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La géométrie comparée et la géométrie sacrée

La Géométrie
avec les Yeux

Yvo Jacquier --------------------------------------------------------------------------------

GÉOMÉTRIE ÉGYPTIENNE
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Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 1 sur 49
PRÉSENTATION
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La géométrie sacrée
La géométrie des Égyptiens est à l'origine de celle qui servira aux constructeurs du moyen-âge pour bâtir les
cathédrales. Sur le plan pratique, l'utilisation du triangle 3-4-5 (de la corde à 13 noeuds) comme la tradition du
quadrillage sont les attributs les plus typiques de cet héritage et surtout, de nombreuses légendes évoquent la
grande Égypte dans une atmosphère où le mystère le dispute au secret (atmosphère que l'absence de sources et
de méthodes fiables à l'étude ont amplement participé à installer). Cependant pour la science, le mystère est bien
davantage dans la beauté lumineuse de ce qui se révèle, que dans l'ombre de ce qu'on ne comprend pas.

Ainsi la géométrie égyptienne se situe à l'origine d'un pan des mathématiques appelé géométrie sacrée. L'étude
ne lui a pas encore trouvé de frontières, et le terme “occidental” ne tiendra que le temps que nous consacrerons à
cette opinion de la géographie. De même si Byzance s'avère l'un des principaux foyers de son développement, la
géométrie sacrée reprend à Ispahan, terre musulmane s'il en est, les mêmes arguments. Et ce n'est pas tout... Les
sources de cet art se perdent dans la nuit des temps. Au néolithique déjà, la géométrie sacrée fait figure
d'héritage. Dès le quatrième millénaire en Mésopotamie, l'architecture atteint un niveau de complexité qui
démontre une grande maturité, donc une très longue antériorité... C'est dans ce contexte que naît l'écriture.

Toute histoire a une fin, celle-ci s'achève par un feu d'artifice : la Renaissance. La chute de Constantinople
(1453) provoque indirectement l'apothéose de cet art. Il profite en Italie de conditions idéales, y compris
climatiques. Albrecht Dürer se charge de rédiger ce qu'il convient d'appeler le testament de cette civilisation de
l'image. Elle pense avec les yeux, contrairement à la nôtre qui calcule tout...

La « géométrie avec les yeux » égyptienne


Cette histoire est un peu celle des mathématiques avant les Grecs, et surtout avant l'algèbre : les mathématiques
écrites auxquelles nous sommes habitués. Les Grecs en ont formalisé la méthode et étendu le rôle du calcul.
Quelle que soit la part d'influence que l'on reconnaît aux Égyptiens, leur pratique est à tort considérée comme
empirique. Leur géométrie révèle un niveau de cohérence qui la rend parfaitement recevable en termes
scientifiques. Elle a pris l'habitude de ne pas s'écrire... L'objet de cet article n'est pas de trancher des questions
historiques, reportées en annexes, cependant il apporte des éléments non négligeables au jugement des
spécialistes. De même, si l'aspect strictement mathématique est traité avec rigueur, notamment au regard
d'Euclide, cette approche est délibérément didactique. Ainsi, la vieille civilisation égyptienne trouve une place
grâce à l'évident intérêt que lui porte notre jeunesse. Cette façon de penser, appelée « géométrie avec les yeux »,
est assez déroutante au départ mais elle nous séduit rapidement : nombre de propriétés méconnues, voire
ignorées, se cachent dans le triangle 3-4-5, et leurs preuves sont encore tapies dans l'ombre de son quadrillage...

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I - LA CORDE - PREMIER OUTIL
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Le culte de la corde tendue


De l'Inde védique à l'Égypte pharaonique, les références à la corde (tendue) prennent un aspect rituel et religieux.
La géométrie s'y conjugue à la sagesse, alors qu'apparaît le symbole du faucon. Plus tard à la Renaissance, le
testament de cette culture que constituent les tarots mentionne encore la corde, particulièrement celle du Pendu
symbole de l'initiation et de l'étude. Dürer donnera de ces cartes la plus belle des versions. Elle se perpétuera
jusqu'en 1760 dans l'atelier de Nicolas Conver à Marseille !

Le vocabulaire de la nature

Dès le Paléolithique, l'homme s'approprie le


vocabulaire élémentaire de la Géométrie en
observant la nature. La ligne vient de l'horizon
marin, le cercle se révèle à chaque pierre qui tombe
à l'eau, et la sphère apparaît quand la pluie est si
forte qu'elle fait des bulles. La sagesse de nos
lointains ancêtres associe l'élément Eau aux notions
d'Inspiration et d'Origine.

La nature pourrait disputer à la corde l'idée du


triangle, mais il est un peu tard pour les départager.
Les étoiles tissent des liens jusqu'à remplir les yeux
des hommes. Ils pratiquent une sorte de contre-
point parmi les astres en croisant leurs cordes
devenues magiques...

Ci-contre : La Vénus à la corne de Laussel (Musée


d'Aquitaine, à Bordeaux) montre la géométrie du
Paléolithique supérieur, 25 000 ans av. J-C, en ses
formes inspirées par la nature de la femme.

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La corde, ancêtre du compas et de la règle
La corde est à la fois règle (tendue), compas (rayon d'un cercle autour d'un piquet) et même crayon (une fois
trempée dans la craie). Attachée à deux piquets, elle permet de dessiner une ellipse, et il suffit de la plier en deux
pour trouver son milieu. C'est le début de la mesure, le premier pas vers la Magie que les Anciens associent à
l'élément Feu. Est-ce pour avoir si longtemps pratiqué leurs exercices autour du feu ?

La corde et l'angle droit

Il suffit de deux cordes. L'une se tend entre deux piquets et


l'autre, plus longue, forme un triangle à partir des mêmes
piquets. Le milieu des deux cordes définit un angle droit.

L'aristocratique compas reprendra cette idée à son compte...


C'est vrai qu'il est beau, tout métallique, et bien plus brillant
que sa grand-mère paléolithique ! Néanmoins, le peintre en
lettres continue de préférer son vieux bout de ficelle pour
tracer ses lettres. Ce lien ancestral tient dans la poche et ne
pique pas la cuisse !

La corde à treize noeuds


Le Triangle de l'Arpenteur ?
Comme nous venons de le constater, nul n'est besoin d'une corde à treize noeuds pour former un angle droit à
l'aide de trois piquets. La corde de l'arpenteur, graduée de douze segments égaux (entre les treize noeuds),
apparaît chez les Égyptiens. Ils reconstituent au sol un triangle 3-4-5 avec leur corde : le fameux Triangle Sacré.
Un angle droit se forme naturellement entre les cotés 3 et 4.

Cet angle droit n'est qu'un des aspects que le Triangle Sacré porte en lui. Il est raisonnable d'admettre que les
hommes ont approché l'angle droit, et développé progressivement la Géométrie jusqu'à l'avènement du Triangle
Sacré avec toutes ses propriétés. C'est à ces prémices que nous nous intéressons ici. À quel moment et dans
quelle Civilisation cet outil géométrique est-il apparu ?

La corde à treize noeuds et les cycles de la lune


Une année compte treize lunaisons, donc douze inter-lunaisons, douze segments. Cette corde à treize noeuds
correspond aussi aux douze signes du Zodiaque, en phase avec les douze mois de l'année. En cela, elle est autant
cercle que segments.

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II - LE QUADRILLAGE PALÉOLITHIQUE
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Les deux champs ancestraux de la réflexion


Des hommes capables de réaliser de tels objets ont une dextérité suffisante
pour tracer au sol un quadrillage de 4 carreaux sur 6... L'on pourrait également
évoquer la technique dite de Levallois-Perret, par laquelle le tailleur de pointes
dessine sa flèche sur un nucléus de silex : elle ne révèle sa forme définitive
qu'au dernier assaut (il faut des années aux archéologues pour maîtriser cette
pratique). Le rectangle de proportion 3 sur 2 intervient régulièrement dans les
motifs d'architecture de notre ère. L'on comprend le succès de ce “gabarit” en
faisant la somme de ce que cette grille permet de produire.
À droite : Aiguille à chas plate en os Grotte de Gourdan-Polignan, Haute-
Garonne, France - Magdalénien, Paléolithique supérieur (17-10000 ans AEC)

La roue solaire

Traçons un cercle de rayon 2 au centre de ce quadrillage. Sa courbe croise la grille tous les 30° et définit ainsi
une partition du cercle en 12 secteurs égaux : ce schéma est à l'origine du cadran horaire et aussi du zodiaque. La
√3 n'est pas “d'époque”, il va nous falloir apprendre à penser avec les yeux. Cette proportion de √3 est, pour
l'homme du paléolithique, celle où le cercle croise la grille. Ainsi pour l'obtenir à partir d'une unité, il trace un
arc de cercle dont le rayon fait le double et qui coupe la verticale. Les premières définitions (basiques et
originelles) de la géométrie sacrée sont toutes de cet ordre : “tracées à la corde”.

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Cette partition du cercle implique le découpage de l'angle droit en
trois parties égales. La trisection des angles est un des problèmes
les plus “coriaces” de la géométrie. Archimède proposera une
solution mais elle sort de la logique simple du compas :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trisection_de_l'angle

Jean-Paul Guichard rappelle le rôle historique de l'algèbre :


La trisection des angles fait partie des quelques grands problèmes
qui ont mobilisé les mathématiciens pendant des siècles, voire des
millénaires (duplication du cube, trisection de l'angle, construction
de l'heptagone, quadrature du cercle). Par exemple Viète, à la fin de son court traité fondateur de l'algèbre
littérale « Introduction à l'Art analytique ou Algèbre nouvelle » (1591), met en avant son exploit d'avoir résolu
par l'analyse (ou algèbre littérale) certains de ces fameux problèmes : « ...Il (l'Analyste) résout artificieusement
les problèmes les plus fameux appelés jusqu'à présent irrationnels tels que le problème mésographique, celui de
la section de l'angle en trois parties égales, l'invention du côté de l'heptagone... » (Trad. Ritter).

Parallèlement à ce travail au sol, la


géométrie confronte très tôt ses figures aux
mouvements de la Lune et du Soleil - et par
extension à l'astronomie. La roue solaire
est l'exemple fondateur du lien naturel qui
unit deux miroirs de la réflexion : l'un au
sol, qui accueille les propositions de
figures par la géométrie, et l'autre au ciel
où se proposent les schémas des astres. Le
jeu de miroir entre l'espace quadrillé de la
géométrie, cartésien* avant l'heure, et
l'espace réel de l'observation, celui de la
nature, trouve son expression dans le motif
paléolithique de la croix (souvent cerclée)
assortie d'un oiseau et d'un serpent. La
croix résume l'angle droit, la pratique de la
corde géométrique, le serpent et l'oiseau
expriment les notions de haut et de bas de
l'espace réel. C'est le premier acte
d'orientation du plan géométrique.
(*) J-P Guichard : L'idée que Descartes a défini dans sa Géométrie de 1637, les coordonnées et le repère que
nous connaissons, a fondé la géométrie analytique. Une idée fausse est largement véhiculée : la méthode que
propose Descartes est une algébrisation de la géométrie, et les lignes de son quadrillage ne sont pas plus
privilégiées que les méridiens et les parallèles de la géographie dans le paysage...

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Dès l'origine, le lien entre l'astronomie et la géométrie produit une grande
partie du vocabulaire symbolique. Ainsi en occident, nombre de divinités
empruntent directement leurs noms aux astres. L'astrologie deviendra une
discipline à part entière, cependant elle ne cessera de se rappeler son
origine jusque dans sa façon de s'écrire. Ci-contre, un thème astral de la
main même de Johannes Kepler - datant de 1608. La mise en forme du
cercle zodiacal se souvient du carré de quatre carreaux sur quatre.

