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PERCEPTION DES

PRATIQUES ÉTHIQUES

RECHERCHES ET EXPÉRIENCES
DES ENSEIGNES
GÉNÉRALISTES :
UNE ÉTUDE AUPRÈS
DES CLIENTS

Laure LAVORATA(1)
Maître de Conférences,
IRG - Université Paris Est

Résumé

Dans un contexte concurrentiel accru et renforcé par la mondialisation, la mise en place d'une poli-
tique éthique témoigne de la prise de conscience des enseignes de proposer des réponses adaptées face aux
problèmes contemporains. On peut cependant se demander si le développement de ces actions favorise la
construction d'une image éthique des distributeurs auprès de leurs clients. Cette étude réalisée auprès de 366
consommateurs a pour objectif d'étudier la perception qu'ont les clients des pratiques éthiques des enseignes.
Les résultats indiquent que l'image éthique des enseignes se construit avant tout à travers les campagnes de
communication des distributeurs sur leurs actions éthiques. Par ailleurs, cette étude montre que pour amé-
liorer les réponses aux questionnaires et afin de mieux mesurer l'éthique des enseignes, il est préférable de
privilégier la méthode des scénarios dans les recherches futures.

Mots clés : Éthique de l'enseigne - Image - Méthode des scénarios.

PERCEPTION OF RETAILERS ETHICAL PRACTICES : A STUDY AMONG CUSTOMERS

Abstract
In an increased competing context reinforced by internationalisation, retailers develop an ethical poli-
cy which shows that they are conscious of social or environmental problems such as environment... We can
ask if developing ethical actions can help them to build an ethical brand image among customers. The study
undertaken among 366 consumers analyses the customer's perception of retailers' ethical actions. The results
indicate that ethical's image of retailers depends mainly on communication campaigns about their ethical
actions. Moreover, this study shows limits of traditional measure's scale and propose for future research to
use vignette's method to improve Ethics'measurement.

Key words : Retailers'ethics - Corporate image - Vignette.

(1)
Laure Lavorata est Maître de Conférences à l'Université Paris 12 et membre de l'IRG. Elle est titulaire d'un doctorat sur l'étude du lien entre
le climat éthique de l'entreprise et le comportement éthique du vendeur. Ses recherches portent également sur le marketing éthique des
distributeurs et la mesure de l'éthique au sein des enseignes, le développement durable dans la grande distribution.
Courriel : lavorata@univ-paris12.fr

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INTRODUCTION prise de conscience des enjeux sociétaux par les


enseignes. Cette intégration de l'éthique par les dis-
Si l'éthique connaît un regain d'intérêt depuis tributeurs se traduit concrètement par l'apparition
les années 80, c'est sans doute parce qu'elle consti- d'enseignes spécialisées qui intègrent une dimension
tue un moyen de lutter contre certains dysfonction- éthique dans leur stratégie (Natures & Découvertes ;
nements de la gouvernance d'entreprise : des scan- Body Shop). Les enseignes généralistes n'échappent
dales financiers (Enron et Andersen), écologiques pas à cette vague et elles multiplient les accords avec
(Erika et Total) ou économiques (le travail des des ONG. En France, Casino est partenaire
enfants avec Nike). Mais les entreprises sont égale- d'Amnesty International et Champion a passé un
ment confrontées à des problèmes contemporains : accord avec le WWF pour créer des produits res-
les questions bioéthiques, la lutte contre la pollution pectueux des normes environnementales. En
et le souci de l'environnement, les politiques com- Angleterre, Tesco développe des produits issus de
merciales dans le Tiers Monde, le rapport Nord-Sud bois certifiés et Sainsbury s'engage dans la lutte
entre les producteurs et les distributeurs…. De plus, contre l'obésité. Les enseignes mettent également en
la mondialisation des échanges a modifié le rôle des place des codes de bonne conduite sociale (Auchan,
entreprises : « alors qu'il n'y a pas si longtemps, les Go Sport, Carrefour) et de nouvelles fonctions font
États encadraient l'activité de leurs agents écono- leur apparition au sein de ces enseignes : directeur
miques dans la logique d'un cycle économique ver- de l'environnement ou responsable éthique sociale
tueux, les grandes entreprises ont acquis, avec la chez Auchan, responsable du développement
mondialisation, une autonomie sans précédent à la durable chez Monoprix. Elles s'impliquent également
source de nouvelles relations avec l'État-Nation. Elles dans des actions écologiques : Auchan vient d'an-
sont devenues les ambassadeurs d'États cherchant à noncer qu'il stoppe, dans tous ses magasins, les
tirer profit des marchés globalisés » (Gendron et ventes du thon rouge, une espèce menacée, et qu'il
Lapointe, 2004). En outre, ce sont toutes les parties sensibilisera ses clients par un balisage en magasin ;
prenantes qui demandent des comptes aux diri- de même Carrefour indique qu'il diminue les ventes
geants des entreprises - fournisseurs, salariés, socié- de ce produit et qu'il cessera toute vente en 2009
té civile, ONG, pouvoirs publics, associations de (Novethic n°293, 2008).
riverains, associations de consommateurs - et plus
seulement les parties prenantes traditionnelles - Une question se pose alors. Face à cette volon-
actionnaires, investisseurs, clients - (Aggeri et ali., té délibérée des distributeurs de mettre en place une
2005). Les ONG les interpellent directement sur les politique éthique, quelle en est l'image perçue par
conséquences de leurs activités sur l'environnement une partie prenante essentielle pour leur activité : les
ou le développement économique. Les États mettent consommateurs et, plus particulièrement, les clients ?
en place des réglementations pour contraindre les Cette préoccupation éthique des enseignes n'est pas
grandes entreprises à publier un bilan social et envi- sans arrière-pensée : en effet, on assiste à une mon-
ronnemental (loi NRE de 2001 en France, par tée de la sensibilité éthique des consommateurs
exemple ou la TRI sur le reporting environnemental puisque selon une étude du Credoc (2007), 44%
en 1997 aux États-Unis). À côté des associations de tiennent compte des engagements de « citoyenneté »
consommateurs, de nouveaux collectifs (associations des entreprises lorsqu'ils achètent un produit. Par
de riverains, associations écologistes) se mobilisent ailleurs, 9 consommateurs sur 10 seraient suscep-
contre des problèmes de pollution industrielle tibles de boycotter un produit si l'entreprise ne res-
(déchets nucléaires, décharges…). En conséquence, pecte pas ses engagements éthiques. Les enjeux sont
il est devenu nécessaire pour les entreprises de d'importance pour les distributeurs qui souffrent
mettre en place des politiques pour répondre d'un problème récurrent d'image. Étant l'ultime inter-
concrètement à ces attentes. venant dans le circuit marketing, les actions du dis-
tributeur sont particulièrement visibles pour les
Les enseignes n'échappent pas à ce mouve- consommateurs et la société civile (Burns et Brady,
ment. On assiste en effet, depuis une dizaine d'an- 1996). Le distributeur se trouve ainsi au centre d'un
nées, à un intérêt croissant pour de nouveaux débat contradictoire entre les consommateurs, aux-
concepts comme l'éthique, la responsabilité sociale, quels il souhaite proposer la plus grande diversité de
le développement durable, qui semble montrer une produits à des prix compétitifs, et les producteurs

