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LES HOMMESE
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D.ES CHAPITRES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
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Fin de la Table,
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Page
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prêm'. des leur prêtre Michas.
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LES HOMMES.
C1ïA1’ITſſÏE 12
NOS CRIMES ET NOS
SOTISES.
N général les hommes ſônt ſors;
*Pl L ingrats, jaloux , avides du bien
d'autrui, abuſant de leur ſupério-
rité quand ilSſont ſorts, 8c fripons quand
ils ſont faibles. '
Les femmes pour l'ordínaire, nées avec .des
organes plus déliés &r moins robuſtes que les
.A
2 NOS CRÏIMES
. hommes , ſont' plus artificieuſes 8c moins bar
Chap.l. bares. Cela eſt ſi vrai que dans mille crimi
nels qu'0n exécute ‘a mort, à peine trouve -,
t — on trois ou quatre femmes. Il eſt vrai auſſi
qu'on rencontre quelques robuíies héroïnes
auſſi cruelles que les hommes; mais ces cas
ſont aſſez rares.
Le pouvoir n'eeſt communément entre les
mains deshommes dans les états CY dans les
familles, que parce qu'ils ont le poing plus
fort, l'eſprit plus ferme 8c le cœur plus dur.
De tout cela les moraliſtes de tous les tems
ont conclu que l'eſpèce humaine ne vaut pas
grandïzhoſe, 8z en cela ils ne ſe ſont guères
écartés de la' vérité.
Ce n'eſt pas que tous les hommes ſoient
învincíblement portés par leur nature à faire
le mal 8c qu'ils le faſſent toujours. Si cette
fatale opinion était vraye, il n'y aurait plus
(Phabitans ſur la terre depuis longtems. C'eeſt "
une contradiction dans les termes de dire: le
genre humain eſt néceſſité à ſe détruire , 8c il
ſe perpétue..
2 Je crois bien. que de cent jeunes fanmes
qui ont de vieux maris, il y en a quatre
Vingt dix-neuf, au moins , qui ſouhaitent ſin
ET NOS SOTXSES. 3
cèrement leur mort; mais'vous en trouyerez ___.
à peine une qui .veuille ſe charger d'empoî— Chapl.
ſonner celui dont elle voudrait porter le
deuil. Les parricides, les fi-atricides ne ſont
nulle part communs. Quelle eſt donc l'éten
due 8c la" borne de nos crimes? C'eeſt le de
gré de violence dans nos paffions, le degré
de notre pouvoir 8c le degré de notre raiſon.
Nous avons la fièvre intermittente, la fiè.
vre continue avec des redoublemens , le tranſ
port au cerveau , mais très-rarement la rage.
Il y a des gens qui ſont en ſanté. Notre fiè
vre intermittente, c'eſ’c la guerre entre les
peuples voiſins. Le tranſport au cerveau,
defi le meurtre que la colère 8c la vengean
ce .nous excitent à commettre contre nos
concitoyens. Quand nous aſſaflinons nos pro
ches parens, ou que nous les rendons plus
malheureux que ſi nous leur donnions la
mort , quand des fanatiques hypocrites allu
ment les buchers , c'eſ’c la rage. Je n'entre
point ici dans le détail des autres maladies,
c'eſt—à—dire des inenus crimes innombrables
qui afflígent la ſocieté. .
Pourquoi eſt -on en guerre depuis ſi long
tems, &c pourquoi commet-on ce crime
A 2
4 NOS CRIMES
._'___ ſans aucun remords? Qn fait la guerre uni
Chap.I. quement pour moiſſonner les bleds que d'au
tres ont ſemés , pour avoir leurs 'moutons ,
leurs chevaux , leurs bœufs, leurs vaches 8c
leurs petits meubles; deſt à quoi tout ſe ré
duit :' car deſt là le ſeul principe de toutes les
richeſſes. Il eſt ridicule de croire que Romu
lus ait célébré des jeux dans un miſérable
hameau entre trois montagnes pelées, 8c qu'il
ait invité à ces jeux trois cent filles du voiſi
nage pour les ravir. Mais il eſt aſſez certain
que lui 8c ſes compagnons prirent les beſtiaux
8c les charues des Sabins. .
Charlemagne fit la guerre trente ans aux
pauvres Saxons pour un tribut de cinq cent
vaches. Je ne nie pas que pendant .le cours
de ces brigandages , Romulus 8c ſes Sénateurs',
Charlemagne 8c ſes douze pairs n'aient violé
beaucoup de filles 8c peut-être de gré à gré:
mais il eſt clair que le grand but de la guer
re était d'avoir des vaches , du foin 8c le
reſte , en un mot de voler.
Aujourd'hui même encor un héros à une
'demi- guinée par jour, qui entre avec des he’
ros ſubaltern'es à quatre ou cinq ſous , au nom
de ſon auguſte maître, dans le pays d'un autre
ET NOS .SOTI$ES. g
auguſte Souverain, commence par ordonner ___4
à tous les cultivateurs de fournir boeufs, va- Chapl.
ches , moutons , foin , paille, bleds , vins ,bois , ‘
linges , couvertures., &c- Je liſais ces jours
paſſez dans la petite hiſtoire cronologique de
la France notre voiſine, faire par un homme
de robe, ces paroles remarquables. Grant!
fourage, le IF. Octobre 1709, où le Comte ile
Broglie Izattit le Prince de Lokovíts; deſt-à-di
re, qu'on tua le dix Octobre deux ou trois
cent Allemands qui défendaient leurs foins.
Après quoi les Français déjà battus à Mal
plaquet perdirent la ville de Mons. Voilà ſans
doute un exploit digne d'éternelle mémoire
que ce foutage! Mais cette misère fait voir
qu'au fond dans toutes les guerres depuis celle
de Troye juſqu'aux nôtres, il ne s'agit que
de voler.
Cela eſt ſi malheureuſement vrai que les
noms de voleur 8c de ſoldat étaient autrefois
ſinonimes chez toutes les nations. Conſultez
le Mile: de Plante, latroeinatus annos decem
mercedem accipio. .Vai été voleur dix ans , je
reçois ma paye. Le Roi Sélecteur m'a donne'
.conimiflîon de lui lever de: voleurs. Voyez l'an
cien Teſtament , Jepbté fil: de GalaadEÿ :Tune
. A 3
s NOS CRIMES
'._;__ proflitucë engage des. brigands à ſbn ſèrvíceí
Chapl. Abimelec live une troupe de brigands. David
aſſèænble quatre cent voleur: perdu: de crimes 8ze.
Quand le chef des malandrins a bien tué 8c
bien volé, il réduit à Feſclavage les mal
heureux dépouillés qui ſont encor en vie. 11s
deviennent ou ſerſs ou ſujets , ce qui dans les
neuf dixiémes de la terre revient à peu près
au même. Genſeric uſurpe le titre de Roi. Il
devient bientôt un homme ſacré , 8c il prend
nos biens, nos femmes , nos vies, de droit di—
Vina ſi on le laiſſe faire. a
Joignez à tous ces brigandages publics les
innombrables brigandages ſecrets qui ont dé
ſolés les familles, les calomnies, les ingrati
tudes , l'inſolence du fort, la friponnerie du
faible, 8c on conclura que le genre humain
n'a preſque jamais vécu que dans le malheur
8c dans la crainte pire que le malheur même
Tai dit que toutes les horreurs qui marchent
à la ſuite de la guerre , ſont commiſes ſans le
moindre remords. Rien n'eeſt plus vrai. Nul
ne rougir de ce qu'il ſdit de compagnie- Cha
cun eſt encouragé par Pexemple; c'eſt à qui
maſſacrera, à qui pillera le plus , ou y met
\à gloire. Un ſoldat, à la priſe' de Bergopſom ,
ET NOS SOTISES. 7
s'e’crie, je ſuis las.de tuer , je vais violer, 8e tout ____.___.
le monde bat des mains. Chap.l..
Les remords, au contraire, ſont pour celui qui
\fêtant pas raſſuré par des compagnons, ſe'
borne à tuer, à voler en ſecret. .Il en a de
l'horreur juſqu'à ce que l'habitude l'endur
ciſſe à l'égal de ceux qui ſe livrent au crime
régulièrement 8z en front de bandière. '
~
CHAPITRE 1,1.
REMEDE APPROUVË
PAR LA FACULTÉ
CONTRE LES MALADXES CI—D ESSUS'Ã
Es nations qu'on nomme civiliſées , parce
qu'elles furent méchantes 8c malheureuſes
dans des villes, aulieu de l'être en plein air ou
dans des cavernes , ne trouvèrent point de plus
puiſſant antidote contre les poiſons dont les
cœurs étaient pour la plûpart dévorés , que
le recours à un Dieu rémunérateur 8c vengeuſ.
Les Magiſtrats d'une ville avaient beau
faire des 101x contre le vol, contre l'adultère ,
A4
s' REMEDÉS CONTRE
on les volait eux .- mêmes dans leurs logis tanâ
C1111_ dis qu'ils promulguaient leurs loix dans la pla
ce publique; 8c leurs femmes prenaient ce
tems là même pour ſe moquer 'd'eux avec
leurs amans. ' '
Quel autre frein pouvait-on donc mettre
à la cupidité, aux transgreffions ſecrètes 8c
impunies, que l'idée d'un maître éternel qui
nous voit 8c qui jugera juſqu'à nos plus ſe
cretes penſées? nous ne ſavons pas qui le pre
mier enſeigna aux hommes cette doctrine. Si
je le connaiſſais, 8c ſi ſétais ſûr qu'il n'allât
.point au delà; qu'il ne corrompît point la mé
decine qu'il préſentait aux hommes; je lui
dreffizrais un autel.
Hobbes dit qu'il le ſerait pendre. Sa raiſon,
dit—il, eſt que cet Apôtre de Dieu s'élèvc
.contre la puiſſance publique .qu'il appelle le
Léviatan, en venant propoſer aux hommes
un maître ſupérieur au Léviatan , à la ſouve
raineté légiſlative. '
La ſentence de Hobbès me paraît bien dure.
Je conviens avec -lui que cet. Apôtre ſerait très
.puniſſable s'il venait dire à notre Parlement
ou au Roi d'Eſpagne , ou au Sénat de Veniſe:
P Je viens vous a,moncer un Dieu dont je ſuis
LES MALADIES CI-DESSUS. 9
le miniſtre , il m'a chargé de vous faire met- ______
tre en priſon à ma volonté; de vous ôter Ch. Il..'
vos biens , de vous tuer ſi vous faites la moin— '
dre choſe qui me déplaiſe. 'Je vous aſſaffi
nerai, comme le ſaint homme Aod aſſaſſi
D na Eglon Roi de Moabie & de Juiverie;
I comme le pontife Joïada aſſaſſina Athalie à
D la porte aux chevaux, 8c comme le ſage Sa--
N lomon aſſaſſma ſon frère Adoniah, &c
N &c. &C- ï
J'avoue que ſi un prédicateur venait nous
parler ſur ce ton , ſoit dans la chambre haute ,
ſoit dans la baſſe , ſoit dans le Drawing Roum;
je donnerais ma voix pour ſerrer le cou de ce
drole.
Mais ſi les Athées dominaient chez nous,
comme on dit que cela cf: arrivé dans notre
ville de Londres du tems de Charles II
8c à Rome du tems de SiXte IV.; d'A-
lexandre V 'I' de Léon X. 8re. &C., Je ſau—
tais très-bon gré à un honnête homme de
venir ſimplement nous dire, comme Platon ,
Marc — Aurèle , Epictète , M O RT E L S , r L
Y A UN DIEU JUSTE, SOYEZ JUSTES.
Je ne vois point du tout de raiſon de pendre
Un pareil concitoyen.
10 UN DlEU CHEZ
_______ Quoique je me pique d'être très — tolérant ,
(311,11, ſinclinerais plutôt à punir celui qui nous di
rait aujourd'hui, Meilleurs 8c Dames, il n'y
'a point de Dieu , calomniez, parjurez -vous ,
friponnez , Volez , aſſaffinez , empoiſonnez ,
tout cela eſt égal , pourvu que vous ſoyez
les plus forts .ou les plus habiles. 'Il eſt clair
que cet homme ſerai‘t très-pernicieux à la ſo
cieté, quoiqu'en ait pu dire le Révérend
père Malagrida ci- devant Jéſuite , qui a , dit
on, perſuadé à toute une famille que ce n'é
tait pas même un péché véniel Œaílaffiner
par derrière un Roi de Portugal en certain cas.
CHAPITRE III.
LIN' I)IElU
ÇHEZ .TOUTES LES NATXONS
c1v1L1SÉEs
Uand une nation eſt aſſemblée en ſocie
té, elle a beſoin de l'adoration d'un z
Dieu, à proportion que les Citoyens ont be- '
L.æ
""
LES NATIONS ClVI LISÊES. r1
ſoin de s'aider les uns les autres. C'eſt par -IÉÛ-ññ
.
cette raiſon qu'il n'y a jamais eu de nation
raſſemblée ſous des loix, qui n'ait reconnu
Ch. ni.
une divinité de tems immémorial.
L'Etre ſuprême s'était- il révélé à ceux qui
les premiers dirent qu'il faut aimer 8c crain-- .
dre un Dieu puniſſeur du crime 8c rémunéra
teur de la vertu? Non ſans doute; Dieu ne
parla pas à Thaut le Légiſlateur des Egyp
tiens , au Brama des Indiens, à l'Orphee de
Thrace , au Zoroaſtre des Perles; 8ze. 8Ce.
Mais il ſe trouva dans toutes les nations
des hommes qui eurent aſſez de bon ſens
pour enſeigner cette doctrine utile; de même
qu'il y eut des hommes qui par la force de
leur raiſon enſeignèrent Parithmétique, la
géométrie , 8c l'aſtronomie.
L'un en meſurant ſes champs trouva que le
triangle eſt la moitié du quarré, &t que les
triangles ayant même baſe 8c même hauteur
ſont égaux. L'autre en ſemanc, en recueil
lant 8c en gardant ſes moutons, s'apperçut
que le ſoleil &c la lune revenaient à peu près
au point dont ces aſtres étaient partis, 8c
qu'ils ne s'écartaient pas d'une certaine borne
au nord 8c "au midi. Un troiſième confidéra
l
.'12 UN DIEU CHEZ
_ que les hommes , les animaux, les aſtres ne
'ch. III, s'étaient pas fait eu,umêmes', 8c vit qu'il
exiſte un Etre ſuprême. Un quatriéme ef
frayé des torts que les hommes ſe faiſaient les
uns aux autres , conclut que s'il y avait un
Etre qui avait fait les aſtres, la terre 8c les
hommes , cet Etre devait faire du bien aux
honnêtes gens 8c punir les méchans. Cette
idée eſt ſi naturelle 8c ſi honnête qu'elle fut
aiſément reçue.
La même force de notre entendement qui
nous fit connaître l.'arithmétique , la géomé
trie, l'aſtronomie; qui nous fit inventer des
loix, nous fit donc auſſi connaître Dieu. ll
.ſuffit de deux ou trois bons argumens tels
qu'on en voit dans Platon parmi beaucoup
de mauvais, pour adorer la divinité. On n'a
pas beſoin d'une révélation pour ſavoir que
le ſoleil de mois en mois correſpond à des
étoiles différentes', on n'a pas beſoin de révé-
lation pour comprendre que l'homme ne s'eſi
pas fait lui—même, 8c que nous dépendons
' d'un Etre ſupérieur quel qu'il ſoit.
' Mais ſi des charlatans me diſent qu'il y a
une vertu dans les nombres, ſi en meſurant
mes champs ils medtrompent , ſi en obſervant
LES NATIONS CIVILISÉES. 1j
une' étoile , ils prétendent que cette étoile fait
ma deſtinée , ſi en m'annonçant un Dieu juil Ch.lll-.
te , ils m'ordonnent de leur donner mon bien
de la part de ce Dieu; alors je les déclare
tous des fripons , 8c je tâche de me conduire
par moi-même avec le peu de raiſon ,que
.Dieu m'a donné.
CHAPITRE IV.
C.ELUI DE LA CHINE.
'18 CHINE. _
.
Lors même que dans les premiers .jours de
Ch. 1V. notre ère vulgaire, je ne ſais quel miſérable
nommé Fo, prétendit être né d'un Eléphant
blanc par le côté gauche , 8c que les diſciples
firent un Dieu de ce pauvre charlatan, les
quarante grands Parlemens du Royaume ſouf
frirent que la populace s'amuſât de cette farce.
Aucune des bêtiſes populaires ne troubla l'E
tat; elles ne lui firent pas plus de mal que les .
;Métamorphoſes d'Ovide 8c 'âne d'Apulée
n'en firent à Rome. Et nous , malheureux,
8c nous! que d'inepties , que de lottilès, que
de trouble 8c. de carnage! L'hiſtoire Chinoiſe
n'eſt ſouillée d'aucun trouble religieux
Nul Prophète qui ameuta le peuple, nul myſ
tère qui porta le ravage dans les ames. Con- '
futſée fut le premier des médecins , parce qu'il
ne fut jamais charlatan. Et nous, miſerables l 3c
nous!
