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Le Soir Vendredi 14 janvier 2011

26 lesmédias L’entretien du vendredi



BIOGRAPHIE
1972 Naissance

« Des idées futées 1997-98 Ce psychologue d’entre-


prise devient coordinateur du re-
crutement chez Group 4 Securi-
tas.
Fin 98, début 99. Avec quatre
amis, il fonde sa première digital
agency « Sign ». Son premier

plutôt que drôles »


client est Stella Artois, qui cher-
che à se rapprocher des jeunes.
2000 Création de I-merge, résul-
tat de la fusion entre Sign et la
division digitale de Quattro.
2007 I-merge est rebaptisé Boon-
sonnes aiment recevoir des cartes posta- doggle pour gommer le côté inter-
BOONDOGGLE fait partie des agences de publicité les papier mais qu’elles en ont de moins net. Débauchage de Stef Self-
slagh, directeur créatif vedette de
en moins dans la boîte aux lettres. Nous
les plus créatives de Belgique. Rencontre avec son avons donc conçu, pour le compte de no- Duval Guillaume. Inauguration
d’une antenne aux Pays-Bas et
tre client Bpost, la carte de vœux SMS.
patron et fondateur, Pieter Goiris. Un homme qui veut Les gens peuvent envoyer leurs vœux fermeture des activités en Irlande
et aux Pays-Bas.
via SMS à un numéro dédié. Ceux-ci
rendre les marques plus réelles et plus utiles. sont ensuite imprimés sur des petites 2010 Boondoggle est nommée
cartes qui sont distribuées par Bpost agence de l’année 2009.
dans les boîtes aux lettres.
D’autres exemples ?
ENTRETIEN digital. C’était un vrai travail d’évangé- le consommateur. Prenons notre campagne « Take Ant-
’est au Vaart, le quartier du ca- lisation. Il fallait convaincre les annon- Cela demande plus de temps et d’éner- werp » pour Nike. On a lancé une appli-

