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Université Mohammed V Institut des Études Africaines

De Rabat

Thèse de doctorat en sciences économiques


De
L’Université Mohamed V de Rabat
Centre des Etudes Doctorales : « Homme- Société-Education »
Laboratoire des Etudes et Recherches Interdisciplinaires sur l’Afrique

L’économie de la connaissance, attractivité des IDE et


développement en Afrique du Nord : cas du Maroc et de la
Tunisie

Présentée et soutenue publiquement par :


Mlle Fatima Zohra SOSSI ALAOUI

Sous la direction des Professeurs :


Yahia ABOU EL FARAH & Mustapha MACHRAFI

Jury
Président :
 Pr. Mostafa EL AIDOUNI, PES en sciences économiques, FSJES, Université
Mohamed 1er, Oujda.
Suffragants :
 Pr. Yahia ABOU EL FARAH, PES et Directeur de l’Institut des Etudes Africaines,
Université Mohammed V, Rabat. Directeur de la thèse
 Pr. Khalid LOUIZI, PH en sciences économiques, FSJES, Université Hassan 1er,
Settat.
 Pr. Essaid EL MESKINI, PH en sciences économiques, FSJES, Université Hassan 1er,
Settat
 Pr. Mohamed KARIM, PES en sciences économiques, FSJES de Salé, Université
Mohammed V de RABAT.
 Pr. Mustapha MACHRAFI, PH en sciences économiques et Vice doyen de la
FSEJES de Salé, Université Mohammed V, Rabat. Co-directeur.

Année Universitaire 2015-2016


Remerciements
Quatre ans de recherche, quatre ans de travail, quatre ans de doutes mais surtout
quatre ans de vie.

Achever mon travail de recherche dans le délai imparti, c’est plus qu’un challenge
personnel ou une fin en soi, c’est la première étape d’un programme de recherche
que nous espérons mener à l’avenir.

Cette recherche fut un moment de vie, ponctué par l’incertitude, l’interrogation et


l’isolement de la rédaction mais aussi par l’intégration au sein d’une équipe, les
joies de l’étude et les plaisirs des colloques et séminaires. Tous ces instants
s’inscrivent dans un contexte social, dans l’échange et l’écoute d’un grand nombre
de personnes qui m’ont beaucoup apportées. Cette page est l’opportunité d’enfin
tous les remercier. Ma première pensée est pour Mr le Directeur Yahia ABOU EL
FARAH joué un rôle moteur tout au long de mon doctorat. Il a suscité mon intérêt
pour la recherche par ses enseignements durant ces années de recherche. Ses
conseils avisés lors des réunions d’encadrement ont largement contribué à
l’amélioration de la qualité de mon travail, son appui, ses encouragements.

Professeur Mustapha MACHRAFI Je lui suis reconnaissante de la confiance qu’il


m’a accordé dès la première année du Master jusqu’au doctorat et du partage de
ses connaissances et de son goût pour la recherche. Chaque rencontre a été source
de questionnements, de remises en cause mais surtout de motivation et de passion
pour le sujet.

Il a su éveiller mon esprit pour la recherche, susciter la réflexion, soulever les


vraies problématiques et orienter mes choix. La chaleur et l’attention qu’il m’a
témoignés ont été essentielles dans l’avancée de ma recherche.

Je manifeste une grande reconnaissance aux Professeurs qui ont accepté la lourde
mission de lire et d’évaluer mon travail de recherche.

1
Ace propos, je tiens à souligner le rôle essentiel de l’équipe projet « performance
du secteur des télécommunications et son impact sur les IDE » (code 12/TM/30),
accepté par le comité mixte permanent Maroco-Tunisien pour la Recherche
Scientifique et la Technologie, pour m’avoir donné la possibilité de se déplacer à
Tunis. À fin de passer un mois de stage pour le bon déroulement de mon étude
empirique qui implique un aspect comparatif essentiel entre ces deux pays nord
africains notamment le Maroc et la Tunisie. Spécialement Mme Madame
Bouthaina Fekih Soussi qu’elle a grandement facilité mon initiation aux
rudiments de la recherche et elle m’a fourni tout le soutien dont j’ai eu besoin au
cours de mon séjour de recherche et qui m’a encadrée tout au long de ma présence
dans la faculté de Nabeul et qui m’a introduite auprès de tous ses contacts. Je la
remercie pour ses encouragements et la liberté d’initiative qu’elle m’a offerte.

Enfin, je remercie ma famille, mes amis, mes compagnons de toujours, qui m’ont
soutenue, consolée et supportée dans des moments parfois difficiles, comme dans
tous les instants de ma vie, pour leurs conseils si justes, leur patience et leur
encouragements.

Aucun mot ne peut retranscrire la reconnaissance que je vous témoigne, alors je


vous dis tout simplement merci.

2
Sigles et Acronymes

BAD : Banque africaine de développement

BIT : Bureau International pour le Travail

CEPAL : Commission Economique de l’Amérique Latine

CNUCED : la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le développement

EFC : Economie Fondée sur la Connaissance

EDI : Echange des Documents Informatisés

FMI : Fond Monétaire International

GATT : Accord sur les tarifs douaniers et le commerce

IDE : Investissements Directes A L’Etranger

IPQV : l’Indicateur Physique de la Qualité de Vie

ISESCO : L'Organisation Islamique Pour L'éducation, Les Sciences Et La Culture

KEI : Knowledge Economie Index

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONU : L'Organisation Des Nations Unies

PAS : Plans d’Ajustement Structurel

PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement

PVD : Pays en Voie de Développement

R&D : Recherche et Développement

TIC : Technologie d’Information de Communication

UNRIDS : L’Institut de Recherche des Nations Unies pour le Développement Sociale

3
Résumé
A l’instar de la seconde crise du pétrole des années 1970, l’économie a connue plusieurs
transformations, notamment au terme des Trente Glorieuses. L’environnement économique et
social s’est progressivement transformé. On assiste à une mutation profonde et un changement
radical des paradigmes, sous l’impulsion de la hausse de la part du capital dit intangible
(l’éducation, la formation, la R&D, et la santé) et de la révolution des technologies de
l’information et de la communication, une nouvelle société fondée sur la connaissance est en
train de prendre place remettant ainsi en cause les rapports sociaux de production et
l’accumulation de capital désormais fondée sur l’immatériel. A l’ère d’une économie
mondialisée aucun pays n’étant à l’abri de ces bouleversements profonds, les pays africains
sont eux aussi appelés véritablement à se métamorphoser puisque désormais, le rôle nouveau
joué par la connaissance, et son importance sont déterminantes dans la production, l’emploi et
les facteurs de la compétitivité.

Le propos de notre thèse est de s’interroger sur les conditions d’efficacité d’un nouveau modèle
de développement économique celui qui est basé sur le passage d’une économie de rente à une
économie fondée sur la connaissance, Afin de confirmer les apports théoriques de notre thèse
Nous avons procédé à une estimation sur la Tunisie et le Maroc, afin de faire une comparaison
de politiques appropriées.

Mots clés : économie de la connaissance, IDE, développement, Afrique du Nord, TIC.

4
Abstract
As the second oil crisis of the 1970s, the economy has experienced several transformations
especially in the end of the postwar boom. The economic and social environment has gradually
transformed. We are witnessing a profound change of paradigms, led to the increase in the share
of cognitive capital ( education, training, R & D , and health) and the revolution of technologies
information technologies and communication , a new knowledge based society is taking up and
putting-into the question of cash economy. In the era of a global economy no country is immune
to these profound changes , African countries are also truly called to metamorphose as now ,
the new role of knowledge and its importance are critical in production, employment and
competitiveness factors .

The purpose of our work is to question on conditions of effectiveness of a new model of


economic development based on the crossing from cash economy to knowledge-based
economy, to confirm the theoretical contributions of our thesis we have made econometric
estimation for Tunisia and Morocco, to compare appropriate policies of both countries

Keywords: knowledge based economy, FDI, development, North Africa, ICT.

5
Sommaire
Remerciements ......................................................................................................................... 1

Sigles et Acronymes .................................................................................................................. 3

Résumé ...................................................................................................................................... 4

Abstract ..................................................................................................................................... 5

Sommaire .................................................................................................................................. 6

Introduction générale ............................................................................................................... 8

Chapitre I : Echec des stratégies du développement en Afrique ....................................... 17

Introduction du premier chapitre ............................................................................... 18

Section I : Développement : théories et concepts .......................................................... 19

Section II : Les stratégies de développement autocentré ............................................... 31

Conclusion du premier chapitre .................................................................................. 56

Chapitre II : Mondialisation, attractivité des IDE et économie de la connaissance ....... 58

Introduction du deuxième chapitre ............................................................................. 59

Section I : mondialisation et Économie de la connaissance .......................................... 60

Section II : l’émergence de l’économie de la connaissance .......................................... 93

Conclusion du deuxième chapitre ............................................................................. 141

Chapitre III : Problématique de la connaissance en Afrique du Nord ........................... 143

Introduction du troisième chapitre ........................................................................... 144

Section I : L’économie Nord-africaine face aux stratégies du développement ........... 145

Section II : l’économie de la connaissance dans le processus du développement de


l’Afrique du Nord .............................................................................................................. 169

Conclusion du troisième chapitre .............................................................................. 183

Chapitre IV : Etude comparative entre le Maroc et la Tunisie ....................................... 184

Introduction du quatrième chapitre ......................................................................... 185

Section I : Trajectoire de développement au Maroc et en Tunisie............................... 187

Section II : IDE, attractivité et performance des TIC et économie de la connaissance au


Maroc et en Tunisie ................................................................................................................ 222
6
Conclusion du quatrième chapitre ............................................................................ 250

Conclusion générale ............................................................................................................. 251

Annexes ................................................................................................................................. 256

Liste des tableaux ................................................................................................................. 260

Liste des figures .................................................................................................................... 261

Bibliographie......................................................................................................................... 262

7
Introduction générale

Cette thèse de doctorat s’inscrit dans le cadre du projet intitulé « performance du secteur
des télécommunications et son impact sur les IDE » (code 12/TM/30). Ce projet a été proposé
par le Laboratoire des Etudes et Recherches Interdisciplinaires sur l’Afrique (LERIA) de
l’Institut des Etudes Africaines- Université Mohamed V de Rabat et l’unité de recherche
(ENVIE) de la faculté des sciences économiques et gestion de Nabeul- Université Carthage-
Tunisie, et accepté par le comité mixte permanent Maroco-Tunisien pour la Recherche
Scientifique et la Technologie. Ce projet nous a permis d’effectuer un stage de recherche à la
Faculté des sciences Economiques et de Gestion de Nabeul du 26/11/2012 au 25/12/2012. Le
but de ce séjour de recherche était essentiellement d’assembler et analyser la documentation
nécessaire à la rédaction du volet comparatif de la thèse et de se familiariser avec la « façon de
faire » Tunisienne et la méthodologie de recherche poursuite au sein du Laboratoire ENVIE de
la FSEG- Nabeul. Ce séjour a constitué un atout inestimable pour mener mes travaux de
recherche à terme.

 Justification du contexte de la recherche

L’économie mondiale a connu une mutation profonde et un changement radical des


paradigmes, dû à l’émergence de l’économie de la connaissance, où la principale source de
croissance est devenue la capacité à acquérir, créer et utiliser la connaissance. C’est une
économie qui a transformé l’organisation de l’économie toute entière, et spécifiquement les
entreprises.

L'économie de la connaissance en plus d'être une nouvelle phase, est un concept


opérationnel assez nouveau ayant été promu par des organisations internationales. Spécialement
par l'Union européenne lors de la déclaration de Lisbonne en 2000, les rapports du programme
des Nations unies pour le développement (PNUD1), les rapports et programmes de la Banque
mondiale, World Development Report 1999 et knowledge for Development program au World
Bank Institute, ainsi que par d'autres séminaires, conférences et différentes études (notamment
celles de L’OCDE (1996) et de l’ISESCO(2000).

1
PNUD, « Rapport sectoriel : élaboration d’une stratégie d’appui au développement de la gouvernance
électronique au Burkina Faso », 2002.

8
Il semblerait que la problématique de définir les bases, piliers de cette économie fondée
sur la connaissance, fut soulevée en 1962 lorsque Kenneth Arrow a avancé que l’activité
d’innovation est distincte des activités de production classique. Selon lui, la connaissance est
produite par un secteur spécialisé à partir d’une fonction de production qui combine du travail
qualifié et du capital. L’output de ce secteur consiste en de l’information échangée sur un
marché. Dans la même perspective, l’OCDE définit les économies fondées sur la connaissance
comme « celles qui sont directement fondées sur la production, la distribution et l’utilisation
de la connaissance et de l’information »2.

De ce fait, le terme “économie fondée sur la connaissance” découle de la


reconnaissance grandissante de l’importance de la connaissance et de la technologie dans les
économies modernes.

Au cours des dix dernières années, la part des technologies de pointe dans la production
manufacturière et dans les exportations de la zone OCDE a plus que doublé, pour atteindre 20
à 25 pour cent. Les secteurs de services à forte intensité de savoir, tels que l’éducation, les
communications et l’information, se développent encore plus vite. De ce fait, on estime que
plus de 50 pour cent du PIB des grandes économies de l’OCDE reposent maintenant sur le
savoir.

Par la suite, la Banque Mondiale a pu définir les piliers de l'économie de la connaissance


comme étant au nombre de 4 à savoir :

1. Incitation économique et régime institutionnel

2. Éducation et ressources humaines

3. Système d'innovation

4. Infrastructures d’information.

En 2009 lors de la conférence de la Commission européenne à Göteborg, qui a porté sur


le thème « le triangle de la connaissance à la source de l'avenir de l'Europe » et qui s'inscrivait
dans le cœur de la stratégie de Lisbonne sur la croissance et l'emploi 2000, une nouvelle
définition des piliers de l'économie de la connaissance a vu le jour. Ainsi les 4 piliers ont été
remplacés par 3 piliers :

2
OCDE, L'économie fondée sur le savoir, OCDE, Paris, 1996.

9
1. Recherche-Développement et Innovation (RDI)

2. Éducation

3. Technologies de l'information et de la Communication (TIC).

De ce fait, on admet que " Cette nouvelle économie prospère sur le savoir et l’innovation
continue. Elle privilégie l’information dans l’entreprise économique et met l’accent sur
l’utilisation du savoir et de l’information symbolique susceptibles d’être intégrés dans les biens
et services matériels et non matériels "3.

De sa part, Smith4 identifie quatre approches du changement du rôle de la connaissance


dans l’économie :

 La connaissance est quantitativement et qualitativement plus importante en tant que


facteur de production,

 La création d’activités fondées sur l’échange de connaissance s’est accélérée,

 La composante codifiée des bases de connaissance est plus importante,

 L’entrée dans l’économie de la connaissance repose sur la diffusion des TIC.

Selon Foray, l’émergence d’une économie fondée sur la connaissance s’est traduite par
une croissance très rapide du nombre d’employeurs hautement qualifiés dans les pays
industrialisés mesurée par l’emploi des diplômés universitaires par rapport à l’emploi total5.
Cette tendance fait alors l’objet d’une combinaison entre les augmentations des emplois
attribués par la production, le traitement et le transfert des connaissances très remarquable dans
l’ensemble de l’économie. De même la mondialisation a accéléré la diffusion des
connaissances, selon Jean-Louis Levet (2003), il existe un lien entre l’économie de la
connaissance et le processus de la mondialisation, qui se base sur deux volets d’interaction6 :

 Le processus de mondialisation stimule le développement des économies


fondées sur le savoir en accélérant la diffusion des connaissances technologiques et

3
In: La mondialisation et l’économie de l’information : enjeux et perspectives pour l’Afrique, E/ECA/ADF/99/7,
In : http://www.bellanet.org/partners/aisi/adf99docs/infoeconomyfr.htm (site consulté le 27/01/2013)
4
Smith K., « What is the knowledge economy? Knowledge-intensive industries and distributed knowledge
bases », papier présenté à la conférence d’été de DRUID sur L’économie apprenante –entreprises, régions et
institutions, Aalborg, Danemark, 15-17 juin 2000.
5
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Paris, 2009.
6
Bouchez J.P ., les nouveaux travailleurs su savoir, Organisation, Paris, 2004.
10
ainsi, par le renforcement de la concurrence, il favorise les entreprises qui privilégient
des stratégies d’innovation, en particulier fondées sur le renouvellement de leur
produit.

Par ailleurs, et cela constitue la seconde interaction :

 L’économie de la connaissance influence la mondialisation de plusieurs


manières : les activités à fort contenu de connaissance ont tendance à se concentrer
dans certaines régions de l’économie mondiale.

L’économie de la connaissance est issue de la prise de conscience du rôle des


technologies de l’information et de la communication pour la croissance économique.

Le secteur des technologies de l'information et des télécommunications (TIC) comme


une des composantes principales de l’économie de la connaissance regroupe "les activités qui
produisent des biens et des services supportant le processus de numérisation de l'économie,
c'est-à-dire la transformation des informations utilisées ou fournies en informations
numériques, plus faiblement manipulables, communicables, stockables, restituables…"7. Les
TIC comprennent principalement les quatre secteurs suivants 8: les secteurs produisant des biens
d'équipement et des biens durables électroniques, le secteur des services de
télécommunications, celui des services informatiques, et enfin les secteurs assurant le
commerce, la location et la maintenance des biens et services précédents.

En effet, les TIC regroupent les services de télécommunications bien connus, utilisés
conjointement avec du matériel et des logiciels informatiques9. Ces services de
télécommunications constituent la base de toute une variété d’autres services comme l’e-mail,
les architectures informatiques client- server, le groupware, le workflow et la gestion
électronique des documents.

L’importance des TIC, pour plusieurs secteurs(le management des organisations en


particulier), n’est pas la technologie en soi, mais leur capacité de donner accès à la
connaissance, à l’information et aux communications, qui sont les éléments qui comptent

7
Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Les technologies de l'information et des
communications et l'emploi en France, Rapport réalisé par le Bipe, septembre 2000.
8
Nomenclatures d'activité européenne NACE ou française NAF.
9
Rapport de la CCE, Bruxelles, 2001.
11
davantage aujourd’hui dans les interactions économiques et sociales. Parmi les secteurs qui
intègrent les TIC dans les activités :

o Enseignement et apprentissage en ligne (ou E-Learning),


o Télétravail,
o Gestion des entreprises,
o Télécommunication…

Depuis le courant des années 1980 les économies des PDEM (pays développés à
Economie de Marché) et voire quelques PED, ont intégré l’économie du savoir, dans laquelle
la connaissance a pris une part primordiale des facteurs de la croissance économique, dont cette
nouvelle économie donne plus d’importance à des nouvelles dimensions : l’apprentissage, la
culture, le savoir, la construction des connaissances collectives à travers le travail. En
conséquence cette économie se traduit par une réduction des couts de transfert et du traitement
des connaissances.

Néanmoins, les TIC sont au centre du développement des économies fondées sur la
connaissance, puisqu’elles offrent aux agents économiques une gamme nouvelle et sans
précédent « d’instrument du savoir »10. Ces premières constituent un ensemble d’outils de
production de savoirs facilitant les interactions créatrices entre les concepteurs de produits,
les fournisseurs et les clients.

Par ailleurs, cette nouvelle économie dite du savoir est aujourd’hui envisagée comme
voie de sortie du sous-développement pour les pays qui ne sont pas encore entrés dans un
processus d’émergence, et c’est le cas de la plupart des pays africains.

Ainsi, la montée de la croissance africaine depuis les années 2000, s’est accompagnée
récemment d’une augmentation des IDE et d’un accroissement sensible du taux d’équipement
en TIC, particulièrement en téléphones portables (Rapport PNUD, 2007). La conjonction de
ces éléments a participé à la formation d’une croyance selon laquelle l’Afrique, à l’image de
l’Asie du Sud Est, pourrait émerger grâce aux TIC.

10
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Paris, 2009.

12
 Problématique :

L’Afrique reste en retard par rapport aux changements de modes de régulation de


l’économie moderne et en se basant sur le KEI (knowledge economy index), ses 4 paramètres
montrent une évolution positive et simultanée indiquant ainsi une pénétration progressive mais
lente de l’Afrique dans l’économie de la connaissance.

En effet, après les échecs des stratégies du développement traditionnelles, le potentiel


de développement du continent africain dépendrait moins de ses richesses naturelles que de sa
capacité à créer, diffuser et utiliser des connaissances. En outre, la diffusion des nouvelles
technologies et l’essor d’une économie de la connaissance sont en train de donner corps à cette
hypothèse dans le contexte nord-africain.

D’où la nécessité du passer à un autre modèle de développement qui stipule une


meilleure efficacité du mécanisme de croissance à travers des mesures sur l’ensemble de
l’économie, et ceux en renforçant la productivité totale des déterminants de l’économie de la
connaissance : le progrès technique, l’éducation, l'innovation et l’apprentissage continu,
généralisation des TIC.

L’objectif de notre thèse est de s’intéresser au processus de développement en Afrique du


Nord notamment, en se focalisant sur l’économie de la connaissance. Plus particulièrement, nous
cherchons à étudier, d’une part l’impact de cette économie sur le développement. Et d’autre part,
de vérifier le lien entre l’attractivité des IDE et les indicateurs de l’économie de la connaissance
dans le contexte nord-africain. Nous avons essayé de répondre à la problématique suivante : dans
quelle mesure l’économie de la connaissance et l’attractivité des IDE peuvent contribuer au
développement du Maroc et de la Tunisie ?

 Questions de départ :

• L’économie de la connaissance peut-elle constituer un facteur déterminant du


développement ?

• Existe-t-elle une relation entre l’économie de la connaissance et l’attractivité des IDE ?


13
• Les pays africain peuvent-ils sauter les étapes et amorcer directement une transition vers
les sociétés du savoir ?

• Est-ce que l'Afrique peut faire des sauts technologiques et rattraper les autres
continents ?

• Est-ce que les stratégies de développement appliqué en Afrique ont participé à


l’insertion du continent à l’EFC ?

 Hypothèse de la recherche

Le développement de l’Afrique du Nord est conditionné par la mise en place de dispositifs


d’insertion dans l’EFC et de l’attractivité des IDE.

 Hypothèses dérivées

 Le vrai ressort pour réussir le développement en Afrique réside dans la maitrise de la


technologie et du savoir ;

 les TIC ont accéléré le processus de la mondialisation et ils influencent positivement


l’attractivité des IDE ;

 La généralisation de l’accès à la connaissance favorise l’innovation est par la suite le


développement.

 Démarche de la recherche

Afin de répondre à nos questions, et pour mieux cerner la problématique et vérifier les
hypothèses, nous avons mené notre recherche en optant pour une démarche hypothético-
déductive. En effet, La déduction est le raisonnement qui fonde la démarche hypothético-
déductive. Cette démarche, adoptée dans notre recherche, consiste à élaborer une ou plusieurs
hypothèses et à les confronter ensuite à une réalité. Le but est de vérifier et de tester la portée
générale de la théorie et des approches de développement, de mondialisation, de la connaissance
et d’innovation, et la confrontation de ces approches avec la réalité africaines qui constitue un
contexte particulier. L’objectif est d’affiner la théorie initialement formulée. Partant d’une
méthode comparative pour deux pays à savoir le Maroc et la Tunisie cette méthode qui ne
signifie pas juste la comparaison, mais c'est une approche qui répond à des préoccupations
d'ordre épistémologique. Elle autorise à classer les pays et les phénomènes à partir d'un certain
nombre de variables pour se donner ensuite les moyens d'en déduire des constantes, des
14
invariants dégagés de toute considération historiciste. La méthode comparative, dont la pratique
a été relativement limitée en sciences sociales (en dehors vraisemblablement des sciences
politiques), se voulait un substitut à l'expérimentation des sciences exactes, et c’est dans ce sens
que nous avons opté pour un diagnostic et une modélisation économétrique dans notre partie
empirique afin de vérifier nos hypothèses et répondre à notre problématique.

 Résultats attendus

• Au niveau théorique :

- La vérification de la portée théorique des notions dans le contexte africain

- Répondre à la problématique posée

• Les retombées socio-économiques :

Élaboration d’un diagnostic des politiques menées au Maroc et en Tunisie pour s’intégrer à
l’économie fondée sur la connaissance tout en relions ces politiques avec les progrès en matière
des technologies de l’information et de la communication, notamment, la pénétration de ces
outils dans tous les secteurs, l’éducation et en fin recherche et développement et innovation.

 Structure de la thèse

Notre thèse se subdivise en deux parties et quatre chapitres :

Nous exposons dans un premier chapitre les sources d’échec des stratégies du
développement en deux sections. D’abord nous traitons le concept de l’économie du
développement en parlons des nouvelles approches ascendantes par la suite dans une deuxième
section nous allons présenter une critique des stratégies de développement autocentrées.

Le deuxième chapitre de notre thèse est consacré au traitement de l’émergence de


l’économie fondée sur la connaissance, ses tendances, son impact sur les transformations du
capitalisme, tout en présentant dans une première section le concept de la mondialisation, sa
définition, son historique ainsi que le concept des IDE, afin de faire une liaison entre le concept
de développement et l’émergence de l’économie de la connaissance.

La deuxième section traite la position de la connaissance dans les théories économique,


par laquelle nous avons essayés de présenter la transformation du capitalisme, les tendances de

15
l’économie de la connaissance aussi bien que les piliers de cette nouvelle économie en
démontrant la relation existante entre elle et le processus de la mondialisation.

Le troisième chapitre aborde la problématique de la connaissance en Afrique. La


première section expose les spécificités de l’économie nord-africaine, son niveau du
développement humain, et l’ouverture du marché nord-africain aux IDE. Quant à la deuxième
section elle met en exergue les différentes tendances de l’économie de la connaissance en
Afrique du Nord tout en traçant un état des lieux des trois piliers de l’économie de la
connaissance à savoir : l’éducation, les TIC et la R&D et innovation.

Finalement un quatrième chapitre réservé à une étude comparative entre le Maroc et la


Tunisie, scindé en deux sections, la première section présente la trajectoire de développement
des deux pays ainsi que les différentes stratégies d’insertion des deux pays à l’économie de la
connaissance, leur classement selon le KEI, et les progrès réalisés dans ce sens. La deuxième
section constitue le noyau de notre travail de recherche, elle fait l’objet d’une modélisation
économétrique qui nous a permet de mesurer l’impact des composants de l’économie de la
connaissance sur l’attractivité des IDE dans les deux pays et son impact sur le développement.

16
Chapitre I : Echec des
stratégies du développement
en Afrique

17
Introduction du premier chapitre

L’analyse de la littérature sur le concept de développement permet de relever un premier constat


relatif à la pluralité des théories caractérisant ce concept. En effet, de nombreuses définitions
sont proposées par les auteurs pour désigner le processus de développement.

La diversité et la multiplicité des définitions désignant le développement expriment sans doute


la richesse de ce domaine, mais paradoxalement, ce foisonnement et cette abondance de
définition peut prêter à une certaine confusion aussi bien entre les courants qui traite cette notion
qu’entre les dimensions théoriques mobilisées.

Dans sa définition la plus simple et la plus courante celle de l’économiste français François
Perroux le développement est « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une
population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et
global ».

Les stratégies de développement lancées par le haut ont connus des échecs réitérés, ce constat
a mené les chercheurs et les décideurs à chercher voir même à essayer de concevoir un nouveau
mode de développement adapté aux besoins des populations. C’est dans cette perspective que
plusieurs recherches ont vu le jour traitant la problématique du développement, les raisons
d’échec des stratégies lancées par le haut et les nouvelles approches de développement :

Dans ce présent chapitre nous allons essayer de traiter dans une première section la notion du
développement dans son aspect économique, les stratégies de développement tout en étudiant
les sources d’échec de ces stratégies traditionnelles de développement partant des définitions et
arrivons aux analyses.

Dans un deuxième lieu nous allons présenter les nouvelles approches de développement
notamment nous allons essayer de définir le développement local et ses acteurs ainsi que la
définition du développement territorial et les formes des agglomérations économiques.

18
Section I : Développement : théories et concepts
Les approches du développement sont souvent liées à l’assimilation des inégalités des
conditions matérielles d’existence des populations sur un territoire. De ce fait le processus de
développement est un processus qui permet à un territoire de surmonter la pauvreté et mener
un changement social intégral dans le but de garantir aux populations des conditions d’une vie
dignes, tout en créant des emplois, en assurant une répartition équitable des revenus, un système
éducatif et sanitaire convenable et performant, une espérance de vie plus longue. En effet, ces
conditions d’existence sont à la fois un révélateur d’un état de développement et aussi un
élément préalable à tout processus de développement.

I. L’économie du développement : concept et définitions


Toute conception du développement économique repose sur des hypothèses implicites et
explicites et s'insère dans un cadre analytique particulier, fortement imprégné d'une coloration
idéologique, dans la mesure où "Le discours de la théorie économique qui s'affirme comme une
lecture de la société, ne saurait être innocent, mais, à l'inverse, véritablement engagé11"

En effet, « L’économie du développement est une discipline fondée sur un objet, les processus
de transformations de longue durée, et sur un champ, le Tiers Monde ou les pays en
développement12». En fait, « les théories du développement se sont affirmées comme un corpus
distinct dans la science économique dès lors qu’elles ont postulé l’existence de spécificités
communes à un ensemble de pays, en même temps qu’elles ont adopté l’idée que le
développement ne se réduisait pas à la croissance13 ». Toutefois, la pensée libérale
néoclassique a généralement refusé cette spécificité en tentant, dès le départ, de réintégrer
l’économie du développement dans le champ de l’économie « pure » en ignorant notamment la
dimension historique du sous-développement (Conte, 2003).

Philipe Hugon a réalisé une étude du développement on se basant sur deux types d’analyse que
nous allons présenter dans le tableau suivant :

11
Collectif : Economie et sociologie du tiers-monde, s/dir. Pierre Jacquemot. Paris, Ed. L'Harmattan,
p. 26.
12
Ph. Hugon, « L’économie du développement, le temps et l’histoire », Revue Economique, pp. 339-364.
13
E. Assidon, Les théories économiques du développement, Paris, La découverte,, 1992. p. 5.
19
Tableau 1: Types d’analyses de développement initiées par Hugon

Champ Théorie Hypothético- Terrain Action


déductive
Méthode Induction (normatif)
(Universalisme) (Particularisme)

Approche globale du Développement


Anthropologie
développement intégral et intégré.
économique du
Systémique (systémisme, Nouvel ordre
développement
(holisme5) néomarxisme, économique.
Historicisme
dépendantisme, Réforme des
Institutionnalisme
structuralisme) structures

Théorico-
Modélisation du
empirique
développement Choix de projets
Analytique ex : travaux
(néoclassique, micro-réalisations
(individualisme économétriques
anthropologie systèmes incitatifs
méthodologique) sectoriels. Tests
formaliste, école prix et marché
empiriques et
standard élargie)
d’efficience

Source : Ph. Hugon, « L’économie du développement, le temps et l’histoire », Revue


Economique.

« Le développement économique est à la fois un objet d’analyse et une pratique (les politiques
ou les actions dites de développement) ». Selon le champ d’analyse (théorique, terrain ou
action), les préoccupations des économistes diffèrent allant de l’exigence d’une « approche
rendant compte de la spécificité et de la complexité de situations concrètes » (pour les actions
de développement), à une « exigence de cohérence, de conceptualisation, de questionnement
dans un cadre analytique cohérent permettant d’élaborer des tests ».

20
En effet, on peut dire que « le développement économique est un objet complexe caractérisé
par des interactions entre différentes variables. L’interprétation de cette totalité et la
compréhension de son sens supposent un dépassement de la discipline économique. Au
contraire, la méthode scientifique analytique fondée sur un découpage d’objets complexes en
éléments simples et la réfutabilité des démonstrations, suppose une méthodologie précise et une
délimitation de son champ de validité à partir du découpage de la réalité en modèles ou
secteurs14».

I-1 Définition du concept développement

Afin de comprendre le concept du développement, on se retourne souvent à la définition


classique, et admise par l’ensemble des chercheurs de ce domaine, présentée par l’économiste
français François Perroux en 1961, notant que le développement constitue « la combinaison des
changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître
cumulativement et durablement son produit réel et global ».

On se basant sur les travaux de Rist on peut citer une autre définition :

« Le développement, selon le rapport de la commission sud15 dirigée par le


président Nyerere, est un processus qui permet aux êtres humains de développer
leur personnalité, de prendre confiance en eux-mêmes et de mener une existence
digne et épanouis. C’est un processus qui libère les populations de la peur du
besoin et de l’exploitation et qui fait reculer l’oppression politique, économique et
sociale. C’est par le développement que l’indépendance politique acquiert son sens
véritable. Il se présente comme un processus de croissance, un mouvement qui
trouve sa source première dans la société qui est elle-même en train d’évoluer »16

14
Ph. Hugon, « La pensée française en économie du développement », Revue d’économie politique, 101 (2)
mars-avril 1991.
15
« Rapport de la commission Sud », dans Défis au Sud, Paris, Economica, 1990
16
Rist G., Le développement : histoire d'une croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po, 2001.

21
D’autant plus, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), affirme dans
ses rapports mondiaux sur le développement Humain :

« Le développement concerne fondamentalement des êtres humains. Il se fait par et


pour eux. Il doit consister à identifier les besoins humains, à élever le niveau de vie
des populations et à donner à tous les êtres humains la chance de développer leurs
potentiels » (PNUD, 1999)

Dans le même sillage le PNUD affirme que :

« Le principale objectif du développement humain est d’élargir la gamme des choix


offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus
démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des possibilités
d’accéder au revenu et à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé et à un
environnement propre de présentant pas de danger. L’individu doit également avoir
la possibilité de participer pleinement aux décisions de la communauté et de jouir
des libertés humaines, économiques et politiques »17.

Ces définitions données par le PNUD sont inspirées de la théorie des « besoins essentiels (ou
élémentaires) » créée dans les années 1970 au sein du Bureau international du travail (BIT). Le
développement y est caractérisé par la disponibilité d’un minimum de biens pour assurer la
survie (alimentation, habillement, etc.) et de services de base comme la santé ou l’éducation.
Les besoins essentiels sont définis par le fait qu’ils sont quantifiables, universels et facteurs de
croissance économique.

Le PNUD propose ainsi quatre critères pour mesurer le niveau de développement d’un pays :

• la productivité qui permet d’enclencher un processus d’accumulation ;

• la justice sociale : les richesses doivent être partagées au profit de tous ;

• la durabilité : les générations futures doivent être prises en compte (dimension à long
terme du développement) ;

17
PNUD, « Human Development Report: building a knowledge society », 2003.

22
• le développement doit être engendré par la population elle-même et non par une aide
extérieure.

Le développement a été aussi définit par le secrétaire général de l’ONU, U. Thant comme :

« La croissance plus le changement. Le changement en retour est social et culturel


et aussi bien qualitatif que quantitatif »

Revenant aux travaux de Rist18 : « Le développement est constitué d’un ensemble de pratiques
parfois contradictoires en apparence, qui, pour assurer la reproduction sociale oblige à
transformer et à réduire de façon généralisée le milieu naturel et les rapport sociaux, en vue
d’une production croissante de marchandises, bien et services, destinés, à travers l’échange, à
la demande solvable ».

Et dans une conception qui relie le développement avec la culture Taylor (1981) prévoit que :

« La culture ou la civilisation est cet ensemble complexe qui comprend les


connaissances, les croyances, l’art, le droit, la morale, les coutumes et toutes les
autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en tant que membre d’une
société ».

Les travaux de Serge Latouche, mettent l’accent sur l’importance du capital social dans
la société africaine, il écrit dans son ouvrage « L’autre Afrique : Entre don et marché»,
que les liens de parenté constitue un facteur important « En Afrique, la parenté s’étend
non seulement au groupe familial élargi, mais elle sert de moule dans lequel se coulent
les relations d’amitié, de voisinage, d’association sportive, culturelle, politique ou
religieuse, les rapports même du travail et les formes de pouvoir»19. En effet, Daghri et
Zaoual soulignent que : « le capital social en Afrique est réactivé et renforcé par les
cérémonies, les cultes d’ancêtres, les liens à la terre et les relations avec le monde de
l’invisible. Rites, mythes, sites dit la théorie du site. Cette solidarité de site ne résiste pas
uniquement aux phénomènes d’exclusion et de privation, mais elle joue aussi un rôle dans
les processus migratoires»20. Selon Serge Latouche et en se basant sur ses observations
sur les banlieues parisiennes, où les africains s’engagent en communauté afin d’aider les

18
RIST G., Le développement : histoire d'une croyance occidentale, Paris, Presses de Sciences Po, 2001.
19
LATOUCHE S., « L’autre Afrique : Entre don et marché», p.39, Paris, Bibliothèque Albin Michel Economie,
1998.
20
DAGHRI T et ZAOUL H., Economie solidaire et Développement Local : Vers une Démocratie de Proximité,
GREL Horizon Pluriel, L’ Harmattan, 2007.
23
membres de famille de loin, soit en envoyant de la monnaie ou en hébergeant leur frères.
Celui-ci écrit que : « Les obligations de donner, de recevoir et de rendre tissent les liens
entre les hommes et les dieux, entre les vivants et les morts, entre les parents et les enfants,
entre les aînés et les cadets, entre les sexes, au sein des classes d’âge, etc.»21.

II. Les théories du développement


Au XXe siècle le mot développement a été utilisé par Lénine, Schumpeter, Rosenstein-Rodan,
mais sa consécration n’a eu naissance qu’à la réunion de 1939 des anthropologues à Chicago,
dans laquelle la conception évolutionniste du développement a été remise en cause. Cette
période a été suivie par la fin de la colonisation et l’indépendance politique des anciennes
colonies22 et c’est à cette ère que le concept de sous-développement a vu le jour spécialement
en 1949 par une instauration véritable de « l’âge du développement ».

Le président américain Truman exprime sa vision concernant les régions sous-développées dans
son discours sur l’état de l’Union, citons :

« Leur pauvreté constitue un handicap et une menace tant pour eux que pour les
régions les plus prospères…Je crois que nous devons mettre à la disposition des
peuples pacifiques les avantages de notre réserve de connaissances techniques afin
de les aider à réaliser la vie meilleure à laquelle ils aspirent. En collaboration avec
d’autres nations, nous devrions encourager l’investissement des capitaux dans les
régions ou le développement fait défaut …L’ancien impérialisme, l’exploitation au
service du profit étranger, n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous
envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une
négociation équitable et démocratique »23.

21
Latouche S., « L’autre Afrique : Entre don et marché», p.39, Paris, Bibliothèque Albin Michel Economie,
1998.
22
Entre 1945 et 1950 les pays comme l’Inde le Pakistan, la Birmanie, l’Indonésie, la Jordanie et la Syrie,
deviennent politiquement indépendant; en 1954, le Vietnam, le Laos et le Cambodge accèdent à l’indépendance ;
en 1957 c’est le cas de la Malaisie, de la Lybie; en 1960 le Maroc et la Tunisie; l’Afrique sub-saharienne connait
une vague d’indépendances avec le Sénégal la Guinée, la Cote d’Ivoire et toutes les anciennes colonies françaises ;
l’Algérie en 1962; les Antilles Anglaises et Néerlandaises obtiennent un statut particulier, enfin 1975, les anciennes
colonies portugaises d’Afrique, Mozambique, Angola, Guinée Bissau, Cap vert obtiennent leur indépendance
après une longue lutte armée.
23
Truman H., Discours sur l’état de l’Union, janvier, 1949.
24
A ce constat on peut dire que la solution du sous-développement par l’imitation du modèle
occidental été perçue comme une évidence, partant du fait que le besoin de se développer
commence lorsqu’on se réfère aux aboutissements positifs des autres, à une étape à atteindre,
et dans les diverses variantes de la théorie orthodoxe le modèle à atteindre est le modèle
occidental.

Une bataille des idéologies entre l’Est et l’Ouest a été vécue pars les pays sous-développés lors
des années 1950, chose qui a donné naissance au mouvement des non-alignés en 1955, qui
constitue la première revendication de ces pays à la colonisation et au développement (Azoulay,
2002)24. D’où la déclaration de la nécessité du développement par les pays nouvellement non
alignés durant la conférence de Bandung (Indonésie) qui avais comme recommandations, la
recherche des possibilités d’intégrer le marché international par les investissements nationales
et étrangers.

Les stratégies de développement par le haut ont connus des échecs réitérés, et cela a fait l’objet
de plusieurs débats, dans lesquels les chercheurs et les praticiens ont essayé de proposer des
formes alternatives qui permettent d’atteindre un développement adapté au besoin des
populations. Les pays en développement durant les années 1960-70, ont mal choisis la voie à
suivre pour se développer chose qui a aggravé leur situation économique et sociale25. Cette voie
suivie par les PED a été source de leur surendettement et la mise en place des programmes
d’ajustement structurelle, qui ont fait l’objet de plusieurs critiques.

Partant du retard économique qu’a connu plusieurs pays dans le monde durant les années 50, le
concept du ‘développement ‘ a commencé à prendre plus d’importance, notamment, après le
déclin de la colonisation et l’émergence du Tiers Monde. L’accumulation du capital et
l’industrialisation ont été perçu comme la carte gagnante pour se développer, alors que
l’agriculture s’est mise à la marge partant du fait qu’elle reflète une image traditionnelle et
classique, chose qui peut bloquer le processus du développement.

24
Azoulay G., Les théories du développement. Du rattrapage des retards à l’explosion des inégalités, Rennes,
Presses Universitaires de Rennes, 2002.
25
Daghri T., Economie du developpement local, Collection Horizon Pluriel, Rabat, 2006, p. 75.

25
Après ces changements il y a eu la naissance des institutions internationales, la Banque mondial
et le Fond Monétaire international en 1944, la Société Financière Internationale en 1956,
l’Association Internationale pour le Développement en 1960, les Commissions Régionales des
Nations Unies notamment la Commission Economique de l’Amérique Latine (CEPAL) en1948
et qui a joué un rôle primordial dans l’analyse des processus du développement. L’année 1947
a été marquée par la signature du GATT (Accord sur les tarifs douaniers et le commerce), par
la suit la CNUCED (la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le développement),
pour remettre en cause le rôle du GATT perçu par le « groupe 77 » comme un accord créer que
pour résoudre les problèmes des pays développés. L’ONU créait en 1958 un fond spécial pour
le développement économique, qui a été suivi en 1965 par la création du Programme des Nation
Unies pour le Développement.

Durant les années 1950-60, la doctrine commence à se positionner. Le développement est


devenu comme le résultat de la croissance du PNB. Dans ce sens Rostow a proposé un schéma
linéaire de développement, il constitue un ensemble d’étapes qui devaient nécessairement être
parcourues par toutes les sociétés. Le retard connu par les pays sous-développés constitue un
retard en termes de choix de la voie menant au but unique celui du modèle d’industrialisation
capitaliste des pays développés dont les Etats-Unis constituent le premier modèle à suivre. Il
s’agit d’une conception idéologique du développement dans le contexte de la guerre froide.

L’industrialisation, l’amélioration du niveau de vie ainsi que la croissance économique sont


bien les bases d’une nouvelle vision du monde. Après le déclin de l’âge de la colonisation
notamment après la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu une effervescence d’une nouvelle
dynamique de l’ouverture de la compétition internationale en dehors des blocs traditionnels de
colonisateurs, qui a provoqué un changement vital de la Grande Division Internationale du
Travail, cette ouverture qui lie les nations indépendantes demeures un nouveau ordre pour
atteindre le développement économique.

Les institutions de Brettons-Woods sont les instruments d’instauration, de surveillance, et


d’orientation de ce nouvel ordre. Pour relancer la croissance les économies doivent passer une
étable préalable celle de la transformation radicale, afin d’assurer le bien-être de la population
en se basant sur le mécanisme du « trickle down effect » de la théorie néoclassique.

La distinction entre la croissance et le développement a été avancée par Perroux, dans


L’économie du XXe siècle, selon lui la croissance est « l’augmentation soutenue d’un indicateur

26
de dimension ; pour la nation : le produit global brut ou net en termes réels »26, alors que le
développement constitue « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une
population qui la rendent apte à faire croitre durablement, don produit réel global ». Dans ses
réflexions Perroux nie toutes relations entre la croissance du PNB et le développement, en
affirmant que les résultats de toutes transformations structurelles doivent changer les conditions
de vie des populations.

Joindre la dimension sociale à la dimension économique dénote une conception étriquée de


l'homme et de l'économie, contre laquelle Amartya Sen n'a cessé de lutter27. Pour lui, l'économie
est une science morale, et le développement le processus par lequel les libertés réelles des
personnes s'accroissent. En effet, la détermination du développement s’est changée, ainsi que
ses objectifs en ajoutant la répartition des revenus comme objectif principal. Ce dernier objectif
a été aussi remis en cause lors de la réapparition de la lutte contre la pauvreté. Une corrélation
entre les facteurs économiques et sociaux pour mesurer le développement a été faite par
L’Institut de Recherche des Nations Unies pour le Développement Sociale (UNRIDS), dont le
lien entre chacun de ces facteurs et le PIB a fait l’objet de régressions qui permettent
l’identification d’un seuil de développement.

Selon Morris28Trois indices à savoir : la mortalité infantile, l’espérance de vie à l’âge d’un an,
et la capacité de lire et écrire, sont réuni pour construire un indicateur simple pondéré appelé
l’Indicateur Physique de la Qualité de Vie (IPQV).

Ces changements continus et en forte évolution s'exprime par la naissance de la théorie des
stratégies des besoins fondamentaux, et par le changement des critères de mesure de la pauvreté,
ainsi que l’apparition de la croissance avec distribution comme une nouvelle solution pour la
lutte contre la pauvreté et aussi pour atteindre le développement.

La prééminence des théories économiques néolibérales durant les années 1980, se fonde sur la
conscience que l’intégration intégrale des marchés internationaux constitue un impératif des
politiques économiques. Le consensus de Washington a vu le jour pour instaurer une pensée

26
Perroux, F., Économie du XXème siècle, P.U.F., 1964.
27
Paul Grosjean. «La pensée d’Amartya Sen sur le développement». Revue Quart Monde, N°176 - Le droit de
participerAnnée 2000Revue Quart Monde document.php?id=2253
28
Morris M., Bessant J., Barnes J., Using learning networks to enable industrial development. Case studies from
South Africa, International Journal of Operations & Production Management, 26(5), 2006, 532-557.
27
unique dit Azoulay29. Etre développé demeures un besoin qui se bloque par les problèmes
d’endettement, de résorption des déséquilibres macro-économiques et financiers et les
problématiques d’ajustements, tous ces problème peuvent être résolu par un modèle unique de
développement. C’est dans ce sens que la pensée économique a vécu un changement radical
celle de l’engagement des marchés, à la place des gouvernements, dans la régulation du
développement, dans la perspective que les marchés assurent une meilleure allocation des
ressources en comparant avec les Etats. La réunion des conditions d’attractivité des
investissements étrangers résulte une efficacité en terme de mobilités des capitaux et par la suite
une satisfaction des besoins d’un grand nombre de pays qui sont pour la réduction des barrières
à l’importation et la dévaluation de la monnaie, chose qui facilite l’intégration dans la
dynamiques des échanges à l’échelle mondial, qui devenue l’objectif à atteindre pour les
politiques d’ajustements.

Les paradigmes de l’économie du développement des dernières décennies, notamment, le


paradigme développementaliste, a connus une rupture radicale, en affirmant que le sous-
développement ne constitue pas un résultat direct des insuffisances ni des échecs du marché
mais c’est plutôt le résultat des échecs des Etats. Le marché devient le garant d’allocation des
ressources, et avec le paradigme néolibéral et son outil majeur, l’ajustement structurel,
l’intégration maximale des nations dans le marché mondial est conditionnée par la détention
des avantages comparatifs. Toujours dans le même sens, la politique macro-économique s’est
aussi changée, du fait que le niveau de la demande est devenu un facteur clé de la production
de l’emploi et la politique budgétaire et monétaire en permettant la fixation de la demande à
son juste niveau. En effet, l’emploi résulte du fonctionnement du marché de travail plutôt que
l’activité économique dans son ensemble (Azoulay, 2002)30.

29
Azoulay G. Les théories du développement. Du rattrapage des retards à l’explosion des inégalités, Rennes,
Presses Universitaires de Rennes, 2002.
30
Azoulay G. Les théories du développement. Du rattrapage des retards à l’explosion des inégalités, Rennes,
Presses Universitaires de Rennes, 2002.
28
III. Les théories de la croissance : de l’exogène à l’endogène

Paul Romer (1986)31 et Robert Lucas (1988)32 sont les premiers qui ont parlé de théorie de la
croissance endogène. Cette théorie se base sur l'idée d'une croissance auto-entretenue,
contrairement aux théories traditionnelle sur la croissance, notamment le modèle conçus par
Solow (1956), qui relie la croissance au taux d'épargne, le taux de dépréciation du capital
physique et le taux d'accroissement de la population active. Ces trois facteurs se partage un
point commun d'être déterminés en dehors du modèle (exogènes) et fixés une fois pour toute.

Décrite comme auto-entretenu, la croissance est perçu comme possible dans la théorie de la
croissance endogène, notamment grâce à l'outil du capital humain qui permet de considérer le
progrès technique comme endogène. En effet, le progrès technique et l'innovation (mesurés par
la productivité globale des facteurs) sont le fait des chercheurs ou ingénieurs, qui sont eux-
mêmes le fruit d'un investissement en capital humain. De manière générale, l'épargne investie
dans la formation des citoyens est un puissant accélérateur de croissance. Le capital humain
apporte de fait une grande partie de la solution du fameux « paradoxe de Solow ». Si les progrès
évidents dans le domaine de l'informatique étaient difficiles à voir dans les statistiques, c'est en
partie dû au temps dont ont besoin les travailleurs pour s'approprier les nouvelles techniques de
production, notamment par la formation.

Depuis le modèle de Mankiw, Romer et Weil33, les nouvelles théories de la croissance ont
contribué à affiner la mesure du stock de capital humain et son rôle dans la croissance, en
particulier celle des pays en développement. Ce modèle distingue notamment l'accumulation
du capital humain et l'accumulation du capital physique. Il considère aussi le capital humain
comme un ensemble de capacités, de compétences et de connaissances des travailleurs
individuels.

31
Romer, P.M. , Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, Vol. 94, N°. 5, pp.
1002-1037, 1986.
32
Lucas, R., « On the Mechanisms of Economic Growth », Journal of Monetary Economics, Vol. 22, N°. 1, pp.
3-42, 1988.
33
Mankiw N.G., Romer D. et Weil D.N., « A contribution to the empirics of economic growth, quarterly »,
Journal of Economics, vol.107, no2, 1992.
29
Ce modèle observe que des variations relativement faibles des ressources consacrées à
l'accumulation du capital physique et humain peuvent entraîner des variations importantes de
la production par travailleur. Il permet donc de mieux expliquer les différences importantes des
niveaux de revenu réel par tête entre les pays.

Toutefois, dans les modèles de croissance endogène, le taux de croissance de l'économie dépend
largement des conditions initiales des économies. Si certains pays ont des niveaux de capital
humain ou de capital physique initial inférieur à un certain seuil, les effets externes ne sont pas
suffisants pour entretenir la croissance. Ainsi, le capital humain est complémentaire d'autres
facteurs, en particulier le capital physique. Un stock de capital humain doit être « absorbé » par
un système de production qui utilise toutes les capacités des individus.

Pierre-Yves Hénin et Pierre Ralle (1994) soutiennent dans une même perspective que le capital
humain engendre de fortes externalités positives lorsqu'il est possible de communiquer et
d'interagir avec d'autres personnes présentant le même niveau de connaissance, c'est ce que l'on
appelle, nous l'avons évoqué, des externalités de réseau34.

Fondamentalement, le progrès technique est endogène parce qu'il dépend du comportement des
ménages en matière d'accumulation de capital humain. Mais le plan de formation élaboré par
l'agent ignore le caractère endogène du progrès technique. En effet, l'individu n'intègre pas dans
ces modèles l'externalité au «rendement» qu'il prête à son capital humain. A un niveau social,
ceci conduit à un investissement en capital humain inadapté et donc, dans le long-terme à une
croissance inefficace. Dans ce contexte, une politique publique de soutien à l'éducation peut
inciter l'agent à porter son effort d'investissement à un niveau adapté, qui tient compte de l'effet
externe. On retrouve une idée forte des modèles de croissance endogène : même si la croissance
trouve son origine dans les décisions individuelles, la puissance publique se doit de mettre en
place une politique volontariste.

34
Hénin, Pierre-Yves, Ralle, Pierre, « Les nouvelles théories de la croissance : quelques apports pour la politique
économique », Revue économique, Vol. 44, n° hors-série, 1994.
30
Section II : Les stratégies de développement autocentré
Le sous-développement a toujours constitué un souci pour les analystes de l’économie. Afin de
surmonté ce retard, les pays en développement (PED) ont optés pour des choix stratégiques
souvent prescrits par les puissances économiques et les organisations internationales. En effet,
ces stratégies de développement misent en place et plutôt imposées par les orientations
idéologiques des régimes politiques leaders du colonialisme n’ont pas aboutis aux fins
souhaitées par les PED. Afin de déceler cette idée, nous allons traiter dans cette section les
stratégies de développement et leurs sources d’échec.

I. Les stratégies de développement


Dans cette partie nous allons traiter trois fameuses stratégies de développement ont été
imposées par les institutions internationales afin de surmonter les problèmes du sous-
développement dans les PED à savoir les stratégies des industries industrialisantes, la stratégie
de substitution aux importations ainsi que les programmes d’ajustement structurels.

I-1 La stratégie des industries industrialisantes en Afrique


L’expérience soviétique d’industrialisation des années 1920 a été à l’origine de la stratégie des
industries industrialisantes s’inspire de. Son prolongement historique ses attribué aux réflexions
théoriques et modèles économiques de Karl Marx, Gérard Feldman, Albert O. Hirshman35.
Inspiré par les travaux de son père spirituel F. Perroux en matière de pôles de croissance, Gérard
Destanne de Bernis36 initiateur de la théorie des industries industrialisantes, qui constitue une
théorie explicative du développement selon Benissad H., et un modèle théorique de base de
l’accumulation (cas de l’Algérie)37 (Benachenhou A., 1980). Néanmoins, selon De Bernis, les
industries industrialisantes sont celles qui emmènent : « une modification des fonctions de
production »38, et qui peuvent s’expliquer en se basant sur l’analyse des effets d’entraînement.

35
Abdelmalki L. et Mundler P., Economie du développement, Hachette, Paris, 1995, p.141.
36
De Bernis G. D., « les industries industrialisantes» rôle du secteur public dans l’industrialisation» cas des pays
sous- développés. Eco. Appliquée 1962
37
BENACHENHOU A., «L’expérience Algérienne de planification : 1962/ 1980 » OPU, Alger 1982
38
Benissad H., économie du développement de l’Algérie, OPU, Alger, 1979, P.24.
31
Dans d’autre travaux de Bernis présente trois caractéristiques distinctives de ces industries
industrialisantes : « Elles sont de grande dimension, fortement capitalistiques et sont situées
dans les secteurs produisant les moyens de production »39.
G. de Bernis défend sa position en avançant que :
« la mise en place d'une [...] structure industrielle cohérente ne peut se faire qu'à
partir d'industries que l'on peut qualifier d'industrialisantes si l'on entend par là
celles dont la fonction économique fondamentale est d'entraîner dans leur
environnement localisé et daté un noircissement systématique de la matrice
inter- industrielle et des fonctions de production grâce à la mise à la disposition
de l'entière économie, d'ensembles nouveaux de machines qui accroissent la
productivité du travail et entraînent la restructuration économique et sociale
d'un ensemble considéré en même temps qu'une transformation des fonctions de
comportement au sein de cet ensemble ».40

F. Perroux a joué un rôle pionnier dans la conceptualisation du développement, approfondissant


par là même la tendance lourde qui a toujours accompagné la réflexion sociale et économique
française. Il est en effet bien établi que « dans la tradition colbertiste, l'Etat est l'agent premier
du développement, et le marché n'est pas supposé autorégulateur »41

Dans ses travaux sur les problèmes de croissance dans les pays développés, F. Perroux 42 a
remarqué qu’elle n’apparaît pas seulement dans un lieu unique et spécifique mais dans plusieurs
points appelés « pôles de croissances» et avec des intensités différentes. C’est dans ce sens que
les pays visant le développement industriel créent et multiplient les « pôles de croissances» tout
en inter-reliant l’économie locale. En se basant sur cette classification industrielle de caractères
des effets d’entraînement peuvent être souligné à savoir :

Les effets d’entraînement en amont (ou influence par les achats) et l’idée de mise à la
disposition de l’économie d’ensembles nouveaux de machines revient, en revanche, à
privilégier des effets d’entraînements en aval (influence par les ventes)43. Dans tous les cas, le

39
De Bernis G., "Industries industrialisantes et contenu d'une politique d'intégration régionale", in Economie
appliquée, 1966, p 426.
40
De Bernis, G., revue Tiers-monde, numéro 47, p. 547.
41
HUGON, P., "Les trois temps de la pensée francophone en économie du développement" in Etats des savoirs
sur le développement sous la direction de C. Choquet, O. Dollfus, E. Leroy, M. Vernieres, Paris, Ed. Karthala,
1993, p. 43.
42
Perroux F., « Les espaces économiques », Economie et Sociétés, vol.9, n° 2, 1958, pp. 1705-1723.
43
Temmar H., « Elément pour une stratégie de développement africaine, in Hocine Benissad (dir.), Le
développement économique : théories et politiques en Afrique, OPU, Alger, 1984.
32
modèle autocentré, suivant la voie de la descente ou la remontée, a coïncidé avec le
développement de la stratégie de substitution à l’importation (Cheriet A., 2002).

I-2 La stratégie de substituions aux importations en Afrique


Appliquée par des pays d’Amérique du Sud dès les années trente, cette stratégie est fondée sur
le remplacement progressif sur le marché intérieur des importations de biens de consommation
par une production locale. Elle nécessite un protectionnisme éducateur, c’est-à-dire qui
permette à des activités nouvelles de se développer à l’abri de la concurrence internationale.
Maintenant des prix élevés sur le marché intérieur, cette pratique permet d’attirer des capitaux
étrangers avec une perspective de profits élevés. Il est ensuite possible soit de remonter les
filières de production en développant des activités à qui la production initiale fournit des
débouchés, soit d’écouler la production sur les marchés internationaux.
Nonobstant, le protectionnisme favorise le développement d’une industrie rentière, non
compétitive, prélevant un surplus sur les revenus agricoles, ce qui freine à la fois la
modernisation du secteur primaire et le développement des autres activités de biens de
consommation. Pour mettre fin à cette situation, l’État est obligé de subventionner les activités
protégées, d’où un accroissement des dépenses publiques, en général financées par émission
monétaire, provoquant ainsi une inflation élevée. De plus, les biens d’équipement étant toujours
importés, la dépendance vis-à-vis de l’extérieur ne diminue pas et les importations sont de plus
en plus coûteuses, car l’inflation provoque une sous-évaluation de la monnaie nationale.

Pour consolider son indépendance économique, le Maroc a opté pour l'implantation d'une
industrie de base et pour l'intervention de l'Etat dans le domaine industriel. Cette option
"industrialiste"44, adoptée dans le cadre des plans quinquennaux des années 1960, avait comme
objectifs la création d’une capacité industrielle de substitution aux importations, (La préférence
fut donnée aux industries agro-alimentaires et aux industries manufacturières légères orientées
vers la satisfaction de la demande solvable locale45), et de la transformation pour l’exportation

44
L'industrialisation comme concept est différent de la politique industrielle, elle désigne un choix de
développement, une option retenu par un pays pour placer l'économie sur un sentier de croissance, quand à la
politique industrielle, elle se définie selon le modèle d'industrialisation escompté. Revue MCI-
ATTAWASSOUL, n°: 11 Avril 2001, p.14
45
Surtout dans les secteurs où l’écart entre la production et la demande était considérable. Dans ce cas, il fut
nécessaire d’identifier les biens disposant d’un potentiel de marché, permettant d’augmenter la valorisation
interne des ressources naturelles avec un coût en capital relativement bas, une technologie simple et pour
lesquels la concurrence a été atténuée par des mesures protectionnistes.
33
des produits agricoles et miniers46, en utilisant les méthodes de (protection, incitation,
investissement public)47
Dans une deuxième phase, débutant en 1973, l’État adopta comme objectif la diversification
des industries d’exportation, sans pour autant rompre avec la stratégie d’import-substitution. Et
cet objectif fut plus affirmé lors du plan 1973-77 qui a intégré de nouveaux objectifs (la
promotion diversifiée des exportations, la régionalisation de l’investissement industriel, la
marocanisation des entreprises)48. Toutefois, Cette période fut caractérisée par des objectifs de
croissance modestes, dans un contexte d’inflation modérée et de sauvegarde des équilibres
macro-économiques49.
Ce qui a fait que cette stratégie a progressivement montré ses limites à partir de la moitié des
années 1970, conduisant à sa profonde remise en cause dans les années 1980, Ce qui a nécessité
l'application d'un programme d'ajustement structurel du secteur industriel avec l'appui financier
et technique de la banque mondiale à partir de 1983.

I-3 Les programmes d’ajustement structurel en Afrique

La notion d’ajustement structurel, appliquée aux pays sous-développés, est étroitement liée à la
spirale infernale de l’endettement international, ainsi qu'à la crise de paiement qui l’a suivie au
début des années 1980. Limité, au départ, à certains pays de l’Amérique latine, le phénomène
de cessation de paiement s'était généralisé pour toucher plusieurs pays producteurs de pétrole,
notamment après le contrechoc pétrolier de 1986. Face à l’ampleur du phénomène
d’insolvabilité, les bailleurs de fonds internationaux, notamment le FMI et la Banque Mondiale,
avaient décidé d’exiger des pays emprunteurs de s’engager à prendre des mesures économiques
et financières radicales, pour parvenir à dégager des excédents financiers et rembourser leur
dette extérieure. Ces mesures étaient consignées dans des programmes annuels ou pluriannuels
appelés « Plans d’Ajustement Structurel ».

Après un début d’application limité, les Plans d’Ajustement Structurel ont pris un essor
particulier depuis le début des années 1990. En effet, l’effondrement de l’URSS et la chute du
Mur de Berlin ont conféré aux Institutions Financières Internationales le statut de « parrain »
de la transition vers le marché. La thérapie de choc, issue du consensus de Washington, fut

46
Hamdouch B.,. " Politique de développement et ajustement au Maroc à l'épreuve de la crise" Ed; Smer, 1990
47
Sefriou F.," La dynamique ajustement structurel et croissance industrielle face aux impératifs de
libéralisation ; expérience marocaine "in travaux de recherches du réseau esprit, " Globalisation et compétitivité,
les dynamiques des systèmes productifs dans le contexte de libre échange" 1997.
48
Plan de développement économique et social 1973-1977, volume:I
49
Kadmiri A. "Economie et politique industrielle au Maroc" Ed; Toubkal, 1989
34
partout imposée au début des années 1990, comme un « mal nécessaire » pour réussir la
transition vers le marché.

La notion d’ajustement structurel peut être appréhendée de plusieurs façons. Elle oscille de la
recherche d’équilibre de la balance des paiements à la soumission des économies en difficultés
aux lois du marché en passant par la recherche de la gestion rationnelle des ressources
monétaires et financières publiques. Malgré leurs légères divergences, ces définitions se
complètent et convergent sur au moins deux faits :

Premièrement, le Plan d’ajustement structurel est un programme dicté de l’extérieur par le FMI
à un pays donné pour rétablir ses équilibres économiques globaux. Les pays exposés au P.A.S
éprouvent généralement des difficultés pour s’acquitter de leur dette extérieure.

Deuxièmement, au-delà de son rôle de garant du paiement des dettes rééchelonnées, le FMI a
pour objectif de généraliser les règles du marché à l’échelle planétaire. Le P.A.S, qualifié
généralement de thérapie de choc, est un ensemble de mesures d’ordre monétaire, budgétaire,
fiscal et commercial. Son objectif est double : le rétablissement des équilibres macro-
économiques, dans un premiers temps, celui des mécanismes du marché et de la vérité des prix
par le désengagement de l’Etat de la sphère économique, dans un deuxième temps. La
stabilisation, la libéralisation et la privatisation sont les maîtres mots qui synthétisent les
différentes conditions et critères de performances du FMI.

La doctrine du FMI est inspirée des théories économiques néolibérales nées dans le sillage de
la crise des pays occidentaux des années 1970 et les difficultés de l’Etat providence à juguler
le chômage et l’inflation selon les mécanismes keynésiens. Le fondement principal de ces
théories est le rôle assigné à l’Etat dans l’économie. Selon cette doctrine, l’intervention de l’Etat
doit être limitée et les équilibres monétaire et budgétaire doivent être dans tous les cas respectés.
La privatisation est en outre une des solutions préconisée pour alléger le poids des dépenses
publiques et des charges fiscales. Après un début d’application en Angleterre et aux Etats Unis,
ce courant de pensée, appelé monétarisme, s'est généralise pour devenir actuellement une
pensée dominante au sein de la science économique. Le Plan d’ajustement et le FMI obéissent
donc à une logique d’ensemble visant la généralisation de la doctrine libérale à l’ensemble de
la planète.

En revanche, si les motivations du FMI sont facilement identifiables, celles des pays le
sollicitant le sont moins. En effet, l’histoire des plans d’Ajustement Structurel montre des
exemples de pays ayant bénéficié de l’aide du FMI en appliquant scrupuleusement ses
recommandations, mais qui, une fois la « tempête » de la crise financière passée, reviennent sur
35
toutes les décisions qu’ils avaient prises. L’exemple algérien est à ce propos édifiant. L’Algérie
a accepté, pour les raisons évoquées plus haut et sans conditions, le Plan d’ajustement structurel
du FMI au milieu des années 1990, mais dès que ses recettes pétrolières augmentèrent, et son
engagement avec le FMI expira, elle revint sur plusieurs des décisions qu’elle avait prises
auparavant. L’histoire économique ultérieure de l’Algérie le montre amplement.

