'appareillage de distribution à moyenne tension doit être conçu selon
les spécifications de la norme SC 63.3. Toutefois, les exigences suivantes doivent être considé-
rées : les armoires, à l'épreuve des arcs et de type C (selon la norme EEMAC G14-1), sont uti-
lisées dans le cas d'installations devant répondre aux critères N.P.C.C. Dans tous les autres
cas, les cellules de type B sont acceptables.

15.6.8 Transformateurs de services auxiliaires


Les transformateurs à l'huile sont généralement privilégiés et conçus selon les spécifications de
la norme SN 14.1. Dans le cas d'une centrale souterraine avec un poste en surface, les trans-
formateurs des services auxiliaires de la centrale doivent être installés à l'intérieur et être secs.
Les enroulements d'un transformateur des services auxiliaires doivent être en cuivre.
L'installation d'un changeur de prises sous charge doit être justifiée par une étude de régulation
de tension.

[51
' Les systèmes de commande et protection sont traités aux rubriques 15.7.1.1.5 et 15.7.1.2.4.

page 15.68 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.6.9 Appareillage à basse tension


Ce système comprend les barres sous gaine, les centres de distribution à basse tension princi-
paux et secondaires incluant l'appareillage, les câbles d'alimentation entre les centres de distri-
bution et la distribution 600 V c.a. et moins'52'.
Les barres sous gaine extérieures ou intérieures sont utilisées entre le secondaire du transfor-
mateur des services auxiliaires et le centre de distribution principal. Les principales exigences
retenues sont les suivantes :

• barres en cuivre ;

• de type à faible impédance ;

• à demi neutre, sauf pour les systèmes de distribution à trois fils ;

• couleur normalisée d'Hydro-Québec.

15.6.9.1 Centres de distribution principaux


Chaque centre de distribution principal comprend les disjoncteurs d'attache aux centres de dis-
tribution secondaires ainsi que les circuits de protection et de permutation, lorsqu'ils sont re-
quis. Les principales exigences retenues sont les suivantes :

• disjoncteurs de type débrochable ;

• barres de cuivre non isolées avec plages de raccord argentées ;

• couleur normalisée d'Hydro-Québec.

Pour toutes autres exigences relatives aux équipements composant les centres de distribution,
il est conseillé de se référer aux projets antérieurs et de recourir aux pratiques courantes appli-
cables à ce type d'équipement, car il n'existe aucune norme à Hydro-Québec à cet effet.

15.6.9.2 Centres de distribution secondaires


Chaque centre de distribution secondaire comprend deux disjoncteurs d'alimentation servant de
permutateur et une section de distribution de type C.C.M. Les principales exigences retenues
sont les suivantes :

• disjoncteurs d'arrivée de type débrochable ;

• barres de cuivre non isolées avec plages de raccord argentées ;

1521
Les systèmes de commande et protection sont traités aux rubriques 15.7.1.1.5 et 15.7.1.2.4.

Centrales page 15.69


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• sections de distribution de type CCM ;

• couleur normalisée d'Hydro-Québec.

15.6.9.3 Panneaux et équipements de distribution à 600 V et moins


Pour les exigences relatives aux équipements et aux panneaux de distribution à 600 V c.a. et
moins, il est conseillé, car il n'existe aucune norme à Hydro-Québec à cet effet, de se référer
aux projets antérieurs et de recourir aux pratiques courantes applicables à ce type d'équipe-
ment en considérant les exigences suivantes :

• disjoncteur avec dispositif de cadenassage ;

• barres de cuivre ;

• couleur standard du fabricant pour les panneaux, transformateurs, boite de jonction, prises
de courant, etc.

15.6.9.4 Câbles de puissance


Les câbles de puissance pour l'alimentation des centres de distribution secondaires sont de
type à sec et doivent être conçus selon les directives du guide technique GTC-XVII-1.

15.6.10 Système d'alimentation à courant continu


Le système d'alimentation à courant continu comprend les chargeurs, les batteries et la distri-
bution jusqu'aux charges. Il fournit l'alimentation :

• aux charges dédiées à la commande et à la protection ;

• pour l'amorçage du champ des alternateurs ;

• pour la tension ondulée à 120 V c.a. des charges essentielles ;

• pour l'éclairage d'urgence, lorsqu'il est requis.

Les critères de conception du système d'alimentation à courant continu sont fournis aux rubri-
ques 15.7.1.3 et 15.7.2.5.

15.6.11 Système d'éclairage


Le système d'éclairage se divise en trois réseaux :

• l'éclairage intérieur normal ;

page 15.70 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'éclairage intérieur d'urgence ;

• l'éclairage extérieur.

Dans l'approche d'une utilisation rationnelle de l'énergie dans tous les bâtiments occupés par
Hydro-Québec, le programme d'amélioration de l'efficacité énergétique doit être appliqué, entre
autres, au système d'éclairage intérieur et extérieur normal.

15.6.11.1 Réseau d'éclairage intérieur normal


Le réseau d'éclairage intérieur normal se fait à une tension de 347 V c.a. et il peut être réalisé
au moyen de luminaires à lampes fluorescentes, au mercure, à halogénure métallique ou au
sodium à haute pression.
Les lampes fluorescentes sont utilisées dans la salle des ordinateurs, la salle de commande, la
salle des télécommunications, la salle d'entretien des automatismes, la salle des batteries et les
pièces finies telles les bureaux, les salles de réunion, les vestiaires, les cuisines, les salles de
documentation et d'archives, etc.
L'éclairage à lampes au mercure, à halogénure métallique ou au sodium à haute pression se
retrouve au niveau des galeries de drainage, du plancher des bâches spirales, du plancher des
turbines, du plancher des alternateurs, des ateliers et des mezzanines. Dans certains cas, un
éclairage d'appoint, à lampes fluorescentes, peut être utilisé.

15.6.11.2 Réseau d'éclairage intérieur d'urgence


Le réseau d'éclairage intérieur d'urgence alimente les luminaires appartenant au réseau d'éclai-
rage normal pour l'éclairement des sorties et voies d'accès en suivant les lois, les codes et les
normes en vigueur.
Le réseau d'éclairage intérieur d'urgence peut être choisi parmi les solutions suivantes en fonc-
tion de ce qui est disponible comme source d'alimentation fiable tout en considérant l'aspect
économique :

• un circuit de luminaires d'urgence autonomes à batterie ;

• un réseau (BT), à lampes incandescentes, incorporé aux luminaires de l'éclairage normal,


alimenté soit par un système d'alimentation statique sans coupure (ASSC), soit à partir d'un
groupe électrogène.

15.6.11.3 Réseau d'éclairage extérieur


L'éclairage extérieur est réalisé en utilisant des luminaires à lampes au sodium à haute pres-
sion. Les endroits suivants sont éclairés :

• le tablier de la prise d'eau et la prise d'eau ;

Centrales page 15.71


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• la route d'accès et la façade de la centrale ;

• le contour des bâtiments ;

• l'évacuateur de crue et ses accès.

Pour l'éclairage extérieur du poste de transformation et du poste de départ et leurs accès, la


conception doit être coordonnée avec le concepteur du poste.

15.6.12 Agencement des équipements


Les équipements électriques majeurs tels que les systèmes d'excitation, les transformateurs
des services auxiliaires à sec et les centres de distribution à moyenne tension et à 600 V c.a.
principaux, doivent être installés au niveau du plancher des alternateurs ou plus haut.
Dans le cas des centres de distribution secondaires à 600 V c.a., ces derniers peuvent être si-
tués au niveau du plancher des turbines pour des raisons d'ordre pratique d'exploitabilité ou de
maintenabilité.
Dans le cas d'une centrale en surface, les transformateurs de puissance sont toujours localisés
à l'extérieur. Dans le cas d'une centrale souterraine, la localisation des transformateurs à l'inté-
rieur ou à l'extérieur doit reposer sur les résultats d'une étude technoéconomique.
La longueur des jeux de barres blindées, des barres sous gaine ou des câbles doit être optimi-
sée.
Les boîtes de jonction dédiées aux instruments et aux raccordements des groupes doivent se
trouver au niveau du plancher des turbines, notamment les boîtes de jonction principales, les
boîtes de jonction analogiques et les boîtes de jonction des systèmes de protection d'incendie
des groupes. Une galerie de câbles doit aussi être prévue à ce niveau.
La conception de la centrale doit être coordonnée avec celle du poste.
Dans tous les cas, l'agencement des équipements doit reposer sur des études d'optimisation.

15.6.13 Références
Référence 15.31 Hydro-Québec. 1998. Exigences techniques relatives à l'intégration des
centrales au réseau de transport d'Hydro-Québec. Version préliminaire.
Référence 15.32 Hydro-Québec. 1998. Fiabilité de l'alimentation à courant continu dans les
centrales hydroélectriques ayant un impact sur le critère de 1000 MW de ré-
serve du NPCC. Analyse.
Référence 15.33 Hydro-Québec. 1997. Critères de conception pour l'établissement des confi-
gurations de l'alimentation C.A. ondulée dans les centrales et postes de
transport et de répartition. Rapport d'étude.

page 15.72 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 15.34 Hydro-Québec. 1997. Critères de conception pour l'établissement des confi-
gurations de l'alimentation C.C. dans les centrales et postes de transport et
de répartition. Rapport d'étude.
Référence 15.35 Hydro-Québec. 1997. Réingénierie de la filière hydroélectrique, Critères de
conception. Rapport.
Référence 15.36 Hydro-Québec. 1994. Critère de conception des aménagements hydroélec-
triques.
Référence 15.37 Hydro-Québec. 1994. Entretien prévisionnel systématique sur les systèmes
d'alimentation auxiliaires à courant continu dans les postes et centrales. En-
cadrement AP-PE-N801 (707-01/CP-N-7.05-01B).
Référence 15.38 Hydro-Québec. 1994. Essai de capacité pour les batteries d'accumulateurs
dans les postes et centrales. Encadrement AP-PE-M802 (707-01/AU-M-7.3-
01 A).
Référence 15.39 Hydro-Québec. 1994. Inspection routinière, limitée et prévisionnelle des
batteries d'accumulateurs dans les postes et centrales. Encadrement AP-
PE-M801 (707-01/AU-M-7.3-02A).
Référence 15.40 Hydro-Québec. 1992. Encadrement général G263 20600 064 01 0 PL 4,
Addition de système d'excitation statique pour les projets de modifications
ou de réfection de centrale réalisées dans le cadre de l'approche spécifique.
Référence 15.41 Hydro-Québec. 1990. Guide technique GTC-XVI-5, partie XVI Auxiliaires ÇA
et CC, section 5 Services auxiliaires à courant alternatif dans les centrales
hydroélectrique.
Référence 15.42 Hydro-Québec. Guide technique Câbles GTC-XVII-1. Sélection et installa-
tion des câbles dans les centrales hydroélectriques.
Référence 15.43 Norme 1008. 1998. Essais et vérification du matériel en voie d'homologa-
tion.
Référence 15.44 SN 21,2. 1996. Fourniture d'un système d'excitation statique pour groupe
hydrauliques.

15.7 Commande, automatismes et protection

15.7.1 Critères de conception


Cette rubrique fixe les règles à respecter lors de la conception des circuits de commande et
protection d'une nouvelle centrale hydroélectrique dans le but d'améliorer la sécurité de fonc-
tionnement du groupe turbine-alternateur.

Centrales page 15.73


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Cette amélioration vise en outre à :

• éliminer toute erreur humaine pouvant causer des blessures et des dommages matériels ou
une perte de production (par la supervision des manœuvres) ;

• assurer la pleine sécurité du personnel exploitant l'installation (par les dispositifs de sec-
tionnement, la conception des circuits, la fabrication de l'appareillage tant électrique que
mécanique et l'existence de consignes d'exploitation précises) ;

• assurer l'arrêt complet du groupe sans dommage matériel (même en cas de perte d'ali-
mentation c.c. ou d'une source de courant ou de tension) ;

• conserver la disponibilité maximale dé la production en minimisant les arrêts de groupe.

De plus, les fonctions de conduite étant intimement reliées à l'exploitation de la centrale, cette
rubrique précise aussi les exigences fonctionnelles à satisfaire pour permettre cette exploitation
à l'aide d'un système informatisé de conduite. La description de ces critères et ces exigences
étant de haut niveau, on trouvera plusieurs renvois aux documents de référence précisant les
détails d'implantation.
Enfin, les critères et exigences décrits dans cette rubrique sont indépendants des équipements
utilisés pour leur mise en œuvre, en ce sens qu'ils n'imposent aucun matériel particulier531.

15.7.1.1 Circuits de protection

Les rubriques suivantes décrivent les critères de base, leur applicabilité et les principes géné-
raux à respecter lors de la conception des circuits de protection. Pour une description détaillée
des circuits logiques de déclenchement, il faut consulter la référence 15.57 ainsi que les sché-
mas Schéma unifilaire de protection (N700-40600-005) et Schéma logique de protection
(N700-40600-006).
Les circuits de protection d'un groupe turbine-alternateur doivent être conçus dans le but de
conserver la sécurité d'exploitation du groupe à la suite de la perte d'une alimentation c.a. ou
c.c. Cette conception doit aussi tenir compte des critères NPCC, en particulier celui spécifiant
qu'aucun défaut de première contingence ne doit faire perdre plus de 1 000 MW de production.

15.7.1.1.1 Critères de base

Afin d'obtenir un niveau de fiabilité et de sécurité d'exploitation accru pour les circuits de pro-
tection, les critères suivants doivent s'appliquer :

• l'exploitation d'un alternateur doit demeurer sécuritaire à la suite de la perte d'une source
c.a. ou c.c. ;

|53
' La description sommaire des critères et exigences à appliquer aux équipements mêmes est fournie à la rubri-
que 15.7.2.

page 15.74 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• l'élément de surveillance doit être sur des sources c.a. et c.c différentes de l'élément sur-
veillé ;

• les chaînes d'éléments de surveillance équivalents (détection, traitement et action) doivent


être sur des sources c.a. et c.c. différentes ;

• les actions des éléments de surveillance doivent se limiter aux actions nécessaires à
l'élimination d'un défaut d'ordre mécanique ou électrique afin d'éviter des arrêts inutiles du
groupe et d'en laisser le choix à l'exploitant ;

• les services auxiliaires doivent être considérés comme charge et non comme source (il y
aura donc déclenchement de ceux-ci si le défaut au groupe perturbe la charge ou si cette
charge perturbe le fonctionnement du groupe) ;

• des actions non requises, mais sans conséquence si elles sont réalisées, peuvent être ini-
tiées si cela permet de combiner plusieurs fonctions ayant les mêmes actions à comman-
der, permettant ainsi de simplifier l'arrangement global (par exemple, donner un ordre de
déclenchement à un disjoncteur implicitement ouvert antérieurement par la même sé-
quence) ;

• aucun circuit (minuterie, relais auxiliaire) ne doit être prévu pour distinguer les défauts dans
la zone alternateur et de ceux du réseau (pour simplifier l'arrangement, les protections ini-
tient donc soit un arrêt partiel, soit un arrêt complet).

Afin de définir une balise pour le niveau de redondance à atteindre, le critère suivant a été rete-
nu : l'exploitation de l'alternateur doit demeurer sécuritaire par suite d'une première contin-
gence.

15.7.1.1.2 Applicabilité

L'applicabilité des fonctions de protection au groupe turbine-alternateur est déterminée par le


degré d'importance de la centrale, lequel peut être défini en fonction de la puissance des grou-
pes, de la position géographique de la centrale et des critères d'exploitation. Dans ce contexte,
les puissances de groupe données ci-dessous constituent un ordre de grandeur et ne sont pas
contraignantes.
Compte tenu de l'importance des groupes de 100 MW et plus, deux protections complètes et
redondantes sont requises (A et B). Chaque protection doit comprendre les fonctions suivan-
tes :

• protection A : 32, 40-1, 40-2, 46, 50AE, 51V, 59, 64-1, 64-2, 87A ;

• protection B : 32, 40-1, 40-2, 46, 51V, 59, 64-1, 64-2.

Pour les groupes dont la puissance est comprise entre 10 et 100 MW, la protection B électrique
est réduite aux fonctions 46, 59 et 64-1. Ces fonctions correspondent aux besoins de circuits
équivalents permettant une exploitation sécuritaire de la centrale.

