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Asset Management

Comment
appréhender et
exploiter les
primes de risque
sur les marchés
financiers

Pour les investisseurs institutionnels uniquement


Février 2018
2

L’auteur

Sommaire

Dr. Daniel Seiler


Head of Multi Asset 3
Daniel Seiler dirige la boutique multi-actifs de
Introduction
Vontobel Asset Management. A ce titre, il
supervise les solutions d’investissement systé-
matiques et fondamentales respectivement 6
proposées par Vescore et les marques Vontobel.
Il est responsable des processus de placement, Explorer la prime de risque
de l’innovation dans le développement des
produits et de la gestion des équipes d’investis-
des actions
sement.

Préalablement, de 2017 à 2018, il était Head 10


of Vescore, la franchise d’investissement quanti-
tatif de Vontobel Asset Management. Daniel Les moteurs économiques
Seiler a accédé au poste de Chief Investment
Officer de Vescore Solutions AG en 2009 et a des primes de risque
joué un rôle crucial dans le bon fonctionnement
du département gestion de portefeuille et
d’investissement de la société. 12
Auparavant, il dirigeait la plateforme de hedge Comment identifier et
funds de Swiss Capital Investment AG, où il
supervisait les activités d’investissement de exploiter les primes de risque
différents fonds de hedge funds. Daniel Seiler
a débuté sa carrière en tant qu’analyste dans
le secteur des investissements durables. 15
Au gré de son parcours académique, Daniel Capter le plein potentiel
Seiler a obtenu un PhD (Dr. oec. HSG) ainsi qu’un
master en théorie des marchés financiers et d’une approche de placement
de capitaux auprès de l’Université de Saint-Gall
(lic. oec. HSG). En outre, il est titulaire d’un disciplinée
master en sciences environnementales délivré
par l’école polytechnique fédérale (ETH) de
Zurich (dipl. natw. ETH). 17
En bref
Introduction 3

Introduction

Les primes de risque des marchés risque sont capricieuses par nature puisqu’elles varient
financiers représentent un véritable au fil du temps. En conséquence, capturer les primes
de risque dans un environnement globalisé n’est pas une
défi pour ceux qui souhaitent les tâche facile. D’une part, cela nécessite une solide com-
exploiter. En effet, les marchés sont préhension des sources de risque et de la dynamique des
de plus en plus interconnectés et rendements associés. D’autre part, il faut savoir utiliser
à bon escient les outils quantitatifs dans un processus de
efficients dans le transfert des risques, mise en œuvre du portefeuille pour pouvoir tirer parti
ce qui érode progressivement la prime des primes de risque. Dans ce contexte, la question qui
moyenne récompensant la prise de se pose est la suivante : que savons-nous des primes
de risque sur les marchés financiers ?
risque des investisseurs. Dans les faits,
les primes de risque sont réparties Avant d’entrer dans le vif du sujet, soulignons que nous
sur un nombre croissant d’acteurs ne sommes pas encore en mesure de définir précisément
les sources de risque systématique et les déterminants
opérant sur les marchés mondiaux. des primes de risque sur les marchés financiers. En
Par conséquent, il est devenu difficile tant qu’investisseurs, nous constatons que les prix des
de les exploiter dans le but d’obtenir actifs sont influencés par divers événements imprévus
dont certains ont des répercussions plus importantes
des rendements adéquats. que d’autres. Les études scientifiques concernant
les moteurs de rendement sur les marchés financiers
À long terme, le rendement attendu de toute stratégie partent du principe qu’il existe des variables latentes
d’investissement est lié à son exposition au risque ayant un impact systématique sur l’évaluation du prix
systématique et non diversifiable. Ce concept d’évalua- des actifs par les acteurs du marché. Les variables
tion fondamentale est largement admis en théorie comme latentes ne sont pas observables mais déduites d’autres
en pratique depuis que le Capital Asset Pricing Model variables qui peuvent être mesurées directement. Il
(CAPM), ou modèle d’évaluation des actifs financiers, a semble que le comouvement observable des prix des
été introduit en tant que modèle d’équilibre des rende- actifs corresponde à la présence de forces exogènes
ments au sein du schéma moyenne-variance de Harry communes d’ordre macroéconomique. Toutefois, nous
Markowitz, également appelé théorie moderne du constatons que cette relation fonctionne aussi bien dans
portefeuille (Modern Portfolio Theory, MPT). À l’heure le sens inverse puisque les marchés financiers peuvent
actuelle, on considère que les rendements attendus sont influencer les développements macroéconomiques. Ainsi,
liés à diverses sources de risque systématique. En outre, toutes les variables économiques et tous les prix des
nous nous sommes habitués à l’idée que les primes de actifs font partie d’une relation qui se renforce mutuelle-
4
5

ment au sein d’un même système et peuvent


au final se définir comme des facteurs endogènes.
Par conséquent, appréhender toutes les subtilités
du mécanisme de formation des prix sur les
marchés financiers est une tâche ardue.

Au cours des 50 dernières années, deux grands axes


de développement des connaissances ont émergé dans
la compréhension des sources de risque évaluées sur
les marchés financiers. Tous deux se sont essentielle-
ment concentrés sur les marchés des actions dans la
mesure où la prime de risque des actions est la principale
source de rendement et accapare toute l’attention des
chercheurs. Le premier axe a adopté une approche
« bottom-up » pour expliquer les rendements des
marchés en se focalisant sur les fondamentaux des
entreprises qui, avec le bêta du marché, contribuent à
déterminer les prix des actions. Après avoir dans un
premier temps dominé le débat, le CAPM à facteur unique
n’a pas tardé à être remis en question, notamment par
les travaux d’Eugene Fama et de Kenneth French à
l’Université de Chicago à la fin des années 1980, qui ont
ajouté au CAPM d’autres facteurs contribuant aux rende-
ments des actions. Ce terrain s’est avéré fertile pour
d’autres chercheurs dans le monde qui ont développé
des modèles multifactoriels très divers pour l’évaluation
des actions. Ces modèles et leurs résultats empiriques
constituent le fondement des stratégies actuelles de
« smart beta » et d’investissement multifactoriel dans le
domaine des actions.

