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Verite Monique, 2010, Henri Lhote. Une aventure scien... https://journals.openedition.

org/africanistes/4246

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Journal des
africanistes
81-2 | 2011
Migration de l’enfance, migrations dans l'enfance
Mélanges
Comptes rendus

VERITE Monique, 2010, Henri


Lhote. Une aventure scientifique
au Sahara
Paris, Ibis Press

MANUEL GUTIERREZ
p. 343-345
https://doi.org/10.4000/africanistes.4246

Référence(s) :
VERITE Monique, 2010, Henri Lhote. Une aventure scientifique au Sahara, Paris, Ibis Press, 430 p.

Texte intégral
1 La biographie d’Henri Lhote publiée par Monique Vérité aux éditions
Ibis Press, compte onze chapitres, de nombreuses illustrations, cartes,
relevés, photographies. Elle inclut également une postface de J.-L. Le
Quellec où l’on trouve la liste des publications de Lhote.
2 Le début du livre retrace l’enfance difficile d’Henri Lhote, marquée à sa
naissance par la mort de sa mère puis à l’âge de douze ans par celle de
son père. Son goût pour la nature en particulier pour les animaux et son
entrée dans le scoutisme vont lui apporter du réconfort et une certaine
discipline de vie.
3 La première guerre mondiale, sa passion pour l’aviation et une certaine
admiration pour les faits d’armes vont le conduire à s’engager dans
l’armée de l’air en 1921. Engagement de courte durée puisqu’un accident
d’avion va l’obliger à abandonner cette voie en 1924.
4 L’aventure africaine commence dans les années 1930 quand il part pour

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une première mission au Sahara confiée par le Museum d’histoire


naturelle de Paris. Il s’agit de diverses tâches, dont la lutte contre
l’invasion de sauterelles et le relevé des figures d’art rupestres du
Sahara.
5 La présence de militaires sur place va lui permettre de créer les liens
d’amitié, de disposer d’une aide logistique importante qui va durer
longtemps et qui lui sera précieuse lors de ses missions. La rencontre
avec le lieutenant Brenans, découvreur de sites de gravures rupestres, va
lui ouvrir la piste de l’art rupestre du Tassili. Les recherches de terrain
sont orientées vers les peintures rupestres de cette partie du désert mais
Lhote aborde aussi la fouille archéologique qui lui permet de créer des
collections lithiques, voire de ramasser des squelettes humains. La
carence de formation en archéologie, en anthropologie et en méthodes de
recherche font que ces ramassages ne constituent pas de véritables
objets d’étude. Malgré tout, ses méthodes vont constituer l’axe de la
plupart de ses démarches.
6 Les missions organisées dans les années suivantes vont compter avec la
présence de collaborateurs de Lhote et très souvent les critères de
sélection de ses équipiers ne semblent pas obéir à des exigences
scientifiques mais exclusivement au bon vouloir du chef. Il est encore plus
regrettable que ces équipes fonctionnent sur le terrain sans méthode et
soient prêtes à tout faire   : relever des peintures, fouiller des tumulus,
fouiller des structures liées à la paléo métallurgie, parfois en absence de
Lhote qui laisse ses hommes sur le terrain et part s’occuper d’autres
activités, quand ce n’est rentre en France. Il faut ajouter que les fouilles
archéologiques en question sont réalisées sans l’autorisation des
autorités locales qui dès 1949 s’étonnent du non-respect par Lhote de la
législation sur les fouilles archéologiques et de la constitution de
collections ethnographiques qui quittent le pays.
7 Les recherches sur l’art rupestre commencent ainsi avec l’aide de
Benans et avec le soutien de l’abbé Breuil qui avait reçu à Paris des
relevés envoyés par le militaire et avait écrit quelques commentaires sur
des documents souvent correspondant à plus d’un site, mais présentés
sur un même calque.
8 En ce qui concerne le travail de terrain, le livre montre qu’il ne s’agit
pas de missions scientifiques comme on peut les concevoir aujourd’hui
mais plutôt de ‘missions Lhote’, composées de personnes très diverses
qui deviennent très rapidement « les garçons », sous l’autorité d’un chef
souvent intransigeant, voire violent. Les membres des missions
s’abandonnent parfois à des ‘blagues entre copains’ et c’est justement
pour faire une blague que des peintures auraient été ajoutées aux relevés
du site de Jabbaren. Il s’agit de quatre petites femmes à tête d’oiseau
créées par Claude Guichard, l’un des membres de l’équipe, à partir des
modèles égyptiens, figures qui vont devenir un véritable casse-tête pour
Lhote qui ne peut s’empêcher de voir une influence égyptienne dans le
Tassili. Il est ainsi douteux que l’on puisse retirer de ces missions un
bénéfice seulement positif concernant l’apport en images rupestres
résultats de ces travaux de terrain. Il y a eu donc des faux, et la méfiance
peut donc aller au-delà de ce cas connu. Il est aussi notoire que les
méthodes utilisées pour ‘raviver’ les peintures étaient et sont
critiquables : nettoyer les parois à l’eau et les arroser abondamment pour
les rendre plus visibles. Ces interventions sont très dommageables, voire
destructrices, pour les peintures rupestres.
9 L’ouvrage montre également que le fait d’avoir été l’un des pionniers
des recherches dans le Tassili a permis à Lhote d’avoir un quasi-

