Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
Selon Ha thi Phuong Tien, les chiffres réels d‟immigrants dépassent largement 500.000 personnes
1
Secteur d‟Etat: 39,2%
Secteur privé : 42,1%
Investissement étranger : 18,7%
Ho Chi Minh Villes est le plus grand centre économique du pays : sa population
représente 6,6% de la population totale du Vietnam, mais son PIB représente 17,6% du
PIB national et sa contribution représente 37,8% du budget national.
Le taux de croissance du PIB de la ville entre 2003 et 2004 est de 111,6%, le
secteur privé a une vitesse de croissance plus grande que le secteur d‟Etat.
- Secteur d‟Etat 108,8%
- Secteur privé 114,5%
- Secteur d‟investissement étranger 112,0%
Selon différentes sources statistiques, les femmes dirigent 25 – 30% des 140.000
entreprises et 60% des entreprises familiales dans tout le Vietnam
Les résultats ont montré que 40% d‟entre elles dirigent leurs entreprises depuis
plus de dix ans. Les entreprises ont en moyenne 70 travailleurs contractuels (de longue
durée) et 25 employés de courte durée.
Gérer le petit commerce au marché, les petites boutiques familiales à domicile est
un domaine spécifiquement féminin. C‟est ainsi que les femmes vietnamiennes depuis
longtemps ont fait leur apparition dans l‟espace public. Cette tradition est favorable à la
participation des femmes aux activités commerciales et de service modernes, mais vu du
côté des femmes seulement. Au regard de la société, les femmes dirigeantes d‟entreprise
subissent encore les préjugés d‟ordre culturel. Cette remarque provient des femmes et
aussi des hommes.
2
Les femmes ont soulevé deux obstacles majeurs dans leurs activités
professionnelles. D‟un niveau d‟éducation moyen, elles constatent qu‟il leur manque de
formation professionnelle et des connaissances du marché international. Les règlements
officiels font obstacle au développement économique et au maintien de la main d‟oeuvre
qualifiée.
Nous pouvons remarquer que ce ne sont pas des obstacles spécifiques des
femmes, les hommes rencontrent aussi ces difficultés. En revanche, les femmes font face
à des obstacles plus spécifiques, elles ont mentionné les préjugés à l „égard des femmes
dans le monde des affaires. La famille ne les soutient pas. Malgré ces obstacles, plusieurs
femmes dirigeantes d‟entreprises ont constaté que ces difficultés se sont amenuisées dans
la mesure que les femmes sont devenues le pilier économique de la famille. Leur statut
est renforcé dans la famille.
En ce qui concerne les contraintes, plusieurs femmes considèrent que concilier
les deux tâches, travail et tâches familiales selon les points de vue traditionnels leur
cause des pressions. Les préjugés à l‟égard des femmes réussies dans les affaires
s‟expriment de manière suivante: les femmes négligent la famille, étant trop occupées
par le travail et par leur aspiration à un succès de plus en plus grand. Si la famille ou les
enfants ont des problèmes, ce sont les femmes qui en sont accusées les premières. En
bref, si la famille a des problèmes, c‟est la faute de la femme.
Deux faits révélateurs de l‟attitude de culpabiliser les femmes :
- lors des formations dans le domaine du genre, que ce soit pour les étudiants ou pour
les employés et cadres, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, les discussions
sur l‟égalité des genres, sur la participation des femmes aux activités économiques ainsi
que sur leurs réussites professionnelles font toujours ressortir des opinions de mise en
garde à leur égard. Les arguments de référence sont :
Il faut faire attention : si les femmes sont trop occupées et passionnées par leurs
activités professionnelles, elles négligent les soins pour leurs maris et enfants,
faute de temps. Cette situation porte en elle des risques pour la famille : les
enfants auront des problèmes dans leurs études, ils peuvent tomber dans la
détresse ou dans de mauvaises pistes, leurs maris pourront abandonner le foyer
pour une autre femme. Donc, les femmes doivent préserver en priorité la stabilité2
de la famille, s‟il y a une contradiction entre la préservation de la famille et la
réussite dans le travail, il faut sacrifier le travail pour la famille. Ainsi, les
opinions courantes opposent travail et famille seulement pour les femmes. On
considère que ces deux parties sont difficilement réconciliable dans le contexte
contemporain où les risques et menaces pour la famille se sont accrus.
Les magazines pour femmes ont une rubrique de consultation réservée aux
problèmes de famille ou affaires sentimentales en terme plus général. Les femmes
exposent sous forme de correspondance leurs problèmes (conflits avec le mari, le
mari a une autre femme, conflits avec la famille du mari, les enfants quittent le
foyer...) et demandent conseil au groupe de consultants (tes) du magazine. On
rencontre souvent des conseils du type suivant : Vous (la femme) devriez voir
quelle est la part de vos erreurs/ fautes. Est-ce que vous avez négligé votre
famille à cause du travail ? Vous devriez ajuster vos attitudes et activités pour
2
On entend par “stabilité de la famille” préserver le statut légal de la famille, éviter le divorce à tout prix, et
souvent au prix des souffrances ou de l‟endurance de la femme.
