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VOLUME 15 NO 4 AUTOMNE 2011

LE BÂTIMENT
ÉCOLOGIQUE

DOSSIER LEED :
une certification
écologique reconnue
internationalement

POLITIQUE ET
DÉVELOPPEMENT
DURABLE :
ISSN 1482-0412
Port de retour garanti
des exemples pour
Envoi de publication
Contrat de vente no 40065574 les municipalités
365, rue Normand
Place Normand, bureau 260
St-Jean-sur-Richelieu
(Québec) J3A 1T6

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SOMMAIRE

mot du PRésident PoLitiQue et


déveLoPPement duRaBLe
Le nouveau centre de loisirs de Saint-Lambert
4 Des mesures écoénergétiques
qui se paieront à court terme 16-17
La gestion durable des eaux de pluie 6-7 Victoriaville innove
en habitation durable 18
Une politique de développement
durable pour les édifices municipaux
de la Ville de Montréal 19
L’Environnement,
une affaire d’investissement! 20-21 Nous remercions nos annonceurs
et nos différents partenaires qui
ont choisi d’associer leur nom
et leurs ressources à la réalisation
de ce magazine. Leur participation
contribue activement à faire
connaître l’importance du rôle de
l’officier municipal en bâtiment et
en environnement sur tout le
territoire québécois. Votre appui
dossieR Leed et votre confiance nous sont
Construction responsable essentiels. Merci!
et développement durable
La certification LEED 8-10
L’édifice Louis-Charland:
un bâtiment pour le bien-être
des travailleurs 11-12
Récupérer l'eau de pluie
Augmentation du volume
pour une maison
plus écologique 13 des fosses septiques :
analyse et proposition
du Regroupement des fabricants
adhésion 2012 14-15 de fosses en béton 22-25

®
Le mAGAZIne
DIRECTEUR Envoi de publication.
Pierre-Paul Ravenelle Enregistrement n° 40065574
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AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
MOT DU PRÉSIDENT

Révision de La Loi sur


L’aménagement et L’urbanisme :
une nouvelle étape est franchie
m. PieRRe Pion, architecte
Président de la COMBEQ

S
uite au dépôt de l’avant-projet de loi de la nouvelle Loi sur l’aménagement durable du territoire et de l’urbanisme au mois de décembre

2010, la Commission de l’aménagement du territoire vient de terminer la phase de consultation générale et auditions publiques,

laquelle a nécessité la tenue de dix (10) séances qui ont eu lieu entre les mois de mai et septembre 2011.

Naturellement, le comité sur la révision de la LAU de la COMBEQ et moi-même suivons avec intérêt l’état d’avancement des travaux

qui devront ultimement mener à l’adoption d’un nouveau cadre juridique qui viendra, à certains égards, changer les façons de faire de

nos membres. Je profite donc de la présente parution du Bâtivert pour vous faire part de quelques réflexions concernant le nouveau cadre

législatif proposé.

des PouvoiRs LaRges et généRaux Le comité décisionneL d’uRBanisme


D’entrée de jeu, on ne peut que se réjouir de la facture beaucoup Fait intéressant, en plus du CCU qui voit son mandat continué,
moins technique qui a été retenue dans la rédaction et dans l’énoncé l’avant-projet prévoit que la municipalité pourra par règlement
des pouvoirs municipaux en matière d’urbanisme. En effet, à l’instar déléguer à un comité décisionnel d’urbanisme, composé d’au moins
de la Loi sur les compétences municipales, l’avant-projet de loi formule trois (3) membres, l’exercice des pouvoirs discrétionnaires qui sont
les pouvoirs municipaux en termes larges et généraux. À titre prévus à la loi (usage conditionnel, PIIA, dérogation mineure,
d’exemple, la nomenclature très pointue des pouvoirs de zonage de démolition et réglementation à caractère incitatif). Comme les
l’article 113 de l’actuelle LAU sont remplacés par un énoncé plus règlements discrétionnaires sont de plus en plus nombreux, une telle
général à l’effet que « Par son règlement de zonage, la municipalité délégation aura pour effet d’alléger les séances régulières du conseil
locale régit l’occupation et l’aménagement de l’ensemble de son et d’offrir un organe décisionnel mieux adapté et plus souple
territoire, et répartit les divers usages, activités, constructions et ouvrages permettant le suivi des projets en matière d’urbanisme.
et les soumet à des normes. » (Article 119 de l’avant-projet de loi).

Si la COMBEQ peut se réjouir de cet énoncé plus large des pouvoirs L’aPPRoBation RéféRendaiRe
municipaux, par contre, force est de constater que l’avant-projet ne Quant à la procédure d’approbation référendaire, l’avant-projet
propose ni un ménage complet ni une centralisation de tous les propose de la simplifier d’abord par la diminution du nombre de
pouvoirs municipaux en matière d’aménagement du territoire. Ainsi, matières sujettes à approbation référendaire. Ainsi, seules seront
nos membres devront continuer à recourir à diverses autres lois soumises à cette approbation les modifications aux usages autorisés et
lorsqu’il sera question notamment de protection du territoire agricole, aux normes relatives à la dimension, au volume et au type de bâtiments
de la qualité de l’environnement, des compétences municipales, etc. autorisés.
4
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
Ensuite, la procédure est simplifiée par la disparation des étapes résultera donc malheureusement une multiplication des interventions
précédant la signature du registre, soit l’abolition du second projet de la part des officiers municipaux qui pourront être appelés à
de règlement ainsi que la suppression de la possibilité de faire une participer aux assemblées d’information et de consultation, ainsi qu’à
demande de participation à un référendum. la confection des documents relatifs à l’assemblée d’information et à
l’assemblée de consultation publique.
Finalement, on simplifie aussi la définition du secteur qui fera
l’objet de l’approbation référendaire en prévoyant qu’il sera La multiplication des interventions des officiers municipaux
automatiquement composé de la zone visée par la modification ainsi pourrait avoir pour conséquence d’entraîner une certaine lourdeur
que de toutes les zones contigües. Vu la lourdeur et la complexité des administrative et possiblement des délais. À cet égard, signalons que
articles 130 et suivants de la loi, il est actuellement parfois difficile l’effet de gel qui est actuellement automatique de par loi (article 114
d’identifier avec certitude le secteur devant faire l’objet de la LAU), deviendrait facultatif en vertu de l’avant-projet mais aura
procédure d’approbation référendaire. l’avantage de pouvoir s’étendre jusqu’à une durée de huit (8) mois
plutôt que quatre (4) comme c’est le cas actuellement.
Le tRavaiL des officieRs Ces préoccupations et commentaires étant exposés, il nous reste
Cette simplification de la procédure d’approbation référendaire maintenant à attendre le dépôt du projet de loi à proprement parler
n’entraînera toutefois pas une diminution du travail de nos membres et de voir si la consultation générale et les auditions publiques auront
puisque d’une part, chaque modification proposée fera obligatoi- inspiré plusieurs modifications par rapport au texte de l’avant-projet
rement l’objet de la confection d’un document d’information pour les de loi. À suivre…
fins de la tenue d’une assemblée d’information. D’autre part, cette
assemblée d’information sera suivie d’une assemblée de consultation
publique qui donnera lieu à la rédaction d’un rapport qui devra être
adopté par le conseil. Si l’avant-projet est adopté tel quel, il en

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AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
La gestion
duRaBLe
des eaux de pluie
mme héLène doyon, urbaniste
Apur urbanistes-conseils