:A,
*RJ*
CHAPI
ïë-(Î9)iÎ- .
~
:m4
CHAPITRE V. Ch. V.
. DE L'INDE
DES BRACMANES,
De leur Théologie imite? trek-tard par le: Juifs,
E9” enſuite par les Chrétiens.
*FPM
B 43 CHA
«ë. ( 24)
èt
-
MVL. CHAPITRE V1.4
DE LA METEMPSÏCOSE,
DES VEUVES QUI SE BRULENT,
'DEFRANÇOIS XAVIER
ET DE WARBURTON.
l
M. OALÜÊENS
,_____, malgré cet énorme retranchement il ſe trouve
Chap. que les Caldéens formaient déja un peuple
..VlI.puiſſant mille ans avant notre déluge. Ce
n'eſt pas ma faute, je ne puis qu'y faire. Com
mencez par vous accorder ſur votre déluge,
que votre Bible hébraïque , celle des Sama
ritains, celle des prétendus Septante placent
dans des époques qui différent d'environ ſept
cent années. Accordez plus de ſoixante ſyſtè
mes ſur votre chronologie , 8: vous vous mo
querez enſhite des Caldéens. x
Quelle était la religion des Caldéens avant
que les Perſes conquiſſent Babilone , 6c que
la doctrine de Zoroaſtre ſe mêlât avec celle
des Mages de Caldée? C'était le Sabiſme,
fadoration d'un Dieu 8c la vénération pour
les étoiles regardées dans une partie de l'O
rient comme des Dieux ſubalternes.
Dans ton ll n'y a point de religion dans laquelle on
res les re ne voie un Dieu ſuprême à la tête de tout,
ligions un
Dieu ſu- Il n'y en a point auffi qui ne ſoit inſtituée pour
[WIKI
rendre les hommes moins méchans,
Je ne vois pas pourquoi le Caldaïſme, le
Sabifine, pourait être regardé comme une ido
lâtrie. Premièrement une étoile n'eſt point]
une idole, une image 5' c'eſt un ſoleil comme
UN. Dr E U. z;
le nôtre. Second-eurent; pourquoi ne'i'z'às”vénérer '___5
Dieu dans ces admirables ouvrages par qui Chap. .
nous réglons nos ſaiſons 3c nos travaux* Troi- Vu
fiémemenr, toute la terre croyait que nos deſ
tinées dépendaient de l'arrangement des conſ
tellations.. Cette erreur 'ſuLpoſee, 8zleq.sMaſ
ges étant malheureuſement aſtrologues de"p'rä
ſeſſion, il leur était bien pardonnable dŸoffiir
quelques. prières à ces grands corps' lumineux
dans leſquels la puiſſance du zgrand Etre' ſé niaÏ
nifeſte avec cant de majeſté. Les -aſtres va;
lent bien St. Roch) Stî .Pancrace', St'. Fiañ
ere, Ste; Urſule, Sue. Potamienne, dont les
Catholiques Romains Êídôrent à genoux les
prétendus oſiëmensſi Les'planètes valent bien
des morceaux de boîs'pourri qu'on appelle la
vraie croix. Encor une fois queles Papiſteï
ne ſe moquent de perſonne; 8c 'gardons nous
en bien auſſi. Car ſi nidu's' valons mieux qœeuâz
cé n'eſt pas de beaucoup. ‘ '
Les Mages Caldéens enſeignaient"la vertu
comme tous les autres prêtres 8c ne la. prati
quaient pas davantage. " '
' ‘ . :x d) î
i
u _ a ;ËHAP ITR-EJIÏIÏI,.', J
.él I
-\
\ ' ,DES ~ “a
-al «fiî -‘ .
îÀŸlÿîc-ÏIENSP PERSÀNS
..D O lŸO A S,T .R E.
. ;;:;3::irr;E.i ' ' ,
5. que les; C_aldéens connaiſſaient
zïzbÏ-Ëíl l? VTT? desrFct-ÏQHÏS 8c qu'ils .elſſeſi
gqaÿeffl:, ,comme a fait depuis YAlmanac gde
Liégeyb quel jouxçdiïhfallgait. ïſe ;rogner . les on- '
SÆFSLJÊÏ ancieaëiïîexſans. Ïïétaïent Pas ſite:
bile. sñxïxaisÿæïfxêéeïëèert \ze Die" œfflffle 15-?
Helena* ôïïïévéraïenx '#498' l? ſe" ,Ëexablêmc
\J[l.
Açxplafiídïyinitég .. -. . . … L.
Hqêprt” que ce- culte leur eût ete enſeigne L??
,ZÊ-sêufl!! ’. RPT, Æ-“FÊcÊW avi ÊHÊHSËÎÛÛE
tous lès noms afiætſiiqpes .,… appellerentſï\-long
Ãeffls après. Zoroafíré, ſoit qu'il .y .fric eſiu
»ride '
- CHA-
@cze-Sd .-
~
CHAPITRE IX.
DES PHENICIENS
ET DE SANCHONIATON,
ANIſERIEUR AU TEMSH
'40 PHENl.CIENSJ
z_____,_ pas eu des voiſins 'riches auxquels ils ven
' Ch. IX. daient les productions des terres éloignées?
Temple Cependant les Tÿriens- avaient un' temple dans
de a yr
précède lequel .Hérodote entra, 8c qu'il dit avoir
d e' 'SW' deux-mille
. tſOîS
. cent ans d'antiquite:
. . . amſi
-
ans celui
de Salo ilæavait eté bâti environ deux mille huit cent
mon.
ans 'avant notre ère vulgaire; ainſi, par ce
calcul ,ile temple de Tyr ſubſiſta près de dix
huit .cent ans avantcelui de Salomon (en
adoptant le calcul de la vulgate.)
-. _Les Phjénicens etant de ſi grands commer
çans, .gultivèrent \néceſſairement l'art de l'é—
critureç' ils tinrent des regiſtres, ils eurent
des archives, leur pays fut même appellé [e
pay: de: lettres. 1l eſt prouvé qu'ils com
.muniquèrent aux Grecs leur alphabet, 6c
lorſque les Juifs vinrent s'établir très long
Ïems après ſur leurs confins , ces étrangers pri
rent leur alphabet 6c leur écriture. Vous trou
vez même dans l'hiſtoire de “Joſué qu'il Y
avait ſur la frontière de la Phénicie, .dans la
contrée nommée par les ſeuls Juifs Canaan,
une ville qu'on .appellait la ville des Lettres,
.Ia "'Uille des Livrer, Cçriath Sepher , qui ſut
priſe &c preſque détruite par le brigand O
thoniel, à qui le brigand Caleb compagnon
UNrDlEU; 211'
récompenſe. (Juge:donna
du brigand Joſué ch. 197-)
ſa fille Oxa pour Ch. IX.
zj-g
-i ii) ſûJÀIl '-_ .~ 'lvl
ËGY'IÎTIEN-Sgë .r . -...
-.,
CHAPITRE XI.
DESARABES
ET
DE BACCHUS.
Erodote nous apprend que les Arabes
adoraient Vénus - Uranie 8c Bacchus.
' ' D
ſo. ARABE.S,
,._____ Mais de quelle partie de l'Arabie parle-t-il ê
Ch.Xl. C'eſt probablement de toutes les trois. Ale
xandre, dit-on , voulait établir le ſiége de
ſon empire dans l'Arabie heureuſe. ll fit dire .
aux peuples de l'lémen 8c de Saanna qu'il avait
fait autant que Bacchus 8c qu'il voulait être
adoré comme lui. ' Or il 'eſt très vraiſembla
ble queBacchus étant adoré dans la grande
.Arabie , il l'était auſſi dans la Pétrée 8c dans
la Déſerte. Les provinces pauvres ſe con
forment toujours aux uſages des riches. Mais
comment des Arabes .adoraient-ils Vénus?
C'eſt qu'ils adoraient les étoiles en reconnaiſ
ſant pourtant un Dieu ſuprême. Et, il eſt ſi
vrai qu'ils adoraient l'être ſuprême, que de
tems immémorial ils partageaient leurs champs
en deux parts. La premiere pour Dieu 8c
la ſeconde pour l'étOiIeŸ) qu'ils affection
naient le plus. Allah fut toujours chez eux
Ie nom de Dieu. Les peuples voiſins pro
nonçaient El. Ainſi Babelſur l'EUphrate était
la ville de Dieu, Iſraël chez les Perles ſigni
fiait voyant Dieu, 8c les Hébreux prirent ce
7 .- . .
nomdlſiael dans la ſuite, comme l'avoue.
1e Juif Philon. Tout les noms des anges
V) V°Y°Z 11 Préface de l’Alcoran dans Sale."
BA'CCH.US. '51
Perſans finiſſaient en el; meſſager de Dieu, ______._.
. ſoldat de Dieu, ami de Dieu. Les Juifs Ch-XI
même aux noms Phéniciens de Dieu Iaho,
' Adonaï, ajoutèrent auſli le nom Perſan El,
dont ils firent Eloi ou Eloa.
Mais comment les* Arabes adorèrent-ils
Vénus — Uranie ? Vénus eſt un mot latin ,
Uranie eſt grec; les Arabes ne ſavaient aſſu
rément ni le grec ni le latin, 8c ils étaient
incomparablement plus anciens que les peu
ples de Grèce 8c d'Italie. Auſſi le nom Ara
be dont ils ſe ſervaient pour ſignifier l'étoile
de Vénus était Alilat ; 8c Mercure était
Atarid 8zc.
Le ſeul homme à' qui ils euſſent accordé
les honneurs divins, était celui que les Grecs
nommèrent depuis Bacchus, ſon nom Arabe
était Bac, ou Urotal ou Miſem. Ce ſera le
ſeul homme diviniſe dont je parlerai, atten
du la conformité prodigieuſe qui eſt entre lui
8c le Moïſe des Hébreux.
Ce Bacchus Arabe était né comme M0'íſe On u;
en Egypte, &c il avait été élevé en Arabie 'Âêmÿäêä
vers le mont Sina que les Arabes appellaient ohus tout
Niſa. Il avait paſſé la mer rouge à pied ſec :ÏÃFÊQ
avec ſon armée pour .aller conquérir les Indes , Moiſe.
D 2
.52 ARABES.
a._.___ il Y avait beaucoup de femmes dans cette' '
-Ch.Xl. armée. Il fit jaillir une fontaine de vin,
d'un rocher en le frappant de ſon Thirſe. Il
arrêta le cours du ſoleil 8c de la lune. Il
ſortait de ſa tête des rayons de lumière. .En
fin on le nomma Miſem qui eſt un des noms
de' Moïſe 8e qui ſignifie ſauvé des eaux, parce
qu'on prétendait qu'il était tombé dans la mer
pendant ſon enfance. Toutes ces fables Ara
biques pafièrent chez les premiers Grecs , 8c
Orphée chanta ces avantures. Rien n'eſt ſi
ancien que cette fable. Peut- être eſt-ell al
Iégorique. Jamais peuple n'inventa pl S de
.paraboles que les Arabes. Ils les écrivaient
d'ordinaire en vers. Ils Baſſemblaient tous
les ans dans une grande place à Ocad ("‘) où
ſe tenait une foire qui durait un mois. On
y donnait un prix au poëte qui avait' récité le
conte le plus extraordinaire. Celui de Bac
chus avait ſans doute un fondement réel.
(*) Conſultez la Préface de la belle traduction Ath
glaiſe de FAlcoran.
CHA
ïflïllï.”
CHAPITRE XII.
DES GRECS.
DE .SOCRATE,'
ET DE LA DOUBLE DOCTRINE,
\
'gs Do U'lZ-LE
,._.._,__ préciſément, (au pardon près) l'aventure'
Chap. de Vanini. ll dilputait aigrement dans Tou
‘ XII. louſe contre des conſeillers de' juſtice. Ils
lui perſuadèrent qu'il était athée 8c ſorcier,'
&Î ils le firent bruler en conſéquence. Ces
horreurs ſont pl.us communes chez les Chré
tiens que dans l'ancienne Grèce.
L'Evêque Warburton, dans ſon très-étrange
livre de la. divine légation de Moïſe, (*)
prétend que les Philoſophes qui enſeignaient
l'immortalité de l'ame n'en croiaient rien du
tout. ll ſe tourne de tout les ſens pour prou
ver que tous ceux qu'on nomme les anciens
Ï ſages avaient une double doctrine , la publi
que 8c la ſecrète; qu'ils préchaient en public
l'immortalité de l'ame pour contenir le ſot
peuple , 8c qu'ils s'en moquaient tous en par
ticulier avec les gens d'elprit. C'eſt làz, je
l'avoue , une ſingulière aſſertion pour un Evê
que. Mais quelle néceſſité y avait-il pour ces
'philoſophes de dire tout haut ce qu'ils ne cro,
yaient pas en ſecret, puiſqu'il était permis
'aux Epicuriens de dire hautement que tout
périr avec le corps, 8c que les Pirrhoniens pou
vaient douter de tout impunément ? Qui pou
CHAPITRE XIII.
' DES ROMAINS.
S Oyons auffi courts ſur les Romains 'que
ſur les Grecs. C'eſt la même religion,
les mêmes Dieux principaux, le même Ju
piter maître des Dieux 8c des hommes, les
mêmes champs Eliſées, le même Tartare ,
les mêmes Apothéoſes. Et quoique la ſecte
d'Epicure eût un très-grand crédit , quoiqu'on
ſe moquât publiquement des augures , des
Aruſpices, des champs Eliſées 8c des enfers,
la religion Romaine ſubſiſta juſqu'à la ruine
de l'Empire.
Il eſt conſtant par toutes les formules que
\
l' 'a
'60 _'ROMAINS.
_______ les Romains reconnaiſſaient un ſeul Dieu ſu*
Chap. prême. Ils ne donnaient qu'au ſeul Jupiter
XIII. le titre de très-grand &z très - bon , Optima:
maximus. La foudre n'était qu'entre ſes mains.
Tous les autres Dieux peuvent ſe comparer
aux Saints 8c à la. Vierge que l'Italie. adore'
aujourd'hui. En un mot plus nous avançons
dans la connaiſſance despeuples policés, plus
nous découvrons partout un Dieu , comme
on l'a déja dit.
Erreur Notre Warburton, dont le ſens eſt toujours
'de War l'ennemi du ſens commun des autres hommes,
burton.
oſe nous aſſurer dans la Préface de la ſeconde
partie de ſa légation, que les Romains fai
ſaient peu de cas de Jupiter; il veut s'apuier
de l'autorité de Cicéron; il prétend que cet
Orateurdans ſon oraiſon pour Flaccus, dit
qu'il n'eſt par de la majeſté de l'Empire de re
connaitre un ſeul Dieu. Il cite les paroles la
tines, majeſtatem imperii non decurfle ut 1mm'
tantum deus colatur. Qui le croirait! il n'y
a pas un mot ni dans l'oraiſcdn pour Flaccus ,
ni dans aucune autre, qui ait le moindre ra
.port à cette citation prétendue de Cicéron;
elle apartient toute entière à noti'e Evêque
qui par cette fraude , non fraude pieulè, mais
ROM'AINS. '61
fraude impudente z avoulu tromper le monde.
Il s'eſt imaginé que perſonne ne ſe donnerait Chap.
la peine de feuilleter Cicéron 8e de décou- XlII
ilrir ſon impoſture , il s'eſt trompé en cela
comme dans tout le reſte, 8c déſormais on
n'aura pas plus de ſoi à ſes commentaires ſur
Cicéron qu'à ceux qu'il nous a donnés ſur
Shakeſpear. ._
Ce qui eſt peut-être de plus eſtimable chez
ce peuple Roi, c'eeſt que pendant neuf -cent
années il ne perſécuta perſonne pour ſes opiſi'
nions. Il''n'a point à ſe reprocher.de ciguë;
La tolérance la plus univerſelle fut ſon parta
ge. Ces ſages conquérants aſſiégeaient-ils
une ville, ils priaient les. Dieux de la ville
de vouloir bien paſſer dans leur camp. Dès
qu'elle était priſe, ils allaient ſacrifier dans
le temple des vaincus. C'eſt ainſi qu'ils mériv.
tèrent de commander ‘a tant de nations. '
On ne les vit point égorger les Tolèans
pour réformer l'art des Aruſpices, qu'ils te
naient d'eux. Perſonne ne mourut à Rome
pour avoir mal parlé des poulets ſacrés. Lei
Egyptiens couverts de mépris eurent à Rome
un temple d'lſis; les Juifs plus mépriſes encor
y eurent des Sinagogues après leurs ſanglan
62 , ROMAlNS.
,___…___ tæ rébellions.. Le peuple conquérant était le
Chap. peuple tolérant. .
X1"- ll faut avouer qu'il ne traita mal les Chré
tiens qu'après que ces nouveaux venus eurent
.déclaré hautement 8c à pluſieurs repriſes qu'ils
ne pouvaient ſouffrir d'autre culte que le leur;
C'eſt ce que nous ferons voir évidemment
quand nous en ſeront à l'établiſſement du Chriſ
tianiſme.