Inversement, le deuxième axe de recherche a adopté


une approche « top-down » des facteurs déterminant les
primes de risque des actions en liant les marchés finan-
ciers au cycle conjoncturel. Les chercheurs ont analysé
les forces plus générales de l’économie et du marché qui
déterminent les primes de risque des actions dans des
portefeuilles diversifiés au niveau international. Le débat
a pris de l’ampleur dans les années 1990 avec les études
de Wayne Ferson et Campbell Harvey sur les modèles
conditionnels d’évaluation des actifs. Ils ont utilisé des
données de marché directement observables et des
indices de confiance pour modéliser la variance tempo-
relle dans les primes de risque, créant ainsi la base de
l’allocation tactique d’actifs et de la gestion des risques
actuellement pratiquées dans les porte-feuilles globaux.

Dans l’ensemble, les résultats empiriques sur les facteurs


de rendement des marchés financiers sont bien étayés
par des travaux de recherche dans les deux axes de
connaissances susmentionnés tout en ayant une portée
très large. La présente étude a pour objectif d’éclairer
les grandes étapes de la recherche universitaire qui ont
forgé notre compréhension des primes de risque sur
les marchés financiers. Elle fait également le point sur les
outils les plus efficients pour exploiter les primes de
risque du marché mondialisé d’aujourd’hui.
6

