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SUHLA
RÉVOLUTION F RAMCAISE
OEUVRES COMPLÈTES DE KANT
Tf!«tu!tMfnfrM~is
PM JULZS BAn~I
AVKC DES )MTRODUC'nOP!S AMA!.YT!QHKS KT C!UTtQUKS.
REVOLUTION suat.A
FRANÇAISE
pn~cKDKta
PAR J. H. FICHTE
Ira(to!t(ttt'.Uift))and
PARIS
F. CHAMEROT, LIBRAIRE-ÉDITEUR
RUK DU JAnDINËT, 13
4859
INTRODUCTION DU TRADUCTEUR.
(!) Pour cette partie de mot! tr!)it, comme pour tout ce que j'ai dit
plus bas des dernièrcs anr~ca de Ftchtcjc n'ai eu qu':) suivre et à résumer
t'ouvrngc que son nts ;t consacra a sa n~fno:rc 7<j/«!hn ~o«ne~ /<c/<fc'~
Z.c&cn «M~ ~(tt~c/tcr ~rt~T(.t. '2 \o). Sutxbach, t830 et !83t.
Cette biographie, écrite avec autant uc talent que de piutt'- n)iatc, m~ritcraH
bien d'être traduife pn français il
y a peu de Hvt'cs aussi intcressanttt.
ilhénitte nouveau.neetpréditqu'iif.)uitunjourt'urgueitet tajoiude
suM parents. Cette prédiction, quo suivit do près ta mort du vieillard,
parut comme la dernière tueur d'un espri! pr6t a quitter tu terre, aussi
exerça.t-ette une grande intlucnce sur ta conduit des
parents a
l'égard do leur ent.)nt, et par suite sur son avenir. Son père résotut
do tuteur s~-s inclinations et ses goûts su tnanit'estur un
toute tibor~-
il rcccnnuUuontô~ combien co~ enfanNa rcssembiuiL qui
pou a ceux
im~aie)~ vonus~suitec~en g~~rn) tous les autres, fuyant le
jeu, cherchunL ta sotit~u, iofuLurphitoMphoaimaU a se ptot~erdans
do profondes r6verius. Il passait souvent des heures entières,
sur la
colline, a reganter dans to tointain et a méditer, et, plus d'une
fois,
après te coucher du soleil, te berger du vitta~u dut tarract~r a
sus
solitaires contotnpt~tions pour le ramènera la maison putornette. Ces
heures de son enfance lui laissèrent, un souvenir qu'il plaisait plus
se
tard u évoquer. tant il y avait trouve du charme
et sans doute de
profit Son père ot te pasteur du vitta~ furent,
ses premiers précep-
tours. tt les donnait parla précocité de son esprit. C'est
pur ta qu'a
t'agode huit à neuf ans. il attira un jour t'attuntiond'un seigneur du
voisinage, du baron de Alittitx, qui voulut bien
se charger de son édu-
cation. Gtaco à la ~nerosh6 de ce soigneur, t'entant
put suivre la
route ou t'appelait son génie.
baron, dont te château était situé près do Mciszen, confia
Le
d'abord le jeune Fichte au pasteur do Niedorau, village voisin de
cenevittc. Ct) pasteur nt sa femme, qui (.taient eux-mêmes sansfa-
millo, mais qui avaient un grand
amour pour les enfants, entoureront.
des plus tendres soins tour petit pensionnaire. Fichte
passa chez eux
les plus belles années de sa jeunesse, et c était encore ta un des sou-
venirs qui charmaient te plus son âge
mur. Malheureusement t'ex-
cdienL pasteur ne pouvait conduire
son étevo au deta de certains
éléments; aussi, a peine celui-ci cut-it accompli
sa deuxième année,
qu'it engagea te baron do Miititz à le placer dans quetqu"
maison
d'instruction ou l'enfant put suivre les études
pour lesquelles il se
montrait si heureusement doué. Son bienfaiteur le fit donc
entrera
i'écoto municipale de Meisxen, et, bientôt après, à cello de Pforta,
prés
do I~aumbourg.
Pour un enfant qui avait jusque-ta vécu à la
campagne, courant.
libremont.a travers les montagnes et les boi.- et trouvant toujours
u
lU maison des visages souriants et t'aHection la ptus tondre, c'était
une
rutto épreuve que cette rcctusiun dans lus sombres
murs d'un col-
tége, ou peur mieux dire, d'un couvent. Lu jeune r'icttte pleura
.unt'rcment tout ce qu'd avait perdu. L'('')('optus:~é(p)itui fut
duoné pour compagnon do cettute et pour mentor (suivant l'absurde
re~temcnt aturs en usa~c dans cette maison), no fit qu'accrcttrc son
ch~s'in et son désespoir. en t'acc<:b)ant du mauvais traitements. Lo
pauvre enfant résotut do fuir. N'osant retourner chez son protecteur
ouchex te pasteur do Nidcrau. du peur d'être ramené u Pforta, il
iorma tu projet 'te chercher quoique ïtc déserte ou il put vivre n la
tnmm'rcdc H~bin~on. profita dom'd'un jour()uprom~nndo pour
s'eva()ur, et. g:'gna !n route de N'utnbour~. Muis, s'étant arrêté sur
te sommet, d'une rianto ccttinepour y adro~cr su prière à Uiou avant
<te poursuivre son chctnin, t'itnngc de ses paronts, le souvenir do
Jour t.ondros'-e pour !ui. t'idcc du chagrin qui tt's accabterait, qui tes
tuerait pcut-etro. quand its npprendrutcm sn disparition, ta crainte
de no tes revoir jamais, toutes ces pensées s'emparèrent tout à coup
de son esprit et tirent tomber j-n re'otutton. !t rentra aucottege.
La. conduit devantte recteur, ittuiparta aven tant do franchise et
do candeur que cctui-ci, profondément touche, loin de to punir, lui
promit sa protection et lui donna un memeur camarade. A partir de
ce moment, te jeune Fichto se livra a t'élude avec ardeur et y ftt de
rapides progrès. !.o travail occupait, atimentait, dcvetoppait son
esprit; it ramona bientôt te contentement dans son amo.
C'était t'ppoqueoù un esprit nouveau commençait a se répandre en
Anomagno, attaquant partout t'aveugle respect de l'autorité, t'amour
de la routine, la manie do l'imitation, et retrempant la littérature
et la phUosophio aux sources d'une pensée vraiment libre et originato.
Mais plus cet esprit suumuit avec force, plus les adeptes du passé cher-
chaient a y sjustrairo lus jeunes générations. Wietand, Lessing,
G~the, presque tous tes écrivains de ta nouvctto Attemagno étuient
sévèrement interdits a t'forta. Mais contre un esprit do ce genre les
murs mêmes d'un cotté,;e sont d'impuissantes barrières; et, en pareit
cas, los ptus sévère-! interdictions ne servent qu'à exciter davantage
la curiosité des jeunes ~cr~. Fichteeut même ici pour complice un
do ses jeunes ma!trc- ~raco a sa comptaisance. il put tire certaines
feuittcs potemiques où Lessin~ poursuiv.tit t'intoicranco et to dogma-
tisme pcdantesquc dans h< personne (tu pasteur GoDze; ce fut pour
fui te commencement d'une nouvctto vie into)tcctuetto. Cctto lecturo,
t'indepondanco
en offet, évoitia dans son esprit, avec te sentiment do
absolue de la pcnsco, te besoin d'une liberté itmnitéo d'examen et do
recherche. C'est ::ans doute aus?i à t'imprcssinn que ces fcuittes do
Le'ing pro !i) ont sur ccttejeono i~me qu'it faut attribcor, au moins
en partie, ces irnits dû resgembtancc que t'en a remarques entrer
manière d'écrire, surtout dans ta polémique, et cette de cet. auteur.
Tctte fut t'admir~tion quit ressentait pour fui, quitte promit
de:'emettroenrout.o;dèsquit pourrait voy.'ger,1 a:indu)':dtcr
trouver et. de jouir de t'entreticn d'un si grand homme. Matheurcuse-
ment. il no lui fut. pas donné d'exécuter co projet. d'abord t argent
lui munqua, et bientôt une mort. prématurée vint enlever Leasing à
i'Attomagne.
Qu<)t)d cet ecriv.dn tnourut, t''ichte utait, dcpu(!) un an,:t i Univer-
sitc d't6n<), où il étudiait la thcotogic. Kn choisissant. ceUo facuttc,
il avait moins ucout~ son ~ontp~rsonnut <tnc )u Y(cu de sos parents
et. do son père adoput'. Une tuttcctudc ne pouvait ~Uisf'airutongtonps
une intettigcnco nus~i phitosophiquc mai? tes doutes mêmes qu'dte
suscita dans son esprit rcvcicrcnt en fui ct:)tinunerent lu ))hi!osophe.
I<cprobt~nequi parait, avoir surtout, attiré son attention, à cetto
époque ou la rcncxion to dutachait de ta 'hcotogic pour tu tourner
Yors ta philosophie, c'est celui de la liberté de la vo!untc,c!. particu-
Heremcnt la dif'icuttu de concitior cctto Hbert6 avec la nécessite do
i ordre universel. Ainsi, dès son début, hchtc se sent attira versect-to
grande ideo do la tibertu, dunt il t'era plus turd, a ta suito de Kant, la
ctcfde vouto de toute sa philosophie. Mais, à co premier moment, il
résolut te problème dans te sens de la phdosophic de Spinosu, bien
qu'it no connut pas alors Spinosa plus que Kant. Un prédicateur,
versé dans la philosophie, auquel il communiqua un jour ses idées,
lui apprit, qu'ctte:; n'ct.tit-nt autres que ccties du cetebro philosophe
hoHandais.C'est, ainsi que son attention fut. itttirésm ce penseur, dont
!o nom no lui était~ connu que comme celui du plus abstrus des athées.
n se mit alors a étudier t'7~/<~«f. qui nt sur lui une profonde im-
pression et le conHrma dans ses premières idées. Pourtant il y avait
en lui quoique chose qui protestait contre cette doctrine: celait te
sentiment énergique et indostractibte de son indépendance et do s~
liberté; ce sentiment, !o spinosismo ne pouvait pas ptus t'expliquer
que t'abolir. C'est par ta que t-'i<:hte reconnut te vice du système do
Spinosa, et qu'en so rapprochant de Kant, il trouva !o fondement de
sa propre doctrine. Comment un homme doué d'une Lctto énergie de
caractère aurait-it pu rest-c'r spinosisto il s~ntuit trop bio't on lui-
méme cet en</)~ que niait S[)ino~a pour te rejeter a son tour comme
une vaine illusion. !t no dira donc pas que la liberté n'est rien, mais
plutôt, qu'ettë est. tout.
t'<'ndant~)ot''i(;))t(:ctudinitet méditait ainsi à !c:)a, un grand
"~d)t()ur)t}\intff-:tpj)er:itj)ur'ii~('nhit'r)tait('ut-,utsovitabandunno
atui'm~nx'.Mais t('sdif{icuttcs~)ntru)c.qucHosit(.uth)uttern
partir <)t) ce moment et qui !p poursuivirent pcmtant p!usieurs
an-
nées, ne purent ébran~r son ('our.)gc: elles nu servirentqu'~
exercer
et a dûvetoppcr la pt)iss:)nco do sa votent. (:o fut pour hn une rude
éco!e. mais saiutairo. et tout a fait on harmonie
avec k' r6to (lui
t'att~ndai'. R~t-H montre ptns hrd autant d'indppcndnnccdans la
pcn~oo et d'f)0)-~ic d~ns la conduit, si los épreuves qu'i) travorsn
dans sa jeunesse n'eussent aussi fortement trempé
son caractère?
Après avoir achevé ~s études universitaires, Fichto rompHt,
dant plusieurs années, tes pénibtos fonctions de précepteur pon- dans
diverses maisons de la Saxo; puis, souhaitant
une position qui lui
tai~t. ptus de toisiret dd )ibcrt6, il songea ;'< l'état do pasteur, et
écrivit au président du consistoiro do Sax~pour le prier de lui faci-
liter h's tnoyonsd'y parvenir. Mais sa demande fut pas accueillie:
ne
on avait, a (-0 qn'i! pittatt, (piques doutes sur son orthodoxie théo-
togiquo. Rebute de cecotô, Fichte. à bout de
ressources, se voyait
dans la situation la ptus critique; mais
sa nort6 naturelle, d'autant
plus ombrageux qn'it 6<ait plus malheureux, i'etnpôehaiL de s'ouvrir
aux.tutroset détour rovcfer son denumenL Lejourannivorsairo do
su
naissance, do t'annén )788, le trouva dans cotte atï'reuse situation
mais ce même jour lui apporta une plancho do salut
on lui offrit
une piaco do précepteur à Zurich, chez te propriétaire do t'h6te! de
t'~pée. Bien qu'i! se fût promis de
no jamais quitter sa patrie, il
accepta avec reconnaissance un oxil qui !o sauvait do la misère
et
du désespoir. It ne savait pas
encore que son séjour à Zurich allait
décider du bonheur de toute
sa vie, en lui donnant l'occasion do con-
naître !a nob)o femme qui devait un jour, après do nouvpHes rudes
et
épreuves, charmer son existence pt tui assorercoqu'it avait
si long-
temps rêvé une position indépendante.
Il y nvait à Zurich un beau-frc.-o de Ktopstock,
dont la maison
était le centre d'une sf)ci~ d'étito. Fichto était
naturellement.appeté à
faire partie de cotte sociotc il fut introduit
y par Lnvater. Lui-même,
admirateur p~sionné du chantre dp !aMosaiade, de
ce patriotique
ot pieux écrivain qui avait ouvert une nonvene carriôro à la poésie
germanique (t), il devise sentir singuiieremontattiré
vers la maison
(<) On s.)it .p.e
Khtpstock tut aussi t'un des admirateurs, et t'on
.-n.t.hrchm.tMchanh~dot.-t pour.
H..v<.)uti.),, fr.)n.;a..se. E.. t788. t'iuustrc
p~-tc. aturs ..gc d.. piu~ .)e .soixautca. cumpoM une Mo a<~ ~t~
d'un hotnmo qu~snn .xttniration pour ce grand poète avait conduit u
~uscr sa sœur .)oh:)n!~).(:L'th~-in'itpHtS(juan'iri(-htc arrivai f~
Zurich muis ottc avait laissé 'mofitte, tn~'iticre des nohtos St'ntimonts
do sa mère, la consolation et f'irguei) de
son pcro. M Rahn. Si co
dernier avuit pu s'enthousiasmer pour une sccur do Ktopstock qu'il
no connaissait pas, mais dont. te poète iui vantait. tos vertus et le mé-
rite, quelle improssion no durent t pas faire our le
cœur de notre jeune
At!emand la vue et la conversation do cotte digne niôco du grand
homme < I! ne tarda pas a l'aimer, et il n'eut pas de peine a s'en faire
aimer. U avait rencontra lit femme qui lui convenait éprouvée o))o-
mômo. dan.sson enfance, par te mameur, animée dos sentiments reli-
gieux tosph)sc!ov6s, aimunto et dévouée jusqu'à l'abnégation, telle
était colle qui devait devenir la compagne de sa vie. H n'est
pas sani;
intérêt do remarquer que t'amour du Fichto pour la nièce de Ktop-
stock est contemporain clos sentiments de sympathie et d'enthou-
siasme qu'excita en lui la Révolution française. Ces deux
rayons
cchaun'ercnt en même temps sa jeune âme à l'espoir du bonheur
domestique que lui promettait t'union de deux cœurs si bien faits t'un
pour t'autrp, se joignait en lui colui de la régénération publique dont
!a Révolution française <emb!ait donner le signal,
et cette double
perspective t'animait d'une double ardeur. Chez lui l'amour n'étouffait
pas, mais semblait piutôt fomenter la passion du bien public. Ce fut
l'année même do son mariage qu'il publia ses CoMt(~-o«on< Mr
7~o~<<tûn ~-(ïHp~t'sc, et son ~<scou~ a«r ~'ber~ de ppMer; mais
nous ne sommes pas encore arrivés à cette heureuse époque de sa
(') !Ml7T-t8i. 1
ourlant Kant qui du, et ce jugement du grand philosophe tu
consotedu refus qu'il vient d'en ~~oyer. Pourcomhtedem.'theur.
to tibraire iiurtut~. (;ue Kant. h)i av.ut désigné, était alors absent
deKœnigsberg. Cependant .us ressotirce.sdiminuaient d'une manière
emayante. Aujoufd'hu', ccrit-it dans sonjournat, a ta date du
<3 septembre,
43 je voûtais
svptumbrc, ju vuulai~ truvaitlur,
travaitt'ir, t;t je no
et ju fuis )-ic)).
no fuia r~isa. Lo découra.
Le clécour~-
~en~m. s'est cmpin'~ de moi. Commet c<;h finira-t-i) ? Quodo'K'n-
drui-jo dans huit jours? Tout mon m-~ot .sera alors épuisa..
»
Ueurou~t)tenL, ici commu a Lcipsick, un thomuot m6tne ou
sa si.
Htution paraissait, to ph)s deauspér~c, unu nouvctte phmcho du s.dut
s'ottrait u h)i: unu p)nce du prompteur chex )o comt~ do Krokow,
dans te voisina~ du Dantzick. lui fut propose par )u prddJL-~teur
Schutz; ~rucu a ia rccutotnaodattO)) d~KunL, tes conditions tes ptus
honorabtus lui 6t.)i~nt (tHotes. Qucttotjuo fut. sa r~pu~nanco
pour ce
~cnrc do (onctions, ceLtc ptace )o tirait d'un terribtu ontbarr~ ut,
cette fois d'aincut's. il n'ont qu'a seieticitor: it trouva dans ianuuson
du cotnto o). tic la comtesse Krokow tt) plus ahnabto accueil et les
ro-
Jations tes plus :<~rc.tbtus.
Tandis quit jouissait, de eu bonheur inespéré, sa CW<«~ (~ (ou~
ft!ue~«oM~, in)pt nnco a Hut!u, obtonai). un sucées qui (tëpassait toutes
sos espérances. Ici cncoro Fichto avait ou d'abord a tuttcr contre du
graves dtfncuhes. Lo tivro, avant, d'&trc imprime, avait dû 6tre sou-
mis a la consuro, et te doyen de ta facutt~ do theoto~ie, charge do
l'examiner, avait refusé i'<Mtpr<Mtu<«<' a cause d unu assertion qui lu
scandahsait. Quettcét.ntd~nc cette dangereuseassertion ?C'6tait.cottc
idoo, empruntée a Kant, qu'une retigion qui se donne pour rcvetee
ne doit pas se prouver par h's miractes ahcgués en sa faveur, mais
uniquement, par son contenu c'est-à-dire par tes idées qu'ene
onsoi.,no. On demanda a hchte des changements et des suppros-
sions. t) dectura qu'it uimuit mieux renoncer a pubiio!' son travail
que d'a!terer t'ex~'e~ic!) de sa ponsce. La nomination d'un nou-
veau doyen, moins timoré, mit fin a toutes ces difficultés, où
SchuizotKanttui-momo étaient intervenus, et. l'ouvrage put enfin
paraitre. Lo hasard ntqu'it parut, d'abord sans nom d'auteur, et cotte
circonstance, indépendante do la \'o!ont6 de Fichtc, assura to succès
do son Hvrc on l'attribua a Kant, dont i) rappùtait en etTet les idées
et te tangage, et on no !')i épar~nn pas les éloges. Kantse fit un de-
voir d'en renvoyer l'honneur n Fichte, et de désigner pudiquement
son jeune ami comme fauteur dn livre. Mais ce livre avait fait son
chemin, cLceux mémo qui, te croyant do Kant, t'avaient te pius
vante, étaient interesst' a te soutenir pour justifier leur mépris et
sauver leur sagacité.
Il ne manquait ptus a Ficbto qu un bonheur, etcctui-ta allait sui-
vra tes autres. Par ses soins et son économie, madetnois('tto Mnht)
était parvenue sauver uoo partie de la fortune de son poro, ut o)te
avait encore <u!~t))ont6 ce qu'eue ~n avait consorvo. Une pouvait de
nouveau otrrir a Fichte un sort indépendant auprès d e!<e; nu! ob-
stade ne s'opposait plus à leur union. Fichte rutom'na donc enfin a
Zurich pour y consommer co Utaria~e tant dCi-iru et tant ajourna.
t) fut cct6br6 au mois d'octobrf de t'anneo 1793.
Anranctu onhn des soucis de tu vie matcricjto, mais jeune encore
(iiavaitators trenteetunan~), Fichtepeut désormais suivre tibrement
sa vocation. Sa première occupation est d'écrire en faveur (te la li-
bort6 et du droit. ScsCon«~t'r«<(o~sur /<t /o~<f<ott /'r~np<m«, ainsi
que sa /~Ut'h(~C(t<'b~(~ <« ~~f<'<f <e~s<'r, qui en est un quelque
sorte !o prctudo, parm'pnt, je t ai ()~j dit, t'annce tnc'no do son
mariage. C'est ainsi (juo, loin do s endormir au soin du bonheur, il
consacrait les premiers toisirs que lui créait sa nouveHe situation a
ta cause dont il avait fait le but do sa vie, a la défense de la vente
et de ta justice. Voitat'hommo; passons à t'ouvre.
n.
Il est. bien évident que celui dont nous avons raconté la jeunesse
ut retracé le caractère devait r~scntir h) plus vivo sympathie pour
la Révofution française.' Qu'on se représente Fichte, (!'apres tout ce
que nous en avons dit: doue du ptus t~'au ~onioutdu cœur to ptus
Ncr cL toptusnobio, tourna, pu!'suite, vnr& tes choses ntoratcsptuson.
core que vers tapurospccutation, éprouve et pour ainsi dire trempe
par )<; tnutheur qui n poursuivi sa jeunesse, t'in'topendanco person-
none, la dignité mora)e, t'atnour de la tiberte et do h) )t)-t.icc sont,
chez lui de veritab!es passions, que !'t'()e de h phiiosophio ()< Kan!.
vient bientôt oxattcr jusqu'à t'enthousiasme. Qu'on n'eUt) maintenant
cet homme, ainsi né f-t. ainsi formé, en présence d'une Hévotution qui
ne s'annonce pas seutomont comme un changement a opérer dans ta
constitution partic'.uiered'un peupte, m.us comme une reconstruction
()o !a société tout enticre sur )cs bases du droit naLuret et de la justice
abso)ue, comme un at)'ranchisse<nentgênerai, comme une pauhgenc-
sie de t'humauité, et qui, pour marquer d abord ic but de sa mission,
commence par une déclaration des
quitte emprunte a
~.o.~ <~ /to~ d« c«~
phitosophie; et qu'on se
ta demande quette~im-
pro~ion doit produire un têt événemem
sur âme du jeune phitoso-
ph'3"St ta K~'oiution française
apu émouvoir a ce point. des vioittards
tc~ quj Kant et Ktopstock. du quoi eutttousiasmo remptira-t-etto
no
pas le cœur d'un jeûna hommo tôt que Fichte? Et. si tes premiers
ne
soient pointage premnnir contre i'ittusion de si bol!es promesses,
comment to dernier ttendr~L-it comp:o des difucuttes
que la réalité
oppose M tifi~t? H n'est pas moins scduiL qu'oux
par les dëbu~sde la
Revo)ut:ot), ni moins confiant dans t'avenir qu'oHo
promctau\ peuples.
"h'juge comme cu~eHe hti~embtc
un richu tableau sur ce grand
texte: tes droits de! homme eL la dignité de t honnno;
e~ommo
eux, il y voit le prélude d'une transfurmutiongcucrate « Les choses
no sauraient demeurer comme elles sont actuettc.r.cn~: j'en ai
pour
garant ccUe étincello divine qui brille en notre cœur.. Mais. tandis
que, décourages pur tes violées qui souillèrent la cause de la hé.
votution. !e\~ux p~LeeUevieu~phitusophonotinronLpas longtemps
contre ta brutalité des faits, le neveu de Ktop~ock e~ to disciple do
Kant. Quittant, encore do toute t'ardour de ta jeunesse
et muni
d'ailleurs d une singuiière énergie de caractère,
conserve ses sym-
pathies a la Hcvotut:on et prend ta pturno
pour en défendre les prin-
cipes. sinon les actes, devant t Europe enrayée. !t
est mémorabte que
son ouvrage sur la Hevotution française est précisément Je 1793 (<).
i/ttoure do la déception viendra aussi pour tui, et quand arrivera
cette déception, hétas trop bien jusUfieu, il ne .dëptoiera
pas moins
d'énergie contre l'autocratie napoléonienne qu'it
en montre main.
tenant on faveur de la Révolution française; mais tant
que cette.ci
n'est pas devenue la proie d'un despote conquérant elle
no cesse de
lui inspirer un xete ardent et te:; plus nobles espérances.
i-'ichto no ferme point les yeux
sur tes violences et les crimes qui,
dans te temps même ou i! écri~, se commettent
en Franco au nom
de la liberté mais il en fait remonter lit responsabilité a
ceux qui ont
prétendu arrêter le progrès de l'esprit humain, et qui
ont systémaH-
(!)
co~ M.
Il y a bien
Qumct'a compare que~uc part (~Mt0~cc< Italie, O~-M
t.
h,
p. n~) Kant n la C.on~ituantc, et Fichtc à la ConYontion.
en effet, quc~ue ana)o{:!c; et, au point de vue pomiquc
nr:a)grc de notables tthcrgencos. afnnités sont manifestes. Mais que
<hrc du parallèle ou Henri Mdnc !'œuvrc de Kant à
compare celle
Co~'nnot). et Ficlite i'<~apo!<on? t) est vrai que !c spn-itue! ont!que depris
!a
soin tm-.n~nedc no~ortir (<'A</<<c, p. t3U) qu'il fait cette a
poratïon ptua par phiMtttunc que a~ripuscmtf)'. a cun).
quement retenu !o peuple dans t'ignorancc, ut il en tire une grande
!<;c' c'est que. si ion veut prévenir !osrcvotutions viotentes, il
faut ouvrir les digues que l'on no cesse d'opposer à la marche do
l'esprit humain, et instruire solidement h) peuple do
ses droits et do
ses devoirs. Do cette manière, quand it en viendra à modtfior sa
constitution, il n'embrassera
pus ta licence au thu du la liberté, et par
suite no sora pas exposa à rétrograder. Ècbiror le peuple et travailler
au progrès par ta propagaHon d(~ lumières, tdcjtdonc, scion richto,
t'uniquo moyen d éviter u t'avenir.tes désor(!res
que l'on reproche à
la Hcvotmion franc''iso. Autrement il nrrtvcra partout ccqu:
se pro-
duit en Franco tocours de la nature, violemment comprime, brisera
tous les obstacles, et l'humanité tirera de ses oppresseurs la plus
terrible vengeance. Mais pour travaitter ainsi au progrès et éclairer
le peuple, une chose est indispensable,
une chose sans taquette nul
progrès regutier n'est possible et qui esL comme le principu de tout
le reste, je veux dire la liberté do
penser, ce céleste Pa:tadium de
t'humanitc, comme t'appotto Fichte après Kat)t (1)., Le premier
soin
de notre philosophe est donc de lu revendiquer auprès des princes
do t'Europe qui t'ont opprimée jusqu'ici.
Fichtepart de ce principe que la liberté de ponsor est
un droitt
~a~Mu6~, et il en conclut que nul prince n'a to droit de la
sup.
primer ou do la restreindre'.
Qu'est-ce eii ctïet que ta liberté do penser-? C'est
un dos caractères
qui distinguent t'homme de l'animal c'est un otëmottoMcntiot de
sa peraonoatHe c'est la condition do son indépendance et de sa di-
goité. Il ne saurait donc renoncer à cette facuho sans abdiquer
son
titre d'homme, son rang (Je personne. 9a quatité d'être moral. La
tiberte de pensor n'est donc pas seulement
pour chacun de nous un
droit incontestable, mats c'est
un droit qu'il ne nous est pas permis
d'aliéner.
Lorsque Fichte revendique la tibertc de penser
comme un droit
~t'énabte, cen'ost passeutomcnttafaculté do penser tibromentpour
soi-même qu'itrccta!ne, mais celle do
communiquer aux autres notre
libré pensée. La première n'est rien
sans la seconde, et colle-ci
n'est pas un droit moins évident et moins inatiénabte
que cet!e.!à.
On conteste ce point, en se fondant sur que te droitdecommu~
ce
Mt()uer aux autres nos pensées suppose le consentement des autres a
(!) Voyez t'opu:cute de Kant, intituK f)<' ce proroge fc/n MM/ ~ro
t
~M M (AcoWo, w~u Me vaut
taDd~t'<no~d~,p.~70.
«ttee pt'(~<<?Me, que j'ai trathtit ù la suite de
6
recevoirnos dons. Ceta étant, dit-on, tu société ncpeut-etto supprimer
une fois pour toutes ce consentement, ut exiger do chacun do
ses
membres la promesse donc communique! absolument a
personne ses
convictions? En raisonnant ainsi, on oublie qu'it est do notre desti-
nation d'user librement de tout co qui peut servit- h
notre culture
intellectuelleet morate, que, par conséquent, il
no nous est pas permis
de renoncer au droit de recevoir des
autres les iumièrfs qui nous
sont nécessaires, et que si notre droit do recevoir est inaliénable,
leur droit de donner ne t'est pas moins.
Mais, dit-on, nul n'a le droit do distribuer du poison, t.e
poison t
voilà le grand mot des ennemis de la tibrc pensée;
et co mot, si vieux
qu'il soit, n'est point encore use
pour eux, nous en savons quoique
chose. Reste à savoir seulement
comment ils s'y prendront pour
prouver que ce qui est pour les uns une nourriture excellente est
poison pour les autres, et que tes philosophes un
sont, d'intention comme
de fait, de véritables empoisonneurs. Pour parier
sans métaphore,
le poison, c'est t'orreur, et t'erreur, c'est le contraire do
la vérité'
Or, disent-ils, si vous avez le droit de répandre la vérité,
vous n'avez
pas celui do propager t'erreur.
Fort bien, mais faut-il que nous tenions
pour vérité tout ce qu'il
leur ptaït d'appeler vérité, et que nous rejetions
comme faux ce
qu'ils nous donnent comme une erreur ? Quel critérium
nous offrent-
ils pour distinguer sûrement l'erreur de la vérité !t y a, disent-ils,
des erreurs anciennes et depuis longtemps réfutées. Mais réfutées
pour qui Pour eux sans doute; s'en~uit-it qu'cttos le soient aussi
pour noua~?
Que parle-t-on d'ailleurs d'erreur
ou de vérité! ït s'agit bien de
cela pour les princes Toute la question pour
eux est d'assurer leur
domination, et pour cela it ne leur suffit pas d'opprimerlos
corps s'ils
n'asservissent aussi les esprits. En p:)r.itysant dans leurs sujets te
premier principe de l'activité spontunée, la pensée;
en ne leur per-
mettant pas de se hasarder penser autrement qu'ils
no l'ordonnent,
ils en font précisément les machines qu'ils veulent avoir,
et ils peu-
vent s'en servira tour gré.
il est fâcheux seulement que le droit ne soit
pas ici d'acord avec
lours prétentions. Pour qu'ils eussent le droit do déterminer
ce que
nous déviions admettre comme vrai, il faudrait qu'ils tinssent
droit de la société et que celle-ci l'eût acquis ce
par un contrat. Or
Fichte n'a pas de peine à prouver qu'un pareil
contrat ost mo*
raloment impossible c'Mt-à-dirc ittogitimo et non avenu, tt tui.
suffit pour cela de rappeler que lit facutté do
penser librement t<t
do communiquer ttbrcmont sa ponséu est
un droit inaiiénabto de
t'homme.
Les princes auxquels on tient co langago ont
une réponse toute
prête c'est pour io bien de leurs sujets qu'ifs tour otem tu liberté
de penser, comme on enlève il des enfants un jouet dangereux
et,
& l'appui de cotte assertion, ils étaient complaisamment tous tes
maux
qu'enfante cette nberté. LaUévotution française leur fourbissait alors
uu argument qu'its ne pouvaient manquer d'invoquer: « Vous or-
donnez, iourdit Fichte, vous ordonnez à vos gazetiers de nouspei~
dro, sous des couleurs de feu, tes désordres ou
se jettent des esprits
partagés et échauués par tes opinions. Vous
nous montrez un peuple
doux, tombé dans une rage do cannibales, altéré de
sang, insensible
aux larmes, courant avec ardeur à des exécutions comme a des spec-
tacles, promenant en triomphe, avec des chants do feto, les membres
déchirés ot encore fumants de ses concitoyens,
ses enfants enfin
jouant avec des têtes sanglantes comme avec des toupies. ? Que ré-
pliquer a un pareil argument? On pourrait rappoler d'abord tes f~es
plus sanglantes encore que )o despotisme et lu fanatisme réunis
ont
données à ce mémo pcup!o, et montrer
que ces désordres ne sont pas
les fruits de ta liberté do penser, mais les conséquences du long
es-
clavage qui avait si longtemps peso sur les esprits. On pourrait
prouver ensuite qu'en dépit de cet exempte, la tiberte de penser, la
liberté de penser sans limites, sans obstacles, peut seule fonder ot
assurer !o bien dos ~tats, et confirmer cctto vérité pari histoire. « Jo
pourrais, ajoute Fichto, vous designer do grands et de petits
pays qui
continuent de neurir grâce a d)o. ou qui, grâce a elle, sont devenus
florissants sous vos yeux, c Mais, en vrai disciple de Kant, il
se
préoccupe moins du bien-être des hommes que do leur droit et do !eut
dignité. C'est au nom do cott<) dignité et de ce droit qu'i) revendique
ici la liberté do penser.
A ce sujet, il rappotto aux princes qu'ils
ne sont pas chargés do
v~Her au bonheur de l'humanité, mais seulement, do défendro
ses
droits, et que, par conséquent, leur premier devoir est de les respec-
ter eux-mêmes. Il no s'agit pas pour eux d'être bons, mais d'être
justes. Qu'ils laissent a Dieu sa tacho et qu'ils se contentent du rote
qui leur est dcvotu: il est assez subtimo. Fich~ s'étcvc étoquemment
contre cette basse théorie qui fait du princo une sccondu Providence-.
!t la renvoie aux courtisans qui s'avilissent et sèment ta corruption
pour se pousser :utx honneurs et aux richesses, et il p~rto ici .mx
princes et aux peuples t'austère tangage d'un hommo libre, d'un vé-
ritabtedémocrato.
Je n'ai voulu, dans les lignes qui précÈdent, qu'indiquer tes prin-
cipes sur lesquels Fichto s'appuie dans son ~cox~~tr~ liberté <~
~MW je n'ai cherché à en reproduire ni l'argumentation, si serrée
et si vive, ni l'ironie mordante, ni la rnate éloquence. Do telles choses
ne s'analysent pas. Chacun peut tire ce discours, sinon dans h} texte,
du moins dans ma traduction et chacun, jo t'espère, on y reconnais-
sant les qualités que j'y signale, rendra hommage au sentiment qui
a inspiré l'auteur: un profond amour de la tibortc de l'homme et de
M dignité.
pouvait alors diriger ses armes contre )a doctrine que t'en a depuis
particulièrement désignée sous ce durnicr titre, puisqu'elle ne s'était
pas encore produite. Chose curieuse, ce fut précisément sous t'in-
<1uencode!a réaction que le despotisme impcri.d excita en AHcma-
gne contre les idous françaises, quo naquit cette nouvotto cco)o histo-
rique, beaucoup plus savante et beaucoup plus rcdoutabto que colle
que Fichte attaque ici. D'après cette école, )e droit rationnel, tel que
l'ont conçu !aphi)osophicdu xvttrsicctc et lu liévolut ion fran~ifc. est
une lettre morte il n'y a de ree! et de vivant que le droit qui sort de
la coutume et de son d6ve)oppomcnt nature). Toute tcgistation quii
n'en dérive pas est artincietto et stérito. Dans ce système, il est ri-
dicu!ede par)erdo!'innucnccde):) phdosophiefurtcsinstitutions; )e
progrès du dro:t n'est possible que par une sorte do végétation na- l
turo))e, somb!<d)!e à cello de la planto. A cette école, qui supprime
la règle du droit au profit du fait brutal, et enteve h !a tihroinitia'ivc
des hommes consultant )a raison toute action rceHe dans le propres
de leurs lois écrites, il faut opposer tes principes si etoqucmment
défendus ici par Fichte: la grandeur de l'idée du droit et la puissance
de la liberté humaine. Le reproche d'inconséquence adro'sc par
Fichte aux empiriques, partisans du hasard et ennemis de ta t.hi!oso-
phie, peut aussi s'appliquer à
ces sectateurs de la fatalité, qui dccta-
ront la philosophie, c'est-a-dirc ta libre cutturo do la raison, impuis-
saute a faire le bien, tandis (juo d'un autre côte ils ta dénoncent.
comme un Huau pour tes socictcs. M Quu signitiont, peut-on leur dire
en tournant contre eux tes parois do t''ict)tc, tf~eroment modifiées,
(rnc signifient ces avert~scmcnts t{ue vous prodiguez aux peuples
pour !os mettre on ~ardo contre les fallacieuses promesses des philo-
sophes ?Tot)ex-ous donc trntiquiHe5,ottaissM faire votre. v6g6-
·
tation. Si k's philosophes réussissent, its nuruotou raison s'its no
réussissent pas, c'est qu'ils auront ou tort. H no vous appartient pas
de les repousser ;i!s seront bion jn~s pm' !o fait.. Tot~ cela est vrai;
mais. pour 6ti'e juste, il faut ajouter que, si t'ecoto historique est
absurde ot inconséquente dans ~on principe, ce principe n'est lui-
même que !'oxagération ()'un etétnentdont ~iuhto et t'écotephitoso-
phiquo n'ont pas tenu assez de compte.
Sauf cette réserve, je m'associe ptoinomont aux principes et aux
vœux exprimas ici par ~ichtc. Comme )u:, je repousse cotte ligno de
démarcation que l'on voudrait 6tahtir,d.)ns tes recherches potitiques,
comme dans les recherches rcti~ieuse:), entre tt's vérités exotériques
et tes voritt's esotériques c'est surtout on politique qn'i! importe de
rappeter quo la vérité n'est pas le patrimoine exclusif de l'écolo,
mais h) bien commun do l'humanité. Comme lui, j'appo))o de tous
mes vœux tadinusion gcn<h'a!o des tumieres, qui, en cc!airant.deptun
en plus les hommes sur leurs devoirs et leurs droits, les rondTa tou-
jours ptuscupabtes dû travaittcr a la reforme do lours institutions.
Comme lui enfin, j'invoque ardemment le règne du droit, et je
m'écrierais avec lui: « 0 droit, sacré quand donc te roconnaitra-t-on
pour ce qun tu os, pour le sceau do la divinité empreint sur notre
front? Quand s'inctinera-t-on devant toi pour t'adorer? Quand nous
couvriras-tu comme d'une <;ôk'ste ô~ido, dans co combat do tous te{;
intérêts de la sensihttito conjurés contre nous et quand nos adver-
saires seront-ils pétrifiés par ton scut aspect? Quand les cœurs bat-
tront-ils a ton nom, et quand )cs armes tomberont-ettes des mains
du fort devant les rayons de ta majesté ( <)? Cotte invocation est-
elle moins opportune aujourd'hui que clans les jours de tourmente où
Fichte t'écrivit?
(t) Cette apostrophe de Fichte «tt droit rappelle celle do Kant au devoir,
dans la Cr)<«yMefïe la rfn.fnn p)'f«~xc (p. 2t!9 de ma tradactiun), et celle-ci
été évidemment inspircc par cette do Jcan-Jacquoa Housscau à la con-
acicnco, dans la Profession de fui du vicaire savoyard. On peut dire eil un
sens que Fichte est le philosophe dn droit comme Kant est celui du devoir;
mais il ne faudrait pas pousser trop tuin cette opposition, car to pronier ne
sépare pas plus le droit du devoir que le second ne sépare le devoir du droit.
Mais ce ne sont encore la que dos prolégomènes. Fichtc a montré
d'après quels principes on doit, selon lui, juger tes rcvotutions, i!
faut maintenant poursuivre ces principes dans teur application, do
telle sorte qu'une révolution étant donnée, on soit
en état d'en bien
apprécier la légitimité. Mais J'abord un poup!o a-t-U en générât io
droit de changer sa constitution politique? Tctto est la première
ques-
tion qui se présente.