Commençons par examiner la religion Juive ,
dont le Chriſtianiſme 8c le Mahométiſine
ſont ſortis. '
CHAPITRE XIV,
DES JUIFS
ET
'DE LEUR ORIGINE;
' 7 l 'Outes les nations ( excepté toujours les
Chinois ) ſe vantent d'une foule d'ora
cles 8c de prodiges; mais tout eſt prodige 8c
oracle dans l'hiſtoire Juive ſans exception. On
JUiFs U
a tant écrit ſur cette matière , qu'il ne reſte _.___'_;.
plus rien à découvrir. Nous ne voulons ni Chap.
répéter tous ces miracles continuels, ni les XLV'
combattre; nous reſpectons la mère de rio
' tre religion. Nous ne parlerons du merveil
l'eux Judaïque qu'autant qu'il pourra ſervir à'
établir les faits. Nous examinerons cette hiſl
toire comme nous ſerions celle de Tite- Live
ou d'Hérodote. Cherchons par les ſeules lu
mières de la raiſon ce qu'étaie'nt les Juifs,
d'où ils venaient quand ils s'établirent dans la
Paleſtine , quand leur religion fut fixée , quand
ils écrivirent; inſtruiſons — nous 8c tâchons de
ne pas ſcandaliſer les faibles; ce qui eſt bien
difficile quand on veut dire la vérité.
Nous ne trouvons guères plus de lumière
chez les étrangers ſur le petit peuple Hébreu
que nous n'en trouvons ſur les Francs , ſur les
.lrlandais8cſurles Baſques. Tous les livres E
gyptiens ont péri, leur langue a eu le même
ſort. Nous n'avons plus les auteurs Perſans , Cal
déens 8c Siriens ,quiauraient pû nous inſtruire;
nous voyageons ici dans un déſert où des ani
maux ſauvages ont vécu. 'ſâchons de découvrir
quelques traces de leurs pas.
Les Juifs étaient-ils originairement une
64 ORIGINE
horde vagabonde d'Arabes du déſert qui s'é
Chap. tend entre l'Egypte 8c la Syrie , cette horde
XIV. s'étant multipliée s'empara-t-elle de quel
ques villages vers la Phénicie? Rien n'eſt
plus vraiſemblable. Leur tour d'eſprit, leur
goût pour les paraboles &c pour le merveil
leux incroyable, leur extrême paſſion pour
le brigandage , tout concourt à les faire re
garder comme une nation très-nouvellement
établie qui ſortait d'une petite hordeqArabe.
ll y a plus; ils prétendent dans leur hiſtoi
re, que des tribus Arabes 8c eux deſcendent
du même père; que des enſans de quelques
Paſteurs errans qu'ils appellent Abraham ,
Loth , Eſaü , habitèrent des contrées d'Arabie.
Voilà bien des conjectures: mais il ne reſte
aucun monument qui puiſſe les appuier.
Si on examine ce grand procès avec-le ſeul
bon ſens , on ne peut regarder les livres Juifs
comme des preuves. lls ne ſont point juges en
leur propre cauſe. Je ne crois point Tite-Live
quand il nous dit que Romulus était fils du
Dieu Mars; je ne crois point nos premiers
auteurs Anglais quand ils diſent que Vortiger
était ſorcier , je ne crois point les vieilles hill
.taires des Francs qui rapportent leur origine
\
a
DES JUÎFS; z;
à Francus fils d'Hector. Je ne dois pas croire q____;
les Juifs ſur leur ſeule parqle quand ils nous Chap.
diſent des choſes extraordinaires. Je parle ici XIV*. '
ſelon la foi humaine , 8c je me garde bien de
toucher à la foi divine. .le cherche donc ail
leurs quelque. faible lumière à la lueur de
laquelle je Puiſſe découvrir les commencemens
.de la nation Juive. .
Plus d'un ancien auteur dit que c'était une
troupe de lépreux qui fut chaſſée de l'EgYpte
par le Roi Ainaſis. Ce n'eſt là qu'une prés
ſomption. Elle acquiert un degré de proba
bilité par l'aveu que les Juifs font eux-mêmes
qu'ils s'enfuirent d'Egypte 8c qu'ils étaient fort
ſujets à la lèpre; mais ces deux degrés.de pſ0'.
babilité , le conſentement de pluſieurs anciens ,
8c l'aveu des Juifs ſont encor loin de former- ñ—..
une certitude. .
Diodore de Sicile raconte d'après les au- .On lei
teurs .Egyptiens qu'il a conſultés , que le mê- d??
me Amaſis ayant eu la guerre avec Actiſan d'une
Roi d'EthiOpie, cet Actif-in vainqueur fit Ãëoïlê
I
coupeï le nez &t les oreilles à une horde de lïürê.
voleurs qui avait infeſtél'Egypte pendant la
guerre. ll confina cette troupe de brigands
dans 1e dé-ert de Sina où ils firent des filets.
E
66' ORIGINE
-._______ avec leſquels ils prirent des cailles dont ils
Chap. \è nourrirent. Ils habitèrent le pays qu'on
X1V. appella depuis d'un nom qui ſignifie en lan
gue Égyptienne, nez coupé, 8c que les Grecs
exprimérent par “celui de Rhinocolure. Ce
paſſage auquel. on a fait trop peu d'attention ,
joint à l'ancienne tradition que les Hébreux
étaient une troupe de lépreux chaſſés d'Egy
pte , ſemble jetter quelque jour ſur leur ori
gine. ' Ils avouent qu'ils ont été à la fois lé
preux 8c voleurs; ils diſent qu'après avoir
volé les Egyptiens ils s'enfuirent dans ce mê—
me déſert où fut depuis Rhinoôolure. Ils
ſpécifient que la ſoeur de leur Moïſe eut la
lépre; ils s'accordent avec les Egyptiens ſur
l'article des cailles.
Il eſt donc vraiſemblable , 'humainement
parlant 8c abſtraction faite de tout merveil
leux, que les Juifs étaient des Arabes vaga
bonds ſujets à la lépre , qui venaient piller
quelquefois les confins de l'Egypte, 6c qui ſe
retirèrent dans le déſert d‘H0reb &z de Sinaï
quand on leur eut coupé le nez 8z les oreil
les. Cette haine, qu'ils manifeſtèrent depuis
contre l'Egypte, donne quelque force à cette
conjecture. Ce qui peut encor augmenter
DES IUIFS. 76
la probabilité, c'eſt que l'Egyptien Appion _____i
d'Alexandrie qui écrivit du tems de Caligula Chap. '
une Hiſtoire de ſon pays, 8c un autre au— XÏVÎ' ‘
.teur nommé Chencres de la ville de Mendès ,
aſſurent tous deux, que ce fut ſous le Roi ou
Pharaon Amaſis, que les Juifs furent chaſſés.
Nous avons perdu leurs écrits, mais le Juif
Joſeph qui écrivit contre Appion après la
mort de cet Egyptien, ne le combat point
ſur l'époque d'Amaſis. Il le réfute ſur d'all
tres points: 8c tous ces .autres points prou
vent *que les Egyptiens avaient écrit autant
de fauſſetés ſur les Juifs qu'on reprochait
aux Juifs d'en avoir écrit eux-mêmes.
Flavian Joſeph fut le ſeul Juif qui paſſâ L, (.514
chez les Romains pour avoir quelque bon d” 3*??
ſens. Cependant cet homme de bon ſens 'mg'
rapporte ſérieuſement la fable des Septante
8c d'Ariſtée dont Vandal 8c tant d'autres
ont fait voir le ridicule 8c l'abſurdité. Il
ajoute à cette ineptie que le Roi d'Egypte
Ptolomée Philadelphe ayant demandé aux
traducteurs comment il le pouvait faire que
des livres auſſi ſages que ceux des Juifs n'eu\l
ſent. été jamais connus d'aucune nation on
répondit à Ptolomée que ces livres étaient
E 2
ça… )UIFS.'
trop divins pour que des profanes claſſent
5.-
Chap. jamais les citer , 8c que Dieu ne pouvait le
XlV- .j permettre.
. Remarquez qu'on faiſait cette belle réponſe
dans les tems même qu'0n mettait ces..livres
entre les mains des profanes. Joſeph ajoute
" que tous les étrangers qui avaient été aſſez
hardis pour dire un mot des loix juives,
avaient été ſur le champ punis de Dieu;
que l'hiſtorien Théopompe ayant eu deſſein
ſeulement d'en inſérerJ quelque choſe dans
ſon ouvrage, il devint fou ſur le champ;
mais qu'au bout de trente jours Dieu lui
ayant fait connaître dans un ſonge qu'il ne
fallait pas parler des Juifs , il demanda bien
pardon à Dieu 8c rentra dans ſon bon ſens.
'Autres Joſeph dit encor que le poëte Tliéodecte
'fablcs. ayant oſe' parler des Juifs dans une de ſes tragé
dies , était devenu aveugle incontinent , 8c que
Dieu ne lui rendit la vuë que quand' il eut
bien 'demandé pardon 8c fait pénitence.
Si un homme qui paſſe pour 1e ſeul hiſ
torien Juif qui ait écrit raiſonnablement, a
dit de ſi énonnes 8c de ſi plates extravagan
ces, que faut-il penſer des autres ? Je parle
toujours humainement, je me mets toujours
.l U Î F S." ' 6j
à la place' d'un homme qui 'n'ayant. jamais î
entendu parler ni des Juifs, ni des Chrétiens, Chap. '
lirait ces livres pour la première fois', 8c n'étant XIV
point illuminé par la grace aurait le malheur
de n'en croire que ſa faible raiſon en atten——
dant "qu'il fût éclairé d'enhaut.
~'
CHAPITRE XV.
,Quand le: Juif: commencêrent- il: à demeurer
J471: d!! Villes, quand écrí-virent - il: 9'
quand eurenhil: une religion .fixe U détïï
minée .9 '
N' ne peut ici que conſulter les Juifi
eux-mêmes , confronter ce qu'ils rap-.
portent 8c voir ce qui eſt le plus probable.
Selon eux ils demeurèrent .ſous des tentes Troll
. 'll'
dans un deſert au nombre de ſix cent trente J:
mille combattans , ce qui faiſait environ trois hïbíœflï
. . . quarante
millions de perſonnes au moins , en comptant M5,… de;
les vieillards, les femmes 8c les enfans. Cela iïeflqüicâ*:
. . . . . p \un -
fornſie la conjecture qu'ils etaient des Ara- ,gl-'qu,trq
'bes , puiſqu'ils dhabitaient que des tentes 8c “ffllë
. . . . homme!.
qu'11s changement ſouvent de heu. Mars
E3
W . JUIFS
comment trois millions d'hommes auraient
Chap. ils eu' des tentes , S'ils s'étaient enfuis d'Egy
XV. pte au travers de la mer? Chaque famille
avait-elle porté ſa tente ſur ſon dos? lls
n'avaient pas demeuré ſous des tentes en E
gypte. Une preuve qu'ils étaient du' nom
bre d'e ces Arabes errants qui ont de l'aver
ſion pour les demeures des villes, c'eſt que '
lors qu'ils eurent pris Jérico, ils le rasèrent;
8c ne ſe fixèrent nulle part : car'ne jugeant
ici qu'en profanes, 8c par les ſeules lumiè
res de notre raiſon, ce n'eſt pas à nous de
.X parler des trompettes qui firent tomber les
!'nurs de Jérico. C'eſt un de ces miracles
que Dieu faiſait tous les jours 8c que nous
n'oſons diſcuter.
Quoiqu'il en ſoit , ils diſent n'avoir eu une
ville capitale , n'avoir été fixés à Jéruſalem
que du tems de David, 8c ſelon eux entre
leur fuite d'Egypte &t leur établiſſement à
.Jéruſalem , il' y a environ quatre cent cin
quante années. Je n'examine pas ici leur
chronologie ſur laquelle ils ſe contrediſent
continuellement; car à bien compter il y au
rait plus de ſix cent ans entre Moïſe 8c Da—
vid. Je vois ſeulement qu'ils ont vécu dans
à A
ERRANTS. 71
la Paleſtine en Arabes vagabonds pendant ____4
pluſieurs ſiècles , attaquant tous leurs voiſins Chap.
l'un après l'autre , pillant tout , ravageant XV'
tout , dépargnant ni ſexe ni âge ,. tantôt
vainqueurs , tantôt vaincus 8c très -ſouvent
eſclaves.
Cette vie vagabonde , cette ſuite conti:
nuelle de meurtres , cette alternative 1an
lante de victoires 8c de defaites, ces tems
E
zlongs de ſervitude leur permirent-ils d'ap->
prendre à écrire & d'avoir une religion fixe ?q
N'eſt-il pas de la plus grande vraiſemblance
qu'ils ne commencèrent à former des loix 8c
des hiſtoires par écrit que ſous leurs Rois ,
8c qu'auparavant ils n'avaient qu'une tradi- —\
tio'n vague 8c incertaine? . l
ſ '
. . ‘—-—---—4y-~.- -.. . .
7Â" 'JUl'FS
-z CHAPITRE XVI.
'Quelle fut d'abord la religion
des Juifs.
s...
IDOL-ATRES. 73'
ſué leur .demande s'ils veulent adorer encor -c-:d-g
*XXX*
ÛHAPI'.
80 . JUEFS
- CHAPITRE XVII.
Changemen: cantinuels dans la religion Juive
juj'ójuîau tems d: la captivité.
CHAPITRE XVIII.
LIOIZUIXS
DES JUIFS;
Ous ne pouvons mieux faire que de
tranſcrire ici ce que dit Mylord Bo
lingbroke des mœurs antiques de ce peuple»
dans le quinzième chapitre de ſon Examen
important, écrit en 1736. Peut-être eſt-il un
peu violent, mais on doit convenir qu'il eſt
véritable.
D Si nous paſſons des fables des Juifs aux
7D mœurs de ce peuple, ne ſont-elles pas auſti
d abominables que leurs contes ſont abſurdes?
D C'eſt de leur aveu un peuple de brigands
F 2
84 MOEURS
z" D qui emporte dans un déſert tout ce qu'ils ï
Chap. i» ont volé aux Egyptiens. Leur chef Joſué
XVIII- D paſſe le Jourdain par un miracle ſemblable
a au miracle de la mer rouge. Pourquoi?
D pour aller mettre à feu 8è à ſang une ville
z qu'il ne connaiſſait pas , une ville dont
D ſon Dieu fait tomber les murs au ſon du
d cornet. '
d Les fables des Grecs étaient plus humai
:D nes. Amphion bâtiſſait des villes au ſon
D de la ſtutte , Joſué les détruit; il livre au
D fer 8z aux ſtammes vieillards, femmes , en
d fans 8c beſtiaux. Y-a-t-il une horreur
D plus inſenſée? Il ne pardonne qu'à une proſſi
D tituée qui avait trahi la patrie; quel beſoin
D avait-il de la perfidie de cette malheureu
d ſe, puiſque ſon cornet faiſait tomber les murs
d comme celui d'Aſtolphe, 8c faiſait fuir tout
D le monde? Et remarquons en paſſant que
d cette femme nommée Raab la paillarde, eſt
D une des ayeules de ce Juif dont nous avons
d depuis fait un Dieu, lequel Dieu compte
:- encor , parmi celles dont il eſt né, l'incell
a tueuſe Thamar, l'impudente Ruth, 8E l'a
. . b dultère Betzabée. ‘
‘ ;On nous conte enſuite que ce même Jo
DES JUrF"s. e;
g ſué 'fit pendre. trente 8c un Rois du pays , _.454
l) c'eſt—à—dire , trente 8c un capitaines de vil- Chap.
D lages qui avaient combattu pour leurs foiers XVIÜ-Ï
,, contre cette troupe d'aſſaſſins. Si l'auteur de
D cette hiſtoire avait formé le deſſein de ren—.
d dre les Juifs exécrables aux autres nations s'y
a ſerait-il pris autrement? L'auteur pour ajoue;
x ter le blaſphême au brigandage 8: àla bar-‘
>- barie, oſe dire que toutes ces abominations
a ſe commettaient au nom de Dieu, par or
I dre exprès de Dieu, 8c étaient autant de
,, ſacrifices de ſang humain offerts à Dieu.
D C'eſt là le peuple Saint! Certes les Hu-‘
s rons , les Canadiens, les Iroquois, ont été
a des Philoſophes pleins d'humanité comparés
D aux enfans 'cl'Hi-aël; 8c c'eſt en &veut de ces
D monſtres qu'on *fait arrêter le Soleil 8c la
s Lune en plein midi! Et pourquoi? pour
d leur donner le tems de pourſuivre 8c d'égor
:d ger de pauvres Amorrhéens a déja écraſés
I par une pluye de groſſes pierres que Dieu
D avait lancée ſur eux du haut des airs pendant
D cinq grandes lieues de chemin. Eſt-ce l'hil:
z: toire de Gargantua? Eſt—ce celle du peu
1 ple de Dieu? Et qu'y a-t- il ici de plus in-
o ſuportable , ou l'excès de l'horreur , ou l'e e'
F- 3
86' MOEURS HORRIBLES
__...————
D cès du ridicule ? Ne ſerait- ce pas même un
Chap. d autre ridicule que de s'amuſer à combattre
XVIII. a ce déteſtable amas de fables qui outragent
D également le bon ſens , la vertu , la nature
s 8c la Divinité? Si malheureuſement une
'D ſeule des avantures de ce peuple était
:d vraie , toutes les nations ſe ſeraient réunies
1 pour l'exterminer; ſi elles ſont fauſſes on ne
a peut mentir plus ſottement.
i» Que dirons-nous d'un Jephté qui immole
D ſa propre fille ‘a ſon Dieu ſanguinaire , 5C
D de l'ambidextre Aod qui aſſaſſiné Eglon
:- ſon Roi au nom du Seigneur, &z de.la di
: vine Jahel qui aſſaſſiné le général 'Sizara
D avec un clou qu'elle lui enfonce dans la
itête, &z du debauché Samſon que Dieu
i favoriſe de tant de miracles? groſſlàre imi
d tation de la fable d'Hercule.
