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Des Etats Généraux de la maltraitance se sont

tenusà P'aris, en L.
novembre 2005, à l'appel de l'Association irançaise
et de recherche sur l'enfance maltraitée
d'information
sionnels de toutes
(AFIREM). Des profes
les disciplines concernées se sont renconrés
AFIREM
pour échanger, débattre et faire le point sur les mauvais traite-
ments à entants,
qu'ils soient physiques,
sexuels. Le souci éthique et la mise à distancepsùchologiques ou
de la fascination
médiatique ont présidé aux travaux.
Ces journées ont permis faire un bilan sans
de complaisance
nombreuses avancées et des connaissances actuelles, mais aussides

de risques éventuels lévolution


présente de la
contexte sociétal en pleine mutation.
parentalité
de
prendre acte des impasses et des questions qui restent à résoudre.
Parallelement, il sest avéré nécessaire d'interroger comme facteurs
et un
Etats des savoir
Comment gérer au quotidien les
charge de a maltraitance
nombreux paradoxes! Le temps
complexités liées à la prise en
qui se heurtent inévitablement à de
Sur
imposé par les décideurs ne peut
pas se superposer à celui des professionnels, ni au temps d'élabora
tion nécessaire des familles.
Cet ouvrage reflète un foisonnement d'idées et de points de
vue, parfois contradictoires, de la part de
la maltraitance
Sionnels. Il resitue les normes et les limites
politiques et des profe
existantes entre les exi
gences du processus éducatif et les données de la
entre les besoins affectifs des enfants et
maltraitance
les allégations d'abus
sexuels, entre la protection et la pénalisation.:

Collection dirigée par Nicole Duniau

Publié avec le souien du Ministere de la Famille


11

..

DEPARTEMENT.DEPARISA E MGEN FONDATION


D'AUTEUIL

Question enianc
9"782845H869318" ISRM .07 7 RASR6 021 0 KARTHALA
5 . La parenté

De la famille

Toutes les sociétés humaines sans exception ont été jusqu'a


présent, à des degrés divers, régies par la parenté. Les groupes
de descendance et de résidence formés par la parenté en-
gendrent une solidarité multifonctionnelle, déterminant ma-
riages, héritages, règlement des conflits, cultes, etc.
Lorganisation de la parenté se concrétise dans les différents
types de familles. La famille correspond à un concept assez im-
précis. Au sens étroit du mot c'est un groupe de personnes reliées
par le sang, le mariage ou ladoption et résidant habituelemcnt
ensemble, avec pour objet la survie économique, l'identification
Jindividuelleet collective, et l'élevage des rejetons éventuels.
Mais toute famille concrète se modifie. et se défait sans cesse,
alors que le système de la parenté perdure.
Nous emploierons le mot français de famille » pour ce
groupe des parents corésidentsque les diverses langues designent
suvent par des.expressions signiliant « les enfants de », « les
:gens de , « la cour d'Untel», etc. On' utilise cn France et ail-
leurs le mot de « maison pour signifier la continuité d'une li-
gnée: la maison d'Autriche », c'est la famille impériale autri-
chienne. La maison subsiste. tandis que passent ses hériticrs
. 3uccessifs, hommes öu femmes. La famille admet des allogenes
cs épouses) .au contraire, l'appartenance lignagere, nous al-.
lons le voir, se définit pour chacun,une fois pour toutes.
Comme l'a montré la première partie de cet ouvrage, c'est le
conditionnement socioculturel qui explique les différences que

.
.

82 Les relalions soctales La parenlé 82

l'on constatr entre les divers peuples. La famille est l'instrument La famillc composée est celle qui comprend l'ensemble des
privilégié de ce conditionnement. C'est elle qui transmet aux en- conjoints et de leurs enfants dans la société polygamique sous ses
fants les traditions culturelles propres à une ethnie donnée; c'est deux modalités: polygyniqre le même
elle qui donne l'éducation première. Or, les
(quand homme a plu-
E denes ont mis en relief
psychologues mo- sieurs épouses), ou polyandriq
l'importance décisive du premiër âge, La famille étendue est une communauté formée, non de peütes
des premières habitudes ou impressions qui se répercutent suY- familles juxtaposées, mais d'un réseau familial reliant consan-
toute la vie. guins, alliés et descendants sur ros générations au moins. C'est ce
Il est probable, par exemple, nombre de générations (et non d'individus) qui la distingue de
qu'un certain style d'afectivité la famille nucléaire; celle-ci peut comporter des dizaines de per
propre à l'Africain pourrait s'expliquer par le fait qu'enfant, il est
longtemps porté par sa mere, nourri par elle, puis relativement sonnes sur deux générations dans les cas de polygamie, tandis
abandonné å lui-mëme aprs cette longue et intense intimité tan-
; que la famille étendue peut lëtre avec quatre corésidents. Le
dis que le jeune Européen, au contraire, est dès la naissance plus souvent, la famille étendue consiste en une unité domes-
de sa mère, sevrde bonne
séparé tique la propriété du terrain et des habitations, la direction
heure, mais
plus étroitement suivi dans
sa seconde enfance. économique et l'autorité y sont detenucs par un chef, souvent
l'ascendant vivant le plus vénérable, ou par une communauté
Dans le monde entier, les de frères issus du même ascendant.
systèmes famiiaux se trouvent en
pleine évolution. Le pouvoir de la parenté est battu en brèche par La famille étendue est la forme générale de la famille tant
les religions de salut, par le droit modefne, que les familles élémentaires qui se constituent par mariagge
par la transformation
des régimes de propriété, qui tous n'ont pas pour règle d'aller sinstaller dans un nouvel endroit
favorisent la montée de l'indivi-
dualisme. En outre, les nouveles techniques génétiques laissent (regle de néo-localite). Par exemple, en Chine ancienne, le lien
désormais l'initiative à la femme matiere de procréation, et ré-
en le plus fort ést entre le pere et son fils; le second lien en impor-
duisent le rôle jadis dominant du père et de l'homme. tance est entre les frères. La relation d'un homme ávec son père
Mais pour comprendre étant supposée plus. forte qu'avec son épouse, les fils amenent
ces
changements, pour les orienter
ou en prendre conscience, il faut examiner les réalités de la fa- leur femme chez lcur pere. l en allait de même dans la famille
mille traditionnelle et connaître les notions patriarcale biblique ou dans la vieille paysannerie d'Europe.
qui permettent de les
étudier. Quand la famille étendue (on dit aussi « indivise ») devient
On distingue d'abord la famille dite nucliare ou si considérable que la maison ou la concession ne fournit plus de
élémentaire,
composéc du père, de la mère et des enfants nés de leur union. place pour toutle monde, une famille.« élémentaire» peut faire
Les enfants qui ont le même sCLsS2On et.constifuer ainsi ünesouche nouvelle. Il arrive également
père ct la même meré sont désignés.
par le nom de « germains » (ou par le mot anglais de siblings): qu'un seul fils (souvent l'aîné, parfois le benjamin) reste'au foyer
Cette famille est appelée aussi de son pére, tandis que les autres-vont s'ètabl1r ailleura..
restreinteou conjugale. La famille
occidentale moderne, où le même foyer réunit seulement le
la mere et les
père, .

germains célibataires, est une famillé conjugale


restrente. Celle-ci est en outre en ce cas monogamique, puisque
ni le père, ni la
mère ne peuvent avoir légalement un autre Descendance et filiation
Conjoint simultané. On rencontre ce type de famille même dains .
les sociétés les plus démunies technologiquement, ainsi chez les
Vedda de Ceylan qui vivent nus dans des abris rochcux. Mais lá L a filiation est lefien unissant un enfant à son père ou' sa
famille nucléaire pcut aussi n'être.
qu'un élément de genrs de.. mere, tel qu'il est reconnu par la société. On sait partout que le
familles plus complexes.
pere social ne coincide pas nécessairement avcc le génileur biolo-.