Centrales page 15.75


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Pour les petits alternateurs (de puissance égale ou inférieure à 10 MW), la protection B peut
être omise. Dans ce cas, un arrêt complet du groupe est initié à la suite de la perte de l'ali-
mentation de la protection.

15.7.1.1.3 Principes généraux

Les circuits de protection doivent également tenir compte des principes suivants :

• les protections A et B (alternateur ou transformateur élévateur) doivent être de conception


différente ;

• pour chacune des protections A et B du groupe turbine-alternateur, seulement deux chaînes


d'éléments de protection sont requises, soit une pour la protection électrique et l'autre pour
la protection mécanique ;

• lorsqu'une protection commande l'arrêt de l'alternateur, le disjoncteur des services auxiliai-


res doit être déclenché immédiatement afin d'accélérer la permutation (sinon, la permuta-
tion rie s'effectuera qu'après le constat de perte de tension aux bornes de l'alternateur) ;

• lorsque le disjoncteur d'alternateur est déclenché par une protection électrique, les fonc-
tions de défaillance de disjoncteur et de secours d'alternateur doivent être initiées.
Cependant, lorsque le disjoncteur d'alternateur est déclenché par la protection mécanique,
seule la protection de secours d'alternateur est initiée. Si le déclenchement est issu des
protections de gaz et de température du transformateur, aucun secours n'est initié.

15.7.1.1.4 Protection de l'appareillage mécanique

La référence 15.56 définit les exigences relativement aux indications et aux protections requi-
ses pour suivre le comportement et assurer la sécurité d'un groupe turbine-alternateur.
La référence 15.55 contient les critères concernant le choix de l'instrumentation associée.
La conception des circuits de protection doit tenir compte des exigences de ces documents
d'encadrement.

page 15.76 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.1.5 Protection reliée aux services auxiliaires

La protection reliée aux services auxiliaires de la centrale sont comme suit.

Protection d'alternateur Toutes les protections de l'alternateur doivent déclencher le disjoncteur


d'arrivée des barres de service à moyenne tension et initier la permuta-
tion de l'alimentation sur le disjoncteur adjacent.
Lors d'une détection de défaut par la protection de masse stator de l'al-
ternateur, une séquence de déclenchements doit être prévue afin de dé-
terminer si le défaut est situé dans l'alternateur, sur la barre d'alternateur
(ou la barre de dérivation des services auxiliaires) ou bien dans les servi-
ces auxiliaires eux-mêmes. La séquence est la suivante :
1. déclenchement du disjoncteur d'arrivée et verrouillage de la permu-
tation d'alimentation ;
2. si le défaut est toujours présent, arrêt de l'alternateur et déverrouil-
lage de la permutation d'alimentation.
Protection des barres dé ser- Chaque barre de service principale doit être protégée par une protection
vice à moyenne tension de surintensité instantanée (50) avec temporisation et une protection de
surintensité à temps inverse (51). Les protections doivent se verrouiller et
pouvoir être rappelées manuellement (86). La permutation de l'alimenta-
tion doit aussi être verrouillée.
Lorsque deux barres de service principales sont reliées par des câbles,
ces derniers doivent être protégés par une protection homopolaire avec
temporisation. La permutation de l'alimentation en les deux barres de
service doit aussi être verrouillée.
Protection des centres de dis- La protection des centres de distributions à basse tension est réalisée au
tribution à basse tension moyen de protections de surintensité (50/51).
Pour les transformateurs de services auxiliaires moyenne tension, les
protections suivantes sont requises :
• protection de surintensité (50/51) ;
• protection de température (49) ;
• protection de gaz (63).

Toutes les protections doivent se verrouiller et pouvoir être rappelées


manuellement (86). Dans le cas de la protection d'un centre de distribu-
tion, la permutation de ce centre de distribution doit aussi être verrouillée
par suite de la détection d'un défaut.
Par ailleurs, le réglage des protections doit être tel qu'il assure une coor-
dination des déclenchements permettant de limiter la zone à isoler lors
de l'apparition d'un défaut.

Centrales page 15.77


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.2 Circuits de commande


Les rubriques suivantes décrivent les critères de base et les principes généraux à respecter
lors de la conception des circuits de commande. Pour une description détaillée des circuits lo-
giques de commande, il faut consulter la référence 15.51.
Les circuits de commande d'un groupe turbine-alternateur doivent être conçus dans le but de
conserver la sécurité d'exploitation du groupe à la suite de la perte d'une alimentation c.a. ou
c.c. tout en conservant une disponibilité d'exploitation maximale. Cette conception doit aussi te-
nir compte des critères NPCC, en particulier celui spécifiant qu'aucun défaut de première
contingence ne doit faire perdre plus de 1 000 MW de production.

15.7.1.2.1 Critères de base

Afin d'obtenir un niveau de fiabilité et de sécurité d'exploitation accru pour les circuits de com-
mande, les critères suivants doivent s'appliquer :

• l'exploitation d'un alternateur doit demeurer sécuritaire à la suite de la perte d'une source
c.a. ou c.c. ;

• l'élément de surveillance doit être sur des sources c.a. et c.c. différentes de l'élément sur-
veillé ;

• les chaînes d'éléments de surveillance équivalents (détection, traitement et action) doivent


être sur des sources c.a. et c.c. différentes ;

• les actions des éléments de surveillance doivent se limiter aux actions nécessaires à
l'élimination d'un défaut d'ordre mécanique ou électrique afin d'éviter des arrêts inutiles du
groupe et d'en laisser le choix à l'exploitant ;

• l'assurance d'un fonctionnement sécuritaire ne doit reposer que sur la protection du groupe
(en conséquence, les circuits de commande ne doivent en aucun temps être altérés pour
pallier une carence de la protection) ;

• le choix du type optimal d'un relais auxiliaire selon sa fonction ou son rôle doit s'appuyer sur
les prescriptions de performances de la norme SN-62.208.

Afin de définir une balise pour le niveau de redondance à atteindre, le critère suivant a été rete-
nu : l'exploitation de l'alternateur doit demeurer sécuritaire par suite d'une première contin-
gence.

page 15.78 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.2.2 Principes généraux

Les circuits de commande doivent également tenir compte des principes suivants :

• on doit répartir les circuits équivalents de commande et protection entre les circuits d'ali-
mentation A et B ;

• le partage des circuits équivalents repose sur les prémisses suivantes :


• tous les éléments et circuits nécessaires aux modes local et manuel sont alimentés par
la batterie A,
• dans le cas d'une perte de la batterie A, les systèmes auxiliaires du groupe turbine-
alternateur (par exemple le système de refroidissement) sont démarrés automatique-
ment,
• le solénoïde d'arrêt du groupe turbine-alternateur étant alimenté par la batterie A, la
protection mécanique est aussi alimentée par la batterie A,
• la protection mécanique n'étant pas redondante, l'élément jugé équivalent est l'annon-
ciateur qui doit donc être alimenté par la batterie B,
• les éléments jugés équivalents au solénoïde d'arrêt sont le limiteur d'ouverture de van-
nage et l'arrêt d'urgence qui doivent donc être alimentés par la batterie B ;
Ces principes présupposent que les régulateurs de vitesse et de tension ont une redon-
dance des alimentations.

• les contacts de vitesse utilisés dans certains circuits de commande (freins, glissement, in-
jection, etc.) doivent être redondants ;

Pour les installations de moindre envergure où un niveau moindre de disponibilité d'exploi-


tation est acceptable, ce principe ne s'applique pas.

• les blocs d'alimentation des régulateurs de vitesse doivent être redondants et être alimentés
par deux sources différentes.
Pour les installations de plus de 1000 MW, la deuxième source doit provenir obligatoirement
du transformateur d'excitation. Pour les installations de moindre envergure dont la concep-
tion prévoit un seul système d'alimentation à 125 V c.c., ce principe ne s'applique pas.

15.7.1.2.3 Exigences de l'instrumentation pour l'appareillage mécanique

La référence 15.56 définit les exigences relativement aux indications et aux protections requi-
ses pour suivre le comportement et assurer la sécurité d'un groupe turbine-alternateur.
La référence 15.55 contient les critères concernant le choix de l'instrumentation associée.
La conception des circuits de commande et mesure doit tenir compte des exigences de ces do-
cuments d'encadrement.

Centrales page 15.79


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.2.4 Circuits de commande reliés aux services auxiliaires

Barres de service à moyenne tension

Principes généraux Afin d'assurer une indépendance électrique entre les groupes turbi-
nes-alternateurs, les principes suivants doivent être respectés :
• il ne doit y avoir qu'une seule source d'alimentation en présence
sur une barre de service à moyenne tension ;
• aucun ordre de fermeture simultané de deux disjoncteurs (ou
plus) ne doit être possible lorsque tous les disjoncteurs d'arrivée
et d'attache d'une barre sont ouverts ;
• aucun des disjoncteurs d'arrivée ou d'attache ne doit se fermer
ou demeurer fermé lorsqu'un défaut a été détecté sur la barre
de service à moyenne tension ;
• les barres de services à moyenne tension ne doivent pas être
mises en parallèle par les disjoncteurs d'un centre de distribu-
tion à basse tension via les transformateurs à 13,8 kV-600 V ;
• en cas de retour simultané des sources d'alimentation de la
barre de service, cette dernière doit être remise automatique-
ment sous tension par la fermeture d'un des disjoncteurs d'ali-
mentation (aucune priorité n'est requise pour un disjoncteur où
l'autre).
Critères reliés à la permutation de Lors d'une permutation, les deux alternateurs ne doivent pas ali-
l'alimentation des barres de service menter une barre de service en même temps.
à moyenne tension
La permutation peut être initiée seulement par les deux conditions
suivantes :
• la perte de tension de la source alimentant la barre de service ;
• le déclenchement par protection de l'alternateur.

Une temporisation doit être prévue avant d'initier la permutation et


verrouiller la refermeture du disjoncteur d'arrivée. Cette temporisa-
tion permet de protéger les .moteurs alimentés par les services auxi-
liaires afin qu'ils puissent ralentir suffisamment pour abaisser leur
tension. Elle permet aussi d'empêcher la permutation par suite de la
disparition possible du défaut avant l'extinction de cette temporisa-
tion.
Pour la configuration d'alimentation à deux disjoncteurs' d'arrivée,
aucune priorité d'alimentation n'est requise. L'un ou l'autre des deux
disjoncteurs d'arrivée demeure fermé et alimente la charge aussi
longtemps que sa tension d'alimentation est présente.
Critères reliés à l'alimentation des Afin d'assurer une permutation de l'alimentation des charges malgré
circuits de commande à 125 V c.c. la perte d'une batterie, l'alimentation à 125 V c.c. des services auxi-
liaires à moyenne tension et à basse tension doit provenir de deux
batteries différentes. L'alimentation à 125V c.c. du circuit de per-
mutation des services auxiliaires à moyenne tension doit provenir de
la batterie A, car la protection de masse stator de l'alternateur est
raccordée à la batterie A. L'alimentation à 125 V c.c. des services
auxiliaires à basse tension doit provenir de la batterie B.

page 15.80 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Particularités de la configuration Pour la configuration d'alimentation à trois disjoncteurs, la priorité


d'alimentation à trois disjoncteurs d'alimentation est accordée aux disjoncteurs d'arrivée. Donc, si les
deux tensions d'alimentation redeviennent disponibles, les disjonc-
teurs doivent reprendre leur position normale (disjoncteurs d'arrivée
fermés et disjoncteur d'attache ouvert). Si le disjoncteur d'attache
doit être déclenché, une temporisation est requise entre son ouver-
ture et la fermeture des disjoncteurs d'arrivée. Cette temporisation
permet de protéger les moteurs alimentés par les services auxiliai-
res afin qu'ils puissent ralentir suffisamment pour abaisser leur ten-
sion.
Lors d'une détection de survitesse simultanée sur les deux alimen-
tations, la fermeture du disjoncteur d'attache 12-3 doit être bloquée.
Si aucune des deux tensions d'alimentation n'est disponible, l'ou-
verture du disjoncteur d'attache 12-3 doit être commandée si celui-ci
est fermé.

Centres de distribution à basse tension

Principes généraux Chaque centre de distribution à basse tension est muni de deux
disjoncteurs d'arrivée dont l'un est prioritaire (normalement fermé).
Chaque disjoncteur d'arrivée reçoit son alimentation d'une source
d'alimentation différente.
Un centre de distribution à basse tension ne doit pas être alimenté
simultanément par les deux sources d'alimentation. Le verrouillage
des disjoncteurs d'arrivée doit rendre impossible la fermeture d'un
disjoncteur si l'autre est déjà fermé.
Les centres de distribution à basse tension ne doivent pas être mis
en parallèle par les disjoncteurs d'un centre de distribution se-
condaire (en aval).
L'alimentation à 125 Vc.c. des services auxiliaires à basse tension
doit provenir de la batterie B.

Centrales page 15.81


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Critères reliés à la permutation de Par suite d'une perte de tension du côté de l'alimentation du dis-
l'alimentation des centres de distri- joncteur prioritaire, le disjoncteur prioritaire est déclenché et la per-
bution à basse tension mutation doit être initiée. Après un délai, et à la suite de la confirma-
tion de l'ouverture du disjoncteur prioritaire, l'autre disjoncteur est
fermé. Le délai avant la permutation est requis afin d'éviter des bris
aux moteurs alimentés par le centre de distribution en leur permet-
tant de ralentir suffisamment afin que la tension puisse baisser en
deçà d'un niveau acceptable.
Au retour de la tension d'alimentation du côté du disjoncteur priori-
taire, une séquence de permutation inverse est initiée pour revenir à
l'état initial où le disjoncteur prioritaire est fermé.
Dans les installations sans barre de service à moyenne tension, les
centres de distribution principaux à basse tension sont alors le pre-
mier niveau d'alimentation. Dans ce cas, d'une façon analogue à
l'approche retenue pour les barres de service à moyenne tension,
aucune priorité d'alimentation n'est requise pour les centres de dis-
tribution principaux. L'un ou l'autre des deux disjoncteurs d'arrivée
demeure fermé et alimente sa charge aussi longtemps que sa ten-
sion d'alimentation est présente.
Lorsqu'il y a perte des deux alimentations d'arrivée, les deux dis-
joncteurs doivent être déclenchés.
Dans le cas où on a des centres de distribution principaux et des
centres de distributions secondaires (en aval), le délai pour la per-
mutation d'un centre de distribution secondaire doit être plus grand
afin de permettre l'accomplissement de la permutation du centre de
distribution principal avant d'initier celle du centre de distribution se-
condaire. De même, le délai de permutation d'un centre de distribu-
tion à basse tension doit être plus grand que celui de la barre de
service à moyenne tension.

15.7.1.3 Alimentation auxiliaire à 125 V c.c.

Les rubriques suivantes décrivent les critères de base à respecter lors de la conception de
l'alimentation auxiliaire c.c. des circuits de commande et protection. Pour une description plus
détaillée, il faut consulter la référence 15.52.

15.7.1.3.1 Critères de base

Le système d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. doit être redondant pour les raisons suivantes :

• conserver la sécurité d'exploitation d'un groupe par suite de la perte d'alimentation c.a. ou
c.c. et répondre aux critères pour la conception des circuits de commande et protection
dans les centrales ;

• assurer la redondance des protections et des automatismes du poste élévateur de tension


conformément aux critères du NPCC.

page 15.82 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La fiabilité requise pour les circuits de protection ou de automatismes exige qu'en mode d'ex-
ploitation normal, la batterie soit raccordée directement à son panneau de distribution afin
d'éliminer toute séparation intempestive entre ces deux éléments. Par contre, la sécurité d'ex-
ploitation exige un point de coupure visible entre la batterie et son panneau de distribution. Un
sectionneur apte à interrompre la charge normale ou un disjoncteur sans élément de protection
sont considérés comme lien direct.
Malgré les restrictions précédentes, en période d'entretien, l'aménagement des circuits doit
permettre l'insertion d'un dispositif de protection (disjoncteur magnétique) entre la batterie et
son panneau.
La mise en parallèle des batteries d'accumulateurs lors du transfert des charges est interdite.
Cependant, aucun dispositif physique de verrouillage (ou commutateur de transfert) n'est exigé
en ce qui concerne la sécurité d'exploitation. Une procédure de transfert normalisée doit plutôt
être affichée sur les panneaux de mesure et protection. Une alarme temporisée doit signaler la
mise en parallèle des batteries d'accumulateurs.
Les circuits doivent être conçus pour permettre un transfert manuel des charges en effectuant
la mise en parallèle des chargeurs sur la batterie vers laquelle on permute les charges.
Les chargeurs de chaque batterie doit être double et fonctionner en mode redondant ou paral-
lèle.
Le temps d'autonomie d'une batterie est de deux heures, considérant que chacune des batte-
ries de commande et protection soutient toute la charge de l'installation.
Le choix du type d'accumulateur doit tenir compte des exigences du cycle de décharge et doit
être justifiable économiquement en tenant compte des facteurs suivants :

• coût des accumulateurs ;

• coût de la salle de batterie ;

• coût d'entretien.

