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Bulletins et Mémoires de la

Société d'anthropologie de Paris

Les découvertes archéologiques de la région parisienne étudiées


d'un point de vue anthropologique
G. Auboire

Abstract
. — We are attempting to show, by a séries of punctual studies dealing with the bones discovered during some archaeological
excavations in the Paris région, that it is possible to complète, even to put into place the biometrical. pathological. demogra-
phical particulars concerning ancient populations. Their intégration and the intersections which it is possible to exploit by the
following can bring to light some problems, and, it is hoped, some solutions, to the extent that thèse particulars will be
sufficiently numerous and varied. For that, it is still necessary to sacrifice the means.

Résumé
. — Nous tentons de montrer, par une série d'études ponctuelles portant sur les ossements découverts au cours de fouilles
archéologiques dans la région de Paris, qu'il est possible de compléter, voire parfois de mettre en place, des données
biométriques, pathologiques et démographiques concernant les populations anciennes. Leur intégration et les recoupements
qu'il est possible d'exploiter par la suite peuvent faire apparaître des problèmes et. on peut l'espérer, des solutions, dans la
mesure où ces données seront suffisamment nombreuses et variées. Encore faut-il pour cela s'en donner les moyens.

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Auboire G. Les découvertes archéologiques de la région parisienne étudiées d'un point de vue anthropologique. In: Bulletins et
Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série. Tome 9 fascicule 1, 1982. pp. 57-74;

doi : https://doi.org/10.3406/bmsap.1982.9748

https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1982_num_9_1_9748

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Bull, et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, t. 9, série XIII. 1982, p. 57-74

LES DECOUVERTES ARCHEOLOGIQUES


DE LA REGION PARISIENNE
ETUDIEES D'UN POINT DE VUE ANTHROPOLOGIQUE

par G. Auboire (*)

Résumé. — Nous tentons de montrer, par une série d'études ponctuelles portant sur
les ossements découverts au cours de fouilles archéologiques dans la région de Paris, qu'il
est possible de compléter, voire parfois de mettre en place, des données biométriques,
pathologiques et démographiques concernant les populations anciennes. Leur intégration
et les recoupements qu'il est possible d'exploiter par la suite peuvent faire apparaître des
problèmes et. on peut l'espérer, des solutions, dans la mesure où ces données seront
suffisamment nombreuses et variées. Encore faut-il pour cela s'en donner les moyens.
Mots-clés : Anthropométrie, Age du Fer, Gallo-Romains, Mérovingiens, Médiévaux,
comparaisons.

ARCHAEOLOGICAL DISCOVERIES IN THE PARIS REGION,


STUDIED FROM AN ANTHROPOLOGICAL POINT OF VIEW

Summary. — We are attempting to show, by a séries of punctual studies dealing with


the bones discovered during some archaeological excavations in the Paris région, that it
is possible to complète, even to put into place the biometrical. pathological. demogra-
phical particulars concerning ancient populations. Their intégration and the intersections
which it is possible to exploit by the following can bring to light some problems, and,
it is hoped, some solutions, to the extent that thèse particulars will be sufficiently numerous
and varied. For that, it is still necessary to sacrifice the means.
Key-words : Anthropometry, Iron Age. Gallo-Roman, Merovingians, Middle-Age,
comparisons.

L'importance et la fréquence des travaux d'aménagement en région


parisienne ont toujours accéléré et amplifié les découvertes de vestiges anciens dans
le sol. Chaque jour, les traces des sociétés antiques sont livrées à qui ouvre
ce sol. Malheureusement, il faut déplorer l'insuffisance des moyens mis en
place pour contrôler et agir en matière de recherche archéologique.
L'implantation très ancienne de l'Homme dans le Bassin Parisien (dès le
Paléolithique) et plus particulièrement à Paris (sans doute dès l'Age du Bronze),
l'accroissement très rapide de sa population (dès l'époque Gallo-Romaine ?)
nous permettent de comprendre aisément que l'on retrouve très souvent (et
systématiquement pour certains quartiers de Paris) les nécropoles des villes et
des villages.

(*) Docteur es sciences, Laboratoire d'anthropologie biologique de l'Université Paris VIL