Explorer la prime de
risque des actions
Le rendement attendu est lié L’énigme des anomalies de
au risque systématique rendement contredit le CAPM
Les travaux de recherche sur les marchés des actions Pendant que le CAPM était soumis à divers tests, les
débutent en 1900, lorsque le mathématicien français chercheurs se sont mis en quête d’autres explications
Louis Bachelier utilise un processus stochastique égale- pour les rendements des actions. Pour cela, ils ont utilisé
ment appelé « mouvement brownien » pour décrire la des informations spécifiques aux entreprises telles que la
variation des prix des actions comme une marche aléa- capitalisation boursière et les ratios dividend-to-price
toire. Le concept de prime de risque des actions apparaît (D/P), earnings-to-price (E/P) ou book-to-price (B/P)
pour la première fois en 1924 quand Edgar Lawrence comme variables explicatives en plus du bêta de marché
Smith démontre dans un ouvrage fondateur que les d’une entreprise. Ces études ont fortement étayé l’hypo-
actions représentent un meilleur investissement à long thèse selon laquelle ces facteurs fondamentaux captent
terme que les obligations. Les travaux de Smith ont eu une part significative de la variation des rendements des
une telle influence qu’on leur attribue en partie le boom actions après la prise en compte du bêta. Les résultats,
des années 1920 sur les marchés des actions. Mais la qui contredisent le CAPM, sont en conséquence appelés
première théorie véritablement cohérente sur la relation « anomalies de rendement ». Les deux principales ano-
entre risque et rendement sur les marchés des actions malies de rendement sont l’effet taille et l’effet valeur.
est le modèle CAPM créé par William Sharpe, John La première, découverte par Rolf Banz en 1981, part du
Lintner et Jan Mossin vers 1965. Il introduit le facteur constat que les entreprises ayant une faible capitalisation
marché comme la seule source de risque systématique boursière tendent à surperformer les entreprises à forte
et établit un rapport linéaire entre le rendement attendu capitalisation boursière après un ajustement du risque
d’un actif et sa covariance avec le rendement du marché. systématique basé sur le CAPM. La seconde est liée
Le CAPM est une théorie d’équilibre fondée sur le à la valorisation d’une entreprise sur le marché financier
schéma moyenne-variance développé par Harry Marko- en comparaison avec les paramètres comptables du
witz. Toutefois, l’efficience du portefeuille (de tangence) flux de trésorerie ou de la valeur comptable au bilan de
du marché au sein du cadre moyenne-variance et la l’entreprise. Les analyses empiriques montrent que les
validité du CAPM dépendent l’un de l’autre. Ce lien entre entreprises ayant une valeur intrinsèque élevée, telle que
le « vrai » portefeuille du marché inobservable et le reflétée dans un ratio E/P, B/P ou D/P élevé, dégagent
modèle d’équilibre des rendements d’actifs rend le CAPM des rendements plus élevés (après prise en compte
– à proprement parler – invérifiable. Ce gros dilemme du bêta de marché) que les entreprises ayant une faible
est appelé le problème des hypothèses jointes. valeur intrinsèque. Dès 1934, Benjamin Graham et David
Dodd ont été les premiers à encourager la poursuite des
Les tests empiriques du CAPM suite à l’étude fondatrice stratégies d’investissement basées sur la valeur avant
d’Eugene Fama et James MacBeth publiée en 1973 même l’invention du CAPM. Parmi les pionniers de l’effet
utilisent les indices de marché comme variables indica- valeur dans le contexte du CAPM, on citera notamment
tives pour le portefeuille du marché théorique, ce qui Sanjoy Basu, Ray Ball et Marc Reinganum.
est en principe une approche acceptable. Toutefois, les
résultats de ces tests empiriques sont globalement déce- L’exploration des diverses anomalies de rendement a
vants. Dans de nombreux cas, le rapport linéaire positif dominé la recherche empirique sur les marchés des
établi entre bêta du marché et rendement moyen, tel que actions tout au long des années 1980. En 1992, Eugene
spécifié par la Security Market Line (SML) du CAPM, Fama et Kenneth French mettent à profit les résultats
n’est pas reflété dans les données. À certaines périodes, convaincants fournis par les études académiques et
la SML empirique semble plate ou même descendante. introduisent un modèle à trois facteurs comme extension
De nombreuses études empiriques des années 1970 et du CAPM pour décrire le comportement de série tempo-
1980 ont démontré que le CAPM n’expliquait pas de relle des rendements des actions. Ils y intègrent des
façon suffisante les rendements attendus des actions, portefeuilles fictifs pour les facteurs de taille et de valeur
une mauvaise nouvelle pour la seule théorie qui existait (ratio B/P) en plus du facteur de marché basé sur le
à cette époque pour évaluer les actifs financiers. CAPM pour modéliser la relation entre risque systéma-
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tique et rendement sur les marchés des actions. Leurs également qualifié d’anomalie de rendement, est
résultats montrent que les facteurs de taille et de valeur communément considéré comme le résultat de biais
captent une part importante de la variation transversale comportementaux des acteurs du marché qui tendent
des rendements, impliquant que ces deux facteurs fon- à sous-réagir aux nouvelles publiées sur un « winner »,
damentaux représentent des sources de risque addition- telles que les annonces de bénéfices. En même temps,
nelles que le CAPM ne prenait pas en compte. Depuis il reste difficile d’attribuer l’effet momentum à des
lors, le modèle Fama-French (FF) a été communément risques tangibles supportés par les investisseurs,
admis comme point de départ de la recherche en matière comme c’est le cas des facteurs taille et valeur.
d’évaluation du prix des actions.
Dès qu’elles ont été découvertes, ces diverses anomalies
Pour de nombreux acteurs du marché et chercheurs, il de rendement ont stimulé le développement de nouvelles
n’a pas été facile d’accepter la proposition du modèle stratégies d’investissement qui ont rapidement débouché
FF à trois facteurs selon laquelle la prime de risque sur l’adoption par l’ensemble du marché des stratégies
du marché n’est pas le seul moteur de rendement des small cap, value et momentum. Elles sont devenues un
actions. La taille et la valeur de l’entreprise sont essentiel- moyen répandu d’exploiter les primes de risque sur les
lement des risques idiosyncratiques au sujet desquels marchés financiers, attirant des investissements de plu-
la recherche financière admet communément qu’ils sieurs milliards au fil du temps. Un peu à l’écart de cette
peuvent être écartés par la diversification. Ils ne devraient agitation générale, la prime dite de qualité a fait son
donc pas être compensés à long terme. Dans les années apparition dans les milieux académiques.
1990, ce problème a fait l’objet de nombreuses études Devenue très populaire parmi les professionnels, elle a
pour tenter de trouver les raisons économiques de l’in- finalement été reconnue par Eugene Fama et Kenneth
fluence systématique des deux facteurs sur les rende- French qui, en 2015, ont accepté d’élargir leur modèle
ments des actions. Bien que les données empiriques classique à trois facteurs avec deux facteurs supplémen-
aient révélé que les primes de rendement basées sur la taires indicatifs de la « qualité » d’une action. Ce
taille et la valeur varient considérablement au fil du temps, faisant, Fama et French ont validé les études empiriques
les résultats des travaux de recherche ont convergé de plus en plus nombreuses prouvant que la variation des
vers l’interprétation selon laquelle la prime de valeur est rendements moyens des actions est liée aux bénéfices
probablement une compensation du risque de détresse futurs attendus d’une entreprise ainsi qu’à ses
financière d’une entreprise tandis que la prime de taille activités d’investissement. Ils ont utilisé le modèle d’ac-
récompense l’investisseur pour avoir accepté les risques tualisation des dividendes comme point de départ
liés à la faible liquidité d’une action d’entreprise faible- conceptuel de leur argumentation, ajoutant deux facteurs
ment capitalisée. – la rentabilité et les investissements – à leur
spécification. Le modèle à cinq facteurs qui en a résulté
est la contribution la plus récente des deux célèbres
Les modèles multifactoriels chercheurs à l’explication des primes de risque sur les
marchés des actions. Il a déjà suscité un vif débat parmi
prennent le relais du CAPM les universitaires, mais aussi les professionnels de l’inves-
En 1997, Mark Carhart complète le modèle FF avec le tissement concernant la spécification des nouveaux
facteur momentum du prix de l’action. Ce modèle à facteurs et en particulier leur conception empirique.
quatre facteurs intègre le constat empirique selon lequel
les tendances des cours des actions sont, dans une En plus des primes de risque des marchés financiers
certaine mesure, stables et prévisibles. De cette manière, associées à la taille, la valeur, le momentum, la rentabilité
Mark Carhart rend hommage aux travaux de Narasimhan et les investissements, le concept de la prime associée
Jegadeesh et Sheridan Titman, publiés en 1993, qui au risque faible a été introduit en 2006 par Andrew Ang,
démontrent que les actions ayant surperformé par le Robert Hodrick, Yuhang Xing et Xiaoyan Zhang avec
passé sont susceptibles de faire de même dans le futur. leur étude sur l’évaluation du risque de volatilité dans
Dans les milieux académiques, l’effet momentum, l’éventail des rendements des actions. L’investissement
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à faible risque est une stratégie fondée sur le constat GRAPHIQUE 1


empirique selon lequel les actions peu risquées, c’est- Les stratégies factorielles dégagent un profil risque /
à-dire celles qui ont une volatilité ou un bêta faible, rendement attractif par rapport à l’ensemble du marché
tendent à dégager des rendements supérieurs à ceux Ratio de Sharpe
des actions très risquées. Cet effet met à mal les 0,7
théories courantes sur le rapport entre risque et rende- 0,6
ment sur les marchés financiers et peut donc être 0,5
qualifié d’anomalie de rendement. Ces dernières années, 0,4
les stratégies à faible risque ont fortement gagné en 0,3
popularité sur les marchés des actions. 0,2
0,1
0

