Il faut se rappeler qu’à cette époque le luth était déjà ‘mort’ depuis plus
d’un siècle et demi. Depuis lors, la place centrale de celui-ci dans la
musique des 16ème et 17ème siècles, ainsi que son rôle dans la musique
de Bach, est au moins partiellement restituée dans les livres d’histoire.
Il est clair que Bach attachait au luth une certaine valeur et résonance
symbolique. Outre la musique pour luth seul, il l’a employé dans ses deux
Passions, ainsi que dans son Ode funèbre.
lautenwerk
De ces derniers, le plus grand fut le virtuose Sylvius Léopold Weiss qui
travaillait à Dresde, où Bach entretenait des relations professionnelles et
familiales. Leur première rencontre date probablement de 1736 et nous
savons que Weiss a rendu visite à Bach en 1739, en compagnie de son
collègue luthiste Kroppfgrans.
Passagio-presto
Allemande
Courante
Sarabande
Bourrée
Gigue
Composée à Mühlhausen, probablement en 1707, cette suite nous est
connue par l’intermédiaire de deux copies. L’une, de la main de Johann
Gottfried Walther, organiste à Weimar, est marquée ‘aufs Lautenwerk’.
L’autre, est de Heinrich Nikolaus Gerber, élève de Bach à Leipzig.
Cette oeuvre est conforme au modèle des suites pour clavier établi par
Johann Jacob Froberger, basé sur la suite française avec sa série de
danses stéréotypées, dont un noyau invariable : allemande, courante,
sarabande et gigue, le tout préfacé d’un prélude.
Dans ses suites Bach ajoute presque toujours une ou plusieurs danses
‘optionnelles’, dans le cas présent la célèbre bourrée. Le prélude ici
manifeste une forme bipartite encore enracinée dans la toccata : un
passagio libre introduit les rythmes pointés ‘tragique’ de l’une ouverture
en style français, suivi par un presto contrapuntique en mouvement rapide
soutenue.
Comme dans toutes ses œuvres de luth, Bach emploi comme fil
conducteur un matériau thématique sacré, tiré de l’hymne « Was bist du
doch, O Seele, so betrübet ? », contrastant avec le véhicule formel
profane. Dans la sarabande ce thème est énoncé en entier.
Prélude
Fugue
La fugue BWV 1000 existe dans deux autres versions de la main de Bach,
dont une version pour orgue BWV 539 et notamment comme deuxième
mouvement de la sonate BWV 1001, première des six sonates et partitas
pour violon seul, composées à Cöthen en 1720. L’arrangement en
tablature pour luth est de la main de Weyrauch, un élève de Bach, et date
d’environ 1730.
Prélude
Allemande
Courante
Sarabande
Gavottes I et II
Gigue
Prélude
Loure
Gavotte en rondeau
Menuett I et II
Bourrée
Gigue
Cette version pour luth de la partita BWV 1006, dernière des six sonates
et partitas pour violon seul, semble avoir été rédigée vers 1737-40,
période où Bach était en contact avec le luthiste Sylvius Léopold Weiss.
Son praeludium, dont le mouvement perpétuel impressionne de par son
élan moteur infatigable, a servi également comme obligato dans la
sinfonia de la cantate BWV 29 « Wir danken dir, Gott », ainsi que dans la
cantate BWV 120a « Herr Gott, Beherrscher aller Dinge ».
Cette suite explore les danses ‘alternatives’, fait qui explique peut-être
son énergie ‘paysanne’ et joyeuse. Ces formes dansées servent comme
tremplin, l’écriture s’élançant dans de longues envolées d’invention lyrique
d’une grande plasticité.
Fantasia
Fugue
Sarabande
Gigue et double
Ecrite vers 1740, cette suite manque une source primaire et les plusieurs
copies rédigées de la main de divers élèves, dont une copie certifiée par
CPE Bach, posent des problèmes de registre. Cette situation ne nous
empêche pas d’apprécier sa profondeur et maturité d’expression.
Prélude
Fugue
Allegro
Dans la fugue, comme dans la suite BWV 998, ce thème génère un motif
‘cruciforme’. Sa montée, chute et remontée autour de la tonique sont
néanmoins de caractère serein et rassurant et leur tonalité majeure d’une
luminosité joyeuse, menant à des phrases lyrique qui se déroulent de
manière régulière et paisible.
forme de l’oeuvre
Pour peu que nous prenons la liberté de regrouper le prélude BWV 999 et
la fugue BWV 1000 pour former un diptyque – pratique devenue
coutumière aujourd’hui – l’œuvre tombe alors en six suites ou groupes de
morceaux. Trois de ces groupes comportent des fugues, à la manière des
sonates pour violon, et trois sont des suites de danses, tout comme les
partitas. Soit dit en passant qu’au 18ème siècle un ‘opus’ comportait
typiquement six œuvres d’un même genre.
l’art sacré
Repose en paix
En paix repose
Repose en paix
En paix repose
Repose en paix
En paix repose
De la suite BWV 996 écrite à 22 ans aux Suite BWV 997 et Prélude, fugue
et allegro BWV 998 qui datent tous les deux des toutes dernières années
de sa vie, l’œuvre de luth de Bach, comme les quatuors de Beethoven ou
de Bartok, survole l’ensemble de sa carrière et l’accompagne dans ses
diverses périodes et périples professionnelles.
chronologie