Co point nous paratt aujourd'hui si ectatant et si incontestable; il
est, chez nous, tcttomcnt entre dans l'opinion publique, tellement
passé à l'état d'axiome, qu'it no nous semble mémo pas faire
l'objet d'utio question. Mais quot'on se reporte a l'époque où Fichto
écrivait son ouvrage le droit qu'a tout peuple de changer
sa
constitution pohtique était atorn audacieuscmont nié au profit du
droit divin des rois, et ceux qui voûtaient l'exercer avaient a le dé-
fendre non.scutomont par la ptume, mais par les
armes. Qu'on se
rappottu la manifeste du duc de Drunswick, cet insolent dcn dos rois
a t'ind~pendunco dos pcupte~ et la guerre faite à la franco au nom
dos droitsdes souverains' Est-il besoin d'ailleurs do remonter jusquo-
!a? Aujourd hui mémo, en ptein x)x* siècle, eu droit qui nous paraît
si évident est-il reconnu partout comme il l'est chez nous? Allez
demander à la cour do Home si le peupto romain a le droit do se
donner un autre gouvernemont que celui du saint.pero. Laissons de
côté to pape n'y a-t-il plus do souverains qui invoquent leur droit
divin? Ce n'est donc pas, même do nos jours, une question tout à fait
oiseuse que celle à laquelle Fichto a consacré son premier chapitre.
Telle est la force dos préjuges ot dos intérêts qu'il n'y a point de
droit, si lumineux qu'il soit et si solidement assis qu'il paraisse, qui
n'ait toujours besoin d'être défendu. En tous cas, c:ost t'ccuvre de
la philosophie do rechercher les principes de tous nos droits, et de
iesétabtir ainsi eux-mêmes aussi exactement et aussi ctairotnontque
possible. Voyons donc quels sont tes principes sur lesquels Fichte
fonde le droit dont il s'agit ici. Co droit est incontestable, mais les
principes d'où il le déduit sont sujets à discussion.
Il rappello d'abord ce principe, enseigné par Rousseau, que ta
so-
ciété civite et politique se fonde sur un contrat. On a, il est vrui,
attaqué cotte proposition, en l'interprétant comme si elle exprimait
l'origine réot!e dos sociétés politiques. It est trop évident, dit fort
bien Fichte, pour quiconque examine nos constitutions politiques et
toutes celles dont l'histoire afaitmentionjusquici, qu'ottes no furent
past'Œuvred'unodétiberation ré~echie, mais un jeu du hasard l'effet
ou
d'une violenta oppression. ~Hes se fondent tnutes sur !o droit du plus
fort. Mais là n'est. pas la question il no s':)git pas ici do ce qui est
ou a été. mais de ce qui doit Otre; H no s'ngit. p.<s du fait, mais du
droit. Or, en droit, il est incontostabtM qu'une société civito
no peut
se fonder que sur un contrat entre ses membres, et qu'un ~tat agit
d'une manière injuste, quand il impose a ses citoyens des lois
aux-
qudtes its n'ont pas consenti, au moins ultérieurement.
Mais d'ouPichte déduit il ce principe, et
comment Fontend-it?
C'est ici qu'est la difficulté. L'homme, en
sa qualité d'être raisonna-
b!o, est exclusivement soumis a la loi morato nul n'a te droit do lui
on imposer une autre. Mais, comme cette loi te laisse, en beaucoup
de cas, libre d'agir comme il lui ptatt, il peut bien alors conclure tels
contrats qui lui conviennent sur les choses qui restent à sa disposi-
tion. Seulement il no faut pas oubtierque, s'il contracte ainsi quoi-
que nouvello obtigation, c'est qu'il ta bien voulu, puisqu'on dehors
de la toi morato, il n'y a do loi
pour lui que celle qu'il s'impose a
tui.meme: nul homme ne peut recevoir de loi
quo do tui-momo; ot,
quand il s'en laisse imposer une par une volonté étrangère, il abdique
sa qualité d'homme et se ravale au rang de la bruto. Or, selon
Fichte, la législation civile ou politique a uniquement
pnur domaine
les choses que la loi morale abandonne à notre liberté,
ou, comme i!
dit, les droits (~'dnf~/M de t'hommc. Tout le reste appartient & une
autre législation, a la législation morate, qui n'a rien de commun
avec la première et qui ne la regarde en rien. Les lois positives,
ne faisant que regter l'exercice do ces droits aliénables, ne sont donc
obligatoires pour nous que parce que nous nous les imposons à
nous.
mêmes, et, par conséquent, une constitution civito n'est légitime qu'au.
tant qu'otte est volontairement acceptée par tous ceux dont elle doit
rogter les rapports, c ost-à-dire qu'autant qu'elle se fonde sur un
contrat.
De là aussi dérive, selon notre philosophe, !o droit qu'a tout peuple
de changer sa constitution comme i! t'entend. Puisqu'elle résulte
elle-même d'un Ubro contrat, il dépend toujours de la volonté des
contractants de ta modifier comme il leur plait. !t n'y a même
pas
lieu raisonnabtemont de pos~r la question.
Ainsi, dans la théorie de Fichte, la société civile est, en droit, une
association toute volontaire, et ce qu'on nomme constitution politi-
que n'est que le contrat librement conclu entre les membres de cette
association pour en régler les conditions, d'ou il suit qm'otte
peut
toujours être modifiée.
Quiconque no se laisse point aveug!cr par les préjuges accordera
à Fichto qu'une constitution poiitiquo, pour être vraiment tégttime,
exigo en effet lu libre adhésion de ceux qu'ette est appelé à r~gir, et
qu'en co sons elle se fonde sur un contrat et do co principe, qui se
déduit tuiméme de la Hberié et de la dignité inhérentes à la pcr.
sonne humaine, il conclura qu'une constitution peut toujours être
modifiée par le libre consentement, de ceux qui hj reconnaissent pour
loi. Jusque ià nous sommes d'accord avec t~iehto mais il est un point
que nous ne saurions lui accorder, et qui à son tour entraîne certaines
conséquences fort graves que nous aurons à rolover p!ns tard. La
constitution politique n'a pas scutcment pour but, comme t'affirme
Fichte. do régler dos choses que la raison abandonne à notre tiborté;
mais sa principale fin est de protéger les droits do chacun contre la
fraude ou la vio!onco des autres, et do faire partout respecter la
justice. Or, comme le maintien de ces droits ou do la justice n'est
possibfo que dans lit société civile, t'ctat. de nature étant nécessaire-
ment un état de guerre et d'iniquité, il suit que c'est pour tes sociétés
humaines et pour tous ceux qui en font partie un devoir commandé
par la juslico même, ou, comme dit Kunt, un d~uon' (~ <o<<, de se
constituer en sociétés civiles ou politiques, et que ce devoir, comme
tous les devoirs do droit, nous peut être légitimementimposé par une
contrainte extérieure. Sans doute chacun ost libre do quitter la so-
ciété qui no lui convient pas et d'en chercher une autre qui lui con-
vienne mieux mais, à moins do vivre tout seul dans une He déserte,
nut no peut se soustraire a l'obligationde reconnaUro des lois publiques.
C'est !a ce que Kant a parfaitement compris ()), et t'en peutici cor-
riger le disciple par le ma<tro. 11 n'est donc pas exact d'assimitor ta
société politique à toute autre association, et le pacte civil a tout
autre contrat. Cette association est exigée one-n~me par la justice
ou par le droit; et, s'il dépend do ses membres de la constituer do
teHeou to!)cfaçon. il ne dépend pas d'eux do n'en constituer aucune:
ils manqueraient ainsi au plus impérieux des devoirs. J accorde que
la société civile se fonde sur un contrat, mais a condition qu'on
m'accordera que l'institution do ce contrat est obligatoire. Il est bien
vrai que toutes !os lois positives, même celles qui regtent les appli-
cations de la justice et sont destinées a lit garantir, supposent t ad-
hésion des citoyens qui doivent vivre sous ces lois, puisque autre-
(t) Voycx les AcpMa «tr J~t~M d.< ~M~ r/.o~'M /e«,-M.
prononcées H t~a en t79t, p. :)2 de ta traduction de M. Niculas.
et qu'il no reste plus rien à y ajouter. Atais, comme on soutient, (jue
tu droit qu'a un peupte de changer sa constitution peut être aliéné,
notre phitosoptto entreprend de réfuter cette opinion, en examinant
successivement toutes tes tnanieres dont il pourrait t'être, et en mon-
trant que, dans chacun de ces cas, il demeure inatiénabtc, on dépit
do toutes les conventions contraires. C'est ainsi qu'it a été conduit a
tracer ici le plan qu'il se proposait do suivre dans te reste de son
ouvrage (t), etqu'itn'a exécute qu'en partie. Pour nous, nous
pourrions nous on tenir ta, s'il no s'agissait que do défendre un
droit incontestable à nos yeux contre des objections condamnées
d'avance; mais les questions subsidiaires que Fichtese trouve ainsi
amené à traiter sont si intérc&santes et si graves, et il tes traite
tui-mémo d'une façon si curieuso, que nous no saurions nous dis-
penser de le suivre jusqu'au bout.
Le but du troisième chapitre est de prouver que le droit de changer
la constitution politique no peut ctre aliéné par un contrat de tous
avec tous. Je no conteste pas cotte proposition, mais seulement la
théorie sur laquelle Fichto t'appuie, qu'it expose ici avec une préci-
sion nouvette et dont il déduit hardiment !es conséquences, qui, selon
moi, le condamnent.
Fichto se plaint de la confusion d'idées qui naît dû-sens équivo-
que du mot société. H a raison: il importe de bien distinguer la
société civile do toute nuire espèce de société, malheureusement la
distinction qu'il propose, loin do résoudre la question, ne fait que
l'embrouiller davantage. II signato técuoit; mais, pour t'éviter, it se
jette dans un autre. C'est qu'il so fuit une fausse idée do la société
civito ou de t'~tat. Selon lui, la société civile n'est qu'une espèce par-
ticulière do société fondée sur un contrat spécial et rentrant ainsi
danscettesortcd'associationqui en générât se fonde sur un contrat.
Do ces deux espèces de sociétés, cette qui se fonde sur un contrat en
générât et celle qui on particulier se fonde sur le contrat civil, il dis-
tingue une autre espèce do société qui est indépendante de tout
contrat, et. ne reconnut d'autres lois que celles du droit naturel.
C'est ici, selon lui, le domaine du droit naturel tes deux autres es-
pèces do sociétés, tout en restant soumises a ses lois, appartiennent
à dos clomaines qui ont leurs objets propres, celui des contrats en
générât, et celui du contrat civil en particulier. Ainsi ta matière du
contrat civil est, selon Fichte, absolument distincte de cette du droit
())Page2<)~.
do Dieu et de la vie future) dont ils no pouvant se passer, mais dont
ils ne sauraient prouver la valeur objective ni par t expérience, ni
par )o raisonnement. Croyant à la venté do ces idées. ils croient on
mémo temps qu'il doit y avoir harmonie à lour égard entre tous les
esprits do là l'idée d'une ~c )<tu~<&/c, qui unit tous tes ctrps
raisonnable!? au sein d'une mcrne croyance; mais,
ne pouvant dé-
montrer cette vérité d'une manière parfaitement certaine, cette im-
puissance mémo tes pousse à chercher dans le consentement les uns
des autres une prouve extérieure qui leur tienne lieu de toute autre,
et par suite à créer eux-mêmesce qu'ils cherchent do ta l'institution
dot'J~M u<a< c'est-à-dire d'une société ou tous s'accordent dans
la même pro/cMto~ de /b( et qui rc~se ainsi cotte Église invisible
dont Us avaient l'idée, mais qui n'était otto-meme qu'un objet de
croyance. L'église visible se propose donc pour but l'accord, et, co
qui est la conséquence do cet accord, la confirmation de lu
croyance.
Elle suppose, par conséquent, une profession de foi qui soit la Mt<~o
pour tous, et qui on môme temps soit parfaitement st~rc de ta part
do chacun; sans cette unanimité et sans cette Sincérité, t'~gtiso
manquerait son but. Mais comment s'assurera-t-otto de la sincérité
de tous ses membres à l'endroit d'une profession de foi qui, pour être
unanime, doit être déterminée et prescrite. C'est ici qu'est la difn-
cutté. Pour la résoudra, il faut d'abord qu'olle s'attribue à ette-memo
cette magistrature morale que tous )ps hommes attribuent a Dieu,
comme au rémunérateur et au vengeur suprême, et qu'elle s'arroge
le droit de condamneroud'absoudre en son nom. C'est là la loi fonda-
mentale de toute Église vraiment conséquente; elle ne peut se main-
tenir qu'à cette condition. Mais touto difficulté n'est pas encore levéo
par là, car l'Église ne saurait pénétrer dans t'intériour dos âmes. Par
que! moyen parviendra-t-otte donc à juger sûrement de lit pureté do
la foi, do manière à pouvoir exercer ce droit do condamner
ou d'ab-
soudro dont elle se prétend investie. Ce moyen, etto le trouvera pré-
cisément dans une profession de foi disposée de telle sorte qu'il n'y
ait pas lieu de révoquer on doute l'obéissance de
ceux qui s'y sou-
mettront. Ainsi t'étrangeté même des dogmes qu'ptto imposera aux
intelligences et la sévérité des pratiques auxquelles elle assujettira tes
volontéd lui seront de sûrs garants do leur soumission. Ce moyen de
s'assurer de la Métité de ses membres est en même temps pour elle
un moyen de les attirer et de les fortifier dans leur foi; car c'est un
fait incontestabtp, bien qu'il paraisse contradictoire, que plus sont
inc.royah!os tes choses dont on fait dos artich's de foi, plus on obtient
aisément créance. Coux-ta sont donc mat avisés qui veulent fairoa
l'incrédulité sa part, dans l'espoir (!o sauver le reste; ils no voient
pas qu'ils perdent tout. Tout ou rien, telle doit être la maxime d'une
véritable église. De même, c'est une inconséquence et une abdica-
tion que de renoncer, comme font les Ë~tises protestantes, nu droit
de condamner ou d'absoudre au nom do Dieu. Une église n'est donc
conséquente que si elle enseigne que hors de son sein il n'y a point
de salut, et que si elle juge ici.-bas à la place do Dieu. A cet égard,
t'Ëgtisc catholique est. selon FichLo, lu soule Église consét;uen'e.
Mais ce modèle de conséquence s'est montri; lui-même fortinconsé-
quont en un point on voulant donner à ses condamnationsd'autres
effets temporels que ceux auxquels ses membres consentent à so sou-
mettre, non-seulement l'Église catholique s'est rendue coupable
d'injustice, et a excité contre elle la haino et l'horreur, mais elle a
agi contrairement au but mmne de son institution elle a produit
tout justement ce qu'elle devait empêcher, l'hypocrisio.
L'espace me manque pour examiner ici le parallèle établi par
Fichte entre le Catholicisme et le Protestantisme je me contenterai
de faire remarquer que la logique n'est pas toujours te meilleur guide
pour bien juger des choses de ce monde. Je n'examinerai pas non
plus t'idée que se fait notre philosophe de t'Ëgtise en gênerai on
peut reprocher aux principes sur lesquels il s'appuie et d'où il déduit
tout son système de manquer de largeur mais, quoi qu'on pense de
ces principes et do ce système, Fichte n'en est pas moins dans le
vrai en établissant que t'Ègtiso est un pouvoir purement spirituel, et
qu'ette n'a aucune autorite temporelle. Voilà du moins un point par-
faitement acquis, et d'ou il a parfaitement raison de partir pour
traiter la question des rapports do l'Église et de l'État.
Les rapports de t'Êtat avec Église doivent se régler sur ceux
dos individus avec elle. C'est donc au droit naturel qu'il faut recourir
ici, puisqu'il est la loi fondamcntato à taquetto sont soumis tous les
hommes dans leurs rapports réciproques. Tcne est la règle que Fichte
se trace, et qui est en effet la vraie règte à suivre en cette matière;
seulement, comme on le verra tout à l'heure, it ta fausse parfois dans
ses applications, faute de tenir compte de t'intorvention nécessaire de
l'État. Quoi qu'il en soit, il est d'abord évident que l'Église n'a pas
le droit d'imposer sa foi à quelqu'un par la contrainte physique, ou
de le soumettre à son joug par la force. Toutes les fois qu'elle agit
ainsi, elle viole la liberté humaine, c'est-à-dire !o droit naturet, et
mérite d'être traitée en ennemie. H suit du même principe que
t
chacun a lu droit de refuser obéissance à ~tise, des qu'ft le juge a
propos, et que cettu-ui n'a pas !o droit do le contraindre par des
moyens physiques a rester dans son sein. Qu'otte te maudisse, l'ex-
commumo, !e damne tant qu'elle lie fait. tun.ber sur lui que des fou-
dres spiritudtes, cite est parfaitement tibre mais. si ses malédictions
vontjusqu'a porter atteinte on sa personne jq'jetquodroitdot'bommu,
etto commet une injustjce ou un crime. Toush'sincrédutM, (lit fort
bien Fichte, que !a ~ainto toquisition a condunutés pour leur incré-
duti~ persévérante, ont 6~ assassines, et la sainte ~ghscapostotiquo
s'est baignéedans des torrents du sang humnin injustement versés.
Quiconque a été, pour son incr~iutitc, poursuivi, chusse, depoutHéde
sa propriété et de ses droits civits par tes
communions protestantes, t'a
été injustement. Les hrmos des veuves et des orphelins, les soupirs de
la vertu opprimée, tesmatcdictions de t ttUtnanite pèsent sur oUes..·
!t suit encore du même principe que les individus peuvent former
autant d'Ëgtises particulières qu'it tour convient, sans que colle dont
ils se sont détachés ait te droit de les on empêcher par des moyens
physiques.
!t est maintenant aisé de voir quets doivent être tes rapports de
t'Ègtiso et de l'État. L'État n'a point a intervenir dans le domaine
si
det'Ègtise, tant que celle-ci ne sort pas du monde invisible, ou,
comme nous disons, du spirituel ce
serait empiéter sur un domaine
qui lui est absolument étranger, où il n'a rien a voir et qu'it ne doit
mémo pas connaître mais, si t'Ëgtiso porte atteinte a quoiqu'un des
droits de l'homme et du citoyen, etto empiète elle-
même sur :e domaine do t'Ètat, il a (tes tors le droit et te devoir
d'intervenir pour réprimer une toile usurpation. Ainsi, soton t''ichte,
qui prend ici une position inexpugnable, t'~tat et
t ~tiso sont deux
sociétés absolument distinctes t'uno de t'autro, ayant chacune son
domaine; t'une dans le monde invisible, t'autro dans le monde
visibte, et n'en pouvant sortir sans manquer a leur mission et sans
violer le droit. Au lieu do distinguer et de séparer ainsi
t'~gtise et
t'Ëtat. on a imaginé entre eux une certaine attiance on vertu de la-
quelle l'État prêto amicalement a t'~gtise sa puissance tomporeUo,
tandis que do son côté t'Ègtise prête à t'Ëtat son autorité spirituelle,
si bien que les devoirs de foi deviennent ainsi dos devoirs civils,
les devoirs civils, des pratiques de foi. Fichto nôtrit étoquemment
cette singulière alliance, qu'on a vantée comme le prodige de la po.
titique, mais ou t État et t'~gtise se dégradent et s'anaibtissont éga-
Icment. Jo ne puis citer tout ce pacage, mais j'on veux transcrire
d*
au moins ces quelques tignes a !) convient sans doute h certains
États du nous promem-e
une récompense dans i'autro vie. lorsqu'ils
nous prennent tout dans cetto-ci; ou de nous menacer do l'enfer,
<tuand nous no voûtons pas nous soumettre
a tours injustices et
a leurs violence:). Que croient.iis donc eux-mêmes, eux qui
se
montrent si franchement et si librement injustes? On ils
no croient
ni au cio) ni à l'enfer, ou ils espèrent s'arranger
avec Dieu et tirer
tour personne d'adiré. Mais si nous étions aussi habiles qu'eux
Un peu plus bas, Fichto se demande pourquoi
ce sont ordinairement
los Louis X!V et leurs pareil qui s'intéressent si vivement
pour io
salut dos autres.
Jusque.!a il est dans le vrai, mais n'en sort-il
pas et no se con-
tredit-il pas lui-même, lorsqu'il admet que, quand t'~tat juge dan-
goreuses certaines opinions, il peut refuser le titre do citoyens à tous
ceux qui y sont notoirement attaches, et que par conséquent, en
temps de révotution. il peut rayer certaines doctrines religieuses qui
jusqu'alors n'avaient exclu personne clos droits civils, mais qui lui
paraissent maintenant contraires à ses
nouveaux principes, et exiger
de tous ceux qu'il admet dans
son sein leur parolo clu'ils ont renonce
a ces doctrines? Pour bien comprendre ici la pensée de Fichte
et
rester juste envers lui, il faut se rappeler que, dans sa théorie, i'État
est une association purement volontaire et indépendante de toute
condition de lieu, de <o)to sorte que chacun peut entrer dans t'État
ou on sortir, comme bon lui sembto; que t Ëtat, de son côte. peut
admettre ou rejeter qui il veut, et que. dans tous tes
eus. chacun a
le droit de conserver, avec
sa liberté naturelle, sa propriété sur to
sol. Cette idée de t ~tatost sans doute chimérique; mais
une fois
supposée, etto explique et atténue l'erreur où Fichte tombe ici. Pour
nous, nous dirons Laissox chacun tibrede croire ce qui lui convient,
n'excmox qui quo ce soit pour ses opinions, et n'exigez de
personne
aucun engagement a cet égard mais obligez tout le monde a res-
pecter les droits do chacun. Je no me dissimule pas les dtfficuttés et
tes péri's que peut .susciter a t'~at
une Ëgtise qui se dédaro l'en-
nemie do toute liberté et do tout progrès; mais, pour écarter
ces
difficultés et ces périls, il n'y a besoin de violenter los
pas consciences,
il suffit do faire appct
aux principes du droit tout à l'heure invoqués
par Fichto.
C'est encom h la tumiero de ce; principes qu'il fa .1 résoudre
une
grave question qui se pr~cntc ici, et qui. après avoir étc tranchée.
dans le sens que chacun sait.
par la Uévotution française, agite
aujourd'hui encore les esprits en plus d'un pays de t'Kurope.
Si t'Élise est une puissance purement spirituotte, si elle n'a do
forcer et d~ droits que dans te monde invisible, il s'ensuit. qu'elle no
peut rien posséder dans le monde visible, il titre d'Oise. Voita ce
que Fichte cotnmenco par établir, d'accord en ce point avec Kant (< )
et les philosophes français, tt en tire cette conséquence que les con-
trat par tesqueis certains biens terrestres ont ~te cèdes a t'~gtise
en échange des biens co)ostes qu'ctte promet sont nuts ot non avenus
pour t'Ètat.qui ne connatt pas t'Ègtiso, et qu'i! (:st tenu do protéger
dans la revendication do tenrs biens tous ceux. qui réctament son
appui contre tes prétention-; de i'~tise. Selon Fichto, tout contrat
conclu avec t'~tise, reposant uniquetnont~ur une certaine foi, n'a
do valeur que pour ceux qui ont cette foi si cctui qui l'u conclu cesse
de croire, ou si son héritier n'a plus la mOno foi, il est dégagé do
toute obligation, et l'État, pour qui t'~gtiso et les prétentions de
i Ëgtise n'existent pas, doit t'aider dans to maintien de son droit.
Sauf la rédaction qui pourrait être modifiée, il me parait impossible
de ne pas accorder a Fichto les principes qu'it met ici on avant, et tes
conséquences qu'il en tire. Mais, torsqu'ii prétend que non-seute"
ment le légitime héritier a le droit do roprcndro a
t'~gtise le bien
dont elle est en possession, sauf a dédommager le tenancier, s'il a
amétioré ce bien, mais que, quand il n'y a personne qui puisse
F~gtiseest, aux yeux
prouver t'antériorité do ses droits, le tenancierdc
du droit nature!, le vrai propriétaire, et quo par conséquent il a le
droit de s'approprier ce que t'~gHse lui il donné il ferme, Fichtc va
beaucoup trop loin, et cela parce qu'it considère le droit naturel d'une
façon tout à fait abstraite, comme s'il n'appelait pas nécessaire-
ment l'intervention de t'Ètat. est pourtant bien évident que, si
l'on no veut livrer la terre au pillage et semer la guerre civile dans
la société, on no peut attribuer aux particuliers le droit de s'appro-
prier tes biens de l'Église, et que ce droit no peut appartenir qu'à
!tat, c'est-à-dire à la société tout entièro, qui disposera ensuite de
ici lit conséquence
ces biens comme elle t'entendra. Nous retrouvons
de co défaut que nous avons plus d'une fois relevé dans la théorie
société;
do Fichte t'Ëtat n'y est pas un étémcnt nécessaire de ta
il n'en est qu'une forme arbitraire et
conventionnelle. De là ces
fait,
conclusions extrêmes, qui, si elles pouvaient se traduire en
qui
tourneraicHt contre la justice dont i''ichte défond les droits, et
(i) Voyez la ~oc~)0 (ht droit, ~t(t~t<Mca~t(:<!<<uM, p. 2HC.K~
'ic om tt'aductiott.
tout au moins manquent do va!enrprntiquc.Co défaut éclate plus
manifestement encore duns los pa~s qui terminent te chapitre et
t'ouvrée. L'état, tôt que t'entend notre phitosopho. suppose l'una-
nimité, et tous c~ux qui cessent d'y adhéreront to droit do reprendre
leur propriété et pur consé(tuont ta piu't qu'ils ont fournie
pour le
!)ien commun. Si donc tous no sont p.)s d'accord a l'endroit do
t'~tise, si tpp uns voûtent y rc-ster fidétes, tandis
que les autres
ventent s'en détacher, ceux qui t'abandonnent om )o droit do lui
reprendre co ({ui tour revient à chacun pour teur part do la fortune
pubtiquo "consacrée !'tf'tse, et do se coaliser
pour faire vatoir
ce droit. Il se former.) ainsi doux ~tats qui se c.onduit'unt diver-
sement a !ard do !'f';gtiso. Mais cetto hypoth~o d'un État dans
)'~tatest.eHoadmissibio, et
ce quo Fichto pr~cho ici, sans s'enapcr-
ccvoir, n'~st-cc pas la guerre civi)e?
!ci s'arrête roovrugo qu'it nvait entrepris sur la Révotution fran-
çaise. Il est fâcheux qu'it t'ait taissc itttorrompu, et qu'après
avoir
ëpuige la question do droit en mutile de révolution, qu'it n'a
n)6mo
pas traitée entièrement (~ ), il n'ait pas aborde la question do
sagesse
pratique, et n'ait pas examine ensuite, a la tumiere dos principes
juridiques et po!itiquos précédemment établis, tes toisot tes
actes do
!a Rcvotutton française. Car tôt est te plan qu'il
ayait conçu, et qu'it
s'était d'abord proposé d'exécuter. Ce ptan ptait grand!ose
mais
d'une exécution si difficile que t'en n'a pas do peine h
comprendre
que Fichte n'ait pas cto jusqu'au bout. Peut-être d'ailleurs jugea-t-i!
qu'i! n'avait pas encore, suivant les expressions dont
il s'était
naguère servi tui-memo (2). toutes tes données nécessaires pour
juger impartialemont notre révolution. Peut-être aussi
ne tarda-t-il
pas a s'apercevoir que los fondements do t'cdinco qu'i! voûtait e!ovor
étaient trop étroits, et que, mafgn. foutes los excellentes
choses qu'i!
avait pu dire en faveur du droit individuet, théorie de !'Ëtat
sa était
)nsoutenab!o. est certain que son ouvrage, ~) peine pub!ie
satisfaisait pas !ui.meme. Dès <794, il te jugeait déjà ne !e
avec une cer<
taino sévérité, comme on peut le voir
par une tettro à Roinhotd, insé-
rée par Fichte te fi!s dans ta biographie de
son père (3). avoue que
s'd avait a recommencer son travail, il rédigerait
tout autromen~on
«) ~près le plan qn'.t avait trac~ tui-m~mc dans le chapitre
ouvrage (p. i33), il lui restait à traiter la q~ion des rappor~un peu~
de Mn
~y~
avec le souvcrn.n, au point de vue .h. droit de rovojution
2:
(3) Page
la de
P~~r, p..i.
chapitre sur h' noblesse, mais il croit avoir dit sur t'~gtiso ptusicurs
choses ttouvottos. t'tus tard, (p~nd il eut a so défendre contre cette
ttunate accusation d'athéisme que t'orthodoxio t'ptigiouse, trop sou-
vent appuyée par t<; scepticisme satisfait, aime a lancer contre les
phitosophos, il t:rut dovou' si'oxptiqucr sur cet ouvrage qu'on lui jetait
à la teto il le prôspntaiL alors comme fessât d'un jeune homme
obignôdo sn patrie, ne dépendant d'aucun État, et qui, voulant
repousser t'oxugcrauon des défenseurs du pouvoir abso!u, s'était
laissé entraîner tui-mûmo à une certaine oxagcrution, pour rétablir
t'equitibro.
Cet ouvrage et son discours sur la hberte do penser lui valurent le
renom (le démocrate ot do jacobin, titre équivoque, comme dit Fichte
te fils, mais dangereux. Aussi attribua-t-il à cette cause l'accusation
d'athéisme qui fut plus tard dirigée contre fui-, et, dans sa défense,
jugca-t-it aussi a propos de s'expliquer ta-dessus (~). Mais à cette
époque les idées de r'ichte s'ôtaient déjà singulièrement modifiées,
comme on va le voir tout Mt'heuro.
Ma!gre tout ceta, quelque incomptot que soit l'ouvrage de Fichto,
et quelques erreurs qu'on y puisse relever, il respire un sentiment si
t
énergique de la liberté et des droits de homme, le soufl1o morat y
est si puissant et t'ctoqucnce on est si grande, qu'on le lit encore avec
plaisir, avec entraînement, avec profit. Et puis c'est un si curieux
monument que ce tivro d'un jeune homme, qui sera bientôt un
grand philosophe, écrivant à Dantxick et on Suisse sur notre révotu-
tion, que le public français me saura gré, je l'espère, do le lui avoir
fait connaître.
ni.
H n'est pas do mon sujet de suivre Fichte dans les circonstances
ultérieures de sa vio, si intéressantes qu'elles soient, et dans les
ouvrages qu'it a consacres depuis a la politique et au droit, jusqu'à
l'époque ou il prit part à !a tutto de l'Allemagne contre la France
impériale mais je no puis me dispenser d'indiquer les modifications
que, dans cet intorvatto, t'experience et do nouvelles réflexions avaient
amenëes dans sa pensée sur les questions vitalos que nous l'avons vu
traiter dans ses Con«(~'ft<tOM st<r Révoltitioit ~'a~fa~c.
Deux ouvrages importams se rattachent a cette époque. Le premier,
pub!ie en t796, est une théorie du droit nature!, connue d'après les
(t) /Nd., p. 225.2'
principes de la ~oNn~ <~ /«~'Mcc(t), c'est-à-dire du nouveau sys.
terne que Fichte avait fait paraître dans les deux années précédentes
et oii il prétendait reprendre et compter la philosophie do Kant.
Cotte Utéorio du droit naturel n'est donc
que do trois années posté-
rieure aux ~cr~o~ aur TÏ~t~M~'oo ~'fut~t~; mais les idées
do Pichte sur t ~tut et sur tes rapports do t'Ètat l'individu sont
déjà entièrement transformées. C'est ici t'ouvre avecd'une pensée plus
'nure, d'une rénexion plus profondo, d'une phitosophie plus
savante,
sinon toujours plus pratique. Aussi, dans réponse l'accusation
sa a
d'athéisme, Fichto rcnvoic-t.itacot
ouvrugo, comme :') h dernière
oxpresion do sa pensée, ceux qui lui objectent
son livre sur la Mevo.
tution française.
Dans ce nouvel ouvrage, Fichte
so rapproche dos idées do Kant
t dont il s'était écarte dans lu précédent, comme je l'ai indiqué plus
haut. t) croit maintenant, avec fauteur do ~M. ~r
p~<«'~ (2), que i état do nature est
tp(t~ p~
un état de guerre et d'iniquité,
et que par conséquent les hommes ont le droit do
se contraindre tes
uns los autres à sortir de cet état et à instituer entre
eux tordre
civit, que l'union panique ne peut, à la vérité,
po fonder que sur
un contrat primitif, mais quo ce contrat est une chose dont t'insti-
tution est absolument nécessaire; enfin
que le peuple no peut pas
exercer lui-mémo te pouvoir exécutif, mais qu'il le doit déléguer (3).
Ainsi, tandis que. dans
ses CoMh/i'~x~ <Mr <« ~o~<<oM/ran;-a~,
Fictuo faisait de t'État quelque chose do
tout à fait arbitraire et con.
vennonnet, it en reconnatt aujourd'hui l'absolue nécessité
au pointdo
vue du droit tui-meme: il voit tmn a présont
que le droit no saurait
se maintenir entre les hommes en dehors de la société civile, c'cst-à-
dtre sans lois positives et sans pouvoirs publics.
t En cela donc il
retourne ci la théorie do Kant muis,
en mente temps qu'il s'v rat.
tncho. il on signale l'insuffisance. Cette théorie
démontre bien la
nécessité do la société civile
ou de t'Ètat en générât, mais elle n'ex-
ouv~
"?
(2) C'est 'e
ni~ est intitulé
scienco.
~'< droit tlatuI'ol d'apros ~pn'M~
C~Mt~ coMp/<M de Fichte, t. H!.
cité par Fichte comme renfermant l'expression des
sur droit et '? car, à il composa son
la
v.
ouvrage sur le droit pouvuit connattreic~ ~~M~~anAy.
H~S,
il
doctrine du droit, (lui P'ent la m&me année
va~ur Voilà ce que son propre
qu'il ne faut pas oublier pour apprécier ce livre
valeur. à sa juste
de haut théorie
plus haut,
du droit avec celle de
Introduction, Ht: des Huppurts
'ticncit~
ptique pas !e rapport do l'individu avec un certain État en particu-
lier. En outre, son principe fondamontat do l'accord do la hborté do
chacun avec celle do tous est purement formel, ot ne détermine nul-
tpment tes rapports qu'implique cetto idén un peuple, une nation.
U est certain que, si le principe de la théorie do Kantest inattaquable,
elle i besoin ette-memo d'être étendue et comptetéo (~).
Matitoureusemont ~ichto n'a p~s toujours raison dans la critique
qu'it fait do cetto thcorio et dans le3 corrections qu'it y apporte.
Kst-ce un défaut, par oxen)p!e, oa n'est-ce pas p)nt6tun mérite que
déposer on principe, comme le fait Kant(~) après Montesquieu,
Rousseau et tant do publicistes, la séparation du pouvoir executif et
du pouvoir !egis!atif. Comment Fichte ne voit-il pas qu'attribuer le
pouvoir législatif au chef du pouvoir exécutif,c'est constituer le des-
potisme ? Jo lui accorde que la séparation de ces deux pouvoirs no
serait pas à elle seu!euno garantie suffisante du droit; mais le droit
sera-t-il plus sûrement garanti, quand ils seront confondus dans les
mêmes mains'? Je sais bien que Fichte veut que la constitution à
taquette le peuple devra obéir soit soumise au sunrago du peupte;
mais cotto condition du sunrago populaire est-elle etto-meme une
garantie suffisante, ou nepout-etto devenir un redoutableinstrument
entre les mains do la tyrannie? Fichte ne i-ombto point avoir prévu
cotte difficulté, qui nous caute aux yeux, a nous autres. M cherche
une autre garantie contre tes abus du Pouvoir dans l'institution d'une
magistrature suprême étuo périodiquement par le peuple et chargée
de survoiller le pouvoir exécutif, de le suspendre au besoin et do con-
voquor la nation, Cette magistrature, à taquctte il donne te nom
d'éphoriu, n'était pas sans analogie avec ta~rtcco~n~nau'e
du ptan que Sioyos avait proposé à la Convention on 179t, c'est-à-
dire un corps do représentants ayant la mission spéciale de juger etdo
prononcer sur tes plaintes en violation de la constitution qui seraient
portées contre tes décrets de !a tégistaturo (3). Mais t'éphorat do
richto, comme tajurio constitutionnairedeSieyès, succombe devant
la très simple objection que Thibeaudau adressait à cette dernière,
en disant à la Convention (4) « On prétend que la jurio constitu-
(t) Voyez mon .(M~ cn<«y<e (~ la /)oc<«')e ~M dro< p. Ct.xvtt-
0<XXt.
(2) Doctrine dM dro~. p. 172; .~o~e o-t~MC, p. Lxxvn et
p. Ct.XHV).
(3) Voyez sur ce point la ren.arqu.tbto //<~o<rc dM ~MuentetMM< ~r'o-
MWKntt'c c~ franc< par M. Duvo~icr de Hauranne, t. p. 367.
(~ p. 37'2.
tionnaire retiendra les autres pouvoirs dans leurs limites. Soit; mais,
si tajuriesortdes siennes, qui est-ce qui réprimera
son usurpation?
On no résout pas ta difficulté, on ta recule. C'est l'histoire du
monde
portée par un étéphant, toquet est porté
par uno tortue et ta tor-
tue, sur quoi repose.t -ctte ? tt est juste d'ajouter que Fichte u'aito
a
tut-môme son éphorat
comme la Convention a traita la jurio coosti-
tutionnairo de Sioyès il t'a retiré dans
une seconde théorie du
droit, dont nous dirons un mot plus tard.
Mais ce n'esUa qu'un détait. Co qu'il importe
surtout de rem.ir-
qucr, c'est que Fichte, après avoir si complément att'ranchi t'indi-
vidu do t'Ètat, t'y incorporf maintenant tout entior.fpour
l'au-
tour des CoN~d~-tt«o~ st«- lit /~o~<M ~Yt<f, rËtat n'hait
qu'une association accidontotte, toujours révocabto et toujours divi-
sible; pour l'auteur des~<<~ dro<n~(M~, c'est tout
un
organique dont les individus sont los parties et ou tous viennent
se
fondre on un môme corps. En passant du premier de
cos ouvrages
au second, on quitte une théorie qui pousse t'individuatismeases
dernières limites pour entrer a pleines voiles dans la doctrine
qu'on
désigne aujourd'hui sous le nom do socialisme. Nous
retrouvons
ici la théorie du Con<r<~ ~c~ mémo Fichte t'exagère a certains
égards. Ainsi, lui qui exaltait si fort tes droits do la propriété
indi<
viduollo on face des prétentions de l'état, il reproche
il Rousseau
d'admettre un droit de propriété antérieur
ait contrat social. Dans sa
nouvelle théorie, il ne peut y avoir do propriété
avant ce contrat. En
revanche, tetto est lit nature do ce contrat, qu it doit fournir chaque
il
citoyen une propriété (<). et qu'il implique
une assurance mutuello
contre la misère (2~ Nous pourrions montrer,
sans sortir do cet
ouvrage/a queHos conséquences co principe conduit
notre philosophe,
mais nous en trouvons un exempte plus éctatant
encore dans le second
ouvrage, dont. il nous reste a parier.
Cet ouvrage, qui formait
une sorte d'appendice à tn théorie du
droit et qui parut en ~800, est intitulé t'J~f
c~nw-ct~ ~~(3).
Fichte nous explique tui.mémo
co titre en quelques ligues qui rac-
compagnent. H entend par État commercial fermé
un État dont los
citoyens n'ont de rapports d'industrie et de
commerce qu'entre eux,
et par conséquent sont p)ac6s sous une loi de prohibition absolue'
interdisant toute exportation aussi bien
que toute importation. C'est,
comme on le voit, tout juste te contre-pied du libre échange. Fichto
(i) Page 204. (2) Pa~ciOS.
(3) Œufr~ c<wtp~M, t. t!), 387.
reconnaît bien qu'un ~tat de ce ~nro n'est pas immédiatement et
absotument réatisabto mais il est, soton lui, l'idéal dont tons tes
gouvernements doivent travaiDer M rapprocher do plus en plus.
L'État, tôt qu'it !o conçoit et te décrit, est l'État rationnel.
Lu société so divise naturollement on plusieurs classes ceux
qui produisent 2" ceux qui transforment tes produits naturels, tes
artisans, les artistes, les industriels 3" ceux qui vendent ou échan-
gent tes produits naturels ou !os productions do l'industrie, les com-
merçants. Quant aux fonctionnaires de toutes sortes, comme tes ma-
gistrats, les instituteurs, les guerriers, ils ne sont que les serviteurs
do la nation. H s'agit d'établir un juste équilibre entre ces diversos
classas, au moyen de l'équilibre de la production et do la consom-
mation. Ce double équiiibro est le problème fondamental do l'éco-
nomie politique. Lo résultat sera d'assurer a chacun, en retour de
son travail, une part proportionnelle a tous les
produits naturels et
a toutes !os productions do l'industrie.
