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12/18/23, 7:29 PM La muséologie et l’objet de l’archéologie

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Les nouvelles de
l'archéologie
139 | 2015
Varia
Actualités scientifiques

La muséologie et l’objet de
l’archéologie
Le rôle des collections face au paradoxe des rebuts du contexte

Marc-Antoine Kaeser
p. 37-44
https://doi.org/10.4000/nda.2873

Résumés
Français English
La notion de « contexte » revêt une importance capitale dans la pratique de l'archéologie. Cet article
examine l'impact de cette éthique de la contextualisation sur les missions muséales de conservation
du mobilier archéologique. Une interprétation erronée et scientiste de la contextualisation, qui
oppose les objets et leur environnement signifiant, a en effet conduit notre discipline dans une
impasse logique, où les exigences de la recherche scientifique semblent entrer en contradiction avec
les besoins de la préservation et de la mise en valeur publique du patrimoine.
En interrogeant, à partir de quelques cas concrets, la pertinence heuristique des anciennes
trouvailles archéologiques, nous montrons que la notion de contexte doit être envisagée plus
largement et dans une perspective dynamique, qui permet de concilier conservation et recherche
scientifique. Il s'avère ainsi que les musées ne sont pas condamnés à « raconter le passé » en
exhibant les restes démembrés d'un contexte démantelé lors de l'exhumation des vestiges : leurs
collections ont un rôle propre à jouer dans la construction du savoir.

The concept of « archaeological context » plays a significant part in our discipline. This article
analyzes the impact of that contextualization ethics onto the museographical tasks of archaeological
heritage conservation. As a matter of fact, an erroneous, scientistic interpretation of the
archaeological context, opposing objects and their signifiant environment, has lead our discipline
into a logical cul-de-sac, where the needs of heritage preservation and public valorization seem to
contradict the requirements of scientific research.
Basing on some concrete examples, we reflect on the heuristic relevance of old finds and collections,
in order to show that the « archaeological context » has to be understood in a broader and more
dynamic perspective, allowing of a conciliation between conservation and research. Indeed, the
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museums are not restricted to merely relate the past through the exhibition of the dismembered
remains left over by the dismantling of the context characteristic of archaeological excavation. In
other words, the museum collections have a specific role in the construction of knowledge about the
past.

Entrées d’index
Index de mots-clés : collection archéologique, contexte archéologique, théorie de l'archéologie,
muséologie, histoire de l'archéologie
Index by keyword: archaeological context, archaeological collection, archaeological theory,
museology, history of archaeology

Texte intégral

Avant-propos : un conflit « intrinsèque »


entre objets et contexte ?
1 En archéologie, l'action muséologique est perturbée par la signification conférée à la
notion de contexte. Dans le courant du xxe siècle, l'éthique disciplinaire des archéologues
s'est en effet appuyée sur la mise en exergue d'une opposition décisive entre contexte et
objets. Cette dichotomie simpliste semble s'imposer comme une évidence, et alimente un
malaise tacite du côté des acteurs de la conservation du patrimoine mobilier, qui se voient
pris en tenaille entre deux injonctions contradictoires (valoriser l'enveloppe contextuelle
vs conserver des objets). Or cette contradiction apparente a généré, entre archéologie et
muséologie, des ambiguïtés d'autant plus néfastes qu'elles sont inavouées. Leurs effets
dommageables peuvent ainsi se traduire de manière très concrète, comme l'illustrent en
France les incohérences de la politique de conservation des vestiges archéologiques1.
2 À notre sens, de telles ambiguïtés procèdent de postures théoriques mal assurées qui se
sont imposées au fil du développement de la discipline archéologique. Nous souhaitons
donc montrer ici qu’elles doivent être affrontées en toute franchise, afin d’assurer bien sûr
l’efficacité de la médiation mais également pour mettre en question quelques évidences
apparentes de la doctrine archéologique quant aux logiques procédant aux processus de la
recherche dans notre discipline. Si cet enjeu de la relation entre objets et contexte occupe
une place notable dans les préoccupations des archéologues, il ne constitue toutefois pas
une exclusivité archéologique. En ce sens, certaines spécificités épistémologiques de notre
discipline offrent donc un accès particulièrement favorable à la thématisation pratique
d’un enjeu qui, dans son principe, concerne toutes les institutions muséales, des
écomusées aux musées de beaux-arts2. Mais dans un organe comme Les Nouvelles de
l’archéologie, notre propos visera logiquement avant tout à interroger la viabilité
fondamentale des entreprises muséales de médiation du savoir et de la recherche
archéologiques. Car, si l’objet n’est rien sans contexte, quelle peut être la mission de nos
musées ?