.
84 Les relations sociales

gique, meme si la
plupart du La parent
sa
progéniture sont pas pourtemps
ne
les liens de
autant ignorës ('inceste,
cedernier avec
ticulier, reste proscrit entre en
**

On saisit.bien
plus artilicielle que parents). D'une manière par- ici
renté sociale. Sur 30 l'opposition un. parenté biologir et pa
entre
biolog1que,
quels sant les parents d' les règles de
filiation également générations, individu a 2" ancer s phy
employé pour désigner le sujet,Ego » (mot latin
«
déterminent Siques, soit (sil n'y avait pas de «
rence en l'informateur, signifiantmoi
l'individu
», de nouveaux renchaînement d'alliances »,
mariages entre descendants
hommes les anthropologie). Ces règles
permettent de
de réfé- plus d'un milliard trois cent millions
de souche
commune)
uns classer les tème d'ascendants ; dans un sys
jouer le jeu imposéparde rapport aux autres, en
particqlier pour unilinéaire, lindividu concerné ne retient que 30 de
Il s'agit aussi par là de l'exogamie et de l'échange ancêtres. ces

aux définir un
groupe de parentématrimonial.
éphémères familles. De nombreuscs qui survivra
Signalons tout de suite qu'une société ne
linéaire lorsque, comme c'est cesse pas d'ëtre uni-
élaborées le cas
solutions ont été général, une « filiation com-
plementaire », le patrilignage de la mère chez les
le
malrilignage du pre chez les matrilinaires, patrilinéaires ou
a) Les descendances urilinéaires mique ou
aftectif important. joue un rôle écono-
Dans la filiation Il ne faut
pas confondre ces systèmes de
nel », tout palrilinéaire, appelée parfois fait souvent le vieux
vocabulaire) avec le filiation (comme
le
de individu est membre du
groupe parental
« de droit
pater- malrarcal, ou'
son
pere, el non de
consanguin nement cxercé par les gouver-
ment des hommes. La icmmes, des
sa mère. Le ni avec le
juridique de la femme avec ses frèresmariage, ici, estompe le lien plupart
patrarcat gouverne-
relation avec son mari : ét socurs au
bénéfice de sa patriarcaux, ce qui les empéche d'être systèmes matrilinaires sont
c'est à ce dernier les symétriques des pa
partiendront désormais ses entants. et à sa famille qu'ap-
Les droits sur les
trilinéaires, également patriarcaux. Gar le fait cst
frères à lcurs sæurs, dansgue
se
transmettent par les hommes. hommes commandent, ici les
Dans la filiation pêrsonnes ciétés traditionnelles: Le les es so
matrilinéaire, la matriarcat y parait rar1ssime.
aux « droits
maternels » : prépondérance accordée
est les groupes
qui disposent des femmes, en Ct sont
particulier pour les
parental consanguin de sa tout individu est membre du groupe distribuer dans les alliances, et, au sein de
ternel ou « utérin », frère mère, et non de son père: L'ohcle ma-
hommes sont dominants. ces. groupes, les
mari n'est de la mere, joue le Bien entendu, cet état de
souvent qu'une sorte de locataire principal rôle. Le fait ou de droit
positil, mëme si
partient l'oncle maternel, au frère de sa de et
à son fils qui ap- beaucoup de mythes le « rationalisent
lement le
rejoindre. mère, allait norma- Vraie justilication morale. Dans maintes », n'implique aucune
par les lemmes.
Les droits sur les
personnes transmcttent
se Tes femnmes se rebellent contre leur sociétés anciennes déja,
semble fonder en nature (et sujétion aux hommes. Ce qu
De telssystèmes permettent lorganisation sociale non en droit) cette opposition
qui en ignages. passivité (leminine et dominance (mäle), sans entre,
peuvent-rassembler
d'individus.des
un
nombre extremement considérabl force physique des hommes, néc. peut-être, comme.doute cstice la
milliers au bout de cinq à six espéces, de la violence de dans d'autres.
les relations quegénérations
grace à l'artifice de ne
igne de descendance, envaloriser sur.une seule cessite de protéger contrela.compétition
les autres
entre eux, et de lä ne
les parturientes et leurs
perpétuels, ayant dans' leconstituant
des groupes
conçus bebés. "Une rationalisation
temps une durée bien supérieure à
comme comme guerriers le
valorise leur volontariat à verser
celle de la vie d'un sang, qui échappe au contraire á la
individu ou d'une famille élémentaire. Or malgré elle. * femme
d'innombrables activités ne peuvent être. mcnées a bien que par Tous les ascendants/descendants d'un même couple d'ancê-
des groupes nombreux, homogènes et durables, quË assument les tres s'appclent dés cugnals. Ils se su
loncions futures de l'Etat, en
cendants eun ancetre mâle en lignedivisent en agnals, ou des-
.

.la construction: préfigurcnt et en lavorisent parfois imasculine, et en ulérins,