II. Echec des stratégies de développement

L’aspect social a été la grande oublie des modèles de développement autocentré, et des discours
des institutions internationales, notamment, le Fond Monétaire International et la Banque
Mondiale. En négligent cette facette sociale très importante pour la conduite du changement et
fait biaisé leurs raisonnements.

Une relation d’interdépendance entre les variables isolées des relations sociales et des
institutions50 a été détectée par les modèles de croissance néo-classiques ou post keynésiens

Nonobstant, détenir un mouvement formel nécessite une permanence et aussi une stabilité des
relations qui relie des éléments multiples. Et selon Philipe Hugon, le temps apporte le
changement, dans le sens ou le temps économique et sociale est plutôt hétérogène, et les fats
économiques ne se réitère pas. De ce fait, on peut dire que la discussion des lois scientifiques
en économie devienne une nécessité et non pas un choix. A ce constat, Hassan Zaoual dans sa
théorie des sites symboliques démontre que les croyances, les connaissances ainsi que les
comportements en économie sont plutôt relatifs, chose qui remet en cause l’esprit déterministe
de l’économie, vu que cette dernière est fortement liées aux imaginaire des sites locaux51.

50
Hugon P., "L'économie du développement, le temps et l'histoire", in Revue Economique, Volume 42, n°2 mars
1991, p. 346.
51
Zaoual H., Management situé et développement local, Rabat, Maroc, Collection Horizon
Pluriel, 2006.
36
II-1 Le déterminisme économique

Les méthodes quantitatives et les formules ont toujours été importantes dans les raisonnements
économiques, tout en introduisant la modélisation mathématique en économie52, arrivant à un
stade actuel, où la plupart des approches économiques se basent nécessairement sur ce
protocole.

Dans son ouvrage «Petit essai sur la nature et la signification de la science économique »
Robbins a avancé une définition de la science économique comme étant : « la science qui étudie
le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usage
alternatifs ». À l’opposé des classique Hassane Zaoual suppose, la théorie néoclassique a opérée
une rupture à l’intérieur du système conceptuel de discipline économique, chose qui permet
l’envahissement des mathématiques en tant que forme d’équations de comportement et de
techniques d’optimisation53.

Nonobstant, chaque société et chaque individu détient des caractéristiques complexes et des
aspects multidimensionnels bien différents aux autres. Et selon les travaux de F. Perroux 54, on
n’arrivera jamais à les prendre tous en considération en procédant au calcul des variables
humaines.

Supposant que les mathématiques sont primordiales pour le raisonnement économique, l’usage
exagéré de ces outils de rationalisme, peut entretenir des résultats négatifs sur la culture qui a
été à leurs origines.

L’ignorance de l’aspect social dans la conception de nos réflexions en se basant sur des visons
déterministes, a été un facteur contribuant aux échecs des modèles. Cette affirmation se
confirme par les exemples des PED, et comme le dit Hassan : « le pire arrive quand ce genre
d'approximation est extraite de la société occidentale est étendue de manière mécanique, aux
cultures paysannes du tiers monde. Quand on regarde ces dernières dans leurs profondeurs, il
est "surréaliste" d'y penser en terme de courbes d'indifférences et de fonctions d'utilités. Nous
n'avons jamais vu, ni pressenti un Berbère du moyen Atlas marocain ou un paysan de l'Afrique
noire cherchant à maximiser une fonction d'utilité dans ses rapports avec son monde extérieur.

52
Zoual H., Du rôle des croyances dans le développement économique, Thèse de Doctorat d’Etat Es en Sciences
Economique, Université du Littoral, 1996.
53
Daghri T., Economie du developpement local, Collection Horizon Pluriel, Rabat, 2006.
54
Perroux F., Pour une philosophie du nouveau développement, Aubier Les presses de l'UNESCO, 1981, p. 215.
37
Les faits du développement montrent, au contraire, le caractère excessif de ce genre de
modèles »55.

Selon les réflexions de Zaoual l’aspect culturel et social est crucial dans la conception de tous
types de stratégie. Cette complexité et imprévisibilité de l’aspect culturel et social explique la
défaillance du courant déterministe, qui a engendré des effets négatifs sur les sociétés Sud, dans
ce sens H. Zaoual avance que le déterminisme fonctionne avec le constructivisme comme une
négation de la vitalité des sociétés. En Effet, "Le mouvement de la société soumet à rude épreuve
les efforts de systématisation effectués par la science économique. Dès qu'elle s'élève à son
stade suprême qu'est la formalisation, elle se vide de son "contenu social" et les décisions
qu'elle inspire deviennent inopérantes. Le déterminisme et le constructivisme fonctionnent ainsi
comme une négation de la vitalité des sociétés. Leurs présupposés engendrent une destruction
des qualités sociales"56.

II-2 Le culturalisme
Le paradigme culturaliste constitue une approche complémentaire pour les réflexions
théoriques sur le processus de développement des sociétés du Sud, contrairement aux réflexions
de la théorie économique du développement.

La crise de la théorie économique a été derrière l’essor du courant culturalise perceptible depuis
le début des années 198057.

A l’opposé des schémas tracés par les théories de développement autocentrées qui ont eu cours
des années 1950 aux années 1970 et qui sont focalisées sur l’accumulation de capital, sur la
modernisation industrielle, sur la rupture avec le capitalisme mondialisé ou au contraire sur
l'intégration au commerce international, les pays de Sud ont vécu trente ans des échecs.

55
Zaoual H., Du rôle des croyances dans le développement économique, Collection Économie Plurielle,
Bruxelles, L'Harmattan, 2002,
56
Ibid
57
Cf. les diagnostics de « pauvreté », de « déclin » et de « mort » de l'économie du développement portés au
début de la décennie quatre-vingt par quelques pères fondateurs de la discipline, Deepak Lai, Dudley
Seers, Albert Hirschman, diagnostics qui constituent la matière d'un article de Nasser Pakdaman dans lequel il
s'efforce de relativiser ces bilans critiques. Cf. N. Pakdaman, Crise de l'économie du développement ?, in
Coquery-Vidrovitch et al, 1988.
38
Plusieurs économiste contemporains en repensé leurs idées, suit à ace décalage crée par la
théorie économique du développement qui ne cesse pas de produire des « mythes
développementalistes »58.

De sa part Michel Vernières a identifié les mythes du développement mimétique, de la primauté


du capital, de la modernisation par l'industrie, du développement indépendant, de la
spécialisation internationale59. Serge Michaïlof anisi, s'est attaqué aux mythes de la
dépendance, de l'étatisation, des projets de productivité, aussi, Jean-Paul Courthéoux aux
mythes de l'investissement, du progrès technologique, des transferts Nord-Sud de capitaux,
Moïses Ikonicoff aux mythes des industries industrialisantes, des technologies appropriées, du
développement par l'Etat.
Cette crise de la théorie économique du développement s’est apparu à l’ère des biais introduits
par la démarche consistant à isoler des facteurs dits économiques de facteurs « non
économiques». C’est dans ce sens que Gunnar Myrdal considéré aujourd'hui comme l'un des
«pionniers » de l'économie du développement avait comme réflexion que :

« L'idée implicite de nombreuses théories sur les pays sous-développés - qu'il


est permis, sur le plan méthodologique, de chercher d'abord à établir une théorie
"économique" en conservant la possibilité de prendre ultérieurement en
considération les "facteurs non économiques" -est erronée. (...) D'un point de
vue scientifique, la seule délimitation logiquement soutenable dans la
construction de nos modèles est celle qui distingue les facteurs pertinents des
facteurs qui le sont moins. »60

Désormais, le bilan de la théorie économique du développement dressé par de nombreux


économistes atteste une révision à la baisse de l'ambition théorique de l'économie dans ce
domaine, et la volonté d'une approche pluridisciplinaire du développement, susceptible
d'appréhender les facteurs dits « culturels ». Ainsi, pour Jacques Adda :
« Si quatre décennies d'économie du développement ont pu nous enseigner quelque chose, c'est
certainement la modestie par rapport à une réalité extraordinairement complexe, que ne

58
Zaoual H., « Culture et développement », in Ferréol G. et Jucquois G. (sous la dir.), Dictionnaire de l’altérité
et des relations interculturelles, Armand Colin, 2003, pp. 83-85.
59
Vernières M., Economie des tiers mondes, Economica, Paris, 1991.
60
Myrdal G. The political element in the development of economic theory, Routledge et Kegan, Londres,
1929/1953
39
peuvent apprivoiser quelques schémas théoriques prétendument universels élaborés le plus
souvent de l'extérieur des sociétés considérées »61.

De même, pour Frédéric Teulon :


« Le développement est un phénomène complexe, dont on sait en fait peu de choses. L'analyse
économique ne dit pas pourquoi une société change et à quels facteurs elle doit ce processus.
(...) Les analyses économiques sont partielles, les hypothèses retenues fragiles, les facteurs du
développement variés et variables dans le temps »62.
Pour Jacques Pavoine encore : « Divers travaux semblent montrer que les facteurs purement
matériels ou économiques ne sont pas les plus déterminants. A l'évidence, le rôle des systèmes
politiques et des hommes qui les dirigent est considérable, mais la théorie économique ne peut,
par nature, qu'ignorer ce type de facteurs. (...) Aussi peut-on supposer que des approches
théoriques capables d'intégrer à la fois la macro-économie, la science politique et l'analyse
sociologique, voire même l'ethnographie, pourraient amener à un renouvellement des théories
du développement ou même à des théories du non-développement. »

Michel Vernières résume donc bien une opinion aujourd'hui courante dans la communauté des
économistes, lorsqu'il écrit que le développement « est un processus trop complexe pour être
limité à ses seuls aspects économiques. Il faut intégrer dans l'analyse d'autres éléments souvent
regroupés sous le terme pratique, mais un peu vague, de culturel »63.

Ainsi, la crise de la théorie économique du développement depuis le début des années 1980 a
constitué un contexte favorable à l'éclosion d'analyses moins économicistes. Certes, la décennie
précédente a vu également la théorie néo-classique, principale rescapée de la crise des théories
du développement, occuper le vide, et proposer des thèses plus abstraites et plus
universalisantes que jamais. Mais un grand nombre d'économistes du développement, qui ne se
reconnaissent pas dans l'école néo-classique, ont au contraire appelé de leurs vœux une
ouverture à d'autres sciences sociales, pour appréhender de plus près la fameuse « dimension
culturelle du développement ».

61
Adda J., La mondialisation de l’économie, Tome I : Genèse, Paris, La découverte, 1996.
62
Teulon F., Le casse du siècle. Faut-il croire en la nouvelle économie ? Denoël, 2000
63
Vernières M. Economie des tiers mondes, Paris, Economica, 1991.

40
Or, le réenchâssement de l'économique dans un développement conçu de manière plus vaste
comme processus culturel et sociétal a rencontré un écho favorable auprès de socio-économistes
et de sociologues qui, traditionnellement, parlent du développement en termes de « dynamique
sociale d'une société entrant dans un nouveau type de civilisation » (Marc Penouil), de «
mouvement par lequel les peuples se constituent sujets historiques de leur avenir » (Yves
Goussault), de « type d'accès à la modernité »(Alain Touraine), etc. Quelques publications
récentes montrent ainsi que cette approche interdisciplinaire du développement se concrétise
de manière croissante au début des années 1990.

La recherche d'un élargissement, et pour certains d'un dépassement de la théorie économique


du développement dans une perspective culturaliste s'est enfin effectuée avec le souci de tourner
définitivement le dos au piège de l'ethnocentrisme. Comme le rappelle en effet Jean-François
Ваге, « le développement, concept ou catégorie, renvoie inéluctablement à l'histoire des pays
"développés", en l'occurrence à un phénomène historique coextensif de ce que le langage
commun retient comme "la révolution industrielle" ». De manière simultanée, les théories du
développement ont souvent été accusées d'assimiler le décalage économique entre le Nord et le
Sud à un simple retard condamnant les pays du Sud à une relative hétéronomie sur la voie d'un
développement diachronique mais univoque. Cette vision occidentalo-centrée du
développement des sociétés du Tiers Monde, confortée par la vulgate rostowienne, n'aurait
jamais complètement cessé de sévir dans la théorie économique du développement, si l'on en
croit Frédéric Teulon pour qui celle-ci « reste prisonnière de l'idée selon laquelle les pays
passent à différentes périodes par des phases de développement comparables »64.
C'est alors précisément contre cette perception traditionnellement ethnocentriste et
économiciste du développement que s'est construit le paradigme culturaliste, au prix, chez
certains auteurs, d'une analyse devenue très « antidéveloppementiste ».

64
Teulon F., Le casse du siècle. Faut-il croire en la nouvelle économie ? Denoël, 2000.
41
III. Les nouvelles théories du développement : le développement
local et le développement territorial

III-1 Le développent local

Tel qu'indiqué par Beaud, une économie est le reflet d'initiatives portées par des acteurs
aux niveaux local, régional, national et international. Il n'y a donc pas, à proprement parler et
dans une période aussi récente que les deux derniers siècles, émergence d'initiatives à un ou
l'autre de ces niveaux, mais bien développement continu d'initiatives à tous les niveaux

Prenons le cas de l'espace montréalais au XIXe siècle. Nous y retrouvons du


développement macro-social lié aux investissements en provenance de l'Angleterre, à
l'immigration internationale et au commerce avec les États-Unis. Ce développement se traduit
par la création de la zone industrielle du Canal Lachine.

Pour distinguer l'échelle des différentes initiatives de développement économique, nous


utilisons les concepts d'initiatives macro, méso et micro-sociales. Nous qualifions les initiatives
d'ordre national de macro-sociales : elles permettent la création de programmes, d'institutions,
de politiques qui s'appliquent sur de grands territoires (un continent, un pays, une province).
Nous les qualifions de sociales car elles touchent à tous les éléments de la société (économie,
politique, culture).

C’est l’échelle locale qui est identifiée comme l’un des niveaux les plus pertinents dans
le traitement de la question de l’emploi et corrélativement l’ensemble des problèmes de société
(exclusion, pauvreté, insécurité, environnement, etc.)65. On arrive à dire que les initiatives
d'ordre local de micro-sociales : elles donnent lieu à des programmes, des institutions et des
politiques qui s'appliquent à des zones restreintes (par exemple une petite région en milieu rural
: initiatives autour du lac Etchemin, Municipalité régionale de comté les Basques, Corporation

65
Louizi K., « L’analyse économique de l’entrepreneuriat social », thèse de doctorat, GREL, université du
littoral Côte d’Opale, mai 2000.

42
de Bois-Francs ; des quartiers en milieu urbain : Pointe-Saint-Charles, Centre-Sud ou
Hochelaga-Maisonneuve à Montréal).

III.1.1 Développent local : essaye de définition

Le concept du développement local est devenu largement répandue dans les discours
scientifiques et très divulguer à travers le monde, et ses démarches impliquent l’amélioration
du niveau, du cadre et du milieu de vie d’une communauté donnée par une intégration
savoureuse des actions entre différents secteurs d’activité. Il présente alors, une approche
globale, intégrée, communautaire et horizontale du développement des collectivités.

Au moment où les stratégies de développement traditionnelles ont connues un échec, et


ils n’ont pas donnés des réponses à toutes les problématiques, une nouvelle vision de
développement a vu le jour vers la fin des années 50, prônée par John Friedmann et Walter
Stöhr, et par la suite elle a été analysée par les travaux de B.Pecqueur, Vachon …etc.

Pecqueur(1989) affirme que : « Ni mode ni modèle, le développement local est une


dynamique qui met en évidence l'efficacité des relations non exclusivement marchandes entre
les hommes pour valoriser les richesses dont ils disposent »66.

Le développement local peut donc avoir deux formes à savoir :

 Un développement local endogène : dans lequel la composante « sociale, partenariale


et ascendante » constitue le moteur, le levier et cela rejoint la définition de B.Pequeur
pour le développement local comme étant, « une dynamique qui met en évidence
l’efficacité des ressources non exclusivement marchandes entre les hommes pour
valoriser les richesses dont ils disposent »67.

66
Pecqueur Bernard, Le développement local, Syros, 1989.
67
Taoufik DAGHRI, Economie du developpement local, Collection Horizon Pluriel, Rabat, 2006, p. 75.
43
 Un développement local exogène: dans lequel la logique d’attractivité territoriale est
centrale, à travers la mobilisation des PME et la promotion des coopérations entre eux
afin de créer une intelligence collective capable à contribuer au développement local au
Maroc , et cela rejoint la définition de Guigou pour le développement local,
«…l’expression de la solidarité locale créative de nouvelles relations sociales et
manifeste la bonne volonté des habitants d’une microrégion de valoriser les richesses
locales, ce qui est créateur de développement local. »68.

De sa part, X. Greffe69, montre que « le sens de cette mobilisation d’acteurs locaux, à


la fois sous forme de discours et de pratiques, est triple. Il s’agit d’abord pour des militants
régionalistes (Bretagne, Languedoc...) de revendiquer et construire l’identité de leurs
Territoires face aux politiques centralisatrices de l’Etat dont ils critiquent le jacobinisme ».

Par ailleur, la notion du développement local a eu sa naissance en France comme mode


de développement dans le cadre du IXème plan (1984-1988) par la Délégation à l'Aménagement
du Territoire et à l'Action Régionale (DATAR, créée en 1963), en le définissant comme suite :

« Le développement local se caractérise comme la mise en œuvre le plus souvent, mais pas
exclusivement, dans un cadre de coopération intercommunal, d'un projet global associant les
aspects économiques, sociaux, culturels du développement, généralement initié par les élus
locaux. Un processus de développement local s'élabore à partir d'une concertation large de
l'ensemble des citoyens et des partenaires concernés et trouve sa traduction dans une maîtrise
d'ouvrage commune»70.

En effet, le développement local peut être considéré comme étant : un processus grâce
auquel la communauté participe au façonnement de son propre environnement dans le but
d'améliorer la qualité de vie de ses résidents.

68
Ibid.
69
Greffe X., « Territoires en France, Les enjeux économiques de la décentralisation », Economica, Paris, 1984,
P. 85.
70
Greffe X., Op.cit., P. 147-148.
44
III.1.2 Développement local : enjeux et perspectives

Le développement local repose essentiellement sur un processus de cheminement qui


remplace la communauté au cœur des décisions qui la concerne. Loin d'une logique de marché
axée sur la rentabilité d'un projet, il mise sur la capacité de la communauté à transformer
positivement une situation de sous-développement à partir de ses propres ressources vers une
situation souhaitée.

Les initiatives locales qui émergent de cette volonté se veulent adaptées aux besoins et
à la capacité d'action de chaque communauté. Généralement, les initiatives locales s'orientent
vers les objectifs suivants :

 la création d'emplois et d'entreprises à l'échelle locale ;


 L'accroissement de la capacité de travail de la population ;
 L'aménagement du territoire ;
 Le renforcement d'une sociabilité par la valorisation de l'identification locale, du
sentiment d'appartenance ou encore la valorisation de la conscience collective
(responsabilité) des acteurs en place et de la communauté en général ;
 Le développement de modèles économiques alternatifs et durables (propriété collective,
gestion participative, production socialement utile, responsabilités de la communauté
dans la gestion du développement).

De ce fait on peut dire que le développement local se base sur trois grands objectifs :

 L’amélioration du cadre de vie des citoyens de la communauté pour qu'ils puissent


profiter d'un environnement sain et agréable ;
 L’amélioration de leur milieu de vie pour qu'elles puissent s'épanouir dans une
communauté qui leur offre plusieurs occasions sociales et culturelles ;
 L’augmentation du niveau de vie afin que chacun dans la communauté puisse
travailler et donc gagner un revenu pour pouvoir profiter des avantages de la
communauté (création d'emplois et répartition de la richesse).

45
III.1.3 Les acteurs du développement local

Les initiatives de développement local sont mises de l'avant par des acteurs différents. À l'image
de la société, nous retrouvons trois grands groupes d'interventions : les interventions du secteur
privé, les interventions du secteur public et les interventions du troisième secteur dit secteur
social. Ces intervenants développent souvent entre eux des liens sur une formule partenariale.
Ainsi, aux initiatives portées par des secteurs spécifiques se greffent des initiatives émanant
d'intervenants de secteurs différents. Nous les appellerons initiatives intersectorielles.

III.2 Innovation et développement territorial


Le « développement territorial » est un concept controverse relativement récent. Ce qui
en fait encore un concept plastique, prenant des significations différentes selon les différents
préalables théoriques de la personne qui en parle. En cela, il est sans aucun doute un concept
scientifiquement ambigu.

Dès les premières années de la crise des années 1970, on a vu apparaître des initiatives
en réaction aux phénomènes d'exode rural et, plus généralement, aux dégâts dus à la
délocalisation des activités économiques consécutive à l'accélération de la globalisation. En
France, ces initiatives ont pu prendre, la forme d'un mouvement de « pays» qui reconnaît
l'existence et la dynamique d'espaces créés par les acteurs. Dans la même période, les
économistes italiens redécouvrent des formes territorialisées de production : les districts
industriels· qui font intervenir des relations de coordination entre les acteurs qui ne relèvent pas
seulement du marché mais aussi de la réciprocité. Cette dernière remet en vigueur les relations
de «don» et de «contre-don» mises en évidence par les anthropologues après Marcel Mauss
dans les sociétés rurales africaines notamment, et dont on comprend de mieux en mieux le rôle
y compris dans les sociétés industrielles. Ces nouvelles perspectives de développement
territorialisé se fondent sur quelques hypothèses défendues par les penseurs contemporains du
développement. On trouve chez A. SEN (1999) l'idée que le développement ne peut résulter
d'une mécanique comportementale et que l'utilitarisme benthamien est réducteur. L'économie
est une science morale, cela veut dire que l'éthique est constitutive des coordinations entre
acteurs. Pour lui, la spécificité culturelle des acteurs est une constante nécessaire et la recherche
d'équité, un impératif. Pour sa part, P. Krugman71 (1991) a rendu hommage aux économistes

71
Krugman P., « Increasing returns and Economic goegraphy », Jounral of political
Economy, 1991, pp.483-499.
46
« développementalistes » comme F. Perroux et A. Hirschman72 tout en affirmant la nécessité
de redécouvrir le rôle de la géographie dans la problématique du développement. Il est en cela
continuateur d'A. Marshall, et de sa notion d'externalités, notamment locales qu'il définit ainsi :
« The idea that clustering of producers in a particuliar location yields advantages, and that these
advantages in tum explain such clustering, is an old one ». Hirschman A. avait, il y a plus de
25 ans, déjà formulé un des principes fondamentaux du développement territorial : la révélation
des ressources cachées. Dans son ouvrage Hirschman, il évoque des écrits de 1958 où il
soulignait déjà que: « il importe moins, pour promouvoir le développement économique, de
trouver des combinaisons optimales de ressources de facteurs de production donnés que de faire
apparaître et de mobiliser à son service des ressources et des capacités cachées, éparpillées ou
mal utilisées »73.

« Le développement territorial peut être défini comme tout processus de mobilisation


des acteurs qui aboutit à l'élaboration d'une stratégie d'adaptation aux contraintes extérieures,
sur la base d'une identification collective à une culture et à un territoire. Et le développement
local comme une dynamique d'adaptation aux perspectives de l'économie-monde, le local et le
mondial sont les deux facettes d'un même mouvement d'ajustement»74 . Cette définition nous
permet également d'évacuer une certaine confusion entre développement « territorial » et
développement « local ». En effet, ce dernier fait référence aux espaces et considère comme
cruciale la mise en place d'une efficace gouvernance associant les différents acteurs de la
dimension locale. Le concept de développement territorial « s’inscrit en rupture avec une
tradition plus longue d’études en développement régional et il ne repose pas encore sur un corps
de doctrines ou de théories fortement stabilisées » B. Jean. En revanche, le premier implique
l'existence d'un construit social capable d'exprimer une volonté. Et donc, par ricochet,
l'existence d'un système de gouvernance, même implicite, entre acteurs qui se reconnaissent
mutuellement comme territoriaux et expriment une volonté territoriale. Ainsi, bien que des
passerelles existent entre les deux concepts et même si, en toute logique, les démarches de
développement local peuvent aboutir au fait qu'un système local se reconnaisse en tant que
territoire, il faut admettre qu'on peut faire l'expérience d'espaces locaux qui ne présentent pas
les caractéristiques de construits sociaux ainsi que de territoires à l'étendue très vaste.

72
Hirschman A. O., Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and
States, Harvard University Press, 1970.
73
Hirschman A.O., L’économie comme science morale et politique, Paris, Gallimard, Le Seuil, 1984.
74
Pecqueur B. (sous la dir.), Dynamiques territoriales et mutations économiques, Paris,
L’Harmattan, 1996.
47
Il existe une grande convergence entre les contributions de Bernard Pecqueur et de
Bruno Jean, à commencer par leur acceptation de la centralité de la notion de développement
territorial. Toutefois, ils utilisent des approches disciplinaires et théoriques quelque peu
différentes, d’où des apports spécifiques.

Les deux auteurs montrent bien que le développement territorial représente à la fois un
nouveau discours académique qui dépasse les approches en termes de développement régional
(et local) et un nouveau discours social désignant de nouvelles réalités socio-économiques,
notamment de nouveaux rapports entre économie et territoire. Sur la question de la construction
de l’objet, il existe un accord entre les trois chercheurs pour avancer l’idée d’un nouveau
paradigme scientifique qui permet de prendre en charge les dimensions économiques, sociales
et environnementales, ce qui suppose un dépassement des frontières disciplinaires. L’approche
du développement territorial remet en question la vision de l’espace, qui caractérisait le
fordisme, pour mettre de l’avant une vision multi scalaire et multidimensionnelle. Ce faisant,
le développement territorial s’intéresse « au mode d’organisation et aux projets portés par les
acteurs » (B. Jean), au potentiel d’action de l’aire pour résoudre les problèmes de production et
distribution (B. Pecqueur). Plus spécifiquement, la définition du territoire proposée permet de
prendre en compte des ressources et facteurs de production ancrés dans des collectivités, des
facteurs intangibles et extra-économiques ou non-marchand, des ressources spécifiques et
difficilement transférables que sont par exemple les formes de coopération, le capital social, la
cohésion sociale, les habilités sociales et les apprentissages, les capacités d’adaptation et
d’innovation, de reconversion et d’anticipation, la qualités de vie et les services, sans oublier
les institutions.

Le territoire est vu dans un autre côté comme le niveau qui s’adapte de plus, aux enjeux
d’un contexte international marqué par des mutations profondes. Face à ce renouvellement, on
voit apparaître des configurations territoriales basées sur l’innovation, et sur la concentration
géographique d’un ensemble d’intervenants différents, offrant une capacité d’adaptation aux
acteurs locaux. C’est dans ce contexte que les pôles de compétitivité acquièrent une position
cruciale dans le processus de développement des territoires. La concentration géographique des
entreprises, des centres de formation et de recherche, et les externalités qui en découlent, sont
considérées comme des vecteurs d’innovation et de compétitivité des économies régionales. Ce
sont des structures permettant une articulation entre la politique de production et l’ancrage
territorial.

48
Dans un grand nombre de pays développés et émergents, les systèmes localisés
d’innovation sont devenus un instrument, de plus en plus couramment utilisé, au service du
développement économique local.

De ce fait, nous remarquons différents types des systèmes qui développent des
approches territorialisés d’innovation : Le district industriel- Le cluster régional- Les
technopoles- Le milieu innovateur- La learning region.

III.2.1 District industriel

Les districts industriels sont des systèmes productifs, géographiquement définis, caractérisés
par un grand nombre de petites et moyennes firmes qui sont respectivement impliquées dans
les différentes étapes concourant à la production d’un produit homogène. L’origine du terme
district industriel a été trouvée dans la théorie marshalienne75. Ces localisations particulières ne
sont rien d’autres que des districts industriels et peuvent être interprétés comme des systèmes
locaux définis par des propriétés sociales, économiques et territoriales

III.2.2 Le cluster régional

Si les clusters constituent une nouvelle manière de qualifier les formes locales d’organisation
des activités d’innovation, il n’est pas aisé de définir leur contenu exact, ni de les distinguer de
manière radicale de concepts déjà vus auparavant : milieux innovateurs, technopoles, districts
technologiques…. Porter lui-même ne nous aide pas beaucoup quand il affirme qu’un cluster
est « …un groupe géographiquement proche de firmes et d’institutions associées,
interconnectées au sein d’un champ particulier et liées par des éléments communs et des
complémentarités ». On pourrait faire le même type de remarques au sujet de la plupart des
regroupements localisés de firmes… Si bien que Feser (1998) peut constater que « en dépit de
l’intérêt intense manifesté pour les clusters industriels dans les politiques de développement
économique en Europe et en Amérique du Nord, il y a peu de consensus sur la définition précise
des clusters, la dynamique qui sous-tend leur croissance et leur développement, ainsi que sur
les initiatives visant à les construire ou à les renforcer ».

75
Marshall A., « Industrial organization, continued. The concentration of specialized industries in particular
localities », Principles of economics, Livre 4, Chap. X, An introductory volume, Eighth edition, London,
Macmillan and co ltd, (1re Edition : 1920), 1964, pp. 222-231.
49
III.2.3 Les technopoles

Le phénomène technopolitain et les parcs technologiques associés (ou technopôles) ont connu
une forte croissance dans de nombreux pays développés depuis la fin des années 1970. Malgré
leur relative ancienneté, notamment par rapport à d’autres types de cluster (comme les pôles de
compétitivité), les technopôles toutefois sont loin de présenter un modèle homogène de
l’innovation territoriale. Cooke (2008) identifie d’ailleurs deux types de technopôles76, qualifiés
de linéaires et interactifs, avec des propriétés et des performances distinctes. Ainsi, le
technopôle peut être analysé comme une émanation des pouvoirs publics centraux et relève de
la politique d’aménagement du territoire qui consiste à favoriser un développement égalitaire
des différentes régions françaises, en mettant en place des pôles technologiques thématiques.

III.2.4 Le milieu innovateur

"Il s'agit de créer un milieu dialoguant et actif en matière de conservation de la nature, en y


disséminant des ressources et en favorisant des processus d'apprentissage. Cette logique se
rapproche de celle des milieux innovateurs77 (Camagni, Maillat, 2006) qui met l'accent sur le
rôle des processus d'apprentissage et d'interaction dans la création de ressources spécifiques à
l'origine de l'innovation (Coppin, 2002), dans un milieu donné. C'est une voie qui reste peu
explorée dans les travaux qui portent sur la participation du public à la conservation de la
nature".
A la lumière des travaux qui se sont concentrés sur cette question (Maillat, 1996 ; OCDE, 1993)
il ressort qu'un milieu est propice à l'innovation lorsqu'il intègre :

- un collectif d'acteurs (entreprises, centre de recherches et de formation,


université, instituts de financement, associations professionnelles,
administration publique,…) se caractérisant par sa cohérence et sa cohésion
économique ;
- des ressources matérielles, humaines, financières, technologiques ou encore
informationnelles aussi nombreuses que diverses ;

76
Cooke P., « Introduction » in H-J. Braczyk, P. Cook, M. Heidenreich, (eds), Regional innovation systems,
UCL Press, London, 1998.
77
Camagni R. Et Maillat D., (sous la dir.), Milieux innovateurs. Théorie et politique, Economica Anthropos,
Paris, 2006.
50
- des savoir-faire garantissant une maîtrise du processus productif au sens
large, qu'ils soient techniques, commerciaux ou organisationnels ;
- du capital relationnel favorisant la constitution de réseaux en tant que vecteurs
de connaissances et de reconnaissance à la fois économique mais aussi
politique dans la mesure où les relations politiques déterminent la capacité de
négociation des acteurs du milieu avec les autorités locales, nationales ou
supranationales ;
- des normes, règles et valeurs régissant le comportement des acteurs
économiques et les relations que ceux-ci entretiennent.

III.2.5 La learning region

Une approche spécifique de l'économie de la connaissance, à l'échelle régionale en général,


à celle des métropoles en particulier, est liée au concept de région apprenante78
(ou learning region) introduit par Richard Florida. Il part du constat que les capacités
d'interaction et d'apprentissage des différents acteurs sont au cœur des économies des
régions apprenantes où elles se concentrent. Dans de tels environnements, les différentes
institutions et les entreprises qui produisent des connaissances et de l'innovation vont
interagir et ainsi acquérir et développer de nouvelles compétences. Le tableau ci-dessous
compare les principales caractéristiques des régions apprenantes à celles des régions de
production de masse.

L’économie apprenante et l’économie du savoir sont des concepts d’actualité qui


reflètent le passage de la société industrielle à la société du savoir. Le signe caractéristique de
cette transition est l’importance croissante de ce facteur de production qu’est le savoir et qui
constitue un atout concurrentiel décisif dans un nombre toujours plus grand d’activités
économiques (Birchmeier, 2001). A l’origine du concept d’économie apprenante, ce sont les
travaux de l’école scandinave79 qui ont souligné l’importance du savoir et de l’apprentissage
dans les processus d’innovation et de développement.

78
Florida R., « Toward the learning region », Futures, 27(5), 1995, pp.527-536.
79
Lundvall B. A., Johnson B., Andersen E. S., Dalum B. National systems of production, innovation and
competence building, Research Policy, 2002.
51
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des systèmes localisés en réseaux

TERRITOIRE INNOVATION APPRANTISSAGE INTERACTION

District Les entreprises s’enracinent une interdépendance forte entre


industriel dans un territoire et ce les différents acteurs
processus ne peut être
conceptualisé
indépendamment de son
développement historique
SPL L’ancrage territorial Une ou plusieurs structures La dynamique relations inter-entreprises, la
d’animation et des opérateurs d’apprentissage : Elle se faculté des acteurs de nouer des
qualifiés pour encourager ces
traduit quant à elle par la relations qui engendrent des
interactions entre entreprises et
institutions locales et placer le capacité à innover et à externalités spécifiques et qui
système sur des voies s’adapter à la nouveauté favorisent la réactivité et les
d’innovation.
complémentarités.

Milieu mettent l’accent sur le rôle -Lieu où se forme l’innovation un ensemble territorialisé Elle s’inscrit dans un réseau dont
innovateur de la dimension territoriale -’innovation technologique dans lequel des les caractéristiques vont définir
dans l’analyse de la -concentration interactions entre agents des interactions et des externalités
dynamique économique des activités innovantes économiques se particulières
développent par
l’apprentissage
Cluster Le cluster est considéré les entreprises du cluster d’économie de la la notion
comme l’un des meilleurs peuvent atteindre des niveaux connaissance concernant la d'intégration verticale qui
concepts d'innovation plus élevés (Le diffusion de la concerne notamment la mise en
pour mieux appréhender ce débordement de connaissances connaissance au niveau commun des ressources et des
phénomène de la et l'interaction étroite avec les local entre les agents compétences dans un cluster ; et
concentration géographique clients et les concurrents la facilité de transaction et étant considéré comme un
des activités économiques et pourront créer plus d'idées la transformation système ouvert, le
ses impacts sur le nouvelles et fournir d'intenses des informations cluster favorise les relations inter-
développement régional. pressions sur l’entreprise pour clusters, interrégionale et
innover en même temps le fait internationale.
d’être dans un cluster et
d’avoir un environnement
coopératif pourra réduire le
coût de l'expérimentation
Technopole relèvent avant tout d’une très axée sur l’innovation La force des technopoles par la proximité
logique sectorielle, elles réside principalement dans
s’insèrent dans des structures leur capacité
territoriales., « La dynamique d’apprentissage
de la multiplication des « learning by interacting »
rencontres entre un nombre et « by networking »
croissant d’acteurs

53
déterminants (chercheurs,
producteurs, vendeurs) et la
dynamique de
l’intensification des liens
entre les mondes
scientifiques, les mondes
économiques et leur
environnement… ne peuvent
véritablement se développer
sans qu’existe un lieu
géographique défini où les
acteurs puissent se rencontrer
et sans que se crée une
certaine ‘organisation’
susceptible de favoriser cette
rencontre »

54
Région l’utilisation créative des l’apprentissage au coeur de des relations d’interactivité, de
d’apprentissage Technologies de l’Information leur stratégie de partenariat et de co-formation
et de la Télécommunication développement (cooperative learning), qui vise à
(TIC) l’apprentissage «individuel produire des résultants servant les
» et « interactif ». intérêts de tous les acteurs
L’apprentissage individuel concernés.
se réfère à l’acquisition
formelle et informelle de
connaissance et de
compétences par l’individu
tout au long de sa vie.
Quant à l’ « apprentissage
interactif », il s’agit d’un
processus social et
organisationnel qui se
déroule dans le cadre des
relations d’interactivité, de
coopération et de
partenariat entre divers
organismes et groupes
d’intérêt

55
Conclusion du premier chapitre

Ce chapitre a montré l’importance du concept du développement. Cela a d’abord été par la


définition du concept et les théories du développement, et par la suite par une distinction entre
la croissance et le développement, ces deux concept qu’ils font une confusion chez le grand
public pour passer ensuite à une présentation des différentes stratégies de développement
autocentré à savoir : la stratégie des industries industrialisantes ; la stratégie de substitution aux
importations et les programmes d’ajustement structurelles

En effet, ce chapitre nous a conduit à faire un constat selon lequel l’élaboration d'une stratégie
de développement ne peut pas se faire arbitrairement par contre il peut s'effectuer en identifiant
au préalable les spécificités caractéristiques de la société, et ce en s’appuyant sur des recherches
et des études appliquées de ses structures et des fonctions particulières qu'elles occupent. Et en
se basant sur un discernement général des mécanismes qui structurent cette société, qui assurent
sa cohérence systémique et sa capacité de production et de développement.

Avec la globalisation de l’économie, la mondialisation a accéléré les systèmes de production et


a largement participé à la remise en cause des stratégies traditionnelles de développement en
raison de leurs incapacités à ouvrir la voie à une croissance régulière et durable.
Ainsi, Hassane Zaoual déclare que les grandeurs économiques et politiques ne se valorisent que
par les valeurs humaines qui les supportent. L’économie est incomplète si elle n’est pas liée une
éthique sociale et des fondements spirituels et culturels. C’est dans cette optique que les
concepts de territorialisation, de local, de proximité, de participation et de gouvernance
s’imposent comme des nouveaux repères de modèle d’un développement plus égalitaire qui
touche l’ensemble de la population.
Aydalot80 (1986) fut l'un des premiers initiateurs du concept de développement territorial
lorsqu'il propose de revenir à une vision territoriale : c'est dans le cadre local, par la mise en
valeur des ressources locales et avec la participation citoyenne que le développement pourra
réellement répondre aux besoins de la population.
Le développement territorial demeures un processus volontariste cherchant à accroitre la
compétitivité des territoires en impliquant les acteurs dans le cadre d'actions concertées,

80
Aydalot Ph., « Trajectoires technologiques et milieux innovateurs », Publication du GREMI,Neuchâtel, 1986.

56
généralement transversales et souvent à forte dimension spatiale (Baudelle G.), (Guy C.),
Mérenne-Schoumaker (B.), 2011, p. 246).
Les stratégies de développement mises en œuvre par bon nombre de PVD et en Afrique en
particulier ont été dans une large mesure, conçurent en termes de polarisation. Elles se basaient
sur ce qu’il est convenu d’appeler le développement par le haut.
Ce mode de développement n’a pas manqué de démontrer ses limites suites aux sélections qu’il
a opérées : dépendance territoriale, inégalités socio-économiques, hiérarchies urbaines,
pauvreté, exode rurale...
Les approches de l'économie des territoires apportent une explication théorique du
développement local. Ces approches, que nous qualifions de territorialisées, nous permettent
une meilleure compréhension du phénomène de développement local. Ils prennent en
considération la plupart des questions qui agissent sur le développement local, à savoir la crise
du fordisme et l’émergence du modèle de production flexible. Ceci a donné lieu à la naissance
de systèmes localisés de production et de milieux innovateurs.
L’explication théorique du développement local a fait appel aux approches de l'économie des
territoires. Ces approches territorialisées, nous renvoient à une meilleure compréhension du
phénomène de développement local, tout en englobant un ensemble des questionnements en la
matière, à savoir la crise du fordisme et l’émergence du modèle de production flexible. Chose
qui a engendré l’émergence des organisations territoriales en réseau.
Nonobstant, en se basant sur les réflexions des évolutionnistes et de celle des organisations
territoriales en réseaux, qui réunissent un processus d’interaction avec le processus
d’apprentissage donnant une nouvelle dimension innovante et qui s’adapte aux changements,
on arrive à dire que ces systèmes territorialisés ont élargi la notion de proximité passant d’une
proximité purement spéciale à une proximité aussi bien cognitif. En effet, cette nouvelle forme
de proximité démontre l’importance de la notion de la connaissance comme un avantage
compétitive pour ces territoires (passant de la création de ces connaissances, le transfert de cette
connaissance à un stade beaucoup plus supérieur qui est l’innovation), pour laquelle nous avons
consacré le deuxième chapitre de notre recherche, afin de traiter l’économie de la connaissance.

57
Chapitre II : Mondialisation,
attractivité des IDE et
économie de la connaissance

58
Introduction du deuxième chapitre

L’environnement économique et social s’est progressivement transformé ces dernières années,


sous l’impulsion de la hausse de la part du capital dit intangible (l’éducation, la formation, la
R&D, et la santé) et de la révolution des technologies de l’information et de la communication,
une nouvelle société fondée sur la connaissance est en train de prendre place remettant ainsi en
cause les rapports sociaux de production et l’accumulation de capital désormais fondée sur
l’immatériel. Aucun pays n’étant à l’abri de ces bouleversements profonds, les pays africains
sont eux aussi appelés véritablement à se métamorphoser puisque désormais, le rôle nouveau
joué par la connaissance, et son importance sont déterminantes dans la production, l’emploi et
les facteurs de la compétitivité.

Le propos de ce chapitre est de s’interroger sur les conditions d’efficacité d’un nouveau modèle
de développement économique celui qui est basé sur le passage d’une économie de rente à une
économie fondée sur la connaissance, tout en étudiant ses spécificités par rapport aux anciens
modèles de développement. Ce chapitre s’appuiera donc sur des éclairages récents de la théorie
de l’économie fondée sur la connaissance qui se sont penchées ces deux dernières décennies
sur les modes de régulation de cette nouvelle phase de l’économie, l’importance de la
connaissance comme avantage concurrentiel et aussi sur les piliers de base de cette économie à
savoir : les technologies de l’information et de la communication, R&D et innovation et en fin
l’éducation.

En effet, dans une première section nous allons essayer de présenter le lien existant entre
l’économie de la connaissance et le processus de la mondialisation, et ce en essayons de définir
le concept de la mondialisation aussi bien que les théorises des investissements directs à
l’étranger. Et dans une deuxième section nous allons présenter l’évolution historique des
mutations de l'économie mondiale après la révolution industrielle, pour entamer enfin une autre
mutation profonde qui s’est opérée et qui se manifeste par l’accroissement de la part du capital
intangible et la diffusion des TIC, on parle de l’émergence d’une économie fondé sur la
connaissance qui s'est apparue et il a commencé à se développer chose qui a modifié la vitesse et
les sources de l'innovation.

59
Section I : mondialisation et Économie de la connaissance
Dans le cadre de cette section nous allons essayer de définir le concept de la mondialisation
ainsi que les différentes théories des IDE pour faire enfin la liaison entre le processus de la
mondialisation et l’économie de la connaissance.

I.Les théories de la mondialisation

Mondialisation ou globalisation ces deux termes sont devenus des notions à la mode, et qui
résument la situation de la société contemporaine. Mais la question qui se pose est ce que
vraiment ces notions ont-elles la même signification ?
Comme étant un des plus célèbres phénomènes de nos jours, la mondialisation joue
actuellement un rôle important au changement du monde d’une façon rapide et radicale mais
déséquilibrée. Nonobstant, le concept mondialisation est difficile à cerner vu son ambiguïté et
sa complexité. En il n’y pas une définition universelle que tout le monde se met à l’accord. Pour
les économistes, la mondialisation signifie l’intégration de l’économie mondiale, de
l’homogénéisation du marché mondial, l’internationalisation des activités des firmes
multinationales (FMN) et de la finance internationale, et l’approfondissement de
l’interdépendance économique. Pour les chercheurs en politique, la mondialisation signifie
l’élargissement permanent de l’intervention internationale et l’établissement d’une stratégie
mondiale de l’ordre mondial. Dans le domaine culturel, la mondialisation indique le phénomène
mondial où les cultures commerciales, populaires et de consommation occupent le marché
culturel uniforme. Et pour les sociologues, la mondialisation évoque une conscience des
problèmes d’influence mondiale.

I.1 L’évolution des théories de la mondialisation

Les réflexions qui englobent le monde comme étant une entité sont vraiment ancienne,
notamment, toutes les civilisations et les religions considèrent le ciel ou le Dieu comme
l’origine et le dominateur de cette entité intégrale. Cependant les pensées actuelles de la
mondialisation sont fondées sur les développements de l’humanité dans l’ère contemporaine et
les résultats de l’approfondissement du processus de la mondialisation. On parle alors de la non-
homogénéité des théories de la mondialisation, ce concept qui a émergé seulement il y a environ
30 ans pour identifier des évènements et phénomènes nouveaux par leur ampleur.

60
Selon Immanuel Wallerstein81, ce phénomène existe depuis 500 ans. En tant que réalité et tendance de
développement, ou comme un concept, la mondialisation, au sens propre du terme, est née en Occident,
et les recherches en théories ont été, d’abord, réalisées en Occident. Les sources théoriques peuvent
remonter à l’Europe occidentale des 17ème et 18ème siècles, où l’on peut trouver des germes des
connaissances de la mondialisation dans les sciences sociales en développement. Mais, les impacts et
influences de la mondialisation ne doivent certainement pas se limiter en Occident : en effet, et ils vont
se propager dans le monde entier. Et c’est seulement dans les années 60-70 du 20e siècle que les mots «
global », « mondial » apparaissent, et qu’au milieu des années 80 se sont construits les concepts de la «
globalisation ». Dès lors, ce terme s’est diffusé et utilisé dans la philosophie, l’économie, la politique,
la sociologie, la culture, et la science des relations internationales, la science militaire, la science
environnementale, etc. ; c’est ainsi il est devenu un concept de base qui décrit l’État et la tendance de
développement de notre société.

I.2 Les fondateurs des théories de la mondialisation

Comme toutes les évolutions sociales et économiques, le début de la mondialisation ne peut pas
être déterminé sur un jour et une année donnée, c’est plutôt une période du temps. Malgré cela,
des théoriciens comme Immanuel Wallerstein82 et Robbie Robertson83 considèrent que la
mondialisation commence en Europe dans le 15ème siècle. A cette époque, les grandes
découvertes maritimes ont rendu possible des voyages intercontinentaux, ce qui a conduit la «
révolution » des prairies à la mer. La révolution industrielle représentée par les navires
maritimes a constitué des moyens physiques et technologiques pour le processus de la
mondialisation. Et le commencement des voyages maritimes à longue distance a généré un
distinguo entre l’Europe et le reste du monde. Par conséquent, depuis le 17ème siècle jusqu’à
la Premier Guerre Mondiale en 1914, les modes principaux de la mondialisation ont été les
expansions des pays occidentaux. Les raisons de ces expansions sont la recherche des bénéfices
maxima des capitalistes ; ils sont soutenus par les pays occidentaux qui peuvent mobiliser leurs
ressources domestiques tels que les armes, les moyens de transports, de communication et de
soins médicaux, tous créés par des technologies avancées. La mondialisation s’est ainsi
présentée par la colonisation à grande taille et des vagues d’immigrants.

81
Wallerstein, I., “Globalization or the Age of Transition? A Long-Term View of the Trajectory of the World
System”,International Sociology, University College Cardiff Press, Cardiff, U.K., June 2000, Vol. 15(2), pp.
251–267.
82
Ibid
83
Robertson, R., The Three Waves of Globalization: A History of a Developing Global Consciousness, Zed
Books, London & New York, 2003, pp. 3-13.

61
Pendant cette période, il y a trois écoles qui attirent l’attention : l’idéalisme des théories des
relations internationales, la science économique du libéralisme, et les pensées du Marxisme.
Ces trois systèmes théoriques sont tous développés en Occident, qui, sans exception,
considèrent les approches occidentales comme le modèle idéale du développement de tous les
pays, de l’humanité. Influencés par les approches Darwiniennes, les pays industrialisés
occidentaux se considérant comme les élites et les plus forts de l’humanité commencent des
expansions coloniales dans le reste du monde84.

I.2.1 Les théories des relations internationales

Les théories des relations internationales sont issues des pensées États-nations et des systèmes
des pays modernes. C’est une des théories pionnières occidentales qui traitent le monde comme
une unité intégrale dans le temps moderne. Certains théoriciens considèrent même que c’est la
seule théorie qui traite le monde comme une unité intégrale avant la naissance des théories de
la mondialisation. Il existe de nombreuses similitudes entre l’idéalisme des théories des
relations internationales et le libéralisme économique, et la seule différence entre les deux étant
que la seconde espère qu’un gouvernement mondial va résoudre des conflits entre les pays et
éliminer des guerres, et puis ce gouvernement mondial peut garantir la paix du monde. Pendant
cette période, un certain nombre de théoriciens occidentaux ont déjà pris conscience de traiter
le monde comme une unité intégrale. Par exemple, Kant 85 a essayé de promouvoir la paix
perpétuelle du monde ; Hegel86 a élaboré un système philosophique visant à englober
logiquement toute chose, dont les notions de « la fin de l’Histoire » et de « l’État universel et
homogène » ; Comte87 et Saint-Simon88 ont étudié quelques aspects, de manière idéaliste, de la
mondialisation. Ces idées idéalistes ou utopiques ont précédé les prédécesseurs des pensées
communistes du Marxisme, en particulier.

84
Tooley, H., The Western Front, Palgrave Macmillan, New York, 2003, pp.15-18.
85
Kant, E., Projet de paix perpétuelle, collection Mille et Une Nuits, n°327, traduction de Karin Rizet, Hachette
Paris, 2001,
96 pages.
86
Hegel, G.W.F., The Philosophy of History, (Leçons données entre 1822-1830, publiée de manière posthume),
Sibree, J.(Trad.), Batoche Books, Ontario, Canada, 2001, pp.14-96.
87
Comte, A., Discours sur l’ensemble du positivisme, (1830-1842), Flammarion, Paris, 1999, pp.2-6.
88
Grondeux, J., Histoire des idées politiques en France au XIXe siècle, La Découverte, Paris, 1998, pp.60-75.

62
I.2.2 Les théories libérales de Adam Smith et David Ricardo

La science économique du libéralisme, soutenu par Adam Smith89 et David Ricardo90, et par
l’établissement de la position leader de l’Angleterre dans la colonisation, est devenue
prédominante en remplaçant le mercantilisme. Ces théoriciens considèrent que la division du
travail et le libre-échange sont indispensable pour la prospérité di monde, c’est comme une «
volonté divine ». Selon eux, le développement du libre-échange va éventuellement éliminer les
guerres entre les pays en amenant la paix éternelle à l’humanité. Mais les principes de la science
économique du libéralisme sont loin de la réalité. Les logiques sous-jacentes du libéralisme
sont que le libre-échange doit être réalisé dans un marché mondial absolument libre. Ce n’a été
pas possible à l’époque, et n’est pas encore le cas aujourd’hui.
Les pensées mondialistes de Smith sont d’abord représentées dans ses concepts de l’économie
libérale.
Dans son œuvre An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (Recherche
sur la nature et les causes de la Richesse des Nations) (1776)91, il a mis au point les pensées
libérales qui sont contre les interventions des gouvernements, et qui préconisent une économie
libérale ; il a souligné l’importance du commerce extérieur et du marché mondial évoluant vers
le capitalisme. Son libéralisme peut être synthétisé sur la loi du marché, « la main invisible » et
sur ses pensées mondialistes montrées par ses théories des « coûts absolus » et « avantages
absolus ». C’est à partir de ces notions qu’il présente la nécessité et le motif du commerce
international. Selon lui, le libre-échange va conduire à la division internationale optimale du
travail, et la base de cette division est : soit les avantages des ressources naturelles, soit les
avantages des conditions de production. Tous ces avantages vont placer un pays dans une
situation plus avantageuse au niveau de la production ou du commerce extérieur par rapport
aux autres pays. Si chaque pays produit et échange selon ses conditions avantageuses de
production, les ressources, la main-d’œuvre et les capitaux de chaque pays seront ainsi utilisés
de manière la plus efficace, ainsi on peut augmenter la productivité et accroître les richesses et
le niveau de vie dans tous les pays du monde.

89
Smith, A., An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (Book IV: Of Systems of Political
Economy),
MetaLibri, 2007, (First edition 1776), pp.328-534.
90
Ricardo, D., Des principes de l’économie politique et de l’impôt (Chapitre VII : Du commerce extérieur),
Flammarion,
Paris, 1999, première édition 1817.
91
Op.cit., Smith, A., Recherche sur la nature et les causes de la Richesse des Nations.

63
Dans le même temps, David Ricardo92 pense que le commerce extérieur est un supplément très
important à une économie donnée. Il a soulignée libre développement et l’ajustement spontané
de l’économie capitaliste. En ce qui concerne les échanges économiques et les politiques
économiques internationales, il pense que le choix le plus intelligent est de conférer au
commerce international une liberté totale. Autrement dit, dans un contexte de libre-échange,
chaque pays, s’il peut se spécialiser dans la production où il dispose de la productivité plus forte
ou moins faible que des autres pays, il peut accroître sa richesse nationale. Ricardo, basant sur
les théories smithienne des « avantages absolus », a fondé ses théories des « avantages
comparatifs », soit la théorie de coûts relatifs. Pour lui, en retenant l’hypothèse que les capitaux
et la main-d’œuvre ne peuvent pas circuler librement, même si un pays donné est dans une
situation absolument désavantageuse en ressources naturelles et en condition de production.
Ces pays ayant de l’avantage absolu vont encore importer des produits de ce premier, car chaque
pays n’a besoin et n’a pas la capacité de produire tous les produits, et il va chercher, par le
commerce international, le produit le plus avantage et intéressant pour lui. Ainsi, la production
mondiale sera augmentée, et la division internationale du travail ainsi formée sera bénéfique
pour tous les pays.

I.2.3 Les théories économiques marxistes de la mondialisation

Même s’il existe de nombreuses contestations sur les théories du Marxisme, ses contributions
sur le développement de la mondialisation et les théories macroéconomiques ne sont pas
négligeables. Dans « L’Idéologie allemande » (1845), Marx et Engels ont défini et décrit les
caractères et la notion de «l’histoire mondiale » comme le suivant :
« Les rapports des différentes nations entre elles dépendent du stade de développement où se
trouve chacune d’elles en ce qui concerne les forces productives, la division du travail et les
relations intérieures. Ce principe est universellement reconnu. Cependant, non seulement les
rapports d’une nation avec les autres nations, mais aussi toute la structure interne de cette nation
elle-même, dépendent du niveau de développement de sa production et de ses relations
intérieures et extérieures.»93.

92
Op.cit., Ricardo, D., Des principes de l’économie politique et de l’impôt.
93
Marx, K. et Engels, F., L’idéologie allemande. Première partie, première version 1845. Tr. française 1952.
Bibliothèque
Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi, 59 pages.

64
En même temps, Engels, dans « Principes du Communisme » (1847), en prédisant l’avenir du
monde, a dit que :
« …De cette manière, la grande industrie a relié les uns aux autres tous les peuples de la terre,
transformé tous les marchés locaux en un vaste marché mondial, préparé partout le terrain au
progrès et à la civilisation et fait en sorte que tout ce qui se passe dans les pays civilisés doit
nécessairement exercer ses répercussions sur tous les autres pays;… »94
Et avec « Manifeste du Parti communiste »95 (1847), Marx et Engels ont décrit en vigueur les
impacts et les futurs développements de la mondialisation dans leur époque. On peut résumer
une synthèse de ces pensées en points suivants :

1. La mondialisation est une étape de l’évolution humaine, non seulement en terme


technique, mais aussi en tant qu’étapes du développement de l’humanité.
2. Les forces primordiales de la mondialisation sont le développement économique.
3. La mondialisation a causé la collision et l’échange des civilisations.
4. La mondialisation a jeté des fondements de la libération finale de l’humanité.

Ces pensées ont montré que le Marxisme a placé la mondialisation économique sous angle de
«l’histoire mondiale », et c’est le développement de la production, et des forces productives qui
font les échanges et les interdépendances comme les contenus principaux de l’histoire
mondiale. Par ailleurs, selon Marx et Engels, c’est seulement sur une base de division
universelle du travail dans des toutes les régions et les peules que le marché mondial peut se
constituer. Par conséquent, c’est seulement à condition que l’état séparé de toutes les régions et
les peuples soit terminée que le marché mondial de l’interdépendance peut se développer. De
plus, avec l’établissement d’un marché mondial, les échanges entre les régions et peuples
peuvent se développer.
On peut affirmer que Marx et Engels ont perçu les liens entre la mondialisation, les peuples, les
pays et la division internationale du travail, ainsi que les impacts non économiques potentiels
de la mondialisation. Entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, la mondialisation a

94
Engels, F., « Principes du communisme » (1847), dans Textes d'Engels publiés par les Editions sociales, Paris
1968.
(version électronique disponible sur : http://www.marxists.org/francais/marx/47-pdc.htm)
95
Marx, K et Engels, F., “Manifesto of the Communist Party (Le manifeste du parti communiste)”, Marx/Engels
Selected Works, Moore, S. & Frederick Engels, F., (Tr.), Volume One, Progress Publishers, Moscow, USSR,
1969, pp. 98-137.

65
connu des grands changements. Pendant cette période, c’est l’expansion de l’impérialisme qui
a marqué l’histoire.

Lénine et Róża Luksemburg, ont jeté les fondements des théories marxistes de l’impérialisme.
Ils ont tous analysé l’impérialisme en profondeur, la plupart de leurs théories étant empreintes
de la mondialisation. Dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » (1916) 96, Lénine
a décrit les caractères de la mondialisation comme « une recherche permanente des marchés à
l’étranger ». Selon lui, le marché mondial a déjà été formé et les économies de différents pays
du monde sont tous liées. Lénine a montré que l’impérialisme est une étape obligatoire pour le
développement du capitalisme, et ses motifs sont des recherches permanentes des bénéfices
maxima et l’accumulation de nouvelles ressources. L’expansion coloniale, selon Lénine, n’est
pas issue du besoin de l’acquisition de nouvelles régions d’exploitations, mais de la concurrence
entre les grands pays capitalistes pour le pouvoir mondial. Par ailleurs, J.A. Hobson97 est aussi
un des développeurs des théories de la mondialisation. Il considère que les motifs de
l’expansion de l’impérialisme ne sont pas de simples considérations économiques, mais en fait
sous des impulses ou des autres facteurs culturels et historiques.

Ces recherches ont démontré que les acteurs de la mondialisation sont des sociétés
multinationales, et elles ont aussi analysé le mode de développement de la mondialisation : la
production et le mouvement de capitaux mondialisés ; les motifs de la mondialisation sont ainsi
les recherches des profits.

II- Les théories d’Investissement Direct Étranger (IDE)

L’OCDE définit l’IDE (l’Investissement Direct à l’Étranger) comme suit :

« L’IDE est une activité par laquelle un investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt
durable et une influence significative dans la gestion d’une entité résidant dans un autre pays.
Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement nouvelle (investissement de
création) ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des entreprises existantes (par
le biais de fusions et d’acquisitions). Sont également définis comme des investissements directs

96
Lénine, V., L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Presse de Beijing, Beijing, 1916, p106, 154.
97
Hobson, J. A., Imperialism, Allen and Unwin, London, 1948, pp.35, 7172, 7778, 8081, 9293.

66
étrangers d’autres types de transactions financières entre des entreprises apparentées,
notamment le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise ayant obtenu l’IDE, ou d’autres
transferts en capital »98.

Selon le FMI, l’IDE se définit comme le suivant99 :


« L’acquisition d’au moins de dix pourcent des actions ordinaires ou pouvoirs de vote dans une
entreprise publique ou privée par les investisseurs non résident. L’investissement direct
implique un intérêt durable dans la gestion d’une entreprise et inclut le réinvestissement des
bénéfices. »

Ces derniers incluent notamment les prêts accordés par une maison-mère à sa filiale implantée
à l’étranger. Contrairement aux investissements de portefeuille, les IDE impliquent une prise
de contrôle de la part de la firme étrangère. Le seuil à partir duquel le contrôle s’exerce est
arbitraire, le FMI utilise une valeur de 10 %.

En étudiant ces trois définitions, nous pouvons constater que les définitions du FMI et de
l’OCDE soulignent les aspects tels que « l’intérêt durable » et « l’influence significative » pour
l’OCDE, au moins de 10% des actions pour le FMI, et « le réinvestissement des bénéfices »
pour tous les deux organismes. Dans ces deux définitions, l’IDE est une activité par laquelle un
investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans
la gestion d’une entité résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une
entreprise entièrement nouvelle (investissement de création, Greenfield) ou, plus généralement,
à modifier le statut de propriété des entreprises existantes (par le biais de fusions et
d’acquisitions).

Cependant, la définition du BNSC de l’utilisation des capitaux étrangers souligne les aspects
des statuts des investisseurs, elle a en fait intégré les investissements directs (l’investissement
direct par les entrepreneurs étrangers) et les investissements indirects (emprunts à l’étrangère
et autre forme investissements) dans une seule entité de l’utilisation de capitaux étrangers.

98
OCDE, « Tendances de l’investissement direct », EO73, Chapitre VI, l’OCDE, Paris, juin 2003, p.1.
99
IMF, « FDI », extrait du « glossary » du site officiel du FMI (Fond monétaire international), lien internet :
http://www.imf.org/external/np/exr/glossary/

67
II.1Les théories des IDE
Au début, les IDE sont issus des pays développés, et naturellement les théories des IDE sont
principalement concentrées sur les IDE des pays industrialisés en étudiant leurs motivations,
leurs prises de décisions et leurs tendances. Dans les années 60, avec les avancements de
technologies, et avec la croissance des FMN et de leurs IDE, les IDE représentent peu à peu
une part majoritaire des flux internationaux de capitaux. En conséquence, les chercheurs du
domaine économique et politique se sont mis aux études des IDE. Et puisque la majorité des
IDE sont réalisée par les FMN, cette théorie est aussi nommée la théorie des FMN. L’énorme
croissance des IDE dans ces décennies récentes a produit trois courants principaux qui ont
essayé d’expliquer ce phénomène.

D’abord, c’est l’hypothèse des imperfections du marché de Hymer et Kindleberger, qui postule
que l’IDE est le résultat direct d’un environnement global imparfait du marché.

Deuxièmement, c’est la théorie d’internalisation de Buckley, Casson et Rugman où les IDE ont
lieu pendant que les FMN remplacent les marchés extérieurs avec les marchés internes plus
efficaces.

Troisièmement, l’approche éclectique de la production internationale de Dunning où les IDE


émergent en raison des avantages en la propriété, en l’internalisation, et en localisation

II.1.1 Les théories classiques des IDE

II.1 .1.1 La théorie des imperfections du marché

Cette théorie est aussi nommée la théorie des avantages monopolistiques. Elle est avancée par
Hymer, et par Kindleberger. En 1960, dans son thèse “The International Operations of National
Firms : A Study of Direct Foreign Investment”100, Hymer101 a étudié les motifs des IDE dans
les FMN en utilisant des principes microéconomiques. Il a ainsi établi la dite « théorie des
avantages de monopoles », ou autrement dit la théorie « des imperfections du marché ». Hymer

100
Hymer, S. H., “The International Operations of National Firms: A Study of Direct Foreign Investment”, PhD
Dissertation
1960. published posthumously, The MIT Press, Cambridge, Mass.,1976, pp.37-40.
101
Cantwell (1991: p.22), however, observes that “in Hymer’s original version it was a theory of the firm and of
the behaviour of the firm rather than a theory of industrial organization in the modern sense”.

68
affirme que les entreprises cherchent en permanence des opportunités du marché et leurs
décisions d’investir à l’étranger s’explique comme une stratégie pour capitaliser sur certaines
capacités non partagées par les concurrents dans les pays étrangers. Les capacités ou avantages
des entreprises sont expliquées par les imperfections du marché pour les produits et les facteurs
de production. Cela signifie que, la théorie de compétition parfaite dicte que les entreprises
fabriquent des produits homogènes et jouissent du même niveau d’accès aux facteurs de
production.

Plus spécifiquement, d’après Hymer, toute firme s’implantant dans un pays étranger est
désavantagée par rapport aux firmes locales. Le coût supplémentaire de la production étrangère
tient à de nombreux facteurs102 :

- Barrières linguistiques et culturelles


- Pratiques juridiques et goûts des consommateurs différents
- Possibilité de discrimination à l’égard des firmes étrangères
- Coût d’opération de la filiale à distance.

Pour que l’investissement soit possible et rentable, la firme doit posséder un avantage spécifique
sur ses concurrents locaux, et, cet avantage doit être transférable internationalement. L’avantage
spécifique trouve sa source dans les imperfections du marché, qui constituent des barrières à
l’entrée pour de nouveau venus. Dans le même sens, Kindelberger103 a recensé quatre formes
d’imperfections :
- Les imperfections sur les marchés des produits : et plus particulièrement celles des
techniques mécaniques, l’image de marque et la différenciation des produits
- Les imperfections sur les marchés de facteurs : accès privilégiés aux marchés de
capitaux, détention exclusive d’une technologie, méthodes de gestion du personnel
spécifique
- La possibilité d’exploiter des économies d’échelle internes ou externes
- Les politiques interventionnistes des gouvernements.