Kepler crée la physique en domestiquant le temps. Ce progrès est tout à


fait comparable à la découverte de l'irrationalité des nombres dans la Grèce
antique : on passe des valeurs rationnelles et fractionnelles de l'astrologie à
la continuité des équations qui régissent les astres.
Un article est consacré aux rapports des nombres et de l'astrologie :
http://www.art-renaissance.net/EDL/Christophe_de_Cene-zodiaque-nombres.pdf

Des relations subtiles apparaissent, où les angles et les


mesures se déclinent. Par ex, et c'est la définition égyptienne :
Un rectangle de proportion √3 en contient trois.
Le côté du triangle équilatéral mesure 2√3, mais ce terme de
√3 ne se manifeste qu'à partir de Pythagore sur cette figure (ce
dans des conditions qu'il nous faudra approfondir). Jusqu'au
fameux théorème (ou équivalent), l'homme ne pense qu'avec
des angles et des proportions, sur un quadrillage, et les
nombres restent sur l'autre rive d'un fleuve qui peut être le Nil,
le Tigre, l'Euphrate ou éventuellement le golfe du Morbihan...

L'hexagramme de Salomon
Symbolique - La valeur du 6
Cette géométrie de quadrillage est connue des historiens (médiévistes). Ils désignent
par “tradition” les figures géométriques assorties de leur interprétation symbolique,
sans préciser, faute d'éléments, l'origine exacte et le développement de ces
mathématiques particulières. L'hexagramme de Salomon est assurément, on le
comprend à travers cette approche, l'une des premières figures qui naît de la corde.

Cette étoile est marquée par le 6. Sans présumer du sens que lui donnaient les
paléolithiques, les Égyptiens et même les Pythagoriciens, les idées qui se rattachent à ce nombre sont, selon la
dite-tradition : Amour, réunion, association, fidélité, équilibre - Éternel/cyclique, Soleil - Surface du triangle
sacré, et bien sûr hexagramme - son expression la plus visuelle.

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Dans l'hexagramme, les triangle contraires de l'Eau (pointe en bas) et du feu (pointe en
haut) trouvent leur équilibre par la mise en commun de leurs trois centres (gravité,
cercles inscrits et circonscrits). D'autre part, résultat du dialogue de la géométrie et de
l'astronomie, nous avons vu que le 6 sert de mesure au temps cyclique. Cette réflexion
se poursuit dans l'art des nombres, où la symbolique se focalise sur leurs combinaisons.
Les dés ont 6 faces, et ils permettent de projeter sur un fil unique une réalité à trois
dimensions (l'image du cube apparait ici à gauche, dans l'hexagramme).

Le quadrillage met en évidence les proportions de l'hexagramme, notamment son cercle inscrit de rayon 1. La
figure de l'hexagramme prend deux positions selon les 2x6 directions de la roue solaire. La figure de droite met
en évidence les rapports entre la logique du trois et celle du quatre par le jeu du cercle.

Le tétraktys pythagoricien

Le Tétraktys, ou Décade, était vénéré par les Pythagoriciens tant sa structure


permet de résumer le monde. Il représente l'être parfait, toutes les dimensions de
l'espace y sont représentées : 1 (le point), 2 (la ligne), 3 (la surface) et 4 (le
solide). Les Pythagoriciens ont fait ainsi de dix un nombre parfait, plus
précisément le plus parfait des nombres. Il porte en lui toutes leurs différences.
« Toute raison, toute proportion, toute forme numérique sont
contenues dans la décade. » (Porphyre, Vie de Pythagore, § 51-52).

Le cube fait son apparition pour la seconde fois au coeur du tétraktys, dans une
autre position. Sur le visuel à droite, le tétraktys se construit deux fois, de haut
en bas et de bas en haut, si bien qu'au total la figure comporte 10 + 3 = 13 points.

Ce 13 est en relation avec la corde à 13 noeuds du triangle sacré. Elle peut


dessiner entièrement l'étoile sans qu'un seul de ses segments ne soit dans le
prolongement du précédent. La figure de l'hexagramme montre ainsi
simultanément un équilibre, un relief et une dynamique.

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La croix cerclée
Cette croix cerclée est un grand classique de la
géométrie primitive, aux côtés de l'hexagramme et
du Vesica Piscis. Ces trois figures tissent de
nombreux liens géométriques, qui sont la base de la
géométrie sacrée, dans la pratique.

La croix est formée de quatre triangles équilatéraux


(de côté 2, explicite) dans un cercle (de rayon 2,
explicite). La proportion du rectangle est la même
que dans le cas précédent (2 sur 2√3, non explicite).

La forte présence de cette proportion, √3, explique sa


prédominance sur la proportion dorée au début du néolithique.
Cette seconde proportion s'imposera avec la géométrie
égyptienne. Ci à droite, nous n'hésitons pas, pour des raisons
didactiques, à répéter le motif de la construction de la croix
cerclée. Ce visuel fait ressortir la proportion de √3 dans sa
configuration la plus élémentaire. Il est à noter que le triangle
que forme la diagonale à l'intérieur du rectangle fait 1 - √3 - 2.

Confrontation de la croix, de l'hexagramme et du tétraktys


Au-delà de leur aspect esthétique, ces schémas sont à la base de la
méditation des Anciens (depuis la paléolithique jusqu'au moyen-
âge) sur la symbolique. Concrètement, ce treillage permettait aux
premiers géomètres d'apprécier les figures, alors que le calcul
était encore au stade du comptage. Dans cette appréciation, la
notion d'angle est apparue comme une solution palliative. Par
exemple, le tracé à la corde sur un quadrillage de l'angle de 30°
(par le jeu d'un cercle de 4 sur un quadrillage de 4x4) est plus
accessible que le calcul et le report de mesure d'une √3, alors
qu'elle n'est même pas révélée sur le plan numérique.

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Le vesica piscis
Formé de deux cercles jumeaux qui posent chacun leur centre sur
le cercle de l'autre, voici le vesica piscis. Considéré comme sacré
par les pythagoriciens, ce motif archaïque est le symbole originel
de Vénus, bien avant qu'elle n'hérite de toutes les qualités qui
surchargent littéralement son statut. La vulve explicite de
l'amande est pudiquement qualifiée de "déïque", en conséquence
elle représente le féminin sacré. En revanche, le 3 auquel elle se
rattache par la racine n'est pas encore révélé...

Le théorème de Pythagore établira la hauteur de l'intersection, qui fait √3 fois le rayon. La racine exprime
l'origine, la source, le mystère d'un élément. Mais même sans cette définition/explication, le Vesica Piscis se
rapporte explicitement au 3, entrainant avec lui les deux valeurs symboliques qu'il porte : féminin et sacré.
Pythagore "découvre" ainsi un 3 féminin et céleste. À cette occasion, l'on peut noter que le mot "céleste" gagne
en nuance par rapport au ciel de la fécondité archaïque dont il est issu. Cette nouvelle définition est en rupture
avec les mythes anciens où le ciel est masculin. Pythagore doit
choisir entre un héritage de type primitif et la vérité que les
mathématiques dévoilent à ses yeux. La symbolique, que l'on
qualifie aujourd'hui de tradition, lui donne évidemment raison de
choisir les mathématiques ! Remarque importante : les anciens se
relient à des croyances quand ils n'ont pas les moyens de faire
autrement, mais dès que l'outil d'observation ou de construction le
permet, leur raison se met en marche.
L'homme est naturellement bon en maths !

La figure ci-dessus assemble la croix cerclée, le Vesica Piscis et le


cercle inscrit à l'hexagramme. Celle de droite fait intervenir un
triple vesica piscis. Tout en bas, une figure plus complexe sert de
conclusion à ces échanges entre les formes de base.

Module de la grille byzantine

La grille byzantine de « La sainte Trinité » selon Andreï Rublev n'est pas comme on
s'y attendait un quadrillage trivial (même gouverné par le nombre d'or). La figure ci à
gauche sert de diapason à l'ensemble de l'oeuvre. Un cercle s'y accorde à
l'hexagramme en prenant son hexagone interne pour mesure : l'amande du vesica
piscis mesure 2 en hauteur - donc le cercle mesure 2/√3 de rayon.

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Le pentagramme et le Vesica Piscis
Pour plus de facilité, le quadrillage est ici doublé : un carreau vaut donc 1/2.

Le pentagramme est marqué par , le nombre d'or. Pour qu'une véritable relation
se révèle, une coïncidence de figure, il doit symboliquement se développer à
partir du centre des cercles du Vesica.
= (1+ √5)/2 = 1/2 + √5/2
Cette somme se traduit par un carreau plus la diagonale d'un double carreau.
L'on reporte alors ce total sur la verticale qui traverse l'amande en hauteur.

Il suffit maintenant de prolonger la barre de ce nombre d'or jusqu'au cercle pour


obtenir la branche complète d'un pentagramme. L'addition de 1 unité par le
cercle établit son centre comme point de croisement des branches (c'est le point
de séparation selon la proportion dorée). Ensuite, à partir de la pointe du bas,
l'on passe par le centre symétrique, à gauche, du Vesica.

La logique de démonstration n'utilise à l'origine que les axiomes des triangles


semblables. Et nos lointains ancêtres sont parvenus à faire avouer tous ces
secrets au dit pentagramme ! Voici le pentagramme en harmonie avec le Vesica
Piscis. 8 de ses 10 points sont sur les cercles.

Les figures ci-dessous, que les spécialistes se plairont à observer et à méditer,


montrent la richesse de cette relation. Le cercle circonscrit au pentagramme
entre à son tour dans la définition. Les relations entre les figures de la géométrie
sacrée s'accompagnent de propriétés non triviales et en cela, elles démontrent que “la géométrie est”,
indépendamment de toute volonté humaine. Elle constitue un extraordinaire répertoire, par ses liens et ses
propriétés remarquables, qui se met au service de l'homme pour qu'il puisse exprimer sa vision, son idée.

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III - LE TRIANGLE ÉGYPTIEN
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Les courants mathématiques - en résumé


L'émergence de l'écriture permet de distinguer deux écoles de mathématiques dans le “grand occident”. Toutes
deux mettent en relation les formes et les nombres. La première, qualifiée de « géométrie avec les yeux » se
développe sur un quadrillage. Il fait office de support à la construction, à la mémoire et à la compréhension des
figures. Cette géométrie sacrée cherche une vision symbolique du monde, et elle entre dans le processus de
création d'oeuvres d'art et d'architecture. Sa tradition se perpétue jusqu'à la Renaissance où les symboles
prennent progressivement le statut d'allégories, perdant leurs références abstraites au profit d'un réalisme
terrestre. Le concept d'angle est au coeur de tous les développements quand celui de surface semble délaissé. Le
corpus théorique est très tôt dans l'histoire cohérent mathématiquement. En cela les Grecs n'ont pas mis un terme
à son empirisme. La pensée n'a pas attendu l'écriture pour mériter le respect.

La seconde école écrit la géométrie, à commencer par ses calculs. Elle s'empare du concept de surface, qui
prolonge ses capacités de démonstration, sans se préoccuper de la signification symbolique de ses éléments. Les
prémices de ces mathématiques objectives laissent des traces dans plusieurs civilisations néolithiques entrant
dans l'antiquité, depuis l'Indus jusqu'en Grèce y compris en Mésopotamie et en Égypte. Et ce sont les Grecs qui
lui donneront sa première forme achevée à travers les Éléments d'Euclide.