C nal, à Louvain, au 7e étage d’un


ancien bâtiment industriel qui
fait face aux brasseries Stella
Artois, que se loge l’une des
agences de pub les plus créatives du
pays. Une agence au drôle de nom,
Boondoggle, qui ne compte plus les ré-
ceurs du potentiel de l’internet… En
2006, on a entamé une discussion : faut-
il vendre la société et devenir la division
digitale d’un grand groupe ou rester in-
dépendant et faire l’inverse des autres,
c’est-à-dire nous ouvrir aux médias tra-
ditionnels ? On a choisi la seconde op-
gie…
Oui. Par le passé, il suffisait de trouver
une chouette histoire, d’acheter l’espace
dans les médias et de balancer le messa-
ge. C’était tout. Les marques étaient vir-
tuelles, éloignées de la réalité. Aujour-
d’hui, elles ont compris qu’il faut chan-
cation sur Facebook qui permet de dessi-
ner sur la carte d’Anvers son itinéraire
préféré de jogging et de le partager avec
la communauté des joggers. Le tout
étant basé sur la localisation GPS. On
n’a rien fait sinon faciliter la vie de cette
communauté. On ne leur a pas dit
prises, modifier les comportements. Ce-
la implique que l’on reste de plus en plus
souvent physiquement chez nos clients
pour mieux comprendre la façon dont
ils fonctionnent. Chez Dexia par exem-
ple, on a trois personnes qui ne font que
compenses belges et internationales tion. On a changé de nom car i-merge ger d’approche si elles veulent être plus « achetez des Nike ». cela.
pour ses campagnes originales et déca- était trop connoté internet. Il était néces- concrètes. Mais créer un dialogue, c’est La publicité traditionnelle a montré ses Boondoggle va-t-il rester indépen-
lées. Ses clients ? Dexia, Nike, Thomas saire de montrer aux annonceurs qu’on un exercice plus difficile. Je pense que la limites selon vous ? dant ?
Cook, Kinepolis… Malgré le succès, son était désormais neutre d’un point de vue Il faut faire comprendre aux marques C’est notre souhait car cela nous donne
patron Peter Goiris refuse de trop se média. Et pour bâtir notre crédibilité, « Si on fournit quelque chose d’utile que la communication ne se limite pas beaucoup de libertés pour innover, pour
prendre au sérieux. C’est dans les gènes nous avons frappé un grand coup en dé- aux gens, ils en parleront entre eux au département marketing. Tout est investir. On a moins de pression finan-
de cette société où on aime manier le se- bauchant Stef Selfslagh (un créatif ve- et partageront leurs expériences » communication. Lorsqu’une entreprise cière aussi. J’ai dû licencier 5 personnes
cond degré. Boondoggle ne désigne-t-il dette de Duval Guillaume). Depuis, on a affirme que la notion de service est dans fin 2008 à cause de la crise. Cela aurait
pas en anglais un travail sans valeur ? doublé la taille de l’agence. Aujourd’hui, majorité des sociétés ont compris qu’il son ADN mais qui, lorsque vous appelez été le double si Boondoggle avait été une
on est 80 personnes à Bruxelles et 12 à fallait aller dans cette direction mais il son call-center, vous fait patienter 15 mi- filiale d’un réseau étranger. On voit aus-
La plupart des agences de pub ont dû Amsterdam. On réalise un chiffre d’af- y a encore du travail à faire. nutes, elle est en pleine contradiction si dans les grands concours internatio-
s’adapter à l’arrivée d’internet en faires de 9 millions. Comment nouer ce dialogue ? avec sa promesse. Et ce décalage est naux que les agences indépendantes
créant en leur sein des divisions digita- C’est un atout d’avoir cette origine Nous partons du principe que si on four- désastreux pour la marque. sont souvent les plus créatives.
les. Le parcours de Boondoggle est internet ? nit de la valeur ajoutée aux gens, quel- Le consommateur ne pardonne pas. Au- Vous avez un bureau aux Pays-Bas. Vou-
exactement inverse. C’est à la base une Oui, car on a toujours eu dans nos gènes que chose de pertinent, ils en parleront jourd’hui, avec internet, les avis néga- lez-vous vous étendre dans d’autres
agence spécialisée dans la pub internet cette perception qu’il fallait avoir une re- entre eux et partageront leurs expérien- tifs peuvent se répandre très vite. Une pays ?
qui s’est élargie aux médias tradition- lation moderne avec le consommateur, ces. Plutôt que faire des campagnes drô- entreprise ne peut plus simplement Pour l’instant, je préfère me concentrer
nels. Comment s’est passée cette transi- basée sur l’interaction et non pas une les et communiquer pour le plaisir de avoir une bonne histoire à vendre et sur Louvain et Amsterdam. Cela m’inté-
tion ? relation unidirectionnelle avec une mar- communiquer, nous préférons trouver créer une pub. L’histoire qu’elle raconte resse plus de faire évoluer notre modèle,
L’histoire a commencé fin 1998 lorsque que qui envoie son message et qui dit au des idées futées qui apportent quelque doit être en adéquation avec son compor- de l’adapter aux futures mutations plu-
j’ai fondé l’agence digitale Sign avec qua- consommateur ce qu’il doit penser alors chose dans la vie du consommateur – ce tement réel. tôt que de dupliquer le modèle actuel ail-
tre amis. Un an plus tard, on a fusionné qu’il n’a rien demandé. Un message pu- qui ne veut pas dire qu’elles ne peuvent Cela modifie fondamentalement le rôle leurs. J’aimerais tout de même bien al-
avec une division de Quattro (la future blicitaire peut être intéressant à condi- pas être drôles. des agences… ler en France parce que tout le monde
Saatchi&Saatchi Belgique), I-merge, tion qu’il soit pertinent pour la person- On invente des produits ou des services Exactement. Celles-ci doivent jouer de me dit qu’il est impossible de pénétrer ce
qui avait la même vision que nous. Pen- ne, qu’il soit diffusé au bon moment, au utiles. Par exemple, pour les fêtes de fin plus en plus un rôle de consultant pour marché. J’aime les défis. ■
dant sept ans, nous n’avons fait que du bon endroit. Qu’il y ait un dialogue avec d’année, on sait que la plupart des per- changer l’organisation interne des entre- JEAN-FRANÇOIS MUNSTER

MA CONSOMMATION MÉDIAS
Presse écrite Le Standaard est mon journal de prédilection.
Mais je lis aussi De Morgen et Het Laatste Nieuws. Je lis hélas
trop peu la presse francophone. Pendant la journée, je me
tiens au courant en surfant sur les sites d’actualités.
Presse audiovisuelle J’écoute dans ma voiture soit radio Eén,
soit Studio Brussel, soit Pure FM. Je regarde peu la télévision.
Je le fais essentiellement pour suivre les journaux sur Eén et
Canvas.
Nouveaux médias Toute la journée, je lis les flux Twitter des
personnes que je suis : des journalistes politiques, des collè-
gues, des concurrents… J’ai aussi un iPad. Je l’utilise pour m’in-
former mais de façon assez superficielle. Lorsqu’il s’agit de
rentrer dans un sujet en profondeur, je préfère les journaux
papiers.
Un manque dans le paysage médiatique belge ? Il manque
un magazine comme Wired (magazine américain spécialisé
dans les nouvelles technologies). C’est le seul magazine que
je lis uniquement sur iPad et c’est un vrai plaisir. Je voudrais
© OLIVIER PAPEGNIES.

aussi une presse professionnelle du monde de la pub et du


marketing beaucoup plus critique. Celle que l’on a en Belgique
ne prend pas assez position à mon goût.

1NL www.lesoir.be

13/01/11 20:13 - LE_SOIR du 14/01/11 - p. 26

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