Une nouvelle approche après


MSCI World

Risque faible

Momentum

Qualité

Valeur

Taille
quatre décennies de recherche
En résumé, notre compréhension actuelle des forces
systématiques à l’œuvre sur les marchés des actions Les données se basent sur les données allant du 31.12.1998 au 31.12.2017
internationaux est façonnée par les innombrables travaux des indices MSCI suivants: MSCI World Index Net TR USD, MSCI World Minimum
Volatility Daily Net TR USD, MSCI World Momentum Net TR USD, MSCI World
de recherche de ces quatre dernières décennies qui ont Quality Net TR USD, MSCI World Value Net TR USD, MSCI World Small Cap Net
tenté de percer le secret de la variation des rendements TR USD. Les coûts ne sont pas pris en compte. La performance passée n’est
pas un indicateur fiable de la performance actuelle ou future.
des actions par le prisme du CAPM et de ses diverses
extensions multifactorielles. Les approches « bottom- Source : Bloomberg / calculs Vescore

up » qui analysent l’éventail des rendements fournissent


des données exhaustives sur le fait que les primes de
risque des actions sont bien liées à des caractéristiques lité d’une action aux biais comportementaux des acteurs
fondamentales de l’entreprise et du prix de l’action telles du marché. Les primes de risque découlant de ces
que la taille, la valeur, la qualité (englobant les facteurs sources économiques et comportementales ont une
de rentabilité et des investissements), le momentum composante systématique, mais sont également sou-
et le risque faible. Ces cinq facteurs, ajoutés au facteur mises à la variabilité conditionnelle dans le temps comme
de marché traditionnel, définissent le terrain de jeu des la prime de risque du marché global.
gérants d’actifs lorsqu’il s’agit d’élaborer des stratégies
d’investissement en actions fermement ancrées dans Bien que le terrain paraisse solide pour ce qui est de notre
la recherche empirique sur les marchés financiers compréhension des facteurs systématiques déterminant
(voir graphique 1). les rendements des actions, une nouvelle approche
fait aujourd’hui souffler un esprit critique bienvenu dans
Comme l’investissement factoriel réside essentiellement les milieux académiques. Après quatre décennies de
dans une sélection d’actions stratégique sur la base recherche empirique et des centaines d’études, la com-
des facteurs susmentionnés, il implique de s’exposer à munauté de chercheurs a finalement commencé à
des sources de risques économiques ou comportemen- remettre en question les méthodes statistiques utilisées
taux sur les marchés financiers. Les caractéristiques pour extraire les facteurs des rendements. Publiée en
fondamentales des actions telles que la taille (capitalisa- 2016, l’étude riche de Campbell Harvey, Yan Liu, et Heqing
tion boursière), la valeur (c.-à-d. ratio B/P), la rentabilité Zhu intitulée «… and the Cross-Section of Expected
(c.-à-d. ratios profits-to-assets ou book-to-equity), et les Returns» est un point de cristallisation important dans
investissements (c.-à-d. variation annuelle de l’actif total) la discussion qui émerge. Elle aborde les problèmes
déterminent la sensibilité de l’entreprise au cycle généraux de l’analyse des données (data mining) en éco-
conjoncturel, aux chocs économiques et aux difficultés nomie financière et affirme que les obstacles statistiques
financières, ainsi que sa capacité générale à profiter à surmonter pour qu’un facteur soit considéré comme
des opportunités de croissance. Les caractéristiques de significatif sont trop faibles. Eu égard aux tentatives
rendement des actions telles que le momentum et le futures d’approfondir notre compréhension de la prime
risque faible (c.-à-d. la volatilité faible) reflètent la sensibi- de risque des actions, il s’agit là d’un débat salutaire.
9
10

