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Si l’on vous dit anthropologie, qu’est-ce que cela vous évoque ? Anthropos
vient du grec et signifie « être humain ». Logos correspond au langage, au
discours qui est porté sur un objet, mais désigne aussi la science qui est
développée autour de ce dont on parle. L’anthropologie serait donc,
étymologiquement parlant, le discours sur l’Homme, la science de
l’Homme. En tant qu’étude de l’homme,
Cet article pourrait tenter d’apporter des réponses en puisant des exemples
dans toutes les époques, et à travers diverses régions du monde.
Cependant, le choix est fait de nous concentrer sur l’Europe, afin d’obtenir
un aperçu, à travers quelques exemples, des origines de la discipline, de
ses motifs, de l’impact des Grandes Découvertes et du siècle des Lumières
sur la théorisation, la catégorisation et la domination de « l’Autre ».1
S’opère peu à peu entre les XVIème et XVIIIème siècles, une prise de
conscience d’un lien entre les peuples vivant dans ces terres lointaines et
les Européens. On commence effectivement à observer certaines
similarités entre ces sociétés, similarités que l’on cherche alors dans
l’histoire. Plusieurs théories fleurissent, comme celle affirmant que les
indigènes seraient des descendants d’anciens continents engloutis. Le
fameux exemple de l’Atlantide sert à expliquer des éléments culturels
semblables entre Incas, Aztèques et Européens.6 Ce sont de telles
théories qui mèneront ensuite à la doctrine de la monogénèse en
anthropologie, c’est-à-dire la théorie selon laquelle les « races » humaines
sont une espèce commune, mais présentent des différences physiques
liées à l’environnement. Cette théorie est opposée à celle de la
polygénèse, statuant que les « races » ont des origines variées et que par
conséquent leurs différences sont innées. La théorie de la polygénèse
entretient un lourd héritage : au-delà du fait qu’elle participa à la formation
de la discipline anthropologique, elle se trouve également aux fondements
de ce qu’on appelle le racisme positiviste, c’est-à-dire d’un racisme qui
prétend puiser ses sources dans la science.
Margaux Chataigner
Image à la une : Phrénologie. Détermination de l’angle facial de Camper »
(c) PURIG VERLAG VOLKER/BRIDGEMAN IMAGES.
11 Ibid, p 54.