L a gestion durable des eaux de pluie figure parmi les mesures pouvant être mises en
place pour un bâtiment durable. L’urbanisation engendre nécessairement l’imper-
méabilisation du sol de part les constructions et les ouvrages qui y sont érigés et,
forestier et les espaces naturels ainsi que le
type de sol en place.
D’une part, les dispositions réglementaires
conséquemment, augmente les quantités d’eau à gérer par les infrastructures municipales. devraient viser l’échelle du terrain, c'est-à-
dire un contrôle à la source. Par exemple, une
Des mesures concrètes peuvent être mises en place par les municipalités pour tendre vers municipalité pourrait imposer l’aménage-
une gestion « durable » des eaux de pluie à l’aide de la réglementation d’urbanisme. ment d’un jardin de pluie, de bandes
filtrantes ou d’un puits absorbant sur le
terrain. Les deux premiers consistent en un
Qu’est-ce Que La gestion La gestion durable des eaux de pluie
aménagement paysager localisé dans une
repose ainsi sur deux techniques qui permet-
duRaBLe des eaux de PLuie? tront de réduire la quantité d’eau de légère dépression où les eaux de ruisselle-
Selon le guide La gestion durable des eaux ruissellement produite qui, à terme, se ment pourront être acheminées en fonction
de pluie publié par le MAMROT en 2010, la déversera dans le milieu hydrique, de ralentir de la pente du terrain. Dépendamment du
gestion durable des eaux de pluie « est une son écoulement et de réduire sa charge type de sol, des végétaux en place et du
approche de planification qui vise à simuler polluante. Ces techniques sont la mise en dimensionnement de l’ouvrage, ces derniers
l’hydrographie naturelle du site avant son place d’ouvrages d’infiltration et de capta- permettront d’infiltrer et de capter les eaux
développement, à l’aide de différentes tion des eaux (ex. : jardin de pluie ou bassin de ruissellement et ainsi diminuer l’apport de
techniques d’aménagement qui incluent la de rétention) et l’introduction de mesures ces eaux aux infrastructures municipales
mise en œuvre de mesures de gestion des pour diminuer les surfaces imperméables (puisards ou fossés). Quant aux puits
eaux pluviales et l’application de stratégies (ex.: taux d’occupation au sol maximal ou absorbants, il s’agit d’un ouvrage creusé dans
d’aménagement contribuant à diminuer conservation minimal des espaces naturels). le sol, rempli de gravier et recouvert d’une
l’imperméabilisation. »1 membrane et de terre.
Le MAMROT identifie plusieurs avantages
à la gestion durable des eaux de pluie pour Ces trois ouvrages permettront de capter
les municipalités, soit : « diminution des coûts et d’infiltrer les eaux provenant des toitures
(dans la mesure où la municipalité interdit le
de gestion et de construction des infras -
branchement de toute sortie de gouttière du
tructures; augmentation des revenus fon-
toit au réseau d’égout pluvial et que ces eaux
ciers; mise à profit des services écologiques
sont dirigées vers les ouvrages) et des surfaces
rendus par les milieux humides; accrois -
imperméables du terrain. Notons également
sement de la qualité du cadre de vie; ré-
que les eaux de ruissellement peuvent être
duction de la consommation d’eau potable;
captées par des citernes d’eau de pluie (barils)
gestion des risques d’inondations et de
et réutilisées pour l’entretien du terrain.
refoulements; réduction de l’effet d’îlot de
Cependant, cette méthode est efficace dans
chaleur urbain; contribution à la spécificité
la mesure où la citerne est régulièrement
des municipalités ».2
vidée… Enfin, les toits verts et l’utilisation de
comment inteRveniR ? matériaux perméables ou semi-perméables
(ex. : aire de stationnement, trottoir et patio)
Les municipalités peuvent, à travers de la contribueront à réduire la quantité d’eau à
réglementation d’urbanisme, introduirent acheminer vers les infrastructures munici-
des normes, objectifs ou critères visant à pales et le milieu hydrique.
augmenter l’infiltration des eaux de ruissel-
lement à proximité des sites où elles sont En complètement, la municipalité aura
produites. Il faut cependant connaître le avantage à prescrire un pourcentage minimal
milieu d’intervention avant d’établir des de conservation des espaces naturels aux fins
dispositions réglementaires. L’analyse du de favoriser l’infiltration naturelle des eaux
territoire, idéalement à travers une approche de ruissellement sur le terrain. Malheu -
SOURCE : La gestion durable des eaux de pluie, par bassin versant, permettra de caractériser reusement pour certains, le gazon ne fait pas
2010. MAMROT. le milieu hydrique (milieux humides, lacs, partie des espèces à privilégier pour la
cours d’eau, plaines inondables), le couvert gestion durable des eaux de pluie! Pour les
6
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
terrains riverains, la préservation de la rive à
l’état naturel, exempte de toute construc-
tion, permettra à cette dernière de jouer
adéquatement son rôle, soit un espace
filtrant avant que les eaux n’atteignent le
milieu hydrique.
D’une part, les dispositions réglementaires
pourraient viser la gestion durable des eaux
de ruissellement à l’échelle d’un projet ou
d’un quartier. Ces ouvrages permettront de
gérer les eaux de ruissellement excédentaires
provenant des terrains ainsi que les eaux
présentes sur les voies de circulation. Au
niveau des réseaux, des aires de biorétention
(noues) pourront être aménagées et la
municipalité pourrait exiger des techniques SOURCE : www.pedbikeimages.org / Dan Burden
trice de gestion par bassin versant à laquelle
particulières dans l’aménagement des fossés, nous avons eu le plaisir de participer au
notamment au niveau de leur végétalisation. niveau de la rédaction du règlement. des eaux, il est important que la municipalité
Enfin, en aval du projet, un bassin de réten- définisse les quantités de précipitations
tion ou un marais filtrant pourrait être L’une des mesures retenues par la CMQ, à à gérer qui varie selon les régions. À cet
planifié, notamment pour la rétention des la suite du dépôt de rapports d’experts, est la égard, la CMQ a retenu qu’un minimum de
eaux lors d’épisodes de pluie. Ces derniers gestion des eaux de ruissellement. Bien qu’il 0,006 mètre, soit la quantité de précipitation
peuvent être intégrés à un parc ou un espace s’agit d’un règlement de contrôle intérimaire correspondant à 50% des épisodes de pluie,
(RCI), ce dernier propose une approche doit être capté et infiltré sur le terrain visé.
public et faire l’objet d’un aménagement
normative pour la gestion des eaux sur un Également, un ou des ouvrages d’infiltration,
paysager particulier. Il est à noter que dans le
terrain résidentiel ainsi qu’une approche de rétention, de régulation et de transport
cadre d’un projet nécessitant une appro-
discrétionnaire dans le cadre d’un projet des eaux pluviales doivent être conçus et amé-
bation par le MDDEP, ce dernier énonce des
immobilier ou la construction d’une rue. nagés pour gérer les débits de rejet au milieu
exigences pour la gestion des eaux pluviales récepteur en fonction des récurrences de
et, selon le ministère, ces exigences seront Ainsi, une municipalité pourrait s’inspirer pluie une fois dans 1, 10 et 100 ans aux valeurs
renforcées à partir du 1er janvier 2012.3 de cette démarche et inclure certaines de débit qui prévalaient avant le projet.
Le guide du MAMROT, La gestion durable normes à l’intérieur de son règlement de
zonage de même que des objectifs et critères Quelques autres municipalités ont pris le
des eaux de pluie, ainsi que le guide du virage de la gestion durable des eaux de pluie
MDDEP, Guide de gestion des eaux pluviales, à l’intérieur d’un règlement discrétionnaire
(ex.: le règlement sur les plans d’implanta- au Québec. Il s’agira sans doute, d’ici
présentent de nombreux exemples concrets quelques années, d’une méthode d’amé-
réalisés par les municipalités du Québec qui tion et d’intégration architecturale). Dans le
cas d’une rue, la municipalité pourrait nagement du territoire et de planification
seront certainement une source d’inspiration des projets essentielle et obligatoire dans
pour les projets à venir. adapter son règlement sur les ententes
relatives à des travaux municipaux pour tous les cas pour assurer la qualité des lacs et
cours d’eau.
un exemPLe d’aPPLication s’assurer d’une gestion durable des eaux lors
RégLementaiRe de la construction. Considérant que la
gestion des eaux de ruissellement nécessite 1 MAMROT, La gestion durable des eaux de pluie,
Le 8 novembre 2010, le Règlement de souvent une évaluation au cas par cas, 2010, p. 10.
contrôle intérimaire visant à limiter les inter- l’approche discrétionnaire s’avère tout 2 Idem, p. 15.
ventions humaines dans les bassins versants indiquée pour faciliter l’aménagement 3 Pour plus d’informations sur les exigences
des prises d’eau de la Ville de Québec d’ouvrages performants et adaptés au site. du MDDEP: http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/
installées dans la rivière Saint-Charles et la pluviales/index.htm.
rivière Montmorency de la Communauté Outre les normes relativement à l’implan- 4 Le lecteur pourra consulter le règlement de
métropolitaine de Québec (CMQ) est entré tation, la conception et à l’aménagement contrôle intérimaire sur le site Internet de la CMQ
en vigueur.4 Il s’agit d’une approche nova- des ouvrages de captage et d’infiltration (www.cmquebec.qc.ca).

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AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
DOSSIER LEED

Construction responsable
et développement durable
La ceRtification Leed
m. yves maLLette

A vec la prise de conscience collective face aux défis environnementaux, l’engouement


pour la construction verte s’accroît. Mais des balises sont nécessaires pour encadrer le
concept de bâtiment durable, car la construction verte se caractérise par des spécificités qui
certification LEED s’effectue en trois étapes :
enregistrement du projet, soutien technique
et certification du bâtiment. À la suite de
l’enregistrement auprès du Conseil du bâti-
exigent, entre autres, de conjuguer les pratiques efficaces reconnues et les concepts émer- ment durable du Canada, les responsables
gents. Il n’est donc pas étonnant de voir que de plus en plus d’appels d’offres demandent d’un projet reçoivent le Guide de référence,
les règles de certification et l’accès à la
d’obtenir LEED, une certification écologique reconnue internationalement. Et le processus banque de demandes d’interprétation de
de certification LEED n’est pas aussi compliqué et aussi onéreux qu’on pourrait le croire. crédit précédemment enregistrées. Une fois
prête, on soumet la demande de certification
Dans un souci de réduire l’empreinte des matériaux locaux à faible impact environ- au Conseil qui fera connaître sa décision
écologique, on opte de plus en plus pour le nemental. quelques mois plus tard.
bâtiment durable, une construction qui Quand on parle de bâtiments durables, un L’USGBC a développé une série de critères
consomme peu d’énergie, limite la produc- acronyme revient continuellement dans les d’évaluation qui incluent l’efficacité énergé-
tion de gaz à effet de serre (GES), induit le conversations depuis 1998 : LEED, une certi- tique, l’efficacité de la consommation d’eau,
moins de déplacements possible, contribue fication écologique pour les bâtiments. C’est l’efficacité du chauffage, l’utilisation de
au paysage, génère peu de déchets et utilise l’abréviation de Leadership in Energy and matériaux de provenance locale et la réuti-
Environmental Design, un système nord- lisation de leur surplus. On remarquera que
américain de standardisation de bâtiments ces critères visent directement à respecter les
à haute qualité environnementale créé il y a principes des 3 R, c’est-à-dire la réduction des
13 ans par le US Green Building Council déchets et des ressources utilisées, la réuti-
(USGBC). Il s’agit d’un système d’évaluation lisation des matériaux et le recyclage des
globale issu d’un consensus visant à améliorer matériaux. Le respect de ces critères mène à
la performance environnementale et l’obtention de la certification LEED qui
économique des bâtiments. assure, de ce fait, que des mesures ont été
Le système a été adapté au contexte cana- prises pour diminuer l’empreinte écologique
dien par le Conseil du bâtiment durable du du bâtiment pendant et après la conception.
Canada (CBDC) qui est maintenant respon- Autrement dit, l’obtention d’une certifi -
sable de la certification des projets canadiens. cation LEED s’effectue selon l’évaluation de
Seuls les bâtiments certifiés par le CBDC l’ensemble de la construction, de la première
peuvent s’afficher à titre de bâtiments LEED. pelletée de terre jusqu’à son utilisation
Le CBDC a une section au Québec. quotidienne.
André Cazelais, un architecte qui travaille Premièrement, chaque bâtiment est classé
pour la Ville de Montréal, est un des adminis- dans une des cinq catégories selon son utili-
trateurs de la section du Québec du Conseil sation : LEED-NC (nouvelles constructions ou
du bâtiment durable du Canada. « Le but de rénovations majeures), LEED-BE (bâtiments
LEED est d’orienter tout le secteur de la cons- existants), LEED-SC (structure et coque),
truction vers le développement durable.
LEED-H (habitations domiciliaires) et LEED-CI
LEED a notamment été créé pour transformer
(aménagement intérieur des espaces
le marché et pour favoriser la construction de
commerciaux ou des immeubles de bureaux).
bâtiments qui offrent des lieux de vie, de tra-
D’autres catégories s’ajouteront bientôt.
vail et de loisirs sains », explique M. Cazelais.
CRÉDIT : Marc Cramer LEED favorise ensuite une approche globale
Le système Leed en reconnaissant la performance dans les
Un projet de construction écologique vise différents aspects de la réalisation d’un projet
Le système LEED fournit aux propriétaires
souvent à conférer une santé optimale aux
les outils dont ils ont besoin pour avoir un de construction selon des critères d’évaluation
occupants du bâtiment quant à la qualité de
l’eau, de l’air, l’ergonomie de l’espace, etc. impact immédiat et mesurable sur la per- regroupés en six domaines importants de la
formance de leurs bâtiments. Le processus de santé humaine et environnementale :
8
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
Aménagement écologique des sites (ex.:
utilisation du terrain qui minimise
l’impact sur le site, contrôle de l’érosion
et des sédiments, gestion des eaux
pluviales, transport alternatif, diminution
de la pollution lumineuse)
Gestion efficace de l’eau (ex.: mesures de
conservation de l’eau à l’intérieur et à
l’extérieur)
Énergie et atmosphère (ex.: optimisation
de la performance énergétique du
bâtiment et des équipements, systèmes
d’énergie renouvelable, énergie verte)
Matériaux et ressources (ex.: sélection de
matériaux écologiques, réduction des
déchets de construction, contenu recyclé,
matériaux locaux)
Qualité des environnements intérieurs (ex.: CRÉDIT : Ville de Montréal
contrôle du CO2, ventilation plus efficace,
réduction des polluants, contrôlabilité des La mise en place d’un stationnement
comme le Guide de Référence, des ateliers de intérieur pour vélos, avec toilettes et
systèmes, confort thermique, élimination
formation et l’accès à des ressources pra- douches, est un incitatif au transport actif,
des chlorofluorocarbures (CFC) )
tiques. Mais pour faciliter davantage l'exer- ce qui favorise l’obtention de points
Innovation et processus de design cice, il est recommandé d’enregistrer le projet conduisant à une certification LEED.
Des stratégies optionnelles reliées à dès sa phase initiale et de retenir les services
chacun de ces domaines, comme le pourcent- d’un professionnel agréé LEED en tant que
age des occupants ayant une vue sur l’ex- personne ressource. Ce consultant con-
ticiper certains problèmes et de les résoudre
térieur ou l’utilisation de produits exempts tribuera à simplifier le processus d’inscription
dès la phase de planification, ce qui évite des
de composés organiques volatils (COV) et de et de certification et confirmera les efforts
dépenses inutiles et permet d’adopter des
solvants, peuvent ensuite donner des points. déployés pour obtenir des crédits LEED.
stratégies efficaces et rentables ».
Cette performance est évaluée par l’attri- De plus, la considération des enjeux envi-
bution de points dans ces domaines à chaque ronnementaux, sociaux et économiques dans suRcoût
étape du projet. C’est le total de ces points qui la conception d’un bâtiment durable doit Personne ne conteste le fait que les mé-
mène aux différentes certifications. Quatre être partagée par les partenaires. On favorise thodes de construction LEED représentent un
niveaux peuvent être atteints selon le nombre donc une approche globale et multidis - surcoût par rapport à la construction tradi-
de points obtenus: certifié (certification de ciplinaire, ce qui réfère à ce qui est convenu tionnelle. Cependant, le Conseil du bâtiment
base), argent, or et platine. Chaque fois que d’appeler la conception intégrée. C’est une durable du Canada évalue ce surcoût à seu-
le projet obtient 15 points supplémentaires des clés de la réussite, estime l’architecte lement 2 % en moyenne et indique que
par rapport à son seuil minimal, il passe dans André Cazelais : « Tous les intervenants, que plusieurs bâtiments durables ont été réalisés
une catégorie de certification supérieure. ce soit le propriétaire, l’architecte, à des prix moindres ou équivalents. Le
l’ingénieur, l’entrepreneur et même les recours à des matériaux sains n’augmente
concePtion intégRée usagers, doivent collaborer dès le début du pas ou très peu la facture du projet de
Le processus de certification LEED n’est pas projet au lieu d’intervenir les uns à la suite construction. Par exemple, la peinture sans
aussi compliqué qu’on pourrait le croire. Dès des autres comme le veut le modèle tradi- composés organiques volatils (COV) ne coûte
le départ, le CBDC fournit des outils d’appui, tionnel. La conception intégrée permet d’an- pas plus cher que la peinture ordinaire.

