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CENTRE INTERNATIONAL DE FORMATION EN

AFRIQUE DES AVOCATS FRANCOPHONES

Session de formation continue des avocats


guinéens
Conakry, 3 avril 2017

THEME
L ES I NNOVATI ON S D E L ’AC T E U NIFOR M E
O HA DA S UR L ES P RO CED U R ES COLLECT IV ES
Par

Mme KALIEU ELONGO Yvette Rachel


Professeur agrégée de droit privé
Université de Dschang – Cameroun
2

Introduction

Parce que la situation des entreprises est soumise à divers changements dus à
l'environnement dans lequel elles évoluent, le droit des procédures collectives est en
recherche constante d'adaptation pour tenir compte de ces modifications de l'environnement
social et économique. L'adaptation de ses finalités et de ses objectifs rend souvent nécessaire
une modification de ses règles.
Le droit des procédures collectives de l'OHADA, en dépit de relative jeunesse - le
premier acte uniforme date seulement de 1998 - n'a pas échappé à ces contraintes. C'est dans
ce contexte qu'il faut placer la réforme du droit des procédures collectives qui s'est traduite
par la révision de l'acte uniforme intervenue le 10 septembre 2015 et entrée en vigueur le 24
décembre 2015.
L'acte uniforme révisé s'est donné des nouveaux objectifs que sont entre autres la
préservation des activités économiques et des niveaux d'emplois des entreprises en
difficultés, le redressement rapide des entreprises encore viables, l'accélération et la
simplification des procédures applicables aux petites entreprises, la professionnalisation des
professionnels intervenant dans les différentes procédures.
Ces objectifs sont traduits dans les différentes dispositions dont certaines ont fait
l'objet de profondes modifications alors que d'autres sont tout à fait nouvelles. Ces
modifications et innovations apparaissent aussi bien au niveau des règles de fond que des
règles de procédure.

On peut citer entre autres : l’introduction de la procédure de conciliation,


l’institution des procédures collectives simplifiées, l’extension du champ d’application des
procédures, la réorganisation du statut des mandataires judiciaires, la réorganisation des
procédures collectives internationales. La présentation sera limitée à ces innovations
principales mais il convient de noter qu’il y en à d’autres de plus ou moins grande ampleur.
De même, de nombreuses modifications ont fait l’objet de modifications pour tenir compte
par exemple de la réforme du droit des sûretés intervenue en 2010.

LES INNOVATIONS DE L’ACTE UNIFORME SUR LES PROCEDURES COLLECCTIVES


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I/ Le nouveau statut des mandataires judiciaires

Le nouvel acte uniforme a introduit en droit OHADA, la notion de mandataires


judiciaires.
Sans définir les mandataires judiciaires l'AUPCAP en institue deux catégories : l'expert
au règlement préventif et le syndic. Ces deux organes des procédures collectives existaient
déjà sous l'ancienne législation. Ce qui est nouveau, c'est que la loi adopte un régime commun
pour ces différents mandataires judiciaires à côté des règles propres à chaque catégorie.
Les règles prévues par l'AUPCAP devront cependant être complétées par des
dispositions nationales surtout pour ce qui est de la mise en place d'une autorité nationale de
contrôle des mandataires judiciaires. Certains Etats sont déjà intervenus en ce sens. Il s'agit
de la Côte d'Ivoire par le Décret du 10 février 2016 portant, création, attributions et
fonctionnement de la Commission nationale de contrôle des mandataires judiciaires, du
Sénégal ( Décret du 26 avril 2016 relatif au statut des mandataires judiciaires), du Burkina
Faso ( Décret du 7 août 2016 portant barème des honoraires des mandataires judiciaires et
loi du 15 novembre 2016 portant statut des mandataires dans les procédures collectives
d’apurement du passif.

Les dispositions communes consacrées aux mandataires judiciaires précisent les


conditions de désignation et de rémunération ainsi que le régime de responsabilité de ces
organes. Celles-ci s’ajoutent aux règles propres à chaque catégorie sur lesquelles nous
n’insisterons pas.

I.1. La désignation des mandataires judiciaires

L'exercice des fonctions de mandataire judiciaire dans une procédure collective est
subordonné à l'inscription sur la liste nationale des mandataires judiciaires. L'article 4-1 al.2.
prévoit cependant qu'à titre exceptionnel, le tribunal peut désigner comme expert ou
mandataire une personne non inscrite sur la liste.
Les experts comptables s'ils remplissent les critères sont d'office habilités à exercer la
fonction de mandataire judiciaire, ce qui n'est pas le cas pour les autres professions.
Autrement dit, tous ceux qui ne sont experts comptables doivent être préalablement habilités
sans que le texte ne précise ni quelles catégories de professionnels pourraient être admis, ni
quelles sont les conditions de l'habilitation. Tout relèvera donc de chaque législation
nationale, ce qui peut laisser percevoir les difficultés de l'harmonisation pourtant souhaitée
de la fonction de mandataire judiciaire au sein de l'espace OHADA.
Pour être inscrit sur la liste nationale, le candidat aux fonctions de mandataire doit
satisfaire à certaines exigences.
La première est la qualification ( en plus des experts comptables qui sont qualifiés
d’office, chaque loi nationale devra préciser les professionnels qualifiés).
A ce critère de qualification, il faut ajouter les critères de capacité, de probité et de
moralité1. S'agissant de la capacité, le mandataire doit avoir le plein exercice de ses droits
civils et civiques ce qui exclut par exemple de ces fonctions le failli non réhabilité ou le majeur
incapable. Le critère de probité signifie que le candidat ne doit pas avoir subi une sanction

1
Les conditions prévues par l'article 4-2 sont des exigences minimales qui peuvent être complétées
éventuellement par la législation nationale de chaque Etat.

