Lyon 21 h Bayern Munich

À L’ASSAUT
1,80 € mercredi 19 août 2020 75e année N° 24 128 France métropolitaine
DU GÉANT
8 PAGES SPÉCIALES
footba ll Ligue des champions (demi-finales)
RB Leipzig 0-3 Paris-SG
Les Parisiens, puissants et créatifs,
n’ont laissé aucune chance à Leipzig.
Ils disputeront dimanche leur première
finale de la Ligue des champions
contre Lyon ou le Bayern.
PAGES 2 à 10

La force
est en eux
Sébastien Boué/L’Équipe

La joie de Neymar et d’Angel Di Maria après le deuxième but parisien.

ANT 2,20 € - BEL/LUX 2,20 € - CH 2,90 FS -ESP/AND 2,50 € - G B 2,30 £ - GR 2,90 € - ITA 2,60 € - MAR 19 MAD - NL 2,60 € - PORT CONT 2,80 € - REU 2,20 € - TUN 4,50 DIN
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footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales RB Leipzig 0-3 Paris-SG

Vincent Duluc

ÉTOILES ALIGNÉES
Faut-il avoir été mort de trouille pour être
fou de joie? Le stade de la Luz et les rues de
Paris n’ont pas tout à fait offert la même
réponse, hier soir, après que le PSG a
joyeusement assommé Leipzig (3-0), sans
un gramme de pitié, sans une miette de
remords, pour se qualifier pour la première
finale de Ligue des champions de son
histoire. La soirée de Lisbonne a été
épargnée par tous les sentiments dont le
quart de finale face à l’Atalanta (2-1) avait été
envahi: il y avait eu du souffle parce que Paris
était en difficulté, un basculement parce qu’il
avait été longtemps à l’envers, et du
suspense parce qu’il n’avait pas de maîtrise.
Cette fois, le PSG a balayé Leipzig comme on
époussette le revers de sa veste.
À la hauteur de ses rêves, de sa mission et de
ses investissements, le club parisien
s’approche enfin de son obsession absolue,
cette coupe aux grandes oreilles dont le
directeur de L’Équipe, Jacques Goddet, avait
dit à Santiago Bernabeu, en lui remettant le
trophée créé par ce journal après la
première finale Real Madrid-Reims (4-3), en
1956: « Prenez-en soin, elle est l’enfant de
l’amour. » L’enfant de l’amour a été bien
caché par les grandes familles depuis plus
de soixante ans, et elles l’ont souvent
confisqué en s’y accrochant un peu trop fort,
l’avantage des grandes oreilles, sans doute.
Sébastien Boué/L’Équipe

La qualification du PSG, ce matin,

représente la possibilité d’une alternance,
voire d’un bras d’honneur, considérant les
aventures réactionnaires du fair-play
financier. Elle représente, surtout, une joie
historique pour un club déshabillé de la
rumeur de sa malédiction, ainsi qu’une
fierté pour le football français, en attendant
Le PSG s’est qualifié sans jamais trembler
la deuxième demi-finale, ce soir, entre l’OL et pour sa première finale de Ligue des champions.
le Bayern. Il est probable que le PSG
préférera le Bayern, parce que le plus grand Il peut vraiment rêver plus grand.
jour d’une vie ne peut pas ressembler à une êêêêêê
journée au bureau, et parce qu’il faudra à parce que Paris n’a jamais trem- lances. Sa façon de sortir du mur fenseurs adverses. Passeur dé-
RB Leipzig 0 0 blé, hier, face à une formation de (23e), de se jeter pour détourner cisif sur le but de Di Maria (42e), le
Paris un grand nom pour finir et pour établir Paris-SG 2 3 Leipzig dominée dans les gran- un coup franc de Sabitzer et de se deuxième du PSG, il aurait adoré,
sa gloire. Jadis, une finale même perdue
des largeurs, étouffée d’entrée, relever, le poing tendu, la mâ- c’est certain, prolonger dans le
suffisait pour cela. Le grand Reims, l’équipe groggy par l’ouverture du score choire serrée, comme s’il avait but de Leipzig la tête de Bernat
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
d’un pays, et les Verts de Saint-Étienne, qui DAMIEN DEGORRE rapide de Marquinhos (13e) puis marqué, témoigne de la rage qui mais le ballon avait déjà franchi la
portaient la couleur d’une époque, avaient complètement étourdie, déso- l’habitait. Il n’était pas question de ligne lorsqu’il l’a touché en ta-
perdu leurs finales et gagné les cœurs. Mais LISBONNE – Cette fois, ça y est: le Pa- rientée, incapable de se rappeler perdre, ni même de concéder un clant (56e).
les cœurs modernes, qui ont figé leurs ris-Saint-Germain n’a pas été où elle habitait. but. Pour l’heure, Neymar n’a pas
affections, ne savent plus supporter deux rattrapé par la pression comme En fait, seuls Thiago Silva et encore marqué dans ce «Final 8»
clubs à la fois: l’OM de 1993 avait été le si souvent, ces dernières années, Neymar se sont effondrés sur la S’il n’a pas marqué, et il partage l’affiche avec Mar-
lorsqu’il abordait un rendez-vous pelouse, une fois le billet pour la Neymar bouillonne quinhos, l’autre héros, celui qui a
dernier à agrandir aussi largement son
européen dont il était le favori, et il finale composté. Le premier comme une marmite égalisé contre Bergame et placé
territoire affectif, alors que le Monaco de
2004, comme d’habitude, avait suscité une a le droit de s’imaginer le destin le parce qu’il sait qu’il a encore un Il n’était pas question de perdre une tête magnifique dont il a le
idylle sans lendemain, un amour de plage. plus incroyable, le plus vertigi- match à vivre sous les couleurs non plus pour Neymar. Encore secret hier soir. Après avoir vécu
En choisissant d’être une marque neux, dimanche, dans un stade parisiennes et qu’il n’entend pas une fois, il a été immense même une reprise contrastée, où les
où il a désormais l’habitude de mettre un terme à une aventure s’il a encore une fois raté le cadre. succès le disputaient à pas mal
internationale, assez indifférente au clivage
monopoliser la lumière. S’il n’a de huit ans dans la capitale sans Mais le Brésilien s’en rapproche: de manques dans le jeu, le PSG
national, le PSG sait qu’une victoire, pas exulté au coup de sifflet final soulever cette Ligue des cham- il a touché deux fois les montants s’avance confiant en son avenir,
dimanche, lui permettrait de rayonner de la même manière qu’il l’avait pions promise au public du Parc (6e, 35e). La prochaine sera la déterminé dans sa conquête. Si
autrement. Il est ce matin, sans faire offense fait après sa victoire sur l’Atalanta des Princes, un soir de mai 2013, bonne, le Tout-Paris en est con- les blessures ont perturbé sa
à ce Lyon magnifique, le club français qui a le Bergame (2-1, mercredi), c’est au moment de célébrer le pre- vaincu. Depuis qu’il a posé le pied préparation, tout semble rentrer
plus de chances d’être à jamais le deuxième, parce qu’il sait qu’une qualifica- mier titre de champion de France au Portugal, Neymar bouillonne dans l’ordre au meilleur mo-
mais aussi le troisième et le quatrième. Il tion en finale de C1, au regard de de l’ère qatarienne. Hier, Silva comme une marmite. Il prend ment. Marco Verratti a rejoué,
suffisait, sans doute, que les étoiles soient son parcours, ne pouvait pas être était redevenu « O Monstro », im- des coups, pas mal de coups, Keylor Navas ne devrait pas tar-
enfin alignées. Ensemble. considérée comme un accom- périal dans les airs, généreux mais cela ressemble à l’unique der et Kylian Mbappé n’a peut-
plissement. Mais c’est aussi dans les duels, précis dans les re- moyen de l’arrêter pour les dé- être pas signé sa prestation la uu
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RB Leipzig - Paris-SG : 0-3 demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS

PARIS
TROP PUISSANT 13e minute : Marquinhos ouvre le score en trompant Peter Gulacsi d’une tête décroisée,
devançant notamment Yussuf Poulsen.
hier
RB Leipzig 0 0-3 2 Paris-SG
À Lisbonne, stade de la Luz. – Temps agréable. Pelouse en très bon état. Huis clos.
uu plus remarquable avec Paris, alors que l’histoire était pliée passes ou de perforer une ligne.
Arbitre : M. Kuipers (HOL) 7
hier, mais il est en jambes et c’est (66e). Cette qualification est aussi À peine se sont-ils créé une occa- Le parcours du PSG 4,7 5
dimanche, contre le vainqueur de la sienne. L’entraîneur allemand sion. « L’adversaire était surpuis- 6 4
en C1 depuis Angelino Nkunku Kehrer
Lyon-Bayern, qu’il sera attendu. a dispensé une leçon tactique à sant », déclarera Nagelsmann 9 8
l’arrivée de QSI Di Maria A. Herrera
Thomas Tuchel, de son côté, se
savait guetté au tournant de ce
son ancien élève en demandant à
son équipe d’aller presser haut et
pour justifier que son équipe
n’avait pas été à la hauteur d’une 2012-2013
3
Klostermann
4
Olmo
7c •
•
Thiago Silva
rendez-vous face à son ancien fort, d’entrée. demi-finale de Ligue des cham- quarts de finale 4 4 4c 8 7 6
joueur, Julian Nagelsmann. Il Jamais le RB Leipzig n’a été en pions. Le PSG l’a été, lui. Et ce Gulacsi Kampl Y. Poulsen Neymar Marquinhos Rico
PSG - FC Barcelone : 2-2, 1-1.
6 6 7
avait fait de ce match une affaire mesure de s’en sortir. Les matin, son projet, le fameux pro- 2013-2014 Kimpembe
personnelle, témoin cette mon- joueurs du troisième de Bundes- jet vanté par Leonardo à ses dé- Upamecano Sabitzer 5 8
tée en température avec son ho- liga ont fait leur jeune âge, dans quarts de finale Mbappé Paredes
buts parisiens, n’a jamais été 4 5 6
mologue, devant son banc, après de trop nombreuses circonstan- aussi proche de son aboutisse- PSG - Chelsea : 3-1, 0-2. Mukiele Laimer Bernat
une faute commise sur Herrera ces, incapables d’aligner trois ment. É 2014-2015 3 Entr. : J. Nagelsmann Entr. : T. Tuchel (ALL) 8 6,9
quarts de finale Remplacements possession Remplacements
PSG - FC Barcelone : 1-3, 0-2. 46e : Olmo par Schick (note : 5) 45 55 83e : A. Herrera par Verratti
tableau Ligue des champions 2015-2016 et Nkunku par Forsberg % et Paredes par Draxler.
Le « Final 8 » se déroule à Lisbonne, à huis clos. (note : 6). 86e : Mbappé par
quarts de finale 62e : Laimer par Halstenberg. tirs cadrés Choupo-Moting.
demi-finales PSG - Manchester City : 2-2, 0-1. e
64 : Kampl par Adams. 3 9 87e : Di Maria par Sarabia.
Hier, stade de la Luz 2016-2017 82e : Klostermann par Orban. Non utilisés : Innocent (g.),
Non utilisés : Mvogo (g.), fautes Dagba, A. Diallo, L. Kurzawa,
RB Leipzig (ALL) 0 finale huitièmes de finale
PSG - FC Barcelone : 4-0, 1-6.
Tschauner (g.), Wosz, Haidara,
Novoa Ramos, Lookman, 24 13 Bakker, I. Gueye, Icardi.
Carton. – 1 avertissement :
Hartman, Borkwoski. Kimpembe (45e+3).
Paris-SG 3 2017-2018
Cartons. – 3 avertissements : passes réussies Suspendus au prochain
huitièmes de finale Laimer (61e), Halstenberg (79e), 370 match : aucun.
Paris-SG e 558
PSG - Real Madrid : 1-3, 1-2. Y. Poulsen (79 ). 451 628
Ce soir à 21 h sur et 2018-2019
stade José-Alvalade Les buts 0-1 : Marquinhos (13e, passe de Di Maria). Depuis la gauche, Di Maria enroule
huitièmes de finale un coup franc aux six mètres, repris par une tête décroisée de Marquinhos en pleine course.
Lyon dimanche à 21 h PSG - Manchester Utd : 2-0, 1-3. 0-2 : Di Maria (42e, passe de Neymar). Paredes profite d'une mauvaise relance de Gulacsi
sur et pour lancer Neymar dans la surface. Le Brésilien dévie le ballon d'une talonnade vers
Di Maria, qui marque à bout portant du gauche. 0-3 : Bernat (56e, passe de Di Maria).
Bayern Munich (ALL) stade de la Luz Di Maria centre depuis le couloir gauche et trouve Bernat au premier poteau dont la reprise
de la tête est ralentie par Gulacsi mais finit dans le but.
 4 footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales
Di Maria, un Angel de la mort
Suspendu contre Bergame (2-1) en quarts de finale, l’attaquant argentin,
double passeur et buteur hier soir, a illuminé la rencontre de sa classe
en se montrant d’une efficacité rare.
1 C'est la première
fois qu'Angel Di
HUGO DELOM
Il y avait dans ce sourire et dans
cette phrase presque enfantine
tout ce qu’est Angel Di Maria. «Ce
Maria est buteur et soir (hier), je vais avoir du mal à dor-
passeur lors de la mir en pensant à la finale. On a
même rencontre de voulu marquer l’histoire du club, on
C1 avec Paris. a déjà réussi. On n’est plus qu’à un
Toutes compétitions pas d’aller plus loin encore. » Sur
confondues, l’Argentin a les coups de 23 heures, au micro
délivré 11 passes de RMC Sport hier, l’attaquant ar-
décisives avec le PSG en gentin (32 ans) était comme un
2020. C’est adolescent, pas peu fier de son
au moins 5 de plus que match et excité à l’idée, six ans
tout autre joueur du club plus tard, de remporter une deu-
sur la période. xième Ligue des champions.
Opta Il ne faut pas se tromper: Angel
Di Maria, profondément malheu-
reux pendant la période de confi-
42e minute : Angel nement d’être privé de jeu au
Di Maria marque le point d’inquiéter certains de ses
deuxième but du PSG coéquipiers, est un amoureux du
contre Leipzig et saute foot. Qui a rêvé, gamin, à Rosario,
dans les bras de de ces soirées-là. Et de garnir au
Neymar, qui lui a offert fil de treize ans au très haut niveau
la passe décisive. en Europe son armoire à trophées
Sébastien Boué/L’Équipe
RB Leipzig
(6 Championnats, 1 C1 avec le
Real). Si heureux après le match
face à l’Atalanta Bergame (2-1,
mercredi) dont, suspendu, il avait
été privé, l’ancien Madrilène a été
l’acteur offensif majeur de ce Pa-
ris froid et efficace.
On attendait Neymar, Mbappé.
Et comme régulièrement en Li-
gue des champions depuis son
arrivée au PSG en 2015, on a vu
Di Maria. Oui, il a été parfois (très)
irritant au fil de son passage à Pa-
ris mais il faudra, dans dix ou vingt
ans, se souvenir de la trace dura-
ble laissée par l’Argentin dans
l’histoire de ce PSG qatarien.
Un premier but en C1
depuis septembre
Non, il n’y avait pas cette flam-
boyance de février 2017 face au
FC Barcelone et cette quasi élec-
tricité dans chacun de ses drib-
bles (4-0). Non, hier soir, Di Maria
fut dans un autre registre. Si clini-
que, si froid, attendant l’erreur et
0-3 Paris-SG
gérant à merveille les situations
offertes par un Leipzig décevant.
Au final, un but, deux passes déci-
sives et l’impression qu’il détenait
une large partie de la vérité du jour
dans ses pieds. Ses statistiques –
64 ballons touchés, 6 duels ga-
gnés, 4 centres réussis – ne tra-
duisent qu’imparfaitement ce que
l’on a vu hier dans un stade lis-
boète que l’ancien de Benfica con-
naît parfaitement. Avec une influ-
ence considérable dans
l’animation offensive parisienne.
Une animation guidée par sa rela-
tion technique efficace avec Ney-
mar (20 passes échangées!).
À gauche, à droite, en bénéfi-
ciant de beaucoup de libertés,
Di Maria a régalé. Son coup franc
rentrant parfait déposé sur la tête
de Marquinhos (1-0, 13e) avait
lancé sa soirée. La suite fut encore
meilleure. Disponible, efficace sur
les quelques séquences de con-
tre-pressing, l’Argentin, souvent
placé entre les lignes, distribua.
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Avec beaucoup d’efficacité. Sans
oublier d’être à l’affût pour sanc-
tionner une erreur de relance de
Gulacsi : une récupération haute
de Paredes, une talonnade acro-
batique de Neymar et, au bout,
Di Maria (2-0, 42e). Son premier
but en C1 depuis son doublé
magnifique contre le Real
Madrid en début de compéti-
tion (3-0, le 18 septembre). L’Ar-
gentin aurait pu achever sa
soirée par un triplé de passes
décisives si Mbappé avait ca-
dré sa tête (70e). Il se conten-
tera de deux, avec ce centre
parfait pour Bernat (3-0,
56e). À cet instant, son sou-
rire éclatant traduisait tout
de son bonheur.
Dimanche, en finale,
Di Maria aura l’occasion de
laisser une trace irrémédiable
dans sa carrière parisienne. Un
succès serait, sans doute, salué
par un sourire. Un sourire pres-
que de gamin. É
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RB Leipzig - Paris-SG : 0-3 demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS

Tous « Fantastiques »
En laissant Icardi sur le banc pour aligner un 4-3-3 qui a joué collectif et s’est
régalé dans la profondeur, Thomas Tuchel a remporté la bataille tactique.

8
JOSÉ BARROSO deux finales de Coupes nationa- parfaits dans leur rôle. Hormis collective parisienne souvent dif-
les, a retrouvé toute sa superbe deux ou trois pertes de balles de ficile à identifier clairement. Con-
Thomas Tuchel avait brouillé les et est sur les trois buts. Mbappé, l’Argentin, ils ont nettement pris firmant au passage les choix tac-
pistes. Le signe qu’il a hésité jus- lui, a moins pesé, perdu ses duels le dessus sur leur vis-à-vis. Sans tiques de leur coach, vainqueur
qu’au bout ou la simple volonté face à Gulacsi (17e, 70e, 72e), ce Thomas Tuchel va le ballon mais surtout avec, en de son match à distance avec
de ne pas donner d’indice à Leip- qui est la seule déception d’une devenir le huitième aérant et en fluidifiant le jeu. Avec son jeune compatriote Julian
zig ? Ces derniers jours, l’entraî- soirée où il avait tout pour se ré- entraîneur allemand une activité et une disponibilité Nagelsmann.
neur du PSG avait galer. Mais sa simple présence à disputer une finale constantes, une volonté de trou- Et puisque le foot est une éter-
travaillé sur la pelouse a sans doute fait de C1. ver vite (et bien) le trio offensif, ils nelle remise en cause, le techni-
deux systè- gagner 15 mètres au positionne- Seule l’Italie (11) a vu ont placé haut le centre de gravité cien parisien devra faire preuve
mes, un avec ment de son bloc-équipe. plus de représentants de la rencontre, au moins pen- d’un doigté aussi efficace en vue
quatre atta- différents officier à ce dant la première heure jusqu’à ce de la finale, où Icardi pourrait re-
quants et un Un milieu au diapason stade de la compétition que les jeux soient faits. venir dans les discussions, si
4-3-3 sans Le plan n’aurait peut-être pas dans l’histoire. Là où Neymar avait fait cava- l’adversaire s’avère être un
Mauro Icardi. fonctionné avec autant d’éclat – Opta lier seul en quarts de finale, ils Bayern Munich aux allures d’ou-
L’alternative on parle d’un 3-0 en demi-finales ont donné corps à une animation ragan.
était simple. de la Ligue des champions – si le
Fallait-il relan- milieu parisien n’avait pas été au
cer les Quatre diapason. Souvent décrié ces
Fantastiques, dernières années, ce secteur
un quatuor qui a
fait impression
avait été renforcé par Tuchel pour
répondre au défi proposé par
Verratti est revenu, Navas est attendu
tout l’hiver et de l’entrejeu de Leipzig et à l’ab- L’entrée en jeu de Marco Verratti, hier, à la tout de même d’être à court de rythme pour
nouveau disponi- sence de Verratti au coup d’envoi. 83e minute, aura été l’autre bonne surprise de la commencer la finale. Par ailleurs, Keylor Navas
ble avec les retours Contre Bergame (2-1), Herrera et soirée. Touché au mollet droit depuis le 4 août, le devrait reprendre l’entraînement demain. Le staff se
de Mbappé et Di Ma- Gueye avaient eu un rendement milieu italien, qui ne comptait qu’une séance et veut confiant quant à sa participation dimanche. Si
ria ? Ou sacrifier l’Argentin, insi- assez neutre au côté de Marquin- demie avec le groupe, a pu participer à une dizaine tel est le cas, plus aucun Parisien ne pointera à
gnifiant depuis la reprise? hos. Hier, c’est Paredes qui ac- de minutes face à Leipzig et a tout de même touché l’infirmerie.
Le technicien allemand se sa- compagnait l’Espagnol et les quinze ballons, dont trois qu’il a récupérés. Il risque D. D.
vait attendu, lui aussi, et il a tran- deux relayeurs ont été presque
ché dans le vif. Exit Icardi. Un
choix osé pour un attaquant qui

après-match Kylian Mbappé

s’est engagé il y a quelques se-
maines jusqu’en 2024 et est ap- attaquant du Paris-SG
pelé à devenir son avant-centre
n°1. La forme du moment a
parlé, le profil de l’adversaire
aussi, et Tuchel a confié les clés
de son attaque au trio Ney-
«Jamais voulu montrer que j’étais mal»
mar-Di Maria-Mbappé, qui s’est DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL l’équipe contre l’Atalanta (2-1, en meilleurs du monde. On partage les
régalé dans la profondeur. Les « Avez-vous douté quarts), et là je rejoue, c’est un énorme mêmes délires. On s’amuse. On prend
deux premiers ont passé la soi- après votre blessure en finale plaisir. Je me sens mieux mais je suis du plaisir. On se soucie moins de nos
rée à faire des différences, à ex- de la Coupe de France (le 24juillet, obligé de jouer avec un strap très carrières individuelles. On a su créer
ploiter les espaces au milieu des 1-0 contre Saint-Étienne) ? épais. Je suis prêt à tout donner pour un contexte où on se soucie davantage
lignes allemandes. Le Brésilien Le soir de la blessure , je pensais que aider l’équipe. Ça sera le cas des autres. Si on veut gagner, c’est
n’est pas redescendu de son c’était mort. J’ai pleuré toute la nuit. Je dimanche. Tout ce que je veux c’est ensemble. Pas seulement à deux.
nuage, si facile, tandis que le me suis dit le lendemain que j’allais gagner. Je vais laisser mon corps sur Avez-vous une préférence
Fideo, décevant lors des tout faire, me soigner. Je me suis lancé le terrain. pour votre adversaire en finale ?
dans un délire tout seul. Plus ça allait, Vous semblez vous entendre Lyon, c’est un club français. Si, nous,
plus je voulais faire partie de de mieux en mieux avec Neymar. on ne valorise pas la Ligue1, qui va le
Sébastien Boué/L’Équipe

l’aventure. Je n’ai jamais voulu On s’entend très bien sur le terrain faire ? Cela aurait une saveur
montrer que j’étais mal…J’ai aidé comme en dehors. C’est un des particulière.» E. F.