58 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

Parfois, de grands chantiers urbains, comme le « trou des Halles » à Paris,


éventrent de vastes cimetières (comme celui des Innocents) d'implantation
parfois assez ancienne ; la nécropole du Faubourg Saint- Jacques, à Paris, date de
l'époque Gallo-Romaine.
La concentration urbaine, ou simplement le manque d'espace, entraîna
une surpopulation des cimetières et, pour reprendre l'exemple du cimetière des
Innocents, dès le XIIe siècle, des milliers de corps y avaient déjà été déposés.
Bien que le lieu ait eu la réputation de bien « consommer » les cadavres, il avait
aussi la propriété moins avantageuse d'être un foyer permanent d'infection.
C'est pourquoi, sous Louis XVI, il fut interdit d'y pratiquer de nouvelles
inhumations : un marché s'installa sur l'ancien cimetière. Il fut décidé, à partir
de 1786, de transférer les restes osseux à la périphérie de la ville. Plusieurs
mois de transferts nocturnes furent nécessaires pour amener plus de deux
millions de squelettes aux anciennes carrières désaffectées de la barrière d'Enfer,
devenues depuis les Catacombes. Le même sort fut réservé à la plupart des
cimetières paroissiaux de Paris.
Les problèmes, dans les villages et bourgs de la région, étaient moins
aigus. La fréquence des découvertes montre bien une forte implantation humaine
dès la période mérovingienne. La grande majorité des cimetières furent déplacés
en 1832, en application d'ordonnances faisant suite à l'épidémie de choléra
qui tua 19.000 parisiens...
Il n'est donc pas étonnant que les structures antiques soient souvent
accompagnées des « dernières demeures » de leurs occupants. Nous ne nous
appesantirons pas sur la typologie sépulcrale qui, pour de très vastes périodes,
constitue le seul recours de l'archéologue quant à la connaissance de certaines
sociétés.
Que peut nous apporter l'étude anthropologique des squelettes ? La rareté
de cette étape de l'enquête archéologique nous montre qu'il n'est pas inutile
de le rappeler. Cette étude sera fonction, dans son contenu, de la population
observée. Ainsi, la découverte d'un squelette isolé, parfois d'un fragment d'os,
aura une importance différente de celle que peut avoir la découverte d'une
nécropole complète. La portée des résultats l'est également. De plus, ce que
l'archéologue attend de l'étude est généralement éloigné de ce qu'en attend
l'anthropologue. Il y aura donc lieu de dissocier le type de travail en fonction
du destinataire auquel on s'adresse. Il n'y a cependant pas lieu de s'inquiéter,
pour le moment, de ces détails, puisqu'à l'heure actuelle, il n'existe, en France,
aucun service prévu à cet effet.
Pour l'archéologue, il est pourtant important de connaître plusieurs
caractéristiques des populations inhumées :
— l'âge au décès des individus. C'est un élément important dans la
connaissance de l'hygiène de vie et des conditions d'existence d'une population.
Eventuellement, dans le meilleur des cas, il est possible de reconstituer et d'estimer
l'espérance de vie, ce qui est loin d'être un élément anecdotique pour le
chercheur ;
G. AUBOIRE. DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RÉGION PARISIENNE 59

— le sexe des individus. La variation de la proportion de chaque sexe


peut parfois révéler la nature inhabituelle des individus peuplant un cimetière
ou une partie de celui-ci. Tel ou tel secteur pourra ne contenir que des hommes
ou que des femmes... ;
— la typologie des squelettes. Bien que le classement par type fasse place
de plus en plus souvent à l'étude de la variabilité des caractères morphologiques,
il paraît souvent plus utile à l'archéologue d'obtenir une sorte de classification
des types humains découverts, ce qui facilite peut-être l'interprétation des
données qui lui sont fournies. Cependant, une grande prudence est requise dans
l'utilisation des termes « races, sous-races... » qui ne sont qu'une classification
peut-être trop commode. Des méthodes plus modernes d'analyse statistique
permettent à présent de montrer si telle population est plus ou moins proche
d'une autre par rapport à une troisième, si deux populations peuvent être
soupçonnées d'être issues d'un "groupe commun... Autant d'éléments précieux,
on le voit, pour le travail de l'archéologue dans la recherche de la vie des
hommes disparus.
Pour l'anthropologue, l'examen peut être complété par une étude de
paléopathologie qui nous renseigne sur les maladies osseuses de nos ancêtres et par
une intégration des données ponctuelles dans un ensemble de recherches à plus
grande échelle pouvant s'orienter dans différentes voies.
Nous l'avons déjà dit, rien pour l'instant ne permet de penser qu'une
structure permanente, même réduite, permette bientôt de faire face à
l'accélération des besoins créés par l'archéologie d'aujourd'hui. Si les squelettes sont
généralement recueillis, au même titre que le mobilier funéraire, les caisses
d'ossements viennent s'empiler sans qu'aucun travail d'analyse ne soit effectué.
Quelques anthropologues, à leurs heures perdues, viennent parfois prêter
bénévolement leur concours. Nous avons ainsi tenté, durant quatre ans, de suivre les
découvertes archéologiques dans la région de Paris et de pratiquer de courtes
études anthropologiques qui puissent aider archéologues et anthropologues. C'est
le résultat de quelques-unes de ces enquêtes que nous présentons ici.

I. — MATERIEL D'ETUDE

On trouvera sur la carte de la fig. 1 la situation des gîtes archéologiques


dont il sera question plus loin. Nous avons classé les études par périodes :
Age du Fer, période Gallo-Romaine, période mérovingienne, période médiévale.

1) Les ossements de l'Age du Fer.


a) Les sépultures de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne).
Les ossements de ces sépultures ont été retrouvés dans les collections du
Laboratoire d'Anthropologie du Musée de l'Homme à Paris. C'est en 1919,
semble-t-il, que les restes osseux y ont été déposés. Mais la découverte remonte
sans doute à 1863 au lieu-dit « Le Trou d'Enfer » et est due à Roujou (1869).
Le Trou d'Enfer se situe à la limite de Villeneuve et de Choisy.
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Fig. 1. — Origine géographique des ossements étudiés.


1, Paris. — 2. Saint-Maur. — 3. Chelles. — 4, Villeneuve-le-Roi. — 5. Saint-Quentin.
6, Compiègne. — 7. Champlieu et forêt de Compiègne. — 8. Creil. — 9, Mareuil-sur-Ourcq.
10, Saint-Brice. — 11, Fresnes. — 12, Maisse.

Ces ossements, appartenant à trois ou cinq squelettes, étaient


accompagnés d'une épée en fer, d'anneaux de même métal et d'un petit disque de
bronze lors de la découverte. La sépulture n'a pu être datée avec plus de
détails.

L'examen des restes osseux, qui ne comprenait aucun crâne, apporte


quelques renseignements, hélas fort insuffisants, sur le squelette post-crânien
de cette période.

b) Les ossements de Maisse (Essonne).

Un crâne (n° 25.129) de la collection du même Laboratoire, cinq


fragments de fémur et un tibia, trouvés à Maisse en 1964, portent comme seule
indication « époque gauloise » . On peut se demander à ce propos, et en absence
d'indices plus précis, s'il n'y a pas eu confusion avec les restes d'une sépulture
néolithique découverte à Maisse par MM. Baudet et Hardouin dans la vallée
de Tramerolles, cf. Debreuil (1965-66), cité par Peek (1975).
G. AUBOIRE. — DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RÉGION PARISIENNE 61

2) Les ossements d'époque Gallo-Romaine.

a) Le squelette du Jardin du Luxembourg a Paris.