LES INNOVATIONS DE L’ACTE UNIFORME SUR LES PROCEDURES COLLECCTIVES


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disciplinaire ( excepté l'avertissement ) ou une peine privative de liberté ou une peine d'au
moins trois mois d'emprisonnement dans les conditions prévues par l'article 4-2 2°. S'agissant
de la moralité, le mandataire doit présenter des garanties suffisantes de sa moralité ( par
exemple en présentant un extrait de casier judiciaire ) et présenter aussi des garanties
d'indépendance, de neutralité et d'impartialité. En plus de cela, le mandataire doit justifier
d'une domiciliation fiscale dans l'Etat où il sollicite son inscription et être à jour de ses
obligations fiscales.
Des règles d'incompatibilité sont prévues. Elles prennent en compte les liens de
parenté ou d'alliance mais aussi les conflits d'intérêts éventuels. Pour cette raison, ne peuvent
être mandataires les personnes qui ont eu ou qui ont un différend avec le débiteur ou un de
ses créanciers ou celles qui ont pu percevoir précédemment une rémunération de la part du
débiteur ou de l'un de ses créanciers. L'incompatibilité s'étend également à l'exercice de toute
activité de nature à porter atteinte à l'indépendance, à la neutralité et à l' impartialité du
mandataire. C'est la raison pour laquelle le mandataire ne peut être ni l'expert comptable ni
l'avocat ni le comptable agréé ni le commissaire aux comptes du débiteur ou d'un de ses
créanciers.
Ces incompatibilités sont renforcées par l'obligation de signer une déclaration
d'indépendance, de neutralité et d'impartialité et surtout celle de prêter serment
préalablement à l'entrée en fonction.

I.2. La rémunération des mandataires judiciaires

L'acte uniforme harmonise et encadre désormais les rémunérations dues aux


différentes mandataires judiciaires aussi bien pour ce qui est de leur montant que des
conditions de leur paiement. Il précise d'abord que les mandataires judiciaires sont
rémunérés sur le patrimoine du débiteur et que cette rémunération est exclusive de toute
autre rémunération et remboursement de frais pour les mêmes diligences. Il précise ensuite
les modalités de cette rémunération qui varient cependant en fonction des procédures.

Dans le règlement préventif, la rémunération de l'expert est déterminée par la


juridiction compétente dans la décision homologuant ou rejetant le concordat préventif. Le
juge doit tenir compte du barème national qui prend en compte certains éléments tels que le
temps passé et les difficultés éventuellement rencontrées dans la procédure ou le nombre de
créanciers concernés2. Lorsque la procédure ouverte est une procédure de règlement
préventif simplifié, la rémunération de l’expert peut être fixée à un montant forfaitaire et il
peut lui être accordé dans la décision le désignant ou dans une décision ultérieure, une
provision sur sa rémunération qui ne saurait excéder 40% du montant prévisionnel de celle-
ci.

Quant à la rémunération du syndic3, elle est fixée également en fonction du barème


national par la juridiction compétente dans sa décision de clôture de la procédure ou
d'homologation du concordat. Ce barème doit tenir compte de certains éléments tels que le
chiffre d’affaires réalisé par le débiteur au cours de l’exercice précédant l’ouverture de la
procédure collective, le nombre de travailleurs employés au cours de cette même période, le

2
Ces éléments peuvent être complétés par des critères supplémentaires fixés par chaque Etat partie.
3
Que ce soit en qualité de contrôleur du concordat préventif ou de syndic de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens.

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ratio de recouvrement des créances, le temps passé et des difficultés éventuellement


rencontrées dans la procédure, la célérité des diligences accomplies. Ces éléments peuvent
être complétés par des critères supplémentaires définis par chaque Etat partie. En cas de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens simplifiés, la rémunération du syndic peut
être forfaitaire.
Les décisions relatives à la rémunération des mandataires sont susceptibles d’appel
devant la juridiction compétente dans les quinze jours de leur prononcé à la requête du
débiteur, du mandataire judiciaire ou du ministère public.

I.3. La responsabilité des mandataires judiciaires

Le contrôle des mandataires dans l'exercice de leur fonction relève de la compétence


des autorités nationales. Dans l’exercice de leur mission, les mandataires judiciaires peuvent
engager leur responsabilité tant sur le plan disciplinaire que sur les plans civil et pénal.

Les mandataires judiciaires peuvent d'abord subir des responsabilités sur le plan
disciplinaire ( l'interdiction provisoire d'exercer l'activité, l’avertissement, le blâme avec
inscription au dossier, la suspension d’exercer pour une durée maximale de trois ans, la
radiation de la liste nationale des mandataires judiciaires emportant interdiction définitive
d’exercer). Ces sanctions sont notifiées au mandataire judiciaire concerné ainsi qu’à certains
organes désignés par le texte.

Les mandataires judiciaires engagent ensuite leur responsabilité civile à l’égard du


débiteur, des créanciers et des tiers. L’action en responsabilité civile relève de la juridiction
compétente en matière des procédures collectives du lieu où le mandataire est établi. Pour
couvrir leur responsabilité civile professionnelle et garantir la réparation des préjudices nés
de l’exercice de leurs fonctions, les mandataires doivent obligatoirement souscrire une
assurance.

