Jean Maliet - j.maliet59@gmail.

com - 20230406/1161/339191/431041
Crédits Dédicace
Auteurs : Christine Beard, Charlie Cantrell, Maggie Carroll, Ce livre est dédié à :
Jackie Cassada, Matthew Dawkins, Shoshana Kessock, Ian tous les auteurs et les artistes qui ont fait du songe de
Lemke, Jonathan McFarland, Matthew McFarland, Morgan Changelin une réalité ;
A. McLaughlin McFarland, Krister M. Michl, Nicky Rea, tous les joueurs et les conteurs qui ont poursuivi ce rêve ;
Holden Shearer, John Snead, Vera Vartanian, Amy Veeres, tous ces gens de la Banalité qui nous ont rappelé pourquoi
Pete Woodworth nous rêvions.
Développeur : Matthew McFarland
Éditeur : Dixie Cochran Et plus particulièrement :
Illustrateurs : Charlie Bates, Tony DiTerlizzi, Jason Felix, ce livre est dédié à Cyrile Monter, et à tous les autres Rêveurs
Richard Kane Ferguson, David Fooden, Rebecca Guay, qui ne sont plus parmi nous.
Anthony Hightower, Mark Jackson, Leif Jones, Priscilla
Kim, Clint Langley, Jeff Laubenstein, Brian Leblanc, Version française
Larry MacDougall, Shea Anton Pensa, Adam Rex, Bryan Une publication
Syme, Drew Tucker, Kayla Underwood, Melissa Uran, ARKHANE ASYLUM PUBLISHING
Kieran Yanner
Directeur artistique : Michael Chaney
Directeur de la création : Richard Thomas
Testeurs : Kristen Barrett, Fletcher Bennett, Anna Matsen
Cantrell, Charlie Cantrell, Greg Curley, Katherine
Dungan, Sarah Dungan, Sarah Dyer, Glen Gilmore, Jonas
Håkansson, Matt Homentotsky, Amy Houser, Matt Karafa, Directeur de publication : Mathieu Saintout
Robert Karlgren, Scott Katinger, Michelle Lyons-McFarland, Office manager : Sabrina Beaufils
Matthew McFarland, Krister M. Michl, Luke Platfoot, Ricky Moyens généraux : Raphaël Crouzat
Porcaro, Dan Schermond, Dan Smith, Andreas Sjöberg, Directeur artistique : Christopher Guénard
Meg Woodworth, Pete Woodworth Secrétaire d’édition : Fabien Marteau
Basé sur le travail original de : Rob Barrett, Bill Bridges, Dierde Traduction : Sabine Abbonato
Brooks, Phil Brucato, Brian Campbell, Jackie Cassada,
Relecture : Olivier Larue et Sébastien Mintoff
Sam Chupp, Richard Dansky, Aaron Dembski-Bowden,
Maquette : Stéphanie Lairet et Carine Savary
Bryant Durrell, Beth Fischi, Roger Gaudreau, Carrie
Harris, Jennifer Hartshorn, Rob Hatch, Keith Herber, Steve
Herman, Stephen Herron, Christopher Hind, Carla Hollar,
Christopher Howard, Mark Hunter, Steve Kenson, Ian
Lemke, Jennifer Lindberg, Buck Marchington, R.S. Martin,
Angel Leigh McCoy, Tadd McDivitt, Dee McKinney, Krister
M. Michl, Neil Mick, Jim Moore, Kevin Andrew Murphy,
Wayne Peacock, Nicky Rea, Mark Rein•Hagen, Michael
Rollins, Matthew J. Rourke, Nancy Schultz-Yetter, Malcolm
Sheppard, Ethan Skemp, Cynthia Summers, Joshua Gabriel
Timbrook, Allen Tower, Pete Woodworth

© 2023 White Wolf Publishing. Tous droits réservés. Version française © 2023 Arkhane Asylum Publishing.
Toute reproduction sans la permission écrite de l’éditeur est expressément interdite, à l’exception des extraits employés pour une cri-
tique et des feuilles de personnage vierges dans le cadre d’un usage personnel. White Wolf, Vampire, Le Monde des Ténèbres, Vampire :
la Mascarade et Mage : l’Ascension sont des marques déposées de White Wolf Publishing AB. Tous droits réservés. Vampire : Requiem,
Loup-garou : l’Apocalypse, Loup-garou : les Déchus, Mage: The Awakening, Promethean: The Created, Changeling: The Lost, Hunter: The Vigil, Geist:
The Sin-Eaters, V20, Anarchs Unbound, le système du conteur et l’Art du conte sont des marques déposées de White Wolf Publishing AB.
Tous droits réservés. Les personnages, les noms, les lieux et le contenu de cet ouvrage sont tous protégés par White Wolf Publishing AB.
Ce livre utilise le surnaturel dans ses décors, ses personnages et ses thèmes. Tous les éléments mystiques et surnaturels relèvent de la fiction
dans le seul but de distraire le lecteur. Cet ouvrage est réservé à un public averti.
J e suis tombé sur Changelin à la fin de mon adoles-
cence et à ma grande surprise, j’ai pendant toute une
décennie administré la plus grande communauté
en ligne dédiée à ce jeu en Espagne. Je pourrais vous en
parler pendant des heures. Toutefois, une seule chose me
vient à l’esprit lorsque je songe à cette période de ma vie.
Changelin m’a fait réaliser à quel point on m’avait volé
mon enfance, il a provoqué quelque chose en moi. Alors,
lorsque j’ai eu vingt ans, j’ai dévoré tous les contes de
fées que je n’avais jamais lus, je suis retourné à toutes ces
histoires qui me rendaient heureux quand j’étais petit.
Aujourd’hui, j’entame la trentaine, j’écris des contes
de fées et je traduis en espagnol les jeux de rôle du Monde
des Ténèbres. Je n’ai jamais rattrapé mon enfance, mais
j’ai en quelque sorte fait la paix avec elle.
Alors merci à Changelin de garder vivant le Songe
dans mon cœur. Et n’y changeons rien pendant encore
vingt ans !
— Hector Gomez Herrero, alias Eliseo ap Liam, ancien
webmestre d’El Umbral de Arcadia
Madrid, Espagne
L’imagination est la source de tous les jeux de rôle. Elle
en constitue les fondations. Changelin : le Songe se
consacre au pouvoir de l’imaginaire, des rêves et des
fantasmes, cette force qui nous différencie des animaux.
La vie quotidienne déborde de routines, de métiers bar-
bants, de problèmes ennuyeux et de crasse. Changelin
nous offre une forme de rédemption. Il nous dévoile
un sentier d’argent vers un monde rempli de beauté
muette et d’horreur terrifiante, un royaume de tours
d’ivoire et de rêves perdus. Un enfant sommeille dans
chaque employé âgé et fatigué, et cet univers est dédié à
cet enfant immortel et tout-puissant. Cette part de nous
qui se lance à l’aventure, qui veut croire dans les fées, les
dragons et les licornes. Changelin vous donne le pouvoir
d’entrer dans le monde de vos livres, de vos films et
de vos légendes préférés, d’en faire partie, car tout est
possible dans le Songe. Il démontre aussi à quel point il
est douloureux d’être incompris par les autres. Comme
il est très difficile de croire en soi quand vos amis et vos
voisins rejettent la réalité de votre nature féerique. Alors
jusqu’où irez-vous poursuivre vos chimères ?
— Serhii « Selerian » Poroshkin
Lviv, Ukraine
Exterminateur : Le Jugement a été mon premier jeu
du MdT, je n’avais jamais joué à la Mascarade, mais à
cette époque, tout le monde était un vampire. J’aimais
bien l’univers et pourtant, j’avais toujours pensé qu’il
manquait quelque chose. Trop sombre, trop morose. Les
rôlistes qualifiaient Changelin de « jeu de filles » et en
tant que femme dans ce milieu, je voulais savoir pourquoi
on en faisait tout un plat. Le merveilleux ouvrage de la
première édition fut la première chose qui m’a frappée.
TOUTES CES COULEURS ! Les illustrations, l’art du
conte, le monde, le glamour. Tout ce que je recherchais
dans un jeu s’y trouvait. L’imagination était votre seule
limite, les mythes votre tremplin. Y jouer fut une autre
révélation. Je suis sur la même chronique depuis 2008,
avec les mêmes personnes en Espagne, et je pense que
nous y jouerons encore en 2020…
— Constanza Diaz Fyfe
Santiago, Chili
Une fois, j’ai dit à quelqu’un : « Tu devrais mûrir un
peu. » Et lui, très courtoisement, m’a répondu : « Mûrir,
c’est bon pour les fruits. » Changelin m’a démontré que
nous ne devons pas oublier les garnements que nous
sommes, et que cela ne nous empêche pas de devenir
des adultes responsables (« responsables » étant bien
entendu le mot-clé). La vie est une roue pleine de hauts
et de bas. En revanche, il incombe à notre curiosité de ne
pas laisser cette banalité nous consumer. Chaque race me
dévoile une facette différente. Les Trolls m’apprennent
à tenir parole, quelles que soient les circonstances. Les
Pookas me montrent l’importance de cet enfant farceur
tout au fond de moi. Les Boggans me font apprécier les
petits plaisirs de la vie. Les jeux de rôle ne sont pas de
simples distractions. Si vous êtes assez malin, et grâce
à leur concours, vous pouvez apprendre à mieux vivre.
Chacun d’entre eux enseigne quelque chose. Changelin
fait en sorte que vous n’oubliiez pas de regarder l’existence
à travers les yeux de l’innocence et de la douceur. Bien
sûr, avec une pincée de magie.
— Laura Mejia « Bathory »
Medellín, Colombie
Les rues de Rome ont toujours recelé une puissante magie.
J’ai adoré cette ville dès que j’y suis arrivé, il y a bien des
années de cela. J’ai également toujours adoré raconter
des histoires (en tant qu’acteur et metteur en scène, c’est
la meilleure partie de mon boulot), tout comme j’aimais
être le « conteur » de mes amis, surtout dans le Monde
des Ténèbres. Lorsque j’ai découvert le Songe, un lieu
entièrement consacré au conte, à la magie et à l’ineffable
majesté de l’imagination, il était si simple d’en tomber
amoureux. Rome, ma ville, est tout aussi simplement
devenue le décor de cette magie, le cadre parfait pour
« donner vie » à ces histoires et créer quelque chose qui
vivrait dans nos cœurs et nos rêves. À jamais.
— Federico Moschetti — Thybris, l’esprit du Fleuve
Rome, Italie
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Changelin a toujours été à mes yeux l’un des jeux les
plus sombres. Il offre un visage heureux, « le Monde
des Ballons » en quelque sorte. Sous cette image légère
se cache pourtant une réalité bien différente. Pensez aux
rêves dont vous vous souvenez, ceux qui ne s’évanouissent
pas dans la lumière de l’aube, ceux qui demeurent avec
vous. La frustration, la peur, la confusion et, oui, l’hor-
reur. Ces rêves façonnent aussi le monde où vous vivez.
Imaginez un univers dans lequel des âmes parasites sont
contraintes de prendre forme humaine et qu’elles consti-
tuent la classe dominante. Un univers que les oripeaux
et l’ossature de la société soutiennent tout autant qu’ils
le détruisent. Une vie pleine de contradictions, de jeux
de pouvoir et de cauchemars. Il s’agit de perdre peu à peu
la guerre que vous menez pour conserver une partie de
vous-même, et vous ne pouvez rien faire pour l’en empêcher.
Le Monde des Ballons ? Peut-être. Mais ces ballons sont
à demi dégonflés, certains ont tout à fait disparu et vous
cherchez désespérément à protéger ceux qui restent. En
espérant qu’ils n’éclatent pas.
— Kat McIvor
Birmingham, Royaume-Uni
Un griffon rampant m’a un jour mis au défi d’ouvrir un
livre de beauté.
Il m’a mis au défi de débusquer la magie dans les
fissures de notre monde quotidien, de garder un sens du
merveilleux dans une époque qui couronnait cynisme et
conformité. De faire front, de hurler à la face de l’Automne
que nous n’abandonnerions jamais notre étincelle à la
Banalité. Il m’a mis au défi de rêver.
Changelin, ce sont des amis chers qui par leur imagi-
nation ont coloré le Serpent à plumes. C’est l’Artificier
et l’Arbre solitaire, le Tueur d’enfants et l’Esclave des
noms, le Chroniqueur et le Chevalier de l’Espoir. Les
éclats d’un rêve mondial, façonné autant par les conteurs
que par les joueurs.
Les rêves répondront toujours présents lorsque nous
fermerons les yeux. Certains ne doivent jamais s’achever.
— Alfredo Garcia Padilla (Wally)
Teatro de la Mente N. L., Conteur de la salle
Monterrey, Mexique
J’ai fait la connaissance de Changelin : le Songe par
hasard. Il fallait des personnages qui n’étaient pas des
vampires pour une partie qui mélangeait les genres dans
le Monde des Ténèbres. J’ai choisi un livre au hasard,
parmi tous les livres de règles possibles, et là… Coup
de foudre sur la couverture au vitrail. La promesse que
toutes mes rêveries enfantines n’étaient pas forcément
que des rêves. Les contes de fées qui cachent malgré tout
une petite part de vérité. C’était comme être à nouveau
réuni avec un très vieil ami que j’avais presque oublié,
mais qui s’avérait encore capable de toucher mon âme. Et
puis les innombrables atmosphères présentes dans un seul
système de jeu. Tout y était, du « et ils vécurent heureux
et eurent beaucoup d’enfants » jusqu’aux intrigues à la
cour d’un sombre et désespéré « notre monde est mou-
rant, car les gens ont cessé de croire au merveilleux ».
À n’en point douter, une vision que n’aurait pas reniée
Michael Ende (NDT : L’auteur de L’Histoire sans fin). À
mon humble avis, Changelin : le Songe figure parmi les
systèmes les plus polyvalents du Monde des Ténèbres
dans son ensemble.
— Wolfgang Fronius
Giessen, Allemagne
Voilà bien l’un de ces jeux qui vous marquent d’une
manière très particulière. De prime abord, vous ne savez
pas trop si c’est une bonne idée de l’essayer, mais lorsque
vous vous décidez, le goût qu’il vous laisse en bouche
ne s’évanouit pas et vous vous languissez de savourer
à nouveau cette « Arcadie ». Merveilleux ! Changelin
encourage la convergence entre le besoin d’explorer et
d’exploiter l’univers, et celui de chercher des façons tout
aussi inédites que différentes d’imaginer ce qui coule
parmi les Seelies et les Unseelies. Ce qui m’éblouit le plus
dans ce jeu, c’est sa manière de vous engloutir dans un
voyage de dualité sidéral. Nous avons même pu ajouter
nos Chullachaqui et nos Yacuruna dans nos histoires.
C’est génial !
Sophia Heredia « Lunus Flambeau »
Membre fondateur du MdT Pérou
Lima, Pérou
Changelin : le Songe est le meilleur jeu auquel j’ai
jamais joué.
C’était un an après la fin du monde, après qu’un ami
eut réussi son jet de Manipulation + Empathie (avec une
difficulté considérablement élevée) et m’eut convaincue
de lire le livret d’introduction. Du haut de mon fier des-
trier de « rôliste sombre et mûre », j’en étais persuadée :
une chose aussi légère et colorée ne me conviendrait
certainement pas.
Le lendemain, j’achetai le livre de base de la deuxième
édition. Quinze ans plus tard, j’ai dans ma bibliothèque
tous les suppléments originaux et, accrochée au mur
de ma chambre, une bannière de la Maison Ailil. Tout
ça parce que ce jeu m’a appris une leçon qui a changé
à jamais la joueuse que je suis : « Plus la lumière est
forte, plus les ombres qu’elle projette sont noires. » De
l’extérieur, on pourrait se méprendre devant son éclat,
sa joie et la vivacité de ses couleurs. Mais à l’intérieur se
cachent les monstres les plus effrayants et les histoires
les plus sombres.
Changelin est le meilleur jeu auquel j’ai jamais joué,
car dès que je le présente à quelqu’un, comme moi, il
en tombe amoureux et en tire la même leçon. Et en ma
qualité de tordue qui s’est acheté tous les livres (et toutes
les cartes de charme, et une bannière), je suis obligée
d’en être la conteuse.
Bon sang !
— « Marque-page » Ana Silva, alias Dame Anwyeth de
la Maison Fiona
Conteuse de Changelin : le Songe @ Immortal Vigilance
Porto, Portugal
La première fois que je suis tombée sur Changelin, c’était
à la fin du dernier millénaire, pile quand la perspective
d’une nouvelle ère devenait imminente. Ce jeu est l’as-
sociation de la féerie exotique et fantaisiste, ébranlée par
la conscience que toutes ces créatures sont condamnées
et prisonnières d’un monde qui leur est de plus en plus
étranger. Cette irréalité me fascine. Comment pouvez-vous
incarner un personnage qui appartient à l’Arcadie et pour
qui le monde moderne est une hérésie ? Changelin est
éthéré, capricieux, mais aussi sombre. Les Fées demeurent
à jamais coincées de l’autre côté ; elles ont beau gratter
aux portails, l’Arcadie leur restera à jamais interdite et
leur monde, tel un paradoxe de Zénon, continuera de
leur échapper. Presque personne ne peut gagner cette
course, mais presque tout le monde en rêve quand même.
Changelin est au mieux une affaire de potentiel, où l’on
tend vers l’inimaginable, où l’on essaie de se faufiler à
travers le portail ou de bâtir sa propre féerie ici-bas. Dans
votre esprit, dans votre chambre, dans votre histoire.
Au pire, c’est le râle des rêves qui agonisent dans un
monde hostile.
— Thaleia Flessa
Glasgow, Écosse
Après la société sinistre et structurée des vampires, je me
suis aventuré avec Changelin dans la cour de récréation
de l’esprit et de la mémoire. En ce lieu où les toboggans
et les cabanes dans les arbres étaient des châteaux, où les
bâtons étaient des épées et des lances. Or, ces châteaux-là
étaient peuplés de seigneurs, de dames et de maîtres-
espions, et les lames, entaillant bien plus que les chairs,
tranchaient votre âme et votre innocence, plongeaient
dans cet extraordinaire éclat de la foi en l’impossible, cette
foi qui combat avec l’énergie du désespoir la normalité
nonchalamment atroce que nous autres, adultes, appre-
nons à accepter. Changelin était, et demeure, l’histoire
de l’enfant malmené qui a appris à s’endurcir et qui se
retrouve soudain caparaçonné. Il évoque l’adolescent
frustré qui tente de toutes ses forces de se couler dans un
monde trop grand, ou trop petit, et qui devient capable
d’emprunter la voie du héros. Il montre comment
apprendre sa propre histoire et devenir un adulte qui
n’oublie pas, qui franchit les Brumes, rejoint les braves et
les audacieux sur le même chemin et leur clame : « Soyez
forts, car votre récit ne vous trahira jamais. »
— Andreas Michaelides
Athènes, Grèce
Nous avons sans doute tous pensé, au moins une fois dans
notre vie, que tout était déjà écrit. La mythologie et le
folklore m’ont attiré depuis l’enfance. Je me souviens du
jour où ma mère m’a offert les deux premiers livres des
Chroniques de Spiderwick, et aussi que j’insistais lourdement
auprès de ma grand-mère pour qu’elle me raconte des
histoires de génie. Il y a trois ans de cela, j’ai reçu sur
Twitter le message d’un inconnu, je n’avais aucune idée
de qui il pouvait bien être. Il disait qu’il avait vu ma bio
sur les créatures féeriques et m’invitait à participer à sa
chronique de Changelin : le Songe. Il ne m’a pas fallu
longtemps pour découvrir qu’il était mon « frère de cœur »
et que le jeu résumait parfaitement ma vie. Aujourd’hui,
nous travaillons sur un projet chronologie/GN intitulé
« Une porte ouverte entre les légendes », essentiellement
basé sur les contes populaires stambouliotes et anatoliens.
Notre concept n’a peut-être pas grand-chose de celtique
(en dehors de la Galatie), mais nous allons chercher
nos références culturelles d’Asie Centrale et du Moyen-
Orient dans les livres. Ainsi, nous jetons un pont entre
les terres oniriques…
— Salih Bugra Algan
Istanbul, Turquie
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Je suis tombé amoureux de Changelin : le Songe dès que
j’ai lu la description de l’univers sur Wikipedia. À mes
yeux, c’est bien plus qu’un jeu sur les monstres du folklore
ou les esprits magiques. C’est un jeu sur les contes et
la jeunesse. Tout est prétexte à histoire quand vous êtes
jeune. La tâche la plus simple peut devenir une aventure
magique, un problème ordinaire peut tourner au récit
d’horreur. Rien n’est insignifiant ! Et cela résume bien
Changelin. Trouver, imaginer et raconter les histoires
merveilleuses cachées dans le monde qui nous entoure. À
présent que de Vaurien je deviens un Grincheux, je finis
par comprendre à quel point ce pouvoir est précieux,
puissant et source d’inspiration !
— Leonid Moyzhes
Moscou, Russie
Je suis conteur sur Changelin depuis le début. J’ai mis
la main sur la première édition à la minute où elle est
arrivée en magasin et j’ai organisé la première partie chez
moi une semaine plus tard. Je suis tout de suite tombé
amoureux des possibilités infinies que le jeu offrait.
Quelle autre œuvre offre autant de liberté à un conteur ?
Laquelle le laisse jeter presque n’importe quoi en pâture
à ses joueurs ? J’ai même organisé un Changelin qui est
devenu au fil des ans un véritable GN. Notre première
partie a eu lieu le 31 octobre 1998. Nous avons terminé
la saga en 2014, soit 16 ans plus tard…
Lorsque je considère toutes les parties auxquelles
j’ai participé, Changelin est l’univers qui a eu, et qui
aura toujours, la plus grande influence sur ma manière
de jouer. J’ai arrêté de conter voilà déjà longtemps et
à présent, je crée et j’écris mes jeux et
mes scénarios. Cependant, j’aurai à
jamais une affection particulière pour
Changelin : le Songe.
— Sven ‘Faemaster’ Gerene
Ancien membre du Fanged Fist
(équipe de démonstration officielle
White Wolf pour la Belgique)
Antwerp, Belgique
Changelin a fait de moi un rôliste. Ce n’était pas le
premier, ni même le second ou le troisième, mais c’est
celui qui m’a vraiment harponné. Celui que je *devais*
jouer et comme je ne trouvais personne pour mener,
j’ai dû m’y coller et c’est ce que je fais presque toutes les
semaines depuis.
Voilà bien un beau jeu sur l’espoir et la perte, les rêves
et le désespoir, et sur les merveilles que recèlent les plus
petites expressions de l’imagination. Il peut raconter des
histoires sur le passage à l’âge adulte, pleines de professeurs
tyranniques et de petites brutes de cour de récréation.
Et soudain, vous plongez dans une aventure fantasy de
grande envergure, vous prenez le thé avec des dragons,
vous empruntez la voie des airs pour vous rendre dans
des contrées périlleuses, là où la rationalité n’a pas cours.
La porte de mon domaine est toujours ouverte. Narrons
donc ensemble de nouvelles histoires près du brasier.
— Thaddeus « Gatharion Papke »
Auteur principal du supplément non officiel
Kithbook: Boggan
Columbus, Ohio, USA
À mes yeux, cette lumière qui m’inondait à travers une
vitre sale était comme de l’eau dans le désert. Des années
de suppléments en noir et blanc à propos de vampires
rôdant dans les ombres, ces illustrations emblématiques
de Ron Spencer pour Loup-Garou: l’Apocalypse, et puis
arrive un foutu ours qui danse coiffé d’un haut-de-forme,
tout en couleurs. J’étais partant.
J’avais apprécié les précédents jeux du Monde des
Ténèbres, mais aucun ne m’avait entraîné jusqu’au fauteuil
du conteur avant Changelin. Il m’a inspiré pour mener
des campagnes, rejoindre une communauté en ligne de
fans, créer le site internet The Right to Dream, faire mes
tee-shirts et mes costumes, et même adapter le monde
du magicien d’Oz.
Même si j’avais aimé Vampire, Loup-garou, Mage
et même Wraith, je me suis senti vraiment chez moi
avec Changelin. Jouer avait toujours été pour moi une
occasion de m’évader, mais dans les autres univers du
Monde des Ténèbres, j’avais l’impression d’échapper à
un monde lugubre pour atterrir dans un monde encore
plus sombre et moins réjouissant. Le Songe pouvait être
sinistre, mais il offrait l’aventure, la fantaisie, la créativité
et la joie. Le simple fait de jouer chassait la banalité de
mon existence. C’était comme entrer dans le Songe où
tout était possible.
— Beau Brown
Lorsque je suis tombé amoureux du Monde des Ténèbres,
c’est d’abord sa désolation qui m’a attiré avec Vampire,
puis Wraith. J’étais un jeune homme angoissé, affligé de
quelques problèmes psychologiques, et l’esthétique nihi-
liste du gothique punk me parlait. C’est la raison pour
laquelle j’ai sous-estimé Changelin pendant des années et
que je n’ai pas cherché à l’explorer. Trop coloré (au propre
comme au figuré), trop débordant d’ours qui dansent,
trop livré au pouvoir de l’imagination. Il ne me semblait
pas vraiment coller au canon du Monde des Ténèbres.
Quand je me suis décidé à ouvrir le livre de base, j’ai
réalisé l’étendue de mon erreur. Ce n’était pas un jeu
superficiel, mais un hymne à la gloire des chagrins qu’on
éprouve à grandir et des défis que l’on doit relever quand,
malgré les vérités plus laides du monde, on s’obstine et
on s’accroche à l’émerveillement de l’enfance. Grâce à
ses éléments fantastiques, Changelin mettait au centre
de la scène une horreur à la réalité presque choquante.
Même sans n’avoir jamais eu le privilège d’écrire
pour cette gamme, elle m’a quand même guidé dans
mon parcours d’auteur. Je me suis passionné pour les
conséquences à long terme, aussi bien pour leurs résul-
tats fortuits, que pour cette tendance qu’a le temps à
effacer peu à peu jusqu’aux plus grandes légendes sur
les photos souvenirs. Je me suis aussi rendu compte à
quel point il était important de capturer le facteur « Oh
waouh ! » apporté par la richesse de Changelin, de son
imagerie et de son univers. De nombreuses années plus
tard (et sans doute avec un ou deux points de Banalité
supplémentaires), l’auteur, le créateur de jeu et le conteur
que je suis s’amusent encore avec ces problématiques.
— Michael A. Goodwin
Changelin m’a capturée dès la première scène que nous
avons jouée. Un Pooka s’était caché dans les cheveux
de mon Gamin troll. Ce jeu a soufflé un vent de totale
nouveauté sur notre table. L’émerveillement enfantin
s’effaçait lentement, se mélangeait à un soupçon de
l’espièglerie unseelie, saupoudrait le tout d’histoires
épiques sur l’héroïsme et l’amour qui finit mal. Quand
le monde était en train de s’achever (au sens propre du
terme), j’ai supplié d’en être. Écrire pour Changelin a
été l’un de mes projets favoris, et il valait tout à fait que
je me coupe les cheveux pour lancer ce charme et que
j’embrouille l’équipe en charge pour me faire engager.
— Carrie Harris, co-auteur de la section consacrée à
Changeling dans le supplément
World of Darkness: Time of Judgment
Dès le moment où j’ai posé les yeux sur cette pub à
propos des Fées, j’ai su que c’était le jeu que j’attendais.
J’étais loin de me douter à quel point il allait changer ma
vie. Pendant près de cinq ans, j’ai vécu, mangé et respiré
fées. Et j’en ai aimé chaque minute ! J’ai rencontré tant
de gens formidables, qui sont pour la plupart des amis
encore aujourd’hui. Changelin : le Songe est devenu une
partie de ma vie – et de mon âme.
J’ai été impressionné et touché par les histoires de
ces joueurs, qui avaient aussi vu leur vie changer. Ce jeu
possède quelque chose d’unique, qui parle aux gens sur
le plan personnel. Changelin n’a peut-être pas autant
d’aficionados que certains autres jeux, mais les siens
débordent d’enthousiasme, et ils figurent parfois parmi
les créatifs les plus formidables qu’il m’ait été donné de
rencontrer.
Par bien des aspects, Changelin est un jeu sur les
joueurs, une merveilleuse allégorie destinée aux déten-
teurs d’une étincelle de magie, mais qui ne savent pas
quoi en faire ni comment s’adapter au monde. Il évoque
aussi la peur de perdre cette créativité, de grandir et de
devoir abandonner la fantaisie derrière soi, la peur de la
défaite. À vous, changelins de tous pays, je crois en vous.
— Continuez de rêver et ne grandissez jamais !
Ian Lemke,
Illustrations de Liana Lavoie.
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Livre Un :
Les Maisons 50 Royaume de Munster 73
Les lieux du Glamour 51 Royaume de l’Ulster 74

Le Gamin 12
Les Clairières 51 Calédonie (Écosse) 74
Les Domaines 51 Royaume de Dalriada 74
Les Sentiers 52 Royaume d’Alba 74
Prélude : Les deux faces
Le Songe 53 Royaume des Trois collines 75
d’une même pièce 14
Le Songe proche 53 An Cridhe (les Terres Sauvages) 75

Introduction 25 Le Songe lointain

Le Songe profond
54
54
Les archipels des Orcades et des Shetlands
Le royaume de Cymru (Pays de Galles)
75
75
Ce qu’est ce livre 25 Les habitants du Songe 54 La principauté du Clwyd 75
Journal onirique : l’histoire du jeu 26 Les Cours 56 La principauté de Gwynedd 75
L’Arcadie et le Songe 26 À travers les âges 56 La principauté du Powys 75
Les changelins 27 Attitudes et société 58 La principauté de Dyfed 76
Comment utiliser ce livre 27 Appartenir à une cour 58 La principauté de Glamorgan 76
Livre Un — Le Gamin 27 La Cour seelie 58 La principauté du Gwent 76
Livre Deux — Le Vaurien 27 La Cour unseelie 60 La Neustrie (France) 76
Livre Trois — Le Grincheux 27 La Cour des Ombres 61 Le duché de Bayeux 76
Lexique 27 La société changelin 62 Le duché de Bourgogne 76
Sources d’inspiration 28 Les Maisonnées 62 Le duché des Mers de Saphir 76

Chapitre Un : Les Bandes

Lige & vassal
62
63
L’Aquitaine
L’Ibérie (Espagne et Portugal)
76
76
Un Monde L’Escheat 63 Le royaume de Navarre 76
de Ténèbres 31 Le royaume de Concorde 64 Le royaume d’Aragon 77
Tara Nar, capitale du Ponant 65 Le royaume de León 77
Les changelins 32 Royaume des Hespérides (nord-est) 65 Le royaume de Castille 77
Deux mondes, une vie 32 Royaume des Saules (sud-est) 66 Le royaume des Fleurs (les Pays-Bas) 77
Potentiel chimérique 32 Royaume des Hautes herbes (Midwest) 68 Le duché des Tulipes 77
Les chimères 33 Royaume du Soleil ardent (sud-ouest) 68 Le royaume des Fils d’Or
Histoire des Kithains 33 Royaume des Sables blancs (Floride) 70 (Belgique et Luxembourg) 77
L’Âge mythique 33 Royaume de Pacifica 70 La Confédération galicienne
La Séparation 35 Royaume du Glacial Septentrion (Europe centrale et orientale) 77
L’Éclatement 36 (Canada et Alaska) 71 Le Protectorat d’Elbe 77
L’Interrègne 36 Royaume du Serpent à plumes (Mexique) 72 La Ligue de Bavière 77
La Résurgence 37 Les Fiefs du Paradis étincelant (Caraïbes) 72 L’Union de Saxe-Thuringe 77
La Guerre de l’Accord 38 Royaume d’Hispaniola L’Alliance de Poméranie 77
L’Évanescence 39 (Haïti et République dominicaine) 72 Le Conseil des Monts Blancs 78
Aujourd’hui 41 La Terre des Sources (Jamaïque) 72 La Province de Venise 78
La nature des fées 42 Bella Tierra (Amérique du Sud) 72 L’île des Flocons (Islande) 78
La Chrysalide 42 Albion (Angleterre) 73 Le royaume de Dalarna
Le fosterage 43 Royaume des Roses 73 (Norvège et Suède) 78
La Banalité 44 Royaume de la Brume 73 Le royaume du Jutland (Danemark) 79
Le Glamour 44 Royaume de la Bruyère 73 L’Empire des Hellènes (Grèce) 79
Les Brumes 46 L’Hibernie (Irlande) 73 L’Empire de l’Oiseau de feu
Comment vieillissent les changelins 46 Royaume de Connaught 73 (Russie, Ukraine et Sibérie) 79
Guise mortelle & Visage féerique 47 Royaume de Leinster 73 L’Empire du Caucase
(Turquie et bassin de la mer Caspienne) 79

8 Changelin : le songe
Le Califat des Cèdres La Maison Scathach 135 Utiliser le Glamour 172
(Méditerranée orientale) 79 La Maison Varich 136 Engranger du Glamour 172
Le Sultanat de Hedjaz (Arabie saoudite) 79
Chapitre Trois :
La Banalité 173
Les Terres des Antiques Contes (Afrique) 79 Effets de la Banalité 173
Le royaume de Nubie (Soudan et Éthiopie)
La Terre du Rêve errant
80 Création de Engranger de la Banalité 173
Effacer la Banalité 174
(Australie et Nouvelle-Zélande) 80 personnage La santé 174
Le duché des Montagnes bleues (Sydney) 80 & traits 139 L’expérience 175
Le duché du Cygne (Perth) 80 Attribuer des points d’expérience 175
Commencer 140
Le duché de la Rivière sinueuse (Brisbane) 81 Atouts et handicaps 176
Première étape : concept de personnage 140
Le duché d’Or (Melbourne) 81 Physiques 176
Deuxième étape : les traits 142
La Terre du Serpent Arc-en-ciel Mentaux 179
Troisième étape : les avantages 143
(l’Intérieur du pays) 81 Sociaux 182
Quatrième étape : les Tempéraments 144
Aotearoa (Nouvelle-Zélande) 81 Surnaturels 185
Cinquième étape : Héritages et Fragilités 144
La Contrée de l’Éternel Hiver (Antarctique) 81
Sixième étape : les points de bonus 144
Chapitre Deux : Septième étape : les spécialités 145
Livre Deux :
les Kithains 83 Huitième étape : Orée & Antipode 145
Neuvième étape : l’étincelle de vie 145 Le Vaurien 190
L’Aspect 83
Guide de création
Le Gamin 84
du personnage 148
Chapitre Quatre :
Le Vaurien 85
Processus de création de personnage 148
Arts & Royaumes 193
Le Grincheux 86
Les charmes 193
Les Kiths 87 Apanages
Aspect
148
148 Les Bêtises 194
Les Boggans 88 Kiths 149 Le Déchaînement 196
Les Bonnets rouges 90 Maisons 149 Les Arts 197
Les Clurichauns 92 Arts 149 L’Augure 197
Les Eshus 94 Royaumes 150 L’Automne 200
Les Nockers 96 Exemple de création de personnages 150 La Chicanerie 202
Les Piskies 98 Le prélude 154 Le Chronos 204
Les Pookas 100 La Bande 155 Les Cieux 205
Les Satyres 102 Archétypes de personnalité : les Apanages 156 Les Contrats 207
Les Selkies 104 Quêtes et Interdits 156 La Désignation 210
Les Sidhes d’Arcadie 106 Apanages seelies 156 L’Été 211
Les Sidhes de l’Automne 108 Apanages unseelies 158 Le Flamboiement 213
Les Sluaghs 110 Les attributs 160 L’Hiver 214
Les Trolls 112 Les attributs physiques 160 L’Ire du dragon 216
Création d’un kith 114 Les attributs sociaux 161 La Métamorphose 218
Étape Un : le concept 114 Les attributs mentaux 161 L’Oniromancie 220
Étape Deux : le rôle dans le Songe 114 Les capacités 162 Le Périple 222
Étape Trois : les Héritages 115 Les talents 162 La Prestidigitation 225
Étape Quatre : la Fragilité 116 Les compétences 165 Le Primordial 226
Étape Cinq : l’Affinité 117 Les connaissances 166 Le Printemps 228
Étape Six : ajustements 117 Les historiques 168 Le Souverain 230
Exemple de création 117 Chimère 168 Les Royaumes 232

Les maisons nobles 119 Contacts 169 L’Accessoire

L’Acteur
233
233
Mentor 169
La Maison Aesin 120
Possessions 169 La Fée 234
La Maison Ailil 121
Réminiscence 169 La Nature 234
La Maison Balor 122
Ressources 170 La Scène 235
La Maison Beaumayn 123
Rêveurs 170 Le Temps 236
La Maison Daireann 125
Suite 170 Sept rêves prennent vie 236
La Maison Danaan 126
La Maison Dougal 127
Titre
Trésors
170
171 Chapitre Cinq :
La Maison Eiluned
La Maison Fiona
129
130
Mise en commun des historiques 171 les règles 241
La Volonté 172
La Maison Gwydion 131 La règle d’or 241
Utiliser la Volonté 172
La Maison Leanhaun 132 Lancer les dés 242
Récupérer de la Volonté 172
La Maison Liam 134 Les actions 243
Le Glamour 172
Les actions réflexe 243

Introduction 9

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Les niveaux 243 Le fer froid 290 Autour des personnages 328
Les groupements de dés 243 La mort 291 Création de personnages 328
Les actions multiples 244 Les sources de dégâts 291 Création groupée 328
Les difficultés 244 Le Tumulte 294 S’approprier ses défauts 328
L’échec 245 La voie vers le Songe éternel 294 Tisser des liens 329
Les échecs critiques 245 Conflits entre personnages 329

Livre Trois :
Les réussites automatiques 245 Bâtir un univers 330
Retenter une action 246 Temps de jeu 332

le Grincheux 296
Les complications 246 Les scènes 332
Les actions étendues 246 Les chapitres 332
Les actions en opposition 247 Les scénarios 332
Le travail d’équipe 248 Chapitre Sept : Les chroniques 333
Le temps 248
le Glamour 299 Les éléments du scénario 334
Exemples de jets 248 L’échelle 334
Le Songe 299
Chapitre Six :
La portée 334
Qu’est-ce que le Songe ? 299 Les enjeux 334
systèmes & effets Règles relatives au Songe 300 Le thème 335

251
Le Songe proche 300 L’atmosphère 335
dramatiques Le Songe lointain 301 Les antagonistes 336
Systèmes dramatiques 251 Le Songe profond 302 L’apogée 337
Les actions automatiques 251 Les Brumes du Néant 303 Techniques avancées de l’art du conte 337
Les actions physiques 252 Le prélude 338
Entrer dans le Songe 303
Les actions sociales 255 Conter le prélude 338
Quitter le Songe 304
Les actions mentales 256 Jouer le prélude 339
Le Songe proche 304
Les Tempéraments 257 Mener la partie 339
Le Songe lointain 305
Convertir des points 258 Décrivez ! 339
Le Songe profond 306
La Volonté 258 Prendre en compte l’intérêt des joueurs 340
Les Sentiers 307
Le Glamour 259 Préparation, prise de notes & archives 340
Ouvrir des portails 308
Invoquer le Wyrd 259 Retourner les questions 341
Créer des Sentiers 309
Les cinq voies vers l’Épiphanie 260 Partager les feux de la rampe 341
Les trois routes 309
Les Serments 264 Gérer les comportements problématiques 341
Exemples de Sentiers 310
Prêter un Serment 264 N’effacez ni les victoires ni les défaites 342
Les Domaines 311
Réparation et contrition 265 La logistique, encore et toujours 342
Vivre le Songe :
Exemples de Serments 265 La règle d’or 343
la nature des Domaines 311

Chapitre Neuf :
La Banalité 267
Les Clairières 312
Parlons chiffres 267
Les Domaines 312
Ce sentier
Autres lieux sacrés 314 cauchemars
que les anges craignent de fouler
Engranger de la Banalité
268
269
Création d’un Domaine 314 & choses plus
Les Brumes 270
Exemples de Domaines
Les chimères
315
315 étranges 345
Invoquer l’Automne 271
Accessoires ou rêvées 316 Les Prodiges 345
Effacer la Banalité 271
Inanimées ou animées 316 Les vampires 346
Les Quêtes 271
Dénuées d’intelligence Les loups-garous 348
Le Cauchemar 275
ou douées de conscience 316 Les mages 350
Système de combat 275
Façonner la matière onirique 316 Les fantômes 352
Première étape : l’initiative 276
Créer des objets chimériques 317 Les cousins oubliés 354
Deuxième étape : l’attaque 276
Fabrication 317 Les chimères de cauchemar 355
Les manœuvres de combat 276
La nature des chimères 318 Les chimères sauvages 356
Troisième étape : la défense 278
Créer des compagnons chimériques 320 Les nervosae 357
Quatrième étape : résolution et dégâts 281
Les Trésors 323 Les nocnitsas 357
Récapitulatif du combat 283
Les Trésors ouvragés 323 Les légendes urbaines 358
Tableau des manœuvres de corps à corps 284
Les Trésors insufflés 324 Les Dauntains 359
Tableau des manœuvres
La puissance des Trésors 324 Les sacrifiés d’Arcadie 359
de combat à distance 284
Chapitre Huit :
Créer un Dauntain 360
Tableau des manœuvres défensives 285
Exemples de Dauntain 362
l’art du conte 327
Armures et boucliers 285
Les hérauts de l’Automne 363
Tableaux des armes 285
Les Automnaux 363
Exemple de combat 288 Planter le décor 327
Les Stigmates 363
La santé 290 Autour de l’intrigue 327
Les bastions de l’Automne 365

10 Changelin : le songe
Et choses plus étranges 366 Les Nümüzo’hos 401 La Coquille 438
Les Oubliés 366 Les Petits de l’eau 402 Le Glamour 439
Les Dévoreurs de rêves, Les Pu’gwis 402 Le Tumulte 439
ou chimères de fer froid 367 Les Surems 403 La Somnolence 439
Les Trésors de la Banalité 367 Les Tunghats 403 Les Phyla 439
Les Yunwi Amai’yine’his 404
Les Thallains 368 Les Yunwi Tsunsdis 405
Les Glomes 440
Les Kuberas 440
Créer un monstre 369 Les Apanages 405
Les Ondines 441
Les Aspects 369 Les Apanages de l’Été 405
Les Parosèmes 442
Les Apanages du Cauchemar 369 Les Apanages de l’Hiver 407
Les Solimondes 442
Les kiths des Thallains 371 Les Apanages de la Mi-saison 408
Les Mannequins 443
Les Aithus 371 Les historiques 408
Création de personnage 444
Les Bestioles 372 Les totems 409 Atouts & handicaps 444
Les Bodachs 372
Les Boggarts 373 Les Menehunes 411 Les historiques 444
Les Échardes 445
Les Bogies 374 Histoire 411
L’Aquis 445
Les Épouvantes 374 L’Éclatement 411
Le Petros 445
Les Gobelins 376 Les Menehunes aujourd’hui 414
Le Pyros 445
Les Guenaudes nocturnes 376 Création de personnage 414
Le Stratus 446
Les Hargneux 377 Les Ali’is 414
Les Kahunas 415 Le Verdage 446
Les Huaka’i Po 377
Les Kelpies 378 Les Hanas 416 Les autres kiths 446
Les Mandragores 379 Les Kokuas 416 Les Ghille dhu 446
Les Merrows 379 Les Aumakuas (Totems) 417 Les Guenaudes des rivières 448
Les Ogres 380 Glamour et Banalité 418 Les Korreds 449
Les Pleureuses 380 Glaner la Guérison 418 Les Morganes 449
Les Rôdeurs 381 Le monde des esprits 419 Les Obas 450
Les Sevartals
Les Spriggans
381
383
Les Hsien 420 Les Ondins
Les Wichtels
451
452
Les Usurpateurs 383 Histoire 420
Les Wolpertingers 453
Les Ténébreux 384 Créer un personnage Hsien
Traits
422
423 Appendice II :
les Enchantés 454
Croyances et gouvernement 384 Les avantages :
Les Hôtes et le monde de l’Automne 385 fortunes, malédictions & historiques 423
Création d’un Hôte
L’ariá
385
385
Le Wu Tan 423 Les Kinains et
les Enchantés 454
Les Tempéraments 423
Les Adhenes 386 Atouts, handicaps et points de bonus 424
À propos des Kinains 455
Les Acheris 386 Nouveaux traits 424
Les historiques 424 Les Kinains, passés et présents 456
Les Aonides 387
Les Kwannon-jin : Hirayanu & Kamuii 425 Les Kinains en tant que personnages 458
Les Fir-bholgs 387
Les Fu Hsi 425 Les Kinains en tant qu’adversaires 459
Les Fuaths 388
Les Hanumen 426 Règles relatives aux Kinains 459
Les Keremets 389
Les Heng Po 426 À propos des Enchantés 460
Les Moires 390
Les Nyan 427 Interpréter un Enchanté 461
Les Narakas 390
Les Tanukis 427 Les Enchantés

Appendice I : Les Chu-ih-yu 428 en tant que personnages du conteur 461

les Gallains 392 Les Chu Jung 428 Règles relatives aux Enchantés 461
Les Hou-Chi 428 Index 464
Les Nunnehis 393 Les Komuko 429
Les Suijen 429
Histoire 393
Le Wu Tan 430
Les tribus 394
L’art du Wu Tan 430
Les Campements 396
Le I Chih 433
Les kiths 397
Le Nei Tan 435
Les Canotilis 397
Les Géants de pierre 398 Les inanimae 437
Les Inuas 399 Les ancres 437
Les Kachinas 399 La Cour 437
Les May-may-gwya-shis 400 Les Enfants des Clairières 437
Les Nanehis 400 Les Sculptés 438

Introduction 11

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Livre Un :
le Gamin
J’ADORE les anniversaires !!!
Tout est si grand et si brillant, comme des fleurs roses sur le tronc d’un arbre.
montre ces fleurs quand on est alle
Bucky m’a montre alle au parc aujourd’hui, et il a dit
qu’elles etaient tout comme moi. Il est bebete, mais peut-e
peut-etre pas tant que ca. Bucky,
c’est mon grand fre
frere et il sait des choses.
Maman et papa ont fait une grande fe fete pour moi. Jeff et Mary
et Bucky et sa copine Jasmine, ils etaient tous la la,
chante “ Joyeux anniversaire”.
et ils m’ont chante
On a fait des jeux jusqu’a
jusqu’a ce qu’il fasse nuit.
couchee, mais j’e
Maman m’a couche j’etais encore tout
ee et j’avais envie de sauter partout.
excite
excit
J’ARRIVAIS PAS a DORMIR !
entre avec Jasmine et ils etaient
Bucky est entre
dro
dr olement silencieux. Ils m’ont dit que
c’etait l’heure d’une fe
c’e fete secre
secrete. On a pris
alle dans les bois. Les
la voiture et on est alle
amis de Bucky avaient fait un grand feu, ils
dansaient et ils faisaient des trucs rigolos.
Bucky a fait des boules de lumie
lumiere, comme des
dessine des images dans
cierges magiques, et il a dessine
l’air. Jasmine s’est fait pousser des ailes, et Tom
regarde mes pieds,
a eu des cornes, et quand j’ai regarde
MES ORTEILS AVAIENT DISPARU et j’avais
des SABOTS comme un CHEVAL !
j’etais aussi contente, comme
ca m’a fait peur et j’e
quand tu es sur une balanc
balancoire qui va trop haut.
commence a pleurer, mais Bucky m’a serre
J’ai commence serree
dans ses bras et il m’a dit de ne pas avoir peur.
“ Rappelle-toi les fleurs.
Elles sont comme toi. Pas
ennuyeuse comme l’el’ecorce
colorees
des arbres, mais colore
speciales. “
et spe
arrete de pleurer
J’ai arre
chante une
et ils m’ont chante
chanson et ils m’ont
appele
appel ee “ Nimue”. C’est be
bete
comme nom, mais j’aime
bien. Avant de rentrer a
la maison, Bucky a dit qu’il
fallait rien dire sur notre
c’etait un secret.
fete, que c’e
Ouais, c’est ce que je vais
faire.
J’adore les anniversaires.
Et puis les chansons aussi.
Et J’ADORE les secrets !

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

U
ne tour de verre et d’acier refletait la lumiere de l’aube miroitant sur les eaux agitees
de la baie. Au trentieme etage se tenait le seigneur de ladite tour, les mains croisees
dans le dos, le port fier et altier. Dans le bureau derriere lui, des vassaux remplis-
saient en silence la cafetiere et preparaient un assortiment de patisseries et de fruits. Le
seigneur de la tour avait envie de syrniki et de confiture, au lieu de ces pains aux raisins
collants et de ces beignets trop vite rassis, mais il tut ce sentiment devant le personnel.
Vouloir etait une faiblesse en soi, et il valait mieux eviter d’etre faible en presence d’even-
tuels temoins.
Quelques nobles de rang inferieur entrerent avec de la paperasse, que le seigneur de la
tour parapha d’une ecriture nette et sans fioriture. Indemnites de licenciement, ventilation
des couts et rapports financiers. Ennuyeux. Sans interet. Insipide. Dame Amici tendit un
parchemin magnifiquement enlumine par lequel elle cedait quatre blocs autour de Collington
Square Park au vicomte Pomerain de Beaumayn. Le seigneur de la tour fronca le nez en
signe de degout alors qu’il s’appliquait a la plus pretentieuse calligraphie pour y apposer
nom et titre, dans leur integralite.
« Oh, ne fais pas cette tete, Sevastyan, » dit la voix de sa soeur derriere lui.
C’etait elle qui tenait tant a tous ces tapis de soie. La baronne Zhanna Ved’ma de la
Maison Varich preferait ne pas annoncer sa presence, jusqu’a ce qu’elle decide de se devoiler.
« C’est si aimable de ta part de t’inquieter de ma tete pour que je puisse me concentrer
sur des affaires plus importantes, Zhannochka, repondit le baron.
— Tsss… Nevazhno, mon frere. Je constate que ton travail si important prend le pas
sur une conversation avec ton unique soeur, et ce quel que soit le sujet. »
Sevastyan renvoya dame Amici et son parchemin d’un geste de la main. Il se pinca
fugacement l’arete du nez et maudit leur mere pour l’avoir affuble d’une soeur cadette, et
du desagrement qui allait avec ce cadeau.
« J’ai termine a present, Zhannochka. De quoi as–tu besoin ?
— Je pensais que tu apprecierais de savoir que les ameliorations a la securite de la
chambre forte viennent de s’achever, mais si j’abuse un peu trop de ton temps…
Le baron lui sourit et ses levres fines decouvrirent a peine ses dents.
— Tu as tout mon temps, ma soeur.
Sans se detourner de la fenetre et du soleil qui se levait, il frappa une fois dans ses mains.
— Sortez. »
 Les vassaux, dame Amici et les autres petits nobles obsequieux obeirent en hate, laissant
Sevastyan seul avec sa soeur. Il tendit le bras et l’entoura, l’attira a lui pour qu’elle murmure
a son oreille si elle le souhaitait. Zhanna deposa un leger baiser sur sa pommette. L’em-
preinte de ses levres brula legerement, suggera une autre nuit avec le seigneur Daireann.
Le baron resserra son etreinte.
« Dis–moi », ordonna–t–il tandis que sa radieuse splendeur emplissait l’espace autour de lui.
Zhanna approcha sa bouche de son oreille et lui dit.
Sur le mur de droite, une vis sortit lentement de son logement sur la grille d’aeration,
tomba en silence sur le luxueux tapis sous le bureau de Sevastyan. Ni le frere ni la soeur ne
la remarquerent. Derriere la plaque ajouree, deux petits yeux noirs petillerent d’avoir reussi.

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

L
ongtemps apres le passage des equipes de nettoyage et l’extinction des lumieres de la
tour pour la nuit, la grille qui fermait le conduit au–dessus du bureau du baron sortit
de son logement et tomba au sol avec un poum etouffe. Au bout de quelques instants,
une hermine blanche sauta par l’ouverture et cabriola dans les airs, se metamorphosa et
retomba avec legerete sur deux pieds humains. Tisket von Tasket se redressa, tira sur
un tee–shirt qui arborait fierement : « Le sarcasme n’est qu’un des nombreux services que
je propose » jusqu’a ce qu’il lui aille de nouveau correctement. Elle tira une petite trousse
de crochetage de la poche de son pantalon de yoga et y glissa a la place les plans des
conduits d’aeration de l’immeuble. Le communicateur dans son oreille gresilla, puis la voix
paniquee de Gibraltar beugla :
« Tisket, tu as reussi a y retourner ? T’es dans le bureau du baron ?
Le petit nez pointu se fronca d’agacement.
— Non, je suis tombee dans une oubliette. D’ailleurs, je suis encore en train de tomber.
Je vais tomber pour l’eternite.
— Tu peux repeter ? Tisket, s’il te plait, reponds ! Serieux, tu es tombee dans une oubliette ?
Si c’est ca, j’ai vraiment besoin que tu me donnes des precisions sur elle. Tu remarques
quelque chose ?
— Et je tombe pour l’eternite dans l’obscurite et le desespoir.
— C’est des conneries, interrompit la voix de Ranveig. Ce serait improbable. Encore une
de ses blagues.
— C’est l’oubliette la plus oubliee dans laquelle je suis jamais tombee », repliqua Tisket.
Elle alla jusqu’a la porte du bureau, s’assit sur les talons et entreprit de demonter les
composants de la serrure mecanique. C’etait tellement plus amusant de jouer avec ca qu’avec
les modeles electriques. Quelque chose bloqua, elle la secoua avec force. La serrure emit
un triste grincement, comme si elle se languissait ou que c’etait le debut de l’hiver.
« Ranveig, Maarika, est–ce que vous avez Tisket en visu ? Pouvez–vous confirmer la
presence ou l’absence d’une oubliette ? demanda Gibraltar.
— Si je vois une bouteille ou il est ecrit : “Buvez–moi”, je la bois, non ? » repondit Tisket
alors qu’elle parvenait enfin a ouvrir la porte pour Ranveig et Maarika.
Cette derniere avait jete le sac de son ordinateur portable sur l’epaule, un casque de
travers couronnait comme une tiare ses chatoyants cheveux noirs. Ranveig jeta un regard
mauvais a l’hermine et souleva sa hache, posa la cognee sur l’une de ses larges epaules.
 « Ranveig ? Maarika ? Tisket ? appela Gibraltar d’une voix encore plus paniquee. Bon
sang, voila pourquoi je deteste me retrouver dans l’equipe de controle. Personne ne me dit
ce qu’il se passe ! Est–ce que vous allez vous decider a me donner une reponse qui ne soit
pas celle d’un Pooka, s’il vous plait ?
La voix de Dolaidh se fit entendre pour la premiere fois.
— Assez de bavardage. Maarika, au rapport.
— On vient d’arriver. Pas encore eu l’occasion de chercher la chambre forte. On est tombe
sur des ennuis dans l’escalier nord et ca nous a ralentis, repondit celle–ci. Les derniers plans
que j’ai examines suggeraient qu’elle serait de l’autre cote du batiment, completement a
l’oppose du bureau de Sevastyan.
Le petit nez de Tisket se fronca a nouveau d’agacement et elle leva les yeux au ciel.
— Ce n’est pas comme si moi, je savais. Je n’etais pas du tout cachee dans le conduit
toute la journee. Nooooon, ne demandez pas a celle qui ne sait rien.
La voix de Dolaidh couvrit celles des autres et l’on y sentit une patience longuement
eprouvee.
— Tisket von Tasket, auriez–vous l’amabilite de partager la localisation de la chambre–
forte du baron Sevastyan afin que notre equipe puisse en extraire l’objet sans avoir recours
a une solution impliquant la violence ou l’incarceration ?
— Techniquement, Ranveig s’implique deja dans la violence, dit Maarika.
— La violence excessive, precisa–t–il donc.
— Eh ouais, eviter la violence, comme si on avait l’habitude de tabasser les gens »,
marmonna Tisket dans sa barbe.
Son regard fit le tour de la piece et examina lentement chaque surface. La baronne
Varich avait dit quelque chose a propos de cette chambre forte, mais cela avait ete tenu,
ou du moins les souvenirs de Tisket etaient–ils tenus. Quelque chose sur le sujet, quelque
chose de nouveau, de difficile a se rappeler, quelque chose de proche.
« Gib, Dolaidh, on va se rendre a l’autre bout de l’etage et chercher la–bas, dit Maarika.
— Ouais, c’est tout a fait ce qui s’impose, repondit Tisket tandis qu’elle se mettait a
arpenter le bureau en proie a l’anxiete. Cette chambre forte ne peut pas etre a l’endroit
precis ou elle devrait etre. Or a l’evidence, elle n’y est pas.
Ranveig grimaca, mais plutot que de se ranger a l’avis de Maarika, elle glissa sa hache
a la ceinture et se mit a examiner la piece.

17

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 — J’ai dit ca ? Je ne dirais pas ca », rencherit celle–ci.
Elle posa les mains sur le mur a cote du bureau du baron, a l’exact oppose du conduit
par lequel elle etait arrivee, puis entreprit de les laisser courir sur la peinture en relief, une
expression concentree apparut sur son visage ruse.
Le mur commenca a onduler sous ses mains, puis une vitre et une porte en acajou
apparurent. Tisket ouvrit le battant et les trois comperes regarderent a l’interieur. La piece
ressemblait a des toilettes de cadres, avec un sol et des lavabos en marbre, luxueuses,
mais sans ostentation. Maarika fronca les sourcils et repoussa son casque d’un geste de
la paume, puis dit d’un ton ou percait la frustration :
« Ce sont juste des toilettes. Mon pere en a des comme ca dans son bureau.
— Dame Maarika, je doute cependant que celles de votre pere arborent un local electrique
bien en evidence, repondit Ranveigh tandis qu’elle lui designait une autre porte, situee de
l’autre cote de la piece.
Tisket avait beau fixer le battant, elle avait toujours du mal a reellement le voir.
— Vous avez trouve la chambre forte ? demanda Gibraltar dans le communicateur. Je
l’espere. Les capteurs de mouvement qu’on a installes deux etages plus bas viennent de se
declencher. Je pense que vous n’allez pas tarder a avoir de la compagnie.
— Ma dame, vous vous chargez de notre affaire avec Tisket, je m’occupe d’evaluer la
situation et de prendre les mesures de securite qui s’imposent », intervint Ranveig.
Elle avait deja sa hache en main et la soupesait de son bras puissant. Sa longue tresse
lui fouetta le dos tandis qu’elle se precipitait vers la porte du bureau.
« Ranveig, donne–nous leurs effectifs. G, surveille ces detecteurs de mouvement. Si ca
bouge a un autre etage, vous me le faites savoir, enumera Dolaidh dans l’oreillette. Maarika,
Tisket, entrez dans cette chambre–forte. Nous arrivons au terme de notre fenetre de temps. »
Maarika posa la main sur la deuxieme porte qui coulissa sur–le–champ dans le mur
et decouvrit un mur argente mat. Sur celui–ci, un grand panneau electrique, un clavier, ce
qui ressemblait a un scanner a empreinte digitale, et sans doute un recipient quelconque ou
Sevastyan versait en offrande le sang des premiers–nes de ceux qu’il considerait comme
des ennemis. Alors qu’elle laissait amoureusement courir ses doigts sur le clavier, le visage
de Maarika s’eclaira, une petite lueur argentee scintillante autour d’elle, et Tisket recula
sans s’en rendre compte, sideree par sa beaute. Dans le couloir devant le bureau du baron,
Ranveig poussa un cri de guerre et des bruits de combat resonnerent a travers la piece.
 Tisket s’appuya contre le mur et Maarika fit sauter la facade du panneau de controle,
puis se mit a tripoter les fils. Elle les connecta et les associa en differentes combinaisons,
avant d’en brancher le gros faisceau sur son ordinateur portable. Dans le couloir, la hache de
Ranveig ricocha dans un grand bang sur ce qui sonna comme une armure. Tisket entendit
le bruit sourd de nombreuses bottes alors que les vassaux de Sevastyan se deversaient
dans l’entree, bien decides a defendre la tour contre les intrus.
« Alors, je suis sure que tu fais aussi vite que tu le peux, lacha–t–elle apres avoir repris
ses esprits, tandis que sa complice pianotait furieusement des lignes de code blanches sur
un ecran noir. Vraiment, y a pas la moindre raison que tu te presses un peu plus, vu que
tu fais a l’evidence tout ce que tu peux.
— C’est plus vite. J’arrete pas de te dire que ca n’a rien a voir avec ce qu’on voit a la
tele, repondit Maarika.
— Je suis sure que ca n’aidera pas avec un peu plus de couleur.
L’autre soupira d’exasperation.
— L’esthetique ne servira a rien, Tisk.
— Bon, d’accord.
A l’exterieur, Ranveig cria.
— Par l’honneur de ma dame Maarika, vous ne franchirez pas ce seuil, pleutres laquais
des Varich !
— Ouais, lacha Tsiket, impassible. Elle est en train de degainer le dico des synonymes.
Le combat doit bien se passer.
— Est–ce que Ranveig vient de dire “pleutre” ? demanda Gibraltar dans l’oreillette.
— Tout a fait, soupira Maarika et ses doigts accelererent la cadence.
— C’est jamais bon signe quand elle commence a sortir des mots compliques.
— Dix minutes et ca continue, Maarika, lacha Dolaidh.
— Je sais, je sais. Je vais aussi vite que je… Oui ! J’y suis ! »
La porte de la chambre forte emit un sifflement puis disparut dans le mur, et des volutes
de vapeur s’echapperent de la piece a peine ouverte. Tisket et Maarika s’approcherent, jeterent
un oeil inquisiteur et apercurent le haut de classeurs a tiroirs. Une douce voix se fit entendre.
« Breche de securite. Identifiez–vous, s’il vous plait.
— C’est le systeme de securite ? demanda Gibraltar. Je croyais que tu venais de le pirater.
— Je l’ai fait. Ca, c’est… un systeme de securite secondaire, je suppose. »

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Alors que la vapeur achevait de se dissiper,
Maarika et Tisket se retrouverent devant un
immense chat dore aux ailes repliees. Il s’assit
et croisa l’une sur l’autre ses enormes pattes
avant. Une tete de femme surmontait le corps
du felin. Elle avait une peau tannee, de grands
yeux dores et ses epais cheveux tombaient en
tresses de chaque cote de son visage.
« C’est un sphinx, constata Maarika.
— Eh bien, pirate–le ! retorqua Gibraltar. On
n’a plus le temps.
— Mais c’est un sphinx, repeta–t–elle. Je ne
peux pas pirater un sphinx !
— Initialisation de la sequence enigme, annonca
la creature en clignant lentement des yeux.
— Oh, tout va bien. Tout va tout a fait bien,
enonca Tisket.
Le sphinx decroisa ses pattes et parla.
— Plus vous en faites, plus vous en laissez.
Que suis–je ?
— Ce n’est pas ma specialite, grimaca Maa-
rika. Hmmm, des inspirations ? Non. Le temps ?
Des bottes plus nombreuses se firent entendre
dans le couloir et son beau visage s’eclaira.
— Des pas !
— Code de securite n° 1 accepte. Qu’est–ce qui
disparait au moment ou l’on prononce son nom ?
— Le silence ! repondit–elle sur–le–champ.
Le sphinx leva une patte et la replia, devoilant
brievement ses griffes.
— Un homme saute d’un pont. De quelle
couleur est le pont ?
 — Quoi ? Mais c’est quoi, cette enigme ?
— Six minutes », dit Dolaidh.
A l’exterieur, Ranveig poussa un rugissement de douleur et de colere. Maarika se detourna
du sphinx, fit basculer son casque vers l’avant, le micro devant sa bouche, et appela :
« Ranveig ?
— Code incorrect, repondit le sphinx. Un homme saute d’un pont. De quelle couleur est
le pont ?
— Dolaidh ! Nous n’avons pas de temps pour ca, cria–t–elle dans le micro. Nous devons
aider Ranveig et sortir d’ici.
— Non ! repondit l’autre d’une voix ou pointait la colere. Nous ne partons pas avant
d’avoir fini le boulot. C’est notre accord. C’est le serment que nous avons tous prete !
— Pas au prix de nos vies, retorqua Maarika.
— Un homme saute d’un pont. De quelle couleur est le pont ? repeta le sphinx.
— La meme qu’avant qu’il ne saute ! aboya Tisket.
La creature sourit.
— Code final accepte. »
La chimere doree s’effaca de l’entree, alla jusqu’au fond de la chambre forte, se roula
en boule et ferma les yeux. Maarika et Tisket bondirent a l’interieur, se jeterent sur les
classeurs et entreprirent de retourner les tiroirs un a un, a la recherche du bon. Apres
quelques instants, une petite boite blanche tomba de l’un d’entre eux. Maarika la ramassa
et lut la petite etiquette soigneusement calligraphiee : « Shilling au chene, colonie de la baie
du Massachusetts, 1652. »
« On l’a, dit–elle.
— Alors, sortez d’ici, repondit Dolaidh. Recuperez Ranveig et rejoignez–nous. On vous
attend devant. »
Avant qu’elles puissent quitter la chambre forte, la boite blanche se mit a vibrer. Maarika
regarda Tisket d’un air alarme, celle–ci lui prit l’objet et l’ouvrit. A l’interieur, au lieu de la piece
de monnaie que Dolaidh les avait envoyes recuperer, se trouvait un mince telephone portable,
qui bourdonnait et s’allumait pour indiquer un appel. Elle porta l’appareil a son oreille et dit :
« Quoi ?
— Zdravstvuyte, dit la voix du baron. Mettez le telephone sur l’autre oreille, je souhaite
que votre employeur m’entende.

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 — Je suis sur la liste rouge, repondit Tisket avant de deplacer l’appareil a proximite de
son communicateur.
— Dolaidh, m’entendez–vous ? demanda Sevastyan.
— Oui.
— J’essaie de tracer l’appel. Tisket, fais–le parler, murmura Gibraltar. Si je pouvais sim-
plement me servir du programme de Maarika pour trianguler le signal…
— Dolaidh dit qu’il est desole, mais qu’il ne parle pas le fumier, lacha Tisket.
— Oh, astucieux, tres astucieux, repondit Sevastyan. Vous devez etre la Pooka. Delicieux.
Maintenant, Dolaidh, je veux que vous m’ecoutiez tres attentivement. Vous m’ecoutez ?
— Dis–lui oui, repondit celui–ci d’une voix qui paraissait tendue.
— Fais–le parler, Tisk. Continue de le faire parler, glissa Gibraltar. J’y suis presque.
— Il dit “Ouais, si tu veux”, transmit Tisket.
Sevastyan se mit a rire. C’etait desagreable et elle en eut des frissons.
— Dolaidh, Dolaidh, Dolaidh, soupira–t–il en claquant la langue. Je savais que vous
viendriez pour la piece. Je suis votre equipe depuis deux ans, depuis l’incident a l’Institut
des Arts de San Francisco. J’ai visionne toutes les bandes de videosurveillance. J’ai meme
eu le plaisir de regarder en direct ce petit boulot d’antiquaire a Bangor, par l’intermediaire
des cameras de securite. Vous avez fait un excellent travail la–bas. »
Plus loin, Ranveig poussa un nouveau cri, suivi d’une rapide succession de coups. Maarika
se tenait toujours dans la chambre–forte et regardait le telephone d’un air de plus en plus
horrifie. Tisket sentit un etrange frisson d’energie, puis la porte commenca a se refermer
d’un coup. Elle se contorsionna et reussit a se degager de l’embrasure, a retourner dans
les toilettes, mais fit tomber le telephone. L’appareil heurta le marbre et le choc declencha
le haut–parleur. La voix de Sevastyan remplit la piece.
« Nous avons tout organise, mon avide znakómyj clurichaun. J’ai su ce que vous vouliez,
comment vous vous etes lance a sa poursuite, et j’ai cree cette histoire simplement pour
faire venir votre Bande ici. Zhanna a travaille tres dur sur la chambre forte. Vous n’auriez
pas du me prendre mon dollar au buste drape de 1800, Dolaidh. J’aimais bien cette piece.
Je l’ai gagnee pendant les Preakness voila quelques annees. Le buste cote face ressemble
a ma soeur, et j’eprouve une affection variable pour elle.
— Dis–lui qu’on va lui rendre sa piece, lacha Gibraltar dans l’oreillette.
 L’exclamation de Dolaidh couvrit ses paroles sur–le–champ.
— Non !
— A present, dame Amici et mes vassaux ont du deposer ton Troll dans l’ascenseur.
Vous pouvez egalement recuperer votre Pooka, mais ma soeur et moi pensons que nous
devrions garder l’Eiluned pour le derangement. Da svidaniya. »
Tisket et Gibraltar crierent a l’unisson, mais n’obtinrent aucune reponse. L’appel termine,
l’ecran du telephone s’eteignit. Tisket pietina l’appareil en un geste de frustration, encore et
encore, jusqu’a ce que les fins eclats de verre recouvrent de paillettes le sol de marbre lisse.
« Tisk, sors de la. Retourne a l’ascenseur avec Ranveig. Je te rejoins dans le hall d’entree.
On va trouver une solution. Bouge, Tisket. Il faut que tu bouges.
— Pile ce que je voulais dans ma vie ! » cracha–t–elle d’une voix ou vibrait la colere.
Elle essuya ses larmes d’un revers rageur de la main, puis se transforma en hermine
et fila comme une fleche parmi les corps eparpilles dans le couloir. Devant la porte de l’as-
censeur, elle sauta et ses pattes avant appuyerent sur le bouton, puis elle se precipita dans
la cabine quand les portes s’ouvrirent et fit de meme sur le bouton du rez–de–chaussee.
Ranveig etait affalee contre la paroi, en sang et couverte de contusions. Tisket reprit sa
forme humaine, toucha son cou a la recherche d’un pouls alors que Gibraltar continuait de
lui debiter frenetiquement ses instructions dans l’oreillette.
« Alors, quelle est ta prochaine idee geniale, Dolaidh ? demanda–t–elle tandis que l’ascen-
seur descendait rapidement vers le hall d’entree. Je suis sure que tu as un plan imparable
pour sortir Maarika de la. Tu as toujours des plans imparables.
— Je vais trouver, Tisket. Je te jure que je vais trouver. »
Les portes s’ouvrirent sur Gibraltar qui attendait pour l’aider a trainer Ranveig en
direction de la sortie. La Pooka lui jeta un coup d’oeil par–dessus les epaules affaissees de
la Troll, serra les dents et la soutint un peu plus.
« Je te crois, Dolaidh. J’ai toute la confiance du monde en toi. »

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Introduction
J’ai désormais lancé jusqu’à l’ultime charme
Quelque force que j’aie, c’est là ma dernière arme
Hélas, elle est bien vaine et lors, en vérité,
Je serais en ces lieux, par vos sévérités, confiné
— William Shakespeare, La Tempête, Acte V, épilogue

T out le monde rêve. Chacun de nous contemple

le monde et songe à quel point il pourrait être
meilleur. Regarder les infos et espérer que les
ripoux de la police ne sont pas à ce point intouchables.
l’amour, ainsi que toutes ces petites choses qui constituent
les songes les plus agréables. Il suffit de les trouver.
Et c’est cela, Changelin : le Songe.

Chevaucher un griffon dans la bataille pour sauver votre

grand amour, au lieu de s’astreindre à cette ennuyeuse
corvée au travail. Nous espérons tous un monde meilleur.
Les choses commencent à changer lorsqu’on ima-
gine comment les parfaire et leur donner ce petit plus,
lorsque l’on rêve. Inventer un univers qui ne soit pas
aussi misérable que la réalité, ou encore si incroyable
qu’il se détache presque entièrement d’elle. Le cœur s’en
réjouit. Le monde devient un petit peu plus tolérable,
même si ça n’est que pour quelques instants. Il essaie
pourtant de piétiner ces songes et de les remplacer par
une réalité ennuyeuse et banale. À celui qui rêve « trop
grand » (comme si une telle chose pouvait exister), on
rabâche qu’il doit se concentrer sur le concret et non sur
l’imaginaire. Cependant, c’est aussi dangereux que de ne
pas rêver assez. Le monde n’est pas seulement un morne
bourbier de ténèbres et de misère. Il renferme l’espoir et
Ce qu’est ce livre
Changelin : le Songe parle d’aventure, de romantisme,
de découverte, de rêves et d’imagination. Il présente aussi
une facette cynique, qui écrase toutes les bonnes choses
dans l’intérêt de la banalité uniforme et sans âme. C’est
un jeu sur la collision entre ces concepts.
À l’heure actuelle, cette deuxième facette l’emporte.
Le problème quand on évoque l’inspiration et la banalité,
c’est qu’elles peuvent prendre n’importe quelle forme,
voire la même forme pour différentes personnes. L’une se
sentira attirée et appréciée par une sous-culture, un mou-
vement politique ou un élément de la pop culture. Une
autre pourrait se sentir rebutée, épuisée par une simple
exposition à ce sujet. Ce n’est pas qu’elle ne le comprend
pas. Au contraire, elle le comprend parfaitement, et elle
le déteste. Dans le monde moderne, il est beaucoup plus
facile de voir plus de cynisme, et moins de merveilleux.

25

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Qu’importe la source d’inspiration d’un individu, il y aura toujours
quelqu’un ailleurs, une voix anonyme dans l’éther, qui lui dira à
quel point cette joie est barbante, insipide et convenue. Le monde
réduit les rêves en lambeaux et s’emploie à les rendre ordinaires.
Changelin : le Songe est un jeu de rôle qui utilise le livre que vous
êtes en train de parcourir. Vous avez aussi besoin d’une poignée de
dés à dix faces que vous trouverez dans des magasins spécialisés ou
sur les sites de vente en ligne à des prix raisonnables. Dans l’idéal,
chaque joueur devrait avoir environ dix dés (pas d’inquiétude, vous
vous en sortirez très bien si vous en avez moins). Autre élément
incontournable, les quelques amis qui constitueront votre troupe.
Ensemble, vous allez vous servir des règles et des concepts disponibles
dans cet ouvrage pour créer des personnages. Ces derniers évolue-
ront au sein d’une chronique de Changelin, c’est-à-dire l’histoire qui
englobera et fera évoluer tous les membres de la troupe.
L’un des joueurs, le conteur, occupe un rôle particulier. Il crée
la chronique à laquelle ses amis participent par le biais de leurs per-
sonnages et au sein de laquelle ils progressent. Il décrit des scènes et
incarne les seconds rôles importants et en retour, les joueurs décrivent
la manière dont leurs protagonistes réagissent à ces événements. Puis
le conteur s’adapte, et l’histoire avance.
Tous les jeux ont des règles et Changelin ne fait pas exception.
Celles de cet univers vous permettent de déterminer si les actions
des personnages réussissent ou échouent tout en donnant au conteur
et à ses joueurs une structure et un système pour leurs chroniques.
Lorsqu’un moment particulièrement dramatique, ou bien un hasard
excitant, survient dans l’histoire, joueurs et conteur lancent les dés et
suivent les règles édictées dans ce livre afin de déterminer le résultat
de leurs décisions.
Bien entendu, vous le saviez peut-être déjà. Le nom de ce jeu n’est
pas simplement Changelin : le Songe, mais Changelin : le Songe,
édition 20e anniversaire. Il constitue une lettre d’amour à tous ceux
qui, au cours de ces vingt dernières années, y ont un jour ou l’autre
joué, et qui y joueront dans le futur. C’est autant un nouveau jeu
qu’une œuvre empreinte de nostalgie. Avant de plonger plus avant,
il serait peut-être bon de parler de ce que Changelin a accompli afin
de savoir où il va.
Journal onirique :
l’histoire du jeu
Paru en 1995, Changelin : le Songe se dressait fièrement en contre-
point des univers sombres et gothiques de ses prédécesseurs Vampire :
la Mascarade, Loup-garou : l’Apocalypse, Mage : l’Ascension et
Wraith : le Néant. Du moins, au premier coup d’œil. Dans ce jeu
de fantasy moderne, des âmes féeriques enfermées dans des corps
d’humains partaient à l’aventure, en exploration, et tentaient vaille
que vaille de préserver la magie et les rêves du monde… car si elles
échouaient, la réalité triste et froide du Monde des Ténèbres les
détruirait et l’humanité perdrait à jamais sa capacité à rêver. Le conflit
apparent dans le ton et les concepts inédits, comme un système
voisin des cartes à collectionner pour les pouvoirs, ne se prêtait pas
à tous les publics, et le jeu a pourtant trouvé assez d’amateurs pour
donner naissance à une deuxième édition.
Celle-ci fit en partie peau neuve. Débarrassée des règles les plus
bancales de la précédente, elle combla des vides dans l’intrigue
26 Changelin : le songe
générale de l’univers et mit le jeu plus en phase avec les autres produits
du Monde des Ténèbres de l’époque. Hélas, malgré l’importance
et l’investissement de sa communauté de fans, le nombre de ses
suppléments diminua en 1999, puis la gamme s’arrêta en 2001.
En 2004 parut l’unique supplément de son univers dérivé, Dark
Ages: Fae, avant que le Monde des Ténèbres dans son ensemble ne
s’achève dans l’ouvrage Time of Judgment.
Mais les rêves les plus beaux ne meurent jamais, et nous voici
en 2020 avec une nouvelle édition de Changelin : le Songe. Celle-ci
intègre et remet au goût du jour le meilleur de toutes ses itérations.
Ainsi, elle prend en compte les évolutions dans la conception de
jeu à côté desquelles elle était passée. Cet ouvrage anniversaire
célèbre en partie Changelin et l’implication de tous ses joueurs à
travers le monde, mais il constitue aussi une toute nouvelle édition
et un tremplin pour ceux qui n’ont jamais participé à l’une de ses
chroniques. Qui que vous soyez, quel que soit l’endroit d’où vous
venez, soyez les bienvenus. Et racontons une histoire.
L’Arcadie et le Songe
Avez-vous déjà eu l’impression que vos rêves n’étaient pas simplement
la manière dont votre cerveau évacuait les détritus après une longue
journée ? Le sentiment que l’imagination puisait dans quelque chose
de grand et de puissant ? Que d’une manière ou d’une autre, frapper
dans vos mains ramenait vraiment la Fée Clochette ? Si tel est le cas,
alors vous avez une idée du Songe. Un monde d’espoir, de crainte,
de fantaisie, de beauté et de terreur, où les rêves sont la réalité.
Cela s’appelle le Songe, car c’est la notion la plus proche qui
permet de le comprendre. Il n’a aucun sens, aucune logique interne.
Tout peut changer en un battement de cœur, mais lorsque vous y
êtes, il paraît plus réel que tout ce que vous avez jamais connu. Tout
à fait comme les rêves. Le Songe vit en symbiose avec ce que nous
considérerions comme le monde réel. L’imagination de l’humanité
lui donne sa puissance et en retour, il pousse l’humanité à accomplir
de grandes choses.
Au plus profond du Songe se trouve l’Arcadie, le pays du Beau
Peuple. Les Bienveillants. Les Fées. Ces habitants du Songe sont
des histoires vivantes, des créatures du conte dotées de leurs propres
intentions et d’une personnalité, qui jouent de grandes aventures
dans le Songe comme en Arcadie. Personne ne sait à quoi ressemble
ce pays, ou du moins personne à qui l’on pourrait poser la question.
Toutefois, on pense que ce monde idyllique et parfait constitue un
paradis pour les fées. À un moment au cours des six derniers siècles,
ses portes se sont brutalement refermées. Le Songe et la réalité
ordinaire se sont définis plus précisément. Séparés, ils coexistaient
pourtant toujours. Et ce fut une bien mauvaise nouvelle pour les
fées qui se trouvaient sur Terre à l’époque. Elles ne pouvaient plus
y retourner, elles se retrouvaient coupées de leur terre natale, pri-
sonnières de notre monde. Certes, un monde avec des rêves, mais
pas un monde de rêves. Le Glamour que les humains créaient ne
suffisait pas à les protéger de la Banalité, un poison pour les fées,
la réalité dure et froide que parfois, dans le Monde des Ténèbres,
les songes ne suffisent pas. Tandis que l’univers dans lequel elles se
retrouvaient exilées sombrait dans l’obscurité et la médiocrité, celles
qui n’avaient pas trouvé refuge en Arcadie ou sombré dans la folie
du Songe pur étaient au bord de l’extinction.
C’est alors que l’on créa la Voie du Changelin.
Les changelins
Les humains sont les créatures qui produisent presque tout le
Glamour qui imprégnait autrefois le monde. D’un autre côté, ils
peuvent se montrer ennuyeux et cyniques, des fontaines vides de
Banalité. Le corps humain s’est révélé pour les fées le parfait bouclier
contre le poids écrasant du monde. Grâce à des sortilèges puissants,
les survivants ont commencé à s’incarner en lui. Même s’il possède
une imagination débordante et un esprit plus volontiers vagabond
que les autres, un changelin ainsi créé se considérera comme un
humain normal la majeure partie de sa vie. Un jour pourtant, il fera
sa Chrysalide et s’éveillera à sa nature de fée. Il redécouvrira son âme
et son héritage perdus, se lancera à la recherche de ses congénères et
réalisera que le Songe n’a pas tout à fait quitté le monde.
Vigoureux Satyre ou Troll imposant, la véritable forme d’un
changelin, son kith, reste invisible aux yeux des gens ordinaires.
Seules les autres créatures du Songe peuvent le voir tel qu’il est
en réalité. Les changelins des temps modernes s’organisent en une
société vaguement féodale, dirigée par les maisons nobles en conflit,
et se répartissent au sein de Cours seelies et unseelies. Ils s’efforcent
de concilier leur vie humaine avec tous les problèmes qui jalonnent
leur existence de fée. S’ils privilégient trop leur facette humaine, ils
risquent de sombrer dans la Banalité. Leur âme se flétrira et retournera
à une illusion d’ordinaire. S’ils plongent trop avant dans les affaires
de leurs congénères, en particulier lorsqu’ils explorent les contrées
du Songe qu’ils sont encore capables d’atteindre, le Tumulte frappe.
Leur humanité s’effrite et ils perdent le sens de ces deux réalités.
Voilà le résumé de la vie d’un changelin. Il emprunte un sentier
étroit et il risque de se perdre bien trop facilement.
Comment utiliser
ce livre
Changelin : le Songe est un ouvrage assez exhaustif. Il traite non
seulement des Kithains, ces créatures familières que les fans des
précédentes éditions connaissent et aiment, mais aussi des entités
« secondaires » liées au Songe, avec en prime tout un pan de la magie
féerique. À ce titre, quelques conseils de navigation ne seront pas
de trop. Vous trouverez ci-dessous une présentation complète de
l’ouvrage, section par section. De par sa taille respectable, il se divise
en livres, qui rassemblent en leur sein des chapitres organisés selon
les aspects du jeu auxquels ils se rapportent.
Livre Un — Le Gamin
 rélude : les deux faces d’une même pièce est une courte fiction
P
pour présenter l’atmosphère du jeu.
Introduction : vous êtes en train de la lire ! Vous y trouverez les
concepts fondateurs du jeu, l’univers, les personnages et même
quelques sources d’inspiration pour Changelin.
Chapitre Un : un Monde de Ténèbres. L’ouvrage en lui-même
commence avec une présentation du Monde des Ténèbres, de
l’univers de Changelin : le Songe et des détails qui lient les fées,
leur histoire et leur société à ce monde.
Chapitre Deux : les Kithains : où l’on y trouve les éléments les
plus basiques d’un changelin, à savoir l’histoire qui lui donne
vie, le genre de celle qu’il raconte et la maison noble qui le
gouverne (ou grâce à laquelle il gouverne les autres, dans le cas
des Sidhes).
Chapitre Trois : création de personnage & traits présentent
les règles qui s’appliquent à la création de son protagoniste et
à ses interactions avec le monde.
Livre Deux — Le Vaurien
Chapitre Quatre : Arts & Royaumes. Le premier chapitre
du Livre Deux présente l’étrange magie féerique que les chan-
gelins utilisent, les charmes, les dangereuses techniques du
Déchaînement et les dés de Cauchemar.
Chapitre Cinq : les règles. Les mécaniques au centre du système
du conteur figurent en détail dans ce chapitre. Groupements
de dés, niveaux de difficulté, actions étendues, actions multi-
ples, ainsi que tous les autres systèmes de base qu’il vous faut
connaître.
Chapitre Six : systèmes & effets dramatiques. On y trouve des
règles plus avancées, notamment sur le combat et les particula-
rités de l’univers, comme la Banalité et le Tumulte.
Livre Trois — Le Grincheux
Chapitre Sept : le Glamour. Ce chapitre traite de tout ce qui
se rapporte au Songe, mais qui ne concerne pas les changelins,
depuis les sentiers jusqu’aux lieux enchantés et aux différents
types de chimères, sans parler du Songe en tant que cadre de
jeu à proprement parler.
Chapitre Huit : l’art du conte. Le conteur y trouvera tout ce
qu’il doit savoir pour mener une chronique de Changelin : le
Songe. Il pourra y créer des personnages du conteur, construire
des univers et mener un jeu qui oscille à toute allure entre
fantaisie et tragédie.
Chapitre Neuf : cauchemars & choses plus étranges. Tous les
rêves ne sont pas agréables. Vous trouverez dans ce chapitre
les ennemis des Khitains, comme des monstres, des créatures
de cauchemar et les Dauntains, ces changelins brisés devenus
destructeurs et corrupteurs.
Appendice I : les Gallains. Tous les changelins n’appartiennent
pas au folklore européen. Cet appendice est consacré aux kiths
et aux sociétés qui descendent du Songe, mais ne se fondent
pas dans la structure habituelle.
Appendice II : les Enchantés. Vous y trouverez les règles qui
s’appliquent aux Kinains et aux Enchantés, les compagnons
mortels des Kithains.
Lexique
Arcadie — La terre natale de toutes les fées, perdue quelque part à
l’intérieur du Songe.
Arts — Méthodes de façonnage du Glamour, la première moitié de
la magie féerique.
Automne — L’époque moderne.
Banalité — Force entropique opposée au Glamour. Si elle est utile pour
conserver un ancrage dans la réalité, elle se révèle dangereuse pour
les changelins à un niveau trop élevé.
Bande — Groupe de changelins, en général constitué de roturiers.
Bêtise — Action entreprise pour activer ou faciliter le lancement
d’un charme.
Introduction 27
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Brasier — Dans un Domaine, l’endroit où l’on concentre et où l’on
entrepose le Glamour.
Brumes — Effet qui obscurcit l’esprit des mortels témoins du Songe
et de la magie qui lui est associée, et les pousse à rationaliser et à
oublier ce qu’ils ont vu.
Cauchemar — Chimère qui se nourrit ou naît de la peur et de la
douleur. Également une force qui stabilise la magie d’un changelin
et le pousse vers le Tumulte.
Changelin — Âme féerique placée dans le corps d’un mortel pour
pouvoir survivre dans le monde ordinaire.
Charme — Sort créé à travers le Glamour en associant un Art et un
Royaume.
Chimère — Matière onirique. Peut constituer des créatures des rêves
et des cauchemars, des objets et des paysages naturels. Les pierres
angulaires du Songe.
Chrysalide — Le moment où une âme féerique s’éveille et où un
mortel devient un changelin.
Cours — Les deux plus grandes entités politiques et gouvernementales
des Kithains, la Seelie et l’Unseelie.
Dauntain — Changelins dont l’âme féerique est endommagée. Ils
portent d’anciennes Marques qui avilissent leur nature. Corrupteurs,
tourmenteurs et destructeurs du Glamour et du Songe.
Déchaînement — Méthode dangereuse, mais puissante, basée sur un
Art et qui permet de faire de la magie.
Domaine — Lieu imprégné de Glamour qui sert souvent de point de
rencontre et de lieu de résidence pour les changelins.
Éclatement, l’ — Époque où les derniers Sidhes sont partis et où les
derniers sentiers vers l’Arcadie se sont fermés.
Enchantés, les — Mortels imprégnés de Glamour, ce qui leur offre des
capacités spéciales, dont la plus importante est de percevoir le Songe.
Engagement — Serment prêté entre au moins deux changelins, et
soutenu par le Songe.
Épiphanie — L’une des méthodes dont disposent les Kithains pour
créer ou absorber le Glamour. Les cinq méthodes de l’Épiphanie
sont l’Extase, le Ravage, la Rhapsodie, la Délectation et la Rêverie.
Escheat — Les plus grandes lois des Kithains, un accord conclu entre
les Cours Unseelie et Seelie.
Évanescence, l’ — Événement qui s’est déroulé aux alentours du
11 septembre 2001, ou le jour même, a provoqué un afflux de
Glamour cauchemardesque dans le monde de l’Automne et a permis
à de nombreux Thallains d’entrer.
Fée — Forme de vie originaire du Songe.
Gallain — Créature du Songe qui n’est pas un Kithain, y compris les
Nunnehis amérindiens et les inanimae élémentaires.
Gamin — Guise caractérisée par une soif de découverte et d’aventure.
Glamour — La matière des rêves, de l’inspiration et de la pure créati-
vité. Les changelins se servent du Glamour pour lancer leur magie
et rester connectés à leur héritage féerique.
Grincheux — Guise caractérisée par un désir de construire et de protéger.
Guise mortelle — Forme humaine sous laquelle les changelins se
dissimulent. Les trois guises existantes sont le Gamin, le Vaurien
et le Grincheux.
Jour du Nom — « La Désignation » ; rituel qui donne à un changelin
nouvellement éveillé son Vrai nom, et après lequel on le considère
comme un membre à part entière des Kithains.
Kinain — Enfants de changelins qui possèdent un peu de la magie de
leurs parents.
28 Changelin : le songe
Kith — Race précise de changelin. Par exemple : Sidhe, Pooka, Sluagh,
etc.
Kithain — Terme utilisé par les changelins pour se désigner.
Long Hiver — Une époque annoncée dans laquelle le Glamour aura
disparu du monde.
Maison — Familles auxquelles la plupart des nobles appartiennent.
Monde de l’Automne, le — Réalité ordinaire vécue par les gens
ordinaires. Le monde des voitures, de la télévision et des boulots
à plein temps, distinct du Songe.
Noble — Un changelin, en général un Sidhe, qui porte un titre.
Oisillon — Changelin qui vient d’émerger de sa Chrysalide.
Oubli — Processus au cours duquel une fée emmagasine trop de
Banalité et oublie sa vraie nature.
Peuple de l’Automne, Automnaux — Mortels si intrinsèquement
banals qu’ils entraînent tout le monde avec eux.
Prodigue — Être surnaturel non féerique, comme un vampire ou un
loup-garou. Les changelins considèrent que les Prodigues sont des
enfants du Songe depuis longtemps égarés, et qui ont oublié leurs
véritables origines.
Résurgence — Événement qui a débuté le 20 juillet 1969 et a amené
une éruption de Glamour dans le Monde de l’Automne et permis à
de nombreux Sidhes de revenir d’Arcadie.
Rêve proche, le — Partie du Songe la plus proche du Monde de l’Automne.
Roturier — Changelin sans titre de noblesse.
Royaume — Aspects du monde que le Glamour peut façonner ; la
cible d’un charme.
Sentiers — Portails et routes magiques qui conduisent vers d’autres
Domaines et à l’intérieur du Songe.
Séparation, la — Époque où l’humanité a commencé à se détourner
de ses rêves.
Songe, le — Monde né de l’imagination et des rêves de la race humaine.
Les changelins s’y rendent pour y vivre des aventures et pour y trouver
la matière onirique qui leur sert à créer des chimères.
Songe lointain, le — Un juste milieu entre le Songe proche et le
Songe Profond.
Songe profond, le — Lieux du Songe les moins connectés à la réalité
ordinaire. Quelque part là-bas se trouve l’Arcadie.
Tuatha de Danaan — Mystérieux géniteurs des fées.
Tumulte — Forme de folie qui provoque une déconnexion de la réalité
ordinaire. On y succombe quand on manipule trop franchement
le Songe.
Vaurien — Guise caractérisée par un désir d’explorer et de repousser
les frontières.
Visage féerique — La véritable apparence d’un changelin, ce à quoi il
ressemble pour les autres créatures féeriques. Les mortels ordinaires
sont en général incapables de percevoir ce visage.
Voile — Vêtements et objets personnels faits à partir de chimère ; la
plupart des changelins fabriquent le voile au cours de leur Chrysalide.
Sources d’inspiration
La liste suivante présente des sources universellement liées à
Changelin. Cependant, votre collection lue et relue de contes de
fée, Cosmos et Cosmos : une odyssée à travers le temps (NDT : Émissions
documentaires animées par Neil deGrasse Tyson), un livre sur la
géologie peuvent tout aussi bien vous servir de base d’inspiration.
Il suffit qu’ils provoquent en vous admiration et émerveillement, ou
bien qu’ils vous rappellent ce qu’être jeune signifie. Oui, même
cela. Si cela vous inspire, c’est tout ce qui compte.
Parmi les œuvres de littérature qui se prêtent particulière-
ment bien aux thèmes et à l’univers de Changelin, l’on peut citer
tout le travail de Neil Gaiman, et surtout ses romans Neverwhere
(1996) et Stardust (1999). Le premier met d’ailleurs en scène un
Londres caché où légendes urbaines et contes de fées sont une
réalité, et où un homme ordinaire tente de donner un sens au
monde dans lequel il se retrouve. Dans Faërie : La Colline magique,
Jonathan Strange et Mr Norrell de Susanna Clarke, et Le Royaume
fantôme de Norton Juster, l’étrangeté féerique envahit une vie
insipide et banale. Dans les campagnes où l’on retrouvera les
Kinains, ou bien qui penchent vers la fantasy urbaine, la série
des October Daye de Seanan McGuire est indispensable.
Si vous préférez les films, Dark Crystal (de Jim Henson &
Frank Oz, 1982), Labyrinth (de Jim Henson, 1986), L’Histoire
sans fin (de Wolfgang Peterson, 1984), Le Secret de Roan Inish
(de John Sayles, 1994), et Le labyrinthe de Pan (de Guillermo
del Toro, 2006) mettent en scène des enfants plus ou moins
engagés dans le monde tel que nous le connaissons, et qui se
lancent dans des aventures fantastiques. N’importe quelle
œuvre de Hayao Miyazaki sera parfaite, en particulier Princesse
Mononoke (1997) et son évocation du conflit entre des esprits
raccrochés aux dernières étincelles de magie encore présentes
face à la modernisation galopante.
Les séries télévisées sur les contes de fées qui existent en
parallèle au monde des humains sont très courantes. Parmi les
plus connues, Grimm, Once Upon a Time, Lost Girl et Carnival
Row. Pour une approche moins directe des thèmes de Changelin,
la série japonaise Hikonin Sentai Akibaranger présente des parias
de la société capables de transformer leurs rêves et leurs obses-
sions en pouvoirs. Les Akibarangers combattent des ennemis
pour défendre Akihabara, le quartier électronique de Tokyo
haut lieu des communautés de fans, contre des forces qui le
remplaceraient par une chose plus neutre et « acceptable ».
Enfin, parmi les jeux vidéo qui mettent en scène le conflit
entre la fantaisie et la « réalité », citons Final Fantasy Tactics
Advance et The Longest Journey – d’un monde à l’autre. S’ils ne
collent pas tout à fait au thème de Changelin, des jeux comme
Ico, Shadow of the Colossus et Nights Into Dreams font d’excellentes
sources pour les visuels et les sentiments inspirés par les parties
les plus étranges du Songe.

