ROUAGES & ENGRENAGES

Livre 2e

rouages
et engrenages
 SOMMAIRE
Qu’est-ce que le jeu de rôle ?................................. 3 Où les Impacts physiques, moraux
et sociaux entrent en jeu..................................... 67
LE JEU DES TRAVERSES..................11 Où l’on apprend à gérer l’expérience..................71
Où les conteurs reçoivent
Orientations générales du système.....................12 quelques conseils..................................................73
Où l’on présente les personnages........................13
Où la création de personnage est abordée.........19
Création détaillée de personnage...................... 23
MÉCANISMES SUPPLÉTIFS..............77
Où divers archétypes sont exposés.....................39 Où les règles de céphalie sont abordées.............78
Où l’on découvre les bases Où les dés sont jetés............................................ 80
du jeu des traverses............................................. 49 Où la Difficulté est expliquée..............................81
Où les personnages joueurs se démarquent......52 Où les Modificateurs entrent en compte...........85
Où l’on apprend à résoudre Où les réussites et les échecs
les Confrontations................................................55 sont interprétés.....................................................87
Où les différents types de Confrontations Où les anences se dessinent................................ 89
sont détaillés........................................................ 58 Où les céphales gagnent en expérience..............95
Exemples de Confrontation................................65 Où la céphalie se décrit...................................... 96

‌CRÉDITS
‌Développement du concept ‌Relectures et conseils
Alexandre Clavel, Mathieu Gaborit, Joaquim Aurélien Caffart, Fred Chevrot, Joaquim
Lasselin, Samuel Metzener, Guillaume Vincent. Lasselin, Sylvain Lectard, Amandine Luchier.

‌Chef de projet ‌Illustrations intérieures

Alexandre Clavel Émile Denis, Nicolas Fructus,
Remton, Sabrina Tobal

‌Rédaction
Alexandre Clavel, Mathieu Gaborit, Samuel ‌Mise en page
Metzener. Camille Durand-Kriegel

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 ‌ U’EST-CE QUE
Q
LE JEU DE RÔLE ?
U
n jeu de rôle est une activité ludique
unique en son genre, qui vise à géné-
rer un récit oral interactif commun à
un groupe. Par récit, nous entendons
la mise en ordre des faits d’aventures
vécues par des participants lors de par-
ties de jeux de rôle. Dans notre cas, ces
dernières prendront place dans l’univers
d’Écryme. Le groupe (allant idéalement de trois
à cinq personnes), vous en l’occurrence, se réu-
nit autour d’une table pour y disposer le maté-
riel de jeu. Tout ce dont vous aurez besoin pour
jouer, ce sont des règles que vous tenez entre les
mains, de crayons, de papier et de quelques dés à
6 faces (aussi appelés dés six ou D6, utilisés pour
des jeux comme le 421, le craps, les petits che-
vaux, etc.).
Durant une aventure, tous les lieux décrits et
les protagonistes rencontrés prendront vie et
s’animeront grâce à vous. Dans Écryme, comme
dans la grande majorité des jeux de rôle tradi-
tionnels, cette intercréativité est néanmoins asy-
métrique. Les joueurs contribuent à construire
le récit par le contrôle qu’ils exercent sur leurs
personnages, en émettant un certain nombre de
propositions, qu’il s’agisse d’actions entreprises
ou de propos tenus. Quant au conteur, il endosse
un statut particulier, puisqu’il constitue un relais
entre les personnages et le reste de l’univers. Il
expose aux autres participants une amorce (le
début de l’aventure), décrit les décors et gère les
interactions avec les personnages secondaires (ou
personnages non-joueurs, par contraste avec les
personnages joueurs). Ces interactions font pro-
gresser le récit. Pour y parvenir, le conteur devra
réagir en fonction de l’attitude des personnages
joueurs à ses propres propositions et vice versa.
Enfin, il devient l’organe de perception de votre
tablée, puisque ses descriptions dépeindront ce
que le groupe voit, entend, goûte, touche ou sent.
Vous l’aurez compris, son influence est extrême-
ment importante.
En résumé, la partie se déroule comme un dia-
logue : le conteur décrit le cadre dans lequel se
trouvent les personnages joueurs et les joueurs
décident des actions entreprises par leurs per-
sonnages ; en fonction de ces actions, le conteur
raconte comment la situation évolue.
‌À quoi ça ressemble ?
Concrètement, les joueurs sont assis autour
d’une table. Le conteur dépeint une situation et
les autres joueurs y répondent en décrivant les
actions de leurs personnages. Le conteur intègre
alors les décisions des uns et des autres, décrit
la nouvelle situation qui en découle et demande
aux joueurs d’y réagir. Par itérations successives,
un récit émerge et se développe.
Certains conteurs imaginent des situations
inédites et les développent en improvisant, mais
d’autres s’appuient sur des scénarios préexistants.
Ces derniers demandent un peu de travail pour
s’adapter à chaque groupe, mais ils ont l’avantage
de présenter des aventures qui ont été pensées et
testées en termes de cohérence, de rythme, de
rebondissements, etc.
Dans le court exemple en encadré (en page 7),
on distingue deux styles d’interprétation par les
joueurs :
Le style direct : le joueur décrit les actions de
son personnage à la première personne. Il parle
comme le ferait son personnage (Alors Agnès,
as-tu pu vérifier où notre homme s’est rendu ?). C’est
le style employé par Alexandre.
Le style indirect : le joueur décrit les actions
de son personnage, en l’évoquant à la troisième
personne. Il décrit les propos tenus par son per-
sonnage (Mon personnage demande à Stavros s’il a
pu vérifier où le métropolite s’est rendu). C’est le style
employé par Isabelle.
Généralement, les joueurs préfèrent le style
direct, car il est jugé plus immersif et allège un
peu la description des actions des personnages. Il
n’y a toutefois pas de meilleur ou de moins bonne
3
 façon de jouer en ce qui concerne l’interpréta-
tion (l’essentiel étant de faire les propositions les
plus engageantes pour la progression du récit,
peu importe la forme). Les conteurs, quant à
eux, doivent faire usage des deux styles en fonc-
tion des situations et des informations qu’ils sou-
haitent transmettre.
Enfin, deux discours s’ajoutent encore afin de
rendre cet espace verbal vivant :
Le discours dans le monde réel : Passe-moi le
crayon ou le soda, s’il te plaît…
Le discours technique : Fais un test de Maraude !
‌Quelques principes de base
Comme pour toute activité sociale, en particu-
lier celles s’inscrivant dans la durée, les partici-
pants à un jeu de rôle doivent s’astreindre à cer-
taines règles. Par exemple, vous aurez besoin d’un
lieu pour jouer. Que ce soit dans un club, chez
l’un des participants ou sur le serveur de votre
logiciel informatique vocal préféré, il est impor-
tant de respecter son hôte et les consignes qu’il
transmettrait (ne pas parler trop fort à cause du
bébé qui dort, fin de partie à minuit ou toute
autre chose). Lors de parties traditionnelles (en
chair et en os), partager les frais de bouche et/
ou amener chacun de quoi boire et grignoter est
4
également appréciable et apprécié. Bref, ça peut
vous paraître relever du bon sens et des bonnes
manières, mais cela vaut le coup de les évo-
quer lors des premières parties, surtout avec des
joueurs que vous connaîtriez parfois mal. En effet,
à l’heure de la mobilité extrême et des réseaux
sociaux, il arrive de trouver à la volée un nou-
veau groupe de joueurs sur internet, de les ren-
contrer pour jouer avant même d’avoir été boire
un verre et de sympathiser. Autant placer ces ren-
contres sur les meilleurs augures dès le départ.
Voilà d’autres éléments, à notre sens, qu’il est inté-
ressant de rappeler lors des échanges initiaux.
‌C’est un jeu 
L’objectif premier d’un jeu de rôle est de pas-
ser un bon moment, amusant et convivial, avec
des personnes partageant le même état d’esprit.
Certaines fois, vous serez peut-être amenés, à tra-
vers des situations du récit, à questionner votre
façon de penser et de voir le monde. Laissez-vous
aller à l’ambiance, mais pas la peine de prendre
les choses trop à cœur et de trop en faire (dans la
théâtralité ou l’interprétation de son rôle).
‌Respecter les autres
Le jeu de rôle est une activité collective, basée
sur la parole. Pour que tout le monde y trouve
son compte, il faut savoir laisser de la place aux
autres participants et ne pas chercher à se mettre
en avant à la moindre occasion. À cet effet, les
écouter est primordial. Il faut rebondir sur leurs
propositions plutôt que de les ignorer. En écou-
 ‌Exemple de partie
Samuel (conteur) : le marché est bondé. Vous êtes assaillis de toutes parts par les odeurs
de produits rances, le bruit ambiant et le tourbillonnement de la foule qui se bouscule
devant les étals. Soudain, les gens s’écartent, laissant apparaître un métropolite. L’homme
s’approche de toi (en désignant Alexandre) d’un pas décidé. Que fais-tu ?
Alexandre (Stavros, le personnage joueur 1) : je feins de ne pas l’avoir remarqué et conti-
nue comme si de rien n’était. Après tout, fuir me désignerait comme coupable, non ?
À ce stade, Alexandre aurait pu envisager de nombreuses réactions possibles : la fuite, une
technique d’évitement ou prendre la foule à partie pour la monter contre le métropolite,
etc. Il a fait un choix parmi les possibles qui s’offraient à lui.
Isabelle (Agnès, le personnage joueur 2) : de son côté, Agnès s’éloigne un peu, tout en
se tenant prête à aider Stavros.
Samuel (à Alexandre) : le métropolite te bouscule et continue son bonhomme de chemin
sans même s’excuser, comme s’il était absorbé dans ses pensées et, bientôt, il est englouti
dans la marée humaine. Fais un test de Maraude difficile avec 10 comme Difficulté.
Alexandre lance deux dés six et ajoute à leur résultat la valeur dans la Compétence Maraude
de son personnage (terme technique qui sera expliqué ultérieurement).
Alexandre : 12 !
Samuel : quand il avançait vers toi, tu as remarqué que le métropolite a fait un petit
détour pour s’assurer de te bousculer et désormais tu sais pourquoi. Tu sens qu’il a glissé
dans ta poche un petit objet mais, plus important encore, au vu de sa démarche raide et de
son faciès tendu, l’homme doit être blessé et tente de le dissimuler. Que faites-vous ?
Isabelle : Agnès vérifie que personne ne suit le métropolite.
Alexandre : je ne regarde surtout pas ce qu’il a mis dans ma poche. J’attendrais d’être
dans un endroit sûr, avec Agnès, pour le faire.

tant et en acceptant les idées des uns et des autres
(certaines fois avec des réserves ou des nuances),
l’objectif est simplement de les développer pour
construire un récit palpitant.
‌Respecter l’immersion des autres
Certains jeux, comme Écryme, visent à créer
une ambiance propice à l’interprétation des
rôles. Afin de ne pas nuire à cette démarche,
évitez par exemple de consulter trop fréquem-
ment vos téléphones portables ou d’enchaîner les
blagues potaches les unes après les autres (l’hu-
mour en tant que tel n’est jamais mal, mais il ne
doit pas aller contre un éventuel contrat social,
cf. plus loin). N’oubliez pas qu’il est parfois salu-
taire, afin de préserver une bonne ambiance, de
faire une petite pause.
‌Joueur et personnage
Le jeu de rôle permet d’incarner un person-
nage. Beaucoup plus dynamique et immer-
sive qu’un film, cette particularité nous pousse
à tâtonner, à expérimenter pour s’approprier
nos avatars et, ce faisant, nous découvrons des
facettes de nous-mêmes. Pour favoriser l’immer-
sion, il est intéressant de parler comme nos alter
ego (cf. style direct et indirect plus haut), d’adop-
ter leurs manières, de mimer leurs émotions, de
jouer certaines scènes à la manière d’un GN, etc.
Mais un joueur n’est pas son personnage. Celui-ci
a une histoire, des aptitudes, des compétences et
des comportements qui lui sont propres. Il est
donc conseillé d’accepter que son personnage
réagisse parfois différemment de ce que le joueur
voudrait. La situation idéale, selon le joueur, ne
l’est pas forcément aux yeux de son avatar.
‌La carte X
Certains conteurs déposent au milieu de la
table une carte marquée d’un X. Cette carte
permet à n’importe quel joueur qui s’en saisit
d’interrompre la partie, à tout moment, quand
un élément le dérange vraiment. Nous n’avons
jamais vu cette carte utilisée, mais connaître

5

‌Autres formes de jeux
Si vous avez expérimenté les livres dont
vous êtes le héros, les jeux de rôle en
grandeur nature (GN) ou les jeux de pla-
teau, alors, vous devez déjà être familia-
risé avec certains composants du jeu de
rôle. Les livres dont vous êtes le héros se
jouent seul, mais ils demandent de faire
des choix et de lancer des dés. Le GN ne
se joue pas autour d’une table, mais exige
d’incarner physiquement un rôle (avec des
règles plus minimalistes qu’en jeu de rôle
sur table). Enfin, les jeux de plateau sont
moins (voire pas du tout) axés sur l’inter-
prétation, mais ils fournissent des règles
de simulation extrêmement détaillées.
son existence et permettre son utilisation nous
semble nécessaire. En effet, même s’il s’agit d’un
moment ludique, certains passages de scéna-
rios peuvent gêner les joueurs. Le jeu de rôle,
et Écryme en l’occurrence, peut présenter aux
participants des événements parfois durs : l’ex-
ploitation d’enfants, les désillusions politiques, la
mort d’un proche, etc. Cela fait sens dans l’aven-
ture, mais pourrait rencontrer un écho impor-
tant chez un joueur et le heurter (perte récente
d’un proche par exemple). L’ensemble de la table
est là pour s’amuser. Si ce n’est pas le cas, il faut
le signaler.
‌Briefer et débriefer les parties
Au début et à la fin de chaque séance de jeu, il
n’est jamais inutile de prendre un peu de temps
pour évoquer ses envies et ce que nous désirons
faire lors des parties suivantes. Quelque chose
nous a dérangés, disons-le. Nous avons envie
de découvrir tel ou tel aspect du jeu ou un élé-
ment lié à notre personnage, évoquons-le afin
de permettre au conteur de préparer la partie
suivante. Moins frontalement qu’avec la carte X,
c’est également le moment d’évoquer ce qui nous
a déplu. Par exemple, un joueur s’est senti mal
à l’aise face au jeu de séduction amorcé par un
personnage non-joueur vis-à-vis de son avatar (il
n’aime pas cet aspect dans un jeu de rôle, a l’im-
pression de trahir sa compagne dans la vraie vie,
peu importe la raison), eh bien cela changera à
la partie suivante. Pouf, plus de drague ! Cela
fonctionne aussi en s’exprimant avant de com-
mencer l’aventure. Si un joueur arrive avec le
6
moral dans les chaussettes, le conteur peut chan-
ger le ton de son scénario et ne pas faire jouer le
drame tortueux qu’il avait prévu, mais, à la place
un scénario plus joyeux.
‌Gagner ou perdre
Contrairement à la plupart des jeux de société,
le jeu de rôle se distingue par le fait qu’il n’y a ni
gagnant ni perdant. Dans les jeux de rôle tradi-
tionnels, les joueurs ne jouent en effet pas les uns
contre les autres (bon, d’accord, quelques crasses
de temps à autre, on ne dit pas…), mais ils for-
ment une équipe pouvant gagner ou perdre…
ensemble. Plus que ça, comme le veut l’adage,
l’important est avant tout de participer… en
construisant sur le moment le meilleur récit pos-
sible (celui qui emporte l’adhésion du plus grand
nombre de participants, pas forcément le plus
idéal). Dans un tel cas de figure, les objectifs de
chaque personnage se recouperont. Le conteur
n’est pas non plus un adversaire, c’est l’arbitre qui
gère les situations. Pour autant, il n’est pas exclu
que des divergences d’opinions naissent au sein
d’un groupe. C’est un moteur narratif extrême-
ment intéressant tant qu’il est utilisé avec parci-
monie par les participants. À nouveau, dans l’op-
tique de bâtir de jolies scènes qui font sens, pas
d’écraser les autres.
L’importance des règles
Chaque jeu de rôle est régi par des règles. Elles
ne servent pas à déterminer qui gagne ou perd,
mais ce qu’il est possible ou non de faire et quels
comportements sont encouragés. Certaines sont
des adaptations de systèmes génériques préexis-
tants, d’autres sont inédites (empruntant peut-
être certains éléments à d’autres systèmes). Nous
vous conseillons de les respecter pour plusieurs
raisons.
‌Un fonctionnement commun
Les enfants jouent aux gendarmes et aux
voleurs, aux cowboys et aux Indiens, etc. Durant
l’enfance, ces jeux où l’on fait semblant n’ont pas
de règles clairement établies. Ils imposent arbi-
trairement que tous les joueurs acceptent une
même fiction. Qu’un seul refuse de tomber ou
de faire le mort, alors qu’il a été touché, et le
jeu s’en trouve perturbé. C’est en cela que les
règles importent. Elles fondent et garantissent
un espace commun de fonctionnement.
 ‌Un équilibre savamment dosé
Certains auteurs proposent une règle d’or, le
fait que si une règle dérange, alors il suffit de la
changer. Cet exemple de bon sens n’est pas tout
à fait faux, mais pas non plus tout à fait vrai. En
effet, les règles mettent le focus sur des aspects
de l’univers (ici, un monde sombre où la survie
est difficile et où il est nécessaire de collaborer
pour s’en sortir). Les modifier peut altérer votre
ressenti durant les parties (en mieux ou en moins
bien). Donc, si vous le faites, que ce soit en accord
avec les joueurs.
‌L’univers : un sous-ensemble des règles
Les règles d’un jeu de rôle ne se limitent pas
à quantifier mathématiquement les actions des
personnages, elles assurent la cohésion du jeu
dans sa globalité, univers compris. Elles orientent
une manière de jouer. Règles et univers ne sont
ainsi pas séparés par une frontière imperméable.
De fait, certaines descriptions d’un univers sont
de véritables règles (dans un jeu policier, il est
évident qu’on jouera des policiers et que les
règles seront tournées vers l’investigation et/
ou l’action et/ou une approche plus sociale).
Le cœur des règles renvoie donc à l’expérience
qu’elles proposent.
‌Un besoin d’équité
Le conteur ne joue pas contre les joueurs.
L’emploi de règles lui assure une forme d’im-
partialité. Par exemple, quand un personnage
effectue un jet de dés médiocre, l’aléatoire et le
hasard passent toujours mieux que l’arbitraire (et
les règles traitent des conséquences d’un échec).
‌L’esprit plutôt que la lettre
Malgré ce que nous avons dit précédemment,
il ne faut pas se comporter en fondamentaliste
vis-à-vis des règles. Les modifications sont par-
faitement possibles tant qu’elles respectent l’es-
prit du jeu, c’est-à-dire l’expérience pensée et
encouragée par les auteurs. Un jeu ne se lit pas,
mais il se joue. Les auteurs l’ont écrit, en posant
certains axes, mais ce n’est qu’une étape. C’est
VOUS qui lui donnerez vie à travers vos parties.
Ne l’oubliez jamais.
‌Conseils aux joueurs
Les joueurs incarnent les personnages prin-
cipaux de l’histoire qui va se dérouler autour
de la table. Ils doivent s’acquitter d’un certain
nombre de tâches qui peuvent paraître intimi-
dantes aux novices. Voici un certain nombre de
conseils pour éviter des écueils que nous avons
nous-mêmes rencontrés :
‌Créer un personnage puis le jouer
Comme évoqué précédemment, le joueur n’est
pas son personnage. S’il sait des choses que son
personnage ignore, alors il doit veiller à agir
comme s’il les ignorait. Cela se révèle encore
plus vrai dans un jeu à secrets comme Écryme.
Certains secrets ne sont destinés qu’au seul
conteur qui devra les faire jouer. Lire ces der-
niers risquerait de gâcher réellement votre plai-
sir, mais aussi peut-être celui de vos camarades, si
vous ne cessez de claironner que vous connaissez
ceci ou cela. Les passages délicats seront toujours
clairement indiqués dans les parutions officielles
d’Écryme, de manière à éviter tout impair.
‌Ne pas être prisonnier de son background
Certains joueurs aiment créer de longs histo-
riques pour décrire le passé de leurs personnages.
C’est certes un bon moyen de s’approprier son
avatar et de fournir des éléments aux conteurs
pour bâtir leurs scénarios, mais on risque rapi-
dement de figer son personnage dans une forme
d’archétype inamovible (pensez à John Wayne).
Certaines fois, il est bien de savoir s’éloigner de
son historique et de réagir autrement, de façon
imprévisible. Cela permet d’avoir un personnage
vivant et vrai, qui n’est pas statique et qui peut se
fourvoyer et être incohérent. Comme nous, en
somme. Des fois, nous faisons même des choses
sans réellement savoir pourquoi. Pourquoi un
personnage ne le pourrait-il pas ?
7
 ‌Interagir avec le conteur et les autres personnages
Les joueurs interprètent les personnages
principaux d’une aventure, à eux de prendre
les décisions et d’improviser pour se sortir des
péripéties de l’histoire. Attention, même si cela
paraît évident, il est important d’avoir des inte-
ractions avec les protagonistes du conteur. Ce
ne sont pas que des réservoirs à points d’expé-
rience qu’il s’agit de trucider (ils ont des informa-
tions, peuvent vous aider, vous contrarier, tomber
amoureux, vous détester…). Moins évidentes, les
interactions au sein même du groupe de person-
nages. Que pensent vos personnages les uns des
autres ? Des relations asymétriques (X aime bien
Z, mais pas Y, sait qu’il peut compter sur A, craint
d’aborder B), comme dans la vraie vie, sont là
aussi extrêmement intéressantes à jouer.
‌Savoir concéder
Souvent, et c’est parfaitement humain, nous
avons tendance à trouver que nos idées sont
bonnes. Surtout quand il s’agit de construire une
histoire commune. Ce n’est évidemment pas tou-
jours le cas. Savoir le reconnaître est une preuve
de maturité. Cela s’appelle faire une concession
à l’autre, reconnaître que sa proposition est plus
riche de potentialités que la nôtre. Une conces-
sion est extrêmement puissante et intéressante à
jouer, car elle entraîne un impact, c’est-à-dire la
manifestation concrète que l’action d’un autre
protagoniste a un effet sur le nôtre.
‌Veiller à la cohérence du groupe  ‌Avoir préparé le scénario en amont
Certains jeux se prêtent à la discorde et aux
rivalités, mais pas Écryme. L’univers comporte
suffisamment de dangers pour ne pas en ajouter.
Plus les personnages évolueront dans les niveaux
de jeu et plus le lien entre eux deviendra fort et
aura un impact tangible. Cela n’exclut pas des
dissensions périodiques. Il ne faut toutefois pas
que vos aventures tournent systématiquement
autour de ces dernières.
‌Respecter les décisions du conteur  geste, avant de se lancer, puis de la relire fois en
Le conteur endosse le rôle d’arbitre et dis-
pose d’une vision plus globale de ce qui se passe
autour de la table. Il est donc de bon ton de se
plier à ses décisions quand il y a lieu. Il peut
parfois arriver qu’il emploie des ficelles un peu
grosses (comme dans un film d’horreur où les
personnages décident de se séparer alors qu’il y
a déjà eu trois morts) ou qu’il s’inspire de l’in-
trigue d’un film-série-livre que vous avez déjà
vu-lu. Dans ces cas-là, parlez-lui-en discrète-
8
ment (ou lors du débriefing de partie) pour ne
pas gâcher le plaisir des autres joueurs passés à
côté. Ne jouez pas contre lui et contre l’histoire
qu’il vous propose. C’est une perte d’énergie. Si
vous êtes confronté à une situation qui pourrait
vous ennuyer, il est beaucoup plus gratifiant, vous
verrez, de faire des propositions au conteur qui
pourraient orienter le récit dans des directions
inattendues.
Conseils aux conteurs
Le joueur qui fait office de conteur est indis-
pensable au bon déroulement de la partie. Il est
à la fois narrateur et arbitre. Remplir au mieux
cette fonction essentielle demande quand même
un certain travail préparatoire.
‌Bien connaître les règles
Connaître les règles permet de savoir com-
ment les utiliser, mais aussi de les expliquer avec
des mots simples et de hiérarchiser les éléments
essentiels ou secondaires à transmettre. En cours
de partie, cela aide à rebondir sur les résultats des
joueurs et à créer des péripéties intéressantes. On
n’imagine pas une personne ne connaissant pas
les règles du football arbitrer un match. Eh bien,
en jeu de rôle, c’est pareil. Évidemment, cela ne
doit pas empêcher les autres joueurs d’également
potasser le sujet.
Certains conteurs expérimentés ont l’habitude
de jouer en improvisant directement en cours de
partie. D’autres préfèrent se reposer sur des scé-
narios pré-écrits (par eux ou commerciaux), les
jugeant mieux aboutis en termes de dramaturgie,
etc. Dans le premier cas, il faut se concentrer sur
la logique interne du récit, laissez faire les per-
sonnages joueurs et jouez les conséquences de
leurs actions. Dans ce second cas, il est conseillé
de lire l’intégralité de la ballade, voire de la
prenant quelques notes. Ces dernières permet-
tront de s’approprier l’aventure plus facilement
et de restituer ce qui nous a le plus plu. Une troi-
sième catégorie de conteurs aime faire un peu un
mélange des deux et se servir d’un scénario pré-
existant comme base d’une improvisation per-
sonnelle. Dans tous les cas, le conteur doit dispo-
ser d’une bonne connaissance des historiques de
ses personnages, des envies des joueurs ainsi que
d’une direction à donner à sa partie.
 ‌Être à l’écoute
Il faut toujours écouter ce que disent les joueurs.
Ils font souvent des extrapolations fumeuses,
mais certaines se révèlent brillantissimes (bien
plus que ce que vous avez prévu). Il ne faut jamais
hésiter à aller dans leur sens dans un tel cas de
figure. Surtout s’ils semblent apprécier un PNJ,
une idée, un lieu et insistent à son sujet.
‌Arbitrer équitablement
En aucun cas, le conteur ne doit jouer contre
les personnages joueurs, car il lui serait trop
facile de fausser le rapport de forces entre eux et
leurs adversaires. Au contraire, il faut savoir faire
preuve d’une impartialité bienveillante (et par-
fois même aider un peu les joueurs). Attention
à être conciliant mais pas complaisant, afin de
laisser une certaine adversité. Remporter un
challenge est quelque chose de valorisant. Enfin,
le conteur se doit de laisser un temps de parole
relativement équivalent à tous les personnages
joueurs.
‌Décrire en maintenant un vide fertile
Le conteur développe les scènes dans les-
quelles vont interagir les personnages joueurs.
Il doit pour cela exploiter les cinq sens pour
rendre ses descriptions plus vivantes. Impossible
toutefois de décrire si précisément la scène que
tous les joueurs percevraient et imagineraient la
même chose. Au contraire, cela nuirait à la fois
au rythme (temps nécessaire trop long) et à l’im-
mersion (revenir vers les joueurs hors jeu pour
s’assurer qu’ils ont bien compris peut être lassant
et ne doit pas se faire trop souvent en cours de
partie). Les joueurs ont besoin d’un petit espace
de liberté pour laisser leur imagination s’appro-
prier la description. Comme dans un roman, il
n’existe qu’un récit, mais autant d’interpréta-
tions que de lecteurs. En partie, si le conteur
évoque une personne séduisante (homme ou
femme), les joueurs imagineront une belle per-
sonne en se référant à leurs propres critères sub-
jectifs relatifs à la beauté, avec du charme. Pas
forcément besoin d’être plus précis. Attention,
tout est histoire de dosage. La fiction doit être
suffisamment vague pour laisser de la place à
l’imagination de vos joueurs, mais aussi suffi-
samment précise pour ne pas générer d’images
mentales trop différentes. Qu’un personnage
joueur interagisse dans une situation ou un lieu
qui n’est pas exactement le même qu’imaginait
un autre participant arrive même à des conteurs
et des joueurs expérimentés. Dans la majorité
des cas, cela n’est pas trop grave et demande
quelques ajustements ponctuels. Dans Écryme,
un problème récurrent concerne les tables, les
chaises et les portes. Ces dernières ne sont pas en
bois mais en métal. Elles peuvent modifier consi-
dérablement une bataille de taverne ou autre, et
il est difficile de renverser une table rivetée au
sol, de mettre le feu à une demeure ou de défon-
cer une porte métallique d’un coup de pied…
Dans de tels cas, si l’action évoquée suspend
l’incrédulité des joueurs, autant laisser couler.
Attention, en cas de désaccord, n’oubliez pas...
le conteur a raison.
Toutes ces fonctions peuvent paraître lourdes
et contraignantes, pourtant de nombreux ama-
teurs de jeu de rôle apprécient beaucoup maîtri-
ser des parties et préfèrent endosser le rôle de
conteur à celui de joueur. Le plaisir se trouve en
effet dans la mise en scène, l’improvisation à par-
tir des réactions des joueurs et la possibilité de
camper de nombreux personnages.
‌Où l’on parle de contrat social
Jouer à n’importe quel type de jeu
implique pour les participants d’avoir
un même niveau d’information et des
attentes analogues. Le jeu de rôle ne fait
pas exception. Pour que tous prennent
du plaisir, il faut établir un contrat
social. En premier lieu, les conteurs
doivent expliquer leur vision d’Écryme,
le ton qu’ils veulent conférer à leurs bal-
lades et les thématiques qu’ils désirent
aborder. Il faut également discuter de la
question des règles. Comment va-t-on
jouer et quels outils seront employés
pour instiller l’ambiance désirée ?
Plusieurs conseils seront donnés aux
débutants au cours des règles qui vont
suivre dans des encadrés intitulés Où
l’on donne des conseils aux débutants :
contrat social.
9
10
 Ire PARTIE


LE JEU DES TRAVERSES


 ‌ORIENTATIONS GÉNÉRALES
DU SYSTÈME

S
ur la Toile, les conditions de vie sont donnent un modificateur allant de 0 à 3 et les
particulièrement éprouvantes et dange- Compétences s’échelonnent de 0 à 10. Le succès
reuses, aussi le système de jeu des tra- ou l’échec d’une opération se lit en comparant
verses se veut réaliste et contient peu une Difficulté (aussi notée diff. et évaluée sous
d’aléatoire. Dans cet univers de pénu- forme numérique) à la somme de la Compétence
ries où le déterminisme règne, il est en et de deux dés à six faces (ou d6). À cela s’ajoutent
effet très difficile de rivaliser avec le spé- les Traits et Spécialisations éventuels. La diffé-
cialiste d’un domaine particulier. Par rence entre la Difficulté et cette somme s’appelle
conséquent, pour augmenter leurs chances de Marge.
survie, les personnages doivent le plus souvent
se confiner dans un domaine bien spécifique, y L’emploi de deux dés symbolise l’alliance entre
prospérer et s’y maintenir. Dans les cités ou sur déduction et émotion nécessaires à la résolution
les traverses, la mort rôde et peut emporter à tout d’une situation problématique (par convention,
moment les faibles et les imprudents. on prendra le plus clair pour la raison et le plus
Malgré la déliquescence omniprésente sur la foncé pour les sentiments). En pareilles circons-
Toile, les personnages se distinguent de la majo- tances, chacun essaie de surmonter l’obstacle ou
rité de leurs concitoyens par de grandes aspira- de remporter le défi par un juste dosage entre la
tions qui peuvent les pousser à tenter l’impos- raison et les sentiments, la logique et l’empathie.
sible, démontrant ainsi que l’héroïsme n’est pas C’est le cas d’un poème écrit avec travail et pas-
tout à fait mort… sion, d’une passe d’armes remportée grâce à l’ex-
périence et l’intuition…
Si la plupart des actions des personnages
peuvent se résoudre par le simple bon sens, il
s’avère toutefois nécessaire de recourir à quelques
truchements mathématiques pour mesurer
les gestes plus hasardeux. Ces procédures per-
mettent de faire évoluer le personnage dans un
cadre choisi et de saisir la portée de chacun de
ses actes.
Avant de détailler pleinement le système de
jeu, évoquons rapidement les choix de simula-
tion envisagés. Les joueurs comme le conteur
seront amenés à incarner des personnages défi-
nis par des Traits et des Compétences. Ces der- ‌
niers renvoient à des valeurs chiffrées afin
d’évaluer la faisabilité d’une action. Les Traits

• Compétence + 2d6 + Trait(s) + Spécialisation(s) > Difficulté

• Marge = Compétence + 2d6 + Trait(s) + Spécialisation(s) – Difficulté
• Marge > 0 : réussite
• Marge = 0 : statu quo, réussite ou échec peu marqué
• Marge < 0 : échec

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 OÙ L’ON PRÉSENTE
LES PERSONNAGES
‌Les Traits
Dans le jeu des traverses, les personnages se
décrivent par des caractéristiques physiques et
intellectuelles, mais aussi des traits de caractère,
des types de comportements ou même des sta-
tuts sociaux. Ces signes distinctifs sont appelés
des Traits. Un Trait est décrit par un adjectif (le
plus souvent) ou un ensemble de mots et peut
être positif ou négatif. Un personnage peut
donc être grand ou petit, fort ou chétif, riche
ou pauvre… Il se retrouve ainsi défini par rap-
port à la moyenne des individus. Se situer dans
la norme n’octroie aucun bonus ni malus (valeur
nulle). En revanche, dès qu’un personnage sort
de la normalité, une valeur numérique est asso-
ciée, égale à 1, 2 ou 3 suivant l’importance du
Trait. Si l’on prend comme exemple la taille, on
pourra considérer une personne comme grande
(1), très grande (2) et anormalement grande
(3). Cette différence lui apporte un bonus ou un
malus suivant les circonstances.
Par exemple, un homme grand (1) se voit
octroyer un bonus lorsqu’il tente d’attraper
quelque chose en sautant ; une personne très
grande (2) intimide plus facilement ses interlo-
cuteurs ; enfin être anormalement grand (3) per-
met de courir plus vite. Mais ces bonus se transfor-
ment en malus quand il s’agit de se dissimuler ou
se faufiler dans un conduit exigu. Il ne faut jamais
oublier les qualités de ses défauts et les défauts de
ses qualités.
Les bonus et malus sont octroyés par le conteur
qui détermine si les Traits s’appliquent ou non.
C’est également lui qui établit leur impact dans
chaque cas.
‌Spleen et Idéal
Les personnages joueurs sont des êtres ani-
més d’une formidable force intérieure leur don-
nant le courage d’affronter le quotidien sombre
de la Toile. Ils ont en eux un potentiel qui les
pousse à arpenter le monde afin de se réaliser et
qui les aide à encaisser les coups durs. En termes
de jeu, les personnages joueurs et les person-
‌Exemples de Traits
Les Traits sont ce qui décrit le mieux
les personnages. La majeure partie du
temps, ils prennent la forme d’adjec-
tifs décrivant les capacités ou limita-
tions physiques (agile / maladroit, beau
/ laid, fort / chétif, grand / petit, obèse /
famélique…), intellectuelles (intelligent
/ lent, malin / naïf, attentif / distrait…)
ou sociales (riche / pauvre, apprécié
/ impopulaire, reconnu / critiqué…).
Dans ce dernier cas, un domaine d’ap-
plication doit être clairement défini :
un tueur est connu au sein des ghildes
d’Entrelace pour la sauvagerie de ses
meurtres, tandis qu’un noble mar-
chand est reconnu par ses pairs pour
les extraordinaires bénéfices qu’il a réa-
lisés pour son konzern. Mais les Traits
peuvent également décrire des aspects
plus précis. Si l’on prend l’exemple des
yeux, un personnage peut avoir un
beau regard vert, un regard perçant ou,
inversement, se révéler myope, borgne
ou aveugle.
Les Traits se rapportent aussi évidem-
ment au caractère des personnages, qui
peuvent être calmes ou colériques, cou-
rageux ou couards, curieux ou indiffé-
rents, passionnés ou froids…
nages non-joueurs d’importance sont dotés de
deux Traits moraux, marquant leurs aspirations
et leurs peurs : le premier, qui est généralement
positif (du point de vue du personnage), s’inti-
tule Idéal, tandis que le second est, à l’opposé,
appelé Spleen. Ce sont des lignes de conduite,
des principes autour desquels s’articulent les
personnages et qui peuvent les aider à surmon-
ter toutes les épreuves ou, au contraire, les faire
sombrer. Aucune valeur morale autre que celle
désirée par le personnage n’est attachée à l’Idéal
13
 ‌Où l’on donne des conseils
aux débutants :
le contrat social 2
Au cours des parties d’Écryme, les
émotions jouent un rôle majeur. Il est
donc nécessaire de mettre l’emphase
sur leur interprétation. Les Traits sont
un bon moyen d’y parvenir. Il est
important de les jouer en toutes cir-
constances. Par exemple, si un person-
nage est orgueilleux, son joueur devra
le jouer ainsi, même dans des situations
conflictuelles. Et s’il est ridiculisé, il
aura tendance à demander réparation,
via un duel ou autre, même s’il sait ses
chances de victoire faibles.
et au Spleen. Ainsi, l’Idéal n’est pas forcément
altruiste, de même que le Spleen n’est pas intrin-
sèquement mauvais.
Voici quelques exemples :
Un avocat-duelliste met un point d’honneur
à défendre une cause qu’il estime juste (Idéal)
mais répugne à prendre inutilement la vie d’au-
trui (Spleen). Il sait pertinemment qu’il ne
défend pas que des innocents, mais il réalise son
plaidoyer avec ardeur et prend les armes plus effi-
cacement s’il croit en son client. À l’inverse, bien
qu’il ait déjà tué, il supporte encore mal les acci-
dents mortels lors des duels au premier sang.
Un assassin justifie son activité en suivant un
code de conduite strict (Idéal), qui l’empêche de
s’en prendre aux femmes et aux enfants (Spleen).
Il conserve alors, à ses yeux, un semblant de
morale et de dignité et, à la manière d’un merce-
naire, reporte sa culpabilité sur ses employeurs.
Enfin, un enfant qui a grandi dans la haine des
assassins de ses parents rêve toutes les nuits de les
voir se consumer dans l’écryme. La vengeance est
son Idéal, s’en éloigner son Spleen.
Spleen et Idéal ne sont pas obligatoirement liés
à la profession du personnage, mais plus à son
concept d’origine et aux valeurs auxquelles il
croit ou qu’il réprouve :
Par amour pour la science, un scientiste rené-
gat rêve de fonder une école en dehors des Loges,
qui lui permettrait, à terme, d’améliorer la condi-
tion de ses semblables (Idéal). Mais c’est un lâche
et il ne fera jamais rien publiquement qui puisse
lui porter préjudice (Spleen).
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Un mercenaire peut accepter de commettre
les pires atrocités, afin d’assurer le bien-être et
la sécurité de ses proches (Idéal). Mais il vit dans
la crainte que ces derniers l’apprennent et lui
demandent des explications (Spleen).
Enfin, l’Idéal et le Spleen n’ont pas forcément
de lien entre eux.
Un vieux seigneur traversier aspire à retrouver
sa gloire passée (Idéal) mais, ayant grandi sous
le joug de l’aragone, il déplore la subsistance de
cette religion et la montée en puissance des ter-
roristes du Lys Noir (Spleen).
‌Les Compétences
Les Compétences résument à la fois l’éduca-
tion et les centres d’intérêt d’un personnage.
Bien que fixe, leur définition est assez large pour
répondre à la même liberté d’interprétation que
les Traits. Les Compétences sont regroupées en
trois Champs (Physique, Mental et Social) et
peuvent être affinées par des Spécialisations.
‌Physique
Ce Champ définit les actions nécessitant de la
coordination, de la puissance ou de l’endurance.
Athlétisme
Cette Compétence couvre l’ensemble des
efforts sportifs auxquels pourrait s’adonner le
personnage en cours de jeu.
Spécialisation : courir, escalader, forcer, porter,
sauter…
Conduite
Cette Compétence permet de maîtriser l’uti-
lisation de tous les moyens de transport, de
l’équitation aux véhicules tractés par moteur,
vent ou animaux. Elle inclut également le pilo-
tage de véhicules aériens. Les tests de Conduite
doivent uniquement se faire lorsque l’action est
inhabituelle (atterrissage en catastrophe, acci-
dent, manœuvre dangereuse, maîtrise d’un
cheval pris de panique…) ou le véhicule jamais
utilisé.
Spécialisation : type de véhicule (aéroplane, auto-
mobile, calèche, cerf-volant, cheval, dirigeable, locomo-
tive, montgolfière, tramway…).
Escrime
Escrime englobe les techniques permettant de se
servir d’une épée ou de toute autre arme blanche.
 ‌Valeur des Compétences
La valeur associée aux Compétences est comprise entre 0 et 10.
Elle peut être interprétée de la manière suivante :

Valeur Niveau Description Renommée

0 Incompétent Lamentable Illustre inconnu
1-2 Novice Piètre Inconnu
3-4 Amateur Moyen Quelques ouï-dire
5-6 Professionnel Bon Membre de Loge ou renégat
7-8 Spécialiste Remarquable Connu dans la cité
9-10 Sommité Exceptionnel Connu au-delà de la cité

Spécialisation : type d’arme (canne-épée, dague,
hache, hallebarde, lance, fleuret, rapière, sabre de
cavalerie…).
Pugilat
Pugilat comprend tous les types de combats à
mains nues, armes improvisées comprises.
Spécialisation : prise particulière (étrangler, clef de
bras, croc en jambe...) ou technique particulière (boxe,
savate, lutte, combat improvisé...).
Tir
Tir permet de se servir de tout type d’armes à
distance.
Spécialisation : type d’arme (arc, dague de jet,
fronde, mousquet, sarbacane...).
‌Mental
Ce Champ comprend l’ensemble des sciences
existantes sur un sujet. Il ne s’agit pas ici de chif-
frer une connaissance précise mais plutôt les
acquis possédés dans certaines matières. Mental
sert soit à apprécier, soit à influer sur l’état d’une
chose ou d’une personne. Dans la majeure par-
tie des cas, ces connaissances sont jalousement
conservées par les Loges.
Anthropo-mécanologie
À une certaine époque, les Loges différenciaient
la mécanique des données calorifères. La
première science servait à évaluer l’état d’une
machine, à comprendre son fonctionnement et
à créer ou réparer ses mécanismes. La seconde
s’intéressait aux modifications des schémas
énergétiques. Elle se cantonnait alors à la
puissance fournie par la combustion d’un kilo
de charbon. Par la suite, elle s’est étendue à la
vapeur, l’électricité et aux forces éoliennes. Avec
l’apparition des premiers automates, les Loges
ont été forcées de reconnaître le rapport étroit
entre ces deux sciences et les ont liées en une
nouvelle : l’anthropo-mécanologie.
Spécialisation : type d’objet mécanique (horlo-
gerie, serrure, locomotive, brûleur d’aérostat…) ou
schéma énergétique (thermique, électrique, hydraulique,
éolien…).
Écrymologie
Nommée trompeusement, cette science ne
se concentre pas seulement sur l’écryme mais
sur toute l’écologie l’entourant. Les écrymolo-
gues étudient donc la faune et la flore, la géolo-
gie, la météorologie et, bien sûr, l’écryme. Des
scientistes renégats étudient la possibilité de lier
écryme et chimie traditionnelle. Cette pratique,
prohibée par l’ensemble des Loges, est appelée
chymie.
Spécialisation : spécificités (herboristerie, chymie,
synthèse d’hydrocryme, création de papier à partir de
champignons…).
Traumatologie
Cette Compétence relie toutes les techniques
médicales, des onguents traditionnels de rebou-
teux traversiers à la chirurgie développée au sein
des Loges hippocratiques.
Spécialisation : type de médecine (chirurgie, phar-
macologie, posologie, amputation, décoctions…).
Traversologie
La traversologie s’intéresse à l’étude des tra-
verses et de leur construction. Ses pratiquants
mettent particulièrement l’accent sur la carto-
graphie, la télégraphie, l’histoire et l’étude des
mœurs et de la culture traversière.
Spécialisation : cartographie, architecture, sociolo-
gie, histoire et géographie traversière, contes et légendes
traversiers.

