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ANDRÉ VARAGNAC
Conservateur au Musée des Antiquités Nationales
CIVILISATION
TRADITIONNELLE ET
GENRES DE VIE
ÉDITIONS
ALBIN MICHEL
22, RUE HUYGHENS
PARIS
Sommaire
Couverture
Page de titre
Dédicace
INTRODUCTION
SAISONNIERS.)
CARNAVAL
COMPORTEMENTS CÉRÉMONIELS
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
7. Les anciens.
CHAPITRE VII
8. LES TRÉPASSÉS
DES TRADITIONS
TRADITIONNELLE
CHAPITRE XII - CONCLUSION
INDEX
Notes
Copyright d’origine
Achevé de numériser
A MA FEMME
Photo Anderson.
“ LE PRINTEMPS ”, PAR BOTTICELLI — V. le commentaire pp. 242-244.
ABRÉVIATIONS UTILISÉES DANS
LES NOTES
La bombance que faisait ainsi la jeunesse du village était l’une des très
rares occasions de l’année où l’on mangeât de la viande, si bien que certains
érudits fantaisistes ont cru pouvoir retrouver le radical carn dans le mot de
Carnaval. Il est vraisemblable que l’Eglise, lors de la christianisation des
usages païens au début du haut moyen âge, n’eut aucune peine à instaurer la
règle du Carême : après la ripaille carnavalesque, comment n’eût-on pas fait
maigre, puisqu’on ne mangeait de viande que deux ou trois fois l’an ?
En revanche, l’introduction du plat de viande fréquent, voire quotidien,
dans l’ordinaire de beaucoup de foyers campagnards a enlevé toute raison
valable à la quête en nature faite par les masques. De là à la considérer
comme un abus, il n’y avait qu’un pas. Les jeunes gens, qui ont leur fierté
et un sens fort vif de l’opinion publique, ne pouvaient dès lors que
s’abstenir de leur tournée traditionnelle. L’alimentation, et son évolution
contemporaine, ont donc joué un rôle actif dans la régression du folklore 42,
et M. Lucien Febvre orienta très justement l’activité de la Commission des
Recherches collectives dans ce sens 43.
Or cette direction nouvelle de nos observations nous conduisait vers un
domaine déjà scientifiquement exploré : celui de la géographie humaine.
Après les articles fondamentaux publiés par Vidal de la Blache et son
ouvrage posthume de Principes 44, M. Lucien Febvre l’avait présenté dans
son livre sur La Terre et l’Evolution humaine 45. Dès 1932 Albert
Demangeon accueillait favorablement notre projet d’étudier concurremment
l’évolution folklorique et celle des divers « genres de vie ». En effet nos
investigations directes nous avaient montré qu’en matière de folklore la
transition des faits spirituels aux faits économiques est insensible, ce qui ne
surprendra aucun sociologue, étant donné qu’il s’agit de faits archaïques.
Les chapitres du présent travail se sont ainsi peu à peu dégagés d’une
recherche que nous avions le seul souci de pousser jusqu’à son terme.
LA DÉCADENCE DU FOLKLORE
RURAL. — RECHERCHE D’UNE
MÉTHODE
*
CHAPITRE I
Nous pouvons, cependant, déjà mieux reconnaître la portée des faits que
nous avons présentés. Limitée au dernier quart du XIXe siècle et aux
époques plus récentes, l’enquête de la Commission des Recherches
Collectives saisit la période brutalement apparente d’une décadence que
d’autres phénomènes plus anciens avaient déjà très vraisemblablement
annoncée. Nous n’avons que des informations sporadiques sur le calendrier
des fêtes traditionnelles de nos campagnes sous l’ancien régime. Ce
calendrier devait être beaucoup plus chargé, plus dense, que celui dont les
monographies régionales du siècle suivant, et les enquêtes systématiques de
notre temps nous montrent la disparition. Il est vraisemblable que le
folklore que les Jules Lecœur, les Dergny 71 et bien d’autres consignèrent
avec tant de soin — et pourtant, à nos yeux tant d’insuffisance ! — était
déjà un folklore amenuisé et comme décanté par les prodromes d’une
disparition imminente.
Cette phase d’appauvrissement, précédant la phase finale, nous en
voyons les effets sur la carte de concordance des feux de Brandons et de
Saint-Jean. Elle nous semble marquer un tournant dans la vie de nos
civilisations ; car elle montre que nos diverses classes sociales avaient alors
cessé de remplacer les traditions défaillantes par d’autres traditions.
Que l’on nous comprenne bien. En parlant d’un calendrier populaire plus
dense à la veille de la Révolution que cent ans plus tard, nous n’avons pas
seulement en vue le fait qu’entre temps toutes les traditions féodales se sont
évanouies, et ce fut là vraiment un événement comparable à
l’engloutissement d’un continent. Aussitôt après, un autre folklore surgissait
dans ces mêmes campagnes : sans le Premier Empire, la France paysanne et
urbaine eût peut-être édifié un folklore des fêtes de la jeunesse et d’arbres
de la Liberté, nourri d’ailleurs à des sources aussi authentiquement
archaïques, en dépit de son idéologie rationaliste 72. Au second Empire
l’administration préfectorale semble avoir sans peine acclimaté, dans
quelques provinces, les feux du 15 Août, date de la fête de l’Empereur 73.
Après 1918 le clergé ne put, dans les mêmes départements de l’Est,
instaurer longuement des feux de Sainte Jeanne d’Arc 74.
Le folklore a relativement varié au cours de tous les siècles. Les
dépouillements si intéressants de registres paroissiaux réalisés par
mademoiselle Mauriange sous la direction du regretté Gabriel Jeanton 75 ont
mis en lumière le véritable coup de faux que la Contre-Réforme avait
donné, aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans les traditions religieuses
populaires, après cet autre coup de faux qu’avait porté la Réforme elle-
même. Ce n’est pas seulement la « merry Old England » qui avait été
transformée : si les enregistrements folkloriques régionaux étaient assez
développés en France pour permettre cette comparaison entre provinces que
nous avons proposée sous le nom de folklore différentiel 76, la confrontation
des folklores cévenol et provençal nous en dirait plus long à cet égard 77.
Il y a donc eu des décadences de tel ou tel lot de traditions tout au long de
l’histoire. Mais, jusqu’au XIXe siècle, ce n’était que renouvellement :
d’autres corps d’usages se reconstituaient aussitôt. La grande nouveauté, ce
fut cette absence d’innovation traditionnelle, d’où résulta, à la surprise
générale, un phénomène de mort des traditions, phénomène qui est lui-
même presque achevé de nos jours.
On voit donc pourquoi, sans aucune intention polémique, nous nous
trouvons contraint de dénoncer comme une contrevérité fondamentale la
position doctrinale prise par M. Arnold Van Gennep en 1924 dans son
premier exposé méthodologique complet touchant le folklore 78. On y lit en
effet que le folkloriste doit par un « pivotement psychologique », cesser
d’être un historien pour devenir un biologiste, puisqu’il doit étudier non ce
qui est passé mais ce qui est vivant. « Ce présent qu’on observe, ajoute M.
Van Gennep, ce n’est même pas comme le germe d’un avenir... La sensation
folklorique est donc que le fait observé contient des possibilités en germe,
alors que le fait historique donne la sensation que toutes les possibilités de
ce fait sont déjà exprimées. » Aucun historien ne souscrirait à ce dernier
jugement, l’un des grands enseignements de l’histoire étant sa propre
continuité dans le présent et l’avenir. Par contre, au moment où M. Van
Gennep préconisait ce « pivotement psychologique » du folkloriste vers
l’avenir, il y avait déjà un demi-siècle que les traditions ne se recréaient
plus. Et c’est ce phénomène nouveau que nous appelons : régression
traditionnelle.
Cette régression, avons-nous observé déjà, semble avoir été marquée par
une première grande vague au cours des années qui suivirent la guerre de
1870.
A cet égard il nous apparaît nécessaire d’indiquer une cause proprement
historique, dont l’action a pu s’ajouter de façon décisive, à celles que nous
avons commencé d’esquisser dans notre introduction.
Nous avons indiqué que des transformations techniques ont commencé,
vers la moitié du siècle dernier, à ouvrir l’économie locale de beaucoup de
communes rurales, faisant progressivement du paysan un vendeur de
produits à l’extérieur et un acheteur de produits venant du dehors. A ces
évolutions relativement lentes, la guerre de 1870 est venue ajouter non
seulement, pour une partie considérable du territoire, le trouble de
l’occupation, mais plus encore l’effet de pertes sensibles en jeunes vies
humaines.
Cette cause de régressions traditionnelles réclamerait une étude
particulière, dont nous ne pouvons que fournir ici l’amorce.
Prenons un exemple dans une région prospectée par questionnaires, vers
1929-1931 : la Champagne. Nous avons naturellement constaté un vide
dans toute la zone qui, de 1914 à 1918, connut la guerre de tranchée : la
zone dite « rouge ». Il aurait été naturel, à première vue, de déclarer que,
pour toutes ces communes la date de disparition des fêtes était 1914. C’eût
été bien imprudent. En voici une preuve curieuse.
Les survivants du premier hiver des tranchées ont gardé le souvenir des
sanglants combats de la région de Perthes-les-Hurlus. Or le village martyr
de Mesnil-les-Hurlus était, dès le XVIIIe siècle, le lieu d’un pèlerinage bien
singulier.
Le curé de cette annexe de la paroisse de Perthes-les-Hurlus, P.-F.
Malmy, écrivait en 1774 79 : « Un abus à réformer, c’est que le premier
dimanche de Carême, le dernier marié est obligé de donner une roue de
charrette : les garçons et les filles la transportent au haut d’une côte assez
escarpée et la font rouler tant qu’elle est brisée, après quoy, chacun en prend
un morceau, puis on va se réjouir, danser, se battre, etc. La jeunesse des
environs s’y transporte en foule. Tout ceci se fait exactement et l’on croiroit
manquer au saint si on n’observoit pas cette cérémonie bizarre et libertine.
Ceci se fait, dit la tradition, de ce que saint Pantaléon a été attaché à une
roue lorsqu’il fut martyrisé. »
Nous avons là un cas très net des fêtes associant la roue à une colline et à
un feu traditionnel. Car si dans la précédente description aucune mention
n’est faite d’un feu, cette association ne saurait cependant faire de doute,
puisque la fête avait lieu « le premier dimanche de Carême », autrement dit,
le dimanche de Quadragésime, date des feux de Brandons dans toute la
Champagne. De nombreux faits rassemblés par J.-G. Frazer dans Balder le
Magnifique 80 permettent de reconstituer le thème d’une fête au cours de
laquelle une roue garnie de paille était tirée jusqu’au sommet d’une colline,
allumée par les jeunes gens du village, qui la faisaient ensuite rouler du haut
en bas de la pente. A Oberstattfeld cette roue devait être fournie par le
dernier marié. Mêmes roues flambantes précipitées d’un sommet dans les
monts de la Röhn, en Suisse dans les cantons d’Aargau et de Bâle, à Oberau
en Haute-Bavière, en Souabe, en Basse-Autriche, en Bohême, et, dans le
Pays de Galles, à la combe de Glamorgan. La forme la plus primitive de ce
rite nous est fournie sans doute par ce dernier exemple fort analogue à la
roue enflammée de la fête de la Saint-Jean à Basser-Kontz près Sierck (à 20
km. au nord de Thionville), sur la Moselle. Nous connaissons cette dernière
cérémonie non seulement par une description datant de 1823 81 mais par une
relation récente du docteur de Westphalen qui signale dans son excellent
Petit Dictionnaire des Traditions populaires messines 82 que l’usage « s’est
conservé jusqu’aujourd’hui ». « Du haut de la montagne appelée Stromberg
on voit, dit-il, apparaître puis descendre de longues files de torches
flamboyantes. Elles escortent une roue enflammée que des jeunes gens
dirigent au moyen d’une longue perche qui traverse le moyeu, vers la
Moselle. Si la roue atteint le bord de la rivière, les vignerons peuvent
compter sur une récolte de qualité supérieure. » Les deux descriptions, à
cent onze ans de distance, concordent presque exactement et nous
présentent, avec les garçons courant de part et d’autre de la roue en tenant
l’essieu, une scène d’allumage rituel de feu traditionnel. Si, comme nous
pensons le démontrer dans une note additionnelle 83, l’allumage de la roue
du Mesnil-les-Hurlus a cessé lors de sa christianisation, cette cérémonie
entre dans le cadre des fêtes saisonnières dont nous étudions la régression.
Or l’un des meilleurs folkloristes champenois, A. Guillemot, nous donne
sur sa disparition les informations suivantes :
« Saint Pantaléon aurait certes encore ses fidèles et sa roue sans une
circonstance particulière où l’indifférence religieuse n’est pour rien : lui
aussi fut une victime de la guerre de 1870.
Cette guerre avait fait de tels vides dans la jeunesse de Le Mesnil que, de
1869 à 1876, il n’y eut aucun mariage de garçon dans le pays, de telle sorte
que le même jeune marié eut à fournir la roue pendant sept années
consécutives. Pendant ce temps on lui en consomma tant que tous les
équipages étaient démontés. A la huitième année, il ne trouva plus le jeu de
son goût et refusa net de payer le tribut une fois de plus. Craignant de le
pousser à des résolutions extrêmes, on n’eut pas la cruauté de prendre ses
roues de force, et, dès lors, l’une des coutumes les plus goûtées et les plus
originales de nos pays cessa. »
Guillemot donne d’autre part des détails sur la sévérité du contrôle de
cette prestation, ce qui en aggravait la charge :
« Afin d’apprécier si la roue n’était pas trop mûre, si les rais et les jantes
étaient encore solides et solidement emmanchés, on la soumettait à une
épreuve rigoureuse et éliminatoire : trois fois on la hissait sur le Mont, et
trois fois on la faisait descendre violemment jusqu’en bas. Des juges
experts la scrutaient alors, et si elle révélait quelque fente de mauvais
augure, quelque vice rédhibitoire, on la rendait au fournisseur qui allait en
chercher une autre. Cette deuxième roue, et, au besoin, une troisième,
étaient éprouvées de la même façon 84. »
On comprend qu’une telle servitude ait été, après sept années
consécutives, intolérable. Cette durée en dit long sur les vides que la guerre
de 1870 avait creusés dans cette communauté villageoise. Il y aurait intérêt
à rechercher — et peut-être le peut-on encore à présent — quelles
modifications cette guerre de 1870-71 imposa au calendrier folklorique de
certaines provinces. Rappelons encore que Jules Lecœur précise que le feu
de Saint-Jean d’une commune voisine de Condé-sux-Noireau, Cérisi-Belle-
Etoile, cessa d’être allumé « il y a douze ou quinze ans », c’est-à-dire vers
1872 ou 1873 85.
Une régression encore plus brutale résulta des années de guerre 1914-
1918. Il est hors de doute qu’une enquête conduite actuellement avec des
moyens suffisants mettrait en évidence le bilan de cette régression. Mais la
durée des traditions paysannes n’était pas encore entièrement révolue. Notre
série de questionnaires champenois montra, dix ans plus tard, que la plupart
des communes des cinq départements auxquels s’étend l’action du Comité
du Folk-lore champenois 86 avaient pendant quelques années esquissé une
reprise des cérémonies traditionnelles, mais que depuis 1925 ou 1926 la
régression recommençait, régulière.
Il y aurait lieu, aujourd’hui de faire à nouveau ce bilan. Un très petit
nombre de cérémonies traditionnelles ont persisté au cours de l’occupation.
Nous avons personnellement vu des feux de Saint-Jean le 23 juin 1941 dans
la région de Boulogne-sur-Gesse (Gers), et entendu, du 4 au 6 avril 1943,
un charivari contre le mariage d’une veuve au hameau de Loubéjac, à 6 km.
de Montauban. Il y a certainement eu des persistances ; il y aura
certainement quelques reviviscences. Il serait extrêmement regrettable pour
les études sociologiques que cette troisième expérience demeurât
pratiquement non observée.
Les faits que nous venons de présenter avaient des aspects sociologiques
que nous n’avons pu indiquer qu’en passant et sur lesquels il est nécessaire
de revenir.
Le feu traditionnel était une cérémonie au sens propre du terme, c’est-à-
dire un rassemblement à la fois spontané et obligatoire de toute une
communauté, en vue d’un acte collectif ayant son importance pour chacun.
La participation du clergé, qui a encore lieu de-ci de-là dans les campagnes,
à la Saint-Jean, affirmait ce caractère véritable de solennité. Mais l’étude
attentive des fêtes traditionnelles montre que jadis cette participation n’était
pas indispensable pour qu’il y eût vraiment cérémonie, voulue et faite par
tous et pour tous. Ce consentement général, ou plus exactement cette
volonté générale permet seule de comprendre que les particuliers se
trouvant au cas d’être lésés au cours des péripéties de la fête aient
d’ordinaire accueilli leur disgrâce momentanée, voire périodique, avec
résignation, et même avec bonne humeur.
Le cas du « jeune marié » de Mesnil-les-Hurlus qui, en 1876, refusa de
fournir la roue de Saint-Pantaléon, s’explique par le fait qu’il pouvait
légitimement déclarer qu’au bout de sept ans il n’était plus à proprement
parler un jeune marié.
Il se peut même que le caractère fatidique du nombre sept ait déterminé
dans l’esprit de cet homme, en un temps où les dictons, proverbes et autres
traditions orales étaient pleinement vivaces, la durée pendant laquelle il
devait subir un certain sort. Son obstination à ne plus reconnaître, en 1876,
cette servitude lui était peut-être dictée par la pensée que commençait alors
une autre période de sept ans, qu’une concession ce jour-là l’eût engagé
pour sept ans encore 87. Toujours est-il qu’il s’était laissé, de 1869 à 1876,
démonter ses charrettes les unes après les autres. Il est peu probable qu’un
fermier d’aujourd’hui serait disposé à une telle redevance.
Le caractère effectivement vexatoire de ces fêtes traditionnelles et les
dommages matériels qu’elles causaient à certains sont attestés, dès l’époque
de leur pleine vogue, par des actions judiciaires. Guillemot nous conte que
la fêle de Saint-Pantaléon avait failli trouver une fin encore plus
prématurée :
« Quelque quinze ou vingt ans auparavant, nous dit-il (p. 161), la fête de
la roue avait été fort en danger déjà. Un propriétaire du pays, homme
atrabilaire et de peu de foi, apparemment, ne voulait plus, le misérable,
laisser la roue saccager ses cultures et percer ses haies ! Mais, à celui-là, on
ne fit pas grâce ; on le traîna à Ville-sur-Tourbe, dans le prétoire du juge de
paix, et le juge, devant l’émotion et les arguments de ces paysans
courroucés, qu’on empêchait de rouler une roue, décida sagement,
paternellement, qu’une roue est faite pour rouler, que prescription vaut titre,
que chaque année sans exception Pantaléon aurait sa roue, quelque perte et
fracas qu’elle dût occasionner ! »
De même la roue de Basse-Kontz traversait bel et bien les vignobles
étagés sur la pente de la colline, et c’était même l’accumulation de ces
obstacles qui rendait si rare le succès de sa course jusqu’à la Moselle. Pour
que de telles dégradations fussent acceptées de gaieté de cœur il fallait deux
choses : la participation unanime à la fête, la croyance commune aux
bienfaits résultant pour tous de ces dommages subis par quelques-uns.
L’une et l’autre sont justement soulignées par Frazer : chaque habitant ou
tout au moins chaque chef de famille devait fournir de la paille pour la
flambée, et si quelqu’un refusait, on s’attendait à le voir, dans l’année, se
casser une jambe ou enterrer l’un de ses enfants ; d’autre part, si la roue
parvenait enflammée jusque dans la Moselle, la population escomptait une
belle vendange et les gens de Kontz avaient le droit de percevoir un
charreton de vin blanc sur les vignobles avoisinants. Si, par contre, on
manquait à réaliser cette cérémonie, le bétail serait pris de convulsions et
danserait dans les étables 88.
Confirmation de ce caractère utilitaire des feux traditionnels nous est
donnée dans une note que P. Saintyves avait obtenue de R. Guignard,
professeur au collège d’Issoudun et auteur d’un glossaire du Bas-Berry :
« A Issoudun, à Vatan, nous brandelounons 89. Sens : il s’agit d’obtenir de
belles récoltes... de la belle Marsaiche (le blé qu’on sème en mars) et, plus
généralement, de prier, d’une manière symbolique, afin que les mauvaises
herbes ne compromettent pas la récolte. Autrefois, il fallait que chacun,
dans les fermes, ramassât de la nielle pour la faire brûler, et le vrai
brandelon devait contenir de la nielle. On brandelounait en chantant :
Pour tout esprit non averti, Carnaval est synonyme de divertissement pur.
« Il faut bien que jeunesse s’amuse » ; telle était à peu près l’idée banale
que l’on se faisait de cette suite si complexe de pratiques et de fêtes, où l’on
ne voyait que fantaisie sans conséquence, alors qu’elles étaient réglées par
les traditions les plus strictes.
Résumons le schéma général du Carnaval champenois tel qu’il apparaît
par l’analyse de 133 documents recueillis (sauf 22 provenant du fonds
Guillemot) en 1931-1932.
Pour le grand public, Carnaval correspondait à la période des jours gras.
Il n’en était pas ainsi au siècle dernier, ni même jusqu’à la guere de 1914-
18. Carnaval couvrait alors toute la période allant des Rois au dimanche des
Brandons (Quadragésime) période d’une durée oscillant autour de deux
mois, et empiétant de quelques jours sur le Carême, lequel commence le
mercredi des Cendres 101. L’ancienne figuration du cortège des Rois Mages
par des enfants déguisés, ainsi que le feu de la veille de l’Epiphanie donnent
lieu de penser que la fête des Rois, par des aspects de divertissements
populaires, correspond à une ancienne fête d’ouverture du Carnaval, avec
grand feu, torches, cavalcade, projection d’oeufs et de dragées qui peuvent
être comparés aux confetti des jours gras), projection donnant lieu à une
bataille simulée. Il semble qu’aux temps du paganisme il y ait eu, à la future
date des Rois d’une part, et à la fin des jours gras d’autre part, deux grandes
fêtes symétriques.
Il apparaît toutefois que la fin du Carnaval s’étendait jusqu’au dimanche
suivant le mardi gras, contrairement à l’entrée en carême le mercredi, selon
l’usage chrétien. Le christianisme aurait, à cet effet, conféré une valeur de
symbole métaphysique à la projection de cendres, rite apotropaïque de
purification, consécutif à la parade des merveilles de l’autre monde (cortège
du mardi gras). (Cf. Nos Méthodes en Folklore, ch. VI).
Ainsi délimité par deux fêtes ou séries de fêtes, le Carnaval dans son
ensemble était une période consacrée à des usages et cérémonies où
s’associent les thèmes suivants : visite de ce bas monde par l’armée
fertilisante des morts, et purification des demeures de toute influence des
sorciers ; imposition de la paix dans les ménages et fiançailles obligatoires
de la jeunesse. Nous ne tenterons aucun rapprochement entre ces deux
grands thèmes, et nous bornerons à décrire leur mise en action dans ses
lignes principales, puisque seule elle nous importe en ce qu’elle réclame le
concours du groupe des jeunes gens. Nous venons de signaler au sein de
chacun des deux grands thèmes, l’existence de deux thèmes secondaires ;
nous allons donc passer rapidement en revue quatre sortes de pratiques et
cérémonies.
Nous venons de retrouver jusque dans ses détails l’un des thèmes
constants du Carnaval. Mais nous avons annoncé qu’à ce thème s’en
associait un autre, aussi constant et aussi important : celui de l’union par
couples désignés, et de la concorde conjugale. Là encore nous allons voir la
jeunesse investie d’une mission particulière, dont la portée déborde le cas
des jeunes du village, et retentit sur la communauté dans son ensemble.
Pour le comprendre, il nous faut situer le Carnaval (entendant par là la
période carnavalesque) dans le cours du calendrier populaire. De ce point
de vue, cette période apparaît aussitôt comme la phase finale des veillées.
Celles-ci s’organisaient à partir de la Toussaint ou de la Saint-Martin, et
prenaient fin généralement le mercredi des cendres sur une cérémonie
charmante : de frêles esquifs illuminés étaient portés jusqu’à la rivière, où
on les faisait dériver au fil de l’eau. A Chalons-sur-Marne, ces batelets
n’étaient autres que des couperons, ou sabots couverts, utilisés comme
lampes dans les veillées, et que les gamins mitraillaient à coups de pierre du
haut du vieux pont Putte-Savatte en criant « I Naye, I naye, i naye ! » 120. A
Laval-sur-Tourbe on plantait des bougies sur des planchettes ; l’ensemble
s’appelait le solinoye ; on allumait aussi de toutes petites bottes de paille
qu’on faisait dériver sur le courant 121. Le même usage est attesté pour
l’Argonne, le Dormois, le pays Messin, la Provence 122.
