Vous êtes sur la page 1sur 17

UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

1er Partie : L’Impôt sur les Sociétés (I.S)

Bibliographie sommaire
Loi N°2012-31 du 31/12/2012 portant Code général des impôts du Sénégal ; JO.
N° 6706 du 31/12/12 ;
Loi N°2015- 06 du 23 mars 2015 modifiant certaines dispositions du CGI de 2012
;
Circulaire d’application du Code général n° 0000504 du 15 janvier 2016.
Loi n° 2018- 10 du 30 mars modifiant certaines dispositions du Code général des
impôts, J.O n°7082 du 30/03/2018 ;
Ange Constantin MANCABOU, Gestion fiscale et comptable de l’entreprise,
L’Harmattan 2013 ;
Boubacar SONKO, Fiscalité de l’entreprise au Sénégal- La pratique, 2009 ;
El hadji DIALIGUE BA, Droit fiscal, édition L’Harmattan 2015 ;
Emmanuel DISLE et Jacques SARAF. Droit fiscal (Manuel et applications),
édition DUNOD 2008/2009 ;
Emmanuel DISLE et Jacques SARAF. Droit fiscal (Corrigés du manuel),
édition DUNOD 2008/2009.
Emmanuel DISLE et Jacques SARAF. Gestion fiscale Tome I édition DUNOD
2012/2013 ;
COZIAN Maurice & Martial CHADEFAUX, - Fiscalité des entreprises –Litec,
2017 2018 ;
NGOM Mamadou – Précis de fiscalité sénégalaise –3e édition- Presse
Universitaire du Sahel 2016/2017 ;
CISS Omar Alioune Le praticien fiscal : traité pratique de la fiscalité
sénégalaise, 2ème éd Comptable et Juridique, 2009.
SERLOOTEN Patrick, Droit fiscal des affaires, 15ème édition Dalloz 2016/2017.

1
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Introduction

L’impôt sur le résultat des sociétés et personnes morales est un impôt


annuel établit au profit du budget de l’Etat. Il frappe le bénéfice net annuel réalisé 1
dans le cadre juridique notamment 2 d’une société de capitaux, société à
responsabilité limitée, et les sociétés de personnes ayant optées pour l’impôt sur
les sociétés.

L’impôt sur les sociétés est général ; il concerne la totalité du revenu fiscal
de la personne morale concernée. Il est calculé au taux proportionnel de 30%
sur le bénéfice de la société selon des règles d’assiette en grande partie commune
à toutes les entreprises (individuelles ou sociétés).

En tout état de cause, le bénéfice imposable doit faire l’objet d’une


déclaration sur un imprimé spécial fourni par l’administration fiscale. Cette
déclaration doit intervenir au plus tard le 30 avril de l’année d’imposition.

L’impôt doit être payé par avis d’appel nominatif par échéance ou
spontanément par le contribuable par voie d’acomptes provisionnels versés au
plus tard le 15 février et le 30 avril de chaque année, et le règlement du solde se
fait au plus tard le 15 juin. Sous réserves de cette précision, il convient de voir
les sociétés soumises à l’IS, la détermination du bénéfice imposable et le paiement
de l’impôt.

1
C’est-à-dire la différence entre d’une part les produits d’exploitation, les produits financiers et les plus-values, et
d’autre part les charges et pertes encourues pendant l’exercice considéré.
2
Cf. de façon détaillée le champ d’application de l’IS.

2
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Chapitre 1 : Le champ d’application de l’Impôt sur les Sociétés (I.S)

Section 1 : Les personnes assujetties à l’I.S

Paragraphe 1/ Les personnes assujetties à l’I.S de plein droit

A. En raison de leur forme juridique

- Les sociétés de capitaux y compris les sociétés nationales ;


- Les SUARL ou l’associé unique est une personne morale ;
- Les commanditaires d’une société en commandite simple sauf option
de la S.C.S à l’I.S ;
- Les associés des sociétés en participation, y compris les syndicats
financiers et les sociétés de copropriétaires de navires, dont les noms et
adresses n'ont pas été indiqués à l'administration, la part de bénéfices
correspondant aux droits.