descendants d'une aïcüle. én lignie femininc. La filiation patrili-
néare est agnalque, la matrilinéaire ulérine:
86 Les relations sociales
La parenté 87
b) Ladescendance bilinéaire
Iexiste des systèmes usage dans les sociétés politiques où l'organisation par ntale de
modes de filiation, l'un étantcomplexes qui combinent les deux vient secondaire. Ele le devient tellement en.
avoué et l'autre, parfois, secret.
Mais il ne fautpas confondre filiation tains veulent mettre à Occiden quc cer
part son type de famille, fondée on plus
tion bilinéaire: dans complémentaire et filia-
la première, on l'a vu, seule la descendance
sur le lien
généalogique, mais sur le groupe de pannH5 que
unilinéaire a statut juridique. Dans la connait Ego.
de filiation jouent chacun un rõle seconde, les deux groupes Nés sans doute de
l'obligation d'échanger des fehmes, les
spécitique précis. Par exemple, groupes de filiation, multifonctionnels, déterminent en outre
lappartenance lignagère publique, l'autorité et les biens maté- quantité de traits culturels : nom des individus, héritage de la
riels se transmettent en
ligne utérine chez les Lobi d'Afrique; le. propriété, appartenances aux clans et lignages, etc.
matrilignage du père joue aussi un rôle affectif ; mais
comporte l'identification et la révélation du rôle l'initiation
Le clan (mot galique
désignant cette forme de réalité so-
agnatique, d'où sont reçus pouvoirs symboliques etde ligne
la ciale en Ecosse) est un groupe de
parents fondé sur une règle
Chez les Yakö de
Nigeria, patrilignage commande la rési-
le religicux. de résidcnce territoriale et de descendance
unilinéaire, à quoi
s'ajoutent un sentiment d'appartenance, des signes de recon-
dence et l'agriculture, l'appartenance à un clan, mais le matrili-
gnage (dont les groupes sont dispersés) naissance. ou
marques d'identüté, et des activités conmunes.
meubles et de l'argent, la responsabilité régit l'héritage des bicns Constitué de familles étendues incluant parents consa iguins et
financière, lc culte des
esprits de fcrtilité. D'un côté la vie quotidicnnc, parfois alfins (par exemple. les ëpouses), il est perpétuel, exclu-
de l'autre la vie
rituelle. Sit (on n'appartient qu'à un seul clan _comme à un eul li
gnage), multifonctionnel (territorial, politique, religicu et il
lorme souvent une personne morale unique : un indi idu ne
c)Ladescendance bilatérale ou indifférenciée peut aliéner sa terre, et le clan cntier peut ëtre' tenu pour soli-
Dans un système indifférencié, dit aussi « Ego-centré », Ego daire des agissements d'un seul de
hérite de ses membres. Le clan est gé-
parents de part et d'autre, et à égalité de ses
scs
néralement exogame: un. homme considre les autres hommes
grands-parents. On parle alors de filiation cognatiquc, quatreou les de son clan comme
ses.pres ou irères, les temmes comme ses
groupes de consanguins forment des parentèles, qui ont été jus- méres ou sæurs
qu'à présent moins facilement étudiées par les ethnologues que Mais il arrive au_si que le clan soit, à l'inversé du lignage, une
les types
précédents de descendances. Tel est, avec le système réalité lointaine dont les membres sont
dispersés et ne connaissent
polynésien, le cas du système occidental actuel, issu de la cou-
pas, et il n'existe actuellement aucun des traits de sa définition
tume
germanique, qui permettait à chaque individu, au besoin, classique qui n'ait été contesté dans tel ou tel cas, å part le senti-
de recourir å son sib, c'est-à-dire.à l'ensemble de ses cognats ou ment d'appartenance et de reconnaissance muuelle: à
consanguins. Mais seuls les siblings, les frères et seurs.« mêmé. la limite,
pere, meme mère », ont les mêmes quatre grands-parents. Les
le petit noyau snob constitué selon Proust par. les amis de
Mme Verdurin serait récllementun petit clan, tout commc se-
demi-frères et les cousins ne s'unissent donc pas avec Ego dans raienttribus les tribus de jeunes de nos banlieues actuelles.
cette vaste unité organique (corporale group
en anglais) aux li- Le clan peut en cffet représenter une division de la tribu (ou
mites bien nettes
que créaient les groupes de descendance unili- Peuple, ou ethnie) et se diviser lui- ëme en sous-clans, qui en ce
ncaires ils ne peuvent constituer une personne.morale. Dans le
«raimage » polynésien, tous les descendants par les hommes. ou cas observent seuls la règle d'exogamie, Dans les Etatsen voie de
les femmes d'un' même ancêtre
fondateur ont les memes. droits
formation, la filiation reste.l'un des meilleurs moyens de mobili
Sur le territoire de. cet ancêtre,
mais à condition. de renoncer, à.
satuon pour la. compéútion-politique, de,sorte.que ces Etats
leurs autrcs droits aillcurs. marchent
en
dc pair avéc la construction de pseudo-clans.qui sont
réalité des clans politüqucs.
L'individualisme moderne est à l'horizon de ce système, en Le, concept qui tentc d'échapper à ces imprécisions est celui
88 Les relations soctales

de lignage, réalité que la viefle cthnologie comprenajt sous le


termc de dlan, ce qui est source de confusion. Dans un lignage, Les terme_ de la parenté
chaque nmembre peut (de fait ou de droit) établir le lien précis
qui Punit à tout membre dumeme lignage; il peut remonter à relation socale qui
T'ancêtrc commun hiatorique etle nommer (alors que, par défi- La parenté résulte de la connaissance d'une
entre les pa-
nition conventionnelle, dans le clan, on sait seulement que l'on peut ou non coincider avec une relation biologique est
C'est ainsi Australie toute personnc rencontr e
descend du mythique, sans pouvoir préci
rents. qu'en
même
Le
ancêtre, parfois
donc considérée comme un parent. En France, on connaissait les amis
ser comment). lignage est souvent une fraction de clan, oncles à la mode de Bretagne ».
cclle oùu l'on se connaît. La gens romaine était un patrilignage. de la famille appelés «

Mais là aussi, les intérêts politiques pcuvent interférer pour vocabulaire de la parenté peut en effet exprimer et recouvrir en
Le
constituer des pscudo-généalogies, ct construire ains des li-
gnages importants qui créent un système de défense ternc et
eftet des relations sociales très diverses, à commencer par la parente
clle-même rev t des mo-
ictive qu'est l'adoption. Mais l'adoption
de coopération interne contre de puissantes forces d pression dalitéset des formes urès diverses. Dans notre société moderne, elle
remédie à la frustration d'enfants. pour des adultes, ou de parents
extérieures.
La lgnée désigne les ascendants et descendants vivants du li- pour des orphclins ct des abandonnés. Dans la plupart des sociétés,
surtout destinée à assurcr la perpétuation de la parent et
gnage d'Ego. Ses parents et alliés constituent sa parentèle. elle est
et statuts
Les groupes de liliation qui résident enscmble constituent, consutue. un mecanisme dc transmission des biens, titres
ainsi dans la Rome antique où l'ecmpire même se transmettait
nous P'avons vu, une famille. Sils ne sont pas corésidcnts, on
pår adoption. Ladoption ést rarement assimilée à une parcnté
parle de groupes de filiation non localisés. Ccs groupes de des- réelle comme dans notre droit moderne : elle peut être fune ma-
cendance se reconnaisscnt grâce aux marques d'identilé qui scr- niére de se procurer des conjoints comme en Chine, etî nous en
vcnt, nous y reviendrons, à distinguer les groupes cntrc eux connaissions une florme att nu e en Occident sous la lorme de la

noms, langues, argots ou vocabulaires précieux, interdits ali- pupille destinée a être épousée par son tuteur (voir L'Eole des
mentaires communs, scarificauons et tatouages, vetemer e Jemmes de Molière ou Le Barbier de Séville de Beaumarchais). En re--
vanche, des parentés rituclles ou spirituelles (celle du « père d'ini-
tartan écossais), salutations, usages, ct, bien sûr, généalogies,
autant d'éléments qui pcuvent etre utiliscs comme
tiation », celle du parrain et de la marraine chrétiens) peuvent en-
religion trainer lcs memes droits, devoirs et 'interdits (de mariage) quc les
facteurs de spécification 0.-P. Baré prouve qu'ainsi les Tahi- parentés réelles. Les appellations se chargent de sens mëme quand
tuens uulisent leur protestantisme comme licn identitàire face à
ils'agit.de parenté simule : le « parrain de la Mafia, mais aussi
»