URBA-SOLutions offre des services dans les domaines de l’environnement, de


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AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
DOSSIER LEED

« Pour les certifications argent ou or, ces quent, stimule la création d’emplois à l’échelle
surcoûts peuvent atteindre 5 %, mais ils sont locale et régionale. Il s’agit là aussi d’un aspect
amortis en très peu de temps. Par exemple, économique important, note M. Cazelais.
pour l’édifice Louis-Charland, qui détient une L’amélioration de la qualité de vie des
accréditation LEED Canada-CI argent, le occupants est un autre facteur à ne pas
surcoût a été de 2 % et considérant la diminu- négliger en rapport avec la certification LEED.
tion des frais d’exploitation et l’économie En plus de diminuer le poids environnemental
d’énergie, les augmentations de coûts ont été de l’édifice, un projet écologique vise souvent
amorties en deux ans. Le projet d’agran - à conférer une santé optimale aux occupants
dissement et de réaménagement de la du bâtiment quant à la qualité de l’eau, de
bibliothèque Saul-Bellow vise une certifi - l’air, l’ergonomie de l’espace, etc. Dans
cation LEED-NC, niveau or. Actuellement, la certains cas, on a remarqué une baisse du taux
facture énergétique annuelle est de 40 000 $. d’absentéisme et une augmentation de la
Après avoir doublé la superficie de la biblio- productivité.
thèque selon les critères LEED, nous prévoyons
que la facture énergétique s’élèvera toujours du concRet
à... 40 000 $. Nous amortirons l’investissement En somme, LEED favorise l’innovation et
supplémentaire en quatre ans », révèle André optimise les facteurs environnementaux et
Cazelais. économiques tout en fournissant une
Bref, l’expérience pratique démontre que la structure complète permettant d’évaluer la

André
construction d’un bâtiment durable ne coûte performance globale du bâtiment et d'attein-
pas énormément plus cher que celle d’un dre les objectifs d’environnement durable.
bâtiment traditionnel, sans compter qu’il est Une facette de la certification LEED récom-
permis de prévoir l’amortissement des coûts pense aussi les efforts pour sensibiliser les
de construction supplémentaires sur une
période relativement courte grâce à la
diminution des frais d’exploitation comme le
chauffage, la ventilation, la climatisation et
utilisateurs du bâtiment à la protection de
l’environnement.
Notons également que la certification LEED
efface la méfiance des consommateurs envers
Cazelais
l’éclairage, ainsi que de certains coûts d’entre- les initiatives écoresponsables, méfiance L’architecte André Cazelais travaille
tien et de réparation. Avec le temps, le exacerbée par le greenwashing. Le green-
développement de nouvelles technologies pour la Ville de Montréal à titre de chef
washing, qui peut être traduit par blan -
devrait également contribuer à diminuer les chiment écologique ou écoblanchiment, est de la section Gestion immobilière des
surcoûts. une stratégie de marketing qui cherche à bâtiments corporatifs. Il gère une équipe
D’autre part, les principes de la construction profiter de la « mode verte » en présentant
d’une vingtaine de personnes qui assure
durable favorisent l’utilisation de matériaux des produits (la plupart du temps par
produits à proximité du terrain de cons - l’entremise de la publicité) comme étant la gestion immobilière d’environ 200
truction. Cette pratique aide à soutenir les écoresponsables, même lorsqu’ils ne le sont bâtiments corporatifs municipaux.
marchés locaux et régionaux et, par consé- pas. Autrement dit, on induit le consomma-
teur en erreur en abusant de sa sensibilité André Cazelais a piloté l’élaboration et
environnementale. l’adoption de la Politique de dévelop-
« L’utilisation de LEED prouve que le bâti- pement durable dans les édifices
ment aura des impacts positifs sur l’environ-
nement et la santé des occupants et un impact municipaux de la Ville de Montréal et il
économique positif sur sa durée. La reconnais- est maintenant responsable de la mise
sance de l’homologation de bâtiment vert en œuvre du plan d’action qui découle de
LEED est non négligeable, d’autant plus que
le greenwashing attise la méfiance du public cette politique. À ce titre, il a suivi de près
face aux organisations qui se disent vertes. La plusieurs projets de construction qui
certification LEED reconnaît vraiment le ont obtenu des certifications LEED.
leadership environnemental », affirme André
M. Cazelais préside depuis 2005 le comité
Cazelais.
Une fois que tous les critères sont satisfaits, Bâtivert qui fait la promotion du
on obtient un certificat officiel et une plaque développement durable dans l’immo-
de certification LEED à installer sur le bâti- bilier municipal.
ment. Issu d’une validation par une tierce
partie dûment reconnue, le projet bénéficiera Depuis cinq ans, André Cazelais est
ensuite de retombées publiques, car la cer- administrateur à la section du Québec du
tification LEED prouve qu’on ne se contente
pas de faire de beaux discours traitant de la Conseil du bâtiment durable du Canada.
protection de l’environnement, mais qu’on Il siège également au comité de
La conception intégrée est une des clés est passé de la parole aux actes. Ceci
de la réussite pour obtenir une certification développement durable de l’Association
positionne l’organisation parmi les chefs de
écologique reconnue internationalement des gestionnaires de parcs immobiliers
file dans le domaine de la construction
comme LEED.
responsable et du développement durable. (AGPI).
10
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
DOSSIER LEED

L’édifice Louis-chaRLand:
un bâtiment pour le
bien-être des travailleurs
Par Yves Mallette

I l y a quelques années, la Ville de Montréal a décidé de rénover tout l’intérieur de l’édifice


Louis-Charland dans le but de le transformer en centre administratif. L'objectif était d'y
regrouper quatre services municipaux dont les employés étaient répartis auparavant dans
une vingtaine de bâtiments. Et tant qu’à faire, la Ville a voulu en profiter pour donner un
exemple de concept d’immeuble de bureaux écologique. Résultat : l’édifice Louis-Charland
détient une accréditation LEED-CI argent pour sa performance en développement durable.

L’édifice Louis-Charland situé dans la Cité argent qui reconnaît plusieurs solutions
multimédia, à la limite ouest du Vieux- environnementales, notamment l’accessibi-
Montréal, est détenu par la Société en com- lité des transports en commun, l’aménage-
mandite Brennan-Duke, elle-même pro- ment d’espaces verts, la réduction de la
priété de la Société d’habitation et de consommation énergétique, le recyclage et
développement de Montréal (SHDM). l’utilisation de matériaux recyclés, le contrôle
L’immeuble de 327 000 pi 2 abrite 1 400 de la qualité de l’air, de même que la gestion
employés de la Ville de Montréal qui s'af- des déchets organiques et des ordures
fairent dans quatre services municipaux. ménagères.
Ces salariés de la Ville de Montréal travail- Ces initiatives se traduisent par exemple
lent dans un milieu agréable puisqu’un des par l’aménagement d’un stationnement
CRÉDIT : Ville de Montréal
principes du bâtiment durable est de répon- intérieur où les employés peuvent laisser leur
dre adéquatement aux besoins de ses occu- bicyclette, ainsi que des vestiaires et des L’édifice Louis-Charland de la Ville de
pants et de leur assurer la sécurité et le con- douches. Avec ces mesures concrètes, on Montréal détient une accréditation LEED-CI
fort. encourage les fonctionnaires municipaux à argent pour sa performance en
développement durable.
adopter le transport actif. L’édifice Louis-
Leed-ci aRgent
Charland est d’ailleurs situé le long de l’une
Le centre administratif situé au 801 détient des principales pistes cyclables de Montréal
donc une accréditation LEED-CI (aménage- et le transport en commun est facilement
ment intérieur des immeubles de bureaux) accessible.