B. En raison de leurs activités

- Les sociétés civiles sauf celle qui se livrent à des opérations de nature
agricole ou artisanale ;
- Les sociétés coopératives de consommation lorsqu'elles possèdent des
établissements, boutiques ou magasins pour la vente ou la livraison de
denrées, produits ou marchandises ;
- Les sociétés coopératives et unions de coopératives d'industriels, de
commerçants et d'artisans ;
- Les sociétés coopératives de production ;
- Les sociétés d’investissement que leur capital soit fixe ou variable ;
- Les sociétés d'assurances et de réassurances, y compris celles à forme
mutuelle ;
- Les personnes morales domiciliées à l’étranger lorsqu’elles sont
bénéficiaires de revenus fonciers au Sénégal ou de plus-values
provenant de la cession d’immeubles sis au Sénégal ou de droits y
relatifs ou réalisent des plus-values à la suite de cessions de valeurs
mobilières ou de droits sociaux détenus dans des entreprises de droit
sénégalais ;
- Les établissements publics, les organismes de l'Etat ou des collectivités
locales, à la condition qu'ils jouissent de l'autonomie financière et se
livrent à une activité à caractère industriel ou commercial ou à des
opérations à caractère lucratif.

3
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Paragraphe 2/ les personnes morales assujetties volontairement à l’I.S

Le législateur fiscal offre à certaines sociétés de personnes la possibilité


d’opter pour leur imposition suivant le régime de l’impôt sur les sociétés. Il s’agit :
- Les sociétés de fait,
- Les groupements d'intérêt économique,
- Les sociétés en nom collectif ;
- Les sociétés en participation ;
- Les sociétés en commandite simple ;
- Les sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée où l'associé unique
est une personne physique ;
- Les sociétés civiles professionnelles ;
- Les sociétés civiles immobilières.

L’option est également ouverte en cas de transformation d’une société de


capitaux en une des formes de sociétés ou de groupements mentionnés ci-dessus.
De même en cas de réunion de toutes les parts d’une société à responsabilité
limitée entre les mains d’une personne physique.

En tout état de cause, l’option exercée est définitive et irrévocable. Elle


doit être notifiée à l’Administration avant la fin du quatrième mois de l’exercice
au titre duquel la personne morale souhaite être soumise pour la première fois à
l’impôt sur les sociétés.

Section 2 : La territorialité de l’Impôt sur les Sociétés

Paragraphe 1/ Le principe de territorialité

Domicile fiscal Société ayant une Société ayant une


activité au activité à
Sénégal l’étranger
Société dont le siège Non soumise à l’IS pour
est au Sénégal Soumises à l’IS les opérations
réalisées à l’étranger
Société installée à Soumise à l’IS pour les
l’étranger opérations réalisées Non soumise à l’IS
au Sénégal 3

3
Dans le cadre d’établissement autonome ou par l’intermédiaire de représentant ou qui forme un cycle
commercial complet
4
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Paragraphe 2/ Les dérogations au principe de territorialité

Des conventions fiscales internationales viennent souvent préciser le lieu


d’imposition de certains bénéfices ou revenus. Ces conventions ont pour objet
entre autres, d’éviter la double imposition de ressortissants d’un pays. C’est ainsi
que l’imposition d’un revenu qui relève normalement du Sénégal, compte tenu
des règles de territorialité, peut être dévolue à un autre pays conformément aux
dispositions de la convention fiscale liant ce pays au Sénégal.

C’est le cas notamment de la convention fiscale franco-sénégalaise4 qui


dispose que les entreprises d’exploitation de navires ou d’aéronefs en trafic
international sont imposables exclusivement dans l’Etat où se trouve leur domicile
fiscal, c'est-à-dire, pour les sociétés leur siège social statutaire5.

Chapitre 2 : Détermination du bénéfice imposable ou résultat fiscal

Théoriquement, le résultat imposable correspond au résultat comptable.


Mais du fait de l’indépendance de la comptabilité et de la fiscalité, le résultat
comptable ne correspond pas nécessairement au résultat fiscal. En effet, dans la
pratique, on détermine d’abord le résultat comptable.

Résultat comptable = Produits comptabilisés – Charges comptabilisées

Ensuite, pour parvenir au résultat fiscal, ont applique des règles propres à
la fiscalité.

Résultat fiscal = Résultat comptable + Réintégrations fiscales – Déductions


fiscales

4
CF article 10 convention précitée.
5
CF article 12 de la convention fiscale franco-sénégalaise

5
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Section I : Les produits bruts imposables

Indépendamment de leur comptabilisation, qui répond à des règles


précises, les produits à prendre en compte pour la détermination du bénéfice
imposable sont ceux qui sont rattaché à l’exercice en cours. Sont également
imposables les revenus accessoires ou exceptionnels, les produits financiers et
revenus assimilés, et les plus-values de cession.