la domination françaisc) .dans les sociétés occidentales, le les hommes politiques du Tiers Monde qui se disent.« trères », les
foyer certes, la maison, mais aussi l'adresse, le quarticr, le vil-
frères , «seurs », « peres. ,
rois, « cousins », les religieux
constitucnt. meres », ctc. Le. compagnonnagc d'initiation crëc aussi un typpe
lage, la région; la patrie, le métier, la classe sociale,
autant de puissants..marqueurs didentité qui débordent les deparentë, ainsi que l'échange des sangs.oudansfraternite dc-sang-dans
sera cxa- maintes sociétés, la fraternité du lait, même la nôtre quand les
groupes de parenté. Le tolèm' animal ou.v¢gétál, qui encore la raternit nee de
la religion, longtemps été considéré comme un at nourrices étaient nombreuscs, parfois chez les Es-
miné avec a
où il échange ou du partage des mêmes femmes, comme
tribut du clan, mais tout clan n'en possède pas, etlà kimo Inuit, les Beti du Cameroun, les Indicns des Plaines ou les
vi-
existe, il fonctionne sans doute, à l'instar du. drapcau national veurs de la Belle Epoque ( nous avons servi dansle
mëme
moderne ou du blason médiéval, comme simple repre iden corps »)
.

.
.

. .
titairc. . .

Dans les.sociétés modernes; le groupe parental,consanguin La nomenclature de la pärentéest d'une grandc importance
cst vague: la parentèle se circonscrit à. ceux des parcnts qui as
sociaux. L'ètude
puisqu'elle retlète ou définit les comportements
Sistent normalement aux mariages et aux.cnterrements.
90 Les relations sociales La parenth

cn cst très complexe. Nous avons déjà opposé parents consanguns des frères de la mère et des'söurs du pere). Les cousins paral
t parents par alliance ou par aflinité. lèles, dans la torminalagic clasilicatoire», sont souvent appe
On distingue lés frères et ses et considérés artificicllement comme plus p r
ches que les cousins croisés.
lcs lermmes d'adresse, utilisés lorsque Ego parle à ses divers pa-
rents, tcls en français familier : « päpa », « tonton »,
« mémé », « mamie », etc.
les termes ou appellations de référence, manières dont Ego désigne
ses parents vis-à-vis d'autrui, en disant par exemple, « mon Typologie des nomenclatures
père », « mon oncle »... Les termes de référence pcuvent êtrc de la parenté selon Murdock
descriptifs ou classificatoires.

Dans la terminologie descraplve, on emploie une ESKIMO


cxpression,
spécilique ou composéc, qui ne peut s'appliquer qu'à un scul
parent sans équivoquc possible. Pour y parvenir cn français, oncle
tanle Oncie pere mere lante
on doit se tenir à utiliser ct à combiner huit termes exclusifs, à
savoir père, mère, lils, fille, frère, soeur, époux, épousc, ct les
autres
parents sont désignés explicitement par des composés
comme: « frère de la mère » pour oncle», de façon à éviter
toute confusion. Cette. tcrminologie est cousin cousin cousin cousin lrere SOCur cousin cousin cousin couss
exigéc par la pauvrct EGO
des langucs occidentales
en termes de parenté; dans unc
languc comme le chinois, il existe au contrairc des termes di-
vers pour désigner toutes les parcntés de nature el dc dcgré HAWAIEN
diffcrens.
Par la lerminologie classiftcatoire, on « classe » des parents dif
erents sous des vocables identiques : ainsi, comme ccla est
Mcrc mete
mere pere PCrc peTe

fréquent dans un système patrilinéaire, un frere du père est ap-


pelé « père ». Cette pratique facilite l'organisation des sys-
tèmes de parentéétendus. Elle permet de diviser les parents en
calégories qui déterminent les rclations sociales.: l'inclusion de. frere frere sacur Irere SOur Irere sCEur. Irere
deux EGO
parcnts dans la même catégorie terminologiquc implique
une similitude significative dans le comportement à observer à
leur égard. Ainsi sont classés les parents que « Ego » peut 3 .

epouser ou pas. Rappelons qu'Ego désigne le membre du sys-


IROQUOIS
tème de parenté dont on part pour analyser une lamille.
On se sert également des
signes conventionnels, suivants pour lane pere mere mere Onc

schématiser les relaions de parent


etre de sexe indifférent; A: homme; O: lemme ;:re
lation de consanguinit LUou :
alliance;|.:filiation.
=
.. *..
Une distinction est faite cntre cousins paralleles (enlants des CQusin Cousine rre SCUr rere Saur rere SCur coU9n
frères du père et des soæurs de la mère) et
cousins croisés (enfants EGO
92 La paren

SOUDANTA IS La terminologie classilicatoire sert de base à la classificatios


.
de Murdock, la plus courante, qui permet de degager six types
-
prncipauk de nomenclatures dont on indiquera les brivement
implications
- L e type Eskimo, auqucl scrattache la nomcnclature fran-
çaise:tous les cousins d'Ego sont englóbés sous un meme terme
ls ille ils fille rerc ctdistingués des frères et sccurs; les frères de frères de pèrefet
SOcur lus fille ils ille
SEur srur frere
frere EGO SCur Scur rerc frere mere sont désignés d'un même terme (oncles), les seurs de père
pere pere pere pere mere mere mere mére et saeurs de mère dc même (tantes). La famille nucléirc est ainsi
isolée: les termes de pere, mère, fils, fille, etc., ne sont utilisés
CROW par personne cn dehors d'elle. L'égalité des patrilatoraux et des
matrilatéraux est soulignée. Il s'agit de sociéts sansgroupes de
filiation.
SCur du pere Pcrc nmere merc rère de la mère L e type Hawaien: Ego appelle tous ses cousins « frères »
et « sceurs i l appelle « pères » et « mères » tous les consan-
guins de la génération de ses parents. La filiation est indifféren-
ciée il existe un interdit de mariage avec tous les collatéraux;
la diftérenciation et
pere seur du pére.}frere SCCur. rère
EGO
SCur, Ircre. Sacur ils.. fillc P'homogénéité,
des. générations sont souli
gnées.
Le type Îroquois: Ego distingue cousins
nomme « trères » et « saeurs » de
ses
parallèles qu'il
sescousins croiscs , 1l appelle
pere SCEur du pcre neveu niece ne veu
«péres » les irèrcs de son pére ct «
Diece.