La référence 15.53 donne une description comparative des types d'accumulateur ainsi que des
cycles de décharge à considérer.

15.7.1.3.2 Applicabilité

Dans les installations de moindre envergure où un degré moindre de fiabilité et de disponibilité


d'exploitation est acceptable, le système d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. peut être simple
(non redondant).

Centrales page 15.83


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.4 Alimentation auxiliaire à 120 V c.a.


Les charges des équipements servant au contrôle de la centrale localement ou à distance sont
alimentées par l'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. Pour les charges de commande et de télé-
communication jugées essentielles et ne pouvant pas être alimentées à 125V c.c., une ali-
mentation ondulée à 120V c.a. doit être prévue. Ces charges servent à la surveillance de
l'installation et assurent la disponibilité des mesures localement lors de pannes et de remise en
charge (claviers, moniteurs, indicateurs, enregistreurs, capteurs, etc.).
On trouvera dans la référence 15.45 le répertoire des charges essentielles d'une centrale.

15.7.1.5 Système de protection contre incendie


Un système contre incendie de l'alternateur doit être prévu. Sa fonction est de détecter les
conditions de chaleur et de fumée ainsi que le signal de déclenchement par protection différen-
tielle de l'alternateur, de même que d'arroser ce dernier après avoir préalablement commander
l'arrêt complet. L'arrosage doit se faire d'une façon cyclique aux cinq minutes.
Un mode d'essai manuel doit être prévu afin de vérifier la séquence d'arrosage. Le mode doit
permettre de simuler les condition de détection de chaleur et de fumée et d'initier la séquence
d'arrosage jusqu'à la vanne d'amenée d'eau des gicleurs.

15.7.1.6 Fonctions de conduite


Les rubriques suivantes décrivent les critères de base et les exigences fonctionnelles à satis-
faire pour la conduite des équipements d'une centrale. Les différents niveaux de conduite dans
une centrale sont les suivants :

• le niveau local, situé au tableau d'alternateur ;

• le niveau distance, situé à la salle de commande ;

• le niveau télé (ou téléconduite), situé à l'extérieur de l'installation.

Les fonctions de conduite doivent répondre aux exigences du document Exigences de l'exploi-
tation en commande, signalisation et mesure (BENEX) qui fixe les caractéristiques opération-
nelles de l'équipement de commande locale des postes et centrales et définit les besoins de
l'exploitation en commande, signalisation, mesure, alarme, réglage, automatisme, etc. pour la
commande et la télécommande des installations.
Les fonctions de conduite doivent être réalisées à l'aide d'un système informatisé. Le descrip-
tions qui suivent sont données dans ce contexte.

page 15.84 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Afin d'assurer la disponibilité d'exploitation de la centrale, les critères suivants sont retenus :

• l'installation doit être découpée en tranches d'équipements ;


La perte d'une tranche d'équipements (défaillance des composants) ne doit pas affecter la
disponibilité des autres tranches.

• la perte du niveau de conduite locale ou centralisée (défaillance des composants) ne doit


pas affecter la disponibilité du niveau de téléconduite pour le reste de l'installation.

15.7.1.6.1 Conduite locale

La conduite locale est toujours requise et elle est située au tableau de l'alternateur. Elle permet
à l'opérateur d'effectuer localement la gestion des alarmes, d'afficher les mesures et la signali-
sation ainsi que de commander les équipements associés au groupe turbine-alternateur.
Deux modes d'exploitation sont requis : automatique et manuel. Le mode automatique requiert
l'utilisation du système informatisé de conduite. Le mode manuel est indépendant du système
informatisé de conduite et il est réalisé à l'aide des circuits décrits dans la référence 15.51. Les
modes manuel et automatique doivent fonctionner selon le principe de la commande à deux
actions.
Le mode d'exploitation local manuel est utilisé dans les cas suivants :

• lors d'une panne du système informatisé et si l'exploitant est dans une situation d'extrême
urgence ;

• en relève au mode automatique si une étape ne peut être faite d'une façon automatique ;

• lors de l'entretien ou de la période d'essais par le personnel d'entretien.

15.7.1.6.2 Conduite centralisée

La conduite centralisée permet à un opérateur d'effectuer d'une façon centralisée et à distance


la gestion des alarmes, d'afficher les mesures et la signalisation ainsi que de commander tous
les équipements de la centrale. La conduite centralisée peut aussi, mais pas nécessairement,
englober les équipements du poste de départ.
Dans les installations de moindre envergure ne comprenant que deux ou trois groupes turbi-
nes-alternateurs et dont le poste de départ n'est pas intégré à la centrale, la conduite centrali-
sée peut être omise.

Centrales page 15.85


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Commande d'équipements La commande centralisée des équipements doit suivre les prescrip-
tions de la spécification Commande d'équipements (SEL030), à sa-
voir les exigences fonctionnelles, les exigences de performance et
autres exigences relatives à la commande des équipements.
La commande des équipements comprend entre autres :
• la gestion de l'état de télécommande ;
• la commande des groupes turbines-alternateurs ;
• la commande des équipements bistables (disjoncteurs et sec-
tionneurs) ;
• la mise à jour des équipements manuels ;
• la gestion des désaccords ;
• la signalisation de l'état des équipements ;
• la transmission de l'état des équipements au CCR et au CT ;
• la réception des commande d'équipements en provenance du
CT.
Alarmes La gestion des alarmes, quelle soit locale ou centralisée, doit suivre
les prescriptions de la spécification Gestion des alarmes (SEL070),
à savoir les exigences fonctionnelles, les exigences de performance
et autres exigences relatives à la gestion des alarmes.
La gestion des alarmes comprend :
• l'acquisition des alarmes ;
• la signalisation et l'impression des alarmes dans l'installation ;
• le traitement des commandes de gestion d'alarme dans
l'installation ;
• la transmission des alarmes au CT.
Mesures La gestion des mesures, quelle soit locale ou centralisée, doit suivre
les prescriptions de la spécification Gestion des mesures (SEL080),
à savoir les exigences fonctionnelles, les exigences de performance
et autres exigences relatives à la gestion des alarmes.
La gestion des mesures comprend entre autres :
• l'acquisition des mesures ;
• l'affichage des mesures dans l'installation ;
• la gestion des seuils de mesures dans l'installation ;
• la transmission des mesures au CCR et au CT ;
• la gestion de l'entrée des paramètres de configuration associés
à la gestion des mesures.

page 15.86 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Réglage La fonction Réglage doit suivre les prescriptions de la spécification


Réglage (SEL050), à savoir les exigences fonctionnelles, les exi-
gences de performance et autres exigences relatives à la gestion
des étiquettes.
La fonction Réglage comprend entre autres :
• la fonction de réglage continu ;
• la fonction de réglage par consigne ;
• la fonction de réglage discret ;
• la fonction de réglage du taux de prise en charge.
Étiquettes La gestion des étiquettes doit suivre les prescriptions de la spécifi-
cation Gestion des étiquettes (SEL090), à savoir les exigences
fonctionnelles, les exigences de performance et autres exigences
relatives à la gestion des étiquettes.
La gestion des étiquettes comprend entre autres :
• la gestion des étiquettes manuelles ;
• la gestion des étiquettes automatiques ;
• le bilan des étiquettes.

15.7.1.6.3 Interface de téléconduite

Le système informatisé de conduite de l'installation doit permettre d'assurer l'interface entre


l'installation et les centres de téléconduite (CT) et de supervision (CCR). Il doit suivre les pres-
criptions des spécifications suivantes définissant ces interfaces :

• spécification Interface avec le CER (SEL103),

• spécification Interface avec le CCR (SEL104).

Afin d'assurer la disponibilité d'exploitation de la centrale, la perte du niveau de téléconduite


(défaillance des composants) ne doit pas affecter la disponibilité des niveaux de conduite local
et à distance dans l'installation.

15.7.1.6.4 Automatismes locaux

Les automatismes d'arrêt-démarrage du groupe turbine-alternateur et autres automatismes lo-


caux doivent être réalisés à l'aide de langages conformes au standard IEC 1131-3, le GRAF-
CET étant le minimum requis.

Centrales page 15.87


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les documents suivants fixent les exigences fonctionnelles reliées aux automatismes d'exploi-
tation du groupe turbine-alternateur :

• spécification Arrêt-démarrage (SC-62.350) ;

• spécification Consigne du limiteur d'ouverture de vannage (SC-62.351 ) ;

• spécification Consigne de puissance (SC-62.352) ;

• spécification Consigne de tension (SC-62.353).

15.7.1.6.5 Interface personne-machine

Un souci particulier doit être accordé lors de la définition des interfaces personne-machine du
système informatisé. Ces interfaces comprennent les affichages sur écran cathodique permet-
tant à l'opérateur de la centrale d'exploiter la centrale. Ces interfaces peuvent être locales ou
centralisées et leur définition doit suivre les prescriptions de la spécification, Interface opérateur
(SEL100).

15.7.1.7 Analyse du comportement et diagnostic des installations


On distingue les fonctions d'analyse du comportement du réseau des fonctions de diagnostic
des installations. Les données requises pour l'analyse du comportement du réseau compren-
nent les enregistrements chronologiques d'événements (ECE) et les enregistrements d'oscillo-
perturbographie. Ces données sont requises pour les centrales dont la variation subite du ni-
veau de puissance peut avoir un impact sur le réseau. Ces centrales sont identifiées en colla-
boration avec TransÉnergie.
Quant aux fonctions de diagnostic, elles s'adressent au personnel de maintenance de l'installa-
tion. Elles requièrent le même type de données mais avec des caractéristiques moins sévères.
Les exigences de résolution et de référence de temps pour les données ECE provenant du
groupe turbine-alternateur sont les suivantes :

Analyse du comportement du réseau Diagnostic des installations


Résolution de l'horodata- <1 ms <5ms
tion des changements
d'état
Précision de la synchroni- <0.1 ms <2ms
sation entre sous-systèmes
Signal de référence Irig-B horloge de référence maîtresse ou
Irig-B

page 15.88 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.1.7.1 Transmission des données d'ECE

Pour l'analyse du comportement du réseau, les données d'ECE doivent être transmises à dis-
tance selon les prescriptions de la spécification Interface avec le C/47~(SEL105).

15.7.1.7.2 Oscilloperturbographie

Pour l'analyse du comportement du réseau, les principales exigences de la fonction


d'oscilloperturbographie sont les suivantes :

• taux d'échantillonnage de 7,5 échantillons/cycle ;

• précision supérieure à 2 % ;

• synchronisation au signal Irig-B ;

• durée des enregistrements (temps avant perturbation 300 cycles, durée totale
81 000 cycles) ;

• module de démarrage (démarrage par entrée numérique, détection de seuil et de taux).

Pour les fonctions de diagnostic, aucune exigence particulière n'est reliée à l'oscilloperturbo-
graphie. Les fonctions d'enregistrement de défauts que l'on retrouve dans les produits courants
tels que les relais de protection numérique, bien qu'encore à l'état embryonnaire, sont accepta-
bles.

15.7.1.7.3 Transmission des données d'oscilloperturbographie

Pour l'analyse du comportement du réseau, les données d'oscilloperturbographie doivent être


transmises à distance. On trouvera les prescriptions relatives au protocole de transmission des
données dans la spécification Spécification technique générale régissant l'achat d'un oscillo-
perturbographe (SN-71.104) ainsi que les documents amendant cette spécification.

15.7.2 Équipements
La rubrique 15.7.1 s'attarde aux critères et aux exigences touchant l'aspect fonctionnel des
équipements en commande, automatisme et protection. Cette rubrique présente sommaire-
ment les critères à appliquer dans le choix des équipements et de leur disposition.

Centrales page 15.89


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.2.1 Système de conduite d'installation

15.7.2.1.1 Critères de base

Le système de conduite d'installation doit être un système informatique intégré, distribué et


modulaire. Les critères de base reliés à l'architecture du système sont les suivants :

• système intégré ;
Le système doit intégrer toutes les fonctions de conduite locale et centralisée, de télé-
conduite, d'automatismes et d'analyse de comportements. Ce critère ne s'applique pas aux
données d'oscilloperturbographie, cette fonction requérant encore pour le moment des
équipements spécialisés.

• système distribué et modulaire ;


La disponibilité des fonctions du système doit être maximisée par une distribution des mo-
dules de traitement afin de limiter l'impact de la panne d'un élément. L'acquisition des don-
nées doit être distribuée près des sources d'information afin de réduire la filerie dans une
installation. Les interfaces personne-machine doivent être disponible au niveau local et
centralisée.

• disponibilité d'exploitation ;

La disponibilité de la conduite de l'installation doit être maximisée par l'utilisation de matériel


fiable et de dispositifs de maintenance performants. Le matériel utilisé doit répondre aux
exigences générales de fiabilité, de maintenabilité et de performance tels que spécifiées
dans la norme SN-62.1008 d'Hydro-Québec, selon la classe et le type de matériel concer-
né. Cette norme fait largement référence aux normes CEI. Le matériel doit répondre aux
exigences de fiabilité d'exploitation (simple et double contingence) et de sécurité de fonc-
tionnement définies dans le document IEEE Std C37.1. Le système doit aussi permettre
l'identification rapide de la nature d'une panne (fonctions d'autodiagnostic).

• synchronisation.
Le temps de chaque sous-système doit pouvoir être synchronisé à une source de référence
de temps externe.

15.7.2.1.2 Description du système de conduite d'installation

Le système de conduite d'installation doit être composé des sous-systèmes suivants :

• les unités d'acquisition et de commande (UAC), munies d'une interface personne-machine


pour la conduite locale ;

• une unité de conduite centralisée (UCC) incluant l'interface personne-machine ;

page 15.90 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• une unité de téléconduite (UT) pour l'interface aux centres éloignés (CT et CCR) ainsi qu'au
centre d'analyse et de traitement (CAT) pour les besoins d'analyse du comportement de
l'installation ;

• un réseau local ;

• une horloge-de référence et un transmetteur de synchronisation pour la synchronisation du


temps des sous-systèmes ;

• un réseau de synchronisation ;

• deux imprimantes ;

• une console de programmation pour la configuration, la mise en route et l'entretien du sys-


tème.

15.7.2.1.3 Critères de configuration du système de conduite d'installation

La figure 15.4 montre l'architecture typique d'un système de conduite d'installation.

Figure 15.4 : Architecture typique d'un système de conduite d'installation

Consola de s .-
programmation \ "

L Horloge

IRIG-B

Centrales page 15.91


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les critères suivants doivent être retenus lors de la configuration du système de conduite
d'installation :

• une tranche d'équipements comprend une partie des équipements d'une installation et cha-
que tranche d'équipements est contrôlée et supervisée par un UAC ;

• le choix des équipements d'une tranche doit tenir compte :


• de l'impact sur l'indisponibilité des équipements inclus dans la tranche lors d'une panne
majeure de l'UAC,
• de l'impact sur l'indisponibilité des équipements inclus dans la tranche lors de travaux
d'entretien sur l'UAC (par exemple, les services auxiliaires c.a. ne doivent pas être com-
pris dans l'UAC du groupe turbine-alternateur) ;

• la configuration du système doit prévoir un UAC par groupe turbine-alternateur et son


transformateur élévateur (si ce dernier est alimenté par plus d'un groupe turbine-
alternateur, il doit faire partie d'une autre tranche).

Peu importe l'envergure de l'installation, il n'est pas recommandé d'inclure deux groupes tur-
bine-alternateur dans un même UAC. La faible économie sur le matériel (le nombre d'entrées-
sorties n'étant pas affecté), le coût du câblage supplémentaire (les câbles requis étant plus
longs) et l'indisponibilité des équipements en cas de panne ou de travaux d'entretien ne justifie
pas cette approche.

