Vous êtes sur la page 1sur 77

SOMMAIRE

SOMMAIRE ........................................................................................................... 1
Remerciements ........................................................................................................ 2
Introduction générale .............................................................................................. 3
Chapitre I : Le système financier mis en place : architecture et fonctionnement.
............................................................................................................................ 5
Introduction................................................................................................... 5
Section I : Les mutations financières des années 80 et leurs implications. .. 6
Section II : Les mutations du système financier marocain. ........................ 13
Conclusion du premeir chapitre .................................................................. 24
Chapitre II- les risques inhérents au fonctionnement du nouveau système
financier ........................................................................................................... 26
Section I- Analyse des principaux risques : cadre conceptuel. .................. 28
Section II- la crise financière de 2007 : le risque systémique et ses
répercussions............................................................................................... 37
Conclusion du deuxième chapitre............................................................... 46
Chapitre III- la régularisation du système financier : le rôle de la surveillance
prudentielle. ..................................................................................................... 47
Section I- Les principes et organes de la supervision prudentielle. ........... 48
Section II- le contenu de la supervision prudentielle, les modalités de son
organisation et ses limites. .......................................................................... 54
Conclusion générale. ........................................................................................ 70
Bibliographie.................................................................................................... 72

1
REMERCIEMENTS

2
INTRODUCTION GENERALE

Le Maroc, à l’instar des autres pays en développement, s’est lancé dans un


mouvement de libéralisation de son économie depuis le début des années 80, pour
se mettre au diapason de ce qui se déroulait à l’époque à l’échelle internationale. Il
faut rappeler que cette période était caractérisée par l’enlisement des pays du Sud
dans ce qui s’appelait la crise de l’endettement extérieur. La plupart de ces pays
étaient dans l’incapacité d’honorer leurs engagements en matière de
remboursement de la dette extérieure.

Le rééchelonnement de cette dernière était conditionné par l’application


d’une thérapie universelle concoctée par le Fonds monétaire internationale et la
banque Mondiale. Le débat d’antan portait alors sur la manière de sortir de cette
crise qui a secoué tous les pays en développement et dont les répercussions ont été
dramatiques tant sur le plan économique que social1.

Dans ce contexte, aucun pays ne pouvait se soustraire au diktat des


institutions financières internationales et c’est dans ces conditions que le Maroc a
procédé à la restructuration de son économie en appliquant un plan de rigueur
appelé plan d’ajustement structurel (PAS). L’objectif non avéré de cette stratégie
était en fait, de transformer ces économies en difficultés, en des économies
orientées vers l’extérieur et productives de suffisamment de richesses pour
rembourser leurs dettes envers les pays riches2. Tous les pans de l’économie sont
touchés par ce remue-ménage y compris le secteur financier qui nous intéresse ici
à plus d’un titre.

1
Se référer aux statistiques relatives au chômage qui a atteint des proportions au précédent, ainsi qu’aux déficits
budgétaire et de la balance courante qui ont frisé des seuils insupportables :le déficit extérieur représentait 12,5%
du PIB, le déficit du trésor 14% du PIB, le taux d’endettement a atteint 60% et le coefficient d’endettement 40%.
2
ALAOUI. A. (1992) « Financement et compétitivité économiques le cas du Maroc » thèse pour le Doctorat d’Etat
Es Sciences économiques. Université Mohammed V Agdal.
Association des économistes marocains (AEM) (1993) : bilan décennal du PAS et perspectives de l’économie
marocaine. Numéro spécial octobre.
3
En effet, les pouvoirs publics marocains ont initié un train de réforme
financière dont l’objectif est de stimuler le rôle du système financier en matière de
couverture des besoins en financement.

Après deux décennies de réforme, le Maroc dispose aujourd’hui d’un


système financier moderne, diversifié et libéralisé. Le secteur financier a basculé
d’un système caractérisé par le dirigisme financier à un système de libéralisation
financière1.

Dans cette étude, nous allons présenter les mutations subies par le système
financier marocain, ceci va nous permettre de mettre en relief le processus des
réformes entamées ces dernières décennies et d’en souligner le contenu. C’est
l’objet du premier chapitre, au niveau du deuxième chapitre, nous analyserons les
risques générés par la mise en place de ce système financier libéralisé. Le troisième
chapitre sera consacré à la régulation de ce système financier. Nous présenterons
l’arsenal réglementaire mis à place. Les différentes lois promulguées seront
analysées. Nous nous arrêterons aux leurs limites également.

1
ABOUCH. M. (1992) « libéralisation financière et développement économique au Maroc », thèse pour le Doctorat
d’Etat, Université de Poitiers France.
VERNET. B. (1994) « libéralisation financière et développement économique : une revue » Revue d’économie
financière n°29.
4
CHAPITRE I : LE SYSTEME FINANCIER MIS EN PLACE :
ARCHITECTURE ET FONCTIONNEMENT.

INTRODUCTION.

Depuis le début des années 80 qui coïncidait avec la crise de l’endettement


extérieur, les systèmes financiers nationaux et internationaux ont subi des
mutations financières profondes. La profondeur de ce mouvement a été telle que le
processus ainsi engagé paraît de nos jours irréversibles.

Ce mouvement libéral transnational qui a balayé toute la planète a donné


naissance à un nouveau paysage financier tant à l’échelle nationale
qu’internationale et permis de lever de nombreuse contraintes réglementaires. Il a
en même temps favorisé l’innovation financière dont les avantages pour les agents
économiques notamment les ménages et les entreprises sont incontestables1.

Dans les pays du Nord, l’innovation financière est soit d’origine privée
comme ce fut le cas aux Etats-Unis d’Amérique, soit d’origine publique,
l’expérience de la France est à cet égard édifiante. Quant au Japon, elle est la
résultante de la synergie créée entre le secteur public et le secteur privé.

Pour les pays du Sud, ce mouvement de libéralisation financière était conçu


et perçu plutôt comme une réponse à la crise financière des années 802.

C’est donc dans ce contexte caractérisé par la globalisation des marchés et


la mondialisation de l’économie, que le Maroc a été amené et contraint à rénover

1
Les innovations financières ont remédié à l’inadéquation des structures financières traditionnelles. Voir les
développements ultérieurs.
2
BOURGUNIAT. H (1986) : l’économie internationale au tournant, in BOURGUNIAT. H et Mistral. J : la crise de
l’endettement international, acte II, Economica.
5
son système financier pour qu’il puisse générer les financements nécessaires à son
développement.

Deux axes constituent l’ossature de ce chapitre, dans un premier temps,


nous allons évoquer les mutations financières qui ont marqué les années 80 et qui
se sont poursuivies jusqu’à nos jours, au niveau du deuxième axe, nous
présenterons l’architecture du système financier en mettant l’accent sur les
réalisations les plus importantes.

SECTION I : LES MUTATIONS FINANCIERES DES ANNEES 80 ET

LEURS IMPLICATIONS.

Au niveau de cette section, nous nous arrêterons sur les grandes tendances
qui ont caractérisé la finance internationale et les implications de cette mouvance
sur les opérateurs économiques.

§ I : Les tendances de la finance internationale depuis les


années 80.

Trois grandes tendances seront évoquées à savoir :


 Déréglementation – innovation -nouvelle réglementation
 Promotion de la finance directe ou mobilierisation du financement de
l’économie
 Globalisation/internationalisation financière.

6
I- La séquence : déréglementation – innovation -nouvelle
réglementation

La distinction entre la déréglementation et l’innovation financière paraît


difficile à faire dans la mesure où elles peuvent être comprises comme étant les
deux facettes du même phénomène.

Historiquement, on constate que la plupart des lois qui régissent l’activité


financière ont été introduites dans les années 30 à la suite des crises bancaires de
la fin des années 20 et début des années 30. Le cloisonnement des marchés
financiers et l’administration des taux d’intérêt dans le sens de l’application de la
politique des taux d’intérêt réels négatifs1 pour encourager l’effort de
l’investissement étaient, à l’époque les principaux domaines régis par ces
réglementations. Dans la plupart des pays, des barrières institutionnelles et
géographiques ont été créées pour séparer les banques de dépôt des banques
d’affaires ou d’investissement.

Aux Etats-Unis d’Amérique, le MCFADDEN Act de 1927 interdisait aux


banques commerciales de s’implanter en dehors de leur Etat d’origine pour éviter
la constitution des monopoles.

Le banking act de 1933, connu sous le nom de Glass-steagall act, établit


une séparation stricte entre les activités bancaires et les opérations sur titres.

La pratique des taux d’intérêt administrés constituait l’autre moyen de


contrôler l’intermédiation financière. Le banking act américain contenait ainsi une
disposition, connue sous le nom de « Réglementation Q » qui interdisait la
rémunération des dépôts à vue et plafonnait la rémunération des dépôts à terme et

1
Au Maroc, on parle de « politique d’argent bon marché »
7
des comptes d’épargne. Cette réglementation fut éliminée lorsque «the depository
institution deregulation and monetary control act » s’appliqua en mars 1980. En
France, l’administration des taux d’intérêt s’est traduite par des plafonds imposés
aux taux d’intérêt versés sur les dépôts ainsi que par des réductions de taux d’intérêt
sur certains prêts bénéfices, sachant pertinemment que la part des prêts bénéficiant
d’un taux d’intérêt préférentiel se situait aux environs de 45% des prêts accordés.
Les pays en voie de développement n’ont pas échappé à la règle. Les taux
d’intérêt ont été largement administrés et maintenus à un niveau artificiellement
bas dans le but de réduire la charge financière de l’entreprise et par conséquent
d’encourager l’investissement. A cette répression financière s’ajoute
l’inadéquation des structures financières caractérisées par le dualisme financier1.

On constate alors qu’à partir du moment où l’on juge que le coût


d’opportunité des réglementations devient prohibitif pour les agents économiques,
on cherche à utiliser de nouveaux instruments financiers ou de nouvelles
techniques pour contourner les contraintes réglementaires et à mesure que ces
techniques financières se développement les pouvoirs publics sont amenés à
s’adapter à ces innovations en modifiant ou en éliminant les pans de la
réglementation devenus alors vétustes pour remédier aux distorsions des prix
constatés au sein des marchés financiers qui font l’objet de cette réglementation.
La volatilité des taux d’intérêt et des taux de change à la fin des années 70 et au
cours des années 80 ont accentués ces distorsions rendant par là-même les anciens
systèmes financiers sous-optimaux et non efficaces.

La déréglementation et l’innovation financière avaient justement pour


objectif de réduire cette sous-optimalité.

1
SHAW. ES (1973) : « Financial deepening in economic development », Oxford university press.
8
Les banques peuvent développer et pousser leurs activités jusqu’aux limites
autorisées. En France, par exemple; le financement du déficit public et la nécessité
d’augmenter la capacité des banques nationales à affronter la concurrence
internationale ont largement contribué à provoquer la déréglementation afin de
favoriser l’innovation financière visant soit à transférer les risques de variation des
prix, soit à créer de nouvelles formes de financement.

Néanmoins, la déréglementation ne doit pas signifier absence de


réglementation. On est loin du libéralisme exacerbé des années 20, une nouvelle
réglementation est venue remplacer les dispositifs institutionnels antérieurs et l’on
parle de réglementation prudentielle inspirer en matière bancaire des travaux de
Bâle I. Des codes de déontologie ont été établis et des règlements sur les offres
publiques d’achat (OPA) et les délits d’initiés ont élaborées partout dans le monde.
Le deuxième aspect de cette mouvance financière est la mobilierisation des
financements.

II- La mobilierisation du financement de l’économie.

Cette seconde caractéristique est synonyme de désintermédiation


financière. Elle consiste en la substitution de financement par titres de créances
négociables au financement via le crédit bancaire1.

Ces titres peuvent être les billets de trésorerie émis par les entreprises, les
certificats de dépôts négociables qui sont le fait des banques, ainsi que les bons du
trésor négociables. A côté des titres de créances négociables qui concernent le
marché monétaire dans son acception la plus large, se sont développés d’autres
nouveaux produits financiers à savoir les produits de la famille des obligations (les
obligations à taux variable ou révisables, les obligations échangeables etc.….) les

1
TABATONI. P et ROURE. F (1988) : « la dynamique financière », édition des organisations.
9
produits de la famille des actions, les produits hybrides les produits collectifs
(OPCVM, les fonds communs de placement…) mais la véritable novation vient
plutôt de l’apparition des produits dérivés dits de couverture tels les swaps et les
options.

A travers, les innovations de produits, c’est la promotion de la finance


directe qui est visée. Les agents économiques à besoin de financement peuvent se
procurer des financements par l’émission des titres sur le marché primaire sans
passer par l’intermédiaire de la banque1. Il s’agissait d’opérer le passage d’une
économie d’endettement caractérisée par la profitabilité structurelle faible de
l’activité productive, le financement bancaire de l’économie et la régulation
monétaire par le contrôle du crédit, à une économie de marchés de capitaux où le
financement doit se faire par les fonds propres et l’émission de titres.

Après avoir présenté cette caractéristique de ces mutations financières,


nous en évoquerons la dernière.

III- La globalisation financière.

L’innovation financière et la déréglementation ont abouti au phénomène de


globalisation.

La constitution d’un vaste marché de capitaux sur lequel existe un


continuum d’actifs financiers fonctionnant en continu, vingt quatre heures sur vingt
quatre en est la manifestation évidente.

1
RENVERES. F (1985) : une approche du concept d’économie d’endettement. Cahiers du CERNEA n°6.
10
Ce grand marché global évolue et se développe au rythme des besoins des
grandes multinationales et des investisseurs institutionnels qui opèrent dans toutes
les devises au gré de leurs anticipations.

Ce mouvement de globalisation a été rendu réel et amplifié par des progrès


de technologie qui accroissent la rapidité et les facilités avec laquelle les capitaux
peuvent être transférés d’une place à l’autre. Les séismes financiers qui ont secoué
la planète notamment la crise financière de 2007 dont l’épicentre est les Etats-Unis
d’Amérique et dont les conséquences ont été dramatiques tant sur le plan
économique que social, sont révélateurs de l’interconnexion et de
l’internationalisation de ce type de marchés de capitaux1.

Cela étant, se pose alors la question suivante. Pourquoi toutes ces mutations
financières et quelles en sont les implications.

§2 : Les implications de ces mutations financières.