Il est à noter que l’existence d’une forme de ces imperfections permet à une firme d’avoir un
avantage sur une autre.

102
Ibid.
103
Kindleberger, C. P., American Business Abroad., Yale University Press, New Haven, 1969, p.13.

69
Les limites de cette théorie sont que ces sujets d’études ne sont que des FMN américaines
puissantes avec des avantages monopolistiques. Dans cette condition, les sociétés sans ces
avancements monopolistiques ne peuvent pas réaliser des IDE. Mais depuis les années 80 du
20ème siècle, la croissance des firmes dans les PVD, apparemment sans ces avantages
monopolistiques, a mis en question l’autorité de cette théorie. De plus, cette théorie n’explique
pas les conditions de l’exportation des produits ainsi que le transfert de technologie et des IDE
dans l’économie internationale.

II.1.1.2 La théorie de l’internalisation

La théorie de l’internalisation est avancée par Williamson104 et puis reprise par les économistes
britanniques, Buckley & Casson, et économiste canadien Rugman. Buckley et Casson ont
coédité un livre intitulé The Future of the Multinational Enterprise105. Dans ce livre, ils ont
étudié les coûts de transactions des FMN. Selon eux, en raison de l’imperfection du marché, et
les difficultés de fixer les prix des produits intermédiaires tels que les brevets, les franchises, et
les produits de connaissances, etc., les coûts de transactions du marché sont trop élevés. En
conséquence, les FMN sont obligées de créer un marché à l’intérieur de l’entreprise, et ainsi
elles peuvent remplacer le marché extérieur de l’entreprise afin de résoudre le problème de
l’imperfection du marché, et de minimiser les coûts en maximisant les bénéfices. Cette théorie
est marquée par une relation de réseaux entre la FMN mère et ses filiales et par le contrôle
interne et l’utilisation de produits intermédiaires pour optimiser les bénéfices. Après des études
sur les coûts fixes de transport, de douane, d’investissement et de gestion, Buckley et Casson
ont trouvé que les FMN préfèrent l’exportation afin d’éviter des coûts fixes relativement élevés
; dans le cas contraire, elles vont produire à l’étranger.

En synthèse, la théorie d’internalisation est centrée sur la notion que l’entreprise souhaite
développer ses propres marchés internes où les transactions peuvent être faites aux coûts plus
bas à l’intérieur de l’entreprise. Ainsi, l’internalisation implique une forme d’intégration
verticale amenant de nouvelles opérations et d’activités qui autrefois été réalisées par des
marchés intermédiaires sous le régime de la propriété et de la gouvernance de l’entreprise.

104
Williamson,O., Markets and Hierarchies. Analysis and Anti-trust Implications, Free Press, New York, 1985,
pp.18-19.
105
Buckley, P.J. and Casson, M.C., The Future of the Multinational Enterprise, Macmillan Press, London, 1976,
pp.32-65,
66-84.

70
Pourtant, la plupart de cette recherche a adopté l’entreprise multinationale comme une base
d’analyse et a exclu le processus qui précède ce niveau-là de développement international. En
réponse, une perspective plus dynamique, basée sur le processus, est ainsi développée ce qui
requiert la reconnaissance de l’internationalisation de l’entreprise.

II.1.1.3 La théorie de la production internationale

Cependant, la réalité de compétition imparfaite, qui est reflétée dans la théorie d’organisation
industrielle de Porter106 , détermine que les entreprises gagnent différentes types d’avantages
comparatifs et chacun aux degrés différentes. Néanmoins, la théorie des imperfections du
marché n’explique pas pourquoi la production à l’étranger est considérée comme la voie la plus
désirable d’exploiter les avantages de l’entreprise. La théorie de l’internalisation n’explique pas
le choix de localisation des IDE. Dunning a souligné ces points et a développé ce qui peut être
décrit comme la théorie de production internationale.

Dunning107 a exploré trois questions principales des IDE, soit les motifs, la prise de décision et
la direction des IDE. Cette théorie a, en fait, résumé, l’essentiel des théories des avantages
monopolistiques, de l’internalisation et des théories de ressources du commerce international.
Par les avantages en propriétés, soit les avantages monopolistiques, les avantages de
l’internalisation, et les avantages positionnels géographiques, les motifs, la prise de décision, et
la direction des IDE sont expliqués de manière complète et explicite.
La théorie de la production internationale suggère que la raison qu’une entreprise à développer
sa production à l’étranger dépendra des attractions spécifiques de son pays d’origine comparées
avec les implications des ressources et avantages d’installer dans un autre pays. Cette théorie le
fait explicite que non seulement les différends de ressources et les avantages de l’entreprise
jouent un rôle en déterminant les activités d’investissement à l’étranger, mais aussi les actions
des gouvernements étrangers peuvent peu à peu influencer les attraits et les conditions d’entrée
pour l’entreprise.

II.1.2 Les autres théories des IDE

106
Porter, M., L’avantage concurrenciel, InterEditions, Paris, 1986, 647 pages.
107
Dunning, J. H., Multinational enterprises and the global economy, Addison-Wesley, Wokingham, England,
1993,
pp.69-70, 76-86, 148-154, 160-164.

71
Avec le développement rapide des IDE, les PVD ont entré aussi dans ce rang. Depuis le milieu
des années 70, certains chercheurs commencent les discussions théoriques sur les IDE des PVD.
Ces essaies concernent principalement les aspects de transferts technologiques.
A la fin des années 70 du 20ème siècle, un économiste japonais, Kiyoshi Kojima108, en faisant
appel aux principes des avantages comparatifs, a connecté le commerce et les IDE dans une
théorie de délocalisation des industries. La base de sa théorie est les coûts comparatifs entre les
pays d’origine et d’accueil des IDE. Selon lui, les IDE se réalisent dans les industries en
avantages comparatifs désavantageux. En même temps, pour les pays à la première étape
d’investissement à l’étranger, ses IDE sont principalement pour but d’utiliser les technologies
maturés et les facteurs productifs bons marchés des PVD, ainsi ils peuvent s’engager dans le
commerce international.
Louis T. Wells, économiste américain, a proposé, en 1983109, la théorie des technologies de
petite taille. Cette théorie est considérée comme le pionnier sur les études des FMN des PVD.
Selon Wells, les FMN des PVD disposent des avantages de certaines technologies
manufacturières de petite échelle au niveau international (au niveau national, ces FMN sont
avancées par rapport à leurs collègues). Ces technologies ne sont pas au même niveau que les
technologies des pays industrialisés, mais elles représentent des avantages spéciaux. Car, elles
sont caractérisées par haute concentration de mains-d’oeuvre, par une haute flexibilité, et ainsi
elles s’adaptent facilement à la production de petite échelle et au marché assez restreins des
PVD. En même temps, les FMN des PVD ont des avantages d’achat local et des produits
spéciaux et de bon marché. Ainsi, elles peuvent concurrencer avec les FMN des pays
industrialisé. Par ailleurs, Wells a indiqué que la protection des marchés d’exportation est les
motifs principaux des IDE des PVD. Cette théorie est intéressante pour les PVD. Car pour les
entreprises des PVD, même si leur technologies ne sont pas assez avancées, et leurs tailles et
échelles de production sont assez limités, elles peuvent aussi participer à la concurrence
internationale par les IDE.

Lall110, chercheur britannique, a proposé une théorie de localisation des technologies par des
études sur les avantages compétitifs et les motifs d’investissement. Selon lui, les FMN du tiers
monde ont leurs propres avantages spéciaux, même si ces FMN sont caractérisés par la petite

108
Ozawa,T., Professor Kiyoshi Kojima’s Contributions to FDI Theory: Trade, Structural Transformation,
Growth and Integration in East Asia, CJEB Working Paper, Colorado State University, USA, 2007, 26 pages.
109
Wells, L.T., Jr. Third World Multinationals. The Rise of Foreign Investments from Developing Countries, The
MIT Press, Cambridge, MA, 1983, pp.1-19.
110
Lall, S., The New Multinationals: the Spread of Third World Enterprises, John Wiley & Sons, New York,
1983, pp.250-256.

72
taille, la technologie standard et le travail de haute concentration de mains-d’oeuvre, elles
peuvent s’entreprendre des activités d’innovation. Cette théorie souligne que l’introduction des
technologies avancées des pays industrialisés par les PVD n’est pas de simples copies ou
imitations passives, mais de l’absorbation, l’amélioration et l’innovation de ces technologies.
C’est justement ce genre d’activités innovatrices qui donnent de nouveaux dynamismes à ces
technologies introduites, et qui amènent de nouveaux avantages compétitifs aux FMN des PVD.

Une autre théorie, intitulée « la théorie d’innovation technologique et d’avancement sectoriel »


est proposée par Cantwell et Tolentino111. Par des études sur les IDE des PVD dans les pays
industrialisés depuis le milieu des années 80 du 20ème siècle, ils ont indiqué que, les PVD,
quand ils introduit des technologies des pays industrialisés, vont absorber, digérer et innover
ces technologies et aussi en réaliser des nouveaux avantages compétitifs. Selon cette théorie,
l’avancement technologique est un processus d’accumulation à long terme, qui est lié à la
croissance des IDE de ce pays à l’étranger. Pour eux, c’est prévisible que la disposition
géographique des IDE des PVD va changer avec le temps.

111
Cantwell, J. & Tolentino, P. E.E., “Technological Accumulation and Third World Multinationals”,
Discussion Paper in International Investment and Business Studies, No139, University of Reading, UK, 1990,
pp.1-24.

73
III-Connaissance et processus de la mondialisation

On peut constater un double mouvement : d'une part, le processus de mondialisation stimule le


développement des économies fondées sur la connaissance, il accélère la diffusion des
connaissances technologiques, et par le renforcement de la concurrence, favorise-les entreprises
qui privilégient des stratégies d'innovation, en particulier fondées sur le renouvellement de leurs
produits. D'autre part, l'économie fondée sur la connaissance influe sur la mondialisation et ce,
de plusieurs façons. D'abord, les activités à fort contenu de connaissance ont tendance à se
concentrer dans certaines régions de l'économie mondiale, mais aussi au sein même des grandes
zones économiques, comme c'est, par exemple, le cas au sein de l'espace européen ; ce
mouvement de concentration crée de nouvelles inégalités entre territoires, tant entre régions
d'une même zone économique, que plus globalement entre pays riches et pays pauvres.

Les mutations du système productif et des conditions de la concurrence au niveau mondial


peuvent, en effet, dans une assez large mesure être interprétées comme témoignant de la
diffusion d'une économie fondée sur la connaissance, qui s'accompagne d'un changement de
principe dominant de division du travail en faveur d'une logique cognitive. Cette mutation
s'accompagne de profonds changements dans les modes d'organisation des entreprises. Elle
modifie également les stratégies de localisation et la nature des relations que les firmes
entretiennent avec les territoires. Cette tendance n'est cependant pas univoque, et une certaine
diversité de trajectoires est perceptible au niveau des nations, des territoires, des secteurs et des
firmes. En particulier, les logiques de production tayloriennes semblent avoir trouvé une
seconde jeunesse au travers de la diffusion d'un certain nombre d'innovations technologiques et
organisationnelles. Une dualité est perceptible au sein du système productif entre une logique
productive "cognitive" et une logique productive "taylorienne flexibilisée"112. Ces deux
logiques productives ont des conséquences distinctes sur la localisation des activités
économiques et appellent des stratégies de développement des territoires différenciées.

La conjugaison de la mondialisation et de la diffusion de "l'économie fondée sur la


connaissance", marquée par ce que Moati et Mouhoud113 qualifient de passage d'une "division
technique ou taylorienne du travail" (centrée sur la maîtrise des coûts et la réalisation de

112
Delapierre M., Moati Ph. et Mouhoud E.-M., Connaissance et mondialisation, Paris, Economica, 2000.
113
Moati Ph. et Mouhoud E.-M., " Information et organisation de la production : vers une division cognitive du
travail", Economie appliquée, tome XLVI, n° 1, avril 1994, pp. 47-73.

74
rendements d'échelle du capital productif) à un principe de "division cognitive du travail"
(centrée sur la maîtrise de l'information et des connaissances, d'apprentissage, et la réalisation
d'économies de champ sur les actifs intangibles investis) contribue à l'émergence d'une nouvelle
structuration de l'espace économique mondial. Cette "division cognitive du travail" consiste
dans le fractionnement des processus de production selon la nature des blocs de savoir qui sont
mobilisés. Les entreprises redéfinissent le contenu de leur activité basée sur des compétences
concentrées sur un ensemble cohérent de blocs de savoir, et adoptent alors des modes
d'organisation orientés vers la maximisation de la capacité d'apprentissage et d'innovation. Dans
cette configuration, le travailleur n'est pas spécialisé sur une tâche mais plutôt sur un "champ
de compétences" éventuellement polyvalent en termes de tâches effectuées, mais spécifique aux
connaissances définissant le bloc de savoir, et aux investissements, souvent immatériels,
consacrés à son développement. Les firmes cherchent alors à réaliser des économies sur la part
importante de capital immatériel investi en démultipliant les potentielles applications
productives des quelques " blocs de savoir " qu'elles parviennent à intégrer.

Enfin, la connaissance devient un input primordial : sa production et sa détention obéissent à


des logiques cumulatives qui engendrent des inégalités croissantes entre les individus et entre
les territoires. Dès lors, la mondialisation, selon Mouhoud, est loin de correspondre à une
véritable intégration planétaire des économies aux échanges de biens, de capitaux et de
technologies. Elle se traduit en réalité par un processus de polarisation de ces flux entre et à
l'intérieur des pays riches de la Triade, selon une logique qui, tout en impliquant certains pays
émergents, aboutit pour la plupart des pays à dotations naturelles114à une déconnexion forcée,
les seuls avantages de ces derniers résidant dans la disponibilité de ressources naturelles ou de
main-d’œuvre à bas prix.

En outre, les firmes multinationales modifient leurs critères de localisation afin de mieux
exploiter les spécificités de chaque système national d'innovation. De fait, les critères de
compétitivité des nations se trouvent redéfinis avec la mise en avant des facteurs d'attractivité
du territoire. Les critères de localisation sont favorables à la concentration des activités
"intensives en connaissances" dans les pays industrialisés115, et plus particulièrement au sein

114
On entend par " pays à dotations naturelles", les pays en voie de développement à capacités technologiques
faibles ou nulles et dont les seuls avantages résident dans la disponibilité d'une main d'œuvre abondante ou de
ressources naturelles.
115
Mouhoud E.-M., "Délocalisation vers les pays à bas salaires et contraintes d'efficacité productive", Monde en
développement, ISMEA-UNESCO, tome 24, n° 95, 1996, pp. 25-35.

75
des territoires riches en ressources cognitives spécialisées. Ainsi, les pays incapables d'accéder
à l'économie fondée sur les connaissances se trouvent marginalisés dans l'économie mondiale.
Aujourd'hui, les entreprises recherchent moins des conditions de coûts qu'un environnement
stimulant leurs capacités d’apprentissage : main-d’œuvre disposant des qualifications
spécifiques, présence d'institutions de recherche spécialisées performantes et de concurrents
susceptibles de générer des externalités technologiques.

Enfin, l'économie de la connaissance stimule de nouvelles formes de coordination entre les


entreprises (ce qui explique le nombre élevé, ces dernières années, des alliances privilégiant la
recherche & développement inter- entreprises issues de pays différents et les fusions-
acquisitions actuelles). Cependant, des nouveaux marchés émergent (achats de licence, contrats
de R&D, …). Ceux-ci sont susceptibles de transférer des connaissances116 déjà établies ou en
train de se construire, et représentent une médiation qui trouve sa place au sein d'une
organisation de la production des connaissances : "les marchés diminuent les coûts de transfert
et l'absorption des connaissances, en permettant à des firmes d'orienter efficacement leur
potentiel de recherche et de bénéficier de l'expérience productive réalisée ailleurs"117.

III.1 TIC, Economie de la connaissance, qualité institutionnelle et IDE :


Survol théorique et empirique
Parmi les pays en développement, quelques pays, comme la Chine, l'Indonésie, l'Egypte et la
Colombie ayant réussi à attirer des IDE. Selon la Banque mondiale (2011), la Chine, l'Indonésie
et l'Egypte ont reçu au total plus que 100 milliards USD, qui a été près de 31 % du total des
IDE versés aux pays en développement en 2010. Alors que certains pays en développement,
comme la Bolivie et le Yémen font face au problème d'un flux d'IDE négatif.

116
Dosi, Teece, Nelson & Winter ont été les premiers à jeter les bases de la compréhension du mécanisme de
transfert de connaissances. Le premier s'intéresse aux connaissances tacites, principalement au savoir-faire
technologique et suggère que le transfert de technologies à l'international permet à la firme d'accumuler un stock
de connaissances applicable par-delà les frontières. Les seconds se sont davantage attardés sur la reproduction des
routines organisationnelles et affirment que posséder une "plate-forme" organisationnelle de routines permet
beaucoup plus facilement leur reproduction au sein d'une organisation qu'entre organisations. Néanmoins, toutes
ces recherches prennent pour cadre une population de multinationales et se situent ainsi à un niveau proche de
l'inter-organisationnel de par la plus forte distance organisationnelle qui peut exister entre une maison mère et une
de ses filiales, qu'entre unités d'une même entreprise. En outre, elles analysent davantage les conséquences du
processus de transfert sans l'expliciter. Dosi G., Teece D., Winter s. " Les frontières des entreprises : vers une
théorie de la cohérence de la grande entreprise ", Revue d'économie industrielle, n° 51, 1er trimestre 1990, pp.238-
254.
117
Guillon B., " Les marchés de la connaissance technologique ", Revue d'intelligence économique, n° 6 et 7,
2000, pp. 15-28.

76
Néanmoins, ces premiers pays ont enregistré un fort développement en matière de
Technologie d’information et de télécommunications qui va de pair avec les flux
importants d’IDE.

L’expérience des pays Asiatique a montré la forte concentration géographique des flux d’IDE
qui se maintient essentiellement en Asie de l’Est et du Sud Est et en Amérique Latine. Cette
concentration a été accompagnée par une évolution spectaculaire des TIC malgré la crise
financière proclamée. La Chine et l’Inde sont toutes les deux parvenus à atteindre un taux de
pénétration de 60% pour le secteur mobile. Le service mobile a acquis, en 2010, environ 300
millions de nouveaux abonnés dans chacun de ces deux pays118.

C’est dans la région Asie-Pacifique que le mobile a enregistré la plus forte croissance en 2010.
Le nombre d’abonnements au mobile a augmenté de 490 millions en 1994 pour atteindre 2,6
milliards.

Cette région représente plus de la moitié du nombre d’abonnements au cellulaire mobile dans
le monde et un flux d’IDE le plus important par rapport aux autre économies.

Pour les pays de la Zone MENA, on enregistre une augmentation importante des flux d’IDE
entrant par rapport aux PIB ; un décollage depuis 1990, passant de 0, 45 % du PIB à environ
5% en 2006. Néanmoins depuis cette date on remarque une détérioration des flux d’IDE passant
à 2,8 en 2010, expliqués en grande partie par une détérioration de l’environnement des affaires.

Donc, les questions qui se posent inéluctablement sont, de savoir pourquoi les flux d'IDE sont
orientées seulement vers quelques pays ? Quels sont les déterminants de cette dernière ? Et
dans quelle mesure la performance des télécommunications agit- t-elle sur les IDE ?

Dans cette partie de travail, nous tenterons d’appréhender l’avancement de la littérature pour
l’impact des TIC et l’économie de la connaissance sur les IDE, d’une part et l’impact de la
qualité institutionnelle sur les IDE, d’une autre part.

III.2 TIC, Economie de connaissance et IDE

118
http://databank.worldbank.org

77
Les TIC sont au centre du développement des Economies fondées sur la connaissance,
puisqu’elles offrent aux agents économiques une gamme nouvelle et sans précédent
« d’instrument du savoir »119. Ces premières constituent un ensemble d’outils de production de
savoirs facilitant les interactions créatrices entre les concepteurs de produits, les
fournisseurs et les clients.

Plusieurs travaux de la CNUCED ont étudié l’impact des TIC sur la productivité et sur la
croissance économique120 et peux qui ont travaillé sur l’impact des TIC sur les IDE. Néanmoins,
à l’aire actuelle, avec la défaillance de l’environnement des affaires, la réforme limitée des
codes d’investissements, la médiocrité de la qualité institutionnelle, une préoccupation patente
qui se pose c’est d’attirer plus les IDE.

Un travail établi par la CNUCED (2011) a avancé les avantages des TIC : « un secteur privée
dynamique et diversifié, qui fonctionne bien et soit responsable au plan social est un précieux
accélérateur de l’investissement, du commerce, de l’emploi et de l’innovation, et de ce fait un
facteur de croissance économique et de réduction de la pauvreté ainsi qu’un moteur de
l’industrialisation et de la transformation structurelle. Le secteur privé est donc l’une des clefs
d’une croissance économique durable, sans exclusive et équitable, ainsi que du développement
durable dans les pays les moins avancés»121.

Les TIC peuvent être utiles à de nombreux titres dans les projets de développement du secteur
privé. Les entreprises sont liées à la nécessité de parvenir à un meilleur fonctionnement des
marchés et un meilleur système de gestion interne, à un meilleur accès à l’information et à
d’autres ressources, à un renforcement de la transparence et à la création d’un environnement
plus favorable aux entreprises. Les TIC contribuent à créer un environnement économique plus
favorable au développement du secteur privé et des flux d’investissements privées qu’ils soient
nationaux ou étrangers et offrent de nouveaux moyens de communication entre entreprises et
entre entreprises et pouvoirs publics.

Les TIC permettent l’accès à l’information sur les demandes et les cours des marchés en temps
opportun, les chefs d’entreprise auront besoin d’accéder à des services radio, de messagerie
textuelle ou d’Internet en fonction des capacités de l’utilisateur.

119
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Paris, 2009.
120
CNUCED, Rapport sur l’économie de l’information, rapport CNUCED 2008.
121
Rapport 2011 sur l’économie de l’information : les TIC, catalyseur du développement du secteur privé

78
A partir du rôle de TIC avancé par la CNUCED122 (2011), on remarque que les TIC est un
accélérateur de l’emploi et de l’innovation. Certainement, elles peuvent facilitent l’accès à des
conseils et à des formations professionnels. Il est nécessaire de bien exploiter les TIC pour
acquérir certaines compétences de gestion interne, comme la formation, le calcul des coûts, la
conception de produits ou l’administration de l’entreprise. À ce niveau, les ordinateurs, tous
comme les téléphones intelligents, peuvent servir à apprendre les bases. Concernant le
marketing et la recherche de nouveaux produits, l’accès à Internet compte de plus en plus. Par
ailleurs, la possibilité de communiquer avec différents services publics en ligne nécessite
différents types d’accès aux TIC selon les outils utilisés par L’administration et le service
concerné.

L’économie de la connaissance se caractérise par une augmentation de la proportion des


travailleurs hautement qualifiés mesuré par l’emploi des diplômés universitaires par rapport à
l’emploi total123.

Selon l’hypothèse du biais technologique, les TIC génère un accroissement de la demande


de travail hautement qualifié au détriment de la main d’œuvre non qualifiée. Cette demande
est basée essentiellement sur les compétences, les connaissances et les formations adaptées
induites par le renforcement du système éducatif et le système de recherche124.

La diffusion de connaissance et de l’information par le biais de TIC entrainent une réorientation


géographique des IDE, au détriment de la plupart des pays en développement.

Les TIC tendent à réduire les dimensions temporelles et spatiales de l’économie. Certainement,
les capitaux et les informations peuvent se déplacer rapidement d’un pays à un autre et
les biens et les services numériques sont facilement transférables sur les réseaux numériques.

De ce fait, l’évolution des technologies, des normes mondiales de compétitivité et des stratégies
des Firmes multinationales dans le cadre du post taylorisme révèlent et génèrent l’exigence de
qualité, le juste temps, la variété et la flexibilité, la qualification et les connaissances de main
d’œuvre et l’existence d’infrastructure et d’institutions fiables.

122
CNUCED, l’investissement dans le monde, rapport CNUCED 2010.
123
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Paris, 2009.
124
Clévenot M. et Douyère D., « Pour une critique de l'économie de la connaissance comme vecteur du
développement », Présenter dans un Colloque international « Economie de la connaissance et développement »
XXIVe Journées du développement de l'Association Tiers-Monde, Organisé par l'Université Gaston Berger
(Sénégal), le Bureau d'économie théorique et appliquée de l'Université Nancy2/CNRS., Saint Louis, Sénégal,
2008.

79
Dans son travail sur l’attractivité (Mouhoud 2009), l’auteur a avancé que via ces mécanismes,
les TIC ont déclenché une augmentation spectaculaire des IDE.

Ce concept permet d’atténuer la contrainte de proximité125 spatiale dans l’échange de


connaissance. La coopération entre équipes géographiquement dispersés devient une pratique
usuelle et efficace dans la production et la transmission de savoir, d’où un encouragement des
implantations transnationaux et une meilleure attractivité des IDE.

La montée de la croissance Africaine depuis 2000 s’est accompagnée récemment d’une


augmentation des IDE et d’un accroissement sensible en TIC, particulièrement, en téléphone
portable126. Pour cette Zone, la pénétration des mobiles était de 21,7 abonnés pour 100
habitants en 2010 et plus de 246 millions d'utilisateurs du téléphone mobile. Néanmoins, un
taux de pénétration très faible par rapport au taux enregistrés en Europe et en Amérique. Par
contre cette zone enregistre un taux d’abonnement le plus élevé en comparaison aux lignes
téléphoniques fixes et les utilisateurs d’internet, en comparant toutes les autres régions (UIT
2011). La téléphonie mobile et l’avènement d’internet marquent des canaux importants de
transfert de l’information, enregistrant ainsi un déterminant clés d’attractivité des IDE.

Dans cet air de réflexion entre les TIC et les IDE, la théorie de l’économie de la connaissance
à un trait important marquant cette causalité. En effet, le capital humain est associé à une
augmentation des flux des IDE, puisqu’il génère une plus grande attractivité des firmes
multinationales, cet effet traduise ainsi une amélioration de la qualité de la main-d’œuvre et
des conditions du travail et par la suite une certaine stabilité politique et sociale. Dans le sens
inverse, la présence des firmes étrangères influencera positivement les ressources humaines en
encourageant une éducation de qualité, en fournissant de nouveaux procédés et en intégrant des
nouvelles technologies127.

« Les firmes multinationales, de plus en plus nomades, mettent les territoires en concurrence
sur la base de leur aptitude à offrir un ensemble complexe de ressources favorisant le
développement de leur capacité d’innovation. Ces nouvelles exigences contribuent aux

125
Zaoual H., « Principes d'économie de la proximité et du site », Economies et Sociétés, n° 6/2003, Les Cahiers
de l'ISMEA, Hors-Série, n°39, juin 2003, pp. 1053-1087, in Berthelot Y., Dos Santos Th. et Humbert M. (sous la
dir.), Présentation et problématique générale de PEKEA (A Political and Ethical Knowledge regarding
Economic Activities).
126
Des Partenariats pour Transformer l’Afrique : « Rapport 2011 sur les progrès en Afrique », Africa Progress
Panel.
127
Mouhoud E. M., « Division internationale du travail et économie de la connaissance », in Vercellone C. (sous
la dir.), Sommes-nous sortis du capitalisme industriel ?, La Dispute, 2003

80
processus de polarisation géographique des activités au profit des territoires les plus riches en
ressources cognitives. »128 (Delapierre et alii p. 6, 2000). Certainement, les ressources en capital
humain et les efforts de recherche et développement étant des composantes de l’économie de
la connaissance qui constituent ainsi des facteurs attrayants des IDE. Un aspect important de
l’économie de la connaissance est que ces diverses dimensions sont complémentaires. En effet
les agents doivent disposer de compétences particulières afin de profiter des avancées de la
connaissance, et en vue d’utiliser l’information plus efficacement.

Les connaissances se diffusent alors plus rapidement à condition que les progrès dans les TIC
sont rapides et que les individus sont bien formés et compétents129 Néanmoins, l’expérience de
l’Asie du Sud Est ne tient pas tant à la question technologique mais aux relations avec le Japon
et Taiwan, qui par leurs IDE, ont favorisé un processus d’apprentissage et de remontée de la
chaîne de valeur.

Selon la CNUCED, l’économie de la connaissance doit s’imposer. En effet, les économies


Africaines devraient tirer profit de la baisse des prix des TIC pour s’équiper et bénéficier des
bienfaits de l’économie de la connaissance (Rapport PNUD, 2007-2008).

Dans un travail analysant les piliers de cette première, l’OCDE (2007) a conçu un indice
combinant des mesures portant sur les dépenses de Recherche et développement et les dépenses
d’éducation130.

Loewendahl et Ertugal-Loewendahlt (2001) ou Kamaly131 (2003) ont classé ainsi plus de vingt
déterminants de la localisation en déterminants économiques, politiques, institutionnels et
d’incitation. Lim132 (2001) et Levasseur133 (2002) ont détecté un ensemble convergents de
facteurs décisifs dans l’explication des IDE reçus, à l’instar du taille du marché domestique, la

128 De la pierre, .M Moatti, Mouhoud.M, « Connaissance et mondialisation », Economica, Paris, 2000.


129 Clévenot M. et Douyère D., « Pour une critique de l'économie de la connaissance comme vecteur du
développement », Présenter dans un Colloque international « Economie de la connaissance et développement »
XXIVe Journées du développement de l'Association Tiers-Monde, Organisé par l'Université Gaston Berger
(Sénégal), le Bureau d'économie théorique et appliquée de l'Université Nancy2/CNRS., Saint Louis, Sénégal,
2008.
130
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Paris, 2009.
131
Kamaly, A,” Behind the surge of FDI to developing countries in the 1990s: An empirical investigation,
Cairo”, The American University of Cairo, Department of Economics, mimeo, 2003.
132
Lim, E.,” Determinants of, and the relation between, foreign direct investment and growth: a summary of the
recent literature, IMF working Paper, WP/01/175, 2001.
133
Levasseur, Sandrine, « Investissements directs à l’étranger et stratégies des firmes multinationales », Revue
de l’OFCE, Hors-série, Mars 2002.

81
distance et les coûts de transport, les effets d’agglomération, les coûts factoriels, les incitations
fiscales, le climat des affaires et l’environnement de l’investissement.

Chakrabarti (2001) et Kamaly (2003) ont relevé quelques limites méthodologiques de la


littérature empirique dans la matière, à savoir les mesures prises qui ne s’appuyaient pas sur
une théorie constituée et robuste. En effet, une variable comme les niveaux de salaires peut à
la fois être négativement associée aux flux d’IDE, étant considérés comme des éléments de
coûts uniquement, et être croissante avec les flux d’IDE , étant considérés comme des
variables relevant de la productivité du travail associée aux niveaux de qualification de
la main d’œuvre et à la qualité des institutions.

De nombreux travaux montrent que les différences en ressources naturelles (Dunning, 1993),
en dotations factorielles, en coût de main d’œuvre et en qualification de la main d’oeuvre
(Helpman, 1984 ; Wheeler et Mody, 1992 ; Culem, 1988) sont prises en compte dans les
décisions d’implantation des firmes transnationales.

Un travail élaboré par la CNUCED (1998) a intégré les IDE par rapport au PIB nominale, le
PIB par habitant et le taux de croissance du PIB. Lucas134 (1993) a également montré qu'il
existe un haut degré de réactivité des IDE aux revenus des principaux marchés d'exportation.

Un travail antérieur effectué sur l’impact de la performance des télécommunications sur les IDE
a pris considération le coût de trois minute locale de communication, nombre de ligne fixe, liste
d’attente et nombre de ligne mobile135 (Sekat (2002)), comme indicateurs de performances de
télécommunications afin d’expliquer les entrées d'IDE.

Une hausse du PIB136 est favorable à une meilleure opportunité de marché du pays d'accueil et
un facteur attrayant pour les IDE (Khondoker Abdul Mottaleb, 2004). Un travail effectué par
(Varoudakis, 2006), a bien démontré qu’une hausse du PIB par habitant, reflétant la richesse
du pays d'accueil et l’exigence de l’efficacité, impliquera une meilleure opportunité du marché
de pays hôte et une plus grande attractivité pour les IDE entrants.

134
Lucas R.F.B., «On The Determinants Of Direct Foreign Investtment : Evidence from East and Southeast
Asia », World Development, Vol.21 , n° 3, p. 391-406, 1993.
135
Opening up telecommunications to competition and MENA integration in the world economy Working Paper
Series No. 33,July 2003 The World Bank Khalid Sekkat , Aristomene Varoudakis
136
Le PIB mesure la taille du marché intérieur du pays d'accueil.

82
Par ailleurs, le taux de croissance du PIB reflète le dynamisme du pays d'accueil et la taille
future du marché. Une augmentation du taux de croissance du PIB réel, étant une caractéristique
d’une économie dynamique, est certainement très attractive pour les investisseurs.

Par ailleurs, on est appelé à miser sur des transformations complémentaires aux
technologies d’informations et de communications afin d’attirer les investisseurs étrangers.
Cette complémentarité peut être approchées par la qualité institutionnelle d’un pays ou par
un environnement favorable à la diffusion et la production des TIC.

III.3 Qualité institutionnelle et IDE

Les premières analyses théoriques sur la multinationalisation de la firme , à l’instar de la théorie


de l’internalisation137 (Hymer,1960), ont débuté fin des années 50 mettant l’accent sur les
structures de concurrence imparfaites et les oligopoles . Un nouvel courant plus pertinent
qui explique les IDE s’est manifesté dans les années 70 par le paradigme OLI138 (Dunning
1993). Ce courant explique le phénomène d’implantation des FMN dans les économies
développées et en développements. Cette théorie avance que la firme, ayant un avantage
spécifique à l’instar d’un avantage technologique et un savoir-faire, décide d’investir dans un
pays attrayant afin d’exploiter cet avantage et internaliser ses coûts de production.

Axarloglou139 (2005) a relevé que les facteurs déterminants de l’attractivité sont la productivité
du travail, les dépenses relatives par tête consacrées à l’éducation supérieure et la stabilité
sociale.

Par ailleurs, s’intéressant à l’autre concept de notre travail, La gouvernance est un terme porteur
de plusieurs sens et en constante évolution. On distingue entre « corporate governance » qui est
orienté à la gouvernance d’une entreprise, la gouvernance globale, la gouvernance nationale et
enfin la gouvernance locale.

La Banque Mondiale (1992) définit « la gouvernance comme étant la manière dont le pouvoir
est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d’un pays, la bonne

137
Hymer, S. H., “The International Operations of National Firms: A Study of Direct Foreign Investment”, PhD
Dissertation1960. Published posthumously, The MIT Press, Cambridge, Mass., 1976.
138
Dunning, J.H.,” Multinational Enterprises and the global Economy”, Addison Wesley Workingham, 1993.
139
Axarlolou K, “What attracts foreign direct investment inflows in the United States”, international trade
journal, vol 19, n3, pp285-308, 2005.

83
gouvernance pour la Banque Mondiale est une gestion saine du développement ». Cependant,
(Kaufmann, Kray et Zoido-Lobaton ; 1999) trouvent des limites dans cette définition par le faite
qu’elle ne prend pas en compte la nature des régimes politiques, la définition qu’ils proposent
est la suivante « La gouvernance c’est les traditions et les institutions par lesquelles l’autorité
est exercée dans un pays pour le bien commun. Cela inclut le processus par lequel les
gouvernements sont choisis contrôlés et remplacés, la capacité du gouvernement à élaborer et
à mettre en place des politiques judicieuses, ainsi que le respect des citoyens et de l’Etat des
institutions gouvernant leurs interactions économiques et sociales ». Cette définition recouvre
plusieurs aspects à savoir : Le caractère démocratique des institutions politiques, l’instabilité
politique et la violence, l’efficacité des pouvoirs publics, le poids des règlementations et enfin
la lutte contre la corruption.

La notion de bonne gouvernance est apparue au début des années quatre-vingt-dix dans les
travaux de la Banque Mondiale (2004), il avance qu’ « Une bonne qualité de gouvernance est
celle qui permet de satisfaire deux dimensions du développement à savoir le bien-être matériel
et immatériel »140.

Par ailleurs, on distingue différents types d’indicateurs : les données issues d’enquêtes, celles
des sondages d’experts et les indicateurs composites. Les données d’enquêtes sont des
indicateurs relevant des moyennes nationales des réponses aux questions posées à propos de la
gouvernance141 alors que les données issues de sondages142 auprès d’experts, sont produits par
des agences de rating, des ONG ou des organisations internationales.

La Banque Mondiale fournit une base de données nommée World Wide Governance Research
Indicators, appelée également par le nom de ses auteurs Kauffman, Kraay et Mastruzzi (2006)
qui sont les suivants143 :

 le contrôle de la corruption (CC) : cet indicateur mesure l’usage des prérogatives


du pouvoir à des fins personnelles, en particulier l’enrichissement des individus
disposant d’une position de pouvoir.

140
World Bank, Jobs, Growth, and Governance in the Middle East and North Africa, 2004.
141
Un exemple de ces enquêtes est le World Business Environment Survey 2000 (WBES).
142
Une agence privée de notation du risque, The Political Risk Service Group (PRS), produit une base de
données intitulée research data set
143
Arndt C. & Oman C. “ Les indicateurs de gouvernance : Usages et Abus”, Centre de développement de
l’organisation de coopération et de développement économique, OCDE, 2006.

84
 L’efficacité de l’action publique (GE) : il s’agit d’une mesure de la compétence
de la bureaucratie publique et de la qualité des services publique.
 La stabilité politique (PS) : cet indicateur mesure la probabilité des changements
violents de régime ou de gouvernement, ainsi que des menaces graves à l’ordre
public, y compris le terrorisme.
 La qualité des procédures légales (RL) : cet indicateur mesure la qualité du
respect des contrats légaux par le système judiciaire, en tenant compte du recours
à la violence privée et à sa répression.
 La qualité de la réglementation (RQ) : cet indicateur mesure les entraves
règlementaires aux fonctionnements des marchés.
 Les capacités revendicatives et d’expression (VA) : « Voice and Accountability
» : cet indicateur mesure les droits politiques et individuels dont jouissent les
citoyens.

Ces indicateurs sont qualifiés de composites ou d’agrégés car ils sont élaborés à partir des
résultats d’enquêtes et de rating d’experts portant sur la corruption et les autres aspects de la
gouvernance. Ces indicateurs sont plus complets que ceux établis par d'autres économistes. Ils
peuvent être regroupés en trois ensembles : le premier lié à la gouvernance politique, le second
lié à la gouvernance économique et le troisième lié à la gouvernance institutionnelle. Les
indicateurs établis par Kaufman et al depuis 1996 peuvent être classés en trois types de
gouvernance. La gouvernance politique est mesurée par deux indicateurs à savoir la voix et
responsabilisation et la stabilité politique. La gouvernance économique est mesurée par deux
indicateurs ; la qualité de la réglementation, étant mesurée par les entraves règlementaires au
fonctionnement des marchés et l’efficacité du gouvernement, étant mesurée par la compétence
de la bureaucratie et la qualité des services publics.

Enfin, la gouvernance institutionnelle est mesurée par deux indicateurs à savoir, le respect des
règles et lois et le contrôle de la corruption.

La plupart de synthèses de la littérature empirique (Lim, 2001 ; Bloningen, 2005 ; Benassy et


al, 2005) insistent sur l’importance de la stabilité politique pour les investisseurs.

85
Nigh et Schollhammer144 (1987), à partir d’indices de conflit, et Lecraw145 (1991) à partir de
l’indicateur du Business Environment Risk Intelligence, et Kaufman146 et al (1999) à partir des
indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale, ont identifié une liaison négative entre
l’instabilité politique et les IDE reçus.

Les institutions et la qualité des institutions restent au cœur des politiques d’attractivité. En
effet, selon les travaux de Rodrik (1999, 2004) la croissance des revenus dans une économie
est directement corrélée à la capacité des institutions à instaurer un Etat de droit, à protéger le
droit de propriété, à réduire la corruption, à réglementer de manière transparente et efficace les
marchés et à assurer la stabilité politique.

 L’impact positif de la bonne gouvernance sur les IDE

Un travail effectué par Chan et Gemayel [2004] montrent que le risque et l’instabilité politique
restent les premiers déterminants de la faiblesse des IDE dans la région MENA qui englobe une
part importante des pays de notre étude.

Ce travail souligne l’importance de facteurs complémentaires et de facteurs politiques dans


l’attractivité des IDE tirés des usages des TIC. Par ailleurs, une complémentarité d’étude du
thème de l’économie de la connaissance et d’étude de la bonne gouvernance prônée par la
nouvelle économie institutionnelle (North D. (1990), Williamson O. (1993)), s’avère très utile.

Helpman (2006) a récemment rassemblé une nouvelle génération de travaux théoriques


permettant de mieux comprendre les IDE en relation avec les choix d’organisation des firmes
multinationales et avec les caractéristiques des secteurs et des contrats sur la base desquels elles
opèrent, notamment en réponse aux opportunités et à la qualité institutionnelles offertes par les
pays d’implantation.

Un travail effectué par Sekat (2007), en utilisant une méthode de moindre carrée à deux étapes,
a relevé que l’efficacité de l’action publique fonctionnaires, l'absence de violence politique et
une meilleure efficacité de gouvernement ont été associés à grandes entrées d'IDE. Par ailleurs,

144
Nigh, D., and H. Schollhammer,:” Foreign direct investment, political conflicts, and cooperation: the
asymmetric response hypothesis”, Management Decision Economics, Vol. 8 (December 1987), pp. 307-312.
145
Lecraw, D,” Factors influencing FDI in host developing countries: a preliminary report”, in P.J. Buckley and
J. Clegg (eds.) Multinational enterprises in Less Developed Countries, pp. 163-180, 1991.
146
Kaufmann D., Kraay A., .Zoido P;” Governance Matters”, World Bank Policy Research Working Paper No.
2196, 1999.

86
en vue de corriger le biais de simulation, l’auteur a utilisé les variables instrumentales pour la
gouvernance, qui ont marqué une corrélation insignifiante, qui est due du fait que certains types
d'investissement sont plus sensibles que d'autres. La distinction des IDE en fonction de leurs
secteurs d’activités se révèle instructif.

Wheeler et Mody (1992) et Singh et Jun (1995) ont constaté que le risque politique et l'efficacité
administrative sont négligeables dans la détermination de l'IDE. Root et Ahmed (1979) et
Schneider et Frey (1985), ont constaté que les grèves politiques et des changements de
régulation constitutionnels dans le gouvernement déterminent les flux d'IDE.

Le résultat mitigé est dû des problèmes d'obtention des procurations fiables pour les
phénomènes qualitatifs, tels que l'instabilité politique (Korbin, 1981 ; Lim, 2001). Néanmoins,
la différence de résultats peut être expliquer par les coûts élevés de communication,
d'information et de transport, corruption généralisée et l'insuffisance des installations
d'infrastructure pouvant augmenter les coûts de transaction et les risques pour l'étrange
affectant négativement l’afflux d'IDE.

Une bonne qualité de gouvernance est supposée traduire et créer un environnement permettant
aux êtres humains de vivre de manière productive et créative. Dans un tel cadre institutionnel,
les individus préfèrent la coopération honnête (absence de corruption) et le progrès matériel.

Une bonne qualité de gouvernance crée des incitations qui mobilisent les individus à travailler
et à acquérir un niveau élevé de savoir et de compétences147.

L’environnement institutionnel de tout pays est marqué par la qualité du fonctionnement des
institutions publiques de l’économie. La qualité de gouvernance a un effet sur la qualification
de la main d’œuvre, en effet cette dernière reflète la défaillance des politiques économiques
en matière d’allocation et de répartition des ressources.

Dans son rapport mondial sur le développement humain, le PNUD (2002) a avancé que les IDE
sont un facteur déclencheur ou incitatif de démocratie. En effet, dans ce rapport on a relevé que
Le type de démocratie n’est pas en mesure de suivre un modèle donné, mais plutôt s’adapter
aux circonstances et à l’histoire suppose un long processus de développement politique.

Dans ce travail on a détecté que « le processus de développement politique a besoin


d’institutions de base, formelles et informelles, relevant de l’Etat ou non. Elle ne prospérera pas

147
Bénassy-Quéré. A, Coupet. M and Mayer.T, 2005, Institutional determinants of foreign direct investment,
Centre d’études prospectives et d’informations internationals (CEPII), No. 2005-05, April.

87
sans la diffusion de la culture démocratique, des valeurs et des principes qui guident les
comportements individuels et collectifs » (PNUD 2002).

Dans ce rapport, on relève d’autres facteurs à l’instar de la dimension macroéconomique du


risque d’un pays (changement politique, corruption, non-transparence institutionnelle,
paiements ou modification sur la dette souveraine, guerre et autres…) qui déterminent les IDE.

Dans ce cadre de travail Kaufman et al, ont relevé six indicateurs de gouvernance de la Banque
Mondiale, comme étant une mesure de l’infrastructure de politique nationale, ils ont conclu une
liaison négative entre l’instabilité politique et les IDE reçus 148
. Par ailleurs, Morisset et
Lumenga Nesoont détecté que la corruption et la mauvaise gouvernance augmentent les coûts
administratifs, détournant ainsi les investisseurs149.

Stein et Daude, ont confirmé que les facteurs institutionnels et politiques sont des déterminants
importants dans la localisation des IDE à destination des PED150, et dans une même sure de
travail Wheeler et Mody, ont élaboré une mesure composite des facteurs de risque intégrant
les variables institutionnelles afin de relever l'ampleur du service public, l’instabilité politique,
la corruption et la qualité du système légal151. Grâce à leurs estimations, ils ont démontré que
ces mesures n’affectent pas la localisation des filiales Américaines.

une étude faite par Dr. Khondoker Abdul Mottaleb (2010) a comblé le fossé entre l'épargne et
l'investissement intérieurs et par l'amélioration de retombées de la connaissance, l'IDE a un
rôle important dans la promotion de l'industrie et dans la croissance économique des pays
en développement. Dans cette étude, l’auteur a montré que les principaux pays bénéficiaires
d'IDE en 2005 avaient un grand marché intérieur avec un taux de croissance important du
PIB et étant bien équipées d’infrastructures modernes à l’instar de la téléphonie et internet.
Ce travail a démontré que le PIB et le niveau élevé du taux de croissance du PIB, un
environnement d'affaires convivial et moderne et la facilitation de moyens de communication
moderne (Internet) encouragent les entrées d'IDE dans les pays en développement.

148
Kaufmann D., Kraay A., Zoido P. ,” Governance Matters”, World Bank Policy Research Working Paper No.
2196, 1999.
149
Morisset J., Lumenga Neso O.,” Administrative barriers to foreign investment in developing countries”, D.C.,
World Bank and International Finance Corporation, Foreign Investment Advisory Service, Washington, 2002.
150
Stein E., Daude C., 2007,” The quality of institutions and foreign direct investment, Economics &Politics”,
volume 19, No. 3.

151
Wheeler D., Mody A.,” International investment location decisions: the case of U.S firms”, Journal of
International Economics, vol. 33, pp. 57-76, 1992.

88
(Wei, 1997, 2000) a détecté, pour les pays de l’OCDE, que la corruption et l’incertitude
concernant la corruption, exerce des effets négatifs importants sur la localisation des IDE.
Cependant, d’autres travaux ont bien démontré l’impact négatif de la qualité institutionnelle sur
les IDE, donc détecter le signe de l’impact va être l’objet de ce papier.

 L’impact négatif de la bonne gouvernance sur les IDE

Kaufmana avancé dans son ouvrage que la corruption a un effet favorable sur le mécanisme des
IDE152, de même Bardhan153, Egger et Winner (2005), ont bien démontré l’effet générateur de
la corruption pour attirer plus les firmes étrangères. Certainement, la corruption et la
malhonnêteté des fonctionnaires publiques jouent aux faveurs des investisseurs étrangers.

Cet avancé a été prônée aussi par Méon et Sekkat154 (2005) et Méon et Weill155, ils avancent
que la mauvaise gouvernance peut augmenter la vitesse de la bureaucratie en se référant à
l’hypothèse de la corruption “grease the wheels”.

Ces travaux ont été la suite d’une étude effectuée par Leys156 (1965). Il a souligné que « les pots
de vin » pourraient donner une incitation bureaucrates, accélérant ainsi la création de nouvelles
entreprises dans une administration lente. Le deuxième a avancé que la corruption peut réduire
le temps passé dans les files d'attente en utilisant un modèle formel.

Par ailleurs O'Donell a avancé qu’une collusion entre autocrates corrompus et investisseurs
étrangers est un facteur d’attractivité des IDE157.

Un argument classique à cet égard est fourni dans un même contexte de travail, Huntington et
Dominguez (1975) ont affirmé que l’autocratie peut être plus stable que la démocratie. Cette

152
Kauffman D.,” la corruption: Some myths and facts”, in early version was publisher in foreign policy, pp 114-
134, 1977.
153
Bardhan, "corruption and development: A review of issues", journal of Economic Literature volume 35, n°3,
1977.
154
Méon P.G., Sekkat K., “Does corruption grease or sand the wheels of growth?”, Public Choice, vol. 122 n°1-
2, p. 69-97, 2005.
155
Méon, P.G., Weill L., 2006. “Is corruption an efficient grease? A cross-country aggregate analysis", presented
at the Public Choice Society Meeting, New Orleans.
156
Leys C., “What Is the Problem about Corruption?”, Journal of Modern African Studies, vol. 3, n°2, p.215-230.
Reprint in Political corruption: A handbook, A.J, 1989.
157
O'Donnell G., “Reflections on the Patterns of Change in the Bureaucratic Authoritarian State”, Latin American
Research Review, vol. 13 n°1, p.3-38, 1978.
.

89
première peut fournir une meilleure protection des droits de propriété mieux que les régimes
démocratiques, et également être en mesure d'adopter des réformes efficaces, ce qui attire les
investisseurs étrangers.

Par ailleurs, les autocrates peuvent être une protection contre la pression de travail et la gauche
(Haggard (1990)). En effet, cette première privilégie les investisseurs, à la fois locaux et
étrangers, mais ceci ne présume pas que les démocraties sont moins efficace, mais simplement
qu’ils donnent moins de poids aux investisseurs étrangers dans les décisions politiques.

Li et Resnick (2003) ont avancé trois raisons pour lesquelles les contraintes démocratiques
génèrent des politiques marginalisant les intérêts des investisseurs étrangers. Le premier, c’est
que les régimes démocratiques sont plus hostiles à la position monopolistique et oligopolistique
des entreprises étrangères. Le deuxième c’est que les régimes démocratiques peuvent empêcher
les gouvernements des pays d'accueil d'offrir des incitations financières et fiscales aux
investisseurs étrangers. Le troisième c’est que les gouvernements démocratiques accordent plus
d'attention aux intérêts de leurs investisseurs locaux.

Néanmoins, cette ambiguïté des résultats nous laisse à vérifier cet effet pour les pays de la Zone
MENA, a-t-on intérêt à considérer un impact positif ou négatif sur l’attractivité des IDE.

En ce qui concerne les incitations fiscales, (Lim, 2001) a relevé que les incitations fiscales n’a
pas d’effet sur les décisions d’investissement des firmes étrangères, ce qui n’est pas le cas pour
les zones franches et les parcs technologiques qui avancent des avantages industriels plus
efficaces. Plus étonnant encore est la découverte récente que la relation entre la qualité des
institutions et les entrées d'IDE peut être clairement négative.

Resnick rapporte que la transition vers la démocratie a un impact négatif sur les IDE dans 19
pays en voie de développement158. Li et Resnick (2003) constatent un impact négatif de la
démocratie sur les flux d'IDE dans 53 pays, en développement et en transition. Egger et Winner
(2005) observent que la corruption est un stimulus clair et solide concernant l’IDE dans un
échantillon de pays développés et en développement, dans le court et le long terme.

Ces résultats contradictoires suggèrent au moins deux remarques. Tout d'abord, le concept de
gouvernance ou des institutions est à multiples facettes qui peuvent résulter des différentes

158
Resnick A. L., 2001, “Investors, turbulence, and transition: democratic transition and foreign direct investment
in nineteen developing countries”, International Interactions, vol. 27 n°4, p.381-98.

90
facettes d'un même concept. Deuxièmement, toutes ces études font état d'interpréter la
corrélation entre les institutions et les IDE sans autant s’intéresser du lien de causalité inverse.

Par ailleurs, il y a un impact positif direct de la qualité institutionnel sur les IDE et un impact
indirect. Le premier impact de la gouvernance sur l'investissement étranger, passe par son effet
sur le rendement d'investir à l'étranger. Wei (2000) a analysé les conséquences de la corruption
sur les flux d'IDE bilatéraux comme une taxe sur les investisseurs étrangers. Le Contrôle de
corruption est équivalent à la réduction du fardeau fiscal des investisseurs étrangers, améliorant
ainsi l’attractivité du pays.

Le principal obstacle institutionnel à l'IDE peut avoir un effet important sur la décision
d’investir à l'étranger, et un effet plus intensifié sur le risque que cela comporte. Ainsi,
l'investissement étranger n'est pas seulement l'objet à un risque de prédation et de hold-up, mais
aussi, et surtout, à un risque d'expropriation et de nationalisation159.

Vinod (2003) souligne que l'impact de risques des institutions sur l'investissement étranger peut
être amplifié si les agents prennent leurs décisions sur les méthodes de valeurs et de risques.

Conformément à ces arguments, certaines contributions empiriques indiquent que l'impact de


la qualité institutionnelle est distinct de l'impact du risque qui lui est associé. Dans ce contexte
de travail on trouve des travaux qui se sont intéressés à la prévisibilité de la corruption comme
étant un déterminant de l’investissement160, et ceux qui ont démontré que la prévisibilité de la
corruption a un impact différent de niveau de la corruption sur les flux de capitaux entrants161.

En ce qui concerne l’impact indirect de la gouvernance sur les IDE, Sekkat (2007) a bien relevé
que la gouvernance peut avoir un effet indirect sur les flux d'IDE à travers son impact sur les
autres variables. Les flux d'IDE sont sensibles au capital humain et la qualité des infrastructures
publiques162 . Donc en affectant ces variables, la gouvernance va affecter certainement les IDE.

Kaufman et al. (1999b) ont observé qu’une qualité médiocre des institutions est associée à de
faibles taux d'alphabétisation et d'un bon état de santé. De même, Mauro a bien démontré que

159
Revisiting The Relationship Between Governance And Foreign Direct Investmentpierre-Guillaume Méon*
And Khalid Sekkat** Brussels Economic Review - Cahiers Economiques De Bruxelles Vol. 50 - N°1 Spring
2007.
160
Campos J.E., Lien D., Pradhan S., “The Impact of Corruption on Investment: Predictability Matters”, World
Development, vol. 27 n°6, p.1059-1067, 1999.
161
Brunetti, A., Kisunko G., Weder B., 1998, “Credibility of Rules and Economic Growth: Evidence from a
Worldwide Survey of the Private Sector”, World Bank Economic Review, vol.12 n° 3, p.353-384.
162
Mody,A., Srinivasan K., 1998, “Japanese and U.S. firms as foreign investors: do they march to the same tune?”
Canadian Journal of Economics, vol. 31 n°4, p.778-799.

91
la qualité médiocre des institutions résulte de l'investissement public dans les actifs
improductifs sont important ainsi qu’une baisse des dépenses consacrées à l'entretien des
projets antérieurs163.

Par conséquent, selon Sekkat en encourageant les investissements publics improductifs qui se
traduisent par une inefficacité des établissements publics et un ralentissement de
l'accumulation du capital humain, les institutions défectueuses entravent indirectement
l’attractivité des investissements étrangers.

Par ailleurs, le lien de causalité entre l’IDE et la qualité institutionnelle est ambigus, plusieurs
travaux164 ont travaillé sur ce lien de causalité et analysé l’impact des IDE sur la qualité
institutionnelle et plus spécialement l’endogeineté des IDE.

Un travail établi par Amable165, sur le lien entre les institutions et les activités économiques a
bien démontré que les résultats économiques dépendent des configurations institutionnelles et
des institutions nationales, de l’accumulation du capital physique, l’investissement dans la
R&D, le type de formation de la main d’œuvre.

163
Mauro P., 1998, “Corruption and the Composition of Government Expenditure”, Journal of Public Economics,
vol. 69 n°2, p.263-79.
164
Knack S., Azfar O., “Trade intensity, country size and corruption”, Economics of Governance, vol. 4 n°1, p.1-
18, 2003.
165
Amable B., 2005, " Les cinq capitalismes : Diversité des systèmes économiques et sociaux dans la
mondialisation", Seuil, p 374, Paris, 2005.

92
Section II : l’émergence de l’économie de la connaissance

I. La connaissance : définitions et concepts


Une première analyse de la littérature sur le concept de la connaissance E permet de constater
qu’une certaine diversité terminologique et sémantique caractérise ce concept. En effet,
plusieurs termes et définitions sont utilisés dans la littérature pour désigner ce concept.
Dans cette section nous allons parcourir l’état des intuitions sur l’évolution du concept de la
connaissance afin de clarifier la diversité des termes utilisés dans la littérature pour le définir et
designer ses typologies.

I.1 Donnée, information et connaissance


La connaissance est souvent assimilée come une capacité cognitive, ce qui la distingue
nettement d’une information, l’analyse économique a longtemps confondu les deux concepts
connaissance et information. La connaissance est améliorée lorsque l’on détient une meilleure
estimation de la probabilité de tel ou tel état. Cette acception est très pratique du point de vue
de l’analyse de la prise de décision, mais elle ne permet pas de saisir des phénomènes aussi
importants que ceux d’apprentissage et de cognition. La connaissance est d’abord
fondamentalement une capacité d’apprentissage et une capacité cognitive, tandis que
l’information reste un ensemble de données formatées et structurées, d’une certaine inertes ou
inactives, ne pouvant pas elles-mêmes engendrer de nouvelles informations. Dès lors, on
comprend que la reproduction de la connaissance et la reproduction de l’information sont des
phénomènes bien différents : quand une se fait par apprentissage, l’autre s’effectue simplement
par duplication. S’agissant de la connaissance, le problème économique principal est celui de
sa reproduction et des problèmes d’apprentissage associés, tandis que la reproduction de
l’information ne pose pas problème et trouve la réponse à travers la notion classique en
économie de coût marginal. Le problème économique de l’information est plutôt celui de sa
révélation et de sa protection, c’est-à-dire un problème de bien public, traitable dans le cadre
de l’économie publique166.

166
Sossi Alaoui F., « Knowledge management et gouvernance IT : Cas de Poste Maroc », Actes du Workshop
International : « Gestion des connaissances et Innovation : état et perspectives», CIEMS, Octobre 2013.

93
I.1.1 Donnée

Une donnée est un élément brut, qui n’a pas encore été interprété où mis en contexte.
Elle est «un fait direct et objectif, elle résulte d'une acquisition, d'une mesure effectué par un
instrument naturel ou construit par l'homme elle peut être qualitative ou quantitative ».167

Concrètement, l’information met en relation différentes données pour définir un fait,


elle implique donc une certaine compréhension de la relation qui existe entre les données.

D’après la théorie de l’information développée par Shannon et Weaver 168, les données
sont susceptibles de devenir des informations lorsqu’elles sont perçues et interprétées par
l’individu et si elles apportent des éléments nouveaux à cet individu. Si l’on considère la
connaissance comme un processus et le savoir le résultat de ce processus, l’information est
donc une donnée qui viendrait en quelque sorte combler les lacunes dans le savoir que possède
déjà l’individu.

I.1.2 Information

La notion d’information a été utilisée pour la première fois par Arrow169. Il considère
l’information comme un bien public. Dans ce même sillage, Pour Zardet170, « est information,
tout message, nouveau ou répété, émis par un acteur interne ou externe à l’entreprise ou à son
environnement ». Il est en forte opposition avec la conception de l’information de la théorie
néo-classique de l’entreprise, qui présente une insuffisance de compréhension des phénomènes
complexes de l’entreprise171.

En effet, Davis172 définit l’information comme « un ensemble de données transformées


sous forme significative pour la personne qui la reçoit, ayant une valeur réelle pour ses
décisions et ses actions ».

167
Chafiqi. A & El moustafid S., La gestion des connaissances : Face au turn-over des compétences, Editions et
impressions BOUREGREG, Rabat 2007.
168
Shannon C.E., “The mathematical theory of communication”, University of Illinois Press, Illinois, 1949.
169
Arrow K. J., Economic welfare and the allocation of resources for invention. The rate and direction of
inventive activity, Princeton, Princeton University Press, 1962.
170
Zardet V., Contribution des systèmes d’informations stimulants à l’efficacité de l’entreprise – cas
d’expérimentations, Thèse de Doctorat d’Etat en Sciences de Gestion, Université Lumière Lyon 2,
171
Lebraty J., « Comptabilité et décision », Rapport introductif au Colloque de l’Association française de de
Comptabilité, Cahiers de l’IAE, n°16, Nice, 1984.
172
Davis G., Système d’information pour le management, Economica, Paris, 1987.

94
De ce fait, la connaissance constitue un arrière-plan permettant à l’individu de juger si
une donnée perçue est porteuse ou non d’un élément nouveau. Elle n’est pas réductible à une
accumulation d’informations, mais plutôt à une appropriation d’éléments informationnels, une
représentation du réel au travers les relations et les interactions qui caractérisent ces éléments.

I.1.3 Définition de la connaissance

Selon les théories constructivistes, la connaissance est perçue comme un processus toujours en
construction, ouvert aux principes et concepts d’un domaine ou d’une activité (connaissance
déclarative), ainsi, à l’ensemble des actions et des processus mis en œuvre par l’individu
(connaissance procédurale), et aux expériences acquises ou développées par l’individu
(connaissance expérientielle).

La connaissance peut être considérée comme une information comprise, assimilée, utilisée et
qui permet d’aboutir à une action173. De ce fait une information ne devienne une connaissance
que si la personne qui la détienne est capable de la comprendre, la combiner avec d’autres
savoirs acquis, de l’utiliser et de la stocker .Elle s’intègre au système personnel de
représentation et subit une série d’interprétations liées aux croyances générales (paradigmes),
milieu professionnel, au point de vue, à l’intention, au projet de l’individu, etc.

Tableau 3 : Distinction entre information et connaissance

Information Connaissance

Nature Tangible Non tangible

173
Chafiqi A. et El Moustafid S., La gestion des connaissances : Face au turn-over des compétences, Editions
et impressions BOUREGREG, Rabat, 2007.

95
Atteste d’un fait Partie du processus de
raisonnement

Transmission Simple Difficile

Via un enregistrement ou une Nécessité un apprentissage


récitation

Reproduction Facilement copiable Difficilement reproductible


car dépendante de
compréhension de chaque
individu

Capacité Réduction de l’incertitude Compréhension

Les réflexions de Nonaka et Takeuchi174, démontre que la connaissance, est différente par
rapport à l’information en ce qui concerne l’action. Cependant, ces auteurs considèrent que
l’information et la connaissance, sont contextuelles. Pour eux, la connaissance est créée par des
flux d’informations qui sont à leur tour crées par des flux de données reliées entre elles, chose
qui est bien démontrée par le schéma suivant :

Figure 1 : Processus d’extraction de connaissances mettant en exergue l’abstraction175

174
Nonaka I. et Takeuchi H., La connaissance créatrice : la dynamique de l’entreprise apprenante, Paris,
Bruxelles, De Boeck Université, 1997,
175
Ermine J.L., La gestion des connaissances, Hermes science publication, lavoisier, Paris, 2003.

96
En effet la connaissance « correspond à l’ensemble structuré des informations
assimilées et intégrées dans des cadres de référence qui permet à l’entreprise de conduire ses
activités et d’opérer dans un contexte spécifique en mobilisant des interprétations différentes,
partielles et contradictoire ». La connaissance peut donc changer de forme, d’une part, et créer
de nouveaux savoirs d’une autre.

Hugon écrit que :

« La connaissance résulte d’un processus d’apprentissage individuel et collectif. La


codification par un langage et par un support favorise la transmission de la connaissance mais
l’essentiel suppose un apprentissage :’ on sait plus qu’on peut dire.’. La connaissance est plus
ou moins générique ou spécifique, codifiée ou tacite. Plus elle est spécifique, tacite, complexe
et peu indépendante et plus son acquisition suppose un apprentissage par des relations de
proximité territorialisées et interpersonnelles »176(Hugon P., 2000).

Pour Foray (2000) « La connaissance est d’abord fondamentalement une capacité


d’apprentissage et une capacité cognitive, tandis que l’information reste un ensemble de
données formatées et structurées, d’une certaine façon inertes ou inactives, ne pouvant pas
elles-mêmes engendrer de nouvelles informations. »

176
Hugon P. op cit.

97
I.2 Typologie des connaissances
Les réflexions de Nonaka et Takeuchi en se basant sur les travaux de Polanyi distinguent deux
types de la connaissance : la connaissance explicite et la connaissance tacite. La première
constitue une codification plus ou moins transmissible par des supports (documents, livres,
modes d’emploi, brevets, diverses informations, etc.) ainsi que la seconde demeure rattachée à
l’organisation qui lui a donné naissance. En ce sens, elle se transmet par socialisation.

I.2.1 Les connaissances tacites

Le concept « connaissance tacite » a été utilisé pour la première fois par Michael qui les décrive
comme : « Des connaissances personnelles comme dans l’artisanat industrielle ou les métiers
pour lesquels les qualifications sont incorporées dans l’expérience acquise par le personnel de
peuvent être connues ou inférées par les autres qu’avec grande difficulté, voir par du tout »177.