3
faire plaisir à votre mari. Vous devriez soigner votre beauté, votre apparence
physique. Vous devriez vous montrer douce à l‟égard de votre mari quelle que
soit son attitude.
La vice -directrice d‟une entreprise privée spécialisée en broderie3 a affirmé : « Pour
nous autres femmes, il nous est inadmissible qu’on néglige la famille à cause de notre
passion pour le travail à l’entreprise. D’ailleurs, dans ce cas, les désavantages seront du
côté des femmes, elles sont perdantes plutôt que gagnantes ».
Sous la pression de l‟idéologie patriarcale de la société, les femmes ont des difficultés de
sortir du carcan du stéréotype des rôles masculin/féminin.
- Une autre contrainte perçue par les femmes dirigeantes est que les
pratiques festives des hommes dans les relations publiques ne conviennent pas aux
femmes. Les hommes du monde de l‟entreprise en cette phase de transition ont l‟habitude
de régler les affaires, les contrats à table. Il faut savoir boire , et boire beaucoup de bière
et de vin. Cette culture des arrivistes qui prédomine actuellement dans la société gêne
vraiment les femmes. Devant cette situation, certaines femmes dirigeantes d‟entreprise
doivent faire un compromis en adoptant le comportement des hommes. Ce compromis à
son tour peut causer des ennuis dans les relations avec leurs maris. Une femme a
révélé que pendant une négociation pour signer un contrat, ses partenaires ont insisté
qu‟elle se joigne à eux pour une partie de bière. Elle a été obligée d‟accepter leur
proposition afin que le contrat soit signé. Elle a dit : « Ce soir là, bien que j’aie atteint
mon objectif qui est la signature du contrat pour l’entreprise, mon mari a été mécontent
parce que je suis rentrée tard, à 10 heures du soir ».4
Les femmes dirigeantes d‟entreprise ont exprimé leurs points de vue sur les
aspects de relations de genre :
- Les femmes doivent faire des efforts continus parce qu‟il est plus difficile pour les
femmes que pour les hommes de diriger une entreprise, à cause des contraintes et des
préjugés de la société. Mais grâce à l‟économie de marché, les femmes ont plus
d‟opportunités de déployer leurs capacités. Pour être reconnues, les femmes doivent
travailler beaucoup plus que les hommes.
- Il faut bien gérer le temps pour assurer et concilier les deux tâches : travail et
famille.
Un certain nombre de femmes se sentent plus en difficulté dans la gestion et dans les
relations avec le personnel et les clients.
3
Entrtepsise Hiep Hung
4
Ha Vy, 2005, Les femmes dirigeantes d’entreprise face aux nouveaux opportunités et défis, VN express.
4
Le comité des femmes d‟entreprises de la Chambre de commerce et de l‟industrie du
VN (VWEC-VCCI) a été établi en 2001. Il réunit les femmes dirigeantes ou
gestionnaires d‟entreprise de tous les secteurs, étatiques aussi bien que privés. A présent,
1000 femmes ont adhéré au comité et plus de 40 cercles se sont formés dans différents
lieux du pays.
De son côté, l‟Union des femmes de Ho Chi Minh Ville elle-même organise 13
cercles de femmes dirigeantes d‟entreprise qui réunissent plus de 400 membres. Ces
cercles organisent des formations, foires, expositions et séminaires. L‟union gère en plus
de 100.000 petites commerçantes dans 200 marchés dans Ho Chi Minh Ville.
Selon les résultats de l‟enquête menée par IFC et MPDF, elles sont relativement
jeunes, 85% d‟entre elles ont entre 25 et 55 ans dont 45% ont moins de 45 ans . Leurs
niveau d‟éducation et capacités professionnelles sont plus élevés que ceux des femmes
petites commerçantes, 80% ont fini les études secondaires et supérieures, et 28% d‟entre
elles ont un diplôme universitaire. Elles sont présentes dans tous les secteurs
économiques, l‟agriculture et l‟agroalimentaire, l‟industrie, l‟éducation, les services, les
arts.
Dynamiques, les femmes d‟affaires sont le pilier économique de leurs familles. 80%
d‟entre elles vivent en couple, 6% de divorcées et 7% de célibataires.
Leurs perceptions de la famille sont variées. Pour les femmes mariées, l‟appui de
la famille et du mari est très important pour leur réussite professionnelle. Les autres ont
une perception plus libérale de ce qu‟on appelle « bonheur familial » : la famille, les
enfants sont importants mais les femmes peuvent vivre en bonheur et en sérénité sans être
dépendantes d‟un homme. Leurs capacités, réussite, sentiment d‟être utiles à la famille
5
et à la société, la vie professionnelle répondent à un idéal de bonheur plus large que le
bonheur « traditionnel » dépendant du mari et des enfants.