Nagelsmann-Tuchel, le jeu de cache-cache

réactions Ces deux-là se sont connus il y a plus d’une
décennie et n’ont que peu de secrets l’un
causerie, avec le remplacement de Marcel
Halstenberg, légèrement affaibli par un
Thomas Tuchel (entraîneur du PSG) : « C’est avec sa qualité, sa pour l’autre. Julian Nagelsmann et Tho- coup, par le Français Nordi Mukiele.
confiance et son talent que Neymar va trouver le chemin des filets. Moi, je mas Tuchel ont voulu se cacher jusqu’au Même souci de cacher ses intentions
n’ai marqué que deux buts dans ma carrière. Vous pensez bien que je n’ai bout la composition de leur équipe, hier. Le chez Thomas Tuchel. L’entraîneur parisien
aucun conseil à lui donner (rires). Ney est très, très fort. Il a faim de gagner, il technicien de Leipzig a même joué l’intox a multiplié les mises en place ces derniers
est capable d’être un des meilleurs du monde. Il pousse son équipe avec auprès de ses joueurs eux-mêmes. jours, alignant régulièrement Mauro Icardi
Kylian (Mbappé). S’il marque dans cette finale, je serai très content. » E. F. Comme il en a l’habitude, Nagelsmann a dans l’équipe des possibles titulaires.
Picture Alliance / Icon Sport

organisé une opposition à onze contre Lundi, la possibilité d’un 4-3-3 est apparue
Nasser Al-Khelaïfi (président du PSG, au micro de RMC Sport) : onze à 48 heures du match. Une sorte de un peu plus nettement. Mais le staff n’a
« C’est une soirée historique. Les joueurs ont fait un match magnifique. Je répétition grandeur nature qui dure, en rien laissé paraître jusqu’à hier après-midi
suis fier du staff technique. Maintenant on va jouer la finale. C’est un rêve. Il fonction des rencontres, de dix à trente mi- lors de la causerie. Moment choisi par le
ne doit pas s’arrêter (ce soir). J’ai dit aux joueurs : ’’ ce soir, vous avez fait un nutes. Et dans cette opposition, l’entraî- staff pour enfin dévoiler ses intentions.
match magnifique mais on ne doit pas s’arrêter ici, on veut gagner en neur avait remis en place exactement le Avec une volonté de ne pas la diffuser rapi-
finale’’. » L’entraîneur du PSG Thomas Tuchel en même onze que contre l’Atlético de Ma- dement. Les deux compositions ont finale-
compagnie de son homologue de Leipzig drid. Même tendance lundi. Mais hier ment filtré à trois heures du coup d’envoi.
Julian Nagelsmann, hier à Lisbonne. après-midi, surprise au moment de la H. De., D. D.
 6 footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS
NOTE MOYENNE
DE L’ÉQUIPE
4,7
L’ENTRAÎNEUR
J. Nagelsmann 3
On attendait de voir le pressing
de son équipe mais il a fallu
attendre une mi-temps pour
cela, et le match avait déjà
choisi son camp. Il n’a en
revanche pas déçu sur sa
plasticité tactique puisque son
équipe a utilisé au moins trois
systèmes, en se montrant plus
à l’aise après la pause.
L’ARBITRE
M. Kuipers 7 Plus à l’aise en seconde quand
Il a plutôt bien maîtrisé la
soirée, n'a pas commis
d'erreur. Mais il aurait tout de
même pu sortir quelques
cartons supplémentaires,
notamment à l'endroit des
défenseurs allemands qui se
sont fait plaisir avec les
chevilles de Neymar.
NOTE MOYENNE
DE L’ÉQUIPE
6,9
L’ENTRAÎNEUR
T. Tuchel 8
Une nouvelle fois, le technicien
allemand a fait des choix forts
(Icardi remplaçant, le 4-3-3).
Le résultat lui donne raison
mais aussi l’impression laissée
par ses troupes, sûres de leurs
forces et auteurs d’une
prestation consistante
dans un système qui avait peu
convaincu.
demi-finales
Gulacsi, le pied faible
Kampl 4 Laimer
Situé en pointe basse du milieu
à cinq allemand en début de
match, le Slovène a eu
beaucoup de mal à récupérer
des ballons en première
période et n’a pas su amorcer
les remontées de balle.
les joueurs de Leipzig ont arrêté
de subir.
LES NOTES DU MATCH
Marqui a encore marqué
Bernat 6 A. Herrera
L’Espagnol a été au rendez-
vous. Son but de la tête
entérine la victoire parisienne
(57e). Avant cela, il avait vécu
une soirée plutôt tranquille.
Peu mis en difficulté, il avait
toutefois été pris dans son dos
sur la plus grosse occasion
allemande de la première
période (25e).
Gulacsi 4
Sa passe manquée de la
42e minute pèse très lourd
puisque le deuxième but
qui en a découlé a plombé son
équipe. Son jeu au pied n’a de
toute façon pas été au niveau.
Il aurait aussi empêché le
troisième but si sa main gauche
avait moins tremblé (56e).
À noter toutefois ses parades
des 72e, 80e et 82e minutes,
qui ont permis à Leipzig de ne
pas couler.
5 Sabitzer
Son jeu très physique a connu
des limites, d’abord parce qu’il
a commis plusieurs fautes,
ensuite parce qu’il a montré
des signes de fatigue au fil des
minutes. On retiendra sa belle
percée à la 25e minute, quand il
a pris le dessus sur Leandro
Paredes et offert une occasion
à Poulsen.
Marquinhos 7
Il est le symbole de l’état
d’esprit de ce PSG-là : généreux
et accrocheur. Six jours après
son but contre Bergame (2-1),
« Marqui » a récidivé. Un but
splendide de la tête qui a lancé
la soirée (13e). Dans un registre
sobre et efficace, il a sans
cesse compensé les rares
déséquilibres du bloc. Peu de
prises de risque dans la relance
et quand il en a pris, ce fut avec
succès. Le ballon dangereux
perdu (45e + 2) ne vient pas
ternir son bilan.
8 Paredes
Son influence est peu
spectaculaire mais il a rempli
son cahier des charges. Que ce
soit dans le cadrage, dans son
abattage, et même dans les
duels où il fut plus saignant
que contre Bergame. De belles
relances ou ouvertures, dont
celle qui amène le 2e but (42e).
Remplacé par Verratti (83e).
RB Leipzig
Mukiele 4 Upamecano
L’ancien Montpelliérain n’a pas
toujours su lire les
déplacements des Parisiens,
dont le pressing l’a mis sous
pression, mais il s’en est quand
même bien sorti… jusqu’à sa
glissade sur le troisième but
(56e). Sur cette action, il tombe
tout seul et a le malheur de
couvrir Bernat alors qu’il est
encore au sol.
6 Olmo
L’Autrichien a un gros volume.
Il est capable d’assurer la
première passe devant sa
défense comme la dernière
frappe face au but adverse. Il a
d’ailleurs tiré deux fois (9e, 61e).
Mais il s’est moins mis en
valeur que face à l’Atlético de
Madrid, en quarts de finale
(2-1).
Rico 6 Kehrer
Pour sa deuxième titularisation
de la saison en C1, l’Espagnol a
été très peu mis à contribution.
L’ex-Sévillan fut à peine troublé
par une frappe trop molle de
Sabitzer (9e) et a vu celle de
Poulsen passer à côté (25e).
Il a été attentif devant une
tentative puissante d’Angelino
(76e). Un jeu au pied sans
risque.
8 Di Maria
Deux entames de mi-temps un
peu laborieuses (8e, 48e) mais
cela ne change rien à
l’impression générale. Très
mobile, disponible, il s’est
aisément défait du pressing
pour casser des lignes et
« verticaliser » le jeu. De belles
frappes, toutes cadrées.
Remplacé par Draxler (83e).
0-3 Paris-SG
6 Klostermann
Toujours attentif et bien sur ses
appuis, le Français est vraiment
celui qui a dégagé le plus de
sérénité parmi les défenseurs
de Leipzig. On pourra lui
reprocher sa passe pleine axe
très risquée à la 16e minute,
quand Kampl s’est fait voler le
ballon par Mbappé, mais c’est à
peu près tout.
4 Nkunku
Le milieu offensif a semblé trop
tendre. Il a provoqué plusieurs
coups francs mais a eu du mal
à exister. Son entraîneur l’a
remplacé dès la pause par
Schick (5), qui a tenté de
bouger la défense par son jeu
en pivot et a vu sa reprise
repoussée par Thiago Silva
(82e).
5 Thiago Silva
Il a alterné le bon et le moins
bon. Le bon quand il a eu à
gérer de rares duels face à
Nkunku. Qu’il a presque
systématiquement remportés.
Le moins bon sur des pertes de
balle évitables (9e, 42e) et sur
des lectures de passe
imprécises. Un apport offensif
très limité.
9 Neymar
Très précis sur les coups de
pied arrêtés, il a déposé son
coup franc sur la tête de
Marquinhos (13e). Il a surtout
été exceptionnel dans ses
transitions, perforant le bloc
allemand de ses coups de
poignard et marquant le but
du 2-0 (42e). Remplacé par
Sarabia (87e).
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
3 Angelino 6
Il a réussi à bloquer Mbappé Le latéral gauche a peu été
à la 69e minute mais il n’a pas sollicité défensivement,
toujours été impeccable. Passif l’essentiel du jeu parisien étant
lorsque Neymar est parti dans passé de l’autre côté. Par
le dos d’Upamecano (6e), moments, il a réussi à donner
en retard sur Marquinhos de la verticalité à son équipe
lors de l’ouverture du score, en seconde période. On aurait
il a plusieurs fois été pris par aimé le voir davantage prendre
les dribbles du « Ney » ou la son couloir pour faire parler sa
vitesse de Mbappé. qualité de centre.
4 Y. Poulsen 4
Son équipe a eu trop peu Comme Nkunku, il aurait pu
d’occasions pour se permettre être plus saignant face au but
de les balbutier. Or, l’ancien (24e, 25e). Face à Kimpembe,
Parisien a été imprécis sur les le Danois a été largement
deux qu’il a eues (4e, 8e). bougé dans les duels. Mais il
Remplacé à la 46e minute par s’est aussi beaucoup dépensé
Forsberg (6), qui a su mettre dans le travail de repli et réussi
le pied sur le ballon pour faire à gratter quelques bons ballons
monter le bloc allemand. (45e + 2, 51e).
A. M. L.
7 Kimpembe 7
Une domination constante Le titi parisien est resté dans
dans le domaine aérien et un
placement intelligent pour le
capitaine parisien. Sa lecture
son registre habituel : agressif.
Un engagement qui, dans un
premier temps, lui a coûté des
des trajectoires de passes est fautes et donc des coups francs
toujours aussi (23e, 45e + 2). Il est monté en
impressionnante. Décisif en puissance et a contenu Poulsen
contrant le coup franc de puis Schick. Il a réalisé un tacle
Sabitzer (23e) puis sur une parfait pour priver Poulsen
frappe de près (82e), il n’a pris d’une occasion (75e) ou devant
aucun risque dans la relance. Forsberg (90e + 2).
8 Mbappé 5
En ce moment, il évolue sur une Une entame pleine d’envie avec
autre planète. Placé en une ouverture pour Neymar (6e).
« faux 9 », il a trouvé des Des appels tranchants mais il
intervalles et fait très mal par n’a pas fait les différences
sa technique en mouvement, habituelles et a perdu ses duels
avant de baisser le pied à 3-0. (17e, 70e, 71e). Un bilan décevant
Pas de but mais des différences mais on ne peut oublier qu’il
à la pelle, deux poteaux revient d’une entorse. Et quand
(6e, 35e) et une inspiration il est là, l’adversaire recule
géniale pour Di Maria (42e). d’un cran… H. De., J. Ba.
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
le débrief
«J’ai vu
le Liverpool
de Klopp»
L’ancien entraîneur du PSG a
beaucoup apprécié la copie des
Parisiens, notamment le 4-3-3
et le pressing des attaquants.
MÉLISANDE GOMEZ
«On a eu moins d’émotions
que contre l’Atalanta (2-1,
en quarts de finale),
mais le PSG est en finale.
Oui, et je me suis régalé. Il y a la
qualification et l’état d’esprit,
surtout, c’est ça qui a changé.
On leur promet un match
compliqué, ils mettent les
ingrédients qu’il faut pour le
rendre moins difficile. Et ces
ingrédients, ce sont les efforts,
le travail.
Le 4-3-3 vous a plu?
Oui, vraiment. Quand tu as
Neymar, Mbappé et Di Maria
devant, il te faut un milieu qui
puisse ratisser, qui puisse
récupérer, c’est ce qu’ils ont fait.
Et défensivement, ils ont été très
solides. C’est l’image que j’ai de
cette équipe: un vrai groupe, qui
partage, qui fait les efforts
ensemble, et c’est justement
ce qui te fait gagner.
On a senti le PSG plus serein que
contre l’Atalanta, dès l’entame.
Oui, ils étaient tranquilles.
Contre l’Atalanta, c’était
particulier. Cela fait plusieurs
années qu’ils ont des
désillusions à ce stade de la
compétition, ce sont des
traumatismes qui te reviennent
toujours. Bergame a été un
passage délicat mais important,
et maintenant ils regardent
devant. Pendant le temps fort de
Leipzig, au retour des vestiaires,
on n’a vu aucune panique. Et
même s’ils ont laissé le jeu à
Leipzig, ils n’ont rien concédé.
Est-ce que c’est Leipzig
qui a déçu ou le PSG qui a brillé?
Moi, j’ai vu une première mi-
temps parfaite. Et il ne faut
jamais sous-estimer un
adversaire. Au contraire, ce sont
des adversaires qui sont censés
être moins forts, mais il faut les
respecter. Et le PSG les a
respectés, il ne les a pas pris de
haut. C’est aussi la marque
d’une grande équipe.
Vous parliez du 4-3-3,
qui vous a plu. Qu’avez-vous
pensé de l’animation offensive
7
RB Leipzig - Paris-SG : 0-3 demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS
Franck Faugère/L’Équipe
Sébastien Boué/L’Équipe
Luis Fernandez Leandro Paredes et Ander Herrera ont évolué devant Marquinhos dans un milieu à trois, hier.
60 ans
Ancien milieu de terrain jamais été à ce niveau depuis il cherche ses partenaires, Il a changé. Il y a quelque chose
(1978-1986) et
entraîneur du PSG (1994-
qu’il est arrivé au PSG?
Je revois le Neymar du Barça,
il ne la joue pas individuel,
il cherche la bonne passe,
dans sa tête qui fait
qu’aujourd’hui il est bien à Paris.
1996 puis 2000-2003). quand il jouait avec Messi et avec cette activité, cette Tu le vois quand il prend un coup
et de l’activité des trois Consultant pour RMC. Suarez. Il avait du plaisir à jouer, présence. Il est en train de et qu’il tombe. Il se relève très
attaquants? il était heureux, il participait, il prendre son rôle de leader, vite, il a envie d’être celui sur qui
J’ai bien aimé la manière dont ils jouait avec ses partenaires. Là, il a la maturité, il tire tout on peut compter. Et Neymar,
ont pressé, dont ils ont bougé. on le retrouve comme ça, le monde vers le haut. il te fait gagner.» É
C’est très net sur le deuxième
but, l’erreur du gardien: ils sont
là, tous les trois. Ce soir (hier), j’ai
vu le Liverpool de Jürgen Klopp,
avec Mané, Firmino et Salah
devant qui font le pressing. Et le
milieu a été très bon, dans
l’organisation, c’était parfait,
Herrera et Paredes ont
parfaitement fonctionné avec
Marquinhos. On ne peut pas dire
qu’un joueur est passé à côté,
même Rico fait deux ou trois
arrêts. On avait des craintes
avant le match sur le gardien,
pourtant. Mais là, on a
l’impression que tu peux faire
n’importe quel changement, il
ne leur arrivera rien, ils sont
animés par quelque chose, qui
se communique à ceux qui
jouent.
“Ce milieu à trois
m’a plu, parce que
tu es obligé de mettre
et Neymar ,,
un système pour Mbappé
Icardi ne vous a pas manqué…
Mbappé grandit, il s’affirme, je
considère qu’il faut qu’il soit sur
le front d’une attaque, il doit
jouer sur les appels, la
profondeur. Dès que tu touches
Neymar, tu sens que Kylian va
faire un appel. On sent une
relation avec Neymar et
Di Maria, qui lui aussi a été
excellent. Si tu mets Icardi en
plus, ton potentiel offensif est
peut-être amélioré mais il te faut
un milieu qui réponde. Vraiment,
ce milieu à trois m’a plu, parce
que tu es obligé de mettre un
système pour Mbappé et
Neymar. Ton équipe doit être
construite autour de tes forces,
sans perdre son équilibre.
Longtemps, la question a été:
“Est-ce que tout le monde
presse?” Il fallait renforcer le
milieu, et cela a été fait.
Et qu’avez-vous pensé de
Neymar, qui n’a peut-être
 8 footba ll Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales RB Leipzig 0-3 Paris-SG

PARIS
LIBÉRÉ
Alain Mounic/L’Équipe

À l’intérieur du Parc des Princes, sur le parvis, dans les bars voisins
et sur les Champs-Élysées, les supporters parisiens ont vécu une soirée magique.
PAOLO PHILIPPE
Qui a dit que les coureurs à pied
avaient disparu à la fin du confine-
ment ? Des jeunes extatiques ont
débarqué des quatre coins du XVIe
arrondissement en sprintant, peu
après 23 heures, pour former un
noyau compact devant le parvis du
Parc des Princes. À peine épuisé,
le peloton de sprinteurs, vite re-
joint par les motards, les familles
et les artificiers, a commencé à
crier très fort. « Magique, y’a pas
d’autres mots », vocifère Saliou, qui
a enlevé le T-shirt. Entre deux
chants à la gloire du PSG, la foule
salue ses amis marseillais et
Guillaume filme tout ça. Maillot
Mbappé sur le dos, l’homme em-
bauche à 23h30 et sera en retard,
ce qui n’a pas l’air de le déranger.
Plus loin, un énorme feu d’artifice
part, alors que la foule danse, se
serre dans les bras et crie son
tour du stade à Velib, à la recher-
che d’un bar et de bières. Les deux
jeunes supporters naviguent à
vue, mais la suite de leur soirée est
claire. Victoire du PSG, «2-0» et les
deux voient « Sarabia (pourtant
remplaçant) marquer ». Et après,
ils sortiront et boiront des coups
«pour fêter ou oublier ».
Plus loin, une bande de filles re-
garde avec envie les quelques
chanceux qui rentrent dans le Parc
pour une diffusion privée. « Si Paris
perd, on va se faire lyncher sur Twit-
ter, la honte », rigole Andrecea. À
l’intérieur de l’enceinte du PSG,
des badauds croisent Laure
Boulleau, qui doit négocier pour
pénétrer sur la pelouse sans bra-
celet, et montent à l’étage. Alors
que les joueurs s’échauffent et que
RMC Sport fait un duplex en direct
de la Kid zone, Micaiah enfile un
maillot du PSG et prédit aussi un
« 2-0 » pour sa première au Parc.
200 ultras squattent le city du
square du Tchad et regardent le
match sur un projecteur. Cra-
quage de fumigènes, pogos et
chants, tout y passe dans cette
cage large comme deux terrains
de basket.
“Après des années
de galère, on n’y croit
pas. À l’époque, quand
déçu 9 fois sur 10 ,,
je sortais du Parc, j’étais
JÉRÔME, SUPPORTER PARISIEN
Un trentenaire arrive en retard,
troque sa chemise blanche pour
un maillot du PSG et fend la foule.
Un livreur à vélo attache son maté-
riel et le rejoint, alors que l’am-
biance est légèrement retombée.
« Oh, réveillez-vous, vocifère un
kapo. Il faut que le club nous en-
tende jusqu’à Lisbonne. » La foule
s’exécute. Di Maria les a peut-être
Une foule de Presko », lance Oscar, pas encore
supporters du Paris-SG totalement rassuré malgré l’avan-
s’est réunie aux abords tage de deux buts. Le troisième
du Parc des Princes, but (Bernat, 56e) bascule l’Indiana
hier dans la soirée. Café dans l’ivresse. Les serveurs
sont surmenés, les premiers
klaxons percent au loin, et Jé-
rôme, maillot floqué Armand de
l’année 2006 sur le dos, a les yeux
du gars ému. « Après des années
de galère, on n’y croit pas. À l’épo-
que, quand je sortais du Parc, j’étais
déçu 9 fois sur 10.»
Les chants s’enchaînent et un
Lisbonne vote
Neymar
Rendus aux pieds encore une fois
décisifs du Brésilien Neymar à
l’image de ce fan (en photo),
supporters portugais et parisiens
ont célébré bras dessus bras
gamin balance son chargeur de
téléphone de bonheur. Pour la
première fois de son histoire, le
PSG est en finale de la C1, et tout le
monde n’en revient pas. Le coup
de sifflet final libère des suppor-
ters heureux, incrédules, émus.
Direction le Parc pour les sprin-
teurs, où ont débarqué les ultras
du PSG après le coup de sifflet fi-
nal, ou les Champs-Élysées, qui
ont aussi été investis par les fans
parisiens. Deux ambiances, mais
un même bonheur. É
Patricia De Melo Moreira / AFP

bonheur.
Autour du Parc, la soirée avait
pourtant commencé dans une
ambiance quelconque, à une
heure où le soleil déclinait au fil
d’une effervescence qui montait
légèrement. Oscar et Côme font le
Le premier but arrive vite. La tête
de Marquinhos (13e) enflamme la
grande salle de la tribune Borelli.
À l’extérieur du stade, ça chante
aussi, ça danse aussi, mais les biè-
res et les flashs d’alcool fort ont
remplacé les sodas. Environ
entendus. Son but (43e) fait tout
sauter, jusqu’à la connexion qui
rend l’âme un court instant.
Une balade dans les rues vides
du XVIe arrondissement parisien
plus loin, Oscar et Côme ont trouvé
un bar, et des bières. « Calme-toi,
dessous et avec une joie non
dissimulée la qualification des
joueurs de Thomas Tuchel pour la
finale de la C1, hier soir, dans les
bars de Lisbonne, qui
retransmettaient la rencontre sur
plusieurs écrans de télévision.
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
9
RB Leipzig - Paris-SG : 0-3 demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS

Vu de La Grande Motte

Une extase près des plages

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
TARA BRITTON

LA GRANDE-MOTTE (HÉRAULT) – La Grande-

Motte, ses immeubles pyrami-
daux et ses campings, sa grande
plage et ses touristes. Il y avait un
goût prononcé de vacances hier
Bertrand Guay/ AFP

soir au bar Le Garden, les vacan-

ciers dégustant sodas et bières
fraîches les pieds dans le sable.
Mais il y avait surtout un goût de
Ligue des champions et des
Des supporters du PSG ont défilé sur les Champs-Élysées à l’issue de la victoire de leur équipe maillots floqués aux couleurs du

qui avait été suivie dans de nombreux bars de la capitale. club de la capitale. L’établisse-
ment accolé à l’un des nombreux
campings du coin a fait le plein
d’estivants venus assister à la de-
mi-finale historique pour le Pa-
ris- Saint-Germain.
Le gérant du bar Charly Prou-
teau, débordé il y a quelques jours
lors du quart de finale face à l’Ata-
lanta (2-1, le 12 août), a agrandi sa
terrasse pour accueillir tout le
monde, quitte à laisser moins
d’un mètre de distance entre les
clients. Insuffisant. Dès 20 heu-
res, le bar affichait complet et les
retardataires ont dû se masser le
long du trottoir. Pour Charles Se-
rault, 15 ans, impossible de lou-
Geoffroy Van Der Hasselt / AFP
Sylvain Thomas/L’Équipe
Des fans du Paris-SG ont assisté à la victoire de leur équipe sur
la terrasse d’un bar-restaurant de La Grande-Motte dans l’Hérault.
rocambolesque du match face à «C’est bien, mais il faut mettre le
l’Atalanta après le poteau de Ney- troisième, là on sera tranquilles »,
mar et ce but annulé dès les pre- nuance quand même Sébastien
miers instants. Mais finalement, il Hernier, ancien des Boulogne
n’aura pas fallu attendre long- Boys en vacances dans cette sta-
temps pour apercevoir des souri- tion balnéaire pour deux semai-
res sur les visages bronzés des nes. Juan Bernat a dû l’entendre
vacanciers. D’abord timide sur la car trois minutes plus tard le
tête ravageuse de Marquinhos Pisciacais de 41 ans sautait de-

per la rencontre. « C’est comme la
Coupe du monde », confiait le sup-
porter du PSG, stressé avant le
début de la rencontre.
Et la pression n’allait pas re-
tomber de si vite. Certains ont di-
rectement repensé au scénario
(1-0, 13e), l’explosion de joie a été
totale à la 42e minute de jeu avec
le but de Di Maria, des premiers
«on est en finale! » accompagnant
les applaudissements pour sa-
luer la prestation des joueurs pa-
risiens.
bout. Son fils de 6 ans, Nohan,
avait des étoiles dans les yeux. Le
Paris- Saint-Germain jouera la fi-
nale de la Ligue des champions.
Père et fils seront peut-être sur
les Champs-Élysées dimanche
soir.

Vu de Marseille Vu d’Allemagne

À jamais les premiers Leipzig vite liquéfié

MARSEILLE – Entouré de sa bande de copains, jusqu’à un début de rixe, vers 23h10, après rieur du pub Queen Victoria. « De l’intimida- DE NOTRE CORRESPONDANT à l’Ouest de Leipzig, au Joseph
préférant les chants à la gloire de l’OM, Ri- qu’un aficionado du Paris-SG, sortant du tion, ils ont menacé les Parisiens qui fêtaient ALEXIS MENUGE Pub. Gérant de cet établissement,
chard, le patron d’un bar a géré une soirée pub voisin le Morrison’s, n’ait la riche idée le premier but, confie Billel, un costaud qui Olaf Winkler a du se plier aux me-
paisible sur sa grande terrasse bondée, à de sortir un maillot de la capitale. Il provo- travaille dans le béton ciré. Chacun a fini la Tout Leipzig attendait cette demi- sures sanitaires en collant divers
deux pas de la ravissante église Notre-Da- que l’ire de fidèles de l’OM, les videurs in- rencontre sur son téléphone, ça s’est arrêté finale de Ligue des champions messages aux murs et au sol afin
me-du-Mont. Hier soir, attirés par les terviennent, du verre est cassé. là car il y avait les CRS à côté. » Après la avec une certaine impatience. que ses clients soient disciplinés.
écrans et les pizzas à dix euros, un petit Sur le Vieux-Port, alors que des gros pé- pause, les patrons du Queen Victoria ont Malgré la menace parisienne A quelques minutes du début de
contingent de supporters parisiens se tards ont été balancés une partie de la soi- éteint les écrans à l’intérieur et arrêté de avec notamment le duo Neymar- la rencontre, Winkler s’est per-
sont collés aux tables des jeunes habitués rée, une cinquantaine d’ultras s’est pro- servir. Il n’y avait plus un rade sur le Vieux- Mbappé, c’est même l’optimisme sonnellement adressé à ses cli-
du coin. menée en début de match le long des bars, Port pour regarder la seconde période. qui prévalait quelques minutes ents pour leur supplier de les res-
Quand des applaudissements ont re- débranchant les écrans installés à l’exté- M.Gr. avant le coup d´envoi: « Notre pecter coûte que coûte. « Sinon, je
tenti une fois le match terminé, et que des équipe sait se transcender dans les devrai payer une amende, voire
« Niquez vos mères les Parisiens » ont fusé, grands rendez-vous européens, a mettre la clé sous la porte dans
Richard a tranquillement balancé confié Uwe, abonné à la Red Bull quelques semaines », ajoutait-il.
« Jerusalema », le suave refrain de l’été, Arena depuis trois saisons. Le Conviviale au départ, l´am-
sur les enceintes et esquissé un petit pas PSG n’est pas une équipe équilibrée biance bon enfant a viré au pessi-
de danse devant les tables. Comme en et Nagelsmann va jouer un vilain misme dès le premier but pari-
quart, face à l’Atalanta, l’ambiance a été tour à son mentor Tuchel. » sien (13e). Ralf qui vit à Berlin a
agréable pour tous, mais il n’y a pas eu de aussitôt reconnu le non match du
“ La défense n’a pas été
,,
suspense cette fois, ni d’envolées. Un si- RB: « La défense n’a pas été à la
lence glacial accompagne le but de Mar- à la hauteur. Nous avons hauteur. Nous avons vu nos limites.
quinhos, quelques applaudissements vu nos limites Néanmoins, atteindre le dernier
mêlés à des cris de dépit (« Dégoûté ! ») es- UN SUPPORTER DE LEIPZIG carré de la C1 constitue une
cortent celui de Di Maria. De nombreux supporters se sont énorme performance pour un club
Frédéric Porcu/L’Équipe

En seconde période, on s’excite comme retrouvés dans différents bars de aussi jeune (crée en 2009). » Un
on peut, comme sur une frappe ratée Leipzig autour d’une bière pour ne peu plus loin, Stefan reconnaissait
d’Angelino, on demande à ce que Mbappé pas manquer cette soirée histori- la supériorité des hommes de
se fasse cisailler (« Coupe-le ! ») et on se que. Ils étaient ainsi une petite Thomas Tuchel : « Il n’y a pas eu
gausse quand Neymar se gaufre sur une centaine à suivre le duel sur un photo. Paris a été plus fort dans tous
contre-attaque idéale. Rien de méchant À Marseille, des amateurs de football ont les yeux rivés sur un écran diffusant PSG-Leipzig. écran géant du côté de Lindenau, les secteurs. »
 10 footba ll Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales RB Leipzig 0-3 Paris-SG

Coupe d’Europe des clubs champions 1955–1956 Coupe d’Europe des clubs champions 1958–1959 Coupe d’Europe des clubs champions 1975–1976
L’Équipe

L’Équipe

L’Équipe
Real Madrid - Reims : 4-3 Real Madrid - Reims : 2-0 Bayern Munich - Saint-Étienne : 1-0
Michel Hidalgo (à gauche), ici face au défenseur madrilène Rafael Le Rémois Roger Piantoni (à droite) salue Raymond Kopa Après la défaite face au Bayern Munich, les Stéphanois posent,
Lesmes, entretient le suspense en inscrivant le troisième but rémois. avant une finale remportée à nouveau par le Real. la mine fermée, avec les vainqueurs du soir, à Glasgow.