Les implications sont tellement nombreuses qu’il est difficile de les


évoquer de façon exhaustive, nous nous limiterons à quelques unes.
 D’abord, il convient de souligner que ces mutations ont donné
naissance à un système financier efficace. En effet l’élargissement
de la palette des produits financiers mise à la disposition des agents
économiques a permis à ces derniers d’avoir accès à des
financements plus souples : les titres de créances négociables tels
que les billets de trésorerie disposant d’un marché secondaire
facilitent une gestion active des bilans. Il a permis enfin des
financements moins risqués. Les nouveaux instruments financiers
offrent la possibilité aux agents économiques de se couvrir contre les

1
CARPANIS. A : La globalisation est-elle déstabilisante ? Problèmes économiques 15-22 Mars 1995.
11
risques de variation des taux d’intérêt et de change. On pense aux
options, aux swaps et autres instruments de gestion de risque. Nous
y reviendrons ultérieurement.
 L’intégration des marchés des capitaux accroît leur efficacité
allocative dans la mesure où ils permettent une meilleure
mobilisation de l’épargne et son affectation dans des emplois
beaucoup plus productifs évitant par là tout financement à caractère
inflationniste1.
 Les mutations financières ont opéré une rupture avec la gestion
financière traditionnelle. Désormais un financement ou un
placement est considéré comme une matière première. Il fait l’objet
d’un marché, il s’achète, se stocke, se transforme, vend, subit les
mêmes risques de dépréciation et d’approvisionnement, il doit donc
faire l’objet d’un suivi et d’une recherche d’optimisation ; ainsi
l’achat d’un financement doit intervenir au meilleur moment et au
meilleur coût et non pas au moment du besoin. La vente doit être
considérée comme opération réalisable à tout moment
indépendamment des dates d’échéances contractuelles. La
possibilité de substituer des instruments négociables aux outils
traditionnels permet toute transaction, tout arbitrage. Les
opportunités du marché peuvent ainsi être exploitées
avantageusement. Les nouveaux instruments permettent donc
d’améliorer la rentabilité financière. Ils sont devenus de ce fait, une
véritable source de profit pour l’entreprise.

Naturellement, à ces avantages doit correspondre un prix à payer. Ce prix


n’est autre que l’instabilité et la vulnérabilité croissantes qui caractérisent les

1
CHEBALIER. M. (2011) : comment les marchés financent les entreprises. Alternatives économiques n°87, 1 er
trimestre.
12
nouveaux systèmes financiers. Ces derniers ont tendance à sur-réagir aux chocs
extérieurs rendant les prix des actifs financiers plus volatils et les crises plus
probables.

D’une manière générale, on constate que l’environnement financier s’est


profondément transformé en l’espace d’une décennie. Ce mouvement qui parait
irréversible a débouché sur la déréglementation des systèmes financiers, le
foisonnement des innovations financières et sur la globalisation des marchés des
capitaux et a entraîné des changements dans le comportement des agents
économiques (Etat, entreprises et ménages) ainsi que dans les méthodes de gestion
des bilans.
Qu’en est-il alors au Maroc.

SECTION II : LES MUTATIONS DU SYSTEME FINANCIER MAROCAIN.

C’est dans ce contexte de mondialisation de l’économie et de globalisation


des marchés financiers, que les pouvoirs publics1 ont été amenés à entreprendre la
réforme et la modernisation du système financier pour le rendre apte à suivre les
transformations que doit subir l’économie marocaine dans le but de s’intégrer dans
ces conditions avantageuses à l’économie mondiale.

Cette intégration2 ne peut se réaliser que grâce, à la stabilité du taux de


change qui nécessite un équilibre durable des paiements extérieurs et le maintien
des réserves de change à un niveau satisfaisant, et à la stabilité des prix par la mise
à la disposition de l’économie des liquidités suffisantes qui écarte le spectre de
l’inflation.

1
En fait, la réforme du système financier fait partie du programme d’ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI
et la banque mondiale à tous les pays qui demandent le rééchelonnement de la dette extérieure.
2
Idem.
13
La réalisation de ces conditions suppose donc un système financier, solide,
organisé et efficace, apte à promouvoir l’épargne et l’investissement, pierre
angulaire du développement économique.

Au niveau de cette section, nous allons tout d’abord présenter les


caractéristiques de l’ancien système financier en mettant en relief ses limites et ses
faiblesses, nous nous arrêterons ensuite sur les principales réformes financières
entreprises depuis plus de trois décennies.

§1- Le dirigisme financier et ses conséquences.


La stratégie de financement adoptée par le Maroc avant les années 80
s’appuyait sur deux éléments essentiels.
 d’une part, la place de choix réservée à la mobilisation de l’épargne
étrangère à travers les emprunts extérieurs dans le financement du
développement économique.
 et d’autre part, l’intervention directe de la puissance publique dans
l’orientation et l’affection des ressources nationales disponibles1.

Une analyse rapide des différents plans de développement qui se sont


succédé depuis l’indépendance du Maroc jusqu’au début des années 80 permet de
constater que les ressources financières en provenance de l’étranger ont pris, au fit
du temps, une importance démesurée dans le financement de l’économie. Ainsi à
la veille de la crise financière qui a frappé le pays de plein fouet, les ressources
extérieures intervenaient pour 50% du total des ressources utilisées par le Maroc
pour son développement. Le financement externe était facile, bon marché, et en
abondance, ce qui a encouragé les pouvoirs publics à recourir à ce que l’on appelle

1
ABOUCH. M : Réforme du système financier et financement de l’économie : évaluation de l’expérience
marocaine. Colloque international : Policy Refoms Growth and Development. Université libre de Bruxelles et
Université Moulay Smail, 20-22septmebre 2001, Meknes Morocco
14
« effet de levier financier »1, puisque le coût moyen du capital ne dépassait guerre
4,2%. Toutefois, ils ont été piégés par cette manne financière, car ils ont fait
dépendre étroitement le développement du pays des ressources extérieures.

Le deuxième élément de cette stratégie et qui nous intéresse davantage ici,


réside dans le dirigisme financier. Celui-ci consistait de façon concrète, en la
réglementation du système financier. Les pouvoirs publics cherchaient, à travers la
régulation administrative, à orienter et à fournir des ressources financières bon
marché aux secteurs juges prioritaires (l’agriculture, le tourisme et l’industrie).

Cet interventionnisme financier a pris de l’ampleur par le biais de plusieurs


actions dont notamment :
 L’action sur les taux d’intérêt à travers l’adoption d’une politique
des taux d’intérêt maintenus à un niveau artificiellement bas.
 L’application d’une politique d’allocation sectorielle des capitaux
soit par des enveloppes du crédit, soit par la bonification des taux
d’intérêt. L’action la plus répandue était l’encadrement du crédit qui
pénalisait les banques les plus dynamiques et les entreprises les plus
performantes.
 La spécialisation des institutions financières : les banques
commerciales d’un côté et les organismes financiers spécialisés
(OFS) de l’autre côté. Ces derniers intervenaient chacun dans un
secteur bien déterminé le crédit immobilier et hôtelier avait pour
prérogative d’intervenir exclusivement dans le secteur de
l’immobilier et de l’hôtellerie. Aucune autre banque n’avait le droit
de le concurrencer. Donc chaque catégorie intervenait dans un
domaine bien précis qui devenait avec le temps, sa chasse gardée,

1
CHARREAUX. G (1994) : « Finance d’entreprise », LITEC.
GOFFIN. R (1999) : « Principes de Finance moderne », Economica
BARREAU. J et DELAHAYE. J (2009) : « Gestion financière » DUNOD.
15
mais en fait, ce cloisonnement est préjudiciable car il crée des
distorsions au niveau des coûts des financements. L(entreprise qui
demande un crédit va le faire en acceptant les conditions imposées
par l’organisme concerné.
 La dernière action consiste en la restriction des mouvements des
capitaux par l’institution du contrôle de change.

Cette approche a eu des répercussions négatives sur le développement


financier matérialisées, entre autres, par la spécialisation à outrance et le
cloisonnement des circuits financiers et par là même sur le développement
économique.

De plus, le retournement de la conjoncture internationale dans la deuxième


moitié de la décennie soixante dix, entrainant dans son sillage, la raréfaction des
moyens de financement et une hausse vertigineuse des taux d’intérêt (le LIBOR
est passé de 7,75% en 1975 à 14,5%M en 1980 ; il a été doublé en l’espace de cinq
ans rendant ainsi le service de la dette externe très cher) a vite révélé les limites et
les contradictions des modèles et stratégies de financement adoptés jusqu’alors. La
crise financière de 1983 marque la fin de cette période « d’aisance financière » et
fait voler en éclats les anciennes structures financières jugées inappropriées. Quelle
est l’alternative alors ?

§2- La libéralisation du système financier.


L’alternative à cette impasse puise ses racines dans le contexte financier
international. Il faut libéraliser le système financier en mettant en place des
structures financières à même de « générer un flux d’épargne aussi important que
possède, régulier et de long terme, lequel flux doit être productivement utilisé »1.
Il faut créer les conditions d’une croissance auto-entretenue c’est-à-dire dont le

1
ABOUCH. M (2001) Op cit. p .3.
16
financement doit s’appuyer surtout sur la mobilisation des ressources nationales.
Ceci ne peut se faire que par la modernisation du système financier, c’est pour cette
raison que nous allons discuter dans un premier temps des caractéristiques d’une
économie de marchés des capitaux vers laquelle tendent les structures financières
mises en place à travers les reformes financières entreprises. Nous nous arrêterons
ensuite sur l’impact de ces réformes en mettant en relief la configuration du
nouveau système financier marocain ainsi que les résultats qui en découlent.

I- Les principaux axes de la libéralisation du système financier.

La libéralisation financière est considérée comme une condition nécessaire


de la mobilisation des ressources nationales. Les axes principaux de ce mouvement
financier libéral peuvent être résumés dans les points suivants :
 Une libéralisation des taux d’intérêt débiteurs et créditeurs. Les taux
débiteurs ne doivent pas se situer à un niveau qui pénalise l’effort de
l’investissement. Les taux créditeurs doivent être, quant à eux
suffisamment attrayants pour la mobilisation de l’épargne.
 L’émergence des structures financières concurrentielles pour mettre
fin au cloisonnement des circuits financiers c’est l’un des apports de
la loi bancaire de 1993 qui a mis fin à ce cloisonnement par
l’intégration du concept de la banque universelle1.
 Le développement des marchés des capitaux dans le but
d’encourager l’épargne à long terme et par conséquent de créer les
conditions d’un financement non monétaire et stable de
l’investissement en terme d’extension ou de création d’entreprise2.

1
ZOUIRI. L (2007) : les réformes du secteur bancaire dans une économie en voie de libéralisation : le cas du Maroc.
Thèse de Doctorat, université de Nice-Sophia Antipolis.
2
ARNOUD. D (1995) : les marchés des capitaux en France.
BERRADA. M. A. (1998) : les nouveaux marchés des capitaux au Maroc, SECEA. Maroc.
17
 La recherche des moyens adéquats d’intégration de l’épargne
informelle aux circuits de financement formel dans le but de réduire
le dualisme financier1.
 Et sur le plan externe, la libéralisation du régime de change et
l’adoption d’une politique active de taux, de change dans le but de
réduire les effets du marché de change parallèle et endiguer la fuite
des capitaux. Le tout pour favoriser et optimiser la mobilisation des
ressources en devises.

Les éléments qui constituent le socle de cette nouvelle dynamique


marquent le retour en force des mécanismes du marché et constituent de ce fait la
rupture avec les anciennes structures financières qui présentaient des rigidités au
niveau des prix et des quantités.

Il faut préciser que le Maroc a adopté une approche graduelle des


réformes2.

Après avoir présenté, les grandes caractéristiques de la nouvelle


configuration du système financier, nous présenterons maintenant les principes
réformes entamées.

II- Les réformes financiers et leur impact : le cas du Maroc.

La référence à l’expérience du Maroc va nous faciliter l’illustration de la


problématique que nous venons de développer. Sans prétendre à l’exhaustivité,

1
Hugon. Ph (1996) « Dualisme financier ou segmentation des circuits financiers en Afrique » Annales marocaines
d’économie n°17 automne.
LELART .M. (1990) « La tontine : pratique informelle d’épargne et de crédit de crédit dans le pays en
développement. UREF. Paris
2
SEBASTIEN .E. (1987) : « Comment programmer les mesures de libéralisation économique dans les pays en
développements, mars
18
nous rappellerons les différentes réformes qui ont vu le jour, après quoi nous
reviendrons sur leur portée.

A- Les principales réformes du système financier.

Le système financier a connu une refonte de son cadre juridique. Le secteur


bancaire a fait l’objet en 1993 d’une importante réforme, largement inspirée de
l’expérience internationale et consolidée par la promulgation du dahir portant loi
1-39-147 de 6 Juillet 1993 relatif à l’exercice de l’activité des établissements de
crédit et de leur contrôle. Cette loi bancaire a permis la déréglementation de
l’activité bancaire, la suppression des emplois obligatoires, le renforcement de la
réglementation prudentielle et la modernisation des instruments de la politique
monétaire.

Ce dispositif juridique a été renforcé par deux lois : La loi 76-03 portant
statut de BANK AL MAGHRIB et la loi 34-03 relative aux établissements de crédit
et organismes assimilés promulguées respectivement 23 Novembre 2005 et 14
Février 2006. Le but de renouveau est de se rapprocher des standards
internationaux et plus particulièrement et plus particulièrement des principes du
comité de BALE.

En fait, ce qui est recherché à travers ces lois est l’instauration d’un climat
de concurrence dans le secteur bancaire à travers la banalisation des circuits de
financement, la déspécialisation et la suppression des privilèges fiscaux et autres.

A cet égard, on constate que la libéralisation de l’activité bancaire a été


rendue possible progressivement dans les années 90, par le désencadrement du
crédit institué en janvier 19911, la libéralisation des taux d’intérêt qui a commencé

1
Selon la déclaration du gouverneur de BANK AL MAGHREB lors de la session du conseil du crédit, de la monnaie
et d’épargne du 10 Décembre 1990, le désencadrement du crédit a pour objet « de doter le secteur monétaire et
financier des moyens devant lui permettre de contribuer plus efficacement à la croissance, en assurant aux opérateurs
19
avant le désencadrement du crédit. Celle-ci a été progressive touchant les taux
créditeurs puis s’étendant aux taux débiteurs en octobre 1990. Le refinancement à
taux directeur de bank AL MAGHRIB est la troisième mesure qui a marqué la
libéralisation de l’activité bancaire. Dorénavant, les établissements de crédit ne
peuvent se refinancer qu’en recourant au marché monétaire dans sa version
développée, en tenant compte du taux directeur de BANK AL MAGHRIB qui
constitue la base du coût de refinancement. Ce taux directeur est de l’ordre de
3,25%.

Le secteur bancaire qui a subi de profondes mutations est constitué de 55


établissements de crédit dont 18 banques, 6 banques offshore, 13 associations de
microcrédit et 7 sociétés intermédiaires en transfert de fonds.

A côté de ce mouvement qui a touché le secteur bancaire, les marchés des


capitaux ont subi également des mutations profondes. Le marché monétaire a été
élargi par la création du compartiment des titres de créances négociables en 1995
tels que le billes de trésorerie, les bons du trésor négociables etc. … Quant au
marché financier, notamment le marché secondaire, la bourse des valeurs de
Casablanca a été rénovée de fond en comble, sa gestion s’est amplement
modernisée, confiée à une société privée dénommée société de bourse des valeurs
de Casablanca (SBVC), société anonyme dont le capital est détenu à part égales
par l’ensemble des sociétés de bourse. En Décembre 2000, la société change de
dénomination pour devenir la « Bourse de Casablanca » et transforme sa structure
de gestion en une société anonyme à conseil de surveillance et Directoire1.