L’archéologie, des traces matérielles aux


pièces de musée
3 Sans même remonter jusqu’aux « trésors » des temples antiques, aux cabinets de
curiosités ou aux collections d’antiquités de l’Ancien Régime, l’archéologie entretient à
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première vue des liens privilégiés avec la muséographie, dans son sens le plus large.
Qu’elles portent sur « Toutankhamon », « Les Mayas », « L’or des Scythes » ou les
« Splendeurs des Han », le succès référentiel de certaines expositions donne même à
penser que l’archéologie est comme prédestinée à la muséalisation. En l’occurrence, les
apparences sont pourtant trompeuses. Car si certains de ses vestiges se prêtent volontiers
à la célébration muséographique, de telles expositions provoquent souvent des polémiques
virulentes parmi ceux qui envisagent l’archéologie comme une discipline scientifique.

L’archéologie : une destruction savante


4 L’archéologie a souvent été désignée comme une science historique dont l’exercice
consisterait à détruire ses archives à la faveur de leur exhumation. Expérience
intrinsèquement non reconductible, la fouille archéologique porte précisément sur
l’observation de « faits » qu’elle démembre au fil du décapage des niveaux sédimentaires
et du démontage des « structures » anthropiques nécessaires à l’avancement du travail et
de la recherche.
5 En l’espèce, on doit bien entendu distinguer la fouille proprement dite du dégagement
des « monuments ». D’ordinaire, lorsqu’ils sont définis comme tels, ceux-ci survivent à
leur étude archéologique – avec ou sans restauration, reconstitution, anastylose. Mais là
n’est pas le propre de l’archéologie. Celle-ci est en principe une exploration systématique
qui consiste précisément à démanteler le connu pour appréhender et comprendre
l’inconnu ou le méconnu. Selon l’approche radicale défendue par les préhistoriens, qui
n’ont guère coutume de travailler sur des monuments consacrés par l’usage3 comme des
églises ou des châteaux, l’étude d’un site archéologique entraîne par principe une
éradication matérielle : une fois exploré, celui-ci est remplacé par un trou – par du vide,
donc. En somme, la science est à ce prix… D’une certaine manière, le site doit renoncer à
son existence matérielle pour gagner une existence scientifique qui s’avère nécessairement
virtuelle : les « faits » exhumés par les archéologues se transforment en données (dessins,
notes, plans et photos – numériques ou non). En d’autres termes, l’archéologie consomme
du patrimoine pour produire de la connaissance.
6 Ce sont ces exigences qui ont entraîné la mise en place d’une éthique du « sauvetage »,
selon laquelle les archéologues ne doivent intervenir que lorsque la préservation du site est
sérieusement menacée, par des agents naturels (l’érosion, par exemple) ou humains (des
labours profonds, des projets immobiliers ou des travaux de génie civil, etc.). Bien
entendu, l’application pratique de ce principe déontologique pose certains problèmes
puisque la recherche scientifique est ainsi soumise aux circonstances – ce qui a entraîné la
mise en place des méthodes, des techniques et des procédures de l’archéologie dite
« préventive » (Demoule 2007 ; Schlanger 2012).

L’« objet » de l’archéologie : de la restitution du


contexte…
7 L’archéologue fonde son identité non sur la découverte et l’exhumation de vestiges, mais
sur la préservation du patrimoine… alors même que, comme on l’a vu, son action consiste
précisément à l’anéantir dans sa matérialité. La solution de ce paradoxe réside dans la
définition de l’« objet » de l’archéologie. Ici, la doxa consiste en une exaltation de ce que
les chercheurs désignent comme le « contexte archéologique » et qu’ils opposent
volontiers aux « trésors » et aux « simples objets » collectés par les antiquaires des temps
« préscientifiques ». Car, si les pièces archéologiques préexistent à l’intervention des

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archéologues, il n’en va pas de même de ce fameux « contexte » : son existence requiert
leur médiation, leur regard et l’application de procédures scientifiques.

… au mépris des objets


8 Cette distinction entre contexte et objets paraît même tellement sensible que c’est sur
cet axe que les archéologues ont articulé l’écriture téléologique de l’histoire de la
discipline. Selon une affirmation sans cesse répétée, c’est en effet par le biais de son
affranchissement croissant par rapport aux « objets » que l’archéologie se serait affirmée
comme démarche scientifique. Ainsi, à la focalisation prétendument exclusive des
antiquaires d’antan sur les « beaux objets » aurait succédé la prise en compte des
conditions de trouvaille (le « contexte »), prise en compte progressive, qui aurait elle-
même traversé plusieurs étapes. On serait ainsi passé, par exemple, de l’examen de la
disposition des offrandes mobilières dans une tombe à celui du cimetière dans son
ensemble. Et, suite à l’invention de la notion de « site archéologique », ce développement
se serait poursuivi avec l’insertion conceptuelle du site dans des cadres plus larges : le
« terroir » de la New Archaeology des années 1970, puis les « territoires » de l’archéologie
d’aujourd’hui.
9 Sans même discuter le caractère scientiste et fallacieux de ces reconstructions
historiographiques (Kaeser 2011), on notera qu’il règne, au sein de la discipline, une
attitude foncièrement hostile à l’égard des objets en tant que tels. De l’avis général, ceux-ci
ne sont en effet qu’un produit presque négligeable du passé dont la compréhension,
l’appréciation même, ne pourrait se fonder que sur l’interprétation du « contexte » qui les
dépasse. Cette hostilité latente a d’ailleurs enrichi la lutte contre le pillage archéologique
d’un argument très parlant et en apparence imparable. Dans un ouvrage dédié à ce
désastre culturel, Laurent Flutsch et Didier Fontannaz (2010 : 205 sqq.) comparent ainsi
les antiquités dépourvues de pedigree, ces « trophées » qui circulent sur le marché de l’art,
aux dépouilles d'espèces sauvages en voie d'extinction ornant les salons des amateurs de
chasse. L'utilité des premières serait en effet aussi nulle pour la connaissance
archéologique que peuvent l'être les secondes pour le naturaliste qui s'interroge sur la vie
animale ou le fonctionnement des écosystèmes…
10 Lorsqu’on les envisage du côté de la conservation du patrimoine, de tels verdicts
s’avèrent évidemment embarrassants. Car à proprement parler, les collections des musées
apparaissent ainsi dénuées de valeur propre : les objets abrités dans les réserves des
musées ne constitueraient qu’un résidu, les scories de la recherche scientifique.