Ainsi le Carnaval s’achève le jour où finissent les veillées : on
« enferre » — c’est-à-dire brûle et noie — le mannequin de mardi gras en
même temps qu’on fait voguer et naufrager « solinoyes » et couperons.
D’autre part nous avons vu que, pendant toute la période qui va des Rois
aux jours gras, le Carnaval consiste en promenades et scènes jouées dans les
veillées. Pour mieux saisir le sens général de ce complexe traditionnel,
voyons ce qui se passe dans les veillées avant le Carnaval.
Tous les témoignages régionaux concordent : le principal attrait des
veillées était de susciter ou de favoriser des relations courtoises entre jeunes
gens et jeunes filles. L’un des tableaux classiques de la veillée est celui de
la jeune fileuse auprès de qui est assis son galant ; chaque fois qu’elle laisse
tomber son fuseau, le galant s’en empare, car il a droit de ne le rendre qu’en
échange d’un baiser 123.
Dans les provinces de l’Est, ces rapports courtois avaient pris une allure
scénique tout à fait curieuse : c’était la coutume des dâyements ou dâyages
dont on peut trouver d’excellentes descriptions accompagnées de textes
dans la revue Mélusine 124. La jeunesse y apparaît nettement organisée en
deux groupes rivaux. Le groupe féminin, secondé par les femmes mariées
tient la veillée, le groupe masculin est à l’extérieur. Entre les deux, des
dialogues d’allure traditionnelle s’engagent, où les énigmes permettent de
présenter honnêtement les offres amoureuses : ce sont les « ventes
d’amour ». La porte ou le volet de la fenêtre servent d’écran aux amours-
propres, et ainsi peuvent se préparer des idylles déjà tacitement admises par
les familles.
Cette organisation de la jeunesse par groupes se marquait dès la période
initiale des veillées par deux fêtes ; la Sainte-Catherine, dont le bal était
organisé par les filles ; la Saint. Nicolas, fêtes des jeunes gens autant que
des petits garçons. Ensuite commencent les dâyages ou dâyements ci-dessus
décrits. La période carnavalesque en est le prolongement et se termine sur
des fiançailles collectives au sens plein du terme puisqu’elles ont lieu
publiquement et sont décidées par le groupe des jeunes gens. Ce dernier
usage est déjà bien connu des folkloristes et sociologues sous le nom de
« valentins et valentines ». En Lorraine il s’appelle « dônage » ou
« saudage ». Wilhelm Mannhardt 125 et Frazer 126 en ont présenté
d’excellentes descriptions, que nous compléterons par quelques
enseignements tirés de l’enquête du Comité du Folklore Champenois 127.
En Haute-Marne, le dônage avait lieu « dans un endroit où deux coteaux
de même hauteur se trouvent accolés ». Le soir du mardi gras ou du
mercredi des cendres 128 « les jeunes filles se plaçaient tout au sommet d’un
coteau et les jeunes gens allaient leur faire vis-à-vis ». Après des salves de
mousqueterie tirées par les garçons, « le dônage commençait. Là-bas une
voix mâle et ferme s’écriait :
« Dônage de mademoiselle Une Telle.
« L’intéressée prenait la parole et lançait dans cette nuit sombre le nom
de celui qu’elle aimait... et cela se poursuivait jusqu’à ce que toutes les
jeunes filles fussent dônées. Mais quelques-unes ne répondaient pas ; leurs
cœurs n’avaient pas encore parlé... Souvent peu de dônages se faisaient. En
effet cette sorte de fiançailles publiques n’était réalisée qu’avec
l’assentiment des parents. Lorsqu’un amoureux avait été agréé et faisait la
cour à sa belle, ils étaient considérés comme fiancés dans ces villages où la
moindre chose est connue. Aussi, lorsqu’ils étaient dônés, c’était de leur
plein gré et cette cérémonie n’étonnait personne... Le dônage était le
premier ban de leur mariage. »
Le dônage s’achevait sur une nouvelle salve de mousqueterie, après quoi
on se rendait au bal. « Il se faisait jadis sur la grand’place et n’y prenaient
part que ceux qui avaient été dônés. Chaque promis dansait avec sa
promise ; on ne pouvait changer de cavalière. »
L’exemple ci-dessus montre l’état de la coutume au XXe siècle ; la
volonté des intéressés s’y manifeste en limitant le nombre des « dônés ».
Mais un état plus ancien de la tradition nous est attesté par de nombreux
documents : le « dônage » y apparaît comme s’appliquant obligatoirement à
tous les célibataires des deux sexes. Ainsi F. Piquet signale dans son
dictionnaire du Patois de Dombras (Meuse) (1929), p. 105, au mot Sawday
« V.a. Souder. Nom d’une ancienne coutume perdue à Dombras et qui était
la proclamation publique de fiançailles arrangées sans le consentement des
intéressés ».
Une réponse anonyme à l’enquête Champenoise (n° 103, concernant
Choiseul, Haute-Marne) décrit ainsi le dônage ou « saudage », qui a lieu
non pas à l’entrée du carême, comme à Bourmont, mais autour de la
« bulle » (feu) du dimanche de Quadragésime, ce qui nous paraît plus
proche des formes archaïques de l’usage. « Quelquefois les jeunes hommes
font une ronde autour du feu. Ensuite ils chantent :
Ce couplet nous reporte au second thème qui partout est mis en scène par
le mannequin de Mardi-gras : aux acclamations de la foule en liesse, il
engloutit victuailles et boissons. On verse dans sa bouche de carton des
miches de pain (Bourbonne-les-Bains, Haute-Marne n° 60) ou du vin qu’un
entonnoir dissimulé reverse dans un tonneau, à l’usage des masques
(Héricy, Seine-et-Marne, n° 30). Il sert ainsi de glorification publique à
cette fonction de magie alimentaire dont nous avons parlé déjà, et qui se
traduit encore par un vaste banquet des masques et par d’abondants repas de
famille.
Bien que nous tirions à dessein la plupart de nos exemples d’une même
enquête réalisée principalement en Champagne, il est bon de noter que ces
aspects du Carnaval n’étaient nullement limités à cette région. Nous n’en
donnerons qu’un autre exemple. Dans une monographie inédite de Pont-en-
Royans (Isère), mademoiselle S. Ollivier-Pallud écrit : « Les jeunes gens et
les conscrits ont aussi leurs fêtes gastronomiques. Pour le Carnaval ils
installent un poêle sur un char enguirlandé, et coiffé d’un bonnet de
cuisinier, ils font eux-mêmes des matte-faims qu’ils vendent tout chauds au
cours d’un défilé dans les rues du village. »
On le voit : les masques préludent aux actes de Mardi-gras et les
entourent d’une sorte de contexte qui lui-même ne fait point défaut là où le
personnage légendaire est lui-même absent. Ainsi, loin de faire procéder de
la fête et de ses aspects tout le comportement de la jeunesse 140, loin de
croire avec Frazer que les mimiques mythologiques constituent l’élément
primitif de ces cérémonies populaires 141, nous constatons que la fête n’est
que la dernière étape, vraiment dramatique, d’une action engagée déjà
pendant une longue période, après s’être ouverte dans le calendrier sur une
cérémonie fort analogue. Les mythes, et les rites qui les mettent en scène
apparaissent ainsi comme les phases aiguës, proprement décisives,
d’entreprises beaucoup plus prolongées, et dont les agents sont non pas des
personnages individuels mais des troupes anonymes, agissant en qualité de
catégories d’âge nettement déterminées, homogènes, et exerçant, de ce fait,
des fonctions d’intérêt général.
Il nous semble que l’étude des mythes et des rites a trop laissé dans
l’ombre ces pratiques, qui seules méritent vraiment d’être appelées
saisonnières puisqu’elles s’étendent à d’entières saisons. Leur étude est
celle même de ces catégories d’âge dont nous n’avons encore signalé que
les plus apparentes. C’est pourquoi il sera nécessaire d’en présenter un
tableau aussi complet que possible et d’en analyser le dynamisme propre.
Revenant au Carnaval, nous serons mieux en état de comprendre
pourquoi Mardi-gras apparaît primus inter pares, en ce qu’il manifeste,
avec sa moitié, la joie d’un couple heureux, et qu’il dépasse tous
concurrents possibles dans cette cure magique, orgiastique, de
suralimentation que constituaient les jours-gras, cure dont il convient de
rappeler la signification profonde : la nourriture chasse les influences
maléfiques, tout comme font les cendres ou la fumée. Carnaval apporte
avec lui l’abondance et la santé.
Mais Mardi-gras est également quelque chose de plus qu’un premier rôle.
Déjà, en tant que chef des masques, il est un génie en visite sur terre, un
envoyé de l’au-delà. Mais il ne représente pas comme eux, un quelconque
esprit errant ; ce sont les traits essentiels de l’autre monde, qu’il incarne.
Esprit fécondant, il est marié et préside à des réjouissances où la licence
sexuelle est coutumière ; géant aussi avide qu’il est riche et largement
distributeur de richesses, ce mannequin à la grand’goule est bien l’emblème
populaire de l’autre monde que tant de sculptures et d’enluminures
médiévales nous représentent comme une colossale gueule ouverte et
comme le domaine des génies trop malins qui viennent « lutiner » les
femmes et les filles. Frazer nous semble donc l’avoir à juste titre rapproché
des ogres-pères, Saturne et Cronos, et nous inclinerions, eu égard à ces
caractères essentiels, à l’assimiler pareillement à Gargantua, le géant à la
gargante toujours ouverte, et dont l’association avec les mégalithes 142,
maisons des morts, marque à la fois le caractère d’au-delà et fécondateur.
Gargantua apparaît en effet comme un symbole vivant de cet autre monde
tel que nous en trouvons quelques aspects dans les croyances folkloriques
plus encore que dans les mythologies païennes : autre monde avide,
insatiable, mais généreux en toutes largesses. Un autre monde de la vie,
donc de la joie, un autre monde du rire et de la fertilité.
Car Mardi-gras est lui-même Carnaval, et le Carnaval est l’arrivée sur
une barque-char d’un ou de plusieurs personnages mythiques dispensateurs
de l’abondance 143. Enfin Mardi-gras est sur le point de devenir bouc
émissaire, une sorte de victime expiatoire. Il semblerait que, s’étant gorgé
des biens de ce monde, il en incarne, dès le lendemain, tous les maux.
Empli, enflé de choses périssables, il ne peut recouvrer sa vigueur d’outre-
tombe qu’en trépassant quelques heures plus tard. Il a apporté la santé à
pleines mains. Il emporte vices et maladies dans sa panse repue.
Nous sommes là, sans doute, en présence d’une très ancienne
construction mythique, où l’aspect cosmogonique semble dominant, et qui a
pu s’estomper devant la floraison païenne des mythes à personnages divins
et à complexes aventures. Toujours est-il que le Carnaval, ce sont des fêtes,
des scènes cérémonielles violemment collectives, bien plus que des récits.
Peut-être le christianisme, en accueillant finalement ces cérémonies, a-t-il
achevé d’en détacher le commentaire mythique, que nous retrouverions
dans certains thèmes esthoniens de la Saint-Jean 144, comme dans les
légendes gargantuines, dont nous avons signalé le rapport avec les
mégalithes (« palets » de Gargantua). De même bien des tumuli sont les
« dépattures » du géant : ce support matériel ne pouvait gêner la pratique ni
l’enseignement religieux. Peut-être a-t-il suffi pour transmettre jusqu’à
Rabelais l’un des thèmes les plus originaux de notre littérature.
Quoi qu’il en soit, un tel détachement du mythe par rapport au rite a pu
se produire étant donné que la célébration d’un Carnaval contemporain du
christianisme n’était pas confiée à une confrérie, c’est-à-dire à un
groupement spécialisé, de caractère mi-laïque mi-religieux, et dont les
traditions auraient pu, par ce dernier caractère, garder plus de fixité. La
catégorie d’âge des jeunes gens est peut-être l’héritière d’une véritable
classe d’âge, nettement séparée du reste du groupe social ; et possédant ses
rituels particuliers comme les classes d’âge des Indiens de l’Amérique du
Nord sont propriétaires de certaines danses caractéristiques, qu’elles
revendent à la classe d’âge inférieure en lui transmettant, de ce fait, leurs
pouvoirs et prérogatives. En tout cas rien ne nous permet d’affirmer une
telle descendance sociologique. Il se peut que la période de Carnaval, et le
fait de représenter les esprits en se masquant, soient dans nos campagnes la
survivance d’anciens stages d’initiation imposés à la jeunesse. P. Saintyves
a pensé reconnaître de tels échos dans le récit du Petit Poucet 145. Toujours
est-il que tout cela s’est désagrégé, peut-être finalement sous l’influence du
christianisme. Seules les cérémonies et les pratiques ont subsisté, confiées à
certaines catégories d’âge dépourvues ou dépouillées de toute qualité
sacerdotale.
Or ces actes ont gardé jusqu’à une époque toute récente leur sens de
service public. C’est même, à n’en pas douter, le secret de leur persistance,
dans le grand naufrage du paganisme. Le christianisme pouvait s’attaquer
aux mythes, interdire les sacerdoces païens, les rituels trop radicalement
opposés à sa liturgie, il ne pouvait s’en prendre aux fonctions magiques
collectives dont toute la population faisait dépendre le cours des saisons, la
fécondité des ménages, la fertilité de la terre, la multiplication du bétail et
jusqu’à la lutte contre les épidémies. Il ne pouvait, en les condamnant,
prétendre abolir l’ordre social des catégories d’âge qui, plus encore que la
hiérarchie économique et sociale, constituait la structure intime du peuple,
et dont dépendait cette morale, sans doute assez singulière à certains égards,
qu’était l’ensemble des « bonnes moeurs » ; ensemble dont la religion
nouvelle ne pouvait se passer pour conquérir les âmes, et dont elle pouvait
au contraire assumer la direction pour régir la vie spirituelle des masses.
Ainsi semble devoir s’expliquer la tolérance de l’Eglise envers les
cérémonies populaires, tolérance que de nombreux auteurs ont louée sans
en analyser le mécanisme.
Résumons-nous. Le Carnaval, considéré dans son ensemble, apparaît
comme une véritable architecture de cérémonies correspondant à la façon
dont des sociétés archaïques se représentaient leurs besoins vitaux. A
chacun de ces besoins répondent des fonctions appropriées, compte tenu de
l’absence de spécialisation véritable qui caractérise ce degré de civilisation.
Mais notre analyse nous a cependant montré constamment que, si le sens, le
but, l’intention de chaque rite, de chaque pratique peuvent être multiples,
chaque sorte d’actes et de gestes est assignée à certaines catégories
d’individus, généralement à l’exclusion des autres membres de la
communauté. Il est rare que les filles « courent Carnaval » ; il est
exceptionnel que les adultes pères de famille se masquent ; les jeunes gens
ne se font pas, lors du simulacre de mise en jugement, les protecteurs du
mannequin carnavalesque.
Il serait donc excessif de parler de spécialisation fonctionnelle au sens
strict du terme : mais il importe de noter une spécialisation d’actes et de
gestes, une spécialisation active et rituélique, en ce sens que tout genre de
comportement appartient en propre à une catégorie déterminée d’individus,
à ce que nous avons appelé : une catégorie d’âge, compte tenu de la
distinction entre sexes.
Nous allons tenter de dresser un tableau sommaire de ces catégories
d’âge, tableau que nous allons tirer des comportements traditionnels
constituant la caractéristique sociale de chacune d’elles. Nous nous
servirons des recherches réalisées par nous de 1937 à 1939 en vue de
l’enseignement que nous avons alors professé à l’Ecole du Louvre.
LIVRE II
*
CHAPITRE IV
Les jeunes gens forment la ronde de mai, annoncent qu’ils ont coupé les
rameaux verts dont vont se charger les jeunes filles. L’une après l’autre est
habilitée à ce rôle en étant accueillie dans la danse des jeunes initiés. Cette
danse n’est d’ailleurs pas n’importe laquelle : « voyez comme on danse ».
Et ce qui achève de donner son caractère rituélique à la scène, c’est
qu’avant d’inviter l’initiée à danser à son tour, on lui enjoint de sauter. On
sait à quel point le saut était tenu pour un charme agraire efficace : il suffit
de se reporter aux chapitres que Frazer a consacrés aux « feux de Beltane »
dans Balder the Beautiful (t. X du Golden Bough). Enfin l’indépendance de
la jeune fille est consacrée par le refrain : « Embrassez qui vous voudrez. »
Les thèmes érotiques du Renouveau sont loin d’en épuiser les aspects.
Les usages corrélatifs ont encore beaucoup à nous apprendre. Les
chevauchées courtoises sont en effet, en même temps, des rencontres
agonistiques et judiciaires.
Les rassemblements hippiques de jeunesse, dès que le printemps permet
la fréquentation dans les zones désertiques, engagent à des défis, à des
épreuves publiques qui constituent des formes archaïques de la Justice. Le
duel judiciaire par « jugement de Dieu » n’a pas d’autre origine. Or il n’est
qu’une forme particulière de la joute, et s’apparente à l’antique rencontre de
champions, tel le duel des Horaces et des Curiaces, qui permettait à de
petites collectivités de régler leurs questions d’impérialismes ou
simplement de mitoyenneté sans massacres excessifs. M. Georges Dumézil
a montré comment ces combats singuliers s’expliquaient par des techniques
militaires archaïques à base d’exaltation mystique 179.
Mais ce n’est là que l’un des aspects judiciaires de ces rassemblements
printaniers. Sans doute il se répercute très loin dans le cours des siècles et
explique par exemple cet événement si incompréhensible pour l’historien
non sociologue : le Camp du Drap d’Or (mois de mai 1520). Pourtant ce
n’est pas la seule manifestation juridique de ces fêtes du renouveau, ni celle
qui met le plus nettement en cause la catégorie des jeunes gens. Celle-ci est
présente, mais réduite au rôle passif des « supporters » dans les rencontres
sportives modernes. Rien de tel dès que le jugement cesse d’être
agonistique.
Il y a en effet une autre sorte de Justice, laquelle connaît non pas des
dommages causés à un particulier mais des atteintes aux intérêts de la
communauté. C’est d’elle que les jeunes gens organisés en catégorie d’âge
se sont déjà montré être les tenants à l’occasion des scandales dans les
ménages, scandales dont la sanction classique est le charivari.
Mais la communauté se reconnaît d’autres intérêts que la concorde de
tous les ménages qui la composent : elle possède des biens fonciers — les
communaux — ; elle peut avoir besoin d’une concordance stricte dans les
récoltes (bans de moisson et de vendanges). Marc Bloch a montré naguère
avec force combien certains systèmes d’assolement réclamaient une
discipline rigoureuse 180. Si ses démonstrations se fondaient principalement
sur le système cultural des plaines septentrionales de France ou d’Europe,
les nombreux vestiges de charivari et de brimades à l’égard des mariés de
l’année dans nos provinces méridionales, ainsi que les abondants
témoignages relatifs à leurs anciennes abbayes de la jeunesse 181 montrent
que cette surveillance de la communauté sur ses participants par
l’intermédiaire des jeunes gens organisés en un groupement homogène ne
saurait être tenue pour un corollaire de l’habitat groupé ni de l’assolement
triennal, et qu’on ne peut sans imprudence lui assigner pour limites les aires
d’extension de ces genres de vie relativement récents ou même
contemporains. D’ailleurs nos exemples sont tirés non seulement de régions
avoisinant nos frontières du Nord-Est mais encore de provinces du Centre et
du Centre-Ouest.
Nous avons évoqué plus haut les bachelleries. Leur connexion avec les
cérémonies judiciaires se présente sous un double aspect ; les jeunes gens
font cortège à cheval et se rendent dans un pré dont la propriété — au moins
temporaire — leur est strictement reconnue, et où ils procèdent à leurs
activités traditionnelles, les spectateurs devant rester à l’extérieur de ce pré.
Les fêtes de cet ordre qui ont été spécialisées en actes judicaires ont, de
ce fait, subi fréquemment des changements de dates calendaires. La
punition des délits champêtres a en effet nécessité l’extension de cette
juridiction juvénile et équestre fort au delà de la période allant de la Saint-
Georges à la Saint-Jean, puisqu’il s’agissait d’infractions à la protection
commune des récoltes. L’extension des fêtes patronales ou kermesses tout
au long de l’été — fêtes dont l’organisation incombe de même aux jeunes
gens — a influé dans le même sens. Nous disposons néanmoins d’un
nombre suffisant de concordances pour rattacher cette juridiction au cycle
du Renouveau.
Comment les choses se passaient-elles ? Citons, d’après le Docteur de
Westphalen, les Affiches des Evêchés et Lorraine de 1786 (n° 39, p. 317),
concernant les environs de Sierck 182.
« Chaque année, après avoir obtenu l’approbation de la Justice Royale,
les jeunes garçons de chaque village élisent entre eux les membres d’un
tribunal, dont les fonctions sont de juger les délits champêtres, nuisibles à la
jouissance des propriétés, et surtout ceux relatifs au vol et au grapillage des
fruits. Des gardes sont établis pour veiller au bon ordre ; leur service est
impartial et rigoureux ; sur leur rapport la sentence se rend sans appel ; les
délinquants sont punis par des amendes que l’on met en masse pour
s’amuser en temps et lieux. Le plus coupable est réservé à une punition
exemplaire dont l’exécution s’en fait le jour de la fête du village, avec un
appareil qui devient un des plaisirs du jour.
« A l’heure convenue tous les jeunes garçons dans leur plus bel habit,
décorés d’une bandoulière de soie, d’oripeau ou de papier doré, le chapeau
brodé de même, panaché de fleurs, de plumes et de rubans diaprés de
diverses couleurs, eux et leurs chevaux forment une cavalcade qui se rend
sur deux colonnes au lieu de l’exécution. Ils ont leur chef et leur bannière ;
le patient monté sur un âne, et couvert de haillons ou d’un sac, marche
tristement au milieu de ses gardes, escorté du bourreau en manteau bleu, et
accueilli sur son passage des huées publiques... Arrivé sur la place où le
coupable doit subir son jugement, et qui est le lieu du délit, on le décolle,
c’est-à-dire on le frappe sur le cou avec un grand sabre de bois, après quoi
on l’abandonne à sa mauvaise destinée. Les camarades du criminel fuient sa
compagnie et ne lui rendent leurs bonnes grâces que lorsqu’il a mérité par
une conduite plus honnête qu’on oublie sa faute et sa honte. »
Une juridiction fort analogue était celle dite Amecht en Luxembourg, et à
laquelle Joseph Hess a consacré une excellente monographie 183. Elle était
organisée tous les cinq ou six ans, depuis le second dimanche de Pâques
jusqu’aux kermesses, lesquelles tombent généralement en octobre ou
novembre ; elle avait lieu dans les divers villages. Les audiences se tenaient
chaque samedi soir, dans un pré enclos de piquets et cordages, les membres
du tribunal étant à cheval. Au début du XIXe siècle, la cérémonie prit un
caractère d’amusement spectaculaire. Mais au XVIIIe siècle, l’Amecht
devait protéger les futures récoltes et punir les larrons surpris dans les
jardins, les champs et les bois. A cette occasion un code moral extrêmement
rigoureux était imposé aux jeunes gens : par exemple aucun d’entre eux ne
devait s’approcher à moins de six pas d’une jeune fille ; aucun ne devait
s’enivrer 184.
Legier du Loiret, qui probablement fut Commissaire du Directoire dans
le Département des Forêts, nous a laissé, dans les Mémoires de l’Académie
Celtique 185 une courte description de la même coutume :
« A la Kermesse ou fête patronale de chaque village, les jeunes gens
prétendent avoir le droit de mettre à l’amende ceux qu’ils trouvent en délit
rural, et partagent l’argent qu’ils ont su se faire donner, puis se réunissent à
cheval dans un lieu choisi et forment un cercle ; ils désignent entre eux un
bouffon ou fou qui fait mille extravagances ; ce fou est regardé comme un
voleur. On court après lui à coups de fusil ; il feint de tomber blessé à mort.
Alors un jeune homme fait les fonctions de prêtre et le confesse. Un
bourreau allume ensuite le bûcher et le brûle en effigie. »
Nous avons en France quelques vestiges de fêtes présentant avec celle-ci
de grandes analogies, en particulier la Fête du Fou de Chanteuges, canton
de Langeac (Haute-Loire), décrite par G. Pradel et Boudon-Lashermes et
longuement commentée par A. Van Gennep dans le Folklore de l’Auvergne
et du Velay 186 sur un tout autre thème : celui des cérémonies fertilisantes
décrites par Frazer. La parenté de cette fête avec les anciennes juridictions
juvéniles nous semble, au contraire, renforcée par cette circonstance que le
jeu avec simulacre de mise à mort a lieu dans un pré frappé de cette
servitude en faveur de la jeunesse : c’est un pré bachelier, comme nous en
connaissons en Poitou. Nous avons remarqué déjà que ces bachelleries
pouvaient prendre un caractère juridique ; on se reportera, sur ce point à
l’un des textes cités par Emilien Traver : l’aveu rendu au baron de Gençay
par le roi de la communauté des bacheliers le 13 mai 1619 (V. note
additionnelle 187), aveu dont les clauses accordent à cette communauté,
pendant quatre jours, à la Pentecôte — comme à Chanteuges « tout droit de
justice haute moyenne et basse ».