La bourse de Casablanca présente aujourd’hui, tout au moins sur le plan de


l’infrastructure, les caractéristiques d’un marché secondaire très sophistiqué.

économiques les services financiers dont ils ont besoin et ce, au coût du marché » in BERRADA. M. A. (2007) « les
techniques de banques, de crédit et de commerce extérieur au Maroc » Edition SECEA, p .97.
1
Voir BERRADA. M.A (2007), P 155.
20
Par ailleurs, pour encadrer ce processus financier libéral, éviter les délits
d’initiés, protéger l’épargnent et parer aux dérapages aux conséquences fâcheuses,
des règles prudentielles ont été institutionnalisées1.

Après deux décennies de réformes, le système financier s’est profondément


transformé et n’a rien à envier tout au moins sur le plan technique et réglementaire
aux systèmes des pays avancés. Se pose alors, la question ces réformes financières
ont-elle permis d’atteindre les objectifs escomptés.

B- Les résultats de l’expérience marocaine.

La réponse à celle interrogation nous amène à faire les commentaires


suivants.
Face au dispositif réglementaire impressionnant dont dispose le Maroc de
nos jours, il est frappant de constater un écart important entre les textes et les faits.

En effet, si la loi bancaire de 1993 a été promulguée c’était justement pour


mettre en place des structures financières concurrentielles, or ce que l’on constate
est que le secteur bancaire est loin de cet objectif en ce sens qu’il continue toujours
à fonctionner en tant que branche oligopolistique. Ainsi, 3 banques sur 18 en
activité détiennent en 2008 plus de 65% du marché. Presque 85% du total actif est
entre les mains des 5 premières banques, ce qui dénote une forte concentration.
Toutes les banques pratiquent les mêmes taux d’intérêt, présentent presque les
mêmes produits et s’entendent à travers le groupement professionnel des banques
au Maroc (GPBM) à afficher les mêmes conditions2. Le LOBBY bancaire s’oppose
énergiquement à la concurrence car elle réduit les marges d’intérêt et par voie de

1
Le conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) a été crée par le dahir portant loi n° 1-93-212 du 21
septembre 1993 et a pour mission de veiller au bon fonctionnement du marché des valeurs mobilières.
2
Le secteur bancaire marocain fonctionne comme l’oligopole coordonné avec collusion explicite. Voir FLOUZAT.
D (1993) : Analyse économique. Masson JAIDI. L (1994) : « L’impact des réformes monétaires et financière » sur
le comportement du secteur bancaire » annales marocaines d’économie.
21
conséquence le produit net bancaire. C’est ce qui explique d’ailleurs le niveau
élevé des taux d’intérêt.

En effet, le taux effectif global (TEG) qui est l’indicateur du coût du crédit
est de l’ordre de 16% de nos jours c’est ce qui explique également les rapports
tendus entre l’entreprise et la Banque1.

Quant à la finance du marché, elle a du mal à émerger. Le marché


secondaire, en l’occurrence la bourse des valeurs de Casablanca, quoi qu’il ait
connu des transformations techniques et technologiques profondes, son impact sur
la sphère réelle reste très limité. Deux indicateurs suffisent pour s’en convaincre.
Le nombre de sociétés cotées en bourse est très réduit 44 en 1995, 49 en 1998 et
73 en 2007. Ce qui reste très peu significatif par rapport aux besoins en
investissement au Maroc et par rapport également aux autres pays à niveau de
développement similaire comme l’Egypte (435), la Jordanie (245) ou le Mexique
(367)2. Qui plus est, ces sociétés sont dans leur majeure partie de grandes
entreprises. Les PME qui représentent la majorité des unités de production dans le
secteur producteur marocain sont quasi-absentes3.

Le deuxième indicateur qui nous semble pertinent pour évaluer l’impact de


la bourse sur l’économie est la capitalisation boursière par rapport au PIB qui était
de 2% au début de la décennie 80, et ne dépasse guerre 7% en 1992 pour atteindre
23 ?6% en 1996, 42,5% en 1998 grâce aux privatisations dont la capitalisation
relative atteint 40% en 1998 et en 2007, il culmine à 95,3% grâce aux introductions
en bourse telles que MAROC TELECOM et la Banque Centrale populaire4.

1
CHEMLAL. M (2010) : financement des PME/PMI marocaines : instruments, contraintes et perspectives, thèse
de Doctorat, université Mohammed V Agdal.
2
ABOUCH. M, ZOUIRI. L et MAAROUF. A : Les réformes financières au Maroc : quel impact. In ESSAID.M.
J (2011) : la réforme politique et économique.
3
Les PME cotées en bourse représentent à peu près 12% des sociétés cotées en bouses et 0,1% des PME nationales,
voir CHEMLAL. M, op cit, P2000.
4
« Depuis la cession de 35,73% de la société de fabrication de levure Soders en Février 1973, 73 autres opérations
ont été réalisées à fin 2010 » Voir l’Economiste du 12-13-14 Août 2011.
22
Comparativement aux autres places financières, ce rapport reste en deçà des
performances d’un marché émergent, malgré l’effort soutenu de réformes
financières réalisées jusqu’alors.

Les raisons du déphasage constaté dans la pratique sont de tout ordre. Après
plusieurs années de réformes, on constate que le crédit bancaire reste toujours la
source de financement la plus convoitée1 dans la mesure où95% des concours à
l’économie et 69% des créances sur le trésor sont finances par les banques. Cela
montre l’influence des facteurs de résistance d’une part, et d’autre que l’économie
marocaine fonctionne encore selon le modèle de l’économie d’endettement.

1
MAAROUF. A (2001) : Contraintes de financement de l’économie marocaine. Thèse de Doctorat, université
Mohammed V, Agdal, Janvier.
23
CONCLUSION DU PREMEIR CHAPITRE

Dans les développements qui précédent, nous avons essayé de décrire le


processus des mutations financières qui a marqué ces dernières décennies.

Dans un premier temps, nous nous Sommes arrêtés sur les mutations
financières à l’échelle internationale. Ce qui nous a permis de voir comment les
systèmes financiers nationaux ont évolué donnant naissance à une finance
internationale très intégrée et globalisée.

C’est justement dans ce contexte de globalisation financière que le Maroc


a entrepris la réforme de son système financier pour le mettre au niveau des
standards internationaux.

L’approche adoptée par les pouvoirs publics a été progressive et s’est étalée
sur plus de 2 décennies.

La libéralisation des taux d’intérêt, le désencadrement du crédit, la mise en


place des structures financières concurrentielles, le développement des marchés
des capitaux, et l’adoption de la surveillance prudentielle sont les traits marquants
du nouveau système financier.

Il s’agit, en effet, d’un système financier, développé dynamique et


diversifié, crée ainsi pour accompagner l’effort du développement économique et
humain dont a besoin le pays.

Néanmoins, il est à constater que les résultats obtenus en terme de


performance économique restent largement en deçà des projections, cela tient en
fait aux faiblesses et limites qui caractérisent ce nouveau système financier,

24
notamment la vulnérabilité de ses principales composantes et les risques que son
fonctionnement implique.

25
CHAPITRE II- LES RISQUES INHERENTS AU FONCTIONNEMENT
DU NOUVEAU SYSTEME FINANCIER
Les mutations des systèmes financiers, comme on l’a vu, au niveau du
chapitre précédent ont abouti au remodelage de l’environnement dans lequel les
opérateurs économiques interviennent.

A ce titre, les institutions financiers et les entreprises sont passés d’un


régime réglementé et moins risqué à un univers libéral et plus risqué ce qui a
modifié les enjeux stratégiques des acteurs et affecté les conditions d’exercice de
leurs métiers.

Comme le souligne ORLEAN.A1 « les faits ne laissent guère de doute :


l’histoire de la finance se confond depuis toujours avec l’histoire des crises. C’est
ce dont témoigne à nouveau la dérégulation intense qu’a connue la finance de
marché depuis trente ans, laquelle a débouché sur une série de désordres
internationaux de grande ampleur ».

La finance moderne est par essence volatile et cette volatilité entraîne des
risques. Elle est d’autant plus risquée qu’elle pèse lourd. En effet, la finance, prise
au sens strict de l’activité des bourses, des marchés obligatoires et des banques
représentent quatre fois le produit intérieur brut (PIB) mondial.

Elle pèse beaucoup plus dans les centres financiers qui ont choisi de
s’insérer dans la mondialisation comme paradis fiscal tels que les Pays-Bas
(698.29%), L’Irlande (1394.3%) et le Luxembourg (1466.4%).

1
ORLEAN.A (2011) : Pourquoi tant de crises, in Altératives économiques : « Les marches financiers » Hors- Série
n°87, 1er trimestre.
26
« Inutile de nier, comme l’écrit CHAYAGNEUX.CH1, le pouvoir acquis
par les marchés financiers. Ils définissent une bonne partie des règles déterminant
qui peut recevoir quels financements, à quelles conditions de durée et à quels
risques ».

De ce point de vue les acteurs économiques sont confrontés et menacés par


une diversité de risques qui guettent leurs activités et positions sur les marchés
financiers qui présentent la caractéristique d’être très spéculatifs2, et par
conséquent très risqués3. L’évaluation des risques devient un facteur déterminant
dans la prise de décision.

L’évaluation et la gestion des risques influencent donc de façon directe, les


perspectives de performance de la banque et de l’entreprise.

Le système financier marocain a été au bord d’une instabilité financière au


cours des années 90 causée par les difficultés financières de deux grandes banques
de la place en l’occurrence le crédit immobilier et hôtelier(CIH) et la banque
nationale de développement économique (BNDE). Sans l’intervention des
pouvoirs publics, cette crise aurait avoir des répercussions systémiques dans le
pays4.

Dans ce chapitre, nous allons présenter les principaux risques relatifs au


fonctionnement de la finance moderne dans la première section. La deuxième
section sera consacrée à l’analyse du risque systémique à savoir la crise financière
de 2007.

1
CHAYAGNEUX. CH (2011): le combat de la régulation alternatives économiques hors série n° 87 1 er trimestre
2
STRANGE.S (1986) : « casino capitalisme » BASIL BLACKWELL.
3
Parmi les acteurs des marchés, on trouve les fonds spéculatifs dont le nombre est de l’ordre 9500 et dont l’actif est
de 215 Milliards de dollards.
4
LAMARQUE.E (2008) : Management de la banque : Risques relations client, organisation. PEARSON-
EDUCATION.
27
SECTION I- ANALYSE DES PRINCIPAUX RISQUES : CADRE

CONCEPTUEL.

La montée en puissance des risques est la principale caractéristique de la


finance mondiale. La compréhension du risque financier et la capacité de le gérer
de façon optimale sont au cœur des défis auxquels sont confrontés les acteurs de
cette finance mondialisée.

Nous nous arrêterons sur la manière dont est perçu le risque dans le
domaine de la théorie financière sans prétendre à l’exhaustivité au niveau premier
point. Le second point sera réservé à l’analyse des principaux risques pris en
considération dans le cadre de la réglementation Bale II.

§1- Le risque dans la théorie financière

Le concept de risque et sa diversification sont au cœur de la gestion d’actifs


et de portefeuille. L’objectif de toute politique de placement est de chercher une
forte rentabilité tout en contrôlant le risque.

Il s’agit donc de sélectionner des portefeuilles dits « efficients » au sens


qu’ils présentent le couple rentabilité/risque le plus attractif1.

Markowitz2 a introduit la théorie moyenne-variance, également appelée


théorie de la frontière efficiente, qui est une manière de choisir des portefeuilles
optimaux en tenant compte à la fois des gains espérés à savoir l’espérance
mathématique des gains et l’incertitude de ces gains.

1
JACQUILLAT.B ET SOLNIK.B (2002) : marchés financiers : gestion de portefeuille et des risques. DUNOD
FARBER.A et AL52008°/ Finance. Pearson-éducation
2
MARKOWITZ.H.M 51959°/ PORTFOLIO SELECTION.YALE UNIVERSITY.
28
La rentabilité, le risque et la diversification sont les trois concepts essentiels
de la théorie financière en matière de gestion de portefeuille.
La rentabilité obtenue par un investisseur sur une action comprend le
dividende que lui apporte ce titre et la plus-value éventuelle qu’il en retire.

Le risque d’un investissement est la dispersion ou variabilité de sa


rentabilité. Il est mesuré par la variance des taux de rentabilité de l’investissement
en question.

Etant donné que l’univers dans lequel sont prises les décisions financières,
est incertain, on estime que la rentabilité attendue d’une action est égale à la
rentabilité espérée mesurée par l’espérance mathématique des taux de rentabilité
possible de cette action. Alors que le risque qui lui est associé n’est autre l’écart-
type des taux de rentabilité possibles1.

La diversification est la possibilité d’inclure dans un portefeuille plusieurs


actions pour réduire le risque. Cette diversification est optimale dans ce cas où les
taux de rentabilité sont corrélés de manière parfaitement négative.

A la suite des travaux de MARKOWITZ, a été développé le modèle du


marché. Ce modèle empirique a servi de base pour définir le risque total d’un titre
comme étant la résultante de deux types de risques à savoir :
 Le risque systématique est égal au produit du coefficient de volatilité
du titre pris en question et la variance du portefeuille du marché.
 et le risque spécifique qui dépend étroitement des caractéristiques du
titre.

1
SHARPE .W (1970) : Porfolio theory and capital markets MC GRAW-HILL
GOFFIN.R (1999): principes de Finances Moderne Economique
29
Vers le milieu des années 60, a été développé le modèle d’équilibre des
actifs financiers (MEDAF) qui donne la relation entre rendement et risque non
diversifiable, relation valable pour n’importe quel portefeuille efficient ou non
efficient et pour n’importe quel titre isolé1.

Au début des années 80, l’environnement financier national et international


devient très incertain. La libéralisation financière imposant l’application des
mécanismes du marché, rend les taux d’intérêt et les taux de charge très fluctuants.

Sont apparus alors les risques qui leur sont associés à savoir le risque de
taux d’intérêt et le risque de charge.

Le risque de taux d’intérêt affecte surtout les titres qui offrent un revenu
périodique fixe-le risque de taux d’intérêt est la possibilité que l’évolution des taux
d’intérêts compromettre la valeur d’un titre de placement. Cette évolution résulte
de la modification de l’équilibre entre l’offre et la demande de capitaux.

Comme les taux d’intérêts changent, les prix de nombreux titres financiers
fluctuent : ils baissent généralement avec l’augmentation des taux d’intérêts et
augmentent quand ces derniers baissent.