Dans la même perspective Polanyi a utilisé une formule succincte : « we Know more than we
can tell » (Polanyi M., 1966), par cette formule, il illustre la difficulté de codifier ce qu’on
pense vraiment et ce qu’on détient comme connaissance, en indiquant que l’on peut reconnaitre
le visage d’un individus parmi les million d’autres, mais sans pouvoir, raconter comment nous
l’avons reconnu. De ce fait ces connaissances tacites sont souvent implicites dans l’expérience
accumulée des individus.

Le changement constitue un véritable obstacle pour la codification des connaissances. En effet


cette codification des connaissances demeure très couteuse et complexe ainsi que périssable.
Par contraste, Nonaka et Takeuchi178, suite aux travaux de M. Polanyi179, considèrent que
l’important de la connaissance appartient au champ du tacite, en effet ces connaissances tacites
sont généralement liées à l’expérience des personnes sous formes de savoir-faire ou des savoirs
accumulés à partir des connaissances explicites passées. On peut dire que la connaissance tacite
est la connaissance qui reste liée à l’intervention humaine, car elle est moins transférable vue
qu’elles ne peuvent qu’être difficilement imitée.

177
Polanyi M., The Tacit Dimension, Doubleday/Anchor, London, 1966
178
Nonaka I. et Takeuchi H., La connaissance créatrice : la dynamique de l’entreprise apprenante, Paris,
Bruxelles, De Boeck Université, 1997
179
Polanyi M. (1966), cité par Nonaka I. et Takeuchi H., op.cit., 1997, p.77.

98
De ce fait, elle ne peut pas être traduite dans un langage informatique, ni fixée dans un format
spécifique. La qualification d’un travailleur comprend des connaissances codifiables mais aussi
une part importante de connaissance tacite. Une personne qualifiée suit dans son travail, de
manière inconsciente, des règles qui ne sont pas connues en tant que telles mais qui relèvent de
sa qualification et de son expérience. La connaissance tacite fait référence à des actions que
l’on peut réaliser sans être capable d’expliquer complètement comment on y parvient, ainsi qu’à
des aptitudes, des modes de raisonnement qui sont mis en œuvre de manière inconsciente. On
pense ici, par exemple, à tout ce qui constitue la touche commerciale, le sens des affaires,
l’aptitude pédagogique, le coup de main, bref un ensemble de choses difficiles à recenser mais
qui font qu’une personne est bonne, compétente, douée ou performante dans une activité.

Comme le note Foray180, « traditionnellement, les connaissances et les savoirs ont une
dimension tacite importante qui rend les opérations de recherche et accès, transport, stockage,
échange et transactions difficiles parfois même impossible à réaliser ». Elle est difficilement
transmissible. En effet, l’échange et la diffusion et l’apprentissage de ce type de connaissances
suppose la mobilité et la démonstration volontaire des personnes qui la détiennent.

La transmission de la connaissance tacite ne passe pas par les ordinateurs et les réseaux, elle
passe par des formes d’interaction sociale proches de l’apprentissage. La connaissance tacite
ne peut être ni vendue, ni acquise sur un marché et son transfert est extrêmement sensible aux
contextes sociaux. Les croyances et les modes d’interprétation communs, qui rendent la
communication possible, font également partie des connaissances tacites.

Par ailleurs, une codification accrue ne diminue pas l’importance de la connaissance tacite. Des
compétences restent indispensables pour s’approprier la connaissance codifiée, la repérer, la
sélectionner, l’interpréter et la mettre en œuvre à bon escient. L’accès facile et peu coûteux à
une surabondance d’information rend les compétences et les aptitudes d’autant plus nécessaires

Foray D., Les brevets dans la nouvelle économie de l’innovation, in Baslé M. et al. (Sous la dir.),
180

Changement institutionnel et changement technologique, CNRS Editions, Paris, 1995.

99
pour sélectionner cette information et en faire un usage efficient. Connaissance codifiée et
connaissance tacite sont complémentaires181.

Le concept connaissance tacites a toujours fait référence à la notion savoir-faire, de ce fait ces
connaissances sont étroitement liées à l’expérience de ses détenteurs. Ce type de connaissance
regroupe l’art le talent des individus et également l’intériorisation des connaissances explicites
passées (savoir accumulé).

Comme l’indiquent Nonaka et Takeuchi182, les connaissances tacites recouvrent aussi les
intuitions ou les impressions individuelles, la conception de ces deux auteurs montrent que les
connaissances tacites, le grand oublie des approches occidentales, jouent un rôle essentiel dans
la perspective de création de connaissances adoptées par les entreprises japonaises.

La plupart des travaux de recherche ont insisté sur la difficulté de communiquer les
connaissances tacites. C’est pour cette raison que l’apprentissage est souvent réalisé par
l’observation, l’imitation et l’expérience.

Partager une connaissance tacite est souvent liée à sa dimension collective qui constitue un
élément de base dans le processus de création des connaissances organisationnelles. En
effet,czeette dimension collective de la connaissance tacite à fait l’objet de plusieurs réflexions
des chercheurs, notamment en couvrant deux aspects, le premier celui du fait que les
connaissances tacites individuelles peuvent être marquées par des connaissances collectives que
l’individu intériorise inconsciemment. Le deuxième aspect né du fait que les organisations
détiennent et créent des connaissances tacites collectives (Bouchez J.P., 2012).

Par ailleurs, selon Nonaka et Takeuchi, ces connaissances tacites constituent une partie
intégrante de la base des connaissances de l’organisation (Ingham M., 1997). De ce constat, les
connaissances tacites collectives peuvent donc faire référence à des éléments relatifs aux
« savoirs être », aux croyances et comportements partagés. L’apprentissage se fait alors par la
participation à une communauté d’interactions. Les « savoirs être » seront capté par les cultures
organisationnelles. Les savoirs faire collectifs se traduiront dans des compétences collectives

181
La lettre EMERIT, n° 36 : Trimestriel d'information sur l'évaluation des choix technologiques, la Fondation
Travail-Université, 2007.
182
Op. cit

100
permettant de réaliser des taches complexes qui seront difficile à imiter. Ils seront captés par
les communautés pratiques (Lave, 1991).

I.2.2 Les connaissances explicites

Les connaissances explicites : sont des connaissances liées à « la réflexion ou l’étude et


prennent la forme de « savoirs ». Elles se traduisent notamment par l’exercice d’une
« expertise » intellectuelle »183. En effet, la connaissance explicite se définit comme étant la
connaissance formalisée et transmissible sous forme de documents réutilisables, accessibles à
d’autres entreprises. Autrement dit, il s’agit de tous les documents qui peuvent être collectés et
partager par un système d’information.

De ce fait on peut dire que la connaissance codifiée est une connaissance qui peut être
transcrite dans des procédures structurées ou dans des raisonnements logiques184. Ce sont des
connaissances facilement transformables en information. En effet ce type de connaissance peut
être transmis sans perte d’intégrité par le discours écrit ou oral.

Le fait de codifier les connaissances constitue alors un avantage pour l’entreprise vue qu’elle
réduit certains coûts liés à l’acquisition des connaissances. L’accès à des bases de données peut
s’avérer moins cher que la constitution d’un centre de documentation. Le recours à un système
expert peut être plus efficient que de s’adjoindre ses propres experts, mais le coût ne sera pas
forcément moindre. Le fait de codifier la connaissance, de l’inscrire sur un support, a pour effet
de donner à la connaissance des propriétés semblables à celles d’un bien matériel. Elle peut
faire l’objet de transactions, être vendue, achetée, stockée.

Selon les travaux de J.P. Bouchez les connaissances codifiées sont des « savoir-faire aisément
repérables, formalisables, formalisés, codifiable, reproductibles et matérialisables (on peut
consulter un guide méthodologique, le feuilleter, le souligner, voire le photocopier)… ».

Selon cette conception on peut les qualifier comme étant des connaissances beaucoup plus
facile à transmettre que les connaissances tacites, et aussi sans risque de trop de dégradations
ou d’altérations du contenu.

183
Nonaka I. et Takeuchi H, op cit P. 5.
184
La lettre emerit http://www.ftu-namur.org/fichiers/Emerit36.pdf

101
Appelée aussi codifiées ou bien articulées, ces connaissances comportent une certaine
tangibilité réutilisable et à faible coûts, elles font l’objet des manuels des guides
méthodologiques, elles sont alors relativement standardisées (Bouchez J.P., 2012). De ce fait la
transmission de ces connaissances peut se réaliser par une relation personne-document(ou bien
support informatique) et ça ne nécessite pas forcement la présence d’une autre personne qui
détienne un savoir ou une qualification pour engendrer un processus d’apprentissage.

Cette dichotomie des connaissances tacites et explicite, s’inspire de la tradition philosophique


cartésienne, de connaissances dites «objectives», ou bien «scientifiques», cette vision
épistémologique du concept connaissance explicites, montre que ces connaissances sont
indépendantes de celui qui ‘sait’(Nonaka I. et Takeuchi H., 1997).

Les connaissances explicites sont des connaissances (devenues) conscientes, qui s’apprit par la
réflexion ou l’étude et qui prennent la forme de ‘savoirs’. Elles se traduisent par l’exercice
d’une « expertise intellectuelle » (Spender, 1996).

I.3 Le processus de création et transfert des connaissances

Le processus de création de la connaissance se joue dans les différentes circulations entre


l’individu et le collectif, entre savoir tacite et autre explicite, et e combinant ces deux types de
connaissance Nonaka et Takeuchi identifient quatre modes de transfert de connaissance à
savoir :

1. La socialisation : est une socialisation du savoir tacite au savoir tacite (transfert


direct).elle représente alors le processus de transmission de connaissance tacite, qui suppose un
contact directe et souvent prolongé entre les personnes. C’est un apprentissage qui se fait par
contact direct avec l’expert, par observation, par « impregnation », « we use the term
socialization to emphasize the importance of jointe activities in the process of converting new
tacit knowledge trough shared experiences »185

2. L’externalisation : appelé aussi l’articulation, c’est la transformation qui permet le


passage des connaissances tacites en connaissance explicites, sous la forme de métaphores,

185
Nonaka I.et Nishguchi T., Knowledge emergence social, technical, and evolutionary dimension of knowledge
creation, page 14.

102
concepts, hypothèses, modèles, analogie … etc., « the process of articulating tacit knowledge
into explicit knowledge »186

3. La combinaison : c’est un processus qui permet l’intégration et la création de


connaissances codifiées provenant de différentes sources ou canaux de communication. La
combinaison crée du savoir systémique187.

4. L’intériorisation : c’est le passage du savoir explicite au savoir tacite, donc on peut


dire que c’est le fait d’approprié la connaissance par l’individu qui vas pouvoir l’intégrer à son
tour dans ses pratique, « Learning by doing ».

Figure 2: les quatre modes de transfert de la connaissance188

Individuelle Collective

Connaissances
explicites Socialisation Articulation

Connaissances
tacites Intériorisation Combinaison

Typologie des modes de création de savoir d’après Nonaka et Takeuchi ( 1995)

186
Idem, page 15.
187
Balmisse G., gestion des connaissances, outils et applications du knowledge management, Vuibert, paris,
2002-2005
188
http://www.syre.com/Nonaka.htm consulté le 12/08/2011.

103
Figure 3 : Schéma inspirée du modèle de Nonaka et Takeuchi des modes de transfert de la
connaissance

Intériorisation

Combinaison
Socialisation

Extériorisation

Ces connaissances codifiées se créent via une combinaison des connaissances acquises ou bien
de l’extériorisation des connaissances tacites en leur donnant un code qui facilite leur
transmission189.

189
Sossi Alaoui F., « Knowledge management et gouvernance IT : Cas de Poste Maroc », Actes du Workshop
International : « Gestion des connaissances et Innovation : état et perspectives», CIEMS, Octobre 2013.

104
II -l’économie de la connaissance
L’essor de la société de la connaissance et la globalisation des marchés ont apporté de nouveaux
usages au concept de la connaissance. De tout temps, la connaissance a fait l’objet de la
principale composante de toutes idées et de toutes stratégies.
Dans les lignes qui suivent, nous présentons l’évolution de la place qu’occupe la connaissance
dans les théories économiques partant des réflexions d’Adam Smith jusqu’au nos jours, pour
passer à la définition de l’économie de la connaissance, ses tendances majeures et ses
principaux piliers.

II.1 La connaissance au cœur des théories économiques

Le développement économique a toujours été résultats d’un capital de connaissance, et c’est


dans ce sens que Dominique Foray (2000) a indiquais que « Des abbayes cisterciennes, dont
l’ensemble constitue un puissant réseau de transmission des savoirs techniques, aux grandes
entreprises du début du XIXe siècle qui reconnaissent et valorisent les apprentissages
technologiques, chaque époque possède ses organisations et institutions basées sur la
connaissance ». Cette affirmation de Foray nous pousse à poser la question est ce que les
classiques n’ont pas été conscient de l’importance de la connaissance pour l’économie ?

La connaissance n’avait pas une place importante dans les théories économiques des classiques,
cette ignorance du rôle de la connaissance pour l’économie a fait l’objet des travaux de Klin et
Rosenberg(1986), en affirmant qu’« il est surprenant que l’économie classique n’ait jamais
véritablement porté son attention sur le changement technologique ».

Adam Smith dans son ouvrage « La richesse des nations », avance le concept de progrès
technique par une vision incarnée dans une position marginaliste, et ce en le limitant aux «
philosophes qui consacrent leurs efforts à améliorer tes techniques de l'industrie ».

Quand à Ricardo, le progrès technique ne constitue qu’un destructeur d’emploi et il ne peut en


aucun cas contribuer à l’amélioration de la productivité, ce qui rejoint ses idées qui catonne le
rôle du machinisme dans ses suites à court terme sur l’emploi.

Cette négligence de la connaissance dans les réflexions des auteurs classiques s’explique par
l’hypothèse que les agents économiques disposent d’un capital de connaissance assez suffisant
pour la concrétisation de leurs objectifs. En effet la connaissance indispensable pour le progrès
technique est considérée comme déjà acquise, et elle ne constitue pas une piste de recherche

105
importante pour les auteurs classiques. Ces derniers considèrent que l’accumulation des
connaissances et des technologies sont des facteurs exogènes de la croissance à l’exception de
Karl Max qui a traité la « technologie en tant que facteur endogène » (Kline et Rosenberg,
1986)

A l’opposé des économistes classiques, qui considèrent la connaissance comme catégorie


« dérangeante » dans les déterminations de leurs modèles (Nonaka I. et Takeuchi H., 1997).
Alfred Marshall le père de l’économie néoclassique, fut l’un des premiers qu’ils ont donné
l’importance à la connaissance dans l’économie. Marshall considère la connaissance comme
étant une partie intégrante du capital de l’organisation, en jouant le rôle d’un moteur le plus
puissant de production. Mais cette vision néoclassique reste une vision très réduite du rôle de
la connaissance en économie. Vu qu’ils ont limité le concept de la connaissance a une seule
signification celle des informations sur les prix, qui reste une connaissance partagée par
l’ensemble des organisations fonctionnant sur le même marché et ayant pour but la
maximisation du profit. Cette conception a été critiquée du fait qu’elle néglige l’importance de
la création des connaissances par ces organisations elles-mêmes, chose qui constitue une grande
partie des connaissances tacites et codifiées détenues par les acteurs économiques et qui n’est
pas représentée par l’information sur les prix.

Frederick Von Hayek et Josef A. Schumpeter les représentant de l’école Autrichienne, donne
plus de l’importance à la connaissance en matière de l’économie. Ils postulaient la subjectivité
de la connaissance on ne la considérant pas comme un objet fixe qui ne varie pas. A la différence
des néoclassiques, les travaux Hayek et Schumpeter se focalisent sur les connaissances
individuelles détenues par chaque personne plutôt que sur les connaissances partagées par les
acteurs économiques.

Les travaux de Hayek (1945), font une distinction entre les connaissances scientifiques
(connaissance de règles générales) et les connaissances implicites, spécifiques, des
circonstances particulières (changent avec le temps et le lieu), il considère que les connaissances
détenues par un individu changent et leurs avantages se redéfinissent continuellement d’une
personne à une autre.

106
De sa part Schumpeter(1951), met en évidence la combinaison des connaissances codifiées, en
insistant sur le fait que chaque apparition d’un nouveau produit, méthode de production,
marchés, matière et organisation résultait de nouvelles « combinaisons » de connaissances, qui
constituera par la suite un nouveau mode de création des connaissances.

Contrairement aux travaux de Schumpeter qui se concentre sur le changement de l’économie à


l’échelle macro, Penrose (1959) a donnée plus d’importance à la dimension micro-économique
spécialement les firmes, en notant que l’intrant du processus de la production n’est plus les
ressources, mais plutôt les services procurés par ces ressources. Dans ce sens, Penrose définit
ces services comme « une fonction de l’expérience et des connaissances accumulées au sein de
la firme et sont donc spécifiques à la firme, la firme est un répertoire de connaissance ». Même
si elle a insisté sur le rôle des expériences et les connaissances cumulées pour la croissance de
la firme, Penrose n’a pas donnée une détermination claire du mécanisme organisationnel qui
permet aux membres d’une firme d’accumuler leurs connaissances.

Partant du même principe de la théorie du changement économique et technologique, les


évolutionnistes présentés par Nelson et Winter (1977, 1988), apercevaient aussi la frime comme
un répertoire de connaissances. C’est dans ce sens que Winter a défini les entreprises comme :

« Des organisations qui savent comment faire les choses… en fait... une firme
particulière à un moment donné est un répertoire d’un éventail spécifique de
connaissances productives, un éventail qui implique souvent des aspects
idiosyncratiques qui distinguent même de firmes apparemment similaires dans une
même ligne d’activités » (Winter, 1988).

Ces deux auteurs du courant évolutionniste, ajoutent que les connaissances d’une
entreprise se stockent en tant que « Schémas comportementaux régulier et prévisible », ou bien
des « routines » qu’ils comptaient comme des gènes (Nelson et Winter, 1982). En effet la firme
évolutionniste peut être décrite comme un « espace cognitif » (Ghilon et Huard, 1999), partant
d’une conviction qui défend d’une part l’idée que la performance organisationnelle réside dans
« les routines qui constitue la connaissance productive en action » (Winter, 1984), et qui d’autre
part prend une perspective cognitiviste qui donne la primauté aux processus mentaux
(détermination des normes, codifications des savoirs détenus par les membres de l’entreprise

107
et aussi la définition d’un langage commun). Afin de faire émerger une nouvelle forme des
firmes appelées les organisations apprenantes.

On qualifie comme apprenante toute organisation dont sa structure et son


fonctionnement favorise les apprentissages collectifs. Cette notion se base sur le fait que chaque
individu dispose des capacités qui lui permettent de développer ses connaissances aussi bien
que ses compétences afin d’avoir une plus grande efficacité pour l’organisation à laquelle il
appartient. Dans le même sillage Garvin190 affirme que c’est «une organisation qui possède la
capacité de créer, d’acquérir et de transférer des connaissances, et celle de modifier son
comportement, en fonction des nouveaux savoirs et en accord avec une nouvelle manière de
voir les choses ».

La conception évolutionniste de la firme, démontre que la connaissance répertorierais par


l’ensemble des individus appartenant à la même firme constitue un pilier de croissance, à la
différence des théoriciens qui définisse la firme comme étant une unité de traitement de
l’information (Dosi et Marengo, 1993 ; Cohendet, 1996)

Les travaux de Blacker (1995), regroupent les connaissances des membres de la firme en cinq
domaines de localisation présentés par le tableau suivant :

190
Garvin D. A., “Building a Learning Organization” , Harvard Business Review, July-August,2005.

108
Tableau 4 : les domaines de localisation des connaissances des membres de la firme

Nature de la connaissance Domaine de localisation

Détenue par le top management dont les capacités et les


aptitudes permettent de définir une hiérarchie de routines
Connaissance intellectuelle organisationnelles de différents niveaux, de modifier ou de
résoudre les difficultés de fonctionnement d’une routine
existante (Nelson et winter, 1982)

Détenue par les individus ou des groupes de travail,


Connaissance incorporée partiellement explicite et elle est acquise par l’expérience
productive

Indivise entre tous les membres de l’organisation ; elle


représente un ensemble de représentations partagées et elle
Connaissance ‘culture’
a la dimension d’un processus de socialisation (Dosi et
Orsenigo)

Résident dans les messages : communication orales et


Connaissance encodée écrites, réunion, gestes, bandes magnétiques, disquettes
(Nelson et Winter, 1982)

Encastrée dans des routines est analysable en termes


systémiques sous forme de relations entre des technologies,
Connaissance encastrée des rôles, des procédures formelles et des comportements.

Les connaissances opérationnelles se capitalisent dans les


routines de l’organisation

II.2 Le concept économie de la connaissance

A l’instar de la seconde crise du pétrole des années 1970, l’économie a connue plusieurs
transformations c’est-à-dire au terme des Trente Glorieuses. L’économie s’est impliquée

109
progressivement à la mondialisation, et selon les travaux de Ghisi191, la fluidité du capital
constitue une véritable source de changement de l’économie : à partir du moment où les
capitaux, grâce à l’ouverture des frontières, peuvent se localiser dans les poches de meilleure
rentabilité, on alimente un modèle d’économie de marché (Luyckx Ghisi, 2001).

II.2.1 Historique

L'économie mondiale a changé de nature192. Après la révolution industrielle qui a donné


naissance à des industries lourdes, nous avons assisté aussi à d’autres transformations qui se
sont matérialisées par la migration progressive de la main d'œuvre des secteurs agricoles vers
l'industrie. En effet la société industrielle de la période d’après-guerre fondée sur la production
et les biens matériels a évolué vers une société de services, selon Jean Fourastié, l’un des
premiers qui ont annoncé l’ère de cette économie qui a pris une profonde ampleur dont 95%
des travailleurs des entreprises industrielles ont engagés dans les activités de services.

Après l'apparition et le développement des secteurs de services. Une autre mutation profonde
est en train de s'opérer et qui se manifeste par le fait que l'économie mondiale est en train de
basculer de l'activité de main d'œuvre vers l'activité intellectuelle (société de l'information), et
grâce à un choc et d’une relation étroite entre une tendance relative à l’accroissement de la part
du capital intangible et la diffusion des TIC. C’est une économie fondé sur la connaissance qui
a apparue et elle a commencé à se développer.

II.2.2 Définition

L’auteur autrichien Peter Drucker a été l’un des premiers visionnaire qui ont pris l’initiative
d’aborder ces mutations profondes de l’économie, en proposant l’idée d’avoir une nouvelle
théorie économique. En effet, il est le fondateur du concept « travail de connaissance »
(Drucker, 1993), et à partir de ces travaux sur le post-capitalisme (Drucker, 1959), la société de
la connaissance fait l’objet d’une économie dans laquelle la ressource de base ne serait plus le
capital, les ressources naturelles ou le travail mais la connaissance ou les travailleurs du
savoir193 jouent un rôle primordial.

191
Luyckx Ghisi M., ancien membre de la Cellule de Prospective de la Commission européenne, Vice-président
de la Cortugli Business Academy (Zaghreb),
192
Sossi Alaoui F., « Knowledge based economy and development in North Africa: the case of Morocco and
Tunisia», XXIXth Conference on Development, Third World Association, 2013 Informal Economy and
Development: employment, financing and regulation in a context of crisis, University Paris-Est Creteil, Paris,
2013.

110
Les organisations de cette économie se trouvent alors face à des nouveaux défis, d’où la
nécessité d’être préparée à abandonner les connaissances devenues obsolètes et apprendre à
créer d’autres nouvelles. Par ailleurs ce qui est nouveau dans cette économie c’est son nouveau
outil de production, de ce fait, et selon Luyckx Ghisi194 les organisations créent de la valeur en
superposant des « couches » de connaissance afin de produire une nouvelle connaissance qui
est qualifié comme une nouvelle valeur ajoutée pour la société. Dans la même perspective,
l’OCDE définit les économies fondées sur la connaissance comme « celles qui sont directement
fondées sur la production, la distribution et l’utilisation de la connaissance et de
l’information »195 .

Par ailleurs, les auteurs de l’école autrichienne, représentés par Hayek 196 et Schumpeter, ont
porté plus d’attention à la connaissance en économie, selon ces derniers, la connaissance est
subjective. De ce fait ils décrivent cette dynamique de changement d’ère économique qui se
focalise sur les connaissances particulière détenues par chaque agent économique (Hayek,
1945). Dans le même sillage, Luyckx Ghisi affirme que :

« Le cœur de toute économie est le processus de création de valeur. Et c’est


celui-ci qui subit une mutation profonde dans une société dite « de la
connaissance ». Par exemple, à partir de sa connaissance de l’informatique
appliquée à sa connaissance du client, un ingénieur en informatique construit
un nouveau programme, dont la valeur est liée à son caractère unique et au
fait qu’il répond aux besoins du client en question. Ce programme va lui
permettre de travailler plus vite et plus efficacement, et donc d’épargner
beaucoup d’argent en augmentant la valeur de son entreprise. Mais il faut
naturellement que le programme réponde le mieux possible à ses exigences.
Sinon, il faudra le modifier – ce qui suppose d’acquérir aussi une
connaissance plus approfondie du client et de ses besoins réels. Cette
« nouvelle connaissance » a tellement de valeur qu’elle permet à des géants

194
Luyckx Ghisi M., Au-delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme. La société ré enchantée, Préface
du Professeur Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie 1977, L’Harmattan, Paris, 2001.
195
Foray D. et Lundvall B. A., “The Knowledge-Based Economy: From the Economics of Knowledge to the
Learning Economy”, OECD, Paris, 1996

111
comme IBM de prospérer. Elle permet également à l’Inde de prospérer. En
Europe, cette nouvelle économie de la connaissance représenterait déjà 40%
de l’ensemble des activités économiques ». (Work Foundation, 2006).

Selon les travaux séminaux de Lundval cette économie basée sur la connaissance détienne des
spécificités des caractéristiques différentes des autres modes de régulation de l’économie :

L'économie basée sur la connaissance n'est ni une économie de marché pure, ni


une économie planifiée ; c'est une économie qui est et qui doit être, une économie
mixte au sens fondamental. Dans une telle économie, le secteur public et ses
politiques jouent un rôle important. Toutefois ses institutions de base, les
entreprises et les marchés, sont mixtes. Ses marchés sont constitués d'habitudes, de
régies et de normes et ils sont organisés pour la communication et l'échange
d'information qualitative auquel il n'est pas possible de donner un prix. Ses
entreprises montrent une diversité de formes organisationnelles qui influencent la
communication entre les différentes personnes et services. Ses institutions en
perpétuelle évolution créent un environnement pour des processus d'apprentissage
interactif en produisant (interactive leaming-by-producing) et d'apprentissage
interactif en cherchant {interactive leaming-by-searching), qui sont les principaux
mécanismes de recombinaison et d'introduction de la connaissance au sein de
!économie » (Lundvall et Johnson, 1994)

En effet, l’économie de la connaissance se définit alors comme étant un changement progressif


et lent plutôt qu’une discontinuité brutale des processus de croissance, et des modes de
fonctionnement de l’économie et qui est caractérisé par la baisse des coûts de codification, de
transmission et d’acquisition des connaissances et une augmentation des outputs de la
connaissance. Cet avènement spectaculaire des investissements immatériels a été très bien
illustré dans les travaux d’Abramovitz et David notant « perhaps the single most salient

112
characteristic of recent economic growth has been the secularly rising reliance on codified
knowledge as a basis for the organisation and conduct of economic activities… »197.

Selon les travaux de Dominique Foray (2000) l’économie de la connaissance est le résultat d’un
double phénomène : «Une tendance longue, relative à l’augmentation des ressources
consacrées à la production et à la transmission des connaissances (éducation, formation, R&D,
coordination économique) et d’autre part, un événement technologique majeur -l’avènement
des nouvelles technologies de l’information et de la communication».

II.3 Le capitalisme cognitif


L’économie actuelle est une économie ou la production et le contrôle de la connaissance
deviennent le principal enjeu de la valorisation du capital198

En effet, le capitalisme cognitif est une forme nouvelle de capitalisme, dans laquelle la
production de connaissances et, plus généralement, "la production de l'homme par l'homme"
jouent un rôle principal.

De leur part, Toni Negri et Carlo Vercellone199 affirment que les conséquences de cette
novation s’inscrivent en substance que « Le phénomène clé n'est plus l'accumulation de capital
fixe, mais la capacité d'apprentissage et de création de la force de travail »200. Ainsi, le
capitalisme cognitif peut être définis comme « une forme historique émergente du capitalisme,
dans laquelle l’accumulation, c’est-à-dire la dynamique de la transformation économique et
sociale de a société, est fondée sur une exploitation systématique de la connaissance et des
informations nouvelles »201. En effet, Paulré affirme : « Par capitalisme cognitif nous désignons
une configuration dans laquelle les formes nouvelles de travail et d'accumulation, centrées sur
la connaissance, en un sens large, demeurent placées, pour l'essentiel, sous le contrôle des
capitalistes. Il en résulte que ces derniers s'efforcent, et ils y parviennent, à s'approprier en tout
ou partie la richesse/valeur produite »202.

197
Abramovitz M., David P.A., Two centuries of American Macro-economic Growth: From Exploitation of
resource Abundance to Knowledge-Driven Development, SIPER Discussion Paper, Stanford University, n° 01-
05., 2001.
198
Azais C., Corsani A., Dieuaide P., vers un capitalisme cognitif ?, l’Harmattan, Paris, 2001.
199
Negri T., Vercellone C., « Le capitalisme cognitif », Multitudes, n° 32, éd. Amsterdam, printemps 2008
200
http://www.alternatives-economiques.fr/le-capitalisme-cognitif-multitudes-n--32_fr_art_735_38072.html
201
Vers un capitalisme cognitif, cité par, Bouchez J.P., les nouveaux travailleurs su savoir, éd. D’Organisation,
Paris, 2004.
202
Paulré B., Les nouveaux horizons du capitalisme, Gabriel Colletis, Paris, 2008.

113
Dans le même sillage, P. Dieuaide et Alii 203 démontrent que : "Le capitalisme cognitif
est défini comme un système d’accumulation associant un mode de production capitaliste, un
régime d’accumulation privilégiant la connaissance et la créativité, et un mode de régulation
caractérisé par des rapports sociaux fondamentaux et des comportements tournés vers
l’innovation, la nouveauté et le partage des droits y afférents"

D’autant plus, C. Vercellone affirme que par "le concept de capitalisme cognitif nous
désignons l’émergence d’un nouveau 'système historique d’accumulation' dans lequel la
dimension cognitive et intellectuelle du travail devient dominante, et l’enjeu central de la
valorisation du capital et des formes de la propriété porte directement sur la transformation de
la connaissance en une marchandise fictive."

De ce fait, cette métamorphose du capitalisme est traduite par des modifications


profondes de création et d’appropriation de la valeur économique ainsi la nature du capital est
radicalement modifiée, aussi bien que la nature de la concurrence et des investissements.

III-Les tendances majeurs de l’économie de la connaissance


Selon les travaux de Dominique Foray, menés dans le domaine de l’économie de la
connaissance, trois tendances majeures peuvent être distinguées : l’augmentation du capital
intangible, l’expansion des activités intensive en connaissance et l’avènement des travailleurs
hautement qualifiés et transfert des connaissances.

III.1 L’augmentation du capital intangible

L’accroissement de la part du capital intangible au PIB constitue la caractéristique


majeure de la croissance économique au cours du XXe siècle. En effet, ce capital intangible se
décompose de deux catégories à savoir :

203
Dieuaide, P., Paulré, B., Vercellone C., « Le capitalisme cognitif », Journées d’étude MATISSE, MATISSE,
Université de Paris 1, Paris 2003

114
 Les investissements en termes de transfert et production du savoir (éducation,
formation, santé, R&D…)
 Des investissements destinés à l’amélioration de l’état physique du capital humain
(santé).
Selon une étude qui a été faite sur la part du capital intangible au PIB des Etats-Unis est
présentée par le tableau suivant :

Tableau 5 : Stock de capital réel brut aux Etats-Unis (en milliards de dollars de 1987)204

1929 1948 1973 1990

Capital tangible

4585 6181 13935 23144


Structures et équipements
268 471 1000 1537
Stocks
1222 1468 2555 3843
Ressources naturelles
6075 8120 17490 28525
Total

Capital intangible

2657 4879 13564 25359


Education et formation
567 892 2527 5133
Santé sécurité et mobilité
37 169 1249 2327
R&D
3251 5940 17349 32819
Total

Source: Kendrick 1994, Atlantic Economic Journal.

Ce tableau, montre ainsi que le stock de capital tangible s’est développé aux alentours de 1973,
il serait donc aujourd’hui largement dominant. C’est d’ailleurs à partir des années vingt que le
progrès technique205 tend à accroitre la part du capital intangible parmi les facteurs de
production206.

204
www.jourdan.ens.fr/~amable/unesco%20final.pdf
205
Abramovitz M., David P.A., Two centuries of American Macro-economic Growth: From Exploitation of
resource Abundance to Knowledge-Driven Development, SIPER Discussion Paper, Stanford University, n° 01-
05., 2001.
206
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Repères, n° 302, Paris, 2000.

115
III.2 L’expansion des activités intensive en connaissance

Selon cette deuxième tendance, et suivant les travaux de Machlup207 sur la définition d’un
secteur spécialisé dans la production et le traitement de l’information, on constate que la
contribution de ces industries au PNB franchit la barre des 50% dans l’ensemble des pays de
l’OCDE aux alentours des années 1985. Dans le même sillage, l’OCDE propose une
«agrégation de secteurs fondés sur le savoir» très large, qui regroupe les secteurs de haute
technologie, comme l’informatique et le spatial, le secteur des TIC et les services qui s’y
rattachent, les services financiers et d’assurance et les services aux entreprises. Cette agrégation
des secteurs fondés sur le savoir représente selon l’OCDE, 35% de la valeur ajoutée du secteur
des entreprises en 1997.

L’émergence d’une économie fondée sur le savoir s’est traduite par une croissance très rapide
du nombre d’employeurs hautement qualifiés dans les pays industrialisés. Cette tendance fait
alors l’objet d’une combinaison entre les augmentations des emplois attribués par la production,
le traitement et le transfert des connaissances très remarquable dans l’ensemble de l’économie.
De même la mondialisation à accélérer la diffusion des connaissances, selon Jean-Louis Levet,
il existe un lien entre l’économie de la connaissance et le processus de la mondialisation, qui se
base sur deux volets d’interaction208 :

 Le processus de mondialisation stimule le développement des économies


fondées sur le savoir en accélérant la diffusion des connaissances technologiques et,
on outre, par le renforcement de la concurrence, il favorise les entreprises qui
privilégient des stratégies d’innovation, en particulier fondées sur le renouvellement
de leur produit.

Par ailleurs, et cela constitue la seconde interaction :

 L’économie de la connaissance influe sur la mondialisation de plusieurs


manières : les activités à fort contenu de connaissance ont tendance à se concentrer dans
certaines régions de l’économie mondiale.

207
Machlup F., The production and distribution of Knowledge in the United States, Princeton University Press,
Princeton., 1962
208
Bouchez J.P., les nouveaux travailleurs su savoir, Organisation, Paris, 2004.

116
Avec ces tendances et cette évolution rapide de la nature de l’économie grâce à l’évolution des
rôles économiques de la connaissance, plusieurs auteurs ont repensé le concept du capitalisme,
qu’ils y ont qualifié de « capitalisme cognitif »209.

III.3 La montée des emplois hautement qualifiés


Une dernière caractéristique du développement des économies fondées sur la connaissance
réside dans la montée des emplois qualifiés dans l'emploi total. En fait, la part croissante des
emplois hautement qualifiés dans l'emploi total, au-delà de la diffusion des TIC, est liée, plus
largement, à l'accroissement du changement et à l'accroissement des activités d'innovation qui
caractérisent l'avènement des économies fondées sur la connaissance.

IV-Les piliers de l’économie de la connaissance


Les piliers de l’économie de la connaissance sont trois à savoir :

IV.1 Les Technologies de l’information

L’apparition des TIC remonte seulement aux quelques années et elles n’étaient présentes dans
l’économie que très timidement et dans quelques secteurs évidents comme les communications.
Depuis quelques temps, ces TIC s’imposent toujours à un niveau national et international, mais
prennent de l'ampleur au niveau régional et ce, avec beaucoup plus d’ardeur210.

Une organisation n’est plus seulement un ensemble d’activités mais aussi un ensemble de
technologies (Porter M., 1999). Une part de technologie est incorporée dans toutes les activités
créatrices de valeur. Compte tenu de cette dépendance, le progrès technologique peut influencer
sur la concurrence par les effets qu’il exerce pratiquement sur toutes les activités. Il peut exercer
un effet positif sur la réduction des coûts et la différentiation.

Alors, qu’est-ce que ces technologies d’informations, leurs spécificités et les enjeux liées à
ces derniers ?

209
Vers un capitalisme cognitif, cité par, Bouchez J.P., les nouveaux travailleurs su savoir, éd. D’Organisation,
Paris, 2004.
210
Sossi Alaoui F., « TIC et gouvernance publique en Afrique », cahier de la recherche N°4-Institut des Etudes
Africaines, 2014.

117
IV.1.1 Avènement des TIC

La société actuelle mène une véritable révolution d’internet qui a profondément bouleversé ses
modes de fonctionnement, et qui présente de nombreuses similarités par rapport aux révolutions
industrielles précédentes.

La révolution d’internet interpelle quelques dimensions de celle de l’industrie .Cette révolution


de l’information et des réseaux reposent sur un nouveau système technique qui est en train de
se substituer rapidement à l’ancien. Le cœur de ce nouveau système technique est constitué de
quatre nouvelles industries ayant un développement fortement interdépendant et où chaque
amélioration dans l’une des industries se répercute sur les autres assez directement.

Ces industries sont regroupées en nouvelles technologies d’information et de la communication,


sont composées de l’industrie des télécommunications et des logiciels : c’est donc l’alliance de
puce, de l’ordinateur individuel, d’internet et des logiciels, qui est au cœur de ce nouveau
système technique. Celui-ci a permis, par de fortes améliorations des fonctionnalités techniques
et par des gains de productivité gigantesques entraînant une considérable chute de prix, de
déclencher une déferlante de nouveaux service diffusés sur le réseau internet, de lancer le
commerce électronique.

La théorie classique du poste industrialisme affirme (Castells M, 1998), que la nouvelle


économie accroit l’importance des professions gestionnaires libérales et technologiques se
multiplient plus vite que les autres pour constituer le noyau de la nouvelle structure sociale.
Le développement des TIC remontent vers le début des années quatre-vingt avec la naissance
des ordinateurs personnels, étant l’équipement symbole, et surtout à la très rapide implantation
de l’échange des documents informatisé (EDI). Ce dernier a bouleversé et imposé le
remaniement de beaucoup d’administrations privées ou publiques. Il faisait découvrir, ainsi,
quelque chose depuis théorisé dans l’esprit des entrepreneurs mais dont la complexité
technologique rendait inaccessible. L’EDI a permis de franchir la première grande marche qui
conduit à l’abolition des deux grands murs auxquels s’affronte toute organisation en
l’occurrence le temps et l’espace. Durant quelques années, l’EDI n’a pas progressé d’un point
de vue technologique. Il s’est de plus en plus implanté dans les moindres recoins des
organisations et ce n’est que vers 1992-1994 que cette EDI s’est brusquement élargi à la
grandeur de la planète et ceci à des coûts de plus accessibles.

118
L’accessibilité à un immense auditoire a nourri un effet spiralé dans le développent des TIC et
en particulier, les technologies de l’inforoute (internet / intranet / extranet / word-wide-web),
qui déterminent le nouvel environnement d’affaires de l’entreprise dans le contexte de la
nouvelle économie. Cependant, qu’est-ce qu’on entend par les technologies de
l’information ?

IV.1.2 TIC, économie numérique et économie de la connaissance

Depuis la première révolution industrielle, l’innovation basée sur la valorisation de


nouvelles connaissances, est perçue comme une force motrice de la croissance économique. La
relation entre croissance et connaissance devienne ainsi très étroite dans le contexte du nouveau
capitalisme industriel211, porté par la diffusion des innovations génériques.212 En outre, le
développement économique contribue à la diffusion des connaissances, et cette dernière
entrainent la croissance.

A l’instar des premières réflexions sur le développement économique, le concept


connaissance a été souvent utilisé tout dépendamment à son aspect scientifique ou technique.
En outre, la connaissance se concrétise par les progrès techniques introduits dans les machines,
et engendrent des profits de productivité. La connaissance se concentre ainsi dans les produits
et se diffuse par leur intermédiaire.

Néanmoins, la relation entre connaissance et croissance s’avère complexe. Le paradoxe


de la productivité, mis en évidence par R. Solow (1987)213, en constitue une bonne illustration.
Ce paradoxe explique que la relation entre connaissance et croissance n'est pas directe étant
donné que l’utilisation efficiente des technologies de l’information et de la communication
(TIC), comme des autres technologies, se base sur un processus de réorganisation et
d’apprentissage à tous les niveaux.214

211
Luyckx Ghisi M., 2001, Au-delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme. La société ré enchantée,
Préface du Professeur Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie 1977, L’Harmattan, Paris.
212
Notion qui revienne à J. Schumpeter, selon ce fameux chercheur dans le domaine de l’innovation, les
innovations sont qualifiées de génériques lorsqu’elles freinent l’activité économique. De ce fait ces innovations
technologiques se caractérisent par l’existence de fortes retombées (ou externalités) technologiques et
économiques qui bénéficient à l’ensemble des secteurs économiques.
213
Constatation faite par R. Solow en 1987 : « On voit les ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de
productivité»
214
Selon l’OCDE en 1996 dans son rapport intitulé Technologie, productivité et création d’emplois, « un puissant
ordinateur ne contribue à améliorer la productivité par sa seule présence. Il faut en outre disposer des technologies
annexes (logiciels, par exemple), assurer la formation de travailleurs et parfois aussi des clients et des
fournisseurs, et adapter l’organisation de l’entreprise. »

119
De sa part, Machlup215 regroupe dans le secteur de l’économie de la connaissance, les
activités de communication, les équipements de traitement de l’information, les services
d’information et les autres activités associées à l’information, et partant de cette conception
l’expansion et la diffusion de cette nouvelle économie se mesure par la croissance de la part de
la valeur ajoutée de secteurs.

A l’instar des années quatre-vingts, l’économie mondiale a connu une mutation


profonde et un changement radicale des paradigmes, dû à l’émergence de l’économie de la
connaissance, où la principale source de croissance est devenue la capacité à acquérir, créer et
utiliser la connaissance (à réorienter la structure productive vers des activités reposant sur
l’innovation, l’utilisation et la diffusion des nouvelles technologies. C’est ainsi, que les pays
investissant dans ces activités ont connu des taux de croissance beaucoup plus importants que
ceux qui sont restés dépendants de l’exportation des produits à faible contenu technologique.).
C’est une économie qui a transformé l’organisation de l’économie toute entière, et
spécifiquement les entreprises.

L'économie de la connaissance, en plus d'être une nouvelle phase, est un concept


opérationnel assez nouveau ayant été promu par des organisations internationales et
spécialement par l'Union européenne lors de la déclaration de Lisbonne en 2000, les rapports
du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les rapports et programmes
de la Banque mondiale, World Development Report 1999 et knowledge for Development
program au World Bank Institute, ainsi que par d'autres séminaires, conférences et différentes
études (notamment celles de L’OCDE et de l’ISESCO).

“La notion d’économie de la connaissance est née avec la perception du


rôle croissant de la production, de la diffusion et de l’utilisation des savoirs
dans la compétitivité des entreprises et des nations. L’idée selon laquelle la
connaissance joue un rôle central dans l’économie n’est évidemment pas
nouvelle”.216

Depuis le courant des années 80 les économies des PDEM (Pays Développés à
Economie de Marché) et voire quelques PED, ont intégré l’économie du savoir, dans laquelle
la connaissance a pris une part primordiale des facteurs de la croissance économique, dont cette

215
Machlup, F., 1962, The production and distribution of knowledge in the United-States, Princeton University
Press, Princeton.
216
Rapport du Commissariat général au plan, 2002, La France dans l’économie du savoir : pour une dynamique
collective, Paris.

120
nouvelle économie donne plus d’importance à des nouvelles dimensions : l’apprentissage, la
culture, le savoir, la construction des connaissances collectives à travers le travail.

L’économie de la connaissance est alors issue de la prise de conscience du rôle des


technologies de l’information et de la communication pour la croissance économique.

Le secteur des technologies de l'information et des télécommunications (TIC) comme


une des composantes principales de l’économie de la connaissance regroupe "les activités qui
produisent des biens et des services supportant le processus de numérisation de l'économie,
c'est-à-dire la transformation des informations utilisées ou fournies en informations
numériques, plus faiblement manipulables, communicables, stockables, restituables.217 Les
218
TIC comprennent principalement les quatre secteurs suivants : les secteurs produisant des
biens d'équipement et des biens durables électroniques, le secteur des services de
télécommunications, celui des services informatiques, et enfin les secteurs assurant le
commerce, la location et la maintenance des biens et services précédents.

L’importance des TIC, pour plusieurs secteurs (le management des organisations en
particulier), n’est pas la technologie en soi, mais leur capacité de donner accès à la
connaissance, à l’information et aux communications, qui sont les éléments qui comptent
davantage aujourd’hui dans les interactions économiques et sociales.

Ainsi, un travail établi par la CNUCED (2011) a avancé les avantages des TIC : « un
secteur privée dynamique et diversifié, qui fonctionne bien et soit responsable au plan social
est un précieux accélérateur de l’investissement, du commerce, de l’emploi et de l’innovation,
et de ce fait un facteur de croissance économique et de réduction de la pauvreté, ainsi qu’un
moteur de l’industrialisation et de la transformation structurelle. Le secteur privé est donc l’une
des clefs d’une croissance économique durable, sans exclusive et équitable, ainsi que du
développement durable dans les pays les moins avancés».219

A partir du rôle de TIC avancé par la CNUCED (2011), on remarque que les TIC est un
accélérateur de l’emploi et de l’innovation. Certainement, elles facilitent l’accès à des conseils
et à des formations professionnels. Il est nécessaire de bien exploiter les TIC pour acquérir
certaines compétences de gestion interne, comme la formation, le calcul des coûts, la conception
de produits ou l’administration de l’entreprise. À ce niveau, les ordinateurs, tous comme les

217
Rapport réalisé par le Bipe, septembre 2000, Les technologies de l'information et des communications et
l'emploi en France Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
218
Nomenclatures d'activité européenne NACE ou française NAF.
9
U.I.T, les TIC, catalyseur du développement du secteur privé, 2011, Rapport sur l’économie de l’information.

121
téléphones intelligents, peuvent servir à apprendre les bases. Cependant, le problème qui se
pose à ce niveau est la non-universalité d’accès à ces TIC dans toutes les régions du monde.

Par ailleurs, cette nouvelle économie dite du savoir est aujourd’hui envisagée comme
voie de sortie du sous-développement par le biais de la formation et la diffusion des TIC, dans
les pays qui ne sont pas encore entrés dans un processus d’émergence, et c’est le cas de la
plupart des pays africains.

D’un autre côté, on observe qu’au cours des dernières années, on assiste à une panoplie
des expressions qui évoquent, la place grandissante de la « connaissance » dans l'économie.220
« Economie fondée sur la connaissance », « économie de l'information », « capitalisme cognitif
» ou encore « économie numérique »221, sont les expressions qui sont le plus souvent retenues
pour présenter cette évolution. L'ensemble de ces termes exprime globalement l'idée que la
principale source de croissance des économies contemporaines est devenue la capacité à
acquérir, créer et utiliser la connaissance ? En effet, et avec la forte évolution des TIC et leur
insertion dans presque tous les secteurs, donne plus de valeur au concept « économie numérique
» qui désigne selon la MEDEF « l’ensemble des secteurs basés sur les technologies de
l’information et des télécommunications, que ce soit en production ou en usage». 222

Il n'y a pourtant pas de définitions très stables et consensuelles du concept « d’économie


numérique » qui permettent de l’identifier et de saisir ses multiples dimensions. La littérature
sur une définition est abondante et parfois controversée.

Selon la définition de l’Association Économie Numérique (ACSEL), l'économie


numérique comprend « le secteur des télécommunications, de l'audiovisuel, du logiciel, de
l'Internet et les secteurs qui les utilisent en tant que cœur ou support de leur activité223 ». Toutes
les activités qui utilisent un support numérique sont donc concernées. L'économie numérique
résulte de l'interaction d'un grand nombre d'intervenants. Il s'agit d'un système intégré où la
tâche de chacun participe au système global.

Le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) propose une définition plus large
puisque l’ensemble des secteurs d’activités en dépendent : l’économie numérique est «

220
OCDE, L'économie fondée sur le savoir, Paris, OCDE, 1996.
221
MACHRAFI M., « Innovation et évolution de la théorie économique. Des origines aux impasses du capitalisme
cognitif », Cahiers de l’Association Tiers-Monde, n° 24, 2009, pp. 69-86
222
AEN, Les indicateurs de l'économie numérique, Association Économie Numérique (Acsel), Edition 2009.
223
AEN, Les indicateurs de l'économie numérique, Association Économie Numérique (Acsel), Edition 2009.

122
l’ensemble des secteurs basés sur les technologie de l’information et des télécommunications,
que ce soit en production ou en usage224 ».

Enfin, l'OCDE englobe le secteur des « télécommunications, notamment l’Internet, le


haut débit et les mobiles, ainsi que la convergence entre les secteurs de radio-télédiffusion et
du câble, et les services de télécommunications plus traditionnels225 ».

Nous pouvons donc retenir que l'économie numérique est une économie axée sur des réseaux
électroniques et les technologies numériques. Sa naissance est consécutive à certaines mutations
sociales, technologiques, politiques, cette économie permet donc de réduire le désenclavement
et l’exclusion qui empêche les individus isolés de profiter des autres afin d’améliorer leur
situations chose qui est devenue facile grâce aux réseaux sociaux226.

IV.2 L’éducation
IV.2.1 L’éducation au centre des stratégies de développement

L’investissement en capital humain a toujours été au centre des intérêts des courants de pensée
économique. Généralement, l'éducation et la formation demeurent un levier très important pour
la croissance économique et le développement d'une nation. Les approches théoriques
défendent des positions et des raisonnements variés et différents sur ce thème. De leurs parts,
les théories du capital humain et de la croissance endogène, énoncent que, l'éducation fait l’objet
d’un moteur de création et de stimulation de la croissance et le développement. Dont il semble
très visible les liens qui relient le niveau et la qualité du système éducatif et les performances
économiques et humaines.

Pour mieux comprendre les réflexions théoriques sur l’effet de l’éducation sur le
développement économique d’un pays, nous allons essayer de dresser une analyse des positions
théoriques les plus représentatives sur les questions des politiques d’éducation au service du

224
Faire de la France un leader de l’économie numérique, sous la présidence de Jean MOUNET, Collection «
Proposer », Direction des Affaires Economiques Financières de la Recherche et des Nouvelles Technologies,
MEDEF, juin 2008.
225
OCDE, « Mettre les TIC à profit dans une économie numérique, 2005 », Politiques de l'information et des
communications; Guide to Measuring the Information Society, Directorate for Science, Technology and Industry
,Committe for information, Computer and Communications policy, OCDE, nov. 2005.
226
Louizi K., Le marché social à vocation economique (Economic Orientation Towards Social Market) (May 25,
2007). Proceedings of Rijeka Faculty of Economics, Journal of Economics and Business, Vol. 25, No. 1, 2007,
pp. 55-81. Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=2269659

123
développement. Notamment la théorie classique ; la théorie du capital humain ; la théorie néo-
libérale, et les théories de la croissance endogène.

IV.2.2 L’éducation au sens de la théorie classique

Selon la pensée économique classique, les richesses se créent par le capital et le travail qui
constituent les principaux facteurs de production. Dans la fameuse réflexion de D. Ricardo
l'augmentation des quantités et de la qualité des facteurs à la disposition des travailleurs sont à
la source de l’augmentation de la productivité.

Adam Smith dans son chef d'œuvre : La Richesse des Nations, publié en 1776, considère que
l'investissement dans l'apprentissage et l'éducation est un des moyens permettant
l'accroissement de la productivité des individus et de la nation, malgré les coûts qu'il entraîne
pour son acquisition (Meulemeester J.L., et Diebolt C., 2007).

Cet intérêt porté par A. Smith pour l’investissement en éducation a été forcement lié aux
changements politiques et socio-économiques vécus au XVIIIe siècle en Europe. Notamment,
la consolidation d’insertion du capital dans le système de production industrielle et l’émergence
de la compétitivité des ouvriers en terme d’octrois des salaires et de réduction des coûts, sans
menacer leurs profits (Paul J.J., 1999). Dans ce sens, les classiques ont essayé de mettre en
exergue la question d’instruction des ouvriers dans toutes ses facettes à savoir : le financement,
la méthode, et l’offre.

La première priorité des classiques a été le fait d’offrir aux ouvriers une instruction de base
malgré le fait qu’ils ont besoin que de leurs forces physiques pour la réalisation de leurs tâches.
Dans le but de les domestiquer, et garantir leur soumission à l’ordre et à la discipline obligée
par le haut (ponctualité et régularité, respect de l'autorité et sobriété et morale) (Paul J.J.,
1999) :

"The more they are instructed, the less liable they are to delusion of
enthusiasm and superstition, which, among ignorant nations, frequently
occasion the most dreadful disorders. An instructed and intelligent people,
besides, is always more decent and orderly than an ignorant and stupid one.
They are more disposed to respect their superiors and they are less apt to
be misled into any wanton or unnecessary opposition to the measures of
government” (Smith A., 1776).

124
En effet, au regard des classiques l’éducation est à la fois un moyen de développement des
capacités productives des individus (Delamotte E., 1998), et aussi un moyen d'amélioration
morale.

Concernant le développement de la productivité des travailleurs, J.S. Mill, considère que :


« L'instruction rend le travailleur plus avisé, plus prompt, plus honnête dans son travail
quotidien : c'est donc un facteur important dans la production de richesses matérielles » (Mill
J.S., 1848).

Or, A. Smith, défend préconise le fait qu'un travailleur instruit et qui occupe un travail ardu et
un savoir-faire, a le droit d’avoir un salaire lui permettant non seulement de compenser ses
dépenses provoqués par sa formation, mais également de lui permettre un gain. Dans ce sens il
écrit que :

« Quand on a établi une machine coûteuse, on espère que la quantité


supplémentaire de travail qu'elle accomplira avant d'être usée
remplacera le capital employé à l'établir, avec les profits ordinaires tout
au moins. Un homme éduqué au prix de beaucoup de travail et de temps
en vue de l'une de ces professions qui exigent une habileté supérieure
peut être comparé à l'une de ces machines coûteuses. On doit espérer
que la fonction à laquelle il se prépare lui rendra, outre les salaires du
simple travail, de quoi l'indemniser de tous les frais de son éducation,
avec au moins les profits ordinaires d'un capital de même valeur. Il faut
aussi que cette indemnité se trouve réalisée dans un temps raisonnable,
en ayant égard à la durée très incertaine de la vie des hommes, tout
comme on a égard à la durée plus certaine de la machine. C'est sur ce
principe qu'est fondée la différence entre les salaires du travail qui
demande une grande habileté et ceux du travail ordinaire » (Smith A.,
1776).

Par ailleurs, on arrive à dire que la pensé économique classique met en valeur les retombées
positives de l’éducation sur la croissance économique. Dans le sens ou l'accroissement et le
progrès de la productivité des travailleurs, des salaires et de la croissance économiques résultent
d’un développement, renforcement et amélioration de l'éducation des ouvriers. Chose qui a été
repensée et développée par les fondateurs de la théorie du capital humain, pour démontrer que
les inégalités de niveaux de croissance économique qui existe dans le monde proviennent des
125
différences dans la conception du rôle et de la place du système éducatif et des niveaux de
scolarisation de la population.

IV.2. 3 L’économie de l'éducation au sens de la théorie néo-libérale

À l’ère de la crise de la dette de la décennie 1980, les pays en développement ont vécu une
succession des échecs en termes des politiques éducatives, cette situation a été à la base d’un
retournement d’approches théoriques en matière d'économie d'éducation. L’intervention de
l’Etat pour réussir le système éducatif et garantir une qualité de formation qui répond aux
avancées économiques et technologiques d’un PED a été remise en cause par les institutions
financières internationales. D’autant plus, un tel interventionnisme en matière de l’éducation
n’est perçu, pour eux, comme une sorte de gaspillage financier et de manque de performance
économique.

Les réflexions et les analyses de la théorie néo-libérale en matière d'éducation affirment que
l'éducation n’est plus un bien public, par contre elle doit être prise en charge par les
bénéficiaires. Cette théorie donne à l’Etat la légitimité de se retirer et de réduire ses dépenses
publiques en éducation et elle ordonne cette tâche de gestionnaire au marché, tout en gardant le
rôle du stratège et du contrôleur pour l’Etat. Donc, on parle alors du « management de
l'éducation », à la place d’une « politiques d'éducation ». Dans ce sens, la gestion des
établissements scolaires doit être similaire à celle des entreprises, partant du fait que l'éducation
n'a rien de particulier par rapport aux autres secteurs d'activité économique et que le marché
s’autorégule. Les arguments avancés par cette théorie affirment que :

1. Les taux de rendement privés de l'éducation sont partout supérieurs aux taux de
rendement des placements alternatifs ce qui légitime leur financement privé ;

2. Les taux de rendement sociaux sont toujours inférieurs aux taux de rendement privés.

Selon le plus célèbre chercheur de ce courant de pensée, M. Friedman (1995), le seul moyen
de réorienter et réformer les systèmes éducatifs, est la libéralisation de l’éducation.
L'interventionnisme l’Etat reste incapable de garantir une bonne qualité d’éducation pour
l’ensemble de la population étudiante. À cet effet, Seules les familles aisées de la société
peuvent inscrire leurs enfants à des établissements qui offrent une formation moderne qui
répond aux exigences du développement économique et social. Or que le reste de la population
et qui constitue la majorité de la population se contente des services d'une école publique où les

126
conditions de travail ne sont pas au niveau et qui favorise pas un apprentissage collectif qui
peut générer par la suite une innovation.

Dans un article, intitulé : "Public schools make them private ", M. Friedman (1995), défend
l’idée de la privatisation des services éducatives, à l’image des privatisations réussies en termes
des services de communications et d'information, chose qui assure selon lui une diversification
de choix les demandeurs, et qui augmente la concurrence entre ceux qui offre des possibilités
de formation, et permet à la population étudiante de bénéficier d’une qualité meilleure.

IV.2.4 La théorie du capital humain

À l'opposé de la théorie classique, les fondateurs de la théorie du capital humain défendent


l’idée que le travail et le capital sont les seuls facteurs qui expliquent les différences en termes
du niveau de croissance entre les économies. Pour ces auteurs c’est plutôt la qualité du travail
et non pas le travail en lui-même, qui explique cette dynamique de croissance. Cependant,
garantir un travail de qualité suppose bonne condition sanitaire ainsi un système éducatif
actualisé et basé sur les sciences, l'innovation et la technologie (capacités intellectuelles). Dans
ce sens, le capital humain constitue un facteur endogène composé des choix rationnels
d'investissement de la part des individus, des travailleurs et des entreprises.

Pour définir le capital humain l’OCDE affirme qu’il constitue : « les connaissances,
qualifications, compétences et autres qualités possédées par un individu et intéressant l'activité
économique » (OCDE, 1998). Selon la vision de l’OCDE un individu compétent ce n’est pas
celui qui a bénéficié d’un haut niveau d’éducation, mais c’est celui qui arrivent à utiliser ses
connaissances de manière productive sur le marché du travail.

Pour acquérir ce capital humain il est nécessaire de prendre en considération deux sortes de
couts. le premier consiste en cout dit ‘d’opportunité ‘ qui désigne le salaire et les indemnité qui
peuvent être octroyer en contre partie du travail accomplis par le travailleur et dont il doit quitter
pour se libérer à sa formation. Et le deuxième, les coûts et les frais sollicités pour sa formation.
Partant de l’idée que l'éducation est un investissement qui doit assurer une source de revenu
durable sur le marché du travail. Nonobstant Le taux de rendement de l'investissement en capital
humain nommée ‘investissement immatériel’ se mesure par l’écart qui existe entre le salaire
obtenue par un ouvrier formé et un autre n’ayant pas investi pour sa formation. Si cette écart

127
est positive et excède les couts d’investissement il est donc rentable d’investir en éducation. Et
selon G. Becker (1994), le fait d'anticiper les profits futurs en termes de revenu qui peuvent être
tirés par un individu, peut influencer son choix et son niveau d'investissement éducatif.

La variation de la demande d'éducation est conditionnée par le calcul de rentabilité réalisé à


partir de la différence entre les coûts et les bénéfices qu'elle pourrait dégager pour son
demandeur. Il en résulte pour T. W. Schultz (2003), que grâce à l'éducation « les travailleurs
sont devenus des capitalistes », dans le sillage où le travailleur est censé avoir une marchandise
à vendre sur le marché de travail. Cette marchandise est son capital intellectuel acquis dans en
général par la formation et l'éducation (Paul J.J., 1999). L'éducation est un investissement
rentable et la dépense d'éducation n'est plus envisagée comme une conséquence des différences
de revenus comme chez A. Smith, dans sa théorie de la demande d'apprentissage, mais comme
une cause sur laquelle on peut agir.

Les affirmations de la théorie du capital humain établissent un lien très étroit entre
l’investissement en éducation et la croissance économique en le considérant comme une
condition primordiale pour cette dernière. Le taux de croissance d'une économie est
essentiellement affecté par le taux de croissance de l'éducation et du niveau scolaire de la
population active. Cette théorie a donné naissance à une sorte de consensus en faveur d'une
dilatation de masse des systèmes éducatifs.

IV.2.5 Education et théories de la croissance endogène

L'approche néo-classique de la croissance a connu une mutation durant les années 1980 et 1990
ont pour passer d'une simple approche de croissance exogène à une croissance endogène.
L'objectif et de remettre en cause le modèle de Solow (1956) et de le réexpliquer d’une façon
plus efficace, tout en énonçant le concept du progrès technique endogène provenant des
comportements des agents économiques et des incitations politiques. Néanmoins, cette
croissance endogène on doit signaler que réadapte un des principaux constats de la théorie néo-
classique, à savoir que la croissance de la productivité totale des facteurs est le principal
déterminant pour la croissance, qui se base essentiellement sur le niveau de progrès
technologique, l'innovation et la recherche et développement (Howitt P., 2004). Le savoir
occupe une place centrale dans les analyses de ces théories de croissance endogène. La
production de ce dernier est censé induire une croissance durable en raison de rendements

128
marginaux non décroissants ou grâce à une externalité positive née de la diffusion des
connaissances (Monteils M., 2001).

Cette théorie illustre la possibilité de réunir plusieurs facteurs pour dégager des externalités
positives et par conséquent être source de croissance pour la collectivité : investissement en
capital physique, investissement en capital public, investissement en capital humain,
apprentissage par la pratique, division du travail, et recherche et innovations technologiques.
La croissance est endogène au sens où elle ne dépend que .des seuls comportements des agents
et des variables macroéconomiques.

Cette théorie défend la thèse qui affirme que la relation entre éducation et progrès technique, a
des effets concrets et des externalités positive sur l’économie d’un pays. Cependant, il existe
une véritable interaction entre le niveau et la qualification du capital humain et le taux de
croissance d'une économie. Un pays qui détient une population hautement qualifiées et mieux
placé pour développer des nouvelles techniques de production et accroitre ses capacités en
matière d'innovation, ou au moins de réingénieuring dans le cas d'un pays en développement.
Alors qu'un stock faible de capital humain peut entraîner une situation de stagnation
économique.

Cependant, la littérature théorique est unanime sur le principe que l'éducation en elle-même et
malgré son importance, elle ne peut pas remédier tous les problèmes du sous-développement
d’un pays. Un système éducatif efficace est le résultat de plusieurs interactions actives et
continues avec son environnement. Les stratégies de relance des autres secteurs peuvent
pareillement exercer un impact sur le taux de retour de l'investissement en éducation.

129
IV.2.6 Education ET TIC: E-learning

a) Définitions du E-learning

E-business, e-government, e-health, e-marketing, e-administration, e-services, e-


gouvernance…, à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le
préfixe “e”, abréviation de “électronique” impose son omniprésence et l’enseignement
n’échappe pas à cette tendance lourde.227

Aujourd’hui, une des questions brûlantes porte sur la notion même du e-learning : Il s’agit, à
l’évidence, d’un concept évolutif et polysémique.

La commission française de terminologie et de néologie estime que le « e » de e-learning est


un « néologisme hybride, entre lettre, mot et concept. Facile à employer en anglais pour des
raisons phonétiques, il est d’une signification plus confuse en français puisqu’il sert à désigner
à la fois des procédés techniques, des procédures, des missions ou des organismes».228

Malgré la recommandation de la commission de lui substituer l’expression «apprentissage en


ligne », force est de reconnaître le côté pratique de l’emploi de ce préfixe dont l’usage signifie,
sinon symbolise, à la fois l’utilisation des technologies de l’Internet et une volonté d’évolution,
de modernisation.

Les technologies de communication, surtout dans leur phase la plus récente de multimédias et
d'interaction, ouvrent de larges horizons et de nouvelles possibilités, à la fois individuelles et
institutionnelles, aux domaines susceptibles d’interroger les modèles d’apprentissage. C’est
dans cette perspective, qu’émergea le e-learning, en tant que mode de formation à distance,
venant en droite ligne du monde anglo-saxon, résolument moderne et tirant parti des nouvelles
technologies multimédias.