Mais ce résultat no peut être
atteint que si la valeur relative dos choses est déterminée par t'État,
et si tout commerce immédiat avec les étrangers est interdit aux
individus. Que s'il est nécessaire do faire dos échanges avec t'étran-
lui qu'il
ger, c'est au gouvernement do s'en charger, comme c'est a
appartient do déclarer la guerre et do contracter dos alliances.
CcHo curieuse théorie dans les détails économiques do taquotte il
m'est impossible d'entrer, mais où l'on retrouve toutes tes idées du
socialisme contemporain, repose sur deux principes fondamentaux.
Le premier, c'est que la propriôt6 ne consiste pas dans un droit ex-
clusif sur les choses, mais dans le droit d'exercer librement son
activité dans une sphère déterminée, ce qui suppose nécessairement
t'httervontion de t'~tat; et te second, que t'~tat doit a chacun do ses
membres une portion (les richesses produites par la société tout
entière. Ce dernier principe, qui tui-môme est un corollairo du pre-
mier, est ce que l'on a désigné do nos jours sous !o nom do droit au
travail. Fichto a bien compris que te droit au travail implique l'or-
ganisation dut travail, et que l'organisation du travail exclut te tibro
échange. Il a devancé, comme on tovoit, certaines écoles socialistes
de notre temps.
It est facile do relever les erreurs et les dangers do cotte
théorie.
E!te a été tout récomment encore l'objet d'une réfutation approfon-
die ~); mais, h l'époque même ou elle parut, elle n'avait pu échapper
IV.
') esdaves
(t)? La tiborte pom' eux consistait à rosier Attomands,
a continuer de regicr leurs adirés pareux-m6mes, avec uncenMre
indépendance et suivant )eur propre esprit, a poursuivre leur pro.
grès dans la civilisation conformément n cet esprit, et à trans-
mettre tcur indepcodunce a tour postérité. L'esctavuge gisait a tours
yeux dans toutes ces faveurs que tes Romains leur apportaient, et
qui auraient fait d'eux autre chose quo des Allemands, des domi-
Homains. Ils supposaient apurement que chacun préféreraitla mort
acettedegradation.Hanesoot pn:! tous morts, otits n'ont pas connu
t'esctavage, et ils ont tcgue tu liberté à fours enfants. C'est à leur
résistance perseveranto qjio to monde moderne doit d'être ce qu'it
est. Si los Romains étaient venus à bout de tes subjuguer aussi, et,
suivant leur pratique ordinaire, do los détruire comme nation, tout le
développement ut~rieur do l'humanité aurait suivi une direction
diueronto et qui certainement n'eut pas été moitteurc. Nous leur
devons, nous, les derniers héritiers de leur sol, de !our tangue et de
tours sentiments, nous leur devons d'être encore des A Demanda',
toujours portés par te courant d'une vie originale et indépendante;
nous leur devons tout ce que nous avons été depuis comme nation
( ) ) /~<t<J ~t rc~;(MM~ ~«aw ~e <<<«~M, aul ~or< <t~c !er~<M'n
(Tacite, ~nno~, tiu. tf, chap. xv.)
et, si ce n'est pas si ht dernière goutte du ::an~ qu'ils
fait de m us,
ttous ont transmis n'est point encore turie, nous teur devrons tout
cequo nous serons plus tard.*n
Lo trei/.iemo discours se perdit, on no sait comment, entre les
mains do tu censure ()).Fichte, qui n'en avait point conserve les
notes, dut, pour rcmpiir ta tacune, en faire un resmuc d'après ses
souvenirs. Que devait donc être te discours prononce, quand te.r)'sum6
est déjà si cloquent?;? Notre philosophe attaque avec une grande
vivacité co revo d'une monarcttio universettc qui, dans la politique
alors triomphanto, tendait h se substitue:' au principe de t'equitibro
et se jouait du respect des nationalités. H proteste contre ce rêve au
nom de l'ordre divin qui a établi une extrême diversité entre tes
peuples comme entre les individus, et qui veut que chacun puisse
se cléveluppor s'.nvant son propre caractère; au nom de i etut présent
do la civitis~tion européenne, qui repousse la batharie et lit violence;
au nom enfin de tous !os sentiments d'humanité que !a nature a gra-
ves dans notre cfrur. et qu'il faudrait commencer par y etouner.
montre ce que devraient être des hommes capables do servir d'instru-
ments a un nouveau conquérant du monde, et comment les moyens
iraient ici contre !o but « Avec de pareits hommes, s'écrie-t-il, on
pourrait bien piller et. dévaster la terre et la transformer en un
anreux chaos, mais on n'en saurait faire une monarchie universelle. J)
J'aurais désire pouvoir mettre tout ce passade sous tes yeux du !ec-
tcur, mais il est trop ton~ et t'espace mo manque. Je veux au moins
reproduire inte~ratemcnt cctui ou Fichtc n~trit !os écrivains a)!e-
mands qui no rou~isi'aiont pas de cctcbrcr te génie du conquérant
français (2)
Ce qui nous rabaisse surtout aux yeux do t étranger, c'est de des-
cendre à !e flatter. Certains d'entre nous s'étaient déjà rendus mcpri-
?ab!es et ridicutcs. en ~'avitiss~ntjusqu'H offriren toute occasion un
grossier encens aux princes qui gouvernent le pays, et jusqu'à ne
connattre plus ni raison, ni bienséance, ni décence, ni goût, quand
ils croyaient pouvoir apporter à tours pieds un discours natteur. Cette
coutume a disparu depuis quelque tems, ut ces grands eto~es se sont,
pour la plupart, changes en invectives. Cependant, pour ne pas
en perdre en quelque sorte l'habitude, nous avons donné a notre
encens une autre direction nous t'avons envoyé du côte ou souffle
maintenant la puissance. Le premier défaut était déjà de nature
n amigcr tout Allemand sérieux, mais la chose restait entre nous.
nuHo, qui n'est pent-ctrc pas t)6s connu, ma)!! que Fichte ne (tevait pas
ignorer. Hn 1806, le tibrairc P:um, de Kurcmher~, pubtia une brochure
contre la domination française. Somme (t'en dénoncer fauteur, it refusa de
parler; Napok';on )c ut alors fusincr sans jugement, (~ct acte inquatiftabtc
est consiste, sur la f.t<;n<)e d'une maison voisioc do S:uut-Seb:'td, par
t'ittscriptiott suivante /'a~
<est (tans cette maison tux: demeurait ./c«4
hbrairc, qui périt, en )80'?, vi':timc de la tyranme de Kaj'otcon. u
il apprit par un courrier français qui traversait la ville en toute
hâte,
la prise de Moscou la seule inquiétude qu'it manifestât fut qu'après
la chute do leur capitale, les Kusses
ne songeassent à faire la paix.
Ce quit avait prévu ne tarda pas à
se réaliser tu campagne de
Russie frappa d'un coup mortel ta puiss.mco de Napoléon,
et ou-
vrit une cro nouvelle à la Prusse et à t'Attomagne. Lo 2Sj:)nvip[-
te roi do Prusse transporta tout a
3,
coup sa résidence à Urcstuu, d'où
sembla bientôt partir un appet a ta jeunesse
pour ta détenu de la
patrie.. On ne pouvait guère douter, dit Fichto te fils, du vrai
do cette parole, de ce sens désire de tous, et jamais sens
peut-dre ta
mémo pensée, la môme ré~otution ne s'empara aussi subitement do
toutes tes âmes, unies d'un muet accord, que dans ces jours mémora-
bles, a Cependant Fichto envoya un do
ses étéves à Urostau pourcon-
na!tre d'une manière plus précise tes desseins du gouvernement, tt
apprit que la guerre contre la France était décidée, et qu'une dernière
iuttosc préparait. !t forma alors la résolution d'y prendre partseton
ses moyens. 11 interrompit donc les tecons qu'it faisait il cette époque
sur la ~oc~-t'nc Je .soc~c~, et dans le discours où il fit ses adieux
itsesé!eves(~févriert8t3), il leur exposa tesmotifsquitogui.
daiejtt et les principes qui, dans les circonstances présentes, devaient
diriger tous los amis de ta civilisation ( ), En mémo temps ilconsignait
dans te journal de sa vie la délibération intérieure ù taquf~tc il s'é.
tait livré avant de prendre une résolution aussi importante. En lisant
ces pages do son journal reproduites par son fils, on est frappé de ta
sévérité scrupuleuse avec taque!!o il s examinait tui-méme, sondait
la pureté de ses motifs, et, en véritable kantien, cherchait à dégager
on lui les proscriptionsclu devoir do toute inclination personnelle. Lo
dessein auquot il s'arrêta rappelait celui qu'it avait déjà fortné quet-
quos années auparavant il voûtait agir par la parole sur les défen-
seurs de sa patrie, et pour cela se faire admettre dans les rangs de
t'armée en qualité d'aumônier (2). Mais la proposition qu'it fit à
ce
(i) Ceux qui savent l'allemand peuvent m-c ce discours à la )!u du
qua-
trième volume des ~nurcx co~p~c~e Fichte, pnt')iec.pm' son ttts. Cdui.ci
en a cité au!.3t ttuctquca p:)S3:)ges dans la biographie de son père (p. 553).
Je n'y retrouve point tes parotca t'apportccs par M. Uarchou de t'cnhocn,
dans son /o<t'e de la p/«~op/)<o ««ewo~~o (t. t, p. 3<j(,)
(. Le cuurs sera
donc suspendu jusqu'à ht lin do la campagne nous le reprendru~ dans
notre patrie devenue libre ou nous serons morts pour reconquôrir sa li-
bertc. C'était bien ta sans doute te sentiment qui animait i-'ichte~mais
paroles tncmcs et la scène qui suit semblent une invention de l'historien. ces
(2) Nous avons peine, uous autres Français, à nous expliquer
rcittc résolution chez un philosophe tel que Fichtc. Mais une pa-
en Attetnagno, le
divorce de la théologie et de la philosophie, même de lu phitoaoptue la plus
sujet fut rujetée, ?oit que la chose en etto-mcmo fut jugée impossible,
soit que les conditions qu'it y mettait tu rendissent impraticable.
Si t''ichto dut renoncer au projet que son patriotisme lui avait sug-
géré,'it eut, a cette époque même, te honheur do rendre u son pays
un important service. Dansios derniers jours do février, tacapttato
df: la Prusse était encore occupée par une fuibto garnison française,
qui, matgré quetques préparutit's fie départ, no semblait, pas devoir
la quitter do sitôt. Cependant on savaitquo les Russes approchaient,
et quelques Cosaques, poussant ieuru chevaux jusque dans ta ville,
s enbrcuient d'y semer )o désordre et do soulever ies citoyens. Déjà
l'on cherchait a désarmer les soldats isolés, a jeter les caissons dans
la Spree, il enctouer les canons. L'ctrervesccnce croissait de j~ur on
jour il ne lui manquait plus qu'un plan commun et un signal. Dans
ces circonstances, titi homme audacieux et un certain nombre do
jeunes gens, entra!nés il sa suite par tour ardeur patriotique, for-
mèrent to projet de massacrer la nuit la garnison française et d'in-
cendier ses magasins ils espéraient que le peuptc, excite par cet
exempte, se lèverait en masse, et que te gouvernement tui-mcme se
trouverait ainsi forcé du sortir de ta réserve qu'il avait cru devoir
garder )usquR-t~ Toutes les dispositions étaient prises, et t'en n'at-
tendait plus que la nuit fixéo pour l'exécution de ce projet, lorsqu'un
des jeunes conjurés, un étcvo de t''ichto, ne pouvant supporter do
sang-froid la pensée d'un paroi! guet-a-pons, résolut do consulter
son maitre sur la légitimité de cet acte. Ce jeune homme était d'ait-
leurs ptoin de bravoure, comme il to prouva bientôt do la façon tu
plus éctutante dans la campagne où il servit en qualité de volontaire;
ce n'était donc pas la crainte du danger, mais sa conscience qui le
troublait, tt att~ trouver Fichto, et, âpres Savoir interrogé on ter-
mes généraux sur ce que la moratité et la religion permettaient
contre l'ennemi, il finit par lui rcvéter tout le complot. Fichte,
ranonncHcct la ptus tmrdic, n'est jamais aussi ubsutu 'ju'cn France eUcs
peuvent fi)n'o fort mauvais mcn~c, tn:us cttcsn'cncontimtOttp:~ momsdc
vivre ensemble. f)':)ineurs, Ht'6po.;ucdtjt)tit~'n~iUt'i, la phitosuphifdc
Fichte, cotrant dnnit une troisi~ne et demicrc pcriuUt:, avait pris uxc (m'ec-
tion rctigiensc et my~i'tuc. C'est ta pct'iouc qui s'ouvre pnr les /.e{'(~&A<tr
la vie ~co~enret~e, pt'onottcccsu t:e)'nn en t8nu. Voycx la traduction qu'en
a donnée M. HouiHiccun t8t5,ct) y joign.ott, uutrc son/iM~<-p~o~, une
/n~'o~:«o~do M. Fichte le ms.–Dans son /t<ru;)(M, M. itoutHicr r.tp-
pelle un f<ntqui caractérise bien la guerre on I-'ichtc ~m'aitvouht rempHr tes
fonctions d'numunior c'est que les sotduts de la tandwchr de !8t.t por-
taient sur leur shako une croix et le nout de uicu, et qu'Us avaient dans
leur gitjcrocurt mattuut compos6 n tcut'usttgc en tbrtncdc catuchismc, et
tout renHiti de tbrmutcs relieuses et bibii'['tes.
enrayé, représenta au jeune ttommo tout ce que ce projet avuit
d'odieux et d'insensé, et il courut aussitôt chez te chef de la potico
prussienne, pour l'informer (ie ce qui se préparait et l'inviter à
en
empêcher l'exécution. !) fut décide qu'un étoignerait tout dourc.
ment, en les charmant do quelque mission, le chef du complot nt
tes principaux conjura; dont tu courte et tes forces pourraient être
utilisés dans une meitteurc occasion. Ainsi i-'ichtu
sauva sa patrie
d'un crime, et., on peut le dire aussi, d un grand matt~ur, carsaos
doute lu cttatunent no se serait pas fait attendre te
corps du vico-
roi d'Italie était encore a cette époque
sur !cs bords do t Oder, et il
n'eut pas manque de se jotor sur Uertin pour en tirer
uno échéante
vengeance.
t''orcé do renoncer :t la mission patriotique qu'H avait espéré
pou-
voir remplir dans ) armée, r'ichte se retourna du cut6 de t'ensci-
gnement. et, des l'été do la mé:no année, il remonta duas sa chairo
on présence d'un auditoire encore nombreux. Le sujet de ses nou-
vcno leçons était te/<«~ur< (~ <'<'<«< ;<~<<~«« r~he (~ t'u~o~~ ).
On peut dire que, depuis ses Co~Mt'n~'o~ st~- ~t /NNof) ~'«n-
{-awjusquaux tenons dont nous partons, la philosophie du droit et
detapohtiquoaététobjetdesméditations de toute sa vie; il en fai-
sait comme le corollairo de la Dc<<c ~c science, et il aimait à
y
revenir, soit pour préciser ses théories ou en tirer de nouvc!!esapp!i-
cations, soit pour les approprier aux circonstances présentes. On
a
vu, dans le cours do cette étude, combien d'écrits ou de leçons se
rapportenta ce but. En t3t~, pendant le scmea~'ede Pâques, itavait
encore consacré ses leçons au droit nature!, et la théorie qu'it avait
alors exposée (2) était comme une nouvelle rédaction des A~n<'n<s
du droit n«<«~, pubtiés en <79G. Kn revenant encore une fois, e)i
~8~3, sur le même sujet, il trouvait là une occasion toute naturefio
ici.
d'exposer ses vues sur les événements qui agitaient alors ie monde,
et d'entretenir dans !a jeunesse les sentiments qu'appelait t'heuro
présente. Les leçons qu'it fit cetto~poquc sur t /J<'cd'«ne ~T<
~t~rrc méritent de ngurer à coté des D~coM~ o Haf<o)t a~(f-
tn~c (3). CUes renferment un remarquable portrait de Napoléon,
qu'il m'est interdit de reproduire
DE LA UBËRTË
LIBI*j
-.J DE PENSER
.J ~4
AUPRES
DESPHINCES
DKL'EUROPE
QUî L'(~'T OPPHLM~R JUSQU'iCt
i
DISCOURS
t/
feuilles mêmes fournissent a cim'tue l~tat l'occasion desn'ee
/<K~'
<1e prouver la pureté de ses intentions
c<~
de M~c/c les ~j~'M~ <y«' les ~~«/6'
<y~'w~
't l '1 {1
puhH(;uf;mcn<. ne cherche pas a ctonUcr tes lumières. Si
l'auteur s'est t!'0tnp< M.Ct'anx, qui
ne tardera pas a !e i-eiutcr.
iltli aime
;lilllc si i<'rt 1 vt~rit~,
1'()I't !a
(i) Je demande qu'on ne laisse pas de côté, mais qu'on lise attetUi-
vementccUc courte déduction des droits, des droits inaliénables et des
droits idienables, du contt':)t,dch société, des droits des princes,
qu'on s'en pénètre bien, et qu'on h conserve Mëtement, parcc/nt'an-
L'homme ne peut être ni le~ue, ni vendu, ni donne il
nu saurait être la propriété (!e personne, puisqu'il est et
doit rester son propre maitre. porto au fond de son
cœur une étincelle divine qui l'élevé au-dessus de ranimai
et ie fait citoyen d'un monde dont Dieu est le premier
membre; cette étincelle, c'est sa conscience. Celle-ci
lui ordonne absolument et sans condition de vouloir telle
chose, de ne pas vouloir telle autre, et cela /c~/
</c ~w< ~y' <* y?ïo?<t'~y~< sans aucune contrainte exté-
et
(t) C'est ainsi furunc doctrine qxi semble avoir dtu faite tout expies
pour noos dciivtCf de t.) tn:dcdiction de la loi et nous ramener sous ic
pthtdpc (le la ttbctH!, a servi d'npptti d'.thord )a thcotogie sco!asti-
<ptC,–et tout récemment .nt despotisme.– U est indigne des honxncs
poosantsdc ramper :)u pied des nùoes pour so))icitcrt:t permission de
devenu' !cs murcitfpicd') des rois.
2
direx-v'~s. peuvent être truubtes paria dans tajouis-
sam'e <tn bonheur fonde sur ies convictions un ils ont vécu
jusqn'.dors, dans tcm's i~reahiesiHusions, dans leurs doux
rêves. Mais <-<n)nne)u peuvent-Usetrc ainsi tronbh's
par unmseu! fait, s'its n(.'m't''ct)'ntct~ pas, s'tis ne i'ui~
poitit attc-ntton a mus parûtes, s'Hs ttc les adnu~cnt pan
dans tcut'esprit? S'itssunUr~uhtt''s, c'est qu'Us se h'uu-
Hclit ~ux-nn~ncs; < 't\'sL pas tnui (pu tes trouble. C'c~
icii<~ r~ppurLd~d'jtHK'ra rcct'Vtur.ai-ju pas le droit
d'' partager nn'n pain a\ mt autre, <t<' t<' inisscr su
chantât'a nx'n t'eu, et attumur sunnatttbcana ina lu-
nucrc? S'il nu veut pas de tnun pain, il n'a (ju'a lie pas
tendre la tnain pour te recevoir; s'i! ne veut f~s (!c ma
hatcnr, qu'ii s'eiui~ne de mun i'cu je n'ai certainement
pas !cdruit)!eini imputer n~sduns.
Toutefois, connue ce droit de iibrccunt)nunicatiun ne
fin fondu point sornn ordre, mais seutetncnt sur nnp
pertnission de ia ici mot-atc, et <)ne, par conséquent, con-
sidère <jn hn-metne, il n'est pasinatienahic; eonune, en
outre, t~onr (lue rexercice de ce droit soit possible il iaut
nécessairement que ceini au(pnJ je nt'adresse consente a
recevoir mes dons, on jmurnnt bien concevoir tjue h
société eut supprinn' une t'ois pour toutes ce consente-
ment, et (m'ette entexi~e de chacun den tncnthres qu'eite
admettait dans son sein la promesse de ne communiquer
absolument a personne ses convictions, –il ne faut sans
doute pas prendre trop a ta lettre une pareine renonciation,
en t'entendant d'une manière ~enende et sans aucune
cnnsidcration de personne:!es privilégies de i'~tatn~
versent-its-pas.en e~'et, les trésors de leur corne d'abon-
dance avec toute ta Hher:dite possible, et s'iis en ont re-
tenu jus(fu'ici les ptus rares merveille~ ne devons-notos
pas nous un rendre uniquement a notre opiniâtreté et à
notre entêtement? Mais accordons toujours ce que nous
pourrions ne pas accorder aussi absolument, que nous
ayons pu, en entrant dans ta société, renoncer a notre
droit de communication. A ce droit est oppose celui de
/c ~cc~o~ le premier ne peut être aliène sans
que le second le soit aussi. Accordons que vous ayez eu
le droit de me faire promettre que je ne partagerais
mon pain avec personne auriez-vous donc eu aussi
celui de forcer le pauvre affame a mander votre bouillie
malsaine s'il n'aime mieux mourir? Voulez-vous déchi-
fait
rer ce beau lien qui unit les hommes aux hommes et
que les esprits s'épanchent dans les esprits? Voulez-vous
ravir l'humanité l'échange le plus digne d'elle, le libre
don et la libre acceptation de ce qu'elle a de plus noble?
Mais pourquoi parler le langage du sentiment a vos co~ura
endurcis? Qu'un raisonnement sec et aride, contre lequel
se briseront tous vos sophismes, vous prouve
l'illégiti-
mité de votre prétention? Le droit d'accepter libre-
mont tout ce qui nous est utile est un élément de notre
personnalité il est dans notre destination d'user librement
de tout ce qui peut servir à notre culture spirituelle et
morale; sans cette condition, la liberté et la moralité
nous seraient des dons inutiles. Une des
sources les plus
fécondes pour notre instructionet notre culture est la com-
munication des esprits avec les esprits. Nous ne saunons
abandonner le droit de puiser à cette source sans abdi-
quer notre spiritualité, notre liberté, notre personnalité:
il ne nous est donc pas~s d'y renoncer; il n'est donc
pas non plus permis aux autres d'abandonner
/< droit
d'y laisser puiser. Si notre droit de /'<~u~' est inalié-
nable leur droit de ~w~' ne l'est pas moins. Vuut!
savez bien vous-mêmes si ?~<~ ~~M/~ nos dons. Vous
savez si nous (tonnons des ptaces et des dignités a ceux
qui font semhhmt de se laisser convaincre par nous, si
nous excluons de ces dignités et de ces places ceux qui
n'écoutent pas nos i''runs et ne lisent pns nus écrits; si
nous injurions puhhquemcnt et si nous pourchassons
ceux qui écrivent contre nos principes. Expiiquex-nous
dune, si vous le pouvez, pourquoi i'on ne se sert de vos
écrits que pour empaqueter ies nôtres, et pourquoi nous
avons de notre cet' ies ptus fortes têtes et les meilleurs
cŒurs qui soient dans les nations, tandis que vous n'avez
du votre que ies imheciies, tes hypocrites, les lâches écri-
vains.
Mais, dites-vous, nous ne vous défendons pas du tout
de partager votre pain soutenant vous ne devez pas
donner du poison. Comment donc suis-je si sain et si
fort, moi qui lais ma nourriture quotidienne de coque
vous nommez du poison? Devais-je prévoir que te taihie
estomac d'un autre ne supporterait pas cette même nour-
riture? Est-ce moi qui l'ai tué en la lui (A~ ou
n'est-ce pas lui qui, en la ~a~c~, a été l'auteur de sa
mort? S'il ne pouvait pas !a digérer, il n'avait qu'a ne pas
en mander je ne l'ai point ~uc (~) il n'y a que vous
qui ayez ce privilège. –Ou, en supposant même (me.
j'eusse reenement tenu pour du poison ce que j'ai donné
aux autres,et que je ie leur eusse donne dans l'intention
(1) f.
de les empoisonner, comment vouiez-vous me te prou-
ce qui est faux, ce que vous voulez qui soit faux. –~o:
~M le vouiez-vous? C'est ia une question dont nous
n'avons pas a nous inquiéter, ni vous non plus. Votre
votontc est, comme telle, l'unique critérium de la vérité.
Il en est de nos pensées comme de notre or et. de notre
argent: elles n'ont de valeur qu'avec votre poinçon.
L'administration de l'Etat exi~e sans doute une pro-
fonde sagesse, car il est notoire que tes plus sages et les
meilleurs d'entre les hommes ont toujours été appelés a
sur
la diriger; si cependant un ûRii profane osait jeter un
ses mystères, permettez-moi ici quelques
timides observations. Peut-être me natte-je trop, mais il
me semble apercevoir quelques-uns des avantages que
vous avez ici on vue. Il vous est facile de soumettre nu
jou~ tes corps de vos sujets: vous pouvez charger (t'en-
traves et de chaînes tours pieds et leurs mains; vous
pouvez aussi les empêcher par ia crainte (!e !a faim
ou de ia mort de <!ii'e ce qu'ils ne doivent pas dire.
Mais vous ne pouvez pourtant pas toujours être la avec
vos chaînes et vos entraves, ou avec vos valets de bour-
reau –vos espions aussi ne sauraient être partout, ct un
gouvernement si pénible ne vous hisserait pas le moindre
!oisir a consacrer aux votuptcs de ce monde. H vous faut
donc chercher un moyen de les asservir d'une manière si
sûre que, même en l'absence de vos entraves et de vos
chaînes, ils ne respirent plus autrement que vous ne te leur
commandez. Paraiyscx en eux le premier principe de l'ac-
tivité spontanée, teur pensée; qu'ils ne se hasardent plus
a penser autrement que vous ne le leur ordonnez, direc-
tement ou indirectement, par vos edits de religion ou
par leurs confesseurs; ils deviendront alors tout a fait ces
machines que vous votdez avoir, et vous pourrez vous en
servir a votre ~n' J'admire dans l'histoire, qui est votre
étude favorite, la sagesse des premiers empereurs chré-
tiens. La verito changeait avec chaque nouveau gouvcr-
npment eUe changeait même une coupte de fois sous
.<!<?~/ gouvernement, pour peu qu'il durât. Vous av~x
(i) Votre nmi, !c oUitjuc du n" 2C1, dans le cuhiur (t'uctoiu'e (te la
A. L. X., ne vent p.): il est \):ti, q)tr ron cotnp.u'c tes t'cvohnion~ t)u\
pt)cno)t)ct!cs natm'cts. Avec
plu~nOlIll'~lIes n¡¡hu'cls. sa pet
A \'PoCs!) pcrmi6siou,
mi<~ion, c(u)si(!urdcs
c()JI~idérécs comme
comtne plléllU-
p/<c~u-
~t'nM, c'cst-u-dhc no pont de vnc, non de kurs principes tnornux,
t
mais de icurs etTctsdans !c monde scnsibtc, h's rcvohtUonssont ccrt:<i-
netncnt soumises aux lois de la nature. ~M.s ne ttourrex pas hu indt.
qucr ic livre ou la phccdu thre ou peut s'en cotnaincrc, et je ne
il
dois pas ic fane ici. Kn ~nu'a),ous pourriez faire entendre
sous
main a cet ami qu'it devrait se r~oudrc.')entrer pius avant dans r~udc
de la pttitosophic. Ators. avec sp.s cono.tissanccs etcndûp.s et
son lan-
H~gc virit, H conduirait vos affaires et en metne temps cciies de l'itu.
Ehbien!s'ihaunetrequilcpuisseree!lemcnt;qui,
du sein de la dévastation, tasse sortir de nouveaux mondes,
et de la pourriture tire dos corps vivants; –qui élève de
riants vignobles sur des volcans 'teints,qui veuille que
des liommcs habitent, vivent et. se réjouissent sur des
tombeaux, vous irriterez-vous parce que nous lui lais-
serons aussi le soin, le plus petit de ses soins, de détruire,
d'adoucir au moins ces maux que nous attire l'usage du
privilège qu'il nous a donne et qu'il a marque de son
sceau divin, ou, s'il /<~ que nous les souu'rions, de les
appliquer ;'t une plus haute culture (le notre esprit par
le moyen de notre propre force?
11 est hon, princes, que vous ne vouliez pas être nos
neaux il n'est pas bon que vous vouliez être nus dieux.
Pourquoi ne voulez-vous donc pas vous résoudre a vous
abaisser jusqu'à nous, il être les premiers entre des
e~aux? Le gouvernement du monde ne vous réussit pas,
vous le savez Je ne veux pas vous reprocher–mon c~ur
est trop ému "-les bévues que vous avez commises jus-
qu'ici tous les jouis, les plans ma~ninques que vous avez
changes tous les quatre ans, les monceaux de cadavres de
vos soldats que vous comptiez sûrement ramener en
triomphe. t.ln jour vous embrasserez avec nous
une
partie du ~rand plan, du plan certain et avec nous vous
vous étonnerez d'avoir concouru aveuglement, par vos
~P ces )'<
?'
~«/o~r
seveli sous /c<
de ~)~
?!Z
toi et ~?/«/ ?/ï~ï<?
~c~/c. A~'z'e/s'
avec
et < ~P M CP~~ C~
&0?'/
~6'u~ ~p
SUttt.A
RÉVOLUTION FRANÇAISE
,')
t~ËtACE
L'AUTEUR.
INTRODUCTION
/e,
il
s'agit d'apprécier une revointion, il n'y a que deux ques-
tions possiides, rnne sur sa l'autre sur sa
~p. Dans ta première, on peut demander,
on bien en
générai si un peuple a le droit de changer à son gr~ sa
constitution, ou bien en particniier s'il a le droit de le
iaire d'une certaine manière déterminée, A l'aide de cer-
taines personnes, avec certains moyens, suivant certains
principes. La seconde question revient à cciïe.ci Les
moyens adoptés pour atteindre le but que l'on se propose
sont-ils !es mciueurs? ou, pour la poser comme ie veut
l'équité, étaient-ce les meilleurs
~o~c~ ?
~a~ <~<WM~M~
une solution bonne pour tous les temps et tous les peuples,
bonne pour tout ce qui est homme? Nous devons alors
l'établir sur des principes dont la valeur soit universelle.
Accordcrons'nous une innuencc a notre ~/c~ quand
c'est de ~'o~ qu'il s'agit?–ou, en d'autres termes, ferons-
nous de notre inclination une loi morale universelle pour
l'humanité tout entière? II cstvrni, û chevalier de la
toison d'cr, qui n'es rien de plus que cela, –il est vrai,
et personne ne te le conteste, qu'il serait tort désagréable
pour toi (le voir tout a coup disparaître du monde le
respect qui s'attache a ta haute naissance, a tes titres et
a ton ordre, de n'avoir plus a conqjter pour être honora
que sur ton mérite personnel, et de perdre tous ceux de
tes biens que tu possèdes illégitimement; il est vrai
que tu serais le plus méprisable et le plus pauvre de tous
les hommes, que tu tomberais dans la plus profonde
misère mais pardonne, la question n'était pas de savoir
si tu serais misérable ou non; il s'agissait de notre droit.
Tu penses que ce qui te rend misérable ne saurait être
juste. Mais vois ces esclaves moriaillables que tu as
opprimes jusqu'ici; ce serait véritablement les rendre
fort heureux que de partager entre eux ceux de tes trésors
que tu possèdes ajuste titre; de taire de toi leur esclave,
comme ils ont été les tiens jusqu'ici; de prendre tes fils
et tes filles pour en faire leurs valets et leurs servantes,
la charge de leur
rabattu jusqu'ici;
le
comme tu prenais toi-même leurs filles et leurs fils
pour en iairc tes servantes et tes valets; de t'imposer
gibier, comme ils te l'ont
ils nous crient: le riche, le pri-
vifegi~ n'appartient pas an peuple; il n'a point de part
aux droits universels des hommes. Tel est /c~' intérêt.
Leurs raisonnements sont aussi sondes que les tiens, us
pensent que ce qui les rend heureux ne peut pas 6tre in-
juste. Devons-nous ne pas les écouter? Permets donc que
nous ne t'ccoutions pas non plus.
Il est dil~cile, même avec la meilleure volonté et l'esprit
le plus lucide, de se préserver de cette secrète illusion de
la sensibilité. On ne devrait écouter en cette recherche
aucun noble (i),aucun militaire d'un Etat monarchique,
aucun houunc d'aitaires au service d'une cour déclarée
contre la Révolution française (2). Le vulgaire bourgeois
qui ~enut sous le poids des lourds impots, te paysan sou-
mis au joug, le soldat meurtri de coups s'en mêleront-ils
donc? Ou faudra-t-il les écouter, s'ils le font? Celui
qui n'est ni oppresseur, ni opprime, dont les mains et le
(i) Je parle de celui qui n'est que nobte. Le public allemand honore
en beaucoup d'hommes appartenant aux plus grandes maisons une plus
haute noblesse, celle de l'esprit, et je t'honore certainement autant que
personne. Je me borne ici à nommer le &(~o~ de Knigge et le noble
auteur des Pe~cM ~'«~ ~n'u/e f~not's sur les or~M pcrn~<-
~t~, etc.
(2) Aplus forte raison un te! homme ne dcvrait-it pas se faire, dans
le plus important des journaux savants de PEuropc, le juge des écrits
qui se rapportent à ces questions, et par conséquent l'interprète
apparentde l'opinion nationate.–Pourmoi, du moins, si i'ou trouvait
cet écrit digne d'être mentionne, je prie que i'on me fasse grâce du
jugement des empiriques. Ils seraient jhgcs en leur propre cause.
Qu'on me dopnc pour juge un penseur spéculatif, ou qu'on ne m'en
donne aucun. Pourtnnt toute rcgte a ses exceptions. Je fais, par
exemple, le pins grand cas de l'ouvrage de M. Brandes, secrétaire
intime de cbanccttctie en Hanovre, sur la Hevotution française. On y
t
sent un esprit indépendant et honaete, et l'on n'y émarge aucun
détour de mauvaise foi.
patrimoine sont purs clu pi!!a~'e des nations, dont la t~te
n'a pas été façonna des sa jeunesse sur la fonnc ccnven-
tionncHe de notre siècle, dont iecu~u'est r<'mph d'un
chaud mais cahne respect pour h dignité et les droits de
Fbommc, cetni-ta seu! peut être ju~e ici.
Tehcs sont les secrètes illnsions de lit s~nsibititc. On en
~<
ainsi ou autrement. Ils reconnaissent donc immediatc-
tYtent~ en appliquant cette expression a certaines choses,
qu'elles sont ~'ccM~ ~c/A'.
Ils ne peuvent vouloir et ils ne voudront attribuer cette
indépendance on cette Mc~c, c'est tout un–, a rien
autre chose qu'aux resolutions des êtres raisonnables, ies-
~t einem So~
~t'n ~nJerM<'{/~A:ùnNen.
3 tF~ ~0 ~M WM~.
~o~.
quelles a ce titre auvent être appelés dos Ils
reconnaissent donc de libres actions dans les êtres raison-
nables.
Ils veulent chercher si ces actions doivent être ainsi
ou
autrement, c'est-à-dire rapporter a une certaine régie
l'action donnée d'une manière déterminée et porter
un
jugement sur l'accord de cette action avec cette règle.
Ord'ou tireront-ils cette règle? Ce ne
sera pas de l'action
qu'il s'agit de juger d'après elle; car l'action doit être
contrôlée par !a règle, et non la règle par l'action. Ce
sera donc d'autres actions libres données par l'expérience?
Peut-être veulent-ils abstraire ce qu'il
y a de c<wwïïM
clans les mobiles de ces actions et les
ramener ainsi a une
~J qui leur serve de loi? Ils ne seront
pas du moins
assez injustes pour vouloir juger un être libre d'après
une
loi qu'il ne saurait prendre
pour règle de conduite,
par la raison qu'elle lui serait inconnue; ils nejugcrpnt
pas l'orthodoxie du patriarche Abraham d'après l'edit de
religion qui gouverne la Prusse, ni la légitimité de la des-
truction des Cananéens par le peuple juif, d'après !es mani-
lestes du duc de Ih'unswick contre les Parisiens. Ils
ne sau-
raient demander a cet être qu'une chose, savoir s'il
a
pronte de toute l'expérience (fui a
pu s'amasser jusqu'à
son siècle, et s'il a suivi la loi qui en résulte. Il faut donc
qu'ils établissent une loi propre a chaque siècle
pour
les actions libres des êtres raisonnables. Suivant
eux
nous avons aujourd'hui de tout autres droits et de tout
autres devoirs que nos pères d'il y a cent
ans; suivant
eux, tout le système moral du monde spirituel sera
com-
plètement changé dans cent ans, en raison de l'accrois-
sement de l'expérience; et eux-mêmes, s'ils parvcnaint
a un âge aussi avancé, condamneraient
alors ce qu'ils
déclarent juste aujourd'hui, et déclareraient juste ce qu'ils
condamnent en ce moment. Mais que dis-je, chaque
siècle 11 faut qu'ils admettent une loi particulière pour
chaque individu, cari! est impossible que chacun soit aussi
fort qu'eux en histoire, et ils n'exigerontsans doute (le per-
sonne qu'il lire ses rentes de conduite d'événements qu'il
ne connaît pas. On bien est-ce un devoir pour nous d'être
des historiens aussi profonds qu''eux, afin (te ne pas demeu-
rer dans cette grossière ignorance de tous nos devoirs?
Enfin, comme leur expérience s'arrête quelque part,
ils arrivent nécessairement à un point. ou ils ne peuvent
plus indiquer d'expérience antérieure. D'âpres queues lois
jugeront-ils alors?–Ou bien cesseront-ils ici d'apprécier
toute action libre au point de vue du devoir? S'arrétc-
ront-ils, par exemple, devant la première resolution
d'Adam, puisqu'il leur est impossible de citer des expé-
riences qui lui seraient venues de ses ancêtres et d'après
lesquelles il aurait du se diriger ?
Telles sont les contradictions où tombent ceux qui veu-
lent qu'on réponde par l'expérience a la question de droit,
et elles seraient beaucoup plus choquantes si par bonheur
pour eux ils n'étaient inconséquents, et si leur cœur ne
leur jouait le tour de sentir plus juste que leur tête ne
pense et que leur bouche ne parle. Nous voyons en effet
qu'ils jugent assez généralement les libres actions de tous
les peuples et de tous les temps d'âpres les mêmes
principes, sans paraitre craindre d'être contredits par
l'expérience de l'avenir, et que ce qu'ils intitulent fausse-
ment preuves historiques ou déductions historiques n'est
autre chose pour eux dans la pratique qu'un choix d'exem-
ples qui servent a représenter d'une manière sensible des
principes primitifs.
Parfois aussi i!s contbndcnt notre question
aveu coMe-ci,
qui un est tout a fait ditïerente 6~<«'~ ~c/~
/M/e~Tant que ia première n'a pas ut)'; ptcinemcnt
résolue, il n'y a pas lieu de poser la seconde.–11 est clair
pour tout esprit, même sans culture, qu'autre chose est
taire son devoir et autre chose chercher son intérêt d'une
manière raisonnable; t'~uote seule était capable d'ob-
scurcir cette vérité et de fermer les yeux à ia lumière
du soleii. Chacun se!it, quand même il
ne l'avouerait
pas toujours, que c'est souvent un devoir de sacrifier
son intérêt bien entendu, que nous sommes tout
a tait libres de le sacrifier même
en dehors de ce cas,
et que nous n'avons a en repondre a personne qu'A
nous-mcmc, tandis qu'au contraire les autres peuvent
exig'er de nous quoique chose de conforme
au devoir et
ie réclamer comme une dette, it
y a !a deux questions
essentiellement distinctes.
Or, s'tis nous accordent reeHement qu'il
y a un </cuo~'
de ce ~enre qui puisse être exige au nom d'une loi
universeltement valable,– et un ~!<u~' ou
un/~i-
~M'~ qui dépende de cette loi, et s'its ne jouent pas
avec les mots, ils nous accordent aussi que cette loi ne
saurait dériver de l'expérience et qu'elle ne peut pas être
sanctionnée par elle, mais que, servant elle-même de
principe une c~ic appréciation do tous les faits de
l'expérience qui y sont soumis, ce ~'c, elto doit être
conçue comme indépendante de toute expérience et comme
élevée au-dessus d'elle. Que s'ils ne nous accordent
pas
qu'il y ait un tel devoir, pourquoi donc
se mêlent-ils
d'une recherche qui dés tors n'existe absolument
pas pour
A*~ ~f/tM So~ett.