Paragraphe 1) -Les produits bruts d’exploitation

A. Les ventes de produits ou de prestations de services

Les produits d’exploitation correspondent aux éléments du résultat qui se


rapportent à l’exploitation normale et courante de l’activité.
En réalité, c’est l’ensemble des ventes et des prestations de services
réalisées durant l’exercice considéré pour l’imposition. Les ventes sont toujours
enregistrées hors taxes indirectes (V.H.T).

B. Les produits accessoires ou exceptionnels


Les entreprises peuvent réaliser des produits accessoires de natures
diverses. Tous ces produits sont en principe imposables. Il s’agit entre autres :
➢ Des revenus fonciers ;
➢ Des dégrèvements d’impôts ;
➢ Des subventions ;
➢ Des indemnités d’assurance ;
➢ Des abandons de créances...

Paragraphe 2 / Les produits financiers et revenus assimilés

A) Les revenus de valeurs mobilières


Les revenus des valeurs mobilières tournent autour des dividendes et des
intérêts des obligations.

A-1- Les dividendes


a. Les dividendes reçus d’une société filiale
Le régime « mère-filiale » est un régime de déduction revenu sur revenu.
A cet effet, l’article 21 du CGI précise que les sociétés mères sénégalaises
peuvent exclure de leur résultat imposable une quote-part représentative des frais
et charges. Toutefois, cette quote-part est fixée forfaitairement à 5% du produit
total des participations. La conséquence qui en résulte est que 95% des
dividendes bruts doivent être retranchés du produit imposable.

6
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Pour bénéficier de ce régime le législateur prévoie les conditions suivantes :La


société mère et la société filiale doivent être soumises au régime de l’I.S ;
• La société mère doit avoir son siège social au Sénégal et passible à l’I.S;
• Les actions et parts possédées par la société mère doivent représenter au
moins 10% du capital de la société filiale ;
• Les actions ou parts sociales doivent être souscrites ou attribuées à
l’émission doivent être inscrites au nom de la société ou détenues depuis
deux (2) années consécutives au moins sous forme nominative. La lettre
portant cet engagement doit être annexée à la déclaration de résultat.

b. Les dividendes provenant d’une société non filiale

Les dividendes reçus d’une société non filiale subissent d’abord une retenue
à la source de 10% opérée par la société qui verse les dividendes. Ensuite, ils sont
imposés entre les mains de la société bénéficiaire. La retenue à la source de 10%
constitue un crédit d’impôt à déduire de l’impôt à payer mais seulement à hauteur
de 40% du montant de la retenue à la source. Mais 60% des bruts doivent être
déduits.

A-2- Les intérêts des obligations


Les obligations génèrent des intérêts en principe imposables, mais le
législateur fiscal fait une distinction entre les intérêts et produits financiers
d’obligations dont le remboursement est à échéance d’au moins cinq (5) ans et
les intérêts et produits à échéance de moins de cinq (5) ans.
Les premiers subissent une retenue à la source de 6%. Cette retenue à la
source est libératoire du paiement de tout autre impôt sur les intérêts et produits
considérés.
Les seconds subissent une retenue à la source de 13% qui constitue un
crédit d’impôt imputable sur le montant de l’impôt sur les sociétés.

B) Les intérêts de créances

B-1– Les intérêts non imposables


Les dispositions combinées des articles 12 et 105 du CGI font état
d’intérêts de créances non imposables à l’Impôt sur les sociétés. Il s’agit pour
l’essentiel d’intérêts issus sur prêts consentis à un certain nombre d’organismes
expressément cités. Il s’agit notamment de l’Etat, des communes et des
collectivités locales.
A la différence des intérêts des bons de caisse du trésor qui supportent une
retenue à la source de 20%, les intérêts des valeurs d’Etat sont totalement
exonérés d’impôt au titre de l’IS. A cet égard, le montant comptabilisé doit être
déduit du résultat fiscal.