Reims frustré... … puis assommé Les Verts dépités

Dixième de D1 cette saison-là, le Stade de Reims semble avoir tout
misé sur cette première édition de la Coupe d’Europe des clubs
champions, lancée par L’Équipe: il n’a perdu aucun de ses six mat-
ches européens. Au Parc des Princes, le club champenois mène
même 2-0 après dix minutes, mais est rattrapé par le Real Madrid
avant la pause (2-2). Pour son dernier match avec Reims avant de
rejoindre le Real, Raymond Kopa est éclipsé par son futur coéqui-
pier, Alfredo Di Stefano. Michel Hidalgo donne de l’espoir aux sup-
porters français (3-2, 62e), qui doivent finalement déchanter (3-4).
De retour en C1 trois ans après sa première participation, le Stade
de Reims retrouve le Real Madrid en finale. Entre-temps, l’ogre es-
pagnol a remporté deux autres C1. Et cette fois, le suspense ne sera
pas aussi prégnant qu’en 1956 : le champion de France 1958 en-
caisse un but dès la 2e minute avant d’être assommé en début de
seconde période (2-0, 47e). Le gardien rémois Dominique Colonna
arrête en vain un penalty et Raymond Kopa remporte sa troisième
Coupe d’Europe des clubs champions avant de retrouver… Reims
la saison suivante.
Accompagnée par 20 000 supporters au Hampden Park de Glas-
gow, l’AS Saint-Étienne arrive en finale avec un historique européen
qui flirte déjà avec le mythique. Après avoir éliminé le Bayern Mu-
nich en 1969 en seizièmes de finale puis s’être incliné en demies face
à la même équipe en 1975, ils affrontent encore le club allemand au
bout d’un parcours marqué par les coups d’éclat. Et commencent
par dominer leurs adversaires, qui finiront pourtant par s’imposer
(1-0). Bathenay puis Santini voient leurs tentatives repoussées par
une barre carrée qui fera beaucoup pour la postérité de cette défaite.

Et maintenant, imiter l’OM

Le PSGva jouer la septième finale de C1 disputée par un club français. Mais, pour l’instant,
seul l’un d’eux est parvenu à s’imposer : Marseille en 1993 face à l’ACMilan.
Pascal Rondeau/L’Équipe
Bruno Fablet/L’Équipe

Coupe d’Europe des clubs champions 1990–1991 Ligue des champions 1992-1993 Ligue des champions 2003-2004
L’Équipe

Étoile Rouge Belgrade - Marseille : 0-0, 5-3 aux t.a.b. Marseille - AC Milan : 1-0 FC Porto - Monaco : 3-0
Le milieu offensif marseillais Abedi Pelé est pris en tenaille Le capitaine de l’OM, Didier Deschamps, brandit le trophée de la Ligue Flavio Roma et Fernando Morientes, dépités après s’être inclinés
par deux joueurs de l’Étoile Rouge. des champions pour la première victoire d’un club français en C1. au bout d’un parcours européen flamboyant.

Marseille étouffé… ...et libéré Monaco dégrisé

Il faut peut-être remonter au grand Reims des années 1950 pour
retrouver une équipe française aussi bien armée offensivement
que cet OM, vainqueur, en quarts de finale, de l’ACMilan, battu sur le
terrain (1-1, 1-0 à la 88e) avant de l’être sur tapis vert. Mais Abedi
Pelé, Jean-Pierre Papin et Chris Waddle sont étouffés par l’Étoile
Rouge Belgrade dont les attaquants sont absorbés par les tâches
défensives. Cette finale de Bari se joue aux tirs au but, et le gardien
yougoslave Stojanovic offre la C1 à son club, en arrêtant le la frappe
de Manuel Amoros, le premier des cinq tirs de l’OM.
Deux ans après, l’OM retrouve, cette fois en finale, l’AC Milan et...
Jean-Pierre Papin passé en Italie. Pour cette première finale de la
C1reformatée en «Ligue des champions», les Marseillais dominent
leurs adversaires. Le match est assez fermé, mais Abedi Pelé a bien
préparé le corner obtenu juste avant la pause: il a demandé à Basile
Boli de se placer au premier poteau. Quelques minutes avant ce
coup de pied arrêté, le défenseur, qui souffre d’un genou, demande à
sortir, en vain. Àla 44e minute, il suit les consignes de son aîné et la
photo de sa tête victorieuse éclipsera celle de ses larmes de 1991.
Le RealMadrid des Galactiques? Éliminé sur le Rocher (4-2, 1-3) en
quarts. Chelsea? Écarté en demies après avoir mené 2-0 au retour
à Londres (1-3, 2-2). L’ AS Monaco entraînée par le jeune Didier
Deschamps (35 ans) multiplie les buts et étonne l’Europe pour at-
teindre sa première finale de C1. Mais face au vainqueur de la
Coupe de l’UEFA 2003, l’ASMvoit son rêve se briser après avoir fait
jeu égal pendant quarante minutes: le FC Porto de José Mourinho
ouvre le score et contraint son adversaire à se découvrir pour mieux
lui donner une leçon de réalisme.
Anthony Lopes,
Houssem Aouar footba ll Ligue des champions (demi-finales) Robert
et Memphis Depay. Lewandowski
Lyon 21 h Bayern Munich et Manuel Neuer.

MMENS
I
L’

E
Après son exploit contre Manchester City,
l’OL s’attaque au Bayern,

Ralflbing et Hans RauchenSteiner/Pool/WITTERS/PRESSE SPORTS Frédéric Porcu, Stéphane Mantey, Pierre Lahalle/L’Équipe
grand favori de l’épreuve,
et rêve de retrouver le PSG en finale.
PAGES 12 à 19

il est temps de reparler sport

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 12 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales Lyon 21 h Bayern Munich
Sébastien Boué/L’Équipe

Un Everest après l’autre

L’OL va tenter d’aller au bout de son rêve impossible: après avoir sorti la Juventus
et Manchester City, il s’attaque à un ogre, le Bayern Munich, pour tenter de rejoindre le PSG
en finale de la Ligue des champions, dimanche, à Lisbonne.
2012. OL-Bayern est la plus belle Une partie du groupe simple, quand même, de faire (42 % de possession en finale de pion d’Italie et le deuxième du
21 h Lyon affiche des demi-finales, mais lyonnais à la fin boiter ce Bayern-là, qui a dominé Coupe de la Ligue, le 31 juillet, Championnat d’Angleterre, le
TF1, RMC SPORT 1 Bayern Munich aussi la plus vertigineuse, de de l’entraînement, la scène européenne comme ra- 0-0, 5-6 aux t.a.b.), à la Juve (37%) club lyonnais aura à tordre le
quelque sens que l’on entrevoie hier soir, au stade rement, à ce jour, et dont les et à City (28 %), Lyon a dessiné champion d’Allemagne, ce qui
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL la pente: soit en regardant vers le du Restelo (Lisbonne). éventuelles largesses défensives une manière collective qui impli- échapperait à toute référence, et
VINCENT DULUC haut, vers le sommet que serait ont tenu, quand même, au talent que les efforts de tous pour cha- ferait rentrer le club lyonnais
un troisième immense exploit de Messi et du Barça, l’autre soir. cun, mais qui n’aurait pas suffi, dans une autre dimension.

LISBONNE – C’est à la Coupe du
monde que ces jours ressem-
blent le plus, à cette manière
dont une équipe se construit
dans l’intimité, au fil des matches
qui séparent ceux qui restent et
ceux que l’on oublie, dans cet
éloignement qui renforce le sen-
timent collectif et la chaleur des
messages venus du pays. On
parle ici du pays des trois fleuves,
le Rhône, la Saône et le Beaujo-
lais : avec ou sans l’aide du troi-
sième, les supporters de l’OL ont
garni les ponts des deux pre-
miers, hier, de banderoles
comme des cris du chœur, pour
dire une fierté et un espoir,
dans des proportions probable-
ment différentes.
Cela ressemble à la Coupe du
monde, encore, par le rythme
des rendez-vous et la brutalité du
lendemain, mais aussi par l’idée
d’une compétition qui appartien-
drait à tous, avec la retransmis-
sion de cette demi-finale par TF1,
dont la dernière incursion en Li-
gue des champions, pour une
équipe française, remontait à
d’affilée, soit en songeant au vide,
considérant les manières expé-
ditives du Bayern.
L’OL va tenter, ce soir, de s’op-
poser à un ogre, à une montagne
et une machine, à l’équipe qui fait
peur à toute l’Europe depuis
qu’elle a éparpillé ce qu’il restait
du FC Barcelone (8-2, vendredi),
en quarts de finale, au cœur
d’une saison à 155 buts marqués,
avec une moyenne de 4,3 buts
par match de Ligue des cham-
pions. Elle a remporté 26 de ses
27 derniers matches, et l’excep-
tion était un match nul, dans un
moment de faiblesse. Dans une
conférence de presse à cinq jour-
nalistes, qui l’interrogeaient de-
puis leur chambre d’hôtel quand
il était à Alvalade, hier, en début
de soirée, Rudi Garcia a forcé-
ment atténué la noirceur du ta-
bleau: «Si on s’arrête aux stats, on
va rester regarder le match à l’hô-
tel et ils vont jouer tout seuls. Nous
avons des qualités. On n’est pas
une grande montagne à gravir,
mais on peut être un caillou dans
une chaussure. » Il ne sera pas
2
Le souvenir lointain
d’une demie à exorciser
au stade Alvalade
Lyon n’a plus gagné L’OL s’est dégagé, depuis la re-
deux rencontres prise, du jeu et de l’image qui se
consécutives en C1 sont régulièrement attachés à
depuis 2011-2012, ses pas : plus cette équipe pro-
contre le Dinamo Zagreb gresse, moins elle a le ballon,
(7-1) et l’APOEL Nicosie qu’elle laisse à l’adversaire très
(1-0). souvent, parfois parce qu’elle
Opta l’accepte, souvent parce qu’elle
n’a pas le choix. Face au PSG
L’OL joue (toujours) gros
Rien n’a changé : remporter la Ligue des champions
est toujours la seule possibilité pour l’OL de disputer
une coupe d’Europe la saison prochaine, la C1 en
l’occurrence, dont le tenant dispute la phase de
groupes. L’enjeu financier reste donc énorme pour
l’OL, qui pourrait perdre, entre l’arrêt de la L1, les
répercussions du Covid et sa non-participation
européenne, près de 180 €, selon Jean-Michel
Aulas. Dans une interview au Progrès, hier, le
président lyonnais a affirmé que son club allait plutôt
percevoir de l’UEFA 60 M€ que les 80 M€
généralement évoqués pour sa place en demi-finales
évidemment, sans l’efficacité re-
doutable constatée devant le City
de Guardiola (3-1, samedi).
Dans ce stade Alvalade où il
avait disputé sa première demi-
finale européenne, en Coupe des
Coupes en 1964, et où il se serait
qualifié avec la règle du but à l’ex-
térieur (0-0, 1-1, puis 0-1 en
match d’appui, à Madrid), l’OL
semble invité dans un monde si-
non trop grand, du moins très
grand. Après avoir sorti le cham-
de la C1. The Swiss Ramble, un blog anglais basé en
Suisse, spécialisé dans les questions économiques,
chiffre les gains de l’OL, à ce jour, à 89 M€. Selon
Aulas, la différence correspondrait « aux accords entre
l’UEFA et les télés pour dégrader notamment les
droits TV en l’absence de matches retour, et les pertes
de recettes de billetteries ». L’OL, qui génère la plus
forte recette de jour de match en L1 depuis qu’il est
propriétaire du Groupama Stadium (entre 1,5 et 2 M€
bruts par rencontre), avait battu son record pour la
venue de la Juve (1-0), le 26 février, avec une recette
de 6 M€ bruts. V. D.
Dans cette affaire magnifique
surgit peut-être une ombre, de-
puis hier soir, qui tamise à peine
la lumière de Lisbonne la blan-
che. L’évidence est qu’un PSG-
Bayern représenterait mieux
l’idée que l’essentiel de l’Europe
se fait d’une finale de la Ligue des
champions. Et de même que ce
journal n’avait jamais eu l’hon-
neur de présenter une demi-fi-
nale de Ligue des champions
d’un club français en même
temps que le compte rendu
d’une autre, l’Olympique Lyon-
nais ne s’attendait pas à devoir
accomplir un exploit immense
pour avoir la chance de rejouer la
finale de la Coupe de la Ligue.
Il y a beaucoup plus sérieux
que cela. Il y a l’histoire. Ce serait
dommage, quand même, d’avoir
embêté son monde aussi long-
temps, aussi joliment et aussi
profondément pour soudain
s’abstenir et accepter le destin
que la majorité lui réserve, le re-
tour à la vie ordinaire et à la mai-
son. L’OL porte un espoir plus
grand. É
 à Paris, Parc
À Lisbonne, Stadedes Princes
José-Alvalade arbitre
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
21 h 21
(enheures
direct sur(RMC
TF1 Sport
et RMC1) Sport 1) 13

Photo : Presse Sports

meilleurs buteurs en C1 meilleurs buteurs en C1
1 M. Depay, 8 buts 1 R. Lewandowski, 67 buts
2 Mo. Dembélé, 7 2 T. Müller, 46
3 M. Cornet, 6 M. Mateu Lahoz (ESP) Lyon - Bayern Munich demi-finales LIGUE
3 J.DES CHAMPIONS
Kimmich, 9

3-5-2 4-2-3-1

M. Cornet
27 J. Kimmich
(23 ans, CIV)
Carrière en C1 : 22 m. 22 S. Gnabry 32 (25 ans)
(25 ans)
F. Marçal 6 buts Carrière en C1 : 44 m.
20 Carrière en C1 : 18 m. 9 buts
(31 ans, BRE) 7 buts
Carrière en C1 : 9 m.
0 but

H. Aouar L. Goretzka
8 (22 ans) 18 (25 ans)
Carrière en C1 : 14 m. Carrière en C1 : 17 m.
1 but 1 but J. Boateng
M. Depay 17 (31 ans)
11 (26 ans, HOL, cap.) Carrière en C1 : 76 m.
Carrière en C1 : 21 m. 3 buts
8 buts
R. Lewandowski T. Müller M. Neuer
1 A. Lopes
6 Marcelo 9 (31 ans, POL) 25 (30 ans) 1 (34 ans, cap.)
(29 ans, POR) (33 ans, BRE) B. Guimaraes Carrière en C1 : 109 m.
Carrière en C1 : 88 m. Carrière en C1 : 113 m.
Carrière en C1 : 29 m. Carrière en C1 : 23 m. 39 (22 ans, BRE) 67 buts 46 buts 105 buts
36 buts 0 but Carrière en C1 : 3 m. encaissés
encaissés 0 but
D. Alaba
21 K. Toko Ekambi
(27 ans, CAM)
27 (28 ans, AUT)
Carrière en C1 : 3 m. Carrière en C1 : 80 m.
0 but 5 buts
Thiago Alcantara
M. Caqueret 6 (29 ans, ESP)
25 (20 ans) Carrière en C1 : 59 m.
Carrière en C1 : 2 m. 8 buts
0 but
J. Denayer
5 (25 ans, BEL) I. Perisic
Carrière en C1 : 20 m. 14 (31 ans, CRO)
L. Dubois A. Davies
0 but 14 (25 ans)
Carrière en C1 : 25 m. 19 (19 ans, CAN)

Photos Bayern
4 buts
Carrière en C1 : 13 m. 6 m.
Photos OL

Entraîneur
R. Garcia (56 ans)
en poste depuis oct. 2019 remplaçants
31 matches en C1
7 G / 9 N / 15 P
Carrière en C1 :
1 but 0 but
moyennes du onze : 26 ans / 14 matches en C1 3 derniers matches 5 derniers matches moyennes du onze: 28 ans / 58 matches en C1 Entraîneur
H.-D. Flick (55 ans)
neutre neutre neutre dom. ext. neutre dom. neutre
remplaçants (à choisir parmi) en poste depuis nov. 2019
Tatarusanu (g.) (30), Rafael (4), Tete (23), Andersen (3), G P N G G G G G
Ulreich (g.) (26), Hoffmann (g.) (39), Odriozola (2),
Diomande (2), Bard (31), Thiago Mendes (12), (4 buts marqués, 3 buts encaissés) (23 buts marqués, 6 buts encaissés) Süle (4), Pavard (5), Javi Martinez (8),
Jean Lucas (22), Reine-Adélaïde (17), Be. Traoré (10), L. Hernandez (21), Arrey-Mbi (43), Coutinho (10),
Cherki (18), Mo. Dembélé (9). Cuisance (11), Tolisso (24), Zirkzee (35), Tillman (40),
2 n. Musiala (42), Coman (29), Batista Meier (34).
principaux absents
principaux absents
Racioppi (blessé), Kadewere (non qualifié),
Barcola, Y. Koné (choix). 2 v. 8 4 v. aucun 6 matches en C1
9 buts oppositions 11 buts 6G/0N/0P

Lyon Bayern Munich

Toko Ekambi en pole ? Pavard remplaçant

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
HUGO GUILLEMET
LISBONNE – La réalité du moment à
Lyon, ou plutôt à l’hôtel Cascais
Miragem où l’OL réside pendant
son séjour lisboète, est que l’état
de forme de Memphis Depay
pose problème, car le Néerlan-
dais, de retour d’une longue bles-
sure, n’est pas en capacité de
faire les courses que les autres
attaquants font. Moussa Dem-
bélé en pâtit, depuis le début de ce
« Final 8 », puisque Rudi Garcia
doit commencer le match avec
son capitaine et faire un choix en-
telo barricadé par la police et la
sécurité de l’OL, les Lyonnais ont
fait une longue mise en place où
plusieurs configurations ont été
testées. Quand Garcia a aligné
son 3-5-2 qui commencera ce
soir, Toko Ekambi n’avait pas la
chasuble orange que portaient
les remplaçants, disposés en
4-2-3-1 pour presser comme le
Bayern. Le Camerounais était en
pointe avec Depay, et le système
était mouvant: il pouvait se trans-
former en 4-1-4-1 avec Marçal
latéral gauche, Cornet ailier et
Toko Ekambi à droite, comme par
séquences face à City.
c’est qu’ils apportent tous quelque Les Munichois avan- butera pas la ren-
chose. Moussa (Dembélé) est sorti cent sûrs de leur contre. Comme en
du banc contre City, et il a été force, du haut de leur quarts de finale con-
homme du match. » Cela ne veut 2 3 v i c t o i re s e n tre Barcelone (8-2,
pas dire qu’il s’y assiéra ce soir : 24 matches depuis le vendredi), c’est donc
Garcia n’annoncera son équipe début de l’année Joshua Kimmich qui
qu’aujourd’hui à ses joueurs, et le 2020. Ils n’ont pas descendra en dé-
duel Toko Ekambi - Dembélé ne spécialement be- fense, laissant Leon
se joue à rien, si ce n’est au fee- soin d’analyser l’ad- Goretzka et Thiago
ling du coach. «Avant que je rentre versaire sous toutes Alcantara occuper
contre City, certains avaient fait le les coutures pour mettre leur jeu les deux places de milieu récupé-
travail avant moi, a dit Dembélé en place, mais Hansi Flick l’a évi- rateur d’un 4-2-3-1 bien rodé. La
sur OLTV. On est tout un collectif. » demment fait avant d’affronter seule incertitude concerne le
Sa parole montre l’état d’esprit Lyon, en s’appuyant sur un infor- poste d’ailier gauche. Flick fera
d’un groupe en mission com- mateur très particulier : Corentin son choix entre Ivan Perisic, qu’il
mando, mais qui n’oublie pas de Tolisso, son propre milieu, formé a encore félicité pour sa perfor-
rigoler : hier, la séance, bien plus à l’OL. «Bien sûr que j’ai parlé avec mance au tour précédent, et
Sébastien Boué/L’Équipe

tre le Français et Karl Toko
Ekambi (notre photo). L’ex-Ange-
vin, qui peut se décaler pour dé-
fendre à droite pendant le match,
offre plus de polyvalence et donc
l’entraîneur lyonnais l’a fait débu-
ter contre la Juve et face à City.
Hier soir, lors d’un entraîne-
ment à huis clos au stade du Res-
« On ne change pas une équipe
qui gagne? Si, on peut changer une
équipe qui gagne, a brouillé Garcia
une heure plus tard en confé-
rence de presse. Ce n’est pas im-
portant qui débute. Ce qui est im-
portant, c’est qu’on gagne à seize. Il
y en a cinq qui commenceront et
cinq qui finiront, et ce qui compte
intense que la veille, s’est con- Coco, a déclaré malicieusement Kingsley Coman, totalement re-
clue par une petite oppo- l’entraîneur bavarois en confé- mis de ses douleurs musculai-
sition sur terrain réduit, rence de presse. Mais je ne vais res. Les 27 joueurs du groupe
et les vainqueurs ont pas vous révéler ça maintenant.» présent à Lisbonne sont opéra-
posé pour la photo afin Flick a en revanche été clair tionnels, comme pour illustrer la
de chambrer les vain- sur le sort de Benjamin Pavard, santé éclatante du champion
cus. Ils espèrent refaire tout juste remis de sa blessure au d’Allemagne, qui n’a pas perdu
la même tous ensemble, pied gauche : le latéral droit fran- depuis le 7 décembre 2019, con-
ce soir, un peu avant 23heures. çais est disponible mais il ne dé- tre Mönchengladbach (1-2). D. F.
14 footba ll Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales Lyon 21 h Bayern Munich

Léo Dubois
« Il fallait qu’on grandisse
dans nos têtes »
Le latéral droit confirme que les mentalités ont changé dans le vestiaire
lyonnais. Pour l’international français, c’est ce nouvel état d’esprit qui
permet à l’OL d’être dans le dernier carré de la Ligue des champions.
DE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX Léo Dubois défend
VINCENT DULUC devant Gabriel Jesus,
et HUGO GUILLEMET lors de la victoire de
l’OL face à Manchester
LISBONNE – En attendant que les City (3-1), samedi.
interviews en face-à-face
reviennent à la surface des
relations joueurs-journalistes, il y
a le téléphone, par bonheur. Léo
Dubois, comme convenu, a
décroché, lundi, depuis l’hôtel des
Lyonnais au bord de l’Atlantique, à
Cascais. Entre Manchester City (3-
1) et le Bayern Munich, entre les
deux plus hauts sommets de sa
carrière, l’arrière droit
international (25ans, 4 sélections)
Miguel A. Lopes/AFP

raconte les jours les plus

incroyables de l’histoire de l’OL.

«Qu’est-ce qui porte l’OL

aussi haut?
Notre état d’esprit. On est soudés,
on a cette volonté de défendre tous donne confiance en nous. Ça a été latéraux, on a un rôle un peu Notre groupe est
ensemble, de ne rien lâcher et de long mais on a été sérieux et c’est différent avec Maxwel (Cornet). jeune, mais on a
jouer les uns pour les autres. On a grâce à ça qu’on en est là Max a un profil beaucoup plus pas mal de vécu
savouré la victoire face à City, aujourd’hui. C’est vrai qu’on tire offensif que moi, donc on lui laisse commun. On a
mais le plus dur est à venir. tous dans le même sens, mais on l’opportunité d’apporter plus en notamment
Vous avez quand même enchaîné n’est qu’au début. Il faudra à tout attaque à gauche, et ensuite à vécu les
deux exploits historiques face prix conserver cet état d’esprit nous de nous organiser pour critiques
à la Juve (1-0, 1-2) puis City… pour aller chercher beaucoup de équilibrer et rester solides. ensemble, ces
Oui, bien sûr, on en est conscients. choses, car on en est capables. Donc vous compensez dernières années.
Mais rester tous ensemble, à Après la démolition du Barça les montées de Cornet? On s’est forgé un
Lisbonne, à l’hôtel, nous a permis (8-2, vendredi), est-ce que Oui, c’est un peu l’idée. Maxwel est caractère et on
de passer à l’étape d’après assez le Bayern fait peur? davantage porté vers l’avant, de est conscients
rapidement. On aura le temps de Non. Après, on a conscience que par son poste d’origine. On essaye qu’on ne doit
se retourner sur tout ça à la fin de c’est une des très, très grosses de jouer avec les qualités de plus changer
la compétition. Pour se préparer équipes d’Europe, le favori de la chacun et de déstabiliser nos d’état d’esprit
au mieux à affronter le Bayern, on compétition. Donc on y va avec adversaires en fonction de ça. pour avoir des
préfère mettre de côté tout ce qu’il beaucoup d’humilité, mais très Le coach pourrait se souvenir que résultats. Il
s’est passé face à Manchester City. concentrés, avec l’objectif, vous avez fait sept passes faudra l’avoir
Comment vivez-vous, justement, forcément, de l’emporter. On sait à décisives la saison dernière… tout temps,
ce format de tournoi, tous quoi s’attendre… (Sourire.) Bien sûr, mais si on a parce que c’est
ensemble à l’hôtel? Vous avez vu qu’Alphonso Davies, besoin de moi dans ce rôle plus notre point faible.
Très bien. Forcément, le résultat sur votre côté, courait à 36km/h? défensif et qu’on va au bout, il n’y a Il fallait qu’on
contre City facilite les choses. (Rires.) Ouais, j’ai vu! Il va falloir aucun problème. grandisse dans nos
On est dans de super conditions. essayer de contrer ça. Mais on a City est beaucoup passé de votre têtes, comme on l’a montré
C’est un quotidien de sélection montré qu’on en était capables. côté samedi... ces derniers matches, pour
nationale, on sait que c’est Et vous, vous courez à combien? On s’y attendait. On savait qu’ils être dans la régularité. On n’a
nécessaire aujourd’hui donc on ne Je ne sais pas du tout (rires.) avaient une grande puissance pas le droit de se cacher
se pose pas de questions. offensive à gauche, à travers derrière notre jeunesse. On l’a
On avance petit à petit, en vivant au “On n’a pas le droit Sterling notamment. Il y a eu des intégré. Je l’espère en tout cas.
de se cacher derrière
,,
jour le jour et puis si on peut refaire situations sur lesquelles on aurait En voyant ce que vous
la performance de City, et bien on notre jeunesse. certainement pu mieux défendre, réalisez depuis dix jours,
la refera. On l’a intégré mais on s’est quand même vous ne vous dites pas:
On a l’impression que la coupure Que vous apporte retrouvé face à une attaque qui a “on est vraiment des c…
a fait du bien votre système en 3-5-2? marqué plus de 100 buts en d’avoir été septièmes après
à votre groupe… De la sécurité défensive, déjà, Championnat et qui se crée des 28 journées”?
Peut-être, oui. On a surtout fait une parce qu’on a plus de monde dans occasions contre n’importe quelle Je me dis qu’on aurait dû
très bonne préparation depuis l’axe. On arrive bien à travailler équipe. On n’a quand même pas faire mieux, vu nos
qu’on a repris. Physiquement, on comme ça, surtout face à des trop mal géré… qualités. On est passé à côté
est prêts à enchaîner les matches équipes qui ont la possession, Est-ce difficile de matches qu’on n’aurait
aujourd’hui et c’est ce qui nous on l’a montré jusque-là. Nous, les avec un groupe si jeune? pas dû louper. Mais il y aussi
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
15
Lyon - Bayern Munich demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS

ce goût amer d’avoir été privés de conviction de gagner. C’était beau,

la fin de Championnat. Quand on
voit qu’on est en demi-finales de la
Ligue des champions, et qu’on ne
nous a pas laissé l’opportunité
de nous qualifier via le
Championnat pour une Coupe
d’Europe, la saison prochaine,
le goût est amer.
Quand on est en demi-finales,
faut-il rêver, ou rester calme?
On peut continuer à rêver tout en
étant calme. Il ne faut pas se poser
de questions. Personne ne nous
attendait. Mais nous, depuis le
retour à l’entraînement, on est
convaincus de ce qu’on est
capables de faire.
Après le match contre City,
Karl Toko Ekambi affirmait
qu’avant le match, les joueurs
y croyaient, tous, à 200 %,
et que c’était au coup de sifflet
final qu’il avait eu le plus de mal
à y croire…
C’est la vérité, sincèrement. On
avait décidé qu’on n’avait rien à
perdre, tout à gagner, et qu’on
allait le faire tous ensemble.
C’est là que l’on voit que
quelque chose a pris:
les paroles ont été
suivies d’effet,
tout le monde a
tiré dans le
même
sens, avec
cette
même si, pour l’instant, on n’a rien
gagné. Après le match, oui, il a
fallu réaliser, parce que tout le
monde nous voyait dehors.
Je n’ai pas pu passer les moments
d’après-match dans le vestiaire
parce que j’étais au contrôle
antidopage, mais c’était une
soirée inoubliable.
“Le foot, ce sont des
émotions sur le terrain
qui sont décuplées
le public ,,
par le partage avec
C’est bizarre, un quart de finale
sans public?
Oui, très bizarre. J’espère qu’on ne
s’y habituera pas. Le foot, ce sont
des émotions sur le terrain qui
sont décuplées par le partage avec
le public. Mais le plaisir, quand on
est joueur de haut niveau, on le
prend par la victoire. Et je pense
que les supporters restés à Lyon
sont aussi heureux que le
président, qui lui, est très,
très heureux.
Si Pavard venait à jouer, on verrait
les deux arrières droit de l’équipe
de France face-à-face…
J’espère qu’il jouera, que ça va
mieux de son côté. J’ai vu qu’il a
repris l’entraînement, donc
c’est bien.
Arrière droit à huis clos, cela
signifie une mi-temps entière
à avoir l’entraîneur sur le dos?
(Rires.) Oui, là, on ne peut pas dire
qu’on n’a pas entendu. Mais c’est
EN BREF
25 ANS
1,78 m ; 65 kg.
Olympique Lyonnais
Défenseur.
4 sélections.
¢ 2018 : le 31 janvier, l’OL
annonce la signature du
capitaine de Nantes pour
un contrat de quatre ans.
Libre, Dubois rejoint Lyon
quelques mois plus tard.
¢ 2019 : le 2 juin, il porte
pour la première fois le
maillot des Bleus. Lors
du match amical France-
Bolivie (2-0), il remplace
à la pause le défenseur
du Bayern Munich,
Benjamin Pavard.
la chronique de Bixente Lizarazu
Défensivement,
le Bayern doit
corriger des choses
Sur le papier, le Bayern Munich est favori. Ils sont
dans une très bonne phase. Ils ont une régularité
dans la performance. Ils ont été extrêmement
impressionnants face à Barcelone. Après,
c’est l’histoire d’un match: quand tu fais douter
une équipe, elle peut mal réagir. Les matches à
élimination directe changent la donne. La formule
change pas mal de choses. Sur un match,
une équipe moins forte a plus de chances de
s’imposer. Mais on peut parler de quelque chose
de précis. Le potentiel offensif du Bayern
“Lyon va devoir mettre la même
intensité, la même agressivité
dans les duels au milieu
de terrain que face à City
et ils devront être constamment
,,
dangereux sur les attaques
rapides
est énorme, avec Müller, Lewandowski, Perisic,
Gnabry, Coman. Et le banc du Bayern est dingue:
tu enlèves deux, trois, quatre joueurs, et l’équipe
est aussi forte, voire plus forte parce que tu as du
sang frais. Le milieu de terrain est très, très fort
avec Goretzka, Alcantara, Kimmich qui peut
y jouer même s’il est arrière droit en l’absence
de Pavard.
Mais par rapport au dernier match,
défensivement, le Bayern doit corriger des
choses. En première période, ils ont commis des
erreurs assez inhabituelles, ils n’ont pas bien joué
l’alignement et ont laissé des espaces. Il y a eu
vingt, trente premières minutes où ils ont montré
une fragilité «relative» compte tenu du score…
Mais j’ai cru comprendre que les défenseurs
avaient pris cher. Lyon va devoir mettre la même
intensité, la même agressivité dans les duels au
milieu de terrain que face à City et ils devront être
constamment dangereux sur les attaques
rapides. Parce que, ce qui les a sauvés face à City –
et ce que n’a pas su faire l’Atalanta Bergame
contre Paris –, c’est que même quand ils ont
souffert, ils étaient toujours en capacité de placer
des attaques, alors que Bergame n’a fait que subir
à un moment donné. Mais tout dépend du
contexte du match. N’importe quelle grande
équipe, quand elle est menée, peut douter.

Le défenseur de l’OL,
à l’entraînement
vendredi dernier,
à la veille de
la rencontre
face aux Citizens.
3
bien, ça te stimule, ça maintient ta
concentration dans toutes tes
tâches collectives. Sans public, en
fait, on se rend vraiment compte
de l’ampleur de la Comme le nombre
communication, sur le terrain, de buts sur lesquels
entre joueurs, qu’elle soit a été impliqué
bonne ou mauvaise. Léo Dubois en
Vous faites partie du groupe de 13 matches de Ligue
leaders désignés pour discuter des Champions.
avec Rudi Garcia. Mais on a Le défenseur de l’OL
souvent parlé de l’OL comme a inscrit un but et délivré
d’une équipe sans leaders… deux passes décisives
Oui, on a beaucoup dit qu’on n’avait depuis ses débuts
pas de leaders. Mais les résultats dans la compétition
sont là, l’état d’esprit aussi, alors en 2018-2019.
que les joueurs n’ont pas changé.
J’ai toujours dit qu’à l’OL il y avait
des leaders pour chaque domaine.
Il fallait que ça prenne, et avec des
périodes comme ça, le Covid, une
préparation aussi longue, ce qui se
passe ici, à Lisbonne, cela a pris.
De Maxence Caqueret, qui débute,
à Marcelo ou “Antho” Lopes, qui
ont plus d’expérience, tout le
monde s’écoute et sait entendre ce
que l’autre a à lui dire. Et c’est une
force.
C’est une saison bizarre pour
tout le monde, et pour vous plus
encore: après votre blessure au
genou gauche en novembre
(contre Strasbourg, en L1, 2-1),
vous avez rejoué trois semaines,

t
fin février, avant l’arrêt. Et vous
revoilà cinq mois après.

ellemen
actu
C’est une saison particulière, oui,
mais il faut passer à autre chose,
Franck Fife/AP

oublier ce qui s’est passé avant. On

est là pour essayer d’aller au bout.
Pour continuer de rêver.» É
16 footba ll
LIGUE DES CHAMPIONS
Gros moteur, peu de bougies
Le milieu de terrain lyonnais a 64ans, mais à trois. Aouar, Guimaraes (22ans) et Caqueret
(20ans) sont au cœur du nouvel OL. Aucun autre quart-finaliste n’avait un milieu aussi jeune.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
VINCENT DULUC
LISBONNE – Ils sont en demi-finales
de la Ligue des champions, mais
ils ont l’âge de manger des cho-
cos BN à la collation. Les trois mi-
lieux de terrain titulaires de l’OL
sont des mômes: privés d’un aîné
depuis le départ à l’Hertha Berlin
du vétéran Lucas Tousart
(23 ans), Houssem Aouar (22 ans),
Bruno Guimaraes (22 ans) et
Maxence Caqueret (20 ans) com-
posent un jeune cœur du jeu. Cela
a dû rappeler quelque chose à
Pep Guardiola, samedi soir, après
son élimination avec Manchester
City (1-3).
En septembre 2018, lorsque
l’OL s’était imposé à l’Etihad Sta-
dium (2-1), en phase de groupes,
le milieu de terrain lyonnais était
encore en post-formation, avec
une ligne de quatre, de droite à
gauche, composée de Cornet
(21 ans), Ndombele (21 ans),
Cheikh Diop (21 ans) et Aouar
(20 ans), avant l’entrée en jeu de
Tousart (21 ans).
Houssem Aouar, le détonateur
demi-finales
Chez les quart-finalistes de la
Ligue des champions, cette sai-
son, pareille jeunesse n’existe
pas. Parmi les titulaires consta-
tés à Lisbonne depuis une se-
maine, seul Dani Olmo (Leipzig,
22 ans) se situe dans les âges
lyonnais. Ensuite, il faut aller
chercher Frenkie de Jong (23 ans)
à Barcelone, mais l’âge des trois
autres, Arturo Vidal (33), Sergio
Busquets (32) et Sergi Roberto
(28), suggérait plutôt l’idée d’une
régénération.
Globalement, la moyenne est
plutôt à 27-28 ans pour tenir la
salle des machines. Le Bayern
est dans cette fourchette avec son
milieu à deux composé de Thiago
Alcantara (29 ans) et Leon Go-
retzka (25).
Il fut un temps où l’OL avait le
meilleur milieu de terrain d’Eu-
rope, avec Juninho, Michael Es-
sien et Mahamadou Diarra, au
milieu des années 2000. Au-
jourd’hui, il a le plus jeune, et l’un
des plus intéressants. Juninho,
évidemment, n’a rien oublié,
mais le Brésilien, aujourd’hui di-
Bruno Guimaraes, le bosseur
Lyon 21 h
recteur sportif, analyse la jeu-
nesse du trio comme une cir-
constance, recentrant le débat
autour du talent : « Le milieu de
terrain est le cœur d’une équipe. Le
Real Madrid a gagné trois fois la Li-
gue des champions avec Casemiro,
Kroos et Modric. Le Barça a dominé
tout le monde avec Busquets, Xavi
et Iniesta. Tu verras rarement une
grande équipe sans un grand mi-
lieu. Aujourd’hui, quand Thiago et
Goretzka ont le ballon au Bayern, il
se passe quelque chose. Mais voir
cette jeunesse s’exprimer chez
nous n’est pas une surprise.»
“Houssem Aouar
commence à avoir de la
bouteille (...) Son match
face à City a été l’un des
ai vu faire ,,
plus accomplis que je lui
GÉRARD HOULLIER,
CONSEILLER DU PRÉSIDENT AULAS
Du reste, Gérard Houllier, le con-
seiller de Jean-Michel Aulas, fait
la différence entre la jeunesse et
l’expérience : « Houssem Aouar
Bayern Munich
commence à avoir de la bouteille.
Et comme par hasard, ayant l’expé-
rience du haut niveau, il est toujours
là dans les grands matches. Il a été
décisif sur tous nos derniers ren-
dez-vous européens. Son match
face à City a été l’un des plus ac-
complis que je lui ai vu faire.»
Juninho, qui souligne égale-
ment la justesse de la gestion de
cette jeunesse – « Rudi (Garcia) a
su attendre le bon moment pour in-
tégrer Maxence Caqueret » –, évo-
que, plus que l’âge, la complé-
mentarité de ces trois-là: «Même
s’il n’a pas l’expérience, Maxence
est très intelligent. Il fait beaucoup
physiquement et tactiquement
pour l’équipe, pour équilibrer Hous-
sem (Aouar). Et il fera plus techni-
quement avec le temps, il en est ca-
pable. Derrière Bruno (Guimaraes)
est un joueur très intelligent aussi.
Ils sont jeunes mais ils ont envie de
réussir. Maxence et Bruno sont des
bosseurs. Houssem, lui aussi, a
pris conscience qu’il fallait faire
plus au quotidien, car la carrière va
vite et c’est le travail quotidien qui
fait gagner les matches. Il l’a com-
Maxence Caqueret, le stabilisateur
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
pris pour tout le reste de sa carrière
professionnelle, je pense.»
Ancien capitaine de l’OL
(334 matches de 2009 à 2017), bu-
teur en Ligue des champions à
20 ans, à Liverpool (2-1), en 2009,
Maxime Gonalons apprécie les
héritiers : « Je ne suis pas étonné.
Quand on les voit jouer, ça pue le
foot. C’est beau à voir. Alors, si en
plus les gars ont envie… » Depuis
sa maison lyonnaise, où il se re- stats
met doucement du Covid-19 qui
retarde son retour à Grenade,
l’ancien milieu de l’OL (31 ans)
Le trio ratisse large
pointe également le caractère Top 10 des meilleurs
particulier de cette phase finale récupérateurs en quarts de
de Ligue des champions : « Dans finale.
ce décor, tu ressens moins de ten- 1 Caqueret
sion, il n’y a pas la pression du pu- 10
blic sur les jeunes joueurs. Tu peux - Rodri (Man City)
jouer un match comme à l’entraî-
nement, même si l’adversité est là,
énorme.»
3 A. Herrera (PSG)
4 Aouar
9
10
Tout est assez énorme, 8
d’ailleurs, dans cette affaire. - Freuler (Atalanta)
Comme le fait que le dix-huitième 8
match professionnel de Maxence 6 De Roon (Atalanta)
Caqueret sera une demi-finale de 7
Ligue des champions. É 7 Guimaraes
6
- Kampl (Leipzig)
6
- Gündogan (Man City)
6
- Thiago (Bayern Munich)
6
Maxence
3 Caqueret et Bruno
Guimaraes ont
chacun réalisé trois tacles
lors de leur quart de finale
de Ligue des champions,
face à Manchester City.
Aucun joueur n’en a réalisé
davantage à ce stade de la
compétition.
Aouar, leader
chez les dribbleurs
Top 3 des plus gros
dribbleurs parmi les milieux
de terrain en quarts de
finale.
1 Aouar
6 (4 réussis)
2 Laimer (Leipzig)
5 (4)
3 Carrasco (A. Madrid)
5 (3)
Bastien Boué et Pierre Lahalle /L’Équipe
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Stéphane Mantey/L’Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
HUGO GUILLEMET
LISBONNE – Ils ont l’esprit de com-
pétition, et ils n’aiment pas per-
dre : le Munichois Kingsley Co-
man (24 ans) et le Lyonnais
Moussa Dembélé (24 ans) ont
beaucoup p us souvent gagné
ensemble que perdu mais, ce
soir, il y aura un déçu. Les deux
Titis parisiens ont grandi l’un
avec l’autre, collés, à tout parta-
ger depuis l’enfance dans les
écoles de foot du PSG.
« Ils étaient tout le temps four-
rés tous les deux, résume Dylan
Batubinsika, le défenseur du
Royal Antwerp. On était un bon
petit groupe de quatre ou cinq et
on ne se quittait jamais, du matin
au soir. » Et du soir au matin,
aussi, parfois. À l’internat de
Verneuil-sur-Seine (Yvelines),
en préformation, il arrivait à la
bande de se réunir en cachette,
tard le soir, dans la chambre de
Souleymane Doumbia (le latéral
gauche du SCO d’Angers).
« On restait posés, on rigolait…
et on allait dehors par la fenêtre,
avoue Batubinsika. On courait
jusqu’à la forêt, aller-retour, des
DEMBÉLÉ-COMAN
L’amitié au sommet
Ils sont meilleurs amis, s’appellent tous les jours
et, ce soir, s’affrontent dans une demie de C1.
L’attaquant lyonnais et l’ailier du Bayern vont vivre
un moment fort de leur histoire commune.
Coéquipiers au Paris-SG de Moussa
Dembélé (à gauche) et Kingsley
Coman en équipes de jeunes, Presnel
Kimpembe est resté dans le club de
la capitale tandis que Ferland Mendy
évolue désormais au Real Madrid et
James Léa-Siliki a rejoint
le Stade Rennais.
grands sprints à minuit ! Et le der- viendra leur entraîneur, plus
nier qui revenait avait un gage. » tard, en moins de 16 ans. Qui peut
On présume que Coman, déjà le dire qu’il n’en a pas fait à l’adoles-
plus rapide à 13 ans, n’a pas eu cence ? Ils sont en groupe, ils se
souvent à faire le tour du lit à clo- construisent. Sur le terrain, ils
che-pied. avaient des attitudes très positives,
ils écoutaient et ils aimaient le
“Sur le terrain, ils avaient club. Ils étaient déjà formatés pour
des attitudes très le haut niveau. » Le technicien de
positives, ils écoutaient 50 ans suit ce « Final 8 » avec
et ils aimaient le club. émotion, puisqu’il est sûr de voir
Ils étaient déjà formatés
pour le haut niveau ,,
LAURENT BONADÉI, L’ENTRAÎNEUR DE COMAN ET
l’un de ses ex-Titis soulever la Li-
gue des champions (il a aussi été
le coach de Kimpembe).
DE DEMBÉLÉ AVEC LES –16 ANS DU PSG Au PSG, il avait mis en place un
4-2-3-1 avec Dembélé en pointe
«Ces petites bêtises, c’est normal, et Coman, capitaine, en nu-
sourit Laurent Bonadéi, qui de- méro 10. « J’aimais bien avoir
Özkaçar, enfin arrivé à Lyon
Annoncé dans nos colonnes le 23 juillet, le
transfert de Cenk Özkaçar vers l’Olympique
Lyonnais a enfin trouvé son
aboutissement. Le défenseur central
gaucher turc âgé de 19 ans a en effet
atterri lundi à Lyon. Il a passé sa visite
médicale avant de s’engager pour cinq ans.
Son arrivée avait été retardée à cause de
problèmes de visa liés à la crise sanitaire.
Lyon - Bayern Munich
Kingsley dans l’axe car il a beau-
coup d’activité et il pouvait partir où
il voulait, explique Bonadéi. Il avait
trouvé une bonne complémenta-
rité avec Moussa, qui finissait le
travail.» «Ils nous faisaient gagner
les matches », appuie Batubin-
sika. Même contre les plus
grands: un jour, le PSG rencontre
le Barça de Munir El-Haddadi,
génération 1995. Sur la pelouse,
les deux Titis ont un an de moins
que les Catalans. «Coman met un
but magnifique et Dembélé éga-
lise, alors que c’était des 1996.
C’est là où je me suis vraiment dit:
‘’Ah oui, on a vraiment des très
bons joueurs.’’ »
L’OL a payé 1,5 M€ pour racheter sa
dernière année de contrat à l’Altay SK (D2
turque). L’international Espoirs turc va
intégrer l’équipe réserve pour la
préparation. Il sera ensuite très
certainement prêté afin de ne pas bloquer
l’émergence de Castello Lukeba (17 ans),
qui joue au même poste et sur qui l’OL
fonde de grands espoirs. H.G.
demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS
Les deux compères se parlent
tous les jours au téléphone, et la
perspective de se retrouver ce
soir en demi-finales de la Ligue
des champions n’a pas freiné
leurs discussions. « Il faut qu’ils
fassent gaffe à ne pas se donner
des informations qu’ils ne doivent
pas se donner », rigole Bonadéi.
Coman et Dembélé ne sont pas
sûrs de débuter, mais ils auront
tous les deux un rôle important
dans le match. Ils reparlent peut-
être aussi de la finale de 2015,
perdue par Coman avec la Juve
face au Barça (1-3). Dembélé
était dans les tribunes à Berlin,
ce soir-là, pour encourager son
pote.
Ou alors échangent-ils sur
leurs parties de Football Mana-
ger, au PSG, quand chacun pre-
nait un gros club de Premier
League. «C’était notre vie, assure
Batubinsika. On était vraiment de-
dans, on pétait les plombs quand
on perdait. Kingsley a déjà cassé
son ordi. Et Moussa, un jour, il s’est
mis à la fenêtre et il disait ‘’je vais
sauter!’’ Ce sont des souvenirs ex-
traordinaires. » Ils ont l’occasion
d’en fabriquer un autre, tout à
l’heure, à Lisbonne. É
17
SM/EXPA/Presse sports
Youth League
quarts de finale
hier
Midtjylland (DAN)
1-3 AJAX AMSTERDAM (HOL)
D. Zagreb (CRO) 1-3 BENFICA (POR)
En capitales, les qualifiés.
aujourd’hui
RB Salzbourg (AUT) 15 h Lyon
RMC Sport 1
Inter Milan (ITA) 18 h Real
Madrid (ESP)
demi-finales
RMC Sport 2
samedi
Ajax Amsterdam (HOL) 15 h
Benfica (POR)
RB Salzbourg (AUT) ou Lyon 18 h
Inter Milan (ITA)
ou Real Madrid (ESP)
La finale aura lieu mardi 25,
à 18 heures, à Nyon (SUI).
L’OL DIMINUÉ
Les U19 lyonnais ne partent
pas favoris de ce quart face
au RB Salzbourg. Ils sont
privés d’éléments clés du
début de campagne. Cherki,
Bard ou Diomandé sont avec
le groupe pro à Lisbonne,
alors que Kalulu (AC Milan)
ou Gouiri (Nice) sont partis
cet été. H.G.
18 footba ll Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE DES CHAMPIONS demi-finales Lyon 21 h Bayern Munich

Lewandowski, le séjour en grâce

Longtemps dans l’ombre des grandes stars, l’attaquant du Bayern, irrésistible
cette saison, se pose désormais en référence mondiale au poste d’avant-centre.
DAVID FIOUX
Un monstre de régularité
Parce que c’est le meilleur moyen Bilan de Lewandowski chaque saison avec le Bayern, toutes compétitions confondues.
d’emmener le Bayern Munich en
finale de la Ligue des champions, Buts Passes décisives Matches
Robert Lewandowski fera évi- 2019-20 54 9 45
demment tout ce qui est en son 2018-19 40 9 47
pouvoir pour marquer contre 2017-18 41 4 48
Lyon, ce soir. Mais l’attaquant po- 2016-17 43 8 47
lonais (31ans) n’aura pas que cela
2015-16 42 4 51
à gagner lors de cette demi-fi-
nale. Un but, son 55e depuis août 2014-15 25 8 49
dernier, et il deviendra l’égal du
Gerd Müller de 1972-1973, le
meilleur buteur d’un club alle-
mand sur un exercice.
Il n’y a pas forcément besoin de
battre un record pour réaliser une
saison inoubliable, mais la lé-
Au sommet européen
gende de Lewandowski s’est Classement des meilleurs buteurs en 2019-2020, toutes compétitions confondues.
beaucoup écrite jusque-là à Buts Matches
coups d’exploits d’un soir, et la du- 1 Lewandowski (Bayern, ALL) 54 45
rée demeure la marque des
2 Immobile (Lazio Rome, ITA) 39 44
grands. Après l’impensable quin-
tuplé réussi en neufminutes con- 3 C. Ronaldo (Juventus, ITA) 37 46
tre Wolfsburg en 2015 (5-1), après Répartition de ses 67 buts 4 Werner (Leipzig, ALL) 34 45
le premier quadruplé jamais ins- en Ligue des champions 5 Sterling (Manchester City, ANG) 31 52
crit en demi-finales de la Ligue - Lukaku (Inter Milan, ITA) 31 49
des champions (avec Dortmund - Messi (FC Barcelone, ESP) 31 44
contre le Real Madrid en 2013,
4-0), l’avant-centre vit tout sim-
plement une saison de folie.
Ronaldo dans le viseur
et Ronaldo ,,
“Il est au niveau de Messi
STEFAN EFFENBERG,
pied droit
46
tête
13 Les meilleurs buteurs en Ligue des champions sur une saison.