S'agissant de la responsabilité pénale, l’AUPCAP a énuméré certains infractions qui


concernent les organes des procédures. A défaut de précisions dans l'AUPCAP, l’action pénale
est régie par les règles de droit commun de chaque législation nationale.

• II/ L’extension des procédures collectives aux professions libérales, artisanales et


agricoles
Avant la réforme, l'ouverture d'une procédure collective à l’égard des personnes physiques
était limitée aux commerçants. Désormais, une procédure collective peut être ouverte
également contre les artisans, les agriculteurs et ceux qui exercent des professions
indépendantes. Le nouvel article 1-1 de l' AUPCAP est ainsi rédigé: "Le présent Acte uniforme
est applicable à toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante,
civile, commerciale, artisanale ou agricole…".

II.1. Les artisans


En l'absence de définition de cette notion dans l'acte uniforme, il faudra s'en tenir à la
définition donnée par les différentes législations nationales ou communautaires et qui peut
être variable d'un Etat membre à l'autre. Parmi les pays membres de l’OHADA disposant d’une

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législation nationale, on peut citer le Togo, le Cameroun, le Gabon, le Congo, la RDC, la Guinée
( code de l’artisanat du 17 juin 1998). Il faut y ajouter sur le plan communautaire, la Charte de
l’Artisanat de l'UEMOA adoptée en 2013.
A partir des différentes définitions, on peut définir l'artisan comme un travailleur
indépendant qui exerce en son nom et pour son propre compte, une activité lucrative dont
il assure personnellement la direction et la gestion tout en y participant lui-même. Le travail
de l’artisan est essentiellement manuel, mais il peut être légèrement mécanisé sans
conduire à une production en série ou automatisée. ( voir article 3 code de l’artisanat
guinéen, précité).
L’artisan peut être assisté dans son travail par des membres de sa famille - on parle
d’aide familiale, des apprentis ou des compagnons et exceptionnellement par des salariés en
nombre limité. Il n’utilise des matériels et matières premières que dans des proportions
limitées. L’artisan a souvent besoin d’une qualification obtenue soit par l’apprentissage soit
par l’expérience professionnelle soit par une formation assortie d’un diplôme. L’artisan peut
vendre une partie de sa production sans pour autant devenir un commerçant. Il pourra
cependant le devenir si l’activité commerciale représente une part importante de son activité.
On peut citer comme relevant de l’artisanat les activités telles que la pêche, les
activités d’exploitation - à l'exemple de l'extraction minière, la couture, la coiffure, la peinture,
la décoration, la photographie, la menuiserie, la vannerie, etc.
Pour qu'une procédure soit ouverte, le problème se posera de la preuve de la qualité
d'artisan. En général, les législations relatives à l'activité artisanale prévoient l'inscription ou
l'immatriculation dans les registres de métiers tenus par les chambres consulaires ou les
chambres de métiers au sein desquels sont regroupés les artisans ( ex. en Guinée, il existe un
répertoire des artisans au niveau des préfectures ou des communes de Conakry et un registre
des entreprises artisanales). Quelle valeur faut-il donner à l'inscription ou à l'immatriculation?
Cette inscription doit-elle faire présumer de la qualité d'artisan ou non? Il faut également se
demander s'il est possible d'ouvrir une procédure contre un artisan de fait, décédé ou retiré?

II.2. Les agriculteurs


L'acte uniforme ne définit cependant pas l'agriculteur renvoyant de ce fait à la
définition donnée par les différentes législations nationales des pays de l'OHADA. Peu de
législations définissent directement la notion d'agriculteur. Si a priori, l’agriculture renvoie au
travail de la terre4, certaines législations récentes montrent que l’on est passé d’une
conception restrictive de la notion à une conception large qui permet d’englober dans celle-
ci, les activités telles que l'exploitation animale et même la pisciculture5.
Quelle que soit la conception retenue, il faut noter que l’activité agricole n’exclut pas
totalement le commerce lorsqu’il porte sur les produits résultant de cette activité. Peu
importe aussi que l’agriculteur utilise, dans le cadre de son travail, des matières premières ou
4
Voir la définition donnée par le Larousse: agriculteur: personne qui, à titre professionnel, cultive la terre ou
élève des animaux destinés à être consommés.; agriculture: ensemble des activités économiques ayant
principalement pour objet la culture des terres et d'une manière générale l'ensemble des travaux transformant le
milieu naturel pour la production de végétaux et d'animaux utiles à l'homme.
5
Ainsi, selon la loi d'orientation agricole du Mali de 2005, les métiers agricoles comprennent
l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'exploitation forestière. La loi d'orientation sylvo-pastorale
du Sénégal de 2004 a également opté pour une conception très extensive des métiers
agricoles comprenant outre les agriculteurs proprement dits, les éleveurs, les exploitants
forestiers, les pêcheurs et les artisans ruraux..

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autres biens acquis tels que les machines agricoles. Le caractère industriel de l’exploitation ne
l’exclut donc pas nécessairement du champ d’application de l’acte uniforme tant que
l'exploitation reste individuelle.