6
leur honnêteté constitue un point fort apprécié par les autorités municipales. Elles
s‟attachent à la famille, à l‟éducation de leurs enfants et à la communauté. Ces femmes
ont un fort sens de sacrifice d‟elles-mêmes, une valeur traditionnelle des femmes
vietnamiennes. L‟estime de soi-même constitue aussi une caractéristique de ces femmes.
Elles ont une grande capacité d‟adaptation à la vie de la grande ville, justement grâce au
secteur informel. Elles aspirent à acquérir des expériences de leurs prédécesseurs pour
mieux s‟adapter au mode de vie urbain.
Le secteur informel joue un rôle important pour les femmes migrantes pauvres
pendant tout le processus de migration, du départ à l‟installation temporaire ou définitive
des migrantes. Le réseau informel des relations et communautés accompagne les
migrantes tout le long du processus : premier point de chute à leur arrivée à HCM Ville,
trouver un emploi, un logement, prestation de crédit, soins de maladie, remise de l‟argent
à la famille. Le secteur informel, à ce stade de développement de la ville, constitue un
environnement de transition qui accueille les immigrantes pauvres et facilite leur
intégration progressive à la vie urbaine. Ainsi, sur le plan social, dans le contexte où
existe encore une grand écart entre la métropole et les régions rurales pauvres, devant des
flux massifs d‟immigrants ruraux-urbains, le secteur informel est un milieu de transition
qui aide à atténuer les tensions et exclusions pour les migrantes pauvres. Les femmes
rurales migrantes ne se sentent pas exclues, au contraire, elles regardent vers la métropole
comme une opportunité de réduction de la pauvreté pour leurs familles.
Les défis à l‟égalité des genres sont pourtant nombreux et certains ne sont pas
faciles à lever parce que la plupart d‟entre eux sont d‟ordre culturel, donc au niveau de
mentalités, d‟attitudes. Elles commandent les comportements et actions aux dépens des
femmes.
L‟effet du plafond de verre se fait sentir dans la promotion des femmes aux
postes de direction dans l‟appareil du secteur public, dans l‟éducation et la recherche.
La première phase d‟industrialisation de la métropole et la mondialisation
entraînent avec elles des problèmes sociaux auxquels la société urbaine et ses
gestionnaires ne sont pas prêts à faire face. Les problèmes qui affectent le plus les
rapports sociaux hommes – femmes ainsi que le statut des femmes sont ceux qui relèvent
de la santé en matière de reproduction : avortement chez les adolescentes, VIH/ SIDA,
prostitution, trafic des femmes, manque de connaissances d‟approche de genre de la
contraception, abandon de l‟école des élèves-filles.
7
Plus invisible est la persistance du patriarcat et des anciennes normes de valeur,
présents non seulement chez les hommes mais aussi chez les femmes. Des valeurs telles
que le bonheur familial lié au critère d‟avoir un mari et des enfants, la féminité liée
simplement à la beauté féminine, le devoir de faire plaisir aux hommes continuent à nuire
à l‟égalité des genres.
Une plus forte sensibilisation à l‟égalité des genres et à ses valeurs, l‟implantation des
projets d‟encouragement des femmes à l‟éducation et à la participation aux instances de
décision économique et politique, un combat contre les discriminations à l‟égard des
femmes s‟avèrent nécessaires encore pour plusieurs années à venir.
Octobre 2005
REFERENCES
CCIV, 2005, Aperçu du Comité des femmes dirigeantes d’entreprise (VWEC).
Ha Vy, 2005, Les femmes dirigeantes d’entreprise face aux nouveaux opportunités et
défis, VN express.
HA thi Phuong Tien, Ha Quang Ngoc, 2001, Female Labour Migration : Rural-Urban,
Women‟s Publishing House, Ha Noi.
Hong Phuc, 2005, Les femmes dirigeantes d’entreprise manquent du savoir-faire dans la
gestion des affaires, Vietnam Net.
Hong Phuc, 2005, Les femmes dirigeantes d’entreprise américaines cherchent des
partenaires au Vietnam, Vietnam Net.
Luu Huong, 2005, Première enquête sur les femmes dirigeantes d’entreprise au Vietnam-
Renforcement les moyens d’action pour les femmes dans le domaine économique, CCIV.
Thai thi Ngoc Du, 1998, Le secteur informel à Ho Chi Minh Ville, publiée par
l‟Université Ouverte de Ho Chi Minh Ville.
Thai thi Ngoc Du, Nguyen Xuan Nghia, 2002, Female rural migrant workers in the
informal sector in Ho Chi Minh City. Research report, Open University of Ho Chi Minh
City.