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 Urbatechnologie
L’urbatechnologie est le pendant citadin de
la traversologie. Cette science éclatée allie des
savoirs extrêmement divers, allant de la simple
connaissance d’une cité, de ses traditions (his-
toire, architecture) et de sa culture (sociologie,
cultes) à la connaissance plus prosaïque de sa
topographie.
Spécialisation : architecture, moyens de communi-
cation, histoire, religion, connaissance d’un quartier
(social ou professionnel), connaissance d’un milieu
(argot, code vestimentaire, contacts…).
‌Social
Ce Champ permet de gérer tous les aspects
relationnels. Il sert à décrire les actions liées à la
communication orale (ou corporelle), ainsi que
tout ce qui touche à la créativité.
Argutie
Cette Compétence s’applique chaque fois
qu’un rapport de force oral non équivoque
s’installe entre plusieurs personnes. Elle est
employée pour convaincre son interlocuteur, le
persuader que céder à sa requête est la meil-
leure chose à faire... Le pendant suave de l’Ar-
gutie est la Faconde.
Spécialisations : rhétorique, commander, interro-
ger, entremettre, intimider, marchander, menacer…
Créativité
Appliquée à la fois aux domaines artistiques et
artisanaux, cette Compétence permet de créer
des objets de qualité avec un aspect esthétique
certain. Que ce soit pour reproduire une pièce
ou en inventer une nouvelle, elle fait appel à
l’imagination et au sens de l’observation.
Spécialisation : type d’art ou d’artisanat (peinture,
poterie, ferronnerie, sculpture, écriture romanesque,
dramaturgie, composition musicale…).
Faconde
Alors que l’Argutie s’articule autour d’un dis-
cours argumentatif visant à imposer son point de
vue, la Faconde est une manière plus discrète et
subtile d’arriver au même but. Cette Compétence
représente en effet l’art de lier le dialogue sur le
ton du badinage. Elle permet de se glisser subrep-
ticement dans une conversation, afin de glaner
de précieux renseignements, ou alors d’orienter
les émotions de son interlocuteur (par exemple
plaire ou au contraire chercher à ne pas se
faire remarquer). Elle peut aussi servir à noyer
quelques informations mensongères dans une
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conversation apparemment anodine. Son utilisa-
tion favorise l’évocation et la manipulation plutôt
que la contrainte.
Spécialisation : charmer, faire bonne impression,
faire circuler de fausses informations, collecter des
ragots, marquer les esprits, mentir, enquêter…
Maraude
Maraude représente la capacité de se camou-
fler ou de dissimuler ses mouvements aux yeux
des autres. Servant aussi bien à se cacher qu’à se
déplacer silencieusement, elle permet également
de fouiller et de ne pas être surpris. La connais-
sance des usages en vigueur dans le milieu des
ghildes et les précieux contacts sont caractérisés
sur la fiche de personnage par l’Urbatechnologie.
Spécialisation : type d’environnement (ruelle, tra-
verse…), type d’action (camoufler, filer, crocheter,
escamoter…).
Représentation
Représentation est l’art de se mettre en scène
afin de captiver un auditoire. Reposant sur le
langage du corps, elle s’applique lors de tous
les spectacles : jouer de la musique ou la comé-
die, chanter, danser, réciter de la poésie ou pour
mettre en scène ces représentations.
Spécialisation : type de représentation (opéra,
musique, théâtre…), type d’instrument de musique
(flûte traversière, chalumeau, orgue…).
‌Utilisation des Compétences
Les Compétences ne se limitent pas à leur
simple usage. Un savoir-faire permet, en effet,
de développer une bonne connaissance de l’en-
vironnement dans lequel une tâche s’accomplit,
améliorant par là même la vigilance et le juge-
ment du travailleur. Une Compétence relève
donc d’abord d’un savoir théorique qui, une
fois mis en pratique, développe les capacités de
perception. Par exemple, un mécanicien remar-
quera plus facilement qu’une locomotive est mal
entretenue, de même qu’un menteur discernera
rapidement les signes du mensonge. Enfin, par-
tant du principe qu’un individu sait défaire ce
qu’il a fait, une Compétence permet de résoudre
une action et son inverse. Pugilat sert ainsi aussi
bien à attaquer qu’à se défendre, Traumatologie à
soigner qu’à rendre malade, Maraude à se cacher
qu’à fouiller…
Cette approche plus large des Compétences
fluidifie la partie en diminuant grandement leur
nombre. Cela permet également de mieux appré-
hender l’état des connaissances d’un monde où
le savoir est peu fragmenté, avec des mathéma- Impacts. Suivant le type de Confrontation, on
ticiens qui sont aussi astronomes, ingénieurs et distinguera les Impacts physiques (dégâts, bles-
philosophes. sures), sociaux (perte de renommée, impopula-
Dans les rares cas où deux Compétences rité, discrédit) ou moraux (choc, découragement,
peuvent s’appliquer, l’action est réalisée avec celle désespoir…). De même, la gravité des Impacts se
ayant le plus haut niveau. Par exemple, une per- définit en superficiel, léger, grave ou majeur.
sonne cherchant un remède sur une traverse peut
envisager d’employer Écrymologie (elle connaît
les vertus d’une plante) ou Traumatologie (elle
connaît un remède). Pour parvenir à ses fins, elle
‌ es Compétences
L
doit regarder quelle est sa Compétence la plus et Spécialisations
élevée et expliquer comment elle s’y prend.
obligatoires
‌Les Spécialisations (Règle optionnelle)
À l’inst ar des Tr a it s, il n’ex iste pa s de
Ne posséder aucun point dans une
Spécialisations prédéfinies mais simplement
Compétence n’empêche pas son utilisa-
quelques exemples donnés précédemment. Les
tion. Le simple fait d’avoir un score à 0
Spécialisations doivent être relativement pré-
devrait être, en soi, un frein. Toutefois,
cises. Il n’est, par exemple, pas conseillé de
il peut arriver, pour certains usages,
prendre aérostat ou véhicule volant, mais de
que des notions soient indispensables
décrire plus précisément son type comme mont-
dans une Compétence, voire même une
golfière, cerf-volant… ou les conditions d’utilisa-
Spécialisation. Par exemple, la répara-
tion comme jours de grands vents, arrimé à un
tion d’un automate ne peut être effec-
dirigeable…
tuée pour qui n’en a jamais étudié
L’usage des Spécialisations n’est guère plus
le fonctionnement (Spécialisation en
complexe que celui des Compétences. Si elles
Anthropo-mécanologie).
s’appliquent, un bonus de +2 s’ajoute directement
En règle générale, le bon sens suffit à
à la Compétence qui lui est reliée. Il est impos-
régler ce genre de problème en cours de
sible de se spécialiser sans posséder au moins 5
partie. Autrement, il suffit de considérer
niveaux dans une Compétence.
que les Compétences liées aux Champs
physique et social n’ont pas besoin d’une
‌Les Impacts valeur minimale et, qu’à l’inverse, les
Compétences du Champ mental néces-
sitent au moins un point pour être
Enfin, les personnages, au cours de leurs aven-
utilisées.
tures, seront blessés, discrédités ou choqués.
Ces escarres au corps et à l’âme sont appelées

17
 ‌Exemples d’utilisation de Compétences
Ci-dessous se trouve une liste d’activités aux-
quelles sont liées les Compétences adéquates. Les
Compétences martiales étant suffisamment expli-
cites, elles ne seront pas développées ici. Ces acti-
vités peuvent être choisies comme Spécialisations
éventuelles. Enfin, les mots précédés d’un asté-
risque (*) renvoient à la règle optionnelle des Spé-
cialisations obligatoires.
Acrobatie - Athlétisme
Administration - Urbatechnologie
Alchymie* - Traumatologie
Art (Connaissance) - Créativité.
Représentation peut être employée s’il ne s’agit
pas d’un objet.
Art (Pratique) - Créativité s’il s’agit de l’étape
de création. Représentation peut être employée
pour les spectacles.
Artisanat (Connaissance) - Créativité ou
Urbatechnologie
Artisanat (Pratique) - Créativité
Astronomie - Traversologie
Baratin/Bluff - Faconde
Bond/Saut - Athlétisme
Bricolage - Anthropo-mécanologie
Cartographie - Traversologie
Chant - Représentation
Chasse - Écrymologie
Chirurgie* - Traumatologie
Chute - Athlétisme
Comédie (jouer) - Représentation
Commandement - Argutie
Comptabilité - Urbatechnologie
Course à pied - Athlétisme
Couture - Créativité
Crocheter - Maraude
Cuisine - Créativité
Déchiffrer un message - Urbatechnologie
Déguisement - Représentation
Diplomatie - Argutie
Discrétion - Maraude
Dissimulation - Maraude
Dressage - Écrymologie ou Conduite
Échasses - Athlétisme
Écrymancie - Représentation
Électricité - Anthropo-mécanologie
Empathie - Faconde
Empathie animale - Écrymologie ou Conduite
Entretien des armes blanches - Escrime
Entretien des armes mécaniques - Anthropo-
mécanologie
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Esquive - Pugilat
Étiquette - Traversologie ou Urbatechnologie
(suivant les lieux)
Explosif* - Anthropo-mécanologie
Ferronnerie - Urbatechnologie
Filature - Maraude
Forcer - Athlétisme
Fouiller - Maraude
Herboristerie - Écrymologie ou
Traumatologie
Histoire - Traversologie ou Urbatechnologie
Histoire naturelle - Écrymologie
Horlogerie - Anthropo-mécanologie
Hypnose - Représentation
Initiative - Pugilat
Intimidation - Argutie
Jouer - Maraude/Faconde s’il faut mentir
Maçonnerie - Urbatechnologie
Marchandage - Argutie
Mécanique - Anthropo-mécanologie
Mensonge - Faconde
Moteur - Anthropo-mécanologie
Musique - Créativité ou Représentation
Nager* - Athlétisme (très rare)
Orientation - Traversologie ou
Urbatechnologie suivant les lieux
Perception - Suivant ce qui nécessite le jet
Piège* - Anthropo-mécanologie ou Maraude
Piloter* - Conduite
Pister - Maraude
Premiers soins - Traumatologie
Prestidigitation* - Maraude
Psychologie - Faconde
Rumeur (connaître) - Traversologie ou
Urbatechnologie
Rumeur (lancer) - Faconde
Séduction - Faconde
Survie - Traversologie ou Urbatechnologie
Télégraphe - Traversologie ou
Urbatechnologie
Tenir en équilibre - Athlétisme
Torture - Argutie ou Athlétisme
Vigilance - Maraude
‌OÙ LA CRÉATION DE PERSONNAGE
EST ABORDÉE
R
ien dans la création de personnage n’est
laissé au hasard. Il n’y a aucun tirage de
dés. Chaque choix doit être fait en rap-
port avec son passé et s’imbriquer dans
les aventures qu’il sera destiné à vivre.
Trois méthodes de création de person-
nage sont proposées :
Une première, totalement libre, en dépensant
des points. Rapide et totalement ouverte, elle est
conseillée à des joueurs ayant déjà pratiqué plu-
sieurs jeux de rôle et/ou coutumiers de l’univers
d’Écryme. Cette méthode débute par une pre-
mière étape consistant à élaborer un concept,
puis à le développer avec l’aide du conteur.
Une fois ce travail réalisé, il devient plus facile
de détailler son personnage et d’attribuer des
valeurs aux différentes données techniques
(Traits, Compétences, etc.). La création de per-
sonnage suit le schéma suivant :
1. Élaboration du concept
2. C hoix du Spleen et de l’Idéal
3. C hoix des Traits
4. Attribution des Compétences et
Spécialisations
5. Finitions
Une seconde méthode à base de questionnaire
à choix multiples (QCM) propose une variante
plus détaillée. Elle permet de définir votre per-
sonnage et son historique au fur et à mesure de
votre lecture, en répondant à quelques questions.
Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, les meil-
leures réponses sont celles qui se révèlent le plus
inspirantes. Certaines ne seront peut-être pas
logiques dans leur enchaînement. Ce sera alors
aux joueurs d’expliquer, dans l’historique de
leurs personnages, les raisons de telles évolutions.
Enfin, une dernière méthode utilise des arché-
types. Ceux-ci sont directement exploitables ou
peuvent être modifiés à votre convenance.
Ces trois méthodes ne sont pas exclusives. En
effet, les lire permettra d’inspirer les joueurs
et conteurs tout au long du façonnage de leurs
personnages.
Création libre
‌Concept
Le concept du personnage est la base de ce
dernier. Afin de le développer au mieux, il est
conseillé d’en discuter avec le conteur. Les bases
peuvent être succinctes. Parfois, quelques mots
suffisent amplement : Je suis un jeune voyou, un
gavroche aimant me bagarrer et pour qui les
ghildes représentent le seul moyen de réussite…
Une fois ces dernières définies, afin de mieux
cerner le personnage que vous allez incarner, il
est intéressant de répondre aux questions sui-
vantes. Ces dernières n’ont pas d’ordre. Plus vous
donnerez de détails, plus vous définirez votre per-
sonnage et plus il sera facile pour vous de le jouer
et au conteur de l’intégrer à l’histoire.
1. Quel âge avez-vous ? Vous bénéficiez d’une
certaine marge de manœuvre. En effet, il n’est
pas forcément besoin de donner l’âge exact, mais
un ordre de grandeur est nécessaire.
2. Quel est votre sexe ?
3. Quel métier exercez-vous ? De quoi vivez-
vous ? À la base même de votre concept, ces ques-
tions en amènent d’autres. Il vous faut décrire le
cheminement qui vous a amené à ce que vous êtes
devenu, ne pas vous cantonner à ce qui vous fait
vivre actuellement mais aussi ce que vous dési-
riez faire et ce que vous avez fait. Aimez-vous ce
que vous faites ? Comment avez-vous appris votre
métier ? Êtes-vous affilié à une Loge, ghilde ou
konzern ou suivez-vous la voie franche/renégate ?
Quelles relations avez-vous développées au cours
de votre apprentissage ? Que pensent de vous
vos collègues ? Vos concurrents ? Avez-vous un
apprenti ? Avez-vous exercé d’autres activités ?
4. D’où venez-vous ? D’une cité, d’une jonc-
tion, d’une seigneurie traversière ou même d’un
relais ? Si c’est une cité/jonction, laquelle est-ce ?
Puis, affinez au quartier (riche, pauvre…). Avez-
vous conservé des contacts ? Pourquoi l’avez-
vous quitté (si c’est le cas) ? Qu’en pensiez-vous ?
19
 Comment le percevez-vous à présent ? Que pen-
sez-vous de la politique de votre cité par rapport
au reste de la Toile ? Avez-vous visité d’autres
cités ? Si oui, lesquelles ?
5. Avez-vous de la famille ? Un(e) conjoint(e),
des enfants ? Des parents, un frère, une sœur…
Combien ? Que font-ils ? Quelles relations entre-
tenez-vous avec ces derniers ? Où sont-ils mainte-
nant ? Dans quelle cité vivent-ils ?
6. Comment avez-vous vécu les guerres d’Acry-
monie ? Y avez-vous participé ? De votre plein gré
ou pas ? Avez-vous fui, vous êtes-vous caché ou
avez-vous collaboré avec l’envahisseur ? Étiez-
vous seulement né ? Si non, qu’en pensent vos
parents ? Avez-vous des proches qui n’ont pas sur-
vécu ? En conservez-vous des rancœurs ?
7. Quelles ambitions dictent votre conduite ?
Êtes-vous animés par l’orgueil ? Peut-être est-ce
la vengeance, l’ennui… Voulez-vous être reconnu
ou aspirez-vous simplement au calme et au repos ?
Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour atteindre
vos objectifs ? Quels sacrifices serez-vous prêt
à accomplir ? Il est important de noter qu’une
vie n’est pas faite que d’une seule envie mais de
multitudes de motivations mineures, d’objectifs
immédiats. Qui cherche à vous aider ou vous
empêche de réussir ?
8. Avez-vous des préjugés ou des croyances
particulières ? Quelles idées vous faites-vous
des différentes factions (empires, konzerns,
Loges, ministères…) ? Comment sont nés ces
préjugés ? Quelles sont vos connaissances reli-
gieuses ? Êtes-vous pratiquant ? Y voyez-vous un
pivot pour gagner du pouvoir ou suivez-vous le
dogme par foi ?
9. Que pensez-vous de l’écryme et du folk-
lore l’entourant ? Des céphales ? Quand vous
avez vu pour la première fois l’écryme, com-
ment avez-vous réagi ? Vous a-t-elle attiré comme
une flamme attirerait un enfant ou vous a-t-elle
effrayé ? Qu’en pensez-vous désormais ?
10. Quelles sont vos forces et vos faiblesses ?
Quels sont vos qualités et défauts ? Quelles sont
vos craintes ? Qu’est-ce qui vous émeut et vous
terrifie ? Êtes-vous doué quand il s’agit de s’en-
tendre avec les autres ou êtes-vous réfractaire à
toute interaction sociale ?
20
11. À quoi ressemblez-vous physiquement ?
Êtes-vous gros ou maigre, grand ou petit ? De
quelle couleur sont vos yeux, cheveux ? Attardez-
vous sur certains détails caractéristiques. Avez-
vous un nez petit, crochu, cassé ?… Votre regard
est-il fixe, sévère ?… Arborez-vous des cicatrices,
des tatouages ?… Quelle sorte de voix avez-vous ?
Avez-vous des tics ou des manies ? Quelle image
de vous désirez-vous donner aux gens ? Comment
vous habillez-vous habituellement ?
12. Si vous rêvez d’un monde meilleur, com-
ment l’imaginez-vous ? Quel serait son fonction-
nement, son rythme de vie ? Comment seraient
traités les travailleurs ? Quelles formes revê-
tirait la justice ? Quels seraient les moyens de
transport ? Quels seraient les idéaux de société
qu’on y défendrait ?
‌Spleen et Idéal
Le personnage doit ensuite être étoffé par le
choix d’un Spleen et d’un Idéal. Ce rapport aux
émotions qui, dès le départ, le différencie des
autres doit néanmoins impérativement rester à
dimension raisonnable et concrète. Même s’il est
difficile à atteindre, son aboutissement ne doit
pas être qu’une utopie. Aucune personne saine
d’esprit ne peut, en effet, réellement espérer sau-
ver le monde ou le changer à sa guise.
L’Idéal est un modèle servant de référence,
une ambition, une ligne de conduite, une direc-
tion guidant le personnage. Il n’est nullement là
pour transformer le personnage en exalté. De
même, le Spleen n’est pas là non plus pour trans-
former le personnage en fanatique rigide ou en
maniaco-dépressif.
‌Traits
Les Traits doivent avoir deux niveaux positifs
(soit deux Traits à +1 ou un Trait à +2). Le joueur
peut ajouter un Trait négatif (-1). Il peut alors
augmenter la valeur d’un Trait positif ou en créer
un nouveau (à +1). La somme de tous les Traits
doit être égale à +2.
Pour savoir si un Trait est positif ou négatif, il
suffit de savoir si vous, en tant que conteur ou
joueur, aimeriez que ce Trait vous décrive.
‌Compétences
30 points sont distribués dans les diverses
Compétences. Si l’une de ces Compétences
atteint 5, une Spécialisation peut être achetée
pour le prix d’un point de Compétence. À la
création, les compétences ne peuvent dépasser 5.
 ‌Où les archétypes donnent quelques exemples
de Spleen et d’Idéal
En fonction des circonstances, un Idéal peut être perçu comme un Spleen et inversement.
Ainsi, une personne qui se bat pour un Idéal ne supportera pas de voir ce dernier s’éloigner,
générant par là même son Spleen. Avoir un Idéal et un Spleen opposés pour un même per-
sonnage aura tendance à appuyer encore sur l’importance qu’ils prendront dans le concept
incarné par le joueur. Ce n’est ni conseillé ni déconseillé. En fonction de l’intrigue, de l’in-
terprétation faite par le joueur et des interactions avec les autres participants, cela peut
avoir des avantages (facilité d’interprétation, moments plus dramatiques…) ou des désa-
vantages (un unique levier pour le conteur, une perte de nuances pour le personnage…).
Voici une liste non exhaustive de Spleens et d’Idéaux (directement opposés) liés à certains
archétypes de personnages :
U
 n moine arpenthe rêve d’éduquer les populations illettrées des traverses, mais il est
affligé de voir la misère qui les gangrène.
U
 n artiste venicien aspire à créer l’œuvre parfaite. Il déplore de ne pas l’avoir réalisée.
U
 n métropolite a pour unique préoccupation de maintenir la cohésion de la société. Il
refuse le chaos qu’engendrerait une révolution.
U
 ne courtisane souhaite trouver le véritable amour. Elle souffre du manque d’estime
dont sont victimes les prostituées.
U
 n membre de ghilde veut voir ses affaires prospérer. Il se met dans une rage folle quand
des concurrents empiètent sur son terrain.
U
 n jeune noble déchu rêve de révolution. Idéaliste, il n’arrive pas à concevoir la trahi-
son et la lâcheté parmi les révolutionnaires.
U
 n bourgeois aspire à la tranquillité et au confort. Il s’offusque qu’on ne respecte pas
les traditions.
U
 n noble marchand se dédie entièrement à son konzern en sacrifiant sa vie privée. Il
ne conçoit pas qu’un membre de son ordre puisse œuvrer à l’encontre des intérêts de
son entreprise.
U
 n savant croit au dogme scientiste. Il mettra tout en œuvre pour empêcher la réappa-
rition d’un progrès mal maîtrisé.
U
 n syndicaliste ambitieux tente de se faire une place au sein du konzern qu’il sert.
Orgueilleux, il ne supporte pas d’être déconsidéré, voire dénigré, par ses supérieurs.

‌Finitions dans le chapitre Où l’on converse sur le coût de la

Une fois la fiche de personnage complétée,
il reste à choisir le nom que portera le person-
nage, ainsi que son équipement.
Le nom est le patronyme utilisé pour inter-
peller le personnage. Cela peut être un pseu-
donyme, un diminutif, un titre ou même un
faux nom. Dans ce dernier cas, le véritable nom
peut rester dissimulé même auprès des autres
personnages.
Il n’existe aucune règle pour déterminer le
matériel avant (et même pendant la partie). Il
est possible de s’aider des tables de prix données
vie du Livre Premier. L’équipement est fixé, avec
l’accord du conteur, en fonction du background
décrit et des envies du joueur. Pour les besoins
de votre geste ou de vos ballades, un personnage
peut se voir octroyer un moyen de transport. Il
n’est pas nécessaire de s’attarder longuement
sur toutes les possessions du personnage, mais
en personnaliser certaines peut être intéressant,
comme un médaillon auquel il tient, un pistolet
à mèche qui semble lui porter chance ou un loge-
ment aux voisins encombrants… Enfin, le maté-
riel régulièrement transporté doit être évoqué :
toilettes, monocle, canne…

21
 ‌Exemple
Marcellin a grandi dans un cirque ambulant.
Fils de l’homme fort et de la femme à barbe, il
était destiné à remplacer son père. Après avoir
grandi en s’occupant des bêtes du dresseur et
s’être essayé au lancer de couteau, il est finale-
ment devenu homme fort, condamné à plier
des barres de fer devant des badauds ébahis.
Marcellin rêve de quitter le cirque. Il ambitionne
de devenir quelqu’un d’important et de respecté
(Idéal). Il se sent néanmoins coupable d’aban-
donner ses frères forains et leur vie traversière.
Croiser des gens de son ancienne tradition le ren-
drait pour le moins taciturne (Spleen).
Véritable force de la nature (+2), il est grand
(+1) mais pas très beau (-1).

Marcellin possède les

Compétences suivantes :
1. Physique
Athlétisme 5 (Spécialisation : forcer +2)
Conduite 0
Escrime 1
Pugilat 4
Tir 3
2. Mental
Anthropo-mécanologie 0
Écrymologie 2
Traumatologie 0
Traversologie 3
Urbatechnologie 1
3. Social
Argutie 2
Créativité 1
Faconde 1
Maraude 1
Représentation 5

Équipement : Bien que de bonne facture,

les vêtements de Marcellin sont effilochés
par endroits. L’homme dissimule dans
l’une de ses manches un couteau. La dou-
blure de son manteau contient cinq liges
pour les coups durs.

22
 ‌CRÉATION DÉTAILLÉE
DE PERSONNAGE
C
e chapitre aide les joueurs à définir et à
préciser le concept de leurs personnages
à l’aide de questionnaires à choix mul-
tiples. Chaque réponse y est associée à
un gain chiffré dans une Compétence.
Il reprend donc la méthodologie pré-
cédente, mais dans un ordre diffé-
rent. En effet, le joueur développe ici le
concept de son avatar et lui assigne des points de
Compétences. Une fois cela réalisé, il doit défi-
nir par lui-même des Traits, choisir un Spleen
et un Idéal, avant de niveler les Compétences en
choisissant une ou plusieurs Spécialisations. En
effet, à la création, il est déconseillé de dépas-
ser la valeur de 5 dans une Compétence (donc
de cumuler une Compétence plus de cinq
fois). Si cela se produit, il suffit de convertir les
points supplémentaires en Spécialisation dans la
Compétence associée (1 point supplémentaire =
une Spécialisation). Enfin, les choix du nom du
personnage et de l’équipement dont il dispose
restent les dernières choses à définir.
Concrètement, pour créer son avatar, chaque
joueur aura besoin d’une f iche de person-
nage, d’une ou plusieurs feuilles de brouillon
et du présent texte de règles. Sur le brouillon,
il notera l’évolution du score de ses différentes
Compétences, ainsi que toutes les informations
sur le passé de son personnage qui lui seront
livrées au fur et à mesure de ses choix.
Un joueur désirant garder une certaine maî-
trise de l’évolution technique de son personnage
peut prendre préalablement connaissance des
bonus associés à chaque réponse. En revanche,
un joueur qui accorde plus d’importance à la
profondeur psychologique de son personnage
qu’à ses capacités pourra répondre aux questions
sans prendre connaissance des bonus associés.
Vous trouverez ci-après douze grands blocs thé-
matiques, eux-mêmes subdivisés en cinq ques-
tionnaires à choix multiples. Il ne faut en aucun
cas répondre aux douze blocs, mais en sélection-
ner six. Ce choix est laissé à l’entière appréciation
de chacun en fonction du type de personnage
qu’il veut obtenir.
‌Résumé
Développer le concept.
Choisir un Spleen et un Idéal.
Choisir des Traits.
La somme des Traits doit être de +2.
At t r ibuer les Compétences.
30 points doivent être distribués. Une
Compétence à 5 (minimum) peut béné-
ficier d’une Spécialisation qui coûte 1
point.
Finition.
Nom et équipement.
‌Contrat social
Pour élaborer une geste répondant aux attentes
de chacun, il est nécessaire de cibler des attentes
communes. Les Compétences de ce bloc sont
liées à des avis et, en les recoupant, elles vous
dévoileront, du moins en partie, certains thèmes
que vous pourrez aborder dans vos scénarios.
1. Quel type de scénario préférez-vous ?
 Des enquêtes complexes.
Urbatechnologie +1
 Des intrigues entre diverses factions.
Argutie +1
 D e l’act ion débr idée et une a mbiance
aventureuse.
Pugilat +1
 De l’exploration.
Traversologie +1
 De l’horreur.
Athlétisme +1 (pour fuir plus vite)
 De l’onirisme de la poésie.
Créativité +1
2. La cohésion au sein du groupe de person-
nages joueurs est pour vous :
 I ndiscutable, je n’envisage pas les choses
autrement.
Faconde +1
  Indispensable, sinon cela créera des fractures.
Traumatologie +1
23
 ‌Les différents questionnaires
Voici un résumé des blocs de questions :
1. Contrat social
Les questions de ce bloc sont destinées à cibler les attentes et les envies des joueurs et ainsi
vous aider à organiser vos parties en amont.
2. Historique du groupe
Les questions visent à favoriser la cohésion de votre groupe de personnages. Elles présup-
posent que celui-ci (ou une partie de celui-ci) est déjà formé.
3. Enfance citadine
Ce bloc développe la petite enfance d’un personnage au sein d’une grande métropole.
4. Adolescence citadine
Les questions de ce bloc font suite au précédent, en se focalisant sur le passage à l’âge adulte.
5. Enfance traversière
Ce bloc développe la petite enfance d’un personnage au sein d’une seigneurie traversière.
6. Adolescence traversière
Les questions de ce bloc font suite au précédent, en se focalisant sur le passage à l’âge adulte.
7 Vie actuelle
Ce bloc fait suite à ceux sur l’enfance et l’adolescence. Destiné aux citadins comme aux tra-
versiers, il permet de développer des personnages plus accomplis.
8. Caractère
Les questions posées visent à définir la personnalité des personnages.
9. Système de valeurs
Alors que les questions précédentes visaient à définir le caractère des personnages, celles-ci
sont destinées à développer ce en quoi ils croient.
10. Zones d’ombre et mystères
Ce bloc incite les personnages à se poser des questions sur l’univers d’Écryme et les aiguille
vers les niveaux Céphale et Bohème.
11. Céphalie
Ce bloc, un peu particulier, sert à créer des personnages céphales. Il peut être sélectionné
plusieurs fois en fonction du niveau de puissance attendu en céphalie.
12. Inclassable
Ce dernier bloc regroupe diverses questions sans thème particulier. Elles servent à donner
de l’épaisseur aux personnages.

 Nous devons avancer vers un but commun.
Conduite +1
 Utile, mais l’important reste l’histoire.
Représentation +1
 C’est parfois drôle que chacun ait ses propres
objectifs secrets.
Maraude +1
 Je joue plutôt de manière compétitive.
Tir +1
3. Pour vous, le système de jeu doit être :
Létal. La mort attend souvent au tournant
et ne manque pas de surprendre l’imprudent.
Tir +1 (mieux vaut rester éloigné)
Soft. Même si personne ne fait le fier face au dan-
ger, la mort d’un personnage devrait rester plutôt rare.
Traumatologie +1 (parce que ça fait souvent la dif-
férence entre la vie et la mort).
System does matter. Les dés ne servent pas
qu’à faire du bruit, les règles doivent servir le
propos du jeu.
Anthropo-mécanologie +1
Un truc de plus à retenir.
Escrime +1 (pour trancher dans le lard)
Source d’ambiance.
Écrymologie +1
Capable de se faire oublier.
Maraude +1
4. Pour vous, la Toile est un univers :
En demi-teinte, sans gentil ni méchant.
Argutie +1 (va falloir discuter du bien et du mal)
À l’agonie.
Conduite +1 (pour le côté Mad Max)
Dur, qui permet de révéler le héros qui dort en
vos personnages.