II.3. Les professionnels indépendants


L'article 1-1 précité, parle de "toute personne physique exerçant une activité
professionnelle indépendante". Les professions indépendantes s'entendent de celles qui
s'exercent en dehors de tout lien de subordination contrairement aux professions salariées.
Peu importe qu'elles soient soumises ou non à un agrément ou une autorisation.
Il s’agit :
- des membres des professions libérales autrement dit les personnes physiques
exerçant les professions libérales à titre individuel : médecins, pharmaciens, avocats, notaires,
architectes, chirurgien-dentiste, vétérinaires, experts-comptables, urbanistes, etc. Il suffit que
celui qui exerce l'activité le fasse de manière indépendante c'est-à-dire sans lien de
subordination et à titre de profession habituelle. La profession libérale correspond
généralement à une activité intellectuelle ce qui permet de distinguer clairement cette
profession de celle d'artisan. Celui qui l'exerce a généralement subi une formation à l'issue de
laquelle un diplôme lui est délivré.
- des professionnels indépendants exerçant une activité non réglementée. On range
par exemple dans cette catégorie les artistes, les enseignants, les consultants.
Contrairement aux artisans et aux agriculteurs, l'extension des procédures collectives
aux professions indépendantes emporte certaines modifications des règles de droit commun
des procédures collectives. Par exemple, l'autorité dont relève le professionnel est
automatiquement désignée contrôleur lorsqu'une procédure est ouverte. Elle agira par le biais
de ses représentants personnes physiques, elle assume différentes obligations et bénéficie de
certaines prérogatives lorsqu'une procédure est ouverte contre un membre.

III/ L’institution de procédures simplifiées pour les petites entreprises

Il faut préciser la notion de petite entreprise avant déterminer les règles qui leur sont
désormais applicables.

III.1. Notion de petite entreprise

Il ressort de l'article 1-3 que la petite entreprise est toute entreprise individuelle, société
ou autre personne morale de droit privé dont le nombre de travailleurs est inférieur ou égal
à vingt et dont le chiffre d'affaires n'excède pas cinquante millions hors taxes au cours des
douze mois précédant la saisine de la juridiction compétente.
Cette catégorie regroupe donc aussi bien les commerçants, artisans, agriculteurs et
professionnels libéraux exerçant à titre individuel que les sociétés commerciales et
groupements de droit privé. Ce qui particularise la petite entreprise c'est moins la catégorie
juridique à laquelle elle appartient que sa taille qui est marquée de deux éléments : le nombre
de salariés et le chiffre d'affaires. Elle ne doit pas avoir plus de vingt employés et son chiffre
d'affaires doit être de cinquante millions de francs CFA ( soit 771 052 294 francs guinéens) au
maximum pour l'année précédant l'ouverture de la procédure.
Il appartiendra au débiteur de prouver qu'il appartient à la catégorie des petites
entreprises. En pratique, la loi prévoit qu'il doit produire une déclaration sur l'honneur

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attestant qu'il remplit les conditions du règlement préventif. Cette appartenance a


essentiellement pour effet de lui faire bénéficier des procédures simplifiées mises en place
par le nouvel acte uniforme.

III.3. Les procédures simplifiées applicables aux petites entreprises

Il s’agit aussi bien du règlement préventif simplifié que du redressement judiciaire


simplifié et de la liquidation des biens simplifiée.

III.3.1. L'hypothèse du règlement préventif simplifié

Le règlement préventif simplifié ne diffère pas spécifiquement de la procédure de droit


commun surtout dans son déroulement. Cependant, il présente des particularités au niveau
des conditions d'ouverture. En plus de ce qu’il ne s’applique qu’aux petites entreprises, il peut
être ouvert même en l'absence de projet de concordat préventif. Dans ce cas, le projet sera
établi après l'ouverture de la procédure avec le concours de l'expert. En plus, le débiteur doit
produire une déclaration sur l'honneur attestant qu'il remplit les conditions du règlement
préventif. Enfin, la décision d'ouverture du règlement préventif simplifié n'est susceptible
d'aucun recours.

III.3.2. Les particularités du redressement judiciaire simplifié


Le redressement judiciaire simplifié présente des particularités en ce qui concerne
l'ouverture de la procédure mais aussi au regard du projet de concordat et de son
homologation.
- L'ouverture de la procédure de redressement judiciaire simplifié
S'agissant de la forme, l'ouverture de la procédure est soumise à une déclaration du
débiteur qui peut même se faire suivant la forme simplifiée prévue par les articles 25 et 26. Le
dépôt de la déclaration est accompagné du projet de concordat préparé avec le concours du
syndic. Si celui-ci n'est pas déposé en même temps, il peut l'être au plus tard dans les 45 jours
qui suivent6. A la déclaration, est ajoutée une déclaration sur l'honneur attestant que le
débiteur remplit les conditions pour être soumis à cette procédure.
Pour ce qui est du moment d'ouverture, le débiteur peut soit saisir directement le
tribunal de l'ouverture d'un redressement simplifié soit le saisir après l'ouverture d'une
procédure de redressement de droit commun. La demande ne peut cependant être introduite,
dans ce cas, que dans le délai de 30 jours suivant la décision d'ouverture. Celle-ci ne fait l'objet
d'aucun recours et a un caractère quelque peu provisoire puisque l'article 145-7 prévoit qu'
"à tout moment et jusqu’à la décision homologuant le concordat de redressement judiciaire,
la juridiction compétente peut décider de ne plus faire application de la procédure simplifiée".
Cependant cette décision " de rétractation" doit être spécialement motivée et elle ne peut
intervenir qu' à la demande du débiteur, du syndic, du ministère public ou sur saisine d’office
du tribunal qui statue après avoir entendu le débiteur, le syndic et les contrôleurs.