Ces deux écoles coopèrent à l'intérieur des mêmes espaces culturels. C'est notamment le cas en Égypte où les
deux pratiques se complètent sur les chantiers de construction et pour organiser la société. Le calcul s'avère
indispensable à la maîtrise d'ouvrage et pour fixer les impôts et les taxes, quand la géométrie sacrée préside à
l'organisation de la nécropole de Gizeh, des temples et des fresques. Cette collaboration se perpétue tout au long
de l'histoire, jusqu'à la Renaissance où la science de Kepler naît de leur fusion.

L'école archaïque, la première, semble elle-même produire deux courants ou plutôt, l'on peut y distinguer deux
pans. La géométrie avec les yeux commence naturellement par les figures que nous venons d'exposer, très
accessibles à son quadrillage. Le triangle équilatéral et sa √3 (non explicite) y jouent un rôle central. Ces
éléments sont par exemple valorisés dans l'architecture du temple d'Eanna, appartenant à la civilisation d'Uruk:
http://www.art-renaissance.net/EDL/Yvo_Jacquier-Eanna-Uruk-IV.pdf

Un second pan de cette géométrie non écrite se développe plus tard, de part son degré de complexité, et sa figure
fétiche est le triangle 3-4-5, autrement appelé triangle de l'arpenteur ou encore sacré et surtout triangle égyptien.
Tout porte donc à croire que les Égyptiens sont les premiers a en acquérir la maîtrise - ce terme n'est pas usurpé.
Sous ses allures d'équerre pour le maçon (corde à 13 noeuds), cette forme élémentaire cache une somme
considérable de propriétés, oubliées ou ignorées des manuels scolaires. Il est à noter que les deux pans de la
géométrie se rejoignent sur la figure du pentagramme, qu'elles produisent chacune à sa façon.

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Les règles du jeu
Avec ou sans ? Thalès !
La logique égyptienne ne fait confiance qu'à l'évidence. Cela n'empêche pas la réflexion : une civilisation peut-
elle vivre trois mille ans sans réfléchir ? Concrètement, le matériel de démonstration des Égyptiens se résume
aux propriétés des triangles semblables. Thalès aurait ainsi traduit ce qu'il aurait appris chez eux. Dans ces
conditions, Raphaël Legoy nous fait remarquer qu'il est juste d'utiliser le terme de monstration plutôt que celui
de démonstration à propos des processus de construction qui établissent les propriétés. En effet, la géométrie
avec les yeux montre les choses plus qu'elle ne les démontre.

Le quadrillage
Le statut du quadrillage a évolué au fil de l'histoire. Au paléolithique, c'est le champ de découverte des
mathématiques. Au moyen-âge, il est devenu le moyen de comprendre, de démontrer et de retenir les figures de
la composition dans les arts. Dans son « Éloge du papier quadrillé », Henri Lombardi nous fait remarquer que le
quadrillage sert aussi à agrandir les figures (Repères-IREM, N° 45, 2001; http://www.univ-irem.fr/spip.php?
article=71&id_numero=45). Le quadrillage est plus qu'une façon de poser la géométrie : il s'identifie à la façon
de penser qui s'écrit sur ses mailles. En outre, il permit à la culture visuelle d'échapper au péril des bûchers, que
de Byzance jusqu'à Rome on se plaisait à allumer en son honneur. En dépit de son extraordinaire longévité et de
sa résistance, cette tradition s'est progressivement éteinte après la Renaissance.

L'unité
Que l'on prenne en référence les Ennéades de Plotin ou les écrits de Fra Luca Pacioli, le concept d'unité est un
gouffre pour les mots. En revanche, avec le quadrillage, l'unité devient une réalité, accessible. Toute figure
trouve par son entremise l'accès à l'unité de référence. Dans l'esprit des constructeurs et des artistes qui ont
utilisé cette géométrie pendant des millénaires, ce point est capital. Il est des domaines ou le principe d'unité est
facilement admis : par exemple la musique. L'idée d'en produire sans accorder les instruments est relativement
marginale, voire subventionnée. Quand il s'agit d'art et d'architecture, il est bon de se rappeler que jusqu'à la
Renaissance, le premier souci des créateurs était cette unité qui permet à l'ensemble de garder son harmonie.

Remarque 1 : L'exposition de la culture géométrique des Égyptiens ne présume ni de ses échanges avec leurs
voisins (de Mésopotamie, de l'Indus, ou même de l'Atlantique) ni de l'exclusivité de son savoir. La corde à treize
noeuds comme le culte qui s'y rattache sont attestés en diverses places au Néolithique. Cet article fait preuve
d'une sorte de “préférence” envers l'Égypte, car plusieurs raisons s'y conjuguent : l'excellence de l'art égyptien,
les fortes présomptions qui pèsent sur les Grecs d'être allés à cette école... Qui révèle sa cohérence !

Remarque 2 : les monstrations qui suivent font de nombreux emprunts à l'article paru dans la revue Repères-
IREM, Numéro 87 – Mars 2012 : « La naissance de la Géométrie : la géométrie avec les yeux des Egyptiens ».
http://www.univ-irem.fr/reperes/articles/87_article_586.pdf

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Les trois premières mesures

Le triangle égyptien ou triangle 3-4-5 (sacré, ou


encore de l'arpenteur) repose sur une définition : son
côté AB de longueur 3 est à angle droit de celui, BC,
de longueur 4.

Selon quoi ses trois bissectrices sont les diagonales


naturelles d'un simple, d'un double et d'un triple carré.
La somme de ce premier nombre symbolique, dit
“ordre de la bissectrice”, et de la longueur du côté que
la bissectrice traverse est toujours 6 (1+5, 2+4, 3+3).

Si l'on s'arrête à cette définition, la longueur 5 du troisième coté, AC, reste axiomatique. Il aura fallu des années
pour résoudre ce point et il se révèle capital. En effet, selon que la longueur du 5 soit admise ou démontrée, la
géométrie égyptienne ne jouit pas du même statut, notamment face à celle que construiront les Grecs. Les
Égyptiens pratiquaient-ils la science ou le bricolage ?

Première monstration

Soit le triangle ABC, avec AB vertical = 3 et BC


horizontal = 4
Soit le point E, situé à deux carreaux sous le point
B : AE = 5
Selon le quadrillage, EI = IC = ∂ (diagonale du
double-carré)
Or AI est orthogonal à EC
Donc AIE et AIC sont symétriques.
Donc AE = AC = 5
Ce Qu'il Fallait Montrer

N.B. : Le cercle inscrit au triangle n'intervient pas dans cette première monstration. Pourtant il y révèle ses
mensurations (rayon 1, diamètre 2)... Ainsi, les six premiers entiers se retrouvent unis symboliquement par une
seule et même figure, y compris le 6 de la surface du triangle.

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Le cercle inscrit, dit intime
D'autres monstrations établissent la longueur 5 de l'hypoténuse, mais elles se servent d'une propriété particulière
du cercle inscrit au triangle, dont voici une autre monstration : son rayon est égal à 1.

Monstration :
Soit HLR, un triangle 3-4-5.
Soient les points P, Q, et O du quadrillage, facilement
identifiables sur la figure.
Les triangles HPQ et HQR sont semblables.
Selon quoi l'angle PHQ est égal à l'angle QHR.
O est donc sur la bissectrice de l'angle en H du triangle 3-4-5
Or, O est aussi sur la bissectrice de l'angle en L.
Le centre du cercle inscrit au triangle est au croisement des trois
bissectrices. Deux suffisent, c'est donc O,
et le rayon du cercle est donc 1.
Ce Qu'il Fallait Montrer

Le coefficient qui différencie les triangles est HR/HQ = HQ/HP = QR/PQ = √5/2 ≈ 1,118. J'ai cru dans un
premier temps que pour les Égyptiens, ce n'était pas une question. Jean-Paul Mercier nous montre que s'ils
n'identifiaient pas cette valeur irrationnelle (√5/2), les Égyptiens étaient capables de repérer son carré : 5/4 !

Monstration :
Il suffit en effet de découper chacun des triangles de la figure précédente selon un “gabarit” connu sous le nom
de triangle de Pinwheel (en 1996, il a mis au point avec Charles Radin une méthode de pavage apériodique). En
fait pour les Égyptiens, c'est la moitié d'un double-carré. Selon ce subtil découpage, qui bouche ses trous avec
leurs surfaces symétriques, le triangle HPQ contient 4 unités et HQR en fait 5... CQFM

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Deux autres monstrations du 5
N.B. : Ces deux monstrations s'appuient sur la propriété précédente (diamètre du cercle inscrit = 2)

Monstration 1 : par Frédéric De Ligt


Soit le triangle ABC, avec
AB vertical = 3 et BC horizontal = 4
Appelons O le centre du cercle inscrit au triangle
Soit le triangle A’B’C’, rotation de ABC autour de O
de 1/4 de tour et dans le sens inverse du soleil à Louxor
Appelons B” le point où se croisent les hypoténuses
des deux triangles
1/4 de tour, c'est ⇥/4 ou encore 90°, soit l'angle droit
—> L'angle en B” de A’B”C est donc un angle droit
A’B”C emprunte un angle à ABC et un autre à A’B’C’
—> Les triangles ABC, A’B’C’ et A’B”C’ sont
semblables par leurs angles
Le cercle inscrit à A’B”C’ est toujours le même
—> Les trois triangles sont isométriques entre eux (mêmes dimensions)
Or, comme nous l'avons montré, le cercle inscrit a pour diamètre 2
—> L'hypoténuse de A’B”C’, comme celle des deux autres, mesure A’C = 1+ 2 + 2 = 5
Ce Qu'il Fallait Montrer

Monstration 2 : Cette démonstration explique la fascination des Anciens pour la figure du vesica piscis.

Soit le triangle ABC, avec


AB vertical = 3 et BC horizontal = 4
Appelons O le centre du cercle inscrit au triangle
Son cercle inscrit a pour rayon 1 (propriété)
Soit le triangle bleu A’B’C, construit sur la base
A’C = 5, et prend le cercle jumeau du vesica piscis
(en rouge) pour cercle inscrit.
Le coté gauche A’B’ se construit en doublant l'angle
de la diagonale du triple carré qui passe au centre O’
De même, le côté droit CB’ se construit en doublant
l'angle de la diagonale du double carré qui passe par O’
Les deux triangles ont les deux mêmes angles aigus
—> Ils sont donc semblables
Ensuite la taille de leur cercle inscrit est la même —> Ils sont donc égaux.
—> Les petits côtés du triangle bleu font 3 et 4 et surtout : le grand côté du triangle noir fait 5. CQFM

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Figures de transition

Le vesica piscis du triangle

Voici le triangle sacré confronté au


vesica piscis. Sur le visuel déployé,
deux lignes de couleur soulignent
les liens structurels entre les
centres des grands cercles et les
éléments du triangle.

La logique de proportion

Dans cette position, la hauteur tracée au point de


l'angle droit du triangle 3-4-5 (projection) esquisse
deux rectangles de part et d'autre. Leurs diagonales
sont les côtés 3 et 4 du triangle, et elles forment un
angle droit. Grâce à quoi ces rectangles partagent la
même proportion K = Longueur/largeur = 4/3.

N.B. : tous les triangles rectangles présentent cette


propriété et le ratio unique des rectangles est la fraction
des deux côtés du triangle (devenant diagonales).

Cette propriété est à rapprocher de celle du rectangle doré, dont


la diagonale forme un angle droit avec celle de son rectangle
résiduel (obtenu par soustraction du carré inscrit).

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IV - LA PROPORTION DORÉE DU TRIANGLE
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Avant d'aborder la proportion dorée du triangle 3-4-5, il est nécessaire de s'y préparer à travers
deux précisions d'ordre historique. La première concerne la conception de cette proportion par
les Égyptiens, et la seconde l'approche de la notion de surface : quid de leur connaissance ?

