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Aventures féériques

à la Belle Époque

Londres 1900
Ce supplément pour Les Héritiers présente Londres,
puissante capitale marquée par un incroyable essor
économique, mais aussi par le smog des usines. Qu’elles
soient issues des bas-fonds ou de l’aristocratie, les fées
ont su y trouver secrètement leur place.

Dans le scénario qui compose la deuxième partie de


ce supplément, la découverte d’un manuscrit inédit
attribué à Shakespeare, et dévoilant l’existence des
fées, fait trembler toute la féérie, qui se presse pour
assister à la création de cette pièce. Tout cela finira-t-il
en drame ?

Prix éditeur : 12,50 €

Londres 1900
ISBN : 979-10-90160-24-8

9 791090 160248
titam-france.fr
Londres 1900

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Crédits
Un supplément pour le jeu Les Héritiers, créé par Isabelle Périer et Éric Paris
Auteurs des textes
Fabien Clavel, Grégory Lemonnier (textes complémentaires), Isabelle Périer (synopsis du scénario)
Supervision éditoriale
Jawad, Grégory Lemonnier et Ismaël Saura
Maquette
Agathe Gastaldi
Création graphique et direction artistique
LE LONDRES DES HOMMES

Sébastien Lhotel
Recherches et retouches d’archives
Grégory Lemonnier
Illustrations
David Chapoulet, Grégoire Veaulégerr

Sommaire
CHAPITRE I -

1 - Le Londres des Hommes.................................. 3 Lieux londoniens revêtant un intérêt

Quelques aperçus sur une capitale particulier pour les Faux-Semblants ............ 20

« fin de siècle »....................................................................... 3 Lieux investis par des factions secrètes......... 21

Quelques quartiers remarquables.........................5 1II - Shakespeare


La métamorphose de Babel : quelques figures or not Shakespeare ?................................................24
londoniennes..............................................................................10 Synopsis.........................................................................................24
1I - Le Londres des Faux-Semblants........ 13 Enjeux.............................................................................................. 25
Les institutions de la Monarchie et des Au théâtre ce soir (Acte I)........................................ 25
Communautés............................................................................ 13 En attendant le Grand Soir (Acte II)............ 35
Lieux d’activité de Faux-Semblants notoires.19 La Malédiction des amants (Acte III)..............42
Protagonistes.......................................................................... 49

Ce livre a été imprimé par Standartu Spaustuve à Vilnius (Lithuania)

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Le Londres
des hommes
V
ers 1900, l’Empire britannique est probable- «  smog  » omniprésent, sans oublier des odeurs si
ment le plus puissant du monde. La reine nauséabondes que Londres est qualifiée de ville la
Victoria, qui mourra en 1901, a si bien plus puante d’Europe. Ainsi, entre la société très
marqué la période qu’on l’appellera l’époque victo- chic du West End et les classes populaires de l’East
rienne. Londres, trois fois plus étendue que Paris, est End crasseux, plusieurs mondes s’interpénètrent en
la vitrine de cet Empire opulent, au cœur des indus- un chaos disparate où les inégalités sont criantes.
tries nouvelles et des routes maritimes vers les loin-
taines et riches colonies. Cependant, c’est une ville
aux contrastes extrêmement forts. À cette richesse
ostensible s’opposent une pauvreté et une promis-
QUELQUES APERÇUS
cuité effarantes, un trafic proprement infernal, une SUR UNE CAPITALE
saleté renforcée par la pollution industrielle et le
chauffage au charbon qui plongent la ville dans un
« FIN DE SIÈCLE »

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Une ville populeuse marchands ambulants, avec leurs carrioles, vendent
de tout  : charbon, fleurs, poissons, muffins, thé,
En 1900, Londres est la ville la plus peuplée du vaisselle. Sur les trottoirs, des vieilles femmes
monde depuis trois quarts de siècle : elle comporte vendent des aromates, des pommes, des allumettes
alors près de quatre millions et demi d’habitants. et des sandwichs.
Cela est dû à l’immigration rurale, mais aussi aux
migrants irlandais chassés par la famine des années
1840 et aux migrants juifs d’Europe centrale qui Un chaos administratif et
ont fui les pogroms. La ville est donc extrême-
ment populeuse et considérablement engorgée.
urbain
Depuis la Grande Puanteur de 1848, la municipa- Depuis Buckingham Palace à l’ouest, la Reine
lité s’est munie d’un système d’égouts surdimen- Victoria règne sur le pays jusqu’en 1901 avant
sionné qui achemine les eaux usées jusqu’à Barking qu’Edouard VII ne prenne sa succession ; jusqu’en
et Crossness, où des pompes les rejettent dans la 1902, le Premier ministre est Sir Robert Arthur
LE LONDRES DES HOMMES

Tamise sans les traiter. Cela a permis de faire reculer Talbot Gascoyne-Cecil. Sir Frank Green est le
à la fois les mauvaises odeurs mais aussi les épidé- Lord-Maire de Londres et réside à Mansion House,
mies de typhus, de variole et de choléra. De même, plus au centre.
les taudis sont rasés, des logements-modèles sont C’est seulement depuis 1888, avec la création du
bâtis et l’éclairage urbain se développe afin de lutter London County Council, que la ville bénéficie
contre la criminalité. d’une autorité administrative centrale. Il subsiste
cependant une multitude d’administrations locales,
par paroisse ou par district, et les tâches admi-
CHAPITRE I -

Les transports londoniens nistratives sont divisées entre des autorités qui
ne communiquent guère entre elles. En outre,
Pour déplacer les populations, la capitale possède la grande irrégularité des bâtiments de la ville, le
de nombreux moyens de transports, à commencer nombre incalculable de ruelles, de venelles, de
par les 3000 omnibus hippomobiles de la London passages et d’impasses en fait un labyrinthe où l’on
General Omnibus Company et les 1450 tramways se perd aisément.
hippomobiles. À cela s’ajoute un développement
spectaculaire des chemins de fer depuis 1836 avec
de nombreuses gares qui entourent le centre (West Une police réorganisée
End et la City). Le métropolitain londonien voit sa
première ligne ouvrir dès 1863. La Inner Circle Line Depuis, entre autres, la création en 1829 du Metro-
relie les grandes gares entre elles. La traction est de politan Police Service, la délinquance connaît ce
plus en plus électrique, mais certains puits sont que l’on nomme le « miracle anglais » : les crimes et
aménagés sur le parcours des lignes pour évacuer délits reculent en nombre et en gravité. Le mythe du
la fumée des locomotives à vapeur. Plusieurs de policier anglais bienveillant, proche, qui prévient le
ces puits sont maquillés en véritables façades crime au lieu de la réprimer, le bobby, est en train de
d’immeubles vides pour des raisons esthétiques. se constituer, à travers des gravures, des chansons,
Les lignes se poursuivent loin vers les banlieues. des ballades populaires qui chantent ses louanges.
Sinon, il reste toujours les fiacres et les cochers On considère qu’il s’agit de la «  meilleure police
(on en compte plus de dix mille à l’époque). Le du monde  ». Pour autant, on reproche encore
raffut est effroyable entre charrettes, chevaux, souvent leur brutalité aux policiers, recrutés parmi
omnibus, tramways, fiacres, coupés, victorias, taxis, les ouvriers agricoles et les anciens militaires. De
autobus à moteur et les premières automobiles. Les plus, la police est jugée inefficace dans les affaires

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sortant de l’ordinaire, comme celle de Jack l’Éven- employés de la City rejoignent leurs bureaux dans
treur en 1888. les ténèbres d’un matin d’hiver et repartent le soir
L’autorité s’étend sur un rayon de quinze milles sans avoir vu le soleil de la journée. Les hommes de
à partir de Charing Cross, sauf sur la City, qui la bonne société se retrouvent dans des clubs qui
conserve sa propre organisation, la Police de la Cité constituent à la fois une retraite confortable loin
de Londres. Les bobbies relèvent directement du de la vie familiale et un espace de détente compre-
Ministère, et ont pour mission tant de lutter contre nant une bibliothèque, un fumoir, un billard, voire
le crime que de faire respecter l’ordre public : régler une piscine à l’usage de leurs membres. L’accès au
la circulation, faire fonction d’inspecteurs des club en est interdit aux femmes qui peuvent, de
nuisances, appliquer les règlements de voirie, faire leur côté, organiser leurs propres women’s socie-
la chasse aux fraudeurs sur les foires et les marchés, ties. Une certaine tenue vestimentaire, le devoir de
arrêter vagabonds et ivrognes…. Ils portent un confidentialité, la réserve y sont de rigueur. Dans
uniforme bleu pour être immédiatement iden- l’aristocratie on a à la fois le temps et les moyens de
tifiables, ce qui fait qu’ils ne peuvent se fondre s’adonner à des activités de loisirs. Les courses de
dans la foule comme indicateurs ni être confondus chevaux sont populaires. On pratique de nombreux
avec les militaires. En 1900, la Metropolitan Police sports de plein air comme le tennis sur gazon, le
compte 16 000 hommes, répartis en 21 divisions. croquet, le cricket, le patinage, le yachting et le golf.
La New Scotland Yard se trouve en bord de Tamise Les rencontres sociales étaient des occasions pour
dans deux bâtiments de brique rouge. les jeunes femmes de montrer leur talent en chan-
tant et en jouant de la musique. La danse de salon
et les concerts du soir sont en effet très populaires.
QUELQUES QUARTIERS La mode pour les femmes victoriennes met l’accent
sur des robes élaborées, des jupes avec crinoline.
REMARQUABLES
La City Le West End
À la fin du XIXe siècle, Londres est devenu le centre À la même période, les affaires et le gouvernement
de la finance internationale et le moteur du pouvoir sont aux mains d’une armée de fonctionnaires et
impérial. La City s’affirme comme le nœud mondial de comptables vêtus de costumes noirs uniformes.
du négoce et une source de crédit pour la planète Ceux-là évoluent dans le West End. Ce quartier,
entière. Près de la moitié de la marine marchande en général épargné par les fumées des usines, est
mondiale est contrôlée, directement ou indirecte- associé à la culture, à la diplomatie, aux loisirs et au
ment, par les institutions de la City. gouvernement.
La Banque d’Angleterre agit comme un aimant pour En effet, on trouve dans ses limites le palais de
d’autres entreprises commerciales. On voit partout Westminster où sont traitées les affaires en cours.
s’édifier des immeubles de bureaux, des banques, De nombreuses ambassades sont placées dans ce
des sièges sociaux, des bureaux d’assurances à une secteur huppé, mais aussi des universités. On y
échelle inouïe. On affectionne alors les effets archi- trouve également des musées et des galeries d’art,
tecturaux intenses et théâtraux, marqués par le style ainsi que de nombreux théâtres, comme le Crite-
néo-gothique. rion sur Piccadilly Circus. Des hôtels de luxe sont
La lumière électrique arrive dès les années 1890  ; présents. La face cachée de cette partie de la ville
sa première utilisation à l’intérieur date de 1887, à est le quartier de Soho, célèbre pour ses maisons de
la Lloyds de Lombard Street. On n’a plus besoin de passe et sa communauté homosexuelle qui y jouit
la lumière du jour pour travailler à l’intérieur. Les d’une relative liberté.

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CHAPITRE I - LE LONDRES DES HOMMES

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La haute société londonienne

L’aristocratie de Londres ne compte pas plus de le chalet suisse, le temple hindou, on s’isole dans
10 000 happy few. Le gratin est formé de la noblesse les petits salons privés qui entourent l’immense aire
ancienne mais aussi, plus récemment, de la haute de danse et donnent à Cremorne sa réputation de
bourgeoisie : professions militaires, juridiques, « pépinière de tous les vices ».
médicales, sans oublier la haute finance et la grande Buckingham Palace donne le ton en matière de
industrie. mode et de festivités. Les dîners ont souvent lieu en
Le bon ton exige que l’on possède une townhouse privé ou dans les restaurants chics comme le Savoy,
dans ou à proximité de Mayfair, labyrinthe de le Carlton, le Café Royal. Des règles impératives
LE LONDRES DES HOMMES

rues au nord de Piccadilly et de Saint James Park, de préséance déterminent l’ordre dans lequel les
au sud de Regent’s Park et à l’est de Hyde Park. couples passeront du salon à la salle à manger.
Ses grands magasins comme Whiteley’s, détrôné Tenues, gestes, service, plats  : tout est l’objet de
par Harrod’s, l’«  autel de la mode  », ses galeries règles d’étiquette. La society danse beaucoup, avec
(Burlington Arcade), ses clubs très select, en font parfois quatre bals le même soir. Les fastes de la
un village huppé. Stafford House, résidence des Sutherland, voisins
On se montre lors de grands événements sportifs de la Reine, défrayent la chronique.
(Derby d’Epson) mais aussi simplement à la Le théâtre est devenu une sortie respectable et, si
promenade, sur son cheval, en adoptant un style Shakespeare triomphe toujours, des mélodrames
poli. On se promène, bavarde à Hyde Park quand mais aussi des pièces naturalistes remportent un
CHAPITRE I -

on ne court pas voir les attractions à la mode comme grand succès. L’opéra n’est pas en reste, on applaudit
le monde en relief au Great Globe de Leicester Liszt, Mendelssohn, Berlioz. Un star system se met
Square ou la chambre des Horreurs du Musée de en place, permettant la rencontre de l’aristocratie et
Madame Tussaud. Les hommes de la bonne société du monde du spectacle. Le Prince de Galles Albert
n’hésitent pas à se mêler aux foules de Cremorne et futur Edouard VII accueille des amies actrices
Gardens situés à Chelsea (entre Hyde Park et la comme Lillie Langtry et des scandales fleurissent
Tamise) : on danse, on admire la pagode chinoise, dans son entourage.

L’East End le goût et l’apparence de l’urine. Dans toute la zone


règne une odeur pestilentielle. Toutes les immon-
Le West End a les loisirs, l’East End le labeur et la dices de Londres coulent vers l’est.
crasse. Zone portuaire et manufacturière à l’origine, Les habitants sont régulièrement comparés à des
peuplée de travailleurs, de petites gens, le quartier sauvages crasseux. On y croise des femmes assises,
subit la concentration de misère et d’industrialisa- bras croisés, dos voûté, une famille de mendiants
tion  : teintureries, installations chimiques, usines qui dort sur des bancs dans le renfoncement d’un
d’engrais, de noir de fumée, de colle, de paraffine, pont, des vieux, des orphelins, des aveugles, des
de peinture et d’équarrissage. Une usine d’allu- estropiés et des colporteurs, sur fond de murs en
mettes sur les rives de la rivière Lea donne à son eau brique ou en pierre.

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donnèrent leur poste pour revendiquer, avec succès,
une augmentation de salaire. Cette réussite eut
même un effet supplémentaire. Cette année-là,
les femmes furent autorisées à voter aux élections
locales de Londres. La Londonienne combative fait
partie des figures de la ville.

La Tamise et les Docks


La Tamise, qui coupe Londres selon l’axe est-ouest,
est surnommée Father Thames (Père Tamise) par
les habitants. Il s’agit d’abord d’un père nourricier.
Des Indes en effet arrivaient thé, porcelaine, coton
et poivre ; des Antilles, rhum, café, sucre et cacao ;
d’Amérique du Nord, tabac, céréales, riz et huile,
tandis que, des États de la Baltique, Londres recevait
chanvre, suif, fer et lin. Les quais grouillent d’activité,
avec leurs barriques, leurs jarres d’olives, leurs ballots
de marchandises que l’on inspecte ou décharge.

Les visiteurs s’étonnent devant l’entrepôt des tabacs


Southwark de Wapping qui couvre sous un seul toit une plus
grande superficie que tout bâtiment public ou
Le large ruban de la Tamise isole le Sud et lui confère entreprise. Tout y est démesuré : du sucre en quan-
un air de désolation. Southwark concentre d’ailleurs tité suffisante pour adoucir tout le bassin voisin, du
les cas difficiles : prisons, orphelinats de filles et asiles rhum en quantité suffisante pour enivrer la moitié
pour les pauvres. Le Bethlem Royal Hospital, la du pays, neuf millions d’oranges par an et douze
première institution occidentale à apporter des soins mille tonnes de raisins secs.
psychiatriques, y fut reconstruit en 1815. À côté des marchandises, la Tamise est également
Outre sa zone maritime, cette région réunit à la fois une voie de transport de personnes. Il existe ainsi
des maraîchers, des marchands en gros mais aussi des vapeurs à un demi-penny, des vapeurs à un
des manufacturiers. Les nouvelles routes construites penny, des vapeurs à deux pences qui mènent à
au XIXe siècle ont favorisé la croissance manufactu- Greenwich, à Gravesend, à Ramsgate ou à Margate ;
rière, de sorte qu’aux vinaigreries et aux teintureries des bateaux pour Douvres, Boulogne, Ostende et
se sont ajoutées les poteries, les fours à chaux et le Rhin ; des cabotiers pour Ipswich, Yarmouth et
les manufactures de cirage. Les cheminées, s’éle- Hull, et des vapeurs pour Southampton, Plymouth
vant vers le ciel à quelques pas les unes des autres, et Land’s End. Des bateaux plus lents font le trajet
dominent un véritable labyrinthe de toitures rouges jusqu’à Kew, Richmond et Hampton Court, avec
et enfument considérablement le voisinage. fanfare à bord. Les bateliers de la Tamise sont
On y rencontre notamment un type particulier  : connus pour leur parler ordurier et insultant. Ils
la factory girl, l’employée d’usine, dont le grand pratiquent le Water language, « la langue de l’eau »,
moment d’émancipation remonte à 1888, date qui consiste en injures blasphématoire et n’épargne
à laquelle quinze cents «  filles  » employées à la personne, pas même les monarques lorsqu’il leur
fabrique d’allumettes Bryant & May à Bow aban- arrive d’embarquer.