7
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

B-2 – Les intérêts de bons de caisse du trésor


Les bons de caisse sont des titres à court ou moyen terme émis par un
organisme financier (le trésor) en représentation d’un prêt productif d’intérêt. Ils
subissent un prélèvement libératoire de 20%. Ce prélèvement est opéré par
l’organisme qui verse les intérêts (le trésor) et dispense le bénéficiaire de les
intégrer dans ses revenus imposables.
B-3 – Les autres intérêts de créances
Les autres intérêts de créances sont constitués de dépôts, cautionnements et
comptes courants. En principe, ils sont frappés d’une retenue à la source dont le
taux est fixé à 16%.
Toutefois, pour les intérêts et autres produits de comptes de dépôts et des
comptes courants visés à l’article 105 du C.G.I ouverts dans les écritures d’une
banque, d’un agent de change, d’un courtier en valeurs mobilières et de
comptable du Trésor, quelle que soit la date de l’ouverture des comptes, le taux
de la retenue est fixé à 8% par l’article 173 C.G.I.

Paragraphe 3/ Les Plus-values de cession

A/ Généralité sur les plus –values


Il y’a plus-value lorsque par suite de cessions d’éléments d’actifs
(machines, immeubles, véhicules, mobiliers…), la valeur réelle (Prix de Cession)
dépasse la valeur Nette Comptable, laquelle est égal au prix de revient de
l’élément déduction faite, le cas échéant des amortissements.

Plus-Value = Prix de Cession – Valeur Nette Comptable


Valeur Nette Comptable = Valeur d’Origine – Somme des Amortissements
Si le bien est complètement amorti, sa Valeur Nette Comptable = 0
Dans cette hypothèse, Prix de cette cession = plus-value.

B/ Le traitement fiscal des plus-values


Pour le traitement fiscal, le Code Général des Impôts distingue les plus-
values réalisées en cours d’exploitation et celles réalisées en fin d’exploitation
avant de réserver un traitement particulier aux plus-values de fusion, scission ou
apport partiel d’actif.

B-1/ Les plus-values réalisées en cours d’exploitation


En règle générale, les plus-values réalisées en cours d’exploitation sont des
profits comptabilisés dans les comptes de produits, donc imposables.
Toutefois, le législateur prévoie une possibilité d’exonération de ces plus-
values sous condition de réinvestissement6. La dérogation édictée est subordonnée
aux conditions suivantes :

6
cf. article 19 C.G.I

8
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

∆ - La société doit prendre l’engagement de réinvestir dans les entreprises qu’elle


possède au Sénégal, dans un délai de Trois (3) ans à compter de la clôture de
l’exercice au cours duquel la plus-value est réalisée, un montant au moins égal
au prix de revient du bien cédé augmenté de la plus-value ;
∆- L’investissement doit consister à un achat d’immobilisation ou une prise de
participation dans le capital d’une société industrielle installée au Sénégal ;
∆ - L’engagement de réinvestir doit être annexé à la déclaration des résultats de
l’exercice au cours duquel la plus-value est réalisée.
∆ - le bien acquis sera amortis sur la base de son prix de revient diminué (-)
de la plus-value réinvestie.
Si l’investissement n’est pas effectué dans le délai fixé par la loi (3 ans), la
plus-value est rapportée au bénéfice imposable de l’exercice au cours duquel
expire ce délai. Aucune majoration de pénalités n’est appliquée.

B-2) Les plus-values réalisées en fin d’exploitation

Il s’agit de plus-value provenant de la cession d’élément d’actif immobilisé


en fin d’exploitation (cession partielle ou totale, dissolution de l’entreprise ...).
Le traitement fiscal des plus-values réalisées se règle ainsi qu’il suit :
• Si la cession partielle ou la cessation totale intervient moins de cinq (5)
ans après la création de l’entreprise, les plus-values sont retenues dans les
bénéfices imposables pour la moitié de leur montant (1/2) ;
• Si la cession ou la cessation intervient cinq (5) ans ou plus après la
création de l’entreprise, les plus-values sont retenues dans la base
imposable seulement pour le tiers de leur montant (1/3).

B-3) – Les Plus-values de fusion, scission ou apport partiel d’actif


Dans toutes ces opérations, les associés de la société qui apportent tout ou
partie de son actif net reçoivent en contrepartie des actions ou des parts sociales
émises par la société bénéficiaire de l’apport.
Les plus-values résultant de l’attribution de ces actions ou de parts sont
exonérées d’impôt sur les sociétés à condition que :
- Les sociétés (absorbantes, nouvelles ou bénéficiaire) soient constituées en forme
de S.A.R.L ou de S.A ;
- La société (absorbante, nouvelle ou bénéficiaire de l’apport) ait son siège social
au Sénégal,
- La société absorbante, nouvelle ou bénéficiaire de l’apport doit prendre
l’engagement dans l’acte de fusion ou d’apport, de calculer les amortissements
futurs ainsi que les plus-values ultérieures non pas sur la valeur d’apport des
biens apportés (V.N.C + Plus-value), mais sur la V.N.C du bien au jour de
l’apport.