H Parlerons-nous d'un Lévite qui vint ſur
D lon âne avec ſa concubine , 8c de la paille,
D 8c du foin , dans Gabaa de la tribu de Ben
:D jamin? Et voilà les Benjamites qui veulent:
a commettre le péché de Sodomie avec ce vi
d Iain Prêtre, comme les Sodomites avaient
d voulu le commettre avec des Anges. Le'Lé—
d vite compoſe avec eux Cz leur abandonne
l
CHAPITRE X1X.
De la religon Jui-ue au retour de la captivité
' de Babilone.
NR*
CHA'.
CHAPITRE XX, i ë
' même
,Que ſuppoſée danraucun'
l'immortalité endroit
de l'ame n'eſt de ,la loi
ni énoncée
(A.)
Juive. . ,
r Uelque ſoit 'l'auteur 'du Pentateuque ou'
:-Î’ l '0"
~ \ …lié -
‘ Ti '
Ïkx‘rtavagances
' 'de ces Meſſieurs ne".Pèrnpor- ,.__._,4‘
DuE'UAMEiſſ'
x
é. ÎÏD* H. .O M .M"E's." i05- -‘
'Quoi de plus précieux que no'é .enfans, f'ur \ '
.
.tout quand i.ls ſont beaux ?" On a ?donc para Chap. '
tout dans quelques occaſions,. dans quelques XXL ‘
Calamitésr publiques, offert.ſea enfans aux prê-'-
‘ tres pour les immoler , 8c il fallait payer à ces
prêtres les frais de la cérémonie. On a pouſ
.,íé la fureur réligieuſe juſqu'à s'immoler ſoi-
même. . Mais toutes les fois que nous parlons
.'de nos ſuperſtitions ſanguinaires 8c abomina
bles, ne perdons point de vuë qu'il faut tou
jours excepter les Chinois chez leſquels on ne
'voit aucune tracé de ces iàcrifices. ſſ
Heureuſement .il n'eeſt pas prouvé que dans ËFÊÜHW
. . , . . y -\
Panuquite on art immolé des hommes reguhe- n…omPaz.
rement àcertain jour nommé , comme les Pa- ²°® °f- '
. . . fem mai!
plſtes ſont en immolant leur Dleu tous les ?mon
Dimanches; nous n'avons chez aucun peuple îîîëî'
aucune loi qui diſe, tel jour de la lune on
immolera une fille ,‘ tel autre jour un garçon.
Ou bien , quand vous aurez fait mille pri
ſonniers dans une bataille , vous en ſacrifierez
cent à votre Dieu protecteur. ''
Achille ſacrifie dans l'Iliade douze jeunes
'Troyens aux manes de Patrocle. Mais il n'eſt
point dit que cette horreur fût preſcrite par
la loi. ' '
R
P..——-—
.z Les. Carthag‘inois , les Egyptiens; les Grecs,
. chip;
les Romlzînn mêmes ont immolé des hommes;
XXL-j mais ces cérémonies ne ſontetablies par au
cune loi. du pays. . Vous ne' voyez ni dans
.les douze tables Romaines, ni dans les loix
de Licurgue, ni dans cellesde Solon , qu'on
tue' ſaintemene de: ſîcter E5. de: garçons avec
un couteau jim-é,- ces exécràbles 'dévotions ne
.paraiſſent établies que par l'oſage -, 8c ces cri
mes conſacrés ne ſe. commettent que très -ra
rement.
Loix iui- Le Pentateuque eſt le ſeul monument ancien
,ves ſan
guinaires. dans lequel on voye une loi expreſſe d'im—
moler des hommes; des commandemens ex
près de tuer au nom du Seigneur. Voici ces
loix.
1°. Ce qui aura été offert à Adonaï ne ſe
. rachetera point , il ſera mis à mort. Lévit. 27.
. C'eeſt ſelon cette horrible loi quïl eſt dit que
Jephté .égorgea \à propre fille E5") il lui fit
. comme il ſamir voué. Comment après un paſ
ſage ſi clair , ſi poſitif, trouve- t- on encor des
. barbouilleurs de papier qui oſent dire qu'il
ne s'agit ici que de virginité?
2°. Adonaï dit à Moîſe,vengez les en—
ſans d'Iſraël des Madianites. . . , Tucz. tous les
.D'.H.O M M—E.s.‘ .‘ 10.7
-
'
D* H O M MTE S. m9"
B'abilone , ils n'auraient pas pu imputer 'â ''
'
.H.(a
Lao -. -Mïo 1s E
.
~ - < -4
.ÔHAPITRE .XXIIL'
Si 'Moi/Z a èxiffll.
.5
Allemands ou Suédois ont connu cet Odin &'
Chap. \à famille , 8c s'il ont parlé de lui en termes
XXIII. honnêtes. _
Bien plus, ſi ſes contemporains ne parlaient
que desmiracles d'Odin, ſi Odin n'avait ja
mais rien fait que de ſurnaturel, il courrait
grand riſque d'être décrédité à la cour de
Dannemark. On n'y ſerait pas plus de cas
de lUi que nous en faiſons de Yeríchanteur
Merlin. '
. Moïſe ſemble être préciſément dans ce cas
aux yeux de ceux qui ne ſe rendent qu'à
?l'évidence Aucun auteur Egyptien ou Phé
Înicien ne parla de Moïſe dans les anciens
items. a Le Caldéen Béroſe n'en dit mot: car
-.s'il enÏavait fait mention, les père? de l'E
'gliſer.Lcomme nous l'avons. déja remarqué ſur
Sanchoniaton) auraient tous triomphe de ce
Témoignage. Flavien Joſeph , qui veut faire
.Valbirffl.ce ÎMoïſè, (quoiqu'il doute de tous
Éſesymiracles. )Â'ce Joſeph a .cherché ' par tout
quelques témoignages concernant lesactíons
de-TMoïſe , il n'en .a pu troû'venaucun. Il
nbl'iæpas dire que Béroſe , .né ſous Alexandre ,
ait rapporté un' ſeul des faits qu'on attribue
à Moïſe. . ' '
A-T-IL EXISTÉ. 117
Il trouve enfin un Chérémon d'Alexandrie, ____4
qui vivait du tems d'Auguſte environ quinze Chap.
ou ſeize cent ans après Pépoque où l'on place XXI-u* .
Moiſe; 8z cet auteur ne dit autre choſe de
Moïſe, ſinon qu'il fut chaſſé d'Egypte.
Il va conſulter le livre d'un autre Egyptien
plus ancien nommé Manethon. Celui-là vi-‘
vait ſous Ptolomée Èhiladelphe , trois cent.
ans avant notre ère, 8c déjà les Egyptiens
abandonnaient leur langue barbare pour la
belle langue Grecque. C'était en Grec que
Manethon écrivit; il était plus près de Moiſe
que Çhérémon de plus de trois cent années;
Joſeph ne trouve pas mieux ſon compte avec
lui. Manethon dit qu'il y eut autrefois un
prêtre d'Héliopolis nommé Oiàrſiph qui prit -‘
le nom de Moïſe &z qui s'enfuit avec des
lépreux.
.Il ſe pouvait très-bien faire que les Juifs '
ayant parlé ſi longtems de leur Moïſe à tous
leurs voiſins , le bruit en fût venu àla fin à quel
ques écrivains &Egypte; 8c de là aux Grecs
8c aux Romains. Strabon, Diodore &Tacite
. n'en diſent que très-peu de mots; encor ſont
ils vagues , très-confus ,. très-contraires à .tout
, .
ce que les Juifs ont écrit. Ce ne (ont pas
H3
118 M Ô I S E
là des témoignages. Si quelque auteur fran;
Chap. çais s'aviſait de faire mention aujourd'hui de
XXIII notre Merlin , cela ne prouverait pas que
Merlin paſſa ſa vie à faire des prodiges.
Chaque nation a voulu avoir des fonda
teurs, des législareurs illuſtres; nos voiſins
les Français ont imaginé un Francus qu'ils
ont dit fils d'Hector. Les Suédois ſont bien
ſûrs que Magog fils de Japhet leur donna
des loix immédiatement après le déluge. Un
autre fils de Japhet nommé Tubal fut le lé
gislateur de l'Eſpagne. Joſeph l'appelle Tho
bel , ce qui doit augmenter encor notre reſ
pect pour la véracité de cet hiſtorien Juif.
Toutes les nations de l'antiquité ie forgé
.tent des. origines encor plus extravagantes.
.Cette paſſion de ſurpaſſer ſes voiſins en chi
mères alla fi loin que les peuples de la Mé
ſopotamie ſe vantaient d'avoir eu pour légis
.lateur le poiſſon Oannès qui ſortait de. l'Eu
phrate deux fois par jour pour venir les
prêcher.
Moïſe pourait bien ' être un législateur auſſi
fantaſtirlue que ce poiſſon. Un homme qui
change ſa baguette en ſerpent 8c le ſerpent
en baguette, qui change l'eau en làng.ôc,lï
-
che.
Ce ſont là les raiſons ſur leſquelles ſe ſon;
dent ceux qui doutent que Moiſe ait exiſté.
Mais on leur fait une réponſe qui ſemble être auſi
fi forte, peubêtre, que leur objections. C'eſt que
les ennemis des Juifs n'en ont jamais douté.. K
4~
CHA P ITRE XXIV,
D'une 'vie de Moïſe trè: - curieuſe ., écrite Par les
Juif: aprés la captivité. ' —
c HA E ILÏTR XXV.
' Delta ſmart. de Moiſe.
':28 MORT D E
m
d'hommes; qui ai .coupé la' mer rouge en
Chap. douze; qui ai vaincu deux Rois ſi grands
XXV. que du tems du déluge, l'eau ne leur venait
qu'à mi- jambe P' Va -.t- en , maraut , ſors
.de devant moi tout - à — l'heure.
Cette altercation dura encor quelques mo
mens. Gabriel pendant ce tems-là prépara
'un brancard pour tranſporter l'ame de Moiſe;
Michaël un manteau de pourpre; Zinguiel
!une ſoutane. Dieu. lui mit les deux mains
;ſur la poitrine 8c emporta ſon ame.
C'eſt à cette hiſtoire que l'apôtre ſaint Ju
.Jde fait alluſion dans ſonnEpitre, lorſqu'il dit
que l'archange Michaël dilputa le.corps de
'Moïſe. au Diable. Comme ce fait ne ſe
trouve que dans l-e livre que je viens de ci
ter , il eſt évident que St. Jude l'avait lû,
-Bt qu'il le regardait comme un livre cano
nique.
La ſeconde hiſtoire de la mort de Moïſe
.eſt encor une converſation avec Dieu. Elle
n'eſt pas moins plaiſante 6c moins curieuſe
que l'autre. Voici quelquës traits de ce dia
dogue.
Moïſe. Je vous prie, Seigneur, de me laiſ
íèr
MOlSE. x29
ier entrer dans ln terre promiſe , au moins pour .
deux ou trois ans. . Chai”
Dieu. Non, mon décret porte que tu n'y XXV
entreras pas.
Moiſe. Que du moins on m'y porte après
ma mort. '
Dieu. Non , ni 'mort ni vif.
Ivloijë, .Hélasl bon Dieu, vous êtes ſi clé
ment envers vos créatures , vous leur pardon
nez deux ou trois fois , je n'ai fait qu'un pé
ché 8c vous ne me pardonnez pas! '
. Dieu. Tu ne iàiS ce queîltu dis, tu an
commis ſix péchés….- Je me ſouviens d'a
voir juré ta mort ou la perte d'Iſraël; il faut
. qu'un de ces deux ſermens s'accompliſſe. Si
tu veux vivre , Iſraël périra.
Moiſe. Seigneur, il y a là trop d'adreſſe,
vous tenez la corde par les deux. bouts. Que
Moïſe périſſe plutôt qu'une ſeule ame d'il?
raël. . .
Après pluſieurs diſcours de la ſorte, l'écho
de la montagne dit à Moiſe,. tu n'as plus
que cinq heures à vivre. Au bout des 'cinq‘
.heures , Dieu envo'y-'a chercher Gabriel,
Zuingiel 8c Samaël. Dieu promit à Moïſe .
de Pentel-rer 8c emporta ſon ame.
I
&za BACCHUS.‘
;- -.To'us ces contes ne ſont pas plus extraorñ'
Chap. dinaires que l'hiſtoire de Moïſe ne l'eſt dans
XXV-. le Pentateuque. .Ceſt au Lecteur d'en jugera
.
CHAPITRÉ XXVI;
.Si l'hiſtoire de Bacchus Sfl tirée de celle
:le Moïſe.
CHAPITRE XXVII.
De la Coſmogonie attribuée' à Moifl- E9'
de ſim Déluge.
.veneL
l'ubmergée. Que ce ſoit une fable ou une
l
D E L‘U G ſi);
Vérité, il n'importe; perſonne n'a jamais dou- _.54
té que pluſieurs parties de notre globe n'aient ChapJ. -
ſouffert de grandes révolutions; mais le Dé- 1x7":
luge univerſel tel qu'orl le raconte, eſt phiſi
quement impoſſible. Ni Thucidide, ni Hé
rodote , ni aucun ancien .hiſtorien n'a des:
honoré ſa plume par une telle fable. ' -
S'il y avait eu chez les hommes quelque
reſſouvenir d'un ſi étrange évenement , -Hé
fiode 8c Homère l'auraient- ils paſſé ſous ſilen
ce? Ne retrouverait — on pas dans ces poètes
quelques alluſions , quelques comparaiſons
tirées .de ce bouleverſement de la nature 7.*
N.?aurait-on pas conſervé quelques vers d'Or
phée dans leſquels onaurait pu en retrouver
des veſtiges?
.Les Juifs ne peuvent avoir imaginé le D'ê
luge univerſel qu'après avoir entendu parler
de quelques déluge: particuliers. Comme ils
n'avaient aucune connaiſſance du Globe, ilï
prirent la partie pour le tou; , 8c l'inondation
d'un petit pays, pour l'inondation de la terre
entière. lls exagérèrent, &z quel peuple n'a
pas été exagérateur?
Quelques Romanciers , quelques poètes
dans la ſuite des tems exag èrent chez les Grece;
I4.
e136. .a D É L Ugo E.
,dns-.._ &'deÏlŸinondation d'une' partie de la Grèce
'Chap- firent une: inondation univerlèlle. Ovide la
**WW célébra dans ſon livre charmant des Métamor
phoſes… Il àvait raiſon; une telle aventure
:ſefifaire que pour la poëſie: c'eeſt pour nous
.un miracle: äétairune fable pour les Grecs
—. 3c pour.leS Romains.
Il y eut encor d'autres .Déluges qu'en Grè
ce» .8c voici probablement qu'elle eſj la ſour
ce du récit du Déluge que leS Juifs firent:
dans leur Genèſe , quand ils' écrivírent dans la
ſuite des tems ſous le nom de Moïſe.
\ . Eusèbe &z George le .iincelle ,UefLà-dire Ie
greffier, nous ont conſervés des ſragmens d'un
.certain Abidène. Cet Abidène .avait traníl
Crit des fragmens de Béroſe ancien auteur
jÜflldëen. Ce Béroſe ?avait écrit des romans,
6C dans ces romans il avait parlé d'une inon
.dat,ionarrivée ſous un Roi de Caldée nom
:né Xíſſuther, dont on a ſait depuis Xiffllthfflä
qu'on ſuppoœ avoir vécu du tems Où l'on fait
vivre Noé.
Oſïgïnïl Il dilàit donc, ce Béroſe, qu'un Dieu Cal
Ët: Siit-u' déen dant on a fait depuis Saturne» &PP-TNT
.Vïtl'cl- à Xiiluther, &T lui dit: D le I5 du !ÎÎOÎS
D Dœíi le genre humain ſera détruit -par. ſh
\l
DÉLUGE. '-137
a
a Déluge. Enfermez bien tous vos écrits
D dans Sipara, la ville du ſoleil, afin que 1a chap.:
D mémoire des choſes ne .ſe perde pas: ( car xxvll
H quand il n'y aura plus perſonne ſur la terre,
D les écrits ſeront très — néceſſaires. ) Bâtiſſe:
,, un vaiſſeau , entrez- y avec vos parens &
D vos amis, faites‘y entrer des oiſeaux 8c des
:, quadrupèdes, mettezèy des proviſions, 8U
,, quand on vous demandera où vous voulez
d alle: avec votre vaiſſeau , répondez: vers
aD re
les humaidûu'
dieux pour; les' prier
'ſ 'î' 'de'favoriſer-le
' ‘ ' 'gen
' '
*#45*
'cHæ
J
CHAPITRE XXVIII.