A coté de la variabilité des taux d’intérêts, on trouve la variabilité des taux


de change, ce qui pose problème pour les agents économiques qui travaillent à
l’international. En effet, lorsqu’on détient des créances et des dettes libellées en
devises, on est exposé au risque de change qui se traduit par les gains ou les pertes
latentes ou constatées, ce qui ne manque pas d’influer sur les résultats

1
Pour plus de détail voir. VIVIANI. J.L (1997) : Gestion de portefeuille. DUNOD
30
La notion de risque de change est liée à la notion de position de change qui
est un inventaire de toutes les opérations comptables avec l’étranger. La position
de change dans une devise donnée, est définie comme le solde entre les avoirs et
les engagements un agent économique en cette devise. Cette position est nulle si
les engagements sont égaux aux avoirs. Elle est dite « longue » lorsqu’il y un
excédent des créances en devises, dans le cas contraire elle est appelée « courte ».

C’est sur cette base que l’entreprise encourt le risque de perte à la suite
d’une évolution défavorable des cours de change.

Des instruments de gestion de ces risques ont été inventés pour se couvrir
contre d’éventuelles pertes occasionnées par la variation défavorable des taux
d’intérêt et de change tels que le swaps, les contrats à terme, les options etc1.

§2- les risques conçus dans le cadre de BALE I et BALE II

Le ratio cooke est le premier accord de bale qui rapporte les risques
pondérés aux fonds propres des banques. Mis en appréciation en janvier 1993, il a
rapidement été jugé insuffisant, notamment pour sa conception des risques
bancaires qui était trop étroite puisque limitée aux seul risque de crédit.

Le second accord de BALE (2004) a abouti à une nouvelle réglementation


visant à mieux prendre en compte la diversité des risques. Cet accord a travaillé à
l’élargissement de l’éventail des risques couverts puisqu’il a conçu trois catégories
de risque à savoir, le risque de crédit, le risque de marché et le risque opérationnel.

1
Pour plus de détail se référer. GITMAN. L et JOEHNK .M (2008) : «Investissement et marchés financier ».
PEASON-EDUCATION
31
I- Le risque de crédit

Selon BERRAD.MA (2007) le crédit se caractérise dans le cadre du code


de commerce du premier Août 1996, par la conjugaison de six éléments 1:
 la confiance du prêteur dans l’emprunteur.
 l’autorisation accordée par le prêteur, mettant à la disposition de
l’emprunteur une certaine somme d’argent.
 le délai ou le temps consenti par le prêteur pour le remboursement
du prêt.
 la promesse de rembourser de l’emprunteur signifiée à travers la
signature des documents y afférents ;
 la rémunération du service ; l’intérêt que verse l’emprunteur au
prêteur.
 le risque « potentiel » de l’opération que supporte le prêteur.

Le risque de crédit apparait lorsque l’emprunteur est dans l’incapacité


d’honorer ses engagements c’est-à-dire incapable de rembourser sa dette. Le risque
de crédit est appelé également, le risque de contrepartie lorsqu’il s’agit des
transactions sur le marché financier et interbancaire ou risque de faillite lorsqu’on
parle de transaction sur le marché du crédit.

L’insolvabilité de l’emprunteur peut avoir des causes différentes :


 Le risque propre à l’emprunteur concerne les difficultés spécifiques
à l’emprunteur (mauvaise gestion, qualité des ressources humaines,
problème de commercialisation etc...).
 le risque professionnel lié à la conjoncture du secteur d’activité
économique.

1
BERRADA. M. A (2007) : les techniques de banque, de crédit et de commerce extérieur au Maroc. Edition SECEA
32
 Le risque général : c’est lorsque l’insolvabilité de l’emprunteur
découle des facteurs externes issus de la situation politique et
économique du pays ou il exerce son activité.
Ce risque qui, d’après certains auteurs représente jusqu’à 80% du bilan 1,
s’identifie à travers une exposition qui est une donnée comptable disponible
(encours, valeur de l’engagement etc.….). Son existence est motivée par une action
délibérée de banque (décision d’octroi du crédit et engagement) et sa
matérialisation résulte de la défaillance de la contrepartie.

Lorsque ces incidents s’avèrent passagers, la situation de l’emprunteur est


rapidement régularisée. Si au contraire le problème persiste, la banque est amenée
à mettre en œuvre le processus de recouvrement des sommes dues et impayées.

La banque doit avoir, par conséquent une bonne appréciation préalable des
risques encourus à travers une analyse très fine du projet à financer. (Application
des critères du choix des investissements : valeur actuelle nette, le taux de
rentabilité interne, le délai de récupération, utilisation des tests de sensibilité, une
bonne connaissance du secteur d’activité, la qualité du porteur du projet etc.….)

Elle doit également limiter et diversifier les engagements pris sur un même
emprunteur et exiger des garanties qui en cas de défaillance permettant de
débloquer la situation.

II- Le risque de marché

C’est la deuxième catégorie de risque qui fait l’objet du premier pilier du


nouvel accord BALE II. Le risque résulte de l’instabilité des cours des titres, de la
variabilité des taux d’intérêt et des taux de change.

1
DIETSCH. M et PETY. J (2003) : Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financières. Revue
Banque.
33
Ce risque est inhérent aux opérations réalisées pour propre compte de la
banque à savoir les opérations de portefeuille (titres de placement, produits
dérivés), et aux opérations d’arbitrage et de change. Ces opérations ont un caractère
aléatoire et peuvent s’avérer soit gagnantes soit perdantes. Le cas de la société
générale est éloquant à ce titre, son trader lui a fait perdre des sommes d’argent très
importante sur les marchés dérivés. Chaque établissement de crédit est tenu de fixer
des règles de fonctionnement et des limites strictes tout en assurant un contrôle
périodique et rigoureux.

Le risque de marché est éclaté en cinq types de risque à savoir le risque de


taux, le risque de change1, le risque de position sur titres de propriété, le risque sur
les produits de base et le risque de règlement-livraison.

1- Le risque de taux d’intérêt

On parle de risque de taux d’intérêt lorsque le coût des ressources devient


supérieur aux produits perçus sur les emplois. Sachant que les taux débiteurs sont
toujours supérieurs aux taux créditeurs servis par la banque, le risque de taux ne
peut jamais se produire lors de l’octroi du crédit. Il apparaît dans le temps lorsque
les durées des emplois ne sont pas parfaitement synchronisées et parfaitement
adossés2.

2- Le risque de change

Dès qu’une banque détient des créances et des dettes libellées en devises,
elle est exposée à un risque de change qui se traduit par des pertes qui grèvent ses
résultats et influe sur son produit net bancaire. D’où l’intérêt de mettre en place un

1
Ces deux catégories de risque ont été déjà analysés précédemment nous y reviendrons ici dans l’optique de la
banque.
2
L’adossement parfait ne peut pas avoir lieu car le rôle de la banque est de faire jouer le principe de transformation
des ressources à court terme en emplois à long terme.
34
dispositif qui permet de suivre l’évolution des cours de change et de surveiller sa
position dans chaque devise.

3- Le risque de position sur titres de propriété

Le risque apparaît lorsque la valeur de portefeuille d’actions se dégrade à


la suite d’une évolution défavorable des cours de bourse. La diversification du
portefeuille s’avère indispensable pour éliminer les risques.

4- Le risque sur produit de base

L’évolution défavorable des prix des matières premières sur les marchés
où intervient la banque influe ipso facto sur sa position et par conséquent sur ses
résultats.

5- Le risque de règlement-livraison

Le risque de règlement-livraison, selon BANK AL MAGHRIB dans son


circulaire n° 40/g/2007 relative au contrôle interne, n’est autre que le risque de
survenance, au cours du délai nécessaire pour le dénouement d’une opération de
règlement-livraison, d’une défaillance ou de difficultés qui empêchent la
contrepartie d’un établissement de lui livrer les instruments financiers ou les fonds
convenus alors que ledit établissement a déjà honoré ses engagements à l’égard de
la contrepartie concernée.

III- Le risque opérationnel

Il est défini comme « le risque de pertes résultant de carences ou de défauts


attribuables à des procédures, personnels et système internes ou à des événements
externes ». Il est défini à l’annexe 7 de l’accord de BALE II, comme recouvrant
les fraudes internes et externes, les pertes résultant de certains manquements à la

35
législation ou aux obligations professionnelles, les dommages corporels, les failles
dans la gestion des processus ou le traitement des transactions.

Le risque opérationnel est un risque dont l’importance et la perception se


sont accrues au cours des dernières années sous l’effet de plusieurs facteurs
notamment :
 Les changements dans le fonctionnement des marchés des capitaux
à la suite de la déréglementation de ces derniers et de leur
globalisation. Ces changements ont contribué à accroitre la
concurrence entre les banques et leurs domaines d’intervention.
 La sophistication des techniques financières. En effet le
développement du commerce électronique pose problème de fraude
ou de sécurité informatique. Cela expose les banques au risque
juridique.
 L’exposition des processus internes : l’automatisation croissante de
fonctionnement interne des banques expose ces dernières au risque
informatique de façon constante.
 Les événements externes : se sont les catastrophes naturelles et les
actes terroristes qui se sont multipliés ces dernières décennies.

Face à la montée du risque opérationnel, le comité de BALE a jugé


nécessaire de l’intégrer dans le calcul des exigences des fonds propres pour assurer
la couverture. Cependant, sa mesure ne va pas sans de difficultés étant donné son
caractère transversal touchant les départements de la banque.

On constate alors que les risques liés au fonctionnement des marchés et des
banques se sont accrus ces derniers temps.
L’évolution erratique de l’environnement financier transforme parfois des
accidents mineurs en désastres majeurs. D’où l’intérêt de la section suivante qui
sera consacrée à la problématique de la crise financière de 2007.
36
SECTION II- LA CRISE FINANCIERE DE 2007 : LE RISQUE

SYSTEMIQUE ET SES REPERCUSSIONS.

« Le bilan de cette crise est, comme le précise MUET (2011)1,


catastrophique : 51 millions de chômeurs supplémentaires, selon le bureau
international du travail (BIT) et une explosion des dettes et des déficits publics qui
pèsera longtemps sur la croissance ». Cette crise illustre comment un risque mineur
mal conçu et mal géré peut se transformer en un risque systémique. Dans cette
section nous allons revenir sur les origines et manifestations de la crise au niveau
du premier paragraphe. Nous réserverons le deuxième paragraphe aux retombés de
cette crise sur l’économie.

§I- origines et manifestations de la crise

En 2007, une crise financière née dans le secteur subprime de l’immobilier


résidentiel américain éclaté lorsque des milliers d’américains se trouvent dans une
situation de cessation de paiements. Comme le précise JORION « les statistiques
révélaient que (…) un foyer américain sur 416 s’était retrouvé piégé à un stade ou
à un autre du processus, ayant soit vu son habitation saisie, soit reçu la notification
d’une prochaine mise aux enchères, soit reçu un avis officiel de défaut de paiement.
Ce mauvais chiffre établissait un nouveau record historique2 ».

Seulement, les prêt subprimes n’étaient pas les seuls affectés et que les
prêts ALTA (Alternative A) conçus pour les fonctions libérales et dont le montant
se chiffré à 1000 Milliards de $ contre 885 Milliards pour le segment subprime
subissaient le même sort puisque 16% d’entre eux accusaient un retard de paiement
de plus de 60 jours.

1
MUET.P.A (2011) : réguler une finance devenue prédatrice. Alternatives économiques n°87 1 er trimestre.
2
JORION.P (2008) : la crise, des subprimes au séisme financier planétaire. FAYARO. P29
37
Cette situation est la conséquence du comportement laxiste des banques
qui, dans un climat euphotique qui avait accompagné le gonflement de la bulle
immobilière aux Etats Unis, octroyaient des crédits sans se soucier, pour autant, du
risque qu’elles encouraient. L’éclatement de la bulle de l’immobilier avait
déclenché la crise en provoquant la débandade au sein du segment subprime, le
plus vulnérable du prêt hypothécaire, car rassemblant en son sein des ménages « à
risque »1.

En effet, les défauts de paiement sur ce segment du marché de crédit ont


provoqué des effets en chaine, propageant la crise à l’ensemble du secteur bancaire
et des marchés financiers.

Les banques commerciales sont entrées dans une période de turbulences


majeures et cela à l’échelle planétaire. Les pertes rapportées au 15 septembre 2008,
exprimés en milliards de dollars sont :
Banques Pertes
Citigroup 55.1
Merrill lynch 51.8
USB (suisse) 44.2
HSBC (UK) 27.4
Wachovia 22.5
Bank of America 21.2
Washington Mutual 14.4
JP Morgan Chase 14.3
Lehman Brothers 8.2
Credit Agricole 8

1
Le relèvement du taux directeur de la FED passant de 1% à 5.5% au printemps 2007, a conduit à l’augmentation
des charges de remboursement de crédit immobilier de l’ordre de 25% à 40%. On avance que 5 millions de foyers
ont la vue par défaut de paiement. Voir alternatives économiques hors-série n°80. 2ème trimestre 2009-P.20.
38
Société Génarale 6.8
Ces chiffres traduisent bel et bien l’ampleur des dommages subis et
montrent à quelle vitesse la crise n’est propagée pour affecter le secteur bancaire
américain et les banques européennes qui y sont connectées six mois plus tard, la
crise fait encore et davantage des ravages. AIG a affiché 50 Milliards d’euros de
pertes sur un seul trimestre. Il a battu tous les records historiques en annonçant une
perte de 100 Milliards pour 20081.

Citigroup, géant américain de la banque assurance a été victime d’une perte


22 Milliards d’euros en 2008 et a procédé à 52 000 licenciements. Le cours de son
action est passé au dessous de 1 dollar. Avant la crise, Citi était la première banque
mondiale avec une valeur boursière de 220 Milliards d’euros, elle est aujourd’hui
la 184ème et pèse actuellement 4.6 Milliards2. Ce sont les deux cas vivants des
dommages causés par ce cataclysme financier de la planète.

Un ordre de grandeur significatif des dégâts causés par la crise et qui


montre l’ampleur de celle-ci, ou avance également que plus de 10.000 Milliards de
dollars sont la valeur qu’ont perdue les actions américaines depuis leur pic
d’octobre 2007.

L’Europe n’est pas à l’abri de la crise. Ainsi, on a constaté que les


entreprises du CAC40 ont beaucoup plus souffert de la crise en 2008, elles ont
dégagé 59153 Milliards d’euros de résultat net, en chute de 39% par rapport à
20073.