9
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Section 2 - Les charges déductibles

Toutes les charges qu’une entreprise enregistre dans sa comptabilité ne sont


pas prises en compte dans la détermination de son résultat fiscal. En effet, aux
termes des dispositions de l’article 8-II du CGI, une charge doit remplir cinq (5)
conditions cumulatives pour être admise en déduction dans la détermination du
résultat fiscal :
La charge doit être engagée dans l’intérêt de l’entreprise et sa gestion
normale ;
La charge doit être effective et appuyée de justificatifs suffisants ;
La charge doit entrainer une diminution de l’actif net ;
La charge doit être comptabilisée à son exercice de rattachement ;
La charge doit servir à générer un produit imposable.

Paragraphe1) les frais généraux

A) - Les dépenses liées aux personnels et aux locaux

1. Les charges du personnel


Les sommes (salaires et charges sociales) versées aux personnes ayant la
qualité de salarié en contrepartie d’une prestation de travail constituent des
charges déductibles, à condition qu’elles correspondent à un travail effectif et ne
soient pas excessives, eu égard à l’importance du service rendu.
2. Les abondements et versements complémentaires
Les abondements ou versements complémentaires à l’occasion de
l’émission et l’achat de parts de fonds commun de placement d’entreprise
constituent également des charges normales déductibles. Seulement, ledit fonds
doit être établi au Sénégal ; la limite de 10% du salaire du bénéficiaire ne doit
pas être dépassée.
3. Les dépenses relatives aux locaux
La prise en location par une entreprise de locaux utilisés pour l’exercice de
la profession constitue une charge déductible du bénéfice imposable. Aux loyers
bruts, il faut ajouter les charges accessoires.
Toutefois, les loyers payés au titre du logement du personnel ne sont
déductibles qu’à concurrence de :
• 100 000F/ mois pour un appartement ou une maison d’une pièce
principale ;
• 200 000 F / mois pour un appartement ou une maison de deux pièces
principales ;
• 300 000 F/ pour un appartement ou une maison de trois pièces
principales ;

10
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

• 400 000 F/mois pour un appartement ou une maison de quatre pièces


principales ou plus.
Il résulte de cette énumération que si le montant alloué par l’entreprise
dépasse la limite fixée, la différence sera réintégrée au résultat comptable.

C) – Les impôts et primes d’assurance

Les impôts à la charge de la société mis en recouvrement au cours de


l’exercice sont en principe déductibles. Il s’agit notamment :
➢ De la Contribution Economique Locale (CEL) ;
➢ De la contribution forfaitaire à la charge de l’employeur ;
➢ De la T.V.A non déductible ;
➢ Les droits de douane ;
➢ La contribution des licences, et les droits d’enregistrement.
Pour les primes d’assurance, il convient de distinguer les assurances
contractées pour couvrir les risques de l’entreprise de celles contractées au profit
des salariés.
La première catégorie constitue des charges déductibles si les risques
couverts se rattachent à l’exploitation.
Quant à la seconde catégorie, les primes versées ne peuvent être considérées
comme des charges d’exploitation déductibles que si les deux (2) conditions
suivantes sont remplies :
❖ le bénéficiaire doit être salarié de l’entreprise 7;
❖ les primes versées doivent constituer un élément normal de la
rémunération de l’intéressé.
En réalité, sont déductibles, les primes d’assurance versées à des compagnies
d’assurance agréées et établies au Sénégal ou à la Caisse de Retraite par
Répartition avec Epargne de l’Union Monétaire Ouest Africain (CRRAE-UMOA)
en vue de couvrir notamment :
✓ des indemnités légales de fin de carrière, de décès ou de départ à la retraite
acquise au cours de l’exercice8;
✓ des cotisations relatives aux pensions de retraite complémentaire
supportées au cours de l’exercice sous forme de rente et des cotisations
relatives à la retraite complémentaire supportées au cours de l’exercice sous
forme de capital, dans la mesure où elles n’excèdent pas 10 % du salaire
du bénéficiaire9;

7
Il faut cependant noter que si le bénéficiaire d’une assurance n’est pas salarié de l’entreprise, on est en présence
d’une libéralité : la prime n’est pas acceptée en déduction
8
Pour être déductibles, les cotisations ou primes relatives aux indemnités légales de fin de carrière, de décès ou
de départ à la retraite et aux pensions de retraite complémentaire doivent bénéficier à l’ensemble ou à une ou
plusieurs catégories de personnel. Toutefois, les primes d’assurances dues pour couvrir les droits acquis
antérieurement sont déductibles par fraction de 20%, à compter du 1er janvier 2013.
9
Toutefois, dans cette option, l’assureur doit prélever un impôt libératoire de 10 % sur le capital à verser aux
assurés bénéficiant de dix ans de cotisations au moins.