L’ANCIEN MILIEU DU BAYERN 1 C. Ronaldo (Real Madrid, ESP) 17 2013-2014

2 C. Ronaldo (Real Madrid, ESP) 16 2015-2016
Ses 34 buts en 31 matches de
Bundesliga ont assuré au Bayern 3 C. Ronaldo (Real Madrid, ESP) 15 2017-2018
un 8e titre de champion d’affilée, il pied gauche autre 4 Lewandowski (Bayern Munich, ALL) 14 2019-2020
a terminé 78 % de ses matches 7 1 - Messi (FC Barcelone, ESP) 14 2011-2012
avec au moins un but au comp-

18
teur et planté 14 doublés. Alors
forcément, les louanges viennent Parce qu’il est au niveau de Messi et depuis six ans est aussi le sien. accompagne Lewandowski de- image de star absolue. Sa griffe
de partout. «Je ne me souviens pas Ronaldo, cela ne fait aucun doute.» Une limite qui se retrouve en sé- puis qu’il a compris qu’il n’irait « RL9 » est encore loin de rivali-
d’un attaquant de Bundesliga qui Au niveau des deux monstres lection : invincible en phase de sans doute jamais au Real, le rêve ser avec le « CR7 » de Ronaldo et
soit resté à ce niveau autant de du XXIe siècle ? On peut toujours Il a marqué lors de qualifications, le Polonais a ter- de sa vie. À l’été 2018, l’attaquant même ses pairs en Bundesliga
temps, se prononce Stefan Effen- en discuter, mais au moins le dé- 18 de ses 20 matches miné l’Euro 2016 avec un but et avait expressément mandaté le continuent de prier un dieu d’Es-
berg, l’ancien milieu du Bayern, bat est ouvert, après avoir été en 2020, traversé la Coupe du monde 2018 super intermédiaire Pini Zahavi pagne. Dans le sondage annuel
aujourd’hui consultant pour t-on- longtemps expédié. Si sa carbu- toutes compétitions comme une ombre. pour débloquer un transfert à réalisé en juillet par le magazine
line. Il y a Gerd Müller, bien sûr, ration ne date pas d’hier, Lewan- confondues. A-t-il franchi le palier ? C’est Madrid, mais l’affaire n’a jamais Kicker auprès des joueurs du
mais ensuite Lewandowski. J’es- dowski a souvent échoué à em- Seuls Leipzig (le 9 février, plutôt le sens de ses prestations pu se conclure. Parce qu’il y avait Championnat d’Allemagne, 43 %
père que tout le monde a compris porter la décision dans les grands 0-0) et Dortmund (le cette saison contre les grosses Ronaldo et Benzema, parce qu’il y placent Lewandowski en
maintenant qu’il mérite l’appella- matches et le plafond de verre du 26 mai, 1-0 pour le Bayern) équipes. Il ne vient pas d’écraser avait son âge, et parce que le meilleur footballeur du pays
tion de joueur de classe mondiale. Bayern en demi-finales de la C1 lui ont résisté cette année. le Barça à lui seul (8-2) mais il a Bayern ne voulait pas le perdre. mais seulement 11 % en
participé au festival (1but, 1passe meilleur du monde, loin derrière
décisive), après avoir démoli Le Bayern veut Messi (55%).
Chelsea en huitièmes de finale, un Ballon d’Or pour lui Le Ballon d’Or France-Football
Quand il affrontait Marcelo en Pologne... avec 3 buts et 4 passes décisives
sur la double confrontation (3-0,
Depuis, le Polonais s’investit
comme jamais avec le club alle-
2020, où ses chances de victoire
paraissaient meilleures que ja-
Le 18 octobre 2009, Robert 4-1). Les jours précédents, il mand, finalement la meilleure mais, représentait l’occasion rê-
Lewandowski, alors âgé de 21 ans n’avait pourtant pas donné l’im- exposition possible. Promu troi- vée de s’inviter parmi les légen-
et qui évolue au Lech Poznan, pression d’appuyer sur l’accélé- sième capitaine de l’équipe (der- des, mais son annulation à cause
affronte le Wisla Cracovie rateur. «Quand j’ai vu ce qu’il faisait rière Neuer et Müller), il encou- de la pandémie de coronavirus le
d’un certain...Marcelo (22 ans). la semaine à l’entraînement, je me rage les jeunes, monte au prive d’une gloire potentielle.
C’est le Polonais qui remporte suis dit : “Mais il faut que je lui de- créneau pour demander des C’est le sens de la campagne
ce duel visiblement musclé face au mande pourquoi il ne court pas ou renforts aux dirigeants et n’a ja- menée par Karl-Heinz Rumme-
Brésilien de l’OL : il marque le seul quoi ?”, a raconté Leon Goretzka, mais suscité autant d’attache- nigge, le patron du Bayern, qui
but de la rencontre à l’heure de jeu. le milieu munichois, après la ment auprès des supporters, qui veut s’assurer que la FIFA remet-
Marcelo prendra sa revanche au qualification contre les Londo- commencent à apprécier tra bien un prix de meilleur
Newspix / Icon Sport

retour, le 24 avril 2010, puisque les niens. Et lui m’a juste dit : “Reste l’homme après avoir admiré la joueur de l’année, destiné si pos-
deux équipes se quitteront cette calme. C’est samedi qui est impor- machine. sible à son avant-centre. Ce soir,
fois sur un score nul et vierge. tant.”» Lewandowski vit son état de Lewandowski a vraiment beau-
Mais Poznan terminera champion Cela ressemble à la maturité, grâce, même s’il lui reste du tra- coup de raisons de vouloir
en fin de saison, devant...le Wisla. ou du moins à la raison. Celle qui vail à accomplir pour se polir une marquer. É
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
19
Lyon - Bayern Munich demi-finales LIGUE DES CHAMPIONS

décryptage
Auteur de multiples cartons en Ligue des champions, le Bayern Munich est
propulsé par une panoplie offensive infinie, qui en fait le favori pour la victoire finale.
RAPHAËL COSMIDIS
Le FC Barcelone n’est pas la pre-
mière victime du Bayern Munich
(2-8 en quarts de finale, vendredi)
sur la scène européenne cette sai-
son. Certes, aucun autre club
n’avait concédé huit buts contre
les Bavarois. Mais plusieurs au-
tres ont dégusté: Tottenham (2-7,
le 1er octobre) et l’Étoile Rouge
Belgrade (0-6, le 26 novembre) en
phase de groupes, ainsi que Chel-
sea en huitièmes de finale (0-3, le
25 février, 1-4, le 8 août). À l’excep-
tion d’une gestion de la profon-
deur suspecte (ce qui pourrait
convenir à Karl Toko Ekambi et
Moussa Dembélé), le champion
d’Allemagne n’a affiché aucune
faille contre le Barça. Il a surtout
exhibé sa force de frappe : six bu-
teurs différents et autant de pas-
seurs décisifs que de buts.
La supériorité du Bayern dé-
marre dans les pieds de sa ligne
arrière. Avec Manuel Neuer, Jé-
rôme Boateng et David Alaba, ac-
compagnés de Thiago Alcantara
qui aime décrocher auprès d’eux,
Hybride et électrisant
la sortie de balle se révèle particu-
lièrement aisée. Propre dans son
jeu au pied, Neuer peut compter
sur la complémentarité technique
de ses centraux pour faire avancer
l’équipe : tandis que Boateng en-
chaîne les longues transversales
vers l’aile gauche occupée par Al-
phonso Davies, Alaba se charge
de casser les lignes adverses
dans le cœur du jeu (voir capture 1).
Lorsque l’adversaire vient pres-
ser haut, le Bayern mise sur la va-
riété de ses possibilités : Thiago
peut résister individuellement à la
pression, tout comme Alaba. Boa-
teng emploie alors son jeu long
pour attaquer la profondeur, sur
des appels longs de Robert Le-
wandowski ou Thomas Müller.
Une stratégie déjà utile à l’époque
de Pep Guardiola (2013-2016).
Harcelée par certains adversaires
(comme le Dortmund de Jürgen
Klopp et de Thomas Tuchel, ou le
Bayer Leverkusen de Roger
Schmidt), la version catalane du
Bayern ne s’entêtait pas dans de
petits espaces. Autant attaquer
celui que l’adversaire découvre.
Question espaces, peu de
joueurs les exploitent aussi bien
que Müller. Ni numéro 9 ni nu-
méro 10 depuis le début de sa car-
rière, le champion du monde 2014
se rapproche petit à petit d’un rôle
de meneur de jeu, toujours à sa fa-
çon: sans fioritures ni dribbles. En
associant mobilité et intelligence,
il démontre peut-être ce que sera
le numéro 10 axial de demain, un
homme qui vit en une ou deux tou-
ches dans des aires de jeu com-
pressées par la densité adverse.
Auteur de 21 passes décisives en
Bundesliga cette saison, il a enté-
riné sa transformation en un pas-
seur d’exception, qui, sans le bal-
lon, ne cesse d’indiquer à ses
coéquipiers où se déplacer.
La moitié du onze peut
changer de registre
Müller partage avec plusieurs de
ses partenaires une aptitude à
jouer partout sans se fixer nulle
part : à 30 ans, son poste est tou-
jours flou. Plus bas, Alaba, qui était
numéro 10 dans sa jeunesse, s’est
installé comme latéral gauche
avant de devenir défenseur cen-
tral. Joshua Kimmich, milieu axial
en jeunes, est passé latéral droit,
puis revenu au milieu de terrain,
sans perdre sa capacité à évoluer
dans le couloir. Davies, ailier de
formation, s’annonce comme un
des meilleurs latéraux gauches
des années 2020. Des profils hy-
brides qui rendent le Bayern im-
prévisible : la moitié du onze peut
changer de secteur et de registre
d’une séquence de jeu à une autre
(voir capture 2).
Cette interchangeabilité parti-
cipe au dynamisme du jeu muni-
chois dans les couloirs, une tradi-
tion du club. À gauche, Ivan Perisic
et Davies peuvent tous deux per-
cuter ou occuper une position plus
intérieure. À droite, Serge Gnabry
est autant un ailier qu’un second
attaquant (sa position moyenne
face au Barça fut d’ailleurs très
centrale), compensant les décro-
chages de Müller. Kimmich, sup-
pléant de Pavard ces dernières
semaines, suffit à animer le flanc
droit. Le volume de jeu des laté-
raux munichois permet aux ailiers
de se recentrer régulièrement
(voir capture 3).
Menaçant au point d’attirer l’at-
tention d’une ligne défensive en-
tière à lui tout seul, Robert Lewan-
dowski profite de l’allant collectif
du Bayern. Il n’avait jamais autant
marqué, que ce soit en Bundes-
liga (34 buts en 31 matches) ou en
Ligue des champions (14 buts en
8 matches).
Épouvantail de la compétition
depuis la nomination d’Hansi Flick
comme entraîneur (en novem-
bre), le Bayern 2020 emprunte à
tous les vainqueurs précédents
sans pour autant leur ressem-
bler : il peut contre-attaquer
comme le Liverpool de Klopp
grâce à ses flèches dans les cou-
loirs, garder le ballon comme le
Real Madrid de Zinédine Zidane
via la qualité technique de ses dé-
fenseurs et ses milieux, ou domi-
ner athlétiquement l’adversaire
comme le faisait le dernier grand
cru munichois, en 2013. Lyon de-
vra être encore meilleur que con-
tre Manchester City pour briser
l’élan bavarois. É

1 2 3
Müller

Müller Alaba Perisic

Kimmich Thiago
Alaba
Documents RMC Sport

Perisic

Davies

Juste dans la passe, Alaba sait allonger ses transmissions pour Müller va lancer Kimmich, venu à l’intérieur, en une touche de balle. Fusion inouïe de puissance et de technique, Davies, latéral,
trouver des partenaires entre les lignes, comme ici Müller. Pour compenser le dézonage de Müller, Perisic s’est aussi recentré. prend le couloir. Perisic, ailier, est une fois de plus à l’intérieur.

ESPAGNE FC Barcelone

Abidal, deuxième au revoir

Bernard Papon/L’Équipe

Sept ans après son départ en tant que joueur, le secrétaire technique français a quitté le Barça hier.
Une décision impulsée par ses rapports compliqués avec le vestiaire et un recrutement insatisfaisant.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
FLORENT TORCHUT
LISBONNE – En 2013, il était parti
comme une légende, les lar-
mes aux yeux, à l'issue d'une
conférence de presse mémo-
rable, acclamé par ses cama-
rades Carles Puyol, Xavi, An-
drés Iniesta et Lionel Messi,
avec qui il avait glané tous les ti-
tres possibles en six saisons en
tant que joueur barcelonais. De
retour au poste de secrétaire
technique en juin 2018, Éric Abidal
a rompu hier le contrat qui le liait
au Barça, qui s'est contenté cette
fois d'un court communiqué. Le
président Josep Maria Bartomeu
a ensuite expliqué sur Barça TV que la déci-
sion venait de l’ancien défenseur (40 ans).
Il s’est mis Messi à dos
Sa seconde vie blaugrana n'aura pas été
couronnée du même succès que la pre-
mière. Le choix de placer Quique Setién sur
le banc en janvier a été un échec.Le techni-
cien a été limogé lundi et sera remplacé par
Ronald Koeman «si rien ne se complique», a
confirmé Bartomeu hier. Recruté aussi
pour œuvrer au rapprochement de la direc-
tion et du vestiaire, ainsi que pour initier la
relève d'un effectif vieillissant, Abidal a failli
dans sa mission. Apprécié de Lionel Messi
lorsqu'ils évoluaient ensemble, le Français
a fini par se le mettre à dos, après avoir dé-
claré en février dans les colonnes de Sport
que « plusieurs joueurs n'étaient pas satis-
faits et ne travaillaient pas » sous les ordres
d'Ernesto Valverde, licencié trois semaines
auparavant. « Chacun doit être responsable
de son travail et assumer ses décisions », lui
avait notamment rétorqué le capitaine bar-
celonais sur Instagram, entérinant le di-
vorce entre Abidal et les cadres, qui l'ont
toujours considéré comme un homme du
président.
Parmi la dizaine de joueurs recrutés par
l’ex-international (67 sélections), seul Clé-
ment Lenglet (35,9 M€) s'est imposé
comme un indiscutable, alors que la moitié
des titulaires dans le champ (Messi, Sua-
rez, Jordi Alba, Piqué et Busquets) ont dé-
passé la trentaine. Les Brésiliens Malcom
(41 M€) et Arthur (30 M€ + 9 M€ de bonus)
se sont révélés être de mauvaises pioches.
Le premier est parti au Zénith Saint-Pé-
tersbourg au bout d'une saison, tandis que
le second vient de signer à la Juventus. Ar-
turo Vidal (19 M€), Martin Braithwaite
(18 M€) et Junior Firpo (18 M€) suivent le
même chemin, tandis que Frenkie De Jong
(75 M€) et Antoine Griezmann (120 M€), ar-
rivés l'été dernier, devront passer un cap
lors de la saison à venir.
Reste à voir si l'avenir donnera raison à
Abidal, alors que les jeunes Pedri (17 ans,
5 M€), Francisco Trincao (20 ans, 31 M€) et
Matheus Fernandes (22 ans, 7 M€), sur les-
quels le Français a jeté son dévolu cet été,
préparent déjà le prochain exercice au cen-
tre d’entraînement. Installé avec sa femme
et ses cinq enfants près de Barcelone, Abi-
dal observera cela de près, libéré de ses
obligations et de la pression médiatique et
populaire qui entoure le Barça.
 20 footba ll Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

LIGUE 1

Un report vendredi Expresso

et des peurs
Bordeaux 19 h Nantes
Téléfoot
samedi
Dijon 17 h Angers
Téléfoot
Lille 21 h Rennes
Téléfoot, Canal +
dimanche
Monaco 13 h Reims
Téléfoot
Nîmes 15 h Brest
Lorient - Strasbourg
Ces matches en duplex
sur Téléfoot et en intégralité
sur les canaux Téléfoot Stadium
Frédéric Porcu/L’Équipe
Les joueurs de Strasbourg
positifs au coronavirus ont
repris l'entraînement collectif
Alors que Strasbourg va débuter sa
saison de L1 sur le terrain de Lorient
dimanche (15 heures), Thierry
Laurey, l’entraîneur du Racing.
a enregistré cette semaine le retour
à l'entraînement collectif de huit
des neuf joueurs dépistés positifs au
Covid-19, début août (le dernier
positif est actuellement blessé).
Ceux-ci ont respecté une

Nice 17 h Lens quatorzaine stricte avant d’être

Avec quatre cas positifs à l’OM, la LFP a suivi sa commission Covid
et reporté le match contre Saint-Étienne, prévu vendredi soir en
ouverture de la L1. Le casse-tête du calendrier ne fait que commencer.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE
(avec B.Li.)
MARSEILLE – Le protocole, rien que le
protocole. Après avoir épluché les
documents fournis par l’OM, les
membres de la commission Covid
de la LFP ont conseillé le report du
match entre Marseille et Saint-
Étienne, programmé vendredi
soir au stade Orange–Vélodrome
en ouverture du Championnat
2020-2021. Nouveau diffuseur de
la L1, avec sa chaîne Téléfoot, le
groupe Mediapro est servi : trois
rencontres de cette première
journée ont déjà été décalées aux
16 ou 17 septembre, dont deux
pour des raisons bien plus ré-
jouissantes que la pandémie
(PSG-Metz et Montpellier-OL).
Cette recommandation des sa-
ges fera-t-elle jurisprudence ?
Elle respecte scrupuleusement le
document rédigé par la LFP et
transmis aux clubs pro en fin de
semaine dernière, un document
validé par le ministère des Sports,
et bientôt par la cellule interminis-
térielle de crise (CIC) si on se fie
aux propos de Didier Quillot, Le di-
rigeant général exécutif de la Li-
gue (LFP). Le point en question :
« Si l’équipe a plus de trois joueurs
ou encadrants isolés sur huit jours
glissants, le virus est circulant dans
le club. » L’OM a été concerné par
quatre cas: Jordan Amavi, signalé
le 13 août, puis Steve Mandanda,
Maxime Lopez et Valentin Rongier,
avisés le 16août.
À l’OM, qui a vu le Covid-19 tou-
cher plusieurs salariés du bâti-
ment administratif et des mem-
bres du centre de formation avant
le groupe pro, on a fait remonter
l’information selon les standards
établis. «L’heure est à l’urgence sa-
nitaire, confie un cadre olympien,
mais pour l’instant, le Covid, c’est
moins de matches, moins de recet-
tes, moins de certitudes. Moins de
tout. La crainte, c’est un calendrier
encore plus impacté que par la crise
des gilets jaunes à l’hiver 2019, avec
seulement 13 ou14 matches joués
pour nous à la trêve hivernale... »
Déjà déçu par une préparation
tronquée, avec deux amicaux an-
nulés (Montpellier, le 5août, Stutt-
gart, le 14août), André Villas-Boas
a dû renoncer à ce baptême du feu
face à Saint-Étienne qui l’obnubi-
lait, un an après un premier match
de L1 raté contre Reims. Il a com-
muniqué sur ses réseaux sociaux:
« Malheureusement, nous vivons
cette semaine entre une certaine
anxiété et des mauvaises nouvelles.
La pandémie qui, obstinément, con-
tinue de faire peur et d’affecter tant
de familles a fini par frapper à notre
porte également. Pour nous, c’est le
moment de la prévention et de l’at-
tention (...) Aux joueurs infectés et à
tout le groupe, je tiens à vous sou-
haiter force et courage..»
Puel s’interroge sur
le protocole de la Ligue
Masqué, tout comme son staff,
« AVB » a fait évoluer ses troupes
par petits groupes, hier à l’entraî-
nement. Les séances collectives
sont suspendues, les joueurs po-
sitifs en quarantaine. Même adap-
tation du côté des Verts. Hier,
Claude Puel a annoncé la nouvelle
du report à son groupe à l’issue de
la séance matinale, et « tout le
monde était plombé », selon ses
mots. Vendredi, il se contentera
d’une opposition avec les
24 joueurs de son groupe 1, non
touché par les derniers cas de Co-
vid-19 à l’Étrat.
«Je suis très pessimiste quant à
la tenue du Championnat, a expli-
qué le technicien sur France Info. Il
y a des ligues qui ne détectent que
les symptomatiques et ne testent
pas le reste. Là, on aurait pu très
bien penser que tous les joueurs né-
gatifs de Marseille puissent être dis-
ponibles et mettre en quarantaine
ceux qui ont été testés positifs. C’est
un protocole draconien. Si c’est une
question de prudence, il faut tout ar-
rêter. Chaque journée, automati-
quement il va y avoir des cas (...)
Comment manager une équipe,
physiquement, mentalement, com-
ment faire un Championnat tout
simplement équitable ? » Hier, on
apprenait que Nîmes passait en
vigilance orange, avec deux nou-
veaux cas suspects, faisant suite à
un premier test positif en fin de se-
maine dernière. É
Canal +
mercredi 16 septembre
Paris-SG 19 h Metz
Montpellier - Lyon
à définir
Marseile - Saint-Étienne
La rencontre aura lieu mercredi
16 ou jeudi 17 septembre.
Ligue 2 1re journée
samedi
Toulouse 15 h Dunkerque
beIN Sports 1
Amiens 19 h Nancy
Chambly - Paris FC
Guingamp - Niort
Clermont - Caen
Rodez - Grenoble
Auxerre - Sochaux
AC Ajaccio - Châteauroux
Valenciennes - Pau
Ces huit matches en multiplex
sur Téléfoot et en intégralité
sur les canaux Téléfoot Stadium
lundi 24 août
Troyes 20 h 45 Le Havre
beIN Sports 1
agenda
vendredi
Ligue Europa finale
Inter Milan (ITA) 21 h
Séville FC (ESP)
RMC Story, RMC Sport 1
Ligue des champions
femmes
quarts de finale
Atlético de Madrid (ESP) 18 h
FC Barcelone (ESP)
Glasgow (ECO) 18 h
Wolfsburg (ALL)
re
Ligue 1 1 journée
testés négatifs lors des derniers
examens pour être autorisés à
retrouver l'équipe. N.G.
La jauge pour Strasbourg-Nice
reste fixée
à 5 000 spectateurs...
Le club alsacien a annoncé hier
que sa demande de dérogation pour
accueillir davantage que
5 000 spectateurs contre l'OGC Nice,
un match prévu le dimanche
30 août, a été refusée. Le Racing
souhaitait pouvoir accueillir
11 430 spectateurs pour cette
rencontre de la deuxième journée de
L1, mais la préfecture du Bas-Rhin,
avec laquelle le club alsacien
collabore étroitement, « a décidé de
maintenir la jauge à 5 000 personnes
au vu du contexte sanitaire actuel ».
... celles de Dijon-Angers
et de Brest-OM aussi
Le DFCO avait déposé de son côté
une demande de dérogation pour
pouvoir accueillir 8 400 personnes
pour la rencontre de la première
journée de Ligue 1 contre Angers,
dimanche à 15 heures. La préfecture
de la Côte-d’Or l’a refusée.
Dijon jouera devant un maximum de
5 000 personnes. Brest, lui aussi,
a vu sa demande de dérogation
refusée par la préfecture du
Finistère, hier. Le club breton
souhaitait accueillir l'OM, le 30 août
(21 heures, deuxième journée),
devant 8 500 spectateurs.
A.Bi.
La FIFA annule tous
les matches internationaux