Les musées d’archéologie : un rôle


ambigu
11 Dans ces conditions, le rôle dévolu aux musées archéologiques paraît singulièrement
ambigu. D’une part, nos institutions muséales sont chargées de conserver, dans les
meilleures conditions possible, le patrimoine matériel dont elles ont la charge. Mais
d’autre part, on attend bien sûr qu’elles transmettent au public (ou plutôt qu’elles
partagent avec lui) des états de la connaissance archéologique fidèles au développement
du savoir. Or, pour ce faire, elles ne disposent, on l’a vu, que des « scories » de la
dématérialisation du contexte, elle-même constitutive de la discipline.
12 En d’autres termes, le musée doit faire appel aux objets pour traiter précisément de ce
qui les dépasse : leur « contexte archéologique », c’est-à-dire leur disposition topo- et
stratigraphique, leurs relations typologiques, leur mode de confection technologique, leur

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fonction et leurs usages techniques, ainsi que toutes les traces, les signes et les indices
observés sur la fouille.
13 Il s'agit d'un défi logique, qui s'avère assurément stimulant pour la créativité des acteurs
de la médiation culturelle. Afin d’éviter l’envahissement du discours didascalique, les
muséologues de l'archéologie ont ainsi développé toutes sortes de stratagèmes de
contournement (audiovisuels, reconstitutions 2D ou 3D, réalité augmentée, archéologie
expérimentale, etc.) et d’artifices de mise en scène, dont l’intérêt, la valeur et l’efficacité
paraissent indéniables.
14 Ce défi a d'ailleurs été parfaitement perçu et relevé dès les débuts de l'archéologie,
comme le montrent, sous l'Ancien Régime, de nombreux exemples de dispositifs de
monstration conçus spécifiquement pour donner du sens aux collections de curiosités et
d'antiquités. Dans un cadre plus public, les premières grandes expositions archéologiques,
au xixe siècle, témoignent de la même sensibilité pédagogique : on peut ainsi relever le cas
d’une exposition sur la peinture étrusque à Londres, en 1837, où les visiteurs étaient
invités à pénétrer, munis de flambeaux, dans des reconstitutions de chambres funéraires
(Barbanera 2008) ; de même, à l’Exposition universelle de Paris, en 1867, la galerie
consacrée à l’« anté-histoire » semble avoir rencontré une faveur toute particulière auprès
du public en raison notamment de la richesse didactique de la mise en scène des
trouvailles lacustres, avec ses trophées d’armes, ses maquettes et ses reconstitutions
artistiques (Müller-Scheessel 1998/99, 2001).

Une relative hypocrisie


15 Tous ces efforts reposent néanmoins sur une certaine hypocrisie : on masque le fait
qu’en suivant jusqu’à son terme la logique de tels principes, le langage, le discours et le
message muséographiques pourraient finalement très bien se passer des objets4, comme
en témoignent du reste déjà certaines expositions thématiques montées, volontairement
ou non, exclusivement à partir de copies et de reconstitutions. Mais à cet égard, c’est
surtout l’exemple des nombreux parcs archéologiques ou « musées en plein air » qui doit
nous faire réfléchir. De manière délibérée pour la plupart d’entre eux, ils se sont en effet
résolument affranchis des contraintes qu’imposent les collections et leur conservation5. Or
la valeur indéniable et le succès de certaines de ces expériences nous forcent à nous
interroger sur le destin de nos collections. Si le public n’en a pas besoin pour
expérimenter, pour apprendre et pour ressentir, si les médiateurs culturels peuvent
manifestement s’en passer, et si les scientifiques eux-mêmes n’y voient que des déchets ou
un prétexte, ces collections semblent en effet sérieusement menacées.

Vers une impasse ?


