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Frédéric Bouchard, Pierre Doray et Julien Prud’homme (dir.

Sciences, technologies et sociétés de A à Z

Presses de l’Université de Montréal

Transfert de technologie
Hocine Khelfaoui

DOI : 10.4000/books.pum.4367
Éditeur : Presses de l’Université de Montréal
Lieu d'édition : Presses de l’Université de Montréal
Année d'édition : 2015
Date de mise en ligne : 7 novembre 2017
Collection : Thématique Sciences sociales
ISBN électronique : 9782821895621

http://books.openedition.org

Référence électronique
KHELFAOUI, Hocine. Transfert de technologie In : Sciences, technologies et sociétés de A à Z [en ligne].
Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 2015 (généré le 19 avril 2019). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pum/4367>. ISBN : 9782821895621. DOI : 10.4000/books.pum.4367.
transfert de technologie

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Woodward, J. (2009), « Scientific Explanation », dans Edward N. Zalta (dir.), The Stanford
Encyclopedia of Philosophy.

Transfert de technologie
Hocine Khelfaoui †

Le transfert de technologie (TT) est un processus par lequel un capital


de connaissances acquis par une partie (par exemple, une université)
est transféré vers une autre partie (par exemple, une entreprise) en
vue d’être appliqué et exploité commercialement (voir Difusion de la
technologie et Gestion de la technologie).
Le TT repose sur plusieurs outils, tous plus ou moins liés à la colla-
boration entre le monde de la science et le monde de l’industrie. Cette
collaboration tend d’ailleurs à devenir une priorité des politiques natio-
nales de développement industriel (voir Systèmes d’innovation). Le TT
repose ainsi sur un ensemble d’activités intersectorielles articulées et
fondées sur l’adéquation recherche-industrie, la création et l’essaimage
d’entreprises, les technopôles ou parcs scientiiques, les incubateurs,
etc. Il existe diférents itinéraires de TT : d’un laboratoire de recherche
vers une entreprise, d’une entreprise vers une autre entreprise au sein
d’un même pays, ou d’un pays vers un autre (voir Internationalisation
de la R-D). Dans ce dernier cas, le TT n’implique généralement que des
entreprises ; stratégiques, les résultats scientiiques ne se cèdent ni ne
se vendent généralement d’une université à une entreprise étrangère.
Le TT met en jeu non seulement l’apprentissage technique de l’objet
transféré, mais les formes d’organisations, de relations professionnelles
et de cultures locales. L’aboutissement inal des TT dépend largement

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des particularités de chaque contexte social : c’est pourquoi le TT se


heurte à des conditions de réalisation qui varient d’un milieu social à
un autre et, surtout, d’une société à une autre.
Historiquement, le TT s’est répandu pour la première fois pendant
les années 1960-1970. Il a été pratiqué essentiellement par certains
pays du « tiers-monde » (Égypte, Mexique, Algérie, etc.) animés d’une
politique développementiste inspirée du modèle occidental (voir Clivage
technologique). D’importants équipements industriels ont d’abord été
acquis dans le cadre d’un programme de TT dit « clé en main » ; après
l’échec de la formule, on a poursuivi cette politique sous une forme dite
« produit en main », qui connut le même sort. Faute d’appropriation
sociale, les usines importées ont fonctionné pendant un temps comme
des isolats avant de sombrer dans l’obsolescence. D’où l’émergence
de l’hypothèse de non-transférabilité de la technologie : des auteurs
comme Samir Amin et André Gunter Frank avaient déjà anticipé
l’échec de ce « modèle d’industrialisation ». Des agences internationales
continuent cependant à soutenir le TT vers les pays en développement
en élargissant son domaine d’action. Ainsi, pour l’Agence canadienne
de développement international, « le transfert de technologie inclut la
transmission de procédés industriels et/ou d’informations, le transfert
d’équipements, de compétences et de connaissances permettant d’uti-
liser et d’exploiter la technologie ainsi que toutes les stratégies et poli-
tiques connexes nécessaires à l’appui d’un objectif de développement ».
La deuxième forme de TT s’est développée à partir des années 1990,
notamment depuis que le foyer de la concurrence économique est passé
de la production quantitative à la production qualitative, soit de la
reproduction à l’innovation. Elle concerne surtout les pays ayant acquis
une base minimale en matière de maîtrise sociale des technologies. Ce
modèle de TT consiste souvent à transmettre des connaissances issues
d’une université vers un centre de recherche-développement, ce dernier
ayant à en assurer, en restant en relation avec les concepteurs et les
producteurs, l’adaptation, l’expérimentation et les essais à des ins com-
merciales. En somme, il n’y a de TT que s’il y a collaboration entre les trois
milieux impliqués, soit l’université, le centre de recherche-développement
et l’entreprise de production. Dans les parcs scientiiques ou technopôles,
les trois milieux peuvent resserrer leurs liens jusqu’à fusionner.

