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24/10/2019 Comment pratiquer une saine gestion des collections d’artéfacts?

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GESTION DES COLLECTIONS D’ARTÉFACTS?

Comment pratiquer une saine


gestion des collections d’artéfacts?
À la suite d’une intervention archéologique, l’archéologue doit traiter les artéfacts
récoltés. Il faut en assurer la validité scientifique et la préservation par une saine
gestion soigneusement planifiée. Ainsi, la collection d’artéfacts sera d’abord
nettoyée (Comment nettoyer les artefacts) pour ensuite être inventoriée et
cataloguée, puis emballée et déposée dans un lieu de conservation adéquat
(Comment offrir un environnement adequat aux artefacts).

L’inventaire archéologique de la collection

L’inventaire de la collection consiste à enregistrer chacun des éléments de


l’assemblage dans un tableau conçu pour contenir toutes les données pertinentes à
la description et à l’identification des artéfacts et écofacts. Le détenteur d’un
permis de recherche archéologique est tenu par la loi d’inclure l’inventaire des
artéfacts aux annexes de son rapport annuel de recherche (Loi sur le patrimoine
culturel, chapitre P-9.002, r. 2.1 – Règlement sur la recherche archéologique, A.M.
2013-01, article 11).

C’est à partir de l’inventaire que l’archéologue pourra interpréter les niveaux


stratigraphiques et les secteurs du site archéologique. Il s’agit donc d’une étape
cruciale qui nécessite constance et rigueur scientifique. La description et
l’identification des artéfacts nécessitent une expertise suffisante en culture
matérielle ainsi que l’accès à des référentiels (typologies, matériaux) et à de la
documentation pertinente. Il est donc préférable de confier ce mandat à un
spécialiste en culture matérielle.

Le tableau d’inventaire peut être créé à partir de logiciels tels qu’Excel, Access ou
FileMaker. Il doit comporter différents champs de données essentielles et
permettre d’établir des classements, de faire des recherches ciblées et de générer
des statistiques. Certaines institutions (universités, Parcs Canada, Ville de Québec,
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Ville de Montréal) fournissent leur propre gabarit pour l’inventaire des artéfacts.

Il n’existe pas de méthodologie universelle pour remplir le tableau d’inventaire.


Néanmoins, certaines informations doivent obligatoirement s’y retrouver :

█ Identification de la provenance (code Borden, numéros d’opération et


de lot ou identification du puits, du quadrant et localisation précise);

█ Identification du matériau (terre cuite grossière, terre cuite fine, verre,


fer, etc.);

█ Identification de l’objet (contenant, bouteille, clou, assiette, perle, etc.);

█ Constat d’intégrité (complet, entier, fragmentaire);

█ Nombre d’artéfacts (lot d’éclats de débitage, lot de fragments de


céramique, etc.);

█ Nombre d’objets (fragments remontables = 1 objet);

█ Identification de la fonction (alimentation, fixation, parure, habillement,


etc.);

█ Transcription des inscriptions observables;

█ Description détaillée des décors, des composantes, des altérations, etc.


(commentaires);

█ Numéro de catalogue (si l’objet est catalogué).

D’autres champs peuvent très bien s’ajouter au tableau, en fonction des besoins et
intérêts de recherche de l’archéologue responsable de l’intervention. Par exemple :

█ Datation;

█ Données reliées à des analyses spécialisées (ex. caractères


technologiques des artéfacts lithiques, caractérisation des
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composantes de la pâte des céramiques, etc.).

Afin d’uniformiser le contenu des inventaires (nomenclature, terminologie), d’en


faciliter l’utilisation et de limiter les erreurs, des codes préétablis de classification
(par types d’objets, par matériaux et par fonctions) sont souvent utilisés. Il existe
différents systèmes :

█ Système de classification de Parcs Canada (Nomenclature en vigueur à


Parcs Canada);

█ Système de classification des villes (Québec, Montréal);

█ Systèmes de classification des universités (Université Laval).