En 1974, des travaux de terrassement réalisés rue de Vaugirard, près du
Jardin du Luxembourg, ont entraîné la découverte, au niveau du n° 36, de
nombreuses structures d'époque Gallo-Romaine (entre autres, un très beau four
de potier), parmi lesquelles furent dégagés seize puits. C'est dans un de ces
puits que fut trouvé un squelette humain, apparemment en connexion anato-
mique lors de sa découverte (d'après photographie).
La présence de très nombreux puits à l'intérieur et aux alentours du jardin
reste, quant à leur destination, assez énigmatique (voir à ce propos l'article de
Petit et Servat, 1976). Le creusement de ces puits semble assez ancien puisque
c'est déjà de l'un d'eux, daté de la Tène II, que furent dégagés, en 1962,
deux squelettes étudiés par Genêt- Varcin (1964). Nous avons donc examiné
ce récent squelette, appartenant à un homme et dont la biométrie se rapproche
fortement de celle de son congénère de l'Age du Fer.

b) Les crânes gallo-romains du Musée de l'Homme.


Les collections du Laboratoire d'Anthropologie du Musée de l'Homme
recèlent une série de crânes dont l'étude anthropologique n'avait pas encore été
effectuée complètement. Ces crânes, dont l'état est variable, n'ont pas une
origine géographique et historique très précise. Au total, 32 crânes ou calottes
ont été examinés. Nous donnons à présnt leur origine telle qu'elle est fournie
par le fichier :
— Département de la Seine :
rue Pierre Nicole et boulevard Saint-Marcel (V arr.) : deux crânes
découverts arr.)
(IVe au siècle
: deux dernier
crânes découverts
(nos 23.127au etXIXe
6.999)
siècle
; rue
(n°" des
321 Francs-Bourgeois
et 322).

— Département de l'Oise :
Creil : un crâne découvert en 1849 (n° 4.894) : Champlieu : deux crânes
découverts vers 1870 (n°" 8.042 et 8.049) ; Cambronne : un crâne découvert
en 1868 (n° 8.041) ; Forêt de Compiègne (Mont Chiprès) : deux crânes
découverts en 1860 (n°" 8.033 et 8.034) ; Chevincourt : deux crânes
découverts en 1867 (nos 8.037 et 8.038) ; Gravières de Buissonnet : un crâne
découvert au siècle dernier (n° 8.040) ; Saint-Leu : un crâne découvert au
siècle dernier (n° 23.891); Mareuil-sur-Ourq : neuf crânes découverts en
1898 et 1964 (n°8 25.206 à 25.211 et 25.216, 25.217, 25.219); sans
mention précise : quatre crânes (nos 405, 411, 412, 415).
— Département de l'Aisne :
sans mention précise: deux crânes (n°" 395, 23.158).
— Département de la Marne :
sans mention précise : un crâne (n° 391).
62 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

— Département de la Somme :
sans mention précise : un crâne (n° 406).
Provenant de la même collection, les restes squelettiques ne comportant que
des os longs et originaires de Saint-Leu et du cimetière de Berthenicourt (IVe s.),
près de Saint-Quentin (Aisne), ont été examinés.

3) Les ossements d'époque mérovingienne.

a) Le cimetière mérovingien de Fresnes (Val-de-Marne).


Repéré la première fois en 1960, ce cimetière s'étend sous l'actuelle rue
de la Tour-aux-Chartiers et a été de nouveau retrouvé lors de travaux de
voirie en 1974. La fouille de sauvetage, conduite par la Société d'Histoire et
d'Archéologie locale, a permis le dégagement de quelques sépultures et l'étude
anthropologique de six d'entre elles. La plupart des restes étaient incomplets et
appartenaient à deux hommes et quatre femmes.

b) Le cimetière mérovingien de Chelles (Seine-et-Marne).


En 1975, la Société d'Histoire et d'Archéologie locale a entrepris la fouille
partielle d'un cimetière situé rue J. Véron. Quelques temps après, nous avons
pu examiner 6 crânes, 4 mandibules et quelques restes post-crâniens provenant
de ces fouilles. Sur six crânes, cinq étaient masculins, trois en fort mauvais
état.

c) Les squelettes mérovingiens de Saint-Brice (Val d'Oise).


En 1977, le Groupe de la Jeunesse Archéologique et Géologique de
Sarcelles nous a confié pour étude les restes osseux de sept tombes
mérovingiennes découvertes à Saint-Brice (*). L'état de conservation de ces squelettes
était très variable. Une étude de paléopathologie a pu être réalisée sur ces
ossements (2).

4) Les ossements de la période médiévale.

a) Le cimetière de l'Abbaye de Saint-Maur (Val-de-Marne).


Ce cimetière, enclos dans l'ancienne enceinte de l'Abbaye de Saint-Maur,
aujourd'hui ruinée, a été fouillé de 1966 à 1972 sous l'égide de la Société
d'Histoire et d'Archéologie du Vieux Saint-Maur.
La plupart des squelettes étaient placés dans des sépultures en caisson de
pierre calcaire, non jointives, munies, pour certaines d'entre elles, d'oreillers
de pierres appelés également « cuves céphaliques ».

(1) Nous n'avons pas eu connaissance du lieu exact de découverte.