Bordelais et Nantais vont composer

Amenés à remplacer Marseille et Saint-Étienne , Bordeaux et Nantes
s’adaptent bon gré mal gré à leur nouveau calendrier.
Nommé en remplacement de Paulo Sousa le
10 août, Jean-Louis Gasset savait que le
temps lui serait compté pour préparer les Gi-
rondins pour le premier match de la saison
2020-2021 contre Nantes. Il l’est encore plus
depuis que le derby de l’Atlantique, prévu sa-
medi à 17 heures a été avancé à vendredi,
19heures, pour «remplacer» OM - ASSE.
« Cette modification du calendrier m’enlève
une opposition entre nous, qui était prévue de-
main après-midi (aujourd’hui), explique le
nouvel entraîneur des Girondins. Il s’agit d’une
séance importante de moins. Mais il faut bien y
aller un jour. Cette première rencontre contre
Nantes, ce sera comme si je faisais mon pre-
mier match amical (le cinquième et dernier
match de préparation des Bordelais,
prévu samedi dernier à Auxerre, a été annulé
en raison d’un cas positif au Covid-19 au sein
de l’effectif du club bourguignon). Le pro-
blème, c’est que ce match face à Nantes vaut
trois points. On part un peu dans l’inconnu.»
Une meilleure couverture
médiatique comme consolation
Gasset s’est consolé en voyant les défenseurs
Benito, Jovanovic et Mexer, tous trois conva-
lescents et absents lors du stage à Saint-
Paul-lès-Dax (Landes), reprendre l’entraîne-
ment, hier. Ce n’est pas encore le cas d’un
autre défenseur, le Brésilien Pablo, victime
d’une rupture du ligament croisé antérieur du
genou le 1er mars, devant Nice (1-1), et du mi-
lieu de terrain Yacine Adli, dont la lésion mus-
en septembre, sauf en Europe
Voir ci-dessus. La Fédération internationale a
National 1re journée annoncé hier qu'aucun match
samedi international ne serait disputé début
septembre, sauf en Europe, en
Ligue des champions
femmes
raison de la pandémie. La FIFA a
aussi acté de remplacer la fenêtre
culaire derrière une cuisse est en phase de ci- quarts de finale internationale prévue du 31 août au
catrisation. Lyon 20 h Bayern Munich (ALL) 8 septembre par une nouvelle
Côté nantais, ce jour de préparation en er
Canal + Sport fenêtre du 24 janvier au 1 février
moins, ajouté à un contexte déjà compliqué
Arsenal (ANG) 20 h Paris-SG 2022 « pour toutes les confédérations
avec les nombreux cas positifs au coronavi- beIN Sports 1 à l'exception de l'UEFA ». Par ailleurs,
rus, a été plus ou moins bien accueilli. « À la
Ligue 1 1re journée une nouvelle période (janvier 2022)
mi-journée, le staff a demandé aux joueurs s’ils
Voir ci-dessus. pour la Coupe d'Afrique des nations
acceptaient de jouer le vendredi au lieu du sa-
Ligue 2 1re journée (CAN) a aussi été ajoutée, « les dates
medi. Les avis étaient partagés dans le vestiaire,
Voir ci-dessus.
exactes restant à déterminer
selon une source proche du club. Les plus fa-
dimanche ultérieurement ». La même décision a
vorables ont surtout pensé à la meilleure cou-
été prise pour les matches féminins,
verture médiatique du match» pour convaincre Ligue des champions a précisé la FIFA. La fenêtre
leurs coéquipiers. Le club s’est en effet réjoui finale existante du 14 au 22 septembre
d’être concerné par « la toute première affiche Voir page 2. 2020 a été annulée pour toutes
officielle diffusée sur les antennes de la chaîne
Ligue 1 1re journée les confédérations à l'exception
Téléfoot».
B. Li., H. S. Voir ci-dessus. de l'UEFA.
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Téléfoot a dévoilé, hier, ses locaux, ses équipes et ses programmes à la presse.
Et résolu la question du report de son affiche initiale.
SACHA NOKOVITCH
Du neuf dans le PAF et dans le
foot. Hier matin, Mediapro a pré-
senté à la presse les locaux et les
studios flambant neufs de sa
chaîne Téléfoot, à Aubervilliers, à
proximité du périphérique pari-
sien. Avant de voir défiler les in-
carnations (voir par ailleurs) du
nouveau diffuseur de 80 % de la
Ligue 1 et de la Ligue 2, et des
Coupes d’Europe pour cette sai-
son, Jaume Roures a tenu à an-
noncer une bonne nouvelle à la
trentaine de journalistes installés
dans les gradins du grand studio
de la chaîne. « Nous pouvons offi-
cialiser notre accord de distribution
avec Apple», a glissé le grand pa-
tron du groupe audiovisuel espa-
gnol, ajoutant ainsi le géant amé-
ricain à la liste des autres
distributeurs de Téléfoot annon-
cés à ce jour, à savoir SFR et Bou-
ygues Telecom, outre l’offre OTT
(site internet et application) de la
chaîne. Orange, premier opéra-
teur télécoms de France, fait tou-
jours figure de grand absent, tout
comme Free et Canal+, notam-
ment pour l’accès par satellite
pour ce dernier.
Mais pendant la prise de parole
de Roures, la direction de Télé-
foot, en lien avec la Ligue de foot-
ball professionnel (LFP), finalisait
Marine Marck, Pierre
Nigay, Marina Lorenzo,
Thibault Le Rol
et Alexis Grasso
(de g.à dr.) sont
quelques unes des
figures de Téléfoot.
Premier souci
en coulisses l’avancée du match
Bordeaux-Nantes du samedi à
17 heures au vendredi à 19 heu-
res, en ouverture de la saison et
commenté par le duo Margotton-
Lizarazu. L’enjeu était énorme
après l’annonce un peu plus tôt
du report de Marseille-Saint-
Étienne (voir page 20). Les diri-
geants de la chaîne avaient été
discrètement alertés lundi soir
par la LFP, afin de tenter de s’or-
ganiser au mieux. « Bien évidem-
ment, on regrettait beaucoup cette
situation, mais on a regardé au plus
vite ce qu’on pouvait proposer
comme alternative, explique Ju-
lien Bergeaud, le DG de Mediapro
France. On avait lancé les abonne-
ments, on avait annoncé à tout le
monde qu’on lançait la chaîne ven-
dredi… Il n’était pas question de re-
noncer. Spontanément, on a pensé
à Bordeaux-Nantes, c’était plus
simple à décaler.» Véritable relais
entre la chaîne et les clubs, Jean-
Michel Roussier, en charge de
l’éditorial, précise l’orientation
choisie. « La Ligue ne pouvait pas
nous accorder la déprogramma-
tion sans l’accord des clubs, des
présidents, des entraîneurs et des
médecins. Je voudrais vraiment
saluer Jean-Louis Gasset et Chris-
tian Gourcuff pour leur ouverture
d’esprit, insiste l’ancien président
de Nancy. Mine de rien, être à J-1
ou J-2, dans une semaine de club,
cela veut dire quelque chose, ce
n’est pas seulement de la littéra-
ture… Ils ont accepté de bazarder
une journée dans leur semaine de
préparation, c’est tout à leur hon-
neur. Mais décaler un match de
deux jours, c’était exclu. Je me se-
rais abstenu de le demander.»
L’autre match du samedi, Lille-
Rennes, étant programmé sur
Canal+(21h), Téléfoot n’avait donc
qu’une réelle option.Et si la Ligue
n’a pas d’obligation contractuelle
de reprogrammer un match en
urgence, elle s’est néanmoins ac-
tivée pour trouver une solution de
repli à son nouveau partenaire.
Depuis plusieurs mois, les prési-
dents de l’élite ont pris cons-
cience de la nécessité d’accom-
pagner au mieux leur nouveau
diffuseur, qui règle quand même
près de 800 M€ par saison à lui
seul pour la Ligue 1 jusqu’en 2024
(Canal+ verse 330 M€ et Free
50M€) dont 172M€ versés dès le
6 août pour soulager leurs finan-
ces mises à mal par la crise sani-
taire. L’enjeu est donc de taille
pour le football français qui s’ap-
prête à lancer une saison particu-
lière. Hier matin, Jaume Roures
n’a d’ailleurs pas hésité à rappe-
ler publiquement que le timing de
la reprise n’était pas idéal et re-
gretté de ne pas avoir été entendu
21
médias extra i
par les instances. « Cela fait deux pour Téléfoot pour la suite, mais ce
semaines qu’on a demandé à la Li- n’était pas l’idéal pour le lance-
gue de reporter le démarrage de la ment. Il y a eu les matches décalés
“Cela fait deux saison d’une semaine, a-t-il pré- (du PSG et de Lyon reportés au
semaines qu’on cisé avec sa franchise habituelle, 16 septembre en Championnat)
a demandé à la avant d’en expliquer les raisons. Il et on savait aussi que tous les re-
y avait les problématiques liées au gards seraient logiquement tour-
Ligue de reporter Covid, on l’a vu avec le report de nés vers cette actualité europé-
le démarrage
,,
matches amicaux et celui d’OM- enne les jours suivants (la finale de
de la saison d’une Saint-Étienne aujourd’hui… (hier). C1 est prévue dimanche soir)…
semaine Mais il y avait aussi la Ligue des Malheureusement, on n’a pas
JAUME ROURES, champions avec des clubs français trouvé d’accord. » On n’en saura
PRÉSIDENT DE MEDIAPRO toujours en lice… Leur qualification pas plus. La première grande af-
pour les demi-finales est une très fiche de Téléfoot est donc atten-
bonne nouvelle pour le foot fran- due le dimanche 13septembre, à
çais, et une très bonne nouvelle 21 heures, avec le Classique
PSG-OM... É
La surprise Zubizarreta
Ils ont défilé sur le plateau de Téléfoot, hier matin, Côté commentateurs, Téléfoot comptera évidemment
tirés à quatre épingles. Présentateurs, consultants et sur le duo Grégoire Margotton-Bixente Lizarazu pour
commentateurs, ils incarneront les différents directs ses vingt meilleures affiches. Les autres voix
et programmes de la chaîne. La plupart des noms viennent de beIN Sports (Julien Brun et Smaïl
avaient fuité dans L’Équipe, excepté celui d’Andoni Bouabdellah) et de RMC Sport (Éric Huet et Luigi
Zubizarreta, ancien directeur sportif de l’OM, qui Colange). À la présentation, Marina Lorenzo animera
interviendra sur les affiches de Ligue des champions, en semaine, le midi, Au cœur des clubs, Thibault Le
tout comme l’ancien attaquant olympien Fabrizio Rol, Alexis Grasso et Saber Desfarges prendront en
Ravanelli. Parmi les différents experts, on retrouve main Culture foot à 19 heures et Pierre Nigay et
de jeunes retraités des terrains : Mathieu Bodmer, Marine Marck présenteront Night Club en deuxième
Christophe Jallet, Florent Balmont, Benjamin Nivet, partie de soirée. Autour des matches de L1 et de L2
Benoît Cheyrou, Loïc Perrin… mais aussi l’ancien du week-end, Smaïl Bouabdellah incarnera Samedi
coach de Troyes, Lyon et Marseille, Alain Perrin. foot et Thibault Le Rol, Dimanche foot. Anne-Laure
Pierre-Yves André, lui, assurera les interviews de Bonnet présentera le Vrai mag, le magazine encadrant
bord terrain, le dimanche soir. l’affiche du dimanche soir. S.N.
Jérôme Prevost /L’Équipe
 22
moto
MOTOGP
«JE N’AI RIEN FAIT DE FOU»
Impliqué dimanche sur le Red Bull Ring dans l’accrochage avec Franco Morbidelli
qui a failli tourner au drame, le pilote français est aujourd’hui montré du doigt.
Il n’entend pas se laisser faire.
Lukasz Swiderek/PSP/Presse Sports
MICHEL TURCO
Les images du carambolage qui aurait pu
tourner au carnage, dimanche en Autriche,
n’ont pas fini de tourner en boucle sur la
toile. Si le pire a été évité, Johann Zarco
(30 ans) sera tout de même opéré
aujourd’hui du scaphoïde du poignet droit.
Très incertain pour le Grand Prix de Styrie
(Cal Crutchlow a eu du mal à Jerez trois
jours après avoir été opéré lui aussi d’un
scaphoïde), organisé ce week-end sur ce
même circuit de Spielberg, le pilote Ducati
Avintia sera quoi qu’il en soit demain dans le
paddock du Red Bull Ring pour s’expliquer
et se défendre devant ses pairs, certains
l’accusant de piloter de manière trop
dangereuse. En attendant, il s’explique.
«Physiquement, comment vous
sentez-vous?
Juste après la chute, mes premières
inquiétudes concernaient des brûlures
sur les avant-bras et un mollet,
ainsi qu’une abrasion un peu plus
profonde au niveau de la hanche.
Rien de bien méchant…
Malheureusement, une douleur au
poignet droit s’est réveillée le lendemain.
Je ne l’avais pas notée dimanche,
certainement à cause de l’adrénaline…
Je suis allé à l’hôpital de Judenburg lundi
matin pour passer une radio. Elle a révélé
une fracture du scaphoïde. C’est un petit
os mal irrigué, qui peut mettre très
longtemps à guérir. Après avoir pris
conseil auprès des médecins
de la clinique mobile et discuté avec
Johann Zarco
le staff de Ducati, j’ai décidé qu’il valait
mieux me faire opérer pour consolider
mon scaphoïde avec la pose d’une vis.
Je ne peux pas me permettre d’avoir
le poignet dans le plâtre pendant deux
mois… Les Italiens ont pris les choses
en main en me prenant rendez-vous
chez un spécialiste qu’ils connaissent
bien (il a déjà opéré Dovizioso et Petrucci).
Je serai opéré aujourd’hui à Modène.
Vous avez revu les images de l’accident?
J’ai eu du mal à le faire dimanche…
Il m’a fallu vingt-quatre heures pour
pouvoir les regarder. C’était vraiment très
violent. Dimanche soir, j’ai pu échanger
assez longuement avec Valentino (Rossi)
et Franco (Morbidelli) qui, devant
les micros, avaient été très virulents
à mon égard juste après la course.
On peut comprendre leur réaction…
Je la comprends d’autant plus après avoir
revu la chute… C’était vraiment terrifiant.
C’était pour cela qu’il était important
à mes yeux que l’on puisse échanger
pour calmer les émotions à chaud.
Je leur ai expliqué qu’il n’y avait eu aucune
mauvaise intention de ma part. Je double
Morbidelli au bout de la ligne droite
car j’arrive vraiment beaucoup plus vite
que lui. Et c’est quand je prends les freins
qu’il touche ma roue arrière. À partir de là,
je n’ai rien pu faire.
Vous vous déportez quand même
un peu sur la droite après l’avoir doublé…
Oui, parce que j’arrive plus vite.
Si vous prenez le temps de bien regarder
les images, vous verrez que Jack Miller
passe exactement au même endroit
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
que moi. Avec la Ducati, on arrive très vite
au bout de cette ligne droite.
Ma trajectoire n’est pas folle, loin de là.
C’est ce que je vais expliquer une nouvelle
fois demain après-midi lors de la réunion
de la Commission de sécurité. Je tiens
à calmer les esprits car cette histoire
a pris une tournure incroyable.
À quel moment avez-vous réalisé
qu’on est passé tout près du drame?
Je l’ai réalisé sur le moment. Quand tu
chutes à 300km/h, tu comprends tout
de suite que les conséquences peuvent
être dramatiques. Mais c’est sûr qu’à
froid… Quand tu revois les images,
c’est encore plus impressionnant.
On m’a parlé de miracle, je dirais plus
qu’on a tous eu beaucoup de chance.
Les médias italiens en ont fait plus
que les autres, peut-être à cause de
Rossi… Pour Viñales aussi, ç’a été chaud.
Maverick a été plus mesuré dans
ses commentaires.
Ce circuit n’est-il pas trop dangereux?
Quand on a une épingle au bout
d’une ligne droite, ça peut toujours être
compliqué. Une moto qui tombe peut
se transformer en boulet de canon.
Mais fort heureusement, ce genre
d’accrochage est très rare. À moins
qu’il pleuve, on a rarement deux pilotes
qui chutent ensemble sur une phase
de freinage en bout de ligne droite.
Cela vous était déjà arrivé en 2018
en Australie. Vous étiez tombé au bout de
la ligne droite de Phillip Island à 280km/h
après avoir touché la roue arrière
de la Honda de Marc Marquez. Ces deux
incidents sont-ils comparables?
Oui, ça se ressemble. En Australie,
on est en paquet dans la ligne droite.
Avec la Yamaha qui manque un peu
de moteur, je suis aspiré par la Ducati
de Miller. Je prends de la vitesse et au
moment de freiner, Marquez se déporte
sur la gauche. Je ne peux rien faire.
Je le percute, je casse sa selle… Je me
retrouve sur le dos alors que lui reste sur
ses roues. Personne ne l’a alors accusé.
Quand Rossi dit aujourd’hui que je me suis
délibérément déporté devant Morbidelli,
c’est totalement faux. Pour moi, ces deux
accidents sont comparables dans le sens
où ils sont le résultat d’un manque
“Quand tu chutes à 300 km/h, tu
MotoGP.com/Cordon Press/Presse Sports
comprends tout de suite que les
conséquences peuvent être
dramatiques. Mais c’est sûr qu’à
froid… Quand tu revois les
images, c’est encore plus
impressionnant. On m’a parlé de
,,
miracle, je dirais plus qu’on a
tous eu beaucoup de chance
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
MotoGP.com/Cordon Press/Presse Sports
9e tour du GP d’Autriche :
l’accrochage entre
Franco Morbidelli
et Johann Zarco
(au centre sur la photo
principale) provoque
le chaos. Valentino Rossi
et Maverick Viñales
(sur la photo en haut
à droite) voient passer
les motos des deux
accidentés de très près.
“Zarco n'a
pas causé
intentionnelle-
ment un
carambolage
de cette
ampleur,
mais cela reste
malgré tout
une grave
erreur
d'évaluation,
qu'un pilote
MotoGP ne peut
se permettre,
surtout dans
,,
un freinage à
310 km/h
Valentino Rossi, hier,
réagissant sur Twitter
au crash de dimanche
EN BREF
30 ans.
1,71 m ; 67 kg.
Équipe : Reale
Avintia Racing.
¢ 2017 : le 21 mai,
il obtient son premier
podium dans la catégorie
reine, lors du GP
de France (2e).
¢ Palmarès : 7 podiums
en MotoGP.
de chance. Je peux d’autant plus le dire
qu’un coup je suis derrière et un coup
je suis devant. Comme je l’avais été
avec Marquez en Australie, Morbidelli
a été surpris derrière moi en Autriche.
Vous êtes quand même souvent impliqué
dans des accrochages… N’êtes-vous pas
un peu trop agressif?
Je ne pense pas. En Autriche, j’avais
un avantage important en vitesse.
Ma manœuvre n’était pas folle. Si vous
voulez reparler de l’accrochage à Brno
(Rép. tchèque) avec Pol Espargaro, c’est lui
qui s’écarte à l’entrée et me revient dessus
alors que j’ai pris la corde. J’aimerais bien
pouvoir éviter ce genre de problème,
mais je suis en phase de progression
avec la Ducati. Il y a encore des choses
que je dois améliorer. J’aimerais bien faire
comme Marquez. Il est tellement
au-dessus des autres qu’il peut attendre
le moment qu’il veut pour doubler.
Moi, quand je peux dépasser, que la
chance se présente, eh bien je la saisis.
En MotoGP, tout est très serré aujourd’hui,
c’est très difficile de faire la différence.
Quand j’étais sur la Yamaha (2017 et 2018
chez Tech3), il fallait que je joue des coudes
pour doubler. Je n’avais pas le même
moteur que les autres. Alors oui, c’est vrai,
je n’ai pas la facilité de Marquez pour
doubler. Mais je travaille pour avoir plus
de marge, pour être plus facile.
Vous ne craignez pas d’être sanctionné?
Non. Si j’avais dû être sanctionné,
je l’aurais été dès dimanche. Encore une
fois, je n’ai rien fait de fou. Je l’ai expliqué
à Rossi et Morbidelli après la course, et je
recommencerai demain devant les autres
pilotes. On pourra peut-être comparer
Une participation en stand-by
Johann Zarco sera-t-il présent dimanche sur la
grille de départ du Grand Prix de Styrie ? « Tout
dépendra de ma douleur au poignet, répond
l’intéressé. Il faut déjà que j’obtienne jeudi le feu vert
des médecins (Angel Charté, le directeur médical
du MotoGP, Giancarlo di Fillipo, le médecin de la
FIM et le responsable médical du red Bull Ring), ce
qui je pense ne devrait pas trop poser de problème. » À
Jerez, Cal Crutchlow n’avait effectivement eu
aucun mal à convaincre les autorités médicales,
trois jours après l’opération de son scaphoïde. En
revanche, le pilote du team Honda LCR avait
souffert le martyre de bout en bout du Grand Prix
d’Andalousie. En course, il s’était même arrêté à
quelques tours de l’arrivée, le poignet tétanisé. Son
équipe l’avait alors convaincu de reprendre la piste
pour profiter des nombreux abandons et aller
chercher les trois points de la treizième et dernière
place à plus d’un tour du vainqueur. « On ne peut
rien prédire après la pose d’une vis sur un scaphoïde,
23
MOTOGP
Images Canal +
“Quand Rossi dit aujourd’hui que
je me suis délibérément déporté
devant Morbidelli, c’est
totalement faux ,,
ma trajectoire avec celle de Miller.
Il y a eu beaucoup de chutes et de
blessures depuis le début de la saison.
Il y a eu aussi de nombreux accrochages
entre pilotes, sur la piste comme sur les
réseaux sociaux. Comment expliquez-
vous cette ambiance très électrique?
Je pense que la blessure de Marquez
a ouvert le Championnat. En son absence,
il y a une place de plus sur le podium,
ça décuple les convoitises. Tout le monde
sent qu’il y a la possibilité de faire quelque
chose. Avec ça, la longue pause imposée
par le Covid-19 a fait monter la pression.
Tout le monde s’est préparé pendant
des semaines en rongeant son frein.
On a tous attaqué le Championnat au
taquet. Dernière chose, quand les
courses s’enchaînent comme c’est le cas
en ce moment, tout le monde a envie
de faire mieux le week-end qui suit.
De votre côté s’ajoute aussi la pression
de ne pas encore savoir dans quelle
équipe vous courrez l’an prochain…
C’est possible, bien que je me sente en
pleine confiance avec Ducati. C’est sûr que
la décision de Dovizioso de quitter Ducati
laisse une place dans l’équipe officielle
que plusieurs pilotes convoitent. C’est vrai
que j’ai envie de bien faire pour ne pas rater
le bon wagon. Peut-être que cela joue de
manière inconsciente. Quoi qu’il en soit, j’ai
appris à bien nettoyer mon chemin. Je sais
d’où je viens et je sais où je veux aller.» É
témoigne Bernard Achou, ancien ostéopathe de la
clinique mobile des Grands Prix. La résistance à la
douleur est très variable d’un sujet à l’autre. En
revanche, contrairement à l’humérus de Marquez, il
n’y a aucun risque que la vis casse. C’est à lui de voir
si ça vaut le coup de rouler pour rouler. » Quoi qu’il en
soit, même s’il s’aligne ce week-end, Zarco ne sera
pas au mieux de sa forme. « L’avantage, c’est qu’on a
couru le week-end dernier à Spielberg, note le pilote
Ducati. La moto est réglée et j’ai des repères. Je peux
me permettre de rouler à minima aux essais. Et si la
pluie est de la partie, ça peut être aussi plus facile. »
Ajoutons que le Red Bull est le circuit du calendrier
MotoGP qui compte le moins de virages. « Mais il y
a quand même de gros freinages, tempère Achou. Ça
peut être difficile. » S’il faisait l’impasse sur le
Grand Prix de Styrie, Zarco bénéficierait de trois
semaines de répit avant d’attaquer un nouvel
enchaînement de trois courses de rang. M. T.
 24 ba sket
NBA play-offs
Luwawu-Cabarrot, le cœur Net
L’ailier polyvalent est la bonne surprise française de la reprise. Il est aussi l’un des fers de lance
des Brooklyn Nets, qui défient au premier tour des play-offs le champion en titre, Toronto.
ARNAUD LECOMTE
C’est la bonne surprise française
de cet été NBA sous bulle. Con-
traint régulièrement de changer
d’embarcation ou d’écoper de-
puis son arrivée en 2016, Timothé
Luwawu-Cabarrot (25 ans,
2,01m) n’avait jamais dompté les
rapides de la grande Ligue avec
autant de brio qu’en ce moment.
Lundi, l’ailier polyvalent né à
Cannes et formé à Antibes a
égalé un record de points vieux de
treize jours (*) pour son premier
match en play-offs après 218 dis-
putés en saison régulière.
Ses vingt-six unités en sortant
du banc face aux Toronto Raptors
n’ont pas suffi à créer la sensa-
tion pour les Brooklyn Nets dévo-
rés d’entrée de jeu (68-35 après
vingt minutes, 134-110 au final).
Mais l’activité du Français, son
agressivité vers le cercle et la
confirmation d’une belle réussite
extérieure (6 sur 9 à trois points,
29 sur 60 dans la bulle d’Orlando)
ont permis de revenir au score en
deuxième mi-temps (82-90, 34e)
et à cette équipe déplumée de ne
pas totalement sombrer avant le
deuxième match ce soir (19 h 30
tableau NBA play-offs
Conférence Ouest
1er tour
1 LA Lakers Demies de Conférence
8 Portland 4 1 Orlando 8
4 Houston
Finales
Conférences
5 Oklahoma City
3 Denver 1 Boston
6 Utah 0 Philadelphie 6
2 LA Clippers
7 Dallas
Demies de Conférences : début le 1er septembre
Finales de Conférences : début le 15 septembre
Finale NBA : du 30 septembre au 13 octobre
Kim Klement / USA Today Sports / Reuters
Evan Fournier dans le money time.
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
1er tour
heure française), même si la
marche semble bien trop haute
pour envisager une qualification.
« L’équipe a fait du super boulot
pour me trouver et j’ai rentré mes
tirs mais c’est aussi tout le travail
des trois dernières années qui
paie », constatait-il après cette
première en play-offs, la plus
aboutie individuellement pour un
joueur français (voir par ailleurs).
“Timothé se bat
,,
actuellement
pour son avenir
CHRISTIAN CORDERAS,
ENTRAÎNEUR DU CENTRE DE FORMATION
DE L’OLYMPIQUE D’ANTIBES
Elle vient de loin car Timothé Lu-
wawu-Cabarrot (3 sélec-
Kevin C. Cox/Pool Getty/AP
tions A en 2019) a débuté la sai-
son à l’automne 2019 muni d’un
contrat précaire avec Brooklyn,
dit « à deux voies », partageant
son temps entre l’équipe de
G-League (Long Island) et la
maison mère NBA. Il a ensuite Malgré sa très belle performance (26 points), Timothé Luwawu-Cabarrot n’a pas permis aux Brooklyn Nets
26
enchaîné deux piges de dix jours de s’imposer à Toronto.
aux Nets puis a profité des bles-
sures qui se sont amoncelées Mais à ses yeux ses meilleures côtés de l’arrière Caris LeVert qu’il fait partie de son entourage
dans l’effectif pour signer en fé- perfs de l’année datent du confi- dans un contexte particulier puis- présent, par la magie de la con-
vrier un contrat « pluriannuel » nement où il dit « avoir énormé- que l’effectif des Nets est, cet été, nexion à distance, derrière le banc Avec 26 points
non garanti 2019-2020. ment travaillé ». Son mental s’est amputé de cinq joueurs majeurs, des Nets pendant les matches inscrits face à
endurci aussi, tout au long d’une dont les deux superstars, Kevin dans la salle d’Orlando. Toronto, Timothé
année nomade en 2018-2019 en- Durant et Kyrie Irving recrutées il « C’est drôle, il voit nos têtes Luwawu-Cabarrot
Conférence Est tre Oklahoma City et Chicago. « Il y a un an. alors qu’on est à Antibes, très loin », a établi la meilleure
a fallu que je me batte pour faire Vaughn a pour l’occasion réin- s’amuse Corderas qui espère que performance
1er tour ma place, j’ai gagné de la confiance venté une équipe, loin des ambi- cet été de grâce trouvera un pro- offensive d’un joueur
Demies de Conférence 0 Milwaukee 1 et évidemment, les opportunités tions initiales de la franchise new- longement rapide avec un contrat français pour un
ont aidé », ajoutait-il lundi soir yorkaise qui espérait, malgré la garanti: « Sa trajectoire est excep- premier match de
de 0 Indiana 4
pour expliquer la constance ins- convalescence de Durant, lutter tionnelle, Timothé est dans la play-offs en NBA.
tallée ces dernières semaines pour une finale de conférence. « Il forme de sa vie et se bat actuelle- L'ailier de Brooklyn a fait
1 Miami 5
(16 points de moyenne depuis la joue sur sa polyvalence, c’est un ment pour son avenir. » « TLC » mieux que Tony Parker
3 reprise le 31 juillet). couteau suisse, qui peut défendre dispose encore de trois matches (21 en 2002 avec San
L’ancien assistant coach, Jac- sur trois postes et cela devient une minimum pour figurer parmi les Antonio face à Seattle)
que Vaughn, nommé à la place de force, comme son adresse qui était grands gagnants de la bulle et Boris Diaw (15 en 2006
Finale
1 Toronto 2 l’entraîneur Kenny Atkinson le fluctuante mais qui me surprend NBA. É avec Phœnix face aux
0 Brooklyn 7 7 mars juste avant l’interruption, forcément », se réjouit Christian LA Lakers).
était déjà très proche du joueur Corderas, le formateur de l’Olym- (*) Il avait marqué 26 points
l’hiver dernier. Il lui accorde dé- pique d’Antibes, toujours très pro- le 4août face à Milwaukee
sormais des responsabilités aux che de son ancien élève à tel point (victoire de Brooklyn, 119-116). play-offs 1er tour
hier
Milwaukee 110 - 122 Orlando
Milwaukee 110 - 122 Orlando Indiana 101 - 113 Miami
la nuit dernière
Le joli tour du Magic
Houston - Oklahoma City
LA Lakers - Portland
aujourd’hui 19 h 30
Les Milwaukee Bucks, premiers de la saison régulière, Toronto - Brooklyn
22 h Denver - Utah
ont été battus d’entrée par l’Orlando d’Evan Fournier (122-110). 0 h 30 Boston - Philadelphie
3 h LA Clippers - Dallas
On lui avait promis l’enfer, voire un coup de Clifford ont trouvé sur ce premier rendez- (5 points) en tête – n’ont pas été à la hauteur. demain 19 h
balai (4 victoires à zéro) à « domicile », face à vous des play-offs quelques clés essentiel- Alors que les Bucks, apathiques en défense, Indiana - Miami
la meilleure équipe de la saison régulière les : isoler le MVP en titre (et candidat à sa avaient mis un point d’honneur à sevrer Evan 21 h 30 Houston - Oklahoma
(56 victoires), et pourtant le Magic a déjoué propre succession), et verrouiller la raquette. Fournier de ballons, le Français (9 points, 0 h Milwaukee - Orlando
tous les pronostics hier. 3 rebonds, 5 passes) a achevé ses geôliers 3 h LA Lakers - Portland
Face aux Milwaukee Bucks du monstre Fournier tue le match dans le money time avec trois tirs primés vendredi 19 h 30
grec Giannis Antetokounmpo (31 points, En plus d’avoir respecté la consigne, Orlando consécutifs (de 109-97 à 118-102, 46e). Cette Brooklyn - Toronto
17 rebonds et 7 passes), les Floridiens ont li- s’est facilité la partie en comptant jusqu’à première grosse surprise est venue rappeler 22 h Utah - Denver
vré, de loin, leur meilleure partition depuis la 18 points d’avance (51-33, 19e) à la faveur 0 h 30 Philadelphie - Boston
à ceux qui en doutaient que les conditions de 3 h Dallas - LA Clippers
reprise de la compétition fin juillet dans la d’une belle réussite au tir (49,4 % au final), in- jeu si particulières à Disney World – à huis
Séries disputées au meilleur
bulle d’Orlando (victoire 122-110). Mécon- carnée par l’intérieur monténégrin Nikola clos – peuvent favoriser les franchises les des sept matches.
naissables pendant deux semaines et dimi- Vucevic (35pts à 5 sur 8 de loin, 14 rbds). moins attendues. La réaction de Milwaukee, Tous les matches sont diffusés
nués par les blessures des ailiers Aaron Gor- En face, les lieutenants d’Antetokounmpo hissé parmi les trois favoris pour le titre, sera sur beIN Sports.
don et Jonathan Isaac, les protégés de Steve – Khris Middleton (14 points) et Brook Lopez très attendue demain soir. A. P.
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Tavernier, la gagne
plus que le record
Plus que la barrière des 75 mètres, la vice-championne
d’Europe du lancer de marteau cherchera aujourd’hui
à s’imposer face à une concurrence relevée.
MARC VENTOUILLAC
Si tout va bien, Alexandra Tavernier
va lancer cet après-midi, à l’occa-
sion du Mémorial Istvan Gyulai,
dans l’imprononçable cité hon-
groise de Szekesfehervar. Si tout
va bien, car en arrivant hier soir à
l’hôtel de l’organisation, elle a été
invitée à passer le désormais in-
évitable test Covid. « Je pense à Va-
lentin… », dit-elle en référence au
cadet des frères Lavillenie, empê-
ché au dernier moment de partici-
per au meeting de Monaco ven-
dredi pour avoir été positif au
coronavirus. « Ces contrôles ne me
gênent pas, dit-elle, c’est pour notre
sécurité. Je préfère ça que me dire
qu’il y a une incertitude quand on
lance en compétition par rapport à
d’autres personnes et qu’on risque
de ramener le virus à la maison… »
La crise sanitaire a foutu ses ob-
jectifs 2020 en l’air, mais ne l’a pas
empêchée de lancer loin d’entrée.
Pour sa première compétition, le
11 juillet à Vénissieux, la vice-
championne d’Europe du lancer
de marteau a tout simplement
amélioré de dix centimètres son
record de France pour le porter à
74,94m. Prouvant une fois de plus
sa capacité à réagir.
« Au début du confinement, ra-
conte Gilles Dupray, son coach à la
queue-de-cheval, les informations
arrivaient au compte-gouttes, il y
avait des changements tous les trois
ou quatre jours, cela a été une pé-
riode compliquée, mais elle a réussi
à faire le deuil de ce qui était annulé.
Alex Martin/L’Équipe
Et elle s’est dit: “Comme il n’y a plus
rien cette année, je n’ai qu’un but :
battre le record de France.” »
Pari réussi d’entrée. Sans sur-
prise pour le coach. Il estime que le
confinement et l’après-confine-
ment de son athlète se sont bien
passés. Qu’elle ait choisi de se ré-
fugier chez ses parents à partir de
la mi-mars lui a permis d’être
dans une atmosphère familiale et
d’émulation sportive. Puis au re-
tour sur les plateaux, Dupray a va-
rié les plaisirs à l’entraînement, la
faisant lancer avec des poids inusi-
tés pour elle ou avec des lon-
gueurs de câble dont elle n’avait
pas l’habitude. Une semaine avant
son record de France, elle avait
lancé à 65 m un marteau de 4 kg
avec un câble dix centimètres plus
court. À dix mètres de ce qu’elle al-
lait réaliser en compétition.
“75 mètres, c’est une
,,
barrière psychologique,
c’est indéniable
ALEXANDRA TAVERNIER
Dix mètres, en fait un tout petit peu
moins. Car la Bretonne d’adoption
a encore (c’était son neuvième
concours à plus de 74 m depuis
2015) buté contre la barrière des
75 mètres. Avec son tempérament
guilleret, cela a tendance à la faire
sourire. « 75 mètres, c’est une bar-
rière psychologique, c’est indénia-
ble, reconnaît-elle. Ça fait cinq ans
que je suis au-dessus de 74 mètres.
Cette barre est dure à passer. Mais
ce n’est pas l’objectif ici. Ce que je
cherche avant tout, c’est gagner. (Ce
Memorial Istvan Gyulai
meeting), ça reste une étape du Tour
Continental. » C’est d’ailleurs ici,
l’an passé, qu’elle avait remporté
sa première victoire internationale
dans ce qui s’appelait encore le
Challenge mondial. Face à la vice-
championne du monde, la Polo-
naise Joanna Fiodorow et la leader
mondiale 2020 (75,5 m), la Biélo-
russe Hanna Malyshik, un nou-
veau succès en terre hongroise
contribuerait à la poser.
Ces 75 mètres, la médaillée
mondiale 2015 les imagine plutôt
pour les Championnats de France
d’Albi (12-13 septembre). Elle
n’aura pas trop d’occasions
d’ailleurs. Entre aujourd’hui et le
rendez-vous sur les bords du Tarn,
une seule compétition est prévue le
6 septembre à Chorzow (Pologne).
Quatre sorties sur l’été, c’est peu.
Et ça aurait pu lui coûter cher. Au
sens premier du terme. « Heureu-
sement, dit-elle, j’ai signé un parte-
nariat avec la FDJ, je n’aurais donc
pas de soucis financiers jusqu’à Paris
2024. Mais si je ne l’avais pas eu, cela
aurait été plus compliqué. »
Côté compétition, Tavernier phi-
losophe quant à l’absence d’éché-
ance : « J’aurai un an de plus pour
me préparer pour les Jeux et je serai
plus forte », affirme-t-elle du haut
de ses 26 ans. Elle a donc fait en
sorte de programmer un pic de
forme pour Albi. Pas compliqué à
gérer pour elle: trois semaines de
travail de force puis une semaine
plus tonique. Histoire de terminer
en apothéose une saison qui aura
pourtant à peine commencé… É
programme
aujourd’hui dès 12 h 50
Bregyo Athletic Center
principaux engagés
hommes
100 m : Lyles (USA),
Simbine (AFS), Gemili (GBR).
200 m : Simbine (AFS),
Gemili (GBR).
600 m : Brazier (USA),
Sowinski (USA).
110 m haies : Ortega (ESP),
Pozzi (GBR), Belocian,
Holloway (USA).
Triple saut : Taylor (USA),
Pichardo (POR), Zango (BUR),
Pontvianne.
Disque : Stahl (SUE),
Gudzius (LIT).
Marteau : Fajdek (POL),
Pars (HON), Nowicki (POL).
femmes
200 m : Schippers (HOL),
Kambudji (SUI), Ta Lou (CIV).
400 m : Jonathas (USA),
Rogers (USA), Nielsen (GBR).
100 m haies : Visser (HOL),
Nelvis (USA), Herman (BLR),
Samba-Mayela.
400 m haies : Bol (HOL),
Sprunger (SUI).
Longueur : Bekh-Romanchuk
(UKR), Mironchik-Ivanova (BLR),
David.
Marteau : Tavernier, Fiodorow
(POL), Malyshik (BLR).
Alexandra Tavernier
visera un nouveau
succès en terre
hongroise, là où
elle avait remporté
sa première victoire
internationale
l’an dernier.
25
MEETING DE SZEKESFEHERVAR
Noah Lyles a réalisé deux fois 9’’93, ventés, lors d’entraînements
chronométrés en Floride le mois dernier.
Lyles repasse
au cent
Placé entre deux meetings Ligue
de diamant, Szekesfehervar profite
d’un plateau bien garni. Le sprinteur
américain, Brazier et Zango seront
les principales attractions.
ANNABELLE ROLNIN
Dans la foulée des deux concours
du marteau, programmés en dé-
but d’après-midi, les organisa-
teurs ont concocté un plateau di-
gne d’une Ligue de diamant. De
nombreux athlètes présents à Mo-
naco vendredi dernier ont rallié la
charmante Szekesfehervar, à
60 km à l’ouest de Budapest, pour
un rendez-vous de haut vol. Noah
Lyles, passé en trombe sur le Ro-
cher (19’’76 sur 200 m), se testera
sur son premier 100 m en condi-
tions normales. L’Américain a réa-
lisé deux fois 9’’93, ventés, lors
d’entraînements chronométrés en
Floride le mois dernier, et vise son
record personnel, à 9’’86. Le Sud-
Africain Akani Simbine, le vétéran
américain Mike Rodgers et le Bri-
tannique Adam Gemili seront
aussi de la partie.
Sensations attendues
avec le triple saut
masculin
Sur 110 m haies, le Français Wil-
hem Belocian, en forme ascen-
dante après ses 13’’38 de Turku et
ses 13’’18 de Monaco (record per-
sonnel), ferraillera avec les mê-
mes adversaires que sur le Ro-
cher : Orlando Ortega (vainqueur
en 13’’11), Andy Pozzi (13’’14) et le
champion du monde Grant Hollo-
way (13’’19). Le Hongrois Balazs
Baji, médaillé de bronze des Mon-
diaux 2017, effectuera son retour
après une blessure.
Sensations attendues aussi du
côté du triple saut masculin, dont
le plateau réunira la star améri-
caine Christian Taylor, qui a re-
bondi à 17,13 m samedi dernier en
athlétisme
Jérôme Prévost/L’Équipe
Autriche, le Portugais Pedro Pablo
Pichardo (17,17 m cette saison) et
l’homme fort de l’hiver, Hugues-
Fabrice Zango. Le Burkinabé de
27ans, sur la lancée de sa médaille
de bronze mondiale de Doha, avait
réalisé une saison indoor dense,
marquée par ses 17,77 m à Paris le
1er février. L’athlète coaché par
Teddy Tamgho se frotte, pour son
premier concours en plein air, au
gratin mondial, qu’il veut rapide-
ment dominer. Tamgho aura aussi
l’œil sur une autre pépite de son
groupe, la hurdleuse Cyrena Sam-
ba-Mayela. Tout près de son re-
cord personnel à Bruxelles, il y a
dix jours (13’’19), elle devrait faire
descendre le chrono face à l’Amé-
ricaine Sharika Nelvis (12’’65 l’an
passé) et la Néerlandaise Nadine
Visser (détentrice de la m.p.m. en
12’’68).
Déjà détenteur de l’officieux re-
cord du monde du 600 m en salle
(1’13’’77 en 2019), l’Américain Do-
navan Brazier, cinq jours après son
excellent 800 m monégasque
(1’43’’15), se lancera à la poursuite
de la meilleure marque mondiale
détenue depuis 1986 par Johnny
Gray (1’12’’81). En 2016, un certain
David Rudisha s’y était cassé les
dents (1’13’’10).
Hormis Tavernier, Belocian et
Samba-Mayela, deux autres Fran-
çais ont fait le déplacement. Yanis
David, qui a raté sa rentrée à Turku
à la longueur (6,19 m), aura à cœur
de retrouver des performances en
adéquation avec ses standards.
Jean-Marc Pontvianne profitera
de l’émulation au triple saut pour
tenter d’aller plus loin que ses
17,03 m réussis il y a trois semai-
nes à Montpellier.
 26 rugby
FFR-LNR test-matches
CHERCHE COMPROMIS
DESESPEREMENT
À moins de trois semaines de la reprise
du Top 14, les clubs pro s’opposent toujours
à la tenue de six tests cet automne.
Et attendent des signes d’ouverture
de Bernard Laporte et Fabien Galthié.
RICHARD ESCOT
Trois semaines après l’annonce d’un au-
tomne international à six dates qui a provo-
qué la rage des clubs, l’heure de la diplo-
matie arrive. Vacances obligent, aucun
rendez-vous n’est prévu dans les jours à
venir entre la Fédération et la Ligue, mais
ça et là, on discute, on réfléchit : comment
concilier ce calendrier international avec
celui du Top 14, tout en préservant les inté-
rêts sportivo-financiers de la FFR et de
l’équipe de France d’un côté, et celui des
clubs de l’autre?
Avec sa double casquette – président de
la FFR et vice-président de World Rugby –,
Bernard Laporte est pris entre deux feux.
« Je ne communique pas sur ce sujet», nous
a-t-il répondu, avant de se défendre un peu:
« Ce n’est pas la FFR qui a décidé de six mat-
ches, mais World Rugby. Et World Rugby, ce
n’est pas Bill Beaumont et Bernard Laporte,
ce sont cent vingt-cinq fédérations qui ont
voté. »
L’argument semble ne pas porter du côté
des clubs. Durant le début de la pandémie
du Covid-19, les présidents de Top 14 se
sont régulièrement concertés pour évoquer
le report des test-matches de juin, la ren-
contre France-Irlande du Tournoi des Six
Nations et la tournée de novembre, s’accor-
dant pour que le quinze de France dispute
cinq matches.
Le sixième voulu par World Rugby pour
permettre aux Fédérations nationales de
remplir leurs caisses ne passe pas. «Tout le
monde a été mis devant le fait accompli avec
ces six test-matches et sept semaines de
mise à disposition des internationaux, souli-
gne Alain Gaillard, président du syndicat
Bernard Papon/L’Équipe
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Pourquoi changer une méthode qui nous a permis de gagner?
Ce rythme d’avoir 42 joueurs jusqu’au jeudi puis 28
(le week-end) est essentiel. Pourquoi prendre le risque
de mettre en difficulté l’équipe de France alors qu’elle
n’a pas encore stabilisé son niveau de compétitivité ? ,,
FABIEN GALTHIÉ, SÉLECTIONNEUR DU QUINZE DE FRANCE, À « SUD-OUEST »
des entraîneurs, Tech XV. Appa-
remment, c’est une goutte d’eau ment, le rugby professionnel français ment: «Ça tiraille mais je le comprends. C’est
qui fait déborder le vase. Les joue son avenir à court terme.» une année particulière. J’entends le point de
clubs disent stop ! » Pour Paul Souvent morcelé, le front des prési- vue des clubs et la complexité de la chose.
Goze, président de la LNR, la dents est uni sur ce sujet, ce qui va rendre Mais ce n’est pas le nombre de test-matches
position des clubs est simple : les discussions encore plus serrées. «Un en soi qui est important, c’est le nombre de
« On a accepté que le quinze de des effets corrélatifs de ce qui se passe, matches que vont disputer les joueurs.»
France dispute cinq test-mat- c’est que les présidents et les entraîneurs À la recherche d’un compromis, l’ancien
ches, avec mise à disposition des de Top 14 et de Pro D2 se sont solidarisés, sélectionneur avait évoqué la possibilité de
internationaux. World Rugby note Jacky Lorenzetti, le patron du Ra- limiter le nombre de matches par joueur.
sort un calendrier de six mat- cing 92. Notre proposition c’est : cinq mat- Objectif: rendre aux clubs leurs internatio-
ches sur sept semaines : ça ches, cinq semaines de mise à disposition, naux majeurs pour au moins une date de
ne nous fait pas bouger de trente joueurs. Une commission de la LNR Top 14. Mais il a été contredit publique-
position. » va discuter avec la FFR d’une solution non ment par Fabien Galthié dans les colonnes
«Cinq tests-matches, ça judiciaire. Voilà où on en est!» de Sud Ouest, le 28 juillet : « Moins l’équipe
nous paraît être un effort Pour Bernard Laporte, qui lance de France procédera à des turnovers, plus
important sur le plan ce soir à Carqueiranne (83) sa l’équipe de France sera performante. Le mot
sportif. On demande en campagne pour être réélu à la “turnover” ne convient pas à l’équipe natio-
retour la même solidarité tête de la FFR, le sujet est nale. Plus tu joues ensemble, plus tu pro-
de la part de la FFR, lâche épineux. Il y est question à gresses. C’est une conviction que je ne veux
Laurent Marti, prési- la fois des finances pas remettre en question. La sélection, elle a
dent de Bordeaux-Bè- des fédérations une valeur. On ne la donne pas à celui qui est
gles. Les clubs, qui ont nationales et numéro 3, numéro 4 au poste parce qu’il faut
beaucoup souffert fi- de la FFR, de faire tourner.»
nancièrement et qui la vigueur Une sortie qui, comme le tweet de Ra-
sont dans une situa- du rugby phaël Ibañez – «discutons et soyons solidai-
tion compliquée, profes- res avec notre équipe nationale » –, a crispé
vont encaisser sionnel les managers de club. L’état de grâce né des
une deuxième français, échanges de l’hiver dernier pourrait trouver
Coupe du et de la sa fin dans cet épisode. « Le dialogue entre
monde après montée en Fabien Galthié et les clubs avait été extrême-
celle de 2019. Ce n’est pas très puissance des ment constructif durant le Tournoi, et j’étais
fair-play.» Bleus vers la Coupe du monde ravi de la manière dont la communication
« Avec l’accident industriel 2023 en France. s’est effectuée, note Thomas Lombard, di-
né du coronavirus, les clubs Autant de sujets qui le con- recteur général du Stade Français. Mais là,
sont en mode survie, ajoute cernent directement, pour Covid ou pas, si la ligne n’est pas interrompue,
le manager de Montpel- lesquels il doit trouver des disons qu’elle est occupée…»
lier, Philippe Saint-An- solutions, mais qui con- Si Fabien Galthié n’a pas été recadré par
dré, ancien entraîneur tiennent des problémati- son président après sa sortie abrupte, il a
national. Financière- ques contradictoires. Ce fait légèrement marche arrière dans un en-
qui explique sans doute tretien à la Dépêche du Midi. À la FFR, on veut
pourquoi Laporte, par- croire qu’il sera finalement « capable d’ef-
Agenda fois emporté, semble fectuer des aménagements». Lesquels? Ce
Calendrier possible adopter une posture sera l’enjeu des discussions à venir. « Pour
du quinze de France à l’automne de rassemble- relancer les négociations, précise Paul Goze,
24 octobre Galles-France on attend une contre-proposition de la Fédé-
31 octobre France-Irlande (*) ration dans le cadre de l’application de la con-
vention. À ce jour (le 15 août), nous n’avons
7 novembre repos
rien reçu.»
14 novembre Écosse-France (**) D’expérience, Philippe Saint-André sait
21 novembre France-Japon (**) qu’il faut « arrondir les angles. Le groupe
28 novembre France-Italie (**) France pourrait être composé de trente-deux
5 décembre match de classement (**) joueurs et non de quarante-
Pierre Lahalle/L’Équipe
deux, comme initialement
(*) Match en retard du Tournoi des Six Nations. prévu. Il faudrait aussi que le
(**) Compétition à huit nations réparties staff du quinze de France fasse
en deux poules de 4.
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
27
test-matches FFR-LNR