Des Plagiat: reproché: aux ſuffi.
1°. 'Anclioniaton qui 1°. Les livres attri
. écrivait enPhéni— bués à Moïlè ſuppo
cie lodgtems avant que ſent auſſl dix généra
les Juifs fuſſent raſſem tions. .(
blés dans des déſerts ,
donne aux hommes
.dix générations juſ
qu'au tems du préten
du Déluge univerſel.
2°. La curioſité 2°. La curioſité
d'une femme nommée d'une Femme nommée
Pandore , eſi fatale au' Eve fait chaſſer le gen
.genre humain. re humain d'un pré
tendu paradis. '
3°. Bacchus donne 3°. Moïſe donne
une loi écrite ſur deux auſſi des loix écrites
tables de marbre , élè ſur deux tables de pier
ve les ſtots de la mer re ,traverſe la mer rou
rouge à droite 8c à ge à pied-ſec, 8c ſon
gauche pour faire paſ ſucceſſeur Joſué arrê
ſer ſon armée , ſuſpend te le Soleil 8c la Lune.
le cours du Soleil ' 8c
de la Lune.
4°. Minerve fait 4'. Moïſe ne don
jaillir une fontaine na aux juifs qu'une
d‘h.iile , Bacchus une fontaine d'eau dans lc
l fontaine de vin. déſert.
REPRQÔHÉS AUX JUIFS. 14t
5°. Philemon 8c 5°. Les Juifs imi
Baucis donnent à des tent cette fable de la Chap. '
Dieux, en Phrigie , manière la plus infâ
Xxvul.
l'hoſpitalité qu'un vil me , en diſant que les
lage leur refuſe auprès habitans du village de
de Tyane; les Dieux Sodome voulurent vio
' changent leur cabane ler deux anges. Et
en un temple» 8c le Sodome eſt changée.
Village en un lac. en un lac.
6°. Les Grecs ſuppo 6°. Les Juifsſuppo
ſent qu'Agamemnon ſent qu'Abraham vou
voulut immoler \à fille lut immoler ſon fils,
Iphigénie, 8c que les 8t qu'Adona'i envoya
Dieux envoyèrent une un bellier pour être
biche pour être ſacri immoié à la place d'l
fiée à la place de la ſaac.
fille.
79. Niobë eſt chan 7°. Edith femme de
gée en ſtatue de mar Loth eſt changée en
bre. ſtatue de ſel.
8°. Travaux d'Her 8°. Travaux .de
cule. Samſon.
9° Hercule trahi - 52°. Samſon trahi par
par des femmes. des femmes
10. L'âne de Si IO. Uâneſſe de
lène parle. Balaam parle.
11. Hercule enlevé I1. Elie monte au
au ciel dans un qua ciel dans un quadrige.
drige.. l
12. Les Dieux relÏ 12. Eliſée reſſuſcir
ſuſcitenc Pelops. œ une petite fille.
Q .
l
CHAPITRE XXIX'.
De Ia _ſi-a'le Je: Juif? E9” de leur conduite apris
.la captivité, juſqu'au règne de Pi,lùméen
Hérode.
CHAPITRE XXX.
. Der mœurs de: Juifs ſou: Héro,le.
CHAPITRE XXXL
De Jeſu.
. ..—-—
ÏESU, ' 157*
.prophète ignorant. Bien des gens même _—1—:— .
doutent qu'il ſût. écrire. Le " fait eſt qu'il Chap.
écrivait mal 8c qu'il ſe battait bien. ll avait XXXL
été facteur, ou ſi l'on veut, valet d'une mar
chande de chameaux; ce n'eſt pas là un com
mencement fort illuſtre; il devint pourtant
un très— grand homme. Revenons à Jeſu qui
n'a rien de commun avec lui, 8c pour qui
nous ſommes tenus d'avoir un profond reſpect,
indépendemment même de notre religion de
laquelle nous ne- parlons pas ici.
\
.CHAPITRE XXX”. -
' Rechercher ſur Jéſu.
l
"róo .RECHERCHES
. - y ſacrifier. Cet acte qui parait ſi ridicule XT
Chap, 'mylord Bolingbroke, à Wolſton 8c à tous
xxxu. les Franc-penſants , ſerait auſſi répréhenſible
que ſi un fanatique s'ingérait parmi nbus .de
fouëtter les Libraires qui vendent auprès de
St. Paul le livre _des communes prières. Mais
l
auſſi il eſt bien difficile que des marchands
a
. établis par les Magiſtrats ſe ſoient laiſſes bat—
' tre &c chaſſer par un étranger ſans aveu, ar
rivé de ſon village dans la capitale , à moins
' qu'il n'ait eu be,æucoup de monde à ſa ſuite.
' 'On nous dit encor qu'il noya deux mille
cochons. S'il avait ruiné ainſi pluſieurs famil
“' les qui euſſent demandé juſtice , il faut con
venir que ſelon les loix ordinaires il méri
*I .Cochons tait châtiment. Mais comme l'Evangile nous
noyés par dit que Jéſu avait envoyé le' diable dans le
Iéntôcc;
‘ corps de ces cochons , dans un pays ou‘ il
-
n'y
eut jamais de cochons, un homme qui n'eſt
u
‘ encor ni' chrétien, ni Juif, peut raiſonnable
ment en douter. Il dira aux Théologiens:
I) Pardonnez ſi en voulant juſtifier Jéſu je
7l ſuis forcé 'de réfuter'vos livres; les Evan
a giles l'accuſent d'avoir battu 'des marphands
D innocens , d'avoir noyé deux mille porcs,
D d'avoir ſeché .un figuier qui ne lui appar
' x tenait
SUR'JESU. 161
S tenait pas, 8c de n'en avoir privé le poſſeſſeur , Chap. u
:d que parce que cet arbre ne portait pas des
D, figues quand ce n'était pa: le tem: de: fi XXXIÏS
D gurr. Ils l'accuſent d'avoir changé l'eau en
B vin pour des convives qui étaient deja ivre: 5
z, de s'être transfiguré pendant la nuit pour
,, paiiler à Elie 8t'a Moïſe , d'avoir été trois
» fois emporté par le diable. Je veux faire
D de Jeſu un.juſte 8c un ſage; il ne ſerait
:- ni l'un ni l'autre, ſi tout ce que vous dites
J) était vrai: 8c ces avantu'res ne peuvent être
,, vraies, parce qu'elles ne conviennent ni à
D Dieu ni aux hommes. Permettez moi, pour
a eſtimer Jeſu, de rayer de vos Evangiles ces
H paſſages qui le deshonorent. Je défends Jee
D ſu contre vous.
D S'il eſt vrai, corrlme vous dites 8c comme
,4 il eſt très -vraiſemblable, qu'il appellait
,, les Phariſiens , les -docteurs de la loi , race
) de vipères , 'ïſépulçres blanchis, fripons ï
) intéreſſés', noms que les prêtres de tous
D leS tems ont quelquefois mérités , c'é—.
,» 'tait une témérité très-dangereuſe , 8c qui
T” a couté.plus d'une fois la vie à des impro
*D dens véridiques. Mais on peut être très
L
x62 -RECHERCHES
a honnête homme, ôz dire qu'il y a des
Chap, D prêtres fripons.- ’
XXXll- . Concluons donc, en ne conſultant que la
ſimple raiſon , concluons que nous n'avons
' aucun
tre quemonument digne de
Jeſu méritaitlle foi qui
ſuplice nous
dont mon
il mou
'SURJESU x83'
.peut Tibère ,ſans qu'on puiſſe ſavoir en .quelle ___,.
année. a Chap.
. ' ' ‘'' ‘ xxxu.
CHAPITRE XXXHL? -
Dt la morale de Jeſu.
DE JESUŸ. 167
Buc» 8c qui ſont le moins ſuſceptibles d'un _____—,,__,
ſens équivoque, nous y verrons l'.amour de Chap; Ï
Dieu 8c du prochain , la morale univerſelle. XXXHU
Quant à ſes actions nous ne pouvons en
juger que par ce qu'on nous en raporte. En
voit-on une ſeule (excepté 'ſavanture des
marchands dans le temple) qui annonce un
brouillon , un factieux, un perturbateur du. ,
repos public , tel qu'il eſt peint dans le T01- ‘
dos Jeſchut? . '
— ll va aux Noces , il fréquente des exac
teurs , des femmes de mauvaiſe vie; ce n'efl pas.
là conſpirer contre les puiſſances. Il n'excite
point ſes diſciples à le défendre quand la juſ
tice vient ſe ſaiſir de ſa perſonne. Volſton dire
tant qu'on voudra , que Simon Barjone cou
pant l'oreille au ſergent Malcus 8c Jeſu ren
dant au ſergent ſon oreille , eſt u'n des plus
impertinens contes que le fanatiſme idiot ait
pû imaginer: ll prouve du moins que l'au
teur quel qu'il ſoit , regardait Jeſu comme un q
homme pacifique. En un mot, plus on con
ſidère ſa conduite( telle qu'oi1 la raporte , ) par
la ſimple raiſon, plus cette raiſon, nous per
ſuade qu'il était enthouſiaſte de bonne foi , 8c
un bon homme qui avait la faibleſſe. de vou-W'
L 4 r
/
R8- MURALE
._...__ loir faire parler de lui , 6E qui \faimâit par
Chap. les prêtres de ſon tems.
XXXL”. Nous n'en pouvons juger que par ce quis
été écrit de ſa perſonne. Enfin, ſes panégi
riſtes. le repréſentent comme un juſte- Ses
adverſaires ne lui imputent d'autre crime que '
d'avoir ameuté deux mille hommes; 8c cette
accuſation ne ſe trouve que dans un livre
rempli d'extravagances. Toutes les vraiſem
blances ſont donc, qu'il n'était point du tout
malfailànt, &z qu'il ne méritait pas ſon ſu
plice.
Les Franc-penſants inſlſtent, ils diſent, que
puiſqu'il a été puni par le ſuplice des voleurs,
il fallait bien qu'il fût coupable au moins de
flllelque attentat contre la tranquilité publi
que.
Màis que Pon conſidère quelle foule de
gens de bien les prêtres outragés ont fait mou
tir. Non ſeulement ceux qui ont été- en
butte à la rage des prêtres ont été perſécutéà
'par eux, en tout pays, excepté dans l'am
tienne Rome. Mais les lâches magiſtrats ont
prêté leur voix 8c leurs mains à la vengeance
ſàcerdotale , depuis Priſcillien juſqu'au martire
des \ix èeut perſonnes immolées ſous notre
D E# J ES U. r 169‘
irifâmc Marie: 8c on a 'continué ces maſià
cres juridiques chez ;nos voiſins. Que de Chap; "
ſupplices &T .Æaſſaffinatsl les échaffauds , les xxxm.
gibets n'ont -ils pas été dreſſés dans tout.e
PEUrope pour quiconque était accuſé par des
prêtres? Quoi !r nous plaindrions Jean Hus,
Jérome de Prague, l'Archévêque Cranmer,
Dubourg , Server 8ze. , & nous ne plaindrions
pas Jeſu ! .
Pourquoi le plaindre? dit-on, il a établi
une ſecte ſanguinaire qui a fait couler plus
de ſang que les guerres les plus cruelles de
peuple à. peuple n'en ont jamais répandu.
Non ; ſoſe avancer , mais avec les hommes Ieſu ne
voulut. ja.
les plus inſtruits 8c les plus ſages, que Jeſu mais fon.
n'a jamais ſongé à fonder cette ſecte. Le der une
ſecte mou—.
chriſtianiſme , tel qu'il a été 'dès le tems de vellc.
Conſtantin, eſt plus éloigné "de Jeſu que de
Zoroaſtre ou dc Brama. Jeſu eſt devenu le
prétexte de nos doctrines ſantaſques , de nos
perſécutions , de nos crimes religieux; mais
il n'en a pas été l'auteur. Pluſieurs ont re
gardé Jeſu comme un médecin Juif que des
charlatans étrangers ont Fait le chef de leur
pharmacie. Ces charlatans ont voulu faire
croire qu'ils avaient pris chez lui leurs poiz
&70 MORALE DE JESU;
______' ſons. Je me ſtatte de démontrer que Jefiſ
Chap. n'était pas chrétien , qu'au contraire il aurait
xnfflffl- condamné avec horreur notre chriſtianiſme
tel que Rome l'a fait; Chriſtianiſme abſurde
8c barbare, qui avilit l'ame &c qui fait mou
rir le corps de faim , en attendant qu'un jour.
l'un.8z l'autre ſoient brulés de compagnie pen
dant l'éternité. Chriſtianiſme qui , pour enri
chir des moines 8c 'des gens qui, ne valent
pas mieux, a réduit .les peuples à la mendi
cité , 8c par conſéquent à la néceſſité du crime’;
Chriſtianiſme qui expoſe les Rois au premier
dévot aſſaſſin qui veut les immoler à la ſainte
Egliſe; Chriſtianiſme qui a dépouillé l'Euro- '
pe pour entaſièr dans la maiſon de la Madone
de Lorette, venue de Jéruſalem à la marche
d'Ancone parles airs , plus de tréſors qu'il n'en
- faudrait pour nourrir les pauvres de vingt ro
yaumes ; Chriſtianiſme enfin qui pouvaitcon
foler la terre 8c qui l'a couvefto de ſang , de
carnage 8c de malheurs innombrables de tou.
. ce eſpèce.
' /
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. CHA—
‘\\,
, YŒ- W “ 17x*
c HA P 1la TR
' D: E 'de'zxarxzr/ë.
religion Jeſu. "l .
DE JESU. 'x73
'tiens. Vous me dites que c'eſt un galimatias: ____
mais à travers ce galimatias même voyez les Chap.
traits de la "vérité ' ' XXXIVŸ
D'abord Pierre cite le prophète Joel qui
a dit: Je répandrai mon eſprit ſur toute chair.
Pierre conclud delà, qu'en qualité de bons
Juifs lui 8c ſes compagnons ont reçu l'eſprit.
Remarquez ſoigneuſement ſes paroles. '
Vous ſil-vez que Jeſu de Nazareth étai: un
homme que Dieu a rendu célébre par le: 'vertus
U par le: prodigef”que Diiu a fait: par lili.
un Remarquez ſurtout la valeur de cesvoilà
mots,
homme que Dieu a rendulcélêbre; un
‘ DE JESU. S77
Il eſt très-certain .que les p'remiers diſci- '
ples de Jeſu rfétaient autre choſe qu'une ſecte Chap.
particulière de Juifs, .comme les Viclefiſtes xztxlv.
:ſont été parmi nous qu'une ſecte particulière.
Il fallait certainement que Jeſu .ſe fût fait ài
mer de ſes diſciples, puiſque pluſieurs années
après .la mort de Jeſu ceux qui embraſſérent
ſon parti écrivirent cinquante- quatre Evangiz
les , dont quelqucs- uns ont été conſervés en'
entier» dont. les autres ſont connus par de
' longs ſragmens , 8c quelques - uns cités ſeu
lement par les .pères de l'Egliſe. Mais ni '
dans ces citations, ni dans ces ſragmensa ni
dans aucun des Evangiles entièrement conſer- .
vés , la perſonne de -Jeſu n'eí'c jamais annon
céequ'en
8 répandu qualité
les plusd'un juſte graces.
ſur lequel Dieu,
grandes l
Il n'y a quel'Evangile attribué à Jean,
Evangile qui eſt probablement le dernier de
tous , 'Evangile évidemment ſalſifié depuis,
dans lequel on trouve des paſſages concernant
la divinité de Jeſu. On indique dans .le
premier chapitre qu'il eſt le verbe, 8c il eſt
clair que ce premier chapitre fut compoſé
dans des tems poſtérieurs par un Clirétien
M
z”' RELIGION
platonîcien. Le mot 'de verbe ,' Lagos ayant
Chap. été abſolument inconnu à tous les juifs.
xxxiv. Cependant cet Evangile de Jean fait dire
poſitivement à Jeſu , Je monte a' mon pire qui
el! votre père. A mon Dieu qui ej! votre Dieu.
Ce paſſage contredit tous' les paſſages qui
pouraient faire regarder Jeſu comme un Dieu
homme. Chaque Evangile eſt contraire à
lui-même 8c contraire aux autres. Et tous l
ont été , dit-on, falſiſiés ou corrompus par'
les copiſtes.
On falſiſia bien davantage une Epïtre at
tribuée à ce même Jean. On lui fait dire
qu'il): en a trois qui rendeni témoignage dans le
ciel, le pére, le verbe E9” Peflarit ſaint , CÊÎ ce:
trois .ſont un,- EO' il y en a trois qui rendent
témoignage .ſur la terre, l'eſprit, Peau &c le
ſang , 8c ces trois ſont un.
Il a été prouvé que ce paſſage avait été ajou
te' à 1'.Epître de Jean vers le ſixiéme ſiècle.