11
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
DOSSIER LEED

salle réfrigérée et une entreprise privée vient régulièrement


chercher les bacs.
Un programme éducatif permanent informe les employés et
le public des caractéristiques écologiques et de l’entretien du
bâtiment.
La qualité de l’air intérieur a été gérée durant tout le projet
de construction en choisissant des produits qui émettaient peu
de composés organiques volatils et qui optimisaient la venti-
lation. De plus, des sondes ont été installées pour détecter le
taux de CO2. De l’air est envoyé automatiquement quand c’est
nécessaire. « Dans le processus de certification LEED, les mesures
adoptées pour améliorer la qualité de l’air nous a valu plusieurs
points », affirme André Cazelais.
Il note également que durant les travaux, on a évité que 75 %
des déchets de construction soient dirigés vers des lieux
d’enfouissement sanitaire. De plus, le choix des matériaux de
construction a favorisé ceux qui provenaient de sources locales
CRÉDIT : Ville de Montréal
et dont le contenu était recyclé.
À l’intérieur du centre administratif, les espaces de travail ont été réduits,
mais 75 % des fonctionnaires bénéficient de la lumière naturelle et ont une Une des caractéristiques du bâtiment durable est de pouvoir
vue à l’extérieur. évoluer dans le temps pour répondre aux besoins futurs. Alors,
pour faciliter une réorganisation éventuelle des services, on a
opté pour l’installation de cloisons intérieures amovibles lors de
À l’extérieur du bâtiment, l’aménagement paysager est
l’aménagement de l’édifice Louis-Charland.
constitué de plantes indigènes qui n’ont pas besoin d’arrosage.
Le toit de l’édifice a été construit de façon plus robuste afin ceRtification Boma Best
d’accueillir éventuellement un couvert végétal. En plus d’être le seul bâtiment certifié LEED-CI de la Ville de
À l’intérieur du centre administratif, les espaces de travail ont Montréal, l’édifice Louis-Charland a obtenu la certification
été réduits, mais 75 % des fonctionnaires bénéficient de la BOMA BEST de niveau 4, soit le niveau optimal de ce programme
lumière naturelle et ont une vue à l’extérieur. De plus, à tous les national. Avec une note globale de 90 %, cet immeuble est le
étages, il y a plusieurs salles à manger ainsi que de nombreuses quatrième au Québec à recevoir une telle distinction.
enclaves où quelques employés peuvent se réunir pour discuter BOMA BEST (Building Environmental Standards) est un
sans déranger leurs collègues. programme national lancé par BOMA Canada pour satisfaire
aux besoins de l’industrie en matière
Le rendement énergétique est
de normes réalistes concernant la
optimisé, car on a recours à différents
performance énergétique et environ-
dispositifs pour contrôler l’efficience
nementale des immeubles existants,
des systèmes de chauffage, de ventila- en s’appuyant sur des informations
tion et de conditionnement d’air. exactes et vérifiées de façon indé -
L’édifice est en effet considéré comme pendante.
un bâtiment intelligent puisqu’on y a
intégré les principes de l’immotique Selon André Cazelais, cette certifi-
qui prévoient notamment des pho- cation, en plus de celle de LEED, est une
todétecteurs de présence et de autre preuve tangible de l’enga -
lumière, lesquels éteignent automa- gement de la Ville de Montréal envers
la protection de l’environnement. Et ce
tiquement la lumière dans les locaux
n’est pas fini. Entre autres exemples,
situés sur le bord des fenêtres.
mentionnons que le projet d’agran-
On favorise aussi la gestion multi- dissement et de réaménagement de la
matière grâce à un concept intégré de bibliothèque Saul-Bellow à Lachine
comptoirs, d’espaces de travail et d’en- vise une certification LEED-NC niveau
treposage pour que les employés or, un nouveau Centre de soccer
n’aient aucune difficulté à séparer le intérieur (quatre terrains) au Complexe
papier, le verre, le plastique et le métal environnemental Saint-Michel visera
qu’ils recyclent. En outre, le bâtiment aussi LEED-NC or tandis que la cons-
au complet fait l’objet d’un pro- truction du nouveau Planétarium qui
gramme de compostage. Les bacs de sera achevée en 2013 ne vise rien de
compostage sont rangés dans une moins que la certification platine.
12
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
DOSSIER LEED

RécuPéReR L'eau de PLuie


pour une maison
PLus écoLogiQue
Par Émilie Lévesque, LE CANADA FRANÇAIS

D ésireux de construire les maisons les plus écologiques qui soient, l'entrepreneur en construction Pierre De Grace a
récemment mis au point son propre système de récupération des eaux de pluie. Une initiative qui lui permettra au
passage d'obtenir davantage de points attribués selon le programme de certification LEED.

S'il existe déjà plusieurs types de récupéra- Aménagement écologique des sites, Gestion
teur d'eau de pluie, le système de Pierre De efficace de l'eau, Énergie et atmosphère,
Grace se veut à la fois facile d'utilisation et, Matériaux et ressources, Qualité des envi-
surtout, plus performant. «Les modèles qui se ronnements intérieurs et Sensibilisation et
trouvent actuellement sur le marché fonction- formation.
nent selon le principe de la gravité, explique
le fondateur de l'entreprise Construction Pour être accrédité, le système doit
Maison Verte. Mais la gravité ne suffit pas récupérer au moins 60% de la superficie
pour réutiliser l'eau à des fins pratiques.» totale de la toiture et être muni d'un réser-
voir d'un minimum de 1200 litres. Le
Voilà pourquoi ce dernier a conçu un récupérateur signé Construction Maison
récupérateur automatique composé de deux Verte permet quant à lui de réutiliser 90%
réservoirs de 1000 litres chacun unis par une des eaux de pluie redirigées vers deux réser-
pompe. Relié au réseau de gouttières de la voirs d'une capacité totale de 2000 litres.
maison par un tuyau sous-terrain de quatre
pouces de diamètre, l'appareil aspire vers les Pour garantir un maximum de résultat, les CRÉDIT : Stéphanie Brulé
réservoirs l'eau accumulée durant une averse. résidences construites par l'entrepreneur ont
un toit dont la pente la plus abrupte est Construction Maison Verte a installé son
système à proximité d’une de ses résidences
Grâce à un système de valves, l'utilisateur orientée vers l'arrière de la maison, là où est
certifiées LEED, à Saint-Jean-sur-Richelieu.
peut ensuite, lorsqu'il le souhaite, mettre en situé le système. Ce dernier est par ailleurs
route le dispositif d'arrosage de la pelouse, enfoui sous terre et dissimulé sous un
les jeux d'eau des enfants ou encore le boyau cabanon.
permettant de remplir la piscine. «Quand le
réservoir atteint sa pleine capacité, un second La jeune entreprise Construction Maison
tuyau sous-terrain permet d'écouler l'eau Verte planche actuellement sur l'aména -
vers le jardin, mentionne Pierre De Grace. gement de sa troisième maison LEED, tandis
L 'idée ét ant d'év it er au m ax im um le qu'un quatrième projet est également au
gaspillage d'eau.» menu, le tout sur les terrains que possède
la compagnie sur l'Île-Sainte-Thérèse et à
ceRtification Leed Saint-Alexandre.
Parce qu'il permet de réutiliser l'eau à la
source, le récupérateur d'eau de pluie figure à faiRe soi-même
parmi les recommandations du programme S'il on est le moindrement habile de ses
de certification Leadership in Energy and mains, il est possible de fabriquer soi-même
Environmental Design (LEED), dont l'objectif un récupérateur performant d'eau de pluie.
est de réduire l'empreinte écologique lors de Il faudra toutefois s'attendre à débourser de
CRÉDIT : Stéphanie Brulé
la construction ou la rénovation d'un 600 à 700$ pour les matériaux. À eux seuls,
bâtiment. Au Canada, le système de mesures les réservoirs équivalent à la moité des coûts. Pierre De Grace, de Construction Maison
de performance LEED comprend 136 points Il s'agit des plus gros modèles disponibles sur Verte, a conçu ce système performant de
répartis selon huit grands thèmes le marché, du genre de ceux que l'on récupération des eaux de pluie.
écologiques, soit Innovation et processus de retrouve habituellement derrière les camions
conception, Emplacement et liaisons, qui répandent des produits fertilisants.
13
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
« Les inspecteurs
municipaux en
CATÉGORIES
environnement sont
DE MEMBRES
des partenaires La Corporation se compose des
catégories de membres suivantes :
importants pour le
ACTIF : Le privilège de membre actif
Ministère. Il est donc est réservé à toute personne occupant
dans l’intérêt général la fonction d’officier municipal ou de
fonctionnaire désigné, œuvrant dans
de conjuguer nos le domaine du bâtiment, de l’urbanisme
ou de l’environnement, auprès d’une
efforts, afin d’assurer ou plusieurs municipalités locales
ou régionales.
une meilleure gestion
des dossiers environ- ASSOCIÉ : Le privilège de membre
associé est réservé à toute personne
nementaux reliés occupant la fonction d’officier municipal
ou de fonctionnaire désigné, œuvrant
au milieu municipal. » dans le domaine de l’urbanisme ou de
l’environnement, auprès d’une ou
plusieurs municipalités locales ou
m. PieRRe aRcand régionales, et dont un employé de la
Ministre du Développement municipalité locale ou régionale est déjà
durable, de l’Environnement membre actif de la Corporation.
et des Parcs Pour les villes comportant des
« arrondissements » le privilège de
membre associé est réservé à toute
personne œuvrant dans le domaine de
l’urbanisme ou de l’environnement au sein
d’un arrondissement et dont un employé
« La formation des de cet arrondissement est déjà membre
officiers municipaux actif de la Corporation.

est primordiale CORPORATIF : Le privilège de


membre corporatif est réservé à une
pour les municipalités, compagnie, une corporation, un
regroupement ou une association
car elle est garante intéressé de près ou de loin aux buts
du maintien d’un et objectifs de la Corporation.

professionnalisme DE SOUTIEN : Le privilège de


membre de soutien est réservé à une
et d’une offre de personne intéressée de près ou de loin
aux buts et objectifs de la Corporation.
service de qualité. »
ÉTUDIANT : Le privilège de membre
étudiant est réservé à toute personne qui
m. BeRnaRd est inscrite à des cours à temps plein dans
généReux un établissement d’enseignement.
Président de la Fédération RETRAITÉ : Le privilège de membre
Québécoise des Municipalités retraité est réservé à tout membre en
(FQM) règle au moment où celui-ci décide de
prendre sa retraite et souhaite continuer
à suivre les activités de la Corporation.
14
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
adhésion 2012
Votre geste… ça compte!
S.V.P. Remplir ce formulaire en caractères d’imprimerie. Merci.
r en seig n eme nt s Per son ne Ls
r en se ig nem en t s P r o fes s io n n eL s
(nécessaires pour dossier de formation)

M. Mme Adresse personnelle :

Prénom :

Nom : Ville :

Titre : Province : Code postal :

Employeur : Téléphone :
Indiquer l’arrondissement s’il y a lieu
Adresse :

Cellulaire :

PHOTOCOPIER POUR USAGE


Ville :

Province : Code postal : Date de naissance : / /


jour mois année
Téléphone : poste :

Télécopieur : Je désire recevoir mon courrier à ma résidence

Courriel :

niveau de scoLaRité comPLété foRmation(s) fonction(s)

Secondaire Aménagiste Agraire et mauvaises herbes

Collégial Ingénieur Conciliateur-arbitre

Universitaire Urbaniste Délivrance des permis et urbanisme

Architecte Environnement et Q-2, r.22

Technologue Municipal et voirie

Autre Toutes ces fonctions

Coti sati o n an nue L L e 20 1 2 Cotisation tPs tvQ t ot aL


(Valide du 1er janvier au 31 décembre) 1. Actif (1er membre) 265 $
Catégories (1 à 7) : 2. Associé 1 (2e membre) 180 $
3. Associé 2 (3e membre et +) 115 $
TPS #14100 3426 RT 4. De soutien 225 $
TVQ #1018441779 5. Étudiant 40 $
6. Corporatif 400 $
7. Retraité 50 $

S.V.P. Retourner ce formulaire accompagné de votre chèque libellé à l’ordre de la COMBEQ. Merci!

15
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
POLITIQUE ET
DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le nouveau centRe de LoisiRs de saint-LamBeRt


des mesures écoénergétiques
qui se paieront à court terme
Par Yves Mallette

L
e centre de loisirs de la Ville de Saint-Lambert avait connu peu de modifications
depuis sa construction dans les années soixante. Sa reconstruction était devenue
indispensable pour moderniser et agrandir les installations afin d’offrir diverses
activités sportives, communautaires et culturelles pour répondre aux besoins de la
population. Et tant qu’à construire, aussi bien procéder en respectant les principes
du développement durable.