Introduction 29

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Chapitre Un :
Un Monde
de Ténèbres
« C’est lorsqu’il parle en son nom que l’homme est le moins lui-même.
Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité. »
— Oscar Wilde, Intentions
L e monde de Changelin est une morne version
du nôtre.
On enseigne aux Rêveurs qu’ils n’accompliront
pas grand-chose, que leur créativité est un pâle reflet des
merveilles d’autrefois. En fait, les songes constituent une
distraction, incompatibles avec le monde des adultes. Les
parents et les amis bien intentionnés, ou encore envieux,
sapent avec application le talent de leurs proches, persua-
dés qu’ils sont de les sauver d’une énorme erreur. Les
altercations répétées éviscèrent cette créativité, jusqu’à
ce qu’il n’en reste plus rien d’autre que le doute qui vous
accable et l’insécurité qui vous écrase.
Chaque jour est une épreuve. Les marchés sont
instables, les guerres font rage et provoquent des crises
migratoires, les épidémies se répandent. Les médias n’ar-
rangent rien quand ils instillent la peur et la panique, et
qu’ils tuent les ambitions dans l’œuf. Pendant ce temps,
les plus riches d’entre les riches ne parviennent pas à com-
prendre le mécontentement qui s’exprime. Ils préfèrent
se concentrer sur la prochaine acquisition rentable. Ils
ne s’en moquent pas vraiment, non. Ils sont simplement
incapables de saisir le contexte en dehors de leur seul cercle
social. Et ainsi, l’argent devient l’art de vivre.
Ça ressemble beaucoup à notre monde, n’est-ce pas ?
Dans Changelin, la réalité nous étouffe, décuple ces
éléments et avilit l’esprit de l’humanité. Les nuances s’es-
tompent dans un monde phagocyté par les ténèbres. Les
gens rêvent, mais ils ont l’impression que tout a déjà été
accompli et qu’il ne leur reste qu’à s’adapter. Les galères
quotidiennes refoulent l’empathie. La Banalité, cette force
active et en plein essor, bâillonne la joie. Elle s’évertue à
empêcher l’amour de devenir cette source d’inspiration
dont l’humanité désespère. Elle force l’esprit à se focaliser
sur ce qui est au lieu de ce qui pourrait être.
Contre toute attente, les vrais Rêveurs, de tous les
horizons, continuent de prospérer. Peu nombreux, mais
bel et bien présents, ils créent de magnifiques œuvres
d’art, de musique, de littérature. Ils inventent de nou-
velles technologies révolutionnaires. Ils déploient une
pédagogie inédite et inspirent des générations entières. Ils
insufflent le Glamour, cette matière onirique qui combat
la monotonie de la Banalité et repousse le Long Hiver
des augures, dans le monde. D’une manière ou d’une
autre, les Rêveurs savent qu’ils ne sont pas seuls, que
les créatures des mythes et des légendes marchent parmi
eux. Ils le nieront si on le leur demande. Après tout, qui
31
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
serait assez fou pour accepter l’étiquette d’un aficionado des contes
de fées ? Et pourtant, ils croisent discrètement les doigts quand ils
l’évoquent. Ils savent, et les fées les voient.
Changelin : le Songe raconte l’histoire des Kithains. Ces fées
en exil incarnent la seule défense d’un monde de passion et de
création face à un règne de cauchemars et de stagnation. Leurs
vies débordent d’aventures, d’intrigues politiques, de tragédie et
de passion débridée. Voici nos mythes et nos fables incarnés, et le
Songe attend votre conte.
Les changelins
D’après les légendes, un changelin est l’enfant d’un mortel et d’une
fée, ou encore un enfant féerique échangé avec un bébé humain. De
nos jours, ceux qu’on appelle les Khitains ne sont ni l’un ni l’autre
et pourtant, ils affichent quelques ressemblances avec les deux.
Deux mondes, une vie
Il était une fois… Les Rêveurs et les habitants de leurs songes qui
partageaient un seul et même monde. Parmi ces créatures se trou-
vaient les fées, et elles y régnaient par la bonté autant que par la
terreur. Quand elles partirent en guerre, l’humanité se détourna
lentement des anciennes traditions, embrassa l’incrédulité et devint
indépendante. Cette attitude permit à la Banalité, une force née
du nouvel ordre des choses, de séparer les mondes en deux. Ainsi
apparurent l’Automne et le Songe. Dans ce dernier, tout reste pos-
sible. Les anciennes malédictions frappent des contrées entières, des
monstres se cachent dans des forêts flétries. Des chemins tracés par
la poussière d’étoiles conduisent le voyageur jusqu’à des paysages
perdus dans les nuages. De vieux dragons et des bêtes d’autrefois
parcourent toujours les cieux.
Dans le sillage de la Peste noire cependant, la Banalité s’est faite
de plus en plus pesante. À cause d’elle, le Songe n’a pu maintenir le
contact avec le monde de l’Automne et s’est vu obligé de couper la
plupart des Sentiers. Pour survivre à cette attaque portée contre leur
essence même, les fées ont dû s’en remettre à un antique rituel, qui
a enfermé leurs âmes immortelles dans des corps humains. Comme
elles ne pouvaient plus autant manipuler le Glamour (l’essence du
Songe), elles ont bon gré mal gré intégré un cycle de renaissance et
de redécouverte.
Cette progression se poursuit encore aujourd’hui, mais tous
les changelins contemporains pensent qu’ils vivent les derniers
instants de l’Automne. Dans leur esprit, le Long Hiver, ce moment
où la Banalité envahira le monde et où l’humanité cessera de rêver,
viendra bientôt les prendre.
La Chrysalide et la Danse onirique
L’âme féerique reste endormie dans le changelin jusqu’à ce que le
Songe parvienne à l’atteindre, à la toucher et à pousser sa véritable
nature à se révéler. Un mortel peut vivre et mourir sans jamais s’éveil-
ler, surtout à notre époque moderne de Banalité. Un changelin assez
chanceux pour ouvrir les yeux verra peu à peu son environnement
se transformer. Soudain, il sera capable de percer le voile étouffant
de la Banalité, de contempler le potentiel chimérique du monde qui
l’entoure. Ce talent se résumera parfois à saisir ce qui reste invisible
aux yeux des autres. Il entendra peut-être des créatures chimériques
discuter, sans toutefois être en mesure de localiser leurs voix. Hélas,
nombre d’indices révélateurs d’un éveil imminent correspondent aussi
32 Changelin : le Songe
Le rêve d’Arcadie
D’après les souvenirs des Khitains, l’Arcadie est le foyer
de toutes les choses féeriques, le lieu où la Banalité et les
corps mortels ne sont que d’horribles cauchemars destinés
à effrayer les Gamins. Tous les changelins gardent au moins
quelques bribes de leur vie passée là-bas. En revanche, aucun
ne sait vraiment si ces souvenirs sont réels, ou bien s’ils ne
sont qu’un désir ou le fruit de leur imagination. Mais quelle
importance ? Quand on parle des rêves, que peut bien signifier
« réel » ? En outre, ces souvenirs d’Arcadie leur insufflent de
l’espoir. L’espoir qu’il est possible d’éviter ou du moins de
supporter le Long Hiver et qu’un jour, les portes de leur
terre natale s’ouvriront à nouveau.
aux symptômes de différentes maladies mentales. Par le passé, on les
a même assimilés à une intrusion surnaturelle ou une possession
démoniaque. Alors pendant des siècles, les changelins naissants ont
eu la sagesse de dissimuler leurs expériences.
Les visions et les expériences étranges finissent par atteindre
leur apogée en un jaillissement de Glamour. Les souvenirs des vies
passées ressurgissent et l’esprit féerique s’arrache à son sommeil. On
appelle ce moment précis de la Chrysalide (le processus de l’éveil)
la Danse onirique. Pendant un bref instant, le changelin touche du
doigt la parfaite clarté de son passé avant qu’il ne s’évanouisse. Il est
alors prêt à redécouvrir sa véritable nature et à accepter une place
dans, ou hors de, la société féerique et de ses deux cours. Certains
Khitains sont capables de sentir à des kilomètres la naissance d’un
congénère alors qu’il expérimente sa Danse onirique. La tradition
exige qu’ils se précipitent toute affaire cessante pour aider la nouvelle
fée à traverser cette expérience.
Potentiel chimérique
Changelins et mortels vivent dans le monde de l’Automne. Or,
nombre d’objets, d’individus et de lieux ont une apparence ou
une fonction différente, et seuls ceux dotés de la vision féerique
sont capables de la voir et de s’en servir. C’est ce que les changelins
appellent un potentiel chimérique.
Une vieille louche achetée dans un vide-grenier et oubliée dans
le tiroir de la cuisine peut être exactement ce qu’elle semble être.
Néanmoins, si un chef renommé s’en est servi pour créer son plat
signature, notre louche a pu se trouver là quand le Glamour a jailli.
L’ustensile a ainsi pu absorber assez du Songe pour faire ressurgir
son potentiel chimérique. Elle n’a plus l’air ternie, le ruban adhésif
qui la tient assemblée s’efface. Au lieu de cela, l’or qui la constitue
étincelle et son manche est gravé de nuages de vapeur. Les mortels
qui aperçoivent un beau parapluie ignorent qu’ils contemplent
l’épée chimérique du seigneur local, ou bien que le taxi dans lequel
ils ont pris place scintille en réalité de couleurs différentes selon sa
vitesse. Les lieux dotés d’un tel potentiel chimérique constituent en
général des Domaines pour les Khitains. Ces derniers s’y rendent
aussi souvent, car ces endroits portent une symbolique précise et
puissante aux yeux de l’humanité.
L’intention et la rationalisation déterminent le résultat d’un
éventuel conflit entre l’ordinaire et le potentiel chimérique.
De l’importance de l’intention
Dans le Monde des Ténèbres, l’intention et la croyance importent.
Elles constituent l’ossature nécessaire aux histoires qui se déroulent,
et permettent au spectateur de comprendre ce qui est en train de
se passer sous ses yeux.
Un assassin abat un chevalier troll d’une balle dans la tête,
tirée à l’aide d’une arme à feu ordinaire, alors qu’il rentre chez lui.
Étant donné les disparités de taille entre le Visage féerique et la
Guise mortelle de sa cible, le tueur devrait viser au-dessus de la tête
humaine pour toucher le front du Troll. Il n’en est rien. Puisque
son intention est de trouer le front de sa victime, l’effet se manifeste
ainsi même du point de vue chimérique. Si l’attaque est chimérique
et que l’assassin vise directement la tête du Troll, les témoins mortels
décriront la scène comme s’il tirait dans celle de l’humain.
Un Troll qui franchit le seuil d’une porte est un autre exemple
de conflit entre l’ordinaire et le potentiel chimérique. Comme une
porte normale est plus petite que la carrure de la créature, elle devrait
l’obliger à écarter son Visage féerique au profit de son apparence
ordinaire. Elle n’a cependant pas besoin de le faire puisque son
intention est de passer la porte. Aux yeux des fées, le Troll se penche
légèrement alors que pour les mortels, il ne s’agit que d’un humain
qui franchit le seuil.
Les chimères
Les chimères sont des trésors, des objets, des vêtements ou même des
créatures magiques, créés ou engendrés par le Glamour seul. L’enfant
qui parle à son ours en peluche est en fait en train de discuter politique
de cour avec son compagnon chimérique ours. De même, une bête
peut parcourir les rues sans ressentir le poids du monde ordinaire
et ne sera affectée qu’à travers son seul potentiel chimérique.
Les fragments du Cœur du Songe
Le vocabulaire féerique ne possède pas de mot pour décrire les objets
si riches en Glamour qu’ils existent dans le monde de l’Automne
sous leur véritable apparence. Les changelins leur donnent souvent
des noms, suivis de l’épithète « du Cœur du Songe ». Les spécialistes
khitains de la magie et des chimères présentent toutes sortes de
théories sur ce qu’ils augurent et sur la meilleure manière de les
créer ou de les entretenir. La plupart des fées acceptent quant à elles
ces merveilles pour ce qu’elles sont sans discuter. Elles influencent
le monde ordinaire et fonctionnent selon les mêmes principes que
ceux qui régissent les conflits entre un objet chimérique et un objet
ordinaire. C’est précisément cela qui les rend remarquables.
Par exemple, lorsque le Pooka plonge sa cuillère tout à fait
chimérique dans sa délicieuse soupe, son intention est bel et bien
de manger, comme pour n’importe lequel de ses dîners. Les autres
convives pourraient considérer son comportement comme quelque
peu excentrique, mais à moins de savoir ce qu’ils cherchent, leurs
esprits étouffés rationaliseront la chose. Ils ne verront qu’une cuillère
dans sa main, ou bien se contenteront de lui jeter un simple coup
d’œil avant de détourner le regard et de ne plus y penser. Cependant,
si notre Pooka commence à courir un peu partout et agite sa cuillère
sous le nez de tout le monde avec la ferme intention de la montrer,
personne ne la verra, car elle n’a pas de contrepartie ordinaire.
Histoire des Khitains
L’histoire des Khitains est en grande partie perdue pour les fées
modernes, ou du moins elle relève autant du mythe que des faits.
Les changelins ont tendance à oublier leur nature magique quand ils
vieillissent. Il en va souvent de même pour leur histoire qui ressurgit
par bribes au cours d’une nouvelle incarnation. La manière la plus
courante de se souvenir du passé est donc d’utiliser l’art tradition-
nel du conte. Les Brasiers se font rares de nos jours et pourtant,
aucun Domaine ne refusera d’accueillir un conteur, car personne,
pas même un véritable historien, n’a son pareil pour faire renaître
les histoires antérieures à l’Éclatement. Des actes depuis longtemps
oubliés d’infamie et d’héroïsme, d’espoir et de défaite, prennent vie
à travers leurs mots. Leur public captivé se surprend à songer que
l’Arcadie reviendra et que peut-être, ils accompliront eux-mêmes
cette quête épique. Il leur suffit de croire que, malgré les épreuves
et les horreurs que les Khitains ont endurées, leur histoire héritera
de la fin heureuse.
Histoire universitaire
Les légendes s’animent quand des conteurs les narrent, et ils ont
le don de ravir et d’enthousiasmer ceux qui les écoutent. Or, il est
extrêmement important de posséder un solide bagage historique
lorsqu’on se lance à la recherche de connaissances féeriques perdues
et qu’on essaie de prouver la véracité d’un mythe. Beaucoup de chan-
gelins (les Sluaghs en particulier) se plongent toute leur vie dans des
ouvrages et des textes anciens innombrables, aiguillés par leur désir
de briller parmi leurs pairs, et de découvrir par la même occasion
des indices sur l’Arcadie. Lorsqu’on travaille sur des sources qui
précèdent l’Éclatement, il faut faire preuve d’une grande endurance
et d’une infinie patience.
Les textes anciens sont rédigés dans plusieurs langues féeriques,
souvent constituées de pictogrammes. Les mots semblent assez
régulièrement prendre vie, se réordonner en permanence, s’inverser
et changer de place pour éviter qu’on ne perce le code. Le Songe
protège ses secrets, mais aucun Kithain ne s’accorde sur la raison
qui pousse les informations à se protéger d’eux aussi. Même lorsqu’il
existe assez de dénominateurs communs pour un décryptage correct,
le résultat final soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
La dernière acquisition de Tara Nar provient d’un Domaine
récemment découvert dans le Songe proche, aux environs de la
Bretagne. Les érudits ont eu beau s’y pencher pendant les dix der-
nières années, ils ne sont parvenus à déchiffrer qu’une seule phrase :
« La trêve s’achève et le Ciel enténébré annonce la fin des rêves. »
L’Âge mythique
Au commencement, les fées sombres régnaient sur tout. Nés des rêves
primordiaux des plus lointains ancêtres de l’humanité, les Fomorii
corrompus et malveillants parcouraient le monde, brandissaient la
magie des dieux à travers le Songe et ne laissaient que peur et tristesse
sur leur passage. Toutes les créatures inférieures pliaient devant les
ténèbres vivantes, les vents étouffants et les montagnes en marche.
Les Fomorii adoptaient de nombreuses formes, mais n’arboraient
qu’un seul visage qui insinuait l’horreur et la soumission dans le
cœur de tous les témoins de leur puissance.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 33
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 L’humanité œuvrait sans relâche à les vénérer et à satisfaire
les impitoyables caprices de ses maîtres, mais elle ne recevait en
retour que mort et destruction. Alors les mortels cherchèrent
une forme de contrôle et de protection dans la nature. Ils
dormirent et le Songe écouta. Il entendit leurs cris angoissés.
Partout dans le monde, il fit apparaître une vie nouvelle, mais
encore primitive, dans les eaux, la terre, les vents et le feu, afin
de défier le règne du Grand Ténébreux.
Fous de rage, emplis du sentiment violent d’avoir été trahis
par le Songe, les Fomorii façonnèrent des serviteurs à partir de
leurs propres rêves et les appelèrent Thallains. Ils envoyèrent
leurs champions à travers leurs terres et les chargèrent d’ap-
pliquer les sombres décrets de leurs maîtres dans le sang et la
contrainte. Ces derniers finirent par se heurter aux fées de la
nature, et l’on vit s’affronter les forces des ténèbres et celle de
la nature primitive.
Dans un ultime effort pour détruire le monde et le refaire
à leur image, sans toutefois porter atteinte à leur droit à y
régner, les Fomorii se rassemblèrent et déchaînèrent toute
la puissance de leur magie sur la nature elle-même. Ses fées
risquaient l’annihilation totale si elles ne tentaient pas le tout
pour le tout, et elles répondirent avec autant de férocité. Alors
que les deux grandes armées s’affrontaient, le monde changea
à jamais. Les Fomorii furent vaincus et cet événement coûta la
vie à d’innombrables fées dans chaque camp. Pourtant, c’est ce
Grand Déchaînement qui insuffla la vraie vie au monde. Les
mortels changèrent avec lui et acquirent un sens de l’ordre et
des idéaux supérieurs.

Le temps des légendes

De nouvelles fées surgirent du Songe. Ces guerriers de lumière
étaient destinés à repousser les ténèbres qui hantaient les rêves
de l’humanité et l’empêchaient de réaliser son plein potentiel.
Parmi les clans féeriques, les Tuatha de Danaan, la sage et puis-
sante Daana se sentait plus en harmonie avec le monde que ses
congénères. Alors que les clans se mélangeaient aux mortels et
les guidaient vers un avenir radieux, Daana s’aventura dans le
Songe et usa de sa magie pour faire naître des fées à partir des
esprits nuancés de l’humanité. Dissimulés dans les ombres,
les Sluaghs et leurs congénères gardaient un œil attentif sur
les Fomorii. Les Sidhes assumaient les rôles de chef et d’inten-
dant, tandis que les rusés Clurichauns et les Pookas farceurs
adoptaient les aspects plus inconstants des humains. Épaulés
par des champions, les Tuatha de Danaan abandonnèrent leurs
déguisements mortels et partirent en guerre contre les Fomorii.
Alors que le conflit entre les fées de la lumière et des ténèbres
faisait rage, celles de la nature qui avaient survécu au Grand
Déchaînement prirent fait et cause pour les Tuatha. Leurs
adversaires contactèrent les esprits de leurs derniers sujets, les
persuadèrent de rêver afin de donner naissance à de nouveaux
soldats, les Ténébreux. Des territoires changèrent de main en
l’espace de quelques heures et le sang féerique souilla la terre.
Les siècles passèrent et l’humanité continua de croître et de
prospérer, tout comme les Tuatha et les fées qui s’appuyaient
sur leur Glamour. Un jour, dans un ultime effort pour mettre
un terme à la guerre, les deux ennemis envoyèrent leurs armées
s’affronter dans le Songe au cours de neuf batailles cataclysmiques.

34 Changelin : le Songe

Lors de l’affrontement final, le Roi écarlate, seigneur des Fomorii
et chef de leurs armées unifiées, entra en lice. Il arborait le Casque
triomphant des Regrets, une arme magique porteuse de tous les
cauchemars et de toutes les énergies destructrices du monde. Il
refusa de libérer la magie emprisonnée dans l’artefact, car son
créateur l’avait averti qu’un tel acte détruirait tout ce qui existait, y
compris les siens. Le trésor irradiait d’une puissance capable, même
enfermée, de provoquer des pluies de feu et des nuages d’acide sur
des kilomètres à la ronde. Le Roi écarlate pouvait d’un seul coup
briser des montagnes.
Alors que tout semblait perdu, un groupe de Tuatha parvint à
se glisser dans le camp adverse et à engager le chef des Fomorii en
combat. Afin de repousser ses attaques, ils jetèrent dans la bataille
jusqu’à la moindre parcelle de force et de magie qu’ils possédaient.
Sur un coup de chance, ou peut-être un coup de pouce du Songe
lui-même, le Roi écarlate tomba, mais son cœur brûlait d’une telle
rage que son âme mourante s’abattit sur son arme. Elle la brisa en
neuf morceaux qui s’éparpillèrent à travers le monde. Leur général
défait, leur arme redoutable perdue, les Grands Ténébreux et leurs
sbires se rendirent. Les Tuatha de Danaan laissèrent aux fées trois
Engagements sacrés afin de les guider, et d’empêcher pour toujours
leurs ennemis de revenir parmi les mortels et de manipuler les pou-
voirs du Songe. Ils quittèrent ensuite ce monde et l’on n’entendit
plus jamais parler d’eux.
Les événements entrèrent dans l’histoire et l’histoire se trans-
forma en légende. Les légendes devinrent des mythes. Et on les
oublia. Les siècles passèrent. Les fées poursuivirent l’entreprise
des Tuatha de Danaan, restèrent dans le sillage de l’humanité qui
prospérait, adaptait de nouveaux idéaux et bâtissait de plus grands
villages. Certaines d’entre elles trouvèrent des compagnons selon
leurs aptitudes magiques. D’autres se regroupèrent autour d’intérêts
communs. En revanche, quels que soient leurs amis et leurs parents,
la majorité d’entre elles prêtèrent allégeance à l’une des cours nou-
vellement constituées.
Les fées firent confiance à l’humanité pour poursuivre dans la
voie qu’elles leur avaient indiquée, retournèrent parmi les leurs et
laissèrent les mortels se débrouiller seuls. Pourtant, la nature bru-
tale qui avait donné forme aux Fomorii empoisonnait toujours les
humains. Elle refit surface en l’absence de leurs guides, provoqua
l’apparition de conflits. La société féerique n’y était pas non plus
immunisée, et lorsque les mortels entrèrent en guerre, les cours
firent de même. Les avis de leurs historiens modernes divergent
quant à savoir si ces cours étaient les Seelies et les Unseelies que
les changelins conçoivent aujourd’hui, ou une version primitive
quelconque. Certaines références semblent indiquer quatre cours,
et non pas seulement deux. Cependant, un point ne fait pas débat :
elles ont passé des siècles à se combattre.
Les fées n’ont jamais reconnu, les rares fois où elles ont regardé
le monde qui les entourait, que l’humanité avait continué seule à
croître et prospérer. Elle avait appris à dompter le feu et à l’utiliser
pour cuisiner, créer et travailler le métal, jusqu’au jour où quelqu’un
forgea le premier objet en fer froid, l’unique point faible du Songe
lui-même. Pendant ce temps, les armées féeriques s’affrontaient au
cours de la Bataille des Pierres, laquelle cessa brusquement lorsque
le monde s’ouvrit sous les pieds des belligérants et sépara à jamais
le rêve et la chair.
La Séparation
Il est impossible de déterminer avec certitude le déclencheur de cet
événement. Est-ce vraiment la découverte du fer froid par les humains
qui le provoqua ? Les fées avaient-elles commis une atrocité qui pour
le Songe méritait punition ? Même si la Séparation s’est déroulée sur
près d’un millénaire, son explosion initiale a violemment arraché la
magie du monde et séparé pour toujours le Songe du monde ordinaire.
Les religions enseignèrent aux mortels les voies de nouveaux dieux et
leur commandèrent de se détourner des traditions et des coutumes
ancestrales. Les fées s’étaient si longtemps déchirées en querelles
intestines que l’humanité oublia, tout simplement. Elle oublia les
vieilles promesses et les antiques serments qu’elle avait scellés avec
les enfants du Songe, et alors que leurs histoires s’estompaient, l’ère
de l’humanité se mit à éclore.
Les Kithains appellent cette période lugubre de leur histoire les
Vagues années, et voilà bien un nom qui lui convient tout à fait.
Les mondes du Songe et de l’Automne s’étaient dissociés, mais les
Sentiers, ces routes imprégnées de Glamour, permettaient toujours
de passer de l’un à l’autre. Craignant que la Séparation ne fût un
signe de la fin des temps, les fées les empruntèrent pour essaimer
à travers les continents, puis atteindre des lieux qui allaient rester
vierges de toute humanité pendant des centaines d’années. Cet
exode eut pour conséquence d’établir le contact avec les Gallains et
d’autres créatures féeriques loin de l’épicentre de la Banalité, mais
il affaiblit également les cours d’Europe et de Mésopotamie.
Celles-ci se mirent à utiliser des changelins comme espions et
informateurs. Certains d’entre eux étaient le fruit de leurs amours
avec des humains, d’autres des bébés échangés (en réalité volés).
La chair mortelle devint un bouclier contre la nouvelle menace,
tandis que les véritables fées dissimulaient leurs âmes dans des
copies magiques de corps humains lorsqu’elles s’aventuraient dans
le royaume de l’Automne. Par ces subtiles machinations, les cours
espéraient pouvoir respecter de vieux serments et endiguer la Banalité.
La guerre entre les cours ne prit jamais officiellement fin, mais
les combats restaient sporadiques. Les fées préféraient lécher leurs
plaies après une Bataille des Pierres qui avait fauché leurs plus grands
chefs, et il leur fallait limiter l’impact de la Banalité sur le monde de
l’Automne. Cependant, dès que des conflits entre mortels éclataient,
les cours saisissaient l’occasion de frapper leurs adversaires et d’agir
sous couvert des événements en cours. Les fées ont sans le savoir
œuvré à la lisière de l’histoire mortelle ; elles ne l’ont pas écrite, mais
elles lui ont emboîté le pas.
En 1230, une éclipse s’étendit sur presque tout le monde de
l’Automne. Cet événement aurait pu rester anecdotique s’il n’avait
pas aussi occulté toute lumière dans le Songe. Face à la perspective
d’une nouvelle expansion de l’humanité, la panique gagna peu à
peu les cours. Nombre de fées déplacèrent leurs domaines dans le
Songe pour se protéger et éviter tout contact avec les hommes, mais
ce choix eut pour conséquence de couper un peu plus les liens entre
le rêve et la chair.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 35
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
L’éclatement
Si la Séparation se déroula sur une longue période, l’Éclatement
frappa rapidement, du moins selon les critères des fées. L’emprise
grandissante des religions monothéistes sur les esprits mortels, la
mort par le fer et par le feu des vrais Rêveurs, et l’isolement du
monde de l’Automne accélérèrent la disparition des liens entre les
deux plans et la propagation de la Banalité. Sur les deux siècles qui
suivirent, Sentiers et Domaines disparurent, ils furent détruits ou
bien perdus d’une manière ou d’une autre pour les fées.
Alors que ces Domaines continuaient de s’évanouir dans le
néant, les cours guerroyèrent pour le contrôle des zones stables du
Rêve jusqu’à l’épidémie de la Grande Peste, une maladie que de
nombreux érudits attribuent à la rupture d’un serment entre l’hu-
manité et le Songe. La mort et le désespoir alimentèrent les régions
les plus sombres de celui-ci, et envoyèrent des légions de créatures
du cauchemar assiéger les fées, déjà distraites par leur propre conflit.
Au début du XIVe siècle, le monde de l’Automne entra dans
une nouvelle ère qui s’acheva avec la Renaissance. Les méthodes
scientifiques expliquèrent ce que les mortels considéraient auparavant
comme de la magie, le peuple se mit à suivre les enseignements de
l’Église. Il renonça à ses anciennes traditions, les échangea contre
son salut et une foi inébranlable à laquelle se raccrocher en ces
jours enténébrés. Toujours plus de portails se brisèrent et les fées
réalisèrent qu’elles devraient bientôt choisir l’une des trois voies qui
détermineraient à jamais leur destin.
Beaucoup d’entre elles se retirèrent dans leurs Domaines, des
vallons ou des forteresses du monde de l’Automne, et en scellèrent
de plein gré tous les accès vers l’extérieur. Prisonnières de leurs
royaumes figés, elles cédèrent à la folie de leur propre Glamour et
devinrent ce qu’on appela les Égarés (cf. page 314).
Tous les dirigeants nobles, à l’exception des Maisons Liam et
Scathach, fuirent vers l’Arcadie, la terre natale et le pays des fées,
à travers le dernier portail encore en activité. Elles obligèrent les
roturiers à attendre que leurs frères influents assurent leur survie.
Cet exode n’avait rien d’un repli ordonné. Des batailles acharnées
retardèrent le départ de tous ceux qui voulaient quitter le monde
de l’Automne et allongèrent la liste des morts inutiles provoquées
par l’Éclatement.
Certaines fées réalisèrent qu’elles ne parviendraient pas à franchir
le portail, tandis que d’autres n’avaient plus aucun refuge sûr dans
le Songe. Elles décidèrent donc de suivre la Voie du Changelin, un
rituel magique qui mêlait l’âme féerique à une enveloppe charnelle
et faisait de leur immortalité un cycle interminable de renaissance.
Les Kithains, à présent dissimulés sous le vernis de la Banalité,
s’éveillèrent à la dureté d’un monde nouveau.
L’Interrègne
L’histoire des Kithains est celle du flux et du reflux du Glamour et
de la Banalité. Aucune période ne représente mieux cette image que
celle de l’Interrègne. La succession d’événements cataclysmiques
amorcés par l’Éclatement continua d’éroder l’influence du Songe.
Nombre de changelins décrivirent la même sensation, celle du monde
de l’Automne qui tentait d’étouffer leur âme. L’Église poursuivit ses
efforts afin de débarrasser le monde de toute influence parasite. Pour
éviter de se faire démasquer, d’innombrables changelins utilisèrent
un vieux truc d’illusionniste. Ils se cachèrent en pleine lumière.
36 Changelin : le Songe
La plupart des fées éprouvaient de la colère à l’encontre de tous les
Sidhes, et les rares qui étaient restés sur Terre se retrouvèrent victimes
d’attaques injustifiées. Au fil du temps toutefois, leur simple présence
fit changer les roturiers d’avis. Après tout, ils étaient volontairement
restés parmi eux pour remplir leurs devoirs envers leurs sujets. Afin
d’éviter d’autres morts, les cours seelie et unseelie négocièrent une
trêve permanente dans leur interminable conflit. Le traité, connu des
Kithains comme la Convention (cf. page 57), mettait un terme aux
hostilités et réinstaurait la faculté de se déplacer entre les royaumes
sans craindre de représailles basées sur l’appartenance à une cour.
Même à l’heure actuelle, cette tradition reste d’une importance
capitale dans la société changelin.
À la fin du XIVe siècle, la Renaissance s’épanouit et libéra un flot
renouvelé de Glamour dans le monde de l’Automne. Il ne restait aux
roturiers et aux Sidhes de l’Automne qu’un paradigme féodal auquel
ils étaient habitués, mais que les mortels avaient, dans leur grande
majorité, abandonné. Ils décidèrent de combler la vacance du pouvoir
laissée à leur tête par la fuite des Maisons nobles. Conscients de la
précarité de leur situation, les Sidhes restés sur Terre ne réclamèrent
rien, pas plus qu’ils ne tentèrent de rabaisser les réalisations de leurs
frères Khitains. Néanmoins, la société changelin reflétait les change-
ments qui se déroulaient dans le monde mortel. L’essor de la classe
des marchands poussa nombre de roturiers à abandonner les anciens
titres et les vieilles coutumes, dans un effort de modernisation de
leur paradigme féodal classique. Certaines fées réticentes, incapables
d’accepter ce bouleversement, prirent la route, et choisirent d’errer
de par le monde, travaillant parfois comme protecteurs de caravanes,
parfois comme artistes itinérants.
L’Âge de l’Exploration donna un nouveau souffle à la curiosité
des Kithains. Quelques-uns s’engagèrent dans la marine, dans l’espoir
de découvrir des fragments du Songe dans des lieux épargnés par la
Banalité. Parmi les mortels, l’excitation le disputait aux rêves de mer-
veilleuses découvertes, et ces deux sentiments trouvèrent un pendant
de l’autre côté du miroir, lorsque commença la reconstruction des
sentiers interrompus. À nouveau, les Kithains pouvaient visiter les
contrées du Songe. Des artistes comme Léonard de Vinci et Michel-
Ange, ainsi que des écrivains comme Shakespeare et Christopher
Marlowe, imprègnent le monde de Glamour.
L’Âge de la Raison se révéla être une épée à double tranchant
pour les changelins. Sous la guise de mortels soldats, politiciens,
artistes et artisans, les fées profitaient du Glamour des musiciens
et des poètes. Elles pouvaient tout autant manœuvrer en secret
contre l’humanité que la guider prudemment hors des ténèbres.
Dans le même temps, les nouveaux rêves qui emplissaient les esprits
mortels ne laissaient, peu ou prou, aucune place pour le sens du
merveilleux et de la magie. Ils reléguaient l’existence des changelins
au rang d’élucubration de contes de fées. L’essor de grandes prouesses
technologiques constitua un puissant attrait pour les Nockers et les
Artisans, qui étendirent leur influence sur les roturiers au cours de
l’Âge des Inventions.
Les villages devinrent des villes, et les villes des cités. Les fermiers
se changèrent en ouvriers de l’ère industrielle. Le Glamour commença
à prospérer tandis que le progrès rendait la vie des hommes plus facile.
Des gadgets et des objets nouveaux et merveilleux apparaissaient sur
le marché à un rythme soutenu, mais il y avait un prix à payer. Ces
développements fantastiques engendraient la fumée, la vie sinistre
et difficile dans les usines, la propagation des maladies alors que les
villes continuaient de grandir et d’attirer des gens venus des quatre
coins du pays et du monde. À l’aube du XXe siècle, alors que l’Âge
de la Romance s’achevait, le monde tourna à nouveau, lentement,
mais sûrement, à l’avantage de la Banalité.
La Grande Guerre éclata et les changelins se joignirent aux mortels
sur les champs de bataille des deux camps. Le Glamour sombre et
amer auquel le conflit donna naissance déferla brièvement, puis la
Banalité se chargea de vampiriser la moindre lueur d’espoir jusque
dans le plus vicieux des Kithains. La guerre fit remonter à la surface
les vieilles rancœurs entre cours et attisa fugitivement les tensions.
Cependant, les mortels finirent par signer la paix et les survivants
s’efforcèrent de rebâtir sur les ruines de leurs anciennes vies.
Les Années folles parvinrent à desserrer pour un temps l’étreinte
de la Banalité. Pourtant, la Grande Dépression épuisa à nouveau le
Glamour. Bien sûr, des œuvres littéraires, artistiques et poétiques
naquirent au cours de ce bref répit. En revanche, cette époque se
révéla particulièrement morne pour les changelins en quête d’une
étincelle de magie dans les friches ravagées de l’Ouest américain.
La crise économique déboucha sur la Deuxième Guerre mondiale
et une fois encore, on réquisitionna les fées comme soldats. Les
propagandistes de tous bords tentèrent bien de draper le conflit dans
une glorieuse expression de fierté nationale et de devoir patriotique.
Toutefois, les réalités du terrain étouffèrent l’étincelle du Glamour
dans presque tous ceux qui prirent part au conflit. Des changelins
partirent au combat, des mortels Oubliés en revinrent, et ils n’étaient
guère différents de leurs camarades humains hantés et traumatisés.
La Résurgence
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale et des horreurs infligées
aux hommes, de nombreux mortels avaient l’impression que l’ave-
nir était mort sur le champ de bataille. Même s’il y aurait bien un
futur, il allait falloir des années avant que les Automnaux n’osent
à nouveau rêver. Avec le Baby Boom, les gens se prirent à espérer
une renaissance et de nouvelles possibilités. La télévision entra dans
les maisons, permettant à l’humanité d’explorer des mondes qu’elle
n’aurait jamais pu imaginer. L’Europe poursuivit la reconstruction
de ses villes en ruines, le Japon regagna son indépendance après
l’occupation américaine. Les années 50 avaient bien leurs mauvais
côtés, entre les prémisses de la Guerre froide, la peur du communisme
ou la première bombe à hydrogène soviétique, mais elles jetèrent les
bases de visions plus grandes. L’U.R.S.S. lança son premier satellite
artificiel à la fin de la décennie, l’humanité commença à entrevoir
les opportunités offertes par la conquête spatiale, et le fin filet du
Glamour se remit timidement à couler de l’Automne vers le Songe.
Malgré les guerres permanentes et les incessants conflits de
générations sur les valeurs et la morale, les années 60 ranimèrent
fermement le lien entre les deux mondes. Tandis que la course vers
l’espace alimentait les tensions entre les deux blocs, les progrès tech-
nologiques qu’elle générait profitaient largement à l’humanité. La
nouvelle génération se voulait une génération d’esprits libres osant
rêver d’un monde différent, et son adhésion à ces idéaux facilitait
la moisson du Glamour. L’emprise de la Banalité sur les esprits
mortels se relâcha alors que la course à l’espace s’intensifiait, mais
il fallait un événement véritablement extraordinaire et monumental
pour enflammer le Glamour et provoquer un crescendo explosif. Le
20 juillet 1969, l’humanité assista en direct devant son petit écran
à l’alunissage de la mission Apollo, et tous les espoirs, les peurs et
l’émerveillement de la précédente décennie jaillirent.
Les miroitements
Malgré la fermeture des portails vers l’Arcadie, provoquée
par la quantité de Banalité amassée au fil du temps, la
Résurgence amorça le retour des Sidhes. Dès qu’un afflux
massif de Glamour se produit (par exemple, au cours
d’événements majeurs comme la chute du mur de Berlin,
la fin de l’apartheid en Afrique du Sud ou l’élection de
Barack Obama à la présidence des États-Unis), des Sentiers
s’ouvrent brièvement et ramènent d’autres âmes dans le
royaume de l’Automne.
Les Kithains ont bien essayé d’anticiper la survenance
des miroitements, mais aucun n’a jusqu’à présent réussi à
utiliser ces événements pour voyager jusque dans le Songe.
Les nobles qui reviennent grâce à eux sont des Sidhes
arcadiens (cf. page 106). Les roturiers qui empruntent le
même chemin doivent servir l’une des Maisons nobles
d’Arcadie (voir le Chapitre Deux).
À travers le monde, sous les yeux de tous les individus doués de
la vision féerique, les anciens sentiers apparurent sur la terre, les mers
et dans les airs, les rois sidhes depuis longtemps disparus revinrent
juchés sur de majestueuses montures et des chars de lumière et de
ténèbres. Les vrais Rêveurs s’éveillèrent aux quatre coins de la planète,
et des Brasiers flambèrent encore plus intensément que ceux d’avant
l’Éclatement. Pendant un bref instant, tout dans le monde devint
chimérique, mais des siècles de Banalité accumulée étouffèrent ce
potentiel et fermèrent sur-le-champ les portails vers l’Arcadie.
Guidée par le Songe, ou par l’intention qu’elle avait déjà avant
son arrivée, la première génération de Sidhes d’Arcadie se força un
passage dans des hôtes humains. Les mortels témoins de ce phéno-
mène décrivirent des amis ou des parents qui s’effondraient, puis
se relevaient rapidement et après un court moment de confusion,
irradiaient confiance et majesté. Il est aussi exact que certaines âmes
sidhes entrèrent dans le monde de l’Automne en silence par des
Sentiers invisibles. Elles s’en furent habiter le corps de nouveau-nés,
attendant de grandir et de rejoindre les rangs de la noblesse (ce qui,
selon quelques-uns, constituait un plan de secours si d’aventure les
choses tournaient mal pendant leur retour). Toutefois, quel que soit le
corps choisi, ces âmes appartenaient toutes à une personne fortunée
et influente, ou à une famille estimée et puissante dans la société.
Prélude à la guerre
Il ne fallut pas longtemps aux nobles revenus pour réclamer les
territoires abandonnés des siècles auparavant. Les roturiers avaient
travaillé d’arrache-pied à protéger l’existence des Brasiers et des
Domaines, mais les Arcadiens refusaient de leur reconnaître le mérite
de ces actions. Si ailleurs, les changelins avaient géré différemment la
Résurgence, il était hors de question pour les roturiers de Concorde
de rendre quoi que ce soit à ceux qui les avaient abandonnés et
laissés à la merci de la Banalité. Petites escarmouches, assassinats
et chantages devinrent monnaie courante au sein de la société des
Kithains, et la noblesse ne tarda pas à utiliser sa maîtrise de l’Art
du Souverain (page 230) pour les contraindre à obéir. Malgré les
Chapitre un : Un monde de ténèbres 37
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
conflits, les deux parties déclarèrent ouvertement leur intention de
trouver des solutions pacifiques, nonobstant les actes de violence
perpétrés pour faire capoter ces pourparlers.
Prisonniers entre deux mondes
Les Sidhes des Maisons Liam et Scathach reconnurent sans peine
le dédain et le mépris qu’ils avaient affichés par le passé. Ils per-
çurent aussi l’escalade dans le conflit bien avant les autres fées de
l’Automne. Peu désireuses de mener une guerre contre ceux avec qui
ils avaient fait corps pendant l’Interrègne ou contre leurs frères, les
deux Maisons adoptèrent une politique officielle de neutralité. Elles
promirent aussi de jouer les médiateurs et les messagers si on le leur
demandait. Cependant, cette décision n’empêcha pas certains de leurs
membres de rallier le camp avec lequel ils avaient le plus d’affinités.
La Nuit des Poignards de Fer
Si les disputes entre Arcadiens et roturiers étaient fréquentes, il
était rare qu’elles dégénèrent en affrontement violent. Toutefois,
un groupe clandestin de Sidhes d’Arcadie invita les plus importants
chefs de la partie adverse à un bal masqué organisé à l’occasion du
festival de Beltaine. C’était, selon eux, l’occasion de commencer
de vrais accords de paix et de célébrer les réussites accomplies au
cours de l’Interrègne. S’ils se méfiaient des invitations, les roturiers
se sentaient rassurés par le sens de l’honneur des Sidhes. Tandis
qu’ils attendaient l’arrivée de leurs hôtes, ils se rassemblèrent dans
la salle à manger du domaine où on les avait conviés. C’est dans
cette même pièce qu’ils furent exécutés par des assassins masqués
et armés de poignards de fer froid.
La nouvelle du massacre de Beltaine se répandit comme une
traînée de poudre dans les deux camps. Tout le monde fit la sourde
oreille lorsque la Maison Fiona exigea qu’on diligente une enquête et
qu’on châtie les coupables. Les roturiers fourbissaient leurs épées et se
préparaient à venger leurs morts. Le temps des discussions s’achevait
dans le sang et la guerre s’imposait comme la seule issue possible.
La Guerre de l’Accord
Dix jours après le massacre de Beltaine, les nobles revenus dans le
monde de l’Automne se rassemblèrent sous la bannière du Haut
Roi Dafyll, Premier seigneur de guerre de la Maison Gwydion et
porteur du symbole légendaire de l’autorité, Caliburn du Cœur du
Songe. Sous son commandement, les forces arcadiennes lancèrent
le premier acte de la Guerre de l’Accord. Cet événement historique,
que les changelins appellent la bataille de la Baie, se déroula à San
Francisco. Dafyll prouva à cette occasion qu’il n’avait en rien usurpé
sa réputation de chef de guerre émérite, et il prit la ville en moins
d’une semaine. Une fois sa position sécurisée, il ordonna à ses
troupes de conquérir la nation et choisit un schéma de progression
du nord vers l’est.
Les mortels combattaient au Vietnam et les Kithains faisaient
de même aux États-Unis. Des incidents de plus en plus nombreux
en marge des manifestations, le déchaînement des gangs et les
émeutes occupaient les forces de police humaines, pendant que les
fées s’affrontaient pour déterminer l’avenir de leurs royaumes. On
commit des crimes de guerre dans les deux camps, et les roturiers
ne se gênèrent pas pour rappeler à leurs adversaires le massacre de
Beltaine à coups de dague de fer froid. Cependant, les Sidhes d’Arcadie
compensèrent rapidement leur manque d’armement moderne par
leur accès aux Arts oubliés et au puissant Déchaînement.
38 Changelin : le Songe
Malgré cette supériorité magique, les roturiers refusèrent de
capituler. Ils poursuivirent le combat et firent chèrement payer à leurs
ennemis chaque pouce de territoire occupé. Au cours du conflit, le
lien que les Arcadiens entretenaient avec le Songe leur permit de
redécouvrir des Sentiers et des Brasiers perdus. Ils purent ainsi bâtir
des Domaines sur ces derniers et y établir leurs cours.
La bataille de Manhattan
En décembre 1973, les forces du Haut Roi firent tomber des enclaves
roturières au nord et au sud de New York, vitales pour sa défense,
et encerclèrent la ville. Le général des armées adverses, un stratège
troll réputé et honorable du nom de Lyros, perça à jour la stratégie
des Sidhes. Il comprit que leur plan était de rassembler les roturiers
dans Manhattan, puis de porter un dernier coup dévastateur qui
visait à mettre un terme aux actions de la résistance. Les ordres de
Lyros furent simples. Ses troupes devaient se replier sur l’île, laisser
assez de défenses en place pour convaincre leurs ennemis que leur
tactique avait fonctionné, et leur faire payer le prix du sang et du
Glamour pour chaque pouce de terrain conquis.
Une fois la bataille de Manhattan engagée, le Haut Roi s’aventura
au milieu des belligérants dans l’espoir d’affronter le général Lyros
en combat honorable. Tandis que le territoire changeait sans cesse
de main, les Sidhes prirent l’ascendant et refermèrent lentement
la nasse autour du quartier général adverse. Le Troll tenta alors le
tout pour le tout. Il ordonna à toutes ses forces de se disperser et
de privilégier la guérilla urbaine aux déplacements conventionnels.
Cette décision s’avéra payante et fit basculer le cours de la bataille.
Bientôt, les combats firent rage dans toutes les rues de l’île.
On a tenté en vain de reconstituer les événements exacts qui ont
conduit à la mort du Haut Roi, et seuls quelques faits ont pu être
établis avec certitude. Dafyll et sa garde personnelle tombèrent sur
une troupe de Sluaghs et de Bonnets rouges supérieure en nombre.
Pendant que ses protecteurs retenaient leurs attaquants et lui don-
naient le temps de fuir, il se réfugia dans les tunnels du métro qui
couraient sous la ville. On retrouva son corps peu de temps après,
un poignard de fer froid planté dans le dos. Malgré des recherches
désespérées, ni les nobles ni les roturiers ne purent retrouver Caliburn.
Le symbole de l’autorité disparu, le Songe envahit les esprits des
devins à travers le pays et y laissa une mystérieuse prophétie.
David Ardry, le Haut Roi
Les maisons nobles revenues d’Arcadie tentèrent d’épargner à certains
de leurs plus jeunes membres les horreurs d’une guerre longue et
sanglante. Elles chargèrent le célèbre Thomas le Vrai, grand barde
des fées, de veiller sur un petit groupe d’entre eux. Pendant un peu
plus d’un an, il mena en compagnie de ses protégés une vie calme,
mais confortable, dans sa demeure au nord de New York. Avec la
mort du Haut Roi, Lyros peinait à contrôler les éléments les plus
vindicatifs de son armée. Le soir du réveillon de 1973, Thomas
apprit qu’une bande de Bonnets rouges se dirigeait vers sa maison
avec la ferme intention de massacrer tous les Sidhes arcadiens qui
s’y trouvaient. Le barde ne trouva qu’une seule manière de se sortir
de ce mauvais pas et de préserver les jeunes gens sous sa tutelle. Il
décida de se cacher à la vue de tous derrière les lignes ennemies et
emmena son petit monde en plein cœur de la ville. Compte tenu
de la foule nombreuse qui réveillonnait sur Times Square, le plan
était ingénieux. Pourtant, une patrouille de Bonnets rouges parvint
à les repérer un peu avant minuit parmi les fêtards.
 Le grand barde fit appel à ses Arts et ordonna à ses protégés de
rester derrière lui pendant qu’il affrontait leurs agresseurs. Personne
ne vit l’un des Arcadiens, un adolescent du nom de David Ardry,
se glisser discrètement dans une ruelle. Le combat venait à peine
de commencer que le jeune garçon sentit un immense déferlement
de Glamour. Lorsqu’il réalisa qu’il était le seul à l’avoir remarqué,
il entendit une voix qui l’appelait. Il se mit en quête de la source du
Glamour et alors que le dernier coup de minuit annonçait la nouvelle
année, David revint prêter main-forte à son protecteur, Caliburn
en main. Thomas le Vrai se tourna vers les assaillants et s’exclama :
« Regardez ! C’est votre souverain que vous contemplez ! ». Effrayés
par la réapparition de l’épée, sidérés par la présence du nouveau Haut
Roi, les Bonnets rouges se dispersèrent rapidement dans la foule.
Concorde
Après cette rencontre avec le destin, Thomas conduisit rapidement
David, sa sœur Morwen et ses autres protégés sidhes jusqu’au
royaume des Hespérides et la cour de sa souveraine Mab. Le barde
savait qu’ils y seraient en sécurité, et qu’il fallait gagner le soutien
d’une noble influente et respectée des cours seelie et unseelie. La
reconnaissance de Mab, l’une des plus fines politiciennes du pays,
serait inestimable pour garantir la légitimité du règne de David.
Cependant, Thomas découvrit que la reine était déjà au courant
de la réapparition de Caliburn entre les mains du jeune Sidhe. Or,
elle refusait d’accepter que leur avenir pût reposer entre les mains
d’un dirigeant aussi jeune. Elle ordonna donc à ses gardes de les
faire sortir de la salle d’audience.
Lorsque les gardes s’approchèrent de David, un griffon étincelant
apparut soudain devant eux et étendit ses ailes pour le protéger.
Thomas énonça d’une voix forte les paroles de la prophétie à Mab
et ses courtisans. « Le fils du griffon et l’épée disparue reviendront
ensemble dans le jardin des Hespérides ! ». La reine sut alors qu’il
disait la vérité et elle proclama David Haut Roi légitime des fées.
Le jeune garçon démontra un sens inné de la politique qui plut
à Mab, et cette dernière décida de l’aider à aiguiser ses talents. Il
avait également prêté une attention toute particulière aux histoires de
Thomas sur l’Interrègne, et elles lui avaient enseigné la compassion
et l’empathie à l’égard des roturiers.
David désirait sincèrement unifier tous les Kithains dans la paix
et il ne ménagea pas ses efforts dans ce sens. Ses émissaires invitèrent
les chefs de la roture à venir négocier avec lui, mais le souvenir du
massacre de Beltaine, encore vif dans les mémoires, se révéla impossible
à surmonter. Ses messages restèrent lettre morte pendant trois ans
jusqu’à ce qu’un groupe de Trolls fasse le déplacement. Ils rencon-
trèrent le Haut Roi, qui confirma ses intentions, et le dialogue fut
enfin rétabli. Les pourparlers devenaient une réalité. Ils reconnurent
le jeune roi et la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre
à travers le pays. D’autres chefs de file leur emboîtèrent le pas et
honorèrent l’invitation.
La première guerre de David fut celle de la diplomatie. Épaulé
par Mab et Morwen, il rencontra les responsables des deux camps
avant de les réunir autour de la table des négociations. Sa maestria
dans les discussions qui s’ensuivirent devint légendaire, et la reine
Mab en tira une grande fierté. Les roturiers exigèrent la restitution
des territoires conquis, le rétablissement officiel de leurs droits par le
roi, et des excuses pour la guerre qui venait d’avoir lieu. Les Sidhes
d’Arcadie quant à eux se référèrent au Songe et à sa reconnaissance
de leur droit à régner, et refusèrent avec acharnement toutes leurs
demandes. Au fil du temps, David convainquit peu à peu les deux
parties de faire des concessions tandis qu’il expliquait à tous sa
vision d’un nouveau royaume. Nombreux étaient les Arcadiens à
considérer ce traité comme une trahison envers leur kith, mais les
années de guerre et de carnage avaient fini par rallier assez de nobles
influents à la cause du roi.
Le traité de Concorde confirma le droit légitime des Sidhes à
régner, et décréta que tous les changelins vivraient selon le paradigme
médiéval qu’ils préféraient. Il reconnaissait également les efforts
immenses accomplis pendant l’Interrègne par les roturiers pour
protéger le Songe et permettait de les anoblir pour services rendus au
royaume. De plus, la création d’un conseil, le Parlement des Songes,
leur conférait une influence sans précédent sous le règne sidhe. Enfin,
l’accord ratifiait l’existence des sept royaumes et les unifiait sous le
nom de Concorde, ce qui, aux yeux de David, honorait autant le
traité en lui-même que l’esprit d’unité qu’il représentait.
Le calme avant la tempête
Après son accession au trône, le nom de David devint synonyme
de férocité au combat, mais aussi de compassion et de sagesse légen-
daires. Au cours des dernières années, qu’il passa dans le palais de
Mab, il ordonna la construction d’un immense château pour en
faire le siège de son pouvoir et le symbole de Concorde. Il baptisa
la forteresse Tara Nar et s’y installa avec sa sœur, qui continuait de
lui servir de conseillère.
Sous son autorité, la vie ne fut pas plus aisée et la Banalité menaçait
en permanence la vie chimérique. Pourtant, la société des Kithains
prospéra. On rebâtit les Domaines magiques détruits au cours de la
guerre, des Bandes s’aventurèrent au sein du Songe dans l’espoir d’y
trouver un chemin vers l’Arcadie. Le travail qu’ils accomplissaient
ensemble au Parlement des Rêves permit aux relations entre nobles
et roturiers de s’améliorer.
L’Évanescence
Dans un premier temps, les années 90 facilitèrent l’accès au Glamour
pour les changelins de toutes les couches sociales. Le progrès tech-
nologique entra dans une nouvelle ère. Il poussa les fabricants à
mettre leurs découvertes à profit plus vite, permit au public de se
procurer des objets qui rendaient la vie plus douce aux mortels
comme aux fées. Téléphones portables, matériel informatique et
accès internet devinrent des équipements domestiques courants. Les
voyages internationaux se développèrent, surtout en Europe après les
accords de Schengen. Ces derniers instauraient la libre circulation
des ressortissants de l’Union européenne dans les pays membres. De
plus, ils abolissaient les contrôles systématiques aux frontières pour
tous les états signataires et adoptaient une politique commune en
matière de visa. Si la liberté des esprits avantagea le Songe dans les
années 60, le début des années 90 contribua à alimenter le Glamour
en développant le sentiment d’unification parmi les mortels.
Il ne fallut pourtant pas longtemps avant que les ténèbres de la
décennie ne pointent le bout de leur nez et ne viennent nourrir le
Songe d’un Glamour issu de forces plus sinistres et malveillantes. La
guerre du Golfe, le conflit yougoslave, la guerre du Kosovo et le géno-
cide rwandais ne sont que quelques-uns des nombreux événements
qui ont favorisé cauchemars et horreurs. De la même manière que
la course pour la suprématie spatiale avait influencé l’esprit humain,
le sentiment de proximité et la répétition des conflits sur une courte
période alimentèrent la noirceur depuis le Songe.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 39
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 La fin du millénaire sembla se placer sous de bons auspices
pour les sujets de Concorde lorsque le Haut Roi rencontra la belle
Faerilyth de la Maison Eiluned. Hélas, leur coup de foudre passionné
s’acheva en tragédie. Au moment de partir pour leur grand tour de
Concorde, David disparut sans laisser de traces pendant son séjour
dans le royaume des Saules chez le roi Meilge, l’oncle et tuteur de
Faerilyth. Des accusations de meurtre et d’enlèvement se répandirent
sans attendre dans tout le pays. Certains blâmèrent la nouvelle Haute
Reine, d’autres des organisations secrètes, et quelques-uns désignèrent
même la régente Morwen. Au milieu du chaos cependant, l’espoir
naquit en la personne d’un conteur eshu du nom de Seif.
La nuit de la disparition du Haut Roi, Caliburn se matérialisa entre
ses mains et lui fit part de son souhait de retourner à son maître. Lié
par l’affection et la loyauté qu’il vouait à son souverain égalitaire, Seif
rencontra la Haute Reine et ses conseillers qui reconnurent la tâche
que le Songe lui avait confiée. Faerilyth anoblit Seif et le chargea de
trouver son époux et de résoudre le mystère de sa disparition. Puis
elle accomplit comme prévu le tour de Concorde, mais au lieu de
retourner à Tara Nar, elle établit sa cour dans le royaume des Saules,
où elle se sentait en sécurité.
David absent, la nation entra dans une période tumultueuse et
faillit bien retomber dans la guerre civile. De nombreuses factions
mineures soutenaient les prétentions au trône de parfaits inconnus
(et même de roturiers dans quelques cas). La princesse Lenore, une
noble de la Maison Dougal que le Haut Roi avait désignée comme
héritière à la fin des années 80, reçut le soutien de la reine Mab. Celle-ci
craignait en effet que la régente, après des années passées aux côtés
de son frère, évince la jeune Sidhe du pouvoir. Mab comme Morwen
40 Changelin : le Songe
refusaient de reconnaître à Faerilyth le titre de Haute Reine, et la
première martelait même qu’elle était impliquée dans sa disparition.
Poussée par l’affection féroce qu’elle vouait à son frère, Morwen ne
voulait en aucun cas laisser le trône à Lenore. Elle annonça qu’il n’y
aurait un nouveau roi que si, et seulement si, on prouvait la mort
de David. Avec trois reines pour un trône, la nation vola en éclats
tant au sein des cours seelies que des cours unseelies.
Le Parlement des Rêves s’anima d’innombrables débats, mais
plus on y discutait et plus l’organe politique se divisait. Roturiers
et nobles parvinrent à maintenir une certaine cohésion pendant
quelque temps. Néanmoins, les représentants en venaient aux mains
de plus en plus souvent, et ce dans l’enceinte même de la chambre,
par conséquent le nombre de représentants qui participaient aux
sessions se mit à fondre comme neige au soleil. Le grand seigneur
Ariadne se résolut finalement à dissoudre l’institution sine die.
C’est alors que se déroulèrent les atrocités du 11 septembre, une
sorte de parodie étrange et inquiétante de la Résurgence qui inspira au
monde l’espoir quand l’homme se posa sur la lune. Dans leur sillage,
le Songe résonna d’une magie cauchemardesque. Celle-ci déferla sur
les royaumes avec la puissance d’un énorme raz-de-marée, ouvrit
les portails et les chemins vers ces anciennes prisons que personne
n’avait plus visitées depuis la Séparation. Des Sentiers apparurent à
nouveau à travers le monde au moment où les Thallains, les Ténébreux
et leurs sbires envahissaient le monde de l’Automne avec la ferme
intention de préparer le retour de leurs maîtres.
Sans crier gare, le ciel sembla se déchirer. Un soleil rouge apparut
aux yeux des individus doués de la vision féerique, baigna le monde
dans une sinistre lumière écarlate qui rappelait irrésistiblement
celle du sang. Les érudits l’appelèrent l’Œil du Balor, d’après celui
mentionné dans certaines chroniques et que l’on disait appartenir à
l’un des Fomorii emprisonnés dans le Songe. À l’idée que cet Ancien
Ténébreux pût revenir, ou que cet œil pût annoncer le Long Hiver, la
panique gagna subitement les Kithains. Ce deuxième soleil disparut
une semaine plus tard, mais sa présence marqua profondément la
société changelin tandis que ses membres les plus radicaux adoptaient
une attitude violente et désinvolte. Bonnets rouges et Unseelies de
tous les kiths s’en prirent aux Sidhes d’Arcadie comme aux beaux
jours de la guerre de l’Accord. D’autres s’évertuèrent à établir des
contacts amicaux face à la perspective d’un danger aussi grave. Et
pourtant, quels que soient les efforts déployés, la guerre civile semblait
inévitable tant que le trône de Tara Nar resterait vacant.
Au début de l’automne 2005, à la demande de Sire Seif, le Haut
seigneur Ariadne réunit pour la première fois depuis des années le
Parlement des Rêves. Tous les prétendants au trône se présentèrent,
puisqu’ils savaient que des Serments et des effets permanents de
l’Art du Souverain sur le bâtiment assuraient leur sécurité. Au début
cordiale, la session se transforma vite en foire d’empoigne verbale et
menaça de dégénérer en véritable guerre. Soudain, les portes de la
chambre s’ouvrirent à la volée, un portail depuis le Songe apparut et
la voix de Seif résonna. « Telles étaient les choses quand nous étions
vulnérables. Telles sont les choses encore aujourd’hui. Regardez !
Votre roi légitime est de retour ! »
Escorté du chevalier eshu, ce fut un David un peu plus vieux, et
pourtant toujours aussi majestueux, qui traversa la salle jusqu’à la
tribune de l’orateur. Mais avant qu’il ne l’atteignît, Faerilyth se jeta
dans ses bras et au cours d’un échange poignant qui fit taire tous les
spectateurs, le couple se déclara réciproquement sa flamme. Dans
son discours, le Haut Roi demanda à tous les Kithains de s’unir et
de combattre le retour des cauchemars, puis il quitta le parlement
sans attendre. Bombardé de questions sur sa quête et la disparition
de David, Sire Seif refusa de répondre et déclara que cette histoire
resterait secrète jusqu’à ce que le Songe lui permît de la raconter. Il
s’en alla et personne ne le revit jamais.
Au début, le Haut Roi rencontra ses sujets, mais au fil du temps,
il se retira dans le sanctuaire au cœur de sa forteresse. Le port fier
et altier qu’il arborait à son retour n’était qu’une façade, et malgré
l’amour et le soutien de son épouse, David était un homme brisé,
hanté par des rêves chaotiques et des images qui n’avaient aucun
sens pour lui. En son absence, et en dépit des efforts conjugués de
Lenore et Morwen pour les en empêcher, les Sidhes conservateurs
d’Arcadie avaient étendu leur influence à coup de pots-de-vin et de
menaces. Pour éviter un possible conflit de succession et jusqu’à ce
que David et Faerilyth aient eux-mêmes un enfant, Lenore demeura
héritière du trône de Concorde.
Une famine de rêves
Si le début des années 90 œuvra en faveur du Glamour, la fin des
années 2000 fut marquée par une recrudescence de la Banalité.
Les changelins se retrouvaient non seulement aux prises avec des
fées maléfiques, mais ils devaient aussi repousser une stagnation et
un scepticisme croissants. Même les Brasiers qui avaient résisté à
l’Éclatement s’éteignaient lentement, et il ne subsista bientôt plus
d’eux que quelques escarbilles. Des communautés toute entières de
changelins se fracturaient sous les assauts combinés des disputes et
des bagarres dès lors qu’elles en venaient à déterminer la meilleure
gestion du peu de Glamour qu’une région réussissait à produire.
Confiants, les roturiers pensaient que leurs dirigeants, tenus par
l’Escheat et le traité de Concorde, feraient ce qu’il fallait pour remédier
à la situation, et ils s’en remirent donc au Parlement des Rêves. À
son tour, celui-ci adressa une requête à la cour du Haut Roi, à Tara
Nar, qui se contenta de répondre que les Sidhes diligenteraient des
enquêteurs. On leur conseilla de prendre des mesures d’austérité et
de réunir les Domaines locaux afin de mieux résister à la Banalité.
Lorsque les changelins se rendirent en masse aux sièges du pou-
voir dans leurs royaumes, les nobles se sentirent obligés d’agir. Ils
décrétèrent que les roturiers se rendaient coupables d’une violation
de propriété, mais qu’ils contacteraient Tara Nar en leur nom pour
les rassurer. En réponse, David fit proclamer dans toute la Concorde
qu’il était inutile de s’inquiéter et que les réserves de Glamour
étaient amplement suffisantes pour tous les nourrir. Le Haut Roi
reconnaissait que tous vivaient des temps difficiles, mais disait qu’il
apaiserait leurs craintes et que les médiateurs qu’il allait nommer
s’assureraient que chacun recevrait son dû. Désespérés, les roturiers
continuaient de croire que le passé qu’ils partageaient avec nombre
de leurs frères anoblis pousserait ces derniers à les aider. Hélas, on se
contenta de leur adresser les mêmes réponses stupides que Tara Nar.
Aujourd’hui
Les Brasiers mourants à travers Concorde ont bouleversé le paysage
politique et social bien plus profondément que les nobles ne veulent
le reconnaître. Les changelins revenus au cours des décennies
suivant la Résurgence (et qui n’ont pas succombé au Tumulte ou à
l’Oubli) ont la chance d’avoir constitué des réserves sur lesquelles
compter lorsque le Glamour disponible diminuera. Quant aux
autres, ils doivent se résoudre à certaines extrémités pour survivre à
l’influence grandissante de la Banalité sur le monde. À l’instar de la
Cour des Ombres, de sinistres organisations se mettent en quête de
changement, mais les dirigeants ne leur proposent aucune solution.
Elles promettent un monde nouveau si l’on consent à s’engager et
à faire des sacrifices au nom de la cause, et ne cessent ce faisant de
gagner en influence.
Le gouffre qui sépare la noblesse de la roture menace bien plus
que la stabilité sociale changelin, et attire une attention malvenue.
Accompagnés de chimères monstrueuses et de bêtes de cauchemar,
un nombre grandissant de Thallains et de Ténébreux entrent dans
le monde de l’Automne avec la ferme intention de le préparer à
l’arrivée des Grands Ténébreux. Dans le même temps, certains
trouvent plus facile de rejoindre les rangs des Fomorii afin d’éviter
un destin funeste. Leur devise peut se résumer ainsi : « Mieux vaut
un cauchemar qu’un sommeil sans rêves ».
Néanmoins, la noblesse n’est pas épargnée par les changements
qui se déroulent dans le monde. La crainte de perdre du statut et
de l’influence dans la société féerique gagne les maisons nobles. On
utilise de plus en plus l’Art du Souverain pour s’assurer la loyauté
de sa cour, et c’est une pratique qui s’étend même aux roturiers
anoblis. Les querelles intestines ont pris des proportions jamais vues
et obligent les nobles à chercher des ennemis là où ils n’avaient que
des frères et sœurs.
L’insécurité et la peur qu’ils éprouvent attisent les tensions avec les
roturiers. Les Sentiers deviennent des centres de plus en plus actifs
d’activité militaire. Les réfugiés en provenance des Domaines perdus
se mettent en quête de nouvelles sources de Glamour capables de
les nourrir. Le Parlement des Rêves discute sans cesse des solutions
Chapitre un : Un monde de ténèbres 41
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
possibles, mais les chefs des deux cours retardent, empêchent et
sabotent les accords dans le seul but de garder le contrôle total de
leur propre pouvoir.
Alors qu’une autre guerre civile risque d’éclater, les Sidhes tentent
de déterminer à qui ils peuvent se fier parmi les leurs. Les sbires des
Grands Ténébreux arpentent les ombres des royaumes. Le Glamour
se tarit. Et de plus en plus de changelins se mettent à croire qu’ils
vivent les derniers jours de l’Automne et que le Long Hiver approche.
La nature des fées
D’un bout à l’autre de la terre, les fées qui foulent le monde mortel
ont toutes un point commun. Chacune d’entre elles possède deux
moitiés, deux natures qui coexistent en un tout unique. Sa véritable
forme, son Visage féerique, n’est visible qu’aux autres fées et aux
créatures du Glamour. Sa deuxième apparence, la Guise mortelle,
dissimule cette moitié-là et la protège du monde de l’Automne et
de sa dure Banalité. La manière dont est perçu le changelin dépend
entièrement de la personne qui le regarde, ainsi que de la proximité
actuelle de la fée avec le Songe. Les deux aspects coexistent, ils ne
changent pas de place à tour de rôle. Cette vie partagée commence à
l’instant où la fée et le corps mortel s’unissent et ne font plus qu’un.
La Chrysalide
Les changelins sont aussi anciens que le temps, plus vieux que les
histoires de fées et de mortels que l’on croise au fil des civilisations.
Les premiers d’entre eux naquirent de relations entre ces fées et ces
mortels, à l’époque où la Banalité n’avait pas encore transformé le
monde en un univers sombre et froid. En revanche, ceux des temps
modernes apparurent lorsque les fées réalisèrent qu’elles ne pour-
raient survivre à cette Banalité sans s’en protéger d’une manière ou
d’une autre. La plupart ont choisi de subir un rituel appelé la Voie
du Changelin, qui enfouissait leur être féerique dans une enveloppe
mortelle et lui permettait ainsi de se cacher aux yeux du monde de
l’Automne. Lorsque cette première génération s’éteignit, leurs âmes
se réincarnèrent dans des corps d’enfants humains, et les changelins
commencèrent à naître partout dans le monde. Si certaines fées,
comme les Sidhes d’Arcadie, choisissent de prendre forme mortelle de
différentes manières, c’est d’abord ainsi que la majorité d’entre elles
ont survécu à la raréfaction du Glamour pendant des générations.
Un enfant peut abriter une âme féerique et grandir pendant des
années, voire atteindre l’âge adulte, sans jamais connaître la vérité
sur sa double nature. Mais cette part aura beau se cacher avec le
plus grand soin, le bambin paraîtra différent. Elle peut laisser des
indices ; dans sa classe, il sera spécial, étrange ou simplement bizarre.
Ces gamins grandissent dans la fascination de choses qui, pour la
plupart des gens, ne sont que les signes d’une imagination débor-
dante, comme les dragons, les monstres, les pays fantastiques et les
histoires extraordinaires. Ils sont en quête perpétuelle du fabuleux
dans leur quotidien, alors que l’âme féerique enfouie meurt d’envie
de toucher le Songe et ses merveilles. Néanmoins, et jusqu’à ce qu’il
soit temps de s’éveiller, ils n’auront pas conscience de la créature
qui sommeille en eux. Cet éveil, qui se produit lorsque le Songe se
manifeste à eux, est une expérience dramatique et souvent trauma-
tisante appelée Chrysalide.
La Chrysalide est une épiphanie qui survient quand la fée
enfermée dans le mortel jaillit dans une explosion de Glamour.
Un instant tumultueux et bouleversant au cours duquel le mortel
42 Changelin : le Songe
devient non seulement conscient de cette autre moitié incarnée en
lui, mais aussi d’un monde rempli de Glamour et de toutes les choses
fantastiques, merveilleuses et terribles qui l’entourent. Des visions
et des sensations le submergent violemment, venues d’un univers
en contrepoint du sien – juste à la lisière, au-dessus, en dessous, où
l’incroyable devient réel. Cette énorme explosion est précédée de
petits événements, de minuscules effusions de Glamour, autant de
signes que le Songe essaie de toucher et d’éveiller la fée cachée dans
son enveloppe de chair.
Cela peut commencer par de petites choses. Le mortel devient
le témoin de faits étranges que personne d’autre que lui ne voit. Un
adolescent aperçoit un corbeau perché sur l’épaule de son professeur,
et qu’il est le seul à remarquer. Un enfant voit son tyrannosaure en
peluche se lever dans le bac à sable et se mettre à mâchonner un
cigare. Il a des visions, des éclairs dans lesquels il contemple des
paysages glorieux et des merveilles à couper le souffle qui sont pour
lui très réels. Il a des hallucinations très vivaces lors desquelles il
revit les expériences d’un autre, il y a très longtemps, très loin d’ici.
Ces flashs constituent le premier regard de la fée en devenir sur le
Songe, ou bien les souvenirs de vies antérieures qui tentent de lui
rappeler qui il est. Ces visions, parfois dérangeantes pour les mor-
tels, peuvent les pousser à chercher une assistance psychiatrique.
Nombreux sont les parents inquiets qui tenteront d’aider leurs
enfants et interviendront dans ce sens, alors que ceux-ci s’efforcent
de concilier les choses merveilleuses qu’ils voient avec les réalités du
monde mortel. Ces signes avant-coureurs se font plus nombreux et
plus intenses et à moins qu’on ne les arrête, ils s’achèveront lorsque
la fée émergera, arrachée de force à son enveloppe.
La Danse onirique
Au moment propice, les présages qui l’annonçaient cessent et le
changelin entame la Danse onirique, qui proclame la naissance d’une
nouvelle fée, libérée des chaînes du monde glacé de la Banalité. C’est
une explosion titanesque de puissance, une profusion de magie et
la manifestation de l’irréel devenu réel. Au cours de cet événement,
le pouvoir du Songe engloutit le changelin, le Glamour pénètre
chaque cellule de son être, et il voit pour la première fois de sa vie
la magie qui l’a toujours entouré. Rien n’aurait pu le préparer aux
sensations qui accompagnent cette vision du monde sans les œillères
mortelles, alors qu’il contemple un univers plus brillant et intense
que dans ses rêves les plus fous. Il plonge tête la première dans cette
expérience et se perd dans le chaos furieux d’une terre nouvelle qui
se matérialise devant lui.
Les Brumes qui enveloppaient sa vision du monde se sont dissi-
pées. Le nouveau changelin se voit pour la première fois tel qu’il est,
avec son Visage féerique. Des images le bombardent. Ses vies passées,
l’Arcadie et le Songe, des amis, des êtres chers et des ennemis depuis
longtemps disparus, et même des étincelles de l’avenir. Tout cela
passe sous ses yeux si vite qu’il n’en garde que quelques fragments.
Le changelin pris dans la Danse onirique doit lutter contre cette
vague de puissance qui l’engloutit. Le Glamour jaillit de son corps
et crée des chimères nées de ses rêves, de ses peurs, de ses espoirs et
de ses cauchemars. Ces créatures peuvent semer le désordre et attirer
les fées de la région, notamment lorsqu’on commence à évoquer un
vol de bébés dragons au-dessus de Nice ou un étrange groupe de
musiciens mécaniques errant dans le bois de Vincennes. Les fées
alentour reconnaîtront peut-être le flot de Glamour et l’activité
chimérique pour ce qu’ils sont, à savoir la naissance d’un nouveau
membre de leur peuple, et pourront aussi chercher à l’aider.

La Voie du Changelin
et la Voie de l’Arcadien
Au cours de la Séparation, les fées abandonnées dans le
monde des mortels durent se résoudre à subir un rituel
afin de survivre à une Banalité de plus en plus grande.
Elles comprirent que sans une enveloppe corporelle pour
les abriter, elles finiraient par s’étioler et mourir, prison-
nière des chaînes mortelles de la peur et de la stagnation.
La Voie du Changelin permettait aussi aux âmes féeriques
de renaître encore et toujours, et de tisser un fil magique
ininterrompu entre les générations, protégées par leur lien
avec l’humanité.
Lorsque les portes vers l’Arcadie s’ouvrirent à nouveau
en grand, les Sidhes revenus sur Concorde découvrirent
qu’eux aussi devraient affronter la Banalité du monde de
l’Automne en adoptant un corps mortel. Pourtant, ces
Arcadiens refusèrent d’embrasser la Voie du Changelin
et de se lier à une enveloppe humaine, comme l’avaient
fait leurs cousins roturiers. Ils préférèrent choisir un hôte
mortel et arracher son âme pour la remplacer par la leur. Ils
se démarquent ainsi complètement des Maisons Scathach et
Liam, qui sont restées au cours de l’Éclatement et suivent le
cycle de renaissance des autres kiths. De nombreux Sidhes
revenus sur Terre ont décidé de subir le rituel de la Voie du
Changelin, et c’est ainsi qu’une toute nouvelle génération
de Sidhes de l’Automne est née dans le monde mortel. Ce
choix a conduit à des critiques cinglantes sur la manière
d’agir des Arcadiens. En effet, on considère que la destruc-
tion potentielle, et inutile, de l’âme humaine à laquelle ils
se livrent résulte de l’incapacité de la noblesse à évoluer.
Les individus qu’elles trouvent figurent parmi les plus chanceux.
Un changelin n’est jamais aussi vulnérable qu’au cours de la Danse
onirique. Alors qu’il déverse le Glamour dans toutes les directions,
il peut attirer l’attention de créatures chimériques moins plaisantes,
qui pourraient fort bien lui faire du mal. Des êtres surnaturels ver-
ront dans la nouvelle fée désorientée une proie facile, et nombre
de changelins tombent avant même de réaliser pleinement ce qu’ils
sont. D’autres sombrent dans la folie, incapables de supporter ce
changement déconcertant dans leur réalité. C’est pourquoi tous
les changelins présents à proximité d’un des leurs au moment de sa
Danse onirique ont le devoir de le trouver et de l’aider à affronter
cette épreuve. Ils présentent leur cousin tout neuf à la vie qui sera
désormais la sienne et en échange, ils s’abreuvent jusqu’à plus soif
au trop-plein de Glamour que la nouvelle fée exsude.
Le fosterage
S’il a survécu à la transformation, le changelin doit à présent se frayer
un chemin dans un monde magique totalement inédit. Si d’autres
Kithains l’ont trouvé pendant la Danse onirique, ils se chargent
en général de conduire cet oisillon jusqu’à la grande assemblée de
fées la plus proche, ou bien jusqu’à un Domaine. Là-bas, il aura
une chance d’apprendre ce qu’il doit savoir sur le Songe, la société
féerique et ce qu’il lui faut pour rester en vie. On lui enseignera aussi
les coutumes de son kith (la race de fée à laquelle il appartient) et
il pourra explorer sa véritable nature, épaulé par ses frères kithains,
capables de comprendre l’épreuve qu’il traverse.
Au cours de cette période, un changelin plus expérimenté peut
proposer de devenir le tuteur du nouvel oisillon. Il endosse alors
le rôle de mentor, de protecteur et d’enseignant au cours de cette
première étape d’apprentissage dans sa vie. Cette pratique, appelée
fosterage, est directement héritée du Moyen-Âge pendant lequel
les nobles avaient coutume de prendre en charge les enfants d’une
autre famille afin de cimenter des alliances, ou bien de créer des
liens entre héritiers de la prochaine génération. Mentor et oisillon
prêtent le Serment du fosterage et se retrouvent liés pendant cette
période délicate dans le développement du changelin nouveau-né.
Par cette cérémonie, ce dernier découvre également la puissance du
serment dans la société féerique. Comme sa famille mortelle serait
sans doute incapable de comprendre ce qu’il vit, le tuteur peut ainsi
lui prodiguer des conseils cruciaux au cours des premières années
de son existence de fée.
Si l’on présente l’oisillon à la noblesse quand on le trouve, ses
membres ou les dirigeants locaux lui désignent souvent un mentor
qui, à leurs yeux, possède la sagesse et l’expérience nécessaires à cette
fonction. Si c’est un groupe de roturiers, qu’on appelle une Bande,
qui le découvre, ses membres le gardent en général avec eux. Ils
choisissent l’un des leurs comme mentor et se chargent eux-mêmes
de son éducation. Cet instructeur se comporte moins en gardien et
en tuteur tenu par un serment, et plus comme un grand frère ou une
grande sœur. Son enseignement, plus informel, se fera volontiers
au fil de l’eau.
Si un changelin rejoint les siens plus tard au cours de sa vie,
après avoir vécu sa Chrysalide et atteint l’âge adulte, cette période de
fosterage est légèrement différente. De pupille, il devient une sorte
d’invité et l’on prend son expérience de mortel en compte au cours
de son éducation. Un mentor, ou plusieurs professeurs amicaux, lui
sont aussi essentiels. En effet, les bouleversements radicaux imposés
par son passage d’un mortel adulte à une fée nouvellement née
risquent encore plus d’ébranler l’individu.
Le lien que tissent le maître et l’élève pendant le fosterage est l’un
des plus importants dans la vie d’une fée. Cet apprentissage, à une
période aussi critique de son existence, influence la manière dont le
changelin voit et interprète toutes les composantes de la société des
Kithains. Perdu dans ce nouveau monde, il peut se raccrocher aux
enseignements de son maître, calquer sur eux son comportement et
ainsi créer un lien étroit susceptible de durer toute une vie. Selon sa
nature, il sera aussi tenté de se rebeller et d’entrer en conflit avec lui.
Tandis que l’oisillon en apprend plus sur lui-même, un mentor seelie
peut avoir sous sa férule un disciple unseelie, et parfois turbulent.
Pourtant, et sauf querelle majeure, le lien du fosterage représente
pour lui une chance de recommencer sa nouvelle vie avec un peu
de stabilité, voire une famille. Il n’est pas rare qu’un mentor prenne
sous son aile un oisillon qui a dû quitter ses parents mortels, ou lui
laisse tout ce qu’il possède en héritage. C’est la raison pour laquelle le
maître et l’élève doivent réfléchir posément au Serment du fosterage
avant de prendre cette décision, car les responsabilités qu’il engendre
peuvent se prolonger bien plus que le temps d’une vie.
Cette période en elle-même, si elle reste importante, ne dure
pas. Le changelin doit apprendre rapidement les ficelles du métier
et s’adapter au plus vite à ses nouveaux pouvoirs. Le risque de
dérapage est trop grand si un oisillon reste hors de contrôle dans
Chapitre un : Un monde de ténèbres 43
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