La
mres » les socurs de sa mre.
filiation peut être inditlérenciée ou unilinéaire.
OMAHA Le.type Soudanais: Ego appelle chaque cousin par sa po-
sition descriptive (Eils de...) et les collatéraux de ses parents par
des termes chaque fois
spécifiques (3, 4, 5, 6). On n'en peut. rien
Seur du pere ere
Perc mere mere frere de la mère déduire. quant au système de filiation.
L e type. Crou Ego nommc ses cousins
trères »et « socurs », mais il appelle « fils et fillesparallles
» les en-
» «
fants frère. de" sa mère; il appe «peres » Ct sCur_, de
du
neveu iece rère SCur (rere seur frère de la mere mere père »les enfants. de la soeur de son père ; ces.dernières
EGO tions se aPpella
transmettent áux générations ultérieures. par voie ut-
rine. Cette terminologie suppose une
filiation
cnglobe dans l'appellation «. père » .et « soeur matrilinéaire,
qui
de.père tout le
fils fille rere de' la mere mere matrilignage du père (entouré sur les schémas en pointille
Le type Omaha": symétriquç patrilincaire du précédent.
Ego englobe sous les termes u mère » et « frère de mère »tout le
patrilignage de sa mère-(entouré en pointillé'sur les schémas):
Ses cousins. paralleles sont freres ct « seurs » ; fils et lles de
lá soeur de
son père sont « neveux » et *nièces » Le frère de
94 Les relalions soctales
La parent

Pere est « pére », la soeur de la mère est « mère » comme c'est


déjà le cas chez les Crow. Des relations interditesou tabous, par contre, cxistent souvent
vis-à-vis des beaux-parents: interdiction de repas en commun,
De nombreuses nomenclatures concrètes rentrent
exactement dans cette typologie.
ne
pas voire de tout contact physique ou verbal avec eux. Dans cer-
taines sociétés africaines, on doit se cacher_en brouss des que
T'on aperçoit sa belle-mère. Un gendre à-qui on dmandait
pourguoi il la fuyait ainsi répondit: « C'est ma meilleure amie
elle m'a donné ma femmc je ne veux pas courir le risque d'une
Types de relations de parenté qui
querelle romprait
notre amitié. » Il semble bicn que cette
pratique consiste à pousser le respect à son degré absolu.
M. Lévi-Strauss la compare à lusage européen de ne
Les termes de pas adresser
parenté impliquent des ypes de relations ou de la parole à unsupérieur de haut rang: «Or, dans la plupart des
comportement diversifiés selon le réseau complcxe des alliances
possibles ou réelles. En simplifiant, on peut noter quatre com- sociétés, la position de donneur de femme s'accompagn'une
périorité sociale (parfois aussi économique); celle de prencur,
su-

portements principaux: d'une inferiorité et d'une dépendance. Cette inégalit des al-
L e respect, ou contrainte, souvent constaté dans la liés (..) dans le
s'exprimc subjectivement système des rektions in
conduite traditionnelle des enfants en terpersonnclles, par le moyen de privileges et d'interdits (La pen
présence de leurs pére ct sée sauvage, p. 352).
mere ils ne doivent pas devant eux se laisser aller,
parlcr avec
légèreté, en particulier de questions scxuelles, s'asscoir sur leurs
its, ctc. Les relations ou parentés à plaisanteries sont une systémtisation
-La familiarté, au contraire, apparaît souvent vis-å-vis des
de
la familiarite(comme la précédente uñe systé-
représentait
matisation du respect).
grands-parents : le petit-fils peut taquiner son grand-père ct types parents ne doivent pas
Certains de
sc rencontrer sans se taquiner ou s'injurier librement. Ces rcla-
plaisanter à ses dépens , ils
jouent ensemble. Le principe structu
ral à l'cuvre est qu'une génération est
remplace dans le temps tions sont à rapprocher des marques d'hostilité feintes obscrvées
a propos du mariage : le groupe qui perd une fille insulte le
par celle des petits-enfants. Ces deux générations s'établisscnt
donc sur le pied d'une sorte d'égalité sociale. De même l'oncle et groupe du mari, par compensation. On. trouve cette rclation
le neveu. surtout entre un homme et les frères et sceurs desa femme: c'cst
l'expression hostile d'un sentiment d'amitié dont personne ne
En effet, comme nous le verrons, c'est la. Compensaion matrimo-
niale versée pour sa saeur qui, en théorie, permet au frère de pou- s'oflense, puisqu'en vertu de l'alliance tout. se passe comme si
Pinsulte s'adressait à soi-même. L'insulte rituclle a donc pour
voir s'établir et prosp rer. Il a donc contracté envers celle-ci une
dette que le ils de cette soeur vient lui réclamer. Chez les Betü du
tonction de rappeler et de manifester la communion.
Cameroun, par exenmple, le neveu a des droits sur.les biens suivants moderne ou
de : les fruits tombs à terre, la tête
On trouve l'équivalent dans la société curopéenne.
son oncle des arbres
animal tué (sauvage ou domestique), le surplus des récoltes;
tout de traiter quelqu'un en égal et en intime consistësouvent à abandon=
ner toute lorme pour le « laire marcher », le plaisanter et l'apos-
l'oncle ne peut lui refuser non plus le libre accès à ses propres tropher en termes normalement injurieux ; on attend de l'autre
épouses. une riposte sur le même plan : s'il.«ne comprend pas la plaisante
La terminologie latine qui appelle patruus le frère. du pere rie »,
C'est gu'il refuse de devenir
un familier, de « participer
» so

(paler) et awncuus le frere de la mère, reflète un système.patrili- cialement.