24
 Pugilat +1 (à la force des points)
Steampunk, mais sans robots géants.
Anthropo-mécanologie +1 (il y a quand même des
mécanismes)
Urbain. Urbatechnologie +1
Merveilleux et poétique. Écrymologie +1
5. Pour vous, une geste doit être :  geable et, depuis, le ciel est notre patrie.
Plutôt courte, sans temps mort.
Athlétisme +1 (va falloir courir)
Au long cours, pour voir les personnages évo-
luer et le monde changer autour d’eux.
Escrime +1 (pour leur donner un petit avantage et
qu’ils puissent survivre)
Une belle auberge espagnole mélangeant tout
un tas d’histoire sans qu’elles aient forcément de
lien.
Faconde +1
Un bac à sable avec une impression de totale
liberté.
Traversologie +1
Reliée à un fil rouge, basée sur une intrigue
bien construite, cadrée sans être trop dirigiste.
Représentation +1
Un peu de tout ça. La campagne se construit
avec les joueurs, le conteur et… le hasard des dés.
Créativité +1
‌Historique du groupe
Un groupe ne se limite pas à un prétexte pour
vivre des aventures. Il est un personnage à part
entière, qui sert de matrice pour vos joueurs,
mais aussi aux conteurs, car c’est un moteur d’in-
trigues passionnant. Plus son existence est légiti-
mée, meilleure sera la geste. Nous vous invitons à
lire ce bloc de questions en présence de tous les
joueurs pour qu’ils se mettent d’accord sur cer-
taines de leurs réponses.
1. Les circonstances de votre rencontre :
Nous étions mis en prison et nous nous
sommes retrouvés dans la même cellule.
Maraude +1
Nous faisions partie de la même bande de fusi-
liers mercenaires. Nous les avons quittés pour
suivre notre propre chemin.
Tir +1
Nous étions des itinérants et nous nous sommes
rencontrés dans un relais. Quelques verres plus
tard, nous décidions de créer une petite caravane
pour commercer et colporter des nouvelles.
Traversologie +1
Nous étions des révolutionnaires et nous
sommes rencontrés lors d’un congrès du Parti.
Impressionnés par nos discours respectifs, nous
avons fondé notre propre cellule.
Argutie +1
Pour des raisons qui nous sont propres, nous
avons tous rejoint le même équipage de diri-
Conduite +1
Nous étions des fonctionnaires et nous avons
été affectés au même service ministériel.
Urbatechnologie +1
2. Qu’est-ce qui vous motive à rester ensemble,
à exister en tant que groupe ?
Vous voulez vous venger d’une personne ou
d’une organisation. Souvent, vous imaginez les
supplices que vous lui réserverez quand vous met-
trez la main sur elle.
Créativité +1
Vous cherchez à vous élever. Votre situation ne
vous suffit pas. Il vous en faut toujours plus. Le
pouvoir et la réussite sociale sont votre drogue.
Représentation +1
Vous êtes avides de connaissances. Vous cher-
chez les enregistrements les plus rares ou les
ouvrages les plus précieux, afin de collecter les
souvenirs oubliés du passé.
Urbatechnologie +1
Vous êtes accrocs au danger. Votre groupe de
têtes brûlées n’a de cesse de se fourrer dans des
situations périlleuses. Jusqu’ici, vous vous en êtes
toujours tiré en ferraillant, mais la roue tourne…
Escrime +1
Les injustices vous révoltent. Vous parcourez la
Toile et vous aidez ceux qui en ont besoin à recol-
ler les morceaux et vous pansez les blessures de
communautés lésées.
Traumatologie +1
Vous avez découvert des vérités sur la nature
et le monde qui vous entourent… et avec elles,
la volonté des puissants d’étouffer ce que vous
avez à dire. Inlassablement, vous collectez des élé-
ments pour appuyer vos propos.
Écrymologie +1
3. Une mésaventure qui a renforcé votre groupe :
Vous avez pu dérober un objet qui était impor-
tant pour vous et dont vous aviez été injustement
privé par un adversaire.
Maraude +1
En le manipulant, vous avez empêché un sei-
gneur traversier d’exécuter des otages citadins.
Faconde +1
25
 Sabre au clair, vous avez défendu un bourg tra-
versier contre une bande de pillards et, contre
toute attente, vous les avez repoussés.
Escrime +1
Vous avez mis au point un nouvel instrument
de visée pour armes à feu. Cela vous donne tou-
jours un avantage à longue distance.
Tir +1
Lors d’un débrayage, vous avez aidé les ouvriers
à repousser un assaut des briseurs de grève.
Pugilat +1
Vous avez empêché un attentat qui visait un
ministère. Les chaudières étaient sur le point
d’exploser, mais vous êtes parvenu à faire baisser
à temps la pression.
Anthropo-mécanologie +1
4. Un accident qui a remis en cause votre groupe :
Au cours d’une violente bagarre contre des
malandrins, vous avez rendu un père de famille
gravement infirme. Il vous a suppliés de l’ache-
ver. Certains d’entre vous étaient d’accord et
d’autres non. Finalement, vous l’avez abandonné
à son sort.
Pugilat +1
Vous vouliez saboter une usine et faire explo-
ser des machines pour nuire à un adversaire.
Vous pensiez agir sans blesser personne, mais
l’explosion a été plus puissante que prévu et des
ouvriers sont morts.
Anthropo-mécanologie +1
Pour obtenir une information capitale, vous
avez torturé un suspect en l’aspergeant d’écryme.
Non seulement il était innocent, mais il est mort
dans d’atroces souffrances.
Écrymologie +1
Vous avez fui et abandonné aux mains des métro-
polites des personnes qui comptaient sur vous.
Athlétisme +1
Vous vous êtes violemment disputés sur le sort à
réserver à un adversaire coriace que vous aviez cap-
turé. Ce dernier en a profité pour s’enfuir.
Argutie +1
Le dirigeable que vous pilotiez s’est écrasé.
Il vous a fallu plus d’une teinte pour panser vos
blessures. L’inaction a plombé votre moral et
vous broyiez tous du noir.
Traversologie +1
5. Tourner le dos à vos amis :
Vous ne supportez pas la faiblesse. Si les autres
ne restent pas forts et concentrés sur vos objectifs,
vous vous détournerez.
Athlétisme +1
26
‌Relations au sein
du groupe
Ce petit encadré vise à pimenter les
rapports que vos personnages entre-
tiennent les uns avec les autres. Après
tout, un groupe n’est pas un tout mono-
lithique. Il est parcouru d’affinités et
de courants divers et parfois opposés.
Ces relations simulent la connaissance
que les personnages joueurs ont les uns
des autres ou l’opinion qu’ils ont les uns
des autres.
Lors de la création de personnages,
chaque joueur doit choisir [nombre de
PJ] phrases parmi la liste ci-dessous. En
fonction de ce que son avatar pense des
autres, il y accolera le nom d’un per-
sonnage, en expliquant au besoin son
choix au concerné. Attention, tout n’est
pas symétrique. Vautrin peut avoir par
exemple un secret avec Rastignac, qui
a quant à lui un secret avec Delphine.
Il faut simplement que Rastignac
sache quel secret le relie à Vautrin, et
Delphine à Rastignac.
Je me montre amical avec… car...
Je me méfie de… parce que…
Je partage un secret avec… Ensemble,
nous avons…
Si j’ai besoin de me confier, je vais
voir…
… m’a sauvé d’un mauvais pas et je
lui en suis reconnaissant.
Je suis déçu par… depuis qu’il a…
Je suis fâché par…, suite à…
Certains aspects de… me font peur.
Je suis attiré par…
Tout cela sera amené à évoluer en cours
de partie, en fonction des découvertes
de chacun au sujet des autres, de telle
ou telle réactions, etc. Si des révélations
ou des actions significatives ont eu lieu
et qu’elles sont susceptibles de faire
évoluer les relations entre personnages,
laissez les joueurs modifier les phrases
impactées. Les gommer, les remplacer
par une autre s’il y a lieu, changer un
nom, etc. Les possibilités ne manquent
pas.
 Vous êtes têtu et jusqu’au-boutiste. Si les autres La ferveur d’un temple.
font machine arrière et se détournent de vos Représentation +1
idéaux, vous ne le leur pardonnerez pas. Vous La liberté d’une ruelle mal famée.
devez poursuivre sur la même voie. Tir +1
Conduite +1 Une place du marché grouillante de vie.
Vous avez un cœur d’artichaut. Si vous tom- Faconde +1
biez amoureux d’une personne se révélant hos- La vue depuis une tour d’appontage.
tile à votre groupe, vous pourriez tourner le dos Conduite +1
à ce dernier.
Faconde +1 3. La personne qui s’occupait de vous était :
Vous êtes en quête de pureté. Si vous trouviez Un membre aventureux de votre famille.
un nouvel idéal, plus beau que le précédent, et Conduite +1
que vos camarades ne vous suivaient pas, vous les Les membres d’une ghilde.
abandonneriez sans état d’âme. Maraude +1
Créativité +1 Un maître d’armes.
Vous êtes intéressé et vénal. Au fond, l’argent Escrime +1
et le confort ne font pas de mal. Une trop longue Un précepteur prestigieux/une nourrisse
exposition à la pauvreté pourrait vous amener à aimante.
reconsidérer votre loyauté. Représentation +1
Représentation +1 Un profiteur qui vous a fait travailler.
Vous êtes pacifiste. Vous ne pourriez plus faire Athlétisme +1
partie d’un groupe s’exprimant régulièrement Les religieux d’un orphelinat.
par la violence et commettant des meurtres. Traumatologie +1
Traumatologie +1
4. Votre meilleur ami était :
Votre ainé, un brin protecteur.
‌Enfance citadine Escrime +1
L’enfant d’un avocat-duelliste.
L’enfance dans les cités est une période négligée. Argutie +1 (donner des ordres)
L’enfant n’a pas encore de rentabilité économique, Une catin au grand cœur.
ni suffisamment d’éducation pour être considéré Faconde +1
comme un membre de la société à part entière. Un petit Gavroche / une petite fille aux allumettes.
Cette période n’est toutefois pas forcément syno- Pugilat +1 (jouer des poings)
nyme d’épreuves ou de difficultés permanentes. Le souffre-douleur du quartier.
Les enfants échappant à la surveillance de leurs Traumatologie +1
parents jouissent d’une grande liberté. Un vieux scientiste excentrique.
Écrymologie +1
1. Votre milieu social était :
La bourgeoisie ministérielle. 5. Votre loisir favori était :
Urbatechnologie +1 Accompagner des proches au théâtre ou à l’opéra.
Des clandestins obligés de se cacher. Créativité +1
Tir +1 Chaparder des friandises sur les étals des
Des exilés en quête d’une nouvelle patrie. marchands.
Traversologie +1 Maraude +1
Un milieu intellectuel. Créativité +1 Construire des maquettes.
La noblesse marchande. Argutie +1 Anthropo-mécanologie +1
Le prolétariat bouillonnant. Courir après les rats.
Pugilat +1 Athlétisme +1
Écouter les récits phonoédités d’aventures
2. Votre endroit préféré était : chevaleresques.
Une cachette dans une usine désaffectée. Traversologie +1
Anthropo-mécanologie +1 Flâner dans la cité.
Le calme d’une bibliothèque. Urbatechnologie +1
Écrymologie +1

27

‌Adolescence citadine
Durant l’adolescence, le personnage approfondit
une partie de son caractère, découvre des aspects
inédits de l’existence et entame un apprentissage
(plus ou moins difficile en fonction de sa classe
sociale). C’est une période de confrontation entre
ce qu’il connaît et ce qu’il désire, qui le conduit à
commettre parfois des erreurs. D’un autre côté, il
réfléchit déjà à des éléments qui favoriseront son
ascension sociale dans la cité.
28
1. Dans quel milieu d’apprentissage avez-vous
évolué ?
Le scientisme. Vous avez intégré une Loge qui
vous a initié à un domaine d’expertise particulier.
Au contact des maîtres, vous avez développé votre
inventivité.
Créativité +1
Les ministères. Vous avez commencé au bas de
l’échelle, comme aide-commis ou coursier. Vous
avez appris comment marchent les rouages admi-
nistratifs de la cité.
Urbatechnologie +1
La noblesse marchande. Vous avez rejoint un
konzern comme page. Vos maîtres vous ont ensei-
gné les bases de l’économie, mais surtout com-
ment imposer votre volonté.
Argutie +1
L’armée. Vous avez été envoyé dans une école
militaire comme cadet. Les exercices fréquents et
la discipline ont développé vos capacités physiques.
Athlétisme +1
Le monde ouvrier. Vous avez rejoint la même
usine que vos proches. Les anciens vous ont
montré le fonctionnement basique des machines.
Anthropo-mécanologie +1
La rue. Une ghilde vous a recruté. Au contact
de la canaille, vous avez appris les rudiments
pour survivre et consolider votre place.
Maraude +1
2. Premier amour :
Un(e) artiste passionné(e) à qui vous avez
servi de modèle.
Représentation +1
Un(e) courtisan(e) plus âgé(e) que vous, qui
n’a eu pour vous qu’une passade et vous a brisé
le cœur.
Faconde +1
Un(e) jeune homme(fille) de bonne famille
avec qui vous avez découvert les bases de
l’anatomie.
Traumatologie +1
Un(e) jeune traversier(e) des quartiers
lacustres qui vous parlait de son monde et qui a
fini par y retourner.
Traversologie +1
Le/la mousse d’un dirigeable avec qui vous
vous êtes « envoyés en l’air ».
Conduite +1
Votre supérieur qui a su profiter de son ascen-
dant et vous forçait à le suivre dans sa tanière
secrète à quelques lieues de la cité.
Écrymologie +1
 3. Une erreur commise et que vous regrettez… 5. Quelles ambitions nourrissiez-vous ?
Un duel qui tourne mal. Vous avez défié un Devenir chef de bande.
rival (amour ou travail) au pistolet et vous l’avez Escrime +1
gravement blessé. Devenir un grand orateur capable d’influen-
Tir +1 cer vos pairs.
Une vilaine estafilade. Au cours d’une dispute Argutie +1
avec un proche (parent, ami, collègue), vous Être capable de vous défendre par vous-mêmes.
l’avez marqué au visage d’un méchant coup de Pugilat +1
couteau. Faire un mariage avantageux afin d’assurer
Escrime +1 votre fortune.
Une impiété maladroite. En vous bouscu- Faconde +1
lant dans la rue avec des proches (parents, Rejoindre l’armée et faire honneur à la cité.
amis, collègues), vous avez trébuché et fait tom- Tir +1
ber les reliques d’une procession de pontifes de Vous battre pour la loi ou pour la justice.
Malachine. Urbatechnologie +1
Pugilat +1
Des caricatures injurieuses. Vous avez dessiné
des graffitis insultants contre votre supérieur ‌Enfance traversière
près de son office et on vous a dénoncé.
Créativité +1 Sur les traverses, la mortalité infantile se révèle
Un accident involontaire. À l’usine, vous avez mal très importante. Cela induit une certaine indiffé-
réglé une chaudière à vapeur et elle a explosé à cause rence des parents à l’égard de leur progéniture.
de la pression. Plusieurs ouvriers ont été blessés. Seuls les plus forts survivent et rien ne sert de
Anthropo-mécanologie +1 s’attacher à un être qui mourra peut-être rapide-
Pour impressionner un proche (parent, ami, ment. Les marmots qui échappent aux maladies
collègue), vous avez dérobé un véhicule. Hélas, et aux accidents bénéficient toutefois par la suite
en raison de votre manque d’expérience, vous d’une enfance plus aventureuse et moins morne
avez causé un accident et endommagé un bâti- que celle des citadins.
ment public.
Conduite +1 1. Votre milieu social était :
La basse noblesse esseulée face aux attaques
4. … et la punition qu’on vous a infligée en des pillards.
représailles : Escrime +1
Pour échapper à la justice, vous avez fui sur les Une communauté de piliers où l’escalade était
traverses, le temps que l’affaire se tasse. de rigueur.
Traversologie +1 Athlétisme +1
Vous avez dû effectuer un travail d’intérêt L’élite d’un bourg ou d’une jonction commer-
général au sein d’un dispensaire public. çant avec l’extérieur.
Traumatologie +1 Faconde +1
Vous vous êtes terrés dans les bas-fonds. De modestes villageois vivant de la chasse aux
Maraude +1 hurleurs.
Vous avez fait pénitence au cours d’humi- Tir +1
liantes excuses publiques. La puissante noblesse traversière inféodée aux
Représentation +1 cités.
Vous avez remboursé votre dette après plu- Urbatechnologie +1
sieurs journées de travail. Des saltimbanques et des bateleurs itinérants.
Athlétisme +1 Représentation +1
Vous avez été condamné à un an de travaux
forcés sur une platefor me minière pour 2. Votre endroit préféré était :
rembourser les dégâts. L’atelier clandestin d’un scientiste renégat.
Écrymologie +1 Anthropo-mécanologie +1
Une auberge remplie de citadins naïfs.
Maraude +1

29
 Les chemins de ronde en compagnie des rudes Jouer au chevalier et à la belle dame.
gardes. Représentation +1
Pugilat +1 Jouer à la guerre avec les autres enfants.
La corniche oubliée d’un pilier de traverse. Pugilat +1
Écrymologie +1 Faire du char à voile.
Les écuries du château. Conduite +1
Conduite +1 Tirer sur les albâtres.
Une vieille tour sur un pan de traverse oublié. Tir +1
Traversologie +1

3. La personne qui s’occupait de vous était : ‌Adolescence traversière

Des parents violents.
Traumatologie +1 L’adolescence traversière met autant l’accent sur
Un précepteur autoritaire/une nourrice l’exercice que l’apprentissage. Au sortir de l’en-
acariâtre. fance, les jeunes gens recherchent souvent plus de
Argutie +1 liberté que les jeunes citadins. À cause de l’exi-
Des religieux arpenthes. guïté des seigneuries, ils s’encanaillent très tôt.
Écrymologie +1 Paradoxalement, la discipline y est plus stricte et
Une troupe de pillards qui vous avait enlevé les punitions plus sévères, voire cruelles. Le désir
tout jeune. d’un ailleurs se fait d’autant plus pressant…
Maraude +1
Les vieilles femmes de la communauté et leurs 1. Dans quel milieu d’apprentissage avez-vous
contes. évolué ?
Créativité +1 Les cueilleurs de fleurs d’écryme. Vous avez
Un vieux serviteur/une vieille servante volubile. appris à connaître la mer acide et son écologie
Faconde +1 afin de dénicher les meilleurs endroits où pousse
ce précieux végétal.
4. Votre meilleur ami était : Écrymologie +1
Le vieux mécanicien qui réparait la voiture Les chasseurs de hurleurs. Vous avez suivi les
du seigneur. tireurs émérites assez fous ou désespérés pour
Anthropo-mécanologie +1 partir à la poursuite de ces terrifiants reptiles
Un petit gueux/une petite friponne effron- hantant l’écryme.
té(e) qu’il fallait cadrer pour l’empêcher de faire Tir +1
des bêtises. Les pillards. Poussé par la faim, vous avez inté-
Argutie +1 gré une bande de détrousseurs parcourant les
Un des enfants du seigneur qui connaissait des traverses en quête de butin. Le vol et l’extorsion
histoires sur les cités. sont devenus une seconde nature.
Urbatechnologie +1 Maraude +1
Un jeune aumônier de l’aragone qui connais- Les diplomates. Vous avez servi le chambel-
sait tout des traverses. lan d’une grande seigneurie, qui était chargé de
Traversologie +1 discuter avec les autorités citadines. Il vous a fait
L’enfant du sergent qui vous a appris les rudi- découvrir un autre monde.
ments de l’épée. Urbatechnologie +1
Escrime +1 Noblesse traversière. Vous avez été l’écuyer
Une fille d’auberge qui pansait vos éraflures. d’un noble traversier attaché aux traditions. Il
Traumatologie +1 vous a formé aux anciens usages et à l’histoire
des traverses.
5. Votre loisir favori était : Traversologie +1
Assister aux savoureuses pièces de théâtre sur Les échassiers. Vous avez suivi des patrouil-
la place du village. leurs ou des contrebandiers sur la mer acide.
Créativité +1 Grâce à cela, vous avez développé une endurance
Escalader les murs du château. peu commune.
Athlétisme +1 Athlétisme +1

30
 2. Premier amour :
Un(e) soldat(e) de la garnison locale avec qui
s’était l’amour vache. Vos disputes et vos réconci-
liations étaient devenues proverbiales.
Pugilat +1
L’enfant d’un seigneur traversier que vous
aviez séduit(e).
Faconde +1
Un(e) comédien(e) rencontré(e) lors d’une
foire.
Représentation +1
Un(e) jeune scientiste renégat(e) en exil qui
vous parlait avec passion de ses recherches.
Anthropo-mécanologie +1
Un(e) seigneur(e) traversier(e) qui vous
battait.
Traumatologie +1
Un(e) pillard(e) révolté(e) qui vous emmenait
souvent sur son char à voile.
Conduite +1
3. Une bêtise que vous avez commise…
Une vilaine estafilade. Au cours d’une dispute
avec un proche (parent, ami, collègue), vous
l’avez marqué au visage d’un méchant coup de
couteau.
Escrime +1
Des caricatures injurieuses. Vous avez dessiné
des graffitis insultants contre votre seigneur sur
les murs de son château et on vous a dénoncé.
Créativité +1
Lors d’un jeu stupide, vous avez convaincu
un benêt de se rapprocher le plus possible de
l’écryme. Il a chuté, mais a pu s’en sortir, au prix
de terribles séquelles.
Argutie +1
Une impiété maladroite. En vous bousculant
dans la rue avec des proches (parents, amis, col-
lègues), vous avez trébuché et fait tomber les
reliques d’une procession de l’aragone.
Pugilat +1
Sans le vouloir, vous vous êtes retrouvés dans
une émeute qui a dégénéré entre les mineurs d’une
plateforme et des gardes de la seigneurie. Vous avez
pu filer en jouant des coudes.
Athlétisme +1
Pour rire, vous avez indiqué un faux itinéraire
à des pèlerins arpenthes. Ces derniers ont été
hélas attaqués par une bande de pillards, il y a
eu des morts, mais ils sont parvenus à s’enfuir.
Traversologie +1
4. … et la punition qu’on vous a infligée en
représailles :
Vous avez dû fuir et vous cacher pour échapper
à l’ire de votre(vos) victime(s).
Maraude +1
On vous a forcé à suivre un noviciat forcé
auprès du chirurgien-barbier. L’homme était dur,
mais a fini par vous apprendre quelques « trucs ».
Traumatologie +1
Vous avez fait pénitence au cours d’humi-
liantes excuses publiques.
Représentation +1
La victime (ou ses proches) ont obtenu ven-
geance en vous versant de l’écryme sur une par-
tie du corps (à définir).
Écrymologie +1
Pour échapper à la justice, vous avez fui dans le
quartier lacustre d’une cité, le temps que l’affaire
se tasse.
Urbatechnologie +1
Vous avez développé des trésors d’imagination
pour mentir et vous en sortir.
Faconde +1
5. Quelles ambitions nourrissiez-vous ?
Défendre votre seigneurie contre les menaces
de l’extérieur.
Escrime +1
Devenir une personne d’influence dans votre
communauté.
Argutie +1
Œuvrer à amener les bienfaits du progrès
pour améliorer les conditions de vies de vos
concitoyens.
Anthropo-mécanologie +1
Ne jamais s’ancrer pour rester libre. Voyager
loin, sans poser le pied à terre.
Conduite +1
Amener de la fantaisie et du divertissement
dans le morne quotidien de votre communauté.
Créativité +1
Faire régner l’ordre en luttant à armes égales
avec les bandits. Ne jamais baisser sa garde et tou-
jours tirer le premier.
Tir +1
31

‌Vie actuelle
Les questions qui suivent conviennent à la fois
aux citadins et aux traversiers. Elles s’attardent et
développent la vie active du personnage (si tant est
qu’il soit suffisamment vieux) avant qu’il ne parte
à l’aventure et rencontre les autres personnages
joueurs. C’est l’occasion de développer quelques
aspects personnels récents qui pourraient servir
d’arcs narratifs spécifiques au cours de vos parties.
1A. Votre travail (cité) :
Vous êtes mercenaire (soldat, avocat(e)-
duelliste, homme de main, etc.), une lame à louer
au plus offrant.
Escrime +1
Vous travaillez pour une Loge, œuvrant avec
passion à la gloire du scientisme et du Progrès.
Sans relâche, vous perfectionnez les techniques
d’un domaine professionnel particulier.
Créativité +1
Vous êtes noble marchand et servez le Capital
avec zèle, mais aussi votre konzern et votre ambi-
tion personnelle. Vous entendez qu’on vous
obéisse au doigt et à l’œil.
Argutie +1
Vous hantez les bas-fonds du quartier pour
vous livrer à vos méfaits au sein d’une ghilde.
Progressivement, vous vous faites un nom.
Maraude +1
Vous servez les ministères. L’ordre est pour
vous la première des qualités. Le remettre en
cause, c’est vivre comme une bête.
Urbatechnologie+1
Vous êtes un homme d’armes, qu’il s’agisse
d’un soldat ou d’un mercenaire. Vous défendez
les murs de la cité.
Tir +1
1B. Votre travail (traverses) :
Vous êtes homme ou femme d’armes. Vous
avez appris à vous battre avec habileté et férocité,
selon les anciennes coutumes.
Escrime +1
Vous êtes un scientiste renégat qui a découvert
sur les traverses de nouvelles techniques, loin du
regard courroucé de ses pairs.
Créativité +1
Vous êtes noble, peut-être même un seigneur
traversier, et vous vivez selon les usages du
Moyécryme. Vous entendez qu’on vous obéisse
au doigt et à l’œil.
Argutie +1
32
Vous hantez les traverses les plus reculées pour
piller les caravanes au sein d’une bande de pil-
lards. Progressivement, votre sinistre réputation
grandit.
Maraude +1
Vous ser vez le pouvoir en place, à votre
échelle. L’ordre est pour vous la première des
qualités. Le remettre en cause, c’est vivre comme
une bête.
Traversologie+1
Vous êtes un homme d’armes, qu’il s’agisse
d’un soldat ou d’un mercenaire. Vous défendez
les limites de la seigneurie.
Tir +1
2. Votre famille :
Vous avez conçu une marmaille nombreuse
après laquelle il faut souvent cavaler.
Athlétisme +1
Vous avez une relation extrêmement fusion-
nelle avec votre conjoint. Vous n’avez pas besoin
des mots pour vous comprendre.
Faconde +1
Vous n’aimez pas votre conjoint et c’est réci-
proque. Vous restez ensemble pour maintenir les
apparences.
Représentation +1
Votre conjoint est violent, mais vous l’aimez.
Vous lui pardonnez, car vous êtes persuadé qu’il
va changer. En attendant, vous pansez vos plaies
en silence.
Traumatologie +1
Avec vos enfants et votre conjoint, vous
vivez tout près de l’écryme. Vous avez appris à
la connaître. Les gens vous disent fantasque et
lunatique.
Écrymologie +1
Vous n’avez pas de famille. Au fond de vous,
une rage vous pousse à rester seul et à trouver,
seul, votre place dans ce monde.
Pugilat +1
3. Une amitié qui compte pour vous :
De temps à autre, vous buvez des coups avec un
icarien. Il vous a déjà emmené sur son cerf-volant
pour voir le monde d’en haut.
Conduite +1
Ce vieux contremîme, sourd comme un tou-
pin, vient tous les jours s’asseoir à la même heure
devant chez vous.
Anthropo-mécanologie +1
Être ami avec une ancienne avocate-duelliste,
qui l’eût cru ? Pourtant, cette femme s’est ouverte
à vous et vous êtes devenus proches. Elle vous a
donné quelques cours, mais ne vous a jamais
expliqué les raisons de sa disgrâce.
Escrime +1
Vous récoltez la boue des rues pour faire de
curieuses sculptures. Une riche collectionneuse
a fini par remarquer votre travail et achète sou-
vent vos œuvres.
Créativité +1
Vous avez une aff inité particulière avec
les albâtres. Ils apprécient votre présence et,
quand vous êtes là, ils se montrent moins sau-
vages. L’un d’entre eux a abandonné une aétyte
devant vous.
Écrymologie +1
Un vétéran âgé des guerres d’Acrymonie vous
a pris sous son aile et, pour vous défendre, il vous
a enseigné le maniement des armes à feu.
Tir +1
4. Une antipathie qui vous pèse :
Votre conjoint vous a quitté. Depuis, il(elle)
actionne tous les volets dont dispose la cité pour
vous empêcher de revoir vos enfants. Mais vous
n’entendez pas vous laisser faire.
Urbatechnologie +1
Vous vous entendiez bien avec votre frère mais,
depuis la mort de vos parents, il est devenu enva-
hissant. Il s’invite souvent chez vous et juge tout
ce que vous faites.
Argutie +1
Vous avez eu des différends avec un chauffeur
de tramway qui a passé le mot et certains de ses
collègues. Depuis, ils refusent tous de vous laisser
monter. Vous vous déplacez souvent à pied.
Athlétisme +1
Les bêtes de somme ne vous aiment pas. Quand
vous êtes dans les parages, elles deviennent ner-
veuses. On ne parle même pas de les monter…
Conduite +1
Votre fils aîné s’est fâché avec vous. Il aurait
aimé récupérer le vieux sabre de hussard de
votre père, mais vous avez refusé. Personne
d’autre que vous ne posera la main dessus avant
votre mort.
Escrime +1
Un de vos professeurs, antipathique et sévère,
vous a inculqué la connaissance du monde traver-
sier. Vous êtes certes un érudit, mais vous souffrez
encore de ses multiples remontrances…
Traversologie +1
5. Une épine dans votre pied :
Vous vous efforcez de maintenir les apparences
auprès de vos proches, mais vous avez des dettes
de jeu et êtes au bord de la ruine. Vos créanciers
pourraient perdre patience.
Représentation +1
Un de vos proches est très malade. Veiller
sur lui (ou elle) exige une attention perma-
nente, mais vous vous êtes promis de ne pas
l’abandonner.
Traumatologie +1
Certains de vos amis sont des parias (révolu-
tionnaires, dissidents, traîtres, etc.), mais chaque
fois qu’ils vous supplient de les aider, vous le
faites, en sachant que ça finira par vous appor-
ter des ennuis.
Faconde +1
Vous vous faites fréquemment racketter par
une bande de voyous. Personne ne vous aide et
les brimades deviennent de plus en plus violentes.
Où s’arrêteront-ils ?
Pugilat +1
Vous avez attiré l’attention d’un métropolite
qui s’est mis à vous suivre. Il se plante devant chez
vous, à votre lieu de travail, etc. Vous veut-il du
mal ? Vous développez des trésors d’imagination
pour le semer.
Maraude +1
Un matin, devant votre porte, vous avez
découvert un automate inerte. Il était magnifi-
quement ouvragé. Depuis, vous l’avez étudié à
de nombreuses reprises, sans parvenir à le faire
fonctionner.
Anthropo-mécanologie +1
‌Caractère
Votre personnage n’est pas que la somme
de ses choix et de ses actions. Il est également
doté d’une personnalité propre et de quelques
particularités psychologiques. Les définir vous
permettra de réagir de manière judicieuse face
aux péripéties que vous vivrez et de proposer des
éléments narratifs intéressants à votre conteur.
1. Vos amis disent de vous que vous êtes :
Une personne flegmatique, froide et analytique.
Anthropo-mécanologie +1
Un être passionné, empathique et rusé.
Faconde +1
Un individu rêveur, idéaliste et inventif.
Créativité +1
Un interlocuteur pragmatique, autoritaire et
efficace.
Argutie +1
33
 Une personnalité mélancolique, curieuse et Le besogneux. Celui qui se démène pour sor-
observatrice. tir ses amis d’une situation fâcheuse.
Écrymologie +1 Athlétisme +1
Un protagoniste fantasque, dévergondé et Le meneur. Celui qui prend les décisions,
capricieux. quitte à les imposer par la force.
Représentation +1 Pugilat +1
Le pilote. Celui qui bricole et conduit un engin
2. Si vous deviez changer l’une des facettes de pour transporter ses camarades.
votre personnalité, ce serait : Anthropo-mécanologie +1
Votre détachement et la distance que vous Le porte-parole. Celui qui représente le
imposez à vos proches. groupe lors des prises de contact et qui déve-
Tir +1 loppe des trésors d’imagination pour orienter
Votre impulsivité, parfois blessante, qui les discussions.
s’exprime toujours brutalement. Créativité +1
Pugilat +1 Le rebelle. Celui qui va à contre-courant des
Les parts d’ombre autour de votre vie que vous règles et n’hésite pas à les enfreindre.
ne révélez jamais, de peur de trop vous livrer, Maraude +1
mais qui vous rendent difficiles à cerner.
Maraude +1 5. Qu’est-ce qui vous donne la force de vous
Votre intransigeance qui ne tolère aucune lever le matin ?
remise en question, quitte à exiger réparation par Vous œuvrez à abolir les inégalités sociales.
le fer. Urbatechnologie +1
Escrime +1 Vous désirez alphabétiser les traverses.
Votre défaitisme, exacerbé par le fonctionne- Traversologie +1
ment immuable de la cité. Vous voulez avant tout satisfaire vos ambitions
Urbatechnologie +1 personnelles.
Votre perpétuel besoin de changement, partir Représentation +1
pour tout recommencer, même quand tout va bien. Vous respectez coûte que coûte un code de
Traversologie +1 l’honneur personnel que vous vous êtes édicté.
Conduite +1
3. Que fuyez-vous ? Vous vous êtes juré de ne jamais céder à la
Le conflit. Vous avez peur de l’opinion des violence.
autres ou de les blesser. Traumatologie +1
Traumatologie +1 Vous n’êtes pas fou. Vous ne vous exposez
L’échec. Vous ne supportez pas d’être repris, il jamais en première ligne.
vous faut toujours argumenter pour vous justifier. Tir +1
Argutie +1
La faiblesse. Dans ce monde désespéré, seuls
les forts survivent. ‌Système de valeurs
Athlétisme +1
L’immobilisme. La pensée et les personnes ne Vot re personnage est st r ucturé par des
doivent jamais s’enliser. croyances auxquelles il accorde plus ou moins
Conduite +1 d’importance. Ces principes constituent autant
La solitude. Se tourner vers les autres n’est de normes et de références personnelles ou col-
jamais une perte de temps. lectives, s’il fait partie d’une organisation, et elles
Faconde +1 exercent une influence sur son attitude et son
La trahison. Vous ne supportez pas les coups comportement.
tordus et les coups de poignard dans le dos.
Escrime +1 1. Ce qui importe le plus :
La sécurité est un droit précieux. Pour sur-
4. En équipe, vous êtes : vivre aux empires ennemis et au terrorisme, il
L’archiviste. Celui qui est garant de la mémoire faut savoir se conformer aux instructions du pou-
du groupe. voir, suivre les règles et jouer le jeu.
Écrymologie +1 Représentation +1

34
 Votre liberté est la chose la plus importante à
vos yeux. Rien ni personne ne vous en privera et
ne vous fera renoncer à votre vie, même dans ses
aspects les moins avouables.
Maraude +1
L’obtention du pouvoir, même à une échelle
infime, permet de s’élever au-dessus de sa condi-
tion et d’être respecté.
Argutie +1
Dans ce monde sinistré, la quête de plaisirs
permet de s’évader. Vous profitez de tout ce que
la vie peut vous offrir.
Créativité +1
Les traditions sont ce qui différencient les
hommes d’honneur des vulgaires coquins. Vous
vous battez pour elles, quitte à les inculquer par
la force.
Pugilat +1
Savoir s’ouvrir aux autres et se battre pour
eux et ce qu’il y a de plus noble. D’un naturel
altruiste, vous êtes à l’écoute de la souffrance
s’autrui afin d’y remédier et de l’aider à guérir.
Traumatologie +1
2. Vos convictions religieuses ou philosophiques :
Vous êtes un esthète professant le culte de la
beauté et du raffinement.
Faconde +1
Comme les humains, les machines ont une
âme et il faut la sonder. Vous suivez les enseigne-
ments de Malachine.
Anthropo-mécanologie +1
Vous êtes un arpenthe, cherchant dans vos
pèlerinages à percer le mystère de l’arantèle.
Vous connaissez la Toile comme votre poche.
Écrymologie +1
Les cités sont corrompues. Seul le culte du
passé et des ancêtres sauvera l’homme. Vous vous
conformez aux préceptes de l’aragone.
Traversologie +1
Dans votre dirigeable, vous priez Notre Dame
des Airs pour qu’elle vous mène à bon port.
Conduite +1
Vous professez la Raison et ne suivez aucun
culte particulier. Le Progrès finira par l’emporter
contre les superstitions qui gangrènent la Toile !
Urbatechnologie +1
3. Vos opinions politiques :
Vous êtes un conservateur. Vous soutenez le
pouvoir en place, qui est votre seul rempart face
à l’anarchie. Les classes sociales et le décorum
sont primordiaux.
Représentation +1
Vous êtes un révolutionnaire. Vous œuvrez
clandestinement à la libération de l’Homme
pour que cessent l’exploitation et la misère.
Maraude +1
Vous êtes un progressiste. Le système fonctionne
dans l’ensemble, mais il peut être amélioré ponc-
tuellement afin d’éviter des flambées de violence.
Faconde +1
Vous êtes un terroriste. Les mots n’ont plus de
prise sur vous. Seules la violence et la dynamite
aideront votre cause !
Anthropo-mécanologie +1
Vous ne croyez plus à rien. Dans ce monde,
toutes les idéologies se valent et sont porteuses
de violence. Plus que les armes, les idées tuent,
et ça vous répugne.
Traumatologie +1
Vous rêvez d’un autre monde et nourrissez vos
réflexions de penseurs anciens et modernes. Avec un
peu d’imagination, tout est possible.
Créativité +1
4. Votre réaction quand on tente de vous
convaincre de quelque chose de contraire à vos
convictions :
Vous vous sentez insulté et vous défiez le(s)
fautif(s) en duel.
Escrime +1
Vous fichez le camp en vitesse, sans demander
votre reste !
Athlétisme +1
Vous intimidez votre interlocuteur avec votre
arme à feu, en lui expliquant que cette conversa-
tion est terminée. Sinon…
Tir +1
Rationnellement, vous cherchez à argumenter
et à défendre votre point de vue.
Argutie +1
Subtilement, en usant de manipulation, vous
ramenez la conversation vers des sujets plus
plaisants.
Faconde +1
Et crac, un bourre-pif !
Pugilat +1
5. Votre gestion de la différence :
Selon vous, les marginaux, les superstitieux et
les dissidents doivent être assimilés au nom de la
Raison et du Progrès.
Urbatechnologie +1
Vous estimez que tous doivent travailler de
concert à la compréhension du monde et de ses mys-
tères. Chacun est citoyen de la Toile à part entière.
Écrymologie +1
35