(2) Voir Rapport d'études anthropologique et paléopathologique d'ossements
mérovingiens provenant de Saint-Brice. Arch. Dir. Ant. Hist. d'Ile-de-France, 1977.
G. AUBO1RE. — DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RÉGION PARISIENNE 63

Au total, 33 tombes furent dégagées. L'ensemble de celles-ci a été daté des


environs des Xe-XF siècles (3). L'examen des restes osseux, partiellement réalisé
par Ambroise (1967?) et Boissevain (1968?), a été complété et achevé en
1975, c'est-à-dire trois ans après la fin des fouilles. Le dénombrement des
individus a donc été réalisé hors du contexte archéologique.
L'examen, scindé en deux (squelette crânien et squelette post-crânien), a
permis d'étudier 17 crânes, 11 mandibules (dont 8 associées), 5 ceintures
pelviennes plus ou moins complètes et un lot d'os longs (21 fémurs, 13 tibias,
8 péronés, 9 humérus, 8 cubitus et 5 radius). Le nombre d'individus est donc
fixé à 17.
La détermination sexuelle, effectuée à l'aide de la fonction discriminante
de Défrise (1966), fait apparaître une nette majorité d'hommes (13 hommes pour
4 femmes) et l'absence d'enfants a été montrée par la détermination de l'âge
au décès. Celui-ci, établi grâce à l'examen du degré de synostose des sutures
exocrâniennes, a fourni les indications suivantes : 20-30 ans, 5 sujets ; 30-50
ans, 6 sujets ; plus de 50 ans, 5 sujets.

b) Le cimetière médiéval de la rue des Sorbiers a Saint-Maur.


Dans le même département, et situé à quelques kilomètres au sud du
précédent cimetière, celui de la rue des Sorbiers est plus tardif et peut être
daté (d'après la description qu'en a fait, en 1891, Collin à la Société
d'Anthropologie de Paris) des environs du XIIIe siècle. Il a été fouillé en 1888 par
Maçé. Seuls les crânes, au nombre de 22, ont pu être retrouvés au Musée de
l'Homme, ce qui laisse entendre que tout le reste a été dispersé.
Sur le total des crânes (ou plutôt des calvarium car les mandibules
manquent...), 11 étaient de sexe féminin, 8 de sexe masculin, 3 de sexe indéterminé.
Aucun enfant n'a été relevé (4). La répartition par classe d'âge au décès est
la suivante : moins de 20 ans, 2 sujets ; 20-30 ans, 8 sujets ; 30-50 ans,
5 sujets ; plus de 50 ans, 5 sujets.

IL — RESULTATS DE L'ETUDE ANTHROPOLOGIQUE „

1) Age du Fer.

a) VlLLENEUVE-LE-ROI.
Les tableaux I et III fournissent les renseignements que l'on possède, sur
le squelette post-crânien.

b) Maisse (Essonne).
Le crâne, attribué à l'Age du Fer sans plus de précisions, est réduit à l'état
de calotte crânienne. Cependant, les apophyses mastoïdes encore présentes sont
assez développées pour pouvoir penser qu'il s'agissait d'un sujet masculin

(3) P. Gillon (communication orale).


(4) Ils ont peut-être été perdus ou détruits depuis lors.
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(module mastoïdien évalué à 16 environ). Le diamètre antéro-postérieur (188 mm)


associé au diamètre transverse maximum (141 mm) permet de montrer que
l'indice crânien est mésocrâne. La largeur frontale minimum (100 mm)
combinée à la largeur transverse aboutit à un indice fronto-pariétal eurymetope (70,9)
Hormis la largeur frontale maximum (120 mm), les autres caractères
anthropométriques ne peuvent être appréciés.
Par rapport aux moyennes observées chez les hommes de l'Age du Fer
en Bassin Parisien, cette calotte ne diffère guère : l'indice crânien est un peu
plus faible sans qu'on puisse attribuer à cette différence une valeur significative.
Quant aux données concernant le squelette post-crânien, elles peuvent être
trouvées dans les tableaux I et IL

2) Epoque gallo-romaine.

a) Le squelette gallo-romain du Jardin du Luxembourg (Paris).


1° Etude du crâne.
La face entière manque. Il est bas par rapport à la largeur et moyen par
rapport à la longueur. Le contour, en vue supérieure, est ovoïde et l'indice
crânien le place parmi les dolichocrânes. La capacité crânienne et le module
mastoïdien nous indiquent un individu de sexe masculin. Aucune blessure ou
pathologie osseuse n'est relevée.
L'âge au décès, déterminé à l'aide des sutures exocrâniennes et de l'état
des facettes symphysaires du pubis, peut être fixé aux alentours de 20 à 25 ans.
Les caractères biométriques crâniens sont les suivants :
Diamètre antéro-post. : 185 mm, Indice crânien : 74,6, Diamètre
transverse max. : 138 mm, Indice haut./larg. porion : 85,5, Hauteur basio-bregma-
tique : 136 mm, Indice haut./long. porion : 63,8, Hauteur porio-bregmatique :
118 mm, Capacité crânienne ("'): 1.462 cm3, Hauteur de la mastoïde : 31mm,
Largeur de la mastoïde : 45 mm.
La mandibule n'a été que partiellement conservée. Longueur mandibu-
laire : 112 mm, Hauteur symphysaire : 35 mm, Largeur bicondylienne : 121mm,
Indice mandibulaire : 92,5, Hauteur de la branche : 67 mm, Indice de la
branche: 46,2, Largeur de la branche: 31mm, Angle mandibulaire: 114°.
2° Etude du squelette post-crânien.
— Os des membres.
Les deux indices pilastriques indiquent un pilastre faible, les indices de
robustesse fémoraux étant normaux. Les indices cnémiques indiquent une eury-
cnémie pour le tibia droit et une mésocnémie pour le gauche. L'indice diaphysaire
humerai correspond à une eurybrachie prononcée.

(5) Calculée par la méthode d'Olivier et Tissier.