néairc dont l'influence s'est maintenue longtemps en Europe (jus-.
quà nos jours pour la transmission.du.nom) : dans la. Chanson de Les membres de la famille sont ainsi-unis, sáuf cas de de
Roland l'aflection de Charlemagne pour le. héros ne
vient-elle. pas Viances, par un droit organique. et des obligations économiques,
de ce qu'il est le fils de sa soeur.?. religieuses, sexuelles, par un réseau précis de prohibitions et de
96 Les relations soctales
Ia pareni
sentiments, tels
quel'amour, l'affection, le respect, la
qui en font, comme la nation, une institution tout à faitcrainte,
celle qui préside à l'organisation et aux formes de la fasile clle
tionnelle, un contrat de fait imposé à des membres
excep- même. Par exemple, l'élevage est souvent le fait des homnes et
pas élaboré, et à quil'on ne demande qui ne l'ont la culture du sol celui des femmes ; mais on trouve la olution in
pas leur avis. La
révolte dans certaines
de certains
esprits mgdernes contre la famille trouve ici sa
verse plaines françaises avec les rõles de la kergere
source. et du laboureur.
Dans ce mini-Etat qu'est la famille étendue ou le lignage
classique, le chefde famille cumule les rôles distingués ailleurset
remplit à la fois les quatre fonctions d'autorité principales, reh
Le pouvoir dans la famille gicuse, politique, juridique, économique
i l est le prêtre du culte domestiquc,
l'intermédiaire entre les
ancêtres et les descendants, entre les vivants c certains
Le système des appellations reflète ou conforte la différencia- dieux, en particulier les dieux du sol ;
tion des rôles au sein de la famille il est le mandataire de la communauté
que soit le désir utopique de
ou du
lignage. En effet, si fort relations politiques, auprès du conseil du
domestique dans les
fonctionne sans un minimum de l'égalit, aucune communauté ne
tribu, auquel il _icge,
villageou de la
lier, unc certaine hicrarchisationrépartition
des rôles. En
particu- il a juridiction à l'intérieur de la famille : donne des
vie en société paraît êurc la condition dc toute ordres,
(l'expérience récente des' communautés infornmclles prononce des sanctions, résout les litiges, dirige le travail,col
en Occident prouve quc leur lectif et décidc. des mariages ;
durée de vie
mois). Dans maintes sociétés, où la sagesse etmoyenne
cst de trois
il est
le savoir sont censés l'administrateur du patrimoinc de la
communauté,
acquis avec l'ågc, le pouvoir est excrcé par l'homme le dont il doit assurer la
conservation ct l'accroissemcnt.
La transmission du plus vicux.
pouvoir est un problème familial, ct aussi poli- Le chef de
tique par définition. L'autorité peut dans une socité patrilinéaire famille était normalement non un tyran, mais un
passer au lils aîné (droit de primogéniture), ce
qui privilégie une mandataire charg d'agir pour le bien commun; aussi la cou-
lignée. Entre frères, il existe en général une subordination des ca- tume prévoyait-elle l'éviction des candidats indignes.
dets aux aînés. La succession
aîné cn frère cadet,
adelphique est celle qui s'opère de frère L'un des problèmes ethnologiques que
posent tant la composition
ou le
jusqu'à épuiscment de ce niveau de génération d'un manuel quc celle d'une monographie est la répartition des
pouvoir doit revenir à l'aîné du frère aîn. domaines à traiter selon des:
chapitres
sans. liens évidents cntre
Nous avons vu.
que, chez la plupart des peuples, le mariage eux parentë, religion, droit, art, économie, technologie, ctc.
Une
et la famille ont
fort peu à faire avec. la satisfaction du besoin solution peut consister å opposcr (dans la grande tradition alle-
sexuel. Ce qui prime, ce sont les
exigences d'échange entre les fa- mande) le matriel au
cülturel, les inlrastrüctures aux superstruc-
milles, et à l'intéricur même des familles les röles. économiques, tures. Nous.avons. pris,comme parti, aprs avoir. présenté la genèse
de la
cn
particulier la nécessité de répartir le travail entre les sexes. discipline et avant de conclurc sûr ses méthodes, de suivre
Cette division du travail est comme fil conducteur la gestion des rapports sociaux au scin dc
d'origine culturelle plus que na-. l'environnement; ce qui est
déja le rôle du chef de famille : tel que
turelle il n'y a aucune règle fixe, en dehors du fait que la le définissait Aristote, l'homme cst, un
animal
d'abord de constituer, la parenté,. les alliances, lesgrgairc.
Il s'agit
femmc donne naissance aux enlants ct prend soin d'eux, tandis
quc 'homme chasse et fait la guerre (quoiqu' on maisonnées, les
villages, les cités; d'en établir les règles et les puissances, donc les
connaisse
presque partout des amazones chasseresses et guerrieres). Lc fait régimes politiqucs, d'y iitualiser les événements, d'y résoudre les
de la division du travail est contlits, cc qui suppose un droit ,il faut certes apprcndre à traiter
universcl , la maníère de la éaliser
contingente, On trouve ici la même artificialité.culturele que avec les autres.hómmes, mais aussi avec les pouvoirs invisibles
sont censés régir les destins,
qui
suivant la vision globale du monde
98 Les relations sociales
La parent

qu'on a pu se forger. Il s'agira enfin d'échanger et de répartir entre


les hommes les divers même servir d'armature à l'Etat, comme l'a montré C. Tasdits
biens, fruits de leur travail, c'est-à-dire de
dans son étude du royaume bamoum. Ajoutons que l'apparte
leur lutte et de leur
dialogue avec l'environnement, et c'est l'éco-
nomie. nance ethnique ou lignagère continue àjouer un rôlecapital dass
Bien entendu, chacun de ce domaines de la vie sociale inter- la vie moderne, peut-être funeste dans le domaine potique-onn
fere avec les autres, ct l'ordre croisi ici n'en est sait l'importance des clans au Proche-Orient, mais parfois poss
tres possibles:
qu'un parmi d'au- til, comme pour le commerce dans la diaspora chinoise
La famille est en eflet une grande productrice d'ilentité évo
Le système familial est un
type d'ordre parmi d'autres. La lutive, dans la mesure où les membres d'une société tendent áá
tâche de l'anthropologie est d'observer les traits d'un s'identilier les uns aux autres, tout en se distinguant es sociétés
d'élucider comment chaque élément s'insère dans le
système, ct
fonctionne- voisines par création de diffërence. On fait référence àce phéno-
ment de l'ensemble.
mène, difficile à évalucr, lorsqu'on parle d'ethnogense, de
pseudo-spéciation, d'identité ethnique, d'cthnocentrisme, de dis-
unction; phénomène qui s'étend à bien d'autres domaines de la
vie sociale, langue, religion, civilisation matérielle, etc.
La parenté dans ses rapportss En sinspirant sans doute des ambitions de Montesquicu,
avec l'ensemble de la vie sociale Emmanuel Todd pense déccler l'origine et l'esprit des régimes
politiques dans le système familial, d'après les rapports d'auto-
rité et de solidarité qui y règnent et selon les lois et coutumes qui
La famille nc pcut être la matrice dc toute la vic socialc, régissent la transmission de l'héritage. On peut objecter que ces
puisqu'clle suppose le mariage, c'est-à-dire déjà le scns de l'ins- régimes familiaux n'ont ricn d'immuable; mais ses hypotheses
titution ct ont permis dès 1983 à l'auteur de La troisième planète de donner
des échanges entre les hommes. Mais clle apparaît
comme universelle, et, comme nous venons déjà de le airc, on comme inéluctable, faute de racines sociales, la fin du commu-
pcut légitimement chercher à mettre cn relation la varicté de ses nisme en Pologne et en Ethiopic.
formes avec lcs diflércnts domaines de l'activité humaine et les Des études faites sur les Indiens d'Amérique du Nord permet-
divers environnements. tent d'établir une ccrtaine corrélation, significative quoique
La famille sert de cadre à la vic politiquc dans les sociétés faible, entre les activités économiques commandées par l'environ
acéphales », c'est-à-dire sans chefs politiques, sans institutions
cde policc, de justice ou de gouvernement. C'était le cas pour les
nement fcueillette, chasse, pëche, agriculture) et le système fami-
Beti du Cameroun comme pour les Nuer du Soudan. Le lien gé-.
lial. Là où dominent les activités féminines dans la subsistance, la -

résidence est matrilocale, la filiation matrilinaire, la terminologie


néalogique patrilinéaire commande une solidarité de moins cn crow c'est 1'inverse quand dominent les activités masculines de
moins forte au fur ct à mesure qu'il sëloigne au cours des généra
tions, jusqu'au moment où les segments familiaux (ou « lignages
subsistance système patrilinaire harmonique, terminologie
omaha; quand la part des hommesetde[ femmes s'équilibre, ä f * *
minimaux ») issus d'un même ancêtre « lointain » se reconnais liation est bilatérale et la tcrminologie. hawaicnnc.
sent simultanément à la fois le droit de se faire la guerre et de C. Meillassoux a de même tenté d'établir un lien entre les
s'entrépouser, exogamie étant liée à ce qu'on peut appeler l'exo-
polémie. Mais en cas de menace extérieure, la vieillesolidaritéli- Pratiqucs agricóles par plantage-bouturage de tubercules et le
système matrilinéaire, en l'opposant àux. systèmes céréalicrs qui
gnagere pourra se reconstituer au niveau maximal face à l'adver-
seraient. patrilinéaires. En fait, quantité de socités dont 1'ali-
saire commun, comme l'ont montré ccrtaines résistances à mentation de base.est faite de.tubercules sont. patrilinéaires.
l'invasion coloniale, nous le reverrons au prochain chapitre. On verra à propos de l'économic comment la structure fami.
En dépit de ccrtaines théories évolutionnistes, le lignage peut.
liale informe la division du fravail sclon les âges et les scxes.
100 Les relations sociales
La parent