Chacun chez soi et les traverses seront bien
gardées.
Traversologie +1
Il faut rééduquer les égarés par le travail. C’est
dans l’effort et la douleur que l’altérité s’estompe
et que les hommes deviennent frères.
Athlétisme +1
Il faut voyager et voir du pays. Cela aide à rela-
tiviser. Et quoi de mieux pour y parvenir que de
prendre le train ou le dirigeable ?
Conduite +1
Une balle et c’est réglé, on n’en parle plus des
dissidents. Au mur !
Tir +1
‌Zones d’ombre et mystères
La Toile renferme de nombreux mystères. Avoir
une opinion sur ces derniers ne signifie pas avoir
des éléments de réponse, mais au moins s’y être
intéressé. Ce bloc de question est conseillé aux
gestes destinant les personnages à découvrir les
secrets de l’univers. Il permet également de mettre
en perspective les connaissances des joueurs ayant
déjà appris les réalités cachées sous la surface de
l’écryme, mais incarnant des personnages profanes.
1. Les actions de la Propagande :
Les métropolites sont des médecins sociaux.
Ils garantissent le fonctionnement de ce corps
immense qu’est la cité. Sans eux, nous finirions
tous par mourir.
Traumatologie +1
Les moyens de répression ne sont que de la
poudre aux yeux pour rassurer les masses. Nous
sommes condamnés à dépérir.
Représentation +1
La coercition dissimule quelque chose de plus
vaste, dans l’ombre. Quelque chose à l’échelle de
la Toile. Pour découvrir quoi, il faut percer l’écran
de fumée des métropolites.
Maraude +1
Les métropolites doivent être combattus par la
Révolution, les armes à la main.
Tir+1
On ne peut pas affronter la Propagande fronta-
lement. Pour l’emporter, il faut pervertir l’institu-
tion de l’intérieur. Manipuler les manipulateurs.
Faconde +1
On ne peut se soustraire à l’influence des métro-
polites qu’en fuyant sur les traverses. Au contact de
l’écryme, la vie est dure mais authentique.
Traversologie +1
36
2. La folie :
L’esprit est comme une machine. On peut le
réparer, à condition d’avoir les bons outils.
Anthropo-mécanologie +1
On peut rééduquer les fous par une douce
autorité, c’est-à-dire avec calme mais fermeté.
Argutie +1
Pour guérir les fous, il faut souvent éprouver
leurs limites physiques, les faire souffrir pour ral-
lumer l’étincelle de Raison qui vacille en eux.
Athlétisme +1
La relation thérapeutique est comme un duel
à l’épée. On se jauge, on se tourne autour et fina-
lement on attaque. Feintes et parades ne sont
que des étapes menant à la compréhension du
trouble, le nœud du problème.
Escrime +1
Les fous sont les plus grands artistes !
Créativité +1
Pour soigner les troubles de l’esprit, il faut
manipuler les patients et les amener à se rendre
compte de leurs propres errements.
Faconde +1
3. L’écryme :
La mer acide exacerbe les sentiments et les
intuitions. Elle anesthésie la Raison.
Créativité +1
C’est une substance fascinante qui a boule-
versé notre monde. Elle est inerte et morte et
pourtant, la vie peut y éclore. Il y a tant à en dire.
Écrymologie +1
L’écryme est parcourue de mouvements et de
courants. Certains scientistes l’affirment.
Conduite +1
Plus on en sait, moins on en sait. Les scientistes
s’écharpent à son sujet depuis des décennies.
Pugilat +1
Les scientistes nous cachent des choses, c’est
certain !
Maraude +1
Y réf léchir est le premier pas menant à
l’hérésie.
Argutie +1
4. La céphalie :
C’est une superstition traversière pour expli-
quer ce que nous ne nous comprenons pas peut-
être encore.
Urbatechnologie +1
Ce sont des sorciers manipulant l’écryme. Ils
doivent être plongés dedans !
Traversologie +1
 2. Comment avez-vous découvert la céphalie ?
Ce sont des tours de passe-passe, des mystifica-
tions habiles certes, mais rien de vrai. Grâce à un mentor.
Représentation +1 +1 Entéléchie
Il doit y avoir un lien entre le corps et l’esprit. Par l’étude et la recherche de l’étrange.
Ceux qu’on appelle les céphales le subissent ou +1 Psyché
l’ont expérimenté. Tout peut s’expliquer. Vous êtes autodidacte.
Traumatologie +1 +1 Élégie
Les céphales ont peut-être simplement appris Par le contact avec les machines.
à dépasser les limites du corps humain. +1 Mekanë
Athlétisme +1 En étudiant l’écryme et/ou l’écrymancie.
Comme tout élément de la Toile, la céphalie +1 Scorie
doit répondre à des lois physiques et s’inscrire
dans des schémas logiques. 3. Théorie des humeurs, votre personnage est
Anthropo-mécanologie +1 plutôt :
Atrabilaire, triste et enclin au chagrin.
5. Les terres émergées : +1 Élégie
Le monde est vaste, il doit immanquablement Flegmatique, imperturbable et presque
en exister. L’écryme n’a pas tout recouvert. apathique.
Écrymologie +1 +1 Mekanë
Il ne s’agit que d’une fable pour nous détour- Sanguin, d’humeur joyeuse et insouciante.
ner des cités et de nos devoirs. +1 Psyché
Urbatechnologie +1 Bilieux, enclin à la colère.
Il faut mener une expédition pour les localiser. +1 Scorie
Conduite +1 Un peu tout ça à la fois.
Ceux qui professent leur existence sont des fous +1 Entéléchie
dangereux. Il faut les faire taire définitivement.
Escrime +1 4. Quelle est votre compétence (non cépha-
Si elles existent, nul doute que les empires lique) la plus haute ?
se livreront à des guerres farouches pour s’en Créativité, Maraude, Pugilat.
emparer. Les balles pleuvront et les brasiers de +1 Élégie
l’impérialisme se rallumeront. Écrymologie, Traversologie, Urbatechnologie.
Tir +1 +1 Entéléchie
On essaie de faire taire ceux qui professent leur A nt h rop o - méc a nolog ie, C ondu it e,
existence. Il faut se battre pour qu’ils puissent le Traumatologie.
faire et taper du poing sur la table. +1 Mekanë
Pugilat +1 Argutie, Faconde, Représentation.
+1 Psyché
Athlétisme, Escrime, Tir.
‌Céphalie +1 Scorie

Ce bloc ne comporte que quatre questions. 5. Pour vous, la céphalie est un moyen de :
Il peut être parcouru plusieurs fois en fonction Gagner du pouvoir.
du niveau de puissance attendu en céphalie par +1 Psyché
les joueurs. Il est conseillé de sélectionner des Trouver l’harmonie dans un monde en
éléments une fois par niveau (une fois pour le déliquescence.
niveau Céphale, deux fois pour le niveau Bohème +1 Entéléchie
et trois fois pour le niveau Amertume). Il n’est Un mal nécessaire.
pas nécessaire de sélectionner la même réponse +1 Élégie
si vous hésitez entre deux. Un des nombreux rouages de la Toile.
+1 Mekanë
1. Votre personnage est céphale, il dispose Le reflet de l’inconscient collectif.
d’une anence : +1 Scorie
+1 Entéléchie

37
 Le cri silencieux d’une foule unie.
‌Inclassable Argutie +1
L’art parfois abstrait.
Ce bloc regroupe cinq questions plus générales Créativité +1
permettant d’étoffer un peu votre personnage. L’étendue désolée de l’écryme.
Écrymologie +1
1A. Votre personnage est né avant les guerres L’équilibre précaire permettant la vie sur une
d’Acrymonie. Comment les a-t-il vécues ? cité ou une traverse.
Il a vécu dans la peur et a cherché à s’en tenir Traversologie +1 ou Urbatechnologie +1
éloigné au maximum.
Traumatologie +1 3. Quel est votre loisir préféré ?
Mieux vaut être un déserteur ou un profiteur La course à pied pour se vider l’esprit.
de guerre qu’un illustre inconnu mort pour les Athlétisme +1
autres. Une partie d’errance.
Maraude +1 Traversologie +1 ou Urbatechnologie +1
Ces guerres ont été l’occasion de découvrir la Conduire/voler/chevaucher les cheveux au
Toile. vent.
Traversologie +1 ou Urbatechnologie +1 Conduite +1
Un difficile moment où il a fallu lutter chaque Le tir à l’albatre.
jour pour survivre. Tir +1
Pugilat +1 Aller écouter le crieur ou le lecteur de plaques.
Un moyen d’avoir accès aux sciences (les Représentation +1
membres de Loges se faisant plus rares) Un moment simple entre amis.
Anthropo-mécanologie +1 Faconde +1
Vous avez dû marchander pour survivre.
Faconde +1 4. Que portez-vous toujours sur vous ?
Un stylet.
1B. Votre personnage est né après les guerres Escrime +1
d’Acrymonie. Comment les perçoit-il ? Une arme à feu.
C’est un mal pouvant survenir à nouveau à Tir +1
tout instant. Un long pardessus dissimulant vos possessions.
Traumatologie +1 Maraude +1
Les guerres ont laissé un monde en ruine où Une carte.
l’on se doit de prendre tout ce qui est encore bon. Traversologie +1 ou Urbatechnologie +1
Maraude +1 Un masque (d’acteur, à gaz, pour dissimuler
Ces guerres ont eu l’avantage de remettre en des brulures d’écryme)
perspective la géopolitique de la Toile. Représentation +1
Traversologie +1 ou Urbatechnologie +1 Un écrou.
Le terrible rappel voulant que les plus faibles Anthropo-mécanologie +1
meurent et les plus forts survivent.
Pugilat +1 5. Quelle image cherchez-vous à donner ?
Comme un terrible gâchis. Une personne sûre d’elle.
Anthropo-mécanologie +1 Argutie +1
Vous ressentez désormais le besoin d’apaiser Une personne forte.
les tensions par peur qu’une telle situation ne se Athlétisme +1
reproduise. Une personne que l’on pourrait craindre.
Faconde +1 Pugilat +1
Une personne indispensable.
2. Qu’est-ce qui pourrait le plus vous émouvoir ? Traumatologie +1
Un homme risquant sa vie pour ce qu’il croit Une personne n’étant jamais en manque de
juste. ressource.
Escrime +1 Créativité +1
Le ballet hypnotique des cerfs-volants. Une personne mystérieuse.
Conduite +1 Écrymologie +1

38
 ‌OÙ DIVERS ARCHÉTYPES
SONT EXPOSÉS
Les archétypes ci-après ont été réalisés selon la méthode décrite dans le chapitre précédent.
Il suffit de revoir certains détails de background avec le conteur pour directement les employer.

L’aérostière
Fille de capitaine, Clarisse Bohlen a grandi
dans les airs. Elle est extrêmement à l’aise à bord
d’un dirigeable (+1), ressentant les besoins et les
avaries de son appareil de manière quasi intui­
tive (+1). Elle a développé ce lien presque mimé-
tique en observant et en servant son père, lui
aussi aérostier, durant de nombreuses années
pendant lesquelles elle a été traitée à la dure. Cet
apprentissage l’a rendue exigeante et inflexible,
mais le jeu en valait la peine. Quand son géniteur
est mort, elle a hérité du Foudroyant, son appareil,
avec les hommes qui y servaient. Elle ferait tout
pour eux, car elle aime cet aérostat et son équi-
page par-dessus tout (Idéal). En revanche, elle
supporte mal que l’on remette en cause ses com-
pétences (Spleen). Pour elle, s’imposer est un
travail de tous les jours plus difficile encore que
dompter les vents. Dans les moments difficiles,
elle repense aux façons dont son père gérait les
conflits. Mais elle aimerait un jour sortir de son
ombre et voler de ses propres ailes.

Physique : A thlétisme 3, Conduite 5

(dirigeable +2), Escrime 2,
Pugilat 2, Tir 3.
Mental : A nthropo-mécanologie 4,
Écrymologie 2, Traumatologie 1,
Traversologie 3, Urbatechnologie 0.
Social : A rgutie 2, Créativité 0, Faconde 1,
Maraude 1, Représentation 0.

39
 ‌L’archiviste
Célestin Rabourdin a grandi dans une de ces
usines où la proximité et le vacarme permanent
des machines l’ont rendu sourd (-3). Pour com-
penser ce handicap, il a appris à lire sur les lèvres
(+1) ainsi que le langage des contremîmes (+1)
mais surtout une vue extrêmement fine qui lui
permet de « lire » un disque (+2). Ce don rare
lui a valu une place privilégiée parmi les archi-
vistes renégats de l’affrevie (+1). Célestin ne vit
que pour accumuler plus de connaissances tech-
niques sur la faune et la flore écryméenne (idéal)
et supporte mal les carcans des Loges citoyennes
(spleen).

Physique : A thlétisme 1, Conduite 0,

Escrime 0, Pugilat 0, Tir 0.
Mental : A nthropo-mécanologie 5,
Écrymologie 5, Traumatologie 3,
Traversologie 5, Urbatechnologie 3.
Social : A rgutie 2, Créativité 2, Faconde 1,
Maraude 1, Représentation 2.

‌L’avocate-duelliste
Ce qui impressionne le plus chez Joséphine de
Rubempré est certainement son sang-froid (+1) et
son mépris de la mort (+1). Elle ne se sent vivante
que lorsqu’elle est sur la brèche, lorsqu’elle risque
sa vie (Idéal). Cela explique, entre autres, sa pas-
sion pour le fleuret, alors que la majeure partie
des avocats-duellistes choisissent le pistolet comme
arme de prédilection : l’escrime fait durer les
duels. Joséphine supporte mal l’inaction (Spleen).

Physique : A
 thlétisme 4, Conduite 1, Escrime 5
(fleuret +2), Pugilat 3, Tir 4.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymologie 0, Traumatologie 0,
Traversologie 0, Urbatechnologie 5
(droit +2).
Social : A rgutie 3, Créativité 0, Faconde 1,
Maraude 0, Représentation 1.

40
 ‌Le cartographe errant
Par son ancien travail, sonder la profondeur
de l’écryme, Horace Bianchon est particulière-
ment à l’aise sur des échasses (+1). Son maître lui
a appris à employer le casque des cartographes
par simples clignements de paupière (+1). Sa
situation d’apprenti au sein de la Loge des carto-
graphes le comblait jusqu’au jour où, pour éviter
le titre de renégat, il dut accuser publiquement
son maître de falsifier ses travaux. Ce dernier étu-
diait l’évolution des fonds écryméens en fonction
de la pollution ambiante. Horace regrette amère-
ment sa trahison et supporte mal le fait que les
Loges aient le droit de considérer une œuvre
comme renégate ou non (Spleen). Œuvrer à la
réalisation d’un travail novateur constituerait
pour lui une sorte de rédemption (Idéal).

Physique : A
 thlétisme 3, Conduite 3,
Escrime 2, Pugilat 1, Tir 3.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymo–logie 5, Traumatologie 0,
Traversologie 5, Urbatechnologie 1.
Social : A rgutie 2, Créativité 1, Faconde 1,
Maraude 0, Représentation 2.

‌La conteuse
Marie de Verneuil est la fille d’un noble destitué.
De ses origines, elle a gardé son goût pour le luxe et
un profond mépris pour la pauvreté. Elle exècre sa
condition (Spleen). Elle a également conservé une
très bonne connaissance de la haute bourgeoisie de
sa cité (+1) qui lui a valu sa place de conteuse. Pour
vivre, elle délivre des messages à d’anciens amis qui
feignent de ne pas la reconnaître. Elle ambitionne,
un jour, de se venger d’eux (Idéal) et accumule le
plus d’informations possible à leur sujet (+1).

Physique : A thlétisme 0, Conduite 1,

Escrime 0, Pugilat 2, Tir 0.
Mental : A nthropo-mécanologie 0,
Écrymologie 0, Traumatologie 0,
Traversologie 1, Urbatechnologie 5
(détails intimes de personnes haut
placées +2).
Social : A rgutie 4, Créativité 5 (inventer
des faits divers +2), Faconde 4,
Maraude 3, Représentation 3.

41
 ‌Le dégraisseur
Le commandant Genestas est un ancien mili-
taire lanskois traduit en cour martiale pour les
mauvais traitements qu’il a fait subir durant les
guerres d’Acrymonie. Fin stratège quand il s’agit
d’investir un lieu (+1), il est surtout doué pour
l’utilisation des explosifs (+1). Genestas accepte
chaque situation difficile comme un nouveau défi
(Idéal). Mais exige que la hiérarchie militaire reste
marquée entre lui et ses compagnons (Spleen).

Physique : A  thlétisme 3, Conduite 2,

Escrime 5, Pugilat 5, Tir 5 (mous-
quet +2, bombarde +2).
Mental : A nthropo-mécanologie 2,
Écrymologie 0, Traumatologie 1,
Traversologie 0, Urbatechnologie 0.
Social  : Argutie 2, Créativité 0, Faconde 0,
Maraude 3, Représentation 0.

‌La demi-mondaine
La marquise d’Espard est une jeune orpheline
qui doit son sobriquet de marquise au fait qu’un
noble marchand s’intéresse à elle (+1). Fort belle
(+1), elle croit qu’elle peut sortir de sa condition
en tombant sur le bon client (Idéal) et déplore
le traitement de certaines ghildes courtisanes
envers leurs membres (Spleen).

Physique : A thlétisme 3, Conduite 0,

Escrime 2, Pugilat 1, Tir 1.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymo–logie 0, Traumatologie 3,
Traversologie 0, Urbatechnologie 3.
Social : A rgutie 3, Créativité 3, Faconde 4,
Maraude 4, Représentation 2.

42
 ‌L’échassier
Auguste de Maulincour, jeune officier échas-
sier du Lansk, a été décoré plusieurs fois durant
les guerres d’Acrymonie, se distinguant notam-
ment lors de la prise de Venice. Aussi à l’aise
sur échasses qu’à pied (+1), il a appris à aimer
la cité des Doges et est devenu membre des cré-
pusculaires (+1). Auguste souffre à la fois qu’on
lui rappelle son passé militaire mais surtout
des affres que le Lansk a fait subir au reste de
la Toile (Spleen). En tant que crépusculaire, il
s’est découvert une nouvelle passion artistique :
la sculpture à l’écryme et ambitionne de faire
reconnaître cet art à Venice (Idéal).

Physique : A
 thlétisme 5, Conduite 1,
Escrime 3, Pugilat 2, Tir 4.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymo–logie 2, Traumatologie 0,
Traversologie 2, Urbatechnologie 1.
Social : A rgutie 1, Créativité 3, Faconde 3,
Maraude 1, Représentation 1.

‌L’icarien
Philippe Brideau est extrêmement doué en vol
(+1) et n’a pas froid aux yeux. Il ne parvient mal-
heureusement pas à trouver un travail décent.
Cette mauvaise passe le rend violent, buveur,
menteur et voleur. Ce dernier inconvénient est
rapidement remplacé par les propositions de
la ghilde des albâtres (+1) qui voient en lui un
moyen de perfectionner leurs techniques de vol
(aussi bien l’envol que le brigandage).
Philippe aimerait trouver le moyen de régler
les problèmes d’argent de sa famille (Idéal).
Dévoué et aimant profondément son frère, il sup-
porte pourtant mal de voir sa carrière de peintre
prendre son essor (Spleen).

Physique : A
 thlétisme 4, Conduite 5 (cerf-vo-
lant +2), Escrime 1, Pugilat 3, Tir 4.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymo–logie 0, Traumatologie 0,
Traversologie 2, Urbatechnologie 2.
Social : A rgutie 2, Créativité 0, Faconde 1,
Maraude 1, Représentation 3.

43
 ‌Le métropolite
Sylvain Camusot est un personnage habile (+1)
et ambitieux (+1) qui a su prendre sa carrière
en main et comploter pour s’attirer les faveurs
des puissants (+1). Bien évidemment, son ascen-
sion lui a attiré les foudres de quelques-uns de
ses confrères et de beaucoup d’administrés (-1).
Il se targue intérieurement de sa capacité à pla-
cer sa complaisance pour de bonnes personnes
(Idéal), mais supporte mal de voir certaines de
ses anciennes erreurs ressurgir (Spleen), en par-
ticulier ses interrogatoires bâclés.

Physique : Athlétisme 2, Conduite 3,

Escrime 2, Pugilat 2, Tir 2.
Mental : A nthropo-mécanologie 0,
Écrymologie 0, Traumatologie 1,
Traversologie 3, Urbatechnologie 5.
Social : A rgutie 5 (chantage +2),
Créativité 0, Faconde 3, Maraude 0,
Représentation 1.

‌La mouche
Rouget d’Issoudun s’est spécialisé dans la
traque des administrés qui se sont enrichis grâce
à l’achat de biens nationaux. Il sait d’instinct
reconnaître un fraudeur (+1) et a une capacité
innée à retenir les chiffres (+1). Alors que la plu-
part des mouches restent froides en toutes cir-
constances, lui éprouve un certain plaisir à rendre
justice (Idéal) et supporte mal les opportunistes
de guerre (Spleen) qui ont profité de la misère
de sa cité.

Physique : Athlétisme 1, Conduite 0,

Escrime 0, Pugilat 0, Tir 1.
Mental : A nthropo-mécanologie 3,
Écrymologie 4, Traumatologie 2,
Traversologie 5, Urbatechnologie 5
(Prague +2, ministère de la
Subsistance +2, ministère de l’Urba-
nisme +2).
Social : A rgutie 5, Créativité 0, Faconde 1,
Maraude 0, Représentation 0.

44
 ‌La noble marchande
Madame de Mortsauf, née Lenoncourt, est deve-
nue noble marchande suite à un mariage fort
approprié avec le comte de Mortsauf. Bénéficiant
de quelques contacts avec le Lys Noir (+1), elle a
montré sa dévotion à son konzern (Idéal) en atta-
quant des convois concurrents. Elle cherche désor-
mais à se débarrasser de son vieux mari (Spleen)
tout en conservant cette pureté et cette droiture
apparentes (+1) qui semblent la caractériser.

Physique : Athlétisme 1, Conduite 3,

Escrime 2, Pugilat 0, Tir 2.
Mental :  A nthropo-mécanologie 0,
Écrymo–logie 0, Traumatologie 2,
Traversologie 3, Urbatechnologie 4.
Social : Argutie 5 (marchandage +2,
menace +2), Créativité 0,
Faconde 3, Maraude 1,
Représentation 2.

‌L’ouvrier acrobate
Iwan Gruget a, pendant un temps, eu deux
identités : l’officielle, celle d’un ancien vitrier, et
l’officieuse, celle d’un voleur funambule et rené-
gat. Son surnom, le Rossignol, peut provenir des
passe-partout qu’il emploie pour s’introduire
chez ses victimes ou alors de sa jolie voix fredon-
nante. Iwan ressent le besoin de se sentir libre de
ses mouvements comme de ses choix (Spleen) et
aime par-dessus tout prouver qu’il est le meilleur
(Idéal). Même quand il n’est pas engoncé dans
sa tenue de voleur, il porte des vêtements cintrés
laissant deviner sa silhouette élancée (+1). Sa
figure au teint blanc et aux joues roses lui donne
des allures aristocratiques (+1).

Physique : A
 thlétisme 4, Conduite 2, Escrime
1, Pugilat 1, Tir 2.
Mental : A nthropo-mécanologie 3,
Écrymo–logie 2, Traumatologie 0,
Traversologie 3, Urbatechnologie 4.
Social : A rgutie 2, Créativité 3, Faconde 1,
Maraude 1, Représentation 1.

45
 ‌Le pontife de Malachine
Félix de Vandenesse, cadet d’une famille aristo-
cratique, n’a pas supporté d’être éconduit par la
comtesse de Mortsauf, vertueuse épouse d’un noble
marchand. Plutôt que d’affronter son échec, il a
fugué, se réfugiant auprès des hommes exploités
par ses pairs. L’exutoire à l’amour chaste qu’il cher-
chait, il le trouve dans les vœux pieux des alachines.
Il parcourt désormais les traverses comme un ano-
nyme. Doué d’une grande force apostolique (+2),
il ne regrette en rien sa vie passée qu’il considère
comme frivole. Passionné par les machines (Idéal),
il n’apprécie guère les cultes scientistes déviants
(Spleen) et cherche à prouver leur imposture.

Physique : Athlétisme 2, Conduite 2,

Escrime 0, Pugilat 2, Tir 3.
Mental : Anthropo-mécanologie 5 (calo-
rifère +2, moteur d’hydrocryme +2),
Écrymologie 0, Traumatologie 0,
Traversologie 3, Urbatechnologie 3.
Social : A rgutie 3, Créativité 3, Faconde 2,
Maraude 0, Représentation 0

‌Le scaphandrier
Ferragus XXIII, de son vrai nom Gratien-Victor-
Jean-Joseph Bourignard, est un bagnard qui s’est
évadé grâce à l’aide du Marquis de Ronquerolles.
Cet homme grand (+1) et sec a un visage plombé
qui trahit une pensée profonde et glaciale (+1)
compensée par une attitude pleine d’ironie.
Compagnon de la ghilde des dévorants, il récupère
le matériel échoué dans l’écryme. Il apprécie par-
dessus tout le calme et la solitude (Idéal), ce qui
l’a certainement aidé à développer ses dons de sca-
phandrier. Il supporte mal la prétention de ceux
ne traitant pas à égal avec lui (Spleen).

Physique : A thlétisme 5, Conduite 3,

Escrime 1, Pugilat 3, Tir 2.
Mental : A nthropo-mécanologie 2,
Écrymologie 4, Traumatologie 0,
Traversologie 3, Urbatechnologie 2.
Social : A rgutie 0, Créativité 1, Faconde 2,
Maraude 1, Représentation 1.

46
 ‌Le scientiste renégat
Balthazar Claës est un homme riche (+1) et
cultivé (+1). Il pourrait mener une vie heureuse
mais est pris par le démon de la recherche (Idéal).
Saisi d’une véritable fièvre, il passe de coûteuses
commandes de produits chymiques, s’enferme
dans son laboratoire. Il néglige sa famille qu’il
conduit à la ruine. Même si, selon lui, les droits
de l’individu supérieurement doué au sein de la
société prévalent sur le reste, il est déchiré par les
proportions que prend sa passion des recherches
scientifiques (Spleen).

Physique : A thlétisme 0, Conduite 0,

Escrime 0, Pugilat 0, Tir 0.
Mental : A nthropo-mécanologie 2,
Écrymologie 5 (alchymie +2),
Traumatologie 5 (dissection +2,
amputation +2, décoction +2),
Traversologie 3, Urbatechnologie 3.
Social : A rgutie 3, Créativité 2, Faconde 2,
Maraude 0, Représentation 1.

‌Le seigneur traversier

Le Marquis de Ronquerolles a grandi, élevé dans
la haine des cités et du progrès qui ont permis à
l’écryme de ronger le monde… Il sait pourtant que
le rejet du progrès n’apportera jamais l’Aboutisse-
ment tant désiré par les prêtres de l’aragone. Il est
donc prêt à s’allier avec n’importe quel terroriste
traversier, qu’il soit du Lys Noir ou autres (+1), mais
surtout à entacher son honneur en employant la
technologie qu’il méprise. Bien évidemment, il sup-
porte mal l’arrogance (Spleen) et cherche son pou-
voir avant l’accomplissement de ses plans (Idéal).
Pour parvenir à ses fins, il s’est allié à d’anciens
bagnards qu’il a aidés à s’échapper. Leurs actions
illicites se font sous le sceau de la ghilde des dévo-
rants, crainte et respectée jusque dans les cités (+1).

Physique : A
 thlétisme 2, Conduite 1,
Escrime 5, Pugilat 2, Tir 1.
Mental : A nthropo-mécanologie 0,
Écrymo–logie 3, Traumatologie 1,
Traversologie 5, Urbatechnologie 1.
Social : A rgutie 3, Créativité 1, Faconde 2,
Maraude 1, Représentation 2.

47
 ‌Le syndicaliste-érudit
Gaspard Vargas a grandi dans une famille
ouvrière de Prague. Depuis son plus jeune âge, il
a été témoin des conditions de vie épouvantables
de ses proches, dont la misère et la passivité
le révoltaient (Spleen). Doté d’une grande
intelligence (+1) et d’un sens inné de la répartie,
il a été repéré par une Loge oratoire qui l’a formé
à l’art de la rhétorique. Même si ses collègues
novices se destinaient pour la plupart à devenir
ensuite porte-parole des ministères, Gaspard
en a rencontré qui étaient acquis aux idées
révolutionnaires. À leur contact, il a développé
la conviction que les plus faibles devaient être
protégés par les lois et la négociation (Idéal). Il a
donc profité de son apprentissage pour également
assimiler des rudiments de droit. Lorsqu’il a été
enfin reçu comme compagnon, il a choisi de
devenir syndicaliste errant, au grand désarroi de
ses supérieurs. N’étant affilié à aucune structure
officielle, les syndicats étant selon lui gangrénés
par la corruption, il a d’abord peiné à trouver de
l’embauche. Cependant, son grand sens tactique
et sa verve naturelle ont fini par payer. Lors de
ses interventions, il est toujours parvenu à trouver
des compromis inespérés et, progressivement, il
est devenu très célèbre auprès des ouvriers (+2).
Malheureusement, cela lui a valu de nombreuses
inimitiés au sein des syndicats officiels et de la
noblesse marchande (-1).

Physique : A thlétisme 2, Conduite 0,

Escrime 1, Pugilat 3, Tir 1.
Mental : A nthropo-mécanologie 1,
Écrymo–logie 0, Traumatologie 1,
Traversologie 2, Urbatechnologie 4.
Social : A rgutie 5 (rhétorique +2),
Créativité 0, Faconde 5 (mar-
quer les esprits +2), Maraude 1,
Représentation 2.

48
 ‌OÙ L’ON DÉCOUVRE LES BASES
DU JEU DES TRAVERSES
D
ans la v ie réelle, pour réussir une
action, il faut prendre l’initiative, ten-
ter sa chance et observer le résultat.
Au cours d’une partie, cette pratique
s’opère symboliquement par un calcul
de statistiques. Pour cela, 2d6 suffisent,
ils correspondent à l’implication de la
raison et des sentiments dans l’action.
La valeur donnée par ces deux dés est directe-
ment ajoutée à la Compétence employée et, le
cas échéant, au bonus/malus accordés par le(s)
Trait(s) et Spécialisation(s) éventuel(s). Ce
nombre est comparé à une valeur numérique
représentant la difficulté de la tâche. S’il est stric-
tement supérieur à celle-ci, l’action est une réus-
site. S’il est strictement inférieur, on parle alors
d’échec. Pour une valeur nulle, le conteur a alors
une liberté d’interprétation : statu quo, victoire
à l’arraché entraînant un problème (oui mais…)
ou même un échec qui n’en est pas vraiment un
(non mais…).
‌Les Difficultés (diff.)
Toutes les tâches ne sont pas égales dans la dif-
ficulté. Si l’action est commune, facile ou, inverse-
ment, impossible, alors il est inutile de soustraire
le bon sens à un artifice algébrique : le résultat
est connu sans faire de test. Une valeur numé-
rique croissante permet d’exprimer la Difficulté.
Deux méthodes peuvent être employées pour
fixer cette valeur : celle jugeant la difficulté de
l’épreuve à réaliser et celle évaluant la fréquence
avec laquelle l’action est réalisée.
Si la Difficulté devient inférieure à 8, la réussite
est automatique.
Qualificatif
Malaisé
Fréquence
Peu fréquent
Difficulté
8
Difficile Atypique 10
Très difficile Rare 12
Extrêmement difficile Très rare 14
Incroyable Exceptionnel 16
Idéalement, le conteur devrait passer d’une
échelle à l’autre. Réparer un automate est une
action incroyablement difficile (diff. 16). Si un
des personnages réalise à plusieurs reprises la
même réparation (même si la réussite n’a pas
toujours été au rendez-vous), la tâche lui sem-
blera plus aisée (action rare, voire même aty-
pique). Non seulement l’entraînement diminue
la Difficulté mais lui permettra de se perfection-
ner en mécanique (Anthropo-mécanologie).
‌Les modificateurs
Certains éléments peuvent inf luer sur la
Difficulté. S’ils nuisent à l’action, alors la Difficulté
augmente. Au contraire, s’ils aident à sa réalisation,
elle diminue. En général, on parle de matériel
adéquat/inadapté, d’une bonne/mauvaise
idée, de conditions favorables/défavorables…
Ces modificateurs ajoutent ou enlèvent 2 à la
Difficulté, en fonction des circonstances : un
atelier à disposition pour une réparation (-2) ou
escalader une paroi mouillée par la pluie (+2) sont
deux exemples parmi d’innombrables autres.
Le travail d’équipe est un autre exemple.
Chaque participant contribue à faire diminuer
la Difficulté de 2. Le bon sens permet de gérer
le nombre maximum de personnes pouvant
apporter leur aide : on ne peut être guère plus de
deux pour enfoncer une porte à coup d’épaule, à
moins d’avoir un bélier. À l’inverse, si une tâche
exige impérativement une collaboration pour
sa réussite (pousser une voiture sur une longue
distance, employer une bombarde…), chaque
personne manquante ajoute 2 à la Difficulté.
‌Marge de réussite ou d’échec
Une fois l’action résolue, le conteur a la possibi-
lité de quantifier l’utilisation de la Compétence
en calculant la Marge. Cette dernière équi-
vaut à la différence entre le nombre obtenu
(Trait + Compétence + Spécialisation + 2d6)
49
 et la Difficulté. On parle de Marge de réussite
pour une Marge strictement supérieure à 0 et
de Marge d’échec pour une Marge strictement
négative. Plus leur valeur est élevée et plus le
résultat sera marqué.
Pour simplifier le travail du conteur, il est
conseillé d’ajouter un descriptif à l’action pour
chaque tranche de 2.
Avec une Marge de -1, alors l’action n’est pas cou-
ronnée de succès. Avec une Marge de -3, non seu-
lement c’est un échec mais, en plus, le personnage
a fait du bruit ou a abîmé l’objet… Une Marge
de +2 implique souvent une action plus aisée
que prévu. Le personnage a mis peu de temps,
n’a laissé aucune trace, a impressionné les specta-
teurs ou est allé plus loin que prévu. Il peut égale-
ment trouver quelques indices supplémentaires ou
gagner quelques bonus pour un test futur.
Une Marge nulle est laissée à l’interprétation du
conteur. Il est toutefois conseillé d’envisager un
compromis de victoire ou de défaite. Si l’action
réussit, une complication survient. Le per­sonnage
réussit son saut mais se blesse, il crochète la
serrure mais la brise dévoilant ainsi son passage,
le véhicule est réparé mais à un coût plus élevé…
à l’inverse, si l’action échoue, le personnage en
retire quelque chose de positif. Il n’ose pas sauter
mais se rend compte que la traverse sur laquelle
il allait atterrir est sur le point de s’effondrer, il
ne parvient pas à crocheter la serrure ce qui lui
permet d’entendre le garde de l’autre côté…
En jeu, cet ajout d’un mais dans la description
introduit un petit élément narratif et permet
ainsi d’orienter l’intrigue vers une direction non
imaginée initialement.
Cette approche mathématique est relativement
simple. Il faut toutefois prendre garde à ne pas
privilégier l’aspect technique au détriment du
bon sens. Ainsi, le conteur est libre d’oublier des
points de Marge pour rester dans le domaine du
possible. Les trois règles suivantes sont ainsi for-
tement conseillées :
La Marge de réussite (mais pas celle d’échec)
est limitée par le niveau de Compétence
(+Spécialisation). De ce fait, une personne chan­
ceuse ne saura pas tirer le même avantage de sa
bonne fortune qu’une personne compétente.
Cette règle est particulièrement importante
dans le cas des Marges en opposition (voir plus
bas) et des Confrontations, car elle donne un
net avantage aux plus expérimentés. De même,
un néophyte ayant une compétence à 0 ne peut
espérer qu’une victoire à l’arraché.
50
Imaginons que la somme des dés et de la
Compétence dépasse la Difficulté de 6. Un per-
sonnage avec une Compétence à 8 aura une
Marge de 6, un autre avec une Compétence à 2
aura une Marge de 2. Cette différence explique,
par exemple, comment un maître assassin tue
avec une simple dague mais pas un néophyte.
Les Spécialisations augmentent (artificielle-
ment) le niveau de Compétence de +2. Elles per-
mettent aussi d’augmenter la Marge et accordent
ainsi un avantage considérable.
Plus l’action est simple et moins les enjeux
sont élevés. Une Marge doit rester relativement
proche de la Difficulté : 2 pour une action malai-
sée, 4 difficile, 6 très difficile et ainsi de suite.
À vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans
gloire ?
‌ ù l’on donne des conseils aux
O
débutants : le contrat social 3
Un test raté n’implique pas forcément que
le personnage n’entreprend rien, mais plus
souvent qu’il se trompe. Par exemple, s’il
négocie l’achat d’un objet mais rate son test
d’Argutie, il l’achètera au prix indiqué sans
rechercher une autre échoppe où l’article
est éventuellement meilleur marché. En
effet, s’il a pris le temps de négocier, c’est
que le personnage a besoin de l’objet et
l’échec implique que son personnage a fini
par être convaincu de la légitimité du prix.
‌Marge minimale
Dans certains cas, les actions ne sont pas dif-
ficiles mais simplement plus longues à effectuer
ou nécessitent un peu plus de savoir-faire. Une
Marge minimale est alors demandée. Ne pas
obtenir cette Marge malgré un succès n’implique
pas que l’action ait échoué mais que son accom-
plissement est incomplet. Cette notion est très
importante, car elle permet de modifier à plus
juste titre les actions.
La Marge de succès minimale permet ainsi de
gérer des actions étendues sur le temps. Tant que
la somme des Marges ne sera pas au moins égale
à la Marge minimale, le personnage n’aura pas
atteint son but. Le temps nécessaire à l’accomplis-
sement d’une tâche est donné par le conteur. Un
test se fait pour chaque unité de temps (minute,
heure, jour, semaine, mois, année) directement
inférieure à la durée donnée par le conteur. Voici
deux exemples :
1. Traduire un livre codé pour trouver un ren-
seignement précieux dure environ une à deux
semaines pleines. L’unité de temps nécessaire à
chaque test est fixée au jour. La Marge deman-
dée est de 6. Le personnage va donc cumuler les
succès pour chaque jour entier passé à traduire le
manuscrit. Il trouvera son renseignement lorsque
la somme de ses Marges aura atteint 6.
2. Un personnage veut retaper une vielle loco-
motive. Il doit pour cela sacrifier deux mois de
son temps : la locomotive est en piètre état. La
Marge demandée est donc de 10. L’action est
relativement difficile. Pour chaque semaine pas-
sée, il pourra tenter de cumuler (ou soustraire)
ses Marges.
‌Actions simultanées
Si le personnage effectue deux actions simul-
tanément, deux dés sont jetés comme à l’accou-
tumée. La Compétence qui s’applique pour la
résolution des deux actions est toutefois celle
ayant le plus bas niveau. En prenant ce risque,
le personnage diminue en effet ses chances de
succès (et ses Marges de réussite).
Si une Spécialisation s’applique dans une des
deux Compétences alors un bonus de +2 est
appliqué pour la réalisation de l’action.
Par exemple, un homme réalise une acrobatie
(Athlétisme à 3) monté à cheval (Conduite à 6 et
Spécialisation cheval). La qualité de son action est don-
née par la somme de 2d6+3 (niveau de Compétence le
plus bas) +2 (Spécialisation).

‌Marges en opposition
Les Marges permettent de gérer les actions
opposées, lorsque des personnages sont antago-
nistes. Comme deux sportifs en compétition, ou
un escroc tentant de spolier sa victime…
Dans de telles circonstances, c’est le person-
nage ayant obtenu la plus grande Marge qui
l’emporte. En cas d’égalité, le vainqueur est celui
maîtrisant le mieux la Compétence utilisée. Si le
statu quo persiste, alors le conteur tranche en
fonction d’une éventuelle Spécialisation puis
d’un Trait. Enfin, en ultime recours, il faut
retirer les dés.
Il est à noter que tous ne s’affrontent pas
dans les mêmes conditions et donc les Marges
peuvent être calculées avec des niveaux de
Difficulté différents.
Si un garde portant une lourde
armure (Athlétisme contre une diff.
14) poursuit un voleur (Athlétisme
contre une diff. 10), il a peu de
chance de parvenir à ses fins.