L'approche égyptienne du nombre d'or

A - Le nombre d'or avec les yeux

La définition égyptienne de la proportion dorée ne passe pas par le calcul. Grâce au


travail des mathématiciens Grecs, le nombre d'or est devenu avant tout la solution à
l'équation : 2
= +1 où = (1+√5)/2 ≈ 1,618...
Mais jusqu'à Pythagore, et plus généralement pour la géométrie sacrée (avec les yeux), le
rectangle doré définit lui-même sa proportion. Il en produit un plus petit, par retrait de son
carré inscrit, que l'on appellera rectangle résiduel :
• De mêmes proportions (première définition).
• Dont les diagonales sont perpendiculaires à celles du grand rectangle (seconde définition).

B - Le rectangle doré à partir du double-carré

En coupant en deux le grand angle de la diagonale d'un double carré, on


obtient le petit angle de la diagonale d'un rectangle doré.

Cet exemple (un de plus) montre que le nombre d'or entre très tôt dans la
pratique des géomètres - peut-être même dès le paléolithique supérieur.

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Le concept de surface

A - La figure magistrale des trois diagonales

Cette figure inscrite dans un carré de 4x4 exprime un principe


particulièrement intéressant :
L'angle compris entre la diagonale d'un triple carré couché et celle d'un
double carré debout est celui de la diagonale d'un simple carré.

Ainsi, les trois bissectrices d'un triangle 3-4-5 sont liées par une règle
simple. Cette propriété typique de la géométrie sacrée nous permet de
comprendre comment les Anciens ont progressé à l'étude (pas de calcul,
uniquement des évidences).

B - Prolongement de la figure grâce à la notion de surface

Si les Égyptiens ne connaissent pas la racine du dix en tant qu'entité


algébrique, ils savent compter les carreaux et les demi-rectangles. Dans le
cas présent, la surface du carré fait :
4 x (3/2) carreaux sur les bords + 4 au centre = 10 carreaux.

La logique des angles mène inévitablement à des considérations sur les


surfaces. La diagonale de ce triple carré porte le nom d'origine grecque
“gnomon” (qui désigne une règle ou ce qui sert de règle). C'est aussi le
bâton qui traduit le soleil en temps sur le cadran solaire. Les Anciens
jouent avec les ombres pour se repérer dans le temps et dans l'espace.

• Lemme N° 1 (propriété utile)


Nous retrouverons cette figure par la suite. C'est la version élémentaire du
même principe. Le fait que le carré construit sur la diagonale du "double-
carré" soit équivalent à 5 carrés est tout à fait constatable. Selon Raphaël
Legoy, cette figure semble être un motif très classique dans les civilisations
védiques, mésopotamiennes et chinoises. Il aurait servi d'inspiration pour
décorer les céramiques (cf Olivier Keller). Aucune objection donc à
supposer que ce soit aussi le cas en Egypte. De plus, les problèmes de la fin
du Papyrus de Rhind (PR 51 et 52) semblent indiquer que les surfaces
étaient calculées par les égyptiens via ce biais de découpage-recollage...

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• Lemme N° 2 (propriété utile)

Proposition 5 : Un rectangle égal à une différence de carré.


Raphaël Legoy nous rapporte la proposition 5 du livre 2 des
Eléments d'Euclide, dont on pense qu’il reprend des techniques
ancestrales. Cette résolution use du même principe de découpage-
recollage. C’est aussi ce genre de technique qui était utilisée par
Védiques et Babyloniens.

Ces deux lemmes vont permettre à Raphaël Legoy de simplifier la


démonstration de la proportion dorée proposée dans l'article cité :
http://www.univ-irem.fr/reperes/articles/87_article_586.pdf

Proposition
Le rectangle construit sur le cercle inscrit au triangle 3-4-5 est un rectangle d’or.

Monstration
Soit le cercle de centre I et de rayon ∂
(∂ = diagonale d'un double-carreau)

Il est évident que IF = IA = ∂


donc les points F et A sont sur le cercle.

D’après le lemme N° 2 :
IC2 - IE2 = CE x CB

D'après le lemme N° 1 :
IC2 = IF2 = 5

Or IE2 = 1 par construction


Donc CE x CB = 5 - 1 = 4
CE x CB = AB2

CB/BA = AB/CE
avec AB = DC
Donc CB/BA = DC/CE

Le rectangle et son résidu sont semblables


Ce Qu'il Fallait Montrer

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La logique égyptienne

La toute première démonstration était laborieuse, la seconde fait intervenir le concept de surface. Ces approches
successives nous permettent une sorte d'inventaire de l'époque, de faire un tour d'horizon des méthodes.
Néanmoins quelque chose manque (ou plutôt est en trop). Les Égyptiens pensent avant tout avec des angles.
L'étude du plateau de Gizeh le démontre magistralement. 2500 ans avant notre ère, ils développent par quatre
fois, dans une même composition, la logique du nombre d'or. Plus tard, à l'époque de Pythagore, sans doute sont
il capables d'intégrer les lemmes (extérieurs) des surfaces découpées. Mais quand ils découvrent le nombre d'or,
beaucoup plus tôt, cette façon de penser n'est véritablement pas dans le ton. Et si... Oui si la définition
égyptienne de la proportion dorée était plus “pointue” encore que les deux que nous avons répertoriées. Plus
subtile que les deux diagonales qui se croisent à angle droit. Plus symbolique encore qu'un rectangle résiduel aux
mêmes proportions (que le rectangle initial auquel on retire un carré). Et si les Égyptiens étaient égyptiens...

Première étape
Comment est constitué le rectangle que
nous étudions ? Posons-le en verticale.

• ∂ reste la notation conventionnelle de


la diagonale du double carré.
• La hauteur du rectangle est ∂ +1
• La largeur du rectangle est 2

Deux triangles de Pinwheel viennent


dessiner le carré du rectangle résiduel.

Seconde étape : propriété des angles

Dessinons un double carré de carré 2x2 horizontal.


Deux triangles de Pinwheel esquissent un rectangle.
Son petit côté est 2 (son grand côté est ∂)
En conséquence, on a affaire à un cerf-volant en règle.

Propriété des angles


Le petit angle de la diagonale du rectangle vertical (peut-être
doré) est la moitié du grand angle du double-carré horizontal.

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Troisième étape : monstration

Assemblons deux triangle de Pinwheel comme le montre la


figure et calons cet ensemble au point I situé à la distance a du
bord du rectangle avec a = ∂-1.

Dans ces conditions, la pointe du triangle à droite vient à


l'origine des diagonales (il se dessine un rectangle vertical de
hauteur 2 et de largeur a)

Or la diagonale verte du rectangle vertical est la bissectrice du


grand angle de la bissectrice du double carré (propriété).
Donc on a un nouveau cerf-volant, avec I pour pointe.

Prenons alors une des premières définitions répertoriées :


Un rectangle est doré si le résidu du retrait de son carré inscrit l'est aussi.

Le rectangle horizontal résiduel (de hauteur a et de largeur 2) correspond à cette


définition. En effet, le rectangle à gauche de I a la même diagonale que le grand, et il est
le résultat du retrait du carré de axa. Ce petit rectangle est semblable au grand.

Le grand rectangle vertical hérite à son tour des qualités de son résidu puisqu'il ajoute un
carré de 2 à ce rectangle doré.
Ce Qu'il Fallait Montrer

La définition égyptienne de la proportion dorée

Quand la diagonale d'un rectangle d'or passe son carré inscrit,


elle laisse sur le côté le plus large un segment égal à la hauteur
qu'il lui reste à franchir pour aller jusqu'à l'angle.
Ce petit carré est la réduction dorée du premier.

De son côté, la diagonale d'un double carré horizontal laisse


sur le côté un segment égal à la moitié de la largeur qu'il lui
reste à franchir pour aller jusqu'à l'angle.

Propriété des angles


Le petit angle de la diagonale du rectangle vertical doré
est la moitié du grand angle d'un double-carré horizontal.

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La consécration des angles
Nous allons montrer que les bissectrices d'ordre 1 et 3 du triangle 3-4-5 sont les
diagonales naturelles d'un rectangle doré. La proportion dorée apparaît ainsi pour la
deuxième fois dans la structure interne du triangle sacré.

Préambule : l'angle des diagonales d'un rectangle doré


Nous savons que le petit angle de la diagonale d'un rectangle doré
est la moitié du grand angle de la diagonale d'un double-carré.
Selon quoi :
Le petit angle que font les deux diagonales d'un rectangle doré
est égal au grand angle de la diagonale d'un double carré

Proposition : le petit angle des diagonales d'un simple et d'un


triple carré est le grand angle de la diagonale d'un double carré.
Cela revient à dire que les bissectrices d'ordre 1 et 3 du triangle
3-4-5 sont les diagonales naturelles d'un rectangle doré.

Monstration
Nous noterons les angles sous la forme Ân
par exemple : Â3 pour l'angle n°3

Rappelons le deuxième grand principe que nous connaissons sur


les angles : Entre la diagonale d'un triple-carré horizontal et la diagonale d'un double carré vertical
(partageant un même carré), l'angle est celui de la diagonale d'un simple carré (45°).
Selon quoi : Â5 = 45° = 90°÷2, soit la moitié d'un angle droit

Soit ∆ la perpendiculaire à ∆3, la diagonale du triple carré


—> L'angle Â1 est donc, par construction, égal à l'angleÂ4
—> On note également que, par construction Â1 + Â2 = Â3 = Â5
Donc : —> Â3 + Â4 = Â5 + Â4
Or Â5 + Â4 = grand angle de la diagonale du double carré, donc Â3 + Â4 également.
Ce Qu'il Fallait Montrer
Propriétés
• Les bissectrices d'ordre 1 et 3 du triangle 3-4-5 sont les diagonales naturelles d'un rectangle doré.
• Le petit angle des diagonales d'un simple et d'un triple carré
est le grand angle de la diagonale d'un double carré.

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Les figures du carré du Pape

Ce carré tire son nom du cercle de diamètre 2. qu'il accompagne. Le cercle du Pape a une
grande importance dans la composition des Tarots (version de Dürer/Conver). Il décrit
parfaitement la courbe du vêtement du Pontife, exposé par la lame V des arcanes majeurs.
De façon plus générale, cette mesure de 2. revient très souvent dans la géométrie sacrée.
Elle donne souvent la “dimension de sa scène” à un tableau.

Première étape

Voici une autre façon de présenter l'insondable


foisonnement des rapports entre le triangle sacré et le
nombre d'or. Toutes les démonstrations se font avec les
mêmes arguments que les deux premières, sans
Pythagore ni racine carrée : c'est une géométrie avec
les yeux et pour les yeux (par la concrétude de la
représentation picturale).

La première étape consiste à diviser le carré du cercle


intime selon et à tracer une diagonale du rectangle
(qui mesure 2 sur 2/ ).

Deuxième étape

Un rectangle de largeur 2, comme le cercle intime, et


de hauteur 2. , se place à cheval sur la bissectrice
dorée venant du sommet du triangle, et prend la
première diagonale comme la sienne.

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Troisième étape

Considérons le petit rectangle doré inscrit au rectangle incliné.


Sa diagonale croise la première à angle droit, caractéristique des
divisions dorées, en un point appelé Point d'Or. Ce point est
également sur le segment 3 du triangle, à la hauteur 2, à 1 unité
du sommet.

Quatrième étape

Le carré du Pape, de largeur 2. , s'accorde avec le rectangle


incliné. Les coïncidences vont encore plus loin.