1
On avance que « personne ne sait, surtout, combien AIG peut encore perdre. Commentaire d’un analyste financier :
« la bombe fait toujours tic-tac « ;…nouvel observateur n°2314 du 12 au 18 mars 2009. Crise. Obama cherche la
sortie.
2
Nouvel observateur p.40
LAKSHMI Mittal, quatrième fortune mondiale au classement Forbes 2007-Il contrôle 43.04% du groupe si
derurgique Mittal- a vu la valeur divisé par deux. Selon Bloomberg, les 25 premiers milliardaires russes ont vu leur
fortune se réduise de 62% antre 19 mai et 6 octobre 2008.
En chine, les milliardaires ont perdu 57% de leur fortune, en raison de pression des cours.
3
L’évolution du résultat net en 2008 par rapport à 2007 se présente comme suit pour certaines sociétés. Alcatel
lucenti-48, Axa -84%, PNB PARISBAS : -61%, CARREFOUR -45%, crédit agricole SA : -75%, Danone : -69%,
39
Ce séisme n’a épargné aucune place boursière. Les chutes atteignent ou
dépassent 40% en octobre 2008. Partout les indices boursiers s’effondrent, Etats
Unis (-36%), Canada (-31%), Grande Bretagne (-36.2%), France (-40%), Espagne
(-35.7%), Allemagne (-40.4%), Italie (-4.25%). Comme le rappelaient les médias
« 15 septembre 2008 restera une journée noire dans l’histoire de la finance
Américaine. La quatrième banque d’investissement de Wall Street s’est mise en
faillite, tandis que Merril Lynch a été reprise par Bank Of America, en quelques
jours les annonces préoccupantes s’accumulent du côté des banques et assurances
créant une spirale de défiance sur les bourses.

La crise financière de l’automne 2008, a entraîné une crise de liquidité


couplée à une crise de confiance, lesquelles ont entrainé un renchérissement
supplémentaire du crédit, contaminant par la même la sphère réelle.

§II- les retombés de la crise sur l’économie et plans de


relance.

L’économie mondiale est dans un état très mauvais. Elle n’a subi de choc
aussi violent depuis 1929. C’est le résultat inéluctable de séisme qui a ébranlé la
finance qui a été exagérément dérégulée surtout depuis le début des années 801.

1- L’ampleur de la crise

Les perspectives de croissance pour 2009 sont loin d’être optimistes. La


tourmente qui a touché la sphère financière augure une faible performance dans les
pays développés. De plus, les secteurs qui ont joué auparavant un rôle moteur dans

Dexia : -23%, France Telecom : -35%, PSA PEUGEOT CITROEN -139%. Source : PRICEWATER HOUSE
Coopers pour le monde. Le monde du 13 mars 2009.
1
The économist : une brève histoire de la finance : entre une déréglementation et mondialisation. Problèmes
économiques n°2963 du 21 janvier 2009.
40
la croissance connaissent des difficultés sans précédent. Les répercussions de la
crise financière, en freinant la croissance vont entraîner une augmentation de
chômage. La presse rapporte « l’économie réelle flanche partout, l’immobilier
plonge, la consommation est en berne, l’investissement recule et le chômage repart
à la hausse1 ». Les projections pour 2009 pronostiquent la plus forte récession de
l’après-guerre dans les pays développés.
L’année 2009 sera-t-elle une année noire dans les années de l’économie.
L’OCDE fait état des projections suivantes qui ont de fortes chances de se réaliser
au fil du temps.
Croissance Inflation Chômage
2008 2009 2008 2009 2008 2009
Etats Unis 1.4% -0.9% 3.6% 1.2% 5.7% 7.3%
Zone Euro 1.1% -0.5% 3.4% 1.4% 7.4% 8.6%
Source : OCDE

La tourmente qui a touché la sphère financière à l’échelle de la planète


augure pour 2009 une faible performance dans les pays développés. En freinant la
croissance économique elle va inéluctablement entraîner la montée du chômage.
La barre du 9 à 10 Millions de chômeurs aux Etats Unis, de 3 Millions en France
et en Espagne sera atteinte. Aucun pays ne sera épargné par le fléau qui ne
manquera pas de susciter des revendications de la part des centrales syndicales.

De plus, des secteurs qui avaient Joué un rôle moteur dans la croissance qui
a caractérisé la période d’avant la crise notamment le secteur automobile2 et
l’immobilier sont très touchés. Ainsi, les ventes de véhicules ont plongé de 41%
aux Etats Unis. La FED brosse un état des lieux catastrophiques pour les 2 premiers
mois de l’année 2009. Une baisse des investissements et de l’activité (considérable

1
Duval.G : la crise jusqu’où Alternatives économiques n° 275 décembre 2008.
2
Pourquoi l’industrie automobile européenne doit se transformer, le monde au 4 mars 2009.
41
dans certains secteurs : les ventes de véhicules ont plongé de 41% en février), une
poussée vertigineuse du chômage, un secteur bâtiment-immobilier de plus en plus
atone et « un niveau de crédit disponible1 » qui, malgré les efforts des pouvoirs
publics, ne se desserre pas ».

Ce qui fait le caractère inédit de la crise actuelle qu’elle touche les régions
du monde de façon quasi-simultané. Selon le cabinet de conseil Cushman et
Wakefield, les capitaux investis dans l’immobilier, l’entreprise, bureaux et
commerces, ont globalement chuté dans le monde de 61% par rapport à 20072.

Les pays émergent ne semblent pas non se soustraire des sources de


financement externes, de la récession des grandes puissances économiques de la
chute des prix de matière première. Les problèmes de liquidité des banques,
associés au rapatriement des capitaux étrangers à la volatilité des taux de change
vont certainement ……leurs difficultés. Le premier ministre chinois a annonce en
Novembre « nous faisons face à des défis et difficultés sans précédent car la crise
financière continue de s’étendre et de s’aggraver3 ».

Les autorités chinoise viennent de lancer un plan ambitieux de soutien à la


demande intérieure, toutefois malgré sa croissance spectaculaire (10% en 2006),
l’économie chinoise ne pèse encore que 6% de l’économie mondiale, tandis que
celle des Etats Unis en représente toujours 25% et celle de la Zone Euro 22%.

La situation des pays pauvres est grave. Ils vont payer la crise au prix fort,
comme le rappelé la banque mondiale « un quart des pays les plus vulnérables

1
Le monde : croissance américaine : le pire n’est jamais sûr le monde de 6 mars 2009.
2
L’Amérique du Nord a été la plus touchée avec un écroulement de 73% des investissements, en Europe, la baisse
a atteint 55%.
Moatti. S : la mondialisation de la crise. Perspectives économiques n°275 décembre 2008.
3
Le Monde de 6 mars 2009.
42
dispose des ressources pour empêcher une hausse de la pauvreté 1». Après avoir
frappé les pays industrialisés et ensuite les marchés émergents, une troisième vague
de la crise financière mondiale frappe maintenant les pays en plus pauvres et plus
vulnérables et elle frappe durement, souligne le directeur général du FMI. La baisse
du commerce mondial touche en effet directement des économies largement
dépendantes de leurs exportations de matières premières. De même, une chute de
20% des IDE sur le continent est prévue ce qui ne manque pas d’avoir des
répercussions sur le niveau de l’investissement et par voie conséquence sur la
croissance et l’emploi. ZOEUIK Robert, président de la banque mondiale déclare
le 13 février 2009 que « ce qui a commencé comme crise financière est devenu une
crise économique, se transforme en crise d’emploi et pourrait se changer en crise
humaine, si les pays qui en ont les moyens n’agissent pas2.

On craint que l’égoïsme des pays riches ne vienne compliquer davantage


la situation des populations pauvres en faisant subir un choc supplémentaire à leur
économie déjà fragile3.

Si la crise financière n’a pas eu d’impact sur le secteur financier marocain


dans la mesure où celui-ci n’est pas suffisamment ouvert sur l’extérieur, il n’en
reste pas moins que la crise économique n’a pas tardé à se manifester. « Le Maroc
le souligne, Habib EL MALKI, n’est pas une ile à l’abri d’une mer agitée. Le
considérer comme loin de cette crise, c’est reconnaître qu’on est un pays qui n’est
pas intégré à l’économie mondiale, par conséquent, très peu ouvert au monde
extérieur4 ». Déjà pour le mois de janvier 2009, les échanges extérieurs ont
enregistré des baisses notables, augurant une année pleine de surprise.

1
Document préparé pour la réunion des ministres de l’économie et des banquiers centraux du G20 à Londres les
12, 13 mars 2009.
2
Le monde du 25 février 2009
3
Les prix des matières premières qui constituent la principale source de richesse ont baissé de presque 60%.
4
El MALKI.H : le pacte national pour la croissance est une nécessité revue challenge n° 228 7-13 mars 2009.
43
Les exportations de biens ont baissé de 24.6% 1en janvier 2008 à 45.1% en
janvier 2009. Les recettes des MRE ont baissé de 14% et celles des investissements
et prêts étrangers de 48.3%.

Pour faire taire cette crise qui a bouleversé toutes les donnés, les
gouvernements aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de
développement n’ont pas tardé à réagir en mettant en place des plans à même de
contrecarrer un tant soit peu, les méfaits de ce tsunami.

2- Les plans de relance : seront-ils à la mesure de la gravité de la crise.

Face à cette crise, gouvernements et banques centrales, tirant les leçons de


la crise de 1929 ont réagi assez rapidement. Aux Etats Unis 787 Milliards de dollars
seront investis dans les grands chantiers publics pour créer des emplois et dans des
abattements fiscaux pour stimuler la consommation. Ils visent la création de 3.5
Milliards d’emplois dans deux ans et jettent les bases d’une économie de
développement durable. Le plan n’est qu’une composante de l’action
gouvernementale. Un plan de stabilisation du système financier est prévu 2. Selon
KRUGMAN3, les Etats Unis vont avoir besoin d’un plan de relance d’au moins
4% de leur produit intérieur brut. Les investissements doivent porter sur les
infrastructures, l’augmentation des indemnités de chômage, l’amélioration de la
couverture sociale et le développement de l’énergie verte. A côté de cela, la FED
a procédé à la réduction de son taux directeur dans le but d’encourager la demande
d’investissement.

1
La vie économique : les exportations réelles ne représentent que le tiers du global annoncé : n°4501 du 06 au 12
mars 2009.
2
Le secrétaire au trésor a présenté le lundi 23 mars 2009 un plan d’achat des actifs toxiques de l’ordre de 100
milliards de dollars pour permettre aux banques de s’en débarrasser et reprendre leurs activités d’octroi des crédits
sur de bonnes bases.
3
Prix Nobel d’économie 2008.
44
Le plan européen a prévu une enveloppe de 200 Milliards d’Euros soit
1.5% du PIB européen dont l’objectif est d’atténuer l’impact du retournement du
cycle sue l’économie réelle et aider les Etats membres à profiter au mieux du retour
de la croissance à moyen terme.

Pour limiter les effets de la crise, le Maroc s’est lancé dans un programme
ambitieux visant encourager la consommation des ménages en maintenant leur
pouvoir d’achat par des mesures fiscales et augmentation des salaires, et la
production par des mesures incitatives et aides aux secteurs les plus touchés
directement.

Le coût de la crise a été estimé à 1.5 point de croissance du PIB en 20091.


Ce qui nécessite la mise en place d’une politique incitative pour relancer la
machine économique.

1
La nouvelle tribune n°622 du 20 novembre 2008
La documentation française : le bilan de l’économie mondiale 2007/2008. Problème économique n°2959 26
novembre 2008.
45
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE

La crise financière a fait apparaître les risques considérables. Les risques


sont intimement liés au fonctionnement des systèmes financiers modernes. C’est
justement ce que nous avons essayé de démontrer au niveau de ce chapitre.

Les risques ont été présentés par catégorie en tenant compte de la


réglementation en vigueur et des principes de la théorie financière.

Le risque financier et la diversification ont été présenté comme élément


introductif, le risque de crédit, le risque de marché et le risque opérationnel ont été
analysés en faisant référence aux travaux du comité de Bale notamment BALE II.
Enfin pour illustrer comment un risque mineur peut se transformer en un risque
systémique, nous avons consacré le dernier point à l’analyse de la crise financière
2007 qui a montré au grand jour les lacunes de la réglementation prudentielle en
vigueur.

46
CHAPITRE III- LA REGULARISATION DU SYSTEME
FINANCIER : LE ROLE DE LA SURVEILLANCE
PRUDENTIELLE.

La libéralisation financière a entraîné une fragilisation des systèmes


bancaires et financiers qui s’est traduite par une montée des crises bancaires et de
l’instabilité financière internationale. Ces mutations constituent des défis
importants pour autorités chargées de superviser le fonctionnement des systèmes
financiers.

La crise financière de 2007 appelée crise des subprimes a surpris, plus d’un,
par son ampleur, par la rapidité de sa contagion à la sphère réelle et financière à
l’échelle mondiale, et par sa durée puisque ses effets ne cessent de se faire sentir
encore1. Cette crise relance le débat sur la régulation prudentielle qui constitue l’un
des piliers essentiels de la nouvelle architecture du système financier international.

Les adeptes du paradigme d’efficience des marchés soutiennent que le rôle


des autorités de surveillance doit être réduit au minimum de manière à permettre à
la régulation par le marché de jouer pleinement son rôle sans être entravée. A
l’inverse les défenseurs de l’imperfection des marchés (à cause de l’asymétrie de
l’information, de l’aléa moral, de la non transparence…..) estiment que le rôle des
autorités de tutelle ne doit pas se limiter à préserver le jeu de la concurrence, jugé
nécessaire mais non suffisant.

Au contraire, les autorités de supervision doivent intervenir pour éviter les


dysfonctionnements des marchés qui s’avèrent incapables de conduire

1
Pour s’en convaincre, il suffit de voir les déficits budgétaires record atteints partout dans le monde, suite aux plans
de relance concoctés par les gouvernements pour faire face aux méfaits de cette crise. En Europe, le Portugal, la
Grèce et l’Espagne en souffrent énormément. Voir la tribune : « les records de 2009 » du 4 janvier 2010.
47
spontanément à une allocation optimale des ressources1. Dans ce chapitre nous
allons revenir sur les principes fondamentaux de la surveillance prudentielle ainsi
que sur les organes chargés de cette surveillance dans un premier temps.

Au niveau de la deuxième section nous présenterons le contenu de cette


surveillance et les modalités de son organisation.

SECTION I- LES PRINCIPES ET ORGANES DE LA SUPERVISION

PRUDENTIELLE.

Quels doivent être les principes fondamentaux de la surveillance


prudentielle ? La transparence et la discipline de marché sont-elles les conditions
suffisantes d’une régulation efficace de la finance. Et quels sont les autorités
censées être chargées de cette surveillance à l’étranger et au Maroc ?

§1- Les principes fondamentaux de la supervision


prudentielle.

Trois objectifs sont visés à travers la mise en œuvre de la supervision


prudentielle. Il s’agit en premier lieu d’assurer la solidité du système bancaire,
composante principale du système financier, de préserver la confiance et la sécurité
des composants par la réduction du risque systémique et en dernier lieu, d’atténuer
les inégalités de concurrence entre les établissements de crédit des différents pays.

Ce sont ces objectifs qui ont guidé l’action des autorités monétaires au
Maroc en mettant en place, autre la règle du capital minimum pour les
établissements bancaires, les ratios prudentiels de solvabilité, de liquidité et la

1
COUPPEY. J. (1998) : l’intermédiation bancaire et l’efficacité de la réglementation prudentielle : une approche
micro économique thèse de Doctorat. Université Paris I.
48
division des risques dont le principe était prévu dans les différents lois bancaires
de 1967 et 1993. Amendés et aménagés par la suite1.
Comme il a été par PLIHON.D2 la surveillance prudentielle se compose de
trois fonctions :
 La réglementation : il s’agit d’arrêter le cadre de conduire. Ce qu’il
ne faut pas faire, ce qu’il faut éviter, les limites à ne pas dépasser et
les sanctions à encourir en cas de dépassement et de dérapage.
 Le contrôle : cette fonction consiste à vérifier que les règles arrêtées
sont appliquées.
 La supervision : l’objet de cette fonction est d’observer d’une façon
générale le comportement des agents économiques.