51
 ‌OÙ LES PERSONNAGES JOUEURS
SE DÉMARQUENT

L
es personnages sont animés d’aspirations
supérieures au commun et s’en dénotent
ainsi. Plus impliqués émotionnelle-
ment, ils sont capables de surmonter des
épreuves que leurs seules Compétences
n’auraient pas permis de dépasser.
Ainsi, deux règles spécifiques aux per-
sonnages principaux s’ajoutent aux bases
du jeu des traverses : le Spleen et Idéal et le dépas-
sement de soi et l’usure.
‌Spleen et Idéal
Spleen ou Idéal sont des Traits particuliers des-
tinés à appuyer les moments significatifs de la vie
d’un personnage.
L’Idéal permet de relativiser les échecs, surpas-
ser angoisses et frustrations et recouvrer le moral.
Les personnages peuvent y puiser des forces dont
ils ne soupçonnaient pas l’existence et qui leur

‌Raison et sentiments (règle avancée)

Une fois les bases du système maîtrisées, il est possible de dynamiser les parties en incluant
les joueurs dans la narration. Pour ce faire, le conteur se contente de calculer la Marge et de
l’énoncer au joueur (tu réussis de tant ou tu rates de tant). C’est alors à ce dernier d’interpré-
ter le résultat.
De plus, c’est avec cette règle que la différence entre les deux dés symbolisant la raison et les
sentiments prend tout son sens. En effet, le joueur devra orienter sa description en fonction du
dé ayant le résultat le plus élevé pour les succès et avec le plus petit résultat en cas d’échec.
Il est donc nécessaire de déterminer dès le début de la partie la correspondance des dés (par
convention, on prendra le plus clair pour la raison et le plus foncé pour les sentiments).
En cas de succès, si le dé prioritaire indique la raison, le personnage fait montre d’un sang-
froid exemplaire ou d’une excellente maîtrise technique. La réalisation de son action sera
exécutée dans les règles de l’art. Il peut également orienter sa description sur la durée néces-
saire à la réalisation ou durant laquelle cette dernière va perdurer. En cas d’échec, si le dé
prioritaire indique la raison, le personnage se montre trop réfléchi, timoré même. Il n’ose pas
sortir des carcans qu’il a érigés.
Si les sentiments entrent en jeu, la réussite de l’action éveillera une émotion et le personnage
agira avec ses tripes et son instinct. Il improvisera avec panache et ingéniosité. En cas d’échec,
le sang lui est monté à la tête. Il n’a pas assez réfléchi et s’est montré trop téméraire ou impulsif.
Exemples : Un personnage écrit un concerto pour orgue (test de Créativité).
Réussite avec raison : la réalisation est parfaite. La technique totalement maîtrisée. Il
pourra être rejoué ultérieurement dans une autre cité et démontrera le talent de son compo-
siteur (dont l’écriture ne lui a pourtant pris que quelques jours).
Réussite avec sentiments : l’auditeur est profondément ému par la musique et la manière
dont elle a été abordée. S’il se souviendra longtemps de l’émotion intense ressentie au cours
de cette soirée, il oubliera rapidement ce qui lui a plu, lui laissant un souvenir diffus.
Échec avec raison : l’écriture est trop classique, sans relief ni âme. Son auteur passe pour
un incompétent ou un jeune apprenti ayant commis une erreur de débutant.
Échec avec sentiment : le concerto n’est pas apprécié par l’assemblée. De manière géné-
rale, les plus modérés en parleront comme d’une œuvre d’avant-garde décousue et brouillonne.
Cette règle ne s’applique que pour un test à deux dés. Lors des tests impliquant le Spleen ou
l’Idéal (voir plus bas) comme les Confrontations (voir plus bas), les personnages ne sont tour-
nés que vers une réussite qu’ils considèrent comme vitale ou presque.

52
donneront la détermination de surmonter les dif-
ficultés. Lorsque l’Idéal s’applique, le personnage
joueur bénéficie d’un dé supplémentaire pour
tout type de jet. En contrepartie, il doit écarter
le résultat le plus bas.
‌Les (re)jets
Afin de privilégier la narration et la flui-
dité de la partie, il est possible d’éviter
certains jets de dés en considérant que la
valeur-type donnée par les dés est de 7.
Cette possibilité est conseillée aux per-
sonnages qui se placent dans des condi-
tions normales ou routinières.
Par exemple, s’ils sont suivis mais n’y
prêtent pas attention, les joueurs découvri-
ront la filature avec un test de Maraude+7
(+Spécialisations et Traits éventuels).

Quand le Spleen s’applique, le joueur doit

ajouter un dé supplémentaire pour tout type
de jet et écarter le plus haut. Son personnage
réagit mal à l’événement. Il s’énerve, la situation
mine son moral, la colère et la frustration
l’empêchent de réfléchir ou d’agir au maximum
de ses capacités. Tant qu’il n’aura pas résolu
la situation engendrant ce problème, ce malus
s’appliquera. Si, à la fin de la séance de jeu, le
Spleen s’applique encore alors le temps a fait son
œuvre. Le personnage est toujours amer mais a
appris à vivre avec… jusqu’à la prochaine fois.

‌De leur application et de ses conséquences

Spleen ou Idéal devraient être employés avec
parcimonie pour décrire des situations drama-
tiques, avec des conséquences importantes et un
impact émotionnel certain.
Si l’Idéal ou le Spleen poursuivent un but
moral ou idéologique, ils s’appliquent lorsque
le personnage ou l’un de ses proches courent le
risque d’être pris à parti, faits prisonniers, bles-
sés, ou pire encore… La perception du risque
doit donc être importante ! Ainsi un soldat
dévoué pourrait porter un camarade blessé sur
une longue distance ou un révolutionnaire être
prêt à mourir pour la cause qu’il croit juste. Ce
dernier ne gagne pas de bonus lorsqu’il complote
autour d’un café mais plutôt lors d’une bataille
sur une barricade ou lors d’un plaidoyer exhor-
tant ses camarades blessés à ne pas abandonner…
Si l’Idéal représente un objectif personnel à
atteindre, il ne peut s’appliquer que lors d’une
action permettant d’effectuer une avancée notable
vers sa réalisation. Dans le cas d’un jeune acteur
ambitionnant de percer à Venice, les bonus/malus
ne fonctionnent que lorsqu’il y travaille et que
cela a des conséquences significatives pour son

53
 futur (répétitions extrêmement longues, présence
des critiques littéraires les plus en vue, public
hostile…). Si l’objectif personnel est considéré
comme un Spleen, s’en écarter notablement et/
ou durablement implique un malus.
Si l’Idéal est un code de conduite, le bonus
n’apparaît que lorsque le personnage prend un
risque afin de préserver ses convictions. Comme
précédemment, le Spleen s’applique s’il s’en
écarte. Par exemple une prêtresse des vaporeux
ne guidant pas son prochain, un fervent de
Malachine qui détruit une machine pour cou-
vrir sa fuite…
‌Perte du Spleen ou de l’Idéal
En de rares occasions, il arrive que le Spleen ou
l’Idéal soient perdus. C’est, par exemple, le cas de
Traits reliés à des personnes ou des objets : un père
qui cherche désespérément à protéger ses proches
et les perd, un noble marchand dévoué à son
konzern qui se fait bannir… La perte de l’Idéal et
du Spleen implique un malus de -2 jusqu’à la fin
de la séance de jeu (voire de la ballade si le conteur
l’estime approprié) dû au choc subi. Si cette perte
se solde par une joie (vengeance accomplie par
exemple), le malus représente le vide laissé dans
la vie du personnage. Dans tous les cas, le joueur,
en accord avec le conteur et la geste, doit choisir
un nouvel Idéal ou Spleen.
Enfin, une situation particulièrement trauma-
tisante pourrait conduire à l’ajout d’un second
Spleen au personnage.
‌Le dépassement de soi
et l’usure
Cette implication émotionnelle se retrans-
crit également dans une capacité à se dépasser.
Toutefois, cet avantage a un coût en fatigue phy-
sique ou en usure intellectuelle.
En termes de jeu, les joueurs ont la possibilité
de dépenser des points de Compétence afin
d’augmenter un jet de dés. Pour cela, il suffit
d’énoncer le nombre de points mis en jeu et
de les additionner au jet de dés. La valeur de
la Compétence diminue alors de ce nombre de
points jusqu’à la fin de la ballade.
Exemple 1 : Denis Ferdinand doit réaliser une longue
marche sur ses échasses. Il peine depuis un certain temps
et manque de tomber dans l’écryme (la Difficulté du test
augmente). Le joueur qui l’incarne décide qu’une chute
serait trop risquée et que son personnage va se donner à
54
fond. Ferdinand a 3 en Athlétisme et aucun Trait phy-
sique ou Spécialisation relié à l’action. Le joueur mise
donc 2 points afin de symboliser son effort.
Le prochain test sur échasses se fera donc avec 2d6 +
3 (niveau d’Athlétisme) + 2 (points misés). Que le test
soit une réussite ou un échec, jusqu’à la fin de la bal-
lade, tous les tests d’Athlétisme réalisés par Ferdinand
se feront à 1 (nouveau niveau temporaire de sa
Compétence équivalent à 3 -2).
Il est impossible de descendre à des valeurs
négatives et seuls des points de Compétence pos-
sédés peuvent être misés.
Cette règle permet d’améliorer le jet de dés.
Elle n’augmente pas la valeur de la Compétence.
Ainsi, les Marges restent limitées par la valeur de
la Compétence + Spécialisation. De même, dimi-
nuer son niveau de Compétence le temps d’un
scénario ne limite pas la Marge. Cette dernière
est toujours calculée suivant le plus haut niveau
de Compétence.
Cette dépense s’effectue avant le jet de dés,
sauf si le personnage possède une Spécialisation
adéquate. Dans un tel cas, ses connaissances et
son expérience en la matière lui permettent de
tirer le meilleur parti de son action. Il peut ainsi
réduire les effets d’un échec ou même le trans-
former en réussite.
Exemple 2 : Malgré ses efforts, Denis Ferdinand
tombe dans l’écryme. Heureusement, il est encordé et
son compagnon est un échassier aguerri (Athlétisme 6
et échasses en Spécialisation). Il l’aide donc à se sortir de
la mer acide en tirant sur la corde. Suite à un mauvais
jet de dés, le joueur décide de ne pas retirer les dés, ce
qui laisserait plus longtemps Ferdinand dans l’écryme
et risquerait d’abîmer la corde. Il dépense donc 4 points
d’Athlétisme. Il décrit alors l’action de la manière
suivante : pris de panique, Ferdinand se débat et s’enlise
encore plus. Mon personnage, un échassier habitué à
ce genre de comportement, sait réagir et tire simplement
plus fort sur la corde en se rapprochant de son camarade
tombé. Le conteur accepte cette explication (et la dépense
de points). L’effort étant suffisant, Ferdinand n’aura été
dans l’écryme que quelques secondes.
Cette gestion stratégique des ressources per-
met d’augmenter le stress en cours de partie.
Atteindre son objectif a désormais un coût.
 ‌OÙ L’ON APPREND À RÉSOUDRE
LES CONFRONTATIONS
I
l serait possible de réduire à un simple jet
toutes les oppositions. Mais cette approche
diminuerait leur aspect stratégique et
amoindrirait leur intensité dramatique. Les
combats, bien sûr, mais également les joutes
oratoires, les jeux de séduction, les démons-
trations scientifiques, les pourparlers diplo-
matiques ou les courses-poursuites hale-
tantes, toutes ces situations peuvent générer une
tension. Elles bénéficient donc de règles adaptées
qui participent à la dureté générale de l’univers :
sur la Toile, chaque choix a des conséquences.
S’engager dans une Confrontation implique
en effet des risques de perdre et des chances
de l’emporter. Les deux sont liés et dépendent
des choix de chaque belligérant. Si ces derniers
privilégient leurs chances de porter l’estocade,
de piquer au vif, de séduire, de distancer leurs
poursuivants, ils se concentrent plus sur la
réalisation mais se découvrent, s’exposent
davantage. À l’inverse, s’ils restent en retrait, ils
conservent une relative sécurité tout en ne faisant
que repousser l’échéance.
Ce choix est représenté par l’usage de quatre
dés, répartis sur deux scores : l’Accomplissement et
la Préservation. Chaque joueur sélectionne deux
dés pour mesurer ses efforts en Accomplissement
et place les deux dés restants en Préservation. Il
calcule ensuite ses deux scores comme pour un
test standard (Trait + Compétence + Spécialisation
+ 2d6) puis les compare simultanément à ceux
de son adversaire (Accomplissement contre
Préservation et inversement). Il est ainsi possible
d’esquiver après avoir touché ou de blesser son
adversaire, même si le désir de rester en défense
était plus important.
Déroulement
Chaque Confrontation suit le même schéma :
‌1. Choix et calcul de l’attitude
Le joueur jette 4d6, les répartit selon son sou-
hait puis calcule ses deux scores comme pour un
test normal. Ce choix détermine l’attitude du
personnage.
D’un point de vue pratique, la première valeur
donnée par le(s) joueur(s) est celle de l’Accom-
plissement. Elle indique l’attention mise dans la
réalisation de l’action (on parle d’attaque dans
le cas de confrontations physiques). La seconde
valeur, la Préservation, est relative aux moyens
pris par le personnage pour assurer sa sécu-
rité (défense quand il s’agit de confrontations
physiques).
Si le Spleen ou l’Idéal s’appliquent, 5d6 sont
utilisés. On écarte le dé le plus haut dans le cas
du Spleen et le plus bas dans le cas de l’Idéal.
Les règles de dépassement de soi et d’usure s’appli­
quent également. Le bonus octroyé s’applique pour
l’Accomplissement ou la Préservation, mais pas les
deux. La diminution de la valeur de compétence
survient lors de la passe suivante.
‌2. Calcul des Marges
Pour chaque personnage, les Marges sont
ensuite calculées.
Elles correspondent à la comparaison des
résultats obtenus (différence entre l’Accomplis-
sement de l’un et la Préservation de l’autre et
vice versa).
Ne sont considérées que les Marges stricte-
ment positives. Les Marges strictement négatives
donnent un bonus à l’adversaire (qui a alors
obtenu une Marge strictement positive). En cas
de Marge nulle, rien de notable ne se produit.
Pour rappel, comme lors d’un test standard,
les Marges sont limitées par la valeur de la
Compétence et des Spécialisations éventuelles.
De plus, divers modificateurs peuvent s’ap-
pliquer. Les bonus de +2 s’appliquent dans des
cas comme la surélévation (physique ou hié-
rarchique), le lieu (soleil dans le dos, auditoire
acquis à sa cause…), la supériorité numérique…
En effet, comme décrit dans la partie travail
d’équipe, chaque belligérant ajoute un bonus
d’Accomplissement et de Préservation de 2.
En revanche, si le personnage est blessé, fatigué
ou malade, un malus s’applique. Les Impacts phy-
55
 siques, moraux et sociaux pris en compte seront
décrits plus bas dans le paragraphe intitulé Où les
Impacts physiques, moraux et sociaux entrent en jeu.
‌3. Incidences sur la Confrontation
Les Incidences correspondent aux Marges
modifiées par la manière de les obtenir.
Les moyens employés lors de la Confrontation
entrent, en effet, en ligne de compte lorsqu’il
s’agit de déterminer son dénouement. On parle
d’arme pour un combat physique, d’un véhicule
pour une poursuite, d’un secret dévoilé pour une
joute diplomatique, d’une découverte pour une
démonstration scientifique… Tous ces moyens
permettent de modifier les Incidences.
En jeu, les Incidences correspondent unique-
ment aux Marges strictement positives corri-
gées par un modificateur. Distinguer Marges
et Incidences permet d’insister sur le fait que
ces modificateurs ne s’appliquent en rien lors
de Marges négatives ; il est donc impossible de
passer d’un échec (strictement inférieur à 0) ou
d’un statu quo (égal à 0) à une réussite (stricte-
ment supérieur à 0) avec les Incidences (les règles
relatives au dépassement de soi décrites précé-
demment peuvent modifier la donne).
Enfin, la nature de l’Incidence (Accomplis­
sement ou Préservation) détermine la manière
dont elle intervient en jeu.
Une Incidence d’Accomplissement agit direc-
tement dans le calcul de l’Impact dont les niveaux
augmentent de 2 en 2 comme suit :
1-2 superficiel
3-4 léger
5-6 grave
7-8 majeur
Suivant le type de Confrontation, on distingue
les Impacts physiques (dégâts), sociaux (perte de
renommée, impopularité, discrédit) ou moraux
(découragement, désespoir…).
À noter que le joueur peut employer la Marge de
la façon dont il l’entend. Par exemple, il est pos-
sible de retrancher la Marge à l’Impact qu’aurait
eu une arme.
Exemple : Une hache modifie la valeur de l’Incidence
de +4. Une Marge de +3 permet donc de réaliser des
dégâts majeurs (7=4+3) ou superficiels (1=4-3). Au
niveau de la narration, cela signifie que le joueur peut
choisir d’effrayer ou d’assommer son adversaire sans le
blesser ni le tuer. Mais plus l’arme est mortelle, plus
cette tâche devient difficile.
Une Incidence de Préservation apporte un
bonus lors du prochain tour. En prenant du recul,
en analysant la situation, le belligérant trouve la
56
position idéale pour pouvoir agir. La Marge est
alors divisée selon le choix du joueur entre son
Accomplissement et sa Préservation. Bien sûr, il
doit expliquer son choix et le décrire en jeu.
Exemple : Avec une Incidence de 4, un joueur
peut réaliser n’importe quelle combinaison à
partir des valeurs 4-0, 3-1 ou 2-2. Il décide de
s’accorder au prochain tour un bonus +1 en
Accomplissement et +3 en Préservation, car il
désire se protéger. Il décrit ensuite son recul ou
son plongeon derrière une caisse…
‌4. … début d’une nouvelle passe
Les passes n’ont pas de durée réellement défi-
nie autre que celle de la description narrative.
Elles s’étendent généralement d’une fraction de
seconde à quelques dizaines de secondes. Elles
correspondent à une dague plantée dans la
gorge, à plusieurs échanges acculant un adver-
saire ou à de longues tirades. Chaque fois que la
situation est susceptible d’être modifiée, une nou-
velle passe débute.
Exemple d’une passe d’armes
Armé d’un fleuret (Incidence +3),
Eugène tente de tuer son adversaire.
Étant avocat-duelliste, c’est un épéiste
confirmé (Escrime à 4).
Étape 1 : Les quatre dés sont jetés :
6, 5, 3 et 1. Eugène préfère se protéger
plutôt que de porter l’estocade. Son
score d’Accomplissement est donc de 8
(4+3+1) et son score de Préservation
de 15 (4+6+5).
Étape 2 : Son adversaire présente
des scores de 10 et 10. La Marge
d’Accomplissement est de 0 (en fait
8-10 = -2). Aucun coup ne fait mouche.
L’Incidence de +3 du fleuret n’inter-
vient donc pas.
Sa Préservation a une valeur de 4 (15-10
= 5 mais la valeur de la Compétence
limite la Marge).
Étape 3 : les deux adversaires se
toisent, feintent, mais ne se touchent
pas. Eugène bénéficiera d’un bonus de
+4, son adversaire de +2. Un nouveau
tour débute.
‌Règles optionnelles et conseils
de mise en scène
‌Autour de la table
Pour introduire les Incidences et fluidifier les
descriptions, la feuille de personnage permet
de rappeler les principales valeurs à retenir : le
niveau de la Compétence, les Spécialisations éven-
tuelles, ainsi que les bonus liés aux Incidences.
+3/-3 à -2/+2 à son personnage. Les attaques sont
ensuite résolues dans l’ordre décroissant. On les
ajoute à l’Accomplissement et à la Préservation.
Ce choix peut être révélé simultanément par
tous les belligérants en dissimulant 1d6 dans leur
main, la valeur de ce dé -3 indique l’initiative (6
donne +3/-3, 5 donne +2/-2… 1 donne -2/+2).

‌Le bon sens et l’ambiance

Une fois familiar isés avec ces règles de
Confrontation, les joueurs doivent s’impliquer
dans la narration en expliquant la façon dont
leurs personnages bénéficient de leurs bonus.
Dans un combat par exemple, ils décriront com-
ment ils sont parvenus à occasionner des dégâts
supplémentaires. Ont-ils chargé, frappé de toutes
leurs forces ou visé un défaut de la cuirasse de
leur adversaire ? Se sont-ils mieux positionnés ?
En se surélevant, en faisant tomber une chaise
devant l’adversaire… Pour octroyer un avantage,
le conteur demande alors aux joueurs de four-
nir une description originale de leurs actions.
Ces interprétations se font après calcul des
Incidences.

‌Les actions différentes

Au cours d’une Confrontation, un person-
nage peut être impliqué dans une autre activité.
Si cette activité est trop complexe, comme soi-
gner une blessure ou réparer une machine (par
exemple), alors le personnage ne peut plus par-
ticiper à la Confrontation. L’action complexe se
résout comme un test classique.
Pou r le s a c t ion s moi n s complexe s , l a
Compétence qui s’applique est celle ayant le plus
bas niveau (voir paragraphe Actions simultanées).

‌Surprise et Initiative
Sauf dans le cas exceptionnel de la surprise,
il n’y a pas, à proprement parler, d’initiative :
personne ne porte l’estocade à tour de rôle ni
n’accepte de se laisser contredire sans réagir… Si
l’on tape, on risque de se faire frapper en retour.
Bien évidemment, il peut arriver que l’agressé
soit pris au dépourvu et ne puisse que se défendre
(il tire deux dés uniquement qu’il place en
Préservation).
Si vous désirez néanmoins inclure une notion de
vitesse à vos Confrontations, il suffit que chaque
joueur décide de l’implication de son person-
nage. Pour cela, il accorde des modificateurs de

57
 OÙ LES DIFFÉRENTS TYPES DE
CONFRONTATION SONT DÉTAILLÉS
L
es règles décrites précédemment s’appli­
quent à toutes les scènes qui, selon le
conteur, nécessitent une ambiance tendue :
les combats, bien évidemment, mais
également les joutes orales, les séances
de torture, les courses-poursuites... Les
principaux types de confrontations sont
détaillés suivant le même format :
Type de Confrontation suivi d’un texte expli-
quant leur utilisation.
Accomplissement donne quelques exemples
d’Accomplissement ainsi que sur la manière
d’employer la Marge et les Incidences.
Préservation donne quelques exemples de
Préservation et plus particulièrement sur l’emploi
de la Marge et des Incidences.
Incidence détaille d’autres éléments pouvant
modifier les Incidences.
Impact décrit les Impacts consécutifs à
l’opposition.
Règles spéciales et conseils concluent ces
paragraphes.
‌1. Les combats
Confrontations courantes, les combats sont
détaillés minutieusement afin de servir d’exemple
à ces règles.
‌Accomplissement
La Marge d’Accomplissement décrit les moyens
mis en œuvre pour attaquer un adversaire : char-
ger, frapper, feindre, intimider ou fuir le combat.
Idéalement, le conteur se contente de don-
ner les Marges et laisse les joueurs décrire les
actions de leurs personnages en s’inspirant des
questions suivantes :
Où porte le coup donné ?
Quelle en est sa force ?
S’agit-il d’une attaque en règle ou d’une
manœuvre (une feinte par exemple) ?
Comment profiter de l’avantage octroyé par le
terrain ?
Avec le temps, les joueurs se poseront eux-
mêmes d’autres questions.
58
Exemples :
Le personnage frappe de toutes ses forces, de telle
manière que l’infortuné subissant l’assaut est déstabilisé.
La puissance ou le nombre de coups débordent
l’opposant.
L’impact des assauts ébranle l’adversaire. Il cherche à
se reprendre sans vraiment y parvenir.
En confiance, l’estocade est portée à un adversaire
acculé.
Suite à un coup précis, visant un défaut dans la cui-
rasse, une partie vitale est touchée...
Les armes modif ient l’Incidence de l’Ac-
complissement. Mais bien que leur rôle soit
important, l’individu qui les porte l’est plus
encore. Les armes sont simplement classées
en fonction des modificateurs apportés à la
Marge obtenue et des blessures potentielle-
ment occasionnées.
Incidence +0 : Mains nues, Arme
improvisée.
Incidence +1 : Bâton, Ceste, Fronde,
Gourdin, Matraque, Rasoir.
Incidence +2 : Arc, Chaîne, Dague,
Couteau, Poignard.
Incidence +3 : Arbalète, Épée, Épieu/
Pique, Hachette, Masse d’arme, Pistolet,
Rapière.
I n c i d e n c e +4   : F l é a u, H a c h e,
Hallebarde, Mousquet.
Frappe non létale
Si le personnage frappe pour intimider son
adversaire, il lui est possible d’utiliser sa Marge
afin de diminuer la létalité de l’arme. Arrivé à 0,
aucun dégât n’est réalisé.
Exemples : Le personnage frappe avec le plat de l’épée,
son pommeau, attaque en se servant de sa main libre, de
ses pieds, de sa tête ou même d’une arme improvisée…
‌Préservation
La Préservation simule les techniques défensives.
Il s’agit principalement de l’esquive et de la parade,
bien que des astuces ponctuelles puissent être envi-
sagées selon la nature du terrain ou du climat. En
analysant le conflit, le personnage tire avantage de
la situation (bonus au prochain jet de dés).
Il est essentiel que les joueurs décrivent com-
ment ils se défendent. Voici à nouveau quelques
questions destinées à les y inciter :
Comment se protéger ? En parant les coups, en
les esquivant…
Vaut-il mieux prendre du recul ou rester au
cœur de la mêlée ?
Laquelle, de la force ou de la ruse, est la mieux
adaptée ?
Comment fatiguer son adversaire ?
Exemples :
En observant le combat, le personnage prend une posi-
tion idéale ou découvre les défauts dans la garde de son
adversaire. Ce dernier se découvre, hésite.
L’estocade peut être portée. L’opposant est complètement
déstabilisé ; il est désarmé, a coincé son arme, fléchi le
genou ou tombe, il est possible de prendre suffisamment
de recul pour fuir.
Par d’habiles attaques autant que par ruse, le person-
nage accule son adversaire en un lieu où il ne désirait pas
être (dos au mur par exemple) ou se place pour avoir le
soleil dans le dos, être surélevé.
L’adversaire ne peut plus porter un coup à sa pleine
puissance, son arme est ébréchée/cassée, il se retrouve du
côté du bouclier du personnage…
‌Armures
À l’inverse des armes qui interviennent dans
le calcul de l’Accomplissement, les armures
n’aident en rien à la Préservation. Elles dimi-
nuent d’un niveau le type de blessure occa-
sionné (majeure à grave, grave à légère, légère
à superficielle). Toutefois, elles n’absorbent pas
les chocs et, au mieux, la blessure est superfi-
cielle. De plus, la gêne occasionnée par une
armure entraîne un malus de -4 à chaque jet de
dés. Enfin, il est important de remarquer que,
même sur les traverses, il est rare de porter ce
type de protection.
‌Incidence : les manœuvres et les bottes
Les maîtres d’armes ont développé certaines
techniques qui, si les conditions de leur emploi
sont réunies (posséder les armes adéquates,
obtenir une marge suffisamment élevée), ajoutent
de nouvelles options au combat et permettent de
dépasser certaines limitations ordinaires. Il peut
par exemple s’agir d’amples mouvements, de
toucher plusieurs adversaires simultanément, de
briser les lames adverses, d’un coup de Jarnac,
d’une main gauche employée à la parade et
l’attaque simultanément, etc.
Ces manœuvres s’acquièrent comme une
Spécialisation. Leur apprentissage est toute-
fois très sévèrement contrôlé : les bottes secrètes
doivent le rester. Elles ne peuvent être utilisées
qu’une unique fois par combat.
Exemples de manœuvres :
Coup de Jarnac – Marge de 4 en Accomplissement
– Ce coup violent, déloyal et pernicieux, a été
rendu célèbre par Guy Chabot de Jarnac, qui l’a
porté pour la première fois lors d’un duel judi-
ciaire, à Éole, en 954. Il consiste à blesser la jambe
ou le tendon d’Achille de l’adversaire, l’empêchant
de se déplacer normalement. En plus de l’Impact,
la victime se voit affublée du Trait Estropié à -1.
L a bot te de Never s – Ma rge de 4 en
Accomplissement et l’adversaire ne doit pas
posséder de protection à la tête – Inventée par
Philippe de Nevers, un sabreur parisien, cette
botte exige une extrême précision mais se révèle
dévastatrice. En cas de réussite, l’épéiste élimine
son adversaire sur le coup en lui infligeant une
blessure entre les deux yeux (équivalent d’un
Impact majeur).
La danse écarlate – Cette botte est l’invention
de la duelliste Bramon d’Éole. Véritable némé-
sis de Marcel Rubempré, maître d’armes des
anciens nobles avant qu’ils ne soient chassés sur
les traverses, sa technique entra dans la légende
lors de la révolution industrielle. Elle combine
‌La mort dans Écryme.
La mort d’un personnage joueur d’Écryme
ne doit jamais être anodine, mais répondre
à un besoin narratif et faire sens dans le
récit. Pour cette raison, nous n’avons pas
imaginé d’Impact supérieur aux Impacts
majeurs. Les seconds rôles meurent ou
cessent le combat dès le premier Impact
majeur. Toutefois, si cela apporte quelque
chose à la partie, il est possible d’envisager
la mort d’un personnage ou d’un person-
nage non joueur important à partir d’une
Incidence de 9-10 ou du cumul de deux
Impacts majeurs.
59
 un mélange de pas de danse et de coups d’es- ceux qu’il a infligés normalement durant cette
toc et de taille. Se laissant aller au rythme de sa passe d’armes, pour un total pouvant dépasser
musique intérieure, l’épéiste finit dans un état de sa Marge autorisée de Compétence.
transe lui permettant d’ajouter son score d’Athlé-
tisme à son Incidence. Il peut dépasser la Marge Changement de partenaire – cette botte peut
autorisée par sa Compétence. être employée par un escrimeur confronté à
plusieurs adversaires. Ce dernier a la possibilité
L’important n’est pas de participer mais de d’engager une cible supplémentaire au dernier
gagner – impossibilité d’utiliser cette botte en moment (avant le calcul des Incidences). Il peut
duel – L’escrimeur a appris à tirer profit de toutes
les occasions, privilégiant l’efficacité au style. Il
se sert de tout ce qui lui tombe sous la main pour
en tirer avantage. Entre ses mains, un élément
improvisé utilisé pour se battre est doté d’une
Incidence de +3, mais il se brise après usage.

Défense chimérique « Défensif uniquement »

– par tranches de 2 – Pour réussir cette
manœuvre, le personnage doit obtenir une
Marge d’au moins 4 en Accomplissement
ET en Préservation. En cas de réussite, elle
permet d’ajouter tout ou partie de sa Marge
de Préservation, par tranches de 2, à sa Marge
d’Accomplissement. Alors qu’il esquive ou pare,
le défenseur en profite pour porter un coup à
l’aide d’un membre, d’un élément improvisé,
d’un bouclier, etc. Cela demande une réflexion
tactique, car augmenter son Accomplissement en
recourant à cette botte affaiblit sa Préservation.
Le combattant peut dépasser la Marge autorisée
par sa Compétence.

Le pas de l’homme fou – Le style Rojo n’est pas

enseigné par dans les écoles d’avocats-duellistes,
mais dans les caravanes traversières. L’escrimeur
adopte un style fait de mouvements erratiques
et imprévisibles, désorientant son adversaire et
le rendant plus difficile à toucher. Le bretteur
ajoute +4 à sa Préservation et peut dépasser la
Marge autorisée par sa Compétence.

Perforation – Cette manœuvre est particuliè-

rement usitée au sein des seigneuries traversières,
où les armures demeurent courantes. D’un coup
précis, le maître d’armes cible le point faible de
la protection de son opposant et s’y engouffre,
faisant fi du bonus de cette dernière.

L’étreinte de l’homme mort – L’escrimeur

choisit de subir des blessures en optant pour
un score de Préservation bas. En acceptant ces
Impacts, il est en retour capable de déjouer
la garde de son adversaire et lui fait subir
en retour des dégâts identiques, en plus de