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monopole des recherches jusqu’aux années 1960. Ce monopole et une


certaine solitude dans le milieu scientifique européen, s’exprime aussi
dans les publications. Il s’agit souvent d’ouvrages de vulgarisation
accompagnés d’une forte activité médiatique que lui octroient, l’absence
de reconnaissance des milieux scientifiques, une certaine admiration du
grand public.
10 Le livre évoque souvent les difficultés du terrain, chaleur, tempêtes de
vent, rareté de l’eau, chemins difficiles, équipiers surchargés de travail,
nourriture médiocre. Sur d’autres aspects, notamment sur celui de la
déontologie, on apprend par exemple (p. 255) que des dalles gravées ont
été prélevées et transportées (« évacuées ») en avion vers Paris. L’une
d’elle notamment, de 2 mètres de long par 1,50 mètres de large et d’un
poids d’environ 1550 kgs, avec des gravures rupestres, fut arrachée et
transportée en France, vraisemblablement sans la moindre autorisation
des autorités locales.
11 Dans le même ordre d’idées, on peut s’étonner que des fouilles
archéologiques de structures funéraires soient conduites sans la
présence de spécialistes en anthropologie. M. Vérité cite l’exemple d’une
mission réalisée entre 1966 et début de 1967, pendant laquelle une
quarantaine de tumulus seront fouillés avec la participation de militaires
en tant que main d’œuvre gratuite. Il est peu probable que ces fouilles
puissent apporter des connaissances sérieuses sur les individus ensevelis
ou sur les pratiques funéraires de l’époque.
12 Des faits similaires vont se produire avec le changement de terrain
opéré au début des années 1970. En effet, les missions conduites au
Niger répondent globalement aux mêmes critères que celles conduites en
Algérie : Lhote ne répond à aucune instance scientifique sur place, ses
missions sont directement rattachées aux services du chef de l’Etat.
Comme l’indique Vérité « Lhote est seul maître à bord ». Toutefois, des
chercheurs français travaillant au Niger critiquent les méthodes de
terrain de Lhote s’inquiétant des collectes trop hâtives et, dans les faits,
de la mutilation des sites archéologiques. À titre d’exemple on peut citer
des fouilles de sépultures conduites à proximité d’Arlit. Pendant trois
campagnes de fouille il va « extraire » 50 squelettes qui seront classés
dans la catégorie d’individus de « race négroïde ». Il est fort possible que
les fouilles en question et les résultats affichés ne soient en réalité que
destructions de structures funéraires et hypothèses sans aucune valeur
scientifique, et aient eu corollaire des richesses archéologiques abîmées à
jamais.
13 Le dernier chapitre du livre est consacré aux dernières activités
d’Henri Lhote dans sa demeure de campagne à Faverolles où, rencontres,
lettres, publications et souvenirs des aventures au Sahara vont constituer
son quotidien jusqu’à la fin le 26 mars 1991.

Pour citer cet article


Référence papier
Manuel Gutierrez, « VERITE Monique, 2010, Henri Lhote. Une aventure scientifique au
Sahara », Journal des africanistes, 81-2 | 2011, 343-345.

Référence électronique
Manuel Gutierrez, « VERITE Monique, 2010, Henri Lhote. Une aventure scientifique au
Sahara », Journal des africanistes [En ligne], 81-2 | 2011, mis en ligne le 19 janvier 2016,
consulté le 16 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/4246 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/africanistes.4246

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Auteur
Manuel Gutierrez

Droits d’auteur
Tous droits réservés

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