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Mais le Père Tamise a son revers. Ses eaux noires et flée par les vapeurs nauséabondes, jusqu’à ce que,
polluées décolorent le cuivre, font pourrir le bois, défaillant, suffoquant, ils s’effondrent et meurent.
creusent la pierre et déposent une couche verdâtre On raconte d’autres histoires sur des chiffonniers
un peu partout. D’autres cours d’eau londoniens des égouts attaqués par des hordes de rats géants
demeurent cachés, endigués par des tunnels ou dont on retrouve, quelques jours après, le squelette
des tuyauteries. Ces « rivières perdues » sont cause nettoyé de fond en comble. Les dangers sont d’ail-
de puanteur et d’humidité. Il arrive, par exemple, leurs bien réels dans ce métier qui consiste à trans-
que, par temps d’orage, la Fleet, débordant de former en argent les détritus, fer, cuivre, corde ou
son lit artificiel, inonde des caves le long de son os. L’ouvrage en brique des souterrains est souvent
cours ; à sa source, à Hampstead, elle causait des pourri, menaçant ruine, l’air est nauséabond et les
fièvres. Les vallons où coulaient ces cours d’eau, marées qui remontent dans les égouts sont meur-
où passent aujourd’hui le plus souvent des routes trières, laissant des victimes le crâne enfoncé, atro-
ou des voies de chemin de fer, sont la plupart du cement défigurées. Les chiffonniers des égouts
temps brumeux et humides. On ne compte plus travaillent en silence et occultent discrètement leurs
LE LONDRES DES HOMMES

les asthmatiques et allergiques rendus malades par lanternes quand ils passent sous une plaque,  car,
cette atmosphère moite. sinon, les passants viennent les observer d’en haut.
Considérés comme «  la lie de la lie  », ils portent
des houppelandes en velours de coton, grasses,
Le Londres souterrain munies d’amples poches, et un pantalon en toile
tout maculé.
Outre ces rivières oubliées, il existe en effet un
Londres souterrain, troué de caves immenses,
CHAPITRE I -

d’égouts, de tunnels, de couloirs reliés les uns aux


autres, que longent des tuyauteries. Il y a d’infi-
LA MÉTAMORPHOSE
nies canalisations de gaz et d’eau, dont beaucoup DE BABEL : QUELQUES
sont depuis longtemps inutilisées alors que d’autres
servent désormais aux milliers de kilomètres de
FIGURES LONDONIENNES
câbles coaxiaux qui permettent de gérer et de
contrôler la ville. Voici quelques figures que l’on peut rencontrer en
Du côté des caves, on peut évoquer les cellar se promenant dans la capitale.
dwellings, curieux appartements en contrebas qui
forment un trait distinctif de l’architecture londo-
nienne. Ils sont loués aux plus démunis, qui entrent Les flower-girls
par des marches depuis la rue dans un puits censé
être fermé la nuit par une trappe. À côté de la Londonienne combative que nous avons
La figure de l’homme souterrain est née de ce déjà rencontrée, l’une des figures féminines les plus
sous-sol labyrinthique. Appelé fermor (de l’argot connues, les plus représentatives, surtout au tournant
ferme, trou), raker (râtelier) ou flusher (un oiseau du siècle, est celle de la marchande de fleurs. Malgré
de proie de la famille du faucon), son rôle était de leur appellation, ce sont des femmes mûres, la mine
nettoyer les égouts et d’ôter tout ce qui pouvait les renfrognée, portant toutes un châle, un tablier et un
obstruer. Il y a aussi les sewage-hunters, chiffon- chapeau de paille ou une casquette d’homme fixée à
niers des égouts, qui parcourent les canalisations la crinière avec une aiguille à chapeau. Leurs paniers
en quête de tout ce qui pourrait être revendu. Des de violettes et d’œillets au pied, elles officient autour
rumeurs évoquent l’histoire d’hommes qui, perdus, de la fontaine d’Éros à Piccadilly. Nombreuses, elles
ont erré dans les couloirs infâmes, lampe souf- deviennent les emblèmes féminins de Londres en

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se regroupant autour de la statue qui représente le avant tout des manufactures où, tous les jours, de
désir  tandis qu’elles-mêmes sont vieilles et ridées, sept heures le matin à six heures le soir, on les oblige
vendant des fleurs, symboles de beauté périssable, à filer la laine et le lin ou à tricoter des socquettes.
quand elles-mêmes sont déjà atteintes par le dessè- Les cours scolaires, les repas et les jeux sont expé-
chement de la vieillesse. diés. La plupart du temps, ces asiles sont crasseux et
surpeuplés. Dans celui de la paroisse de St Leonard,
à Shoreditch, on en est réduit à faire dormir trente-
Les enfants des rues neuf enfants dans trois lits. Nombre d’orphelins,
bientôt victimes de troubles et de maladies conta-
Londres pullule de gamins abandonnés à gieuses, sont alors envoyés à l’hôpital. Leur vie se
eux-mêmes, s’adonnant à des jeux dangereux dans résume à quatre lieux : asile, usine, prison et hôpital.
les anciens tunnels, les lignes de chemin de fer Le sort des ramoneurs, ou climbing boys («  petits
désaffectées, les parcs à l’abandon et les petits cime- grimpeurs »), est lui aussi assez représentatif. Souvent
tières. Ils vendent, mendient ou chapardent dans attachés à leur maître à l’âge de sept ou huit ans, ou
les rues, quasiment nus, misérables, rongés par la vendus dès l’âge de quatre ans pour vingt ou trente
vermine. Certains sont vêtus d’habits d’adulte en shillings, ils doivent être de petite taille parce que les
lambeaux, houppelandes en loques et culottes en conduits des cheminées sont extrêmement étroits et
piteux état  avec des chapeaux et des souliers bien sinueux, de sorte qu’ils étaient facilement bouchés
trop grands. À leur côté, ils possèdent une écuelle par la suie. On pousse le ramoneur pour qu’il s’en-
en fer-blanc, dans laquelle ils cuisinent, boivent gage dans ces espaces réduits et, pour faire grimper
et mangent. Leur âge et leur sexe exact sont les peureux et les récalcitrants, on les pique avec des
indiscernables. aiguilles ou on les brûle. Certains meurent étouffés
Lorsqu’ils survivent, les orphelins sont recueillis et d’autres sont victimes du cancer du scrotum,
dans les workhouses (« maisons de force »), qui sont qu’on appelait sooty warts (« verrues de suie »).

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Il faut se représenter une cité peuplée d’enfants pour le public, mais bien plus encore pour les
(on estime de dix à vingt mille le nombre d’enfants gentilshommes indiens qui visitent l’Angleterre. Il
employés dans les rues), à l’affût de la moindre n’est pas rare de trouver des annonces dans lesquelles
tâche, à laquelle ils se consacrent gaiement et avec on offre une guinée pour la capture d’« un garçon
enthousiasme dès qu’elle leur est proposée. Certains noir, un Indien, d’environ treize ans, échappé le 8
deviennent ainsi « saute-ruisseau » ou porteurs de du mois de Putney et portant autour du cou un
bière  ; d’autres, en uniforme rouge, nettoient le col avec l’inscription  : Noir de lady Bromfield, à
purin des chevaux dans les rues passantes, ou bien Lincoln’s Inn Fields  ». On peut rechercher aussi
tiennent les chevaux de ceux qui désirent faire des un « Noir basané des Indes orientales » ou bien un
emplettes dans un magasin. Ils portent les malles de « garçon du Bengale, qui s’est échappé ».
ceux qui se rendent à une gare ou en reviennent, ou Les Chinois de Limehouse et de ses environs, de
encore les paquets des passagers des omnibus. Aux plus en plus nombreux, sont décrits dans les jour-
portes des théâtres et des établissements publics, ils naux comme des êtres mystérieux et menaçants.
se tiennent prêts à héler un fiacre, surtout le soir, Africains, Afro-Américains, Antillais sont égale-
LE LONDRES DES HOMMES

quand le temps est à la pluie. Ils aident enfin les ment présents en masse : esclaves de propriétaires
porteurs dont les fardeaux sont devenus trop lourds, de plantations, marins, libres ou pas, ou bien
ou les cochers pris de boisson. encore présents destinés à de riches Londoniens.
Pour survivre, les gamins forment des bandes L’augmentation des échanges avec l’Afrique favorise
hiérarchisées. Chacune choisit son chef dans ses le libre accès aux ports de Londres, où de nombreux
rangs et s’organise en rondes dont l’une écume le hommes d’équipage noirs trouvent des logis tempo-
quartier le jour, l’autre prenant le relais la nuit. Ils raires dans les faubourgs à l’est. Dans la noblesse,
se trouvent des spécialités  : coupeur de bourses, les serviteurs noirs sont encore à la mode. Depuis
CHAPITRE I -

voleur à l’étalage, détrousseuse d’ivrogne, ou bien le milieu du XVIIe  siècle, les Noirs sont devenus
emploient la technique du smash and grab («  on des membres ordinaires de la communauté urbaine.
casse, on prend ») : le jeune voleur casse une fenêtre Les noirs encore asservis sont peu à peu amenés à la
pour s’emparer du butin à l’intérieur de la pièce. révolte et, parallèlement, des poches d’immigration
noire se sont créées dans des quartiers populaires
comme Wapping ou St Giles.
Les immigrés Cette immigration, plus ou moins fondue dans le
sous-prolétariat  — balayeurs des rues, vagabonds,
Londres devient rapidement une terre d’asile pour mendiants —, devient alors quasiment invisible.
de nombreux immigrés  : révolutionnaires russes
fuyant la répression tsariste, Juifs d’Europe centrale
fuyant les pogroms, Irlandais fuyant la misère,
Français en rupture de ban. Les réfugiés politiques
se multiplient au cours du siècle : Russes, Hongrois,
Italiens, Polonais ou Allemands.
Le visiteur peut être surpris par la présence impor-
tante d’Indiens venus des colonies. Des maîtres qui
emmènent leurs domestiques pour leur voyage de
retour en métropole s’en débarrassent tout bonne-
ment une fois à Londres et ceux-ci se retrouvent à
la rue. Un visiteur indien écrivit même au Times
pour se plaindre de la présence de compatriotes
mendiants qui se révélaient être d’une grande gêne

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Le Londres des
Faux-Semblants

C
e chapitre décrit un grand nombre de lieux transforme, le loup-garou peut profiter du Holland
londoniens et de la banlieue proche. Il est Park attenant ou de Kensington Gardens et Hyde
organisé selon l’intérêt que ces lieux présentent Park, beaucoup plus vaste. C’est là aussi que vient
pour les Faux-Semblants. Ils sont associés à des codes le rencontrer discrètement sa conseillère officieuse,
de lettres et chiffres inscrits sur la carte de Londres, la druidesse Carélia, dans l’orangerie. Quant à sa
p. 6-7. Trois types de lieux sont distingués : maîtresse, la Chevalière Hisolda de Cambridge,
les institutions de la Monarchie et des factions elle vit non loin de là, à Kensington, dans une belle
féériques (Druides, Gardiens du Silence, Métaphy- maison au 11 High Street. Elle vient régulièrement
siciens, Sicaires, Technologues, etc.) ; rencontrer son amant au manoir. Pour cela, ils
les boutiques, ateliers, cabinets et résidences de essaient de se montrer le plus discrets possible.
personnalités féériques notoires ;
quelques lieux londoniens revêtant un intérêt parti-
culier pour les Faux-Semblants. La Police de la Cité de Londres (Pol)
Cette police est indépendante de Scotland Yard,
noyautée par les Gardiens du Silence du Duc. Borel
LES INSTITUTIONS DE y tient beaucoup pour conserver une certaine indé-
pendance car il ne parvient pas, malgré ses efforts,
LA MONARCHIE ET DES à infiltrer Scotland Yard. Ses membres sont recon-
COMMUNAUTÉS naissables car ils portent sur leur casque une bande
à carreaux rouge et blanc (noir et blanc pour les
Lieux associés au Duché autres). Le Commissioner à la tête de ces agents est
d’Angleterre (Duc) une créature de Borel, un léporide nommé Andrew
Egerton qui effectue un travail remarquable et
La résidence du Duc d’Angleterre réussit pour l’instant à contenir les velléités d’em-
(Duc) piètement de Scotland Yard. Cependant, il se
Borel Carwent (voir Arcanes & Faux-Semblants, murmure qu’on retrouve souvent le Commissioner
p. 54) réside dans un hôtel particulier près de Holland dans les établissements les plus dépravés de Soho.
Park, d’où il dirige son duché et reçoit au cours de Un scandale pourrait éclater et le mettre dans une
réceptions discrètes mais somptueuses. Lorsqu’il se position difficile à tenir.

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Elydir de Cornouailles (Ely) et il se livre à une débauche effrénée. Il est devenu
Oriande Carwent (Ori) empoisonneur pour venger son ancien amant sylve,
Byron, lui-même victime d’un tueur humain à la
Le père du Duc, Elydir (voir Arcanes & Faux-Sem- strychnine. Depuis, il met son savoir au service du
blants, p. 54), est logé dans le quartier de Holland Clan, haïssant les humains. La nuit, il recherche les
Park, au 88, dans une superbe maison. Quant à traits de Byron dans les bordels et les pubs de la
la mère du Duc, Oriande Carwent, elle habite communauté homosexuelle.
au numéro 48 dans une autre villa. L’incube et la
louve-garou se dissimulent aux yeux du monde  :
ils ont réussi à établir un tunnel entre leurs deux Lieux associés à la Monarchie
LE LONDRES DES FAUX-SEMBLANTS

maisons, ce qui fait qu’Oriande est presque toujours


présente auprès d’Elydir. De fait, la villa blanche Guère appréciés du pouvoir en place, les Aldébard
du 88 Holland Park est devenue l’un des centres et les Frédon ont adopté un profil bas. Quant aux
du pouvoir du Clan à Londres. C’est à partir de là Gardiens du Silence, ils sont scindés en deux.
qu’Elydir étend son influence sur la ville et le pays.
Il espère toujours pouvoir recruter un jour son fils
au sein du Clan. Lieux investis par les Gardiens du
Silence (GdS)
Environ neuf Gardiens du Silence sur dix sont
Clydno (Cly) fidèles au Duc d’Angleterre. Leur chef et bailli
Le farfadet empoisonneur, fidèle au Clan (voir de Borel Carwent est Aodhán Gilleroy, un bastet
Arcanes & Faux-Semblants, p. 54), habite au 27 enrobé, faussement nonchalant, célèbre pour son
CHAPITRE II -

Wardour Street, en plein quartier de Soho. Quand il gilet coloré et sa montre à gousset qu’il consulte
ne va pas trouver Elydir ou Borel pour les conseiller, toujours avant de répondre à quelqu’un… ou de

14
le faire disparaître. Leur quartier général se trouve
non loin de la résidence du Duc, dans Holland
Park (GdS1). Aodhán Gilleroy n’apprécie guère les
tentatives, subtiles mais continues, d’Elydir pour
contourner l’autorité du Duc. Pour l’instant, il n’en
a rien dit à personne mais il sent que cela pourrait
devenir un problème.
Aodhán Gilleroy dispose d’un atout de taille  : un
prévôt des Gardiens mais agissant souvent en solo,
qui habite au 24 Abbey Road (GdS2) et qui lui sert
d’espion international. Son identité officielle est
Andrew Delacroix, chevalier de Glen Coe. Il s’agit
d’un homme mince, extrêmement séduisant, aux
yeux bleu-gris et aux cheveux noirs. Il garde sur
la main droite une cicatrice d’un E majuscule qui
signifie «  espion  ». C’est le seul moyen de recon-
naître ce protys séducteur et intrépide, extrême-
ment intelligent, amateur de luxe, de cigarettes
et d’alcool, sans attaches et entièrement dévoué à La Baronne
Gilleroy et au Duc d’Angleterre.
Un groupe clé de Gardiens du Silence a ses quar- Sous couvert d’obéissance au Duc, ses agents sont
tiers entre les Docks de la Tamise et le quartier en réalité au service de la reine Swen VI et des Aldé-
populaire de Whitechapel (GdS3) (East End). Il est bard. Leur couverture est la fabrication et la répara-
constitué en majeure partie de smogs et de quelques tion de montres. Peu dupes, les Carwent et le Clan
gremelins et gobelins qui organisent de nombreux les surnomment les Tick-tockers, surnom repris par
trafics liés au commerce international, détournent les intéressés eux-mêmes. Ils veillent à ce que les
des marchandises précieuses ou stratégiques qui manifestations féériques ne soient pas trop appa-
transitent par cet accès à la capitale. Connaissant le rentes et que les humains ne soient pas ouvertement
Londres souterrain comme leur poche, à l’aise dans agressés par des fées. Cependant, ils marchent sur
les égouts et les ruelles les plus sordides et polluées, des œufs pour ne pas rompre l’équilibre précaire
ils sont les mains sales qui permettent au Duché qui fait que leur présence est tolérée ici. À leur tête
d’Angleterre d’être à la tête d’une fortune considé- se trouve la « Vicomtesse timide », femme mysté-
rable tout en se faisant passer pour un gang mafieux rieuse précédée d’une réputation effrayante. Cette
ordinaire, les Lurkers (rôdeurs). Leur prévôt en chef Vicomtesse est en fait installée à demeure en Angle-
est un vieux smog du nom d’Ebenezer Gloom, terre pour surveiller les Carwent. Il s’agit de la
habitant lui-même au sud de la Tamise, dans le Baronne de Dunavarsány, une femme austère d’une
district de Southwark dont il est devenu Marquis. quarantaine d’années, aux cheveux très noirs et aux
En échange de ses services auprès du Duché, il yeux bleus très clairs. Elle est constamment habillée
œuvre à l’acceptation progressive de son espèce au d’un costume noir de cavalière et d’une cravache
sein des cours féériques anglaises. Il a une certaine qui ne la quitte pas. Cette phénix tire son surnom
considération pour la cause des Monarchomaques de son apparente absence d’interaction sociale.
et est plus tolérant à leur égard qu’un Gardien du Elle se place constamment en retrait, examinant
Silence ne le devrait. chacun avec un regard d’aigle, le visage impassible.
Un dernier groupe notable de Gardiens du Silence Elle donne pourtant l’impression de ne rien laisser
se trouve à Clerkenwell (GdS4), la Petite Italie. échapper de tout ce qui se passe.

15
Burcan, Dwywen et Caradoc Frédon Le British Museum (CM2)
Les demi-frères et la demi-sœur de Borel Carwent, Une petite circonscription s’est formée dans le
des Frédon, sont très mécontents d’avoir été spoliés British Museum autour d’une ancienne élève de
du Duché d’Angleterre par leur bâtard d’aîné. Tandis Spurgeon. Cette dernière, Eliza Martineau, une
que Burcan, Baron de Zélande, reste la plupart du smog, tient un petit emploi de secrétaire au Musée.
temps dans son fief, Caradoc et Dwynwen Frédon, Obsédée par l’Origine des Faux-Semblants, elle a
Comte et Comtesse de Zélande, se rendent souvent découvert, avec son équipe de Métaphysiciens, tous
à la capitale et en particulier à South Kensington, le très jeunes et motivés, une étrange figure qui revient
Petit Paris, un quartier français. Dwynwen se présente dans de nombreuses œuvres des collections du
comme une dame lettrée anglophile, et le plus jeune, Musée. Dans le monde entier ou presque, on peut
LE LONDRES DES FAUX-SEMBLANTS

Caradoc, comme son frère et un étudiant venu faire distinguer des représentations d’un homme barbu,
des études en Angleterre. Cela permet de maintenir un toujours en marche, qu’elle a identifié comme étant
lien avec le Duc de France, qui les encourage à tenter le Juif Errant mais qui n’est autre que le Marcheur.
de reprendre le pouvoir. La maîtresse d’œuvre de cette La circonscription s’est rebaptisée avec humour le
conspiration est l’ondine Brianna Goldéron, Cheva- «  Cortège de l’Errant  ». Eliza Martineau a essayé
lière de Wycomb. Mais, sous couvert de soutenir les d’attirer l’attention de sa mentor Spurgeon sur la
Frédon, son but secret serait d’évincer Borel Carwent question, en vain pour l’instant. Elle a juste éveillé
et remettre les Goldéron au pouvoir, au moins à la la suspicion des Pèlerins du mont Ébal.
tête du Duché d’Angleterre. Les membres du Clan La très riche section égyptienne du musée est tenue
surnomment froggies (les grenouilles) les Français par Bryan Alpenwood, un égyptologue humain
associés aux Frédon. membre des Métaphysiciens. Ce séducteur «  à
voile et à vapeur  » est très volubile et contraste
CHAPITRE II -

avec son assistant, le Dr. Selim Ibn Adharr, person-


Lieux associés à la Commu- nage effacé voire secret et néanmoins très curieux,
nauté des Métaphysiciens (CM) vivant la plupart du temps dans le sous-sol du
musée. Celui-ci est en réalité un Adorateur du
Le Bureau central des Métaphysiciens Dieu endormi, c’est-à-dire un Séthite (voir Arcanes
(CM1) & Faux-Semblants, p. 156), à l’insu d’Alpenwood.
Le Bureau central se trouve à côté de la London
University (Imperial Institute, Kensington). Il s’agit
de la première université à accorder des diplômes Lieu associé à la Communauté
aux femmes. La Présidente du Bureau central est
Caroline F. E. Spurgeon, une humaine. Elle donne
des Technologues (CT)
des cours de littérature anglaise au Bedford College Malgré la Révolution industrielle, les Technolo-
(9 York Place). Cette spécialiste de Shakespeare et gues ne sont guère nombreux à Londres et sont
Chaucer œuvre pour l’Alliance et la démocratie. en manque cruel d’argent depuis une manipula-
Cependant, Aodhán Gilleroy craint qu’elle ne soit tion habile orchestrée par Elydir de Cornouailles,
attaquée par le Duc si elle venait à manquer de père de Borel Carwent et donc presqu’intouchable,
discrétion. Grand admirateur de ce bourreau de ayant spolié un Laboratoire prometteur des revenus
travail, le bastet dilettante se considère comme son de ses brevets d’inventions.
plus proche ami et fait tout pour la soustraire à la Le Technologue le plus célèbre de la capitale est
surveillance de ses propres hommes. William Crookes, dont le Laboratoire est situé à
Kensington Park Gardens (CT1). Fouinard enfoui
jusque dans les années 1860, chimiste et physi-
cien touche-à-tout mais peu à peu absorbé par

