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L ES I NNOVATI ON S D E L ’AC T E U NIFOR M E
O HA DA S UR L ES P RO CED U R ES COLLECT IV ES
Par
Introduction
Parce que la situation des entreprises est soumise à divers changements dus à
l'environnement dans lequel elles évoluent, le droit des procédures collectives est en
recherche constante d'adaptation pour tenir compte de ces modifications de l'environnement
social et économique. L'adaptation de ses finalités et de ses objectifs rend souvent nécessaire
une modification de ses règles.
Le droit des procédures collectives de l'OHADA, en dépit de relative jeunesse - le
premier acte uniforme date seulement de 1998 - n'a pas échappé à ces contraintes. C'est dans
ce contexte qu'il faut placer la réforme du droit des procédures collectives qui s'est traduite
par la révision de l'acte uniforme intervenue le 10 septembre 2015 et entrée en vigueur le 24
décembre 2015.
L'acte uniforme révisé s'est donné des nouveaux objectifs que sont entre autres la
préservation des activités économiques et des niveaux d'emplois des entreprises en
difficultés, le redressement rapide des entreprises encore viables, l'accélération et la
simplification des procédures applicables aux petites entreprises, la professionnalisation des
professionnels intervenant dans les différentes procédures.
Ces objectifs sont traduits dans les différentes dispositions dont certaines ont fait
l'objet de profondes modifications alors que d'autres sont tout à fait nouvelles. Ces
modifications et innovations apparaissent aussi bien au niveau des règles de fond que des
règles de procédure.
L'exercice des fonctions de mandataire judiciaire dans une procédure collective est
subordonné à l'inscription sur la liste nationale des mandataires judiciaires. L'article 4-1 al.2.
prévoit cependant qu'à titre exceptionnel, le tribunal peut désigner comme expert ou
mandataire une personne non inscrite sur la liste.
Les experts comptables s'ils remplissent les critères sont d'office habilités à exercer la
fonction de mandataire judiciaire, ce qui n'est pas le cas pour les autres professions.
Autrement dit, tous ceux qui ne sont experts comptables doivent être préalablement habilités
sans que le texte ne précise ni quelles catégories de professionnels pourraient être admis, ni
quelles sont les conditions de l'habilitation. Tout relèvera donc de chaque législation
nationale, ce qui peut laisser percevoir les difficultés de l'harmonisation pourtant souhaitée
de la fonction de mandataire judiciaire au sein de l'espace OHADA.
Pour être inscrit sur la liste nationale, le candidat aux fonctions de mandataire doit
satisfaire à certaines exigences.
La première est la qualification ( en plus des experts comptables qui sont qualifiés
d’office, chaque loi nationale devra préciser les professionnels qualifiés).
A ce critère de qualification, il faut ajouter les critères de capacité, de probité et de
moralité1. S'agissant de la capacité, le mandataire doit avoir le plein exercice de ses droits
civils et civiques ce qui exclut par exemple de ces fonctions le failli non réhabilité ou le majeur
incapable. Le critère de probité signifie que le candidat ne doit pas avoir subi une sanction
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Les conditions prévues par l'article 4-2 sont des exigences minimales qui peuvent être complétées
éventuellement par la législation nationale de chaque Etat.
disciplinaire ( excepté l'avertissement ) ou une peine privative de liberté ou une peine d'au
moins trois mois d'emprisonnement dans les conditions prévues par l'article 4-2 2°. S'agissant
de la moralité, le mandataire doit présenter des garanties suffisantes de sa moralité ( par
exemple en présentant un extrait de casier judiciaire ) et présenter aussi des garanties
d'indépendance, de neutralité et d'impartialité. En plus de cela, le mandataire doit justifier
d'une domiciliation fiscale dans l'Etat où il sollicite son inscription et être à jour de ses
obligations fiscales.
Des règles d'incompatibilité sont prévues. Elles prennent en compte les liens de
parenté ou d'alliance mais aussi les conflits d'intérêts éventuels. Pour cette raison, ne peuvent
être mandataires les personnes qui ont eu ou qui ont un différend avec le débiteur ou un de
ses créanciers ou celles qui ont pu percevoir précédemment une rémunération de la part du
débiteur ou de l'un de ses créanciers. L'incompatibilité s'étend également à l'exercice de toute
activité de nature à porter atteinte à l'indépendance, à la neutralité et à l' impartialité du
mandataire. C'est la raison pour laquelle le mandataire ne peut être ni l'expert comptable ni
l'avocat ni le comptable agréé ni le commissaire aux comptes du débiteur ou d'un de ses
créanciers.