les jours qui suivent la Danse onirique. De plus, pondérer les élans
d’une nouvelle fée s’avère être un fardeau très lourd sur les épaules
du mentor. Une fois qu’il a pris ses marques, le changelin quitte la
sécurité de la tutelle et entre dans une autre période de sa vie. Il
fera évoluer les enseignements qu’il a reçus et passera le reste de son
existence à affûter les compétences qu’il a acquises.
Le Jour du Nom
Les nouveaux Kithains bénéficient d’un temps d’adaptation, au
cours duquel ils apprennent à leur aise le rôle qu’ils vont jouer
dans la société féerique. Cette période d’un an et un jour se divise
en deux, le temps du pupille et le temps de l’observateur. Sous la férule
de leur protecteur ou d’une Bande, le changelin étudie les us et
l’histoire de son kith, sa place dans la hiérarchie de la cour et les
coutumes des Kithains.
Au cours de la première moitié de cet apprentissage, le temps du
pupille, l’oisillon a une plus grande marge de manœuvre dans ses
actions, car ses tuteurs lui enseignent ce qu’il doit savoir et endossent
la responsabilité des accidents qu’il pourrait provoquer ou des erreurs
qu’il pourrait commettre. Il a toute latitude pour maîtriser les us et
les traditions sans craindre d’éventuelles représailles. Ce n’est plus
le cas lorsque arrive le temps de l’observateur, car c’est là qu’il doit
appliquer les leçons qu’il a apprises et assumer les conséquences
de ses actes. On place la barre encore plus haut pour les oisillons
adultes, car on attend d’eux que leur expérience mortelle les pousse
à opter pour des choix plus avisés et responsables.
À la fin de cette période d’un an et d’un jour, l’oisillon se soumet
à un rituel, le Jour du Nom, et cette initiation fait entrer le changelin
de plain-pied dans la société khitain. Les devins se servent de leur
maîtrise des Arts pour percer les Brumes et découvrir le véritable
nom de la fée. Si personne n’est assez avancé dans les Arts de la
Désignation pour conduire ce rituel, un changelin peut prendre
sur lui de déchaîner la Désignation sans y être formé et risquer un
imprévisible contrecoup du Songe.
Le Vrai nom est le cœur même d’un changelin, celui qui relie
son essence au Songe. C’est un secret étroitement gardé, qu’il ne
partage qu’avec ses alliés les plus proches et ses amis les plus intimes.
En effet, connaître le Vrai nom d’une créature octroie à celui qui le
détient un grand pouvoir sur elle.
Les enfants de la noblesse subissent un rituel légèrement dif-
férent de leurs cousins roturiers, le Fior-Righ. Seuls les membres de
la maison qui parrainent l’oisillon y assistent. Au cours de cette
épreuve secrète, on teste les aptitudes physiques, sociales et mentales
du changelin, on y détermine la maison noble qu’il rejoindra et le
rang qui sera le sien. Les Sidhes ont tout intérêt à évaluer tôt leurs
futurs membres. Ils ont donc l’habitude de localiser et de garder un
œil sur les éventuelles nouvelles recrues ou les enfants nobles avant
leur Désignation. Lorsqu’ils en ont l’occasion, ils remontent même
la trace des oisillons jusqu’à leur famille mortelle et analysent leurs
capacités avant le début de leur formation.
Une fois qu’il a reçu son Vrai nom, un changelin peut décider
de prendre un Engagement de Fidélité envers un Domaine, un sei-
gneur ou la Bande qui l’a accueilli. Il remplit alors des obligations
au sein de la maison ou de son groupe en fonction des aptitudes
qu’il a démontrées au cours de son fosterage. La Chrysalide s’achève
pleinement le Jour du Nom. La fée fraîchement « baptisée » devient
alors un membre à part entière de la société des Kithains, et elle est
prête à vivre sa vie d’enfant du monde mortel et du Songe.
44 Changelin : le Songe
La Banalité
Le plus grand danger pour un changelin réside dans l’incrédulité, la
stagnation et la raison étriquée qui menacent d’étouffer l’ingéniosité
et l’inventivité humaines. Pour chasser ses peurs, l’humanité s’est
accrochée avec l’énergie du désespoir à la rationalisation. Mais ce
faisant, elle tue l’étincelle de l’imagination et de la création qui relie
le monde des mortels au Songe. Cette force, qu’on nomme Banalité,
épuise et réprime, et c’est la première cause de destruction pour tous
habitants du Songe. Elle essaie de justifier le fantastique, elle veut
catégoriser, tester, contenir et rendre ordinaire tout ce qui n’appartient
pas au champ de compréhension accepté des mortels. Les Kithains
plus anciens nomment ce phénomène la Nuit Infinie, ou encore le
Long Hiver, car elle envahit la société et le monde devient plus froid
pour les changelins chaque année qui passe.
La Banalité n’est peut-être pas une entité consciente, mais elle
incarne néanmoins une force. Elle se perpétue par la pression
constante en faveur de la normalisation, de l’uniformité et de l’ac-
ceptation rébarbative du statu quo profondément ancré dans la vie
mortelle. Quand un professeur piétine l’étincelle de créativité d’un
jeune artiste, quand un parent exige que son enfant abandonne ses
rêves stupides et se montre « plus réaliste », la Banalité prospère.
Un musicien contraint d’abandonner ses rêves et de prendre un
boulot à plein temps, une critique cinglante qui éreinte cette pièce
farfelue et pousse l’écrivain à laisser tomber sa plume, une semaine
de contrôles standardisés qui fait pleurer un enfant de frustration,
et le monde devient un peu plus froid autant pour les changelins
que pour les mortels. À cause de la Banalité, l’esprit humain ne peut
plus s’affranchir des limites de sa compréhension quand il réfléchit,
l’étincelle de création qui se languit de devenir flamme plie.
Le Monde des Ténèbres en est imprégné, emprisonné dans sa
gangue. Le voile qu’elle jette se reflète dans la lassitude impuissante
des mortels qui l’habitent, et dans la stagnation qui maintient ses
infrastructures en place. Quand un changelin cherche le Glamour
et ne parvient pas à invoquer son pouvoir, il provoque une réaction
et la Banalité se déverse à sa place. Le Songe s’efface chaque fois
qu’elle resserre son étreinte. Il se dissipe dès qu’on catalogue, qu’on
emballe et qu’on colle à la hâte sa beauté fière et sauvage sur une
gamelle étiquetée à la chaîne. Elle est la force qui pousse le Songe et
ses enfants vers l’extinction, le fantôme du Long Hiver qui hante les
pas de tous les Kithains dans le monde de l’Automne.
Le Glamour
Le Glamour est le contraire étincelant de la Banalité, la lueur d’espoir
éclairant vaillamment la Nuit Infinie qui s’avance et la pierre angulaire
de la réalité féerique. Il constitue la matière même de la création et
de l’espérance, celle qui brûle dans le travail passionné de l’artiste
et le combat des mortels pour repousser le marasme et poursuivre
leurs rêves. Il nourrit le Songe, s’incarne dans la moindre parcelle
des créatures et des créations chimériques, alimente la magie des
fées. Il offre à celles-ci le pouvoir d’invoquer les tourbillons ou de
murmurer à l’oreille des arbres, celui de créer des vaisseaux magiques
volants ou d’insuffler aux mortels la capacité de voir ou de toucher
le Songe. Le Glamour est également l’énergie de base qui empêche
les changelins de perdre leur Visage féerique et leur puissance. Il se
glisse dans leurs charmes (sorts) et sans un flot continu de Glamour,
ils perdent leur lien avec le Songe et se dissolvent dans leur Guise
mortelle. Il leur est vital et pourtant, la Banalité est si forte qu’elle
l’a raréfié. Les changelins passent leur temps à chercher de nouvelles
sources de Glamour. Pour ce faire, ils prennent soin des mortels
qui le produisent, ou bien découvrent des lieux où il prospère à
l’état naturel. Ces endroits deviennent une ressource précieuse
qu’il faut protéger, car s’ils disparaissaient, le monde deviendrait
encore plus froid.
Le Glamour n’a aucune forme physique à l’état brut et comme
c’est un type d’énergie, il est invisible. Les mortels sont incapables de
le sentir, ni ainsi ni dans ce qu’il crée et qui est dénué de contrepartie
physique réelle. Les changelins peuvent quant à eux le détecter grâce
à leur lien avec le Songe. Tous possèdent au moins une once d’acuité.
Cette vision féerique leur permet de percer les Guises mortelles
afin de voir le Visage féerique qui s’y dissimule et de reconnaître les
choses imprégnées de Glamour. Ils peuvent également récolter cette
énergie et lui donner une forme physique pour l’insuffler dans un
objet ou créer de l’écume, échantillon de matière capable de conserver
le Glamour pour une utilisation ou une consommation ultérieure.
Dans les ténèbres grandissantes, plus d’un changelin s’est raccroché
à la chaleur providentielle de ces petites étincelles, échappant ainsi
à la froide étreinte de la Banalité.
L’Oubli
La force de la Banalité dans le monde mortel est telle qu’elle peut
séparer un changelin de son enveloppe humaine s’il n’y prend pas
garde. Elle l’épuise et il commence à oublier son lien avec le Songe.
Les souvenirs de sa moitié féerique s’évanouissent et il risque de
sombrer dans l’Oubli. Celui-ci effacera cette mémoire et l’engloutira
tout entier dans son enveloppe mortelle. Si l’on ne fait rien pour
arrêter, ou du moins ralentir, ce processus, il perdra totalement le
contact avec le Songe. Il ne restera alors plus que la part humaine
vidée de toute substance féerique, condamnée à vivre seule dans le
monde insipide et Banal.
Cela n’arrive pas d’un coup. Protégés de ses effets les plus terribles
par leur Guise mortelle, les changelins résistent tous les jours aux
forces de la Banalité. En acceptant cette petite écharde dans leur
existence, ils peuvent développer une certaine tolérance à ses effets et
utiliser leur moitié humaine pour les préserver du pire dans le monde
de l’Automne. Leur Visage féerique peut se tapir au plus profond de
sa coquille mortelle et supporter les épreuves les plus pénibles de sa
vie quotidienne, qu’il s’agisse de payer ses factures ou de discuter
avec les services des impôts. Un contact prolongé avec les influences
de la Banalité est tout à fait capable d’abattre le plus endurci des
changelins et de le précipiter dans une lente spirale vers l’Oubli.
Les fées se cachent derrière des aspects mortels depuis la nuit des
temps. Elles se déguisaient ainsi pour évoluer parmi les hommes, et
prenaient même leur apparence pour échapper à ceux qui voulaient
les asservir ou les détruire par le fer froid. Elles ont à nouveau utilisé
cette tactique quand l’Éclatement a menacé d’écraser celles restées
sur Terre après la fermeture brutale des portes de l’Arcadie. Elles
se sont servies de ce vieux truc afin de créer le rituel de la Voie du
Changelin qui allait leur permettre de renaître dans un corps mortel,
protégées (du moins en partie) de la Banalité du monde.
Cette transformation des fées en changelin n’a pas été sans consé-
quence. Lorsqu’elles sombrent totalement dans leur Guise mortelle,
la moitié humaine oublie les souvenirs de sa jumelle féerique. C’est
la raison pour laquelle un mortel ne se rappellera pas cette part de
Chapitre un : Un monde de ténèbres 45
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
lui-même tant que ne survient pas la Chrysalide. Certaines âmes
peuvent tout à fait ne jamais échapper à leur sommeil. En effet, leur
Guise mortelle est si engoncée dans la Banalité que le Songe ne
parvient pas à les toucher, elles restent alors tragiquement perdues
dans les Brumes et l’Oubli.
Les Brumes
Un jour, il y a longtemps de cela, les fées créèrent des barrières afin
de se préserver, et de préserver les merveilles du monde chimérique,
des yeux inquisiteurs de l’humanité. Au fil du temps, les Brumes se
sont mêlées à la Banalité croissante et de protection, elles se sont
muées en obstacles entre les Kithains et le Songe. Certes, ce nuage
invisible de désenchantement empêche les mortels de reconnaître
la magie et de percer les aspects féeriques qu’ils rencontrent, mais
il contribue aussi à obscurcir l’esprit des changelins dans leur Guise
mortelle. À cause des Brumes, ils sont incapables de mobiliser toutes
les connaissances de leur moitié féerique, pas plus qu’ils ne peuvent
se rappeler de leur vie passée en Arcadie ou de leurs générations
de vie immortelle. Sous leur influence, une grande partie de la fée
s’égare dans des souvenirs nébuleux ou des rêves épars.
Les Brumes épuisent aussi le lien que les changelins entretiennent
avec le Songe, et les empêchent de récolter naturellement le Glamour
dans le monde qui les entoure. Au fil du temps, ils se retrouvent
à court d’énergie, à moins qu’ils puissent en trouver dans d’autres
sources extérieures. Ils finissent par perdre le contact avec leur moi
féerique. Cela concerne leur Visage, bien sûr, mais aussi les souvenirs
de leurs vies antérieures, effacés par l’Amnésie. Retrouver ces souve-
nirs perdus peut ressembler à un combat perdu d’avance contre la
Banalité elle-même, car le changelin est prisonnier d’un cauchemar
où se mélangent visions floues et désirs ardents inexplicables.
S’il n’obtient pas le Glamour nécessaire pour inverser la tendance,
le changelin peut plonger tout entier dans les Brumes et l’Oubli. Le
processus s’accélère si quelque chose blesse son Visage féerique, comme
une arme en fer froid. Pourtant, même les individus qui se sont égarés
sur ce chemin peuvent retrouver des parcelles de souvenirs lorsque
les Brumes se déchirent, et entrapercevoir ce qu’ils sont en réalité.
Tout ce qui leur permet de rassembler les fragments épars de leurs
incarnations passées, ou même de l’Arcadie avant l’apparition des
Brumes, diminue la pression écrasante que la Banalité exerce sur eux.
Ce voile offre malgré tout un avantage aux mortels. Il leur dissimule
le Songe et ses enfants. La plupart d’entre eux renferment une Banalité
puissante, laquelle les empêche de percevoir ce qui n’appartient pas
à leurs croyances. S’ils remarquent un détail qu’ils sont incapables
d’expliquer sur-le-champ, les Brumes les poussent à rationaliser
l’événement et à penser qu’il s’agit simplement d’une hallucination
ou d’une mystification. Un mortel doit être délibérément enchanté
pour voir le monde du Songe qui se cache juste sous ses yeux.
Et c’est dans ces mêmes Brumes que tous les changelins s’égarent
une fois perdue la bataille qui les oppose à la Banalité.
Comment vieillissent
les changelins
Leur existence est directement liée à celle de leur corps mortel.
Une fée naît, vit la Chrysalide, vieillit et meurt, puis naît une fois
encore pour recommencer le processus. Le cycle de la mort et de
la renaissance assure à son âme de passer d’une génération à une
46 Changelin : le Songe
Morts violentes
et fer froid
Pour une fée, le monde est déjà un lieu froid et Banal
qui s’éloigne lentement du Songe. Mais chaque changelin
emporté par l’Oubli rend ce monde un peu plus sombre
et Banal. Prendre la vie de l’un d’entre eux est un acte de
la Banalité et si une fée en tue une autre, elle participe au
refroidissement du monde de l’Automne.
C’est encore plus vrai lorsqu’elle choisit d’utiliser
une arme en fer froid pour blesser l’un de ses cousins ou
une créature du Songe. Cette matière, mortelle pour les
changelins, est un affront au Songe lui-même. Personne
ne sait exactement pourquoi, mais les légendes racontent
qu’il y a longtemps de cela, peut-être avant la Séparation, les
fées ont passé un accord avec le fer. On ne se souvient plus
de sa nature exacte, mais on dit que lorsqu’elles n’ont pas
respecté les termes de leur marché, ce dernier est devenu
fou de rage. À partir de ce moment-là, il est devenu leur
éternel ennemi, et leur plus mortel adversaire quand une
fée s’en sert. Dans la plupart des Domaines et certaines
régions des royaumes féeriques, il est illégal de posséder
une arme en fer froid, et se faire prendre avec l’une d’entre
elles en sa possession équivaut à déclarer ouvertement son
intention de commettre un meurtre.
autre, même si elle n’est qu’une pâle copie de son immortalité pas-
sée. Pourtant, ce vieillissement dépend plus de son exposition à la
Banalité que de son âge mortel.
Le changelin qui émerge de sa Chrysalide est un oisillon, et ce
même si son corps humain est celui d’un adulte. Son Visage féerique
reflète cette jeunesse et cette vitalité, car il n’a pas encore subi les
véritables ravages du contact avec la Banalité. Son âge apparent,
appelé Aspect, évolue en fonction de la résistance qu’il lui oppose
et de la manière dont il perçoit le monde qui l’entoure. Même si
la plupart d’entre eux traversent les trois Aspects de façon assez
linéaire (du Gamin au Vaurien, puis au Grincheux), l’Aspect repré-
sente plus que le simple âge physique de la forme mortelle qui les
abrite. Il incarne sa vision et son approche du Songe, ainsi que sa
manière d’affronter la Banalité. Il est même possible qu’un change-
lin abandonne un Aspect « en panne », et passe du Grincheux au
Gamin ou au Vaurien, puis y revienne plus tard. Cependant, rien
de tout cela n’empêche son corps physique de vieillir. En fait, tous
les changelins savent bien qu’ils seront probablement victimes de
l’Oubli bien avant de devenir séniles.
Avec les violences perpétrées par leurs adversaires, l’Oubli est
la principale cause de décès parmi les changelins. La moindre vie
féerique qui s’éteint porte un coup terrible, et c’est le monde de
l’Automne qui marque encore un point contre la magie, les fées et
le Songe. L’âme d’un changelin victime de l’Oubli s’endort dans
le corps qui l’abrite, et attend que son enveloppe charnelle meure.
Elle peut ensuite se réincarner sous une forme différente et revenir
dans le monde mortel. Mais ce n’est pas le destin le plus terrible
qu’elle peut rencontrer.
 Rares sont les fées à craindre autant le spectre de la mort que
les Sidhes. Même si certains d’entre eux ont adopté la Voie du
Changelin et ont commencé à renaître comme les autres Kithains,
les Arcadiens ont conservé leurs traditions et refusent de se souiller
dans le cycle de la mort et de la renaissance des mortels. Mais parce
qu’ils choisissent de voler les corps qu’ils habitent, ce qu’il advient
d’eux après leur trépas reste incertain. Personne ne sait exactement
si les Sidhes d’Arcadie se réincarnent, et ceux qui ont rejeté la Voie
du Changelin sont effrayés par le mystère de la mort qui traque à
présent ces fées autrefois immortelles. La Maison Liam a soutenu
la notion scandaleuse qu’ils renaissaient en effet, mais comme des
roturiers, et la plupart des nobles ont sans surprise conspué, quand
ils n’ont pas totalement écarté, cette idée. Cependant, l’existence des
Sidhes de l’Automne prouve que cela est possible, pour peu qu’on
se résolve à abandonner les anciennes coutumes en faveur du cycle
de la réincarnation. Après tout, il s’est révélé très utile aux roturiers
pendant les longues années de l’Interrègne.
Éviter le vieillissement
Depuis que le spectre de la mort plane sur les esprits terrifiés des fées
jadis immortelles, certaines commencent à réfléchir aux différentes
façons de prolonger leur existence. Nombre de légendes et d’histoires
épiques sont nées de cette quête, et leurs conséquences ont souvent
provoqué des sentiments mitigés, de la triste hilarité à l’horreur
absolue. La seule méthode testée et approuvée pour prolonger la
vie d’un changelin consiste à passer du temps dans un Domaine au
sein du Songe. Ceux qui bénéficient d’un accès régulier à ce genre
d’endroit vivent plus vieux qu’un mortel ordinaire, tout comme ils
gardent leur jeunesse et leur vitalité plus longtemps. En revanche,
cela a ses inconvénients. Les individus qui résident trop longtemps
dans un lieu aussi proche du Songe commenceront à perdre leur
lien avec le monde mortel, leur nature féerique les submergera peu
à peu et ils dériveront jusqu’à s’abandonner au Tumulte, une folie
engendrée par un défaut d’ancrage dans le monde mortel. Les plus
vieux changelins essaient de contrebalancer la Banalité qu’ils peuvent
accumuler par leur simple présence dans le monde de l’Automne
avec le temps qu’ils passent dans un Domaine sans sombrer dans le
Tumulte. Ce faisant, ils se retrouvent vite sur le fil du rasoir. Tous
savent que tôt ou tard, ils peuvent faire un faux pas et si cela se
produit, ils risquent d’affronter l’Oubli ou de glisser dans une folie
nourrie par le Glamour.
La légende des Síocháin
On raconte que de nobles sidhes ont réussi l’impos-
sible, et trouvé le délicat équilibre entre leur part mortelle
et leur âme féerique. Les Síocháin, car tel est leur nom,
auraient atteint l’harmonie entre Glamour et Banalité
et ainsi découvert la véritable immortalité. Même si de
nombreuses questions subsistent sur leur seule existence,
les roturiers se demandent si ce ne sont pas simplement
de jolies histoires faites pour rassurer les nobles désespé-
rés à la fin de leur vie. La façon dont ils ont atteint cette
immortalité reste un mystère et où qu’ils soient, ils n’ont
pour l’instant pas l’air de vouloir partager leurs secrets.
Passer plus de temps dans un Domaine qu’en dehors est une
pratique courante parmi la noblesse. Depuis la Résurgence et
pendant une bonne partie de l’Évanescence, on sait que les Sidhes
d’Arcadie qui ont passé de nombreuses années dans le monde de
l’Automne se retirent peut-être trop longtemps dans leurs Domaines.
En conséquence, les roturiers les accusent de trop s’éloigner des
problèmes actuels du monde mortel et de ne penser qu’à prolonger
leur existence. Le Haut Roi David en est un parfait (et dangereux)
exemple, car il a passé plus de temps dans le Songe qu’avec son
peuple au cours des dernières années. Roturiers et nobles progres-
sistes lui ont officiellement demandé de revenir parmi les siens pour
se rendre compte des problèmes qui y règnent, mais leurs requêtes
sont restées lettre morte. La cour reste dans ses Domaines. D’aucuns
disent qu’elle craint de succomber à la froide étreinte du temps qui
rôde hors les murs.
Les légendes évoquent des artefacts capables de prolonger la
jeunesse ou de donner à nouveau la vie éternelle, comme la mythique
fontaine de jouvence, mais jusqu’à présent, on n’en a retrouvé aucune
trace. Cela n’empêche pas nombre de jeunes et intrépides changelins
de se lancer dans cette quête et de chercher à résoudre le mystère de
l’immortalité des fées. Pendant ce temps, le cycle de la mort et de
la renaissance se poursuit.
Guise mortelle
et Visage féerique
Un changelin subit les outrages du temps aussi bien sur son corps
humain que dans les changements qui affectent son âme féerique.
Ce double processus peut lui paraître déconcertant, car sa Guise
mortelle peut tout à fait ne pas correspondre à l’âge et aux capacités
de son alter ego surnaturel, et vice versa.
Cette enveloppe est le corps dans lequel la fée se cache aux yeux
du commun des mortels. Elle y est née et le changelin en a émergé au
cours de la Chrysalide, ou bien elle en a pris le contrôle lorsqu’elle
est sortie d’Arcadie si c’est un Sidhe. Cette coquille de chair a beau
dissimuler avec soin l’âme féerique qui l’habite, elle porte sur elle
le sceau de sa présence. L’enveloppe mortelle d’un Pooka chat sera
agile, gracieuse et un peu farouche, tandis que celle d’un Sidhe de
l’Automne aura la beauté saisissante et l’élégance de sa moitié féerique.
Les hôtes vieillissent pourtant et même si les changelins qu’ils
abritent sont toujours jeunes et puissants, ils mourront. La seule
solution pour enrayer le phénomène consiste à passer du temps
dans un domaine magique, ce qui suspendra de facto ce processus
naturel. Ce faisant, ils peuvent rester des enfants ou des adolescents
pendant un laps de temps plus long que ce qu’ils escomptaient. Les
effets de ce séjour finiront par devenir évidents pour les mortels.
L’enfant ne grandira pas, les collègues de bureau remarqueront
l’adulte qui semble toujours avoir vingt ans. Cela signifie souvent
que les changelins devront abandonner leurs vies mortelles ou, dans
le cas des enfants, leurs familles, quand les gens commenceront à se
demander ce qui cloche. Pendant le fosterage, des fées plus âgées et
compréhensives prennent souvent ces jeunes changelins sous leurs
ailes, afin de ne pas attirer l’attention des autorités mortelles. Le
Tumulte a beau être la terreur de tous les Kithains, tomber sous la
coupe des Services de Protection de l’Enfance ou d’une institution
psychiatrique bien intentionnée, mais étouffante, l’est tout autant.
L’âme du changelin reste bien à l’abri dans sa coquille de chair.
Lorsqu’on peut percer le déguisement dans lequel l’enfant immortel
Chapitre un : Un monde de ténèbres 47
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
du Songe se drape, on aperçoit alors son Visage féerique, celui sous
lequel il a traversé les siècles. Quelle que soit leur nature, les habitants
du Songe reconnaissent toujours leurs semblables.
Ce n’est que s’il se trouve sur un sentier féerique, dans un
Domaine ou dans un lieu imprégné de Glamour que la véritable
apparence d’un changelin prendra le pas sur son enveloppe mortelle
et se dévoilera complètement. Cependant, elle ne disparaît jamais
tout à fait. Elle reste tapie sous la surface et les créatures du Songe
ne manqueront pas de la remarquer, à moins qu’elle ne cherche
activement à se dissimuler. Le Visage féerique peut disparaître si
l’individu renonce à cette part de lui-même, mais ce faisant, il invitera
la Banalité à poser ses doigts les plus glacés sur le monde.
Le corps d’un changelin vieillit au même rythme que son enve-
loppe mortelle. Toutefois, c’est la phase de sa vie dans laquelle il se
trouve alors qui détermine son Aspect.
Les Aspects
L’Aspect d’une fée est le reflet de son état d’esprit sur son Visage
féerique, ainsi que la manière dont elle perçoit et interagit avec le
monde. Elle vieillit au fil du temps, mais les trois phases de sa vie, le
Gamin, le Vaurien et le Grincheux, correspondent à son état d’esprit
du moment. Pour le premier, le monde est une source inépuisable
d’émerveillement à laquelle s’abreuver. Le deuxième assimile ces
instants d’éblouissement et les expériences qu’il a vécues, puis part
en quête de nouvelles aventures, avide de découvrir et d’explorer tout
ce qui s’offre à lui. Une fois qu’il a appris et mûri, il devient gardien
de la connaissance qu’il a amassée et se prépare à la transmettre à
d’autres, alors même que le froid de la Banalité commence à l’épuiser.
48 Changelin : le Songe
Le temps passé par la fée dans le monde mortel peut changer
son apparence et la vieillir, mais seuls son vécu et sa perception
des choses la feront passer d’une phase à l’autre de sa vie, et d’un
Aspect à un autre. Un Gamin restera longtemps plongé dans son
émerveillement, fasciné par l’impressionnant et magnifique monde
féerique. Il glissera dans sa période de Vaurien à l’adolescence lors-
qu’il délaissera les petites choses de l’enfance et se lancera dans de
nouvelles aventures.
Ces étapes ne sont pas tout à fait linéaires. En effet, un changelin
sur le point de devenir un Grincheux fatigué du monde peut tout à
fait découvrir quelque chose qui le ramènera à l’émerveillement de
ses années de Gamin. Cependant, un tel retour en arrière est rare et
difficile à accomplir. Même si l’esprit d’une fée est fluide et change
en fonction de sa mentalité, l’influence du monde mortel imprime
l’idée que le temps est linéaire et qu’il ne peut qu’avancer, vers une
fin inéluctable. Cette manière de voir les choses est parfaitement
capable d’épuiser un changelin et de le pousser vers le Grincheux,
voire de provoquer l’Oubli.
Les différents Aspects de la fée affectent directement son Visage
féerique. Un Gamin débordera de l’énergie et aura l’apparence d’un
jeune et naïf écuyer, tandis qu’un Vaurien ressemblera plus à une
jeune fée aguerrie, ambitieuse, et peut-être un peu affamée, en quête
d’aventure. Ses expériences passées auront marqué le Grincheux,
et il portera les cicatrices de la guerre comme celles de ses années
épuisantes à combattre l’étreinte de la Banalité. Pour lui, un retour
en arrière ne serait donc pas synonyme d’un renversement de son
âge physique apparent. Au lieu de cela, un vieux Troll épuisé pourrait
soudain réaliser qu’il se dresse à nouveau de toute sa taille sur le
champ de bataille, revigoré dans son devoir par une inspiration et
une détermination nouvelle. Chaque transformation dépendra en
grande partie de la vision que le changelin porte sur le monde et de
son apparence basée sur la fée qu’il est.
Les kiths
Les vieilles histoires racontent que les fées sont nées des rêves du
monde. Sous l’influence de l’imagination humaine, ces anciens
songes ont évolué et changé pour créer les kiths que l’on retrouve
dans le monde entier. Quand un changelin sort de sa Chrysalide,
il connaît son appartenance et il arbore les traits physiques carac-
téristiques de son peuple. Quand il vieillit, son corps mortel porte
de plus en plus de ces traits distinctifs qui le désignent comme un
membre de son kith. Sa mort renverra l’esprit de la fée dans le cycle
des réincarnations et elle recommencera le cycle une nouvelle fois.
Les douze kiths les plus courants sur Concorde sont décrits
ci-dessous. Ils sont au nombre de treize si l’on distingue les deux
types de Sidhes qui existent aujourd’hui dans le monde mortel.
Les Boggans : dotés d’un solide sens pratique, travailleurs, les
Boggans sont les gardiens des foyers et les bâtisseurs industrieux. Ils
ne peuvent pas s’empêcher de se mêler des affaires des autres, et c’est
pour cela qu’ils semblent toujours savoir ce qu’il se passe. Chargés
d’entretenir les brasiers de nombreux Domaines et donjons nobles,
ils forment le socle qui assure sa stabilité à une cour féerique.
Les Bonnets rouges : ces changelins hideux sont de monstrueuses
machines à dévorer, terrifiantes à regarder et aussi mal élevées que
promptes à la violence. Les Bonnets rouges, qui peuvent avaler à
peu près n’importe quoi, ne vivent que pour semer la pagaille et
défier l’autorité. Naturellement, une telle attitude ne les aide pas à
se faire des amis et en fait des éléments souvent indésirables de la
société changelin.
Les Clurichauns : ces Kithains charismatiques aiment s’amuser
et sont à l’origine des histoires qui courent sur les leprechauns.
Collectionneurs d’objets, ils adorent la vie et la fête. Ils sont aussi
sujets à des accès de dépression ou de colère, déchaînent leur mau-
vaise humeur sur tous ceux qui croisent leur route et en font des
copeaux.
Les Eshus : quintessence des errants, les Eshus sont des conteurs
et des voyageurs accomplis. Originaires d’Afrique, ils régnaient aupa-
ravant sur leurs propres terres et on les trouve de nos jours partout
dans le monde. Célèbres pour apparaître au moment précis où l’on
a besoin d’eux, ce sont des négociateurs et des explorateurs à l’esprit
vif, et de parfaits compagnons pour partir à l’aventure.
Les Nockers : ces ours mal léchés sont petits, étranges à regar-
der et ils ont le gros mot facile. Néanmoins, leur besoin maladif de
fabriquer et de construire fait d’eux les ingénieux inventeurs de la
société changelin. Les Nockers préfèrent rester seuls dans leur coin (à
condition qu’on les laisse créer), et la frustration les pousse souvent à
jurer comme des charretiers quand ils débusquent des imperfections
dans la conception de leurs objets.
Les Piskies : ces innocents changelins aux grands yeux sont
des vagabonds par nature, qui recherchent la beauté magnifique et
sublime du monde. Messagers et guides utiles, les membres indus-
trieux et amicaux de ce kith sont incapables de résister quand il s’agit
d’accaparer quelque chose qui leur plaît. Et tant pis si ce quelque
chose ne leur appartient pas.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 49
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Les Pookas : au mieux farceurs, au pire terreurs, chacun de
ces loustics partage une affinité avec un animal précis et adore faire
des blagues. Véritables électrons libres, les Pookas sont bien connus
pour ne jamais pouvoir dire toute la vérité. Ils se comportent souvent
comme des bouffons pas si innocents que ça, capables de se tirer de
n’importe quelle situation.
Les Satyres : esprits incarnés du plaisir et de la passion, ces
sybarites acharnés arborent un postérieur de chèvre et font montre
d’une énergie débordante et d’un talent certain pour la musique.
S’ils sont surtout célèbres pour leur conduite hédoniste, les Satyres
sont aussi de féroces guerriers, des amants passionnés et d’avisés
conseillers.
Les Selkies : à cheval entre la terre et la mer, les Selkies méta-
morphes sont capables de glisser dans la peau d’un phoque pour
parcourir les océans et d’abandonner cette même peau pour marcher
sur la terre. Joueurs, mais aussi prudents, ce sont des fées séduisantes
qui doivent garder leur pelisse de phoque sous la main, même quand
elles sont sous forme humaine. Si elles ne le font pas, elles courent
le risque qu’on la leur vole et qu’on la détruise.
Les Sidhes d’Arcadie : les nobles et gracieux dirigeants du
peuple féerique possèdent la beauté éthérée propre aux seigneurs
elfiques de la littérature. Ils sont partis pour l’Arcadie au moment
de l’Éclatement et ne sont revenus que pour reprendre le pouvoir.
Contrairement aux roturiers sur lesquels ils essaient de régner, les
Sidhes d’Arcadie n’ont jamais adopté la Voie du Changelin. C’est
en volant des corps mortels qu’ils peuvent parcourir le monde.
Les Sidhes de l’Automne : contrairement aux Arcadiens, tous
ces nobles ont choisi de rester sur Terre. Ils ont aussi opté pour le
rituel de la Voie du Changelin et se sont liés à des corps mortels au
moment de l’Éclatement, ou bien plus tard pendant la Résurgence
et l’Évanescence. Ils incarnent la magnificence et la grâce infinies de
leurs cousins, associées à la beauté complexe de l’humanité. Chefs
naturels, les Sidhes de l’Automne considèrent qu’ils ont gagné leur
droit de régner.
Les Sluaghs : ces fées sombres et discrètes sont les meilleures
quand il s’agit de récolter des informations et de garder des secrets.
Sournoises et insaisissables, elles ne peuvent s’exprimer que dans un
murmure, exècrent les bruits forts et détestent perdre les connais-
sances qu’elles protègent farouchement.
Les Trolls : ces puissants géants incarnent la loyauté, l’honneur
et la force des fées. Ardents défenseurs et protecteurs, ils placent
l’honneur au-dessus de tout le reste. Une fois leur parole donnée,
ils ne la reprendront pas sous peine de tomber malades, voire de
mourir.
Ces kiths ne sont certes pas les seuls qui existent dans le monde,
et certains Kithains sont rares, voire endémiques à des régions ou des
parties précises du monde. Pourtant, ces treize groupes constituent
l’essentiel de la société féerique, et le système des cours qui en fait
son ossature.
50 Changelin : le Songe
Les Maisons
Lorsqu’ils s’éveillent à leur nature féerique, tous les Kithains sont
conscients d’appartenir à une société régie par un système de cour
très rigide, bien défini et dirigée par des maisons nobles en place
depuis des générations. Les Sidhes sont largement majoritaires au
sein de ces dernières. Forts d’une confiance naturelle dans leurs
capacités, ces aristocrates en occupent les plus hautes fonctions. Ils
sont arrivés au cours de la Résurgence, ou plus récemment d’Arcadie.
D’après les rumeurs, les Sidhes entrés dans le monde de l’Automne
pendant la Résurgence ont peut-être été exilés, ou encore renvoyés
là-bas pour réinstaurer le contrôle des maisons nobles sur la société
des Kithains parmi les mortels. Quoi qu’il en soit, ces maisons
n’ont pu compter sur une représentation significative qu’à partir
de 1969, après que ses membres ont commencé à revenir. Depuis,
elles sont en conflit avec les roturiers. La guerre de l’Accord a éclaté
lorsque les nobles ont tenté de reprendre le pouvoir et affronté leurs
cousins roturiers qui avaient depuis longtemps appris à se gouver-
ner tout seuls. Depuis la signature du traité de la Concorde et la
reconnaissance du Haut Roi David comme dirigeant suprême, les
maisons nobles ont regagné leur prééminence sur l’administration
et la politique des Kithains.
Toutefois, la hiérarchie qui existait avant se réorganise depuis la
Résurgence. Les Sidhes de l’Automne, restés sur Terre après l’Écla-
tement et liés à des enveloppes humaines, sont sortis des ombres
pour contrecarrer les prétentions de leurs cousins d’Arcadie sur
leur droit naturel à régner. Les vagues de Glamour qui traversent le
monde provoquent souvent des miroitements, et ouvrent des por-
tails temporaires vers l’Arcadie. Ces ponts en provenance de la terre
natale des fées déversent chaque fois leur lot de Sidhes. Beaucoup se
demandent donc s’il existe un rythme ou une raison précise entre
leur apparition et l’arrivée des nobles. Au début, seules huit maisons
avaient rejoint la Maison Scathach, mais quatre se sont ajoutées
depuis et elles sont désormais au nombre de treize.
La Maison Aesin : ces Sidhes scandinaves étaient autrefois les
gardiens du Septentrion ; ils considèrent qu’ils sont toujours les
maîtres des mortels, comme à l’époque reculée où ils accordaient
leurs faveurs aux Vikings. Ces nobles Unseelies entretiennent un
lien très puissant avec la nature, préfèrent la solitude des forêts et
éprouvent un dégoût permanent pour les corps humains qu’ils
doivent habiter.
La Maison Ailil : cette maison unseelie est experte dans les arts
de la stratégie et de la politique, et cette dernière représente à ses
yeux un jeu parfait qu’il convient de maîtriser. Surnommée Dragons
par ses cousins, la Maison Ailil est une poudrière d’intrigues et de
manipulations peuplée de loups. Elle fera tout son possible pour
démontrer qu’en matière de sens politique et de pouvoir, personne
au sein de la société des Kithains ne peut rivaliser avec elle.
La Maison Balor : brutale et rusée, cette maison unseelie règne
et domine par la force. Les Héritiers ont depuis longtemps accepté
l’idée qu’ils incarnaient la terrible puissance des Sidhes. Une sombre
corruption déforme le corps de chacun de ses membres ; c’est néan-
moins un stigmate qu’ils exhibent avec fierté.
 La Maison Beaumayn : ces Seelies prophètes et chercheurs éso-
tériques s’occupent à cultiver et à comprendre les secrets de la magie
et des créatures surnaturelles qui peuplent le monde. Mystérieuses
et étroitement liées, ces fées possèdent un don pour fourrer leur nez
là où elles ne le devraient pas. En politique, leur petite maison fait
pourtant preuve d’une perspicacité née de son aptitude à glaner la
sagesse dans le passé, le futur et l’invisible.
La Maison Daireann : honneur, vengeance et hospitalité. Tels
sont les trois vertus cardinales pour lesquelles cette maison unseelie
est célèbre. Malheur à quiconque fâche un Daireann. Ses membres
méprisent la couardise et châtient leurs adversaires dans la douleur,
mais personne parmi les fées ne peut rivaliser avec leur sens de
l’hospitalité. Et il existe une profusion d’histoires sur ces nobles
vantards incapables de tenir leur langue.
La Maison Dougal : cette maison seelie est l’une des cinq pre-
mières à avoir franchi les portes au cours de la Résurgence. Tout le
monde connaît son pragmatisme et son sens de la préparation. Ses
membres rejettent la manipulation, l’intrigue, et préfèrent bâtir des
relations solides au sein de la société sidhe. Chacun d’entre eux est
affublé d’une difformité qu’il cherche à cacher.
La Maison Eiluned : on la surnomme la Maison des Secrets,
autant pour son goût de l’intrigue que pour sa maîtrise de la magie
féerique. On considère souvent ces Seelies avec méfiance depuis leur
retour en 1969, pourtant leur subtilité et leur puissance constituent
une force avec laquelle il faut compter dans la politique changelin.
La Maison Fiona : plus rebelle et opiniâtre des Maisons à être
revenue d’Arcadie, la Maison Fiona est une entité hédoniste et
sensuelle. Elle se consacre à l’amour, la passion et l’impulsivité. Ces
Seelies sont célèbres pour leur hospitalité et leur total dévouement
à la cause qui parvient à retenir leur attention.
La Maison Gwydion : ces nobles Seelies pensent que s’il revient
aux Sidhes de diriger la société féerique, alors ils sont les plus capables
de remplir ce rôle, car c’est à eux de conduire les autres nobles vers
leur destin. Ils défendent le Songe avec acharnement et ont tendance
à sombrer dans de terribles accès de colère.
La Maison Leanhaun : patronne des arts et de la beauté, cette
maison unseelie apporte son soutien aux mortels et aux fées dont les
créations façonnent le monde. Les Muses sont connues pour leurs
manières de débauchés. On raconte qu’elles ont inspiré et poussé des
artistes vers des sommets vertigineux, avant de leur arracher tout le
Glamour qu’ils possédaient et de les abandonner à leur souffrance.
La Maison Liam : sage, tranquille et gardienne du savoir, la
Maison Liam est l’une des maisons seelies revenues d’Arcadie. Elle
œuvre à protéger les mortels des dangers du monde chimérique, ce
qui inclut les abus commis par d’autres changelins. Souvent sollicités
comme conseillers par d’autres maisons nobles, les Liam doivent
néanmoins supporter la marque de l’infamie attachée à leur nom.
La Maison Scathach : cette maison de parias est une bizarrerie
parmi les Sidhes. Ses membres, pour la plupart guerriers seelies, ont
préféré rester dans le monde mortel après l’Éclatement et se rapprocher
des roturiers. Ce choix leur a valu de devenir des marginaux parmi
leurs pairs. À l’heure actuelle, leur statut de dirigeant est difficile à
imposer parmi les fées de l’Automne et ils parcourent en solitaire
les voies que leurs cousins craignent d’explorer.
La Maison Varich : les maîtres de la glaciale Russie septentrio-
nale y étaient autrefois vénérés comme des dieux par ses habitants.
Constituée de brillants cryptographes et négociateurs d’informations,
cette maison unseelie est en conflit permanent avec les Sluaghs pour
déterminer lesquels sont les meilleurs quand il s’agit de dénicher
des secrets. Ses membres sont connus pour leur cœur froid et leur
incapacité à éprouver l’amour.
Il faut noter que si par le passé toutes ces maisons purent
représenter la mainmise des Sidhes sur la politique des Kithains, la
tendance s’est récemment inversée. Alors que le Glamour se raréfie
et que la Banalité se renforce, les roturiers, si longtemps frustrés par
la situation, se sont lassés de leur règne lointain.
Les Arcadiens s’enferment dans leurs Domaines magiques,
terrifiés par la Nuit éternelle qui s’avance. Les roturiers ont quant
à eux identifié les menaces qui pèsent sur leurs semblables et ont
commencé à se rebiffer. Ils sont en quête de chefs conscients de leurs
problèmes, de véritables représentants à leur service, et non au ser-
vice de la classe dirigeante. Seul le temps dira comment les maisons
nobles traverseront cette révolte. Pour l’heure, le Songe s’étiole dans
le monde mortel et le Glamour si nécessaire aux Kithains fait défaut
partout. Et ce sont là deux problèmes fondamentaux qui concernent
les nobles comme les roturiers.
Les lieux du Glamour
Pour rester en vie et nourrir son âme féerique, un changelin doit
localiser des sources de Glamour. L’une des manières d’y parvenir
est de trouver des mortels dont la créativité et les rêves engendrent
naturellement cette énergie, puis de la récolter auprès d’eux. Une
autre solution est de découvrir des lieux où le Glamour abonde
et où il peut rester afin de se protéger du monde Banal. Parmi ces
endroits figurent les clairières, les domaines et les sentiers.
Clairières
Sources naturelles de Glamour, la clairière est un lieu où règne la
beauté sauvage de la nature, un petit coin de paradis coupé du monde
pour les Kithains. Minuscule fourré, montagne, rivière tumultueuse
se jetant dans un lac translucide… peu importe la taille. Elle tire
toute sa magie d’une pierre sacrée située en son cœur qui offre son
Glamour à tous ceux qui la visitent. On se l’approprie rarement ; c’est
plus souvent un endroit ouvert à tous les Kithains dans le besoin,
même si l’on s’affronte parfois pour contrôler le Glamour qu’elle
produit et décider de son utilisation.
La civilisation mortelle s’étend et ravage le monde naturel, ce
faisant elle pollue et corrompt les clairières, diminue leur nombre,
les éloigne les unes des autres. Les Kithains qui connaissent l’em-
placement de l’une d’entre elles la protégeront avec férocité contre
tous ceux désireux de porter atteinte à leur sanctuaire.
Domaines
La Banalité se rapproche des dernières poches de résistance du
Songe dans le monde mortel, pourtant il reste encore des lieux où
le Glamour brûle ardemment. On a détruit les forêts enchantées,
nombre de clairières et les immenses fiefs des nobles et des seigneurs
féeriques ne sont plus qu’un souvenir dans les mémoires. Malgré
tout, quelques-uns résistent vaillamment. Ces lieux de réunion, les
Domaines, ont conservé assez de leur Glamour originel pour créer
un espace sûr au sein du monde de l’Automne. Dans leur enceinte,
les Kithains peuvent se rassembler sans craindre que la Banalité ne
les touche tout en gardant un pied parmi les humains.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 51
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Les Domaines ont une identité ordinaire et existent dans le
monde physique, bien que beaucoup se dissimulent aux yeux des
indiscrets derrière des charmes et des enchantements féeriques.
Un pub délabré découragera le groupe de touristes éméchés en
goguette partis s’encanailler en ville, alors qu’à l’intérieur, la salle
est pleine de changelins en train de faire la fête. L’Aspect ordinaire
du Domaine ne sera pas aussi séduisant et impressionnant, mais
aux yeux d’un individu enchanté ou féerique, le château qu’il est
en réalité se dressera au milieu de la ville. Pourtant, tout comme le
Visage féerique d’un changelin peut influencer sa Guise mortelle,
l’apparence d’un Domaine dans le Songe peut faire de même sur
l’image qu’il adopte dans le monde de l’Automne. Un élégant hôtel
particulier arborera les couleurs du blason de la maison noble qui
flotte sur ses remparts. D’un côté comme de l’autre, on entendra
des voix surnaturelles discuter et des brises étranges souffleront sur
l’inquiétant repaire magique d’un seigneur.
L’un des problèmes les plus inattendus d’un Domaine concerne
sa taille. Il est beaucoup plus grand à l’intérieur qu’il ne l’est dans la
réalité mortelle. Un oisillon nouveau-né mettra souvent du temps
à comprendre comment fonctionne la « physique » de ce genre de
lieu, ainsi que le lien entre le monde ordinaire et son équivalent
dans le Songe.
Le Glamour engendré par les Domaines permet aux Kithains de
survivre dans l’Automne. C’est la raison pour laquelle ils constituent
les pierres angulaires de la société féerique, et que les individus qui
contrôlent ces lieux magiques essentiels deviennent eux-mêmes
importants. Les maisons nobles construisent leurs places fortes
autour de ceux qui leur appartiennent, et veillent jalousement sur
eux. Les roturiers ne sont pas en reste et font de même avec leurs
lieux de réunion.
Les Domaines ne sont pas de simples endroits où les fées se
rassemblent. Ils deviennent parfois la seule demeure des Kithains
quand ils doivent abandonner leur vie mortelle au sortir de la
Chrysalide. Les changelins âgés qui cherchent à repousser le poids
des ans et les effets de la Banalité y passent de plus en plus de temps
et se nourrissent de son Glamour. Leur importance vitale pousse les
Kithains à les protéger avec férocité. Quiconque conteste la propriété
d’un Domaine ou le met sciemment en danger deviendra la cible
d’attaques vicieuses. Protéger ces lieux magiques en passe de dispa-
raître est l’un des accords les plus respectés de la société changelin.
À l’instar de la pierre sacrée au centre d’une clairière, le cœur
du Domaine se nomme bale re, ou encore ignis vesta, en d’autres
termes son Brasier. Tant qu’il continuera de brûler, l’endroit exis-
tera et nourrira ses habitants du Glamour qu’il produit. Si jamais
il venait à s’éteindre, il s’effondrerait sous le poids de la Banalité.
Les nobles en fuite pendant l’Éclatement ont abandonné nombre
de Domaines et leurs Brasiers allumés. Ces brandons négligés ont
pu s’éteindre, mais beaucoup d’entre eux continuent de couver et
attendent qu’on les redécouvre. En Amérique du Nord, le Grand
Brasier qui brûle dans la forteresse du Haut Roi David à Tara Nar
est la source de tous les autres.
Il est possible de faire naître un Domaine. Son créateur doit
apporter les brandons d’un autre Brasier et lui offrir son Glamour ;
le sacrifice permanent auquel il consent ainsi permettra de modeler
l’espace. La plupart des changelins préfèrent se mettre en quête de
Domaines abandonnés dans l’espoir d’y bâtir leur foyer. Quand
l’un d’entre eux en trouve un, il doit prêter un serment et y investir
son Glamour afin de le réveiller et de le réclamer comme sien. Une
fois ce rituel accompli, personne ne peut en contester la propriété
52 Changelin : le Songe
jusqu’à ce que son gardien meure ou le cède. Celui-ci reçoit l’éner-
gie magique qu’il produit et peut accorder à d’autres la permission
d’en profiter. Si un changelin tente de dérober une partie de sa
réserve de Glamour, il utilise un procédé appelé Pillage qui risque
d’endommager le Domaine de manière permanente, et peut-être
même de le détruire. Tous les habitants du lieu se consacrent à son
entretien et à sa défense.
Les domaines se répartissent en différentes catégories décrites
dans le chapitre sept (cf. page 312).
Les sentiers
Une toile de routes magiques s’étend à travers le monde ordinaire
et partout dans le Songe. Ces voies existent depuis des siècles. Bien
qu’elles se soient dégradées et que l’on ait perdu certaines d’entre
elles au fil du temps, le réseau des sentiers qui parcourt l’espace
connu (et inconnu) est un important système de transport pour les
changelins partout dans l’Automne. Pendant l’Éclatement, nombre
de chemins qui conduisaient aux quatre coins du Songe se sont
brutalement coupés, et avec eux les principales voies qui menaient
en Arcadie. Au cours de l’Interrègne, de plus en plus de ces portails
se sont évanouis et il n’a plus subsisté que quelques rares sentiers.
Avec le retour des Sidhes pendant la Résurgence, et les mini-
explosions de Glamour qui ont rouvert certains passages, les
changelins ont commencé à parcourir ces chemins pour voir où ils
menaient. Jusqu’à présent, aucun d’entre eux ne les a ramenés en
Arcadie. En revanche, beaucoup ont conduit leurs explorateurs dans
des lieux lointains au cœur du Songe, et vers des péripéties et des
dangers qu’ils n’auraient jamais imaginés.
Les sentiers permettent aux changelins de se déplacer d’un endroit
à un autre sans redouter la Banalité. Ils peuvent librement y utiliser
leurs Arts en s’épargnant toute dépense de Glamour et voyager d’un
Domaine à un autre sans entrer dans le monde mortel. Cependant,
après plus de six cents ans d’érosion et de négligence, beaucoup de
sentiers ne conduisent plus à leurs anciennes destinations, quand ils
ne débouchent pas dans des culs-de-sac à l’intérieur du Songe. Ces
chemins ne sont pas toujours des plus courts ; ils peuvent entraîner
les voyageurs dans des périples interminables avant de les conduire à
l’endroit qu’ils voulaient atteindre au départ. Les chanceux arrivent
vite et sans danger, les autres racontent de longues aventures en
des lieux inconnus et des évasions difficiles. Le temps n’est pas
une donnée très fiable quand on emprunte un sentier. Certaines
pérégrinations l’étirent démesurément, tant et si bien que parfois un
grand voyage à travers le Songe ne dure guère plus qu’un battement
de cil dans le monde mortel.
Au cours de leur périple, les changelins peuvent découvrir des
endroits nouveaux pourtant inconnus du royaume qui leur a donné
naissance. C’est un lieu sans aucun doute sauvage, mais aucune
fée ne peut s’empêcher très longtemps de franchir ses frontières.
Néanmoins, tant que les voyageurs suivent la Voie d’argent, ce fil
d’Ariane scintillant qui relie les deux extrémités d’un sentier, ils
seront toujours à même de retrouver leur chemin. Les prédateurs
dans le Songe sont d’ailleurs très au fait de cette particularité. Ils
posent souvent des pièges et des obstacles sur ces routes, et les
Kithains devront y faire face s’ils veulent s’en tirer indemnes. Si l’on
peut sortir du Songe, on n’en émerge jamais tout à fait intact, mais
le jeu peut en valoir la chandelle.
Le Songe
Le Songe est un royaume fondé par la créativité, les rêves et les fêtes
de l’humanité, un lieu d’infinies possibilités situé hors du monde
mortel et séparé de lui. Tissé dans la trame qui constitue ce dernier,
il se dissimule derrière et sous ces fils, mais sa magie et son influence
affectent la réalité et ceux qui y vivent. Espace sans limites, libéré des
contraintes de la physique, du temps et de la réalité connue, tout
peut y arriver et s’est déjà sans doute produit.
Le Songe était autrefois le pays de toutes les fées. Or, depuis
l’Éclatement, il est devenu un endroit sauvage et inconnu de ceux
qui y vivaient avant. Dissocié du monde ordinaire au cours de la
Séparation, il s’est totalement coupé des fées pendant l’Interrègne,
ses secrets se sont perdus et ses frontières sont devenues dangereuses.
Les changelins qui tentent de l’explorer découvrent une contrée
pleine de bizarreries, de périls indicibles et de merveilles capables de
les détruire aussi vite que la Banalité. En fait, le Songe apporte ses
propres risques, car les individus qui y pénètrent se frottent à un lieu
qui peut les submerger de Glamour. Un changelin doit lutter pour
conserver sa stabilité lorsqu’il s’y trouve. S’il n’y parvient pas, il risque
de sombrer dans le Tumulte et de se perdre à jamais dans le Songe.
Personne n’a à ce jour pu identifier les limites de ce royaume,
si tant est qu’elles existent. Les érudits changelins qui cherchent à
l’étudier parviennent à des conclusions contradictoires. Toutefois,
ils s’accordent pour la plupart sur un point. Hausser les épaules
et ajouter que « c’est très grand » est sans doute la réponse la plus
exacte. Par souci de clarté, ces mêmes érudits ont donné des noms
différents aux trois régions distinctes du Songe : le Songe proche, le
Songe lointain et le Songe profond.
Le Songe proche
C’est la partie qui s’entrelace à la lisière du monde ordinaire. Les
structures et les lieux mortels influencent sa réalité, si un fin filet de
sa magie s’écoule parfois sur le plan physique, son paysage est souvent
le reflet de régions connues sur Terre. Celles-ci comportent toujours
un trait exagéré. Une montagne impressionnante deviendra un pic
vertigineux, le tentaculaire quartier résidentiel d’une ville prendra
des allures de labyrinthe aux habitations imposantes et exiguës. Le
Songe proche réagit aussi à l’influence des mortels qui s’y trouvent,
donnant naissance à des lieux chimériques tout droit sortis de leurs
pensées et de leurs sentiments.
Tout comme le Songe s’inspire du paysage mortel, le pouvoir
d’un puissant dirigeant changelin se fait aussi sentir sur la région.
Les Domaines possèdent souvent des poches dans le Songe proche,
et celui-ci réagit souvent aux humeurs, aux besoins et aux expériences
de la communauté qui y habite. Il change ainsi le décor et les struc-
tures qui entourent les individus. L’influence que les changelins
possèdent sur lui contribue à la stabilité des lieux, mais il ne faut
jamais prendre le Songe proche pour le monde mortel.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 53
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Toutefois, il demeure difficile de se tromper à ce point, puisque
les sens, les couleurs et les sentiments y sont exacerbés. Les odeurs
sont plus prégnantes, les nuances qui semblaient ternes deviennent
plus riches et inédites. Les émotions s’expriment plus intensément et
le plaisir, la joie ou l’excitation procurent une ivresse plus grisante.
Hélas, cela signifie aussi que la peur, la colère ou la tristesse sont tout
aussi bouleversantes ; un tout petit geste peut aussi bien y provoquer
un terrible accès de violence que la naissance d’une nouvelle amitié.
Les Kithains entrent dans le Songe proche par des sentiers qui
relient un Domaine à un autre le long de la Voie d’argent. Ces che-
mins sont souvent les plus faciles et les plus sûrs à emprunter, seuls
ceux qui s’y enfoncent le plus loin ont commencé à se détériorer
et à disparaître.
Le Songe lointain
Au-delà les frontières du Songe proche, hors des sentiers les plus
fiables et loin des paysages familiers, le voyageur parvient au Songe
lointain. La Voie d’argent devient plus difficile à suivre, disparaît
même parfois tout à fait, et abandonne ses explorateurs égarés dans
un territoire de plus en plus étrange. De par sa nature imprévisible,
en perpétuelle métamorphose, cette région est dangereuse et on ne
l’arpente pas à la légère. Seuls les sentiers très puissants conduisent
directement dans cette partie du Songe et beaucoup de voyageurs
échouent dans des endroits où ils n’avaient de prime abord aucune
intention de se rendre.
Visiter le Songe profond se révèle une expérience déroutante, c’est
tomber dans cet endroit sur la carte intitulé « Ici sont les dragons ».
Le lieu abonde en créatures qui se sont repliées dans ce royaume
afin de se soustraire à l’influence grandissante du monde mortel
sur le Songe proche. Les entités d’Arcadie échappées par les portails
ont pu se retrouver prises au piège une fois ces issues refermées.
Elles y habitent à présent, rôdent aux tréfonds du Songe lointain et
attendent le passage de voyageurs. Avec les chimères, ces créatures
font de la région une contrée étrange et imprévisible. Elles peuvent
aussi bien récompenser un intrépide explorateur que l’asservir, à
moins qu’elles ne décident d’engager un combat mortel contre lui.
Nombreux sont ceux qui considèrent cette terre comme une
frontière à conquérir. Ils y mènent des expéditions visant à découvrir
les secrets qu’elle dissimule. Le retour de bâton est souvent sévère
lorsque leurs groupes tombent sur de périlleux obstacles, croisent
la route d’horribles créatures, ou encore perdent le contrôle de leur
moitié mortelle et dégringolent dans le Tumulte. Seuls les changelins
et les chimères les plus puissants sont capables de rester un long
moment dans le Songe profond. Quand ils y parviennent, ils laissent
une empreinte indélébile sur le paysage autour d’eux. La terre réagit
aux pensées et aux actes des créatures qui y vivent, elle s’adapte à tous
leurs caprices. L’environnement se modifie de manière si imprévisible
qu’il risque de bousculer même un voyageur aguerri. Pourtant, une
fée peut se fier à ses Arts pour évoluer là-bas ; elle y obtiendra sans
effort des résultats plus spectaculaires que dans le Songe proche.
D’ailleurs, les visiteurs qui tentent de l’emprunter pour se rendre
d’un endroit à un autre racontent qu’on peut atteindre sa destination
en un clin d’œil, si bien sûr on ne s’égare pas. Le temps qui s’écoule
au cours d’un périple peut se distordre complètement et le faire durer
des années. Pourtant, le voyageur retournera dans le monde mortel
au moment où il en est parti. Ceux qui désirent s’aventurer plus
loin dans le royaume doivent d’abord trouver le Songe lointain. Ce
n’est qu’ensuite qu’ils pourront plonger dans l’inconnu.
54 Changelin : le Songe
Le Songe profond
Les étendues du Songe profond sont très isolées du monde de l’Au-
tomne. Seuls quelques sentiers y conduisent, et son paysage tout à
fait imprévisible est soumis à des bouleversements constants. Les
explorateurs qui y sont allés parlent d’un royaume vierge des ravages
de la Banalité. Il reste donc un lieu d’imagination et d’expression
pures. Tout peut arriver là-bas. Les rêves importants des mortels
comme l’expression puissante de leurs sentiments et leur créativité
influencent l’espace. La logique du Songe règne, et les aventuriers
doivent écarter toutes leurs notions préconçues sur la réalité quand
ils s’y trouvent. De plus, les changelins peuvent y être confrontés aux
idées, aux rêves ou aux peurs qu’ils ont emportés avec eux et qui se
manifestent sous une forme chimérique.
Si le Songe profond peut engendrer des créatures chimériques,
il est aussi capable de transformer son paysage sous l’influence d’ex-
plorateurs ou de rêveurs puissants, et ces apparitions ont souvent
une conscience propre. C’est là le plus terrifiant. Le lieu ne reflète
pas toujours ce que le changelin veut consciemment. Il manifeste
plutôt ses désirs les plus secrets et ses pensées les plus profondes afin
de lui permettre d’en faire l’expérience directe. Telle est la nature du
Songe profond, où l’essence des rêves est libre de galoper en toute
liberté, loin de la Banalité qui la parasite.
Les habitants du Songe
Les changelins ne sont pas les seuls enfants du Glamour à arpenter
l’Automne ou le Songe. Leurs yeux enchantés remarqueront les
traces des enfants du Songe, ces habitants du fond des âges et ces
vestiges de rêves depuis longtemps disparus, cachés à travers le monde
ordinaire. Créatures sauvages, elles sont le reflet des histoires et de
l’imaginaire des mortels comme des changelins, qui s’incarnent
grâce au pouvoir du Glamour. Plus encore, elles sont capables de
créer de telles créatures et de tels objets. Il leur suffit de faire appel
à la force de leur imagination et de leur volonté, et de façonner la
matière même du Songe.
Les entités les plus répandues se nomment chimères. Ce sont les
pensées et les idées créatives d’un changelin ou d’un être enchanté
qui prennent forme physique afin de servir dans le monde mortel.
Certaines sont délibérément créées, tandis que d’autres sont le fruit
d’une pensée vagabonde ou puissante. Une fois formées et animées,
les chimères ont souvent une conscience et une volonté qui leur sont
propres ; elles agissent sans que leur créateur puisse les contrôler.
Certaines sont des chimères inanimées, comme des objets que l’on
porte ou que l’on utilise, ou même des lieux qu’un changelin veut
habiter. D’autres, les chimères animées, peuvent être des amis et des
alliés, ou bien des monstres retors et dangereux.
Chimères inanimées
Créées par un changelin dans le monde mortel ou au sein du Songe,
les chimères inanimées sont des vêtements, des bijoux, des armes ou
des armures dont il se pare, ou encore des demeures et des Domaines
qu’il se construit dans le Songe proche.
Si certaines n’existent que dans le Songe, nombre d’objets sont
liés à la réalité ordinaire après qu’on les a fusionnés avec un accessoire
dans le monde mortel. Une terrifiante épée vorpaline peut chanter
tandis qu’elle tranche l’air, et ressembler à un modeste bâton de
marche. S’ils ont la puissance et le talent nécessaires à la fabrication
de ces objets chimériques, les changelins peuvent donner à l’objet
une contrepartie ordinaire. Ainsi, son porteur pourra l’utiliser sans
trop attirer l’attention des mortels, nourrir leur incrédulité et attirer
la force de la Banalité sur leur tête.
Comme les chimères sont le résultat magique de l’imagination
d’un changelin, il n’existe vraiment aucune limite à ce qu’il lui
est possible de réaliser. En général, l’équipement occupe une part
importante de ses créations chimériques. Il concevra la garde-robe
dont il a besoin, dans un style qui lui rappelle souvent ses vies pas-
sées ou un souvenir lointain d’Arcadie. Ces vêtements et ces bijoux
constituent le voile.
Un changelin peut sortir de sa Chrysalide dans une tenue
chimérique, un indice de ce qu’il était dans l’une de ses incarnations
antérieures, ou encore des talents particuliers de son Visage féerique.
S’il porte une armure, il a très certainement passé au moins quelque
temps à combattre comme soldat ou protecteur d’une cause, ou a
exercé une occupation en rapport avec les armes. Les changelins qui
s’éveillent revêtus d’habits anciens peuvent choisir de mettre leur
voile au goût du jour. Leur style vestimentaire devient parfois peu
conventionnel, et même futuriste.
Si les vêtements chimériques sont visibles aux yeux des fées, les
mortels ne perçoivent rien du voile. On conseille aux oisillons de
continuer à porter des tenues ordinaires, étant donné que les gens
nus attirent passablement l’attention.
Une fois habillé de voile, un changelin peut étendre ses compé-
tences et créer d’autres objets pour son usage personnel. Maisons
entières, objets luxueux et armes s’ajouteront à tout ce dont il aura
besoin pour vivre dans la sécurité et le confort au sein du monde
chimérique. Les objets d’un individu sont aussi uniques que ses
rêves, et les demeures et les tanières qu’il construira colleront en
tout point à ce qu’il aura imaginé.
Pour éviter d’attirer une attention indésirable, les changelins
recouvriront leurs créations chimériques avec des objets ordinaires.
Ainsi, elles auront un pendant matériel dans le monde mortel. Les
humains dans leur entourage ne remarqueront rien lorsqu’ils uti-
liseront ces accessoires. Une personne qui verrait un changelin en
train de piloter une voiture volante chimérique ne ferait que le voir
traverser les airs sans aucune assistance. Le véhicule sera invisible s’il
n’est pas lié à un composant mortel compréhensible et vraisemblable.
Sans cette couverture, le témoin se montrera automatiquement
incrédule face à la scène, puisque les événements qui s’y déroulent se
situent hors de la réalité qu’il connaît. Il risque donc de déclencher
un contrecoup de la Banalité qui affectera le changelin et risquera de
le blesser, ou du moins de ruiner cette fantastique voiture volante.
Une chimère inanimée est pensée pour être temporaire ou
durable, selon le talent de l’artisan qui la crée, et aussi de la quantité
de Glamour et du travail investis en elle. La plupart de ces objets
n’ont jamais l’occasion de développer une conscience. Cependant,
les plus permanents ont davantage de chances de le faire et de
s’échapper dans le Songe.
Chimères animées
Si les précédentes s’éveillent rarement, il n’en va pas du tout de
même pour les chimères animées. Ce sont des créatures imaginaires
conçues pour devenir les camarades de jeu, les amis, les serviteurs
et les confidents du changelin. Elles ne prennent pas une apparence
humaine, mais nombre d’entre elles adoptent une forme humanoïde,
ou au moins familière, pour la fée.
Contrairement aux chimères inanimées que l’on a délibérément
façonnées, elles surgissent presque toujours de manière spontanée
de l’inconscient du changelin. Engendrées par le besoin d’un com-
plément, d’un ami ou d’un guide, elles offrent aide, réconfort ou
compagnie à leur créateur en détresse. Les animaux sont populaires,
tout comme les étalons ou les montures féeriques, parés de tous les
plus beaux atours qu’une fée puisse imaginer.
D’autres confectionnent des créatures plus évoluées, capables de
parler ou même de se battre. Ces entités sont parfois aussi simples
que des partenaires d’entraînement, ou aussi complexes que des
conseillers tout à fait conscients et accomplis qui apparaissent pour
aider le changelin à y voir clair. Cependant, plus la chimère est évo-
luée et dotée d’une pensée indépendante, plus elle a de chances de
développer une volonté propre et de n’en faire qu’à sa tête.
Le péril que constituent les chimères rebelles pour les changelins
et les mortels est réel. Ces derniers ne peuvent certes pas les voir,
mais elles sont parfaitement à même d’interagir avec le monde
ordinaire et d’accomplir des actions comme ouvrir les portes ou
voler des choses, tant que personne ne les voit. Tout comme leurs
créateurs, elles vivent de Glamour et vont jusqu’à apparaître dans
la réalité auprès de mortels doués d’une grande puissance créatrice,
tout comme le ferait un changelin lorsqu’il révèle son vrai visage.
C’est pour cela que les chimères rebelles, et surtout les chimères
monstrueuses, constituent de vrais dangers. Leurs griffes peuvent
tout à fait déchiqueter le Visage féerique d’un changelin et le faire
sombrer dans l’Oubli s’il n’y prend pas garde.
Les terrifiantes nervosaes sont encore plus dangereuses. Nées de la
folie, elles apparaissent sous la forme d’animaux, de créatures étranges
ou même d’humains, tout comme elles peuvent être totalement
désincarnées. Elles sont aussi folles, et tout aussi imprévisibles, que
la démence qui les a fait naître. Les nervosae adoptent un nombre
illimité de formes, chacune différente de la précédente, et évoluent
d’une créature simple à un danger complexe et intelligent.
Parmi les plus menaçantes, citons les noctnitsas, nées des cauche-
mars d’un changelin. Elles prennent sciemment la forme de ses pires
phobies et même si elles sont pour la plupart dénuées d’intelligence,
elles sont bien décidées à tourmenter, à détruire leur créateur et tous
ceux qu’elles rencontrent.
D’autres monstres prennent des formes plus communes, comme
des créatures fantastiques telles que les dragons, échappent au
contrôle du changelin et sèment le désordre. Certaines d’entre elles
se sont échappées des siècles auparavant et ont fui dans le Songe.
Elles sont par la suite devenues des esprits véritablement terrifiants,
qui tourmentent, chassent et même détruisent les changelins. Leurs
griffes et leurs crocs peuvent déchiqueter leur Visage féerique aussi
efficacement qu’une arme et les faire tout aussi vite sombrer dans
l’Oubli.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 55
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les rares enfants du Songe
Le monde du Songe abrite aussi des créatures étranges et inhabi-
tuelles, ainsi que des entités surnaturelles capables d’interagir avec les
changelins et les êtres chimériques. Parmi eux, citons les Outrepassés,
des monstres imposants et des bêtes fantastiques échappés dans le
Songe, et devenus aussi puissants que sauvages loin de la poigne
écrasante de la Banalité. Ces créatures ont peut-être été des chimères,
ou bien quelque chose de totalement différent. Quoi qu’il en soit,
elles surgissent d’un lointain passé, lorsque les monstres parcouraient
la Terre et que leur seule présence instillait la peur dans le cœur
des mortels et des fées. De nombreuses Bandes, parties de leurs
Domaines en quête d’un monstre chimérique menaçant, ont fini
par découvrir que le dragon qu’ils cherchaient à éliminer était en
fait un Outrepassé vieux de plusieurs siècles, et non l’ami imaginaire
d’un enfant parti en vrille.
Si beaucoup de changelins gardent leurs distances avec les
Prodigues, les autres créatures surnaturelles du Monde des Ténèbres,
on sait que des individus en marge de certains groupes, comme les
Maisons Beaumayn et Scathach, ont des contacts avec eux. Ils doivent
cependant rester sur leurs gardes, car le Glamour qui alimente leur
essence, ainsi que leurs corps et leur sang, sont des friandises rares
pour les plus prédateurs d’entre eux.
On recherche souvent un groupe légendaire dans le Songe,
les Síocháns. Ces changelins ont réussi à trouver l’équilibre entre
Glamour et Banalité, et ainsi atteint l’immortalité. On a longtemps
considéré que leur existence n’était qu’un mythe. Or la crainte immi-
nente d’une pénurie de Glamour et d’un monde plus froid et plus
Banal pousse les gens à chercher leur aide. Les nobles ont financé de
grandes explorations, sans succès. Les Síocháns restent insaisissables,
énigmatiques et solitaires, peu enclins à partager leurs secrets, quelle
que soit l’offre qu’on leur fait ou le motif qu’on invoque. Pourtant,
leur présence est un rappel réconfortant. Peut-être les changelins
pourront-ils transcender leur mortalité, et ce malgré les liens qui
les enchaînent à leurs corps physiques.
De plus, les kiths peu communs, venus de l’autre côté de la
planète, pourraient se retrouver attirés à l’intérieur du Songe, et
pour des raisons que seul celui-ci pourrait donner. Les kiths les
plus nombreux risquent de rencontrer des fées dont ils ignoraient
jusqu’à l’existence, comme les étranges ondins ou les Hsiens d’Orient.
Ces Gallains ont sans doute beaucoup de choses à apprendre à un
changelin curieux, mais ils apportent avec eux des cultures et des
traditions peu connues que l’on devrait pourtant respecter.
Et puis dans les ténèbres, rôdent les Thallains, versions cauche-
mardesques et corrompues des Kithains. Ces versions sombres et
terrifiantes des Trolls, des Sidhes et de bien d’autres créatures encore,
sont tout autant les enfants du Songe que les Kithains. Leur existence
rappelle impitoyablement qu’il est difficile de garder une longueur
d’avance sur sa part d’ombre.
Les périls d’une obscurité grandissante
Les forces naturelles d’un univers de plus en plus difficile ne sont
pas les seuls défis auxquels un changelin doit faire face. Il lui faut
bien sûr lutter pour découvrir et nourrir l’étincelle créative dans le
monde. Cependant, le frisson de la Banalité n’est rien comparé aux
dangers qui le guettent au sein de sa société ou face à ses adversaires
dans le Songe.
56 Changelin : le Songe
C’est d’abord les luttes intestines naturelles qui dressent les
changelins les uns contre les autres. Le conflit larvé entre noblesse et
roture prend aussi son dû. Beaucoup de fées sombrent dans l’Oubli
(ou sont même détruites) par l’atroce fer froid, procédé qui n’est pas
sans rappeler les vieilles guerres entre cours. Les dirigeants sidhes
se sont en grande partie coupés de leur peuple et ignorent à quel
point la situation a dégénéré sur Concorde. Les roturiers remâchent
leur amertume à l’idée que la guerre de l’Accord et les vies qu’ils ont
perdues étaient peut-être une meilleure solution qu’une mort lente
dans le froid et l’obscurité de la Nuit éternelle.
Et tandis que les changelins peinent à trouver un terrain d’entente,
les horreurs de l’extérieur se joignent aux ennemis intérieurs. Les
chimères sauvages peuvent se révéler désastreuses si l’on ne se doute
de rien. Les Prodigues empiètent sur le territoire des Kithains, allant
même jusqu’à les chasser pour leur puissance et leur sang. Plus sinistres
encore, les Dautains embrassent la Banalité et consacrent leur vie
à éradiquer les fées où qu’elles se trouvent. Ils joignent leurs forces
aux Thallains, mais aussi à une sombre engeance que l’on nomme
les Adhenes. Ils n’hésitent pas à collaborer avec les autorités mortelles
au fait de l’existence de créatures surnaturelles, et leurs forces sont
capables de détruire un changelin, voire un Domaine tout entier.
Les cours
La Terre et le Songe, le Glamour et la Banalité, les rêves et les cau-
chemars. La dualité est l’essence même de l’expérience des Kithains.
Elle est au cœur de leur philosophie individuelle et sociale. Les
piliers jumeaux du Seelie et de l’Unseelie soutiennent autant qu’ils
influencent les actions de tous les changelins, et ce quels que soient
leur kith ou leur statut. Les tensions entre eux sont celles qui règnent
entre l’ombre et la lumière, l’été et l’hiver, la hiérarchie et l’individu.
Ces idéologies doubles, et par extension tous les Kithains, s’affrontent
au cours d’un conflit éternel pour l’hégémonie.
Au sein de la société changelin, les concepts seelies et unseelies
possèdent leur propre dichotomie. Chaque individu est le dépositaire
de ce double Héritage et les deux parts qui le constituent forment les
archétypes de sa personnalité. L’un est dominant, l’autre l’influence
inconsciemment.
Les Cours seelie et unseelie sont des philosophies politiques
externes suivant chacune son propre code ‒ credo. Si les changelins
choisissent une cour en fonction de leurs Héritages, le code qui la régit
ne leur est pas inné et tous l’interprètent d’une manière personnelle.
Bien qu’un changelin soit d’ordinaire fidèle à son Héritage, il arrive
parfois qu’un Unseelie essaie d’adhérer au code seelie, et vice versa.
À travers les âges
Les cours existaient avant que les Kithains ne se mettent à tenir
des archives ; elles ont joué un rôle important jusque dans les plus
anciennes légendes de l’Âge mythique. Les érudits de l’histoire
féerique débattent toujours de la façon dont elles ont été fondées.
D’après certains, les Tuathas de Danaan en personne auraient
transmis les codes qui régissent les deux cours. D’autres prétendent
qu’une grande assemblée de fées s’est réunie peu de temps après
qu’ils ont quitté ce monde, afin de déterminer qui serait le gardien
du Songe. Leurs Héritages respectifs donnèrent naissance à deux
visions irréconciliables, et ces différences incompatibles finirent par
se formaliser dans les Cours seelie et unseelie.
Elles n’éprouvaient l’une envers l’autre que haine et mépris.
Les premiers pointaient chez les autres une perfidie qui faisait fi
des lois, tandis que les seconds accusaient leurs cousins de n’être
que des despotes tyranniques. On créa des serments incroyablement
puissants pour mettre un terme à l’impasse et contraindre les deux
camps à partager le pouvoir. Pendant d’innombrables siècles, les
cours parvinrent à trouver un équilibre et à cohabiter. Les Seelies
gouvernaient le printemps et l’été à partir de Beltaine. Les Unseelies
régnaient sur l’automne et l’hiver quand arrivait Samhain. Cet
échange assurait le cycle des saisons et imprégnait le monde des
Aspects des deux cours. L’une apportait la germination, la chaleur
et la croissance, et l’autre les récoltes, le gel et la décomposition.
Grâce à leurs efforts conjoints, l’humanité prospéra et donna aux
deux cours tout le Glamour dont elles avaient besoin.
La Banalité prit pour la première fois pied dans le monde avec
la Séparation. Les fées sentaient leur pouvoir s’étioler alors que le
Glamour commençait à se tarir, mais à cause de leurs différences
fondamentales, elles se montraient incapables de parvenir à un
accord afin de résoudre le problème. Les Seelies pensaient que les
fées s’étaient simplement dispersées. Elles devaient donc redoubler
d’efforts et poursuivre dans la voie qui fonctionnait depuis des siècles.
Les Unseelies considéraient que les Kithains devaient attaquer la
Banalité de front et la combattre partout où elle se cachait. L’échange
annuel de pouvoir les empêchait de mettre totalement en œuvre
la solution que chacun préconisait, le Glamour continua donc de
se raréfier et aucune des deux cours ne fut capable d’endiguer le
phénomène. La situation finit par devenir intolérable et le Haut Roi
refusa d’abdiquer. Les brumes du temps ont effacé le nom de celui
qui brisa le pacte et au lieu de passer la main, il ordonna à sa cour de
mettre leur plan en action. On ignore si cette décision émanait du
Haut Roi ou si elle constituait un acte de rébellion contre une Cour
seelie qui outrepassait ses droits. Quoi qu’il en soit, les Unseelies
déclarèrent la guerre à la Banalité, sous toutes ses formes.
La Guerre des Cours
Et ils se montrèrent impitoyables dans leur purge. Ses membres
rasèrent des villages entiers pour éliminer un seul Automnal. Ils
prétendirent que leurs actions étaient justifiées, car la Banalité était
comme une gangrène. Il fallait trancher dans le vif et éliminer la
partie infectée pour éviter toute propagation. Mais au lieu d’attaquer
le mal à la racine, les Unseelies se contentèrent de massacrer gratui-
tement des Rêveurs et de pousser les survivants dans le désespoir.
Pour arrêter cette destruction inutile de Glamour, la Cour seelie
entra en guerre contre sa cousine.
Ce fut le chaos. Le conflit qui s’ensuivit n’avait pas d’équivalent
sur Terre depuis la guerre des Arbres. On conjura d’énormes bêtes,
des vers terribles et des abominations endormies à la lisière du monde
depuis le temps des légendes. Les combats firent rage partout dans le
monde connu des Kithains. Les fées avaient peut-être l’impression de
s’affaiblir depuis la Séparation, mais elles possédaient des pouvoirs
divins comparés à ceux des changelins d’aujourd’hui. Et tandis que
le conflit se propageait, il mettait en péril le cycle de la vie lui-même.
L’hiver dura des années entières et les inondations noyèrent les
récoltes dans les champs. Les terreurs jumelles de la faim et du froid
ne semaient que la mort et la souffrance dans leur sillage. L’histoire
humaine a surnommé les premières années du XIVe siècle le Petit
Âge glaciaire. L’histoire des Khitains aurait pu s’achever avec leur
La Guerre des Saisons
La société changelin considère dans sa grande majorité
qu’il ne s’agit que de théories conspirationnistes. Pourtant,
une poignée d’historiens prétend avoir fait une troublante
découverte. Les Cours seelie et unseelie ne seraient pas des
institutions aussi anciennes que cela. Après avoir recoupé
des fragments de sources et de nouvelles traductions, ils
sont arrivés à la conclusion que quatre cours existaient avant
elles : le Printemps, l’Été, l’Automne et l’Hiver.
Ces érudits disent qu’elles n’ont jamais partagé le
pouvoir, et que les tensions n’ont fait que s’aggraver avant
qu’une immense Guerre des Saisons n’éclate. Les pertes
furent si colossales qu’à la fin du conflit, il ne restait pas
assez de Khitains pour former quatre cours. Les survivants
se regroupèrent donc en Cours seelie et unseelie. Les par-
tisans de cette théorie soutiennent que leurs fondateurs
auraient depuis toujours partagé le pouvoir dans l’espoir
d’empêcher à jamais un conflit aussi meurtrier que la
Guerre des Saisons.
éradication dans la Guerre des Cours si l’Éclatement n’avait pas mis
prématurément fin au conflit.
La Trêve
Alors que l’Éclatement coupait la Terre du Songe, les dirigeants des
deux entités, désespérés face au raz-de-marée de la Banalité, fuirent
vers l’Arcadie. Chaque cour reprocha à l’autre l’événement, et la
Guerre des Cours se poursuivit même après le départ des anciens
chefs. Toutefois, avec la disparition du Glamour, les fées restées
dans le monde de l’Automne n’eurent bientôt plus la force ni les
ressources pour continuer le conflit. Elles signèrent donc une trêve, la
Convention, et cessèrent temporairement les hostilités. Dans l’intérêt
de leur survie mutuelle, les deux cours mirent en commun ce qui
leur restait de puissance. C’est cette collaboration qui leur permit
de découvrir comment adapter l’ancienne pratique de la Voie du
Changelin et résister ainsi à l’environnement toxique de la Banalité
au cours de l’Interrègne. La Convention qui ne devait durer « qu’un
temps » resta finalement en vigueur pendant des siècles.
La Résurgence ramena le Glamour et les nobles sur Terre, mais
menaça également d’embraser à nouveau la Guerre des Cours. Les
Sidhes des deux côtés se montraient trop heureux de reprendre les
vieilles rancœurs et les accusations immémoriales là où elles avaient
été laissées. En revanche, les roturiers s’étaient habitués à travailler
de concert pendant cette période, nombre de changelins comptaient
même des amis proches parmi les membres de la cour adverse.
Lorsque les Sidhes tentèrent de reprendre le pouvoir, les deux camps
firent front commun et résistèrent. La Guerre de l’Accord fut à la
fois un effort pour empêcher la Guerre des Cours de reprendre et
un mouvement pour l’indépendance des roturiers. Quand le Haut
Roi David négocia un terme à ce conflit, il reconnut la puissance que
ces derniers avaient gagnée par leur travail collectif et leur capacité
à surmonter leurs différences. Il s’assura que la Convention reste
en vigueur pour tous les changelins, y compris ceux récemment
revenus d’Arcadie.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 57
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Même si elle constitue une bien meilleure alternative que le
conflit ouvert, la Convention n’apporte pas de véritable égalité
parmi les cours. La jalousie reste encore à fleur de peau dans certains
quartiers. À l’heure actuelle, la Cour seelie contrôle plus de terri-
toires à travers le monde et même le Haut Roi de Concorde, sur le
trône depuis la Résurgence, en est membre. Pour la Cour unseelie
et quelques individus de l’autre camp, la situation est intenable.
Selon eux, le réchauffement de la planète et l’augmentation des
phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, incendies, nombre
d’ouragans sans précédent) constituent des preuves que le monde
est de plus en plus déséquilibré. Les changelins au pouvoir rejettent
ces déclarations comme autant d’affirmations alarmistes et sans
fondement. Après tout, disent-ils, les désastres environnementaux
actuels résultent d’actions humaines qui ont commencé bien avant
la Résurgence. De plus, insiste la Cour seelie, la Banalité est trop
enracinée, et la situation des Kithains trop précaire, pour risquer
le chaos que pourrait provoquer à l’heure actuelle un changement
radical dans le gouvernement.
Attitudes et société
Les barrières qui se dressent aujourd’hui entre les deux cours n’ont
jamais été aussi insignifiantes au cours de l’histoire des changelins.
Leurs membres peuvent se déplacer librement sur l’ensemble des
territoires, et les domaines accueillent tous les Kithains dans le
besoin, quelle que soit leur appartenance. Chaque cour place la
préservation du Songe et la culture du Glamour en tête de liste
de ses priorités. Elles ont assimilé les dures leçons du passé et se
savent capables d’accomplir ces tâches bien plus efficacement si elles
œuvrent de concert au lieu de se sauter à la gorge. Maisons nobles,
Bandes et Cercles jurés comptent presque toujours un membre au
moins de la cour opposée. De la même manière que chaque Kithain
subit l’influence subtile de son Héritage secondaire, presque tous
les changelins ont, après tant d’années passées à se côtoyer, adopté
un concept ou un comportement propre à l’autre cour.
Lorsqu’un individu suit les valeurs propres à son code de prédilec-
tion, sa cour laisse son empreinte sur lui dans une myriade de petits
détails. Que ce soit dans sa manière de résoudre les problèmes, dans
ses méthodes pour cultiver le Glamour, dans ses relations même avec
ses amis et ses proches, ce code le guide dans toutes les facettes de sa
vie. Les changelins n’ont pas l’habitude de se distinguer physiquement
et de s’afficher comme membre d’une cour, mais il est rare que cette
affiliation demeure secrète. Leur identité est si profondément ancrée
dans les valeurs seelies et unseelies qu’on peut déterminer au premier
coup d’œil leur appartenance. Pour un Kithain, l’attitude, le choix
des mots et surtout la manière de réagir face à l’opposition sont
autant d’indices révélateurs de l’affiliation d’un individu. En dépit
de l’étroite collaboration qui les lie depuis l’Interrègne, difficile de
passer outre les millénaires de préjugés et d’hostilité, en particulier
lorsqu’on est un Sidhe fraîchement revenu d’Arcadie. Quand deux
membres de cours différentes se rencontrent pour la première fois,
leur réaction initiale sera presque toujours la méfiance. Ils pourront
au fil du temps passer outre ce sentiment, mais ils devront d’abord
apprendre à se connaître avant de se sentir à l’aise ensemble.
58 Changelin : le Songe
Appartenance à une cour
Avant que les fées n’adoptent la Voie du Changelin, l’Héritage seul
déterminait la cour à laquelle elles appartenaient. Aujourd’hui,
l’influence de l’humanité qu’il a adoptée permet à un changelin
de chercher à suivre le code d’une cour opposé à son Héritage. Ce
chemin se révèle extrêmement ardu et les individus qui choisissent
de le parcourir sont tout aussi rares. Les codes seelie et unseelie,
l’ensemble des règles de conduite sur lesquelles s’accordent tous les
membres d’une cour, servent les Héritages qui s’y rapportent. Quand
un changelin décide de suivre la voie opposée à sa nature, il mène
souvent un combat contre le symbole même de son essence en tant
qu’individu. Il doit sans cesse surveiller la moindre de ses actions,
car s’il n’y prend pas garde, l’habitude le poussera invariablement à
violer l’un des principes du code qu’il a choisi.
Les changelins qui décident de rejoindre la maison noble d’une
cour opposée à leur Héritage sont un peu plus courants. Seelie ou
unseelie, chaque maison se consacre à la cause de son camp. Prêter
allégeance à l’une d’entre elles revient à jurer fidélité à ses objectifs.
Dans ce cas, l’individu suit en général le code de la cour qui cor-
respond à son Héritage, mais agit de manière à servir au mieux les
intérêts de sa maison. Le degré de tolérance de ces déviances varie
d’une maison à l’autre. Les Daanan accueillent les Seelies parmi eux,
tandis que les Gwydion n’ont guère de patience envers un membre
qui se prétendrait Unseelie.
Changer de cour ne se fait jamais à la légère. Cela signifie presque
toujours que le changelin remplace son Héritage d’origine, modifiant
par là son identité la plus intrinsèque. Ce bouleversement résulte
toujours d’une transformation radicale dans sa vie, en général pro-
voqué par un traumatisme majeur (comme après avoir vu s’écrouler
son monde et la vision qu’il en avait). Si le Kithain se contente de
changer de cour, c’est parce que celle à laquelle il appartenait n’est
plus à même de soutenir sa nouvelle philosophie. Quoi qu’il en
soit, la place qu’il occupe dans la société se transforme du tout au
tout. Il se rendra probablement compte que ses compagnons les plus
proches le considèrent d’un autre œil, et ce même s’ils restent amis.
Ce changement est si profond que celui qui le décide essaie de le lier
à un temps fort symbolique de l’année, comme les fêtes de Beltaine
ou de Samhain. Agir de la sorte facilite la transition autant pour le
changelin que pour ceux qui le connaissent.
La Cour seelie
Elle incarne la chaleur écrasante de l’été et la renaissance du prin-
temps, la lumière, le renouveau et l’ordre. Elle se considère comme
la protectrice de la société des Kithains et la gardienne du Glamour.
Elle privilégie par-dessus tout la communauté.
Cette dernière est la pierre angulaire de la Cour seelie. Son
code est né de son besoin d’harmonie et du règne de la loi. Sans
de solides fondations, la société sombrerait dans l’anarchie et c’est
elle, grâce à l’importance qu’elle accorde à la tradition et à l’amour,
qui la lui fournit. C’est sur cette base qu’elle compte bâtir l’édifice
grandiose qui rendra aux Kithains et au Songe leur gloire passée.
Aux yeux d’un changelin seelie, que l’histoire ne connaisse jamais
son nom n’a aucune importance, tant qu’il est conscient d’avoir
contribué à une œuvre qui lui est supérieure. Cela ne signifie pas
qu’il n’a aucun désir personnel. Il est simplement prêt à les sacrifier
dans l’intérêt de tous.
 La tradition représente le cadre sur lequel repose la société seelie.
Cérémonies et rituels tissent la trame qui traverse les âges et lient
les générations entre elles. Ils forment le socle des bons souvenirs
qu’un changelin a partagés avec ses parents, et qu’il a hâte de partager
avec ses propres enfants. Légendes et faits glorieux indiquent à un
membre de cette Cour où se trouve sa place dans la grande tapis-
serie de l’histoire des Khitains. Leurs coutumes et leurs traditions
cimentent les relations entre les individus.
Si les us forment la structure de la société seelie, l’engagement
en incarne l’esprit. Seigneurs et vassaux œuvrent de concert pour
protéger et prendre soin de la communauté qu’ils ont bâtie si tendre-
ment de concert. Les sujets entretiennent les Brasiers, construisent
les bâtiments nécessaires et s’occupent des défenses. De son côté,
le dirigeant en personne s’emploie à tirer le meilleur parti des com-
pétences de tous au service du groupe, et s’assure de les exploiter à
leur pleine capacité. Pour un Seelie cependant, il n’y a pas
plus grande vocation que la protection du Glamour.
Tant qu’il existera, la société des Kithains résistera.
Le changelin travaillera sans relâche à cultiver
tous les Rêveurs qu’il pourra découvrir, et
il plantera les graines qui deviendront des
sources de Glamour. Il s’abattra sur le
moindre danger qui le menace avec
toute la fureur de l’été et combattra
sans hésitation jusqu’à son dernier
souffle pour défendre un Domaine
ou un Rêveur en péril.
Les Seelies admirent la passion
de leurs frères unseelies, mais savent
qu’ils peuvent devenir dangereuse-
ment téméraires. Ceux-ci semblent sou-
vent instables et indignes de confiance,
car bien trop disposés à mépriser les
structures de la société, sans tenir compte des
raisons qui ont en premier lieu conduit à leur
établissement. Au pire, ils les considèrent comme
des anarchistes extrémistes, ravis de réduire en lambeaux la
moindre parcelle de Glamour sur un simple caprice égoïste et inutile.
Le code seelie
Cette philosophie est le fondement de la Cour seelie. Plus qu’un
simple adage, elle aiguille les pensées et les actions de tous les chan-
gelins qui lui appartiennent. Ses quatre principes sont : « Plutôt la
mort que le déshonneur », « L’amour triomphe de tout », « La beauté
est source de vie » et « N’oublie jamais une dette ».
Plutôt la mort que le déshonneur
Tout le monde, du noble et puissant monarque à la modeste femme
de chambre, a des obligations dans une société bien organisée. Celle-ci
ne pourrait subsister sans le concours de chaque individu qui fait ce
qu’on attend de lui. L’honneur représente le statut d’un changelin
dans sa communauté, il se base sur sa capacité à remplir le rôle qu’on
lui a dévolu. S’il échoue ou se défile, il se déçoit lui-même, mais
également tous ceux qui comptaient sur lui. Se déshonorer, c’est
remettre en cause sa valeur dans la société. Sans but, à quoi rime
la vie d’un Seelie ? Il préférera mourir et ainsi assurer le bien-être et
la sécurité de son entourage, plutôt que de survivre à la disparition
de sa communauté, détruite parce qu’il s’est montré trop faible ou
trop lâche pour l’empêcher.
L’amour triomphe de tout
Telle est pour les Seelies la vertu cardinale. Ce sentiment se décline
dans tous les aspects de la vie du changelin : l’amour de son seigneur,
de ses subordonnés, de sa maisonnée, de sa famille. Il constitue le lien
qui unit toute la communauté, insuffle sa force au Kithain quand il
est le plus vulnérable, le réconforte quand il est au plus bas. Si tous
les Seelies participent à sa forme courtoise, la cour considère que le
véritable amour est le plus sacré et tous ses membres aspirent à le
connaître un jour, car il incarne l’essence même de sa philosophie.
Deux individus incomplets s’unissent en un tout parfait. Lorsque
l’amour motive un changelin, aucune force sur Terre ou dans le
Songe ne pourra l’empêcher de parvenir à ses fins.
La beauté est source de vie
Pour la Cour seelie, la beauté est en toute
chose et imprègne chaque facette de l’exis-
tence. En surface, c’est l’esthétique qui se
manifeste lorsqu’un individu se montre
fidèle à ses principes et à lui-même. Un
Pooka tirera de la fierté dans ses traits
animaux, un Sluagh embrassera les
ténèbres et ils auront tous les deux
leur grâce. Même une vie de tragé-
die et de défaite possède sa propre
intensité. Créer est un acte de beauté
inhérente. Quand ils sont nouveaux,
un chef-d’œuvre, une interprétation
ou une pensée sont une manifestation
unique de créativité que personne dans
le monde avait jamais rêvée. Sa fugacité et sa
fragilité constituent la base même du Glamour.
La beauté de la transcendance souligne toute chose.
Le monde dans son ensemble, la Terre et le Songe, n’est
qu’un reflet imparfait de la perfection d’Arcadie. Il faut protéger la
beauté, car elle est le socle de la vie.
N’oublie jamais une dette
La société ne peut pas fonctionner efficacement sans équité intrin-
sèque. Pour préserver cette équité dans leurs échanges, les Seelies
rendent exactement ce qu’ils reçoivent. Une faveur se rembourse
avec une faveur de même importance. Un objet ou un service offert
se paie toujours avec quelque chose d’une valeur équivalente. Celui
qui se met en quatre pour un changelin en recevra autant de sa part.
La loyauté mérite la fidélité, et l’animosité la haine. De la même
manière, les Seelies attendent la justice. Si on leur dérobe quelque
chose, si on leur nuit, alors le système judiciaire kithain doit réparer
le préjudice causé. Sauf exception, la Cour n’agira jamais de manière
officielle pour empêcher un changelin d’exercer sa vengeance s’il
cherche simplement à redresser les torts dont il a été victime. La plus
grande dette d’un Seelie sera envers la communauté qui l’a accueilli
et qui lui a donné une chance de démontrer sa valeur.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 59
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
La Cour unseelie
Elle incarne le frisson glacé de l’hiver et les généreuses moissons
de l’automne. Elle illustre la nuit, l’aboutissement et le chaos. La
Cour unseelie se considère comme la libératrice des individus et
l’éternelle ennemie de la Banalité. Pour elle, rien n’est plus important
que l’indépendance.
Cette individualité est l’essence de sa philosophie. Chaque
principe du code unseelie est né d’un désir de liberté et du besoin
d’être fidèle à soi-même. L’identité n’éclot pas des obligations ou des
préceptes de la société, mais elle vient de l’intérieur. Elle représente
le fondement de ce que l’on est, elle donne la capacité de raisonner,
de remettre en question et de s’améliorer. Se connaître, c’est faire
en sorte que la vie vaille la peine d’être vécue.
Pour posséder une identité, il faut jouir de sa liberté. Celle de
nager à contre-courant, de dire non et d’essayer de nouvelles
choses. La société tente d’éteindre l’individu en lui
imposant ce qu’il doit faire et qui il doit haïr,
mais un Unseelie rejette en bloc ces notions.
Personne ne peut lui dire ce qu’il doit res-
sentir ou penser. Il se taille son propre
chemin. Les préjugés ne le restreignent
pas. Il ne déclame pas sans réfléchir les
psalmodies d’un rituel, simplement
parce qu’un gros prétentieux l’a fait
quelques siècles auparavant. Au lieu
de suivre les moutons, il décide par
lui-même ce qu’il croit et ce qui est
important. Il s’ouvre à de nouvelles
perspectives, à d’autres pistes créatives.
Ses frères et sœurs seelies enterrent
leur identité dans un vain effort pour
s’intégrer, quand il explore toutes les pos-
sibilités qui s’offrent à lui afin de découvrir
exactement qui il est.
Une fois pénétré de ce principe fondamental, un
Unseelie refuse toute compromission, que celle-ci engage sa
personne ou ses convictions. Peu importe ce que lui suggère d’ignorer
sa conscience, il ne violera pas ce qu’il est réellement. Quel intérêt y
a-t-il à exister si ce n’est pas en tant qu’individu ? La plupart des chan-
gelins de cette Cour préféreront mourir plutôt que de se conformer à
quelque chose susceptible d’annihiler leur conscience. Cependant, la
Banalité est le plus grand danger qui plane au-dessus d’un Unseelie.
Car elle ne se contente pas de détruire le Glamour ou de tuer les
créatures du Songe qu’elle touche. Elle incarne l’antithèse même
de sa philosophie. Elle contraint un changelin à baisser les bras et à
suivre la voie de la moindre résistance. Elle pétrifie les pensées, étouffe
les émotions et anéantit toute individualité. L’Unseelie affrontera
la Banalité à la moindre occasion. Il ne se contentera certainement
pas d’arrêter sa propagation. Il la repoussera de toutes ses forces et
reprendra tout ce qu’on a abandonné à la médiocrité. Il combattra
jusqu’à son dernier souffle pour éradiquer la plus petite parcelle de
Banalité qui ose le menacer.
La volonté de leurs frères seelies à coopérer et à travailler de
concert inspire les Unseelies. Toutefois, elle empiète souvent sur leur
zone de confort. À leurs yeux, les Seelies rangent tout le monde dans
de jolies petites boîtes et obligent les gens à oublier leur conscience.
Ce sont des Dominateurs qui imposent d’autorité leurs points de
60 Changelin : le Songe
vue aux autres. Et les pires d’entre eux règnent en tyrans, forçant
leurs sujets à travailler sans relâche, alors qu’eux-mêmes vivent dans
l’opulence et laissent la Banalité resserrer son étreinte sur le monde.
Le Code unseelie
Il englobe le cœur des Unseelies. C’est le cri de ralliement qui les
rassemble, leur credo sacré. Ses quatre principes sont « Le change-
ment est bénéfique », « Le Glamour est libre », « L’honneur est un
mensonge » et « La passion passe avant le devoir ».
Le changement
est bénéfique
Les seules choses qui ne changeront jamais sont mortes. Les Unseelies
sont trop occupés à vivre pour ne serait-ce qu’envisager de mourir.
Le changement est l’essence du Glamour. Qu’est donc la créativité,
si ce n’est le changement ‒ des idées inédites, d’autres
perspectives, des émotions nouvelles ? Sans lui, les
Kithains, et même le Songe, n’existeraient pas. La
Cour unseelie célèbre cette force sous toutes
ses formes. Certaines d’entre elles peuvent
s’avérer ardues, tristes ou douloureuses,
mais elles apportent tout de même
leur lot de vitalité aux créatures du
Songe, et il faut les accepter. Il n’y a
d’autre alternative que la stase. Même
insignifiante, la stagnation laisse les
gens terriblement démunis quand
tout ce qu’ils connaissent finit par
être bouleversé. Or, la plupart du
temps, rejeter le changement revient
à inviter la Banalité à entrer.
Le Glamour est libre
Les plantes ont besoin de la lumière du
jour, les poissons doivent avoir de l’eau et les
animaux de quoi manger pour survivre. Il en va de
même pour les changelins et le Glamour. On considère que
l’accès à l’eau est un droit humain fondamental. Dans ce cas, ne
devrait-on pas considérer également l’accès au Glamour comme un
droit fondamental pour tous les Kithains ? Amasser cette énergie fait
du tort à chacun. Elle est vitale dans le combat contre la Banalité.
Constituer des réserves de Glamour, le cacher à ceux qui en ont le
plus besoin, ne fait que participer à la propagation de la Banalité
dans le monde. C’est commettre l’irréparable et condamner à l’Oubli
d’innombrables changelins, moins privilégiés. Les Unseelies sont
des enfants du Songe et cela leur octroie un droit imprescriptible.
Leur devoir est de délivrer le Glamour de ceux qui le gâchent en
l’enfermant à double tour et de s’assurer qu’on l’utilise à des fins
plus productives.
L’honneur est un mensonge
Telle est la cage qui emprisonne les Seelies. Un Unseelie peut avoir
des principes personnels ou son propre code de conduite, mais il
ne tolérera aucun système dont le but est de faire respecter le statu
quo. Il fera ce qu’il estime être juste sans chercher l’approbation de
la société ou d’un seigneur quelconque. Lorsqu’on l’assujettit à une
récompense extérieure, qu’elle soit physique ou morale, le concept
d’honneur pervertit les gens et les transforme en monstres. Il ne

laisse aucune place à la nuance ou la subtilité. Il ne fait aucune dif-
férence en fonction des circonstances. Il contraint au suicide pour
une erreur unique sans tenir compte de toute une vie de réussite.
Il pousse les parents à tuer leurs enfants pour des événements que
personne n’aurait pu maîtriser. Quand quelqu’un a vraiment besoin
de compassion et de compréhension, il ne reçoit qu’une impitoyable
désapprobation. L’honneur n’est rien d’autre qu’un vilain petit
mensonge énoncé par des tyrans pour s’assurer la docilité de leurs
petits esclaves bien obéissants.
La passion passe
avant le devoir
Les Kithains sont plus que de simples rouages dans une machine.
Ce sont des individus capables de contrôle. Ils ont des désirs, des
espoirs et des aspirations qui leur sont propres. Ils ont besoin de
pouvoir accomplir ce qui les rend uniques. Qui peut poursuivre ses
rêves quand un seigneur le domine et dirige sa vie dans les moindres
détails ? Bien sûr, il faut faire les choses importantes. Tout le monde
a des responsabilités, mais si l’on offre aux gens la possibilité d’être
eux-mêmes, ils trouveront un moyen de faire ce qui est nécessaire sans
se priver des choses qui donnent à la vie toute sa saveur. Au-delà de
ça, des urgences surviennent. Un changelin devra parfois tout lâcher
pour saisir l’opportunité qui ne se présentera qu’une fois dans son
existence, ou bien pour aider quelqu’un qu’il aime. Il appartient aux
créatures du Songe et il faut célébrer sa passion, non la sanctionner.
La Cour des Ombres
Fondée pendant l’Interrègne par des Unseelies mécontents pour
ridiculiser le refus des Seelies de céder la gouvernance pendant
l’automne et l’hiver, la Cour des Ombres ne constitue pas une Cour
dans le sens où on l’entend pour les deux autres. Chaque année à
Samhain, elle se rassemble pour régner pendant une nuit de fête.
Elle accorde des titres honorifiques à tous ceux qui assistent aux
festivités. On y fait des farces, certaines pour rire, d’autres pour
pointer du doigt les travers des figures de l’autorité. On y participe
à des tournois et à des banquets. C’est un joyeux moment pour tous
les convives, et il offre à ceux qui n’ont pas voix au chapitre une
tribune pour exprimer leurs doléances et évacuer leurs frustrations.
La tradition des festivités (et des railleries) de Samhain s’est
poursuivie même après la Résurgence. Depuis l’Évanescence
cependant, la Cour des Ombres s’est trouvé un nouvel objectif.
Car, les dirigeants des deux cours n’ont pas levé le petit doigt face
à la disparition du Glamour dans le monde et à l’effondrement des
Domaines. Les changelins qui ne pouvaient s’offrir le luxe d’accéder
à un Domaine ou à des Rêveurs fiables ne parvenaient pas à rassem-
bler assez de Glamour pour échapper à l’Oubli. Malgré tout, ceux
qui disposaient de la majorité des ressources ne leur tendaient pas
la main. Pire, lorsque ces changelins démunis, menacés par la bise
glacée de la Banalité, exigeaient des explications de leurs supérieurs,
seul le silence leur répondait.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 61
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

La Cour Noire
Ces on-dit ne sont pas très loin de la vérité, car si ce ne sont
pas les Thallains qui ont créé la Cour des Ombres, ils en ont
rapidement pris le contrôle. Les fondateurs unseelies de cette
organisation pensaient qu’ils étaient si peu nombreux et si
stupides qu’ils feraient des outils utiles, quoique grossiers. Ils
les ont donc invités à les rejoindre. Si les Thallains étaient bien
rares à cette époque, ils étaient loin d’être aussi bêtes qu’on
le croyait, et ils ont vite compris que la Cour des Ombres
renfermait un véritable potentiel de déstabilisation de la
société des Kithains. Ils ont donc supplanté les fondateurs,
mais se sont assurés que ses autres membres continueraient
d’ignorer leur existence. Ils ont pris le nom de Cour Noire
en l’honneur de leurs maîtres fomorii absents. À l’heure
actuelle, ils dirigent les activités des Thallains à travers le
monde et continuent de fracturer la société de leurs rivaux
depuis le sommet de la Cour des Ombres.
Roturiers et nobles sans terre se sont alors rassemblés sous la
bannière de la Cour des Ombres pour faire entendre leurs voix. Les
membres ordinaires ne parviennent pas à déterminer si l’inaction de
leurs dirigeants relève de la malveillance ou si, coupés de tout dans
leurs Domaines débordant de Glamour, ils ne sont pas simplement
déconnectés des difficultés que rencontrent leurs sujets. À franche-
ment parler, les membres de la Cour des Ombres s’en moquent.
Leur seul but est d’arracher une réponse aux individus capables de
soulager une partie de leurs souffrances. Leurs tactiques s’inspirent
des manifestations de groupes semblables dans la société humaine
(et elles les inspirent à leur tour), comme le mouvement Occupy,
le Printemps arabe et Black Lives Matter pour ne citer que ceux-là.
S’ils découvrent qu’un noble de haut rang doit faire une apparition
publique, ils se rassemblent afin de perturber l’événement et alignent
des effectifs impossibles à ignorer. Leur but est de montrer aux élites
de la société khitain qu’ils existent et qu’ils ne se soumettront pas
sans rien dire à leurs conditions.
Les célèbres festivités de Samhain de la Cour des Ombres ont lieu
chaque année, et elles ont pris des allures de Mardi-Gras. Tous ceux
qui y participent se costument en une personne importante. Cela
permet aux changelins rassemblés une nuit dans l’année de se faire
plaisir, de profiter de leurs rêves et d’oublier, ne serait-ce qu’un court
instant, leurs soucis. Les organisateurs utilisent la soirée pour planifier
leurs actions de l’année à venir et pour prendre des nouvelles de tout
le monde dans leur communauté. Cela leur permet de s’assurer que
toute l’aide qu’ils reçoivent, même la plus insignifiante, profite bien
à ceux qui en ont le plus besoin. Certains changelins qui ont refusé
de se joindre à la Cour des Ombres murmurent qu’il se passe des
choses différentes, et plus sinistres, pendant cette nuit. Ils racontent
que les vrais maîtres des ténèbres sortent à cette occasion, dissimulés
par la sécurité des Brumes. Ils viendraient donner leurs instructions
afin d’accomplir le but originel de l’organisation, à savoir la chute
de la société khitain. Les dirigeants de la Cour des Ombres rejettent
ces rumeurs. Selon eux, elles ne sont à l’évidence que le fruit de la
propagande des Cours seelie et unseelie, terrifiées à l’idée de devoir
abandonner une infime partie du Glamour qu’elles ont amassé.
62 Changelin : le Songe
La société changelin
La société changelin présente à travers le monde des similitudes,
que l’on doit surtout aux points communs entre les kiths et les
cultures. Vous trouverez ci-dessous une description de nombreux
groupes politiques qui, bien qu’elle ne soit pas un résumé exhaustif,
fournira de la matière autant pour les joueurs que pour le conteur.
Les changelins tout juste éveillés découvrent qu’ils ont adopté
d’autres identités individuelles, mais aussi qu’ils font à présent partie
d’une société constituée de plusieurs espèces de fées. Cette société
fonctionne selon des structures, des lois et des coutumes qui lui sont
propres. S’ils ont l’intention de cohabiter avec leurs frères Khitains,
les nouveaux arrivés doivent vite se fondre dans cette masse et en
comprendre les différents aspects. Si on les laisse se débrouiller seuls,
ils sont rapidement et presque toujours victimes de la Banalité. Un
solitaire est tout simplement incapable de résister au barrage perma-
nent de déni qui l’entoure dans le monde ordinaire.
Les groupes de base du monde changelin sont les Maisonnées
nobles (différentes des maisons nobles) et les Bandes de roturiers.
Toutes deux recherchent de nouvelles recrues à incorporer dans leurs
rangs, car chaque individu représente une nouvelle part du Songe.
Les membres des deux parties prêtent en général serment (p. 264)
à leur groupe et se jurent loyauté et assistance, quand ils ne se lient
pas d’une amitié inconditionnelle.
En général centrées autour d’un Domaine, Maisonnées et Bandes
tirent leurs pouvoirs et leur influence de ces poches du Songe qui
abritent les changelins de la Banalité dans le monde. Œuvrer à la
protection d’un Domaine constitue en général le premier devoir
de chaque groupe.
Les Maisonnées
Une Maisonnée rassemble un groupe de changelins qui vivent en
communauté dans un Domaine et servent le seigneur noble en
tant que vassaux ou serviteurs. Régie par le système féodal imposé
par les Sidhes de la Résurgence, elle s’aligne sur la hiérarchie noble
et constitue l’ossature du royaume de Concorde et de ses satellites.
Chaque Maisonnée arbore le blason de son seigneur ou de sa dame
qui doit posséder au moins le rang de chevalier. Dans les faits, la
plupart d’entre eux sont souvent barons ou d’un rang plus élevé.
Ceux qui en font partie sont fiers de leur domaine et profitent de
la moindre opportunité pour améliorer sa réussite et sa réputation.
En effet, tous ses membres en bénéficient, de la même manière que
la gloire des grands exploits rejaillit sur la maison noble dans son
ensemble. La majorité des Maisonnées ont des rivales qu’elles tentent
de surpasser dans tous les domaines, de la réputation à la valeur sur
le champ de bataille, en passant par les tournois, l’amour courtois
ou l’organisation de somptueuses fêtes.
Les Sidhes sont à la tête de la plupart des Maisonnées, mais
quelques-unes se trouvent sous la responsabilité de roturiers anoblis.
Ces derniers sont en général tout aussi loyaux (sinon plus) aux
structures sociales qui les ont élevés à ce rang que n’importe quelle
autre maison noble.
Les Bandes
Les roturiers forment des Bandes plutôt que des Maisonnées. Nombre
de ces groupes vivent à l’écart du paradigme féodal, et certains s’op-
posent même activement au pouvoir nobiliaire. Ils constituent une

Sources
Vous trouverez dans cette section un certain nombre
d’informations tirées des éditions précédentes et des sup-
pléments de Changelin : le Songe, y compris The Book of
Lost Houses : The Second Coming, Fools Luck : The Way
of the Commoner, Immortal Eyes : Court of All Kings,
Immortal Eyes : Shadows on the Hill, Immortal Eyes : The
Toybox, Isle of the Mighty, Kingdom of Willows, Noblesse
Oblige : Book of Houses, Pour L’Amour et Liberte : Book
of Houses 2, et War in Concordia. Une partie de ce matériel
est inédite et exclusive à cette édition. Vous pouvez tout à
fait personnaliser cet univers et ainsi permettre à l’histoire
de votre changelin de s’y adapter parfaitement. Sachez
aussi qu’il existe des histoires qui ne demandent qu’à être
jouées dans les textes qui suivent, autant que dans les livres
énumérés ci-dessus.
alternative à l’absolutisme d’un seigneur au sein de sa Maisonnée,
et élisent souvent leur chef, ou bien permutent à ce poste afin que
tous aient leur mot à dire sur ce qu’ils font.
Apparues à l’Interrègne lors de la disparition des Sidhes, les
Bandes sont nées du besoin des roturiers de se protéger. Désireux de
trouver une place dans le monde ordinaire, ils sont devenus cirques
ambulants, foires aux monstres et autres caravanes nomades, ce qui
leur a permis d’asseoir leur indépendance. Lorsque certains ont pris
pied dans le Nouveau Monde, leur présence a contribué à éveiller
les rêves de rébellion contre le pouvoir européen.
La plupart s’établissent tout de même dans des nichoirs, des
Domaines qu’ils entretiennent et protègent de leurs ennemis autant
que des mains avides des Sidhes. Certains gardent un peu de leurs
habitudes nomades et s’y installent pendant un moment, avant de
s’en aller vers d’autres horizons (en général après qu’on les en a
expulsés contre leur gré).
Les relations que les Bandes entretiennent avec les nobles des
lieux varient. Ces derniers ne voient souvent en eux que des groupes
de voyous et de voleurs. Ils tentent parfois d’en prendre le contrôle
et de les utiliser comme des pions plus ou moins sacrifiables.
Rares sont celles qui disposent d’une véritable influence politique
ou d’un statut quelconque parmi les cours aristocratiques. Pourtant,
elles représentent les roturiers et un réel contre-pouvoir face aux
nobles. De plus, leur simple existence incarne la preuve, bien visible,
qu’ils n’ont aucun besoin des Sidhes pour s’épanouir et prospérer.
Pour ces raisons, certains conservateurs considèrent ces associations
comme dangereuses et, au vu de l’ascendant qu’elles ne cessent de
prendre parmi les roturiers, peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort.
Lige & vassal
La Cour seelie (et même la Cour unseelie dans sa grande majorité)
suit une organisation médiévale, ou féodale, semblable à celle de
l’Europe du XIVe siècle. La hiérarchie de cette société détermine la
place de chaque changelin dans la communauté. Les individus en
haut de l’échelle reçoivent le respect de leurs inférieurs, et on attend
qu’ils remplissent les obligations qu’ils ont envers les plus faibles.
Dans ce système, presque tous les nobles se retrouvent inféodés
à un noble de rang supérieur. Ainsi, les vassaux jurent fidélité à un
suzerain, le lige. Les roturiers se situent en dehors de la pyramide, et
ils ne sont que de vulgaires paysans aux yeux des vrais traditionalistes.
Dans ce cas, les nobles les considèrent tous comme leurs sujets.
La principale occupation des aristocrates dans leur ensemble
consiste à gagner du pouvoir, ou à le garder. D’autres considèrent
que les liens entre lige et vassaux constituent leur devoir le plus
important. Ces serments sacrés sont la manifestation visible de la
continuité et de la stabilité, qui permet aux changelins de récolter
et de protéger le sang de toutes les fées, le Glamour.
Les alliances entre nobles vont et viennent au gré des circons-
tances, mais tous tentent d’étendre leurs domaines et de grimper dans
l’échelle sociale. On attend des vassaux qu’ils œuvrent dans l’intérêt
de leur lige. En retour, celui-ci doit remplir des devoirs de protection
et de sanctuaire contre des menaces extérieures. Quelle que soit leur
maison, leur cour ou leur inclination, presque tous les changelins
obéissent à l’ensemble des lois féeriques fondamentales, l’Escheat.
Féodalite moderne
Le lecteur d’aujourd’hui trouvera sans doute étrange que
les changelins acceptent une notion aussi archaïque et
désuète que la féodalité, une fois au fait de leur vraie na-
ture. En effet, la plupart ont grandi parmi les humains et
connaissent le contexte historique du monde de l’Automne
avant la Chrysalide. En vérité, ils la comprennent sans trop
de problèmes (l’accepter est une autre affaire), car c’est une
chose à laquelle ils sont déjà habitués.
Rien qu’aux États-Unis, les salaires n’ont pas augmenté
de manière significative depuis des décennies. Certains
érudits féeriques font coïncider cette tendance des ultra-
riches à consolider leur fortune au retour des Sidhes.
Ils prétendent que les rêves de la nation se dirigeaient
lentement vers une véritable égalité lorsque les « aristo-
crates » ont réapparu. Avec le renouveau du noblesse oblige
provoqué par l’Ost étincelant, le pays assiste à l’émergence
d’une nouvelle féodalité. Ce n’est plus la force armée qui
asservit les masses, mais l’endettement, le chômage et les
normes culturelles.
Les fées de la roture se demandent ce qui pourrait
faire repartir le balancier dans l’autre sens, et vers l’éga-
lité, à présent que leurs « maîtres » ont activement repris
les choses en main. Cependant, ils remarquent le même
raisonnement parmi les gens ordinaires, tandis qu’ils
contemplent leurs politiciens s’enrichir en votant des lois
à l’avantage des plus fortunés. Quelque chose doit céder.
L’Escheat
Ces traditions constituent le système légal de la société des Kithains.
Les lois de l’Escheat ont été rédigées après la Séparation afin de
préserver, de protéger et d’aider les fées à survivre aux mutations de
leur environnement. La noblesse s’est chargée de les transmettre et
de les faire appliquer. Les deux Cours respectent les préceptes de ce
code, même si leur interprétation de chaque principe diffère quelque
Chapitre un : Un monde de ténèbres 63
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
peu. Si les Seelies suivent en général la loi à la lettre, les Unseelies
trouvent très souvent des failles à exploiter.
Contrairement aux serments, on n’impose pas l’Escheat avec le
Glamour, mais par la tradition et la coutume. Cependant, le Songe
intervient de temps en temps avec subtilité et œuvre au respect de
ses règles, ou bien tisse quelques conséquences bien senties pour
ceux qui l’enfreignent de manière trop flagrante.
Les six droits fondamentaux énoncés dans l’Escheat sont les
suivants.
Le droit du Fief. Un seigneur est le souverain de son domaine.
Il est le juge et le jury des crimes perpétrés sur ses terres, quelle
que soit leur gravité, et rend la justice au nom de tous ceux sous
sa responsabilité. Un noble attend l’obéissance de ses vassaux et le
respect de tous les autres. En retour, il doit le respect à ses propres
suzerains.
Réalité : qu’elle le veuille ou non, la noblesse a dû accepter
les idées modernes de démocratie et de gouvernement popu-
laire qui sont aujourd’hui la norme. Pourtant, la plupart de
ses membres règnent toujours par la force, la ruse, le charisme
personnel et la coutume.
Le droit au Rêve. Les mortels ont le droit de rêver et les besoins
des fées ne doivent pas l’entraver. Le Songe mourra si nous nous ser-
vons directement à la source. Il est interdit de faire usage du Glamour
pour manipuler le processus créatif. Nous pouvons l’inspirer, mais
nous n’avons pas le droit de donner des instructions ou d’insuffler
du Glamour brut dans un humain.
Réalité : la plupart des changelins y voient une condamnation
du Ravage. Beaucoup l’ignorent, surtout parmi les Unseelies
et cherchent à se procurer une petite dose vite fait ou plus de
pouvoir. Cette façon de faire a tendance à drainer le Glamour
du mortel de manière permanente, et les Ravageurs condamnés
subissent de lourdes peines. La Rhapsodie (cf. p. 264) constitue
une violation encore plus flagrante de ce principe… mais elle
se produit tout de même.
Le droit à l’Ignorance. Les changelins n’ont pas le droit de
trahir le Songe au profit de la Banalité. Ils ne doivent jamais révéler
leur véritable nature à l’humanité. Non seulement celle-ci nous
pourchassera pour s’approprier notre puissance et notre sagesse, mais
elle nous submergera et tentera de détruire nos lieux de pouvoir.
Plus elle en saura, plus elle cherchera à nous éradiquer, à voler le
Glamour de nos âmes et à nous emprisonner dans la gangue boueuse
de la Banalité.
Réalité : la plupart des changelins, qu’ils soient seelies ou
unseelies, respectent ce principe, car il offre une protection contre
la Banalité. Le Glamour est difficile à trouver, et le gaspiller sur
des mortels afin qu’ils voient le Songe est vain. Cela dit, ramener
des serviteurs ou des amants mortels au sein des Domaines,
puis les désenchanter pour leur faire oublier l’existence des fées
quand ils en repartent est une longue et glorieuse tradition.
Le droit d’Entraide. Tous les changelins sont en danger et il
ne faut jamais abandonner l’un d’entre eux. Lorsque la Banalité
menace, tous les Kithains ont le droit d’être secourus et le devoir
de secourir leurs pairs et les créatures du Songe emprisonnées par
ses serviteurs.
Réalité : la majorité des changelins respectent cette règle,
car peut-être auront-ils un jour eux-mêmes besoin d’aide. Seelies
64 Changelin : le Songe
et Unseelies oublient leurs différences et prêtent assistance à
n’importe quel Kithain prisonnier des Automnaux ou d’un
agent de la Banalité. Si nombre de fées tenteront de secourir des
griffons, des licornes et d’autres créatures puissantes du Songe,
elles risqueront rarement leur vie pour des chimères mineures.
Le droit d’Asile. Tous les lieux qui appartiennent au Songe sont
sacrés. Les changelins ne peuvent permettre que l’on menace l’un
d’entre eux. Ceux qui y cherchent refuge doivent pouvoir y entrer
librement. Épargnons aux Domaines la violence du monde mortel
et l’étreinte de la Banalité.
Réalité : la compétition pour le contrôle des rares Domaines
à avoir survécu à l’Éclatement fait rage et l’application de cette
loi devient difficile. Les rivalités sur une même région peuvent
conduire à la guerre, même si on limite le champ de bataille à sa
version chimérique. Certains seigneurs interdisent aussi l’accès
de leurs Domaines aux étrangers, de crainte qu’ils n’épuisent
le Glamour nécessaire à la survie de ses habitants. Malgré les
traditions de l’hospitalité et de la courtoisie, beaucoup de nobles
trouvent que ces exigences pèsent trop lourdement sur eux. En
revanche, les Domaines roturiers sont plus enclins à accepter
les réfugiés en difficulté.
Le droit à la Vie. Nul Kithain ne doit répandre le sang de l’un
de ses semblables, pas plus qu’il n’a le droit de priver l’un des siens
du Songe. Le meurtre est sacrilège.
Réalité : ce précepte est presque unanimement respecté. Le
Songe lui-même le fait appliquer et fait s’abattre la Banalité sur le
changelin qui aurait tué l’un de ses frères. Lorsque deux d’entre
eux s’affrontent sur le champ de bataille ou en combat singulier,
ils utilisent en général des armes chimériques, qui n’infligent
pas de « vraies » blessures. Si le perdant est « tué », il ne meurt
pas vraiment. Il s’échappe simplement du Songe jusqu’à ce
qu’on lui administre du Glamour et qu’on le réveille. Certains
combats se font au premier sang. Au-delà, la permission d’un roi
ou d’une reine est obligatoire, car la mort d’un Kithain est une
plaie au Songe en personne. Hélas, les changelins s’assassinent
discrètement tout aussi souvent que les mortels.
Le royaume
de Concorde
Il s’étend sur tout le continent nord-américain et tire son nom d’un
grand rêve, celui qui verrait les changelins de l’Interrègne et les Sidhes
revenus d’Arcadie apprendre à cohabiter dans un monde de songes
réveillés. Concorde compte huit royaumes (et deux territoires à l’al-
légeance discutable) sur lesquels règne un Haut Roi. Formée à partir
des fragments brisés par la Guerre de l’Accord, elle tente d’associer
le meilleur du paradigme médiéval cher aux changelins de jadis, aux
nouveaux rêves forgés pendant les longues années écoulées entre
l’Éclatement et le Retour. Son degré de réussite change sans cesse.
Le conteur pourra s’appuyer sur les frontières politiques et les
Domaines décrits ci-dessous afin de donner une structure physique au
monde des changelins. Libre à lui de créer d’autres lieux de Glamour
et endroits importants pour l’étoffer. Dans un monde façonné par
les rêves féeriques, tout est toujours sujet au changement.