Nous dirons un mot dans un autre .chapitre
des énormes falſifications que les Chrétiens
ne rougirent pas de faire, 8c qu'ils appelle
rent .des fraudes pieuſes. NouS ne voulons"
ici que faire toucher au doigt la vérité de
tout ce qui concerne la perſonne de _leſu, 8c
DE JESU. 179
Faire. Voir clairement que lui 8c ſes premiers Ëí
~
CHAPITRE XXXV
Des mœurs de .ſefu , :le Pétablrflêment de ID
ſecte de Jeſu EF du cbrj/lian,ſîna.
DE .IESUX "x81
haine , à la perſécution , à la mort même, 8c _____
qu'étant tous pauvres , ils trouvaient ra- Chap.
rement une femme qui oſât partager leur xxx"
.misère 8c leurs dangers. '
Ni Jean le batiſeur, ni .Ïeſu rŸeurent de
femme; du moins à ce quïon croit', ils s'a
donnèrent tout entiers à la profeſſion qu'ils
îembraſsèrent; 8c ayant été ſuppliciés comme
la plûpart des autres prophètes , ils laiſièrent
après eux des diſciples. Ainſi Sadocavait for
gé les Saducéens. Hilleſétait le père des Pha
. riſiens. On prétend qu'on nomm"éaludas fut
'le principal fondateurdeiæ Eſſeniensffäu tems ' - .
même des Maccabées , les Récabîtes encor- plus
auſtères que les Eſſeniens étaient les plus an
. ciens de tous.
Les diſciples de Jean S'etablirent vers l'Eu
rphl-ate 8c en Arabie, il y ſont encore. Ce
ſont eux qu'on appelle par corruptiofi les
Chrétiens de St. Jean. (*) Les actes des apô— Îehäéeïäſiï
tres racontent que Paul en rencontra pluſieurs
'à Ephèſe. Il leur demanda qui leur avait
conferé le St. Eſprit. Nous n'avons jamais
'entendu parler de votre ſaint-Eſprit , lui ré
M 3
182 MOEURS
pondirent-ils. Mais quel batême avez-vous
Chap.- donc reçu? Celui de Jean; Paul les aſſura
333V- que celui de Jeſu valait mieux. Il faut qu'ils'
n'en aient pas été perſuadés: .car ils ne re
gardent aujourd'hui Jeſu que comme un ſim
ple diſciple de Jean. '
Leur antiquité 8c la différence entre eux
8c les Chrétiens ſont aſſez conſtatées par la
formule de leur barème; elle eſt entièrement
Juive' 9 .la voici. Au nom du Dieu antique pu,ſl
_ſant , qui eſt avant la lumière E5" qui fai! ce que
.nous faiſons.
55,51… Leggiſciples de Jeſu reſtètent quelque tems
dc Fïſïl- en .Îudéeg mais étant pourſuivis ils ſe re
tirèrent dans les villes de l'Aſie mineure 8c
de la Sirie où il Y avait des Juiſs. Alexan
drie s Rome même étaient remplies de cour
tiers Juifs, Les diſciples de Paul, de Pierre,
de Barnabé allèrent dans Alexandrie 8c dans
Rome. '
Juſques là nulle trace d'une religion nou
velle. Les ſectateurs de Jeſu ſe bornaient a
z dire aux Juifs; vous avez'fait cruciſier notre
.maître qui était un homme de bien. Dieu
.l'a reſſuſcité , demandez pardon à Dieu. Nous
ſommes Juifs comme vous p circonc"is comme
DE JESU. 18g
vous , fideles comme vous à la loi Moſaïque,
ne mangeant point de cochon, point de bou- Chap.
din, point de lièvre parce qu'ils rumine 8c xxxv.
qu'il n'a' pas,le pied fendu (quoiqu'il ait le
pied fendu 8c qu'il ne rumine pas) mais nous
vous aurons en horreur juſqu'à—ce que vou:
conſeſliez que Jeſu valait mieux que vous, 8c
que vous viviez avec nous en frères.
La haine diviſait ainſi les Juifs ennemis de
Ieſu 8: ſes ſectateurs. Ceux—ci prirent enfin le
nom de Chrétiens pour \è diſtinguer. Chré
tien ſignifiait ſuivant d'un Chriſt, d'un oint D
d'un Meſſie. Bientôt le shiſrne éclata entre
eux ſans que l'Empire Romain en eût la moin
dre connaiffiince. C'était des hommes de la
plus vile populace qui (è battaient entre eux
pour des querelles ignorées du reſte de la
terre.
Séparé: entièrement des Juifs , comment
les Chrétiens pouvaient-ils ſe dire alors de
la religion de Jeſu? Plus de circonciſion,
excepté à Jéruſalem; plus de cérémonies Ju
daïques, ils Ïobſervèrent plus aucun des ri
tes que Jeſu avait obſervés; ce ſut un culte
abſolument nouveau.
Les Chrétiens de diverſes villes écrivirent Cbrëtiïi
M f ne mons
:M, MOEURS
leurs Evangiles qu'ils Îcachaient ſoigneuſement
Chap. aux autres Juifs , aux Romains , au? Grecs;
XXXv- ces livres étaient leurs myſtères ſecrets. Mais
I quels myſtères , diſent les Franc-.penſantsi
vangflesà un ramas de prodiges &c de contradictions ;
Pfflomœ- les 'abſurdités de Matthieu , n.e ſont point cel
ÎÊS de 163D 9 &: celles de -lean ſon differentes
de celles de Luc. Chaque petite ſocieté
chrétienne avait ſon grimoire , qu'elle ne
montrait qu'à ſes initiés. C'était parmi les
Chrétiens un crime horrible de laiffer'voir
leurs livres à d'autres. Cela eſt ſi .vgai qu'au
cun auteur Romain, ni Grec , parmi les Paiensr
pendant quatre ſiècles entiers n'a jamais parlé
‘ CFEvangiles. La ſecte chrétienne déſendait
très-rigoureuſement à ſes initiés de montrer
leurs livres, encor plus de les livrer à ceux
qu'ils app-allaient profanes. lls faiſaient ſubir
de longues pénitences à quiconque de leurs
frères en faiſait part à ces infideles.
Le shiſme des Donatiſtes a comme on fait,
arriva' en 305. à l'occaſion des Evêques ,
Prêtres 8c Diacres qui avaient livré les Evan
giles aux officiers de l'Empire ; on les appeller
traditeurs 8c de là vint le mot traître. Leurs
œnfrèïes voulurent les punir. On aſſemble:
D E J E S U. da;
le concile de Cirthe, dans lequel il y eut les
plus violentes querelles , au point qu'un E7 chap.
vêque nommé Purpurius, accuſé d'avoir aſſaſ- XXXV
ſiné deux enfans dc ſa ſoeur, menaga d'en
.faire autant aux Evêques' ſes ennemis (‘*)
On voit par là qu'il futimpoffible aux Em
pereurs Romains d'abolir la religion Chrétien
ne, puiſqu'ils ne la connurent qu'au bout. de
trois ſiècles. ' ' '
CHAPITRE XXXVI. \
CHAPITRE XXXVII.
D” cauflrr des progres du Chriſtianiſme. De
la _fin du momie Q9” de la Yaſyn-action an
noncée de ſon tems. '
DESCHRETIENS. "x97.
mort de Céſar,
ll s'éleva une opinion
dans ?Empire aſſez commune
Romain; après la Chap.
\
'n02 EitAuDEs
Il eſt utile .que les hommes croient un
Chap. Dieu rémunérareur 8c vengeur. Cette idée
xxxvrl. ?.n-courage la probité 8c ne choque po.int le
ſens commun: mais la réſurrection révolte tous
.les gens qui penſent , 8c encore plus ceux qui
calculent. C'eſt. une très-mauvaiſe politique
de vouloir gouverner les hommes par des fic
tions Car tôt ou tard les yeux s'ouvrent,
8c on déteſte d'autant plus \les erreurs dans
leſquelles on a été nourri, qu'on y a été aſ
ſervi davantage.
Dans les 'commencements la populace ſi:
livra en aveugle aux demi? Juifs , demi—Chré—
tiens , demi - Platoniciens qui avaient la fu
reur de faire de proſélites: fureur ſi chère .a ,
l'amour-propre. Des ignorants, diſciples d'i
gnorants en attirai'ent .d'autres au parti ; 8c les
femmes toujours bien dévotes 8c bien cré
dules ſe faiſaient chrétiennes par la même fai
bleſſe que (l'autre: ſe faiſaient ſorcières.
Cela ne ſuffiſait pas ſans doute , pour que
des ſénateurs Romains, des ſucceſſeurs de
Scipion, de Caron , de Métellus, de .Cicé
ron, de Varron s'embéguinaſſent d'un tel
conte du tonneau. Et en effet, il n‘y eut
preſque. aucun ſénateur juſqu'à Théodoſe qui
\
ET PROGRES. 20g:
embraſſât une ſecte ſi chimérique. Conſtan
tin même , lorſque l'argent des Chrétiens l'eut Chap.
fait Empereur, &lorſqu'il donna ouvertement xxxvu.
dans ce parti qui était devenu le plus riche ,.
fut obligé de quitter pour jamais Rome ,
dont le ſénat le haiffiiit , &z il alla établir le
Chriſtianiſme dans ſa nouvelle ville de Con
ſtantinople.
Il avait donc fallu pour que le Chriſtianiſï
me triomphât à ce point, employer *des refl
ſorts plus puiffiuis que cette crainte de la ſin
du monde, cette eſpérance d'une nouvelle
terre8c d'un nouveau ciel; 8c ce plaiſir d'ha-.
biter dans une nouvelle Jéruſalem céleſte.
Le Platoniſme fut cette force étrangère qui, Platoníl;
me.
appliquée à la ſecte naiſſante, lui donna de la
conſiſtance 8c de l'activité. Rome n'entra
pour rien dans ce mélange de Platoniſme 8c
de 'Chriſtianiſme Les .Evêques ſecrets de
Rome dans les premiers ſiècles, n'étaient que
des demi- Juifs' très - ignorans qui ne ſavaient
qtſaccumuler de l'argent; mais de la théolo
gie philoſophique, c'eſt ce qu'ils ne connurenc
pas. On ne compte aucun Evêque de Rome
parmi les pères de l'Egliſe pendant ſix ſiècles
entiers-. C'eſt dans Alexandrie devenue le
2045 FRAUDES
centre des ſciences que les Chrétiens dévin
Chap. rent des théologiens raiſonneurs, 8c c'eſt ce qui
xxxvIl. releva la baſſeſſe qu'on reprochait à leur ori-
gine; ils devinrent Platoniciens dans l'école
d'Alexandrie. .
l Certainement aucun homme de diſtinction,
aucun homme d'eſprit ne ſerait entré dans leur
faction, s'ils s'étaient contentés de dire: d .le
,, ſu eſt né d'une vierge , les ancêtres de ſon
a père putatif remontent à David par deux
a généalogies _entièrement différentes. Lorſ
3 qu'il .nâquit d.ans une étable , trois Mages
,, ou trois Rois, .vinrent du fonds de l'O
,, tient l'ad0rer dans ſon auge. Le Roi Hé
D 'rode , qui 'ſe mourait alors , ne douta pas que
a Jeſu ne ſut un Roi qui le détronerait un
,, jour , 8c il fit égorger tous les enfans des
1 villages voiſins, comptant que Jeſu ſerait
D envelopé dans le maſſacre. Sesparens, ſe
,, lon les Evangeliſtes qui ne peuvent mentir,
:d l'emmenèrent en Egypte , &c ſelon d'autres,
,, qui ne peuvent mentir non plus, il reſia
x e11 Judee. Son premier miracle fut d'être
ï emporté par lc diable ſur une montagne
,_, d'air l'on découvrdit tous les royaumes de
d la terre. Son ſecond miracle ſut de cl13Il‘
ET ËROGRES. ' zo;
d ger l.'eau en vin dans une nôce de payſans" '
D lorſqu'ils étaient déja ivres. Il ſécha par ſa Chap.
:d toute puiſſance un figuier qui ne lui appar- XXXvW
'J> tenait pas, parce qu'il n'y trouva point de
D fruit dans le tems qu'il ne devait pas en
.,, porter: car ce n'était pas le tems des fi
D gues. ll envoya le diable dans le corps
J) de deux mille cochons 8c les fit périr au
D milieu d'un lac, dans un pays où il n'y a
D point de cochons' Bec. &C- Et quand il eut
z fait tous ces beaux miracles, il fut pendu. “
Si les premiers .Chrétiens n'avaient dit que
cela, ils n'auraient jamais attiré perſonne à
leur parti; mais. ils s'envelopèrent dans .la
doctrine de Platon, 8c alors quelques demi
raiſonneurs les prirent pour des philoſophes. ' ſi
n06 CHRETIENS
,___ deſſus de la nature. Théologie connaiſſance
Chap. de Dieu. Comment connaître ce qui n'eſt
‘ xxxvul . pas naturel? Comment l'homme peut-il ſiz
voir ce que Dieu a penſé 8c ce qu'il eſt?
Il fallait bien que les métaphiſiciens ne diſſent
que des paroles, puiſque les phiſiciens ne di
ſaient que cela , 8c qu'ils eoſaient raiſonner
‘ ſans faire d'expériences. La métaphiſique n'a
été juſqu'à Loke qu'un vaſte champ de chi
mères; Loke n'a été vraiment utile que par
ce qu'il a refferré ce champ où l'on s'égarait.
Il n'a eu raiſon 8c il ne S'eſt fait entendre
que parce qu'il eſt le ſeul qui ſe ſoit enten
du lui-même. '
L'obſcur Platon, diſert plus qlſéloquent,
poëte plus que philoſophe , ſublime parce
qu'on ne Fenteridait guères, s'était fait ad
mirer chez ILS Grecs , chez les Romains , chez
les Aſiatiques 8c les Africains par des ſophiſ
mes éblouiſſans. Dès que les Ptolomées éta
blirent des écoles dans Alexandrie , elles fu
rent Platoniciennes.
Trinité Platon dans un ,ſtile ampoulé avait parlé
de Platon.
d'un Dieu qui forma le monde par ſon ver
.
be. Tantôt ce verbe eſt un fils de Dieu,
.tantôt c'eſt la ſageſſe de Dieu, tantôt' c'eſt
\
PLATONICIENS. 207
le monde qui eſt le fils de Dieu. Il n'y a _._._.
point à la vérité de St. Eſprit dans Platon ;Chap.
mais il y a une eſpèce de Trinité. Cette xxxvffl.
Trinité eſt, ſivous voulez , la puiſſance ,, la
ſageſſe 8c la bonté. Si vous voulez auffi, c'eſt
Dieu le verbe 8c le monde. Si vous vou
lez , vous la trouverez encor dans ces belles
paroles d'une de ſes lettres à ſon capricieux
8c méchant ami Dénis le titan. Les plu: bel
les choſes ont en Dieu leur cauſe première , le:
_ſecondes en perfection ont en lui une ſeconde
cauſe, E? il efl la :roi/ième cauſe Je: ouvrage:
'du troiſieme degre'.
N'êtes—vous pas content de cette Trinité?
En voici une autre dans ſon Timée. C'eſt la
ſubſtance indivijîble, la diviſible E? la troiſieme
qui tient. du même SF de Pautre.
Tout cela eſt bien merveilleux; mais ſi
vous aimez des Trinité-s vous en trouverez
partout. Vous verrez en Egypte Iſis , Oſiris
8c Horus; en Grèce Jupiter, …Neptune &t
Pluton qui partagent le monde entre eux, ces
pendant Jupiter ſeul eſt le maître des Dieux.
Birmà, Brama 8c Viſnou ſont la Trinité des
Indiens. Le nombre trois a toujours été un
terrible nombre.
208 C H R E T l E N S‘
Outre ces Trinités , Platon avait ſon monde
z-:-ñ
Fhrétiens rent ,
ſurtout , à ceux qui avaient embraſſé la
dans Ale doctrine de Platon. C'eſt la 1e grand nœud
Sand-is 8c z le premier dévelopement du Chriſtianiſme
C'eſt là que commence réellement cette reli
gion. Ily eut dans Alexandrie une,école
publique de Chriſtianiſme Platonicien , une
chaire où Marc enſeigna. (Ce n'eſt pas ce—
lui dont le nom eſt à la tête d'un Evangile.)
.A ce Marc ſuccéda un Athénagore, à celui
ci Panthène; à Panthène, Clément ſurnom
mé Alexandrin; 8z à ce Clément , Origène 8ze.
C'eſt là que le verbe fut connu des Chré
tiens; c'eſt là que Jeſu fut appellé le verbe.
Toute la vie de Jeſu dévint une allégorie , &z
. la Bible Juive ne fut plus qu'une autre allé
gorie qui prédiſait Jeſu. Les Chrétiens , avec
le tems, eurent une Trinité; tout devint
myſtère chez eux; moins ils furent compris,
plus ils obtinrent de conſidération.
' Il n'avait point encor été queſtion chez
Trinité les Chrétiens de trois ſubſtances diſtinctes
Chrétien compoſant un ſeul Dieu, 8c nommées le
[Aî
pète z le fils 8c *le Saint Eſprit.