Ces incompatibilités sont renforcées par l'obligation de signer une déclaration
d'indépendance, de neutralité et d'impartialité et surtout celle de prêter serment
préalablement à l'entrée en fonction.
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Ces éléments peuvent être complétés par des critères supplémentaires fixés par chaque Etat partie.
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Que ce soit en qualité de contrôleur du concordat préventif ou de syndic de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens.
Les mandataires judiciaires peuvent d'abord subir des responsabilités sur le plan
disciplinaire ( l'interdiction provisoire d'exercer l'activité, l’avertissement, le blâme avec
inscription au dossier, la suspension d’exercer pour une durée maximale de trois ans, la
radiation de la liste nationale des mandataires judiciaires emportant interdiction définitive
d’exercer). Ces sanctions sont notifiées au mandataire judiciaire concerné ainsi qu’à certains
organes désignés par le texte.
législation nationale, on peut citer le Togo, le Cameroun, le Gabon, le Congo, la RDC, la Guinée
( code de l’artisanat du 17 juin 1998). Il faut y ajouter sur le plan communautaire, la Charte de
l’Artisanat de l'UEMOA adoptée en 2013.
A partir des différentes définitions, on peut définir l'artisan comme un travailleur
indépendant qui exerce en son nom et pour son propre compte, une activité lucrative dont
il assure personnellement la direction et la gestion tout en y participant lui-même. Le travail
de l’artisan est essentiellement manuel, mais il peut être légèrement mécanisé sans
conduire à une production en série ou automatisée. ( voir article 3 code de l’artisanat
guinéen, précité).
L’artisan peut être assisté dans son travail par des membres de sa famille - on parle
d’aide familiale, des apprentis ou des compagnons et exceptionnellement par des salariés en
nombre limité. Il n’utilise des matériels et matières premières que dans des proportions
limitées. L’artisan a souvent besoin d’une qualification obtenue soit par l’apprentissage soit
par l’expérience professionnelle soit par une formation assortie d’un diplôme. L’artisan peut
vendre une partie de sa production sans pour autant devenir un commerçant. Il pourra
cependant le devenir si l’activité commerciale représente une part importante de son activité.
On peut citer comme relevant de l’artisanat les activités telles que la pêche, les
activités d’exploitation - à l'exemple de l'extraction minière, la couture, la coiffure, la peinture,
la décoration, la photographie, la menuiserie, la vannerie, etc.
Pour qu'une procédure soit ouverte, le problème se posera de la preuve de la qualité
d'artisan. En général, les législations relatives à l'activité artisanale prévoient l'inscription ou
l'immatriculation dans les registres de métiers tenus par les chambres consulaires ou les
chambres de métiers au sein desquels sont regroupés les artisans ( ex. en Guinée, il existe un
répertoire des artisans au niveau des préfectures ou des communes de Conakry et un registre
des entreprises artisanales). Quelle valeur faut-il donner à l'inscription ou à l'immatriculation?
Cette inscription doit-elle faire présumer de la qualité d'artisan ou non? Il faut également se
demander s'il est possible d'ouvrir une procédure contre un artisan de fait, décédé ou retiré?
autres biens acquis tels que les machines agricoles. Le caractère industriel de l’exploitation ne
l’exclut donc pas nécessairement du champ d’application de l’acte uniforme tant que
l'exploitation reste individuelle.
Il faut préciser la notion de petite entreprise avant déterminer les règles qui leur sont
désormais applicables.
Il ressort de l'article 1-3 que la petite entreprise est toute entreprise individuelle, société
ou autre personne morale de droit privé dont le nombre de travailleurs est inférieur ou égal
à vingt et dont le chiffre d'affaires n'excède pas cinquante millions hors taxes au cours des
douze mois précédant la saisine de la juridiction compétente.
Cette catégorie regroupe donc aussi bien les commerçants, artisans, agriculteurs et
professionnels libéraux exerçant à titre individuel que les sociétés commerciales et
groupements de droit privé. Ce qui particularise la petite entreprise c'est moins la catégorie
juridique à laquelle elle appartient que sa taille qui est marquée de deux éléments : le nombre
de salariés et le chiffre d'affaires. Elle ne doit pas avoir plus de vingt employés et son chiffre
d'affaires doit être de cinquante millions de francs CFA ( soit 771 052 294 francs guinéens) au
maximum pour l'année précédant l'ouverture de la procédure.