/)<e~ o~ A~c/)t<r/'cn.
chimère? Qu'ils nous
eux et. (nn n'est a leurs yeux qu'une
laissent poursuivre tranquillement ~e œuvre, et qu'ils
continuent la leur!
La question du </e~'?' et. (tu ou, ce qui est la
même chose, comme on le verra bientôt, la question du
fM ne ressort nullement du tribunal de l'histoire. Les
réponses de celle-ci ne s'appliquent pas du tout a notre
question; elle nous repond sur tout, excepte sur ce
serait une ridicule
que nous voudrions savoir; et ce
méprise quo de coudre a notre question la réponse
qu'eUe nous fournit. Cette question ressortit a un autre
tribunal que nous rechercherons. Nous verrons plus
bas si la seconde question, celle de la prudence, relève
aussi du même tribunal, et a quelles conditions.
Nous voulons donc juger des laits suivant une loi qui
ne saurait dériver d'aucun l'ait ni être contenu
dans aucun.
Ou donc pensons-nous prendre cette loi? Ou
croyons-nous
la trouver? Sans doute /e ~M, puisqu'il ne faut
il est
pas songer a la chercher hors de nous; non pas,
vrai, dans notre moi, en tant qu'il est forme et laçonne
l'expérience (car
par les choses extérieures au moyen de
celui-là n'est pas notre vcritabte moi, il n'est qu'une ad-
dition étrangère), mais dans sa forme /c ~rc;
et
dans notre moi tel qu'il serait en dehors de toute ex-
périence. La seule dinkulte ici, ce semble, c'est de le
dégager de toute addition étrangère venant de notre édu-
cation, et d'en obtenir la forme originaire dans toute sa
pureté. –Si nous découvrions en nous quelque chose qui
l'expérience, comme étant.
ne pût absolument dériver de
d'une tout autre nature, nous pourrions conclure certai-
nement que c'est la notre forme originaire. Or c'est ce
que nous trouvons réellement
dans cette loi du devoir. Si
cette loi est en nous, et c'est un fait qu'été y est,
puisqu'elle est tout A lait contraire A la nature (te l'expé-
rience, elle no peut être une addition étrangère apportée
par l'expérience, maiscHe doit être ]a forme pure de notre
moi, L'existence de cette loi en nous, ~e /<
conduit donc a la forme originaire de noire moi, et de
nous
de ~c/~ ~?',
M'~c/c~cc, de ~~f
/c7'?'6', etc.
de ?'c/oc/<~ ~<c~<'?~'s on
communes, et ~~c
~C6'?' ~<?~
/ro~
6' r/e c~c c/t~
rables, en comparaison de la somme de leurs qualités
séquence, 6'
Ensuite, sur quoi donc se fonde, en général, votre con-
~c des causes analogues auront des
effets analogues? Pour que cette conséquence soit légi-
time, il faut que vous supposiez tacitement que l'eHet est
réellement lie aux causes par une loi universelle et appli-
cable dans tous les cas, et qu'il en resuite d'après cette
loi.
Voyez donc, vous qui soutenez que cette manière de
juger est la seule bonne ou au moins la meilleure,
voyez jusqn'ou nous sommes d'accord et ou nous com-
mençons & nous séparer. Vous admettez comme nous une
loi et son universalité; m:us vous ne vous soudez pas de
la chercher. Vous ne voulez que l'enet; h", raison de
l'cnct avec la cause est ce qui vous intéresse le moins.
Pour nous, nous cherchons ta loi même, et de la cause
donnée nous concluons l'enet suivant Ja loi. Vous vendez
des marchandises de seconde main; nous tirons les nôtres
de prcntierc. Qui de nous, a votre avis, reçoit les meil-
leures et au plus juste prix? Vous observez en ~ros, vous
regardez du haut d'un donjon les flots de peuple qui se
pressent sur le marche; nous entrons davantage dans le
détail, nous prenons chacun en particulier, et nous l'exa-
minons, Qui de nous, je vous le demande, aura le plus
de connaissances?
Et si vous tombez sur un cas qui ne se soit pas encore
présente dans votre histoire, que ferez-vous alors? Je
crains fort que la question des moyens a suivre pour
atteindre le seul vrai but d'uilc constitution politique ne
vous ofh'c précisément ce cas. Je crains que vous ne cher-
chiez en vain une unité de but dans tous les Ktats qui
ont existé jusqu'ici dans ces Etats que le hasard a
formes et que chaque siècle a rapièces et raccommodes
avec un humble respect pour les mânes des devanciers;
dans ces Etats dont la plus Jouable qualité est d'être
inconséquents, puisque plusieurs-de ieurs pï'incipcs~
pousses jusqu'au bout, auraient, écrase l'humanité et lui
auraient enlevé tout espoir de se relever jamais; –dans
ces États ou l'on ne rencontre guère d'autre unité
que
celle qui reunit les diverses espèces d'animaux carnivores,
t'ait que le plus t'ail)le est man~e par le pins fort et
et qui
man~<;ason tour un plus taible que lui. Je crains (pie
vous ne trouvie/ dans votre lustoire aucun reusei~'ne-
ment touchant tus effets du certains mobiles sur tes
liommes, t)arce<tue les lx''ros (te cette Instoirc ont oublie
de les appliquer au co'm-Immain. Il vous faudra dune
vous cuntcnt.<'r d'une R'cttcrctK: si la recherche
~~M~M'/ n\'st pas possitdc.
Kt,. puisquu tnms en sounnus sur un texte si riche,
cncurc deux inuts a ce sujet it ea est. de i'inunanitc
en gênerai (.«Hune de t'individn. CeHe-ta est t'urniec,
cunnne cetui-c:, par ies eYenements de sa (turee. Nuus
avons comptetetnent onbtie les eireunstances de nos prc-
nnercs années. Sunt-eHes pour ceta perdues pour nous?
et, parce que nous ne les connaissons pas, toute la
direction originelle et individneUe de notre esprit y a-t-
elle moins son principe? Ponrvu que eeHe-ci nous reste,
une nous importe te reste? Nous arrivons a l'adoles-
cence, et nos petites actions, nos petites peines se gravent
d'une manière durable dans notre mémoire. Cependant,
c;race a elles, nons taisons un pas de plus dans notre
éducation, et, des que nous avons lait ce pas, nous com-
mençons a rougir de nos caprices et de nos folies d'en-
fant; le sonvenir de ce qui a précisément servi a nous
rendre plus sa~es nous devient odieux a cause de n"trc
plus grande maturité, et nous l'oublierions volontiers si
nous le pouvions. Le temps ou nous nous en souvenons
avec indifférence vient plus tard; il vient quand ces
:mnecs nous sont devenues étrangères et que nous ne nous
regardons plus comme le même individu.
ne semble pasètl,t~
1)~-is oit'l' L'humanité
et.re encore parvenue il l'a~e ou l'on ap-
prend à rougir; autrement elle se vanterait moins de ses
<ph)i!s d'entant, et ettc attacherait moins de prix a h'~
compter.
tin'yariendimsrhnmanitequisuitvraiment te hene-
ncedet'a~eet(te!'experience<pteceqniyrester'e!h.
rnent. comme bien acquis. tt nous importe moins <!n navrm'
<v/M~«' Rih; y cs{ arriva', et notre rut'iositc tronvcmit
d'ait~urs {tf'u du r~nsct~'nomcnts :'t ce sujet dans les his-
toriens ordinaires. Ms nous décrivent dans tons !curs
détails ics echat'anda~es e! tes machines extérieures
i!s ne pouvaient voir avant ce merveittenx travail eotn-
ment nne pierre se joint a nnc antre. C'est pourtant iace
que nons aurions bien vouhi savoir. Pour ce (pn est de
t'echatauda~e, ~i sodemcnt t'edincc était construit, on
pourrait l'enlever (1).
Fant-d donc laisser t'histoire tout a tait de côte? Oh non,
seutemont il tant la tirer de vos mains, puisque vous restez
eterne!!emcnt entants et nue vous ne pouvez taire autre
chose qu'7'y! puisque vous ne savez que ~'ccuM'r
~o~ ce <
C'est-à-dire, vous repundit-ii très justement /~M-
Depuis ce temps.Ja, t'expericnce, ta
seule chose (lui puisse vous rendre
sa~es, vous a appris
que ses desseins n'étaient pourtant pas si impraticahies.
Rousseau, que vous ne vous iassex
pas d'appeler un
rêveur au moment même ou ses rêves se n'ansent
sous
vos yeux, eu~ beaucoup trop de ménagements pour
vous, u
empiriques ce tut la sa faute. On vous pariera tout
autre-
ment qu'il ne vous pariait. Sons vos
yeux, et je pm'sajouter
a votre honte, si vous ne te savez
pas encore, ~'esprit hu-
mam, revente par Rousseau, a accompli une œuvre que
vous auriez déclarée <!e toutes les choses impossibles !a
plus inmossibie, si vous aviez (''te capabtes d'en
com-p..
voir i'i(h''e il s'est mesur< !ui-meu)e. !'cudant
qm' vous
eptuchez encore tes termes dei'Avertiss<'ment,– pendau)
que vous ne remarquez ri<'n, que vous ne pressentez rie))
_pendant que vous vousatfubtcx, comme d'une peau de
tiun, de deux on trois lambeaux détaches de t'ouvre
entières–pendant ({n'en toute inmicenceet on toute
simpticite vous en pcnsex suivra les principes, ators que
vous y commette/ tes bévues tes plus
~sstct'<~ p~mhutt
H!.
sort.
Si au
< et) t)icn! laisse te mcndc s'ecrontcr
et. ensevetis-toi sons ses ruines avec la
et d'rtrc
conscience de
d'un meincur
~v.
RÉVOLUTION FRANÇAISE
LIVRE PREMIER
Me t'<t)~eet)tMMt do la Mf;t<tmt<t dnne r~eJxOef
CHAPITRE PREMIER
fK PEUPLE A-T-jL KN CË~ËHAL, U: DROtT DM CHANGER 5Â
CONSTITUTION POU'ftQUE ?
«
dit et répété depuis Rousseau~ que toutes les
On a
sociétés civiles se fondaient~ /6' ~c~~6', sur un
con"
trat;? ainsi parle un de nos nouveaux professeurs de
droit naturel. Mais je voudrais bien savoir ou sont les
géants contre qui est dirigé cette lance. Ce n'est pas du
moins Rousseau qui l'a dit(i); et si quelqu'un l'a dit de-
(1) I! faut avoir fait de son C'o/<~ ~oc~ une cmdc bien supctii-
cielle, on ne le con)~!)t'c que pur les citations des autres, pont- y trouver
cela. Au chapitre premier du premier livre,
annonce afnsi son sujet
il
COUMENT ce c~Mn~/)en< y'M<-t< /f<t'~J<' ~~nore. Qu'est-ce <yt~' peul
le fMtffe L~O!T<5tR? /€ cro~ ~OMUOO' ~Ot<~re CËTTH ~MP~/t'on.
Et recherche ainsi dans tom le livre, non p.<s le f~it, mais ie droit.
H
\'OIlS.Ul~IJI(!S <
tt ('1'11an'ivu
vottit-n~mes nIl 11 recoudl' ct'aquc
~alls rccum'j)'
ill'I'inE «, suus chaquc fuisu
fuis ÍI (.cUe pt'
cette 111'é.
'nuion o~toirc <' Ath! de t'cndt'c citdt'c pm' un c.\ct))i)!c ccUc propo-
sitton, que vus faibk'~ tntc!)tgcncM oc comprcndtuient pas auu'etnctt!,
supposons (~M~t«~ c«&«/~) q()'H soit :)r<iv< vous .noex sans <tout<'
assez de vivacité d'esprit pom ccht. ')
~c~er~c~c.
suivre en cette circonstance, it peut aussi s'abstenir (h.
faire ce qui tut est permis. S'ih'st de t'iutt'-ret tt'un autre
<tretju'i!neh';fasse pas, cehti-ci peut teprier (tes'eu
abstenir, et ie premier a parfaitemext te droit de ra-
i'attœ.sm'cette prière, (quelque chose de son <!roitstrict;
-mais Une doit pas se laisser contraindre.–Niant
qu'i! M~vW~ librement a t'autrc t'<'xcrci<;t' (!c son 'h'ott.
N jH't)t. aussi conchtt~ av~c hti
!)n rcttan~' <)<' <!roits; il
j~ut, ''nquf'tqth's" son droit.–Tu (iesit~s
quc je n'<~<~T<' pas (~tains (!<' nu's <tt'oits, parce <p<t'
t'nxf'rcit'c t'en est pt'i''jm!iriahtt'; or !u as aussi (!cs()mi~.
dont t'exerciez m'est prejudicinhtc; ch hien! t'cnom'c aux
tiens, et je renoncerai aux miens.
Qui donc nie fait la loi dans ce contrat? moi-même
évidemment. Nul homme ne peut. e!t'c ohn~e que parhu-
même;md homme ne peut reccvon' de toi que (te lui-
même. Que s'il se laisse imposer une loi par une vutonte
étrangère, H abdique sa dignité d'homme et se rava!c au
rang- de ia brute, et. c'est ce qu'ii ne lui est pas j~rmis de
faire.
Autrefois, pour le rappeler en passant,– un croyait1
devoir remonter, clans ie droit, naturei, a un état pri-
mitif des hommes, a un état de nature; aujourd'hui, on
s'emporte contre cette méthode, ct l'on y trouve l'origine
de je ne sais combien d'absurdités. Et pourtant c'est ta
scute bonne pour découvrir te fondement de i'ohuga-
tion de tous les contrats, il faut concevoir!'homme comme
n'étant encore oblige par aucun contrat extérieur, comme
</r<M'~ ~p/o.
raison laisse hhro; i'ohjot de ses d~poahion~ ce )i:on< loi
Jusqnc-ià,M. R. a raison,
et il nous pardonnera d'avoir h'aduit sa pen~ en un tan-
8~e piu« précis, puisque iui.m~mo hait si fort l'obscu-
rité chez les autres. Mais il conctut Puisque ccHe tegis-
taMon a pour fondement quoique chose de tout il fait
voiontatre en soi, donc. mais je ne puis comprendre
bien clairement ce qu'H on conclut. Or je demandais
Quei que soit l'objet de ces lois, f/'p~ vient ~o~ /<'Mr o<<-
~~? Je ne ~ais quelle répugnance M. R. peut avoir
pour le mot < contrat a il se dômene en des pages entières
pour y échapper, mais, A h fin, p. 60 (4), il est force
d'accorder que, ~t~c c~0 ~c, la société civile
peut être considérée comme une association volontaire.
J'avoue que je n'aime pas ce « d'une certaine manière ?
f<t toute cette engeance, Si tu as une ideo solide, et. que tu
vouUtes nous en fajre part, alors parie avec netteté et, au
lieu do ton d'une certaine mamero, ?u trace une h~up
précise; que si tu ne sais rien, uu que tu n'oses peint
pnr!er, tais.toi tout (ait. ji ne faut rir'n faire ~t demi.
Lit question était donc de savoir d'ou vient t'ohu~atiou
qu'imposent les lois civites. Je rcponds De t'acceptation vo-
moi la M/
Têt est !e premier acte de ram'anchisscment de notre
de ta scnsibihte. Mais tout n'est
pas fait encore. Il ne sunit pas que la sensibilité ne soit
ptus maîtresse, il faut encore qu'cHe soit servante, et
servante adroite et capabte; il faut qu'ette soit utite. Pour
arriver a ce but, vous mettrex toutes ses facuites en réqui-
sition, vous !os faconnercx de toutes manières, vous ies
rjeverex et !es forti<iere/ a !'infini. C'est !e second acte de
t'affranchissement (te notre moi la c~?~'<9 de la sensi-
biute.
Qu'on me permette deux remarques a ce sujet. D'abord,
quand je parte ici de ia sensibitite, je n'entends pas sim.
ptement par !a ce que t'ou désignerait, fort hien d'ai!!eur~
sous ce nom, !es facu!tcs iuf)''rit!ures (!er<une~ ni a )dus
furte raison tes fa.-uites corpordtes de t'homme. far
oppo-
sition au moi pur, jet-attache a iasensihitit.tout
ce qui
'f'Ls mi-même ce moi pm-, et
par conséquent toutes
h's facultés corporeites et spiritucttes qui
trouvent être dr-
tLïminees par quelque chose d'ext('.rieura
nous et en tant
<I~cs peuvent l'être. Tout ce qui est susceptible d'être
~nne, tout ce qui peut être exerce et fortifie fait
en par-
tie. Seule, ia forme pm'c <!<' no[r<' moi ~s~ susijcptiN''
'at)cunucuhm'c u~c~ahsutmttcnLitmnuahtc.Datf.sc''
sct~duii~t, !a cuivre <)<l'esprit, ou <!n cœur, ~ari.'s
pcnsucs les p!us pures ou par les plus subtintes ima~u.s <tc
ta rcti~ton, n'app.u-ticm culture (!u ia suu~
pas tnuiij.s a la
pi~ds la
sibHitc, de re~'c ~usibic
danse.
en nous, que l'uxcrcicc
quu
('~ exercice cL ce perfectionnement des tacultes sensibles
dont je parie pourrait bien être
un moyen d'accroître la
force même de Ja sensibilité et, de lui dom~r de
nou-
\d!es anues contre Ja raison. Il n'en est nen. L'indisci-
p!inc est le caractère propre de ta sensihUit.c c'est par la
seulement (jn'etie est forte des
<juc vous lui arrache/
'-et itistrument, e!!e per<! toute sa puissance. –Toute
cette
''uttm'e se fait au moins suivant des rentes, sinon suivant
d' icis, en vue de certaines nns, et par cons'<tuent
au
'Huinsd'mtemani'-rere~diere; elle donne en<juetnue
surte a la sensibilité t'uniforme de ta raisun; ies
armes
<me ceUe-ci iui fournit ~ont inoifensives pour cite et
ne
sauraient la Ldesser.
Grâce au souverain exercice (te
ces deux <h'oits du
vainqueur sur la sensibilité, l'homme deviendrait
c'cst-a-dire (pt'it ne d<pen(!rait pms <pte de mi-même,
de son moi pur. Chaque fois que dans son cœur il dirait
Je fc~, il pourrai dire, au regard du monde des phé-
nomènes C'est. /< Sans l'exercice du premier de ces
droits, il ne pourrait, pas même ~o~ ses actes seraient
détermines par tes impulsions extérieures qui agiraient
sur sa sensibilité; il serait un instrument qui resonnerait
toujours a l'unisson dans le grand concert du monde sen-
<
sible et qui ne manquerait jamais de rendre le ton qu'il
plairait l'aveugle Destin du tirer de lui. Si maintenant,
après avoir exerce le premier droit, il ne faisait pas va-
loir le second, il pourrait sans doute vouloir agir par lui-
même mais sa volonté serait une volonté
il voudrait, et ce serait tout. Il serait un maître, mais
sans serviteurs; un roi, mais sans sujets. Il resterait
encore sous le sceptre de 1er du Destin; il serait encore
rivé a ses chaines, et son vouloir ne ferait que les agiter
vainement. Le premier acte du vainqueur nous assure le
~M' le second, celui qui consiste A enrôler et a équi-
per nos forces, nous assure le ~o~y.
Cette culture en vue de la liberté est le seul but final
possible de l'homme, c~ /<?/~ ~M'ï7 c~ une ~c <~
//wï~c sensible; mais ce but final sensible n'est pas encore
le but final de l'homme en soi il n'est que le dernier
moyen pour atteindre un but final plus clevc, son
but final spirituel, a savoir la parfaite concordance de sa
volonté avec la loi de la raison. Tout ce que riiomme fait
doit pouvoir être considéré comme un moyen d'arriver
dans le monde sensible a ce dernier but final; autrement
ses Œuvres sont sans but, ce sont des oeuvres déraison-
nables.
Sans doute la marche qu'a suivie jusqu'ici le genre Im-
main a tendu vers cette fmJ–Mais je vous prie, ô illustres
tuteurs de rhumanitc! ne vous hâtez pas trop de prendre
ces prêtes pour uu homma~ rendu a votre sa~e direc-
tion, et attendex encore un
peu avant de me ranger si
complaisamment daus la ciassc (!<
vos Matteurs. Laissez-
moi d'abord vous expliquer tout doucement
ce que peu-
vent raisonnahicment signifier ces paroles. Quand je
rénéchis sur cette marche de l'humanité,
et que j'ad-
mets qu'elle peut avoir eu un but, je
ne saurais, dans
mon examen, (;n assigner raisonnablement un autre
que
celui dont il est ici question, puisqu'il est. !<j seul
possible.
~c ne dis donc pas
que vous ou tout aut.rc être, vou'!
ayez conçu ce but d'une manière précise et que
vous ayex
dirige la marche en conséquence; je dis seulement que
je le conçois d'une manière précise afin de pouvoir
porter
un jugement sur la nna!ite de cette marche. « elle
avait été reeUement dirige,
en vue de cette un, par un
être raisonnable, n'aurait-i! pas choisi les
moyens !es ptus
propres a l'atteindre?))» VoitA ce que je me demande. Je
ne dis pas <~? cela ait et~ ainsi qu'en sais-je ? Et que
trouverai-je dans cette recherche?
Et d'abord, personne cultivé, mais il faut
chacun se c~c Toute conduite purement
que
passive est justement le contraire de la cunure;
ce!!c~ci
a son principe dans l'activité pcrsonnche, et cette activité
est aussi son but. ~ucun pian de cuiture
ne peut donc
être étabn de tcne sorte qu'il soit nécessaire de ic
plir il s'adresse a la liberté et dépend de l'usage
rem-
de !a
hberté. La question doit donc être posée ainsi Y a.t.ii
eu
des objets ou les êtres libres aient
pu exercer leur activité
personnene en vue du but nnal de la culture?
Et que pourrait-il y avoir dans le monde entier du
!'ex<
périencc qui ne fournît a des êtres voulant agir
l'occa-
sion d'exercer leur activité? Il est donc aisé de
répondre a
la question qui vieni d'être puso~car <'t)u it'est
pas inop-
portune. (Jui veut se cuttiver se cultive a propos <!etuut.
La guerre, dit-on, cultive, et, il tantt le rucunuaitre, et!
dispose nos âmes aux sentiments et aux :t(-tesltcro)'ques.
au tHcpt'is du danger et de la mort, au <icdain t)<'s i~un.s
chaque juur ''xpus~s au ~Hh)~ a une ~y!j)(<athic pk!:?
jM'oiundc j)om' t'x~ ce (jui porte fa ti~un' humaine, par~c
<tuc (les ~uHl'anccs ou dc~ pct'its cotnmutts nous rap-
p!'t)chent(tavauta~t't<'s unsdcs:mtt-cs. ~ais ne prenez
pas cuta pour nn ~Opt; <!c voh'c ~an~unmirc amuur dc~
combats, pour unn humble priuru que la pauvre b!tu~-
nite vous adresserai par ma bouebc, a<iu que vous ne
eessiex pas de la dechu'er par (kSpUerres sanglantes, i~a
guerre ne porte a l'héroïsme que les âmes qui en ont
déjà le scnutnein elle excite dans les cœurs sans noblesse
l'amour du piua~e et de t'oppression du taibie. ~Hu a
produit des beros et de taches voleurs, niais dans quetie
proportion? Si i'oM ne vousju~t'ait (pte d'après ce
principe~ vous resteriez blancs connue nei~c, quand meine
vous seriez plus mauvais que ne vous le permet ta t'ai-
btesse de votre siec!c. Le plus dur despotisme cultive.
f/esc!ave voit <!ans ia sentence 'te murt que jn'unonce
contre tui son tyran l'arrêt de i'mnttuahteJestnt, et il s'ho-
nore p!us par ta hbre soumissiott de sa vuiunte a ia iata-
iite inc\orabte, qu'il ne peut être nL'tri par (juoi que ce soit
au monde. Le destin qui tire aujourd'hui l'e~avc de la
poussière pour le placer sur tes dt~res du h'onc, et qm
demain te fera (te nouveau rentrer dans son neant~ ne
laisse a t'homme rien autre rho~ que rhommc. De ta
chez tes Sarrasins et tes Turcs cette douceur (lui respire
dans leurs romans, et ce dévouement aux étrangers et aux
malheureux qui donune dans leurs actes. Voila ce que
produit l'idée du destin citez ces nobles peuples, cette
même idée qui fait du vil Japonais un meurtrier résolu,1
parce qu'il ne craint pas les reproches de sa conscience.
Soyez donc aussi despotes. Si nous le voulions d'ailleurs,
nous trouverions moyen de nous periectionnermemc avec
un de vos lacets de soie autour du cou.
Les moyens (le culture ne manquent donc jamais;
mais ici s'élève la seconde question sont-ils réellement1
employés? Dans la marche qu'a suivie jusqu'ici l'espace
humaine, peut-on indiquer un progrès vers la parfaite
liberté?–Ne vous laissez pas effrayer par cette recherche;
nous ne jugeons pas, comme vous, d'après te résultat.
Si aucun progrès remarquable ne nous apparaît, vous
pouvez dire hardiment c'est votre faute, vous n'avez pas
mis en usage les moyens qui étaient a votre disposition
et nous n'aurons a répondre a ce!a rien de solide, c'est-
à-dire rien du tout, car nous ne sommes pas des sophistes.
Mais ce progrès se montre bien réellement, et c'est ce
que l'on devait attendre d'ailleurs de la nature de
l'homme, laquelle ne saurait absolument rester station-
nairc. Les facultés sensibles de l'humanité ont certaine-
ment été cultivées et fortinccs de bien des manières de-
puis le moment ou nous pouvons commencer a suivre sa
marche. Devons-nous vous en remercier, ou bien a qui
en tiendrons-nous compte?
En fondant et en gouvernant vos Ëtats vous êtes-vous
donc réellement propose pour but unal de rendre notre
culture possible et facile? J'examine vos propres explica-
tions A ce sujet, et aussi loin que je puis remonter, je ne
vous entends parler que du maintien de vos droits et de
t~o~'e honneur, que du soin de venger vos offenses. H
semble ici qu'en construisant votre plan vous n'ayez point
son~e a le moins du monde, mais & vous seuls, et
que nous n'y soyuus admis que comme des instruments
pour uns. On si parfois un sentiment généreux se
place sur vos lèvres, vous ne partez que du bien-être de
vos udelcs sujets. Pardonnex-nous si votre générosité
m'us es!, un peu suspecte, (~umd vous poursuives pour
nous un but que nous puursmvons bien nous-mêmes,
la jouissance sensible.
Peut-être cependant n'avex-vous d'autre tort que de
ne pas savoir vous exprimer peut-Ctre vos actes valent-
ils mieux que vus paruies. Je cbet'chc dune, autant que
ceta est possible a travers le labyrinthe de vos détours,
au miiicu de la nuit profonde et du mystère que vous
répandez sur votre marche, je cherche, dans les maximes
la ~oMu~</
&~?~ ~e
<
de vos actes, l'unité qui pourrait leur servir de but. Je
cherchû religieusement, consciencieusement, et je trouve:
f~'c ~/o/~ l'~c~-
</c~ Je prends te premier butl
comme un moyen pour notre fin suprême, la culture de
la liberté, et j'avoue ne pas comprendre comment il peut
être bon pour le propres de notre activité propre que
personne n'agisse par soi-même si ce n'est vous com-
ment il peut être utile l'anranchisscmcnt de notre vo-
lonté, que sur tout votre sol personne n'ait de volonté
que vous; comment, pour rétablir sa pureté, notre moi
peut avoir besoin que vous soyez les seules âmes et que
vous mettiez des millions de corps en mouvement. Je
rapproche le second but de notre hn dernière, et ici
encore je n'ai pas assez de pénétration pour apercevoir
ce que notre culture peut gagner à ce que votre volonté
se substitue ou non a quelques milliers de volontés de
plus. Croyez-vous que l'idée de notre digmte. s'élèvera
beaucoup parce que notre maure possédera do nombreux
troupeaux?
Nul assurément ne comprendra tout cela, s'il n'est.
assez Itcureux pour être initie aux profunds secrets de
votre politique (1), surtout itu lin Ibnd de tout, au mys-
tère de l'equilil~'e européen. Vous voûtez que votre vo-
lonté soit souveraine dans vos États aiin de pouvoir, au
caa oit quelque danger menacerait i'eumtihru, y tnirc tacc
i1 l'instant avec toute l'énergie de cette voiontc; vous
(<) Une secrète horreur t'cmpare de l'vcrivain citu ptus haut, lors-
(nrH entend (Urc quctqu'tm que le simple bon sens sunit pour com-
prendre ce qu'tt lui a ct<! J~sqtx' t~ dlnielle de comprendre. J'nvoue
que je partage cette ophion. « ~ais le goût de ta profondeur y pas-
aera on deviendra aupcrnckt, si l'on dit cda tout haut! a Que
M. H. taisae à son adversaire le soin d'y p'cndre garde t
que (te l'autre. C'est la que vous trouvez votre limite
précise allez jusque-la, et laissez aussi !es autres s'avan-
cer tranquillement jusque-lA, si vous n'avez réellement
d'autre but que l'équilibre et si vous êtes tous d'hon-
nêtes ~-ens. –Mais un autre, dites-vous,
a transgresse
cette limite; il ~ut que nous la transgressionsa notre
tour, a<in que l'équilibre interrompu soit rétabli. Si
les ptateaux avaient été d'abord bien équilibrés,
vous
n'auriez pas eu besoin de franchir la limite;
vous auriez
empêche que l'autre ne la franchit. Vous êtes suspects de
ne l'avoir laisse faire que pour avoir aussi un prétexte
de transgresser vos limites et pouvoir aussi
rompre l'équi-
libre a votre tour car vous
vous nattez secrètement
d'avoir l'avantage sur ce téméraire et de faire quelques
pas de plus que lui. On a vu dans notre temps de grandes
puissances s'allier pour se partager entre elles certains
pays, afin de maintenir l'équilibre. !I n'en aurait
pas moins subsiste, si aucune d'elles n'avait rien pris.
Pourquoi choisir le premier
moyen de préférence au
second? Jl se peut sans doute que
vous vous con-
tentiez d'être les conservateurs de cet équilibre,
tant que
vous n'avez pas assez de force pour remplir un rôle
que
vous aimeriez bien mieux, celui de le détruire, et
que
vous soyez charmés d'empêcher les autres de le déran-
ger, afin que vous puissiez le faire un jour vous-mêmes.
<
Mais c'est une vérité démontrée
par des raisons
et par l'histoire tout entière, que ~cw/~ce </c ~M/c~
~oy~-c/<~ c~ ~tc~M~c
~c/~ ~/M/'c/~ ï/<~c//c. Nos politiques
<7/ec
l'avouent eux-mêmes très naïvement
en parlant des (tan.
gers qui menacent i'équiHbrc ils supposent très certai-
nement citez les autres ce qu'Us ont eux-mêmes
sur !a
conscience) Un ministre doit rire en entendant un autre
ministre parler sérieusement de cet équilibre; et ils
doivent rire tous deux en nous voyant, nous antres, qui
ne possédons pas nn pouce de terre et n'avons point, de
pension a gagner, les smvrc avec candeur dans leurs
graves recherches. Si aucune des monarchies modernes
« aucune
des graines que je semé n'est perdue dans le
monde moral; j'en verrai les fruits au jour des gerbes,
et je m'en tresserai des couronnes immortenes. ))
Jésus et Luther, défenseurs sacres de la liberté, vous qui,
dans les jours de votre abaissement,vous précipitant, avec
une force gigantesque, sur tus fers qui enchaînaient l'hu-
manité, les avez brises partout oit vous les avez touches,
jetez, du haut des sphères que vous habitez, un regard
sur vos descendants, et réjouissez-vous a !a vue des se-
mences déjà levées et qui commencent à se balancer <m
vent. Bientôt un troisième libérateur, celui qui acheva
votre (ouvre, celui qui brisa les dernières et les plus fortes
chaînes de l'humanité, sans qu'elle le sût, et peut-être
sans qu'il le sut lui-même, sera réuni a vous. Nous le pleu-
rerons, mais vous lui marquerez avec joie la place qui
l'attend dans votre société, et le siècle, qui saura le com-
prendre et reproduire son imag'c, vous en remerciera.
CHAPITRE Il.
i
sommes points atteint par une objection tirée d'un tout
autre monde. Jl arrive malheureusement dans le monde
réel bien des choses qui ne devraient pas arriver; mais de
ce qu'une chose arrive, il ne s'ensuit pas qu'elle soit
juste.
Pourtant on insiste en disant que ce droit été aliène;
a
nous ne nous bornerous donc pas à montrer en général
que cette assertion doit être fausse, mais nous la dépouil-
lerons peu à peu et pièce a pièce de fausse
sa apparence.
Une telle aliénation ne poun'aitavoirculicuquc~'
co~-
c'est ce que M. Robber~ même accorde pleinement
~~î'o n<c~~
~'N~cc~~MCM~M'<(mand il pense (pte personne ne le
remarquera. Si quelqu'un se montre plusexi~eantencore,
je le prie de s'en tenir an cotmnencement (te mon premier
chapitre, jusqu'à ce (Ille j'aie mis a nu les derniers so-
pitismes élevés contre cette proposition. Le droit pourrait
avoir été alicne ~cs 7~< ~<' /'7~ m(nnc, on
~M'M~ c~ (/c/ de Dans r~tat, il pourraitl
Favoir ctc par te contrat (le avec tous, on par ccmi
dcsc/~c~o~ ~<c /~c~~M~u~~ïcc~, ou avec
des CM~'< ou avec ?<<7c<y~, le .so~<;c?<?~. Kn
dehors de l'Etat, il pourrait avoir ctc alicno ~ï~?'M
~a~. Ënnn, dans tous ces cas, it pourrait t'avoir ctc
/OM/ one/t?~
En examinant l'objection qu'on nous oppose, nous
aurons a répondre a deux questions. La première est his-
torique Ce!aa-t-ii rcencment eu !icu; peut-on indiquer
un contrat de ce ~cnre ? La seconde, dont il taut de-
mander la somtion au droit naturel, est ceHe-ci ~eia
dcvait-H et pouvait-il' avoir lieu ce c~ Le lecteur
sait d'avance, par ce que nous avons déjà dit, ce (pu;
seront nos réponses; il sait que nous n'entreprenons pas
ces recherches pour ju~cr nos principes, mais pour les
rendre plus churs par t'app!ication. Si donc il espère
trouver dans les chapitres suivants des explications plus
iavorahles a ses préjuges, nous lui conseillons en toute
sincérité de jeter la le livre, A moins qu'il ne l'ait déjà
fait.
Mr/cn.
(UiAPtTHK iU.
!.H t'ROtï t)H CHANt.EH !.A CONST'T~TtON Pp~TtQUK ~~T-U<
ÈTRK AL~N~ P. UN CQNTt~r DK TOUS ~VM TQU~}?
ne con-
nais pas la direction, ne m'a pns donne et
ne me donne
pas ce droit. Mais l'autre, en me manquant (le
pa-
role, me fait tort de ce que j'ai fait pour lui. Comment
avec de pareils principes quctqu'un oscra-t-i! encore
concture un contrat? Qu'on fasse encore un
pas dans
l'application de ces principes, et tout
sera clair, et la diui-
cu!te sera résolue d'une manière satisfaisante.
J'ai exécuté ma promesse dans la pensée
que l'autre
avait droit a cette exécution, que celle-ci n'était plus
~'<?~, qu'elle était ~c~, que les forces que j'y app!i-
quais et les fruits de cette application de
mes forces étaient
Ja propriété d'un autre. Je
me suis trompé en ce point:
ces choses étaient miennes, puisque l'autre, ne
m'ayant
point donne de droit sur lui, n'en avait point sur illoi.
Elles étaient miennes aux yeux du ju~e suprême de toute
moralité; nul esprit tmi ne punvait savoir a qui elles ap-
partenaient. L'autre n'exécute pas sa promesse, et des !ors
ce qui n'était connu juque.la que duju~c suprême se ma-
nifeste aussi dans te monde des phénomènes. En n'ex<cu-
tant pas sa promesse, il ne tait pas que t'execution de la
mienne ~~c/t~c ina propriété elle Fêtaitdes te com-
mencement; il fait seulement connaître qu'elle est mienne.
Je conserve ma propriété; –le fruit de l'exécution m'ap-
partient. Même ce qui, danst'applicationde mes forces,
a été dissipe en pure perte est ma
propriété. Peu m'im-
porte que cela soit perdu cela ne devait pas t'être. Je le
retrouverai dans les forces de l'autre; j'ai recours sur
elles. Je puis le contraindre une compte réparation
du dommage. Or, si je n'ai rien perdu par son manque
de parote, il n'a rien ~ne. Nous sommes replaces tous
deux dans t'etat qui a précède notre convention; tout est
non avenu, et il en devait être ainsi, puisqu'il
n'y avait
pas de contrat entre nous.
C'est seutcmcnt en exécutant comp!etcment sa promesse
mienne
pour sa part que l'autre fait de l'exécution de la
sa propriété. EHe c~ sienne, en vertu de ma libre vo-
lonté; mais personne ne savait qu'elle le fùt, a l'exception
de celui qui connait les coeurs et qui savait que cet homme
exécuterait sa promesse. En l'exécutant,il fait voir dans le
monde des phénomènes que l'exécution du la mienne est
invisible, le contrat
sa propriété.–Aux yeux du tribunal
est conclu des que les deux parties ont la volonté sincère
de faire la chose promise; il ne commence dans le monde
des phénomènes que quand les deux engagements sont
pleinement exécutes. Le moment qui t'institue ici !'a-
nRantit.
~ppuquohs cela A "ne association durable pour des
services réciproques, comme !e connut sociaH Tous
ont dohne tous un droit sur eux-mêmes, et en revanche
oH ont reçu ut! sur les autres; au moins !c peut-on sup-
poser, puisqu'i! faut admettre (pte ce sont des g-cnsioyaux.
Ï!s ont montra dans ïe mondn des ph~hom~ncs (prits
l'étaient ils ont rempH h'ut's engagements chacun pour
$a par{, ch agissant, en s'abstenant, eh se soumettant aux
peines h~aics toutes les fois qu'ils s'étaient abstenus
quand ils devaient a~ir, ou qu'Us avaient a~i quand i!s
devaient s'abstenir. Tant que personne ne témoigne par
ses paroles ou par ses actes que sa voionte est changée,
il !hut admettre qu'it est dans te contrat.
Maintenant Fun vient-it A changer de voionte, partir
(le cp moment il n'est plus, aux yeux du tribuna! invisible,
et
soumis au contrat; il n'a plus (te droit sur t't~at, i'~tat
h\'n a plus sur lui. Il témoigne son cttang'cmentdc vo-
lonté ou bien par une déclaration publique, ou bien en
cessant de fournir son en ne se soumettantt
pas, en cas de contravention, a la peine !e~aie (4). Quel
Vouicz.vous un (le
ce compte au net nous verrons ensuite ce qu'i! nous res-
tera a donner. ce que je
viens de direPVoyex cet écrivain a peine a-t.H achevé
ses
plaintes sur les sermons insignifiants et sur les sainics
plus ou moins spiritueiics des dec!amatcnrs qui confon-
dent !a morale et la politique, qu'il nous invite à
ne pas
nous servir de la culture que nous devons a notre bonne
mère pour lui déchirer les thmcs mais laissons les
enfants jouer avec leur mère, et parlons de la chose
en
hommes r
(i) PaRc i3
de son tivredëj~ cit~.
(~) Voyex donc d'' quoi les gens se notent I
(~) M. H. qm'ait d~ th'e ce tivre avant d'ëcrhc te sien, ou le réfuter,
s'it l'avait )u.
(*) « Rxctusivctttcnt. o Voyez la note ci-dessous.
(*") Je suis obttgcd'iuu'oduh'edans)c texte ces expressions aHc-
nmndcs, ne trouvant pas dans notre tangue de mots correspondants.
i''ichte cxptiqtte tui même, dans ta note suivante, te sens de t'expression
ftUMc/~tM6~ par opposition «Ma~c~t~eM(/.