Le royaume
des Hespérides
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché de la côte de Pierre (Maine)
Le duché des Brises Favorables (Delaware)
Le duché des Voiles (Rhode Island)
Le duché du Cœur de la Liberté (Pennsylvanie)
Le duché du Libre Arbitre (New Hampshire)
Tara Nar, capitale du Ponant Le royaume des Hespérides
Le Haut Roi David Ardry de la Maison Gwydion dirige Concorde (Nord-Est)
depuis Tara Nar, sa capitale. Située dans le royaume des Hespérides,
elle se niche dans les montagnes Catskill de l’état de New York.
Son aspect « mortel » rappelle l’un de ces grands chalets perdus au
milieu d’époustouflants paysages de montagne, chers aux amoureux
de la nature comme aux mordus de ski. Bâtie par le roi David, elle
évoque aux yeux des Kithains la splendeur des châteaux historiques
d’Europe et les contes des frères Grimm.
Entouré par les eaux cristallines du lac Kingslake, le palais en
lui-même se trouve sur une île qui porte le même nom. Sur une île
voisine, plus petite, la Salle des Avocats abrite le Parlement des Rêves
où nobles et roturiers participent au gouvernement de Concorde
par le biais de leurs représentants. Une chaussée pavée et un pont
de bois sculpté relient entre elles les rives des deux îles. Ce pont
débouche sur le balcon qui surplombe le parlement, au deuxième
étage du bâtiment. Le roi David avait l’habitude de partager son
temps entre Tara Nar et les Âtres, sa cour d’hiver, située dans le
centre de Manhattan, une vieille maison de ville dotée d’une façade
en grès rouge et d’un perron. Ces derniers temps cependant, il reste
à Tara Nar, inquiet de la signification de ses rêves (voir p. 41). Sa
sœur, dame Morwyn, et la princesse Lenore de la Maison Dougal,
sa pupille et héritière, y passent elles aussi une partie de l’année.
Son épouse Faerilyth y réside à demeure.
Ce domaine inclut les états de Nouvelle-Angleterre (Maine, New
Hampshire, Vermont, Massachusetts, Connecticut et Rhode Island),
ainsi que ceux situés au nord de la côte Est (New York, New Jersey,
Pennsylvanie et Delaware). La reine Mab, de la Maison Fiona, gou-
verne le royaume depuis son Domaine de Caer Lice. Comme Tara
Nar se trouve sur son territoire, ses sujets se considèrent comme des
acteurs-clés du futur de Concorde. Un certain nombre de duchés et
de domaines plus modestes constituent le royaume des Hespérides.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 65
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le duché du Sceau d’Or
(état de New York)
Son dirigeant élu, le duc Kelodin de la Maison Fiona, est un Troll
Grincheux qui fait partie des rares roturiers anoblis après la Guerre
de l’Accord. Son Domaine, Neige d’Hiver, se trouve à Buffalo et
comme le Haut Roi, il possède une résidence d’hiver à Manhattan.
Si la plupart de ses sujets le soutiennent pleinement, une partie non
négligeable des Kithains, menée par le comte Maldiset de la Maison
Dougal, n’apprécie guère sa présence sur le trône et préférerait un
Sidhe, de préférence un Gwydion, à la tête du duché.
Le duché des Closeries (New Jersey)
Ce territoire couvre l’état actuel du New Jersey et tire son nom de
ses régions verdoyantes et fertiles. Cependant, les villes qui longent
sa façade orientale et leur ciel obscurci par un nuage de pollution
verdâtre écornent cette image idyllique. Le duc Marcurian, de la
Maison Dougal, dirige le duché depuis son Domaine, une étendue
de jardins et de serres luxuriants appelée la Pépinière. Le Domaine
de la reine Mab, à proximité du centre de loisirs de Palisades Park,
se trouve sur les terres de Marcurian, et il s’efforce par-dessus tout
de garder des relations amicales avec la souveraine.
Le duché des érables (Vermont)
Gouverné depuis le Domaine de Vertebranche par la duchesse
Carendlith de la Maison Gwydion, le territoire se situe près de la
forêt nationale de Green Mountain. Chalet de montagne bucolique
et idyllique, il offre de nombreuses régions isolées, dans lesquelles
les Kithains de tous bords peuvent se réunir. Carendlith essaie de
diriger par l’exemple et y réussit à des degrés divers.
Autre lieu important, les Écuries de Mountain Dreams sont un
Domaine détenu par Sir Evern ap Scathan et sa famille de Kinains,
connue sous le nom de famille Evans dans le monde mortel. En plus
d’offrir aux touristes des excursions à cheval pour le week-end, la
propriété expose, élève et vend différentes races de pur-sang, dont le
robuste et hirsute poney islandais adoré des cavaliers de cross-country.
Aux yeux des fées, le Domaine ressemble à une propriété islandaise et
sa maison longue. Ici, la famille élève et abrite les montures féeriques
utilisées par les Cavaliers des Sentiers de Minuit, une organisation
qui opère depuis un nœud de voies magiques reliant les quatre coins
du royaume des Hespérides. La lignée de Sir Evern veille jalousement
sur ce système de communication. Seuls les Cavaliers et les gens
qui ont besoin de savoir où les trouver connaissent son existence.
Le duché d’étain (Massachusetts)
Il est l’apanage de la duchesse Peraniya de la Maison Ailil, la seule
dirigeante de tout le royaume des Hespérides à avoir ouvertement
déclaré son allégeance à la Cour unseelie. Sa nomination récente,
approuvée du bout des lèvres par la reine Mab, est l’une des grandes
expériences du Haut Roi et la duchesse peine à asseoir son autorité
sur le Domaine d’Oldenwayne, dans la ville d’Ipswitch. Seul le temps
pourra dire si cet essai s’avère concluant face aux traditionalistes
sidhes seelie de Boston (en particulier le duc Tymon de la Maison
Gwydion) et du reste de l’état.
66 Changelin : le Songe
Le royaume des Saules
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché de Coton (Alabama)
Le duché de l’Étreinte des Frimas (Virginie occidentale)
Le duché des Belles Terres (majeure partie du Tennessee)
Le duché des Magnolias (Mississippi)
Le duché des Ozarks (Arkansas)
Le duché du Croissant du Delta (Louisiane)
Le Commonwealth de Frontière
d’Espérance (Connecticut)
Voilà bien une audacieuse, et peut-être brève, anomalie : un état
autonome élu, né d’une révolution citoyenne. L’ancien duché des
Miroirs était autrefois un bastion du traditionalisme, et il fut le théâtre
d’un soulèvement populaire mené par des roturiers mécontents. Les
rebelles déposèrent l’impopulaire duc Rialdo de la Maison Gwydion
et le remplacèrent par le Satyre Grincheux Zharkis. À présent dirigé
par un conseil représentatif élu au cours de réunions publiques, le
nouvel état autonome attend anxieusement que l’approbation du
Haut Roi ou la hache du bourreau décident du sort de leurs rêves
communautaires.
Le royaume des Saules
(Sud-Est)
Il réunit la plupart des états situés dans le sud-est des États-Unis, à
savoir l’Alabama, l’Arkansas, la Géorgie, le Kentucky, la Louisiane, le
Maryland, le Mississippi, les deux Carolines, le Tennessee, la Virginie
et la Virginie occidentale. Il exclut cependant la Floride. Le roi Meilge
de la Maison Eiluned gouverne ses terres en despote éclairé, et sa
main de fer se fait sentir juste ce qu’il faut dans le gant de velours.
Les différents duchés qui constituent son domaine bénéficient, à
des degrés divers, d’une certaine liberté politique. Le Domaine de
Meilge et la région qui l’entoure reflètent pourtant bien la nature
ouvertement gracieuse, teintée d’une touche sinistre, de leur maître.
Tout comme le sud des mortels, le royaume des Saules se dresse à
la croisée des chemins, pris entre la tradition et une conscience
nouvellement éveillée de plus en plus pressante.
Le duché du Cœur des Saules (Géorgie)
Il correspond à peu de choses près à l’état de Géorgie et appartient
corps et âme au roi Meilge. Si ce dernier est techniquement le duc
du Cœur des Saules, il préfère le titre plus prestigieux de « roi » et
refuse qu’un noble prenne le titre de duc ou de duchesse sur ses
terres. La seule opposition réellement notable ici se situe au Manoir
des Glycines, dans la ville de Savannah, en Géorgie. Dirigé par le
comte Morrig de la Maison Gwydion, ce joli Domaine est un phare
de la grâce et de la culture sidhes. Conjointement gouverné par le
baron Arawn et la baronne Ellonwy de la Maison Fiona, le petit
Domaine de Fort Whitehall, dans la baronnie de Vellumton, est
malgré tout florissant. Le fief de Morrig inclut l’université de Géorgie,
ainsi que les villes voisines d’Athens, de Jackson et de Watkinsville.
Il attire artistes et musiciens, ainsi que de nombreux adeptes de la
reconstitution médiévale. Les changelins du lieu s’opposent au roi
Meilge, mais ne peuvent pour l’instant pas agir directement contre lui.
Le duché de Palmetto
(Caroline du Sud)
Les fées qui y résident obéissent, à des degrés variables, au duc
Antoan de la Maison Liam, qui dirige son territoire depuis sa cour
de Palmetto, à Charleston. L’héritage inhabituel du duc seelie, né
dans une famille de réfugiés vietnamiens, a fait grincer des mâchoires
entières à travers le royaume des Saules, et mis à l’épreuve les principes
de nombreux Sidhes. Antoan a pris en main les rênes du domaine
lorsque la duchesse Mischala de la Maison Fiona a commencé à
succomber au Tumulte. Il a fait preuve d’un tel talent à ce poste que
lorsque la dirigeante légitime est revenue, elle a insisté pour qu’il
conserve le titre. Le roi Meilge ne l’a cependant pas encore confirmé
dans ses fonctions, par conséquent son autorité reste très fragile.
Situé à Beaufort, près des Sea Islands, le Foyer est un lieu de
rassemblement pour les fées nées au sein du peuple Gullah qui vit
sur ces îles. Cientilla, une minuscule Eshu Grincheuse, dirige la
région depuis des décennies et répond au titre de « Maîtresse des
terres gullah libres ». S’ils reconnaissent l’existence du royaume de
Concorde, les Gullahs du peuple fée se tiennent à l’écart et demeurent
indépendants de la politique des Kithains. La principale préoccupa-
tion de Cientilla reste la préservation de son héritage, et elle partage
volontiers son savoir avec tous ceux qui se montrent intéressés.
Le duché du Triangle (centre
et est de la Caroline du Nord)
Du fait des énormes différences entre les fées qui résident dans les
montagnes occidentales et celles du reste de l’état, la Caroline du
Nord se divise en deux duchés. Le plus grand, le duché du Triangle,
s’appuie sur les trois villes de Raleigh, Durham et Chapel Hill. Trinity
Manor, le Domaine du duc Murdoch de la Maison Dougal se situe
près de cette dernière. Celui qu’on surnomme « Le Professeur »
jouit du soutien de son peuple et de l’amitié du roi Meilge. Né à
Glasgow, il a déménagé pour l’université de Caroline du Nord et fait
montre d’un intérêt tout à fait étranger aux Sidhes pour l’ingénierie
mécanique et les sciences théoriques. Son meilleur ami et assistant,
le Nocker Richard « Le Coq » Langolier, partage avec lui la même
passion pour les voitures de collection et les bolides de course. Tous
deux engrangent du Glamour lorsqu’ils assistent au NASCAR et à
d’autres événements de sport automobile.
Le duché des Appalaches
(ouest de la Caroline du Nord, est du
Tennessee et sud-ouest du Kentucky)
À cheval sur trois états, le duché des Appalaches englobe leurs points
communs, à savoir les montagnes Blue Ridge, le Cumberland et les
monts Great Smoky dans la chaîne des Appalaches. Seuls quelques
Sidhes vivent parmi les nombreux roturiers qui peuplent cette région
magique. Qu’elles soient nobles ou pas, les fées des Appalaches se
sentent plus proches les unes des autres que des membres de leur
kith ou de leur maison qui vivent ailleurs dans Concorde.
C’est au château du Verger, près de Jonesborough dans le
Tennessee, que se trouve le centre du pouvoir ducal. Fief de la
duchesse Dianan de la Maison Fiona, ce petit palais se dresse dans
une clairière idyllique, alors que son aspect dans le monde mortel est
celui d’une cabane délabrée. Avec le comte Bjorno, son protecteur
troll, elle organise les événements de sa cour en extérieur, dans la
montagne verdoyante. Dans le monde mortel, la duchesse gagne sa
vie en écrivant des romans à l’eau de rose.
La Cour de Balsamine, également appelée la Maison du Dôme
Noir, se situe sur un terrain de camping près du sommet du mont
Mitchell, la plus haute montagne à l’est des États-Unis. La comtesse
Toireasa y tient sa cour, dans un charmant pavillon de chasse en
bois rempli des paysages de montagne qu’elle peint. Elle a mis un
point d’honneur à s’allier avec les tribus de Nunnehis de la région,
ce qui lui garantit une sécurité presque sans faille.
Aux environs de Oak Ridge, dans le Tennessee, Sire Gadiel
de la Maison Balor s’est attribué un manoir en ruines près d’un
chêne noueux et tordu. L’arbre lui a d’ailleurs inspiré le nom de son
Domaine, le Chêne noueux. Très rares sont les fées qui visitent ce
lieu étrange et inquiétant et celles qui le font quand même s’y rendent
la nuit. Des rumeurs courent au sujet d’activités malsaines qui se
dérouleraient sur place, mais personne n’a jamais enquêté à ce sujet.
Les pics jumeaux des Chimney Tops, dans les monts Great Smoky,
servent toujours de cercle de danse pour les tribus de Nunnehis de
la région. Cependant, ces dernières ont appris à tenir leurs rassem-
blements loin des yeux des curieux, car c’est une destination très
prisée par les randonneurs.
Le duché des Herbes Bleues
(majeure partie du Kentucky)
Les Écuries Rose Garland, près de Lexington, ne se contentent
pas d’élever d’excellents pur-sang de course. Elles abritent aussi un
Domaine auquel on accède par une caverne rocheuse située dans
les environs. À sa tête se trouve le duc kinain Araby de la Maison
Gwydion, fils d’une Sidhe et de son époux humain. Sa Guise
mortelle et son Visage féerique ne diffèrent que dans la luxuriante
décadence de son sang khitain. Au sein du Songe proche, il élève
des montures féeriques très appréciées parmi les Sidhes qui aiment
les courses. Araby se fait grassement payer en écume pour ses che-
vaux, mais il garde les meilleurs d’entre eux pour lui. Sa monture
personnelle, un étalon noir appelé Joyau du Glamour, reste quant
à elle soigneusement dissimulée aux yeux de la majorité des fées.
Elle est en effet le fidèle destrier de « Sire Talion », un justicier qui
châtie les fées corrompues, Seelies ou Unseelies, pour des crimes
qui resteraient impunis sans son intervention. Certains sujets dans
le duché pensent même que celui-ci ferait un bien meilleur dirigeant
que leur duc décadent et fou de chevaux.
Le Domaine du Mammouth s’étend sur les Mammoth Caves, un
réseau complexe de cavernes et de tunnels souterrains situé dans le
Kentucky. Une bande de Sluaghs, sous la houlette de la matriarche
Jiruna, a découvert des réserves de Glamour dissimulées loin dans
ces couloirs et a établi son Domaine dans une partie des grottes que
les touristes ne visitent pas. Éclairé par un Brasier volé au duché des
Herbes bleues, c’est un refuge idéal pour ce kith amateur d’obscurité
et ses vastes salles propagent les légers murmures des Sluaghs sans
brutaliser leur ouïe délicate. Ils y fabriquent des poteries artisanales,
qu’ils vendent avec les informations pour lesquelles on les apprécie tant.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 67
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Le royaume
des Hautes Herbes
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché d’Acier (Michigan)
Le duché d’Agate (Nebraska)
Le duché de l’Aubépine (Missouri)
Le duché de la Frontière (Dakota du Nord et du Sud)
Le duché de Plomb (Wisconsin)
Le duché des Éclatantes Pivoines (Indiana)
Le duché des Gemmes (Idaho)
Le duché des Prairies Ouvertes (Wyoming et Montana)
Le duché des Tournesols (Kansas)
Le duché du Faucon (Iowa)
Le duché du Cornouiller
(Virginie, District de Columbia,
Virginie occidentale)
Le Domaine du Cornouiller, près de Richmond en Virginie, est
désormais l’apanage du duc Cormac de la Maison Eiluned, un
Vaurien qui en a hérité après le retrait de la duchesse Meregrinne.
Les Sidhes les plus conservateurs de l’état s’irritent du pouvoir
détenu par un noble aussi jeune, en particulier quand il a des idées
politiques trop modernes.
Le comte Rual de la Maison Gwydion est l’un des principaux
opposants au règne de Cormac. Il occupe le Domaine de la James
River, installé dans le club de chasse de la banlieue de Richmond.
C’est là qu’il garde sa meute de chiens féeriques et organise des
chasses pour quelques-uns des Sidhes de la région.
Deux Domaines secrets existent près de Washington, D.C. La
Cour des Miroirs, la cour secrète du Haut Roi, se tient dans un jardin
en plein cœur de la ville. David et ses plus proches conseillers peuvent
s’y rencontrer en toute discrétion et le lieu peut lui servir de refuge
en cas de besoin. La cave d’un atelier de reliure de livre transformé
en club de rock abrite le duché de l’Ombre, où la véritable Cour
des Ombres se réunit. Le duc Shiva de la Maison Balor et sa sœur
jumelle, la duchesse Kali de la Maison Ailil, nés dans une famille
immigrée originaire de Bombay, sont les maîtres de ce Domaine et
s’assurent qu’il demeure un secret bien gardé.
Le royaume des Hautes
Herbes (Midwest)
Il couvre l’Ohio, l’Indiana, l’Illinois, le Michigan, le Wisconsin, l’Iowa,
le Missouri, le Dakota du Nord et du Sud, le Nebraska, le Kansas,
l’Idaho, le Wyoming et le Montana. La reine Mary-Elizabeth de la
Maison Dougal est une souveraine conservatrice et traditionaliste qui
dirige son royaume depuis Caer Palatin, dans les environs de Chicago.
68 Changelin : le Songe
Le duché des Marronniers (Ohio)
Établi à l’origine par les Français, ce fief tire son nom des arbres de
cette essence qui abondent dans tout l’état. Il est devenu un point de
rassemblement pour les membres de la Maison Beaumayn au cours
des années qui ont suivi leur retour dans le monde de l’Automne.
Le duc Gérard d’Ivoire a hérité du prestigieux Domaine des
Arches, dans la capitale de Columbus, lorsque le précédent seigneur,
Andres McCarty de la Maison Dougal, a succombé à l’Oubli et
quitté sa demeure pour aller habiter ailleurs en ville. Comme il
n’avait désigné aucun héritier, l’apparition opportune de Gérard
semblait être le signe que le duché devait lui échoir. Les membres de
sa maison bénéficient de son hospitalité, le temps qu’ils décident de
l’endroit où ils veulent s’établir. Certains restent, tandis que d’autres
se rendent ailleurs dans Concorde.
À Cincinnati, le Domaine de Fontainebleau, en référence à la
cité et au château français du même nom, appartient à Marcella
Sourania, une Satyre de la Maison Fiona. Nombre d’artistes et d’ar-
tisans changelins gravitent autour de ce centre de créativité établi
dans une partie boisée de la ville.
Le duché des Quatre Vents (Illinois)
Ce duché du Midwest tire autant son nom de celui qu’il porte dans
le monde de l’Automne que de sa fonction féerique. C’est le creuset
des cultures américaines et le lieu de rassemblement des changelins
de tous les kiths et de toutes les maisons, le lieu où convergent les
« quatre vents ». Caer Palatin est le Domaine de Mary-Elizabeth,
reine du royaume des Hautes Herbes. Il se situe au bord du lac
Michigan juste à la sortie nord de la ville, sur une parcelle détenue
par la Northwestern University. Ses lignes néo-classiques, élégantes
et gracieuses, s’allient parfaitement à la personnalité de la souveraine.
Tant qu’ils renoncent à faire usage de violence et se plient aux lois de
Concorde, tous les changelins sont les bienvenus et bénéficient de
l’hospitalité de Caer Palatin. À Chicago même, le Millennium Park
est un lieu de rassemblement pour les roturiers seelies et unseelies.
L’importante population d’origine allemande et scandinave de la
ville a poussé les membres de la Maison Aesin à y établir une base.
Sire Günther Sorenson est à la tête du Domaine de la Saga du
Cœur, dans le quartier des théâtres. Il espère y réunir des scaldes et
des spécialistes du folklore de sa maison afin de former un centre
culturel au cœur de Concorde.
Springfield, la capitale de l’état, dispose de plusieurs Domaines
qui bénéficient de sa richesse culturelle et du soutien qu’elle apporte
aux arts du spectacle. Le groupe de rock changelin, les Free Spirits,
et son charismatique chanteur, Enchanté de la Maison Leanhaun,
tiennent Le Havre de la Muse, un Domaine établi dans un manoir
du XIXe siècle près du Centre artistique Hoagland. Certains des
artistes les plus célèbres de la maison, parmi lesquels Dame Izzy Tot,
Satyre affiliée à la Maison Leanhaun, et la baronne et danseuse étoile
Robin, y ont brièvement séjourné pour se ressourcer.
Le royaume du Soleil Ardent
(Sud-Ouest)
Il correspond à la partie sud-ouest des États-Unis et couvre le Texas,
l’Oklahoma, le Colorado, le Nouveau-Mexique, l’Arizona, l’Utah
et le Nevada. À sa tête, le chef Greyhawk de la Maison Gwydion
est à ce qu’on dit « devenu indien », et il a adopté bon nombre de
coutumes des tribus de Nunnehis originaires de la région. Il a établi
son domaine à Caer Noir Sel, dans le désert de l’Arizona. Les chan-
gelins qui vivent dans cette région se conforment en général moins
à l’opinion majoritaire de Concorde.
Le duché de Cuivre (Arizona)
Ici se trouvent certains des paysages les plus époustouflants de
Concorde, parmi lesquels le Grand Canyon, le Désert peint, le parc
national de la Forêt pétrifiée et le Cratère Barringer. Caer Sel Noir est
le Domaine du chef Greyhawk, un Sidhe qui a dans les faits renoncé
à sa Maison pour adopter le style de vie et les coutumes des tribus
de Nunnehis locales. Situé au beau milieu du Désert peint, le lieu
Le royaume
du Soleil Ardent
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché de l’Étoile Solitaire (Texas)
Le duché de la Bonne Fortune (Nevada)
Le duché des Abeilles (Utah)
Le duché des Hautes Montagnes (Colorado)
Le duché des Tempêtes (Oklahoma)
se cache parmi les imposantes formations rocheuses qui lui donnent
l’apparence d’une structure naturelle. Face à une politique changelin
de plus en plus problématique, il a fermé ses frontières et tenté de
limiter l’accès de son duché aux seules fées qu’il invite expressément.
S’il est tout à fait capable d’éviter la présence d’indésirables à Caer
Noir Sel, isoler son duché dans sa totalité s’est avéré impossible.
La ville de Phoenix, appelée la vallée du Soleil, s’est depuis peu
signalée à certains membres de la Maison Varich, qui y ont émigré
du quartier de Russian Hill à San Francisco. La Serre du Phénix,
gouvernée par le baron Vasily Arpelov, occupe une immense maison
bâtie dans le style de l’ancien résident, Frank Lloyd Wright. Le Sidhe
y a réuni un « panel d’experts » privé constitué d’érudits changelins
issus de kiths et de maisons différents. Il espère étudier les tendances
émergentes de la politique des Kithains et des événements actuels,
afin de déterminer la meilleure ligne de conduite à tenir pour les
enfants du Songe.
Le duché de Turquoise
(Nouveau-Mexique)
Célèbre pour les impressionnantes formations rocheuses de son désert
et les magnifiques structures de calcaire des grottes de Carlsbad,
le duché de Turquoise attire aussi les artistes changelins venus des
quatre coins de Concorde. Santa Fe, la capitale, arbore de nombreux
bâtiments construits dans le style Pueblo Revival espagnol, avec des
murs en adobe et les lignes incurvées des missions espagnoles. Sire
Gustavo de la Rosa de la Maison Eiluned et sa compagne, dame
Mantilla de la Maison Fiona, habitent Las Dos Palmeras (les Deux
Chapitre un : Un monde de ténèbres 69
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
palmiers), un Domaine conforme à cette architecture particulière,
près du Musée des arts du Nouveau-Mexique. Beaucoup de changelins
de la ville se sont impliqués dans les efforts du collectif Meow Wolf,
chargé de favoriser l’éducation artistique à travers l’état. Parmi les
mécènes de ce groupe figure l’artiste contemporain piskie Aleesha
Why qui participe avec enthousiasme aux nombreux projets portés
par ce collectif.
La ville de Taos, lieu de rassemblement populaire parmi les
artistes, bénéficie d’un patrimoine architectural historique non
négligeable, et ses maisons d’époque attirent autant de changelins
qui la préfèrent à Santa Fe, plus grande. Dame Eleanora Mendez
de la Maison Scathach, la célèbre chasseuse de Thallains, y tient
sa cour dans un Domaine. À l’heure actuelle, elle tente de faire
comprendre à ses pairs l’importance de se protéger d’un afflux
indésirable de Thallains.
À Socorro, une colonie de Nockers gérée par Ezekiel Stone, un
Grincheux plus ou moins affilié à la Maison Dougal, s’est installée
près de l’Institut des Mines et de la Technologie du Nouveau-Mexique
(alias Mexico Tech). Ces férus de mécanique essaient d’apprendre
de nouvelles méthodes d’immersion dans le travail qu’ils adorent.
Le royaume des Sables Blancs
(Floride)
Il s’étend sur le seul état de la Floride. La reine Morganna de la Maison
Gwydion gouverne son petit royaume depuis Caer Flamand Rose,
situé dans la pointe sud de la péninsule, près de Miami. Elle doit
faire face à des attaques incessantes des fiefs du Paradis Étincelant,
ainsi qu’aux prétentions territoriales des tribus de Nunnehis sur les
Everglades (ou ce qu’il en reste).
Le duché du Soleil et du Sable
Le sud de la Floride, y compris la région autour de Miami, possède
une communauté de changelins parmi les plus bigarrées du royaume.
Un nombre considérable de roturiers déplacés depuis d’autres
régions de Concorde (et en fait d’ailleurs dans le monde) viennent
s’y installer, séduits par l’atmosphère insouciante et détendue qu’on
lui prête et la chaleur du climat. Pour les fées qui habitent ici, le
Long Hiver est une notion très lointaine. La duchesse Carmen
Juarez de la Maison Fiona, une amie de la reine Morganna à qui
elle est liée par serment, dirige ce duché depuis Caer Biscayne, un
manoir de style espagnol situé dans Coconut Grove. Caer Flamant
Rose, la flamboyante résidence de la souveraine, arbore des murs
d’argile à la pâle couleur corail, une cour intérieure et une piscine,
des jardins luxuriants, et un groupe de flamants roses installés à
demeure (auxquels le Domaine doit son nom). Quelques Bandes de
roturiers se sont établies sur les plages ou à proximité, ainsi qu’en
ville. Les nobles comme les roturiers mettent de côté leurs opinions
politiques et leurs allégeances individuelles lorsqu’il s’agit de protéger
leurs terres des pillards de Glamour de Paradis.
Le duché des Brises Marines
Centré autour de Tallahassee, la capitale de l’état, le duché allie
inclinations démagogues et douceur de vivre. Son climat doux, les
sensibilités de sa ville universitaire et la richesse de sa culture attirent
de nombreux roturiers. Le conteur eshu Johnny Mango passe fréquem-
ment par la cité pendant ses déplacements. Il séjourne en général
chez la duchesse clurichaun Mairead Galway, qui exerce le pouvoir
70 Changelin : le Songe
avec affabilité depuis son petit Domaine de Palmetto Grove, près du
campus de l’université d’état de Floride. Un « collectif scientifique »
regroupe Nockers, Boggans et un duo de Bonnets rouges dans un
petit bâtiment qu’ils ont baptisé la Cabane du Sorcier, à proximité
du National High Magnetic Field Laboratory. C’est là que la Boggan
Lili Saltpeter travaille comme technicienne de laboratoire.
Le duché de la Cote Prime
L’endroit tire son nom du surnom de Jacksonville, le plus grand
centre urbain au nord de la Floride. Cette municipalité se trouve
juste au-delà de la frontière avec la Géorgie. Le duc Tremore Halsey
de la Maison Gwydion gouverne son royaume depuis le Domaine
des Sept Ponts, l’autre nom de Jacksonville. Les excellents ports en
eau profonde civils et militaires permettent au seigneur sidhe de
s’adonner à sa passion pour l’océan. À l’heure actuelle, il négocie
un traité avec une colonie de Selkies voisine.
Le pays des Mangroves
et des Cypres (les Everglades)
Cette région appartient aux tribus amérindiennes des Nunnehis et
des Séminoles qui en occupent la plus grande partie. Seuls quelques
changelins ont visité les lieux, et ils ne pipent pas mot sur ce qu’ils
ont trouvé.
Le royaume de Pacifica
Il couvre les états de Washington, de l’Oregon et de la Californie,
soit toute la façade ouest des États-Unis. La reine Aeron de la
Maison Fiona gouverne depuis son Domaine de Caer Angeles et si
elle est elle-même Seelie, sa cour accueille toutes les fées, Seelies ou
Unseelies, roturières ou nobles, Kithains ou Gallains.
Le duché de la Porte d’Or
Dirigé par le duc Aeon de la Maison Fiona, une star du rock dont
la carrière a résisté pendant trente ans, ce territoire a joué un rôle
majeur dans la recherche d’un chemin pour retourner en Arcadie.
La baronnie royale de Muirwood
Sous l’autorité du baron Harold di Marcos de la Maison Gwydion,
qui gouverne depuis Caer Séquoia, elle couvre la majorité du comté
de Marin, à l’exception du mont Tamalpais et des terres alentour que
la reine a rendus aux tribus de Nunnehis dans le cadre d’un traité.
Le duché du Bon Vin
Situé dans la fertile vallée de la Sonoma, le fief attire Satyres et
changelins amoureux des plaisirs qui viennent profiter de son vin
de qualité et de ses fêtes chics. La duchesse Aoibhell de la Maison
Liam gouverne depuis Caer Lunara, dans la ville de Sonoma, et son
territoire existe dans un monde à part rempli de vin.
Le royaume de Pacifica
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché de la Pierre de Soleil (Oregon)
Le duché des Immortelles (état de Washington)
Domaines arcadiens
Ces Domaines de la vallée de Napa appartiennent à la Confrérie
du Tonneau, un groupe de Satyres géniaux et amoureux du vin
qui se consacre à la perfection du fruit de la grappe, sans parler
des prophéties qui jaillissent parfois d’un partage réussi autour du
meilleur vin de la saison.
Le duché de Finvarr (Berkeley)
Revendiquée par la duchesse Aoibhell, qui la considère comme sa
possession la plus précieuse, la ville universitaire de Berkeley était
un haut lieu de la liberté d’expression, de l’amour et de la révolution
dans les années 60, et elle continue de vivre dans son prestigieux
passé. Depuis son manoir de Caer Llanwedd, la souveraine gratifie ses
amis des joies de son Domaine recouvert de mousse et orné de fleurs.
Le comté de Fort-Chêne
Ce royaume d’acier comprend la ville industrielle d’Oakland et c’est
un Seelie eshu, le comte Elias, qui le dirige depuis son Domaine de
Caer Ogun (le Château d’Acier). Dans ce triomphe de l’ingénierie
féerique, sa demeure, baptisée Cœur d’Acier, lui fournit un refuge
sûr contre ses ennemis.
Le comté de Calme-Selk
Ce territoire pittoresque comprend les eaux entre la côte et Seal Rocks,
la région de San Francisco, et s’étend jusqu’à San Jose. Depuis son
Domaine d’Año Nuevo, la comtesse Evaine de la Maison Eiluned
gouverne sans trop se préoccuper de politique. Elle préfère passer
du temps avec ses amis selkies au large de son territoire. Le Domaine
voisin des Rives de roche, juste à côté de Point Reyes, abrite un
groupe de Selkies qui s’est installé dans des grottes. Ils considèrent
Ondine, la plus âgée d’entre eux, comme leur chef. L’un de leurs
devoirs est de veiller à la préservation des membres de leur kith et
de leur culture.
Le royaume du Glacial
Septentrion (Canada et Alaska)
Cette vaste contrée arctique et subarctique regroupe les provinces
canadiennes de Terre-Neuve, de Nouvelle-Écosse et du Nouveau-
Brunswick, l’île du Prince Edward, le Québec, l’Ontario, le Manitoba,
la Saskatchewan, l’Alberta, la Colombie britannique, le territoire du
Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, Nunavut et l’état de l’Alaska.
La reine Laurel de la Maison Fiona gouverne depuis Caer Givre, un
palais de glace au cœur de la Saskatchewan.
Le duché d’Abondance (Saskatchewan)
Situé dans la partie centre-ouest du Canada, ce duché tire une grande
fierté de sa riche culture agraire. Caer Givre, demeure de la reine
Laurel, se dresse tel un gigantesque palais de glace. En contraste, la
chaleur accueillante qui règne à l’intérieur désigne les lieux comme
un vrai Domaine. Lorsque les Sidhes sont revenus d’Arcadie pour la
deuxième fois, des membres de la Maison Aesin se sont installés ici
en signe d’allégeance et ils sont à présent à la tête de leurs propres
fiefs. Parmi les lieux importants figure le Caer du Renne véloce, un
manoir rustique bâti dans la région septentrionale, peu peuplée, du
duché. Le seigneur Leif Mikkelson et dame Ygrinne Asinsdottir, qui
en ont la charge, peuvent ainsi s’imprégner de la nature qu’ils aiment
tant. Ils sont devenus les protecteurs d’un petit troupeau de rennes
qui a élu domicile dans les environs.
Le royaume
du Glacial Septentrion
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le duché de l’Épilobe (territoire du Yukon)
Le duché des Violettes
Le duché du Chêne rouge (île du Prince Edward)
Le duché du Harfang des neiges (Manitoba)
Le duché du Saumon (Alaska)
La Terre du Gerfaut (Territoires du Nord-Ouest)
Les Nunnehis de la région, l’une des nombreuses tribus de fées
amérindiennes de la Saskatchewan, ont également des terres près
de leurs Rêveurs. La reine Laurel respecte leurs frontières et la paix
règne entre leur peuple et les fées d’Europe.
Le duché des Maints Fleuves (Québec)
La souveraineté du Domaine a récemment connu un changement
radical, avec l’abdication du duc Granville de Corby, de la Maison
Fiona, en faveur de la nouvelle duchesse, Héloïse Capet. Ce véri-
table rêveur soutient que le duché appartient en toute légitimité
à la Maison Beaumayne, car ses origines incarnent l’histoire de
la région. Héloïse exerce le pouvoir depuis le Domaine du Mont
d’Argent, et encourage ses nouveaux sujets à collaborer entre eux.
Le duc Granville demeure toujours dans son propre Domaine de
Montréal, Éclat du Cœur.
Le duché de la Trille Blanche (Ontario)
Le duc Stephen Brunswick de la Maison Dougal règne sur l’un des
plus beaux territoires de Concorde. Son ancien Domaine, le Pays
des Érables, est un magnifique château de pierre entouré de massifs
d’érables gigantesques. Dans le monde de l’Automne, c’est l’une
des plus vieilles bâtisses de Toronto. Stephen y reçoit les visiteurs
et y tient sa cour, mais son cœur demeure à Caer Cascade, son
fief personnel. Ce chalet, qui est aussi son apanage, bénéficie d’un
panorama à couper le souffle sur les chutes du Niagara.
Dame Serena de la Maison Daireann règne sur le Caer des Trois
Rivières, une pittoresque maison de ville dans Ottawa. Elle se plonge
dans les affaires du duché, inconsolable (dit-on) d’un amour perdu
pendant la traversée depuis l’Arcadie. Dans son Domaine de la
Maison des Parchemins, l’érudit satyre Grincheux Standish Pyraeus
dirige un groupe de jeunes étudiants roturiers, et il est bien résolu à
profiter de la réputation de la ville en matière de savoir et d’éducation.
La Terre du Saxifrage pourpre
(Nunavut)
La partie la plus récente du Canada appartient aux Inuits et aux
Nunnehis qui y résident. Rares sont les changelins qui s’y risquent
sans y être au préalable invités, et ceux qui s’obstinent se retrouvent
dans l’un des duchés voisins, incapables de se souvenir de ce qui
leur est arrivé. La reine Laurel essaie à l’heure actuelle d’établir des
relations avec la population locale.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 71
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le royaume franc
de Colombie-Britannique
Le comte Gut Splicer, un Bonnet rouge anobli par la reine et affilié
à la Maison Fiona, dirige une Bande de turbulents roturiers depuis
le Domaine de la Pluie écarlate, à environ 300 kilomètres au nord
de Vancouver.
Le royaume du Serpent
à Plumes (Mexique)
Le duc Topaze, un Troll affilié à la Maison Gwydion, dirige le royaume
du Serpent à Plumes. Ce fief couvre le Mexique, la terre natale des
Aztèques et des Mayas et la contrée des rêves perdus de l’empire
espagnol. Les changelins originaires de cette région descendent
des civilisations précolombiennes, tombées face à la conquête
européenne, et de leurs songes. Ils constituent un défi permanent
à l’influence de Concorde sur la région.
Les fiefs du Paradis
étincelant (Caraïbes)
Des eaux turquoise, un sable scintillant, de luxuriants palmiers
et la nonchalance en art de vivre. Voilà ce qui caractérise les rêves
des fées dans la mer des Caraïbes. Concorde a vainement tenté
de mettre la main sur ces terres, et elles sont toujours parvenues à
esquiver l’influence d’un quelconque gouvernement continental.
Seules les grandes îles de Cuba, Puerto Rico et Hispaniola (Haïti
et la République dominicaine) possèdent un organe exécutif iden-
tifiable. Beaucoup d’îles plus petites se sont érigées en nations
pirates qui n’obéissent à aucun maître, à l’exception des capitaines
de navires pirates chimériques (et parfois réels). On y apprécie tout
particulièrement d’attaquer les îles voisines, les centres de vacances
pour touristes et les rivages de Concorde, surtout à proximité du
royaume des Sables Blancs.
La République d’Opulence (Cuba)
La plupart des Sidhes de Cuba en sont partis après l’émergence du
gouvernement fortement prolétarien de Fidel Castro. Récemment
pourtant, ils ont réinvesti les lieux. Quant aux roturiers, leur sort
changea à peine malgré l’assimilation des nouvelles influences cultu-
relles socialistes. L’apaisement des tensions entre les gouvernements
mortels américain et cubain a en partie levé les limitations qui pesaient
sur les voyages, et laissé présager une coexistence plus harmonieuse.
Certains anciens compatriotes changelins sont donc revenus, tandis
que d’autres ont décidé de s’installer sur l’île, toujours aussi belle.
Depuis son Domaine de Las Palmas (les Palmiers), installé dans un
manoir en ruines à l’extérieur de La Havane, Isabela Dulce, une Eshu
seelie, s’est hissée au poste de Primera (« la première ») et tente de
créer une atmosphère à même d’attirer d’autres changelins sur une
terre qui a bien besoin de nouveaux rêves.
72 Changelin : le Songe
L’Île de Luxuriance (Puerto Rico)
Puerto Rico était à l’origine une colonie de Concorde placée sous
la responsabilité du duc Danon ap Liam. Celui-ci s’est pris de sym-
pathie pour nombre de ses sujets roturiers qui se cabraient face à
l’influence, même négligeable, du Haut Roi. Il finit par proclamer
l’indépendance de son fief, refusant son allégeance à Concorde. Les
nobles du royaume ont beau le considérer comme un parjure, il n’a
aucune intention de remettre un jour les pieds sur le continent. Il
se satisfait parfaitement de régner sur ses sujets et de rester à l’écoute
de leurs besoins. Concorde n’a pour l’instant ni entériné ni rejeté
sa position, mais il jouira du soutien des fées de l’île tant que les
intérêts de Puerto Rico figureront en tête de ses préoccupations.
Le royaume d’Hispaniola (Haiti
et la République Dominicaine)
Les changelins qui y résident vivent presque exclusivement au sein
de la République dominicaine, qui occupe la majorité de l’île. Don
Enrico Fernandez, un Troll originaire du pays, a hérité de sa position
à la mort de son père. Il dirige un groupe de roturiers et de nobles,
nés ici ou bien émigrés, dans une paix relative. Tous surveillent
la frontière avec Haïti par crainte de l’étrange chimère qui tente
souvent de la franchir.
La Terre des Sources
(Jamaïque)
Si le pays est membre du Commonwealth britannique, le royaume
féerique est quant à lui une monarchie indépendante dirigée par la
reine Magdalena de las Flores, une Sidhe de la Maison Liam. Les
nombreux roturiers et les quelques Sidhes qui y résident adoptent
un style de vie très détendu. Les songes débordant de musique des
nombreux Rêveurs mortels de l’île y sont pour beaucoup. Son climat
doux attire tout particulièrement Eshus, Satyres et Pookas.
Bella Tierra
(Amérique du Sud)
La « belle terre » des premiers explorateurs et des aventuriers modernes
ne se montre pas vraiment accueillante pour les changelins. Seules
quelques régions se sont fait remarquer par les fées de Concorde et
d’Europe. Pour le reste du continent, et en particulier l’immense
jungle intérieure, la prudence est le maître mot. Les changelins ont
entendu parler du royaume d’Amazonie, qui couvre le grand Brésil,
et les royaumes de la Cordillère du Chili et du Pérou.
Albion (Angleterre)
En plus des lieux mentionnés, ce royaume comprend :
Le royaume de Craie (comtés du Sud)
Le royaume des Volutes (Midlands)
Albion (Angleterre)
La terre d’Albion, nom féerique de l’Angleterre, se divise en cinq
territoires, les royaumes des Roses, de Craie, des Brumes, des Volutes
(anciennement de la Laine) et de Bruyère. À l’heure actuelle, il
leur manque un Haut Roi, le dirigeant unique qui les ralliera sous
sa bannière. La guerre du Lierre, la version locale de la guerre de
l’Accord, a fait couler moins de sang et provoqué moins d’agitation
que la lutte pour la suprématie sidhe en Concorde. Néanmoins, la
terre d’Albion ne présente aucunement un front uni. Gouvernée
pendant des siècles par un roturier, le roi Albion, le retour des
Sidhes a apporté son lot de changements au sein du pouvoir à travers
tout le pays. Des changements qui provoquent encore des remous
cinquante ans plus tard.
Le royaume des Roses
Il s’étend sur la ville de Londres et ses « comtés domestiques », l’Est-
Anglie, la vallée de la Tamise et la plus grande partie des territoires
qui constituent le « Cœur de l’Angleterre ». Lord Edgar Whitestone,
un chevalier troll, est à l’heure actuelle le Lord Chancelier des
Roseraies. Les Sidhes de la région forment son Conseil privé, qui se
réunit régulièrement pour le conseiller en matière de gouvernement.
En réalité, la plupart d’entre eux manœuvrent dans le dos d’Edgar
et se placent au mieux, afin de le renverser et de rendre le pays à ses
dirigeants légitimes.
Le royaume des Roses compte plusieurs lieux importants,
comme l’abbaye de Westminster, la tour de Londres, les universités
d’Oxford et de Cambridge, et le château de Windsor. Dans cette
région troublée, la longue histoire anglaise rencontre la technologie
et la décadence modernes.
Le royaume des Brumes
On l’appelle également le pays de l’Été, la Terre des Pommiers, le
royaume du Cidre, Glastonia et le Ponant. Toutefois, son nom lui
vient des brumes mystérieuses qui se sont levées au moment de
l’Éclatement. Pour les mortels comme pour les fées, les liens étroits
qu’entretient le royaume des Brumes avec Camelot et Avalon l’ancrent
fermement dans les légendes. Il compte la cité balnéaire de Bath, la
célèbre Glastonbury de la geste arthurienne, Stonehenge et Avebury.
Ce royaume suit la traditionnelle double cour féerique ; la reine seelie
Karolina, Gamine de la Maison Liam règne pendant le printemps
et l’été, et le roi unseelie Morwydd, Gamin nocker, prend le relais
en l’automne et en hiver.
Le royaume de la Bruyère
Il réunit en son sein le nord de l’Angleterre et le Lake District de
Cumbria (anciennement le royaume des Larmes) autrefois indépen-
dant. Son souverain, Sir Lawrence Ormond, est un Troll Grincheux
qui ressent de plus en plus les effets de la Banalité sur son âme
changelin. Parmi les villes importantes figurent la cité fortifiée de
York, Whitby, la région des Lacs si chère à Wordsworth et aux autres
poètes lakistes1, et la pittoresque Keswick près de laquelle se dresse
1
Ce groupe de poètes anglais de la fin du XVIIIe siècle compta, outre William Wordsworth
qui ouvrit par son style la voie au Romantisme, Samuel Coleridge, Thomas de Quincey,
Charles Lamb, Thomas Temple et le célèbre Walter Scott.
le cercle de pierre de Castlerigg. Aujourd’hui appelé principauté
des Larmes, le Lake District a prêté allégeance à dame Ellyndil de
la Maison Fiona, qui préfère conseiller Sir Ormond plutôt que de
défier son autorité.
L’Hibernie (Irlande)
Les quatre royaumes qui la composent correspondent peu ou prou
aux quatre provinces irlandaises du Connaught, du Leinster, du
Munster et de l’Ulster. Celles-ci avaient autrefois chacune leurs
souverains, unis sous l’autorité d’un Ard-Ri, ou « Haut Roi » (ou
reine). Le retour des Sidhes dans leurs anciens fiefs a entraîné la
renaissance de ces royaumes, mais pour l’instant, personne n’a encore
osé réclamer le titre d’Ard-Ri na hÉireann (Haut Roi d’Irlande). Des
rumeurs mentionnent l’existence d’un roi caché, l’un des anciens
Sidhes restés dans le pays de l’Automne au sein d’une poche de
Glamour, et dont l’influence sur la terre même a protégé le Songe
au cours de l’Interrègne. L’Irlande est le pays ancestral de plusieurs
kiths, parmi lesquels les Pookas et les Clurichauns.
Le royaume du Connaught
Situé sur la façade ouest de l’Irlande, célèbre pour sa beauté sauvage,
ce royaume comprend les comtés de Galway, Mayo, Sligo, Roscommon
et Leitrim, ainsi que les îles Aran. Son roi actuel, Fiachra ap Dougal,
est tiraillé entre l’affinité de sa maison pour la technologie et son
désir de préserver autant que possible la beauté encore intacte de son
royaume. Il est aujourd’hui le père adoptif de la princesse Bethany,
de la Maison Gwydion.
Le royaume du Leinster
Il compte les comtés orientaux de Louth, Longford, Meath, West
Meath, Dublin, Offaly, Kildare, Laois, Wicklow, Carlow, Kilkenny
et Wexford. Berceau de la civilisation irlandaise, le Leinster offre des
paysages variés : prairies, lacs, tourbières, rivières, villes modernes et
villages intemporels. Bran ap Gwydion, qui mena les Sidhes dans
leur conquête de l’Hibernie, règne sur son domaine avec équité et se
préoccupe autant des roturiers que des nobles. Sir Odhran ap Liam,
un vétéran de la guerre de l’Accord qui s’est installé dans l’île, sert le
roi en qualité d’archiviste et son amour pour l’histoire lui a permis
d’accéder à une position importante au sein de la cour.
Le royaume du Munster
Les comtés méridionaux de Cork, Waterford, Tipperary, Clare,
Limerick et Kerry constituent ce territoire célèbre non seulement
pour sa beauté enchanteresse, mais aussi pour sa longue tradition
de rebelle face à l’autorité anglaise. On trouve également dans le
Munster les centres de production du cristal de Waterford et de
la dentelle irlandaise, ainsi que pléthore de châteaux qui attirent
immanquablement les touristes. La reine Nuala de la Maison Eiluned
est venue s’installer en Hibernie après avoir perdu sa sœur bien-aimée
au cours de la guerre de l’Accord. Si elle dirige son royaume d’une
main lointaine, mais juste, elle a du mal à oublier la mort de sa sœur
aux mains des roturiers. Elle a créé le duché de Cashel pour son
amante, la duchesse unseelie Lenore de la Maison Leanhaun. Lorsque
la Maison Daireann est revenue dans le monde de l’Automne au
Chapitre un : Un monde de ténèbres 73
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
cours du Deuxième Avènement, Ard-Bantiarna Fiadnait ni Strachan,
la première dame de Daireann, a établi sa maison dans le comté de
Claire. C’est de là que ses partisans ont lancé leur campagne visant
à lui permettre de prétendre au titre de Ard-Ri d’Hibernie, un trône
demeuré vacant depuis l’Éclatement.
Le royaume de l’Ulster
Il occupe la partie nord-est de l’île et regroupe les six comtés qui
forment l’Irlande du Nord : Armagh, Derry, Antrim, Down, Tyrone
et Fermanagh, ainsi que les comtés de Donegal, de Monaghan et de
Cavan, qui faisaient à l’origine partie de la province. On y trouve
tout autant des zones densément industrialisées que des villages
pittoresques et des paysages à couper le souffle. Le royaume porte
toujours les stigmates des Troubles, les événements qui ont tant
compliqué la vie des changelins et des mortels dans le dernier tiers
du XXe siècle. Le roi Finn de la Maison Fiona, un temps considéré
comme la réincarnation du héros irlandais Finn MacCool, est devenu
unseelie en réaction à la politique complexe de l’Irlande du Nord.
La Calédonie (Écosse)
Appelée Écosse dans le monde mortel, la Calédonie compte trois
royaumes, Dalriada, Alba et Trois Collines. Pelotonnés autour des
Highlands, ils sont la demeure d’un certain nombre de clans féeriques
forts et souvent guerriers.
Le royaume de Dalriada
C’est le plus grand et le plus puissant des trois royaumes calédoniens.
Il couvre les terres qui s’étendent de la région d’Édimbourg à l’est
jusqu’à l’île de Lewis au nord, à l’exclusion des Highlands écossais.
74 Changelin : le Songe
Constitué des trois tuaths (duchés) d’Édimbourg, de Glasgow, et de
l’archipel des Hébrides et de l’île de Skye, son roi Ross ap Gwydion
a bien l’intention de régner sur toute la Calédonie. C’est d’ailleurs
dans ce but que lui et ses conseillers œuvrent.
Le tuath de Fer
Le duché regroupe Glasgow, Argyle et les régions industrielles
autour de la rivière Clyde. Le duc Leyden de la Maison Fiona en a
la charge, mais il a bien l’intention de réclamer la couronne et de
monter sur le trône. Depuis qu’il est devenu Grincheux, la colère
qu’il a ressentie face à sa séparation imminente d’avec le Songe l’a
fait basculer du côté unseelie.
Le tuath de la Rosée
Il s’étend de Falkirk jusqu’à l’estuaire du fleuve Forth et comprend
Édimbourg et les Moorfoot Hills. Dirigé par la duchesse Flora (Flora
Sinclair), une Boggan anoblie, le tuath essaie de rester à l’écart des
affaires politiques.
Le tuath des Ombres
L’île de Skye et les Hébrides intérieures et extérieures forment ce
tuath. Placé sous la responsabilité de la comtesse Bethag de la Maison
Scathach, l’un des seigneurs de guerre du roi Ross, il demeure fidèle
à ce dernier.
Le royaume d’Alba
Il comprend les comtés d’Aberdeenshire, de Central, de Fife et de
Grampian, soit toute la région des Lowlands, et compte les plus grandes
villes d’Écosse, à savoir Inverness, Perth, Dundee et Aberdeen. Le
roi Niall ap Dougal gouverne avec équité, mais s’est récemment pris
de passion pour les créations de ses ingénieurs nockers, inventeurs
de la boîte qui a remplacé ses cordes vocales détruites par le cancer.
Le tuath de Chronos
Il est tout entier inclus dans un tertre féerique préservé des ravages
de l’Éclatement. En général, les fées et les mortels n’entrent dans
cette source de Glamour que par hasard, ou à cause des machinations
de ses habitants.
Le royaume des
Trois Collines
Il ne compte aucune grande ville, mais il abrite presque toute la
beauté primitive associée à l’Écosse romantique. Gouverné par la
reine Glynis de la Maison Eiluned, il couvre les comtés de Dumfries
et Galloway, une partie du Strathclyde et du comté de Borders,
ainsi que le nord de l’Angleterre jusqu’au Mur d’Hadrien. Malgré
son apparente froideur et sa timidité, sa souveraine se montre
généreuse, tant à l’égard des roturiers que des Sidhes, ce qui lui
vaut leur loyauté à tous.
An Cridhe
(les Terres Sauvages)
Cette région non réclamée de la Calédonie, dont le nom signifie le
Cœur en gaélique écossais, regroupe les Highlands, les Trossachs et
les îles Shetland. Des changelins y habitent très certainement, mais
aucun d’entre eux ne reconnaît de suzerain ou n’a prêté allégeance à
la structure féodale de la société changelin depuis le retour des Sidhes.
Les Highlands
Un certain nombre de clans féeriques occupent cette région. Ces
communautés familiales étroitement liées ne reconnaissent aucune
autre autorité que la leur et celle des autres clans. Les lairds (NDT :
lords en gaélique) contrôlent les sentiers connus dans le Cridhe,
le « cœur » de la Calédonie, et empêche tous les Sidhes revenus
d’Arcadie d’y mettre un pied. Parmi les lieux les plus célèbres, citons
le mystérieux Loch Ness. Le Boggan Seamus et ses deux fils, Hugh
et Rory, sont à la tête du Clan Fureur, et figurent parmi les plus
fervents chefs de clan. Dans les Highlands occidentaux, Glen Coe
reste un lieu de rassemblement privilégié par la Cour des Ombres,
bien que même eux ne s’y attardent jamais trop longtemps.
Les Trossachs
C’est dans ce royaume, qui comprend certaines régions de la Calédonie
et de la Fife centrales, que se rencontrent les Highlands, les Lowlands
et la terre de Rob Roy. C’est aussi là que les royaumes d’Alba et de
Dalriadha empiètent sur les territoires des clans féeriques du nord.
Instable et pétrie d’anciennes passions, la terre semble attendre
quelque chose avec impatience.
Les archipels des Orcades
et des Shetlands
Ces îles, avec leur beauté sauvage balayée par les vents et leurs rudes
conditions de vie, profitent à présent de la manne financière apportée
par l’exploitation pétrolière offshore. Dominées par les Trolls, qui ne
répondent qu’à leurs thanes et leurs jarls, elles soutiennent le royaume
d’Alba en remerciement d’un bateau magique spécialement conçu
par l’un des artificiers du roi Niall pour Asa, leur chef incontestable.
Le royaume de Cymru
(Pays de Galles)
La splendeur remarquable des montagnes et des vallées de Cymru
est encore, par bien des côtés, virginale. Pourtant, le monde du
commerce et de la technologie continue de gagner inexorablement
du terrain, et de s’approprier des portions de terre pour sa vision
étriquée du progrès. Les six principautés de Clwyd, Gwynedd, Dyfed,
Gwent, Powys et Glamorgan, chacune divisée en cantrefi (provinces),
constituent le royaume. Les deux dernières ont hélas succombé aux
sirènes de la Banalité, le Powdys à cause de l’absence de changelin
et Glamorgan du fait de la nature de son dirigeant actuel. Les fées
de Cymru, qui se donnent le nom de « Tylwyth Teg », rêvent de
trouver quelqu’un d’assez fort pour rendre les principautés perdues
au monde de la féerie.
La principauté de Clwyd
La Terre des Deux Vallées occupe la majeure partie du nord-est du
Cymru et partage une frontière commune avec le royaume des Volutes,
en Albion. La comtesse Gwrly des Oiseaux, une Sidhe seelie de la
Maison Liam, règne sur Cantref Gwurly depuis son Domaine de
Caer Aderyn, la Forteresse des Oiseaux. Le prince Dylan de Dyfed
lui a confié cette responsabilité afin qu’elle ne se laisse pas consumer
par sa rancune envers son ancienne amie, Angharad ferch Mynydd (à
la suite d’un conflit qui remonte à l’époque où elles étaient encore
en Arcadie). Angharad règne quant à elle sur le plus petit Cantref
Brenig, dans l’ouest du Clwyd.
La principauté de Gwynedd
Célèbre pour ses paysages saisissants, la Terre des Montagnes et
des Prairies s’étend sur presque tout le nord-ouest de Cymru. Elle
compte le massif de Snowdonia aux sommets couverts de neige, les
monts Cambriens au sud, ainsi que de nombreuses cités balnéaires
populaires, comme Bangor et Conwy, et des villes plus petites à
l’intérieur des terres, comme Dolgellau et Llandudno nichées plus
loin dans les vallées. Le vieux Boggan Gwilyum Pugh est ce qui se
rapproche le plus d’un « prince » de Gwynedd, et c’est le dernier
représentant de la lignée des sénéchaux roturiers du dernier Haut
Roi de Cymru. Il s’accroche désespérément à la vie et à son Visage
féerique tandis qu’il attend un successeur. Hélas, sa fille et héritière
Susan est kinain, non kithain.
La principauté du Powys
À présent tombé aux mains de la Banalité, le Powys occupe le centre
du royaume et s’étend de Cardigan Bay à l’ouest, jusqu’au royaume
d’Albion à l’est. Le Chemin de Gwyddno, un Sentier qui aurait
autrefois relié tous les cantrefi de Cymru à l’Hibernie, est perdu on
ne sait où dans la province. Les villes y sont rares, mais la princi-
pauté abrite quelques sources minérales et des hôtels spectaculaires.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 75
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Elle possède aussi la densité de population la moins importante du
pays de Galles, et aucune fée n’y réside. Par le passé, un ghille dhu
du nom de Vaughn Davies veillait de loin sur le royaume, effrayé de
devoir interagir avec le monde extérieur. Il a depuis cédé à la Banalité
et aujourd’hui, personne ne lui connaît de successeur.
La principauté de Dyfed
La Terre des Mers et des Rivages occupe une péninsule entourée par
Cardigan Bay, le canal de Bristol et le canal de St-George. Le prince
Dylan ap Gwynedd en est le souverain, même s’il essaie d’éviter de
prendre des décisions. Il se croit maudit et pense qu’il conduira le
royaume de Cymru à la ruine s’il tente de régner sous le titre de
Haut Roi. Cette conviction a sapé la confiance qu’il avait dans ses
propres aptitudes de dirigeant. Dylan règne depuis Dinas Cleddau
et son manoir se dresse à quelques centaines de mètres de la mer.
Cette demeure a l’apparence d’un cottage blanchi à la chaux et son
intérieur associe la modernité d’un manoir de qualité à la passion
du prince pour la vie marine, comme il sied à sa profession mortelle
de biologiste marin.
La principauté de Glamorgan
La Terre du Sorbier Noir, la deuxième principauté perdue, occupe
le centre sud de Cymru. Autrefois l’un des lieux les plus immaculés
du royaume, on y trouve aujourd’hui nombre de villes d’importance
(selon les mortels), parmi lesquelles Cardiff, Newport, Caerphilly,
Pontypridd et Rhondda. Son souverain, Lloyd Morgenstern, est un
ancien héros nocker, jadis frappé par une malédiction qui l’a trans-
formé en Dauntain dans toutes ses vies suivantes. Il se consacre à
présent à l’élimination du Glamour sur son domaine.
La principauté de Gwent
La Marche s’étend au sud du Powys, au nord-est de Glamorgan
et partage, à l’instar de Clwyd et du Powys, une frontière avec le
royaume d’Albion. Le Gwent compte sur son territoire les villes de
Monmouth, Usk, Chepstow et Abergavenny. Connue pour ses riches
terres agricoles, la région abrite également des lieux historiques impor-
tants, parmi lesquels les fouilles romaines de Caerleon et l’abbaye de
Tintern, immortalisée par le poème de Wordsworth. Nestor Evans,
un Satyre Grincheux et ancien acteur, et son ami pooka Derwyn
ap Allyn, sont les changelins les plus influents du royaume. Tous les
deux sont sur le point de perdre à jamais leur Visage féerique et ils
se cherchent à présent des successeurs de valeur.
La Neustrie (France)
Forteresse de la domination des Sidhes en Europe, elle compte
quatre nobles pour un roturier ; la plupart d’entre eux préfèrent
le vieux système féodal et un gouvernement monarchique. À leurs
yeux, un roturier sans lien de vassalité avec un noble est un suspect,
et peut-être même un anarchiste. La reine Marguerite de la Maison
Gwydion et le prince consort Eugène de la Maison Beaumayn
règnent sur la Neustrie.
76 Changelin : le Songe
Le duché de Bayeux
Les provinces du nord de la France sont sous la responsabilité du
comte Hilaire de Lille, de la Maison Eiluned. Le pouvoir est ce
qui compte le plus à ses yeux et il tente depuis quelque temps de
s’attirer les bonnes grâces de sa reine. C’est dans ce but qu’il s’est
mis à courtiser certaines Sidhes de la Maison Beaumayn, l’une des
dernières arrivées dans le monde de l’Automne.
Le duché de Bourgogne
Le seigneur Guy de la Maison Gwydion est le souverain des provinces
orientales de la France qu’il dirige avec rigueur et un sens certain du
détail. Les roturiers qui ne se plient pas aux nombreuses subtilités
de l’étiquette jugées nécessaires par le duc se font sanctionner. Les
punitions qu’il inflige peuvent aller d’un simple don de dross à
l’exil pur et simple.
Le duché des Mers de Saphir
Son territoire s’étend sur tout le pourtour méditerranéen et les
régions de Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Languedoc-Roussillon.
À sa tête, dame Guenièvre de la Maison Fiona est une monar-
chiste convaincue, mais sa nature hédoniste la pousse à ignorer les
incartades des nombreux roturiers qui viennent à Cannes, Nice et
Monte-Carlo en quête de la chaleur estivale, de la beauté des plages
et du frisson du jeu.
L’Aquitaine
Le Haut-Seigneur Rathsmere a fait de son Domaine de la Lame en
Quête, dans le sud de la France, un centre d’entraînement pour les
chevaliers de la Maison Fiona venus des quatre coins du monde
changelin. Le fief n’est inféodé à aucun autre domaine dans le pays,
et il attire beaucoup de roturiers irrités par l’attitude de la noblesse
ailleurs. Son royaume couvre la province originelle française de
l’Aquitaine.
L’Ibérie (Espagne
et Portugal)
L’Aragon, la Castille, le León et la Navarre sont les quatre royaumes
qui constituent le domaine féerique d’Ibérie. S’ils se positionnent
souvent comme les alliés de leur voisin, la Neustrie, les Sidhes à sa
tête se montrent bien plus souples avec les roturiers, qu’ils accueillent
dans leurs Domaines, même s’ils n’ont prêté allégeance à personne. Ils
apprécient tout particulièrement les Boggans pour leur sens pratique
et leur approche pragmatique des enchantements, et les Eshus pour
leur aptitude à tisser des histoires complexes et merveilleuses à partir
de quelques détails épars. Dirigé par le roi Lorenzo de la Maison
Eiluned et la reine Elizabeta de la Maison Gwydion, le pays profite
pour l’instant d’une période de paix et de prospérité.
Le royaume de Navarre
Localisée le long de la chaîne des Pyrénées, la Navarre est depuis
longtemps une terre de discorde. Les Basques originaires de la région
ont conservé un fort sentiment d’indépendance, malgré l’occupation
française, puis espagnole, de la province. De la même manière, les
changelins qui y habitent sont tout aussi indépendants. Leur roi,
Balendin de la Maison Scathach, accueille les roturiers dans son
domaine, en particulier les Trolls dont la force pourrait un jour faire
la différence entre l’autonomie et la soumission à un souverain pour
lequel il n’aura qu’une fidélité de façade.
Le royaume d’Aragon
Situé dans la partie est du pays, l’Aragon se place sous l’autorité de
la reine Maria Teresa de la Maison Liam, et il jouit d’une certaine
indépendance grâce à son statut de « nationalité » espagnole. Nobles
et roturiers y mènent une vie agréable et peu contraignante, placée
sous le signe d’une philosophie de la « mañana » (le lendemain).
Le royaume de León
Le León, au nord-ouest de la péninsule ibérique, inclut aussi le
Portugal. Le roi Atilio de la Maison Eiluned gouverne avec décon-
traction et favorise le mélange entre monarchie et république, un
peu à l’image du système politique qui a cours en Concorde. Son
royaume bénéficie d’un climat méditerranéen, avec de forts contrastes
entre le nord, froid et aride en hiver, et le sud, plus doux, sur la
façade atlantique.
Le royaume de Castille
Coincée entre le León et l’Aragon, la Castille s’attribue, faute de
dirigeant déclaré, une grande partie méridionale du pays. La reine
Inès Torres de la Maison Dougal encourage les Nockers à venir
s’installer chez elle, où ils peuvent profiter d’un mécénat qui leur
permet de créer librement. La souveraine sait qu’un nouveau venu
ne tardera pas à contester la légitimité de son règne sur les terres
du sud de l’Espagne.
Le royaume des Fleurs
(les Pays-Bas)
Le roi Picolette de la Maison Gwydion règne sur un territoire qui
inclut tous les Pays-Bas. Les roturiers sont les bienvenus à la cour
tant que leurs intentions restent pacifiques.
Le duché des Tulipes
Il comprend la ville d’Amsterdam, son riche héritage et son atmos-
phère cosmopolite. Le duc Gwilliam de la Maison Liam règne sur
la Cour des Tulipes, le plus grand Domaine de la cité. Il se montre
particulièrement accueillant pour les roturiers, surtout lorsqu’ils
sont désabusés par les complexités de la politique de Concorde.
Le royaume des Fils
d’Or (Belgique et
Luxembourg)
Nobles et roturiers prennent part à égalité dans la prospérité de
leur royaume. D’ailleurs, on apprécie et on récompense à leur juste
valeur les talents particuliers de nombre de ces derniers. Cuisiniers
boggans, artisans et ingénieurs nockers ou encore dockers et gardes
trolls, tous jouissent d’un grand respect pour leur travail.
La Confédération
Galicienne (Europe
centrale et orientale)
Cet immense territoire s’étend sur la majeure partie de l’Europe et
sa population est constituée à 90 % de roturiers. Le contraste avec
la Neustrie est saisissant puisque les changelins de la Confédération
forment la majorité de ses dirigeants. Ses domaines sont le Protectorat
d’Elbe (nord-ouest), la Ligue de Bavière, l’Union de Saxe-Thuringe,
l’Alliance poméranienne (nord), le Conseil des Monts Blancs (Suisse)
et la Province de Venise. À sa tête, le Satyre Willie Ems dont le
Domaine se situe à Berne, en Suisse.
Le Protectorat d’Elbe
Il inclut la République tchèque, le centre de la Bohème, la Saxe, le
Brandebourg, le Mecklenbourg et Hambourg, suit le bassin fluvial
de l’Elbe et comprend des terres agricoles parmi les plus fertiles
d’Europe. Pour se déplacer, les changelins empruntent en majeure
partie les fleuves et le bateau plutôt que la voiture ou le train.
Dirigé par un conseil élu, l’endroit jouit d’une ouverture d’esprit
qui manque cruellement aux régions tenues par les nobles, et tous
les Sidhes qui visitent les lieux doivent se montrer irréprochables.
Ludwig Magnus, un Troll spécialisé dans le droit et l’économie, est le
chef du conseil. Son Domaine, Havre-Troll, se trouve en Allemagne,
dans la ville de Hambourg.
La Ligue de Bavière
Située dans la partie sud-est de l’Allemagne, célèbre pour ses forêts
majestueuses (en Bavière et en Bohème) et ses Alpes bavaroises, cette
terre magnifique offre beaucoup aux roturiers et se montre méfiante
envers les Sidhes qui la visitent. Gouvernée par un congrès dans lequel
tous les kiths roturiers sont représentés, la Ligue obéit à un Premier
ministre. À l’heure actuelle, il s’agit de la Satyre Lorelei Gutwald.
L’Union de Saxe-Thuringe
Surnommée le « Cœur vert » de l’Allemagne, la Thuringe est une
terre de montagnes et de splendides forets. À sa frontière, la Saxe
compte elle aussi nombre de contrées montagneuses. Les deux
régions se sont trouvé des intérêts communs tant dans les paysages
impressionnants que les technologies émergentes, et les Nockers
Chapitre un : Un monde de ténèbres 77
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 férus de puces électroniques y arrivent en masse. Même si les chan-
gelins de tous les kiths roturiers sont représentés ici, le poids des
Nockers est plus important que celui des autres. Le chef actuel du
gouvernement parlementaire se nomme Gustav Mach, un Nocker
Vaurien aux aspirations très modernes.

L’Alliance de Poméranie
Située sur la côte méridionale de la mer Baltique, cette organisa-
tion dirige la plus grande partie du nord de l’Allemagne, ainsi que
des états baltes de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. La
confédération entretient des liens peu contraignants. Elle accueille
Boggans, Nockers, Trolls et quelques Bonnets rouges, et a tenté de
bannir tous les Sidhes de son territoire sans y parvenir tout à fait.
Rares sont ceux qui s’y rendent de toute manière. Le Boggan Josef
le Méritant est actuellement à la tête de l’Alliance de Poméranie,
dont les représentants élus se réunissent une fois par mois dans son
Domaine de Gdansk.

Le Conseil des Monts Blancs

Ce territoire couvre les régions alpines de l’Autriche, la Suisse, la
France et l’Italie. Les changelins du monde entier viennent ici l’hiver
pour skier et c’est le seul moment de l’année où les nobles y sont
tolérés. Le Troll Benito Franci dirige présentement le conseil qui
compte des représentants de toutes les Alpes.

La province de Venise
Ce royaume s’étend sur la cité lacustre elle-même et ses environs.
Si les roturiers dirigent, les Sidhes sont les bienvenus en tant que
visiteurs, mais rarement acceptés en qualité de résidents. Son carnaval
annuel, son paysage pittoresque et la configuration particulière de la
ville (bâtie sur des îles et reliée par des ponts et des canaux plutôt que
des rues) attirent les touristes changelins et mortels des quatre coins
de la planète. Giulietta di Falco, une Nocker, est à la tête du conseil.

L’Île des Flocons

(Islande)
Les changelins d’Islande bénéficient d’un gouvernement repré-
sentatif, avec un monarque « officiel » qui remplit des obligations
sociales et cérémonielles très précises, et le Parlement des Neiges
composé de nobles et de roturiers. À l’heure actuelle, la reine
Freydis Gefndottir de la Maison Gwydion est sur le trône. Quant
au président du Parlement des Neiges, c’est un Boggan du nom de
Henning Henningson. L’Islande est une terre vivante tant sur le
plan volcanique que géologique, et son Glamour naturel inspire un
style de vie actif et créatif. Plusieurs Pookas chevalins viennent se
joindre aux troupeaux de poneys islandais hirsutes et robustes qui
parcourent librement l’île.

78 Changelin : le Songe
Le royaume de Dalarna L’empire du Caucase
(Norvège et Suède) (Turquie et bassin
de la mer Caspienne)
Ce territoire couvre toute la péninsule scandinave et possède des
paysages majestueux, depuis les fjords spectaculaires et les lacs
aux eaux cristallines de Norvège jusqu’aux forêts immenses et aux
élégantes montagnes de Suède. Le roi actuel, Nils Molander de la
Maison Aesin, gouverne depuis son Domaine, un château de glace
à la sortie de Lillehammer en Norvège. Ici, mais aussi dans l’île des
Flocons et dans le royaume du Jutland, les Seelies se donnent le
nom de lios alfar (fées de lumière), tandis que les Unseelies se font
appeler svart alfar (fées des ténèbres).
Le royaume du Jutland
(Danemark)
Il compte, en plus du Danemark, les îles Féroé et le Groenland. Le
gouvernement actuel, une monarchie, compte aussi un parlement
actif. Le roi du Jutland, Harald Knudsen de la Maison Aesin, accueille
de la même manière tous les changelins, qu’ils soient roturiers ou
nobles. La cheffe du parlement, une Pooka chevaline très spontanée
du nom de Sachi Jensen, passe ses journées en randonnée plutôt
qu’en commission.
L’empire des Hellènes
(Grèce)
Les changelins de Grèce ont tenté de recréer la gloire de l’ancien
empire grec et la nature épique de sa mythologie. Le Satyre Demetrios
Maragos, acteur et poète, revendique le titre d’empereur. Son
Domaine, le Jardin des Olives, héberge des fées du monde entier.
Il met en scène et joue régulièrement des pièces du répertoire
classique grec.
L’empire de l’Oiseau
de Feu (Russie,
Ukraine et Sibérie)
Avant la chute de l’Union soviétique, les contacts avec les change-
lins de ces contrées se résumaient à des rumeurs, et elles étaient
rarement bonnes. Depuis la disparition de l’U.R.S.S. et de ses états
satellites, les territoires se sont ouverts aux échanges avec l’Ouest.
Un groupe de la Maison Varich s’est récemment rendu dans le pays
de ses rêves, bien déterminé à réveiller les voix réduites au silence
des leshis, vodyanois, berenginys, banniks, kikimoras, domovois, dvorovois,
poleviks et autres esprits de la nature, et à restaurer le Glamour sur
une terre aride (du moins le voyaient-ils ainsi). L’empire de l’Oiseau
de Feu s’est établi à Moscou, où le tsar Ivan et la tsarine Ekaterina
règnent depuis le Songe Hivernal, un Domaine très semblable au
Kremlin. Rien ne dit pour l’instant qu’ils réussiront à faire partager
leur rêve à d’autres changelins.
Cette vaste région s’étend sur la Turquie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan,
l’Irak, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. Sous
leur forme mortelle, les changelins qui y habitent s’efforcent de se
conformer aux mœurs actuelles afin de ne pas attirer l’attention
sur eux. Leurs Domaines sont des lieux touristiques très fréquentés
par les Européens, parmi lesquels ils détonnent beaucoup moins.
Lorsqu’ils s’y réunissent, leurs manières d’interagir avec le Songe
sont familières à la plupart des fées. Le padishah (empereur) actuel,
Karim ibn Hassan ap Gwydion, a choisi de calquer son règne sur les
symboles romantiques des Mille et une nuits. Les courtisans portent
des tenues recherchées emblématiques de l’ancienne Turquie. Les
nobles commandent aux roturiers, même s’il leur est tout à fait pos-
sible de se distinguer suffisamment pour rejoindre les rangs de l’élite.
Le califat des Cèdres
(Méditerranée
orientale)
Il comprend les pays qui constituaient autrefois le Levant, ou « La
Contrée où le soleil se lève », à savoir le Liban, la Syrie, la Jordanie
et Israël. Beaucoup des changelins qui y sont installés sont arrivés
d’Europe, attirés par la douceur du climat et la beauté des paysages. Le
chaos politique de la région nourrit le Glamour de certains Kithains,
en particulier les Bonnets rouges et quelques Trolls. Cependant, la
plupart s’efforcent de conserver un style de vie gracieux agrémenté
par petites touches d’influences arabes et turques dans leur vêture
et leurs manières. Le calife actuel, le Pooka Mahbub ibn Iqbal (« Fils
bien-aimé de la Chance ») régale sa cour et ses invités de contes, et
l’on dit que seules les histoires de la légendaire Shéhérazade sont à
même de rivaliser avec les siennes. Les troubles fréquents dans cette
partie du monde ont poussé de nombreux changelins à rentrer en
Europe, mais les rares qui s’entêtent ont juré de protéger les rêves
des anciennes cultures de la région.
Le sultanat de Hedjaz
(Arabie saoudite)
Les changelins de la péninsule arabique associent le chic du désert
aux contes romantiques des tribus bédouines. La souveraine actuelle,
la sultane Talitha de la Maison Leanhaun, habite un Domaine appelé
l’Oasis des Songes rémanents, situé dans le désert à l’extérieur de la
capitale, Riyad. La plupart des kiths de roturiers et quelques maisons
nobles figurent parmi les Kithains de la région. Tous font preuve de la
plus grande discrétion quand ils interagissent avec le monde mortel.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 79
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Terres des Antiques
Contes (Afrique)
On sait peu de choses sur les changelins d’Afrique, à l’exception de
ceux qui habitent dans le royaume de Nubie. Oh, quelques rumeurs
sur d’étranges bêtes et de sombres rêves venus des jungles d’Afrique
existent bien. On raconte même des histoires encore plus étranges
sur les fées de « l’empire du Sphinx », qui semble correspondre pour
la plupart des changelins à l’Égypte et peut-être à l’Afrique du Nord
en général. Rares sont les fées à s’y être rendues pour confirmer quoi
que ce soit. Nombre d’Eshus prétendent connaître ces régions, mais
ils n’avanceront pas beaucoup de certitudes.
Les Kithains qui pourraient habiter dans ces lieux reculés ne se
sont pas encore manifestés aux yeux du monde extérieur. Certaines
histoires racontent la renaissance de l’antique cité du Grand Zimbabwe
et ses fabuleux palais d’or et de bois précieux, d’autres aiguillent
sur l’existence de nouveaux kiths. D’autres encore prétendent que
les Thallains ont des refuges dans certaines parties du continent.
Une rumeur, plus sinistre, prétend que les conflits qui conduiront à
l’Interminable Hiver commenceront sur les Terres des Antiques
Contes.
80 Changelin : le Songe
Le royaume de Nubie
(Soudan et Éthiopie)
Le roi Biniam Desta (Chanceux Fils de la Joie), un Eshu Vaurien,
règne sur les changelins du Soudan et d’Éthiopie. Depuis l’Éternelle
Histoire, son Domaine dans les faubourgs d’Addis-Abeba, il com-
mande à une troupe conséquente d’Eshus, de Satyres et de Pookas.
Si les contacts qu’ils entretiennent avec leurs cousins d’Europe et
d’Amérique se réduisent pour l’instant au minimum, la situation
risque de changer.
La Terre du Rêve
Errant (Australie et
Nouvelle-Zélande)
Les changelins d’Australie et de Nouvelle-Zélande partagent une
expérience commune avec leurs homologues de Concorde. Les
Kithains d’Europe ont colonisé une terre déjà occupée par les fées
qui en étaient originaires, les ont rapidement ignorées, puis ont
revendiqué la propriété du pays. Le retour des Sidhes a perturbé
l’équilibre du pouvoir des roturiers, et les nobles contrôlent à pré-
sent trois des quatre duchés majeurs de la région. Ils n’obéissent à
aucun pouvoir central.

Le duché des Montagnes
Bleues (Sydney)
Edward McLaren de la Maison Fiona règne sur les changelins de
la région depuis son Domaine de la Nouvelle-Albion, dont le nom
rappelle celui proposé à l’origine pour la ville. La prolifération des
kiths est un bon indice de sa population multiculturelle. Tous les
conflits, quels qu’ils soient, se règlent sur les différents terrains de
sport. La plupart des changelins de Nouvelle-Galle du Sud gravitent,
du moins pendant un temps, autour de Sydney.
Le duché du Cygne (Perth)
La capitale de l’Australie occidentale compte la population de chan-
gelins la plus importante, et la plupart d’entre eux sont des roturiers.
La duchesse actuelle Leona Villiard, une Boggan Grincheuse, passe
le plus clair de son temps dans son domaine, le Ponton du Cygne
noir, où elle élève cette espèce d’oiseaux originaire de la région. Ses
sujets apprécient son gouvernement peu intrusif et, dans l’ensemble,
causent peu de problèmes, à part quelques Sidhes tourmentés par
les gangs de Bonnets rouges du coin.
Le duché de la Rivière
sinueuse (Brisbane)
La capitale du Queensland justifie sa réputation de magnificence,
tant par son architecture gracieuse que grâce au fleuve Brisbane qui
serpente et se faufile à travers la ville. Dans son Domaine sur le mont
Coot-tha, le Songe des Cimes, le duc Lester Shaunnessy de la Maison
Daireann dirige un groupe de changelins à l’esprit indépendant.
Le duché d’Or (Melbourne)
Melbourne, capitale de la province de Victoria, tire son nom féerique
de la ruée vers l’or qui y a amené de nombreux colons au XIXe siècle.
Aujourd’hui, la duchesse Sabrina Northrup de la Maison Gwydion
gouverne avec pour seul objectif de conserver un niveau culturel
élevé dans une région connue pour son festival artistique et ses
activités culturelles. Quelques différences existent entre Shides et
roturiers, mais pour l’instant, aucun bouleversement majeur n’est
venu perturber les rêves victoriens.
La Terre du Serpent
Arc-en-ciel
(l’intérieur du pays)
L’intérieur du continent, appelé Outback, est le domaine des peuples
aborigènes originaires d’Australie, et il possède son propre lien avec
le Songe. La Terre du Serpent Arc-en-ciel garde ses secrets, et rares
sont les changelins occidentaux qui savent quoi que ce soit d’autre
que son nom à son sujet.
Aotearoa (Nouvelle-Zélande)
Sur Aotearoa, le nom maori du pays, les changelins d’Europe sont peu
nombreux et les fées originaires de l’île dominent. C’est d’ailleurs
l’un des seuls cas connus de suprématie native. La Nouvelle-Zélande
constitue la partie émergée du continent de Zélandia, et possède un
nombre conséquent d’animaux et de plantes endémiques uniques.
De même, ses changelins préfèrent rester à l’écart et conservent leurs
spécificités, mais ils attendent l’inévitable arrivée du monde extérieur.
La Contrée de l’Éternel
Hiver (Antarctique)
L’Antarctique ne compte aucune population humaine qui en soit
originaire, et ses seuls habitants se résument à des équipes de cher-
cheurs scientifiques et quelques rares explorateurs. Cependant, les
rumeurs à propos de Pookas pingouins et de Selkies continuent de
courir dans les communautés changelins, et elles constituent une
source inépuisable d’amusement pendant les festivals de conteurs.
Chapitre un : Un monde de ténèbres 81
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre Deux :
les Kithains
« Nous nous racontons tous des histoires. Toujours. Tout le temps. Cette
histoire fait de vous ce que vous êtes, et nous nous construisons sur son récit. »
— Patrick Rothfuss, Le Nom du vent
L es humains se définissent au-delà du simple
concept d’espèce. Ils s’identifient à des races et
des cultures précises, se séparent en générations
ou en idéologies, expriment leur individualité tout en
cherchant comment se lier à des gens qui leur ressemblent.
Leur apparence, leurs affections, leur lieu de vie, leurs
convictions, tels sont les fondations de leur identité. De
même, les changelins définissent qui et ce qu’ils sont de
nombreuses manières, et ces opinions viennent se gref-
fer à ce qu’ils étaient dans leur vie humaine. Beaucoup
continuent d’ailleurs d’entretenir les liens de leur Guise
mortelle, mais leur moitié féerique leur donne accès
à des traditions, des capacités et des communautés
supplémentaires.
Ce chapitre explore les différentes pierres qui
s’agencent pour construire un changelin. Ces facettes de
son identité (à savoir son Aspect, son kith et sa maison)
ne constituent pas les seuls éléments importants de sa
vie. Ils forment une ossature essentielle qui permettra
de comprendre l’individu et sa place dans le monde. La
description des Aspects, les nombreux kiths qui peuplent
le royaume des Kithains, et les maisons nobles auxquelles
les changelins peuvent prêter allégeance, vous fourniront
les informations dont vous aurez besoin pour créer et jouer
un personnage dynamique dans cet univers.
L’Aspect
Le corps d’un changelin vieillit au même rythme que
celui de ses compagnons mortels. Cependant, sa nature
féerique ne se laissera pas entraver par des choses comme
la linéarité du temps. C’est son état d’esprit qui dicte son
Aspect, c’est-à-dire la façon dont il perçoit ce qui l’entoure,
ainsi que son lien avec le Glamour et le Songe. Au cours
de son existence, un changelin traverse trois Aspects. Les
Gamins embrassent les merveilles et les infinies possibilités
du monde. Puis les Vauriens se frottent à lui avec une
imprudente désinvolture. Enfin, les Grincheux endossent
le rôle d’enseignants et de guides pour les jeunes fées.
Au fil des âges, les perspectives différentes provoqueront
des réactions uniques et significatives face aux Amorces
à la Banalité (cf. page 269). Les Gamins chercheront à les
éviter à tout prix, car ils considèrent qu’inviter des forces
aussi ordinaires est un affront à leur nature profonde. Les
Vauriens les font plus volontiers entrer, mais toujours au
compte-gouttes, sous la forme d’outils, d’armes ou de
défenses à utiliser en dernier recours. Pour les Grincheux,
la nature Automnale de ces actions Banales incarne une
sinistre inéluctabilité qu’il ne convient d’invoquer qu’en
cas d’absolue nécessité.
83
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Bien sûr, un changelin n’est pas prisonnier d’un schéma de pensée
une fois qu’il y est entré. Il ne doit pas non plus obligatoirement
passer du Gamin au Vaurien, puis au Grincheux. Une étincelle
soudaine d’inspiration ou un afflux de Glamour peut insuffler une
nouvelle jeunesse à une fée âgée, voire faire à nouveau briller ses
yeux d’admiration et d’émerveillement et le replonger en enfance.
De même, un Gamin qui se consacre tout entier à une tâche ou à un
rêve précis peut se couper de toutes les autres influences, se focaliser
sur son objectif en écartant d’autres expériences plus extravagantes,
et devenir brièvement Grincheux. Si cet ajustement d’attitude n’est
pas rare, il reste pourtant remarquable, en particulier si ce change-
ment déverse un peu plus de Glamour dans le monde. On considère
qu’une progression vers l’avant est dans l’ordre naturel des choses,
mais on célébrera le Gamin ou le Vaurien qui sera parvenu à revenir
en arrière, car ce vécu est rare.
Le Gamin
Vaillante et rare est l’âme capable de repousser les forces de la Banalité
aussi efficacement qu’un Gamin. Ces précieux changelins savent
encore s’étonner et s’émerveiller. Le monde qui les entoure est un
terrain de jeu rempli de magie, d’aventures et de mystères. Leurs
rêves fantastiques et leur imagination débridée attirent le Glamour
comme un aimant, et cette particularité pousse les autres membres
de leur communauté à les protéger farouchement.
En général, il s’agit du premier Aspect dans la vie du changelin
lorsqu’il émerge de sa Chrysalide. Le Gamin ouvre de grands yeux
devant le monde magique qui l’entoure, le Songe est tout proche de
lui, et le flot de Glamour qui le fait entrer dans son nouvel univers
garde la Banalité à bonne distance. Les contes de fées dont on leur a
parlé toute leur vie surgissent soudain dans la réalité, ils deviennent
les héros de leur propre histoire et découvrent parfois que les gens
autour d’eux en sont aussi les personnages. Un Gamin découvrira
que le professeur qui a encouragé ses talents artistiques, ou bien la
tante excentrique qui lui réservait toujours les récits les plus magiques,
sont eux aussi au courant de l’existence de son nouvel univers. Ils lui
prêtaient une oreille attentive ou lui tendaient une main secourable
pour le guider vers cette transition. Ces changelins plus âgés sont
inestimables pour les Gamins qui naissent, ils constituent les rares
forces dans le monde capables d’embrasser cette magie si évidente
et non de l’éradiquer en faveur de la logique et de la raison.
Dans un monde aussi ordinaire, on secoue la tête lorsqu’un Gamin
prétend avoir un minuscule dragon pour animal de compagnie ou
des amies fées qui lui chantent des berceuses tous les soirs. Quand il
grandit, son entourage écarte souvent ces affirmations et prétend avec
insistance que ces choses ne sont pas réelles. Les autorités les plus
ordinaires dans sa vie peuvent même commencer à le sanctionner
pour des idées aussi folles. Dans une atmosphère aussi Banale, la
plupart des changelins finissent par s’en aller. Ils fuient leurs maisons
ou leurs écoles et, s’ils ont de la chance, trouvent un Domaine qui
les accueillera. Cette confrontation précoce à la Banalité suffit à la
majorité d’entre eux pour refuser de grandir à tout jamais, de crainte
de perdre la magie qui imprègne leur vie.
Cependant, si un changelin refuse obstinément de mûrir, il
court d’autres risques. La naïveté qui le protège de la Banalité peut
aussi commencer à le séparer du monde mortel, et l’empêcher de
se sentir proche de sa famille et de ses amis mortels lorsque ceux-ci
abandonnent les oripeaux de l’enfance. Bien sûr, le changelin peut
considérer que « se ranger » ou « grandir » constitue autant de hérauts
84 Changelin : le Songe
de la Banalité, ce qui ne fera que renforcer sa détermination à lui
résister. De nos jours heureusement, l’adolescence se prolonge et l’on
repousse à plus tard le besoin de « grandir ». Dériver sans risque sur
la mer des ados attardés n’a jamais été aussi facile, et cette attitude ne
deviendra vraiment problématique que plus tard. Leurs points de vue
uniques leur permettent même de passer toute leur vie dans la peau
d’un Gamin. Pour les mortels, ce sont d’excentriques innovateurs,
capables de concevoir et de créer des choses dont personne n’avait
encore osé rêver, mais qui se montrent en général un peu… largués,
selon les critères du monde mortel.
Cette aversion désespérée quand il s’agit d’avancer n’est certai-
nement pas sans conséquence. Les Gamins sont les plus vulnérables
au Tumulte (cf. page 294). Passer trop de temps dans le Songe à
baigner dans le Glamour est aussi préjudiciable que de ne pas y
rester assez longtemps. Un changelin qui connaît ce sort laisse sa
part mortelle lui échapper complètement pour ne conserver que sa
moitié féerique. La marche inéluctable du temps les fera de toute
manière plier, et rares sont ceux qui souhaitent précipiter les choses
et sombrer dans l’Oubli.
Trouver un équilibre entre Banalité et Tumulte n’est pas le seul
problème auquel un Gamin devra se frotter. Du fait de sa nature
inconstante et de sa vision idyllique des choses, on risque de ne pas
prendre au sérieux un individu qui a quitté son enfance mortelle.
Il aura vécu d’innombrables vies et se souviendra au fil du temps
de ses expériences passées, mais on le considérera toujours comme
immature ou encore novice. Il aura probablement beaucoup de mal
à gagner le respect ou une certaine crédibilité. Nobles et roturiers
se heurtent à cet écueil. De même, les changelins revenus à cet état
d’esprit découvrent soudain que leurs idées semblent illogiques ou
creuses aux yeux de leurs pairs, et ce malgré leurs années d’expérience
et leur bon sens. Cette position est parfois tout à fait justifiée. La
vision des choses d’un Gamin pourrait faire surgir le désir subit de
créer quelque chose d’énorme et de merveilleux, sans considérer les
éventuelles conséquences. La tempérance est parfois bien là, mais
la pure excitation peut se montrer assez convaincante pour qu’on
écarte bien vite toute velléité de réflexion. Si ces impulsions ne se
révèlent en général pas très problématiques, il est facile d’oublier
qu’on ne fait pas tous de beaux rêves. Les cauchemars aussi prennent
vie. Après tout, chaque doudou protecteur est là pour combattre
quelque chose.
Cours : les Gamins sont peut-être les plus souples lorsqu’ils
souhaitent changer d’allégeance. Leur propension à ne pas réfléchir
aux conséquences de leurs actes rend la frontière entre le Seelie et
l’Unseelie floue. Elle est parfois aussi mince qu’une blague poussée
trop loin ou une création « inoffensive » lâchée dans un magasin de
porcelaine. Dans certaines circonstances toutefois, elle devient plus
évidente. Un Gamin seelie se délecte de la beauté du monde et les
merveilles qui l’entourent l’excitent aisément. Ces choses peuvent
distraire à tout âge, surtout lorsqu’on travaille dans un bureau lugubre
ou à des tâches extrêmement répétitives. Il dénichera autant de magie
qu’il le pourra, et ce même dans un environnement aussi peu favo-
rable. Il s’évertuera à rester positif et à aider les gens qui l’entourent.
D’un autre côté, les Gamins unseelies peuvent devenir de vrais
cauchemars. Ils se moquent bien des conséquences et des détails, et
ne réfléchissent guère au mal, intentionnel ou non, qu’ils font aux
autres au cours de leurs activités. Comme les fées attirent aisément le
Glamour à cet âge, celles-ci cherchent à en obtenir autant que possible.
Si elles ne sont pas d’un naturel mauvais, elles sont cependant plus
enclines à faire passer leurs intérêts personnels avant ceux des autres.
Humeurs : à la création du personnage, les Gamins bénéficient d’un
bonus de +1 sur leur trait de Glamour.
Amorces : un Gamin risque de subir l’influence de la Banalité lorsqu’il
refuse une idée nouvelle. L’enfance meurt quand, blasé, il perd le
goût du risque. Dans ces conditions, peu lui importe s’il ne parvient
pas à surmonter la Banalité. Mieux vaut essayer et échouer que de
ne rien tenter du tout.
Le Vaurien
Des petits sauvageons. Voilà ce que sont les Vauriens. Ils envahissent
l’espace entre les Gamins innocents aux grands yeux écarquillés et les
vues plus terre-à-terre des Grincheux. Ils sont par essence prisonniers
entre deux mondes ; le levier inexorable du Glamour et de la magie
est plus puissant que jamais, tandis que le pragmatisme que le monde
mortel propose fait profiter leur esprit d’un répit très tentant dans
le tourbillon de la société féerique. Si le Vaurien se laisse glisser trop
loin d’un côté ou de l’autre de cette ligne, une moitié de son âme
souffrira. Nombre de changelins empruntent un chemin hésitant
entre leurs deux mondes.
Créatures spirituelles et passionnées, elles épousent pleinement
toutes les voies qu’elles empruntent, et peu importe le temps passé à
les parcourir. Leur flamme brûle trop fort, trop vite et trop souvent.
Pourquoi trouve-t-on moins de Grincheux que de Vauriens ici-bas ? Eh
bien, parce que nombre de ces derniers préféreraient disparaître dans
un éclair de Glamour que de vivre jusqu’à oublier la simple existence
de la magie. À leurs yeux pourtant, la prochaine grande aventure se
cache toujours juste au coin de la rue. Une chose peut les captiver
un temps, mais une fois ses mystères dissipés, ils la laisseront tomber
sans vergogne pour une autre et ses questions encore sans réponse.
Dans leur ensemble, les changelins se sentent attirés par les
arts et les Vauriens se précipiteront souvent tête première dans la
musique, le cinéma ou la littérature, ou tout autre domaine créatif.
Les récentes avancées technologiques ont permis à certains de se
lancer sur des projets plus scientifiques et de découvrir de nouvelles
vérités sur l’univers. Moins dictés par l’inspiration et la fantaisie,
ces royaumes n’en restent pas moins magiques. Le merveilleux se
dissimule tout autant dans la découverte d’une nouvelle espèce que
dans l’exploration d’un biome inconnu, la beauté d’une chaîne
d’atomes ou celle d’une ligne de code. Les domaines de recherche plus
pratiques décrochent tout de même la première place, tout comme
les projets qui leur offrent la liberté d’imaginer sans contrainte et
d’aborder les problèmes sous des angles novateurs.
S’ils sont capables de devenir de véritables pointures dans les
matières qu’ils choisissent, on ne peut écarter complètement le risque
de tomber dans la routine. Le Songe est une maîtresse capricieuse,
et les Vauriens apprennent vite qu’il ne suffit pas de réutiliser les
vieilles recettes pour obtenir la même soupe. Répéter, c’est s’encroû-
ter et transformer le travail le plus merveilleux en activité banale et
ordinaire. Si un changelin se découvre un sujet qu’il affectionne plus
particulièrement, au-delà de la passion initiale, il s’y consacrera un
certain temps. En revanche, une fois qu’il se sera rendu compte qu’il
s’engage dans la voie du Grincheux, il se cherchera probablement une
nouvelle source d’inspiration et recommencera tout depuis le début.
Les Vauriens ont beau sauter du coq à l’âne afin de ne pas sombrer
dans la lassitude, ils n’en ont pas moins commencé à accepter un fait.
Vivre tout entier plongé dans le Glamour est impossible s’ils veulent
Chapitre deux : les kithains 85
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
s’adapter à la société mortelle. Même si leurs aspirations ne semblent
pas réalistes ou viables, ils savent parfaitement que la Banalité finit
toujours par trouver un chemin. Tendre vers des buts aussi fantai-
sistes est pour eux un moyen de la repousser encore un peu. Plus ils
y réussissent et plus leur sentiment d’invulnérabilité s’installe. Les
Vauriens ont pleinement accepté leur rôle de protagonistes dans leur
propre histoire, et seul un héros est inatteignable. Tant qu’on raconte
à qui veut l’entendre que David gagne toujours contre Goliath, peu
importe en vérité le nom qu’on lui donne et le décor dans lequel
se déroule la légende. C’est la raison pour laquelle ces changelins
se mettent dans des situations de plus en plus dangereuses. Ils sont
plus prompts que les autres à prendre des risques, à supposer qu’ils
ne subissent aucune conséquence fâcheuse. C’est bien l’idée que
rien ne pourra jamais les atteindre qui en fait de parfaits candidats
à une mort prématurée ou à l’Oubli. Mais sans blague, dompter une
manticore sans rien d’autre que son astuce, une chaise et un fouet
chimérique… Avouez que c’est quand même classe comme histoire !
Quand ils ne se lancent pas à la poursuite de rêves ou de chimères,
les Vauriens essaient d’influencer les affaires politiques des changelins.
Comme ils constituent le groupe le plus important de leur société,
ils se considèrent comme des chefs naturels. On attend rarement
des Gamins qu’ils en saisissent toutes les complexités, et quelqu’un
doit prendre les choses en main lorsque les Grincheux au pouvoir
s’en vont. Leur capacité d’attention est brève et pour eux, le plus
difficile quand on porte un titre de noblesse, c’est de remplir les
devoirs et les obligations inhérents à son statut. À trop s’empêtrer
dans des affaires sérieuses, à trop s’occuper du quotidien au lieu
de poursuivre leurs chimères, ils courent le risque de se retrouver
en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire dans la peau d’un
Grincheux. Ils se lancent néanmoins dans leurs responsabilités avec
autant de zèle et d’enthousiasme que dans tout le reste, persuadés
que leurs opinions sont les plus importantes et que leurs idées sont
les meilleures. Seelies ou unseelies, les Vauriens partagent ce même
état d’esprit et à cause de leur tempérament rebelle, ils se heurtent
parfois à la société féodale rigide qui constitue depuis si longtemps
la tradition des changelins. Qu’ils se battent pour protéger la classe
dirigeante ou miner son influence, tous n’ont qu’une envie : laisser
leur empreinte, d’une manière ou d’une autre.
Cours : en raison de leur goût pour l’aventure, les Vauriens font
tout autant des héros que des méchants, et ce quelle que soit leur
Cour. Toutefois, évoquer le sujet aussi crûment nuit grandement à
la réputation de nombreux kiths. Les changelins qui penchent plus
volontiers vers la Cour seelie suivent leurs passions sans se poser de
question, et peu importe si elles sont faites d’aventures, d’amants ou
d’idéaux. Rien ne se dresse assez longtemps en travers de leur chemin
pour les décourager. Tout au plus seront-ils distraits un moment.
Les Vauriens unseelies font de parfaits exemples quand on évoque
les « bonnes intentions » qui dérapent un tout petit peu. Les individus
les plus patients et malveillants sont une source intarissable de poisse
pour leurs cibles, et ils cherchent en permanence à défier presque
tout ce qui les entoure. Même lorsqu’on les prend sur le fait, ils ne
s’excusent que rarement de ce qu’ils ont fait et préfèrent se trouver
quelques douzaines de justifications à leurs actes.
Humeurs : à la création du personnage, les Vauriens bénéficient d’un
bonus de +1 sur leur trait de Glamour ou de Volonté (au choix
du joueur).
Amorces : un Vaurien attire la Banalité lorsqu’il écarte une occasion
de partir à l’aventure. Alors, que fait-on demain matin ? On se lance
dans une quête épique ? Dans une virée en voiture ? Ou bien on
86 Changelin : le Songe
va travailler ? La question ne se pose même pas. Cependant, ils ne
risquent rien à ignorer un ou deux rebondissements alors qu’ils sont
déjà plongés dans quelques péripéties. De même, tuer le double
chimérique d’un changelin ou une chimère ne provoque pas non
plus l’arrivée de la Banalité, tant que cette violence se déroule dans
le cadre d’une quête ou d’une aventure. Une campagne militaire
rentrera dans cette catégorie, mais ce ne sera probablement pas le
cas pour une vulgaire bagarre de rue.
Le Grincheux
Si un changelin abandonne l’éternelle fantaisie des rêves et se lasse
de courir après une maîtresse aussi volage que l’inspiration, alors il
s’est sans doute installé confortablement dans la vie et est devenu
un Grincheux. Dans leur ensemble, ces fées ont réalisé qu’un indi-
vidu raisonnable ne parviendrait jamais tout à fait à repousser la
Banalité, et ce même s’il s’y consacrait corps et âme. Une fois qu’ils
ont accepté cette réalité, ils se glissent sans peine dans les rôles de
dirigeant et de guide pour les autres. Ils savent que la jeunesse du
cœur fait vivre le Songe et qu’ils auront ainsi la chance de revenir
et de tout revivre encore une fois.
Avec toutes les connaissances qu’ils ont amassées, les Grincheux
se considèrent comme des sources de sagesse et d’expérience. Les
autres changelins les voient plutôt comme des monolithes obstinés et
immobiles, figés dans leurs traditions. C’est d’ailleurs cette opinion
qui leur a valu ce nom ; eux lui préfèrent le terme plus respectueux
de Grises barbes, mais les Gamins et les Vauriens avaient une autre
idée. « Adultes » de la société féerique, ils subissent l’influence du
monde mortel depuis si longtemps qu’il leur est difficile de s’en
extraire. Cela les aide à se concentrer sur des projets et à les mener
à bien, mais la plupart de leurs congénères ne voient dans leur allure
mesurée et leur pragmatisme qu’un malheureux compromis.
S’immerger dans les fondations de la société changelin est une
façon de trouver la beauté et le Glamour dans le monde, tout autant
que de s’assurer que celle-ci continue de fonctionner sans heurts. Plus
patients et rigoureux que leurs jeunes compagnons, les Grincheux
mènent leurs plans à bien et résolvent les problèmes que les Gamins
et les Vauriens négligent. On le comprend aisément, passer sa vie à
ramasser les morceaux oubliés par les autres et à nettoyer le désordre
provoqué par une soudaine bouffée d’inspiration, userait la patience
de n’importe qui. L’attitude que beaucoup d’entre eux développent
est précisément ce qui leur a valu leur surnom.
Le Glamour vient à eux plus difficilement, et la manière dont la
Banalité les enveloppe peut repousser leurs congénères. Les nouveaux
changelins sous la férule d’un Grincheux pourraient avoir du mal
à le vivre. Un tel mentor suit des règles et insiste sur la logique et les
conséquences, car ce sont elles qui forment le ciment de leur société.
Il sera sans doute capable de présenter les relations entre les maisons
féeriques sous un vernis poétique, mais aura plus de mal à trouver
un public. Hélas, un Gamin ne montre guère d’intérêt pour le côté
« normal » des choses. Quant aux Vauriens, ils sont persuadés d’en
savoir plus que ces vieilles barbes à côté de la plaque.
Les plus jeunes auront beau ne pas les prendre au sérieux, les
devoirs, les attributs et les relations des nobles, des maisons et des
cours fascinent les Grincheux. Leur lien avec le Glamour, et par
extension avec la plupart des choses chimériques, s’étiolant, l’arène
politique devient un lieu où ils peuvent à nouveau s’épanouir et
renouer avec le Songe. Ils ont eu plus de temps, non seulement pour
observer la cour, mais aussi pour développer un panel conséquent
de compétences sociales. Tous les Arts et le Glamour du monde ne
vous sont guère utiles si quelqu’un vous hait du fond du cœur. En
revanche, savoir qui courtiser et persuader sans avoir recours à la
magie, c’est faire preuve de virtuosité à part entière. Les Vauriens
jouent sans cesse des coudes pour entrer en lice et devenir ceux qui
deviendront sûrement le meilleur dirigeant passé, présent et futur
du Domaine. Un Grincheux sait quant à lui que le mot juste dans
la bonne (ou la mauvaise) oreille réalisera le rêve de quelqu’un ou
en fera une inaccessible étoile… jusqu’à ce qu’autre chose retienne
son attention.
Tout comme ses congénères, ce changelin peut se faire balayer et
ramener par une idée dans un style de vie plus actif. Une soudaine
imprégnation de Glamour le rappellera alors qu’il se trouvait aux
portes de l’Oubli. Si un projet ou une quête l’absorbe tout entier,
il peut tout à fait revenir à son Aspect de Vaurien. Une révélation
brutale bouleverse sa manière d’envisager le monde et tout à coup,
on voit ressurgir le Gamin émerveillé. Si un changement aussi radical
nécessite plus que de simplement briser une routine bien établie, il
constitue un très bon premier pas pour ramener le Glamour dans
la vie d’un Grincheux. Bien sûr, il peut tout d’abord résister à ces
changements qui viennent bouleverser son confort familier. La
Banalité a pour habitude de se créer seule et beaucoup de ces fées
l’ont regardée bien en face sans broncher. Certains glissent lentement
dans l’Oubli, d’autres tentent de s’accrocher aux vestiges du Glamour
qui les relient au monde magique. Les Domaines, en particulier
s’ils bénéficient de Brasiers plus impressionnants, constituent un
refuge pour les individus désespérément cramponnés à leur moitié
féerique. Cependant, s’isoler du monde mortel quand on en a fait
aussi longtemps partie peut s’avérer difficile.
Cours : moins actifs que les autres, les Grincheux peuvent se
montrer plus insidieux et être tout à la fois une plus grande source
d’inspiration. L’Unseelie sera passé maître dans l’art de tisser les
intrigues de cour. Le Seelie saura comment provoquer fantaisies
et caprices chez ses successeurs dans le monde des changelins. Il
fera généralement de son mieux pour apprendre et préserver les
traditions de la cour, et aider les autres à comprendre pourquoi elles
sont nécessaires. Certains se piquent de collectionner des œuvres
d’art et de fonder des galeries, ou encore de constituer d’immenses
bibliothèques consacrées à la littérature ou à la musique, tout cela afin
d’inspirer les autres. Les Unseelies se posent toujours en champions
du changement qu’ils souhaitent voir dans le monde, mais leurs
doigts tirent les fils du complot et savent rester invisibles. Agiter les
Vauriens juste ce qu’il faut pour donner la migraine aux responsables
reste l’un des passe-temps favoris de certains d’entre eux. D’autres
orchestreront des formes différentes de chaos et sèmeront la discorde,
puis s’installeront confortablement afin de profiter du spectacle.
Humeurs : à la création du personnage, les Grincheux bénéficient
d’un bonus de +1 sur leur trait de Volonté.
Amorces : un Grincheux attire la Banalité lorsqu’il ne parvient pas
à remplir les obligations de sa charge. Bien sûr, certains empruntent
des chemins détournés ou adoptent des méthodes peu orthodoxes
quand il faut s’y conformer, surtout parmi les Unseelies. Tous les
changelins, quelle que soit leur Cour, s’accordent cependant sur un
point. La maturité dont ils font preuve reste leur meilleure arme
pour supporter les déplaisantes réalités du monde de l’Automne.
Un Grincheux peut passer autant de temps que nécessaire avec des
gens ou dans des lieux porteurs d’une grande Banalité sans que cela
influence son score dans ce trait.
Les Kiths
Les fées sont nées des antiques rêves des mortels, et les rêves prennent
de nombreuses formes. Le kith d’un changelin définit son apparence
féerique et la façon dont il se lie au Songe. Le changelin est un indi-
vidu à part entière, mais il sera en quelque sorte toujours défini et
limité par son kith et ses particularités uniques. Celui-ci possède une
Affinité spéciale, des Héritages et une Fragilité qui lui sont propres,
ainsi qu’une histoire, une culture et des rôles traditionnels qu’il
remplit au sein de la société féerique au sens large. Les descriptions
suivantes vous offrent une vue d’ensemble de chaque kith. Elles
décrivent son histoire, l’apparence physique de ses membres, le
style de vie qu’ils affectionnent, et elles énumèrent leur Affinité,
leurs Héritages et leur Fragilité, ainsi que leur opinion sur les autres.
Chaque présentation s’articule autour de plusieurs sections.
Vous trouverez ci-dessous un résumé des informations qui y figurent.
Nom : le nom du kith.
Citation : une phrase prononcée par l’un de ses membres, et qui
représente la personnalité ou le comportement de sa famille.
Description générale : une brève histoire du kith, les rôles
dévolus à ses membres dans la société des changelins, ainsi que
leurs croyances et leurs opinions les plus répandues.
Apparence : une description physique du Visage féerique le plus
courant des changelins qui en font partie, y compris quelques
détails comme la stature, la couleur de peau et des cheveux, le
style vestimentaire préféré et tout autre trait distinctif notable.
Les fées de chaque kith diffèrent les unes des autres, mais cette
section donne des indications sur leur apparence typique.
Styles de vie : comment ses membres vivent au quotidien, y
compris le style d’habitation qu’ils affectionnent, leur caractère
nomade ou sédentaire et le genre de compagnie qu’ils recherchent.
Aspects (Gamin, Vaurien, Grincheux) : une présentation des
points de vue, des comportements et des actions habituels des
trois âges féeriques. Les individus peuvent bien sûr présenter un
visage et partager les traits d’un autre. Toutefois, vous y trouverez
des indications générales sur ce à quoi l’on peut s’attendre d’un
membre de ce kith en fonction de son Aspect.
Affinité : chaque kith possède une affinité pour un Royaume
particulier. Lorsque l’un de ses membres lance un charme
impliquant ce royaume, la difficulté du jet diminue de -1.
Délectation : les différentes façons dont le kith récolte le Glamour
en jouant sur sa nature.
Déchaînement : quand un changelin de ce kith canalise un tor-
rent de Glamour à travers un Art, les personnes qui l’entourent
en ressentent les effets sur leurs sens et leurs émotions. Cette
section décrit les visions, les odeurs, les sons ou les sentiments
habituels qu’un témoin du Déchaînement pourra expérimenter.
Héritages et Fragilité : tous les kiths ont des forces et des
faiblesses. Les Héritages sont des avantages que ses membres
possèdent, souvent liés à l’histoire, au rôle social ou à l’appa-
rence du kith. Les Fragilités sont les faiblesses, les défis ou les
difficultés contre lesquels ils doivent lutter consciemment s’ils
veulent les surmonter. Cette section inclut les mécaniques qui
régissent ces deux traits distinctifs.
Stéréotypes : la manière dont un membre ordinaire perçoit les
autres kiths. N’oubliez pas qu’il ne s’agit que de l’opinion d’un
seul changelin et que s’il peut la partager avec certains de ses
pairs, elle est de parti pris. Le point de vue d’un kith sur les
autres peut se révéler flatteur ou assez mesquin.
Chapitre deux : les kithains 87
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « J’ai nettoyé le Domaine, nourri la ménagerie et reprisé
la tunique préférée du duc. Encore quelques bricoles à gérer
et je devrais être prêt à partir en quête vers midi ! »

