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Intervenante : Frédérique Metivier-Lopez, Urbaniste OPQU
Nous allons commencer par essayer de comprendre les enjeux et le contexte qui nous amènent à parler
d’économie circulaire.
Nous voyons bien ici que ce modèle linéaire « fabriquer, consommer, jeter » conduit à l’épuisement des
ressources de la planète… Le concept de l’économie circulaire est né de ce constat : il vise à découpler
la croissance économique de la consommation des ressources.
L’ADEME le définit comme un système d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de
l’utilisation des ressources tout en diminuant l’impact sur l’environnement. Il se décline en 7 piliers.
En avril 2018, la feuille de route économie circulaire sort. Le constat est là : beaucoup de progrès sont
à faire, et pour y parvenir, des objectifs concrets sont fixés.
• Réduire de 50 % les déchets non dangereux mis en décharge et tendre vers 100 % de plastiques
recyclés d’ici 2025
• Réduire de 30 % la consommation de ressources d’ici à 2030
• Réduire les émissions de gaz à effet de serre
• Créer jusqu’à 300 000 emplois supplémentaires
En 1950, la population urbaine mondiale était de 30%. Aujourd’hui, elle est passée à 50%, et devrait
dépasser les 60% d’ici 2030. Or en France, 80% de la population vit en zone urbaine. Les besoins des
villes grandissent … en même temps que leur croissance démographique, ce qui entraîne la construction
de nombreuses infrastructures et leurs besoins de fonctionnement.
Fabriquer, consommer, jeter. La ville fonctionne en boucle ouverte. Il y a urgence à reboucler les flux
pour recréer de la valeur sur les territoires. Le défi de la circularité sera avant tout un défi urbain.
Prendre en compte l’Economie Circulaire dans le projet d’aménagement amène 2 idées majeures
nouvelles :
- La gestion des flux métaboliques de l’urbain : la matière, l’énergie, l’eau
- L’analyse du cycle de vie du territoire, avec une approche non seulement basée sur la phase « de
conception et de construction de la ville », mais qui prend aussi en compte sa vie dans la durée.
→ Deux grands principes sont développés :
- Le triptyque flux/usage/économie
- L’ACV
Pour commencer, le triptyque flux / Usages / économie décline 3 enjeux qui permettent de passer au
crible les différents flux de l’aménagement et leurs leviers d’action :
L'allongement de la durée d’usage peut se traduire par la réutilisation du bâti existant, réemploi
d’éléments de construction, ou le recyclage foncier.
En ce qui concerne le recyclage des déchets, l’aménagement peut tout à fait faciliter le tri à la source et
la collecte en vue d’un recyclage.
3. Le 3è enjeu est d’accompagner l’émergence de nouvelles économies
A travers la consommation responsable, comme le choix de matériaux à faible impact environnemental.
Ou à travers des modèles plus innovants comme l’économie de la fonctionnalité. Celle-ci remet en
cause les modèles économiques classiques en proposant un service ou une solution intégrée en
substitution à la vente d’un bien. Cette approche est très intéressante en urbanisme avec par exemple
des applications sur la mutualisation des stationnements ou l’autopartage.
Pour penser circulaire, nous comprenons ici qu’il est nécessaire de transgresser les modes de
gouvernances habituels. Tout ceci se réfléchit par ailleurs avec une dimension multiscalaire pour faciliter
des échanges de flux équilibrés entre les territoires, à la manière des écosystèmes.
Maintenant, nous allons nous pencher sur le 2è grand principe : l’approche par le cycle de vie du projet.
Elle permet de poser la question de la gestion des ressources comme un principe de décision tout au
long des différentes phases du projet d’aménagement. Cette pensée cyclique permet en outre de
réinterroger nos pratiques dans une optique de performance.
L’économie circulaire invite ainsi à interroger la dimension temporelle pour maximiser les usages, de la
conception jusqu’à la fin de vie du projet.
Parce qu’elle offre des solutions qui permettent de répondre aux piliers du développement durable, on
peut considérer que l’économie circulaire est un modèle opérationnel de développement durable: d’un
point de vue économique, c’est le développement de nouveaux modèles, elle encourage d’un point de
vue social de nouvelles coopérations et de nouvelles pratiques plus collaboratives, d’un point de vue
environnemental c’est l’optimisation de l’usage des ressources qui est visé.