G. AUBOIRE. — DECOUVERTES ARCHEOLOGIQUES DE LA REGION PARISIENNE 65

Ages du Fe Gallo-Romains Mérovingiens


Lieu & datation Villeneuve Maisse St-Leu St-ûuentin St-Brice
Latéralité/Sexe G/d G/d D/d G/? G/? 0/? D/? D/d D/d G/9 G/d D/9
Long, physiologique 447 424 479 468 452 458 450
Périmètre au milieu 92 90 92 85 90 94 85 86 84 85
Diamètre transverse * 28 26 29 28 27 26 30 26 26 26 28 26
Diam. antéro-post. * 30 30 29 29 32 33 24 27 28 28 28 29
Indice pilastrique 107 115 100 104 118 80 104 108 108 101 111
Indice de robustesse 20,6 21,2 19,2 18,2 19 18 18,8
Poids (en grammes) 310 240 420 410 350 330 410

Mérovingiens Médiévaux
Lieu & datation
Fresnes Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés
Latéralité/Sexe D/d G/d G/9
Long, physiologique 450 465 416 470 470 462 456 453 450 450 455 448
Périmètre au milieu 88 96 86 97 90 98 88 95 89 90 97 103
Diamètre transverse * 28 27 26 29 27 30 26 29 29 28 31 27
Diam. antéro-post. * 28 32 27 33 28 34 30 29 34 27 30 27
Indice pilastrique 100 118 104 114 103 113 115 100 117 96 97 100
Indice de robustesse 19,5 20,6 20,6 20,6 19,1 21,2 19,2 20,9 19.7 20 21,3 22
Poids (en grammes) 325

Médiévaux

Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés
Latéralité/Sexe
Long, physiologique 448 463 442 435 430 428 425 444
Périmètre au milieu 103 100 91 91 95 95 95 88
Diamètre transverse * 31 27 29 24 28 27 27 26
Diam. antéro-post * 35 32 29 29 30 33 31 31
Indice pilastrique 113 113 100 123 107 122 115 115
Indice de robustesse 22,9 21,6 20,5 20,9 22 22,1 22,3 19,8

Au milieu de la diaphyse
'

Tableau I. — Biométrie des fémurs.


Age du Gallo-Romains Mérovingiens Médiévaux
Fer
Lieu & datation
Maisse St-Quentin St-Leu Fresnes Abbaye de Saint-Maur
Latéralité/Sexe G/? D/d G/d G/d D/d D/9 D/9
Long, sans les épines 374 375 405 375 310 345 328 348 349 324 36
Périmètre minimum 73 75 75 75
Diam. antéro-post * 36 36 32 34 32 30 32 32 32 30 29 29 31
Diam. transverse * 19 22 22 22 25 22 22 24 21 22 24 21 23
Indice cnémique 53 61,1 68,7 64,7 78 73,3 69 75 66,6 73,5 83 72 74

au trou nourricier
'

Gallo-
Romains Mérovingiens Médiévaux
Lieu & datation St-Quentin St-Brice Saint-Maur

Longueur totale 364 353 349 336 340


Poids 58

Tableau II. — Biométrie des tibias (en haut) et des péronés (en bas).

Gallo-Romains Mérovingiens Médiévaux


Lieu & datation
St-Leu St-Q. Saint-Brice Fresnes Abbaye de Saint-Maur
Latéralité/Sexe D/9 D/d D/d D/d G/d G/d D/d D/9
Longueur maximum 297 343 336 330 330 337 327 290 315 320 315 297
Diamètre maximum 19 23 23 24 24 23,5 22 22 23 24 26 21
Diamètre minimum 15 19 17 20,5 19 20,8 21 18 22 23 25 21
Poids 176 200 180 129
Indice diaphysaire 79 83 74 85 79 88 95 82 96 96 96 100

Age du
Fer Gallo-Romains Mérovingiens Médiévaux
Lieu & datation Villeneuve St-Leu St-Q. Fresnes Abbaye de Saint-Maur
Latéralité/Sexe G/d D/9 D/d D/d D/9 G/9
Longueur totale 264 238 265 242 241 233 246 264 264 243
Poids 60 40 60 45

Gallo-Romains Mérovingiens Médiévaux


Lieu & datation
Saint-Quentin Fresnes Saint-Brice Abbaye de Saint-Maur
Latéralité/Sexe G/d D/d D/d D/9 D/d G/d G/d
Longueur maximum 242 241 237 218 259 255 251 218 215 237
Poids 60 60 40 60 70 70

Tableau III. — Biométrie des humérus (en haut), des cubitus (au centre) et des ulnas (en bas).
G. AUBOIRE. DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RÉGION PARISIENNE 67

— Le bassin.
Les indices et dimensions sont tous caractéristiques du sexe masculin ;
l'ensemble des valeurs n'offre pas de caractères remarquables. L'indice de
largeur du sacrum est de 103,5. La stature, obtenue à partir des os longs (6),
s'élève à 169 cm.
Le squelette gallo-romain du Jardin du Luxembourg n'offre donc guère
d'intérêt d'un point de vue purement anthropologique. L'ensemble des
caractères biométriques entre dans les moyennes habituellement observées.
La situation de ce squelette au fond d'un puits est plus intrigante. Accident
ou exécution ? Déjà, le squelette de l'homme découvert en 1962 dans un même
puits montrait, au niveau des vertèbres dorsales, un traumatisme. Or, nous
avons personnellement noté l'absence d'une vertèbre dorsale dans l'inventaire
des os du squelette. S'agit-il d'un hasard dû à la perte de cette pièce depuis
1974 ou d'une coïncidence significative ? L'éventuel traumatisme vertébral
a-t-il provoqué ou suivi la mort? N'ayant pu observer le squelette en place, il
nous est impossible de répondre.
D'autre part, on ne peut pas ne pas noter la similitude des données
biométriques concernant ces deux squelettes que, pourtant, plusieurs siècles
séparent. Si l'on suit donc Genêt- Varcin dans ses conclusions, il est possible de
rattacher notre squelette gallo-romain aux « Belges antiques » .

b) Les Gallo-Romains de la région de Paris.