Il appartiendra au débiteur de prouver qu'il appartient à la catégorie des petites
entreprises. En pratique, la loi prévoit qu'il doit produire une déclaration sur l'honneur
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On peut estimer que pour une procédure dite simplifiée, le délai peut sembler un peu long.
C’est une procédure à but préventif destinée à éviter la cessation des paiements de
l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou
opérationnelle pour la sauvegarder. Cette restructuration s’effectue par le biais de
négociations privées qui aboutissent à la conclusion d’un accord de conciliation entre le
débiteur et ses principaux créanciers, grâce à l’appui d’un tiers neutre, impartial et
indépendant appelé conciliateur. Le rôle du tribunal est surtout d’accompagner les parties
dans ce processus de traitement amiable.
La conciliation présente quelques caractères essentiels. Elle est une procédure
consensuelle, confidentielle (l'absence de publicité à l'ouverture, le prononcé de décision à
huis clos et l'obligation de confidentialité imposée aux différents acteurs), rapide (cette
rapidité est justifiée par le souci d'accélérer le traitement effectif de la situation).
L'acte uniforme organise aussi bien l'ouverture que le déroulement et l'issue de cette
nouvelle procédure.
Lorsque les conditions prévues par la loi sont réunies, la décision d'ouverture doit être
prononcée.
- La décision d'ouverture
- Le rôle du conciliateur
Il a pour mission de favoriser la conclusion d'un accord amiable entre le débiteur et ses
principaux créanciers entendus comme « ceux dont la position exerce une influence
déterminante » et, le cas échéant, ses cocontractants habituels – qui ne sont pas créanciers
– mais dont la position par rapport au débiteur est également déterminante. Pour cela, il doit
créer un climat favorable à la négociation ; faire des proposions aux parties. Le conciliateur
doit rendre compte régulièrement de sa mission au Président du tribunal. S’il a connaissance
de la survenance de la cessation des paiements, il l'en informe sans délai.
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Conformément à l’alinéa 1er de l’article 5-3.
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L’homologation ou l’exequatur est de droit et ne peut être refusé que si l’accord est contraire à l’ordre public.
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Par contre, un apport en compte courant devrait faire profiter du privilège.
- L'accord doit être exécuté et pendant toute la période d’exécution de l’accord et pour
favoriser celle-ci, la loi a prévu la suspension et l’arrêt des poursuites individuelles contre le
débiteur. L’article 5-12 dispose en ce sens que « l'accord interrompt ou interdit toute action
en justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle, exercée tant sur les meubles que
les immeubles du débiteur, dans le but d'obtenir le paiement des créances qui en font
l'objet ».
D’un autre côté, l’exécution de l’accord emporte l’interruption des délais impartis aux
créanciers parties à l’accord peine de déchéance ou de résolution des droits afférents aux
créances visées à l’accord, conformément à l’article 5-12 in fine qui prévoit que : « L’accord
interrompt, pour la même durée, les délais impartis aux créanciers parties à l'accord à peine
de déchéance ou de résolution des droits afférents aux créances mentionnées par l'accord ».
Il peut arriver que l’accord conclu, homologué ou exéquaturé ou non ne soit pas exécuté.
Le Président de la juridiction ayant connu de la conciliation est seul compétent pour connaître
de toute inexécution de l’accord et pour en prononcer la résolution. Il est saisi pour cela par
l’une des parties à l’accord. Si la résolution est prononcée, elle emporte l’effacement rétroactif
de l’accord, par conséquent, les créanciers recouvrent l'intégralité de leurs créances,
déduction faite des sommes perçues. Il ne faut pas, pour autant, en déduire qu’il y a ouverture
d’une procédure collective de ce seul fait.
Quelque soit le cas, l'ouverture d'une procédure de règlement préventif, de redressement
judiciaire ou de liquidation des biens met fin de plein droit à la conciliation et, le cas échéant,
à l'accord et les créanciers recouvrent l'intégralité de leurs créances, déduction faite des
sommes perçues.
que la conciliation reste une mesure de faveur accordée au débiteur qui peut l'accepter ou la
refuser à tout moment.
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Par contre, un apport en compte courant devrait faire profiter du privilège.