Note importante : il est primordial d’adopter un système de nomenclature et une


terminologie définie au tout début du processus et de l’appliquer à tous les objets
inventoriés. De plus, il est préférable d’éviter les codes et les abréviations. Dans le
cas où ces derniers seraient utilisés, il faut alors inclure une légende claire pour les
définir.

Voici deux propositions de modèles de base de tableaux adaptés pour les


inventaires en contexte historique ou paléohistorique, qui peuvent être bonifiés au
besoin :

MODÈLE A : TABLEAU INVENTAIRE HISTORIQUE (EXCEL)

MODÈLE B : TABLEAU INVENTAIRE PALÉOHISTORIQUE (EXCEL)

Le catalogage des artéfacts sélectionnés

Une partie de la collection inventoriée est cataloguée. Cette étape consiste à


sélectionner des artéfacts particulièrement significatifs, qui seront marqués d’un
numéro de catalogue individuel (Comment numeroter les artefacts). Les critères de
catalogage varient d’une collection à l’autre, en fonction des contextes ou de la
composition de la collection. Ainsi, le système de catalogage pour une collection
provenant d’un contexte paléohistorique implique normalement l’attribution d’un
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numéro de catalogue à tous les éléments de la collection (outils, éclats de débitage,
etc.), tandis qu’un catalogage associé à un site de contexte historique sera effectué
suivant des paramètres définis et sera limité à une fraction de la collection.

Les critères de catalogage sont généralement les suivants :

█ Artéfacts entiers ou complets;

█ Artéfacts dont l’identification formelle permet de dater les niveaux et


secteurs du site;

█ Artéfacts spécifiquement représentatifs du contexte d’occupation du


site (attribution chrono-culturelle, fonction du site, etc.);

█ Artéfacts particulièrement significatifs permettant d’interpréter des


niveaux ou des secteurs du site en particulier ou encore le site lui-
même (rareté, esthétisme, marqueur socioculturel, activité technique
ou technologie spécifique, etc.);

█ Artéfacts avec inscriptions ou décors particuliers ou bien préservés;

█ Échantillon d’artéfacts représentatifs du contenu de la collection


intégrale;

█ Artéfacts peu représentés dans les collections de référence.

Certaines catégories d’objets sont systématiquement cataloguées :

█ Les pièces de monnaie et jetons dont les inscriptions sont lisibles;

█ Les bijoux (or, argent, pierres précieuses et semi-précieuses);

█ Les objets identifiables de grandes dimensions.

Les fiches de catalogage permettent de consigner davantage d’informations sur


l’objet, des détails plus précis ainsi qu’une photographie.

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MODÈLE C : FICHE DE CATALOGAGE (EXCEL)

L’élagage

L’élagage consiste à retirer volontairement certains artéfacts de la collection, que


ce soit directement sur le terrain, au moment du nettoyage ou après que l’objet a
été enregistré dans l’inventaire. Encore une fois, il n’existe pas de règles formelles
concernant l’élagage et il faut le pratiquer avec une grande prudence. Cet exercice
est nécessaire pour éviter de surcharger les réserves inutilement, mais ne doit en
aucun cas compromettre la validité scientifique des collections ou entraîner une
perte irrémédiable de données archéologiques. Ainsi, il est essentiel de pratiquer
l’élagage suivant des balises qui sont idéalement définies par un spécialiste en
culture matérielle.

Élagage sur le terrain ou lors du nettoyage

Certains types d’artéfacts peuvent être mis de côté directement sur le terrain. Il
doit toutefois subsister une trace de leur existence dans les ches de lots et les
notes de terrain (décompte du nombre d’éléments jetés, description, dimensions,
inscriptions, etc.) et il peut être pertinent de conserver aussi des relevés
photographiques.

Les objets suivants peuvent, sauf exception, être élagués sur le terrain à condition
de conserver des exemplaires ou des échantillons qui seront associés au lot
correspondant :

█ Les objets fragmentaires qui sont postérieurs à 1950;

█ Les fragments de verre à vitre (conserver un échantillon de chaque


variété de teinte ou d’épaisseur, pour chaque lot);

█ Les fragments de verre altérés par la chaleur et informes (conserver un


échantillon);

█ Les fragments non diagnostics de matériaux de construction (mortier,


brique sans marque, pièces de bois, etc.);

█ Les clous tréfilés;


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█ Les clous tréfilés;

█ Les résidus métalliques informes, sans indicateur de techno-témoin;

█ Les déchets industriels (mâchefer, laitier, scories, résidus de


combustion divers).

