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Le risque biologique

Le contact plus ou moins étroit avec les êtres vivants ou leur environnement expose
l'Homme aux agents biologiques. Si la grande majorité des agents biologiques présents chez
les êtres vivants et leur environnement (sol, eau, air) est inoffensive, voire utile à l'Homme,
certains d'entre eux sont susceptibles de détériorer la santé de l'Homme et d'engendrer une
pathologie plus ou moins grave ou invalidante.
De nombreuses activités professionnelles sont concernées : professionnels en contact avec
des animaux (éleveurs, vétérinaires...), avec des humains (médecins, infirmières...), avec la
nature (forestiers…).
Les loisirs (chasse, pêche, bricolage) sont également des circonstances d'exposition de
l'Homme dans le cadre privé.
La prévention de ce risque nécessite l'évaluation de l'exposition aux agents biologiques par
des professionnels de la prévention (médecins du travail, préventeurs, hygiénistes,
ergonomes...). Cette évaluation dépend à la fois de la nature de l'agent, de la fréquence de
l'exposition et de son intensité.
A partir de l'évaluation réalisée, la prévention se base sur la rupture de la chaîne de
transmission des agents biologiques.
L'exposition à des agents biologiques (principalement aux virus, bactéries, champignons et
parasites) peut entraîner des pathologies chez l'Homme.
Une des particularités de ce risque réside dans la capacité d'évolution des agents
biologiques dans le temps et l'espace au sein d'une population donnée.
Certaines maladies ont ainsi disparu (exemple de la variole depuis la fin des années 1970),
d'autres ont régressé mais peuvent réapparaître (la peste...) : on parle alors de réémergence.
Enfin, depuis une cinquantaine d'années, certaines maladies infectieuses ont fait leur
apparition chez l'Homme (SRAS, VIH, grippe aviaire, Chikungunya, infection à West
Nile...et le Coronavirus récemment en Chine).
Les quatre modes d'action des agents biologiques pathogènes
Il existe quatre types de risque selon le mode d'action des agents biologiques pathogènes : 

° le risque infectieux : pénétration et multiplication d'un agent biologique dans l'organisme


hôte (exemple du paludisme, de la maladie de Lyme) ; L’infection est due à la pénétration
puis prolifération du microorganisme dans le corps humain (exemple de la grippe, de la
leptospirose). Le développement ou non de la maladie dépend de facteurs individuels  liés à
l’état immunitaire. Une personne fatiguée, en convalescence ou porteuse du  HIV, donc
avec un système immunitaire défaillant,  est facilement candidate à développer une
infection. (Personnes vulnérables : YOPI :
Young, Old, Pregnant,  Immunodeficient soit jeunes, vieux, enceintes, immunodéprimés).

La pénétration dans l’organisme de l’agent infectieux entraine une activation du système


immunitaire qui a alors pour seul objectif de se débarrasser de l’intrus en développant des
anticorps.

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° le risque toxinique : production de toxine par l'agent biologique pathogène (exemple du
tétanos) ; L’intoxication est due à l’action de substances libérées par les microorganismes, les
toxines. Il existe deux catégories de toxines
 - les exotoxines, libérées lors du cycle de vie normal.
 - les endotoxines, libérées lors de la division cellulaire ou la mort de la cellule.

En situation professionnelle il peut s’agir de mycotoxines provoquant des troubles digestifs,


cutanés ou respiratoires.

° le risque immuno-allergique : réaction immunitaire allergique de l'hôte à un constituant


l’agent biologique (exemple du « poumon de fermier » dû à des moisissures) ; C’est une
réaction exagérée du système immunitaire due à la présence d’élément allergène produit par les
agents biologiques. De très nombreuses moisissures sont impliquées dans ces phénomènes
d'hypersensibilité. Sauf peut-être en agriculture, ces risques sont moins bien connus que les
risques infectieux. Les effets de ces risques immunoallergiques vont de la simple irritation
nasale, la rhinite, ou un asthme, aux difficultés respiratoires plus ou moins graves avec l'atteinte
bronchique obstructive.

° le risque cancérogène : déclenchement d'un cancer par un agent biologique. Certaines


infections quand elles deviennent chroniques peuvent provoquer des cancers.  Ce sont
essentiellement des virus qui sont responsables ce type de pathologie.  Pour certain, leur génome
intègre le génome de la cellule hôte qui se trouve alors perturbée et développe des tumeurs (Ex
des virus hépatiques qui peuvent provoquer des cancers du foie).

Le risque infectieux est le mode d'action majeur qu'utilisent les microorganismes


pathogènes pour coloniser l'Homme. On peut le schématiser par une chaîne de
transmission qui comprend les maillons suivants :

un réservoir : l'Homme ou l'animal (on parle alors de zoonoses) ;


une porte de sortie du microorganisme (les sécrétions bronchiques, le sang, les urines, les
excréments...) ; 
un mode de transmission (inoculation, ingestion, inhalation...)
une porte d'entrée (la peau, les muqueuses, les voies digestives ou respiratoires) ;

un hôte récepteur dont l'état immunitaire peut varier selon l'âge, l'état physiologique
(grossesse), la présence de maladies intercurrentes (maladies chroniques,
immunodépression...).

Les contaminations peuvent se faire :

Par voie respiratoire (les rhumes, la grippe, la tuberculose ...).