PLATÔNICIÉNS. er:
On fabriqua .l'Evangile de Jean 8e on y .
Couſut un premier chapitre où Jeſu fut ap- Chap.
pellé verbe 8c lumière de lumière: mais pas XWVÏÜ'.
un mot de la Trinité tellerqu'on. l'admit ded'
puis , pas un mot du Saint Eſprit regardé
comme Dieu. ' . . " 2 .
Cet Evangile dit, de ceuxkqui écoutent Je
ſu, Il: n'avaient par encor reçu l'eſſai-it; 'il
dit, l'eſprit [buffle où íl' veut, ce quime ſi*
_ gnifie que le vent; il dit , que Jeſu fut troublé
' d'eſprit lorſqu'il annonça qu'un' de ſes diſci
ples le trahirait, il rendit Pgſprit, ce qui
veut dire, il mourut; ayant proflré ce;
mo”, il ſouffla ſur eux E9' leur ,dit, reco
vez Pefprit. Or .il n'y a pas d'apparence
. qu'on envoye Dieu dans le corps .des gens
en 'ſouſtant ſur eux. Cette méthode était
pourtant très-ancienne, l'ame était un ſou
fle , tous les prétendus ſorciers ſouſtaient 8G
ſouſtent encor ſur ceux qu'ils imaginent en
ſorceler. On faiſait entrer un malin eſprit
dans la bouche de ceux à qui on voulait
nuire. Un malin eſprit était un ſouſte; un
eſprit bienfaiſant était un ſoufle. Ceux qui
inventèrent ces pauvretés , n'avaient pas cers
., O2
213! …CHRETEENS
p...__..—
tainement beaucoup d'eſprit, en quelque ſens
Chap. qu'on preuve ce mot ſi vague 8c ſi indéter
XXXVIII* miné. '
z.
Aurait-on jamais pû prévoir qu'on ferait
un jour de ce mot ſouſte ,venu eſprit, un
être. ſuprême, un Dieu, la troiſième perſonne
de'. Dieu, procédant du père , procédant du
.Eils, n'ayant point la paternité, n'étant ni
fait, ni engendré , quel épouvantabIe non [dz-nſc ?
Une grande objection contre. cette ſecte
Théolo naiſſante, était": ſi votre Jeſu eſt le verbe de
gie Chré Dieu , comment Dieu a-t-il ſouffert qu'on
ſienne.
pendît ſon verbe? Ils répondirent à cette
queſtion aſſommante , par des myſtères encor
plus incompréhenſibles. Jeſu était verbei
mais il.était un ſecond Adam. Or le pre
-L
mier Adam avait péché, donc le ſecond de
vait être puni. .I'joffeníè était très-grande
envers Dieu: car Adam avait voulu être ſa
vant, 8z pour le devenir il avait mangé une
pomme. Dieu étant infini, était irriré infini
ment; donc il fallait une ſatisfaction infinie.
Le verbe en qualité de Dieu était infini auſſi;
donc il n'y avait que lui qui pût ſatisfaire.
Il ne fut pas pendu ſeulement comme verbe,
mais comme homme. Il avait donc deux
PLATONICIENS. zx;
lnatures : 8c de l'aſtemblage merveilleux de _ _.1
ces deux , il réſulta des myſtères plus merveil- Chap.
leux encore. xXXVffli
Cette théologie ſublime étonnait les eſprits
8c ne faiſait tort à perſonne. Que des demi
Juifs adoraſſent le verbe ou ne l'adoraflènt
pas , le monde allait ſon train ordinaire; rien
.n'était dérangé. Le Sénat Romain reſpectait
les Platoniciens, il admirait les Stoïques, il
aimait les Epicuriens, il tolérait les reſtes de .
la religion lſiaque. ll vendait aux Juifs la
liberté d'établir des Sinagogues au milieu de
Rome. Pourquoi aurait-il perſécuté des Chré-.
tiens? Fait-on mourir les gens pour avoir:
dit que Jeſu eſt un verbe?
Le gouvernement Romain était le plus
doux de la terre. Nous avons déja remar
qué que perſonne n'avait été jamais perſécuté
pour avoir penſé.
*NA-IE*
CHA'
ſ. . .
CHAPITRE XXXIX.
DE: dogmes Chrétiens abſolument différer” de
' ceux ;le Jeſu,
A-Proprement parler, ni les Juiſs ni jeſu.
n'avaient aucun dogme. Faites ce qui
eſt ordonné dans la loi. Si vous avez la lè-'
pre , montrez-vous aux prêtres, cc ſont d'ex—
cellens médecins. Si vous allez à la ſelle ,
ne manquez pas de porter avec vous un bâd
ton ferré 8c couvrez vos excrémens. Ne re
muez pasle jour du Sabat. Si vous ſoup
çonne: votre femme , faites- lui boire des eaux
de jalouſie. Préſentez des óffrandes le plus
que vous pourrez. Mangez au mois de Ni-
ſan un agneau rôti avec des laitues ayant
ſouliers aux pieds , bâton en main , ceinture
aux reins , &T mangez vite, 8Ce. &a
Ïïffl n'a Ce ne ſont point là. des dogtfflnes , des diſ
um": :u:
lëigÿé n- Cüſſlons thcolog1ques;
. . . ce ſont des obſervan
.<'-\²“ 30g' ces auxquelles nous avons vû que Jeſu fut
me
chfflſh.u toujours
. . . Nous ne faiſons
aſſujetti. . .
nen de
Blum? ce qu'il a fait, 8z il ifannonça rien de ce que
nous croyons. Jamais il ne dit dans nos E
O
CHRETIENS. 215
vangiles: n Je ſuis venu 8c je mourraî pour ____'q
D extirper le péché originel. Ma mère eſt Chap.
D Vierge. Je ſuis conſubſtantiel à Dieu 8c xxxlxí
D nous ſommes trois perſonnes en Dieu. .Fai
a pour ma part deux natures 8c deux vo
s lontés 8c je ne ſuis qu'une perſonne. Je
D n'ai pas la paternité 8c cependant je ſuis la.
a même choſe que Dieu le père. Je ſuis lui
»Sc je ne ſuis pas lui. La troiſième per
»ſonne procédera un jour du père. Selon
d. J) les Grecs , 8c du père 8c du fils,ſelon leo
d Latins ; tout l'univers efi né damné &z ma
:a mère auſſi: cependant ma mère eſt mère
Dde Dieu. Je vous ordonne de mettre, par
D des paroles , dans un petit morceau de pain
D mon corps tout entier, mes cheveux, mes
D ongles, ma barbe , mon urine, mon ſang:
a 8c de mettre en même tems tout mon ſang
J) à part dans un gobelet de vin. Do façon
D qu'on boive le vin , qu'on mange le pain
D &c que cependant ils ſoient anéantis. Sou
venez- vous qu'il y a ſept vertus, quatre
UUUU cardinales 8è trois théologales, qu'il. n'y
cHllETd'ENsz_ 2x7
. eſt beaucoup. qui le deviendront' ôvqui mê
me le deviennent déjà tous les jours, maL Chap,
gré les barbares hypocrites qui veulent con- XXX!!
ſtamment mettre la théologie à la place de la
vertu. l
CHAPITRE XL.
De: querelles Cbrétienner.
.'.
CHRETlENNES. '221
les garçons de la noce. Cet affront devait
être répareſ. St. CirilleEvêque d'Alexandrie chap_
réſolut de faire reconnaître Marie pour mère XL.
de Dieu. L'entrepriſe parut d'abord hardie.
Neſtorius patriarche de Conſtantinople dé
clara hautement en chaire que c'était trop
faire reſſembler Marie à Cibèle; qu'il était
bien juſte de lui donner quelques honneurs ,
mais que lui donner tout d'un coup le rang
de mère de Dieu , cela était un peu trop
roide.
Cirille était un grand faiſeur de galima
tias , Neſtorius eauſii. Cirille était un perſéu.
cuteur , Neſtorius ne l'était pas moins. Ci
rille—s'était fait beaucoup d'ennemis par \à tut
bulence, Neſtorius en avait encor davanta—
ge, 8c les pères du Concile d'Ephèſe en 431
ſe donnèrent le plaiſir de les dépoſer tous
deux. Mais ſi ces deux Evêques perdirent
leur procès, la Ste. Vierge gagna le ſien: elle
. fut enfin déclarée mère de Dieu, 8c tout le
peuple battit des mains. .
On propoſa depuis de l'admettre dans Mari"
la Trinité, cela paraiſſait fort juſte: car étant
mère de Dieu, on ne pouvait lui refuſer la
qualité de Déeſſe. Mais comme la Trinité.
222 .QUERÉLLÈS
ſerait devenue par là une quaternité , il eſt
Chap. à. croire que les arithméticiens s'y opposèrent.
XL. Ô On aurait pul répondre que puiſque trois fai
ſaient un, ils feraient aufli bien quatre; ou
que les quatre feraient un ſi on l'aimait mieux.
Ces fières diſputes dure'nt encor ,.& il y a
aujourdhui beaucoup de Neſtoriens qui ſont
courtiers de change chez les Turcs 8c chez
les Perſans , comme les Juifs le ſont parmi
nous. Belle cataſtrophe d'une religion !
Jeſu n'avait pas plus parlé de ſes deux na
tures 8c de ſes deux volontés _que de la di
vinité de ſa mère. ll n'avait jamais laiſſé
ſoupçonner de ſon vivant-qu'il n'y avait en
lui qu'une perſonne avec deux volontés 8c
deux natures. On tint encor des Conciles pour
éclaircir ces ſyſtèmes , &z ce ne fut pas. ſans de.
très —grandes. agitations dans l'Empire.
Jamais Jeſu n'eut aucune image dans ſa
maiſon , à moins que ce ne fût le portrait
de ſa mère qu'on dit peinte par St. Luc. On
a beau répéter qu'il n'avait point de maiſon,
qu'il ne ſavait où repoſer tête; que quand
il aurait été auſſi bien logé que notre Ar
chévêque de Kenterburi, il n'en aurait pas
plus connu le culte des images; on a beau
-X9
N
CHRETIENNES. 2.23'
prouver que pendant trois cent ans les .ChréÀ
tiens n'eurent ni ſtatues , ni portraits dans leurs Chap.
aſſemblées. Cependant un ſecond Concile de XL).
Nicée a déclaré qu'il fallait adorer des ima
ges. \
On fait aſſez quelles ont été nos diſputes
ſur la tranſubſtantiation , (k ſur tant d'autres.
points. Enfin diſent les Franc- peníänts ,ï
prenez l'Evangile d'une main 8c vos dogmes
de l'autre , voyez s'il y a un ſeul de ces dog-.
mes dans l'Evangile; 8c puis jugez ſi les Chré- .
tiens qui adorent Jeſu ſont' de la religion de
Jeſu. Jugez ſi la ſecte Chrétienne n'eſt pas.
une bâtarde Juive , née en Syrie , élevée en E-,
gypte , chaſſée avec le tems du lieu de ſa naiſ
ſance 8c de ſon berceau , dominante aujourdhui
dans Rome moderne 8c dans quelques autres
pays d'Occident par l'argent , la fraude 8c les
boureaux. Ne nous diſiimulons pas que ce ſont \
là les diſcours des hommes de l'Europe les
plus inſtruits, 8c avoüons devant Dieu que
nous avons beſoin d'une réforme univerſelle.
I
de.;
F1141
-ç-g-dy ï .u—.———l ,
'n., DES MOÆUDRS
CHAPITRE XLL.
D” mœurs, Je Jeſu E5 Je PEgIi 'Ïï
'CI-IRÉTIENNÉS.” M7
!annie juſqu'à déſendrependant troisjours de
ſuite , d'obe’ir à la providence 8e à ' la nature. î Chap. ..>
Ils condamnent les peuples à une oiſiveté cri- XL).
minelle 8c cela de leur autorité privée; ſans
' que les peuples oſent ſe plaindre, ſans que.
les magiſtrats oſent interpoſer le pouvoir des
loix civiles , ſeul pouvoir raiſonnable.
Si les Evêques ont partout uſurpé les droits
des Princes , il ne faut pas croire que les paſteurs
,de nos Egliſes réſormées ayent eu moins d'am
bition 8c de fureur. On n'a qu'à lire dans:
notre hiſtorien philoſophe Hume les ſombres
8c abſurdes atrocités de . nos presbytériens
d'Ecoſſe. Le ſang s'allume à une telle lec
ture , on eſt tenté de punir , des inſolences de
leurs prédéceſſeurs, ceux d'aujourd'hui qui éta
lent les mêmes principes. Tout prêtre, n'en
doutons point, ſerait , s'il le pouvait , tiran
du genre humain. _Îeſu n'a été que victime.
Voyez donc comme ils. reſſemblent à Jeſu!
S'ils nous répondent de queïai entendu dire
à pluſieurs d'entre eux , que Jeſu leur a corn
rnuniqué un droit dont il n'a pas daigné uſer,
je répéterai ici ce que je leur ai dit , qu'en
.ce cas c'eſt aux Pilâtes de nos jours à leur.
P 2
'W
Has BARBARIES
faire ſubir le ſupplice que ne méritait pa
Chap; leur maître.
XLI. Nous avons encor brulé deux Ariens ſous
le régne de Jaques premier. De quoi étaient
ils coupables ? De n'avoir pas attribué à Je
ſu l'épithète de conſubſtantiel, qdaſſurément
il ne S'était pas donné lui-même.
Le fils de Jaques premier a porté ſa tête
ſur un échafaud , .nos inſames querelles de
religion ont été- la principale cauſe de ce
parricide. \l n'était pas plus coupable que.
nos deux .Ariens exécutéS ſous ſon père.
CHAPITRE XLII.
.De Jeſu E9” de: meurtre: commis en ſon noml
800.
CHRETIENNES. "ZZ-J
De l'autre part. 809.
nos comptes. ci. . '. ‘. 360000. Chap.
La querelle des Iconoclaſtes 8c XLII.
des Iconolâtres n'a pas certainement
couté moins de ſoixante mille vies., 60000.
Nous ne devons pas paſſer ſous
ſilence les cent mille Manichéens
que l'lmpératrice Théodora ,. veuve
de Théophile, fit égorger dans l'Emj
pire Grec en 84-5. C'était Line pé
nitence que ſon conſeſſeur lui avait
ordonnée , parce que juſqu'à cette
époque on n'en avait encor pendu,
' empalé , 'noyé que vingt mille. Ces
gens-là méritaient bien qu'on les
tuât tous pour leur apprendre qu'il
n'y a qu'un bon principe 8c point
de mauvais. Le tout ſe monte à
cent vingt mille au moins." ci. . . IZZOOOOH
N'en' comptons que vingt mille
dans les ſéditions fréquentes excitées
par les prêtres qui ſe diſputèrent par
tout des chaires épiſcopales. Il ſaut
avoir une extrême diſcrétion. po
534: BARBARIES
De l'autre part. 4.80806.
Chap. . . 20000.
XLIL On a ſupputé que Phorrible folie
des ſaintes Croiſades avait couté la
vie à, deux millions de Chrétiens. .
Mais je veux bien par la plus éton
nante réduction qu'on ait jamais faite
les réduire à un million. ci IOOOOOO.
La Croiſade des religieux Che
valiers Porte - glaive, qui dévaſtèrent
ſi honnêtement 8c ſi ſaintement tous
les bords de la mer baliique, doit
aller au moins à cent mille morts.
ci . . . - — - ï . IOOOOO
Autant pour la Croiſade contre
le Languedoc, où l'on ne vit long
tems que les cendres de; buchers 8c
des oſſemens de morts dévorés par
les loups dans les campagnes. ci. 100000.
Pour les Croiſades contre les Em
pereurs/ depuis Grégoire VII. nous
voulons bien n'en compter que cin
quante mille. ci.. . goooo.
Le grand shiſme d'Occident au
r7 50800.
\
CHRETLENNES 235
De l'anſe part. 1750800.
quatorzième ſiècle fit périr aſſez de Chap.
monde pour qu'on rende juſtice à
notre modération, ſi nousne comp
tons que cinquante mille victimes
de la rage papale, rabbin papale,
comme diſent les Italiens. ci. goooo.
h
La dévotion avec laquelle on fit
brûler à la fin de ce grand shiſme l
1950800.
. /
l
zzó BARBARIES
m
j De l'autre part. ' r9 508004
Chap. cens égorgés , brulés, d'enfans à la
XLII. mammelle jettés dans les ſtammes,
de filles violées 8c coupées enſuite
par quartiers, de vieilles femmes
qui n'étaient plus bonnes à rien 8c
'qu'on faiſait ſauter en l'air en leur
'enfonçant des cartouches chargées
de poudre dans leurs deux orifices.
Mais comme cette petite exécution
fut faite juridiquement, avec toutes
les formalités de la juſtice, par des
gens en robe, il ne faut p.as omet
tre cette partie du droit Français;
poſedonc. . . . . . . . . I 8000.
Nous voici parvenus à la plus
ſainte, à la plus glorieuſe époque
du Chriſtianiſme que quelques gens
ſans aveu voulurent réformer au
commencement du ſeizième ſiècle.