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Perception des pratiques éthiques des enseignes généralistes : une étude auprès des clients
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mis en péril par sa politique d'achat. C'est pourquoi, prendre comment l'individu et, par extension, le
face à la concurrence accrue des discounters, il consommateur, analyse son environnement et
devient pertinent pour les enseignes de réfléchir à quelles sont les causes (internes ou externes) qu'il va
un positionnement qui les aide à construire leur attribuer aux évènements. On peut ainsi penser que
image auprès du consommateur en lui fournissant les actions éthiques communiquées par les
une valeur perçue supérieure (Holbrook, 1999). Les enseignes peuvent contribuer à influencer favorable-
stratégies éthiques des enseignes apparaissent alors ment le jugement du consommateur : une dimension
comme des instruments d'extension de valeur ajou- éthique pourrait alors enrichir ce modèle de com-
tée à la marque (Mercier, 2004), un bon moyen d'évi- préhension du comportement du consommateur. De
ter la banalisation du discours de l'enseigne. Il peut plus, cette étude peut fournir aux praticiens un outil
ainsi devenir nécessaire, pour une enseigne, de de mesure de l'image éthique des enseignes : en
mettre en place des actions éthiques et de dévelop- connaissant l'évaluation par les consommateurs de
per alors une dimension sociétale et/ou environne- leurs pratiques éthiques et de celles de leurs concur-
mentale dans sa communication. C'est le cas de rents, les distributeurs seront à même de faire des
Monoprix qui, en adoptant une démarche volonta- comparaisons et d'en tirer des conséquences pour
riste auprès de ses consommateurs depuis 1998, leur politique marketing.
cherche à développer son offre « éthique » de pro-
duits (produits Bios, verts, issus du commerce équi- Nous allons plus particulièrement nous intéres-
table) tout en incitant ses consommateurs à consom- ser à la perception que les clients ont des pratiques
mer autrement : sacs de caisse transparents, produits éthiques des enseignes qu'ils fréquentent et de leurs
pour la qualité de vie qui prennent en compte le concurrents. Dans un premier temps, nous défini-
développement durable dans leur conception rons l'éthique de l'enseigne et nous présenterons un
(Aggeri et alii, 2005). cadre d'analyse de ce concept. Dans une deuxième
partie, nous développerons les différentes étapes de
À ce stade de notre réflexion, on peut s'inter- l'étude quantitative réalisée pour mesurer l'image
roger sur la perception que les consommateurs ont éthique de l'enseigne. Puis, nous discuterons des
de l'éthique des enseignes car, en tant que partie résultats de cette étude ce qui nous amènera à pré-
prenante, ils jouent un rôle important dans le déve- senter, dans la dernière partie de cet article, les prin-
loppement des pratiques éthiques des entreprises et cipales implications managériales de l'étude pour les
des enseignes : « le consommateur, relayé par la enseignes.
société civile, exerce des pressions pour que l'entre-
prise contrôle les procédés de production (réduction
de la consommation d'énergie, baisse des possibilités ANALYSER L'ÉTHIQUE DES ENSEIGNES
de rejet, recyclage des produits fabriqués) » (Najim,
2003). Il semble ainsi pertinent d'analyser de maniè- Avant de définir précisément le concept de
re plus précise l'image éthique que les consomma- l'éthique, il est nécessaire de mieux comprendre les
teurs ont des enseignes. En effet, si quelques raisons qui poussent les enseignes à intégrer
recherches se sont intéressées aux actions éthiques l'éthique dans leurs pratiques.
des distributeurs, en particulier l'environnement
chez Leclerc (Gauthier et Reynaud, 2005), aucune Intégrer l'éthique : opportunisme ou
étude, à notre connaissance, ne porte sur l'image volonté réelle des enseignes ?
éthique de l'enseigne. Pourtant, évaluer l'impact de
ces actions sur le consommateur, peut aider les cher- Si les enseignes intègrent l'éthique dans leurs
cheurs et les praticiens à mieux identifier la place de pratiques c'est qu'elles sont tout d'abord confrontées
l'éthique parmi les critères de choix des enseignes à des critiques. Sur les cent premières entreprises
par le consommateur. Les apports d'une telle étude mondiales par leur chiffre d'affaires (L'Expansion,
sont doubles : tout d'abord, elle peut contribuer à 2007), six entreprises sont des distributeurs (Wal-
enrichir les modèles sur le comportement du Mart en deuxième position ; Carrefour,16ème ; Tesco,
consommateur, par exemple celui de Heider (1944) 37ème ; Métro, 41ème ; Royal Ahold 58ème et Auchan
sur la théorie de l'attribution par l'individu. En effet, 94ème). Lorsque l'on sait que les dix premières entre-
dans ce modèle, les théoriciens cherchent à com- prises mondiales réalisent un chiffre d'affaires cumu-

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lé équivalent au PIB de la France, on comprend les logique de communication commerciale et qu'ils