Visuel ci à droite

Posé au niveau de la base du triangle, le carré du pape est l'objet


d'une autre coïncidence : la diagonale du carré passe par le point
de séparation du petit rectangle doré et de son carré associé. Ce
qui porte à trois le nombre de points remarquables.

Cinquième étape

Enfin, le cercle du pape, de rayon (de même largeur que le


carré), se pose sur l'axe du Ciel de façon précise. Son centre
est sur la droite qui sépare le petit rectangle doré de son carré.
La distance au bord du rectangle est , la distance à la Terre
également.

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La spirale dorée du triangle
La première étape de la monstration qui va suivre consiste à distinguer un triangle de
Pinwheel collé contre l'hypoténuse du triangle. Ses mensurations sont rappelons-le de
OS = 1, SA = 2 et AO = ‘√5’.

Soit AS la tangente au cercle en S, et soit AT la médiatrice de AS en T, tangente au cercle en L.


Par construction, LOST est un carré de côté 1.
Ensuite, les angles droits en T et en U signifient que le quadrilatère ⇤TVU est un cerf-volant.
Les quatre côtés sont tangents au même cercle. Ce point peut être le sujet d'un lemme.
—> Selon quoi ⇤U = ⇤T

La Bissectrice de l'angle WAT définit deux triangles qui ont chacun deux angles égaux, le deuxième étant droit.
Tandis que WA = AT = 1.

Les triangles sont donc semblables et ils forment un nouveau cerf-volant ⇤WAT.
—> Donc ⇤W = ⇤T = ⇤U =

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Ce cerf-volant exprime parfaitement les rapports du triangle sacré avec le nombre d'or :
est le rapport de son grand côté sur son petit côté. Il s'en suit naturellement une autre
figure, divisant le motif à la façon des fractales.

Les cerf-volants, fruits de divisions successives par le nombre d'or, se combinent jusqu'à
former une spirale dorée qui converge au point T, c'est à dire au croisement des
diagonales du rectangle doré et de son résidu.

À cette occasion, l'on établit que le point L, situé dans le prolongement de ⇤T, est
exactement à 1 carreau de l'angle droit du triangle. Ce prolongement d'une unité du côté
4 du triangle en crée un autre du même type, 3-4-5, avec son angle droit en T.
N.B. : Le point L est sur le tracé d'un pentagone que nous allons étudier bientôt...
http://www.art-renaissance.net/mathematiques/Or-cercles-04.jpg

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Les propriétés dorées du triangle sacré sont ‘incommensurables’ ! Pour ajouter à cet
étonnement, les monstrations ne réclament pas de nommer toutes les distances selon
l'arithmétique (au-delà des entiers et de quelques valeurs rationnelles). Notons que les
coïncidences qui réclament le calcul moderne (trigonométrie) ne sont pas exactes mais
simplement précises à quelques millièmes de carreau...

Dans le prolongement de cette remarque, voici l'un des constats que portent les
monstrations précédentes. Cette figure met en évidence les deux triangles 3-4-5 croisés
que nous avons vu. Or il est cette fois intéressant de confronter les réalités arithmétiques.

Les triangles BYL et TAY sont semblables. Ensuite, la figure précédente nous montre que
T est à la fois l'angle droit des triangles de type 3-4-5 TAY et TLC, mais aussi le point de
croisement des diagonales du rectangle doré et de son résidu. Cette deuxième propriété
mérite d'être énoncée comme lemme à part entière.

Si l'on s'en tient à sa construction classique, le point T a un statut irrationnel. Cette figure
nous explique que par la magie des angles, sa position sur le quadrillage devient
rationnelle. Ses coordonnées sont 4/5 horizontalement et 12/5 = 3 x 4/5 en verticale.
Maintenant, le milieu du cercle du pentagramme semble à H = 8/5... :-)

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L'insondable répertoire de la géométrie avec les yeux

La réflexion sur les angles et leurs correspondances symboliques


devient un sujet de méditation inépuisable. Nous en exposons ici
la part didactique. Néanmoins, nous pouvons citer la référence la
plus belle sur cet aspect de la géométrie sacrée. En son oeuvre
« La Sainte Trinité », Andreï Rublev développe le triangle 3-4-5
en un réseau complexe, et le jeu des trois bissectrices est bien
évidemment le support des trois dimensions de la Trinité. Le
rectangle doré présenté ci-dessus est de la taille de celui que
nous avons abordé précédemment (2 x 2 ).

Le rectangle doré (et sa croix) dans sa première position

Le revoici dans sa configuration première (accroché au sommet du


triangle). La bissectrice d'ordre 3 vient chercher deux angles de la
croix dorée. De nombreux points de croisement se distinguent, y
compris avec le carré du Pape, qui est ici à sa place idéale.

Le jeu du carré

Ce visuel traduit l'un des grands principes qui président à cette étude :
Entre la diagonale d'un triple-carré horizontal et la diagonale d'un
double carré vertical (partageant un même carré), l'angle est celui de
la diagonale d'un simple carré (45°).
Le côté du carré mesure √10, soit la diagonale d'un triple carré. Nous
retrouvons les angles de la monstration précédente...

Le titre de « consécration des angles » prend tout son sens avec une figure que nous allons bientôt aborder. Elle
rassemble toutes les formules géométriques de passage entre les trois bissectrices du triangle sacré. Son principe
général est unique : quand deux diagonales se croisent, leur angle se rappelle du troisième ordre.

Un autre élément intègre cette figure : la proportion dorée. Et elle produit logiquement un angle prometteur : ⇥/5
- autrement dit 36°, l'angle du pentagramme...

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Compléments utiles

Les rectangles et leurs petits


Après les rapports des multiple-carrés et du rectangle doré, rappelons-nous
de la définition du rectangle de proportion √3 (Chapitre II) : Un rectangle
de proportion √3 en contient trois. Cette proposition vaut pour tout entier n.
Un rectangle de proportion √n en contient n du même type.
C'est peut-être comme ça que la notion de racine carrée est née. Elle
émerge avec la notion de surface, mais pas selon la figure du carré : selon
le nombre de rectangles semblables pouvant remplir le rectangle initial...

Bilan des propriétés du triangle 3-4-5


Conclusion provisoire*, le triangle sacré porte
toutes les valeurs entières de la symbolique,
depuis le rayon 1 de son cercle intime jusqu'au 7
(pente de son hypoténuse quand il pivote de
45°). Il porte aussi la √3 et surtout, la fameuse
proportion dorée par deux fois*. Ce sont les
angles qui en premier lieu lui donnent son statut.
N.B. : = (1+√5)/2 depuis Pythagore, est
appelée depuis le début du XXème siècle.

Pythagore avant Pythagore ?


Si les égyptiens avaient identifié la mesure de la
diagonale du double-carré, ils auraient disposé de
deux exemples de mesure concernant l'angle droit
(double-carré et triangle 3-4-5). Même allergique
au calcul, une telle civilisation aurait forcément
trouvé le théorème de Pythagore. La diagonale du
double-carré en est la clé, et le simple
rapprochement des deux figures y conduit tout
droit. Ensuite, on ne voit pas Pythagore voler son
brevet à l'Égypte...

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V - LA FIGURE DES DIAGONALES
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

L'approche trigonométrique du triangle


Les bissectrices qui se croisent au centre du cercle inscrit définissent naturellement trois angles. Anthony Rédou
fut le premier à remarquer les valeurs franches qu'affichent certains angles au centre du triangle : 135° et 45°...
Et leurs tangentes sont tout aussi remarquables ! La trigonométrie n'est pas “d'époque” (elle s'établit réellement à
la Renaissance), néanmoins elle permet de constater l’organisation interne du triangle 3-4-5.

Rappel : L’ordre d’une bissectrice est le nombre de carrés dont elle est naturellement la diagonale.

Propriétés : Deux à deux, les bissectrices forment deux angles : l'un est aigu et l'autre est obtus.
- La tangente de l'angle aigu n'est autre que l'ordre de la troisième bissectrice (logique trinitaire)
- La tangente de l'angle obtus est encore l'ordre de la troisième, mais précédé du signe “-”.
Exemple : les bissectrices d’ordre 1 et 3, venant du bas, forment un angle aigu ⌅dont la tangente est 2, ordre de
la bissectrice qui vient du haut du triangle (bissectrice dorée). L'angle obtus, (⌅+⇧), a pour tangente -2.

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La “belle mécanique” - La règle d'or des diagonales
Les premiers éléments de base de la symbolique sont la traduction géométrique la plus directe et la plus simple
du 1, du 2 et du 3. Ces trois nombres élémentaires peuvent a priori trouver leur expression de différentes façons.
Par exemple, le triangle peut prétendre assumer la représentation du 3. Mais quel triangle ? Il en va de cette
forme comme de celle des nuages : un cirrus d'avant garde est-il assimilable à un cumulo-nimbus de gros temps
ou même à un stratus ? La symbolique a un caractère “général” certes, pour autant elle se doit d'être claire !

Ensuite, à quoi sert de traduire une valeur si elle ne peut pas se combiner naturellement aux autres, créer un
échange ? Il est trop tôt pour “supputer” sur la façon dont le système impressionnant que nous allons découvrir
s'est mis en place. Une chose est sûre : il s'est imposé aux géomètres, notamment en Égypte, au cours du
néolithique. Nous le connaissons sous le nom de triangle 3-4-5. En réalité les côtés du triangle, souvent
considéré comme une vulgaire équerre de maçon, forment la carrosserie d'une formidable mécanique.

Le principe de base est celui de la diagonale. Les valeurs


du 1, du 2, et du 3 sont représentées par la diagonale d'un
simple, d'un double et d'un triple-carré. En outre, le
quadrillage permet facilement cette “traduction”.
Ensuite, suivant les règles d'une discussion où les gens
se mettent autour d'un même feu - ou d'une même table,
la lecture des figures que produisent ces lignes va se
faire de façon “relative”. La symbolique a besoin d'un
référentiel de type absolu - le quadrillage, mais le
discours naît de l'association des éléments. Ce principe
rappelle celui du langage où, à l'intérieur d'une phrase,
chaque mot est en relation avec les autres - quand le
dictionnaire est organisé de façon “militaire”.

Rappelons cette définition de bon sens : « l'ordre » de chaque droite est le nombre qu'elle porte. Que se passe-t-il
alors entre ces lignes ? Il est plusieurs façons de les confronter, plusieurs possibilités pour les associer. De même,
leur orientation se caractérise par deux angles : les “grands", dont la tangente correspond à l'ordre, et les “petits",
dont la tangente est l'inverse. Dans le cas de l'ordre 1, ils sont égaux. Les angles des trois diagonales sont liées
par une règle simple :
Pour deux diagonales distinctes, la somme de leurs deux petits angles est égale au grand angle de la troisième.

Petit angle ordre 1 + Petit angle ordre 2 = Gd angle ordre 3 = 71,565°


45° 26,565° 90° - 18,435°
Petit angle ordre 2 + Petit angle ordre 3 = Gd (= Pt) angle ordre 1 = 45°
26,565° 18,435° 90° = 2 x 45°
Petit angle ordre 3 + Petit angle ordre 1 = Gd angle ordre 2 = 63,435°
18,435° 45° 90° - 26,565°

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 32 sur 49
La figure des diagonales
La figure majeure dite “des diagonales” rassemble toutes
les possibilités d'addition de leurs angles. L'exemple
choisi ici met en évidence l'addition des petits angles
d'ordre 2 et d'ordre 1, qui a pour résultat le grand angle
d'ordre 3.