Deux conceptions s’affrontent au sujet de la surveillance prudentielle. La


conception d’efficience des marchés soutient que la supervision publique doit se
limiter à veiller au respect des règles de transparence car elle nuit au jeu de la
discipline de marché. Les dysfonctionnements des marchés proviennent plus de
l’excès que de l’insuffisance de la supervision publique.

La discipline de marchés, les entraves au jeu de la discipline de marchés


doivent être éliminées tels que les aides et garanties publiques, les assurances de
dépôts réservés aux dépôts monétaires.

La transparence est la condition nécessaire et suffisante de l’exercice de la


discipline de marché et de l’efficience informationnelle. Cette transparence est une
exigence qui concerne tous les acteurs bancaires et financiers.

1
BERRAD. M. A (2007) op.cit p 305.
2
PLIHON.D (2000) : quelle surveillance prudentielle pour l’industrie des services financiers. Revue d’économie
financière.
49
L’importance de la transparence découle du fait que l’information constitue
la matière première de l’industrie de services financiers. L’amélioration de la
transparence augmente l’information accessible aux acteurs individuels et doit
conduire à des choix financiers optimaux. Selon cette conception, les crises
survenues seraient largement liées à l’opaticité des marchés financiers, surtout les
marchés émergents qui empêchait l’évaluation des risques et rendait difficile la
supervision des acteurs financiers. Le comité de Bâle sur la supervision bancaire
(1998) a énoncé six catégories d’informations que les banques doivent rendre
publique afin que les risques soient correctement évalués par les marchés 1. Les
autorités de supervision doivent définir les règles de comptabilisation, de
publication et de reporting dans le but d’assurer une diffusion claire et normalisée
de l’information sur la situation des acteurs financiers.

On constate, néanmoins que ce principe n’a été véritablement appliqué qu’à


l’égard des banques grâce aux travaux du comité de Bâle. En revanche cette
exigence de transparence s’applique avec beaucoup moins de rigueur aux acteurs
qui jouent un rôle très important sur les marchés financiers tels que : les sociétés
d’investissement, fonds de pension, hedge fund.

La conception d’imperfections, de l’instabilité des marchés estime que la


supervision publique est un complément nécessaire à la discipline de marché. «des
actions « hors marché » engagés par les autorités de contrôle, destinée à pallier les
défaillances des acteurs de marché, constituent une condition sine qua non au bon
fonctionnement des marchés dans le but de combattre l’aveuglement au désastre et
l’aléa moral. Des mesures préventives doivent être prises et si nécessaire des
sanctions doivent être appliquées.

1
Il s’agit des résultats financiers, la situation financière, la politique de gestion des risques, les expositions aux
différents risques, la politique comptable et les informations sur les méthodes de gestion et les principes de
gouvernement d’entreprise.
50
La discipline de marché doit être, par conséquent, complétée par des
sanctions infligées par les autorités de surveillance et par des actions correctives
précoces. Les règles de la transparence ne peuvent pas être respectées
spontanément car l’intermédiation est opaque car elle est fondée sur l’exploitation
de l’information privée. D’autant plus que croire à la transparence c’est
méconnaître le mimétisme et l’aveuglement au désastre qui caractérisent le
comportement des acteurs financiers.

Après avoir présenté les principes de la supervision, nous allons présenter


maintenant les autorités chargées de cette surveillance.

§2- les autorités de supervision : Etats Unis, la France et le


Maroc.

Les missions des superviseurs sont nombreuses, on peut en citer certaines 1 :


 La délivrance des agréments.
 La définition des règles de marché et d’un code de bonnes pratiques.
 La surveillance des établissements de crédit.
 La surveillance de la qualité de l’information transmise aux
investisseurs par les entreprises qui font appel public à l’épargne et
qui gèrent cette épargne.
 La prévention et, le cas échéant, la sanction des abus (délits d’inities,
manipulations du cours, défaut d’agrément, diffusion d’information
erronées ou activités illégales, blanchiment d’argent etc…..

Selon les pays, ces différentes missions sont exercées par un ou plusieurs
superviseurs.

1
JARI. H (2007) : « la régulation des marchés financiers : ses acteurs et ses limites » in Mélange en hommage au
professeur Mohammed Jalal ESSAID. Etudes Juridiques , Economiques et Politique. Faculté de Droit de Rabat-
Agdal.
51
Aux Etats Unis, l’auto régulation est le système de supervision qui domine.
L’autorité des marchés financiers est la SEC : Securities and Exchange
Commission. Tous les brockers-dealers sont enregistrés en qualité de membre
auprès d’une SRO : Self regulator organization. ces derniers définissent les règles
de fonctionnement de marché, surveillant les échanges, lancent des investigations
en cas de besoin et prennent des mesures disciplinaires. L’industrie boursière
américaine regroupe actuellement 10 SRO sur le marché des actions et des
options : le New York Stock Exchange (NYSE), la National Association Of
Securities Dealers (NASO), l’American Stock Exchange (Amex)….1

Depuis l’adoption de la loi Sarbanes-Oxley par le congrée en Juillet 2002,


l’auto régulation boursière est remise en cause en faveur des modèles plus globaux
de la gestion de la régulation. Le risque est qu’il ya perte d’efficacité en terme
d’expertise des pratiques du marché même s’il y aura un gain substantiel en terme
d’indépendance.

En France, c’est l’autorité des marchés financiers AMF qui devient


superviseur unique après fusion de deux entités de la commission des opérations
de bourse (COB) et le conseil des marchés financiers (CMF) crée en 1996, dans le
cadre de la loi de sécurité financière de 2003.

L’AMF veille à la protection de l’épargne qu’elle soit investie en actions,


en obligations, en parts dans les organismes de placement collectif en valeurs
mobilières OPCVM. Et à la qualité de l’information délivrée aux investisseurs en
délivrant de visas et en vérifiant les publications légales. Elle agrée les sociétés de
gestion d’OPCVM, les prestataires de services d’investissement les demandeurs et

1
JARI. H (2007) op. cit p 351
52
conseillers en investissement financier, les dépositaires centraux, les gestionnaires
des systèmes de règlement-livraison.

L’AMF a pour mission de sanctionner les manquements au règlement et


aux obligations professionnelles.

Le contrôle des établissements de crédit est confié à la commission


bancaire (CB) cette commission participe, en amont, aux travaux internationaux de
réflexion sur les règles financières et à la stabilité financière. Elle agit en
coordination avec l’autorité de contrôle des assurances et des mutuelles et avec
l’autorité des marchés. Elle dispose d’un pouvoir juridictionnel et peut prononcer
des sanctions pouvant aller jusqu'à la radiation de l’établissement de crédit. Elle
intervient également à posteriori. En effet par une décision du 3Juillet 2008, la
commission bancaire a souligné les graves défaillances des systèmes de contrôle
interne de la société générale (SG) et condamne celle-ci à une sanction d’un
montant de 4 millions d’euros.

Au Maroc, la libéralisation du secteur financier a entraîné dans son sillage


une nouvelle réglementation prudentielle en fonction des normes internationales.

La régulation1 et la supervision bancaire sont assurées par BANK AL


MAGHRIB (BAM). Elle est épaulée dans cette mission par trois régulateurs
publics à savoir : le conseil national de la monnaie et de l’épargne (CNME), le
conseil des établissements de crédit (CEC) et la commission de discipline des
établissements de crédits (CDEC). La BAM contrôle et analyse toutes les
informations financières transmises par les banques.

1
SENAT (2009) : La régulation bancaire à l’épreuve de la crise financière. Décembre.
53
En 2006, la nouvelle loi bancaire est venue renforcer l’indépendance de
BAM et sa mission de régulateur du secteur bancaire1.

C’est la banque qui, désormais, fixe les mesures d’application relatives à


l’agrément de l’exercice de l’activité bancaire, aux règles prudentielles et
comptables, au contrôle aux établissements de crédit et au traitement de leurs
difficultés. La régulation et la surveillance du marché boursier sont assurées par le
conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM)2 qui intervient en tant
qu’autorité de contrôle chargée de veiller au bon fonctionnement du marché
boursier, le CDVM est chargé d’assurer la protection des épargnants et des
investisseurs en veillant, notamment, à la diffusion par les sociétés cotées en
bourse, de l’information nécessaire à la transparence du marché. Il peut demander
la radiation des valeurs inscrites à la cote lorsque ladite société ne respecte pas ces
obligations d’information.

Quel est le contenu de la supervision prudentielle et quelles sont les


modalités de son organisation, ses limites après l’éclatement de la crise de l’été
2007 ?

SECTION II- LE CONTENU DE LA SUPERVISION PRUDENTIELLE, LES


MODALITES DE SON ORGANISATION ET SES LIMITES.

Nous ferons allusion au niveau de cette section aux accords de Bâle à savoir
Bâle I et Bâle II. Nous évoquerons également les quelques éléments techniques de
la régulation des marchés financiers au Maroc. Au niveau du deuxième paragraphe
nous présenterons la réflexion sur la réforme de la régulation financière à la suite

1
La loi bancaire du 14 février 2006 portant promulgation de la loi n°34-03 relative aux établissements de crédit et
organismes assimilés.
2
Dahir portant loi n° 1-93-212 du 21 septembre 1993 relatif au Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières.
54
des conséquences de l’actuelle crise qui a ébranlé profondément la finance de la
planète.
§1- Les accords de Bâle I, Bâle II et éléments de la régulation
des marchés financiers au Maroc.

I- Fondements et structure du ratio Cooke.

Les difficultés bancaires des années 80 engendrées à la fois par les risques
souverains ainsi que par l’ouverture des économies, la déréglementation et
l’internationalisation des marchés des capitaux ont entraîné l’augmentation des
risques bancaires, la volatilité des taux d’intérêt, la compression des marges
aggravées par une concurrence et la grande disparité existant en matière de fonds
propres bancaires au sein des pays du groupe de Dix (avec 2% seulement de fonds
propres, les banques japonaises pouvaient, en effet offrir des prestations à meilleur
prix que les banques des autres pays).

Ces éléments ont motivé les travaux du comité de Bâle qui ont débouché,
en Juillet 1988, sur un accord visant la convergence internationale de la mesure et
des normes de fonds propres.

Cet accord a instauré un ratio prudentiel minimum dit ratio Cooke qui
définit un rapport minimum entre les fonds propres des banques et les risques de
crédit pondes selon la nature des opérations.

Deux objectifs ont guidé les travaux du comité du Bâle :


 le premier objectif est le renforcement de la solidarité et de la
stabilité du système bancaire international.
 la deuxième objectif consistait dans l’atténuation des inégalités
concurrentielles entre les banques à l’échelle internationale.

55
En Europe, le ratio Cooke a été mis en œuvre en 1993 dans les pays
représentés au comité de Bâle, puis étendu de fait à l’ensemble des établissements
de crédit des pays industrialisés.

Au Maroc, les banques avaient été informées, lors de la 57 ème session du


comité du crédit et marché financier tenue à Rabat le premier décembre 1990, de
l’institution du ratio Cooke à compter du 1er janvier 1993 avec l’obligation de
couvrir, à cette date, l’ensemble des risques bancaires par les fonds propres et ce
jusqu’à hauteur de 8%.

La formule utilisée s’inspire largement du ratio Cooke. Ce coefficient est


définit par BANK AL MAGHRIB comme étant un rapport minimum, fixé à 8%,
devant être respecté en permanence, par les établissements de crédit.

Fonds propres
Ratio de solvabilité   8%
Risques pnderés

Les fonds propres sont définis par BANK AL MAGHRIB dans sa circulaire
n°4/6/2001 du 15 Janvier 2001. Ceux-ci sont constitués de « fonds propres de
base » et des « fonds propres complémentaires » déduction faite des titres détenus
dans le capital des établissements de crédit marocains ou des banques étrangères
ainsi que des créances à durée indéterminée et des créances subordonnées à durée
fixe sur ces mêmes établissements. Les fonds propres complémentaires doivent
être inférieurs ou au plus égaux aux fonds propres de base.

Le dénominateur du ratio Cooke vise à mesurer surtout le risque de crédit,


c’est-à-dire le risque de défaillance des contreparties et à un degré inférieur le
risque souverain et le risque de change.

56
Les emplois des établissements de crédit sont subdivisés en deux
catégories :
 Les actifs qui figurent au bilan
 et les éléments hors-bilan en engagements d’une part et on contrats de taux
d’intérêt et de change d’autre part.

Les éléments figurant à l’actif du bilan sont pondérés en fonction de


plusieurs critères dont principalement :
 la nature de l’élément : avoirs en caisse, créances, titres, immobilisations etc.
….
 La qualité du débiteur : Etats, banques centrales, banques entreprises,
collectivités locales.
 Le risque souverain selon l’appartenance ou non du débiteur aux pays de
l’OCDE et assimilés.
 La durée de certains engagements.

Les risques pondérés sont calculés selon la formule suivante :

Eléments de l’actif x Quotité de contrepartie = Risque pondéré

Au Maroc, les 5 coefficients de pondérations ont été retenus, sont (0% ;


4% ; 20% ; 50% et 100%)1.

Le ratio Cooke a toutefois rapidement été jugé insuffisant pour les raisons
suivantes :
 La conception des risques bancaires était jugée trop étroite puisque limitée
au seul risque de crédit. Or deux risques prenaient une importance croissante

1
Pour plus de détail voir BERRADA. M . A (2007), op. cit, p324-330.
57
à savoir le risque de marché, du fait de la restructuration des bilans bancaires
à la suite de l’évolution des métiers et le risque opérationnel du fait des
progrès technologiques et de l’innovation financière.
 La mesure du risque n’est pas suffisamment développée, en effet la grille
des pondérations est simplificatrice et parfois inadéquate. Ce qui a conduit
à des « arbitrages réglementaires ».

Par exemple, les financements accordés aux entreprises sont uniformément


pondérés à 100% même si elles sont dotées de toutes les garanties et bien notées,
alors que certains Etats de l’OCDE, pourtant pondérés à 0%, ont pu se révéler
risqués. Le système de pondération entraîne par conséquent des biais dans
l’attribution du crédit afin de réduire les contraintes de fonds propres, écartant le
système de financement de l’économie de ses conditions optimales théoriques.
 De plus, la grille de pondération a paru rigide car les techniques de réduction
des risques ne sont pas prises en compte.
 Le critère discriminant les pays selon leur appartenance à l’OCDE ou non,
défavorisent les Etats OCDE. Trois conséquences pour les Etats hors OCDE,
dont le Maroc sont à souligner.
 Le coût élevé des ressources auxquelles ils peuvent accéder sur marchés
internationaux.
 L’accès aux crédits extérieurs pour ces pays est très difficile.
 Et enfin, les engagements entre pays hors OCDE sont très réduits, ce qui
entraîne une diminution des flux sud/sud. Ces lacunes ont conduit de
nouvelles propositions.