pressions que ces distributeurs peuvent exercer sur sont utilisés d'abord comme des outils de communi-
les Etats. Cette toute puissance de la distribution sus- cation envers les différentes parties prenantes de
cite de nombreuses critiques portant d'abord sur l'enseigne. Ainsi, si les préoccupations éthiques de
l'environnement et sur la santé (Brabet et alii, 2007) : ces entreprises se traduisent concrètement par la
critiques liées au transport de la marchandise distri- vente de différents produits, produits issus du com-
buée, aux déplacements induits pour les clients, aux merce équitable, les produits éthiques, les produits
déchets générés (excès de packaging, sacs plas- respectueux de l'environnement, les produits made
tiques, produits non recyclables ou trop péris- in et les produits-partage, cet engagement peut
sables...), aux modes de production encouragés par apparaître également comme une réponse marchan-
le choix et les méthodes de gestion des fournisseurs de aux attentes éthiques de certains consommateurs
(déforestation, diminution de la biodiversité…). Sur (Thierry, 2003). Par exemple, les distributeurs, en
le plan social, on reproche à ce secteur les faibles supprimant les sacs de caisse répondent à une atten-
rémunérations, les conditions de travail difficiles et te écologique de leurs consommateurs en réalisant
parfois dangereuses, la précarité et la faible protec- une économie substantielle sur le coût de ces sacs.
tion sociale, les entraves au droit d'association… L'éthique pour les distributeurs apparaît alors
comme un compromis entre, d'une part, leur volon-
Face à ces nombreuses critiques, il devient té de prendre en compte l'impact écologique, social
essentiel pour les enseignes de se construire une et économique de leurs actions (distribution de pro-
image positive. L'objectif serait de redorer une image duits éthiques ou issus du commerce équitable,
fragilisée non seulement auprès des consommateurs réduction des déchets…) et, d'autre part, la nécessi-
mais aussi des différentes parties prenantes, en par- té d'être rentable et de rester compétitif pour les
ticulier les fournisseurs ainsi que les salariés, et de consommateurs (un assortiment de produits, un prix
donner une plus grande lisibilité à leur politique bas…). À ce stade de notre réflexion, il devient
éthique. Il s'agirait également pour les enseignes nécessaire de définir le concept de l'éthique de l'en-
d'avoir une cohérence entre, d'une part, les discours seigne.
envers les consommateurs (le prix et le respect du
client) et, d'autre part, les actions envers leurs sala- L'éthique de l'enseigne : un concept
riés (conditions de travail) et leurs fournisseurs (res- difficile à cerner
pect des marges). On peut penser que les enseignes
vont chercher à développer une politique institu- De façon générale, lorsque l'on parle d'éthique,
tionnelle visant à communiquer non seulement sur on l'associe d'abord à l'individu puis à l'entreprise.
leurs produits et les prix bas mais également sur l'en- Les écrits étant peu nombreux sur l'éthique de l'en-
seigne et ses actions éthiques. Si toutes les enseignes seigne, il n'existe pas de définition académique
n'ont pas un positionnement international, en consensuelle sur ce concept. Sujet à de multiples
revanche de grands groupes comme Carrefour ont interprétations, l'éthique de l'enseigne englobe aussi
choisi l'internationalisation comme levier de leur bien la vente de produits soutenant des « causes
croissance et l'éthique peut contribuer à renforcer justes », le développement de produits éthiques
leur image sur le plan mondial. fabriqués selon des règles éthiques, que la mise en
place de pratiques de vente éthiques auprès du
Se pose alors la question de l'instrumentalisa- consommateur (Whysall, 1998). Cette diversité
tion de l'éthique par les distributeurs (Cuzacq et alii, nécessite par conséquent de revenir aux origines de
2007). En effet, selon une vision optimiste, la multi- l'éthique (encadré 1).
plication des rapports de développement durable
par les enseignes généralistes rendus obligatoires Peut-on alors parler d'une éthique de l'en-
par la loi NRE pour les entreprises cotées (Carrefour, seigne ou d'une entreprise de la même manière que
Casino mais aussi Auchan, enseigne non cotée en de l'éthique individuelle ? Les positions des auteurs
bourse) pourrait être interprétée comme une volon- américains divergent sur le sujet (Derry, 1989).
té des enseignes d'être plus transparentes et de légi- Certains pensent que les entreprises ne peuvent pas
timer leurs actions. Une vision pessimiste pourrait avoir une responsabilité morale, car ce sont des enti-
laisser penser que ces rapports s'inscrivent dans une tés factices et ce sont les individus qui contribuent à

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Perception des pratiques éthiques des enseignes généralistes : une étude auprès des clients
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Encadré 1. Définition de l'éthique

Le terme éthique est souvent associé à la morale et certains auteurs estiment même que la distinction
est inutile (Ricoeur, 1990). Pour d'autres, au contraire, comme Comte-Sponville (1994), il existe une dif-
férence entre les deux termes : l'éthique est du domaine du particulier (relatif à un individu, un groupe…)
alors que la morale se veut universelle, ce qui renvoie à la morale du devoir selon Kant, en opposition
avec l'éthique du bonheur de Spinoza. Selon Deleuze (2003) : « À l'opposition des valeurs transcen-
dantes de la morale (Bien-Mal), se substitue la différence qualitative des modes d'existence associées à
l'éthique (bon- mauvais) ». Ainsi la morale est un ensemble de règles et de normes qui régissent la socié-
té alors que l'éthique englobe généralement les bonnes pratiques ou les comportements acceptables (ou
non) pour le groupe (Cory, 2004). Cette distinction entre éthique et morale est d'ailleurs généralement
admise car elle permet de clarifier les deux concepts comme le soulignent Crane et Matten (2004, p.11).
Pour cette raison, nous avons choisi de l'adopter dans la suite de notre développement.

la dimension morale de l'entreprise. D'autres, au œuvrer pour autrui si cela peut lui éviter un préju-
contraire, estiment que les entreprises peuvent être dice pour ses propres intérêts ou si le bénéfice obte-
considérées comme des agents moraux compte tenu nu par autrui lui procure un bénéfice supérieur
des politiques mises en œuvre, des intentions et des (Sorell, 2001).
actions qui en découlent. En France, Moussé (2002)
considère que l'éthique de l'organisation est avant Par ailleurs, il est nécessaire de s'interroger sur
tout une affaire de responsabilité liée à la personna- la place de la déontologie dans l'éthique de l'entre-
lité du dirigeant plus qu'à l'entreprise et que, par prise : définie comme « l'ensemble des règles com-
définition, l'éthique est individuelle. Pour d'autres munément admises et des devoirs qui régissent une
chercheurs, en revanche, l'éthique de l'entreprise est profession » (Boyer, 2002), on parle aussi de « mora-
une réalité. Ainsi, Mercier (2004) parle « d'une le professionnelle » (Crane et Matten, 2004). Pour
éthique organisationnelle », définie comme « la maniè- Mercier (2004), ces règles de conduite s'inscrivent
re dont l'entreprise intègre ses valeurs clefs dans ses dans une éthique contractuelle et « elles précisent les
politiques, pratiques et processus de décision ». De responsabilités et devoirs des collaborateurs face aux
même, en Europe, Crane et Matten (2004) montrent tiers ». En conséquence, la déontologie faisant partie
que l'entreprise dispose d'une responsabilité morale de l'éthique formelle de l'entreprise, elle est intégrée
propre qui va influencer les décisions de ses dans l'éthique de l'enseigne. En outre, dans la mesu-
employés. La reconnaissance par le droit français re où les consommateurs ne connaissent pas les
d'une personnalité morale de l'entreprise depuis le règles de déontologie des Grandes Surfaces, seuls
nouveau code pénal de 1994, la rend d'ailleurs res- les actes éthiques (ou non) des distributeurs (par
ponsable de ses actes, ce qui renforce la possibilité l'intermédiaire du personnel de vente par exemple
de parler d'une éthique d'entreprise. C'est ce point ou des actions de mécénat) leur sembleront visibles
de vue qui sera retenu dans le cadre de notre étude. et c'est pourquoi nous nous centrerons sur ces pra-
En conséquence, si l'on applique la définition de tiques éthiques. De plus et dans la mesure où cette
l'éthique proposée dans l'encadré 1 à l'éthique de étude est réalisée dans un contexte francophone,
l'entreprise, celle-ci peut être définie comme des nous laisserons de côté le contexte culturel de
pratiques acceptables par la société définies comme l'éthique. En effet, selon les pays, la conception de
« des bonnes actions » au sens aristotélicien. En effet, ce qui est bien ou mal peut varier ce qui va modifier
en développant des pratiques qui favorisent son la conception de l'éthique de l'entreprise en fonction
propre épanouissement, l'entrepreneur et, par des cultures comme des traditions (Crane et Matten,
conséquent l'enseigne, se comporte de manière 2004). Il convient de déterminer maintenant com-
éthique. Dans ce cadre, l'acteur économique peut ment évaluer les pratiques éthiques des enseignes.