« ~<~c/<cA, dit-il, revient a M«~cA~<)', comme si celui
travailler je le tiens immédiatement dans mes mains~
Il ne parle pas d'ailleurs de choses que l'on puisse avoir
immédiatement entre les mains. Bien qu'il parie on géné-
ral d'objets, ces choses no semblent pas convenir ah pro.
fondeur de ses raisonnements;c'est du solde la terre qu'il
tire son exemple. « Si je veux ensemencer un champ, e~~
~cA~' et qu'une autre personne, n'ayant pas do champ
convenable, ou préterant celui-là, veuille aussi le cultiver,
d'après quelles raisons décidera-t-on entre nous ? Telle
est la question qu'il pose. Si la pièce de terre sur ia-
quene porte la question est rconement un champ laboure,
e~ ~e~ (ou ce mot n'est-il employé ici que pour remph~
l'on
cer les autres qui sont usés?), la décision est iaciie, et
pourrait dire que celui qui l'adresse n'oBt pas digne d'une
pdponse. Le champ que désigne le mot~tc~' est nécessaire-
ment tabouret il faut donc que quelqu'un l'ait labouré ce
quelqu'un est propriétaire d'après le droit naturel, et nul
autre no voudra se donner la peine inutile et illégitimede
le cultiver encore une fois. Tout champ laboure a un pro~
priétaire, aussi certainement qu'it est un champ labouré
qui travaille une chose prétendait en <a exclu, et non pat on exclure
tui-n~tM tous les autres. Avec tout autt'e ë~<n, ~j~ute i'~chte,
tnats elle est ju~tc
uae nareDIc <:rluqu': ~rau une <cunc déplacée;
rëgartt (!'u~ tt0!nmc qut traite les uuf'cs sur ce ton. A/~t't't ~M<'n«yMC
~Mo M!o~n<o ûc pede Mr~n est. n
Le mot ~c/Mf, dont se sert rëcrivatn dt<! et attaqua par i'chtc,
signine proprement terre labourée. On va voir pourquct J'ai d~ intro-
indiquer te (tans
dutfe ici dans mon texte ce mot allemand et on son!)
cette nutc.
a Voyez la note précédente.
3 Je ne puis rendre autrement ccMc phrase du texte,
où Fauteur
fait sortir du mot lui-même l'explication de son sens propre
~c/fcf ist Mn~McA'c~.
il n'est plus une matière brute, mais il a une (orme.
M. R. vent commencer par ~Mc~c/tc~ le champ dont il
s'agit (si tout cela et si même son livre entier a une
autre raison d'être que cette chère co~ ~cc~); pour
cela il faut qu'il ait été toutfraîchemcnt labouré. Cela, pen-
serais-je, serait une raison suffisante pour exclure tout au-
tre de la culture de ce champ. Pourtant nous ne vou-
un
lons pas profiter, stratagèmed'avocat, de l'inhabileté
de notre avcrsaire; nous voulons chercher Li instruire.–
Quand même le champ n'aurait pas été fraîchement la-
bourc, quand bien même il ne l'aurait pas été depuis un
grand nombre d'années, le premier travailleur ou son re-
présentant demeure toujours le légitime propriétaire, tant
qu'il reste sur le sol le moindre cnet du premier travail
et quand pourrait-il jamais disparaître ? Si la trace ex-
térieure en est enaccc, celui qui s'empare de ce champ,
sans rien savoir du travail dont il a été autrefois l'objet,
est un possesseur de bonne foi, mais non pas un légitime
propriétaire. 11 doit cesser son travail u la première récla-
mation du véritable propriétaire.
La question suivante de M. R. a un sens plus juste, et
nous l'admettons, quelque suspecte que la rende sa pa-
renté avec la première. « Comment, demande-il, prouve-
rai-je a l'aide de la raison pure, que ce sol sur lequel se
trouvent deux personnes appartient à l'une plutôt qu'a
l'autre?)) Nous admettons, avant de nous engager dans la
question, que le motsol signifie ce qu'il doit signifier non
pasun champ labouré, mais une pièce de terre inculte
ou qui n'a pas encore été travaillée; et alors la question
mérite une réponse.–Quel est donc ce sol dont il parle?
Est-ce ce seul et même sol sur lequel se trouvent les
deux personnes? Où le borne-t-il donc? Ou le distingue-
t-il d'un autre qui n'est plus ce même sol sur lequel elles
sont toutes deux? Son imagination ne lui aurait-elle point,
par hasard, joué le tour de lui représenter, sans qu'il y
songeât, des clôtures, des fossés, des lisières, des homes?
Il ne peut rien y avoir de pareil, a moins que le sol ne
soit déjà occupé, et n'appartienne exclusivement soit a
l'un, soit a l'autre, ou à leur défaut, à un troisième. Ne
parlons donc plus de sol; parlons plutôt de /~cc. Deux
individus ne peuvent pas occuper ensemble une seule et
même place cela est contraire a la loi de l'impénétrabi-
lité de la matière. Dès que l'un se trouve a une place,
l'autre en est exclu celui-ci ne peut s'y mettre sans re-
pousser le premier, et c'est ce qu'il n'a pas le droit de faire.
Chacun est le légitime et exclusif propriétaire de la place
ou il se trouve, si cette place n'avait pas déjà un proprié-
taire. Il l'est devenu par cela seul qu'il s'y est mis. Mais
sa propriété ne s'étend pas au delà de ce qu'il peut couvrir
de son corps. blaintenant l'un trace un sillon. Ce sillon
est sien; il est le produit de son travail. Il avait le droit,
en vertu de sa nature raisonnable, de tracer le sillon.
H ne peut pas, dites-vous, prouver sa propriété sur les
mottes de terre.–Cela lui importe peu. Il est du moins
le propriétaire du sillon qu'il a forme avec les mettes
de terre prenez-lui donc les mottes de terre, mais laissex-
lui le sillon Son voisin trace aussi un sillon tout à
côté du sien. Il en a bien le droit mais il ne peut tracer
ce sinon, là ou le premier a tracé le sien, sans détruire
celui-ci, et c'est ce qu'il n'a pas le droit de faire. Ainsi
se résout d'une manière satisfaisante la question de savoir
pourquoi, sur un sol inoccupé, la place où quelqu'un se
trouve et le sillon qu'il y a tracé lui appartiennent, et
n'appartiennentpas à celui qui n'y est pas et qui n'a pas
tracé de sillon, et nous venons de danser une des impo~
sibititésdeM.h.
Kn général, te légitime propriétaire de ta ~~<~
forme est le propriétaire de ta chose.
~n Je donne à un or-
morceau d'or que je possède tégitimement, soit par
i'etfet do mon propre travail, soit
en vertu d'un marche,
et je le charge de m'en faire une coupe. Je lui ai promis
un certain prix pour ce travaii il semble qu'il ait
y un
contrat entre nous. !1 apporte ta coupe, et je
ne lui donne
pas te prix convenu. 11 n'y avait pas de contrat entre
nous son travaii était sien, et reste sien. Mais l'or est-
il mien? J'ai te droit de le reprendre,
si je puis Je faire
sans prendre en même temps ia coupe
on sans ta dé~
trnh'e. S'il veut me dédommager de
ma perte, il n'y a
rien a dire A cela; mais je n'ai
pas te droit de revendi-
quer sa coupe. est le possesseur de ia dernière
ibrme; car c'est avec mon consentement fm'i! donné
a sa
for~e a mon or. S'ii n'en était
pas ic possesseur légitime,
s'ii avait fait de mon or une
coupe sans mon consen-
tement, faudrait qu'il me rendit i'or,
it
avec ou sans sa
tbrme.
De tout cela il résuite clairement que ce n'est pas FËtat,
maisja nature raisonnable de l'homme
en soi qui est ta
source du droit de propriété, (ptc nous possédons indu-
bitablement certaines choses
en vertu du droit purement
naturel, et que nous pouvons légitimement exclure
tous
les autres (te la possession de
ces choses.
Maisà quoi, dit-on, cela peut-H
nous servir, & nous qui
sommes nés dans l'État? Accordons que nous aurions pu
acquérir une propriété en vertu du droit purement
na-
turel, et le faire d'une manière tout a fait indépendante
de l'État. Mais ce n'est pas ainsi
que nous avons acquis ia
notre; nous ta devons aux institutions (!e l'Ëtat, et nous
devrons la lui restituer, si nous rompons nos bons avec
lui. Nous verrons si cette appréhension est fondée.
Nous sommes sans doute nés pauvres, nus et dénués de
secours. Quant a ce que
l'État prétend avoir tait pour h)
développement de nus facultés, en disant que, s'il n'avait
rien t'ait, nous serions encore en ce moment aussi pauvres,
aussi nus et aussi dénués do secours, nous nous occu-
perons plus tard (te cette assertion. Sautons a présent par~
dessus les années ou l'homme n'est encore qu'un animal
(ténue de secours voil:~ nos facuMes développées, nou~
voila capables de nous aider nous-mêmes: je saurai hieo
reconnaitrc plus tard les services que rËtat nous a rendus
ici, s'il est possible de les apercevoir. Voi~ donc nos fa-
cultés développées nous voulons nous approprier quelque
chose nous jetons les yeux tout autour de nous, e~ nous
voyons qu'a l'exception de l'air et do la lumière, tout a son
propriétaire si la lumière et l'air n'en ont pas, c'est par
cette simple raison qu'ils ne sont susceptibles d'aucune
forme étrangère. Nous poumons parcourir toute la terre
sans y rien trouver sur quoi nous eussions à faire valoir
notre droit d'appropriation, qui s'étend sur toute matière
brute. 11 n'y a presque plus de matière brute. Nous
en prendrons-nous l'Ëtat, comme s'il avait tout conus-
qu~, et qu'il ne nous eut plus rien laisse? Non, nous
ferions preuve ainsi d'une grande incapacité, et nous
montrerions que nous ne comprenons rien à la chose. Ce
n'est pas l'Etat qui a déjà <-out pris en sa possession ce
sont les individus. Leur chercherons-nousquerelle, parce
qu'ils ne nous ont pas attendus,–parce qu'ils n'ont pas
compte sur nous, avant que nous ne fussions? Hevendi-
querons-nousun droit que nous aurions eu dans le monde
des phénomènes, avant d'y paraître. H est vraiment dom-
mage pour nous que toutes les places soient déjà occupées;
mais aussi pourquoi ne sommes-nous pas nés plus tôt?
Nous n'avons pas le droit de chasser quelqu'un de
sa
place, parce qu'il nous en faut une. C'est nous de faire
en sorte d'arriver A temps. Cela nous regarde.
Or c'est ici, pense-t-on, que l'Etat intervient. H
nous
institue d'abord copropriétaires du bien de nos parents,
quand ils en ont, et héritiers de ce bien après leur mort.
Il serait généreux de la part de l'État de remédier a un
mal qu'il n'a pas causé, comme nous venons de le
:'econ-
naitrc. Mais qu'on me permette de faire une question
en
passant pour réveiller l'attention Ou donc l'Ëtat a-t-i!
pris le droit de me donner d'abord la copropriété, et
en-
suite la propriété entière d'un bien étranger? Tous
pen-
sent-ils avoir un droit que n'a aucun individu ? N'ai-je
pas
déjà dit que, si chacun se bornait à verser du rhum dans
un hol, il ne pourrait en résulter du punch!
Nous verrons quand il sera question de culture, quelle
est, d'après les principes du droit naturel, la nature de la
copropriété des enfants sur le bien de leurs parents. A
présent parlons de l'héritage. !I n'y a pas, dit-on, dans
le droit nature!, de droit d'hérédité. Hé?– li y en a un
très grand, très étendu seulement il faut savoir saisir les
idées dans leur pureté et ne pas permettre l'imagination
d'y mé!erdcs éléments hétérogènesempruntésàl'habitude.
Dès que quelqu'un sort du monde des phénomènes, il
perd ses droits dans ce monde. Sa propriété redevient
comme de la matière brute, car personne n'est plus pos-
sesseur de sa forme. L'humanité tout entière est la légi-
time héritière de chaque mort car l'humanité tout
en-
tière a un droit illimité d'appropriation sur tout ce qui n'a
pas de possesseur. Quiconque se l'appropriera réellement
le premier en sera le légitime propriétaire. C'est ainsi
que la nature prend soin de rappeler peu a peu de la
scène les anciens possesseurs pour laire place à ceux
qu'elle produit ensuite. La nature et la loi morale sont
ici parfaitementd'accord. La première est dans cette cir-
constance ce qu'elle devrait toujours être, la servante de
la seconde. Tu ne dois chasser personne de sa place,
dit la loi. Mms il me faut une place, dis-tu. Voici ta
place, dit la nature et elle culhute celui que tu n'avais
pas le droit de culbuter (1).
Cette course précipitée, mais peut-être vainc, vers une
possession, ces rivalités et ces inimitiés qui doivent en
résulter, tout cela ne nous plait pas, dirent les hommes,
lorsqu'ils devinrent citoyens, et en cela ils parlaient bien.
Que chacun prenne ce qui est le plus près de lui; de cette
façon, il s'épargnera a lui-même la course et l'épargnera
aux autres. Qu'il prenne ce qui était dans la cahanc et
autour de la cabane de son père; chacun de nous renon-
cera a son droit d'appropriation sur cette possession
vacante, si lui-même veut renoncer à sa part de droit
d'appropriation sur le bien de tout autre concitoyenmort.
Tu n'as donc pas reçu gratuitement le droit civil d'hé-
rédité tu l'as échangé contre un droit aliénable de
l'homme, celui d'hériter, si tu le peux, de tout mort.
Dès que tu t'es abstenu d'occuper la succession des autres,
pendant que tu as vécu dans l'État~ tu as rempli ta con-
dh-i), il f:n)t qn'it me paie en tous <'ns )cs (Ct:t ).)!cms, t'tt vertu <k
voh'c sentence, si vous if'condanuu'x~p~yct'on vertu d<*no))c
contrat, s'H gagne son procès car il :un'n ~K~~ '< sa prôniez
~on,
a<îai)'c. répondit te di~nc discipto, je ne paierai rie)) en aucun
casje ne paictai pas, en vertu de votre scntcnfe, si \ot)c jo~ment
nrcst favot'ahte; je ne paierai pa'} davantage, s'it m'est contraire, en
verm de notre contrat, cat- ators je n'aura pas gagn~ !na ptenncn'
an'airc. Les juges,– c'ct.tient des/\theni''ns, d~darO'cnt qu'Us ne
pouvaient rendre aucune décision. Tons tes tcctfurs, qu'its tne
pardonnent si je tes examine parfois a t'itnpt'ovistc, tous tes tecteurs
qui ont compris ta précédente théorie jugeront ce pt'occs du premier
coup d'œi). S'Hs ne !c jugent pas, c'est qu'ifs ne l'ont pas comprise
qn'its la méditent alors, jusque ce qu'its soient en état de )c juger!
Oui ne voit que te vieux et le jcttnc sophiste etnbrouittcnt t'atToirc
en voûtant passer d'un domaine dans un autre, et que k vi<'u\ avait
prépare cette confusion par la singulière condition qu'it avait mise
dans te contrat. Chacun d'eux prétend se réfugier (tans le domaine de
t'~tat, si son adversaire le poursuit sur celui des contrats, et clans le
domaine des contrats, si l'autre te poursuit dans te champde t'~tat
et, si cela tcur est permis, its ne se rencontreront jamais. Que ne tes
avez-vous renvoyés devant tcnr véritable tribuxat, ôj~es athéniens!t
Il n'y a point d'aréopage qui puisse dire ce qui est de droit dans tes
contrats; cette toi est plus ancienne qnc tout areop.tge. )/an'airc pré-
sente n'est pas du ressort <te votre tribunat ce n'est pas un procès
ncnvoyez-tcs, et dites au discipte de remptif tu condition du
rontm) dans un t'~r/e procès re n'est pas vous ato s, c'est la chose
t:e que j'ai acquis dans l'Ktat. pendant ma vie, par quel-
que contrat, je h' possède donc comme//o~ non comm<'
~o~. ~e fallait-il pas que je t'nsse une personne mo-
rate pour pouvoir conclure un contrat? Mais comm<'
citoyen, suis-je dune une pt'rs'ttuu' nnn'ah'? Ai-j)\ a ) r
titrf\, t)t)''ii! Yoh)nt<? 0 nr'n, <'p n'cs! qu'' <)<' mon
un!)))) a\'c<' h'us qn'' natt ccHf tttmvcHc ppi'sotnh'murak'
< \'st <tc ta vohtttt~ '!<' tous quû t'csuttc ccth' d'' t'KtaL. Sij<-
l;t <~que
t:'t tu ns
~~r~tyl~~ <u l
de votre main, je ne me soustrairai a vos ievres. Si r'est
as tait
tait de riloi, 1, si
moi, ~iu Mt. ~c si o'r~,t
c'est ta )'e
jaiss' taire de moi, tn pourras en répondre devant uu
que,j';li
mv clm j'ai
(!) 'fa tttctc a pnut.~rp Oon~< un nuire tn.~cn <t.' .s'ot d~annsso.
t'ot.~h-c n-t.~tk vunht ne tk.H .-ecevo!. de loi, attn de n':noi) rtc..
te donner, .~ids t.d.ssons ce).) Tu bien en uoc t)t)nn.ce; v~.t-cn iu
~merOcr. ou, si elle est mot K', va vprspr
une tanxc sur son tumhc.n..
Elle a hc.ut :)voh- (tlé, au\
yeux (le tons les hnmmo.s. une cr~am)..
)t)cpt-i.snb)<; elle a hein) avoir vcr.s(' (hns ton corps, avoc son lait, !<'
v<'nin qui .1 d.!d))r<! tes ncr~ jnsqn'ft posent
et les (h'c))irct-a jusqu'au
tombeau, tout cela n'est rien elle n'en a ~as moins fait ce qu<. ta
m<')-c n'a point v,dn fa))-c; elle
a anache a ton c<j'ut-!u bout de ta
Ht-andc cha!nc. (nti part (le !~tct-))it<!
et reliera cnhn tous h~s Ctt-e.s au
proniet' anncao cd~ <)n tHo-c ~ctnngc (tes bienfaits.
Va, trait nign, va dechirf'r le cœor d<: toute mère;
mais ne pars pas
sans lui porter h: baume de cette pensée consolante que le
moyen
mais aussi .s~/ moyen d'euaccr entièrement le passe, c'c.st de
réparer te pins comp~n'ment possihlc le dommage caus<! (te faim
et
mieux a t'avenir, ou, quand ceta n'est ptus possible, de bien
se per-
suader qu'on nuirait autrement, si tes mem's circonstances
se pr.
-sentaient, et d'avertir et d'encom-ager tes antre.s. Rt puisses,
tu
ators te htcsser profondément, aftn d'cxtit~er le vieux mai
et d<' te
Huerir!
connue un esprit; je ne veux pas parier des impuisions de
sa nature sensible, mais de ses droits.
i\lon entrée dans te inonde des phénomènes est duc a
une main étrangère, et cette main/en s'oln'ant il mui,
m'a (tonne sur ctic des droits incontestables. i\e m'y as-tu
attire que pour me laisser périr sans secours? Je pouvais
bien périr sans toi. Tu m'as promis de me soutenir si tu
ne me tiens pas parole, je t'uccuserai de tous tes maux
que je sounrirai depuis le moment ou tu m'as attire a ta
lumière du jour jusqu'à celui un je lui dirai ad'eu..j'ai le
droit d'accuser, car je porte en moi
ce cachet de !a raison
qui t'est si bien connu.
Mes premiers vagissements annoncent
au monde des
esprits qu'un d'eux vient d'entrer dans le monde des phé-
nomènes, et qu'il veut y l'aire valoir ses droits c'est une
déclaration, une proclamation solennelle de ces droits
pour toute la nature; c'est une prise solennelle de posses-
sion. Je n'avais pas d'ailleurs d'autre
moyen d'en prendre
possession que ces cris impuissants; je ne puis rien de
plus. Tui qui les entends, reconnais moi tes droits,
eu et
empresse-toi de les protéger jusqu'à ce que je le puisse
moi-même. Ce sont les droits de l'humanité entière
que
tu détends en ma personne.
Tel est le principe qui h'~ithne h' pouvoir d<'s
parents.
Si quelqu'un portant
un visage Immain est incapable de
détendre ses droits d'homme, l'humanité tout entière I<;
a
droit et lu devoir de les exercer
a sa place, tis sont un
patrimoine commun, et la delense de ces droits est le
commun devoir de l'espèce entière; y porter atteinte,
c'est porter atteinte a toute l'espèce. Une chose sur
laquelle toute l'humanité des droits
a communs échoit a
celui qui s'en empare le premier. Ce qui est dépourvu de
raisondevientune propriété; une personne incapable d'user
de ta raison nu saurait être elle-n~me une propriété, mais
ses droits deviennent la propriété de celui qui s'en empare.
H s'en empare par cela même qu'il les
exerce. La sage-
femme, qui m'a fait voir le jour et qui m'a introduit dans
te monde des phénomènes, y a exerce mon premier droit.
J'avais droit a un lieu dans l'espace. Je no pouvais pas ie
prendre moi-même; elle l'a fait pour moi, en me plaçant
la ou je ne pouvais me placer moi-même. Si elle n'avait
pas promis à mes parents, par un contrat, de leur céder
son droit sur moi si elle n'avait pas agi, en générai, en
vertu de ce contrat, au nom de mes parents, mes droits
seraient devenus les siens par ce prenner exercice qu'elle
en aurait fait; mai~ de cette manière ils appartiennent a
mes parents. Je puis justement occuper les droits de
tout entant, si étranger qu'il soit, dés que je le prends a
s«n entrée dans le monde, et nul contrat ne m'oblige A
l~s restituer. Si généralement les parents s'emparent des
droits de leurs entants, cela vient de ce qu'a leur naissance
ils sont les plus procès d'eux, qu'ils les précèdent et
qu'ils ont déjà lait d'avance des préparatifs pour les rece-
voir dans le monde. Cela est donc accidentel. Selon le
droit naturel, ils n'ont pas un droitt exclusif sur leurs
enfants, a titre de parents. Ce n'est qu'au moyen de l'oc-
cupation qu'ils se font un droit de propriété de leur droit
d'appropriation, lequel leur est commun avec toute l'hu-
manité. Je laisse au lecteur ic soin d'appliquer cette
théorie a ceux qui sont devenus fous, et je le prie d'es-
sayer par là s'il l'a bien comprise.
Quand je me suis approprié les droits d'un être raison-
nable qui n'a pas l'usage de sa raison, ils demeurent
miens a l'égard du toute prétention étrangère, précisé-
ment parce qu'ils m'appartiennent. –Tn desires prendre
s'ms t~ protection eu jeune entant dont j'ai légitimement
uccupe les droits. Et quand Lu serais son j)ere ou sa mère,
j'ai lu droit de dire non. Si ce jeune entant n'hait pas
incapable de parier, mais qu'il lut ma<tre de sa raison, il
aurait bien le droit, de te dire Je ne veux pas de ta pro-
tection. Ur, s'il n'est pas douteux qu'il eut ce droit, je
l'ui, puisque ses droits sont les miens; et c'est connue
exécuteur de ses droits que je te dis Je ne veux pas de
ta protection. Si tu veux traiter avec moi il cet e~ard, tu
ic peux et je le puis aussi; niais nul autre que lui n'a le
droit de les réclamer de moi. A mesure que ~a raison se
développera, il les exercera l'un après l'autre; il s'anran-
chh'a peu a peu de mon moi, ann de s'en former un qui
lui soit propre; et ce signe m'avertira sufnsarnment de
ne pas empiéter sur les droits d'autrui; si je passe outre,
il me fera justement rentrer dans mes linutcs. Je sais
que depuis longtemps l'état a pris diverses dispositions
sur les points dont il est ici question, mais je sais aussi
que depuis longtemps l'État a travaille de toutes manières
a iairc de nous des machines, au lieu de personnes agis-
tout le
huer tout le bien qui est dans la société, et a expliquer
tout le malmalqui(lui
s'y ses
s' trouve par notre résistance a ses salu-
taires dispositions. Je veux qu'it ait fnnde ces instituts, qu'il
eu ait appelé et paye les maures. Je ne lui rappellerai même
pas que, mal~rctousscssoius.je neseraisjamaisdevenu ni
instruit, nisa~e.sijc n'y avais employé mes propres t'acut-
tes. Je veux même qu'il possède h' pouvoir df rendre les
hommes sa~cs contre leur volonté, et qu'il nous en donne
(les preuves éclatante dans ses sublimes appuis, dans ceux
eu laveur desquels il a déployé tout son savou'-tair'd.ms
Jf3S 'enfunts de
les enfants princes et dans .sa
prilu:es
£le se"
8e~ ~a noblesse.
nohle~~e,
A-t-il donc vraiment appelé et paye nos maitrcs? r~t-
ce son appel qui a mis en eux cette capacité qu'ils mon-.
trent à pénétrer dans le fond de notre âme, et a répandre
en nous leur esprit cette tendre sympathie qu'ils nous
témoignent comme a des enfants de leur esprit? Est-ce
somnis6ralde salaire (pu tes a d~domma~es (tes mille de-
sacrements de leur état, de tous les soucis nt des peines
coutinuelles qu'ils "nt. eus :'t suppc-rtcr, qui tes a récom-
penses d'avoir maintenu l'esprit humain à la hauteur ou
il était parvenu, ou tnCme de lui avoir donne une si puis-
sante impulsion? Oh! croycx i'Ktat sur toute autre chose
que surceia Cetui qu'un esm'it <'hir <'tHexibte, qu'un coeur
cchautTc par ic sentiment de ta dignité itumaine n'a pas
depuis longtemps prédestine aux ionetions d'instituteur
des itommcs, a beau y utrc appete. il ne sera jamais a la
hauteur de ces fonctions. Tout ce que vous pourrez faire,
c'est de remplir une ptacc vide avec un homme qui, s'it
ne s'y est pas senti depuis Jon~temps déjà invite de plus
haut, en cearte un ptus di~ne et occupe inutitcmet)t sa
phce. La iihrc communication de ta vérité cstic plus beau
Hcn qui forme ie monde des esprits; c'est un secret
que
pet'sonne ne connaît il moins de t'avoir reçu. La vérité est
tepatrimoinecommundcce monde supérieur; eue est. hbre
comme i'air~ et des myriades d'êtres peuvent en jouir en
mono temps sans ~c dévorer. Vous m'en distribuez ma
part, non comme ma propriété, mais comme un ~ag'e sa-
cre qui doit passer a vos arrière-neveux. Je le transmet-
trai, je dois te transmettre; heureux si j'ai pu le faire fruc-
tifier entre mes mains. C'est ainsi seulf'ment que je puis
payer ma place dans te monde des esprits. Je paie sans
dôme ma dette, mais ce n'est point a toi, ô État; ton
royaume n'appartient pas au monde avec tequel j'ai des
comptes a rester.–Tu parles de paiement? Tes mandats
n'ont aucune valeur dans ce monde-la, et l'instituteur de
l'humanité se fait payer en une monnaie que tu n'as point
frappée. Toutes tes fois qu'il communique ta vérité a un
autre, il n'~uit iui-meme une nouveite dtuminati~n,
et chaque''coherqu'iHui convertit hn découvre en e!te
unenouvcHefact'. Tuutesh'sj<m's et toutes Jes récom-
penses que tu peux hti donner ne sont rien au prix de
cènes qu'it ~oùte de nouveau cttaqucjour," a produire
rhartnom<:<tc!a pcn~<~ et a iunttrc un ('spnL humain avec
te Stcn. Lc~ pcrs~m-<~ <~u.' tu pouvais h)i onvrirsu!' ce
court <'spaœ de ta \i<' ne sunt )icu en unnpataisun des
rennes; Use dit q<n' h's truits de ses travaux dun'ront
dan~<tur)Ht<~ et qu< dans ta ~t'~ innnic d<s cn't. c~
des cause' rien de ('<' qu'il aura aj)purt< ne sera perdu
puur te pet't'ectiunneoK'nt de t'espece hunmine. Le jeune
homme n'est pas pius ~rand que sun ina)tre. tam qu'ii
re~tej<'UHC<!teh';v< et fju'ii ne pnuL qu'imiter; tuais !e
mattre serait ~t'and <~ ttcurcux, s'it pouvait retntre tons
seseteves ph.ts grands qu'd ne t'etaiUui-tnemc.Oueis ~or-
tnes de dignité et de honheur pour tes hommes il Ycrruit
sortir de ta graine qu~'H aurait semée! Que mon nom
disparaisse a jamais, et que tes synahcs dont il se compose
ne retentissent plus sur ies ievres de ia postérité, pourvu
que dans ceMe grande chainc du pcrteetiutmement de Ja
race de tnes frères mun existence forme unanneau auquel
se rattachent (t'autres anneaux, jusque dans t'eiernite.
Oucceta suit, etjeeunse'ns quepersonn'' n'en sache rien.
~on, esprits (tes siècles passes, vous t-ous dont tes om-
hres voni~'nt invisibles autourde moi, ~recs et Humains,
dont tes écrits encore vivants ont provoque tes premiers
essais de mon esprit, vous qui avex insensih)<nentJ'ait
eroitre dans mon arne cette hardiesse, ce mépris de ia
ruse, du danger et de ta mort, ce sentiment du tout ce
qui est ~rand et fort,– et vous qui vivez encore en par-
)i< vus, tues autres m:utres, sous ta conduite de qui je
rh<'r<'he<t<'<u'<'t'haq))eju)u')p)''n'rerptuspr)d''mdt''tnent
dartsiauatur''dt')n'tr<'<'sp!'it)'td''S)'sidt''<'s,et:'tmed)''ti-
vr''r toujours da<anta~ed<'stn'j))~t''s<'nrat'iu's;–t)'inde
m~i cette honteuse p''ns'cd'av<'ir tout pavt''ave<-tcsquei-
qnes~ros S(U)sque j'ai d<!nu's peur v"s'rits.~tt(n es-
prit en ce !num<'n<s'env<deav<'c.:trdt'))!'v''rsvt<st«ud)eaux
{n);"nnus,'H) vers iesvines que v'ms habitez, et dont me
séparent des terres et des mers; it voudrait, ph'in d'une
émotion t~ute virile, vous remercier sur vus ttunheaux~
ou vous serrer ta main, en vus disant: vous êtes mes
pères, une partie <h' votr~ <'s{n'it c::<) pass' en mni. –Et
v'ms d~ntj~ri !<n t<~ h'cuns orah's, toi snrtxnt, rospcc-
tahic('L)ntJ''s pt'nst''<'ss<; <h''r'nhtnU)a)tncniuu:'R-
tnct~a trayt'rs ftcs champs <!<' ruses, «nt. <I'ah'n'~ t'cH!e
m<'H'~priL de son I~n~S)Hn!neit, et !ni ont permis (tos~
Lfonver iui-tnemt', ppnt-eh'e m<' scra-t-i! encore d<'mm de
vous rcm~rcict'. C'est ia satan'c (jt)i vo'<s ptait.
C'esL donc hi';a vainement 'pm l'Ktat revendiqua une
cutture fp.t'it ne m'a f~as donnée, <'t qu'it ne pouvait pas
me donner; c'est vainement qu'il m'accuse de tourner
contre hu un don oui ne vient pas de lui. ~ttacun
a parfaitement le droit de sortir de
t'~tat, des qu'it ie
vent; il n'est retenu ni par le contrat civit, qui n'a de
valeur qu'autant qu'il le veut, et dont les comptes peu-
vent se rester a chaque moment ni par des cmut'ats par-
ticuUers sur sa propriété ou sur sa cuMure acquise sa
propriété reste sienne sa culture (pu ne se hisse pas
d'aincurs détacher de lui, ne donne pas a H~tat ie droit
de se plaindre de ia violation d'un contrat ou de crier ù
l'ingratitude.
Si un individu peut sortir de l'État, plusieurs le peuvent.
.Ur ceux-ci rentrent, F~ard I<'s uns dt's autres ou &
i')~ard deFKtat qu'ils ahaudonnent, da!)s te simple droit
de nature. Si ce)t\ qui se sont s<par<sveuten) s<-réunir pius
~troitemput et courhreuu nouveau centra! civit nn\r"n-
(!it!ons qm Ir'm' ron\nn<'nL its f'n ont p!tWatt<'n~!t) h
(trf)t), pnv'~u du dro~ natur< (hns !n (!<un:m~ fhu}nd
ils ~on! i~ntr' Un nnnvf'l K~tt. s'csL t'm'm' La r<vo-
tu<L q'n pour m<))ncnt n't'mbras~ pncorp qu'une
pnrtic, ps! ac<~mp1t'?.–H est dp !a natur~dc chaque r<
vchuion de fau'cqup l'on s'a<rranchissode l'ancien couh'a<,
et qup l'on s'unir au moy~n d'un nouveau. Ces doux
choses sont !~it!mc~, et par conséquent aus~i toute )'evo-
tution oit oncs arrivent r'u!i~mcn~ c'cs~-a-dirc eu
vertu de !a !ihrp. votont~.
Jusqu'à pissent il y a encore doux États run a côto de
l'autre rt Fun dans l'autre, qui sont entre eux comme
tou~ Ifs hitats, <pst-a-dirc cnmmc des individus vivant
sous !a simple loi du droit naturel indépendamment de
tout C(~ntrat partiodipr. Mais ici je rencontre une ob-
jection puissante, ecue des dangers d'un Ëtat dans rËtat.
ce qui serait icievidemmeut te cas.–Je me suis impart'
Pt je suis entr~ dans une nouvenc union. Mes deux voi-
sins fie droite et de ~'auehe sont encore dans l'ancienne:
et tout est metc ainsi sur toute une immense (''tendue.
Queues contusions et quels désordres nf vontt pas en
résulter
ISe eommence/ donc pas toujours par demander ce qui
~<i!
vousavcz ou non le r/
d'une chose, mais cherchez avant tout ce que
de faire, pourle dutourner. Vou?i
ne pouvez pas tn'empecher de sortir de votre union et
d'entrer dans une nouveitc; vous vioteriex en moi uu
droit de rhommc. Je ne puis pas davantage vous contraindra
:') quitter l'ancienne et a entrer avoc moi dans la nou-
velle je vicierais en vous le môme droit. Nous devons
donc nous arranger tous deux du mieux que nous pou-
vons et supporter ce que nous n'avons pas le droit d'cm<
pocher. ii
rn~chcr'. 11 se ~)iE~n qu'il
peut. bien
sa l~eut cln'il nr1 soit pas
ne srlit lms ;iârusll)lo lln Etat
agréable d& un 1·~tat
(tonne pas un~ belle apparence pour ta rcatitc. Que les Juifs ne
croient pas Jésus Christ, qu'iis ne croient pas mOnc u hicu, s'ils te
veulent, pourvu qu'iis ne croitut pus a deux lois moratcs distinctes et
u un t!ieu ennemi des hommes. tts doivent avoir tes droit'; dos
hommes, bien qu'Us ne nous tes accontent pas; car ils de;!
hommes, et teur injustke ne nous autorise paskur t'essenthh.'i. ~c
contn'ins aucun Juif con'.rc si) votont~. e! ne soutTre pas que cc!a
arrive, (juand tu es le mieux })iuc~ pou) t'cmpcchpr tu lui (tois ccta
absohttnent. S! tu as man~ hier et qu'ayant faim aujourd'hui lu h'idcs
de pain que pour aujourd'hu!, douncs'en au Juif qui a faim MC«t<! de
toi, s'ii n'a pasmangOnet'; pncch, tu agiras très bien. M.)is quant
& leur donner dcsjdroits civits, je n'en vois pour t~a part aucun autre
tnoycnquc de !cur couper ta tête tons une heuc nuit et d'en mettre
& la p)acc une autre ou il n'y ait ptus aucune idée juive. Autrement je
h~ ~CM ~t~'M(~<.
/<«.~c?e'c/tnc~ .(~«rf/cr.
–Ke nous montrons pas ici trop sévères à l'endroit do ces
offices auxquels les citoyens des classes supérieures sont
obligés de leur côté Comptons-leur même, s'ils le veu-
lent, pour des ulMces de ce genre leur condescendance a
recevoir des moindres citoyens certains témoignages
d'honneur et à y attacher du prix, on la peine qu'ils se
donnent puur user des prérogatives que nous leur avons
accordées, pour utiliser nos services et pour dépenser les
revenus qui leur sont ah.mdonm's. Que ces droits et
ces obligations réciproques ne puissent se fonder que sur
un contrat, et que la valeur uu la nullité de ce contrat
particulier dépende de ces principes des contrats en
général que nous avuns développés plus haut, c'est ce qui
saute immédiatement aux yeux de chacun, ~ans autre
explication.
La plupart des attaques que l'on a diri~éc~ cuutrf; la
valeur de cette espèce de contrats semblaient venir de ce
que l'on doutait si les services échangés entre tes citoyens
des hautes classes et les autres pouvaient être rcpardcs
comme équivalents, ou si les uns n'avaient pas une va-
leur intrinsèque incomparablement plus uievéc que les
autres; si les citoyens des classes supérieures payaient
réellement par leurs onk'es ceux qu'ils avaient re~us
des derniers, ou s'ils n'étaient pas encore beaucoup en
reste avec eux s'il v avait réellement échange d'avan-
tages, ou si l'une des deux parties n'était pas avantagée
au delà de toute mesure. Ou n même soupçonné que, la
plupart du temps, c'est réellement le dernier c~s qui a
lieu, et c'est pourquoi l'on a désigné Ie~ citoyens des
classes distinguéeg sous Icnomde~ Je ne nicrui
point, pour ma part~ que je n'aie le même soupçon; qu'il
me soit donc permis d'employer des présent rette dc~
nomination, sauf a la justiiier plus tard. D'après les prin-
cipes que nous avons établis et développes plus haut,
celui-là est avantage an de!a de tuutc tncsure,
f'n laveur
de qui nn droit inaliénable a été aliène. Il n'y
a pas de
compensation équivalente possil~lc pour nn tel droit; il
ne
nous est pas permis de l'abdiquer, si nous ne voulons
cesser d'être hommes; un contrat ou il est abandonm'est
par cela sent nul et non avenu. Nous pouvons donc,
d'après nos précédentes considérations,
poser cette con-
dition essentielle de la valeur de tout contrat-de-privi-
leg-c
(.<«~o~7~<c de /7~~c~'y soit aliéné.
Cette condition est d'une grande portée; mais elle
est la
setile. Nous pouvons abandonner nos droits aliénables de
la manière et.aux conditions que nous voûtons;
nouspuu-
vons les donner gratuitement: celui auquel nous lesdon-
nuns n'a qu'à les prendre pour lui, cUc contrat est exé-
cute et passe dans le tnondc des phénomènes.
C'est un droit inaliénable de l'homme de résilier cha-
cun de ses contrats, des qu'il le veut, iut-H seul a le
vouloir; l'indissolubilité .~t l'cternited'un contrat cho-
quent ouvertement le droit de l'humanité en soi. C'est
ce
que nous avons déjà montre plus liant pour le contrat
civil eu particulier, en considérant sa matière,
son but
nnal; il est facile de le tn~ntrer pour tous les contrats en
général, a l'aide des principes prec/'dcounent <tablis,
en
considérant la l'orme du contrat en soi.
r;n cllet, dans le contrat le libre arbitre des deux
parties est le fondement des droits et de l'obi~ation. Jl
a
été démontre plus haut qu'un contrat peut
ne porter que
D~n~<t~Mn~Wr<
sur des choses qui dépendent de notre volonté, laquelle
est changeante, et non sur celles on notre volonté doit
être irrévocablement déterminée par !a loi morale. Il a
été prouve au même endroit que~ des que ia volonté d'une
des deux parties change sur l'objet du contrat les droits
et les obligations réciproques sont supprimes, et pat
conséquent le contrat lui-même. Il ne reste donc plus ici
qu'une seule question a résoudre, celle de savoir si par
hasard un homme n'aurait pas le droit de s'obliger
d'avance a /«* ~ï~~ c/< M ï~/o~~ sur un certain
objet, comme il est oblige, par exemple, de ne jamais
changer sa volonté de faire son devoir. De la solution de
cette question dépend celle de la question proposée, a
savoir si l'immutabilité d'un contrat est ou non conci-
liable avec le droit inaliénable de l'humanité. En enet,
comme la persistance du droit et de l'obligation dans le
contrat ne peuvent se l'onder que sur ta persistance delà
libre volonté, Fimmutabilité d'un contrat présuppose né-
cessairement la promesse que l'on ne changera jamais sa
volonté sur l'objet du contrat. Je conclus un contrat
immuable, cela veut dire je m'engage ne jamais chan-
ger ma volonté actuelle sur les objets compris dans le
contrat.
La ~o/o~e en soi est, en tant que telle, complètement
affanchie de la loi obligatoire de la raison, sa direction
dépend des causes physiques qui déterminent la mesure
de notre pénétration. Je prends la résolution qui me pa-
rait la plus utile et la plus avantageuse, et j'en ai parfai-
tement le droit, grâce a la permission de la loi morale.