15.7.2.2 Tableau d'alternateur


Afin de préserver la redondance entre les circuits de commande et de protection A et B, l'as-
semblage doit être conçu de manière à ce qu'une seule source d'alimentation soit présente
dans chacun des panneaux du tableau d'alternateur.
Les protections A et B (alternateur ou transformateur élévateur) doivent être installées dans des
panneaux différents. La protection du groupe turbine-alternateur et celle du transformateur élé-
vateur peuvent être installées dans le même panneau si l'espace le permet.
En plus des protections, le tableau de l'alternateur comprend l'unité d'acquisition et de com-
mande ainsi qu'un synoptique. Ce dernier est relié à l'UAC pour le mode d'exploitation automa-
tique et directement aux circuits des équipements pour le mode manuel.

15.7.2.3 Armoire d'instrumentation

L'armoire d'instrumentation doit regrouper les boîtiers assurant le traitement des signaux de
température, de débit, de niveau, de pression et de vibration du groupe turbine-alternateur.
Les boîtiers de traitement des paramètres mesurés doivent fournir les signaux de sortie requis
pour la protection et la commande, soit les signaux 4 à 20 mA et les contacts « tout ou rien »
instantanés ou temporises.

page 15.92 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

L'armoire d'instrumentation doit préférablement être localisée à proximité du régulateur de vi-


tesse et du système hydraulique de régulation. Ainsi, la majorité des informations du groupe
sont accessibles dans la même aire de travail.
Dans l'armoire d'instrumentation, afin d'assurer une bonne mise à la terre des blindages des
câbles contenant des signaux analogiques, les principes du guide Sélection et installation des
câbles dans les centrales hydroélectriques (GTC-XVII-1) doivent être appliqués. En outre, une
attention particulière doit être apportée à la séparation physique des différents types de signaux
(faibles ou forts) entrant et sortant de l'armoire.

15.7.2.4 Cabinet du système contre-incendie de l'alternateur


Le système contre incendie de l'alternateur est un système autonome indépendant du système
d'incendie de la centrale et il est composé des éléments suivants :

• unités de zone d'alternateur ;


Ces unités, indépendantes pour chaque alternateur, sont composées des boucles de dé-
tecteurs de fumée et de chaleur. Elles comprennent aussi les circuits associés permettant
de commander l'arrosage de l'alternateur et de signaler localement le bon fonctionnement
des détecteurs ainsi que la détection d'incendie. Ces unités sont situées près de l'enceinte
de chaque alternateur et sont reliées au panneau de supervision principal.

• cabinet de commande d'arrosage ;


Ce cabinet est situé près de l'enceinte de chaque alternateur et contient la logique d'arro-
sage de l'alternateur. Cette logique peut aussi être intégrée dans les unités de zone auquel
cas le cabinet de commande d'arrosage n'est pas requis. La logique d'arrosage est décrite
en détail dans la référence 15.51.

• panneau de supervision principal.


Ce panneau est généralement .situé dans la salle de commande et il a pour but la signalisa-
tion locale de la détection d'incendie d'un alternateur ainsi que des alarmes de mauvais
fonctionnement du système d'incendie. Ce panneau peut contenir d'autres zones de détec-
tion incendie de la centrale.

15.7.2.5 Chargeurs et batteries d'accumulateurs à 125 V c.c.


En général, on doit prévoir plusieurs systèmes d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. dans une
centrale (figure 15.5). Cependant, en fonction des critères de conception, différentes configura-
tions sont possibles, soit :

• les systèmes redondants (configuration usuelle) pour la commande et la protection ;

• le système autonome pour l'amorçage des groupes turbines-alternateurs munis d'une exci-
tatrice statique (configuration usuelle) ;

• le système simple.

Centrales page 15.93


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 15.5 : Schéma d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c.

CHARGEUR CHARGEUR CHARGEUR


SYSTÈME C SYSTEME A SYSTEME B
•AMORÇAGE" 'COMMANDE ET PROTECTION- 'COMMANDE ET PROTECTION-
"cM«œûR~ fO''CHARGEUR" îi",^ "CHARGEUR" fi~ 'CHARGEUR" 7î" CHARGEUR"" ri'

~~S—
x ^'—*ft\
x || J

-™-J--ii----T-ïj__.
PANNEAU DE MESURE ET DE PERMUTATION PANNEAU DE MESURE ET DE PERMUTATION PANNEAU DE MESURE ET DE PERMUTATION
SYSTEME C SYSTEME A SYSTEME B
•AMORÇAGE" 'COMMANDE ET PROTECTION" "COMMANDE ET PROTECTION"
r n r n I I

JiQIL
1- SECTIONNEUR SERVANT AUX ESSAIS DE CAPACITÉ EN CHANTIER.

15.7.2.5.1 Systèmes redondants pour la commande et la protection

Dans le cas des systèmes redondants pour la commande et la protection, deux systèmes char-
geur-batterie pour les circuits de commande et protection (systèmes A et B) avec transfert ma-
nuel doivent être prévus, chacun pouvant alimenter toute la charge de la centrale et de son
poste élévateur de tension pendant deux heures.
Les systèmes A et B doivent aussi être dimensionnés pour pouvoir alimenter les charges de
l'onduleur raccordé au système B ainsi que le courant d'amorçage du champ de l'excitatrice
tournante principale lorsque les groupes turbines-alternateurs en sont munis.
Le système A doit donc avoir la capacité requise pour alimenter toutes les charges de com-
mande et protection de l'installation ou pouvoir alimenter toutes les charges raccordées au
système C . La batterie d'accumulateurs du système A doit être dimensionnée pour ren-
contrer le cycle de décharge le plus contraignant.

1541
Ce sujet est traité à la rubrique 15.7.2.5.2.

page 15.94 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Si la centrale est munie d'un poste élévateur de tension indépendant, un système


d'alimentation à courant continu comprenant deux systèmes chargeur-batterie pour la com-
mande et protection (systèmes A et B) doit être installé pour les charges du poste.

15.7.2.5.2 Système pour l'amorçage des groupes turbines-alternateurs

Un troisième système chargeur-batterie (système C) pour l'amorçage de tous les groupes tur-
bines-alternateurs munis d'une excitatrice statique doit être prévu. Ce système doit pouvoir être
transféré manuellement sur le système chargeur-batterie A. À cause des perturbations possi-
bles de la tension de 125 V c.c. lors de l'amorçage des groupes (chute de tension, bruits, pos-
sibilité d'endommager le chargeur de batterie lors de défaut sur le circuit d'amorçage), les
charges du système A doivent pouvoir être transférées sur le système B avant que les charges
du système C soient permutées sur le système A.
Si le poste élévateur de tension comprend des disjoncteurs munis de systèmes d'accumulation
d'énergie à mécanisme oléopneumatique et que la centrale n'est pas autonome sur le plan du
démarrage de ses groupes, l'alimentation des moteurs de réarmement doit se faire en courant
continu et le raccordement de ces charges doit se faire obligatoirement sur le système C. Les
moteurs de réarmement des disjoncteurs du poste élévateur de tension peuvent être alimentés
en courant alternatif dans les cas suivants :

• disjoncteurs munis de mécanismes à ressort ;

• disjoncteurs munis de mécanismes oléopneumatiques et dont l'alimentation en courant al-


ternatif provient du service auxiliaire de la centrale.
Toutefois, la centrale doit être autonome pour le démarrage de ses groupes et le système
d'accumulation d'énergie des disjoncteurs doit être capable de maintenir le cycle O-F-O
pendant deux heures. Cette durée correspond au temps d'autonomie des batteries d'accu-
mulateurs servant à la remise en route de la centrale.

Le système d'alimentation C n'est pas requis lorsque les groupes turbines-alternateurs sont
munis d'une excitatrice tournante principale. En effet, il est possible d'alimenter la faible charge
associée au courant d'amorçage du champ de ces excitatrices à même les systèmes déjà pré-
vus pour les charges de commande et protection. Dans ce cas, l'alimentation doit provenir du
système A par l'intermédiaire d'un bloc d'alimentation permettant d'isoler galvaniquement la
batterie d'accumulateurs du champ de l'excitatrice.
On trouvera la façon de calculer les courants d'amorçage à utiliser dans le cycle de décharge
pour l'amorçage ainsi que les caractéristiques du chargeur et de la batterie nickel-cadmium du
système d'alimentation en courant continu dans le guide technique Système d'alimentation en
courant continu pour l'amorçage des alternateurs dans les centrales (GT-XVI-14-2).

Centrales page 15.95


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.2.5.3 Système simple

Pour certaines installations de moindre envergure, un seul système chargeur-batterie est ac-
ceptable pour la centrale et lé poste élévateur de tension (figure 15.6). Le système doit avoir
une autonomie de deux heures.
Le système doit être dimensionné pour pouvoir alimenter les circuits de commande et protec-
tion ainsi que les charges de l'onduleur et le courant d'amorçage du champ de l'excitatrice tour-
nante principale lorsque les groupes turbines-alternateurs en sont munis.
Pour les installations où les groupes sont munis d'excitatrice statique, le système C est alors
requis en plus du système A et est dédié à l'amorçage des groupes.

15.7.2.5.4 Types d'accumulateurs

II faut consulter la référence 15.53 pour une description comparative des types d'accumulateur
ainsi que les cycles de décharge à considérer.
Pour les besoins de ce guide, il suffit de dire que les accumulateur du type Ni-cd sont préconi-
sées pour les applications à forts courants (amorçage du champ de l'alternateur, moteurs de
réarmement du système d'accumulation d'énergie des disjoncteurs) tandis que les accumula-
teur du type Pb-ca (avec ou sans recombinaison) sont préconisées pour alimenter les charges
de commande et protection.

15.7.2.6 Onduleur

Un onduleur est requis pour alimenter à 120 V c.a. les charges essentielles de commande et de
télécommunication. On trouvera dans la référence 15.52 les caractéristiques requises à l'on-
duleur. Ce document conclut qu'un onduleur industriel standard du marché peut être utilisé.
L'onduleur doit être branché sur la batterie B de commande et protection.

15.7.2.7 Limnimètres

Au minimum, deux systèmes limnimétriques sont prévus pour la mesure des niveaux de l'eau
en amont et en aval de la centrale. L'un est situé à la prise d'eau et l'autre, à la sortie de
l'aspirateur. Chaque armoire possède un système de détection de niveau, un dispositif
d'enregistrement ainsi qu'un transmetteur permettant l'acheminement des données à la salle de
commande et au CT.

page 15.96 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Figure 15.6 : Schéma d'alimentation auxiliaire à 125 V c.c. avec batterie et chargeur uni-
que

CHARGEUR
SYSTÈME A
"COMMANDE ET PROTECTION ET AMORÇAGE"
CHARGEUR" Jï"' C H R G R
..'Vrefl

-Q!
~ td I

PANNEAU DE MESURE ET DE PERMUTATION


SYSTEME A
"COMMANDE ET PROTECTION ET AMORÇAGE"
r 1

l'I
BATTERIE A
'CDE ET PROT.
ET AMORÇAGE'
AU
Pb-Cc

PANNEAU DE
DISTRIBUTION
PRINCIPAL
SYSTEME A
"COMMANDE ET PROTECTION ET AMORÇAGE"

ONDULEUR

NOTE:
1- SECTIONNEUR SERVANT AUX ESSAIS DE CAPACITÉ EN CHANTIER.

Selon les particularités de la centrale, d'autres limnimètres sont prévus pour fournir des infor-
mations additionnelles.

15.7.3 Agencement des salles


Cette courte rubrique fait état des exigences relatives à la disposition de certains équipements
d'automatismes dans les salles de commande et des ordinateurs.

Centrales page 15.97


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.7.3.1 Salle de commande

Lorsque la centrale est pourvue d'une salle de commande, celle-ci doit comprendre tous les af-
fichages et schémas nécessaires à l'exploitation centralisée de la centrale. En particulier, les
affichages de l'unité de conduite centralisée doivent être disposés selon l'axe longitudinal de la
centrale. La disposition des alternateurs sur le schéma unifilaire doit suivre les prescriptions de
la section 8 du BEN EX.

15.7.3.2 Salle des ordinateurs


Une salle spécifique, en général attenante à la salle de commande, doit comprendre les unités
de traitement centralisé du système informatisé de conduite. Par contre, si ces unités sont
pourvues d'interfaces personne-machine nécessaires à l'exploitation de la centrale, celles-ci
doivent être situées dans la salle de commande. Cette salle, appelée salle des ordinateurs, doit
comprendre entre autres l'unité de conduite centralisée et l'unité de téléconduite.

15.7.3.3 Salle des accumulateurs

La conception des salles d'accumulateurs est régie par le guide Salle pour équipements de
production et de transport, conception des salles des accumulateurs acide-plomb et nickel-
cadmium (GT LII-2).

15.7.4 Références

Référence 15.45 Hydro-Québec. Alimentation des charges essentielles à 120 V.c.a. et 125
V.c.c. dans les centrales et les postes de transport et de répartition. Rapport
d'étude RE-C-96-6.
Référence 15.46 Hydro-Québec., Automatisme d'arrêt-démarrage d'alternateur. Spécification
•technique SC-62.350.
Référence 15.47 Hydro-Québec. Automatisme de consigne de puissance d'alternateur. Spé-
cification technique SC-62.352.
Référence 15.48 Hydro-Québec. Automatisme de consigne de tension d'alternateur. Spécifi-
cation technique SC-62.353.
Référence 15.49 Hydro-Québec. Automatisme de consigne du limiteur d'ouverture de van-
nage d'alternateur. Spécification technique SC-62.351.
Référence 15.50 Hydro-Québec. BENEX, Besoins de l'exploitation.
Référence 15.51 Hydro-Québec. Circuits de commande du groupe turbine-alternateur. Guide
technique GT-XI-7.

page 15.98 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Référence 15.52 Hydro-Québec. Critères de conception pour l'établissement des configura-


tions de l'alimentation c.a. ondulée dans les centrales et les postes de
transport et de répartition. Rapport d'étude RE-C-97-3.
Référence 15.53 Hydro-Québec. Critères de conception pour l'établissement des configura-
tions de l'alimentation c.c. dans les centrales et les postes de transport et de
répartition. Rapport d'étude RE-C-97-4.
Référence 15.54 Hydro-Québec. Fourniture de boîtiers de relais auxiliaires de protection,'
d'automatismes de réseau, d'automatismes locaux et de commande volon-
taire d'appareils. Spécification technique SN-62.208.
Référence 15.55 Hydro-Québec. Instrumentation des paramètres mécaniques des groupes
turbines-alternateurs hydrauliques. Guide technique GT-XX-2.
Référence 15.56 Hydro-Québec. Les indications et les protections recommandées pour les
composantes mécaniques d'un groupe turbine-alternateur. Document d'en-
cadrement AP-TA-N105
Référence 15.57 Hydro-Québec. Révision des critères de conception relatifs aux circuits de
protection du groupe turbine-alternateur. Rapport d'étude RE-C-95-2.
Référence 15.58 Hydro-Québec. Système d'alimentation c.c des circuits de commande, au-
tomatismes et protection dans les centrales. Guide technique GTC-XVI-3.

15.8 Vannes et appareils de levage

15.8.1 Ponts roulants principaux

15.8.1.1 Utilisation
Chaque centrale est équipée d'au moins un pont roulant principal servant à la manutention, au
montage et à l'entretien des composants de l'ensemble turbine-alternateur. Il est toutefois de
pratique courante de faire appel à deux ponts roulants jumelés de même capacité plutôt qu'à
un seul pont roulant. Les ponts roulants servent à la construction et au montage des groupes,
car ils sont installés très tôt, dès que la structure de la centrale le permet.
Les deux ponts roulants peuvent fonctionner, indépendamment l'un de l'autre. Cependant, ils
ont une capacité nominale telle qu'après jumelage, ils peuvent déplacer le rotor de l'alternateur
à l'aide de la poutre d'équilibrage.
Dans une centrale conventionnelle, le rotor d'alternateur est la pièce qui définit la capacité du
pont roulant alors que l'arbre de la turbine définit la hauteur du pont par rapport au plancher des
alternateurs. S'il s'agit de ponts roulants jumelés, le poids de la poutre d'équilibrage est pris en
considération afin d'évaluer leur capacité.