Cette même interprétation de la Fête du Fou nous semble encore
confirmée par le fait que le pré appartenait avant la Révolution à l’abbaye
de la Chaise-Dieu et que l’acte de vente comme bien national stipulait ce
privilège des jeunes gens. Or les communautés religieuses et chapitres de
chanoines ont longtemps partagé avec les groupes de jeunesse certaines
prérogatives, certains usages cérémoniels, tel le jeu de ballon pratiqué par
les chanoines de Troyes ; telle encore la Justice des Bonnets verts, exercée à
Bourges jusqu’en 1756 par les chanoines du chapitre de la Sainte-Chapelle,
ancien chapitre de Saint-Austrégésile, en vertu de chartes dont la plus
ancienne est de Louis VII en 1145 188. Cette juridiction temporaire, au civil
et au criminel, s’exerçait tous tribunaux vaquant hormis ceux des aides et
des Eaux et Forêts, du 16 au 23 mai. Ses officiers seuls veillaient à la sûreté
et aux intérêts des habitants de la ville ; ses sentences au criminel étaient
sans appel et immédiatement exécutoires. La parenté entre ce tribunal
ecclésiastique et les bachelleries ou l’Amecht est confirmée par le port de
bonnets verts, qui n’étaient autres que des « chapels » de fleurs et de
feuillage ; nous retrouvons là les usages courtois de la jeunesse au mois de
mai, attestés par l’iconographie de très nombreuses miniatures à sujets
calendaires, et dont nous avons déjà parlé plus haut.
L’importance magique ou judiciaire de ces fêtes juvéniles n’aurait sans
doute pas suffi à maintenir ou même à développer au cours du moyen âge
l’organisation sociale des jeunes gens. Il y fallait un intérêt plus puissant, la
fonction judiciaire pouvant rester dévolue aux autorités compétentes et la
fonction magique n’étant pas reconnue dans l’enseignement de l’Eglise,
bien que croyances et pratiques correspondantes fussent tolérées. Mais le
groupe des jeunes gens est aussi le groupe militaire par excellence : il
constitue l’équivalent de l’armée active, en regard des réserves — c’est-à-
dire des hommes mariés valides — qu’on ne lèvera qu’en cas de besoin.
Nous reviendrons au chapitre VIII sur cette fonction de la jeunesse
masculine dans les anciens genres de vie. Il serait, à notre sens, fort
inopérant d’y voir une création médiévale 189 : la lecture des chapitres si
fortement documentés de M. Jeanmaire rejoint à cet égard l’enseignement
qu’Henri Hubert donnait relativement aux pratiques de chasseurs de tête,
propres aux tribus celtiques, et dont nous reparlerons.
Il serait, en effet, tout à fait insuffisant, à notre avis, de limiter le
caractère militaire de ces « abbayes de la jeunesse » aux bagarres
traditionnelles entre gars de villages voisins. Leur importance effective peut
être devinée d’après une lettre que le duc de Montmorency, gouverneur du
Languedoc, écrivit le 2 mai 1589 aux viguier et consuls de la ville d’Agde
pour leur prescrire de procéder sans retard à la prestation de serment du
nouvel Abbé de la Jeunesse. La copie de cette lettre a été préservée dans le
Libre del A se de cette ville, précédemment cité, et qui nous fait connaître à
ce propos que « ledict sieur Abbé... a nommé pour capitaine Jaque Henri,
pour cap de maridat Anthoine Pellier et pour sagellaire Guilhaume Arennes
habitans dudict Agde » 190. Le service militaire exigé des habitants de la cité
nous permet de penser que le choix d’un « capitaine » de la jeunesse dans
une cité maritime de cette importance commerciale, non loin des côtes
d’Espagne pouvait présenter quelque intérêt militaire aux yeux d’un
gouverneur du Languedoc 191. Quant au « cap de maridat », le docteur
Picheire reproduit l’interprétation de M. de Dainville : « Le cap de maridat
était sans doute celui qui organisait les manifestations à l’occasion des
mariages et plus particulièrement le charivari des secondes noces. » Nous
inclinerions plutôt à voir en lui le chef des nouveaux mariés, lesquels
étaient investis de charges et de rôles très particuliers, que nous allons
maintenant examiner.
Nous pensons en effet que l’organisation des jeunes gens en une
catégorie d’âge nettement distincte du reste de la communauté villageoise
ressort à présent de ces faits d’ordre non seulement magico-religieux mais
juridique et militaire. Nous aurons toutefois à revenir ultérieurement sur ces
divers points, lorsqu’ayant achevé de décrire les divers « âges de la vie »,
nous pourrons nous demander ce qu’est une catégorie d’âge : celle des
jeunes gens nous apparaîtra plus organisée que les autres, — véritable
groupe ayant non seulement son code propre, mais sa hiérarchie, — cimenté
par et pour l’action.
4. Les nouveaux mariés.
Le jour venu, les jeunes gens passent dans les maisons qu’ils avaient au
préalable marquées d’une croix et réclament leur amende qui se compose de
fagots ; ils se rafraîchissent dans chaque maison 239.
Il s’agit donc d’un droit des jeunes gens, au nom de la communauté
villageoise, sur tout nouvel établissement, toute installation ou réinstallation
dans la commune. Ainsi au Crouzet-Migette (Doubs) le jeune homme
« allant, par suite de son mariage, s’établir dans les pays voisins » n’a pas
droit au brandon 240. Inversement à Châtelet (province de Liège) les
brimades carnavalesques tombaient sur « le dernier marié non natif de
Châtelet 241 ».
Il se peut que ces droits perçus ou ces brimades infligées aux ménages
récemment installés ou réinstallés soient les ultimes échos de situations
juridiques communautaires. On sait que, longtemps, la responsabilité fiscale
a été collective. Comment se faisaient les collectes nécessaires ? Si dans les
villes la fiscalité était souvent affermée, dans les campagnes il est fort
possible que la force armée locale — c’est-à-dire le groupe des jeunes
gens — ait joué à cet égard un rôle de police. S’il en était ainsi il faudrait
reconnaître non pas des bizarreries mais des survivances dans certains faits
carnavalesques que nous avons déjà signalés. Ainsi à Ragnies la quête des
masques conduite par le dernier marié, et dont l’éventuelle sanction était de
dépaver la maison ; celle de Pry où l’on menaçait les récalcitrants
d’éparpiller leur fumier — c’est-à-dire l’une des premières richesses
agricoles.
Mais, pour achever de prendre ces plaisanteries au pied de la lettre, il est
nécessaire de comprendre que la commune pouvait avoir une sorte de droit
permanent de propriété sur les biens individuels, terres et habitations. Le
regretté Gabriel Jeanton a attiré l’attention sur les maisons construites en
une nuit. Dans l’Habitation paysanne en Bresse 242 il écrit :
« Une vieille coutume voulait qu’en Bresse quiconque bâtissait une
maison sur une lande communale devenait propriétaire de la maison et du
terrain d’alentour, à la condition toutefois qu’elle fût achevée en une nuit.
Un camp volant voulait-il se fixer, un enfant pauvre et malheureux voulait-
il quitter la communauté familiale, il avait cette suprême ressource de
devenir propriétaire. J’ai encore connu de vieux bressans de la région de
Montpont et de Varennes-Saint-Sauveur qui avaient vu construire, dans les
communaux, des maisons en une nuit et qui avaient même participé à cette
construction. A l’aide d’amis, le candidat propriétaire préparait à la veillée,
et par les journées de chômage forcé de l’hiver, les éléments de la charpente
de la future maison. Tout était prêt, les chevrons, les tirants et les sablières ;
les chevilles de bois étaient sous la main ; on profitait d’une longue nuit
d’hiver, où il y avait de la lune, et, quand le coq chantait un bouquet de gui
ou des premières fleurs champêtres, lorsqu’on était en février ou en mars,
adornait le faîtage en chaume du nouvel hutau. On voit encore de ces
maisons, avec leur mince jardinet clos de piquets et de brondes, sur
certaines steppes bressanes, notamment dans les clairières des bois de la
Genète et de la Chapelle-Thècle. Il s’en trouve quelquefois trois ou quatre à
côté les unes des autres au bout d’un communal et à proximité d’une char-
rière. »
Le même usage nous a été attesté pour la région de Saint-Amour (Jura) et
à la Châtre (Indre) 243. Il doit être rapproché de la construction collective
des maisons en une journée, telle qu’elle se pratiquait encore dans certains
villages du plateau de Rocroi au lendemain de l’autre guerre 244. La
charpente une fois dressée, le propriétaire avait recours à tous les hommes
valides du village, qui, en une journée, faisaient les murs en torchis.
Il était fort compréhensible que la communauté villageoise, représentée
par le groupe des jeunes gens, frappât de certaines taxes des habitations qui
n’auraient pu être élevées sans son consentement ni même son concours.
Ainsi les nouveaux mariés, en ce qu’ils sont sujets à des redevances, sont
un cas particulier des nouveaux occupants, envers lesquels la communauté
peut, à l’extrême, exercer un droit de reprise ; en ce qu’ils sont honorés, ils
apparaissent comme des membres de leurs groupes juvéniles respectifs
placés hors de pair par le prestige du mariage et de ses conséquences
sociales : droit de commander aux valets, droit (dans l’ancienne France)
d’être appelé « maître Un tel ».
Ce qui met fin à cette situation si étrangement ambiguë, ce n’est pas le
délai annuel à proprement parler : l’absence de plus récents mariages peut
confirmer pendant plusieurs années le même couple dans le rôle de
« nouveaux mariés » comme nous l’avons vu dans le cas de Mesnil-les-
Hurlus ou dans le cas d’Ambialet en Albigeois. La page était tournée sur la
vie de garçon ou sur la vie de jeune fille par la naissance du premier enfant.
Pourquoi seulement alors et non pas à dater du mariage ? Parce que la
venue de l’enfant mettait fin à l’extrême facilité des divorces par pur et
simple abandon.
Il est fort instructif de relire à cet égard un texte bien connu, mais qui
gagnerait à recevoir un commentaire tenant compte des traditions
populaires : le Jeu de la Feuillée, d’Adam de la Halle 245. Les historiens de
la littérature l’interprêtent d’ordinaire comme un document
autobiographique. Qu’il ait ou non cette valeur, un fait demeure : Adam ne
choquait personne à se mettre en scène comme rompant son mariage ; sa
femme a cessé de lui plaire, mais n’a cependant pas perdu tout charme
puisqu’elle trouve aussitôt preneur en la personne d’un ami d’Adam,
Riquier. Après avoir énuméré les mérites passés de son épouse et conté tout
au long comment il s’en était amouraché, Adam conclut : « Il est donc
convenable que j’ouvre les yeux, avant que ma femme devienne enceinte, et
que la chose me coûte davantage ; car ma faim est apaisée. »
On n’a pas, d’autre part, assez insisté sur le fait que ce jeu est un
divertissement de mai : La Feuillée est la tonnelle d’auberge (voir
l’intervention finale de l’aubergiste) sous laquelle se passaient les fêtes
juvéniles saisonnières, consistant en devis d’amour, confidences, devinettes,
chansons alternées, et que les danses et autres jeux agrémentaient de temps
à autre. Or nombreuses sont les chansons de mai où l’on parle d’un
changement général des amourettes :
Ou encore :
7. Les anciens.
5. Les pères et mères de famille.
Les anciens sont les retraités de la vie, au sens étymologique : ceux qui se
sont retraits, retirés des activités physiques de l’existence. Lesquelles ?
Nous avons vu qu’elles consistent essentiellement dans le travail et la vie
sexuelle. Si l’on ne considérait que cette dernière, une cérémonie semblerait
marquer l’entrée dans la catégorie des anciens : le mariage du dernier
enfant, souvent appelé (à tort) mariage de la cadette, car l’aînée peut être la
dernière à se marier, et le dernier enfant à marier, ou l’enfant unique, peut
être un fils.
Cette cérémonie affecte des formes très diverses, qui correspondent aux
conséquences multiples de l’événement. Nous commencerons par les
pratiques se rapportant au changement de condition du dernier enfant.
a) Le feu de balais. Dergny 276 le signale en Berry (moitié Nord de
l’arrondissement de Sancerre, Cher) en Sologne (entre le département du
Cher et la Loire) en Puisaye (canton de Briare, Loire ; canton de Saint-
Fargeau, Yonne) et en Puisaye nivernaise (cantons de Cosne et de Saint-
Amand). Une réponse à la première enquête de la Commission des
Recherches Collectives (1934) a pleinement confirmé ce témoignage pour
la Nièvre 277. Enfin Guillemot 278 atteste la même coutume à Janvry,
Unchair et Saint-Gilles (Marne) et assure qu’elle était autrefois pratiquée
aux environs de Paris. Voici de quoi il s’agit.
Le lendemain du mariage du dernier ou de l’unique enfant, les garçons de
la noce vont dans le village et font la rafle de tous les balais qu’ils peuvent
trouver dans les maisons. Ils les amassent en un bûcher sur la place. Puis le
garçon d’honneur ou la nouvelle mariée mettent le feu et l’on danse autour.
A Ciez, « quand le feu commence à s’éteindre, la mariée doit sauter par-
dessus, puis toutes les jeunes filles l’une après l’autre : deux jeunes gens
assez forts sont chargés de cette corvée ». Même description pour les
villages champenois cités par Guillemot.
Si l’on reconnaît dans le balai un vieux mai tel qu’on en accroche aux
fenêtres des jeunes filles, l’usage s’éclaire. Mayrac, dans son ouvrage
classique de folklore régional consacré à l’Ardenne, dit : « le 1er mai, pour
se moquer d’une jeune fille, on adossait autrefois un balai à la porte de sa
maison, au lieu de lui mettre un mai 279 ». Le mariage de la dernière fille
met fin à son indépendance de fille nubile : on brûle son balai, c’est-à-dire
son vieux mai, et tous les balais de la maison, puisqu’il n’y a plus d’autre
enfant à marier. Mais il ne peut être que de bon augure matrimonial
d’étendre cet auto-da-fé aux autres balais existant dans le village, c’est-à-
dire à tous les mais des jeunes filles qui ont conduit leur compagne à l’autel.
b) Le fauteuil brûlé. A Orly, Villeneuve-le-Roi et Athis-Mons, Seine-et-
Oise, à la fin du repas de noce, l’épousée dernière à se marier était
promenée dans les rues assise dans un fauteuil, tandis que la jeunesse
préparait sur la grand’place un bûcher sur lequel on plaçait finalement
fauteuil et mariée. On allumait le bûcher et la jeune femme s’en sauvait dès
les premières flammes tandis que les réjouissances commençaient. On
brûlait les souliers de la mariée et chacun sautait par-dessus le bûcher.
Ce rite assez obscur est peut-être la destruction de certains attributs
principaux de l’épousée au jour de ses noces : le fauteuil d’où elle préside
au banquet ; les souliers de mariage. Aucune de ces choses ne resservira
puisqu’il ne reste pas d’autre enfant à marier.
c) Pouchon roux : la poche aux caucas. Il s’agit d’une pochette, remplie
de noisettes rousses, et percée au fond. La fille qui se marie la dernière se
l’attache dans le dos : les noisettes tombent et chacun les ramasse (Sarthe) ;
même tradition dans le Perche 280. Dergny signale en Indre-et-Loire, cantons
de l’Ile-Bouchard et de Montbazon 281 une cérémonie analogue : « A la fin
du dîner du premier jour, un des mariés — celui qui est le dernier
enfant — courre (sic) la poche aux caucas (noix) en se sauvant et les jeunes
gens courent pour ramasser les caucas jetés de tous côtés. Le lendemain
c’est le père du dernier enfant ou celui qui en tient lieu qui jette les
caucas ». Il est possible que le mythe de la course d’Atalante, course
également associée au mariage, procède d’un usage antique apparenté 282.
Une pratique assez apparentée est celle du pot cassé au mariage du
dernier enfant. Dergny la signale dans le canton d’Orléans à Chaingy, Ingré
et Budy-Saint-Liphard 283. Nous avons recueilli un témoignage semblable
relatif à Louin, par Saint-Loup-sur-Thouët (Deux-Sèvres). Avant le dîner de
noce, on met dans un pot des bonbons, des sucreries ou des petits souvenirs
et de menus objets de layette. Le pot est suspendu, par une corde tendue,
entre deux pieux ou deux arbres. Dans le canton d’Orléans tous les gens de
la noce étaient admis à tour de rôle à faire l’essai de casser le pot en ayant
les yeux bandés. Celui qui y parvenait avait le droit d’embrasser la mariée
qui se tenait près d’un des poteaux. Dans la commune de Saint-Loup c’est
celui des conjoints qui est le dernier enfant que l’on charge de ce coup
d’adresse : on lui bande les yeux, on lui fait faire quelques tours après
l’avoir pourvu d’une gaule et il lui faut taper jusqu’à ce qu’il brise le pot.
Aussitôt les enfants se précipitent pour en ramasser les bonbons. On
distribue les souvenirs aux gens de la noce et les objets de layette sont pour
les mariés. En avril 1934 eut lieu un mariage qui unissaient les deux
derniers enfants de deux familles : on leur donna à chacun un bâton et tous
deux tapèrent pour casser le pot 284.
d) L’arbre du dernier enfant. Dergny écrit qu’en Charente (cantons de
Hiersac et Châteauneuf-sur-Charente), à la noce du dernier enfant, tout le
monde se munit de pelles et de pioches et l’on se rend dans un bois ou un
enclos où la mariée désigne l’arbre à arracher (un peuplier d’Italie). Le
marié donne le premier coup de pioche. Une fois l’arbre tombé, on pare ses
branches de rubans multicolores, on fixe à son sommet une couronne avec
une bouteille pleine de dragées. On plante l’arbre auprès de la maison, puis
le mari tire au fusil sur la bouteille qu’il lui faut casser des deux premiers
coups, sous peine de mauvais augure. Il recommence jusqu’à ce que la
bouteille vole en éclats. « Le peuplier reste en place aussi longtemps que
possible et, s’il prend racine, il est conservé 285. »
Bien que le même auteur ne spécifie pas qu’il s’agisse encore du mariage
du dernier enfant, un autre passage de son livre 286 semble s’appliquer à ce
même cas. Le matin de la noce, les amis et parents plantent un vergne
(aulne) sur le chemin du cortège, et l’entourent de fagots en le décorant
d’une couronne avec une grosse vessie pleine d’eau. Au retour de l’église,
le marié allume le bûcher et tire au fusil sur la vessie. Si en deux coups il la
crève, c’est lui qui ouvre la danse avec son épouse, sinon la première danse
revient au garçon d’honneur.
Cette tradition nous semble complexe. La plantation d’un « mai »
(peuplier tout droit, enrubanné et couronné) auprès de la maison que quitte
le dernier enfant nous paraît faire pendant à la déplantation de l’arbre de
mariage des mariés de l’année lors de la naissance du premier enfant.
D’autre part la bouteille ou la vessie s’apparentent à la poche aux caucas et
deviennent l’occasion d’une ultime rivalité entre le marié et le représentant
du groupe des jeunes gens (le garçon d’honneur).
Nous abordons, avec cet arbre replanté, des coutumes mettant
directement en cause les parents du dernier enfant.
e) Brûler le chapeau du père ou de la belle-mère. Dans l’Allier, à
Treignat 287, à Saint-Léopardin-d’Augy 288 et à Couleuvre 289, dans le Cher à
Bourges et dans les environs 290, le mariage du dernier enfant donne lieu à la
curieuse coutume de brûler le chapeau ou le bonnet du père. Voici comment
les choses se passaient à Saint-Léopardin d’Augy. « Le lendemain de la
noce, un bûcher formé de fagots est allumé par le garçon d’honneur. Le père
du marié, lors des préparatifs de ce bûcher, se dérobe, se cache et toute la
noce à grand bruit le cherche. On se saisit de son chapeau destiné à être
brûlé au sommet du bûcher autour duquel les invités font la ronde. Lorsque
la flamme a baissé les gens de la noce sautent par dessus le brasier par deux
ou trois fois (un couple, ou une femme entre deux hommes). » A Treignat
« on fait brûler la coiffure du père et de la mère. Ceux-ci ne donnent pas
leur coiffure sans résistance. Il y a poursuite, lutte, puis on installe des
bottes de paille, les coiffures sont installées au bout d’une perche et on
enflamme la paille. »
Une note sur les coutumes de Salbris (Loir-et-Cher), rédigée en 1937 par
M. Edeine, Directeur de Collège à Romorantin, signale : « On allume un
feu, encore maintenant, le lendemain des mariages, feu dans lequel on brûle
les bonnets ou les chapeaux des belles-mères. Ce sont d’ailleurs ces
dernières qui doivent allumer le feu. Les jeunes mariés sautent par dessus ce
feu, puis les parents des époux, les personnes âgées, en dernier, la
jeunesse. »
Ces diverses cérémonies confirment ce que nous avons indiqué à maintes
reprises concernant la valeur symbolique du couvre-chef, attribut de
l’autorité. Il suffit de se reporter aux anciens usages de cour pour trouver de
nombreux termes de comparaison : le roi seul était couvert, se découvrait
devant les dames ; les ducs et pairs avaient le privilège de porter chapeau en
tête lors des lits de justice (usage qui fait en partie l’objet de la description
fameuse de Saint-Simon). On notera encore la tradition persistante de porter
le chapeau à domicile, dans la vieille bourgeoisie de certaines provinces.
Ces traits de mœurs anciennes sont trop rarement notés. Il conviendrait de
les consigner sans retard. Etant donné cette valeur symbolique du chapeau,
le père s’en voit déposséder le jour où son rôle de chef de famille prend fin
en ce qui concerne ses enfants : il a, à l’église, remis à son gendre son
autorité sur sa fille 291.
Ailleurs, ce changement de situation juridique est symbolisé par une
scène différente : à Saint-Julien-Ecuisses (Saône-et-Loire) quand un père
mariait son dernier enfant on lui attachait les mains derrière le dos au sortir
de l’église et on le faisait boire et manger 292. Il apparaissait ainsi dans une
posture de prisonnier, manifestement opposée à celle d’un chef.
conseillait un dicton de notre Marche 322. Pourtant les rites printaniers les
faisaient s’affronter aux groupes de jeunes gens non pas simplement en
effusions d’un lyrisme élémentaire auquel la rivalité de groupe à groupe eût
ajouté quelque piment agonistique 323, mais par des jeux attestant une
indépendance qu’elles devaient à leur caractère de petites fées temporaires ;
et la réserve qu’elles imposaient ainsi par la crainte a lentement doté nos
civilisations de cette fine fleur, l’amour courtois dont on aperçoit à présent
le lien profond avec la chevalerie.
Toutes ces conquêtes culturelles auraient été impossibles sans
l’assimilation de la mort à un ensorcellement. Et pour saisir toute la valeur
de l’héritage que nous devons ainsi à cette philosophie archaïque, nous ne
saurions mieux faire que de conclure ce tableau des catégories d’âge par
l’étude de l’un des chefs-d’œuvre les plus illustres de la Renaissance. le
Printemps de Botticelli.
Sans doute en a-t-on, encore récemment 324, proposé des interprétations
alléguant l’influence des traditions savantes. Sans écarter a priori de telles
explications, nous demeurons persuadé qu’au moyen âge aucun fossé ne
séparait ces sources d’inspiration des traditions populaires et que, tout en
choisissant tel ou tel récit ou thème aristocratique ou livresque pour en faire
le commentaire pictural, un artiste pouvait exprimer les croyances, évoquer
les gestes du milieu social dont il était baigné. Au temps de Botticelli,
comme encore longtemps plus tard, les nobles fêtaient, en même temps que
le commun, les mêmes fêtes en y apportant seulement quelques
raffinements, quelques modes particulières. Et de tout cela nous n’avons
que peu de témoignages, dont le folklore récemment observé peut utilement
fournir le contexte.
Que l’on se reporte donc à cette admirable peinture. Au centre apparaît,
nous dit-on, Vénus, puisqu’un Eros vole au-dessus d’elle. Nous y
reconnaissons plus volontiers la Reine de Mai, parée comme Vénus ne l’est
jamais, et couronnée d’or. Sur la gauche, ce seraient les trois Grâces ? Peut-
être. Mais pourquoi ne seraient-ce pas les trois jeunes filles qui, jusqu’au
début du XXe siècle, allaient le matin du 1er mai en Lorraine, de maison en
maison, chantant la bonne aventure du Renouveau et donnant partout un
rameau vert (trimazo) dont elles portaient le nom ? En effet un jeune
homme est près d’elles : c’est un guerrier, que signale son sabre de
cavalerie. Mais il n’est pas en posture de galant : se détournant des
merveilleuses filles qui dansent, il est tout occupé à cueillir des rameaux.