Par voie digestive, en mangeant des aliments contaminés (hépatite A, listéria ...) ou
en contaminant les aliments (ou sa cigarette portée à la bouche) par des mains sales
(staphylocoques, salmonelle ...).
Par voie cutanée (champignon chez les travailleurs en piscine, plaie qui s'infecte,

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contamination par piqûre ou coupure par un objet contaminé ...).

les zoonoses
Ce sont les maladies transmises par les animaux à l'Homme. Les zoonoses sont nombreuses
puisqu'à ce jour, plus de 800 agents sont responsables de zoonoses mais une grande majorité est
sous-estimée.
En effet, certaines pathologies peuvent être asymptomatiques ou présenter un tableau
clinique peu spécifique (syndrome grippal, manifestations cutanées bénignes, ...). D'autres, par
contre peuvent être mortelles (leptospiroses, psittacose) ou entraîner des
séquelles importantes (maladie de Lyme).
Il est donc important de disposer d'outils de veille pour détecter et quantifier l'émergence de ces
pathologies afin établir une stratégie adaptée de prévention.

Le risque biologique : un risque professionnel

Quelques exemples d'actions :

- prophylaxie vétérinaire (actions sur le réservoir) ;


- masque anti-projection (action sur la porte de sortie) ;
- démoustication (réduction de la population de vecteurs) ;
- port de gants pour la protection les mains (action sur la porte d'entrée) ;
- mesures d'information et de formation de l'homme au travail.

La prévention s'articule sur :

- des actions de formation, d'information des personnes exposées et de prévention


médicale (vaccinations éventuelles) ;
- des mesures collectives de prévention (ventilation, hygiène des locaux) ;
- de mesures individuelles (hygiène personnelle, lavage des mains, port
d'équipements de protection individuelle).

La prévention des risques biologiques

Afin d'harmoniser la lutte contre les risques biologiques, l'OMS puis l'Union Européenne ont
élaboré des définitions, des classifications des agents biologiques et des mesures de
prévention.
La prévention est collective :

C'est essentiellement la prévention technique : respect des consignes,


précautions d'hygiène, matériel à usage unique, confinement, aspiration,
automatisation des tâches, gestion des déchets, etc. ...

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1- Evaluation des risques

Cette étape consiste à analyser les conditions d’exposition aux agents biologiques. La chaîne
de transmission doit servir de fil conducteur à savoir :

 Identifier le réservoir

Dans certaines situations de travail le repérage des réservoirs est relativement facile
(échantillons biologiques en laboratoire, malade pris en charge à l’hôpital…).Dans d’autres
cas, il s’appuiera sur :
- les données rapportant les agents biologiques les plus probables ou les maladies les plus
fréquemment rencontrées dans un type d’activité,

- la présence d’un milieu favorable au développement d’agents biologiques (humidité,


matières organiques, température).

 Identifier les tâches, procédés ou équipements susceptibles de générer une


exposition du travailleur
Pour qu’il y ait exposition, il faut que les agents biologiques puissent sortir du réservoir ou
que le salarié puisse avoir accès à ce réservoir.
Par exemple un employé effectuant des travaux de maintenance sur une tour aéro- réfrigérante
contaminée sera exposé au risque de légionellose lors des activités générant des aérosols
(nettoyage au jet d’eau haute pression…).

 Considérer la nature ou la modalité de l’exposition


Examiner si l’exposition est possible par voie aérienne (inhalation de poussières ou de
gouttelettes contaminées), par pénétration à travers la peau et les muqueuses, par contact avec
la peau ou les muqueuses, par inoculation accidentelle (microblessure, piqûre, coupure…), ou
par voie digestive (en portant les mains ou un objet contaminé à la bouche).

 Apprécier la durée et la fréquence de l’exposition


Pour certaines maladies infectieuses ou parasitaires, il suffit parfois d’une brève exposition
pour être contaminé (par exemple pour la fièvre Q). A l’inverse pour d’autres, c’est la
répétition de l’exposition qui installe la maladie. Hiérarchisation des risques

Une fois réalisée l’identification des situations dangereuses liées à un type


d’activité, il convient pour chacune d’entre elles de tenir compte de la
gravité des dommages potentiels et d’estimer la probabilité d’apparition.
Cela permet de hiérarchiser les risques afin de déterminer les mesures de
prévention à mettre en place de façon prioritaire.

2- Réduction des risques

Cette étape consiste à trouver des solutions de prévention. Elle nécessite


de rompre la chaîne de transmission en agissant à différents niveaux ;

 le réservoir,
 les modes de transmission,

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 le salarié potentiellement exposé (procédures de travail et hygiène
individuelle).

Ces mesures doivent être adaptées en fonction du secteur professionnel et


des agents biologiques en cause.

Actions sur le réservoir

Empêcher la constitution d’un réservoir :

 Nettoyer régulièrement les postes de travail


 Vacciner des animaux, dépister et traiter en cas de maladie (par
exemple chez les animaux de parcs zoologiques).
 Ventiler les locaux de travail pour réduire l’humidité et limiter la
prolifération de moisissures.
 Effectuer un entretien adapté des tours aéro-réfrigérantes.

Détruire le réservoir :

 Détruire un élevage de volailles atteintes par la grippe aviaire.


 Lutter contre l’intrusion des insectes et des rongeurs susceptibles de
diffuser des agents pathogènes.

Actions sur le mode de transmission

Confiner les procédés :

 En laboratoire de microbiologie, travailler sous une hotte adaptée


 Capoter les machines utilisant les fluides de coupe (ou les filtres
presses dans les stations d’épuration)

Mettre en place des mesures d’isolement, par exemple :

 A l’hôpital, en présence d’un malade contagieux


 Améliorer la ventilation générale des locaux de travail et en assurer
les opérations de maintenance préventive, afin de réduire le risque de
transmission par voie aérienne
 Séparer les zones non contaminées (locaux administratifs, salle de
restauration…) et les zones contaminées
 Mettre en place des procédures de gestion des déchets
 Limiter les projections (limiter l’usage des jets d’eau à haute
pression) et la mise en suspension des poussières (aspirer plutôt que
balayer)

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