60

Conseil : Nous ne sommes
pas des monstres
Il est important de bien penser que
les interactions vont rarement jusqu’à
la mise à mort sociale d’un individu.
Une personne ne reste jamais sans
réagir et préfère souvent partir avant
la fin. Suivant leur sensibilité et leur
niveau d’implication, certains quitte-
ront la pièce s’ils sentent la situation
leur échapper. De même, le pire des
railleurs préférerait abandonner plu-
tôt que de continuer à se moquer d’une
personne en pleurs. Enfin, l’acharne-
ment rend également impopulaire.
demander au conteur de l’orienter vers un per-
sonnage à portée de fleuret ou de désigner son
opposant avec le plus faible ou le plus fort score
en Préservation. Le score de Préservation de l’es-
crimeur s’applique aux deux adversaires désignés.
À deux mains – Porter le coup avec les deux
mains sur le pommeau de l’arme, avoir un
score d’Accomplissement supérieur à celui de
Préservation – Le combattant frappe de toutes
ses forces afin de percer la défense de son adver-
saire. Il peut remplacer l’Incidence de son arme
par son score en Athlétisme.
Même pas mal – Par le contrôle de sa respira-
tion et une volonté inébranlable, le combattant
apprend à faire fi de ses blessures. Non seulement
il ne souffre d’aucun malus dû aux Impacts subis
mais, mieux encore, ces derniers lui permettent
de se surpasser et deviennent des bonus propor-
tionnels. Ainsi, au lieu de subir un malus de -4
pour un Impact majeur, le personnage bénéfi-
ciera d’un bonus de +4. Il peut dépasser la Marge
autorisée par sa Compétence.
Maître persifleur – Cette technique permet
de provoquer son adversaire, voire de l’humilier,
avant de l’achever. Par ses piques et ses railleries, le
maître d’armes impose à son adversaire de placer
son plus haut score possible en Accomplissement,
ce qui dégarnit grandement sa Préservation (pour
les seconds rôles, faites +4/-4 par défaut).
À bout portant – nécessite une Spécialisation
en mousquet – Le maître d’armes est un artiste
martial, capable de faire feu avec son mousquet
lors d’un combat au corps à corps. Durant un
même échange de coups, il peut porter un coup
de baïonnette (Incidence du poignard) et faire
feu avec le mousquet (Incidence d’arme à feu).
Double impact « Agressif » – deux armes sont
nécessaires – Cette botte demande une extrême
célérité au maître d’armes qui augmente sa cadence
de frappe. Durant un même échange de coups, il
est ainsi capable d’infliger son Impact deux fois
(deux Impacts graves au lieu d’un par exemple).
Le retour de flamme est cependant périlleux, car,
par son agressivité, le maître d’armes se découvre.
Lui aussi subit des Impacts doublés.
Danse des rubans « Agressif » – par tranche de
2, nécessite une Spécialisation en arme articulée
(fouet, chaînes, fléaux, rubans lestés de plomb
ou lames métalliques), de réussir son test de
Préservation et d’avoir suffisamment de place pour
se battre – En effectuant de longues et complexes
arabesques, le maître d’armes produit une sphère
mortelle tournoyante autour de lui. Il peut alors
ajouter sa Marge de Préservation, par tranche de
2, à sa Marge d’Accomplissement. La Marge d’Ac-
complissement produit alors de nombreuses bles-
sures superficielles (1 par Marge de 2).
‌Impact
Les Impacts correspondent aux blessures occa-
sionnées par les Accomplissements réussis.
Égratignures, ecchymoses, hématomes ou cou-
pures superficielles correspondent aux Impacts
superficiels (Incidence de 1-2).
Foulures, étourdissements, entailles ou nez cas-
sés coïncident avec les Impacts légers (Incidence
de 3-4).
Les Impact s graves (Incidence de 5 - 6)
décrivent des entailles plus profondes, des os
cassés, des dents perdues, une perte importante
de sang. Le personnage est sonné et chancèle. Il
subit un malus de -2 à tous ses jets jusqu’à ce que
son état soit stabilisé.
Les Impacts majeurs (Incidence de 7-8) cor-
respondent à des blessures qui pourraient mena-
cer à plus ou moins brève échéance la vie d’un
personnage. Cela va d’un important coup sur
la nuque à une artère touchée, un membre sec-
tionné... S’il est encore conscient, il subit un
malus de -4 à tous ses jets jusqu’à ce que son état
soit stabilisé. Le personnage est à peine capable
de se battre et doit se traîner au plus vite loin du
champ de bataille.
61
 ‌Règle spéciale : Attaque à distance
En règle générale, un tir correspond à un jet
standard (2d6). Mis à part les armes renégates,
il est impossible de recharger durant un corps à
corps. Les modificateurs de Difficulté sont don-
nés par le tableau suivant :
Qualificatif Difficulté
Corps à corps Score de Préservation
Cible immobile 8 un duel physique le conteur annoncera plus
Cible mouvante +2
Bout portant +0
Moyenne portée +2
Longue portée +4
Tireur en mouvement +2
Problèmes de visibilité +2
La Confrontation (4d6) n’est employée que si le
tireur s’engage dans un corps à corps.
‌2. Les joutes verbales
Les interactions sociales ne sont parfois guère
plus civilisées que des duels au sabre. Diplomatie,
intimidation, interrogatoires ou conférences
scientistes constituent autant d’occasions de s’af-
fronter verbalement.
‌Accomplissement
La Marge sert à démontrer au personnage que
l’adversaire a tort dans le cadre du différend qui
les oppose. Chaque argument entame un peu plus
son avis ou celui des témoins de la scène.
Les armes sont désormais la flatterie, l’intimi-
dation, la séduction... De manière générale, la
seule parole n’apporte pas de modificateur (+0).
Toutefois, des secrets, des raisonnements cohé-
rents et des preuves permettent de modifier le
déroulement de l’opposition (modificateurs allant
de +2 à +4 en fonction de leur importance, leur
irréfutabilité, leur crédibilité… en Incidence).
‌Préservation
La Préservation sert à préserver le personnage
lorsqu’il réfute les accusations portées contre lui.
Ainsi, défaire un réquisitoire mensonger donne
plus de poids à son propre raisonnement (sous
forme de bonus pour sa prochaine passe). Il est
également possible de comprendre la dialectique
adverse pour y trouver LA faille.
62
‌Incidence : maîtrise de la parole
Tout le monde ne maîtrise pas l’art oratoire
au même degré. Certaines personnes versées
dans la rhétorique sont ainsi capables d’utiliser
la parole comme une arme redoutable. Une fois
par séance de jeu, un personnage bénéficiant
d’une Spécialisation en Argutie ou en Faconde
peut améliorer son Incidence (modificateur de
+2) au cours d’une joute verbale.
D’un point de vue pratique, alors que dans
volontiers les Marges, dans une Confrontation
orale, il est recommandé de donner directement
les Incidences, puisqu’il juge de la valeur des
modificateurs.
Dans l’absolu, il est possible d’imaginer des
bottes rhétoriques secrètes, des enseignements
réservés à une élite et donnés dans le but de
prendre l’ascendant sur son adversaire. Elles s’ac-
querraient de la même manière que leurs équi-
valentes martiales (ce sont des Spécialisations) et
ne seraient elles aussi utilisables qu’une fois par
Confrontation. Voici quelques exemples :
La voix – Par l’usage de ses intonations, de la
position de son corps et du rythme de ses paroles,
l’orateur en impose et bénéficie d’une incidence
de +4 à son Accomplissement et à sa Préservation.
Le bon moment – L’apprenti orateur apprend
les bases de ce que certains pourraient nom-
mer le contrôle de soi. En prenant assez de
recul et sans se précipiter, il peut retourner le
débat à son avantage. En renonçant à la Marge
de Préservation obtenue durant la passe venant
de s’écouler, il ne fait pas que la conserver pour
l’échange suivant. Il peut la doubler !
Maître d’Art – disposer d’une Spécialisation liée
à une émotion dans la Compétence Représentation
– En acteur accompli, l’orateur apprend à se
perfectionner dans la représentation d’une émotion.
Son mime est si parfait qu’il peut utiliser son
score de Représentation (sans Spécialité) comme
Incidence (il faut que la conversation lui donne
une raison de jouer cette émotion). Attention, cette
botte peut n’est pas liée à une émotion particulière.
Disposer de plusieurs émotions à son panel d’acteur
(les avoir en Spécialisation) permet de multiplier
les occasions de bonus.
L’aplomb du vainqueur – L’orateur apprend
à chasser tout doute de sa voix afin de déstabili-
ser son adversaire. Ce faisant, il peut placer trois
dès en Accomplissement et en garder un seul en
Préservation. Son Incidence d’Accomplissement
est encore augmentée de +4 s’il est également vic-
torieux en Préservation. Les limitations dues aux
Compétences ne s’appliquent pas.
Un moment de trouble – Originaire d’une
ghilde de courtisanes d’Entrelace, cette botte vise
à apprendre le langage du corps pour savoir ce
qui plaît ou non à une cible. Cette technique est
souvent utilisée lors des phases de séduction, mais
elle peut être employée pour désarçonner une
personne en mettant l’emphase sur des éléments
qui la perturbent. En termes de jeu, l’utilisateur
peut imposer à sa cible de placer ses plus hauts
scores en Accomplissement ou Préservation
(à choix) avant de placer ses dès. Si le conteur
utilise la règle des (re)jets (+7/+7), alors il devra
additionner +4/+10 (ou inversement).
Ombre et lumière – rester dans l’ombre, dis-
simulé dans le public – La personne a appris à
appuyer le discours d’un orateur par ses gestes
et des commentaires bien placés. Il peut lui per-
mettre d’utiliser son score en Argutie ou en
Faconde (suivant la Compétence disposant de
cette botte) pour son jet afin de l’aider dans le
débat. La personne aidée ne bénéficiera pas des
bonus de Spécialisation et l’utilisateur ne peut
pas réaliser d’autre action que d’écouter le débat
(surveiller quelqu’un par exemple).
Le ridicule ne tue pas – technique utili-
sable uniquement après une Confrontation
perdue, spécialisation en Faconde – Le person-
nage a appris à relativiser ses échecs et, après
une défaite, il se remet plus rapidement. Par
jour passé à discuter de sa déconvenue avec un
proche, il ajoute un bonus de +2 à son jet pour
amoindrir les Impacts de la rencontre.
Confessions sur l’oreiller – nécessite une
Spécialisation en Faconde et d’avoir couché avec
sa cible – Après des ébats amoureux, l’utilisateur
sait profiter de l’état émotionnel fébrile de sa cible
pour l’amener subtilement à se confier et lui sou-
tirer des informations. Il bénéficie d’un bonus de
+4 en Accomplissement ET en Préservation et peut
dépasser la Marge autorisée par sa Compétence.
‌Impact
L’Impact agit sur la place du personnage dans
un cadre défini. Si, au cours d’un plaidoyer au
sein d’une ghilde, il est parvenu à sauver sa répu-
tation mais a quand même subi un Impact grave,
cela signifie que, pour les autres membres, un
doute subsiste encore. Un diplomate ou un scien-
tiste ridiculisé devant ses pairs ne sera jamais plus
accueilli comme avant. Un a priori négatif enta-
chera dès lors toutes ses interactions sociales avec
les personnes concernées. Dans les pires des cas,
cela peut même dépasser le cadre d’une cité ou
d’un domaine (imaginons un voleur précédé par
sa réputation de délateur…).
Lors des altercations orales, les Impacts influent
sur la crédibilité sociale des personnages et leur
amour propre. Les blessures se transforment en
Impact superficiel (piqué au vif, désarçonné),
léger (décontenancé), grave (confondu, désem-
paré) et majeur (ridiculisé, discrédité, humilié).
‌‌3. Torture et interrogatoires
La Toile est un endroit sombre où la morale n’a
guère de place. Lorsqu’il s’agit d’obtenir des ren-
seignements, le recours à des techniques d’inter-
rogatoires musclées ou à la torture n’est pas rare.
Si le mal infligé est uniquement psychologique,
on assiste alors à une Confrontation employant
Argutie. Dans le cas de sévices physiques, la ges-
tion des tests reste similaire tout en prenant en
compte que le bourreau réalise une action simul-
tanée (il torture et interroge). Ainsi, son Argutie
est pondérée par la Traumatologie ou l’Escrime,
s’il utilise des instruments, et le Pugilat s’il s’agit
d’une bastonnade. La victime, quant à elle, subit
un double traumatisme provenant des Impacts
Physiques et Moraux et souffre des deux malus.
À noter qu’il est possible de pondérer ce score
avec la Compétence d’un autre personnage.
Imaginons un noble marchand posant des ques-
tions mais faisant appel à un bourreau profes-
sionnel pour supplicier.
‌Accomplissement
Dans un cas, la Confrontation mesure l’ascen-
dant que prend le bourreau sur sa victime. Dans
l’autre, elle dénote la détermination à ne pas par-
ler, la capacité à mentir ou à dissimuler la vérité
de la cible malgré la douleur et la peur.
‌Préservation
Pour le bourreau, l’objectif est d’obtenir la cer-
titude qu’on ne lui ment pas. Pour la victime, c’est
d’écourter ce supplice.
63
 ‌Incidence et Impact
L’investigateur fait subir à la personne inter-
rogée plusieurs Impacts. Ainsi, trois Incidences
peuvent être modifiées. La première, physique,
en fonction de l’arme employée. La seconde,
morale, en fonction du type de torture. La der-
nière, sociale, en fonction de la précision des
questions et de l’information recherchée (plus
le bourreau touche au but et plus son bonus est
important, cf. Les joutes verbales).
Le supplicié, quant à lui, cherche à deviner
ce que croit son interlocuteur. Il modifie son
Incidence en fonction de la pertinence de ses
réponses. Il peut également montrer qu’il ne flan-
chera pas ou feindre la perte de connaissance.
‌4. Les courses-poursuites
Tant qu’aucun obstacle n’entrave un déplace-
ment, le plus rapide l’emporte. Dans le cas d’une
filature, un simple jet d’opposition suffit. Pourtant,
quand la poursuite devient plus risquée, un jet de
Conduite ou d’Athlétisme s’impose.
‌Accomplissement
Une course-poursuite commence aussitôt qu’un
individu ou un groupe d’individus entreprend de
se saisir d’un autre. La Marge d’Accomplissement
représente l’effort employé pour avancer : distan-
cer ou rattraper.
La poursuite n’est pas uniquement affaire de
vitesse et le poursuivi peut également modifier
sa description en expliquant comment il sème
son poursuivant (il s’engage dans une artère fré-
quentée, se fraie un chemin à travers une foule
compacte…).
‌Préservation
La Préservation indique les mesures de sécurité
prises par les protagonistes. Elle permet d’agir
avec le décor extérieur (chute d’objets, passage
dans des endroits incongrus, porte bloquée obli-
Tableau des bonus liés aux véhicules
Pieds Vélo Cheval/Montgolfière
Pieds - -
Vélo +2 - -
Cheval/Montgolfière +4 +2
Voiture/Dirigeable +6 +4
Train +8 +6
64
geant le poursuivant à prendre un autre chemin,
emploi d’un raccourci), ou directement sur le
moyen de locomotion (embardée pour empêcher
de se faire doubler, obstacle important franchi
avec audace alors que le poursuivant hésite)...
D’un point de vue mécanique, la Marge repré-
sente le risque qu’accepte de prendre le conduc-
teur sur son moteur, sa réserve de carburant…
‌Incidence
La différence de moyens de locomotion entre en
ligne de compte, pour aboutir à l’échelle suivante :
pieds < vélo < cheval / montgolfière < voiture /
dirigeable < train
Chaque catégorie se voit accorder un bonus de
+2 par rapport à celle qu’elle précède directe-
ment, comme décrit dans le tableau ci-dessous.
‌Impact
L’Impact représente l’espace à parcourir pour
que les deux poursuivants se rejoignent. La
valeur, estimée par le conteur, est comprise entre
0 et 10. 0 indique que le poursuivant a attrapé le
poursuivi, 1 traduit un coude à coude, 9 une dis-
tance importante et 10 une distance trop impor-
tante pour être rattrapée. Le poursuivi ajoute des
Impacts alors que le poursuivant en retranche.
‌ ègle spéciale :
R
dommages collatéraux
Les courses-poursuites peuvent générer
des dégâts et dommages collatéraux. Il
est, par exemple, possible de tirer sur le
moyen de locomotion de son adversaire
afin de le détériorer. Si c’est le conducteur
qui fait feu, la Compétence employée est
la plus basse entre Conduite ou Tir (voir
Action simultanée). Si le tireur est embar-
qué, alors sa Compétence de Tir est limitée
par celle de Conduite du conducteur.
Si le tir est réussi, alors les malus liés à l’Im-
pact physique s’appliquent également.
Voiture/Dirigeable Train
- - -
- -
- - -
+2 - -
+4 +2 -
 EXEMPLES DE CONFRONTATION
‌Exemple 1 : duel
Imaginons un combat à l’épée mettant en scène
Ferdinand, un jeune avocat-duelliste (Personnage
joueur : Escrime 5 - rapière en Spécialisation),
et un milicien chargé de l’arrêter (Second rôle :
Escrime 4).
Joueur et conteur calculent leurs scores de
Confrontation : compétence à 7 (5 de Compé-
tence et 2 de Spécialisation) et la rapière donnant
une Incidence à +3 pour Ferdinand, alors que le
conteur inscrit pour le milicien compétence 10/12
(il additionne 6 et 8 à sa compétence comme il
sera conseillé au conteur dans le chapitre Où
les conteurs reçoivent quelques conseils ci-après). Le
conteur décide que le milicien manque de subti-
lité et mise sur l’attaque. Il inscrit sur sa fiche 12
en Accomplissement et 10 en Préservation. Il est
armé d’une masse d’arme à l’Incidence de +3.
La première passe débute. Le joueur tire ses 4
dés et obtient 1, 2, 2 et 5. Devant ce faible score, il
hésite, car la masse d’arme peut rapidement faire
des ravages. Il annonce :
« Plus habitué au cadre réglementé des duels, je
n’ai jamais combattu un homme armé d’une masse.
Je reste donc en retrait et réalise 10 (7+1+2) et 14
(7+2+5) (l’Accomplissement est toujours donné
avant la Préservation).
Le conteur calcule alors les Marges : « 0 (10-10)
et 2 (14-12) ». Ferdinand a jaugé son adversaire et
le joueur peut ajouter un bonus de +2 lors de la
prochaine passe, qu’il décide de mettre en Accom-
plissement :
— Je toise mon adversaire en sautillant. Il semble-
rait qu’il ait oublié que ma rapière est plus légère
que sa masse.
Le conteur décide que ce petit jeu énerve le mili-
cien qui conserve donc ses scores de 12 en Accom-
plissement et 10 en Préservation.
La seconde passe débute. Le joueur joue de mal-
chance et réalise encore un faible score : 1, 1, 2,
2. Inquiet, il annonce qu’il se sert de la règle de
dépassement de soi et d’usure (il peut le faire après
son jet puisqu’il possède une Spécialisation qui
s’applique pour le test). Il décide de miser 3 points
et gagne donc un bonus de +3. Le scénario étant
à peine entamé, ce nombre est important. Cela
implique, en effet, que tous ses tests d’escrime se
feront désormais à 2 (+ Spécialisation). Il préfère
en finir rapidement, en un coup, et ne pas multi-
plier les passes d’armes. Il annonce donc :
— Je me suis rendu compte qu’il était lent, je
porte donc l’estocade du côté de son arme. 15 (7 + 3
d’usure + 2 de bonus + 1 + 2 des dés) et 10 (7+1+2).
Le conteur calcule alors les Marges : 5 (15-10) et
-2 (10-12). Cela représente une Incidence de 8 (5
+3 dus à la rapière) et cause un Impact majeur au
milicien et une Incidence de 5 (2 + 3 due à la masse
d’armes) à l’encontre de Ferdinand, qui reçoit un
Impact grave.
Grâce à cet Impact reçu par un personnage
joueur, le conteur reprend la narration :
— Le coup porte et ta rapière traverse son
plastron, déchirant son flanc. Néanmoins, dans
ton élan, tu n’as pas vu sa manœuvre et sa masse
frappe ton bras. La douleur manque de te faire
lâcher ta lame.
Le joueur inscrit l’Impact sur sa feuille de per-
sonnage, tandis que le conteur lui décrit les effets :
— Ton bras ne semble pas cassé, mais ton
épaule te fait terriblement souffrir, elle pourrait
être déboitée. Le milicien, quant à lui, est toujours
vivant mais a lâché son arme. À terre, il tient à
deux mains son ventre déjà poisseux de sang.
« Aidé de son bras encore valide, Ferdinand lui
tranche la gorge pour ne laisser aucun témoin,
puis laisse tomber sa lame. Il tire sur son bras,
provoquant le craquement sourd de son épaule.
À nouveau, la douleur manque de le faire tour-
ner de l’œil mais il est rassuré : dans une petite
semaine, il n’y verra plus rien. En se remettant le
bras, le conteur estime que Ferdinand a réalisé
une intervention. Le joueur ne note ainsi aucune
séquelle, mais il conservera le malus de -2 durant
une semaine.
Son bras en écharpe, Ferdinand ramasse sa
rapière et songe amèrement qu’à ce rythme, le
prochain duel risque de lui être fatal. »
65
 ‌Exemple 2 : tractations diplomatiques
Devant le consistoire pentapolien, un diplomate
éolien (Personnage joueur : Argutie 4) tente de
rallier à sa cause un politicien démocrite (Second
rôle : Argutie 4) afin d’envoyer des hommes
d’armes à la frontière antipolienne. En effet, la
Boule Noire, un espion à la solde de la Ligue, a
dévoilé que Prague avait financé des raids de pil-
lards. N’étant qu’un simple intermédiaire alors que
le Démocrite est membre d’un synode (bonus de
+2), les scores de Confrontation sont complétés de
la manière suivante :
Le joueur note +4 pour son personnage, alors
que le conteur inscrit 14 et 12 (4+2 de bonus dû à
son rang ainsi que +8 et 6 comme expliqué ci-après
dans Où les conteurs reçoivent quelques conseils).
L’Éolien tente de déstabiliser son adversaire en
étant agressif d’entrée de jeu. Le joueur place ses
deux plus hauts dés en Accomplissement (1, 3, 4 et
5 donnant des valeurs de 13 et 8). Orgueilleux, le
Démocrite préfère couper court à la discussion (14
en Accomplissement). Les deux Accomplissements
sont réussis. La Marge du personnage joueur est de
1 (13-12 donnant un Impact superficiel) alors que
celle du second rôle équivaut à 4 (14-8 égale une
valeur de 6 mais la compétence du Démocrite est
de 4 et limite donc la Marge) indiquant un Impact
léger. Aucun malus n’est à déplorer.
Le Démocrite s’indigne de voir évoquer ENCORE
un sujet sur lequel le consistoire a déjà statué. Il
est pourtant piqué au vif et s’énerve. Le conteur
conserve ses scores (14 en Accomplissement et 12
en Préservation). Quelques badauds s’approchent,
prennent parti, mais surtout s’étonnent devant ce
diplomate éolien ne sachant rester à sa place. Le
Démocrite semble pressé par le temps, regardant
avec insistance sa montre à gousset (ce détail sert
d’ouverture au joueur comme au conteur. Est-il
vraiment pressé ? Si oui pourquoi ? À l’inverse, si ce
duel oral s’éternise, il permet d’y mettre un terme).
Second jet d’Argutie pour le joueur : 4, 4, 6
et 6. Il décide que son personnage est mal engagé
et ment : 14 et 14. Il dit qu’aucune décision ne
‌Exemple 3 : amour et contrat social
Durant une partie, une joute peut prendre
d’autres tournures et devenir amoureuse quand,
pour les besoins de l’histoire, un personnage tente
d’en séduire un autre. Dans le cas qui nous inté-
resse, imaginons un scientiste réputé (personnage
joueur) tentant de séduire une célèbre cantatrice
étrangère de passage (PNJ). Les passes se succèdent,
évoquant les sourires, les postures, les bons mots…
La Confrontation peut même s’étaler sur plusieurs
jours. Au cours de ces échanges, les Incidences se
succèdent, provoquant des Impacts toujours plus
66
peut avoir été prise puisque son supérieur éolien
lui a ordonné une enquête supplémentaire sur les
risques d’espionnage antipolien. Les Incidences
(ici les Marges) sont de 0 en Accomplissement (14-
14) et de 2 en Préservation (14-12). Le conteur pré-
cise que le politicien démocrite semble avoir réagi
quand un espionnage antipolien a été évoqué. Le
joueur, quant à lui, décide de s’accorder un bonus
de +1/+1 pour le prochain tour.
Le Démocrite tente de terminer cet échange le
plus rapidement possible. Le conteur corse la chose
en augmentant l’écart : 15 en Accomplissement et
11 en Préservation.
Le troisième jet du joueur donne 3, 4, 4 et 5.
Il décide de tenter le tout pour le tout et accuse
ouvertement son opposant de mentir pour gagner
du temps. Plusieurs témoins l’auraient ainsi vu
avec la Boule Noire : 14 (4+5+4+1 de bonus) et
12 (4+3+4+1 de bonus). Encore une fois, les deux
Marges d’Accomplissement sont positives (de 3).
Néanmoins, le conteur modifie l’Incidence qu’a
le personnage joueur en lui accordant un bonus
de +3, ce qui fait passer son score d’Incidence à 6.
En effet, en inventant un lien avec la Boule Noire,
le joueur a désarçonné le second rôle qui blêmit
(cela vaut bien un petit bonus). Avec un Impact
grave, il jette le discrédit sur le politicien et affaiblit
son ascendant politique pour le reste du mois. Le
joueur note quant à lui un second Impact léger sur
sa feuille de personnage. Certains spectateurs com-
mencent néanmoins à le trouver irrespectueux de
l’autorité et estiment également que ses accusations
manquent singulièrement de preuves.
Le quatrième échange commence…
Le personnage l’emporte finalement mais la
Confrontation aura fait plus de mal que de bien. En
effet, des hommes d’armes iront bien à la frontière
mais ce que le joueur ignore, c’est que le Démocrite
tentait, comme lui, de découvrir le traître à la Pen-
tapolie. La Boule Noire était un agent double et le
discrédit porté au membre du synode risque de lui
nuire quand il aura découvert le traître…
importants, jusqu’à générer un Impact majeur sur
le scientiste. En termes de narration, cela implique
qu’il désirait initialement charmer la jeune femme,
mais a rapidement été séduit par sa vivacité d’es-
prit, sa beauté ou son esprit intègre. Il gagne alors
le Trait Amoureux.
Par la suite, s’il découvre qu’il s’agit en réalité
d’une espionne à la solde d’une autre cité, fera-
t-il son devoir à contrecœur ou deviendra-t-il un
traître ? Laissera-t-il filer la belle ? S’enfuira-t-il au
contraire avec elle ou la livrera-t-il à la Propagande ?
‌OÙ LES IMPACTS PHYSIQUES, MORAUX
ET SOCIAUX ENTRENT EN JEU
A
u cours de leurs aventures, les person-
nages recevront divers Impacts qui, à
l’instar des Champs de Compétences,
sont physiques, moraux ou sociaux.
En jeu, leur description est faite par le
conteur. Ce dernier fournit aux joueurs
une description ouverte et évolutive, et
non un détail chiffré de l’état de leur
personnage. Chaque blessure devient alors un élé-
ment narratif expliqué par un symptôme (et non
une valeur) qui doit être traité par une méthode
adéquate.
Que ce soit des blessures, un discrédit, une
peine de cœur ou un désordre psychologique,
tous les Impacts se gèrent de manière similaire
et sont répartis en quatre catégories : superficiels,
légers, graves et majeurs.
À la base, tous les personnages possèdent une
même résistance. La différence provient de leur
expérience à éviter les désagréments. Il n’y a
pas, à proprement parler, de points d’Impact.
Les personnages sont gravement blessés ou ne le
sont pas ; discrédités par leurs pairs ou non… En
revanche, au cours d’une même Confrontation, il
est possible de cumuler les Impacts. Par exemple,
un coup de poing laisse une marque mais
plusieurs provoquent des ecchymoses et, dans
certains cas extrêmes, des hémorragies ou des
pertes de connaissance. Une moquerie peut être
facilement oubliée, être la risée de tous marquera
plus durablement les esprits.
Ainsi, si plusieurs Impacts sont provoqués dans
un laps de temps assez court (généralement un
même affrontement), ils se cumulent et prennent
une plus grande importance.
Les Impacts se décrivent de la manière suivante :
Impact superficiel : ce type d’Impact peut
gêner sur le moment mais disparaîtra rapidement
sans laisser aucune séquelle. Le temps suffit à dis-
siper sa trace.
Au-delà de quatre Impacts superficiels, tout
Impact supplémentaire devient un Impact léger.
Impact léger : à ce niveau, les coups plus vio-
lents ou les répliques plus cinglantes marquent
le personnage. Il ne subit pas encore de malus.
Un troisième Impact léger subi implique que
tout Impact supplémentaire se transforme en
Impact grave.
Impact grave : l’Impact est désormais suffi-
samment incapacitant pour infliger des malus de
-2 à tous les prochains tests. Des séquelles appa-
raissent si l’Impact n’est pas traité. Un Impact
grave nécessite généralement une intervention
comme des soins, une action d’éclat pour réta-
blir son honneur…
On compte deux Impacts graves avant qu’un nou-
vel Impact grave ne provoque un Impact majeur.
Impact majeur : le personnage est tellement
atteint qu’il subit un malus de -4 et a désormais
un risque important de séquelle. Son état néces-
site une intervention extérieure.
Type d’Impact Malus Nombre
Superficiel - 4
Léger - 3
Grave -2 2
Majeur -4 -
‌Les séquelles
En termes de règle, il n’existe pas d’Impact supé-
rieur à un Impact majeur. La mort (physique),
la folie (mental) ou le bannissement (social)
doivent répondre à un impératif de la partie
(le personnage vient de prendre son cinquième
coup de hache, a décidé de plonger de quinze
mètres dans l’écryme…) et/ou servir l’ambiance.
Ainsi, la mort d’un personnage ne doit pas être
un élément anodin. Elle s’accompagne d’une
intensité dramatique certaine et faire suite à une
erreur ou un choix du joueur. Ne pas éviter la
Confrontation constitue parfois une erreur en soi.
Dans la plupart des cas, des séquelles devraient
suffire à rappeler aux joueurs que leurs person-
nages ne sont pas immortels ni intouchables.
Comme les Impacts, les séquelles sont physiques,
psychologiques ou sociales. Elles correspondent
à l’attribution par le conteur d’un Trait négatif
(ou d’un Spleen) ou, plus rarement, à la perte
d’un Trait positif.
67
 Physique : Les répercussions sur le long terme
d’un combat sont laissées à l’appréciation du
conteur. En effet, aucune règle ne peut se subs-
tituer au bon sens pour simuler tous les cas de
figure possibles (les risques de gangrène ou l’effet
d’une cicatrice sur le sourire d’une demoiselle…).
Suivant l’arme et les soins, la blessure peut être plus
ou moins sérieuse : œil poché, fractures diverses,
mâchoires défoncées... Une épaule démise peut s’ou-
blier avec le temps mais des jambes cassées à coup
de masse occasionneront un boitement permanent.
Ces séquelles sont d’autant plus importantes si elles
sont causées par des armes tranchantes.
Le plus souvent, cette séquelle sera accompa-
gnée d’un trait négatif. Le mieux pour l’éviter
reste de ne pas se battre.
Social : La Toile présente une société dans
laquelle les rumeurs et la désinformation peuvent
tuer plus aisément que le poignard le plus effilé.
Les marques ne sont pas physiques mais se font à
l’amour propre, à la réputation et à l’âme. Comme
pour les blessures, un Trait négatif est ajouté.
Il est bon de rappeler que la réputation peut
être à double tranchant. Un malus parmi une
ghilde équivaut parfois à un bonus pour une
interaction avec un milicien. Être recherché pour
des meurtres violents que l’on n’a pas commis
génère le respect auprès d’assassins, la peur chez
les voleurs et la terreur chez les braves gens.
Psychologique : L’équilibre émotionnel et la
santé mentale jouent un rôle majeur dans Écryme.
Cette stabilité ne se rompt toutefois pas du tout au
tout. Aucune limite ne sépare clairement la folie
de la raison. Cette frontière dépend, dans bien des
cas, des perceptions des différents protagonistes.
Ainsi, à moins d’être totalement brisé mentalement
par une lobotomie, personne ne se met à baver ni
ne rentre en catatonie, pas plus qu’il ne deviendra
maniaque, mégalomane ou schizophrène.
S’il n’existe pas de traumatisme si profond que la
raison soit soufflée instantanément, une multitude
de causes peuvent ébranler les convictions et alté-
rer les perceptions. À chaque coup dur, les person-
Niveau Malus Temps de récupération
d’Impact sans intervention
Superficiel - 1 journée
Léger - 1 semaine
Grave -2 1 mois
- risque de séquelle
Majeur -4 1 an
- séquelle permanente
68
nages se relèvent grâce à leur Idéal. Ce dernier per-
met de surpasser angoisses et frustrations. Quand
ils s’investissent dans une action (c’est-à-dire quand
les règles de Confrontation sont appliquées) et que
l’action ne se déroule pas comme prévu (Impact
grave ou majeur) alors ils se remettent en cause. En
termes de jeu, au premier Impact grave, les person-
nages dépriment et ressassent d’amers souvenirs.
Leur moral est au plus bas. Au choix du conteur,
ils ne peuvent plus utiliser leur Idéal (ils le perdent
de vue) ou ressassent leur Spleen. Spleen ou perte
d’Idéal sont appliqués jusqu’à la fin de la séance.
Pour un Impact majeur, un nouveau Spleen est
ajouté. Il est également possible de perdre l’Idéal,
laissant le personnage avancer désœuvré jusqu’à ce
qu’il parvienne à se ressaisir. Le joueur doit choi-
sir un autre Idéal ou reprendre le même. Dans
les deux cas, cela aura un prix (coût en points
d’expérience).
‌Disparition des Impacts
La récupération est traitée par niveau d’Im-
pact. Elle se fait donc simultanément pour les
Impacts superficiels, légers, graves et majeurs.
Une personne peut ainsi rester dans le coma et
guérir de ses ecchymoses, oublier les piques mais
pas l’affront public qui lui a été porté…
Il existe deux façons de dissiper les Impacts : le
temps et les interventions extérieures.
Le temps est découpé en unités, soit en jours,
semaines, mois, années.
Les interventions extérieures sont les soins
(panser les plaies, opérations chirurgicales, décoc-
tions, onguents et baumes), les plaidoyers d’une
tierce personne, les attentions de proches visant
à rassurer… Ces interventions raccourcissent le
temps nécessaire à la disparition de l’Impact.
Elles doivent avoir lieu dans l’unité de temps
directement inférieure à celle de l’Impact et per-
mettent de faire passer les délais de récupéra-
tion à l’unité de temps directement inférieure.
Temps de Difficulté de
récupération avec l’intervention/
intervention soins
1 heure 10
1 journée 12
1 semaine 14
1 mois 16
- risque de séquelle
Par exemple, alors qu’il faudrait un mois à gué-
rir d’une blessure grave, si elle est traitée (de
manière réussie) durant la première semaine
alors elle disparaîtra au bout d’une semaine.
Enfin, la Difficulté augmente à chaque type
d’Impact.
‌Autres types de blessure
Les combats ne sont malheureusement pas les
seules occasions de se blesser. La faim, la fatigue,
la maladie, les poisons, le feu, l’asphyxie, le froid
et surtout l’écryme sont autant de facteurs qui
doivent être pris en compte.
Par souci de simplicité, le temps est toujours
mesuré en minutes (1 minute) puis par tranche
de 5 secondes. Ce dernier délai correspond au
temps moyen d’une action.
Les chutes occasionnent un niveau de dégât
pour chaque mètre. Tomber de 3 mètres, par
exemple, provoque une blessure superficielle,
une blessure légère et une blessure grave.
L’étouffement et l’asphyxie débutent après
une minute. Passé ce délai, le personnage doit
effectuer un test d’Athlétisme par tranche de 5
secondes (diff. 8). Chaque nouveau test voit son
niveau de Difficulté augmenter de 2. Un test
échoué implique que le personnage ne peut plus
retenir sa respiration (se noie, absorbe le gaz…)
ou perd connaissance.
Le feu et les trop fortes chaleurs constituent
un péril redoutable. Par tranche de 5 secondes,
une flamme de bougie inflige une blessure super-
ficielle, une torche une blessure légère et un bra-
sier une blessure grave.
L’acide et, en particulier, l’écryme rongent les
objets aussi bien que les corps. Les dégâts sont défi-
nis suivant la zone touchée et la durée de contact.
Comme pour les flammes, une goutte inflige une
blessure superficielle, un verre d’écryme une bles-
sure légère et une immersion une blessure grave.
Par tranche de 5 secondes, de nouveaux dégâts
sont occasionnés. Une personne immergée dans
l’écryme subira une blessure grave toutes les cinq
secondes tant qu’elle restera immergée. Si elle par-
vient à s’extraire, elle perdra une blessure légère
puis, cinq secondes plus tard, une blessure super-
ficielle. Toute méthode visant à retirer l’écryme en
lavant la plaie à l’eau ou en s’épongeant permet
d’éviter tout dégât supplémentaire.
Les vêtements constituent une protection rela-
tive à l’écryme : les échassiers qui y tombent ont
un délai d’une minute pour s’en extirper et retirer
leurs vêtements avant d’être brûlés. Ils doivent, bien
sûr, faire attention de ne pas inhaler de vapeurs
d’écryme.
La faim et la fatigue causent des dégâts superfi-
ciels, ainsi qu’un malus cumulatif de -2 par repas
sauté et nuit de veille. Pour les personnes habituées
aux privations, seul un repas par jour est nécessaire
(deux étant plus courant).
Les maladies, les poisons, les venins et les
drogues ont également des effets néfastes sur
l’organisme. Il n’existe pas de moyen de leur
résister. Médicaments, antidotes et purges sont
les meilleurs remèdes. Ils équivalent, dans ce cas
précis, à des soins classiques. Toutefois, avec le
temps, le corps purge les toxines et atténue les
effets (équivalant à une période de repos). Leur
guérison correspond donc à celle des Impacts.
À ce stade des connaissances médicales, les
poisons restent peu connus et sont synonymes
d’assassinat, de décadence. Ils demeurent souvent
l’apanage des ghildes ou d’anciens membres de
Loges hippocratiques devenus aujourd’hui renégats.
De même, les maladies graves et malheureuse-
ment encore courantes comme la peste, la variole
ou la tuberculose, conduisent souvent à la mort ou,
au mieux, à la quarantaine. Seuls quelques cultes
hygiénistes n’abandonnent pas le malade aux pre-
miers symptômes.
Enfin, les drogues, quasi-monopole des ghildes
qui en gardent jalousement les secrets de fabrica-
tion, suivent pour certaines un développement
pour le moins étrange, puisqu’il est souvent aidé
en sous-main par les ministères de la Propagande
et de la Subsistance. Ces derniers y voient un moyen
de lutter contre la faim et l’oisiveté de certains.
Si les maladies, poisons ou drogues suivent des
règles spécifiques, ces dernières conservent le
même format de description :
Nom
Origine et description : ce que le commun en
connaît. Pour les maladies, ce sont les symptômes
qui sont détaillés. Pour les poisons et les drogues,
des précisions sont données quant à leur consis-
tance, leur volatilité.
Mode : de quelle manière la victime doit ren-
trer en contact.
Virulence et latence : détermine les effets prin-
cipaux et secondaires ainsi que la durée pendant
laquelle la victime les ressent. De manière géné-
rale, un Impact est donné afin de rappeler le
temps de guérison et les malus éventuels.
Remède : comment en guérir.
69
 Le Buso
Origine et description : le buso désigne à la
fois l’ovipare et la drogue issue de sa poche à
venin qui se consomme séchée.
Mode : le buso se consomme mélangé à de l’al-
cool ou, de manière tactile, en la frottant sur
la peau. Un usage répété de ce dernier mode
d’administration laisse des marques rouges
indélébiles.
Virulence et latence : drogue euphorisante,
elle est propice à la relaxation provoquant une
sensation de flottement. Elle est prisée, car elle
facilite l’introspection et réduit les inhibitions.
À forte dose, elle trouble la perception du temps
et provoque la somnolence (Impact superficiel).
Le buso rend dépendant son consommateur
provoquant, en état de manque, une légère
hypertension mais surtout des états d’anxiété
importants et des altérations de la mémoire
immédiate (Impact léger).
Remède : la patience.
talle durablement et s’accentue durant le troi-
sième jour, empêchant la victime de rester éveil-
lée (Impact léger).
Le réveil est lui aussi douloureux puisqu’il
laisse la victime avec crampes et fatigue muscu-
laire (Impact léger).
Remède : purger son organisme en absorbant
de l’alcool qui dilue l’huile.
‌Autres façons de perdre sa
santé mentale
Il existe d’autres moyens d’être choqué. Face à un
événement déstabilisant, à une vision d’horreur, l’ef-
fet sur le moral peut avoir une certaine importance.
D’un point de vue du système de jeu, l’Idéal
et les valeurs sont mis à mal si, au cours d’une
même ballade, le personnage est confronté à des
situations particulièrement éprouvantes.

Exemple de situation Impact

La mort cérusée Harcèlement superficiel
Origine et description : personne ne connaît
l’origine exacte de ce poison mais l’on subodore Peur superficiel
qu’il proviendrait d’une moisissure ou d’une Trahison léger
algue ayant poussé sur une traverse eiffelienne. Accident grave léger
Il est vendu par de rares ghildes sous forme de
Terreur grave
poudre ferrugineuse. Illégale, la mort cérusée
n’en est pas moins achetée fort cher par certains Meurtre grave
ministères de la Subsistance qui s’en servent pour Torture, viol, massacre majeur
supprimer la vermine. Surnaturel variable
Mode : ingestion.
Virulence et latence : un gramme de mort céru- Situation Modificateur
sée est quasi mortel (Impact majeur). Elle liquéfie
les organes internes en 2 à 5 heures suivant le gaba- Rêvée - 1 niveau
rit. Les premiers symptômes sont des vomissements En lien avec le Spleen +1 niveau
(de sang le plus souvent) et une extrême douleur En lien avec l’Idéal +1 niveau
au ventre. La mort vient ensuite rapidement.
En lien avec un proche +1 niveau
Remède : le seul moyen de survivre est de pur-
ou soi-même
ger son organisme juste après l’ingestion. Même
ainsi, la douleur reste très vive et affaiblit dura- Terreur grave
blement l’organisme. Meurtre grave
La morne étreinte Torture, viol, massacre majeur
Origine et description : huile brune préparée
Surnaturel variable
en laissant macérer un champignon. Une autre
préparation (extraction à l’alcool par exemple)
en diminue les effets et leur durée, ne constituant Selon les légendes, les céphales connaissent
plus alors qu’un simple somnifère. d’autres moyens de rendre fou des personnes. Mais
Mode : ingestion. aucune preuve n’a jamais été clairement apportée.
Virulence et latence : la morne étreinte tire son
nom de la fatigue qu’elle provoque. Au début,
la lassitude ne semble que passagère mais s’ins- f
70
 ‌OÙ L’ON APPREND À GÉRER
L’EXPÉRIENCE
A
u cours des différentes ballades, les per-
sonnages évoluent, ils accumulent de
l’expérience ou des blessures, font de
nouvelles rencontres. En jeu (et sur la
feuille de personnage), cet apprentis-
sage est symbolisé par des Traits don-
nés aux joueurs ainsi que par des points
d’expérience.
Les premiers sont imposés par le conteur et font,
le plus souvent, suite à la résolution d’une scène
clé de la ballade (dette d’honneur de l’oboq du
clan Nitsas des Marches ou ennemi de la ghilde
nervose d’Entrelace...) ou à une séquelle impor-
tante (mauvaise réputation auprès de la Loge du
fer froid de Méthalume, claudication, perte de
sensibilité à la jambe droite…).
Les seconds sont octroyés à la fin de chaque ses-
sion de jeu par le conteur. Ces derniers peuvent
être employés pour augmenter une Compétence,
développer un nouveau Trait, une nouvelle
Spécialisation ou perdre un Trait négatif.
La répartition des points d’expérience se fait de
la manière suivante
Un point automatique par séance de jeu.
Un point automatique à la fin de la ballade et
en fin de geste. Ces points peuvent se cumuler.
En effet, la dernière ballade d’une geste conclut
généralement une séance de jeu. Les partici-
pants gagnent ainsi 3 points d’expérience. Ces
points automatiques correspondent au fait que
les personnages ont atteint leur but (ou pas), en
ont retiré un enseignement mais ont, également,
survécu à un grand danger.
Deux points pour le Spleen et l’Idéal (à la fin
de chaque ballade). Si le personnage s’est rap-
proché de son Idéal ou a lutté contre son Spleen,
alors il peut avancer le cœur plus léger.
Un à quatre points pour l’enrichissement (à la
fin de chaque ballade). La vie est faite d’oppor-
tunités et de découvertes qui enrichissent les per-
sonnes physiquement (entraînement, mise en
application), mentalement (apprentissage, décou-
verte), socialement et matériellement (nouvelles
rencontres) mais aussi intérieurement.
En fin de partie, le personnage a la possibilité
de progresser en dépensant autant de point(s)
d’expérience que le niveau de Compétence
immédiatement supérieur à celui déjà acquis.
Par exemple, s’il a un niveau de 3, il doit dépenser
4 points d’expérience pour atteindre le niveau 4. En
revanche, s’il veut passer au niveau 5, il doit dépen-
ser 9 points (4 pour le niveau 4 et 5 pour le niveau 5).
Quand une Compétence atteint 5, il peut
dépenser 5 points d’expérience pour obtenir une
Spécialisation.
Enfin, pour 5 points d’expérience, il est pos-
sible d’acquérir un nouveau Trait (+1), d’ajouter
un niveau à un trait déjà existant ou de retran-
cher un Trait négatif (séquelle comprise).
Par exemple, un joueur ajoute « Riche +1 » à sa feuille
de personnage pour cinq points d’expérience. La partie sui-
vante, il aura la possibilité d’être « très riche +2 » pour cinq
points supplémentaires ou « immensément riche +3 » pour
dix points.
Un personnage ayant perdu en partie l’usage de
sa jambe (-2) brûlée par l’écryme peut apprendre à
vivre avec (Trait à -1) et ne conserver qu’une légère
claudication.
Le Spleen se perd et l’Idéal s’acquiert respective-
ment pour 10 points d’expérience. Il est important
de remarquer que les joueurs doivent obligatoire-
ment posséder au moins un Idéal et un Spleen.
À l’instar des traverses et des cités qui s’érodent
sous l’action de l’écryme, le personnage s’affaiblit
suite à des séquelles, à de mauvaises rencontres...
Et comme les traverses, il peut se reconstruire avec
le même effort qu’il a fallu pour se construire.
Pourtant, dans les deux cas, il est possible
d’éviter ces pertes. En effet, l’expérience, comme
les matières premières nécessaires à la prolon-
gation des Traverses, peut éviter les chutes. En
cours de partie, par point d’expérience dépensé,
un bonus de +2 appliqué aux dés ou à un Impact
est octroyé pour un unique test. Cette dépense
doit être annoncée avant ou après le jet de dés et
s’applique sur le dé ou Impact de son choix.
71
 ‌Tableau d’expérience
‌L’expérience négative
Évolution/Descriptif Coût
À l’instar des traverses et des cités qui s’érodent niveau
sous l’action de l’écryme, les connaissances sont Compétence immédiatement
rongées par l’oubli et les mauvaises habitudes. supérieur
Plus encore, pour maintenir un certain niveau Spécialisation 5
de Compétence, une personne normale doit
s’entretenir, travailler, et cela au détriment du Trait (+1) 5
reste. Spleen/Idéal 10
Ainsi, par ballade, chaque point de compé- Bonus de +2 1
tence au-dessus de 5 donne un point d’expé-
rience négative. Le seul moyen de consolider
son apprentissage est de le diversifier par des
Spécialisations relatives à la Compétence impli-
quée. Chacune de ces dernières recule de 1 la
limite de la Compétence reliée.
Par exemple, une personne ayant deux Spécialisations
sous une même Compétence n’aura des points négatifs
que si sa Compétence à une valeur de 8 ou plus. Sans
Spécialisation, trois points négatifs seraient attribués
pour une Compétence à 8...
Les points négatifs permettent au conteur de
diminuer une Compétence (avec un coût cor-
respondant à sa valeur actuelle) ou un Trait (5
points pour un -1). Dans ce dernier cas, une
explication doit être fournie : la beauté se fane,
la capacité musculaire diminue…
Au-delà du seul plaisir de poursuivre la symbo-
lique de la traverse s’effondrant sous son propre
poids, cette règle représente l’effort nécessaire
pour se maintenir à un certain niveau d’excel-
lence. Elle limite également l’évolution des per-
sonnages au cours de longues gestes et augmente
ainsi l’intérêt des défis proposés.