16
ses travaux sur les matériaux et la spectroscopie, Repaires de Sicaires (Sic)
il a manifesté un intérêt pour le spiritisme qui l’a
rapproché de la société féérique. Les Technologues Le principal Repaire de Sicaires se trouve au Royal
l’ont vite recruté après la révélation de sa nature, Hospital Chelsea (Sic1), qui accueille des anciens
mais son esprit curieux l’a conduit à rejoindre combattants. Cela permet de soigner en toute
aussi la société Théosophique, la Golden Dawn, le discrétion les Sicaires blessés au cours de leurs
Ghost Club et à devenir président de la Society for missions ou bien d’un entraînement. La Condot-
Psychical Research dans les années 1890. Sa noto- tiere est une gobeline, Eireen Montcalm, qui a
riété dans le monde humain est très importante conscience de sa position privilégiée puisqu’elle
mais la manière dont il mêle sciences et spiritualité arbitre les relations entre les Carwent, les Frédon et
le rend sur certains points peu crédible aux yeux des les Aldébard. Elle s’appuie sur une parfaite connais-
scientifiques humains les plus rationnels alors qu’en sance des bas-fonds londoniens. Elle connaît bien la
réalité il explore des théories prometteuses sur Vicomtesse timide car toutes deux ont été formées
l’éther (le Fluide), la télépathie, la vie après la mort, par le même maître assassin. Il existe entre elles une
etc. Ses confrères Technologues se gardent bien de rivalité faite d’admiration et de jalousie.
l’aider à prouver ses dires auprès des humains car ils Un autre repaire se situe au sud dans le district
veulent garder sur eux une longueur d’avance. Tout de Southwark (Sic2) et le dernier le plus notable
le monde ignore que Crookes a été recruté par le est près de la Tour de Londres et du récent Tower
Clan pour espionner les milieux scientifiques et les Bridge, à l’est de la capitale (Sic3).
sociétés secrètes londoniennes. C’est un maître du
Cercle du savoir mais il est tout aussi habile pour
manipuler les milieux scientifiques et les sociétés Cellules londoniennes des
secrètes dans lesquels il s’est introduit. Il souhaite
limiter les progrès de leurs connaissances tout en
Utopiens (Uto)
faisant croire qu’il en est à l’origine. Il existe une cellule principale d’Utopiens ou Monar-
Explorant une piste de recherche de Crookes, chomaques à Londres : elle se trouve au niveau de la
la radioactivité, un Laboratoire novateur a été rivière Fleet, maintenant souterraine, à l’endroit où
constitué derrière la façade d’un cabinet d’archi- elle se jette dans la Tamise sous Blackfriars Bridge.
tecture de la City (CT2) qui compte deux asso- Au départ, cette voie de communication avait été
ciés  : Caem McGregor, une gargouille, et Devin établie pour faciliter les évasions de la prison de la
Smith, une fée électricité. Ces deux hommes sont Fleet. Cette prison ayant été détruite en 1846, les
passionnés par les matériaux radioactifs et pensent tunnels ont été réutilisés pour former la base de
que l’explication de l’effet de l’argent sur les départ de deux sous-marins qui rejoignent la mer
Faux-Semblants vient de ce phénomène. Pour l’ins- grâce au fleuve  : le Silure (à cause de son appé-
tant, leurs expériences n’ont rien donné de probant, tence pour le fond de la rivière) et l’Orca (dont la
si ce n’est que Devin semble avoir développé une coque réunit le noir et le blanc comme la peau de
forme d’immunité partielle au métal honni à force l’animal). Cette base a été construite par un Labora-
d’être en contact avec lui, sans que ça ne soit le cas toire de Technologues aujourd’hui dissout. À cette
pour son collègue Caem. Ce dernier point oriente à occasion, les Utopiens ont renoué avec leur passé
présent leurs expériences et les retient de divulguer de pirates : dès qu’ils entendent qu’une expédition
cette information qui ferait grand bruit parmi les pourrait menacer le secret d’Utopia ou transporte
Faux-Semblants. des marchandises intéressantes, ils suivent le navire
et le dépouillent à la nuit tombée sans laisser de
trace. Par le passé, les Utopiens ont souvent attaqué
des navires négriers vides et délivré ensuite des

17
dizaines d’esclaves qui se sont installés à Londres.
C’est pourquoi cette cellule comprend principale-
ment des descendants d’Africains qui se nomment
entre eux Blackfriars (Frères noirs). L’agent à la tête
de cette cellule est Robert Scipion, une fée afri-
caine méconnue, l’anansi, dont la forme démas-
quée est celle d’une araignée géante. Il est en lien
avec Caroline F. E. Spurgeon et les Métaphysiciens
pour préparer une Révolution au sein de Londres
qui s’appuierait principalement sur les miséreux, les
LE LONDRES DES FAUX-SEMBLANTS

laissés-pour-compte, les étrangers, les femmes et les


enfants afin de réaliser une Commune similaire à
celle, éphémère, de Paris en 1871 mais avec l’idée
que celle-ci dure.
Deux autres cellules secondaires d’une poignée de
Monarchomaques sont mêlées aux populations
pauvres de Whitechapel (Uto2) et Southwark
(Uto3).

Principaux lieux d’intérêt


pour les Druides et fées
CHAPITRE II -

Kensington Gardens (D2)


sylvestres et aquatiques (D) D’une surface de 110 hectares, Kensington Gardens
est adossé à Hyde Park. Cet endroit est fréquenté
Hyde Park et Serpentine (D1) par l’auteur James Matthew Barrie, créateur de Peter
Cette surface de 140 hectares, légèrement vallonnée, Pan, qui s’inspire en fait d’un farfadet, Llewelyn,
est séparée des jardins de Kensington par la rivière rencontré dans ces jardins, et qui s’amuse à lui
Serpentine, un lac artificiel de 11 hectares compor- conter, de façon déguisée, des aventures féériques.
tant une île dans sa partie orientale. La Serpentine Cependant le succès croissant de ce dramaturge
accueille canotage et natation. C’est notamment un quarantenaire commence à inquiéter les Pèlerins du
lieu de rencontre pour les ondines en voyage qui mont Ébal, qui ont infiltré son entourage.
profitent de ces eaux calmes et glacées sous le pont
qui enjambe la Serpentine.
Richmond Park (D3)
C’est le lieu de résidence de la vieille druidesse
et louve-garou Carélia, qui travaille pour Borel
Carwent. Elle aime accueillir des visiteurs à l’ombre
du plus vieux platane du parc. Son apparence de
petite vieille donnant du pain aux canards et aux
cerfs qui se rassemblent autour d’elle ne permet
pas de deviner l’influence qu’elle a sur Borel. Des
druides du monde entier viennent la consulter car
elle est d’un abord plus aisé que Merlin – et presque
aussi savante que lui.

18
LIEUX D’ACTIVITÉ DE en 1900 et s’est recentrée sur l’étude du spiritisme,
qui donne lieu à des séances extrêmement specta-
FAUX-SEMBLANTS culaires de possession et de divination. Malgré son
NOTOIRES aspect parfois grand-guignolesque, tout est réel au
sein de la Golden Dawn. Annie Horniman, l’une
des têtes pensantes de ce cercle, est une gnomide
Quelques Faux-Semblants et Féaux notoires sont d’une quarantaine d’années au visage doux, aux
établis à Londres et ses environs, où ils exercent des cheveux courts et aux yeux enfoncés dans leurs
activités variées souvent fort utiles. Ils sont classés orbites mais pétillants d’intelligence. Propre sur
en professions libérales (Lib), lieux festifs (Loi), elle, elle est vêtue de façon stricte. Annie Horniman
boutiquiers et artisans notables (Bou). est une féministe et une passionnée de théâtre. Elle
a monté plusieurs pièces de façon officieuse pour
éviter le déshonneur à sa famille très riche et très
Professions libérales (Lib) stricte. Elle a adhéré à la Golden Dawn dix ans
auparavant. Elle s’est spécialisée dans l’invocation
Antiquaire  (Lib1) : au 142 Portobello Road se de célébrités du passé, à commencer par William
trouve un golem antiquaire du nom de Mordechaï Shakespeare ou même Victor Hugo.
Levi, qui fournit parfois le British Museum. Si l’on
cherche une antiquité, on la trouvera sûrement
dans le capharnaüm qui lui sert de magasin. Quelques lieux de loisirs (Loi)
Enquêteur privé  (Lib2) : 122 Porter Street se
trouve un enquêteur privé, Shylock Cartwright. Il Madame Tussaud’s (Loi1) : un sculpteur de figures
s’agit en fait d’un trio de sœurs gnomides, les sœurs de cire travaille pour Madame Tussaud et son musée
Simpson, extrêmement perspicaces pour ne pas dire à Marylebone Road. Il s’agit d’un gnome extrême-
ultra-lucides, utilisant un prête-nom masculin pour ment habile, Roger Mirkwood.
inspirer confiance. Le Zoo de Londres  (Loi2) : ce zoo, l’un des plus
Informatrice (Lib3) : une femme, Lorenna Fitzpa- anciens au monde, compte notamment une maison
trick, vient régulièrement parler au Speaker’s des reptiles, un aquarium et un insectarium. Il possède
Corner de Hyde Park et Victoria Park, haut-lieu également une large collection de serpents venimeux.
de la vie londonienne où n’importe quel orateur C’est là que vient s’approvisionner Nuallan le Venin
peut prendre la parole sur le sujet de son choix. (gremelin), l’un des plus grands empoisonneurs des
Lorenna y tient des propos religieux assez mièvres. Sicaires anglais. Carélia vient également y prélever
Elle est secrétaire à Reuters et vend au plus offrant de quoi concocter ses potions. Enfin, les Sicaires (et
les renseignements qu’elle peut glaner. Elle a d’autres) placent souvent des cadavres dans la fosse
compris l’existence des Faux-Semblants et ils font aux lions pour les faire disparaître.
partie de ses clients.
Médium (Lib4)  : la Golden Dawn se réunit au
Temple n°3 depuis des années. De nombreuses Boutiquiers, artistes et artisans
personnalités ont rejoint cette société théoso-
phique : Annie Horniman, Pamela Colman-Smith
(Bou)
(voir p. 32), Bram Stoker, William Butler Yeats, Tailleur (Bou1) : Simon Simon est un tailleur sis
Aleister Crowley ou Algernon Blackwood. Ces au 42 Whitechapel Road. Cette fleur de métal qui,
membres ont développé une relation à l’occulte chose rare, est un homme sous forme masquée, est
qui passe, paradoxalement, par sa mise en scène spécialisée dans les vêtements adaptés aux trans-
au théâtre. La société a connu un moment de crise formations physiques des fées qui se démasquent.

19
Lui-même profite de son savoir-faire car il est passages à l’intérieur des tableaux eux-mêmes. Leur
homme masqué et femme lorsqu’il est (ou elle) prochaine expérience sera d’essayer de pénétrer
est démasquée(e) et doit de ce fait posséder deux dans un tableau représentant Avalon.
garde-robes complètes.
Marchand de jouets  (Bou2) : Hamley possède
un magasin au 231 High Holbornen. C’est le plus
grand magasin de jouets au monde. Il possède une
LIEUX LONDONIENS
singularité  : c’est là que les Faux-Semblants snobs REVÊTANT UN INTÉRÊT
viennent acheter des jouets pour leurs enfants.
Les descendants de William Hamley, le fondateur,
PARTICULIER POUR LES
FAUX-SEMBLANTS
LE LONDRES DES FAUX-SEMBLANTS

poursuivent l‘œuvre de leur ancêtre. Actuellement,


c’est un gremelin nommé Robert Hamley qui dirige
les affaires. Depuis quelques années, il donne à ses Bien des lieux londoniens emblématiques ou très
jouets une apparence trop visiblement féérique, ce fréquentés ont une valeur particulière pour les
qui attire l’attention des Gardiens du Silence mais Faux-Semblants.
aussi des Pèlerins du mont Ébal.
Peintre (Bou3)  : habitant à Kensington, William La National Gallery (musée) (Gal) : nous sommes
Holman Hunt est l’un des derniers peintres préra- en plein âge d’or de la collection. L’essentiel est
phaélites à être resté fidèle aux fondements de la constitué de tableaux étrangers qui couvrent
confrérie. Aujourd’hui septuagénaire à la vue décli- toute l’histoire de l’art du Moyen Âge à la fin
nante, le visage orné d’une barbe de patriarche du XIXe  siècle. Les Métaphysiciens de passage y
blanche aux reflets roux, il entreprend la seconde cherchent des traces du passés féérique et l’aristo-
CHAPITRE II -

version d’un tableau vieux de cinquante ans baptisé cratie féérique vient s’y cultiver et parfois faire des
La Lumière du monde. Il y représente Jésus, roux et affaires discrètes.
barbu, portant une lampe. Or, depuis qu’il a recom- Crystal Palace (Cry) : les expositions comprennent
mencé à peindre Hunt se sent rajeunir, comme si toutes les merveilles de l’ère victorienne, présentant
toute sa vieillesse passait dans le tableau. C’est un la production de nombreux pays à travers le monde.
ange enfoui touchant sans le savoir aux marges de On y trouve poteries et porcelaines, ferronneries
la théurgie, la magie pratiquée par les Pèlerins du et meubles, marteaux à vapeur et presses hydrau-
Mont Ébal, en passant par la peinture sacrée plutôt liques, parfums et pianos, maisons et scaphandres,
que par la prière. armes à feu et baromètres, fabriques de vêtements
Atelier (Bou4) : au 24 de Cheyne Rowe se réunit et feux d’artifice, reproductions de dinosaures,
une mystérieuse confrérie nommée : PRS. Il s’agit châteaux d’eau. Les Technologues en visite aiment
de la Pre-Raphaelite Sisterhood. Trois peintresses y faire un tour.
préraphaélites s’y réunissent pour effectuer des Cathédrale Saint-Paul (StP)  : malgré sa destina-
expériences magiques avec leurs tableaux. Il s’agit tion chrétienne, des fées apprécient la cathédrale
de Eleanor Fortescue-Brickdale (une fleur de pour son dôme qui imite celui de Saint-Pierre de
métal), Evelyn De Morgan (une sylve) et Marie Rome. Elles y voient une sorte de revanche contre
Spartali Stillman (une elfe). D’abord modèles pour le Vatican car cet édifice a été construit par Chris-
les peintres préraphaélites, elles ont découvert topher Wren, un Faux-Semblant gargouille. Selon
leurs propres techniques qui consistent à mettre certaines d’entre elles, la forme hémisphérique de
les tableaux en harmonie pour créer des vibrations cette coupole représente le cosmos et une idée de
entre les couleurs. Elles ont découvert qu’en jouant l’Alliance. Les diamants et vitraux du dôme symbo-
sur les mises en relation des tableaux, ainsi que sur lisent les fées et les humains réunis.
des jeux de miroirs, elles parviennent à créer des Quartier de Peckham (Pck) : c’est un lieu d’appa-

20
rition connu du célèbre Jack Talons à ressorts. Il se Aldébard cherchent à nouer contact avec lui pour
manifeste une première fois en 1837 et on note des en faire un allié. Mais ils ne sont pas seuls à avoir
passages dans toute l’Angleterre. Il agresserait les eu cette idée : les frères et sœur de Borel Carwent
gens, en particulier des jeunes filles, avant de s’en- cherchent aussi à l’attirer dans leurs filets. Il a déjà
fuir à grands bonds inhumains. On le décrit comme attaqué plusieurs promeneurs du parc Kensington
un homme grand et mince aux traits diaboliques, tout proche.
portant un vêtement blanc moulant sous une cape
noire. Pour certaines fées, il s’agirait du léporide
légendaire d’Angleterre. Des léporides se pressent
donc dans le quartier dans l’espoir de rencontrer
Jack. Mais ils ne sont pas seuls. Des Gardiens du
Silence, des Pèlerins du mont Ébal, des membres du
Clan et des Métaphysiciens prennent l’affaire très
au sérieux et guettent sa prochaine apparition.
Field Lane (FdL) : cette rue revêt une importance
capitale quand on se trouve sur Londres car c’est
là que sévit la bande des Mudfrogs (nommés ainsi
en référence à Dickens). Il s’agit d’une bande de
gamins dépenaillés, dont un certain nombre d’or-
phelins gobelins. Ils parlent un sabir mêlant argot
gobelin et argot des bas-fonds et sont prêts à tout
pour quelques piécettes. Cela peut aller du simple
service pour porter des affaires ou trouver un cab,
jusqu’à des renseignements précis sur la pègre ou
des vols assez élaborés. Nul ne sait combien sont les
Mudfrogs mais on ne rencontre jamais deux fois le
même. Beaucoup d’entre eux sont morts en raison
de leur existence dangereuse mais aussi sous les
coups de Gardiens du Silence, « pour l’exemple », Le Baron Culloden
afin de limiter les démonstrations un peu trop
féériques. Depuis, les Mudfrogs font attention à LIEUX INVESTIS
garder le masque mais on peut les reconnaitre en
prêtant attention à leur argot. PAR DES FACTIONS
Kensington Palace (KPl) : cette demeure abrite le SECRÈTES
dernier rejeton d’une branche de la famille royale,
le baron Culloden. Cet homme doux, sombre et Les factions qui ne sont pas supposées être connues
pensif y vit seul avec seulement un valet de chambre des Héritiers mais découvertes au fil de leurs aven-
(une armée de domestiques fait cependant tourner tures ne sont pas indiquées de manière particulière
la maison). Atteint de neurasthénie, le baron de mais fondues dans les autres catégories. Ainsi, des
Culloden se soigne avec de la cocaïne. Cependant, descriptifs plus vagues donnés plus haut donnent
quand il en prend, il se transforme en une sorte quelques indications générales aux PJ, tandis que
de monstre difforme haut de plus de deux mètres, les paragraphes suivants dévoilent des secrets plus
horriblement laid et agressif. Certains ont compris précis. Voici les lieux où les Croisés païens, les
qu’il s’agissait d’un troll. Le baron Culloden n’a Nécromanciens, les Pèlerins du mont Ébal et le
pas encore saisi qu’il était un Faux-Semblant. Les Clan sont implantés.