Les Boggans attachent la plus grande importance au travail acharné cette courtoisie. Ils n’hésitent pas à compiler les renseignements
et à l’hospitalité. Ils apprécient aussi grandement les petits plaisirs sensibles pour un éventuel chantage, et parfois à des fins encore
terrestres, comme un repas délicieux, un bon feu et un fau- plus inavouables.
teuil confortable où s’installer et lire. Leur réputation Apparence : les Boggans sont en général petits et gras-
industrieuse et leur intégrité ne sont plus à faire. souillets, pourvus d’un gros nez et en apparence très
On dit qu’un Boggan est aussi honnête que les pragmatiques. Ils arborent une épaisse tignasse en
cals sur ses mains. Et l’on dit aussi que ce sont bataille, des sourcils broussailleux et de petits yeux
de vraies commères. S’il vous prend l’envie de brillants. Leur peau habituellement bronzée fonce
connaître les derniers potins de la cour, allez donc et se ride avec l’âge. Malgré une
leur poser la question. En matière de ragots et certaine corpulence, ils ont
d’intrigues, leurs informations seront presque des allures de farfadet lors-
toujours de toute première fraîcheur. qu’ils se déplacent. Que ce
Les Boggans incarnent tous les rêves de charité, soit pour agiter un tournevis
de service et de vengeance desquels ils sont nés. Leurs ou bourrer une pipe, leurs
légendes sont tirées des premiers contes qui relataient grandes mains calleuses aux
les miracles accomplis par des anges terrestres en faveur des doigts agiles s’agitent en perma-
pauvres et des vertueux. Des histoires plus sombres évoquaient les nence. S’ils n’ont rien à brandir, les
prix exorbitants que des esprits malfaisants réclamaient en paiement Boggans sont incapables de rester
des services qu’ils rendaient. D’autres encore racontaient comment en place et cherchent ins-
les petites fées domestiques aidaient les familles dans leurs corvées tinctivement quelque
et s’occupaient des animaux de la ferme. chose à réparer.
En général, ces changelins se rangent dans l’une de ces deux Styles de vie : le
catégories : les adeptes du confort et de la sécurité au sein de confort est d’une
leurs propres demeures, et ceux qui s’intègrent humblement dans importance
d’autres maisonnées. Les premiers reçoivent souvent. Leur cellier capi­tale pour les
est plein, leur cave bien fournie et leurs chambres d’amis propres Boggans. Un cellier
et pimpantes. Ils ne se montrent pas très regardants quant à leurs bien garni, des meubles
invités, et quiconque a besoin d’un toit sera le bienvenu chez un confortables et une sélection
Boggan. La plupart des Kithain se considèrent chanceux de pouvoir de boissons favorites figurent
emménager avec cet hôte parfait et ce pensionnaire idéal. Bien sûr, parmi les choses essentielles
les membres de ce kith frapperont à votre porte seulement s’ils se chez eux. Ils sont célèbres
savent les bienvenus, et ils n’imagineraient même pas vivre là où pour leurs compétences
l’on ne souhaite pas leur compagnie. Ils se mettent donc en quatre culinaires et trouvent sou-
pour faire en sorte qu’on apprécie leur présence. Ils se chargeront vent un emploi de chef ou
des tâches ménagères et des travaux de réparation, et s’assureront de brasseur. De nos jours,
de traiter leur hôte comme un coq en pâte. D’ailleurs, bien que ils officient comme graphistes,
leur présence ne soit jamais gratuite, même les Boggans Unseelies paysagistes, couturiers, person-
se montrent des invités irréprochables. nel d’entretien, charpentiers et
Les Boggans ont érigé le commérage en art véritable. Ils pos- joailliers. En bref, un Boggan
sèdent un talent inné pour décrypter les relations entre individus et est le changelin de la situation
semblent toujours se trouver à « portée d’oreille » des informations quand il s’agit d’exercer un travail
juteuses. Les Boggans seelies n’utilisent guère celles qu’ils récoltent manuel.
avec malveillance, et prétendent qu’ils sont simplement curieux. Les Gamins : à cet âge, le Kithain fait
secrets qu’ils « entendent par hasard » ne sont que la récompense preuve d’une curiosité sans bornes
de leur travail acharné. Leurs frères unseelies n’ont quant à eux pas sur son environnement. Il

88 Changelin : le Songe
 adore rencontrer des gens, apprendre de nouvelles choses et explorer
des endroits inconnus. Il veut tout savoir sur tout et tout le monde.
Il part en exploration et s’émerveille du plus petit détail, il parlera à
n’importe qui pour peu qu’on s’assoie assez longtemps pour l’écouter
et supporter ses incessantes questions. Si les Boggans sont pour la
plupart de fameux pantouflards, leurs Gamins traînent souvent par
monts et par vaux et fourrent leur nez là où ils ne devraient pas.
Vauriens : tous les Boggans sont des perfectionnistes, mais leurs
Vauriens poussent le trait à l’extrême. Chaque tâche doit se fignoler
dans ses moindres détails et ils doivent en faire plus que les autres.
Leur Héritage facilite quelque peu ce dernier objectif. Cependant, si
deux de ces Boggans entrent en concurrence, ils auront sans doute
besoin d’un arbitre capable de les séparer lorsqu’ils en viendront
aux mains, car la situation peut les rendre féroces. Ces individus
pondérés risquent de se montrer violents si on les provoque au
beau milieu d’une compétition tendue.
Grincheux : les Boggans arrivés à cet âge ont tout vu et tout entendu,
mais ils conservent encore le désir d’en apprendre plus. En général,
ils perdent leur esprit de compétition et préfèrent s’installer quelque
part, souvent dans un Domaine ou un lieu dans lequel ils pensent
se rendre les plus utiles. Rassembler et compiler des informations
devient leur principale préoccupation, et ils possèdent fréquemment
des connaissances encyclopédiques sur les Kithains de leur région.
Dans leurs vastes bibliothèques, ils entreposent, organisés et réper-
toriés avec soin, les histoires et les journaux qu’ils ont accumulés
au cours de leur vie.
Affinité : l’Acteur.
Délectation : aider les gens dans des travaux fastidieux et détestables,
voilà bien la marque de fabrique des Boggans. Et c’est encore mieux
quand personne ne le sait. Nettoyer la maison, réparer un robinet
qui fuit, raccommoder des vêtements ou désherber le jardin…
N’importe quelle corvée fera l’affaire, mais elle doit demander au
moins un peu de temps et d’huile de coude (elle est évidemment
beaucoup moins chronophage pour un Boggan). Le changelin ne
peut accepter de rétribution ou de remerciements pour son aide,
et il vaut mieux que la personne à qui il donne un coup de main
ne soit même pas au courant de sa présence.
Déchaînement : les charmes lancés par les Boggans s’accompagnent
souvent d’odeurs plaisantes en rapport avec le foyer, la maison et les
champs, comme du pain qui cuit au four, un vin chaud, de l’herbe
fraîchement coupée, le tabac et le bois qui brûle dans la cheminée.
Héritages
Artisanat : pour un Boggan, rien ne vaut un travail honnête et bien
fait. Ils n’usurpent pas leur réputation d’artisans talentueux. Si on
ne les observe pas, ils sont capables d’accomplir n’importe quelle
tâche en relation avec un travail physique ou artisanal en trois fois
moins de temps que les autres. Des membres de leur kith peuvent
être présents, mais personne en dehors d’eux ne doit les observer.
Les Boggans ne peuvent jamais faire d’échec critique sur un jet
impliquant la compétence Artisanats.
Dynamique sociale : les Boggans sont de fins observateurs des interac-
tions entre individus, et leur nature intrinsèquement discrète leur
permet de voir ce qu’on ignorerait en temps normal. S’ils réussissent
un jet de Perception + Empathie ou Subterfuge (difficulté 5 pour
un petit dîner entre amis, jusqu’à 9 pour le Domaine d’un duc),
ils peuvent deviner la dynamique sociale d’un groupe. Cela leur
permettra de réduire la difficulté de jets de compétences sociales
ultérieures, ou de récolter des informations supplémentaires que
le joueur pourra trouver utiles.
Fragilité
L’Appel du nécessiteux : créatures foncièrement serviables, les Boggans
ne peuvent s’empêcher d’offrir leur assistance si elle est nécessaire. Si
quelqu’un a légitimement besoin d’aide, le joueur doit faire un jet
de Volonté (difficulté 8) pour que son personnage résiste à l’envie
de lui donner d’une manière ou d’une autre un coup de main.
Cette limitation ne s’applique pas à un ennemi juré.
Stéréotypes
Brandon Pesant-d’Or, chambellan Boggan, rumine…
Des Bonnets rouges : bestioles grossières et mal élevées,
oui-da ! Et leurs manières à tables sont abominables.
Et il leur arrive même de manger la vaisselle !
Des Clurichauns : des idiots chahuteurs, tous autant qu’ils
sont. Pourtant, ils peuvent se montrer assez amusants…
tant que vous les empêchez de casser la porcelaine.
Des Eshus : de merveilleux invités qui vous régalent des
plus délicieuses histoires, mais qui ne restent jamais
longtemps. Prêtez une oreille attentive à leurs contes
et vous apprendrez quelque chose.
Des Nockers : artisans accomplis, ils ont pourtant tendance
à trop se focaliser sur les détails. Leurs obsessions en
font d’ennuyeux interlocuteurs.
Des Piskies : ne laissez jamais l’un d’entre eux seul dans
une pièce si vous voulez y retrouver quelque chose
après leur départ.
Des Pookas : ils sont assez divertissants si vous les invitez
à une fête, mais ils ne restent jamais pour vous aider
à nettoyer.
Des Satyres : comptez soigneusement le nombre de verres
que vous leur offrez. Ils risquent de devenir assez…
euh… enthousiastes. Notez que ce n’est pas toujours
une mauvaise chose. Hum…
Des Selkies : rien ne peut les retenir. Aucun lieu sur terre,
aucune amitié, pas même l’amour. Le cœur d’un Selkie
appartient à la mer et il lui reviendra toujours.
Des Sidhes d’Arcadie : ils comprennent encore les vieilles
coutumes, mais ne comprennent pas toujours les nôtres.
Les choses ont changé et ils ont besoin d’apprendre à
s’adapter.
Des Sidhes de l’Automne : sans doute plus que quiconque,
ils apprécient nos services, et ils sont restés tout au long
de l’Interrègne. Je les respecte pour cela.
Des Sluaghs : si vous écoutez leurs murmures, vous en appren-
drez beaucoup. Nombreux sont ceux qui les exècrent,
mais ils sont toujours polis, quoiqu’un peu moisis.
Des Trolls : il semble qu’ils n’apprécient rien en dehors de
l’honneur et du devoir. Ils sont forts, certes, mais ce
ne sont pas de simples brutes. Il n’y a peut-être guère
que les Sidhes qui les surpassent quand il s’agit de saisir
toutes les subtilités de la cour.
Chapitre deux : les kithains 89
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 BONNETS ROUGES
« Quelle taille, ces bottes ? Allez, dis-le-moi. Ou alors je t’arrache le pied
au-dessus de la cheville et je trouve tout seul. »
Le Songe est plein de cauchemars, mais les Bonnets
rouges sont l’ogre que les enfants fées redoutent.
Ils tirent leur nom du couvre-chef rouge vif qu’ils
trempaient dans le sang de leurs ennemis,
mais ils ont depuis longtemps abandonné ces
pittoresques entrées en matière et
acceptent plutôt pleinement leur
héritage. Ils sont le kith né des
cauchemars eux-mêmes et les
fées les plus terrifiantes,
écœurantes et féroces
qui existent.
R e b el l e s e t
opiniâtres dans l’âme,
les Bonnets rouges se
m o n t re n t v i c i e u x
envers tous ceux qui
incarnent à leurs
yeu x l’autor ité
face à laquelle ils
doivent se dresser.
Ces changelins ne
sont heureux que lorsqu’ils
font reculer de terreur ou de
dégoût les mortels comme les
fées. Si un seul d’entre eux
peut se révéler dérangeant au
sein d’une cour, un groupe
deviendra un raz-de-marée
qu’aucun dirigeant avisé ne
pourra arrêter. Ils ne se sentent
compris que par leurs pairs et
se rassemblent au sein de ce
qu’ils appellent des Corbies.
Ces gangs portent un nom et
un symbole, et les Bonnets
rouges s’arrangent pour le
faire connaître partout
et instiller la peur chez
leurs adversaires. À
la nuit tombée,
quiconque croise
la route de ces
90 Changelin : le Songe
groupes terrifiants ferait bien de s’écarter, sauf s’il lui
prend l’envie de découvrir ce qu’on ressent à se
faire digérer.
Au vu de leur réputation et de leur nature,
c’est un miracle qu’ils aient pu garder leur place
dans la société changelin. Pourtant, malgré leur
brutalité, ils en font autant partie que n’importe
quel autre kith. Ces formidables guerriers se
dévouent corps et âme à la liberté et à l’indépen-
dance, et cette qualité en fait des alliés féroces face
à un ennemi commun. Les changelins capables de
passer outre découvrent que sous des dehors grotesques
bat le cœur d’un individu souvent incompris qui cherche
simplement une place parmi ses frères Kithains. Or il est difficile
d’aller au-delà des apparences. Nombre de Bonnets rouges acceptent
pleinement leur nature plus sombre en devenant le contrepoint
obscur des nobles guerriers de la Cour seelie.
Leur nature vicieuse et parvenue les écarte de la vie politique des
cours, mais ils sont célèbres pour semer la discorde et l’agitation sous
prétexte de se défendre, eux et leur kith. Seuls les Bonnets rouges
les plus patients œuvrent au sein du système et ils finissent souvent
par le déstabiliser de l’intérieur, juste par principe. Il faut les fées
les plus puissantes pour parvenir à contrôler l’un d’entre eux, et
ce n’est jamais pour très longtemps. Il finira toujours par briser ses
chaînes et ensuite, ce sera vraiment la pagaille.
Apparence : les Bonnets rouges sont tous très différents les uns des
autres, mais ils partagent la même peau grise et caoutchouteuse et
les mêmes dents jaunâtres et irrégulières. Ils sont souvent trapus,
larges d’épaules et pourvus de jambes puissantes. Qui pourrait
oublier cette bouche si caractéristique, aux gencives rouge sang
et aux crocs acérés, prête à déchiqueter la chair et à broyer les
os ? Ils s’habillent de vêtements grossiers et pratiques, et arborent
toujours une éclaboussure de ce terrifiant écarlate quelque part
sur leurs tenues.
Styles de vie : si c’est difficile et dangereux, c’est un bon boulot pour
le Bonnet rouge. Beaucoup d’entre eux travaillent dans les quartiers
les plus difficiles en ville et restent avec leurs Corbies pour semer la
terreur la plus totale à un endroit précis. Ils cherchent les emplois
qui leur permettent de balancer quelques châtaignes et de semer la
zizanie, comme videurs, agents de sécurité, membres de gang et gros
bras. Les Unseelies paient bien les briseurs de genou et même si ce
n’est pas un accord exclusif, nombre de Bonnets rouges survivent
en cassant des gueules pour eux.
Gamins : voilà les détestables petites terreurs, les jeunes misanthropes
qui disent chiche et dégoûtent les autres enfants en mangeant quelque
chose qu’ils ne devraient pas manger. À cet âge, un Bonnet rouge
apprend jusqu’où il peut pousser sa chance avant que les mortels et
les fées ne s’énervent. Il assimile également la leçon la plus impor-
tante : personne ne fait confiance à un membre du Fight Club, et
lui ne fait donc confiance à personne. Ces Gamins adorent s’en
prendre aux autres Kithains afin de les tester, et de voir jusqu’où ils
peuvent aller avant de les dégoûter ou de les terrifier complètement.
Vauriens : une fois la relative innocence du Gamin envolée, un
Bonnet rouge devient un cauchemar en puissance. Les Vauriens se
rassemblent afin de constituer leurs gangs et commencer à semer le
désordre. Ils passent directement des facéties sur la bonne conduite
et ses limites aux actes horribles, violents et répugnants. Ils mettront
à l’épreuve la place qu’ils se sont individuellement taillée dans la
société féerique. Ils se révolteront, attaqueront et détruiront à moins
qu’on ne parvienne à les contenir, les restreindre ou les vaincre.
Grincheux : les vétérans qui ont survécu assez longtemps pour atteindre
cet âge avancé sont des membres respectés de la communauté, ou
bien un cauchemar incarné. La tanière d’un vieux Bonnet rouge est
jonchée des restes de tout ce qu’il a pu daigner manger. Quiconque
cherche ses conseils ou son aide risque d’en repartir avec un membre,
ou la vie, en moins.
Affinité : la Nature.
Délectation : rien ne fait réagir plus vite un Bonnet rouge qu’une
saveur qu’il teste pour la première fois, ou encore la délicieuse
horreur qui se peint sur un visage effrayé, dégoûté ou surpris. Ils
se régalent de l’inconfort provoqué par le film d’horreur un peu
trop imagé, de la bagarre de bar qui a mal tourné ou de la chasse
brutale célébrée dans le sang et la chair délicieuse.
Déchaînement : les Déchaînements d’un Bonnet rouge qui se lâche
s’accompagnent de la puanteur de tout ce qu’il a mangé et qui
pourrit dans un bel ensemble au fond de son estomac, associé au
puissant goût métallique du sang qui souillait autrefois leur couvre-
chef écarlate. Toutes les personnes présentes ressentent soudain un
violent et irrépressible haut-le-cœur, ou bien cherchent un endroit
où se cacher et trembler.
Héritages
Vorace : les Bonnets rouges peuvent manger n’importe quoi. Leurs
horribles dents irrégulières sont aussi solides que le métal, et il
vaut mieux ne pas imaginer à quoi pourrait bien ressembler leur
système digestif. Ces croisements entre un requin et un broyeur à
déchets kithain sont capables d’avaler tout ce qu’ils peuvent mettre
dans leur bouche. Ils peuvent aussi déchiqueter les gros objets en
morceaux plus petits à ingérer. Ils doivent dépenser un point de
Glamour pour ne pas vomir les matériaux difficiles ou toxiques
(déchets, métaux aux bords tranchants, bois, etc.). Ils préfèrent la
viande humaine ou animale, mais une fois que la faim s’installe,
ils mangeront n’importe quoi. Ne mettez jamais quelque chose que
vous ne voudriez pas perdre devant la bouche d’un Bonnet rouge.
Si le changelin tente d’utiliser son Héritage pendant un combat,
son joueur doit dépenser un point de Glamour. Sa morsure inflige
des dégâts de base égaux à sa Force + 2 (difficulté 5). Il peut aussi
tenter de trancher un membre au cours d’une bagarre ; il lui faudra
accumuler cinq réussites (trois si la victime est déjà immobilisée)
sur un jet de Dextérité + Bagarre (difficulté 8) pour y parvenir. Si
elle porte, l’attaque inflige au minimum trois niveaux de santé, en
plus de tous les dégâts obtenus sur le jet de dés. Un casse-croûte
bien mérité que le Bonnet rouge s’octroie en plein combat.
Intimidation : ces changelins sont si terrifiants qu’ils peuvent inti-
mider n’importe qui, et n’importe quoi, qu’il s’agisse de mortels et
d’êtres surnaturels ordinaires, ou encore de créatures imaginaires
ou chimériques. La difficulté de tous leurs jets d’Intimidation
diminue de –2 et ils ne peuvent jamais faire d’échec critique sur
un jet impliquant cette compétence.
Fragilité
Mauvaises manières : en règle générale, personne n’apprécie les Bonnets
rouges. Que ce soit à cause de leurs habitudes alimentaires, de leurs
problèmes avec l’autorité, ou simplement pour leurs tendances
destructrices, ils sont souvent ostracisés et exclus par les nobles de
leurs Domaines. Si quelque chose tourne mal, ils deviennent les
premiers suspects. Cet a priori inflige un malus au moins égal à +2
sur tous leurs jets sociaux, à l’exception de l’Intimidation.
Stéréotypes
Myra Davis, Bonnet rouge barmaid et mangeuse de verre,
taille le bout de gras.
Des Boggans : tu veux faire rougir un Boggan ? Raconte-lui ce
que t’as mangé au déjeuner. Tu veux le voir s’évanouir ?
Dis-lui que ça bougeait encore quand tu l’as bouffé.
Des Clurichauns : ils lancent le bordel qu’on est obligé de
terminer.
Des Eshus : si t’as juste besoin de te déplacer et de botter
quelques culs en moins de vingt minutes. Ne les lance
juste pas sur leur noblesse ou une connerie du même
genre.
Des Nockers : gémit râle, gémit râle. Un de ces jours, je vais
me sentir genre visée.
Des Piskies : un quoi ? Désolée, tu veux que je prenne ça
au sérieux ?
Des Pookas : petit lapin bégueule sautille dans la forêt,
tombe dans une fosse à pieu et maintenant, tout le
monde gueule.
Des Satyres : Si tu veux boire un coup ou faire une virée en
ville, c’est ça qu’il te faut.
Des Selkies : miam, des fruits de mer.
Des Sidhes d’Arcadie : tu pourrais penser que c’est facile de
foutre la trouille à ces jolies choses, mais fais cette erreur
juste une fois et tu te retrouveras avec un morceau que
même toi, t’arriveras pas à mâcher.
Des Sidhes de l’Automne : ouais, ouais. Ils sont restés ici dans
la merde au lieu de se barrer à la maison, au pays des
fées. Et t’as fait quoi pour nous aujourd’hui, « messire » ?
Des Sluaghs : j’ai craché des trucs plus jolis qu’un Sluagh.
Des Trolls : cons comme un sac de cheveux, mais tout pour
l’honneur. Cerne-moi ça et regarde comment Rome se
casse la gueule.
Chapitre deux : les kithains 91
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Et on était là, moi avec un steak sur l’œil et dame Marisol avec une poche de glace sur la lèvre, et quant à la
meute de Bonnets rouges dans le fond de la pièce… Oh, je vous l’ai déjà raconté ? C’est pas grave, je vais la raconter
encore une fois pour les gens du fond parce qu’on apprend toujours un ou deux trucs avec cette histoire. »
La légende des leprechauns, ces petites fées vêtues de vert qui cachent
leur or au bout d’un arc-en-ciel, est née d’histoires déformées que
les mortels ont rapportées sur ces changelins. Certains kiths les
plaignent et les voient comme les victimes séculaires d’une déplorable
communication. D’autres soupçonnent que c’est exactement
ce que les Clurichauns voulaient, et considèrent cette
réputation comme l’immense farce qu’ils jouent à
tout le monde.
Originaires d’Irlande, ils ont voyagé avec les
immigrés de ce pays jusqu’aux États-Unis et se
sont installés dans des villes comme Boston et
New York. Quel que soit le lieu où ils résident,
tous les Clurichauns aiment écouter et jouer de
la musique. La plupart d’entre eux maîtrisent au
moins un instrument, et ils sont aussi
nombreux à partager cette célèbre voix
de ténor irlandais. Ils adorent raconter des
histoires, en vers comme en prose. Ces touche-
à-tout se glissent aussi bien dans la peau d’un barde,
d’un comédien ou d’un chroniqueur, et ils font preuve
d’un certain talent quand on aborde le fameux baratin
irlandais. Ce ne sont pas des menteurs, mais comme
ils adorent les longues histoires, ils embellissent
souvent les leurs de traits d’humour ou d’épisodes
palpitants. Leur don naturel pour déchiffrer un
public leur révèle les détails ou les changements
qui le divertiront le mieux, ce qui fait dire
qu’un Clurichaun ne raconte jamais
deux fois la même histoire.
Ils apprécient autant le conte
qu’une bonne bagarre. À leurs yeux,
rien ne vaut d’échanger quelques
châtaignes pour sceller rapidement une ami-
tié. Elles ont le mérite de purifier l’air, d’apaiser les
tensions, et de révéler les passions secrètes autant que
les traits de personnalité. Vous pouvez faire confiance
à un Clurichaun en la matière ; il saura exactement
quoi dire pour pousser le plus réservé des Sluaghs ou
le plus digne des Sidhes à allonger un coup de poing.
Et lorsque la poussière retombera, faites-lui aussi
confiance pour vous mettre une grande claque dans
le dos, vous offrir un coup à boire et balancer une
bonne vanne qui remontera le moral de ceux qu’il
vient juste de pousser à se colleter. Mais si d’aventure
un pugilat amical dégénère en vraie violence, il aura
le chic pour disparaître avant d’avoir à répondre du
moindre dégât matériel ou d’une dent qui aurait
malencontreusement sauté.
Plus que tout, et même plus que la musique,
les histoires et la bagarre, ces changelins
92 Changelin : le Songe
aiment leurs collections. Chacun d’entre eux possède au moins un
genre d’objet qu’il amasse et chérit par-dessus tout. C’est ce qui a donné
naissance à la légende du chaudron rempli d’or. Certains Clurichauns
affectionnent les vinyles, d’autres les statuettes de porcelaine. D’autres
encore ont des goûts plus dispendieux et recherchent toutes les
œuvres d’un artiste précis, ou bien des timbres ou des pièces
de monnaie rares. Ils se donneront beaucoup de mal,
et prendront même en personne de grands risques,
pour ajouter une autre pièce à leur collection. Ils se
souviennent aussi de tous les détails sur la manière
dont ils ont acquis chacun de leurs trésors, et
racontent volontiers ces souvenirs pour le simple
plaisir de revivre des aventures passées.
Apparence : même s’ils sont bien plus grands que
les minuscules leprechauns des légendes irlandaises,
les Clurichauns sont en général plus petits que la
moyenne et dépassent rarement le mètre soixante-cinq.
Trapus et râblés, leur solide constitution donne une bonne
indication sur leur force et leur résistance. Leurs oreilles délicatement
pointues se remarquent moins que celles des Sidhes. Quel que soit
leur teint de peau, ils possèdent une tignasse rousse ou brun-roux
et des yeux vifs et brillants en amande, en général bleus, verts ou
noisette. Les Clurichauns ont une démarche sautillante et un sou-
rire de conspirateur qui donne à leurs interlocuteurs l’impression
de partager une blague avec eux. Ils arborent souvent un œil au
beurre noir, des poings marqués et d’autres signes extérieurs de
bagarres amicales.
Les petits manteaux verts et les chaussures à boucle des leprechauns de
dessins animés ne font guère partie de leur garde-robe. Cependant,
ils préfèrent les camaïeux de vert, ainsi que le gris et le brun qui
leur permettent de se fondre dans les environnements naturels. Ils
portent des vêtements pratiques, fonctionnels et résistants, dans
lesquels ils se sentent à l’aise et qu’ils trouvent confortables ; ils
évitent les objets encombrants qui pourraient les ralentir. Ils inves-
tissent plus volontiers dans des tabliers et des bleus de travail, des
jeans et des chaussures solides, et trimbalent en général une petite
trousse de premiers secours, ou au moins quelques pansements et
un tube d’arnica.
Styles de vie : certains Clurichauns aiment la vie de nomade, ils voyagent
avec des musiciens ou des artisans pour aller de fêtes foraines en
festivals de musique. D’autres ont un faible pour les résidences
moins instables, tant qu’ils habitent à quelques rues d’un pub ou
d’un bar, de préférence où un groupe se produit. Que ce soit une
caravane ou une petite maison, la demeure d’un Clurichaun est
tout à la fois en pagaille et bien rangée. Ses collections deviennent
le point central de son espace vital, agencées de manière à ce qu’il
puisse les voir toutes en même temps et profiter de leur présence.
Il y tient tellement qu’il invite rarement des gens chez lui, et préfère
 recevoir dans des lieux plus fréquentés, où le tapage d’une fête ou
d’une bagarre n’esquintera aucun de ses petits trésors. Les gens
sur sa liste d’invités devraient se considérer comme chanceux, car
c’est un signe de sa profonde affection et de sa grande confiance.
Gamins : les Gamins de ce kith ont un immense sens de l’humour et
mordent la vie à pleines dents, puisque les contraintes sociales ne
les brident pas encore et que leur expérience ne les rend pas plus
timorés. Leurs blagues sont plus grossières, leurs histoires moins
nuancées et sans fioritures, et ils sont bien meilleurs pour lancer
une bagarre que pour calmer le jeu. Sous cet Aspect, les Clurichauns
se préoccupent moins de maîtriser un artisanat et plus de toucher
un petit peu à tout. Les Gamins s’essaient aux collections, mais
celles-ci n’ont pas encore pris la dimension obsessionnelle de celles
des Vauriens et des Grincheux.
Vauriens : chez eux, ce penchant naturel pour la musique laisse place à
un vrai talent, et ils ont à présent la patience d’affûter leurs capacités.
Beaucoup maîtrisent au moins un instrument, voire plusieurs, et les
histoires qu’ils racontent sont aussi plus fouillées. Les yeux vifs et
la personnalité charmante d’un Clurichaun attirent l’attention des
gens, qui se retrouvent vite pris dans ses contes spirituels, et souvent
salaces. Irrésistibles boute-en-train, les Vauriens ont tendance à faire
un petit peu trop la fête, et se battent beaucoup pour la simple joie
qu’une bonne bagarre leur procure. Ils ont commencé à rassembler
les trésors qu’ils vont accumuler tout au long de leur vie.
Grincheux : les changelins de cet âge apprécient le confort et la cama-
raderie. Un Clurichaun habile en société ne déclenchera pas une
bagarre s’il sait qu’elle ne se terminera pas en amitié plus forte et
dans un grand éclat de rire. Il est passé maître dans l’art de mettre
les gens à l’aise et peut raconter des histoires passionnantes pendant
des heures, ou chanter des chansons parfaites pour chaque occasion.
Dans sa maison encombrée, mais confortable s’alignent étagères
et boîtes où s’exposent ses précieuses collections. Il rechignera à
quitter ses trésors chéris, ne serait-ce qu’une minute.
Affinité : l’Acteur.
Délectation : en général, les Clurichauns récoltent leur Glamour
auprès de confrères collectionneurs. Ils savourent le sentiment de
réussite qu’un conservateur éprouve à rassembler une collection
de belles statues de verre, la satisfaction d’un bibliophile lorsqu’il
finit par trouver le livre rare qu’il cherche depuis si longtemps, ou la
joie d’un enfant quand il déballe la seule carte qui manquait à son
jeu à collectionner. Bien sûr, ils peuvent aussi glaner le Glamour
pendant une bonne bagarre.
Déchaînement : les charmes lancés par les Clurichauns laissent dans
leur sillage la douce odeur de l’herbe et le mordant du whisky. L’air
prend une vive teinte verte et il est arrivé que des trèfles poussent
spontanément dans les empreintes d’un de ces changelins. Les
personnes présentes peuvent ressentir une brusque euphorie, ou
bien la sensation d’avoir entendu une blague désopilante à peine
quelques instants auparavant. Elles se prennent parfois même à
rire sans savoir pourquoi.
Héritages
Clin d’œil : on le voit, et puis on ne le voit plus. Détournez un instant les
yeux et le Clurichaun se fondra dans le décor, complètement indétec-
table. À moins d’être attaché avec des liens de fer froid, il s’évanouira en
un battement de cil même si on le tient physiquement. Il réapparaîtra
dans la zone, mais hors de la vue d’un éventuel observateur ou de
son ravisseur. Si quelqu’un le touche, si on le ligote ou si on l’entrave
d’une manière ou d’une autre, il devra dépenser un point de Glamour
pour disparaître.
Provocations verbales : en quelques instants à peine, un Clurichaun
peut déchiffrer une personne ou un groupe et savoir exactement quoi
dire pour déclencher un combat. Pour lui, rien de mieux pour briser
la glace et se faire de vrais copains qu’un bon festival de mornifles. Il
est capable d’inciter n’importe qui à donner le premier coup de poing.
Sa cible y résistera si elle réussit un jet de Volonté (difficulté 8). Cet
Héritage peut servir à déclencher une bagarre entre le Kithain et elle,
ou entre celle-ci et une autre personne.
Fragilité
Collectionnite : pour les Clurichauns, collectionner n’est pas qu’un
simple passe-temps, c’est une obsession qui les ronge. Ils doivent
passer un certain temps au milieu de leurs objets pour satisfaire
cet Aspect de leur nature. Voilà une tâche aisée pour un changelin
avec une collection réduite et transportable, et bien moins facile
avec un ensemble d’objets plus important et encombrant. Passer
plus d’une semaine loin de sa collection amorce la Banalité chez
les Clurichauns.
Stéréotypes
Micah « Phalanges d’or » O’Maley, Clurichaun barman, partage son avis.
Des Boggans : ils apprécient beaucoup les beaux objets et la bonne compa-
gnie, mais ils se montrent parfois un peu coincés. Y’a rien de mal à se
lâcher un peu de temps en temps !
Des Bonnets rouges : j’ai encore jamais rencontré de Bonnet rouge qui
comprenne la différence entre petite bagarre amicale et baston à fond
la caisse. Quelle bande de petites brutes !
Des Eshus : les seuls conteurs qui nous surpassent, même si on peut pas
vraiment dire qu’ils soient fiables. Tu ferais bien de te faire raconter
leur histoire quand t’en auras l’occasion, parce qu’ils se seront barrés
dès le lendemain.
Des Nockers : donne un citron à bouffer à un blaireau, et ensuite lâche-le
dans une boîte à outils. Ça te donnera une bonne idée de ce que ces
bricolo-ronchonneurs sont capables de faire.
Des Piskies : toutes les histoires ont besoin d’une oreille qui les écoute et les
Piskies font des spectateurs d’enfer. Par contre, les laisse pas seul avec
tes précieux, tu risquerais d’être surpris quand tu feras l’inventaire.
Des Pookas : c’est sûr, tu t’ennuies jamais avec eux et ils ont un solide sens
de l’humour, mais leurs blagues ont tendance à bousculer un peu trop
ta zone de confort. Ils comprennent pas grand-chose au concept de
limites, que ce soit les leurs ou celles des autres.
Des Satyres : ne les sous-estime pas. Y’a aucun autre kith qui peut nous faire
la pige et nous rendre verre pour verre et coup pour coup, et ensuite
te réciter les élégies érotiques d’Ovide.
Des Selkies : gracieux, beaux, mystérieux et toujours juste hors de ta portée.
Des Sidhes d’Arcadie : des seigneurs et des dames de qualité, pleins de manières
prétentieuses et enroulés dans tout un tas de règles d’étiquette. Ils ont
une grande estime d’eux-mêmes, mais pas vraiment de raison pour ça.
Des Sidhes de l’Automne : ils sont restés à nos côtés et ils se sont battus.
Ça vaut quelque chose.
Des Sluaghs : difficile de les connaître, mais rien que pour leurs histoires,
ça vaut le coup. Un peu trop timides, ça leur jouera des tours.
Des Trolls : peut-être pas les plus marrants, mais aussi solides qu’un roc.
Gagne leur confiance et tu auras des amis pour la vie.
Chapitre deux : les kithains 93
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Ce que nous accomplissons aujourd’hui nous survivra longtemps, porté par les histoires
de nos enfants, et des enfants de nos enfants. D’ailleurs, comme le disait ma grand-mère… »

Les Eshus tirent leur nom de l’esprit farceur du peuple yoruba qui manifester l’après-midi et se retrouver deux villes plus
remplissait aussi les fonctions de messager. Ils ont d’abord jailli des loin pour le dîner, à raconter cette histoire à un autre
rêves des peuples nomades de Chaldée, puis se sont répandus public. Ce faisant, il contribue à sensibiliser les
sur tout le continent africain, et ont ensuite continué leur autres aux problèmes sociaux importants et
chemin vers la Mésopotamie et en Inde. Véritables à diffuser les techniques utilisées dans cette
vagabonds, ils ne peuvent résister à l’appel de la quête de justice.
route. Cette envie de voyager les a conduits à Apparence : les Eshus ont passé
travers le monde entier, où leurs capacités natu- des milliers d’années à
relles d’adaptation leur ont permis d’assimiler voyager, ce qui leur offre
des éléments des nombreuses cultures qu’ils n’importe quel héritage
rencontraient. Intelligents et intuitifs, les Eshus racial ou ethnique.
se souviennent de toutes les histoires qu’ils ont Toutefois, ils ont tissé
entendues. Ils en tissent une tapisserie de tradition leurs liens mortels les
orale complexe et les archives des mythes et des plus étroits avec les
légendes d’innombrables civilisations, présentes ou communautés noire,
depuis longtemps disparues. arabe, persane et indienne.
Curieux des autres cultures et de leurs traditions, les Eshus De haute taille, ils ont souvent la
gardent précieusement leurs secrets. Ils dissimulent leurs vies personnelles peau foncée et des membres déliés. Ils
et leurs rituels aux yeux de tous ceux qui ne font pas partie de leur kith. portent leur chevelure noire ou châtain
Les gens se sentent souvent proches de ces changelins alors que l’inverse foncé libre, tressée, en dreadlocks ou
n’est pas forcément vrai, et ils se montrent surpris de découvrir à quel arrangée en coiffures recherchées.
point ils connaissent mal ce mystérieux kith. De même, le Troll le plus Leur regard sombre révèle la sagesse
méfiant ou le Sluagh le plus taciturne réalisera a posteriori qu’il a par qui les habite. Les Eshus changent de
inadvertance révélé ses plus grands secrets à son compagnon Eshu. Et vêtements quand ils voyagent pour se
il découvrira ensuite que celui-ci en a tiré les contes qu’il partage au
fondre ou bien se démarquer dans leur
coin du feu.
environnement. Cependant, les tenues
Vagabonds nés, nomades jusqu’au trognon, ces changelins ne restent
bien entretenues qu’ils arborent sont
pas longtemps au même endroit. Leurs Grincheux peuvent limiter leurs
toujours choisies avec soin et dans un
déplacements à quelques lieux qu’ils affectionnent, mais ils continue-
ront de voyager malgré leur âge. Pour un Eshu, jeter l’ancre revient à style flatteur.
se perdre tout à fait. Les gens qui recherchent l’amour ou l’amitié de Styles de vie : ces vagabonds restent rare-
l’un d’eux doivent se préparer à se déraciner aussi, ou bien à profiter ment très longtemps au même endroit,
de sa brève présence tant qu’il restera là. Les parents eshus se chargent mais leurs méthodes de déplacement
souvent eux-mêmes de l’éducation (ou de la « dés-éducation ») de leur et leurs lieux de résidence varient d’un
progéniture, et peuvent ainsi continuer à voyager. À l’école, leurs enfants individu à l’autre et selon la voie qu’ils
aiment quant à eux approcher le petit nouveau et tout savoir de lui. sont en train de parcourir. Un Eshu
Cependant, ils se désintéresseront de lui dès qu’ils auront épuisé toutes voyagera pendant des semaines à bord
ses histoires et passeront à quelqu’un d’autre. d’un camping-car en compagnie d’un
Conteurs, chanteurs et artistes talentueux, les Eshus se sont bien groupe de musiciens et traversera tout le
adaptés à la vie de saltimbanque. Témoins privilégiés du déroulement Pacifique nord-ouest. Et puis il décidera
de l’histoire mortelle depuis des milliers d’années, nombre d’entre eux de continuer à pied, séjournera dans
aiment bien choisir un fil dans une histoire et remonter depuis le début des petits motels en descendant la côte
jusqu’à ses conséquences dans les événements actuels. Leurs Vauriens californienne, puis embarquera à bord
se retrouvent souvent entraînés dans des mouvements d’égalité sociale d’un bus pour Las Vegas et atterrira dans
et politique, mais ils ne restent pas toujours assez longtemps pour les le duplex d’un des meilleurs casinos
voir porter leurs fruits. Un Eshu peut faire des affiches le matin, aller de la ville. Seule constante, tous les

94 Changelin : le Songe
 Eshus succombent souvent à leur envie de voyager et ils collectent
et partagent des histoires où qu’ils aillent.
Gamins : ces changelins commencent tout juste à recueillir les innom-
brables récits qu’ils raconteront pendant toute leur vie. Ils font souvent
leurs premières armes chez eux, auprès des anciens ou des membres
importants de leur communauté. Pour les Gamins ou les Eshus éveillés
bien plus tard à leur nature féerique, la stabilité de leur famille ou de
leur communauté tempère le besoin de voyager partout. Ils ressentent
l’appel de la route, mais contrairement à beaucoup de Vauriens, ils
n’ont pas coupé tous les liens qui les retiennent à leur vie de mortel.
Le sentiment de toujours pouvoir « rentrer à la maison » après chaque
périple leur est précieux.
Vauriens : à cet âge, l’envie de voyager d’un Eshu atteint son paroxysme.
Il ne se satisfait plus d’écouter les histoires qu’on lui raconte, se lance
en quête de sources et d’aventures nouvelles et entreprend une vie de
périple. Les Vauriens ne restent guère longtemps au même endroit,
bien qu’ils consacrent la majeure partie de ce temps à établir le plus
de relations possible et à en apprendre autant qu’ils le peuvent sur les
gens et la culture du cru. Les Eshus de cet âge rejoignent des mouve-
ments tournés vers l’égalité sociale et il leur arrive même d’en créer.
Ils s’appuient alors sur leurs talents naturels de conteur afin d’écrire
des discours et des chansons contestataires, et ainsi inspirer d’autres
gens à rejoindre la cause.
Grincheux : les Eshus Grincheux se déplacent moins vite et plus posément,
mais ils ne le cessent jamais tout à fait. Ils donnent plus de valeur aux
liens qu’ils nouent et admettent qu’il faut du temps pour comprendre
l’histoire de quelqu’un. S’ils partagent la souplesse sociale de leurs frères
Vauriens, ils sont moins enclins à lancer un courant et plus disposés
à soutenir et à encourager ceux qui s’y impliquent déjà. En matière
de conte, personne ne peut rivaliser face à un Grincheux qui a vécu
une longue et riche existence. Les messages dans leurs chansons sont
capables de faire pleurer ou exulter le plus sec des cœurs.
Affinité : la Scène.
Délectation : un Eshu récolte son Glamour parmi les conteurs et les
artistes qu’il rencontre, et éprouve une joie intense à chaque nouvelle
fable ou chanson inédite qu’il entend. Les représentations publiques,
comme les flash mobs ou les manifestations mises en scène, sont un vrai
festin pour lui, surtout s’il a pris une part active dans leur préparation.
Déchaînement : les charmes lancés par un Eshu résonnent du carillon
des cloches et de l’écho des chants ou des psalmodies, ou bien laissent
dans l’air une très légère fragrance d’épice. Des Sentiers saupoudrés d’or
peuvent brièvement conduire le personnage jusqu’à la cible du charme,
représentant la place de celui-ci dans la grande tapisserie de l’histoire.
Héritages
Heureux hasard : les Eshus se débrouillent toujours pour se retrouver
au bon endroit et au bon moment. Le chemin qu’ils suivent pour
arriver à destination est tout aussi fortuit, et les pousse au gré des
aventures et des réunions importantes. À un carrefour, ils savent
toujours quelle direction emprunter. Leur boussole intérieure les
guide vers le lieu où l’on a besoin d’eux et ne s’immobilise que
lorsque le temps est venu. Un Eshu ne peut jamais se perdre dans
des circonstances normales. S’il s’égare du fait de la magie, le joueur
peut dépenser un point de Glamour pour réorienter le personnage
sur son chemin au sens propre (et souvent au sens figuré).
L’Art du conte : les histoires sont le cœur d’un Eshu et du fait de cette
particularité, il bénéficie d’un avantage lorsqu’il apprend un nouveau
conte fantastique ou accomplit des exploits légendaires. Le personnage
gagne un point d’expérience supplémentaire quand une aventure inclut
ce genre d’histoire ; ce sera par exemple le cas s’il faut trouver son chemin
à travers un labyrinthe tortueux et plein de dangers, ou bien soutirer
un secret à une comtesse méfiante. Un Eshu ne fait jamais d’échec
critique sur un jet d’Empathie ou de Représentation.
Fragilité
Témérité : les Eshus sont incapables de résister à un pari ou un défi,
surtout s’il a pour enjeu une nouvelle histoire à ajouter à leur
répertoire. La curiosité et la confiance qu’ils éprouvent dans leurs
capacités les poussent parfois à prendre des risques qu’un kith
moins aventureux ne prendrait pas. Refuser un pari, un défi ou
une aventure amorce la Banalité en eux.
Stéréotypes
Dé, conteur eshu en quête de héros, ce qui suit.
Des Boggans : ennuyeux et inflexibles, ils ne quitteraient jamais
leurs maisons s’ils le pouvaient, mais leur hospitalité vous
offre un répit nécessaire, même s’il est de courte durée.
Des Bonnets rouges : rien de nouveau à en tirer. La colère et
les insultes ne font jamais un très bon conte.
Des Clurichauns : une source permanente d’histoires, souvent
difficilement gagnées après un échange de coups de poing
amicaux !
Des Nockers : perdus dans leur bricolage, ils ne réalisent pas à
quel point le monde qui les entoure change.
Des Piskies : nos petits amis sont toujours les bienvenus dans
nos périples, mais tenez votre langue et gardez les objets
qui vous sont chers à l’œil si vous croisez leur route.
Des Pookas : ils ne prennent pas la vie trop au sérieux et beau-
coup des histoires que je connais commencent avec le clin
d’œil d’un Pooka.
Des Satyres : vous trouverez la joie dans leurs réjouissances,
mais prenez garde ! Même le plus sage des Eshus peut
brutalement dévier de sa route devant les charmes d’une
fête de Satyres.
Des Selkies : une vie passée à tenter de les comprendre serait
bien remplie, mais nous devrions commencer par être en
mesure de les suivre.
Des Sidhes d’Arcadie : ils se considèrent comme les rois et les
reines de ce monde, mais ils n’en ont jamais parcouru les
nombreux chemins. Comment pourraient-ils gouverner
ce qu’ils ne comprennent pas, et ce à quoi ils n’ont jamais
vraiment accordé d’importance ?
Des Sidhes de l’Automne : j’ai entendu dire que le vrai héros
est celui qui reste. Côté héroïsme, les Arcadiens auraient
quelque chose à apprendre de leurs frères Automnaux.
Des Sluaghs : si vous pouvez leur soutirer un secret, vous en
chérirez le moindre murmure.
Des Trolls : une pierre sur votre chemin peut vous faire trébucher
ou vous donner un meilleur point de vue. Gardez donc
le pied léger et ne leur donnez aucune raison de vous
considérer comme un ennemi.
Chapitre deux : les kithains 95
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Je sais, je sais… J’ai bossé sur ce foutu machin toute la semaine et ça fonctionne
toujours pas correctement. Peut-être que si t’arrêtais de me souffler dans le cou…
Non tiens, encore mieux ! Juste, dégage et fous-moi la paix, et ça va le faire. »

Les Nockers sont tout aussi réputés pour leur cynisme et leur caus- Apparence : s’ils ne sont pas aussi laids que les gobelins des légendes,
ticité que pour leur habileté d’artisan. Féroces individualistes, ils les Nockers n’en restent pas moins grotesques. Ils sont en général
dénigrent tout ce qui ne rivalise pas avec leur idéal de perfection pourvus d’une peau épaisse et rougeâtre et arborent des bras et des
artistique. Ils préfèrent créer et s’entourer de merveilles méca- jambes très longs. Leurs doigts osseux et effilés ont de grosses
niques, plutôt que d’échanger avec des gens « imparfaits ». articulations noueuses et se terminent par des griffes
Quand on les oblige à avoir un contact social, ils se noires acérées. Leur visage semble porter un masque
montrent hautement sarcastiques avec leurs inter- aux traits taillés à la serpe, ils ont un teint blafard
locuteurs, et cinglants quand il s’agit de critiquer et des pommettes et un nez rouges. Ils se peignent
les responsables. souvent des spirales ou des motifs autour ou sous
Les tremblements nerveux qu’on ne peut les yeux, ou bien sur les joues. Leur chevelure
réprimer au lancement d’un nouveau projet, la joie est en général d’un blanc immaculé, et de gros
débridée que l’on ressent au moment d’achever une sourcils broussailleux surmontent leurs petits
œuvre d’art, l’angoisse qui vous déchire sous le feu yeux de rat. Un Nocker sourit rarement, mais
de la critique… Toutes ces émotions sont inhérentes quand il le fait, il découvre une rangée de dents
aux Nockers. « Savoir » que leur travail n’est pas assez acérées et pointues. Dans leur atelier, ils préfèrent
bon et que personne ne les comprendra jamais, voilà les salopettes épaisses décorées de larges
bien un tourment que les artistes, les bâtisseurs, les artisans boucles et de gros boutons de cuivre.
et même les écrivains connaissent tous. Et malgré tout, jour
Il n’y a peut-être guère que les Sidhes
après jour, ils s’escriment à chercher une inaccessible perfection. Les
qui les surpassent quand on parle mode
antiques légendes évoquent des gobelins et des kobolds qui s’échinaient
et complexité vestimentaire, et ils aiment
inlassablement loin sous terre, creusant les mines, fondant le minerai,
les motifs en spirale et en tourbillon. Et
forgeant. D’autres parlent des créatures minuscules qui fabriquaient
des jouets pour les enfants gentils et sages. C’est de ces histoires que même à la cour, un Nocker préférerait
sont nés les Nockers. mourir plutôt que de ne pas avoir
Inventifs dans l’âme, ils sont en perpétuelle recherche des plus quelques-uns de ses outils
avant-gardistes et audacieux exploits d’ingénierie et d’artisanat. Un préférés sur lui.
Nocker plus jeune explorera un grand nombre de styles et de techniques Styles de vie : ces changelins
avant de se décider et de trouver sa voie. Il deviendra alors dans son trouvent souvent que les
domaine le génie excentrique que tout le monde connaît. Il arrive parfois autres sont de véritables
que d’autres Kithains se mettre en quête d’un tel maître dans l’espoir
d’apprendre sous sa férule, mais ils doivent faire preuve d’une volonté
de fer pour supporter les insultes et les critiques cuisantes du maestro.
Ces changelins ont mis au point un rituel d’insultes et de rebuffades
complexes en guise de salutations et de familiarités. C’est aussi naturel
entre eux qu’une poignée de main.
Les gens restent un mystère pour les Nockers. Ce sont des créa-
tures lunatiques, dotées d’une sensibilité qu’on heurte facilement et
qui, une fois cassées, ne peuvent se réparer comme un outil ou un
appareil. En vérité, l’âme de ces changelins est aussi poétique
que celle de n’importe quel Kithain. De vrais romantiques,
voilà ce qu’ils sont en réalité et c’est sans doute leur plus
grand secret. Ils se languissent tant d’échapper à leur vie
imparfaite et pleine d’obsessions. Ils aiment la musique, l’art,
et même l’amour courtois, ce qu’ils ne reconnaîtront bien
sûr jamais. Hélas, les Nockers ne peuvent s’empêcher de traiter
les relations amoureuses comme le reste ; ils les martèleront et les
bricoleront jusqu’à ce qu’elles se brisent.

96 Changelin : le Songe
 énigmes, dotées de sentiments complexes et fragiles que les sensibilités
des Nockers froissent aisément. Cela ne signifie pas qu’ils évitent les
gens, mais plutôt qu’ils les approchent comme des mystères à résoudre.
Cependant, ils préfèrent rester dans leurs demeures et leurs ateliers,
où ils peuvent s’adonner seuls à leur artisanat. Réparateur, carrossier,
ingénieur et programmateur font des métiers idéaux pour les Nockers.
Gamins : à cet âge, ils se montrent curieux de tous les mécanismes internes
et aimeraient plutôt démonter que remonter. Ce besoin de comprendre
comment les choses fonctionnent peut tourner à l’obsession. Si on ne
les surveille pas, le bricolage peut facilement leur causer des problèmes
s’ils se mettent en tête de démonter la voiture chimérique hydraulique
du duc. Comprendre les gens est aussi un passe-temps pour les Gamins ;
ils les testent un peu au hasard et tentent de déchiffrer leurs réactions.
Vauriens : innovateurs et créatifs bouillonnants, ils passent des heures
et des jours entiers dans leur atelier à affûter leurs compétences d’ar-
tisan, et s’y consacrent si exclusivement qu’ils en oublient de manger.
Technologie et conception à la pointe du progrès, voilà ce qui les
intéresse. Ils se lancent volontiers dans l’aventure si cela leur permet
d’imaginer le projet le plus innovant et fantastique, avec des échecs
souvent retentissants (et parfois drôles), mais aussi parfois avec des
réussites incroyables.
Grincheux : la perfection de leurs compétences, voilà ce qui compte
le plus pour eux. Ces maîtres-artisans possèdent des connaissances
encyclopédiques, et plutôt que de courir après les inventions les plus
novatrices et innovantes, ils éprouvent un profond désir de perfection,
laquelle demeure, à leur grand dam, un rêve insaisissable. Et cette réalité
les fait sombrer dans des abîmes de désespoir. Ils prennent souvent
des apprentis et transmettent le savoir qu’ils ont acquis, mais font de
leur vie un véritable enfer.
Affinité : L’Accessoire.
Délectation : un Nocker n’est jamais plus heureux que lorsqu’il bricole
et répare. Il doit passer un certain temps dans son atelier, à réparer un
appareil non chimérique qui ne lui appartient pas ou à en créer un
pour quelqu’un d’autre. Il peut aussi collaborer avec des ingénieurs ou
des inventeurs sur la conception d’un nouvel appareil.
Déchaînement : les charmes lancés par les Nockers laissent fréquemment
les traces des produits utilisés dans leurs travaux. Les taches de graisse,
l’odeur du soufre qui brûle ou des senteurs chimiques désagréables
sont courantes, tout comme les volutes de fumée nauséabonde. Un
martèlement se fait souvent entendre ; plus le charme est puissant
plus ce son est fort.
Héritages
Faut que ça fonctionne : les Nockers sont passés maîtres dans l’art de
bricoler des objets avec quelques pièces éparses, un peu de Glamour
et une appréciation de la « science » très cinématographique (et
honnêtement égoïste). Un changelin peut improviser toutes sortes
d’objets chimériques temporaires, mais utiles, à partir de matériaux
apparemment improbables. Par exemple, il pourra créer une arme
à feu grossière avec une ampoule, un pistolet à eau et une poignée
de clous. Réussir à bricoler ce genre d’objet requiert un jet d’Intel-
ligence + Artisanats (difficulté variable), et de dépenser entre un
et trois points de Glamour en fonction des matériaux disponibles
et de la complexité de l’objet.
Un Nocker doit pouvoir bénéficier d’une certaine intimité quand
il officie sur des objets chimériques. Les Kithains peuvent assister à
son travail tant qu’ils ne le dérangent pas, mais il est impossible de
travailler sur des matériaux chimériques en présence de mortels.
Bricoleur de génie : les Nockers sont capables de réparer n’importe quel
objet, qu’il soit ordinaire ou chimérique. Quelquefois, il suffit d’un
coup de pied et de deux ou trois insultes bien senties pour convaincre
une machine de redémarrer. Si le personnage veut réparer un appareil,
le joueur devra réussir un jet d’Intelligence + Artisanats, ou bien de
Manipulation + Intimidation (difficulté 5 pour un problème simple
dans une machine tout aussi simple, à 9 pour un problème difficile
dans un appareil complexe).
Fragilité
Le mieux est l’ennemi du bien : quand ils travaillent, les Nockers
cherchent à atteindre la perfection en chaque chose et pourtant,
ils n’y parviennent jamais. Lorsqu’ils créent quelque chose, peu
importe le nombre de réussites engrangées, l’objet comportera
toujours un défaut mineur, mais irréparable.
Quand un personnage utilise la création d’un Nocker dans une
situation tendue, le conteur peut lui demander de lancer un dé.
S’il fait « 1 », celle-ci ne sert à rien ou se brise d’une manière
particulièrement spectaculaire.
Stéréotypes
Gretchen Bon-Acier, mécanicienne moto, grommelle.
Des Boggans : ils bossent vite, donc ils sont soit bons, soit pas
chers. Tu peux pas avoir les trois.
Des Bonnets rouges : dangereux, ceux-là, mais parfois utiles,
surtout si tu veux te débarrasser d’une preu… euh, d’un
déchet indésirable. Faut juste pas les faire chier.
Des Clurichauns : alcoolos et outils électriques, ça fait jamais
bon ménage. Désolée, ça manquait de délicatesse ? Va crever.
Des Eshus : ils savent juste pas quand la fermer. Ils parlent, et
parlent, et parlent… Parfois, ils ont un truc important à
dire, mais tu dois trier toute la soupe inutile qu’ils t’ont
servie avant de trouver quelque chose d’utile.
Des Piskies : des gosses turbulents et dangereux. N’en laisse
jamais rentrer un dans ton atelier ou tu vas retrouver tes
meilleurs outils collés ensemble.
Des Pookas : boules de poil inutiles ! Ils perdent leur vie à faire
des tours et des blagues.
Des Satyres : allez, on fait la fête toute la nuit jusqu’au petit
matin, et rien à foutre si ce monde glisse dans l’Hiver.
Hédonistes chelous, tous autant qu’ils sont.
Des Selkies : tombe pas amoureux de l’un d’eux. Hum. C’est
moi ou c’est plein de poussière, ici ?
Des Sidhes d’Arcadie : ils se croient géniaux, mais contrairement
à nous, ils comprennent rien à ce monde et à ses rouages.
Des Sidhes de l’Automne : ils veulent diriger et franchement,
qui sommes-nous pour les contredire ? Ils paient bien et
je prendrai leurs commandes avec plaisir.
Des Sluaghs : une bande de trouducs trop bizarres, c’est moi qui
te le dis. Ils sont là à rôder, et c’est sûr qu’ils nous mijotent
un sale coup, je te le dis aussi.
Des Trolls : les plus costauds et les plus durs d’entre nous, mais
avec un petit cœur tout tendre parfois.
Chapitre deux : les kithains 97
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Oups ! C’est ton dé à coudre ? Je ne sais pas comment il s’est retrouvé dans ma poche.
Bien sûr, tu peux le récupérer… à moins que tu n’en aies pas besoin tout de suite. Je serais ravi de te le garder jusque-là. »
Agiles, vifs et aptes à se fondre dans n’importe quel groupe, les Piskies
sont réputés parmi leurs frères pour être amicaux et attentifs, mais
difficiles à cerner. Messagers du Songe, ils portent les plis, les paquets
et les secrets aussi bien entre les cours nobles qu’entre roturiers.
Ils offrent des services de transport et de livraison, et rem-
plissent parfois le rôle d’espion pour ceux à qui ils ont
juré fidélité. Les autres fées prétendent qu’une fois
qu’un Piskey a glissé quelque chose dans sa poche,
que ce soit un trésor ou un secret, personne en
dehors de lui ne peut plus l’en tirer.
Nomades et solitaires, ils préfèrent en général
la compagnie des mortels et des changelins de
leur kith. Ils sont capables de s’intégrer à toutes
les populations de voyageurs, que ce soit une
troupe de théâtre itinérante ou un groupe de
travailleurs saisonniers. Ils apprennent facilement
les nouvelles langues et aiment explorer des cultures
et des traditions qu’ils ne connaissent pas, mais dans
lesquelles ils se glissent vite et sans effort. Ils ne redoutent pas
de travailler dur pour gagner ce qu’ils mangent, car même le labeur
physique peut se révéler une expérience inédite et exaltante. Malgré
tout, rares sont les activités capables de retenir leur attention plus
d’un ou deux mois. Les Piskies sont toujours prêts à déménager
dans la ville suivante, à accepter le prochain boulot et à rencontrer
le nouveau visage.
Si la plupart des kiths partagent un fort sentiment d’appartenance,
les Piskies ne se sentent guère liés à une identité très longtemps. Ils
ont pourtant une apparence naturelle qu’ils reprennent lorsqu’ils
sont seuls, mais rares sont ceux qui ne l’ont jamais vue. En effet,
ils adoptent inconsciemment l’aspect avec lequel leur interlocuteur
sera le plus à l’aise et familier. Ils ont en commun plusieurs traits,
dont la gentillesse, la compassion et la volonté d’écouter n’importe
quelle histoire. Ils se montrent aussi remarquablement habiles à
repérer et subtiliser les objets de valeur, même ceux qui paraissent
tout à fait inoffensifs ou de pacotille. Une fois son butin glissé dans
sa poche, le Piskey s’en va et se fond dans la foule. Impossible alors
de le retrouver.
Ces changelins adorent les enfants et se priveront de tout pour
s’occuper d’eux. Ils se montrent plutôt protecteurs envers leurs
petits amis, et malheur à celui qui ferait du mal à l’un d’entre
eux. Ils voient toujours le meilleur côté des gens qui les entourent.
Toutefois, un Piskey unseelie se révélera rapidement très mesquin si
l’on trahit sa confiance. Leurs frères seelies se montreront quant à
eux plus prompts à pardonner les petites déceptions du quotidien,
et ils espéreront toujours que la prochaine aventure apportera son lot
de piment et d’occasions d’apprendre et de changer. Les individus
assez chanceux pour croiser la route d’un Piskey auront du mal à se
souvenir de son visage. Pourtant, ils se souviendront des étincelles
98 Changelin : le Songe
dans son regard, et du sentiment que quelque chose d’inédit et de
merveilleux les attendait juste au coin de la rue.
Apparence : leur absence de trait singulier est justement ce qui dis-
tingue le plus ces changelins. Leur visage ne se remarque jamais
dans la foule, car ils ont toujours l’air de faire partie du
groupe avec lequel ils voyagent. La couleur de leur peau,
leur visage et leur carrure changent au fil de leurs
déplacements. Certaines caractéristiques restent
familières et quelqu’un qui connaît un Piskey
peut en général l’identifier, ce
qui ne sera pas le cas pour
les individus qui ne l’ont
vu que quelques instants.
Cela fait d’eux des espions
ou des messagers parfaits pour
les colis sensibles.
Bien entendu, les Piskies ont une appa-
rence naturelle, mais on la voit rarement et
elle commence même à s’effacer au fil du temps.
Isolés, sans groupe à imiter, leur peau prend une
chaude teinte olive qui se ride et se burine avec le
temps, et leurs cheveux deviennent gris-pastel. Même
les plus jeunes arborent des marques au coin des
lèvres à force de sourire, et des rides soulignent leurs
grands yeux lumineux. Ces changelins ont de longues
oreilles pointues et une large carrure, et même s’ils ne
mesurent en général qu’entre 1,20 m et 1,50 m, ils sont
robustes et musclés. Les Grincheux qui ont passé toute
leur vie à voyager perdent parfois complètement les traits
distinctifs de leur visage, lequel devient tout plissé et ridé.
Styles de vie : les Piskies sont nés pour vagabonder et restent
rarement une fois leurs obligations de messager remplies
et leur insatiable curiosité satisfaite. Ils préfèrent la
compagnie de la route, mais ne se coupent jamais très
longtemps d’un groupe. S’ils ne souhaitent pas endosser
le rôle principal, ils font d’excellents amis en coulisses.
Contrairement aux Eshus, toujours en quête d’histoires
inédites et d’autres aventures, les Piskies trouvent leur
bonheur dans les nouvelles amitiés et les plaisirs simples.
Ils sont souvent seuls, mais rarement solitaires. À leurs
yeux, le temps passé sans compagnie n’est qu’une petite
pause entre deux amitiés. Ils ne jurent pas souvent fidélité,
et s’ils le font, ils deviennent une ressource très précieuse.
Arme secrète de l’arsenal d’un noble, ils sont capables de
franchir les lignes ennemies ou de traverser des groupes hostiles
sans être inquiétés.
Gamins : ce sont eux qui possèdent le plus grand sentiment d’identité
individuelle. Ils n’ont qu’une expérience limitée du monde et n’ont
 adopté un visage différent qu’à quelques rares occasions. Les Gamins
ont tendance à se montrer plus confiants, à nouer facilement des liens
et à ne pas les défaire à la légère. Un peu inconstants et pas toujours
très fiables, ils ne font pas des messagers très recherchés. Leurs doigts
de fée se montrent aussi moins avertis, les objets qu’ils chapardent
sont moins précieux et ils les dérobent souvent par pur intérêt.
Vauriens : si à cet âge, certains kiths deviennent cyniques et violents, la
plupart des Piskies gardent la gentillesse de leurs jeunes années. Ils
se découvrent aussi un nouveau désir d’abandonner leurs anciennes
identités et d’essayer autre chose. Telles les graines d’un pissenlit, ces
Vauriens s’envolent au gré du vent, quittent le lieu où ils sont nés
et se lancent à la recherche d’expériences inédites et de nouveaux
visages. Ils se font des amis partout où ils vont, en particulier parmi
les jeunes et les indigents, qu’ils acceptent sans les juger ou les
critiquer. Seuls les Unseelies se montrent un tantinet sarcastiques.
Toutefois, si cette pointe d’amertume rencontre l’affection ou
l’innocence, leur nature pleine d’entrain reprend ses droits. À la
cour, les Vauriens piskies servent de messagers aux changelins qui
souhaitent faire passer en secret des lettres ou des cadeaux. Ils ne
déroberont jamais un objet qu’ils ont accepté de convoyer, mais ils
ont eu le temps de développer leurs talents innés de voleur invétéré.
Grincheux : la plupart des gens ne l’admettront jamais et pourtant,
ils se sentent mal à l’aise avec les Piskies de cet âge. Une vie passée
à changer de visage aussi facilement que de vêtements leur donne
un anonymat déconcertant. Même les individus qui pensent bien
connaître l’un d’entre eux auront du mal à le décrire quand on
insiste pour qu’ils le fassent. Il s’intègre toujours, mais ne fait jamais
vraiment partie d’un tout. Ses amitiés deviennent secondaires et
fugaces. Les autres kiths peuvent trouver triste cet état de fait,
alors que les Piskies le voient comme une libération. Des légendes
racontent comment la forme mortelle de certains Grincheux a
totalement disparu, puis comment leur essence s’est dispersée avant
de se mêler à celle des gens autour d’eux.
Affinité : l’Acteur.
Délectation : ces changelins trouvent leur inspiration dans une immer-
sion complète au sein d’un groupe. Ils se régalent de l’euphorie
manifestée face à des sons nouveaux et des images inconnues, et
à leur totale acceptation parmi des étrangers. Lorsque ce groupe
ressent de la joie, il en va de même pour le Piskey. Quand la perte
et le chagrin frappent, il s’abreuve aussi à cette sensation inédite.
Assister aux naissances, aux décès et à d’autres rites de passage dans
leur bande du moment provoque en eux la plus intense Délectation.
Déchaînement : leur Déchaînement évolue et se transforme de la même
manière que les Piskies changent et se fondent en permanence dans
leur environnement. Si l’un d’entre eux voyage à travers le pays avec
un groupe de travailleurs immigrés, ses charmes dégageront une
bouffée de chaleur et la fragrance de la terre et des épices. Avec une
fête foraine jailliront une gerbe de confettis, l’odeur du maquillage
et des beignets, la musique étouffée d’un manège. Si quelqu’un a
la chance d’assister au Déchaînement d’un Piskey sous sa forme
naturelle, il ne pourra jamais décrire ce qu’il a éprouvé, entendu
ou perçu, mais il se sentira comme régénéré après cette expérience.
Héritages
Leste : le corps mince et agile des Piskies est conçu pour se glisser
hors des ennuis. Dès lors, il n’est guère surprenant qu’on les trouve
souvent dans des cirques itinérants ou des groupes avant-gardistes
d’artistes de rue. Les Piskies ajoutent un point à leur score de
Dextérité, même si cela porte l’attribut au-delà du score maximum
habituel de 5.
Couleur locale : peu importe où ils vont, les Piskies ont toujours l’air
d’être du coin. La couleur de leur peau, de leurs yeux et de leurs
cheveux, leurs traits et leurs vêtements semblent tous appartenir
au groupe avec lequel ils voyagent. Le joueur d’un changelin ou
d’une créature surnaturelle peut faire un jet de Perception + Acuité
(difficulté 8) pour percer à jour l’illusion.
Fragilité
Kleptomane : les Piskies ne sont pas tout à fait des voleurs, mais étran-
gement, les objets de grande valeur finissent toujours par atterrir
dans leurs poches. Quand l’un d’entre eux voit quelque chose qu’il
veut, il ne peut pas s’empêcher de le faire disparaître. Il n’a souvent
même pas conscience de sa décision. Si le personnage veut résister
à cette manie, son joueur doit réussir un jet de Volonté (difficulté
8). La subtilité n’est pas nécessairement de mise pour leurs larcins
et on peut tout à fait les prendre sur le fait, mais cette probabilité
s’éloigne grâce à leur Héritage Leste.
Stéréotypes
Tisket Claire-Plume, espionne piskey de Sa Majesté la reine Aeron
du royaume de Pacifica, confesse ce qui suit.
Des Boggans : je n’arrive pas à m’imaginer coincée comme ça. Au
même endroit et avec la même tête, pour toujours ? Saperlipopette !
Des Bonnets rouges : à éviter à tout prix ! Si la gentillesse a un jour
existé parmi eux, ils l’ont probablement mâchonnée et avalée
depuis belle lurette.
Des Clurichauns : oh, ils sont plutôt rigolos, mais un jour, j’ai tout à
fait accidentellement mis une boule à neige dans ma poche et pour
résumer, disons que mon nez ne sera plus jamais pareil.
Des Eshus : ils sont un peu comme des grands frères, en un petit peu
plus mystérieux. Nous faisons souvent la route ensemble, mais en
fin de compte, ils sont ce qu’ils sont et nous ne sommes jamais
vraiment aussi précis.
Des Nockers : mouais. Qui a mis l’épingle dans leur coussin ? Quoi
qu’il en soit, suis l’enfant qui découvre le travail d’un Nocker, car
c’est toujours une nouvelle expérience.
Des Pookas : merveille enfantine ? Pour sûr. Jusqu’à ce que la blague
commence.
Des Satyres : lorsqu’ils sortent une flûte ou s’éclaircissent la gorge,
rapproche-toi, car ce que tu entendras te fera vivre une expérience
vraiment unique. Assure-toi cependant de t’esquiver avant que la fête
ne se déchaîne trop. Les Satyres ne savent jamais quand s’arrêter !
Des Selkies : que ne donnerais-je pour passer quelques semaines parmi
eux ! Hélas, j’ai beau essayer encore et encore, il semble que je n’arri-
verai jamais à me faire passer pour l’un de nos si adorables cousins.
Des Sidhes d’Arcadie : beaux, mais tristes, ligotés à leurs duchés, leurs
baronnies et leurs identités. Ignorent-ils qu’un vaste et grand monde
s’étend au-delà des murailles de leurs châteaux et n’attend qu’eux ?
Des Sidhes de l’Automne : nous devrions tous tellement nous consa-
crer à rejoindre les rangs d’un peuple comme le leur.
Des Sluaghs : pauvres chéris, ils font une telle tête d’enterrement.
Ce ne sont pas les amis les plus chaleureux, mais un jour, je pense
que tu leur seras reconnaissant.
Des Trolls : j’ai emprunté bien des routes et pourtant, leur amitié et
leur loyauté n’ont point d’égal. Mérite la dévotion d’un Troll et tu
seras toi-même une âme méritante.
Chapitre deux : les kithains 99
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 p o o ka s
« Qu’est-ce que la vérité, sinon une chose sur laquelle nous nous accordons tous ?
Dans ce cas, si nous nous accordons sur un mensonge, ne devient-il pas la vérité ? »
Bouffon, vaurien, imbécile, sale gosse agaçant, paresseux et même
philosophe. Tous ces termes ont un jour servi à décrire les Pookas.
Ils figurent aussi parfois parmi les plus charmants et
sympathiques Kithains, et de manière assez
ironique, les plus fiables. Ils ont le
cœur sur la main et avec eux, pas de
surprise. Ils adorent les blagues et
le jeu, détestent le labeur et la
méchanceté. Les bouffons
du roi jouent leur rôle,
se moquent des
figures de l’auto-
rité et abattent
les murs et les
façades que nous
dressons tous pour
nous séparer les uns des
autres. Chaque Pooka entretient
un lien étroit avec un animal par-
ticulier et cette familiarité s’exprime
autant sur le plan physique que dans
la personnalité du changelin.
Les premières légendes racontent
que le Pooka était un esprit fantaisiste
qui aimait bien jouer de petites farces
et taquiner les mortels. Plus tard, le
dogme chrétien en a fait un serviteur
du diable, irresponsable, paresseux,
menteur et tricheur, qui conduisait
parfois les gens peu observateurs et
lents d’esprit à la mort. Les humains
ont toujours rêvé d’une vie meilleure
et plus insouciante. Ils enviaient les
animaux qui pouvaient à leurs yeux
passer leur vie à s’amuser, dormir au
soleil, brouter quand ils en avaient
envie, caracoler et folâtrer dans les
champs et les arbres sans se préoc-
cuper le moins du monde du reste.
Les Pookas font de leur mieux
pour apporter l’émerveillement et la
joie dans le cœur des mortels autant
que des changelins. Ils s’ingénient à
chasser la tristesse quand ils la croisent,
généralement avec des plaisanteries et
100
quelques espiègleries. En surface, la vie de ces Kithains semble n’être
qu’un méli-mélo de joyeux chaos et pourtant, la vérité est souvent
très différente. Malgré leurs frasques, leur vision du monde est
plus lucide que celle des autres, et il leur arrive d’éprouver
une profonde mélancolie qu’ils ont du mal à dissiper.
Les Pookas redoutent la Banalité et l’ordinaire
encore plus que les autres changelins. Ils sont
extrêmement conscients de la douleur et de la
souffrance qui les entourent, et ne souhaitent
rien d’autre que la chasser. Leurs farces et leurs
excentricités constituent leur manière d’y faire
face ; pour eux, une blague de mauvais goût
n’existe pas, un tour n’est jamais trop grossier
tant que cela fait rire. Où qu’ils aillent, ils sèment
hilarité et confusion.
La vérité est une curieuse notion pour un Pooka. Ils
pimenteront probablement leur discours de mensonges, de
demi-vérités et de fausses informations. Les Kithains connaissent bien
cette incapacité à dire la vérité. Elle constitue leur arme principale
dans le combat qui les oppose à la Banalité. Après tout, cette vérité
n’est souvent pas très palpitante, pas très amusante, et par voie de
conséquence, les Pookas mentent. Ils ne veulent pas nuire à qui que
ce soit, ils ne peuvent simplement pas s’en empêcher. Chaque parole
qu’ils prononcent n’est pas toujours et tout à fait un mensonge,
ils dissimulent bien souvent des vérités plus profondes sous leurs
supercheries. La plupart d’entre eux utilisent des méthodes diffé-
rentes pour raconter leurs bobards. Ils les mélangent et les rendent
plus difficiles à démêler pour qui n’est pas Pooka. Ces changelins
peuvent exprimer des contraires, ou bien exagérer, ou encore mêler
des mensonges énormes à tout ce qu’ils racontent.
Apparence : presque tous les Pookas partagent des traits physiques
avec leur animal fétiche, comme une queue, des oreilles, un bec,
des moustaches ou des plumes. Beaucoup d’entre eux ont un fin
pelage ou un léger plumage sur les mains, le visage ou le corps. Ce
kith n’a que faire des conventions sociales, sauf peut-être quand il
s’agit de les briser. Le style est presque toujours… disons, unique
à un individu. Ils sont tout à fait capables d’arriver à la cour en
pyjama comme en pourpoint. Et même leur tenue officielle est
souvent exagérée, criarde et ostentatoire.
Styles de vie : les Pookas mènent une vie de liberté et de choix, et la
plupart d’entre eux se débrouillent pour vivoter et faire ce qu’ils
aiment le plus. Ce sont souvent des artistes, comme des acteurs,
des artistes de rue, des prestidigitateurs, des jongleurs avec et sans
feu, et ainsi de suite. Ils préfèrent vivre dans des quartiers animés
et bohèmes, là où personne ne condamnera leurs excentricités,
 comme les communautés d’artistes et les lieux « qui montent ».
Certains Pookas pervers aiment les endroits collet monté et même
banals, où leur présence rompt la norme sociale et provoque des
troubles presque quotidiens. Ils ont un faible pour les résidences
sécurisées dans la banlieue, ou encore les appartements dans les
étages supérieurs. Bien sûr, ils n’y restent jamais très longtemps.
Gamins : ces Pookas ne connaissent pas de limites et ils n’ont aucune
entrave. En un sens, ils sont vraiment sauvages, presque fauves. Ils
passent leur temps à gambader, à faire des farces et à raconter des
blagues. Leurs mensonges sont tout aussi flagrants qu’eux-mêmes
sont égocentriques. Ils ont beaucoup de mal à prendre quoi que
ce soit au sérieux. D’un autre côté, les Pookas de cet âge ont un
« meilleur ami », quelqu’un qu’ils placent au centre de leur univers.
Un Gamin fera n’importe quoi pour cette personne, et celle-ci se
révélera parfois capable de le canaliser et de le convaincre qu’il faut
se montrer raisonnable pendant un moment. Mais juste un moment.
Vauriens : le monde est vaste et merveilleux, et les Vauriens pookas
veulent l’expérimenter tout entier. Ils cherchent à comprendre la
nature de « l’humanité » et tentent de déterminer ce qui fait réagir
les gens. Ils sont célèbres pour jouer des canulars interminables qui
révèlent les défauts ou les faiblesses de caractère d’une personne.
Ces changelins peuvent se montrer téméraires dans leur recherche
du grand frisson, pousser la blague un peu trop loin ou prendre
des risques extrêmes. Certains sont même devenus accros à la
montée d’adrénaline et ils ont besoin qu’on les retienne avant que
quelqu’un ne soit blessé.
Grincheux : des formes subtiles d’humour et de plaisanterie sont la
marque de fabrique des Grincheux. Ils savent exactement quels
boutons actionner, mais au lieu de jouer des tours pendables
pour le simple plaisir du caprice, ils se servent de leur espièglerie
pour obtenir un effet grandiose. À la cour, ils endossent souvent
le rôle du fou, et soulignent les défauts du seigneur ou de la dame
des lieux de manière à ce que seul un Pooka puisse s’en tirer sans
mal. Ils utilisent aussi leur entrain pour apaiser les tensions ou
apporter un peu de lumière dans les ténèbres. Pour ces changelins,
la situation n’est jamais assez désespérée. Ils arriveront toujours,
même brièvement, à alléger l’atmosphère.
Affinité : la Nature.
Délectation : les Pookas aiment par-dessus tout mettre en scène des
canulars et jouer des tours aux autres, surtout quand ils peuvent
joindre l’utile à l’agréable et épingler un prétentieux. C’est leur
manière la plus habituelle de profiter de la Délectation. Ils regagnent
également du Glamour s’ils passent du temps dans de grands espaces
naturels à se détendre, libres de toute contrainte.
Déchaînement : les bruits d’animaux et les éclats de couleurs vives sont la
marque distinctive des charmes de Pooka. Ces changelins provoquent
aussi souvent des effets secondaires imprévus qui font de la cible, et
même du Kithain, le dindon de la farce (parfois au sens propre).
Héritages
Métamorphe : tous les Pookas ont une affinité avec un animal en
particulier, qui sera toujours une créature naturelle et non mytho-
logique. Cet animal influence son apparence et sa personnalité, et
le changelin pourra prendre sa forme à volonté. S’il est tout à fait
seul, un Pooka peut se métamorphoser sans dépenser de Glamour.
En revanche, cela lui en coûtera un point en présence d’un autre
changelin ou d’un Enchanté ; il ne pourra jamais se transformer
si un mortel ordinaire l’observe. Reprendre sa forme normale est
toujours gratuit et peut se dérouler à n’importe quel moment (là
encore, tant qu’un mortel ne regarde pas le Pooka).
Confident : même de parfaits étrangers racontent leur vie à un Pooka.
Délier les langues et pousser les gens à se confier, même sur leurs
plus noirs secrets, est un talent inné chez tous les membres de ce
kith. Chacun d’entre eux possède sa manière de faire, mais à la
fin, le résultat est le même. Certains déstabilisent leur interlocuteur
avec un mélange d’insultes et de compliments, d’autres décochent
leurs questions si vite que leur cible perd le fil de ce qu’elle raconte.
D’autres encore sont tout simplement si craquants que personne
ne peut leur résister.
Une fois au cours d’une conversation, le joueur du changelin fait un
jet de Perception + Empathie (ou Subterfuge, selon ce qu’il préfère),
opposé à la Volonté de sa cible. Le nombre de réussites détermine le
nombre de questions que le personnage peut poser et pour lesquelles
il obtiendra une réponse. Son interlocuteur peut dépenser de la
Volonté pour résister à l’effet ; chaque point consacré à cette action
annule une réussite obtenue par le Pooka.
Fragilité
Mensonges : le coup le plus rusé que les Pookas aient réussi, c’est
de convaincre tout le monde qu’ils ne disaient jamais la vérité. La
plupart du temps, ces changelins en sont tout à fait capables, pour
peu qu’ils la mélangent avec quelques bobards, des demi-vérités
et deux ou trois exagérations. Le problème se pose quand on leur
adresse une question directe. Dans ce cas, ils doivent y répondre
par un mensonge et s’ils veulent quand même le faire avec sincérité,
ils devront réussir un jet de Volonté (difficulté 8).
Stéréotypes
Ryan Sombrequeue, un Pooka fouine, papote.
Des Boggans : paresseux et imprudents. Et ils gardent tout le
gâteau pour eux !
Des Bonnets rouges : pas vraiment les caractères les plus tranquilles.
En revanche, leur jouer des tours peut s’avérer très drôle.
Des Clurichauns : tous dépravés et bourrés, jusqu’au dernier.
Des Eshus : sans doute le compagnon de voyage le plus ennuyeux
dont on pourrait rêver.
Des Nockers : des gens si gentils et polis. Si vous voulez des louanges
et des critiques subjectives, c’est à eux que vous devez vous
adresser.
Des Piskies : et vous pensiez qu’on était les farceurs ? Mais ce sont
eux à qui on ne doit jamais faire confiance !
Des Satyres : ne donnez jamais votre cœur à un Satyre. Il le man-
gera probablement.
Des Selkies : leur cœur appartient à la mer. Au fait, n’oubliez pas
de les interroger sur leur manteau.
Des Sidhes d’Arcadie : on se demande bien pourquoi ils ont choisi
de revenir. Je suis sûr qu’il n’est rien arrivé de grave en Arcadie.
Des Sidhes de l’Automne : ils se montrent naturellement si nobles
et majestueux. Ça doit être formidable de se retrouver sys-
tématiquement au centre de toutes les intrigues politiques.
Des Sluaghs : ils ont le sens de l’humour d’un… eh bien… poisson
mort ?
Des Trolls : chiaaaaaant ! Qui a besoin d’un mur de briques qui
peut pulvériser ses adversaires ?
Chapitre deux : les kithains 101
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Mange, bois et réjouis-toi, car demain, on recommence. »
Certaines fées vivent par l’épée, d’autres cherchent des
histoires, et d’autres encore passent leur existence à
construire et à créer. Pour les Satyres cependant, la
véritable passion dans la vie est la passion elle-même,
et ils se consacrent corps et âme à la quête des
plaisirs. Nourriture, vin, danse, réjouissances,
ou plaisirs plus charnels, ils poursuivent leurs
désirs et s’y abandonnent pleinement. Les Satyres
ont des appétits formidables et
la vigueur pour les satisfaire. Ils
peuvent faire la fête ou prendre
part à des orgies pendant des jours,
n’ont aucune espèce de retenue, se
régalent d’humour cru ou paillard à
la moindre occasion et ne manquent
jamais d’amants.
Ces changelins chargent
au combat avec la même
passion inconditionnelle
qu’ils consacrent à
leurs festivités. Ils
se plongent avec
fer veur dans
l’étude de la poé-
sie, de la philoso-
phie et d’autres
sujets académiques.
Ils sont autant artistes
que mécènes et tissent
des liens extrêmement
étroits avec les groupes de
leur famille étendue (les
tragos). La loyauté au sein
d’un tragos est toujours
absolue, et seules les
circonstances les plus
odieuses ou extrêmes
pourront séparer un
Satyre des siens.
Se consacrer aux
plaisirs plus raffinés de
la vie ne signifie nullement
que ces changelins sont
matérialistes. Ils offrent
librement des cadeaux
et partagent avec joie ce
102 Changelin : le Songe
qu’ils possèdent avec d’autres. Ils éprouvent rarement
de la jalousie, car ils considèrent que l’amour aussi
devrait se partager. Les partenaires sentimentaux
ou sexuels en recherche d’engagement feraient
mieux de regarder ailleurs. Les Satyres se lassent
vite des relations qu’ils nouent et veulent passer
à la suite, à un ou de nouveaux compagnons et à
de nouvelles expériences. Si les Seelies essaient
de rompre gentiment avec leurs partenaires, ils
ne comprennent pas vraiment en quoi mettre
un terme à une relation peut se révéler aussi dou-
loureux. Leurs frères Unseelie anticipent cette fin.
Ils tirent un profit maximal de leurs amants tant qu’ils
sont ensemble, et les Dévastent pour leur Glamour dans une
passion commune.
Apparence : les Satyres figurent sans doute parmi les kiths à l’apparence
la plus distinctive. Parmi leurs traits les plus remarquables, citons
des pattes couvertes de fourrure qui se terminent par des sabots
fourchus, et des cornes sur le front qui poussent tout au long de
leur vie. Celles des mâles sont légèrement plus grosses que celles
des femelles. Ces appendices sont d’ailleurs une immense source
de fierté, ainsi qu’un sujet inépuisable de plaisanteries grivoises.
Les Satyres sont en général minces, même s’ils s’empâteront pro-
bablement un peu au fil d’une vie d’excès, surtout arrivés à l’âge
mûr. La plupart d’entre eux préfèrent ne pas se raser et les deux
sexes portent de longs cheveux indisciplinés. Ils s’habillent peu et
optent pour des vêtements fins et légers qui s’enlèvent rapidement.
Styles de vie : en général, un tragos de Satyres partage le même
espace de vie avec beaucoup de place pour danser et faire la fête,
et au moins autant d’alcôves privées pour des distractions plus
intimes. La maison d’un Satyre est toujours pleine de musique, le
garde-manger est bien garni et la cave parfaitement approvisionnée.
S’il consacre sa vie aux passions physiques, il passe régulièrement
par des périodes de calme introspection au cours desquelles il
s’adonne à des études plus intellectuelles. Ces changelins écrivent
des recueils de poésie, rédigent des traités de philosophie sur un
large éventail de sujets et composent des pièces de musique pour
des instruments comme la flûte de pan et le luth. Contrairement
aux kiths nomades, les Satyres aiment rester au même endroit et
laisser l’enthousiasme venir à eux.
Gamins : ils se distraient par la musique, le chant et la compétition
physique, comme la course et la lutte. Leur humour déluré amuse
et enchante leurs pairs et leurs anciens. Les Gamins dépendent de
leur tragos, qui les éduque et les encourage à explorer le monde
et ses nombreux délices. Ils nouent souvent des amitiés profondes
 avec un ou deux Satyres du même âge ; ces relations deviendront
essentielles lorsqu’ils formeront leur propre tragos et quitteront
leur groupe familial et en constitueront une branche.
Vauriens : ces Satyres explorent totalement les nombreux plaisirs de
la chair et de l’esprit. En perpétuel mouvement, un Vaurien par-
tage son temps entre ses partenaires sexuels et des fêtes débridées,
oubliant parfois de dormir pendant des jours. Même ses loisirs plus
apaisés tendent vers l’extrême. Il lira une série entière de romans
en deux jours, écrira des centaines de pages sur l’histoire de la
sculpture classique sans prendre de pause, ou cuisinera un banquet
complet de plats riches et exotiques. À la recherche permanente du
frisson, les Vauriens sont attirés par les sports extrêmes, les liaisons
dangereuses et les tabous. Au sein d’un tragos, ces changelins sont
dans la surenchère continuelle et s’incitent mutuellement à des
comportements encore plus risqués. Ils agissent souvent dans la
précipitation et plongent avec leurs compagnons dans des situa-
tions compromettantes. Cependant, ils sont en général capables
de baratiner leur monde et de se sortir de la tourbe dans laquelle
ils se sont précipités.
Grincheux : on dit parfois que les Satyres sont parmi les plus vulnérables
au temps qui passe, et qu’ils ont du mal à conserver leur joie hédo-
niste face à la lente montée de la Banalité. Leurs passions s’orientent
alors vers des études plus intellectuelles, mais ils paient les années
passées à faire la fête, à multiplier les aventures et à boire. Après
des décennies à chasser le grand frisson, les Grincheux deviennent
souvent blasés. En revanche, ils ne quittent pas facilement la vie
qu’ils ont vécue et peuvent tout à fait passer leurs derniers jours
en une apothéose de passion débridée. Le tragos d’un Grincheux
représente sa ligne de vie ; guider les Satyres plus jeunes pourrait
bien le rajeunir et lui permettre de voir à nouveau le monde avec
des yeux neufs et enthousiastes.
Affinité : la Fée.
Délectation : ces changelins récoltent leur Glamour dans le partage
des passions. Quelques heures de relations charnelles, un excellent
repas accompagné d’une exquise bouteille de vin, une lecture
passionnée de poésie ou une nuit passée à danser en boîte… Tout
fonctionne à partir du moment où leurs partenaires éprouvent du
plaisir et une profonde émotion.
Déchaînement : les Satyres imprègnent leur magie de la même intensité
charnelle qui règne dans leur vie. Leurs charmes emplissent l’air
des lourdes fragrances du musc et du vin, et les personnes qui se
trouvent à proximité peuvent ressentir un bref frisson de pur désir.
Héritages
Don de Pan : lorsqu’un Satyre plonge à corps perdu dans l’une de
ses passions (souvent sexuelle, mais aussi artistique et créative),
ceux qui l’entourent se retrouvent pris dans sa frénésie. Fées et
mortels se joignent à la danse et la débauche. Le Don de Pan ne
force personne à participer à une activité sexuelle ou autre, mais il
fait disparaître les inhibitions qui retiennent en général les gens.
Au lieu de créer une nouvelle passion, cet Héritage fait tomber les
barrières des conventions sociales qui empêchent quelqu’un de
s’abandonner totalement à un acte de passion ou de jouissance.
Résister à l’appel de ses désirs secrets nécessite de réussir un jet de
Banalité ou de Volonté (difficulté 8).
Prouesse physique : les Satyres ajoutent un point à leur score de
Vigueur, même si cela porte l’attribut au-delà du score maximum
habituel de 5. Leurs puissantes pattes de bouc leur permettent de
se déplacer plus vite et plus agilement, et ils ne peuvent jamais faire
d’échec critique sur un jet d’Athlétisme.
Fragilité
Passion maudite : la passion intense d’un Satyre possède une facette
plus sombre. Ces créatures sont promptes à des sautes d’humeur
et de violents éclats de colère, surtout lorsqu’elles sont en proie à
l’ivresse. Elles peuvent aussi céder à des explosions émotionnelles,
éclater en sanglots incontrôlables ou se montrer d’une manière ou
d’une autre incapables de se maîtriser. L’assouvissement presque
permanent de leurs envies signifie aussi qu’ils ont du mal à résis-
ter à la tentation les rares fois où ils le doivent. C’est ainsi qu’ils
amorcent la Banalité en eux.
Stéréotypes
Willow Agapetos, Satyre poète et artiste de slam, partage son avis.
Des Boggans : comment une vie aussi simple peut-elle se révéler
tout à fait satisfaisante ?
Des Bonnets rouges : leurs passions sont trop sombres et
effrayantes.
Des Clurichauns : ils savent faire la fête, mais ils ont besoin
d’aide pour diriger leurs passions. Une bagarre ne s’ap-
précie vraiment que pour les baisers et la réconciliation
qui s’ensuivent.
Des Eshus : leur esprit vif et acéré en fait de gais compagnons.
Discuter avec eux pendant des heures peut se révéler aussi
agréable qu’un bon repas.
Des Nockers : un tel dévouement à son art est admirable, mais
ils ne font que travailler sans jamais s’amuser. Leur com-
pagnie est, hélas, ennuyeuse.
Des Piskies : si gentils et innocents. Cachez leurs yeux avant
qu’ils ne voient de vilaines choses.
Des Pookas : ils ont leurs traditions, mais leurs plaisanteries
sont grossières et ils semblent toujours déchirés entre leurs
natures féerique et animale.
Des Selkies : mélancoliques et inaccessibles, mais si beaux. Si
seulement ils voulaient bien rester et jouer, j’en appren-
drais plus.
Des Sidhes d’Arcadie : l’univers des nobles n’est qu’intrigues et
avantages politiques. Ils ont besoin de trouver une façon
de profiter du monde qui les entoure. Quelqu’un d’aussi
beau ne devrait rien désirer par passion.
Des Sidhes de l’Automne : ils incarnent quelques-uns des
meilleurs côtés de ce kith majestueux, mais ils ont encore
besoin de lâcher un peu la bride.
Des Sluaghs : ils portent la tristesse comme un suaire, à jamais
séparés des joies charnelles que le monde peut leur offrir.
Des Trolls : l’indicible loyauté, l’honneur par-dessus tout. Pour-
tant, même ces valeureuses fées s’accordent de temps en
temps les plaisirs de la table.
Chapitre deux : les kithains 103
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Mon amour, la mer m’appelle et je dois lui répondre.
Je reviendrai… un jour… je te le promets. »

Créatures de contradiction, tout aussi joueurs que pragmatiques,

timides et extravertis, aimants et distants, les Selkies sont
autant des phoques que des humains. Ils tombent fol-
lement amoureux et passent presque chaque instant
du jour en compagnie de l’élu de leur cœur, puis
disparaissent de longs mois pour batifoler dans
l’océan. Boute-en-train, ils parlent et dansent avec
tous les invités pour devenir soudain cachottiers
et rester à l’écart. Peut-être est-ce la relation
intime qu’ils entretiennent avec leur pelisse de
phoque, et le besoin de la protéger à tout prix,
qui provoque cet éloignement et les empêche de
faire réellement confiance ?
Les marins, les songes d’amours perdues et de
cœurs brisés, et tous ceux à qui la mer a pris un être
cher ont donné naissance aux Selkies. L’océan donne et
reprend. Quiconque a vécu assez longtemps sur la côte peut témoi-
gner des merveilles qu’il offre, comme les délicieux fruits de mer, les
coquillages magnifiques et le plaisir de nager et de naviguer. Mais la
mer est aussi capricieuse et si elle offre un jour du plaisir, elle noiera
un proche ou enverra des vagues terribles emporter des maisons le
lendemain. Les vrais amoureux de l’océan décrivent une irrésistible
attirance qui les ramène à lui aussi sûrement que le contre-courant
entraîne le nageur imprudent.
La pelisse d’un Selkie renferme son essence féerique et son
Glamour, et c’est ce qui fait de lui une fée. Ces Kithains sont des
métamorphes qui, contrairement aux Pookas et aux autres créatures
de ce type, comme les loups-garous, doivent porter sur eux cette
pelisse pour se transformer. Il leur suffit de l’enlever pour redevenir
humains. S’ils la perdent ou si on la leur vole, ils ne peuvent plus se
servir de leur magie jusqu’à ce qu’ils la retrouvent. Si on la détruit,
ils meurent avec elle (voir plus bas), mais fort heureusement, cette
tâche est assez ardue. La Guise mortelle de cette pelisse prend de
nombreuses apparences. Elle peut ressembler à une peau de phoque
ordinaire, une combinaison de plongée, un long manteau ou un
vêtement quelconque. Un Selkie qui ne porte ni ne touche sa pelisse
ne peut utiliser ses aptitudes féeriques, y compris ses Héritages et
ses charmes. En revanche, il conserve ses souvenirs, car après tout,
il reste un changelin même s’il est grandement diminué.
Les Selkies ne vivent pas la Chrysalide de la même manière
que les autres. Lorsque l’un d’entre eux meurt ou est sur le point
de mourir, il offre sa pelisse à un humain qui possède du sang fée-
rique. En général, il accorde cet honneur à un Kinain passionné
par l’océan, souvent l’un de ses propres descendants. Un Selkie qui