De l’autre côté de la Reine, voici les initiées : cette étrange semeuse de
fleurs portant collier et ceinture de guirlandes ; on a voulu voir en elle un
hermaphrodite. Etrange interprétation ! Enfin une fille que ses voiles
couvrent à peine, brindille verte aux dents, est assaillie par un génie des airs
aux joues gonflées comme celles d’Eole. Elle se fait lutiner au sens
étymologique, saisir par le lutin, agent de réincarnation, sur un tapis de
fleurs et sous un plafond de vertes ramures où brillent les « pommes
d’orange », pommes d’amour.
On ne saurait trouver commentaire plus synthétique des comportements
printaniers des trois catégories d’âge les plus importantes : jeunes gens,
jeunes filles, et trépassés. Mais si l’on n’évoque cette preuve en doute, nous
trouverons une confirmation nouvelle de l’existence de tels rapports entre
morts et vivants dans la superstition que nous avons déjà rappelée à propos
du groupe des jeunes filles, et qui veut que les mariages en mai soient
malheureux et doivent être évités. Malheureux à quel titre ? Par l’infidélité
conjugale ultérieure ? Non pas : malheureux par leur progéniture. Les
enfants de telles unions doivent être balourds, stupides, privés d’esprit. On
n’a pas, à notre connaissance, proposé d’explication satisfaisante de ce petit
mystère folklorique, dont nous avons rapporté la haute antiquité. Ce n’est,
au contraire, plus un mystère, si l’on admet que les filles sont, au cours du
mois de mai, comme consacrées aux entreprises des esprits, lesquels ne
peuvent manquer de se venger d’une potestas terrestre, dans cette saison, en
privant les rejetons de l’intelligence la plus élémentaire.
Nous pensons qu’il serait à présent difficile de contester aux trépassés
des sociétés archaïques le caractère d’une catégorie d’âge. Leur condition
d’ensorcelés temporaires, leur réincarnation plus ou moins prochaine les
maintiennent au sein de la communauté. D’autre part celle-ci leur assigne,
comme aux autres catégories d’âge, des tâches spéciales d’intérêt général,
qui leur imposent des droits et des devoirs, des obligations et des interdits.
Il nous reste à embrasser l’ensemble de ce système à la fois social et
métaphysique, à rechercher de façon méthodique les rouages qui font agir
les diverses catégories d’âge les unes en fonction des autres et en vue de la
prospérité et de la durée de la communauté.
LIVRE III
GÉOGRAPHIE HUMAINE ET
PSYCHOSOCIOLOGIE DES
TRADITIONS
*
CHAPITRE VIII
Nous avons dit plus haut que les intentions sous-jacentes à toute cette
structure sociale étaient multiples bien que cohérentes. En effet les
nécessités d’alimentation et de reproduction, ainsi que les luttes contre
maladies et fléaux naturels ne sont qu’une partie des soucis majeurs de la
collectivité. Elle éprouve encore, et de façon pressante, le besoin de
sauvegarde et d’indépendance politique et militaire. La vierge la plus pure,
la plus proche de l’enfance, donc de l’au-delà, en est la garante : c’est dire
que les morts offrent aussi une protection suprême. La permanence du culte
de Sainte-Reine à Alise, aux flancs de cette colline qui a gardé, en plein
christianisme, son caractère de haut-lieu sacré nous est comme une preuve
tangible des raisons religieuses qui avaient pu guider Vercingétorix dans
son choix du réduit suprême de l’indépendance des Gaules, et rejoint ce
trait si remarquable de ses préoccupations métaphysiques : le renvoi de sa
cavalerie, au mépris des avantages tactiques qu’il eût pu en tirer.
Ces vues nous permettent à présent de mieux comprendre un symbole
dont nous avions signalé le caractère politique, le « mai ». Rappelons ses
éléments : le pieu surmonté d’un bouquet (ou couronne) de feuillage vert.
Nous savons à présent qu’un tel feuillage est tenu pour servir de résidence
privilégiée aux âmes défuntes. Leur présence tutélaire était ainsi installée
tant au cœur de l’agglomération sur la grand’place (ou devant le château)
qu’à la périphérie du terroir communal. Nous comprenons à présent, grâce à
notre connaissance de la catégorie d’âge des trépassés, pourquoi ce poteau-
frontière est aussi l’ancêtre de l’arbre de la Liberté, l’insigne de la
franchise, tout en ayant, sous la forme réduite des rameaux de la « croïotte »
morvandelle ou du mai de la moisson, une valeur agricole et fertilisante.
Ainsi les scènes et les signes de cette vie rituélique nous apparaissent
comme polyvalents, défiant constamment notre analyse par leur complexité
et leur profondeur, et semblant déjouer notre besoin moderne de précision
unique et de spécificité.
Un aspect, cependant, demeure ferme dans cette mouvance : la
répartition des rôles entre les catégories d’âge. Tournons-nous à présent
vers elles et tentons de préciser la nature de cette formation sociale.
Nous l’avons dit au début de notre étude ; nous ne pouvons appliquer à
tous ces faits de folklore les termes de groupes ni de classes d’âge. Groupe
ne convient qu’aux formations de jeunesse, bandes déambulantes organisant
les fêtes villageoises. Classe est un terme beaucoup trop absolu en l’espèce,
et dont la division économico-sociale s’est emparé. Catégorie convient à
ces formations sociales qui n’ont de droits et de devoirs que cérémoniels.
Mais il convient surtout par le fait qu’il s’étend à tous les individus de la
communauté tombant sous une certaine détermination d’âge. La
segmentation de la société est ici absolument communale et n’admet aucune
exception de classe ou de caste. On est ainsi conduit à supposer que ce
mode d’organisation sociale est antérieur à l’apparition de castes ou de
classes sociales-économiques. Elle n’a rien de lâche ni de confus, et
comporte même de sévères disciplines puisque le charivari demeure parmi
ses suprêmes vestiges, mais elle ne connaît d’autre hiérarchie que celle des
âges les uns par rapport aux autres, et que la royauté temporaire des chefs
de groupes juvéniles.
Cette dernière distinction fondée sur la compétition et l’honneur de
l’exploit, est à l’origine des désignations électives. Elle se renouvelle
annuellement. Nous trouvons là les rudiments de libertés municipales
beaucoup plus anciennes que le mouvement communal du XIe siècle 326,
plus anciennes encore que la féodalité homérique et que la royauté locale
qu’elle commençait à remplacer. Il semble donc que la segmentation de la
communauté par catégories d’âge corresponde à un stade social antérieur
même à cette constitution de chefferies et de clientèles permanentes où la
société gauloise était fortement engagée lorsque la conquête arrêta son
évolution autonome.
Il est bien remarquable que ces particularités sociologiques se soient
maintenues dans nos campagnes jusqu’à nos jours. Ces persistances sont à
mettre en parallèle avec d’autres traits par lesquels notre société paysanne
se rattache toujours à de très lointaines origines ; ainsi de l’existence de
communaux dans un certain nombre de terroirs, notamment dans nos
régions montagneuses. Les géographes et les historiens locaux ont relevé de
tels fossiles d’organisation agricole, qui trouvent ainsi dans la constitution
de la société elle-même d’importantes correspondances. Nous devrons donc
nous poser la question de savoir si ces diverses survivances (économiques
d’une part, sociales de l’autre) ne sont pas solidaires, et de quelle façon.
disait Horace 345. Nous avons encore signalé la relation entre les
semailles et la fête celtique des trépassés, Samhaïn, devenue notre
Toussaint, notre Jour des Morts.
Mais nous devons même aller plus loin. La hiérarchie des âges de la vie
est vraiment une hiérarchie du travail, d’autant plus apparente dans les
exploitations où la main-d’œuvre est strictement familiale. Les enfants sont
petits bergers, auxquels chacun commande. Les garçons et les filles sont
sous l’autorité du père et de la mère de famille pour les labeurs des champs
et les besognes domestiques, au même titre que les journaliers. Souvenons-
nous de la cérémonie du mariage fictif qui permettait à la vieille fille,
désormais assimilée à une veuve, de commander aux valets de ferme.
C’était le cas, naguère, des cadets et des cadettes, oncles et tantes qui ne se
mariaient pas afin de demeurer, avec certains privilèges, à la ferme
familiale. L’aîné, maître de maison, les commandait, mais avec certains
égards, leur laissant le droit de choisir le mode de travail qui avait leur
préférence.
Il y avait ainsi, dans certaines fermes, l’oncle qui se chargeait du potager
et du jardin, ou qui se spécialisait dans les soins à donner à la vigne ou aux
arbres fruitiers. Nous avons indiqué les rapports entre les pères et mères de
famille et les anciens. L’organisation par catégories d’âges est donc une
hiérarchie dans le labeur en même temps qu’une répartition de fonctions
cérémonielles. Le premier de ces aspects concerne plus spécialement la
maisonnée, le domaine familial ; le second aspect rattache, nous l’avons vu,
les diverses maisonnées à la communauté villageoise par l’intermédiaire du
calendrier traditionnel.
En d’autres termes, la structure sociale que nous avons étudiée est aussi
une organisation du travail, une organisation économique. Sans doute était-
elle fort loin de représenter toute l’organisation économique de la société
paysanne observable au XIXe siècle dans les pays occidentaux. Mais elle
correspondait, au sein de cette société, à des survivances tenaces
d’économie communale plus primitive, à des genres de vie plus lointains, et
que nous avons même cru pouvoir identifier avec la culture temporaire et
avec les vieux systèmes d’assolement.
*
Revenons aux techniques archaïques et à l’activité traditionnelle qu’elles
imposent. Nous n’avons, au cours de notre précédente analyse de
l’apprentissage, considéré que les conséquences psychologiques les plus
directes que cette activité peut avoir pour le sujet. Nous avons tenté de
décrire l’attitude d’esprit où le place un tel mode d’action, et montré la
parenté entre cette attitude et celle de l’artiste. Mais nous devons aller plus
loin, et nous demander si ces dispositions intérieures sans cesse renouvelées
n’ont pas leur contre-coup sur les apparences du monde extérieur, et si les
modalités de l’action ne réagissent pas sur la vue que le sujet prend du réel.
Rappelons-nous la remarque déjà faite : à ce niveau culturel les
connaissances techniques ne portent que sur les aspects purement externes
de la réalité. Ni physique, ni mécanique, ni chimie n’enrichissent le regard
de schémas et de lois que la pensée insère dans la substance même des
choses. Le réel garde son foncier mystère, et cette absence de connaissance
scientifique oriente vers l’expérience traditionnelle 387. Dans un ouvrage
paru en 1942, J. Przyluski l’a pareillement noté, mais en insistant, à tort, à
notre sens, sur le caractère d’imitation des actes : « Avant de chercher à
expliquer le succès d’une opération, écrivait-il, l’homme a dû imiter aussi
scrupuleusement que possible une opération qui avait réussi 388 ». Ce qui
guide l’esprit de l’agent en pareil cas, ce n’est pas à proprement parler
l’image d’une opération antérieure ayant réussi, mais cette combinaison de
multiples exemples, d’impressions vécues et de conseils reçus qui constitue
l’expérience nourrie de traditions. Tel est le guide dont l’homme se sert tant
qu’il ne peut faire usage de connaissances positives procédant d’une
analyse scientifique de la réalité qu’il affronte.
Mais cette remarque est certes loin d’épuiser tous les caractères de
l’activité et du travail pré-machinistes. Quelle est la signification technique
de l’expression « pré-machiniste ? » Elle se résume en ceci : la part de
l’homme est alors prépondérante dans toutes les opérations qu’il réalise.
Au contraire, dès qu’apparaît la machine, cette part diminue jusqu’à devenir
très faible et peut même se limiter à des déclenchements et des contrôles. Il
sera un jour suffisant, pour voyager en avion, de s’asseoir dans une
carlingue et de presser un bouton, après quoi toutes les opérations de mise
en marche du moteur, de l’envol, de la direction du vol, de la stabilisation,
enfin de l’atterrissage seront réglées par des dispositifs automatiques et le
radar. Ce sont de tels tableaux que l’on peut évoquer en disant que la part de
l’homme s’amoindrit constamment dans la plupart des opérations
techniques. Au contraire, avant le machinisme, cette part — égale à 100 %
dans les « techniques du corps 389 » telles que la marche, la nage,
etc., — était très généralement considérable, l’homme devant non
seulement diriger et contrôler toute opération, mais fournir lui-même la
force motrice, sauf dans le cas des tractions animales, des moulins à eau ou
à vent, ou de la navigation à voile. Or ces deux sortes de fonctions
techniques : diriger l’opération, lui fournir la force motrice, avaient
lentement orienté les traditions actives dans deux directions, non certes
opposées, mais qu’il est intéressant de distinguer clairement.
L’homme s’est mesuré avec les autres espèces animales et avec d’autres
hommes ; en même temps il a toujours dû agir sur la matière, et, dans ce
dernier cas, plus ses moyens techniques étaient faibles, plus il devait répéter
les mêmes efforts. Action, travail. Action : mouvements constamment
différents, intuition en éveil pour la promptitude des attaques, des parades,
des ripostes. Travail : constance de l’effort, lente et progressive
mobilisation des réserves d’énergie, lutte contre la fatigue et
l’incoordination musculaire qu’elle tend à provoquer. Il y a là comme deux
pôles de la praxis archaïque, car chacun ouvre des voies différentes vers la
perfection efficace. Examinons tout d’abord certains aspects de l’action.
Quelle que soit l’importance des activités pratiques, ce serait pêcher par
esprit de système que d’y voir l’unique modalité des activités humaines. Le
jeu, les distractions, les arts correspondent à des activités que l’on a sans
doute trop vite qualifiées de gratuites, mais qui ne sont pourtant pas
utilitaires. Si nous reculons ici devant l’expression de gratuité, c’est qu’elle
évoque, plus encore que la fantaisie, une liberté d’indifférence. Tel est sans
doute le cas des distractions. Encore convient-il d’user du terme
d’indifférence avec une grande réserve. Pour parler des temps présents
songeons au cinéma : s’il est indifférent à la foule dominicale d’assister à la
projection de tel film ou de tel autre — et encore les préférences sont-elles
souvent très marquées —, le fait même d’aller au cinéma n’est certainement
pas indifférent aux millions de citadins qui chaque hiver, acceptent de faire
« la queue » à la porte des salles, exposés, immobiles, aux intempéries.
Moins indifférent encore est le goût de certains sports et de certains
spectacles sportifs. Boxe, foot-ball, tennis, etc., ont leurs champions et leurs
publics respectifs. L’art enfin peut à peine être rapproché du jeu, malgré
d’anciennes assimilations philosophiques, puisqu’il est création, qu’il exige
un authentique travail, autant intellectuel que manuel. Nous avons à dessein
tiré ces exemples de la vie contemporaine étant donné la trop fréquente
habitude de raisonner uniquement à partir de faits ethnographiques. Mais
les sociétés inférieures nous auraient conduits à des remarques analogues :
on a souvent noté la part exorbitante prélevée sur les activités et les
ressources des collectivités d’Australie centrale par des fêtes et des
« corroboris » qui sont loin d’être exclusivement magico-religieux. Ainsi
les distractions, les jeux et les arts montrent par leur extension dans les
sociétés et même dans l’économie sociale, à quel point les besoins
débordent le cadre de l’utile.
Car les échanges entre l’être vivant et le milieu où il vit ne peuvent se
borner à une liste d’interactions physiques. Attaque, défense, utilisations de
toutes sortes n’épuisent pas ces interactions, ni pour l’animal, ni pour
l’homme, même « civilisé » au sens occidental du terme. L’émotion n’a pas
seulement pour origine la lutte ou la pratique, et plus on se rapproche de
l’animalité, plus l’émotion commande directement le comportement. Un
chat observant un chien ou une souris peut laisser un instant son attention se
détourner par un appel, une incitation extérieure, dont profite son
adversaire. Rares sont les conduites instinctives que ne peut suspendre un
léger émoi. L’artiste, le poète sont des individus gardant plus que les autres
cette aptitude constante à s’émouvoir et possédant un don particulier
d’expression — le jeu verbal du poète, la main du peintre, du sculpteur —.
Les sociétés inférieures, et, dans nos sociétés, les enfants manifestent de
telles dispositions à un degré que nous découvrons mieux chaque jour. Or
on ne saurait parler de l’importance des rythmes dans la civilisation
traditionnelle sans analyser l’une des modalités les plus importantes de cette
activité de jeu et d’expression esthétique : la danse.
L’un des textes les plus remarquables pour l’histoire des traditions
populaires de notre pays est la Pétition à la Chambre des Députés pour les
Villageois que l’on empêche de danser, lancée en 1822 par Paul-Louis
Courier. Voici quelques-uns des témoignages qu’on y peut lire :
« Je demande, écrivait Courier, qu’il soit permis, comme par le passé,
aux habitants d’Azai de danser le dimanche sur la place de leur commune...
Nous y sommes intéressés, nous gens de Véretz, qui allons aux fêtes
d’Azai, comme ceux d’Azai viennent aux nôtres... Eux ici, nous chez eux,
on se traite tour à tour, on se divertit le dimanche, on danse sur la place
après-midi, les jours d’été... Outre ces danses ordinaires les dimanches et
fêles, il y a ce que l’on nomme l’assemblée une fois l’an, dans chaque
commune, qui reçoit à son tour les autres. Grande affluence ce jour-là,
grande joie pour les jeunes gens. Les violons n’y font faute, comme vous
pouvez croire. Au premier coup d’archet, on se place, et chacun mène sa
prétendue. Autre part on joue à des jeux que n’afferme point le
gouvernement : au palet, à la boule, aux quilles. Plusieurs cependant,
parlent d’affaires ; des marchés se concluent, mainte vache est vendue qui
n’avait pu l’être à la foire. Ainsi ces assemblées ne sont pas des rendez-
vous de plaisir seulement, mais touchent les intérêts de chacun et du public,
et le lieu où elles se tiennent n’est pas non plus indifférent. La place d’Azai
semble faite exprès pour cela ; située au centre de la commune, en terrain
battu, non pavé, par là propre à toutes sortes de jeux et d’exercices,
entourée de boutiques, à portée des hôtelleries, des cabarets ; car peu de
contredanses se terminent sans vider quelques pots de bière ; nul désordre,
jamais l’ombre d’une querelle... Un firman du préfet, qu’il appelle arrêté,
naguère publié, proclamé au son du tambour, Considérant, etc..., défend de
danser à l’avenir, ni jouer à la boule ou quilles, sur ladite place, et ce, sous
peine de punition. Où dansera-t-on ? Nulle part ; il ne faut point danser du
tout... On nous signifia cette défense quelques jours avant notre fête, notre
assemblée de Saint-Jean... Nos dimanches d’Azai, depuis lors, sont
abandonnés. Peu de gens y viennent de dehors, et aucun n’y reste. On se
rend à Véretz, où l’affluence est grande, parce que nul arrêté n’a encore
interdit la danse 417. »
Cette admirable description sociologique — ou rien ne manque, ni les
échanges cérémoniels et fraternels entre communautés villageoises, ni la
répartition de la jeunesse par couples, dont nous devinons encore le
caractère obligatoire, ni les jeux d’adultes — montre bien que les tractations
commerciales qui s’y engagent n’en sont pas l’élément central. Paul-Louis
Courier le savait : l’essentiel est la danse. Soixante ans plus tard, alors que
la décadence générale des danses populaires était déjà très apparente,
Dieudonné Dergny, sentant la gravité de ce fait de civilisation, écrivait :
« Dans la première moitié du XIXe siècle, nos prêtres, en prenant part sur la
place publique aux jeux de paume et de boules, surveillaient pour ainsi dire
eux-mêmes les danses. La danse sur la place publique est restée l’attraction
principale des jours de fête patronale et les populations qui ont su conserver
ce divertissement en ce lieu ont par cela su conserver à la famille
l’agrément de ses réunions, parce que la danse sur la place publique permet
à tous les membres d’une même famille de se récréer ensemble 418. »
Nous avons nous-même, en 1938, après avoir visité, avec les membres du
Congrès international d’Anthropologie de Copenhague, le musée de plein
air de Lyngby, assisté à une danse communale exécutée pour cette visite par
des habitants de cette localité danoise. Une quarantaine de personnes
adultes de divers âges et de toutes conditions, se prirent par la main et, en
chantant un air amplement rythmé, se mirent à évoluer en une chaîne
lentement ondoyante. Nos collègues danois nous expliquèrent que leurs
compatriotes étaient très attachés à cette danse communale par laquelle,
disaient-ils, s’exprimait de façon quasi-religieuse un sentiment puissant de
solidarité fraternelle. Nous avons alors eu fortement l’impression d’assister
à l’une de ces danses de village que représentent tant d’enluminures
médiévales.
Ainsi que le dit avec justesse M. Curt Sachs dans son Histoire de la
Danse 419, « cette dernière, dans son état vrai et inaltéré, est essentiellement
la vie à un degré plus intense ». Et plus loin : « L’homme primitif danse en
toute occurrence : naissance, circoncision, initiation des jeunes filles,
mariage, maladie et mort, cérémonie en l’honneur du chef, chasse, guerre,
victoire, conclusion de la paix, printemps, moissons et fêtes de boucherie.
Cependant les thèmes sont limités. Car partout le but à atteindre est le
même : la vie, la force, la plénitude, la santé 420. » Et encore : « Le danseur
se laisse entraîner hors des mornes limites dé la vie quotidienne ; il s’évade
vers des régions sublimes où l’imagination, l’intuition, le rêve sont des
sources vivantes et créatrices... C’est dans la danse que Civa crée le monde,
que les Chinois font naître l’harmonie cosmique ; les planètes et les dieux
évoluent en dansant à travers l’infini ; et sereine, en une béatitude éternelle
la ronde des justes plane autour du trône de Dieu 421. » Ces comparaisons
restituent son véritable caractère à la célèbre procession dansée qui se
célébrait encore à la veille des hostilités à Echternach (Luxembourg).
Nos précédentes analyses des techniques à moteur musculaire et de
l’action avec outillage ou armement inférieur nous permettent de mieux
comprendre cette valeur culturelle de la danse ancienne. Nous avons vu
que, tant qu’elle est prédominante, la contribution de l’homme à l’une de
ces activités techniques apparaît comme action spirituelle primant les
opérations concrètes et donnant au sujet le sentiment de participer, si
faiblement que ce soit à l’action des esprits, dont il lui semble être si
souvent le bénéficiaire ou la victime. Mais ce monde des esprits, dont son
activité pratique lui confirme donc sans cesse la réalité, n’est pas créé par
cette activité. Ce n’est pas le dispositif technique de son action qui le
suscitera comme un mirage, car son émotivité sans cesse en éveil le
percevra à tout instant. Or, s’il est vrai que le rythme du labeur ou des
techniques du corps est, dans son expérience laborieuse, ce qui confirme
ces, réalités surnaturelles, on comprend que la danse décante en quelque
sorte l’expérience active pour n’en laisser subsister que la rythmique avec
ses conséquences exaltantes, voire hypnotiques. Par la danse l’homme
devient à quelque degré pur esprit. Et dans la mesure où il possède sur le
monde des esprits des traditions précises, tout l’engage alors à agir en tant
qu’esprit. Tel nous semble être le sens profond des danses imitatives
rituéliques, dont l’art paléolithique supérieur nous a déjà laissé des
témoignages si remarquables 422, et où M. Curt Sachs a reconnu avec raison
l’une des modalités les plus générales de la danse 423.
En retour la considération de la danse en tant que technique non
opératoire nous permet de mieux comprendre les effets psychologiques
ambigus des techniques archaïques. Nous avons jusqu’à présent insisté sur
la confirmation qu’elles peuvent apporter aux croyances que Lucien Lévy-
Bruhl a qualifiées de mystiques. Mais, par leur aspect d’opération
matérielle et mécanique, elles portent en elles, dès les débuts de l’outillage,
les germes d’une autre mentalité. L’outil, par sa fabrication même autant
que par son emploi, ne peut pas manquer d’enseigner une géométrie
élémentaire, laquelle préside même aux modalités nécessaires de sa propre
évolution, ainsi que l’a montré M. Leroi-Gourhan. Et c’est par là que la
technique se sépare de la danse et, secrètement, s’affirme hostile au monde
des esprits. L’une des croyances les plus curieuses que signale Anatole le
Braz dans sa Légende de la mort est l’antagonisme qui écarte les revenants
des instruments de travail : « Si vous voulez, écrit-il 424, que les revenants
ne puissent rien contre vous, ne cheminez jamais la nuit sans avoir sur vous
l’un quelconque de vos instruments de travail. Les instruments de travail
sont sacrés. Aucune espèce de maléfices ne peut prévaloir contre eux. Un
tailleur, voyant un mort s’avancer sur lui, fit le signe de la croix avec son
aiguille. Le mort disparut aussitôt, en criant : — Si tu n’avais eu ton
aiguille, j’aurais fait de toi un homme (je t’aurais broyé) ! « (II, 204-205).