Pour le maire, il ne fait aucun doute que 500 pieds de profondeur afin d’avoir le
de réaliser ce projet en se conformant aux système le plus performant possible. Ces puits
principes dictés par la construction durable sont reliés à plusieurs petites thermopompes
procurent une efficacité thermique accrue, à haute efficacité ».
d’où les économies anticipées.
M. Lajoie dit aussi que 50% du bâtiment est
vitré avec du verre à haute efficacité énergé-
Les PRinciPes tique. La façade de l'édifice est entièrement
du Bâtiment duRaBLe pourvue de fenêtres, ce qui facilite l’éclairage
Le respect de ces principes reliés au naturel et contribue au réchauffement de
développement durable s’est manifesté dès l’immeuble en hiver. En été, des stores aident
le départ, soit lors de la démolition de à la climatisation, sans compter la plantation
l’ancien centre de loisirs. Le maire Philippe de feuillus qui serviront d’écran pour pro-
Brunet montre d’ailleurs ses couleurs en téger de la chaleur, tout en laissant passer
parlant de reconstruction plutôt que de l’air. « La plantation de ces arbres est une
Philippe Brunet, le maire de Saint-Lambert démolition : « Nous avons reconstruit de mesure efficace qui ne coûte pas une fortune.
façon intelligente en recyclant tous les Cela étoffera davantage notre forêt urbaine
matériaux que nous pouvions utiliser et en déjà riche de quelque 14 500 arbres, ce qui
acheminant les autres déchets dans un cen- fait de Saint-Lambert un véritable petit
Le maire Philippe Brunet avoue que la
tre de tri spécialisé pour y être récupérés ». paradis de verdure », note avec fierté le maire
construction verte exige au départ un
Philippe Brunet.
investissement plus élevé que la construction C’est grâce surtout à plusieurs mesures
traditionnelle : « Ça coûte un peu plus cher, écoénergétiques que le nouveau centre de Au nombre des mesures écoénergétiques
mais notre investissement sera récupéré à loisirs de Saint-Lambert inauguré le mises en place lors de la construction du
très court terme, soit en trois ou quatre ans, 17 septembre dernier mérite d’être qualifié centre de loisirs, l’ingénieur Jean-Yves Lajoie
grâce aux économies réalisées en chauffage de bâtiment durable. L’ingénieur Jean-Yves parle aussi de l’utilisation de lumières à haut
et en éclairage. Ensuite, nous continuerons à Lajoie, chargé de projet lors de la cons - rendement énergétique. Il met également en
réaliser ces économies pendant plusieurs truction, indique que le chauffage et la clima- évidence le fait que l’éclairage et la ventila-
années. En somme, cette reconstruction tisation de l’édifice s’effectuent à la faveur de tion sont contrôlés par des détecteurs de
permettra de réduire sensiblement les coûts la géothermie qui utilise l’énergie de la terre mouvement. Le professionnel mentionne
d’exploitation tout en améliorant la qualité et du sous-sol : « Nous avons installé une enfin que toutes les installations sanitaires
des services offerts aux utilisateurs ». vingtaine de puits verticaux à quelque sont munies d’appareils à faible débit d’eau.
16
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
ceRtification
Avec toutes ces caractéristiques conformes aux principes du bâtiment durable,
pourquoi ne pas avoir demandé une certification LEED ? Philippe Brunet répond
que le conseil municipal y avait déjà pensé. « Mais le processus de certification
LEED aurait mis en péril l’échéancier du projet et nous devions faire très vite.
D’autre part, le budget était déjà très serré et nous ne pouvions nous permettre
d’absorber les coûts supplémentaires reliés à la certification », explique le Le centre de loisirs de la Ville de
maire Brunet. Saint-Lambert a été construit selon plusieurs
des principes du bâtiment durable.
Certification LEED ou pas, le maire de Saint-Lambert espère que
la construction du centre des loisirs servira d’inspiration à
différents promoteurs en leur démontrant qu’il peut être
rentable d'opter pour les principes du développement durable et
de garder ainsi une empreinte écologique plus légère. M. Brunet
laisse entendre que pour le moment, c’est le plus loin que la Ville
est prête à aller : « Ce n’est pas dans nos plans immédiats
d’imposer des normes ou d’adopter des mesures incitatives très
précises ».

Pour le maire Philippe Brunet, il ne fait toutefois aucun doute


que les formules d’économie d’énergie représentent la voie de
l’avenir pour les édifices d’envergure. Et avec l’évolution de la
technologie, il pense que les mesures rattachées au bâtiment La moitié du centre de loisirs de
Saint-Lambert est vitrée, ce qui facilite
durable coûteront moins cher et deviendront ainsi plus
l’éclairage naturel des locaux.
abordables pour tous les types d'immeubles.

F O R M A T I O N

Bravo à nos
1286 membres
d’accroître leur formation
et merci de faire équipe
avec votre Corporation

365, rue Normand, bureau 260, place Normand, Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec) J3A 1T6
Tél. : 450 348-7178 • Téléc. : 450 348-4885
Courriel: combeq@bellnet.ca • Site Internet: www.combeq.qc.ca
17
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
POLITIQUE ET
DÉVELOPPEMENT DURABLE

victoRiaviLLe innove
en habitation durable site, les matériaux choisis, la gestion En respect de la philosophie de gestion des
de l’eau, les mesures d’économie eaux pluviales initiée par le ministère du
d’énergie et l’accessibilité universelle. Développement durable, de l’Environnement
et des Parcs, un autre volet du programme
Parmi les domaines influencés par
concerne les aménagements extérieurs et vise
cette nouvelle façon de penser,
à réduire tant la consommation d’eau
Victoriaville Habitation DURABLE
potable que le ruissellement vers le réseau
redéfinit l’aména gement urbain.
d’égout pluvial municipal.
Pour se conformer aux nouvelles
normes exigées, l’orientation des Ces exemples d’initiatives à considérer et à
rues dans une zone résidentielle adopter lors de la construction d’une nouvelle
doit prévoir l’aména gement des habitation figurent au nombre des recom-
habitations afin de profiter au mandations énumérées et décrites dans le pro-
M. Alain Rayes, maire de Victoriaville maximum de l’énergie solaire pas- gramme Victoriaville Habitation DURABLE.
sive. En effet, l’orientation du bâti- Offert exclusivement à Victoriaville, ce
ment et la superficie de vitrage programme a été conçu de manière à être

L e 23 juin dernier, Victoriaville présen-


tait son programme de subventions et
d’attestation « Victoriaville habitation
orientée vers le sud constituent des éléments
à consi dérer pour optimiser les gains en
matière de chauffage solaire passif. En saison
exporté et adopté par d’autres municipalités
afin de réduire l’impact environnemental de la
construction de nouvelles habitations. Déjà, le
durable » visant à encourager la construc- hivernale, des gains appréciables peuvent ministère du Développement durable, de
être réalisés en favorisant l’éclairage naturel l’Environnement et des Parcs, l’Ordre des
tion de nouvelles habitations durables. Au
à l’intérieur du bâtiment. En lien avec ce architectes du Québec, l’Ordre des urbanistes
cours des cinq prochaines années, critère évalué, il est recommandé d’orienter du Québec et l’Association provinciale des
Victoriaville investira 1,5 million $ pour vers le nord les pièces utilitaires telles qu’un constructeurs d'habitations du Québec
subventionner des projets d’habitations garage, un atelier ou une aire de rangement. (APCHQ) figurent au nombre des organismes
durables. Pour une maison unifamiliale, un ayant exprimé un intérêt pour le projet.
Pour maximiser les gains, ces critères
citoyen peut obtenir jusqu’à 8 000 $ en respectés peuvent être combinés à une sélec-
aide financière de la Ville de Victoriaville tion de matériaux pour le plancher permet-
pour soutenir son projet, s’ajoutant à tant de réaliser des économies d’énergie
significatives. Pour les pièces orientées vers le
toutes les autres subventions disponibles
sud, choisir des matériaux à masse thermique
telles que Novoclimat. À partir d’une grille tels que le béton, la pierre ou l’ardoise per-
d’analyse, le propriétaire se voit décerner met d’emmagasiner et de redistribuer la
des points pour chacun des éléments chaleur de manière diffuse. Pour réduire sa
durables intégrés à son habitation. consommation d’énergie, d’autres habitudes
L’addition de ces points permet de déter- peuvent être adoptées telles que prévoir
l’utilisation d’appareils électriques certifiés
miner le type de certification, soit 3
Energy Star, choisir des thermostats
étoiles, 4 étoiles ou 5 étoiles. L’aide finan- électroniques ou installer un système de
cière varie selon le type de certification chauffage à l‘énergie solaire thermique.
obtenue. L’avantage de ce système réside
Afin de réduire sa consommation d’eau
dans la possibilité de l’appliquer à des potable, le guide suggère l’installation d’un
projets de différentes envergures. système de récupération d’eau grise, c’est-à-
dire les eaux usées provenant des baignoires,
Les difféRents asPects des douches, des lavabos, des appareils
d’une haBitation duRaBLe ménagers et des éviers, à l'exclusion des eaux
Plusieurs facteurs doivent être considérés provenant des installations sanitaires d'un POUR PLUS DE DÉTAILS OU POUR
pour rendre une habitation durable. Un lieu. Après traitement, cette eau peut être CONSULTER LES GUIDES ET FORMULAIRES,
nouveau propriétaire devra respecter réutilisée pour la toilette. Ce système permet IL EST POSSIBLE DE CONSULTER LE
SITE INTERNET ACCESSIBLE À L’ADRESSE
différents paramètres parmi lesquels se même de récupérer la chaleur produite par
trouvent la conception du projet, le choix du ces appareils. www.habitationdurable.com
18
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
POLITIQUE ET
DÉVELOPPEMENT DURABLE

une politique de développement


durable pour les édifices municiPaux
de la ville de montréal
Par Yves Mallette

L a Ville de Montréal entérinait en 2005 un Plan stratégique de développement durable.