16 Pour le conservateur « traditionnel » (s’agit-il d’un pléonasme ?), il paraît évident que
de telles positions conduisent nos musées dans une impasse. Compte tenu du climat
politique actuel, le découplement des activités de communication publique et des
impératifs de conservation va nécessairement entraîner un déséquilibre croissant entre ces
deux tâches. À terme, la délégitimation consécutive de la seconde est aisément susceptible
d’aboutir à sa liquidation — a fortiori, on l’aura compris, dans le cas de disciplines comme
l’archéologie, où les liens entre les collections et la recherche « vive » sont problématiques
et où la conservation ne peut apparemment pas s’appuyer inconsidérément sur ses
fonctions scientifiques présumées.
17 Face à cette impasse, la seule issue me paraît résider dans le réinvestissement de nos
collections. Autrement dit, nous devons reconnaître à nos objets une valeur propre,

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« intrinsèque », par-delà le contexte scientifique auquel nous sommes censés les
rapporter.

Qu’est-ce que la valeur intrinsèque des


objets ?
18 La question de la « valeur intrinsèque » des objets a gagné une certaine actualité, à la
faveur des débats très vifs qu’ont soulevés la conception puis la réalisation du musée du
Quai Branly, feu musée des Arts premiers. Pour faire court, on peut dire que ce débat
paradigmatique a porté sur la légitimité d’une dissociation entre contexte et objets,
dénoncée comme une « esthétisation » du patrimoine ethnographique (Dupaigne 2006 ;
Hubert van Blyenburg 2007 par exemple). Or les termes assez manichéens dans lesquels a
été posé ce débat ont parfaitement illustré le caractère déficient de la notion même de
contexte. Car, avec une certaine mauvaise foi, les protagonistes (anthropologues et
historiens de l’art, cette fois) ont pu se renvoyer des acceptions différentes, culturalistes et
universalistes, de ce fameux « contexte », qu’ils se sont du reste approprié
disciplinairement de manière assez simpliste (contexte socio-anthropologique vs contexte
global de la création artistique).
19 De ce point de vue, il me semble que c’est précisément la question de la valeur
« intrinsèque » des objets qui est susceptible d’orienter l’archéologue dans ces polémiques
somme toute assez stériles. Pour ce faire, il s’agit en premier lieu de libérer l’archéologie
du spectre de l’« esthétisation » afin d’envisager l’apport potentiel propre des matériaux,
abstraction faite du contexte scientifique, tel qu’il est compris au sein de la discipline. En
somme, les objets eux-mêmes peuvent nous inviter à une réévaluation de la signification
du « contexte ». À cet effet, nous porterons la réflexion sur les pièces les plus menacées des
réserves muséales : celles qui encombrent souvent nos fonds anciens.

Les musées scientifiques et leurs


anciennes collections
20 La plupart des musées scientifiques abritent des collections anciennes dont l’emploi
s’avère extrêmement problématique. Elles sont en effet composées de pièces souvent sans
provenance avérée, qui ont été récoltées dans des conditions très éloignées des procédures
scientifiques actuelles (fig. 1). Plus généralement, et dans le meilleur des cas, elles ont été
constituées selon des configurations de savoir tenues pour dépassées. Dans ces
circonstances, elles paraissent aujourd’hui dénuées de valeur scientifique.
21 Dans certaines disciplines de l’ancienne « histoire naturelle », on assiste ainsi à des
opérations de destructions planifiées, où des anciennes collections sont réduites au pilon,
ce qui permet d’épargner les frais parfois considérables liés à leur entretien. Choquantes
pour le profane, de telles opérations résultent de la pression du management moderne.
Celui-ci, pourtant, n’est pas directement en cause ; car les critères justifiant la sélection des
pièces à conserver ont été établis en concertation avec les scientifiques, voire même par ces
derniers. Ce n’est en effet pas un hasard si de telles opérations ont précisément été initiées
dans les musées universitaires. Selon les orientations actuelles des sciences de la vie, et
compte tenu de l’obsolescence prétendue de la systématique (notamment en botanique et
en paléontologie), ces anciennes collections paraissent superflues. Leur destruction n’est
donc pas qu’un pis-aller en période de vaches maigres : c’est le verdict rationnel d’une
certaine logique savante.

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Fig. 1

« Lacustres, Lac de Neuchâtel / Station d’Estavayer (Suisse) » : carton d’antiquités de l’âge du Bronze dans son
état d’origine (vers 1900), collection Pochon (dépôt Laténium)
Photo C. Cevey, Laténium (Neuchâtel)

L’archéologie et ses vieux objets


22 À notre connaissance, les développements évoqués ci-dessus épargnent encore les
musées d’archéologie, d’ethnographie, d’histoire ou des beaux-arts. Or cet état de fait n’est
pas sans incidence sur la problématique « objet vs contexte » qui nous occupe ici, et que
nous allons envisager à nouveau sous l’angle de l’archéologie.