Ma volonté change nécessairement scion que mes lumières
~<c t~t~tr.
i3
croissent un décroissent. La t~romesse do jamais chan-
ne
ger volonté reviendrait A celle de ne jamais au~menter
de
ct p"rfcctionner ses lumières. Mais aucun homme n'a le
droit de faire une pareille promesse. Chacun le ~<w,
et par conséquent aussi le droit /<c,
indenniment A son perfectionnement et de suivre
a
do travailler
tou-
jours ce qui lui j~u-ait le meilleur. 11 a donc aussi le droit
maiicnab~ do charnel- sa volonté suivant ie de~rc
de son
periectionnement,mais ii n'a nullement celui des'obh~r
a no la changer jamais. Lit dause qui stipute qu'un con-
trat,dc quelque nature qn'iisoit, doit être immuable,
est
donc tout a lait Vaine ut sans valeur, puisqu'elle
porte at.
teinte à un droit inaliénable de l'homme; elle
est absolu-
ment comme si chc n'existait pas.
Cependant une des deux parties peut résilier a eHe
ne
~cuie !e contrat mémo le plus nuisible,
sans se soumettre
aux conditions exigées pour toute résiliation de ce ~cnrc.
Quoique frustré que tu sois, non-seulement n'as
tu pas te
droit d'exiger la restitution de
ce que l'autre s'est une ibis
approprié de ton plein ~re mais tu
es même tenu de
reparer le dommage qu'il a évidemment
reçu pour avoir
compte sur la persistance de ta bonne volonté,
que tu as
retirée. Ce qui est fait est fait c'est A toi de mieux prendre
tes mesures pour l'avenir. Tu as donné des droits dont
tu
ne pouvais rien faire; a présent tu as appris à les mieux
employer: exige qu'on t'en rende l'exercice, mais
ne te
plains pas qu'on ait abusé de ta propriété, a laquelle
tu
ne songeais pas tu ne dois t'en prendre qu'~ toi seul. Tu as
vendu de nobles privitéges pour un plat de lentilles;
tu
es certainement frustra si tu le reconnais, reprends ces
privi~cs, et ne touche plus aux lentilles. 11 serait
suu-
vet-amemcnt injuste de t'obliger a rester Ibu,
purée que
tu l'as été une fois; mais il ne l'est t'as du tuut de te
faire supporter les conséquences de ta folie passée.
Aussitôt dune ({uc te citoyen non-privil'~ie commence
remarquer qu'il est lèse par le contrat conclu avec le
privilégie, il a parfaitement le droit de résilier ce contrat
préjudiciable. U dégage l'autre partie de sa promesse, et
de son côté reprend lu sienne. Ou bien il renonce tout a
fait aux services auxquels l'autre s'était engagé, parce
qu'il croit pouvoir s'en passer ou bien il songe à les ob-
tenir a un prix moins élevé. Il ne trouve plus, par exem-
ple, qu'il soit si honorable pour lui qu'une poignée de
nobles ou de princes entretienne à ses frais une cour
brillante, ou qu'il soit si avantageux pour le salut de sun
âme qu'une troupe de bonzes s'engraisse de lu substance
de ses terres ou bien il cherche a obtenir le service
militaire dont il a besoin a des conditions plus suppor-
tables il en chargera celui qui lui fera les conditions les
plus douées. Qui pourrait empêcher l'État d'agir ainsi?
Je dis l'État;– tant que j'ai devant moi cette puissante
objection, que le privilégié étant lui-même citoyen de
FËtat) il faut bien admettre que, sans son consentement,
on ne peut rien décider, au sujet de la suppression de ses
priviléges, qui soit universellement obligatoire. Mais
cela n'est pas vrai le privilégie, en tant qu'il est pri-
vilégié, n'est certainement pas citoyen. I! a conclu, dites-
Mais celui-là
vous, un contrat avec les autres citoyens.
pouvait-il conclure un contrat comme citoyen, qui n'avaitt
pas de volonté propre, et qui ne devient une personne
morale qu'en s'unissant avec tous les autres? Il était par-
tie, lorsqu'il conclut son contrat; il l'est en tant que ce
f/yt&c~n~t~fe.
contrat doit être résilie par l'autre partie, il ne pourra
que se taire, tant ({U'on délibérera sur la résiliation du
contrat. Quand la chose sera décidée, il reprendra son
droit de voter comme citoyen. Si l'on a~ite la question
de savoir comment et quelles conditions les fonctions
qu'il laisse vacantes devrunt être remplies, il peut alurs
dire son opinion. Si, par exemple, la question s'élève
sur la noblesse, il a bien le droit de dire il faut qu'il y
ait des nublesdans notre Htat, mais il ne peut pas dire
.je veux être un des nobles de l'Htat.
Mais nos privil~ies s'y prennent autrement. Lorsque
nous résilions notre contrat avec eux, et que nous vouions
remettre à d'autres leurs unices moyennant des condi-
tions plus douées, ils nous objectent leur droit personnel
de remplir ces onices a l'exclusion de tous les autres, d'où
il suivrait qu'il serait interdit a tous les autres de s'en
mêler. Si on leur accorde cela, nous voila moins avancés
qu'auparavant nous devons continuer do recevoir d'eux
ces services. Nous n'avons pas le droit de les supprimer
ils sont désignes pour les remplir nous ne devons les
conner à aucun autre ils sont <~c/M~'uey/~ désignes
pour cela nous ne pouvons pas marchander avec eux
ils empêchent toute concurrence, ils nous vendent leurs
services au prix qu'ils veulent, et nous n'avons rien a
lairc qu'a les payer.–Ne voulons-nous plus, par exemple,
dans notre cdince politique, de ces ornements qui ne
sont que des ornements; « non, disent-its, il laut qu'il
y ait des ornements de ce genre, car ?ïo~ sommes là
pour les former;s'~ disparaissaient, ~M6 disparaîtrions
aussi. ))–-i{ien, répondons-nous, mais pourquoi laut-il
donc que vous soyez? « Parce qu'il taut qu'il y ait des or-
nements, ? répliquent-ils?–Nous voulons supprimer les
choses inutiles. « Non, disent-ils, ces choses ne sont pas du
tout inutiles; elles ~0~.9 sont utiles. ? Oui, mais ro~\
a quoi servez-vous donc?– Nous servons a les utiliser.
Et de cette ~acon nous n'avons pas avance d'un seul pas.
!1 nous faut donc chercher, sans les écouter davantage,
ce
Cela ne. peut se faire non plus sans son co~e/ï/~c~
qui résulte immédiatement de notre système, puis-
que ce' n'est que par sa volonté persévérante que le con-
trat aurait persiste même avec le premier contractant
mais nous pouvons ici abandonner ce point a notre adver-
saire. Si, peut-il dire, la partie subrogée dans le contrat
Fa été aux y~~M conditions, cela doit être parfaitement
indilTércnt a l'autre partie, tant que celle-ci reste ~!<?
clans 1'
~CM/<* et ~~e personne.
citoyens frustres
et opprimes. Oi\ si ce droit connnun d'iteredite que t'on
présuppose, et qui aurait et6 échange contre
un droit ex-
clusif, ne se fonde pas lui-même sur le droit du plus furt,
sur la loi de la guerre de tous contre tous; si, connue
il le faut bien croire, il ne s'agit pas ici d'un contrat de
brigands qui se partagent paisiblement leur butin dans
une
caverne, afin de ne pas se jeter les uns sur les autres le
poignard a la main et de ne pas se tuer entre eux
–sur
quoi, je lé demande, pourrait-il se fonder, sinon
sur un
contrat préalable avec les citoyens frustres, s'engageant a
ne jamais réclamer les droits qu'iisauraicnt cèdes?–Mais,
–outre que, d'après ce qui a été dit plus haut, un con-
trat de ce genre est en soi de nultc valeur, puisqu'un droit
inaliénable de l'homme, celui de changer de volonté, y est
aliène,–d'où viennent donc après la mort des premiers
citoyens privilégies, les autres citoyens? d'ou naissent les
obligations dont ils doivent hériter. S'inquietera-t-on toutl
aussi peu des personnes sur lesquelles cites doivent
peser
qu'on ne s'inquiète des choses dans le contrat d'hereditr
les choses? Sans doute on n'hésitera pas a n-pondre
sur
oui n cette question, dans un
systetueoul'on n'admet
que l'~alit< devant Dieu,
,t'auH~ e~alit' entre tes Itonunes
parrapp.n-t a l'élise; ct, d'après ce système, on
devrait
si tes hommes
ausst répondre oui a ta question ne savoir
mêmes peuvent, comme nne propriété, se transmettre par
voie d'héritage, s'échanger, se vendre, se donner.
«Quand ils'a~t, ditMontesquicu.de prouver des choses
claires, on est sûr ile ne pas convaincre. Ponr moi,
je
si
disshmde en ancunc iaron que je mets ici en avant
ne me
opinions générâtes
des choses qui choquent violemment les
même du beau nom
des penptcs, on ce que t'on décore
de sens commun. Mais que m'importe?
Prenez ta peine de
principes et renver.sex-ks; ou si vous les
t-emonter aux
taisscx debout, tenez pour certain que tout ce (pu en dérive
au moyen de
déductionsexactes, est nécessairementexact,
contraire, est nécessaire-
et que votre opinion, qui y est
depuis te commence-
ment fausse, et cota quand même,
mentde l'espèce humaine jusqu'à ce jour, tous tes hommes
qui 'mt
auraient été de votre opinion. Dans tous les Htats
existé depuis le premier peuple législateur que nous con-
lils
naissions, depuis les t~yptiens, il a été admis que le
obligations de son père, et
est tenu de subir a son tour les
c'est pourquoi ceux qui ne pensent pas par eux-mêmes, mats
déterminent d'après des autorites, croient que cela doit
se
être vrai. Mais danslaplupartdes t;tats qui nous ont trans-
mis leurs opinions avec leurs lois, ne
r~ardait-on pas
cnl'ant
aussi connue légitime que te père repoussât son
nouveau.ne, ou qu'il le punit de mort quand il était de-
~t'and, sans que personne eut le droit de lui en de-
venu dernière
mander la raison ? Comment se lait-il que cette
première?
opinion ne se soit pas maintenue a co)o de ta
t~st-ce que par hasard toutes deux ne reposent
pas sur
le même principe a savoir que l'enfant est
une propriété
du père, qui en peut disposer a son ~rc ? Ou bien est-
ce qu'it est plus dur d'abandonner et de laisser périr un
jeune enfant, qui n'est pas encore parvenu a ta ptcmo
conscience de hu-mome, et qui pcut-ctrc souffre moins a
mourir qu'un pigeon qu'on e~orj~e, ou d'arracher tout
d'un coup par une prompte mort A toutes les peines do )a
vie un entant déjà ~rand, que de le forcer,
sous peine do
mort, quand il a pleinement le sentiment de sa force et do
son droit, a rester esclave tout le temps de sa vie?–Cela
vient de ce que !e Christianisme a introduit parmi
vous
une nouvelle opinion, ce n'est pour vous qu'une opi-
nion, touchant t'immortatite de notre âme et i'in-
fluonce de notre conduite ici-bas, surtout de notre der-
nière heure, sur te sort de cette âme dans une autre vie,
et, que cette opinion est en contradiction avec
une loi aussi
arbitraire sur ta ~c/~M< Mais le même Christianisme,
ou plutôt ses serviteurs, vendus au despotisme, ont ou-
hh~ de propager une opinion qui fut
en contradiction
avec une loi tout aussi arbitraire sur la /~7c /<M~~c
et le philosophe ne saurait commandera l'opinion popu-
laire comme !e divin Rnvoye.–Surte premier point,
vous
ave/ laisse modiner <'p fragment de vos opinions incohé-
rentes par une région ptus humaine et ptus douée; mais
sur te second, vous restez toujours udete
aux grossières
idées de ces demi-sauvages qui viennent de faire te
pre-
micr pas pour se déshabituer de la chair humaine. Quel
autre système, en effet, peut vous déterminer, si ce n'est
celui qui cherche a tirer d'un opprime, qui ne promet pas
un bon repas, tous les autres avantftg'cs possibles; qui
exi~e de lui ta promesse d'un esclavage perp~uci,
en lui
interdisant ju&'qu'au vœu de redevenu' libre et qui, quand
l'opprime a t'ai!, cette uromess' lui tait promettre que ses
enfants seront aussi les esclavesdesenfants de l'oppresseur,
–et, aprôs lui avoir arraclie cotte nouvelle promesse, lui
fait encore promettre lamente servitude pour ta troisième
génération, puis pour la quatrième,puis pour ta cinquième,
onnn pour toutes les générations possibles l'innni ?
Et quelqu'un peut-il taire une pareille promesse autre-
ment qu'en présence du feu et de la broche ou il doit être
yo~–Y()ii:\ vos autorites!
L'intrépide h. lui-même veut bien ne pas refuser
toutes lumières aux hommes qui, en voyant appliquer de
tels principes a l'état présent du monde, sentiraient quel~
que ebosp se soulever dans leur cceur il consent rm pas
a
~< c/c~e
~e la ~~ï~-
.1~M/
îMï~' ~7?<~y 1, comme ptusicurs seigneurs ancmands l'ont
sur !curs sujets. Dans ce dernier cas particuncrement, on
peut étahtirce! tahu's conditi< ns sur h' prix de la man han-
dise, de telle sorte que le marchand soitohti~éde la tais'
scr au privitc~ié pour une certaine somme, quand morne
i! ne pourrait pius s'en M'ocurcr anicurs au nn'tmc ~'ix.
Réctproqucmcnt on peut stipuler, soit qu'une par~io
ache~ra pxctustvcmcnt au p!ivih''pif, ou /< ses mar-
chandises, ~u c~Ucs (~u'a te pri\HL'nic, ou seutemuntrc~
marchandises, soit qu'it k's lui achètera un certain
prix, quand même il pourrait les avoir aiiteurs meilleur
marché, de tcuc sorte <}uc le privitegie ait te~~<e~
ou le <7~~ (le /<c t~c~. Le mode te p!us dur et te
plus odieux de cette espèce de contrat est celui qui obtige
(1) Pour les rares personnes qui ne savent pas ces cho.ses. Le serf
(~<p a~crt'~M~) a un service <~</J*; il est tenu (~ trav.uHcr .)))-
tant que le sei{;net)r l'exige. Hegoncretncnt cctui.ci c\!g<' de )ni six
jours de corvée sur sa terre, et le septième il !'emptoic pouf ses mes-
sages ou ses transports a)a ville. Le paysan, phs Hhre, sur la terrf;
duquet k seigneur n'a qu'unf partie (tu droit de propri<!tt', a un service
~t~c*; il remplit un nombre dt'tcrmim! de corvées.
~Mt~c~ ~'r~M<TMn.t~, parop)'<~iticna~n'M~tf~/Hf<<
disposition qui, 'tans certaines contrées, veut que le chêne
(pu croît sur la terre du paysan appartienne au seigneur et
non au paysan tel est h' droit de piUm'a~ et de pacage, etc.
Apres ce qui a été dit plus haut, il ne reste fdus de
doute sur ta (~u'stiun <h' savoir si tous ces )h'«its pcuvnn!
ausst ch'c ahoMs parte sent t'ait (te ta parti'' t'mstrcc. Il
n'est ici question que (ht deftonnua~inent (fui ix'ut être
ftn <!ans ce cas.–Quant aceUe première espèce de limi-
tation de noire droit de conclure des contrats, qui sup-
prime tout a tait, on ne conçoit pas en gênerai (nons
paierons tout a ~hcure des cas particuiiers) que te privi-
légie puisse se plaindre d'autre chose, sinon d'avoir de son
cote, dans resp~rance qu'il tonduit sur ia durée de notre
contrat, laisse échapper l'occasion de conclure d'autres
contrats qui lui eussent été utiles et avantageux. Mais il
est aise de repondre a cela que, de notre cote, lies que
nous étions par notre contrat avec
lui, nous avons aussi
manque l'occasion de conclure d'autres contrats qui
auraient été utiles et avantageux jusqu'ici nous n'en
avons conclu aucun, ~ous lui donnons
con~ maintenant:
il sait des a présent qu'il n'a plus a compter sur nous.
Qu'il
emploie désormais son temps aussi bien qu'il le pourra;
de notre cote. Nous ne
nous cLercherons àen i'aire autant
l'avons pas l'rustre, nous nous sommes places avec lui sur
le pied de l'égalité.– Mais sa plainte devient plus précise.
Par rapport au contrat exclusif de travail, aussi bien qu'a
l'aliénation totale ou partielle du droit de disposer de nos
forces, il se plaindra de ce qu'il ne recevra plus r~uli'
rcmentson travail, si nous lui remettons son contrat. 11 a
donc plus a travailler que ne. peut le faire un seul homme,
travailler lui-même.
ou bien il peut, mais il ne veut pas
La première supposition, tetle qu'elle est, exactement tra-
duite, sidérait il a plus de besoins que les forces d'un
seul homme n'en peuvent satisfaire, et, pour les satisfaire,
il veut employer les forces d'autres hommes, qui
sont
obtins d<' rctrancitcr sur leurs propres besoins tout
ce
qu'ils emploient de forces pour satislaire les siens. Il n'est
pas nécessaire de chercher plus loin pour décider si une
pareille ptaintedoit être fejetec. Mais il invoque
une rai-
son plus valable pour justilier !e plus ~rand nombre de
ses besoins. S'il n'a pas immédiatement plus de forces que
d'autres, il a du moins /'<? </<? /c< qui
peut-être lui a été transmis pat- une ion~uc série d'aïeux:
il a plus de propriété, et,
pour en user, il a besoin des forces
de plusieurs.Soi!, cette propriété lui appartient doit
et
lui rester; s'il a besoin pour s'en servir de forces etran<
gères, c'est a lui de voira queues conditions il peut
se les
procurer. Il s'établira ainsi un libre échange entre cer-
taines parties de sa propru''te et les forces de ceux qu'i!
en~-era pour travailler le tout, et en ceta chacun de son
côte cherchera a ~a~ner le plus qu'i! pourra. Qu'it
em-
ptoie celui qui toi fera les conditions tes plus douées. S'ii
se prévaut de sa supériorité sur te malheureux au point
de l'opprimer, qu'il s'attende a l'inconvénient de voir
celui-ci rompre le marche, des que la misère sera passée.
S'il lui t'ait des conditions équitables, il aura l'avantag-c de
voir durer ses contrats M.tis si chacun estime son Ira.
vail aussi haut que pnssibte, le propriétaire
ne pourra plus
tirer de sa propriété autant de profit qu'auparavant; la
valeur eu diminuera f'onsidcrabtement. Cela pourra
bien arriver, mais que nous importe? i~ous n'avons
pas
ro~ne ses terres de 1 épaisseur d'un cheveu
nous n'avons
pas pris un sou de son argent nous n'en avions pas le
droit. Mais nous avions celui de résilier le contrat
que
nous avions conclu avec lui et qui nous paraissait
préjudi-
ciable, et c'est ce que nous avons fait. Si son patrimoine
en est diminue, c'est qu'it avait été augmente auparavant
patrimoine.
par nos forces, et nos forces ne sont pas son
Kt pourquoi donc est-it n'essnireque celui oui a cent
arpents tim autant de profit (te chacun d'eux que celui
qui n'en a qu'un?-On se plaint, (tans presque tous les
Etats monarchiques, dit partage ine~d des richesses, des
possessions démesurées don! jouissent qne!ques-unsa côte
de cf's nudtitudes d'houmes qui n'ont rien et vous vous
donnez en voyant ce phénomène dans !a constitution
actucne de ces r.tats?– t~t vous ne pouvez parvenir A
résoudre ce dimcite probteme, (t'opérer un partage {dus
ega! (tes biens sans porter attf'tnto au droit de propriété?
Si les signes de !a valeur (!cs choses se nudtiphent,
et ils sf nmttiptient par ta manie qui pousse ta ptupart des
États a s'enrichir, au moyen du négoce et de ia fabrica-
tion, aux dépens (te tous tes antres, par te commerce
extravagant de notre époque (pu court de p!us en ptns a
sa ruine, et menace tous ceux qui y sont le
moins du
monde intéresses de t'enticrc destruction de leur fortune,
par !c crédit inimité qui t'ait phts que décupler t'arment
monnaye de rKurope;– si, dis-je, tes signes de la valeur
des choses se muttiptient d'une manière démesurée, ils
perdent toujours plus de leur valeur contre tes choses
mêmes. Le propriétaire des produits, te propriétaire fon-
cier renchérit sans cesse les choses dont nous avons be-
soin, et ses terres mêmes augmentent aussi par ta mccs-
samment de valeur en argent. Mais ses dépenses
augmcntcnt-cttcs aussi? Peut-être te marchand qui lui
fournitscs objets de luxe, sait il s'en tirer sans dommage;
l'ouvrier qui fait pour tui le travail indispensable, et qui
est traque par tous les deux, s'en tire moins l)ien. –Mais
le paysan? Il est toujours une partie de la propriété fon-
cière, ou bien il travaille gratuitement ou
pour un salaire
extrêmement médiocre; ses liis et ses lilles servent tou-
jours le seigneur, en qualité (te corveabtes, pùnr tnm
pi~e de monnaie, qui, il y a plusieurs sicc~s, ctait sans
aucun rapport avec icurs services, il n'a rien, et il n'aura
jamais uucicmiscraNu entretien de chaque jour. Si !<;
proprictairc foncier savait inoderorson iuxe, il serait de-
puis ion~temps l'unique propriétaire de toutes ies ri-
chesses de ia nature; ou, si iesystctneactuet duconmnercc
subit une révolution, cotnmc cda ne peut manquer,
il ie deviendra certainement, et, excepte lui,
personne
n'aum pius rien. Si vous voulez empêcher ce!a, faites
ce
que vous ete.s d'ailleurs ohn~s de faire rendez Hhrc
t'echan~' de nosfacut~s, cet héritage nature! de rhomme.
~<r6'
Vous verrex alors ce rernarquahie spectacte~ ~w/
que le
~r~?'
/6~ < ~f/c~
r/~ et ~c /o~/c est e/<~o?ï
Le sol, sans lois agraires violen-
tes, lois toujours injustes, se partagera de iui-meine in-
sensihtcment entre un plus ërand nombre, et votre pro-
hiéme sera résolu. Que cetui-i~ voie qui a (tes yeux
pour
voir; je poursuis mon chemin.
Si ie privilégie ne peut plus taire valoir ici
ce subtcr-
m~e d'une propriété héréditaire, il faudra bien qu'il tra-
vaille,qu'il le veuille ou non. Nous ne sommes pas obliges
de le nourrir. Mais, a l'entendre, il ne ~c~ pas tra-
vailler. Croyant que nous continuerions de le nourrir par
notre travail, il Bilans cette confiance, néglige d'exercer
et de cultiver ses forces il n'a rien appris de œ qui lui
serait nécessaire pour se nourrir, et il est trop tard a
présent ses facultés sont mnintenant beaucoup trop anai-
bues et en quel(mc sorte trop ruuillecs par une longue
oisiveté pour qu'il suit encore en son pouvoir d'apprendre
(tuelque citose d'utile.– i\ous en sommes certainement
ta cause par notre imprudent contrat. Si nous lie lui
avicns pas laisse croire ()epuis sa jeunesse (me nous le
nourririotts sans qu'il eut a -s'en mêler, il aurait certaine-
ment appris (melque chose. i~ous sommes donc tenus, et.
ceta justement, de !e dedumma~er, c'est-à-dire <te te nuur-
rir jusqu'à ce uu'ii ai~ appris a se nourrir lui-même. Mais
curmnentdev'ms-ncus le nourrir? Faut-ii que nous conti-
nuions de nous priver du nécessaire, ann qu'il puisse na~'r
dansicsupcrnu;ouhicnsmm.-Hquenous lui iom'nissions
l'indispensable?–Et c'est ainsi que m'us traiteriuns une
uuestiondont l'exacte solution est. un des besoins de notre
siccte.
On il vu éclater parmi nous deë sentiments de compassion
et l'on a entendu proférer des plaintes amercs au sujet de
la prétendue misère de tant d'hommes, (mi tombaient tout.
a coup de la plus riche abondance dans un état beaucoup
plus modère; et quels sont ceux qui les plaignaient?
Ceux qui, dans leurs jours les plus heureux, ne se sont
jamais vus aussi a l'aise que ces ~cns-tadans leur pm~rand
désastre, et qui auraient r~arde le moindre reste de leur
bonheur comme un bonheur di~nc d'envie. La prodigalité
inouïe qui avait rc~ne jusqu'alors it la table d'un roi était-
elle restreinte en quelque chose, il était plaint par des
pCns qui n'avaient jamais eu et
qui n'auront jamais de
table comparable a cette table restreinte. Une reine avait-
elle manque pendant peu de jours dcquelques vêtements,
de n'en manquer que
ceux qui auraient été trop heureux
Si notre siècle est
comme elle, déploraient sa misère.
prive de certaines qualités louables, il ne semble pas du
moins que ta bonté soit nu nombre de ccitcsqni lui
man-
quent Est-ce que par hasard ces ptaintcs seraient la
traduction (h) système qui vaudrait qu'une certaine dasse
de mortetscutje ne sais que! droit de satisfaire tous les
besoins que peut rêver i'ima~nation la plus extrava-
gante. que ia das~c suivante ne put pas avoir autant de
besoins que la première, et h) troisième autant
que la se~.
condpjusqu'à ce qu'on arrivât ennn a une fiasse qui fut
obii~éc de se passer de ce qu'il y a de p!us indispensnbio,
aun de pouvoir fournir ce qu'H y a de plus supernu
ces
mortels priviié~ics? Ou bien fait.un dépendre ici le droit
de l'habitude, et raisounc'-t-on ainsi puisqu'une tamitte
a jusqu'ici dévore ce qui est iudispcnsabte a des minions
de famine, cite doit nécessairement continuer de le dé'
vorer? Toujours est-ii que, dans nutre <ac(tn de
penser,
c'est une choquante inconséquence de nous apitoyer si fort
sur la misère d'une reine qui n'a pas de tinpc fraisât de
regarder comme uncchosf toute nanne!!e la dctresM d'une
autre mère, qui, enveinppec eHe-mëmc de haiHons, voit
se
tramer nus autour d'die les enfants qu'eue donnes bien
a
portants A la patrie, tandis que, faute d'auments conve-
nables, son sein dcssecbt' ne contient plus ia nourriture
que demande le nouveau-né avec de faibics vagissements.
Ces gcns-th y sont accoutumés, ils
ne connaissent rien
de mieux, dit d'une voix étounée !e voluptueux rassasie,
en savourant son vin h' ptus précieux; mais ce!a n'est
pas
vrai ia faim, ics aiimcufs que
repousse ia nature,
i'an'aibtissement de toutes les forces de l'esprit
et du
corp~, la nudité dans la saison la ptus r~ourcuse de
l'année, ce sont ià des choses auxquelles
on ne s'accou-
tume jamais. M. R. trouve naïfs ceux qui disent que
quiconque ne travaille pas ne doit pas
manger; qu'il nous
permette de trouver non moins naïfs ceux qui pensent que
seul celui qui travaille ne doit pas manger ou ne doit
mander que ce qui n'est pas mangeable.
Il est aisé de trouver la raison de cette inconséquence.
Notre siècle est en somme beaucoup plus sensible a l'en-
droit des besoins d'opinion qu'a l'endroit de ceux de na-
ture. Ceux qui jugent ainsi ont assez généralement le
nécessaire, et ils l'ont eu depuis leur jeunesse; tout ce
qu'ils ont pu en retrancher, ils l'ont appti(}uc au supcruu,
aux besoins du luxe. Mais on ne saurait satisfaire tous ces
besoins autant qu'on le voudrait, c'est !e sort commun, Tu
as un mobilier a la mode, mais il te manque une gâterie de
tableaux; tu finis par en avoir une, maisalors il te manque
encore un cabinet de curiosités. Cette reine a encore
besoin d'un riche collier; sois tranquitle: elle n'en est pas
plus malheureuse que ton c!eg'aute épouse, quand il lui
manque un vêtement au ~oùt du jour. Mais non-seute-
mcnt nous ne pouvons pas toujours satisfaire les désirs
qui naissent en nous, a mesure qu'ils y naissent; souvent
aussi nous sommes forces de rétrograder, de retrancher
des besoins que nous étions accoutumés de voir satisfaits
et que nous rangions parmi les nécessites. C'est la une
souffrance que nous connaissons par expérience qui-
conque la sent est notre frère d'infortune nous sympa-
thisons intimement avec lui. Notre imngmation, grâce a
son art magique, nous met aussitôt a sa place, Ce roi infor-
«
Tous les peuplesanciens ont en une noblesse, disent
des hommes d'État, qui passent aussi pour de grands
histor'cns, et, ils nous laissent le soin d'en conclure inté-
rieurement que la nobtcssc est aussi vieille que h société
civile et qu'eue doit faire partie de tout~at bien ordonne.
Chose singulière,ces mêmes hommes, pour qui !a néces-
site (le la nohtcsse dans un Ëtat est une chose évidente
d'c!!e-meme, quan(! par hasard ils s'avisent de vouloir
cxpHqucr l'origine de la noUesse actucUe,–se perdent en
des hypothèses qui ne sauraient s'appuyer que sur d'au-
tres hypothèses.
.!e ne parle pas de la nohtcsse /M~c/–de !a re-
nommée ou des avantages qu'un ~rand homme s'acquiert
par sc~M actes; je parle, comme on s'y attet~t bien,
de ta ?~/c.Mc
tages que ce ~rand homme
le souvenir de ses actes.
</ ~c
(le la renommée ou des avan-
avec
noblesse d'ï
Je distingue dans cette noblesse héréditaire entre !a
et !a noblesse 'le Cette dis-
tinction me semble le fil conducteur qui doit nous pré-
server des égarements de l'hypothèse et. nous diriger dans
le droit chemin; l'oubti de cette distinction est sans con-
RrbatM.
/<(/e~ der ~etn«n~.
,4~~ ~('~ /!M/t~s.
trcdit. principe de toutes les erreurs <jui régnent parmi
not!s:'t ce sujet.
1 hns f'ette assertion que les peuples anriens ont
eu une
noblesse, il va quelque chose de vrai, mais aussi (ph'Ique
chose det'au\. Usent eu presque tous une nohh~sc d'opi-
nion !uais, !'c'xc~ption (te quelques cas, fort. passa-
gers, (~u ne furent, pas !'c(ïct de la constHuuon de FËtat,
mais d'une viotcntc oppression,– ils n'om pas eu de no-
blesse de droit.
La nohtcssc d'opinion existe nécessairement partout où
des générations d'hommes vivent dans un état de société
durable. Il n'y a presque ~M/ d'objet ou eue ne puisse
s'attacher. !i y a une noblesse de science Il est vrai que
les grands savants laissent rarement des entants il n'y
a
point de Lcibnitz~ point de Newton, il n'y aura point de
Kant en qui nous puissions retrouver !a postérité de
ces
grands hommes; mais qui peut voir un Luther qu'il ne
connaît pas, sans penser qu'ii a peut-être devant lui un
descendant de ce grand homme et sans t'examiner avec
plus d'attention. Il y a une noblesse de commerce
et en entendant certains noms, immortels dans t'histoirc
du commerce, nous croirions plus souvent être en présence
de !a postérité des hommes qui les ont immortauses, si le
titro de co~/c ou de 6~'o/i, ou la particule </c qui les
précède ne nous interdisait cette pensée (1), ou si le nom
célèbre ne se montrait pas sous un afïubicmcnt tout nou-
C~f~-Jd~.
/t'au/MMn~tc~.
(!) Htdh-c que mat~t! cch te commcr~nt c~brc aspire encore
àt'honncur de devenu' nn obscur genmhonnne!Puissent du moins
tes aidants ithtstresdc t'Attonagne épargner cette dégradation
au nom
qn'iis ont rendu cëicbre 1
veau,–si t'homme ne s'était pns chan~ <~n moua~ue,
cn\dl(''eou en quartier (!et'')'r< –Hyaunenobtesse
de vertu ou de bcHes actions Quicompte a (bmne a son
a descendants
nom une certaine célébrité, transmet ses
~f'c ce nom la célébrité qu'itya attacitéc.
Partout on les hommes vivent en société civuc, pour
peu que i'Ëtat ait dure, H doit y avoir une
nobtcssc civi-
que analogue. t!n nom tmi se présente souvent dans
l'histoire de notre État, qui, d:ms ies rf'cits do cette his-
toirc, a souvent attire notre attention, et qui a été porté
sympathisa,
par des hommes avec lesquels nous avons
éprouvant avec eux tantôt de !a pitié, tantôt de l'inquic'
tude ou (te ta crainte, tantôt i'orgucit des grandes actions,
un tel nom est pour nous une vieiuc
connaissance.
Apercevons-nousquelqu'un qui le porte, les anciens sou-
venirs se lient a ce nom dans notre imagination. Nous
repassons aussitôt la généalogie de l'inconnu, avant même
qu'il nous la raconte nous savons qui était son père,
qui son ~rand-pére, qui ses coHateraux; tout ce qu'ils fi-
rent se déroule devant notre esprit. Notre attention est
ainsi attirée sur celui qui porte ce nom célèbre, et nous
sentons notre sympathie s'éveilter des lors nous l'exami-
poursuivrenotre comparaison en-
nons de plus pres.afin de
tre lui et ses illustres aïeux.–C'estla ce qu'exprime cxacte-
mentlc!uot~par!equellesnomainsd~si~naientce!ui
qui'taituohlcd'apres leur taponde penser; ils appelaient de
rcconnaissahie, dont on sait beau-
ce nom un homme très
ptus attentivement
coup <!e choses, que l'on examinera
Ku
et que l'on connaîtra bientôt de plus près encore.
(li,-Tacite,
'l'
/cï~?'
ccux-ia
saient les compagnons d'un guerrier plus fort, qui
fli-
¡ se tai-
snn.s nvo!r
Otc.orcdf! ncf.'<tet)t' disnibuct'. t.ctus v.ts~ux n'unu'ntt
seule-
donc pas liés à tcm- personne par la possc.ssion (t'un ticf, mais
ment par te serment q~stui:'vi'icmpt'
diaux (1) dans quetque royaume que ce fût. Mais il ajoute
que tout homme tibrc dont ie seigneur serait mort
ou qui n'en aurait jamais eu, pourrait se recommander
pour un nef dans les trois royaumes A (mi il voudrait.
Dans un autre traite de partie, qui fut fondu
en 587
A Andeiy, entre Contran, Chi!dcbert et Hrunchitd
et
qui est semblable dans presque toutes ses parties
au par-
tage fait par Char!ema~ne a ses entants, retrouve !a
un
même disposition relativement aux vassaux, mais on n'en
trouveaucuncausujetdes hommes libres; et Montesquieu
en conclut que c'est entre les reines de Gontran et de
Chartcma~nc que les hommes libres ont acquis le droit
de posséder un nef, ou ce qui, dans mon opinion,
signine !a même chose,–de s'offrir comme compagnons
a un roi ou a un autre ~rand.Maisjc ne vois pas comment
cela s'ensuit, a moins que l'on ne commence
par l'ad-
mettre d'abord. Je veux un instant supposer !c contraire
et nous verrons si cette différence des deux actes de
par-
tage ne s'explique pas tout aussi naturellement. Si des
le commencement de la monarchie, par conséquent
avant
Contran et de son temps, Phomme libre avait le droit de
se
donner au seigneur qui lui convenait, il était partaitcmcnt
supernu d'introduire une disposition a cet é~ard dans !c
traite de partage d'Andc!y. Il n'y avait pas lieu d'insérer,
A titre de droit nouveau, que, si
un homme libre se don-
nait à Gontran ou a Chihicbert, il devenait son vassat
et était soumis a ses ordres; comme le vassal ne recevait
!e nef qu'a la condition d'accompagner
son seigneur a la
guerre, et que cette condition liait le premier à la pcr-
(i) Lesterres que possédait un homme libre, non à titre de <!cf
mais de propriété ~appei~cnt ~/cM.r. Toutes les terrca étaient donct
ou des aitcux ou des (tcfs.
passât d'un au-
sonne du second, il ne pouvait pas être le
tre, ni recevoir un Hef d'un autre. C'est ce qui résultait
de la nature de la chose, sans qu'il y eut besoin pour cela
d'aucune disposition nouvc!K\–Mnis ces mêmes hommes
hbrcs, (lui devenaient vassaux, possédaient des atteux.
Comme ces alleux étaient octruyessans aucune condition,
on ne pouvait non plus les assujettira aucune
;i!s demeu-
raient intacts aux propriétaires. Lorsqu'un homme libre,
qui possédait un alleu sur te territoire de Contran, de-
mandait un nef a Childcbert, il ne pouvait plus, d'après la
nature même de la chose, posséder de nef sur h: territoire
de Contran; mais son ullcn devait mi rester. Chitde-
bert et. Gontran en venaicnt-its a se taire la guerre en
vertu de son alleu, il etnit ob!~e de servir sous un comte
de Contran; en vertu de son serment de vassal, il devait
immédiatement son service a Chitdebert. il ne pouvait se
partager; te nef avait l'avantage, parce qu'il attachait im-
médiatement sa personne a la personne de son seigneur;
mais comment Contran pouvait-it y trouver son compte?
Porter atteinte au droit de propriété de l'alleu, et Ictrans-
fcreraquelqucautrc qui lui aurait fourni le service miti-
tairc qui y était attache,– cela ne lui était pas permis.
Il devait resuhci' de 1A toutes sortes de qucreUcs entre les
rois.Trcs vraisemblablement,les pr'decesseursdcCl!a!'tc-
l'occasion de ces
magne avaient cherche a supprimer
querelles, soit en portant inégalement atteinte au droit
de propriété de FaUcu, soit en attaquant, non moins illé-
galement, le droit qu'avaient les hommes libres de
prendre pour seigneur qui bon leur semblait on bien
ils avaient confisque, a Fc~al des nefs, les alleux qui se
trouvaient dans leur territoire, quand le propriétaire de
ces alleux avait pris un autre prince pour seigneur ou
Ltcn ils avaient dc~.ndn A tous ies possesseurs
d'aller
i~cessurtcurhTritoir~de dh.ish- unuutrcscignc~-
qu'cnx-n.cmcs. Avurti par i'~p<L-n~ du
pass6, Chapes
c/
J«~a nc.-css<(h- (rintcnHrc
et ce
ce tjHi c<an duj~
que
et
interdite.
prud~u~cm-s, prives du ecHe cxpurtcnce
sc~
~u pavaient su~cr tnh'niirc. -On prit en~ae~u
~pu.ptu )Hh. autre !Hesurcpuur éviter ces cuHisio~ euh-c
!c devoir atiacht''
au H.'i'ct 1~ devoir aHachc a i\d!cu; il
~t pennis par des dispositions cxpr~ses, q~ l'un
H-uuvc
cttCL-s dans Montesquieu, du fah-c
rcinpiir par ~) auH-e te
service attachu a t'aitcu.
Ainsi cette circonstat.cc
nu prouve pas/Montcsquieu~
mats tes termes de t'ordonnance prouvent
co/~re lui, e~
renversent absolument son système.
son seigneur est appete /c Celui qui a perdn
aussi t)h)n (jnc celui qui n'en
~jamais ~n. Qnctaitdonc te t'cu.tatair<:
ayam ta mo~ de
son seigneur; ctait-it dcja
ment appeic
par opposition
/~?
par opposition aux <
I,a toi te noin~c,
ce rapport, vassat. Ll.ommc libre n'est donc
sous
pas seute-
maisauss~
et en réalité, dans la consti-
tution primitive, personne n'était ~oins libre
que le feu.
clataire, comme nous l'avons
vu plus haut dans Tacite.
Comment donc ye~-on chercher
une noblesse iterédi-
taire, Ja où par ta mort de son sonneur, le fcudat~re
perdait, même pour sa propre
personne, sa
qua~é
vassal, et rentrait dans classe ordinaire des hommes
ti-
tres? Com~en~ pourrait-on croire qu'il
y a eu quc~ue
chose de ptus élevé qn'~ homme libre, Ici
ou piusno-
ble devait toujours s'attendre a tedcvenir?ï';st-ce
hasard il aurait été depouitte de noblesse quep~'
sa par la mort
de son seigneur? Apres
une preuve aussi décisive, on ne
devrait plus, a mon avis, ajouter un seul mot pour déten-
dre ce système.
Jonc manque pas (te respect ~Montesquieu, lorsque,
montant sur tcsepmucs de ce ~rand hotnme, je crois cm-
hrasscr, ~r:lcc a lui, un horixun plus ~t<'nuu qu~ !c sien.