Les moteurs économiques


des primes de risque
L’évaluation rationnelle des actifs couvrent aussi bien les marchés des actions que des
financiers, une idée irrésistible obligations, mais l’ampleur et l’importance des primes
Les prix des actifs réagissent aux événements écono- de risque estimées est souvent plutôt faible. Face à
miques, c’est un fait. La théorie selon laquelle les prix des l’ambiguïté des résultats empiriques sur les facteurs de
actifs dépendent de leurs expositions respectives aux rendement, les chercheurs ont commencé à développer
variables d’état qui décrivent l’économie remonte au des modèles conditionnels d’évaluation des actifs
modèle intertemporel d’évaluation des actifs développé pour étudier en profondeur la dynamique des primes
par Robert Merton au début des années 1970 et aux de risque sur les marchés financiers.
travaux de John Cox, Jonathan Ingersoll et Stephen
Ross qui lui ont succédé au milieu des années 1980.
À cette époque, une contribution importante au domaine
méthodologique est le modèle d’évaluation par l’arbitrage
Les primes de risque varient
(Arbitrage Pricing Theory, APT) de Stephen Ross qui au fil du temps
conditionne les rendements des actifs à un ensemble Dans les années 1990, la variabilité temporelle des primes
de facteurs abstraits en faisant appel à des arguments de risque est devenue la cible des travaux de recherche
d’arbitrage pour poser une restriction d’évaluation dans le domaine émergent de l’évaluation conditionnelle
incluant des primes de risque multiples. Contrairement des actifs qui adoptait une approche « top-down » des
au CAPM, qui repose sur une série d’hypothèses établis- moteurs de rendement des actifs. Eugene Fama et
sant des conditions d’équilibre sur la base desquelles Kenneth French ont été parmi les premiers à lier les ren-
les investisseurs peuvent prédire le rendement d’un actif dements des actifs à l’environnement économique.
pour son niveau de risque systématique donné, le modèle Pour modéliser le cycle économique, ils ont appliqué des
de Ross ne s’appuie pas à proprement parler sur la variables telles que le rendement sur dividende global
théorie économique. Néanmoins, l’APT est très utilisé sur le marché des actions ainsi que les écarts de défaut
pour analyser l’influence de facteurs prédéterminés sur et la pente des courbes des taux d’intérêt mesurés sur
les prix des actifs et les rendements attendus. les marchés obligataires. Publiée en 1989, leur étude sur
les marchés des actions et obligataires est considérée
Les modèles rationnels d’évaluation des actifs supposent comme pionnière, car elle établit que les rendements
que les rendements attendus sont fonction de la sensi- attendus des actifs sont moins élevés lorsque la conjonc-
bilité d’un actif aux évolutions de l’économie dans son ture est positive et plus élevés lorsque les perspectives se
ensemble. Le CAPM mesure cette sensibilité par le bêta détériorent. Cette conclusion est intuitive pour la plupart
de l’actif. D’autres modèles qui utilisent des facteurs des acteurs du marché financier mais contredit les théo-
multidimensionnels pour décrire l’environnement écono- ries d’évaluation classiques telles que le CAPM ou l’APT,
mique reposent sur des coefficients bêta multiples. qui reposent sur l’hypothèse de la constance des rende-
Dans un schéma multifactoriel comme l’APT, l’exposition ments attendus en contrepartie du risque systématique.
aux variables d’état économiques concernées est
compensée par des primes de risque multiples. Dans
les années 1980, plusieurs travaux universitaires
proposent les variables économiques comme indicateurs
Les modèles conditionnels d’évaluation
des variables latentes qui déterminent les rendements des actifs à la pointe de la finance
des actifs. L’une des études les plus remarquables dans Encouragés par l’intuition de la variance temporelle des
ce domaine a été menée par Nai-Fu Chen, Richard Roll primes de risque, les chercheurs ont commencé à tendre
et Stephen Ross en 1986. Elle introduit des variables les modèles d’évaluation des actifs à des variables obser-
macroéconomiques telles que l’écart entre les taux vables qui intègrent les anticipations économiques et
d’intérêt à long et court terme, l’inflation attendue et le sentiment du marché. Dans ce domaine de recherche,
inattendue, les obligations d’entreprises de bonne et de Wayne Ferson et Campbell Harvey font figure de pion-
mauvaise qualité et la production industrielle comme niers avec leur étude sur la variation des primes de risque
sources de risque systématique intégrées dans les cours économique publiée en 1991. Ils introduisent diverses
des marchés des actions. En d’autres termes, l’exposition variables instrumentales, telles que le différentiel entre
d’un actif à ces variables macroéconomiques détermine les rendements des bons du Trésor à trois mois et à un
le degré auquel un détenteur d’actifs est en mesure mois, l’écart de rendement entre les obligations d’entre-
de participer au paiement de primes de risque systéma- prises notées Baa et Aaa et le rendement sur dividende
tiques. Les études sur les facteurs économiques qui du marché des actions. Dans un modèle d’évaluation
influencent les prix des actifs sont nombreuses et rationnel avec des bêtas multiples qui lie les rendements
11

L’intuition des primes de risque variables dans le temps est assez


simple : la volonté des acteurs du marché de prendre un risque
systématique varie en fonction de leurs attentes économiques. Des
perspectives conjoncturelles favorables aiguisent l’appétit des
investisseurs pour le risque, ce qui se traduit par une demande crois-
sante pour les actifs risqués, permettant de participer à la croissance
économique. En conséquence, les prix des actifs risqués montent
en même temps que la pression sur les primes de risque (coefficients
d’actualisation) qui fait baisser les rendements attendus. Lorsque
les perspectives sont défavorables, la demande d’actifs risqués
faiblit, ce qui s’accompagne d’une baisse des prix et d’une hausse
des primes de risques qui poussent les rendements attendus vers
le haut. Ainsi, les rendements attendus des actifs correspondent
fondamentalement aux évolutions de l’environnement conjoncturel.