La valeur symbolique des éléments de patrimoine


23 De toute évidence, la préservation des anciennes collections archéologiques témoigne de
l’existence d’une valeur intrinsèque conférée aux objets – indépendamment de leur intérêt
ou de leur pertinence « scientifiques ». Il faut par conséquent s’interroger sur la nature de
cette valeur intrinsèque fondée sur des évaluations tacites, qui peuvent d’ailleurs être
cultivées par le biais de scénographies délibérément historisantes (fig. 2) (Cova 2010).
Pourtant, la conservation de pièces auxquelles ne sera probablement jamais fait l’honneur
d’une exposition donne à penser que cette valeur n’est ni didactique, ni simplement
« esthétique » : elle est symbolique. Même les objets les plus « inutiles » au savoir
archéologique sont effectivement revêtus, d’emblée, d’une dignité qui est celle de l’héritage
inaliénable de « nos ancêtres ».
24 Dénuée de pertinence pour le chercheur, cette valeur symbolique ne constitue pas non
plus une garantie pour la préservation des collections. Car il n’est rien de plus relatif que
les symboles. En l’espèce, contrairement à la valeur scientifique, universelle par définition,
la valeur symbolique dépend de facteurs identitaires, politiques ou idéologiques bien sûr
fluctuants.
25 Comme on s’en doute, les pressions managériales évoquées ci-dessus s’exercent aussi
sur les musées d’archéologie. Or, si elles n’ont pas eu les mêmes effets qu’en sciences
naturelles, c’est aussi parce que les conservateurs de musées archéologiques ont pu
trouver, jusqu’ici, des solutions pour les collections dont la préservation ne se justifie
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plus… chez eux : ils les transfèrent ou les remettent en dépôt à d’autres musées, où cette
valeur symbolique s’est perpétuée, ou pour lesquels elle n’a pas (encore) été remise en
question. Tel est par exemple le cas de la collection d’antiquités « lacustres » réunie à la fin
du xixe siècle par le professeur Arnold Guyot pour le musée de géologie de l’Université de
Princeton. À l’époque, ces matériaux illustraient une étape « universelle » dans l’histoire
de l’humanité, dans le prolongement naturaliste d’une histoire de la Terre postérieure à
l’ère glaciaire. Or aujourd’hui, la préhistoire humaine ne fait manifestement plus de sens
dans les programmes scientifiques de la géologie américaine – a fortiori lorsqu’il s’agit
d’antiquités « exotiques » attribuées désormais à des cultures spécifiques au continent
européen. En 2006, cette importante collection a par conséquent été gracieusement
remise au Laténium de Neuchâtel (Coye 2009).

Fig. 2

Restitution scénographique d’une muséographie désuète : vitrine d’archéologie au Museo civico de Modène en
2007
(d’après Cova 2010 : fig. 14)

26 Fondamentalement, la conservation du patrimoine mobilier archéologique n’est donc


aucunement assurée. À mon avis, il convient dès lors de se demander si la valeur
intrinsèque de nos objets se restreint véritablement à cette valeur symbolique si aléatoire.
Dans cette perspective, nous ferons un petit détour par une exposition que nous avons

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contribué à mettre sur pied au Musée national suisse (Zurich) en 2004, et dont la partie
principale consistait en une forme d’« exposition d’objets », à laquelle certains collègues
(Bailly 2004) ont d’ailleurs reproché une coupable « esthétisation » du patrimoine.

Recyclage d’objets sans contexte :


l’exposition « Les Lacustres » au Musée
national suisse
27 À l’occasion de la commémoration des 150 ans de la découverte des stations
préhistoriques littorales (inscrites depuis 2011 au Patrimoine mondial de l’Unesco), un
grand nombre d’expositions et autres événements ont été organisés en Suisse, dans le
courant de l’année 2004. Compte tenu des structures fédéralistes de la recherche
archéologique suisse, ces manifestations visaient avant tout à présenter l’état récent de la
question, selon des perspectives régionales. Cette « cantonalisation » présentait l’avantage
d’éviter les aspects les plus problématiques, historiques et idéologiques, de la thématique
dite aujourd’hui « palafittique » : le « mythe lacustre » a en effet joué un rôle notable dans
l’affirmation de l’identité nationale suisse (Kaeser 2004a).
28 Du fait de son statut institutionnel, le Musée national suisse pouvait en revanche
difficilement esquiver ces aspects politiquement sensibles. L’exposition candidement
intitulée « Les Lacustres » abordait donc cet enjeu de manière directe, en confrontant les
représentations imaginaires du passé aux matériaux sur lesquels celles-là se fondaient
(Bailly 2004 ; Collectif 2004 ; Kaeser 2004b et c). Dans cette perspective, le module
central de l’exposition était situé dans la vénérable « Salle des trophées » du Musée
national, une sorte de « Temple de la Nation » où avaient longtemps été exposées les
armes attribuées aux valeureux guerriers confédérés. Alors que les parois obscurcies de
cette cathédrale néogothique étaient animées de projections mouvantes de reconstitutions
imagées anciennes et récentes, le sol des nefs et du transept était baigné dans une lumière
subaquatique. Jonchant les hauts-fonds lacustres restitués, 150 trouvailles disposées dans
le plus grand désordre, éclairées chacune d’une diode lumineuse ponctuelle et frisante,
invitaient le visiteur à ressentir personnellement la sensation de la découverte (fig. 3).
29 Comme on l’aura compris, l’idée consistait à souligner d’un côté le poids de l’héritage
imaginaire d’une tradition d’un siècle et demi de recherches archéologiques, alors que les
pièces originales, elles, se révélaient dans la candeur du premier jour (fig. 4). Ce contraste
était accentué par la nature des légendes, rédigées sous une forme narrative et subjective,
illustrant d’une part la très grande variété des éclairages auxquels ce patrimoine peut être
soumis et, d’autre part, l’étendue persistante des questions ouvertes quant à la nature et la
fonction de certaines des trouvailles exposées.