- Le projet de concordat simplifié et son homologation


Comme dans la procédure de droit commun, le débiteur doit élaborer un concordat de
redressement. Celui-ci présente cependant quelques particularités.

6
On peut estimer que pour une procédure dite simplifiée, le délai peut sembler un peu long.

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Le projet doit être préalablement communiqué dans un délai minimum de 15 jours


avant la date d'homologation aux créanciers par le syndic par lettre au porteur contre
récépissé, lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou par tout moyen laissant
trace écrite. Si le projet de concordat prévoit des remises de dettes ou des délais de paiement
d’une durée supérieure à deux ans, l’accord de chaque créancier concerné est nécessaire. Le
défaut de réponse dans les 15 suivants la réception de la lettre du syndic vaut refus.
Le projet de concordat définitif n'est pas soumis au vote. Il est directement homologué
par le tribunal qui constate que le projet réunit les conditions légales. Dans le cas contraire, il
est rejeté et le redressement converti en liquidation des biens.
- Le régime de la liquidation des biens simplifiée
La procédure de liquidation des biens simplifiée ( art. 179 et sv.) présente quelques
spécificités en ce qui concerne son ouverture, son déroulement et sa clôture. Toutes ces
étapes sont marquées par la recherche de la célérité.
- L'ouverture de la procédure
La procédure de liquidation des biens simplifiée ne peut concerner que les petites
entreprises qui ne disposent pas de patrimoine immobilier. Elle peut être ouverte dans deux
cas :
-à la demande du débiteur. Cette demande prend la forme d'une déclaration qui est faite sous
la forme simplifiée. Mais le tribunal n'est pas tenu de prononcer la liquidation des biens
simplifiée même si les conditions sont réunies.
-d'office par le tribunal lorsque celui-ci reçoit un rapport établi par le syndic ( sur la situation
d'une entreprise) après l'ouverture d'une procédure de liquidation de droit commun contre
une entreprise. Mais le tribunal avant de se prononcer devra préalablement entendre ou
appelé le débiteur.
- Le déroulement de la procédure
Elle se caractérise par quelques traits spécifiques qui contribuent à garantir le
déroulement et le dénouement rapides de la liquidation.
- la vérification des créances n'a lieu que pour les créances susceptibles de venir en rang utile
dans les répartitions et pour les créances salariales. Cette limitation réduit nécessairement le
montant des créances à vérifier et la durée de l'opération de vérification.
-seuls deux modes de réalisation des biens ont été prévus : la vente de gré à gré et la vente
aux enchères. La première concerne les biens qui ont été expressément désignés dans la
décision d'ouverture comme devant faire l'objet de cette procédure. La deuxième concerne
les autres biens. Dans le 1er cas, le syndic procède à la vente dans les 90 jours suivant la
publication de la décision d'ouverture de la procédure. Dans le second cas, la vente doit
intervenir sans délai.
- Enfin, s'agissant de la répartition des deniers, le projet établi par le syndic est déposé au
greffe et publié. En cas de contestation, celles-ci sont portées devant le juge-commissaire dans
les dix jours suivant la publicité. Il statue par une décision qui ne fait pas l'objet de recours. En
l'absence de contestation ou sur la base de la décision rendue, le syndic procède à la
répartition des deniers.
- La clôture de la procédure
Elle peut intervenir pour les causes de droit commun au plus tard 20 jours après
l'ouverture de la procédure. Toutefois, ce délai peut être prorogé pour une période maximale
de 60 jours. Le tribunal reste cependant libre au cours de la procédure de ne plus faire
application des règles dérogatoires et de revenir à l'application du droit commun de la
liquidation des biens.

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IV/ Institution d’une nouvelle procédure préventive: la procédure de conciliation

C’est une procédure à but préventif destinée à éviter la cessation des paiements de
l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou
opérationnelle pour la sauvegarder. Cette restructuration s’effectue par le biais de
négociations privées qui aboutissent à la conclusion d’un accord de conciliation entre le
débiteur et ses principaux créanciers, grâce à l’appui d’un tiers neutre, impartial et
indépendant appelé conciliateur. Le rôle du tribunal est surtout d’accompagner les parties
dans ce processus de traitement amiable.
La conciliation présente quelques caractères essentiels. Elle est une procédure
consensuelle, confidentielle (l'absence de publicité à l'ouverture, le prononcé de décision à
huis clos et l'obligation de confidentialité imposée aux différents acteurs), rapide (cette
rapidité est justifiée par le souci d'accélérer le traitement effectif de la situation).
L'acte uniforme organise aussi bien l'ouverture que le déroulement et l'issue de cette
nouvelle procédure.

IV.1. L'ouverture de la procédure de conciliation

Lorsque les conditions prévues par la loi sont réunies, la décision d'ouverture doit être
prononcée.

- Les conditions d'ouverture


L'acte uniforme a prévu une condition de fond et une condition de forme.

