Analyse Dimensionnelle
Introduction
Quel élève négligent ou inattentif n'a pas perdu un point (ou plus) dans un DS de physique,
pour avoir donné un résultat numérique sans unité, au mépris de toutes les recommandations
assénées par son prof de physique à longueur d'année ? Qui ne s'est jamais entendu dire:
"Vérifiez vos résultats, votre équation n'est pas homogène!" ? Pourquoi les unités et cette
"homogénéité" des équations sont-elles si importantes en physique? Parce qu'une grandeur
physique n'est pas un simple nombre mathématique ! Parce que le résultat d'une mesure ou
d'un calcul non accompagné de son unité n'a pas de signification en physique ! Par définition,
une grandeur physique résulte d'une mesure. Elle décrit une propriété de la matière ou de
l'espace-temps. Les propriétés fondamentales de notre univers sont décrites qualitativement
par leur "dimension" : la masse, la longueur, le temps et quelques autres.
L'analyse dimensionnelle
L'analyse dimensionnelle (AD) a été introduite par Reynolds en 1883 pour traiter des
problèmes d'hydrodynamique. Les nombre de Reynolds sont des exemples classiques de
paramètres physiques sans dimension. L'hydrodynamique et plus particulièrement l'étude des
équations de Navier-Stokes reste d'ailleurs une des branches de la physique la plus
consommatrice d'AD. L'AD est l'étude d'un phénomène physique à travers les dimensions des
variables. En effet, les mathématiques et le calcul numérique ne supportent pas vraiment les
dimensions d'un modèle physique. Nous l'avons dit plus haut, les maths ne manipulent que
des nombres sans dimension. Exemple tout bête : l'argument d'un sinus ou d'une exponentielle
n'est pas dimensionné! Le sinus de 10 secondes ou l'exponentielle de 2 kg ne signifient rien !
On verra également plus loin que l'AD permet de contrôler l'homogénéité d'une formule et
donc son exactitude (aux coefficients adimensionnés du moins!). De manière très générale, on
utilisera l'AD en physique pour adimensionner nos équations, de telle sorte qu'il nous soit
possible de les calculer par un schéma de calcul numérique. Pour l'essentiel, l'AD s'appuie sur
le théorème de Buckingham (ou théorème PI), qui dit:
Soit un modèle physique décrit par n variables liées par une relation R. Si les dimensions de
ces n variables font intervenir exactement m grandeurs fondamentales (celles décrites ci
dessus), alors la relation R peut être exprimée à l'aide de n-m paramètres sans dimension
Cela revient à dire qu'il est toujours possible d'adimensionner une équation de physique. Ce
théorème repose aussi sur l'axiome implicite de la physique "classique" que les lois de la
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
physique sont vraies quelque que soit l'échelle choisie, et qu'il est neutre d'étirer ou de
comprimer la dimension T ou L, par exemple.
Le système international
Une unité est une grandeur prise comme terme de comparaison avec des grandeurs de la
même espèce. Les nombres qui résultent de ces comparaisons en donnent les mesures.
Le Système international (SI) compte sept unités de base (voir tableau n°1) censées quantifier
des grandeurs physiques indépendantes. Chaque unité possède en outre un symbole.
Longueur foot ft
Masse pound 1bm
Temps seconde s
Force poundal 1bF
Température degré Farenheit °F
Les dimensions
Si les unités varient, toute grandeur n'a qu'une seule dimension.
Reprenons les grandeurs de définition des systèmes d'unités avec leur dimension :
Longueur L (indépendante)
Temps t (indépendante)
Masse M (indépendante)
Force F (dépendante)
Température T (indépendante
En choisissant L, t, et M comme dimensions indépendantes, nous pouvons retrouver la force,
le travail, l’énergie cinétique, la pression …
F [=] M.L.t-2
W [=] F.L [=] M.L2.t-2
EC [=] 1/2 m v2 [=] M . L2 . t-2
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F
Pression [=] 2
[=] E/L3 [=] M . L-I . t-2
L
Rq : Toute énergie est de dimension M . L2 . t-2.
Dans beaucoup de phénomènes physiques, il n’est pas facile de prévoir des expériences
« raisonnables » ou bien d’en interpréter les résultats sans éviter de fastidieuses méthodes
d’essais et erreurs. Il est clair, toutefois, que ces résultats doivent être indépendants de la taille
des appareillages pour qu’une expérience faite dans un petit appareillage voit son résultat
utilisable pour dimensionner celui de grande taille.