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Dans cette situation, la technologie constitue une innovation issue


d’une invention scientiique ou, plus rarement, d’une découverte. Elle
peut être aussi le résultat d’une transformation qualitative d’une tech-
nologie existante. Invention, découverte ou idée ne se traduisent en
innovation qu’après leur reproduction et leur marchandisation. C’est
dans le champ de la production marchande que naît l’innovation. Plus
récemment, le TT s’efectue également d’une entreprise à une autre au
sein d’une même société : il peut désigner une nouvelle technologie en
cours de matérialisation ou une technologie déjà prouvée mais dont le
droit de propriété est détenu par l’institution qui en assure le transfert.
Dans ce cas, l’entreprise qui l’acquiert n’a qu’un droit d’utilisation (voir
Alliances technologiques).
Cependant, au-delà des droits de propriété, il n’y a pas de rela-
tion unilatérale, de cause à efet, entre le sort de la technologie et ses
objectifs initialement prescrits. Le TT ne conduit pas nécessairement,
c’est-à-dire indépendamment du contexte social, culturel, économique,
juridique, environnemental et politique, à une maîtrise sociale de la
technologie. Au inal, en efet, ce sont toujours les usagers, groupes ou
organisations sociales, qui donnent leur pleine signiication aux tech-
nologies, et qui font réussir, échouer ou neutraliser l’objet technique
(voir Objet technique). Il y a toujours, comme le note Victor Scardigli,
une lexibilité, voire une imprévisibilité des usages. C’est cette réalité
qui est au cœur du TT et qui a conduit à l’échec d’expériences coûteuses
tentées par certains pays du tiers-monde. C’est la raison pour laquelle le
TT n’est pas un gage de maîtrise sociale des technologies.
1

Alter, N. (2000), L’innovation ordinaire, Paris, PUF.


Debresson, C. (1989), « Les pôles technologiques de développement », Revue Tiers-Monde,
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Press, vol. 2, p. 83-97.

Université
Lyse Roy

La science, entendue dans le sens général de connaissance, est au cœur


de la mission originelle de l’université. La conception médiévale du
savoir excluait toutefois de sa mission explicite les activités de produc-
tion de connaissance. L’université médiévale avait essentiellement pour
mission la difusion de la culture savante. Les connaissances transmises
dans la faculté des arts et les facultés supérieures de médecine, de
droit et de théologie étaient donc fondées sur les écrits canoniques des
autorités de l’Antiquité ainsi que sur des manuels composés au Moyen
Âge. Ce modèle, qui établissait un cloisonnement entre enseignement
et recherche, a persisté jusqu’au 19e siècle. Les activités de recherche
menées avant ce moment ont donc été réalisées hors de l’université
– quoique le plus souvent par des hommes ayant une formation uni-
versitaire –, c’est-à-dire dans les académies, les cours princières et les
sociétés savantes, les institutions qui défendaient, promouvaient et
stimulaient alors les progrès de la science (voir Territoires et sciences).
La recherche s’institutionnalise à l’université à partir du milieu
du 19e siècle. En Allemagne d’abord, sous l’impulsion de Wilhelm von
Humbolt notamment, l’institution universitaire se transforme de façon
radicale en intégrant en son sein la recherche et assume dès lors la
fonction de production du savoir en plus de celle de l’enseignement.
L’université s’ouvre alors à de nouvelles disciplines, dont les mathéma-
tiques, la physique, la chimie, la philologie ou l’histoire (voir Discipline).
Elle modifie ses formes d’enseignement en organisant, en plus des
cours magistraux, des séminaires et des laboratoires. Ces transfor-
mations majeures donnent naissance au professeur-chercheur, qui
œuvre pour le bien commun et jouit d’une grande autonomie dans ses

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