Dans la foulée de ce Plan, la Ville a adopté, cinq ans plus tard, sa Politique de développe-
ment durable pour ses édifices municipaux et les immeubles qu’elle loue. Montréal est
La Ville fixe également des exigences
précises pour tous les projets de nouvelles
constructions et de rénovations majeures,
peu importe la superficie. Ces exigences
ainsi devenu un leader municipal en développement durable dans l'immobilier. concernent entre autres l’élimination des
déchets de construction, la gestion efficace
En adoptant sa Politique de développe- des bâtiments sur la totalité de leur cycle de de l’eau, une structure pouvant supporter
ment durable pour ses édifices municipaux, vie en incluant les coûts de déconstruction et une toiture végétale, l’aménagement
Montréal est devenu la première ville décontamination et disposition environ- d’infrastructures pour encourager le trans-
québécoise à passer au vert de façon concrète nementale ». port actif et l’intégration des énergies renou-
pour la construction, la rénovation et velables. Quant aux bâtiments existants, ils
l’exploitation de ses bâtiments, de même que L’adoption de la politique vise aussi à « devront éventuellement obtenir la certifica-
pour ses espaces en location. « Nous sommes donner aux occupants et utilisateurs des tion écologique BOMA BEST en plus d’ad-
peut-être les premiers au Québec, mais en immeubles municipaux un environnement hérer au programme de récupération multi-
Amérique du Nord et dans le reste du sain et sécuritaire propice à une meilleure
matières dans les bâtiments municipaux.
Canada, de très nombreuses municipalités productivité ». Enfin, la politique de
nous ont précédés », avoue André Cazelais, développement durable aidera la Ville de La Politique de développement durable
chef de la section Gestion immobilière des Montréal à atteindre certaines cibles environ- touche même les locations. En effet, la Ville
bâtiments corporatifs à la Ville de Montréal. nementales qu’elle s’est fixées, comme la exigera dorénavant du propriétaire de
réduction des émissions de gaz à effet de l’édifice qu’elle loue une certification BOMA
Calgary a été la première ville canadienne serre et la réduction de la consommation BEST (bâtiment existant) ou LEED (nouvelle
à adopter une politique du bâtiment durable énergétique des immeubles municipaux. construction) et un aménagement
pour ses édifices municipaux. Plusieurs autres écologique des lieux en fonction de critères
municipalités comme Vancouver, Richmond, exigences LEED ou BOMA BEST là où le marché rend la
Ottawa, Waterloo et la région de York l’ont Les exigences rattachées à l’atteinte de ces chose possible.
imité. Selon le Conseil du bâtiment durable objectifs sont très précises. Tout nouveau
du Canada, environ 18 % des 1 254 bâtiments bâtiment municipal de plus de 500 mètres De plus, tous les projets devront comporter
certifiés LEED au Canada en 2009 étaient carrés doit être construit selon les critères des éléments profitables aux communautés
construits par les municipalités. LEED-or. L’obtention de la certification est dans lesquels ils sont implantés en plus
obligatoire. Pour ce qui est des rénovations d’intégrer des critères éthiques et sociaux
Par ailleurs, il allait de soi que la Ville de majeures (plus de 500 000 $), elles doivent dans le choix des fournisseurs. Par exemple,
Montréal donne l’exemple au Québec, elle qui être réalisées en respectant les critères LEED- les entreprises locales seront favorisées, tout
est propriétaire de quelque 1 330 immeubles argent. Dans ce cas, la certification n’est pas comme celles qui ont des programmes
totalisant 2,1 millions de mètres carrés et qui obligatoire, mais souhaitable. d’insertion sociale.
loue environ 291 bâtiments
occupant 361 000 mètres carrés. André Cazelais ne cache pas
qu’en mettant en vigueur une
oBjectif Politique de développement
L’objectif de la politique de durable pour ses édifices munici-
développement durable pour les paux, la Ville de Montréal veut
édifices de la Ville de Montréal est influencer le marché en incitant
d’assurer que la conception, la cons- l’industrie immobilière à adopter
truction, la rénovation, la démoli- des comportements responsables
tion et l’exploitation des bâtiments et équitables. « La Ville veut
municipaux soient réalisées en ten- sensibiliser ses fournisseurs, loca-
ant compte de plusieurs facteurs teurs et partenaires aux grands
reliés au bâtiment durable. La Ville enjeux du développement durable
stipule notamment que les dif- et du même coup, mobiliser ses
férents projets soient conçus de employés autour d’actions de saine
façon à « réduire les impacts envi- gestion environnementale »,
ronnementaux et le coût global conclut-il.
19
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
L’enviRonnement,
une affaire d’investissement!
mme geneviève PouLin
Présidente, Ramina

C
omme vous avez pu le lire dans le Flash du mois de juin dernier, j’ai récemment fait normes environnementales, de préservation
des milieux humides, de protection des rives,
des choix professionnels qui m’ont amené à quitter le poste de secrétaire du Comité
d’obligation de minimiser les empruntes
exécutif de la COMBEQ. Je ne suis pas inactive pour autant puisque me voilà bien atterrie écologiques des développements, les promo-
teurs immobiliers eux pensent à des notions
dans le merveilleux monde du privé! de rentabilité, de potentiel de location, de
facilité d’entretien de leur immeuble. La
L’immobilier du 21e siècle a un autre visage; angulaire dans le développement de notre liste, de part et d’autre, illustrant l’écart des
les divers promoteurs doivent désormais belle province! réalités entre planificateurs et investisseurs
naviguer à travers une multitude de législa- pourrait s’allonger davantage mais là n’est
Cela dit, mon intérêt à collaborer avec la
tions en matière d’aménagement du terri- pas l’objectif de mes propos.
COMBEQ ne s’est pas estompé pour autant,
toire et d’environnement. Ces exigences en ce n’est que la forme de ma participation que Ce qui m’intéresse davantage est de cibler
rebutent plus d’un. J’avais envie de les aider je dois adapter! Quoi de mieux que la rédac- le « comment » convaincre les promoteurs
à comprendre et franchir ces étapes primor- tion d’un article pour garder le contact avec immobiliers d’adhérer pleinement aux
diales préalables à la planification et à la vous en partageant l’une de mes récentes enjeux contemporains en matière d’environ-
réalisation de projets de développement. constatations! nement. Aussi louables peuvent être les
Mes 18 années à œuvrer dans la fonction Dès les premiers mandats qui m’ont été intentions des divers législateurs, l’expéri-
publique comme responsable de l’applica- confiés, j’ai mesuré le fossé réel qui existe ence démontre sans l’ombre d’un doute qu’il
tion des règlements municipaux m’ont donné entre les visions de développement du terri- faut plus que des énoncés d’intention avant
un revers de la médaille quant à la réalité de toire, parfois théoriques, des organisations de voir s’amorcer quelconque changement
la planification du territoire et du monde de municipales et les préoccupations, parfois dans les manières de faire déjà éprouvées par
l’immobilier. Ma curiosité m’a permis d’ac- mercantiles, des investisseurs. Pendant que le passé.
quérir un regard à 360°, ce qui me permettra les différents paliers de gouvernement Bâtiment LEED, bâtiment écologique
de jouer, à ma manière, un rôle de pierre parlent de développement durable, de autonome en énergie, aménagement

Vous êtes promoteur immobilier, professionnel dans le domaine


de la construction et des services connexes à celle-ci ou encore un
particulier désirant réaliser un projet,
Devant le nombre grandissant de validation, de permis et les services suivants vous sont offerts :
d’autorisation de toutes sortes à obtenir auprès des divers organismes
de la fonction publique, il est possible de s’y perdre. Validation de la réglementation municipale, provinciale et fédérale.
Accompagnement
à l'établissement d'entreprises Cela peut devenir un irritant majeur dans la réalisation de projets de Optimisation des projets de développement en fonction de vos besoins.
et à la réalisation développement immobilier, de mandats professionnels ou encore de Rédaction des documents de présentation aux fins de demande de permis,
Service d’affaires
de projets immobiliers projets d’entreprise dans la mesure où il n’est pas toujours simple de PIIA, de modification réglementaire, de dérogation mineure, etc.
LE point de départ d’obtenir l’information requise à un seul et même endroit. Coordination avec les différents professionnels au projet.
pour faire grandir
VOS PROJETS Il existe désormais une alternative efficace et accessible Demandes de certificat d’autorisation auprès du MDDEP.
pour vous accompagner. Demandes d’autorisation auprès de la CPTAQ.
Vous pourrez ainsi rencontrer vos obligations Demandes de permis à la RACJ.
Service professionnel en toute simplicité ! Demandes de permis au MAPAQ.
à l’écoute de vos besoins
Demandes de subvention auprès des instances gouvernementales.
Geneviève POULIN Rédaction de plan d’affaires.
: 450 518 3221
@: raminaserviceaffaires.com N’hésitez pas à communiquez avec nous pour en savoir plus !
20
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
d’espaces de stationnement minimisant les îlots de chaleur, etc. Quels
que soit les projets que l’on souhaite voir s’ériger à l’intérieur de nos
limites municipales, il faut minimalement un constructeur et un
acheteur pour les voir se réaliser. Un propriétaire est-il prêt à payer
plus cher une propriété uniquement parce qu’elle a des attributs
« verts »? Un entrepreneur ou un promoteur immobilier est-il prêt à
diminuer sa marge de profit uniquement pour offrir un produit qui
répond à des critères de développement durable?
À ce jour, je n’ai pas la prétention de connaître avec exactitude les
réponses à ces questions. J’observe cependant une tendance claire à
l’effet que si les promoteurs immobiliers sont à même de mesurer que
l’environnement est un investissement, ils seront les premiers à oser!
En effet, à travers les lunettes de ceux-ci, il y a une différence énorme
entre une « dépense » et un « investissement ».
Dans un article paru dans la revue Voir Vert , M. Claude Caumartin,
évaluateur spécialisé du Groupe Altus, précise que la valeur du vert
« est une question d’offre et de demande. Plus on sera capable de
démontrer la rentabilité des bâtiments écologiques, plus les promo-
teurs vont s’y intéresser ».
À titre d’exemple, bien que l’on estime que les coûts de construc-
tion d’un bâtiment LEED peuvent être supérieurs de 10 à 20% com-
parativement à une construction classique, les coûts d’entretien et de
fonctionnement à long terme du bâtiment sont quant à eux considé-
rablement réduits. Ainsi, la dépense initiale est rapidement amortie,
assurant de même coup une meilleure rentabilité du bâtiment. Qui
plus est, les bâtiments « verts » sont très tendances si bien que l’intérêt
est grand d’y vivre ou d’y opérer une entreprise. Ils auront assuré-
ment une meilleure valeur de revente sur le marché immobilier.
Il en va de même pour les nouvelles dispositions législatives en
matière de gestion des eaux pluviales. Tandis qu’il est actuellement
investi d’importante somme d’argent en réseau souterrain tradition-
nel, la nouvelle approche législative préconisera la gestion naturelle
de ces eaux à même le site. C’est ainsi, par exemple, que nous allons
voir d’immenses bassins de rétention s’insérer à même un projet
immobilier, si grand parfois qu’ils prendront l’allure d’un parc avec
des modules pour les enfants. De cette manière, l’aire réservée pour
contribution de frais de parc servira simultanément d’espace pour la
gestion naturelle des eaux de surface. Les frais d’aménagement du
terrain seront minimisés, la densification du site sera optimisée et les
coûts reliés aux infrastructures souterraines limités à leur plus simple
expression.
Au Québec, il y a encore très peu de développement immobilier
complètement axé sur des principes de développement durable de
l’environnement. Cependant, par le biais des premières expériences
vécues dans notre province de même que les réalisations de projets
similaires ailleurs au Canada voir même dans le monde, cette
approche « verte » de développement du territoire prendra de plus
en plus sa part du marché. En effet, tous les acteurs du domaine de
la construction auront tôt fait de comprendre que l’environnement
est une affaire d’investissement!
21
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
augmentation du voLume
des fosses sePtiQues :
analyse et proposition du Regroupement
des fabricants de fosses en béton
m. dominic meRcieR, ing.
M.Sc.A.
Enviro Neptune inc.