*La condition de fond : l'existence de difficultés avérées et prévisibles


La procédure de conciliation ne peut s'ouvrir que si le débiteur connaît des difficultés
avérées et prévisibles sans être toutefois en état de cessation des paiements.
Pourront y être englobées et donc prises en compte non seulement les difficultés
économiques (problèmes liés à l’insuffisance de fonds de roulement, les effets néfastes de la
concurrence marquée par exemple par l’arrivée de nouveaux concurrents dans le secteur
d’activité, l’incidence éventuelle de la perte d’un monopole, d’une exclusivité ou d’une
concession, etc.) mais aussi les difficultés à caractère juridique ( par ex. un contentieux
important que le débiteur aurait avec un de ses partenaires, une procédure de contrefaçon
en cours, etc.), Elles seront d’autant plus facilement admises qu’elles peuvent entraîner des
difficultés économiques et financières par ricochet.
Mais, il ne suffit pas que la difficulté existe. Elle doit présenter certains caractères. Elle
doit être avérée ou prévisible. On dira qu’une difficulté est avérée lorsqu’elle a été
effectivement constatée et que l’on peut assez facilement en mesurer les conséquences. Tel
sera le cas des effets de la perte d’un client important sur le chiffre d’affaires. La difficulté
prévisible est celle dont on ne peut, au moment de la demande d’ouverture de la procédure
qu’avoir des indices, des craintes et qui peuvent se révéler par la suite justifiées ou non. Il
s’agit en réalité d’admettre l’ouverture d’une procédure de règlement préventif dans des
hypothèses plus larges et plus nombreuses que ne le sont les autres procédures.

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* La condition de forme: la requête


La procédure de conciliation est introduite par une requête émanant du débiteur seul
ou du débiteur et des créanciers dans le cas d’une requête conjointe conformément à l'article
5-2 qui dispose: " Le président de la juridiction compétente est saisi par une requête du
débiteur, ou par une requête conjointe de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers
…". La requête est accompagnée d'un certain nombre d'éléments énumérés par la loi. Il s’agit
surtout de documents comptables qui permettent d’éclairer la lanterne du tribunal sur la
situation réelle de l’entreprise tout en s’assurant qu’il n’y a pas cessation des paiements.
Sur la base de la requête, le tribunal statue sur la demande d'ouverture de la
conciliation.

- La décision d'ouverture

Conformément à l'article 5-3, la procédure de conciliation est ouverte par le président


de la juridiction compétente pour une durée maximale de 3 mois qui peut être prorogée d'1
mois au plus à la demande du débiteur, après avis écrit du conciliateur. A l’expiration de ces
délais, la conciliation prend fin de plein droit et il ne peut être ouvert de nouvelle conciliation
avant l’expiration d’un délai de 3 mois.
Dans la décision d’ouverture, le président de la juridiction compétente désigne un
conciliateur et fixe également les modalités de sa rémunération. La désignation d’un expert
n’est pas prévue. Du fait du caractère confidentiel de la procédure, la décision d'ouverture ou
de rejet de la conciliation est rendue à huis clos et ne fait l’objet d’aucune publicité.

IV.2. Le déroulement de la procédure de conciliation

Les parties à la négociation sont essentiellement le débiteur, les créanciers et les


contractants non créanciers ( certaines personnes telles que les associés sont exclues).

L'ouverture des négociations emporte la suspension des poursuites engagées contre


le débiteur par un créancier quel qu'il soit ainsi que le report des paiements. Elles doivent
être demandées par le débiteur et le Président doit recueillir l'avis du conciliateur.
L’ordonnance du Président du tribunal prononçant ces mesures est déposée au greffe et ne
fait l’objet d’aucune publicité. Elle est communiquée au créancier concerné sans délai et elle
rappelle l’obligation de confidentialité à laquelle celui-ci est tenu.

- Le rôle du conciliateur
Il a pour mission de favoriser la conclusion d'un accord amiable entre le débiteur et ses
principaux créanciers entendus comme « ceux dont la position exerce une influence
déterminante » et, le cas échéant, ses cocontractants habituels – qui ne sont pas créanciers
– mais dont la position par rapport au débiteur est également déterminante. Pour cela, il doit
créer un climat favorable à la négociation ; faire des proposions aux parties. Le conciliateur
doit rendre compte régulièrement de sa mission au Président du tribunal. S’il a connaissance
de la survenance de la cessation des paiements, il l'en informe sans délai.

LES INNOVATIONS DE L’ACTE UNIFORME SUR LES PROCEDURES COLLECCTIVES


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IV. 3 : L'issue de la procédure de conciliation


Les négociations menées peuvent aboutir à la conclusion d'un accord amiable ce qui
est une issue heureuse mais tel n'est pas toujours le cas.