11
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

✓ des cotisations relatives à l’assurance-maladie supportées au profit du


personnel et versées au cours de l’exercice ;

C- Les frais divers
1. Les dons et subventions
En principe, les dons ne sont pas déductibles parce qu’ils n’entrent pas dans
l’objet normal de l’entreprise mais représentent plutôt des libéralités.
Toutefois par exception, l’article 9 C.G.I pose le principe de la déductibilité
des versements effectués au profit d’œuvres ou d’organismes d’intérêt général à
caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social ou familial désignés par
arrêté du Ministre chargé des finances. La déduction de ces frais est cependant
limitée à 0,5% du chiffre d’affaires s’ils sont versés aux organismes visés sont :
- la fondation nationale d’action sociale (F.N.A.S);
- l’association sénégalaise d’assistant aux lépreux (A.S.A.L);
- C.A.R.I.T.A.S.
- la Croix Rouge Sénégalaise (C.R.S) ;
- l’Union Nationale des Aveugles du Sénégal (U.N.A.S) ;
- l’Association Sénégalaise pour les Nation Unies (A.S.N.U) ;
- comité Nationale de Solidarité pour l’Aide au Monde Rural (C.N.S.A.M.R) ;
- la Fondation Servir le Sénégal ;
- la Fondation Madame Mimran.

2. Les sommes versées à des tiers pour les besoins de l’exploitation


Les sommes versées à des tiers non-salariés de l’entreprise sont déductibles
de l’assiette de l’impôt pourvu que l’entreprise qui les verse en fasse la déclaration
auprès de l’Administration fiscale avant le 1er février de chaque année.
3. Les frais de siège social hors du Sénégal
Sous réserve des conventions internationales, les entreprises qui exercent
leur activité au Sénégal et dont le siège social se trouve à l’étranger peuvent
déduire de leur bénéfice une quote-part des frais de siège. Toutefois, le législateur
dispose que cette quote-part est déductible du bénéfice imposable dans la limite
de 20% du bénéfice comptable réalisé au Sénégal avant déduction de la quote-
part des frais de siège.

Paragraphe 2 / Les charges financières

A) -Les intérêts versés à des tiers


Ils ne sont déductibles que si les capitaux investis sont utilisés pour les
besoins de l’entreprise.
B) - Les intérêts versés aux associés
Ce sont des sommes inscrites au compte courant des associés. Ils
constituent des charges déductibles sous certaines restrictions posées par l’article

12
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

9 du C.G.I : une restriction d’ordre générale et une restriction particulière liée


aux sociétés de capitaux.
❖ La restriction d’ordre générale
La restriction d’ordre générale concerne toutes les sociétés. Elle est relative
au taux d’intérêt fiscal maximum admis, lequel est limité à trois (03) points au-
dessus du taux des avances de la BCEAO.
❖ La restriction liée aux sociétés de capitaux
La restriction particulière relative aux sociétés de capitaux autorise la
déductibilité des intérêts rémunérant les apports en compte courant que si deux
conditions sont remplies :
- les sociétés de capitaux ne sauraient déduire de leur résultat imposable, les
intérêts qu’elles versent aux comptes courants d’associés que si le capital est
intégralement libéré ;
- le montant total des sommes prêtées et rémunérées par un intérêt ne doit pas
excéder le montant du capital social.

Paragraphe 3 / Les amortissements et les provisions

A) Les amortissements
1- Généralité sur les amortissements
Au plan comptable, l’amortissement permet une évaluation actuelle des
éléments d’actifs qui se déprécient par usure ou par obsolescence. Les biens
amortissables sont les immobilisations. Il faut ensuite qu’il s’agisse
d’immobilisations qui se déprécient avec le temps. En fin, les biens amortissables
doivent appartenir à l’entreprise et figurer dans son bilan.