C'est un spectac!c (dus instructif qu'a~aMe de voir un
des plus grands hommes de la r~pub!iqu<; d<'s tettrcs en-
trains, précisément par ses immenses connaissances et sa
prodigieuse pénétration,~ (h''t'endrc des opinions précon-
çues dont ces quantes !e (tevraicnt préserver.
/<
Nous ne trouvons pas encore ici de noblesse heredt-
taire de droit nous ne trouvons même pas de ~'<~</«-
attachées au titre de frère d'armes
immédiat d'un roi, sinon celle qui résultai nécessairement
delà fraternité d'armes, la part an hulin. –Les conqué-
rants firent des lois, et il était présumer que leurs com-
pagnons d'armes et de table neraicnt particulièrement
fa-
vorises. Celui qui avait me un homme tibre ou un affranchi
payait 200 scheuin~s a la famille du défunt, celui qui
avait tué un fidèle du roi, en payait600(1). C'ctaitia sans
doute un privilège mais pour en conclure l'existence
d'une noblesse héréditaire de droit, il faudrait prouver
de la qualité
que certaines famiUcs tibrcs étaient exclues
(t) ~o~~t~. t'ût'sffpne ne songera id uoUeschcHing. C'~i' une
monpa!c donti! t~cst pas n~c~ahe de (h~crminer !n va!otn'. uaHS
rcspr:t de t'imctcnnc constimtton (voy. TMCtte, chap. 21). un meurtre
notait pas consid~r~ comme une )<;s!on fititc a r~tat. mais scutcment
& lafamille, on, en !'absRncc fh; la famille, au seigneur, ou
quand la v:ctimc cta!t un csctavc. au propr!<!tah'e. La famille, te
fut
seigneur ou le propmUah'c avait le droit de rPprcsaiHPs. Ce droit
racheté au moyen de ces sommes (tëterminces par t.) loi. t'ius tard, le
meurtrier comptait encore te tiers de cette mncndc. sous te nom de
/fedM~ (Fn'e~en), au tribunal qui arrangeait t'atïaire.
a laquelle it était attache, celte (te M~
c'cst toutjustc le contraire qui est prouve. C'était donc ur
privilège purement personne!, (pu disparaissait de un
la fa-
nntic après ta mort du fcudatairc; le
perdait lui-même
pour sa personne, quand son seigneur mourait avant lui,
et il ne trouvait aucun moyen de se faire admettre dans
la suite de son successeur. Un tel était un tcudaiaire
de Chartcmagne celui qui t'aurait tué
aurait paye
600 schellings. Chartes meurt, et notre homme
ne
pas ou ne pas devenir feudataire de Louis le Débon-
naire, et il s'appelle maintenant, suivant la précédente
donnance de Chartes, un homme or-
Il est tué. Combien,
d'après la loi précédente, son payera
meurtner a-t-il a
Ils avaient en dehors de cela si
peu de prérogatives
devant la justice, que tout noble qui avait intenté
une ac-
cusation a un esciavc et qui l'avait appelé A
un combat
judiciaire, était ob~e de battre au bâton, A pied
se et avec
une chemise sur ses armes (<).
est a présumer que te
nisd'un compagnon du roi, élevé peut-être
sous les yeux
du roi dans les exercices des
armes, se chargeait volon-
tiers de l'onice de son père, et
que le roi ne le confiait
pas aisément a un autre qu'a lui. 11 entrait ainsi dans les
droits que son père avait possèdes,
parce qu'il était le
fils de celui-ci, mais
par suite de son ~'o~'c dévouement
au roi. Le souvenir des services rendus par les pères
de notre no-
blesse héréditaire de droit; mais
nous
sommes encore bien
élo~nesdecettenobtesscetic-menie.La~ncdot~
naît pas encore la noblesse elle donnait le
et ie nef
donnait d'abord ia noblesse. Lorsqu'un vassat
immédiat de
i empn-e avait plusieurs n!s et qu'un scu! d'entre
ntait (!u Hcf, seul aussi cetui-ci héritait eux he-
de ia noblesse.
Ordmairement ce dernier donnait
A ses frères des parties
de son hef, à titre d'arrierc-uefs, dés
et lors ils devenaientt
f~Am<«J.
~AMU~Ct'j.
ses vassaux, comme hn-rncme était celui du roi. Mais
nous aurons bientôt occasion de revenir sur ce point.
Pour remontât' jusqu'à la naissance (!e notre noblesse
actuelle, qui croit hériter des privilèges, non pas indirec-
tement, au moyen de quelque chose qui se laisse trans-
mettre par héritage, au moyen de terres, mais im-
médiatement en vertu de la naissance, non pas par
l'effet de certaines obligations particulières que l'on a ac-
ceptées, mais indépendamment de toute obugation,
il faut remonter a une époque aussi obscure que corrom-
pnc, ou dominait l'ancienne barbarie, moins ses anciennes
conséquences, et ou l'on construisait avec les restes d'un
système que l'on avait depuis longtemps renverse jusque
dans ses fondements.
Ces fiefs primitifs, dans toutes les contrées de l'ancienne
monarchie franquc, se subdivisèrent a l'infini en d'autres
fiefs qui leur étaient subordonnes. Chacun d'eux devint
un arbre qui poussa des branches ces branches a leur
tour poussèrent des rameaux, et ces rameaux, des feuilles.
Tout vassal se procurait des arrierc-vas~aux, et tout ar-
nêrc-vassa!, d'autres arrière-vassaux, anh de pou-
voir, ~racc a leur puissance, résister a son seigneur im-
médiat et s'en rendre indépendant; aucun ne pressentit,
ce que l'expérience ne tarda pas a lui apprendre, que ses
Vassaux tourneraient bientôt contre /c~' seigneur cette
puissance qu'i! tcur avait appris a tourner contre /~«.
Le plus grand seigneur, l'empire, perdit d'abord ses
forces; tes nefs immédiats le suivirent tes uns après les
autres, selon leur plus ou moins grande étendue, et l'af-
faiblissement gagna ainsi !es fiefs médiats, puis d'autres
plus médiats encore. L'empire se divisa en autant.
d'États qu'il avait de grands nefs; puis ceux-ci en autant
d'autres États qu'ils avaient de ue<s subordonnas, et ainsi
de suite. Le libre possesseur d'alleux, qui n'était ni le
seigneur ni le serf de personne, et qui avait vécu jusque
!< sous la protection de l'empire, perdit son appui des
(t) De ta cette expression les pairs, p~'M, pour désigner les vas-
saux immédiats de t'cmpire et tes nobles de l'empire. Ceux-ci étaient
égaux entre eux; ils occupaient te même rang. t.e nobte médiat et
cetui qui était encore plus médiat ne !cur Oait pas pgai dans tcurs sci-
~ncunes et leurs arricre-ticfs.
(~) Personne, je rcspt're, ne ni<a cela, pour peu qu'ii connaisse
t'itistoire des nations germaniques. Les noms de Mérovingien! de
Cartovingiens, de Capétiens ont ctc invcntt's plus tard par les histo-
riens pour ta commodité de ieurs récits. Merovec (il est ptesumabte
que Chiodwig ne connaissait pas ses ancêtres au dcta), Kari, Capot,
étaient de v<'ritah)cs noms pcrsonncts, et Louis XVt avait !e droit de
ne pas voutoir qu'on t'appctat Capet. )!~ qu'it n\'t.ut ptus roi
de
France, it n'avait plus d'autre nom que son nom de baptême. Nul roi
ou nul prince souverain n'en a d'autre roi. duc, prince, ce ne sont
pas des noms, mais des titres qui désignent des dignités.
17
wo~s-. La noblesse do naissance
n'existai point encore, lorsqu'une chose insigninantc,
une
planche peinte, la produisit.
Les grands vassaux élevaient dans !curs
cours les en-
tants de leurs feudataires nu milieu des exercices mili-
taires. Ces cours devinrent peu A
peu plus brillantes et
plus p-alantes l'esprit de ia chevateric s'éleva,
et avec lui
les tournois. Joardede fer de ia tête
aux })icds, Je chevalier
combattantvoulait se iaire reconna!tre
par ({uetque si~ne,
et, après divers essais, i! eut recours a une ima~c peinte
sur son houdier. Quand une fois il s'était illustre par des
actes de bravoure et de force, cette ima~c prenait quoi-
que chose dcsotennet pour sa postérité. Le point de l'fd-
liement des i:uni!!cs était trouve, et celui qui n'héritait
rien de son père, en héritait du moins t'ima~e peinte
sur
son bouclier, et souvent aussi cite servait a le désigner.–
Les noms de nos anciennes famines aHemandes viennent
ou bien de !eu:'s anciens ~efs, et dans ce cas on peut
ordinairement citer des viiia~esou des châteaux du même
nom ou bien de leurs armoiries, et alors l'analogie est
visible; aussi la science importante qui traite des armoi-
ries tes appeitc-t-cHe alors des armoiries parlantes. –Le
nom était a cette époque tire du blason. Dans les tamiUcs
récemment anoblies, c'est le contraire qui arrive le blason
y est souvent tire du nom.
Cependant un changement important s'était aussi opcr~
dans la guerre. Autrefois il n'y avait
que les hommes li-
bres qui aHasscnt en campagne. Maintenant le nombre
de ceux-ci, qui étaient devenus nobles, -avait consi-
dérablement diminue, tous ceux qui n'avaient devenir
pu
nobles étant tombes dans l'esclavage;
en revanche, le
nombre des guerres avait beaucoup augmente,
car tout
vassal, si petit qu'il fut, taisait la ~ucrn\ Le vassal h'plus
lissant n'aurait pas pu résister a ses ennemis, s'il n'avait
conduita la guerre que ses nobles feudataircs; a plus forte
raison le possesseur d'un petit village, qui pourtant avait
aussi ses guerres. I.es paysans serfs furent alors assujettis
au service militaire. Les vassaux les p!us puissants songè-
rent a employer, dans leurs guerres, comme chefs de ces
serfs, ceux (!cs enfants de tours feudataires auxquels il
n'avait point de nefs à distribuer, et qui étaient exerces
au métier des armes; et, vraisemblablement, en échange
de ce service, ils tour accordèrent, a leur cour et devant
leur tribunal, les privilèges de leurs véritables feudataires.
Cela tourna en habitude et bientôt ceux mûmes auxquels
personne n'avait expressément accorda ces privilèges, se
les attribuèrent comme quelque chose qui allait de soi
nul ne pouvait ou ne voulait remonter a l'origine et
ainsi naquit cette opinion superstitieuse que l'on pouvait
acquérir immédiatement, par le fait même de la naissance,
des privilèges et les autres hommes.
.Favais montre dans le chapitre précèdent que cela est
impossible en soi, puisque cela est en contradiction avec
les droits naturels et immuables de l'homme; j'ai établi
dans le présent chapitre que cela n'a existé dans aucun
des anciens Etats et même, pendant un certain temps,
dans aucun des nouveaux, et que ce préjuge n'a pas été
fonde par la constitution politique, mais que l'ignorance,
l'abus, l'usurpation l'ont insensiblement introduit.–Mais
passons maintenant en revue, l'une après l'autre, toutes
les prétentions de la noblesse 1
Ils élèvent d'abord une prétention sur notre opinion
ils veulent être tenus pour des ~ens de qualité. La no.
blesse des anciens peuples imposait <~atcment al'nt'inion;
.'cet e~ard, h nouveue s'accorde en gênera!
avec e!ie
'nais, (tans I'esj<ece, cUc s'en distingue d'un
manière très
rcmar~uabte.
~mdhomme. QueUe dinercnec,
nommait un Drutus, un Scipion,
un
Je suis nob!e, nous dit le moderne
Romain se
un At~pius, ou quand
Cnnon s'appelait ie n!s de MiMiade!
d'hommes ~M~- se représentaient a!ors
Des actions
c~~
a l'esprit du
peuple, devant iequci it se nommait,
et se rattachaient a
'homme qut en renouvelait Je souvenir
motet
par celui de son père.
courus d~
par son nom ou
Mais quc!ic idée eveiUc
~? !t n'exprime du moins
nen de clair.-Lorsqu'un moderne ~emiihommc
d.t son nom :je suis monseigneurde X"\ nou~
ou monsei~neur
'!e ~u monseigneur de ii n'en est pas et
nous
n en sommes pas ordinairement beaucoup plus
avances
Nous sommes en ancrât beaucoup
moins verses dans
notre histoire na!iona!e, que les anciens peuples
~tatent dans ta ieur, parce qu'on ne
nous empêche, autant
quepossib!~ de prendre pari auxanaires pubHques;
''t en tous cas ce que nous savons excite notre
sympathie
nn bien moindre degrc,
parce que ordinairement i! ia
m<-nte tort peu. Quand donc nous connaîtrions très
exactement ies actions des aïeux de Ja famiitc de X'"
ou
de !a iamittc de Y' –que saurions-nous? Peut-être que
celui-ci a n~ure dans
un tournoi de l'empereur Frede-
~ne cet autre a pris part a une des croisades;
dans les temps modernes que
un troisième a été un ministre
y
.~mmc en a tant qu'un quatrième a été gênera! comme
tnut d'autres qu'un cinquième a conclu,
comme ambas-
sadeur, un traite d'échange au sujet de quelques
viHa~s,
ou qu'it a dt~a~ une province donnée en ga~c; qu'un
sixième s'est bravement comporte dans
te!Je ou tpHe at-
faire.–Très bien. Mais CM~?/ s'cst-il donc si bravement
comporte? Ne peut-on connaitre quelques-unsde ses traits
de bravoure, et en savoir !es circonstances? Que de
questions! HnHn il s'est bravement conduit, cota est rap-
port'' dans telle ou telle chronique. –Je ne connais pré-
sentement aucun pays, sinon peut-être tes Etats prussiens,
où la désignation de certains noms eveitte de grandes
idées. J'entends nommer unKeith, un Schwcrin, un \Vin-
tcrfetd. Alors les actions des tteros de Frédéric (pu ont
porte le même non! se représentent a mon esprit; etjesuis
désireux de savoir si par hasard l'inconnu descend de ces
grands hommes, et s'il marche sur leurs traces. Mais
aussi, dans Famé du pbitanthropf, ce souvenir eveitte
bientôt un sentiment pénible, quand il son~e/jow~M–
ces grandes actions ont été faites. D'aineurs les héros
de notre histoire n'ont presque pas de physionomie; elle
n'a pour les braves, pour les fidèles et pour les habiles,
qu'un moule ou cite les coule tous. Des que nous en avons
\u un, nous les avons tous vus. La faute en est-elle a nos
héros ou a nos historiens ?
Elle en a toujours été un peu aux héros, et dans tes
derniers temps tout a fait. Tout a chez nous sa règle
déterminée, et nos États sont des horto~es ou tout va
comme il a été une fois règle. La libre volonté, te carac-
tère individuel n'a presque pas d'espace où se développer,
et il ne saurait en avoir; il est superflu, il est nuisible.
Aussi un bon père ou un bon précepteur cbcrchc-t-il
soigneusement a prémunir contre ce funeste conseiller te
fils ou l'élève qu'il destine aux affaires. Chaque tête est
laborieusement façonnée sur le patron conventionnel de
son siècle.–« « Pourquoi donc, demande l'élevé, cela
est-il ainsi? cela pourrait être autrement pourquoi n'est-
eu pas autrement? <- Tais-toi, lui repond un maître
prudeut; cela est. ainsi, et doit être ainsi, parce que c'est
ainsi; et pour peu qu'il renouvelle cette leçon, il per-
suadera soi] l'avenir celui-ci
son ('-levé, et àa 1'ivuiiit~ ct~ltii-ci s'abstiendra (le
de
ses incommodes questions. –Chex les anciens, ce n'étaient
pas seulement certaines personnes qui avaient leur carac-
tère; il y avait même des caractères de famine très forte-
ment accusés. On savait d'ordinaire assez exactement ce
qu'on devait attendre d'un homme portant un certain
nom. Les patriciens voulaient-ils un rempart inébranlable
contre les troubles populaires, iis avaient recours a un
Appius les Appius étaient tes ennemis nés de la puis-
sance populaire. Les Romains souhaitaient-ils !a chute de
l'oppresseur de la liberté, ils écrivaient a leur héros
« Tu dors, Brutus, ~) et ce nom si~nincatif de Brutus en
disait plus que les plus lon~s discours. C'était l'omce hé-
réditaire des Dru tus d'anéantir les usurpateurs. Sous le
gouvernement d'Auguste, il n'y en avait plus; autrement,
il n'aurait pas longtemps ëo"verne.–Pourriez-vous
me
dire quel est le caractère de famille de MM. de X' de
V", ou de Z' et ce que je puis en attendre au juste,
quand on m'en nomme un?
Ennn, différence capitale entre la noblesse d'opinion
des anciens et la notre, et qui ruine tout a fait la
cause
de cette dernière, l'ancienne était donnée, la nôtre est
reçue; la l'opinion se déterminait librement, ici elie est
commandée. L'ancienne noblesse ne se distinguait par
aucun si~ne visible le noble romain portait ses trois
noms comme les portait le moindre citoyen; les images
des aïeux étaient une chose privée; elles demeuraient
renfermées dans l'intérieur de la maison, et ne la quit-
taient qu'une fois, a la nmrt de leur
possesseur, non pas
pour promettre <m p'pb' vêtions semhttddes a cetk's
de !a carrière qui venait de (un' mais pour t engager a
comparer te défunt a ses ancêtres. Les Humains m; reven-
diquaient point (te phis grandes marques d'honneur on
des titres particuners dans la s~cietc, et ils se mon~'a~n~
d'autant phts popnhurcs qu'Us c~ucnt. plus nobtcs c~ qu'~s
dcsh'atent davantage rctever ia nuhtcsse de tcnr race par
de nouvcttcs d~ni~s. Cututnctt est <hth';rcn~ la condmtc
de nos ~ntUshounucs lls se (iistmgucnt de nuus autres
jusque par leur aorn; et, envet'm de ce seul nom, ils
exigent, preierabtemcnt, a de yer~abh's di~n~es, la
préséance et des marques d'honneur toutes parUeutieres.
Ils ont moins droit que les premiers a l'opinion ~uhuque~
lum's pré-
et ils s'imaginent supptecr, par refh'ontene de
tentions, aux motifs de respect qui ieur manquent. Mais
Fopinion ne se laisse pas commamter, et eue se vcn~e cle
quiconque la traite contrairement a sa nature. Dans te
noblesse,
temps ou les patriciens ressembiaient a notre
ils étaient en butte a la bainc des autres classes et aux
railleries les ptus amercs; mais, des (m'i!s lurent rentres
dans tcurs iinntes et qu'une autre nobk'ss~ la nobtesse
d'opinion, eut pris la ptacc de la prcnnerc, eUe ne fut
plus, que nous sachions, raiiiee eu baïe des Romains. Mais
quoi est le sort de la notre? Depuis qu'oHe existe ctqu'd
existe des monuments de la façon de penser des siècles,J
elle a toujours été un objet de crainte, de haine et de
n~oxipns amercs de la part des autres fasses. Les mo-
narques mêmes ont
cherche a dégrader et a anaibhr ce
qui était pourtant leur unique appui, et ce qui om'ait a nos
naturcHe vers une hauteur qui ne l'est
yeux une gradation
pius. t)ans notre siècle, enfin, on en est venu a ce puiut
le ~entithomme, qui n'est que cela, ne peu.t parvenu'
que
qu'a force d'humilité a se- faire accepter dans les cercles des
citoyens notantes, des savants, des négociants, des artistes.
M. Rehbcr~, le dig:ne défenseur d'un pareil état de
choses, est d'avis, il est vrai, que lus descendants des
hommes remarquables doivent être honores ~'M'
(( C'est une citosc collée~ laqualité de noble, dit-il (1),
la noblesse de son objet ne parait pas avoir beau-
coup ennobli son tan~'c, que les ancêtres de
i'hommc noble aient fait partie autrefois des citoyens
con-
sidérâmes du pays. H peut arriver qu'i! souille cette
dignité par ses vices, comme il l'honore par sa vertu
mais il ne saurait la détruire, a moins qu'il ne pousse !es
choses si loin, que l'exécuteur des !ois hrisc~<<
son hiason et abohssc son titre. )) Mais (titcs-moi, je vous
prie, cette ~'<y~, si c'en était une, est donc maintenant
détruite? Lorsque t'cxecuteurdes ioisa brise ic biason
de ce personnage (2), i'homrnc clui était son père ne t'est
donc plus, et le père (te cet homme n'est plus le même-
ses ancêtres ont donc cesse d'appartenir aux hommes
considcrabtes du pays, et les choses arrivées ne sont donc
plus arrivées? Cette dame de la cour raisonnait plus jus-
tement que M. H. !orsqu'e!!e disait « Dieu le Père ne
peut pas m'ôtcr ma naissance. ? Ou peut-être notre homme
veut-il dire autre chose que ce qu'il dit ree!temcnt, et
n'a-t-il péché que par défaut de précision? Cela est bien
possible, si l'on en juge par les autres endroits ou il
a
commis cette faute. Il dit plus haut « Un ancien noble,
Voti /?ecA~M~en.
Es klcbt.
(1) Page 6/t.
(2) Singulier ex<!ct)tcur des lois, que celui qui briM des blason d<'
sa propre main.
dont les ancêtres ont appartenu, depuis des centaines
d'années, aux premiers du pays, est revêtu d'une dignité
fort respectable, même quand sa personne ne l'est pas. i>
« Aucun monarque
du monde (de la terre, sans doute?),
dit-il plus l'as, ne peut épater il un ancien nobtc celui
qu'il anoblit; il ne saurait commander aux hommes
d'honorer celui qui s'est eteve lui-même a l'état de cet
autre, en qui ils honorent toute une ancienne race. )) H
semble donc parler de ta dignité que donne l'opinion pu-
blique. H n'y a pas, d'après son propre aveu, d'ordre (pu
puisse communiquer cette dignité, mais une sentence
peut l'entcvcr; on ne saurait nous commander d'honorer
quelqu'un, mais on peut nous défendre de cesser de l'ho-
norer. Voita, certes, une profonde philosophie!–Tra-
duisons-le cependant aussi bien que nous le pourrons.
Cette dignité ne doit mmement, ce semble, dériver de la
libre opinion, elle doit être légale la loi seule, et non
une décision arbitraire du monarque, peut lui donner ce
caractère; elle doit en général se fonder sur la constitu-
tion nécessaire de la société civite. « Celle-ci ne se
ces
spécialement honores, et en particulier que la naissance
rangs; mais la solution de cette question
n'appartient pas au présent ouvrage, qui traite simple-
ment dn droit, et non de l'utilité; uu bien il s'agit ici
d'une question d'équité, et l'on demande si, les mérites
dc~ grands hommes ne donnant a)eurs descendants aucun
droit notre estime, il n'est pas au moins conforme a
l'équité que nous leur facilitions~ autant qu'il est en nous,
les moyens d'être honores. Or cette question rentre cer-
tainement dans notre plan, et nous conduit en gênerai a
rechercher ce qui résume (!e ht noblesse d'opinion par
rapport a notre conduite envers les nobtes.
« .!c suis noide, a cela veut, dire souvent mes ancê-
tres ont vécu, pendant un grand nombre de générations,
dans une certaine aisance; moi-même j'y ai été
accou-
tume des mon enfance, et j'ai acquis par !a une sorte de
droit a vivre plus commodément que vous autres, qui
n'y êtes point accoutumes. –J'ai dit: souvent, et non pas
toujours; car i! y a des provinces, que je ne puis nommer
ici, où iesnobh's ont commencé bien din'éremment, et. ou
leur jeunesse s'est passée au milieu des p!us vi!cs occu-
pations, dans i'ordure et ia misère. Ou Lien–ces
paroles je suis noble, veulent dire= mes ancêtres ont
vécu dans une certaine considération parmi mes conci-
toyens j'ai étc honore a cause d'eux dans mon enfance
et dans ma jeunesse; je suis accoutume il être honoré, et
.je veux maintenant me rendre honorable par moi-même;
mais ce n'est pas non plus ce qu'elles signifient dans les
provinces ouics pères cu!tivent dans l'obscurité une petite
terre de leurs propres mains.–Si elles ont quelque part
ces deux sens, qu'en conclure? Que nous devrions hono-
rer un homme pour la considération et l'aisance dont a
joui son père, et t'entretenir a nos frais dans cette aisance?
Non sans doute. Tout ce que t'en peut dire, c'est qu'il est
plus vivement excite que nous autres a conquérir Faisance
et l'illustration dont il est accoutumé de jouir, et qu'it
doit employer toutes'ses forces pours'é!evcr au-dessus de
ses concitoyens. Sa naissance pourrait donc être tout au
plus une lettre de franchise pour son ambition soutenue
par ses talents et ses forces propres. Mais, je le demande,
a qui ces talents et ces forces supérieures qui tiennent a
la personne, ne donneraient-ils pas cette lettre de fran-
chise, même sans la naissant? Qu'il se serve, aussi bien
qu'il le pourra, de l'opinion publique, afin d'entretenir
par ce moyen une supériorité que ne lui donne pas sa
force pt'rsonncttc, nous chercherons a bon droit a rabais-
ser cette supériorité: nous sommes en guerre ouverte, et
chacun se sert de ses armes; le vaincu doit savoir sup-
porter son échec. Quand deux hommes doues de ta-
lents e~aux et d'une égale force, mais dont l'un appartient
a une famille illustre, tandis que l'autre est d'une nais-
sance obscure, quand ces deux hommes se disputent la
même dignité dans l'état, !c premier peut-il exiger que le
second lui cède la place? A-t-il le droit de lui dire tu as
moins besoin d'une place élevée que moi qui ai a lutter
contre la gloire de mes aïeux pour toi une place inté-
rieure est bien sunisante? Si c(" dernier lui répond re-
pose-toi sur les lauriers de tes ancêtres; le respect du
peuple no te manquera pas; moi, on ne m'honore que
pour moi-mcme j'ai a racheter
l'obscurité de toute ma
race, il faut que je travaille pour tous mes aïeux qui n'ont
rien fait; lui donnerons-nous moins raison qu'au pre-
mier? Pour moi, je pense qu'aucun des deux n'a raison.
Que chacun fasse ce qu'il pourra; le hasard ou la supé-
riorité décidera (le la victoire.
« Je suis
noble, » cela peut encore signiiicr mes
parents ont vécu au milieu d'une publicité qui les
en
t.
<
d'attendre de mo! une cumtuite honorable et
sans tache
que (les gens dont on ne sait pas dans quc!s principes ils
ont été élevés. C'est ainsi que nous arriverions
ce
qu'on nomme le ~o~ de !a noblesse.
Cette espèce de sentimentdc l'honncur.que !a noblesse
regarde comme son patrimoine exclusif, est
un reste de
temps et de m~urs qui ne sont ptus les nôtres elle
a pu
produire autrefois de grandes choses; mais quelque utilité
qu'elle ait pu avoir dans!e passe, elle n'en plus
a aucune
aujourd'hui; elle est dans notre monde une ctran~rc, qui
lie sait pas se tenir a sa place et la garder. Tous les
peuples nouveaux qui ont port6 dans leurs premiers
es-
sais de constitution politique Ïcur vocation
pour Fêtât de
nature, ont placé toute la vertu dans le courage et la
force. Il en fut ainsi chez les anciens Grecs, il
en fut ainsi
chez les peuplades germaines; et il
en sera encore ainsi
lorsqu'un jour les sauvages du nord de l'Amérique for-
meront des Etats. Les sentiments opères par cette vocation
étaient d'aiUcurs rcenemcnt suuïsants dans
ces simples
organisations politiques. Mépris du mensonge, de la
ruse
et de la bassesse modération a l'égard de
ceux qui sont
sans défense, générosité envers les faibles, tels étaient ces
sentiments. Ëieve, devenu homme et vieilli
au milieu des
dangers dont il avait toujours triomphé, le
cœur du
guerrier barbare était inébranlable, et il dédaignait toutes
les voies tortueuses, parce qu'i! ctait sur cle parvenir
a
son but, malgré tous les périls, en suivant la ligne droite.
/<<~<'r<
ce privilège lui rapporte quelque avantage considéral)l<
comme il est d'ailleurs aisé de le montrer clairement.
Nous laissons cle côte, comme de juste, le cas oit un fils
ne veut pas aliéner le bien qu'il a hérita de ses pères;
peut-être veut-il le conserver comme fils, comme pro-
priétaire habituel, et non comme gentilhomme chacun
a le droit de conserver sa propriété comme il l'entend.
Mais un bien noble est mis en vente; la jouissance de ce
bien est sans doute mise en ligne de compte celui qui
pourra le payer le possédera. Pourquoi le gentilhomme,
qui peut le payer, aura-t-il seul le droit de l'acheter, et
pourquoi le bourgeois, qui est aussi en état de le payer,
n'aura-t-il pas également le même droit? « Le bien
noble est la manière la plus sûre et la plus avantageuse de
placer son argent, et cet avantage doit être exclusivement
réserve à la noblesse, afin qu'elle puisse soutenir son
éclat. –-Vraiment?Ainsi le même thaler rapportera plus
entre les mains d'un gentilhomme qu'entre celles d'un
bourgeois? Il aura plus de valeur dans les mains du pre-
mier que dans celles du second? Mille thalers, possèdes
par un gentilhomme, sont l'équivalent d'un certain quar-
tier de terre; mais ces mêmes mille thalers n'en sont plus
l'équivalent, quand c'est un bourgeois qui les possède?
Je ne veux pas rechercher ici ce que devient le besoin
d'acquérir la ou il est interdit précisément aux classes
du peuple qui offrent le plus d'acquéreurs de placer leur
argent avec sûreté, et c'est là évidemment le cas dans
les États où tous les biens francs sont des biens nobles
que la noblesse seule peut posséder. Je ne rechercherai
pas non plus ce que deviennent le partage des richesses
~f<~U<<'r.
et la sûreté de la propriété dans les familles oit le citoyen
est obligé cle hasarder son capital dans un commerce tou-
jours incertain, ou de le prêter d'une manière tout aussi
incertaine et à des intérêts exorbitants; mais je
ne puis
m'empêcher d'admirer la profonde politique de nos temps
modernes, auxquels était réservé le secret d'ajouter
au
si~ne universel de la valeur des choses
une valeur parti-
culière tirée de la personne du possesseur, et de faire
qu'une somme augmente ou diminue suivantqu'eile
passe
d'une main dans une autre. Cette critique ne sounre
d'exception que dans les pays qui ont des caisses provin-
ciales où ta noblesse trouve seule il emprunter, souvent a
un très faible intérêt, sur les terres nobles qu'elle achète.
L'achat des terres lui est ainsi rendu singulièrement fa-
cile, et elle ne peut manquer de devenir bientôt l'unique
propriétaire du pays. Mais c'est ta noblesse qui institué
a
ces caisses de crédit. L'argent estàetto; il doit lui être
loisible, comme à tout propriétaire, de prêter propriété
sa
à qui elle veut et aux conditions qu'elle veut, et
personne
n'a rien a lui dire A ce sujet. L'esprit de caste et un
gros-
sier égoïamo dominent sans doute dans ces mesures; mais
on ne peut pas dire qu'elles soient précisément injustes.
Au moins dans ces Ëtats les bourgeois restent libres
d'acheter des biens nobles, iarsqu~vec leur argent
comp-
ils
tant peuvent contre-balancer le crédit de noblesse.
Il est toujours injuste d'interdire absolument cette espèce
d'achat.
Mais la possession des biens nobles entraîne d'autres
priviléges, dont la noblesse est très jalouse et qu'elle
ne
laisserait pas volontiers tomber entre les mains des bour-
geois.– Recherchons donc sans détour quels sont
ces
privilèges mêmes, afin de voir de quel droit le
possesseur
(le ces biens, qu'il suit noble on uott, y peut préleudn'
Noustrouvonsd'al)orddcsdroitssur/ducultivateur:
tes corvées déternunées ou indéterminée les droâs de
etd'autn'ssetnbtables.~ous n'en
passade et de pâturage,
rccl~rciteronspas l'origine /<
q~aud même nous dé-
couvririons (pl'eMe estillé~time,on n'en pourrait encore
rien conclure, puisqu'il seraiL sans doute nupo~ib~ cle
retrouver les \'ra~ descenttantsdcs p!'<!tnici's u~prc~urs
et ceux des premiers opprim~c~
d'indiqticr cc~dertuers
t'itummc au<;nci ils devrait s'en prttndrc. Il t:~ ~i~
d)j monH'(M' ro~cyM/deccsdrot~. Lc~ ch:nnp~
sont qu'en par~G ou ne sont pas du tutu ta pro-
ou ne
pne~ du cuttivateur; et cetui-ci t~ye k's iut~'o~, ~~d~
caphai du seigneur, capital qui rcp~e sur champ
.onunc MM~c
('n ~<yf/~ cow/)~
mais eu ~c-~ et en
qu'it abandonne au seigneur sur te t~'rain qu'il pusscd~
~t'
(1), soit du bien tout entier, uuu pus
/!cc/t~t<~prt<n~.
Uou de dire qu'on
(i) Cononc tout le uio~dc ne sait pas cela, il est
appetic ~uc~ <~ ~r (~r .S'u~) capital qui repose ~ur u«e
propri~hc, t~s suus
terre et dont nn certaiu M~t doit être puyë au
<~te le capital puisse jamais
être remboursa
propt'iL'taire a payé pour un cajtital (jui repose
<-<; paysan
sur son bien, et qu'il a le droit (t'exiger !e payement des
intérêts. Il n'y a donc rien a dire <~ soi contre la légiti-
mité de cette prétention, et œ l'ut certainement
un grave
attentat contre te droit (te propriété que la conduite de
ces paysans d'un certain Ëtat, qui, il y a quelques années,
voulurent se soustraire a ces services par la violence et
sans le moindre dédommagement. Cet attentat ne ve-
nait d'ailleurs que de leur ignorance et de celle d'une
partie de la noblesse à l'endroit de la légitimité de
ses
propres prétentions;~ on y aurait remédié d'unemaniére
beaucoup plus convenable et plus philanthropique,
au
moyen d'une solidectclaire instruction,
que par de ridicules
citoyens e/
choisisse uniquement dans son sein, vouloir fournir les
c'est là sa prétention immédiate;
vouloir choisir elle-même, vouloir fournir aussi les
citoyens électeurs, c'est une conséquence qui résulte
directement de cette prétention, dès qu'elle est satisfaite.
Qui donc nomme aux plus hauts emplois de l'État? Qui
donc pourvoit aux postes vacants? Les princes qui con-
naissent leurs ~ens par eux-mêmes sont rares. Il leur
serait impossible, mcsseant et même préjudiciable de
pénétrer dans le détail des diverses branches de l'admi-
nistration de l'Etat, de connaître exactement et d'observer
les membres intérieurs des corps publics. 11 l'aut qu'ils en
abandonnent le choix. aux membres supérieurs, lesquels
sont capables déjuger de l'aptitude de leurs subordon-
nes. ~i ces membres supérieurs sont nobles, et s'ils
sont animes de l'esprit de caste propre a leur ran~ il~
écarteront de toutes les positions, ils </<~< en écar-
ter, d'après leurs principes, quiconque n'est que bour-
geois, tant qu'il y a nn noble qui les désire. La noblesse
est, a cet e~ard, son propreju~c; et, a mesure qu'au~-
tn''nte le nombre des nobles qui ont besoin des revenus
des l'onctions publiques, le cercle des nobles positions
s'élargit au ~rc de la noblesse. C'est ainsi, par exemple,
que dans quelques Etats la noblesse s'est depuis peu em-
parée des places de maîtres de poste et des plus hautes
positions de i'E~lise protestante, lesquelles jusqu'alors
avaient été laissées à la bourgeoisie. Quelle est dune ici
la limite de la noblesse? Elle n'en a pas d'autre que celle
de ses besoins. Et quelle est sa loi? Uniquement son bon
plaisir. ~'il y a encore des places données a de simples
bom'~jois, ils ne le doivent qu'~ ce bun plaisir. Plus lu-
cratives et plus honorables~ elles n'arriveraient pasjus-
qu'& eux. –Je n'avance ici rien de nouveau, rien qui
ne
soit prouve par l'expérience de chaque jour. Y a-t-il une
place de conseiller vacante dans le département du gou-
vernement,de la justice ou des finances ncul'fois sur dix
au moins c'est un noble qui l'obtient. Et comment se
ferait-il donc que dans le nombre trois ou quatre l'ois plus
considérable des bour~ois ~p~i ont travaille ta moitit'' de
leur vie dans ces fonctions en qualité du secrétaires, il
lut si rare d'en trouvât' un capable de les occuper, tandis
qu'un en trouverait si aisément dans le nombre l)caucoup
plus peut. des nobles secrétaires qui n'y <mt travaille tnm
peu lie temps? l~st-ce que tes places ne seraient pas don-
nées d'après ta mesure de la capacité ? Aussi bien des
nobles conséquents ne mettent-ilspas cette re~le en avant
ils soutiennent qu'eues ~uc/~ ctt'e données d'uprus ia
naissance, et c'est justement ce qui nous sépare je sou-
tiens que toute ibnction dans l'Etat doit être donnée
d'après la supériorité du mérite< Ne me dites pas que
le bout'ois, arrive aux phts hauts eruptois pubncs, se
laissera dominer il son tour par l'esprit de caste, et uu'it
cherchera il élever des bourgeois l'exclusion des nobles
plus dignes, par cela seul que ce sont d'~s bourgeois. Je
ne sais pas s'il ne le icrapas; je n'en voudrais pas ré-
pondre. Mais d'où vient donc cette séparation entre les
deux classes et cette partialité des deux côtes, sinon de
vos prétentions antérieures, que je poursuis précisément
ici? S'il n'y avait jamais eu ni nobles ni bourgeois, si les
uns et les autres n'avaient jamais été que des citoyens, ni
le noble ni le bourgeois ne pourrait pretercr son égal,
puisque ~s seraient ses égaux.
Il y a là une injustice directe envers l'Ëtat. Je veux
montrer, sans y insister, une autre injustice indirecte,
qui resuite de cet état de choses.– Celui qtti s'applique
à une branche des anaircs publiques, recevant un salaire
souvent miserabtc et qui est le même pour lo fonction-
naire actii et pour celui qui ne l'est pas, est trop peu sti-
mule a consacrer toutes ses forces a son emploi. Il faut
mettre en avant un mobile plus puissant; il faut que
chacun voie briller devant lui, au-dessus de la place qu'il
a ohtenue, une position plus élevée, qui sera le prix des
services qu'il aura rendus dans celle qu'il occupe mainte-
nant. Mais, quand te bourgeois s'est élevé aussi haut. que
la constitution lui permet de monter, truelle position plus
élevée voit-il devant lui? S'il n'est pas stimulé par de p!us
puissants mobiles. par la vertu désintéressée et l'amour de
la patrie, mobiles auxquels un bourgeois n'est pas plus
sensible qu'un noble, l'Etat perdra, outre le surplus des
forces de la noblesse, laquelle est en tous cas assurée de
son avancement par sa naissance même, cette somme
de forces que notre bourgeois pourra bien se dispenser
d'appliquer a ses fonctions actuelles.
Cela n'est nulle part aussi évident que dans le service
militaire. S'il y a quelque part une noblesse capable
de montrer dans sa famille, comme un bien héréditaire,
les sentiments rudes peut-être, mais puissants, de l'an-
cienne chevalerie–qu'elleait exclusivement droit, dans
les Etats militaires, aux places d'oniciers Que si la vie de
cour, une connaissance superficielle des sciences et. peut-
être même le commerce ont enlevé a l'esprit cle la noblesse
son ancienne puissance et lui ont donné une souplesse
qui la place sur le même rang que la bourgeoisie,–qu'elle
conserve cette fonction sublime, mais qui exige peu de
rénexion.de manœuvrer, à droite ou à gauche, de se faire
présenter les armes, ou, quand il s'agit de choses plus sé-
rieuses, de tuer ou de se faire tuer. Peut-être le bourgeois
lui cédera-t-il volontiers et sans envie ce privilège en
échange de fonctions plus importantes auxquelles il s'est
préparé par une plus forte culture. Mais admettre le bour-
geois a la profession des armes et lui interdire toute
es-
pérance de s'élever aux grades supérieurs, comme ceta
États, c'est, dans la constitution
a lieu dans plusieurs
toute particulière de cette profession, quelque chose de
souverainement absurde. Était-il possible a l'esprit te plus
inventif d'imaginer un t~lus profond abaissement de la
bourgeoisie, que de lui persuader qu'on l'égalait a la
noblesse dans ce que celle-ci croit avoir de plus saint,
tandis qu'on ne la plaçait acôt<~ d'elle que pour lui donner
le perpétuel spectacle de sa propre bassesse? que d'obli-
subordination s'étend a
ger, dans une profession où la
tout, le capitaine bourgeois commander a un enseigne
ou a un ncutenant noble et a répondre de sa conduite,-
alors que tous deux savent trcs bien que, quelques années
plus tard, le noble sera le supérieur ou le général du
capitaine bourgeois? Dans un état qui exige des sacrifices
l'honneur seul peut payer, conuncnt le bourgeois qui
que
est arrive au but le plus élevé se
sentira-t-il encore encou-
rage il renouveler ces sacrifices ?