- L'hypothèse de la conclusion de l'accord de conciliation


L’issue souhaitée des négociations est qu’elles aboutissent à un accord qui met fin aux
difficultés de l’entreprise. L'accord de conciliation est de nature essentiellement amiable et
concerne le débiteur et ses principaux créanciers et contractants habituels qui en sont les
seuls signataires. Par conséquent, il n'est exécutoire qu'entre ces personnes et donc
inopposable aux tiers. La signature de l’accord marque la fin de la conciliation qui prend
également fin, en tout état de cause, à l’expiration du délai maximum de quatre mois7.
Les parties peuvent donner à l'accord signé une certaine autorité soit par son dépôt
au rang des minutes d'un notaire soit par son homologation ou encore sa soumission à
l'exéquatur du Président de la juridiction compétente statuant à huis clos 8. Après
homologation ou exéquatur, la formule exécutoire est apposée par le greffe sur l’accord et
des copies valant titres exécutoires peuvent être délivrées aux parties. La décision
d’homologation ou d’exequatur de l’accord met fin à la conciliation. Elle n’est pas susceptible
de recours sauf dans le cas où elle prévoit au profit des créanciers le privilège de l’argent frais.
Dans ce cas, elle peut faire l’objet d’opposition de la part de tout intéressé dans les quinze
jours de sa publication. Le cas échéant, un appel peut être formé contre la décision rendue
par la juridiction dans les quinze jours de son prononcé.
Au-delà de la force exécutoire qu’elle confère à l’accord, l’homologation ou l’exéquatur
emporte un effet particulier. Il s’agit du privilège de l’argent frais ou de new money qui
bénéficie aux créanciers qui, dans le cadre de l'accord de conciliation homologué ou
exéquaturé ont consenti à un nouvel apport en trésorerie au débiteur en vue d’assurer la
poursuite de l’activité de l’entreprise débitrice et sa pérennité et leur permet d'être payés à
titre de créanciers privilégiés sur le prix de vente des immeubles et meubles du débiteur.
Conformément aux articles 166 et 167 AUPCAP, ils sont classés en premier rang en cas de
vente tant des biens mobiliers qu'immobiliers du débiteur. En pratique, le créancier devra,
après l’ouverture de la procédure de liquidation des biens postérieurement à la conciliation,
déclarer sa créance au passif du débiteur. Au moment de la déclaration, il devra mentionner
le privilège dont il bénéficie.
Ce privilège, qui est en quelque sorte une prime, un encouragement pour une prise de
risque supplémentaire par les créanciers, donne l’assurance à ces derniers qu’ils seront mieux
traités que les autres si la situation de l’entreprise venait à s’aggraver. Ce privilège profite
également, pour le prix du bien ou du service, aux fournisseurs d’un nouveau bien ou d’un
nouveau service destiné à assurer la poursuite de l’activité de l’entreprise débitrice et sa
pérennité. Par contre, il ne joue, ni pour les apports consentis dans le cadre d’une
augmentation du capital social du débiteur9 ni pour les créances nées antérieurement à
l’ouverture de la conciliation. Il est également limité parce qu’il ne joue qu’en cas d’ouverture
d’une procédure de liquidation des biens à l’exclusion de la procédure de redressement
judiciaire.

7
Conformément à l’alinéa 1er de l’article 5-3.
8
L’homologation ou l’exequatur est de droit et ne peut être refusé que si l’accord est contraire à l’ordre public.
9
Par contre, un apport en compte courant devrait faire profiter du privilège.

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- L'accord doit être exécuté et pendant toute la période d’exécution de l’accord et pour
favoriser celle-ci, la loi a prévu la suspension et l’arrêt des poursuites individuelles contre le
débiteur. L’article 5-12 dispose en ce sens que « l'accord interrompt ou interdit toute action
en justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle, exercée tant sur les meubles que
les immeubles du débiteur, dans le but d'obtenir le paiement des créances qui en font
l'objet ».

D’un autre côté, l’exécution de l’accord emporte l’interruption des délais impartis aux
créanciers parties à l’accord peine de déchéance ou de résolution des droits afférents aux
créances visées à l’accord, conformément à l’article 5-12 in fine qui prévoit que : « L’accord
interrompt, pour la même durée, les délais impartis aux créanciers parties à l'accord à peine
de déchéance ou de résolution des droits afférents aux créances mentionnées par l'accord ».
Il peut arriver que l’accord conclu, homologué ou exéquaturé ou non ne soit pas exécuté.
Le Président de la juridiction ayant connu de la conciliation est seul compétent pour connaître
de toute inexécution de l’accord et pour en prononcer la résolution. Il est saisi pour cela par
l’une des parties à l’accord. Si la résolution est prononcée, elle emporte l’effacement rétroactif
de l’accord, par conséquent, les créanciers recouvrent l'intégralité de leurs créances,
déduction faite des sommes perçues. Il ne faut pas, pour autant, en déduire qu’il y a ouverture
d’une procédure collective de ce seul fait.
Quelque soit le cas, l'ouverture d'une procédure de règlement préventif, de redressement
judiciaire ou de liquidation des biens met fin de plein droit à la conciliation et, le cas échéant,
à l'accord et les créanciers recouvrent l'intégralité de leurs créances, déduction faite des
sommes perçues.

- L’hypothèse de la non conclusion de l’accord


* L'interruption de la négociation pour survenance de la cessation des paiements
ou ouverture d'une procédure collective
A tout moment, s’il est informé de la survenance de l’état de cessation des paiements
par le débiteur ou le conciliateur ou par tout autre moyen, le président de la juridiction
compétente met fin sans délai à la conciliation en cours et à la mission du conciliateur, après
avoir entendu le débiteur et le conciliateur. Il en est de même en cas d’ouverture du règlement
préventif, du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens. La conséquence en est
que les créanciers recouvrent l'intégralité de leurs créances, déduction faite des sommes déjà
perçues.

* L'impossibilité d'obtenir un accord


Il peut arriver que la conciliation n'aboutisse pas parce que les parties ne trouvent pas
d'accord. Si le conciliateur constate que les parties sont dans l'impossibilité de se mettre
d’accord, il doit adresser sans délai un rapport écrit au Président du tribunal. Après avoir
entendu le débiteur, le Président prend une décision mettant fin à la mission du conciliateur
ainsi qu'à la procédure de conciliation. Cette décision est notifiée au débiteur, au conciliateur
et aux créanciers et cocontractants appelés à la conciliation, sans délai. Elle ne fait l’objet
d’aucune publicité.
- La cessation de la procédure de conciliation à la demande du débiteur
A tout moment et même en l’absence de cessation des paiements, le débiteur peut
demander qu’il soit mis fin à la mission du conciliateur et à la procédure de conciliation en
cours. Dans ce cas, le Président de la juridiction compétente y met fin sans délai. C'est dire

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que la conciliation reste une mesure de faveur accordée au débiteur qui peut l'accepter ou la
refuser à tout moment.