2- Les types d’amortissement


D) L’amortissement linéaire ou constant
C’est le régime normal d’amortissement. L’annuité est constante. Elle est
égale au quotient du Prix de Revient sur la durée probable d’utilisation du bien.
Par ailleurs, on peut aussi trouver l’annuité en appliquant le taux
d’amortissement sur le Prix de Revient.
Annuité = Prix de Revient × Taux
Dans cette hypothèse, il faut déterminer d’abord le taux d’amortissement
linéaire : Taux =100/ durée d’utilisation du bien
E) L’amortissement accéléré
C’est un régime spécial d’amortissement dans lequel, la première annuité
est doublée, tandis que les annuités suivantes sont les mêmes que dans les
amortissements linéaires et, ainsi la durée d’amortissement se trouve réduite d’une
année.
Ce régime est autorisé pour les matériels et outillages remplissant à la fois
les conditions suivantes :
1) Le matériel et outillage doivent être neufs ;

13
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

2) Le matériel et outillage doivent être exclusivement utilisés pour opérations


industrielles de fabrication, de manutention, de transports, de pêche, d’élevage ou
d’exploitation agricole etc.… ;
3) Le matériel et outillage doivent être utilisables pendant au moins cinq (5) ans.
En d’autres termes, le taux d’amortissement accéléré doit être égal ou supérieur
à 20%.
F) L’amortissement dégressif
Il permet à l’entreprise de déduire des amortissements importants dès les
premières années d’utilisations d’un bien par rapport aux annuités de
l’amortissement linéaire. L’application est toutefois réservée aux sociétés
remplissant les conditions suivantes :
1) la société doit être une entreprise industrielle ;
2) le bien doit être un bien d’équipement neuf autre que les immeubles
d’habitation, les chantiers et les locaux professionnels acquis le 1 / 01/1987
2) la durée d’utilisation doit être au moins égal à 5 ans.
Toutes ces conditions doivent être cumulativement réunies pour que
l’amortissement soit applicable.
Le taux d’amortissement dégressif s’obtient en multipliant le taux
d’amortissement linéaire correspondant à la durée d’utilisation par l’un des
coefficients suivants :
- 2 lorsque la durée normale d’utilisation est de 5 ans
- 2,5 lorsque la durée normale d’utilisation est de plus de 5 ans.
Exemple : Taux dégressif d’un bien dont la durée d’utilisation est de 5 ans
- Taux linéaire = 100/ 5 = 20%
- Taux dégressif = TL × 2 = 40%
Si la durée d’utilisation est supérieure à 5 ans, on aura :
- Taux dégressif = TL × 2,5 = 50%
- L’annuité d’amortissement s’obtient en appliquant le taux dégressif à la
Valeur Nette Comptable en début de période. C’est pourquoi, les premières
annuités seront plus élevées.

B/ Les provisions

- Généralité sur les provisions


La provision est une déduction destinée à faire face soit à une dépréciation
d’un actif immobilisé soit à une charge. Cette dépréciation ou charge est précise
quant à son objet incertain quant à son montant et probable quant à sa réalisation.
L’article 11 du C.G.I autorise à titre provisoire la déductibilité des provisions
qui sont toutefois à réintégrer si la perte ou la charge ne se réalise pas.

Pour être fiscalement déductible, les provisions doivent respecter aussi bien
des conditions de forme que des conditions de fond.

14
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

- Les conditions de forme sont au nombre de deux :


D’abord, les provisions doivent avoir été effectivement constatées dans les
écritures de l’exercice.
Ensuite, les provisions doivent également figurer dans un relevé
accompagnant les états financiers de l’entreprise et indiquant de manière précise
l’objet desdites provisions.
- Les conditions de fonds sont au nombre de quatre :
1. Il faut que la provision ait un objet nettement précisé.
2. Il faut que les pertes ou charges soient probables et non purement
éventuelles.
3. Les pertes ou charges doivent trouver leur origine dans l’exercice en
cours.
4. Les pertes ou charges provisionnées doivent être déductibles.
• Les types de provisions
- Les provisions pour dépréciation d’éléments d’actifs
- Les provisions pour risque de perte et de charge
- Les provisions réglementées
- Les provisions pour congés payés