21
Croisés païens
Avec la mainmise du protestantisme gallican sur la
société anglaise, les Croisés païens n’ont presque
aucune influence à Londres. Ils ont choisi un
mode d’accès original  : Soho (Soh) et ses lieux
de débauche, afin d’évangéliser les fées qui s’y Nécromanciens
trouvent. On y trouve souvent le père Dominique
qui dépend de la Cathédrale de Westminster (voir Le Cimetière de Highgate (Hig), avec ses buissons
plus bas) et ne ménage pas son temps ni son énergie sauvages, est un endroit parfait pour récupérer des
LE LONDRES DES FAUX-SEMBLANTS

pour sauver des âmes en perdition. Le père Domi- cadavres frais. Le nécromant Isidore Lockwood
nique possède des traits un peu anguleux et andro- a été surpris un soir par des Utopiens venus se
gynes, sans doute dus à sa jeunesse apparente  : il recueillir sur la tombe de Karl Marx, donnant
est manifestement trentenaire. Sa minceur est naissance à la rumeur du vampyr de Highgate, un
soulignée par sa soutane ajustée. Il est porteur de fantôme qui hanterait les lieux. Ce qui est para-
plusieurs secrets. Cet ecclésiastique est un Cheva- doxal puisque Lockwood est un ange. Il essaie
lier de la Parole divine, un Croisé païen qui est de fabriquer un homme artificiel complet et il
l’une de seules personnes à croire les élucubrations y a réussi, sauf que la créature a échappé à son
du père Andrew sur une faction secrète britannique contrôle et erre dans le cimetière.
et féérique toute puissante. Le père Dominique est
en réalité une fouinarde travestie en homme par
foi et conviction : elle milite pour l’ordination des Pèlerins du mont Ébal
CHAPITRE II -

femmes. Son identité civile est alors Dominique


Deckers, femme de nationalité belge. Les Pèlerins du mont Ébal viennent seulement de
remettre un pied en Angleterre avec deux églises
catholiques récemment construites.
Saint Patrick Church (StPat), à Soho, est un bâti-
ment en brique rouge avec un clocher et des cata-
combes en dessous. Ce lieu sert de repère au père
Andrew (voir p. 29), qui cache dans les souter-
rains des hommes en armes prêts à faire le coup de
poing. Fanatique et paranoïaque, le père Andrew
est persuadé de l’existence d’une faction secrète
féérique qui essaierait de prendre le pouvoir en
Angleterre. Cependant, même dans les rangs des
Pèlerins, ils sont peu à le suivre sur cette voie.
La Cathédrale de Westminster (West), ou
Cathédrale du Précieux-Sang, est un bâtiment
quasiment terminé et près d’ouvrir ses portes. Le
clocher de style lombardo-byzantin est achevé. Le
lieu comporte plusieurs tombes épiscopales qui
servent de reliques pour la théurgie des Pèlerins.
L’archevêque est Monseigneur Nicholas Vincent,
un membre actif des Pèlerins. À ses côtés opère un
jeune prêtre, le père Dominique.
Le Père Dominique

22
La demeure du Vicomte de Bradford (Brad) se situe Palais de Buckingham (Buck)
au 24 Spring Gardens. Il est le dernier descendant Quand la famille de protys supposée remplacer
d’une ancienne famille noble demeurée catholique. la famille royale ne se trouve pas au château de
Convaincu par le père Andrew qu’il fallait chasser les Balmoral (voir Arcanes & Faux-Semblants, Le
démons du sol anglais, il consacre une bonne partie Clan, p. 96), elle vient directement à Buckin-
de sa fortune pour soutenir les actions des Pèlerins gham pour effectuer des tests grandeur nature.
du mont Ébal et leur offre parfois le gîte et le couvert. Les protys prennent l’aspect de domestiques et
remplacent certains membres de la famille royale
pendant quelques minutes ou quelques heures de
Le Clan façon à s’entraîner et à habituer les observateurs
extérieurs. Cependant, pour des raisons évidentes,
Scotland Yard (SY) ces entraînements n’ont pas lieu plus d’une ou
En quelques années, le Clan a réussi à faire passer deux fois par an.
une partie de Scotland Yard sous sa coupe. Profitant
de la désorganisation administrative, le Clan a placé
cinq Commanders (commissaires divisionnaires) qui Agence Reuters (Reut)
lui sont tout dévoués, sur une trentaine au total. Des bureaux de télégraphe ont ouvert la Londres
Situés au milieu de la chaîne de commandement, suivant la maxime de Reuter : « Follow the cable ».
ils peuvent contrôler les informations qui montent Il s’agit d’un service d’information télégraphique,
et qui descendent. Ces cinq Commanders ne se utilisant notamment le câble sous-marin entre
connaissent pas entre eux. Il s’agit du phénix George Douvres et Calais. Reuters peut compter sur un
Darcy (Westminster), de l’elfe Edward Dashwood réseau de 260 correspondants et bureaux à travers
(Camden), de l’orc Henry Ferrars (Greenwich), de le monde. Le Clan est parvenu à placer l’un de ses
l’ogre Thomas Middleton (Southwark) et de l’ange pions sur place : Find McLair, un korrigan, qui tient
Arthur Willow (Chelsea). Ils surveillent toute infor- informé son organisation des nouvelles du monde.
mation en relation avec les fées et enragent de ne
pas maîtriser la Police de la Cité de Londres. Tous
sont passés maîtres dans la pratique du Souffle.

23
Shakespeare
or not
Shakespeare ?
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?
CHAPITRE III -

SYNOPSIS Cette pièce n’est toutefois pas comme les autres  :


son intrigue met en scène des dieux, des fées et des

E
n 1902, dans un vieux grenier londonien, une hommes. En effet, elle a été rédigée par le Marcheur,
bibliothécaire a retrouvé un manuscrit oublié sous l’une de ses nombreuses identités, alors qu’il
du XVIIe siècle, qui serait potentiellement une fréquentait Shakespeare et ses amis. Si elle a été
pièce inédite de Shakespeare : Loin les unes des autres oubliée si longtemps, c’est justement parce que le
ou Les Amants de la malédiction. Devant la décou- Marcheur, mélancolique devant son œuvre qui est
verte incroyable que représente ce manuscrit, elle a presque une confession, ne voulait pas la détruire
contacté un philologue spécialiste du grand drama- tout en désirant la cacher.
turge anglais qui a entrepris de transcrire le texte et Quoi qu’il en soit, cette pièce va provoquer une
de l’authentifier. Persuadé de l’authenticité du texte, suite d’événements qui vont mettre en scène
celui-ci le soumet à son tour à un grand acteur et diverses factions : la Monarchie, qui s’interroge sur
metteur en scène, et également vampyr, pour vérifi- la véracité historique ou symbolique de la pièce et
cation. Celui-ci s’enthousiasme pour la découverte et sur la nécessité de la tenir cachée en raison des révé-
veut en faire l’événement théâtral du début du siècle. lations qu’elle peut contenir ; la Communauté des
Il veut faire jouer la pièce en gardant le secret sur Métaphysiciens, qui y voit un témoignage distordu
son auteur jusqu’à la première représentation, afin d’une vérité métaphysique oubliée  ; le Clan, qui
de créer l’événement sur les planches avant de la faire pense qu’elle contient un message ésotérique caché
imprimer. Le comédien vampyr laisse entendre aux à décrypter  ; et enfin les Pèlerins du mont Ébal,
Faux-Semblants de l’aristocratie londonienne que la qui continuent leur œuvre de falsification et de
pièce parle de la condition féérique et qu’elle sera un traque féérique.
événement pour eux aussi.

24
AU THÉÂTRE CE SOIR
(ACTE I)
Lieux
 Théâtre Criterion (Londres)
 Hôtel Savoy (Londres)

Personnages
 Gwydion (Docteur du Grand Langage) (voir
Arcanes & Faux-Semblants, p. 25)
 Borel Carwent (loup-garou), Duc d’Angleterre
(voir Arcanes & Faux-Semblants, p. 54)
 Sally alias Chevalière Hisolda de Cambridge
(humaine), maîtresse de Borel (voir Arcanes &
Faux-Semblants, p. 56)
 Morgause alias Fiona McPhersen (fleur de
métal), maîtresse de Gascoyne-Cecil, affiliée au
Clan (voir Arcanes & Faux-Semblants, p. 104)
 Sir Henry Irving (vampyr), acteur et metteur en
scène
Frances Burlington  Anatole Ragon (Faux-Semblant enfoui), policier
affilié aux Métaphysiciens (voir le livre de base,
p. 53)
ENJEUX  Sarah Bernhardt (humaine), actrice
 Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil (humain),
Ce manuscrit redécouvert est d’abord un événe- Premier ministre anglais
ment culturel et mondain  : des rumeurs laissent  Le père Andrew (humain), confesseur de Frances
entendre qu’il pourrait s’agir d’une potentielle pièce Burlington, Pèlerin du mont Ébal
inédite du Barde ! Aux yeux des fées, le nom pres-  Arthur Wedenpearl (humain), spécialiste de
tigieux de Shakespeare pourrait amener une ouver- Shakespeare
ture vers l’Alliance, dans la mesure où il évoque la  Pamela Colman-Smith (elfe), spirite à la Golden
coexistence des hommes et des fées dans cette pièce. Dawn
Si elle venait à être jouée à travers le monde, qui sait  Iphigénie de Vrocourt (ondine), cheffe d’une
l’influence qu’elle pourrait avoir sur les mentalités ? cellule parisienne de Monarchomaques (voir le
Mais surtout, c’est un témoignage sur les événe- livre de base, p. 54), Chasseresse
ments qui ont provoqué la malédiction d’Avalon  Frances Burlington (humaine), bibliothécaire
et des fées. Et c’est l’une des preuves de l’existence qui découvre le manuscrit de Shakespeare
du Marcheur  : en apprendre davantage sur James  John Wright (troll), Chasseur, employé du
Walker permet de guider les Héritiers sur sa piste. théâtre Criterion

25
Blackfriars Bridge et fait un rêve, avant les PJ, sur
une mystérieuse pièce de théâtre
J - 7 : invitation des PJ à Londres pour un événe-
ment théâtral mystérieux et unique
J - 1 : arrivée des PJ à Londres ; destruction de
la copie d’apprentissage du texte pour garder le
secret ; rêve des PJ à l’hôtel Savoy  ; agression de
Wedenpearl organisée par Pamela ; vol du manus-
crit par les hommes du père Andrew (Pèlerins du
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

mont Ébal) et incendie de la demeure de Frances


Burlington
J : enquête d’Iphigénie de Vrocourt et des PJ  ;
représentation théâtrale le soir

Prologue
Ce commencement se fait in medias res. Docte, il
vous revient d’embarquer vos PJ dans l’action sans
qu’ils se posent trop de questions. Les PJ seront
d’abord spectateurs du scénario avant d’en devenir
progressivement acteurs à part entière.
CHAPITRE III -

L’histoire commence au moment où les PJ


pénètrent dans un théâtre londonien. Ils remettent
leurs invitations, reçues quelques jours auparavant,
Sir Henry Irving à un immense employé (il s’agit de John Wright,
voir plus bas) qui, après avoir paru les recon-
naître, les laisse entrer dans la salle de spectacle en
Chronologie du scénario sous-sol, enterrée, où ils peuvent se placer où ils
le souhaitent  : au parterre, au premier balcon ou
J - 30 : découverte du manuscrit par Frances au deuxième balcon. Les loges sont visibles depuis
Burlington toutes ces places mais sont inaccessibles aux PJ. La
J- 23 : authentification du manuscrit par Arthur salle est comble, toute la belle société londonienne
Wedenpearl s’est donné rendez-vous pour ce qui ressemble à un
J- 22 : rencontre entre Wedenpearl et Sir Henry grand événement mondain.
Irving ; Wedenpearl donne une copie du manuscrit
à Irving ; décision d’Irving de mettre en scène la
pièce ; il veut que Sarah Bernhardt joue le rôle de Les règles oniriques
Niniane et que Pamela Coleman-Smith se charge
des décors et costumes Pendant presque tout l’acte I, les PJ se trouvent
J - 20 à J - 3 : travail de mise en scène, apprentis- dans un rêve. Seuls les Héritiers (PJ et PNJ) font
sage du texte par cœur par les acteurs  ; Iphigénie ce rêve. Les autres PNJ qui y apparaissent n’en sont
de Vrocourt rend visite aux Monarchomaques de que des figurants. Ce lieu obéit à des règles particu-

26
lières, qui permettront aux PJ de comprendre peu Règle de Platon : on peut sortir du rêve en mourant
à peu à quoi ils ont affaire. Ces règles sont théo- dans le rêve. Cela peut être un suicide ou un assas-
risées par Charles-Victor Rivière (voir le livre de sinat. La victime se réveille en sursaut dans son lit.
base, p.  53), elles sont rarement respectées toutes Son personnage disparaît alors du rêve. Cependant,
en même temps, mais dans le cas qui nous occupe, après avoir consommé un verre de lait ou un opiacé,
elles doivent l’être. Seuls les Héritiers peuvent la victime peut se rendormir et poursuivre le rêve.
prendre conscience de ces règles particulières. Les Son personnage revient comme si de rien n’était.
autres personnages ne remarquent rien et sont inca- Règle de Maya  : s’ils cherchent à sortir du lieu
pables d’en discuter si on les interroge à ce sujet. principal du rêve, en l’occurrence le théâtre Crite-
Règle de Babel  : la communication est limitée. rion, les PJ sont confrontés à un vide complet.
Aucun nom propre (même sous sa forme d’adjectif ) Ainsi, si l’on quitte le théâtre, il n’y a pas de rue et
ne peut être transmis que ce soit par la parole, par le bâtiment flotte dans le néant. Si l’on saute dans
l’écrit ou même par gestes. Toute tentative se solde ce néant, on se réveille.
par un mot incompréhensible en langue inconnue.

S
L'étof fe des songes

Dans le meilleur des cas, il serait bon que les PJ


découvrent progressivement qu’ils se trouvent dans un
rêve. Il s’agit donc de distiller peu à peu les éléments
permettant de créer une impression d’étrangeté à la
David Lynch. À l’exception des Héritiers, ces éléments
oreille se débouche, ou bien le silence se fait tout
à coup, etc.
 les sauts dans le temps et dans l’espace  : les
personnages peuvent soudain disparaître d’une
pièce et réapparaître dans une autre. Un gâteau à
sont reçus comme parfaitement normaux par les demi-entamé ne donne plus à voir que des miettes.
personnages du rêve. Voici quelques manières de Une cigarette consumée redevient entière, etc.
faire pour conférer une ambiance unique à cet acte :  les condensations  : certains éléments normalement
 les modifications sensorielles  : les lumières et les disparates peuvent se retrouver fusionnés sur
sons peuvent varier brusquement. Un endroit bien un personnage ou un lieu  : le buffet possède des
éclairé peut soudain être plongé dans la pénombre, toilettes au milieu de la salle, les moustaches ou le
ou inversement, et cela peut être attribué à la mise costume d’un personnage passent à un autre, des
en scène. Le niveau sonore de la conversation plantes poussent directement du sol, etc.
devient soudain assourdissant, comme lorsqu’une

27
et se suspendent aux balcons. Quant à l’éclairage,
même si l’équipement électrique est en place, il
n’est dispensé que par des bougies placées un peu
au hasard et dont la cire coule directement sur les
rambardes et même les sièges. La pénombre règne
donc en règle générale.
À certains endroits, à certains moments, des
parties du théâtre semblent exploser en silence
et au ralenti, projetant des dégâts et des débris de
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

plâtre qui demeurent suspendus en l’air. On a l’im-


pression que le théâtre est en travaux. Puis le temps
peut s’inverser, les morceaux peuvent revenir à leur
place, toute trace de poussière et de gravats ayant
alors disparu. Jouez sur cet élément récurrent pour
faire sentir aux PJ la menace qui pèse, dans la vie
réelle, sur le théâtre Criterion.

Les autres spectateurs


Les Héritiers ne sont pas les seuls spectateurs
présents dans la salle. Au contraire, celle-ci est
Sarah Bernhardt
quasiment comble. Et elle comporte un certain
CHAPITRE III -

Le théâtre Criterion nombre de personnalités remarquables …

Pour reconnaître ce théâtre précis, il faut posséder


au moins un niveau 3 en Théâtre et réussir un test
SD 15. La façade du théâtre est d’architecture
Renaissance (pour identifier ce style  : Architec- Reconnaître un
ture SD 11), en calcaire blanc-gris, comportant un
portique à quatre colonnes ioniques, un balcon à
balustres et une loggia à deux étages. L’ensemble
paraît relativement récent. La particularité de ce
théâtre est que la grande salle est souterraine, située
un niveau en dessous de la grande entrée.
L’intérieur est décoré selon le style Louis XIV avec le
blanc comme couleur dominante et des peintures à
S
personnage

En raison de la règle de Babel, les PJ ne peuvent


reconnaître nommément que les PNJ déjà
rencontrés dans d’autres aventures. Pour les autres,
ils doivent effectuer des tests dont les résultats
ne leur seront donnés qu’au réveil. Néanmoins,
la manière de Watteau dans des médaillons à cadre les PJ perçoivent l’importance de ces PNJ et leur
doré. Deux minces colonnes corinthiennes canne- dangerosité potentielle. Dès qu’un PJ reconnaît
lées, soutenues sur des socles en imitation marbre, un PNJ déjà rencontré ou se réveille après un test
encadrent la scène. Une série d’arcs, soutenant le réussi, montrez-lui le portrait correspondant. Le
toit, et soutenus par des cariatides, fait le tour de la reste du temps, donnez seulement une description
physique à l’oral. Cela contribuera à installer
partie supérieure du théâtre. L’ensemble de la maison
l’atmosphère onirique.
est clair et brillant, ressemblant à un palais de fées.
Plus étonnant, des plantes se sont développées ; du
lierre et de la vigne s’enroulent autour des piliers

28
Père Andrew [1]
Portrait  : le père Andrew est un homme d’une
bonne cinquantaine d’années, aux cheveux blancs
en bataille, dont la soutane le serre un peu trop à
la taille. Il porte des lunettes qui adoucissent son
visage sévère. Sa bouche mince semble réprobatrice.
Emplacement salle : 2e Balcon
Emplacement entracte : Buffet
Attitude : le père Andrew est un spectateur attentif
qui semble fort intéressé par Gwydion. Pendant l’en-
tracte, il va manger des gâteaux au buffet, toujours
sans échanger une parole avec quiconque, mais l’œil
tourné vers le couple Carwent [3] et Hisolda [4].
Ce qu’il dit aux PJ si ceux-ci l’interrogent : « J’ap-
précie que la pièce montre comment le christianisme
civilise le monde et éradique les résurgences païennes.
Cependant, même si les gâteaux sont clairement une
invention païenne (ce n’est pas pour rien que la gour-
mandise est un péché capital), je les apprécie aussi.
Père Andrew
L’enfer est vide : tous ses démons sont ici. »

29
Gwydion ou Le Marcheur [2] semble récente. Elle trahit des origines modestes à
Portrait  : il s’agit d’un homme dans la force de certains gestes un peu vifs.
l’âge, portant une barbe brune et d’épais cheveux Emplacement salle : Loges
de même couleur. Il est habillé de façon élégante et Emplacement entracte : Buffet
détendue, quoiqu’un peu désuète. De haute taille, Attitude  : ne quittant jamais son compagnon
séduisant, il a des gestes délicats. Borel [3], Hisolda garde sur les lèvres un sourire
Emplacement salle : 2e Balcon poli qui ne l’empêche pas d’observer le reste de la
Emplacement entracte : Salle de bal salle. Si des PJ s’intéressent à elle ou à Carwent et
Attitude  : pendant le spectacle, Gwydion remue s’ils les suivent au buffet, elle se penche vers lui et
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

les lèvres, comme s’il connaissait par cœur le texte lui signale leur présence. De même, elle coule des
(test d’Observation SD 11). Il est avide des réac- regards anxieux envers le prêtre [1].
tions de la salle et vit intensément la représentation. Ce qu’elle dit aux PJ si ceux-ci s’entretiennent avec
Pendant la pause, Gwydion est un mondain, très à elle  : «  Je suis inquiète. L’astre d’argent n’est pas
l’aise et qui semble avide d’échanger avec les gens, loin et mon cher loup risque d’en souffrir. La plus
en particulier les belles femmes [5] et [11]. timide vierge est encore prodigue si elle dévoile
Ce qu’il pourrait dire aux PJ  : «  Quelle époque seulement sa beauté à la lune. »
c’était jadis quand le monde vivait en harmonie  !
Hélas, nous sommes faits de l’étoffe des songes… »

Borel Carwent [3]


Portrait  : Borel possède un visage allongé, un nez
busqué et un menton en galoche, ainsi que de gros
CHAPITRE III -

favoris et une épaisse mèche rabattue sur le crâne.


De taille moyenne, mais très athlétique, il est habillé
avec une élégance sobre.
Emplacement salle : Loges
Emplacement entracte : Buffet
Attitude  : Borel se montre un spectateur captivé,
qui se tourne souvent pour échanger un mot avec sa
voisine [4]. À l’entracte, il va se restaurer au buffet
et mange avec appétit tout en bavardant avec sa
compagne. Tous ses gestes montrent sa haute posi-
tion sociale et son assurance mâle.
Ce qu’il dit aux PJ  : «  Je n’aurais pas dû mettre
ce costume. Il me boudine. Chut  ! il ne faut pas
prononcer le nom. C’est un récit plein de bruit, de
fureur, qu’un idiot raconte et qui n’a pas de sens. »
 Hisolda 
Chevalière Hisolda de Cambridge [4]
Portrait  : Hisolda porte de longs cheveux frisés,
tirant sur le roux. Son maquillage habile s’efforce Fiona McPhersen, alias Morgause [5]
de masquer un teint plus mat de métisse. Elle est Portrait  : Morgause est une très belle femme
habillée avec une modestie discrète, qui traduit opulente, à l’abondante chevelure rousse, d’une
néanmoins une grande aisance financière, qui élégance tapageuse. Elle porte une robe violette
largement décolletée.