Mais il faut aider la noblesse, repctc-t-on; et c'est pour-
quoi nous la trouvons dans les places qu'elle occupe ex-
clusivement et dont la possession suppose une preuve de
noblesse. Deux mots encore, avant de finir.sur la question
de savoir pourquoi et jusqu'à quel point il faut lui
venir en aide 1 -Après avoir montr6quc, si l'on doit lui
venir en aide, ce n'est pas en lui attribuant la possession
exclusive des places qui exigent des talents supérieurs,
cherchons maintenant ce qui reste encore pour l'aider.
Nous rencontrons d'abord Ics~ce~e c/M/~6', dont un
nombre détermine' ne peut être occupé que par la no-
blesse. Je ne parle ici que des fondations protestantes.
Quant aux fondations catholiques, dont les membres sont
de véritables ecclésiastiques, j'en dirai ce qui est neces.
saire dans le chapitre suivant.- On np saurait dire pre-
19
cisément qu'il y ait besoin de talents particuliers po
occuper eu ~enre de jdaces; ce n'est, dune pas par cette
raison que l'un peut conteste!' A la noblesse tu droit de les
posséder exclusivement, comme op peut. le taire pour l~s
hautes foncions de l'Etat. Mais pent-ctreyen a-t-il d'autres.
Quand on remon~ a l'origine de fondation de pt't~
que tous les ~raud~ ~tapitr~, '4 'nêu)p c)c ~us, dat~
rAHeînagnc pru<.es~tt.e,–on tronv~ quu (eur unique hu~
jetait ~entretien des hounnes charnus dp rinstructjou et
de la cuiture du peup~–etcn c~ia un avait jcvidemmunt
en vue le bien de
f~taL ~ous n'ayons point ici cher-
cher de qui. venaient tes bien~ qui ~ryircnt a ces funda-
tions. La plupart étaient )e i~t du conquérant qui avait
tait vioiencc au droit de propriété; ou hien~ dans~'un
temps ou il n'y avait pas enopre d'Etat nxe et de droit
d'hérédité déterminé, ils n'avaient pas eu de propnetairc.
Il sutïit qu'Hs ne tassent point partie des biens de la no-
biesse, qui at.ors ne formait pas encore une classe parti-
cuhére dansFi~tat, a moins que toute spoliation ne lui
appartienne de droit –et qu'il (l'y ait pas a craindre de
les voir réclamer par les anciens et légitimes propriétaire~
Du par leurs descendants, qui ne pouvaient pas hériter
avant l'étabhssement du droit d'hérédité: –ils ont été
donnés pour le bien de l'état à l'Etat lui-même, et par
jconséquent ils sont devenus légitime propriété, c'est-
A-dire celle des citoyens réunis.–De profondes ténèbres
se répandirent sur les nations, et l'i~Iise, qui est tout
autre chose que l'État, et qui, parce qu'eHerépandajf par-
tout les ténèbres, se croyait l'institutrice d" peuple s'cm''
para de cette propriét.é. ~a déformation, qut dé~ru~it
l'Mc, dans le vrai sens de ce mot, dont nous e~p)j-
querons plus tard la si~nincatton,– la rendit l'état, ~Qn
premier et légitime propriétaire. Sans doute l'État avait
le droit de disposer de sa propriété. Soit qu'il pût
désormais s'en passer pour atteindre son but originaire,
il voulut
ou qu'il eut des fins plus prochaines auxquelles
rappliquer, il était sans doute lu maître d'en. disposer à
est-elle
son gré. Mais comment donc une seule caste en
venue & posséder exclusivement ce qui était la légitime
propriété des citoyens réunis? Les citoyens exclus ont-ils
été consultés sur les dispositions A prendre à cet égard?
Ont-ils volontairement cédé leur part a cette caste? N'ont-
ils eu de plus grand souci que d'enrichir cette caste?
Nullement. Mais la noblesse s'est conduite comme si elle
était seule tout l'État, comme si en dehors d'elle il n'y
av'nt plus.personne. 0~ conduite soit injuste et
inadmissible, et que les citoyens exclus aient le droit in-
contestable d'exiger que l'on remette le tout a la délibé-
ration commune, c'est un point sur lequel il ne peut plus
v avoir le moindre
doute après tout ce qui a été dit jus-
qu'ici dans cet écrit.
i~ –je vous prie, ces biens sont-ils donc tellement inu-
tiles a l'État tout entier, se trouve-t-il donc dans un si
grand embarras sur l'usage en taire, que, pour s'en déli-
vrer, il soit obligé de les laisser A cette caste comme un vain
ornement? L'État n'a-t-il donc pas de besoin plus pressant
noblesse? Est-il
que de faire dire de lui qu'il a une riche
vrai même qu'il n'en ait plus besoin pour atteindre son
but originaire? Tant qu'il y a des instituteursqui, pour prix
de l'enseignement direct qu'ils donnent au peuple, lan~
guissent dans la plus accablante misère; tant qu'il va
dessavantsquisont misérablement récompensés, ou même
les services qu'ils ont rendus
ne le sont pas du tout, pour
moyen à l'instruction du peuple
aux sciences et par ce
tant que des entreprises importantes pour le développe-
ment des connaissances humaines demeurent suspendues,
faute d'appui; comment la noblesse peut-elle être assex
éhontée peur vouloir appliquer ces Liens au maintien d<'
son rang? Telle est la vraie destination des revenus des
grands chapitres d'abord le paiement convenable des
instituteurs du peuple; puis, s'il reste quoique chose, les
récompenses accordées aux savants et les secours donnés
aux sciences. Il y a encore lieu, ce semble, de les employer
de cette façon.
./<&~MU~~
esprit jouisse cle la béatitude éternelle. Tel est aussi le
sens originaire (les corrections corporelles comme on
le voit clairement par les formalités avec lesquelles on les
pratique. Ce fut par un besoin (te vengeance poussa :'<
l'excès qu'on se servit de ces corrections comme de /~c~,
qu'on changea l'esprit de ces dispositions et qu'on travailla
contre son propre but.Transformez ces expiations en peines,
c'est-à-dire imposez-les,coy~'c M ~o/o/ a celui qui ne
être sauvé, voi!a mon but mmt; toutes les Élises assurent
que cela n'est pas possibie par ma propre raison et mes
propres forces, mais seulement par ma foi en ettes iU'aut
donc, d'après cette assurance, que je croie en elles, si je
veux être sauve. Les trois Irises s'accordent a enseigner
que l'on peut être sauvé dnns t'Égnso romaine; si, pour
être sauvé, j'entre dans rieuse romaine, je crois donc à
toutes trois je serai donc sauvé, d'après l'assurance de
toutes trois. L'Égusc romaine enseigne que l'on ne peut
pas être sauve dans les deux autres; si donc je fais partie
de Fune de ces deux taises et que je croie pourtant être
sauve, iL y a une Ëgtisc hquetie je ne crois pas; je ne
serai donc pas sauve, d'après !'assurancc de cette Église.
Suivant la doctrine unanime de toutes les Églises, !a
foi ne se fonde pas sur des raisonnements, mais sur l'au-
torite. Desquels diverses autorités ne peuvent ctre~
-ce qui ne serait possible qu'au moyen d'arguments
dont t'usa~e est interdit, il ne reste plus qu'a co~~r
/<9.s'. Si je fais partie de PË~iise romaine, je serai
sauve par tous les suura~es; si je fais partie d'une antre,
je ne serai sauvé que par deux suffrages, et damne par un.
D'après la doctrine (le toutes les Églises, je dois choisir la
plus grande autorittt je dois donc, d'après la doctrine de
toutes les Églises, entrer dans l'Église romaine, si je veux
être sauve.–J'ai de la peine-à croire qu'une conséquence
aussi simple ait pu échapper aux docteurs protestants,
qui ont des principes ecctésiastiqucs. Je crois plutôt que
tous damnent, an fond de leur cœur, quiconque ne pense
pas comme eux, mais qu'ilsn'«seutpas le déehn'er tout haut.
Us sont alors conséquents, et méritent d'être loués a cet
é~ard.–L'Église reformée n'a pas do fonction judiciaire;
l'élise luthérienne n'en a que l'apparence. Le prêtre lu.
thérien me pardonne mes pèches, à la condition que Dieu
mo les pardonnera aussi; il distribue la vie et. le salut, a
la condition que Dieu les distribuera aussi. Que fait.il
donc la d'étonnant, je vous prie? Que dit'il donc là que
chacun ne puisse dire et que je ne puisse me dire a moi-
même aussi bien que lui? Je voulais savoir d'une manière
certaine Dien m'a pardonné mes péchés; il me dit qu'il
veut bien me les pardonner, Dieu me les pardonne
aussi. Qu'ai-jc. besoin de son pardon; c'est celui deD~/
que je voulais. Si j'étais assure de co dernier, je n'aurais
pas besoin du sien; je commencerais par me pardonner
moi-même. Il faut qu'il pardonne M~co~ ou qu'il
ne se mêle pas de pardonner. Le prêtre luthérien ne
ne se donne donc que l'apparence du pouvoir de distri-
buer des grâces il ne l'a pas en realite il ne peut. pas
même infliger des peines en apparence. Il ne saurait rien
laire de plus à l'égard des péchés que de les pardonner.
Quant à en réserver la rémission, il ne le peut que devant
l'assemblée entière des fidèles et tout à fait en l'air. Il ne
peut que promettre le ciel; il ne saurait menacer personne
de l'enfer. Il doit toujours avoir sur les lèvres un sourire
de bénédiction a ~'M~ ~'r ~z~ le ~pe/~M' il c~'c~c.
L'Église a nn ~wo~' M~c~ mais non dans cette
vie; ses sentences ne recevront leur exécution qu~ dans
la vie future. Que l'exécution doive s'accorder exactement
avec le jugement, qu'il ne doive arriver rien de plus ni
de moins que ce que l'Élise a établi et ordonné, cela ré-
suite déjà de ce qui précède ce que l'Église aura lié sur
la terre dans cette vie sera lié de la même manière
dans le ciel dans l'autre monde, et ce que l'Église
a délie ici doit aussi être délie la-haut (~). Que les exécu-
teurs de ces jugements ne puissent être que des membres
de la seule Église capable de sauver les âmes, et que ceux-
ci en soient les exécuteurs à titre de membres de cette
Église, c'est ce qui résulte également de ce qui précède;
et cela est d'ailleurs notoire Jésus, le chef de l'Église,
ses premiers disciples, les douze apôtres, siégeant sur
douze siéges, tous les saints qui avec le superflu de leurs
mérites ont fourni leur contingent au trésor des grâces
que l'Église administre, feront, suivant la doctrine de
l'Église, exécuter là-haut ses jugements. Une Église
conséquente ne peut avoir dans ce monde de pouvoir exé-
cutif, parce que, comme nous l'avons montré plus haut,
c'est aller contre son but final que d'attacher a ses cen-
sures <les conséquences physiques. Si elle permet des
expiations qui doivent être appliquées aux pénitents par
certains serviteurs qu'elle institue elle-même, ceux-ci,
dans ces exécutions, n'agissent pas au nom de l'Église,
mais au nom de l'incrédule pénitent, qui a dû se résoudre
volontairement à l'expiation et charger les serviteurs insti-
tués de la lui appliquer.
(1) L'usage des mots et leur enchaînement prouvent, pour wot du
moins, que l'explication catholique de ces paroles et des précédentes
(sauf l'application au pape, comme successeur de Pierre) est la seule
exacte, et qu'on n'en peut donner d'autre sans faire violence à i'un et
l'autre. Ce passage mériterait bien d'être revu de notre temps par un
commentateur savant, mais impartial. S'it fallait encore t'entendre
ainsi, si l'on devait toujours y voir réellement cette primatie tant
redoutée et l'infaillibilité de Pierre,- que n'en t'ëautterait-i! pastootre
les vrais pTO<M(<M~
Tel est le système nécessaire de l'Ëglisc visible, la-
quelle, comme il résulte de tout ce qui a été dit, doit être
de sa nature unique et universelle. Si l'on parie de plu-
sieurs Églises, il est sur ou que toutes ensemble, ou que
toutes, a l'exception d'une seule, agissent d'une manière
inconséquente. Nous avons maintenant à rechercher le
rapport de cette Église avec l'homme au point de vue de
la loi naturelle et de la loi civile; son rapport avec les
hommes comme tels, et avec les hommes comme citoyens.
Si ceux-ci vivent eux-mêmes séparés ou s'ils se sont unis
pour former un État, l'Ëgtisc, considérée comme so-
ciété à part, est, à l'égard des autres hommes, et ceux-ci
sont à son égard soumis au tribunal du droit naturel; a
l'égard de ses propres membres, elle est soumise a la loi
du contrat, laquelle est elle-même une loi de droit naturel.
Tout homme est libre par nature, et personne n'a le
droit de lui imposer de loi que lui-même. L'Eglise n'a
donc pas le droit d'imposer A quelqu'un par la contrainte
physique sa règle de foi, ou de le soumettre a son joug
par la force. Je dis par la contrainte physique, car le droit
naturel ne gouverne que le monde des phénomènes.
Contre l'oppression morale, l'onensé ne saurait lutter
qu'avec des armes de même nature,–si cette oppression
pouvait être exercée autrement que dans le monde des
phénomènes. autrement qu'avec le consentement de
l'autre partie. Tu crains mes moyens de persua-
sion, mes instances, mes subtilités; tu redoutes la pein-
ture des affreux tourments de l'autre monde, dont je
te menace est-ce que je puis te faire entrer tout cela
dans l'esprit autrement qu'en exprimant ma pensée par
des signes? Eh bien! ne m'écoute pas, ferme-moi tes
oreilles, chasse-moi de ton seuil, et défends-moi d'y ja-
mais revenir. Que si je m'adresse a toi par des écrits, ne
les lis pas. Tu es ici tout A t'ait dans ton droit. Mais des
qu'une fois tu t'es engagé volontairement avec moi sur le
terrain moral, tu m'as abandonné ton droit d'opposition;
il faut t'en remettre maintenant à la fortune (le la guerre.
Si tu avais pu me persuader, je me serais soumis a toi
puisque c'est moi qui t'ai persuadé, c'est toi qui m'es
soumis. Telles étaient nos conventions; tu ne saurais t'en
prendre a moi. Lorsque l'Église croit pouvoir en as-
sumer la responsabilité devant sa propre conscience, elle
est libre de damner et de charger des plus dures rnaté-
d!ctions quiconque ne veut pas se soumettre a ses lois; tant
que ces sentences de damnation restent dans la sphère du
monde invisible, à laquelle eMes appartiennent, qui pour-
rait s'y opposer? Elle maudit de cœur, comme un joueur
malheureux, et c'est une satisfaction que l'on peut accorder
à chacun. Mais, des que ses malédictions ont pour effet
dans le monde visihle quelque atteinte portée aux droits
d'un autre, alors celui-ci a le droit de traiter l'Église en
ennemie et de la contraindre a reparer le dommage.
Tout homme redevient libre, dés qu'il veut être libre,
et il a toujours le droit de s'a~ïranchir des obligations qu'i!
s'était imposées a Iui-m6me. Chacun peut donc refuser
obéissance a l'Église des qu'il le veut, et l'Église n'a pas
plus le droit de le contraindre par des moyens physiques
à rester dans son sein qu'elle n'avait celui de le forcer par
des moyens de ce genre A y chercher un refuge. Le pacte
est rompu je rends intact a l'Église son céleste trésor,
auquel je n'ai pas encore touché, et je lui laisse la liberté
de (aire tomber sur moi dans l'autre monde toutes les
foudres de sa colère; a son tour, elle me rend ma liberté
de croyance. Toutes les peines physiques qoc i'ËgHse m-
flige aun homme contre sa volonté ne sont donc pas seu-
lement contraires aux principes mêmes de i'Ë~lisc ils
le sont aussi aux droits de l'homme. S'il n'accepte pas
volontairement l'expiation qu'on lui propose pour échap-
per a la damnation éternelle, c'est qu'il ne croit pas à
l'Église, car il est impossible d'admettre qu'il ait pris
de propos délibéré pour but tinal la damnation éternelle
il n'est donc plus membre de l'Église, et elle ne peut
plus mettre la main sur lui. Que si elle le fait, elle se
conduit en ennemie a son égard. l'ous les incrédules que
ia sainte inquisition a condamnés pour leur incrédulité
persévérante ont été assassinés, et la sainte Église apos-
tolique s'est baignée dans des torrents de sang humain
injustementverses. Quiconque a été, pour son incrédulité,
poursuivi, chassé, dépouillé de sa propriété et. de ses
droits civils par les communions protestantes, l'a été
injustement. Les larmes des veuves et des «rphclins, les
Soupirs de la vertu opprimée, les malédictions de l'huma-
nité pèsent sur leurs livres symboliques.
Si un homme peut sortir de l'Église, plusieurs le peuvent.
Si les membres de la première Église ont pu s'unir par un
contrat et constituer une Église, ceux-ci peuvent aussi
s'unira leur tour et ibrmer une Église particulière. La pre-
mière Église n'a pas le droit de l'empêcher par des moyens
physiques. !1 se forme ainsi plusieurs États spirituels à
côté les uns des autres~ qui ne doivent point se faire la
guerre avec des .armes matérielles, mais avec celles de la
chevalerie, laquelle est toute spirituelle. Ils peuvent s'ex-
communier, se damner, se maudire réciproquement, au-
tant qu'ils le veulent; c'est leur droit deguerrc.–c Mais,
sH y a plusieurs Églises, toutes, a l'exception d'une, se-
ront inconséquentes. ~u'eMcs le soient. Mais si même la
plus conséquente avait tort dans son principe fonda-
mental!? II est permis à chacun de raisonner avec autant
d'inconséquence qu'il le veut le droit naturel ne porte
que sur les actes et non sur la pensée.
Tout membre possède, en vertu du pacte qu'il a fait
avec l'Église, le droit de veiller sur la pureté de la pro-
lession de foi. Chacun s'est lié ai elle pour une certaine
profession de foi déterminée, et non pour une autre.
L'Élise a le droit de veiller sur cette pureté au nom de
tous, et de punir des peines légales quiconque y porte at-
teinte, ou de le chasser de la communauté, s'il ne se
soumet pas H ses lois. C'est qu'il rompt alors le contrat de
société.–Puisquel'Église a le droit d'exclure tout membre
pour cause de fausse croyance, il n'y a pas lieu de demander
si elle n'a pas aussi le droit de remplacer un maître pour
un faux enseignement ou même de l'exclure tout à fait.
Quiconque obéit à l'Église a, en vertu de son contrat,
le droit de réclamer ses indulgences et les bénédictions
déterminées par les lois. L'Église doit tenir ses promesses,
sous peine de s'anéantir elle-même.
L'Église et l'État, envisagés comme deux sociétés dis-
tinctes et séparées, sont soumis dans leurs rapports ré-
ciproques à la loi du droit naturel, de même que des
individus vivant séparés les uns à côtés des autres. Il est
vrai qu'ordinairement les mêmes hommes sont a la fois
membres de l'État et de l'Église, mais cela n'y fait rien
il sumt que nous puissions, comme nous le devons, sépa-
rer par larénexion les deux personnes que forme chacun.
L'Église et l'État sont-ils en lutte, le droit naturel est leur
commun tribunal. Si chacun d'eux connait ses limites et
respecte celles de l'autre, il n'y a pas de lutte possible.
L'Église a son domaine dans le monde invisible, et elle est
exclue du inonde visite. !/Etat commande, suivant la
mesure du contrat civil, dans le monde visible, et il est
exclu du monde invisible.
i/Ëtat ne peuL empiéter sur !c domaine de l'Eglise;
cela est physiquement, impossible il n'a pas les instru-
ments nécessaires pour cela. 11 peut punir ou recompenser
dans ce monde il a a cet enet entre tes mains le pouvoir
executif, et les corps et les biens de ses citoyens sont en
sa puissance, h ne saurait distribuer dans
l'autre monde
les malédictions ou les bénédictions; cela n'est possible
qu'à l'égard de ceux qui croient, et l'Etat, dans le contrat
civil, n'a point exige de croyance, personne ne lui a pro-
mis la sienne, et il n'a rien fait pour se la procurer. En
vertu du contrat civil, il peut bien juger nos actes,
mais non pas nos pensées. S'il semble que l'Etat entre-
l'Etat c'est
prenne quelque chose de parei!, ce n'est plus
l'Eglise qui endosse l'armure de l'Etat, et nous en repar-
lerons bientôt plus longuement.– Des sociétés, petites ou
grandes, dans l'Etat, ou l'Etat lui-même, si l'on veut,
peuvcnM'onder certaines institutions en vue d'instruire les
hommes ou les citoyens sur la morale, ou même sur ce
qui est simplement <e
de foi (par opposition a ce qui
est objet de 5~'e~ce~), ou en général en vue d'éclairer les
esprits. Mais cela ne fait pas encore une Eglise. L'Egtise
est i'ondec sur la ces institutions ont pour principe
la
ue~; l'Église exige la c~
?'cc/c/ l'Ëglisc~~e la vérité, elles la/M~<-
elles cherchent a con-
'~<ïu6<t'<
SH'(~w~t<ff/
3 DttS ~f(f<~<'N.
~/)<orAr/tf~.
6'«6/~ /~))tc/tUtrn.
~<<~ quand eues ie peuvent et y renoncent quamt ettes
ne te peuvent pas: elles ne s'adressent a la conscience de
personne pour savoir s'il est ou non convaincu, mais elles
laissent chacun librea cet e~ard. L'Eglise sauve ou danme,
ces institutions abandonnent a chacun le soin de décider
ce qu'il veut ou peut être l'Église montre te chemin qui
coud ni t'ntaillibiemeutau ciel, eties s'appliquenta conduire
chacun jusqu'au point ou il peut le trouver lui-même. H
n'y a d'Église que ta oit il y a une profession de toi et un
devoir de foi, et ou le salut est infailliblement assure a
ceux (pu l'admettent. La ou il y a une profession (te toi et
Je
ninsi des devoirs civils, et les devoirs civils des pratiques
<!e foi. On crut avoir accompti un
pom' ini <nu' p"nt' moi< ainsi (pm nous l'avons !no!ttr< p!!us
!taut; ihK' peut (h'icndreics prétentions (h~ tpu'h~nc cho~c
qui n'cxistcpasa ses ycnx. Mais mni, jf suisqnct~nc chose
pour tui, d d est tcnn <!<; n~ prot<r <'ont~ <c néant.
Ihn'a attribue ia possession ()'' m'js hicns pat<t'n(~s, a la
condition que .je ne m'approprierais ies hicns d'aucun
autre citoyen mopt. J'ai remph cette condition; it est donc
tenu, aux termes du eoutt'at,de tnc protenord!'ns!apos-
session de ces biens. C'ct:ueut toujours tes biens de
mon perc~ itssont restes ses biens jusqu'à sa n~rt; car
ce centrât'mi est md et non avenu <tevant te tribunat(!u
droit, naturel et devant c<'tm (ht ()roit civit',n'a pûtes
mcr sa
mf;t' 1 l "1"
ntiener. n lui était sans doute'hicn permis d'en taire li-
bretnentt'abandf'n,otj':tur:uspupartuonsitenceconnr-
sit Yotcute (!aus ce f~;IS t'~tat u'aurnit p.'ts ett'' uusen
c~ f'as
renuisitiou. Mais~ présent je ne connrme j~seettr' votonte,
je nTets t'Htaten réquisition..<e puisttien renoncer a mon
t~rl
/< ~c ~<
ci de leurs biens; ils y sont obliges cow~' si
de ils sont au moins res-
ponsables du dommage comme partie du tout, et par
conséquent ils sont ubti~cs de le reparer selon leur part
a chacun.
l'ancien Etat qui croit
Plus il y a de membres quittant
a t'Ë"-tise pour entrer dans un nouveau qui n'y croit pas,
plus la part de ce dernier aux biens de l'I~lise est accrus
par la réunion des prctentions communes et personncues.
Si tous ennn, y compris !es fonctionnaires immédiats dr
t'Mise ou au moins une partie de ceux-ci, se rangentL
du même côte, il ne leur reste rien qu'ils puissent laisser
a l'I~-tise, que leur petite part de la fortune
publique et
ce sur quoi ils ont
personnellement de légitimes préten-
tions. -Ce sur quoi personne ne peut prouver son droit de
propriété reste au possesseur, soit qu'illc tienne pour une
proprietc qui lui est acquise par droit d'appropriation,
soit <pt'H ie ~ar(te comme un iiet' de i't~iise. L'état n'a
point le droit tic le lui prendre; s'it t'ait appct :'t i'oï'cu,
il a~it injustement utdudat'e ia ~uciTc a l'humanité.
Si cciui qui po~S(';dc ainsi un ancien bien ccdesiasti~n',
qu'il se rogardc cunnnc un vrai propriétaire ou qu'ii se
croit' dépendant de t'i'~iisc, n'eut pas entre avec lu nouvct
~tatdans entrât civH, il n'a aucun droit de transmis-
sion héréditaire; et, après samort, i'Ktat peu~'appro-
pricr son bien suivant ic droit du prcnuer occupante et
prendre d'avance avec ses citoyens un an'anpement<'tdes
mesures pour ce cas. Df cette iacon tous ies biens eccie-
siastiques dispanutraient peu u peu et reviendraient r~u-
ucrernent a t'Htat.
~VEKTiSS~MKFST Fi~ÀL.
(t) Je <!uix ta t'htpnrt <)f <'cs )t"tcs ù t'ohu~f~ncc d'- M..).< t-'irhtc.
23
bientôt désigne et uni-
sous te \'oi)e do t'anonyn'e. Mais Fichte fut
versettement roconnu pour l'auteur de eut ouvrage, ainsi que de la
/<fUt'n<hc«hutt<~ la ~r~' df pctt~r, qui avait paru en m~))c t~mps.
Pu'~e 6< note t. Kniggo est un des ccrkains attptoands tM
ptus estimes du siec!epreccden!
!bid., note 2. j)< r~t~on, «~ <<'< /<o~?tc <{(! <(cur<tt<
r~u-
p«a M /tur<?, <<f<~ ~~«s <n!por«tn< d<'sjour~m<~ sf«.-<ut«
r~c', juge, u~c. C'os~ encore :t M. Hohbcr~ t~tc Fichte songe
i<;i. et !o journal dont il parh) est la ~«scNo «)nu<r.<(-~ de /~<<~Mrc,
où écrivait ce publiciste rétrograde.
Page 8~. jL'~pfrfcncc en ct~.ntd~)c est une boHe rdmplie (~
Mruc~rM jetés ~t'/e.f; ~t
c'<'<i ~spt'tt /t«nt«M seul donne un MM
<icec/~os,~tu~c~(t(<c<~({<n(~'<<M'<o~t~<<~
Sc/t~t/L Co Schienkcrt est fauteur d'une douxaine d~ romans,
oubliés depuis ton~mps. ut cntt-o autres, (i'un roman diatogaé en
({uatrevotumes,intitutc: /drtc/* t7t<< <<<r ~ebmencn H'gf (/d<t'c
« ;bM mordue), et pubHc à Leipsick de ~78!~ n 788.
Pu~c 87, ligno 2C. ~'<'3pWt /:t<~«'n, rt'uf<~f~«r ~oosM«K, a
<tccon~'«~«'<B)K'rc~ttc, etc. L'œuvredont Fichte\'eut parler !ci
est la révolution opérée par la philosophio de Kant, et c'est sa propre
On
Œuvre qu'il annonce en quoique sorte dans les lignes suivantes.
voit par ces lignes curieuses qu'a ccHo époque (<793) il me<!itait
déjà l'entreprise philosophique à laquelle il a attache son nom.
Page 97. Ils Montrât «t< ~cxp~ (~les ~'oHd<'a/<'<<*a <y«c
du cd~ dont ~o~c t')< «t (Ft't't'n~c. Pour comprendre ce passage,
il faut se rappeler ce verset do la Bible (/~o(~, chap. XXXHÏ,
v. 23) Wdc~ pos~<'tor<t n~(t; faciem «M~Mt nK'f<~ u)(~re non
po ter/s.
Page <08. Nous pouvons dire (~ ~'nst&t~f ce ~«e, dans
~(u'~on~ ce an«ut<~ dit (h< dfu)~cr f~ts aon c~t~nt /'t<n~re.
Ce n'est pas du danger, mais de !a douleur que parle le sauvage dos
Incas, et les parotos que Fichto rapporte ici, évidemment de m6moiro,
de celles
ne sont pas la traduction littérale, mais le développement
que Marmontet met dans la bouche do ce sauvage.
C'est pourquoi
j'ai cru devoir traduire exactement la paraphrase de Fichto, au lieu
de me borner a reproduire !c texte de Marmontet, que voici « Je
devins homme, et la Douleur me dit « Lullons ensemble. Si tu es le
plus fort, je céderai mais si tu te laisses abattre, je te déchirerai,
f je
planerai sur toi et je battrai des ;)i)cs comme le vautour sur sa
o proie, o
Page ~9, ligne )7. /~c<Wdt «n ~'ot~cMj Mc~~xr, celui qui
acheva vo<r< Q!«u~, celui <y«t 6rtsa (/et'n<cs c~ ~s plus /ur<<'<
cAa~tM ~e <u<Htftn)~. <~m q« f~e le stX, e< ;)c«<-f<ro afu<s ~t<'t< <t)t
<m'-fn~~c, etc. Ce troisième tihératcur que Ficttto associe a Jésus
et à Luther est Kant, qn', ne en 1734, avait alors soixnnto-rfeuf
ans, et qui mourut, commùon sait, en 1804.
Page t38, note. Schma!x (t&idûro), professeur a ~'Un:versite
do Hatto, fut, avec GoUfricd Hufotand, professeur a !cna, un des
premiers jm'~consultos allemands qui appliquèrent toa principes de
la phitosophio do Kant a la science du droit.
Page <46, tignc t7. –A/. /<t'A~ a«r~<< <~c pt< <roMt' moins
n(tt/ ce qui <*« dit d~Ma /M ~uue ~f)~<«y«c <~ ~c/t~s<?r (Sc/t~scra
S<aa<Mtt3c<c),etc.– Cette Hevuc était a!or~ une des publications tes
plus importantes de t'AUemagne. SchtŒX~r. profcsseura Gœttingue, y
dëvoihut los actes arbitraires et tes iniquités des gouvernements de
cette époque, surtout dos gouvernements attonands. Aussi on était-i)
redouté, et leurs satoUitest'attaquaient-itsviotemmont.
Pago ~89, Hgne 1. ~t sortant dM ~n'<<o)~ d't«)o vt~c t'mpJ-
Wo~f, etc. C'est sans doute n la vi)to itnperiato de Francfort-sur-
to-Mein que Fichtc fait ici allusion. Le torritoiro do cotte ville touche
à la liesse électorale, dont to landgrave avait naguère vendu ses sujets
États libres de
aux Angtais comme troupes auxiliaires contre les
t'Amériquo du Nord, et dont !os habitants combattaient alors contre
tes Français on qua!it6do troupes impériales.
Page 280, note. Le fait dont il s'agit ici se rattache aux ré-
voltes des paysans contre leurs soigneurs, qui avaient éclaté quel.
qucs années auparavant dans la Saxe électorale. Les at'~M do.
(~ ~«~'t) sont les armes do la Saxe (clic ~c/tStScAe~ H'a~t).
Quant au « pompeux historien M dont parle Fichto, ce doit être
quelque pamphlétaire ou quelque gaxetior obscur.
Page 282, note. D~M? ~«<a MMu~, etc. Ces deux ~tats
sont ta Prusse et la Potogno. Au moment mémo où il entreprit son ou-
vrago sur la Hevotution, Ficttte vivait dans le pays do Dantxick, et il
connaissait sans doute par sa propre expérience lo fait qu'il raconte ici.
Page 347, dernières lignes. L'ouïr cap~'e ~t<c W~ ne l'em-
nt'c/tcM de ~vrer ce votxnte f* l'impression d'<c< ft'ots ou <yt<(t<fc
mot«. Je renvoie ici a ce que j'ai dit dans mon Introduction (p. nv)
sur les motifs qui ont pu déterminer Fichte a ne pas compléter son
ouvrage. J'ajouterai seulement que, des l'hiver de ~793 à ~794, il
fut appoto à ïena comme professeur de philosophie.
La tettro suivante, que je trouve dans lu L'urn'ft~n~tncc de Fichte,
pubtico par son fils (/<cAfc'o ~e~n «~ <t«e~r<ac/«'r ~no/tuc<
tumo Il, p. 406), mo parait assez curieuse pour mériter d'être
ajoutée ici. Écrite, oh t7!)K, par un jeune Fran<;ais qui avait suivi,
de t794 a t79~, !c& leçons du Petite a léna. et qui était devenu )u
secrétaire diptonatiqucde Bonaparte, etk monne (mettes iliusions on
pouvait se fu')~a co~c époque sxr to caractère du futur CMar, et duel
nobto phtu concovatt utor:; un csprtt ~~n~roux pour umr plus étrct-
tomout !'A)tema~no la France. L'autour docetto tottro, M. Camille
Perret, avait aussi tbrmo to projet do tradnirocn français les écrits de
t''ichte, et d'abord i:un ouvrage sur ta H6vutuHon franQatse. J'~nore
les tuottts qui font crnpôcbô d'uxocuter ce projet. Voici sa lettre
<. Locitoyen ttarbauer, qui vous remettra cette tettro, mon cher
Fichte, s'est engagé à solliciter près de vous le pardon do mon tnex-
cusable négtigonce. L'amUtoqu'it m'a dttquo vousc.onsorviezoncoro
pour moi mo fait espérer que, (.'onstdérant te tourbillon dans teque!
je me trouve depuis dix-huit mots, vous serez indûment envers un
jeune homme qui. rassuré sur vos sentiments pour lui, s'enorcera de
vous prouver qu'it en est toujours digne.
Los gazettes vous ont appris a peu près tout ce qui m'est
arrive depuis mon départ pour l'Italie jusqu'à mon arrivée a Rastadt.
Mais vous ignorez sans doute ce qui a précède. Cependant j'ai
été sur le théâtre do nos ptus éclatantes victoires, et j'y ai pu con-
nattre un grftn(i c~o/~t. Têt est Bonaparte. J'ai appris do vous à ne
pas juger té~eremont, et je t'ai vu sous tant de rapports, que je n'ai
pu me refuser d'unir ma voixa~ ceHode toute t Europe.
Depuis le
rappel du généra! auquel le gouvernement m'avait d'abord attaché,
je suis devenu le secrétaire diplomatique de Bonaparte, et c'est en
cette qualité que je reste ici, en attendant son retour. Trois mois se
sont déjà écoulés depuis son départ tes anaires prennent ici depuis
huitjours une aHuroptusefncaco et plus sérieuse. Cependant j'ea-
pero toujours qu'il reviendra, et je no cesserai d'y croire que lorsqu'il
mo rappellera à Paris.
Partons présent de vous, de la philosophie, de l'humanité ger-
maine. Je sais que vous avez eu la douleur de perdre votre brave
beau-père, mais qu'un petit garçon bien vif et bien libre est venu
vous offrir lu plus douce dos consolations. Je sais que votre
éner-
~iqae amour du bien vous a suscita dos désagréments, mats que vous
étosdo nouveau aiméotostiméde vos disciples, autantque vous avex
te droit do t'étro. La philosophie a-t-ette ,;a~né depuis trois ans
do nouveaux amis, dû nouveaux cultivateurs? E.st-it résulté do toutes
les recherches t'admissiun de quetquos principes fondatncntaux et
univorsots?A.t-on fait des appUcaLions uMks ut t)ouvu[!es? Yo~-o
sys~emo a~-n vaincu !cs opposiHuns?J'cspcro(p)c vous ne !aiss~rcz
tn'cstimcx assex pour ne pas
pad <:cs qucsUons sans ruponso; vous
(touter combien jo m'in~resso a uno science dont. propres et.
t'u!)i\crsaU~ forment, le vrai caractère dp rhunmnH~. J'ai appris
davantage encore
avec ptaisir que tes tumicrcn se sont répandues
depuis mon départ d'iena; que ptusiem-s esprits distingues, que
j'avais connus '/actHants ot prosquo apostats, ont puise dans !o main-
Man dos chogos une stabiht6 qu'Us n'avaient pas. rour favoriser et
acccteror t'imputsion g6ncra)o. jai conçu un projet qui pourrait rece-
voir des circonstances présentes uno facile exécution. La réunion u
hi franco de ta rive gauche du Khin, on cr6ant un nouveau
lien
entre tes deux nations, doit otîrir aux amis do ta liberté persécutés
de la Germanie.
en Ahcmagno un asito et préparer !'anranchisse:nent
Nous aussi avons besoin que la sotidité attomande s'a!tic avec notre
impétuosité, et que, changeant nos sentiments en principes, etto
Le moyen le plus effi-
nous retienne sans nous faire rétrogrades.
cace et !o ptus sur pour atteindre ce double but
serait, je pense,
d'instituer sur les bords du Uhin plusieurs écotes dont tes profes-
to ptus de con-
seurs seraient pris des Allemands, qui réuniraient
naissances et de latents à l'amour de ta liberté. Co projet est-i) oxc-
cutabte? Vouittex, mon cher Fichto, me confier votre opinion à cet
é~ardL Si votre réponse est affirmative, nous aviserons réciproque-
ment, après uno convention préuminairo, aux moyens do
réussir.
e
Votro rcconnaissanL ami,
pC.PKRRET." 1)
ERRATA.
Page 10, ligne 23, au !ieu de il nous dot;M sur sa parole quo, liscz
il nous <<OMMC sa parole que.
Page 64, !ignc 19, au lieu de quelque cent ans, tisez ~Me~M< cents ans.
Page i 87, Hgno i7, au lieu de: si, dis-je, il n'opprime pas, lisez ~.(it~d,
notre c~fj~ n'opprirne pas.
Page 205, !)gne i3 il ne peut y <n~0tf de dedOfntM~w~~M<vo~<
pM!~<< effacez ce dernier mot.
TABLE DES MATIÈRES.
AVANT-PROPOS. i
tKTRODUCTÏON M mADUCTEUM WCHTB ET LA REVOm
TtOMFRAMCAtSK.t. 1
DiSCO~RS.
<
3
~t1
tions?.
PRÉt'ACE.
CO~atDÉRATtONS Dt!8T!MÉM A HBCTtPÏER LES JUCEMZNTS
DU PUBUC St'R LA EÉVOUJTtOM FNAMÇAtSE. 4!;
?.
47
tK'rK~DUCT:o'<. n'aprcit (;ueb prmctppa faut-il juger te:; r~oht.
1
RÈVCHJTtON.
LIVRE PR~HËK.
CHA!TBE t".
DK L'At'PH~AT'0?( DH t.A L~CtTtMtTÈ D'UNE
FINAL.
CHAP. Y!.
De!a noblesse par rapport au droit de révolution.
De l'église par rapport audro!t de r~votution.
DUTRA&UCTËUK.
AVERTISSEMENT
NOTES
229
296
3t7
3~9
t<)fr.5U;rct.<'t)t'fm..ttfr.
tnHc
DICTÏONNAIRE.MANUELDE LA LANGUE JTRANÇAISE, smn d'tm
Sontmutfc- detpf'nctpah'«!intcutté< grammattcate~. par ~î. Poitevin, ancien
t)rof<-ssenr an coH~cKf'mn. t vo). in-32 j~au.sdeTOU pa~s.–t~ t fr. f)t); denti-
{ct <-hat!r 2 fr.75; cart.o) )')))<'dor~. 2rr.)(); rhss!()uc.~fr.
car!.
ATLAS HISTORIQUE DE LA FRANCE, accompagné d'un volume de
n.))ft'rtn.tn)dt'sr''t<tar<))K's(~t)H<'ati\('st'tut~chronot<<'po!itt<)Uc,)'di-
textt' i
"teusc'titt~-ait-c et scip)tHti()U(\ par V.Uurnv. At)a~ vot.iH.4dM i5cart<'s
coloriées; texte, i vot. in-8 de ~5 pa~cs. fr.