Outre les os longs du squelette post crânien dont les caractéristiques
peuvent être lues dans les tableaux I, II et III, l'étude des paramètres crâniens
a été exposée dans le tableau IV (dans lequel a été incorporé aussi le crâne
du Jardin du Luxembourg).

3) Epoque mérovingienne.

Le tableau V apporte l'étude craniométrique des trois séries évoquées,


à propos du matériel d'étude.

4) Période médiévale.

De même, le tableau VI renseigne sur la craniométrie des deux populations


médiévales retenues dans notre étude.

III. — COMMENTAIRES

L'exposé de ces quelques études montre l'importance du travail de


recherche à réaliser. La connaissance des squelettes est variable suivant les
époques.

(6) Tables d'Olivier et Tissier.


68 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

HOMMES FEMMES
N m S N m S
Diamètre antéro-postérieur 21 185,3 6,22 8 175,8 8,04
Diamètre transverse max. 20 144,2 6,7 8 136,6 3,78
Largeur frontale minimum 15 97,9 4,03 3 94,3
Largeur frontale maximum 15 121,5 7,12 3 115,3
Hauteur basion-bregma 14 134,3 5,61 7 131 2,83
Hauteur porion-bregma 11 112,6 4,88 3 109,3
Distance basion-nasion 10 99,6 5,44 2 100
Distance basion-prosthion 10 96,7 5,50 2 91,5
Hauteur nasion-prosthion 12 70,8 4,28 2 75,5
Diamètre bizygomatique 15 133 7,10 6 125,5 5,24
Hauteur orbitaire 13 33,8 1.91 2 37,5
Largeur orbi taire (MF) 12 43,6 2,11 2 43
Hauteur nasale 12 51,4 3,29 2 54,5
Largeur nasale 12 26,2 2,60 2 25
Hauteur faciale totale 14 115,4 6,07 7 112 6,32
Indice crânien horizontal 20 77,9 4,58 8 77,8 3,74
Indice fronto-pariétal 12 67,7 3,13 3 67,2
Ind. haut/long, au porion 11 60,2 3.02 2 63,7
Ind. haut/larg. au porion 12 78,8 3,8 3 77,9
Ind. haut/long, au basion 14 72,7 3,78 7 74,6 3,8
Ind. haut/larg. au basion 15 92,5 4,38 7 97,4 2,97
Indice facial supérieur 12 54,1 4,41 2 58
Indice orbitaire 11 78,1 5,62 3 83,9
Indice nasal 12 51,1 4,42 2 45,9
Ind. crânio-fac. transv. 15 91 4,2
Indice gnathique de Flower 10 97,1 1,58 2 91,4
Indice facial total 14 86,7 6,5 6 89,5 4,3
N : nombre d'observations
m : moyenne générale
S : écart-type
Tableau IV. — Etude crâniométrique des Gallo-Romains de la région de Paris
(y compris le crâne du Jardin du Luxembourg).
M. F. = mode maxillo-frontal de la mensuration.

Ainsi, VAge du Fer reste mal connu malgré la richesse potentielle des
gisements archéologiques. Chaque année, de nouveaux sites sont découverts
sans pour autant que les restes osseux soient examinés. La calotte crânienne
provenant de Maisse s'inscrit bien dans les moyennes de cette période. Les
ossements post-crâniens qui y sont associés ainsi que ceux originaires de Ville-
CHELLES F R ESN ES St-BRICE
(Seine et Marne) (Val-de-Marne) (Val-d'Oise)
Diamètre antéro-postérieur 188 178 191? 175? 166 167 188 173 182 193 185
Diamètre transverse max. 136 150 139 148? 146 150 145 144 147 126 133
Hauteur basion-bregma 131 134 130 121 119 132 126 125
Hauteur porion-bregma 123 113 105 108 100 111 94 121
Largeur frontale minimum 98 93 98 90 99 99 97,5 105
Largeur frontale maximum 112 111 121 125 116 110
Diamètre bizygomatique 127 128 130 136 118,5
Hauteur nasion-prosthion 67 67 74 57 65 67
Hauteur nasale 53 51 53 44 48 48 49
Largeur nasale 26 23 24 24 25 24
Hauteur faciale totale 116 109 109 112
Largeur orbitaire (MF) 41 40 41 38 43 40 43
Hauteur orbitaire 33 35 34 30 35 37 33
Distance basion-nasion 101 100 104 99 102 87 93 98
Distance basion-prosthion 94 87 94 86 83
Indice crânien horizontal 72,3 84,2 72,7 84,5 87,9 89,8 77 83 81 65 71,8
Ind. haut/larg. au basion 96,3 89,3 87,8 82,8 79,3 91 87,5 96(») 83,9
Ind. haut/long, au basion 69,7 75,3 74,2 72,9 71,2 70 72 63C) 67,5
Indice fronto-pariétal 70,5 62,8 67,1 60 68 69 77,3 78,9
Indice facial supérieur 52,7 44,5 50 57
Indice facial total 77,1 85,1 86 93
Indice nasal 49 45 45,2 50 52 49
Indice orbitaire 80,4 87,5 82,9 78,9 81,5 93 76.7
Indice gnathique de Flower 94 83,6 94,9 98,8 89
Capacité cr. 1422 1400 1429 1300 1280 1520 1341 1435 1316
Indice transv. zygom. 91,3 85,3 90
Sexe à 6 6 6 9 d? â 9 9 6 9
(*) hauteur au porion
N : nombre d'observations m : moyenne générale S : écart-type
Tableau V. — Etude crâniométrique des Mérovingiens. M.F. : voir Tableau IV.
70 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