30
Emplacement salle : Loges qu’elle exprime car elle le fait avec tout son corps,
Emplacement entracte : Salle de bal toujours à la limite du ridicule. Elle déborde d’émo-
Attitude  : pendant le spectacle, elle est aux petits tion communicative.
soins pour son compagnon Gascoyne-Cecil [6], Ce qu’elle dit aux PJ : « Quel luxe de pouvoir jouer
mais son attention revient régulièrement à ce qui cette pièce ! À propos, aimez-vous votre chambre ?
se passe sur scène. À l’entracte, elle se montre clai- Ces plaisirs violents ont des fins violentes. Dans
rement en rivalité avec Iphigénie de Vrocourt [11], leurs excès ils meurent, tels la poudre et le feu que
qu’elle tente de renvoyer vers Gwydion [2]. leurs baisers consument. »
Ce qu’elle dit aux PJ : « Cette pièce est d’une impor-
tance capitale. On saura enfin que les fées régnaient Sir Henry Irving [8]
ici. J’ai dit régnaient ? Je voulais dire règneront. Il y Portrait  : Sir Henry Irving possède une aura aris-
a quelque chose de pourri dans notre royaume. » tocratique grâce à sa haute taille, son visage trian-
gulaire et ses cheveux jetés en arrière qui dégagent
Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil [6] son front. Il arbore un nez fier et imposant. Sexagé-
Portrait  : le Premier ministre britannique est un naire, il est clairement trop vieux pour le rôle. Son
gros homme chauve, aux yeux cernés, aux traits costume est celui d’un jeune paysan.
tombants et à la grosse barbe bouclée. Distrait, Emplacement salle : Scène
inquiet, il semble en mauvaise santé. Emplacement entracte : Coulisses
Emplacement salle : Loges Attitude : le jeu d’Irving est à la hauteur de celui
Emplacement entracte : Salle de bal de sa partenaire, avec un parler très affecté et
Attitude : pendant le spectacle, il s’ennuie ostensi- des intonations étranges, mais malgré tout fasci-
blement et lit des documents, ne levant la tête que nantes. Il jette parfois de courts regards en direc-
pour répondre aux sollicitations de sa compagne tion du parterre.
Fiona [5]. À l’entracte, son œil ne s’allume que Ce qu’il dit aux PJ : « J’ai bien connu l’écrivain.
lorsqu’il croise le regard d’Iphigénie de Vrocourt Il s’est inspiré de moi pour son comte vampire.
[11]. Il semble également intéressé par la figure de Je me demande qui a inspiré le dramaturge pour
Gwydion [2]. cette pièce. »
Ce qu’il dit aux PJ : « Moi je ne voulais pas être là.
C’est ma maîtresse qui m’y a poussé. Regardez-la. Anatole Ragon [9]
Quelle femme  ! Le pouvoir a du bon, gentlemen. Portrait : Ragon est un colosse obèse, aux énormes
Les rêves, en vérité, sont ambition ; car la substance favoris et à l’épaisse moustache, qui porte une
même de l’ambition n’est que l’ombre d’un rêve. » fossette sur le menton et sur le nez. Ses yeux ne
cessent d’osciller de gauche à droite. Il est habillé
Sarah Bernhardt [7] d’un costume noir de qualité médiocre et d’un
Portrait : mince, de longs cheveux frisés, de grands haut-de-forme défraîchi.
yeux noirs, un nez aquilin, Sarah Bernhardt affiche Emplacement salle : 2e Balcon
une cinquantaine d’années. Sa voix est forte et ses Emplacement entracte : Fumoir
gestes sont très marqués. Son costume est celui Attitude  : Pendant le spectacle, Ragon paraît
d’une jeune femme de la forêt, avec deux ailes de captivé par le texte. Le reste du temps, il se tourne
libellule dans le dos. vers Gwydion [2], qui semble l’intéresser particu-
Emplacement salle : Scène lièrement. En revanche, il n’accorde aucune atten-
Emplacement entracte : Coulisses tion au prêtre [1]. Pendant l’entracte, il écoute avec
Attitude : Sarah Bernhardt joue le rôle comme si sa beaucoup de concentration la discussion de Pamela
vie en dépendait. Elle paraît prête à mourir quand Colman-Smith [10], sans jamais intervenir.
les amants se quittent. On comprend très bien ce Ce qu’il pourrait dire aux PJ : « Les moments où je

31
lis sont les seuls où je ne pense pas à mon épouse. Iphigénie de Vrocourt [11]
Je ne devrais pas être au théâtre. Et vous non plus. Portrait : Iphigénie de Vrocourt joue les femmes-en-
Beaucoup de gens ne devraient pas être là. Notre vie fants même si elle a sans doute dépassé la vingtaine.
si courte a pour frontière le sommeil. » Très maniérée, elle porte une robe magnifique qui
la met superbement en valeur. Quand on l’observe
Pamela Colman-Smith [10] longuement, elle paraît un peu folle.
Portrait  : Pamela Colman-Smith est une jeune Emplacement salle : 1er Balcon
femme aux traits ronds, aux sourcils arqués, portant Emplacement entracte : Salle de bal
de nombreux bijoux. Pour un œil occidental de cette Attitude  : pendant le spectacle, Iphigénie pleure,
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

époque, elle semble être japonaise, mais elle est en rit, s’émeut bruyamment des heurs et malheurs
fait métisse, anglo-américaine et afro-caribéenne. des personnages, tout en lançant des œillades, à
Emplacement salle : Parterre la fois séductrices et assassines aux autres specta-
Emplacement entracte : Fumoir teurs. Pendant l’entracte, elle fait les yeux doux à
Attitude  : pendant le spectacle, elle goûte la pièce, Gascoyne-Cecil [6]. Si jamais l’un des PJ se trouve
fermant parfois les yeux pour s’imprégner du texte. à un moment donné près d’Iphigénie de Vrocourt,
Elle montre un intérêt particulier pour les décors. cette dernière lui lance un regard perçant et ne le
Pendant l’entracte, elle fume au fumoir avec un quitte des yeux qu’au prix d’un effort manifeste
fume-cigarette et échange avec d’autres spectateurs. (parce qu’elle est une Chasseresse).
C’est elle qui a monté la soirée et lancé les invitations. Ce qu’elle dit aux PJ : « Que faites-vous ici ? Avez-
Ce qu’elle dit aux PJ : « Cette pièce est une véritable vous remarqué que les toilettes sont très mal entre-
résurrection, un message adressé par-delà la mort ! tenues  ? Si vous nous empoisonnez, ne mour-
Le temps est disloqué. Ô destin maudit, pourquoi rons-nous pas  ? Et si vous nous bafouez, ne nous
CHAPITRE III -

suis-je née pour le remettre en place ! » vengerons-nous pas ? »

John Wright [12]


Portrait  : John Wright se présente comme un
employé du théâtre, très grand et fort, remplis-
sant son costume, aux traits marqués, les cheveux
ramenés en arrière à la Brillantine.
Emplacement entracte : Toilettes des dames
Attitude : à l’entrée, c’est lui qui reconnaît les PJ. Il
n’est bien sûr pas présent dans la salle de spectacle.
À l’entracte, on peut trouver son cadavre dans les
toilettes des femmes au rez-de-chaussée.
Ce qu’il dit aux PJ  : «  Bonsoir et bienvenue,
mesdames et messieurs. »

La pièce (Actes I et II)


Les PJ se placent et peuvent interagir avec les spec-
tateurs placés non loin d’eux (voir le plan). On peut
commencer à décrire des personnages mystérieux et
plus lointains ou bien identifier ceux que les PJ ont
 Pamela 

32
déjà rencontrés. Les Héritiers doivent comprendre une tempête). Alors, vengeur, le patriarche, après avoir
qu’ils arrivent les derniers dans la salle. manifestement recueilli l’assentiment de tous, lance
Puis le spectacle commence. La pièce se déroule sans ce qui ressemble à une malédiction en trois points. Le
que les PJ comprennent quoi que ce soit au texte (il premier montre que les fées s’éloignent et perdent leurs
paraît être écrit dans une langue inconnue). Cepen- ailes. Le deuxième montre que les fées se battent entre
dant, le jeu des acteurs (que l’on peut décrire en elles. Le troisième montre un couteau argenté qui est
détail) est assez précis pour que les PJ en déduisent jeté au milieu des fées en lutte. L’une d’elle s’en empare
l’action. Cela revient à regarder un opéra en langue et poignarde son adversaire, qui meurt aussitôt. Rideau.
étrangère et sans surtitre. L’ensemble doit être
onirique et étrange.

Acte I 
On ne sait où se déroule l’action. Le décor est cham-
pêtre et forestier. Un couple d’amoureux se rencontre,
manifestement traqué puisqu’ils regardent toujours
derrière eux. Ils s’embrassent à l’abri des arbres. La
femme vient de la forêt et l’homme de la campagne
où des maisons sont dessinées dans le décor. Ils appar-
tiennent manifestement à deux peuples différents. Cela
devient clair quand elle déploie des ailes de libellule
dans son dos  : elle est une fée  ! D’autres petites fées
apparaissent, jouées par des enfants, et les entourent.
Le couple se sépare rapidement quand des hommes en
soutane et portant des croix sur leurs habits arrivent.
Ils semblent sermonner l’homme qui fait mine d’ac-
quiescer. Une fois ces hommes partis, les fées reviennent
et le couple se réunit, mais la femme semble toujours
craintive. Néanmoins le rideau tombe sur le couple
échangeant des serments d’amour.

Acte II
Changement de décor. Des hommes et des femmes assez
vieux et imposants sont réunis en cercle autour d’une Gascoyne-Cecil
table. Ils discutent entre eux longuement. Ils ne sont
pas d’accord. On dirait un conseil de l’Olympe. Tandis Mort à l’entracte
qu’ils discutent, on voit apparaître en transparence les À l’entracte, les spectateurs se dirigent vers diffé-
silhouettes d’hommes en soutane. L’un des hommes assis rentes salles. Au bout du couloir se trouve la salle
autour de la table, avec une longue barbe blanche de de bal. Certains montent au rez-de-chaussée dans le
patriarche, paraît les apprécier. D’autres non. Mais le fumoir, juste au-dessus, et un troisième tiers se rend
patriarche les montre en train de prier et il sourit. En au buffet. C’est l’occasion de faire connaissance
revanche, quand des silhouettes de fées apparaissent, son avec les autres spectateurs et de réunir un maximum
sourire s’efface. Il semble les accuser, surtout quand il les d’informations, sans briser les règles oniriques (voir
voit voler et jouer avec les éléments (elles provoquent plus haut, p. 26).

33
poitrine, au niveau du cœur. Quand on le trouve,
John expire. Il a juste le temps de fixer les PJ avec
un œil écarquillé par l’horreur. Il est impossible de
le ranimer car le corps devient transparent et dispa-
raît presque aussitôt.
Que s’est-il passé  ? John Wright est employé au
théâtre Criterion depuis vingt ans (on peut inter-
roger d’autres membres du théâtre ou même
Pamela Colman-Smith ou Sir Henry Irving, qui
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

le connaissent). Peu intelligent, il ne s’est jamais


signalé par quoi que ce soit. Seulement, il possède
un secret : il est un Chasseur. Quand il effectue ce
rêve, il aperçoit les PJ et se suicide car il connaît
d’instinct la règle de Platon pour avoir déjà fait
un rêve similaire et tué un autre Héritier quelques
mois auparavant. Ensuite, il se réveille chez lui et se
rend à l’Hôtel Savoy car il a entendu les acteurs dire
que beaucoup d’invités étaient logés à cet endroit
(Sarah Bernhardt y séjourne régulièrement depuis
plusieurs années).
Une fois au Savoy, il enquête rapidement et va
essayer de tuer les PJ dans leur sommeil en les
CHAPITRE III -

étranglant. Ils vont ressentir une gêne croissante


au sein du rêve – quelque chose comme un senti-
ment oppressant lié à une menace diffuse. Au
Le cadavre de John Wright va être découvert dans moment que vous jugerez opportun, l’un des PJ
les toilettes pour dames. En fonction des actions de commence à ressentir un profond malaise, comme
vos PJ, voici trois manières d’attirer leur attention une crise d’angoisse. Un poids énorme lui pèse sur
sur ce fait. la poitrine, il pâlit, s’étouffe, s’affaiblit malgré tous
 Une femme peut lancer dans la conversation les soins qu’on peut lui apporter. Il disparaît et se
qu’il y a un cadavre dans les toilettes. réveille juste avant de mourir dans le monde réel.
 Une spectatrice peut arriver et se mettre à hurler Les PJ doivent comprendre que lorsqu’on meurt
dans la salle de bal sans que personne ne réagisse. dans son rêve, on se réveille.
Au contraire, son cri se transforme en musique Le PJ attaqué se réveille dans sa chambre d’hôtel,
et les gens se mettent à danser. La femme est avec les deux grosses mains d’un troll qui se serrent
sous le choc et ne peut que désigner la porte des autour de son cou. Un combat s’engage et les autres
toilettes pour dames. PJ peuvent avoir le temps de venir à son secours. Afin
 Iphigénie de Vrocourt peut lancer des allusions de prévenir ses camarades, le PJ agressé peut briève-
selon lesquelles il y a des satyres dans les toilettes ment sombrer dans l’inconscience et revenir dans la
de cet établissement. salle pour les avertir de ce qu’il se passe ou utiliser
 Les toilettes peuvent soudain apparaître en plein deux points de Tricherie pour leur faire comprendre
milieu du buffet avec le cadavre. qu’il est attaqué en vrai via une vision onirique.
Que trouvent les PJ alors ? Le corps de John Wright John Wright combat jusqu’à la mort. Si on
est allongé sur le sol, un revolver fumant à côté de parvient à le neutraliser et à l’interroger, il parle
lui. Une balle lui a été tirée à bout portant, dans la de visions, d’Héritiers à tuer, de pièce maudite,

34
de la mort des fées. Il est incohérent. On n’en tire  un Chasseur a essayé de les tuer alors même qu’il
rien de plus. Il doit être évident qu’il a agi seul et faisait partie du rêve (c’est très intriguant) ;
sur un coup de tête.  ce rêve leur a donné l’impression d’être composé
Quoi qu’il en soit, le troll doit être un adversaire lui-même comme une pièce de théâtre avec des
féroce nécessitant le réveil de tous les PJ – il faut protagonistes aux rôles peu clairs  : les PJ sont
qu’ils soient tous éveillés avant le Ve acte de la pièce. invités à faire le point sur tous les personnages
qu’ils ont croisés et à prendre des notes qui les
aideront par la suite.
Acte III
Sur scène, la femme se réveille manifestement d’un
cauchemar. Elle en parle à une confidente qui la console. Récompenses
Puis, plus tard, elle rencontre son amant et ils échangent
longuement, se demandant s’ils vont se quitter ou pas.  2 points d’Expérience par PJ
Elle cherche à le repousser mais il revient vers elle. Alors,  1 point d’Expérience en plus par règle onirique
ils finissent par se tourner dans la même direction, identifiée
comme pour observer l’horizon.

Acte IV EN ATTENDANT LE
L’homme et la femme se retrouvent la nuit en lisière GRAND SOIR (ACTE II)
de forêt. Ils s’apprêtent à partir ensemble. Cependant,
les prêtres avec leurs croix leur tombent dessus et les Une fois remis de leurs émotions de la nuit, les PJ
capturent. L’homme comprend qu’il a été trahi par son se souviennent de la raison de leur présence ici et
confident qui, rongé de remords, vient lui demander pourront faire immédiatement le lien avec leur rêve.
son pardon dans sa cellule même. Les deux amants Ils ont reçu des invitations pour la représentation
sont soumis à un jugement qui, manifestement, les d’une pièce mystérieuse, une semaine auparavant.
condamne. Cependant, la nuit précédant leur exécu- Ces invitations peuvent venir de Contacts des PJ
tion, la confidente de la femme vient les délivrer. Le liés au monde du spectacle et qui pensent que cette
couple s’enfuit. Capturée, la confidente brûle sur le pièce est un événement à ne pas manquer (leurs
bûcher prévu pour les amants. Contacts Faux-Semblants disent qu’elle représente-
rait la condition féérique). Alternativement et plus
mystérieusement, leur invitation pourrait être une
Bilan du rêve initiative de Shaïtan : ils ignorent tout de la prove-
Les Héritiers ont appris beaucoup de choses utiles nance des invitations mais le fait qu’ils en aient tous
au cours du rêve, qui les aideront pour la troisième reçu une les a intrigués. Ils sont arrivés la veille et
partie du scénario : sont descendus à l’hôtel Savoy.
 une représentation théâtrale importante pour les À ce stade du scénario (début de l’Acte II), les PJ
fées va avoir lieu (elle parle du rapport entre fées doivent sentir que la représentation théâtrale en
et humains et beaucoup de figures marquantes elle-même aura quelque chose de marquant et que
seront présentes) ; le manuscrit a un intérêt certain. Par la suite, ils
 un test de Culture + Esprit SD 12 leur permettra devront se mettre en quête du manuscrit dont tous
de reconnaître nombre de citations de Shakes- leurs interlocuteurs souligneront l’importance pour
peare dans la bouche des protagonistes du rêve ; le monde féérique, que l’auteur soit Shakespeare ou
 des visions d’explosion et de chaos sont le signe non. Ce faisant, ils devraient découvrir l’existence
d’un probable attentat ; du Marcheur mais aussi le projet de faire exploser

35
une bombe, sans doute au Criterion. En effet, le folles circulent : une reprise révolutionnaire de King
père Andrew a décidé de subtiliser l’original du Lear, l’adaptation d’une pièce de Victorien Sardou,
manuscrit et de profiter de la pièce pour assassiner à auteur français très en vue, avec Irving dans le rôle
la fois le Premier ministre, dont la maîtresse est une principal, ou même d’une pièce inédite de Shakes-
fée qu’il soupçonne d’être une dangereuse manipu- peare ! La piste la plus simple consiste à se rendre au
latrice, mais aussi toutes les fées attirées par l’in- théâtre Criterion.
trigue de la pièce. Ils devront faire preuve d’une grande Classe ou Auto-
Pour l’instant, les PJ disposent des portraits rité (SD 13) ou user d’autres moyens pour pouvoir
(présentés par le Docte) des personnages qu’ils ont pénétrer dans le théâtre : une secrétaire et un videur
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

reconnus et uniquement ceux-là. Voici ceux qu’ils ne les laisseront pas y pénétrer facilement car le secret
peuvent avoir identifiés par eux-mêmes, soit en les doit entourer la première représentation jusqu’au
ayant déjà rencontrés, soit grâce à un test (unique- lever de rideau où une annonce sera faite.
ment possible s’ils sont réveillés). Dans le théâtre, ils trouvent Sarah Bernhardt et
Les PJ savent que la première de la pièce est le soir Sir Henry Irving en train de répéter. La salle et le
même et qu’ils sont pressés par le temps si le théâtre décor sont semblables à leur rêve à l’exception des
est menacé d’une manière ou d’une autre. plantes qui sont ici absentes. Cependant, les deux
acteurs sont des vedettes, ils sont très occupés et
Irving insiste sur le secret que doit constituer la
John Wright représentation du soir : « Vous ne pouvez pas rester
là, Messieurs  ». Menacés ou pressés de questions
On peut retrouver son adresse en interrogeant le sur la pièce ou le manuscrit, ils font un scandale et
directeur du théâtre. Il habite dans un quartier menacent d’appeler la police.
CHAPITRE III -

populaire de Whitechapel, au 34 Wentworth Street. Mentionner le manuscrit, son intérêt ou le danger


La logeuse le décrira comme un homme très doux qu’encourt la représentation du soir pourra les
et très discret, même si depuis quelques semaines il calmer. La mention d’une bombe comme dans leur
a ruiné ses murs. Elle montrera la chambre : les PJ rêve fera dire à Irving  : «  Oui messieurs, la pièce
peuvent constater que les parois sont couvertes de de ce soir fera l’effet d’une bombe dans le monde
dessins qui ressemblent à des dessins d’enfants. Ils du théâtre, je vous le garantis  !  » Les acteurs ne
montrent des fées et puis un rouleau de parchemin possèdent pas le texte original  : ils le connaissent
violemment raturé, entouré de flammes. Un test déjà par cœur grâce à une copie qui leur a été
d’Observation SD 12 montrera que, dans la petite donnée et a été détruite depuis – le contenu de la
bibliothèque, l’espace est vide sur le rayon où on pièce doit rester confidentiel jusqu’à la première  :
attendrait «  Shakespeare  ». Des bouts de pages ils n’ont qu’à patienter encore quelques heures. Un
déchirées sous les dessins muraux semblent appar- test de Rhétorique ou Séduction SD 13 permettra
tenir à des pièces de cet auteur et portent des traces de faire parler Irving ou Bernhardt qui évoqueront
de bave, comme si les livres avaient été mangés. un inédit magistral de Shakespeare qui leur a été
confié par le philologue Wedenpearl. Sir Henry
Irving, acteur et vampyr qui inspira Dracula à Bram
Au théâtre Criterion Stoker, a déjà participé à un procès sur la pater-
nité des pièces de Shakespeare : il peut attester que
À la suite des visions terribles de John Wright, les celle-ci lui semble tout à fait authentique. C’est lui
PJ devraient s’intéresser à la pièce et à son manus- le metteur en scène de la pièce, il est très sûr de lui
crit. Les journaux parlent d’un événement théâtral et il veut en faire l’événement culturel du début du
mystérieux organisé par Sir Henry Irving au Crite- siècle, même si pour certains la paternité du texte
rion et prévu le soir-même. Les rumeurs les plus n’est pas garantie.