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Tableau 1
Les critères d'évaluation de l'éthique de l'entreprise d'après Ronai (1999)

Les critères d'évaluation de l'éthique Exemples d'actions

Relations avec la société civile et implication dans la vie - mécénat, sponsoring, aides aux associations, finance-
locale ment d'actions locales

Relations avec les clients et les fournisseurs - certification, labels, éthique des achats, cadeaux, com-
mission, relations avec les fournisseurs, abus de posi-
tion dominante

Relations avec l'environnement - systèmes de gestion, stratégie, management, impact


environnemental, responsabilité environnementale

Présence et sous-traitance dans les pays émergents - droits élémentaires des travailleurs, travail des enfants,
rémunérations, codes de conduite et systèmes de
contrôle.

Relations avec les actionnaires - transparence, information et communication, dialogue

Relations sociales - aménagement du temps, mesures pour les familles,


emploi, contenu du travail, conditions de travail, hygiè-
ne et sécurité

Six critères pour évaluer l'éthique de aux pratiques des enseignes (la qualité sociale des
l'enseigne produits, les produits issus du commerce équitable, …).
Cependant, devant l'absence d'un cadre d'analyse
Les pratiques éthiques des enseignes étant précis du concept et compte tenu de l'existence de
nombreuses, il est parfois difficile de les évaluer. critères déjà utilisés pour mesurer l'image éthique de
Pourtant, au même titre que toute entreprise, il est l'entreprise, nous avons choisi d'adopter les six cri-
probable que les enseignes ne soient plus seulement tères proposés par Ronai (1999) pour évaluer
jugées sur leur performance financière mais aussi sur l'éthique des enseignes. Il s'agit ainsi d'une construc-
leur performance éthique. Ainsi, des actionnaires ont tion a priori de l'éthique des enseignes, qui s'inscrit
souhaité ne pas investir dans des entreprises qui ne dans une approche hypothético-déductive classique.
répondaient pas à certains critères éthiques. C'est ce
qui a conduit différentes sociétés à mettre en place Par ailleurs, la diversité des pratiques éthiques
des critères d'évaluation des pratiques éthiques des des enseignes nécessite de les différencier selon le
entreprises comme le CEP (Council for Economic type d'enseignes. Une étude antérieure classe les
Priorities) aux USA, Viego (ex-Arèse) en France ou enseignes, selon leur positionnement éthique, en
Ethibel en Belgique. L'éthique de l'entreprise peut trois catégories (Gatfaoui et Lavorata, 2001). La pre-
alors s'analyser au travers de six critères (tableau 1). mière regroupe des enseignes comme Human Inside
ou Alter Eco qui ont une gamme de produits
Bien que ce cadre d'analyse synthétise les dif- éthiques (issus du commerce équitable). Dans la
férentes pratiques éthiques des entreprises, il com- seconde catégorie figurent des enseignes comme
porte deux principales limites : premièrement, son Body Shop ou Nature et Découvertes qui ont déve-
ancienneté (1999), puisque depuis le développe- loppé une stratégie éthique. La troisième catégorie
ment du reporting sur le développement durable, est composée des enseignes conventionnelles géné-
nous assistons à une multiplication d'indicateurs per- ralistes (Auchan, Carrefour, Leclerc…) ou spéciali-
mettant de mesurer de manière plus précise sées (Leroy-Merlin, Ikéa…) qui mènent des actions
l'éthique, en particulier le développement durable éthiques. Il nous semble cependant que les enjeux
(Cuzacq et alii, 2007) ; deuxièmement, son cadre d'un marketing éthique sont plus importants pour les
général qu'il aurait fallu adapter plus spécifiquement enseignes conventionnelles que pour celles qui,

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Perception des pratiques éthiques des enseignes généralistes : une étude auprès des clients
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Figure 1
Méthodologie de l'étude

Étape 1 : Construction de l’outil


Étape 2 : Collecte des données.
de mesure
Étude quantitative.

Réunion de groupe Groupe Février - Mars 2005.


consommateurs d’experts 366 questionnaires
administrés

Attribution de ces
20 items items aux six critères
proposés d’évaluation de
l’éthique
Étape 3. Analyses
factorielles (AFE et
13 items Évaluer l’éthicité AFC) sur l’échelle de
retenus des 13 items mesure de l’éthique

Choix des enseignes

s'inscrivant dans une démarche totalement éthique, Construction de l'outil de mesure


sont déjà sensibilisées à ce sujet. En outre, des tra-
vaux indiquent que les enseignes généralistes déve- Afin de construire un outil de mesure adapté
loppent plus d'actions éthiques que les discounters aux enseignes, nous avons demandé à des consom-
ou les enseignes spécialisées et que leurs respon- mateurs réunis lors d'une table ronde(2) de se pro-
sables apparaissent également plus éthiques dans noncer sur 20 items qui avaient été élaborés à partir
leurs actions (Gifford et Norris, 1987). C'est pourquoi des six critères éthiques proposés par Ronai (1999).
nous avons choisi de centrer cette étude sur les Ils devaient, en particulier, déterminer si ces items
enseignes généralistes et nous allons développer la étaient compréhensibles et s'ils pouvaient les classer
méthodologie. parmi les six critères éthiques. Nous avons procédé
de la même façon avec un groupe d'experts, com-
posé de chercheurs. Au final, treize items ont été
UN QUESTIONNAIRE POUR MESURER retenus et le groupe d'experts a dû se prononcer sur
L'IMAGE ÉTHIQUE DES ENSEIGNES le degré d'éthicité de ces items (tous ont été consi-
AUPRÈS DES CLIENTS dérés comme éthique). Pour mesurer ces items, nous
avons utilisé une échelle de Likert à 5 points (pas du
Trois étapes ont été suivies lors de la réalisation tout d'accord à tout à fait d'accord). Le questionnai-
de cette étude : une phase de construction de
l'échelle pour mesurer l'image éthique des enseignes
(2)
généralistes ; une phase de collecte de données Il s'agit d'un échantillon de convenance (étudiants). Deux thèmes
auprès des consommateurs ; une phase de traite- ont été abordés : les pratiques éthiques des enseignes et les
ment statistique des données avec des analyses fac- enseignes qui apparaissent les plus engagées et les moins enga-
gées ; l'évaluation des items issus des critères de Ronai et leur vali-
torielles exploratoire et confirmatoire (figure 1). dité.