II- BALE II ou le nouveau ratio de solvabilité.

On s’accorde à dire, et l’expérience le prouve, que l’accord Bâle I ne


permet plus de garantir une bonne adéquation en fonds propres des banques. Le

58
développement de certaines techniques comme la t niitrisation des crédits par les
banques, à permis à celles-ci de réduire l’exigence de fonds propres, fixé à 8%,
comme il a été souligné plus haute, sans qu’il y ait une réduction correspondante
des risques encourus.

A- Contenu du nouveau dispositif prudentiel Bâle II.

L’accord Bâle II a introduit un changement fondamental dans le paysage


réglementaire. Les contraintes sont renforcées vis-à-vis des banques car elles
reposent non seulement sur une approche quantitative mais aussi qualitative des
risques mettant l’accent sur de nombreuses exigences minimale à respecter.

Le nouveau dispositif Bâle II se base sur 3 piliers.


 Le pilier 1 concerne les exigences minimales en fonds propres.
 Le piler 2 est relatif au processus de surveillance prudentielle.
 Le pilier 3 est centré sur la discipline du marché.

a- le pilier 1.
Le « premier pilier » de la réglementation Bâle II impose toujours aux
banques un rapport minimum de 8% entre leurs fonds propres et le niveau des
risques encourus. Mais, par rapport au ratio de solvabilité de Bâle I, celui de Bâle
II, dit ratio « Mc Donough » apporte modifications :
 Il élargit l’éventail des risques couverts, puisqu’il prend en compte les
risques de crédits, de marché et opérationnel.
 Il instaure différents niveaux de calcul des exigences en fonds propres.
 Il est censé améliorer la prise en compte des techniques de réduction des
risques.

59
La réglementation de Bâle II impose que le montant des fonds propres
effectifs soit au moins égal à 8% de la somme des actifs pondérées en fonction des
risques.

La formule de Bâle II devient


Fonds propres
 8%
Actifs ponderés des risques :
  risque de crédit 
 
  risque de marché 
  risque proportionnel 
 

Le comité de Bâle a prévu des approches pour évaluer chacun de ces


risques.
 Pour l’évaluation du risque de crédit, il y a deux approches :
 Une approche dite « standard », avec des pondérations forfaitaires
graduées en fonction de la qualité des contreparties. L’échelle des
pondérations est plus développée qu’auparavant. Les actifs sont
répartis en onze catégories, chaque catégorie est affectée par un
coefficient de pondération en fonction de la notation attribuée par les
agences de notation. La banque ne fait qu’appliquer les coefficients
de pondération réglementaire. On voit donc que ce procédé accorde
une importance capitale aux agences de notation.
 « L’approche par les modèles internes » doit être validée par les
autorités de contrôle (commission bancaire, en France). Elle repose
sur l’estimation de plusieurs paramètres, tels que l’exposition en cas
de défaut, la probabilité de défaut et le taux de perte en cas de défaut.
Cette approche est soit « une approche de base » lorsque la banque ne
calcule que les probabilités de défaut, la valeur des autres paramètres
étant imposée par la réglementation, soit « une approche avancée » si
la banque estime et évalue elle-même tous les paramètres.

60
 L’évaluation du risque du marché se fait selon deux approches : une
mesure standard normative, ou l’utilisation de modèles internes fondés
sur la notion de « value at risk » (VAR)1. La méthode VAR consiste à
déterminer la perte de valeur d’un actif résultant d’une évolution
défavorable du marché financier. Cette perte éventuelle doit être
couverte par les fonds propres de la banque.
 L’évaluation du risque opérationnel se fait également à partir de trois
approches : approche de base, approche standard et approche avancée.
La banque évalue ce risque soit de façon forfaitaire pour l’ensemble de
ses activités, soit à partir d’indicateurs forfaitaires pour chacune de ses
activités, soit de façon plus élaborée à partir de modèles internes.

Au Maroc, d’un commun accord entre les établissements de crédit et


BANK AL MAGHRIB, les règles de Bâle II ont été mises en application depuis
Juin 2007, au niveau des seules approches standard pour les trois catégories de
risques.

b- Le pilier 2.
Le « deuxième pilier» de Bâle II est consacré au processus de surveillance
prudentielle. Il incite les banques à améliorer leur expertise (processus interne
d’évaluation de l’adéquation du capital), tout en permettant aux autorités
prudentielles d’augmenter les exigences en fonds propres, par rapport au minimum
requis, lorsque c’est nécessaire, en fonction des caractéristiques propres à la
banque. C’est le processus de revue et d’évaluation par le superviseur.

Le rôle du superviseur est désormais décisif, dans un contexte où les


établissements de crédit conservent toutefois de réelles latitudes pour déterminer

1
Pour plus de détails voir HULL. J (2007) : Gestion des risques et institutions financières. Pearson-éducation.
61
le niveau des fonds propres qui leur est nécessaire, à partir de leurs propres
systèmes de mesure des risques. En pratique, les approches retenues peuvent varier
d’une banque à l’autre.

c- Le pilier 3.
Ce « troisième pilier » vise à favoriser la discipline de marché dans le sens
de la transparence financière. Il exige des banques la communication des
informations de façon périodique, sur la structure et l’allocation de leurs fonds
propres, la nature de leurs expositions et les méthodes de mesure utilisées, afin de
permettre à leurs partenaires (actionnaires, prêteurs, investisseurs…) d’avoir une
image réelle de l’adéquation de leur fonds propres.

Au Maroc, la circulaire de BANK AL MAGHRIB n°6/G/2001 du 19


février 2001 a instauré l’obligation pour les banques d’avoir un contrôle interne
dans le but de mieux gérer les risques auquel elles sont exposées dans un premier
temps et de pouvoir intégrer les méthodes de contrôle interne prévues dans le cadre
de Bâle II à l’horizon 2010-2011.

B- Appréciation du dispositif Bâle II.

L’application du dispositif Bâle II a suscité un certain nombre de critiques


notamment :
 On s’accorde pour dire que l’accord Bâle II a réservé une place
importante aux agences de notation. Ce système de notation pénalise
les pays émergents qui ont des notations plus faibles, que celles
accordées aux pays développés. Les exigences en fonds propres
deviennent plus lourdes. De plus, ces notations entraînent parfois
une désaffection des investisseurs vers les pays en développement et
le renchérissement des sources dont ils disposent à travers les
marchés des capitaux internationaux.
62
 Les répercussions des règles de Bâle II imposent aux banques une
gestion plus rigoureuse de leurs risques et une certaine couverture en
fonds propres de leurs différents métiers. Ces exigences vont les
pousser à s’orienter vers les activités qui nécessitent de faibles
apports en capitaux propres et à faire payer les activités à risque qui
sont consommatrices des fonds propres. Cela ne manquera pas
d’influer sur les entreprises fragiles, sous-capitalisées et ne
présentant pas suffisamment de transparence quant aux documents
compilables et financiers présentés.
 Le phénomène de procyclité provient des comportements des
banques et leurs notations qui peuvent devenir de plus en plus
favorables en période de croissance et contribuent à accentuer cette
croissance à travers l’essor du crédit ou au contraire, en période de
récession, devenir de plus, en plus négatives accentuant la crise par
une diminution des crédits bancaires.

III- Eléments techniques de la régulation financière au Maroc.

Pour établir l’équilibre financier des banques, la loi prévoit quatre mesures
principales.
 Le capital minimum des banques est fixé depuis 1989 à 100 millions
de dirhams.
 Le coefficient de solvabilité déjà évoqué plus haut est fixé à 8%.
 Le coefficient de liquidité ; rapport minimum quotidien que les
banques doivent garder entre leurs actifs disponibles ou réalisables
et leur dettes à court terme est fixé à 60%.
 Le coefficient de division des risques : rapport maximum que les
établissements de crédit sont tenus de respecter entre le total des
crédits accordés à un même client et leurs fonds propres est fixé à
10%.

63
Pour ce qui concerne la régulation et la surveillance du marché boursier, un
ensemble de règles a été établi tenant compte des aspects informationnels
prudentiels relatifs à l’investigation et aux pouvoirs de sanction.
 L’information des actionnaires doit se faire 15 jours au moins avant
la tenue de l’assemblée générale ordinaire contenant l’ordre du jour,
les projets de résolution du conseil, les comptes de l’exercice écoulé
accompagnés du rapport des commissaires aux comptes.
 Les sociétés faisant appel public à l’épargne sont tenues de publier
dans un journal d’annonces légales et dans 20 jours qui suivent la
tenue de leur assemblée générale ordinaire, le bilan, le compte de
produits et charges, l’état des soldes de gestion, le tableau de
financement….
 Les sociétés cotées en bourse doivent publier dans un journal
d’annonces légales, dans les trois mois qui suivent chaque semestre
de l’exercice au plus tard :
 Le montant du chiffre d’affaires comparé à celui du semestre
écoulé.
 Une situation provisoire du bilan arrêté au terme de semestre
écoulé.

 Pour assurer le bon fonctionnement du marché et dans le but de


prévenir des situations de crises le conseil de déontologie des
valeurs mobilisés (CDVM) a défini des mesures prudentielles telles
que :
 Le capital minimum des sociétés de bourse et des établissements
de gestion de fonds communs de placement a été fixé à un million
de dirhams.
 Le coefficient de division des risques des sociétés de bourse (la
valeur totale des positions nettes prises par la société de bourse
64
dans le cadre de la contrepartie sur les différentes relevant d’un
même émetteur) doit être inférieur à 40% des fonds propres nets
de la société en question.
 Le CDVM est habilité à demander aux commissaires aux comptes
qui ont servi de base de certification des comptes.
 Le CDVM est aussi habilité à prendre des mesures disciplinaires
qu’il juge nécessaire et qui peuvent aller jusqu’au retrait d’agrément
d’exercice sur le plan des sanctions pénales, le CDVM peut saisir le
procureur du Roi compétent des infractions qu’il a relevées relatives
aux délits d’initiés ou la diffusion d’informations fausses ou
trompeuses susceptibles de manipuler le cour d’une valeur mobilière
ou d’entraver le fonctionnement des marchés.

En dépit de ces larges prérogatives dont dispose le CDVM, et pour plus


d’efficacité, ce dernier doit être transformé en un organe indépendant avec un statut
précis, un orange fort qui dispose des pouvoirs les plus étendus, pour mener à bien
sa tâche et pour assurer « la stabilité financière nécessaire à un moment de
l’ouverture du Maroc sur les marchés internationaux dans le cadre de
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de zones de libre échange (avec
l’union européenne et les Etats-Unis) et l’implantation des zone offshore sur le
territoire nationale »1.
§2- La réforme de la régulation financière.

La crise financière a mis en évidence les lacunes et l’existence d’effets


négatifs attachés à la réglementation prudentielle. Comme le note MOHAN, « les
rapports (relatifs à l’analyse des répercussions et origines de la crise) mettent en
exergue clairement l’existence de graves défaillances de la régulation et de la

1
JARI. H (2007) op cit, p 404.
65
supervision »1. Une réforme en profondeur apparaît nécessaire dans le but d’établir
la confiance dans les mécanismes de régulation de l’économie mondiale.

Les thèmes les plus discutés tiennent à la prévention du risque systémique,


aux mécanismes de résolution des faillites bancaires, aux nouvelles exigences
prudentielles rassemblées dans le régime Bâle III, à la règle VOLKER (proposée
par Paul VOLKER conseiller de Barak OBAMA) qui consiste à limiter les
implications des banques dans le financement des opérations spéculatives à hauts
risques, à la gestion d’actifs tels que hedge fonds et aux agences de notation.

L’objectif visé à travers les débats sur la réforme de la régulation financière


est de mettre en place des règles et mécanismes susceptibles d’encadrer le système
financier international et de prévoir d’éventuelles crises à l’avenir.

A- En Europe.

Trois domaines ont fait l’objet d’un accord en 2010.


 Le premier est la création d’agences européennes de supervision des
banques, des assurances et des marchés financiers et la création aussi
d’un conseil européen du risque systémique (CERS).

Jusqu'à présent, il n’existe aucune entité européenne qui a la possibilité


d’imposer ses vues en cas de désaccord entre deux superviseurs nationaux, comme
l’autorité des marchés en France ou la Financial services authority au Royaume-
Uni, et de les obliger à agir dans le même sens. Depuis le premier Janvier 2011,
c’est le cas grâce à ces entités créées à l’échelle européenne.

1
MOHAN. R (2009) : Emergence d’une ébauche de régulation financière : défis et dynamique. Revue de la stabilité
financière n° 13 septembre, P 109.
66
Quant au conseil européen du risque systémique, il aura la possibilité
d’alerter les Etats sur la constitution de bulles sur les marchés d’actifs financiers
ou immobiliers.

 Le deuxième domaine est relatif à la rémunération des traders et des


dirigeants des banques. Depuis le premier Janvier 2011, un trader ne
pourra toucher que 30% de son bonus à court terme et en cash. Pour
toucher le reste, il devra attendre entre trois et cinq ans. Il pourra voir
son bonus réduit si des pertes apparaissent sur ses prises de position,
et il devra se faire verser au moins 50% de son bonus en actions de
la banque et non en liquide.
 Le troisième domaine porte sur les fonds spéculatifs les hedge fonds.
L’Europe est dotée de règles qui obligent ces fonds à s’enregistrer
auprès des régulateurs nationaux et à leur transmettre des
informations permettant à ces derniers d’évaluer les risques pris.

B- Aux Etats-Unis

L’avantage de la réforme américaine est que toutes les nouvelles


régulations sont intégrées dans une loi unique, la loi Dodd-Frank votée et
promulguée en Juillet 2010. Cette loi a consacré la fragmentation en institution
rivales et soucieuses de leurs prérogatives.
 La Securities and exchange commission (SEC) s’occupe des
marchés au comptant.
 La Commodity Futures Trading Commission (CFTC) est chargée de
superviser les marchés dérivés.
 Le Financial stability Oversight Council est le conseil du risque
systémique.
 Et l’agence de protection financière des consommateurs appelée
consumer Financial Protection agency : cette agence a pour rôle,
67
entre autres, d’interdire le démarchage des ménages par des
officines.

Dans le cadre de cette nouvelle loi, l’autorité de la SEC sur les agences est
accrue. Il s’agit de banaliser les agences auprès des investisseurs en abolissant toute
mention faisant référence statutaire aux agences dans les exigences d’évaluation
des produits financiers, l’objectif est ainsi de forcer les investisseurs à faire leur
propre évaluation des risques incorporés dans les produits qui leur sont proposés1.

C- A L’échelle mondiale.