Centrales page 15.99


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.8.1.2 Chariot

Un chariot auxiliaire d'une capacité de 25 Mg doit équiper un des ponts. Ce chariot, destiné à la
manutention des charges légères, est suspendu à une des poutres maîtresses du pont.

15.8.1.3 Normes

Les ponts roulants doivent être conformes à la norme ACNOR B-167, classe A pour le treuil
principal et classe C pour le treuil auxiliaire, et ils doivent pouvoir fonctionner dans une atmos-
phère poussiéreuse.
Les ponts doivent être conçus pour une répétition continue de cycles de fonctionnement pen-
dant une heure. Ils sont considérés comme fonctionnant sous pleine charge même lorsqu'ils
travaillent sans charge ou avec une charge partielle. Tous les mouvements doivent s'effectuer
sans à-coup et sans glissement de charge.
Les ponts doivent aussi être conçus pour résister aux charges séismiques. Ils doivent être suf-
fisamment robustes pour supporter les efforts engendrés par le couple de calage du moteur
des treuils principaux sans excéder 90 % de la limite élastique des matériaux sollicités lorsque
la charge est appliquée au centre du pont.
Les treuils doivent respecter la norme ACNOR B-167 et ANSI n° 6 relative à la conception des
ponts roulants, mais le facteur de sécurité dans les câbles est porté à 5 pour les conditions
normales de charge. Toutes les soudures doivent être faites selon la norme ACNOR W59 et
doivent être vérifiées par essais non destructifs selon l'échantillonnage imposé au devis.
La flèche des poutres maîtresses et de la poutre d'équilibrage ne doit pas excéder 1/1 000 de
leur portée lorsque le pont roulant est sous charge maximale sans impact. '

15.8.2 Ascenseurs monte-charge


Chaque centrale est équipée d'au moins un ascenseur monte-charge pour le transport du per-
sonnel et de matériel léger entre les différents planchers de la centrale. Des ascenseurs desti-
nés uniquement au personnel peuvent aussi être requis. Ces ascenseurs sont construits en
conformité avec le Code de Sécurité des ascenseurs du ministère du Travail du Québec.
La capacité est suffisante pour transporter un équipement de soudage électrique avec quatre
ouvriers et leurs outils de travail, soit une capacité minimale de 1 360 kg.
Le puits, pressurisé contre la fumée dégagée lors d'un incendie dans la centrale, doit être adja-
cent à un escalier. L'ascenseur doit desservir les niveaux suivants :

• la galerie de drainage ;

• le plancher des turbines ;

• le plancher des alternateurs ;

page 15.100 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

les mezzanines.

15.8.3 Vannes d'aspirateur

15.8.3.1 Utilisation
Les vannes sont utilisées pour isoler l'aspirateur et la bâche spirale d'un groupe du bief aval,
afin de permettre l'assèchement de la turbine et de son aspirateur à des fins d'inspection ou
d'entretien sans affecter le fonctionnement des autres turbines.

15.8.3.2 Construction
Les vannes d'aspirateur sont du type vanne batardeau, à glissement, avec plaque écran en
amont et elles peuvent être composées de plusieurs sections de hauteur à peu près égale. El-
les sont simples et ne nécessitent que peu d'entretien. L'étanchéité de la vanne s'accomplit sur
la face amont et le guidage est assuré par des sabots.
Les vannes sont assemblées en usine afin de s'assurer de la précision de la fabrication et du
bon fonctionnement de l'ensemble.

15.8.3.3 Équipement de levage et de manutention


La mise en place des sections de vanne est exécutée en écoulement nul alors que le retrait de
ces mêmes sections ne s'accomplit que lorsque l'équilibrage des pressions amont et aval est
terminé. La mise en eau de l'aspirateur s'effectue à l'aide d'un robinet monté sur la partie supé-
rieure de la vanne et actionné par le palonnier.
Deux points de levage sont requis à la partie supérieure de chaque section de vanne pour la
manutention par l'équipement de levage muni d'un palonnier.
Les vannes d'aspirateur peuvent être manutentionnées par un monorail, un pont roulant ou une
grue portique au moyen d'un palonnier. Lorsque non utilisées, les sections de vannes peuvent
être entreposées dans la partie supérieur des puits de vanne. Les équipements de levage peu-
vent aussi servir à entreposer les sections de vannes sur l'aire de stockage prévue à cette fin
sur le tablier, au besoin.
La masse d'une section de vanne d'aspirateur définit la capacité nominale de l'équipement de
levage aux crochets du palonnier, celui-ci étant solidaire du treuil, alors que la hauteur de la
section définit la hauteur de l'équipement de levage par rapport au tablier des puits de vanne.

Une fois fixés le poids et les dimensions d'une vanne ou d'une section de vanne, le concepteur
peut choisir le type d'appareil de levage approprié et fixer aussi les caractéristiques dimension-
nelles de l'environnement où seront installés ces équipements.

Centrales page 15.101


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.8.3.4 Normes et critères de calcul, de conception et de fabrication


Les normes et critères de calcul, de conception et de fabrication sont celles établies aux rubri-
ques 9.5.4 et 11.4 pour les vannes d'évacuateurs et de prises d'eau.

15.8.3.5 Conditions de chargement


Les vannes sont conçues pour résister à la pire condition des charges suivantes :

• la charge hydrostatique sur la vanne en position fermée avec le niveau aval maximal et
l'aspirateur sec ;

• le poids de la vanne ;

• les charges de levage, de frottement et de coincement ;

• les efforts résultant de la manipulation et de l'entreposage des sections de vanne.

Le cas de chargement hydrostatique ne doit pas être combiné aux charges de coincement.

15.8.4 Références
Référence 15.59 Hydro-Québec. 1994. Critères de conception de centrales. Direction Amé-
nagement de centrales, Groupe Équipement.
Référence 15.60 Hydro-Québec. 1996. Critères de conception pour la réfection de systèmes
Vanne. Guide technique GT-XXI-1. Direction Appareillage & Systèmes
VPIS, service Appareillage mécanique de la direction Appareillage & Systè-
mes VPIS.
Référence 15.61 Hydro-Québec. Réingénierie de la filière hydroélevtique. Critères de
conception pour vannes et structures hydrauliques connexes. Revue des
facteurs de sécurité en usage dans le monde et recommandations pour la
conception de nouvelles installations. Direction principale Projets d'Equipe-
ment, unité Mécanique, Structure et Architecture.
Référence 15.62 SNC-Shawinigan inc. 1997. Aménagement hydro-électrique Sainte-
Marguerite-3. Devis technique de fourniture et montage des vannes, pou-
trelles de révision et accessoires de l'évacuateur de crues.

. page 15.102 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9 Systèmes auxiliaires mécaniques


Les systèmes auxiliaires mécaniques assurent les services de support nécessaires au bon
fonctionnement des groupes et des équipements ainsi qu'à la sécurité matérielle et humaine.
Ils sont composés des systèmes suivants :

• eau de refroidissement des groupes ;

• protection-incendie ;

• eau de service, eau filtrée et eau potable :

• vidange et remplissage des groupes ;

• drainage des eaux claires ;

• drainage des eaux usées ;

• manutention d'huile lubrifiante et hydraulique ;

• air comprimé à haute pression ;

• air comprimé à basse pression ;

• chauffage, ventilation et air climatisé.

Les critères de conception décrits ci-après sont généralement applicables à une étude de fai-
sabilité relative à une centrale hydroélectrique de type conventionnel. Ils doivent être élaborés
de façon plus détaillée et plus spécifique selon le niveau de détails exigé par chaque étape de
l'étude et aussi selon la particularité du site d'aménagement.
Deux guides techniques, chacun contenant des critères de conception et des schémas de prin-
cipe normalisés, ont été émis par Hydro-Québec pour assister les concepteurs. Le premier
guide s'applique aux centrales conventionnelles (référence 15.70) et le deuxième s'applique
aux centrales à groupes bulbe (référence 15.71). En cas de contradiction, les prévisions du
présent guide ont préséance sur celles de ces références.

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Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.1 Eau de refroidissement des groupes

15.9.1.1 Problématique reliée à la moule zébrée


La moule zébrée (Dreissena polymorpha) est un mollusque d'eau douce facilement identifiable
par la présence de rayures pâles et foncées sur sa coquille (référence 15.63). Elle possède la
particularité de se coller aux parois solides et d'y rester attachée avec persistance. Caractéri-
sée par une prolifération très rapide, on la retrouve aujourd'hui un peu partout dans la partie
sud du bassin du fleuve Saint-Laurent.

15.9.1.2 Impacts de la moule zébrée


Les équipements susceptibles d'être affectés par la présence de la moule zébrée sont les sui-
vants :

• les barrages et les autres ouvrages de régulation des niveaux d'eau ;

• les vannes et les guides de vannes (béton, grilles à débris, etc.) ;

• les tuyauteries d'eau brute des centrales (réseaux de refroidissement, d'incendie, d'eau de
service, etc.), les prises d'alimentation d'eau brute, les refroidisseurs de toutes sortes.

15.9.1.2.1 Effet sur les barrages

La présence de la moule zébrée sur les équipements ou les structures en acier favorise la
corrosion. En effet, le manque d'oxygène sous les colonies de moules zébrées peut causer
l'apparition de différentiels de potentiel entre divers points d'une même structure métallique et
provoquer la corrosion. De plus, l'accumulation de matières fécales riches en produits organi-
ques produites par la moule zébrée peut créer des conditions anaérobiques propices au déve-
loppement de bactéries qui pourraient se produire sous une forme de corrosion appelée MIC
(« microbiologically influenced corrosion »).
L'impact sur le béton est moins bien connu, mais il semble que la moule zébrée en favorise la
dégradation.
La déposition d'un très grand nombre de moules zébrées à l'intérieur des vannes de barrage
alourdit ces dernières et en rend la manutention plus difficile.

15.9.1.2.2 Effet sur les équipements des centrales

L'arrivée de la moule zébrée dans les circuits d'eau brute des centrales peut en réduire
l'efficacité et même provoquer des blocages complets.

page 15.104 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La présence de la moule zébrée dans les tuyauteries affecte l'écoulement et augmente les
pertes de charge. Dans les tuyauteries à grand diamètre, cet effet n'est pas très important au
départ, mais il devient gênant lorsque les moules s'installent en colonies et réduisent le diamè-
tre des conduites. Toujours dans les tuyauteries à grand diamètre, il se peut que ce ne soit pas
la présence de la moule zébrée qui soit problématique, mais plutôt le risque de décollement de
grappes de moules qui viendraient obstruer des tuyauteries plus petites situées en aval.

Dans les circuits de refroidissement des centrales hydrauliques, la situation est aussi préoccu-
pante. Ces circuits comportent généralement des tuyauteries à petit diamètre (les refroidisseurs
eux-mêmes) qui sont très sensibles à la présence de moules adultes. L'obstruction de petites
tuyauteries peut résulter en des pertes de production importantes accompagnées de coûts éle-
vés de main-d'œuvre pour le nettoyage. Par exemple, le démontage d'un refroidisseur de palier
de butée dans une centrale hydraulique peut nécessiter plusieurs jours de travail qui sont au-
tant de pertes de production.
Dans les cas de circuits d'eau de service, les conséquences de la présence de la moule zébrée
se traduisent par des désagréments, et nécessitent le nettoyage des canalisations. Lorsque
c'est possible, les circuits d'eau de service n'étant pas de grands consommateurs d'eau, il est
souhaitable d'alimenter ces réseaux à partir d'une source d'eau traitée (en provenance d'une
municipalité, par exemple).
En ce qui concerne la protection incendie, encore une fois les tuyauteries à petit diamètre, par-
ticulièrement les gicleurs, sont à surveiller. Dans le cas de réseaux dédiés uniquement à la
protection incendie, la situation est moins inquiétante, car le renouvellement de l'eau dans les
parties en eau du circuit n'est pas très fréquent et les moules qui se seraient introduites à ces
moments risquent de mourir asphyxiées. Par contre, la présence de coquillages dans ces ré-
seaux est préoccupante, car ils peuvent venir bloquer les gicleurs lors d'un incendie.

15.9.1.3 Alimentation en eau


Le système d'alimentation doit être fiable.
Une étude sur les modes d'alimentation doit être effectuée pour choisir le plus approprié.
Le départ de l'alimentation doit comporter un dispositif de filtration approprié.
Il est recommandé d'optimiser le nombre de piquages en faisant des prises d'eau communes
aux systèmes d'eau de refroidissement, d'eau d'incendie et d'eau de service. Les prises d'eau
doivent être accessibles et, de préférence, à sec.

15.9.1.4 Pompes

Lorsque les pompes sont requises, elles auraient un avantage à être du type centrifuge, à
arbre horizontal et à double aspiration.

Centrales page 15.105


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.1.5 Débits d'eau de refroidissement


On peut estimer le débit d'eau de refroidissement d'un alternateur en supposant une élévation
de température d'eau minimale de 8 eC et un dégagement de chaleur égal à 2 % de la puis-
sance de l'alternateur.
Afin d'optimiser le débit d'eau de refroidissement, l'élévation de température d'eau doit tendre
vers la plus grande valeur possible.

15.9.2 Protection contre incendie


De façon générale, la protection incendie de la centrale est assurée par une installation à eau
avec un réseau de canalisations et de robinets armés d'incendie.
Les emplacements à risques élevés, comme ceux des transformateurs de puissance, des
transformateurs auxiliaires (lorsqu'ils sont installés à côté des transformateurs de puissance) et
des alternateurs, sont protégés par des systèmes d'extinction automatique à eau de type dé-
luge. Lorsque les conditions permettent de diminuer les risques d'incendie, les exigences de
protection pourraient être révisées.
Les aires des régulateurs de vitesse et les autres salles du bloc de service et d'administration
sont protégées, lorsque les conditions d'exploitation et le niveau de risque l'exigent, par des
systèmes de gicleurs automatiques. La salle des huiles doit être protégée conformément aux
exigences de NFPA 30 (référence 15.73).
La salle de commande, la salle des ordinateurs et la salle de télécommunication ne sont proté-
gées que par des extincteurs portatifs.

15.9.2.1 Alimentation en eau


Lorsque la pression amont n'est pas suffisante pour assurer les besoins en protection incendie,
on fait appel à une station de pompage. Une seule pompe à 100 % de la capacité établie pour
le site suffit (article 7.2.2.1 de NFPA 13). Toutefois, il est requis d'avoir deux prises d'eau com-
plètement indépendantes (article 4.2.3 de NFPA 851). Les entrées de ces dernières doivent
être munies d'un dispositif de filtration approprié.

15.9.2.2 Capacité du système


Le système doit être conçu pour fournir un débit suffisant pour la zone de protection la plus exi-
geante et pour l'utilisation de deux lances d'incendie de 2,5 po de diamètre.

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Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.2.3 Densité d'application


La densité d'application d'eau des transformateurs doit être conforme au guide technique Pro-
tection des postes et centrales contre l'incendie, les déversements d'huile accidentels et les
fuites d'huile provenant des transformateurs et inductances Shunt (GT-IX-12) avec la précision
suivante : lorsque l'équipement à protéger est à l'intérieur, la pression minimale à maintenir à la
tête d'extincteur le plus éloigné est de 140 kPa (20 Ib/po2).
Chaque alternateur est protégé par un système déluge. La densité minimale d'application d'eau
doit être de 2,5 l/s par mètre de diamètre du rotor. La densité d'arrosage de l'alternateur doit
être validé par le manufacturier.

15.9.2.4 Réseau de canalisations et de robinets armés d'incendie


Pour les centrales en surface et pour les postes extérieurs de transformation, des raccords
siamois pour boyaux de 2,5 po de diamètre doivent être prévus au site des transformateurs.
Pour les centrales souterraines, des boyaux de 1,5 po de diamètre doivent être prévus dans la
caverne des transformateurs.
Un raccord pour boyaux de 2,5 po de diamètre doit être prévu à l'entrée de l'aire de décharge-
ment pour les besoins du service d'incendie.

15.9.2.5 Extincteurs portatifs


Des extincteurs portatifs doivent être prévus aux endroits appropriés dans la centrale. L'agent
extincteur doit être compatible avec la nature du risque auquel l'endroit est exposé.