rentes formes de solidarité ; sa construction pcut en laire deja un


Note méthodologique: comment étudier «phénomène. social total », reflet assez complet des habiusdes et
la famille
des valeurs du groupe dont les croyances se manifestent dasis les ri
tuels de consécraton et de protection. Unc fois construite, eile de
Il convient de commencer vient souvent le symbole d'une ethnie ou d'une région, un « con-
par
possible, par cxemple en dressant le l'approchela plu concrète primé de civil1sation », au point que les Iroquois se denommaent
plan de la résidenge familiale
à étudier (ce que le français colonial appelait la concession »,
«
l e peuple des longues maisons »
et les Somba du nord du Bénin
c'est-à-dire l'unité résidentielle
d'une famille; ce les « Ba Tamberma », c'est-à-dire « les bons maçons ». La maison
correspondre à tout un qui peut estpour chacun le lieu de référence par cxcellcncc, ct c'est pour
quartier de village comme c'est souvent quoi le bouleversement autoritairc des habitats qui est de mode
le cas Afrique de l'Ouest, mais aussi å un
en

meau, un groupe de tentes, etc.). On y campement, un ha- sous


prétexte de «
modernisation »
dans certains Etats du Tiers
de l'habitation : l'agencement mëme des précisera les conditions Monde trahit toujours despotisme et mépris de l'humanité.
sions morales et soCiales trés maisons a des répercus- Les questions qui se
importantes, en mëme temps qu'il posent ensuite sont de ce type com-
reflète les structurcs des sociétés. ment les individus se répartissent-ils dans la maison? Comment
On distingue trois niveaux la maison est-elle construite
d'étude: en fonction des rôlcs dc ses habi-
« »

habilal: ou ensemble des tants ct de leurs besoins ?


implantations humaincs dans un La hiérarchie familiale (par exemple entre dillerentes
cadre géographique donné, tel que maisons,
places ct rucs. Ccst amenagement du terrain boutiques, un polygame) et les relalions entre les membres de la épouses famille
semble des individus; par l'en- (importance dë la salle de séjour ») s'inscrivent dans a répar-
«

l'habilalion,
terme général concernant tout ce tition des places et des dépendances. Y a-t-il des
aux maisons construites
qui se rapporte sons réscrvécs aux
hommes, aux lemmes, aux
casesu mai-
picces ou des étages, sont-ils répartis selonjeunes
pour les hommes, pour leurs familles ? Sily a des
ou pour des ensembles
de foyers; les généraions?
Connait-on des lieux d'aisance et de toilette, ou va-t-on
le logement
habitation réduite, concernant unc famille nature ou au dns la
conjugale unouloyer, qui corrcspond à la maison de type marigot? Une grande salle commune réunit-clle
traditionnel ou à l'appartement. pour le repas tous les membres d'une famille indivise
dans la zadruga slave, dans les communautés taisibles comme«
ou »
Micro-milicu construit ou aménagé, donc humanisé, l'habitation dans certaines fermes de France
clle seule offre un grand intérêt anthropologique. A travers. la va-
à (ou:l'on incluait aus les do-
riété de ses formes, on s'aperçoit en
mestiques, selon une hierarchie marquée par les places atable) ?
premier licu qu'elle n'est pas
détermine par l'environnemcnt, celui-ci ne faisant qu'exercer sur. Ainsi, chez les Kokomba du Togo, le regroupemcnt de la ommu-
elle des contraintes, des.
hmitations non décisives ; les fâcteurs his- naute a moment des repas, cst, mis, en.evidencc, par. lcxustencc.
toriques économiques, sociaux, pèscnt au mains autant que. les d'emplacements réservés.
1
conditions pédologiques ou climatiques, ét Pon trouve la /aux
hommes mariés-
maison de
papier japonaise dans des froids sibériens. Les considérations prati- 27aux femmes;
ques jouent, bien entendu, mais les orientations symboliques ou le 3/aux clibataires
souci. de distinction sociale (dans 4/aux chefs de famille. et aux
l'emploi du matériau, 'par impubéres.
cxemplc) entraînent souvent des réalisations. dysfonctionnciles
en cst-il des.
(ainsi
**. Chez les. Bamilékés' du amtroun, Torganisation des conces
toitures de tole en Afrique tropicale ou des ter- Sions répond à deux exigences ; l'une économique: cànalisçr la cir-
rasses à litalicnne àuchâtcau de Versalles). En second lieu, lha-.
bitation est le résultat
..
culation des.chèvres; Pautre sociale marquer le.prestige du cbef
d'une chaînc opéràtoire ou proces. complexe de famille. Ontrouvera.done partoüt des clõturcs,.et, sclon le rang,
(concerhant le savoir-faire ct la technölogie).qui réclame toujours une place de.lamentations, une allce centrale, unë.case vestibule,.
unc grande coopération de la part de tous et donc l'appel à diltë-. des cases de femmes, la grande ca_c de prestigE, ctc.
.
102 Les relations sociales
La parent 03
Les activilés
Comme de
économiques de la famille, parfois lieu de travail
consommation, se traduisent aussi ou éminent; zones résidentielles ou industrielles dans les
úments spécialisés de l'enclos dans les divers bâ- villes, ctc.
résidentiel: cuisines,
granges, poulaillers, étables, écuries, greniers, Chez les Bamilékés, l'habitattst dispersé ; chacun vit sur ses terres,
rages, etc. Sont-ils collectifs ou appropriéshangars, atelicrs, ga- ou sont construites lescases
desfemmes et des enfants non mariés;
Les symboles individuellement?
propres à chaque culture se rcflètent dans l'habi- les enfants mariés sont établis sur une concession
distincte, rare-
tation. ment à côté de celle de leur
père, car il y a peu de terres libres.
Chez les Kokomba, les éléments de
village s'agglomérent autour
Ainsi, dans certaines
sociétés, la maison figure un animal, un d'un foyer initial, jusqu'à ce qu'un enfant
essaime pour devenir ail-
homme, les parties du corps humain ou leurs le centre d'un nouveau village
; bien elle souligne les liens identique.
unissant les vivants et les morts:
foyer-autel.des ancêtres, place des
poteries reliquaires, quand elle n'est Dans une société donnée, la vie inlerne du groupe familial est
pas elle-mime conçue comme
une urne
funéraire, ou bien clle signifie le conditionnée par l'ensemble du milieu social, conformément aux
système
poteau-mitan fang ou fali exprime l'union du
de lunivers.: le
conceptions locales ou modèles culturels de cette vic familiale, qui
ciel et de la terre ; la
tente touareg reproduitla voûtc céleste, chez
certains Malgaches, se traduisent par des comportements communs aux dilférents
douze points symbolisant les douze signes du zodiaquc sont membres du groupe. Pour. connaïtre ces comportements, il est
sur le situés
pourtour de la maison , la maison des Lobi signific l'union également nécessaire d'étudier d'autres aspects :
des sexes et celle des Dogon l'ünion Les éléments démographiques: on nc peut comprendre la
avec Dieu. L'oricntation du
logis, la protection de ses ouvertures (surtout
tiellcs. Des valcurs s'opposcnt dans.la maison
du scuil) sont cssen-
même, entre le haut
viedes petits groupes familiaux.
sans les rapports nu-
connaître
mériques entre hommes et femmes, l'évolution de la natalité,
et le bas, la droite et la gauche, le clair
et l'obscur, le
tiède, et surtout le clos et l'ouvert, car lcs conceptions de frais
et le des divorces, etc. L'examen de la pyramide des ages est ici néccs-
l'intimité saire: cle permet de e faire une idée de la structure de la po
sont diverscs, avec tantöt un
cspace unique polyvalent pour dc pulaion selon trois facteurs: la natalité, la mortalité et les mi
nombreuses activités communes, tantöt au contraire
des pices
séparces. grauons.
La scule inspection de c
graphique pour Dakar 1955, par
Dans la civilisation musulmane, ce sont les exemple, faisait ressortir les traits suivants: échancrure entre 10 et
logements mëmes
qui sont des enclos renfermés, protégés des regards par dc hauts 20 ans, qui caractérise les villes africaines à population récemment
murs extéricurs : la cour ou lc jardin intéricur d'une maison mmigrée (des .trois quarts des adultes ne sont pas nés dans la
revêtplus d'importance quc la place du village. villc);jeunesse de la. population, qui a 60% d'efectils. actits
Ce symbolisme et ces valeurs (entre 15 et 55 ans);prédominance masculine dans le sex-raio(ou
sont aussi.repérables dans les proportion relative des hormmes et des femmes) grand nombre de.
agglomérations : la ville impérialc des Lunda du Zaire. repro- celibataires hommes (40%) dû au fait que leurs. possibilitésde
duit la forme de la tortue. mythique; les établissements. des.
marnage (dejà plus tardif que celui des femmes) sont réduites par
Pawnee d'Amérique imitent la répartition ***