Abbaye de Saint-Maur rue des Sorbiers


(X-XIe Siècle) (Saint-Maur)
(Xll-Xllle Siècle)
N m S N m S
Diamètre antéro-postérieur 14 174,3 6,23 20 173,55 7,2
Diamètre transverse max. 15 150,8 5,95 21 142,5 7,6
Hauteur basion-bregma 9 126,7 6.57 13 127,1 5,51
Hauteur porion-bregma 12 111 8,03 17 109,7 6,28
Largeur frontale minimum 12 101,2 4,76 20 97,1 6,1
Largeur frontale maximum 11 125 3,74 19 118,5 6,62
Diamètre bizygomatique 12 135 8,7 12 126,5 12,6
Hauteur nasion-prosthion 9 70,2 3,66 15 65,9 5,29
Hauteur nasale 9 50,55 3,12 16 47,5 4,5
Largeur nasale 10 24,8 0,92 14 23,5 2,27
Largeur orbitaire (MF) 11 39,45 2,11 17 39,35 2,59
Hauteur orbitaire 11 32,1 1.3 17 30,9 2,38
Distance basion-prosthion 11 91,6 5,97
Distance basion-nasion 12 95,25 5,88
Indice crânien horizontal 14 86,05 3,56 19 81,7 4,88
Indice fronto-pariétal 12 67,3 4,04 19 68,1 2,59
Indice facial supérieur 8 50,9 3,56 12 52 4,09
Indice nasal 9 49,2 3,32 14 49,9 5,2
Indice orbitaire 12 81,9 4,92 17 78,9 7,4

N : nombre d'observations
m : moyenne générale
S : écart-type

Tableau VI. — Principaux caractères biométriques du crâne des deux populations citées
(sexes regroupés). M.F. : voir Tableau IV.

neuve-le-Roi ne peuvent guère être comparés à d'autres puisque cette partie


du squelette n'a pas encore fait l'objet d'une recherche même succincte. Les
statures obtenues par l'emploi des tables de Olivier et Tissier (1975) sont de
174 cm pour le sujet de Maisse, 169 et 160 cm pour deux sujets de Villeneuve-
le-Roi, tous trois masculins. Ces valeurs rejoignent, dans leur moyenne, les
chiffres (168 cm) trouvés à la même époque dans la région (Auboire, 1981,
p. 86).

Quant aux Gallo-Romains, leurs caractères crâniens se rapprochent de ceux


de leurs contemporains de la nécropole de Maule (Yvelines) étudiée par
Ménin (1977). En effet, l'examen des distances biologiques montre que celles-ci
sont moins grandes entre ces deux groupes de Gallo-Romains qu'entre d'autres
populations pré- et post-gallo-romaines (Auboire, 1981, p. 91).
G. AUBOIRE. — DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RF.GION PARISIENNE 71

Par rapport aux Gallo-Romains de Normandie [nécropole de Frénouville,


Calvados (Buchet, 1978)], les Gallo-Romains «parisiens» ont une face et un
nez plus larges, une stature plus élevée de 3 cm (170 cm pour nos squelettes).
Le pourcentage de brachycrânes est équivalent (de l'ordre de 25 % du total
des individus), pourcentage supérieur à celui observé aux IIIe-IVe siècles en
Belgique mais inférieur à ceux de Vendée (33,3 % et d'Alsace (46 %).
Par rapport aux Gallo-Romains de Bourgogne, les différences sont
nettement plus accentuées : les crânes provenant de Nuits-Saint-Georges, en Côte-
d'Or (Chabeuf, 1978), sont nettement plus brachycrânes (indice : 82,3), lepto-
rhiniens (46,1), et de petite taille (166,5 cm). Encore faut-il mentionner que
ces dernières données ont été prélevées à partir de petits échantillons ne
supportant pas toujours les tests comparatifs.
Pour interpréter convenablement de telles données, il nous faudrait
disposer de séries plus complètes, plus nombreuses, se rapprochant davantage d'un
échantillon quelque peu représentatif, ce qui n'est pas le cas présentement.
Qu'on attribue la cause des variations portant sur l'indice crânien à une
conséquence de l'augmentation ou de la diminution de l'endogamie dans une
population, ou à des vagues migratoires, ne peut avoir de sens que dans la
mesure où le phénomène de variation peut prendre une valeur significative à
partir d'échantillons d'effectifs suffisants.
On aura noté également l'insuffisance des renseignements concernant la
biométrie des femmes gallo-romaines. C'est un fait pratiquement permanent en
paléoanthropologie post-néolithique, qui constitue une lacune assez
inquiétante à tous points de vue.
Les données obtenues à partir des crânes mérovingiens s'écartent, pour
autant qu'on puisse en juger par les effectifs disponibles, des moyennes
mérovingiennes du Bassin de Paris collectées essentiellement dans l'ouest parisien.
Le crâne est plus arrondi tout en restant mésocrâne. L'orbite est plus arrondie,
la face plus large (ce dernier caractère demandant confirmation numérique).
Cinq statures féminines ont été évaluées à 157 cm en moyenne, quatre
masculines à 170 cm (par méthode Olivier et Tissier). Ces estimations rejoignent celles
faites à Epône (Auboire, 1980) : respectivement 158 et 169 cm et celles de
Verneau (1898) à Mareuil-sur-Ourcq (172 cm pour les hommes et 156 cm pour
les femmes). Les os post-crâniens sont malheureusement trop peu nombreux
pour que leurs caractères soient commentés.
Les nécropoles médiévales de Saint-Maur apportent d'intéressants
documents sur une période plutôt méconnue des anthropologues. En particulier, la
nécropole de l'Abbaye de Saint-Maur, qui peut être datée des environs des
Xe-Xr siècles, est un exemple suffisamment rare dans le Bassin de Paris pour
que l'on s'y arrête quelques instants. En effet, si les découvertes de sépultures
datant du XIe siècle ne sont pas rares (départements de l'Oise et de la Seine),
une étude des restes osseux est exceptionnelle.
En premier lieu, il nous faut rappeler qu'en l'absence d'une fouille
complète du site, les ossements étudiés ne peuvent être considérés comme repré-
72 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