. Les Saints Papes, les Saints Evê
ques, les Saints Abbës ayant refu
ſé de s'amender, les deux partis
marchèrent ſur des corps morts pen
1968800. .
cHRET1E'1~zNESſſ~z37
De l'autre part. '19688oo. .
dant deux ſiècles entiers 8c n'eurent Chap.
que quelques intervalles de paix. XLÏÏ
Si l'ami lecteur voulait bien ſe
donner la peine de mettre enſemble . I I
tou's" les aſſaſſinats commis depuis le
règne du Saint Pape Léon X. juil
.qu'à celui du Saint Pape Clément
. 1X,, aſſaſſinats ſoit juridiques, ſoit
non .juridiques, têtes de prêtres, de
ſéculiers, de Princes abattue: par le
boureau, le bois renchéri dans plu- l .
ſieurs Provinces par la multitude des '
buchers allumés , le ſang répandu
d'un bout de l'Europe à l'autre,
les boureaux laſſés en Flandre, en
' Allemagne , en Hollande , en Fran
ce, en Angleterre même , trente
guerres civiles pour la tranſubſtan
tiation, la prédeſtination , le ÏUTPIÏS
8c l'eau bénite, les mjſſacres de la
' St. Barthelemi, les. maſſacres d'Ir
lande, les maſſacres des Vaudois,
les maſſacres des Cévennes 8re. 8re..
—-—-"ñd--4
1968800.
2Ë8' 'BARPARIES
Ÿ-_î
De l'autre part. 1968800.
Chäp. 'Ï8zc. &c- On trouverait ſans doute
XLII; ‘plus de deuxmillions de morts Pan
glantes avec plus de trois millions de
familles inſortunées , .plongées dans
une misère pire , peut - être , que la
mort. Mais comme il ne s'agit ici
que de morts, paſſons vite avec hor
reur , deux millions. ci. . . . 2000000
Ne ſoionspoint injuſtes , n'impu—
tons point à l'inquiſition plus de cri
mes qu'elle n'en a”c'ommis en ſun 'î
plis 8c en 'é.t0le; n'exagerons rien ,
réduiſons a deuxſcelnt mille le nom
bres des ames qu'elle 'a envoyées au
ciel ou en enfer. ci . .. . . . 200000
Réduiſohs même à cinq millions
les douze* millions d'hommes .que
l'Evêque Las Caſas prétend avoir
été immolées à la'religion Chré-'
tienne dans l'Amérique , 8c ſaiſons,
ſurtout ,la réſtexion conſolante qu'ils
n'étaient pas des hommes , puiſqu'ils
iſétaient pas Chrétiens. ci . . . 5000000;
_————í—
a
U..
9r688po.
CHRETIENNEËÛ. a”.
De l'autre part; 9168800. _îàí
.
Réduiſons avec la même écono- chap. -.
mie les quatre cent mille hommes XLII. ‘
qui périrent dans la guerre. civile
du Japon, excitée par les revérends
pères Jéſuites , ne portons. notre
compte qu'à trois cent mille. ci . 300000.
——
Total 9468800.
. Le tout calculé ne montera qu'à la ſomme
de neuf millions quatre cent l ſoixante huit
mille huit cent perſonnes , ou égorgées, ou
noyées, ou brulées, ou rouées ou pendues
pour l'amour de Dieu. Quelques fanatiques
demi-ſavants me répondront qu'il.y eut une
multitude effroyable .de Chrétiens expirans
par les plus horribles ſupplices ſous les Em
pereurs romains avant Conſtantin; mais je
leur dirai avec Origène (*) Qu'il _y a en
irês- peu de perſécutions E9" encor de loin à loin.
j'ajouterai , quand vous auriez eu autant de
martyrs que la Légende dorée 8c Dom Rui
nard le Bénédictin en étaient, que prouve
riez-vous par là? Que vous avez toujours
été intolérans 8c cruels; que vous avez ſor
." P) Origène contre. Celſe , Liv. 3.
'x40 BARBARlES
.cé le gouvernement 'Romain,'ce gouverne
Chap. ment le plus humain dela terre, à vous per
XLIL. ſécuter, lui qui donnait une liberté’ entière
aux Juifs &z aux E SYP tiens; ue votre
. into
. lérance n'a ſervi *l u'à verſer votre
. ſan g 8c à
faire répandre celui des autres hommes vos
frères , 8c que vous êtes coupables non ſeu
lement des meurtres dont vous avez couvert
la terre 5 mais encor de votre propre ſang
qu'on a répandu autrefois. Vous vous êtes
rendus les plus malheureux de tous'les hom
mes parce que vous avez été les plus injuſtes.
. Qui que tu ſois., lecteur , ſi tu conſerves
les archives de ta famille , conſulte-les , 8c tu
verras que tu as eu plus d'un ancêtre immolé
au prétexte de la religion , ou du moins cruel
lement perſécuté ( ou perſécuteur, ce qui
eſt encor plus funeſte) t'appelles-tu Argile,
ou Perth, ou Montroſe, ou Hamilton, ou
Douglas , ſouviens -toi qu'on arracha le cœur
à tes pères ſur un échafaud Pour la .cauſe
,d'une lithurgie 8c de deux aunes de toile.
Es-tu Irlandais? Lis ſeulement la déclara
/ .tion du Parlement d'Angleterre du 25. Juil
let 164-3. elle dit que dansla conjuration
d'Irlande il périt cent cinquante quatre mille
''I. ‘ ’ Pro
.. .
CHRETIENNES. L451'
.Crois
proteſtans
, ſi tupar
veuxles
, avec
mains
l'avocat
des Brooke
I catholiques.
, qu'il Chap- L
.—˲'.jCzIFE4P‘1-'ÎREL. Xl-IIT-j.îï
" q: Propofiiíqhk bonriêter. '
.
!Z44 PROPOSITIONS
.ie plus abſurde 8c le plus abominable fléau
Chap. qui ait jamais affligé la terre , les nations an
'XLIH' eiennes ſe contentaient d'adorer leurs Dieux,
&c Ïargumentäient pas ; mais nous autres
.r'zo'us'avons répandu le ſang de nos frères pen
dant des ſiècles pour des ſophiſmes; hélas!
qu'imporre à Dieu 8c aux hommes que Jeſu
ſoit Homouſios ou Homoyouſios, que \à mère
\bit Theotocos , ou Jeſutocos , 8t que l'eſprit
procède, ou ne procède pas? grand Dieu!
fallait-il lè haïr, 'ſe perſécuter, s'égorger pour
. ces incompréhenſibles chimères! chaſſez1es
théologiens , l'univers eſt tranquille (du moins
en fait de religion.) Admettez -les , donnez
leur de l'autorité , la terre eſt inondée de
(äng. Ne ſommes -nous pas déja aſſez mal
heureux , ſans vouloir faire ſervir à nos mi
sères une religion qui devrait les ſoulager?
-Les calamités horribles dont la religion Chré
tienne a inondé ſi longtcms tous les pays où
elle eſt parvenue, m'affligent 8c me font ver
\èr des larmes; mais les horreurs infernales
qu'elle a répandues dans les trois royaumes
dont je ſuis membre, déchirent mes entrail
les. Je mépriſe un cœur de glace qui n'eeſt
pas des mêmes tranſports que moi, quand
\
HONNETES” 24j
il conſidère les iroubles religieux .qui ont
agité l'Angleterre , l'Ecoſſe 8c l'Irlande. Dans Chap.
les tems qui virent naître ce trop facile 8c XL!"
trop incertain Roi Charles I. , 8c cet étran
-ge Cromwellk, moitié fou, moitié héros ,
moitié fanatique , moitié fripon , moitié poli- .
tique &z moitié barbare; le Chriſtianiſme al
luma les flambeaux qui mirent nos villes en .
cendre, 8c fourbirent les épées qui couvri- '
rent fi longtems nos campagnes des cadavres
‘ de nos ancêtres.
Malheureux 8c déteſtables compatriotes qu'el- z'
' le fut la principale cauſe de vos fureurs? Vous
vous égorgeates pour ſavoir s'il fallait un ſur:
plis ou une ſoutane , pour un Covenant , pour
des cérémonies , ou ridicules ou du moins
nutiles.
Les Ecoſſais vendirent pour deux cent mil
le livres ſterling aux Anglais leur Roi refu- '
gié chez eux; Roi condamné à Rome par- .
ce- qu'il n'était pas ſoumis à la ſuperſtition pa
a
piſtique; Roi condamné à Edimbourg parce
qu'il n'était pas ſoumis au' ridicule Covenant
Ecoſſais; Roi mort à Londre ſur l'échafaut ,
Parce qu'il n'était' pas Presbitérien. -
Nos compatriotes Irlandais ont porté pluï
Q3
245 PROPOSITIONS…
loin leur fureur, quand un peu avant cette
' Chap. exécution abominable nos Papiſtes ont aſſaíl
XLIII- ſine un nombre prodigieux de Proteſtans,
quand pluſieurs ſe ſont nourris de la chair de
ces victimes, 8c ſe ſont éclairés de la chan,
delle faire ;avec leur graiſſe. ' '
Ce qui doit être remarqué avec des yeux
attentifs , mais avec .des yeux longtems mouil
lés de larmes, c'eſt que dans tous les tems
où les Chrétiens ſe ſont ſouillés par des aſ
ſaſſinats religieux, en Angleterre , en irlande D
e'n" Ecoſſe, dans les tems de *Charles I, de
de Charles II, 8c de Jacques Il, en Fran?
ce depuis' Charles IX , juſqu'à Louis Xlll,
en Allemagne, en Eſpagne, en Flandre,
en Hollande ſous Charles -Quint 8c Philippe
II , dans ces tems , dis-je , ſi horribles 8c
ſi voiſins de nous ,' dans les maſſacres réci
proques commis dans les cinq vallées de Sa—
voye 8c dans les Cévennes de France, tous
ccs crimes furent juſtifiés par les exemples de
Phinée, d'Aod, de Jahel , de .Îudith, &c;
par tous les aſſaſſmats dont l'Ecriture ſai.Jte
regorge. ,
Religion chrétienne voilà tes effets! tu
-ès née dans un coin de la Syrie dont tu ès
È
HONNzÉTES. 247
chaflée, tu as paſſé les mers pour venir por
ter ton inconcevable rage aux' extrémités du Chap.
XLIIIJ
continent; 8c cependant je propoſe qu'on te
conſerve, pourvu qu'on te coùpe les ongles
dont tu as déchiré ma patrie , 8c les dents
dont tu as dévoré nos pères. '
Encor .une .fois, adorons Dieu par Jéſu
s'il le faut , ſi l'ignorance a tellement prévalu
que ce mot Juif doive être encor prononcé ,
mais qu'il ne ſoit plus le mot du guet pour
la rapine 8c pour le carnage.
Dieu des innombrables mondes ! Dieu de
juſtice 8c d-e paix , expions par la tolérance.
les crimes que la fureur exécrable de Pintoléz
rance nous a fait commettre.
Vien chez moi raiſonnable Socinien, cher
Quaker , vien , bon Anabatiſte , dur Luthé_. -
rien , ſombre Presbitérien , Epiſcopal (* ) très
indifférent, Memnoniſte', . Millénaire , Mé
thodiſte, Piétiſte , toi-même inſenſé eſclave
Papiſte, vien , pourvû que tu n'ayes point
de poignard dans ta poche; proſternons nous
. (* )NB. On appelle Epiſcopal un homme de la ſecte
des Evêques, un homme de la haute Egliſe, au lieu
qu'en France ce mot n'eſt qu’un adjectif, la grandeur
Epiſcopale, la fierté Epiſcopale.
Q4
‘e43 P R o Po s. *H oNN ETE S. .
.
CHA
4- &dſſ 249'
CHAPITRE XLIV.
1
«r
\..
AXIOME&~
Ulle ſocieté ne peut ſubſiſter ſans juſti
ce. Annongons donc un Dieu juſte.
?Ê
Si la loi de. l'Etat punir les crimes con
.nus , nnnonçons donc un Dieu qui punira les
.crimes inconnus. . .
*B58 ZXIOMES;
ñcñn-d- '* \ ''
Chap. Les Ianſéniſtes 8c les Moliniſtes ontſjoué
' ;XLIV- une farce en France. Les Luthériens , les
Calviniſtes avaient donné des Tragédies íàn-
glantes à l'Angleterre, à PAIIemagHe, à la
Hollande. ' ' '
' i?
Ledogme a fait mou rir dans les tourmens
"dix millions de Chrétiens. La morale n'eût
pas produit une égratignure.
~
@a le 2S9
ADDITION.
DU.TRADUCTEUE
Près le chapitre des Chrétiens Platoni- '
ciens, j'en ajouterais un pour confirmer
Popinion de Fauteur, s'il m'était permis de
mêler mes Îdées aux ſiennes. Je pourrais di
re que toutes les opinions des premiers Chré
tiens ont été priſes de Platon juſqu'au dogme
même de Fimmortalité de l'ame que les anñ'
cíens Juifs ne connurent jamais. Je ſerais '
voir, que le royaume de: cieux , dont il eſt
parlé ſi ſouvent dans l'Evangile, ſe trouve
dans le Phedon de Platon. Voici lesſiprox
pres mots de ce philoſophe Grec, qui, ſans
le ſavoir, a fondé le Chriſtianiſme. Un au
tre monde pur eſt au dzflus de ce ciel pur où
flmt le: a/Zrer; la tÊrre qu: nou: habiton:
rffefl que le fldiment graffiti* de ce monde ítbírê
E55.
Platon ajoute enſuite , que nous -uerriuur ce,
royaume de: cieux, ce ſejour de: bienheureux
ſi nou: pouvions nous élancer au - dela' de notre
. R 2
-
"'"
.Ï-,zóo 'AUDIT.ION
- air groſſier , comme le: poiſſon: peuvent voir
notre terre en :'é/ra,rçant à fleur d'eau. .
Enſuite' voici comme il s'exprime, dan: '
cette terfe ſi pur-j'ai” tout :ſl parfait 5 'elle pio
duit de: pierre: précieuſe: dont le: nôtre: n'a
pracbent ,pas . . . . elle eſt couverte d'or Eÿ :Par
gcnt, ce ſpectacle eſl le plaiſir de: bienheureux.
Leur: ſz,ijbu: ſont toujour: tempéré”, leur: or-
garde: , leur intelligence 9 leur ſanté le: mettent
ùyïnimenr au. deſſu: de
ſi Qui nereconnait nou:cette
dans Edo.deſcription la
u \
Jéruſalem céleſte? La ſeule, difference c'eſ'c qu'il
y a dumoins quelque philoſophie dans la ville
céleſtede Plaçon , &ç qu'il'n'y en a point
dans celle de. FApoçalipſe attribuée à St. Jean.
:d Elle eſt iemblable , dit- il, à une pierre
:d de jaſpe comme du criſtal. . . . Celui qui
:d parlait avec moi avait une canne d'or pour
H lneſ'urer la ville. - . . La ville eſt bâtie en
D? quarreſ, auſſi longue que large: &C il la
J) trouva de douze mille ſtades, 8c ſa lon
D gueur, 8c ſa largeur, 8c ſa hauteur ſont
d» egales. . . . Le premier lit du fondement de
x la ville était de jalpe, le ſecond de ſaphir ,.
D; le troiſième de calcédoínes deſt-à-dirc.
J) dïægarhe , le quatrième &emeraude &C
Le Purgatoire, ſurtout, a été pris viſible
ment dans le Phédon; les paroles de Platon
lbntremarquables. Ceux qui ne .ſont m' entié
ſerpent crimmeh, ni abſolument ÎÏIÏIOCÆHU, [but
porte'. ver: fâché-On; ffçſi lrl qu'il: ſouffi-ene
de: peine: proportionnel*: à leur: faute: , jujqukſi
ce qu'ayant &îé purgé: de leur: péché” il: rc
DU TRADUcTEUR; 2511
çoivcnt' parmi le: bienheureux la récompe'nſè de
leur: bonne: actions. . .
La doctrine de la réſurrection eſt encor tou-'
te Platonicienne, puiſque dans le dixième li
vre de la République , le philoſophe Grec in
troduit Hérès reſſuſcité 8c racontant ce qui
s'eſt.paſſé dans l'autre monde. ,
ll importe peu que Platon ait puiſé ſes opi
nions, ou ſi l'on veut ſes fables , chez d'an
ciens philoſophes Egyptiens , ou chez Timée
de Locre, ou dans ſon propre fond. Ce
qui eſt très-important à conſidérer, c'eſt qu'el
les étaient conſolantes pour la nature humai
ne; &- c'eſt ce qui a fait dire à Cicéron qu'il .
aimerait mieux le tromper avec Platon que
d'avoir raiſon avec Epicure. Il eſt certain
que le mal moral 8c le !nal phiſique ſe ſont.
mis en poſſeſſion de notre courte vie,
qu'il ſeras dou-x d'eſpérer une vie éternelle
'dont nul mal n'oſerait aprocher. Mais pour
quoi
.
commencer. par le .mal . pour arriver au "à e:
. .‘-- . ' .. “ . . , W
"FK . Ï