La figure tout aussi abstraite ci-dessous rassemble toutes


les propriétés énoncées plus haut, dont nous avons vu
toutes les démonstrations “à l'égyptienne”, c'est à dire la
construction historique. Le schéma complet fonctionne
comme le précédent. L'on prend sur la droite la diagonale d'un certain ordre. Puis on trouve sur l'échelle qui la
prolonge à angle droit une deuxième diagonale. Enfin l'on constate sur le quadrillage le résultat de l'échange.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 33 sur 49
Focus sur le triangle
Le jeu des diagonales produit le triangle
3-4-5 par trois fois - en trois couleurs sur
le visuel. Le centre du cercle inscrit est
marqué d'un point : les trois bissectrices
sont ainsi énoncées, à l'horizontale.

Ce jeu est le coeur de la géométrie sacrée,


qui commence par l'inventaire objectif
des correspondances. La symbolique
repose ainsi sur une syntaxe géométrique
dont les règles ne sont ni descriptives, ni
arbitraires : c'est un ensemble de
comportements intelligibles et cohérents
sur le plan mathématique.

La proportion dorée
• Aucun barreau n'est sans objet, et le
nombre d'or y est explicite. L'échelle
d'ordre 2 croise la verticale du
quadrillage à un carreau sur la gauche du
point d'ancrage général, à la hauteur .
Nous allons étudier en détail ce visuel.
D'autres monstrations sont possibles.
Nous faisons appel au concours des
mathématiciens comme ce fut le cas à
propos d'autres monstrations...

• La proportion dorée se profile une


deuxième fois, au troisième barreau de
l'échelle d'ordre 2, et cette fois, il s'agit
de : 2. = √5 + 1.

Le nombre d'or se montre très lié à l'ordre 2. La diagonale du double-carré, expression basique de l'ordre 2,
mesure √5; et est montré comme nous l'avons vu, par la bissectrice d'ordre 2 du triangle 3-4-5.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 34 sur 49
Monstration

L'échelle, associée à la diagonale d'ordre


2 croise la verticale du quadrillage à la
hauteur exacte de . Ce point
remarquable (en jaune sur les visuels) est
le centre de deux cercles, de rayon 1 et
. Ils construisent un rectangle d'or par
le jeu de l'échelle et du quadrillage. Des
triangles de Pinwheel dessinent plusieurs
cerf-volants.

Les points de rencontre de l'éventail des


diagonales avec les échelles sont ici
soulignés.

Ci-dessous : les mensurations

NB : Dans son « Éloge du papier


quadrillé », Henri Lombardi préfigure ce
mouvement des calques !
Réf. : Repères-IREM, N° 45, 2001
http://www.univ-irem.fr/spip.php?
article=71&id_numero=45

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 35 sur 49
LE triangle 3-4-5

Un des trois triangles de la figure des diagonales


se lie de curieuse façon à l'ensemble du réseau
par son cercle intime. Celui-ci forme notamment
une amande avec son jumeau centré au ‘point
d'or’ que nous étudions et la ‘hauteur’ de la
lentille est de , et la distance qui sépare les deux
centres est de √(3- ). Soit, deux fois le cosinus
et le sinus d'un angle de ⇥/5, ou 36°...

Le pentagramme pointe ici son angle.


Contrairement à la précédente monstration, ces
valeurs semblent plus difficiles à établir en
faisant l'économie du théorème de Pythagore.
Néanmoins l'opération est à la portée du
vocabulaire égyptien.

Une préfiguration de la trigonométrie

Ce schéma est une matérialisation tout à fait


étonnante de la trigonométrie : le sinus correspond
à la moitié de la distance entre les deux centres, et
le cosinus correspond à la moitié de la hauteur de
l'amande. Le cercle auquel nous sommes habitués
n'apparaît pas sur ce visuel. Il se place
normalement au sommet de l'amande. Il n'est pas
de meilleure transition pour aborder la figure du
pentagramme...

Nous allons maintenant replacer ces éléments sur


le triangle, dans la position où nous avons
l'habitude de l'étudier.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 36 sur 49
VI - LE PENTAGRAMME DU TRIANGLE 3-4-5
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Voici donc le point qui nous montre sur la figure


des diagonales avec le triangle dans la position où
nous avons l'habitude de l'étudier. Un cerf-volant de
côtés 1 et marque la moitié du rectangle doré
accroché au sommet.

L'amande que forme le cercle de rayon 1 autour de


ce point avec le cercle intime mesure , et les deux
centres sont distants de √(3- ).

Entre les deux centres des cercles de rayon 1, il y a


par construction la diagonale d'un rectangle doré de
largeur - 1 = 1/ , et de hauteur 1.

L'ADN du pentagramme

Un angle de 36° se place entre :


- D'une part, la droite du vesica piscis que
forment les cercles inscrit et pointant “ ”.
- D'autre part, la ligne qui joint le bas de
l'amande du vesica et le centre du cercle inscrit
au triangle.

Propriété singulière : la médiane du vesica, en


noir, comme la droite verte qui joint les centres
du cercle pointant “ ” et du cercle inscrit sont
les diagonales de deux rectangles dorés. La
position du pentagramme qui apparaît n'est
donc pas du tout farfelue, mais très liée à .

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 37 sur 49
Le pentagramme du triangle 3-4-5

Pour définir un pentagramme, le matériel minimal se résume à un angle, entre deux branches quelles qu'elles
soient, et à la mesure d'un segment, quel qu'il soit. C'est ce que nous offre la figure ci-dessus.

Il suffit de développer un rectangle doré vers le bas à partir du point que nous venons de placer, pointant “ ”,
accompagné de son cercle de rayon 1. La figure du rectangle et du cercle rassemblés exprime la proportion
dorée : le cercle de rayon 1 souligne de ses deux marques deux divisions successives du grand rectangle. ADN...

Cette confrontation de deux définitions minimales expose en outre la liaison du pentagramme avec le nombre
d'or. Et ce schéma imbrique dans un processus de construction les structures du rectangle doré (ici en jaune) et
de l'étoile. Ce fait est remarquable. Comme à propos du nombre , nous sommes habitués à envisager le
pentagramme et ses relations en termes arithmétiques alors que les définitions originales sont strictement
géométriques, avec les yeux. Enfin, cette figure se réfère au triangle 3-4-5 à travers son rectangle doré de
référence accroché à son sommet. Qui l'eut cru ? Les Égyptiens !

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 38 sur 49
Monstration

Ce pentagramme se cale sur l'amande, et est la


mesure de sa pointe. L'étoile reprend ensuite
cette mesure là où elle est à l'origine, comme
côté supérieur d'un rectangle d'or.

Ainsi le pentagramme semble incliné de façon


non conventionnelle, mais tout bien considéré,
son orientation a du sens : la droite que l'on
considère comme sa verticale quand il est en
position debout s'accorde avec la diagonale d'un
rectangle d'or. Le rectangle référent reprend
alors la première mesure de , celle qui mène au
centre du second cercle, et développe un
rectangle vers le bas de hauteur 2 = + 1. Le
visuel rassemble les points remarquables de
cette construction. Les modules de Penrose la
rendent parfaitement didactique.

La construction au compas

Dans l'exercice “physique” du compas, il


ne s'agit plus de limiter ses reports à leur
minimum, tout au contraire : plus une
ligne trouve de points de repères, plus sa
précision s'affirme. Ce principe est une
forme de triangulation.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 39 sur 49
Dans cet esprit, la construction du pentagramme
inverse et des lignes complémentaires apportent leur
contribution. La précision sur le terrain de la
géométrie égyptienne suppose de nombreuses
stratégies, dont celle-ci. Chaque point concret
devient l'objet d'une multiple triangulation.

Au final, ce pentagramme à l'allure désinvolte se lie


avec intelligence au triangle, alors que lui-même
émane de la figure des diagonales.
Pour exemple le point du pentagramme, situé sur la
barre du rectangle doré “de référence”. Sa barre
inférieure vise la pointe du pentagramme (cerf-
volant de 1 et ).

Remarques
1 - De très nombreuses coïncidences de figure
réclament la trigonométrie : leur précision est
alors de quelques millièmes (marge). En revanche,
celles qui sont accessibles à la logique des yeux
sont carrément exactes. Étonnant, non ?

2 - Sans connaître la structure du triangle ni la


figure des diagonales, cette géométrie avec les
yeux reste définitivement muette. Une vocation !

Maintenant la question qui se pose est de taille : qu'en savaient les Égyptiens ?
Sans rien “nommer par les nombres”, cette construction est entièrement réalisable à la règle et au compas sur un
quadrillage. C'est même une façon de ‘trouver’ le pentagramme, de l'inventer. Le chemin qui nous a mené jusque
là est parfaitement logique. Il résulte d'une série de propriétés des angles associés au triangle 3-4-5.
À noter : le point du haut n'est pas exact par rapport au quadrillage, il s'en faut de 4,5 ‰ de carreau. En
revanche le point vert du bas est exact, et il est également sur une ligne du pentagramme inverse.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 40 sur 49
ANNEXE I - Le miroir des astres
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Symboles
Les symboles ne sont pas des personnages de roman, adaptables à l'écran au gré du temps ou de l'inspiration. Le
propre des symboles est de servir ‘en soi’ de définition, au-delà de tout discours pictural, oral ou écrit. Il est si
difficile de les définir : leurs allégories ne sont que l'écho des structures qu'ils cachent. Portes entre-ouvertes sur
l'infini, l'invisible ou l'impalpable, la fascination qu'ils provoquent n'a d'égale que la modestie qu'ils inspirent aux
esprits les plus brillants. Les symboles sont toujours plus forts que les questions qu'on leur pose.

Composition
Une annexe est consacrée à l'étude de plusieurs fresques égyptiennes. Pour autant l'objectif n'est pas d'expliquer
entièrement le processus de la composition : cet article met en évidence la cohérence et l'intérêt d'un corpus de
géométrie égyptienne. L'extension du propos en la présente annexe est néanmoins justifiée : ce savoir ne s'est pas
constitué dans le seul but de nous séduire ou de nous étonner “intellectuellement”. Les motivations des auteurs,
des fondateurs de cette géométrie, étaient religieuses et artistiques. Que deviendrait l'archéologie si on lui
interdisait l'étude des manifestations rituelles, des tombes et des temples ? Que serait l'histoire de l'art si l'on
excluait les cathédrales et les oeuvres sacrées ? Or ce beau patrimoine n'a pas calqué ses lignes sur celles des
étiquettes que nous lui colons, mais sur celles de la géométrie...

L'étude de la géométrie de construction, à commencer par ses bases mathématiques et leur évolution, permet de
comprendre un aspect véritablement essentiel de la symbolique. La complexité et la cohérence avec lesquelles
cet art se déploie anéantit les préjugés dont nous sommes malgré nous les vecteurs. Depuis celui d'un narratif
consécutif à l'émergence du système perspectif, jusqu'à celui d'une sorte de mise en page ‘esthétisante’, médiocre
symptôme d'une société oisive. L'outil de composition assume la responsabilité du sens profond des symboles.
On le voit à la qualité de son discours mathématique, et à la façon dont il gère les propriétés étonnantes des
figures pour les assembler. Au fond des lignes de composition, il y a l'indicible, l'inexprimable, l'inaccessible.