15.9.3 Eau de service, eau filtrée et eau potable


L'eau de service est prévue pour les besoins suivants :

• lavage général et lavage des filtres ;

• refroidissement des compresseurs d'air ;

• refroidissement d'air des systèmes de ventilation ;

• alimentation des unités de condensation des systèmes de climatisation du bloc de com-


mande ;

• circuit d'eau filtrée (celui-ci assure les besoins en eau potable ainsi que les besoins néces-
saires à la lubrification des joints d'étanchéité au carbone des groupes).

Centrales page 15.107


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.3.1 Alimentation en eau


L'alimentation en eau du circuit d'eau filtrée doit être fiable. Elle doit comprendre au moins deux
prises d'eau indépendantes.

15.9.3.2 Qualité de l'eau

Au départ du circuit, l'eau de service doit être filtrée par des filtres capables de retenir des par-
ticules de plus de 3 mm de diamètre.
L'eau servant aux joints d'étanchéité au carbone des groupes doit être filtrée jusqu'à
25 microns. Toute exigence plus sévère doit être justifiée.
L'eau potable doit satisfaire les exigences du règlement provincial sur l'eau potable.

15.9.3.3 Filtres
Les filtres à sable sont couramment utilisés dans les installations d'Hydro-Québec. Toutefois
des filtres motorisés de type hydraulique ont été introduits et ont bien performé.
Le type de filtres doit être choisi selon la qualité de l'eau du site.
Pour assurer un fonctionnement optimal, les filtres à sable doivent être conçus avec une den-
sité de filtration ne dépassant 2,8 l/s par m2.
Lorsque des filtres motorisés sont utilisés, il faut fournir un minimum de deux étapes de filtra-
tion, et ce, au-delà de la filtration de 3 mm décrit à la rubrique 15.9.3.2.

15.9.3.4 Eau potable


Le réseau de distribution d'eau potable doit être conforme au code de plomberie.

15.9.3.4.1 Obligations légales et réglementaires

Toute nouvelle source d'approvisionnement en eau potable, tout système de traitement, tout
réseau de distribution ainsi que toute modification de l'un ou l'autre de ces éléments, doit être
réalisé en conformité avec les dispositions légales ou réglementaires applicables.
Ainsi, jusqu'à ce qu'une disposition légale ou réglementaire indique une autre démarche, tous
les projets cités ci-dessus doivent faire l'objet d'une demande d'autorisation conformément à
l'article 32 de la Loi sur la qualité de l'environnement.

page 15.108 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Dans certains cas particuliers où les débits en cause sont relativement faibles, le ministère de
l'Environnement peut, à sa discrétion, soustraire un projet d'approvisionnement en eau potable
de l'application de l'article 32 de la loi. Dans ces cas particuliers, il est important d'obtenir une
dispense écrite de la part du ministère.

15.9.3.4.2 Règles générales

L'utilisation des services de distribution municipaux ou privés d'eau potable, lorsque ceux-ci
sont disponibles, doit être privilégiée. Le recours à ces services dispense de l'application des
règles décrites ci-dessous.
Dans un système de distribution d'eau, l'exploitant doit s'assurer de distribuer de l'eau potable,
au sens du Règlement sur l'eau potable, lorsque cette eau est destinée à la consommation
humaine. Par consommation humaine, on entend les usages suivants : eau de breuvage, soins
corporels et hygiéniques, préparation des aliments, lavage des ustensiles de cuisine, lave-yeux.
Lorsque l'utilisation des services de distribution municipaux ou privés d'eau potable ne peut être
envisagée, on doit avoir recours à un approvisionnement à partir d'une source souterraine, si le
volume d'eau que l'on peut soutirer est suffisant pour combler les besoins. En général, la qua-
lité de cette eau est plus fiable et son traitement plus simple.
Si le volume d'eau souterraine qu'on peut soutirer ne suffit pas à l'ensemble des besoins, il faut
utiliser une eau de surface (lac ou rivière) de qualité acceptable et en prévoir un traitement ap-
proprié.
Afin de satisfaire aux critères de qualité de l'eau destinée à la consommation humaine, divers
procédés de traitement ont été mis au point. Il s'agit d'en choisir un qui soit éprouvé et qui pro-
duise une eau de qualité à un coût raisonnable. Le fournisseur d'un système de traitement doit
offrir une garantie de performance de ses équipements. La performance des équipements de-
vrait être aux frais du fournisseur et être vérifiée une semaine et six mois après la mise en
route des équipements.
La Loi sur la qualité de l'environnement prévoit que l'exploitant d'un système de distribution
d'eau doit se conformer aux normes de potabilité concernant la microbiologie, la turbidité, la
présence de substances inorganiques et organiques, la présence de substances radioactives et
la concentration en chlore résiduel.

15.9.3.5 Capacité du système


La capacité du système d'eau de service doit être déterminée en évaluant les débits requis de
tous les éléments du système. Ces débits doivent être classés selon leur nature continue ou
intermittente.

Centrales page 15.109


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.4 Vidange et remplissage des groupes


Le système de vidange permet de vidanger, sur un seul groupe à la fois, les volumes d'eau
contenus dans la galerie d'amenée, la bâche spirale, le cône d'aspirateur et, au besoin, l'aspi-
rateur au complet.
L'eau évacuée d'un groupe est refoulée en aval de la centrale.
Le remplissage de l'aspirateur d'un groupe se fait par gravité à partir du côté aval.

15.9.4.1 Vidange de la galerie d'amenée


La vidange de la galerie d'amenée est faite par gravité à partir du niveau de la prise d'eau jus-
qu'au niveau du réservoir aval. L'eau passe dans la turbine si aucune limite n'est imposée sur la
vitesse de descente du niveau de l'eau dans la galerie d'amenée. Sinon, l'eau doit passer dans
une tuyauterie munie d'un orifice limiteur de débit.
Si ceci résulte en une vidange partielle de la galerie, le système de pompage (prévu pour la vi-
dange partielle des turbines) doit prendre la relève pour terminer la vidange.

15.9.4.2 Vidange partielle de la turbine


La vidange partielle de la turbine est faite par une station de pompage, à partir du niveau de
l'eau qui reste dans la conduite forcée ou dans la bâche spirale après la vidange par gravité,
jusqu'au niveau inférieur de la porte d'accès de l'aspirateur.
L'eau est refoulé en aval de la vanne d'aspirateur du groupe le plus proche de la station de
pompage. Le système doit être conçu selon les critères suivants :

• les pompes doivent être localisées dans un puisard sec séparé du puisard de drainage de
la centrale ;

• l'agencement des pompes doit permettre à celles-ci de servir de secours au système de


drainage si, pour certaines raisons, ce dernier n'est pas capable d'évacuer tout l'apport
d'eau dans le puisard de drainage (les manœuvres de vidange doivent être arrêtées et les
pompes doivent démarrer automatiquement) ;

• la tuyauterie de vidange et les pompes doivent former un ensemble hermétique n'ayant au-
cune ouverture à l'intérieur de la centrale ;

• la durée de vidange ne doit pas dépasser une demi-journée de travail du personnel d'entre-
tien.

page 15.110 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.4.3 Vidange de l'aspirateur


Lorsque la vidange de l'aspirateur est requise, elle est faite par pompage.

15.9.4.4 Évacuation des eaux de fuite et d'infiltration

Pour le cas de la vidange totale ou partielle jusqu'à l'aspirateur, l'eau provenant des fuites de
vannes (de prise d'eau et d'aspirateur) ainsi que l'eau d'infiltration provenant du rocher doivent
être évacuées d'une façon fiable et sécuritaire.

15.9.5 Drainage des eaux claires


Le système de drainage des eaux claires sert à évacuer au bief aval tous les apports d'eau qui
ne contiennent pas de matières organiques. .
Ce système peut recevoir aussi des eaux déshuilées sortant du séparateur eau-huile et des
eaux usées traitées.
\

15.9.5.1 Évacuation par gravité


Pour les centrales en surface, tout apport d'eau provenant des endroits plus élevés que le ni-
veau de l'eau dans le bief aval doit être évacué par gravité. Le drainage des eaux pluviales sur
la toiture et les renvois des planchers des alternateurs et des mezzanines se trouvent dans
cette catégorie.

15.9.5.2 Évacuation par pompage


Lorsque l'évacuation par gravité n'est par réalisable, les apports d'eau doivent être canalisés
vers un puisard duquel l'eau est évacuée par des pompes. Tous les apports d'eau devant être
pompés doivent être estimés et classés dans un tableau selon leur nature continue, intermit-
tente, urgente ou occasionnelle si le système de vidange ne sert pas de secours.
Le système d'évacuation par pompage doit pouvoir évacuer le débit calculé en toute circons-
tance.
Le volume du puisard et la capacité des pompes doivent être calculés en fonction de
l'importance relative entre les débits continus et intermittents.

Centrales page 15.111


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.5.3 Pompes de drainage et hydro-éjecteurs


Deux pompes au minimum sont requises. S'il n'y a pas d'hydro-éjecteurs et lorsqu'il y a seule-
ment deux pompes, chaque pompe doit avoir une capacité égale au débit de calcul total des
apports d'eau.
Lorsque la pression au niveau des conduites forcées est compatible avec le fonctionnement
d'hydro-éjecteurs, ces derniers doivent être prévus pour servir de secours aux pompes de drai-
nage. Dans ce cas, la capacité totale des pompes est égale au débit du calcul des apports
d'eau. La capacité totale des hydro-éjecteurs doit être égale à celle d'une pompe.
Le puisard de drainage doit être suffisamment grand pour assurer à une pompe un temps mi-
nimal de fonctionnement de 15 minutes, sans nouvel apport d'eau.

15.9.5.4 Récupérateur d'huile


Pour éliminer le plus possible les risques de laisser passer des huiles, un dispositif de récupé-
ration doit être prévu dans le puisard de drainage.

15.9.6 Drainage des eaux huileuses


Le système de drainage des eaux huileuses sert à intercepter toute fuite et tout déversement
accidentel d'huile provenant d'équipements ainsi qu'à évacuer les eaux déshuilées. Les en-
droits à considérer sont l'emplacement des transformateurs (de puissance et auxiliaires) et des
réservoirs d'huile isolante, la salle des huiles, les aires des régulateurs de vitesse et les puits de
turbine.
Ces eaux sont canalisées vers un séparateur eau-huile où l'huile est retenue ; l'eau déshuilée
est canalisée vers le bief aval.
Pour les transformateurs en surface, seulementTeffluent des bassins de retenue des transfor-
mateurs et des réservoirs d'huile isolante passe par le séparateur eau-huile installé à une ex-
trémité du site des transformateurs. L'eau sortant du séparateur s'écoule par gravité vers le bief
aval.

15.9.6.1 Séparateur eau-huile


Pour les transformateurs en surface, le séparateur eau-huile doit être localisé à une extrémité
du site des transformateurs et protégé contre le gel.

Dans la centrale, il doit être localisé autant que possible à proximité du puisard de drainage, à
un niveau tel que l'eau sortant du séparateur peut s'écouler par gravité vers le puisard de drai-
nage.

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Guide de conception des aménagements hydroélectriques

La conception du séparateur doit être conforme au guide technique Protection des postes et
centrales contre l'incendie, les déversements d'huile accidentels et les fuites d'huile provenant
des transformateurs et inductances shunt (GT-IX-12).

15.9.6.2 Drainage des bassins de retenue d'huile des transformateurs


Chacun des bassins de retenue d'huile des transformateurs doit être muni d'un tuyau de drai-
nage capable d'évacuer les débits d'eau du système déluge concerné et de deux lances d'in-
cendie de 65 mm de diamètre.

15.9.6.3 Drainage de la salle des huiles


Le plancher de la salle des huiles doit être surbaissé pour former un bassin de rétention ayant
un volume au moins égal à 110 % du volume du plus gros réservoir.
Une fosse de faibles dimensions doit être aménagée dans un coin du bassin. La fosse est mu-
nie d'un trop-plein et d'un drain de fond avec robinet normalement fermé. Le trop-plein et le
drain de fond se joignent ensemble par une tuyauterie qui se dirige vers le séparateur eau-
huile.
La tuyauterie de drainage doit être capable d'évacuer par gravité les débits du système de gi-
cleurs automatiques et de deux lances d'incendie de 38 mm de diamètre.

15.9.6.4 Drainage des aires des régulateurs de vitesse


Le plancher de chaque aire de régulateur de vitesse doit comporter un bassin de rétention
ayant un volume au moins égal à 110 % du volume d!huile contenu dans l'équipement de ré-
gulateur de vitesse.
Le drainage des aires des régulateurs de vitesse doit se faire de la même manière que celui de
la salle des huiles.

15.9.6.5 Drainage de l'atelier mécanique


La tuyauterie de drainage de l'atelier mécanique doit être capable d'évacuer par gravité les dé-
bits d'eau du système de gicleurs automatiques et d'une lance d'incendie de 38 mm de diamè-
tre.

15.9.7 Drainage des eaux usées


On entend par eaux usées, les eaux contenant des matières organiques provenant des renvois
des appareils sanitaires.

Centrales page 15.113


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le système de drainage des eaux usées sert à canaliser les eaux sanitaires vers une fosse
septique avant d'être acheminées vers un traitement secondaire.

15.9.7.1 Bassin de neutralisation


La capacité du bassin de neutralisation des eaux acides doit être de 2m3. Ce volume est établi
en supposant une durée d'arrosage de 15 minutes d'une douche d'urgence.

15.9.7.2 Fosse septique


Le traitement des eaux sanitaires doit être un traitement anaérobique, effectué au moyen d'une
fosse septique.
La capacité de la fosse septique doit être calculée en fonction de l'occupation réelle et d'une
fréquence de vidange minimum de 5 ans.
La fosse septique doit être d'un type approuvé par le ministère de l'Environnement du Québec.
Le débit d'évacuation des eaux sanitaires de la fosse septique doit correspondre au débit établi
selon la somme des charges hydrauliques de tous les appareils sanitaires.
Le traitement secondaire sert à traiter les eaux sortant de la fosse septique. Le procédé de
traitement peut être choisi selon les conditions du site.

15.9.8 Manutention d'huile lubrifiante et hydraulique


Le système de manutention d'huile isolante doit être conçu en fonction des besoins de
l'installation.
Le système de manutention d'huile lubrifiante et hydraulique remplit les fonctions suivantes :

• entreposer les huiles ;

• alimenter en huile les paliers et les équipements des régulateurs de vitesse des groupes ;

• évacuer l'huile des paliers et des régulateurs de vitesse ;

• purifier l'huile.

Les composants du système doivent être choisis en fonction des conditions d'exploitation du
site. Le système comprend réservoirs, pompes et purificateur.

15.9.8.1 Réservoir d'huile

Chaque réservoir doit pouvoir contenir tout le volume d'huile d'un groupe.

page 15.114 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Le choix d'un volume standard pour ces réservoirs doit aussi tenir compte de la capacité du ré-
servoir du camion-citerne chargé de la livraison d'huile.
Les réservoirs d'huile doivent être installés dans une salle bien ventilée. Le plancher de la salle
des huiles doit être surbaissé pour former un bassin de rétention ayant un volume au moins
égal à celui de deux réservoirs.
Les évents normaux des réservoirs d'huile doivent comporter des pare-flammes, le tout débou-
chant à l'extérieur de la centrale.

15.9.8.2 Pompe fixe et pompe mobile


La pompe fixe et la pompe mobile doivent être du type à vis ou à engrenages. Elles doivent
avoir une capacité suffisante pour remplir un réservoir en deux heures, la température de calcul
de l'huile étant de 169C.
Pour fin d'uniformisation, la capacité de ces pompes doit être de 2 l/s si le volume des réser-
voirs d'huile ne dépasse pas 22,50 m3.
Les moteurs électriques de ces pompes doivent être de type antidéflagrant.

15.9.8.3 Purificateur d'huile

Le purificateur d'huile doit être autonome et monté sur un chariot. Le vide dans le dégazeur est
maintenu à l'aide d'une pompe à vide.
Pour une fin d'uniformisation, la capacité du purificateur d'huile doit être de 2,30 m3/h.