104 Changelin : le Songe

donne sa pelisse garde tout de même ses souvenirs, mais ils finissent
par s’effacer au fil des années.
Apparence : toujours élancés et séduisants, ces changelins possèdent
de grands yeux sombres et limpides, et leurs mains et leurs pieds
sont légèrement palmés. Même loin de la mer, ils laissent tomber
des gouttes chimériques d’eau salée et dégagent une légère odeur
iodée, comme celle de l’océan après une tempête. Ils choisissent
en général des vêtements amples qui s’enlèvent aisément afin de
reprendre leur forme animale.
Styles de vie : la majeure partie de la vie d’un Selkie se passe dans la
peau d’un phoque à batifoler dans les vagues. Leur existence dans
le monde mortel doit donc pouvoir s’en accommoder. Ils vivent
toujours près de la mer et choisissent traditionnellement des métiers
en rapport avec elle comme pêcheurs ou marins. Récupérer des
objets perdus sur les plages et surfer sont de nos jours devenus des
activités également populaires chez eux.
Gamins : ces changelins s’émerveillent de tout et débordent de joie.
Ils adorent s’ébattre le long des plages et des côtes, et s’amusent
parfois à narguer les mortels. Ils n’ont que faire du marasme de la
vie quotidienne et considèrent que chaque jour qui passe est une
aventure en soi. La profonde tristesse que les membres plus âgés de
leur kith ressentent ronge moins les Gamins selkies. Toutefois, ils
sont souvent enclins à des démonstrations passionnées poétiques
et fantaisistes.
Vauriens : au cours de cette période de leur vie, les Selkies voyagent le
long des côtes en quête de nouveaux amis et d’expériences inédites.
Ils nouent souvent aussi des relations amoureuses avec ceux qu’ils
rencontrent, mais contrairement aux Satyres qui ne font que passer
la nuit, ces dernières se révèlent profondes. Enfin, jusqu’à ce que le
changelin entende l’appel des vagues et doive s’en aller.
Grincheux : ils sont rares dans leur kith et entrent dans cet âge lorsqu’ils
sentent l’intrusion de la Banalité. Ils consacrent ce temps à mettre
de l’ordre dans leurs affaires et à se préparer à céder leur pelisse à un
autre. Les Grincheux passent fréquemment leurs journées au soleil
sur les rochers, à profiter du bruit du ressac. Ils entreprennent aussi
souvent une dernière aventure avant de succomber à la Banalité.
Affinité : la Nature.
Délectation : l’océan est au centre de l’existence des Selkies et tout
ce qui a un rapport avec lui leur procure de la joie. Ils trouvent
cette Délectation quand ils nagent en mer, mais aussi en passant
du temps avec un amant ou bien lorsqu’ils cèdent à des passions
profondes, tristes et tumultueuses.
Déchaînement : de la brume, l’odeur de la mer et le fracas des vagues
accompagnent souvent les charmes des Selkies. Ils laissent parfois
des flaques d’eau salée dans leur sillage.
Héritages
Forme animale (phoque) : les Selkies prennent à volonté la forme
d’un phoque ou d’une otarie. Ils doivent se draper dans leur pelisse
et toucher l’eau de mer (sans forcément s’y immerger) pour que
s’opère la transformation.
Grâce de l’océan : lorsqu’ils sont dans l’eau, la difficulté de tous les jets
de Dextérité des Selkies diminue de –2 sous leur forme humaine
ou animale. De plus, ils ne peuvent jamais faire d’échec critique sur
un jet de Natation. Enfin, ils sont capables de retenir leur souffle
pendant des heures, qu’ils se trouvent dans l’eau ou non.
Fragilité
Pelisse de phoque : la pelisse du Selkie est sa plus grande faiblesse. Si
on la détruit, le changelin meurt à jamais, mais heureusement, il est
très difficile d’y parvenir. Elles résistent au feu, il faut réussir un jet
de Force (difficulté 9) pour parvenir à l’endommager et obtenir au
moins trois réussites pour la déchirer. Entrer en contact avec une
flamme ne lui cause aucun dégât et les petits accrocs se réparent au
fil du temps. La pelisse sera détruite si elle est entièrement brûlée
ou déchirée au moyen de fer froid.
Stéréotypes
Genesis Bell, peintre Selkie, exprime ses sentiments.
Des Boggans : des gens plutôt amicaux et de talentueux artisans,
mais ils cancanent plus encore que des poissonniers. Les
secrets d’une personne devraient lui appartenir.
Des Bonnets rouges : des requins à deux pattes. Si tu leur fais
confiance, c’est à tes risques et périls.
Des Clurichauns : nous partageons quelques goûts pour les
plaisirs terrestres avec nos cousins enclavés, même si nous
en profitons de manière différente.
Des Eshus : de merveilleux conteurs qui ont visité une grande
partie du monde. Pourtant, très rares sont ceux à avoir
contemplé les beautés des royaumes marins !
Des Nockers : ils sont capables de réparer presque n’importe
quoi, ce qui hélas, ne rattrape pas leurs mauvaises manières.
Des Piskies : ils ont l’intuition des enfants, mais aussi leur
caractère.
Des Pookas : ils changent de forme. Nous changeons de peau.
La différence est indéniable.
Des Satyres : malgré toute la passion qui les habite, ils ne
connaissent rien de l’amour ou de l’idylle véritable.
Des Sidhes d’Arcadie : nous leur laissons les fiefs et les royaumes.
Nous avons la mer.
Des Sidhes de l’Automne : ils sont eux aussi bénis d’une grande
beauté, mais ils l’arborent comme une arme.
Des Sluaghs : je jure avoir vu l’un d’entre eux courir comme
un crabe au fond de l’océan. Ça ne peut pas être bien.
Des Trolls : ils possèdent un grand sens de l’honneur. Quel
dommage que la plupart d’entre eux plient sous le joug
des Sidhes !
Chapitre deux : les kithains 105
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 (Arcadiens)
« Vous considérez la noblesse comme un privilège et pour cela vous nous
enviez autant que vous nous jalousez. En revanche, vous ne voyez pas que
c’est également un fardeau que bien peu sont prêts à accepter. »
Il y a longtemps de cela, les kiths roturiers se sont retrouvés prison-
niers du monde mortel, abandonnés sur Concorde alors que les
nobles fuyaient vers l’Arcadie au cours de l’Éclatement. Lorsque les
Sidhes ont réapparu pendant la Résurgence, ils s’attendaient
à revenir dans un monde semblable à celui qu’ils avaient
quitté. Celui qu’ils ont retrouvé était radicalement
différent. En réalité, les roturiers avaient prospéré
sans eux et développé leurs propres organes de
gouvernance, quand ils ne les avaient pas com-
plètement rejetés.
Cette première génération de Sidhes arca-
diens eut bien du mal à trouver de nouveau une
place au sein de Concorde. Leur race était fragile
en comparaison des autres kiths, plus exposée
aux ravages de la Banalité et trop dépendante des
vieilles coutumes. Capricieux et souvent instables, ils
étaient sujets à de violentes sautes d’humeur et des accès
de profonde dépression, ce qui ne fit que les éloigner encore
un peu plus des roturiers. Certains Sidhes tentèrent de surmonter
ce handicap en se réfugiant au plus profond de leurs Apanages.
L’idéalisme optimiste des Sidhes seelies confina bientôt à la folie,
tandis que les Unseelies, plus sombres, plongeaient dans des abîmes
de dépravation et de corruption. Désespérés et terrifiés par la perte
de leur statut, et tandis qu’ils se sentaient eux-mêmes de plus en
plus dépassés, ils devinrent tout aussi impitoyables.
Quand l’Évanescence ramena une autre vague d’Arcadiens en
Concorde, l’agitation grandit. Certaines maisons s’adaptèrent vite
à leur nouvelle vie, mais d’autres avaient des visions extrêmes sur le
rôle qu’elles devaient jouer dans la relation avec les roturiers et les
humains. Le fossé se creusa un peu plus. Ils firent main basse sur
le pouvoir, ce qui ouvrit la voie à la trahison, les effusions de sang
puis la guerre. Au lieu d’essayer de découvrir comment s’adapter
à leur vie sur Concorde, ils se cramponnaient obstinément à leurs
illusions. Oui, ils étaient capables de rebâtir la grande société féerique
sur laquelle ils pensaient toujours pouvoir légitimement régner.
Les maisons revenues au cours de la Résurgence ont eu près d’un
demi-siècle pour reprendre leur place et assimiler les nouvelles tech-
nologies et la politique du monde mortel. Leurs cousines réapparues
lors de l’Évanescence ont quant à elles profité d’une bonne décennie
pour faire de même. Dans l’ensemble, les Arcadiens ont commencé
à s’adapter. Ils continuent de revenir sur Concorde, goutte à goutte,
par des Sentiers temporairement ouverts par les Miroitements. Ils
bénéficient de quelques avantages par rapport aux deux premières
vagues de Sidhes. En effet, elles ont remis en vigueur nombre des
anciennes cours et des vieilles traditions, et un nouvel équilibre du
pouvoir avec les roturiers s’est mis en place. Ces derniers arrivés
106 Changelin : le Songe
n’ont pas subi de plein fouet le même choc culturel que ceux qui
les ont précédés.
Dans le sillage de l’Évanescence, beaucoup d’Arcadiens ont
resserré les rangs. Ils ont consolidé leur pouvoir dans les
Domaines qui leur appartiennent comme ils ne l’avaient
encore jamais fait depuis la Résurgence. Les tensions
entre classes sociales, qui s’étaient quelque peu
apaisées dans les années 90, ont à nouveau flambé.
Des mouvements sociaux et politiques inédits
menacent la mainmise et la sécurité qu’ils ont
établies sur Concorde. Pour couronner le
tout, on les compare de plus en plus aux
Sidhes de l’Automne, ce qui n’est en rien
à leur avantage.
Apparence : les Sidhes ressemblent à des
humains, mais jamais un humain ne sera
plus beau et parfait qu’eux. Grands et minces,
ils ont un visage aux traits réguliers et équilibrés, de
grands yeux aux couleurs étonnantes, comme l’argent
et l’améthyste, des oreilles effilées et pointues, et leurs
cheveux brillants et soyeux ont souvent des teintes vives.
Ils ont le port altier et se déplacent avec grâce. Dans leur
rire cristallin, on sent poindre une tristesse née de la
douleur permanente qu’ils éprouvent à être séparés
du Songe. Ils se drapent presque tous dans les étoffes
les plus précieuses, ou des tenues chimériques qui
défient les lois de la physique.
Styles de vie : en général très haut placé dans les socié-
tés changelin et humaine, les Sidhes sont rompus
aux subtilités de la gouvernance, qu’il s’agisse
de leurs vassaux ou de fiefs, et ils appliquent
avec précision leurs compétences aux domaines
mortels des affaires et de la politique. Ils brillent
à la scène comme à l’écran lorsqu’ils s’intéressent
à ce genre de carrières. Les rares fois où l’argent et le
luxe ne leur viennent pas sans effort, l’amertume qu’ils
ressentent les pousse à rejoindre la Cour unseelie.
Gamins : beaux et éthérés, ce sont les héritiers de grands
privilèges. À l’instar des enfants mortels qui obtiennent tout
ce qu’ils désirent, ils peuvent facilement devenir trop gâtés.
On leur enseigne les usages de la cour très tôt, ce qui les aide
à canaliser le sentiment que tout leur est dû et à l’exprimer
dans la grâce et dans la dignité. Cependant, certains Gamins
sont toujours rongés par la faim insatiable d’en obtenir
toujours plus, et ils font de magnifiques caprices lorsqu’ils
n’obtiennent pas ce qu’ils veulent.
Vauriens : les Vauriens sidhes jouent un rôle plus important dans
l’exercice du pouvoir. On les a soigneusement éduqués sur les
règles de la chevalerie et de l’étiquette, ainsi que sur les obligations
d’un noble envers ses vassaux et les terres qu’il administre. Dans
le meilleur des cas, ils font montre d’arrogance et d’une superbe
légèrement excessive. Dans le pire, ils s’impliquent dans les duperies
et les intrigues de la cour, et apprennent à manipuler les autres à
leur avantage. Les Sidhes d’Arcadie ont parfois du mal à assimiler
le concept de l’humilité sous cet Aspect. Ils doivent apprendre que
le respect se donne d’abord et se reçoit ensuite.
Grincheux : ces Sidhes sont la dignité et la noblesse incarnées. Ils
embrassent pleinement leurs obligations et s’attendent en échange
à recevoir obéissance et loyauté. Un Grincheux avisé dirige son
fief avec grâce et élégance, permet aux roturiers de s’exprimer et
participe au maintien de l’équilibre entre Tumulte et Banalité.
Séduit par son propre pouvoir, il peut conduire son peuple à la
ruine et inviter le chaos à sa cour. Au cours des dernières années de
son existence, les souvenirs de l’exil lui
pèsent lourdement. Il s’enfonce alors
encore plus loin dans ses Apanages,
ce qui lui fait perdre le contact avec
le monde mortel.
Affinité : le Temps.
Délectation : les Sidhes d’Arcadie se
considèrent comme la plus pure incar-
nation du Songe. Ainsi, ils récoltent
le Glamour à travers l’adoration et
l’admiration qu’ils inspirent aux autres.
Par exemple, il leur suffit de participer à
une fête ou simplement de s’y montrer, de
donner une représentation en public (qu’elle
soit bonne ou pas, d’ailleurs) ou de remplir des
fonctions de direction.
Déchaînement : les charmes seelies s’accom-
pagnent d’une aura lumineuse (ou ténébreuse) scintillante, trop belle
et douloureuse pour qu’on puisse la contempler directement. Ces
changelins apparaissent entièrement parés de vêtements de cour.
Assister à un Déchaînement fera naître l’impression de se tenir
dans la grande salle d’un immense palais dont on se souviendrait
presque, avant que ce sentiment ne se dissipe dans la langueur
d’une nostalgie douce-amère.
Héritages
Beauté surnaturelle : les Sidhes se distinguent dans la foule par
leur beauté et leur allure majestueuse. Ils ajoutent deux points de
plus à leur score d’Apparence, même si cela porte l’attribut au-delà
du score maximum habituel de 5. Lorsqu’ils invoquent le Wyrd
(cf. page 259), cette beauté subjugue. Si le Kithain use de cette
magie en présence d’un personnage, son joueur devra faire un jet
de Volonté (difficulté 8). En cas d’échec, le personnage ne pourra
rien faire à part le contempler, frappé de stupeur et d’émerveille-
ment pendant un nombre de tours égal au nombre de points que
le Sidhe possède en Apparence.
Port altier : les Sidhes arborent calme et dignité en toutes circons-
tances. Les charmes destinés à les humilier ou à les ridiculiser
échouent automatiquement (bien sûr, cela ne les empêche nul-
lement d’être blessés ; ils ne perdent simplement pas contenance
lorsque cela arrive). De plus, les Sidhes ne peuvent jamais faire
d’échec critique sur les jets d’Étiquette ou de Politique.
Fragilité
Le fardeau de la Banalité : Si les kiths roturiers ont appris à vivre au
sein du monde mortel en paix avec celui-ci, le cœur et l’esprit des
Sidhes d’Arcadie sont restés au sein du Songe. Cela les rend donc
encore plus sensibles à la Banalité. Chaque fois qu’ils reçoivent des
points de Banalité, ce nombre double.
Stéréotypes
La comtesse Regan ferch Cwenthryth, noble Sidhe de la Maison
Eiluned, déclare ce qui suit.
Des Boggans : honnêtes et fiables, leurs services sont toujours
bienvenus, mais leur goût pour les commérages vous pous-
sera à surveiller en permanence vos propos.
Des Bonnets rouges : les Unseelies parmi nous prisent leurs
services d’hommes de main, mais ils ne sont loyaux à rien
d’autre que leur faim.
Des Clurichauns : ils prétendent forger des liens en usant de
basse violence, et cette assertion sonne presque aussi faux
que leurs histoires abracadabrantes.
Des Eshus : ils se présentent comme les « princes des routes »,
ce qui est une grande insulte. Pourtant, la cour semblerait
bien vide sans leurs contes.
Des Nockers : une nécessaire frustration. L’on peut pardonner
leur caractère abrupt puisque leurs compétences restent
inégalables.
Des Piskies : extraordinairement utiles, et même fiables à l’occa-
sion, mais prenez bien garde à ce que vous leur permettez
de glisser dans leurs poches. Vous risqueriez de ne plus
jamais le revoir.
Des Pookas : de tous les Kithains, ce sont les plus probléma-
tiques. Qu’importe le nombre d’échecs qu’ils essuieront
pour nous ridiculiser, ils réitéreront encore et toujours
leurs farces enfantines.
Des Satyres : nous avons tous badiné pendant notre jeunesse,
mais la plus grande folie serait de donner trop d’importance
à leurs opinions.
Des Selkies : qui sont ces étranges créatures ? Je m’en souviens
à peine dans le Songe.
Des Sidhes de l’Automne : bien sûr, nous les avons abandon-
nés dans le froid et cela les a profondément affectés, mais
doivent-ils vraiment se montrer si communs ? C’est presque
comme s’ils se pensaient meilleurs que nous, simplement
parce qu’ils sont restés.
Des Sluaghs : ce qu’ils savent est inestimable, mais êtes-vous
réellement certain qu’ils ne le partagent qu’avec vous ?
Des Trolls : nos plus fidèles sujets. Leur loyauté et leur fidélité
en font des éléments essentiels à la cour. Leur allégeance
perdure des générations, ou du moins c’est ce qu’on m’a dit.
Chapitre deux : les kithains 107
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 (de l’Automne)
« Vous êtes libre de penser que nous avons tous fui quand les portes se sont refermées, mais nous
avons bâti et peiné côte à côte avec les roturiers. Nous avons gagné notre droit à régner. »
L’histoire des fées raconte qu’au moment de l’Éclatement, les portes de
l’Arcadie se sont brutalement refermées, les Sidhes ont fui Concorde
et ont abandonné derrière eux les roturiers. Lorsque ces mêmes
portes se sont rouvertes le 20 juillet 1969, les nobles qui sont
revenus les premiers pensaient que toutes les maisons
nobles restées en arrière avaient péri, victimes de la
bise glacée de la Banalité. Ils supposaient qu’ils
étaient les seuls membres de l’Ost étincelant dans
le monde mortel. Ils avaient tort.
Les nobles des Maisons Scathach et Liam
avaient choisi de rester. Ayant adopté la Voie
du Changelin, ils avaient survécu à des siècles
de dure Banalité. Quand leurs cousins arcadiens
revinrent, ils se présentèrent et les accueillirent,
leur offrirent aide et assistance afin qu’ils puissent
s’adapter à leur nouvel environnement. Mais en fait
de reconnaissance, ceux-ci ne leur témoignèrent que
méfiance et crainte. Ils les surnommèrent Sidhes de l’Automne
et considérèrent qu’ils étaient imparfaits, corrompus par les siècles
passés à mourir et à renaître. En réponse, ces Sidhes acceptèrent ce
titre avec fierté et incarnèrent aux yeux de tous le parfait exemple de
la synergie entre splendeur féerique et perfection mortelle.
Les Sidhes de l’Automne sont sensiblement différents de leurs
cousins arcadiens. Si ces derniers se remarquent pour leur magni-
ficence inhumaine, la grâce et la puissance des premiers résident
dans leur beauté plus terrestre. Ils sont le summum de la perfec-
tion mortelle, avec tous ses défauts, ses curiosités et son asymétrie.
Éblouissant selon les critères humains, cela les rend plus abordables
et plus compréhensibles que les Arcadiens drapés dans leur gloire
étrangère. Nés et éduqués dans le monde des mortels, ils ont acquis
le pragmatisme qui manque aux Arcadiens et considèrent qu’ils n’ont
aucunement le droit de régner par leur naissance. En revanche, ils
estiment avoir gagné ce droit après tout le temps passé dans la même
galère que les roturiers. Cela ne signifie nullement que ces derniers
les acceptent. D’ailleurs, les Automnaux se retrouvent souvent pris
entre le dédain des autres Sidhes et la méfiance de ces roturiers
qu’ils souhaitent embrasser.
Les Sidhes de l’Automne possèdent aussi un énorme avantage
sur leurs frères d’Arcadie. Ils comprennent le monde mortel. Ils
se montrent plus au fait des besoins des roturiers, mais aussi des
subtilités de la société et de la technologie humaines. Ils bénéficient
ainsi d’une longueur d’avance lorsqu’ils naviguent parmi les cultures,
l’industrie, les affaires et la société mortelles. La beauté sidhe incarne
le pinacle du charme, du charisme et de la chaleur chez les humains,
ce qui leur ouvre de nombreuses portes dans le monde où ils vivent.
Il n’est pas rare qu’un Automnal devienne célèbre et attire un grand
nombre d’admirateurs. Malgré ces liens uniques, les Sidhes de
108 Changelin : le Songe
l’Automne sont aussi puissants que leurs cousins
d’Arcadie et ce serait une grossière erreur que de les
sous-estimer. En fait, leur réussite à se mêler aux
autres changelins et à la société moderne a
convaincu nombre d’Arcadiens d’em-
prunter la Voie du Changelin afin de
rejoindre leurs rangs et de s’adapter
à leur nouvel univers.
Une fierté féroce lie étroi-
tement ces changelins. Ils
ont survécu au monde
de l’Automne grâce à leur
dévouement, leur persévé-
rance, leur bon sens et leur
travail acharné. Ils ont gagné
ce droit à régner que leurs cousins
tiennent si souvent pour acquis. Ces
Sidhes allient l’irréalité propre à l’Arcadie
et la beauté terrestre et complexe de l’humanité.
Apparence : choisir la Voie du Changelin a
transformé les Sidhes de l’Automne. Ils ne
sont pas aussi parfaits que les Arcadiens,
mais ils incarnent la beauté sauvage de
la complexité humaine. Leurs traits
sont parfois asymétriques, leurs corps
adoptent toutes les morphologies et
leurs yeux ont toutes les couleurs pos-
sibles. Et pourtant, les Automnaux arborent le
même port altier. Ils sont Sidhes de la pointe
des oreilles au bout de leurs pieds si gracieux.
Ils s’habillent selon le goût et le style de vie
du changelin qu’ils sont, mais ce mélange
de beauté d’antan et d’élégance actuelle les
distingue toujours parmi les fées.
Styles de vie : les Automnaux se focalisent tout
autant que les Arcadiens sur la notion de
pouvoir et de règne. Cependant, leur vision des
choses se révèle un peu plus pragmatique. Ils sont
plus enclins à utiliser leurs compétences pour
remplir des responsabilités de planificateurs et de
dirigeants réfléchis, ancrés dans le monde mortel
comme dans les préoccupations des roturiers.
Gamins : ils possèdent une beauté saisissante et
un charme remarquable. On leur rappelle en
permanence que s’ils sont privilégiés, ils sont
nés pour occuper des responsabilités. Formés
aux arts de la cour, on leur apprend
 souvent à retrousser leurs manches et à gagner ce pouvoir à la sueur
de leur front. Ces leçons d’humilité précoces tempèrent souvent
leur caractère facétieux, mais peuvent également faire naître le
ressentiment et la révolte.
Vauriens : quand il devient un Vaurien, l’Automnal entre de plain-
pied dans l’univers de la cour et de la gouvernance, tout comme le
fait un Arcadien. Armé des enseignements qu’on lui a prodigués
pendant ses années de Gamin, on le forme bien sûr aux règles de la
noblesse, mais on lui conseille aussi vivement de garder de bonnes
relations avec les roturiers, tout autant qu’un lien avec le monde
mortel. L’équilibre peut alors s’avérer délicat pour le Vaurien, car
il peut se faire submerger par la pression ou se retrouver ballotté
d’un extrême à l’autre tandis qu’il cherche sa place ici-bas.
Grincheux : ce changelin a trouvé l’équilibre qu’il recherchait plus
jeune. Il est devenu un noble roué et plein de grâce, dépositaire
d’une expérience durement acquise. Il a accepté sa puissance intrin-
sèque, il l’a tempérée par la considération et l’attention qu’il porte
au monde mortel autour de lui et à ses bouleversements. Dans la
guerre qu’ils mènent pour protéger l’étincelle du Glamour dans
un environnement de plus en plus froid, les Grincheux les plus
doués dirigent par l’exemple. Ceux qui se perdent dans la Banalité
sombrent trop vite dans l’Oubli, alors que les individus terrés
dans leurs Domaines perdent ce lien si précieux avec le monde de
l’Automne et s’enfoncent plus loin dans le Tumulte.
Affinité : la Fée.
Délectation : les Sidhes de l’Automne trouvent l’inspiration parmi les
chefs avisés, ainsi que les créateurs en quête de nouvelles solutions
hors des sentiers battus. Ils respirent l’énergie et la puissance créative,
et absorbent le Glamour des individus qui savourent l’explosion
de leur véritable potentiel.
Déchaînement : les charmes de ces changelins provoquent des vagues
passionnées de Glamour, profondément liées à leur personnalité et
au monde qui les entoure. Chaque Déchaînement est aussi unique
qu’une empreinte digitale et se reconnaît facilement. Les Automnaux
seelies libèrent une musique divine, font disparaître la crasse autour
d’eux ou danser des lueurs roses. Leurs frères unseelies peuvent
quant à eux faire surgir la pourriture le long des murs de pierre,
ou bien apparaître des fissures sur les trottoirs, ou encore invoquer
de violentes rafales pour balayer leurs adversaires. Tout comme les
Arcadiens, les Sidhes seelies de l’Automne Déchaînent leurs charmes
en vagues ou en explosions de lumière, ou en ténèbres terribles et
terrifiantes à regarder s’ils sont unseelies.
Héritages
Beauté surnaturelle : les Sidhes se distinguent dans la foule par leur
beauté et leur allure majestueuse. Ils ajoutent deux points de plus
à leur score d’Apparence, même si cela porte l’attribut au-delà du
score maximum habituel de 5. Lorsqu’ils invoquent le Wyrd (cf.
page 259), cette beauté subjugue. Si le Kithain use de cette magie
en présence d’un personnage, son joueur devra faire un jet de
Volonté (difficulté 8). En cas d’échec, le personnage ne pourra rien
faire à part le contempler, frappé de stupeur et d’émerveillement
pendant un nombre de tours égal au nombre de points que le Sidhe
possède en Apparence.
Port altier : les Sidhes arborent calme et dignité en toutes circonstances.
Les charmes destinés à les humilier ou les ridiculiser échouent
automatiquement (bien sûr, cela ne les empêche nullement d’être
blessés ; ils ne perdent simplement pas contenance lorsque cela
arrive). De plus, les Sidhes ne peuvent jamais faire d’échec critique
sur les jets d’Étiquette ou de Politique.
Fragilité
Adoration : les Sidhes de l’Automne se comportent bien mieux que les
Arcadiens avec les mortels, mais cela engendre ses propres problèmes.
Chaque fois que l’un d’entre eux réussit à enchanter, ou même à
interagir de manière significative avec un mortel (par l’Intimidation,
l’Expression ou le Commandement), le conteur doit faire un jet de
Volonté pour ce dernier (difficulté égale au niveau de Glamour du
Sidhe). En cas d’échec, le mortel lui porte un intérêt supplémentaire.
Ainsi, il pourra sans cesse lui offrir des services ou lui accorder
des remises, lui poser des questions personnelles ou partager des
confidences sans qu’on lui ait rien demandé, et même demander
des photos ou des autographes. Cela signifie aussi qu’il n’a aucun
mal à se rappeler tous les détails de sa rencontre ou de la moindre
parole échangée avec le Sidhe, un vrai problème pour les changelins
qui cherchent à passer inaperçus. En cas d’échec critique, le mortel
développe une fascination malsaine pour lui si l’interaction était
positive, et une haine obsessionnelle si elle était négative.
Stéréotypes
Le sieur Lelio, barman automnal, nous explique ce qui suit.
Des Boggans : avec un Boggan aux commandes, une Maisonnée ne
pourra ni échouer ni s’effondrer. Surveillez simplement votre ton.
Insultez leur travail et vous ne retrouverez plus jamais vos chaussures.
Des Bonnets rouges : la beauté et la grâce ont leur place, tout comme
la terreur et la voracité. Les Unseelies les traitent comme des assas-
sins, mais confondez grossièreté et stupidité à vos risques et périls.
Des Clurichauns : enragé ou attristé, le Clurichaun nous rappelle
la gloire que nous avons perdue. Mais soyons honnêtes. Dans
l’ensemble, ils mettent un sacré bazar.
Des Eshus : certains se sentent insultés quand les Eshus se disent
nobles. Nous n’en avons cure. Vous seriez idiot d’ignorer le pouvoir
des histoires, et par conséquent de ceux qui les inventent.
Des Nockers : la notion de pouvoir diffère grandement d’un individu à
l’autre. Celui d’un Nocker réside dans l’exploitation de sa créativité.
Vous tolérez la vulgarité qui va de pair avec le génie.
Des Piskies : il est inhabituel de voir le véritable émerveillement chéri
et sauvegardé pendant si longtemps dans une vie. Faites comme si
vous ne vous aperceviez de rien quand ils vous dérobent quelques
babioles.
Des Pookas : les Pookas nous rappellent de ne pas nous prendre trop
au sérieux. Quel intérêt de se montrer digne en toutes circonstances
si cela signifie que vous avez sacrifié votre joie ?
Des Satyres : vous pouvez vous perdre dans le sourire d’un Satyre et
sa chanson vous promettra la lune. Ils vous rappelleront la beauté
de la vie même dans les temps les plus sombres.
Des Selkies : si vous en fâchez un, n’allez plus jamais vous baigner.
Des Sidhes d’Arcadie : nos nobles cousins ont oublié que la grandeur
se gagne et qu’on ne peut en hériter. Nous avons fait le plus dur.
Regardons-les faire de même.
Des Sluaghs : gagnez leur confiance et vous connaîtrez tous les secrets
dont vous avez besoin. Perdez-la et vous finirez par regretter votre
renaissance.
Des Trolls : tout le monde dit que ce sont les plus fidèles alliés. Sans
eux, l’ossature même du monde des changelins s’effondrerait.
Chapitre deux : les kithains 109
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Je connais de nombreux secrets… Ceux des vivants et ceux des morts…
Et peut-être même quelques-uns des vôtres… »
On comprend mal les sombres et mystérieux Sluaghs, et en vérité,
ils préfèrent que les choses restent ainsi. Beaucoup les affublent du
sobriquet de Demi-peuple, et les rumeurs persistent sur les vastes
catacombes où ils mèneraient leurs hideux rituels et leurs
sacrifices sanglants. Ce ne sont que de folles supposi-
tions… du moins dans leur grande majorité. Certains
de ces changelins élisent bien domicile dans des
tunnels abandonnés et des égouts sous les villes,
mais la plupart d’entre eux préfèrent les manoirs
victoriens ou les antiques bâtiments de pierre.
On ne leur fait pas confiance, on les craint, on les
raille ou on les ignore. Les Sluaghs n’ont que faire
des sarcasmes et de l’indignation, ils s’occupent
de leurs affaires et récoltent les secrets autant que
les connaissances perdues. Collectionneurs dans
l’âme, ils rassemblent ce que les autres ont délaissé
ou jeté : jouets cassés, bibelots curieux, vieux manuscrits,
livres rongés par les mites et correspondances abandonnées
sont un vrai nectar pour leur soif de savoir. Les étrangers restent
souvent perplexes devant le penchant d’un Sluagh à récupérer ces
objets en apparence inutiles, mais là encore, la perversité est sa
marque de fabrique.
Les mortels ont toujours eu peur du noir et des choses visqueuses
qui vivent sous la terre. La mort est peut-être ce que les humains
craignent plus que les ténèbres. Trépas et décomposition nous
rappellent que nous devrons tous un jour ou l’autre retourner à
la terre. C’est de ces rêves, ou sans doute plus précisément de ces
cauchemars, que sont nés les Sluaghs.
S’il est vrai que ces changelins préfèrent la tranquillité et la
solitude, certains parmi les plus aventureux passent du temps au
sein des cours de la surface, et traînent en général à leur marge. On
sait aussi qu’ils cultivent leurs amitiés avec des changelins et d’autres
créatures, et qu’il leur arrive même de s’engager dans des serments
ou de rejoindre des Bandes. Ils s’écartent parfois de leur chemin
pour aider ou protéger un inconnu qui leur a témoigné du respect
ou de l’affection. Pourtant, même les Sluaghs qui se trouvent un
groupe auquel ils peuvent faire confiance conservent un endroit
discret où se retirer.
Leur goût pour les secrets les entraîne d’ordinaire dans des lieux
sombres et mystérieux. Ce sont les Kithains qui entreront sans doute
en contact avec d’autres créatures surnaturelles, en particulier les
vampires et les fantômes. Parmi eux, ils se sentent souvent acceptés
pour ce qu’ils sont, ce qui n’est pas toujours le cas avec les changelins.
De plus, nouer des relations avec eux leur offre l’occasion de retrouver
des connaissances perdues et d’apprendre tout autant de secrets.
110 Changelin : le Songe
Apparence : minces et pâles, les Sluaghs bougent d’une manière déran-
geante, comme s’ils étaient faits de cartilage et non d’os. Ils n’ont
pas de dents, leurs lèvres sont noires et leurs petits yeux ont l’air
fatigués. Ils regardent rarement les gens en face et préfèrent
souvent fixer un point que personne d’autre ne voit.
L’odeur de la tombe flotte autour d’eux comme un
parfum capiteux. Ils préfèrent les vieux vêtements,
en général de couleur noire et toujours ornés.
Styles de vie : ermites et reclus de nature, les
Sluaghs se fondent mal dans la société mortelle.
Ils peinent à y trouver un moyen de subsistance.
Les plus civilisés d’entre eux travaillent dans des
librairies, des boutiques d’occultisme et comme
antiquaires. Les autres vivotent dans les égouts et
les immeubles abandonnés. Ils sont timides, et malgré
tout territoriaux, et s’imposent des codes de conduite
détaillés et des règles d’étiquette incompréhensibles pour
leurs cousins.
Gamins : ces changelins s’émerveillent du monde extérieur tout
autant qu’ils le craignent. Intensément curieux de ceux qui vivent
dans la lumière, on les aperçoit parfois qui rôdent dans les ombres,
regardent et écoutent. D’ailleurs, ils ne quittent que rarement cette
obscurité protectrice et lorsqu’ils le font, c’est pour rejoindre un
changelin à qui ils se raccrochent. Ils aiment se réunir en petits
groupes, chuchoter pendant des heures et partager leurs secrets
et leurs histoires.
Vauriens : ils creusent et grattent en quête d’un savoir perdu et
oublié. Ils hantent les bibliothèques et explorent les vieilles ruines,
toujours en quête de bribes d’information. La majeure partie de
leur vie se passe à redécouvrir secrets et croyances. Les Vauriens
sont les plus sociables de leur kith, même si cela ne signifie pas
grand-chose. On les trouvera facilement, sans doute en compagnie
d’autres changelins, mais c’est souvent parce qu’ils espèrent mettre
la main sur un sombre secret quelconque. Cependant, il n’est pas
rare qu’ils se lient d’amitié avec d’autres fées et passent beaucoup
de temps avec elles.
Grincheux : détenteurs de nombreux secrets inavouables, les
Grincheux s’accrochent de toutes leurs forces à leurs connaissances.
Convaincre l’un d’entre eux de quitter sa tanière n’est pas chose
aisée. Ils préfèrent les lieux plongés dans l’obscurité où ils peuvent
se pencher avec attention sur les manuscrits anciens et oubliés
de leurs bibliothèques, étudier à loisir leurs collections et ranger
inlassablement ces trésors.
Affinité : l’Accessoire.
Délectation : les Sluaghs trouvent la Délectation lorsqu’ils empruntent
furtivement les tunnels oubliés, apprennent de nouveaux secrets
et jouent de leur réputation d’érudits et de reclus. Toutefois, on
sait rarement qu’ils regagnent aussi du Glamour en terrifiant les
gens méchants ou égoïstes (les rêves qui leur ont donné naissance
mettaient en garde contre les choses qui rôdaient dans la nuit).
Déchaînement : des volutes argentées de toile d’araignée chimérique
accompagnent souvent les charmes lancés par les Sluaghs, tout
comme une forte odeur de moisissure ou la puanteur de la chair
en décomposition.
Héritages
Tortillement : enfermer ou attacher un Sluagh est presque
impossible, car ils sont capables de se contorsionner sans
effort. S’ils ne changent pas leur masse, ils peuvent par-
faitement adopter n’importe quelle forme. Le joueur
doit faire un jet de Dextérité + Athlétisme (difficulté
6 pour se détacher, et jusqu’à 9 pour se glisser entre
les barreaux d’une cellule verrouillée). Le changelin
ne peut pas utiliser cet Héritage pour s’extraire ou se
libérer du fer froid.
Sens exacerbés :
les Sluaghs dimi-
nuent de –1 la
difficulté de
tous leurs jets
de Perception.
Ils peuvent éga-
l e m e n t p e rc e r
toutes les illusions
magiques. Pour ce
faire, ils doivent dépenser un
point de Volonté et réussir un jet de
Perception + Vigilance (difficulté 7). De plus,
ces changelins peuvent percevoir les fantômes
autour d’eux. Dans ce cas, le joueur doit réussir
un jet de Perception + Acuité (difficulté 7). S’il
dépense un point de Glamour, le personnage
peut aussi discuter avec les esprits (cf. page 352
pour plus d’informations sur les spectres).
Fragilité
Le fardeau du silence : ils auront beau essayer
de toutes leurs forces, les Sluaghs sont inca-
pables de s’exprimer plus fort qu’un murmure.
Même un cri ressemblera à un léger soupir.
Ils sont très maladroits en société et la diffi-
culté de tous leurs jets sociaux augmente de
+2 lorsqu’ils interagissent avec quelqu’un
d’autre qu’un Sluagh.
Stéréotypes
Elsa Mandragore, érudite sluagh, marmonne.
Des Boggans : leur talent pour apprendre des secrets est admi-
rable. Si vous voulez découvrir ceux d’une cour, discutez
avec le chef boggan qui travaille aux cuisines, non le
courtisan sidhe.
Des Bonnets rouges : Ils sont une sorte de terreur sanglante
et viscérale. Je connais des secrets qui transformeraient
leurs os en gelée.
Des Clurichauns : ils noient leur angoisse dans la violence et
la bière. Prêtez l’oreille à leurs histoires et vous entendrez
leurs vérités.
Des Eshus : voyageurs et conteurs, leurs récits sont la lumière
et la vie, et ils recèlent une grande sagesse. Mais bon
sang, ils parviennent aussi toujours à se faufiler dans nos
appartements.
Des Nockers : de merveilleux artisans. Pourtant, ils manquent
cruellement de confiance en eux.
Des Piskies : je trouve qu’une touche d’huile de sumac vénéneux
les dissuade assez bien de voler quoi que ce soit.
Des Pookas : ils découvrent la vérité dans les mensonges. Ils
cachent la vérité derrière des tours et des sottises.
Des Satyres : comme de nombreux mortels, ils font bruyamment
la fête parce qu’ils ont peur du silence.
Des Selkies : un peuple tourmenté et tragique, déchiré entre
deux mondes. Ils ne seront jamais complets. Peu importe
la puissance du lien qui les unit à quelqu’un, la mer les
rappellera toujours.
Des Sidhes d’Arcadie : ils tentent de garder les rênes du pouvoir
encore plus que leurs cousins de l’Automne. Mais plus ils
tireront dessus et plus ce pouvoir leur filera entre les doigts.
Des Sidhes de l’Automne : ils pensent être aux commandes,
mais ce n’est qu’une façade… qui s’effrite alors même qu’ils
tentent de garder le contrôle.
Des Trolls : si stoïques et si puissants. Ils cachent une douleur
profonde et secrète, différente de la nôtre, mais c’est une
chose que nous comprenons.
Chapitre deux : les kithains 111
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 « Dégaine ton épée. Appelle tes amis.
Apporte hache, lame, balles. Je ne bougerai pas. »
Honneur. Devoir. Force. Vigilance. Telles sont les pierres angulaires
dans la vie de tous les Trolls. Nés des rêves des guerriers et des
gardiens, ce sont les piliers dévoués et déterminés des cours
féeriques. Presque trop honnêtes, ils dédient leur vie
au service et à la protection des autres fées. Une
fois qu’un Troll a juré de protéger quelqu’un, il
fera l’impossible pour accomplir son devoir. Ce
dévouement est la part la plus essentielle de sa
vie et s’il vient à manquer à sa parole, il tombera
malade jusqu’à ce qu’il ait lavé son honneur de
cette faute. Patients, chevaleresques et fiables,
on considère souvent que ces « géants » sont naïfs
et trop confiants. Pourtant, celui qui trahit un
Troll découvrira bien vite la violence et la rage qui
affleurent, juste sous cette surface si calme.
Leurs Seelies sont puissants, impressionnants et beaux
dans leur forme mortelle, et leur bravoure célèbre. Les Trolls se
consacrent aussi aux valeurs de la chevalerie et de la courtoisie.
Ils utilisent les titres officiels et suivent naturellement les règles de
l’étiquette. Les légendes racontent qu’ils étaient les premiers nobles
féeriques, mais qu’ils ont perdu une grande guerre contre les Sidhes
et qu’ils leur ont par conséquent juré fidélité. Aujourd’hui, ils sou-
tiennent la cour et ses activités, préfèrent une vie simple, et estiment
que la reconnaissance qu’on leur témoigne pour leur fidélité est une
récompense suffisante pour les services qu’ils rendent.
Pourtant, même leur stoïcisme a ses limites. Obstinés et réfrac-
taires au changement, ils sont peut-être lents à la colère, mais elle
explosera si l’on remet leur honneur en cause. Bousculez-en un assez
longtemps et il pourrait commencer à glisser vers son côté unseelie.
Ces changelins résistent à ce penchant plus sombre de leur nature. En
effet, les changelins considèrent généralement que les Trolls unseelies
sont indignes de confiance et ils les évitent. Sachant cela, les autres
kiths éprouvent une grande admiration pour leur dévotion envers
l’honneur. En résistant à leur part plus sombre, ils deviennent les
fondations d’un Domaine et les ardents défenseurs de la société
féerique et de son avenir souvent incertain.
Apparence : elle diffère d’un individu à l’autre, mais une chose
demeure. Ils sont grands. Ces géants seelies mesurent entre 2m10
et 2m70, ils ont des cheveux épais, une peau gris ardoise et des yeux
bleu ou vert pâle. Tous portent une paire de cornes striées sur le
front et préfèrent des vêtements de guerrier, souvent dans le style
nordique. Les Trolls unseelies sont les terrifiantes ombres noires
112 Changelin : le Songe
de leurs frères Seelies. Ils arborent une peau verdâtre, des traits
plus grossiers et une apparence en général débraillée et négligée.
Styles de vie : les qualités athlétiques et la puissance phy-
sique d’un Troll lui offrent de nombreux débouchés
dans la vie mortelle. Les Seelies choisissent un style
de vie spartiate, et ils apprécient le travail difficile
des professions qui leur permettent de servir.
Policiers, sportifs de haut niveau ou même agents
de sécurité sont des carrières parfaites pour un
Troll. Les Unseelies trouvent souvent leur bon-
heur dans le milieu du crime comme encaisseurs,
policiers véreux ou impitoyables gardes du corps.
Gamins : à cet âge, les Trolls sont en pleine phase
d’apprentissage et ils assimilent les fondements de la
chevalerie et de l’honneur. Leur sens naturel de l’équité en
fait des élèves sérieux, et parfois entêtés. Ils deviennent souvent
les pupilles de Trolls ou de nobles plus âgés, qui leur enseignent
ce qu’ils doivent savoir sur leur future place au sein de leur société
féodale. Les autres Gamins doivent se méfier de leurs accès de
violence tandis que les jeunes Trolls apprennent à se maîtriser.
Vauriens : une fois aiguillé sur la voie de l’honneur, le Vaurien part
en quête de son but dans le monde. À cet âge, il se jettera à corps
perdu dans une cause, parfois même au détriment de sa propre
sauvegarde. Ses compagnons doivent souvent le tempérer, car s’ils
ne le font pas, le plus noble des guerriers risque de laisser sa part
d’ombre l’emporter et devenir Unseelie.
Grincheux : ils ont pris bien des tempêtes, ils ont été bien des fois
le rocher sur lequel de nombreux efforts se sont appuyés. De plus
en plus obstinés et formalistes, les Grincheux deviennent parfois
des solitaires et se consacrent à une seule tâche. Ils se retirent dans
leurs tanières et n’en sortent que pour accomplir leur devoir, ou
pour faire profiter ceux qu’ils estiment dignes de l’expérience d’un
vieux guerrier.
Affinité : la Fée.
Délectation : les Trolls regagnent du Glamour lorsqu’ils respectent
leur parole, mais aussi lorsqu’ils protègent et s’occupent de ce qu’ils
possèdent. Ils peuvent parvenir à la Délectation d’une manière
très boggan, comme peindre une maison, entretenir son jardin
ou enseigner aux enfants, ainsi qu’en accomplissant des prouesses
athlétiques ou guerrières. Un Troll en manque de Glamour peut
défier une Bande au cours d’un match de football et les affronter
tous en même temps.
 Fragilité
Le poids du Devoir : l’intégrité d’un Troll lui est aussi essentielle
Stéréotypes que sa force. S’il rompt un serment ou un contrat solennel, il perd
le bénéfice de la Force du titan et tombe malade. Il ne retrouvera
Gwynn Foster-Hale, maman et joueuse de foot troll, nous
sa puissance que s’il fait pénitence pour ne pas avoir respecté ses
explique certaines choses.
engagements. Cette pénitence peut impliquer de prêter un nouveau
Des Boggans : après la bataille, je veux rentrer profiter d’une
serment ou de dédommager la partie lésée. Sa parole est si intrin-
maison, d’une cheminée et d’un repas chaud. Je protège
sèque à l’individu que celui-ci choisit avec une grande prudence
un Boggan et j’ai les trois ? C’est ce que j’appelle du
les serments qu’il prête (et les gens à qui il se lie). Si on trahit le
gagnant-gagnant.
personnage, son joueur doit faire un jet de Volonté (difficulté 8)
Des Bonnets rouges : le mieux qu’ils peuvent faire, c’est de me
pour contenir la rage qui l’anime. En cas d’échec, le Troll attaquera
harceler et de m’arracher le bras. Que vont-ils faire quand
je continuerai d’avancer ?
le ou les responsables jusqu’à ce qu’on le maîtrise ou que son joueur
réussisse un autre jet de Volonté (difficulté 8). Il peut à nouveau
Des Clurichauns : soudainement bruit et fureur, et puis ils
tenter ce jet après un nombre de tours égal à son score de Glamour.
battent en retraite. La tristesse les hante tous et dérobe
leur force.
Des Eshus : avec un Eshu, vous deviendrez toujours le protago-
niste d’une histoire. C’est quand même gratifiant.
Des Nockers : le génie leur permet d’irriter, mais juste un peu.
Des Piskies : minuscules et irritantes créatures. Leurs yeux sont
pourtant si innocents que parfois, nous oublions.
Des Pookas : quel intérêt de parler quand personne ne vous croit ?
Des Satyres : ils prétendent que la sagesse est au fond de leurs
verres. Ils prétendent.
Des Selkies : fuyants, joueurs, frivoles.
Des Sidhes d’Arcadie : si vous voulez voir le vrai visage d’un
chef, regardez qui il commande. Je serai aux côtés d’un
Sidhe s’il se montre honorable. Dans le cas contraire, je
regarderai ailleurs.
Des Sidhes de l’Automne : ils sont restés pour affronter la
tempête à nos côtés. Je ne l’oublierai pas.
Des Sluaghs : brillants, mais dans le feu de l’action, il est parfois
difficile d’entendre la sagesse qu’ils posent sur la table.

Déchaînement : les charmes lancés par les membres de ce kith s’ac-

compagnent d’un coup de froid polaire, réminiscence de leur passé
de combattant dans le nord. Si l’on écoute avec assez d’attention,
on pourra percevoir le chant de l’acier qui s’entrechoque, ou encore
les rumeurs des combats engagés par de valeureux Trolls depuis
longtemps disparus.

Héritages
Puissance du titan : un Troll n’est jamais plus fort que lorsqu’il accom-
plit son devoir. Quand il prête son premier serment, il bénéficie d’un
niveau de santé « Contusions » supplémentaire et gagne un point
de Force, même si cela porte l’attribut au-delà du score maximum
habituel de 5. Au deuxième serment, il bénéficie de deux niveaux
de santé « Contusions » supplémentaires (soit au total neuf niveaux
de santé) et gagne deux points de Force. Rendez-vous en p. 264
pour plus d’informations sur les serments.
Opiniâtre : lorsqu’un Troll accomplit son devoir, rien ne peut se
dresser en travers de sa route. Il ajoute deux dés sur ses jets d’op-
position lorsqu’on tente de le séduire, de le persuader ou même de
lui ordonner par magie de s’écarter de sa voie. De plus, il ne peut
jamais faire d’échec critique sur un jet d’Athlétisme ou de Vigilance.

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Création d’un kith
Dans Changelin, les joueurs peuvent choisir parmi 13 kiths « prin-
cipaux », ainsi que plusieurs kiths « mineurs » dans le chapitre dix.
De plus, ils ont la possibilité d’endosser le rôle d’un inanima, d’un
Nunnehi ou d’un Menehune. Voilà bien assez d’options, non ?
Non. Les kiths et les Gallains présentés dans ce livre sont nom-
breux, mais ils n’ont même pas commencé à en effleurer la surface.
Les créatures mythiques, nombreuses et variées, peuvent toutes
autant qu’elles sont devenir des Kithains, sans compter les idées
qui peuvent surgir dans la tête des joueurs. Nous vous offrons donc
ci-dessous une section consacrée à la création de nouveaux kiths.
Cette création se déroule en six étapes et devrait impliquer
le joueur à l’origine de l’idée et le conteur. En effet, inutile de se
lancer dans un travail colossal si celui-ci souhaite que sa chronique
ne compte que des Boggans ! De la même manière, le conteur doit
commencer par annoncer les éventuelles restrictions qu’il compte
imposer. Par exemple, s’il décide que la magie qui affecte le temps
relève du seul Art du Chronos, les nouveaux kiths ne bénéficieront
donc pas d’Héritage incluant ce genre de pouvoir.
Étape Un : le concept
En tout premier lieu, vous devez avoir l’idée fondatrice du kith. Si
vous vous inspirez de la mythologie, de la littérature, du cinéma
ou d’une autre source, prenez le temps de réfléchir aux éléments
que vous trouvez intéressants. S’agit-il des effets visuels autour du
personnage d’un film, ou bien de l’astuce dont il fait preuve quand
il remet les fouineurs mortels à leur place ? Vous pensez peut-être
qu’une créature féerique légendaire devrait légitimement avoir une
place dans l’univers de Changelin : le Songe sans qu’il soit besoin de
lui trouver une « accroche » précise. Ça marche aussi ! Cependant,
essayer de déterminer les raisons qui vous poussent à introduire ce
nouveau kith dans le Songe.
À ce stade, le concept n’a pas besoin de cohérence, de joua-
bilité ou d’« équilibre ». Peu lui importe les règles. Pour l’instant,
contentez-vous de coucher sur le papier les idées que vous trouvez
Les rêves ne suivent
pas de règle
« Suivre bêtement la règle n’entrave que les petits esprits »,
disait Emerson. Dans la plupart des cas, le processus de
création que nous avons mis en place peut tout à fait s’utiliser
pour « renverser » les kiths qui existent… mais il existe des
exceptions. « Tout s’équilibre parfaitement du point de vue
des règles du jeu, et aucun kith n’est plus puissant qu’un
autre » ne doit pas venir conclure ce processus de création.
Il s’agit plutôt de s’assurer que « le kith représente la vision
que vous en avez et il sera intéressant et drôle à jouer ».
Tout au long de ce processus, n’oubliez pas d’ajouter
cette note mentale à tout ce qui ressemble, de près ou de
loin, à une généralisation : « à moins qu’enfreindre cette
règle ne rende un personnage plus intéressant ».
114 Changelin : le Songe
formidables. Si certaines se contredisent, c’est tout à fait acceptable.
La plupart du temps, les rêves ne sont compréhensibles que quand
on les place dans un contexte plus large, mais ils sont souvent une
grande source d’inspiration.
Articulez votre réflexion selon les axes suivants.
Apparence : quelle est l’apparence chimérique des membres
de ce kith ? S’ils possèdent des traits inhumains, quels sont-ils
et quels défis proposent-ils ? Faites preuve de prudence si vous
suggérez que tous les changelins qui en font partie appartiennent
à une ethnie ou une nationalité précise. Si toutefois le kith ne
compte que quelques individus, il est tout à fait raisonnable de
considérer qu’ils se trouvent tous dans la même région.
Magie : quel genre de magie utilise la créature ou l’entité dans
les récits ou les représentations qui vous l’ont inspirée ? Si vous
fabriquez le kith de toutes pièces, quel talent magique vous
semble coller à cette description ? Ne réfléchissez pas encore
en fonction du Monde des Ténèbres ou de Changelin. Notez
simplement ce dont la créature est capable. Si elle vit sur une
plage et qu’elle peut conjurer des ouragans, écrivez-le. Certes,
un personnage jouable ne pourra sans doute pas faire la même
chose, mais cela vous donnera une indication.
Rêves : quel genre de rêves a donné naissance à cette entité ?
Certains Kithains sont au diapason des cauchemars, d’autres
des rêves de liberté et de félicité, d’autres encore de songes plus
érotiques. Réfléchir à ceux qui ont participé à la genèse du kith
peut influencer les Héritages et la Fragilité, le caractère habituel
et la cour de prédilection (par exemple, personne ne dit que
les Bonnets rouges doivent être des Unseelies, mais la plupart
d’entre eux le sont).
Vie humaine : souvenez-vous que tous les Kithains commencent
leur vie dans la peau d’un humain, et qu’ils deviennent des
changelins après avoir vécu la Chrysalide. Quelles personnes
peuvent émerger de cette Chrysalide ?
Étape Deux :
le rôle dans le Songe
Au cours de cette étape, vous placez le nouveau kith dans l’univers de
Changelin : le Songe. Pour ce faire, vous devez penser non seulement
à la mythologie sur laquelle il s’appuie (ou la source d’inspiration
que vous utilisez), mais aussi à la manière dont il s’insère dans le
Monde des Ténèbres dans son ensemble.
La première question, et sans doute la plus importante, est la
suivante. Depuis combien de temps ce kith est-il présent ? Si vous
avez tiré votre idée de la mythologie ou du folklore, il possède
logiquement une histoire. Cela ne signifie pas que les changelins
sont forcément très nombreux. Ils sont peut-être liés à une région
précise, ou bien ils étaient plus répandus, mais ils ne vivaient plus
leur Chrysalide pour une raison quelconque jusqu’à une époque
récente. A contrario, on peut en compter autant que les Eshus ou
les Pookas. Discutez-en simplement avec le conteur et assurez-vous
que l’ajout d’un nouveau kith « central » ne va pas semer le désordre
dans les rouages de la chronique.
Passez l’histoire des Kithains en revue (présentée dans le chapitre
un) et imaginez comment cette famille peut en faire partie. S’il était
là au moment de la guerre de l’Accord, quel rôle a-t-il joué ? Il n’est
pas raisonnable de penser que tous ses membres ont choisi l’un ou
l’autre camp, mais vous pouvez tirer des tendances générales. Dans
l’ensemble, le kith s’est-il montré loyaliste, ou bien s’est-il rangé du
côté des rebelles ? À l’instar des Sidhes, a-t-il réapparu sur Terre après
une longue absence et a-t-il dû reprendre sa place, ou bien est-il resté
aux côtés des roturiers pendant l’Interrègne ?
Pensez au rôle qu’il joue dans la société féerique et à la réputa-
tion de ses membres. Quand un changelin a besoin de faire réparer
quelque chose, il va voir un Nocker. S’il lui faut un savoir antique ou
interdit, il ne trouvera pas mieux qu’un Eshu ou un Sluagh. Dans
quel domaine est-il reconnu ? Dans une partie de Changelin, et sans
permettre de concept ou de particularités, que ferait-il ?
Envisagez cette question à plusieurs niveaux : les Cours, les
Domaines et les Bandes. Au sein des deux Cours, comment le kith
aborde-t-il l’obtention du Glamour, l’inspiration des Rêveurs et les
divers points d’achoppement entre Seelies et Unseelies ? Est-il présent
au sein de la Cour des Ombres ? À ce sujet, a-t-il un équivalent chez
les Thallains ? Vous pouvez aussi choisir de laisser cette question au
conteur, et être surpris et horrifié en jeu.
Au sein d’un Domaine, quelle est la fonction du kith ? Prend-il
dans son ensemble une part active à la société néo-féodale des Kithains
ou, comme le font les Selkies, choisit-il de rester en marge ? Dans
ce dernier cas, pourquoi et comment ? Plus précisément, s’il décide
de ne pas participer à la vie des changelins, quel rôle lui reste-t-il au
sein d’une chronique ?
Enfin, quel rôle social les membres du kith remplissent-ils au
sein d’une Bande ? Les Sidhes sont des chefs tout autant que des
figures romantiques. Les Trolls sont forts, solides et loyaux. Les
Pookas mentent, mais font également de magnifiques confidents
(comme les Boggans, pour des raisons différentes). Ne vous sentez
pas obligé de leur trouver une influence complètement inédite, ce
serait de toute manière difficile. Réfléchissez plutôt à la manière dont
ces changelins interagissent avec les autres, puis tentez de trouver
des combinaisons intéressantes.
Stéréotypes
Si vous vous penchez sur les descriptions des kiths du
chapitre précédent, vous remarquerez que chacun d’entre
eux présente un ensemble de stéréotypes. C’est ce que ses
membres pensent des autres changelins. À l’évidence, ils
brossent à grands traits un portrait général et lui ajoutent
un peu de piquant. Le stéréotype du Piskey sur les Bonnets
rouges commence par « À éviter à tout prix ! », ce qui ne
signifie pas que dans votre chronique, ces deux changelins
ne peuvent pas devenir amis. Il donne simplement un point
de départ aux personnages pour leurs interactions.
Vous pouvez aussi personnaliser ces opinions. Sans
avoir nécessairement besoin de les écrire noir sur blanc,
pensez à la manière dont un membre de votre nouveau kith
réagirait si on lui demandait ce qu’il pense des Trolls ? Dans
le même temps, décrivez le kith (là aussi, grossièrement)
à un joueur de votre troupe et demandez-lui ce qu’il en
pense. Les stéréotypes n’ont pas pour vocation d’envisager
tous les cas particuliers, mais ils devraient tout de même
contenir une once de vérité et de logique.
Étape Trois : les Héritages
Tous les kiths possèdent deux Héritages choisis parmi trois catégo-
ries. Lorsque vous les déterminez et les créez, prenez en compte les
points suivants.
 Impliquez la mythologie : choisissez un détail dans la mythologie
du kith (s’il en existe une) qui vous intéresse et vous inspire. Pas
besoin de lui intégrer toute une légende. Ceux que nous avons
déjà décrits ne le font pas ! Par exemple, l’un des Héritages des
Pookas leur permet de se transformer en un animal, mais ne les
oblige pas à choisir entre les lapins, les chèvres ou les chevaux
noirs, ce qui aurait pourtant collé aux nombreux mythes du
folklore irlandais dont ils sont issus. De même, dans Changelin :
le Songe, les Trolls ne sont ni laids ni maléfiques, mais forts et
travailleurs. Toutefois, cet aspect du kith est présent chez leurs
homologues Thallains et c’est une tactique tout à fait acceptable.
 Traitez avec les mortels : les Kithains sont nés des rêves des
mortels. Les Boggans ne font pas qu’exceller dans les tâches
ménagères, ils adorent ça. C’est, au sens propre, ce pour quoi
ils ont été créés. Pensez aux songes qui ont donné naissance au
kith et réfléchissez à la manière de les traduire dans un Héritage.
 Racontez une bonne histoire : une partie de Changelin ne se
résume pas à l’arrivée d’un personnage dans la scène, puis à
sa « victoire ». C’est l’histoire d’un groupe de personnages qui
rencontrent et triomphent de l’adversité (ou qui y succombent,
car si la troupe s’y prête, la tragédie peut se révéler tout aussi
satisfaisante). Les Héritages d’un nouveau kith devraient par-
ticiper à la survenue d’événements intéressants et palpitants,
et non à la résolution rapide de l’intrigue. Tel est le véritable
objectif de l’équilibre du jeu. Ces Héritages ne se valent pas
tous (ils sont bien trop subjectifs et différents pour cela), mais
tous offrent au personnage un biais pour faire avancer l’histoire
de façon créative et novatrice.
Vous trouverez ci-dessous la description des trois catégories
d’Héritages.
Le Flair
Ces Héritages permettent aux changelins d’accomplir des tâches
ordinaires avec une stupéfiante précision. D’après les règles, ils
modifient les capacités et parfois les attributs. Ils font en sorte que
le Kithain ne puisse jamais faire d’échec critique sur un jet de trait
précis (il deviendra un simple échec), ou bien que la difficulté des
jets effectués avec ce trait diminue.
Le joueur bénéficie d’une certaine latitude quand il s’agit de
déterminer la manière dont ces systèmes s’appliquent. Par exemple,
les membres du kith peuvent se montrer surnaturellement doués
pour soigner (la difficulté de tous les jets de Médecine diminue de
-1), ou pour effectuer une action précise lors d’un jet de capacité
(un kith brutal connu pour sa faculté à briser les os bénéficiera d’un
avantage, et la difficulté de tous les jets d’attaque effectués dans ce
but diminuera de -2).
Un seul Héritage peut associer plusieurs applications du Flair,
si elles fonctionnent sur le même thème et que le conteur n’a pas
l’impression que le joueur devient incontrôlable. Par exemple, la
difficulté de tous les jets de Dextérité des Selkies bénéficie d’un
bonus de -2 et ils ne peuvent pas faire d’échec critique sur leurs
jets d’Athlétisme, mais ils doivent pour cela se trouver dans l’eau.
En général, plus le Flair s’applique largement et moins le conteur
devrait permettre à un joueur de l’inclure dans un « panier ». Si elle
Chapitre deux : les kithains 115
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
concerne un attribut sans restriction, elle constituera probablement
l’intégralité de l’Héritage, surtout pour les attributs physiques et
mentaux (car ce sont eux que l’on sollicite le plus).
La Magie
Voici la forme la plus courante d’Héritage, et elle permet aux
membres du kith d’accomplir un tour ou un don particulier. Ceux
qui existent déjà appartiennent dans leur grande majorité à cette
catégorie, comme la capacité de métamorphose du Pooka, le talent
du Piskey pour se fondre dans la masse et le don du Sluagh pour
se glisser dans les plus petits endroits. Ce genre d’Héritage est le
plus difficile à imaginer et pour le conteur, le plus délicat à arbitrer.
Vous devez prendre en compte les principes de création suivants.
Rendez-le magique : il doit permettre au changelin de faire
quelque chose que les humains ne peuvent tout simplement pas
faire, ou bien ne peuvent pas faire sans de gros efforts. Un Boggan
analysera au premier coup d’œil et au fil d’une brève conver-
sation les relations sociales au sein d’un groupe. Pour faire la
même chose, un mortel doué aura lui besoin d’observer les
participants et d’échanger plusieurs heures avec eux.
Dépense ? La majeure partie des Héritages ne nécessite pas la
dépense d’un point de Glamour, mais certains le demandent. Il
est possible de poser comme condition l’utilisation d’un point
de Volonté, voire d’un niveau de santé ! Toutefois, réservez-le
pour des talents spéciaux impressionnants. S’en servir en jeu
représente de la part du joueur un investissement dans le scé-
nario. La récompense devrait être à la hauteur de celui-ci.
Groupement de dés ? La plupart des Héritages magiques
requièrent un jet quelconque (pas tous ; la métamorphose du
Pooka et la voracité du Bonnet rouge ne leur font jamais défaut).
En général, plus l’effet ressemble à une action ordinaire et plus
la probabilité du jet de dés s’impose.
Associé au Flair : si un Héritage de cette catégorie produit des
résultats relativement mineurs ou reste limité dans sa portée,
le conteur peut autoriser le joueur à y ajouter un Héritage du
Flair. Cependant, il doit constituer une suite naturelle de la
Magie. Par exemple, on ne peut jamais ridiculiser un Sidhe, et
peu importe le mal qu’on se donne (un Héritage clairement
magique) et en conséquence, ils ne peuvent jamais faire d’échec
critique sur les jets d’Étiquette.
La Grâce
Ce sont les plus rares, mais aussi les plus simples. Ils accordent des
points supplémentaires dans un trait, en général un attribut.
Les joueurs doivent considérer qu’un bonus dans un attribut
souligne le talent du personnage, surtout comparé aux mortels.
Selon les critères humains, le « plus laid » des Sidhes reste séduisant
et le plus faible des Trolls est aussi puissant qu’un mortel ordinaire.
Si le kith que vous avez imaginé se distingue largement dans un
domaine, vous pouvez en toute logique envisager de lui ajouter un
Héritage de Grâce.
Les Héritages de ce type ne devraient pas offrir plus d’un point
d’attribut physique et mental, ou encore plus de deux points d’attribut
social. Ils peuvent aussi ajouter des niveaux de santé (comme pour
les Trolls), voire des points de Volonté. Cependant, si vous pensez à
créer un kith particulièrement déterminé, nous vous conseillons de
prévoir certaines circonstances hostiles dans lesquelles le changelin
pourra regagner des points de Volonté, et non de lui attribuer des
points de Volonté supplémentaires. Rappelez-vous que ce trait sert
116 Changelin : le Songe
à obtenir des réussites automatiques, ce qui diminue les chances de
faire un échec critique (cf. page 258). De même, ce genre d’Héritage
ne devrait pas donner de point de Glamour supplémentaire sans de
lourdes limitations, voire une deuxième Fragilité.
Étape Quatre : la Fragilité
Les créatures mythiques ont presque toujours une faiblesse quel-
conque. Cela peut être un comportement compulsif, une substance
ou un type de nourriture qui les repousse, une aversion à entendre
son nom ou une façon de les pousser à accepter la servitude. Lorsque
vous concevez votre kith, vous devez créer une Fragilité, c’est-à-dire
un point de son histoire qui le limite ou le handicape d’une manière
ou d’une autre.
Lorsque vous procédez, prenez en compte les principes suivants.
Ouverture scénaristique : les Pookas doivent mentir quand
on leur pose une question directe. Cela signifie que lorsqu’un
changelin de ce kith doit répondre à ce genre de question,
l’histoire tourne autour de ce Pooka et de son incapacité à
donner une réponse directe. Bien sûr, il peut dire la vérité s’il
s’en donne la peine, mais souvenez-vous qu’il doit pour cela
faire un jet de Volonté. Si son joueur choisit de lancer les dés,
il s’investit dans l’honnêteté du personnage à ce moment précis,
ce qui devrait aussi revêtir une certaine importance. Lorsque
vous créez une Fragilité, pensez à ses effets quand elle entrera
en jeu et permettez-lui d’apporter des défis intéressants.
Pertinence : les Fragilités obscures, obtuses ou extrêmement
difficiles à jouer ne sont pas assez fouillées. Elles doivent entrer
en jeu, même de façon mineure, au moins une fois par chapitre.
Certaines d’entre elles, comme l’impossibilité du Sluagh à s’ex-
primer autrement que dans un murmure, sont permanentes,
mais somme toute mineures. D’autres, comme la vulnérabilité
du Selkie lorsqu’il perd sa pelisse de phoque, ne constitueront
pas une source de problème fréquente, mais quand cela arrive,
elles peuvent devenir le fil conducteur de tout un scénario. Les
deux s’envisagent, mais une Fragilité ne se résume pas à un petit
désagrément auquel le personnage fait à peine attention.
Éviter les dégâts directs : il est tentant de se dire qu’une source
précise peut infliger des dégâts physiques aux membres du kith.
Une plante peut être toxique, ou bien la lumière du soleil sera
dangereuse pour un kith nocturne. Cependant, ce genre de
Fragilité est difficile à utiliser en jeu, car lorsque le conteur s’en
sert, elle diminue considérablement l’efficacité du personnage
jusqu’à ce qu’il guérisse. La menace que ces dégâts représentent
est parfois une motivation suffisante, mais elle agit plus comme
une limite aux actions du changelin que comme un générateur
de scènes remarquables. Subir des blessures est en soi un évé-
nement sans intérêt ; c’est le contexte qui leur donne toute leur
intensité dramatique.
Les Fragilités se répartissent en trois catégories générales.
Compulsions
La plupart des Fragilités existantes tombent dans cette catégorie et
requièrent une action particulière du personnage. Dans certains cas,
il s’agit d’un comportement permanent (les Sluaghs murmurent tout
le temps, les Pookas mentent toujours). Dans d’autres, le changelin
doit effectuer une action précise dans des circonstances données (les
Boggans doivent aider les gens dans le besoin, les Piskies essaieront
de voler les objets qui leur plaisent). Le personnage peut souvent
résister à cette compulsion grâce à un jet de Volonté (difficulté 8),
et il doit même parfois dépenser un point de Volonté. Souvenez-
vous que si cette dépense devient nécessaire, elle fait comprendre
au joueur qu’il peut éviter ce comportement, mais seulement si cela
revêt une importance capitale pour le scénario.
Malédictions
Ce sont des faiblesses surnaturelles. Les Trolls tombent malades et
s’affaiblissent s’ils ne respectent pas leur parole. On peut contrôler
ou même tuer un Selkie si l’on détruit sa pelisse de phoque. Lorsque
la Fragilité inflige un malus ou provoque une conséquence si le
personnage enfreint une interdiction ou qu’on se montre plus rusé
que lui, il s’agit d’une Malédiction. En général, les Compulsions
ne portent pas à conséquence et le personnage peut d’habitude
les contourner, du moins temporairement. Les Malédictions n’ap-
paraissent pas aussi souvent, mais quand elles le font, les résultats
sont dramatiques et importants. Telle est la différence fondamentale
entre ces deux catégories.
Les Malédictions ne provoquent pas forcément la perte de
niveaux de santé (d’ailleurs, elles ne le devraient pas ; cf. plus haut).
En revanche, elles diminuent l’efficacité d’un personnage, ou bien
le rendent malade ou l’affaiblissent pendant un temps. Si vous
choisissez ce genre de Fragilité, il vaut mieux permettre au joueur de
l’éviter ou d’en guérir. Le conteur ne doit pas laisser un personnage
mourir à cause de cela.
Inaptitudes
Ces Fragilités sont rares. Tout comme les Héritages du Flair, elles
affectent l’habileté du personnage dans l’exécution de certaines tâches.
Par exemple, les Bonnets rouges sont simplement mauvais dans les
situations sociales et subissent des malus lorsqu’ils s’y trouvent. Les
Inaptitudes peuvent diminuer les groupements de dés, augmenter
la difficulté ou, dans certains cas extrêmes, faire automatiquement
échouer certaines actions du personnage.
Il convient donc de les utiliser avec précaution. En soi, elles
n’apportent guère d’intensité dramatique. Elles ont plutôt tendance
à souligner les actions que le kith devrait tout simplement éviter. Un
conteur roué et un joueur intrépide feront naître des scènes intéres-
santes, lorsque le personnage essaiera de se dépêtrer de situations
pour lesquelles il n’est clairement pas armé. Toutefois, ces conflits
deviennent lassants s’ils se répètent au cours de plusieurs chapitres
et privent probablement le personnage d’une occasion de briller.
Les Inaptitudes peuvent quand même s’avérer un ajout profitable à
une Fragilité somme toute assez plate.
Étape Cinq : l’Affinité
Choisissez un Royaume parmi ceux qui existent, qui deviendra
l’Affinité du kith. Cela signifie que la difficulté des charmes lancés
par le personnage et qui utilisent ce Royaume diminue de –1. Si
vous pouvez opter pour celui qui vous semble le mieux correspondre,
voici quelques lignes directrices.
Choisissez l’Acteur si le kith entretient des relations étroites
avec des communautés mortelles, ou si l’un de ses Héritages
implique directement des mortels ou des Dormeurs.
Choisissez la Fée si le kith est ouvertement et à l’évidence
magique, ou s’il a des liens historiques précis avec la société
des Kithains.
Choisissez la Nature si le kith s’oriente clairement sur l’extérieur,
les animaux ou les éléments classiques.
Choisissez l’Accessoire si le kith utilise des objets ou des arti-
sanats, ou s’il est enclin à voler.
Choisissez la Scène si le kith se concentre sur les voyages et les
déplacements.
Choisissez le Temps si le kith bénéficie d’une réputation
mythique d’immortalité ou de jeunesse éternelle.
Étape Six : ajustements
La dernière étape de création est par bien des aspects la plus impor-
tante. Reprenez tout le travail que vous avez déjà fait, l’histoire que
vous avez imaginée, ainsi que les Héritages et la Fragilité que vous
avez inventés, puis posez-vous quelques questions. Est-ce que ça va ?
Cela correspond-il à ce que vous vouliez ? Le kith sera-t-il amusant à
jouer ? Le conteur doit avoir son mot à dire ici, mais comme vous
serez chargé d’introduire ce groupe dans l’univers de Changelin, la
décision vous appartient. Avez-vous besoin de corriger quelque chose
pour qu’il corresponde à ce que vous aviez envisagé ?
Si tel est le cas, procédez. Ne craignez pas d’enfreindre les règles
que nous avons établies ici (de toute façon, ce sont plus des directives
qu’autre chose). Si vous avez conçu une Fragilité que vous aimez
beaucoup, mais que vous décrivez des saignements quand elle entre
en jeu, optez plutôt pour un niveau de dégâts chimérique. Oui, nous
vous conseillons d’éviter les dégâts directs, mais à l’instar de toutes
les règles de Changelin, ce n’est qu’une suggestion. Si l’Héritage que
vous avez inventé utilise la Magie et le Flair, alors servez-vous-en !
Mettez simplement les choses au point avec votre conteur, assurez-vous
de n’enfreindre aucune règle qu’il ne veuille garder en l’état et vous
serez prêt à vous lancer dans l’aventure.
Exemple de création
Mathieu se prépare pour la campagne Changelin de son frère, et
il envisage les options de personnage dont il dispose. Il sait que
l’intrigue tournera autour des relations entre changelins et gens
ordinaires, et il souhaite incarner un personnage qui bénéficie d’un
lien puissant avec l’humanité. Il s’intéresse en particulier aux Boggans,
mais leur propension à s’occuper des tâches ingrates le refroidit un
peu. Il préfère les personnages plus viscéraux et magiques. Plutôt
que de choisir dans ce qui existe, il demande donc au conteur s’il
peut créer un kith.
Étape Un : le concept
Au cours de ses recherches, Mathieu découvre les domoviye, des esprits
protecteurs du foyer que l’on retrouve dans les légendes russes et slaves.
Les histoires qu’on raconte à leur sujet sont nombreuses. Parfois,
ils faisaient le ménage et les corvées pour leur famille d’adoption,
comme les Boggans. Mais contrairement à eux, ils veillaient sur les
gens pendant leur sommeil et endossaient le rôle d’oracles. Ils avaient
aussi la réputation de se déchaîner comme des esprits frappeurs sur
leur famille s’ils se fâchaient. Mathieu aime bien cette dichotomie
et s’attelle donc à créer les Domovoïs pour Changelin.
Le folklore les décrits chétifs, de petite taille et poilus. Le
joueur décide donc que c’est toujours la vérité dans l’univers. Si
les Domovoïs sont petits et souvent recouverts de poils noirs, ils ne
sont pas forcément laids. En revanche, ils sont basanés et quelque
peu grossiers. Malgré tout, ces changelins se meuvent avec grâce et
Chapitre deux : les kithains 117
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
légèreté et Mathieu pense qu’ils devraient se déplacer presque en
silence (puisqu’ils doivent vaquer à leurs occupations domestiques
pendant la nuit sans réveiller les gens). Avant la Chrysalide, les
Domovoïs devraient être dotés d’un solide esprit de famille. Sans
être forcément eux-mêmes des parents, ils se lient avec les personnes
qui les entourent. Ils font des professeurs, des gens de maison, des
conseillers et des agents de sécurité excellents.
Pour finir, Mathieu réfléchit à la magie des créatures de la légende
et tente de déterminer ce qui constituerait des Héritages intéressants.
Leur don de prophétie est déjà un bon début, mais il faut prendre
garde à ne pas empiéter sur l’Art de la Divination. Leur propension
à la discrétion et au silence fait une bonne piste de recherche, tout
comme leur tendance à protéger les Rêveurs endormis.
Étape Deux : le rôle dans le Songe
À l’évidence, les Domovoïs sont nés des mêmes rêves que les Boggans
(bénéficier d’une assistance pour prendre en charge une partie des
tâches ménagères), mais aussi d’une crainte profonde quant à la
sécurité de sa famille. Après tout, les domoviye veillaient sur les gens
endormis et sont donc nés de leurs rêves de sécurité et de protection.
Voilà pour la partie aisée. Question plus ardue : comment les
Domovoïs s’insèrent-ils dans l’histoire des Kithains ? Après tout, ce
sont à l’évidence des roturiers, alors où étaient-ils durant la guerre de
l’Accord et les événements récents ? Mathieu décide qu’ils ont adopté
avec facilité et volontairement la Voie du Changelin, et qu’ils ont
traversé l’Interrègne de la même manière qu’ils ont toujours vécu.
Ils ont resserré les liens avec leurs familles d’adoption mortelles et
ils se sont rendus utiles. Lors de la Résurgence, certains d’entre
eux ont accueilli les Sidhes (ils n’ont jamais été en conflit avec leurs
« chefs » puisqu’ils se concentraient généralement sur les humains),
tandis que d’autres n’en ont pas eu grand-chose à faire. Rares étaient
ceux à s’être lancés à corps perdu dans la bataille. Cela leur a valu
parmi les autres Kithains une réputation de neutralité (au mieux)
et de lâcheté (au pire).
En ce qui concerne les deux Cours, Mathieu décide que les
Seelies de son kith sont d’aimables enseignants et assistants, beau-
coup plus enclins à protéger les dormeurs et à briquer la maison
qu’à révéler leur présence. D’un autre côté, les Unseelies envoient
des avertissements sibyllins à leurs familles, et si elles se montrent
incapables de décrypter ces présages… eh bien disons que ça n’est
pas trop le problème du changelin.
Qu’en est-il de la société mortelle ? Les Domovoïs n’ont à l’évidence
pas besoin de passer toute la journée dans la maison de leur famille,
car s’ils le faisaient, ils ne feraient pas de bons personnages à jouer.
Mathieu décide qu’un changelin de ce kith adopte une famille et
s’attire ses bonnes grâces comme ami, voisin et confident. Il prête
ensuite serment auprès d’elle et la famille le scelle (souvent sans le
savoir) avec un cadeau ou un repas offert au Domovoï. Celui-ci est
désormais lié à ces gens tant qu’il vit dans cette maison. Mathieu
détermine que les changelins tireront du Glamour de la maison
familiale, comme ils le feraient d’un Domaine. Toutefois, il s’agit
probablement d’un Héritage.
Dans une Bande, le rôle qu’un Domovoï remplira le mieux sera
celui de naviguer dans la société mortelle. Il la comprend parce qu’il
l’a vue changer au fil des siècles. Ces fées pourraient aussi devenir de
bons protecteurs pour les changelins naissants, sur le point d’entrer
dans la Chrysalide.
118 Changelin : le Songe
Comment utiliser
ce processus : les conteurs
Le processus de création d’un kith est tourné sur un concept
jouable, c’est-à-dire qui fonctionne pour créer des person-
nages contrôlés par les joueurs. À ce titre, il est possible
d’utiliser ce système pour créer des créatures secondaires
(par exemple, des Thallains), mais la mécanique du jeu
change légèrement les priorités.
Un personnage du conteur est un élément de l’intrigue,
une méthode pour que les personnages de la troupe sur-
vivent à des défis, se lancent dans des dialogues émouvants
et racontent leur histoire. De ce fait, la Fragilité d’un tel
personnage doit plus être une motivation pour leurs actions
qu’un défi d’interprétation. Prenez l’exemple la Marque
de l’Iconoclaste (cf. page 359), une race de Dauntain qui
doit tous les jours détruire un morceau quelconque du
Songe. Comme ils ne sont pas conçus comme des per-
sonnages pour les joueurs, vous ne mettrez pas en scène
des histoires dans lesquelles le Dauntain doit choisir quel
Trésor détruire, ou tente de trouver un objet magique
acceptable à piétiner. À la place, ce besoin de détruire le
Songe informe sur ses actions et le fait entrer en conflit
avec les personnages de la troupe.
De la même manière, si vous planchez sur les Héritages,
appliquer des Grâces et du Flair à la Magie vous facilitera
le travail. Les personnages seront plus résistants si l’on ne
raisonne que sur la valeur de leurs traits, mais les joueurs
ont beaucoup d’autres avantages pour rattraper ce retard
(l’histoire raconte leur saga, ce qui fait une énorme dif-
férence). En jeu, cela signifie que vous n’avez pas à vous
préoccuper du système qui régit un Héritage précis.
Enfin, ce processus fonctionne très bien si vous
décidez d’autoriser un joueur à incarner un Thallain, un
Dauntain ou un Ténébreux repenti. Envisagez le « kith » de
ce personnage à travers ce prisme, de la même manière que
si vous créiez une nouvelle race de changelin. Servez-vous
des mécaniques efficaces et ajustez celles qui ne s’adaptent
pas aux personnages contrôlés par les joueurs. C’est pour
l’essentiel une question de perspective et de priorité.
Puisque les personnages du conteur existent pour défier
ceux de la troupe, il suffit de reconnaître que l’histoire
concerne à présent ce protagoniste, et ne se contente pas
de se dérouler autour de lui.
Étape Trois : les Héritages
Mathieu a déjà une idée pour le premier d’entre eux, qu’il intitule
Famille d’adoption. Il veut que chaque Domovoï puisse se reposer
sur la maison de sa famille comme il le ferait pour un Domaine. Le
conteur avalise et ajoute que le changelin peut récupérer du Glamour
(jusqu’à trois points par scénario) en passant une nuit avec les siens
et en leur rendant différents services. À l’évidence, il s’agit d’un
Héritage magique.
 Pour le deuxième, Mathieu décide de reprendre son idée sur la
discrétion presque absolue du Domovoï. Il crée donc un Héritage
du Flair ; la difficulté de tous ses jets de Furtivité diminue de –1, et
il ne pourra jamais faire d’échec critique sur un jet impliquant cette
compétence. Il s’enquiert également auprès du conteur si le changelin
peut bénéficier d’un bonus lorsqu’il se trouve dans la maison. Ce
dernier suggère que tant que le personnage se trouve à l’intérieur,
les membres de sa famille ne se réveillent pas sauf si le Domovoï
le souhaite. Le joueur aime bien cette idée, car si nécessaire, son
Kithain pourra faire entrer sa Bande au milieu de la nuit pour partir
en reconnaissance. Il intitule cet Héritage Protecteur silencieux.
Étape Quatre : la Fragilité
Mathieu veut s’appuyer sur la tendance des domoviye à faire voler les
objets autour d’eux quand on les maltraite, mais il ne veut pas que
cela devienne un simple « accès de rage », car il trouve cette image un
peu banale. Il réfléchit au lien entre la famille et le Domovoï, ainsi
qu’à ce qui se passerait s’il se rompait. Il nomme cette Fragilité Liens
familiaux et décide que si le Domovoï brise son serment envers les
siens (par exemple, s’il permet qu’on leur fasse du mal ou s’il refuse
de venir en aide à l’un de ses membres), il ne pourra pas récupérer
de Glamour tant qu’il n’a pas fait amende honorable. Si la famille
rompt ce serment (par exemple, si elle le chasse), le changelin perd
simplement les avantages liés à son Héritage Famille d’adoption tant
qu’il n’a pas recollé les morceaux avec elle, ou bien tant qu’il ne l’a
pas remplacée par une autre.
Étape Cinq : l’Affinité
Comme les Domovoïs sont intimement liés à l’humanité, le Royaume
de l’Acteur est un choix évident.
Étape Six : ajustements
Mathieu revoit tout ce qu’il a décidé à propos des Domovoïs qu’il
vient de créer et fait le point avec son conteur. Il pense que ce kith
est plutôt bien construit, car s’il est conforme à la mythologie, il
est aussi approprié à l’univers de Changelin : le Songe. Une fois
obtenue l’approbation du conteur, il passe à la phase de création
de personnage (que vous trouverez au chapitre trois).
Les maisons
nobles
L’Ost étincelant se divisa il y a bien longtemps en Maisons majeures
qui représentent des éléments et des intérêts différents dans les Cours
seelie et unseelie. Certes, les Sidhes sont revenus dans un monde qui
avait totalement abandonné ces concepts féodaux, mais on ne peut
nier que les rêves de monarchie et de noblesse idéalisées demeurent
et que le Songe en personne a soutenu leurs prétentions. Que cela
vous plaise ou non, les maisons dirigent le paysage politique des
Kithains. Comprendre leur fonctionnement est vital si un changelin
veut avoir une influence quelconque sur la société féerique.
Chaque maison noble incarne une culture, et possède des rites
et des traditions séculaires. Les iconoclastes de tout poil se heurtent
donc à une opposition opiniâtre lorsqu’ils cherchent à bousculer
l’ordre établi. On ne peut toutefois pas empêcher les frondeurs, qui
pensent que le simple fait de pousser ces coutumes à évoluer en vaut
la peine, de tenter leur chance. La politique interne d’une maison
est l’incarnation même de la courtoisie impitoyable. Aux yeux des
nobles, c’est une façon médiocre de s’en prendre ouvertement à sa
« famille ». Or quand on souhaite se hisser dans la société, il n’y a
guère d’autre alternative. Les Sidhes d’Arcadie contrôlent une majorité
de la noblesse. Partant, comment peut-on s’étonner que les préjugés
associés aux roturiers anoblis, et parfois aux Sidhes de l’Automne,
restent profondément ancrés dans la plupart des maisons nobles ?
Bien entendu, les luttes intestines se déroulent en toile de
fond des relations politiques entre maisons. De plus, la noblesse
condamne le conflit ouvert dans ses rangs. Intrigues et coups de
poignard assassins n’en deviennent que plus impitoyables. Toutes
les manœuvres politiques ne jouent pas forcément sur la division
entre les cours, bien que le sujet en constitue sans doute l’essentiel.
Les conflits entre maisons au sein de la même cour abondent là où
valeurs et philosophies différentes se heurtent. Ajoutez-y des éléments
personnels, comme d’improbables amitiés ou de vieilles rancunes,
et vous obtiendrez un large éventail d’alliances, de trahisons, de ser-
vices, de ragots, de duels, de groupes et de conspirations. Toutes ces
réactions peuvent hisser un fin politique jusqu’au pouvoir suprême
ou le déchiqueter tout aussi vite.
Vous trouverez ci-dessous une brève vue d’ensemble de toutes les
maisons majeures de la société des Kithains, ainsi qu’un aperçu de
leurs histoires et de leurs rôles dans le paysage politique. Nous vous
parlerons aussi de leur retour dans le monde de l’Automne, ainsi que
des traits et des habitudes communs à leurs membres. Les Privilèges
et les Faiblesses de la maison, des capacités spéciales acquises par tous
les nobles qui lui appartiennent, y sont aussi détaillés. Les joueurs
devraient les noter avec soin sur leurs feuilles de personnage. Enfin,
nous vous présenterons quelques membres célèbres, politiciens et
étoiles montantes de la société, et nous décrirons à l’attention du
conteur des personnages secondaires possibles qu’il pourra utiliser
lorsqu’il mettra cette maison en scène.
Notez également que si nous avons uniformisé les rangs de
noblesse dans un souci de simplicité, les nobles reçoivent souvent
d’autres noms ou des ajouts à leurs titres habituels, afin de mieux
représenter les devoirs précis qu’ils remplissent, ainsi que la culture et
le point de vue unique d’une maison. Par exemple, un enquêteur de
la Maison Gwydion peut recevoir le titre officiel de Sieur Inquisiteur
au lieu d’un simple « baron ». De la même manière, une impitoyable
cheffe de guerre de la Maison Balor deviendra « lieutenante-générale »
et non plus « comtesse ». Lors d’événements officiels ou bien dans des
cadres où cela peut prêter à confusion, on utilisera le titre habituel,
suivi du titre honorifique, et enfin du nom de la maison, comme
dans « Puis-je vous présenter le seigneur Bayard Tyrael, Champion
des Nuées de la Maison Eiluned ? ».
Chapitre deux : les kithains 119
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

La Maison Aesin
(Ii-sin)
Mon âme éternelle demeure à présent auprès de la Maison Aesin. Par les
forêts et les montagnes de ma terre natale, je jure de respecter ses traditions
et ses coutumes. Je cherche refuge sous les ailes de la chouette, car je sais
que j’y serai à l’abri. Si je venais à rompre mon serment, puisse le Songe
m’ôter tous mes privilèges et ne jamais me permettre d’oublier qui j’étais et
ce que je suis devenu.
Cour : unseelie
Surnoms : le Peuple du Septentrion, les Bêtes (péjoratif)
Les Gardiens du Septentrion, venus de Scandinavie, avaient autrefois
accordé leur savoir aux Vikings afin de repousser la vague chrétienne,
et la Banalité qu’ils craignaient de voir arriver dans son sillage. Ils
préfèrent les forêts et les montagnes de leurs contrées natales aux
villes, et trouvent le calme et le repos dans la nature. Ils considèrent
le corps mortel qu’ils ont dû adopter comme un vêtement qu’ils
sont contraints d’endosser pour se protéger des éléments. S’ils ne
pensaient pas ainsi, le dégoût que la chair mortelle leur inspire les
rendrait fous.
La nature et le lien qu’elle partage avec elle définissent la Maison
Aesin, et ses membres possèdent le don de parler aux bêtes. Nombre
d’entre eux s’identifient fortement à un animal précis, qui d’après
eux leur offre sa force. Cette croyance a conduit certains changelins
qui ne lui appartiennent pas à penser qu’ils ne comptaient que des
sauvages bestiaux parmi eux. En fait, l’inverse prévaut et la Maison
Aesin se considère comme le dernier véritable bastion de la société
féerique, et les gardiens du Songe en personne. Leur talent à naviguer
dans les méandres complexes de la cour n’est plus à démontrer, tout
120 Changelin : le Songe
comme leur patience relative envers la politesse de surface. Ils consi-
dèrent le bavardage et les mondanités creuses au mieux comme des
inepties humaines, et au pire comme une flagrante malhonnêteté.
Aguerris et intransigeants, les nobles de la Maison Aesin
connaissent les forêts de Scandinavie comme le fond de leur
poche, ce qui en fait de puissants chasseurs. Ils possèdent aussi
une riche tradition érudite qui continue de se transmettre par leurs
chanteurs-poètes, les scaldes. Ils s’enorgueillissent de leur franchise et
de leur honnêteté, ainsi que de leur respect du code des neuf vertus :
courage, vérité, honneur, fidélité, hospitalité, discipline, travail, auto-
nomie et persévérance. La Maison Aesin se cramponne à ses antiques
légendes, et elle se prépare à une guerre qu’elle considère comme
inévitable contre les Jotunns, des créatures cauchemardesques et
corrompues qu’il faut tenir à distance si l’on veut protéger Concorde.
Lorsqu’elles sont revenues d’Arcadie pour la première fois, les
fées de la Maison Aesin ont tenté de s’en tenir aux anciennes cou-
tumes d’une société divisée selon le sexe. Elles ont toutefois réalisé
que ce système ne bénéficiait à personne, et surtout pas à la maison
dans son ensemble. Hommes et femmes occupent les fonctions de
chasseurs, scaldes et guerriers, et même de Berserkers, un groupe
d’élite de treize combattants équipés d’une armure magique qui fait
d’eux une force irrésistible sur le champ de bataille. Les Berserkers
en action sont un spectacle vraiment terrifiant. Ils fauchent leurs
adversaires dans un déluge de violence indifférente, et leurs épées
continuent de s’abattre jusqu’à ce que tous soient massacrés ou
qu’eux-mêmes soient morts. Si la Maison Aesin se considère pour
l’essentiel au-dessus des Cours, la soif de sang inhérente à sa nature
la range généralement aux yeux des autres parmi les Unseelies.
Privilège
Le lien que la maison entretient avec la nature est puissant. Ses
membres peuvent parler avec les animaux de la forêt (la faune non
domestiquée, comme les écureuils, les ours, les daims, etc.). Le
joueur doit faire un jet d’Intelligence + Empathie (difficulté 8) pour
comprendre ce qu’un animal lui dit.
Faiblesse
Ces fées ne se sont pas bien adaptées à la vie d’une enveloppe mor-
telle. Elles considèrent les humains comme des serviteurs, loyaux et
parfois dignes de leur intervention, et ne parviennent pas à accepter
la déplaisante réalité de leurs propres corps humains. Cette perspec-
tive déconnecte leurs natures féerique et mortelle, ce qui les rend
incapables de récolter le Glamour grâce à l’Extase.
Exil
Un événement, l’Alfheim, est survenu en Arcadie et a contraint la
Maison Aesin à revenir dans le monde de l’Automne et à occuper
une coquille de chair. La plupart de ses membres pensent que le
Songe les a renvoyés sur Concorde pour rétablir la société féerique,
et c’est un devoir qu’ils prennent très à cœur.
Factions et sociétés
Le Conseil des Vertus est un groupe de neuf Aesin qui occupent
les fonctions de juges pendant les procès, qui conseillent et qui
supervisent les décisions importantes. Les Berserkers, une unité
de première ligne qui compte treize guerriers, portent des armures
enchantées offertes par le chef de la maison.
Membres éminents
Ragnelf, la reine de la Maison Aesin, a disparu lors du retour des
siens sur Terre et c’est le Haut seigneur Magnhildr qui la remplace.
Le jarl Brondolf, un guerrier, préside le Conseil des Vertus. Le
baron Björn, rendu fou par le temps passé dans son enveloppe de
chair, s’en est pris à sa maison, et on l’a surnommé « l’amoureux
des roturiers ». Le roi Nils Molander de Danarla, et le roi Harald
Knudson du Jutland.
La Maison Ailil
(Ay-LIL)
Par les écailles du dragon d’argent, par la lumière de l’étoile à quatre branches,
par le manteau de la nuit la plus noire, j’offre mon corps, mon cœur et ma
détermination à protéger la Maison Ailil. Puissent ses objectifs guider ma
vision, ses espoirs diriger mes aspirations et son but inspirer mes actions. Que
toutes mes ambitions se désagrègent dans la poussière si jamais je trahissais
les paroles que j’ai prononcées ce soir. Que le dragon à mes côtés, les étoiles
au-dessus de ma tête, la nuit derrière moi, m’en soient témoins.
Cour : unseelie
Surnoms : les Dragons, les Menteurs (péjoratif)
Si d’autres maisons utilisent la politique pour faire avancer ses plans,
la Maison Ailil considère cet art comme une parfaite fin en soi.
Dirigeants, stratèges et manipulateurs talentueux, même parmi les
Sidhes, les Dragons démontrent une telle maîtrise des manœuvres
politiques que ses homologues se méfient des alliances qu’ils
concluent avec eux, mais craignent encore plus de les contrarier. Si
vous comptez négocier avec les Ailil, vous seriez bien inspiré d’avoir
trois coups d’avance. De cette manière, vous n’aurez sans doute que
deux coups de retard.
Ils se considèrent comme les chefs de la Cour unseelie, de la
même manière que la Maison Gwydion dirige les Seelies. Elle justifie
nombre de ses actions comme nécessaires pour restaurer l’équilibre
entre les deux Cours. On croit souvent que tous ses membres
font partie de la Cour des Ombres et c’est sans aucun doute faux.
Cependant, ils sont largement partie prenante dans ses activités et
même si un Ailil ne se compte pas lui-même dans ses rangs, il y a
fort à parier qu’il connaît quelqu’un pour qui c’est le cas.
Leurs rivaux ont beau les regarder avec suspicion, il faut leur
rendre justice et reconnaître qu’ils ne méritent pas tout à fait cette
réputation de perfidie. Ils placent une grande valeur dans les pro-
messes, et la maison compte dans ses rangs certains des meilleurs
tisseurs de serments du peuple féerique. D’ailleurs, ses membres
acceptent librement de prêter serment quand on le leur demande.
Toutefois, ceux qui se lient à eux de la sorte ont intérêt à faire très
attention aux mots qui les lient, juste au cas où. Les Dragons sont
très conscients du pouvoir de la véritable honnêteté, surtout en
politique, et ils en usent comme de n’importe quel autre outil à leur
disposition. Voir leurs rivaux patauger et tenter de démêler le vrai
du faux n’est qu’une délicieuse valeur ajoutée.
La vie au sein de la Maison Ailil est une compétition de tous
les instants, où chacun joue des coudes pour se placer et se livre
à une surenchère permanente, peu importe l’importance du gain.
Chacun y est parfaitement conscient de son statut, prêt à saisir sa
chance pour se hisser dans la société – et empêcher tous ses inférieurs
de faire la même chose. Même avant de vivre leur Chrysalide, les
futurs Dragons se sentent attirés par les professions où ils peuvent
démontrer objectivement leur supériorité, comme la politique, le
journalisme d’investigation, le droit, l’athlétisme de haut niveau
ou la direction d’entreprise. Malgré cette réputation de toujours
vouloir rafler la mise, les Ailil se contentent volontiers d’endosser
des rôles de conseils quand cela leur convient. Pouvoir influencer les
politiques et les organisations sans courir le risque supplémentaire
d’une exposition publique, voilà bien une idée tout aussi séduisante.
Les Seelies de la Maison Ailil sont rares, mais ils existent, et ils
préfèrent se concentrer sur les serments et les loyautés. Cependant,
ces individus qui arborent cette allégeance doivent se battre pied à
pied pour se faire accepter, non seulement à cause de la réputation
de leur maison, mais aussi parce que ces membres se sont révélés
être des agents infiltrés au service de leurs frères unseelies. Malgré
tout, bénéficier des conseils de l’un d’entre eux est un avantage assez
redoutable pour que nombre de Cours seelies acceptent de prendre
le risque… Mais le Dragon peut être sûr que ses « amis » l’ont placé
sous étroite surveillance.
Privilège
Même les plus nobles membres de la Maison Ailil ont le sens de la
formule. Leurs politiciens et leurs imposteurs ne semblent jamais
pouvoir être pris en flagrant délit, contrairement à d’autres de leurs
congénères. La difficulté de tous les jets de Manipulation des Dragons
diminue de –1, et ils ne font jamais d’échec critique sur leurs jets
de Politique ou de Subterfuge.
Faiblesse
Les Ailil pensent qu’ils sont les plus malins. Un Dragon doit faire un
jet de Volonté (difficulté 8) pour reconnaître ouvertement qu’il a tort
ou pour laisser quelqu’un avoir le dernier mot dans une situation
tendue. S’il admet être dans le faux, s’il perd un duel d’esprit ou se
retire d’une dispute, il ne peut plus regagner de point de Volonté
et subit un malus de +1 sur tous ses jets sociaux, et ce jusqu’à ce
Chapitre deux : les kithains 121
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
qu’il ait repris du poil de la bête. Cela peut signifier se venger de son
adversaire ou simplement (et injustement) humilier ses subordonnés
jusqu’à ce qu’il se sente mieux.

Exil
Dans leur immense majorité, les autres maisons prétendent que
les Dragons ont été exilés après qu’ils ont été pris à fomenter une
grande crise politique en Arcadie, et bannis sans autre forme de
procès. Étrangement, la Maison Ailil ne dément pas ces rumeurs,
en partie parce que certains de ses souvenirs semblent corroborer
ces assertions. Cependant, elle martèle que la crise a résulté d’une
prise de position contre les dirigeants arcadiens, qui ne reconnais-
saient pas le besoin de préparer la venue du Long Hiver. Certains
de ses membres soulignent même que leur fondateur n’a jamais
quitté la Terre et a continué à œuvrer de son côté en attendant le
retour de sa famille.

Factions et sociétés
Les Gardiens du Dragon d’argent, guerriers et gardes du corps
rigoureux qui protègent les nobles unseelies et leurs Domaines. Les
Amoureux, hédonistes et épicuriens, qui aiment mélanger travail et
plaisir. Les Déshérités, des nobles qui ont brisé un serment et juré
de retrouver leur honneur dans la bataille ou par de grands exploits.
Les Gardiens du Sceau, une société aux penchants mystiques chargée
de surveiller les lieux interdits et les objets maudits.
Membres éminents
Le Haut seigneur Erdath, politicien roué et force motrice de la Cour
unseelie au sein du Parlement des Songes. Le comte Declan, guerrier,
génie militaire et chef des Gardiens du Dragon d’argent. Le comte
Clou d’argent, personne d’influence dans le secteur immobilier,
chargé des acquisitions de Domaines à travers Concorde. Le baron
Richard Septembre, « diplomate à son compte » Seelie et membre
d’un célèbre duo chasseur de Thallains. La princesse Jessamy, enfant
prodige et, d’après les rumeurs, héritière présomptive de la Cour des
Ombres. Les écuyers Sal et Torg, l’équipe de référence en matière de
travail rapide et salissant, que ce soit pour forger une épée, semer
le désordre ou se livrer à des opérations de sabotage. Dame Sláine,
pupille du Haut seigneur Erdath, qui lui sert fréquemment d’inter-
médiaire à la cour et que l’on considère souvent comme le véritable
pouvoir derrière le trône de la Maison Ailil.
La Maison Balor
(BA-lor)
Par le serpent enroulé autour de la tour d’or, par le rayon cramoisi jaillissant
de l’Œil de Balor, par le sang qui coule tel du feu dans mes veines, j’offre
mon cœur, mon esprit et mon corps à la volonté de la Maison Balor. Que le
défi qui, aux yeux de tous, marque mon corps du sceau de sa différence me
rappelle sans cesse ma naissance et ma destinée. Puissé-je souffrir l’agonie
de mille flammes si je trahis les miens. Cela, je le jure, par le sang et l’œil,
devant le Songe lui-même.
Cour : unseelie
Surnoms : les Héritiers, les Monstres (péjoratif)
Si les Sidhes étaient des rêves de puissance et de beauté, alors la
Maison Balor plongerait ses racines dans les songes de la terrible
colère que cette puissance pourrait libérer. Généraux impitoyables,
guerriers brutaux et implacables chasseurs, les Héritiers égalent leur
légendaire homonyme, Balor de l’Œil funeste, quand ils démontrent
pourquoi les mortels craignaient les fées comme des dieux… et
pourraient bien à nouveau les craindre un jour. La Maison Balor
n’est peut-être pas la plus subtile, mais elle compense largement ce
qui lui manque en nuances par la force brute et la ruse féroce dont
elle fait preuve.
Les relations entre ses membres et les autres changelins des
maisons seelies sont au mieux tendues. Même si l’on écarte leur
redoutable réputation, leur sang fomori rend les Seelies de cette
maison profondément désagréables. Les Balor considèrent la politique
comme un mal nécessaire et préfèrent jouer la défense. Lentement,
ils prennent des terres et y renforcent leur position au lieu de papil-
lonner d’une cour à l’autre. En conséquence, la maison est à la tête
d’un nombre étonnant de domaines, d’autant plus qu’elle est souvent
absente du tourbillon des événements de la cour.
En dépit de leur réputation d’agressivité, les Balor sont loin
d’être des brutes sans cervelle, pas plus qu’ils ne sont prompts à la
violence. Chaque action entreprise l’est dans un but précis et ne
représente pas une fin en soi. Bien sûr, les harceleurs et les sadiques
existent, mais ils ne s’élèvent guère dans les rangs de leurs pairs, car
leur plaisir à faire souffrir est trop personnel et égoïste pour servir les
intérêts de la maison en général. De même, les Héritiers recherchent
des métiers mortels où leurs manières directes et leur penchant pour
l’action leur servent bien. Et puis, s’ils peuvent aussi jouer de temps
en temps des poings, ce n’est qu’une petite gratification de plus.
La Maison Balor est celle qui, parmi toutes les maisons unseelies,
compte le moins de Seelies dans ses rangs. En effet, les concepts
d’amour et d’honneur de cette Cour sont des faiblesses qu’il convient
d’exploiter plutôt que des vertus à célébrer. Les Balor seelies décou-
verts sont souvent défiés, voire attaqués, par leurs frères à la moindre
occasion. Quoi qu’il en soit, les changelins capables de supporter
ces violences permanentes figurent, toutes maisons confondues,

122 Changelin : le Songe

parmi les plus coriaces. Cela peut même leur permettre de gagner
un certain respect, certes réticent, de leurs pairs, à défaut de leur
reconnaissance.
Privilège
Cet empressement à accepter sans rechigner toutes les tâches, même
les plus déplaisantes, se manifeste dans le Privilège dont bénéficie la
Maison Balor. C’est aussi l’une des raisons majeures qui explique
pourquoi les autres fées la redoutent tant. Si le contact avec le fer
froid provoque un léger inconfort, le changelin ne perd pas de
Glamour quand il tient ce métal ou quand on le frappe avec. De
plus, il a une petite chance d’absorber les dégâts que ce matériau
inflige (difficulté 10). Cependant, un Balor subit comme les autres
des dégâts aggravés d’une arme en fer froid, et son âme peut tout
autant être détruite à cause de lui que celle d’une autre fée.
Faiblesse
Tous les membres de la Maison Balor sont affligés de sinistres diffor-
mités et les arborent avec fierté. Ils ont souvent des traits étranges,
comme une langue fourchue, des yeux luisants, des membres trop
longs, des écailles ou de la fourrure à la place des cheveux, ou toute
autre caractéristique à l’évidence surnaturelle. Cette difformité
peut se dissimuler de manière temporaire, mais en aucun cas s’ef-
facer définitivement, même par magie. Les Sidhes de cette maison
naissent avec ces traits et en portent une version mortelle avant la
Chrysalide. Les fées qui l’intègrent plus tard au cours de leur vie les
développent inévitablement, car ils font partie des rites initiatiques
secrets des Héritiers.
Malgré les apparences, ces difformités ne donnent jamais
d’avantage, mais elles peuvent justifier l’achat de certains atouts (ou
handicaps). Elles sont aussi visibles sur la Guise mortelle. Si elles
perdent leur caractère surnaturel, elles restent très dérangeantes et
mémorables. Par exemple, un Balor affligé d’écailles de lézard n’aura
pas l’air franchement reptilien, mais il pourra souffrir d’une « simple »
affection un peu bizarre de la peau. À moins que le Sidhe n’ait fait
de gros efforts pour dissimuler sa difformité, la difficulté des jets
d’Investigation pour remonter la piste d’un Balor bénéficie d’un
bonus de -2 lorsqu’ils concernent sa description, son identification
et les souvenirs des témoins oculaires.
À cause de leur sang fomori et de sa sauvagerie, la Volonté des
membres de la Maison Balor ne peut dépasser 6. Les Kithains qui
bénéficient d’un trait plus élevé et y acceptent plus tard un titre
perdront les points supplémentaires au cours de leur initiation à
ses mystères.
et de syndicats criminels. Les émissaires et les érudits des Maîtres
de la danse gèrent les relations avec différents Prodigues alliés. Les
Gardiens des portes parcourent les Sentiers, tuent des monstres, et
parfois conspirent avec certaines créatures parmi les plus intelligentes
qu’ils combattent. Les Cavaliers de la colline sont des risque-tout
assez vaillants (ou téméraires) pour chercher à prouver leur valeur
dans des exploits spectaculaires et d’atroces batailles. Scarlet Eye
Solutions, un consultant privé dans le domaine militaire et de
la sécurité, bénéficie d’une redoutable réputation quand il s’agit
d’obtenir à tout prix des résultats.
Membres éminents
On murmure que le Haut seigneur Li-Tilli, élevé parmi les loups-
garous et stratège accompli, glisse lentement dans le Tumulte. La Pitié
de Balor, un troll terrifiant couturé de cicatrices, endosse parfois le
rôle d’exécuteur officiel des Héritiers. La comtesse Anne Blackwell,
charmante hôtesse, génie criminel et Dévastatrice, œuvre au sein
de la Vénérable entreprise. Sire Raghnall est le chef des Maîtres de
la danse et un expert en matière de Prodigues. Sir Garreth Petrov-
Smythe est un Sluagh, un terroriste et l’un des meilleurs agents des
Yeux du Balor. Docteur Jacknife, un gobelin dément, crée des armes
et développe des « prothèses de combat » pour Scarlet Eye Solutions.
La Maison Beaumayn
(BEAU-main)
En ce jour, je jure loyauté envers le Livre et l’Épée, l’avenir qui est ma
destinée, le présent qui est mon devoir et le passé qui est mon trésor. Je jure
loyauté aux membres et aux buts de la Maison Beaumayn, et puissent les
rêves des damnés hanter mon esprit si je venais à bafouer cette confiance. Tout
comme la sombre étoile brille au firmament, mon cœur brûle à ton service.

Exil
Les détails restent désespérément vagues, mais la Maison Balor ne se
fait aucune illusion sur la raison probable de leur exil. Elle a soutenu
le perdant et en a payé le prix. Cependant, au lieu d’intriguer pour
retourner en Arcadie, elle a un objectif différent. Les Héritiers ont
bien l’intention de conquérir le monde de l’Automne et de couper
leur terre natale de sa source de Glamour. Ils ne ramperont pas, ils
ne supplieront pas pour qu’on les reprenne. Ils mettront l’Arcadie
à genoux.