attendus des actifs à leur sensibilité aux changements Les primes de risque des marchés
économiques, leurs résultats empiriques indiquent que obligataires sont influencées par
les variations des primes de risque sont captées par de
les mêmes facteurs macroéconomiques
telles variables, censées refléter les informations que
les acteurs du marché utilisent dans leurs décisions que celles des actions
d’investissement. En outre, Ferson et Harvey ont décou- Jusqu’ici, nous nous sommes principalement intéressés
vert que la variation conditionnelle des primes de risque aux primes de risque des actions, car toute l’histoire des
est la première source de prévisibilité des rendements connaissances sur la relation entre risque et rendement
d’actifs au niveau du portefeuille, davantage que le com- débute avec le concept CAPM selon lequel le risque
portement de série temporelle des bêtas mis en avant par systématique est reflété par le marché. Au sens le plus
d’autres études. Surtout, cette étude de Ferson et Harvey strict, les obligations ne font pas partie de l’univers des
joue un rôle fondamental dans notre compréhension actifs risqués puisque la somme des obligations déte-
selon laquelle la prévisibilité sur les marchés financiers nues dans le monde s’établit à zéro. Par conséquent, il n’y
est en accord avec l’hypothèse des marchés efficients. a pas d’agrégat représentant le risque systématique dans
les obligations. Néanmoins, les emprunts d’État et d’en-
Leur approche a incité des chercheurs universitaires treprises forment la « classe d’actifs » la plus vaste dans
du monde entier à étudier les prix des actifs au sein les portefeuilles institutionnels. Des recherches empi-
d’un système conditionnel rassemblant des données riques exhaustives montrent que les fluctuations des
fiables sur les sources de risque évaluées et les instru- prix obligataires jusqu’à leur maturité sont également
ments qui captent la variation des primes de risque. liées au cycle économique et influencées par les mêmes
Dès lors, les modèles conditionnels d’évaluation des facteurs macro que les marchés des actions. En 1995,
actifs sont devenus des outils de pointe dans le domaine Antti Ilmanen a réalisé une étude qui a fait date sur la
financier et le sont restés depuis. Sur les 20 dernières variation des rendements attendus au fil du temps sur les
années, la modélisation conditionnelle des primes de marchés obligataires internationaux. Dans ce contexte,
risque pour générer des rendements au niveau des caté- la structure de la courbe des taux d’intérêt joue un rôle
gories d’actifs s’est développée comme une compétence central dans l’intégration des changements prévus de
clé pour la construction de portefeuille, l’allocation la conjoncture dans les prix obligataires, en plus des
tactique d’actifs et la gestion du risque de marché. La primes de risque observables sur les marchés du crédit.
variation prévisible des primes de risque est l’un des Il en résulte qu’au niveau de l’allocation d’actifs, les
éléments permettant de générer des rendements actifs mêmes modèles économiques multifactoriels peuvent
sur nos marchés financiers généralement efficients. Les être appliqués pour gérer les risques d’un portefeuille
principaux ratios d’évaluation observés sur les marchés balancé.
des actions ou les écarts de taux d’intérêt mesurés sur
les marchés obligataires peuvent être utilisés pour prévoir
dans une certaine mesure la dérive à long terme dans
les prix des actifs risqués. Les processus d’allocation
modernes d’actifs exploitent cette prévisibilité.
12

Comment identifier et
exploiter les primes de risque
Tout est dans la gestion du de capacité, les taux de change et certains prix de
risque conjoncturel global matières premières ont été identifiés comme des
Notre connaissance des moteurs de rendement des variables indicatives adéquates pour l’environnement
actifs, des sources de risque systématique et de la dyna- macroéconomique actuel. Les principaux ratios d’évalua-
mique des primes de risque a beaucoup avancé ces tion des actions ainsi que la courbe des taux d’intérêt
30 dernières années grâce aux centaines d’études réali- et les écarts de crédit semblent refléter les anticipations
sées dans des universités de premier plan du monde économiques des investisseurs et l’état d’esprit qui
entier. C’est au début des années 1970 que des cher- domine leurs décisions d’investissement. En résumé, les
cheurs universitaires ont commencé à étudier systémati- recherches de pointe dans le domaine de la finance ont
quement l’identité des variables d’état, dites latentes, qui généré des modèles conditionnels d’évaluation des actifs
influent l’évaluation des actifs par les acteurs du marché. et des résultats empiriques exhaustifs sur les moteurs
En résumé, ces nombreuses études nous ramènent à des rendements effectifs et attendus, ce qui enrichit
la compréhension commune selon laquelle, le risque d’in- notre boîte à outils pour la création de valeur dans la ges-
vestissement systématique est plus ou moins égal au tion d’actifs. Bien que certains biais comportementaux
risque conjoncturel global. Nous pouvons nous appuyer soient parfois considérés comme des points de repère
sur un ensemble de données empiriques démontrant que pour les stratégies d’investissement, exploiter les primes
les marchés financiers évaluent les sources multiples de de risque signifie en premier lieu gérer l’exposition du
risque macroéconomique au moyen des primes de risque placement au risque conjoncturel global au niveau des
qui varient au gré de l’appétit des investisseurs pour le classes d’actifs ou en adoptant un style ou une stratégie
risque. Les taux d’intérêt, les taux d’inflation, les mesures d’investissement spécifique (voir graphique 2).

GRAPHIQUE 2
La gestion du risque conjoncturel global passe par l’exposition à des facteurs macro
dans l’allocation d’actifs ou de styles d’investissement sur les marchés des actions

gique et tactiq
até
str ue
d
on Adoption d’une exposition à
es
i
at

des sources de rendement


ac
oc

systématiques au niveau de
tifs
All

l’allocation d’actifs.
Risque
conjonc- Adoption d’une exposition à
Taille turel Momentum des sources de rendement
systématiques par la mise en
œuvre de styles d’investissement
sur les marchés des actions.
Valeur Risque
faible Source: Vescore