‌ aisons permettant de
R
gagner 1 point d’expérience
Fin d’une séance de jeu
Fin d’une ballade
Fin d’une geste
Spleen affronté (fin de ballade)
Idéal respecté (fin de ballade)
Enrichissement physique (entraîne-
ment, pratique)
Enrichissement mental (découverte,
apprentissage, lectures…)
Enrichissement social (nouvelles ren-
contres, nouveau réseau)
Enrichissement intérieur (découverte
de nouveaux secrets)

72
 ‌OÙ LES CONTEURS REÇOIVENT
QUELQUES CONSEILS
A
ucune règle, aussi complète soit-elle, ne
peut couvrir toutes les situations qui se
présentent au cours d’une partie. Ainsi,
en plus d’incarner les personnages secon­
daires, il revient au conteur d’interpréter
et d’improviser en cas d’imprévu. Si le
bon sens permet de se sortir de la majo-
rité de ces complications, plusieurs règles
sont là pour lui simplifier la tâche et fluidifier sa
narration.
‌Le droit de veto
L’objectif des parties de jeu de rôle est de s’amu-
ser, de se divertir. En tant qu’acteur privilégié de
cet objectif, le conteur n’est nullement obligé de
suivre les règles à la lettre. Il a le droit de les igno-
rer ou de les modifier. Plus encore, il est libre
d’accepter ou de refuser un élément touchant un
personnage : un Trait (nouveau ou son augmen-
tation), l’augmentation d’une Compétence…
Il est également arbitre en ce qui concerne
l’application des Traits, du Spleen et de l’Idéal.
Durant la résolution des tests (standard, emploi
de l’usure, Confrontation…), la Marge joue
un rôle important. Le joueur doit prendre en
charge cette dernière en fournissant une descrip-
tion adaptée. Si le conteur trouve cette dernière
incongrue, il est en droit de ne pas l’accepter. Il
peut alors stipuler son refus ou simplement ne
pas en prendre compte lors de la résolution de
l’action. Dans le cas des règles d’usure, il peut
également décompter les points de Compétence
et augmenter la Difficulté (rendant possiblement
l’effort insuffisant).
‌Les jets en aveugle
La Difficulté requise lors des tests ne doit nul-
lement être dévoilée. Elle peut être révélée aux
joueurs afin qu’ils fassent le calcul eux-mêmes
et participent à la narration, ou peut être gar-
dée secrète ainsi que la Marge obtenue. La des-
cription dépend alors uniquement de ce que le
personnage perçoit, sans que ce dernier sache
s’il se trompe. Il existe deux techniques : soit le
joueur jette les dés sans connaître la Difficulté
(afin d’installer une certaine tension au cours de
la partie), soit le conteur effectue lui-même le jet
à l’abri des regards (ce qui augmente beaucoup
la tension).
Cette possibilité de conserver la Difficulté secrète
permet au conteur d’exercer son droit de veto sans
s’opposer directement au joueur (lire tricher pour
qu’il rate le test). Elle est également particulière-
ment importante dans le cas des règles d’usure. En
effet, connaître la Difficulté à atteindre diminue
les risques de miser trop ou pas assez.
‌Les seconds rôles
Les seconds rôles peuvent être décrits via l’uti-
lisation des Champs, ce qui permet au conteur
d’avoir rapidement une vue précise de leurs
capacités. Pour cela, une valeur est octroyée aux
Champs et s’applique à toutes les Compétences
qui en dépendent. S’il est besoin de quelques
précisions supplémentaires, des Traits, des
Compétences ou des Spécialisations peuvent être
ajoutées.
Voici trois exemples pour illustrer ce propos
Un gros bras : Physique 4 (Escrime 5, Pugilat
7), Mental 2, Social 3
Un constructeur d’automates : Physique 3,
Mental 5 (Anthropo-mécanologie 8), Social 3
Un amuseur public : Physique 4, Mental 4,
Social 4 (Représentation 6/Prestidigitation 8)
Les animaux suivent une description similaire :
Physique pour les actions physiques (attaquer,
courir…), Mental pour la traque, la dissimula-
tion et Social pour ce qui concerne le dressage
(un tour, obéir à un ordre…)
Un albâtre : Physique 3, Mental 4, Social 4
Un buso : Physique 2 (Venin 5), Mental 5,
Social 5
Un cheval : Physique 6, Mental 3, Social 5
Un chien : Physique 3, Mental 4, Social 7
Un fulige : Physique 3, Mental 3, Social 5
Un hurleur : Physique 7, Mental 7, Social 2
73
 ‌Les (re)jets
Plus encore que pour les autres joueurs, il est
conseillé d’éviter les jets de dés en considérant
que la valeur-type donnée par les dés est de 7.
Ceci améliore, en effet, la fluidité de la partie. Le
conteur peut alors éviter de couper sa narration
en considérant un test de joueur réussi ou raté via
l’application de cette technique.
Ce calcul prend toute son importance durant
les Confrontations. À cet effet, l’aspect straté-
gique peut être renforcé en modifiant légèrement
cette valeur de 7 pour différencier l’Accomplisse-
ment de la Préservation et chiffrer efficacement
le comportement des protagonistes. +8 et +6, par
exemple, donnent une attitude plus agressive que
défensive. Pour s’aider, le conteur choisit ou tire
au hasard les modificateurs :
Modificateurs Résultat d’un D6
+7/+7 1 joueurs ont alors la charge de calculer les Marges.
+8/+6 2 En donnant la parole aux joueurs pour qu’ils
+9/+5 3 Marges et s’impliquent dans la narration.
+10/+4 4
+11/+3 5 ‌Confrontations
+12/+2 6
‌Estimation et calculs
des Marges
Un autre moyen de privilégier la narration
est, pour le conteur, d’évaluer grossièrement les
Marges plutôt que de les calculer. En effet, le fait
de limiter la Marge par la Difficulté mais surtout
par la valeur de la Compétence donne un résul-
tat quasi automatique.
Dans le cas d’une grosse réussite, si la Compétence
est en dessous de 5, il suffit de prendre la valeur de
la Compétence pour estimer simplement le degré
de succès. Dans le cas inverse (petite Marge), la
soustraction est quasi immédiate.
74
Pour les puristes qui désirent calculer systéma-
tiquement les Marges, poser une Difficulté de 10
est alors conseillé (en particulier dans le cas des
Confrontations). Il suffit pour cela de jouer entre
le modificateur et la valeur de la Compétence.
Par exemple, avec une Compétence à 4, on pren-
dra plutôt +6/+8 ou +8/+6.
Le tableau ci-contre résume tous les calculs
possibles de Marges. Horizont alement, le
résultat obtenu et verticalement la difficulté à
atteindre (ou le score adverse dans le cas des
Confrontations). La valeur indiquée correspond
à la soustraction des deux. N’oubliez pas de pon-
dérer ce nombre par la valeur de la Compétence.
‌Impliquer les joueurs
Un dernier moyen de simplifier le travail du
conteur est d’impliquer les joueurs :
En leur donnant la valeur de la Difficulté, les
interprètent, eux-mêmes, les résultats de leurs
Les règles de Confrontation existent pour
permettre d’installer une tension et de pousser les
joueurs à considérer leurs actions d’éclat comme
des luttes acharnées où le succès se gagne pied
à pied. Si les enjeux ne sont pas suffisamment
importants dans le déroulement du scénario,
il est conseillé de n’effectuer qu’un simple jet
d’opposition. Il faut donc s’en servir mais ne pas
en abuser afin de conserver leur intérêt ludique.
Jouer de telles scènes met néanmoins en place
une ambiance plus prenante. Ainsi, afin de
mieux les réussir, le conteur devrait bien réflé-
chir aux scènes de dialogues lors de la lecture
préparatoire ou de l’écriture de ballades. Il suf-
fit, pour cela, de noter quelques arguments en
faveur et en défaveur des protagonistes, que ce
soient les personnages joueurs ou les seconds
rôles. Cet exercice permet d’interpréter plus faci-
lement les options tactiques, mais également de
laisser discrètement aux joueurs quelques pistes
afin qu’ils trouvent des failles dans le jeu de leurs
adversaires.
‌Faire feu de tout bois
Une erreur courante durant les descriptions
est d’oublier la rareté de certaines matières pre-
mières, qui sont le plus souvent remplacées par le
métal. Imaginons une bataille qui éclate dans un
bar. Les premières images qui viennent en tête
sont des tables renversées, des tabourets en bois
pris comme massues et des bouteilles d’alcool
cassées. Le plus souvent, les tables et les chaises
sont métalliques et rivetées au sol. Les carafes
métalliques sont également monnaie courante.
Ce problème peut survenir durant les premières
parties. Pensez bien à décrire les portes métal-
liques avant que les personnages ne décident de
tirer dans la serrure pour la faire sauter…

Tableau des Marges

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
3 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
4 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
5 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
6 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
7 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
8 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
9 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
10 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
11 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
12 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
13 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
14 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8
15 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7
16 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6
17 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
18 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
19 -16 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
20 -17 -16 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2
21 -18 -17 -16 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1
22 -19 -18 -17 -16 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0

75
 IIe PARTIE


‌MÉCANISMES SUPPLÉTIFS

Cette partie détaille les règles relatives au
monde occulte d’Écryme. De nombreux secrets
de l’univers y sont abordés. Sa lecture est
conseillée uniquement aux conteurs, ainsi
qu’aux joueurs autorisés à devenir céphales.
En raison de l’emploi de termes spécifiques,
il est nécessaire de lire en préambule le Livre
Troisième, Effluves de l’écryme.
 ‌OÙ LES RÈGLES DE CÉPHALIE
SONT ABORDÉES

C
e chapitre se concentre sur la façon dont
les céphales perçoivent leur potentiel
et comment celui-ci se retranscrit en
termes de mécaniques de jeu.
Il est possible pour certains conteurs de
demander à leurs joueurs de ne pas lire
les lignes qui suivent, afin de ne leur en
dévoiler qu’une partie. Ceci dans le seul
but de les laisser explorer par eux-mêmes toutes les
voies offertes par leurs nouveaux pouvoirs. Les
personnages joueurs devraient ainsi progresser
par leurs efforts, leurs réussites et leurs échecs,
mais également par des échanges avec d’autres
céphales. À la manière de scientifiques échan-
geant leurs observations, il serait passionnant de
mettre en lien plusieurs tables de jeu et de voir
les personnages partager leurs expériences. Ces
échanges seraient d’autant plus intéressants que
les bohèmes, des créations collectives propres
à chaque groupe, permettent d’enrichissantes
comparaisons.
Le texte qui suit permet de se lancer sans autre
information à l’aventure, en couvrant la grande
majorité des cas auxquels seront confrontés les
conteurs et les joueurs.

‌Le Champ céphalique

La céphalie se gère exactement comme les
Champs Physique, Mental ou Social, avec cinq
Compétences associées (voir l’encadré Sémantique
céphalique, Effluves de l’écryme, p. 16) :
Élégie crée une réalité illusoire, permettant
de tromper un à un les sens de la victime.
Entéléchie permet de faire appel à l’anence,
de la contempler, de la déchiffrer et de la déve-
lopper. Le niveau de cette Compétence limite
non seulement le bonus de l’anence, mais
détermine aussi le rayon dans lequel
le céphale peut utiliser son
anence sans être à son
contact direct.
Mekanë, ou cépha-
l ie f roide, décr it les
manières d’interagir avec

78
 ‌En quelques mots
Les règles de céphalie se gèrent exactement comme les Confrontations des règles de base.
La seule nuance vient du fait qu’elles impliquent des émotions et développent donc des
concepts abstraits pour notre réalité. Ces derniers sont développés dans le Livre Troisième,
Effluves de l’écryme.
Il n’existe aucun niveau limitant le don céphalique. Un novice peut, dès son initiation,
réaliser des effets que même les plus grands maîtres n’osent envisager. Il se confronte sim-
plement à une difficulté plus élevée, augmentant ainsi ses risques d’échec et le Contrecoup
qu’il risque d’endurer.
Un joueur qui désire employer le don de son personnage céphale tire 4 dés. Il place ces
derniers en Accomplissement et en Préservation. La Difficulté est donnée par l’effet désiré,
ainsi que d’autres paramètres tels que la portée, ainsi que la nature et le nombre des cibles.
Les Marges positives d’Accomplissement déterminent l’effet réalisé (durée et puissance
principalement) et les Marges négatives de Préservation indiquent le Contrecoup subi.
Les céphales développent des Spécialisations sous une forme commune au groupe.
Celles-ci sont créées à partir d’éclats de réalité, prélevés dans l’univers des personnages
joueurs pour construire une bohème, sorte de cité imaginaire se présentant comme un
musée de cire quasiment statique.
Les céphales deviennent alors des bâtisseurs de cathédrale. Ils empruntent au monde ce
qu’ils estiment digne d’y figurer, puis ils préservent son souvenir dans leur bohème, dont
leur anence est la porte d’entrée. La bohème deviendrait alors une grande pièce située
au-delà de notre réalité. Être lié à une anence équivaudrait à en posséder la clé. Enfin, utili-
ser le don céphalique consiste à amener des émotions dans la pièce ou l’inverse.

les machines et d’altérer leur fonctionne-
ment. Formidable outil de l’utopie mécanique,
elle influe sur la frontière entre organique et
mécanique.
Psyché, ou céphalie chaude, est le pendant
organique de Mekanë. En manipulant l’esprit
humain, le céphale peut le modifier durablement
et même finir par le contrôler.
Scorie est un pouvoir de divination, où le
céphale visite les scories, qui sont des résidus
d’instants. Cette Compétence est spatiale (le
céphale suit un courant émotionnel ou un objet
auquel il s’est attaché) ou temporelle (compré-
hension de ce qui s’est produit ou se produira).
‌Devenir céphale
La création d’un personnage céphale suit les
mêmes règles que celle d’un personnage non
céphale. Le joueur doit répartir 30 points de
Compétences dans les Champs Physique, Mental,
Social et Céphalique de son personnage.
Ce dernier doit avoir au moins 1 niveau d’Enté-
léchie, ce qui symbolise son lien avec son anence
(et sa bohème). Dès à présent, elle peut servir de
réceptacle à l’expérience du groupe.
Le joueur doit décrire l’anence de son
personnage.
‌En cours de jeu
Un personnage déjà créé qui devient céphale
suit le même cheminement que pour ses
Compétences normales : il dépense ses points
d’expérience dans les Compétences du Champ
céphalique. Les points d’expérience nécessaires
correspondent au niveau de Compétence immé-
diatement supérieur qu’il désire atteindre (soit 1
s’il débute à 0).
Sauf cas exceptionnel, il est conseillé de dépen-
ser ce premier point en Entéléchie. Les autres
points peuvent être dépensés normalement.
Attention, devenir céphale implique de briser
ses présupposés. Et pour cela, il faut perdre ses
repères. Ne peut devenir céphale qu’un person-
nage dont le Spleen s’est activé au moins une fois.

79
 ‌ Ù LES DÉS
O
SONT JETÉS

L
es céphales tissent des liens les unis-
sant à l’écryme et à leur cible, que cette
dernière soit humaine ou mécanique.
Ils font ensuite transiter par leur corps
et leur esprit les émotions ou les effets
mécaniques désirés… Cette projection
peut aller dans les deux sens, soit vers
la cible (ils apportent une émotion), soit
vers l’écryme (ils drainent une émotion, aidant sa
dissolution dans la mer acide). Invariablement, les
céphales servent de relais à son pouvoir.
‌Faisceaux émotionnels
et effets
Plus les effets recherchés sont importants
et plus les faisceaux créés le sont aussi. Les
conséquences de ces passages (pour la cible et les
céphales) sont proportionnelles à leur ouverture.
Au cours de leur initiation, les céphales appren­
nent donc à influer sur autrui grâce à l’écryme,
mais également à se protéger de ses effets. Pour
y parvenir, l’anence leur sert de guide et de
paravent. Elle permet d’affiner l’effet désiré et
d’affaiblir les faisceaux superflus qui auraient été
tissés par inadvertance.
Dans le cas de la céphalie, la Marge n’est
pas limitée par la Difficulté ou la valeur de la
Compétence et peut les excéder.
L’anence agit comme une Spécialisation et
octroie un bonus aux tests. Ce bonus est limité
par la capacité qu’a le céphale à se servir de son
anence (et donc de son niveau d’Entéléchie).
En fonction des souhaits du joueur, il peut être
réparti entre Accomplissement et Préservation.
Comme pour tout test de Confrontation (ici le
conflit est interne), le joueur calcule la somme de
sa Compétence, de ses 2d6 et, éventuellement, du
bonus de son anence.
Résumé
Effet sur la cible (Accomplissement)
Compétence + bonus de l’anence +
2d6 > difficulté
Seules les Marges strictement positives
(succès) sont calculées.
Effet sur le céphale (Préservation)
Compétence + bonus de l’anence +
2d6 > difficulté
Seules les Marges strictement négatives
(échecs) sont calculées.
D a n s le s deu x c a s, le b onu s
accordé par l’anence est limité par la

‌Confrontations céphaliques
Compétence Entéléchie et se répartit
entre Accomplissement et Préservation.

En jeu, l’emploi de la céphalie peut être com-

paré aux tests de Confrontation. À l’instar d’un
duel, quatre dés sont tirés. Si le céphale consi-
dère que l’effet désiré est plus important que
sa santé mentale et physique, il place alors un
résultat (somme de deux dés) plus important en
Accomplissement et l’autre en Préservation. Si sa
sécurité prime, les dés sont répartis de manière
inverse.
Pour l’Accomplissement, seule la Marge de
réussite est calculée et mesure l’Impact sur la cible.
Pour la Préservation, seule la Marge d’échec
compte et dose les Contrecoups subits par les
céphales.

80
 ‌OÙ LA DIFFICULTÉ
EST EXPLIQUÉE
L
a Difficulté indique le seuil à atteindre
pour à la fois réaliser l’effet escompté et
éviter le Contrecoup. Elle se calcule en
comparant les conséquences recherchées
et les conditions durant lesquelles la transe
céphalique a été réalisée.
‌Les conséquences ou
Difficultés
Il n’existe ni formules ni baguettes magiques
octroyant de nouveaux pouvoirs. En théorie, un
céphale tout juste initié à l’une ou l’autre des
Compétences peut en réaliser les pleins effets,
au même titre qu’un maître. En cela, il agit de
la même manière que certains artistes géniaux,
capables sans en avoir conscience de réaliser une
œuvre ayant sur les spectateurs le même impact
que celle d’un céphale. En pratique, plus l’effet
recherché est important et plus la Difficulté (au
test) l’est aussi. Ainsi un novice peut réaliser un
véritable prodige, mais les risques qu’il subisse
un Contrecoup sont nettement plus importants.
Une base commune se retrouve dans les diffé-
rentes Compétences céphaliques :
‌Difficulté 8
Le personnage peut effectuer une lecture
superficielle, observer, percevoir.
‌Difficulté 10
Le personnage peut dégrader, détruire, dimi-
nuer ce qui existe.
‌Difficulté 12
Le personnage peut modifier, altérer, amélio-
rer. Il commence à pouvoir copier les caractéris-
tiques d’une machine ou d’une émotion.
‌Difficulté 14
Le personnage peut contrôler sa ou ses cibles et
créer à partir de l’écryme.
Ces niveaux de Difficulté recouvrent des applica-
tions différentes pour chaque aspect de la céphalie.
‌Élégie
Cette Compétence permet aux céphales d’agir
sur les cinq sens (goût, ouïe, odorat, vue et tou-
cher). Toutefois, toutes les sensations ne sont pas
égales, on distingue ainsi les sens mineurs (goût,
ouïe et odorat) et majeurs (vue, toucher). En
effet, l’homme remet rarement en cause ce qu’il
voit ou touche et se fie moins au reste qui est, de
ce fait, moins développé. La Difficulté est donc
réduite de -2 pour agir sur les sens mineurs.
Des exceptions existent, à l’appréciation du
conteur. Un aveugle, par exemple, aura comme
sens majeurs l’ouïe et le toucher.
‌Difficulté 8 (goût, ouïe, odorat, vue et toucher)
Le personnage peut percevoir les choses à tra-
vers les sens de la cible.
Exemples : le céphale peut voir à travers les
yeux de sa cible, entendre ce qu’elle écoute…
‌Difficulté 8 (goût, ouïe, odorat) / Difficulté 10 (vue et toucher)
Le personnage peut dégrader, diminuer ou
détruire les sens de la cible.
Exemples : le garde n’a pas remarqué un bruit
suspect, n’a pas vu le céphale passer. Un message
peut être dissimulé en effaçant la pigmentation
de l’encre sur certains passages au moment où
la cible lit, les couleurs peuvent être modifiées…
‌Difficulté 10 (goût, ouïe, odorat) / Difficulté 12 (vue et toucher)
Le personnage peut modifier, altérer ou amé-
liorer ce que perçoit la cible.
Exemples : le goût rance et amer d’un fruit
devient frais et sucré, les formes paraissent plus
grandes ou plus petites, un brouillard plus ou
moins épais, les surfaces plus chaudes jusqu’à
brûler, rugueuses quand elles ne l’étaient pas…
‌Difficulté 12 (goût, ouïe, odorat) / Difficulté 14 (vue et toucher)
Le personnage peut créer des sensations
illusoires.
Exemples : il est possible de faire résonner un
cri dans une ruelle obscure pour détourner le
regard d’un garde, à moins que ce ne soit une
odeur de brûlé ou l’illusion d’un incendie.
81
 NB : Il est possible de tromper plusieurs sens de
manière simultanée (voir plus bas Interpréter une
réussite). Dans ce cas, la Difficulté qui prime est
alors toujours la plus importante.
‌Entéléchie
Cette Compétence est liée à l’anence du
céphale et donc à la découverte de son potentiel.
À la manière d’un jeune peintre, plus ce dernier
expérimentera et plus il sera à même d’altérer
son œuvre-anence et d’apprécier ce qu’il crée.
Entéléchie diffère des autres Compétences
céphaliques, car elle constitue une limitation : le
bonus accordé par l’anence ainsi que la distance
en kilomètres à laquelle le céphale peut réaliser
un effet sans être à son contact ne peuvent excé-
der la valeur d’Entéléchie.
‌Difficulté 8
Le personnage est capable de localiser son
anence.
‌Difficulté 10
Le personnage peut effacer un élément intro-
duit dans son anence. En jeu, il a l’opportunité
d’enlever un mot d’une phrase de sa bohème
(voir plus loin le chapitre dédié aux anences).
‌Difficulté 12
Le personnage peut modifier des éléments
introduits dans sa bohème. En jeu, il change un
mot d’une phrase.
‌Difficulté 14
Certains céphales puissants peuvent évoluer
dans leur anence et y interagir (discussions,
apprentissage, déposer un secret…).
‌Mekanë
Cette Compétence est le domaine de la cépha-
lie froide, parce qu’elle agit sur les machines et
la matière.
‌Difficulté 8
En examinant sa cible, le personnage est
capable de diagnostiquer son état.
Exemples : Le céphale obtient une estimation
la plus juste possible de la machine, de ses fai-
blesses et de son potentiel.
82
La bohème comme élément
de roleplay
Les personnages en contact avec leur
anence sont en permanence liés à
ceux dont l’anence renvoie à la même
bohème. Ainsi, s’ils restent à une dis-
tance inférieure à leur niveau d’En-
téléchie, on considère qu’ils peuvent
communiquer ensemble, via une sorte
de télépathie émotionnelle, et qu’ils
n’ont pas besoin de quitter la table de
jeu s’ils sont séparés.
Cet effet peut servir les céphales comme
les desservir. Voici quelques exemples :
Les personnages peuvent savoir
qu’ils se mentent (la vérité n’est pas for-
cément connue, mais la tromperie est
bien sentie).
I ls peuvent se ret rouver plus
facilement.
Il devient impossible pour les joueurs
de s’isoler et d’avoir un peu d’intimité.
Ce lien peut avoir des effets très inté-
ressants en jeu. Imaginons qu’un per-
sonnage joueur tombe amoureux d’un
autre personnage (joueur ou pas). Avec
le temps, les autres céphales ressenti-
ront cet amour et finiront par éprou-
ver eux aussi de l’attirance, ce qui peut
engendrer de la jalousie et des tensions.
Si l’on reprend l’exemple du person-
nage qui tombe amoureux de son
adversaire (relire dans le chapitre des
Confrontations l’exemple 3 : amour et
contrat social). Que vont faire les autres
personnages ? Vont-ils aider le person-
nage à laisser fuir son amour ou vont-
ils chercher à l’en empêcher ?…
‌Difficulté 10
En touchant sa cible, le personnage peut la
dégrader, la diminuer, l’amenuiser et, à terme,
la détruire. Dans ce cas, un travail de sape plus
régulier est préférable.
Exemples : une pièce défectueuse grippe un
moteur, le barreau d’une cellule se brise, le ver-
rou d’une porte cède, une serrure se grippe…
‌Difficulté 12
Le personnage améliore, altère ou transmute la
matière en la manipulant.
 Exemples : Le céphale a la capacité de réali- taque pas à l’entière psyché de sa cible, mais à ses
ser le rêve alchimique et changer le plomb en certitudes sur un point précis. Le doute et l’usure
or, ou alors il peut renforcer un morceau de fer sont ses armes de prédilection.
rouillé et le rendre plus résistant que de l’acier. Exemples : un garde doute de sa mission et
Le mimétisme avec la machine débute éga- relâche sa vigilance, un métropolite se demande
lement à ce niveau de Difficulté, parce que le s’il doit interroger un suspect, un anarchiste
céphale est capable de transmuter sa propre hésite à armer sa bombe…
matière (l’élément de base des cellules orga-
niques est le carbone). ‌Difficulté 12
Exemples : la Mekanë permet de compter Le personnage parvient à modifier les pen-
les heures avec la régularité d’une horloge, de sées et les sentiments de sa cible sur un point
chauffer comme un haut fourneau, d’utiliser précis.
l’énergie cinétique pour se déplacer plus rapi- Exemple : le céphale peut changer l’amour
dement, de renforcer son épiderme pour plon- d’une personne pour une autre.
ger dans l’écryme ou transformer un membre en En agissant sur l’esprit, le personnage est
arme contondante... capable d’agir sur le corps.
Exemples : des décharges d’adrénaline
‌Difficulté 14 permettent à la cible de se surpasser, la peur
Le personnage contrôle de manière absolue les exacerbée provoque une attaque cérébrale, se
machines. sentir guéri permet d’aller réellement mieux…
Exemples : le céphale peut se projeter dans
une machine ou un véhicule, entrer en symbiose
avec et le contrôler avec le plus grand naturel
comme s’il s’agissait d’une extension de son
propre corps.
Les céphales froids les plus doués inventent de
nouveaux matériaux. Jusqu’à présent, personne
n’a jamais rapporté l’existence d’une création ne
comportant pas de partie métallique. Il arrive
néanmoins que certaines aient des propriétés
extraordinaires comme ce fer liquide, si proche
du mercure.
Exemples : un matériau capable de résis-
ter à l’écryme, plus léger que l’air, hautement
incandescent…

‌Psyché
Cette Compétence est le domaine de la céphalie
chaude, agissant sur les pensées et les émotions
des êtres vivants.

‌Difficulté 8
Le personnage perçoit superficiellement les
pensées de sa cible.
Exemples : le céphale peut cerner les doutes
et les certitudes de son interlocuteur, découvrir
s’il lui ment (sans parvenir à découvrir précisé-
ment à quel sujet)...

‌Difficulté 10
Le personnage peut dégrader les pensées et
les sentiments superficiels. Le céphale ne s’at-

83
 ‌Difficulté 14
Le personnage peut importer ou exporter
des émotions et des informations.
Exemples : le céphale ne se contente plus de
lire les émotions superficielles, mais bien les
pensées. Il peut laisser une image mentale, un
souvenir diffus voire même posséder le corps
de sa victime.
Les céphales chauds les plus expérimentés
peuvent faire apparaître une nouvelle émotion
(même une émotion que l’on pense incongrue
en de pareilles circonstances) ou de nouveaux
désirs, sans même qu’ils puissent être expliqués.
Exemples : une personne qui ressentait de
la haine peut éprouver une sorte d’amour pour
l’objet de sa colère.
‌Scorie
Grâce à cette Compétence, le céphale gagne la
capacité d’entrer en résonnance avec les effluves
résiduels d’écryme.
liens, même s’il peut la deviner en récoltant des
témoignages ou des indices.
‌Difficulté 10
Le personnage dégrade ses propres sens, qui
ainsi dépassent les limites de son corps, leur per-
mettant d’errer au gré des faisceaux émotionnels
pour s’implanter dans un objet.
Exemple : le céphale peut voir, entendre, sen-
tir à travers une porte.
‌Difficulté 12
Le personnage peut percevoir le passé récent
d’une chose inanimée, par simple contact. En
effet, les émotions résonnent pendant une cer-
taine période dans les objets qu’elles traversent.
Le plus souvent, c’est une émotion qui est per-
çue durant un bref flash. La Difficulté peut être
modifiée en fonction de l’intensité de l’émotion
sauvegardée. Plus elle est intense et récente, et
plus elle est facile à discerner.
Exemple : le céphale peut lire les dernières
émotions d’un mort pour démasquer son assassin.

‌Difficulté 8
Le personnage sait si une personne, un objet ou
un lieu est entré en résonnance avec l’écryme ou a
été victime d’un pouvoir céphalique. Attention,
le céphale ne découvre pas la nature exacte des
‌Difficulté 14
Le personnage a des flashs de l’avenir. Pour les
comprendre, il devra parfois mener une petite
enquête.

Difficulté 8 10 12 14
Lire Dégrader Modifier
Créer
Observer Détruire Altérer
Contrôler
Percevoir Diminuer Améliorer
Élégie
sens mineur Estomper Altérer Créer /
(ouïe, odorat, goût)
sens majeur
/ Estomper Altérer Créer
(vue, toucher)
Écrire
Modifier, Évoluer dans son
Entéléchie Se servir Dissiper un lien
améliorer anence
Lire
Changer de forme Donner de
Défaut Dégrader ou de nature / nouvelles propriétés
Mekanë
Point fort Arrêter Améliorer ses /
capacités Contrôler
Modifier le
Perception, Exalter / Contrôler
potentiel physique
Psyché Lecture Oublier, pardonner la cible / Parler par
/ Lire les pensées
superficielle la pensée
de la cible
Existence
Errements de la
Scorie de faisceaux Vision du passé Vision du futur
conscience
émotionnels

84
 ‌OÙ DES MODIFICATEURS
ENTRENT EN COMPTE
La Difficulté est influencée par plusieurs para-
mètres. Voici une liste non exhaustive pouvant la
faire varier :
‌La portée
Il s’agit de la distance séparant le céphale de sa
cible. Elle impacte la Difficulté selon les critères
suivants :
-2 Toucher : contact physique avec la cible.
0 Vue : portée habituelle, quelques pas de dis-
tance, dans la même pièce, à portée de voix.
+2 Objet lié : employer un objet cher à la cible
(les réminiscences affectives permettent de tisser
des faisceaux). Pour les machines, être en contact
par objets interposés. Exemples : le peigne d’un PNJ,
toucher les rails d’un train pour arrêter une locomotive.
+4 Hors de vue.
Dans le cas où plusieurs cibles sont concernées,
la plus éloignée est prise en compte.
‌La durée de la transe
En jeu, la transe se manifeste de deux manières :
soit par la répétition de gestes du céphale sur son
anence, soit par le mime de ces derniers dans un
rayon ne dépassant pas son score d’Entéléchie. Ce
faisant, il s’assure une meilleure prise sur les fais-
ceaux émotionnels. Sans cela, les signes de l’usage
de la céphalie seraient visibles sur son corps (yeux
révulsés, perte de connaissance).
La transe dure le temps de tisser les faisceaux
entre le céphale et sa cible. De manière générale,
la céphalie n’est pas instantanée. Il arrive même
que cette relation prenne plusieurs jours à s’établir.
C’est généralement le cas de Mekanë, qui nécessite
un travail sur la machine. Cela se vérifie également
sur une personne ciblée que l’on croise régulière-
ment et à qui l’on veut implanter une idée.
La Difficulté est inversement proportionnelle à
la durée de la transe. En d’autres termes, plus la
transe est longue et plus l’effet est facile à obtenir.
-4 : la transe dure une journée.
-2 : la transe dure cinq minutes.
0 : la transe dure une minute.
+2 : la transe dure quelques secondes.
‌La nature de la cible et sa
relation avec le céphale
Pour les objets, la complexité de la machinerie est
proportionnelle à la Difficulté de l’effet. D’une cer-
taine manière, il en va de même pour les humains.
Plus le céphale est proche des personnes qu’il
englobe dans ses effets et plus il agira facilement.
L’échelle suivante est obtenue en fonction de la
cible :
-4 Cible proche / objet quotidien : un membre
de sa famille, un ami sincère, soi-même / De petits
ustensiles portés et utilisés par le céphale ou des
objets plus complexes qu’il crée lui-même et dont il
se sert couramment.
-2 Cible familière / objet simple : pour un
humain, quelques informations doivent être
connues comme son nom, son métier, ses passe-
temps, ses peurs / Pour les objets, il s’agit d’outils
rudimentaires, dénués de parties mobiles et n’utili-
sant aucune source d’énergie (un habit, une arme
blanche, une statue…).
0 Cible connue / objet mécanique : une per-
sonne croisée à une ou plusieurs occasions. Il n’est
pas nécessaire de connaître beaucoup de détails
sur elle, mais au moins de l’avoir remarquée / Une
mécanique simple telle qu’une arme à feu, une
montre à gousset, une serrure…
+2 Cible inconnue / objet complexe : une per-
sonne inconnue, peut-être même jamais rencon-
trée. Elle doit simplement ne pas être hostile au per-
sonnage / L’appareil utilise une source d’énergie
(calorifère ou électrique). Ces composants peuvent
être des éoliennes, des télégraphes, des moteurs
d’automobile ou de dirigeable…
+4 Cible hostile / artefact : une personne hos-
tile, s’opposant directement au personnage, soit
par détestation, soit parce qu’elle est déjà en
conflit avec. Cette opposition doit être consciente.
Ainsi, il est plus facile de tromper un garde, un
marchand ou un opposant politique s’il n’a pas
conscience de la présence du céphale. Pousser une
personne à renier sa nature profonde (se suicider
par exemple) est considéré comme un acte hos-
tile et ce, même si la victime n’a pas conscience
85