Les Anciens ont choisi cette forme d'écriture, bien avant qu'ils n'inventent celle qui nous est familière. Mais
peut-on construire des cathédrales avec des mots ? De l'art contemporain, peut-être... Mais pas de la peinture.
Cette tradition a fini par céder devant l'imprimerie, alors que la technologie devenait la préoccupation
obsessionnelle de la civilisation occidentale. Paradoxalement, la quête des Anciens, qui cherchaient à offrir une
vision du monde à travers leurs symboles, a trouvé un autre champ d'expression : les lois de la physique. Et il est
plus que jamais question de structures. Kepler, Newton, Einstein, autant de grands mystiques qui ont à leur façon
poursuivi l'oeuvre des géomètres du sacré. Le Mâat égyptien du papyrus de Rhind, où l'on travaille encore à la
corde, est au bout d'un long cheminement devenu théorie des cordes. La mission des chercheurs ne change pas
fondamentalement : elle consiste à comprendre la cohérence du monde. Une question doit être abordée : l'art est-
il mort de la science ? Pour l'instant, l'art a grand besoin de la science pour comprendre les structures qu'il a
pratiquées pendant des millénaires. Et si les mathématiques n'ont pas de fin, pourquoi leurs applications en
auraient-elles ? Seule la négation du rôle des structures dans l'art provoque sa peine et sa vacuité.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 41 sur 49
Unité et cohérence
La géométrie avec les yeux connaît un grand épanouissement en Égypte, cet article le montre. Cette science
avant la science essaimera en Grèce et plus tard dans le monde celte (grâce aux pythagoriciens)... La
Renaissance se souviendra de l'origine égyptienne. Que cette géométrie soit sacrée d'un bout à l'autre va sans
dire : c'est la raison sociale des objets qu'elle produit. Et à ce propos, une distinction très sévère doit être posée
entre la théologie, qui s'appuie sur des mots et se traduit en termes sinon de pouvoir, au moins de concurrence, et
la géométrie sacrée qui est mathématique et ne peut s'exprimer que par des oeuvres. Les concepts de la théologie
sont affaire d'opinion, quand la référence de l'art sacré reste aussi indéformable que son triangle. Les termes de
croyances et de superstitions comme les expressions naïves du mystère ne conviennent pas à cette culture solide.
Elle veille constamment à sa cohérence, et elle puise son inspiration dans la nature et les astres, qu'elle observe
avec méthode. Le fait qu'elle ait choisi l'art pour s'exprimer ne doit pas lui valoir un statut de bouffon.

La reconstitution des mythes


Pour comprendre la fondation des symboles à leur origine, nous pouvons nous appuyer sur des faits. Des
systèmes mathématiques développés et cohérents apparaissent dès les III ème et IVème millénaire AEC (plateau de
Gizeh, temple d'Eanna de la civilisation d'Uruk - ils seront bientôt l'objet de publications). La géométrie
égyptienne, sujet central de cet article, démontre très tôt son autonomie, ce bien avant celle des Grecs. Un
brouillard se lève. Fini l'atmosphère de bricolage et d'empirisme, de superstitions et de croyances, fini les
esclaves trainant leurs boulets de pierre carrés au son du fouet ! La civilisation égyptienne doit son succès et sa
notoriété à ses constructeurs bien plus qu'à ses guerriers. Ainsi le sens de l'histoire ne va pas systématiquement
du barbare vers le civilisé. Une leçon pour l'humanité, qui s'est éveillée beaucoup plus tôt qu'on ne le soupçonne.

Le vecteur des mathématiques permet de remonter vers l'origine, car ses éléments se mettent en place avec un
minimum de logique... Ainsi l'on sait que cette géométrie avec les yeux commence avec un tracé à la corde sur
un quadrillage. D'autre part, les objets rapidement produits selon cet outil de construction sont amplement
référence à la nature : essentiellement les planètes et les animaux. L'homme se mélange avec ces notions (pour
ne pas rester en reste ?), comme les planètes et les animaux eux-même se mélangent. Ce méli-mélo n'est confus
que par ses apparences. Voici l'exemple d'une explication, comme permet d'en obtenir la géométrie comparée :
La séparation du monde du calcul de celui de la géométrie est explicite dans le mythe
d'Horus, Dieu à la tête de faucon. Son oeil droit et solaire est celui du géomètre : il
exprime la précision. Le gauche s'est perdu dans la bataille qu'il livra avec l'oncle Seth
(le vilain oryctérope du Cap) afin de venger son père Osiris. Cet oeil lunaire, perdu
pour la contemplation et la réalisation du monde, est miraculeusement récupéré par les
filets de Thot (le magique ibis blanc), et il devient symbole et même outil du calcul : le
fameux oeil Oudjat, que ferme l'artisan pour viser avec l'autre.
Sans les mathématiques, le mythe d'Horus n'est qu'une suite d'histoires sans queue ni tête. De même, sans
l'explication géométrique du plateau de Gizeh, la religion égyptienne n'est qu'un recueil de croyances à caractère
fantastique, et dans ces conditions les Atlantes voire les extra-terrestres ne sont pas loin. Très simplement, les
lignes géométriques qui entrent dans la composition au sol des pyramides exposent les deux grands mystères de
l'homme : celui de la conception (naissance) et celui de l'immortalité de l'âme (mort). Les Égyptiens vont à
l'essentiel, et pour cela leur symbolique survit autant que leurs pyramides à l'épreuve du temps...

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 42 sur 49
Nous sommes tant habitués à concevoir le mystère à l'aune de notre incompréhension. D'autres mots du
dictionnaire se disputent ce rôle avec autant de succès ! Fort heureusement, la science nous ramène aux
fondamentaux des Anciens : le mystère est entier quand il s'est expliqué, et sa révélation provoque un sentiment
esthétique qui pousse à la contemplation et à la méditation. Expliquer les choses, par des lois ou des concepts
n'abroge pas le mystère, tout au contraire : c'est la meilleure façon d'y entrer. Parfois même, la seule.

Les miroirs de la réflexion


Les mathématiques et le vocabulaire mythologique se sont-ils développés indépendamment l'un de l'autre ? Pour
se rejoindre de façon presque arbitraire au final ? « Toi tu seras Vénus parce que je trouve ça joli, et toi tu seras
Jupiter parce que je le veux ! ». Il faut bien mal connaître l'astronomie pour prôner un tel scénario. Les planètes
ont des rythmes qui font étrangement écho aux nombres qui marquent les figures de la géométrie...

La première logique qui se manifeste dans le ciel est celle du cycle soli-lunaire. Il suffit de compter les jours, qui
sont des “entiers naturels solaires”. Le rythme de la Lune se décompose en quatre phases clairement
identifiables : nouvelle lune (disque sombre) - premier quartier (disque pour sa moitié droite lumineux) - pleine
lune (disque entièrement clair) - dernier quartier (disque pour sa moitié gauche lumineux). Ce cycle est à
l'origine de la semaine de 7 jours. La durée exacte du cycle est de 29 jours 12 heures 44 minutes (soit ≈ 29,5
jours). Les Anciens ont repéré celui de Saturne, qui est de 29,45 ans (soit 29,5 avec une précision de 2 ‰). Ils
ont naturellement rapproché les deux cycles. Les 7 ans de chaque phase de Saturne envahissent la tradition
populaire. Les Saturnales des Romains vont du 17 au 24 décembre (soit 7 jours). De même, les douze mois de
l'année (comme les 12 signes du zodiaque) correspondent aux douze ans du cycle de Jupiter (que les Chinois ont
traduit par leur zodiaque de douze ans). Dans ce conditions, Jupiter, c'est 4 saisons de trois ans.
Un article de Christophe de Cène est consacré à ce champ de recherche :
http://www.art-renaissance.net/EDL/Christophe_de_Cene-zodiaque-nombres.pdf
Cette reconstitution en est à ses tout débuts et elle réclame l'intervention des astronomes et des astrologues.

L'étude du bestiaire mythologique est plus délicat, pour plusieurs raisons. Comme le remarque Olivier Keller, les
mythes paléolithiques et nomades se rappellent de la Terre quand la sédentarisation néolithique voit le
développement des cultes solaires, traces de l'astronomie/logie. Cependant, plus on remonte vers les origines
humaines (sapiens), plus les affirmations deviennent précaires. Une seconde raison incite à la prudence : les
animaux offrent naturellement moins de prise au discours mathématique, en dépit de la fascinante beauté des
courbes de Lascaux. L'idée de mixer les animaux et les planètes serait-elle alors une façon de mathématiser
l'animal ? Il faudra beaucoup étudier cette hypothèse avant d'en juger... Pour l'instant une chose est sûre : les
planètes, par leurs rythmes, et les figures géométriques, selon leur constitution, partagent un certain nombre de
fractions. Nous avons abordé Vénus, au chapitre V. Elle danse avec le Soleil autour de la Terre au rythme du
pentagramme (ceux qui préfèrent observer ce mouvement depuis le Soleil peuvent éventuellement y faire une
pause cigarette). La découverte de l'irrationalité de certains nombres provoque un cataclysme chez les
Pythagoriciens. Elle remet en question leur vision rationnelle du monde, ou plutôt comme le souligne Raphaël
Legoy, la commensurabilité de certains nombres. Les fractions que partagent l'astrologie et la géométrie seraient-
elles concernées ? Très subtilement, c'est peut-être à cette époque que les concepts d'exactitude (mathématique)
et de précision (physique) ont commencé à se différencier...

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 43 sur 49
ANNEXE II - L'état d'esprit égyptien
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Comptage > mesure > calcul... Et les angles


La géométrie avec les yeux compte ses carreaux et mesure ses figures au compas. Elle ne s'oppose pas au calcul :
elle s'en passe dès qu'elle le peut. Cette attitude est peut-être le signe d'un héritage paléolithique. Comme nous
l'avons évoqué au début de l'article, la notion d'angle pourrait être une solution palliative à l'appréciation des
figures. Par exemple, le tracé à la corde sur un quadrillage de l'angle de 30° (par le jeu d'un cercle de 4 sur un
quadrillage de 4x4) est plus accessible que le calcul et le report de mesure d'une √3, alors qu'elle n'est même pas
révélée sur le plan numérique. De façon générale, les angles resteront la préoccupation première des géomètres
du sacré jusqu'au dernier grand maître : Albrecht Dürer. Ceux de son autoportrait sont si précis que l'outil de
mesure d'un logiciel classique est dépassé (il ne prévoit qu'un seul chiffre après la virgule). En termes clairs,
l'approche arithmétique n'est pas la bonne, même si elle est utile à traduire les figures et à les étudier. La
géométrie est pensée comme elle est construite : avec les yeux. Cela vaut bien évidemment pour les
constructeurs de cathédrales.

Cette philosophie des angles s'est révélée tout au bout de l'étude. Il fut longtemps question de géométrie telle
qu'Euclide nous l'a enseignée. À propos de la proportion dorée, le langage géométrique représente un progrès
face à l'approche qui s'appuie sur le nombre. Les Égyptiens ne le connaissaient pas. Néanmoins, la première
définition posée est qualifiable de “juste sans pour autant être définitivement égyptienne” : « Un rectangle d'or
en contient un autre, de même proportion, qui s'obtient par simple soustraction d'un carré ». La dernière
définition est beaucoup plus conforme à l'esprit de la géométrie sacrée : « Quand la diagonale d'un rectangle
d'or passe son carré inscrit, elle laisse sur le côté le plus large un segment égal à la hauteur qu'il lui reste à
franchir pour aller jusqu'à l'angle ». En outre, cette définition met en évidence un second niveau de partition du
rectangle initial, ce qui est le propre de la logique dorée (elle produit ainsi la spirale dorée et le pentagramme).
La première définition est efficace et mécanique, la seconde est symbolique. Et la légende se confirme : la
géométrie sacrée a vu le jour en Égypte...