227
Sossi Alaoui F., « E-learning en Afrique du nord : cas du Maroc et de la Tunisie », Séminaire international
Maroco-Tunisien : L’économie de la connaissance au Maghreb : Expériences Maroco-tunisienne, Rabat, 2014.
228
Voir la Recommandation à propos de l’usage du préfixe « e » et de ses équivalents possibles en français, sur
: http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/terminologie/e-_version_3.htm

130
Le e-learning, un mot générique qui désigne l’apprentissage avec les nouvelles technologies
de l’information et de la communication (TIC) est, dès lors, une des variantes réactualisée et
rafraîchie de l'enseignement à distance via Internet.

Il s’avère opportun, à ce stade, de souligner que le e-learning trouve ses origines dans
l'enseignement à distance (EAD).

L’EAD est apparu dès le XIXème siècle, par le biais de l'enseignement par correspondance.
Puis, au cours des années 1970, l'enseignement télévisé a vu le jour. Les progrès de la micro-
informatique et des télécommunications, dans les années 1980, ont permis une interaction entre
l'apprenant et l'enseignant et ont, de ce fait, entraîné un développement de l'enseignement à
distance et de nouvelles notions télé-enseignement

La définition fournie par le modèle pilote ANUBA229 de Basse- Saxe et Rhénanie-du-


Nord-Westphalie, plutôt technique et assez complète :

« L’e-learning est une méthode d’apprentissage spéciale basée sur l’utilisation de


l’ordinateur. Ce mode d’apprentissage virtuel se distingue par des systèmes et du matériel
pédagogiques spéciaux :

 il est dispensé sous forme numérisée, sous forme multimédiale et/ou hypermédiale
(information réticulaire) ;

 il permet l’interactivité entre l’utilisatrice et l’utilisateur apprenant, le système, le coach et


le coapprenant–sur place ou sur le réseau ;

 il est directement à disposition de l’utilisatrice et de l’utilisateur en ligne.»

229
http://www2.educa.ch/dyn/9.asp?url=30528%2Ehtm

131
Le site de l’E- Learning Agency230, présente la définition suivante :

« L’e-learning désigne tout dispositif de formation utilisant l’Internet comme canal de


diffusion. C’est l’acte pédagogique qui se vit pour tout ou partie en ligne. De l’autoformation
tutorée à la classe virtuelle synchrone, ses formes sont très variées.

De manière plus large, ce terme désigne tout système de formation reposant


globalement sur l’usage des technologies issues de l’Internet. C’est le processus de
formation dans son ensemble (et pas simplement l’action de former ou de se former)
qui est repensé par l’usage des technologies internet. »

Le LabSET231 a structuré la définition autour de questions simples mais essentielles auxquelles


la définition doit idéalement répondre tout en restant concise, claire et générique :

« Apprentissage en ligne centré sur le développement de compétences par l’apprenant et


structuré par les interactions avec le tuteur et les pairs »

Les instances scientifiques de l’Union européenne proposent une définition très large qui ne se
limite pas à la description de modalités de formation puisqu’elle comprend des notions
qualitatives :

« L’e-learning est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias et de l’Internet pour


améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant, d’une part l’accès à des ressources et à
des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance »232

L’OCDE, dans son enquête sur l’état des lieux de la « cyberformation » dans l’enseignement
supérieur des pays membres de l’organisation définit, de façon proche de celle de la
Commission européenne l’objet de son étude :

« La cyberformation correspond à l’utilisation des technologies de l’information et de la


communication (TIC) pour améliorer et/ou soutenir l’apprentissage dans l’enseignement

230
http://www.elearningagency.com/el_dechiffre/definitions.html
231
Laboratoire de Soutien à l'Enseignement Télématique, Université de Liège : http://www.labset.net/
232
Journal Officiel de l’Union européenne – 28.03.2001

132
tertiaire. Si elle s’intéresse en premier lieu à des applications plus évoluées, la cyberformation
désigne à la fois la fourniture intégralement en ligne et la fourniture sur le campus ou d’autres
formes de fourniture à distance complétées par les TIC d’une certain façon » (OCDE, 2005).

Dans le contexte spécifique à l’enseignement supérieur -constituant notre champ d’étude -


beaucoup de pédagogues, trouvent que « le mot le plus important n’est pas le e» (Lebrun
,2005).

Une définition simple du e-learning, avancée par Lebrun (2005) : le mot « learning » contient
le terme « learning », ce qui signifie apprentissage. Cela renvoi à un recentrage sur l’apprenant,
placé au cœur du dispositif de formation. Ainsi, il propose de considérer le e-learning comme
« un outil ou encore un moyen, parmi une large panoplie, qui peut à la fois faciliter
l’apprentissage et supporter des formes variées d’enseignement » (p.19). Il conclut par la
formule le « e-learning pour enseigner et apprendre », celui-ci pouvant se faire à distance mais
pas exclusivement.

Force est de constater la récurrence de la notion des TIC, dans quasiment toutes les définitions
avancées. Il est à noter, dans cette perspective, que cette notion profilera en filigrane, tout au
long de notre travail. L’axe central de notre analyse est la dynamique des parties prenantes
dans le développement du e-learning, au sein des universités Tunisiennes.

b) Capital humain et connaissance

Pour comprendre la relation qui existe entre le capital humain et l’économie du savoir, on
distingue deux approches d’analyse, microéconomique et macroéconomique. La première
approche est appréhendée par l’impact sur l’individu et l’entreprise. En effet, le capital humain
se voit attribuer un rôle privilégié pour favoriser l’innovation et faciliter l’utilisation et la
diffusion des nouvelles technologies, en particulier dans l’information et la communication.
Dans la théorie du capital humain, l’éducation est considérée comme un investissement que
l’individu effectue en vue de constituer un capital productif. Le rendement salarial de
l’éducation peut alors être estimé à partir de ces effets sur les salaires. La référence théorique
sur les rendements de l’éducation est “l’équation de Mincer” (Mincer 1974), qui relie le salaire
à trois groupes de variables : des variables décrivant la formation initiale, des variables
décrivant l’expérience, enfin un troisième groupe hétérogène.

133
Dans une approche macroéconomique, la relation éducation-croissance économique est au cœur
des analyses. Les efforts économiques déployés par les individus pour se former ont des
retombées positives sur le tissu économique. Le modèle de Romer (1990) fondé sur l’approche
de Nelson et Phelps (1966) a mis en exergue le rôle technologique de l’éducation. L’éducation
n’améliore pas seulement la productivité du travail, mais elle améliore la capacité d’adoption
des nouvelles technologies et la création de nouvelles idées. Dans cette approche, le capital
humain est considéré comme le stock de connaissance que dispose l’individu, étant utilisé soit
dans l’imitation des idées déjà existante soit dans la recherche de nouvelles.

Certains modèles issus des théories de la croissance endogène ne considèrent plus l’éducation
comme un facteur de production, mais comme un facteur d’innovation. Ils montrent que
« l’accumulation de capital physique et l’accroissement du travail ne pouvaient expliquer
qu’une faible part de la croissance » (Gurgand, 2005). L’approche du capital humain consiste à
considérer l’éducation comme un investissement procréant des avantages aux individus, aux
entreprises et de façon générale à la société.

D’autres modèles soulignent que l’éducation augmente moins la productivité que la capacité
des individus à s’adapter aux transformations de l’environnement économique (Benhabib &
Spiegel 1994). Cette approche se positionne sur une vision plus “dynamique” du rôle de
l’éducation dans la croissance économique, qui avait été prôné avec une manière standard par
Nelson & Phelps (1966). Le niveau d’éducation affecte la croissance de long terme à
travers ses effets sur la vitesse d’adaptation au changement technologique (Aghion &
Cohen 2004).

Dans les pays en développement, le manque d’éducation et de savoir-faire reste un obstacle


majeur à la croissance économique ; le stock de capital humain affecte faiblement la croissance
économique. L’accumulation du capital humain dans ces pays pauvres favorisent l’attractivité
des investissements directs étrangers (IDE) et accélèrent le processus de rattrapage.

« Les firmes multinationales, de plus en plus nomades, mettent les territoires en concurrence
sur la base de leur aptitude à offrir un ensemble complexe de ressources favorisant le
développement de leur capacité d’innovation. Ces nouvelles exigences contribuent aux

134
processus de polarisation géographique des activités au profit des territoires les plus riches en
ressources cognitives. » (Delapierre et al. p. 6 [2000]). Certainement, les ressources en capital
humain et les efforts de recherche et développement étant des composantes de l’économie de
la connaissance qui constituent ainsi des facteurs attrayants des IDE. Un aspect important de
l’économie de la connaissance est que ces diverses dimensions sont complémentaires. En effet,
les agents doivent disposer de compétences particulières afin de profiter des avancées de la
connaissance, et en vue d’utiliser l’information plus efficacement.

Les connaissances se diffusent alors plus rapidement à condition que les progrès dans les TIC
sont rapides et que les individus sont bien formés et compétents233. Néanmoins, l’expérience de
l’Asie du Sud Est ne tient pas tant à la question technologique mais aux relations avec le Japon
et Taiwan, qui par leurs IDE, ont favorisé un processus d’apprentissage et de remontée de la
chaîne de valeur.

IV.3 Recherche et développement et Innovation

L’économie contemporaine est une économie ou la connaissance prédomine, les


organisations ont intérêt d’amélioré de plus en plus leur ressource. Dans cette économie fondée
sur la connaissance l’innovation constitue un thème principal. Il s’agit principalement d’une
production accrue de connaissances en tant que support de croissance économique des firmes.

Dans la tradition des sciences économiques néoclassiques, l’innovation est considérée


comme une réponse à la rareté relative des facteurs et par conséquent, à leurs prix, c’est à dire
n’est qu’une réaction contre la pénurie. C’est à Schumpeter qu’on doit la popularité du concept
innovation qui désignait, pour lui, la transformation d’une invention en bien vendable. Il s’agit
alors d’une « introduction originale et commerciale réussi d’un nouveau produit, procédé ou
système ».

233
Clévenot M. et Douyère D., « Pour une critique de l'économie de la connaissance comme vecteur du
développement », Présenter dans un Colloque international « Economie de la connaissance et développement »
XXIVe Journées du développement de l'Association Tiers-Monde, Organisé par l'Université Gaston Berger
(Sénégal), le Bureau d'économie théorique et appliquée de l'Université Nancy2/CNRS., Saint Louis, Sénégal,
2008.

135
IV.3.1 L’innovation

La corrélation entre innovation et connaissance est vérifiée, ces dernières, ont acquis
une importance majeure dans la trame de l’économie contemporaine. On constate alors
l’importace des connaissances scientifiques et technologiques mais surtout des connaissances
sur la manière d’organiser et de gérer les activités économiques et d’innovation 234. La
croissance, l’accélération du processus des connaissances ainsi que la rapidité en termes
d’évolution constituent les caractéristiques principales de l’économie fondée sur la
connaissance235. La capacité de l’organisation à innover est conditionnée par cette évolution.
D’autant plus que l’économie fondée sur la savoir met à la disposition des agents plus
d’informations et de savoir, accroissant par là même le champ de leurs stratégies236.

De ce fait, le maintien de la dynamique d’innovation s’avère primordial en ce sens


que l’innovation implique l’ouverture de domaines de connaissances vastes, et donne à
l’entreprise qui la pratique une plus grande latitude pour agir.

a) Définition de l’innovation

Le concept d’innovation est largement débattu dans la littérature économique,


néanmoins une définition concise et générale s’impose. Selon l’approche schumpetérienne
l’innovation est attribuée à un seul agent économique qui est l’entrepreneur, ce dernier est selon
Schumpeter le seul capable d’initier un processus d’innovation dite d’après lui processus de
destruction-créatrice « qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique,
en détruisant continuellement ses éléments vieillis »237 . Ce processus d’innovation peut revêtir
les cinq formes suivantes :

 nouveau produit
 innovation de procédé
 exploration d’un nouveau marché
 découverte d’une nouvelle source de matière première

234
Steinmueller W.E., « Les économies fondées sur le savoir – leurs liens avec les technologies de l’information
et de la communication », Revue Internationale des Sciences Sociales (RISS), 17, mars, p.160-173, 2002.
235
Lam A., « Modèles nationaux ou régionaux d’apprentissage et d’innovation propres à l’économie de la
connaissance », Revue Internationale des Sciences Sociales (RISS), 17, Mars, p.74-93., 2002.
236
Petit P., « Les entreprises dans l’après « nouvelle économie », Cahiers français, n°309, juillet-août, p.55-60.,
2002.
237
Schumpeter J.-A., Capitalisme, socialisme et démocratie, Payot, Paris, 1984.

136
 mise en place d’une nouvelle organisation

L’innovation apparait alors comme un élément déclencheur d’une série de cycles de


prospérité et de dépression permettant le passage d’un équilibre walrasien à un autre, équilibre
différent chaque fois et s’inscrive dans une dynamique de croissance. Ces raisonnements ont
permis, d’ailleurs à Schumpeter d’expliquer des cycles long tel le cycle de Juglar.

Les travaux de Schumpeter ont connu un renouveau avec Rosenberg et Frischtak238 qui
ont poussé l’analyse de la corrélation entre innovation et les cycles longs. Les représentations
de ce mouvement néo-Schumpétérien, affirment que l’innovation a des incidents en amont et
en aval de l’industrie : en mont d’abord, car toute nouvelle innovation implique une nouvelle
décision d’investissement dans le secteur du bien de production, ce qui ne tardera pas à
déclencher une nouvelle vague d’innovation.

L’innovation a ensuite une incidence en aval sur l’industrie du fait qu’elle entraine une
baisse des prix ce qui engendre un élargissement du marché, un accroissement des
investissements et un progrès considérable dans l’industrie concernée.

b) Innovation et connaissance

Les concepts connaissance et innovation sont intiment liés, selon Dominique Foray239
« la formation d’activités intensive en connaissance dans tel ou tel secteur ne doit rien au
hasard, elle est essentiellement dictée par les impératifs de l’innovation ». De leur part, pour
Penrose240 et Drucker241, l’innovation n’étant autre que la création et la mise en application de
nouvelles connaissances pour les rendre productives.

238
Rosenberg N., Frischtak C., « Technological innovation and long wawes », Cambridge Journal of Economies,
vol. VIII, pp. 7-24, 1984.
239
Foray D., L’économie de la connaissance, La Découverte, Repères, n° 302, Paris, 2000.
240
Penrose E., The Theory of the Growth of the Firm, Oxford, Basil Backwell, 1959.
241
Drucker P., Au-delà du capitalisme. La métamorphose de cette fin de siècle, Paris, Dunod, 1994. (Ed.
originale : Post Capitalism Society, 1993).

137
Néanmoins Nonaka et Takeuchi242 affirment que pour « comprendre comment les
organisations créent de nouveaux produits, de nouvelles méthodes et de nouvelles formes
organisationnelles est important. Mais il est encore un besoin plus fondamental qui consiste à
comprendre comment les organisations créent les nouvelles connaissances qui rendent ces
créations possible ».

c) Typologie des innovations

Les travaux de Winter243 sont à l’origine de l’intégration des cartographies des


connaissances en domaine stratégique, dont il a identifié les différents états de connaissance en
examinant leurs implications pour la stratégie de l’innovation. Dans son fameux diagramme de
dimensions de la connaissance, Winter présente dans les premières lignes la connaissance
tacite244, d’autre connaissance qui sont difficilement transmissibles est appropriables par les
processus de démonstration, d’apprentissage et d’expérimentation progressive.

242
Nonaka I. et Takeuchi H La connaissance créatrice, traduction de la première version américaine, De Boeck université, Paris Bruxelles, 1997.
243
Winter M., Définition de projet : une approche à partir de Soft System Methodology, in Projectique, à la
recherche du sens perdu, Economica, Paris, 1996.
244
Polanyi, M., “Personnel knowledge: Towards a Post-Critical Philosophy”, University of Chicago Press,
Chicago, 1958.
.

138
Figure 4: les dimensions taxonomiques de la connaissance (Winter, 1987)

Les autres éléments présentés par Winter se réfèrent au contrôle des innovations, de sa
part il considère que les innovations de processus reposent essentiellement sur la connaissance
peu articulées, souvent tacites, et non faciles à copier. A la gauche du diagramme on constate
l’indice de la grande difficulté de transmission des connaissances ou les appropriées, du côté
droit du diagramme la transmission des connaissances est de plus en plus facile.

Dans le même sillage, Henderson et Clarck (1990) ont élaboré une classification des
innovations en catégories tout en remettant en cause la typologie classique des innovations
(radicale/incrémentale). L’innovation présente alors une grappe de connaissances rassemblées
dans une configuration, de ce fait, une telle gouvernance de cette innovation nécessite alors une
maitrise et une utilisation des connaissances, ainsi de la façon de leurs collectes « architecture
d’une innovation »245. De ce fait, Henderson et Clarck identifient quatre types d’innovations
présentées par le schéma suivant :

245
Henderson,R.M.et Clarck, K.B., “Architectural Innovation :The reconfiguration of existing product
technologies and failure of established firms”, Administrative science Quartely,vol.35, p. 9-30, 1990.

139
Figure 5: Nature de l’innovation et dimension de la connaissance (Henderson et Clarck)246

C Concepts fondamentaux pour l’innovation


connaissance (concepts et
les ensembles de la
interaction entre

composante) Renforcé Inversé


Inchangé Innovation Innovation
incrémentale Modulaire

Innovation Innovation
changé architecturale radicale

Les ambigüités et le manque de consensus qui règne dans la littérature consacré à de


l’innovation ont été dénoncé par les auteurs de ce domaine. En effet, la définition ou bien la
catégorisation de l’innovation en se basant sur une taxonomie de la connaissance permet alors
d’assimiler d’un côté, la nature et les dimensions des composantes de l’innovation, d’un autre
côté, les liens qui existent entre la connaissance et l’innovation.

IV.3.2 Recherche et développement

Les dépenses de recherche constituent un grand débat dans les travaux sur
l’investissement immatériel. La recherche et développement peut être considérée comme
« l’ensemble des travaux entrepris systématiquement dans le but d’accroître la somme de
connaissances scientifiques et techniques dont dispose une organisation humaine donnée ainsi
que l’utilisation des résultats de ces travaux pour amener au stade de l’exploitation des
nouveaux produits, matériaux, dispositifs, systèmes et procédés ».

En effet, trois types d’activités sont réunis sous cet angle247 :

 les travaux de recherche fondamentale : il s’agit des recherches qui concourent à


l’analyse des propriétés, des structures de phénomènes physiques et naturels, en vue

246
Henderson,R.M., Clarck, K.B., “Architectural Innovation :The reconfiguration of existing product
technologies and failure of established firms”, Administrative science Quartely,vol.35, p. 9-30, 1990.
247
Bulletin de la Banque de France – N° 40 – Avril 1997

140
d’organiser en lois générales au moyen de schémas explicatifs et de théories
interprétatives les faits dégagés de cette analyse ;

 la recherche appliquée : elle s’occupe de discerner les applications possibles des


résultats d’une recherche fondamentale, afin de trouver des solutions pour aboutir
l’objectif précisé à l’avance. Aussi bien qu’elle implique la prise en compte des
connaissances existantes et leur extension pour résoudre des problèmes particuliers ;

 le développement, dit expérimental, il s’agit de l’ensemble des travaux systématiques,


fondés sur des connaissances obtenues par la recherche ou l’expérience pratique,
effectués en vue de la production de matériaux, systèmes ou services nouveaux ou en
vue de leur amélioration substantielle.

141
Conclusion du deuxième chapitre

L’objectif de ce chapitre était de présenter et d’analyser le concept de l’économie de la


connaissance afin de clarifier cette nouvelle tendance de l’économie et pouvoir situer notre
recherche par rapport au corps de la littérature disponible sur le sujet.

Ainsi, nous avons pu rendre compte de la diversité des termes et définitions utilisés dans la
littérature. Cette diversité ne nous a pas empêchés de relever des dimensions théoriques
présentées dans ces définitions. Les tendances relevées se réfèrent aux changements qu’a connu
l’économie depuis les années quatre-vingt et les mutations du capitalisme dans le but de réaliser
un développement.

L’analyse des piliers de l’économie de la connaissance nous a permis de remarquer le lien qui
existe entre cette économie et les indicateurs de développement telle que la révolution des
technologies de l’information et de la communication, l’amélioration de l’éducation pour les
pays en développement, l’investissement en recherche et développement et promouvoir
l’innovation. Une confrontation des deux concepts (l’économie de la connaissance et le
développement) a été alors réalisée dans le but de mettre en évidence le lien et les intersections
qui peuvent engendrer une relation causale entre ces deux concepts. L’économie de la
connaissance, à la différence du développement qui demeure une fin en soi, peut être perçue
comme un issue ou une vision aboutissant à un stade de développement, chose que nous allons
essayer de vérifier dans notre partie empirique, en dressant un état des lieux de la situation
économique de la région de l’Afrique du nord et sa réceptivité des stratégies d’insertion à
l’économie de la connaissance.

142
Chapitre III : Problématique
de la connaissance en
Afrique du Nord

143
Introduction du troisième chapitre

Les années soixante-dix ont étés marqués par des changements profond au niveau économique,
politique et social, chose qui est expliquée par le fait que les modèles, les théories et les
programmes de développement appliqués sur l’Afrique n’ont pas aboutis aux résultats attendus.
En effet, dépasser le sous-développement à toujours rester le premier souci des dirigeants
africains.

Dans le but de lutter pour la libération nationale les pays africains ont été presque forcés à suivre
une des deux grandes idéologies du monde : le libéralisme ou le socialisme. Cette période qui
marqué par l’indépendance de plusieurs pays africains (1960-1970), a été plutôt une source de
confiance pour ces pays d’arriver au développement, mais au contraire des espérances ces pays
ont vécus une crise soutenue depuis des années quatre-vingt, et ce par leurs classements parmi
les pays les moins avancés au monde (31pays sur 46). A ce constat, on peut dire qu’en
s’inspirant des politiques libérales ou socialistes le continent africain à persister en crise sur
tous les niveaux.

Les conditions socio-économiques de l’Asie pacifique des années 1960, ont été les mêmes que
celles de l’Afrique des années 1990. Mais l’Afrique malgré ses ressources, elle n’a pas su suivre
le modèle asiatique et suivre ses pats vers le développement. En effet, des nouveaux modes de
régulation s’imposent et de ce fait le continent et dans l’obligation de repenser ses stratégies du
développement et suivre la tendance tout en s’opérant dans la sphère de l’économie de la
connaissance.

Dans ce chapitre nous allons essayer de dresser un état des lieux de la situation économique de
la région nord-africain afin de situer les deux pays comparés par notre thèse, dans leurs contexte,
et ce par deux sections. Dans la première section nous allons traiter la situation actuelle de
l’économie nord-africaine et dans une deuxième section on s’arrêtera sur le positionnement des
pays nord africains par rapport à l’économie de la connaissance.

144
Section I : L’économie Nord-africaine face aux stratégies du
développement

Afin d’avoir une vision claire sur l’économie nord-africaine nous allons essayer d’étudier dans
cette section la situation macroéconomique des pays de l’Afrique du nord, notamment leurs
taux de croissance, les mesures entreprises pour réaliser un développement humain ainsi que
l’ouverture du marché nord-africain.

I- Spécificités de l’économie Nord-africaine

L’économie nord-africaine continue à subir les répercussions négatives des évènements


politiques qu’a connus la région ces dernières années, notamment les révolutions en Tunisie,
Egypte et Libye, en plus des contrecoups de la crise de l’Europe qui ont influencé les relations
commerciales. Nonobstant, 1.9% comme taux de croissance moyen en 2013 pour la région
nord-africaine, demeures un résultat de la baisse du produit intérieur brut (PIB) de la Libye. En
effet, au cas de la non comptabilisation de la croissance négative de la Libye, le taux croissance
moyen de la région s’élèvera à 3,8% qui équivaut presque le taux moyen du continent (4 %) au
moment où le taux mondial n’est que 3%. Cette hausse du taux moyen s’explique par les chiffres
réalisés par les pays de l’Afrique du Nord, notamment le Maroc avec un taux de croissance
de 4,5%, l’Algérie 3% et la Mauritanie estimé à 6,8% par contre l’Egypte ne dépasse pas
beaucoup les 2% comme le cas de la Tunisie enregistrant un taux de 2,6% en recul par rapport
aux exercices précédents. Toutefois, la Libye a marqué un constat d’échecs dans la région avec
un recul du PIB qui s’élève à 12,1% en 2013 et qui est le résultat des perturbations confrontées
après la reprise de la production des exportations d’hydrocarbure.

Les pays de la région on subit une pression inflationniste et c’est dû à la stabilisation des prix
de l’énergie et la baisse des prix des alimentations. Le Maroc à 1,9%, la Mauritanie à 4.1% et
l’Algérie 3.3% comme taux d’inflation en raison de leurs politiques monétaires prudentes, Hors
que les pressions inflationnistes restent élevées en Égypte et en Tunisie et devraient s’accentuer
en Libye248.

248
BAD, perspective de l’Afrique du Nord 2014

145
Les pays de l’Afrique du Nord ont connus une dégradation en termes de positions budgétaires
due à une baisse de recettes et d’une augmentation des dépenses contracycliques.

Des mesures rectificatives sont engagées, cependant la situation économique et sociale à


toujours rester en dégradation, tout en maintenant la pression sur les finances publiques, chose
qui n’a pas permis de réduire le déficit budgétaire qui s’est élevé selon les publications de la
BAD à 13.7 % en Égypte, 9.3 % en Libye et 6.2 % en Tunisie. En Algérie, la prudence
budgétaire a permis de ramener le déficit budgétaire à 0.2 % alors qu’il a atteint 5.3 % au Maroc.
Le déficit budgétaire mauritanien évalué à 3.7 % reste soutenable.

Devant cette situation, les pays nord-africain sont dans l’obligation de revoir leurs systèmes de
compensation, notamment au niveau de l’énergie et des produits de base, aussi bien que
l’alignement avec les prix mondiaux qui constitue un défi pour ces pays.

Le chômage constitue une des premières préoccupations de l’Afrique du Nord, notamment le


chômage des femmes et des jeunes diplômés. En effet, afin de résoudre ce problème et ce par
la création des conditions économiques appropriées pour l’intégration de cette jeunesse au
marché d’emplois, tout en créant une synergie entre les compétences de ces jeunes et les besoins
du marché.

Les perspectives pour 2014 ont été incertaines et différenciées selon les pays mais une
accélération de la croissance globale a été attendue en 2014 et 2015, sous réserve d’un retour
progressif de la stabilité politique et sécuritaire dans les pays du Printemps arabe et d’une
amélioration de la situation économique en Europe.

146
Tableau 6 : Indicateurs macroéconomiques de l’Afrique du Nord

Taux de croissance du BIP, en 2005- 2010 2011 2012 2013 2014 2015
volume (%) 09
Afrique du Nord 4 ,9 4,3 0,3 9,4 1,9 3,1 5,5
Algérie 3,0 3,6 2,8 3,3 3,0 4,3 4,2
Egypte 6 ,1 4,8 1,8 2,2 2,1 2,1 3,6
Libye 3,9 6,1 -52,5 104,4 -12,1 43 22,4
Maroc 4,7 3,6 5,0 2,7 4,7 3,2 4,6
Maurétanie 4,0 4,7 3,3 7,0 6,8 6,9 7,3
Tunisie 4,7 2,9 -1,9 3,7 26 33 4,6
Afrique 5,3 5,0 33 6,4 39 4,8 5,7
Prix à la consommation 2005- 2010 2011 2012 2013(e) 2014(d) 2015(d)
(inflation en %) 09
Afrique du Nord 6,4 6,9 7,7 7,1 5,0 7,6 6,3
Algérie 3,6 3,9 4,5 8,9 3,3 42 4,0
Egypte 10,4 11,7 11,8 8,5 6,9 11,5 9,0
Libye 4,6 24 15,9 6,1 3,7 7,5 5 ,4
Maroc 22 1,0 0,9 1,3 1,9 2,7 3,0
Maurétanie 7,0 6,3 5,7 4,9 4,1 5,0 5,8
Tunisie 3,6 4,4 3,5 5,6 6,0 5,5 4,9
Afrique 8,0 7,3 9,1 8,9 6,7 72 6,4
Solde budgétaire total dont 2015- 2010 2011 2012 2013 2014 2015
compris (%PIB) 09
Afrique du Nord -3,2 -3,1 -6,3 - 6,0 -7,3 -8,2 -5,8
Algérie 6,6 -1,5 -1,2 -4,8 -0,2 -2,1 -2,6
Egypte -7,7 -8 ,1 -10,0 -10,6 -13,7 -13,1 0,4
Libye 27,2 7,4 -13,0 13,8 -9,3 -13,2 0,4
Maroc -23 -4,4 -7,1 -8,7 -5,3 -5,5 -4,9
Maurétanie 0,1 -3 ,3 -3,5 0,8 -3,7 -2,1 -4,8
Tunisie -1,8 -0 ,9 -3,4 -4,8 -6,2 -6,4 -4,3
Afrique 1,0 -2,6 -3,0 -2,9 -3,9 -4,5 -4,0
Solde de la balance extérieure 2005- 2010 2011 2012 2013(e) 2014(d) 2015(d)
courante dons compris 09
(%PIB)
147
Afrique du Nord 10,7 2,9 0,5 1,6 -2,0 -2,2 -0,8
Algérie 17,8 7,5 8,9 5,9 1,2 0,3 0,4
Egypte 1,0 -20 -2,6 -4,0 -21 -1,1 -1,8
Libye 37,6 19,4 7,8 25,5 20 -0,5 9,8
Maroc -1,3 -4,1 -8,1 -10,1 -7,2 -7,8 -7,3
Maurétanie -17,0 -9,2 -7,6 -33,4 -32,8 -27,1 -26,7
Tunisie -2,3 -4,7 -7,4 -8,2 -8,2 -7,4 -6,4
Afrique 5,8 0,1 -0,7 -1,7 -2,7 -2,5 -2,2
Solde de la balance 2005- 2010 2011 2012 2013(e) 2014(d) 2015(d)
commerciale (%PIB) 09
Afrique du Nord 5,5 -0,9 -2,8 -0,8 -4,1 -5,2 -4,5
Algérie 21,9 11,2 13,0 9,8 8,6 6,1 3,5
Egypte -12,5 -11,7 -11,7 -13,2 -12,9 -12,0 -11,5
Libye 43,0 29,0 19,3 37,9 16,9 11,1 19,7
Maroc -17,4 -19,4 -19,7 -21,1 -19,3 -19,8 -20,7
Maurétanie -8,2 3,8 6,9 -13,6 -16,0 -9,7 -10,6
Tunisie -8,3 -10,4 -10,5 -13,5 -15,3 -15,6 -16,1
Afrique 5,3 2,7 2,9 1,8 0,7 0,0 -0,2

148
II- Le développement humain et contexte social dans les pays
de l’Afrique du Nord

II.1 L’Algérie

II.1.1 Développement des ressources humaines

La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été


confirmés par L’Algérie dont le classement est au 93e rang sur 181 pays en 2012, avec une
valeur de l’indice de 0.710 par rapport à 0.713 en 2011, Selon l’Indice de développement
humain 2013. En 2013, le PIB par habitant est estimé à 5 503 USD. Les défis majeurs pour le
pays restent l’accès au logement et le chômage (9.8 % en 2013).
Les couvertures de santé sont financées à 80 % par l’État ce qui résulte que le budget de
la santé est passé de 4 % du PIB en 1970 à 5 % en 2012. Pendant l’année scolaire 2013/14, 9
nouveaux centres hospitaliers universitaires (CHU) sont programmés en plus des 13 CHU
existants. Selon l’ONS, le nombre de médecins pour 1 000 habitants était de 1.24 et le taux
moyen de mortalité de 4.53 pour mille, En 2012. Et en 2013, l’espérance de vie à la naissance
a atteint 76.4 ans globalement, et 77.1 pour les femmes. La mortalité maternelle était de 97 pour
cent mille habitants, et le taux de mortalité infanto-juvénile (moins de cinq ans) de 28.8 pour
mille et la prévalence de la malnutrition des enfants (moins de cinq ans) de 3.7 % en 2011.
La stratégie nationale d’alphabétisation adoptée en 2013 a permis de baisser le taux
d’analphabétisme auprès des dix et plus à 18 %, contre 22 % en 2008 et 85 % en 1962, avec un
objectif d’éradication totale à l’horizon 2016. La formation et l’éducation jouent également un
rôle important dans le développement humain. L’enseignement est obligatoire pour les enfants
âgés de 6 à 15 ans.
Les effectifs des enseignements primaire, moyen et secondaire, de 8.5 millions en
2013/14, ont cru de 3.95 % par rapport à 2012/13. L’enseignement supérieur a accueilli 1.5
millions d’étudiants, en 2013/14, contre 1.3 million en 2012/13. L’enseignement supérieur a
connu une progression remarquable, mesurée par 1.9 millions de diplômés en 2012/13 contre
63 en 1964/65. Afin de prévenir et de lutter contre les grandes endémies, des politiques visent
à améliorer l’accès aux logements sociaux, la formation et l’encadrement des personnels de
santé, la prise en charge financière de la santé des populations les plus démunies ainsi que la
disponibilité des médicaments, pour permettre le traitement de la tuberculose, du VIH/sida et

149
d’autres pathologies. Le paludisme ayant été éradiqué dans les années 50, les cas recensés
seraient ceux de personnes arrivant de zones infectées étrangères (300 cas de paludisme en
moyenne entre 2005 et 2012). Cependant des zones infectées semblent être apparues récemment
au sud du pays, et la résurgence de cette maladie est sérieusement prise en charge par les
services concernés. Il convient de noter par ailleurs que les efforts menés dans la lutte contre le
VIH/sida ont contribué à limiter son taux de prévalence à 0.1 % pour les 15-49 ans.

II.1.2 Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail


La construction des programmes relatifs aux filets sociaux sont centrés autour de la
nécessité de prendre en charge le chômage, en particulier des jeunes et des femmes, et les
personnes en situation de précarité (personnes âgées, femmes sans foyer, handicapés, etc.). les
dépenses sociales budgétisées étaient de 28.3 milliards USD. Le nombre de bénéficiaires a
doublé entre 2000 et 2012, passant de 547 000 à 1 090 000, soit une progression moyenne de
près de 6 % par an. En 2012,
Quant aux subventions indirectes, elles sont de l’ordre de 26.6 milliards USD, soit un
total de 54.9 milliards USD, ce qui représente un peu plus de 30 % du PIB.
Toutes les subventions sont destinées à assurer la protection des ménages à faibles
revenus. Ces dépenses sociales sont consacrées à hauteur de 25 % aux produits alimentaires de
base, de 29 % à la santé, à l’éducation et aux transports, et de 46 % aux logements et aux prêts
bonifiés qui y sont associés. Les subventions indirectes permettent de soutenir les prix de l’eau
potable (16 %), de l’électricité (13 %), du gaz (31 %) et des produits pétroliers (40 %).
Cependant, en l’absence d’un ciblage des démunis et des couches vulnérables, les dépenses
sociales profiteraient davantage aux ménages aisés. En outre, l’impact sur le chômage,
notamment des jeunes, reste faible en dépit des dispositifs de soutien à l’emploi pour cette
catégorie de la population. Le taux de chômage n’a ainsi pas varié de la plage des 10 % depuis
plus de trois ans.
Les dispositions relatives à la protection du pouvoir d’achat, prises en 2011 et 2012, ont
été maintenues en 2013. Celles-ci concernent le gel des prix de l’électricité, de l’eau et des
carburants. Ce soutien au pouvoir d’achat est aussi mis en œuvre au travers d’exonérations
d’impôts et taxes sur les bénéfices pour les activités des secteurs touchant des produits de
première nécessité et de grande consommation, tels que les huiles alimentaires et le sucre.
L’Algérie a connu d’importantes mutations du marché de l’emploi, au cours des
dernières années, avec notamment l’arrivée chaque année sur ce marché d’un nombre important
de jeunes ainsi que l’essor de l’activité chez les femmes. Cette situation indique la nécessité :

150
i) de réduire le chômage (passé de 30 % en 2000 à 9.8 % en 2013) ; ii) de lutter contre le
développement du secteur informel ; et iii) et de prendre en compte l’apparition de nouvelles
formes d’emploi (l’emploi à durée déterminée devient de plus en plus la règle dans le secteur
privé), la saturation des emplois proposés par la Fonction publique, les départs à la retraite
difficiles dans le secteur public, etc.
Face à cette situation, le pays a développé et mis en place des politiques d’intervention
sur le marché du travail, avec le Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) des
demandeurs d’un premier emploi, des diplômés des universités et de la formation
professionnelle, mais aussi au travers de dispositifs de mise en œuvre, notamment les agences
de l’ANEM (Agence nationale de l’emploi), la CNAC (Caisse nationale d’assurance chômage)
et l’ANSEJ (Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes). Ces politiques consistent
principalement en des programmes actifs (filet social), sous la forme d’activités subventionnées
(Indemnité pour activité d’intérêt général - IAIG) ou d’actions de formation professionnelle
non résidentielle, mais aussi via des mesures passives d’aide aux licenciés économiques, aux
chômeurs et aux personnes assistées, telle que l’allocation forfaitaire de solidarité (personnes
âgées, handicapés, etc.).

II.1.3 Égalité hommes-femmes

Le rapport des taux de scolarisation bruts entre filles et garçons en Algérie indique que
l’’indice de parité entre les sexes () est de 0.93. Dans les domaines de l’éducation et de la
formation, le degré d’alphabétisation chez les femmes entre 15 et 24 ans avoisine les 100 % en
2013, contre 62.2 % en 1987. En 2012, des résultats concrets ont donc été obtenus. Le pays a
poursuivi ses efforts en 2012 et 2013, au travers d’allocations budgétaires significatives
destinées à tous les niveaux du système éducatif et de formation, dont les jeunes Algériennes
bénéficient. La proportion des filles inscrites dans l’enseignement secondaire a dépassé celle
des garçons scolarisés (58.3 %), le taux d’inscription des étudiantes au supérieur s’est accru (60
%) et plus de deux diplômés sur trois sont des femmes.
L’insertion des femmes au niveau professionnel, sont présentes dans tous les corps de
métiers en 2013. Elles représentent plus de 60 % des nouveaux diplômés de l’université, des
enseignants, du personnel de santé ou des journalistes ainsi que 40 % des magistrats.
Cependant, au niveau de l’évolution des carrières et de l’insertion des femmes dans le
monde du travail, des progrès restent à faire pour satisfaire leurs aspirations, en termes
d’évolution professionnelle et d’égalité des chances et, entre autres, pour l’accès aux postes
151
décisionnels. Ainsi, des politiques intégrant la dimension du genre sont mises en œuvre.
L’exemple le plus éloquent est la loi sur l’élargissement de la représentation de la femme à 30
% dans les assemblées élues.

II.2 L’Égypte

II.2.1 Développement des ressources humaines

Les phénomènes sociaux et politiques qui stigmatisent le pays depuis la révolution de


janvier 2011 menacent de réduire à néant les progrès réalisés au cours de la dernière décennie
sur la voie des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L’Égypte a chuté de 13
places dans le classement GCR de 2012 (94e sur 148 pays) en raison de la réduction des effectifs
dans les secteurs de l’éducation et de la santé. le pays s’est classée 100e sur 148 pays dans la
catégorie santé et enseignement primaire du GCR.
Le système éducatif en Egypte ne s’aligne pas sur les besoins des entreprises selon le
GCR. L’Égypte occupe la 58e place sur 148 pays en matière d’enseignement primaire, et, si
l’on considère la qualité de l’enseignement primaire, l’Égypte se classe à la dernière place, au
148e rang. Le pays doit régler ce problème majeur s’il veut améliorer sa compétitivité et
renforcer son intégration aux chaînes de valeur mondiales. Malgré ces problèmes, le taux de
scolarisation dans le primaire est élevé (environ 95.6 %) et équilibré entre les garçons et les
filles, et l’analphabétisme est en recul.
L’Égypte a d’ores et déjà atteint l’OMD en matière de mortalité infantile. Même si, selon
le GCR, les taux de prévalence du VIH/sida sont bas (0.1 % de la population adulte), le pays
est confronté à une épidémie alarmante d’hépatites. Selon le Plan-cadre des Nations Unies pour
l’aide au développement en Égypte (2013-17), les hépatites B et C présentent des risques
majeurs pour la santé, et constituent l’une des principales causes de morbidité et de mortalité
dans l’ensemble du pays.
Les articles 17, 18 et 238 de la nouvelle Constitution garantissent l’accès aux services
de santé et à l’éducation pour tous les Égyptiens. L’article 18 impose à l’État de fournir une
éducation gratuite et de bonne qualité dans les écoles publiques, et fixe un seuil minimal de 4
% du PIB pour les dépenses publiques d’éducation, tandis que l’article 17 garantit à chaque
citoyen le droit d’accéder à des services de santé et fixe un seuil minimal de 3 % du PIB pour
les dépenses publiques de santé. Les dépenses publiques allouées aux services de santé ont

152
augmenté de 19 % dans le budget 2013/2014 pour atteindre 34.1 milliards EGP, tandis que
celles consacrées à l’éducation ont augmenté de 31 % pour atteindre 64 milliards EGP dans le
budget 2012/13. L’État doit encore traduire ces engagements par des actions concrètes et veiller
à ce que la prestation de services publics soit conforme aux normes de qualité, au lieu de
simplement chercher à atteindre des objectifs purement quantitatifs.

II.2.2 Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail

L’édition 2013 de son Rapport sur le développement humain, le PNUD a classé l’Égypte
à la 112e place sur 187 pays en 2012. Une enquête réalisée par l’Agence centrale pour la
mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) indique que la proportion d’Égyptiens
vivant sous le seuil de pauvreté national (fixé à 569 USD par personne et par an) est en hausse
: elle est passée de 25.2 % en 2010/11 à 26.3 % en 2012/13, contre 21.6 % en 2008/09, avant la
révolution. Toutefois, le pourcentage de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (518 USD
par personne et par an) est en recul, de 4.8 % en 2010/11 à 4.4 % en 2012/13. L’enquête de la
CAPMAS indique une nette fracture entre les zones urbaines et rurales, les taux de pauvreté
étant bien plus élevés dans les campagnes, et plus particulièrement dans le sud (Haute-Égypte).
À titre d’exemple, dans les gouvernorats d’Assiout et de Qena, les personnes qui vivent sous le
seuil de pauvreté de 1.5 USD par jour représentent respectivement 60 % et 58 % de la
population. Environ 49 % des Égyptiens vivent dans ces régions particulièrement pauvres. Pour
l’État, le défi consiste à mettre en place des politiques qui créeront de l’emploi et sortiront ainsi
de la pauvreté davantage d’Égyptiens, ainsi qu’à prendre des mesures radicales pour lutter
contre les inégalités de revenus.
L’État met en place un système de subventions alimentaires et énergétiques, pour lutter
contre la pauvreté, mais celui-ci est mal ciblé. Le coût de ces subventions s’est élevé à 170.8
milliards EGP (24 milliards USD) pour l’exercice 2012/13, 70.2 % de ce montant allant aux
produits énergétiques. Les dépenses consacrées au système de protection sociale pèsent
lourdement sur le budget de l’État, puisqu’elles représentent 75.8 % des dépenses du budget
2012/13. Durant la phase de transition actuelle, il sera difficile de réformer ces subventions, qui
protègent de la pauvreté plus de 8 millions d’Égyptiens. Afin de préparer le terrain pour de
futures réformes, l’État a lancé en 2013 un système de carte à puce qui automatisera la
distribution des carburants dans tout le pays, contribuera à lutter contre la corruption qui touche
les réseaux de distribution des carburants et permettra à l’État de constituer une base de données
unique des utilisateurs de carburants qui pourrait servir à améliorer le ciblage des bénéficiaires.
153
Selon le GCR 2013-14, l’Égypte se classe 146e sur 148 pays en matière d’efficacité du
marché du travail. Cette mauvaise performance reflète la multiplication des grèves dans le pays.
D’autres préoccupations existent au niveau des coûts de licenciement élevés et de la faible
productivité des travailleurs. Selon la CAPMAS, le taux de chômage annuel de l’Égypte s’est
établi à 13.4 % au troisième trimestre 2013, contre 8.9 % sur la même période en 2010. Environ
20.9 % des 25-29 ans étaient alors au chômage, et 39.3 % des 20-24 ans. Pour l’État, le défi
consiste donc à créer des conditions plus favorables qui amélioreraient les possibilités d’emploi
pour sa jeunesse instruite, dont l’entrée sur le marché du travail a été retardée par la dégradation
de la conjoncture économique, selon l’Enquête sur le marché du travail égyptien (2012).

II.2.3 Égalité hommes-femmes

L’édition 2013 du Rapport sur le développement humain du PNUD a mis en lumière les
problèmes d’égalité hommes-femmes auxquels l’Égypte est confrontée sur le plan de
l’émancipation économique, de l’éducation et de la santé génésique. Globalement, l’Indice
d’inégalités de genre (Gender Inequality Index - GII) de ce rapport a classé l’Égypte 126e sur
148 pays en 2012. Concernant la participation politique, les femmes n’ont obtenu que 2.2 %
des sièges lors des dernières élections législatives.
Selon le GII, 43.4 % des femmes adultes ont achevé des études secondaires ou
supérieures, contre 59.3 % des hommes. Le plus grand écart entre les hommes et les femmes se
situe néanmoins sur le plan de la participation au marché du travail : seuls 23.7 % des femmes
sont actives, contre un taux d’activité de 74.3 % pour les hommes. Dans le secteur privé, les
salaires bas et les longues heures de travail ont un effet dissuasif sur les femmes qui cherchent
un emploi dans le secteur formel. En termes de santé génésique, le GII rapporte un taux de
fécondité des adolescentes (nombre de naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans) de
40.6, tandis que pour 100 000 naissances vivantes, 66 femmes meurent en couches. Le
harcèlement sexuel et les agressions de femmes constituent également des problèmes majeurs.
Afin d’accroître les opportunités offertes aux femmes, l’article 11 de la nouvelle
Constitution exige la réalisation de l’égalité hommes-femmes, notamment en termes de
représentation équitable des femmes au sein du Parlement et des conseils municipaux. Les
islamistes s’opposent à cet article.

154
II.3 La Libye
II.3.1 Développement des ressources humaines

Dans l’édition 2012 des Indicateurs du développement humain (IDH) publiés par les
Nations Unies, dans la catégorie « développement humain élevé », la Libye se classe 64e sur
187 pays. Un classement que la Libye partage avec la Malaisie et la Serbie. Entre les années
1980 et 2012, l’espérance de vie à la naissance en Libye a progressé de 14.9 ans, la durée de
scolarisation moyenne de 5.1 ans et la durée de scolarisation escomptée de 3.6 ans. Les IDH de
la Libye pour 2012 ont dépassé la moyenne des pays à développement humain élevé et celle
des États arabes, la Jordanie et la Tunisie partageant des notes similaires à celles de la Libye.
Le développement humain souffre de l’absence systématique de planification
stratégique à long terme, en dépit d’IDH sains, souvent à mettre au crédit des généreux
programmes de dépenses et d’aides sociales du pays. La Libye consacre 3.3 % de son PIB aux
dépenses de santé. Cependant, en l’absence de stratégie globale et durable dans ce domaine, les
dépenses de santé sont souvent mal ciblées et incohérentes. En juin 2013, tout en admettant que
les effets sur le système de santé soient peu visibles, le ministère de la Santé a annoncé avoir
dépensé plus de 100 millions LYD (80 millions USD), cet argent ayant servi à financer des
ascenseurs, des climatiseurs et des logements pour le personnel médical. Le système de santé
se heurte au manque criant de structures de soins de santé primaires, comme des centres
médicaux de proximité et des hôpitaux de district. La Libye en compte à peine 1 500 pour 6.5
millions d’habitants. Cette pénurie suggère que la Libye est dans l’impossibilité de faire face à
la demande croissante qui a suivi la révolution. En outre, avant la révolution, de nombreux
professionnels de santé étaient étrangers et la plupart ont depuis quitté la Libye sans y revenir.
Des dizaines de milliers de Libyens continuent d’être soignés à l’étranger, ce qui coûte au
gouvernement des millions de dollars par jour. Le ministère de la Santé est en pleine réforme
institutionnelle. L’instauration de comptes nationaux de santé et le renforcement des capacités
institutionnelles visant à améliorer la transparence et la prestation des services figurent en tête
de ce programme de réformes. Pour le mener à bien, le ministère sollicite l’aide et l’expérience
de la communauté internationale, mais sa mise en œuvre est toutefois ralentie par la crise
politique qui continue d’affecter les institutions publiques. Si la Libye peut se réjouir d’un
niveau d’alphabétisation des adultes parmi les plus élevés de la région, à 84 %, la piètre qualité
du système éducatif et son inadéquation aux besoins du marché du travail viennent toutefois
assombrir le tableau. D’après les IDH 2013, 55.6 % des femmes adultes atteignent

155
l’enseignement secondaire ou supérieur, contre 44.0 % des hommes de la même tranche d’âge.
La durée de scolarisation attendue1 en Libye est de 16.6 ans, bien au-delà de la moyenne dans
les États arabes. En revanche, les services éducatifs restent de piètre qualité. Selon l’Indice de
compétitivité mondiale 2013-14, la Libye se classe bonne dernière (148e sur 148 pays) pour la
qualité de son système éducatif et la disponibilité des services de recherche et de formation.
Pilier du développement libyen, l’éducation et la formation sont notamment déterminantes pour
endiguer le chômage en ouvrant aux jeunes des perspectives de perfectionnement et d’avenir.

II.3.2. Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail

Le gouvernement a annoncé sa volonté de supprimer les subventions aux carburants


d’ici à 2016. Le budget en 2013 prévoyait des conditions pour la suppression des subventions
et l’instauration de nouveaux numéros nationaux d’identité. Cette dernière décision a été prise
au lendemain de la révolution dans le but de déterminer la taille exacte et les caractéristiques
socioéconomiques de la population libyenne. La première des neuf conditions que le CGN a
incorporées au budget 2013 imposait effectivement au gouvernement d’activer ce nouveau
numéro national d’identité. La deuxième était que le gouvernement présente un programme
détaillé de remplacement des subventions aux produits par des transferts d’espèces. Les
subventions aux denrées alimentaires, aux carburants et à l’électricité, qui mobilisaient près de
16 % (10.6 milliards LYD) du budget 2013, s’avèreraient particulièrement contre-productives
et alimenteraient le trafic de carburant sans bénéficier aux populations le plus dans le besoin.
Ces subventions doivent être remplacées par des transferts d’espèces aux ménages. L’avancée
de ces réformes reste incertaine compte tenu de l’instabilité et du climat politique actuel en
Libye. Le Conseil national des salaires (National Wage Council) a fixé un salaire minimum de
150 LYD par mois. Aucun employé ne peut travailler plus de huit heures par jour au poste qu’il
occupe, hors repas et pauses, et la durée de travail ne peut excéder 48 heures par semaine sur
six jours maximum. En règle générale, les Libyens travaillent du dimanche au jeudi. Toute
heure travaillée en dehors de ces jours ouvre droit au paiement d’heures supplémentaires.
L’augmentation salariale annuelle médiane en 2012 a été de 7.4 %, un peu moins que le taux
d’inflation de 10 % consigné par le FMI. En moyenne, la rémunération se répartit comme suit
: 78 % en salaire de base, 15 % en indemnités en espèces et 7 % en primes variables. Le droit
du travail n’a pas été révisé depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement libyen après la
révolution. La Libye ne compte qu’un seul syndicat auquel les travailleurs peuvent adhérer. Il
s’agit de la National Federation of Unions, établie en 1972. Il est interdit aux travailleurs
156
étrangers de constituer des syndicats. Face à la règlementation du travail et à l’incapacité du
marché de l’emploi de créer assez d’emplois dans le secteur formel, l’emploi informel s’est
considérablement développé en Libye. Le secteur informel englobe à la fois l’emploi et la
production qui échappent aux réglementations officielles, au droit du travail et à l’impôt. Si sa
taille est incertaine, le secteur informel libyen est certainement considérable. Il représenterait
entre 40 et 60 % de l’emploi total, avec près de 1.6 million de travailleurs. Bien qu’il n’existe
aucune statistique détaillée ou fiable sur cette économie souterraine, les hauts fonctionnaires
estiment que 1.2 à 1.6 million de personnes supplémentaires sont employées de manière
informelle essentiellement dans l’agriculture, la construction et le commerce de détail. Le fort
taux de chômage dans le secteur formel de l’économie et ses répercussions sur la pauvreté ont
jusqu’ici été atténués par le programme d’aide généreux mais non ciblé du gouvernement.

II.3.3.Égalité hommes-femmes

L’égalité entre hommes et femmes en Libye reste paradoxale. Si le pays a effectivement


progressé dans la réduction des inégalités sur le front de l’éducation et de la santé, ces
investissements dans le développement humain ne se traduisent toujours pas par une hausse du
taux de participation des femmes dans la vie économique et politique. Bien que 55.6 % des
femmes de plus de 25 ans aient suivi un enseignement secondaire, le taux d’activité des jeunes
femmes (15 ans et plus) est de 25 %, contre 79 % pour les hommes. D’après l’ICM 2013-14, la
Libye se classe 132e sur 148 pays sur la participation des femmes à la population active.
L’engagement civique des Libyennes reste limité à la fois en termes absolus et par rapport aux
hommes. La Libye se classe 36e sur 148 dans l’Indice des inégalités de genre 2012 (Rapport
sur le développement humain de 2013). Les Libyennes continuent de se heurter à d’importantes
restrictions en matière de mobilité, sont gravement discriminées à l’embauche, subissent
l’inégalité devant la loi, sont moins présentes que les hommes dans la vie politique et publique,
et sont globalement exclues de la prise de décision. La récente transition politique en Libye
montre que les femmes et les hommes de moins de 30 ans, soit 60 % de la population, aspirent
à de nouveaux projets d’avenir. De nombreuses Libyennes ont joué un rôle déterminant dans le
soulèvement de 2011 qui a conduit au renversement de Mouammar Kadhafi et a contribué à la
transition politique, et comptent des membres dans le nouveau Parlement. En 2012, les femmes
représentaient 16.5 % des membres de la Chambre, 33 ayant été élues pour siéger au CGN. Des
mesures concrètes doivent être prises d’urgence pour garantir le respect des droits des femmes
et la condamnation catégorique de toute forme d’inégalités et de violences sexistes par le droit.
157
Compte tenu de l’importance cruciale d’une constitution dans la défense et la promotion des
droits des femmes, les activistes libyennes militent en priorité pour la représentation des
femmes au sein de l’Assemblée constituante. Elles plaident en particulier pour l’intégration des
femmes dans la commission de rédaction et l’incorporation de dispositions fondamentales
protégeant les droits de la femme.

II.4 Le Maroc

II.4.1 Développement des ressources humaines

Le programme d’urgence mis en œuvre depuis 2009 de l’éducation et de la formation


au Maroc contribue à l’augmentation des taux de scolarisation qui passent entre les périodes
2007-08 et 2012-13 de 91.4 % à 99.6 % pour l’enseignement primaire et de 71.3 % à 85.1 %
pour l’enseignement secondaire collégial. Le nombre de bénéficiaires des programmes
d’alphabétisation est passé de 180 000 en 1998-99 à près de 763 000 en 2012-13. Par ailleurs,
les efforts déployés dans le cadre des programmes d’alphabétisation ont abouti à une réduction
graduelle du taux d’analphabétisme de la population âgée de 10 ans et plus, de 43 % en 2004 à
28 % en 2013. Afin de remplir l’un des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)
de l’ONU et atteindre une réduction de l’analphabétisme à 20 % à l’horizon 2016, le Maroc
doit créer en 2014 une Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme. Pour leur part, les
indicateurs de santé et d’utilisation des services de santé n’ont pas connu l’amélioration qu’on
aurait pu attendre au vu du PIB par habitant du pays. La mortalité infantile au Maroc apparaît
plus élevée que dans un certain nombre de pays affichant un niveau comparable de revenu par
habitant. Le ratio de mortalité maternelle a atteint, en 2013, 112 pour 100 000 naissances
vivantes avec un niveau de recours aux soins prénataux, postnataux et d’accouchement en
milieu médical relativement faible. De plus, de fortes disparités en matière de santé existent
selon les milieux urbain/rural, le genre et le quintile de revenu. Le Maroc ambitionne
d’améliorer l’accès aux services sociaux de base pour toute la population au travers du
développement de filets de protection sociale. Le Régime d’Assistance Médicale (RAMED),
destiné aux plus démunis, et l’extension de la couverture médicale s’inscrivent dans la politique
de réduction de la pauvreté et du développement social du royaume. En 2013, l’accès aux soins
de santé est toutefois resté limité, puisque plus de la moitié de la population (51 %) ne bénéficie
pas d’un système de couverture médicale. Seuls 34 % de la population sont couverts par

158
l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), des régimes internes, mutuelles et entreprises
d’assurance. Quant à la RAMED, environ 15 % de la population étaient couverts par ce régime
fin juillet 2013. La lutte contre la tuberculose a toujours été considérée comme une priorité. La
gratuité des soins assurée pour tous et sur tout le territoire a permis d’obtenir un taux de succès
thérapeutique dépassant 85 %, tandis que le taux de détection s’est établi à 95 %. En 2013, les
efforts se sont poursuivis dans ce domaine et le ministère de la Santé a établi une stratégie
nationale anti tuberculose sur une durée de trois ans afin d’éradiquer cette maladie.

II.4.2. Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail

Le Maroc a enregistré des avancées importantes dans la réduction de la pauvreté et de


la vulnérabilité entre 2001 et 2011. Ainsi, selon les données du Haut-Commissariat au Plan
marocain, la pauvreté absolue est passée de 15.3 % à 6.2 % au niveau national : de 7.6 % à 3.5
% en milieu urbain et de 22 % à 10 % en milieu rural. La vulnérabilité, quant à elle, est passée
de 22.8 % à 13.3 % au niveau national : de 16.6 % à 9.4 % en milieu urbain et de 30.5 % à 18.7
% en milieu rural. De même, les dépenses publiques sont de plus en plus conformes aux
priorités de réduction de la pauvreté.
La dynamique créée par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH),
qui prévoit la réalisation de plusieurs projets sur la période 2005-11 au profit de personnes en
situation de précarité, a permis des progrès notables pour améliorer les conditions de vie des
populations et dans la réalisation des OMD. Ainsi, les avancées réalisées au niveau de l’OMD
1 (réduire l’extrême pauvreté et la faim) ont permis de dépasser les objectifs prévus pour 2015.
Toutefois, en dépit des efforts déployés, les disparités régionales dans ce domaine demeurent
un défi important pour le gouvernement. En ce sens, la seconde phase du programme INDH,
dotée d’un budget total supérieur à 17 milliards MAD pour la période 2011-15, vise
prioritairement les zones montagneuses et les communes rurales affichant un taux de pauvreté
encore élevé. L’INDH2 finance des activités génératrices de revenus ainsi que l’amélioration
de l’accès aux services de base et aux infrastructures essentielles dans les régions les plus
pauvres du Maroc. Du point de vue de la protection sociale, le Maroc s’est engagé depuis 2011
dans un vaste programme de mise à niveau des différents filets de sécurité sociale. Le dialogue
social engagé entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux marocains a
abouti à une revalorisation des pensions de 600 à 1 000 MAD par mois et une hausse de la
valeur des allocations familiales pour les trois premiers enfants (200 MAD). En 2013, le
renforcement de la protection sociale a également pris la forme de la création de l’Indemnité

159
pour perte d’emploi (IPE) par le conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité
sociale. Du côté des prestations de santé, le régime d’assistance médicale des personnes
économiquement démunies a été généralisé à l’ensemble du Maroc en avril 2012, et l’on
dénombrait environ 5.1 millions de personnes couvertes par la RAMED fin juillet 2013.
D’autres mesures ont porté sur des revalorisations salariales et des promotions exceptionnelles
à l’issue du dialogue social entre le gouvernement marocain et les forces syndicales.

II.4.3 Égalité hommes-femmes

Le Maroc a ratifié les principales conventions relatives aux droits humains et a


harmonisé ses lois avec les instruments internationaux dans ce domaine. En effet, les progrès
du Maroc en termes d’égalité entre les sexes sont indéniables.
Le gouvernement s’est aussi engagé dans plusieurs programmes pour assurer l’égalité
des citoyennes et des citoyens au niveau des droits civils, politiques, économiques, sociaux,
culturels et environnementaux. Il s’est de plus engagé dans son programme 2012-16 à renforcer
la représentativité de la femme dans tous les domaines et à placer la question de l’égalité et la
lutte contre les discriminations à l’égard des femmes au centre de ses préoccupations. À cet
égard, le Plan gouvernemental de l’égalité en perspective de la parité, baptisé IKRAM, constitue
le cadre de référence. Il convient aussi de noter que les efforts menés pour favoriser la
scolarisation des femmes sont importants. Ils ont permis de porter en 2012 le taux de
scolarisation des femmes à 97 % dans le primaire et à 78.3 % dans le secondaire (de 12 à 14
ans), contre respectivement 47 % et 16.5 % en 1990. Le taux d’analphabétisme a été réduit à
38 % en 2012, contre 78 % en 1982 et 54.7 % en 2004.
Toutefois, ces résultats demeurent insuffisants pour atteindre l’objectif arrêté dans le
cadre de l’OMD 2 : un taux d’analphabétisme de 20 % pour la population de plus de 10 ans en
2015. En conclusion, le Maroc doit encore relever des défis importants pour réduire les
inégalités liées à l’équité de genre, avec par exemple un taux de féminisation de l’administration
publique et des collectivités locales encore faible, de moins de 30 %.

160
II.5 La Mauritanie

II.5.1 Développement des ressources humaines

Même si le pays reste dans la catégorie à faible développement humain, La Mauritanie


entre 2012 et 2013, est passée du 159e au 155e rang sur une liste de 186 pays dans l’Indice de
développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD). Cette amélioration traduit les progrès accomplis. De même, des avancées ont été faites
dans l’enseignement ces dernières années, avec de meilleurs taux bruts de scolarisation. Pour
résoudre le problème de la faible qualité de l’enseignement, le deuxième programme de
développement du secteur de l’éducation (2012-20) est en cours. L’accès à une source
améliorée d’eau potable est estimé à 58 % de la population en 2013, contre 42 % en 2005, pour
un objectif de 68.5 % à l’horizon 2015. L’accès à une installation d’assainissement améliorée
est passé de 22 % en 2008 à 34.5 % en 2013, pour un objectif de 42.2 % en 2015. L’atteinte de
ces OMD nécessite la mise en œuvre de grands projets visant à améliorer l’accès à l’eau potable
et à asseoir un système d’assainissement adéquat. Les OMD liés à la santé ne sont pas en bonne
voie de réalisation, en raison d’une faible allocation budgétaire, d’une gestion peu efficace des
dépenses et d’une faible implication de la population locale. Le taux de prévalence du VIH/sida
est de 0.70 % en 2011, pour une cible des OMD de moins de 1 % en 2015 déjà atteinte.
Toutefois, certains indicateurs méritent une attention particulière. Ainsi, en 2011, seulement 17
% des femmes enceintes et séropositives ont reçu un traitement adéquat (régime complet
prophylactique d’antirétroviraux) alors que la cible est de 70 % pour 2015. Afin d’accélérer les
progrès pour l’atteinte des OMD du secteur de la santé, les pouvoirs publics ont formulé et
adopté deux documents en cours de mis en œuvre : le Plan national de développement sanitaire
(PNDS 2012-20) et le cadre stratégique d’accélération des OMD 2012-15.

II.5.2 Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail

Le taux de pauvreté s’élève à 42 % contre 46.7 % en 2004 et 56.6 % en 1990, soit une
réduction de 0.7 point par an sur la première période contre 1.2 point en moyenne sur la période
2004-08 Selon les résultats de l’EPCV de 2008. Cette baisse rapide s’est maintenue sous le
double effet d’une amélioration de la croissance (3 % en moyenne sur la période 2004-08 et 5
% en moyenne sur les trois dernières années) et de son ancrage dans la sphère des pauvres. Les

161
actions menées depuis 2008 dans le cadre du CSLP ont sans doute contribué à réduire la
pauvreté. Celle-ci ne pourra être véritablement mesurée que par une nouvelle EPCV, prévue en
2014. Toutefois, la Stratégie de partenariat pays (SPP) 2014-16 de la Banque mondiale révèle
que l’incidence de la pauvreté ne s’est probablement pas améliorée depuis 2011, à cause de la
grande sécheresse de 2011. En se référant à l’élasticité de la croissance par rapport à la pauvreté
pour la période 2004-08, ce document indique que l’incidence de pauvreté serait de 41 % en
2012 contre 42 % en 2008, bien loin de l’objectif de 25 % fixé pour 2015. Une stratégie
nationale de la sécurité alimentaire a été adoptée en mars 2012. Le programme de solidarité
Emel, lancé la même année, a mis sur pied des « boutiques de solidarité » permettant une
distribution de vivres gratuites couplées de programmes de santé et de nutrition infantile. Il est
aussi passé par la sécurisation de stocks alimentaires villageois de sécurité (SAVS). Sa révision
a été engagée en vue d’un meilleur ciblage des bénéficiaires.
Les programmes sociaux souffrent cependant de nombreux déficits, aussi bien dans leur
mise en œuvre que dans leur dotation financière (0.2 % du PIB). Il importe de relever ces défis.
La Stratégie nationale de la protection sociale (SNPS) par exemple permettra de renforcer
l’efficacité du système de couverture sociale en matière de prévision et de gestion des risques.
Il devrait par ailleurs mieux protéger les couches pauvres et vulnérables, par des allocations
ciblées. La Mauritanie a ratifié les conventions internationales portant sur les droits
fondamentaux du travail, à savoir : la liberté syndicale et le droit de négociation collective,
l’abolition du travail forcé ou obligatoire, la non-discrimination en matière d’emploi et de
profession et le principe d’égalité des chances et de traitement, et l’élimination du travail des
enfants. Le pays a également ratifié la Convention 182 de l’Organisation internationale du
travail (OIT) sur les pires formes de travail des enfants. Dans la pratique, plusieurs obstacles
freinent leur application rigoureuse. Selon les résultats de l’ENRE/SI publiés 2013, pas moins
de 7.8 % des mineurs de 10 à 17 ans travaillant comme ouvriers ou employés, manœuvres,
employés de maison ou apprentis, alors que l’âge minimal légal pour le travail est fixé à 14 ans
en Mauritanie. Par ailleurs, 33.3 % de la population active occupe des emplois occasionnels à
caractère précaire, et 61 % des actifs travaillent plus de 40 heures par semaine, le maximum
légal.
II.5.3 Égalité hommes-femmes

La majorité des politiques sectorielles existantes font de la promotion du statut social et


économique de la femme une de leurs thématiques transversales. La promotion du genre fait
partie des priorités de développement pour la Mauritanie. Elle est intégrée dans le CSLP III. .
162
L’indice des inégalités de genre élaboré par le PNUD est passé à 0.628 en 2013 contre 0.718
en 2011, traduisant une légère amélioration. Dans le domaine de l’éducation, la parité
filles/garçons est atteinte depuis les années 2000 (le ratio filles/garçons étant de 1.02 dans
l’enseignement fondamental). La parité de l’alphabétisation des 15-24 ans devrait être atteinte
pour 2015. Cependant, des progrès restent à faire aux niveaux du secondaire et surtout du
supérieur. Des efforts considérables ont été déployés en matière de santé en général et de la
santé reproductive en particulier. La volonté politique du gouvernement en faveur de
l’amélioration du statut socio-économique de la femme est forte et manifeste : la majorité des
instruments juridiques internationaux a été ratifiée et mise en œuvre. En matière de
représentation politique, 22.1 % des sièges au Parlement sont occupés par des femmes, depuis
les élections législatives de novembre 2013 (contre 19 % au cours de la législature précédente).