Fig. 3

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Exposition « Les Lacustres » au Musée national suisse (Zurich, 2004)


Photo M. Füssler
30 Or le concept de l’exposition permettait de mobiliser de nombreuses pièces issues de
collections réunies au xixe siècle. En somme, c’est ainsi le parti pris de la
décontextualisation qui aura favorisé le « recyclage » de matériaux usuellement considérés
comme caduques, car inutilisables dans le propos de « recontextualisation » de la
muséologie archéologique.
31 Au-delà de l’opportunisme manifeste d’une telle opération, ce recyclage n’était pourtant
pas une affaire de convenance : si nous souhaitions « réhabiliter » ces pièces reléguées
dans les dépôts, c’est parce que nous estimions qu’en dépit (voire peut-être à cause) de
leur intégration déficiente dans les grilles de lecture de la recherche archéologique
présente, elles étaient porteuses, intrinsèquement, d’informations sur le passé
préhistorique. Et de fait, ce retour aux anciennes collections s’est avéré extrêmement
instructif.
32 Lorsqu’un conservateur se tourne vers ses anciennes collections, c’est d’ordinaire en
quête de quelque chose de précis : il y cherche des matériaux qui lui permettent de remplir
un programme défini par ailleurs, sur la base des connaissances du présent. Ici, en
revanche, nous nous étions placés en position d’appréhender ces collections pour elles-
mêmes, en arpentant les réserves sans objectif défini a priori. En nous libérant en quelque
sorte des attendus de la recherche archéologique actuelle, nous avons pu prendre
conscience de réalités d’ordinaire occultées, en raison notamment de la spécialisation
thématique et de la sectorialisation des études. Entre autres, cela nous a permis de
constater la diversité extraordinaire des sphères d’activités attestées par les objets
recueillis et conservés de manière indiscriminée par nos prédécesseurs. De même, nous
avons été frappés par le nombre considérable de pièces énigmatiques, dont la nature et la
fonction demeurent incertaines : dans les monographies récentes, de tels objets se voient
relégués dans des catégories de « divers » ou d’« atypiques » et sont escamotés à l’analyse,
masquant ainsi l’ampleur somme toute considérable des lacunes de nos connaissances.
33 Dans un registre similaire, le Laténium a réalisé au musée du Malgré-Tout (Treignes,
Belgique) une exposition exclusivement montée avec des pièces d’anciennes collections
privées de la fin du xixe siècle qui nous ont récemment été remises par leurs héritiers :
« Bronziers au bord du lac : trésors cachés du Laténium » (Ramseyer 2014). En
l’occurrence, c’est le lieu de présentation et le propos de cette exposition focalisée sur la vie

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quotidienne et les savoir-faire techniques du Bronze final palafittique dans la région des
Trois-Lacs qui ont autorisé un tel parti pris, qui serait difficile à concevoir dans les murs
du Laténium. Puisque notre musée a participé étroitement aux renouvellements décisifs de
l’archéologie palafittique moderne, nous ne pourrions en effet décemment pas priver
« notre » public de la présentation de matériaux issus de ces fouilles récentes – pour des
motifs liés donc aux contextes « scientifique et culturel » neuchâtelois.

Une valeur heuristique autonome : les


anciennes collections contre le
scientisme disciplinaire
34 La démarche adoptée à l’occasion de cette exposition au Musée national suisse montre
que la valeur intrinsèque des objets et des collections archéologiques n’est pas uniquement
symbolique : elle peut également être heuristique. Cet exemple n’est d’ailleurs pas isolé,
comme le montrent notamment les enseignements précieux et stimulants de la
réouverture de la Salle Piette au Musée d’archéologie nationale (Schwab 2008).
L’agencement défini par Édouard Piette et restitué fidèlement au château de Saint-
Germain-en-Laye agit en effet sur nos représentations convenues de l’art paléolithique,
précisément parce qu’il ne respecte pas les catégories analytiques qui se sont imposées
dans la recherche contemporaine.
35 En définitive, le détour par les anciennes collections, dont les pièces « hors contexte »
sont découplées du savoir scientifique moderne, peut s’avérer tout à fait productif pour la
connaissance. En fait, il nous rappelle que la « contextualisation » prêchée avec tant de
conviction par les archéologues ne constitue pas un donné positif : elle repose sur des
constructions intellectuelles transitoires, qui doivent être constamment discutées et
remises en question.
36 Autrement dit, l’exercice de la non-contextualisation, plutôt que la décontextualisation à
proprement parler, offre un garde-fou salutaire contre les dérives positivistes, voire
scientistes des approches disciplinaires. Cet exercice permet de dégager la recherche du
carcan parfois très contraignant des grilles de lecture de la science « normale » (Kuhn
1983).
37 Dans cette entreprise, les pièces muséographiques jouent un rôle capital. Car, si
d’ordinaire la science fait parler les objets, si la science définit la syntaxe en vigueur et les
nouvelles règles de grammaire, nous ne saurions oublier qu’elle doit néanmoins faire appel
à des mots – les objets – qui survivront aux évolutions et aux réformes linguistiques, et qui
témoignent modestement de l’historicité du discours scientifique.