Élagage en laboratoire

Au cours de l’inventaire archéologique, le spécialiste en culture matérielle pourra


choisir d’éliminer des artéfacts après les avoir enregistrés dans l’inventaire. Il peut
s’agir d’objets informes (ex. concrétions métalliques), d’éléments non diagnostics
ou très détériorés représentés en très grande quantité (verre à vitre, clous
informes et fragmentaires, pièces métalliques très altérées et informes, etc.). Les
critères d’élagage doivent cependant être clairement établis au début du processus
d’enregistrement et cette information doit être incluse au tableau d’inventaire
(identifier les objets élagués dans une colonne ajoutée au tableau d’inventaire).

L’emballage et le dépôt de la collection

Lorsque l’inventaire, le catalogage et le marquage des artéfacts sont complétés, il


faut procéder à l’emballage de la collection en vue du dépôt. L’emballage et le lieu
de conservation doivent assurer une préservation adéquate.

Les normes générales d’emballage sont les suivantes :

█ S’assurer que les artéfacts sont bien secs avant de les emballer;

█ Pour un dépôt au Laboratoire et à la Réserve d’archéologie du Québec


(LRAQ) : utiliser des sacs plastiques transparents;

█ Regrouper les artéfacts par lots et par matériaux (métaux, céramique,


verre, etc.);

█ Identifier adéquatement la provenance sur l’emballage ainsi que sur


une étiquette placée à l’intérieur du sac (code Borden, lot, date);

█ Classer les artéfacts dans des boîtes identifiées en fonction de l’année


de l’intervention archéologique et des lots;
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de l intervention archéologique et des lots;

█ Les artéfacts catalogués individuellement sont numérotés, ensachés


séparément et réunis dans une même boîte identifiée (une mention
dans l’inventaire doit indiquer dans quelle boîte ils se trouvent).

Les collections provenant des propriétés de l’État sont systématiquement


déposées au LRAQ. Les collections provenant de propriétés municipales ou privées
peuvent également être déposées au LRAQ ou dans un autre lieu à la discrétion du
propriétaire. Les collections qui appartiennent à la Ville de Québec ou à la Ville de
Montréal sont déposées dans leurs réserves respectives. La procédure à suivre
varie en fonction du lieu de dépôt.

█ Dépôt au Laboratoire et à la Réserve d’archéologie du Québec


(LRAQ) : pour connaître les détails de la procédure de dépôt, consultez
la section Dépôt de collections archéologiques sur le site Web du
ministère de la Culture et des Communications du Québec .

█ Dépôt aux réserves de la Ville de Québec et de la Ville de Montréal :


contactez les gestionnaires responsables des collections
archéologiques.

█ Conservation assumée par le propriétaire de la collection


(municipalité, particulier, etc.) : les modalités et le lieu de dépôt sont
déterminés par le propriétaire de la collection. Il est toutefois
recommandé de suivre les normes d’emballage en vigueur pour le
mobilier archéologique et de trouver ou d’aménager un lieu qui est
adapté pour assurer la pérennité de la collection. La consultation d’un
expert pour guider cette démarche est alors souhaitable.

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Inventaire de l’assemblage archéologique.


Photo : Marie-Michelle Dionne 2019. © Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et
d’histoire de Montréal.

Catalogage et marquage des artéfacts.


Photo : Marie-Michelle Dionne 2019. © Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et
d’histoire de Montréal.

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Entreposage en réserve.
Photo : Marie-Michelle Dionne 2019. © Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et
d’histoire de Montréal.

Entreposage en environnement contrôlé.


Photo : Marie-Michelle Dionne 2019. © Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et
d’histoire de Montréal.

© 2017 Pointe-à-Callière, cité d'archéologie et d'histoire de


Montréal. Tous droits réservés.

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