sentatifs de l'ensemble de la nécropole. D'autre part, la nature particulière


d'un cimetière d'abbaye (mais l'est-il réellement ?) doit appeler notre attention
à chaque moment.
Le premier caractère marquant de cette population est la valeur élevée
de l'indice crânien : tous les crânes sont brachycranes, sauf un à la limite
(79,6), 50 % sont hyper-brachycrânes. La rue des Sorbiers, distante de 3 km
environ, fournit un pourcentage moindre de brachycranes (68 %) et seulement
37 % d'ultrabrachycrânes. Ces chiffres, nettement plus élevés que ceux
observés chez les Mérovingiens, le sont également par rapport aux médiévaux de
l'Ile de la Cité découverts au siècle dernier et étudiés par Broca (fig. 2). Ainsi,
Broca note la valeur maximale de l'indice crânien de 90,7 mais précise que les
brachycranes constituent 33 % des 115 crânes découverts en 1862. Nous
sommes donc assez loin des 100 et 68 % relevés à Saint-Maur. La moyenne à
Paris est de 78,7.

Les crânes de l'Abbaye de Saint-Maur se caractérisent également par un


élargissement de la face. Notons pour finir que le phénomène de brachy-

Diam. antéro-post.
Diam. trans. max.
Hauteur basio.-breg.
Larg. frontale min.
Diam. bizygomat.
Hauteur nasio.-prost.
Hauteur nasale
Largeur nasale
Largeur orbitaire
Hauteur orbitaire
Diam. basion-nasion
Diam. basion-prosth.
Ind. crânien hor.
nd. haut/iarg. basion
Ind. haut/long, basion
Ind. fronto-pariètal
Ind. facial sup.
Indice nasal
Ind. orbitaire

+1 a

Fig. 2. — Différences, exprimées en écarts-réduits, entre quelques populations étudiées ici


et les Mérovingiens du Bassin parisien, pris comme référence (d'après Auboire, 1981).
— à gauche : Ensemble de nos trois populations mérovingiennes (Chelles, Fresnes, St-Brice).
— à droite : Médiévaux de Saint-Maur, rue des Sorbiers (en traits pleins), et médiévaux de
l'abbaye de Saint-Maur (en traits et croix).
G. AUBOIRE. DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES DE LA RÉGION PARISIENNE 73

céphalisation s'effectue essentiellement par un accroissement du diamètre


transverse. Cet accroissement est moins sensible pour les crânes de la rue des
Sorbiers. Ce caractère de brachycrânie très accentué est assez difficile à
expliquer. Peut-être peut-on envisager un phénomène d'endogamie prononcée pour
ce groupe humain car ces religieux étaient issus d'une même petite noblesse
locale où les mariages consanguins n'étaient pas rares (communication orale de
P. Gillon). Dès lors, on peut imaginer la formation de barrières de mariage
culturelles et de là celles de « castes ». Ce ne sont que des hypothèses mais
il faut avouer que l'existence de cet isolât humain aux portes de Paris, en
plein Moyen Age, n'est pas ordinaire.
Hormis la série de Broca dont nous avons parlé plus haut, la biométrie
humaine de l'époque médiévale n'est pas connue. Le squelette post-crânien est
aussi mal connu. La stature des squelettes de l'Abbaye de Saint-Maur s'établit
en moyenne à 168 cm (technique d'Olivier), ce qui correspond à une taille plus
faible que celle des Mérovingiens. Il se peut que cette diminution soit également
due à l'endogamie si notre hypothèse se confirmait. Le pilastre fémoral est
plus fort que chez les Mérovingiens d'Epône (109,5 au lieu de 105 environ).
Quant à l'aplatissement tibial, il est pratiquement le même (74 au lieu de 72).
La robustesse du fémur est équivalente (20,9 au lieu de 21,1 à Epône).

CONCLUSIONS

La connaissance des caractères anthropologiques des populations passées


postule donc l'étude de l'ensemble du matériel que nous fournissent les
archéologues. Cette étude doit être la plus complète possible et ses résultats peuvent
être axés, à notre sens, dans deux directions : la première, plus particulièrement
destinée aux archéologues et historiens, avec lesquels une collaboration est
tout à fait indispensable, aura pour but de répondre aux questions suivantes :
— quels sont les caractères physiques de la population ?
— quelles étaient leurs conditions de vie « physique » ?
— quelle est la position « biologique » de la population par rapport à
d'autres groupes humains ?
La seconde direction concernerait les anthropobiologistes. Pour ceux-ci, il
serait intéressant de connaître :
— les caractères physiques de la population ;
— la variation observée dans les caractères suivant des paramètres divers
(époque, lieu, climat, altitude, nourriture, coutumes, âge, etc..) ;
— les relations entre phénomènes observés et paramètres contrôlés ;
— les rapports entre la population et d'autres groupes humains d'un point
de vue biologique.
Ces objectifs ne pourront être atteints sans la mise en place de moyens de
recherche permanents et rattachés à de grands organismes publics. Nous
espérons avoir contribué à atteindre ce but.
74 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

BIBLIOGRAPHIE

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