Fig. 4

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12/18/23, 7:29 PM La muséologie et l’objet de l’archéologie

Une fibule en bronze « égarée » sur le sédiment lacustre : illustration pour le catalogue de l’exposition « Les
Lacustres »
Photo D. Stuppan, Musée national suisse (COL 16034)

Fig. 5

2342 objets archéologiques en cours de recontextualisation : les trouvailles mises au jour sur le site éponyme de
La Tène entre 1857 et 1917 dans les dépôts visitables du Laténium
Photo M. Juillard, Laténium (Neuchâtel)

Épilogue
38 Le constat ci-dessus établi ne dément pas seulement le postulat tacite d’une
contradiction intrinsèque entre archéologie et muséologie. Il nous paraît également livrer
un plaidoyer pour les responsabilités scientifiques des musées. Entre la recherche et les
publics, les conservateurs ne sont pas condamnés à des emplois de figurants, ou de
courroies de transmission pour la médiation de l’archéologie : leurs objets et leurs
collections leur assignent en effet un rôle propre dans la construction du savoir
archéologique.
39 Telle est du reste la voie que s’est tracée le musée que je dirige, dans le cadre de la
réouverture du dossier « La Tène » engagée depuis une dizaine d’années (Kaenel &
Reginelli Servais 2011). L’analyse historiographique des milliers de pièces conservées
aujourd’hui au Laténium et qui avaient été recueillies sur le site éponyme entre 1857 et
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12/18/23, 7:29 PM La muséologie et l’objet de l’archéologie
1917, pour la plupart sans considération du contexte archéologique (fig. 5), permet en effet
aujourd'hui de recontextualiser progressivement les ensembles originaux sur des
référentiels topographiques et stratigraphiques reconstitués. Or, en cette affaire, c’est
précisément la généalogie des collections muséales et la « biographie des objets » qui
permettent de résoudre enfin certaines questions demeurées sans solution archéologique
depuis un siècle (Kaeser 2013, à paraître), pour ce qui touche à l’interprétation de l’un des
gisements majeurs de la Protohistoire européenne.

Bibliographie
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Note critique », Les Nouvelles de l’archéologie, 97 : 21-26.
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(Schriftenreihe zur Kulturgüter-Erhaltung ; 2) : 46-51.
Kaeser M.-A. À paraître. « La Tène, du musée au terrain. Lorsque l’histoire de l’archéologie permet
de “refouiller” un site éponyme », in : J. M. Lanzarote Guiral & A. Loyau (éd.), Montrer,

https://journals.openedition.org/nda/2873 13/16
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démontrer la préhistoire. La construction du préhistorique dans les musées et les expositions en
Europe : XIXe-XXe siècles. Paris, Muséum national d’histoire naturelle.
Kuhn Th. S. 1983. La structure des révolutions scientifiques. Paris, Flammarion.
Müller-Scheessel N. 1998/99. « Im Schatten des Eiffelturms. Die Präsentation von Pfahlbauten
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DOI : 10.1017/S0003598X00061044
Nora P. 1997. « Entre mémoire et histoire », in : P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire. Paris,
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to Archaeology, 2nd Edition. Oxford, Oxford University Press, vol. 2 : 661-665.
Schwab C. 2008. La collection Piette. Musée d’archéologie nationale, Château de Saint-Germain-
en-Laye. Paris, Réunion des Musées nationaux.