36
Heureusement, s’ils sont un peu patients, les PJ
peuvent rencontrer Pamela Colman-Smith, qui
assiste aux répétitions. D’ailleurs, elle intervient si
le ton monte entre les comédiens et les Héritiers et
pourra leur fournir les informations que les deux
vedettes n’auront pas données.
Pamela Colman-Smith travaille sur les décors, et
assure les fonctions de régisseuse et de costumière.
Elle s’inspire pour cela de la peinture La querelle
d’Obéron et Titania de Joseph Noel Paton (vers
1849). C’est une elfe qui fume en permanence. Son
talent de peintresse est maintenant reconnu malgré
son jeune âge. Féministe et passionnée de sciences
occultes, elle a rejoint la Golden Dawn (voir p. 19)
l’année précédente. Elle a été récemment actrice dans
la troupe de Sir Henry Irving. Enthousiasmé par la
découverte du manuscrit dont il a très vite déclaré
l’authenticité, ce dernier a convaincu Sarah Bern-
hardt de jouer dans la pièce et il a recruté Pamela.
Cependant la jeune femme poursuit d’autres buts.
Ses liens avec la Golden Dawn lui donnent à
Arthur Wedenpearl
penser que le texte contient des vérités ésotériques
fondamentales et y voit un outil pour ses séances
de spiritisme  : elle voudrait invoquer Shakespeare Il a été recommandé à Frances Burlington (voir
lui-même ! Interrogée sur la pièce ou le manuscrit, plus bas), une vieille bibliothécaire, par son vieux
Pamela accepte de donner l’adresse d’un certain maître, trop épuisé pour s’occuper lui-même de ce
Arthur Wedenpearl, habitant un hôtel particulier manuscrit. Il s’entend bien avec Burlington tout en
du 24 Chester Square, dans le quartier de Belgravia. la trouvant un peu « vieux jeu ». Celle-ci a décou-
C’est lui qui leur a fourni la copie utilisée pour la vert récemment, par hasard, un manuscrit inédit
pièce. Prévenue par Irving que la copie de travail du début du XVIIe siècle comportant beaucoup de
serait détruite pour éviter les fuites et obnubilée par caractéristiques très proches des œuvres de Shakes-
l’idée de mettre la main sur le manuscrit original, peare mais qui pourrait aussi avoir été écrit par un
nécessaire à son projet de spiritisme, Pamela a certain James Walker, auteur très peu connu de la
monté une opération au cours de la nuit précédente même époque. Elle s’est tournée vers le philologue
pour récupérer le manuscrit chez Wedenpearl. Mais Wedenpearl pour l’authentifier. Ce qu’il a fait,
ce dernier ne le possédait pas. avec selon lui 97 % de probabilité. Ce manuscrit
est toujours chez la bibliothécaire au 33 Thurloe
Square (quartier de South Kensington) car le philo-
La course au manuscrit logue en a fait une copie pour réaliser son expertise
sur le texte sans abîmer le manuscrit original auquel
Arthur Wedenpearl est un jeune homme aux traits la bibliothécaire est très attachée.
lourds mais charmants, avec une raie au milieu de Wedenpearl habite au 24 Chester Square, dans le
ses abondants cheveux bouclés. Cet universitaire, quartier de Belgravia. Il peut décrire le contenu de
docteur en philologie, est très riche et très brillant. la pièce (voir acte III). Selon lui, c’est bien l’écri-
ture de Shakespeare. Et quand bien même  un

37
doute demeurerait : la notion d’auteur est relative Poussée dans ses retranchements, celle-ci ne nie pas.
à l’époque. À ses yeux, l’élément d’authentification Elle voulait subtiliser le manuscrit original pour
le plus important est la qualité de la pièce, «  son effectuer une séance avec les spirites de la Golden
génie  », et il la trouve magistrale. C’est pourquoi Dawn et convoquer le fantôme de Shakespeare en
il a consulté une de ses connaissances, l’éminent personne afin d’avoir le fin mot de l’histoire. Si les
homme de théâtre Sir Henry Irving, pour obtenir PJ veulent assister à cette séance, elle leur dit qu’il
une contre-expertise tout en prévoyant qu’il serait est impossible de le faire avant la représentation de
sans doute lui aussi convaincu. Et de fait, l’acteur ce soir. Mais ils pourront y assister par la suite, elle
n’a eu besoin de lire que le premier acte pour se le promet (et tiendra parole).
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

ranger à son avis et déclarer « quelle aubaine pour le


théâtre britannique et pour le monde entier ! ». Un
test de Sensibilité SD 12 montrera que Wedenpearl Frances Burlington
et Irving semblent faire passer leur carrière en prio-
rité plus que chercher la vérité historique. Irving Frances Burlington est une femme d’une cinquan-
a en effet très vite entrepris de monter cette pièce taine d’années, bibliothécaire et bibliophile.
pour une série de représentations exceptionnelles, Elle vient d’acheter avec son mari une maison à
dont la première doit être l’occasion de faire une Londres, au 33 Thurloe Square (quartier de South
annonce au monde entier dans la salle du Crite- Kensington), dont le grenier était encombré de
rion Theater. Wedenpearl, avec l’accord de Frances papiers et d’ouvrages divers. Elle a passé un hiver
Burlington, lui a confié une copie du manuscrit et à le déblayer jusqu’à tomber sur ce manuscrit, non
a très hâte de voir le résultat sur scène. signé, mais daté de 1605 et s’intitulant Loin les
Arthur mène également une vie dissolue  : il passe unes des autres ou Les Amants de la Malédiction. De
CHAPITRE III -

ses journées à travailler et ses nuits à sortir, boire et nombreux traits font penser à Shakespeare dans la
agrandir sa collection de conquêtes féminines. Il a dramaturgie : les rêves, le thème des fées, les amants
déjà essuyé quelques duels et sait très convenable- maudits, l’amour impossible. Elle décide de faire
ment se battre à l’arme blanche et à l’arme à feu. appel à un philologue spécialiste de Shakespeare.
Les PJ pourront remarquer que le jeune philologue Elle rencontre ainsi Arthur Wedenpearl, jeune
se remet d’une agression. Dans la nuit, deux voyous universitaire en mesure de confirmer son hypothèse.
ont été dépêchés chez lui. Wedenpearl était en train Frances Burlington est catholique, ce qui n’est pas
de rentrer à son domicile avec une demi-mondaine, si fréquent en Angleterre. Elle a récemment changé
bien éméché. Il s’est vigoureusement défendu, de confesseur et est désormais suivie par le père
malgré son état, et a abattu un de ses agresseurs, qui, Andrew. Elle lui raconte sa découverte.
dans le coma, a été envoyé à l’hôpital St George. Les Pèlerins, auxquels le père Andrew appartient,
En effet, les deux voyous ont sous-estimé les capa- prennent cette affaire au sérieux car Shakespeare est
cités d’un simple philologue. Leurs comparses vont connu pour sa représentation des fées. Ils décident
essayer de récupérer leur camarade blessé avant qu’il alors de récupérer le manuscrit original chez Frances
ne se réveille. Le comateux est transporté à l’Hôpital Burlington. La même nuit au cours de laquelle
St George, près de Hyde Park. Si les PJ y attendent, Wedenpearl est agressé, ils surprennent la vieille
un groupe de voyous débarque pour sauver leur femme chez elle, en train de lire tardivement. Dans
camarade. Un combat violent s’engage (comptez la panique de leur intervention, la lampe à pétrole
un Larbin par PJ). S’ils sont attrapés, les voyous de la vieille bibliothécaire est renversée et la maison
racontent avoir été engagés par une femme japo- prend feu. Quand les PJ arrivent sur les lieux, la
naise qui fumait beaucoup. Ils ont été payés pour vieille bibliophile a été traînée hors de chez elle par
récupérer un manuscrit. C’est tout. Les PJ reconnaî- ses voisins, alertés par l’odeur, mais elle a perdu sa
tront Pamela Colman-Smith dans leur description. maison, son mari et sa bibliothèque. Elle est au

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plus mal et les médecins jugent bon de l’interner tourné. Malgré tout, le père Andrew possède main-
quelques temps, devant son apathie neurasthé- tenant le manuscrit. Suspicieux jusqu’à la paranoïa,
nique. C’est une femme brisée, qui ne fait que il ne le confie à personne et le garde sur lui, derrière
ressasser l’idée de malédiction. Elle est emmenée son écharpe tissée de fils d’argent.
à St George où le père Andrew arrive rapidement, Les Pèlerins du mont Ébal sont à la fois inquiets et
affirmant à raison être son confesseur. scandalisés par cette pièce, qu’ils voudraient faire
Avec beaucoup de patience (Sensibilité ou Rhéto- interdire. Seulement c’est impossible : la censure ne
rique SD 12, ou grâce au Pouvoir Calme), les PJ s’exerce pas en Angleterre et, de toute manière, le
peuvent soutirer à Frances Burlington le résultat Premier ministre, chapeauté par la belle Morgause,
de son travail. Elle n’est pas du même avis que s’y refuserait. Évoluant dans sa stratégie, le père
le jeune universitaire dont elle a sollicité l’exper- Andrew a convaincu ses supérieurs de laisser la
tise. L’histoire littéraire fait émerger, aux côtés de pièce se jouer, au moins le premier soir : cette pièce
Shakespeare, le nom de James Walker. On sait est pour lui un formidable moyen d’attirer des fées
peu de choses de lui  : un titre de propriété dans dans ses filets.
les archives, deux recueils de poèmes, une amitié D’ailleurs, le père Andrew a réalisé une enquête sur
avec Shakespeare mentionnée dans des lettres de la dénommée Fiona McPhersen qui paraît avoir
contemporains, une participation à l’écriture et à la une influence importante sur le Premier ministre et
représentation de certaines pièces. Lorsque Shakes- qui semble venue de nulle part. Il vient de décou-
peare se retire, Walker disparaît sans laisser de trace. vrir qu’il s’agit d’une fée (il l’a testée grâce à son
En comparant les écritures de Shakespeare et de écharpe tissée de fils d’argent qui a provoqué une
Walker, elle a pu constater qu’elles sont pratique- rougeur immédiatement sur la main de la jeune
ment similaires et très difficile à distinguer – mais femme lorsqu’il lui a été présenté un mois aupa-
dissemblables, elle en est certaine. Cependant, ravant lorsqu’elle a commencé à s’intéresser à la
son idée est peu séduisante  : Wedenpearl (qu’elle pièce), donc que le Premier ministre est sous l’em-
soupçonne à raison d’avoir, par ambition, refusé de prise d’un démon. Dans sa folie orthodoxe, le père
mettre en doute la paternité de la pièce), Sir Henry Andrew veut désormais profiter de la présence du
Irving qui en a fait encore plus, et sans doute les Premier ministre à la représentation pour l’éliminer
journalistes dès que le secret aura été éventé, ont et favoriser l’accession au pouvoir d’un successeur
intérêt à ce que Shakespeare ait écrit cette pièce ! ultra-conservateur. Et surtout dont la maîtresse
ne soit pas une fée. C’est ainsi qu’il planifie l’as-
sassinat de Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil,
Le coup du Père Andrew 3e marquis de Salisbury, et de sa maîtresse, Fiona
McPhersen, à la fin de la représentation. Il tient à ce
Le père Andrew est un Pèlerin du mont Ébal qui que l’attentat les visant ait lieu après que des figu-
fait partie des Démonologues. Il suit la progression rants enfants soient sortis de scène pour éviter qu’ils
de la transcription et de l’étude du manuscrit par ne puissent être blessés.
le biais de Frances Burlington et de ses confessions.
Le père Andrew sera là lors de la représentation de
la pièce et il n’hésitera pas à espionner, voire à faire Sur les traces du manuscrit
abattre les PJ s’il a la conviction qu’ils sont des fées.
En effet, il pense que, si la pièce n’est pas fonciè-
perdu
rement dangereuse, elle recèle probablement des En enquêtant, les PJ peuvent trouver des traces
secrets qui seront mieux gardés au Vatican. C’est des Pèlerins du mont Ébal. Il suffit d’interroger
pourquoi il a envoyé des hommes voler le manus- plusieurs voisins, notamment ceux qui sont venus
crit chez Frances Burlington. Hélas, l’affaire a mal secourir la bibliothécaire. Tous confirment avoir vu

39
ou entendu partir une calèche au moment du début barbu et trapu est là, mort, ligoté à une chaise. Il
de l’incendie. Les PJ peuvent retrouver sa destina- a vraisemblablement été torturé à mort. C’est Iphi-
tion en interrogeant les cochers londoniens qui se génie de Vrocourt et Huberte qui l’ont trouvé et
réunissent au dépôt central des voitures sur Grey’s fait parler. Iphigénie se soucie peu d’empêcher l’at-
Inn Road. Un cocher bedonnant avec d’énormes tentat dont elle a appris l’existence car il pourrait
bacchantes se souvient avoir embarqué deux lui être utile mais s’intéresse au manuscrit, monnaie
personnes au milieu de la nuit. Il a entendu des cris d’échange très précieuse pour les Monarchomaques.
derrière lui mais les passagers l’ont pressé de conti- Une armoire s’ouvre sur quelques vêtements miteux.
nuer sa route. Il peut décrire les deux personnes Dans les poches de l’un d’eux, on peut dénicher un
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

qu’il a transportées  : une femme longiligne aux billet pour un spectacle au théâtre Criterion. De
cheveux noirs coiffés en natte et un homme trapu grands rouleaux de papiers ont été rangés verticale-
et barbu, aux sourcils broussailleux. Il les a déposés ment dans le fond de l’armoire. Ce sont des plans
au 43 Old Church Street. À cet endroit, cependant, montrant qu’un tunnel a été creusé entre les égouts
on ne trouve absolument rien. et la salle de spectacle, elle-même construite sous
En effet, ces deux membres des Pèlerins du mont terre, pour parvenir à placer la bombe près d’une
Ébal ont donné une adresse erronée. Ils avaient cible impossible à distinguer sur le plan.
rendez-vous au 29 Old Church Street. Les PJ vont On trouve ensuite une table sur laquelle sont posés
devoir interroger les habitants (Entregent SD 12) : des journaux des dernières semaines, avec des
commerçants, concierges, tenancier et clients du articles sur la représentation de la pièce mystère de
pub, vendeur de journaux, bobby, etc. Faites-leur Sir Henry Irving qui doit avoir lieu le soir-même.
faire plusieurs tests (3 à 5), et à chaque fois qu’ils La table comprend un tiroir rempli de ficelles et
ont une MR de 2 ou plus ils peuvent glaner un de quincaillerie. Le tiroir possède un double-fond
CHAPITRE III -

renseignement nouveau (dans cet ordre) : repérable grâce à un test d’Observation SD 12. À


 la mention d’un homme trapu aux sourcils épais l’intérieur, sont déposés les schémas d’un appareil.
trouve un écho : il est déjà passé dans le quartier ; Un examen rapide suggère qu’il s’agit d’une bombe.
 une très belle femme a été aperçue : blonde, jeune Quand les PJ comprennent que quelqu’un va tenter
et exubérante, accompagnée d’une servante de faire sauter le théâtre, ils doivent se précipiter au
beaucoup plus discrète et à l’air peu commode Criterion. Docte, jouez sur le temps qui presse avant
(il s’agit d’Iphigénie de Vrocourt et de sa fidèle la représentation. Même si les PJ pensent arriver en
garde du corps, l’orcque Huberte ; leur présence avance, ils sont pris dans des embouteillages et n’ar-
en ces lieux est expliquée plus bas) ; rivent qu’au moment où la pièce doit commencer.
 on reconnaît la description de la femme longi-
ligne qui est déjà passée dans le quartier ;
 l’homme et la femme ont été aperçus en train Les autres pistes
de pénétrer dans l’immeuble du 29 Old Church
Street ; Anatole Ragon
 parfois la femme a été vue avec un homme aux Les PJ peuvent avoir déjà rencontré Ragon et le
cheveux blancs sans lunettes en habits civils (il reconnaître, surtout si l’un des PJ appartient à la
s’agit du père Andrew) ; Communauté des Métaphysiciens (Culture SD 12)
 parfois l’homme a été vu avec un homme aux ou grâce à un Contact dans cette Communauté (le
cheveux blancs sans lunettes en habits civil (il physique de Ragon est suffisamment remarquable
s’agit du père Andrew). pour qu’une description verbale suffise).
Quand les PJ arrivent sur place, ce petit apparte- Ragon vient assister à la pièce pour le compte des
ment miteux qui sert de planque est tout à fait vide Métaphysiciens à cause de ses connaissances litté-
et ne comporte que quelques meubles. L’homme raires inégalées. Il bénéficie de leurs ressources et