V. Institution du privilège de l’argent frais


Le privilège de l’argent frais ou de new money est un nouveau privilège institué par la
réforme. Il bénéficie aux créanciers qui, dans le cadre de l'accord de conciliation homologué
ou exéquaturé ont consenti à un nouvel apport en trésorerie au débiteur en vue d’assurer la
poursuite de l’activité de l’entreprise débitrice et sa pérennité et leur permet d'être payés à
titre de créanciers privilégiés sur le prix de vente des immeubles et meubles du débiteur.
Conformément aux articles 166 et 167 AUPCAP, ils sont classés en premier rang en cas de
vente tant des biens mobiliers qu'immobiliers du débiteur. En pratique, le créancier devra,
après l’ouverture de la procédure de liquidation des biens postérieurement à la conciliation,
déclarer sa créance au passif du débiteur. Au moment de la déclaration, il devra mentionner
le privilège dont il bénéficie.
Ce privilège, qui est en quelque sorte une prime, un encouragement pour une prise de
risque supplémentaire par les créanciers, donne l’assurance à ces derniers qu’ils seront mieux
traités que les autres si la situation de l’entreprise venait à s’aggraver. Ce privilège profite
également, pour le prix du bien ou du service, aux fournisseurs d’un nouveau bien ou d’un
nouveau service destiné à assurer la poursuite de l’activité de l’entreprise débitrice et sa
pérennité. Par contre, il ne joue, ni pour les apports consentis dans le cadre d’une
augmentation du capital social du débiteur10 ni pour les créances nées antérieurement à
l’ouverture de la conciliation. Il est également limité parce qu’il ne joue qu’en cas d’ouverture
d’une procédure de liquidation des biens à l’exclusion de la procédure de redressement
judiciaire.

10
Par contre, un apport en compte courant devrait faire profiter du privilège.

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TABLEAU RECAPITULATIF DES DIFFERENTES PROCEDURES

TYPE DE DEFINITION CONDITIONS PERSONNE ORGANES DUREE


PROCEDURE D'OUVERTURE POUVANT MAXIMALE
DEMANDER
L'OUVERTURE
Conciliation Procédure Difficultés - Débiteur Conciliateur 4 mois
préventive, avérées ou -Débiteur et Président de Pour la décision
consensuelle et prévisibles créanciers la juridiction d'admission ou
confidentielle conjointement de rejet de la
destinée à éviter la conciliation
cessation des
paiements de
l’entreprise débitrice
afin d’effectuer, en
tout ou partie, sa
restructuration
financière ou
opérationnelle pour
la sauvegarder
Règlement Procédure collective Difficultés - Débiteur Expert 5 mois
préventif préventive destinée à financières ou -Débiteur et Président de Pour le
éviter la cessation des économiques créanciers la juridiction prononcé de la
paiements de sérieuses conjointement Tribunal décision
l'entreprise débitrice Syndic ou d'admission ou
et à permettre contrôleurs rejet du
l'apurement de son Juge- règlement
passif au moyen d'un commissaire préventif
concordat préventif

Règlement Procédure collective Difficultés Débiteur Expert 4 mois


préventif préventive destinée à financières ou -Débiteur et Président de Pour le
simplifié éviter la cessation des économiques créanciers la juridiction prononcé de la
paiements des petites sérieuses conjointement Tribunal décision
entreprises et à Syndic ou d'admission ou
permettre contrôleurs rejet du
l'apurement de leur Juge- règlement
passif au moyen d'un commissaire préventif
concordat préventif
Procédure collective Cessation des - Débiteur tribunal 9 mois pour
Redressement destinée au paiements mais Créanciers Syndic ou l'homologation
judiciaire sauvetage de situation non - Tribunal contrôleurs ou le rejet du
l'entreprise débitrice irrémédiablement - Ministère Public Juge - concordat
en cessation des compromise Commissaire
paiements mais dont
la situation n'est pas
irrémédiablement
compromise et à
l'apurement de son
passif au moyen d'un
concordat de
redressement

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Redressement Procédure collective Cessation des Débiteur tribunal


judiciaire destinée au paiements mais Créanciers Syndic ou
simplifié sauvetage des petites situation non - Tribunal contrôleurs
entreprises en irrémédiablement - Ministère Public Juge -
cessation des compromise Commissaire
paiements mais dont
la situation n'est pas
irrémédiablement
compromise et à
l'apurement de son
passif au moyen d'un
concordat de
redressement
Liquidation Procédure collective Cessation des Débiteur Syndic 24 mois pour la
des biens destinée à la paiements et Créanciers Contrôleurs clôture de la
réalisation de l'actif situation Tribunal Juge - liquidation des
de l'entreprise irrémédiablement Ministère Public Commissaire biens
débitrice en cessation compromise
des paiements dont
la situation est
irrémédiablement
compromise pour
apurer son passif
Liquidations Procédure collective Syndic 80 jours
des biens destinée à la Cessation des Débiteur Contrôleurs maximum pour
simplifiée réalisation de l'actif paiements et Créanciers Juge - la clôture
des petites situation Tribunal Commissaire
entreprises en irrémédiablement Ministère Public
cessation des compromise
paiements dont la
situation est
irrémédiablement
compromise pour
apurer son passif

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