Même indication dans un récit où une vieille marchande ambulante voit son
cheval arrêté sans raison apparente : « Elle dessina une croix sur la route
avec son fouet, en disant : — Par cette croix que je trace avec mon gagne-
pain, j’ordonne à la chose ou à la personne qui est ici et que je ne vois point
de déclarer si elle y est de la part de Dieu ou de la part du diable. » Et
aussitôt le fantôme se révèle (II, 130).
Ce qui est encore plus significatif, c’est que l’outil le plus efficace à cet
égard est la petite fourche de bois (carsprenn) « qui sert à débarrasser le soc
de la charrue du fumier et de la terre qui s’y attachent ». De même « dans
une légende irlandaise transcrite par Curlin, Tales of the fairies, p. 128, on
maîtrise un revenant en se servant des chaînes d’une charrue, car tout ce qui
appartient à une charrue est béni » (II, 205, notre 1). La charrue en effet sert
à déposséder temporairement les esprits de la terre qu’ils occupent
lorsqu’elle est en friche. Tout usage de la charrue est donc rejet des esprits ;
contre eux c’est l’arme par excellence.
D’ailleurs le premier soin des âmes, dès la mort, est d’aller dire adieu à
tout cet outillage qui leur était familier. Dans un récit que nous avons déjà
cité, l’âme du vieux hobereau laboureur se matérialise aussitôt en une
souris, que suit le serviteur fidèle. Elle l’entraîne ainsi à travers tout le
domaine. « Une fois fini le tour des champs, elle reprit la direction du
manoir. Arrivée dans l’aire, elle s’achemina vers un bâtiment isolé où l’on
enfermait les instruments de labour. Sur tous elle posa les pattes. Charrues,
hoyaux, bêches, à tous elle dit adieu. » (I, 224.) Plus tard, quand le serviteur
parvient à s’entretenir avec le fantôme de son maître, celui-ci le lui
confirme : « Lorsque je me suis ensuite esquivé, c’était encore pour aller
dans la cour et dans les étables, prendre congé des instruments qui
m’avaient servi naguère et des bêtes qui m’avaient aidé au labour. Cela fait
je me suis présenté au tribunal de Dieu. » (I, 236.)
Cette croyance nous semble donner la clé d’une des coutumes de la nuit
de mai dont nous n’avions pu encore découvrir l’explication. On se
souvient 425 que, cette nuit-là, en Champagne, les jeunes gens ne se
contentaient pas de dresser le « mai » communal ni d’accrocher des
« mais » aux persiennes ou aux portes des filles nubiles : ils procédaient à
une rafle générale de l’outillage aratoire et ménager, et entassaient les
instruments et objets les plus hétéroclites soit autour du mai communal, soit
sur des arbres, soit au faîte des toits, soit encore dans le courant d’une
rivière. Or ces divers endroits sont ceux que les âmes des trépassés sont
censées hanter de préférence. Tout porte donc à penser que, durant cette nuit
consacrée à la visite de la terre par les morts, on leur permettait de revoir
l’outillage dont ils s’étaient si longuement servis. Et cette interprétation
nous semble confirmée par l’interdiction si curieuse et si formelle de
travailler, voire de regarder un instrument de travail pendant les « petits
mois ».
C’est bien là que les conséquences thématiques des techniques
archaïques nous apparaissent dans leur ambiguïté. Hostiles aux esprits en ce
qu’ils opèrent mécaniquement, les outils leur demeurent virtuellement
soumis en ce que la main qui les utilise opère, au total, plus que l’outil
même, car cette main peut trembler ou être ferme, « heureuse » ou
« malheureuse » suivant les sorts ; cette main, enfin, est guidée par une
tradition qui procède des morts, et dont ils sont comme les lointains, très
lointains garants. Bien que, normalement, les outils soient contraires aux
trépassés et délimitent précisément ce domaine des vivants qui leur est
fermé, il faut donc, que, périodiquement, tout l’équipement technique
communal leur soit livré, consacré pendant quelques heures ou quelques
jours, tandis que leur sont ouverts les champs, et même les habitations dans
lesquelles des repas sont préparés pour eux.
Ces rites seraient inintelligibles et même inimaginables si le surnaturel
n’avait jamais à intervenir dans les opérations techniques. Nos usages
modernes nous le font bien voir, qui limitent de telles interventions à
l’emploi d’appareils de transport comportant un coefficient de grave
insécurité ; l’automobile et l’avion succèdent à cet égard, aux vieux voiliers
des « terreneuvas ».
Il faut enfin nous pénétrer de cette idée que la conscience archaïque est,
moins que la nôtre, dans la dépendance des modalités du travail, et que
l’analyse des effets psychologiques du travail est, dans ce cas, moins
susceptible d’en reconnaître tous les facteurs. En regard du labeur, l’action
apparaît comme discontinue. Elle est fréquemment traversée par de longues
heures de pause, de suspens, où l’être, tout en étant prêt à agir, existe
simplement parmi les autres êtres. Ses échanges avec eux ne sont pas, alors,
d’interaction, mais de sensibilité. Ces états de pure présence, où agir n’est
que virtuel, laissent la conscience ouverte à l’intuition de ces virtualités. Et
c’est cette aperception directe et confuse d’une sorte de potentiel actif qui
nous paraît être l’école où se forme constamment le sens métaphysique
élémentaire, le besoin de poser, par delà ce qui apparaît, ce qui est, c’est-à-
dire l’ineffable puisque non encore ouvertement manifeste.
En parlant de sensibilité, nous ne revenons pas aux considérations de
Mannhardt, par exemple, sur le « Gemüth », c’est-à-dire la sensibilité du
civilisé en ce qu’elle prétend se mettre en contact direct avec la nature et
atteindre ainsi à une profondeur romantique. Nous évoquons les genres de
vie où la subsistance dépend de la chasse et du ramassage primitifs, où la
nourriture est directement arrachée au milieu animal ou végétal 426, et dans
les conditions les plus hasardeuses réclamant l’éveil constant de
l’intuition 427. Ce qui distingue foncièrement cette intuition, cette sensibilité
de la nôtre même lorsque nous nous plaçons en contact direct avec la nature
par certaines modalités modernes de nos loisirs, c’est que, dans ces heures
d’inaction, de repos, de détente ou de jeu, le milieu physique,
principalement animal ou végétal est celui-là même envers lequel l’action la
plus violente, la plus dramatique devra peut-être s’engager à la minute
suivante. Sans avoir gardé ce caractère d’émouvante insécurité, la
sensibilité paysanne est encore à cet égard, dans une situation analogue. Et
c’est pourquoi elle est si profondément étrangère à celle du citadin au point
de lui demeurer inaccessible.
CHAPITRE XI
CONCLUSION
BABEAU
Bachellerie
Bal
Balai
Bâle (Canton de), Suisse
Balle, (Jeu de) V. Jeu.
BallonV. Soule.
Bans (de récoltes)
Baptême
Barbe-de-Fer (Docteur)
Barbentane
BARSACY (S.)
Basoche
Baudoncourt
BAUDOUIN (Docteur Marcel)
Beauce
Beaupréau
BEAUQUIER
Beine
Belgique
Belle-au-Bois-dormant (La)
Beltine (1er Mai)V. Mai.
BENFEY
BERGERET (R.)
BERGOUNIOUX
BERGSON
BERNARD (Léo de)
BERNOT (G.)
BERR (Henri)
Berry (v. Cher et Indre).
Berserkir
Besoins vitaux
Bessin, (Pays, Calvados)
BESTERMAN (Th.)
Bestialité
Biche
Bijou
Biologie et Folklore
Biquette
BITTEL (Mademoiselle)
BLADE (J.)
Blajan
BLIN (Emile)
BLOCH (Marc)
BLONDEL (Ch.)
Bocage normand
Bohain
Boisson
BONNARDOT (François)
BONNEMÈRE (Lionel)
Bonnets verts
Bonneval-en-Maurienne
Bonnières-sur Seine
Bordeaux
Bordes, V. Brandons.
Bornes
BOTTICELLI
BOUDHON-LASHERMES (A.)
Boue
BOUET (Alexandre)
BOUGLÉ (C.)
Bouillie
Boules (Jeu de)
Boulogne-sur-Gesse.
Bouquet, (de moisson) V. Passée d’août.
Bouquet de fleurs
BOUR (Abbé)
Bourbonnais
Bourbonne-les-Bains
Bourges
Bourg-Saint-Bernard
Bourmont
BOUSSAC (A.-J.)
RAILOIU
Brandons (feu de)
Bresse
Bretagne
Breuche
BREUIL (Abbé)
Briare
Brix
Bronze (Age du)
Brousse
Bruiteur (Roue utilisée comme)
Bûche de Noël
« Bûche des Rois »
Budy Saint-Liphard
BUECHER (Karl)
Buigny-les-Gamaches
Buis
« Bulle », v. Brandons.
Bures-en-Bray
BURNE (Miss)
Caen
Calaisis
Calendrier
CalvadosV. Bocage Normand.
Cambraisis
Cametours
Camp du Drap d’Or
Canehen
Cantal
Carême
CARLIER (Jules)
Carnaval
Cartographie
Cassel
CASSOU (Jean)
Castille
Catégories d’âge
Catharisme
« Caucas » (Noix)
Caux (Pays de)
Ceinture
Celhac (près Saint-Didier-sur-Doulon)
Celtes
Cendres
Centon
Cerf
Cérisi-Belle-Étoile
CÉSAR
Chaingy
Chaise-Dieu (La)
CHALMEL (Th.)
Châlons-sur-Marne
Chamanisme
Chamonix
Champagne, v. Aube, Ardennes, Marne, Haute-Marne, Château-Thierry.
Champdeniers
CHAMPION (Bernard)
Chandeleur
Changelins (Monstres substitués aux nouveau-nés)
Chanoines
Chanteloup
Chanson populaire
Chanteuges.
Chapeau
Charente
Charité
Charivari
Charlatan
Charrette
Charrue
Chasse
Chasse aux Têtes
Chat
Châteauneuf-sur-Charente
Château-Thierry
Châtelet (Province de Liege)
Châtre (La)
Chaumont
Chemin de la mort
Chemins et routes
Cher
Cherbourg
Cherier
Cheval
Chevalerie
Chevauchées
Chien
Chine
Choiseul
Chouette
CHRESTIEN DE TROYES
Christianisme (influence du)
Cierge
Ciez
Cimetière
Cimiez
Cinéma
Circulation, v. Chemins et Routes.
Civilisation traditionnelle (Théorie de la)
Classe d’âge
Classe économique
CLEMEN
CLEMENT (Madame)
Clères
CLEVY (Mademoiselle)
Cloche
Cochelet
Coiffure
Colline ou Coteau
Comité du Folklore Champenois
Commission des Recherches collectives
Communauté « à pot et à feu »
Communauté villageoise
Communaux (Biens)
Communion
Compagnonnage
Compiègne
COMTE (André)
Conat
Condé-sur-Noireau
Confetti
Conflent (Pays)
Confolentais
Conformisme
Confrérie
Conliège
Conscrits
Conseillers Municipaux
Conte
Contre-Réforme
Coole (Vallée de la)
Corne d’abondance
Cornes
Cosne
Costume
COSQUIN (E.)
Côte d’or
Côtes du Nord
« Coucou » (« Cour du »)
Coudrier
Couleuvres
« Coulines » (torches)
COURIER (Paul-Louis)
Couronne
Courpière
Course
Courtémont
Couvin (Belgique)
Craie
Crécelles
Creuse (département)
« Criée des Rois »
« Croïotte »
Croisade
Croissance des céréales
Croix de Saint-Jean
Cronos
CROS-MAYREVIELLE (Col.)
Crosse (jeu de)
Crouzet-Migette (Le)
Culotte
Culte des Saints
Culture temporaire des champs
CUMONT (Franz)
CUMONT (Marquise de)
CURLIN
Cuverville-sur-Yères
Cygne
CZARNOWSKI (S.)
DAINVILLE (de)
DAMAS (baron de)
DANJON
Danse
DAUCHY
Daucourt
Dauphiné
DAVID
Dax
« Dàyage »
Débiteurs
Décès (usages de)
DECHELETTE (Joseph)
DECOEUR (Mademoiselle A.)
DECOMBE (Lucien)
Décor (fonction magique du)
Définition du Folklore
Définition de la Tradition
DEMANGEON (Albert)
DEMONT
DERGNY (Dieudonné)
DESFORGES
Destinée
Deux-Sèvres 168
DEVILLE (Gabriel)
Diable
DIDE (Dr M.)
Différentiel (Folklore)
Dioscures
Disparition du Folklore
Divination, — matrimoniale
Division du travail
Divorce
Dombras
Domestication des animaux
« Dônage »
Dontrien
Dordogne
DOTTIN (G.)
Doubs
Douze-Jours (Petits Mois)
Dragées
Drôme
Duel
Dülmen (Westphalie)
DUMAS (Georges)
DUMEZIL (Georges)
DU MURAUD (Marguerite-Marie)
DUPUY-DE-LOME
DURKHEIM (Emile)
TACITE
« Taôpinettes » (feux de Brandons
Tarn
Tarn-et-Garonne
Tatouage
« Taupes et Mulots » (fête)
TAVERNE, (Mademoiselle A.)
TAYLOR (Edward B.)
Technique
Tell (Guillaume)
Tertre
TESSIER
Tessy.
THABAULT (Roger)
Théâtre rural
Thésée
Thiérache (Pays)
THIRIAT (Xavier)
THISQUEN (J.)
THOMPSON (Stith)
Thuillies (Belgique)
Tinchebray
Tir à l’Oiseau
TOLSTOI
Tongrès (Belgique)
Tortebesse.
Toulouse
Touraine
Tourbillons de vent
« Tourtisseaux » (beignets)
Tourville
Toussaint
Tradition
Transhumance
THAVER (Emilien)
Treignat
Trépassés
TREVELYAN (Marie)
TRICOIRE (Madame)
« Trimazo », « Trimouzette »
Trinité
Troyes
Trundholm (char cultuel de)
TUCHMANN (J.)
« Tue-chien »
TURPIN (Pierre)
Tutela
Unchair
Uniformité des Traditions
U.R. S. S.
USENER
Vadencourt
« Valentins »
VALLOIS (Docteur Henri V.)
VANDEREUSE (J.)
VAN GENNEP (A.)
Vannerie
Varennes-Saint-Sauveur
VARLET
VATAN
Vaucluse
Vecqueville
Veillée
Velay
Vendée
VENDEL (Henri)
Vent
Vercingétorix
Veretz
Verfeil
Vermandois
Verruye
Verviers (Belgique)
VêtureV. Costume.
Veuf, Veuve
Viande
VIDAL DE LA BLACHE
Vie (Vallée de la)
Vieilles filles
Vienne
Vienne (Haute-)
Vierge
Vieux garçons
Villeneuve-le-Roi
Villeseneux.
Ville-sur-Tourbe
Villers-les-Luxeuil
VILLON
Vimeu (Pays)
VINCENT (Mademoiselle A.)
VIOLET (E.)
VIRE (Armand)
Vitré
Vitry-le-François
Viverols
Voile
« Volkskunde »
Voisin
Vosges
VUILLEMIN
WEISER (Lily)
WESTPHALEN (Dr de)
1
On consultera à ce sujet : P. Saintyves, Manuel de Folklore, Paris, 1936,
chapitres IV et V ; A. Van Gennep, Manuel de Folklore français
contemporain, t. I, Paris, 1943. pp. 6-42 ; A. Varagnac. Le Folklore, in Les
Sciences sociales en France. Enseignement et Recherche, Paris, s. d.,
pp. 118-133.
2
Sur les difficultés de cette recherche, on se référera avec fruit à Gédéon
Huet, Les Contes populaires, Paris, 1924.
3
Mélusine, recueil de mythologie, littérature populaire, traditions et usages,
fondé par Henri Gaidoz et Eugène Rolland, Paris, Welter, 1877-1912, 11
vol. gr. in-4°
4
V. son Manuel de Folklore, chaptire VI : « La série historique et la méthode
chronographique ». Ce texte, malheureusement posthume, est accompagné
de la note suivante rédigée par madame C. Nourry-Saintyves : « Ce chapitre
est resté à l’état d’ébauche. Saintyves ne l’eût certes pas publié sans y
apporter des retouches, sans, peut-être même, le remanier. Ce nous est un
immense regret de ne le pouvoir donner qu’inachevé. » L’exposé est
conforme à des leçons que nous avons entendu donner par Saintyves à
l’Ecole d’Anthropologie.
5
V. par exemple, G. Jourdanne, Contribution au folklore de l’Aude usages,
coutumes, littérature populaire, traditions légendaires, Paris et
Carcassonne. 1899, in-8°.
6
V. Mélusine, t. VII, col. 77-94, article d’ensemble sur saint Eloi. Gaidoz fait
état de la dévotion des serruriers de Gênes à Saint-Apelle ou Ampèle pour
expliquer l’un des thèmes de la légende de saint Eloi.
7
Dans ce même article Gaidoz dit avec assurance : « Saint Eloi est un saint
du nord de la France. » Il paraît avoir ignoré le rôle important de saint Eloi
dans le calendrier folklorique de Provence. Nous avons nous-même étudié
des confréries de saint Eloi dans la région de Barbentane (Vaucluse). Mais
la plus grave erreur de méthode, à cet égard, consiste à prétendre
déterminer, en folklore, des faits négatif, et à en présenter des aires de
répartition. En folklore tout « fait négatif » peut fort bien dépendre dune
enquête mal conduite ou réalisée trop tardivement.
8
V. les deux volumes de son ouvrage Myth, Ritual and Religion. Première
éd., Londres, 1886.
9
Les Contes de Perrault et les récits parallèles ; leurs origines ; coutumes
primitives et liturgies populaires, Paris, 1923.
10
Paris, 1928.
11
Ces travaux étant, à notre sens, trop peu connus des folkloristes français,
malgré les discussions qu’en ont faites M. Pierre-Maxime Schuhl, Essai sur
la formation de la pensée grecque, Paris, 1934, et M. Henri Jeanmaire
Couroi et Courètes, Lille, Bibliothèque universitaire, 1939, nous croyons
utile d’en donner une bibliographie sommaire. — W. Robertson Smith.
Kinship and Marriage in Early Arabia, London, 1885, The Religion of the
Semites, London, 1889 ; J.-G. Frazer : une bibliographie complète de ses
œuvres, par Th. Besterman, a paru à Londres, chez Mac Millan, en 1934 ;
son Golden Bough, 12 vol., London, 1915, a été abrégé et traduit en
français par Lady Frazer : Le Rameau d’Or, Paris, Geuthner, 1 vol. gr. in-8°,
1923 ; non moins utiles sont ses commentaires de Pausanias’s Description
of Greece, 6 vol., London, 1898 et des Fasti of Ovid, 5 vol., London, 1929 ;
Edwin Sidney Hartland, The Legend of Perseus, 3 vol., London, 1894-1896,
Primitive Paternity, 2 vol., London, 1909, Ritual and Belief, London, 1914 ;
William Ridgeway, The Origin of Tragedy, Cambridge, 1910, The Dramas
and dramatic Dances of non-european Races, Cambridge, 1915 ; L.W.
Farnell, The Cuits of the Greek States, 5 vol., Oxford, 1896, The higher
aspects of Greek Religion, London, 1912 ; Jane Ellen Harrison,
Prolegomena to the Study of Greek Religion, Cambridge, 1903, Themis,
Cambridge, 1912 ; R.R. Marett, The Threshold of Religion, London, 1909,
Psychology and Folklore, London. 1919 ; Rendel Harris, Boanerges,
Cambridge, 1913 ; A.-B. Cook, Zeus, Cambridge, 1914 ; W.-R. Halliday,
Greek Divination, London, 1913 ; J.-C. Lawson, Modern Greek Folklore
and ancient Greek Religion, Cambridge, 1919 ; P. Nilsson, The minoan-
mycaenean Religion and its survivals in Greek Religion, 1928.
12
Notre expérience ultérieure des enquêtes devait pleinement confirmer cette
impression : tout questionnaire comportant plus d’une vingtaine de
questions dépasse la capacité de réponse de l’informateur moyen, l’effraye
et l’incite soit à ne pas répondre, soit à se débarrasser d’une tâche
fastidieuse en multipliant les réponses vagues ou arbitraires. Les
statisticiens professionnels connaissent ce danger.
13
M.-P. Fortier-Beaulieu a réalisé à cet égard un effort sans précédent : il a
fait reproduire en trois exemplaires la totalité des réponses de son enquête
sur les mariages dans la Loire, qui, jointes à des cartes et des index,
constituent un Corpus dont il a fait don aux deux institutions publiques
compétentes, le Centre International de Synthèse et le Musée National des
Arts et Traditions populaires.
14
Ce « Comité du Folklore champenois » a publié depuis 1920, un Bulletin
scientifique (qui compte parmi les plus estimables publications régionales),
ainsi qu’un volume que nous y avons nous-même publié sur Le Carnaval et
les Feux de Carême en Champagne, Châlons-sur-Marne, 1935.
15
Emile Violet, Rapports sur les Enquêtes de Folklore, Commission de
Folklore du Mâconnais, in Annales d’Igé (Académie des Arts et des
Sciences de Mâcon), Mâcon, 1936 et 1937.
16
Le Groupe Audois d’Etudes folkloriques a publié depuis 1937 la revue
Folklore-Aude, devenue la revue Folklore, Carcassonne, 6 tomes parus.
Cette remarquable publication est actuellement dirigée par M.J. Cros-
Mayrevieille, fils du regretté fondateur, et par M. René Nelli.
17
A. Varagnac. Une coopérative de travail scientifique : la Commission des
Recherches Collectives du Comité de l’Encyclopédie Française, Ann.
d’Hist. écon. et soc., t. VII, pp. 302-306.
18
Cf. A. Van Gennep, Religions, mœurs et légendes, Paris, 1914, pp. 17-18.
Le Folklore, Paris, 1924, p. 27-38 et Albert Marinus : V. Bibliographie
critique de ce dernier auteur et discussion de la théorie dans P. Saintyves,
Manuel de Folklore, Paris, 1936, pp. 152 sq., notamment p 153, note 3.
19
Cette méthode se trouve abondamment illustrée dans l’ouvrage
précédemment cité de M.P. Fortier-Beaulieu.
20
Nous avons utilisé cette dernière méthode dans nos premiers essais
cartographiques (v. Carnaval et Feux de Carême en Champagne, pp. 111-
115), et dans nos premières cartes pour l’Atlas folklorique de France.
21
Voici un exemple entre cent. Dans le chapitre de ses Contes, Légendes,
vieilles Coutumes de la Marne (Châlons-sur-Marne, 1908) qu’il a consacré
aux veillées et aux mariages, autrement dit au « dâyage », A. Guillemot
écrivait (p. 308) : « On n’y tolérait guère les hommes, plutôt gênants, ni
surtout les garçons, trop taquins et turbulents : d’ailleurs les évêques, dans
de solennels mandements, en interdisaient de temps à autre l’accès à ces
derniers. » Et en note : « En 1661, l’évêque de Châlons rendit l’ordonnance
suivante : « Nous deffendons aux hommes et aux garçons, sous peine
d’excommunication, de se trouver avec les femmes et les filles aux veillées
de la nuit et de s’y arrêter, comme aussi aux femmes et aux filles de les
admettre et de les souffrir avec elles, jouer et danser avec eux durant la nuit,
dans les lieux où elles s’assemblent pour filer ou travailler à d’autres
ouvrages. » (Actes de la Province ecclésiastique de Reims, t. IV, p. 191 et
587). Une description des veillées champenoises au lendemain de la guerre
de 1914-1918 se trouve dans Carnaval et Feux de Carême en Champagne,
pp. 12-16.
22
Pour ne pas nous référer uniquement aux travaux de Mannhardt ou de
Frazer, on pourra étudier les rapports entre les cortèges carnavalesques et
les coutumes antiques se rapportant aux cultes du Cheval dans Georges
Dumézil, Le Problème des Centaures, Paris, 1929, et Otto Hôfler, Kultische
Geheimbünde der Germanen, t. I, Francfort-sur-le-Mein, 1934. Nous avons
nous-même abordé la question dans la R.R.F. et F.C., t. VI (1935) pp. 207-
214, Note sur le Folklore el les Cultes du Cheval, et t. XII (1941). pp. 19-
30, Le Marteau, le Sabot et le Cheval.
23
Le cas des almanachs ne contredit pas ce fait : l’almanach devait sa vogue à
l’existence des traditions non écrites.
24
Nous avons ainsi défini le folklore : croyances collectives sans doctrine,
pratiques collectives sans théorie. (A. Varagnac, Définition du Folklore.