Croissance Qualité
13

Exploiter les primes de risque exige est un exemple de modèle conditionnel d’évaluation
des actifs qui est mis en pratique avec succès depuis
des manœuvres tactiques 20 ans pour gérer tactiquement la quote-part en actions
L’allocation stratégique d’actifs détermine la participation dans un portefeuille diversifié à l’échelle mondiale. Le
à long terme d’un investisseur dans la croissance graphique 3 montre comment l’allocation en actions
économique mondiale. Les décisions stratégiques sur GLOCAP a évolué au fil du temps en réponse aux
la quote-part en actions d’un portefeuille, l’allocation principales variables économiques composant l’envi-
géographique et sectorielle sur les marchés des actions, ronnement de marché en vigueur à cette période.
l’allocation en titres à revenu fixe, la duration et la qualité
de crédit des placements obligataires ainsi que l’alloca- Tandis que la gestion de portefeuille active au niveau
tion en devises constituent le terrain de jeu de l’inves- de l’allocation d’actifs, avec pour objectif de contrôler
tisseur pour exploiter les primes des classes d’actifs liées l’exposition au cycle économique, représente une
à l’évolution à long terme de l’économie globale. Toute- approche top-down pour récolter les primes de risque,
fois, il est bien connu que la croissance économique l’investissement dans un style ou une stratégie de place-
révèle des cycles et des frictions qui font considérable- ment en actions spécifique représente une approche
ment varier les primes de risque au fil du temps. Si bottom-up qui s’expose aux mêmes sources de risque
l’horizon de placement est assez long, par exemple systématique et donc de rendement attendu. Le parti
30 ans, ces variations ne devraient pas réduire l’effectivité pris d’un portefeuille d’actions pour des facteurs scien-
d’une allocation stratégique d’actifs à long terme. tifiquement validés tels que la taille, la valeur, la qualité,
L’horizon de placement est néanmoins beaucoup plus le momentum ou le risque faible détermine son exposition
court dans bien des cas, ce qui requiert des éléments au risque conjoncturel et aux primes qui en découlent.
tactiques dans le processus de placement pour lisser Comme nous savons que les primes de risque varient
la courbe de performance générée par l’investissement en fonction des attentes économiques des acteurs du
dans les primes des classes d’actifs. Les modèles marché et de leur appétit pour des stratégies d’inves-
conditionnels d’évaluation des actifs et les recherches tissement exploitant les primes de risque au niveau de
empiriques qui les étayent permettent aux procédures l’allocation d’actifs et sur les marchés des actions, ces
de mise en œuvre de l’allocation tactique d’actifs de stratégies doivent inclure des capacités tactiques pour
soutenir le timing de l’exposition dans les classes d’actifs. lisser la performance sur des horizons de placement
Leur objectif est de stabiliser les résultats des stratégies à plus court terme (voir graphique 4).
d’investissement qui exploitent les primes de risque
sur la place de marché. Le modèle GLOCAP de Vescore

GRAPHIQUE 3
La quote-part en actions GLOCAP s’adapte tactiquement au fil du temps en réponse à l’évolution
des variables économiques fondamentales.
150 %
125 %
100 %
75 %
50 %
25 %
0%
–25 %
–50 %
–75 %
–100 %
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Anticipations économiques
Préférences de liquidité
Confiance dans les entreprises
Fundamental valuation
Allocation en actions

Le graphique illustre l’évolution de l’allocation tactique d’actifs déterminée par le modèle GLOCAP de Vescore sur un horizon de 20 ans qui débute en
janvier 1998. La quote-part tactique en actions varie entre 0 et 100 % (ligne grise) et se base sur les variables instrumentales décrivant les anticipations
économiques des participants (pente de la courbe des taux d’intérêt), les préférences en termes de liquidité à l’échelle du marché (TED spread), la
confiance des investisseurs dans les entreprises (écarts de crédit) et l’évaluation fondamentale des actions (rendement sur dividende). Avec comme
point de départ une quote-part en actions neutre de 50 % dans un portefeuille équilibré, ces quatre variables reflètent l’évolution de l’environnement
de marché. La contribution de chacune d’elles à la quote-part en actions finale peut être positive ou négative et d'ampleur très variable. En résumé,
GLOCAP ajuste la quote-part en actions au sentiment général du marché à l’égard du risque systématique.
La performance passée ne constitue pas un indicateur fiable de la performance actuelle ou future.

Source : Vescore
14

GRAPHIQUE 4
Les primes factorielles varient au fil du temps
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0
–10 %
–20 %
–30 %
–40 %
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017

Taille
Valeur
Qualité
Momentum
Volatilité minimum

Le graphique illustre les écarts de rendement en année glissante entre les indices factoriels MSCI et MSCI World du 31.12.1999 au 31.12.2017.
La performance passée ne constitue pas un indicateur fiable de la performance actuelle ou future.