“Si on doit tout donner d'un côté

et ne rien avoir de l'autre alors oui,
effectivement, on va arrêter de faire
Thomas Lombard
“Le principe de solidarité,
c’est la réciprocité. Là, les clubs
se sacrifient encore
,, on part dans cette optique-là ,,
des efforts. Vu l'absence de dialogue,
«Ça devient
impossible!»
pour l’équipe de France PATRICE COLLAZO,
MANAGER DE TOULON, AU FIGARO
UGO MOLA,
MANAGER DE TOULOUSE, AU MIDI OLYMPIQUE

Pour le directeur général du Stade

Français, la surcharge du calendrier
international pénalise les clubs du Top 14.
tourner l’effectif de façon à ce que les interna-
tionaux ne disputent chacun que trois tests et «Le sujet des test-matches
non cinq d’affilée, voire six »... de l’équipe de France est-il
Le président du Racing 92, Jacky Loren- en passe de devenir une nouvelle
zetti, cherche à positiver : « Avec les réser- source de tension entre la LNR et
ves d’usage, la LNR et son homologue an- la FFR?
glais se sont entendus sur la base de cinq Mais nous sommes déjà au point
test-matches, cinq semaines de mise à dis- de tension… Presque à l’acmé. Les
position et un match international qui ne con- deux camps campent sur leur
cerne pas l’équipe nationale. » Effective- position. Les trois tests qui
ment, Paul Goze précise qu’une «solution à devaient se jouer en novembre se
l’anglaise avec cinq test-matches et une ren- joueront. Les clubs ont aussi
contre disputée par France -23*» est re- parfaitement intégré que le
cevable. France-Irlande du Tournoi, Fidjiens, un Géorgien et trois
Manager du haut niveau à Tou- reporté, doit être joué. Et nous Argentins sélectionnables. Quand
louse, Jérôme Cazalbou compte, lui, mettons un test-match j’ai signé le contrat des Argentins,
« sur le vécu des entraîneurs du supplémentaire dans la balance. ils devaient disputer trois test-
quinze de France qui connaissent On affiche un degré supérieur de matches. Mais les règles ont
les problématiques de solidarité. Et on nous répond que changé: ils vont partir du
gestion d’effec- ce n’est pas assez! Comme 7novembre au 5décembre. Et au
l’équipe de France, nous avons milieu de tout ça, nous devons
subi un certain nombre de disputer sept journées de
contraintes, et si on part du Championnat. À un moment, ça
principe que la santé du rugby devient impossible!
tif, aux- français passe aussi par la santé Quelle solution préconisez-
quelles se lient des clubs, il faut respecter le Top vous?
maintenant des problématiques 14. Il y a des test-matches plus
sanitaires. Ça demande une analyse plus fine En quoi est-ce compliqué intéressants que d’autres. Que les
que la volonté d’avoir le pouvoir d’un côté ou de de libérer des joueurs clubs de Top 14 fassent un effort
l’autre. La discussion doit avoir lieu entre tous dans un cadre qui passe de cinq à particulier pour le match de
les managers des clubs et l’entraîneur en chef six test-matches? préparation et le France-Irlande,
de l’équipe de France. Ce sont eux qui feront On ne peut pas faire enchaîner six nous n’avons pas d’objection à ça.
avancer les choses, davantage que si la dis- test-matches à un même groupe Mais concernant la compétition
cussion reste uniquement entre présidents. » de joueurs: ça oblige à avoir une créée pour remplacer les trois
Et si aucun compromis n’est trouvé? «Si semaine de récupération au tests qui devaient se dérouler en
le président de la FFR n’y est pour rien, on ne milieu. Concernant le Stade novembre avant la crise du Covid-
peut pas l’accabler: le débat se déplacera en- Français, je libérerai quatre 19, il faut que le staff du quinze de
tre la LNR et World Rugby», lance, non sans joueurs (Fickou, Hamdaoui, Etien, France instaure un turnover, voire
ironie, Laurent Marti, le président de l’UBB. Macalou) mais le gros problème, une revue d’effectif, en bonne
La LNR envisage en effet toujours d’aller c’est que j’ai potentiellement deux intelligence avec les clubs.» R. E.
devant les tribunaux pour dénoncer l’exten-
sion de la règle 9, qui régit la mise à disposi-
tion des internationaux.
La LNR peut-elle ainsi défier World
en direct des stades
Sébastien Boué/L’Équipe

Rugby ? Interrogé, un dirigeant de la LNR

nous a déclaré : « World Rugby ne peut rien COUPES D'EUROPE par la fédération concernée. Enfin, pour
nous imposer. C’est un organisme privé. En L'EPCR MODIFIE LES RÈGLES que les mêlées puissent être disputées,
France, c’est la convention LNR-FFR qui fixe D'ÉLIGIBILITÉ les clubs doivent s'assurer que leur
les règles. L’accord doit être trouvé à travers Un mois avant le coup d'envoi des quarts de effectif actualisé comprenne au moins
cette convention et non par le biais d’un dé- finale de Champions Cup et de Challenge douze joueurs expérimentés en
cret de World Rugby qu’on devrait appliquer.» Cup (18, 19 et 20 septembre), l'EPCR a première-ligne.
Pour éviter cette issue, une réunion entre modifié les règles d'éligibilité des joueurs
représentants de la Ligue et de la Fédéra- pour les phases finales. « Au vu des COUPE DU MONDE
tion est programmée, « courant août », an- circonstances actuelles, il n'y aura pas de L'AFRIQUE DU SUD SE RETIRE
nonce-t-on côté LNR. En amont du comité limite du joueurs pouvant être inscrits. À titre DE L’ORGANISATION POUR 2027
directeur de la FFR prévu le 4septembre, et exceptionnel, il n'y aura pas de limite au Faute de soutien du gouvernement qui
juste avant la reprise du Top 14. Bernard La- nombre de joueurs non-européens pouvant n'a pas les moyens financiers d'assurer
porte croit à un compromis : « Ma véritable être sélectionnés dans un effectif de match de l'équivalent de deux milliards de rands
inquiétude, c’est de savoir si on va jouer et si on 23 joueurs au cours des phases finales. » De (115 Millions d’euros), soit la garantie
va jouer devant du monde… En fonction la même façon est levée la règle financière demandée par World Rugby,
des jauges, on sera ou pas en diffi- interdisant aux joueurs de participer à une la fédération sud-africaine a décidé de
culté, que ce soit les clubs ou les même compétition avec des clubs se retirer sa candidature pour accueillir
fédérations.» É différents lors d'une même saison. Un les prochaines Coupes du monde
(*) L’ équipe de France des moins joueur ayant déjà été sélectionné dans un prévues en 2027 et 2031. Ce « forfait »
de 23 ans a récupéré le rôle de effectif pour un match au cours de la arrange les affaires de l'Australie qui
deuxième équipe nationale, fonction phase de poules de cette saison de s'est portée candidate pour organiser
occupée par les Barbarians Champions Cup ou de Challenge Cup l'édition 2027. Quant à la fédération
français entre 2017 et 2019. sera éligible pour la phase finale de la nord-américaine,
même compétition avec son nouveau en situation de banqueroute depuis avril,
club, sous réserve que son il est trop tôt pour savoir si elle pourra
inscription soit validée par l'EPCR et présenter une candidature pour 2031.
 28 ka raté
Da Costa,
la dolce vista
Pas spécialement déstabilisé par le report
des JO, le champion du monde (-67kg)
va devoir composer avec une année 2020
sans compétition internationale.
Yann sternis
Ces derniers jours, Steven Da
Costa aurait dû découvrir le vil-
lage olympique, l’ambiance des
Jeux, peut-être même monter
sur un podium prestigieux. À la
place, il a effectué son premier
rassemblement post Covid-19 en
équipe de France au centre natio-
nal d’entraînement de Castelnau-
le-Lez (Hérault). Pas de quoi dé-
courager le numéro 1 mondial
des -67 kg, rapidement « passé à
autre chose » après ce report
«prévisible et logique».
« Je pensais que Steven aurait
été plus déstabilisé que ça par le
report des Jeux et des grosses
compétitions internationales, ad-
met Olivier Beaudry, le coach de
l’équipe de France. Je l’ai senti se-
du lundi au vendredi sur la chaine L’Équipe
photo L’Équipe
disponible
disponiblegratuitement
gratuitementcanal
canal21
21(TNT,
(TNT, Free,
rein. Il est souvent là où on ne l’at-
tend pas.» La tête d’affiche du ka-
raté français aurait effectivement
pu être sonnée par l’interruption
brutale de la saison, en mars, lui
qui volait alors de victoire en vic-
toire (Open de Paris puis Open de
Dubaï) et s’avançait en favori vers
les Jeux. Mais cette pause con-
trainte l’a plutôt soulagé.
« Honnêtement, je me suis dit :
“Ouah, pourquoi pas” », s’exclame
le champion du monde 2018.
L’idée était de dire, OK, je suis quali-
fié pour les JO, je vais pouvoir souf-
fler, ce n’est pas plus mal. C’était li-
mite un soulagement. On sortait de
deux ans de sélections pour les
Jeux au karaté, ça a été le parcours
du combattant. Il y avait un rythme
intense, on combattait toutes les
deux semaines. Je voyais qu’il y
19h45 et 22h50
le débrief de l’actu
sport par Olivier Ménard
et ses chroniqueurs
Free, Bouygues,
Bouygues, Orange, Fransat,
Fransat, Numéricable,
Numéricable,SFR),
avait énormément de blessés, mon
frère venait de se faire les (liga-
ments) croisés, comme deux ou
trois autres membres de l’équipe de
France. Les corps étaient fatigués,
usés.»
“Je reste positif car si
je commence à me torturer
,,
l’esprit maintenant, l’année
risque d’être longue
Steven DA COStA
« Ça a tellement été une saison
Fear Factor pour courir derrière la
qualification olympique, avec de
très nombreuses compétitions,
que cette coupure a permis aux
sportifs de se reposer, réparer les
bobos », confirme Beaudry. Ste-
ven Da Costa n’a pas pour autant
coupé avec son sport ce prin-
SFR),canal
canal7979(Canalsat)
(Canalsat)
Durant le confinement, temps. Le jeune champion (23
Steven Da Costa ans) était confiné à Mont-Saint-
s’est entraîné Martin (Meurthe-et-Moselle),
chez lui et en famille. chez ses parents, avec ses deux
Ses deux frères frères, Logan et Jessie, eux aussi
(Jessie à g., Logan à d.) membres de l’équipe de France
et son père (Michel,
coach de la fratrie)
et son entraîneur de père.
« J’ai eu beaucoup de chance
étaient présents d’être avec eux, c’est là que je me
à ses côtés. rends compte que notre famille est
une force, souligne-t-il. On avait la
salle à 50m de chez nous, la mairie
nous l’avait laissée à dispo, on a pu
continuer à s’entraîner, entre nous.
On pouvait s’affronter, puisqu’on
était confinés ensemble. À la fin,
c’était plus le manque de partenai-
res qui était dur.»
Resté en forme physiquement,
Steven Da Costa a donc retrouvé
de nouveaux compères de com-
bat chez les Bleus, fin juillet. Mais
pour la compétition, il faudra at-
tendre. Outre les JO, les Mon-
diaux 2020 (initialement prévus
en novembre) ont également été
reportés d’un an. La reprise ap-
Steven Da Costa
a remporté
un deuxième titre
européen, en mars
2019 à Guadalajara
(Espagne).
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Franck Fife/AFP
paraît donc lointaine: peut-être à
l’occasion de la Coupe de France
cet automne, pour s’échauffer,
plus sûrement lors de l’Open de
Paris, en janvier. En attendant, le
staff de l’équipe de France va éga-
lement essayer de travailler avec
des combattants des pays limi-
trophes, si les conditions sanitai-
res le permettent.
«Si je reprends à l’Open de Paris,
ça fera un an sans compétition,
constate Da Costa. Physiquement,
techniquement, ça va, mais le sens
du combat en compétition, ce n’est
pas la même chose. Tu perds tes
marques. » Parviendra-t-il par
ailleurs à conserver toute sa moti-
vation durant cette période d’abs-
tinence ? « C’est ça le plus dur,
quand tu n’as pas de date, pas d’ob-
jectif proche, consent-il. On se pose
des questions. Mais je reste positif
car si je commence à me torturer
l’esprit maintenant, l’année risque
d’être longue. Et en même temps,
les Jeux, c’est aussi demain.» É
Denis Boulanger/Presse Sports
 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
omnisports 29