40
pour rencontrer Robert Sicipion, chef des Monar-
chomaques de Londres. Un PJ affilié aux Monar-
chomaques peut la reconnaître grâce à un test
d’Entregent ou d’Autorité SD 11 et contacter les
Monarchomaques de Blackfriars confirmera qu’elle
est à Londres et qu’elle cherche à récupérer un
manuscrit. Elle peut faire office de suspecte idéale
dès l’instant qu’un attentat est orchestré mais les
Monarchomaques nieront qu’ils ont un tel projet.
Le rôle d’Iphigénie est très ambigu dans ce scénario.
Cette Héritière également Chasseresse a rêvé de la
pièce avant les PJ. Elle a vu que Borel Carwent et sa
concubine seraient présents à la première et qu’un
attentat allait y être perpétré : conditions parfaites
 Ragon
pour un enlèvement. Elle a donc suggéré à Robert
Scipion de profiter de la représentation pour
kidnapper ces Figures de la Monarchie, ce qu’il a
réside dans une gargote de Piccadilly en attendant refusé pour ne pas compromettre un autre plan qu’il
la représentation. Il est en lien avec une circonscrip- a avec les Métaphysiciens et que des représailles des
tion londonienne, le «  Cortège de l’Errant  » (voir Gardiens du Silence pourraient stopper net.
plus haut, p. 16), qui lui a parlé de la figure de l’Er- Iphigénie a alors mis en avant l’importance du
rant. Selon eux, Walker pourrait être cette figure. manuscrit, ce que Scipion a reconnu, en déplorant
Ragon est sceptique car il connait bien l’époque de cependant le manque d’hommes disponibles pour
Shakespeare et n’a jamais rien lu de Walker (alors partir à sa recherche dans l’immédiat. Elle a proposé
qu’il a quasiment tout lu). L’examen de l’écriture sur de mener sa propre enquête et Scipion a mis à son
le manuscrit original permettrait d’en être certain. service le réseau d’espionnage de la Communauté.
Pour toutes ces raisons, Ragon craint que des événe- C’est ainsi qu’elle a pu rapidement retrouver la
ments désagréables se préparent. Il surveille donc trace du personnage du rêve qu’elle avait identifié
l’Hôtel Savoy. Il remarque le désordre occasionné comme un homme d’église. Elle a remonté la piste
par l’agression sur les PJ et, s’il ne les connaît pas des Pèlerins jusqu’au 29 Old Church Street, où elle
encore, il les prend discrètement en filature. Cepen- a torturé le Pèlerin trapu et barbu qui lui a tout
dant, avec son physique hors-normes, la filature avoué  des plans du Père Andrew. Elle et Huberte
n’est pas son fort, un test d’Observation SD 13 ont été aperçues par des témoins. Sans rien révéler
peut suffire à le repérer si les PJ pensent être suivis. de son plan même à sa domestique, elle envisage
S’il est repéré, Ragon dévoile son identité. S’il est d’utiliser le théâtre Criterion comme un potentiel
mis en confiance par les PJ, il peut leur parler du piège pour éliminer les PJ en utilisant le plan des
«  Cortège de l’Errant  » et les envoyer au British Pèlerins. Machiavélique.
Museum. S’ils prennent contact avec ces Métaphy-
siciens, les PJ peuvent établir grâce à eux un lien
entre Walker et l’Errant. Borel Carwent et la Chevalière
Hisolda de Cambridge
Des connaissances en Angleterre permettent de
Iphigénie de Vrocourt reconnaître Borel Carwent et sa maîtresse officielle,
Iphigénie de Vrocourt dirige la cellule parisienne surtout si des PJ sont affiliés aux Carwent. Cepen-
des Monarchomaques mais était déjà à Londres dant, au moment où commence le scénario, ils ne

41
sont au courant de rien. Il est difficile de les rencon- gations tout en suivant la pièce de loin. Si jamais
trer dans un délai aussi court. ils envisagent une alerte générale et de faire inter-
Borel, invité à la représentation, est curieux car rompre la pièce, une force étrange les en empêchera
on lui a dit que cette pièce serait un témoignage (voir encart «  Une représentation complète  »). Le
possible de la condition féérique. Cardelia, sa drui- théâtre est semblable à la version du rêve, à l’excep-
desse, s’intéresse notamment à ce qui pourrait être tion des plantes. La salle est comble (600 places) et
dit d’Avalon si la pièce met en scène des humains et comprend de nombreux humains, dont le Premier
des fées. Borel s’interroge sur la conduite à adopter ministre britannique, ainsi que des journalistes et
vis-à-vis de la pièce si jamais elle évoque l’Alliance des célébrités : il est hors de question de provoquer
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

mais il doit d’abord la voir pour déterminer si elle un scandale et de briser la Loi du Silence. Cepen-
menace la Loi du Silence ou non. dant, à ce stade, les PJ ont compris qu’une bombe
menaçait quelqu’un sur place. Idéalement, il leur
faudrait intervenir avec discrétion, en apportant la
Robert Arthur Talbot Gascoyne- preuve de ce qu’ils avancent.
Cecil et Morgause Il s’agit ensuite de trouver la bombe et de la désa-
Des connaissances sur la situation internationale morcer. En fonction de leurs informations, les PJ
permettent de reconnaître le Premier ministre devraient avoir deux suspects principaux : Iphigénie
anglais (Entregent Spécialité Politique SD 11) et de Vrocourt et le père Andrew. S’ils n’ont aucune
éventuellement sa maîtresse (il faut pour cela une idée, ils peuvent aller voir un par un les spectateurs
MR de 7 ou +). Il est évidemment très difficile d’ac- importants de la soirée, qui réagissent à peu près
céder à une telle personnalité. Morgause, membre comme ils l’ont fait dans le rêve.
du Clan, fait son possible pour que la pièce soit Les PJ doivent être pris sans cesse par le temps
CHAPITRE III -

jouée. Elle fait intervenir le ministre si les PJ tentent qui presse et se décider en fonction de ce qui leur
d’interrompre le spectacle ou de l’empêcher. prendra moins le moins de temps. S’ils s’entêtent
dans une direction impossible, Docte, vous pouvez
toujours leur envoyer une vision du théâtre qui
Récompense explose, pour les remettre sur le droit chemin.

 1 point d’Expérience par PJ


 2 points d’Expérience s’ils ont compris qu’un Suivre la pièce
attentat se préparait contre le théâtre Criterion
 2 points d’Expérience s’ils ont saisi l’importance Le début de la représentation est marqué par une
du manuscrit original de la pièce annonce très solennelle de Sir Henry Irving  :
 1 point d’Expérience pour chaque personnage « Mesdames et Messieurs, la pièce qui va suivre est
identifié avec qui ils ont sympathisé au point de William Shakespeare. Quoi de plus banal dans
d’en faire un Contact un théâtre anglais, me direz-vous ! Mais elle a ceci
de particulier que personne ne l’a encore lue ou
vue : c’est un chef d’œuvre inédit du Barde ! Apprê-
LA MALÉDICTION DES tez-vous donc à vivre un moment historique, qui
marquera à n’en pas douter l’histoire du théâtre  !
AMANTS (ACTE III) Bon spectacle ! »

Les PJ se présentent au théâtre et donnent leurs Acte I  : quelque part en Angleterre. Niniane et
invitations à un employé petit et menu qui remplace Gwydion sont amoureux mais ils appartiennent à
John Wright. Ils peuvent poursuivre leurs investi- deux peuples différents. Elle est une fée, il est un

42
homme. Or les chrétiens pourchassent les fées qui Acte III : Niniane se réveille : elle a rêvé des dieux
doivent se cacher et interdisent le moindre contact qui ont maudit son peuple. Elle en parle à Gwydion
entre les deux peuples. et essaie de le convaincre de renoncer à elle. À ses
Acte II  : c’est le conseil des dieux. Les hommes yeux, leur amour est funeste. Il refuse et les amants
respectent les dieux, mais les fées usent de magie forment le projet de partir ensemble.
et deviennent leurs égales, faisant preuve d’hy- Acte IV : la nuit de leur départ, Gwydion a été trahi
bris. Les dieux décident de les punir. D’une part, par son serviteur et ami, Pierre. Celui-ci a dénoncé
ils maudissent leur patrie, l’île d’Avalon, et la le couple aux chrétiens, qui viennent s’emparer
condamnent à quitter la Terre et se dissoudre dans de Niniane pour la brûler et de Gwydion pour
le néant. D’autre part, ils maudissent les fées et les le soumettre au jugement public. Grâce à l’hé-
condamnent à disparaître : roïsme d’Amaldis, la suivante de Niniane, le couple
« Loin les unes des autres, vous oublierez votre féerie. parvient à s’échapper tandis qu’Amaldis est faite
Proches, vous serez vos pires ennemis. prisonnière et est condamnée au bûcher, scène sur
En cela, l’argent sera votre arme. » laquelle se termine l’acte.

Acte V : les deux amants fuient dans la lande froide et échapper à leurs ennemis. Ils sautent du rocher et
désolée. Ils arrivent en vue de la mer et sont toujours plongent dans les flots. Ceux-ci s’ouvrent devant
pourchassés. Réfugiés en haut d’un rocher désolé, eux et les amants sont accueillis dans Ys, la cité d’or
ils prennent la résolution de mourir ensemble pour et de plomb.

43
Passer par les égouts
S’ils suivent les plans laissés par les Pèlerins, ils
Une représentation

S
peuvent essayer de descendre dans les égouts.
complète Cependant, si les PJ commencent à déplacer une
plaque d’égout présente sur la place Piccadilly, ils
sont immédiatement visés par des tireurs embus-
Les PJ pourront être tentés de lancer une alerte qués. En effet, le père Andrew a positionné quatre
à la bombe pour faire évacuer le théâtre à tout tireurs d’élite sur les toits des quatre bâtiments qui
moment de la représentation ou ne pas réussir
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

entourent la place. Les rues adjacentes sont égale-


à être discrets en cherchant à parler au Premier
ment couvertes et les tireurs sont très mobiles. Ils
ministre ou à Borel Carwent. Étrangement, ils
sont équipés de fusils de précision avec des silen-
se retrouveront incapables de toute entreprise
susceptible de trop déranger le déroulement de cieux, une invention toute récente venue des États-
la pièce, eux comme n’importe quel autre PNJ. Unis. Ils tirent des balles d’argent qui, heureuse-
Si la bombe doit exploser, ce sera à la toute fin de ment pour les PJ, ne resteront pas figées dans leur
l’Acte V. En effet, le Marcheur est là pour voir la corps mais les transperceront comme du beurre
représentation de sa pièce et empêche de manière (faites perdre à un ou deux PJ 10 à 12 PV pour leur
magique toute interruption de celle-ci. Si jamais montrer que la menace est mortelle, en leur rappe-
ils tentent une telle action, ils seront surpris de ne lant qu’ils peuvent Tricher pour se souvenir qu’ils
pouvoir bouger ou parler comme ils le voudraient vont se faire tirer dessus et donc éviter ces blessures).
et pourront même se retrouver paralysés. Faites- Plus ils s’éloigneront du théâtre pour pénétrer dans
leur faire quelques tests de Fortitude + Esprit les égouts en sécurité, plus leur orientation souter-
CHAPITRE III -

pour lutter contre la force qui semble les museler raine sera compliquée (malus de - 1 à - 3).
et contenir avec des SD impossibles à atteindre,
Si jamais les PJ insistent et parviennent tout de
même en Trichant. Intrigués par ce phénomène,
même à pénétrer dans les égouts, ils tombent sur
leurs soupçons pourront se diriger vers Irving,
qui tient tant à faire de la pièce un événement des souterrains. Sans plan, il est très difficile de
théâtral majeur, mais ils peineront à percevoir d’où trouver son chemin, sauf pour les gnomes (bonus
la force provient avant l’Acte V, au cours duquel de + 2). À moins d’une idée particulièrement bril-
l’émotion du Marcheur devient telle qu’elle le lante (avoir reniflé le Pèlerin mort dans la planque
distingue des autres spectateurs et sera repérable et suivre son odeur, pister les traces de pas récentes
avec un test d’Observation, d’Occultisme ou de dans la boue et la pénombre avec un ou deux tests
Sensibilité SD 13. Ils auront le sentiment que cette de Survie SD 16, etc.), les PJ perdent beaucoup de
personne dégage quelque chose de surnaturel et temps. Selon le temps évalué par le Docte, ils n’arri-
veut absolument voir la fin de la pièce  : la force veront au théâtre qu’à l’acte II ou III de la pièce ou
qui empêche toute perturbation extérieure de la même à l’entracte.
troubler émane de lui. Ils obtiendront 1 point Cependant, ils peuvent arriver au bout de leur
d’Expérience supplémentaire pour avoir découvert
recherche et tomber sur le trou creusé par les
ce phénomène intriguant (un indice sur la nature
Pèlerins. Au bout, se trouve une bombe. La désa-
du Marcheur).
Ces circonstances particulières permettront de morcer demande de réussir deux tests successifs,
décrire ce qui se passe sur scène à chaque acte ou l’un SD 13 d’Habiletés (Explosifs*) + Esprit pour en
presque, et qui est important pour comprendre comprendre le fonctionnement (ou réussite auto-
l’histoire de la féérie. matique avec le pouvoir d’Intrapsychométrie), un
autre de SD 14 d’Habiletés + Précision ou Sang-
froid pour la désamorcer avant qu’il ne soit trop

44
tard. Si le premier test échoue, le test de désamor- ci-dessus). Mais le père Andrew a les yeux fixés sur
çage est affecté d’un malus de - 3. Néanmoins, si les cette loge et ordonnera à un tireur d’élite de tirer sur
PJ ont pris le temps de lire les schémas ou bien de les la bombe aussitôt qu’il sera clair que quelqu’un va
emporter avec eux, ils bénéficient d’un bonus de + essayer de la désamorcer pour la déclencher et pulvé-
2 à toutes leurs actions concernant le désamorçage. riser toutes les fées à proximité. Cependant, si la
En outre, la bombe est remplie d’éclats d’argent (un scène prend cette tournure, les individus concernés
reste de service d’argenterie) et même d’une poudre (tous ceux qui sont dans la loge, le père Andrew et
blanche qu’un test de Sciences (Physique-chimie) le tireur d’élite) se retrouvent complètement para-
SD 12 identifiera comme du chlorure d’argent, afin lysés, ne pouvant faire qu’une chose : se tourner et
de blesser voire tuer le maximum de fées possible. regarder la suite de la pièce. Ils ne pourront agir qu’à
Il faudra peut-être changer le PJ qui désamorce la fin de celle-ci. Tous les tests de Fortitude + Esprit
car il risque de se sentir mal rapidement à cause seront infructueux. L’expérience est assez traumati-
de l’argent, et si possible retenir son souffle pour sante (voir l’encart « Une représentation complète »).
ne pas risquer d’inhaler ce qui pour les fées est un La scène de tir d’élite et de désamorçage aura lieu
poison mortel (voir Drogues délicieuses et poisons aussitôt que Niniane et Gwydion sautent dans la mer
effroyables). Faites comprendre aux PJ que, s’ils ne à l’Acte V et alors il sera possible de lancer une alerte
pensent pas être capables de désamorcer la bombe, à la bombe, etc.
il est très dangereux de risquer de la faire exploser.
La Tricherie leur permettra de se raviser si jamais
leur tentative échoue. Les faux coupables
Note : la bombe est placée au fond d’une alcôve de la
loge du Premier ministre, dissimulée par une tenture. Parmi les suspects, les PJ peuvent désigner principale-
Elle a été introduite via un trou dans le mur étroit par ment le Marcheur, Ragon ou Iphigénie de Vrocourt.
lequel on peut passer les mains, mais il est impossible  Le Marcheur accueille toute question avec un
qu’une personne passe par là à moins d’être contorsion- sourire tranquille. Rien ne semble le déstabiliser.
niste ou de recourir à un pouvoir de métamorphose. Cependant, il nie toute implication dans les événe-
ments et joue les candides. Il insiste sur le fait qu’il
n’est ici que pour assister à cette pièce si intéres-
Chercher la bombe dans le sante (ce qui est totalement vrai mais il y a quelque
théâtre chose d’étrange dans son assurance même).
 Ragon, s’il n’a pas été interrogé encore, dévoile
Partout où ils regardent les PJ ne trouvent absolu- son identité de policier, et, mis en confiance,
ment aucune trace de la bombe. S’ils déboulent dans peut évoquer à mi-mot les Métaphysiciens. Il se
la loge de Borel, dont la sécurité est assurée par des montre choqué qu’on ait essayé de voler l’original
Gardiens du Silence patibulaires, ils sont reconduits du manuscrit, qu’il considère comme un trésor
fermement à moins de s’expliquer sur leur présence universel. Note : Ragon aidera les gens à sortir au
ici. Ils ne trouveront cependant aucune bombe dans moment de la cohue finale et ne se battra pas.
cette loge. S’ils font irruption sans coup férir dans la  Iphigénie minaude beaucoup mais finit par avouer,
loge de Morgause, les hommes du Premier ministre si elle est au pied du mur, qu’elle est une Héritière
les mettent dehors, à moins qu’ils ne soient parti- (elle cache à tout prix son identité de Chasseresse,
culièrement persuasifs ou impressionnants (Rhéto- ainsi que son appartenance aux Monarchoma-
rique, Autorité ou Classe SD 15). Une tenture sur ques, sauf si un des PJ est lui-même affilié et lui
le côté est légèrement déplacée (Observation SD 12). garantit qu’elle peut parler). Elle a compris en
En l’arrachant et en creusant dans le plâtre, on tombe rêve l’importance du manuscrit, enquêté de son
sur la bombe dans le mur (pour la désamorcer, voir côté et a appris qu’un homme à cheveux blancs

45
rencontrait parfois les deux agresseurs de Frances si on approche de lui  : il en a imbibé la couver-
Burlington dans Church Street. Elle avoue avoir ture avec un peu d’huile de roche et a un briquet
eu la main un peu lourde lors de l’interrogatoire dans la poche. Il tentera également d’attirer les PJ,
de l’un deux et a appris qu’un attentat était prévu dont un signalement providentiel lui a été fourni,
mais ce n’est pas son affaire. Elle accepte d’aider devant le théâtre pour qu’ils soient abattus par ses
les PJ à identifier l’homme au manuscrit et à récu- sbires (il désignera les PJ du doigt). Le père Andrew
pérer celui-ci et peut même devenir un Contact est un fanatique qui hait les fées et qui est prêt à
jusqu’au jour où elle les trahira. mourir pour ses idées : il ne cesse de traiter les PJ
Note  : malgré sa proposition d’aide, au début de de démons. S’il se sent pris, il essaiera à tout prix de
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

la soirée, Iphigénie transmet une note anonyme au détruire le manuscrit à défaut de le falsifier.
père Andrew donnant le signalement très précis des Note : toutes les actions se déroulant en dehors de la
Héritiers ainsi que celui de Borel Carwent et de sa salle de spectacle et qui ne sont pas susceptibles d’in-
compagne Hisolda afin qu’il les identifie comme des terrompre la représentation peuvent avoir lieu, le
« démons » et cherche à les faire tuer lui-même par ses Marcheur ne les empêchera pas.
hommes. En Chasseresse, elle veut la mort des Héritiers Au 5e acte, si les PJ ne l’en empêchent pas, le Père
et en Monarchomaque, d’une Figure de la Monarchie Andrew retourne au 2e balcon pour s’assurer que la
comme le Duc d’Angleterre. Elle ignore qu’Hisolda est bombe va bien exploser et éventuellement désigner
en fait une humaine. Elle s’éclipsera au cours de la à sa tireuse d’élite des démons à éliminer (les indi-
représentation pour éviter d’être soupçonnée de quoi vidus qu’on lui a signalés dans la note anonyme,
que soit et dira simplement a posteriori qu’elle a eu signe envoyé par la Providence).
« un mauvais pressentiment » et a préféré partir.
CHAPITRE III -

Et si la bombe explosait ?
Le vrai coupable
Docte, si vous jugez que les PJ ont mis trop de
Le père Andrew a tout coordonné. Comme dans temps à intervenir, faites sauter la bombe sitôt la
le rêve, il assiste au spectacle depuis le 2e balcon, fin de la pièce arrivée (ils doivent se douter qu’elle
accompagné d’une Pèlerine experte en tir, femme va exploser et tenter de l’empêcher). Dans ce cas,
longiligne qui a dissimulé un pistolet Mauser C96 le chaos se déchaîne dans la salle.  Les spectateurs
le long de sa jambe sous sa robe à crinoline et une s’enfuient en hurlant. Le Premier ministre et sa
crosse de précision pour celui-ci le long de son autre maîtresse Morgause sont tués sur le coup. Pour
jambe. Le chargeur comporte 6 balles d’argent. l’histoire, Gascoyne-Cecil meurt en 1903, cela ne
Le Père est dans un état proche de la transe. Il a hâte que d’un an sa disparition : il est remplacé par
envisagé de demander à son compagnon démono- Arthur Balfour, son neveu.
logue de tirer sur la bombe pour la faire exploser Si les PJ sont à proximité de la loge qui explose, ils
plus tôt que prévu mais s’est ravisé. Peu à peu, la doivent frôler la mort à cause des dégâts occasionnés
crainte pour la vie des enfants jouant dans la pièce par les substances argentiques projetées. Borel aussi
est devenue une obsession. C’est pourquoi on peut risque d’être grièvement blessé et sa priorité sera de
le trouver, lors du 4e acte, seul dans les coulisses, à mettre Hisolda à l’abri du danger. Irving ou Pamela
vérifier que les acteurs enfants qui jouaient les fées sont moins menacés, car le rideau les protège en
ont bien été évacués. Il ne veut pas que ces âmes partie de ces projections mortifères.
innocentes puissent être victimes de la bombe. Le père Andrew demeure sur place pour évacuer les
Il possède toujours le manuscrit sur lui car il n’a humains et il compte sortir ensuite pour montrer
confiance en personne. S’il est acculé au 4e acte, à ses tireurs embusqués les fées qu’il a repérées,
il sortira le manuscrit et menacera de le détruire en particulier les Héritiers. Ceux-ci, blessés par