Paris, 1938).
25
2 vol. in-8°, Condé-sur-Noireau, 1883.
26
Lecœur, op. cit., t. I, pp. 36-37 ; M. Bloch, op. cit., p. 62.
27
Paris, Calmann-Lévy, s. d.
28
Edition nouvelle, Paris, Christian Seignol, 1938.
29
Eng. le Roy, La petite Nicette, Paris, Seignol, 1938, p. 28.
30
Notice de la marquise de Cumont, fille du baron de Damas, consacrée à son
frère, le P. Charles de Damas, et citée par Emile Gavelle, Hautefort et ses
seigneurs, Lille, Raoust, 1934, p. 25-26.
31
Cf. Bulletin du Com. du Folkl. Champ., t. I, n° 3, p. 15-17.
32
Cf. Bulletin du Com. du Folkl. Champ. pp. 17-18, cf. A. Varagnac,
Définition du Folklore, Paris, 1938, pp. 37-43 et fig. 4-8 des pl. hors texte.
33
V.G. Jeanton, Le Mâconnais traditionnaliste et populaire, t. III, Mâcon,
1922, p. 51.
34
La réponse n° 40 à l’Enquête n° 1 de la Commission des Recherches
collectives, due à M. Albert Aucordier, instituteur au Massoubrot, par Saint-
Martin-Château, Creuse, signalait (en 1934) une tradition « qui est presque
disparue mais était très en usage il y a 50 ans : Le jour des Rameaux, les
paysans faisaient un bouquet de buis, le Rameau, qu’ils portaient bénir ainsi
qu’un certain nombre de baguettes de coudrier. » V. ce texte et notre
commentaire p. 261-262.
35
Dans sa réponse à la première enquête de la Commission des Recherches
Collectives (1934), M. Demont décrivait le « mai » de moisson et la tarte
des moissonneurs offerte par la fermière, et ajoutait : « Ces usages sont sur
le point de disparaître. Ils ne sont plus connus, pour ainsi dire, que dans
quelques endroits des arrondissements de Saint-Pol et de Montreuil. Les
jeunes gens trouvent ces pratiques ridicules. La disparition a commencé
quand on a employé la moissonneuse. » Même remarque à Buigny-les-
Gamaches (Somme) à propos du banquet de fin de moisson : « Depuis que
les machines... ont fait leur apparition dans la contrée, c’est-à-dire depuis la
fin du XIXe siècle et le début du XXe, cette cérémonie tend à disparaître, on
peut même dire qu’actuellement il n’en reste plus guère que le soutenir »
(C.R.C., 1-14).
36
Cf. Golden Bough, t. VII et VIII.
37
Cf. A. Varagnac, Définition..., fig. 8 des pl. hors-texte : reproduction d’un
« bouquet » de paille, tressé à Bradiancourt (Seine-Inférieure).
38
Op. cit. pp. 33-37.
39
Il resterait à étudier le rapport entre la forme de ces tas de gerbes ou des
meules et les anciennes techniques architecturales.
40
Sur ces redevances carnavalesques, V. Carnaval et Feux de Carême en
Champagne, pp. 30-32.
41
Je nous en irons peut-être de tout-ici (trad. de M. Ch. Bruneau).
42
Cf. A. Varagnac, l’Histoire de l’alimentation végétale et son intérêt
folklorique, à propos de l’ouvrage de Maurizio, Ann. d’hist. éc. et soc., t. V,
n° 22, juillet 1933, p. 386.
43
Notamment en donnant pour sujet à la troisième enquête de cette
Commission l’étude des « fonds de cuisine ». Les résultats ont fait l’objet
d’une communication de M.L. Febvre au Congrès International de Folklore
(Paris 1937) : V. Travaux de ce Congrès, Tours, 1938, p. 123-130.
44
Principes de Géographie humaine, publiés par E. de Martonne, Paris, 1922.
45
Coll. de l’Evolution de l’Humanité dirigée par M. Henri Berr, Paris, 1922.
46
Roger Thabault, Mon Village, ses Hommes, ses Routes, son Ecole ; en sur-
titre : 1848-1914, L’Ascension d’un Peuple, Paris, 1944, p. 7.
47
M. Marcel Mauss regrettait souvent, dans son enseignement, l’insuffisance
de nos connaissances touchant l’âge néolithique en France, époque à
laquelle les faits anthropologiques de notre population étaient déjà en partie
fixés. Même indication dans le livre récent du Docteur Henri Vallois,
Anthropologie de la population française (Toulouse et Paris, 1943, p. 69
sq.). M.R. Lantier a fait exécuter, à l’occasion de l’Exposition de 1937 une
carte des emplacements habités depuis le néolithique, carte qui révélait,
malgré des lacunes que lui-même nous signalait, combien ces sites avaient
peu varié. C’est au néolithique que M.G. Roupnel assigne les débuts de
notre structure agraire. Rappelons enfin l’avis précédemment cité de M.
André Siegfried.
48
Les archives posthumes de ce savant ont été acquises par le Musée National
des Arts et Traditions populaires, sur notre proposition.
49
L’Evolution humaine, Paris, 1942.
50
Poisons sacrés, ivresses divines, Paris, 1936.
51
Contrairement aux vues du grand ethnologue, reprises notamment par Ch.
Blondel, La Mentalité primitive, Paris, 1926.
52
M.A. Van Gennep fournit au tome I de son Manuel, pp. 6 et suiv. de
nombreux renseignements sur les diverses écoles de folkloristes et leur
histoire.
53
Cf. le texte classique d’Arthur Haberlandt dans le manuel de Spamer. Die
deutsche Volkskunde, Leipzig, 1935, 2 vol. pp. 42-58, et traduit par Van
Gennep, op. cit. pp. 24-25.
54
Op. cit. p. 19. Les italiques sont dans le texte.
55
Op. cit. p. 42
56
Manuel de Folklore, Paris, 1936, pp. 32-35.
57
London, 1914, 1 vol.
58
Il va sans dire que les faits étudiés consistent en croyances populaires
relatives à la Terre et au Ciel. Il en est de même jusqu’à la rubrique 11. Il
convient donc de lire non pas « le monde végétal » mais « croyances ou
pratiques populaires relatives au monde végétal », et ainsi de suite.
59
Pour revenir sur un exemple auquel nous nous sommes référé dans notre
Introduction, des constructions de routes nouvelles sont signalées, d’après
les archives municipales d’Auvers-sur-Oise, par Mataigne, op. cit. t. II,
p. 104 et suiv., en 1825, 1827, 1836. Les travaux pour la ligne de chemin de
fer Paris-Lille commencent dans celte commune en 1842.
60
Op. cit. Cf. notre Introduction.
61
Cf. Thabault, op. cit., p. 147-160.
62
C’est ainsi que nous avons volontairement présenté comme un travail
collectif le rapport d’enquête que nous avions réalisé nous-même sur
Carnaval et les Feux de Carême en Champagne (Travaux du Comité du
Folklore Champenois. Châlons-sur-Marne). Signalons que la secrétaire de
ce Comité, mademoiselle E. Huard, a donné le même exemple en ne signant
pas d’autres rapports publiés par le Bulletin de ce Comité.
63
La Chapelle-Montligeon (Orne), Imprimerie de Montligeon, 1946, p. 225-
227.
64
Op. cit., t. II p. 126 et suiv.
65
Usages, Coutumes et Croyances ou Livre des choses curieuses ; Costumes
locaux de France, Abbeville, t. I, 1885, t. II pp. 256-266.
66
Revue des Traditions Populaires, t. VI (1891), p. 22-24.
67
Réponses n° 258 et 210.
68
Châlons-sur-Marne, 1935, p. 65 sq.
69
Voir note additionnelle, à la fin du présent chapitre.
70
Cf. notre Introduction, p. 30-31.
71
Les cas de redoublement ou triplement de la même cérémonie se trouvent
assez souvent chez Dergny, comme nous l’avons vu pour les feux des Rois.
72
V. au sujet des origines des Arbres de la Liberté : A. Varagnac A propos des
Bonnets Verts, Revue de Folklore Français, t. XI, 1940, fasc. 3, p. 126.
73
Dergny les signale en Savoie à Bonneval-en-Maurienne et en Seine-
Inférieure dans la commune de Daucourt.
74
Cf. Réponse n° 235 à la première enquête de la C.R.C. : M. Magnier,
instituteur à Laviron, Doubs.
75
Revue de Folklore Français, t. XI, 1940, fasc. 3, p. 97-122, et t. XII, 1941,
fasc. 4, p. 185-218.
76
Folklore et Protohistoire, Revue de Synthèse, T. XIX, 1940-1945, p. 47.
77
Frazer a noté (Balder the beautiful, I, 141) que là où la population est
divisée entre protestants et catholiques, comme à Hildesheim, les
protestants laissent les garçons procéder aux feux de Pâques, tandis que
toute la population catholique y participe en chantant des hymnes.
78
Le Folklore Paris, Stock, 1924, p. 32 et suiv. chap. III intitulé « Méthodes ».
79
Arch. Dép. Reims, G. 277-278, cité par l’abbé Louis Lallement Folklore et
vieux souvenirs d’Argonne, Châlons-sur-Marne et Paris, 1921, p. 35.
80
T. X du Golden Bough, pp. 116, 117, 119, 141, 143, 161, 162, 163, 166,
173, 174 et 201 où l’auteur résume d’après Marie Trevelyan (Folk-lore and
Folk-stories of Wales, London, 1909, p. 27 et suiv.) la cérémonie
remarquable de la combe de Glamorgan.
81
Tessier : Sur la fête annuelle de la roue flamboyante de la Saint-Jean, à
Basse-Kontz, arrondissement de Thionville, in Mém. et dissert. publiées par
la Soc. roy. des Antiq. de France, t. V (1823), pp. 379-393. Grimm,
Mannhardt, Gaidoz et Frazer en ont successivement fait état.
82
Metz, 1934, s. v. Jean-Baptiste (Saint), col. 365 et suiv
83
V. note additionnelle en fin de chapitre.
84
Op. cit., p. 221.
85
Contes, Légendes, vieilles Coutumes de la Marne, Châlons-sur-Marne,
1908, p. 154.
86
Marne, Haute-Marne, Ardennes, Aube, Seine-et-Marne ; auxquels ce
Comité ajoutait l’ancien arrondissement de Château-Thierry, dans l’Aisne.
87
L’importance du rythme septennal apparaît encore dans certaines régions.
Le Monde annonçait dans son numéro du 23-24 décembre 1945 que les
Ostensions septennales des reliques des saints limousins auraient lieu en
« En raison des circonstances, l’autorité religieuse avait songé, un moment,
à les retarder. Mais sous la pression des différentes confréries, elle a décidé
de s’en tenir strictement à la tradition. Les Ostensions septennales du
Limousin auront donc lieu en Elles s’ouvriront à la date normale, soit à la
mi-carême 1946, par la bénédiction et l’inauguration du drapeau des
Ostensions, et dureront une année entière. »
88
Op. cit. p. 163-164, d’après Tessier, op. cit.
89
Promener des brandons.
90
Revue de Folklore français, t. V, 1934, fasc. 2, p. 107.
91
Réponse n° 411 au questionnaire I de la C.R.C.
92
V.R. de Westphalen, Petit Dict. des Trad. pop. messines, col. 83-84.
93
Il sérait intéressant de rechercher si l’exposition des suppliciés roués sur
une roue plantée horizontalement au haut d’une perche n’aurait pas de
rapport avec l’allumage du feu par une roue tournant sur le mât central. La
roue de supplice et la couronne du mât de saint Jean auraient, en ce cas,
même origine.
94
Le rythme était le suivant :
95
Réponse n° 143 au questionnaire I de la C.R.C., par M.S. Barsacy, Pissos
(Landes). Dans cette commune, on ne mettait pas de couronne au mât mais
un récipient rempli de résine : quand il flambait, les bons chasseurs liraient
dessus des coups de feu jusqu’à ce qu’il tombe à terre, — exemple de
contamination entre fêtes ; cette sorte de jeu dérive en effet des tirs à
l’oiseau dont on trouve de nombreux exemples dans le folklore méridional :
cf. la description de la fête du Roi de l’Oiseau (Velay) par A. Boudon-
Lashermes, Echo des Provinces, mai-juin 1942, p. 16. Cf. l’Abbé et la fête
de la Poule, dans Affre : Dictionnaire des Institutions, mœurs et coutumes
du Bouergue, cité par Guillemot, op. cit., p. 173. Cet « abbé » de la jeunesse
était choisi parmi les hommes nouvellement mariés : v. plus loin.
96
Réponse n° 34 au questionnaire I de la C.R.C.
97
Il s’agit des jeunes gens ayant passé le conseil de révision. Dans ces
provinces de l’Est en particulier, les conscrits forment, chaque année, une
véritable confrérie, désormais indissoluble, et dont la fraternité résiste
même aux dissensions politiques locales. Les conscrits de l’année suivante
sont appelés « sous-conscrits ». V. nos Méthodes en Folklore, ch. VII.
98
V. plus haut, note additionnelle au chapitre I.
99
Folklore et Protohistoire ; l’au-delà au travers des âges, communication
aux Deuxièmes Journées de Synthèse historique (mai-juin 1939), Revue de
Synthèse, t. XIX, p. 48.
100
Nous devrons d’ailleurs limiter avec précision celle recherche : v. début de
notre chapitre IV.
101
Cette ancienne prolongation des réjouissances apparaît nettement dans
l’ensemble de l’enquête et en particulier dans un document des archives du
folkloriste marnais Guillemot (publié en annexe du rapport sur Carnaval et
les Feux de Carême en Champagne, p. 89 et suiv.), ainsi que par la coutume
du « dônage » qui a lieu soit le mardi, soit le mercredi, soit le dimanche de
quadragésime (v. ibid. pp. 56-61).
102
Kultische Geheimbünde der Germanen, Francfort-sur-le-Mein, Moritz
Diesterweg éditeur, v. en particulier p. 84 et suiv.
103
Réponse n° 27 à l’Enquête V du Comité Champenois, rédigée par M.R.
Bergeret, à Noirlieu (Marne).
104
Réponse de mademoiselle Pastor, Faux-Fresnay (Marne) n° 92.
105
Abbé Louis Lallement, Folk-lore et Vieux souvenirs d’Argonne, p. 160 et
suiv., texte recueilli de la bouche d’une femme de Courtémont.
106
Cf. Carnaval et Feux de Carême, p. 29-30.
107
Henri Hubert, Les Celtes et l’expansion celtique, p. 72.
108
Il convient de rapprocher de ce personnage le docteur Barbe-de-Fer, des
figurations populaires allemandes, à la Pentecôte ; elles comprennent, en
outre, un Roi Maure, un caporal et un bourreau, autant de types
carnavalesques. Quant à l’homme vêtu de feuillage (le Pfingstl) il est à
rapprocher du Sauvage de nos mascarades (cf. Carnaval et Feux... p. 30).
Dans ma petite enfance, ma gouvernante westphalienne (native do Dülmen
près Münster) me chantait les couplets de la saynète dont voici le début en
traduction : « Je suis le docteur Barbe-de-Fer — Faléraléri, bom
bom ! — Je guéris les gens à ma manière — Faléraléri, bom bom ! » cf.
Frazer, Golden Bough, IV (The dying God) pp. 208, 213, 233.
109
Philolog. L.p. 123. Farnell, Cults of the greek States, Oxford, 1907, III
p. 39, signale que des rites de purification y étaient associés au transport
cérémoniel d’offrandes de terre blanche que l’on semait sur les champs.
110
Prolegamena to the study of greek religion, Cambridge 2e éd., 1908, p. 134-
135.
111
Carnaval et les Feux de Carême... p. 22 et suiv., et p. 45 et suiv. Cf. nos
Méthodes en Folklore, ch. VI.
112
Ibid., p. 49.
113
A Limoux (Aude), le mardi-gras était marqué par une fête dite la partie des
meuniers. « Le costume des meuniers était le suivant : pantalon blanc, veste
courte, long bonnet rouge, ceinture de soie rouge, ils étaient armés de
soufflets et jetaient de la farine au visage des curieux » (Jourdanne, Folklore
de l’Aude, p. 10-11 d’après Fonds-Lamothe, Notices historiques sur la ville
de Limoux, Limoux, 1838. p. 104). Ces jeux de farine expliquent
d’anciennes redevances des meuniers aux jeunes gens, par exemple dans le
cas de la cavalcade de la reine Blanche organisée le mardi-gras par les
clercs de la Basoche de Château-Thierry, et décrite par mademoiselle E.
Huard dans la Revue de Folklore Français, t. V, fasc. 2 ; mars-avril 1934.
Cf. nos Méthodes en Folklore, ch. IV.
114
Réponse de mademoiselle S. Pionnier (n° 23) à l’Enquête champenoise.
115
Cf. A. Varagnac : La nourriture, substance sacrée, Annales d’hist. soc. t. III
(1941) p. 21. En Basse-Bretagne, on protégeait du mauvais œil l’enfant
qu’on allait baptiser en mettant un morceau de pain dans ses manches
(Sauvé : L’enfance et les enfants en Basse-Bretagne, Mélusine, t. III,
col. 374) ; il fallait changer ce pain tous les jours (Perrin : Galerie Bretonne,
1835, cité in Mélusine, t. I, col. 388). Lionel Bonnemère a vu à Beaupréau
(Vendée) en 1890 un petit pain boulangé à la Noël suspendu à la maîtresse
poutre d’une chaumière, en guise de talisman (R.T.P., t. V. 1890, p. 678). Le
morceau de pain bénit conservé depuis le mariage est placé dans le cercueil
(Dergny, op. cit., t. II, p. 342 ; cantons d’Ambert, Saint-Anthème et
Viverols, Puy-de-Dôme).
116
Réponses de mademoiselle Bittel (n° 45) et de mademoiselle Clévy (n° 48).
117
Réponse de mademoiselle Leclerc (n° 69). Il est bon de noter la grande
ancienneté d’usages analogues. Jane Harrison (Prolegomena... p. 39) cite un
texte de Photius (s. v. μιαρὰ ἡμέρα) où cet auteur, après avoir indiqué que
dans la fête des Anthesteria, le jour de Choes était néfaste et que, ce jour-là,
les esprits des morts visitaient la terre, signale qu’à cette occasion on
enduisait les portes de goudron dès le matin.
118
Dicton rapporté en 1930 par madame Legrand, de Villeseneux. Il est
particulièrement intéressant, car il combine la magie bénéfique du pain, de
la cendre et de la suie avec l’influence du nombre 7.
119
Enquête V du Comité Champenois, n° 4, 21, 22 ; réponses de M.H.
Lallement, à Sommevoire ; faits analogues signalés à Poulangy (Haute-
Marne) par M.D. Sauvage (n° 39), à Joinville-sur-Marne par mademoiselle
Bittel (n° 45) et mademoiselle Clévy (n° 48), et par M. Jean Marchal à
Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne).
120
Guillemot, op. cit., p. 280.
121
Réponses nos 99 et 126 à l’enquête champenoise.
122
Références dans Carnaval et les Feux de Carême... page 62.
123
Sur les gars coureurs de fileries, v. en particulier la chanson populaire de
Haute-Bretagne publiée par Ad. Orain dans Mélusine, t. IV, col. 377-378.
L’opposition des deux groupes sexuels de jeunesse et le caractère
agonistique de leur confrontation y sont très apparents.
124
T. I, col. 570-578 ; François Bonnardot, les Day’mans en Lorraine ; t. II,
col. 327 el suiv. : V. Laurent et N. Haillant, les Ventes d’Amour. L’ancienne
localisation dans la Marne et une description sont données par Guillemot,
op. cit., p. 308 et suiv. Dans Terres lorraines d’E. Moselly (Paris, 1907), ce
sont les dayeuses qui parlent de l’extérieur.
125
Wald und Feldkulte, t. I, ch. V « Fiançailles de mai » et t. II p. 288 et suiv.
126
Op. cit. t. X, Balder the Beautiful, p. 109 et suiv.
127
Le texte suivant est extrait de la réponse n° 101 (cf. Carnaval et Feux...
p. 57) et se rapporte à la commune de Bourmont. L’auteur est M. Hugueny,
alors élève de l’Ecole Normale de Chaumont.
128
Si le dônage a ici lieu en fin du Carnaval, nous verrons plus loin qu’il était
souvent transféré à d’autres fêtes traditionnelles.
129
Cf. Carnaval et les Feux... p. 59 et suiv.
130
Xavier Thiriat, Mélusine, t. I ; col. 454. Même dicton en Basse-Bretagne,
d’après Sauvé, Mélusine ; t. III, col. 377 : « D’aucuns vont même jusqu’à
dire qu’elle ne crie pas seulement la chouette, mais qu’elle devient bel et
bien cet horrible oiseau après sa mort. »
131
Cette association du feu de brandons et de la fécondité des jeunes couples
est nettement apparente dans le cas du « rolli » ou brandon des jeunes
mariés en Roannais (v. ch. V, p. 178).
132
Carnaval et Feux de Carême... pp. 27-36 et passim.
133
La coutume s’appliquait également aux mauvais payeurs. C’est ainsi que
s’explique, à notre avis, le titre étrange d’un registre municipal de la ville
d’Agde, allant de 1441 à 1589, le Libre del Ase (Livre de l’Ane). M. le
docteur Picheire, qui l’a analysé, a relevé qu’il s’agit avant tout des
débiteurs de la ville.
134
Op. cit., p. 26 et suiv., et p. 34 (caractère satirique des mannequins).
135
C’est ainsi que, dans une des communes, une dame X... de la bourgeoisie
locale, s’affichait avec un bellâtre, M.. Z... que son goût des cosmétiques
avait fait surnommer Pommadin ; le mardi-gras, deux mannequins, au
milieu de l’hilarité générale, furent promenés, figurant Pommadin et
madame X...
136
Réponses de M. Varlet (nos 3, 5, 6), communes de Dontrien, Beine et
Moronvilliers ; réponse de M. Jules Carlier (n° 24), communes de
Hannogne-Saint-Rémi. Seuil et Monthois, Ardennes.
137
Il y a lieu d’être circonspect quant au contenu de cette notion. Notre société
paysanne a été très diversement marquée par l’éducation religieuse. Celle-ci
semble avoir été plus strictement observée dans les provinces où se sont
affrontés catholicisme et protestantisme. D’autre part ce que la tradition
interdit avant mariage aux deux catégories d’âge nubiles, c’est la
procréation, et pas nécessairement la relation sexuelle (cf. docteur Marcel
Baudouin : Le Maraichinage, coutume du Pays de Monts, Vendée, Paris,
Bossuet, 1932). Dans nombre de provinces françaises ces relations semblent
plus largement tolérées que le comportement apparent ne le laisserait
supposer. Il est certain que, dans les campagnes comme dans les villes, les
réjouissances des jours-gras étaient l’occasion de bien des accrocs. C’est
ainsi qu’à Cimiez la jeunesse niçoise tenait, le dimanche des Brandons, le
« bal des reproches », où les amoureux avaient loisir de s’accuser
mutuellement de leurs infidélités, et de refaire la paix.
138
Frazer a longuement établi cette filiation, rattachant ces divers mannequins
aux géants d’osier des sacrifices druidiques, op. cit., Balder the Beautiful, t.
II, p. 31 et suiv. Les géants d’Ypres Cassel et Hazebrouck figuraient dans
les cortèges du mardi gras : cf. madame Clément, Hist. des Fêtes civiles et
relig. de la Belg. mérid., etc. Avesnes, 1846, p. 252 ; de Reinsberg-
Duringsfeld, Calendrier belge, Bruxelles, 1861-1862, t, I, p. 123-126 ;
commenté par Frazer, loc. cit., p. 35.
139
Réponse de M E. Lefebvre (n° 87), communes de Grougis, Aison. ville,
Vadencourt, Bohain.
140
Cf. Marcel Granet : La Religion des Chinois, Paris, 1922, p. 7 et suivantes.
141
Cf. Frazer, Bouc Emissaire, éd. franç., Paris, Geuthner, 1925, p. 329 : « Ces
drames sacrés... n’avaient nullement pour but d’amuser ou d’instruire des
auditeurs désœuvrés... ; c’étaient des rites solennels qui copiaient les gestes
des êtres divins ; l’homme s’imaginant que, par de tels simulacres, il
pouvait s’arroger les fonctions divines, et les mettre en œuvre pour le bien
de ses semblables. C’étaient, croyait-il, des personnages mythiques, ayant
avec lui beaucoup de ressemblance, qui effectuaient les opérations de la
nature ; et, si seulement il pouvait s’assimiler complètement à eux, il
deviendrait capable de disposer de toute leur puissance. »
142
Cf. P. Sébillot : Gargantua dans les Traditions populaires, Paris,
Maisonneuve, 1883. On sait la persistance do croyances et de pratiques
attribuant aux mégalithes un rôle fécondant.