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re se composait de plusieurs parties. La première est bac et bac +2 pour 61% des répondants. Plusieurs
partie permettait de mesurer l'image éthique des analyses ont ensuite été effectuées pour valider l'ou-
enseignes en général. La deuxième partie avait pour til de mesure de l'image éthique des enseignes
objectif de mesurer l'image éthique de chaque (encadré 2). Après épuration, on obtient une échel-
enseigne : afin de les choisir, nous avions demandé le de mesure de l'image éthique des enseignes géné-
aux consommateurs présents lors de la réunion de ralistes comportant dix items (annexe A1).
groupe de citer une enseigne qui, selon eux, avait
des pratiques éthiques, ce qui a permis de retenir au
final neuf enseignes. La troisième partie concernait L'ÉTHIQUE DES ENSEIGNES PAR LES
le comportement du consommateur (fréquentation CONSOMMATEURS : UNE PERCEPTION
du magasin ; intention de boycotter le magasin). La POSITIVE MAIS DIFFÉRENCIÉE
quatrième partie proposait différentes actions non SELON LEURS ACTIONS
éthiques et le consommateur devait en sélectionner
trois. Enfin, la fiche signalétique comportait des élé- Cette étude permet de mettre en évidence trois
ments sur le sexe, l'âge, le niveau d'études, la pro- résultats importants que nous allons détailler.
fession et la situation familiale, critères généralement
utilisés dans les enquêtes sur les consommateurs. La possibilité de mesurer
concrètement l'éthique des enseignes
Collecte des données
L'échelle de mesure de l'éthique des enseignes
L'étude a été réalisée auprès de clients de permet d'obtenir un score moyen de la perception
grandes surfaces généralistes du 18 février au 6 mars des clients (3,18). Ce score est supérieur à la moyen-
2005. Pour choisir un échantillon, deux méthodes ne théorique de 3 obtenue en faisant la moyenne de
sont possibles : soit choisir une méthode aléatoire l'échelle de Likert à 5 points. On peut en conclure
qui nécessite de posséder un fichier (tirage au sort, que 60% des consommateurs interrogés ont une opi-
table des nombres au hasard…) ; soit adopter une nion positive des pratiques éthiques des enseignes.
méthode empirique (échantillon de convenance, a Cependant, il faut constater que certains items
priori ou de jugement), en raisonnant sur des cri- obtiennent un score faible : ainsi les clients considè-
tères pertinents pour notre étude. Dans la mesure où rent que les distributeurs ne sont pas attentifs aux
nous n'avions pas accès à des fichiers, c'est la conditions de travail de leurs salariés (score de 2,87)
méthode empirique qui a été privilégiée et, parmi les et qu'ils ne contrôlent pas le comportement de leurs
différentes méthodes possibles, nous avons choisi salariés (score de 2,59). Ces résultats confirment les
plus particulièrement l'échantillon a priori ou de audits réalisés par la FCD (Fédération du Commerce
jugement. Cette méthode repose sur une sélection et de la Distribution) en 2002, qui montrent que les
de l'échantillon selon l'opinion d'une ou de plusieurs points problématiques dans les enseignes sont les
personnes compétentes pour identifier les unités horaires de travail ou les salaires minimaux non res-
représentatives de la population de base. Nous pectés (comme chez Leclerc ou Système U). Ainsi,
avons ainsi pensé que la méthode la plus pertinente les distributeurs devraient être vigilants sur les condi-
pour notre étude consistait à interroger des per- tions de travail de leurs salariés s'ils souhaitent amé-
sonnes à la sortie des grandes surfaces. Elle présen- liorer leur image auprès des consommateurs.
tait l'avantage de toucher un éventail large de la
population dans un délai court et de cibler les clients Par ailleurs, l'analyse factorielle confirmatoire a
de grandes surfaces. Le questionnaire a ainsi été permis de mettre en évidence trois facteurs dans
administré à la sortie de différents hypermarchés ou l'échelle de mesure de l'image éthique (annexe A1).
supermarchés (Cora, Leclerc, Auchan, Carrefour, Le facteur 1 englobe toutes les actions liées à l'envi-
Monoprix, Casino, Intermarché) et 366 question- ronnement ainsi que les relations avec les PVD
naires ont été collectés. Les caractéristiques de cet (Développement Durable). Le facteur 2 concerne les
échantillon sont les suivantes. Il est composé de 53% conditions de travail des salariés (Relations Sociales).
de femmes et 47% d'hommes. Les personnes inter- Le facteur 3 concerne le mécénat, les actions locales
rogées sont âgés de 18 à 55 ans avec une répartition (Implication dans la société). Parmi les six critères
quasiment identique (28 à 31%). Le niveau d'études d'évaluation proposés par Ronai (1999), seulement

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Encadré 2. Les analyses factorielles effectuées

Dans un premier temps, une analyse factorielle exploratoire a été réalisée sur l'échelle de mesure des
pratiques éthiques à l'aide du logiciel SPSS 12.0 (annexe A2). Nous avons procédé à une épuration de
l'échelle en éliminant les items qui ne répondent pas aux critères de validité (communalité faible ou cor-
rélation à deux facteurs). L'alpha de Cronbach (0,67) est conforme aux critères admis pour une étude
exploratoire, pour un pourcentage de variance satisfaisant (52%).
Dans un second temps, une analyse factorielle confirmatoire a été effectuée avec le logiciel Amos 5.0. En
effet, si Amos est souvent utilisé pour valider un modèle, il permet également de fournir des indicateurs
plus précis que le logiciel SPSS, comme les indices d'ajustement et les indices incrémentaux (Roussel et
ali., 2002). De plus, il est utilisé pour identifier des dimensions latentes ce qui est le cas de cette étude
puisque l'on a pu mettre en évidence trois dimensions de l'éthique de l'enseigne : développement durable,
relations sociales et implication dans la société civile.
Les indices d'ajustement du modèle sont corrects (GFI= 0,946 ; AGFI= 0,908 ; RMSEA= 0,076 ; RMR = 0,073)
et le rho de Jöreskog est de 0,77 (supérieur au seuil de 0,7 communément admis). Les indices incré-
mentaux (NFI, IFI et TLI) qui mesurent l'amélioration de l'ajustement en comparant le modèle testé à un
modèle de base, bien que proches de 0,9, sont en revanche inférieurs à cette limite généralement admi-
se (respectivement NFI = 0,785 : IFI = 0,847 ; TLI = 0,778). Cependant, comme ces valeurs limites sont
avant tout une indication des standards et non le seuil indiscutable de rejet du modèle, tous les items ont
été conservés afin de garder la cohérence de l'échelle.

trois apparaissent dans l'analyse factorielle : ainsi les ve confirmé par le test du chi-deux (annexe A4). De
critères d'évaluation portant sur les relations avec les même, lorsque l'on teste la relation entre la fréquen-
clients et les fournisseurs ou la présence dans les tation de l'enseigne et sa notoriété puis la fréquenta-
pays émergents n'apparaissent pas dans cette étude. tion de l'enseigne et la connaissance des actions
Une des raisons de cette absence peut être la éthiques de l'enseigne fréquentée, les résultats sont
méconnaissance qu'ont les consommateurs des significatifs (annexe A4). Cette dépendance montre
actions des distributeurs dans ces domaines et le fait que c'est avant tout la fréquentation de l'enseigne
qu'ils ne soient pas directement concernés par ces ainsi que sa notoriété qui vont influencer l'image
sujets puisqu'ils n'en subissent pas de préjudice, éthique de l'enseigne et la connaissance que le client
contrairement à la qualité des produits. a des actions éthiques de son magasin.