Nous savons qu’une équation, quelque que soit sa forme, doit avoir des unités cohérentes :
Chacun des membres de l’équation doit avoir la même dimension. De plus, on peut réarranger
les variables de façon que chacun des membres soit sans dimension. Cette simple observation
peut être utilisée pour construire des équations constituantes.
Soient trois paramètres x,y z, reliés par l’équation suivante – à une constante proportionnelle
près :
où les exposants a, b, c, …sont sans dimension. Afin de ne pas rester trop abstrait, nous allons
supposer que x a les dimensions d’un volume, y d’un temps et z d’une vitesse. On peut donc
écrire :
x = L3
z = L.t-1
Si dans le groupement xa ybzc nous voulons faire apparaître un nombre sans dimension il faut
que l’exposant de chacune des dimensions soit nul. Remplaçons les paramètres par leurs
dimensions :
(L3)a.(t)b.(Lt-1)c
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
(L)3a+c tb-c
3a + c = 0
b–c=0
c
a=−
3
et b=c
c
y .z 3
3 3
x
Nous avons donc fait apparaître à partir de chacun des termes de l’équation (1) un nombre
sans dimension. Soit N le nombre de variables et D le nombre de dimensions. La différence
G = N – D est une importance quantité en analyse dimensionnelle. C’est le nombre de nombre
sans dimension correspondant au problème. Souvent G est plus grand que 1. La relation
complète sera alors trouvée par une série d’expériences guidées par l’analyse dimensionnelle.
Problème du nombre π
Le périmètre d'un cercle et son diamètre sont ses deux variables caractéristiques. Ce sont tous
les deux des longueurs :
Dimension L L D=1
Pa db = cte (1)
Nous remplaçons les variables par leur dimension et nous regroupons les exposants
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La + b
Pour que ce terme soit sans dimension il lui faut un exposant nul
a +b = 0 ⇒ a=-b
a
P
En l'injectant dans (1), nous obtenons finalement : = cte
d
Une mesure de cette constante sur un cercle quelconque nous permet d'identifier le nombre π
valable pour tout cercle : ⇒ P = π.d
q h Ao ρ g
qa . hb . A0c . ρd . ge
D'où
Pour que ce terme soit sans dimension, chaque dimension doit être d'exposant nul :
L 3a + b + 2c - 3d + e = 0
M d=0
t -a - 2e = 0
A = -2e
3a + b + 2c + e = 0
e = - a/2 `
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
b = -5 a/2 - 2c ⇒
a
c
q
⋅ A0
1 5 h2
g ⋅ h 2
2
q A0
N1 = et N2=
⋅h
1/ 2
h2
5/2
g
N1 = f (N2)
1/ 2 A
q=g ⋅h ⋅ f 0
5/ 2
h2
Montage permettant d'étudier la vidange d'une cuve maintenue à niveau constant avec une
ouverture de vanne variable
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
⋅ f ( A0 ) = k ⋅ f ( A0 )
1/ 2 (5 / 2 + k )
q=g ⋅h
'
q = k".A0
q = K.Ao.(g.h)1/2
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dimension, f = cte.
L
N1 =
D
Dρ ⋅ v
N2= Nombred de Re ynolds
η
∆P
N3=
ρ ⋅ v2
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
Un fluide de viscosité η et de masse volumique ρ est placé dans une cuve. Nous voulons y
relier la puissance Ρ que va dissiper un agitateur de diamètre D tournant à la vitesse N. Nos
variables caractéristiques sont donc : (Ρ, D, η, g, ρ, N).
2. Commenter le problème.
N ⋅D
2
Fr = nombre de Froud
g
Ρ
Np = nombre de Puissance
ρ N 3 D5
ρ ⋅ N ⋅ D2
Re = nombre de Re ynolds
η
cas limites :
• Re grand ⇒ Les forces d'inertie sont très supérieures aux forces visqueuses - et a
fortiori à l'effet de la gravité. Pour des turbines, des expériences trouvent que Np est
alors constant :
Np = K ⇒ ρ.N3.D5
P = K.ρ
• Re très faible (< 300) => Les données expérimentales sont alignées selon une
droite de pente -1 en échelle logarithmique. Nous en déduisons
K'
Np = ⇒ P = K’.η.N2.D3
Re
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Chapitre 2 Analyse Dimensionnelle
Fr = ϑ
2
Forces d ' inertie Ecoulement à
Froude
Firce pesanteur surface libre
Lg
α Diffusivité thermique
Prandtl Fr = Transfert
γ Diffusivité visqueuse thermique
γ
Grashof 2 g : Pesanteur, augmentation de la
γ : Viscosité cinématique. convection naturelle
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