Factions et sociétés
Les espions et les assassins des Yeux du Balor utilisent le soi-disant
manque de subtilité de la maison à leur profit. La Vénérable entre-
prise coordonne les activités d’une bonne douzaine d’organisations

Chapitre deux : les kithains 123

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Cour : seelie
Surnoms : les Sombres étoiles, les Désespérés (péjoratif)
Prophètes, occultistes et chasseurs de monstres, la Maison Beaumayn
est tristement célèbre parmi la noblesse pour sa réticence à partici-
per aux joutes politiques traditionnelles. Elle préfère s’occuper de
chasser les Thallains et de surveiller avec attention les extrémistes
de la Cour des Ombres. Ajouté à sa prétendue attitude hautaine et
son comportement souvent mystérieux, ce rôle qu’elle s’est arrogé
ne joue guère en sa faveur et on apprécie peu ses membres au sein
des deux Cours. Par conséquent, la Maison Beaumayn est l’une des
plus solitaires et seule la Maison Scathach la surpasse en la matière.
Cela dit, les Sombres étoiles ne s’en plaignent généralement pas.
Leurs dons de prophétie les placent dans des situations où l’on a
besoin de leurs services, et si la chasse aux Thallains et aux créatures
des ténèbres n’est pas une vocation de tout repos, il est difficile de
prétendre qu’elle ne fait pas du bon travail. L’incompréhension de
leurs congénères les peine, mais ils ne se trouvent pas exactement en
terrain inconnu. Pourtant, quand un Beaumayn se fait des amis, il
restera à leurs côtés quoi qu’il lui en coûte. Il n’en a tout simplement
pas assez pour se permettre d’en perdre un seul.
Ces changelins sont souvent des marginaux tout droit sortis d’une
autre époque, attirés par l’occultisme et les groupes d’adeptes qui
lui sont associés. Beaucoup se passionnent pour « l’histoire secrète »
de la région où ils habitent, et se plongent dans les archives et les
légendes locales. Ils ne savent pas vraiment ce qu’ils cherchent, mais
ils ont besoin d’éprouver cette impression de la connaître comme
le fond de leur poche. Bon nombre d’entre eux vivent des rêves
prémonitoires avant même leur Chrysalide. Ils doivent composer
avec l’étrange et inquiétante certitude que les « monstres » sont
bien réels, et ce même si ce sentiment se heurte à la science et aux
croyances populaires.
Les Unseelies de la Maison Beaumayn sont rares, et à peine mieux
accueillis dans leur nouvelle Cour qu’ils ne l’étaient dans l’ancienne.
En général rebelles, ces transfuges éprouvent de l’aversion pour leur
don de prophétie et considèrent l’idée même de prédestination
étouffante. Toutefois, et étant donné le goût des Beaumayn pour la
chasse aux Thallains et aux membres de la Cour des Ombres, les
Unseelies les plus radicaux font rarement confiance à ces « convertis ».
Privilège
Les Sombres étoiles ont d’extraordinaires facultés de perception,
en particulier pour les nuances du monde enchanté. Ils ajoutent
un point à leur score de Perception, même si cela porte l’attribut
au-delà du score maximum habituel de 5. De plus, la difficulté de
leurs jets d’Acuité diminue de –2 s’ils concernent les Thallains, et
ils ne peuvent pas faire d’échec critique sur un jet d’Acuité.
De plus, le conteur peut décréter une fois par scénario qu’un
Beaumayn reçoit une vision ou un rêve prémonitoire. La nature exacte
de cette prophétie varie, mais ainsi que le suggère la réputation de
cette maison, elle se rapporte en général sur des événements sinistres
ou troublants, comme les morts, les trahisons ou les désastres. Si
ces visions peuvent être symboliques ou représenter différentes
conclusions possibles, elles ne se révèlent jamais complètement
trompeuses et contiennent toujours des informations utiles. Pour
que le personnage puisse se livrer à la meilleure interprétation de
ses rêves, son joueur fera un jet d’Intelligence + Énigmes (difficulté
9, moins le score de la fée dans l’historique Réminiscence).
124 Changelin : le Songe
Faiblesse
On raconte que si vous contemplez l’abysse trop longtemps, celui-ci
vous regardera à son tour, et la Maison Beaumayn en est la preuve
vivante. S’ils réussissent un jet de Perception + Acuité (difficulté 7),
les Thallains et les membres de la Cour des Ombres sentiront la
présence d’un de ces nobles. Cela ne révélera pas sa position exacte
s’il se cache, mais cela déclenchera certainement des recherches. À
moins d’avoir des raisons convaincantes et immédiates de ne pas
le faire, ils se mettront instinctivement en quatre pour harceler,
tourmenter et même blesser un Beaumayn dès qu’ils en auront
l’occasion. Cette animosité devrait ressurgir au moins une fois par
scénario, et sans doute plus souvent.
Exil
La Maison Beaumayn se distingue, car elle n’a pas été exilée comme
les autres, mais on l’a emprisonnée pour une infâme hérésie. D’après
la légende, l’un de ses plus grands héros, le duc Geremin, avait une
amante que l’on aurait tuée avec une arme en fer froid. Fou de cha-
grin, le noble partit errer dans le Songe, puis prétendit à son retour
que l’âme de son amour perdu lui avait parlé. Elle lui aurait dit que
le fer froid libérait la fée de ses entraves terrestres et l’aurait incité à
faire de même. Inutile de dire que les Sidhes d’Arcadie n’hésitèrent
pas une seconde devant une telle hérésie, et qu’ils emprisonnèrent
tous les membres de la maison. Ils restèrent encagés jusqu’à la récente
augmentation des activités thallains, après quoi on les libéra enfin
et ils peuvent à nouveau accomplir leurs devoirs.
Factions et sociétés
Les hors-la-loi fanatiques des Hérauts de l’exode croient en l’hérésie
du fer froid, et ils recherchent une certaine Route de fer dans le
Songe pour escorter les âmes féeriques jusqu’à leur « juste » récom-
pense. « Enchanted Star Realms Online » est une communauté de
jeu en ligne indépendante de science-fiction/fantasy ; elle sert aussi
de lieu de réunion pour les changelins et met des serveurs privés à
disposition des joueurs Kithains, ainsi que des salons de discussion
où les membres de la Maison Beaumayn se retrouvent et échangent
des informations. Les Chevaliers de la Juste Main, une société de
guerriers, propose ses services à tous ceux qui en ont besoin quand
il s’agit de repousser Thallains et chimères féroces, et elle forme
d’autres changelins à la même mission.
Membres éminents
Le Haut seigneur Jeremy Beaumayn, dirigeant de la maison, est
un célèbre guitariste de blues originaire de la Principauté du jazz,
à La Nouvelle-Orléans. Son frère cadet et jumeau, le duc Brendan
Beaumayn, blogueur et hacker bien intentionné, a créé la commu-
nauté « Enchanted Star Realms Online ». La baronne Tamora Hale
est une bretteuse et la capitaine des Chevaliers de la Juste Main.
Sire Edgar Vandermere est un sorcier renégat et le chef des Hérauts
de l’Exode. Dame Anne des Oiseaux, une Sluagh historienne, est
l’érudite et l’éminente archiviste de la maison. La baronne Jesenia
Septembre s’est installée à son compte comme prophétesse et c’est
la deuxième moitié d’un célèbre duo de chasseurs de Thallains. Sir
Eduard Galliard est un écrivain culte spécialisé dans le genre horreur
et un expert en matière de Prodigues, en particulier les vampires.
La Maison Daireann
(Dar-RAWN)
Frères et sœurs, par le fil de l’épée et les liens du sang, je jure de prêter la
force de mon bras et la vaillance de mon cœur pour vous défendre, vous et
notre cause, face à la puissance de nos ennemis. Vous ne serez jamais seuls
sur le champ de bataille tant qu’il me restera un souffle de vie. Si je brisais
ce vœu, puisse une pluie de dagues percer mon sein et plonger à jamais mon
âme dans les ténèbres.
Cour : unseelie
Surnoms : Les Hôtes, les Gardiens du Chaudron
Daireann, fondatrice de la maison qui porte son nom, était une
herboriste et une guérisseuse de grand talent, ainsi que l’ancienne
compagne de Fionn McCumhaill. Le Haut-Roi Adwyr ap Gwydion lui
accorda des terres pour la remercier d’avoir soigné une douloureuse
blessure. Elle se sentait indigne de son statut face aux seigneurs et
aux dames qui avaient gagné leurs domaines par des actes glorieux
à la guerre. Ce sentiment renforça sa détermination à apporter à sa
manière la grandeur sur sa maison. Son fils Conchobhair devint un
puissant guerrier d’une grande renommée, et à l’honneur sans tache.
Daireann tirait une grande fierté de son hospitalité, qui surpassait
celle des maisons seelies les plus justes. Un Daireann ne refuse jamais
le gîte et le couvert quand on le lui demande honorablement, pas
même à son pire ennemi. De la même manière, empoisonner ou
nuire à un invité serait d’une grossièreté inqualifiable et frapperait
de déshonneur celui qui oserait le faire. L’hôte demandera peut-être
un conte ou une chanson en remerciement de son hospitalité, mais
jamais plus que ce que son invité pourra donner. Même au cours de
la Séparation, alors que les guerriers Daireann combattaient sans
relâche, apercevoir leur bannière incarnait la promesse du repos et
du refuge. Cependant, ces débuts prometteurs prirent un tournant
plus sombre, et c’est le visage que la maison offre aujourd’hui.
Au cours de la Séparation, Conchobhair ne s’enfuit pas en
Arcadie. Il resta en arrière et tint sa position tandis que les nobles
fuyaient maison après maison. Il jura qu’il resterait jusqu’à ce que
le dernier d’entre eux eut passé les portes, puis qu’il fermerait la
marche. Capitaine d’un navire naufragé, il permit à ses cousins sidhes,
dont sa mère et les membres de sa maison, de se mettre en sécurité.
Les chefs de ces maisons passèrent les portes qui les conduisaient
en Arcadie et, l’un après l’autre, jurèrent qu’une fois leur peuple en
sûreté, ils reviendraient aider Conchobhair à traverser à son tour. Mais
lorsque les portes se refermèrent, ils l’abandonnèrent sur Concorde.
Daireann pleura la perte de son fils et jura de se venger si quiconque
osait abuser de l’hospitalité et de l’assistance de sa maison.
Les Sidhes de la Maison Daireann vivent selon trois lois :
Honneur, Hospitalité et Vengeance. Ils chérissent l’honneur, car
Conchobhair est resté fidèle à sa parole, même face à la trahison.
Ils offrent toujours l’hospitalité à ceux qui la demandent tant qu’ils
observent ces trois règles simples : ne jamais demander plus que ce
qu’on vous offre, ne jamais blesser son hôte ou l’une des personnes
présentes sous son toit, et toujours proposer une juste contrepartie.
Comme leur fondatrice avant eux, beaucoup de membres
de la Maison Daireann pratiquent encore l’herboristerie. Mais si
leurs infusions peuvent guérir, ils sont bien plus réputés pour leurs
poisons. Leur vengeance, lente et douloureuse, s’exerce à travers de
sinistres poisons qui mettent des jours, voire des semaines, à tuer
leur victime. On permet quand même à ceux qui enfreignent les
règles de l’hospitalité de rester, mais uniquement parce qu’il est plus
facile d’administrer un poison à quelqu’un qui se trouve sous son
toit. La Maison Daireann offre toujours répit et hospitalité dans
tous ses Domaines et ses maisons du Chaudron à travers Concorde.
Cependant, souvenez-vous qu’un hôte de qualité n’a qu’une seule
obligation, celle de se montrer aussi honorable que le moins hono-
rable de ses invités.
Privilège
La Maison Daireann se consacre aux trois lois : Honneur, Hospitalité
et Vengeance. Pour ses membres, la difficulté de tous les jets en
relation avec la protection de l’un de leurs invités, ou bien lorsqu’ils
se vengent de quelqu’un coupable d’avoir violé leur hospitalité,
diminue de –1.
Faiblesse
Ces changelins ne peuvent refuser leur hospitalité à une personne
qui cherche protection ou asile, même si c’est un ennemi mortel, à
moins qu’elle n’ait violé les règles de l’hospitalité Daireann.
Exil
Le fils de Daireann, Conchobhair, est resté dans le monde mortel
lorsque les Sidhes ont fui vers l’Arcadie. Lorsque la Maison est
revenue, ses membres ont prétendu qu’ils avaient saisi la première
occasion qui s’était présentée pour se lancer à la recherche de leurs
frères perdus, et reprendre les terres et les titres qu’ils avaient proté-
gés. Certains doutent de la véracité de cette assertion et suggèrent
plutôt que les Daireann ont été exilés comme les autres. Personne ne
peut le confirmer avec certitude, mais les rumeurs laissent entendre
qu’un noble important a dévoilé un secret qu’il aurait dû taire, ce
qui donne à l’histoire quelque crédit.
Chapitre deux : les kithains 125
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Factions et sociétés
Le Calice de Belladone, une cabale de talentueux herboristes et
d’empoisonneurs compétents, se rassemble à la saison pour discuter
complots bien orchestrés et décoctions dans les règles de l’art. Les
Compagnons du Gourdin de chêne, un groupe de fées liées par
serment et habiles dans le métier des armes, incarnent les Trois
lois de Conchobhair. Les Intendants du Chaudron entretiennent
les maisons du Chaudron, des auberges qui offrent le vivre et le
couvert, soins et équipement à tous et incarnent la quintessence de
l’hospitalité de la Maison Daireann.
Membres éminents
Ard-Bantiarna Fiadnait ni Strachan, Haute dame de la Maison
Daireann, est l’intendante des affaires officielles. Rares sont les
membres masculins du Calice de Belladone, et Eoghan ap Derryth en
fait partie. Les jumeaux Iobhar et Sibeal, membres des Compagnons
du Gourdin de chêne, et les trois sœurs Ó Donndubháin, assurent
à eux seuls l’intendance de plusieurs maisons du Chaudron.
La Maison Danaan
(Da-NON)
Pour chaque étoile dans le ciel, il existe un chemin qui y conduit. Pour chaque
rêve dans la nuit, un périple attend. Je jure sur les étoiles au firmament et
les rêves qui y flottent de servir la Maison Danaan, de protéger les chemins
du Songe et de tracer de nouveaux sentiers là où il n’y en a pas. Je veillerai
sur les voyageurs, guiderai les Rêveurs et continuerai ainsi jusqu’à ce qu’il n’y
ait plus de Sentiers à suivre. Cela, je le jure, et puisse le dragon me dévorer
dans mes rêves si je venais à manquer à ma parole.
Cour : unseelie (officiellement)
Surnoms : les Pionniers, les Égarés (péjoratif)
Lorsque les portes de l’Arcadie se rouvrirent et que les Sidhes revinrent
à la tête du grand Ost, leurs oriflammes claquant au vent, nobles et
roturiers supposèrent que l’exode avait pour destination le monde
mortel. Toutefois, ces dernières années ont prouvé l’existence d’une
exception notable. Une Maison est restée presque entièrement dans
le Songe, elle a rouvert d’anciens Sentiers et a revendiqué des forte-
resses depuis longtemps perdues, tandis que le reste de la noblesse
retournait sur Terre.
La Maison Danaan n’a que récemment repris de vrais contacts avec
les Kithains du monde de l’Automne. En conséquence, beaucoup de
fées considèrent toujours que son existence n’est guère plus qu’une
rumeur. Même lorsqu’elles connaissent la vérité, rares sont celles à
pouvoir prétendre avoir rencontré un Pionnier en personne. Cela
se déroule souvent à travers des messagers chimériques ou d’autres
intermédiaires, en partie pour des questions pratiques, car la maison
est relativement petite et éparpillée sur plusieurs mondes, ce qui
rend les contacts directs difficiles. Et en partie aussi parce que les
Pionniers trouvent le monde mortel répugnant.
Si les Sidhes d’Arcadie occupent encore beaucoup de postes
importants en son sein, la Maison Danaan est la seule dont le Haut
seigneur n’est pas sidhe. Ce n’est donc pas une surprise d’apprendre
qu’elle intègre facilement des roturiers dans ses rangs. Eshus, Satyres,
Piskies, Nockers et les autres fées curieuses et nomades font des
recrues naturelles, même si tous les changelins sont les bienvenus
126 Changelin : le Songe
pour peu qu’ils soient dotés d’une passion pour l’exploration et
d’un intérêt pour les royaumes du Songe. L’intronisation commence
souvent avec un voyage dans ce monde lors duquel le guide examine
attentivement les réactions du candidat. S’il est incapable de gérer
les réalités d’une telle vie, on le ramènera gentiment à sa vie passée.
Dans le cas contraire, il sera conduit jusqu’à une forteresse de la
maison afin d’y être formé et initié plus avant.
Sur le plan politique, la Maison Danaan fait partie de la Cour
unseelie, mais à l’instar de la Maison Scathach, cette association n’est
en ce moment guère plus que symbolique. Les Pionniers pensent
que leur devoir est de servir de hérauts du changement, et ils voient
la reprise des relations avec leurs cousins terrestres comme une
nécessité, car il faut repousser les calamités tout autant du monde
de l’Automne que du Songe. En dehors de cela, les Danaan n’ont
pas encore montré grand intérêt dans les intrigues des maisons
unseelies, et encore moins dans celles de la Cour des Ombres. La
situation pourrait toutefois évoluer si ces relations s’intensifient.
Privilège
Ses membres peuvent supporter les rigueurs de la vie dans le Songe
bien mieux que la majorité des Kithains. Ils ne risquent pas de
sombrer dans le Tumulte simplement en vivant là-bas pendant de
longues périodes. En outre, ils n’ont pas leur pareil pour trouver
et parcourir les Sentiers. Un Danaan ne peut jamais faire d’échec
critique lorsqu’il localise, ouvre ou parcourt un Sentier. Si le per-
sonnage passe une minute complète à se concentrer et si on ne l’a
pas dissimulée à l’aide de la magie, son joueur peut aussi dépenser
un point de Glamour et trouver la Voie d’argent.
Une fois par session, le joueur peut dépenser un point de Glamour
et invoquer pour la scène le Serment du Dragon. Il permet ainsi
au personnage d’ajouter le niveau de son historique Titre à tous
ses jets sociaux lorsqu’il interagit avec les chimères et les habitants
du Songe. Lorsqu’il est sous l’effet de cet antique serment sacré, le
Pionnier converse normalement avec ces créatures, y compris avec les
chimères sauvages (dans les limites de leur compréhension). Même
si on les contrôle par magie, les chimères et les habitants du Songe
n’attaqueront pas le changelin qui se trouve sous son influence.
Cependant, l’effet cesse sur-le-champ et à jamais pour tous les témoins
si le Danaan revient sur sa parole et attaque, maltraite ou commet
un sacrilège envers ces entités. La même sanction s’appliquera s’il
ordonne à d’autres de le faire. On considère l’utilisation des charmes
et des Héritages comme des attaques pour cet effet, à moins que son
utilisateur ne soit précisément autorisé à en faire usage.
Faiblesse
En raison de leurs liens étroits avec le Songe, les membres de la
Maison Danaan souffrent d’une étrange version des Brumes en
rapport avec le monde de l’Automne. Quand, lors d’un moment
de tension, un Pionnier doit se souvenir d’un détail important de
sa vie mortelle ou du monde ordinaire (où il a laissé ses clés, où il
travaille ou bien le nom de sa petite amie), son joueur doit faire un
jet de Volonté. Sa difficulté de base est de 8, mais elle peut varier en
fonction de facteurs comme l’opacité de l’information et la pression
à laquelle il est soumis. En cas d’échec critique, le personnage oublie
complètement ce qu’il cherchait et doit tout réapprendre. De plus,
le joueur doit faire un jet de Volonté semblable après une semaine
complète passée dans le Songe. S’il le rate, d’autres souvenirs du
monde mortel s’évanouissent jusqu’à ce qu’on lui rafraîchisse la
mémoire (ou qu’il réapprenne tout).
Cette amnésie ne provoque pas la perte de capacités ou d’histo-
riques. Par exemple, le changelin n’oubliera pas comment conduire,
bien qu’il puisse ne plus se rappeler qui le lui a appris. Toutefois,
le conteur peut décider qu’elle aura un impact sur la difficulté des
jets qui s’y rapportent. Un joueur peut choisir d’ajouter le niveau
de Banalité de son personnage à son jet, mais s’il le fait, il acceptera
un point de Banalité supplémentaire.
Membres éminents
On dit que le Haut seigneur Dé, un Eshu versé dans les Sentiers et
les Royaumes du Songe depuis longtemps perdu pour les Kithains,
appartiendrait aux mystérieux Siocháin. Le duc Basil Blackthone est
un explorateur et un chasseur de bêtes chimériques très expérimenté.
La comtesse Aksarra, une diseuse de bonne aventure, s’est spécialisée
dans l’art d’arriver au bon moment pour avertir des Domaines du
danger qui les menace. Le baron Fiorello Fiore, un Satyre, ne semble
pas être lié au temps qui passe. Dame Jilian, une guide Pooka, fait
discrètement sortir les Rêveurs du monde de l’Automne pour les
inspirer. Jonakr le Chasseur sert de guide à qui veut parcourir les
Sentiers. Dames Meabh, Corrie et Órlaithe Morgan, trois sœurs
Selkies, veillent sur les mystères des Sentiers, des cités englouties et
des îles perdues de l’océan.
La Maison Dougal
(DOO-gul)
Mon cœur est celui de Dougal. Mon bras prendra son marteau. Mon corps
supportera son fardeau. Mon cœur embrassera sa volonté. Je participerai
jusqu’à mon dernier jour à son œuvre.
Cour : seelie
Surnoms : les Forgerons, les Brisés (désobligeant)
Certains changelins pensent que les Sidhes sont allergiques au tra-
vail, mais c’est parce qu’ils n’ont jamais rencontré un membre de
la Maison Dougal. Cette vénérable institution récolte le Glamour
dans les artisanats de toutes sortes, et elle s’enorgueillit de son
enthousiasme à mettre la main à la pâte quand il s’agit de maîtri-
ser ses nombreux métiers. Ses membres sont aussi des mécènes
d’artisans accomplis, et ils font de leur mieux pour dénicher de
nouveaux Rêveurs talentueux et les soutenir tandis qu’ils bâtissent,
littéralement, un monde meilleur.
On raconte que les Forgerons sont aussi honnêtes qu’un jour de
dur labeur et s’ils ne sont certainement pas étrangers à la politique
et à la diplomatie, il n’en reste pas moins que cette opinion contient
une grande part de vérité. Après tout, le travail manuel ne ment pas.
Vous en possédez ou non les compétences. Cette attitude détermine
une grande partie de la philosophie des Dougal et leur vaut une
réputation d’honnêteté bourrue. Vous êtes le genre de personne à
faire ce qu’elle dit, ou bien vous ne l’êtes pas. Et ils n’ont guère de
temps à perdre avec les derniers.
Souvent surnommée « la main droite de Gwydion » du fait des
liens étroits qui existent entre elles, la Maison Dougal demeure une
loyale alliée des dirigeants de la Cour seelie. Depuis quelques années
pourtant, une divergence est apparue du fait de l’implication gran-
dissante des Forgerons dans le monde de l’Automne. En effet, elle
a mené des actions concertées afin de populariser les sciences et les
inventions parmi les humains. Son but avoué est de les détourner
d’un avenir froid et stérile et de les ramener vers le merveilleux et
l’imaginaire. Tous les Dougal se sont ralliés à cette cause, car comme
ils aiment à le faire remarquer, c’est l’alunissage de la mission Apollo
qui a provoqué le retour des Sidhes, non une renaissance féerique.
Ils ont ainsi embrassé la révolution du bricolage, ainsi que
l’émergence de la culture du fait maison qui replace la production
entre les mains d’artisans locaux, par opposition aux objets produits
en masse. Les Dougal soutiennent souvent les séries populaires de
Chapitre deux : les kithains 127
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
vidéos éducatives, et ils se fascinent pour les possibilités offertes par Exil
les imprimantes 3D et d’autres appareils de fabrication domestiques. Le progrès technologique est étranger aux nobles d’Arcadie, ou du
Les dangers potentiels de ces technologies ne leur échappent pas, moins devrait-il l’être pour la Maison Dougal qui se rappelle avoir
mais ils ont le sentiment que les risques en valent la peine. Ils se été exilée à cause de son intérêt pour celle des humains. Et, plus
consacrent avec ardeur à guider ces avancées dans la bonne direction. important sans doute, pour avoir persisté à dire qu’elle pourrait
Même si la maison se montre résolument seelie sur le plan poli- apprendre des choses aux êtres « parfaits » d’Arcadie. Des légendes
tique, elle compte quand même quelques Unseelies parmi ses membres. plus sombres parlent d’instruments dont le dérèglement a eu des
« Devrait, et non pourrait » reste sans doute la meilleure définition conséquences catastrophiques. L’une d’entre elles mentionne un
qu’on puisse trouver à la philosophie de ces cas particuliers. Si certains engin de siège et hante l’esprit du dirigeant actuel de la Maison
Forgerons respectent la manière dont le chaos à petite dose encourage Dougal, à son grand désarroi.
l’innovation, les Dougal unseelies sont aussi célèbres pour inventer
sans se préoccuper des conséquences à plus grande échelle de leurs Factions et sociétés
créations. On tient donc attentivement à l’œil leurs travaux afin de Les pirates informatiques des Ingénieurs de la discorde croient
s’assurer qu’ils ne provoquent aucune catastrophe. Cependant, on fermement dans la doctrine de « l’information devrait être libre
les laisse en paix tant que les dégâts collatéraux restent raisonnables. d’accès » et sabotent les systèmes de sécurité. La Caravane d’Épicure
compte des gourmets itinérants qui se consacrent au monde en plein
Privilège essor des food-trucks et des restaurants éphémères. La Ligue de la
Les membres de la Maison Dougal héritent d’une once de la détermi- tempérance rassemble des voyous qui « tempèrent » les passions
nation sans faille de leur fondateur, ainsi que des talents légendaires des Forgerons quand elles échappent à tout contrôle. La Société
de leurs ancêtres. Une fois par scénario, un Forgeron peut convertir de fabrication regroupe des mécènes qui dénichent et soutiennent
des points de Glamour en points de Volonté, et vice versa. Pour ce des artisans locaux et en ligne, avec un intérêt tout particulier pour
faire, il doit être impliqué dans une entreprise créative ou physique, la haute technologie et les talents d’innovation. « C’est sérieux, on
difficile et prenante, comme forger une arme, sculpter un objet, joue » est une association de costumiers et d’amateurs de cosplay
participer à une bataille, s’enfermer pour peindre ou endurer une qui s’affrontent pour dégotter les accessoires et les costumes les plus
épreuve athlétique éreintante. De plus, une fois par session, un joueur remarquables. Les érudits des Antiquaires cherchent à étudier le passé
peut dépenser un point de Glamour et diminuer de –2 la difficulté et à rassembler de grands Trésors en relation avec l’histoire de leur
de tous ses jets d’Artisanats pour le reste de la scène, alors que son maison. La confrérie d’ensorceleurs de la Lorica allie sa compétence
personnage canalise les compétences et le savoir de ses ancêtres. à des Arts puissants pour forger d’incomparables chefs-d’œuvre
d’artisanat chimérique.
Faiblesse
L’artisanat est si intrinsèque au Forgeron que son corps change peu à Membres éminents
peu pour l’intégrer. Chaque fois que le personnage acquiert un niveau Le Haut seigneur Donovan, artisan taciturne, nourrit une affection
dans l’historique Titre, il remplace une partie de son corps par un particulière pour les engins de siège et les silences contemplatifs.
composant artificiel parfaitement fonctionnel (un œil mécanique, La duchesse Prya, une Boggan, possède une rare affinité avec les
un cœur de vitrail, une main de cuivre alimentée par la vapeur,
etc.). Nombre de Forgerons fabriquent et remplacent eux-mêmes
leurs composants, alors que d’autres voient simplement leur corps
changer au fil du temps. Acquérir ces pièces de remplacement fait
partie de l’acceptation d’un titre dans cette maison ; le Dougal ne fait
pas de jet de dés et ne court aucun danger. Ces éléments en parfait
état de marche sont difficiles à intégrer dans la Guise mortelle, à
moins que le personnage n’ait besoin d’une prothèse. Par exemple,
un Forgeron qui perd sa main dans un accident de voiture peut
porter une prothèse ordinaire, et posséder sa version chimérique.
D’après les règles, ces pièces de remplacement n’offrent aucun
avantage particulier, mais ils peuvent servir à acquérir des atouts ou
même des Trésors. Cependant, pour chaque tranche de deux implants
que le personnage possède (arrondi au supérieur), il subit un malus
de –1 à tous les jets en relation avec les capacités Animaux, Empathie
et Subterfuge, car sa nature artificielle grandissante l’empêche de
plus en plus de comprendre les autres. En outre, ces pièces cessent
de fonctionner lorsqu’elles entrent en contact direct avec le fer froid ;
le conteur décide selon la situation si ces pannes infligent des malus,
voire des dégâts. Par exemple, une main qui ne répond plus infligera
des pénalités sur les jets de dés en relation avec la dextérité manuelle,
tandis qu’un collier de fer froid passé autour d’une gorge artificielle
pourra provoquer des dégâts si le personnage se met à suffoquer.

128 Changelin : le Songe

Brasiers et n’a pas son pareil pour les attiser et les entretenir. La
comtesse Volk s’est spécialisée dans la cybernétique et représente la
Société de fabrication. Le baron Weyland est le Mentor officiel de
la maison et l’archiviste de son histoire. Le baron Ben « Cache-œil »
West et la baronne Trisha Newton, d’extraordinaires cosplayeurs,
sont les chefs de facto de « C’est sérieux, on joue ». L’écuyer Greg
Gannaway, le modeste porte-parole de la Caravane d’Épicure, possède
une entreprise de food-trucks spécialisés dans les milk-shakes. Dame
Oona Kinane, traqueuse de cauchemars chevronnée, se consacre au
matériel de chasse et aux pièges improvisés.
La Maison Eiluned
(El-EE-ned)
En ce jour, je jure fidélité au Noir et à l’Argent par ma loyauté à mon lige.
J’accorderai à mes supérieurs le respect qu’ils ont gagné, et œuvrerai à guider
les plus jeunes que moi sur la voie de la compréhension et de la sagesse.
Chaque jour, je chercherai à en apprendre plus sur le monde et sur mon
cœur, et à enrichir tout autant mes frères et sœurs Eiluned que ma personne.
Par-dessus tout, je jure allégeance à la Maison Eiluned et j’espère la servir
dans l’honneur et l’excellence.
Cour : seelie
Surnoms : les Sorciers, les Sournois (désobligeant)
Son surnom de « Maison des Secrets » n’est pas toujours flatteur,
et elle comprend mieux que quiconque les voies de la magie et de
la sorcellerie. Elle sait que la noblesse et le secret sont intimement
liés ; rares sont les figures de pouvoir qui se sont hissées là où elles
sont sans cacher quelques squelettes dans leurs placards, et les
Eiluned comprennent la nécessité de contrôler ces secrets pour
garder ce pouvoir.
Avant de fonder sa maison, Eiluned était la jeune sœur chétive du
puissant Ailil, et tous deux partageaient un lien très fort. Alors que
ses dons de prophétesse et de devineresse s’affirmaient, elle mit son
frère et les autres nobles en garde. Une tempête approchait et allait
plonger les fées dans une sombre époque. Hélas, Ailil ne tint aucun
compte des paroles de sa sœur ; cette réaction causa entre eux une
blessure qui ne se referma jamais. Eiluned créa sa maison et forma
ceux qui se joignirent à elle dans les arts de la magie.
La Maison Eiluned se prépara bien pour la Séparation, et fortifia
ses Domaines à travers le pays pour que ses membres puissent s’y
abriter de la Banalité. Nombre de ces territoires furent arrachés au
monde mortel pendant cette période, d’autres s’effondrèrent, écrasés
par le poids immense de la Banalité. Certains résistèrent pourtant et
à ce jour, ils figurent encore parmi les plus puissants. Au sein de ces
Domaines, la majeure partie de ses membres supporta la Séparation
tandis que d’autres retournaient en Arcadie. Grâce à leurs pouvoirs de
divination, ils purent choisir avec soin les sénéchaux qui veilleraient
sur leurs terres pendant leur absence, mais hélas, ils se montrèrent
incapables de prévoir la durée de cette absence. Les serments prêtés
par leurs représentants n’y résistèrent pas et les membres de la maison
restés dans le monde de l’Automne se réfugièrent dans leur nature
unseelie pour survivre.
La Maison Eiluned participa à la destitution des roturiers
qui avaient pris le pouvoir en l’absence des Sidhes, et elle joue les
conseillers au sein des royaumes qu’elle ne dirige pas. Les Unseelies
ne purent aisément revenir à leur nature seelie, et d’autres choisirent
de devenir des Unseelies afin d’atteindre certains objectifs. Étant
donné la nature discrète de ses membres, il est difficile de déterminer
leur allégeance.
Aujourd’hui, les Eiluned bénéficient toujours de leur réputation
d’ensorceleurs, même si leur maison consacre aussi ses grandes
capacités intellectuelles et intuitives à la technologie. Elle retrouve
dans le monde des ordinateurs nombre des mystères magiques avec
lesquels elle est familière. Dans leur majorité, les Sidhes méprisent
la technologie, qu’ils considèrent comme intrinsèquement banale,
mais les Eiluned savent qu’une touche de clavier ou une ligne de code
renferme autant de magie qu’un parchemin moisi. Ils éprouvent une
fascination particulière pour les espaces de stockage virtuels et en déve-
loppent leur version mystique afin d’y conserver des connaissances et
des informations confidentielles. Ainsi, ses membres y ont accès où
qu’ils se trouvent. Certains individus particulièrement passionnés
se lancent à corps perdu dans le piratage informatique, surtout lors-
qu’il permet de découvrir les secrets des autres. La Maison Eiluned
s’est plus ou moins rendue complice d’actions qui dénonçaient les
personnalités importantes des groupes de propagande haineuse ou
des organisations d’exploitation.
Privilège
La magie vient naturellement aux Sidhes de cette maison. Le joueur
peut effectuer un jet de Perception + Acuité pour identifier l’Art et
le Royaume d’un charme ou d’un Déchaînement, mais aussi pour
déterminer l’identité du lanceur. Le personnage peut localiser une
source magique au sein d’une foule ou, s’il connaît le lanceur,
reconnaître la « signature » du charme. De plus, la difficulté de tous
ses jets de Gremayre diminue de –1.
Faiblesse
Les Eiluned ont soif de mystères et d’intrigues, et leur curiosité les
plonge souvent dans des situations dangereuses. Ce sont aussi des
fouineurs notoires, avides de mettre leur nez dans les affaires de
tout le monde. Si l’un d’entre eux tombe sur une porte verrouillée,
un système protégé par un mot de passe ou quelque chose que l’on
cache, il doit tenter de découvrir ce secret et s’il choisit de ne pas
enquêter, il gagne un point de Cauchemar.
Exil
Son exil sur Terre est sans doute son plus noir secret. Certains
croient qu’Eiluned elle-même ou l’un de ses adeptes a commis un
crime atroce et accepté le bannissement afin qu’on taise la vérité.
D’autres supposent que la maison est entrée en possession d’un
artefact maudit, ou bien qu’elle a conclu un pacte avec un ordre de
sorciers mortels. D’autres encore pensent que le pacte en question
ne concernait pas les mortels, mais un Haut Roi unseelie en exil.
Quelle que soit la vérité, les formidables pouvoirs d’Eiluned se sont
consacrés à une chose : s’assurer que personne ne se rappelle des
détails de l’affaire.
Factions et sociétés
Le cabinet d’avocats international Rothman & Associés assiste les
Kithains pour leurs affaires juridiques mortelles. Les Chevaliers de
la Clé d’argent, un ordre chevaleresque d’érudits, s’occupent d’un
grand nombre de bibliothèques spécialisées dans l’ésotérisme. Les
Chevaliers de la Toile d’argent occupent des fonctions semblables ;
cependant, leurs bibliothèques sont virtuelles et ils veillent sur
des serveurs, des espaces de stockage en ligne et d’autres archives
Chapitre deux : les kithains 129
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
digitales d’informations. L’Ordre du Coucher de lune se consacre à
la divination et ses membres servent de conseillers tout autant aux
rois qu’aux révolutionnaires… moyennant finances.
Membres éminents
La comtesse Anne, autrefois jeune et fougueuse débutante, est à
présent la sage (et toujours aussi fougueuse) dirigeante de son fief. Le
roi Meilge des Saules règne sur son royaume grâce à un mélange de
règles strictes et d’aveuglement opportun. La duchesse Ylenaria est
à la tête du duché de la Côte de Pierre. Sir Davis Rothman, associé
et fondateur du cabinet homonyme, possède un réseau de contacts
sur toute la planète. Les compétences en piratage informatique de
Pepper Z, dont l’identité « officielle » demeure un mystère, lui ont
permis de réunir une masse considérable d’informations privées et
de secrets sensibles, qu’elle négocie contre des services pour elle et
ses amis. La comtesse Natalya reçoit un festival Glamour annuel de
musique country dans son Domaine près d’Opryland.
à des Sidhes de cette maison qui cherchaient un refuge, tandis que
certains de leurs nobles confiaient les rênes du pouvoir à des rotu-
riers de confiance pour régner à leur place. C’est d’ailleurs dans ses
rangs que l’on compte le plus grand nombre de changelins anoblis.
Les membres de la Maison Fiona prêtent serment grâce à des
codes de l’honneur complexes qui leur sont exclusifs. Les règles qui
les constituent varient grandement en fonction de l’individu. Ses
passions et ses valeurs, et non des concepts surannés sur ce que devrait
incarner la noblesse, constituent leur seule limite. C’est la raison
pour laquelle ils ont géré leur transition dans le monde moderne
mieux que certaines autres maisons. Ils acceptent la technologie
pour la distraction qu’elle offre et ont une affection particulière
pour la télé-réalité, les journaux, les émissions et les sites internet
à sensation, et tous les programmes qui s’insinuent dans la vie
privée des gens. Les Sidhes ont souvent du mal à résister au désir
de documenter leurs passions personnelles. Nombre d’entre eux
se sont aussi retrouvés impliqués dans un « scandale à la sextape ».
Cependant, cela ne signifie pas que la Maison Fiona trouve ce genre

La Maison Fiona de chose scandaleuse.

(Fee-OH-nuh)
Ma dame/mon seigneur, je vous offre tout l’amour et la chaleur de mon
cœur. Puissent-ils vous soulager dans les périples et les années à venir. Je
serai votre ami, votre compagnon et votre consort si tel est votre désir. Dans
les heures sombres, je serai à vos côtés et sur le champ de bataille, je por-
terai votre étendard avec fierté et honneur. Vous ne serez jamais seul. Ma
main toujours effacera vos larmes. Si ce lien venait à disparaître, puissent
mes entrailles ne plus jamais éprouver de plaisir, mon cœur ne plus jamais
ressentir de joie dans les satisfactions de la chair. Puissent les crocs du lion
d’argent de Fiona me déchirer si je trahis votre confiance !
Cour : seelie
Surnoms : les Lions, les Cœurs purs, les Commères (péjoratif)
En amour comme à la guerre, ces Sidhes démontrent la même
passion. Ce sont des combattants de grand renom, intrépides et
imprudents. Dame Fiona fonda sa maison après qu’elle et trois de
ses loyaux chevaliers eurent affronté les Fachan et les Each-Uisge, des
créatures redoutables qui terrorisaient l’Arcadie. Au lieu de fuir vers
leur terre natale, elle et nombre de ses suivants choisirent de rester
sur Terre pendant l’Interrègne. C’est là qu’elle prit un compagnon
mortel et la légende dit que cette relation s’est achevée par la tragique
disparition de la dame.
Privilège
Ceux qui jurent fidélité à la Maison Fiona sont de vrais braves et la
peur n’a aucune prise sur eux. Même face à une mort certaine, la
témérité légendaire de leur fondatrice brille au firmament. Toutes
les tentatives pour instiller la peur en eux, qu’elle soit magique ou

La Maison Fiona ne fait rien à moitié. Féroces et intenses en amour

comme en loyauté, ses Sidhes se régalent des plaisirs de la table, de
la chair, du combat et de tout ce qui peut attiser les sens. Ils aiment
profondément et sans concessions, et le véritable amour dans ses
nombreuses formes par-dessus tout le reste, surtout si le prix à payer
pour en jouir est grand. L’amour courtois joue un rôle clé dans
leurs divertissements et leurs défis. Ils se lancent à corps perdu dans
leurs activités et ne se contentent pas d’en ignorer les risques. Ils les
embrassent pleinement. Pour résumer, plus le danger est grand, plus
le frisson est fort et plus les nobles de la Maison Fiona recherchent
le coup de fouet qui surpassera le précédent. Les fêtes organisées
par ces Sidhes rivalisent avec les plus folles bacchanales des Satyres.
Elles se prolongent parfois durant des jours et entraînent tout un
fief dans la sarabande, tandis que nobles et roturiers se laissent
aller à leurs désirs les plus sombres et leurs fantasmes les plus fous.
C’est la raison pour laquelle ces mêmes roturiers ont une bonne
opinion sur eux, sans compter qu’ils agitent rarement la puissance
de leur statut. Les Domaines qu’ils dirigent ne sont peut-être pas
des exemples en matière de courtoisie, mais l’ouverture dont ils
font preuve envers leurs vassaux minimise l’agitation politique et
encourage l’affection réciproque entre les seigneurs et dames de la
Maison Fiona et leurs sujets. Les événements de la Séparation ont
parfaitement illustré cette relation particulière. Alors que la Banalité
gagnait du terrain, les Domaines roturiers ont ouvert leurs portes

130 Changelin : le Songe

naturelle, échouent automatiquement. Une menace directe à la vie ou
à la sécurité d’un bien-aimé est la seule chose qui puisse véritablement
les terrifier. Dans ce cas, le personnage devra y résister normalement.

Faiblesse
Les passions d’un Fiona tournent facilement à l’obsession, et son
imprudence face au danger devient vite une quête du danger lui-même.
Le Sidhe trouve toujours un moyen de transformer les activités les
plus inoffensives, comme manger et boire, en occupations périlleuses.
Il voudra déguster les fameux sashimis de fugu ou défier un Troll
deux fois plus gros que lui dans un concours de boisson. En amour
surtout, sa nature passionnée atteint des sommets grandioses, et ses
liaisons épiques finissent souvent en tragédie. Quand un membre
de la Maison Fiona refuse un défi pour éviter un risque, il perd un
point de Volonté.

Exil
Ses membres pensent qu’on ne les a pas véritablement exilés, mais
qu’ils ont choisi de suivre les traces de leur fondatrice après sa tragique
disparition. Cette légende contribue sans doute à leur célébration
permanente de la passion et de l’amour, fussent-ils malheureux.
Cependant, les détails sur la mort de dame Fiona varient souvent
d’un conteur à l’autre, et le choix des Sidhes pourrait être plus
apocryphe qu’historique. On ne peut tout à fait écarter la possibilité
que les nobles aient accompagné leurs liges après quelque méfait,
ou qu’ils aient volontairement quitté l’Arcadie pour jurer fidélité la baronne Gala, dirigent les productions du Lion d’argent depuis
à l’un des nobles restés sur Terre au cours de la Séparation. Cette le Domaine qu’ils dirigent conjointement. On pensait autrefois que
image d’adorateurs de l’amour ou de la loyauté tragique entretient le roi Finn, à la tête du royaume de l’Ulster, était la réincarnation
à coup sûr leur philosophie. du héros irlandais Fionn McCumhaill.

Factions et sociétés
Les Chevaliers de Sathar, un ordre fondé pendant la guerre de
l’Accord, comptent dans leurs rangs autant de Sidhes que de roturiers.
Les Gigolos, un groupe de Fiona magnifiques originaires de tous les
kiths (et de tous les genres, malgré leur nom) né d’une excuse pour
des orgies d’alcool et autres occupations risquées, sont devenus un
service d’escorte féerique haut de gamme qui organise des événements
érotiques extravagants et permet à ses clients de se rencontrer et de
se mélanger. Les Enfants de Loki, un regroupement de politiciens
sidhes, se consacrent à créer de l’agitation en s’opposant au point
de vue de la majorité. Le Pinceau du Maître, une guilde de créateurs
artistiques, expose les œuvres de ses membres lors de galas annuels
qui attirent tout le gotha de la société féerique et mortelle. Le Lion
d’argent, une petite société de production, développe des concepts
de télé-réalité centrés sur les histoires d’amour, la cuisine et les
sujets qui passionnent les Fiona ; les candidats qui participent à ces
émissions sont une source serviable de Glamour.
Membres éminents
Le Haut seigneur Rathesmere est le suzerain autour duquel de nom-
breux exilés Fiona se rassemblent, et peut-être une des principales
raisons de cet exil. La reine Aeron dirige le royaume de Pacifica. Dame
Julia Spencer-Drake est une historienne kithain. L’énigmatique duc
Selim se trouve à la tête des Enfants de Loki. La reine Laurel règne
sur le royaume du Glacial Septentrion. Le comte Gut Splicer, est un
Bonnet rouge anobli par celle-ci. La poétesse dame Finnula Finnegan
occupe les fonctions d’émissaire auprès des Fianna et dame Moira,
celles de championne et de duelliste. Sire Sathar a fondé l’ordre de
chevalerie qui porte son nom. Le baron Winston Dorsett et sa sœur,
La Maison Gwydion
(GWID-ee-ohn)
Seigneurs et dames du Faucon, je jure solennellement fidélité, à vous et à
la noble Maison de Gwydion, à partir de ce jour et jusqu’à ce que le soleil
s’éteigne. Je ne faillirai jamais à défendre ma charge et l’honneur de mes
frères et sœurs. Je serai aimable en temps de paix et inflexible au combat, et
par mes exploits, j’apporterai à ma maison la gloire. Je le jure, sur le seigneur
Gwydion le Gris et dame Keredwyn.
Cour : seelie
Surnoms : les Faucons, les Orgueilleux (peu flatteur)
La Maison Gwydion est arrivée au pouvoir peu de temps après la
Séparation, une fois revendiqués les terres et les titres abandonnés
par les Sidhes rentrés en Arcadie. Au cours de cette période de chaos
et de peur, la main ferme de Gwydion guida et rassura ses sujets, qui
s’en remettaient à l’honnêteté et la dignité de leurs nouveaux liges
pour les diriger. La maison gouverna avec sagesse et équité jusqu’à
l’Éclatement, et elle suivit les ordres du Haut-Roi de battre en retraite
face à la déferlante de la Banalité. Si de nombreuses maisons nobles
restèrent en partie ou en totalité dans le monde mortel, les Gwydion
retournèrent dans leur immense majorité en Arcadie, contraints
d’abandonner les terres qu’ils protégeaient autrefois.
Avec la Résurgence, ils revinrent parmi les mortels revendiquer
leurs terres et leurs titres, mais découvrirent que les sujets qu’ils
avaient laissés derrière eux n’avaient aucune intention de rendre
ces domaines à leurs seigneurs. Ils combattirent en première ligne

Chapitre deux : les kithains 131

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

lors de la guerre de l’Accord et tentèrent de ramener un semblant
d’ordre dans le monde de l’Automne. L’un d’entre eux, David Ardry
ap Gwydion, ceignit la couronne de Haut-Roi, unifia Concorde et
mit un terme au bain de sang. Depuis ce jour, la Maison Gwydion
est vraiment devenue la plus noble parmi les nobles, et rassemble
autant de grands guerriers que de sages dirigeants. Connus pour
leur ouverture d’esprit et leur honnêteté, ces Sidhes considèrent la
gouvernance comme une obligation qu’ils ont le devoir de remplir
avec équité pour le bien de leurs sujets.
Pour la plupart conservateurs, les Faucons accordent une
grande importance au cérémoniel, à la tradition et aux serments.
S’ils détiennent aujourd’hui une grande puissance et d’immenses
privilèges, ils ont leur part de luttes intestines. Au sein d’une maison
où tous sont capables de régner, déterminer le plus à même de détenir
le pouvoir se transforme en conflit majeur. Cependant, la rivalité
s’arrête là, car même les rivaux les plus acharnés font front lorsque
la maison dans son ensemble est menacée. Rares sont ceux qui
souhaitent provoquer la légendaire colère de la Maison Gwydion.
Furieux, ses Sidhes combattront sans jamais entendre raison et
au-delà de leurs limites physiques, jusqu’à ce qu’ils parviennent à
abattre leur ennemi.
La maison ne s’est pas aussi bien accommodée que les autres du
temps qui passe, mais ses membres ont commencé à adapter leur
gouvernement afin de maintenir la paix dans leurs fiefs. Ces nobles
arrogants ont appris dans la douleur qu’il fallait laisser les roturiers
s’exprimer sur la façon dont on les gouvernait. En revanche, ceux
qui se soucient de l’opinion de leurs sujets profitent d’une loyauté
encore plus grande. Les vassaux assez courageux pour dire la vérité à
leurs seigneurs découvrent qu’ils sont, de manière assez surprenante,
bien disposés et désireux d’intégrer les changements profitables à la
noblesse comme à la roture.
Privilège
La Maison Gwydion exige le meilleur d’elle-même et s’efforce de
faire preuve d’ouverture et d’honnêteté dans sa façon de gouverner.
Elle n’en attend pas moins de ceux qui l’entourent. Ses membres
sont capables de sentir si quelqu’un dit la vérité ou ment. Pour
ce faire, ils doivent réussir un jet de Perception + Acuité contre le
groupement de Manipulation + Subterfuge de leur interlocuteur. La
Maison Eiluned, la Maison des Secrets, est immunisée à ce pouvoir.
Faiblesse
La Maison Gwydion s’est accrochée au Songe et à la société d’au-
trefois plus encore que celles qui sont revenues sur Concorde au
cours de la Résurgence. L’honneur de ses nobles est ce qui compte
le plus et ils n’oublieront jamais, pas plus qu’ils ne pardonneront,
un affront. Si l’on insulte l’honneur d’un Gwydion sous son propre
toit, celui-ci exigera une rétribution égale à la gravité de l’injure avant
le lendemain matin. S’il ne parvient pas à laver l’affront, il amorcera
la Banalité en lui.
Exil
Jamais la Maison Gwydion n’admettra qu’elle a pu commettre un
acte assez grave pour justifier son exil. Elle continuera donc de pré-
tendre qu’elle est revenue volontairement dans le monde mortel,
par obligation pour ses vassaux plutôt que sous la contrainte. Leurs
ennemis prétendent eux qu’ils ont quitté l’Arcadie à cause de leur
arrogance et de leur suffisance. Que l’un de ses membres ait insulté
132 Changelin : le Songe
un roi ou une reine capable de bannir toute la maison n’est sans
doute pas une supposition délirante.
Factions et sociétés
Les Paladins de fer sont un groupe d’impitoyables chevaliers unseelies
restés loyaux à la Maison Gwydion. La Branche rouge est un ordre
de chevalerie célèbre pour sa vaillance et son honneur. L’organisation
secrète de la Lame de Beltaine se consacre à rendre le pouvoir aux
individus les plus proches de leurs sujets, et à l’éloigner du Haut-Roi
et d’autres nobles puissants. La Voix du peuple, un groupe petit, mais
bruyant, encourage activement le dialogue entre nobles et roturiers
et milite pour l’établissement d’une monarchie constitutionnelle.
Membres éminents
Le duc Allenion est à la tête du duché du Cœur de Liberté et la
duchesse Carendlith dirige le duché des Érables. Le duc Tymon
possède une forteresse dans Boston. Le duc Rialdo a été destitué
de son rôle à la tête du Commonwealth de Frontière d’Espérance.
On trouve le comte Morig dans le duché du Cœur des Saules, la
duchesse Igrania des Magnolias, le duc Araby des Herbes bleues,
et le comte Rual de Jamesriver. Gwyhyr est le fondateur du duché
de l’Étreinte des Frimas. La reine Morganna dirige le royaume des
Sables blancs. Le baron Harold di Marcos est le châtelain de Caer
Séquoia, le duc Topaze est à la tête du royaume du Serpent à plumes
et le roi Bran ap Gwydion gouverne le Leinster.
La Maison Leanhaun
(Lee-ANN-an)
Par les éléments et l’essence des Songes, je déclare devant témoins que je suis
prêt à remplir mes devoirs au sein de la Maison Leanhaun. Je lui resterai
fidèle, je tairai ses secrets, j’assisterai tous ses membres et garderai ses trésors.
Si je venais à manquer à ma parole ou si je devais la trahir, que mon nom
soit effacé des archives et des esprits des Rêveurs. Que mon histoire reste
inachevée, mes aspirations inassouvies et mon essence dispersée par les vents.
Qu’aucun Kithain ne se rappelle que j’ai un jour existé.
Cour : unseelie
Surnoms : les Muses, les Incubes/Succubes (péjoratif)
Les Ailil intriguent pour imposer la suprématie de la Cour unseelie
et les Balor œuvrent aux sombres objectifs ordonnés par leurs loin-
tains ancêtres. La troisième plus grande maison unseelie s’occupe
d’entretenir le jardin qu’on lui a confié. Les membres de la Maison
Leanhaun tirent une grande fierté de leur réputation de mécènes des
arts. La liste des artistes et des Rêveurs qu’ils prétendent avoir inspirés
est un véritable « Who’s who » qui compte une douzaine d’industries
du divertissement. Associée à leur réputation de débauchés, cette
perception a poussé plus d’un Seelie à ne pas considérer les Muses
comme des rivaux sérieux. L’erreur est courante.
La Maison Leanhaun est, à juste titre, bien connue pour son
rôle de mécène et de muse, mais c’est ce qu’elle fait de son influence
qui la rend aussi dangereuse qu’un intrigant Ailil ou un spadassin
Balor. Peut-être mieux que quiconque, elle sait que celui qui oriente
l’art fait de même avec la culture. Elle entretient donc son pré carré
avec soin, encourage certaines voix et en étouffe d’autres. Elle troque
la gloire et la richesse contre des faveurs et des serments, crée des

succès planétaires fulgurants et peut demander des services à une
pléthore d’artistes influents qui lui doivent tout.
Bien sûr, la culture est une maîtresse inconstante et beaucoup de
ces artistes étincellent avec force avant de s’éteindre et de disparaître
aussi vite qu’ils sont apparus. De la même manière, les Leanhaun sont
célèbres pour leur vie amoureuse capricieuse et parmi la noblesse,
seuls les Fiona peuvent se vanter de les égaler. Ils s’attachent souvent
à un artiste de prédilection pendant la durée de sa carrière météo-
rique, puis semblent se retirer juste avant son inévitable chute. Si
certains se laissent distraire par leurs amants et leurs amis célèbres,
les Muses jouent le plus long jeu de tous et il consiste à façonner
la culture elle-même — un livre, une chanson et un film à la fois.
Dans la société mortelle, ces Sidhes trouvent toujours une
position dans laquelle ils ont accès à un grand nombre de Rêveurs
potentiels, de préférence renouvelés assez régulièrement, afin de
mieux dissimuler leurs goûts les moins avouables. Agents, dénicheurs
de talents, journalistes du spectacle et professeurs d’art sont des
métiers courants parmi eux. Certains se contentent parfois d’être
de simples groupies ou de grands fans. Ils sont pour beaucoup des
artistes accomplis à part entière, et qui attirent des Rêveurs parmi
leurs pairs et leurs collègues.
Les Seelies Leanhaun se retrouvent souvent relégués à des rôles
de « façade » par leurs camarades, et leur permettent de donner
un vernis respectable à la maison et leurs activités. On les invite
rarement aux soirées et aux séminaires que l’on réserve aux vraies
affaires. Cela peut aboutir à une situation étrange où le changelin
jouit d’une vie mortelle privilégiée (des amis célèbres, beaucoup
d’argent et ses entrées dans la haute société), mais n’a que peu ou
pas d’autorité dans la société kithain.
Privilège
Les Muses ont une présence surnaturelle. Les Leanhaun ajoutent
un point à leur score de Charisme, même si cela porte l’attribut
au-delà du score maximum habituel de 5. Un personnage issu de
cette maison peut aussi concentrer tout son charme sur une seule
personne ; la difficulté de tous ses jets sociaux impliquant cet individu,
ainsi que des jets pour récolter son Glamour, diminue de –1. Il ne
peut cependant cibler qu’une seule personne à la fois.
Faiblesse
Ces Sidhes vieillissent rapidement lorsqu’ils n’ont pas accès au
Glamour mortel. Ils prennent un an par semaine qui passe sans
qu’ils puissent obtenir le Glamour d’un Rêveur. Ils peuvent inverser
le processus en le récoltant grâce à l’Extase ou la Rêverie (un an par
tranche de cinq points de Glamour gagné ainsi). L’énergie obtenue
par le Ravage annule un an par point gagné de la sorte et l’énergie
obtenue par la Rhapsodie annule cinq ans par point ainsi glané.
Notez qu’une Muse ne peut pas rajeunir au-delà de son âge véritable
par ce procédé, et que « l’excédent » est perdu. Ce vieillissement
transparaît sur sa Guise mortelle, ce qui signifie qu’un Leanhaun
doit surveiller avec attention son acquisition de Glamour pour ne
pas attirer la suspicion.
Cette décrépitude surnaturelle cesse lorsque le personnage vit
dans un Domaine ou dans le Songe. Elle ne s’applique pas à ceux qui
n’ont pas encore subi la Chrysalide ni à ceux dont le Visage féerique
est actuellement endormi (comme après une mort chimérique ou
un Oubli permanent). Bien sûr, passer beaucoup de temps dans un
Domaine ou dans le Songe engendre ses propres effets secondaires,
mais un Sidhe désespéré trouvera parfois ce mal nécessaire pour
combattre l’âge.
Exil
Les membres de la Maison Leanhaun ne pensent pas qu’on les a exi-
lés, même s’ils répètent volontiers cette histoire s’ils ont l’impression
que c’est ce que les autres veulent entendre (surtout les nobles). Eux
considèrent qu’ils ont choisi de revenir dans le monde de l’Automne
pour une raison bien précise : l’Arcadie est déjà prisonnière d’un
Long Hiver et ils doivent s’aventurer plus loin, trouver de nouvelles
idées et d’autres visions pour lui faire retrouver sa gloire. Bien sûr, si
ce faisant, ils doivent assumer les responsabilités de la Cour unseelie,
ils accepteront aussi cet honneur.
Factions et sociétés
L’Ordre éternel des Rêves enlève des Rêveurs mortels et les déplace
dans des Domaines, et ainsi permettre à leurs talents de vivre pour
l’éternité. Les Jouisseurs, les espions et les séducteurs de la maison,
se font passer pour des débauchés dilettantes. Les Découvreurs
dénichent des talents, mais recherchent aussi des cibles propices
au Ravage et à la Rhapsodie. Les Gardiens de la Rose chassent des
trésors qu’ils enferment dans les coffres de la maison en prévision
du Long Hiver. Les Idoles sont une société de musiciens, d’acteurs et
d’autres superstars dirigée par des femmes. Une petite équipe connue
sous le nom du Pacte de Minuit se trouve à la tête des Chevaliers
protecteurs, le bras armé des Leanhaun. On charge les Réviseurs, des
« nettoyeurs » d’élite, d’effacer les preuves des mauvais traitements
infligés aux Rêveurs par les membres de la maison.
Membres éminents
La Haute dame Eleanor, ensorceleuse et incomparable mécène des
arts, est la bien-aimée des roturiers pour ses opinions populistes au
sein du Parlement des Rêves. La comtesse et danseuse étoile Alayne
Grace est en ce moment la coqueluche du gotha. La baronne Robin,
l’hôtesse discrète des très célèbres et très fermées fêtes du « Spectre
Chapitre deux : les kithains 133
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
blanc » de la haute société, se consacre à une clientèle VIP de fées
comme de mortels. La comtesse Glynann Jones, productrice des stars
de la musique, se trouve à la tête des Découvreurs. Sire Strallach,
l’un des cerveaux de la Cour des Ombres, est aussi le capitaine des
Chevaliers protecteurs. Le baron Tarrow est un mécène artistique
avisé, et dame Izzy Tot, Satyre et star du rock, parle au nom des
Idoles. Sire Tairngrim est l’infatigable garde du corps, champion
et amant de la Haute dame Eleanor. Dame Gentiane se fait passer
pour une humble barde eshu, mais elle est en réalité un membre
haut placé des Jouisseurs.

La Maison Liam
(LEE-um)

Puisse la chaleur du Soleil brûler ma peau,

Puisse la clarté de la Lune me frapper de terreur,
Puisse la nourriture de la Terre me laisser sur ma faim,
Puissent les eaux de la Vie dessécher ma gorge,
Si je venais à me priver de la boussole de mon périple,
Si je venais à négliger de prendre soin du Songe,
Si je venais à ignorer les besoins de ma charge,
Si je venais à ignorer la pureté de mon devoir.

Cour : seelie
Surnoms : les Moines, les Parjures (péjoratif)
Critiquée pour parler au nom des mortels, la Maison Liam s’est
retrouvée ostracisée par le reste des Sidhes bien avant la Séparation.
Nombre d’entre eux considéraient les humains comme à peine plus
qu’une source de Glamour, au pire un désagrément et au mieux des
animaux de compagnie. Les Liam soutenaient qu’ils avaient des droits
et de la valeur, à l’instar des fées, et cette prise de position leur valut
de devenir largement impopulaires parmi la noblesse. Celle-ci préfé-
rait reprocher aux mortels l’avancée de la Banalité dans le monde et
pensait que si on les abattait tous, à l’exception des quelques véritables
Rêveurs, cela rétablirait l’équilibre et repousserait ce raz-de-marée.
En faisant rempart entre eux et le reste des Sidhes, la Maison Liam
orchestra involontairement son propre exil.
Certains invoquent des incidents plus précis pour justifier les
raisons qui ont provoqué cet exil. Contrairement à ses cousins, le
fondateur de la maison, le roi Liam, pensait autrefois que l’arrivée
de la chrétienté ne sonnerait pas le glas de l’existence des fées. Il
vit dans la foi et la dévotion de ces humains la même étincelle de
passion créatrice qui animait les arts et la musique. Il rendit visite
à différents ordres religieux à travers l’Europe et tomba amoureux
de Mélisande, une jeune novice. Sa voix de rossignol incarnait à
elle seule la promesse de tout le Glamour que la foi pouvait à ses
yeux faire naître. Quand un noble de la Maison Gwydion apprit
son existence, il l’enleva. La rage que Liam déchaîna par la suite
provoqua la destruction totale du couvent où Mélisande avait vécu,
et les rares survivantes emportèrent le souvenir de la terrible splen-
deur du Sidhe. Pour certains nobles, elle est le point de départ de
la haine de l’église chrétienne pour les fées. Pire, sa colère le poussa
à tuer deux suivants du seigneur Gwydion. Le roi Liam fut jugé.
L’amour et la protection qu’il accordait à l’humanité surpassaient
l’importance des vies et des droits de ses cousins Sidhes, et cela lui
coûta sa place dans la société noble. Lui et les siens furent bannis
et on leur interdit à jamais de revenir.
La Maison Liam ne possède pas beaucoup de territoires. Comparés
aux domaines tentaculaires des autres maisons, ceux-ci sont en géné-
ral de petits fiefs urbains en friche. Pourtant, les Sidhes qui lui ont
prêté allégeance sont parmi les plus nombreux. Ils se cachent au vu
et au su de tous, se mêlent aux cours, aux mortels et aux roturiers.
Leurs relations avec ces derniers sont plutôt bonnes, même s’ils
sont rares à rejoindre la Maison Liam. L’amour qu’ils portent aux
humains est bien connu, mais largement incompris. À leurs yeux,
les mortels ne sont pas au-dessus de tout reproche, et ils ne sont pas
non plus supérieurs aux fées, mais ils reconnaissent et apprécient
leurs défauts. Ils croient dur comme fer que les humains devraient
pouvoir vivre en dehors de toute influence féerique. Si les Seelies dans
leur ensemble voient d’un mauvais œil le Ravage, qu’ils considèrent
comme inefficace et ignoble, la Maison Liam exècre ouvertement
cette manière brutale de récolter le Glamour par la force.
Si l’affection de ces Sidhes pour l’humanité peut les entraver
dans la société féerique, elle leur rend de nombreux services dans
d’autres domaines. Plus que n’importe qui, ils sont capables de se
fondre parmi les mortels. Ils guident avec douceur les artistes et les
gens du spectacle dans les voies les plus créatives, défendent jeunes
et vieux et tissent des liens durables qui leur fournissent une source
perpétuelle de Rêverie.
Privilège
La Maison Liam possède une affinité particulière pour les mortels
et les gens qui souffrent, et ses membres soulagent de leur fardeau
ceux qui ne peuvent les porter seuls. Si le personnage pose les mains
sur un humain, son joueur peut dépenser un point de Glamour et
diminuer d’autant son score de Banalité. De la même manière, s’il
touche un autre changelin, son joueur peut dépenser un point de
Glamour pour réduire d’un point son score de Cauchemar.

134 Changelin : le Songe

Faiblesse
Les liens qu’elle entretient avec les mortels ont un prix. Les person-
nages de la Maison Liam entrent en jeu avec un point de Banalité
supplémentaire. De plus, ils sont incapables d’utiliser le Ravage
pour récolter leur Glamour.
Exil
Les Sidhes de la Maison Liam furent exilés bien avant l’Éclatement,
ostracisés par la société féerique à cause de leur fascination pour les
mortels, de leur interaction avec l’église chrétienne et de la colère
que celle-ci avait attirée sur les Sidhes dans leur ensemble. Lorsque
les autres maisons fuirent en Arcadie au cours de la Séparation, les
Liam choisirent non seulement de rester, mais beaucoup d’entre
eux prirent le parti de se rendre à la Banalité et de demeurer parmi
les mortels. Les rares à s’être retirés en Arcadie vécurent à l’écart et
en marge de la société, et on les en chassa à la première occasion.
Factions et sociétés
Les Templiers forment un groupe de Traditionalistes fanatiques
qui opère en secret pour défendre la Maison Liam, en particulier
contre les cours qui traitent mal ses membres. Les Moines gris vivent
parmi les ordres religieux dans l’espoir de glaner le Glamour des
vrais croyants. Les Mimes de minuit, une société secrète unseelie,
se moquent des hypocrites ou des moralisateurs de leur maison.
La Juste cause, un groupe d’assistants sociaux et de travailleurs de
proximité, œuvre parmi les populations mortelles extrêmement
pauvres, offre aux enfants de ces communautés des jouets et des
fournitures d’art, et cultive discrètement leur aptitude pour en faire
des sources de Rêverie.
Membres éminents
Le duc Gwilliam, l’un de ses plus importants nobles, cherche à
instaurer une nouvelle place dans le monde pour la Maison Liam.
Ellen Rynson, une Eshu issue de la roture et reporteur-photographe,
rapporte en détail le quotidien des familles brisées et des victimes
d’abus, et partage ses sombres clichés afin d’éveiller les consciences.
Arlequin fait partie des Mimes de minuit. Le Haut seigneur Noman,
seigneur en titre de la Maison Liam, parcourt le monde déguisé
en mendiant. Sir Odhran ap Liam est un vétéran de la guerre de
l’Accord. La comtesse Gwrly des Oiseaux dirige la principauté du
Clwyd. La reine Maria Teresa règne sur l’Aragon. Le duc Benjamin
Connor fait partie d’un cabinet d’avocats qui défend gratuitement
les Kithains emprisonnés.
La Maison Scathach
(SKAH-huh)
En ce jour, je prête un serment de sang et d’acier et offre ma vie à la Maison
Scathach. J’écouterai les paroles des oracles et ne prêterai pas ma lame à
une cause qui apporte le déshonneur. Seul, je prendrai soin de mon acier, je
garderai pour moi mes conseils et seul, je parcourrai mon chemin jusqu’au
jour où je n’aurai plus d’ombre. Ainsi je le jure, par la lune étincelante et
la lame ensanglantée. Ainsi j’entame mon long périple.
Cour : Seelie (officiellement)
Surnoms : les Marcheurs gris, les Tueurs (péjoratif)
Même au sein de l’Ost étincelant, certains cheminent à part et
préfèrent les ombres profondes que projettent ces démonstrations
vertigineuses. La Maison Scathach a toujours porté la couronne
avec difficulté et préféré les champs de bataille aux salles du trône.
Ses membres se considèrent comme une élite guerrière, non comme
une classe dirigeante. Les Marcheurs gris suivent les traces du Sidhe
fondateur dont ils portent le nom et essaient de gouverner par
l’exemple. Ils combattent toujours en première ligne, ce qui leur
permet de nouer des liens puissants avec nombre des roturiers qui
se tiennent à leurs côtés. Les Scathach vont même à la rencontre
des Prodigues, dont ils tentent d’apprendre les tactiques et avec
lesquels ils cherchent à partager des informations sur les menaces
qui les concernent tous.
Si elle n’a pas été la première à anoblir des roturiers et à les
accueillir dans ses rangs, elle insiste grandement sur le mérite des
individus et en a fait un facteur déterminant dans ses choix. Cette
position la distingue de la plupart des autres maisons nobles. Bien
sûr, bousculer les traditions a toujours un prix, surtout parmi les
Sidhes traditionalistes. Pour avoir osé se rapprocher de la roture (et
prétendre qu’ils avaient beaucoup à apprendre d’elle), la Maison
Scathach est devenue paria et s’est attiré l’inimitié de plusieurs
maisons conservatrices. Ce sentiment perdure encore aujourd’hui.
Nombre de Sidhes « bien sous tous rapports » la considèrent comme
un ramassis de fugueurs gâtés incapables de réussir en politique qui
ont donc préféré se retirer complètement du jeu.
De leur côté, les Marcheurs gris ont embrassé leur rôle de chevaliers
errants, car il leur offrait plus de latitude. Ils ont ainsi pu patrouiller
sur les frontières du monde des Kithains et combattre les menaces
qui guettaient les fées depuis les ombres. Ils se sont repliés sur eux-
mêmes, s’en sont remis à un conseil de mystiques pour les guider
et ont développé des techniques de combat complexes. La maison
n’a jamais compté beaucoup d’effectifs. Au fil du temps, ceux-ci ont
diminué comme peau de chagrin, et apercevoir un Scathach devint
un événement rare. Pourtant, ils bénéficiaient toujours d’une grande
Chapitre deux : les kithains 135
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
affection parmi les roturiers tandis que se propageaient les histoires
de mystérieux Marcheurs gris surgis des ténèbres à la rescousse de
fées en danger, puis disparus aussi vite qu’ils étaient intervenus.
De nos jours, ces Sidhes préfèrent les métiers qui leur permettent
de se déplacer souvent et de travailler seuls pendant de longues
périodes. Malgré leur redoutable réputation, ceux qui épousent
des carrières de mercenaires ou de tueurs à gages sont très rares. Ils
se tournent plutôt vers des professions qui leur offrent une grande
autonomie et un large rayon d’action, comme détectives privés,
gardes forestiers ou chauffeurs routiers au long cours. Ce n’est pas
un hasard si elles les placent aussi dans des endroits où rôdent de
terribles menaces, ruelles, forêts profondes, routes désertes et autres
bidonvilles d’opprimés. Car c’est exactement ce qu’ils cherchent.
Si la Maison Scathach appartient techniquement à la Cour
seelie, elle contrôle peu de territoires et s’implique rarement plus
qu’au niveau local dans la politique. Elle refuse de désigner un chef
de famille officiel, elle compte à peine une poignée de représentants
au Parlement des Songes et aucun d’entre eux ne prétend parler au
nom de sa maison. Ses membres ont autant de chances d’être seelies
qu’unseelie, et cette obédience ne leur vaut aucun dédain de la part
de leurs frères. Quoi qu’il en soit, les Marcheurs gris opposent une
fin de non-recevoir polie, mais ferme, aux efforts des autres maisons
seelies pour les impliquer dans les affaires politiques. Il en va de même
quant aux propositions de la Cour unseelie de changer de camp.
Privilège
Les Marcheurs gris excellent dans toutes les formes de combat au
corps à corps et semblent avoir un talent surnaturel pour ne pas se
faire remarquer. Ils ne font aucun bruit lorsqu’ils combattent, sauf
quand ils décident le contraire. La difficulté de tous leurs jets de
Furtivité diminue de –1 et ils ne peuvent jamais faire d’échec critique
sur les jets de Furtivité. De plus, leur grande maîtrise du combat
leur offre un dé de bonus sur tous leurs jets de Bagarre et de Mêlée ;
pour eux, le temps semble ralentir, ce qui leur permet d’atteindre
leur cible et d’éviter les coups plus facilement.
Faiblesse
Tous les Scathach souffrent d’une mauvaise réputation parmi la
plupart des autres nobles, ainsi que des roturiers royalistes. La dif-
ficulté de tous les jets sociaux impliquant ces derniers et les Sidhes
augmente de +2. Cette règle ne s’applique pas aux Maisons Liam
et Danaan. Un pacte ancien interdit à ses Sidhes de l’Automne et
aux membres des autres kiths qui lui sont inféodés d’utiliser l’Art
du Souverain, et toute la puissance du Songe pèse sur ce tabou. En
général, les Scathach reconnus en tant que tels sont les premiers
qu’on interroge si une mort ou un vol important se produit dans la
noblesse, surtout si le travail a été exécuté avec raffinement et élégance.
Les Sidhes d’Arcadie peuvent utiliser l’Art du Souverain, mais
ils ont du mal à maîtriser leur tempérament guerrier. Ils doivent
obtenir six réussites sur un jet étendu de Volonté (difficulté 7) pour
rompre un combat une fois qu’ils l’ont engagé. Un échec critique
annule toutes les réussites obtenues sur les jets précédents ; le per-
sonnage devra alors patienter un tour avant de faire un nouveau jet.
Son joueur ne peut dépenser de Volonté pour obtenir une réussite
automatique sur ce jet qu’une fois par combat. Dans cette situation,
le Sidhe n’attaquera pas aveuglément ses amis ou des spectateurs.
Il se concentrera entièrement sur ses adversaires et ses objectifs,
et fera tout son possible pour rester sur place jusqu’à ce qu’il ait
achevé sa tâche.
136 Changelin : le Songe
Exil
La Maison Scathach n’a pas été exilée, pour la simple et bonne
raison que seuls quelques-uns de ses membres étaient retournés en
Arcadie. La plupart d’entre eux étaient restés de l’autre côté des
portes et avaient disparu dans les ombres de la société féerique.
À moins d’entrer directement en contact avec eux, les Marcheurs
gris se résumaient plus ou moins à des légendes urbaines jusqu’à
la Résurgence. Quand ils sont revenus d’Arcadie, les Scathach ont
retrouvé une maison bourdonnante d’activité, et en dehors de
quelques différences philosophiques et empiriques, les frictions
entre les deux groupes sont restées très rares.
Factions et sociétés
Les Oracles de Morphée forment un conseil secret de prophètes talen-
tueux et d’ensorceleurs aguerris, et leurs paroles guident la maison.
Les diplomates-guerriers de la Société du Crépuscule entretiennent
des contacts avec différents groupes de Prodigues afin de combattre
des menaces communes. La Dark Horse Investigations International
est une société d’enquêteurs privés et de sécurité. Les Chevaliers de
la Septième Ligue rassemblent des Scathach itinérants, se chargent
de protéger les voyageurs sur les Sentiers et ouvrent de nouvelles
voies dans le Songe. Les Indigènes, une association de Marcheurs
gris aux liens informels, passent plus de temps avec le groupe de
Prodigues qui les ont adoptés (une meute de loups-garous, une cabale
de mages, etc.) qu’avec d’autres changelins.
Membres éminents
Comme on peut s’y attendre d’une petite maison très peu impliquée
en politique, rares sont ses membres connus et personne ne sait s’il
existe un Haut seigneur au-dessus des Oracles de Morphée. Le duc
Valentin, un justicier itinérant, est célèbre pour démasquer les faux
détenteurs de pouvoirs psychiques. Sir Bobby Angel loue ses talents
de champion indépendant. Dame Elenora Mendez est une vaillante
chasseuse de Thallain originaire du Royaume du Soleil ardent. Les
deux sœurs Pookas Kit et Kyra, dont personne ne connaît le rang,
appartiennent aux Chevaliers de la Septième Ligue et ciblent les
systèmes politiques corrompus. Le baron Bray et la baronne Aife se
sont spécialisés dans la logistique et le renseignement.
La Maison Varich
(VAH-rik)
J’ai commencé un motif et aujourd’hui, j’y mets un terme pour en commencer
un nouveau, au nom de Varich, fondateur de la maison dont je prends le
nom. Puissé-je ne jamais laisser la trame d’un motif indéchiffrable. Puissé-je
ne jamais refuser un défi. Puissé-je ne jamais faire de serments d’amour
sincère. J’honorerai la Maison Varich et je la servirai par mon esprit, mon
cœur et mes actes. Si je me parjurais, puissent toutes les mains de ma mai-
son se dresser contre moi et le motif de mon cœur battant se figer à jamais.
Cour : unseelie
Surnoms : les Tisseurs, les Marionnettistes (péjoratif)
Originaires de Russie, les Sidhes de la Maison Varich y étaient vénérés
comme des dieux par les mortels qui Rêvaient et versaient le sang
en leur nom. Maîtres dans l’art de déchiffrer les motifs, ils suivaient
les fils des actions de leurs cousins Sidhes et purent ainsi prédire

l’Éclatement. Ils étaient déjà retournés en Arcadie avec nombre de
leurs vassaux, bien avant que les autres maisons aient commencé à
fuir la Terre. Pendant des siècles, ils ont prospéré dans le long hiver
arcadien et quand ils sont enfin rentrés dans leur ancien pays natal,
ils n’ont trouvé qu’une vaste étendue stérile de Banalité. Ils ont alors
émigré en Amérique et fondé un nouveau foyer sur Russian Hill,
à San Francisco.
Les changelins de la Maison Varich sont célèbres pour leur
cœur de glace et leur incapacité à aimer. Une ensorceleuse sluagh
dupa autrefois leur fondateur et il tomba amoureux d’une créature
magique faite de neige. Lorsque la jeune fille s’évapora dans l’étreinte
brûlante de Varich et qu’il réalisa la trahison, ses parents lancèrent
une malédiction sur la Sluagh. L’inimitié entre ces Sidhes et le kith
s’est prolongée jusqu’à aujourd’hui, et ses membres jurent depuis
de ne jamais donner leur cœur. Ce principe devint la devise qui
rassemblait les cœurs brisés et trahis, et l’amertume leur étendard.
La Maison Varich ne se contente pas de s’inquiéter et d’attendre.
Elle cherche un sens dans tout ce qui l’entoure. Lorsque l’un d’entre
eux observe une série d’événements qui semblent n’avoir aucun lien
entre eux, il est capable de discerner les fils ténus qui les relient et
d’en déduire rapidement la stratégie de son adversaire ; il peut aussi
bien prédire les changements politiques que les courants boursiers.
Cette aptitude a d’ailleurs permis à la maison d’amasser une grande
puissance financière dans le monde mortel. Les Varich excellent aussi
dans les jeux d’argent, des cartes aux paris sportifs, et ils sont à même
de remarquer les subtils motifs qui apparaissent, de distinguer les
différences et de prévoir les résultats avec succès.
Ils mettent aussi ce talent à contribution au combat, même s’ils
préfèrent orchestrer la bataille plutôt que la livrer. Les officiers sont
placés à des endroits stratégiques autour du lieu de l’affrontement
afin d’observer leurs adversaires. Une fois qu’ils sont parvenus à
discerner les motifs sur lesquels est bâti le plan de ces derniers, ils
se réunissent et mettent au point leur attaque. Ceux qui connaissent
cette capacité tentent de la contrecarrer en lançant des attaques
avant que les Varich n’aient une chance de percer leur stratégie à
jour, et en dissimulant les formations clés et les préparatifs loin de
leurs yeux inquisiteurs.
Privilège
La plus grande force de cette maison réside dans sa capacité à distin-
guer les motifs et à faire des prédictions. Les Sidhes peuvent passer
en revue une semaine de cours en bourse et être à même de prévoir
le marché, ou bien observer une partie de cartes et déterminer qui a
quoi en main, ou encore regarder un duel et en prédire le gagnant.
Cela leur demande du temps et de la préparation, mais une fois
qu’ils ont entrevu la trame, la manipuler devient pour eux un jeu
d’enfant. Si le personnage a l’occasion d’observer son adversaire
avant une compétition ou un conflit (un combat, du sport, les échecs,
etc.), son joueur fait un jet de Perception + Acuité (difficulté 8), s’il
le réussit, il parvient à analyser son schéma de jeu dans ce genre
précis de compétition. Pendant leur affrontement, la difficulté de
tous les jets effectués contre sa cible au cours de cette opposition
particulière diminue de –1.
Faiblesse
Le cœur brisé, Varich jura de ne plus jamais aimer et les membres
de sa maison firent de même. Leur point de vue leur permet de voir
les schémas dans leur ensemble et de les manipuler, mais les oblige
à rester eux-mêmes à l’écart et à se déconnecter des autres. Ils ne
peuvent jamais prêter un serment d’amour, et la difficulté de leurs
jets d’Empathie augmente de +1.
Exil
La Maison Varich n’a pas été exilée d’Arcadie, elle a soigneusement
planifié son départ et son retour d’après les motifs annoncés par les
présages et les augures. Et même si cela avait été le cas, cet exil aurait
été le résultat de la prudente manipulation du motif par ses nobles.
Factions et sociétés
Les Obtenyani constituent un groupe qui se consacre à perturber
ou à s’écarter du motif, et c’est la passion, plutôt qu’une préparation
minutieuse, qui les anime. Les Notchnytza forment un groupe d’as-
sassins d’élite entièrement constitué de femmes, et elles maîtrisent
le combat rapproché, les armes et le poison. Les Joueurs, un cercle
de bookmakers qui opèrent depuis Russian Hill, s’en prennent
autant aux mortels qu’aux fées et Ravagent parfois les humains en
quête du gros lot.
Membres éminents
Varich, Enfant du Soleil et de la Lune et fondateur de la maison, s’est
à son retour arrogé le corps d’un danseur d’une troupe de théâtre
de San Francisco. Rytsar Wila Irynocha, fondatrice des Obtenyani,
était autrefois une opposante active à Varich, mais son opinion s’est
quelque peu radoucie depuis son retour il y a une quinzaine d’années.
Darya Vetrov, figure proéminente des Joueurs, s’est rendue célèbre
pour le traitement particulièrement vicieux qu’elle réserve à ceux
qui ne paient pas leurs dettes. Le tzar Ivan et la tzarine Ekaterina
règnent sur l’Empire de l’Oiseau de feu.
Chapitre deux : les kithains 137
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre Trois :
création
de personnage
& traits
« Je suis la seule chose que je contrôle dans ma vie. Je suis inimitable, je suis un original ! »
– Lin Manuel Miranda, Hamilton : comédie musicale américaine

L orsque vous jouez à Changelin, vous endossez le

rôle d’un personnage de fiction, comme ceux que
l’on trouve dans un film ou un roman. Toutefois,
contrairement à la plupart des autres outils narratifs, la
beauté du jeu de rôle réside en partie dans la création
Ce chapitre vous guide pas à pas à travers cette étape
essentielle, et vous explique les choix que vous ferez au fur
et à mesure de votre avancée. Une feuille de personnage,
du brouillon et un stylo, voilà tout ce qu’il vous faut pour
commencer. Pensez à mettre un signet ici, surtout si vous
de celui dont on va raconter l’histoire. Vous imaginez ce n’avez encore jamais fait de personnage pour Changelin.
protagoniste du début à la fin et comme vous l’entendez. En effet, certaines étapes vous enverront consulter d’autres
Vous en contrôlez tous les aspects, de son passé à sa chapitres, qui expliquent plus précisément les traits que
personnalité, de ses pouvoirs à ses capacités. Plus vous vous souhaitez choisir.
entrez dans les détails à chaque étape du processus, plus
vous serez satisfait du résultat que vous obtiendrez et plus
vous parviendrez à l’étoffer.

139

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041


Le rôle du conteur
Deux solutions s’offrent à votre troupe. Les joueurs peuvent
créer ensemble leurs personnages (et nous recommandons
cette manière de procéder), ou bien le faire chacun de
leur côté. Quoi qu’il en soit, le conteur devrait être avec
eux, physiquement ou par un moyen de communication
numérique quelconque. Sa présence s’avérera surtout
nécessaire pour ceux qui n’ont jamais fait de personnage
pour Changelin, mais elle est également précieuse pour les
vétérans. Les joueurs ont souvent des questions sur l’envi-
ronnement dans lequel ils vont évoluer ; seul le conteur peut
y répondre. Par exemple, il précisera quels traits sont utiles
ou interdits, qui sont les nobles de la région, ou encore s’il
est possible d’avoir un ami ou un parent qui connaisse la
véritable nature du personnage.
Conteurs, de votre côté, ne vous sentez pas obligé de
répondre seul à toutes les questions ! Vous pouvez tout à
fait retourner certaines d’entre elles au joueur qui les a
posées, ou bien les laisser aux bons soins de votre groupe
si vous n’avez pas de réponse à donner. Par exemple, si un
joueur vous demande qui sont les nobles de la région, rien
ne vous empêche de vous en enquérir auprès de la troupe.
« D’après vous, qui commande par ici ? À quoi ressemblent
ces gens ? » Et même si vous décidez de ne pas reprendre leurs
propositions telles quelles, cet échange d’idées se révélera
très utile au cours de la phase de création des personnages.
Autre bonne idée, ne perdez pas de temps à tenter
d’enseigner à un joueur toutes les règles pendant cette
étape. Cela part d’une bonne intention, mais à trop vouloir
en faire, on finit souvent par gripper la machine et com-
pliquer les choses. Répondez simplement aux questions
qu’on vous pose pour éviter les confusions, mais remettez
les explications mécaniques détaillées à un moment où
vous pourrez toutes les traiter d’un coup. Si le conteur est
d’accord et que les joueurs décident de ne pas retenir un
trait après avoir compris la façon dont il fonctionnait, il
est acceptable de l’échanger contre un autre.
Commencer
Vous vous préparez à concevoir votre personnage. Gardez donc à
l’esprit ces quelques lignes directrices fiables.
Votre protagoniste est un changelin, une âme féerique abritée dans
le corps d’un humain. Elle doit trouver un équilibre entre sa vie
dans le monde mortel et son existence dans le monde enchanté
des Kithains. Vous pouvez jouer un personnage qui ne sait pas
grand-chose de la société des fées ou de son monde enchanté. C’est
d’ailleurs ainsi que la plupart d’entre eux commencent ! Ne vous
préoccupez pas trop de votre « connaissance » de ce nouvel univers.
Sa découverte simultanée par le joueur et son double ludique peut
se révéler un très bon moment autant pour l’un que pour l’autre.
Cela dit, nous conseillons aux nouveaux joueurs de lire « Le Songe »
dans le chapitre un, « Un Monde de Ténèbres » ; le chapitre deux
« les Kithains » ; le chapitre trois « Création de personnages &
140 Changelin : le Songe
traits ». Cela leur permettra d’apprendre certains fondamentaux
du jeu et de l’univers. En outre, ces informations utiles peuvent
permettre de créer des personnages sans avoir d’idées préconçues
et erronées à propos du décor dans lequel ces derniers vont évoluer.
Les personnages de Changelin peuvent appartenir à n’importe
quelle ethnie, culture ou identité de genre.
Tous les personnages sont uniques. Si certaines normes, voire
certains stéréotypes, font partie de l’univers, cela ne signifie nulle-
ment que votre protagoniste doit s’y conformer. Le conteur peut
autoriser cet écart s’il considère qu’il se justifie par l’histoire de
votre personnage. D’ailleurs, il a le dernier mot sur ce qu’il autorise
ou non dans sa chronique, mais en règle générale, plus vous vous
appuyez sur une bonne raison narrative, et non sur un avantage
purement mécanique, plus il sera enclin à faire une exception.
Changelin est un jeu et en tant que tel, il possède des règles conçues
pour éviter les confusions et décider de la réussite ou de l’échec de
certaines actions dans le récit. Au cours de la création de person-
nages, vous recevrez des valeurs numériques à différents traits qui
représenteront ses talents et ses capacités. Peut-être vous rendrez-vous
compte que vous ne pouvez pas atteindre partout et tout de suite le
niveau que vous voulez. Pas de problème ! Comme les personnages
sont destinés à évoluer et à changer au fil du jeu, avoir des objectifs
à atteindre constitue une excellente motivation. Nous expliquerons
tout au long de ce chapitre la méthode d’attribution des valeurs et
le suivi des traits.
Première étape : le concept
Le tout premier pas consiste à avoir une idée du rôle que vous souhaitez
incarner et de la personnalité que vous adopterez au fil de l’histoire.
À ce stade, il vaut mieux sélectionner quelques idées importantes que
vous aimez bien tout en vous laissant la plus grande latitude pour
le reste. En effet, il se peut que des éléments évoluent au cours du
processus. Ne vous tracassez pas si vous changez d’avis ou rebroussez
chemin. Rien n’est gravé dans le marbre tant que vous n’avez pas
terminé le personnage. Même dans ce cas, nombre de conteurs
permettent à leurs joueurs de modifier leur protagoniste pendant la
première partie si certains choix ne produisent pas l’effet escompté.
Voici quelques exemples.
Un brillant orphelin immigré qui se dresse contre les injustices
de la société kithain, et considère sa Bande de révolutionnaires
comme la famille qu’il n’a jamais eue.
Un prêtre devenu Sluagh cherche à réconcilier les défunts encore
présents dans le monde des mortels avec leurs êtres chers, et les
aide à achever ce qu’ils n’ont pas fini.
Une reportrice-photographe dont le travail plusieurs fois primé lui
fait parcourir le monde, mais qui s’inquiète de tout ce qu’elle rate
à cause de ses voyages.
Un étudiant qui tire le diable par la queue et essaie de trouver un
équilibre entre ses études universitaires, sa vie de famille et ses
responsabilités de nouveau chancelier du seigneur local.
Une artiste qui a suivi une formation classique et ouvre un salon
de tatouage pour assouvir sa nouvelle passion, au grand dam de ses
parents traditionalistes et malgré la désapprobation de sa fiancée.
Un lycéen de génie que la frustration d’être traité comme un enfant
pousse à des décisions irréfléchies, dans un effet Pygmalion qu’il
se languit de briser.
 Un érudit obstiné dont l’intérêt pour les civilisations disparues et
les sociétés secrètes n’a fait que croître depuis qu’il est entré dans
le monde enchanté.
Le kith
Le choix le plus important dans le processus de création consiste à
déterminer quel type de changelin vous voulez incarner. Beaucoup
d’éléments de votre personnage, tant dans le système de jeu que
dans la narration, seront influencés par cette option. Même si votre
protagoniste va à l’encontre des stéréotypes et des attentes du kith, il
est toujours bon de les connaître puisque d’autres changelins peuvent
le juger à l’aune de leurs a priori. Une liste des kiths disponibles
figure au chapitre deux ; sélectionnez celui qui vous semble le plus
amusant à jouer.
La Cour
Choisir d’être un Seelie ou un Unseelie est un autre aspect fonda-
mental d’un changelin. Cela influence la personnalité et les opi-
nions politiques du Kithain. Le chapitre un présente en détail les
deux Cours, mais pour l’instant, il vaut mieux résumer les Seelies
aux concepts de la tradition, de l’honneur et de la romance, et les
Unseelies au changement, à la liberté et à la passion. Un person-
nage peut tout à fait changer d’allégeance en cours de jeu, mais ce
bouleversement résulte en général d’un événement majeur ou d’une
profonde introspection personnelle. Choisissez donc avec soin.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Les Apanages
Chaque changelin bénéficie de deux Apanages, l’un seelie et l’autre
unseelie, qui offrent des indications sur la personnalité et offrent des
avantages quand le personnage adopte certains comportements (ainsi
que ce qu’il en coûte pour d’autres). Votre Cour actuelle détermine
l’Apanage dominant, mais rien n’interdit le second d’influencer
d’une manière ou d’une autre votre conduite. Vous trouverez des
informations complémentaires sur les Apanages en page 156.
L’Aspect
Il reflète le point de vue du personnage sur sa vie de changelin et
sur le Songe en général. S’il est souvent lié à l’âge mortel, votre
protagoniste peut appartenir à un Aspect précis à n’importe quelle
étape de sa vie humaine. Les Gamins ouvrent sur le monde des yeux
émerveillés, les Vauriens se lancent allègrement à l’aventure et les
Grincheux deviennent les bâtisseurs et les gardiens de la tradition.
La description complète des Aspects figure en pages 83-87.
La maison
Tous les personnages Sidhes font partie d’une maison noble, à moins
d’avoir abandonné leur titre. Certains roturiers reçoivent également
des titres en remerciements de grands exploits ou de leur loyauté.
Les maisons majeures se répartissent en fonction des Cours ; sept
d’entre elles sont seelies et sept autres unseelies. Ensemble, elles
dirigent la politique des Kithains dans le monde. Chacune donne des
forces et des faiblesses uniques à ses membres, accordées par magie
141
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
à travers un rituel d’initiation. De plus, elles possèdent toutes des
valeurs, une culture et des attentes envers les leurs. Leur description
complète figure dans le chapitre deux.
Nul besoin d’appartenir à la Cour d’affiliation d’une maison pour
en faire partie. Par exemple, il existe des Unseelies chez les Gwydion
et des Seelies parmi les Ailil, bien que la vie de ces marginaux s’avère
parfois difficile. Si votre personnage ne possède pas de titre, écrivez
simplement « non affilié » sur la ligne correspondante. Notez que
pour incarner un noble, il faut acquérir l’historique Titre ; vous
trouverez plus de détails à ce sujet dans l’Étape Trois.
Deuxième étape : les traits
À cette étape de la création, le joueur assigne des valeurs aux traits de
son personnage. Ceux-ci reflètent ses aptitudes innées et les savoirs
qu’il a acquis au fil du temps. Vous pouvez dépenser un certain
nombre de points pour chaque palier, ce qui signifie que vous aurez à
hiérarchiser vos choix et à décider ce qui est le plus important. Vous
ne pourrez probablement pas tout prendre tout de suite, mais ne
vous en faites pas ! Vous aurez plus tard l’occasion de dépenser des
points de bonus pour acquérir plus de traits, et bien sûr y consacrer
des points d’expérience en cours de jeu. Concentrez-vous avant tout
sur ce qui est essentiel et préoccupez-vous du reste plus tard.
Les attributs
Les attributs d’un personnage mesurent ses caractéristiques innées.
Elles représentent un niveau d’aptitude de départ et pourront
s’améliorer s’il y consacre suffisamment d’efforts. Ils se répartissent
en trois catégories, physiques, sociaux et mentaux, et reflètent trois
aspects principaux d’un personnage.
Physiques : ces traits mesurent la puissance brute, l’agilité et la robus-
tesse d’un personnage. S’il excelle dans l’athlétisme, le combat ou
les arts du spectacle, il possédera sans doute de bons scores dans
ses attributs physiques.
Sociaux : ces traits déterminent la sensualité, l’expression et la séduction
d’un personnage. Si vous souhaitez que votre personnage soit assez
beau parleur pour s’éviter les ennuis, s’implique dans la politique,
ou tourne simplement toutes les têtes où qu’il aille, vous devez
mettre l’accent sur les attributs sociaux.
Mentaux : ces traits représentent l’intelligence du personnage, son
sens de l’observation et sa vitesse de réaction face aux changements
dans son environnement. Les érudits, les enquêteurs et les escrocs
privilégient les attributs mentaux pour réussir.
Avant d’allouer des points à ces caractéristiques, vous devez hiérar-
chiser les trois catégories et décider de leur importance respective.
Cette décision est primordiale, car les attributs forment la base de
nombreux jets de dés et reflètent les forces et les faiblesses du per-
sonnage. Le classement pour lequel vous avez opté décide du nombre
de « points » à répartir dans une catégorie précise.
Une fois ce choix arrêté, vous pouvez commencer à les dépenser
dans les traits indiqués pour chacune de ces catégories. Chaque
niveau acheté dans l’attribut coûtera un point.
Le premier point de chaque attribut est gratuit et symbolise le
niveau minimal que la plupart des personnages possèdent. Il leur
est donc impossible de commencer avec un score de zéro dans l’un
d’entre eux, à moins qu’une puissante magie ou des circonstances
extrêmes ne soient parvenues à supprimer cette capacité. Par exemple,
un personnage paralysé perdra tous ses points de Dextérité. N’oubliez
142 Changelin : le Songe
Les points d’attributs
Primaires : vous pouvez distribuer 7 points parmi les

traits énumérés dans vos attributs primaires.
Secondaires : vous pouvez distribuer 5 points parmi

les traits énumérés dans vos attributs secondaires.
Tertiaires : vous pouvez distribuer 3 points parmi les

traits énumérés dans vos attributs tertiaires.
pas que vous pouvez revenir à cette étape et modifier votre répartition
plus tard au cours de la phase de création, si l’image que vous avez de
votre protagoniste change. Pour l’instant toutefois, il est utile d’avoir
une base à partir de laquelle vous pourrez avancer.
Les capacités
Si les attributs sont des caractéristiques innées, les capacités mesurent
les compétences et les aptitudes qu’un personnage a acquises au cours
de sa vie. Elles se répartissent en talents, compétences et connaissances.
Talents : largement intuitives, ces capacités ne s’enseignent en général
pas au-delà de leur compréhension la plus rudimentaire. Ce sont
simplement des dons qu’une personne présente dans certains
domaines, même si l’expérience contribuera sans doute à affûter
ces techniques.
Compétences : vous trouvez dans cette catégorie des capacités qui
s’appuient sur une formation de terrain et un savoir technique. Elles
s’améliorent au travers d’une utilisation régulière et de la pratique.
Connaissances : les capacités dans cette catégorie reflètent le classique
« apprentissage livresque », que ce soit par le biais d’une éducation
académique ou grâce à l’enseignement informel d’un mentor.
Certaines peuvent s’apprendre en autodidacte, mais la majorité
demande des facilités intellectuelles, de grandes ressources et une
forme d’instruction importante.
De la même manière que les attributs, vous devez hiérarchiser
ces capacités selon trois catégories. L’une d’entre elles sera votre
point fort (primaire), la deuxième le domaine dans lequel vous êtes
moyen (secondaire), et la troisième celle où vous êtes le plus faible
(tertiaire). Une fois ce classement décidé, vous pouvez commencer
à dépenser les points dans chaque catégorie et acheter des niveaux
dans les traits qui leur sont associés. Chaque niveau acheté dans la
capacité coûtera un point.
Les points de capacité
Primaires : vous pouvez distribuer 13 points parmi les

traits énumérés dans vos capacités primaires.
Secondaires : vous pouvez distribuer 9 points parmi

les traits énumérés dans vos capacités secondaires.
Tertiaires : vous pouvez distribuer 5 points parmi les

traits énumérés dans vos capacités tertiaires.
 Toutefois, contrairement aux attributs, vous ne commencez
pas avec un point dans chaque capacité ; vous devez les acquérir
depuis le début. De plus, vous ne pouvez pas investir plus de
trois points dans une capacité à cette étape de la création. Si
vous souhaitez devenir un véritable maître dans l’une d’entre
elles, vous devrez acheter des points supplémentaires avec
vos points de bonus (ou vos points d’expérience au cours du
jeu). En dehors de cela, vous pouvez répartir ceux dont vous
disposez comme vous l’entendez dans la catégorie concernée.

Troisième étape :
les avantages
Les avantages d’un personnage peuvent représenter un large
éventail de choses, depuis les historiques qui aident à définir sa
vie jusqu’aux Arts auxquels il peut faire appel pour manipuler
la magie féerique, et aux Royaumes qui décident de ce que cette
dernière peut influencer. Contrairement aux attributs et aux
capacités, vous ne les hiérarchisez pas en catégories. Vous
recevez simplement un certain nombre de points pour chacun
d’entre eux, et vous les dépensez comme vous l’entendez pour
donner corps à votre idée du personnage.

Les historiques
Chaque personnage reçoit cinq points à répartir parmi diffé-
rents historiques. Chaque point investi dans l’un d’entre eux
rapporte un point d’historique. Si vous le souhaitez, vous pouvez
dépenser jusqu’à cinq points dans le même trait, car à l’inverse
des capacités, vous n’avez pas besoin de vous conformer à la
limite de trois points lors de cette étape.
Les historiques constituent une catégorie très large, qui
compte quelques éléments représentatifs extérieurs au person-
nage, comme des amis, des lieux particuliers ou même des
objets magiques. D’autres éléments, plus personnels, repré-
sentent des qualités intrinsèques inhabituelles de l’individu.
Certains historiques nécessitent des détails supplémentaires
ou des arbitrages de règles, comme les Trésors magiques ou les
Chimères intelligentes, afin de déterminer de quelle manière
ils sont influencés par les mécaniques ludiques. Vous pourrez
peaufiner ces détails plus tard avec le conteur.
Selon la nature de sa chronique, le conteur peut limiter,
voire interdire, certains historiques. Il vous revient donc de
vérifier si de telles prohibitions s’appliquent avant de les
acquérir. Par exemple, si les personnages sont supposés faire
tous partie d’une troupe de cirque fauchée, le conteur peut
stipuler que personne ne peut investir plus d’un point dans
l’historique Ressources, ce qui reflétera leur existence précaire.