E n 2008, le ministère du Développement Durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) a entrepris une consultation des acteurs de
l’industrie de l’assainissement autonome afin de discuter de divers éléments qui sont visés par une réforme en profondeur du Règlement
sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2,r.22). Ces consultations regroupaient les principaux groupes
d’intervenants dans le milieu de l’assainissement autonome tels que la COMBEQ, la FQM, l’AESEQ, Réseau Environnement, les manufac-
turiers des technologies de traitement, l’Ordre des ingénieurs, l’Ordre des technologues, etc. La conclusion de cette consultation s’est faite
avec l’identification des éléments pouvant être intégrés dans le cadre d’une modification réglementaire à court, à moyen et à long terme.

À ce jour, aucune modification significative n’a été apportée au ment plus petites que la plupart des autres prescriptions réglemen-
règlement bien que la refonte fasse toujours partie des priorités du taires en Amérique du Nord. La nécessité de l’augmentation du volume
MDDEP. Toutefois, cette refonte ne saurait tarder compte tenu que le des fosses septiques a été en grande majorité très bien accueillie par
MDDEP s’était donné comme objectif en 2000 de procéder à une les acteurs de l’industrie.
refonte à tous les cinq ans environ, 2005 étant la dernière refonte
d’importance avec, entre autres, l’intégration de l’article 4.1. Le tableau suivant présente la proposition du MDDEP quant à la
révision des volumes des fosses septiques résidentielles ainsi que les
Notons que lors de ces consultations, il n’existait aucune association volumes actuellement offerts sur le marché. Notons que le règlement
ou regroupement des fabricants de fosses septiques préfabriquées et fait actuellement référence au volume total des réservoirs alors que
par conséquent, ces derniers étaient absents des tables de discussions. les volumes effectifs (capacité réelle en opération) seront la référence
Le changement des volumes de fosses septiques prévues à la refonte de la prochaine refonte.
est directement lié à leurs activités et des impacts importants
découleraient d’une modification réglementaire majeure. En 2010, les taBLeau 1 : caPacité effective des fosses sePtiQues
fabricants se sont regroupés pour former le Regroupement québécois PRoPosée PaR Le mddeP (LitRes)
des fabricants de fosses septiques préfabriquées en béton (RQFFSPB). NBRE FOSSES EN SÉRIE OFFRE
Notons que plus de 30 entreprises œuvrent dans ce domaine au FOSSE
DE CHAMBRES ACTUELLE DE
UNIQUE 1ère 2ème
Québec. Dès sa formation, le mandat initial du Regroupement a été À COUCHER L’INDUSTRIE*
d’étudier l’aspect de l’augmentation du volume des fosses septiques. 1 3 700 2 480 1 220 2 067
La PRoPosition du mddeP 2 3 700 2 480 1 220 2 842
Le MDDEP a développé en ce sens une proposition de révision des 3 3 700 2 480 1 220 3 192
volumes essentiellement basée sur l’analyse des réglementations en 4 4 700 3 150 1 550 3 570
vigueur dans d’autres provinces et états américains. Force était de 5 5 600 3 750 1 850 3 900
constater que nos fosses septiques étaient effectivement générale- 6 6 500 4 400 2 100 4 720
*Basé sur le volume effectif moyen des manufacturiers
de fosses septiques en béton

Il apparait clairement, et c’est aussi le constat qu’a fait les manufac-


turiers de fosses septiques, que les nouveaux volumes proposés
représenteraient un impact majeur pour leur industrie. En effet, il n’y
a qu’à penser à la fabrication de nouveaux moules, au remplacement
des appareils de levage et de manutention, à l’impossibilité pour les
camions déchargeurs actuels de manipuler des fosses uniques de cette
taille, au poids accru et au nombre réduit de réservoirs lors du transport
vers les centres de distribution, etc. Le Regroupement évalue que
plusieurs millions de dollars devront être investis par plusieurs manufac-
turiers pour s’adapter à cette refonte et certain doute qu’ils puissent
rester en affaire. Le Regroupement s’inquiète également de l’impact sur
le prix aux consommateurs et sur les entrepreneurs en excavation dont,
pour plusieurs, la machinerie ne pourra manipuler ces nouvelles fosses.
22
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
Le Regroupement conçoit toutefois que tout changement crée des Répondre aux objectifs de performance et de rétention des résidus
impacts et que s’il est nécessaire d’augmenter le volume des fosses sep- solides et flottants;
tiques pour des raisons de protection de l’environnement et de la santé Établir un taux d’accumulation des boues et écumes basé sur la
publique, les fabricants devront emboîter le pas. C’est particulièrement littérature récente, la plus reconnue et la plus représentative;
sur ce point que le Regroupement a décidé de mandater une firme
experte indépendante afin d’étudier la nécessité d’augmenter le volu- Différencier les applications de type unifamilial des applications
me des fosses septiques. Cette étude devait porter non pas sur une de type multifamilial et autres bâtiments;
comparaison territoriale mais plutôt sur une base de performances des Établir des volumes effectifs permettant le plus possible de réduire
fosses en égard à ses deux fonctions principales, soit retenir la majorité les impacts sur les manufacturiers de même que les impacts
des matières solides décantables et flottantes et accumuler les résidus techniques et financiers sur les usagers et les entrepreneurs.
durant la période entre deux vidanges du réservoir. Le critère de performances fait référence à la capacité d’une fosse
une aPPRoche techniQue aLteRnative septique de permettre la décantation des matières solides et la
PouR Le voLume des fosses sePtiQues rétention des matières flottantes et ce pour toute la période entre
deux vidanges. Il est reconnu par le MDDEP qu’un temps de rétention
Monsieur Dominic Mercier, ingénieur pour la firme Enviro Neptune minimal de 24 heures doit être fourni et ce jusqu’à la vidange. Sur ce
inc. a entrepris pour le compte du Regroupement, une revue de la point, le Regroupement a travaillé sur deux scénarios, soit celui d’une
littérature et une analyse de la capacité des fosses disponibles vidange aux deux ans comme le prévoit actuellement le règlement,
actuellement sur le marché à rencontrer les objectifs de performances. de même qu’une vidange aux quatre ans. Ce qui semble être un des
Suite à cette analyse, une proposition alternative a été déposée au objectifs du MDDEP en parallèle à l’augmentation du volume des
MDDEP en janvier 2011. fosses septiques lors de la refonte à venir.
Monsieur Mercier avait participé aux consultations faites en 2008 et L’évaluation du volume nécessaire à l’accumulation des boues et
assisté à la plupart des présentations faites par le MDDEP à ce sujet. écumes entre les vidanges va de pair avec l’établissement d’un taux
Lors des échanges entre les participants, un consensus ressortait claire- d’accumulation des boues et écumes dans les fosses septiques. Avec
ment tant chez les professionnels concepteurs que chez les fabricants le temps, le taux d’accumulation des boues diminue car les mécan-
de technologies. Tous s’entendaient pour dire que les fosses septiques ismes de digestion s’enclenchent et les boues sont transformées. Le
les plus susceptibles de mal performer étaient celles desservant des taux d’accumulation des boues et écumes a fait l’objet de plusieurs
bâtiments multifamiliaux et des commerces. Ces établissements sont études au Canada, aux États-Unis et en Europe. Ces études ont établi
caractérisés par la présence de plusieurs cuisines, salles de lavages, des taux d’accumulation des boues et écumes basés sur le nombre
salles de bains ou encore par des activités générant des eaux fortement d’occupants de la résidence.
chargées ou contenant des produits non compatibles avec les procédés
biologiques tels une fosse septique (réacteur anaérobie). Un autre La sélection des études s’est faite sur les critères suivants :
consensus des acteurs était que depuis que les municipalités prennent Nombre de fosses suivies;
en charge la vidange des fosses septiques à même les comptes de taxe
des citoyens, la délinquance en matière d’entretien des fosses sep- Date de l’étude;
tiques a grandement diminuée. Soulignons par ailleurs que le Québec Durée d’accumulation couverte par l’étude;
est un des rares territoires dotés d’une obligation réglementaire quant Pertinence et représentativité.
à la vidange des fosses septiques et ce depuis 1981. Plusieurs autres
provinces et états ne sont qu’au balbutiement d’une norme d’entretien Sept études ont été sélectionnées dont trois américaines (Weibel,
des fosses septiques et dans un contexte où les fosses septiques ne sont Bounds, Howard), deux françaises (Philip, Eparco) et deux canadiennes
que rarement et même jamais vidées, il peut être normal que les fosses (Moore, Kinsley). Ces études présentaient des particularités
septiques soient plus grosses. L’obligation récente de doter chaque pertinentes telles des taux d’accumulation résultants d’études réelles
fosse septique d’un préfiltre est une autre mesure qui a été bénéfique sur le terrain de plusieurs fosses septiques (jusqu’à 450), le suivi de
à la performance des fosses septiques au Québec et à la protection des certaines fosses septiques sur un nombre d’années permettant de
éléments épurateurs contre le largage de résidus. constater l’effet de la digestion, d’une analyse statistique des données
avec un intervalle de confiance assurant la représentativité des
Dans leur approche relativement au volume des fosses septiques, le résultats, la prise en compte du climat, etc..
Regroupement des fabricants de fosses septiques a identifié les quatre
(4) priorités suivantes : D’ailleurs, un fait intéressant à souligner est que lorsqu’on localise