15.9.9 Air comprimé à haute pression


Le système d'air comprimé à haute pression sert à alimenter les réservoirs oléopneumatiques
et les systèmes de freinage des groupes.
Le système comprend essentiellement deux compresseurs à 6,90 MPa, une réserve d'air géné-
rale de 6,90 MPa, des postes de réduction de pression, un réservoir d'air de freinage de
860 kPa, un collecteur d'alimentation d'air de régulateurs à 4,20 MPa et un collecteur d'alimen-
tation d'air de freinage à 860 kPa.

15.9.9.1 Réserve générale d'air


La pression de la réserve générale d'air doit être de 6,90 MPa.

Centrales page 15.115


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.9.2 Compresseurs d'air


Un minimum de deux compresseurs d'air de 6,90 MPa est requis.
Ces compresseurs doivent remplir en fonctionnement simultané une recharge initiale d'un ré-
servoir oléopneumatique en trois heures.

15.9.9.3 Air de freinage


La pression de stockage de la réserve d'air de freinage doit être de 860 kPa.et la pression mi-
nimale du système de 690 kPa.
Le volume du réservoir doit être suffisant pour assurer, sans nouvel apport d'air, un freinage
simultané de tous les groupes de la centrale.
L'air de freinage des groupes doit être muni d'une alimentation de secours assuré par le sys-
tème d'air comprimé à basse pression.

15.9.9.4 Tuyauterie

Pour fin d'uniformisation, le diamètre des collecteurs d'alimentation des groupes doit être de
50 mm.

15.9.10 Air comprimé à basse pression


Le système d'air comprimé à basse pression est prévu pour alimenter les joints de service des
groupes et des outils pneumatiques nécessaires aux travaux d'entretien de la centrale. Ce
système assure aussi une alimentation de secours aux circuits d'air de freinage des groupes.
Le système comprend essentiellement deux compresseurs d'air de 860 kPa, un réservoir de
stockage et un réseau de distribution.

15.9.10.1 Compresseurs d'air


Deux compresseurs de 860 kPa sont requis pour assurer la fiabilité du système.
Dans le cas où il est possible de louer un compresseur, un seul compresseur permanent est
requis.
Pour minimiser le niveau du bruit et des vibrations, le ou les compresseurs permanents sont
être de type à vis.

page 15.116 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.10.2 Réservoir d'air

Pour fin d'uniformisation, le volume de ce réservoir est fixé à 2,0 m3.


Lorsqu'un seul compresseur permanent est prévu, le réservoir d'air doit être alimenté par le
système à haute pression en cas d'intervention exceptionnelle de courte durée pour entretien.

15.9.10.3 Réseau de distribution

Des postes d'air de 20 mm de diamètre doivent être prévus dans les salles d'équipements et
aux endroits suivants :

• cavernes des transformateurs si la centrale est souterraine (un par groupe) ;

• plancher des alternateurs (deux par groupe et quatre à l'aire de montage) ;

• plancher des turbines (deux par groupe dont un de 50 mm de diamètre pour l'accès au puits
de turbine) ;

• plancher des aspirateurs (deux par groupe dont un de 50 mm de diamètre pour l'accès à
l'aspirateur).

Pour fin d'uniformisation, le diamètre de la boucle d'alimentation doit être de 50 mm.

15.9.11 Chauffage, ventilation et climatisation


Les systèmes de chauffage, ventilation et climatisation sont prévus pour maintenir dans la cen-
trale une atmosphère saine et une température adéquate. En cas d'incendie, ces systèmes as-
surent une évacuation efficace de la fumée et, en même temps, une pressurisation dans les
puits d'escalier et dans l'espace destiné à l'évacuation du personnel.

15.9.11.1 Unités de traitement d'air

Le type de système à utiliser pour l'admission d'air neuf et l'évacuation de chaleur produite
dans la centrale doit être évalué selon l'encombrement et la difficulté d'agencement des systè-
mes et autres considérations d'entretien et d'exploitation.

15.9.11.2 Débit d'air neuf

Le débit d'air neuf introduit dans la centrale doit être évalué en tenant compte des points sui-
vants :

• des besoins en air neuf du personnel d'exploitation ;

Centrales page 15.117


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• de la nécessité d'éliminer l'humidité et les gaz nocifs définis par le Règlement sur la qualité
du milieu de travail (référence 15.76) ;

• des infiltrations au travers des portes, des fenêtres, des registres, des cabanons et de toute
autre ouverture.

Pour la salle des machines seulement, en l'absence des paramètres précis permettant d'éva-
luer le débit d'air frais, on peut considérer un taux variant entre 0,25 et 0,33 de changement
d'air à l'heure en se basant sur une hauteur de 3,6 m.

15.9.11.3 Températures de conception


Les valeurs de température extérieure de conception sont basées sur une occurrence de
2,5 %.
La température ambiante à maintenir dans la centrale, pendant l'été, doit être calculée en fonc-
tion de la température extérieure avec un différentiel de 8 QC maximum. Cependant, cette va-
leur ne doit pas excéder 35 eC (WB 29,4°C, catégorie travail moyen).
La température ambiante à maintenir dans la centrale pendant l'hiver est de 18 9C.
Lorsque la centrale est à l'arrêt, les systèmes doivent être conçus pour maintenir une tempé-
rature minimale de 5 2C.
Les températures des salles stratégiques suivantes doivent respecter les valeurs énoncées ci-
dessous :

Localisation Température (BC)


maximale minimale
Salle des onduleurs 30 18
Salle des accumulateurs 30 20
Salle de commande, d'ordinateur, de télécommunication et bu- 25 21
reaux occupés en permanence

15.9.11.4 Ventilation de la salle des accumulateurs

La salle des accumulateurs doit être ventilée mécaniquement et maintenue en légère dépres-
sion.
En plus des exigences définies dans la référence 15.67[55], il faut prévoir une alarme locale vi-
suelle (lampe stroboscopique) de défaillance du système, à l'extérieur de la salle.

1551
Des modifications ont été apportées à ce guide : la puissance de chauffage sera calculée pour maintenir 20 SC
au lieu de 25 9C avec une fréquence de 2,5 % au lieu de 1 % (article 6.2, page 7) et la température intérieure de
conception est de 30 BC au lieu de 40 9C.

page 15.118 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.11.5 Évacuation
L'évacuation des salles des huiles, des hottes fixes de soudure et des toilettes doit être ache-
minée vers l'extérieur de la centrale ou vers tout endroit spécifiquement conçu à cet effet.

15.9.11.6 Récupération de chaleur


Lorsque la chaleur sensible de l'air d'évacuation dépasse 300 kW, il faut envisager l'implanta-
tion d'un système de récupération de chaleur pour préchauffer l'air neuf.
Une analyse technoéconomique doit être réalisée pour établir la rentabilité d'un tel système.
Cette analyse doit tenir compte des coûts d'entretien de l'équipement.

15.9.11.7 Circuits d'urgence


Les circuits d'urgence doivent remplir les fonctions suivantes en cas d'incendie :

• pressuriser les puits d'escaliers et les passages destinés à l'évacuation du personnel ;

• évacuer la fumée à l'extérieur de la centrale tout en empêchant la propagation de la fumée


dans les zones non affectés par l'incendie.

Les circuits d'évacuation de fumée doivent être prévus pour les endroits suivants : salle des
machines, caverne des transformateurs et galerie des barres blindées, s'il y a lieu.
Pour les centrales souterraines, la galerie d'accès et la galerie de sortie de secours doivent être
ventilées dans le sens inverse au sens de sortie.

15.9.11.8 Circuits de climatisation du bloc de commande


La salle de commande, la salle d'ordinateurs et la salle de télécommunication doivent être cli-
matisées à l'aide d'un système autonome de climatisation.
Tous les réfrigérants halogènes utilisés doivent être conforme aux exigences du protocole de
Montréal.

Un circuit d'alimentation d'air neuf indépendant de celui de la centrale et deux climatiseurs dont
un en attente doivent être prévus pour assurer la fiabilité du système.
Il est interdit d'installer de nouveaux équipements employant des CFC comme réfrigérants. Il
faut opter pour des appareils contenant des réfrigérants à potentiel d'appauvrissement de la
couche d'ozone (PACO) faible ou nul.

Centrales page 15.119


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

15.9.12 Système de surveillance permanente des équipements


Afin de répondre à la nouvelle orientation d'une maintenance juste à temps, un système de sur-
veillance permanente est prévu. Un cahier de charge définissant l'orientation de la direction
ESTP sera disponible cet été.

15.9.13 Références
Référence 15.63 Hydro-Québec. 1996. Évaluation des méthodes de contrôle de la moule zé-
brée. Direction Maintenance des équipements et Sécurité des barrages.
33 pages et annexes.
Référence 15.64 ASHREA Handbooks (Fundamentals, Applications, Systems and equipment)
Référence 15.65 Code national du bâtiment - Canada 1995
Référence 15.66 Code de plomberie provincial. Août 1995.1-12.1, r. 1.
Référence 15.67 Hydro-Québec. 1997. Conception des salles des accumulateurs acide-
plomb et nickel-cadmium. GT-LII-2.
Référence 15.68 Hydro-Québec. 1995. Protection des postes et centrales contre l'incendie,
les déversements d'huile accidentels et les fuites d'huile provenant des
transformateurs et inductances shunt. GT-IX-12.
Référence 15.69 Hydro-Québec. 1994. Critères de conception des aménagements hydroé-
lectriques. Direction Aménagement de centrales.
Référence 15.70 Hydro-Québec. Guide de conception, critères de conception des systèmes
pour centrales à groupes bulbe. GTC XXIII-2
Référence 15.71 Hydro-Québec. Guide de conception, critères de conception des systèmes
pour centrales conventionnelles. GTC XXI11-1
Référence 15.72 Hydro-Québec. Ré-ingénierie de la filière hydroélectrique, mandat «guide de
conception - systèmes auxiliaires mécaniques». Exercice 1997.
Référence 15.73 NFPA 30 Flammable and combustible liquids code.
Référence 15.74 NFPA 851 Recommended practice for fire protection for hydroelectric gene-
rating plant (incluant 13,14, 15, 20, 72...).
Référence 15.75 Proposée/ changes to NFPA 851 (section 5-3) from NFPA task group on Ge-
nerator Pit and Windings. 1994.
Référence 15.76 Règlement sur la qualité du milieu de travail. S 2.1 -r.15.

page 15.120 Centrales


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

16 Ouvrages de restitution

16.1 Généralités
L'ouvrage de restitution relie la sortie des turbines au lit du cours d'eau aménagé. Dans le cas
d'une centrale souterraine, il comprend un collecteur et une galerie de fuite.

16.2 Collecteur
Le collecteur constitue un. élément de raccordement dans le cas où les eaux de plus d'un
groupe sont acheminées vers une même galerie de fuite. Comme pour le répartiteur, ses di-
mensions sont déterminées principalement par celles des éléments à raccorder. Sa hauteur
doit être suffisante, de façon à éviter la submersion des équipements qui s'y trouvent en consi-
dérant, lors de l'étude de faisabilité, les oscillations du niveau de l'eau produites par les ma-
nœuvres enchaînées des groupes. Lorsque la galerie de restitution est en charge, le collecteur
joue le rôle de chambre d'équilibre.

16.3 Galerie de fuite


Le principal critère hydraulique concernant la galerie de fuite est la vitesse économique qui est
de l'ordre de 2,2 à 3,0 m/s pour une galerie non revêtue. Dans la plupart des cas, il s'agit d'une
galerie en D du même type que pour la galerie d'amenée et les dimensions maximales sont les
mêmes. À partir de certaines considérations, telles les fluctuations du niveau de l'eau en aval,
on peut envisager des conditions d'écoulement en charge (lors de la crue de 1 :1 000) ou à la
surface libre. La conception de la galerie est généralement faite de manière à éviter l'alternance
de ces conditions d'écoulement (en charge et à surface libre).
Pour le dimensionnement de la galerie et du canal de fuite, le calcul du niveau d'eau maximal
doit tenir compte de surélévations créées :

• par les ondes dites de Favre, qui précèdent les ondes d'intumescence (elles ont une am-
plitude égale parfois à celle des ondes d'intumescence, mais elles sont de plus courte du-
rée) ;

• par l'onde d'intumescence provenant du délestage de la centrale.

Le calcul de l'amplitude maximale des ondes d'intumescence peut être effectué à l'aide de mo-
dèles numériques. Un calcul sommaire en est exposé à la référence 16.1.
Dans tous les cas, il faut considérer différentes combinaisons de délestage de la centrale et de
reprise en charge des groupes, comme pour la conception de la chambre d'équilibre.

Ouvrages de restitution page 16.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Une étude d'optimisation semblable à celle prévue pour la galerie d'amenée (rubrique 12.2) et
en tenant compte du coût des ouvrages de protection additionnelle en regard des risques asso-
ciés doit être réalisée pour déterminer les dimensions de la galerie et du canal de fuite.
De plus, pour éviter l'accumulation d'air dans la section de (a calotte de la galerie de fuite située
en aval de la chambre d'équilibre, la pratique courante exige une pente descendante de l'ordre
de 5 %. La partie descendante de la calotte procure une superficie additionnelle lors de l'abais-
sement du niveau de l'eau, atténuant ainsi les oscillations dans la chambre.

16.4 Autres considérations


Les autres considérations, géologiques et structurales, sont les mêmes que pour les autres ou-
vrages, tels que les galeries d'amenée.

16.5 Références
Référence 16.1 Chow, V.T. 1959. Open Channel Hydraulics. McGraw-Hill Book Company
Inc.

page 16.2 Ouvrages de restitution


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

17 Dérivations provisoires

17.1 Généralités
La dérivation provisoire doit assurer, avec certains risques calculés, une protection adéquate
des sites pour la construction à sec des ouvrages.
La dérivation provisoire est essentiellement un ouvrage permettant de canaliser temporaire-
ment les eaux d'écoulement naturel pendant la construction des ouvrages permanents. Ces
derniers, dans certains cas, peuvent aussi être utilisés à cette fin. Lorsque les conditions le
permettent, il peut être avantageux d'utiliser le canal de l'évacuateur comme dérivation tempo-
raire en prévoyant une construction par phases. D'autres formules sont aussi possibles, telle
l'utilisation d'une section d'un barrage-poids qui ne serait bétonnée qu'à la fin des travaux. L'uti-
lisation des pertuis de fond, dans la mesure où ils sont requis d'une façon permanente, peut
aussi se révéler une solution économique. Enfin, on peut avoir recours à une galerie tempo-
raire.

17.2 Débit de dimensionnement


On détermine le débit de dimensionnement de la dérivation en tenant compte de l'envergure
des travaux, des dommages qui résulteraient de l'inondation, d'une enceinte de construction et
de la durée de protection requise. On choisit donc d'accepter un risque de dépassement de la
crue printanière ou d'été-automne, la plus élevée des deux, de l'ordre de 5% lors de la
conception pour toute la durée d'utilisation de la dérivation. Les périodes de récurrence sont
de 20, 40 et 60 ans en fonction d'une durée de protection requise respectivement de 1, 2 ou
3 ans.
Une étude de risque économique plus complète peut être requise pour effectuer le choix du
débit de dimensionnement des ouvrages temporaires à l'étape d'ingénierie. Celle-ci fait interve-
nir les possibilités de gestion, les risques de dépassement et de pertes matérielles ainsi que les
conséquences en cas de débordement.
Lorsqu'il s'agit d'un site où les apports sont régularisés par un réservoir situé en amont, il de-
vient opportun d'en tenir compte. On doit donc considérer que le volume d'emmagasinement
disponible permet l'étalement de la crue, ce qui suppose des études de laminage. Contraire-
ment au cas usuel où on s'intéresse surtout à la pointe, on doit ici évaluer les volumes d'ap-
ports et envisager différents cas d'hydrogrammes. Lorsqu'il s'agit d'une rivière déjà aménagée,
ou qu'elle fait partie intégrante d'un complexe, on doit s'assurer que le mode de gestion préco-
nisé est raisonnablement réalisable.

Dérivations provisoires page 17.1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

17.3 Critères d'optimisation


Les dimensions des ouvrages de dérivation (canal ou galerie) sont obtenues par des études
d'optimisation lors de l'étude de faisabilité et de la phase projet où l'on considère les coûts
combinés de ces ouvrages et du batardeau amont ainsi que la durée de réalisation. Par exem-
ple, il peut être très avantageux d'utiliser un écran au batardeau amont au lieu d'un tapis (éco-
nomie de deux ans à Manic-3). Dans certains cas, le batardeau amont est partiellement intégré
au barrage. Son coût est alors réduit de façon importante. Les extrémités des galeries de déri-
vation se prolongent généralement en canaux. La localisation de la jonction de ces éléments
repose sur des critères économiques. On doit cependant assurer une couverture de rocher
égale à 1,5 fois la hauteur de la galerie (mesuré verticalement ou obliquement, selon le cas le
plus défavorable).