Prédominance de quatre enseignes Cette dépendance entre les variables pourrait


citées par les consommateurs : constituer une limite à l'étude. Pourtant, les diffé-
notoriété, fréquentation rences relevées selon les enseignes semblent indi-
ou impact des actions éthiques ? quer que la notoriété n'est pas le seul élément à
avoir une influence sur l'image éthique de l'enseigne :
Lorsque l'on analyse l'image éthique des dix ainsi Leclerc est considérée comme l'enseigne la plus
enseignes étudiées dans cette recherche (annexe sensibilisée aux problèmes d'environnement, ce qui
A3), les quatre enseignes les plus citées sont peut être attribué aux campagnes de communication
Carrefour, Auchan, Leclerc et Champion, toutes pra- mises en place par celle-ci. Ce résultat est cohérent
tiques confondues. On peut alors se demander si ces avec l'étude de Gauthier et Reynaud (2005) qui
résultats ne sont pas liés tout simplement à la noto- montre l'impact de la communication environne-
riété des enseignes et/ou la fréquentation de l'en- mentale de Leclerc sur ses clients. De même, alors
seigne plutôt qu'à la connaissance qu'ont les que Champion figure toujours en quatrième position
consommateurs de leurs pratiques éthiques. En effet, parmi les quatre enseignes les plus fréquemment
les tris croisés effectués entre la notoriété des citées, l'enseigne est citée en troisième position sur
enseignes et la connaissance des actions éthiques la sponsorisation des manifestations culturelles et
par les clients indiquent une dépendance significati- sportives. On peut expliquer ce classement par sa

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Tableau 2
Classement des pratiques jugées non éthiques par le client

Classement 1 2 3 total
Pratiques proposées

Faire travailler les enfants dans les PVD 207 53 27 287

Ne pas contrôler la qualité des produits 57 79 87 223

Ne pas se soucier de l'environnement 44 75 83 202

Ne pas se soucier des conditions de travail 14 91 77 182

Donner des cadeaux aux fournisseurs 5 12 26 43

Ne rien dire aux actionnaires 5 6 11 22

Ne pas mettre en place de salaire minimum dans les 4 3 12 19


PVD

Ne pas financer des associations locales 1 6 10 17

Ne pas sponsoriser 8 4 12

participation au Tour de France et la connaissance (34%), le non-respect de la législation du travail


que le consommateur a de l'engagement de cette (30%) et la qualité du produit (20%). Les préoccupa-
enseigne dans cette manifestation. Enfin, il faut noter tions des consommateurs de notre étude vont dans
que, bien que l'enseigne Monoprix s'implique dans le même sens. Le travail des enfants, la qualité des
le commerce équitable depuis quelques années produits (liée aux problèmes de la vache folle par
(avec au départ la vente des « produits verts »), le exemple), les problèmes liés à l'environnement et
consommateur n'associe pas cette image à cette les conditions de travail des salariés apparaissent
enseigne, puisqu'elle ne figure qu'à la 6ème place comme les préoccupations principales de nos inter-
(annexe A2). Cela pose le problème de la communi- viewés. Il apparaît alors souhaitable pour les
cation par les enseignes de leurs actions éthiques sur enseignes d'être plus particulièrement vigilantes sur
les consommateurs puisque Monoprix a choisi de ne ces aspects.
pas communiquer systématiquement sur celles-ci.

Quelles sont les actions éthiques à IMPLICATIONS MANAGÉRIALES


privilégier pour les enseignes ? POUR LES ENSEIGNES

Pour identifier les pratiques jugées les moins Les résultats de la recherche permettent d'iden-
éthiques par le consommateur, nous lui avons tifier trois principales implications.
demandé de choisir trois pratiques parmi neuf pro-
positions (tableau 2). Agir concrètement dans le domaine
Il est intéressant de comparer ces résultats à de l'éthique
ceux de l'étude du Crédoc (2002) parfaitement
convergents. Ainsi, l'étude du Crédoc indique que La première conclusion qu'apporte cette étude
parmi les raisons qui pousseraient les consomma- est que, si l'enseigne veut se construire une image
teurs à boycotter des produits, on trouve : le travail éthique auprès des consommateurs, elle doit agir en
des enfants (41%), une fabrication nuisible à l'envi- priorité sur les trois dimensions présentes dans l'ou-
ronnement (35%), les licenciements du personnel til de mesure : Développement Durable, Relations