La réunion du G20 du 2 Avril 2009 a confirmé le renforcement du rôle du


Fonds monétaire international FMI. Celui-ci est chargé de jouer le rôle de
coordonnateur de la régulation mondiale ». Le FMI est également chargé
d’analyser le rôle des politiques macroéconomiques dans le déclenchement de la
crise et de surveiller la mise en œuvre de nouvelles régulations financières selon
les orientations arrêtées par le forum de stabilité financière (FSF) qui,
institutionnalisé et élargi à l’ensemble des pays du G20, devient le conseil de la
stabilité financière (CSF)

De plus, les règles de fonds propres et de liquidités adoptées par les


dirigeants du G20 en novembre 2010 se sont durcies et se déclinent notamment
en :
 Une augmentation et une amélioration de la qualité des fonds propres
qui permettraient d’absorber des pertes plus élevées en cas de crise.
 Une meilleure prise en compte des risques de marché et de
contrepartie.

1
AGLIETA. M (2011) : « La régulation des marchés des capitaux ». Alternatives Economiques, n° 87.
68
 Un ratio d’endettement pour éviter un endettement excessif, en plus
des exigences de fonds propres.
 Un durcissement des normes de liquidité, avec notamment un
matelas d’actifs liquides pour les problèmes de liquidités à court
terme et une meilleure symétrie entre les échéances des actifs et des
passifs1.

La France a également réformé sa régulation financière en fonction des


contraintes et exigences de l’heure imposée par la crise financière, en créant
l’autorité de contrôle prudentiel (ACP) et en élargissant les prérogatives de
l’autorité des marchés financiers.

Au Maroc, l’arsenal réglementaire obéit à un modèle à plusieurs vitesses


avec des statuts hétérogènes. Le contrôle bancaire relève de la compétence de
BANK AL MLAGHEB, le contrôle et supervision des marchés financiers
dépendent du Conseil déontologiques des valeurs mobilières, alors que les
assurances sont sous la tutelle de l’Etat via le ministère des finances, d’où la
nécessité de mettre en place un cadre de surveillance macro et micro prudentiel à
même d’assurer la stabilité financière tout en atténuant la pro-cyclicité du secteur
financier.

1
Liquidité à court terme : Liquidty coverage rato :
Stocks d' actifs liquides de haute qualité
 100%
Flux nets de cash sur 30 jours
Liquidité à long terme (1 an) : Net Stable funding ratio :
Ressources longues et stables
 100%
Emplois stables
69
CONCLUSION GENERALE.

Tout au long de ce travail, nous avons essayé de mettre en relief le rôle et


l’importance du système financier dans la réalisation du développement
économique et social.

Au niveau du premier chapitre, nous nous sommes attardés la dynamique


des systèmes financiers depuis les années 80 jusqu’à nos jours. Ce qui nous a
permis d’évaluer l’expérience marocaine en matière de libéralisation et
développement du système financier marocain. Celui-ci a subi des mutations
profondes qui lui ont permis de s’ériger au rang des systèmes financiers développés
efficace dans le domaine de la mobilisation de l’épargne et son affectation dans
des emplois plus productifs.

Au niveau chapitre, nous nous sommes arrêtés sur les risques générés par
cette dynamique financière. La typologie de ces risques a été analysée de façon
synthétique tout en mettant en exergue le risque systémique. Ce risque, parce qu’il
n’a pas été pris en considération durant ces dernières décennies a débouché sur la
crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis et qui en si peu de temps a envahi la
planète tout entière et dont les conséquences ont été catastrophiques à tous les
niveaux.

Comment éviter l’avènement du risque systémique ? Et comment gérer les


risques financiers ? Sont des interrogations qui interpellent l’Etat dans son rôle de
régulateur de la finance.

Après avoir rappelé les fondements de la régulation bancaire et financière,


nous nous sommes arrêtés sur certaines expériences nationales dont celle du
Maroc.

70
La réforme de la régulation financière s’impose dans ses aspects macro et
micro prudentiels. Bâle III, a durci les règles de contrôle des banques. A l’échelle
internationale le FMI s’est confié le rôle d’analyse du risque systémique en
coordination avec le conseil de stabilité financière qui a remplacé le forum de
stabilité financier depuis la réunion du G20 en 2009. Des autorités de contrôle
prudentiel ont été créées aux USA et en Europe et dont le rôle est d’analyse le
risque systémique. Au Maroc, le système de régulation est fragmentaire et
nécessite d’être reformé pour se mettre au diapason des standards internationaux
dans le but est d’assurer la stabilité financière.

71
BIBLIOGRAPHIE

 ABOUCH. M et EZZAHID. E (2011) : Financial development and


Economic Growth News : The Moroccan case Indonesian capital
Market review. Vol III, January
 AGLIETTA. M (2011) : «Les avancées dans la régulation des marchés
vont réduire l’opacité de cette nébuleuse ». Alternatives Economiques,
n° 87. 1er trimestre.
 ALAOUI. A. (1992) « Financement et compétitivité économiques le
cas du Maroc » thèse pour le Doctorat d’Etat Es Sciences économiques.
Université Mohammed V Agdal.
 BANK AL MAGHRIB. www.bkam.ma
 Banque des règlements internationaux. BRI. www.bis.org
 BARREAU. J et DELAHAYE. J (2009) : « Gestion financière »
DUNOD.
 BENKACEM. M. N (2009) : Réussir la consultation patrimoniale au
Maroc. A. Z. Editions.
 BERRADA. M. A (2007) : les techniques de banque, de crédit et de
commerce extérieur au Maroc. Edition SECEA
 BERRADA. M. A. (1998) : les nouveaux marchés des capitaux au
Maroc, SECEA. Maroc.
 BOURGUNIAT. H (1986) : l’économie internationale au tournant, in
BOURGUNIAT. H et Mistral. J : la crise de l’endettement
international, acte II, Economica.
 CARPANIS. A : La globalisation est-elle déstabilisante ? Problèmes
économiques 15-22 Mars 1995.
 CHARREAUX. G (1994) : « Finance d’entreprise », LITEC.
 CHAYAGNEUX. CH (2011): le combat de la régulation alternatives
économiques hors série n° 87 1er trimestre

72
 CHEBALIER. M. (2011) : comment les marchés financent les
entreprises. Alternatives économiques n°87, 1er trimestre.
 CHEMLAL. M (2010) : financement des PME/PMI marocaines :
instruments, contraintes et perspectives, thèse de Doctorat, université
Mohammed V Agdal.
 COUPPEY. J. (1998) : l’intermédiation bancaire et l’efficacité de la
réglementation prudentielle : une approche micro économique thèse de
Doctorat. Université Paris I.
 DIETSCH. M et PETY. J (2003) : Mesure et gestion du risque de crédit
dans les institutions financières. Revue Banque.
 Duval.G : la crise jusqu’où Alternatives économiques n° 275 décembre
2008.
 El MALKI. H : le pacte national pour la croissance est une nécessité
revue challenge n° 228 7-13 mars 2009.
 EL MENZHI. J (2010) : Contrôle interne et maîtrise des risques dans
le contexte de libéralisation financière : cas des banques marocaines
cotées en bourse. Thèse de Doctorat en sciences Economiques,
Université Mohammed V Agdal, Octobre
 GITMAN. L et JOEHNK. M (2008) : «Investissement et marchés
financier ». PEASON-EDUCATION
 GOFFIN. R (1999) : «Principes de Finance moderne», Economica
 Hugon. Ph (1996) «Dualisme financier ou segmentation des circuits
financiers en Afrique» Annales marocaines d’économie n°17 automne.
 HULL. J (2007) : Gestion des risques et institutions financières.
Pearson-éducation.
 JACQUILLAT B ET SOLNIK. B (2002) : marchés financiers : gestion
de portefeuille et des risques. DUNOD
 JAIDI. L (1994) : « L’impact des réformes monétaires et financière »
sur le comportement du secteur bancaire » annales marocaines
d’économie.
73
 JARI. H (2007) : « la régulation des marchés financiers : ses acteurs et
ses limites » in Mélange en hommage au professeur Mohammed Jalal
ESSAID. Etudes Juridiques, Economiques et Politique. Faculté de
Droit de Rabat-Agdal.
 JORION.P (2008) : la crise, des subprimes au séisme financier
planétaire. FAYARO. P29
 La nouvelle tribune n°622 du 20 novembre 2008
 La vie économique : les exportations réelles ne représentent que le tiers
du global annoncé : n°4501 du 06 au 12 mars 2009.
 LAMARQUE.E (2008) : Management de la banque : Risques relations
client, organisation. PEARSON-EDUCATION.
 Le Monde de 6 mars 2009.
 Le monde du 25 février 2009
 LELART .M. (1990) « La tontine : pratique informelle d’épargne et de
crédit de crédit dans le pays en développement. UREF. Paris
 MAAROUF. A (2001) : Contraintes de financement de l’économie
marocaine. Thèse de Doctorat, université Mohammed V, Agdal,
Janvier.
 Ministère des Finances. www.finances.gov.ma
 Mistral. J (2011) : Re-réglementation financière. Revue d’économie
financière. Problème économiques n° 3016.
 Moatti. S : la mondialisation de la crise. Perspectives économiques
n°275 décembre 2008.
 MOHAN. R (2009) : Emergence d’une ébauche de régulation
financière : défis et dynamique. Revue de la stabilité financière n° 13
septembre.
 MUET. P. A (2011) : Réguler une finance devenue prédatrice.
Alternatives économiques n°87 1er trimestre.
 Organisation de coopération et de développement économique.
www.oecd.org
74
 ORLEAN.A (2011) : Pourquoi tant de crises, in Altératives
économiques : « Les marches financiers » Hors- Série n°87, 1er
trimestre.
 ÖTKER-ROBE : inci PAZARBASIOGLU Ceyla (2011) : Bâle III ;
quels effets pour les banques. Finance et développement. Problèmes
économiques, n° 3016.
 PLIHON. D (2011) : Il faut supprimer les marchés inutiles. Alternatives
économiques n°87 1er trimestre.
 RENVERES. F (1985) : une approche du concept d’économie
d’endettement. Cahiers du CERNEA n°6.
 SEBASTIEN .E. (1987) : « Comment programmer les mesures de
libéralisation économique dans les pays en développements, mars
 SENAT (2009) : La régulation bancaire à l’épreuve de la crise
financière. Décembre. N° EC-05
 SHARPE .W (1970) : Porfolio theory and capital markets MC GRAW-
HILL
 SHAW. ES (1973) : « Financial deepening in economic development »,
Oxford university press.
 TABATONI. P et ROURE. F (1988) : « la dynamique financière »,
édition des organisations.
 TEULIE. J TOPSACALIAN (1994) : Finance, Vuibert.
 VERNET. B. (1994) « libéralisation financière et développement
économique : une revue » Revue d’économie financière n°29.
 VIVIANI. J.L (1997) : Gestion de portefeuille. DUNOD
 ZOUIRI. L (2007) : les réformes du secteur bancaire dans une
économie en voie de libéralisation : le cas du Maroc. Thèse de Doctorat,
université de Nice-Sophia Antipolis.

75
TABLES DES MATIERES

SOMMAIRE ........................................................................................................... 1
Remerciements ........................................................................................................ 2
Introduction générale .............................................................................................. 3
Chapitre I : Le système financier mis en place : architecture et fonctionnement... 5
Introduction. ....................................................................................................... 5
Section I : Les mutations financières des années 80 et leurs implications. ....... 6
§ I : Les tendances de la finance internationale depuis les années 80. ........................................................ 6
I- La séquence : déréglementation – innovation -nouvelle réglementation .......................................... 7
II- La mobilierisation du financement de l’économie. ......................................................................... 9
III- La globalisation financière. .......................................................................................................... 10
§2 : Les implications de ces mutations financières. .................................................................................. 11

Section II : Les mutations du système financier marocain. ............................. 13


§1- Le dirigisme financier et ses conséquences. ........................................................................................ 14
§2- La libéralisation du système financier. ................................................................................................ 16
I- Les principaux axes de la libéralisation du système financier. ....................................................... 17
II- Les réformes financiers et leur impact : le cas du Maroc. ............................................................. 18
A- Les principales réformes du système financier. ......................................................................... 19
B- Les résultats de l’expérience marocaine. ................................................................................... 21

Conclusion du premeir chapitre ....................................................................... 24


Chapitre II- les risques inhérents au fonctionnement du nouveau système financier
............................................................................................................................... 26
Section I- Analyse des principaux risques : cadre conceptuel. ....................... 28
§1- Le risque dans la théorie financière..................................................................................................... 28
§2- les risques conçus dans le cadre de BALE I et BALE II ..................................................................... 31
I- Le risque de crédit .......................................................................................................................... 32
II- Le risque de marché ...................................................................................................................... 33
1- Le risque de taux d’intérêt .......................................................................................................... 34
2- Le risque de change .................................................................................................................... 34
3- Le risque de position sur titres de propriété ............................................................................... 35
4- Le risque sur produit de base ...................................................................................................... 35
5- Le risque de règlement-livraison ................................................................................................ 35
III- Le risque opérationnel.................................................................................................................. 35

Section II- la crise financière de 2007 : le risque systémique et ses


répercussions. ................................................................................................... 37
76
§I- origines et manifestations de la crise ................................................................................................... 37
§II- les retombés de la crise sur l’économie et plans de relance. .............................................................. 40
1- L’ampleur de la crise ..................................................................................................................... 40
2- Les plans de relance : seront-ils à la mesure de la gravité de la crise. ........................................ 44

Conclusion du deuxième chapitre .................................................................... 46


Chapitre III- la régularisation du système financier : le rôle de la surveillance
prudentielle............................................................................................................ 47
Section I- Les principes et organes de la supervision prudentielle. ................ 48
§1- Les principes fondamentaux de la supervision prudentielle. ............................................................... 48
§2- les autorités de supervision : Etats Unis, la France et le Maroc. ......................................................... 51

Section II- le contenu de la supervision prudentielle, les modalités de son


organisation et ses limites. ............................................................................... 54
§1- Les accords de Bâle I, Bâle II et éléments de la régulation des marchés financiers au Maroc. .......... 55
I- Fondements et structure du ratio Cooke. ........................................................................................ 55
II- BALE II ou le nouveau ratio de solvabilité. .................................................................................. 58
A- Contenu du nouveau dispositif prudentiel Bâle II. .................................................................... 59
a- le pilier 1. .................................................................................................................... 59
b- Le pilier 2. .................................................................................................................. 61
c- Le pilier 3. ................................................................................................................... 62
B- Appréciation du dispositif Bâle II. ............................................................................................. 62
III- Eléments techniques de la régulation financière au Maroc. ......................................................... 63
§2- La réforme de la régulation financière. ............................................................................................... 65
A- En Europe. .................................................................................................................................... 66
B- Aux Etats-Unis .............................................................................................................................. 67
C- A L’échelle mondiale. ................................................................................................................... 68

Conclusion générale. ............................................................................................. 70


Bibliographie ......................................................................................................... 72
Tables des matières ............................................................................................... 76

77

Vous aimerez peut-être aussi