Paragraphe 4 - Les déficits fiscaux reportables et amortissements réputés


différés
A côté des charges déductibles sur le plan comptable, le législateur fiscal
sénégalais autorise la déduction des déficits fiscaux et les amortissements réputés
différés. En effet, le CGI en son article 4, prévoit la possibilité en cas de déficit
subi pendant un exercice de déduire ce déficit du bénéfice réalisé pendant
l’exercice suivant dans la limite de trois (3) exercices. Toutefois, la limitation du
délai de report au troisième exercice qui suit l’exercice déficitaire ne s’applique
pas aux amortissements comptabilisés en période déficitaire. Il apparaît ainsi que
dans le déficit d’un exercice, il faut distinguer :
• Le déficit provenant de l’exploitation générale, amortissements exclus
ou Déficit Ordinaire ;
• Le déficit provenant des amortissements.
Seule la partie du déficit correspondant aux amortissements comptabilisés
est susceptible d’être reportée au-delà de trois exercices et pour une période
illimitée. On parle alors d’Amortissements Réputés Différés en période
déficitaire ou A.R.D.

15
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Chapitre III) Le paiement de l’Impôt sur les Sociétés

L’impôt sur les sociétés n’est pas perçu par voie de rôle ; il doit être calculé
par la société et versé spontanément à la caisse du percepteur. Le taux de l’impôt
est fixé par l’article 36 CGI à 30% du Résultat Fiscal arrondit au millier de franc
inférieur. Pour les entreprises franches d’exportation, il existe un taux de faveur
fixé à 15%. En tout état de cause, il faut déduire de l’IS calculé les crédits d’impôt
s’ils en existent.
Pour les modalités de paiement, l’Impôt sur les Sociétés doit être soldé avant
le 15 Juin de l’année qui suit celle de la clôture de chaque exercice. Cependant,
le paiement peut être fractionné en deux (2) acomptes provisionnels et un solde
calculé sur la base des résultats antérieurs déclarés.

Section 1er – Paiement des acomptes

Paragraphe 1 : Paiement du 1er Acompte

→ Le délai de paiement : au plus tard le 15 février de l’année (N+1)


→ Mode de calcul : il peut se faire de deux manières :
1er hypothèse : l’exercice N-1 est bénéficiaire.
1er Acompte = IS de N-1/ 3;
2nd hypothèse : l’exercice de N-1 est déficitaire ou IS de N-1/ 3 est
inférieur à l’Impôt Minimum Forfaitaire (I.M.F).

1er Acompte = I.M.F

Remarque : Le montant du Minimum Forfaitaire varie suivant le chiffre


d’affaire. En vertu des dispositions de l’article 40 du C.G.I, l’I.M. F est fixé en
considération du chiffre d’affaires HT réalisé par la société pendant l’exercice
précédent celui d’imposition. Ce montant est de 0,5% du chiffre d’affaires de
l’année précédant celle de l’imposition. En aucun cas le montant dû ne peut être
ni inférieur à 500 000 F ni supérieur à 5 000 000 F.

Paragraphe 2 : Paiement du 2nd Acompte

→ Le délai de paiement : au plus tard le 30 avril de l’année N+1


→ Le mode de calcul sera selon les cas égal à :
- 1/3 de l’impôt dû au titre de l’année N-1, si le 1er acompte était supérieur ou
égal au montant de l’I.M. F (500 000 F)
- 2/3 de l’impôt dû au titre de l’année N-1 déduction faite de l’I.M. F, si le
premier acompte était inférieur au montant de l’I.M. F (5 000 000 F).

16
UNIS/SJPO/Master I Droit privé/2019-2020

Section 2) - Paiement du solde de l’Impôt sur les Sociétés

Le solde de l’IS doit être liquidé avant le 15 juin de l’année N+1. En


principe, avant cette date la société doit avoir reçu de l’Administration Fiscale le rôle
d’imposition. Deux cas de figures peuvent se présenter :
1er cas : l’impôt de l’exercice N est supérieur au montant des acomptes
versés, le complément est à verser avant le 15 juin de l’année N +1
2nd cas : l’impôt de l’exercice N est inférieur au montant des acomptes
versés, l’excédent constitue un crédit d’impôt sur les paiements ultérieurs.
Cet excédent peut également, à la demande du contribuable, être utilisé en
paiement de tout autre impôt direct ou taxes assimilés dont il est d’ailleurs
redevable. Le crédit d’impôt peut aussi faire l’objet de remboursement dans les
cas suivants :

. Si le contribuable cesse son activité ;


. Si le contribuable quitte le Sénégal ;
. Si l’exploitation reste déficitaire pendant deux exercices consécutifs.

17

Vous aimerez peut-être aussi