II.6 La Tunisie

II.6.1 Développement des ressources humaines

Le Forum économique mondial de Davos, publié en septembre 2013, Le dernier


classement mondial de la compétitivité, classe la Tunisie 47e sur 148 pays selon le critère de la
santé et de l’éducation primaire. Cette performance contraste cependant avec une réalité plus
nuancée. En matière de santé, Le secteur public assure les deux tiers des consultations et 90 %
des hospitalisations dans les établissements de soins et les hôpitaux universitaires de base, alors
que le secteur privé compte certaines cliniques de très haut niveau dont plusieurs spécialisées
dans le tourisme médical. Le système tunisien de la santé est relativement bien développé.

L’accès aux médicaments est facilité par l’existence d’un réseau de pharmacies
généralement modernes et d’une industrie pharmaceutique produisant sous licence de grands
groupes internationaux. La qualité du système de santé tunisien a cependant fortement décliné
ces dernières années selon une enquête réalisée auprès des usagers. Ce déclin est lié à une
absence de mise à niveau des infrastructures et des équipements hospitaliers, et à une
dégradation des conditions de travail des personnels. Il existe également de grandes disparités
intra et interrégionales, les zones urbaines disposant généralement d’infrastructures de meilleur
niveau et les nouveaux médecins se montrant de plus en plus réticents à s’installer à l’intérieur
du pays. Les groupes sociaux les plus vulnérables (femmes, enfants, personnes âgées) n’ont pas

163
toujours accès aux soins appropriés. Grâce à une politique amorcée au début du XXe siècle,
puis relancée en 1957 par le programme national d’éradication du paludisme, cette pandémie a
été éradiquée en Tunisie depuis 1978, hors quelques dizaines de cas annuels de paludisme
importé. La prévalence de la tuberculose est passée en dessous de 30 pour 10 000 habitants au
début des années 90. Près de 2 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année en moyenne depuis
2010.

Le recul de la maladie s’est toutefois ralenti ces dernières années. La prévalence de


VIH/sida reste relativement faible en Tunisie, où 70 nouveaux cas sont détectés en moyenne
chaque année. Depuis 1985, un peu moins de 2 000 cas ont été déclarés, entraînant 572 décès.
Les rapports sexuels non protégés demeurent la principale cause de contagion (47.3 %). Le taux
de prévalence est beaucoup plus fort au sein des populations cibles vulnérables tels les
homosexuels et les travailleuses du sexe, en raison d’une prévention insuffisante. La prévention
et la gratuité des soins destinés aux malades du sida sont disponibles en Tunisie avec un taux
de couverture allant de 60 % à 79 % de la population selon le régime professionnel ou la
situation sociale du patient. Ces chiffres restent toutefois à manier avec prudence compte-tenu
du tabou qui entoure les maladies sexuellement transmissibles dans la société tunisienne. Le
taux de prévalence chez les migrants n’est pas connu. Parmi les étrangers venus en Tunisie s’y
faire soigner, 169 cas d’infection ont été détectés. Concernant l’enseignement, les autorités
tunisiennes ont beaucoup investi depuis l’indépendance du pays dans l’éducation, qui reste le
premier poste de dépenses de l’État. Ces efforts ont permis une forte baisse du taux
d’analphabétisme (moins de 3 % en 2011 chez les jeunes entre 15 et 24 ans selon l’Unicef)
grâce à une forte fréquentation de l’école primaire, aussi bien par les filles que par les garçons,
et avec un taux d’achèvement de 95 %.
La dernière enquête PISA conduit à nuancer ce succès au vu de résultats bien inférieurs
à la moyenne de l’OCDE : la Tunisie est ainsi classée 61e sur 65 pays examinés concernant la
performance des élèves en science, et 56e pour la compréhension de l’écrit. Par ailleurs, de
fortes disparités persistent entre les milieux sociaux et les régions, accentuées par un recours
accru aux établissements privés ou confessionnels dont le contrôle échappe de plus en plus à
l’État. Le phénomène de l’abandon scolaire est important dans l’enseignement secondaire,
traduisant des difficultés économiques et sociales mais aussi une certaine désillusion quant à la
capacité du système éducatif à permettre une insertion professionnelle. Le système de formation
est actuellement remis en question pour son incapacité à fournir des qualifications adaptées au

164
marché du travail, ce qui conduit à une dévaluation des diplômes et à un taux élevé de chômage
des diplômés, les réformes annoncées tardant à se concrétiser.

II.6.2 Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail

La pauvreté frappait 15.5 % des Tunisiens en 2010 (4.6 % pour la pauvreté extrême),
contre 23.3 % en 2005 et 32.4 % en 2000 Selon l’Institut national de la statistique (INS).
Toutefois ce recul global de la pauvreté a peu bénéficié aux régions Centre-Ouest et Sud-Ouest.
Les écarts entre régions se sont accentués alors que les inégalités ont reculé à l’intérieur des
mêmes régions. Les transferts sociaux indirects contribuent à la réduction de la pauvreté et de
la pauvreté extrême, et qu’une éventuelle suppression sans compensation des subventions aux
produits alimentaires de base augmenterait le taux de pauvreté de 3.6 points à l’instar d’une
récente étude conjointe de la BAfD et de l’INS. Une part importante de l’action sociale passe
par des subventions (ou « compensations ») aux produits énergétiques, aux produits
alimentaires et aux transports, préservant le pouvoir d’achat du plus grand nombre. Le poids
croissant de ces dépenses sur le budget a rendu nécessaire un meilleur ciblage des familles
nécessiteuses, et des réflexions sur la poursuite de ces transferts sociaux sont en cours, malgré
la difficulté de les réformer. Les programmes de protection sociale sont également assez peu
ciblés, avec des disparités de couverture selon les régimes, les catégories sociales et les régions.

Les systèmes de solidarité traditionnelle tendent à s’amenuiser dans un contexte


économique difficile, et le manque de filets de protection sociale est de plus en plus criant.
Alors que le chômage a émergé au premier rang des problèmes sociaux révélés par la révolution,
les chômeurs ne bénéficient ni d’indemnités ni de mécanismes d’assurance-chômage. Le
système de protection sociale est constitué par une multitude de régimes selon les catégories
professionnelles. Initialement limitée aux fonctionnaires et aux salariés non agricoles dans le
secteur privé, la protection sociale a été progressivement étendue à de nouvelles catégories.
Dans le secteur public, elle est gérée par la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale,
tandis que dans le secteur privé elle est gérée par la Caisse nationale de sécurité sociale, qui
couvre également les salariés du secteur agricole, les travailleurs non-salariés, des Tunisiens
travaillant à l’étranger et les travailleurs précaires ou appartenant au secteur informel. Les
principaux risques couverts concernent la maladie, la maternité, les accidents du travail et
maladies professionnelles, l’invalidité, la vieillesse, le décès et les charges familiales. Seule la
165
branche assurance-chômage n’est pas encore introduite dans le système tunisien de sécurité
sociale. Outre le système de protection sociale, la politique sociale s’appuie également sur des
programmes d’assistance ciblés sur les personnes vulnérables (familles nécessiteuses,
personnes âgées sans soutien, handicapés). La législation du travail en Tunisie est conforme
aux critères fondamentaux édictés par l’Organisation internationale du travail (OIT). La Tunisie
est signataire de la convention 182 de l’OIT sur « les pires formes de travail des enfants ». Les
entreprises sont statutairement tenues de déclarer leurs employés et d’appliquer les normes
minimales de la convention 102 de l’OIT concernant la sécurité sociale. La législation du travail
est appliquée avec rigueur dans l’administration, mais de nombreuses entreprises privées ne la
respectent pas dans son intégralité.

Parallèlement, la montée du secteur informel constitue une concurrence déloyale pour


les entreprises ayant accepté de se conformer à la législation du travail et un facteur de
fragilisation du système de protection sociale existant. En Tunisie, les salariés évoluant dans le
secteur formel bénéficient de contrats de travail et d’une protection sociale obligatoire, avec un
salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) qui a été augmenté en 2012 pour atteindre
320 TND (environ 200 USD) par mois. Le salaire minimum agricole garanti (Smag) a été fixé
au 31 décembre 2013 à 9 TND (environ 5.7 USD) par jour travaillé. Face au vieillissement de
la population, le système de retraite tunisien souffre d’un déséquilibre financier qui devrait
peser sur la viabilité des finances publiques. Selon les projections, les personnes âgées de 60
ans et plus représentaient 9.8 % de la population en 2009 et elles en représenteront 17.9 % en
2027. Le poids financier des retraites va donc s’alourdir pour la collectivité. Le niveau très bas
des salaires déclarés, particulièrement dans le secteur privé, explique par ailleurs le très faible
montant des pensions actuellement distribuées. Le prochain gouvernement se voit contraint
d’amorcer une réforme du système de protection sociale pour préserver les acquis sociaux.

2.6.3 Égalité hommes-femmes

Les droits des Tunisiennes ont été consolidés depuis l’indépendance grâce à un
important dispositif institutionnel, à l’intégration du genre dans la planification et au recours à
la discrimination positive. Ces différentes mesures n’ont pas pour autant ancré de l’égalité de
fait dans la société, ni empêché la remise en question de la parité. Leur maintien, voire leur
renforcement, semble donc nécessaire à la préservation des acquis. Le Code du statut personnel
promulgué en 1956 a aboli la polygamie, la répudiation et le devoir d’obéissance traditionnels.
166
Il a instauré le consentement mutuel au mariage ainsi qu’une procédure judiciaire pour le
divorce. Il donne ainsi à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde
arabe en général. La Tunisie compte ainsi parmi les pays les plus avancés en termes d’égalité
du genre en Afrique. La politique éducative a permis d’atteindre un taux de scolarisation de 99
% en 2013 pour les filles et les garçons. Le taux d’accès des femmes à l’enseignement supérieur
est également élevé (avec 62.3 % de femmes parmi les étudiants de l’enseignement supérieur
en 2013), en dépit de la persistance, bien que marginale, de l’abandon scolaire des filles à l’âge
de 12 ans. L’accès élargi aux services de santé, reproductive notamment, a contribué à réduire
le taux de fécondité à deux enfants par femme en moyenne.

Le taux de mortalité infantile est de 16 décès d’enfants de moins d’un an pour 1 000
naissances vivantes, l’un des plus bas en Afrique. L’espérance de vie à la naissance est de 76.9
ans pour les femmes et de 72.9 ans pour les hommes. Les femmes restent néanmoins sous-
représentées sur le marché du travail. Elles ne comptent que pour un quart des 3.2 millions
d’actifs, et leur taux de chômage (23 %) est supérieur à celui des hommes (13 %). Elles sont
plus nombreuses dans les secteurs marqués par la précarité et le sous-emploi. Par ailleurs, à
l’exception de la fonction publique, elles sont sensiblement moins rémunérées que les hommes
(une différence supérieure à 30 %). Enfin, la participation des femmes au marché du travail
décline après l’âge de 30 ans. La nouvelle constitution offre de nombreuses garanties pour les
droits des femmes. Ainsi, son article 34 oblige l’État à garantir la représentativité des femmes
dans les assemblées élues. L’article 40 affirme que « tout citoyen et toute citoyenne ont le droit
au travail dans des conditions décentes et à salaire équitable ». L’article 46 inscrit dans la
constitution la protection des acquis de la femme, le principe de parité et la lutte contre les
violences faites aux femmes.

III-Ouverture du Marché Nord-africain

Les relations extérieures des pays Nord africains souffrent toujours de la fragilité. La Mauritanie
a vécu un déficit commercial de 16% du PIB au cours de l’année 2013, ainsi qu’un déficit
courant de 32,8% mais les analystes prévoient une diminution progressive au cours des années
qui suivent. Le commerce extérieur en Tunisie est toujours en retard après le printemps arabe,
et le déficit commercial s’est élevé à 1.8 point du PIB par rapport à 2012 et pèse sur le déficit
courant, qui a atteint 8.2 % fin 2013. Les accords commerciaux du Maroc ont permis
d’encourager le commerce extérieur et de réduire progressivement le déficit commercial. Les

167
flux d’investissements directs étrangers (IDE) à destination de ce pays ont, de leur côté,
enregistré un excédent de près de 20 % par rapport à 2012. Le Maroc attire ainsi près de 25 %
des flux d’IDE destinés au pays de l’Afrique du Nord249, soit 8.3 % des IDE destinés au
continent africain. Le déficit commercial en Égypte s’est légèrement baissé pour arriver à 12.9
% en 2012/13 au lieu de 13.2 % du PIB en 2011/12, particulièrement par une baisse des
importations non pétrolières et à un accroissement des exportations. Les profits du tourisme et
les transferts des migrants ont également contribué à ramener le déficit courant à 2.1 % en
2012/13. Au moment où les flux entrants nets d’IDE ont baissés de 25 %, le compte de capital
et d’opérations financières a réalisé un important excédent, essentiellement grâce au soutien des
pays du Golfe. Le secteur des hydrocarbures, comme premier produit d’exportation de la Libye,
a été négativement affecté par la montée en puissance des milices dans le pays, menant à une
perte de plus de 10 milliards USD en 2013. La balance des opérations courantes du pays se
serait nettement dégradée, de 25.5 % du PIB en 2012 à 2.0 % en 2013. Nonobstant, la position
extérieure de l’Algérie qui a été considéré solide a commencé à devenir faible en 2013 :
l’excédent des transactions courantes s’est contracté à 1.2 % du PIB contre 5.9 % en 2012,
chose qui est due à la baisse des exportations d’hydrocarbures et de l’accroissement des
importations. Cependant la solidité de la position financière extérieure algérienne reste
confortée par des réserves de change équivalant à plus de trois ans d’importations et par une
situation de très faible dette extérieure, estimée à 1.5 % du PIB.

249
BAD, perspective de l’Afrique du Nord 2014

168
Section II : l’économie de la connaissance dans le processus du
développement de l’Afrique du Nord

L’Afrique du Nord a connu plusieurs mutations aux niveaux politique, économique et sociale.
Chose qui a introduit un taux de chômage très haut, accroissement des activités du secteur
informel, et surtout de grands écarts entre les catégories sociales.

Face à cette situation de crise les pays nord-africain sont dans l’obligation de changer de
direction et s’orienter vers de nouvelles politiques macro-économique capables à remédier cette
situation pathologique. C’est dans ce sens que l’insertion des pays nord-africain à l’économie
de la connaissance devienne une alternative pour surmonter la défaillance, et ce en adoptant des
stratégies et des réforme convenable pour suivre cette tendance et faire partie de la révolution
cognitif qu’a connu le monde, afin de se développer à l’image des pays développés et de
quelques pays émergents.

I- L’Afrique selon l’index de l’économie de la connaissance

L’index(Indice) de connaissance mesure la capacité d’un pays de produire, adopter et diffuser


la connaissance. Ceci est un signe de potentiel de développement de la connaissance dans un
pays donné. Méthodologiquement le KI est la moyenne la plus simple et la plus normalisée
pour mesurer la performance d’un pays ou une région en termes de trois piliers d’économie de
la connaissance : l'enseignement (éducation) et les ressources humaines, le système
d'innovation et les technologies d’information de communication (TIC).

L'Index(Indice) d'Économie de la connaissance (KEI) sert à étudier et mesurer est ce que


l'environnement est favorable pour que la connaissance soit utilisée efficacement pour atteindre
le développement économique. C'est un index (indice) global qui représente le niveau global
de développement d'un pays ou d'une région en économie du savoir.

169
Figure 6: présentation du KEI par la banque mondiale250

Knowledge Indexes

Knowledge Economy Index (KEI) Knowledge Index


(KEI)

Economic and Institution


Regime Index

Education Index Innovation Index ICT Index

 Tarrif &Nontariff Barriers


 Regultory Quality
 RULE OF Law

 Average years of schooling  Royalty Payements  Telephones


 Secondary enrollment &Receipts  Computers
 Tertiary Enrollment  Patent count  Internet Users
 Journal& Article

Source : Banque mondiale

L’index(Indice) de connaissance mesure la capacité d’un pays de produire, adopter et diffuser


la connaissance. Ceci est un signe de potentiel de développement de la connaissance dans un
pays donné. Méthodologiquement le KI est la moyenne la plus simple et la plus normalisée
pour mesurer la performance d’un pays ou une région en termes de trois piliers d’économie de
la connaissance : l'enseignement (éducation) et les ressources humaines, le système
d'innovation et les technologies d’information de communication (TIC).

250
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/WBI/WBIPROGRAMS/KFDLP/EXTUNIKAM/0,,content
MDK:20584278~menuPK:1433216~pagePK:64168445~piPK:64168309~theSitePK:1414721,00.html

170
L'Index(Indice) d'Économie de la connaissance (KEI) sert à étudier et mesurer est ce que
l'environnement est favorable pour que la connaissance soit utilisée efficacement pour atteindre
le développement économique. C'est un index (indice) global qui représente le niveau global
de développement d'un pays ou d'une région en économie du savoir.

Afin de calculer KI et KEI, chaque pilier est représenté par trois variables clés :

Le régime d’incitation économique et institutionnel

 Barrières Tarifaires et Nontarifaires


 Qualité Réglementaire(Régulatrice)
 État de droit

Enseignement(Éducation) et Ressources Humaines

 Les années moyennes d'études


 Inscription Secondaire
 Inscription Tertiaire

Le Système d'Innovation

 Redevance(Royauté) et Paiements de Montants de la licence et Reçus(Recettes)


 Demandes de brevet Accordées par l'USPATENT et le Bureau(les Fonctions) de
Marque déposée
 Articles de Journal Techniques

171
Tableau 7 : classement des pays africains par le KEI en 2012

Econo
mic
Change of Incenti
Rank Countries KEI KI Innovation Education ICT
rank ve
Regim
e
62 1 Mauritius 5.52 4.62 8.22 4.41 4.33 5.11
67 -15 South Africa 5.21 5.11 5.49 6.89 4.87 3.58
80 9 Tunisia 4.56 4.80 3.81 4.97 4.55 4.89
85 -18 Botswana 4.31 3.81 5.82 4.26 3.92 3.23
89 -9 Namibia 4.10 3.38 6.26 3.72 2.71 3.71
91 2 Paraguay 3.95 4.07 3.58 4.07 4.26 3.90
96 13 Algeria 3.79 4.28 2.33 3.54 5.27 4.04
97 -9 Egypt, Arab Rep. 3.78 3.54 4.50 4.11 3.37 3.12
99 0 Guatemala 3.70 3.55 4.16 3.61 2.26 4.79
101 -14 Sri Lanka 3.63 3.49 4.04 3.06 4.61 2.80
102 -10 Morocco 3.61 3.25 4.66 3.67 2.07 4.02
110 -3 Kenya 2.88 2.91 2.78 3.72 2.10 2.91
112 -7 Ghana 2.72 2.28 4.05 2.24 2.68 1.93
113 -11 Senegal 2.70 2.28 3.97 2.83 1.32 2.68
115 -4 Zambia 2.56 2.03 4.15 2.09 2.08 1.93
117 2 Uganda 2.37 1.84 3.97 2.54 1.09 1.88
118 5 Nigeria 2.20 2.51 1.26 2.56 1.62 3.35
119 -6 Zimbabwe 2.17 2.85 0.12 3.99 1.99 2.59
120 -12 Lesotho 1.95 1.69 2.72 1.82 1.71 1.54
122 -6 Malawi 1.92 1.45 3.33 2.65 0.54 1.15
123 9 Burkina Faso 1.91 1.06 4.46 2.14 0.28 0.76
124 -10 Benin 1.88 1.79 2.15 2.80 1.10 1.47
125 -7 Mali 1.86 1.31 3.49 1.82 1.05 1.05
126 14 Rwanda 1.83 1.14 3.89 1.73 0.77 0.92
127 -2 Tanzania 1.79 1.36 3.07 1.98 0.83 1.26
128 -2 Madagascar 1.77 1.43 2.79 2.37 0.84 1.10
129 5 Mozambique 1.76 0.99 4.05 1.76 0.17 1.05
130 -2 Lao PDR 1.75 1.84 1.45 1.69 2.01 1.84
132 -15 Cameroon 1.69 1.85 1.21 2.61 1.39 1.56
133 -11 Mauritania 1.65 1.52 2.05 1.68 0.71 2.18
135 -15 Cote d'Ivoire 1.54 1.54 1.53 1.62 0.91 2.09
137 1 Sudan 1.48 1.82 0.48 1.44 0.84 3.16
138 -3 Djibouti 1.34 1.17 1.85 1.44 0.73 1.33
139 -2 Ethiopia 1.27 1.17 1.56 1.85 1.05 0.62
140 -9 Guinea 1.22 1.44 0.53 1.32 1.75 1.26
141 -11 Eritrea 1.14 1.21 0.93 1.89 0.69 1.05
142 -1 Angola 1.08 0.95 1.48 1.17 0.32 1.38
143 -4 Sierra Leone 0.97 à 1.38 1.63 0.57 0.32

172
Regions
1 0 North America 8.80 8.70 9.11 9.45 8.13 8.51
Europe and
2 0 7.47 7.64 6.95 8.28 7.13 7.50
Central Asia
East Asia and the
3 1 5.32 5.17 5.75 7.43 3.94 4.14
Pacific
4 1 Latin America 5.15 5.31 4.66 5.80 5.11 5.02
5 -2 World 5.12 5.01 5.45 7.72 3.72 3.58
Middle East and
6 0 4.74 4.51 5.41 6.14 3.48 3.92
N. Africa
7 1 South Asia 2.84 2.77 3.05 4.23 2.17 1.90

8 -1 Africa 2.55 2.43 2.91 3.95 1.44 1.90

Source : world Data Bank

173
II-L’insertion des pays de l’Afrique du nord dans l’économie de la
connaissance

La connaissance en Afrique du nord est devenue un enjeu majeur. Le rapport de PNUD sur le
développement humain (2003)251 met en évidence trois obstacles majeurs auquel qui menace le
développement des pays arabes, dans lesquels le déficit de la connaissance occupe une place
centrale. Le rapport cite que malgré la détention d’un capital humain important dans la région
nord-africaine, des contraintes majeures constituent un handicap important pour l’acquisition,
la diffusion et la production de la connaissance dans les pays de l’Afrique du Nord. Dans des
conditions plus favorables le capital humain constituera une base substantielle pour la
régénération de la connaissance arabe. Dans ce sens le rapport de PNUD met en exergue trois
dimensions :

 La capacité de la connaissance à étendre la liberté humaine et à développer les capacités


pour la renforcer à travers une bonne gouvernance et à atteindre les objectifs moraux de
justice et de dignité humaine ;
 L’importance de la connaissance arabe comme un puissant moteur pour tirer la
croissance économique à travers une productivité plus élevée ;
 La nécessité de développer une vision stratégique pour créer des sociétés de la
connaissance basées sur cinq piliers : la garantie des libertés clés, la dissémination de
l’éducation de qualité, l’enracinement des savoirs scientifiques, le passage à une
production basée sur la connaissance et le développement d’un modèle arabe de la
connaissance.

Intégrer l’économie de la connaissance est devenu un défi pour les Etats d’ Afrique du Nord.
Cet intérêt d’insertion à l’EFC a été concrétisé par l’adoption des stratégies et la mise en place
des mesures nécessaires, permettant à chacun des pays de la région de choisir sa propre vision
et sa propre démarche. Cependant, Le Maroc s’est intégré dans une politique sectorielle allante
dans ce sens. De sa part, la Tunisie a fait de l’EFC une des orientations principales dans ses
deux derniers plans de développement (le Xème et le XIème Plan). Une démarche « bottom-
up» a été adopté par l’Algérie, tout en dressant un état des lieux concernant son insertion dans

251
UNDP (2003), « Human Development Report : building a knowledge society »
174
cette économie en impliquant les principales parties prenantes à savoir : décideurs politiques,
entrepreneurs, syndicats, mouvements associatifs, universitaires chercheurs et experts
internationaux.

Ces efforts déployés par les pays nord africains ont certainement contribué à la progression de
l’expansion de l’économie de la connaissance, mais ils restent toujours en deçà des ambitions.
En effet, et comme il a été souligné par le tableau du classement des pays africain selon le KEI
l’examen des indices de la connaissance, on constate que la Tunisie est en tête au niveau des
pays d’Afrique du Nord suivie par l’Egypte et le Maroc. L’Algérie, la Mauritanie et le Soudan
suivent dans cet ordre. Etre en avance, de la Tunisie revient à deux pilier qui sont l’innovation
et les TIC. Au sujet de l’éducation, c’est l’Egypte qui prend le leadership. La dernière position
prise par le Soudan est le résultat des mauvaises performances du régime incitatif et
institutionnel, en plus du retard enregistré pour le système éducatif et l’innovation.

II.1 Les technologies de l’information et de communication en Afrique du


Nord
Les pays du Maghreb en réalisé des progrès en matière des technologies de l’information et de
la communication (TIC), ceci est très visible en terme d’indicateurs de ce piliers notamment :
téléphones par mille habitants, ordinateurs, internautes, fournisseurs d’accès, cyber café etc.

A titre de l’année 2007, les chiffres réalisés atteignent 4,61 pour la Tunisie, 3,99 au Maroc 2,21
pour l’Algérie et 1,81 pour la Mauritanie, sont néanmoins inférieurs à la moyenne des pays de
la région MENA qui est de 5,89 (2008). Ils sont également faibles par rapport aux pays
émergents comme la Russie (6,98), le Brésil (6,08), l’Afrique du Sud (5,0), et la Chine (4,16).
Seule l’Inde a un moindre score. Par contre pour les pays avancés, les chiffres enregistrés sont
de 9,97 pour la Suède et 9,46 pour la Finlande et le Danemark.

Le ratio des usagers d’Internet en Algérie est passé de 1 pour 10 000 habitants en 2000, à 58,4
pour 10 000 habitants en 2007. Celui des ordinateurs a atteint 10,7 en 2007 contre 3 en 1995.
Le rapport des utilisateurs du téléphone fixe et mobile pour 1000 habitants a été multiplié
presque par 12 entre 2000 et 2007. Pourtant ces chiffre sont très retardé par rapportés au reste
du monde, et nécessitent d’être améliorés. L’Egypte, comme le montre le tableau du KEI, se
positionne en deuxième place après la Tunisie dans la région Afrique du Nord, ce qui est
explicable par la taille de sa population : c’est le pays en effet le plus peuplé du monde Arabe.

175
Les investissements dans le secteur des TIC ont progressé de 30 % en 2006/07 par rapport à
2005/06. Le nombre des usagers d’internet s’est développé de 38 % pour arriver à 2 millions.
Un chiffre de 28 % des investissements privés a été consacré au secteur des technologies de
l’information et de communication, en contrepartie de 25 % pour les activités manufacturières.

En Lybie, les lignes fixes enregistraient le taux de 109 lignes par 1000 personnes alors que le
pourcentage des lignes mobiles est de 9% soit 100 000 souscripteurs252. Les utilisateurs
d’internet étaient 205 000 en septembre 2005 soit 3,3% de la population arrivant à 4% en 2006.
Les TIC en Mauritanie sont toujours loin d’être considérés comme un moyen de développement
et ceci du au retard en terme de maitrise de l’outil.
Depuis 1986, un projet d’informatisation de la gestion administrative du personnel de l’Etat a
été lancé qui a abouti à l’implantation en 1993 d’un système informatisé, développé sous
ORACLE au niveau de la Direction de la Fonction Publique avec des terminaux dans les
différents ministères utilisateurs. Les résultats escomptés étaient bien en deçà des espoirs : les
agents formés dans le cadre de ce projet ont désappris faute d’équipement informatique et le
travail à la Direction de la Fonction Publique continue de se faire manuellement dans sa grande
majorité (80 %). Une utilisation de l’ordinateur encore faible et limitée, un manque de
techniciens et de spécialistes tant au niveau des administrations centrales qu’à l’intérieur du
pays et des contenus faibles et inaccessibles à la majorité des utilisateurs à cause du fait qu’ils
soient en langue française figurent parmi les difficultés qui limitent l’introduction des TIC en
Mauritanie.
De ca part le Maroc a réalisé un score en matière des TIC plus au moins élevé arrivant à 4,37 à
titre de l’année 2009 et qui est classé au deuxième rang après la Tunisie dans la région nord
africaines. Un chiffre de 3.8 millions d’usagers Internet et de 12 millions d’abonnés au
téléphone lignes fixes et mobiles ce qui donne un ratio de 33 lignes par 100 habitants a été
enregistré en 2005. Ce chiffre s’est doublé en 2007 pour enregistrer 62 lignes par centaine
d’habitants. Internet et les services câblés de TV ont largement contribué à cette explosion. En
Tunisie, bien que le plus élevé d’Afrique du Nord, le score des TIC (4,88 en 2009) reste en deçà
de la moyenne MENA qui est de 5,71253. Le taux de pénétration des lignes fixes et mobiles est

252
UIT (2004)
253
World Bank Institute (2009), “Knowledge Assessment Methodology”, Washington DC.
176
passé de 15 lignes par 100 habitants en 2001 à 99 par 100 habitants en 2007. La même année,
il y avait 170 usagers internet et environ 80 ordinateurs par 1000 habitants254.

III.2 L’éducation en Afrique du Nord

L’éducation constitue le pilier qui menace le plus la situation de l’économie de la connaissance


dans la région nord-africaine de fait nous allons analyser ce piliers et les facteurs qui le rend
toujours à la traine par rapport au pays développement.

Malgré les efforts déployés par les pouvoir publics afin de promouvoir le secteur de l’éducation
qui constitue un pilier primordial pour l’insertion à l’économie de la connaissance en Afrique
du Nord, les scores réalisés dans ce pilier sont en retard notamment pour tous les pays de la
région. En 2009 les scores du pilier éducation restent très faibles. En effet, selon les statistiques
de l’UNESCO les scores sont comme suit : pour la Mauritanie (0,89), le plus faible de la région,
suivie par le Soudan (1,28) et le Maroc (1,95) et peu satisfaisant dans les deux autres pays :
3,58 pour l’Algérie et 3,77 pour la Tunisie. Il faut cependant noter que la Tunisie atteint le score
de 4,88 (2009), supérieur à la moyenne des pays de la région MENA (3,75). Ces scores restent
néanmoins en deçà de ceux des pays émergents dont notamment le Brésil (6,02), l’Afrique du
Sud (4,68), la Russie (7,19) et le Mexique (4,88). Et de toute évidence encore très bas comparés
à ceux des pays avancés tels que la Suède (9,29), la Finlande (9,77), le Danemark (9,78) ou la
Norvège (9,28).
Dans les pays d’Afrique du Nord, les dépenses publiques consacrées au secteur de l’éducation
ne sont pas négligeables. Elles représentent en moyenne, 21% de leur budget global annuel,
niveau plus élevé que celui des pays en développement et des pays avancés. La majorité de ces
dépenses sont cependant des dépenses administratives plutôt que pédagogiques. D’une manière
plus détaillée, au Maroc, le secteur de l’éducation a représenté 27% du budget total (2006), bien
supérieur à la moyenne des pays Arabes alors que le budget du département de l’enseignement
supérieur et de la recherche représente 4,3% du budget de l’Etat et 1,14% du PIB. La Tunisie
occupe la deuxième position en termes de pourcentage du budget derrière le Maroc (2006).
L’Algérie a consacré 4,5% de son produit intérieur brut aux dépenses d’éducation (1999),
proportion qui a augmenté depuis.

254
Internet World Stats (ITU) - APC Africa ICT Policy Monitor
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=s21805e_1
177
En Egypte, les dépenses publiques consacrées à l’éducation se sont repliées de 4,2 % du PIB en
2005/06 à 3,8 % en 2006/07, bien qu’elles aient légèrement progressé en pourcentage du total
des dépenses publiques (de 12,3 % à 13%)255.

Tableau 8: Evolution des dépenses publique dans le secteur de l’éducation

Dépense totales consacrées au secteur de l’éducation


Pays en % du budget total
1999 2006
Algérie ND ND
Egypte ND 13
Maroc 26 27
Tunisie ND 21
Moyenne pays arabes ND 21
Moyenne pays développés 11 12
Moyenne pays en
ND 16
développement

Source: UNESCO (2009), “Education for All: Global Monitoring Report 2009”, Table 11, p365 & 371

En observant l’évolution importante des dépenses en éducation et le son retard en termes de


contribution à l’amélioration du niveau d’insertion des économies nord africaines en économie
du savoir, une question se pose ou existe-t-il l’anomalie ? Pour répondre à cette question il faut
creuser de plus dans l’analyse de ce secteur. En effet, on peut dire que la stagnation et la
décadence des taux brut d’inscription dans les disciplines scientifique au niveau du supérieur
constitue alors un constat à mettre en relief de par son importance pour l’EFC. Cependant, le
taux brut d’inscription dans les matières scientifiques au niveau du supérieur est important du
fait qu’il constitue un support sur lequel l’économie de la connaissance peut se baser pour se
développer. Le ratio représente le pourcentage des étudiants dans les disciplines scientifiques256
par rapport à la population totale an âge d’être inscrite au niveau supérieur (20-24 ans).

255
BAD/OCDE (2008), « Perspectives économiques en Afrique : cas de l’Egypte »
256
En sciences, techniques, sciences médicales et pharmaceutiques, engineering et technologie
178
Figure 7: les inscriptions dans les disciplines scientifiques et les sciences humaines en Monde
arabe

Source : Arab Labor Organization (2008)

D’un autre côté, L’éducation de base : Concernant la capacité des systèmes éducatifs et de
formation à former un « capital connaissance » de base au niveau des enfants (6-14 ans), les
données publiées montrent que les pays d’Afrique du Nord sont classés dans quatre catégories51.
L’Algérie, l’Egypte et la Tunisie figurent dans la catégorie des pays qui peuvent dans une large
mesure garantir à leurs enfants l’acquisition du « capital connaissance » de base nécessaire pour
participer pleinement à la société de la connaissance. Le Maroc figure dans la catégorie des
pays qui peuvent garantir à leurs enfants cette opportunité dans une large mesure mais qui
doivent fournir des efforts supplémentaires pour s’assurer qu’aucun enfant ne soit exclu du
chemin qui mène à l’acquisition de ce savoir. La Mauritanie figure dans la troisième catégorie
des pays qui doivent fournir un effort conséquent pour équiper les enfants afin de participer à
la société de la connaissance. Le Soudan, enfin fait partie de la quatrième catégorie des pays
dont la capacité à fournir à un nombre suffisant de leurs enfants les opportunités de participer
à la société de la connaissance est faible si le système d’enseignement reste dans sa
configuration actuelle. Ainsi l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte ont pu s’assurer de l’opportunité
de créer le « capital connaissance » adéquat en dépit des moyens limités des deux derniers.

179
II.3 L’innovation en Afrique du Nord

Comme un pilier de l’économie de la connaissance, l’innovation, occupent une place important


dans le contexte nord-africain. Le changement des paradigmes de l’économie a donné plus de
l’importance à l’innovation, la R&D, l’immatériel ou l’intelligence, comme étant les
ingrédients qui garantissent la compétitivité des économies. Spécialement pour les industries
de production de biens et services (conception, gestion, marketing…), en exigeant une
adaptation perpétuelle face aux progrès technologiques. Dans les pays d’Afrique du Nord, tout
comme dans beaucoup de pays en développement, ce n’est que récemment qu’elle a commencé
à faire partie des préoccupations des décideurs. C’est en effet durant les années 90 qu’on a
observé une véritable prolifération d’institutions publiques chargées de ce dossier et de cadre
légaux afin d’organiser et de stimuler l’innovation. Les statistiques montrent que les pays de
l’Afrique du Nord ont fait des progrès notables en termes d’investissements en R&D par rapport
au PIB, notamment en Tunisie, Maroc, Algérie et Egypte où ils ont atteint voire même dépassé
les 1%. Cependant, comme l’indique la figure ci-dessous, ces niveaux sont encore bas par
rapport aux pays émergents comme la Malaisie ou le Brésil et les pays avancés. Ceci est d’autant
plus important à signaler que de par l’ouverture de ces pays par le biais des accords de libre
échange et de la mondialisation, ils sont appelés à affronter une compétition fondée de plus en
plus sur l’innovation.

180
Figure 8: évolution du ratio de Recherche et développement par rapport au PIB entre 2000 et 2004

Source : World Development Indicators, 2007


Selon le rapport de la Commission économique pour l’Afrique Bureau pour l’Afrique du Nord
des nations Unies de l’année 2011 : En termes de performances, les données montrent des
résultats relativement décevants surtout si l’on prend en considération les brevets déposés par
les résidents. En Algérie, environ 800 brevets sont déposés chaque année, la plupart (90%) sont
des extensions au territoire algérien de brevets déposés auparavant par les acteurs d’autres
pays, les brevets restant viennent essentiellement d’inventeurs algériens indépendants. Dans
tous les pays développés, il est constaté la dominante des brevets par les résidents. La Turquie,
en position d’émergence commence à s’aligner sur ce processus. Ce n’est pas le cas des pays
de la région. Un système d’innovation performant devrait pouvoir progressivement rétablir
l’équilibre entre résidents et non-résidents. Il faut néanmoins remarquer que la notion de
résidents cache parfois une réalité autre car il pourrait s’agir d’entreprises étrangères en
partenariat ou en situation d’investissement direct mais ayant le statut de résidents

Un autre indicateur de la capacité d’innovation des pays de la région est relatif à l’indice de la
collaboration université-entreprise dans le domaine de la R&D. Sur 133 pays, la Tunisie occupe
la 52ème place, l’Egypte la 96ème, le Maroc la 113ème, la Libye la 115ème, l’Algérie la
124ème et la Mauritanie la 129ème place257. En termes comparatifs, la Corée du Sud est classée
24ème, l’Inde 46ème et le Brésil 34ème pour ce qui concerne les pays émergents. Les pays

257
World Economic Forum (2009)
181
avancés ont encore de meilleurs classements : la Suède 5ème, les USA vient en 1er et la Suisse
2ème.

II.4 Les régimes d’incitation institutionnelles

La qualité institutionnelle et la gouvernance ont une influence directe sur tous les secteurs. En
effet les problèmes de gouvernance du quels soufre l’Afrique du Nord, sont indirectement
derrière le retard détecté dans les autres piliers de l’économie de la connaissance spécialement
le secteur de l’éducation, et comme résultat ils influent négativement la capacité de ces pays à
s’insérer dans l’économie de la connaissance. Les indices reflétant l’efficacité des Etats
montrent que pour 2008, la Tunisie se positionne en premier avec un classement de 64,5 sur
100, suivie par le Maroc (51,7), l’Egypte (43,1) et l’Algérie (37)258. Ces faibles scores en
matière de gouvernance sont à rapporter au fait que dans les pays de la région, l’Etat, qui
fonctionne essentiellement au niveau central, n’a pas assez associé d’autre partenaires ni assez
décentralisé un grand nombre de ses fonctions vers les niveaux régional, local et sectoriel afin
d’améliorer l’adéquation et la réactivité de l’éducation et de la formation aux besoins
spécifiques de formation à ces niveaux259.

258
http://info.worldbank.org/governance/wgi/index.asp
259
BIT (2003) p.57
182
Conclusion du troisième chapitre

Durant ce troisième chapitre nous avons essayé d’entamer la problématique de l’économie de


la connaissance dans le contexte nord-africain. En effet, ce chapitre, dans une première section
a dressé un état des lieux des spécificités de l’économie de cette région, ainsi qu’une
présentation du niveau de développement humain des pays nord-africain pour aborder par la
suite la question de l’ouverture du marché nord-africain.

Dans une deuxième section de ce chapitre nous avons exposé la place de l’économie de la
connaissance dans le processus du développement en Afrique du Nord. A travers un diagnostic
des différents piliers de l’économie de la connaissance, nous avons démontré la situation de
chaque pays notamment : la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte et la Lybie,
dans le secteur de l’éducation qui demeure à la fois un facteur de développement aussi bien
qu’un pilier de cette économie. Ainsi que le positionnement de ces pays par rapport aux autres
régions du monde en terme d’accès et d’usage des technologies de l’information et de la
communication, et leurs progrès en termes des innovations et des régimes d’incitations
économiques qui constituent un des piliers majeurs de l’économie de la connaissance.

Ce chapitre avait pour objet le fait de situer les deux pays qu’on a choisis pour notre démarche
comparative, notamment la Tunisie et le Maroc, dans leur contexte socio-économique afin de
comprendre les différents indicateurs qui s’implique dans le processus d’insertion de ces deux
dans une économie de la connaissance. Chose que nous allons traiter attentivement et
profondément dans le dernier chapitre de notre thèse, qui met en valeurs le lien entre les
concepts clés de notre recherche à savoir l’économie de la connaissance, le développement et
l’attractivité des IDE

183
Chapitre IV : Etude
comparative entre le Maroc
et la Tunisie

184
Introduction du quatrième chapitre

A l’instar des années quatre-vingts, l’économie mondiale a connu une mutation profonde et un
changement radical des paradigmes, dû à l’émergence de l’économie de la connaissance, où la
principale source de croissance est devenue la capacité à réorienter la structure productive vers
des activités reposant sur l’innovation, l’utilisation et la diffusion des nouvelles technologies et
surtout la formation qualifiante .

Depuis le courant des années 80 les économies des PDEM (Pays Développés à Economie de
Marché) et voire quelques PED, ont intégré l’économie du savoir, dans laquelle la connaissance
a pris une part primordiale des facteurs de la croissance économique, dont cette nouvelle
économie donne plus d’importance à des nouvelles dimensions : l’apprentissage, la culture, le
savoir, la construction des connaissances collectives à travers le travail.

Cette économie se caractérise alors par une augmentation de la proportion des travailleurs
hautement qualifiés, mesuré par l’emploi des diplômés universitaires par rapport à l’emploi
total (Foray, 2009), et selon l’hypothèse du biais technologique, les TIC génère un
accroissement de la demande de travail hautement qualifié au détriment de la main d’œuvre
non qualifiée. Cette demande est basée essentiellement sur les compétences, les
connaissances et les formations adaptées induites par le renforcement du système éducatif
et le système de recherche260 . En effet les travailleurs actuels doivent disposer de
compétences particulières afin de profiter des avancées de la connaissance, et en vue d’utiliser
l’information plus efficacement. Les connaissances se diffusent alors plus rapidement à
condition que les progrès dans les TIC sont rapides et que les individus sont bien formés et
compétents261.

Ce chapitre a pour objectif d’explorer la notion de l’économie de la connaissance et de montrer


ses implications au niveau du développement économique au Maroc et en Tunisie. Au cours de

260
Clévenot M. et Douyère D., « Pour une critique de l'économie de la connaissance comme vecteur du
développement », Présenter dans un Colloque international « Economie de la connaissance et développement »
XXIVe Journées du développement de l'Association Tiers-Monde, Organisé par l'Université Gaston Berger
(Sénégal), le Bureau d'économie théorique et appliquée de l'Université Nancy2/CNRS., Saint Louis, Sénégal,
2008.
261
Ibid.
185
ce travail, nous tentons de présenter les tendances majeures de cette nouvelle phase de
l’économie, aussi de dresser un état des lieux de la réalité des TIC, de recherche et
développement et d’innovation et enfin du secteur de l’éducation dans les deux pays en
procédant à une études comparatives via un modèle économétrique qui étudie le lien entre les
indicateurs de l’économie de la connaissance et l’attractivité et le développement des deux pays.

186
Section I : Trajectoire de développement au Maroc et en Tunisie

I-Evolution structurelle de l’économie Marocaine

Après l’indépendance le Maroc a connu deux transitions en termes de l’histoire économique


d’abord une première période marqué par le « développement protégé »262 (Zaoual, 2007),
suivant un modèle appelé aussi le modèle de substitution aux importations pour passer durant
les années 1980 à une seconde période marquée par une certaines ouverture économique qui
changé la politique macroéconomique du royaume.

Les stratégies de développement adaptées par le Maroc depuis les années 60 ont arrivées à un
constat d’échec, notamment l’expérience de l’industrialisation par substitution est devenue
contreproductive. L’économie du Maroc a connu un surendettement flagrant, émanant à de forts
déséquilibres macroéconomiques : déficit budgétaire croissant, creusement du déficit extérieur
et un taux d’inflation. Ainsi, la chute du prix des phosphates a dégradé la situation de
l’économie marocaine dès la fin de la décennie 80.

L’économie marocaine durant les années 60-70 a été qualifier comme une économie de rente
vue que ses ressources ont été basés sur les revenus des phosphates et les transferts des MRE
qui compensaient le déficit. Durant les années 80 taux de la croissance a connu de très fortes
fluctuations dues aux sécheresses cycliques qui ont régressé le secteur d’agriculture et sa part
en PIB.

Le début des années 1980 a été marqué par la mise en place des programmes d’ajustement
structurels qu’ils avaient des effets équivoque. Ces effets ont été représentés d’abord, par la
rationalisation de la politique économique par la diminution du déficit budgétaire et en
encourageant l’entrepreneuriat, mais aussi, le fait que ces réformes sont inspirées du modèle
libéral, elle ne touche pas l’aspect social et en effet, elle ne représente pas un issu pour les
problèmes sociaux notamment, le chômage, les inégalités sociales, problèmes
environnementaux, l’habitat …etc.

262
Zaoual H., « Le management situé. Une introduction à la pensée managériale postglobale », Gestion 2000, n°
1/07, numéro spécial : Le management africain. Pratiques […] et Théories, janvier-février 2007.
187
L’histoire de l’économie marocaine depuis la réforme économique a été marquée par
l’évolution de ses structures et une tendance vers une économie qui présente des signes
extérieurs d’une relative richesse263.

Ainsi que la quantité et la qualité des biens qui circule dans le marché se varie selon le degré
de la concurrence qui s’est accrue. En effet, l’offre de biens et services s’en trouve diversifiée
de manière significative.

Le Maroc a commencé ses politiques industrielles depuis longtemps. Notamment en passant


par deux grandes périodes : la première depuis 1956-62 à 1982, et la deuxième s’étale de 1983
à nos jours. Ce qui distingue vraiment ces deux périodes est le passage d’une politique
interventionniste qui avait pour but l’émergence d’une structure industrielle via la mise en place
d’une politique industrielle basée sur la valorisation des ressources locales et la génération des
avantages comparatifs nouveaux, à une vision libérale afin de dérèglementer , libéraliser et
privatiser, visant donc le retrait de l’Etat au profit du privé. D’où la nécessité de la mise en
œuvre des programmes d’ajustement structurels qui ont été considérés comme étant le trait
saillant de la politique industrielle durant cette période au Maroc, qui s’inscrit dans une logique
d’ouverture de l’économie marocaine avec l’appui de la politique de promotion des
exportations.

Nonobstant cette politique industrielle a constitué un maillon essentiel pour la stratégie


marocaine du développement, dans ce sens nous allons essayer de présenter cette politique
industrielle ses apport pour le contexte marocain et son impact sur le développement.

I.1 L’économie marocaine : de la substitution aux importations au PAS


Afin de compléter son indépendance économique le Maroc s’est orienté vers les industries de
bases et l’intervention de l’Etat dans le secteur industriel. Cette vision industrialiste264 pour
laquelle le Maroc a opté et qui s’inscrit dans le cadre des plans quinquennaux des années 1960,

263
Selon les statistiques officielles, l’amélioration de la croissance et de l’emploi s’est traduite par une
augmentation du niveau de vie moyen des citoyens marocains. En effet, le PIB par habitant passe de 15800 dirhams
en 2001 à 20400 dirhams en 2006. Du même coup, l’Indice de Développement Humain progresse de 1,4% et, par
conséquent, la pauvreté s’en trouve réduite à 14,2% en 2004, selon le dernier recensement de la population effectué
par le Haut-Commissariat au Plan.
264
L'industrialisation comme concept est différent de la politique industrielle, elle désigne un choix de
développement, une option retenu par un pays pour placer l'économie sur un sentier de croissance, quand à la
politique industrielle, elle se définie selon le modèle d'industrialisation escompté. Revue MCI-ATTAWASSOUL,
n° : 11 Avril 2001, p.14
188
se focalisait sur l’objectif de la création d’une capacité industrielle de substitution aux
importations, (La préférence fut donnée aux industries agro-alimentaires et aux industries
manufacturières légères orientées vers la satisfaction de la demande solvable locale265), et de la
mutation pour l’exportation des produits agricoles et miniers266, en se basant sur des régimes de
protection, d’incitations et d’investissement public267.

Subséquemment, à partir de 1973 l’Etat s’est orienté vers une stratégie de diversification
des industries d’exportation, mais cette orienté n’a pas influencé la stratégie d’import-
substitution qui a été toujours mise en place. L’objectif de cette stratégie fut plus affirmé lors
du plan 1973-77 qui a intégré de nouveaux objectifs (la promotion diversifiée des exportations,
la régionalisation de l’investissement industriel, la marocanisation des entreprises)268.

Néanmoins, dans un contexte d’inflation modérée et de veille sur l’équilibre


macroéconomique269, les objectifs de croissance posés à cette période ont été qualifié modeste.
En effet, les échecs de cette stratégie ont vu le jour à partir des années 1975 émanant à une
remise en cause de cette stratégie dès les années 1980. D’où la nécessité de mettre en place les
programmes d'ajustement structurel du secteur industriel avec l'aide financier et technique de
la banque mondiale à partir de 1983.

I.2 Economie et politique industrielle marocaine après le PAS ; nouveau


rapport entre l’Etat
Depuis 1983, le Maroc a adopté un programme d’ajustement structurel pour remédier aux
échecs et faire face à la situation de crise, ce programme a annoncé de nombreuses mesures de
politique économique, notamment, la libéralisation de la politique des prix intérieurs, la
suppression des monopoles étatiques, l’assainissement de la situation des entreprises publiques,

265
Surtout dans les secteurs où l’écart entre la production et la demande était considérable. Dans ce cas, il fut
nécessaire d’identifier les biens disposant d’un potentiel de marché, permettant d’augmenter la valorisation interne
des ressources naturelles avec un coût en capital relativement bas, une technologie simple et pour lesquels la
concurrence a été atténuée par des mesures protectionnistes
266
Hamdouch B. " Politique de développement et ajustement au Maroc à l'épreuve de la crise" Ed : Smer, 1990
267
Sefriou F. " La dynamique ajustement structurel et croissance industrielle face aux impératifs de libéralisation ;
expérience marocaine "in travaux de recherches du réseau esprit, " Globalisation et compétitivité, les dynamiques
des systèmes productifs dans le contexte de libre échange" 1997.
268
Plan de développement économique et social 1973-1977, volume:I
269
Kadmiri A., "Economie et politique industrielle au Maroc" Ed ; Toubkal, 1989.
189
le désengagement de l’État de l’investissement productif industriel, la réforme fiscale et
l’assainissement des finances publiques.

Dans ce programme, l’État marocain a opté pour un modèle de croissance de l’industrie


nationale que l’on peut désigner comme « libéral »270.

Ce modèle se base sur :

 le renforcement de la flexibilité des structures productives,


 l’introduction de la concurrence interne comme aiguillon de la rationalisation de la
gestion productive et financière des entreprises
 la correction du système incitatif de façon à conduire le changement structurel de
l’appareil productif vers des activités économisant des devises,
 une politique de la propriété du capital visant une mobilisation accrue des ressources en
faveur des investissements industriels.

La compétition internationale271 est devenue un défis pour l’économie du Maroc notamment


après avoir opté pour le programme d’ajustement structurel et la libéralisation aussi que son
adhésion à l’Organisation mondiale du commerce ont progressivement on parle alors d’un
nouveau programme de mise à niveau.
Afin de donner une idée claire sur ce programme de mise à niveau des entreprises marocaines
nous allons le résumer en cinq actions comme suit :

 Renforcement de l'infrastructure de base272.


 Le développement des petites et moyennes entreprises (PME)
 L'amélioration de l'encadrement, et le développement des formations
 La promotion des exportations industrielles
 L'amélioration de la qualité de la production industrielle locale afin d'être au diapason
des standards internationaux273.

270
Saad Belghazi « politique sectorielle et développement humain » 2006, www.rdh50.ma/fr
271
Abderrahim Lahjouji « la mise à niveau des entreprises marocaines » centre national de documentation du
Maroc :BdD développement économique et social » http://doc.abhatoo.net.ma/doc/, décembre 2002
272
Mohamed boussetta, » la zone de libre-échange euro-maghrébine et ses implications sur le secteur industriel :
les cas du Maroc et de la Tunisie »revue marocaine d’administration et du développement local, n° : 33 sep 2000
273
Centre marocaine de conjoncture, Libre-échange et mise à niveau, bulletin n°: 18 Juillet 1998
190
Le modèle de gouvernance basé sur la libéralisation, privatisation et austérité a été adopté par
le Maroc pour substitué le modèle de gouvernance économique interventionniste, ce nouveau
modèle trilogique vise la relance de la croissance économique et le développement, et ce via la
libéralisation du secteur privé- national et étranger- et la réorientation des productions vers
l’exportation.

Cette panoplie de mutations vécue par l’économie marocaine, ainsi que l’accumulation de
multiples réformes adoptées durant cette période au Maroc marquée par une expérience
volontariste d’industrialisation, avait des répercutions profondes su la détermination de la
politique de développement au Maroc.

I.3 IDE et commerce extérieur au Maroc

Le Maroc est considéré comme l’un des pays pauvre en ressources mais riche en main d’œuvre
(Iqbal, 2004). Selon l’aperçu général préparé par la World Bank (2003), intitulé «Trade,
Investment and Development in the Middle East and North Africa : Engaging with the World»,
l’ancien modèle d’organisation et d’activité économique n’est plus en mesure d’assurer une
croissance rapide, de réduire la pauvreté, de créer des opportunités d’emploi, d’améliorer le
rendement, les compétences et les connaissances de la main-d’œuvre. Le secteur public, l’aide
extérieure et les envois de fonds des travailleurs à l’étranger, étant la base sur laquelle reposait
l’ancien modèle, ne peuvent plus soutenir un niveau suffisant de création d’emplois et de
revenus. Selon la même source, un nouveau modèle est en opération dans la plupart des pays
de la région. Ce modèle étant basé sur le commerce extérieur et l’investissement privé, est
prometteur d’une croissance plus rapide et de création d’emplois.
Cependant, les résultats de l’adoption de ce nouveau modèle sont encore faibles à cause de
certains facteurs de l’économie politique extérieure (conflit, sanctions, exclusion des services
dans les accords commerciaux...) et la faiblesse des politiques et des réformes.
Les déterminants de la compétitivité englobent la gestion du taux de change, les considérations
d’ordre commercial (trade policy), le rôle critique du climat d’investissement, les barrières
d’entrée pour les entreprises et les transactions de douane et de cargaison (Iqbal, 2004).
D’une part, les effets de l’économie de la connaissance sur la compétitivité s’expriment de
plusieurs manières. Les attraits des firmes multinationales et de l’investissement sont de plus

191
en plus fondés sur la capacité des pays à fournir les ressources de la connaissance :
qualifications, expertises, capacités de R&D, la capacité à mobiliser les ressources innovantes.
La réalisation d’un champ de compétition et l’encouragement d’entrepreneurs créatifs capable
d’accepter les risques relatifs à la pénétration de nouveaux domaines technologiques et
productifs, demande certains changements à commencer par les systèmes de valeur sociale
jusqu’à l’environnement publique, politique et l’infrastructure institutionnelle de support, dont
les institutions financières et d’éducation.
D’une autre part, les codes d’investissement et les mesures de facilitation diverses peuvent ne
pas être suffisants. L’attractivité des économies et leur compétitivité sont également
importantes. Les indicateurs de cette attractivité sont le flux des investissements directs
étrangers et le commerce extérieur.

I.3.1 IDE au Maroc


Selon l’étude “Country Risks, Foreign Direct Investments & Trade in the Mediterranean
Region” (2004), les signaux d’information fournis par les pays d’accueil en terme d’indices de
risque relatifs au pays et la capacité des investisseurs étrangers d’allouer efficacement leurs
ressources, semblent être les deux facteurs les plus importants qui affectent le flux des
investissements étrangers dans ces pays. Les estimations de risque du pays influencent aussi
bien les investissements directs étrangers (IDE) que les relations de commerce extérieur274
(Driouchi & Azelmad, 2004). Les résultats des régressions des flux en IDE entre 1990 et 2002
sur les estimations de risque entre 1990 et 1998 pour les régions étudiées, montrent que les
estimations de risque des pays encouragent les flux en IDE dans les pays méditerranéens du
nord tandis que les facteurs chaotiques caractérisent ce processus dans la région du sud de la
méditerranée.
Les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc ont beaucoup fluctué Durant la période
1986-2003 atteignant une valeur maximale de 2825 millions de Dollars en 2001 275 mais
souffrent d’une grande volatilité.

Du point de vue sectoriel, les banques viennent en tête, suivies par l’industrie, les mines et les
services. L’agriculture a une position tout à fait résiduelle276. Le régime économique est l’un

274
Driouchi, A. and Azelmad, E. “Country Risks, Foreign Direct Investments & Trade in the Mediterranean
Region.” Al Akhawayn University Students Research Papers Series, N° 24, pp. 06-24, 2004.
275
SESRTCIC; UNCTAD, World Investment Report 2005
276
Source : Office des Changes, balance de paiements du Maroc, 1996
192
des facteurs qui explique dans quelle mesure une économie peut attirer les investissements
directs étrangers. Ce régime est constitué de paramètres dont les scores peuvent en faire soit
des éléments d‘attractivité ou de répulsion. L’économie marocaine a de bons scores relatifs au
système bancaire et à la réglementation (code d’investissement et autres)277. Des progrès restent
encore à faire en matière de protection de la propriété intellectuelle et des budgets alloués, et
surtout le désarmement tarifaire et non tarifaire.

Au Maroc, la réorientation d’un volume plus important d’IDE vers les secteurs primaire et
manufacturier favorisera une meilleure répartition des richesses. Dans l'ensemble, à l’échelle
régionale, l'agriculture et la chasse, ainsi que la foresterie et la pêche, sont largement négligées
par l'IDE, même si ces secteurs sont considérés comme des secteurs à forte intensité de main-
d’œuvre et favorables aux pauvres dans les économies en développement.

Source : Rapport sur les investissements direct à l’étranger en Afrique du Nord, BAD, 2015

277
Source : UNCTAD, World Investment Report 2004
193
Selon la revue de la CNUCED 2008 sur la politique d'investissement au Maroc278, le pays a
adopté en 2007 un ensemble de règles pour soutenir les investisseurs, promouvoir l'IDE et de
rendre les procédures administratives plus faciles pour les nouveaux investisseurs. Selon
l'examen de la politique d'investissement de l'OCDE 2009, le Maroc a adhéré à la Déclaration
sur l'investissement international et les entreprises multinationales en 2009279.

Selon le dernier rapport de la CNUCED « World Investment Report 2014», les flux
d'investissements directs étrangers (IDE) dans le monde ont augmenté de 9% en 2013, pour
s’établir à 1452 milliards de dollars, contre 1330 milliards en 2012. Le stock mondial d’IDE a
aussi augmenté de 9%, pour atteindre 25.500 milliards de dollars. De son côté, le Maroc a reçu,
selon ce rapport, 3,4 milliards de dollars d’investissements étrangers, en hausse de 23% par
rapport à 2012. Notre pays enregistre, ainsi, une croissance record, au moment où les flux
d’investissements directs étrangers (IDE) en Afrique du Nord ont reculé de 7% pour enregistrer
15,5 milliards de dollars en 2013, suite aux tensions politiques et sociales persistantes dans la
région.

Les recettes nettes d’IDE au Maroc ont enregistré, selon la CNUCED, une hausse de 23% en
2013, atteignant 3,4 milliards de dollars contre 2,7 milliards en 2012, portant la contribution de
leur flux à la FBCF à 10,2% et leur stock à 47,8% du PIB, contre 9,1% et 47,1% respectivement
en 2012. En recettes280, les entrées d’IDE au Maroc ont atteint 39,6 milliards de dirhams en
2013, soit l’équivalent de 4,6 milliards de dollars, en hausse de 23,4% par rapport à 2012.

Selon la même source, 43 nouveaux projets (Greenfield) ont été réalisés au Maroc en 2013
contre 63 en 2012. Le Maroc a fait mieux que la Jordanie (16 projets), l’Algérie (16 projets), la
Tunisie (18 projets) et le Kuweit (37 projets), moins que le Chili (96 projets), la Corée du Sud
(107 projets), la Turquie (141 projets) et le Brésil (359 projets).
Au cours des dernières années, la structure des IDE a connu des modifications importantes à la
fois au niveau géographique et sectoriel. L’Union européenne n’est plus le seul principal
investisseur au Maroc et l’industrie est devenue plus attractive que l’immobilier et le tourisme.

278
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED, 2008). Analyse des
politiques d’investissement : Maroc, publication des Nations Unies, New York et Genève.
279
Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD, 2009). Analyse des politiques
d’investissement : Maroc, publication de l'OCDE.
280
Source : Office des changes, 2014, la CNUCED publie ses données sur une base nette.
194
La France reste le premier pays investisseur au Maroc281, avec 37% du total des investissements
étrangers en 2013, atteignant 14,6 milliards de dirhams, en hausse de 19% par rapport à 2012.
Les investissements en provenance des Emirats Arabes Unis, deuxième investisseur au Maroc
(8,6% du total des IDE), ont baissé de 56% ramenés à 3,4 milliards de dirhams en 2013, après
avoir atteint un record de 7,8 milliards en 2012. Ces pays sont suivis de Singapour (8,2%), de
la Suisse (7%), de la Grande Bretagne (6,5%), de l’Arabie Saoudite (4,8%) et du Luxembourg
(4,7%). L’Espagne, dont les investissements ont baissé pour la troisième année consécutive se
retrouve à la 11ème place avec un montant investi de 1,1 milliard de dirhams.

Figure 9: IDE au Maroc par pays

Source : Office des changes

Rapport économique et financier, Ministère de l’économie des finances, Projet de loi de finances pour l’année
281

budgétaire 2015
195
Figure 10: IDE au Maroc par secteur

Source : Office des changes

Sur le plan sectoriel, les industries manufacturières (39% du total des IDE) ont été les plus
attractives en 2013, en enregistrant 15,3 milliards de dirhams, soit une hausse de 88% par
rapport à 2012. Au niveau de ce secteur, l’industrie alimentaire attire le plus d’IDE (25% du
total des IDE en 2013), suivie de l’industrie automobile (6%). L’industrie est suivie de
l’immobilier (19% du total des IDE) et du tourisme (8%) qui ont attiré, respectivement, 7,5 et
3,3 milliards de dirhams d’investissements étrangers en 2013, soit des progressions respectives
de 2,5% et de 98% par rapport à 2012. Pour sa part, l’énergie, dont les investissements étrangers
qui ont plus que triplé en 2012, a enregistré un recul de moitié des entrées d’IDE à 2,7 milliards
de dirhams en 2013.

I.4 Perspectives positives des IDE au Maroc


Pour le Maroc, les perspectives d’attrait de nouveaux IDE restent prometteuses, en liaison avec
l’accélération des réformes et l’amélioration du climat des affaires, ainsi que la mise en place
des différentes stratégies et politiques sectorielles qui ont permis l’accroissement des
opportunités d’investissements à la fois dans des secteurs traditionnels (tels que l’agriculture,

196
la pêche et les mines) et dans des secteurs innovants (industrie automobile, aéronautique,
logistique, énergies renouvelables, …).

En effet, plusieurs projets d’investissements étrangers sont prévus au Maroc à partir de 2014
dont, notamment, le lancement par le groupe américain des composants électriques Eaton de la
construction d’une usine pour un investissement de 12 millions de dollars, la réalisation d’une
cimenterie et l’exploitation d’une carrière dans la région de Meknès pour un investissement de
1,45 milliard de dirhams par le Groupe brésilien Votorantim, l'implantation d'une unité du
groupe chinois Shandong Shangang, leader dans la fabrication des produits en acier, pour un
montant d'investissement de 1,3 milliard de dirhams.