143
Cf. Clemen, in Archiv für Religionswissenschaft, 1914, commenté par
Oscar Almgren, Hâllristningar och Kultbruck, Stockholm, 1926-1927, p. 23
et suiv. Ce dernier auteur remarque avec juste raison que les chars
carnavalesques étaient souvent en forme de bateau, et publie une
photographie du char de la Reine des Reines de Paris en 1921 (p. 25).
144
Cité par O. Almgren, op. cit., p. 57-58 ; cf. C.E. Papst : Bunte Bilder, das ist
Geschichten, Sagen und Gedichten nebst sonstigen Denkwürdigkeiten
Ehstlands, Livlands, Kurlands und der Nachbarlande, Reval 1856.
145
Les Contes de Perrault et les récits parallèles, Paris, 1923.
146
Cf Henri V. Vallois, Anthropologie de la population française, Coll.
« Connais ton Pays », Paris-Toulouse, Didier, 1943.
147
La recherche des textes mentionnant ce jeu a. été faite et publiée par L.
Gougaud, La Soule en Bretagne et les Jeux similaires du Cornwall et du
pays de Galles, in Ann. de Bret., public. de la Fac. des Lettres de l’Univ. de
Rennes, 1911-1912, p. 571 et suiv. Le travail le plus récent sur la question
est un article de M. Van Gennep, A propos de la soule dite bretonne, in Le
Folklore vivant, t. I (1947) fasc. I, Paris, Editions Elzévir, p. 79 et suiv.
Nous discutons cet article dans notre livre sur Les Méthodes en Folklore,
ch. VI.
148
Sur cette croyance australienne, v. C. Strehlow, Die Aranda — und Loritja-
Stæmme in Zentral-Australien, Francfort-sur-Le-Mein, s. d., p. 14. Cf.
Edwin Sidney Hartland, Primitive Paternity, 2 vol., Londres, 1909 ; il
établit une très large comparaison systématique avec le folklore européen.
Sur la fécondation par les mégalithes, v. Paul Sébillot, Le Paganisme
contemporain chez les peuples celto-latins. Paris, 1908, p. 5, Le Folk-lore,
Paris, 1913, p. 179-180.
149
Cf. Henri Hubert, Les Celtes depuis la Tène et la Civilisation celtique, Coll.
de l’Evolution de l’Humanité, Paris, 1932, p. 280.
150
H.-Ch. Puech, communication inédite aux Troisièmes Journées de Synthèse
Historique, consacrées à la civilisation occitane (Paris, 1945-1946).
151
Cf. Jane Ellen Harrison, Prolegomena to the Study of greek Religion, 2e éd.,
Cambridge, 1908, p. 176 : « The Ker as Harpy and Wind-Demon. » La
littérature folklorique moderne sur ce même thème est abondante. R. de
Westphalen, Petit Dictionnaire des Traditions populaires messines, s. v.
Accouchement (col. 7), rapporte : « Attendait-on un accouchement dans une
famille, il était d’usage de blanchir au lait de chaux les croix peintes au-
dessus des portes extérieures de la maison ; de mettre dans le lit de
l’accouchée un livre de prières, afin d’éloigner d’elle toute influence du
démon... Chaque personne étrangère qui rendait visite à une accouchée
devait tremper les doigts dans de l’eau bénite, lui offrir cette eau et toutes
deux faisaient le signe de la croix. » Sur le diable voleur d’âmes, v. Lucien
Decombe, Le Diable et la Sorcellerie en Haute-Bretagne, Mélusine, t. III
(1886-1887), col. 62 ; Adolphe Orain, Le monde fantastique en Haute-
Bretagne, Melusine, t. IV (1888-1889) col. 110-111. Dans son Folklore de
France, t. I, p. 161, P. Sebillot note : « Dans le pays de Fougères, les mères
avant leurs relevailles, et les enfants avant leur baptême sont toujours en
danger quand ils se trouvent la nuit hors de la maison, même lorsque le
nouveau-né est porté à l’église pour être baptisé, parce que le malin esprit
court les champs d’un Angelus à l’autre ; mais il est sans pouvoir s’il y a
dans la compagnie un homme âgé de vingt et un ans accomplis... »
152
Rev. d’Hist. de l’Eglise de France, t. XXXI, n° 119, juil.-déc. 1945, p. 290.
153
Sur ces divers faits, descriptions dans Dieudonné Dergny, ouvr. cité. cité.
154
Sur la « trimousette », v. une note précise de mademoiselle G. Maillet dans
le rapport sur la première enquête du Comité du Folklore champenois,
Bulletin de ce Comité, Châlons-sur-Marne, première année, n° 2, p. 9.
155
Sur le rôle des enfants à celte fête, V. Beauquier, Les rois en Franche-
Comté, Revue des Traditions populaires, t. XIV, p. 673.
156
Ad. Orain : Croyances et superstitions d’Ille-et-Vilaine, Mélusine, III, c.
196.
157
Lionel Bonnemère, in. Rev. des Traditions pop., t. V, 1890, p. 677.
158
Op. cit., col. 431.
159
Réponse n° 143 à l’enquête I de la C.R.C.
160
Cf. A. Varagnac, Architecture et tradition, revue L’Homme et l’Architecture,
nos 5-6 nov.-déc, 1945, p. 5-7.
161
Cette disparité de fonctions n’apparaît pas, notamment dans le Manuel de
M.A. van Gennep (t. I, p. 211) : « A un autre type encore de groupement
des filles appartient celui qu’avec Dergny on peut appeler les Filles du
Vœu... » Dergny, avec raison, n’employait l’expression qu’au singulier (ouv.
cité, t. II, p. 88 et suiv.).
162
La vie rurale dans l’ancienne France, p. 283, note 2.
163
« Ce cierge dont le poids varie ordinairement de quinze à vingt livres,
atteint à Mouchy celui de vingt-cinq livres. Toujours il est décoré de divers
festons et orné d’un bouquet et quelquefois d’une couronne. Chaque fille du
vœu dépose son cierge à l’église de Cuverville, pour être allumé aux offices
du dimanche et à ceux des fêtes. » (Note de Dergny).
164
Dergny, op. cit., t. II, p. 88 et suiv. Force nous est de constater que M. Van
Gennep (loc. cit.) a en partie tronqué ou résumé ce morceau, bien que le
présentant entre guillemets, comme une véritable citation.
165
A. Van Gennep, op. cit., t. I, p. 212.
166
Au bas de la lithographie on lit une explication rimée :
« ... Les filles à l’envie (sir) dans un brillant banquet,
De leurs vœux, de leurs fleurs lui forment un bouquet.
Et, donnant à la fêle un plus grand lustre encore,
Elles-mêmes lui ceignent l’écharpe tricolore...
167
Les grandes heures de Rohan, Genève, Skira, 1943.
168
L’ « escouave » ou « escouve » dans la langue juridique et la toponymie du
Nord de la France, Revue du Nord, août-novembre 1936.
169
A Varagnac, A propos des Bonnets verts, Rev. de Folkl. franç. et de folkl.
colonial, t XI, n° 3, juillet-septembre 1940, p. 126.
170
Cf. Aug. de Salles, Histoire du bienheureux François de Sales, Paris, 1870,
t. I, p. 364 : « Il y avait en la ville d’Anicy (Annecy) une coustume profane,
approchant le temps de Carnaval, que les jeunes fripons et débauchez
alloyent par les rües, baillans aux hommes et aux femmes des bullettes de
papier, d’armesin, ou de sattin, dans lesquelles estoyent escrits les noms des
hommes et des femmes, mais principalement des garçons et des filles, que
celles-ci appelloyent leurs Valentins et ceux-là leurs Valentines. qu’ils
estoyent obligez de conduire au bal et de servir tout particulièrement le
reste de l’année. Avec quel scandale et ruyne du salut des âmes, il ne se
peut bonnement dire : car on estoit contrainct d’aller aux assemblées des
meschans et enfans perdus ; d’où venoit que la piété estoit aussi tost bannie
des esprits les mieux cultivez, et les dissolutions estoyent entretenuës, mais
sur tout les vices de la chair. Le bienheureux François, voulant apporter du
remède à ces maux, monta aussi tost en chaire, reprist aigrement ces
insolences et débauches, les déffendit par édict public, implorant mesme
l’aide du bras séculier, et ordonna qu’au catéchisme on distribueroit les
noms des saincts et des sainctes ausquels les chrestiens auroyent une
particulière dévotion tout le long de l’année ès congrégations des Pères de
la Compagnie de Jésus : et de ceste institution il a esté faict que, s’il n’a pas
du tout aboly ceste meschante coustume, à tout le moins il l’a de beaucoup
diminuée, et apporté un grand accroissement à la piété. »
171
P. Fortier-Beaulieu, ouvr. cité, p. 98.
172
Ibid, p. 70.
173
Questions romaines, L XXX VI.
174
Fastes, VI. 219-234.
175
V. encore : Docteur Marcel Baudouin, Le Maraichinage coutume du pays
de Monts (Vendée), Paris, s. d.
176
On pourrait même admettre que la cavalcade du mardi-gras qui clôt les
festivités masquées, annonce le futur caractère de cavalerie que prendra, en
avril, la jeunesse masculine.
177
Ce type de fête ne se limitait nullement à ces régions Nous avons signalé le
fait pour la commune de Bourg-Saint-Bernard (Haute-Garonne). Beauquier,
dans la Rev. des Trad. populaires (t. XIV, p. 311) signale une véritable
bachellerie à la plus importante foire de la Comté, qui se tenait à Port-sur-
Saône le 13 mai. Plantation d’un pieu enrubanné, puis course à cheval pour
l’arracher et le conserver jusqu’à la première auberge. Le vainqueur
recevait une couronne de laurier et, outre des redevances des cabaretiers,
toutes les marchandises étalées après le coucher du soleil lui appartenaient
Son cheval pouvait paître toute l’année dans la prairie où il avait gagné la
course. Ce dernier trait nous semble confirmer l’importance cérémonielle
que nous attribuons au cheval.
178
Les bachelleries du Poitou, du Berry et de l’Angoumois : Melle, chez
l’auteur, avoué honoraire, 1933.
179
Horace et les Curiaces, Paris, Gallimard, 3e édition, 1942.
180
Caractères originaux de l’Histoire rurale française, Oslo, Paris, 1931.
181
Nous avons signalé au début du précédent chapitre la Fête du Pré à Bourg-
Saint-Bernard (Haute-Garonne).
182
Op. cit., s. v. Basse-Loi, col. 37-38.
183
Das Amecht, eine folkloristische Studie, Luxembourg, Schroell, 1933, 28
pages. On ne saurait s’empêcher de rapprocher la périodicité (tous les cinq
ou six ans) de l’Amecht et celle (quinquennale) des sacrifices humains faits
par les Druides (Cf. Frazer, op. cit., c. XI, p. 32), ainsi que leur caractère
pénal : Supplicia eorum, qui in furto aut in latrocinio aut aliqua noxa sint
comprehensi, gratiora dis immortalibus esse arbitrantur (César, Bell. Gall.,
VI, 16).
184
Les autres prohibitions étaient les suivantes : défense de bavarder et
d’aborder les membres de l’Amecht par d’autres paroles que celles-ci
« Loué soit Jésus-Christ ! » ; défense d’injurier les autres défense de
manquer les réunions de l’Amecht ; interdiction de commettre le moindre
manquement à l’égard des prescriptions édictées par l’Amecht (p. 12).
185
T. IV, 1809, p. 103. Sur ce personnage, cf. A. Lefort, Hist. du Dép. des
Forêts. 1905.
186
Paris, Maisonneuve, 1942.
187
P. 181.
188
Cf. Henry Fournier : La justice des Bonnets-Verts à Bourges, Bourges,
1868 ; Charles Gabillaud, la Justice des Bonnets-Verts en Berry, Revue de
Folklore Français, t. XI, 1940, fasc. 3, p. 81 et suiv.
189
« Pendant le moyen âge... les mêmes nécessités de défense collective
déterminèrent la création de groupements de célibataires entraînés au
maniement des armes, notamment au tir à l’arc et à l’arquebuse pour les
piétons et non-nobles ; au maniement de l’épée et de la lance pour les
nobles et les cavaliers. » (A. Van Gennep, op. cit., I, p. 200).
190
F° 149, recto (communiqué par M. le docteur Picheire). Agde joua à
plusieurs reprises un rôle militaire au cours des guerres de religion. Les
consuls veillaient à son armement en réclamant de tout nouveau bourgeois
le don d’une arme. Le docteur Picheire signale : « Les consuls d’Agde
s’efforçaient aux environs de 1450 d’augmenter les moyens de défense de
la ville ; l’occasion de tous les octrois de droit de cité, c’étaient des lances,
des épées, des arbalètes, surtout, avec flèches et carquois, que l’on
demandait aux impétrants... En 1465 nous possédons une bouche à feu... ;
quelques années après, c’est quatre « bombarda grosses do fer et una
colebrina de fer. »
191
M. Lucien Febvre, auquel j’ai communiqué ce texte, me signale qu’il
indique également l’intérêt que l’autorité royale attachait à ces abbayes
comme sociétés de pensée. La Réforme ni l’Eglise catholique ne
négligeaient l’appoint que de tels groupements — d’ailleurs de valeur
militaire — pouvaient apporter à l’un ou à l’autre parti. Agde, du reste, était
une place fort disputée pendant ces guerres de religion.
192
Notons cependant la très utile compilation de J. Vandereuse : Le rôle des
nouveaux mariés, Collection Leuridant, Van Campenhout éditeur,
Bruxelles, s. d.
193
J. Vandereuse, op. cit., p. 532, citant le journal L’Education populaire, de
Charleroi, n° 12, 22 mars 1894.
194
Cf. l’expression populaire « le diable et son train ».
195
Ibid., p. 338-359.
196
Ibid., p. 537, d’après le Bull. de la Soc. verviétoise d’Archéol., et d’Hist., t.
I, p. 217.
197
D. Dergny Us. coût. et croy., Abbeville, t. II, 1888, p. 387.
198
Le tableu de la bido del parfet crestia, que represento l’exercici de la fe
acoumpagnado de las bounos obros... Toulouse, 1673, reproduit dans J.
Beauquier, Les Superstitions toulousaines au XVIIe siècle, Mélusine, t. I,
col. 523-529.
199
Carnaval et Feux de Carême... p. 39 et suiv. Les textes cités sont extraits
d’une réponse due à mademoiselle Brulfer, de Thaas (n° 33).
200
The Scapegoat, Golden Bough, t. IX, p. 183.
201
Frazer, Golden Bough, II, 313 sq., et V. 263.
202
Romania, t IX (1880) p. 570.
203
« L’année dite « matrimoniale » commence avec le Carême » P. Fortier,
Beaulieu, ouvr. cité, p. 352.
204
Reproduit dans la R.F.F. et F.C., t. V (1934), n° 2, p. 104, par les autres
correspondants de P. Fortier-Beaulieu.
205
Ouvr. cité, p. 343 et suiv.
206
C.R.C., enquête n° 1, réponse n° 246.
207
P. Fortier Beaulieu, ouv. cité, pp. 342 et 345.
208
Même coutume à Aboën ; si des étrangers coupent la « latte, les jeunes gens
perdent le dîner que les mariés leur devraient le dimanche suivant (p. 346).
209
Ibid. p. 347 et suiv.
210
Réponse n° 380 au questionnaire n° 1 de la C.R.C., par M. Castel, excellent
observateur local, instituteur à Crampagna par Varilhes (Ariège).
211
Ouv. cité, p. 540.
212
D’après Wallonia, t. v. (1897) ; p. 171 ; Vandereuse, ouv. cité, p. 534. Les
italiques ne sont pas dans le texte.
213
E. Traver, ouvr. cité, p. 22.
214
R. Traver, ouvr. cité, p. 23-24.
215
Carnaval et Feux de carême... p. 39-40.
216
Vandereuse, ouvr. cité, p. 535.
217
Ibid., p. 531.
218
Ibid., p. 534-535.
219
Ibid., p. 535, cf. notre chapitre IV.
220
Ouvr. cité, p. 344, réponse relative à la commune de Renaison.
221
Vandereuse, ouv. cité, p. 533.
222
Ibid., p. 531.
223
Léo Desaivre, A propos du saut de Verruyes. Bull. de la Soc. de Statist. des
Deux-Sèvres, Niort, 1876.
224
A. de Nore, Coutumes, mythes et traditions des provinces de France, Paris-
Lyon 1846, p. 69-70.
225
Contrib. au Folkl. de l’Aude, 1899, p. 12.
226
Ed. de la revue Folklore, Carcassonne, s. d.
227
Vandereuse, ouv. cité, p. 540, d’après J. Thisquen, Hist. de la ville de
Limbourg. Verviers, 1908, t. II, p. 106. Sur la Cour du Coucou, v.
Vandereuse, ibid. p. 532.
228
Questionnaire I de la C.R.C., réponse n° 342 : anonyme, à Orsonnette (Puy-
de-Dôme). Certains correspondants avaient voulu l’anonymat,
229
Sur cette notion, v. tout le Golden Bough de Frazer, et en particulier son
Scapegoat.
230
R.F.F. et F.C., oct.-décemb. 1941, p. 189 (archidiaconé de Beaune) p. 191
(paroisse de Vergisson, Saône-et-Loire), début et fin du XVIIIe siècle.
231
Réponse n° 235 à la première Enquête de la C.R.C., par M. Magnien, à
Laviron, Doubs.
232
E. Traver, ouv. cité, p. 39.
233
Ouvr. cité, p. 40.
234
Revue mensuelle, Albi, 35, place F. Pelloutier ; n° 45, septembre 1943, p. 4,
sous le titre : Lou Rei dels Jovents.
235
Cette distinction vise sans doute des cas de mariage en dehors de la
commune, cas où vraisemblablement l’un des conjoints reste imposable par
cette juridiction juvénile de sa commune natale.
236
E. Traver., ouv. cité, p. 17.
237
Réponse de M.L. Fraisse (n° 91) à la première enquête de la C.R.C.
238
Réponse de N.A. Hugon, institutrice, première enquête C.R.C., n° 165.
239
Réponse de M. René Rousseau (n° 81) à l’enquête du Comité du Folklore
Champenois sur les feux traditionnels.
240
Réponse de M. Vuillemin, instituteur (n° 230) à la première enquête de la
C.R.C.
241
Vandereuse, ouvr. cité. p. 533, d’après Wallonia, t. VII (1899) p. 55.
242
Tournus, Renaudier, 1935, p. 36 et suiv.
243
Témoignage de M. Joseph Pirot, instituteur retraité, à la Châtre.
244
Témoignage recueilli sur place en 1937.
245
Théâtre français au Moyen-Age, ed. Monmerqué et Francisque Michel,
Paris Didot, s. d. ; pp. 55 et 61.
246
F. Fortier-Beaulieu, ouvr. cité, p. 219.
247
Introduction aux Etudes sur l’Histoire des Institutions primitives, par
Sumner Maine, Paris, 1880, p. VIII.
248
Edition de Robillard de Beaurepaire, Caen 1892, p. 72.
249
Alex Sorel, La Picardie, t. I, p. 182 et suiv. Cf. Jusserand, Sports et jeux
d’exercice, Paris, 1901, pp. 265-6 et 283.
250
Guillemot (ouvr. cité, p. 167 et suiv.) se réfère à un livre ancien : abbé Bour,
Marson d’hier et d’aujourd’hui, dont il a contrôlé les indications par une
enquête personnelle auprès des vieillards du village. Son ouvrage est de
1908. Il rapporte le témoignage d’un « vétéran de la paroisse » qui lui a
relaté les dires de sa bisaïeule. En supposant que l’informateur était alors
septuagénaire, la tradition orale devait remonter à la fin du XVIIIe siècle.
251
D’après Soutif, Chants du Val de Loire, communiqué par M. Edeine, à
Romorantin, réponse n° 305 à la première enquête de la C.R.C. Le cri
champenois « Cent mille » était peut-être plutôt « sans mil ».
252
J. Vandereuse, ouv. cité, p. 539, décrit la cérémonie au présent.
253
Ouv. cité, t. II, p. 362.
254
Cf. A. Van Gennep. Les rites de Passage, Paris, 1909, p. 14.
255
Ouv. cité, p. 248.
256
Olivier de Serres indique la traditionnelle répartition sexuelle de ce
commandement : « ... L’antiquité a donné à la Femme la charge de la
maison, et à l’Homme, celle de la campagne [...] ce sera donc la mère de
famille qui disposera de la distribution des vivres et de l’ordinaire de la
dépense », Théâtre d’Agriculture, I, VIII.
257
Cf. Faucher, communication aux Troisièmes journées de Synthèse
historique (juin 1945).
258
M.G..., de Marnaz, a environ soixante ans. Le linteau de sa porte est décoré
d’une couronne de Saint-Jean, usage qui se remarque sur quelques autres
raisons de la localité. Autrefois, nous a dit M.G... tout le monde le faisait :
lui-même aurait continué « parce que son fils s’appelle Jean ».
259
Cf. A. Varagnac, Costumes nationaux, Paris, Hypérien, 1939, p. 10.
260
Cf. A. Varagnac, Architecture et Tradition, revue l’Homme et l’Architecture,
43, rue Gazan, Paris, n° 5-6, nov.-déc. 1945, p. 6.
261
Qu’on se rappelle la fin de la ballade du roi des Aulnes :
... Erreicht den Hof mit Mühe und Not...
262
Comtesse Jean de Pange, Ornements primitifs sur les parois extérieures de
maisons paysannes alsaciennes. L’Art populaire en France, 1929, p. 217-
220.
263
Cf. Frédéric Lefevre, Samson, fils de Samson, histoire d’une famille de
sorciers, Paris, 1930 ; excellent témoignage sur le rôle social du bon sorcier.
264
Enquête n° 2 de la C.R.C.
265
Carnaval et Feux de Carême... p. 35 et 36 (note 1).
266
Enquête n° 1 de la C.R.C., réponse n° 39.
267
Fêtes de Dames et de jeunes filles, La Croix, 24-25 octobre 1937.
268
Les jeunes mariées jouent vis-à-vis des autres mariées un rôle éminent
comparable à celui des jeunes mariés vis-à-vis des hommes mariés dans les
fêtes décrites précédemment.
269
Beauquier, Les mois en Franche-Comté, R.T.P.. t. XIV, p. 299
270
On se souviendra du caractère infamant de la promenade sur une charrette ;
cf. p. 169.
271
Extrait de la Statistique générale de la France, année 1808, publié par
Mélusine, t. I, col. 94 : « Si les époux sont tous les deux dans l’état de
veuvage, il n’y a point de charivari. »
272
Op. cit., s. v. Bataille, col. 38.
273
Ouvr. cité, pp. 67-74. L’action se passe dans un village du Bas-Maine,
région dont l’auteur est originaire.
274
Paris, Toulouse, 1912, p. 26 et suiv.
275
M... Histoire de la Ville de Montagnac, Béziers, 1843, p. 197, cité par Eug.
Rolland, Symboles juridiques, Mélusine, III, col. 214. L’auteur n’a pas
compris la valeur symbolique du chapeau, aussi en attribue-t-il le choix à la
pauvreté de la veuve, et l’efficacité à la sensibilité des enfants.
276
Ouvr. Cité, t. II, pp. 267-269.
277
Réponse n° 296, par mademoiselle G. Nicolas, à Ciez.
278
Ouv. cité, p. 224.
279
Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes comparés avec les
traditions, légendes et contes de divers pays, Charleville, 1890, p. 84.
280
R.T.P., t XII, p. 636 et p. 532.
281
Ouvr. cité. t. II, p. 387-388.
282
Frazer, dans son commentaire du mythe (Golden Bough, II, 301) se borne à
le rapprocher des récits où une princesse et un trône sont le prix d’une
course, et où les vaincus sont décapités.
283
Ouvr. cité, t. II, p. 387.
284
Témoignage fourni par madame G. Quénard, originaire d’une famille de
Louin.
285
Ouvr. cité, II, p. 386-387.
286
Ibid., p. 270-271 : moitié Nord des arrondissements des Sables-d’Olonne,
vallée de la Vie et de la Roche-sur-Yon. Le Poiré, Saint-Fulgent, Les
Herbiers (Bocage Vendéen) ; Loire-Inférieure, aux confins de la Vendée ;
Maine-et-Loire, canton de Montfaucon.
287
Réponse n° 155 à la première enquête de la C.R.C., par R. Imbaud,
instituteur, p. 2.
288
Réponse n° 105 à la première enquête C.R.C., par G. Bernot, instituteur.
289
Réponse n° 163 à la première enquête C.R.C., par M. Merlin, instituteur.
290
Desforges, R.F.F. et F.C., juillet-octobre 1935, p. 236.
291
M. Paul Fortier-Beaulieu a publié des récits où celle remise d’autorité
donne lieu à une scène d’une émouvante simplicité, ouvr. cité, p. 249 et
suiv.