23
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
les différents lieux de réalisation des études et les taux d’accumulation multifamiliaux et des autres bâtiments qui requièrent une sécurité
des boues et écumes des auteurs sur une carte, on n’observe aucune supplémentaire. En effet, toute personne œuvrant dans le domaine
tendance liée au climat. En effet, les phénomènes de digestion ont constate qu’une résidence unifamiliale de 6 chambres à coucher dans
été observés tant au Canada qu’en Europe et aux États-Unis. laquelle il est susceptible en moyenne de retrouver jusqu’à 7 person-
nes, générera moins d’eaux usées qu’un triplex de 3 unités de deux
Le tableau suivant présente les volumes de boues et écumes chambres à coucher totalisant pourtant aussi 6 chambres à coucher
accumulés par personne selon les auteurs : mais abritant potentiellement chacune trois occupants donc 9 person-
nes. Ceci renforce selon nous la nécessité de créer une classe distincte
taBLeau 2 : voLume des Boues et écumes dans pour les établissements multifamiliaux et les autres bâtiments dans la
Les fosses sePtiQues seLon diveRses études refonte. Finalement soulignons que si une entreprise décidait de faire
et PéRiodes entRe Les vidanges certifier un produit de classe 1 de la norme NQ 3680-910 soit un traite-
2 ANS 4 ANS
ment primaire, ce dernier serait certifié selon les débits de la norme et
ÉTUDES non ceux du Q-2,r.22 et pourrait pourtant remplacer n’importe quelle
L/pers L/pers fosse septique dans une filière de traitement.
Bounds 284 454 Le tableau suivant présente les débits et le nombre d’occupants
Weibel 294 395 suggérés par le Regroupement pour le calcul des volumes des fosses
Kinsley 233 465 septiques. Ces valeurs sont inspirées du règlement Q-2, r.22 et de la
Philip 164 240 norme NQ 3680-910.
Moore 173 346 taBLeau 3 : cLasses de déBits et nomBRe
Eparco 146 220 d’occuPants éQuivaLent PRoPosées PaR
Howard 166 332 Le RegRouPement des faBRicants de fosses
MOYENNE 209 350 sePtiQues PRéfaBRiQuées en Béton
RÉSIDENCES UNIFAMILIALES RÉSIDENCES MULTIFAMILIALES
Ainsi, nous établissons suite à cette analyse qu’en moyenne une ET AUTRES BÂTIMENTS
personne génère 209 litres de boues et écumes sur 2 ans et 350 litres (L/JOUR) NBRE D’OCCUPANTS* (L/JOUR) NBRE D’OCCUPANTS*
sur 4 ans. Le taux sur 4 ans montre clairement l’effet de la digestion
sur le taux d’accumulation. 540 (1 ch.) 2 540 2
1 080 (2 ch.) 4 1 080 4
Partant de la prémisse que les bâtiments multifamiliaux et les
commerces (autres bâtiments) représentent des usagers à risques, il est 1 260 (3 ch.) 4.7 1 620 6
proposé d’emblée la création d’une catégorie distincte pour ce type 1 440 (4 ch.) 5.3 2 160 8
d’usager pour lequel une table de dimensionnement distincte serait 1 800 (5 ch.) 6.7 2 700 10
proposée. Ainsi, il est proposé de créer dans le règlement une 2 160 (6 ch.) 8 3 240 12
catégorie « bâtiment unifamilial » et une catégorie « bâtiment
*Basé sur un débit unitaire de 270 L/pers tel que recommandé par le MDDEP
multifamilial et autres bâtiments ».
et confirmé par une étude récente de la SCHL.
Un autre élément observé est la différence importante entre le débit Il est donc maintenant possible d’utiliser les données précédentes
proposé dans le règlement versus ceux ayant été utilisés pour la (nbre d’occupants, classe de bâtiment et taux d’accumulation des
certification des technologies sous la norme 3680-910. En effet, pour boues et écumes) pour déterminer les volumes minimums requis des
donner un exemple, le concepteur d’une installation septique unifa- fosses septiques, soit ceux qui assureront au minimum 24 heures de
miliale de 4 chambres à coucher sélectionnera un débit de 2 160 L/d rétention en plus d’accumuler les boues sur une période de 2 ou 4 ans.
selon le Q-2, r.22 alors que la technologie BNQ classe 3, 4 ou 5 qu’il
utilisera dans sa filière aura été testée à un débit de 1440 L/d. Nous Les deux tableaux suivants présentent les résultats de l’analyse faite
sommes d’avis que bien qu’il existe une grande disparité entre ces par Enviro Neptune pour le compte du Regroupement pour un
débits, le MDDEP et le BNQ, ayant élaboré ensemble le programme de scénario des vidanges tous les deux ans tel que le règlement Q-2, r.22
certification des technologies, étaient convaincus de la performance actuel l’exige. Notons que le chiffre entre parenthèse représente le
des technologies certifiées dans leurs usages en conditions réelles et pourcentage du besoin comblé par la proposition du Regroupement
que les débits de la certification sont représentatifs des débits réels sur par rapport aux besoins requis en fonction du taux de production de
le terrain. En fait, nous croyons que les débits élevés proposés par le boues et d’écumes moyen des 7 études scientifiques retenues.
règlement sont le résultat de l’intégration systématique des bâtiments
taBLeau 4 : voLumes effectifs des fosses sePtiQues
des Résidences unifamiLiaLes
avec vidange tous Les deux ans
VOLUME VOLUME VOLUME VOLUME
EFFECTIF REQUIS SELON PROPOSÉ PAR LE PROPOSÉ
NBRE MOYEN OFFERT LA MOYENNE REGROUPEMENT PAR LE
DE CHAMBRES ACTUELLEMENT DES 7 ÉTUDES ET % DU BESOIN MDDEP
PAR L’INDUSTRIE RETENUES COMBLÉ

(Litres) (Litres) (Litres) (%) (Litres)

1 2 067 957 1 700 (178%) 3 700


2 2 842 1 914 2 200 (115%) 3 700
3 3 192 2 233 2 700 (121%) 3 700
4 3 570 2 552 3 100 (121%) 4 700
5 3 900 3 190 3 400 (107%) 5 600
6 4 720 3 828 3 700 (97%) 6 500
24
Le magazine Bâtivert AutOmne 2011
taBLeau 7 : voLumes effectifs des fosses sePtiQues
des Résidences muLtifamiLiaLes et autRes
taBLeau 5 : voLumes effectifs des fosses sePtiQues Bâtiments avec vidange tous Les QuatRe ans
des Résidences muLtifamiLiaLes et autRes VOLUME VOLUME VOLUME VOLUME
Bâtiments avec vidange tous Les deux ans EFFECTIF
MOYEN OFFERT
REQUIS SELON
LA MOYENNE
PROPOSÉ PAR LE
REGROUPEMENT PROPOSÉ
NBRE
PAR LE
DE CHAMBRES ACTUELLEMENT DES 7 ÉTUDES ET % DU BESOIN
VOLUME VOLUME VOLUME MDDEP
VOLUME PAR L’INDUSTRIE RETENUES COMBLÉ
EFFECTIF REQUIS SELON PROPOSÉ PAR LE PROPOSÉ
NBRE MOYEN OFFERT LA MOYENNE REGROUPEMENT PAR LE (Litres) (Litres) (Litres) (%) (Litres)
DE CHAMBRES ACTUELLEMENT DES 7 ÉTUDES ET % DU BESOIN MDDEP
PAR L’INDUSTRIE RETENUES COMBLÉ
1 2 067 1 241 1 700 (137%) 3 700
(Litres) (Litres) (Litres) (%) (Litres) 2 2 842 2 481 2 700 (109%) 3 700
1 2 067 963 1 700 (177%) 3 700 3 3 192 3 722 3 600 (97%) 3 700
2 2 842 1 926 2 200 (114%) 3 700 4 3 570 4 963 5 000 (101%) 4 700
3 3 192 2 888 2 800 (97%) 3 700 5 3 900 6 203 4 000 + 2 000*
(97%) 5 600
4 3 570 3 851 3 800 (99%) 4 700
5 3 900 4 814 4 600 (96%) 5 600 6 4 720 7 444 5 000 + 2 500*
(101%) 6 500
6 4 720 5 742 5 400 (94%) 6 500
*Configuration à deux fosses en série dont la première représente 2/3
du volume et la seconde le 1/3 du volume.
Les deux derniers tableaux présentent l’analyse dans l’éventualité
d’une vidange des fosses septiques aux quatre ans. Le tableau 5 permet de constater qu’à partir d’une résidence multi-
familiale ou un autre bâtiment équivalent à 4 chambres à coucher, une
taBLeau 6 : voLumes effectifs des fosses sePtiQues augmentation du volume des fosses septiques est requise. Toutefois le
des Résidences unifamiLiaLes volume proposé par le Regroupement permettrait de combler les
avec vidange tous Les QuatRe ans besoins tout en réduisant significativement les impacts sur l’industrie.
VOLUME VOLUME VOLUME Dans les scénarios d’une vidange aux quatre ans, les tableaux 6 et
VOLUME
EFFECTIF REQUIS SELON PROPOSÉ PAR LE PROPOSÉ 7 nous donnent beaucoup d’information. En effet, nous observons au
N
BRE MOYEN OFFERT LA MOYENNE REGROUPEMENT PAR LE
DE CHAMBRES ACTUELLEMENT DES 7 ÉTUDES ET % DU BESOIN tableau 6, que pour les résidences unifamiliales, les fosses offertes
MDDEP
PAR L’INDUSTRIE RETENUES COMBLÉ
actuellement sur le marché comblent les besoins d’une vidange aux
(Litres) (Litres) (Litres) (%) (Litres) 4 ans dans plus de 95% des cas. Le tableau 7 quant à lui nous indique,
tel qu’il était possible de le prédire, que pour les applications multi-
1 2 067 1 202 1 700 (141%) 3 700
familiales et les autres bâtiments, une augmentation du volume des
2 2 842 2 405 2 700 (112%) 3 700 fosses est requise à partir d’une équivalence de 3 chambres à coucher.
3 3 192 2 805 2 700 (96%) 3 700
Cette analyse semble démontrer l’avantage important pour l’indus-
4 3 570 3 206 3 200 (100%) 4 700
trie de l’assainissement autonome tant du point de vue des fabricants
5 3 900 4 008 3 800 (95%) 5 600 de fosses, que des entrepreneurs et des usagers, de séparer les appli-
6 4 720 4 809 4 600 (96%) 6 500 cations unifamiliales des applications multifamiliales et autres bâti-
ments. Certaines juridictions nord-américaines ont d’ailleurs utilisé
Les fosses sePtiQues actueLLes font Le tRavaiL cette distinction dans leur règlement. Il est aussi intéressant d’ob-
server que sur les bases de cette analyse, les fosses septiques actuelle-
En observant le tableau 4 présentant les volumes requis pour les
ment utilisées au Québec font dans la grande majorité des cas un
résidences unifamiliales qui représentent plus de 90% des fosses
travail très acceptable et le ferait même si la vidange devait passer aux
septiques installées au Québec, nous pouvons constater que l’offre
quatre ans. Cette affirmation est d’autant plus renforcée par les
actuelle de l’industrie comble amplement les besoins. C'est-à-dire que
mesures de protection qu’offre maintenant la pose systématique de
pour une résidence unifamiliale de 1 à 6 chambres à coucher munit
préfiltres et la prise en charge de l’entretien par les municipalités.
d’un préfiltre et dont la vidange se fait aux deux ans, les fosses
actuellement installées au Québec sont en mesure de rencontrer les * Avec le consentement du Regroupement québécois des fabricants
objectifs de performance et d’accumulation des résidus. de fosses septiques préfabriquées en béton.

25
AutOmne 2011 Le magazine Bâtivert
dany maRciL se joint
à l’équipe de la comBeQ
L e 22 août dernier, M. Dany Marcil s’est joint à l’équipe de la COMBEQ au poste de responsable des
communications et du marketing. Détenteur d’un baccalauréat bidisciplinaire en communication et
science politique de l’Université de Montréal, il a œuvré dans la sphère politique au cours des dernières
années, autant au niveau fédéral que provincial.
M. Marcil sera notamment responsable de la production du magazine BâtiVert. Il compte d’ailleurs amener
plusieurs améliorations au magazine en structurant le contenu et en ajoutant des chroniques récurrentes.
Il coordonnera également le développement du nouveau site Web et la gestion une fois que celui-ci sera
terminé. M. Marcil souhaite profiter des médias sociaux et de tous les avantages du Web 2.0 pour
communiquer aux membres les activités et les informations de la COMBEQ.
En plus de développer des ententes avec de nouveaux partenaires, il veillera au respect de l’image
corporative dans toutes les activités de communication ainsi qu’à son amélioration.

M. Dany Marcil
Responsable des Vous pouvez rejoindre M. Marcil à la permanence de la COMBEQ au 450 348-7178
communications ou par courriel à cette adresse : dany.combeq@bellnet.ca
et du marketing

PRochain congRès de La comBeQ


taRif
26, 27 et 159 $ ou
28 avril 2012 au 179 $
en occupation simple ou double

PouR RéseRvation
composez le 1 800 441-1414
et mentionnez ce code :
CORP0412

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365, rue Normand, bureau 260, Place Normand, Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec) J3A 1T6
Tél.: 450 348-7178 • Téléc.: 450 348-4885
Courriel: combeq@bellnet.ca • Site Internet: www.combeq.qc.ca
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Le magazine Bâtivert AutOmne 2011

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