Par ailleurs, le Maroc a signé, en juillet 2014, deux conventions d'investissements d'une valeur
globale de 45 millions d'euros avec deux leaders mondiaux de l’aéronautique282, le groupe
français Aerolia, filiale d’Airbus Group et le groupe américain Alcoa, spécialisé dans la
production d'aluminium, pour la création de nouvelles unités de production située à MidParc.
Le dernier bilan de la Commission interministérielle des investissements, fait état d’une
approbation, le 30 décembre 2013, de 40 projets de conventions d’investissement, d’une
enveloppe globale de 42 milliards de dirhams, dont 63% sont des projets maroco-étrangers. Le
secteur de l'énergie s'accapare la grande part du montant de ces investissements, notamment
deux grands projets validés par la commission dont la construction d’une centrale thermique à
charbon dans la province de Safi, une joint-venture entre Nareva Holding à hauteur de 35%, le
français GDF Suez (35%) et le japonais Mitsui (30%), pour un montant d’investissement de 22
milliards de dirhams et le parc éolien de Taza, une jointventure entre EDF Energies Nouvelles
(60%) et le japonais Mitsui (40%) pour un montant d’investissement de 2,41 milliards de
dirhams.

I.5 Commerce Extérieur


L’économie de la connaissance, pour être effective, doit pouvoir se traduire concrètement en
facilitations d’un certain nombre d’actions fondamentales pour la croissance. Parmi celles-ci,
on peut noter le commerce international et les échanges. Les moyens de facilitation sont

Rapport économique et financier, Ministère de l’économie des finances, Projet de loi de finances pour l’année
282

budgétaire 2015
197
aisément envisageables et peuvent être classés selon les 4 piliers de l’économie de la
connaissance.
Les indicateurs de commerce international expriment la relation entre les économies. La
balance de paiement du Maroc est en constant déficit du fait que les importations sont toujours
plus élevées que les exportations comme le confirment les chiffres 1999-2004.

Tableau 9 : Tableau de bord du commerce extérieur 1999-2004

Milliards de Dhs
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Importations 106 122 124 130 136,1 157,8
Exportations 74 79 80 86 83,9 87,9
Déficit 32 44 44 44 52,2 69,9
Taux de couverture % 69% 64% 65% 66% 62% 56%
Source : Prospective Maroc 2030
La compétitivité des exportations marocaines peut être mesurée en utilisant le taux de
croissance des exportations et la manière dont il se compare avec les autres pays de la même
région qui ont plus ou moins les mêmes catégories d’exportations. C’est ainsi que les
exportations marocaines ont vu leur taux de croissance chuter d’une manière spectaculaire entre
la période 1992-1995 et la période 1996-1998 ; ce taux est passé de 9% annuel à –3,4%, ce qui
représente un recul de 12,4%. Durant la même période, ce taux a augmenté de 6,6 pour la
Turquie et n’a reculé que de 5,5 pour la Jordanie et de 2 pour la Tunisie. Ceci s’explique non
seulement par la conjoncture économique difficile pour tous les pays mais également, la base
de la compétitivité reste assez fragile, reposant sur des secteurs assez volatiles.
L’étude précitée “Country Risks, Foreign Direct Investments &Trade in the Mediterranean
Region” (2004), explique l’effet direct des estimations de risque des pays sur les relations de
commerce extérieur.
Pendant que le niveau du risque diminue, les chances pour qu’un certain pays ait des relations
commerciales importantes avec d’autres pays, sont considérables. Cette régression produit des
coefficients positifs et significatifs pour toutes les régions.

198
II -Evolution structurelle de l’économie tunisienne

II.1 Stratégies de développement

La Tunisie a connu une évolution marquée en matière de politique économique puisqu'elle a


fait l'expérience de la substitution aux importations, la promotion des exportations, un secteur
public très important puis une libéralisation de l'économie qui favorise le secteur privé. On peut
distinguer sept sous périodes : la première, de 1956 à 1960, constitue une transition d’une
économie colonisée vers une économie indépendante ; la deuxième, de 1961 à 1970 correspond
à l’expérience du socialisme ; la troisième sous période de 1971 à 1980, est marquée par des
politiques mixtes d'ouverture et de libéralisation, le renforcement de l'ISI et de la manne
pétrolière. Avec la quatrième sous-période, de 1981-1986 on assiste à une marche vers la crise
car l'endettement extérieur et le déficit interne allaient en s'aggravant pour être insoutenable en
1986. La cinquième sous-période, très courte, de 1987-1989 est marquée par l'adoption du
programme de stabilisation et d'ajustement de l'économie. La sixième sous-période 1990-1999
marque l’orientation de l’économie tunisienne vers une économie ouverte qui se réfère à
l'arbitrage du marché et à la décentralisation des décisions économiques. Enfin, depuis l’année
2000, la Tunisie s’est engagée dans une seconde génération de réformes afin de préparer la
libéralisation totale de son économie en perspective de la création de la ZLE avec l’UE.

II.1.1 La sous-période 1956-1960 : Transition d’une économie colonisée vers une


économie indépendante

Après avoir atteint l’indépendance en 1956, la priorité immédiate était de décoloniser


l’économie du contrôle français qui avait favorisé l’agriculture et l’extraction minérale mais
avait, en grande partie, négligé l’industrie. Ces années ont de ce fait été caractérisées par un
processus de Tunisification des institutions de souveraineté et par le renforcement du contrôle
de l’Etat sur certain aspect de l’économie.

Cette période a été caractérisée par :

- Le rapatriement des fonctionnaires français travaillant pour l’administration tunisienne.

199
- La signature d’un accord avec le gouvernement français pour la récupération des biens-
fonds (1960).
- La sortie de la zone franche et l’abrogation de l’union douanière avec la France.
- la création de la Banque Centrale de Tunisie (1958) et la prise en main de la direction
du secteur bancaire par le gouvernement.
- la nationalisation des sociétés d’électricité, de gaz, d’eau ainsi que les principales
sociétés de transport.
- Le renforcement du contrôle de l’Etat dans les secteurs clefs, à savoir l’industrie,
l’agriculture et les mines.

Au cours de cette période, l’hégémonie du secteur public avait le soutien de l’Union Générale
des Travailleurs Tunisiens (UGTT) dont le rapport économique de 1956 prônait une
planification centralisée et la collectivisation des moyens de production dans le secteur
moderne.

II.1.2 La sous-période 1961-1970 : l’expérience du socialisme

En 1961, les responsables politiques ont opté pour une stratégie socialiste et le gouvernement
tunisien a commencé à élargir son contrôle sur tous les domaines de l’économie.

Au cours de cette période, la Tunisie a connu :

- L’expropriation de toutes les terres en possession étrangère.


- L’introduction de coopératives dans l’artisanat, le commerce et l’agriculture.
- La création de nombreuses entreprises industrielles par l’Etat.
- La création des offices qui ont le monopole du commerce extérieur.

Cette sous-période est caractérisée par une croissance très élevée de l’investissement (13% en
moyenne par an). L’épargne nationale et l’assistance étrangère étaient incapables d’assurer le
financement des investissements programmés d’où une croissance accélérée de la masse
monétaire, de l’inflation et une dévaluation du Dinar en 1964. Stolper(1980) notait que cet effort
d’investissement avait donné lieu à une croissance au niveau global (5% en moyenne par an)
mais que celle-ci n’avait pas eu lieu là où les investissements ont été engagés. Morrisson et
Talbi(1996) mettaient en évidence que l’économie tunisienne était en deçà de sa frontière de

200
production, d’autre part la productivité globale des facteurs était négative au cours de cette sous-
période.

II.1.3 La sous-période 1971-1980 : Politiques mixtes d’ouverture et de libéralisation

L'année 1970 met fin à l'expérience socialiste et annonce clairement une nouvelle politique
économique.

L'Etat doit conserver les secteurs de base, mais le reste de l'économie doit être confié aux
entreprises privées.

Il faut rétablir les mécanismes du marché car une économie administrative manque d’efficacité.

La priorité doit être accordée à l'agriculture dont le développement est une condition préalable
de toute croissance.

En ce qui concerne le secteur industriel, il faut renoncer aux grands projets et aux industries
lourdes pour investir en fonction de la rentabilité et du nombre d'emplois créés. Ces principes
conduisent à accorder plus d'importance aux industries manufacturières (textile, habillement,
cuir, industries agro-alimentaires, matériaux de construction, bois...) ainsi qu'aux petites et
moyennes entreprises.

L'investissement direct étranger doit être favorisé.

Les principales institutions qui sous-tendent cette politique économique (API, Offices et les
Fonds) ont été créées dès le début des années 1970. En mars 1971, les terres non domaniales
sont revenues en totalité au secteur privé ; il en va de même pour l'artisanat et tout le commerce
intérieur.

Au niveau du commerce extérieur, les offices qui subsistent n'ont plus le monopole, excepté
pour l'importation des produits de base. Cependant le secteur public demeure aussi important
dans les infrastructures, le secteur financier, l'industrie, le commerce, le tourisme et
l’agriculture.

201
Grâce au choc pétrolier de 1973-74, l'Etat va disposer de ressources très importantes pendant
les années 1970 et va continuer à investir massivement dans le secteur productif (la part de
l'investissement public dans l'investissement total s'élève à 62,2% en 1978).

L’investissement extérieur et intérieur, sont également encouragés. De nouvelles lois sont


promulguées dans le but d’encourager l’initiative privée. Il s’agit essentiellement de la loi 72-
38 qui offre un certain nombre d’incitations aux investisseurs étrangers sous forme de
réductions fiscales et douanières, exonération de certains impôts et taxes et facilitation des
importations de matières premières et équipements nécessaires à la production.

Une seconde loi visant le secteur privé tunisien est promulguée en 1974 dans le but d’accorder
certains avantages aux investisseurs nationaux tout en liant ces incitations au nombre d’emplois
crées.

Grâce à ces différentes mesures mises en place, la Tunisie a en effet connu une grande
expansion du secteur privé et une croissance rapide de l’emploi manufacturier. Toutefois, le
retour à l'économie de marché n’a pas été réellement atteint puisque :

- La Tunisie conserve un système de fixation des prix où le contrôle est la règle et la liberté fait
l'exception. En effet Le régime prépondérant est l'homologation (prix officiel déterminé en
fonction des coûts de production plus une marge bénéficiaire) ce qui limite le jeu de la
concurrence et n'incite pas les entreprises à comprimer leurs coûts de production.

- Le secteur financier est entièrement administré.

- L'économie tunisienne reste très protégée puisqu'on maintient des droits de douane très élevés
et un régime de restrictions quantitatives avec des licences d'importation.

Pendant les années 1970, ce régime d'économie en partie contrôlée, en partie libre, va connaître
des performances très satisfaisantes grâce aux chocs pétroliers, à la bonne augmentation des
prix des phosphates et dérivés, à une pluviométrie favorable et aux bénéfices des
investissements engagés dans les années 1960 en infrastructure et en éducation. Le taux de

202
croissance annuel moyen était de 7,1% au cours de la période 1972-1980. La productivité
globale des facteurs était positive et représente 30% de la croissance du PIB.

En dehors de l’agriculture avec un taux de croissance relativement faible et les IAA avec une
PGF négative, tous les autres secteurs ont connu une croissance impressionnante. L'industrie
manufacturière vient en première position avec une moyenne de 11,3%. Ceci a permis de faire
passer la part de la valeur ajoutée de ce secteur de 8,8% en 1972 à 11.3% en 1980. Le taux de
croissance dans le secteur du textile était très élevé (14,3%) où la PGF contribue à raison de la
moitié environ. Pour ce qui concerne les services, la croissance moyenne s'élève à 7,9% environ
avec une contribution de la PFG inférieure celle pour l'ensemble de l'économie ; on signale, par
exemple une contribution de la PGF de 22% à la croissance du secteur du tourisme.

Ces performances productives de l'économie tunisienne constituent le point de départ pour une
diversification de l'assise sectorielle de la croissance. Les parts respectives de l'industrie non
manufacturière et des services passent de 16,2 et 25,5% en 1972 à 18,4 et 27% en 1980. Ces
augmentations s'effectuent aux dépens du secteur agricole dont la part baisse de 21,1% en 1972
à 15,1% en 1980.

Au niveau de l’utilisation du produit national, les années 1970 sont marquées par une impulsion
de la demande intérieure avec une part dans la croissance globale de 81.5% (voir Redjeb et
Talbi(1995)). La contribution des exportations s’élève à 34% alors que celle de la substitution
aux importations a été négative.

Les principales raisons de l’interaction de ces différentes sources de croissance sont la manne
pétrolière, le renforcement de la politique sociale au cours de cette sous-période, l’augmentation
du taux d’investissement et l’émergence des activités off-shore notamment dans le textile. Ben
Slama et al(1995) soulignent que ce profil global de croissance s’explique par la petite taille de
l’économie tunisienne qui justifie une ouverture sur l’extérieur.

203
La politique commerciale283 au cours de cette sous période était principalement caractérisée par
le démarrage des exportations des produits manufacturiers, notamment dans le textile et par une
évolution favorable des termes de l’échange (+2.4 pour cent en moyenne par an) sous l’effet
des deux chocs pétroliers.

II.1.4 La sous-période 1981-1986 : Déséquilibres socio-économiques

Le contexte devient moins favorable à partir de 1980, notamment en 1985-86 où plusieurs


facteurs négatifs se sont conjugués :

- Baisse du prix du pétrole et du prix du phosphate.


- Stagnation de la production pétrolière alors que la demande locale d’énergie croit à un
rythme accéléré.
- Conditions climatiques défavorables (sécheresse fréquente).

- Baisse des envois de fonds par les travailleurs émigrés à cause du coup d’arrêt à l’émigration
vers l’Europe et au renvoi des travailleurs émigrés en Libye.

Malgré ces handicaps, l’Etat poursuivait une politique d’investissements publics très importants
(en 1982, le taux d’investissement atteint son niveau le plus élevé au cours des quarante
dernières années soit : 34% du PIB). En ce qui concerne le budget de l’Etat, les dépenses
augmentaient à un rythme accéléré à cause des subventions accordées aux entreprises
publiques, les transferts aux ménages et les dépenses d’éducation ; ainsi la pression fiscale a
atteint un niveau élevé de 23.1% et le déficit budgétaire était de l’ordre de 5.5% du PIB en
1986. L’Etat fut obligé d’emprunter massivement, y compris aux banques commerciales
étrangères, de telle sorte que la Tunisie fut menacée par une crise financière. La dette extérieure
avait atteint 58% du PIB et le service de la dette représentait 31.4% des recettes des exportations
en 1986. Les différents handicaps signalés ci-dessus et la politique de l’Etat ont eu des effets
négatifs sur les performances de l’économie tunisienne. En 1986, la Tunisie a connu sa première
année de croissance négative depuis son indépendance. Pour la période 1981 – 86, la croissance

283
Les performances du secteur extérieur seront développées avec plus de détails dans le cadre du chapitre
suivant.
204
était de l’ordre de 3.3% en moyenne par an ce qui correspond à une baisse de moitié par rapport
à la croissance observée au cours des années 1970. La PGF était négative (-0.7 pour cent). La
baisse de la croissance avait touché tous les secteurs selon des degrés différents. L’industrie
manufacturière sauve la face avec une croissance de 6.5 pour cent et où la PGF était positive et
renforce sa part dans le PIB (12.8 pour cent en moyenne durant la période 1981-1986). La baisse
de la croissance était plus importante dans l’industrie non manufacturière et met en évidence le
début du processus de tarissement des ressources naturelles. La croissance dans les services
était comparable à la croissance globale mais elle est associée à une PGF nettement plus faible.

II.1.5 La sous-période 1987-89 : Mise en place du Programme d’Ajustement Structurel

Des mesures drastiques furent prises dès 1985-86 pour éviter la crise financière qui menace le
pays, mais il était évident qu'il fallait aller plus loin et changer de politique économique. Ce
changement a été effectué de façon graduelle et la sous-période 1987-89 correspond à la
première étape qui a pour objectif de stabiliser l'économie et d’introduire les mesures initiales
d’une libéralisation structurelle à travers le réajustement des instruments essentiels de la
politique économique et financière. Ceci fut entrepris dans le cadre du Programme d'Ajustement
Structurel qui consiste à libéraliser complètement l'économie en appliquant un ensemble de
mesures portant sur :

- la libéralisation de l’investissement et de la plupart des prix ;

- la réforme des entreprises publiques et la privatisation d’autres (hôtellerie, textile, transport


de marchandise).

- la libéralisation du secteur financier, en particulier le crédit.

- la libéralisation des importations

Ce programme a profondément changé le fonctionnement de l'économie284 . Celle-ci connaît


pour la première fois, un environnement plus concurrentiel.

284
Voir Nsouli et al(1993) et Banque Mondiale(1996).
205
En effet, même si l'Etat demeure très présent (son poids est important dans l'infrastructure,
l'industrie et la banque mais aussi au niveau des investissements publics (51% du total)), les
règles de jeu ont complètement changé.

Grâce aux différentes mesures du PAS, l'économie tunisienne a connu des performances
satisfaisantes pendant les années 1987-89 et ce malgré la sécheresse qui avait sévi.

Le taux de croissance était de 3.5% en moyenne et en légère augmentation par rapport à la


période 1981-86. La PGF est positive et sa contribution (27 pour cent) est comparable à celle
constatée durant les années 1970 où la croissance était nettement plus élevée. L'évolution de la
PGF traduit une relance de la croissance obtenue grâce à la mobilisation des capacités de
production non utilisées.

La reprise de la croissance a eu lieu selon des degrés différents dans les secteurs de production.
Sa principale caractéristique distinctive était de mettre en évidence le rôle moteur des
exportations. En effet, les secteurs exportateurs (tourisme, textile, chimie, matériaux de
construction) enregistrent des taux de croissance substantiels et mettent en évidence des
réserves de productivité importantes dont la contribution à la croissance est supérieure à 70
pour cent. Les performances du secteur de l'agriculture ne sont pas interprétables compte tenu
de la sévérité des facteurs exogènes au cours de cette sous-période. En revanche les industries
non manufacturières affichent une croissance zéro et confirment la tendance observée dès le
début des années 1980. Enfin, on remarque une croissance dans les services plus élevée que
dans l'industrie manufacturière qui se répercute sur leur part relative dans le PIB : les services
gagnent 2.7 points de pourcentage par rapport à la sous période 1981-86 alors que les industries
manufacturières gagnent 1.2 point de pourcentage. La part du secteur agricole poursuit sa
tendance à la baisse ; en même temps celle de l'industrie non manufacturière enregistre une
diminution importante puisqu'elle passe de 17.1% durant la période 1981-86 à 14.1% durant les
années 1987-89. Le renforcement des exportations dans certains secteurs de l’économie était
favorisé par la dévaluation de 10% du dinar tunisien en 1986. Cette mesure a été mise en place
afin de restituer la compétitivité de l’économie.

Le déficit budgétaire reste élevé au cours de cette sous-période puisqu'il passe de 3.1% en 1987
à 3.8% en 1989. Par ailleurs, l'encours et le service de la dette marquent une baisse par rapport

206
à leurs niveaux de 1986 mais restent néanmoins élevés : 55.8% du PIB et 25.7% des
exportations en 1989 respectivement.

La balance courante marque un redressement spectaculaire puisque le déficit courant passe de


–7.1 pour cent du PIB en 1986 à –4.2285 % en 1989. Les termes de l’échange enregistrent un
redressement important (-2.4 % en 1989 contre –12.5 % en 1986).

II.1.6 La sous-période 1990-1999 : Vers une économie ouverte

La politique économique menée depuis 1990 fait suite au programme de stabilisation des années
1987-89 et annonce clairement une orientation vers une économie de marché ouverte.

L’objectif étant d’accroître l’efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché dans un


cadre législatif en mesure d’encourager les investissements étrangers, d’accélérer la
privatisation, de développer le marché financier et de renforcer l’intégration dans le marché
européen.

Les principales réformes entreprises dans ce cadre sont :

- La réforme fiscale, avec l'instauration de la TVA et l'adoption d'un nouveau code de taxation
directe des revenus des personnes physiques et des sociétés qui a permis de réduire le
nombre de tranches d’imposition et le niveau des taux d'imposition.
- Le code d'investissement : voté en 1993 par le parlement, le nouveau code permet de situer
les incitations accordées aux investissements sectoriels dans une perspective horizontale :
promotion des exportations, développement régional, maîtrise et diffusion de la
technologie, protection de l’environnement et élargissement de la base de l’entrepreneuriat
- La réforme du système financier, dans l'esprit des mesures de libéralisation financière déjà
engagée, afin d'accorder plus d'importance au marché monétaire et à la bourse.
- La convertibilité courante du Dinar, début 1991, et l'instauration d’un marché de change.
- Continuation de la réforme du système tarifaire sous forme d'une réduction graduelle des
taux de droits de douane et une élimination progressive des restrictions quantitatives qui
frappent les importations.

285
La balance courante était excédentaire en 1988.
207
Les mesures ci-dessus sont couronnées par l'adhésion de la Tunisie à l'Organisation Mondiale
du Commerce et la signature d'un accord pour une zone de libre-échange avec l'Union
Européenne en 1995. Selon cet accord, au terme d'une période de transition de douze ans
pendant laquelle l'économie tunisienne est censée effectuer sa mise à niveau, l'environnement
économique de la Tunisie serait profondément transformé. La distinction entre le marché local
et le marché étranger ne serait plus pertinente et une entreprise qui défend sa part du marché
local a autant de mérite qu’une autre entreprise qui tente de conquérir des marchés étrangers.

Cette orientation vers une économie de marché ouverte connaît des performances très
satisfaisantes grâce à une mobilisation des réserves de productivité et à la concurrence.

Le taux de croissance annuel moyen est d'environ 5 pour cent durant la période 1990-99. La
PGF est positive, contribue à raison de 44 pour cent dans la croissance du PIB et dépasse pour
la première fois le capital. En ce qui concerne la dynamique sectorielle, cette sous-période
aboutit à une réhabilitation de l'agriculture grâce aux différents encouragements pour ce secteur
et aux conditions climatiques plus favorables. La contribution substantielle de la PGF met en
évidence des réserves importantes de productivité dans ce secteur. La PGF était négative dans
le secteur des services uniquement à cause du tourisme. Les performances du tourisme ne sont
pas interprétables à cause de l'effet de la guerre du Golfe en 1991. Le taux de croissance dans
l'industrie manufacturière est de l'ordre de 6 pour cent, plus élevé que celui de la période 1987-
89. Le textile et les industries manufacturières diverses sont les secteurs les plus dynamiques.
Le taux de croissance de l'industrie non manufacturière de 3.1 pour cent s’inscrit dans une
tendance à la hausse par rapport aux années 1980 grâce à une reprise dans le bâtiment (6.1 pour
cent).

L’examen de la structure sectorielle du PIB révèle une légère augmentation de la part de


l'agriculture puisqu'elle passe de 12.2 en 1989 à 12.6 pour cent en 1999. La part de l’industrie
manufacturière et celle des services continuent leur augmentation déjà enregistrée. La part de
l'industrie non manufacturière s'élève à 11.6 pour cent du PIB en 1999 contre 14.1 pour cent en
1989 et permet d'affirmer la baisse accélérée de l'importance relative de ce secteur.

208
Le déficit budgétaire enregistre une aggravation par rapport à la période 1987-89 et s'élève à
3.7 pour cent du PIB en 1999, des efforts sont nécessaires pour ramener à un niveau inférieur à
3 pour cent. La pression fiscale reste stable entre 1989 et 99.

Les efforts fournis pour juguler les problèmes de la dette extérieure ont abouti à des résultats
probants puisque l’encours et le service de la dette sont ramenés à 48.2 pour cent du PIB et 18.4
pour cent des exportations respectivement en 1999 contre 58 pour cent et 31.4 pour cent
respectivement en 1986.

II.1.7 La sous période 2000-2004 : Évolutions économiques récentes

Les réformes macroéconomiques entreprises par la Tunisie depuis le milieu des années 80
ont contribué à sa bonne performance économique récente. En effet, en dépit des chocs internes
et externes qui se sont succédé au cours de la période 2000-2004, la Tunisie a réussi à réaliser
des performances globalement satisfaisantes en matière de croissance économique, de maîtrise
de l’inflation, de réduction du déficit du compte courant, de réduction du taux de l’endettement
extérieur et de développement des exportations à un taux soutenu.

Après une période caractérisée par des taux de croissance élevés (5% en moyenne entre 1990
et 1999), le PIB réel a été assez faible en 2002 atteignant 1,7%. Cette baisse est due au
ralentissement de l’activité économique qui a frappé le pays en 2002 suite au fléchissement de
la croissance des pays de l’UE et à la chute des arrivées touristiques sous l’effet des événements
du 11 septembre 2001, auxquels s’ajoute la persistance des conditions climatiques défavorables.
Une nette reprise de la croissance économique suite à l’accroissement de la production agricole
et à l’augmentation des exportations, s’est confirmée à partir de 2003 avec un taux de 5.5%.
Celle-ci a atteint 6% en 2004. En moyenne, le PIB réel a crû de 4.6 % au cours de la période
2000-2004. Le revenu réel par habitant a également progressé pour s'établir à près de 2 300
euros en 2004.

La croissance enregistrée par le PIB est expliquée de manière différente selon les secteurs de
l’économie. Ainsi, la croissance moyenne du secteur de l’agriculture et de la pêche n’a pas
dépassé 3.5% en raison des conditions climatiques défavorables entre 2000 et 2002. Par ailleurs,
les performances de l’industrie non manufacturière ont été fluctuantes d’une année à l’autre en
209
raison de la fluctuation des cours mondiaux des produits faisant l’objet d’exportation. Son taux
de croissance s’est maintenu au même niveau que celui de la période 1990-1999 (3.1%).

Le taux de croissance dans l'industrie manufacturière s’est élevé à 4.3%. Le secteur des IME
ainsi que celui des IMCCV et des IAA sont les secteurs les plus dynamiques ayant réalisé des
taux de croissance respectifs de 10.9%, 7.9% et 7.8%. Ces résultats ont été largement favorisés
par les mesures préconisées en faveur du secteur privé dans le cadre du programme de mise à
niveau. Ils sont d’autant plus appréciables qu’ils ont été réalisés avec un rythme
d’investissement plus modéré que durant les années précédentes.

Par ailleurs, et en mettant l’accent sur la structure sectorielle du PIB, il s’avère que la part de
l’agriculture et la pêche ainsi que celle des services ont légèrement augmentées en passant
respectivement de 12.4% et 35.2% à 12.6% et 36.3% entre 2000 et 2004. Les secteurs
manufacturier et non manufacturier ont connu par contre, une légère baisse de leurs parts dans
le PIB (18.2% et 10.4% respectivement en 2000 contre 17.8% et 10% en 2004).

Les exportations se sont accrues à raison d'une moyenne de 11.8 % par an entre 2000 et 2004.
Elles ont atteint une moyenne de 45.5 % du PIB au cours de cette période contre une moyenne
de 42 % en 1990-91. A côté du tourisme, le secteur des industries manufacturières qui
représente plus de 50 % du total des exportations a contribué de manière importante à la
réalisation de ces performances. En outre, 24 % des exportations sont constituées de produits
intensifs en main d'œuvre qualifiée et en technologie moderne contre 21,2 % en 1997.

Grâce à une gestion macroéconomique prudente, la Tunisie a réussi également à ramener le


taux d’inflation de plus de 6 % au début des années 90 à 2.4% en moyenne sur la période 2000-
2003. L’assouplissement des conditions monétaires et la reprise économique ont aggravé les
tensions sur les prix, ce qui a ramené le taux d’inflation à 3.5% en 2004.

Par ailleurs, le déficit structurel du compte courant a été ramené à 2,1% du PIB en 2004 contre
4.2 % en 2000. L’excédent de la balance des opérations en capital s’est également renforcé au
cours de cette période ce qui a permis de consolider la balance des paiements.

Suite aux efforts déployés en vue de mobiliser des ressources propres du budget de l’Etat et de
maîtriser les dépenses publiques, la déficit budgétaire a enregistré une baisse en passant de 3.7%
du PIB en 1999 à un niveau moyen de 2.6% et ce, en dépit de la contraction du rythme
d’évolution de certaines recettes fiscales suite notamment aux mesures prises dans le cadre du
démantèlement tarifaires. En outre, l’adoption d’une politique prudente de la gestion de la dette

210
et de contrôle du fardeau de la dette publique a permis de ramener la dette extérieure totale à
50,4 % du PIB en 2004 contre 52 % en 1999. Le ratio du service de la dette a été ramené de
21.4% des exportations en 2000 à 15,3 % en 2004.

Grâce à l’évolution favorable des exportations des biens et services ainsi que la maîtrise du
niveau des services de la dette, les avoirs nets en devises se sont consolidés en passant de 2810
MDT, soit 74 jours d'importations en 2001, à 4733 MDT en 2004 ce qui correspond à 107 jours
d’importations.

Par ailleurs, on assiste à une légère augmentation de la part de l'investissement dans le PIB qui
s'est située à 25.1% en moyenne par an au cours de la période 2000-2004 contre 24.5% entre
1996 et 1999.

Il est à noter également que la plupart des prix dans l’économie tunisienne sont déterminés par
les forces du marché puisque près de 87% des prix au niveau de la production et 81% au niveau
de la distribution sont déterminés par le libre jeu de l’offre et de la demande (MDCI).

Dans une perspective d’insertion plus poussée de l’économie nationale dans l’économie
mondiale et dans l’objectif de répondre aux exigences de la compétitivité internationale, la
Tunisie a poursuivi au cours de cette période la mise en place de réformes et d’actions destinées
directement aux entreprises et à leur environnement. Il s’agit particulièrement de :

 la stabilisation du cadre macro-économique


 la mise en place de mesures de facilitation des échanges extérieurs à travers la réduction
des délais de réalisation des opérations du commerce extérieur, la rationalisation des
procédures et des documents et la baisse des coûts des transactions.
 la mise en place de réformes fiscales visant la simplification du système d'imposition,
la baisse des tarifs, l’élargissement de l'assiette fiscale, la relance de l'activité
économique et la modernisation de l'administration fiscale.
 La mise en œuvre d'une politique flexible de taux de change dans l’objectif d’appuyer
la libéralisation des échanges commerciaux et de préserver la compétitivité de
l'économie.

211
 la poursuite des efforts en matière de promotion des investissements privés aussi bien
dans les secteurs traditionnels que dans de nouveaux secteurs notamment ceux à contenu
technologique élevé et à haute valeur ajoutée.
 la modernisation des infrastructures à travers l’ouverture de ce secteur à l’initiative privé
et la déréglementation de certains monopoles de l’Etat notamment au niveau du
transport maritime et des télécommunications.
 la restructuration du système bancaire et financier en vue d’améliorer la qualité des
prestations fournies et de diversifier les sources de financement au profit de
l’investissement privé.
 l’adaptation de la politique monétaire avec les exigences de promotion de
l’investissement.
 la valorisation des ressources humaines et son adaptation aux besoins de l’économie.

II.1.8 Orientations futures du pays


La période à venir constitue une étape décisive pour l’économie tunisienne étant donné qu’elle
sera affrontée à des défis sans précédents notamment en raison du ralentissement du rythme de
la croissance mondiale, de la baisse de la demande internationale et des fluctuations des taux
de change et des cours des matières premières. Des contraintes supplémentaires sont attendues
en raison de l’accentuation de la concurrence sur les marchés interne et externe suite au
démantèlement des accords multifibres qui touche le premier secteur exportateur du pays à
savoir, le secteur Textile Habillement et à l’accélération du processus de libéralisation en
perspective de la création de la ZLE avec l’UE.

La réussite future du pays dépend étroitement de son aptitude à accélérer sa croissance


économique, à consolider les équilibres globaux et à renforcer sa compétitivité internationale.

A cet égard, l’économie tunisienne est tenue de poursuivre les réformes et les restructurations
entamées au cours de la période précédente tout en mettant l’accent sur :

- l’approfondissement des réformes du système fiscal en vue d’introduire davantage de


cohérence entre les différents régimes fiscaux et la poursuite de l’aménagement des taux ce qui
devrait permettre l’amélioration de son efficacité et de son rendement.

- l'amélioration de la qualité des services administratifs de manière à consolider le respect des


règles de la concurrence loyale, la diffusion de l'information économique et l'assistance à

212
l'exploration des opportunités d'investissement et d'exportation, tout en veillant à réduire les
autorisations administratives.

- l’intensification des efforts afin de moderniser les méthodes de gestion des banques et des
institutions financières et d’améliorer leur rendement et la qualité de leurs prestations.

- l’intensification de la modernisation et du renforcement de l'infrastructure de base ainsi que


l’amélioration des prestations de services s'y rattachant. La priorité devrait être accordée
notamment au secteur des technologies de l'information et de la communication, eu égard au
rôle qui lui est assigné pour conforter l'action de développement et la création d'emploi.
L’objectif étant d’accroître sa contribution de 3,3 % du PIB en 2001 à 7 % en 2006.

- la poursuite des efforts pour la mise à niveau de l'appareil productif et l'amélioration de la


compétitivité de l'entreprise.

- le renforcement des encouragements au profit de l’initiative privée notamment dans des


secteurs encore protégés et dans des activités innovantes et à forte valeur ajoutée qui s'adaptent
mieux à la nouvelle structure des demandeurs d'emploi et à l'instauration de l'économie du
savoir. L’objectif étant de porter la contribution du secteur privé à l'investissement global de
53% en 2001 à 58.5% en 2006.

- le raffermissement du processus graduel de la convertibilité totale du dinar et libéralisation


financière extérieure à travers l'introduction davantage de flexibilité sur certaines opérations
courantes et la consolidation de la libéralisation des opérations en capital afin d'être au diapason
de l'ouverture de l'entreprise sur son environnement international.

II.2 Evolution et caractéristiques des échanges extérieurs

La Tunisie est un pays fortement ouvert sur l’extérieur. L’examen de l’évolution du taux
d’ouverture, mesuré par la somme des exportations et des importations des biens et services
rapportée au PIB, montre que ce dernier s’est amélioré pendant la période d’analyse 1972-2004
en passant de 50.3% en 1972 à 92.5% en 2004. Cette ouverture de l’économie tunisienne sur
l’extérieur est caractérisée par un déficit de la balance des biens et services. Ce déficit est
ramené de 7.1% du PIB en 1986 à un niveau supportable de 2.2% du PIB en 1999. Au cours de
la période 2000-2004, on assiste à une légère augmentation de ce déficit en pourcentage du PIB.
Parallèlement, le taux de couverture des importations par les exportations a enregistré une

213
augmentation sensible après l’adoption du PAS en passant de 80.8% en 1986 à 95% en 1999.
Ce taux a enregistré une légère baisse à partir de 2000 pour se situer à 93.1% en 2004.

Tableau 10: Evolution de certains indicateurs du secteur extérieur


1972 1980 1986 1989 1994 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004

EXPORTATIONS
24,5 38,9 30,0 45,4 44,9 43,8 42,6 44,5 47,7 45,2 43,8 44,6
(%PIB)

IMPORTATIONS
25,7 44,3 37,1 49,6 47,9 46,2 44,8 48,2 52,3 49,5 47,6 47,9
(%PIB)

TAUX D'OUVERTURE 50,3 83,2 67,1 94,9 92,8 90,0 87,4 92,7 99,9 94,8 91,4 92,5

TAUX DE
95,3 87,9 80,8 91,6 93,9 94,7 95,0 92,4 91,2 91,4 91,9 93,1
COUVERTURE

DEFICIT DE LA
BALANCE DES BIENS -1,2 -5,4 -7,1 -4,2 -2,9 -2,5 -2,2 -3,6 -4,6 -4,3 -3,9 -3,3
ET SERVICES (%PIB)

Source : Budget Economique et Comptes de la nation.

Sur la période d’analyse 1973-2004, les exportations tunisiennes de biens et services ont cru en
moyenne de 6.1% par an. Ce taux de croissance est supérieur à celui des importations (5.9%).
Au cours de cette période, le PIB a augmenté en moyenne d’environ 5%, ce qui se traduit par
une intégration plus forte de l’économie tunisienne dans l’économie mondiale.

La croissance des exportations et des importations n’a pas été homogène durant la période
d’analyse. La période 1973-80 a été caractérisée par une augmentation des exportations
pétrolières sous l’effet des deux chocs pétroliers, le développement des activités offshore
notamment dans le textile et l’augmentation des investissements. Cela a permis d’améliorer les
performances du secteur d’exportation (7.4%). L’augmentation des importations à un taux plus
élevé de 10,3% par an en moyenne s’explique par le niveau élevé du taux d’investissement et
par l’accès facile au financement extérieur.

Pendant, la période de pré-ajustement, les déséquilibres internes et externes ont conduit à un


rationnement des importations dont le taux de croissance annuel moyen est de 0,1% soit une
quasi-stagnation. En conséquence, les investissements ont baissé ce qui a ralenti de façon
drastique la croissance des exportations dont le taux a atteint 0.8% par an en moyenne.
214
Au cours de la période 1987 - 89, il y a eu une dépréciation du dinar tunisien, une reprise des
investissements et une augmentation du taux d’utilisation des capacités de production, ce qui a
entraîné une augmentation des exportations et des importations. Les taux de croissance annuels
moyens des exportations et des importations ont été de 13.6% et 6.9% respectivement pendant
cette période.

Le rythme de croissance du secteur d’exportations durant la période 1990-96 marque un


ralentissement par rapport à la période précédente à cause des effets négatifs de la guerre du
Golfe (notamment sur le tourisme) et d’un moindre accompagnement de la politique de change.

Tableau 11 : Accroissement annuel moyen en % des exportations

1973-80 1981-86 1987-89 1990-96 1997-99 2000-04 1973-04

AGICULTURE ET PECHE 1,4 10,5 -0,3 -1,7 7,2 27,9 7,0

INDUSTRIES MANUF. 7,5 6,7 17,9 5,9 6,5 11,0 8,5

I.A.A. -9,0 10,5 6,3 8,0 55,3 18,3 10,1

M.C.C.V. -25,1 328,4 81,2 -2,2 0,4 13,7 64,6

I.M.E. 16,3 9,8 21,2 10,8 0,4 18,2 13,1

Chimie 18,5 10,8 11,6 2,5 2,4 6,8 9,6

T.H.C. 32,3 4,7 14,8 10,0 5,3 9,1 14,5

I.M.D. 6,8 13,8 83,6 -8,1 -0,7 18,1 13,1

INDUSTRIES N. MANUF. 6,6 -5,4 0,7 -0,3 -1,3 18,2 3,4

Mines -7,7 -4,5 5,4 7,9 -0,8 -0,4 -0,7

Hydrocarbures 8,8 -5,4 0,4 -0,7 -0,9 20,1 4,2

SERVICES MARCHANDS 10,3 -1,2 18,8 3,4 9,6 1,8 -

Transport 13,6 0,2 11,7 6,7 8,3 5,7 7,7

Tourisme 9,9 -2,3 24,6 2,1 11,4 3,2 6,4

TOTAL 7,4 0,8 13,6 3,9 6,6 8,7 6,1

Source : Budget Economique et Comptes de la nation.

215
En ce qui concerne les importations, leur croissance est relativement moins rapide que celle des
exportations pendant la période 1990-96 et s’explique par la reprise de l’investissement,
l’introduction à partir de 1992 de la convertibilité courante du Dinar tunisien (qui a allégé le
rationnement des devises nécessaires pour l’importation), la réduction des restrictions
quantitatives et la baisse des tarifs douaniers.

La Tunisie enregistre une reprise de la croissance des exportations et des importations à partir
de 1997. Le taux de croissance annuel moyen des importations a dépassé celui des exportations
au cours de la période 1997-99 ce qui s’explique par les effets des mesures de libéralisation des
importations conformément aux accords signés avec l’Union Européenne.

Au cours de la période 2000-04, le taux de croissance moyen des exportations a été ramené à
8,7% contre 6,6% au cours de la période 1997-99 et ce malgré les chocs adverses qui se sont
succédés. La poursuite de la libéralisation de l’économie tunisienne au cours de cette période,
a donné lieu à un renforcement du taux de croissance moyen des importations qui s’est élevé à
9,2% contre 7% entre 1997 et 1999. Ce dernier s’est situé à un niveau légèrement supérieur à
celui des exportations.

Tableau 12: Accroissement des importations en %

1973-80 1981-86 1987-89 1990-96 1997-99 2000-04 1973-04

AGICULTURE ET
11,7 3,7 12,2 3,5 13,9 14,7 9,1
PECHE

INDUSTRIES MANUF. 10,3 0,7 6,7 2,8 6,5 7,2 5,7

I.A.A. 14,2 -0,6 7,8 1,3 2,7 12,4 6,7

M.C.C.V. 12,2 -5,9 3,4 3,0 -2,0 9,4 4,2

I.M.E. 9,2 -0,2 1,9 3,3 8,0 8,7 5,2

Chimie 14,1 4,2 3,6 0,1 7,5 13,6 7,5

T.H.C. 13,6 5,4 12,3 7,1 6,3 6,1 8,6

I.M.D. 15,6 -1,7 30,6 -3,8 1,6 - -

216
INDUSTRIES N.
12,4 -4,7 9,7 5,3 5,4 20,6 8,0
MANUF.

Mines -6,1 -5,9 10,7 5,7 25,8 -4,0 1,4

Hydrocarbures 15,0 -4,4 9,8 5,3 4,7 22,2 9,0

SERVICES
8,5 6,3 6,7 4,2 11,1 - -
MARCHANDS

Transport 33,9 -1,0 16,5 1,5 9,8 10,3 12,7

Tourisme 3,9 7,2 4,3 7,5 10,4 9,8 6,8

TOTAL 10,3 0,1 6,9 2,8 7,0 9,2 5,9

Source : Budget Economique et Comptes de la nation.

D’après le tableau 12 ci-dessus, les secteurs d’exportation les plus performants sont les
industries manufacturières (particulièrement le secteur des ITHC, des IME et la chimie) ainsi
que les services (en particulier le tourisme). Au cours de la période 1973-04, ces secteurs ont
enregistré des taux de croissance élevés. La performance du secteur manufacturier a permis
d’augmenter sa part des exportations qui est passée de 35.9% en 1972 à 67.3% en 2004. Au
cours de la même période, la part des exportations des industries non manufacturières a baissé
de 32.1% à 7.7% ce qui implique que les exportations tunisiennes sont de moins en moins
dépendantes des ressources naturelles.

La croissance des services a connu un essoufflement au cours de la période 1990-96 et celle


s’étalant de 2000 à 2004 ce qui s’explique en partie par les contre-performances du secteur
touristique. En 2004, les recettes touristiques étaient de l'ordre de 2,3 milliards de dinars (7 pour
cent du PIB), le même montant qu'en 2001. Ceci reflète la baisse des revenus du tourisme après
2001, suite à la crise mondiale traversée par le secteur.

217
Tableau 13: Evolution des parts sectorielles dans les exportations (en % du total)

1972 1980 1986 1989 1994 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004

AGICULTURE
3,8 2,2 3,3 2,2 1,8 1,4 1,4 0,9 1,4 1,5 2,1 2,1
ET PECHE

INDUSTRIES
35,9 32,7 45,4 50,8 59,4 58,0 57,6 57,9 61,2 63,6 63,7 67,3
MANUF.

I.A.A. 24,5 4,9 5,7 4,5 9,5 7,3 7,6 4,9 4,0 3,5 3,2 6,6

M.C.C.V. 0,6 0,0 0,5 2,1 1,1 1,2 0,9 1,0 0,9 1,1 1,1 1,1

I.M.E. 2,4 3,5 5,4 6,5 8,7 8,3 8,1 12,3 14,0 14,4 15,3 16,6

Chimie 3,5 6,5 11,0 10,4 8,8 8,7 8,3 7,2 7,1 7,1 6,7 7,2

T.H.C. 3,5 16,8 20,8 21,4 28,5 30,4 30,8 30,6 33,2 35,0 34,6 32,6

I.M.D. 1,4 1,0 2,0 5,9 2,7 2,0 1,9 1,9 2,1 2,5 2,8 3,1

INDUSTRIES
32,1 30,5 20,5 14,1 10,0 8,5 8,1 8,9 7,1 7,3 7,8 7,7
N. MANUF.

Mines 6,6 1,9 1,4 1,1 0,8 0,6 0,7 0,7 0,6 0,6 0,5 0,4

Hydrocarbures 25,5 28,6 19,2 13,0 9,2 7,9 7,3 8,2 6,5 6,7 7,3 7,4

SERVICES
28,2 34,6 30,8 32,9 28,9 32,2 32,9 32,2 30,2 27,5 - -
MARCHANDS

Transport 5,7 8,7 8,1 7,7 8,3 9,4 9,5 7,4 6,6 6,5 6,5 6,3

Tourisme 21,4 23,9 19,6 22,4 17,9 18,9 20,8 16,4 17,1 14,9 13,5 14,0

TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source: Budget Economique et Comptes de la nation.

Par ailleurs, la part du secteur manufacturier dans les importations est passée de 76.8% en 1972
à 80.3% en 1990 et à 75.1 % en 2004. En se référant à l’évolution de la structure des
importations selon le type d’utilisation, il apparaît que la part des biens d’équipement s’est
renforcée au cours des dernières années.

218
Tableau 14: Evolution des parts sectorielles des importations (en % du total)

1972 1980 1986 1989 1994 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004

AGICULTURE
5,1 5,4 6,0 6,2 5,1 5,4 4,9 4,2 4,9 5,6 4,1 4,3
ET PECHE

INDUSTRIES
76,8 76,8 78,8 78,2 76,9 77,8 77,3 78,3 78,2 77,4 72,8 75,1
MANUF.

I.A.A. 6,0 5,8 5,5 5,7 5,4 5,0 4,4 3,7 3,2 4,0 4,1 4,8

M.C.C.V. 2,3 2,1 1,3 1,2 1,4 1,0 0,8 1,0 1,2 1,1 0,9 0,9

I.M.E. 46,7 42,5 39,6 33,1 33,9 34,5 34,9 37,6 37,1 34,8 35,2 38,8

Chimie 8,5 9,8 12,3 11,4 9,5 9,2 9,6 9,3 9,0 9,5 10,4 10,8

T.H.C. 8,6 10,4 14,4 16,9 19,7 21,9 22,2 20,9 22,2 22,4 22,2 19,8

I.M.D. 4,7 6,3 5,7 10,0 7,0 6,3 5,3 5,7 5,6 5,5 - -

INDUSTRIES N.
11,9 12,8 8,2 8,6 9,1 9,2 9,5 9,8 8,9 9,0 9,8 10,1
MANUF.

Mines 2,5 0,6 0,3 0,4 0,4 0,4 0,6 0,3 0,4 0,4 0,3 0,2

Hydrocarbures 9,4 12,2 7,8 8,2 8,6 8,8 9,0 9,5 8,5 8,6 9,5 9,9

SERVICES
6,2 5,0 7,0 7,1 8,5 7,6 8,2 7,7 8,0 7,9 - -
MARCHANDS

Transport 1,6 2,3 2,2 2,8 2,9 2,3 2,6 1,5 1,6 1,4 1,7 1,7

Tourisme 3,1 1,8 2,6 2,3 2,9 2,7 3,2 2,6 2,4 2,3 2,4 2,4

TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source: Budget Economique et Comptes de la nation.

L’analyse de la structure des exportations tunisiennes permet de relever une transition


économique profonde faisant passé la Tunisie du statut d’exportateur de produits basés sur les
ressources naturelles non renouvelables (produits miniers et énergétiques) à un exportateur de
219
produits plus élaborés, en l’occurrence les produits manufacturiers (particulièrement le textile
habillement). Cette mutation qui a eu lieu au milieu des années 80, a été largement favorisée
par la disponibilité d’une main d’œuvre abondante peu qualifiée et à bon marché. Celle-ci a
permis de faire face au tarissement des ressources naturelles et aux effets négatifs de la volatilité
de leurs cours sur le marché mondial. Cette transition s’est traduite également par une
redistribution des rôles entre le secteur public, qui a le monopole des exportations des mines et
des hydrocarbures, et le secteur privé (dont la participation dans le secteur manufacturier textile,
les IME et le Tourisme est importante). Kruguer (1997) soutient qu’il est difficile de séparer le
rôle de la politique commerciale dans le développement et le rôle que l’Etat doit jouer dans
l’activité économique non seulement à travers son effet sur la demande globale mais aussi par
la régulation des marchés privés en les augmentant ou en les suppléant par des entreprises
publiques.

L’économie tunisienne connaît aujourd’hui une seconde mutation de la structure de ses


exportations qui évolue vers des produits manufacturiers à contenu technologique plus
important et à forte valeur ajoutée comme en témoigne le renforcement de la part des IME dans
la structure des exportations. Ce secteur devrait relayer celui du textile habillement qui connaît
ces dernières années certaines difficultés inhérentes à la stagnation de la demande internationale
des produits relevant de ce secteur et à l’intensification de la concurrence sur les marchés
européens, notamment suite au démantèlement des accords multifibres en 2005. La
consolidation des exportations du secteur des IME devrait donc permettre de maintenir le poids
du secteur manufacturier dans les exportations totales.

Certes, dans le secteur des services, le tourisme est une source de fragilité. La mise à niveau de
ce secteur prend acte de la compétitivité de ce produit compte tenu de la position géographique
de la Tunisie par rapport au marché Européen d’une part et de la volatilité de la demande et la
férocité de la concurrence des pays du bassin méditerranéen d’autre part. Elle prône la
diversification des produits touristiques car le tourisme balnéaire de haute saison n’est plus
suffisant pour attirer une clientèle consistante et ne permet pas de tirer profit des autres atouts
du patrimoine national. Dans ce cadre, le gouvernement encourage le développement du
tourisme dans de nouveaux domaines, notamment le désert du Sahara, le tourisme culturel, le
tourisme de bien-être et de santé et le tourisme d'affaires.

Par ailleurs, la capacité d’accueil est établie en fonction du pic de la demande pendant la haute
saison ; une grande partie de cette capacité reste non utilisée au cours de la moyenne et basse

220
saisons. Ainsi en 1988, la capacité d’accueil avait connu le surbooking au cours de la haute
saison et un taux d’occupation moyen inférieur à 50% sur l’ensemble de l’exercice.

Il est à noter que la capacité hôtelière s'est fortement accrue depuis 1994 pour atteindre 800
hôtels et 226 000 lits en 2004. Le taux d'occupation des hôtels était de 49 % en 2004, en baisse
par rapport au taux de 55 % en 2001, mais en hausse par rapport à 2003 où le taux était de 42%.

Par ailleurs, le secteur du tourisme doit être appuyé par d’autres services destinés à
l’exportation, en particulier dans le domaine financier et des télécommunications.

221
Section II : IDE, attractivité et performance des TIC et économie
de la connaissance au Maroc et en Tunisie
L’Afrique reste en retard par rapport aux changements de modes de régulation de l’économie
moderne et en se basant sur le KEI (knowledge economy index), ses quatre paramètres montrent
une évolution positive et simultanée indiquant ainsi une pénétration progressive mais lente de
l’Afrique dans l’économie numérique. En effet, après les échecs des stratégies du
développement traditionnelles, le potentiel de développement du continent africain dépendrait
moins de ses richesses naturelles que de sa capacité à créer, diffuser et bien utiliser les
connaissances. En outre, la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de
communication et l’essor d’une économie numérique sont en train de donner corps à cette
hypothèse dans le contexte africain. D’où la nécessité du passer à un autre modèle de
développement qui stipule une meilleure efficacité du mécanisme de croissance à travers des
mesures sur l’ensemble de l’économie, et ceux en renforçant la productivité totale des
déterminants de cette économie à savoir : le progrès technique, l’éducation, l'innovation,
l’apprentissage continu et la généralisation des TIC286.

I-L’économie de la connaissance au Maroc et la Tunisie

I.1Le classement du Maroc et la Tunisie selon le KEI

En se basant sur les chiffres publiés par la banque mondiale, et on procédant à une comparaison
de l’Afrique avec d’autres pays et régions sur l’Indice de l’économie du savoir (Knowledge
Economy Index ou KEI), qui mesure le degré auquel les différents pays participent à l’économie
du savoir. Les pays africaine se placent en dessous de la moyenne de la distribution, ils
enregistrent généralement des résultats inférieurs à ceux obtenus par les pays de l’Organisation
de coopération et de développement économiques (OCDE), par la plupart des économies en
transition ainsi que par certains pays de l’Asie de l’Est.

286
Sossi Alaoui F., « Knowledge based economy and development in North Africa: the case of Morocco and
Tunisia», XXIXth Conference on Development, Third World Association, 2013 Informal Economy and
Development: employment, financing and regulation in a context of crisis, University Paris-Est Creteil, Paris,
2013.

222
Tableau 15 : Classement du Maroc et la Tunisie en KEI, 2012

Rang pays KEI KI Régime des Innovati Educati TIC


Incitations on on
Economiques

80 Tunisie 4.56 4.80 3.81 4.97 4.55 4.89

102 Maroc 3.61 3.25 4.66 3.67 2.07 4.02

8 Afrique 2.55 2.43 2.91 3.95 1.44 1.90

Source : base de données de la banque mondiale, 2012

Selon les résultats enregistrés par l’KEI (Tableau 15) on arrive à conclure que la Tunisie est
mieux placé (80/144) par rapport au Maroc (102 /144), et ce classement revient notamment au
effort déployés par l’ancien gouvernement tunisien dans le domaine de l’éducation, aussi bien
que par l’ INNORPI, en optant pour une stratégie de promotion de l’innovation et l’allègement
des procédures de demandes de brevet d’innovation, de ce fait la Tunisie a été très bien classée
à l’échelle continental, mais le Maroc a bénéficier des contestations vécues en Afrique du nord
pour accroitre son attractivité.

I.2 TIC au Maroc et la Tunisie


La croissance connue par le continent africain depuis les années 2000 s’est accompagnée
récemment d’une augmentation des IDE et d’un accroissement sensible du taux d’équipement
en TIC, particulièrement en téléphones portables (Rapport PNUD, 2007). La confrontation de
ces éléments a participé à la conception d’une croyance selon laquelle l’Afrique, à l’image de
l’Asie du Sud Est, pourrait émerger grâce aux TIC. C’est dans ces conditions que l’économie
de la connaissance semble être devenue la nouvelle « pierre philosophale » de l’économie du
développement pour les institutions internationales. Le PNUD a ainsi publié plusieurs rapports
centrés sur les apports de l’économie de la connaissance pour le développement. De son côté,
la Banque mondiale publie des indicateurs de connaissance (KEI, Knowledge Economy Index).
Ce serait en effet grâce à la diffusion des TIC que les pays de la périphérie (Perroux (1949),
Braudel (1985)) pourraient parvenir à sortir du sous-développement.

223
Durant les dix dernières années, le marché des TIC a connu une évolution extraordinaire en
Afrique, à travers l’évolution du nombre de linges mobiles et l’évolution de l’accès internet
mobile287.

En 2011, l’Afrique n’avait que 140 millions d’usagers d’internet, soit un taux de pénétration
d’Internet de 13,5. Dont le continent est toujours considéré comme exemple de la réelle fracture
numérique Nord-Sud. A ce constat, se joint les disparités sous régionales très remarquables, vu
que les pays d’Afrique du Nord, le Nigeria et l’Afrique du Sud se partagent la quasi-totalité des
internautes. A eux seuls, les Nigérians représentent 38% du nombre total des nouveaux
internautes (UIT, 2005), ces dix dernières années. Mais, l’émergence de la téléphonie mobile
sur le continent a remet en cause ces constats288 .

Figure 11: Nombre des usagers d’internet/ 100 habitants


60

50

40
Tunisia
30
Morocco
20

10

0
199419951996199719981999200020012002200320042005200620072008200920102011

Source: world Data Bank report, 2012

Entre 1994 et 2011, l’Afrique du nord est devenue un principal marché d’internet sur le
continent africain enregistrant une forte croissance du nombre d’usagers d’internet, dont le
Maroc et la Tunisie marquent une evolution spéctaculaire dans ce sense, passant d’un taux de
5% en 2003 à un taux qui dépasse 52% en 2011au Maroc et à 38% pour la Tunisie.

287
Sossi Alaoui F. et Machrafi M., “Digital divide and development in Africa”, cahier de la recherche N°4 –
Institut des Etudes Africaines, 2014.
288
SOSSI ALAOUI F., « Knowledge based economy and development in North Africa: the case of Morocco and
Tunisia», XXIXth Conference on Development, Third World Association, 2013 Informal Economy and
Development: employment, financing and regulation in a context of crisis, University Paris-Est Creteil,
Paris, 2013.

224
Figure 12: Nombre de lignes téléphoniques par 100 habitants

14
12
10
Tunisia
8
6 Morocco
4
2
0

Source: world Data Bank report, 2012.

Entre 2000 et 2007, le nombre de lignes téléphoniques au Maroc a connu une régression
remarcable par rapport au cas tunisien pour reconnaitre après 2007 une evolution très rapide et
ce avec la panoplies des offres de packages proposés par les operateurs des télécomunications
au Maroc, au contraire de la Tunisie qui a vecu une progression continue depuis 1990 qui
dépasse le Maroc dans toutes les phases, mais après 2010 et avec la révolution tunisienne le
nombre des lignes a connu pour la première sa chute.

Figure 13 : Nombre d’abonnés Mobile

140
120
100
80 Tunisia

60 Morocco
40
20
0

Source: world Data Bank report, 2012

L’usage de la théléphonie mobile s’est nettement développé en Afrique du nord. sa part dans
l’ensemble du trafic des services des telécommunications est passée de 28% en 2003 au Maroc
aussi qu’en Tunisie pour atteindre plus de 110% en 2011, soit une évolution spéctaculaire qui
dépasse les 100% pour les deux pays.

225
I.3 Recherche et développement (R&D) et innovation en Afrique du Nord

L’utilisation des technologies de pointe et l’effort déployé en matière d’innovation et de


recherche et développement contribuent significativement aux performances compétitives du
pays. Le progrès technologique est attribuable à certains indicateurs tels que l’âge des
équipements, le type d’investissement et l’innovation. L’investissement dans la recherche et
développement demeure un souci important pour les entreprises nord africaines puisque c’est
une pratique coûteuse nécessitant des personnels qualifiés289 .

En matière d’innovation, une enquête effectué par l’IEQ a montré que plus du tiers des produits
ont commencé à être fabriqués depuis moins de 5 ans et générant près de la moitié des revenus
des entreprises enquêtées (IEQ, 2004). En conséquence, grâce à l’innovation et l’acquisition
des nouvelles technologies de l’information, les entreprises sont susceptibles d’améliorer leurs
performances d’approvisionnement et de commercialisation.

L’existence d’une économie de la connaissance et du savoir est un facteur essentiel


d’attractivité de l’investisseur étranger dans la mesure où elle permet de développer une
capacité de recherche et de développement et de favoriser les gains de productivité et de créer
de nouveaux avantages comparatifs. Or, ce facteur d’attractivité fait défaut au Maroc. En effet,
l’effort de recherche en Afrique n’a pas dépassé 0,5 % du PIB en 2009 comparant à une part
importante enregistré par la chine (1,7%) et l’Inde (0,74%) (Tableau 15). L’Europe Centrale et
l’Europe de l’Est marquent un pourcentage assez élevée (1,36%). Par ailleurs, l’Afrique du
Nord a enregistré un recul notable à partir de 2002, relevant un part de 0,36 à 0, 31 en 2009,
(GRED, 2011).

289
Bouras H. Sossi Alaoui F. Fekih B. Machrafi M., « Performance des télécommunications, qualité
institutionnelle et IDE en Afrique du Nord : cas du Maroc et la Tunisie », La Revue Marocaine Des Etudes
Africaines, 2014.
226
Tableau 16 : Total Dépenses dans la Recherche et Développement

GERD as % of GDP GERD (in billions PPP$)

2002 2007 2009 2002 2007 2009

Etats Arabe en Afrique 0,36 0,33 0,31 2,5 3,5 7,5

Europe Centrale et de l’Est 1,19 1,24 1,36 13,7 22,5 26,1

Chine 1,07 1,40 1,70 39,2 102,4 154,1

Inde 0,74 0,76 0,78 13,3 24,3 24,5

Source: GERD and researchers data: UNESCO Institute for Statistics (UIS) estimations,
October 2011

Concernant les nombres de brevets, le Maroc et la Tunisie enregistre un retard important. En


effet, le nombre de brevets d’invention enregistrés annuellement au Maroc reste faible en 2009,
marquant un nombre de 747 brevets d’invention ont été délivrés en 2007 contre 1219 brevets
délivrés en 2004 (Office Marocaine de la propriété industriel et commerciale, 2009). Cet écart
est expliqué par le délai de délivrance (18 mois) des brevets concernant les produits
pharmaceutiques, déposées selon l’accord ADPIC depuis 1996 selon le système mail box et qui
ont été délivrés le 18 décembre 2004, date d’entrée en vigueur de la loi n°17/97 relative à la
protection de la propriété industrielle.

Néanmoins, ce nombre pose un problème de difficulté d’ exploitation des résultats de la


recherche académique au travers d’un « système national d’innovation » suffisamment
performant, associant de manière harmonieuse et efficace pouvoirs publics, entreprises,
universités et laboratoires de recherche.

Le nombre de brevets enregistrés en Tunisie a enregistré une croissance remarquable, marquant


un nombre de 161 en 1990, allant à 548 en 2008 (INNORPI, 2012), mais reste au-dessus de
potentiel espéré.

227
I.5 Capital humain et éducation

L’éducation constitue un des plus importants piliers du développement. Elle est perçue comme
étant une issue de la réduction de la pauvreté et de la croissance économique et l’un des piliers
de la santé publique et de l’émergence d’une conscience communautaire. Mis à part son utilité
socio-économique, l’éducation contribue à l’amélioration du vécu des populations en dilatant
l’ampleur de leurs propres choix et en favorisant la pleine réalisation du potentiel humain. La
Déclaration universelle des droits de l’homme établit clairement que «toute personne a droit à
l’éducation». Il s’agit alors d’un droit humain fondamental.

Le continent africain marque un retard très alarmant au niveau de l’éducation, qui est détecté à
tous les niveaux (primaire, secondaire et supérieure). En effet, la population africaine fréquente
moins l’école que dans les autres régions du monde. Et à l’ère d’une économie du savoir,
l’amélioration du système éducatif demeure indispensable en Afrique, vue son importance dans
le processus du développement économique et social. La base de données de la banque
mondiale fournit les statistiques qui permettent de comparer les résultats systèmes éducatifs
nord africains notamment, marocain et tunisien290.

Certains travaux, comme ceux de Coe, Helpman291 et Hoffmaister (1996), Levin et Raut (1992),
Edwards (1992), suggèrent que pour tirer profit de l'ouverture, les pays en voie de
développement doivent être dotés d'une main d'œuvre qualifiée, et d'un capital humain capable
d'assimiler la technologie étrangère. En se basant sur le travail de Mankiw Romer et Weil
(1992), Dans notre travail on va utiliser le nombre d’étudiant inscrits au cycle supérieurs et les
dépenses de l’Etat en cette matière.

290
Sossi Alaoui F., « Knowledge based economy and development in North Africa: the case of Morocco and
Tunisia», XXIXth Conference on Development, Third World Association, 2013 Informal Economy and
Development: employment, financing and regulation in a context of crisis, University Paris-Est Creteil, Paris,
2013.
291
Helpman E.,” Trade, FDI and the organization of Firms”, NBER working paper 12091, National Bureau of
Economic Research, 2006.

228
Figure 14: Nombre des étudiants inscrits en cycle superieur

35
30
25
20
15 Tunisia
10
Morocco
5
0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Source : World data Bank, 2012.

Les pays africains ont accomplis des progrès dans le secteur de l’enseignement les deux
dernières décennies, mais le taux de progression reste très faible relativement aux autres régions
du monde.

Le nombre d’étudiants inscrits dans les universités et les établissements d’enseignement


supérieurs n’a progressé que de 4%, présentant des variations d’un pays à l’autre. La Tunisie et
le Maroc ont enregistré des résultats importants en termes d’enseignement supérieur. Ceci est
expliqué par des raisons très graves tel le cas de la pénurie de locaux scolaires, la pauvreté,
l’approche genre (zones rurales) ; le manque d’instruction des parents, manque de bourses
octroyés aux étudiants et aussi le lieu de résidence.

Par ailleurs, le nombre des étudiants inscrits au cycle supérieur est minime. On remarque que
les étudiants âgés de 18ans à 24 ans ne constituent que 11% du nombre des inscrits total au
Maroc. Par rapport au Maroc la Tunisie a réalisé des progressions très importantes en matière
d’enseignements supérieurs avec un nombre de scolarisation environs 3milions en Tunisie
contre seulement 1321557 au Maroc pour l’année 2008, néanmoins, les succès sont moindre
dans la qualité d’enseignement, la réforme fondamentale de l’éducation et le recrutement
d’enseignant (rapport 2011 sur les progrès en Afrique).

Le nombre des travailleurs qualifiés s’est augmenté en Tunisie plus qu’au Maroc292, chose qui
incite les investisseurs à s’orienter plus aux pays où le taux de main d’œuvre qualifiée est élevé.

292
SOSSI ALAOUI F., « Knowledge based economy and development in North Africa: the case of Morocco and
Tunisia», XXIXth Conference on Development, Third World Association, 2013 Informal Economy and
Development: employment, financing and regulation in a context of crisis, University Paris-Est Creteil,
Paris, 2013.
229
Vue l’instabilité politique vécu par la Tunisie ce facteur n’est plus déterminant pour
l’attractivité des IDE. Cette situation a pu être avantageuse pour le Maroc en termes
d’attractivité malgré le faible potentiel du capital humain.