17.4 Conditions d'exploitation


Au débit de conception, la galerie coule en charge. Le niveau amont se trouve alors contrôlé
par le niveau aval, les pertes de charge en conduite et autres pertes locales (entrée, sortie,
courbes, etc.). Dans certains cas, la dénivelée peut être limitée pour tenir compte du risque
d'érosion des massifs de coupure.
Pour les débits intermédiaires, la galerie se dénoie et l'écoulement se fait à surface libre. Le ni-
veau de l'eau en amont est alors contrôlé par le seuil du canal d'amenée. Cette condition se
présentant lors de la coupure de la rivière, le calage et la largeur de ce seuil doivent être choi-
sis pour faciliter les opérations de coupure. La dénivelée entre le niveau de l'eau en amont et
en aval du massif de coupure doit être limitée (environ 2 à 3 m) afin que la dimension maximale
des enrochements du massif, au moment de la coupure, demeure acceptable. On doit donc te-
nir compte des caractéristiques des matériaux disponibles et de l'équipement utilisé lors des
travaux de fermeture. Dans le cadre des travaux du complexe La Grande, cette dénivelée a
atteint de 4 à 5 m. La dimension des enrochements requis était de l'ordre de 1,5 m. L'épaisseur
minimale de rocher laissée entre le canal et les autres ouvrages (batardeau aval en particulier)
est de 20 m.
La courbe de tarage est évaluée par un calcul classique de courbe de remous, en considérant
une surexcavation moyenne des parois de 25 cm et un coefficient de Manning de 0,033. Un
coefficient de Manning de 0,030 peut être utilisé pour le calcul des lignes d'eau des dérivations
si on considère les dimensions nominales de la galerie (sans hors profils). Pour fin de calcul,
les coefficients de perte singulière à l'entrée et à la sortie de la galerie (K), rapportés à l'énergie
cinétique en galerie, sont respectivement de 0,5 et de 0,8. On peut considérer, en première ap-
proximation, que ces valeurs incluent les pertes dans les canaux, lorsque ceux-ci sont de lon-
gueur réduite.
La galerie doit finir par être dimensionnée de façon à permettre le passage des matières soli-
des (billes, débris, glaçons) de grandes dimensions et de grands débits, pour éviter la conges-
tion par embâcle qui pourrait causer l'inondation du chantier. À l'étude de faisabilité, on peut ré-
aliser des simulations par modèles numériques en s'inspirant de cas vécus.

page 17.2 Dérivations provisoires


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

À l'étape d'ingénierie, on réalise au besoin une étude détaillée sur modèle réduit. En fonction
de la gravité des problèmes, on peut utiliser des solutions comportant, par exemple, une esta-
cade amovible située dans le bief amont dont le débit et les niveaux sont contrôlés par des
vannes placées à l'entrée de la galerie.

17.5 Galeries
De façon courante et pour des considérations pratiques de construction, on adopte une section
en D pour les galeries de dérivation. Comme pour les galeries d'amenée, les dimensions
maximales pour la base et la hauteur sont respectivement de 16 et 20 m. Dans la mesure où la
qualité du roc le permet, aucun recouvrement de paroi n'est envisagé et la vitesse maximale
d'écoulement est fixée à 14 m/s.
Le calage de la galerie et la longueur des canaux d'approche et de fuite, dont la pente du radier
est limitée à 15 % pour fins de construction, sont fixés de façon à assurer un recouvrement mi-
nimum de roc sain au-dessus de la voûte habituellement égal à 1,5 fois la hauteur de la galerie.
Après la fermeture de la dérivation provisoire, la galerie est obturée d'une façon permanente au
moyen d'un bouchon monolithique de béton. La conception de ce bouchon considère qu'à l'état
d'équilibre, la résultante des efforts de cisaillement à la surface de contact est égale à la com-
posante horizontale de la poussée hydrostatique agissant sur le bouchon..
La longueur du bouchon ne doit jamais être inférieure à la moitié de son diamètre équivalent.

17.6 Portails
Le portail d'entrée de la galerie est muni d'une structure de béton destinée à recevoir les van-
nes de fermeture de la dérivation. Cette structure comprend essentiellement une entrée profilée
avec ou sans pilier central, les rainures de vannes, les reniflards et les assises de tours métalli-
ques destinées à supporter les vannes et leurs treuils.
La cote de la plate-forme supérieure doit permettre l'installation des tours au cours de la saison
précédant la fermeture de la galerie ainsi que l'obturation en toute sécurité des reniflards dans
les heures suivant cette fermeture.
Les fermetures étant généralement prévues en saison froide, les pièces encastrées sont
chauffées.

Dérivations provisoires page 17.3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

17.7 Batardeaux
Différents types de batardeaux peuvent être utilisés pour permettre la dérivation d'une rivière et
l'assèchement de son lit dans la zone où seront érigées les structures de retenue. Les batar-
deaux sont généralement composés d'un remblai en enrochement dont on recouvre la pente
située du côté du plan d'eau d'un sol imperméable en partie déversé dans l'eau, soit jusqu'à un
niveau situé à 1,5 m au-dessus du plan d'eau, et en particulier, là où l'enceinte à assécher est
exiguë, des cellules ceinturées de palplanches peuvent être utilisées pour compléter la ferme-
ture du système de batardage. .
Le batardeau constitué d'un seul massif d'enrochement est parfois remplacé par deux remblais
jumelés dont le matériau imperméable est placé entre deux massifs d'enrochement construits
en parallèle. Ce mode de batardage présente l'avantage de protéger la zone étanche contre
l'érosion dans le cas d'une dérivation courte. Le nettoyage des matériaux perméables entre les
deux massifs doit cependant se faire avec beaucoup de soin pour que ce type de batardeau
soit efficace. Une variante consiste à remblayer la portion centrale avec un sol granulaire et à y
introduire ensuite une paroi moulée qui a l'avantage de pouvoir traverser aussi tout horizon
perméable présent sous le remblai.
En général, le remblai des batardeaux (amont ou aval) doit être le plus possible intégré à celui
du barrage pour en réduire la masse. Par ailleurs, la zone de transition prévue entre l'enroche-
ment et le sol imperméable peut être remplacée par un géotextile approprié. Il est aussi à noter
que la pente d'équilibre d'un till déversé dans l'eau peut être aussi douce que 8H : 1V.

17.8 Critères mécaniques


\
L'équipement mécanique de la dérivation provisoire doit comprendre, pour chaque pertuis, une
vanne actionnée par un treuil à câble. À l'exception du treuil dont peut être munie chacune des
vannes, il n'y a aucun appareil de levage permanent. Lorsqu'il y a plusieurs vannes, il est géné-
ralement prévu de déplacer, au moyen d'une grue mobile, le treuil d'une vanne à l'autre pour
les fermer en séquence lorsque la vitesse de remplissage du réservoir le permet. Le treuil est
alors récupéré ainsi que certaines structures de support.
Le treuil doit être composé d'un ou deux tambours selon l'entraxe des moufles à la vanne. Un
câble d'acier est passé dans chaque moufle pour entraîner la vanne. Lorsque le treuil sert à
plusieurs vannes, les moufles inférieurs sont amovibles et peuvent être détachés de la vanne.
L'arbre des moufles amovibles de la vanne doit être la tige d'un vérin hydraulique afin que le
démouflage s'exécute sans qu'il n'y ait d'intervention humaine sur la vanne.
Lorsque le poids total de la vanne est considérable, il est alors proposé que la vanne soit fabri-
quée en sections reliées entre elles au chantier. Cette manière de réaliser et d'entretenir les
vannes de dérivation s'inscrit dans les pratiques usuelles des aménagements d'Hydro-Québec
où les sections de vanne sont boulonnées et soudées.
La dérivation comporte toujours une seule de paire de rainures par vanne de coupure. Le nom-
bre de passages hydrauliques et le dimensionnement des vannes doivent être déterminés pour
le débit à dériver lors des travaux de construction des ouvrages permanents.

page 17.4 Dérivations provisoires


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

Les vannes ne sont pas chauffées, mais les treuils à câble doivent l'être afin d'éviter la conden-
sation. Puisque les treuils sont montés sur un portique unique ou multiple, dans un abri rudi-
mentaire non chauffé enjambant chaque pertuis, des éléments chauffants doivent être installés
dans l'huile du réducteur de vitesse et dans le moteur électrique. Les freins du treuil et le centre
de commande des moteurs doivent aussi être chauffés.

17.9 Débit réservé


Les informations relatives au débit réservé sont fournies à la rubrique 2.7.

Dérivations provisoires page 17.5


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

18 Infrastructures

18.1 Routes permanentes et réglementées


Les critères de conception utilisés pour les routes permanentes sont ceux du ministère des
Transports du Québec. Les vitesses de conception peuvent varier entre 80 et 100 km/h, tandis
que les vitesses affichées sont généralement limitées à 70 ou 90 km/h, selon l'importance des
aménagements. La surface de roulement peut varier de 6,0 à 7,0 m et les accotements peu-
vent varier de 1,8 à 2,3 m. Dans le cas où des quantités importantes de déblais et de remblais
sont en cause, la géométrie horizontale et verticale peut être modifiée pour une classe de route
retenue.
La capacité portante de la route est celle du système routier provincial et la conception des
ponts est fonction du poids (généralement celui des transformateurs de puissance) et des di-
mensions des pièces (rotor d'alternateur) les plus contraignantes de l'aménagement.

18.2 Chemins d'accès non réglementés


Hydro-Québec se propose d'utiliser des chemins forestiers pour réaliser divers ouvrages hy-
droélectriques. Présentement, il n'y a aucune réglementation sur les chemins forestiers. Quel-
ques articles du Code de la sécurité routière seront probablement en vigueur à partir du
1er avril 1999 sur les routes sous l'administration du ministère des Ressources naturelles (voir le
Guide de signalisation routière sur les terres et dans les forêts du domaine public). Parmi ces
articles, on trouve l'article 328 sur la limite de vitesse sur les chemins en gravier. Les chemins
forestiers sont conçus par des forestiers pour répondre à leurs besoins. Ces chemins ne sont
pas soumis aux normes provinciales régissant les dimensions et le poids d'un véhicule. Les
ponts ont une largeur carrossable de 4,3 m.
Pour chaque chemin considéré, des vérifications sur le terrain sont nécessaires pour évaluer,
s'il y a lieu, les correctifs à apporter pour s'assurer d'un maximum de sécurité pour les travail-
leurs. Les correctifs peuvent consister à du déboisement pour augmenter la visibilité, à des
corrections en plan et profil, à l'élargissement de la plate-forme pour obtenir des dégagements
normalisés, au drainage, au rechargement, etc. Sans s'y limiter, les points suivants doivent être
traités :

• classification du chemin forestier en fonction de son débit journalier moyen annuel (J.M.A.)
et validation de sa vitesse de conception ;

• établissement d'une section transversale en tenant compte de la largeur dés camions fo-
restiers qui y circulent ;

• conformité de la signalisation routière avec le Guide de signalisation routière sur les terres
et dans les forêts du domaine public ;

19 : Infrastructures page 18-1


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

• validation des normes d'entretien d'été et d'hiver conformément aux ouvrages routiers du
ministère des Transports ;

• utilisation des ponts à une voie ;

• entente au préalable avec le responsable régional du ministère des Ressources naturelles


et le représentant des bénéficiaires de contrats d'approvisionnement et d'aménagement fo-
restier (CAAF) dans une aire commune.

La lisière de l'emprise de la route devra être exempte de tout débris, surplus de matériaux de
terrassement ou d'arbres endommagés. À cette fin, il faut déterminer la largeur de l'emprise
d'une route en fonction de la pente latérale des déblais ou remblais requis pour la construction
de cette route.

18.2.1 Trouées de déblayage


Les trouées de déblayage sont destinées à recevoir les déchets ligneux et les déblais impro-
pres à la construction de la route. Ces trouées doivent être préalablement déboisées s'il y a
lieu.
Il faut établir les trouées jugées nécessaires en alternance de part et d'autre de la route, de
préférence perpendiculairement à celle-ci. La lisière des trouées doit être régulière. Leur lar-
geur ne doit pas excéder 10 m sur les 20 premiers mètres. Quand la route passe près d'un lac
ou d'une rivière, la trouée doit être aménagée du côté opposé au plan d'eau.
Dans la mesure du possible, il faut réutiliser les déblais impropres à la construction de la route
pour le réaménagement des pentes et des aires perturbées par les travaux. Parfois, on doit
transporter les déblais dans une aire d'élimination des déblais plutôt que dans les trouées de
déblayage afin de préserver la qualité du paysage.

18.2.2 Proximité des lacs et des cours d'eau


II faut conserver une bande d'au moins 60 m entre la limite des hautes eaux et l'emprise de la
route. Sur de courtes distances et pour des raisons techniques ou esthétiques, la distance de
60 m peut être diminuée, mais seulement sur une longueur ne dépassant pas 300 m.
Les approches des ponts ou des ponceaux ne doivent jamais rétrécir le lit du cours d'eau de
plus de 20 % à moins que ces aménagements soient calculés selon les règles mentionnées
dans l'article 26 du Règlement sur les normes d'intervention dans les forêts du domaine public.
Il faut choisir le site le plus approprié à la traversée et s'assurer qu'elle est, dans la mesure du
possible, perpendiculaire au lit du cours d'eau. La traversée à gué est interdite.

page 18-2 19 : Infrastructures


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

18.3 Accès aux centrales


Les accès aux centrales externes conservent le plus possible les mêmes caractéristiques (lar-
geur de roulement, largeur des accotements, dévers maximal, etc.) que les routes permanen-
tes conduisant aux sites des aménagements. Par contre, la conception peut être adaptée à la
difficulté particulière due à la position de l'ouvrage ; ainsi, la vitesse de conception peut être ré-
duite à 30 et à 20 km/h, les pentes d'accès peuvent s'étaler jusqu'à 12 % et les rayons de
courbure peuvent s'adapter à la configuration du terrain (25 m au minimum).
Les accès aux centrales souterraines se font au moyen de galeries d'accès dont la surface de
roulement est égale à celle des accès permanents, mais avec des accotements réduits et des
pentes généralement inférieures à 8 %.

18.4 Accès ferroviaires


Trois organismes ont juridiction sur les projets de prolongement ou de relocalisation de voies
ferrées :

• l'Agence Nationale des Transports, en matière de géométrie des voies ferrées ;

• Transports Canada, pour la sécurité ferroviaire incluant tout croisement rail-route ;

• l'Agence de protection des Eaux Navigables, qui a juridiction sur tous les ouvrages d'art
destinés au franchissement des eaux navigables par une voie ferrée.

Les critères de conception pour les accès ferroviaires proviennent des sociétés qui sont alors
en cause dans le projet à l'étude.

18.5 Accès aériens


Pour chaque catégorie d'aérodrome, les pistes, les aires de manœuvre, les plans de dégage-
ment d'approche et les surfaces de transition doivent répondre aux normes et pratiques re-
commandées par Transports Canada ou, à défaut, à ceux de l'Organisation de l'aviation civile
internationale (OACI).

18.6 Accès maritimes


Les installations portuaires doivent être conformes aux objectifs et aux règlements de la Loi sur
les ports et installations de ports publics administrés par Transports Canada.

19 : Infrastructures page 18-3


Guide de conception des aménagements hydroélectriques

18.7 Conception des ponts


La conception des ponts doit être conforme à la norme CAN/CSA-S6. En plus des charges
spécifiées par cette norme, la conception doit considérer les charges suivantes :

• les charges générées par la grue mobile servant à la mise en place des vannes et des pou-
trelles, dans le cas d'un pont de service d'évacuateur ;

• les charges d'un fardier transportant les équipements lourds (transformateur, rotor, vanne,
etc.), telles que déterminées par l'étude de transport des équipements majeurs pour le cas
des ponts donnant accès aux centrales et aux autres ouvrages où les équipements doivent
être acheminés.

page 18-4 19 : Infrastructures

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