cyclisme

Démare devancé par Bennett, très court FONDATEUR : Jacques Goddet

télévision
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Direction, administration, rédaction

mais nouveau leader cyclisme

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TOUR DE WALLONIE (3e ÉTAPE) - Après eos). Les quatre hommes ont maintenu Villette aux Aulnes
deux étapes au sprint (remportées par Ca- une dizaine de secondes d’écart à peine 77290 Mitry Mory 20 h 50 FOOTBALL EN DIRECT
leb Ewan puis Arnaud Démare), le profil sur ce qui restait du peloton, mais les équi- CILA ( 44 - Héric ), Ligue des champions.
Nancy Print ( 54 - Jarville ),
vallonné de celle d’hier promettait un final pes Lotto-Soudal (pour John Degenkolb hockey sur MIDI PRINT ( 30 - Gallargues-le- Demi-finales.
dévolu à des spécialistes des bosses. Et en l’absence d’Ewan, déjà lâché) et Grou- g l a ce Montueux ). Lyon-Bayern Munich (ALL)
c’est ce qui a failli se passer jusqu’au der- pama-FDJ (pour Arnaud Démare) ont for- LAGACÉ REJOINT ROUEN Dépôt légal : à parution
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nier kilomètre. La dernière difficulté de cé l’allure afin de combler ce trou. Dans la Après l’ailier américain Greg Origine : France NBA. Play-offs.
cette étape de 192km, la côte de Cheratte à dernière ligne droite, c’est finalement l’Ir- Squire, le défenseur canadien Taux de fibres recyclées : 100 % Denver-Utah.
10 km du but (courte mais à 8,4 % de landais Sam Bennett (Deceuninck-Quick Mark Flood, c’est l’attaquant Ce journal est imprimé sur du papier
porteur de l'Ecolabel européen sous 22 h 50 CHAMPIONS ZONE
moyenne), avait souri à un groupe de qua- Step) qui a réglé le sprint, devant Démare québécois Jacob Lagacé le numéro FI/37/01 L’après-match.
tre « experts » de ces terrains : Greg Van et Degenkolb, et remporte ainsi son qua- (1,79 m ; 89 kg) qui va Eutrophisation :
Avermaet (CCC), Zdenek Stybar (Deceu- trième succès de la saison. Le Français rejoindre Rouen en Ligue pTot 0,009 kg / tonne de papier
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ninck-Quick Step), Loïc Vliegen (Circus - devient, lui, le leader de l’épreuve belge Magnus cette saison. Drafté AMAURY MEDIA 17:30
Wanty Gobert) et Jhonatan Narvaez (In- avant la dernière étape, aujourd’hui. en 134e position en 2008, Tél. : 01-40-93-20-20
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TOUR D’ÉMILIE Le Tour d’Émilie, qui d’ordinaire,
Conley de retour carrière en Europe, COMMISSION PARITAIRE :
n° 1222 K 82523

sertderampedelancementauTourdeLombardie,a dans la bulle

Stéphane Grangier/L’Équipe
permis, hier au jeune Russe d’Astana, Aleksandr ha ndba ll
Vlasov (24 ans), de confirmer sa grande forme du Mike Conley est de retour dans la COVID 19 : UN CAS
moment. Alors que le Portugais Joao Almeida (De- bulle NBA. Le meneur-star des POSITIF À AIX
ceunink-Quick Step) avait réussi à sortir à 19km de Jazz avait quitté Orlando il y a Le Pays d’Aix, 6e la Lidl
l’arrivéeetàseménagerunécartde30secondessur deux jours pour assister à la Starligue l’an dernier, a
ses plus sérieux adversaires, il voyait, à 800m de l’ar- naissance de son fils et avait déclaré un cas positif au
rivée, Vlasov, sorti seul du groupe de chasse, fondre manqué le premier match de Covid-19 au sein de son
sur lui dans le mur de San Luca. Impressionnant, son équipe, perdu lundi contre effectif. Le club n’a pas 9 h 00 L’ÉQUIPE MOTEUR Direct Auto Express.
comme il l’avait été début août au Ventoux Dénivelé les Denver Nuggets (135-125). précisé s’il s’agissait d’un Saison 2016-2017. Émission 40.
Challenge, le Pas certain que Conley (14,4 joueur ou d’un membre du 10 h 00 L’ÉQUIPE MOTEUR Direct Auto Express.
Russe a déposé points, 4,4 passes et 3,2 rebonds staff, mais décision a été prise Saison 2017-2018. Émission 37. À 10 h 55,
sur place le lea- de moyenne) puisse prendre d’annuler les entraînements saison 2018-2019, émission 13.
der pour rem- part au deuxième qui se jouera jusqu’à demain. C’est un 11 h 45 L’ÉQUIPE MOTEUR Direct Auto Express.
Étienne Garnier/L’Équipe

porterensolitaire aujourd’hui.Eneffet,bienqu’ilait sérieux contretemps pour Saison 2017-2018. Émission 57. À 12 h 35,
sa troisième vic- été testé quotidiennement lors- l’équipe de Thierry Anti, qui saison 2018-2019, émission 20.
toire de l’année (il qu’il était hors de la bulle NBA, il doit entrer en lice en European 13 h 30 L’ÉQUIPE MOTEUR Direct Auto Express.
compteaussiune doit toujours observer une pé- League fin août face aux Saison 2017-2018. Grands formats 3 et 6.
étape du Tour de riode de quarantaine. Sa partici- Espagnols d’Irun. 14 h 00 CYCLISME Tour du Limousin - Nouvelle-Aquitaine.
laProvence). pation sera décidée par la NBA. 2e étape : Rouffiac - Grand Étang de Saint-Estèphe
(173,9 km).
nistrative, le Conseil départemental de la jeunesse, des 17 h 30 L’ÉQUIPE D’ESTELLE Avec : Estelle Denis, Raphaël
violences sexuelles Sebaoun, Thibaud Vézirian, Jérôme Alonzo, Vikash
Un entraîneur des Yvelines
sports et de la vie associative (CDJSVA) avait proposé à
l’unanimité le 9juillet une sanction à vie, suivie par le pré-
Dhorasoo, Dominique Grimault, Grégory Ascher ;
Benoît Cosset à Lisbonne (POR).
suspendu à vie fet. En parallèle, la commission disciplinaire de la FFA a
suspendu 30 ans l’entraîneur, qui a fait appel de sa sanc- 19 h 45 L’ÉQUIPE DU SOIR 1ere partie. Avec : Olivier Ménard,
Un entraîneur d’athlétisme et ex-dirigeant d’un club de tion et entend contester sa suspension administrative, Ludovic Obraniak, Raymond Domenech, Bertand
Saint-Germain-en-Laye de 42ans a été interdit d’entraî- selon son avocat, Me Charles Thuillier. « Nous sommes Latour, Dave Appadoo, Nabil Djellit ;
ner à vie par la préfecture des Yvelines et suspendu 30ans dans une zone grise, a-t-il estimé, avec des relations con- Benoît Cosset à Lisbonne (POR).
par la Fédération française d’athlétisme (FFA) pour des senties, qui étaient des relations amoureuses pour mon cli- 20 h 59 PÉTANQUE Masters 2019. 7e manche à Montluçon.
faits de violences sexuelles. Entraîneur et dirigeant de ent. Je trouve que la partie plaignante est plus mise en exer- Finale. 1re partie. À 22 heures, 2e partie.
longue date du Club athlétique de l’Ouest 78 (CAO78), il gue que la défense. Ces décisions sont pour mon client d’une 21 h 45 L’ÉQUIPE DE LA MI-TEMPS
avait été mis en examen début juillet par la justice pour violence inouïe. » Une source proche de l’enquête décrit Spéciale Lyon-Bayern Munich.
viols et harcèlement sexuel sur sept jeunes filles âgées des plaignantes « fragilisées et isolées » par quelqu’un 22 h 50 L’ÉQUIPE DU SOIR 2e partie. Rediffusion à 0 h 30.
de 16 à 18ans et toutes membres du club au moment des «qui avait autorité sur ces jeunes filles. Elles faisaient tout ce 0 h 00 L’ÉQUIPE DU SOIR La prolongation.
faits, entre 2007 et 2019. Après six mois d’enquête admi- qu’il disait.» Rediffusion à 1 h 45.
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Jusqu’au 26 août, « L'Équipe » vous propose six séries hebdomadaires.
Cette semaine : Cinq femmes d’entraîneur évoquent la vie
aux côtés de ceux dont le travail est aussi une passion dévorante.
Francesca Brienza
« RUDI, JE LE PARTAGE
AVEC SES JOUEURS »
La compagne de Rudi Garcia, journaliste sportive au caractère
affirmé, raconte son quotidien auprès de l’entraîneur lyonnais.
mélIsande GomeZ
LYON – «Bonjour madame Brienza, comment allez-vous
aujourd’hui?» Dans le superbe hôtel où elle a donné
rendez-vous, sur les hauteurs de Fourvière, tout le
monde connaît Francesca Brienza. Robe à fleurs, ta-
lons hauts, cascade de cheveux bruns, la jeune
femme a de l’allure et le sourire aux lèvres: dans cet
établissement, elle se sent «comme à la maison», ex-
plique-t-elle, puisque c’est ici qu’elle s’est installée
pendant quelques mois avec Rudi Garcia (56 ans), à
leur arrivée à Lyon, avant de trouver où habiter. Elle a
un petit mot pour chacun, dans un français impecca-
ble à l’accent chantant, et c’est dans notre langue
qu’elle répondra aux questions. Parfois, rarement,
elle cherche une expression, la dit en italien, mais
cela ne gâte rien : « J’avais un niveau de français très
basique, en arrivant ici, mais je voulais apprendre, pour
tout comprendre et me faire comprendre. Je fais encore
beaucoup de fautes, parce que je n’ai pas la “grammati-
que” (grammaire se dit grammatica, en italien). Mais
tout le monde me dit que c’est charmant.»
C’est charmant, évidemment, mais Francesca
n’est pas du genre à minauder. Question de carac-
tère et d’éducation, peut-être. Elle est née à Rome il
y a 34ans, d’un papa militaire venu de la Basilicate et
aux principes plutôt rigides. Elle adorait la Roma,
déjà («Je ne saurais pas expliquer pourquoi j’aime ce
club, je suis née comme ça », dit-elle), mais n’allait
pas au stade, pas même avec sa grande sœur, de
cinq ans son aînée : « Mon père ne voulait pas. Un
homme du Sud avec deux filles à Rome, vous imagi-
nez? C’était interdit d’aller au stade avant 18 ans!» Elle
s’est bien rattrapée, depuis, et elle a même fait du
football son métier. Après une courte carrière dans
le divertissement, elle se lance dans le journalisme
et, en 2012, la Roma lui propose de devenir anima-
trice sur Roma TV, la chaîne officielle du club. Elle
n’a encore jamais travaillé dans le foot, à l’époque,
mais elle aime ce jeu et ce sport, aussi, pour sa di-
mension sociétale à part: «C’est un sport qui touche
tout le monde, c’est une langue internationale et c’est
ça que j’adore. Bien sûr, il y a des côtés négatifs. Mais tu
peux parler de foot dans un bar avec un politique, ou
bien avec un garçon qui n’a jamais fait d’études, et on
parle la même langue.» Elle s’est essayée à la prati-
que, aussi, mais cela n’a pas duré très longtemps,
de son propre aveu: «J’ai essayé de jouer un peu, mais
bon… Ma sœur a continué, mais moi, la première fois
que j’ai reçu un coup sur la jambe, j’ai eu mal toute la
nuit. Je me suis dit que j’allais m’arrêter à la théorie»,
rigole-t-elle.
Concessions intimes 3/5
Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE
Les femmes de coach se racontent
Nous sommes en 2012, donc, quand le centre
d’entraînement de Trigoria devient son lieu de tra-
vail au quotidien. Elle est le visage de la chaîne, mais
elle ne veut pas s’en contenter et doit faire sa place
au milieu des hommes. « J’étais la seule femme,
j’animais les émissions, au milieu d’hommes qui sont
habitués à être les prime donne, se souvient-elle.
Dans leur esprit, tu as volé un rôle qui leur revient, donc
il faut se battre pour le garder. Et je devais montrer que
j’étais capable de parler de foot.»
“Je suis tellement consciencieuse
dans mon travail que j’ai demandé
,,
la permission de sortir
avec Rudi à mon boss !
Alors, quand l’entraîneur de l’équipe première, le
Français Rudi Garcia, commence à s’intéresser à elle,
c’est un cas de conscience. «Cela n’a pas été facile. J’ai
attendu beaucoup avant d’accepter, parce que c’était le
coach, et parce que je n’avais jamais fait ça. Je suis telle-
ment consciencieuse dans mon travail que j’ai demandé
la permission de sortir avec Rudi à mon boss!», s’amu-
se-t-elle. À Rome, où la Roma est une religion, leur re- C’est lors de son
lation est scrutée par la presse people, des paparazzis passage dans Sept ans plus tard, le couple ne s’est plus quitté,
guettent leurs sorties au restaurant, on leur propose la capitale italienne mais il a dû voyager, au gré de la carrière de l’entraî-
de l’argent pour des photos en une des magazines, ils (2013-2016) que neur. Il a fallu trouver un modus vivendi, pour laisser le
refusent tout et se font discrets. « C’était particulier, Rudi Garcia a fait foot de côté de temps en temps, histoire de s’aérer un
mais aujourd’hui je sais que je ne me suis pas trompée», la connaissance peu l’esprit en revenant du boulot. «Depuis le début, on
sourit l’Italienne, qui parle de son «homme», comme de Francesca Brienza, a décidé de ne pas parler de foot entre nous, en tout cas
elle l’appelle, avec respect et admiration: «Rudi a fait qui était animatrice très peu, il y a tellement d’autres sujets de discussion.
un travail fantastique pour le club. La Roma qu’on voit au- sur Roma TV Bien sûr, s’il y a un souci, on en parle, mais je sens main-
jourd’hui s’appuie encore sur la base qu’il a laissée.» à l’époque. tenant quand c’est le moment d’en parler, et quand il vaut
mieux éviter.» Les victoires sont plus gaies que les dé-
faites et elles modifient l’emploi du temps: «Quand tu
gagnes, tu partages avec tout le monde, quand tu perds,
tu es tout seul à la maison. » Après des années de vie
commune, elle l’assure: «Femme de coach, c’est du
boulot. Au côté d’un homme exposé, la femme joue tou-
jours un rôle important. L’histoire le dit, cela a commencé
avec Jules César et Cléopâtre. Il faut bien analyser la si-
tuation, être un peu psychologue et, surtout, il faut avoir ta
propre identité, ta personnalité, ta vie. Je m’appelle Fran-
cesca, ça veut dire femme libre. Ma vie, c’est mon travail,
mes passions, mes voyages. Je ne suis pas la femme qui
Norbert Scanella/Panoramic
attend à la maison. J’aime beaucoup faire l’Italienne, la
cuisine et tout, mais j’ai besoin d’avoir ma vie.»
Le métier de son homme l’oblige à passer en deu-
xième, parfois – « quand tu es femme d’entraîneur, il
faut savoir partager. Rudi, je le partage avec ses joueurs»
– et à être seule, aussi, aux mariages où ils sont invi-
tés, par exemple – «lui, le week-end, il a des matches.» uu
 LUNDI HIER
Isabelle Urios, compagne Corinne Krumbholz, compagne
de Christophe Urios d’Olivier Krumbholz
uu Elle décrit un métier compliqué, «qui te dévore, où il n’y
a pas de samedis, pas de dimanches, très peu de temps
pour soi», et où l’avenir est incertain, toujours. Quand
les résultats n’arrivent pas, on vire l’entraîneur et de
plus en plus vite: c’est une tendance qu’elle regrette,
évidemment, parce qu’elle vit de l’autre côté du ri-
deau. « Ce n’est pas efficace, comme méthode. Les
joueurs l’ont compris, ils n’ont qu’à faire la gueule et at-
tendre que l’entraîneur saute. Quand tu es à l’école et que
tu n’es pas bon en mathématiques, on ne change pas le
professeur.»
Elle a maintenu son équilibre en poursuivant sa
carrière en Italie, où elle se déplace au moins trois fois
par mois. Elle participe à des émissions, comme Tiki
Taka, talk-show footballistique où il faut s’affirmer
pour prendre la parole, au milieu d’entraîneurs et an-
ciens joueurs. Francesca Brienza, alias «Brienzina»,
y est à son aise et fière du chemin parcouru pour arri-
ver jusque-là. « Ça paie quand des femmes utilisent
leur cerveau et montrent de quoi elles sont capables. Je
n’ai jamais accepté un travail où c’était : “Alors, au-
jourd’hui sur les réseaux sociaux….” C’était facile, parce
que toutes les émissions cherchent des filles pour faire
ça, mais pour moi ce n’était pas envisageable. J’ai fait des
études, j’ai un diplôme!» Il a fallu gagner la crédibilité
semaine après semaine sur les plateaux, avec per-
sonnalité et humilité. «Quand je parle, personne ne me
coupe. Mais, en même temps, je connais mes limites.
AUJOURD’HUI
Francesca Brienza,
compagne de Rudi Garcia
L’intelligence, c’est de s’arrêter au bon moment. Si je ne
suis pas capable d’expliquer la tactique, je ne dis rien, je
laisse parler. À l’inverse, quand je sais quelque chose, je
le dis fortement. En tant que femmes, nous sommes pé-
nalisées parce qu’il y a toujours des filles qui acceptent
d’être des accessoires de décoration. Ce n’est pas
comme cela que l’on prendra le rôle qui nous revient. Et
le problème, c’est le public qui regarde: s’il n’est pas exi-
geant, s’il ne réfléchit pas, pourquoi lui donnerait-on ma-
tière à réfléchir?»
“Rudi ne va pas faire entraîneur
toute sa vie, il a déjà une longue
,,
carrière et il ne s’est jamais arrêté.
Un jour, on va se poser
Elle n’est pas plus tendre avec les réseaux sociaux
même si, paradoxalement, elle les utilise quotidien-
nement. « Je les utilise pour communiquer, c’est un
pouvoir incroyable, tu peux dire les choses directement.
Mais, comme d’autres journalistes, on donne trop d’im-
portance aux réseaux sociaux. Même sur l’information.
Ce sont des profils fake, et donc on rebondit sur des opi-
nions fake. On est complices de ce système, cela me dé-
range. » Les critiques parfois violentes contre son
compagnon la dérangent aussi. Francesca est affec-
tée, forcément, mais pas plus que ça, parce qu’elle
sait relativiser. «Si tu donnes de l’importance à la criti-
DEMAIN VENDREDI 31
Véronique Der Zakarian, Jennifer Madiot,
compagne de Michel Der Zakarian compagne de Marc Madiot
3/5 les femmes de coach se racontent
Alex Martin/L’Équipe
Francesca Brienza, que violente ou à l’insulte, tu donnes de l’importance à la
34 ans, s’est adaptée personne qui le dit. Et les gens qui s’expriment de cette
avec plaisir à cette façon-là, ce ne sont pas des gens à qui je donne de l’inté-
vie de nomade rêt. Je me dis : cette critique est affreuse, elle sort de
dictée par les quelle bouche? Ah, celle-là, OK, pas important. Si c’est
changements le président de la République qui critique, je vais y faire
d’équipes de davantage attention et cela me touchera davantage,
son compagnon. parce que c’est un homme intelligent. Mais sinon…
C’est le foot, voilà.» Elle prend exemple sur son con-
joint, qui met de la distance, «qui ne va pas toucher le
fond quand ça va mal, ni faire la fête tout le temps quand
ça va bien. C’est quelque chose que j’ai appris de lui, tu
profites du positif, tu maîtrises le négatif».
Elle s’est adaptée avec plaisir, aussi, à cette vie de
nomade, toujours entre deux clubs, entre deux villes.
Il y eut Marseille («là-bas, c’est la mer qui change tout,
c’est magnifique »), puis Lyon (« où j’ai retrouvé beau-
coup de Rome »). Il y aura Rome, toujours, la ville de
son enfance, de sa famille et de son métier, même si
les propositions arrivent aussi de France, maintenant
qu’elle est bilingue. «Cette vie de voyage me plaît, il faut
recommencer à chaque fois, s’adapter, cela me donne
de l’énergie. Et puis, au bout d’un moment, ces voyages
vont cesser. Rudi ne va pas faire entraîneur toute sa vie, il
a déjà une longue carrière et il ne s’est jamais arrêté. Un
jour, on va se poser.» Avant cela, elle espère voir Lis-
bonne, très vite : si Lyon va en finale de la Ligue des
champions, elle a promis d’y aller. É
 32 Mercredi 19 août 2020 | L’ÉQUIPE

Illustration Fabien Clairefond

L’humeur
léo
dubois
sommaire Rémy Fière
Football

14 Ligue des champions

Lukasz Swiderek/PSP/Presse Sports

Les notes de RB Leipzig - Paris-SG P. 6

Coup de chaud
Le débrief du match P. 7
Léo Dubois dit tout P. 14 et 15
Johann La chronique de Bixente Lizarazu P. 15
zarco Le jeune milieu lyonnais fait la loi P. 16
22 Dembélé-Coman, les amis de toujours P. 17
Lewandowski enfin incontournable P. 18
Allez savoir pourquoi j’ai choisi, dans cet
empirisme forcené qui frise
Ligue 1 l’inconscience, de terminer la préparation
OM - Saint-Étienne reporté P. 20 de mon premier Ironman en Sardaigne…
Extra médias Un lancinant besoin de dépasser mes
limites, un «qui peut le plus peut le
Téléfoot s’adapte P. 21
moins», comme nous le serinait une
Moto professeure de latin-grec, ou ce semblant
Johann Zarco se défend P. 22 et 23 de masochisme qui rapproche l’homme

Pierre Lahalle/L’Équipe
du démon lorsque la température
Alain Mounic/L’Équipe

alexandra Basket
Tavernier dépasse les 43 °C au soleil?
NBA
25 Luwawu-Cabarrot, la belle surprise P. 24
Toujours est-il que sur cette île
chaleureuse, et alors que d’une foulée
Athlétisme altière et aérienne je tentais de me hisser
Alexandra Tavernier, tout pour la gagne P. 25 vers les Montiferru (Montagnes de fer,
francesca hum hum!), je compris rapidement que si
brienza Rugby le changement climatique se perpétuait

30 Top 14 - Fédération
À la recherche d’un compromis P. 26 et 27
comme annoncé, il était probable que je
finisse ma carrière plus vite que prévu et
qu’un berger endimanché retrouve mon
Karaté
corps finissant de rôtir sur un chemin
Steven Da Costa est soulagé P. 28 creux. Hors de question pourtant que ma
Alex Martin/L’Équipe

L’été en séries misérable existence se délite sur la table

Femmes de coach de bois d’un déjeuner dominical…
La compagne de Rudi Garcia Que quelques
parle de son « homme » P. 30 et 31 « Pour du porc, adorateurs du
eLLe est vraiment « porceddu»
fondante » à la broche
parviennent à
le dessin de disposer savamment mes restes sur le
grand plat de liège local, pourquoi pas si
cela reste graphiquement distingué, mais
je supporterais mal que l’on présente un
de mes jambons à une «nonna» édentée
en lui glissant un: «Allez-y, grand-mère,
Qu’en reprenez un peu de viande, pour du porc,

pensez-vous ? elle est vraiment fondante…»

Trop spectrale, cette perspective mit
immédiatement un terme à mes efforts.
Alors que je dégoulinais comme un
attend vos avis sorbet tiède, je stoppai tout, rentrai au
camping et décidai de consacrer les six
Le PSG jours restants à élaborer une stratégie
de course. J’eus bien raison: par le plus
remportera-t-il miraculeux des hasards, le soir même,
je rencontrai chez une amie un couple de
dimanche triathlètes accoutumé à la discipline. Lui
était sec comme un fétu, elle souple
la Ligue des champions ? comme un roseau. Nous discutâmes
sans que je leur avoue mon désir secret,
Rendez-vous dès à présent sur ils me confièrent sans le savoir quelques
conseils avisés, fruits juteux de leur
expérience commune.
pour vous exprimer Permettez donc que je vous en parle
la semaine prochaine…

Numéro SPÉCIAL
GUIDE Du tour
ACTUELLEMENT
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