II-IDE, attractivité et performance des TIC au Maroc et en


Tunisie
Nous ajoutons à la spécification d'origine prônée par Sekkat et Varoudakis (2000) un ensemble
d’indicateurs de performances de télécommunications comme variables explicatives et
indicateurs de la qualité de l’environnement macro-institutionnel. L'estimation est effectuée sur
la Tunisie et le Maroc, afin de faire une comparaison de politiques appropriées.

La série du PIB, PIB par capital, taux d’inflation, dépense de l’Etat par étudiant, taux de
scolarisation dans l’enseignement supérieur sont tirées des Indicateurs du développement dans
le monde. La période d'observation est de 1990 à 2010293.

Une méthode d’estimation MCO sera utilisée afin d’estimer l’équation (1), (2) et (3).

ln (FDI)it = l0 + l1 ln(GDP)it + l2 GDPGRit+ l3 Rcpi it+ l4 LFEM it +l5 NAM it + l7INTER it +l8

GE it +l9 PS it + l10 Crpt it + l11 RL it + l12 RQit + l13 VA it + l14 DPit +l 15 SUP it+ εt (1)

FDIi = Flux entrants des IDE


GDPi = Produit intérieur Brut
GDPGRi = Taux de croissance annuel du PIB par capital.
LF EM = lignes principales par employé (Nombre de lignes principales/Emploi total)
NAM = Nombre d’abonnés au mobile/Emploi mobile
INTER = Nombre d’utilisateurs d’internet par 100 habitant
Rcp = Le taux d’inflation dans le pays hôte
GE = L’efficacité de l’action publique

293
Bouras H. Sossi Alaoui F. Fekih B. Machrafi M., « Performance des télécommunications, qualité
institutionnelle et IDE en Afrique du Nord : cas du Maroc et la Tunisie », La Revue Marocaine Des Etudes
Africaines, 2014.

230
PS = stabilité politique
CC = contrôle de la corruption
RL = qualité des Procédures légales
RQ = La qualité de la réglementation
VA = Les capacités revendicatives et d’expression « Voice and Accountability ».
Second = Le taux de scolarisation de l’enseignement supérieure (% du total)
DP = Dépense par étudiant dans l’enseignement supérieurs

Cependant, cette équation pourrait souffrir du problème de biais de simultanéité. C'est


probablement parce que la performance de télécommunication attire les IDE, mais les flux
d'IDE affectent également la performance des télécommunications. Même travail établi pour
la qualité institutionnelle. Elle est en mesure d’attirer les IDE, et ces derniers affectent
également la qualité institutionnelle. Ainsi, on envisage également une estimation des liens de
causalité ente les IDE et ces deux volets.

II.1 Analyse économétrique pour le Maroc

L’analyse commence par tester la normalité des variables à partir du test de Jacque et Bera (JB),
On accepte la normalité si (J-B) < X (2).

A partir du test de J-B effectué sur Eviews, on a relevé que la majorité des variables suivent la
loi normale ce qui autorise l’estimation par la méthode MCO.

La première étape dans ce travail serait d’établir les propriétés des séries temporelles des
variables utilisées dans l’analyse, il s’agit de tester la non-stationnarité des variables et leur
ordre d’intégration en utilisant le test Dickey Fuller augmenté.

Le test de Dickey Fuller augmenté (ADF) soutient l’hypothèse de corrélation des erreurs ; il est
fondé sur l’estimation par les MCO des trois modèles294 :

Δxt =ρ xt-1-∑pj=2ΦjΔxt-j+1+ εt

Δxt =ρ xt-1-∑pj=2ΦjΔxt-j+1+ c + εt

Δxt =ρ xt-1-∑pj=2ΦjΔxt-j+1+c +bt + εt

294
Régis Bourbonnais, Econométrie des séries temporelles, Dunod, Paris, 2000.
231
Comme étape préliminaire, on étudie les caractéristiques préliminaires des séries temporelles
en testant la stationnarité de toutes les variables et leurs ordres d’intégrations via le test
Dickey-Fuller Augmenté, qui se base sur les statistiques de Student associées à l’estimateur
MCO.

Afin de tester l’hypothèse de racine unitaire nulle H0 tel que H0 : ß-1=0, on compare la valeur
statistique et la valeur critique à un niveau de 5% :

Si la valeur calculée  t.tab, on rejette l’hypothèse nulle de racine unitaire, la série est donc
stationnaire.

Si la valeur calculée  t.tab, on accepte l’hypothèse nulle et la série est intégrée d’ordre 1
donc elle n’est pas stationnaire.

Les résultats trouvés pour ce modèle appliqué pour le Maroc montrent que toutes les variables
sont stationnaires et intégrées d’ordre 1, soit à travers le test ADF en niveau, soit en première
différence.

Nous utilisons ici le test d'«Augmented-Dicky-Fuller» qui permet de déterminer le «t»


statistique de la variable explicative, la différentielle d'ordre (1) passée de la variable est une
constante et on doit la comparer à sa valeur critique (Mc Kinnon Value) qui est choisie en
fonction du nombre des observations et des options de l'estimation. Si le «t» est sensiblement
plus petite, nous ne pouvons pas rejeter l'hypothèse de non-stationnarité et de l'existence d'une
racine unitaire. Pour les variables étudiés, on constate que t de student est supérieur à deux
soit en niveau soit en différence première. Donc les variables sont stationnaires d’ordre 1.

II.1.1 Statistiques descriptives :


Les variables de notre modèle présente une dispersion de variabilité (tableau 17).
Certainement, la variable Dépense par étudiant présente une moyenne de 8.598 et une
variabilité de 1.008033 (écart type), la variable taux de scolarisation dans l’enseignement
supérieur présente une moyenne de 10.7et une variabilité de 1.090571.

232
Tableau 17 : Statistiques descriptives pour le Maroc

C1 C2 S2 S3 T1 T2 T3 X1 X2 X3 X4 X5 X6

Mean 8.598020 11.04173 2.431107 3.066570 20.52384 21.17378 2.058126 0.088405 0.427695 0.034326 0.210174 9.814599 1.688448

Median 8.199880 10.79821 3.638344 2.753113 12.40000 10.13845 1.160793 0.011570 0.057674 0.158336 0.179445 5.161107. 1.741569

Maximum 11.08538 13.21557 10.57687 7.986166 49.00000 62.50605 5.700000 0.503467 0.788418 0.538291 0.051417 9.64508 1.305445

Minimum 7.586655 9.159090 7.998930 0.619802 9.000000 4.739429 0.002223 0.260801 1.987424 0.401103 0.428957 450338.0 1.960072

Std. Dev. 1.008033 1.090571 4.616468 2.248681 16.97509 21.44367 2.333236 0.280451 0.906048 0.303081 0.117916 2.456708 0.227792

Skewness 0.198648 0.416431 0.550214 0.720662 0.622061 0.632693 0.605544 0.236037 0.340579 0.422407 0.436779 2.862378 0.403987

Kurtosis 2.686906 2.802308 2.891094 2.292364 1.819043 2.016486 1.655812 1.433945 1.689385 1.737043 2.078636 9.737032 1.740573

Jarque-Bera 0.223887 0.641149 1.069950 2.255892 2.574689 2.247437 2.864378 2.340960 1.908976 2.020176 1.410514 68.39039 1.772524

Probability 0.894095 0.725732 0.585684 0.323697 0.276003 0.325069 0.238786 0.310218 0.385009 0.364187 0.493982 0.000000 0.412194

Sum 1860.558 231.8763 51.05324 64.39797 4211.000 4446.494 432.2066 1.856515 8.981592 0.720847 4.413660 2.066809 32.08052

Sum Sq. Dev. 2032.262 23.78690 426.2355 101.1313 576307.2 919661.7 10887.98 1.573057 16.41847 1.837157 0.278083 1.209918 0.934004

Observations 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21

233
Les variables reflétant la performance des télécommunications , citant les lignes principales
par employé, Nombre d’abonnés au mobile et nombre d’utilisateurs d’internet présentent une
moyenne et une variabilité importante. La première et la deuxième présentent
respectivement une moyenne de 20.52 et 21.17 et une forte variabilité de 16 et de 21. Le
nombre d’utilisateurs d’internet par 100 employés présente des résultats meilleures, une
moyenne de 2 et une variabilité de 2.3

Pour les variables représentant la qualité institutionnelle, on enregistre un meilleur résultat ;


l’efficacité de l’action publique, présente une moyenne de 0.088405et une faible variabilité
(0.280451). La liste d'attente pour une ligne fixe principale présente une moyenne de 10,9 et
une forte variabilité (2,1).

La variable stabilité politique présente une variabilité différente ; une moyenne de 0.42 et une
faible variabilité de 0.90. Alors que le contrôle de corruption présente une faible moyenne de
0.03 et une faible variabilité de 0.30. La qualité de réglementation enregistre une forte
moyenne (9.81) et une forte variabilité. Cependant, les variables de l’environnement macro
institutionnels présentent une forte divergence de variabilité.

La variable taux de croissance économique qui reflète le dynamisme du pays présente une
moyenne de 2.43 et une forte variabilité de 4.61. Le taux d’inflation présente une moyenne
de 3.06 et une variabilité de 2.24.

234
 Test de Causalité selon Engel et Granger :

L'analyse de la causalité au sens de Granger démontre comment une variable peut être
expliquée à partir d’une variable. Pour cela, il faut tester l'hypothèse selon laquelle la variable
X cause la variable Y et vice versa. Nous faisons ainsi appel au test F-statistics.

Un niveau élevé de F signifie que l'hypothèse de non causalité a été rejetée et donc la
présence d'un effet de causalité est confirmée. Le test F est associé à une probabilité qui
permet de mesurer le seuil de tolérance d'erreur dans l'interprétation du test. Cette probabilité
doit être inférieure à 5%.

Tableau 18: Test de causalité pour le Maroc

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability

T1 does not Granger Cause Y 19 1.27772 0.30925

Y does not Granger Cause T1 6.62344 0.00946

Y does not Granger Cause T2 19 0.93834 0.41455

T2 does not Granger Cause Y 1.97326 0.17581

Y does not Granger Cause T3 17 3.21730 0.07486

T3 does not Granger Cause Y 4.41378 0.03438

Y does not Granger Cause X1 17 2.08590 0.17464

X1 does not Granger Cause Y 5.41954 0.02071

Y does not Granger Cause X2 19 2.24818 0.14233

X2 does not Granger Cause Y 1.53887 0.24882

Y does not Granger Cause X3 19 1.64971 0.22734

X3 does not Granger Cause Y 2.22904 0.14441

Y does not Granger Cause X4 19 0.27054 0.76686

235
X4 does not Granger Cause Y 5.99155 0.04249

Y does not Granger Cause X6 15 0.28856 0.87538

X6 does not Granger Cause Y 11.1643 0.00606

Le tableau 18 montre que plusieurs variables jouent un rôle déterminant dans la


détermination du niveau d’ IDE pour le Maroc, à l’instar de la qualité de procédure de loi (X4),
les capacités revendicatives et d’expressions (X6), l’efficacité de l’action publique et le
nombre d’utilisateurs d’internet. Les IDE exercent aussi une certaine influence sur le nombre
de ligne de téléphonie fixe par employé.

II.1.2 Résultats d’Estimations

L’Annexe 1 présente les modèles de régression estimés pour expliquer les déterminants des
IDE. Afin d’identifier les déterminants des IDE et voir le poids de chaque volet, les variables
sont incluses dans le modèle étape par étape.

Modèle 1 se compose seulement de trois variables : logarithme naturel du PIB, taux de


croissance annuel du PIB par capital et le taux d’inflation. Le modèle estimé indique que
seulement le taux de croissance annuel du PIB par capital est non significatif. Ainsi, pour le
Maroc, la taille du marché et le taux d’inflation ont plus de chances d’attirer des IDE. Selon ce
modèle, une augmentation de la taille du marché (PIB) de 1% va augmenter les flux d'IDE de
3,2%. De même, une augmentation du taux d’inflation de 1% va augmenter les flux d'IDE de
0,5 %.

ln (FDI) = 3.2 ln(GDP) + 0.05 GDPGR + 0.52 Rcp+ µi (1)

(3.13) (0.69) (2.76)

R2 = 0.42

236
En plus des trois variables du modèle 1, le modèle 2 comprend trois autres variables, qui sont
le Nombre de lignes principales/Emploi total, Nombre d’abonnés au mobile/Emploi mobile et
le nombre d’utilisateur d’internet par 100 habitants. En introduisant des variable de Technologie
de l’information et de télécommunication, le modèle demeure plus robuste avec une R2 de 0,7
contre seulement 0,4 pour le modèle 1.

Le modèle 2 estimé montrent que l'augmentation d’utilisateurs d’internet augmente le flux


d'IDE et le coefficient est statistiquement significatif. L'effet des usagers grandes lignes
téléphoniques et d’abonnés au mobile, cependant, est apparu comme nulle et insignifiant. En
ajoutant les trois variables reflétant la performance des télécommunications, le taux d’inflation
devient plus significatif et déterminant pour les IDE et la taille du marché n’a plus d’effet
significatif sur les IDE. En effet, une utilisation des TIC est un déterminant marquant pour
l’attractivité des IDE, marginalisant ainsi l’impact de la taille du marché de l’économie
Marocaine. Ce résultat trouvé vient contredire l’avancement théorique, ceci peut être expliqué
par la faible taille du marché Marocain, et par le faite que les IDE sont essentiellement des IDE
verticaux. Un travail établi par lim (2001) a bien avancé qu’un marché très large encourage les
IDE horizontales, alors que les IDE verticales sont indifférents à la taille du marché du pays
hôte.

Une meilleure utilisation des TIC devrait baisser les prix de consommation, attirant ainsi les
investisseurs étrangers.

ln (FDI) = - 4.22ln(GDP) + 0.06GDPGR + 0.41Rcp - 0.01 LFEM +0.01 NAM +0.13INTER (2)

(-0.97) (1.09) ( 2.47) ( -0.54) (1.41) ( 2.33)

R2=0,69

Le modèle 3 inclut 6 variables supplémentaires de la qualité institutionnelle. Dans notre travail


on classe les indicateurs disponibles de la gouvernance en six groupes indépendants. Chaque
indicateur se réfère à une dimension de gouvernance. Elle varie de -2,5 à 2,5 dans les travaux
de Kaufman (1996)295.

Les indicateurs de gouvernances peuvent se présenter sous trois paires d'indices comme il a été
mentionné ci haut. Le premier lié à la gouvernance politique, le second lié à la gouvernance

295
Des valeurs plus élevées de signalisation d'une meilleure gouvernance.
237
économique et le troisième lié à la gouvernance institutionnelle. La gouvernance politique est
mesurée par deux indicateurs à savoir la voix et responsabilisation et la stabilité politique. La
gouvernance économique est mesurée par deux indicateurs ; la qualité de la réglementation,
étant mesurée par les entraves règlementaires au fonctionnement des marchés et l’efficacité du
gouvernement, étant mesurée par la compétence de la bureaucratie et la qualité des services
publics. Enfin, la gouvernance institutionnelle est mesurée par deux indicateurs à savoir, le
respect des règles et lois et le contrôle de la corruption.

ln (FDI) = 0.70 ln(GDP) + 0.03 GDPGR+ 0.47 Rcp - 0.04 LFEM +0.02 NAM + 0.21INTER -3.32GE -1.47PS

(0,09) (0,43) (1,18) (-1,53) (2,06) (1,54) (-0,32) (-0,85)

-3.93 Crpt + 5.44 RL + 7.56 RQ + 5.17 VA

(-1,20) (0,80) (2,46) (1,53)

R2=0,87

Le modèle estimé montre que le coefficient de la qualité de réglementation est positif et


significatif, mais le coefficient de contrôle de corruption est négatif et non significatif, ce qui
signifie que l’indice de corruption n’affecte pas les entrées d'IDE dans le cas du Maroc alors
que c’est le cas seulement pour la gouvernance économique détectée par la qualité de la
réglementation. De même pour l’efficacité de l’action publique, la stabilité politique, qualité de
procédure de loi et les voix d’expressions ne constituent pas des facteurs d’attractivité des IDE,
mais plutôt des déterminants d’influence de la performance des télécommunications (sens de
causalité entre le nombre d’abonnés au mobile et la qualité institutionnelle). En effet, grâce à
notre estimation on a relevé que l’efficacité de l’action publique cause le nombre d’abonnés au
mobile ainsi que la stabilité politique (F est inférieur à 5%) et les voix d’expressions.

Il s’agit donc d’un impact indirect de la gouvernance sur les IDE, certainement, comme il a été
prôné par Sekkat (2007), la gouvernance peut avoir un effet indirect sur les flux d'IDE à travers
son impact sur les autres variables. Les flux d'IDE sont sensibles à la qualité des infrastructures,
donc en affectant cette dimension des variables, la qualité institutionnelle va affecter
certainement les IDE.

Contrairement à la régression précédente, le nombre d’abonné aux mobiles a un effet significatif


et positif sur les IDE grâce à une mise au point d’une politique d’amélioration de la qualité de
réglementation.

238
En plus des variables prises dans le modèle 3, deux variables supplémentaires sont inclus dans
modèle 4. Ce sont la variable de Dépense publique par étudiant et taux de scolarisation
dans l’enseignements supérieurs.

ln (FDI) = -6.15ln(GDP) + 0.07GDPGR+ 0.30Rcp -0.05LFEM +0.03NAM + 0.39INTER -18.8GE - 4.27PS +

(-0.48) (0.77) (0.56) (-1.50) (1.65) (1.29) (-0.79) (-1.03)

4.53Crpt + 8.49RL + 10.0RQ + 7.71VA - 0.02DP - 2.04SUPE

(0.38) (0.97) (1.33) (1.52) (-0.22) (-0.73)

R2=0.88

Une diminution de taux d’inflation est associée au pouvoir d'achat plus élevé, elle est en mesure
d’attirer davantage des IDE. α3 par conséquent devrait être négatif, ce qui n’est pas le cas dans
notre travail.

Une main-d'œuvre plus instruite est potentiellement plus productive devrait attirer les
investisseurs étrangers. Nous devons s'attendre donc à une α14 positif.

L’introduction des variables d’efforts d’investissements dans l’enseignement supérieurs et le


taux de scolarisation influence l’utilisation des TIC et précisément la significativité de nombre
d’abonnés au mobile pour le MAROC, mais cette variable demeure non significatif sur
l’attractivité des IDE. Grâce aux résultats d’estimations trouvées, on a détecté que les dépenses
par étudiant cause la performance des télécommunications et plus précisément le nombre
d’abonnés aux mobiles et vice ver ca. Même conclusion pour le taux de scolarisation dans
l’enseignement supérieurs, elle cause le nombre d’abonnés aux mobiles. L’exploitation des TIC
est en mesure d’acquérir certaines compétences de gestion interne, comme la formation, le
calcul des coûts, la conception de produits ou l’administration de l’entreprise. À ce niveau, les
téléphones intelligents, peuvent servir à apprendre les bases.

Ce résultat trouvé a été prôné aussi par la littérature économique avançant un lien de causalité
entre les TIC et la qualification de la main d’œuvre. Certainement, selon l’hypothèse du biais
technologique, les TIC génère un accroissement de la demande de travail hautement qualifié
au détriment de la main d’œuvre non qualifiée. Cette demande est basée essentiellement sur
les compétences, les connaissances et les formations adaptées induites par le renforcement
du système éducatif et le système de recherche [Michael Clévenot, David Doyére (2008)].
Par défaut de disponibilité de données, on a pris en considération dans notre travail le taux de

239
scolarisation dans l’enseignement supérieurs, le plus idéal sera de prendre en considération le
nombre des employés qualifiés.

Par ailleurs, les coefficients négatifs et non significatifs de dépenses par étudiant et de taux de
scolarisation dans l’enseignement supérieur résultent des faibles efforts déployés dans ces
domaines pour le Maroc.

Dans l'ensemble, les résultats de ces quatre régressions appuient l'hypothèse selon laquelle les
meilleurs équipements d'infrastructure et meilleure qualité institutionnelle ont une incidence
positive sur les flux d'IDE, contrairement à la littérature économique, la taille du marché et les
efforts déployés dans l’amélioration de capital humain n’a aucun impact significatif pour le cas
du Maroc, vue la taille restreint du marché et les faibles efforts d’investissements dans le capital
humain, mais ils ont un impact détériorant sur la significativité des TIC dans l’explication des
IDE. Certainement un faible effort d’investissements dans l’amélioration de la capital humain
ainsi qu’un taux tés limité de scolarisation dans l’enseignement supérieur affectent la bonne
utilisation des TIC et par la suite la non significativité sur l’attractivité des IDE. Par ailleurs, les
résultats trouvés par la méthode MCO sont presque identiques aux résultats de test de causalité.

Par ailleurs, cet effet insignifiant des dépenses dans l’enseignement supérieurs est expliqué par
une faible utilisation des TIC et par la faible qualité institutionnelle étant détecté seulement par
la qualité de réglementation pour le cas de Maroc. L’IDE est source essentielle d’une de
nouvelles technologies, en particulier dans les régions où la recherche-développement (R&D)
nationale est peu développée comme c’est le cas du Maroc.

240
II.2 Analyse économétrique pour la Tunisie
II.2.1 Statistiques descriptives
Tableau 19: Statistiques descriptives pour la Tunisie

C1 C2 S1 S2 S3 T1 T2 T3 X1 X2 X3 X4 X5 X6

Mean 8.578215 2.085222 2.56105 3.357746 4.029289 3.15714 15.3316 15.82244 1.1918 0.163742 0.766990 0.595221 0.434063 0.971590

Median 7.133860 1.926670 2.2104 3.634823 3.632280 4.20000 15.76293 8.427157 1.2115 0.135678 0.790979 0.600562 0.436893 0.994378

Maximum 16.29911 34.39674 4.49101 5.625462 8.193715 6.70000 66.9902 40.87543 0.9315 0.376392 0.168902 0.304897 0.638542 0.525381

Minimum 4.614043 7.934130 1.23103 0.212700 1.983333 2.90000 0.383914 0.007374 1.4506 0.031864 1.184580 0.848074 0.176310 1.281708

Std. Dev. 3.848581 0.95647 1.05104 1.748728 1.581288 2.92078 2 .72897 1.367960 0.1556 0.087828 0.291934 0.166086 0.135524 0.259752

Skewness 0.637390 0.15289 0.62998 0.364120 1.033277 0.22015 1.30325 0.583864 0.0182 0.633364 0.490223 0.039475 0.597099 0.277323
Kurtosis 2.075588 1.46778 2.15523 1.862968 3.539556 1.69223 3.22782 1.605564 1.8011 2.790234 2.477592 1.708265 2.450709 1.607549
Jarque-Bera 2.169649 2.13604 2.01350 1.595279 3.991548 1.666101 5.990051 2.894536 1.2587 1.442528 1.079913 1.465460 1.511851 1.965733
Probability 0.337961 0.34368 0.36540 0.450391 0.135908 0.434721 0.050035 0.235212 0.5329 0.486138 0.582774 0.480595 0.469576 0.374237
Sum 1801.425 437.896 5.38411 70.51266 84.61507 7803.000 3240.964 332.2712 25.029 3.438583 16.10679 12.49963 9.115327 20.40339

Sum Sq. Dev. 29623.15 1829.68 2.20321 61.16096 50.00946 961041.1 1033212. 5564.180 0.484693 0.154275 1.704504 0.551690 0.367333 1.349422

Observations 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21

241
Les variables de notre modèle présente une dispersion de variabilité (tableau 19). Certainement,
la variable Dépense par étudiant présente une moyenne de 8.578 et une variabilité de 3 (écart
type), la variable taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur présente une moyenne de
2.08 et une variabilité de 0.956. Les variables reflétant la performance des
télécommunications , citant les lignes principales par employé, Nombre d’abonnés au mobile
et nombre d’utilisateurs d’internet présentent une moyenne et une variabilité importante.
La deuxième et la troisième présentent une moyenne de 15 et une forte variabilité de 2.9 et de
2.7.

Pour les variables représentant la qualité institutionnelle, on enregistre un meilleur résultat ;


l’efficacité de l’action publique, présente une moyenne de 1.19 et une faible variabilité de 0.15.

La variable stabilité politique présente une variabilité différente ; une moyenne de 1.16 et une
faible variabilité de 0.08. Alors que le contrôle de corruption présente une faible moyenne de
0.76 et une faible variabilité de 0.28. De même pour la qualité de réglementation. Cependant,
les variables de l’environnement macro institutionnels présentent une forte divergence de
variabilité. Les capacités revendicatives et d’expression présente une moyenne de 0.97 et une
faible variabilité de 0.25.

La variable taux de croissance économique qui reflète le dynamisme du pays présente une
moyenne de 3.357746 et une forte variabilité de 1.74. Le taux d’inflation présente une
moyenne de 4 et une variabilité de 1.58.

 Test de Causalité selon Engel et Granger :

A partir de ce tableau en constate que plusieurs variables jouent un rôle déterminant dans la
détermination du niveau des IDE pour le cas de la Tunisie, une contribution plus intéressante
que le cas du Maroc. En effet, l’attractivité des IDE est expliquée par le nombre d’abonnés au
mobile et par le nombre d’utilisateurs d’internet par 100 habitants, et par la qualité de la
gouvernance politique détectée par le contrôle de la corruption. Les IDE exercent aussi une
influence sur certaines variables institutionnelles à savoir le contrôle de corruption et la qualité
de procédure des lois.

242
Tableau 20: Test de causalité pour la Tunisie

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability

T2 does not Granger Cause Y 17 4.22781 0.03952

Y does not Granger Cause T2 2.15719 0.16476

Y does not Granger Cause T3 17 0.58174 0.68474

T3 does not Granger Cause Y 9.70585 0.00368

Y does not Granger Cause X3 15 52.1138 0.01895

X3 does not Granger Cause Y 0.18068 0.04657

Y does not Granger Cause X4 15 31.9713 0.03064

X4 does not Granger Cause Y 0.38261 0.84737

Lien de causalité entre la qualité institutionnelle et


TIC

X1 does not Granger Cause T2 19 7.20598 0.00705

T2 does not Granger Cause X1 0.73146 0.49872

X5 does not Granger Cause T2 19 1.54918 0.24673

T2 does not Granger Cause X5 6.54328 0.00985

243
Lien de causalité entre la performance des
télécommunications et capital humain

T3 does not Granger Cause C1 19 0.47608 0.63091

C1 does not Granger Cause T3 4.28582 0.03531

T2 does not Granger Cause C2 19 2.40009 0.12699

C2 does not Granger Cause T2 8.00247 0.00481

T3 does not Granger Cause C2 19 4.36377 0.03365

C2 does not Granger Cause T3 6.92307 0.00812

Grace aux résultats trouvés, l’efficacité de l’action publique a un impact sur le nombre
d’abonnés au mobile. Certainement, l’efficacité des services publics a un effet important sur le
nombre d’abonnés au mobile.

On a relevé que le nombre d’abonnés au mobile agit sur la qualité de la réglementation. En


effet, un nombre important d’utilisateurs de la téléphonie mobiles y compris les investisseurs
privée soit nationales ou internationales exigent une bonne réglementation en leurs faveurs.
Certainement, l’émergence de nombre d’abonnés dans le mobile a provoqué la réforme du
marché des télécommunications en Tunisie. La mise en œuvre du code des télécommunications
de 2001 a été facilitée par la publication de différents textes d’applications dans un esprit de
réforme, ce code a été amendé en 2008.

Un cadre technique et réglementaire a été aussi promulgué en 2008 qui vise à moderniser et à
diversifier les services de la téléphonie à travers la voix sur IP (Décret n°2008-2638 fixant les
Conditions de fourniture du service téléphonie sur protocole Internet). D’autres décrets
précisant l’application de la loi de 2008 ont été promulgués au cours de la même année.

En analysant le lien de causalité entre la performance des télécommunications et le capital


humain, on a relevé que pour la Tunisie l’effort d’investissement dans l’enseignement supérieur
a un impact positif sur le nombre d’utilisateurs d’internet par 100 habitants.

244
Certainement, l’internet offre un potentiel énorme pour les entreprises Tunisiennes en facilitant
l’accès à l’information, en facilitant les relations entre clients et fournisseurs et en améliorant
les échanges avec les pouvoirs publics.

De ce fait, en vue de réaliser ces objectifs, une entreprise privée soit national ou étrangère, aura
besoin de connexion internet à un prix abordable et des connaissances et des compétences
nécessaires pour les exploiter. La croissance de l’utilisation d’internet marquée dans les pays
en développements est expliquée par l’augmentation des appareils qui offrent la possibilité de
se connecter à internet.

Grâce à nos résultats des liens de causalité, on a détecté aussi que le taux de scolarisation dans
l’enseignement supérieurs a une influence sur le nombre d’abonnés au mobiles (une probabilité
inferieur à 5%). En effet, la diffusion de la téléphonie mobile continue de transformer le paysage
des TIC et d’avoir d’importantes implications pour le développement du secteur privé
(CNUCED 2010).

Cependant, le paysage des TIC étant élargi par la gamme des applications mobiles, de la
messagerie textuelle aux transactions financière nécessite des compétences et une haute
qualification afin de multiplier les services pour le développement du secteur privé étranger et
national (Bourass H et Sossi Alaoui F.Z, 2014).

II.2.2 Résultats d’Estimations

L’annexe 2 présente les modèles de régression estimés pour expliquer les déterminants des IDE
pour le cas de la Tunisie. Afin d’identifier les déterminants des IDE et voir le poids de chaque
volet, on va procéder la même démarche établit sur le Maroc.

Le modèle 1 estimé indique que seulement le PIB est significatif, une augmentation de 10% de
PIB entraine une augmentation de 9,01% des IDE. Ainsi, pour la Tunisie, le taux d’inflation
n’attire pas les IDE.

Ln(Y)= 0.9 Ln(GDP)- 0.07GDPG - 0.01Rcp

(2.66) (-1.13) (-0.17)

R2 = 0.38

245
En ajoutant les variables qui relève les TIC à savoir le nombre de lignes principales/Emploi
total, nombre d’abonnés au mobile/Emploi mobile et le nombre d’utilisateur d’internet par 100
habitants, on ne constate pas un changement dans la qualité du modèle (R2 reste presque stable)
et aucune variable ne révèlent être significative. Cependant, pour la Tunisie les investisseurs
étrangers sont indifférents des technologies d’information et de télécommunication, de même
les IDE implantés en Tunisie ne sont pas en mesure de développer les TIC. Ce résultat trouvé
est expliquée par le faite que la performance des télécommunications est limitée en Tunisie en
termes de qualité, de prix et de productivité n’ayant pas ainsi un poids significatif sur les IDE.
Elle peut être aussi expliquée par le faite qu’une grande part d’entre eux est dans le secteur
manufacturier à faible valeurs ajoutées.

Ln(Y) =1.08 in (GDP)-0.09 GDPG- 0.04 Rcp-0.001 LFEM -0.0007NAM +0.01INTER

(0.75) (-1.16) (-0.27) (-0.38) (-0.46) (0.63)

R2=0,69

La différence est néanmoins très claire entre le Maroc, marqué par un effet significatif et positif
de nombre d’utilisateurs d’internet sur l’attractivité des IDE, un effet justifié par les efforts
poursuivis pour le développement des technologies des télécommunications qui a permis aux
entreprises marocaines de développer et d'exploiter un secteur de télécommunications en
continuelle évolution. Ces efforts ont étés marquantes après la promulgation du LOI 24/96
relative à la Poste et aux Télécommunications. Alors que la Tunisie a entamé les efforts de
reformes seulement en 2001. Comme c’est le cas pour le Maroc, on a constaté que la Tunisie
présente un petit marché n’ayant pas un effet significatif sur l’attractivité des IDE (Lim (2001)).

L’objectif de notre travail c’est de voir l’interaction entre les deux volets (TIC et qualité
éme
institutionnelle) simultanément et leurs impacts sur les IDE, donc un 3 modèle est établit
afin de relever cet objectif.

Ln(Y) = 073Ln (GDP) - 0.15 GDPG - 0.14 Rcp - 0.001 LFEM + 0.005NAM- 0.06INTER+ 0.82GE+ 0.58PS

(-1.25) (-0.71) (-0.23) (0.76) (-0.90) (0.27) (0.21) (1.08)

+1.09Crpt - 2.21RL- 2.66 RQ - 1.16VA

(-0.57) (0.91) (-0.62) (-0.12)

Le modèle estimé montre que la qualité institutionnelle prônée par la gouvernance politique,
économique et institutionnelle, accompagnée par les services de télécommunications est

246
statistiquement non significatif. En effet, en prenant en considération seulement ces variables,
on conclut que l’efficacité de l’action publique, la stabilité politique, qualité de procédure de
loi, les voix d’expressions et le contrôle de corruption n’a aucun impact sur l’attractivité des
IDE. Par ailleurs une interaction entre la qualité institutionnelle et la performance des
télécommunications n’a pas d’impact significatif sur les IDE. Ces résultats démontrent la
médiocrité de la qualité institutionnelle en Tunisie, et suggère l’introduction d’autres variables
de l’économie de connaissance autres que les TIC susceptibles de générer un modèle robuste et
d’attirer les IDE.

En estimant le modèle 4, incluant les Dépense publique par étudiant et le taux de


scolarisation dans l’enseignement supérieur, on constate une amélioration spectaculaire du
modèle (R2=0.88). Néanmoins, contrairement au Maroc, plusieurs variables expliquent
l’attractivité des IDE, à l’instar de taux d’inflation, le control de corruption, la qualité de
procédure de loi et qualité de règlementations, les dépenses dans l’enseignement supérieurs et
le taux de scolarisations. En ajoutant ces deux derniers variables, la qualité institutionnelle
demeure significative et positive pour le control de corruption et significatif et négatif pour la
qualité de réglementation et procédures de lois.

Ln (FDI) =0.36ln (GDP)-0.18GDPG - 0.23Rcp - 0.003LFEM + 0.008NAM + 0.007INTER + 4.28GE + 2.73PS


(0.16) (-1.66) (1.15 (-0.38) (1.8) (0.13) (1.49) (1.37)

+ 1.53Crpt -6.95RL - 3.49RQ - 1.77VA - 0.06DP- 0.42SUP

(2.04 (-2.36) (-1.84) (-1.32) (-1.92) (-2.13

Une augmentation de 10% de l’inflation entraine une augmentation de 3,4 des IDE. En effet,
une monnaie faible peut entraîner des conséquences négatives sur l'économie d'un pays,
expliqué par le risque inflationniste l’hors d’une dépréciation de la monnaie, risque qui se
répercute directement sur le consommateur.

En effet, une monnaie faible attire les investisseurs et fait gonfler la demande extérieure, ce qui
peut créer de l'inflation, mais aussi jouer sur la demande intérieure, une monnaie faible va faire
augmenter les prix. Cependant, une monnaie faible induisant l’inflation peut être facteur de
croissance. En effet, elle attire les investisseurs et les investissements directs à l'étranger
(I.D.E.), ce qui peut permettre de vendre plus de biens et de services pour une entreprise ou
d'innover et donc d'augmenter son profit, et pourquoi pas de baisser ses prix.
247
Un control de corruption induit par une augmentation de 10% des procédures et d’inspections
en la matière fait augmenter les IDE de 14,5%, un impact très important sur l’attractivité.

Concernant la gouvernance institutionnelle, elle est aussi détectée par la qualité des procédures
de loi. Une augmentation de 10% de ce dernier indicateur génère un flux négatif de 70 % des
IDE. Par ailleurs, ce ci vient contredire certains apports théoriques, mais plaide d’autres
travaux. En effet, Huntington et Dominguez (1975) dans leurs travaux ont affirmé que la
mauvaise qualité de procédure légale et la bureaucratie fournissent une meilleure protection
des droits de propriété mieux que les régimes démocratiques et les bons procédures légales, et
stimule l’adoption des réformes efficaces, ce qui attire les investisseurs étrangers.

Par ailleurs, une amélioration de 10% de la qualité de règlementations entraine une


augmentation de 39% des IDE. Certainement on peut conclure que la qualité de
règlementations, la qualité de procédures légale et le control de corruption sont des variables
institutionnelles significatifs pour le modèle Tunisien.

Par ailleurs, grâce au 4 éme modèle établit, on a détecté que l’effort d’investissement et le taux
de scolarisation dans l’enseignement supérieurs ont un effet direct et indirect sur l’attractivité
des IDE.

Le premier effet est détecté par le faite qu’une augmentation de 10 % de dépense dans
l’enseignement supérieurs entraine une diminution de 0,7% des IDE. Ceci n’est pas conforme
à la littérature économique qui suggère qu’une bonne qualification est un facteur attrayant des
IDE ; ce résultat trouvé peut être expliqué, soit par le faite que les IDE nécessitent
principalement de la main d’œuvre non qualifié au détriment de la main d’œuvre qualifiée, soit
par le faite que, vue les investissements publics improductifs qui se traduisent par une
inefficacité des établissements publics et un ralentissement de l'accumulation du capital
humain. Les institutions défectueuses entravent indirectement l’attractivité des investissements
étrangers296.

L’effet indirect se manifeste dans l’effet dévoilé de la qualité institutionnelle sur les IDE. Donc
on affectant les variables de la qualité institutionnelle, l’effort d’investissements dans le capital
humain a affecté les IDE pour le cas de la Tunisie. Cependant, la mauvaise qualité
institutionnelle en Tunisie caractérisée par une mauvaise procédure de lois, et des fortes

296
Bouras H. Sossi Alaoui F. Fekih B. Machrafi M., « Performance des télécommunications, qualité
institutionnelle et IDE en Afrique du Nord : cas du Maroc et la Tunisie », La Revue Marocaine Des Etudes
Africaines, 2014.
248
entraves réglementaires affecte négativement l’effort d’investissement dans l’enseignement
supérieur. De même, l’effort d’investissement géré par la bureaucratie encourage la corruption
(un effet de causalité entre C1 et X3). Par ailleurs, le taux de scolarisation dans l’enseignement
supérieurs a un effet de causalité sur l’efficacité de l’action publique détectée par une bonne
qualité de service publique et par la bonne bureaucratie.

249
Conclusion du quatrième chapitre

A partir de travail effectué, on a relevé que la dimension de la qualité institutionnelle attrayante


pour les IDE est la gouvernance économique pour le Maroc détectée par la qualité de
réglementation, alors que pour la Tunisie il s’agit du control de corruption. La qualité de
réglementation et procédures de lois affectent négativement les IDE.

Dans l'ensemble, les résultats trouvés appuient l'hypothèse selon laquelle les meilleurs
équipements d'infrastructure et meilleure qualité institutionnelle ont une incidence positive sur
les flux d'IDE, contrairement à la littérature économique, la taille du marché et les efforts
déployés dans l’amélioration de capital humain n’a aucun impact significatif pour le cas du
Maroc. Ceci est expliqué par la taille restreint du marché et les faibles efforts d’investissements
dans le capital humain.

La différence est néanmoins très claire entre le Maroc et la Tunisie, marquée par un effet
significatif et positif de nombre d’utilisateurs d’internet sur l’attractivité des IDE, un effet
justifié par les efforts poursuivis pour le développement des technologies des
télécommunications qui a permis aux entreprises marocaines de développer et d'exploiter un
secteur de télécommunications en continuelle évolution.

L’efficacité de l’action publique, la stabilité politique et les capacités revendicatives et


d’expressions ont un impact positif et indirect sur l’attractivité des IDE pour le Maroc.

Concernant, le deuxième pilier de l’Economie de la Connaissance, le capital humain a un impact


sur les IDE par le biais des TIC et spécialement par le nombre d’abonnée au mobile pour le
Maroc. L’effort d’investissements dans le capital humain a affecté les IDE pour le cas de la
Tunisie directement et indirectement en agissant sur la qualité institutionnelle.

Grâce à notre estimation, on a détecté que la qualité institutionnelle affecte positivement les
IDE par le biais de performance des télécommunications pour le cas du Maroc, alors que la
qualité institutionnelle affecte positivement les IDE par le biais de capital humain pour le cas
de la Tunisie.

250
Conclusion générale

Au terme de ce travail de recherche, nous avons essayé d’explorer, tout au long des quatre
chapitres qu’on a développés, la problématique de l’économie de ma connaissance comme une
solution pour le problème de sous-développement en Afrique du Nord. En effet, afin de
démontrer ce lien nous avons procédé à une structure méthodologique graduelle, partant de
l’échec des stratégies du développement traditionnelles et arrivant à l’émergence de l’économie
de la connaissance et son déploiement notamment dans le contexte nord-africain.

En effet, nous avons consacré le premier chapitre pour montrer l’importance du concept du
développement, notamment par étudier l’évolution historique du concept ainsi que la définition
des théories du développement, en faisant la distinction entre ce concept et le concept
croissance, ces deux concept qu’ils font une confusion chez le grand public .Pour passer ensuite
à une présentation des différentes stratégies de développement autocentré à savoir : la stratégie
des industries industrialisantes; la stratégie de substitution aux importations et les programmes
d’ajustement structurelles.

Nonobstant, ce chapitre nous a conduit à faire un constat selon lequel l’élaboration d'une
stratégie de développement ne peut pas se faire arbitrairement par contre il peut s'effectuer en
identifiant au préalable les spécificités caractéristiques de la société, et ce en s’appuyant sur des
recherches et des études appliquées de ses structures et des fonctions particulières qu'elles
occupent. Et en se basant sur un discernement général des mécanismes qui structurent cette
société, qui assurent sa cohérence systémique et sa capacité de production et de développement,
on parle alors d’une nouvelle logique d’appréhender les stratégie de développement qui se base
essentiellement sur les spécificités de la société et qui met en valeur la dimension local on parle
alors d’ une logique endogène qui a fait l’objet de plusieurs recherche de plusieurs auteur tels,
POLANYI, PECQUEUR, AYDALOT, ZAOUAL DAGHRI, MACHRAFI .

Dans le deuxième chapitre, nous avons essayé d’analyser le concept de l’économie de la


connaissance afin de clarifier cette nouvelle tendance de l’économie et pouvoir situer notre
recherche par rapport au corps de la littérature disponible sur le sujet. Avant de définir le
concept économie de la connaissance nous avons évoqué la mondialisation et ses théories,
notamment le lien entre le concept de la connaissance et le processus de la mondialisation ainsi

251
que l’attractivité des IDE dans le but de faire des liaisons entre les trois concepts clé de notre
thèse à savoir : économie de la connaissance, attractivité des IDE et développement.

On arrive à dire que l’analyse des piliers de l’économie de la connaissance nous a permis de
remarquer le lien qui existe entre cette économie et les indicateurs de développement telle que
la révolution des technologies de l’information et de la communication, l’amélioration de
l’éducation pour les pays en développement, l’investissement en recherche et développement
et promouvoir l’innovation. Une confrontation des deux concepts (l’économie de la
connaissance et le développement) a été alors réalisée dans le but de mettre en évidence le lien
et les intersections qui peuvent engendrer une relation causale entre ces deux concepts.
L’économie de la connaissance, à la différence du développement qui demeure une fin en soi,
peut être perçue comme un issu ou une vision aboutissant au développement.

Dans le même ordre d’idées, nous avons abordé lors du troisième chapitre, plutôt empirique, la
situation de l’économie nord-africaine, ses spécificités, et son niveau de développement ainsi
que l’ouverture du marché nord-africain.

Ainsi, nous avons essayé d’entamer la problématique de l’économie de la connaissance dans la


région de l’Afrique du Nord en dressant un état ou plutôt un diagnostic des différents piliers de
l’économie de la connaissance, nous avons démontré la situation de chaque pays notamment :
la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte et la Lybie, dans le secteur de
l’éducation qui demeure à la fois un facteur de développement aussi bien qu’un pilier de cette
économie.

Aussi bien, que nous avons étudié le positionnement de ces pays par rapport aux autres régions
du monde en terme d’accès et d’usage des technologies de l’information et de la
communication, et leurs progrès en termes des innovations et des régimes d’incitations
économiques qui constituent un des piliers majeurs de l’économie de la connaissance. Ce
diagnostic avait pour objet le fait de situer les deux pays objet de notre étude comparative,
notamment le Maroc et la Tunisie dans leur contexte socio-économique, chose qui nous conduit
à mieux comprendre le processus d’insertion des deux pays dans une économie de la
connaissance.

Afin de vérifier notre hypothèse centrale et répondre à notre problématique de départ, nous
avons dédié le quatrième et dernier chapitre de notre thèse à une étude comparative entre le
252
Maroc et la Tunisie, dans ce chapitre nous avons dressé l’ensemble des stratégies de
développement adoptées par les deux pays ainsi que leur attractivité. Afin de confirmer les
apports théoriques de notre thèse nous avons ajouté à la spécification d'origine prônée par
Sekkat et Varoudakis (2000) un ensemble d’indicateurs de performances de TIC comme
variables explicatives et indicateurs de la qualité de l’environnement économique et macro-
institutionnel. Nous avons effectué une éstimation sur la Tunisie et le Maroc, afin de faire une
comparaison de politiques appropriées.

Tout en ajoutant au modèle de Sekkat et Varoudakis, la série du PIB, PIB par capital, taux
d’inflation, dépense de l’Etat par étudiant, taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur
qui sont tirées des Indicateurs du développement dans le monde, sur une période d'observation
qui s’étalé de 1990 à 2010. Après avoir testé nos indicateurs nous avons opté pour une méthode
d’estimation MCO.

En se basant sur l’estimation effectuée, on a constaté que l’indicateur de la qualité


institutionnelle le plus attrayant pour les IDE est la gouvernance économique pour le Maroc
détectée par la qualité de réglementation, or que pour la Tunisie il s’agit du control de
corruption. Nonobstant, la qualité de réglementation et procédures de lois affectent
négativement les IDE.

Généralement, les résultats trouvés confirment l'hypothèse selon laquelle les meilleurs
équipements d'infrastructure et meilleure qualité institutionnelle ont un impact positive sur les
flux d'IDE, et contrairement à la littérature économique, la taille du marché et les efforts
déployés dans l’amélioration de capital humain n’a aucun impact significatif pour le cas du
Maroc. Ceci est expliqué par la taille restreint du marché et les faibles efforts d’investissements
dans le capital humain.

Les efforts déployés au Maroc afin de développer le secteur des TIC, ainsi que les exploits
réalisés par les entreprises marocaines dans le secteur des télécommunications ont fait une
différence très remarquable entre le Maroc et la Tunisie, traduite par un effet positivement
significatif de nombre d’utilisateurs d’internet sur l’attractivité des IDE.

L’efficacité de l’action publique, la stabilité politique et les capacités revendicatives et


d’expressions ont un impact positif et indirect sur l’attractivité des IDE pour le Maroc.
253
Concernant, le deuxième pilier de l’Economie de la Connaissance, le capital humain a un impact
sur les IDE par le biais des TIC et spécialement par le nombre d’abonnée au mobile pour le
Maroc. L’effort d’investissements dans le capital humain a affecté les IDE pour le cas de la
Tunisie directement et indirectement en agissant sur la qualité institutionnelle.

Grâce à notre estimation, on a détecté que la qualité institutionnelle affecte positivement les
IDE par le biais de performance des télécommunications pour le cas du Maroc, alors que la
qualité institutionnelle affecte positivement les IDE par le biais de capital humain pour le cas
de la Tunisie.

En conclusion, on est convaincu que le Maroc et la Tunisie disposent de nombreux atouts, et le


fait de profiter de l’économie de la connaissance et l’adopter au service du développement
économique ne dépendra que de la capacité des deux pays de valoriser leurs potentiels, et arriver
à cette conscience qui met le savoir au centre des préoccupations des décideurs, tout en
valorisant le capital humain qui dispose de cette connaissance qui constitue actuellement la base
de tout progrès .

Au terme de ce travail de recherche, il serait utile de revenir sur ce qui peut limiter la portée de
nos conclusions. Notre thèse aborde le lien qui existe entre l’économie de la connaissance et le
développement et vise à mieux comprendre ces deux concepts largement débattus par les
théoriciens. Cependant, la plupart des recherches font l’impasse sur le lien entre le développement
et un des piliers de l’économie de la connaissance.

Notre objectif était donc d’étudier l’ensemble des intersections qui peuvent existées entre ces deux
concepts clé, et ce en mobilisant une variable médiatrice celle de l’attractivité des IDE. En effet
nous avons mobilisé trois champs de recherches distincts : théories de développement, théories de
la mondialisation et économie de la connaissance. Dans ce sens, notre thèse consiste à rendre plus
explicite cette relation en y introduisant certaines variables communes.

A ce constat on peut dire que sur le plan théorique, notre recherche comporte de nombreuses
contributions dont certaines se rattachent à l’exploration théorique visant à établir des liens
conceptuels entre plusieurs champs.

Les apports de notre recherche ne se limitent pas seulement à l’exploration théorique réalisée
lors de notre examen de la littérature sur les domaines théoriques mobilisés, mais aussi par
rapport aux résultats obtenus dans notre modèle économétrique. En effet, nous avons montré
dans cette thèse que les indicateurs de l’économie de la connaissance sont positivement
254
significatives et influence l’attractivité des IDE chose qui a un impact direct sur le niveau du
développement des deux pays.

 Les limites de la recherche

Nous analysons successivement les limites de cette recherche au plan théorique,


méthodologique et des résultats obtenus.
Sur le plan théorique, cette recherche soulève quelques questionnements liés principalement à
la multitude de recherches sur les concepts clé de notre recherche chose qui nous a empêché de
le discerné, ainsi que la pénurie des travaux qui font le lien entre ces concepts. Or, à partir de
notre revue de littérature sur l’économie de la connaissance et sur le développement, nous avons
pu relever d’autres dimensions qui ne manquent pas d’importance et de pertinence et que nous
n’avons pas la possibilité de les joindre.
Symétriquement, nous avons limité la recherche sur les dimensions présentées par notre modèle
économétrique.
Notre recherche présente également quelques limites sur le plan méthodologique ayant trait à
la méthodologie de recherche adoptée et à la méthode économétrique de vérification des
hypothèses et de la problématique de recherche.
En effet, pour les fins de cette recherche, nous avons privilégié une modélisation économétrique
notamment un modèle d’OMC. Ce choix, justifié par la nature causale de la problématique à
laquelle nous essayons de répondre. Par ailleurs, ce choix n’était pas facile à effectuer étant
donné que la subjectivité de l’information fait en sorte qu’il serait plus approprié d’utiliser un
modèle de panel mais le manque de données sur la Tunisie depuis la révolution nous a obligé
de se limiter à ce modèle.

 Prolongement de la recherche

Notre recherche ouvre quelques voies intéressantes d’investigation qui découlent


principalement des limites rencontrées dans notre thèse. Notamment, sur le plan empirique nous
envisageant d’élargir notre travail et tester notre modèle sur les autres pays Nord-africains dans
des éventuelles recherches, afin de donner plus de fiabilité à nos réflexions. Concernant le plan
théorique nous allons essayer de creuser de plus les théories mobilisées et s’investir dans la
recherche des autres déterminants qui peuvent confirmer l’exactitude des liaisons entre les
concepts présentées par notre thèse.

255
Annexes

Graphique 1 : Nombre d’abonnement aux cellulaires

Source: Statshot UIT, avril 2011.

256
Graphique 2 : Evolution des flux d’IDE de la Zone MENA comparant aux différents régions

Source :CNUCED

257
Tableau 21 : Flux d'investissement direct sortants de l'UE ventilés selon le pays de destination non-UE (en millions d’euros)

partner\time 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
ACP 11085 9951 6165 9474 12532 19036 21904 16339 10734 33603 18995
Pays ACP africains 6229 8743 4686 7093 10443 15263 7233 12609 7128 16437 15367
Pays ACP des Caraïbes 4879 1199 1453 2350 2048 3638 14643 3540 4112 17122 3636
Pays ACP du Pacifique -24 12 26 32 28 140 30 190 -507 46 -6
Afrique 8826 10161 7067 9660 13898 16286 11747 17024 23281 16728 21333
Afrique centrale et australe 6201 8785 4695 7088 10449 15263 7250 12614 7128 13062 15399
Afrique septentrionale 2624 1382 2373 2571 3448 1029 4502 4412 16153 3669 5932
Amérique 290780 211134 48008 53013 57448 65557 188419 337206 159711 167788 36960
Amérique centrale 22050 22625 40612 -6587 36068 6104 38486 108455 6642 72720 -8877
Pays d'Amérique latine 46188 29644 11244 5220 19720 13090 16901 26581 30346 16766 35671
Amérique septentrionale 231849 164496 4102 56772 13237 48392 136954 209089 132877 85874 19903
Amérique du Sud 36880 24011 3295 2826 8138 11068 12974 19665 20193 9196 25930
Argentine 5936 5612 1159 -1455 -1257 1670 3418 2398 4445 936 1
Association de l'Asie du Sud- 2220 9535 7641 4476 4726 4772 12670 14490 29475 8573 11117
Est
Asie 17574 58162 31011 21472 35525 42630 28445 54987 78481 41504 29736
Pays arabes du Golfe 528 1720 1230 538 1214 2314 2270 4657 19677 6605 4624
Asie occidentale (incluant 2225 2272 2590 1236 2061 3459 3820 8917 24054 7661 3658
l'Iran)
Australie 6778 2137 11185 -1928 874 -1671 6736 9524 18605 -2224 14921
Brésil 23642 10050 -1367 2135 5709 8480 5417 14904 8887 10615 21511
Canada 45480 5784 1399 5380 -2260 11852 31175 30578 6440 3716 -1008
Suisse 72275 7058 24152 13470 -11872 74640 22071 37841 32476 43089 933
Chili 1537 3048 1564 1643 1987 889 997 763 1278 333 436
Chine (excepté Hong-Kong) 2428 2293 3103 3190 3868 6137 6728 7219 6536 6521 7128
Association Européenne de 79765 9768 25752 14083 -4296 75166 27595 48077 37225 45142 8859
Libre Echange (AELE)
Égypte 1872 523 1306 995 1172 739 2831 1550 10826 -3431 3200
Europe centrale et orientale : : : 8382 4855 5798 20000 5121 5819 4292 2087

258
Pays du partenariat euro- : 4883 2543 4513 4205 7442 16346 20644 22636 4998 14752
méditerranéen
Nouveaux Etats Membres et : : : 43846 35922 43971 57463 85485 63050 45851 28896
Pays candidats en 2004 (13
pays)
Hong-Kong -3364 49115 3314 3769 11334 3781 3557 7184 4932 4074 6083
Croatie 534 1078 739 1593 597 956 4538 2490 2376 2531 -1297
Indonésie 740 121 -434 1102 204 4130 -723 -189 -102 1531 589
Israël 723 309 204 131 165 819 -271 1319 914 992 702
Inde 733 353 1075 759 1562 2546 2491 4595 3407 3345 4672
Iran 61 -5 174 59 -18 115 500 216 100 -134 68
Islande -13 -16 34 17 -89 -217 7 221 1273 -1691 473
Japon 5458 -8875 10193 5585 5814 12328 -1592 10207 2868 1014 -2242
Corée du Sud 3182 1143 1642 2103 1953 4951 1850 917 1515 878 2823
Maroc 213 209 227 1707 166 1128 1240 901 1800 514 1271
Machrek 2839 555 2001 1229 1181 762 2983 1719 11302 -3236 3690
Maghreb 907 781 833 1731 1714 1254 1330 1901 4215 2979 1312
Marché Commun du Sud 29756 16901 172 750 4599 10268 8681 17957 13646 11120 22038
Mexique 6730 4825 6608 2000 10756 2601 1786 5787 7006 4582 10083
Malaisie 468 -647 308 -121 1094 815 2025 4338 1254 898 -1299
Association nord-américaine 238576 169315 10710 58774 23997 50975 138658 214872 139881 90462 29991
de libre-échange
Turquie 2149 2940 802 1164 1150 4609 12302 15704 6205 4266 5796
Taïwan 2258 1182 435 116 1182 2972 -873 -3341 -1522 60 871
Ukraine 63 198 15 238 261 5802 2125 5277 5042 2718 4549
États-Unis 186368 158706 2704 51394 15496 36525 105701 178510 126434 82164 20918
Afrique du Sud 2958 4700 3971 3197 6005 7487 5124 5128 3197 8566 7072
Tous les pays du monde 1126186 633969 496095 406087 369134 669041 879818 1277183 923001 512261 404119

Source : http://epp.eurostat.ec.europa.eu

259
Liste des tableaux

Tableau 1: Types d’analyses de développement initiées par Hugon .................................... 20


Tableau 2 : Tableau récapitulatif des systèmes localisés en réseaux ................................... 52
Tableau 3 : Distinction entre information et connaissance................................................... 95
Tableau 4 : les domaines de localisation des connaissances des membres de la firme ...... 109
Tableau 5 : Stock de capital réel brut aux Etats-Unis (en milliards de dollars de 1987) .... 115
Tableau 6 : Indicateurs macroéconomiques de l’Afrique du Nord .................................... 147
Tableau 7 : classement des pays africains par le KEI en 2012 ........................................... 172
Tableau 8: Evolution des dépenses publique dans le secteur de l’éducation ..................... 178
Tableau 9 : Tableau de bord du commerce extérieur 1999-2004 ....................................... 198
Tableau 10: Evolution de certains indicateurs du secteur extérieur ................................... 214
Tableau 11 : Accroissement annuel moyen en % des exportations .................................... 215
Tableau 12: Accroissement des importations en % ............................................................ 216
Tableau 13: Evolution des parts sectorielles dans les exportations (en % du total) ........... 218
Tableau 14: Evolution des parts sectorielles des importations (en % du total) .................. 219
Tableau 15 : Classement du Maroc et la Tunisie en KEI, 2012 ......................................... 223
Tableau 16 : Total Dépenses dans la Recherche et Développement .................................. 227
Tableau 17 : Statistiques descriptives pour le Maroc ......................................................... 233
Tableau 18: Test de causalité pour le Maroc ...................................................................... 235
Tableau 19: Statistiques descriptives pour la Tunisie ........................................................ 241
Tableau 20: Test de causalité pour la Tunisie .................................................................... 243
Tableau 21 : Flux d'investissement direct sortants de l'UE ventilés selon le pays de
destination non-UE (en millions d’euros) ............................................................................ 258
Liste des figures

Figure 1 : Processus d’extraction de connaissances mettant en exergue l’abstraction ......... 96

Figure 2: les quatre modes de transfert de la connaissance ................................................ 103

Figure 3 : Schéma inspirée du modèle de Nonaka et Takeuchi des modes de transfert de la

connaissance ........................................................................................................................ 104

Figure 4: les dimensions taxonomiques de la connaissance (Winter, 1987) ...................... 139

Figure 5: Nature de l’innovation et dimension de la connaissance (Henderson et Clarck) 140

Figure 6: présentation du KEI par la banque mondiale ...................................................... 170

Figure 7: les inscriptions dans les disciplines scientifiques et les sciences humaines en Monde

arabe ..................................................................................................................................... 179

Figure 8: évolution du ratio de Recherche et développement par rapport au PIB entre 2000 et

2004Source : World Development Indicators, 2007............................................................ 181

Figure 9: IDE au Maroc par pays........................................................................................ 195

Figure 10: IDE au Maroc par secteur .................................................................................. 196

Figure 11: Nombre des usagers d’internet/ 100 habitants .................................................. 224

Figure 12: Nombre de lignes téléphoniques par 100 habitants ........................................... 225

Figure 13 : Nombre d’abonnés Mobile ............................................................................... 225

Figure 14: Nombre des étudiants inscrits en cycle superieur ............................................. 229

261
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283
Table des matières

Remerciements ............................................................................................................... 1

Sigles et Acronymes ....................................................................................................... 3

Résumé ........................................................................................................................... 4

Abstract........................................................................................................................... 5

Sommaire........................................................................................................................ 6

Introduction générale ...................................................................................................... 8

Chapitre I : Echec des stratégies du développement en Afrique .................................. 17

Introduction du premier chapitre .................................................................................. 18

Section I : Développement : théories et concepts ......................................................... 19

I. L’économie du développement : concept et définitions ........................................ 19

I-1 Définition du concept développement ....................................... 21


II. Les théories du développement ............................................................................. 24

III. Les théories de la croissance : de l’exogène à l’endogène ..................................... 29

Section II : Les stratégies de développement autocentré.............................................. 31

I. Les stratégies de développement ........................................................................... 31

I-1 La stratégie des industries industrialisantes en Afrique ......... 31

I-2 La stratégie de substituions aux importations en Afrique ...... 33

I-3 Les programmes d’ajustement structurel en Afrique ............. 34


II. Echec des stratégies de développement ............................................................... 36

II-1 Le déterminisme économique ................................................... 37

II-2 Le culturalisme .......................................................................... 38


III. Les nouvelles théories du développement : le développement local et le
développement territorial ....................................................................................................... 42

III-1 Le développent local ................................................................ 42

III.2 Innovation et développement territorial ................................ 46

284
Conclusion du premier chapitre.................................................................................... 56

Chapitre II : Mondialisation, attractivité des IDE et économie de la connaissance ..... 58

Introduction du deuxième chapitre ............................................................................... 59

Section I : mondialisation et Économie de la connaissance ......................................... 60

I.Les théories de la mondialisation ............................................................................... 60

I.1 L’évolution des théories de la mondialisation .......................... 60

I.2 Les fondateurs des théories de la mondialisation ..................... 61


II- Les théories d’Investissement Direct Étranger (IDE) ............................................. 66

II.1Les théories des IDE ................................................................... 68


III-Connaissance et processus de la mondialisation ..................................................... 74

III.1 TIC, Economie de la connaissance, qualité institutionnelle et


IDE : Survol théorique et empirique............................................. 76

III.2 TIC, Economie de connaissance et IDE ................................. 77


III.3 Qualité institutionnelle et IDE .............................................................................. 83

Section II : l’émergence de l’économie de la connaissance ......................................... 93

I. La connaissance : définitions et concepts.............................................................. 93

I.1 Donnée, information et connaissance ........................................ 93

I.2 Typologie des connaissances ....................................................... 98

I.3 Le processus de création et transfert des connaissances ....... 102


II -l’économie de la connaissance .............................................................................. 105

II.1 La connaissance au cœur des théories économiques ............ 105

II.2 Le concept économie de la connaissance ............................... 109

II.3 Le capitalisme cognitif ............................................................. 113


III-Les tendances majeurs de l’économie de la connaissance .................................... 114

III.1 L’augmentation du capital intangible .................................. 114

III.2 L’expansion des activités intensive en connaissance........... 116


285
III.3 La montée des emplois hautement qualifiés ........................ 117
IV-Les piliers de l’économie de la connaissance ....................................................... 117

IV.1 Les Technologies de l’information ........................................ 117


IV.2 L’éducation......................................................................................................... 123

IV.3 Recherche et développement et Innovation ......................... 135


Conclusion du deuxième chapitre .............................................................................. 142

Chapitre III : Problématique de la connaissance en Afrique du Nord ........................ 143

Introduction du troisième chapitre.............................................................................. 144

Section I : L’économie Nord-africaine face aux stratégies du développement .......... 145

I- Spécificités de l’économie Nord-africaine .......................................................... 145

II- Le développement humain et contexte social dans les pays de l’Afrique du


Nord 149

II.1 L’Algérie ................................................................................... 149

II.2 L’Égypte.................................................................................... 152

II.3 La Libye .................................................................................... 155

II.4 Le Maroc ................................................................................... 158

II.5 La Mauritanie........................................................................... 161

II.6 La Tunisie ................................................................................. 163


III-Ouverture du Marché Nord-africain...................................................................... 167

Section II : l’économie de la connaissance dans le processus du développement de


l’Afrique du Nord ............................................................................................................ 169

I- L’Afrique selon l’index de l’économie de la connaissance ................................ 169

II-L’insertion des pays de l’Afrique du nord dans l’économie de la connaissance .... 174

II.1 Les technologies de l’information et de communication en


Afrique du Nord .............................................................................. 175

III.2 L’éducation en Afrique du Nord .......................................... 177

286
II.3 L’innovation en Afrique du Nord .......................................... 180

II.4 Les régimes d’incitation institutionnelles .............................. 182


Conclusion du troisième chapitre ............................................................................... 183

Chapitre IV : Etude comparative entre le Maroc et la Tunisie ................................... 184

Introduction du quatrième chapitre ............................................................................ 185

Section I : Trajectoire de développement au Maroc et en Tunisie ............................. 187

I-Evolution structurelle de l’économie Marocaine ..................................................... 187

I.1 L’économie marocaine : de la substitution aux importations au


PAS ................................................................................................... 188

I.2 Economie et politique industrielle marocaine après le PAS ;


nouveau rapport entre l’Etat ......................................................... 189

I.3 IDE et commerce extérieur au Maroc ..................................... 191

I.4 Perspectives positives des IDE au Maroc ................................ 196

I.5 Commerce Extérieur ................................................................. 197


II -Evolution structurelle de l’économie tunisienne ................................................... 199

II.1 Stratégies de développement ................................................... 199

II.2 Evolution et caractéristiques des échanges extérieurs ......... 213


Section II : IDE, attractivité et performance des TIC et économie de la connaissance au
Maroc et en Tunisie ............................................................................................................. 222

I-L’économie de la connaissance au Maroc et la Tunisie .......................................... 222

I.1Le classement du Maroc et la Tunisie selon le KEI ................ 222

I.2 TIC au Maroc et la Tunisie ...................................................... 223

I.3 Recherche et développement (R&D) et innovation en Afrique


du Nord ............................................................................................ 226

I.5 Capital humain et éducation .................................................... 228


II-IDE, attractivité et performance des TIC au Maroc et en Tunisie .......................... 230

287
II.1 Analyse économétrique pour le Maroc .................................. 231

II.1.2 Résultats d’Estimations ........................................................ 236

II.2 Analyse économétrique pour la Tunisie ................................ 241


Conclusion du quatrième chapitre .............................................................................. 250

Conclusion générale ................................................................................................... 251

Annexes ...................................................................................................................... 256

Liste des tableaux ....................................................................................................... 260

Liste des figures .......................................................................................................... 261

Bibliographie .............................................................................................................. 262

288

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