‌Souci de simplicité
De prime abord, les nombreux modifi-
cateurs peuvent déconcerter les conteurs
comme les joueurs. Afin de leur faciliter
leur mise en œuvre, les Modificateurs
les plus probables ont une valeur nulle.
Dans le doute, la majorité des situa-
tions ne modifieront pas le jet.
de la manipulation céphalique / L’objet ne peut
être expliqué et démonté sans de longues années
d’études. Extrêmement rare, le plus embléma-
tique reste l’automate. Les membres artificiels
complexes, prolongements d’une cible vivante, tels
qu’une prothèse de main ou un genou sur pivot,
entrent dans cette catégorie. De manière géné-
rale, tout ce qui touche à la céphalie y entre aussi :
un autre céphale conscient d’être pris pour cible
(non consentant ou sur ses gardes), une anence,
un dieu froid, une créature d’écryme…
‌Les lieux
Ils jouent un rôle majeur, quand ils sont liés à
un faisceau. En effet, de nombreux endroits se
chargent d’émotions très fortes : une maison han-
tée par la peur, un musée envahit par l’émerveil-
lement, une bibliothèque emplie de quiétude, une
salle de spectacle résonant des rires des précédentes
représentations… À la discrétion du conteur, dans
de tels lieux, les effets céphaliques puisant dans
l’émotion présente bénéficient d’une réduction
de la Difficulté de -2. Ceux qui s’y opposent voient
au contraire la Difficulté majorée de +2. Suivant la
situation, ces modificateurs peuvent être simultanés.
Projetons-nous à Moscou durant la révolution, alors
que la colère et la haine prédominent au sein de la popu-
Modificateur -4 -2
Portée - Toucher
Nombre de
- -
cibles
Durée de la
Une journée 5 minutes
transe
Cible
Proche / Soi-même Connaissance
humaine
Objet du quotidien Outil simple /
Cible machine / Création Création
personnelle maîtrisée
Nature du
- Lieu propice
86 lieu
lation. Sur les barricades, un céphale exaltant ces émotions
subit des modificateurs. S’il désire enflammer la colère, son
influence sera plus aisée (+2 au score d’Accomplissement),
mais l’effet sur lui-même sera plus dévastateur (-2 au score
de Préservation). Dans un tel cas, il risque en effet d’être
emporté par la force du courant émotionnel. Inversement,
en cherchant à diminuer la colère de ses cibles (diminution
ou exaltation par un faisceau contraire), il aura plus de
difficulté à interagir avec ce courant (modificateurs inver-
sés). Soit parce que le courant est déjà rassasié, soit parce
que le faisceau contraire est trop faible pour être tissé.
En ce qui concerne Mekanë, on regardera plu-
tôt si le lieu est propice aux machines ou pas. Paris,
Méthalume ou une chapelle de Malachine sont
idéales pour réparer des objets complexes, alors
qu’une seigneurie traversière, dominée par l’ara-
gone, provoque plus aisément leur délitement.
‌L’anence
L’anence permet également d’accorder des
bonus limités par le score d’Entéléchie. L’impact
des anences est décrit dans le chapitre Où les
anences se dessinent, p. 91.
Tests d’opposition et
contre-test
Il n’existe pas de test permettant de s’op-
poser aux effets de la céphalie. Les fais-
ceaux émotionnels sont très difficilement
perceptibles et, s’il existe un moyen de
s’en protéger, la majorité des céphales ne
l’a pas encore découvert. Pour contrer
un effet, la meilleure méthode consiste
simplement à générer un effet contraire
(par exemple générer de l’amour pour
s’opposer à la haine).
0 +2 +4
Vue Objet relié Hors de vue
1 2 4
Quelques
Une minute -
secondes
Opposant /
Visage familier Inconnu
Antagoniste
Système Système avec
Artefact
mécanique source d’énergie
Lieu neutre Lieu non propice -
 ‌ Ù LES RÉUSSITES ET LES
O
ÉCHECS SONT INTERPRÉTÉS
‌Les réussites
Les succès d’un test impliquant la céphalie se
mesurent de la même manière qu’une réussite
normale :
La Marge de réussite est la différence entre le
résultat obtenu et la Difficulté.
Seules les Marges strictement positives (suc-
cès) sont calculées (règles similaires aux Marges
d’Accomplissement).
Le joueur peut ajouter un descriptif à l’action
qu’il entreprend, pour chaque tranche de 2 à sa
Marge.
Dans le cas de la céphalie, la Marge n’est
pas limitée par la Difficulté ou la valeur de la
Compétence et peut les excéder.
‌Exemples d’utilisation
‌La durée
C’est sur la durée que l’effet d’une manipula-
tion céphalique doit être calculé. Chaque tranche
de 2 dépassant la Marge augmente sa persistance.
Impossible toutefois de généraliser les cas. En effet,
si un céphale convainc une cible grâce à une utili-
sation habile de Psyché, avec le temps, la conviction
factice peut laisser place au doute, à la sensation
d’avoir été trompé ou à l’oubli. Au contraire, elle
peut aussi perdurer avec la certitude d’avoir fait le
bon choix. Il en va de même pour Mekanë. Une
machine réparée peut être entretenue ou se bri-
ser de la même manière. Les dégâts faits restent
néanmoins jusqu’à ce qu’ils soient corrigés. Une
machine détruite ne se réparera pas toute seule et
un homme brûlé (Élégie/modification du toucher)
devra passer par une longue convalescence.
‌Nombre d’indices
Plus la Marge est importante, plus la com-
préhension d’un phénomène est évidente pour
le céphale employant Mekanë ou Psyché. Pour
chaque tranche de 2, le conteur donne un détail
supplémentaire sur l’état d’esprit de la personne
ou l’évaluation de la machine.
Cette échelle peut également s’appliquer pour
Scorie en permettant de remonter qualitative-
ment dans le passé ou le futur. Le céphale entre-
voit alors les éléments émotionnels probants
qui ont marqué ou marqueront le lieu. Chaque
Marge de 2 apporte un nouvel indice.
Exemples :
Le céphale découvre que la victime éprouvait une
joie importante lors de la traduction de feuillets codés
(Marge de 2). Ces feuillets traitaient d’ingénierie aéro-
nautique (Marge de 4). Une pointe d’angoisse le tirail-
lait toutefois, car il s’agissait de calculs renégats (Marge
de 6).
En entrant dans un café, le céphale ressent une
colère clandestine à l’encontre des ministères (Marge de
2). Il éprouve un sentiment de révolte et d’insécurité
(Marge de 4), qui se transforme en vent de panique
balayant les faisceaux dans toutes les directions (Marge
de 6). En couplant ce ressenti avec les informations gla-
nées auprès des habitués, le céphale est à même de com-
prendre qu’il s’agit du futur lieu de réunion d’une cel-
lule révolutionnaire. Hélas, les métropolites vont finir
par le découvrir et massacrer les personnes présentes.
‌Illusion élégiaque
Réussir un test d’Élégie permet de tromper un
sens. Par tranche de 2, un autre sens est ajouté à
l’illusion jusqu’à créer une illusion parfaite.
‌Blessure et guérison
La céphalie peut être employée pour blesser
physiquement ou mentalement une personne.
Par exemple en trompant le sens du toucher avec
Élégie, en faisant exploser une chaudière avec
Mekanë ou en attaquant mentalement une per-
sonne avec Psyché…
À l’inverse, la céphalie permet également
de faire croire à une personne qu’elle est en
bonne santé et d’ainsi accélérer sa guérison par
somatisation.
Les blessures augmentent les Impacts (super-
ficiel, léger, grave, majeur) d’un niveau par
tranche de 2, tandis que la guérison les baisse.
87
 ‌Bonus/Malus
De manière similaire à l’explication précédente,
la céphalie peut accorder des bonus ponctuels.
Par exemple, un (faux) brouillard qui se lève
grâce à Élégie et permet de tromper la vigilance
d’un PNJ, l’utilisation de l’énergie cinétique
de Mekanë pour faire un saut impossible ou la
naissance d’un espoir insensé dans le cœur d’un
homme grâce à Psyché, qui lui insufflera de la
motivation pour poursuivre sa tâche. Les malus
fonctionnent exactement de la même manière.
Lors d’un test, le bonus/malus accordé est de 1
par tranche de 2. Attention, il est accordé pour
la durée de la scène.
‌Le Contrecoup
Chaque fois que le céphale crée un faisceau, il
s’expose à un retour de flammes, sorte de bles-
sure onirique qui se matérialise. La plupart
du temps, ce dernier est mineur. On parle de
fatigue ou de mal de tête. Mais il arrive que cer-
tains effets latents s’accumulent et provoquent un
Contrecoup plus dévastateur, tant physiquement
que mentalement.
Le personnage se retrouve affecté par la
Compétence employée. Il vomit un liquide res-
semblant à de l’écryme, exhale de la fumée,
entend des bruits venant de son anence, ou ses
cordent vocales produisent un bruit de métal qui
crisse, etc. Aucun céphale n’a encore trouvé un
moyen de contourner ce Contrecoup ni n’est par-
venu à le supprimer. Le meilleur moyen d’évi-
ter un accident reste d’utiliser la céphalie avec
prudence.
Les Contrecoups se calculent à partir des
Marges de Préservation.
La Marge est la différence entre le résultat
obtenu et la Difficulté.
Seules les Marges strictement négatives
(échec) sont calculées.

‌Tableau des Marges et contrecoups

Voici une synthèse des éléments impactés par la qualité d’un test de céphalie.

Marge de réussite
Contrecoup
Contrecoup
Bonus/ Symptômes
Indices/Sens Symptômes
Marge Durée Impact Malus environ­
(Élégie) céphale
(1 scène) nement
Altération
Symptôme
bénigne
1-2 Une scène Superficiel 1 1 non visible et
difficilement
sans gravité
repérable
Symptôme
Une Altération
3-4 Légère 2 2 visible non
semaine repérable
incapacitant
Altération
Symptôme
5-6 Un mois Grave (-2) 3 3 repérable et
incapacitant
fâcheuse
Symptôme
Altération
7-8 Une année Majeur (-4) 4 4 très
dangereuse
incapacitant
Symptôme Altération
9-10 Permanent Mort/folie 5 5 spectaculaire dangereuse
et repoussant globalement

88
 ‌OÙ LES ANENCES
SE DESSINENT
L
es anences symbolisent la quête initia-
tique menée par les céphales, définissant
à la fois leurs objectifs et leur implication
sur la Toile. Elles constituent le cœur des
groupes qu’ils forment, justifiant que
des personnages d’origines différentes
œuvrent ensemble sur le long terme.
Mais plus qu’un simple lien entre person-
nages, elles permettent d’intégrer de nouveaux
protagonistes et de continuer la geste, lorsque les
anciens abandonnent ou meurent.
Chaque anence possède deux formes distinctes,
mais complémentaires : une forme physique
(l’anence) et une forme onirique (la bohème).
‌Forme physique
La forme des anences est un paramètre détermi-
nant. Elle va orienter la dynamique du groupe, le
déroulement des parties, ainsi que l’évolution des
céphales et de leur bohème. C’est pour cette raison
qu’une anence doit être une création collective, ou
au moins résulter d’une discussion commune.
Le choix collectif de l’anence, ou des anences,
permet aux joueurs de définir un véritable
concept de groupe. Il explique la raison qui réunit
par exemple un coche de Méthalume, un icarien,
une artiste de Venice, une métropolite et un scien-
tiste renégat. Plus que leur couverture aux yeux des
profanes, la forme de l’anence dictera leur mode
de vie et modèlera leurs aventures. En effet, les
céphales doivent dissimuler leur transe en mani-
pulant leur anence. Des traversiers sculptant
d’étranges échasses ou des scientistes construi-
sant un dirigeable-anence ne vivront donc pas les
mêmes péripéties.
Mise à part la présence obligatoire de métal,
il n’y a pas de limite à l’imagination des person-
nages joueurs. Il peut s’agir de pièces de mon-
naie, de cerfs-volants, d’un train, d’un moteur
ou même d’un pan de traverse eiffelienne. Pour
l’employer, ils doivent simplement lui trouver une
raison d’être pratique.
Il leur revient également de définir comment
enrichir et développer leur anence. Dans la réalité
commune, cela signifie que l’objet se complexifie et
s’embellit. De nouveaux entrelacs qui apparaissent,
des pièces plus ouvragées, le revêtement qui
change, de nouvelles pièces qui se superposent
sur les anciennes... Cette évolution va entraîner
par ricochet celle de la bohème, chaque nouvel
élément physique s’y retrouvant sous une forme
nouvelle, bien souvent allégorique.
Enfin, dernier point mais non des moindres,
chaque personnage doit se demander s’il possède
sa propre anence ou si l’artefact est commun au
groupe.
La création commune et une taille respectable
sont plus que conseillées. En effet, les anences
réunissent les personnages autour d’un même
objet, et leur taille est proportionnelle à leur
puissance et à leur fréquence d’utilisation.
‌Forme onirique
La forme imaginaire de l’anence, la bohème,
est elle aussi capitale. Elle va définir les motiva-
tions du groupe. En effet, si l’Idéal est individuel,
la bohème est collective. L’idée est ici pour les
joueurs d’établir de concert ce vers quoi tendent
leurs personnages, pour quoi ils se battent
ensemble. Charge aux conteurs d’adapter leurs
gestes en conséquence, en proposant le plus sou-
vent possible des thématiques adéquates.
La bohème apparaît comme un lieu, hors du
temps et de l’espace de la Toile. À mesure que
l’anence s’étoffe, ce lieu croît jusqu’à devenir
une cité aux allures d’utopie. Ce monde clos ne
suit d’autres règles que celles de l’imagination.
La gravité peut y être nulle, le temps se figer
par endroit et les hommes se déplacer grâce à la
fumée des usines. Les machines peuvent y par-
ler, se nourrir de métal en fusion et les émotions
y prendre des formes allégoriques… ou ne rester
que des machines et des émotions. Les joueurs
peuvent également choisir les systèmes politiques,
économiques ou sociaux qu’ils désirent.
Les anences agissent comme des portes d’en-
trée donnant sur la bohème. Une anence col-
lective permet au groupe d’entrer par la même
89
 porte dans leur cité commune. Une anence per- 1 point d’expérience. La réalité s’affadit et la
sonnelle, quant à elle, force le céphale à rentrer bohème s’incrémente de plus d’éclat.
seul dans son quartier de la bohème. Chaque Au moment du prélèvement, l’émotion extraite
modèle définit des droits et devoirs différents interfère momentanément avec l’anence et altère
vis-à-vis du groupe. Dans le premier cas, ils s’ap- son fonctionnement (cf. exemples ci-dessous).
parentent d’une certaine manière à ceux d’une Si l’opération doit être effectuée dans l’urgence
coopérative d’habitation, tandis que le second ou dans des conditions difficiles, un test d’Enté-
renvoie plutôt à une propriété par étage (PPE). léchie diff. 8 doit être réalisé. Un échec signifie
Un dernier élément d’importance concernant que rien ne se passe.
les bohèmes est qu’elles sont créées et se déve- Il est conseillé de récolter ces éclats de réalité
loppent à partir de la réalité. Elles renferment avec des éléments de la partie et en cours de jeu.
ce que l’on appelle des éclats de réalité, des élé- Idéalement, les joueurs devraient prévenir le
ments auxquels les personnages sont sensibles conteur du type d’éclats qu’ils veulent récolter
et qu’ils aimeraient pérenniser. Ainsi, pour que afin que ce dernier oriente ses ballades en consé-
la bohème grandisse, il faut qu’ils expliquent ce quence ou distille de petites scènes présentant
qu’ils désirent y déposer et sous quelle forme, des lieux, des personnes ou des objets adéquats.
depuis la réalité qui les entoure.
‌Exemples
Prenons un premier exemple lié à la pureté.
‌Prélever des éclats Cette qualité peut être récoltée durant une bal-
de réalité lade où il s’agit de sauver une innocente fillette,
de prouver l’innocence d’un homme que tout
semble accuser ou d’écouter à un moment donné
Le prélèvement d’un éclat de réalité n’est pas une cantatrice à la voix fabuleuse…
littéral, mais onirique. Par exemple, si les person­
nages prélèvent un instant de joie partagé par
plusieurs personnes, ils n’enlèvent pas ces
personnes pour les faire entrer de force dans leur
anence. Ils volent un instantané de l’émotion
véhiculée lors de ce moment précis. Cela
n’implique pas que les cibles ne riront plus
jamais, mais que leur joie présente s’estompe
quelque peu.
Il en va de même pour les objets. Imagi­
nons que les joueurs décident de sauvegarder
le sentiment d’apaisement d’une musique
jouée par un orgue de barbarie. Dans les
minutes qui suivent, l’instrument produira
une musique légèrement différente et sera
moins source de joie pour son auditoire.
Des madeleines rappelant des sensations
gourmandes de l’enfance resteront au goût
de celui qui les mange, mais elles paraîtront
légèrement plus fades…
Pour les lecteurs les plus âgés, une publicité de
la marque d’appareils photographiques Kodak
montrait à l’époque des jeunes prenant une
photo. À la fin, leurs vêtements étaient devenus
plus ternes. C’est exactement le même phéno-
mène que le prélèvement d’un éclat.
En jeu, cela nécessite qu’au moins un person-
nage joueur soit témoin de la scène et en contact
avec anence (ou se trouve dans le rayon d’utili-
sation autorisé par Entéléchie). Il dépense alors

90
 Prélevée et inséminée dans la bohème, cette
émotion s’y personnifiera sous la forme d’une
fillette, d’un chant, d’un oiseau blanc, dans
le regard d’une personne déjà présente dans
l’anence, dans un objet d’une grande pureté
(de l’eau ou du cristal par exemple) ou la créa-
tion d’un tribunal dont la justice ne fait jamais
défaut… Aux joueurs de se montrer imaginatifs
(et aux conteurs de les aider dans un premier
temps) !
Au cours du prélèvement, l’anence du person-
nage va se trouver affectée par la pureté et y réa-
gira. S’il s’agit d’un orgue de barbarie, il pro-
duira un son cristallin quand l’éclat entrera dans
la bohème. S’il s’agit d’un cerf-volant, son vol se
fera plus aérien, comme si le vent le favorisait et
jouait avec lui… Une fois l’éclat introduit dans
la bohème, l’anence fonctionne à nouveau de
manière habituelle.
Dans une autre situation, un personnage joueur
se promène au hasard d’une kermesse de quartier.
Il entend la musique entraînante d’un vieil
accordéoniste, entouré de badauds admiratifs.
En se rapprochant, il décide de sauvegarder le
dynamisme qui y est lié. À quelques kilomètres de
là, si son anence est un orgue, il se mettra à jouer
le même air. À moins que ce ne soit un cerf-volant,
qui voltigera alors en rythme avec la musique.
Quand le morceau cessera, l’orgue ou le cerf-
volant retrouveront leur calme habituel. Quant au
musicien, dont la dextérité ne faisait aucun doute,
il aura commis quelques petites erreurs.
‌D’un point de vue ludique
Une bohème prend la forme d’une feuille d’ex-
périence commune au groupe.
Elle se compose d’une suite de phrases dont
la taille et le style importent peu, en fonction de
la volonté des joueurs.
Les phrases doivent renvoyer de manière plus
ou moins lâche aux éclats collectés.
Certains mots doivent être mis en valeur (sou-
lignés ou en caractère d’imprimerie) et associés
à une valeur numérique de +1, qui servira de
bonus lors de l’usage de la céphalie.
Seuls les mots se référant à un élément parti-
culier, et non à un ensemble, seront acceptés par
les conteurs. Par exemple, un moyen de locomotion
ne sera pas accepté, mais un train désuet si. Pas
une machine, mais une bielle ou un piston. Pas le
ciel, mais un nuage aux formes étranges. Pas des gens,
mais un jeune garçon timide, une demi-mondaine fati-
‌Transposer un éclat dans
une bohème
Conteurs, un seul conseil : demandez
aux joueurs de fonctionner par analo-
gie lorsqu’ils trouvent intéressant un
élément ou une situation et désirent le
transposer dans leur bohème. En un
mot, ils doivent dire quel est le concept
ou l’émotion qui les intéresse derrière
ce que vous leur avez décrit. Ensuite,
dans la bohème, ils devront les transpo-
ser en un élément qu’ils trouvent évo-
cateur. Dans un premier temps, vous
ne devrez pas hésiter à les aider en leur
posant une série de questions.
Qu’est-ce que ce concept ou cette
émotion leur évoque comme images ?
Parmi ces dernières, quelle est celle
qui paraît la plus belle, la plus gran-
diose, la plus ludique, la plus amusante ?
Comment la retranscrire concrète-
ment dans la bohème ? Sera-t-elle une
personne, un animal, un objet, un envi-
ronnement ou un lieu ? Une caractéris-
tique affectant l’un des précités ? Si oui,
comment ?
Comment cette nouveauté va-t-
elle affecter ce qui existe déjà dans la
bohème ?
Comment, enfin, le retranscrire sous
la forme d’une phrase ?
guée, un client impatient... C’est un élément très
important, il ne faut pas que les conteurs hésitent
à guider les personnages en leur demandant
des précisions sur les éléments qu’ils inventent
(qui est-ce ? À quoi ressemble-t-il ? Que fait-il ?
Comment cela impacte-t-il le décor ?).
‌Croissance des anences
et des bohèmes
Lors de l’introduction d’un nouvel éclat, les
anences évoluent à la fois physiquement et
spirituellement.
En ce qui concerne l’anence en elle-même,
il s’agit de nouveaux détails qui apparaissent. Il
91
 peut s’agir d’un travail effectué par les céphales,
mais l’anence peut également se modifier d’elle-
même en fonction du mimétisme qu’elle entre-
tient avec la bohème.
Dans la bohème, de nouveaux éléments viennent
s’ajouter : des bâtiments, des rues, des enseignes,
des personnages, des véhicules, des institutions…
Ces modifications correspondent à la créa-
tion de liens entre les céphales et l’écryme, au
travers de leur focus. Comme précisé plus haut,
les joueurs ont la charge d’exposer aux conteurs
ce qu’ils veulent créer in fine, ce qu’ils veulent
combattre et leur indiquer au cas par cas le type
d’éclats qu’ils veulent préserver.
‌ nence et bohème
A quée ou l’analogie avec un objet de la
collective ou multiple
Il revient aux personnages de définir la manière
dont ils développent leur anence (et par contre-
coup leur bohème). Ces dernières peuvent être
collectives ou personnelles.
Une même bohème peut être reliée par une
ou plusieurs anences. À l’inverse, une anence
ne peut donner accès qu’à une unique bohème.
La création de bohèmes collectives permettra
à votre groupe de s’attacher à une création
commune que ses membres développeront (en
points d’expérience) et protègeront de concert.
De même, un effet conjoint impliquant plusieurs
participants (chacun donnant un bonus de +2 à
l’Accomplissement et à la Préservation, comme
décrit dans la partie travail d’équipe, p. 51) ne
peut être réalisé que s’ils peuvent tous intervenir
dans l’entièreté de la bohème. Néanmoins, les
anences communes sont des objets extrêmement
encombrants et difficiles voire impossibles à
transporter. Vu qu’ils seront amenés à beaucoup
se déplacer, cela peut rebuter les personnages.
Peut-être préfèreront-ils alors la taille réduite
des anences multiples. Mais le cloisonnement
que cela induit les empêchera de travailler
à des effets conjoints. C’est un choix que les
joueurs devront prendre en toute connaissance
de cause.
‌Exemple d’anence collective
Composé de 4 personnages (un coche de
Méthalume, une artiste venicienne, un scientiste
et une métropolite), le groupe décide de créer
une anence collective qui prendra la forme d’un
dirigeable.
92
‌Règles des anences
Plus encore que pour les dons cépha-
liques, les règles relatives aux anences
sont prévues afin de laisser la plus
grande liber té d’imagination au x
joueurs. Toutefois, les anences res-
pectent certaines règles :
 Elles contiennent du métal afin de
pouvoir être forgées.
 Leur forme évolue et se complexi-
fie avec le temps, sous les mains des
céphales ou d’elles-mêmes.
 Leur bonus n’est octroyé lors d’un
test de céphalie que si l’émotion impli-
bohème s’avère pertinente.
 Le bonus accordé ne peut excéder la
valeur d’Entéléchie.
 Le bonus peut se répartir entre l’Ac-
complissement et la Préservation ou ne
profiter qu’à un seul des deux, selon les
souhaits du joueur.
 Un céphale doit être lié à la bohème
pour en tirer profit.
 Un céphale ne peut se lier qu’à une
seule bohème, mais une même bohème
peut avoir plusieurs anences.
  Afin de bénéficier du bonus, la
distance en kilomètres séparant un
céphale de son anence doit être infé-
rieure ou égale à la valeur d’Entéléchie
Ils ont mis la main sur un appareil vétuste
qui s’améliorera en même temps que grandira
leur bohème (moteur, hélices, quartiers, ballon
couvert de dessins, forme, mobilier, marchan-
dises…). Pour utiliser son pouvoir hypnotique, il
suffira d’écouter le ronronnement des moteurs,
d’accomplir des figures aériennes depuis la
barre, de regarder la coque, de suivre les ballote-
ments dus au vent, de compter les nuages depuis
la cabine de pilotage, etc.
Imaginant les potentialités d’un tel engin, le
conteur leur propose que chaque zone et élément
emblématique du dirigeable devienne un quar-
tier de la ville. Selon ses envies, chaque céphale
pourrait par la suite contribuer à leur développe-
ment. Se trouver à bord suffit pour contempler la
bohème, mais sa majesté ne se révèle pleinement
que lorsque l’appareil vole.
 Les personnages ont choisi d’œuvrer officiel-
lement comme transporteurs, acheminant des
marchandises à travers toute la Toile et n’hésitant
pas à apporter clandestinement du matériel pour
des mouvements révolutionnaires. Le coche est à
la barre, l’artiste orne la coque et les machines
de ses œuvres, le scientiste fait office de méca-
nicien et la métropolite obtient les autorisations
de vol ainsi que l’assurance que la cale ne sera
jamais fouillée.
Le groupe décide de bâtir sa cité utopique
autour d’une gare ferroviaire, qui servira de pont
entre les différents quartiers. Après plusieurs
aventures, les joueurs ont dépensé 10 points
d’expérience et obtenu les mots suivants, qui
créent l’image mentale facilitant leur transe :
Le sifflet (+1) énergique du train (+1) annonce son
entrée en gare. Sa cheminée évasée (+1) laisse derrière
elle un long panache de fumée (+1). Sur le quai, un
amoureux transi (+1) attend avec impatience (+1) sa
dulcinée en frottant ses mains. Non loin de là, des gar-
çons trépignent (+1). Ils attendent les premiers passa-
gers (+1) pour porter leurs bagages (+1). En échange
de quelques sous (+1), ils leur feront découvrir la cité…
Si au cours de leurs aventures, un céphale du
groupe veut imiter ou manipuler un sifflet (par
exemple pour assourdir des assaillants ou créer
une diversion…), son anence peut lui octroyer
un bonus de +1. Si c’est un sifflement de train, le
bonus passe à +2 (sifflet ET train). Si le céphale
agit sur des fumées de train, alors le conteur lui
octroie un bonus de +2, car les fumées et le train
sont évoqués. S’il veut faire trépigner d’impatience
le passager d’un train, le cumul passe à +4… Le
trépignement peut s’avérer très utile. Cela oblige
la cible à bouger fréquemment, relâcher son atten-
tion et augmenter sa cadence de marche.
Pour en arriver là, la source des différents
éclats de réalité a pu être multiple. Le panache de
fumée peut provenir d’un incendie aperçu par les
personnages ou d’une personne ayant été sujette
à une colère extrême qu’ils ont rencontrée. Ou
simplement du panache de fumée d’un train. La
cheminée évasée peut renvoyer à celle d’un haut four-
neau qu’ils ont utilisé ou celle d’une usine qu’ils
ont visitée. Les quelques sous peuvent être la person-
nification de l’avarice d’un noble-marchand ou
l’aumône versée par des ouvriers à un alachine…
Autres exemples : un train, un observatoire
astronomique, une usine désaffectée, un parc
éolien, une serre, une immense horloge, un
fiacre, un carrousel…
‌Décrire une bohème
Lorsqu’on décrit une bohème, il est
consei l lé d’i nsérer de nombreu x
termes, même si leur utilité n’est pas
immédiate. D’une part, cela crée une
ambiance et une esthétique particu-
lières, qui faciliteront et orienteront
son évolution. Certains mots inusités
pourront en effet accorder des bonus
ultérieurement, dans des domaines
que les joueurs jugent pertinents pour
leurs personnages et leur groupe. Par la
suite, le texte peut se poursuivre à l’in-
fini, phrase après phrase.
Voic i quelque s c on s ei l s p ou r y
parvenir :
Partez du particulier et allez au géné-
ral. Puis, revenez au particulier.
Décrivez un objet que vous venez de
transposer dans la bohème au moyen
d’adjectifs qui précisent son état : le
frêle jeune-homme, le regard transper-
çant de la fillette, le vol erratique d’un
groupe d’albâtres, la pureté cristalline
de l’eau sortant de la fontaine...
Décrivez son état émotionnel par
une attitude (trépigner d’impatience,
regarder fiévreusement sa montre) ou
un adjectif (mélancolique, énervé).
Inscrivez votre objet dans un décor :
où se trouve-t-il ? Qu’y fait- il ? Y’a-t-il
d’autres personnes ou objets notables à
proximité ?
Insérez des éléments de l’environne-
ment : comment tel élément du décor
affecte-t-il la scène que vous imaginez ?
Par des odeurs, des bruits, des scènes
entre individus ?
‌Exemple d’anences multiples
Les joueurs décident de créer plusieurs anences
personnelles (on parle d’anences multiples) qui
prendront la forme de cerfs-volants.
Ils imaginent donc des cerfs-volants simples,
qui évolueront en même temps que leur bohème
(cadre métallique pouvant être ouvragé, dessin à
sa surface, forme…). Pour y faire appel, il existe
plusieurs moyens : regarder sa surface, le voir
voler ou voler avec…
93
 Visualisant aisément le ballet hypnotique d’un
cerf-volant, le conteur accepte. Plus encore, il
propose que chaque cerf-volant personnifie un
quartier de la bohème. Les personnages devront
ainsi construire chacun une zone de la cité et
pourront apprécier leur bohème dans sa totalité
en regardant tous les cerfs-volants danser dans
le vent.
Officiellement, les personnages font partie
d’une caravane ambulante, allant de cité en cité
pour réparer et vendre des cerfs-volants, mais
également former des icariens. Le coche conduit
la caravane, l’artiste décore les cerfs-volants et le
scientiste est garant de la qualité des réalisations.
La métropolite veille, quant à elle, à ce que les
produits s’écoulent sans que la Propagande des
cités visitées intervienne contre eux.
L’un des joueurs décide que son quartier abrite
un immense marché qui en est le cœur et dont
les étals s’étendent à perte de vue. Après quelques
ballades, il a dépensé 4 points d’expérience et
obtenu les mots suivants, qui créent l’image men-
tale facilitant sa transe :
La voix (+1) puissante du ferronnier qui harangue
les badauds est reconnaissable entre toutes. Devant
son étal, un vieux couple s’embrasse, sous l’œil atten-
dri (+1) d’un gendarme qui passe en faisant tournoyer
sa matraque. Plus loin, un stand de marrons chauds
dégage une odeur (+1) agréable. De nombreux enfants
(+1) affamés s’y agglutinent, dans l’espoir de trouver un
peu de chaleur et une maigre pitance…
Si, au cours d’une ballade, le céphale veut
imiter une voix, rendre quelqu’un aphone ou
au contraire amplifier sa puissance vocale, son
anence lui permet d’obtenir un bonus de +1.
S’il s’agit d’une voix d’enfant, le bonus est de +2
(voix ET enfant). S’il joue sur une odeur atten-
drissante, à la manière de la madeleine de Proust,
le bonus est lui aussi de +2, car l’odeur et l’atten-
Taille Exemples
Tient dans la main bague, pendentif
Porté avec une seule main épée, disque
Difficilement transportable horloge, fiacre
traverse,
Non transportable
observatoire
94
‌Que choisir  ?
Nous vous conseillons de choisir des
anences de taille intermédiaire,
comme des armes similaires ou un
moyen de transport (fiacre, dirigeable).
Une anence trop importante implique-
rait en effet une campagne dédiée et un
objet minuscule se révèlerait médiocre
sur le long terme.
drissement sont évoqués. Attendrir sa cible per-
met de gagner plus facilement sa confiance ou de
la convaincre de la justesse de sa cause...
L’éclat de réalité de la voix a pu provenir d’un
talentueux chanteur ayant ému son auditoire,
d’un couple qui se disputait bruyamment ou
d’une voix gravée dans les sillons d’un disque
phonographique. L’odeur peut renvoyer à des
cuisines ou au parfum d’une courtisane… Même
s’il s’agit d’éléments immatériels, odeur comme
voix doivent être porteurs d’émotion au moment
de leur prélèvement. L’attendrissement était celui
d’une directrice d’orphelinat, devant la joie d’une
pensionnaire venant d’être adoptée, à moins qu’il
ne s’agisse du regard d’une passante devant un
nourrisson.
Autres exemples : des bagues spéciales, des
armes, des échasses, des montres à gousset, des
trousseaux de clés, des disques phonographiques...
‌Destruction d’une anence
Si une anence est détruite, en étant jetée par
exemple dans l’écryme, la bohème qui y est
liée perd de manière définitive certains de ses
aspects. Tous les personnages étant liés à cette
bohème verront leur Spleen activé.
mots mis en
Fréquence Bonus pour
valeur par
d’utilisation un même mot
phrase
une fois par mois 1 +1
une fois par jour 2 +2
une fois par heure 3 +3
Aucune limitation 4 +4
 Dans le cas d’une anence collective, la perte
est sévère, puisque l’intégralité de la bohème est
perdue.
Dans le cas d’anences multiples, seuls les quar-
tiers dont l’anence est détruite sont perdus. Les
autres demeurent intacts.
‌La taille compte (règle optionnelle)
La taille que prennent les anences permet de
limiter la céphalie et donne plus d’éléments nar-
ratifs aux conteurs. Cette règle optionnelle per-
met d’homogénéiser l’apport de l’anence. La
taille de cette dernière influe alors sur plusieurs
facteurs :
La fréquence de son utilisation.
Le nombre de mots valorisables dans une même
‌OÙ LES CÉPHALES GAGNENT
EN EXPÉRIENCE
‌Les Compétences céphaliques
Leur progression est similaire aux Compétences
basiques. Le personnage a la possibilité d’augmen-
ter leur niveau en dépensant autant de point(s)
d’expérience que le niveau de Compétence
immédiatement supérieur à l’actuel.
‌Céphalie et expérience négative
Comme pour les Compétences normales, l’ex-
périence négative s’applique aux Compétences
céphaliques au-dessus de 5.
Seule Entéléchie échappe à cette règle,
puisque c’est elle qui joue désormais le rôle de
Spécialisation. Elle permet donc de repousser
cette limite de 5. Ainsi, avec 6 en Entéléchie,
un personnage ne subira 1 point d’expérience
négative que pour ses autres Compétences cépha-
liques au-dessus de 6.
phrase. Plus l’anence est petite et plus il faudra
de phrases. Il deviendra donc plus difficile de
retrouver les bons mots et donc de s’en servir.
La valeur maximale du bonus conféré par un
mot. Il est en effet possible d’ajouter des bonus
sur un même mot, en dépensant des points
d’expérience. Pas besoin donc de mettre 4 mots
analogues pour bénéficier d’un +4, puisqu’un
même mot peut octroyer un bonus de +1 à +4, en
fonction de la taille de l’anence. Plus la bohème
est condensée et plus elle est facile d’utilisation.
Tout comme dans leur vie profane, les céphales
sont amenés à affiner leur don, que ce soit par
l’étude, la pratique ou les rencontres qu’ils font.
‌Les mots de la bohème
Un céphale peut utiliser des points d’expé-
rience pour implémenter dans sa bohème un
éclat de réalité en lien avec l’aventure qu’il vient
de vivre. N’importe quel élément auquel il a
assisté, fût-il le plus minime, peut faire l’affaire.
Concrètement, il a la possibilité de dépenser un
point d’expérience pour mettre en valeur un
mot, lui associant une valeur de +1. Par la suite,
il pourra augmenter cette valeur jusqu’au maxi-
mum octroyé par la taille de son anence (revoir
la règle optionnelle La taille compte). Chaque aug-
mentation coûtera 1 point d’expérience, quel
que soit le niveau.
‌Tableau d’expérience
Évolution
Descriptif Coût
Compétence niveau immédiate­
ment supérieur
Mot (acquisition) 1
Mot (augmentation) 1
95
 ‌OÙ LA CÉPHALIE
SE DÉCRIT
Pour le conteur, les pouvoirs de l’écryme
prennent de multiples facettes qu’il s’agit d’évo-
quer pour enflammer l’imagination des joueurs.
‌L’empire des sens
Il faut jouer avec les sens : un parfum de rose
pour un personnage submergé par l’amour, le
souvenir duveteux d’une peau douce, le goût
salé d’une larme de joie… En faisant transiter
les faisceaux d’écryme à travers eux, les céphales
sont submergés par les émotions que d’autres ont
vécues. Plus qu’un effet de style, la céphalie devient
alors un formidable outil d’implication. Même
si ce n’est que par procuration, un personnage
peut garder le souvenir d’un baiser volé. Que se
passerait-il s’il rencontrait son amour fictif ? La
réalité et celle créée par le céphale pourraient-
elles alors fusionner ? Plus besoin dès lors
d’évoquer la mort d’un oncle par alliance pour
que le personnage se sente concerné, puisqu’il vit
la peine de son fils…
‌Aider le conteur
Il est aussi conseillé aux joueurs d’aider le
conteur dans ses descriptions et de lui suggé-
rer des pistes qui expliqueraient les effets de la
céphalie, qui n’agit jamais à partir de rien. Un
homme heureux ne s’attriste pas sans raison. Un
dirigeable neuf ne sombre pas par hasard. Dans
les deux cas, il faut un élément déclencheur, un
truc qui va précipiter l’effet. Un homme étouf-
fera sa joie, car cela lui rappelle les jours heureux
qu’il passait avec sa défunte femme. Un aéros-
tier n’aura pas remarqué la fuite d’huile lourde
durant son inspection ; à moins que ce ne soit
cette pièce grippée qui, à force de frottement, a
mis le feu au moteur… Un métropolite céphale
ne génère pas la peur, il rappelle des craintes
enfouies, jouant par exemple sur la peur du noir.
Un céphale métallurgiste, quant à lui, ne dispa-
raît pas subitement, mais se fond dans la fumée
des hauts fourneaux.

‌Des joueurs concernés

Du côté des joueurs, la céphalie nécessite éga-
lement de s’impliquer dans les descriptions. À
chaque utilisation, ils devraient décrire les moyens
qu’ils emploient pour remporter la mise tout en
se protégeant du Contrecoup. Pour parvenir à
un effet, il existe une multitude de méthodes.
Vaut-il mieux créer la peur ou simplement effri-
ter le courage ? Éliminer un garde peut être fait
en abusant sa confiance, en trompant ses sens,
en diminuant sa vigilance par un accès de nostal-
gie ou de lassitude, en devinant à quel moment
il va s’assoupir ou en faisant crisser un chariot au
loin… Le conteur est seul juge de l’explication
du joueur. Si, selon lui, elle n’est pas suffisante, la
Difficulté est majorée afin de représenter la mau-
vaise approche effectuée par le céphale. Dans un
cas extrême, on pourrait imaginer que le résultat
d’un jet soit forcément un échec. Seul l’Impact de
Préservation serait calculé.

96