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Nègre est un substantif masculin (négresse au féminin) à l'origine, synonyme de

l'adjectif « noir » (du latin niger : noir) et qui a pris au fil des années en
français standard un caractère péjoratif pour désigner les Noirs; en créole
haitien, le mot « nèg » (nègre) veut simplement dire « homme».

En français, le substantif a pris avec le temps une connotation péjorative et


raciste qui est remise en cause par le mouvement de la négritude. L'adjectif a été
utilisé dans un certain nombre d'expressions telles que art nègre sans connotation
péjorative, mais elles ont été presque toutes remplacées, par exemple par art
africain (traditionnel). Le substantif, dans les pays francophones, dérive du
portugais et de l'espagnol negro (noir). Le terme ibérique est à l'origine
descriptif, mais acquiert en français l'idée d'une population inférieure (et
autrefois pour partie vouée à l'esclavage).

Des scientifiques du xviiie siècle développent des théories raciales et utilisent


rapidement le mot « nègre » pour désigner les populations subsahariennes ou
d'origine subsaharienne (Carl von Linné, Georges-Louis Leclerc de Buffon ou Johann
Friedrich Blumenbach) ; ils considèrent les « nègres » comme une variante
particulière de l'espèce humaine1. Buffon considère ainsi que les populations
humaines sont issues d'une souche initiale qui s'est adaptée selon les milieux
habités2, et qu'après plusieurs générations, un groupe d'hommes blancs dans un
environnement particulier deviendrait noir.

« À la fin du xviiie et au début du xixe siècle, cependant, un nombre croissant


d’auteurs, surtout parmi les partisans de l’esclavage, affirment que les races
indiennes constituent autant d’espèces distinctes1. »

Étude (en) de nègre, Théodore Chassériau, 1836


L'adjectif « nègre » sera aussi utilisé au xxe siècle comme terme regroupant
l'ensemble des populations africaines ou d'origine africaine, et retrouvera alors
sa qualité purement descriptive de la spécificité d'une culture parmi d'autres :
Pablo Picasso parlera alors de l'« art nègre », et s'en inspirera. Une évolution
similaire se produit aux États-Unis avec la version anglophone du mot : negro,
descriptif, opposé à nigger, péjoratif.

Le poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire a forgé le mot « négritude


»3. Parmi les « quelques autres » intellectuels noirs qui revendiquent leur
négritude, se trouvent Léopold Sédar Senghor qui a beaucoup promu le terme et
Ebénézer Njoh-Mouellé qui en fait une lecture bien plus critique, lui reprochant de
masquer par des spécificités mineures l'universalité des aspirations culturelles
humaines.

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