Le concept de Surface
L'approche arithmétique dans la géométrie pour les yeux des Égyptiens se limite aux proportions de figures
semblables. À l'origine, cette géométrie évite ou plutôt se passe du concept de surface. Elle s'occupe
essentiellement de lignes, de tracés, de figures. Les surfaces sont la préoccupation des arpenteurs qui préparent
les taxes et redistribuent les terrains après les inondations du Nil. Un exemple permet de comprendre cette
différence : le vesica piscis. Son amande a une forme, une signification, et une hauteur, mais le symboliste ne se
préoccupe pas de sa surface. Cette amande est un “espace”, délimité par deux portions de cercles. Les objets qui
y entrent sont issus d'un monde en trois dimensions qui se relient au spirituel grâce à l'unité d'un quadrillage. Le

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 44 sur 49
concept de surface est ici “décalé”. On pense “projection de l'esprit” en quelque sorte. Quant aux constructeurs,
ils ont intérêt à prévoir large quand il s'agit de poids (volume), et la surface n'est d'aucun secours pour préciser
les angles et les arrêtes de leurs pierres de taille.

En revanche, pour les mathématiciens grecs, la surface devient une préoccupation objective, et cela différencie
les deux civilisations. C'est une affaire de calcul, et aussi de méthode : le concept de surface permet de résoudre
“par la bande” bien des problèmes. Les Égyptiens n'en avaient objectivement pas besoin pour construire leur
géométrie au départ.

Maintenant, il est plausible qu'en trois millénaires cette civilisation de tradition ait évolué. Au moins qu'elle ait
cherché à vérifier par des méthodes nouvelles, pourquoi pas venues de l'extérieur, ce qui lui servait de socle.
Mais nous devons alors intégrer les conséquences des résultats. Par exemple, établir que les triangles de la toute
première monstration (concernant le cercle intime) ont un rapport de 5/4 équivaut à identifier la √5 du double
carré : la porte du théorème de Pythagore. Cette conséquence n'est pas un point de détail... Si ça se trouve, c'est
cette figure (que l'on va appeler celle des 5/4) qui a provoqué le théorème. Plusieurs schémas se disputent encore
ce rôle... Le théorème de Pythagore parle de carrés donc d'aires. Tous les problèmes du second degré peuvent
être résolus par les aires et c'est ce que feront toutes les civilisations. En revanche, les premiers géomètres qui
ont vu les deux triangles de la figure (la preuve qu'ils constituent), ne savaient vraisemblablement pas que le
rapport des surfaces est 5/4. Pour décréter qu'une figure était dans leur conscience, il nous faut un faisceau
d'éléments qui vont en ce sens.

En définitive, il est tout à fait plausible que le travail de revisite du corpus égyptien avec l'apport du concept de
surface soit l'oeuvre des Grecs. L'héritage égyptien et le progrès méthodologique grec trouvent en ce scénario
une résolution historique.

Enfin certains auteurs remettent en cause l'existence même de Pythagore. On peut imaginer le scénario extrême :
qu'un premier mathématicien ait appris des Égyptiens et ramené ce trésor en Grèce, ensuite qu'un second ait
travaillé ce savoir jusqu'à résoudre le théorème (pourquoi pas en héritant du théorème de la diagonale), et enfin
qu'un troisième personnage ait transmis ce savoir développé à l'intérieur d'une secte. Lequel des trois doit-on
appeler Pythagore ?

L'importance historique des oeuvres


Il est important de rappeler que cette grande aventure de recherche a pour premier fil conducteur l'étude des
oeuvres d'art et d'architecture. Ainsi, ce sont les oeuvres de la Renaissance qui ont révélé le triangle égyptien et
ses propriétés remarquables. Aujourd'hui encore, nous disposons de plusieurs études pour caler l'évolution de la
géométrie, particulièrement son émergence : 2500 ans AEC, les Égyptiens sont parfaitement en point sur le
plateau de Gizeh, et le temple d'Eanna, de la civilisation d'Uruk, affiche une maturité dès le IVème millénaire...
C'est une géométrie des formes que nous interrogeons, une approche que nous avons un peu perdue dans ce
monde numérisé qui prétend, depuis Viète et Descartes, pouvoir tout résoudre par le numérique... Presque tout !

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 45 sur 49
AUTRES ANNEXES
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Plusieurs annexes sont en cours de préparation. L'intensité des débats avec des partenaires aussi chevronnés que
passionnés pousse ces développements vers le stade de l'émancipation : les dites annexes deviennent des articles
à part entière. Il nous faut rassembler les éléments historiques et archéologiques autour des thèmes :

1 • Une première invitation est lancée à Geneviève von Petzinger, spécialiste de la géométrie
pariétale. En dépit de ses nombreux engagements, elle nous fera la grâce d'un texte dans les mois
qui viennent sur ce thème : les traces qu'il laisse dans ses cavernes montrent que depuis qu'il est
sapiens, l'homme cherche et trouve la géométrie. Et c'est la première forme d'écriture...

2 • « Pythagore avant Pythagore ». Y a-t-il par exemple, en Mésopotamie des triplets


pythagoriciens sans triangle et en Égypte des triangles sans triplets ? Le théorème de la
diagonale de la civilisation de l'Indus est-il parvenu jusqu'au Nil, ou encore son principe s'est-il
produit en ce deuxième lieu sous une autre forme ? Un état des lieux doit préciser la géométrie
égyptienne dans son contexte géographique et historique. La géométrie égyptienne est une forme
de pensée parallèle à l'algèbre. Elle laisse peu de traces car contrairement au calcul elle pouvait
parfaitement s'enseigner sans être consignée (sur papyrii), dans une sorte d'éducation à la “vue”,
en traçant des figures de quadrillage (particulièrement efficace pour mémoriser). En outre
l'Égypte ne serait pas la seule civilisation à pratiquer le culte de la mémoire (Celtes, Afrique
tribale par exemple). L'enseignement qu'aurait reçu Thalès et Pythagore des prêtres égyptiens
relevait-il d'un savoir oral du type de celui des compagnons, conservé avec les pratiques
d'arpenteurs, de bâtisseurs, de peintres ?

3 • Une autre annexe pourrait expliquer la suite du développement des mathématiques.


Il faut expliquer trois étapes :
- IIIème siècle AEC - Euclide traite encore de géométrie pure, mais avec un calcul sur les
grandeurs via les proportions, et une arithmétique théorique. Ses Eléments sont une somme de
connaissances de base mais elles sont présentées de façon déductive, à travers un réseau de liens
logiques qui les séparent de leurs origines pour en faire un tout cohérent qui leur vaut un statut
de vérité “absolue”, détachée de tout empirisme.
- IIIème siècle - Diophante introduit la notion d'inconnue dans un contexte de problèmes sur des
nombres sans liens évidents avec la géométrie. C'est une autre tradition, tout à fait étrangère au
monde des formes.
- IXème siècle - El Khwarizmi établit les algorithmes algébriques qui eux sont justifiés par les
propositions géométriques des Eléments d'Euclide.

4 • Un article concentre les éléments (extraits) d'étude de la géométrie comparée, appliquée aux
oeuvres qui ont permis la reconstitution de ce savoir :
http://www.jacquier.org/IREM/Yvo_Jacquier-geometrie_oeuvres.pdf

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 46 sur 49
TABLE DES MATIÈRES
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PRÉSENTATION
p. 2 La géométrie sacrée - La « géométrie avec les yeux » égyptienne

I - LA CORDE - PREMIER OUTIL


p. 3 Le culte de la corde tendue - Le vocabulaire de la nature
p. 4 La corde, ancêtre du compas et de la règle
La corde et l'angle droit
p. 4 La corde à treize noeuds
Le Triangle de l'Arpenteur ? - La corde à treize noeuds et les cycles de la lune

II - LE QUADRILLAGE PALÉOLITHIQUE
p. 5 Les deux champs ancestraux de la réflexion - La roue solaire
p. 7 L'hexagramme de Salomon
Symbolique - La valeur du 6
p. 8 Le tétraktys pythagoricien
p. 9 La croix cerclée
Confrontation de la croix, de l'hexagramme et du tétraktys
p. 10 Le vesica piscis
Module de la grille byzantine
p. 11 Le pentagramme et le Vesica Piscis

III - LE TRIANGLE ÉGYPTIEN


p. 12 Les courants mathématiques - en résumé
p. 13 Les règles du jeu
Avec ou sans ? Thalès ! - Le quadrillage - L'unité - Remarques 1 et 2
p. 14 Les trois premières mesures
Première monstration
p. 15 Le cercle inscrit, dit intime
Monstration par Yvo Jacquier
Monstration par Jean-Paul Mercier
p. 16 Deux autres monstrations du 5
Monstration 1 par Frédéric De Ligt
Monstration 2 par Yvo Jacquier
p. 17 Figures de transition
Le vesica piscis du triangle - La logique de proportion

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 47 sur 49
IV - LA PROPORTION DORÉE DU TRIANGLE
p. 18 L'approche égyptienne du nombre d'or
A - Le nombre d'or avec les yeux
B - Le rectangle doré à partir du double-carré
p. 19 Le concept de surface
A - La figure magistrale des trois diagonales
B - Prolongement de la figure grâce à la notion de surface
Lemme N° 1 - surfaces
p. 20 Lemme N° 2 - rectangle et carrés par Raphaël Legoy
Proposition - Monstration
p. 21 La logique égyptienne
Première étape : Comment est constitué le rectangle
Seconde étape : propriété des angles - Propriété des angles
p. 22 Troisième étape : monstration
La définition égyptienne de la proportion dorée
Propriété des angles
p. 23 La consécration des angles
Préambule : l'angle des diagonales d'un rectangle doré
Proposition - Monstration
Propriétés (diagonales du rectangle d'or, trinité)
p. 24 Les figures du carré du Pape
Première... Cinquième étape
p. 26 La spirale dorée du triangle
p. 29 L'insondable répertoire de la géométrie avec les yeux
Le rectangle doré (et sa croix) dans sa première position - Le jeu du carré
p. 30 Compléments utiles
Les rectangles et leurs petits
Bilan des propriétés du triangle 3-4-5
Pythagore avant Pythagore ?

V - LA FIGURE DES DIAGONALES


p. 31 L'approche trigonométrique du triangle
p. 32 La “belle mécanique” - La règle d'or des diagonales
p. 33 La figure des diagonales
p. 34 Focus sur le triangle - La proportion dorée
p. 35 Monstration
p. 36 LE triangle 3-4-5
Une préfiguration de la trigonométrie

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - La « géométrie avec les yeux » des Égyptiens 48 sur 49
VI - LE PENTAGRAMME DU TRIANGLE 3-4-5
p. 37 L'ADN du pentagramme
Propriété singulière
p. 38 Le pentagramme du triangle 3-4-5
p. 39 Monstration
p. 39 La construction au compas
Remarques

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ANNEXES
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ANNEXE I - Le miroir des astres


p. 41 Symboles - Composition
p. 42 Unité et cohérence - La reconstitution des mythes
p. 43 Les miroirs de la réflexion

ANNEXE II - L'état d'esprit égyptien


p. 44 Comptage > mesure > calcul... Et les angles - Le concept de Surface
p. 45 L'importance historique des oeuvres

AUTRES ANNEXES
p. 46 1 • La géométrie pariétale par Geneviève von Petzinger
p. 46 2 • « Pythagore avant Pythagore »
p. 46 3 • L'apparition progressive de l'algèbre
p. 46 4 • La géométrie dans les oeuvres

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REMERCIEMENTS
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Conseiller historique et pédagogique : Jean-Paul Guichard - IREM de Poitiers.


Merci à tous ceux qui se sont passionnés pour cette « géométrie avec les yeux » :
Christophe de Cène, Henri Lombardi, Jean-Paul Mercier, Frédéric De Ligt,
Raphaël Legoy, Geneviève von Petzinger, Anthony Rédou...

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