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Sociales, Implication dans la société. Ainsi, s'intéres- tains auteurs (Brabet et ali, 2007) indiquent que
ser aux problèmes de l'environnement constitue un cette enseigne prend conscience de la nécessité d'in-
axe de la politique éthique d'une enseigne mais il ne tégrer l'éthique dans ses pratiques puisqu'elle vient
doit pas être le seul. Les conditions de travail, facteur de publier son premier rapport de développement
négatif dans la perception du consommateur, durable en 2007 et qu'elle va mettre en place des
devraient être mieux prises en compte par les politiques salariales (hausse du salaire minimum) et
enseignes si elles veulent développer une image environnementales (réduction des emballages et
éthique auprès de leur clientèle. Nous constatons baisse de la consommation d'énergie). D'autres,
d'ailleurs que lorsqu'on demande au consommateur comme Auchan, réalisent des actions environne-
de classer les pratiques les moins éthiques, sponta- mentales (arrêt de la vente du thon rouge) et vont
nément, c'est le travail des enfants, la qualité des communiquer auprès de leurs clients. Cette politique
produits, l'environnement et les conditions de travail est d'ailleurs approuvée par Greenpeace qui sou-
qui sont d'abord cités. Dans la mesure où la mise en ligne en particulier le rôle pédagogique que peuvent
place d'une politique éthique nécessite un engage- jouer les enseignes auprès des consommateurs
ment dans la durée pour l'enseigne, il peut être per- (Novethic n°293, 2007).
tinent de lui conseiller de se centrer d'abord sur ces
actions pour agir, par la suite, dans d'autres L'éthique : une composante de l'image
domaines. de l'enseigne et un critère de choix
de l'enseigne pour les clients ?
La nécessité pour l'enseigne de
communiquer sur ses actions éthiques Les résultats précédents nous conduisent à
nous demander si, dans la mesure où l'éthique joue
La deuxième conclusion de cette étude est que, un rôle sur l'image de l'enseigne, elle ne peut pas
contrairement à une idée reçue et fréquemment devenir également un critère de choix dans la fré-
défendue, l'enseigne doit communiquer sur ses quentation des enseignes par le consommateur. En
actions éthiques pour se construire une image effet, bien que le critère prix reste un élément essen-
éthique. Ainsi, bien que certaines enseignes préfè- tiel pour le consommateur, comme en témoigne le
rent ne pas communiquer sur leurs pratiques développement des discounters, d'autres éléments
éthiques en considérant que ce ne serait pas éthique peuvent influencer le choix de l'enseigne. Si la
(Monoprix), cette recherche confirme l'impact de la proximité géographique ou le design du point de
communication sur l'image éthique de l'enseigne vente apparaissent importants dans le choix d'une
perçue par le consommateur. Si Leclerc est citée par enseigne, il est cependant nécessaire d'affiner ces
les consommateurs dans cette étude comme la pre- concepts, en particulier, celui de proximité. Ainsi
mière enseigne sensibilisée à l'environnement, c'est Bergadaà et Del Bucchia (2007) montrent qu'il exis-
parce que l'enseigne a su mettre en place une cam- te cinq types de proximités : d'accès, fonctionnelle,
pagne de communication environnementale efficace relationnelle, idéologique et de processus. Ils indi-
qui s'est appuyée sur des actions concrètes. Il quent que la proximité identitaire (idéologique) avec
devient alors nécessaire pour l'enseigne de réaliser l'enseigne, c'est-à-dire le partage des valeurs de l'in-
des actions au niveau local mais également de com- dividu avec celle-ci, joue un rôle important dans la
muniquer sur ces actions afin de conforter son image fréquentation de l'enseigne. On peut également pen-
éthique (Gauthier et Reynaud, 2005). Les consé- ser que la mise en place d'actions éthiques locales
quences sont importantes pour l'enseigne puisque la peut conduire le consommateur à modifier l'image
littérature suggère qu'intégrer l'éthique dans la stra- éthique de l'enseigne et, par conséquent, l'inciter à
tégie de l'entreprise est profitable pour l'entreprise fréquenter celle qui aura l'image éthique la plus forte
et, qu'en plus, l'image éthique peut favoriser la pour lui. En effet, l'analyse des relations entre la fré-
confiance chez le consommateur (Karri et alii, 2005). quentation du magasin et l'image perçue du magasin
Certains exemples d'enseignes pourraient montrer le (annexe A4), confirme l'existence d'une corrélation
contraire : Wal-Mart est en effet l'enseigne la plus positive. Ainsi, la fréquentation du magasin par le
profitable et pourtant elle n'a pas une bonne image consommateur renforce l'image éthique de l'en-
éthique auprès du public (en particulier sur les seigne et confirme, s'il le fallait encore, l'importance
conditions de travail de ses salariés). Pourtant, cer- des actions éthiques réalisées en priorité sur le plan

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local. Ces résultats sont conformes à ceux d'une Mais, cette étude montre également les limites
autre étude anglo-saxonne (Girod et Michaël, 2003) des outils méthodologiques pour la mesure de
qui indique que les enseignes les plus actives sur le l'éthique des enseignes et des entreprises en général.
plan de la RSE (Tesco, Marks et Spencer, Ikea) sont En effet, bien que les critères de validité et de fiabi-
celles qui ont la meilleure image auprès des consom- lité aient été respectés pour cette échelle de mesure,
mateurs mais aussi le leadership sur leur marché. il semble pertinent de s'interroger sur la possibilité
Ainsi, sans construire son positionnement sur pour celle-ci de mesurer réellement l'éthique de l'en-
l'éthique, il est cependant souhaitable pour l'en- seigne. En effet, si le questionnaire, par sa facilité
seigne de l'intégrer dans sa stratégie. Ducrocq (2006) d'utilisation, permet d'obtenir des informations
montre ainsi que l'enseigne doit « affirmer une mis- rapides, les questions posées reposent sur la
sion », « une légitimité sociale », traduire également connaissance que le consommateur a des pratiques
les valeurs de l'enseigne et, par conséquent, s'enga- éthiques des enseignes et non sur un exemple pré-
ger dans une véritable démarche éthique. On peut cis. Ainsi, il a bien souvent du mal à y répondre.
alors penser que l'éthique doit se traduire concrète- C'est pourquoi, nous préconisons dans le cas des
ment dans les actes des enseignes et qu'elle sera recherches sur l'éthique des enseignes, et par exten-
intégrée dans l'image perçue par ses clients. Par sion des entreprises, de privilégier la méthode des
ailleurs, l'apparition d'un consommateur responsable scénarios pour mesurer le concept de l'éthique. En
et aux multiples facettes (François-Lecompte et effet, cette méthode, utilisée de plus en plus par les
Valette-Florence, 2006) doit inciter les enseignes à chercheurs en marketing, présente l'intérêt de rendre
réfléchir à la manière de l'atteindre et de lui propo- plus accessible un concept difficile à cerner
ser des produits qui intègrent cette dimension (l'éthique) à travers des situations concrètes
éthique (commerce équitable, produits régionaux, (Lavorata et alii, 2005). Ainsi, chacune des pratiques
produits bio, qualité sociale des produits…). présentées dans cette étude pourrait faire l'objet d'un
scénario ce qui permettrait, d'une part, au consom-
mateur, confronté à une situation réelle, de répondre
CONCLUSION plus précisément sur le sujet et, d'autre part, au cher-
cheur ou au praticien d'approfondir l'image éthique
Cette étude avait pour objectif d'analyser l'ima- des enseignes. Le questionnaire utilisé ensuite per-
ge éthique des enseignes généralistes auprès des mettrait d'obtenir des résultats plus fiables puisque le
clients à partir d'un outil de mesure de l'éthique de répondant aurait un exemple précis auquel se réfé-
l'enseigne. Les résultats mettent en évidence trois rer. Le biais de l'étude liée en particulier à l'impact
dimensions présentes pour évaluer l'image éthique de la notoriété ou de la fréquentation sur l'image
de l'enseigne : le développement durable, les rela- éthique de l'enseigne pourrait ainsi être évité, de
tions sociales, l'implication dans la société. Par même que les problèmes liés à la mémorisation et,
ailleurs, l'image éthique des enseignes apparaît posi- donc, au déclaratif des répondants.
tive pour 60% des consommateurs bien que les
conditions de travail de leurs salariés soient perçues
négativement par ces consommateurs.