Notes
1 Des incohérences dénoncées justement dans le récent Livre blanc de l’archéologie préventive
(Garcia 2013 : 31), qui s’expriment notamment par le flou savant qui préside au statut des objets
archéologiques, ainsi que par la complexité kafkaïenne du régime de propriété des vestiges dans le
droit français (idem : 60 sqq.).
2 Cet article est d’ailleurs fondé sur une contribution au cycle de conférences Les acteurs de la
muséologie, organisé dans le cadre du master de muséologie de l’Université de Neuchâtel. Et si nous
en livrons ici une expression que nous espérons pertinente pour les professionnels de l’archéologie,
cette réflexion nous paraît devoir interroger les conditions d’exercice de la muséologie en général.
3 C’est en effet l’usage, sous son aspect fonctionnel, qui est seul pertinent. La consécration
« mémorielle » propre aux monuments préhistoriques (dolmens, menhirs, grottes ornées, etc.) ne
pose pas les mêmes problèmes pour le scientifique : ces « lieux de mémoire » constituent, comme l’a
montré Pierre Nora (1997), des constructions mentales.
4 Cf. Hubert van Blyenburg (2005), dont les propos (et la position) iconoclastes peuvent être
diversement appréciés, mais qui pose parfaitement l’état du problème.
5 On se reportera à ce propos aux actes à paraître du colloque organisé en novembre 2014 à l’Institut
national du patrimoine (Paris) : L’archéologie à la rencontre des publics : transmission et
médiation des résultats de la recherche [http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-
ministerielles/Archeologie/Rencontre-des-publics]

Table des illustrations


Titre Fig. 1
« Lacustres, Lac de Neuchâtel / Station d’Estavayer (Suisse) » : carton
Légende d’antiquités de l’âge du Bronze dans son état d’origine (vers 1900),
collection Pochon (dépôt Laténium)
Crédits Photo C. Cevey, Laténium (Neuchâtel)
URL http://journals.openedition.org/nda/docannexe/image/2873/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 792k
Titre Fig. 2
Restitution scénographique d’une muséographie désuète : vitrine
Légende
d’archéologie au Museo civico de Modène en 2007
Crédits (d’après Cova 2010 : fig. 14)
URL http://journals.openedition.org/nda/docannexe/image/2873/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M

https://journals.openedition.org/nda/2873 14/16
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Titre Fig. 3
Légende Exposition « Les Lacustres » au Musée national suisse (Zurich, 2004)
Crédits Photo M. Füssler
URL http://journals.openedition.org/nda/docannexe/image/2873/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 960k
Titre Fig. 4
Une fibule en bronze « égarée » sur le sédiment lacustre : illustration pour
Légende
le catalogue de l’exposition « Les Lacustres »
Crédits Photo D. Stuppan, Musée national suisse (COL 16034)
URL http://journals.openedition.org/nda/docannexe/image/2873/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 252k
Titre Fig. 5
2342 objets archéologiques en cours de recontextualisation : les trouvailles
Légende mises au jour sur le site éponyme de La Tène entre 1857 et 1917 dans les
dépôts visitables du Laténium
Crédits Photo M. Juillard, Laténium (Neuchâtel)
URL http://journals.openedition.org/nda/docannexe/image/2873/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 133k

Pour citer cet article


Référence papier
Marc-Antoine Kaeser, « La muséologie et l’objet de l’archéologie », Les nouvelles de l'archéologie,
139 | 2015, 37-44.

Référence électronique
Marc-Antoine Kaeser, « La muséologie et l’objet de l’archéologie », Les nouvelles de l'archéologie
[En ligne], 139 | 2015, mis en ligne le 30 avril 2015, consulté le 18 décembre 2023. URL :
http://journals.openedition.org/nda/2873 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nda.2873

Cet article est cité par


Kaeser, Marc-Antoine. (2023) Préhistoire. Nouvelles frontières. DOI:
10.4000/books.editionsmsh.56370

Perrin, Emmanuelle. (2021) Thésaurus et interopérabilité des données


archéologiques : le projet HyperThesau. Humanités numériques. DOI:
10.4000/revuehn.2384

Jacobi, Daniel. (2021) Introduction. Le futur antérieur des collections


patrimoniales. Culture & musées. DOI: 10.4000/culturemusees.6120

Auteur
Marc-Antoine Kaeser
Laténium / Institut d’archéologie de l’Université de Neuchâtel,
marc-antoine.kaeser@unine.ch

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Alain Gallay, Autour du Petit-Chasseur. L’archéologie aux sources du Rhône, 1941-2011
Paris / Sion, Editions Errance / Musée d’histoire du Valais, 2011, 192 p. [Texte intégral]
Paru dans Les nouvelles de l'archéologie, 131 | 2013

https://journals.openedition.org/nda/2873 15/16
12/18/23, 7:29 PM La muséologie et l’objet de l’archéologie
L’archéologie, une affaire publique : les enjeux de la réglementation et du financement
[Texte intégral]
Paru dans Les nouvelles de l'archéologie, 133 | 2013

Manifeste architectural d’une archéologie intégrée : le Laténium (Neuchâtel, Suisse) [Texte


intégral]
Paru dans Les nouvelles de l'archéologie, 117 | 2009

Les archéologues et l’archéologie face aux médias, un miroir dérangeant ? [Texte intégral]
Archaeologists and archaeology facing the media : A disturbing mirror ?
Paru dans Les nouvelles de l'archéologie, 113 | 2008

Compte rendu. Le Néolithique, Anne Lehoërff, coll. « Que sais-je ? » n° 4 188 Paris, 2020,
128 p. [Texte intégral]
Paru dans Les nouvelles de l'archéologie, 163 | 2021

Droits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits
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