ciel. L'écologie humaine est au sens


des étoiles dans. le la polygamie
et lc coût des frais à aasumcr (« dot » en particulier),
propre l'étudc de cette struc precocité du mariage des femmes (les neuf dixièmes sont mariées
ture de l'agglomération comment s'organisent avant 21, ans); nombre des veuves.(un polygame décédé en laisse
Scnt les quartiers, comment
disparais-
ou
plusieurs, ct la longévité des.femmes est plus grande que celle des
se répartissent les classes sociales
ou
matrimoniales chez les Bororo d'Amériquc: du Sud, divi- hommes) petit nombre des: divorcécs; surmortalité. masculine
sion de leurs villages circulaires selon leurs pami les cntants.
deux « moitiés ».
exogamiques; ailleurs, quartuers des commerçants,. des étran Les élémentséconomigues: on ne peut étudier la famillc sans
gers, quartier des « nobles », glacis protecteur autour de la rê
CoRnaitre le nivcau de vic, le pouvoir d'achat, l'èquilibre du"
SIdence du prince ou du chel, souvent située dans un lieu élevé.
budget:
104 Les relalions sociales
a parcnlé 10
Les élémenls poliliques el
jurndiques : codes de la famille,
« »
Press, 1983; trad. franç. L'èvolution de la famille et du mege en Europe, Paris, Ar
règles tallocations favorisant plus ou moins la natalité, cou- mand Colin, 1985:
tumes, réglementations de la dot », «
procédures de di
vorce, etc., exerccnt unc action importante sur les
Revue Autremenl: « Finiela famille ? », Traditions el nouveaux róles, Dossier n' 3, Pari,
1975.
ments. STle patrimoine échoit à un seul
comporte-
enfant, la solidarité des
frères risquce d'être plus nécessaire que si les bicns
Murdock G. P, Human Relations Area Files, collections T fiches de lrUniversie
de Yale (présentes aussi au Collège de France), présentana classification re
sont partagés prise dans Social Structure, New York, The Free Press, 1948, 1951, trad. franç. D
entre de nombreux héritiers. L'existence d'une
conduit aussi à un plus grand majorité » « la structure soctale, Paris, Payot, 1972. Très
tcchnique.
individualisme, tandis que le
maintien des cnfants adultes dans Sur la liaison entre
la dépendance des parents parenlé el poliligque
freine les initiatives, ctc. Todd E., La roisième planète:
Nous n'avons pu qu'évoquer structures familiales et systèmes idéologiques, Paris, Scuil,
1983. Livre dont l'inlormation n'est pas
sommairement l'extrême diver-
sité des systèmes de parenté. Les fonctions de ces sans etre neuve, est
toujours rigourcusc, mais dont la thèsc,
intéressante, selon laquelle le type d'autorité familialeet
dentiels et/ou de filiation sont multiples, groupes rési- d'héritage entretient un rapport étroit avec la conception ct la pratique de l'au-

ere (ct dcmeurent puisqu'clles peuvent torité politique.


souvcnt) à la fois rcproductrics, économi-
ques, politiques, sociales, religieuses. Pour les remplir au micux, Sur l'habitation.
les divers groupes doivent
s'adapter aux circonstances extë- Dibie P., Ethnologie de la chambre à coucher. Bonnc
introduction à l'étonnante divcrsité
rieures qui dépendent de
l'environnement
savoir aux ressources naturelles,
naturel et humain, à des cultures.
aux densités.de population, aux
régimes politiques. Il s'ensuit que la parenté, dans une
mesure, forme système avec l'environnement pris en certaine ce sens
largc; d'où l'extraordinaire variété de ses formes,
qui du coup
cn font le carrefour de la vie
sociale, et un licu privilégié d'étude
pour l'ethnologue.

Pour en savoir plus

Surla parenté
Le meilleur manuel cn cc domaine cst celui de R. Fox, Rinship and marriage, 1967.
trad.
franç. Anlhropologie de la parenté, Paris, Gallimard, 1972.
Un textc important est
lIntroduction du livre de A: R. Radclilfe-Brownet
D. Forde, African
systems, of kinship and marmage, Londres, Oxlord University
Press, 1952, traduit en français: Systèmes familiaur el malrimoniaux en Afnque noire,
Paris, PUF, 1953; il permet d'appréhender que sont le fonctionnalisme 'et
théorie de la fiiation.
ce
la
Sur la famille .
Unc
bonne entréc en cthnologie pcut consistcr
à saisir ce qui' se passe chez 50i,
Cepourquoi nous conseillons les trois ouvrages suivants sur I'Europe
Duby G. et, Le GollJ. (sous la dir. de), Famille el parenté dans
française de Rome, l1977.
lPOccident médiéval, Ecole.
Goody J.J. R., The Development of Family andMarriage in Europé,
Cambridge Univ

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