292
Témoignage de madame Julie Regnault, originaire de cette localité, et
relatif aux premières années du XXe siècle.
293
Le Morvan, mœurs, coutumes, langage, historiettes, légendes, croyances
populaires, topographie, histoire, monuments, Château-Chinon, 1902,
p. 65-67.
294
Couroi et Courètes, Lille, 1939, p. 23. M. Jeanmaire remarque : « En tant
que tribunal [le conseil des Anciens] représente beaucoup plutôt la justice
de la collectivité que celle du roi. » Il avait noté, plus haut : « D’une part
des chefs, héréditaires ou élus, de groupes définis et hiérarchisés ; de l’autre
une autorité collective exercée par des notables et des dépositaires d’une
longue expérience, au nom de la collectivité à laquelle ils appartiennent. »
295
Mireille, éd. Lemerre, Paris, s. d., note p. 493-497.
296
T. IV, col. 358, strophes 9-13.
297
Paris, Champion, 4e éd., 1928.
298
Ouvrage cité, I, 272 et 286.
299
Légendes et traditions populaires de la Côte-d’Or (étude de folklore),
Dijon, 1929, p. 32.
300
« Les enfants coupent une mèche de cheveux au défunt et lui placent dans
la main gauche un gros sou pour l’aider à franchir la porte du Paradis » En
note : « Cette coutume s’observe encore de nos jours. » (Le Morvan,
Château-Chinon, 1902, p. 64).
301
Antonin Perbosc, Mythologie populaire : Le Drac, R.F.F. et F.C., janv.-mars
1941, p. 15.
302
P. 193.
303
Par exemple les voisins malhonnêtes qui, ayant déplacé des bornes, sont
obligés de les porter jusqu’à ce qu’elles soient exactement remises en place
(Lég. de la Mort, I, 28-29).
304
V. par exemple La Fille au linceul, Lég. de la Mort, I, 320 sq.
305
La légende de La Fille à la robe rouge (II, 298) met en scène une morte
coquette qui revient se parer de ses plus belles robes, et a même conservé
son ancienne prédilection pour l’eau-de-vie, grâce à quoi le recteur parvient
à l’exorciser.
306
Cf. H. Hubert, ouvr. cité, II, p. 231.
307
Cf. Marie-Louise Sjoestedt, Dieux et héros des Celtes, Paris, 1940, p. 115.
308
La stèle du danseur d’Antibes et son décor végétal, Paris, Geuthner, 1942,
p. 26-27. Sur les origines des croyances correspondantes : ibid. p. 10 et
suiv.
309
Enquête n° 1, réponse n° 40. M. Aucordier était instituteur au Massoubrot,
par Saint-Martin-Château.
310
Dieux et héros des Celtes, p. 47.
311
Cf. Bull. du Cté du F. L. Champenois, nos 2 et 3. Juillet-Décembre 1930, et
A. Varagnac, Définition..., p. 37 et suiv.
312
Maurizio, Histoire de l’Alimentation végétale. Paris, 1932, troisième partie,
chap. IV. : Les bouillies de millet et de sarrazin.
313
Arnaudin, Contes populaires de la Grande-Lande, Paris-Bordeaux, 1887,
p. 89 ; J.F. Bladé, Contes populaires de la Gascogne. Paris, 1886, t. III,
p. 78.
314
Edwin Sidney Hartland, Primitive Paternity, the myth of super. natural birth
in relation to the history of family, London, 1909, 2 volumes.
315
Corpus du Folklore préhistorique, Paris, Nourry, 3 vol, 1934-1936.
316
Divinités gauloises, Mâcon, Protat, 1925
317
Dieux et héros des Celtes, Paris, Leroux, 1940, p. 26-27.
318
Ouvr. cité, chapitre consacré aux origines rituelles de la geste de Thésée,
p. 333.
319
Ibid., p. 28.
320
Ouvr. cité, p. XIV et suiv.
321
Cf. Ph. de Félice, Poisons sacrés, ivresses divines, Paris. 1936.
322
Marguerite Marie du Muraud, Dans les pas des Anciens, Limoges, 1933.
323
Marcel Granet, La religion des Chinois, p. 7 et suiv.
324
Henri Stern, Eustache le Macrembolite et le « Printemps » de Botticelli, in
L’Amour do l’Art, Paris, t. XXVI (1946), n° Celte étude par son exclusive
référence à des textes savants, montre comment le folklore pourrait servir
l’histoire de l’art.
325
Madame Lahy-Hollebecque nous avait montré les dossiers d’un travail sur
la Croisade des Enfants, malheureusement brûlé depuis par les Allemands.
Le regretté Paul Alphandéry avait traité le même sujet dans l’un de ses
cours.
326
Cf. Charles Parain, Une vieille tradition démocratique : les Assemblées de
Communauté, in La Pensée, n° 4, 1945, p. 43-48.
327
Henri Hubert avait cru pouvoir rattacher à un tel type de sociétés la
formation des cultes de héros ; malheureusement son investigation ne s’était
pas orientée vers les catégories d’âge. Cf. Préface au Culte des Héros et ses
conditions sociales par S. Czarnowski, Paris, 1919. V. en particulier p.
XXXV. « Ce sont les sociétés où la vie religieuse ne se détache pas de
l’ensemble de la vie sociale qui se donnent des héros et instituent des cultes
héroïques. » A vrai dire les catégories d’âge ont fait durer jusqu’à nous ce
type d’organisation « où la vie religieuse ne se détache pas de l’ensemble de
la vie sociale », — que les cultes héroïques en aient été ou non le résultat.
328
Ouvr. cité, p. 62.
329
Compte tenu des importantes enclaves de la zone de tuiles plates dans ces
régions. V. Gabriel Jeanton, Enquête sur les limites des influences
septentrionales et méditerranéennes en France, Dijon, 1936 et 1938.
330
Altgermanische Jünglingsweihen und Maennerbünde, Vienne, 1927.
331
Kultische Gcheimbünde der Germanen ; Frankfurt a Mein ; 1934.
332
Horace et les Curiaces, Paris, Gallimard, 1942.
333
Cf. Dumézil, ouvr. cité p. 89.
334
Ouv, cité, p. 110.
335
Cf. Jeanmaire, op. cit., p. 77.
336
Ibid.. p. 63.
337
Cf. Définition, p. 64 et suiv.
338
V. au chapitre suivant p. 323, la citation de Vidal de La Blache, d’après le
comte Bela Szechenyi.
339
Max. Sorre, Les fondements biologiques de la Géographie humaine, p. 138.
340
Bull. du Com. du Folklore champenois, première année, 1930, n° 3, p. 16.
341
Cf. Les populations rurales du Puy-de-Dôme, introduction géographique
par Ph. Arbos, Clermont-Ferrand, 1933, p. 4.
342
V. Définition. Note addilionnelle II sur l’Agriculture temporaire, La
Préhistoire et le Folklore, p. 62 et suiv.
343
Sur la reille (regula) v chapitre IX, p. 346, citation d’ilaudricourt.
344
Sur cet usage chez les Germains, v. Tacite, Germania, ch. X.
345
Odes, I. 4, ad Sestiurn.
346
Vidal de la Blache a défini celle notion dans des articles parus dans les
Annales de Géographie, t. XI (1902) et t XX (1911) et dans son ouvrage
posthume : Principes de Géographie humaine. Paris, Colin, 1922 publié par
F. de Martonne. Sur cette question, on se référera également à L. Febvre, La
Terre et l’Evolution humaine (coll. de l’Evolution de l’Humanité), Paris,
1932, p. 83 et suiv., et à l’ouvrage déjà cité de M. Max. Sorre.
347
Principes de géographie humaine, p. 105.
348
Histoire de la création des êtres organisés, trad. franç., Paris, 1884, p. 551.
349
Ouv. cité.
350
P. Vidal de la Blache, op. cit., p. 14.
351
Ibid., p. 30-31.
352
Ibid., p. g.
353
Ibid., p. 23.
354
De la Division du Travail social, deuxième éd., Paris, 1902, p. 93.
355
In Principes..., p. 44.
356
Ibid., p. 44-45.
357
Cf. Legrand d’Aussy, Voyage fait en 1787 et 1788 dans la ci-devant Haute
et Basse-Auvergne.
358
Ouvr. cité, p. 149.
359
Paris, 1931, p. 45.
360
Ibid., p. 65.
361
Sur cette répartition fonctionnelle, v. Malinowski, Coral gardens and their
magic, Londres, 2 vol, 1935.
362
V.L. Randouin et II. Simonnet, Les données et les inconnues du Problème
alimentaire, Paris, 1927 ; L. Randouin, Vues actuelles sur le Problème de
l’Alimentation, Paris, 1937 ; L. Randouin et Pierre Le Gallic, Les besoins
alimentaires varient-ils avec les races ? in L’Anthropologie, t. XLVIII,
janvier 1938, et Race, hérédité et alimentation, Extr. du Rapport du IIe
Congrès intern. do la Société scientif. d’Hygiène alimentaire, Alençon, s. d.
363
Vues actuelles..., p 31.
364
V. Sorre, Fondement biologiques..., ch. V.
365
T. I, 1928, note de la p. 284.
366
Ann. de Géogr., t. XX, 15 juillet 1911, p. 303. Les italiques ne sont pas dans
le texte.
367
Essai sur les Techniques du Corps, Joum. de Psychol., 15 mars 1935.
368
Ann. de Géogr., t. XX, 15 juillet 1911, loc. cit.
369
Catalogue illustré du Musée des Antiquités nationales Paris, 1926, t. I,
p. 233 et suiv.
370
On le prouverait facilement en comparant les diverses notations musicales
correspondant au célèbre chant d’amour attribué Gaston de Foix. Cf.
Pradère, Girou et Melet, Le Chant languedocien et pyrénéen à l’Ecole,
Toulouse, 1935, p. 55.
371
Définition..., p. 28.
372
Ibid., p. 20.
373
The Rise of the Greek Epic., Oxford, deuxième édit., 1911, p. 338.
374
Ibid., p. 337.
375
Pp. 426-434.
376
Nous avons naguère insisté sur ce caractère de l’activité instinctive et de
l’activité humaine archaïque dans un opuscule publié hors commerce :
Instinct et Technique, remarques sur les conditions externes du
comportement humain, Paris, 1929.
377
Quant à désigner ainsi les hommes du paléolithique ancien, en réservant le
terme d’homo sapiens aux populations plus récentes, qui s’en
distingueraient par la vie sociale et le langage, ces hypothèses, empruntées à
Bergson (Evolution créatrice, p. 151) par J. Przyluski (L’Evolution
humaine, Paris, p XXI et passim) sont non seulement invérifiables mais tout
à fait arbitraires.
378
Cf. notre chap. XI au sujet do la « fonction de l’idéal ».
379
L’Ame primitive. Paris, p. 3. Cf. sur le caractère récent de l’opposition
matière-esprit, Marcel Mauss, Conceptions qui ont précédé la notion de
matière, XIe semaine internationale de synthèse, Paris, 1945, p. 18.
380
Cf. A. Varagnac, La nourriture, substance sacrée, Ann. d’Hist. sociale, 3e
année, n° 1-2, janv.-juin 1941, p. 21.
381
Cf. la remarquable enquête poursuivie par M. Gabriel Le Bras. V. son
Introduction à l’histoire de la pratique religieuse en France, Paris,
Bibliothèque de l’Ecole des Hautes Etudes, Sciences religieuses, LVIIe vol.,
1942 et 1945.
382
La civilisation primitive, trad. franc. Paris, 1876 ; 2 vol. Pour cette
discussion, v. en particulier R.-R. Marett, The Threshold of Religion,
London, 1909.
383
Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, 1912.
384
Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures, 3e éd., Paris, 1918,
p. 76-80.
385
Le surnaturel et la nature dans la mentalité primitive. Paris, p. XXXIV-
XXXVI.
386
Introduction à la Psychologie, Paris, Vrin, 1946.
387
Dès notre Définition du folklore (1938) nous avions indiqué cette absence
de connaissance scientifique comme étant le fait essentiel (p. 11-14). Même
indication dans le chapitre (l’Homme et les techniques pré-machinistes) que
nous avions écrit pour l’ouvrage collectif sur L’Homme, la technique et la
nature, Paris, Rieder, préface de Jean Cassou, 1938, p. 51-57.
388
L’Evolution humaine, Paris, Presses Universitaires, 1942, p. 58.
389
Nous empruntons l’expression à l’essai classique de M. Marcel Mauss sur
ce sujet (Journal de Psychologie, 15 mars 1935). Sur la diminution de la
part de l’homme dans la production, v. O. Lippmann, journal de
Psychologie, 15 janvier 1928. Cf. l’ouvrage d’ensemble do Georges
Friedmann : Problèmes humains du Machinisme industriel, Paris,
Gallimard, 1946.
390
Sur les émotions de guerre, v. Dr M. Dide, Les Emotions et la guerre, Paris,
1918.
391
Cf. Marc Bloch, L’Etrange Défaite, Paris, 1944.
392
Tacite (Germania, ch. XLIII) :... Harii super vires... truces incitae feritati
arte ac tempore lenocinantur : nigra scuta, tincta corpora ; atras ad proelia
noctes legunt ipsaque formidine atque umbra feralis exercitus terrorem
inferunt, nullo hostium sustinente novum ac velut infernum adspectum »
Otto Hœfler (ouv. cité p. 167 et note 5) cite très opportunément un
commentateur allemand du XVIe siècle qui révèle l’existence, à cette
époque, de pratiques guerrières identiques ; « ... Nostra aetate militum
manus in inferiori Germania se Diabolos appelarunt, ad incutiendum
terrorem iis adversum quos mittebantur. Vestes erant nigrae, hastae nigrae,
uultus ipsi nihilo candidiores. Et certe multis iuxta nomen perniciem
attulerunt donec crebris bellis consumarentur. » (A. Althamer,
Commentaria Germaniae in P.C. Taciti... libellum de situ, moribus, et
populis Germanorum : 1536, p. 308).
393
La Fascination, in Mélusine, t. VII (1894-1895) et VIII (1896-1897).
394
Sur le mauvais œil dans l’antiquité, on se référera avec profit à O. Jahn.
Ober das Aberglauben des bœsen Blicks bei den Alten. Ber. der Kais.
saechs. Gesellsch. der Wissensch. Wien, 1855 ; Paul Perdrizet, Bull. de
Correspondance hellénique, 1900, p. 292 ; Jane Ellen Harrison,
Prolegomena..., p. 196 ; John C. Lawson, Modern greek Folklore and
ancient greek religion, a study in survivais, Cambridge University Press
1910, pp. 8-15. Cf. Alfred Maury, La Magie et l’astrologie dans l’antiquité
et au moyen âge, ou Etude sur les superstitions païennes qui se sont
perpétuées jusqu’à nos jours, Paris, Didier, 1877 ; Paul Sébillot, Le
paganisme contemporain chez les peuples celto-latins, Paris, Doin, 1908
principalement chapitre VII : La mort.
395
Cf. Apulée, Métamorphoses, I, VIII, § 3-4, éd. Budé, t. I, p. 9 cf.
Marguerite-Marie Du Muraud, Dans les pas des anciens, Limoges 1933,
p. 15, signale qu’en Périgord on préserve du « mauvais œil » des sorciers
les récoltes futures en mêlant à la semence des coquilles d’œufs vidées le
jour du précédent mardi-gras, faute de quoi ce « mauvais œil » pourrait
faire sécher les récoltes.
396
Revue de Fl. fr. et de Fl. col. Nov.-Déc. 1935. p. 263.
397
Léon Gautier, La chevalerie, Paris, s. d., p. 707.
398
Tel est l’enseignement que nous trouvons dans la thèse de Marc Bloch sur
Les rois thaumaturges.
399
Cf. R.R. Marett, From spell to prayer, in The threshold of religion, pp. 29-
72.
400
Ibid., p. XVII.
401
L. Lévy-Bruhl, Le surnaturel... p. XXXIV.
402
Cf. Lucien Febvre, ouv. cité, deuxième partie, t. II ; chapitre III Les appuis
de l’irréligion ; les sciences, p. 412 et suiv.
403
Cf. Les intéressantes analyses de la magie des armes et des charmes, et la
comparaison faite par l’indigène entre la force magique et le jaillissement
de la foudre, dans R.-R. Marett, ouv. cité, p. 64, et suiv., à propos de
l’Arungquiltha australien.
404
Ouvr. cité, p. 32. Nous avons déjà signalé la valeur documentaire de cette
œuvre si curieuse.
405
Cf. Montessus de Bellore, Note sur le Folklore de Toulon-sur-Arroux, in
Revue d’Ethnographie et des Traditions populaires, t. I, 1920.
406
Division du Travail social, deuxième éd., p. 74.
407
Cf. P. Sébillot, Légendes et curiosités des métiers.
408
Paris, 1919, v. notamment p. XXXV, XLVII, LXXXIX.
409
Deuxième année, n° 4 et 5, mars-juin 1931, p. 32-38, rapport d’enquête
rédigé par mademoiselle E. Huard.
410
Ouvr. cité.
411
Œuvres morales et philosophiques translatées de Grec en Français par
Messire Jacques Amyot Paris, 1618, t. II, f° 599 et suiv.
412
Souquet et Edmont, Quelques coutumes des marins d’Etaples, Pas-de-
Calais, Rev. des Trad. pop. T. XXI, 1906, p. 344 et suiv.
413
Loc. cit., f° 605, § c.
414
Cf. Folklore et Psychotechnique. Note additionnelle I, in Définition..., p. 55
et suiv., et notre chapitre sur L’Homme, et les techniques pré-machinistes,
in : L’homme, la technique et la nature, p. 53 et suiv. : cf. Friedmann,
L’homme et le milieu naturel, in Hommages à Marc Bloch II, Ann.
d’histoire soc., Paris, p. 107.
415
Troisième édition ; Leipzig, 1902.
416
Mémoire agréé au diplôme d’études supérieures de philosophie, Sorbonne,
1925.
417
Paul-Louis Courier, Pamphlets politiques et littéraires. Parie, 1831, 2 vol.
418
Ouvr. cité, t. II, 1888, p. 222 et suiv.
419
Trad. franç., Paris, Gallimard, 5e éd., p. 8.
420
Ibid, p. 32.
421
Ibid., p. 7 et 9.
422
Peintures et gravures de la Grotte des Trois Frères. Cf. Bergounioux et A.
Glory. Les premiers hommes, p. 263 et pl. XVIII (Paris-Toulouse, 1943).
423
Nous ne suivons pourtant pas cet auteur dans les considérations qu’il tire, à
ce propos, de la psychanalyse (ouvr. cité, p. 35 et suiv.).
424
Ouvr. cité, II, 204. Cf. supra p. 221.
425
Cf. supra, p. 143.
426
Cf. Kurt Lindner, La chasse préhistorique, trad. franç., Paris, Payot, 1941 et
Maurizio, ouv. cité.
427
V. Supra, p. 376.
428
Par exemple les paroles du Shaman eskimo Aua à Kn. Rasmussen : « Nous
ne croyons pas : nous avons peur ! « Surnaturel... p. XX). Ou encore :
« Nous n’avons pas de croyances : nous n’expliquons rien » (ibid. p. XXII).
429
V. supra, p. 306, le témoignage recueilli de M. Le Gallic.
430
Rabelais, Gargantua, L. I, ch. III.
431
Principes..., p. 105.
432
La Mythologie primitive, p. 312 et suiv.
433
Cf. Paul Guillaume, Introduction à la Psychologie, Paris, Vrin, 1946, p. 78.
434
The types of the folk-tales, a classification and bibliography, Folklore
Fellows Communications n° 74, Helsinki, 1928.
435
La pensée chinoise, Coll. de l’Evolution humaine dirigée par Henri Berr,
Paris, 1934, p. 53 : « La littérature chinoise est une littérature de centons. »
436
Tome I, L’Homme et la Matière, 1943 ; Tome II, Milieu et techniques, 1945,
Paris, Albin Michel, coll. Sciences d’aujourd’hui.
437
Myth. Ritual and Religion, Londres, 1906, t. I, p. 32 et suiv.
438
Les Contes de Perrault et les récits parallèles Paris, Nourry, 1923.
439
Cf. Andrew Lang, ouv. cité.
440
Catalogue illustré du Musée des Antiquités Nationales au château de Saint-
Germain-en-Laye, Paris, 1926, t. I, p. 241, 292 (nombreuses gravures
technologiques).
441
Déchelette, Manuel d’Archéologie, t. II (première partie), Paris, 1924,
p. 308, fig. 118.
442
Manuel de Folklore français contemporain, t. I, Paris, 1943. Après avoir
signalé (p. 198) que dans les sociétés primitives la classe d’âge des jeunes
gens a « son programme d’activités, surtout guerrières et cynégétiques »,
M. Van Gennep ajoute (p. 200) : « Pendant le moyen âge aussi, les mêmes
nécessités de défense collective déterminèrent la création de groupements
de célibataires entraînés au maniement des armes. » On ne voit pas
comment ces nécessités militaires auraient valu à ces groupements les
fonctions magiques et judiciaires que nous avons étudiées. L’auteur dit
encore (p. 201) : « Parallèlement, divers groupes de jeunes gens adonnés à
certaines études ou à certaines occupations, formaient des associations
également réglementées, par exemple les basoches des étudiants et celles
des clercs du Palais de Justice. » Dans nos Méthodes en Folklore (ch. IV),
nous examinons une cérémonie de Basochiens et y reconnaissons des
vestiges de cultes celtiques. Dans le même travail, nous indiquons (pp. 75-
83) ce qu’a notre avis il y a lieu de penser de l’orientation générale des
travaux de M. Van Gennep.
443
Ces recherches ont été entreprises notamment par M. Brailoïu et par M.
Saygun.
444
Cf. Max. Sorre, Fondements techniques de la Géographie humaine (sous
presse). L’auteur a bien voulu nous en signaler par avance certains
développements.
445
Dans l’Introduction générale au tome I de son Manuel, M. Van Gennep,
après avoir examiné les rapports possibles entre Folklore et Géographie,
conclut (p. 17) : « C’est donc de l’Homme qu’il faut partir, le sol et le
climat n’étant scientifiquement que des facteurs secondaires, dans certains
cas même tertiaires, lorsque interviennent, par exemple, des facteurs
affectifs, comme dans le cas des ermites et des anachorètes qui se situe à
l’extrémité de la série négative.
« En somme. la géographie humaine, qui touche aussi à l’économie
politique et à la géologie, ne saurait englober le folklore tout entier ; d’autre
part, elle ne lui fournit que des documents restreints et superficiels, à moins
de déborder ses cadres et d’annexer aussi la sociologie et la psychologie,
l’histoire littéraire et celle des institutions. » Heureusement tous les
chercheurs ne placent pas la coopération entre diverses sciences devant ce
dilemme : annexer ou fournir des documents restreints et superficiels.
446
P. 50.
447
Stendhal a fait une très profonde remarque sur le besoin de répétition,
propre à la pensée populaire. Mettant en scène son héros Fabrice cheminant
avec deux compagnons occasionnels, il note dans la Chartreuse de Parme
(éd. Bossard, 1928, t. I, p. 76) : « Nous ne rendrons pas compte de la longue
discussion sur sa destinée future qui eut lieu entre le caporal et la cantinière.
Fabrice remarqua qu’en discutant ces gens répétaient trois ou quatre fois
toutes les circonstances de son histoire (...) Pourquoi répéter si souvent, se
disait Fabrice, ce que nous connaissons tous trois parfaitement bien ? Il ne
savait pas encore que c’est ainsi qu’en France les gens du peuple vont à la
recherche des idées. » Un tel besoin de se répéter est à la base de l’usage
des proverbes. C’est l’un des aspects du besoin plus général de se fier à des
comportements déjà éprouvés.
448
Nous ne prenons nullement l’aspect « immémorial » d’une tradition pour
preuve de réelle ancienneté. Tout folklorisle ayant enquêté sait qu’il suffit
de peu de décades pour qu’un détail se soit ajouté à une coutume et se soit
fondu dans le lot traditionnel. La pierre de louche de l’ancienneté est bien
plutôt la très large répartition d’une même tradition. D’où l’utilité de la
cartographie folklorique à grande échelle.
449
P. 46 et suiv.
450
Nous ne partageons pas, sur ce point, le sentiment de M. Luc Lacourcière,
professeur à l’Université Laval de Québec, et de M. l’abbé Félix-Antoine
Savard, dans leur belle conférence sur Le Folklore et l’Histoire, prononcée
à la Deuxième Semaine d’Histoire, à l’Université de Montréal, le 27 avril
1945, et parue dans le fasc. I des Archives de Folklore (t. I, 1946, p. 14-25,
particulièrement p. 21 et suiv.), publiées aux Editions Fides, de Québec, par
l’Université Laval.
451
Cf. Henri V. Vallois, Anthropologie de la Population française, Paris, Coll.
« Connais ton pays », Didier, 1943.
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