Source : Bloomberg / calculs Vescore


15

Capter le plein potentiel


d’une approche de
placement disciplinée

L’évolution des connaissances académiques sur les –– Primes de risque sur les marchés des matières
primes de risque des marchés financiers forge la philoso- premières : nous exploitons les primes de risque
phie d’investissement de Vescore depuis 20 ans. Nous sur les marchés à terme des matières premières en
recherchons et exploitons les primes de risque dans les prenant des positions tactiques sur des contrats à
actions, devises, contrats à terme sur matières premières terme. Pour ce faire, nous nous appuyons sur la dyna-
et marchés des options en fondant nos décisions d’inves- mique de la courbe à terme des matières premières
tissement sur des modèles quantitatifs. Nous sommes qui peut être en backwardation ou en contango. Notre
convaincus que des primes de risque économiquement processus d’investissement aboutit à un porte-feuille
saines sont les sources de rendement les plus fiables. diversifié de contrats à terme sur matières premières
En parallèle, nous savons que les primes de risque varient dont la courbe affiche une forte backwardation.
en fonction des attentes des investisseurs à l’égard du De cette manière, nous prenons systématiquement
cycle conjoncturel et du sentiment général du marché, le risque de changements imprévus dans les prix des
ce qui requiert des méthodes conditionnelles d’évaluation matières premières. Ces risques peuvent venir des
et d’allocation susceptibles de saisir et d’exploiter cette producteurs et des consommateurs dans un environ-
dynamique. Notre champ d’action pour exploiter les nement complexe faisant intervenir de nombreux
primes de risque englobe cinq segments de marché : facteurs tels que les pénuries, la météorologie, les
cycles économiques et l’évolution technologique.
–– Primes de risque sur les marchés des actions : nous –– Primes de risque sur les marchés des options : nous
exploitons la prime de risque globale des actions exploitons les primes de risque sur les marchés
dans un portefeuille diversifié en gérant tactiquement des options qui découlent du besoin des acteurs
la quote-part investie sur les marchés internationaux du marché de couvrir les risques de baisse de leurs
par rapport aux positions en titres à revenu fixe. Le portefeuilles d’actions. Notre processus d’inves-
cœur de notre processus d’allocation est un modèle tissement prend des positions à découvert sur les
conditionnel d’évaluation des actifs liant les prix des volatilités des principaux marchés des actions au
actions à des variables d’état macroéconomiques moyen de swaps de variance qui négocient la volatilité
et à des instruments qui reflètent l’appétit des acteurs réalisée future en contrepartie de la volatilité implicite
du marché pour le risque systématique. Sur les actuelle, ainsi que des positions relatives dans des
marchés des actions, nous exploitons des données swaps de variance répliqués sur les marchés des
empiriques approfondies sur les principaux facteurs actions. D’un point de vue économique, cette straté-
de rendement en choisissant des expositions gie d’investissement fournit une assurance pour le
tactiques (« smart beta ») pour lisser la performance portefeuille avec le gain d’une prime d’assurance.
du portefeuille. –– Primes de risque sur les marchés des devises : nous
–– Primes de risque sur les marchés obligataires : nous exploitons les primes de risque sur les marchés
exploitons les primes de risque sur les marchés des devises qui résultent des cycles économiques
obligataires en rapport avec les changements impré- divergents entre les zones monétaires, une situation
vus dans la structure à terme des taux d’intérêt induits qui se reflète essentiellement dans la dynamique
par l’inflation et la préférence des acteurs du marché des différentiels de taux d’intérêt, mais aussi dans les
pour le lissage intertemporel de la consommation. écarts par rapport aux parités de pouvoir d’achat
Notre processus d’investissement décompose les (PPA) et l’évolution à court terme des taux de change.
courbes de rendement dans les principales devises Notre processus d’investissement exploite ces forces
selon des moteurs de valeur fondamentaux incluant systématiques sur les marchés des devises par
le carry, le retour à la moyenne et le momentum l’allocation tactique de positions longues et à décou-
dans les taux d’intérêt. Les positions tactiques au vert à des devises dans un portefeuille-zéro, tout
niveau de la duration sur les marchés obligataires en gérant de manière rigoureuse les risques de
internationaux reflètent ces forces intrinsèques. volatilité sur ces marchés.
Dans le même temps, elles sont subordonnées
à l’état mesurable de l’économie mondiale.
16

Nos stratégies d’exploitation des primes de risque


se fondent sur une analyse rigoureuse de la pérennité des
sources de rendement respectives. Dans tous les cas,
nous assumons des risques systématiques bien définis
sur les marchés financiers en relation avec les forces
économiques et les cycles conjoncturels. En règle géné-
rale, nous modélisons les risques de placement au sein
d’un schéma multidimensionnel intégrant le postulat
d’une variation conditionnelle des primes de risque. Les
dernières découvertes de la recherche concernant les
risques évalués par les marchés financiers et la dynamique
des rendements qui en découlent constituent la base
du développement de nos stratégies d’investissement, qui
sont conçues pour capitaliser sur l’expansion technolo-
gique rapide. Nous aidons ainsi nos clients à exploiter
les points forts d’une approche de placement disciplinée
sur des marchés financiers globalement efficients.
17

En bref

1. Seul le risque systématique est évalué par les 7. Les modèles conditionnels d’évaluation des actifs
marchés financiers. captent au moins une partie de la variation temporelle
des primes de risque à l’aide d’instruments décrivant
2. Plus le risque systématique d’un actif est élevé, le comportement des acteurs du marché à l’égard
plus son rendement attendu à long terme sera élevé : du risque tel que reflété dans les différentiels de taux
c’est le concept fondamental du Capital Asset d’intérêt et les principaux ratios agrégés d’évaluation.
Pricing Model (CAPM).
8. Les primes de risque peuvent être exploitées selon
3. L’étude scientifique des moteurs de rendement sur une approche « top-down » par l’exposition au risque
les marchés financiers part de l’hypothèse qu’il conjoncturel au niveau de l’allocation d’actifs, ou«
existe des variables d’état latentes ayant un impact bottom-up » par la mise en œuvre de styles d’investis-
systématique sur l’évaluation des actifs par les sement spécifiques tels que la taille, la valeur, la
participants au marché. rentabilité, la qualité, le momentum ou le risque faible
sur les marchés des actions – les principales sources
4. Les modèles d’évaluation rationnels affirment que de rendement sont les mêmes.
le risque systématique d’un actif se reflète dans
sa sensibilité aux évolutions de l’économie globale. 9. Toute stratégie visant à exploiter les primes de risque
En d’autres termes, le risque systématique équivaut doit inclure des compétences tactiques pour lisser
au risque conjoncturel. la performance sur des horizons de placement plus
courts.
5. Les modèles multifactoriels d’évaluation des actifs
dans l’esprit de l’Arbitrage Pricing Theory (APT) 10. Dans la mesure où l’exploitation des primes de
décrivent l’état de l’économie globale à l’aide de risque implique d’exposer l’investissement au cycle
variables observables telles que les taux d’intérêt, conjoncturel global, elle est consistante avec la
les taux d’inflation, les mesures de capacité ou croyance selon laquelle les prix des actifs sur les
les prix des matières premières en plus des données marchés financiers sont dans une large mesure
agrégées concernant l’évaluation des actifs sur informationnellement efficientes.
les marchés financiers.

6. L
es primes de risque varient au fil du temps en
fonction de l’idée que les acteurs du marché se
font de la situation économique globale et de
leur appétit de risque.
18

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Of Economic Risk Premiums”, Journal Of Political Economy,
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19

Vontobel imprime sur du papier 100 %


recyclable: la fabrication du papier recyclé
consomme environ 1.5 fois moins d’énergie
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Nous compensons les émissions restantes
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