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Perception des pratiques éthiques des enseignes généralistes : une étude auprès des clients
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ANNEXE A1
L'échelle de mesure de l'image éthique des enseignes généralistes

Dimensions Items

Développement durable Les grandes surfaces mettent en place des actions pour préserver l'en-
vironnement (A1)

Les grandes surfaces vendent les sacs à la caisse des magasins pour
préserver l'environnement (A6)

Les grandes surfaces mettent en place un label de qualité pour les pro-
duits (A7)

Les grandes surfaces mettent en place un salaire minimum pour leurs


salariés dans les PVD (A13)

Les relations sociales Les grandes surfaces veillent aux conditions de travail de leurs salariés
(A4)

Les grandes surfaces mettent en place un système pour contrôler le


comportement des salariés dans leurs magasins (A8)

Les grandes surfaces aménagent le temps de travail de leurs salariés


(A11)

Implication dans la société Les grandes surfaces sponsorisent des manifestations sportives et cul-
turelles (A2)

Les grandes surfaces vendent des produits du commerce équitable


(A3)

Les grandes surfaces financent des associations locales (A12)

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ANNEXE A2.
Les critères de validité et de fiabilité de l'échelle de mesure
de l'éthique des enseignes généralistes

Critères Échelle à 13 items Échelle à 10 items

Alpha de Cronbach 0,459 0,67

KMO 0,745 0,727

Pourcentage de variance 51% 52%


expliquée

Nombre de facteurs 4 3

ANNEXE A3.
Analyse de l’image de chaque enseigne

Question C. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, vendent des produits du com-
merce équitable ?

Carrefour Auchan Leclerc Champion Intermarché Monoprix Cora Casino Super U

1 154 67 53 10 9 18 9 2 3

2 62 117 49 30 14 11 14 16 12

3 47 52 71 35 34 20 23 17 13

total 263 236 173 75 57 49 46 35 28

Question D. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, financent des associations
locales ?

Carrefour Auchan Leclerc Champion Intermarché Casino Super U Monoprix Cora

1 114 56 51 44 16 10 16 16 6

2 56 86 38 49 28 18 22 15 16

3 42 43 59 44 36 28 24 15 21

total 212 185 148 137 80 56 62 46 43

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Question E. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, sponsorisent des manifestations
culturelles et sportives ?

Carrefour Auchan Champion Leclerc Intermarché Casino Super U Cora Monoprix

1 148 46 55 35 15 5 17 10 2

2 69 90 47 36 21 26 18 14 6

3 37 44 40 64 38 33 28 13 17

total 254 180 142 135 74 64 63 37 25

Question F. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, font attention aux conditions de
travail de leurs salariés ?

Carrefour Auchan Leclerc Champion Intermarché Monoprix Cora Super U Casino

1 116 63 51 28 21 12 10 7 8

2 54 87 61 33 16 22 17 10 13

3 50 48 56 38 28 22 23 20 13

total 220 198 168 99 65 56 50 37 34

Question G. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, sont sensibilisées aux pro-
blèmes d'environnement ?

Leclerc Carrefour Auchan Champion Intermarché Casino Monoprix Cora Super U

1 148 87 54 12 4 12 9 10 4

2 47 58 99 32 23 19 20 14 13

3 37 70 58 28 36 31 14 26 24

total 232 215 211 72 63 62 43 50 41

Question H. Parmi les suivantes, quelles sont les trois grandes surfaces qui, selon vous, se soucient des conditions de
travail des enfants dans les PVD ?

Carrefour Auchan Leclerc Champion Monoprix Casino Intermarché Cora Super U

1 120 59 55 11 11 9 18 14 10

2 64 107 38 16 17 18 18 12 18

3 48 43 70 44 26 24 15 24 8

total 232 209 163 71 54 51 51 50 36

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ANNEXE A4.
Tris croisés

NOTORIÉTÉ DES ENSEIGNES ET FRÉQUENTATION


« Citez trois enseignes que vous connaissez » (QUB) et « où faites-vous vos courses le plus souvent ? » (QUI)
QUB1 correspond à l'enseigne citée en premier
La dépendance est très significative. chi2 = 368,92, ddl = 135, 1-p = >99,99%.
Les résultats sont également significatifs pour l'enseigne citée en deuxième position (QUB2) et en troisième (QUB3)

QUB1/QUI Aldi Atac Auchan Carrefour Casino Champion Cora ED G20 Hyper U Intermarché Leader price Leclerc Lidl Monoprix Super U TOTAL
Carrefour 1,2% 0,0% 8,9% 16,0% 0,0% 3,9% 1,5% 1,2% 0,3% 1,2% 3,6% 1,5% 5,6% 2,1% 1,2% 0,6% 48,7%
Auchan 0,3% 0,0% 13,9% 4,5% 0,0% 0,9% 1,2% 0,6% 0,0% 0,6% 1,5% 0,3% 1,5% 0,6% 0,0% 1,2% 27,0%
Leclerc 0,0% 0,0% 0,9% 0,3% 0,3% 1,8% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 2,7% 0,3% 0,3% 1,2% 8,0%
Champion 0,0% 0,3% 0,6% 0,9% 0,0% 1,8% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 0,9% 0,0% 0,0% 0,3% 5,0%
Intermarché 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 1,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 1,8%
Monoprix 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,6% 0,0% 1,2%
Cora 0,0% 0,0% 0,9% 0,6% 0,0% 0,0% 2,1% 0,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 4,2%
Casino 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,9%

81
Super U 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,9%
Autres 0,0% 0,3% 0,3% 0,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,3% 0,0% 0,3% 0,3% 0,0% 2,1%
TOTAL 1,5% 0,6% 25,5% 23,4% 0,3% 8,6% 5,6% 2,1% 0,3% 2,1% 7,1% 2,1% 10,7% 3,3% 2,7% 3,9%

CONNAISSANCE DES ACTIONS ÉTHIQUES DU MAGASIN ET FRÉQUENTATION


« Connaissez-vous des actions de ce magasin que vous trouvez éthiques ? » (QUJ1) et « où faites-vous vos courses le plus souvent ? » (QUI)
La dépendance est très significative. chi2 = 45,51, ddl = 30, 1-p = >96,54%.

REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Juillet 2008 - N° 218 - 3/5


QUJ1/QUI Aldi Atac Auchan Carrefour Casino Champion Cora ED G20 Hyper U Intermarché Leader price Leclerc Lidl Monoprix Super U TOTAL
N 1,2% 0,6% 20,5% 17,2% 0,3% 6,5% 4,7% 1,8% 0,3% 1,8% 5,3% 1,5% 4,5% 3,3% 1,5% 3,0% 73,9%
O 0,3% 0,0% 5,0% 5,9% 0,0% 2,1% 0,9% 0,3% 0,0% 0,3% 1,8% 0,6% 6,2% 0,0% 1,2% 0,9% 25,5%

TOTAL 1,5% 0,6% 25,5% 23,1% 0,3% 8,6% 5,6% 2,1% 0,3% 2,1% 7,1% 2,1% 10,7% 3,3% 2,7% 3,9%
Laure Lavorata
Perception des pratiques éthiques des enseignes généralistes : une étude auprès des clients

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