46
la poussière d’argent de la bombe (au Docte de  Borel Carwent, Hisolda et 2 Gardiens du Silence
déterminer combien de PV ils perdent, voudront dans leur loge attendant que la voie se libère ;
sans doute l’empêcher de sortir pour récupérer le  Sir Henry Irving (il a dit à Sarah Bernhardt
manuscrit. Mettez en scène un affrontement entre de se mettre à l’abri), paniqué à l’idée que le
eux et le Père Andrew épaulé de sa comparse au manuscrit parte en fumée dès qu’il comprend
Mauser. Si l’affrontement est rapide, les tireurs qu’Andrew le détient ;
d’élite n’auront pas le temps d’intervenir et ne  le Marcheur, les yeux humides et comme au sortir
sauront qui abattre, dans le cas contraire, au bout d’un rêve, qui se dirige lentement vers la sortie
d’un moment, ils viennent en aide au Père Andrew sans prêter attention à ce qui se passe en murmu-
(à moins que celui-ci n’arrive à s’échapper) et la rant : « « Loin les unes des autres, vous oublierez
situation deviendra tendue pour les PJ. votre féerie. / Proches, vous serez vos pires
ennemis. / En cela, l’argent sera votre arme. »
Note  : toute attaque contre le Marcheur échoue,
Si la bombe n’explose pas semble le manquer et il sortira de la salle indemne
même si le chaos règne autour de lui.
Si la bombe a été désamorcée depuis les égouts, la fin Le Père Andrew est sans doute au 2e balcon avec sa
de la pièce se déroule normalement : une standing comparse au Mauser à balles d’argent. Il lui désigne
ovation très longue a lieu. Le père Andrew trépigne les « démons » à abattre : les PJ, Borel Carwent et
de rage  : il est impossible de tirer sur la tenture Hisolda. Pendant ce temps, il s’enduit de pétrole,
de la loge du Premier ministre car des spectateurs dont il a une petite quantité sur lui, car ce liquide
bloquent le tir. Il ordonne alors à sa complice de permet de lutter contre les démons (le pétrole ou
tirer sur la maîtresse de Sir Gascoyne-Cecil, cette huile de roche a une chance de forcer une fée à
démone. Celle-ci mourra si le père Andrew n’est pas reprendre son masque). Il enjoint aux PJ de le laisser
stoppé à ce stade et une cohue s’ensuivra. Le père partir sans quoi il s’immolera et le précieux manus-
en profitera pour essayer de s’enfuir, confiant dans crit brûlera avec lui (toute attaque de brûlure, y
la protection des tireurs d’élite postés sur les toits, compris une balle, risque d’enflammer le prêtre). En
mais les PJ pourront l’en empêcher s’ils sont réac- réalité, le Père Andrew veut gagner du temps pour
tifs (voir l’affrontement décrit ci-dessus), en devant que ses tireurs embusqués viennent à sa rescousse.
cependant prendre en compte la foule. C’est le moment de déterminer l’Initiative.
En revanche, si la bombe est désamorcée depuis la Note : les distances de tir seront le plus souvent comprises
loge du Premier ministre comme cela a été indiqué entre 15 et 50 m pendant les scènes de combat, selon les
plus haut, l’alerte à la bombe lancée par l’entou- déplacements des protagonistes.
rage du Premier ministre, évacué aussitôt, détourne Andrew, à couvert aux côtés de sa comparse, sortira
rapidement les spectateurs de leur standing ovation : un crucifix en argent et commencera à entonner un
ils fuient précipitamment en un désordre total et chant grégorien d’exorcisme en latin qui est un sort de
bruyant vers la sortie. Théurgie repoussant les fées loin de lui et provoquant
chez elles un malaise : elles ont - 1 à toutes leurs actions
et celles qui ont une Résistance psychique inférieure à 14
Un final dramatique sont incapables de s’approcher à moins de 15 mètres de
lui (et ont envie de se boucher les oreilles ou de quitter la
Quand la masse des spectateurs est sortie, il ne reste salle), à moins de faire un Effort en dépensant un point
plus que des Protagonistes dans la salle : temporaire d’Esprit ou de Sang-froid pour atteindre 14
 les PJ ; ou + ou d’utiliser une Résistance active.
 le père Andrew et sa comparse de rang Acolyte À ce stade, les PJ peuvent utiliser des capacités natu-
avec son Mauser au 2e balcon ; relles ou pouvoirs spectaculaires pour l’atteindre  :

47
la salle étant quasiment vide, la Loi du Silence ne lui sauver la vie. Si les PJ ont compris qui était le
risque plus d’être brisée. Marcheur, ils peuvent tenter de le retrouver avant
La comparse au Mauser essaiera d’abord d’atteindre sa sortie du théâtre (il met 5 tours à disparaitre
Borel Carwent et un Gardien du Silence s’effondrera, dans la foule à partir du moment où il quitte la
après s’être interposé, frappé d’une balle en argent : la salle ; après, la cohue empêchera de le retrouver)
tension monte. Borel se change alors en loup-garou et lui demander de sauver la vie d’Hisolda (test de
pour la neutraliser rapidement ainsi que le prêtre en Rhétorique SD 13 pour le convaincre d’intervenir
escaladant avec ses griffes jusqu’au 2e balcon. dans cette affaire alors qu’elle ne le concerne pas).
Au bout de 3 tours de jeu, le Marcheur sort de S’ils utilisent la Tricherie, il sera convaincu d’of-
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

la salle au moment où les 4 tireurs d’élite qui fice : il reconnaît des Héritiers. S’il sauve Hisolda,
étaient embusqués sur les toits y pénétreront via le les Héritiers ne pourront pas parler avec lui car,
parterre, deux de chaque côté, et en laissant passer après avoir tourné les yeux un instant pour parler
le Marcheur. Ils sont terriblement dangereux pour à Irving, Borel ou Hisolda, le Marcheur ne sera
les fées. Si rien n’a été fait pour protéger Hisolda, simplement plus là.
deux des tireurs l’abattront, elle et le dernier des Borel Carwent sera infiniment reconnaissant aux
Gardiens du Silence. C’est tragique, car Hisolda est PJ s’ils parviennent à la sauver ; sinon, il sombrera
en fait humaine, mais la balle d’argent l’atteint à dans une détresse psychologique proche de la folie.
une artère et elle commence à se vider de son sang Note : la police arrivera au plus tard 15 minutes après
en criant à Borel que sa vie la quitte. l’évacuation du théâtre. Sir Irving et Pamela aideront
Sir Henry Irving se change en noctule dès le second à effacer les éventuelles traces de féérie de l’affronte-
tour de jeu. Si les PJ maîtrisent la situation, retardez ment (les PJ pourront aider) et diront que des indi-
son intervention. S’ils tardent à agir, ou sont en vidus inconnus ont voulu voler le manuscrit en plus
CHAPITRE III -

mauvaise posture, il volera à proximité d’un des 3 d’attenter à la vie du Premier ministre.
groupes armés pour utiliser le pouvoir Ténèbres afin
de lui couper la vue. Une fois dans l’obscurité, ce
groupe d’assaillants sera facile à neutraliser et il sera Épilogue
possible de se focaliser sur les menaces restantes.
Les PJ devront agir rapidement pour tenter de sauver Après des émotions plus ou moins fortes selon la
Hisolda  : contribuer à se débarrasser des tireurs et manière dont le final s’est déroulé, c’est mainte-
aller le plus vite possible lui prodiguer des soins. Mais nant aux PJ de choisir à qui ils remettent le manus-
ils peuvent privilégier de neutraliser le Père Andrew crit, s’ils ont réussi à le prendre au père Andrew.
et de récupérer le manuscrit avant qu’il ne s’immole. Cela peut décider de leurs associations futures : ils
Dès que Borel Carwent comprend qu’Hisolda se peuvent remettre le manuscrit aux Métaphysiciens,
meurt, il hurle à la mort et glace le sang des Pèle- qui militent pour en faire un outil de l’Alliance.
rins restants, qui paniquent et cherchent à fuir. Borel s’en désintéresse totalement si Hisolda est
L’affrontement tourne court car dès qu’il en atteint morte et n’y accorde pas une attention démesurée
un, il le massacre d’un seul coup (son Pouvoir de si elle survit, mais il estime que ce trésor culturel
berserker est activé). lui revient de droit en tant que Duc d’Angleterre.
Sauver la vie d’Hisolda requiert un test de Survie ou Morgause en revanche fera tout pour mettre la main
de Médecine (Premiers soins) SD 13 pour ralentir dessus à la demande de Morgane, qui y voit un
l’hémorragie et un autre de Médecine (Chirurgie*) moyen de retrouver le Marcheur. Les Pèlerins conti-
SD 14 pour réparer l’artère de manière à empêcher nuent de chercher à le récupérer sans relâche. Quel
son sang de couler jusqu’à ce qu’elle soit amenée que soit leur choix, les PJ risquent de se faire des
à l’hôpital. Des Pouvoirs comme Imposition des ennemis et auront sans doute besoin d’alliés contre
mains ou Salive régénératrice permettront aussi de les menées du Clan ou des Pèlerins. Leur efficacité a

48
pu attirer l’attention de Borel ou de Morgause, qui Récompenses
pourront essayer de les recruter plus tard.
La Golden Dawn peut organiser par la suite une  3 points d’Expérience par PJ ;
séance de spiritisme très spectaculaire (voir «  Le  2 points d’Expérience en plus s’ils ont retrouvé le
spiritisme  », dans Un Livret pour le Docte, p. 21) manuscrit original ;
grâce au manuscrit original en invoquant Shakes-  3 points d’Expérience s’ils ont reconnu le
peare lui-même ! Le fantôme accepte de dire qu’il a Marcheur ;
coécrit la pièce avec Walker. D’ailleurs, dévoile-t-il,  1 point s’ils ont sauvé Hisolda.
Walker était présent au théâtre. Quand il le décrit,
on reconnaît le Marcheur.
Note  : si les PJ ont sauvé Hisolda, Borel Carwent
devient un Contact et leur devra une faveur.

PROTAGONISTES
John Wright 
Créature : troll, Chasseur. Atout féérique : peut Tricher (3 points de Tricherie). Désavantage : rappel, les
trolls ont très peur du feu.
Pouvoirs masqués : Course infinie, Haleine fétide.
Pouvoirs démasqués : Mains battoirs, Odorat décuplé, Force accrue, Salive régénératrice.

Agilité : 3 Esprit : 2 Aventurier : 4 Combattant : 2


(Mêlée : 3)
Constitution : 5 Perception : 3 Érudit : 1 Gentleman : 1
(Fortitude : 3)
Force : 5/6 Prestance : 2 Roublard : 1 Savant : 1
Précision : 2 Sang-froid : 4 Points de vie : 24 Esquive : 12
Féérie : 3 Masque : 4 Résistance psychique : 10 Résistance physique : 14

Attaque de Mains battoir : 6 + 1D10 (5 points de dégâts combinés) ; tentera d’étrangler un PJ (voir les
règles d’asphyxie du livre de base). 

Gwydion le Marcheur 
Créature : Docteur du Grand Langage. Atout divin : Maîtrise du Grand Langage (usages mineurs seule-
ment pour ne pas alerter l’œil d’Ys). Empêcher des spectateurs de troubler la pièce ou soigner quelqu’un
représentent des usages mineurs. Le Marcheur esquivera comme par miracle toutes les attaques portées contre
lui, comme s’il avait une chance incroyable, mais s’il vient à subir des dégâts malgré tout, il en sort indemne.

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Agilité : 6 Esprit : 8 Aventurier : 6 Combattant : 4
Constitution : 6 Perception : 8 Érudit : 7 Gentleman : 6
Force : 6 Prestance : 6 Roublard : 5 Savant : 4 (Observation : 7)
Précision : 6 Sang-froid : 10 Points de vie : immortel Esquive : 17
Féérie : 10 Masque : 10 Résistance psychique : 25 Résistance physique : 17

Borel Carwent 
SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

Créature : loup-garou, Duc d’Angleterre. Atouts féériques : flair, hurlement, 2 Gardiens du Silence (un
loup-garou et un léporide) le protègent, de rang Acolyte.
Pouvoirs masqués : Course infinie, Métamorphose en loup, Terreur, Vigilance instinctive.
Pouvoirs démasqués : Crocs et griffes, Vision nocturne, Agilité accrue, Berserker.

Agilité : 5/6 Esprit : 4 Aventurier : 4 Combattant : 3 (Mêlée : 5)


Constitution : 5 Perception : 4 Érudit : 2 (Fortitude : 3) Gentleman : 3
Force : 5 Prestance : 3 Roublard : 2 Savant : 2 (Observation : 4)
Précision : 3 Sang-froid : 4 Points de vie : 24 Esquive : 14
Féérie : 5 Masque : 6 Résistance psychique : 13 Résistance physique : 14
CHAPITRE III -

Attaque  de Crocs / griffes / épée ancestrale des Carwent : 10 /11 + 1D10 (5 / 4 / 6 points de dégâts
combinés). 

Sally / Chevalière Hisolda de Cambridge


Créature : humaine, maîtresse de Borel Carwent. Atout féérique : amulette druidique permettant de se
transformer en louve.

Agilité : 3 Esprit : 3 Aventurière : 2 Combattante : 1


Constitution : 3 Perception : 4 Érudit : 2 (Fortitude : 3) Lady : 2
Force : 2 Prestance : 4 Roublarde : 2 Savante : 2
Précision : 4 Sang-froid : 5 Points de vie : 18 Esquive : 10
Féérie : 0 Masque : 0 Résistance psychique : 11 Résistance physique : 10

Morgause alias Fiona McPhersen 


Créature : fleur de métal. Atouts notables : amant éperdu : le Premier Ministre anglais ; agente du Clan
du Cercle de l’emprise.

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Pouvoirs masqués : Absorption vitale, Contact envoûtant, Hypnose, Imposition des mains.
Pouvoirs démasqués : Ailes, Armure naturelle, Prestance accrue, Regard paralysant.

Agilité : 4 Esprit : 4 Aventurière : 3 Combattante : 2 (Mêlée : 4)


Constitution : 3 Perception : 4 Érudit : 2 (Fortitude : 4) Lady : 3
Force : 2 Prestance : 5/6 Roublarde : 3 Savante : 2 (Observation : 5)
Précision : 3 Sang-froid : 4 Points de vie : 18 Esquive : 12
Féérie : 5 Masque : 7 Résistance psychique : 15 Résistance physique : 11

Sir Henry Irving 


Créature : vampyr. Atouts féériques : goût du sang ; faciès aristocratique.
Pouvoirs masqués : Coup d’œil, Hypnose, Métamorphose en noctule, Terreur.
Pouvoirs démasqués : Crocs effilés, Vision nocturne, Mort différée, Ténèbres.

Agilité : 3 Esprit : 5 Aventurier : 2 Combattant : 1


Constitution : 3 Perception : 5 Érudit : 5 Gentleman : 4
Force : 3 Prestance : 6 Roublard : 2 (Comédie : 4) Savant : 2 (Observation : 5)
Précision : 3 Sang-froid : 5 Points de vie : 18 Esquive : 10
Féérie : 5 Masque : 7 Résistance psychique : 17 Résistance physique : 10

Compétences futiles : Théâtre 6 ; Littérature 6 ; Poésie 5 ; Héraldique 4.

Note : Sir Irving ne se battra pas mais utilisera ses Pouvoirs pour aider à récupérer le manuscrit et à lutter
contre les Pèlerins. La collaboratrice de Sir Irving, Pamela Coleman-Smith, se mettra à l’abri dans les
coulisses ou sous la scène, quelle que soit la manière dont se termine l’acte III, sans toutefois quitter le théâtre.
Sarah Bernhardt quittera, elle, le théâtre.

Le Père Andrew 
Créature : humain, Pèlerin du mont Ébal. Théurgie : Chant d’exorcisme (voir effet dans le paragraphe
« Un final dramatique »).

Agilité : 3 Esprit : 5 Aventurier : 2 Combattant : 2 (Mêlée : 3)


Constitution : 3 Perception : 4 Érudit : 3 (Fortitude : 4) Gentleman : 2
Force : 3 Prestance : 4 Roublard : 2 Savant : 2 (Observation : 4)
Précision : 3 Sang-froid : 4 Points de vie : 18 Esquive : 11
Féérie : 0 Masque : 0 Résistance psychique : 14 Résistance physique : 11

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2 outres contenant de l’huile de roche (si une fée démasquée en est aspergée : test de Masque + Sang-froid SD
10 pour ne pas être contrainte à se masquer ; produit inflammable) ; attaque avec un crucifix en argent : 6 +
1D10 (dégâts combinés : 6 contre les Faux-Semblants) ; il possède aussi un briquet. 

Les Acolytes du Père Andrew 


SHAKESPEARE OR NOT SHAKESPEARE ?

4 hommes et 1 femme de rang Acolyte. Les 4 hommes utilisent des fusils à silencieux et balles d’argent et
la femme un Mauser C96 avec une crosse pour le tir de loin (sans silencieux).
Attaque : 8 + 1D10 (dégâts avec balles en argent : 9 ; le Mauser a une Cadence 2).

Iphigénie de Vrocourt 
Créature : ondine, Monarchomaque, Chasseresse. Atouts féériques : peut Tricher (4 points) ; garde du
corps loyale : Huberte, orcque de rang Acolyte douée en Tir, utilisant un Colt Navy (attaque 9 + 1 D10 ;
dégâts 4, Cadence 1).
Pouvoirs masqués : Charme, Égarement, Régénération aquatique.
CHAPITRE III -

Pouvoirs démasqués : Cheveux préhensiles, Respiration aquatique, Prestance accrue, Liquéfaction.

Agilité : 4 Esprit : 4 Aventurière : 3 Combattante : 3 (Tir : 4)


(Mouvement : 4)
Constitution : 3 Perception : 4 Érudit : 2 Lady : 3
Force : 3 Prestance : 5/6 Roublarde : 2 (Comédie : 4) Savante : 2
(Observation : 5)
Précision : 3 Sang-froid : 3 Points de vie : 12 Esquive : 11
Féérie : 4 Masque : 6 Résistance psychique : 12 Résistance physique : 11

Attaque à la mitrailleuse de poche : 8 + 1 D10 (dégâts : 3 ; Cadence 2).

Sources :

P. Ackroyd, Londres : la biographie, Stock, 2003.


Monica Charlot et Roland Marx, Londres 1851-1901 : L’ère victorienne ou le triomphe des inégalités, n°3
série Mémoires, 1990.
Sur le théâtre Criterion : http://www.arthurlloyd.co.uk/CriterionTheatre.htm
Sur l’histoire sociale de Londres : https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1960_num_15_5_420667
Sur la police londonienne : https://journals.openedition.org/rfcb/1612

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Aventures féériques
à la Belle Époque

Londres 1900
Ce supplément pour Les Héritiers présente Londres,
puissante capitale marquée par un incroyable essor
économique, mais aussi par le smog des usines. Qu’elles
soient issues des bas-fonds ou de l’aristocratie, les fées
ont su y trouver secrètement leur place.

Dans le scénario qui compose la deuxième partie de


ce supplément, la découverte d’un manuscrit inédit
attribué à Shakespeare, et dévoilant l’existence des
fées, fait trembler toute la féérie, qui se presse pour
assister à la création de cette pièce. Tout cela finira-t-il
en drame ?

Prix éditeur : 12,50 €

Londres 1900
ISBN : 979-10-90160-24-8

9 791090 160248
titam-france.fr

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