Les Arts et les Royaumes

Tous les Kithains possèdent une certaine maîtrise des capa-
cités magiques apparues à l’issue de la Chrysalide. Certes,
l’apprentissage de nouveaux charmes est difficile et chrono-
phage, mais le jeu en vaut la chandelle. Car les changelins
qui se consacrent à l’étude de la magie peuvent devenir de
formidables et imprévisibles ennemis.
Les Arts déterminent le type général de magie que votre
personnage pratique. Vous disposez de trois points à dépenser
dans cet avantage. Vous trouverez plus loin dans ce chapitre
un tableau dans lequel nous avons énuméré tous les Arts,

Chapitre trois : création de personnage & traits 143

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

mais nous vous conseillons d’aller jeter au moins un coup d’œil
à leur description complète, dans le chapitre quatre. Même si la
mécanique ne vous apparaîtra pas tout de suite limpide, vous aurez
au moins une idée du champ de compétence de chaque pouvoir,
vous prendrez ainsi plus facilement la décision et vous ne risquez
aucune confusion sur ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire.
Si les Arts déterminent le type de magie que votre personnage
peut utiliser, alors les Royaumes précisent comment il les manipule.
Plus vous en maîtriserez, plus vous aurez de latitude dans votre usage
de la magie des changelins ; cela vous permettra aussi d’affecter un
éventail plus large de cibles potentielles. Vous disposez de cinq points
à distribuer dans les Royaumes. Comme pour les Arts, nous avons
compilé les Royaumes dans un tableau récapitulatif, mais nous vous
recommandons de jeter un coup d’œil en page 232. Vous y trouverez
des détails sur leur fonctionnement.
Quatrième étape :
les Tempéraments
La Volonté, le Glamour et la Banalité sont les trois traits importants
qui constituent la catégorie des Tempéraments. Ils représentent trois
aspects fondamentaux de la relation de votre personnage avec le
Songe et le monde de l’Automne. De plus, ils interagissent avec les
règles un peu différemment des caractéristiques décrites dans les
trois premières catégories. Tous les changelins commencent le jeu
avec la même valeur dans ces traits, qui sera légèrement modifiée
par l’Aspect choisi. Vous ne disposez d’aucun point à dépenser à ce
stade, il vous suffit de reporter sur la feuille les scores déterminés
par l’Aspect et tous les choix associés.
La Volonté
Ce trait quantifie la maîtrise que le personnage possède sur lui, ainsi
que sa détermination lorsqu’il faut continuer d’avancer malgré les
épreuves et les revers de fortune. Vous en aurez peut-être besoin
pour activer certains pouvoirs spéciaux, ou pour garder votre calme
si vous êtes confronté à la tentation ou la provocation. La Volonté
peut vous donner une impulsion supplémentaire lors d’un jet de
dés particulièrement important, afin de représenter l’implication
totale du personnage dans ses actions.
Points de bonus
Traits Coût
Capacités 2 par point
Arts 5 par point
Attributs 5 par point
Historiques 1 par point
Glamour 3 par point
Atouts Selon le coût de l’atout
Royaumes 2 par point
Volonté 1 par point
144 Changelin : le Songe
Le changelin commence le jeu avec un score de Volonté perma-
nente égal à 4, et son trait ne peut dépasser 10. Reportez-vous à la
page 258 pour savoir comment elle fonctionne.
Le Glamour
Ce trait mesure la puissance de la nature féerique du personnage,
ainsi que son potentiel magique brut. Il fera souvent appel au
Glamour pour alimenter ses charmes, Enchanter des mortels, activer
des Trésors, ou utiliser certains Héritages et Privilèges des maisons
nobles. Le Glamour se récupère par différents moyens. Ainsi, on
le récolte des humains, à moins qu’on ne se plonge dans le Brasier
d’un Domaine ou qu’on ne l’obtienne par l’intermédiaire d’objets
physiques ou d’énergie magique solidifiée qu’on appelle « écume ». Si
son influence reste pour l’essentiel positive, exposer votre personnage
à des niveaux élevés de Glamour sans un ancrage équivalent dans
la Banalité risque de provoquer en lui une dangereuse affection, le
Tumulte.
Le changelin commence le jeu avec un score de Glamour égal à
4, son trait ne peut dépasser 10. Reportez-vous à la page 259 pour
savoir comment il fonctionne.
La Banalité
Ce trait quantifie le poids du monde de l’Automne sur l’âme fée-
rique du personnage. Il représente aussi l’accumulation des dégâts
subis par le Kithain, provoqués tant par l’incrédulité humaine que
par ses doutes et ses peurs individuels. Les changelins craignent, à
juste titre, la Banalité, car elle annonce l’Oubli qui va les frapper.
Cependant, ils peuvent se servir d’elle comme un dernier rempart
contre des charmes et pour éviter qu’on les remarque. En revanche,
une telle parade a un coût.
Le changelin commence le jeu avec un score de Banalité égal à 3. Si
ce trait atteint 10, il tombe dans l’Oubli et cesse d’être un changelin.
Reportez-vous à la page 267 pour savoir comment elle fonctionne.
Cinquième étape :
Héritages et Fragilités
Chaque kith possède des avantages qui lui sont propres, les Héritages,
ainsi que des désavantages innés, les Fragilités. Examinez-les avec
attention, car ils ajoutent souvent des règles de gestion supplémen-
taires au personnage, ou bien changent la valeur de certains traits.
Par exemple, les Sidhes reçoivent un bonus à leur score d’Apparence
afin de représenter leur beauté surnaturelle, tandis que les Boggans ne
feront jamais d’échec critique sur un jet d’Artisanats quel qu’il soit.
Les bonus offerts par les Héritages peuvent amener un trait au-delà
de 5 et lui donner un niveau véritablement surhumain.
Sixième étape :
les points de bonus
À ce stade, vous avez sans doute une assez bonne idée de l’identité
de votre personnage, mais vous n’avez sans doute pas autant de
points que vous le voudriez dans quelques catégories. C’est ici que
les points de bonus interviennent ! Vous les dépensez pour acquérir
des niveaux supplémentaires dans vos attributs ou vos capacités, ou
augmenter vos traits. Toutefois, les points de bonus n’ont pas la même
valeur que les points dépensés au cours des étapes précédentes. Le
tableau ci-contre vous donne le coût des différents traits. N’oubliez
pas de vérifier si votre conteur a restreint ou interdit l’accès à certains
d’entre eux dans sa chronique.
S’ils sont utiles, les points de bonus ont des limites. Vous ne
pouvez pas augmenter vos traits au-delà de 5, ou bien le Glamour ou
la Volonté au-dessus de 10, pas plus que vous n’avez la possibilité de
faire évoluer le score de Banalité du personnage. La seule exception
à la règle sur la limite de 5 s’applique si un Héritage de kith ou un
Privilège de maison noble attribue un bonus. Elle permet donc de
modifier d’autant ce score. Par exemple, l’Héritage Prouesse physique
du Satyre lui offre un point supplémentaire en Vigueur, et permet
donc au personnage qui appartient à ce kith d’atteindre 6 dans ce trait.
Sixième étape (optionnelle) :
les atouts et les handicaps
Au cours de l’étape des points de bonus, vous avez la possibilité de
choisir des traits spéciaux, les atouts et les handicaps. Comme leur
nom l’indique, les premiers donnent des avantages au personnage,
tandis que les seconds lui imposent des pénalités ou des difficultés.
Ces outils s’avèrent utiles pour lui donner une certaine épaisseur. En
revanche, ils sont optionnels. Le conteur peut décider de restreindre
l’accès de cette liste dans sa chronique, ou bien d’en interdire tout ou
partie. Assurez-vous de vérifier leur disponibilité avant de les choisir.
Les atouts ont un coût exprimé en points de bonus, et les plus
puissants et les plus largement applicables sont plus onéreux. Vous
pouvez en sélectionner autant que vous voulez, pour peu que vous
puissiez justifier leur présence dans l’histoire de votre personnage
et que vous soyez capable de vous acquitter de leur coût. Veillez à
faire valider vos choix par le conteur avant de finaliser cette étape.
Les handicaps fonctionnent différemment. Si vous décidez
d’en prendre un, il vous rapportera un nombre de points de bonus
supplémentaires égal à la valeur indiquée dans sa description. Par
contre, vous ne pouvez obtenir plus de 7 points de la sorte. En effet,
procéder ainsi donne un personnage trop difficile à jouer, ou encore
permet d’abuser du système et de noyer dans la masse des handicaps
qui n’apparaîtront pas en jeu. Même si le conteur permet de dépasser
cette limite, nous vous conseillons de vous en tenir aux 7 points
recommandés pour obtenir des points de bonus supplémentaires.
Ainsi, le jeu restera équilibré pour les autres joueurs.
Septième étape :
les spécialités
Une fois les points de bonus dépensés, vous devriez avoir établi le
score définitif des traits du personnage. À ce stade, tous les attributs
et les capacités égaux ou supérieurs à 4 bénéficient d’une spécialité,
c’est-à-dire un champ de compétence ou un aspect de ce trait dans
lequel votre protagoniste est particulièrement doué. Si nous énu-
mérons déjà un certain nombre d’exemples dans la description
correspondante, nous encourageons les joueurs à proposer leurs
propres idées au conteur, qui décidera de les autoriser ou non. De
plus, il existe des capacités, comme Artisanats et Représentation, pour
lesquelles une spécialité est obligatoire même si le joueur n’y a pas
investi 4 points. Elle reflétera l’expertise particulière du personnage
dans un domaine autrement très vaste.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Huitième étape :
Orée & Antipode
Tous les changelins obtiennent du Glamour à partir de diverses
sources. Or la plupart d’entre eux découvrent qu’une forme ou
un style précis les attire plus que les autres. On appelle cela une
Orée. Les plus bienveillantes correspondent à la Musardise, et les
plus rudes à la Maraude. En général, il est vrai que les Orées des
Seelies correspondent à la première, et que les Unseelies préfèrent
les secondes. Cela ne signifie pourtant pas que votre personnage
doive se conformer à ces tendances. Vous êtes aussi libre de ne pas
en privilégier une tout de suite et de vous décider en cours de jeu
si vous préférez. Vous trouverez la liste et les descriptions des Orées
en page 261.
De plus, chaque changelin considère qu’une action précise incarne
pour lui la Banalité. À ses yeux, elle est si écrasante et étouffante qu’elle
parvient à glacer son âme féerique. Cet Antipode paraîtra simplement
répugnant à certains Kithains, mais pour le personnage, il constitue
une amorce à la Banalité. Joueur et conteur devront travailler de
concert pour définir ce qui constitue l’Antipode de son changelin.
Neuvième étape :
l’étincelle de vie
Une fois tous les points dépensés et les traits décidés, le processus de
création prend un tour plus narratif et descriptif ; le joueur s’attelle
alors à métamorphoser toutes ces valeurs chiffrées en un personnage
vivant. Aucune règle ne régit cette phase, pas plus qu’il ne faut remplir
de condition nécessaire. Toutefois, nous vous la recommandons vive-
ment, car elle donnera une foule de petits détails et vous permettra
de convertir une simple énumération de chiffres sur une feuille en
un véritable individu que vous aurez envie d’incarner.
La motivation
Pour déterminer ce qui pousse un personnage à l’action, il suffit
de vous poser les questions les plus simples, mais dont les réponses
sont souvent les plus difficiles à trouver. Pourquoi votre protagoniste
fait-il ce qu’il fait ? Qu’est-ce qui l’incite à agir ? Comment fait-il pour
continuer d’avancer quand les choses se compliquent ? Comment se
sent-il face à son quotidien ? Est-il inspiré et enthousiaste, ou bien se
contente-t-il de trimer un jour après l’autre, ou encore éprouve-t-il
de la honte ou du dégoût face au rôle qu’il est contraint de jouer ?
Comprenez les instincts primaires ou les idéaux qui lui donnent
l’énergie d’avancer, déterminez s’il les enfouit au plus profond de
lui ou s’il choisit de les arborer avec fierté. Vous en apprendrez
ainsi beaucoup sur sa personnalité. Un infatigable hédoniste qui
passe sans but précis de ville en ville et de plaisir en exaltation est
toujours guidé par des motivations, parfois très simples. Qui plus
est, saisir ce qui dans sa vie l’a poussé sur cette voie peut devenir
une véritable découverte.
Les objectifs constituent un aspect du développement de son
caractère qu’il est intéressant d’explorer. Dans Changelin, les per-
sonnages ont peut-être juré d’accomplir de grandes quêtes, à moins
qu’on ne les ait contraints par magie à remplir certains devoirs. Voilà
bien sûr de formidables motivations aux actions d’un personnage.
Or les objectifs ne sont pas tous nécessairement aussi grandioses.
Peut-être souhaite-t-il simplement réussir ses examens, faire le bonheur
de sa petite amie et remplir ses obligations de courtisan au sein de
sa Maisonnée. Il sera tout aussi motivé qu’un héros entraîné dans
145
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 un périple épique. De même, il n’est pas rare que les personnages
aient à déterminer quels objectifs relatifs au monde des changelins
ils doivent privilégier, et que ces objectifs précis entrent en conflit
avec leurs aspirations courantes. D’ailleurs, le dilemme fait partie
de l’essence même de l’univers.
En tant que joueur, vous trouverez sans doute utile de hiérarchiser
différemment dans le temps les besoins de votre personnage. Un
objectif quotidien exprime sa motivation au jour le jour, qu’il s’agisse
de trouver la nourriture dont il a besoin, de s’occuper de ses enfants
ou de progresser dans la hiérarchie de son entreprise. Un objectif à
court terme s’accomplira en quelques chapitres, comme se former à
une nouvelle capacité ou chercher la réponse à une question relative-
ment directe. Un objectif à long terme représente un but important
auquel il faudra consacrer la majeure partie d’un scénario, voire de
la chronique. Créer un Trésor légendaire ou abattre le cerveau d’une
enclave de la Cour des Ombres en sont de bons exemples.
Lorsque le personnage atteint un objectif, remplacez-le simple-
ment par un autre. Ainsi, il aura toujours quelque chose à faire ou
à chercher, et il ne passera pas son temps à attendre que l’action
vienne à lui. De plus, ces buts offrent des explications à l’intérêt qu’il
porte aux événements actuels, ou aux bénéfices qu’il compte tirer
de sa participation à des quêtes risquées ou des périples épiques.

L’identité
Les changelins ont une double nature et de ce fait, ils appartiennent
à deux mondes. La plupart se débrouillent tant bien que mal pour
trouver un équilibre entre la réalité d’une vie humaine et les exi-
gences du monde enchanté. Si certains préfèrent abandonner le
monde de l’Automne et toutes ses velléités mortelles, cela risque
tout aussi facilement de provoquer en eux une terrible affliction, le
Tumulte. La majorité des fées tentent donc de trouver un compromis
qui satisfasse leurs deux moitiés. Parvenir à un véritable équilibre
est malaisé, mais cette lutte est au cœur même de Changelin. Si le
personnage réussit dans cette entreprise, il pourra trouver une réelle
harmonie dans sa nature apparemment contradictoire.

Identité mortelle
Si vous voulez comprendre comment il se sent dans un monde
qui n’est plus tout à fait le sien, écrire l’histoire humaine et définir
l’identité mortelle de votre personnage devient un enjeu crucial.
Même s’il sait depuis son jeune âge qu’il est un changelin, et à moins
qu’il n’ait fui sur-le-champ au fin fond du Songe, il a dû maintenir
au moins un semblant de vie « normale ». Où a-t-il grandi ? À quoi
ressemble sa vie de famille ? S’en est-il éloigné après s’être aperçu
qu’il n’en faisait pas vraiment partie, ou s’y est-il accroché encore
plus fermement à cause de cela ? Comment s’est passée sa scolarité ?
Quels amis mortels avait-il et garde-t-il toujours contact avec eux ?
A-t-il déjà Enchanté quelqu’un qu’il connaissait, ou essayé de lui
révéler son secret ? A-t-il déjà utilisé ses pouvoirs pour venir en aide
à un humain, ou pour prendre sa revanche sur un rival ou la petite
brute qui le maltraitait ? Comment cela s’est-il passé ?
Bien entendu, la vie et l’identité mortelles actuelles d’un person-
nage valent la peine qu’on s’y intéresse. Après tout, même les vaillants
chevaliers et les sorciers rusés ont besoin de faire leurs courses et
de payer leur loyer, et c’est d’ailleurs l’un des thèmes principaux de
Changelin. A-t-il un travail ? Si oui, lequel et comment s’y sent-il ?
Sinon, comment parvient-il à joindre les deux bouts ? Où vit-il ?
Pratique-t-il des loisirs ou possède-t-il des centres d’intérêt ordinaires ?
Sort-il avec ses amis et ses collègues de travail ? Est-il en couple ?

146 Changelin : le Songe

A-t-il des enfants ? Comment explique-t-il ses absences soudaines,
les promesses qu’il n’a pas tenues ou les occasions manquées à la
suite d’événements survenus dans sa vie de changelin ? Fait-il passer
quelque chose dans sa vie mortelle avant tout le reste ? Si oui, qu’est-ce
que c’est et pourquoi ? Que pensent vraiment ses amis et ses parents
de lui ? Se soucie-t-il de leur opinion ?
L’identité de changelin
Comprendre l’identité mortelle de votre personnage importe, car
cela permet de saisir qui il est et comment il se lie à cette partie de
sa vie. Or la plupart des scénarios se concentreront naturellement
sur son identité de changelin. Il vous faut donc en savoir plus sur sa
place dans la société des Kithains et son point de vue sur son exis-
tence magique. Le prélude peut en partie s’en charger, mais il vaut
mieux commencer au moment de la Chrysalide. Quel événement
l’a déclenchée ? S’est-elle révélée traumatisante, transcendante ou
peut-être un peu des deux ? Quelqu’un a-t-il guidé le Kithain dans
la société changelin, ou bien s’est-il débrouillé tout seul ? Quelles ont
été ses impressions initiales sur sa vie féerique ? Quand a-t-il eu à faire
pour la première fois à la noblesse et à la politique des changelins,
et qu’en pense-t-il ?
Si l’on suppose que votre personnage n’est pas un tout nouveau
venu parmi les Kithains, il remplit déjà probablement un rôle dans
la communauté. De quelle manière contribue-t-il à la société ? Est-il
bien connu des changelins de la région et si oui, pour quelles rai-
sons ? Mérite-t-il sa réputation ? Qui est son seigneur et quels sont
ses sentiments à l’égard de sa manière de gouverner ? S’il s’agit d’un
noble, quelles sont ses obligations et sa façon de diriger ? Si c’est
un roturier, se mêle-t-il de politique ou accepte-t-il le statu quo ?
Participe-t-il aux rassemblements et aux festivals changelins, ou bien
reste-t-il à l’écart quand il n’est pas avec sa Bande ? A-t-il prêté un ou
plusieurs serments ? Visité le Songe lointain ou le Songe profond ?
Considère-t-il sa nouvelle existence comme une aubaine, une malé-
diction ou une énigme à résoudre ?
L’apparence
Lorsque vous établissez l’identité de votre personnage, vous devez
avoir une idée de ce à quoi il ressemble. Vous pourrez ainsi faire
passer son image au conteur et aux autres joueurs, et mieux vous
représenter les événements qui se déroulent dans le scénario. Les
changelins sont uniques, car ils possèdent une Guise mortelle et un
Visage féerique qu’il vous faudra décrire.
La Guise mortelle est ce que les créatures ordinaires, y compris les
Prodigues, perçoivent du changelin s’ils n’ont aucun sens particulier
ni affinité pour les fées. Elle donne souvent des indices sur l’Aspect
du personnage même s’il a toujours l’air d’un être humain normal,
peut-être un peu original ou excentrique. Par exemple, la Guise d’un
Sluagh est en général pâle et très mince, tandis que celle d’un Bonnet
rouge sera trapue et menaçante. Les Pookas possèdent souvent des
traits qui rappellent leur part animale, comme des mèches blanches
dans les cheveux pour un blaireau. Le langage des Nockers est très
coloré et leur mise quelque peu débraillée.
De plus, certains objets et trésors chimériques ont également
une apparence ordinaire. Une puissante lame ressemblera à une
humble épée de bois aux yeux des humains. Décrire la Guise des
objets chimériques du personnage est important, car cela affecte les
réactions des mortels lorsqu’ils rencontrent le changelin. Un policier
réagira très différemment s’il perçoit un homme brandissant une
épée en bois ou en métal, ou s’il ne porte rien du tout.
Chapitre trois : création de personnage & traits
En revanche, le Visage féerique du changelin offre aux joueurs
une chance de se montrer très créatifs. Tant que vous respectez les
limites des traits de votre personnage, vous pouvez vous lâcher. Vous
ne pouvez pas dire que votre Kithain est beau comme un dieu s’il
n’a pas un score d’Apparence très élevé. Après tout, les changelins
sont des êtres fantastiques à qui l’on a donné vie. Néanmoins, le
conteur a le dernier mot sur ce qu’il accepte pour le Visage féerique
du personnage, mais nous l’encourageons à laisser une grande liberté
aux joueurs. Évidemment, ces derniers doivent comprendre que
les éléments qui constituent l’apparence de leurs doubles ludiques
restent purement cosmétiques et qu’ils ne peuvent remplacer ou
améliorer les règles du jeu.
Gardez cette idée à l’esprit, prenez un peu de temps pour réflé-
chir puis plongez-vous dans la description d’une apparence aussi
intéressante que fantastique. Un Sidhe ne se contente pas d’avoir
des cheveux roux. Il a une chevelure chatoyante qui danse, vacille
et ondoie telle une belle flambée dans l’âtre. La peau d’un Troll a
les nuances colorées du granit, elle est toujours un peu fraîche au
toucher et rappelle la face d’une pierre à l’abri du soleil. L’ombre
d’un Sluagh bouge parfois quand elle pense que personne ne la
voit, et elle jette des coups d’œil de-ci de-là comme si elle surveillait
quelqu’un. Les vêtements d’un Nocker sifflent et cliquettent, et par-
fois même se transforment à leur gré, ou bien effectuent de petites
réparations comme si des mécanismes invisibles les guidaient. Le
parfum de l’herbe fraîchement coupée et l’odeur de la limonade
glacée semblent toujours flotter dans le sillage d’un changelin qui a
maîtrisé la magie de l’Été.
Tant que le conteur approuve vos choix, la description de son
Visage féerique est l’occasion de rendre votre personnage unique
et mémorable. Pensez à décrire son Voile, c’est-à-dire ses vêtements
chimériques, ainsi que tous les trésors ou les objets chimériques
importants qu’il porte sur lui (et s’ils possèdent une contrepartie
ordinaire). Un changelin qui semble porter des vêtements urbains
décontractés dans sa Guise mortelle, mais apparaît aux yeux des
changelins dans une armure de plaques complète forgée dans du
vitrail magique, fera sans aucun doute passer un message, surtout
s’il se cintre habituellement dans des atours nobles de qualité.
Si un objet possède des caractéristiques, comme les armes, les
armures ou les trésors magiques, il est temps de reporter ces parti-
cularités mécaniques sur la feuille de personnage. Gardez à l’esprit
qu’au-delà des habits et des produits les plus indispensables, et à moins
qu’il ne possède aussi les historiques qui l’y autorisent (Ressources
pour les objets ordinaires, Chimères pour les objets chimériques
ou Trésors pour ceux qui ont des propriétés magiques), le conteur
peut interdire à votre personnage de posséder certains objets sujets
à son approbation.
Les manies
Si les manies peuvent apparaître naturellement en cours de jeu, le
joueur peut aussi y réfléchir pendant la création de personnages. Pour
faire simple, ce sont les petits gestes et les tics de votre personnage
qui le rendent unique et expriment sa personnalité. Nul besoin de
grandiloquence ou d’excentricité ici. On se rappellera autant du per-
sonnage qui mâchonne en permanence du chewing-gum ou fredonne
des génériques de séries télé, que de celui qui insiste pour parler
de lui à la troisième personne ou qui porte toujours des chapeaux
ridicules. Les bonnes manies ne se résument pas simplement à faire
montre d’un comportement étrange ou irritant. Elles représentent
les habitudes et les traits de personnalité du changelin.
147
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Guide de création du personnage
Processus de création Neuvième étape : l’étincelle de vie
Décrire l’histoire du personnage, ses motivations, son apparence, son
de personnage identité.

Première étape : le concept Apanages

Choisissez le concept, le kith, la cour, les Apanages, l’Aspect, la maison Voir aussi Les Apanages, pages 156-160.
(si nécessaire).
Apanages seelies
Deuxième étape : les traits Artisan : faire quelque chose dont vous êtes fier vous réchauffe le
Classez les trois catégories d’attributs par ordre de préférence : physique, social, cœur.
mental (7/5/3). Boute-en-train : rendre heureux vous apporte de la joie.
Assignez une valeur aux traits physiques : Force, Dextérité, Vigueur. Courtisan : la valse de la politique et des intrigues vous émoustille.
Assignez une valeur aux traits sociaux : Charisme, Manipulation, Apparence. Écuyer : vous êtes un acolyte dans l’âme, la parfaite main droite.
Assignez une valeur aux traits mentaux : Intelligence, Perception, Astuce. Ermite : reclus dans l’âme, vous préféreriez qu’on vous laisse seul.
Classez les trois catégories de capacités par ordre de préférence : talents, compé- Esthète : vous adorez lancer des modes et attirer l’attention.
tences, connaissances (13/9/5). Orchidée : la pureté et la délicatesse ont leur beauté.
Choisissez vos talents : Acuité, Athlétisme, Bagarre, Commandement, Paladin : vous ne vivez que pour prouver votre valeur.
Empathie, Expérience de la rue, Expression, Intimidation, Subterfuge, Paysan : bon sens et honnêteté, telle est votre façon de faire.
Vigilance, Talent amateur. Régent : certains sont nés pour diriger et vous prenez toujours les
Choisissez vos compétences : Animaux, Armes à feu, Artisanats, Conduite, rênes.
Étiquette, Furtivité, Larcin, Mêlée, Représentation, Survie, Compétence Sage : la sagesse est belle et bonne, mais elle est encore meilleure
professionnelle. quand on la partage.
Choisissez vos connaissances : Droit, Énigmes, Érudition, Gremayre, Saint : vous cherchez à soulager la souffrance d’autrui, même si
Informatique, Investigation, Médecine, Politique, Science, Technologie, vous payez de votre personne.
Connaissance experte. Troubadour : la vie est une forme d’art, et l’amour sa pratique.
Voyageur : pourquoi rester là alors qu’il reste tant à découvrir ?
Troisième étape : les avantages
Choisissez vos historiques (5), vos Arts (3) et vos Royaumes (5). Apanages unseelies
Bête : personne ne vous désobéit jamais deux fois.
Quatrième étape : les Tempéraments Bouffon : ne prenez pas la vie trop au sérieux, sous aucun prétexte.
Notez les scores de départ de Volonté (4), de Glamour (4) et de Banalité (3). Brigand : les règles ne servent qu’à vous empêcher de vous servir.
Ajustez les valeurs selon l’Aspect du changelin. Canaille : provocateur jusqu’au bout, vous adorez voir jusqu’où
iront les autres.
Cinquième étape : les Héritages Caricature : vous aimez le frisson que vous éprouvez quand vous
& les Fragilités choquez ou horrifiez les gens.
Notez les ajustements de traits et les systèmes propres aux Héritages & Chef de bande : c’est vous le chef et vous le faites bien comprendre
aux Fragilités. à tout le monde.
Crapule : le chaos est votre air préféré et vous adorez le jouer.
Sixième étape : les points de bonus Débauché : vous ne satisferez jamais vos appétits, mais vous adorez
Dépensez vos points de bonus (15). essayer.
Optionnel : choisissez des atouts et des handicaps. Fataliste : rien n’a d’importance ; pourquoi personne d’autre ne
s’en rend-il compte ?
Septieme étape : les spécialités Misérable : vous éprouvez un certain réconfort à savoir que vous
Notez les spécialités des attributs ou des capacités supérieures ou égales à 4. êtes le dernier des derniers.
Pandore : vous ne vivez que pour découvrir des secrets, même si
Huitième étape : Orée & Antipode cela s’avère dangereux.
Choisissez une Orée de Musardise/Maraude, ou laissez-la en blanc pour Paon : tant qu’on se rendra compte que vous êtes le meilleur, tout
l’instant. se passera bien.
Musardise : Inspirer la créativité, Insuffler l’espoir, Inspirer l’amour, Sauvage : l’ordre naturel dévoile qui est vraiment digne.
Insuffler le calme, Inspirer la confiance, Assister ceux dans le besoin, Sphinx : une sagesse facilement acquise ne vaut rien, alors vous
Nourrir les rêves. taquinez et testez les autres.
Maraude : Épuiser la créativité, Tuer l’espoir, Tuer l’amour, Provoquer la
colère, Briser la confiance, Exploiter la dépendance, Briser les illusions.
Choisissez un Antipode (voir page 174).
Aspects
Voir aussi Les Aspects, pages 83-87.

148 Changelin : le Songe

 Gamin : vous voyez le monde à travers les yeux d’un enfant émer-
veillé et vous débordez d’enthousiasme et de nouvelles idées.
Modification du Tempérament : Glamour +1.
Vaurien : vous ne restez jamais en place, vous êtes sans cesse en
train de braver le danger, de chercher de nouvelles aventures et
d’explorer d’autres horizons.
Modification du Tempérament : Glamour +1 ou Volonté +1 (au choix
du joueur).
Grincheux : vous raisonnez à long terme, vous bâtissez et nourrissez
de façon durable.
Modification du Tempérament : Volonté +1.
Kiths
Voir aussi Les Kiths, pages 88-113.
Boggans : industrieux et pragmatiques, travailleurs et véloces, ce
sont d’incurables cancaniers.
Bonnets rouges : combattants féroces et menaçants, ils peuvent
manger n’importe quoi. Au sens propre…
Clurichauns : changelins turbulents dont les bringues légendaires
dissimulent une féroce loyauté.
Eshus : conteurs, explorateurs et aventuriers qui semblent toujours
apparaître au bon moment.
Nockers : inventeurs excentriques au langage fleuri capables de
fabriquer tout ce qui leur passe par la tête.
Piskies : ces fées amicales, adorables et chapardeuses ont une
faiblesse pour les enfants.
Pookas : métamorphes et farceurs, ils ne disent jamais tout à fait
la vérité.
Satyres : hédonistes et esprits libres, ils aiment autant la fête que
le débat.
Selkies : phoques métamorphes beaux et charmants, ils sont étroi-
tement liés à l’eau.
Sidhes (Arcadiens) : récemment revenues d’Arcadie, ces fées majes-
tueuses apportent le savoir et l’autorité du Songe, mais s’adaptent
mal au monde de l’Automne.
Sidhes (Automnaux) : ces chefs naturels sont restés lorsque leurs
cousins ont fui, ils occupent aujourd’hui une place malaisée entre
les roturiers et leurs parents d’Arcadie.
Sluaghs : fées étranges et inquiétantes, elles chuchotent tout le
temps, parlent avec les morts et adorent dénicher des secrets.
Trolls : de solides guerriers et d’infatigables protecteurs qui sup-
porteront tout pour ceux qu’ils aiment.
Maisons
Voir aussi Les Maisons nobles, pages 119-137.
Maisons seelies
Beaumayn : des devins hantés et des chasseurs de monstres tour-
mentés par un crime ancien.
Dougal : inventeurs et artisans stoïques dont le corps finit par ne
plus faire qu’un avec leurs créations.
Eiluned : magiciens et enquêteurs talentueux, la curiosité les plonge
souvent dans les ennuis.
Fiona : aventuriers intrépides et romantiques, ils sont célèbres pour
leur tumultueuse vie sentimentale.
Gwydion : dirigeants renommés, ils sont doués pour discerner les
mensonges, mais redoutés pour leurs colères monumentales.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Liam : des parias politiques déterminés à parler au nom des roturiers
et des mortels.
Scathach : de mystérieux guerriers qui évitent la politique et s’as-
socient à des Prodigues.
Maisons unseelies
Aesin : seigneurs autoritaires des étendues sauvages, ils règnent sur
les mortels comme des nobles d’autrefois.
Ailil : maîtres politiciens et manipulateurs, ils se montrent parfois
trop astucieux et cela leur joue des tours.
Balor : guerriers impitoyables et ennemis implacables, ils portent
la marque de leur sang fomori surnaturel.
Daireann : hôtes parfaits, empoisonneurs renommés, leur vantardise
tombe parfois comme un cheveu sur la soupe.
Danaan : ces explorateurs du Songe sont revenus depuis peu pour
annoncer un grand changement.
Leanhaun : artistes inégalés et mécènes, leur faim pour le Glamour
mortel est insatiable.
Varich : stratèges froids et calculateurs, ils parieront leur chemise
sur le bon cheval.
Historiques
Voir aussi Les Historiques, pages 168-172.
Chimère : des compagnons ou des objets qui vous appartiennent,
et qui n’existent que dans le monde chimérique.
Contacts : des sources d’informations fiables qui vous donnent des
renseignements utiles contre rétribution.
Mentor : un autre changelin qui vous enseigne et vous conseille.
Possessions : un Domaine féerique que vous revendiquez comme vôtre.
Réminiscence : votre lien intuitif avec le Songe et la mémoire collec-
tive que possèdent toutes les fées, voire vos propres vies antérieures.
Ressources : richesse, affaires et revenus mortels.
Rêveurs : des mortels inspirés que vous soutenez pour leur Glamour.
Suite : des mortels Enchantés qui vous assistent dans vos entreprises.
Titre : votre rang dans la noblesse kithain.
Trésors : un objet qui vous appartient et qui possède des pouvoirs
magiques.
Arts
Voir aussi Les Arts, pages 197-232.
Augure : clairvoyance, prophéties et destinée.
Automne : peur, ombres et décomposition.
Chicanerie : perception, mémoire et duperie.
Chronos : rythme, histoire et contrôle temporel.
Cieux : manipulation et contrôle du climat.
Contrats : serments, accords et négociations féeriques.
Désignation : maîtrise de l’essence fondamentale des choses.
Été : énergie, passion et lumière.
Flamboiement : feu, chaleur et purification.
Hiver : froid, glace et mort des émotions.
Ire du dragon : exploits physiques surhumains.
Métamorphose : changement de forme et transformation.
Oniromancie : rêves et sommeil.
Périple : déplacement, liberté et voyages.
Prestidigitation : illusion, passe-passe et télékinésie.
Primordial : maîtrise des éléments et du monde naturels.
Printemps : croissance, vie et protection.
Souverain : autorité, commandement et obéissance.
149
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Royaumes
Voir aussi Les Royaumes, pages 232-236.
L’Accessoire : affecte les appareils et tous les objets fabriqués par
l’homme.
L’Acteur : affecte les mortels, les Kinains et les Prodigues.
La Fée : affecte les changelins, les chimères et tout ce qui est relatif
au Glamour.
La Nature : affecte les animaux, les plantes et les phénomènes
naturels.
La Scène : affecte de grandes zones ou plusieurs cibles à la fois.
Le Temps : affecte la durée ou le déclenchement des charmes.

Exemple de création
de personnages
Le groupe de jeu de Meg compte, en plus de leur conteur Pierre,
ses amis Anne, Daniel et Richard, et ils se préparent à commencer
une nouvelle chronique de Changelin. Après avoir bataillé pour
faire coïncider les emplois du temps, tout le monde se retrouve un
soir autour d’un dîner afin de discuter du genre de scénario qu’ils
souhaitent raconter, plancher sur le décor de la campagne et créer
les personnages. Pierre leur dit qu’il a déjà quelques idées et qu’il
souhaiterait les utiliser en toile de fond. Sans autre indication,
le groupe trouve la perspective intéressante, mais il présente une
requête. Les joueurs viennent à peine de terminer une campagne de
Vampire et ils ne souhaitent pas replonger dans de grandes intrigues
politiques. Pierre ne trouve rien à redire sur ce point et leur révèle
que la troupe évoluera dans un quartier ouvrier de la Philadelphie
contemporaine, qui est aussi à présent une nouvelle scène artistique
en plein essor. Il souhaite se focaliser sur les tensions entre les racines
tumultueuses de l’endroit et l’élément bohème inédit qui vient s’y
rajouter. Il demande donc à ses joueurs d’utiliser cette indication
comme point de départ.
Meg et les autres prennent quelques minutes pour discuter de
ce décor et pendant qu’ils réfléchissent, Anne leur soumet une idée.
Elle aimerait que leur groupe gravite autour d’un petit bar, un ancien
tripot devenu un lieu de réunion pour la nouvelle communauté artis-
tique du quartier. Cet élément s’accorde bien avec le thème choisi
par Pierre, à savoir les tensions entre le passé ouvrier et le nouvel
esprit original des lieux. Il renchérit sur ce détail et fait à son tour
une proposition. Le lieu est un tout nouveau Domaine qui peine à
s’imposer comme un sanctuaire féerique, tout autant qu’à se faire
connaître parmi les artistes installés aux alentours.
L’idée de bâtir un Domaine au fil de la campagne séduit le groupe,
qui baptise son quartier général Le Kraftwerk. Si les joueurs veulent
donner à l’endroit une existence officielle, ils devront acquérir les
historiques adéquats au cours de la phase de création de person-
nages. Ils notent donc qu’il leur faudra y investir individuellement
des points à mesure qu’ils progresseront. Ils ont à présent un décor
dans lequel planter leurs concepts, mais Meg ne s’est toujours pas
décidée sur le rôle qu’elle veut incarner. Elle décide donc d’attendre
et d’aider les autres à créer leurs personnages, puis de voir ce qui lui
vient à l’esprit pendant ces échanges à bâtons rompus.

Le concept
Anne demande au reste du groupe s’il est d’accord pour qu’elle
joue une noble, propriétaire du bar et dirigeante du Domaine. Elle
présente donc Harper, qui est née et a grandi dans le quartier, et

150 Changelin : le Songe

qui est aussi une Sidhe de l’Automne appartenant à la Maison Liam.
Les autres décident qu’un personnage d’origine modeste à présent
très investi dans les arts semble parfait. De plus, Harper s’intéresse
peu à la politique locale et en sa qualité de membre de la Maison
Liam, il est probable qu’on ne l’invitera de toute manière pas souvent
aux événements mondains. Ce choix préserve donc le souhait des
joueurs d’éviter les lourdes intrigues politiques. Ils approuvent le
concept de Harper.
Richard s’appuie sur l’idée d’Anne et demande s’il peut jouer
l’un de ses employés, un Satyre et barman du nom de Colin. Celui-ci
n’a que récemment découvert sa nature féerique et le Domaine est
pour lui un moyen de s’habituer à sa nouvelle identité. À présent,
il se sert de son Héritage pour attirer la foule quand des groupes se
produisent ou qu’on y organise des soirées à thème. Pour Richard,
Colin entretient des relations avec les musiciens du quartier et ses
connaissances permettront au bar de planifier les événements et de
se faire connaître. Quand Anne lui demande si ces soirées partent
parfois en vrille, il se contente de sourire. Elle fait la grimace, mais
ajoute « Engagé » et Colin commence à prendre corps.
Daniel demande à Meg si elle a pensé à quelque chose, mais elle
est toujours en train de rassembler ses idées. Il se lance donc dans la
description de son personnage. Lucky, un Pooka renard au commerce
florissant, n’a pas oublié ses débuts d’escroc et d’arnaqueur à la petite
semaine. Client régulier du bar plutôt qu’employé, il fait de temps
en temps profiter le lieu de ses affaires, et le joueur a l’intention
d’acquérir un haut niveau en Ressources, ainsi que des historiques
en rapport avec son statut de riche chef d’entreprise. Lucky peut aussi
servir d’ancrage narratif afin de mettre ultérieurement des historiques
en commun, car il est le personnage le plus riche et le plus installé
du groupe. De plus, il constitue une porte d’entrée commode pour
introduire des intrigues secondaires intéressantes avec le monde de
la pègre si jamais son passé revenait le hanter.
Les autres ont déjà une bonne idée de leurs concepts, c’est au
tour de Meg de finaliser son personnage. Bien entendu, Harper est la
propriétaire et le visage officiel de l’établissement, Colin gère le talent
et Lucky ramène des clients (et fait grimper la note). Cela dit, il leur
faut quelqu’un qui organise avec succès toutes ces belles intentions.
Meg décide d’incarner Safran, Saffie pour ses amis, une Grincheuse
boggan qui tient la comptabilité, s’occupe des commandes de réassort
du bar et dirige le personnel. En bref, elle se satisfait de gérer le bar
au quotidien. Ce n’est peut-être pas le travail le plus en vue, mais
c’est exactement ce que les Boggans aiment faire !
À l’étape des Aspects, Anne et Daniel voient leurs protagonistes
comme des Vauriens toujours en quête du prochain défi (ou de la
prochaine touche). Meg reste sur le Grincheux, qui représente à ses
yeux la personnalité stable de Safran et son amour pour la création
et le développement des projets. Tout le monde s’attend à ce que le
personnage de Richard soit lui aussi un Vaurien, au vu de son goût
prononcé pour la fiesta, mais il préfère s’orienter sur un Gamin. Pour
lui, Colin pose un regard innocent et émerveillé sur le monde en
général et sur sa nature de changelin en particulier, ce qui constitue
une bonne indication quant à sa personnalité.
À ce stade, reste à choisir les Cours et les Apanages. Anne, Meg
et Richard penchent pour incarner des Seelies. Ce dernier précise
que Colin était auparavant unseelie, mais qu’un événement majeur
au tout début de sa vie de changelin l’a fait changer d’allégeance.
Personne n’est vraiment surpris quand Daniel annonce que Lucky
est tout à fait unseelie, ce qui pour Pierre ajoute un point de vue
nouveau et une belle note imprévisible au groupe.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Meg s’oriente tout de suite sur le Sage pour son côté seelie, car
elle pense que sa Boggan se sent particulièrement à l’aise quand il
s’agit de donner des conseils et d’aider les autres à réussir. L’Apanage
unseelie se révèle plus difficile à déterminer, puisqu’elle hésite entre
la Pandore et le Sphinx. Cependant, elle considère finalement que le
premier reflète mieux la nature curieuse de Saffie. Si l’on considère
les nombreux secrets que les gens partagent avec elle, l’idée de voir
sa nature unseelie surgir peut générer un sérieux désordre parmi les
relations. Meg y voit une magnifique occasion de jeu.
Attributs
Les concepts fondateurs ont pris corps. Tout le monde passe donc
à la phase de sélection des traits sur la feuille de personnage afin
d’étoffer leurs protagonistes dans l’univers. Le groupe s’oriente for-
tement vers le côté social, mais comme Meg ne voit pas trop le côté
physique de Saffie, elle décide de classer ses Attributs de la manière
suivante : mental, social et physique.
En sa qualité de comptable et de génie de l’organisation, Saffie
a besoin d’un bon score en Intelligence et Meg y consacre deux de
ses sept points. Comme beaucoup de Boggans, elle est douée pour
remarquer les signes et les indices, et hérite donc de trois points
en Perception. La joueuse hésite à ajouter un point en Intelligence,
puis finit par décider que le profil de Safran s’équilibre. Ses deux
derniers points s’ajoutent à l’Astuce. Pas grand-chose n’échappe à
cette Boggan !
Elle n’est peut-être pas aussi fêtarde que Colin ni aussi douée pour
les relations que Lucky, mais à sa manière, elle s’entend bien avec
les gens. Le groupe décide que les membres du personnel l’adorent
parce qu’elle remarque toujours quand ils ont besoin d’aide, et qu’elle
fait montre de beaucoup d’empathie pour leurs problèmes. Comme
Meg doit répartir cinq points dans cette catégorie, elle consacre deux
points pour le Charisme et deux autres à la Manipulation. En effet,
Saffie est d’un naturel charmant, elle trouve toujours les mots qu’il
faut et son calme fait merveille. Le dernier point va en Apparence.
La joueuse déclare qu’elle est plutôt jolie, mais qu’elle ne fait pas
beaucoup d’efforts malgré les tentatives de Harper pour l’habiller
et mettre au goût du jour sa garde-robe.
Les traits physiques se retrouvent dans la dernière catégorie et avec
seulement trois points à y consacrer, Meg opte pour la simplicité et
les répartit équitablement entre la Force, la Dextérité et la Vigueur.
Saffie est dans une forme moyenne et ses exercices quotidiens souffrent
un peu du temps qu’elle passe assise dans son bureau.
Capacités
Meg passe ensuite aux capacités. Elle commence par s’intéresser à la
manière dont le reste du groupe se répartit. Daniel lui dit que Lucky
va s’orienter sur un profil de « criminel », tandis que Colin mélange
talents athlétiques et compétences sociales. Harper endosse un rôle
de responsable avec une formation pratique. Considérant que Safran
est une petite fée de l’organisation et qu’elle a toujours un peu le
nez dans les bouquins, Meg classe ses capacités ainsi : connaissances,
talents et compétences.
Les connaissances semblent vastes, mais la joueuse sait que les 13
points dont elle bénéficie seront vite distribués. Elle en met deux en
Érudition afin de représenter les études classiques de Saffie en lettres
et en sciences humaines. Elle décide aussi que sa curiosité en fait un
aficionado des rébus et autres problèmes, et alloue donc trois points
à la connaissance Énigmes. Comme sa Boggan a un peu étudié les
Kithains depuis sa Chrysalide, elle place également deux points en
151
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Gremayre. Elle hésite à investir quelques points en Informatique,
mais préfère considérer que Saffie est assez traditionaliste et utilise
des livres de comptabilité et des archives papier, au grand désarroi
des employés et des fournisseurs du bar. Meg demande à Pierre
s’il accepterait une connaissance en Finances au niveau expert, ce
qu’il approuve. Elle y consacre donc trois points, ce qui fait de son
personnage un bon gestionnaire de fonds. Deux des points qui
lui restent vont en Investigation afin de représenter ses talents de
chercheuse, tandis que les deux derniers lui ouvrent les portes du
Droit, acquis en grande partie à traîner avec Lucky (et à nettoyer le
désordre semé par les fêtes de Colin).
Viennent ensuite les talents et leurs neuf points. Même si le
groupe est déjà largement pourvu dans les compétences sociales,
Meg demande aux joueurs ce qu’ils ont l’intention de sélectionner,
et elle se rend compte qu’il reste quelques domaines dans lesquels
Saffie peut se distinguer. Elle consacre trois points à l’Empathie,
puisque sa Boggan est tout à fait le genre de personne vers laquelle
les gens se tournent pour raconter leurs problèmes. Deux points
finissent en Expression pour symboliser ses solides capacités de
communication ; elle n’éblouira personne, mais elle se défendra très
bien dans une conversation. La Vigilance et l’Acuité se voient aussi
attribuer deux points pour refléter le chic de Saffie à remarquer les
détails ordinaires et magiques. Meg aimerait aussi investir dans le
Subterfuge, et rajouter encore un peu d’Expression, mais il ne lui
reste plus rien pour le moment. Elle note sur un coin de sa feuille d’y
revenir au moment de dépenser quelques-uns de ses points de bonus.
Avec seulement cinq points, décider des compétences ne lui prend
pas longtemps. Saffie n’est pas en reste avec la politesse, et consacre
deux d’entre eux à l’Étiquette. Pour les trois points suivants, Meg
choisit Artisanats (couture) et précise que ce qui était autrefois un
loisir est devenu une passion très sérieuse. Pierre objecte qu’un Talent
amateur lui semble plus approprié. Après discussion, il accepte que
son expertise de couturière implique beaucoup de travail manuel
et une bonne connaissance de différentes machines, et remplit les
conditions d’un Artisanat. Là encore, elle voudrait prendre quelques
autres compétences, mais il lui faudra attendre un peu.
Historiques
À cette étape de la création, les joueurs attendent que tout le monde
ait terminé pour pouvoir discuter de la manière dont ils vont dépen-
ser leurs points. Les historiques peuvent avoir un gros impact sur
l’univers et la toile de fond de la campagne. C’est la raison pour
laquelle le groupe décide à nouveau d’y réfléchir de concert, tandis
que Pierre prend des notes et répond si besoin aux questions. Anne
pense qu’elle va dépenser la majeure partie des points de Harper
sur son Titre et sa Suite, qui sera constituée de l’équipe Enchantée
du bar. Daniel investit lourdement en Ressources et dans le Mentor
criminel de Lucky, qu’il développera plus tard. Richard veut que Colin
bénéficie de Contacts et de Rêveurs nombreux, qui symboliseront
son concept de fêtard « que tout le monde connaît ».
De son côté, Meg pense à consacrer des points à l’historique
Réminiscence puisqu’à ses yeux, Saffie se montre extrêmement
curieuse sur sa moitié féerique, et cela justifierait qu’elle ait beau-
coup de souvenirs sur ses vies passées. Elle considère aussi que son
personnage possède quelques Ressources grâce à son talent pour
gérer l’argent, et peut-être aussi une Chimère comme compagnon
puisqu’elle s’intéresse au monde enchanté.
152 Changelin : le Songe
Cependant, et avant que tout le monde n’ait fini, Pierre rappelle à
ses joueurs qu’ils doivent également décider s’ils veulent ou non faire
du Kraftwerk un Domaine. Après discussion, le groupe décide que
chacun investira un point dans la mise en commun d’un historique
et sera concerné pour le moment à parts égales dans l’affaire. Les
joueurs notent Domaine * sur leurs feuilles, signifiant ainsi
que même s’ils n’y ont consacré qu’un point chacun, sa valeur totale
est de 4 grâce à l’historique mis en commun.
Cependant, un Domaine de ce niveau n’est pas tout à fait
nouveau ou en difficulté. Pierre demande donc à ses joueurs com-
ment ils veulent gérer cette différence. Ils proposent que le bar ne
compte que pour 1 ou 2 points du point de vue des règles, mais
qu’en échange de ce pouvoir supplémentaire, il bénéficie d’une
aura de protection mineure. Entre ses murs, personne ne semble
jamais trop pâtir d’un abus de boisson ou d’une éventuelle bagarre.
De plus, si les flics débarquent quand même, cela se finit toujours
plutôt avec un avertissement ou une amende qu’une descente et
des arrestations. Les clients réguliers sont contents et la patronne
reste en bons termes avec les forces de l’ordre du quartier. Pierre
aime bien l’idée et la valide, mais il avertit tout de même que cette
aura de protection ne décourage pas des adversaires déterminés, pas
plus qu’elle n’empêchera les conséquences d’actions délibérées à son
encontre. Tout le monde pense que c’est équitable, et il est à présent
temps de dépenser le reste des points d’historique.
Meg consacre trois des points qui lui restent à la Réminiscence
de ses vies passées ; Saffie bénéficie ainsi d’une source régulière
d’informations supplémentaires sur le monde chimérique, ce qui
la conforte dans son rôle de chercheur et d’intellectuel du groupe.
Avec son dernier point, elle acquiert une Chimère qu’elle décide
d’appeler Brum et qui ressemble au petit ours en peluche qu’elle
avait enfant. La chimère lui tient compagnie et l’aide au bureau. Elle
aimerait qu’elle soit un peu plus puissante et compétente, sans parler
d’avoir un peu plus de Ressources, mais cela devra attendre encore.
Arts et Royaumes
Maintenant, place à la magie. Encore une fois, le groupe échange
ses idées et décide que les redondances de pouvoir ne posent aucun
problème. Cependant, les joueurs veulent s’assurer que personne
ne se sent inutile ou superflu. Cette fois-ci, Meg a une bonne idée
de ce qu’elle compte faire et leur dit qu’elle veut spécialiser Saffie en
Augure (elle est très douée quand il s’agit d’utiliser la magie pour
satisfaire sa curiosité). Anne décide quant à elle de se consacrer au
Souverain, Daniel cherche la part d’ombre des Contrats et Richard
investit dans l’Été et le Périple. Il semblerait bien que le groupe soit
à même de couvrir un grand nombre de domaines !
Meg choisit d’investir ses trois points d’Arts en Augure, ce qui
lui donne accès à des outils puissants pour dénicher toutes sortes
d’informations utiles. Elle hésite à prendre un point en Contrats
pour jouer sur le sens des affaires de Saffie, mais décide finalement
de se concentrer là-dessus pour le moment. Néanmoins, elle note
cette idée dans la liste des développements ultérieurs possibles.
Disposant de cinq points pour les Royaumes, elle souhaite en
consacrer la majeure partie pour utiliser la magie en conjonction
avec les mortels et les changelins qu’elle connaît, un choix logique
par rapport à son intérêt pour les gens. Elle répartit donc deux
points en Acteur et deux autres en Fées, ce qui lui offre un certain
nombre de cibles potentielles à observer à travers sa perception
magique. Son dernier point lui ouvre l’Accessoire, puisque Safran
est une couturière et aime bien se servir des bijoux comme focus
pour ses charmes.
Tempéraments
Il est temps de s’intéresser au Glamour, à la Volonté et à la Banalité
de notre Boggan. Tous les changelins entrent en jeu avec un score
de 4 en Glamour et en Volonté, ainsi que 3 en Banalité. Saffie est
une Grincheuse, et son score de Volonté augmente d’un point pour
un total de 5.
Héritages et Fragilités
Meg prend un moment pour relire la description du kith des Boggans
et examiner les mécaniques de jeu. Elle note les effets relatifs à son
Héritage Artisanat, ainsi que le jet de dés nécessaire à celui de la
Dynamique sociale. Elle remarque également que la Fragilité de
Saffie l’oblige à aider les autres à moins de réussir un jet de Volonté,
et soupire en réalisant qu’un grand nombre des employés du bar
sont probablement venus lui raconter leurs malheurs depuis qu’elle
a commencé à travailler là.
Points de bonus
À ce stade, Meg dispose de 15 points de bonus qu’elle peut utiliser
pour acquérir ce qu’elle ne pouvait pas s’offrir plus tôt, et cela lui
permet de compléter comme elle l’entend les aptitudes de Saffie.
Elle consulte la table des points de bonus pour connaître les coûts
afférents, puis jette un œil à la liste des choses qu’elle a notées et
qu’elle voulait améliorer pendant la phase de création. Elle décide
donc de dépenser tout de suite cinq points parmi les 15 dont elle
dispose pour acquérir un point d’Intelligence et aiguiser autant
son esprit que ses sens. Elle ajoute deux points dans son historique
Chimère et améliore singulièrement les compétences de Brum. De
son côté, Pierre note qu’il lui faudra parler à Meg de son compagnon
chimérique et de sa personnalité, comme il lui faudra déterminer ce
qu’elle peut faire d’après les règles présentées dans le chapitre sept.
Inspirée par cette décision, elle dépense deux autres points pour
acquérir un niveau supplémentaire dans le Royaume Fée, ce qui lui
permettra d’utiliser sa magie, quelle qu’elle soit, sur Brum et les
autres chimères. Elle investit quatre autres points pour augmenter
l’Acuité et l’Empathie de son personnage, et comme cette dernière a
atteint un score de 4, il lui faudra choisir une spécialité d’Empathie
plus tard au cours de la création de personnages.
Atouts et handicaps
C’est le moment que choisit Daniel pour lui rappeler qu’elle peut
également acquérir des atouts et des handicaps, puisque Pierre
leur a dit qu’il permettait ces traits dans cette chronique. Il ne lui
reste plus que deux points sur les quinze du début, mais elle peut
récupérer des points de bonus supplémentaires si elle choisit des
handicaps. Elle sélectionne tout de suite Calcul mental accéléré
(1 point) pour représenter l’affinité de Saffie avec les chiffres, ainsi
qu’Oreille attentive (1 point) qui renforce sa nature empathique.
Elle n’a plus de points de bonus, mais il lui reste la possibilité de
prendre jusqu’à sept points de handicaps et obtenir ainsi autant de
points de bonus supplémentaires.
Après avoir fait le tour des handicaps disponibles, Meg choisit Vue
déficiente (1 point), ce qui signifie que son personnage a besoin de
porter des lunettes. Elle ajoute aussi Curiosité (2 points), et propose
ainsi une irrésistible amorce scénaristique que Pierre est impatient
Chapitre trois : création de personnage & traits
d’utiliser. Enfin, elle décide que Saffie souffre d’une mystérieuse
Malédiction « de la mal lune », peut-être liée à une vie passée. Si un
rayon de lune touche sa peau nue, elle s’abandonne à son Héritage
unseelie pour le reste de la nuit. Elle demande au conteur combien
de points vaut ce handicap. Il s’agit d’un problème de courte durée
qui ne se déclenche que si elle se trouve en extérieur, sous la lumière
de la lune seule, sans altération aucune en provenance d’un éclairage
artificiel. Pierre décide donc qu’il ne lui rapportera qu’un point.
Avec quatre points de bonus supplémentaires à dépenser, Meg
acquiert un point de Subterfuge et deux points de Ressources,
biffant certaines de ses notes. Elle s’offre une partie des traits dans
lesquels elle souhaitait, mais ne pouvait, investir. Meg reporte sur
sa feuille les effets des différents atouts et handicaps ; ainsi s’achève
cette phase de la création.
Spécialités
Meg jette un œil à sa feuille et constate que son personnage possède
trois traits au-dessus de quatre, à savoir Intelligence, Perception
et Empathie. Cela signifie qu’elle doit sélectionner une spécialité
pour chacun d’entre eux et que Pierre doit valider ses choix. Elle
suggère Analyse des systèmes pour l’Intelligence, et explique que
Saffie est particulièrement douée pour déduire leur organisation et
leur fonctionnement. Peu importe si cela concerne la gestion des
livraisons d’un bar ou les méthodes efficaces pour grimper dans la
hiérarchie d’un Corby de Bonnets rouges. Cela s’avère plus difficile
sur la Perception, mais elle finit par opter pour Méticuleuse, ce qui est
logique au regard de son travail et de ses loisirs. Même dilemme au
sujet de l’Empathie, car les possibilités sont légion. Toutefois, elle se
décide sur Conversation en tête-à-tête. Saffie est très forte quand il s’agit
de déchiffrer les gens et qu’elle peut leur parler seule. Après les avoir
examinées, Pierre valide les spécialités et Meg passe à l’étape suivante.
Orée & Antipode
Elle met la main sur un exemplaire du livre de règles et l’ouvre à la
section consacrée aux Orées. Pour l’instant, elle n’en recopie pas
le fonctionnement, elle veut simplement voir si l’une des proposi-
tions qui y figurent lui semble parfaite pour la personnalité de son
protagoniste. En sa qualité de membre de la Cour seelie, Saffie sera
plus encline à choisir une Musardise qu’une Maraude, mais cela
ne constitue pas une règle absolue. Cependant, après avoir passé
ces dernières Orées en revue, elle se rend vite compte qu’aucune
ne semble lui correspondre et passe donc à la Musardise. Aider
ceux qui en ont besoin lui semble un choix évident avec la nature
boggan de Saffie, mais en repensant à son histoire, Encourager les
rêves lui apparaît plus pertinent. Comme le prouve l’aide qu’elle a
apportée à Harper pour établir son Domaine et les exhortations à
poursuivre leurs passions qu’elle adresse à l’équipe du bar, Safran
est tout à fait le genre de personne qui pousse les autres à choisir
ce qui est réellement important pour eux dans leur vie. C’est cette
Orée que Meg reporte sur sa feuille.
En ce qui concerne l’Antipode, elle essaie de trouver quelque
chose que son personnage trouverait parfaitement banal, mais qu’on
pourrait lui ordonner de faire dans ses aventures. Elle décide que
Saffie déteste vraiment dire aux gens que leurs créations sont mau-
vaises, voire peu satisfaisantes. À ses yeux, se montrer critique revient
à rejeter les autres. Elle ne le fait pas souvent, mais comme il arrive
au bar d’organiser des concerts, on la charge parfois des auditions.
Meg note donc « critiquer l’art » comme Antipode.
153
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
L’étincelle de vie
À ce stade, les aspects mécaniques de la création de personnages sont
terminés, mais il reste encore une foule de détails à examiner qui
permettront à la joueuse d’étoffer son personnage en jeu. Penser à
son apparence en fait partie. Tandis qu’Anne dessine Harper et que
les deux garçons se lancent dans une description précise de Lucky et
Colin, Meg préfère pour l’instant laisser dans le flou certains points,
du moins tant qu’elle ne s’est pas un peu plus glissée dans la peau
de son personnage. Elle choisit de dresser de Safran un portrait
plus impressionniste.
Guise mortelle : Saffie est petite, mais dotée d’une voix étonnamment forte
et à cause de l’énergie industrieuse qu’elle dégage, elle semble prendre plus
de place qu’elle n’en occupe réellement. Elle essaie d’adopter une tenue
professionnelle quand elle est au bureau, mais finit immanquablement
par avoir l’air plus décontractée qu’autre chose, car elle préfère le confort
au style. En dehors du travail, elle porte des vêtements qu’elle a elle-même
cousus et trimballe toujours un ou deux livres et son dernier projet de couture
dans une vieille sacoche de facteur. Elle arbore un large sourire et un rire
chaleureux qui inspirent la confiance et les confidences.
Visage féerique : Saffie dégage la même énergie en contradiction avec sa
stature. Ses confortables vêtements mortels ont disparu pour laisser la place
à un Voile qui mélange les pièces de la Renaissance et des années 1900.
Elles ne devraient pas du tout s’accorder et pourtant, l’ensemble est tout
à fait charmant, avec une délicieuse touche chaotique. Ses épais sourcils
de Boggan, très expressifs, accentuent souvent ses émotions et en facilitent
la lecture pour ceux qui la connaissent. Un sarcastique petit ours brun en
peluche, pourvu d’une grosse voix et d’une force surprenante pour sa taille,
ne la quitte guère et l’aide de son mieux. Ces deux-là passent leur temps
à se chambrer.
Comme elle essaie de trouver une manière qui fonctionne pour
décrire Saffie aux autres joueurs, Meg en vient rapidement à réfléchir
aux tics et aux petites manies qui viendront étoffer son personnage. Le
carnet de notes de Safran, qui la suit partout, déborde de gribouillis,
de patrons de couture et d’extraits de poèmes, et elle le dégaine dès
que le groupe fait mine de s’immobiliser. Elle a aussi une fâcheuse
tendance à mâchonner le bout de ses crayons et de ses stylos quand
elle réfléchit. Ses amis peuvent même déterminer à quel point elle
s’inquiète ou jusqu’où elle est plongée dans ses pensées rien qu’en
comptant le nombre de stylos qu’elle mastique quand elle est avec eux.
Meg passe ensuite à ses objectifs et ses motivations. Saffie
souhaite avant tout faire tourner le bar et aider à développer son
activité. Elle croit en sa Bande et adore aider ses membres à réaliser
leurs rêves, ce qui l’occupe largement la plupart du temps. À plus
long terme, elle veut se plonger dans l’histoire des Khitains et
peut-être en découvrir un peu plus sur ces vies passées dont elle se
souvient, surtout si elles concernent la malédiction qui l’afflige. En
fin, elle veut se lancer dans des recherches sur l’histoire occulte de
Philadelphie et découvrir ses mystères, voire entrer en contact avec
certains Prodigues afin de savoir à quoi ils ressemblent. Le reste du
groupe n’est pas très chaud, mais Pierre se contente de souligner sa
Curiosité et Meg sourit à la perspective des fantastiques ennuis que
ce handicap provoquera sûrement.
D’ailleurs, en parlant du groupe, il est temps d’aborder les
relations entre personnages. Meg et Anne décident que Harper et
Saffie sont proches depuis leur Chrysalide, qui s’est déroulée à peu
près à la même époque. La Boggan remplit efficacement son rôle
de bras droit et parfois de conscience, et la Sidhe inspire à celle-ci
l’envie d’appliquer ses capacités intellectuelles à des problèmes plus
vastes. Après une discussion avec le joueur, Meg précise que Safran
154 Changelin : le Songe
considère Colin comme une sorte d’adorable petit frère, tandis que
Richard souligne avec malice que Colin essaie en permanence de la
pousser à se détendre et à se faire plaisir. Quant à Lucky… Daniel
dit à Meg qu’après avoir vu sa nature unseelie, probablement du fait
de sa malédiction de la mal lune, il est plus que jamais déterminé
à l’exacerber autant qu’il le pourra. Celle-ci pense de son côté que
si Saffie feint l’exaspération devant ses manières sournoises, elle
n’avouera jamais qu’elle adore jouer les commères et faire des blagues
en compagnie du débonnaire Pooka.
Une fois posées toutes ces informations, Meg consacre un peu
de temps à brosser la vie mortelle de son personnage. Elle note
qu’elle la développera beaucoup plus en cours de jeu, mais qu’elle
souhaite avoir au moins une idée de ses origines et des gens qui sont
encore présents dans sa vie. Saffie a donc grandi dans une vieille
ville, petite et pittoresque, située dans le nord de l’état, et si elle est
venue en ville pour ses études, elle est restée au fond d’elle une fille
de la campagne. Pourtant, elle s’est prise à aimer la vie citadine après
que des gens comme Harper et Lucky la lui ont fait connaître. Sa
nombreuse famille vit à Newton et elle aime y retourner plusieurs
fois dans l’année, afin de profiter du calme et de la nature. Meg se
dit qu’il serait opportun d’investir ultérieurement quelques points
dans le Royaume de la Nature, afin de refléter l’amour de Saffie
pour la campagne. Pierre réfléchit déjà à faire voyager le groupe
jusqu’à sa petite ville natale, ce qui permettra de changer de décor
et de trancher avec leur paysage urbain habituel. Il ajoute « virée vers
Newton » dans les notes qu’il compte relire plus tard.
À ce stade, Meg a le sentiment que si elle peut certainement
faire plus en matière d’épaisseur et de détail, Saffie est prête pour
son prélude. Pour des raisons logistiques, Pierre lui demande de
reporter une arme ou une armure éventuelle, ainsi que les objets
qu’elle porte en règle générale. Une fois ce dernier point réglé, la
joueuse laisse le conteur jeter un coup d’œil à sa feuille et se prépare
à lancer son histoire.
Le prélude
Le prélude est une partie personnelle un peu spéciale, qui se joue
souvent en tête-à-tête entre le conteur et un membre de sa troupe.
Comme son nom l’indique, il couvre des événements qui se sont
déroulés avant le début de la chronique. Il sert à étoffer le passé
du personnage, préfigurer les événements futurs et introduire des
amorces d’intrigues que les joueurs voudront peut-être explorer plus
tard. Le prélude met parfois en scène plusieurs personnages, surtout
si deux d’entre eux sont proches. Nous conseillons toutefois de lui
conserver son caractère solo, ce qui permet à chacun de se retrouver
sous le feu des projecteurs.
Beaucoup de conteurs apprécient d’y détailler la Chrysalide du
personnage, car c’est un moment clé dans la vie d’un changelin qui
influence sa façon de considérer les autres Kithains et le Songe. De
plus, établir son passé avant qu’il ne découvre sa véritable nature
souligne le contraste entre les deux existences, et permet de rappeler
au joueur à quel point la nouvelle vie d’un personnage se révèle
magique et différente.
Le prélude est aussi une bonne occasion de tester la viabilité
des traits et des concepts, puis de faire les ajustements nécessaires
avant de commencer le jeu. Par exemple, un joueur peut s’intéresser
à une forme précise d’Art, et découvrir qu’il ne fonctionne pas de la
même manière que ce qu’il avait envisagé. Il aura ainsi la possibilité
de changer son fusil d’épaule et d’en sélectionner un autre avant
 le lancement officiel de la chronique. Déplacer des points et
modifier quelques décisions ne pose aucun problème tant que
le conteur approuve les changements mécaniques.
Les conteurs trouveront d’autres informations sur la façon
de mettre en scène le prélude dans le chapitre huit.

La Bande
Dans l’idéal, les joueurs devront avoir largement échangé sur
leurs personnages et les liens qui les unissent au cours de la
phase de création. Toutefois, établir quelques faits essentiels
sur ces liens reste une bonne chose. Font-ils partie d’une
Maisonnée noble qui fait front commun dans la politique des
Kithains ? Ont-ils constitué un Cercle juré pour se soutenir
mutuellement ? Sont-ils simplement une Bande de changelins
qui s’est rassemblée parce que l’occasion faisait le larron ?
Certains groupes voudront tisser des relations solides entre
leurs personnages avant le début de la chronique, tandis que
d’autres se contenteront de quelques vagues connaissances
en attendant de voir comment se développeront leurs liens
en cours de jeu.
Peu importe qu’il s’agisse d’une Maisonnée, d’un Cercle
juré ou d’une Bande. Certaines questions demeurent et le
groupe devrait au moins les passer en revue avant de se lan-
cer à l’aventure. Même si les joueurs n’y répondent pas tout
de suite, il vaut mieux qu’elles restent présentes à l’esprit à
mesure que l’histoire déploie son intrigue.

Où la Bande se réunit-elle ?
Se rassemble-t-elle dans un lieu précis ? S’agit-il d’un endroit
ordinaire, d’un Domaine changelin ou d’un Royaume dans le
Songe ? Est-il privé ou connu des étrangers ? La Bande reste-t-
elle au même endroit ou a-t-elle pris l’habitude de se déplacer ?
Dans ce cas, que font ses membres pour subsister quand ils
sont sur la route ? Comment les personnages justifient-ils
l’existence de leur groupe aux gens qui appartiennent à leur
vie mortelle ? Laissent-ils la question en suspens et croisent-ils
les doigts pour qu’on ne cherche pas à en savoir plus ?

Possède-t-elle un Domaine ?
Une base d’opérations magique ne constitue pas seulement
un endroit fantastique qui vous aidera à insuffler la vie dans
votre chronique. Elle représente aussi une source presque inta-
rissable d’amorces de scénario. Les personnages possèdent-ils
ou dirigent-ils le Domaine ? Si tel est le cas, et surtout s’il est
puissant, comment s’en sont-ils emparés ? S’ils ne le contrôlent
pas, qui est à sa tête et quelles sont leurs relations avec son
propriétaire ? Où se situe le Domaine ? À quoi ressemble-t-il
dans le monde mortel et quel visage offre-t-il aux fées ?

Quels sont ses objectifs ?

Certaines Bandes sont simplement des groupes d’amis qui
traînent ensemble parce qu’ils sont amis. Or la nature du Songe
débouche parfois sur des quêtes et des serments qui peuvent
leur donner un objectif supérieur. Des Bandes se constituent
aussi d’abord précisément à cause de ces obligations. Même
un groupe qui semble ne pas avoir de but ou de quête « offi-
ciel » a souvent un objectif, et il peut se résumer à « s’amuser »
ou « tailler la route et faire le meilleur voyage du monde ».

Chapitre trois : création de personnage & traits 155

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

La Bande a-t-elle des objectifs déclarés ou tacites ? Est-elle guidée par
des serments ou des tabous et si tel est le cas, quels sont-ils ?
Qui sont ses ennemis ?
Ces derniers permettent de la définir autant, sinon plus, que ses
alliés. Qui a attiré cette inimitié au groupe, et pourquoi ? Ses membres
sont-ils au courant de cette animosité, ou constituera-t-elle une
surprise quand le conflit éclatera ? Est-ce un noble, un rival ou un
roturier vindicatif, ou bien une chimère en maraude ? Un terrifiant
Dauntain, un mystérieux Prodigue ? Rappelez-vous que ces ennemis
ne sont pas nécessairement « méchants » au sens strict du terme. Un
parent mortel, inquiet de voir son Vaurien de fils traîner dehors
toute la nuit avec des gens douteux, donnera autant de migraines à
la Bande de l’ado en question et pourtant, il ne déclenchera aucune
bagarre et ne lancera jamais de sort.
Qui sont ses alliés ?
Même les groupes les plus nomades de solitaires en rupture de
ban se font des relations, parfois malgré eux. Vers qui la Bande se
tourne-t-elle quand elle a besoin de renseignements ? D’un service ?
D’un endroit où se planquer ? Sur qui peut-elle compter et pour
quelle raison fait-elle confiance à ces gens ? Et si ce n’est pas le cas,
comment cette relation reste-t-elle fructueuse ?
Archétypes
de personnalité :
les Apanages
Mythes et contes de fées regorgent de personnages caractéristiques.
De la même manière, les Apanages représentent les rôles qu’un chan-
gelin incarne dans le récit de sa vie. Lorsqu’on crée un personnage,
le choix de ces Apanages est d’une importance capitale. Ils aident
le joueur à se faire une idée de la nature de son protagoniste. Est-il
vaillant ou couard, altruiste ou égoïste ? Les Apanages répondent à
toutes ces questions.
Tous les changelins possèdent un Apanage seelie et unseelie.
Leur Cour actuelle détermine en général celui que le personnage
suit, et qui constitue son Apanage primaire. L’Apanage secondaire
influence ses actions et nuance son caractère, mais ne prend jamais
le pas sur l’autre. Il arrive parfois que le Kithain change d’allégeance,
ce qui provoque la plupart du temps une inversion de ses archétypes
de personnalité.
La plupart des changelins ne le font pas délibérément. Le chan-
gement se fait de manière progressive ou soudaine, mais il résulte
toujours d’une profonde intuition ou d’une expérience majeure,
et souvent traumatisante. Si le joueur estime qu’un changement
d’allégeance s’impose, lui et le conteur décideront ensemble s’il en
a la possibilité et des circonstances qui l’entourent.
Quêtes et Interdits
Un changelin qui incarne son Apanage trouvera qu’il est plus facile
de vivre son histoire. Tous les Apanages comptent une Quête et un
Interdit. La première rassemble les comportements qui symbolisent
cet archétype. Dès qu’il accomplit la Quête de son Apanage primaire,
et si le conteur le décide, le personnage regagne un point de Volonté.
156 Changelin : le Songe
Les Interdits sont des actions qui vont à l’encontre de son arché-
type. S’il enfreint l’Interdit de son Apanage primaire, le personnage
perd un point de Volonté. Il peut éviter cette sanction en justifiant
l’utilisation de son Apanage secondaire, mais à force d’invoquer cet
argument, il risque de changer de Cour.
Apanages seelies
Leurs adeptes incarnent la vitalité du printemps et la chaleur brû-
lante de l’été, et ils mettent en général l’accent sur le groupe et la
communauté. Pour eux, les besoins de la société dépassent ceux de
l’individu. Les Unseelies considèrent souvent leurs frères comme
des gens sévères et inflexibles, tandis que les Seelies se voient tels
les serviteurs de l’intérêt général.
L’Artisan
Le monde est fait d’imperfections et elles réclament une main habile
pour les corriger. L’Artisan est heureux de répondre à leur appel, car
à ses yeux, il n’existe pas plus grand bonheur que de rendre l’inutile
indispensable. Il a presque toujours un projet en cours, qu’il soit
mécanique ou artistique. Il peut même façonner quelqu’un par le
biais de l’entraînement. Quoi qu’il en soit, il aime le résultat encore
plus que la méthode.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
construisez quelque chose qui perdurera.
Interdit : ne laissez jamais échapper l’occasion d’améliorer quelque
chose en y apportant votre touche personnelle.
Le Boute-en-train
Il ne souhaite rien d’autre que de rendre les gens heureux et œuvre
inlassablement à faire naître la joie. Peu importe si cela revient à
jouer les entremetteurs ou à offrir un verre d’eau à un invité. Il
préfère l’anonymat. Ses plus grands exploits se signent d’un indice
subtil par ci et d’un gentil coup de pouce par là. Les témoins de
ses efforts le prennent souvent pour un paillasson qui satisfait le
moindre caprice. En réalité, il ne désire rien de plus qu’un sourire
et un visage qui s’illumine.
Quête : vous regagnez un point de Volonté quand vos efforts rendent
quelqu’un heureux, mais qu’il ignore le rôle que vous avez joué.
Interdit : ne faites jamais à dessein quelque chose qui rend quelqu’un
malheureux.
Le Courtisan
Les bals, les fêtes et les réunions de la cour sont l’essence du
Courtisan. Il éprouve une fascination sans bornes lorsqu’on manipule
le ciment social de la politique et de l’étiquette pour rassembler des
gens différents. Grâce à son astuce, son charme et l’à-propos de sa
séduction, il désamorce les situations explosives et tout le monde se
sent bienvenu. Le Courtisan remplit souvent le rôle d’un diplomate
à qui l’on a confié la protection de l’ordre.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
parvenez à préserver la paix sociale et l’harmonie.
Interdit : ne provoquez jamais à dessein la discorde.
L’Écuyer
Acolyte dans l’âme, il ne cherche jamais à se distinguer, mais il n’en
demeure pas moins aussi compétent que le héros qu’il s’est choisi. Il
n’a que faire de la gloire ou de la reconnaissance, seule lui importe
l’occasion d’aider à rendre le monde meilleur. L’Écuyer se dévoue
entièrement à son héros. Aucune tâche n’est trop difficile
ou trop ingrate si celui-ci le lui demande.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque
fois que vous jouez un rôle vital dans l’accomplis-
sement d’une réussite, mais que vous n’en tirez
aucune reconnaissance.
Interdit : ne contredisez et ne discréditez jamais
votre héros.

L’Ermite
Il aime la solitude et l’introspection et n’est
jamais plus à l’aise qu’en compagnie de ses
pensées. La foule ne l’intimide et ne l’effraie
pas, mais lorsqu’il se retrouve parmi les autres,
il préfère écouter et observer. Il ne parle que
lorsqu’on lui adresse la parole, à moins d’avoir
une idée essentielle et inédite à avancer, et
toujours en cas d’absolue nécessité. C’est
pourquoi on le considère comme un sage
qu’on ferait mieux d’écouter les rares fois
où il ouvre la bouche.
Quête : vous regagnez un point de Volonté
quand vous découvrez la solution à un pro-
blème grâce à la réflexion et l’introspection.
Interdit : ne parlez jamais pour ne rien dire.
Ne vous exprimez que si vous avez une
perspective unique et que la situation est
désespérée.

L’Esthète
C’est un maître de l’étiquette, mais seulement
parce que c’est un moyen de parvenir à un but.
Pleinement conscient de la hiérarchie sociale
et de la place qu’il y occupe, il sait qu’il doit
continuer de grimper. Dans le combat qu’il
mène pour se hisser au sommet, il manie le
ragot et l’intrigue comme d’autres la rapière.
Il semble gracieux et plein d’entrain, mais
se tient prêt à saisir la moindre occasion
qui se présentera pour impressionner ses
supérieurs. Dédaigneux de ses inférieurs, il
ne les ignorera pourtant pas sur-le-champ.
Aider les autres, c’est ajouter à son prestige
et à son statut d’étoile montante aux yeux des
gens qui comptent.
Quête : vous regagnez un point de Volonté
lorsque vous parvenez à asseoir ou à améliorer
votre statut social.
Interdit : ne laissez jamais passer l’occasion de
vous donner le beau rôle ou d’impressionner
un supérieur.

L’Orchidée
Chez elle, l’Orchidée vit une existence dorée,
choyée et protégée de tout, exempte de toute
souffrance. Mais les circonstances semblent
toujours s’acharner à l’arracher à son cocon
douillet. Lorsqu’elle doit affronter les dures
réalités du monde, elle se révèle terriblement mal

Chapitre trois : création de personnage & traits 157

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

préparée. Peu habituée à la tromperie, elle ne fait pas la différence
entre le mensonge et la vérité. Paralysée par l’insécurité, elle cache
sa vraie nature et ne fait confiance à personne, et pourtant laisse
les autres prendre des décisions pour elle dans l’espoir qu’un héros
la protégera.
Quête : regagnez un point de Volonté lorsque vous traversez une
situation effrayante sans mettre à mal votre innocence et votre
sentiment de bien-être.
Interdit : ne vous dévoilez jamais à qui que ce soit et ne faites confiance
à personne en dehors de vos amis les plus proches.
Le Paladin
Il ne vit que pour le frisson que lui procure le défi. Monstres à trucider,
ennemis à combattre, causes à défendre, tels sont le sang et le souffle
de son existence. Il est vaillant, loyal et prêt à triompher de tout.
En perpétuelle recherche de défis dignes de lui, il l’emporte sur un
adversaire et passe tout de suite au suivant. Rester les bras ballants
est le seul exploit qu’il soit incapable d’accomplir. Sans opposition
pour le définir, il sombre dans l’apathie et peut à peine avancer.
Quête : vous regagnez un point de Volonté dès que vous surmontez
un obstacle vraiment éprouvant.
Interdit : ne refusez jamais un défi équitable.
Le Paysan
Fiable et réaliste, le Paysan n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il
résout des problèmes. Bon sens, pragmatisme et préparation sont
ses maîtres-mots. Sa logique et son étrange capacité à toujours
poser les bonnes questions recentrent sur le sujet n’importe quelle
conversation. La seule chose qui le surprend, c’est de constater que
personne ne fait preuve d’autant de logique que lui.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
surmontez une difficulté grâce à une solution pratique.
Interdit : ne laissez jamais passer une occasion d’utiliser la logique
ou le bon sens.
Le Régent
Incarnation de la grandeur aristocratique, le Régent est autant juge
que législateur. On recherche sa sagesse et ses conseils. Il récompense
la loyauté, punit la félonie et l’anarchie avec la même équité. Il se
sent souvent isolé et sans égal, mais sait qu’il ne doit jamais fuir ses
responsabilités ni laisser ses sentiments interférer avec son devoir.
Quête : vous regagnez un point de Volonté lorsque vous résolvez un
problème grâce à votre force de commandement.
Interdit : n’évitez jamais votre devoir et ne compromettez jamais les
lois qui vous gouvernent.
Le Sage
Il a voyagé loin, vécu son lot d’expériences et gagné une sagacité ines-
timable. Toujours prêt à partager ses connaissances, il se consacre à la
quête du savoir et la diffusion de la sagesse. Il n’impose ses conseils
à personne, mais les prodigue avec joie à ceux qui viennent à lui,
tout comme il raconte volontiers les histoires qu’on lui demande
et pose des questions judicieuses. Il aime jouer le rôle du gourou et
indiquer le chemin vers la compréhension.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que quelqu’un
vous demande conseil pour réussir une tâche qu’il entreprend.
Interdit : n’interférez jamais avec la ligne de conduite qu’une personne
s’est choisie. Chacun suit une voie vers la sagesse qui lui est propre.
158 Changelin : le Songe
Le Saint
Il cherche toujours à soulager le fardeau des autres, car il ressent leur
peine comme si c’était la sienne. Il n’hésite pas à donner son temps,
son argent et même sa chemise si cela peut aider une seule âme en
détresse. Il se retrouve souvent dans le rôle du martyr, mais ça lui
est égal. Son confort personnel passe après celui des autres. Le Saint
se mettra sans hésiter en danger, mais ne fera jamais volontairement
courir de risque à quiconque.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous protégez
quelqu’un d’un danger ou que vous soulagez la souffrance des autres.
Interdit : ne provoquez jamais consciemment de détresse ou de
blessures.
Le Troubadour
Il recherche l’idéal de la beauté dans tous les aspects de la vie, car
seule la pureté des formes incarne l’essence de la vérité. Lorsqu’il
aime, il s’abandonne tout entier, lorsqu’il est triste, il sombre dans
un océan de larmes, quand il est en colère, il déchaîne les feux
d’un enfer. Le Troubadour pense que le monde se cache dans une
personne, un lieu ou une situation singulièrement parfaits, qui lui
révélera la vérité de l’existence. Pour le découvrir, il explore tout ce
que la vie a à offrir avec une confiance inébranlable dans la puissance
de ses propres sentiments.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
atteignez un but au nom d’un idéal plus noble (amour, amitié,
romance, etc.).
Interdit : ne cachez jamais vos sentiments.
Le Voyageur
L’éternel vagabond en quête de l’inconnu, le grand explorateur qui
est allé jusqu’au bout du monde, le fringant roublard avec un amour
dans chaque port… Le Voyageur ne reste jamais très longtemps au
même endroit. Impulsif par nature, il agit d’abord et réfléchit ensuite.
Sa propension à réagir le met dans les situations les plus improbables
et dangereuses. Malin comme un singe, ou peut-être aussi chanceux,
il se débrouille toujours pour s’en sortir… pour bien évidemment
tomber de Charybde en Scylla. Et l’aventure suivante commence !
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
survivez à une situation périlleuse grâce à votre astuce.
Interdit : ne prévoyez jamais l’avenir.
Apanages unseelies
Colorés comme une récolte d’automne, chaotiques et esseulés comme
une tempête de verglas hivernale, les adeptes des Apanages unseelies
sont en général des individualistes passionnés. Ils suivent leur cœur
où qu’il les conduise, même s’ils doivent pour ce faire briser quelques
règles le long de leur route. Les Kithains seelies considèrent souvent
leurs frères et sœurs irresponsables et peu fiables, mais ces derniers
pensent au contraire qu’ils sont fidèles à leurs principes.
La Bête
Elle vit pour vaincre ses ennemis et le monde se répartit en deux
catégories : ceux qui s’inclinent devant elle et ceux qu’elle détruit
pour avoir refusé de le faire. Si quelque chose existe, c’est pour son
plaisir et si elle lui déplaît, elle ne mérite pas d’exister. Cependant,
la Bête n’est pas une furie stupide. Quand elle veut atteindre ses
objectifs, elle planifiera à long terme, manipulera ses adversaires et
les dressera les uns contre les autres. Rien n’est plus divertissant pour
elle que de les regarder danser sur un air qu’elle a composé avec soin.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
supprimez une opposition importante à vos objectifs.
Interdit : ne battez jamais en retraite, ne cédez jamais ce qui vous
appartient.
Le Bouffon
Le divin escroc rit le plus fort et le dernier. Comme il sait que le
monde n’a aucun sens caché, il déteste les arrogants qui croient en
une puissance supérieure pour les guider sur la voie d’une destinée
quelconque. Contrecarrer les plans, faire tomber les héros de leur
piédestal et leur enfoncer leurs paroles dans la gorge, voilà le seul
véritable devoir qui en vaille la peine. Quand il prend quelqu’un
pour cible, le Bouffon préfère les farces les plus humiliantes qui
mènent sa cible à une chute inéluctable et très publique.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
dégonflez un ego surdimensionné ou que vous remettez les mora-
lisateurs à leur place.
Interdit : ne cherchez jamais les « pourquoi » dans la vie, il n’y en a pas.
Le Brigand
Raflez tout ce que vous pouvez et ne rendez rien. Le Brigand est une
crapule, un bandit de grand chemin ou un arnaqueur. Pour lui, le
monde est une maison de poupée habitée par des automates sans
cervelle leurrés par les règles de la société. Il s’arroge ce qu’il veut
sans une once de culpabilité. À ses yeux, la rébellion est l’acte de
liberté ultime contre une société étouffante. Selon lui, la plupart des
gens feraient de même s’ils réalisaient tout simplement qu’ils sont
les seuls à s’imposer leur oppression.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
commettez un acte égoïste et qu’il secoue le statu quo dans lequel
les gens se complaisent.
Interdit : ne faites jamais rien qui n’aide les autres plus que vous.
La Canaille
Voici venir le guide des plaisirs interdits et des noirs désirs. Il
encourage, tente ou pousse ses cibles à se livrer à leurs fantasmes les
plus secrets. Pour lui, rien n’est plus délicieux que de transformer le
désintéressement en abjection, l’innocence en dépravation. Pourtant,
la Canaille ne compromet pas les gens pour le simple plaisir de le
faire (ne vous y trompez pas, c’est quand même drôle), elle préfère
dévoiler la créature ignoble et sauvage tapie dans le cœur de chacun
d’entre nous.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
parvenez à convaincre quelqu’un de faire une chose à laquelle il
s’oppose et qu’il apprécie.
Interdit : ne protégez jamais qui que ce soit des dures réalités de la vie.
La Caricature
Ce dégoûtant phénomène aime appuyer là où ça fait mal et ravager
les sensibilités de la bonne société. Un rougissement, une exclamation
choquée ou une réprimande austère sont ses acclamations. Il mesure
le triomphe de sa représentation à l’aune des réactions qu’elle suscite.
Maître ès insultes, il tranche dans le vif des convenances jusqu’au
cœur de l’indignation. Rien n’est trop ignoble à ses yeux s’il devient
le centre de l’attention.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que quelqu’un
hésite ou perd son calme à cause de vous.
Interdit : ne respectez jamais volontairement la bonne société.
Le Chef de bande
Il règne en maître sur ses sous-fifres. Il instille dans ses subordonnés
la soumission envers lui et la loyauté à sa cause avec une expertise
brutale. Si l’un d’entre eux osait sortir du rang, il deviendrait un
douloureux exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Le Chef de bande
manie son groupe comme une arme affûtée pour faire avancer ses
propres plans, et ses membres sont l’expression collective de sa volonté.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous utilisez
vos adeptes pour accomplir l’un de vos objectifs.
Interdit : ne permettez jamais à quiconque de menacer votre organi-
sation ou vos buts.
La Crapule
Elle ne comprend pas l’envie de dépenser de l’énergie. Avec tant
d’ouvrières, pourquoi n’en profiterait-elle pas ? Pendant que les
travailleurs la haranguent, elle leur fait les poches. Pendant que des
champions partent vaillamment en quête, elle baguenaude. Tandis
que les inventeurs ouvrent de nouvelles voies, elle arpente le sentier
de la moindre résistance. Au moment où le héros surgit pour tuer
la bête, elle en a déjà réclamé la prime (eh, il n’a jamais demandé à
personne de lui donner un coup de main).
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
parvenez à obtenir quelque chose que vous ne méritez pas aux
yeux des autres.
Interdit : ne choisissez jamais le travail aux dépens du plaisir.
Le Débauché
Hédoniste mesquin, collectionneur invétéré et décadent, avide de
tout ce qui brille. Le Débauché ne se soucie guère du nom dont on
l’affuble tant qu’il est finement ouvragé. Dans ses extravagances,
on compte ce joli je-ne-sais-qui dans ses bras ou la voiture étrangère
et tape à l’œil qu’il conduit. Dans son antre, il se vautre dans des
monceaux de gratifications matérielles qu’il ne partagera jamais sauf
pour vanter son bon goût. Les autres sont jaloux, bien sûr, mais
ce n’est pas sa faute s’ils n’ont pas son talent pour les acquisitions.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
réussissez dans votre quête des plaisirs.
Interdit : ne partagez jamais rien sans espérer en tirer une récompense
ou un rude combat.
Le Fataliste
Il sait que le monde est profondément imparfait. Les choses ne vont
pas tarder à s’écrouler et il s’attend à ce que le centre s’effondre, mais
ce n’est pas un pessimiste. Ceux-là s’inquiètent du désastre alors que
le Fataliste ne panique pas, pas plus qu’il ne s’agite dans tous les
sens. Lorsque le sol se dérobe sous ses pieds, il glisse jusqu’au fond.
Il essaie d’avertir les autres et de leur insuffler un peu de son calme,
mais ils n’écoutent jamais. Rien n’est plus drôle à ses yeux que de
contempler la surprise des gens quand les choses partent à vau-l’eau,
après qu’il leur a expliqué pourquoi leur plan était voué à l’échec.
Quête : vous regagnez un point de Volonté quand vos avertissements
se réalisent.
Interdit : ne riez jamais à part si vous êtes amer, sarcastique ou que
vous vous réjouissez du malheur des autres.
159
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le Misérable
Voilà le paria que personne ne comprend, la timide que l’on n’invite
jamais à danser, le perdant qu’on ne prend jamais dans l’équipe, la
fille bizarre qui ne sera jamais de la fête. Tout le monde pense qu’il
se déteste autant qu’on le déteste, mais rien n’est plus faux. Ce que le
Misérable abhorre, ce sont les présomptions pleines de suffisance des
hypocrites, et la pensée qu’ils ne pourraient jamais le « comprendre ».
Les rares qui ont pitié de lui sont ceux qu’il déteste le plus. Il adore
punir les prétendus sauveurs qui l’utilisent pour se sentir mieux
dans leurs petites vies superficielles et dérisoires.
Quête : vous regagnez un point de Volonté quand les autres vous
rabaissent plus bas que terre ou désespèrent de réussir à commu-
niquer avec vous.
Interdit : n’acceptez jamais un compliment.
La Pandore
Elle est tout simplement incapable de laisser une boîte close. D’une
insatiable curiosité, elle sait surtout que les secrets se dévoilent toujours
au plus mauvais moment. Elle révèle ce qu’on cache dès qu’elle en
a l’occasion, car pour elle, mieux vaut le choc de la douleur qu’un
interminable tourment. À ses yeux, les règles ne sont qu’un autre
genre de secret. Plus on interdit quelque chose, plus cette chose
devient nécessaire. La Pandore sait que les secrets ne se gardent
jamais pour toujours et que l’on doit enfreindre les interdictions.
Quête : vous regagnez un point de Volonté lorsque vous triomphez
d’une situation que vous avez engendrée en faisant ce contre quoi
on vous avait mis en garde.
Interdit : ne taisez jamais un secret.
Le Paon
Voilà bien la meilleure, la plus charmante et la plus intelligente
personne du monde, et il le sait. Tout le monde devrait aussi le
savoir. Tant qu’on le couvre de compliments, il est l’incarnation de
la gentillesse. Mais malheur à l’usurpateur qui oserait s’attribuer
les feux de sa rampe ! Caprices et violence font tout à fait l’affaire
si cela revient à attirer l’attention générale. Il peut parfois trouver
du temps pour se montrer généreux, mais à la seule condition qu’il
puisse s’attribuer le beau rôle.
Quête : vous regagnez un point de Volonté quand vous prouvez sans
l’ombre d’un doute que vous êtes le meilleur dans un domaine.
Interdit : n’admettez jamais un échec ou une faute.
Le Sauvage
Prédation, reproduction et les lois de la nature. Voilà ce qui motive
le Sauvage. Que ce soit au plus profond d’une forêt interdite ou dans
une jungle urbaine, il mange ce qu’il attrape, s’accouple quand il
le désire et domine son monde dans la violence. Les conversations
polies et l’étiquette sont autant de masques que les gens revêtent
pour dissimuler leur vraie nature. La culture, l’art et l’honneur sont
des illusions qui cachent leur essence. Le Sauvage se débarrasse de
tous ces vernis pour satisfaire les instincts primaires de son âme.
Quête : vous regagnez un point de Volonté quand votre ruse et votre
puissance vous permettent de l’emporter sur un adversaire qui
pense que sa culture est supérieure à la nature.
Interdit : ne vous laissez jamais aller à la civilisation.
Le Sphinx
C’est une énigme. Tout le monde recherche ses conseils, mais
personne ne parvient à décrypter ses paroles. Sa sagesse est-elle
160 Changelin : le Songe
Les spécialités
Lorsqu’un personnage est particulièrement doué dans une
caractéristique (c’est-à-dire quand l’un de ses attributs est
supérieur ou égal à 4), le joueur peut choisir une spécialité.
Celle-ci définit un domaine qui correspond à la description
générale de son protagoniste. Par exemple, un artisan peut
créer des horloges exquises, un cascadeur se découvrir une
affinité pour les voitures de course de collection ou un artiste
posséder un don pour raconter des légendes traditionnelles.
Plus précisément, un personnage qui dispose d’un score de
4 en Astuce peut savoir improviser, tandis qu’un autre avec
5 en Représentation bouleversera son auditoire quand il
joue du violon. Lorsqu’un joueur fait un jet pour résoudre
une action dans laquelle son personnage est spécialisé, tous
les « 10 » qu’il obtient comptent comme deux réussites au
lieu d’une.
simplement trop supérieure à leur capacité de compréhension ?
Bien sûr que non ! Tout ceci n’est qu’un subterfuge bien orchestré.
Sous-entendus, vocabulaire alambiqué et mensonges éhontés sont
les outils du Sphinx. Il adore se sentir supérieur face à ceux, toujours
trop nombreux, qui s’obstinent à lui en redemander. Toutefois, il
prend bien garde à dissimuler son esprit. En effet, voir quelqu’un
éventer sa supercherie demeure sa plus grande crainte.
Quête : vous regagnez un point de Volonté chaque fois que vous
embrouillez ou que vous induisez une personne en erreur.
Interdit : ne permettez jamais à quiconque de découvrir la vérité sur
vous ou vos origines.
Les attributs
Chaque personnage de Changelin : le Songe dispose d’attributs, qui
représentent le potentiel de base inhérent à tous les gens et toutes
les créatures oniriques. La plupart des attributs vont de 1 (faible) à 3
(bon), mais des individus exceptionnels ou des chimères puissantes
peuvent posséder des scores de 4 (excellent) ou 5 (le maximum pour
un être humain). Quelques changelins et d’autres entités du Songe
ont parfois des scores supérieurs. La beauté surnaturelle des Sidhes
ou la force herculéenne des Trolls en constituent de bons exemples.
Les attributs physiques
Ils définissent la condition physique du personnage, indiquent s’il
est fort, résistant et agile. Les attributs physiques devraient figurer
en tête de liste chez les personnages orientés vers l’action.
Force
La Force indique l’aptitude du personnage à soulever, sauter, trans-
porter de lourdes charges et infliger des dégâts. Si cet attribut est
élevé, il sera plus grand et large d’épaules, même si ce n’est pas une
règle absolue. Certains possèdent une musculature déliée, mais tout
aussi puissante. La caractéristique s’ajoute au groupement de dés de
dégâts lorsqu’il touche un adversaire en corps à corps.
Faible : vous soulevez 20 kg.
Moyen : vous soulevez 50 kg.
 Bon : vous soulevez 100 kg.
Exceptionnel : vous soulevez 200 kg.
Hors du commun : vous soulevez 300 kg.
Spécialités : saut en longueur, forte poigne, larges épaules, réserve de
force, coups puissants.
Dextérité
La Dextérité mesure la rapidité, l’agilité et la précision du personnage,
elle indique sa vitesse de réaction, son efficacité en combat et la grâce
de ses mouvements. Les personnages dextres ont le pas léger, une
coordination impressionnante dans leurs gestes et ils se servent des
objets et de leur corps avec autant d’efficacité.
Faible : vous êtes assez maladroit pour trébucher dans le
vide.
Moyen : vous vous déplacez sans vous blesser.
Bon : vous n’êtes pas un expert, mais vous avez un certain
talent à l’épée.
Exceptionnel : vous pourriez être un danseur professionnel.
Hors du commun : vous n’avez rien à envier à un gymnaste
olympique.
Spécialités : réflexes éclair, grâce surnaturelle, rapidité, gestes assurés,
pied sûr.
Vigueur
La Vigueur mesure la santé, la résistance à la douleur et la constitu-
tion d’un individu. Elle indique l’endurance physique et mentale
qu’il est capable de déployer avant de subir un traumatisme. Un
trait élevé lui permet de continuer à fournir des efforts bien après
que d’autres se sont écroulés d’épuisement.
Faible : vous êtes essoufflé après être allé jusqu’à la boîte
aux lettres.
Moyen : vous êtes en assez bonne santé.
Bon : vous pouvez faire du vélo en montagne, de l’escalade
ou des randonnées.
Exceptionnel : vous êtes prêt pour un triathlon.
Hors du commun : vous pourriez accomplir les douze
travaux d’Hercule.
Spécialités : inflexible, infatigable, résistant, tenace, vigoureux.
Attributs sociaux
Qu’ils forment une bande de Bonnets rouges bagarreurs ou se
plongent dans les intrigues politiques de haut vol, les Kithains sont
des créatures naturellement sociales. Même les plus solitaires doivent
échanger avec l’humanité pour inspirer le Glamour. Les attributs
sociaux démontrent l’aptitude d’un personnage à faire tout cela grâce
à son apparence, son charme et sa force de persuasion.
Charisme
Le Charisme représente la capacité d’un individu à séduire par les
seules émotions. Peut-être irradie-t-il la confiance ou bien ment-il
avec désinvolture, à moins qu’il ne fasse montre d’un simple ascen-
dant naturel. Quelle qu’en soit la source, son magnétisme entre en
jeu lorsqu’il souhaite gagner la sympathie ou la confiance des gens.
Faible : on trouve une raison de vous éviter.
Moyen : en général, on vous aime bien et vous êtes facile
à vivre.
Bon : les gens vous font confiance.
Exceptionnel : vous attirez irrésistiblement les autres.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Hors du commun : un royaume tout entier vous suivrait
avec joie.
Spécialités : beau parleur, éloquent, captivant, humour contagieux,
ouvert.
Manipulation
La Manipulation mesure l’efficacité d’un individu quand il veut faire
partager son point de vue ou obtenir ce qu’il veut, que ce soit par la
tromperie, la corruption, les beaux discours ou une démonstration
de force. L’interlocuteur n’a pas besoin de connaître le changelin.
Toutefois, si celui-ci fait ouvertement preuve de mépris, ses tentatives
risquent de se retourner contre lui. Les gens se font manipuler tous
les jours sans s’en rendre compte, mais ils peuvent se mettre sur la
défensive ou en colère s’ils le remarquent.
Faible : vous parlez peu. Et vous faites bien.
Moyen : les autres vous croient de temps en temps.
Bon : vous pourriez être un as du barreau.
Exceptionnel : vous pourriez faire carrière en politique.
Hors du commun : vous pourriez convaincre un membre
de la Cour des Ombres de devenir seelie.
Spécialités : rusé, séducteur, rationnel, désinvolte, volubile.
Apparence
L’Apparence ne se résume pas à la seule beauté physique. Ce peut être
l’expressivité, le langage corporel, le sens de la mode, bref, n’importe
quoi qui puisse faire forte impression y contribue. Elle touche au
subconscient et à l’instinct et produit des effets durables. Lorsque
la première impression est primordiale, ou quand l’Apparence est
très importante, un personnage ne peut lancer plus de dés pour une
action sociale qu’il n’a de point dans cet attribut.
Faible : les gens ont tendance à vous éviter et essaient de
ne pas vous regarder.
Moyen : vous passez facilement inaperçu dans la foule.
Bon : les gens trouvent une excuse pour vous parler, comme
vous offrir un verre.
Exceptionnel : les gens traverseront la rue pour vous ren-
contrer.
Hors du commun : vous marquez les esprits au fer rouge.
On ne vous oublie jamais.
Spécialités : exotique, impressionnant, apparence atypique, captivant,
stylé.
Attributs mentaux
Les caractéristiques mentales définissent les capacités cognitives du
personnage. Elles concernent la mémoire, le sens de l’observation,
la logique, le temps de réaction et la capacité d’apprentissage, et
symbolisent sa conscience du monde qui l’entoure.
Perception
La Perception mesure la capacité d’observer l’environnement. Elle
peut résulter d’un effort conscient, comme quand on étudie les
détails d’une œuvre d’art pour en découvrir le sens, mais s’utilise
souvent de manière plus intuitive. Le personnage ne sait peut-être
pas toujours pourquoi, mais il est sûr que quelque chose cloche. La
Perception contribue à éviter les embuscades, repérer les indices et
déchiffrer le langage corporel.
161
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Faible : soit vous êtes totalement perdu dans vos pensées,
soit vous êtes simplement tête en l’air. Quoi qu’il en soit,
attention à la voiture !
Moyen : le plus subtil vous échappe, mais vous voyez en
gros ce qui se passe.
Bon : vous percevez les humeurs d’un groupe dès que vous
arrivez.
Exceptionnel : vous êtes rarement surpris et rien ne vous
échappe.
Hors du commun : véritable Sherlock Holmes, votre sens
de l’observation stupéfie les gens.
Spécialités : vigilant, clairvoyant, attentif, intuitif, minutieux.
Intelligence
L’Intelligence représente la puissance intellectuelle brute d’un
individu. Elle couvre la capacité à mémoriser, à résoudre des pro-
blèmes et à évaluer une situation, le sens critique et la logique. Les
personnages dotés d’une faible Intelligence ne sont pas forcément
stupides. Ils n’ont peut-être pas eu l’occasion d’apprendre, ou bien
leur raisonnement reste simple. De la même manière, un personnage
avec un attribut élevé n’est parfois pas un génie, mais il peut exceller
quand il s’agit d’apprendre par cœur.
Faible : vous n’êtes pas une lumière et les énigmes vous
donnent la migraine.
Moyen : vous êtes assez malin pour savoir quand demander
de l’aide.
Bon : si on vous en laisse le temps, vous résolvez les pro-
blèmes devant lesquels les autres sèchent.
Exceptionnel : vous synthétisez facilement les informations
éparses afin d’en tirer de nouvelles conclusions.
Hors du commun : vous possédez la sagesse de Salomon
et pouvez répondre à n’importe quelle question.
Spécialités : érudit, créatif, autorité sur un sujet, culture générale,
logique.
Astuce
L’Astuce décrit la capacité du personnage à réagir rapidement dans
des situations nouvelles et stressantes. Elle reflète son ingéniosité et
sa lucidité. Un score faible indique un individu crédule ou toujours
pris au dépourvu. Au contraire, un personnage avec un score élevé
a toujours un plan de rechange et s’adapte instantanément à toute
situation. À la cour comme à la guerre, il ne faut jamais sous-estimer
son esprit acéré.
Faible : va demander au Bonnet rouge ce qu’il veut pour
dîner.
Moyen : vous pouvez participer à une conversation polie,
mais vous évitez les sujets politiques.
Bon : vous vous débrouillez pendant un débat et restez
rarement sans voix.
Exceptionnel : vous êtes célèbre pour votre sens de la
répartie et personne n’arrive à prendre le dessus.
Hors du commun : tels Sinbad ou Ulysse, vous pouvez
surmonter tous les obstacles.
Spécialités : instinctif, répliques spirituelles, anticipation, changement
de stratégie, sang-froid.
162 Changelin : le Songe
Les capacités
Les capacités sont les traits qui décrivent ce qu’un personnage sait
et ce qu’il a appris. Alors que les attributs expriment un potentiel
brut, les capacités représentent la façon dont il utilise ce potentiel. La
Dextérité lui suffit pour battre la mesure, mais il lui faudra quelques
talents en Représentation pour valser. La plupart des actions qui
nécessitent un jet associeront un attribut et une capacité, constituant
ainsi le groupement de dés total.
Il y a 30 capacités réparties en 10 talents, 10 compétences et 10
connaissances. Chaque capacité recouvre un large éventail de sujets.
Pour certaines, comme Artisanats ou Représentation, il vaut mieux
choisir une spécialité, même si le score est inférieur à 4. Ainsi, un
personnage peut être versé dans toutes les formes de Représentation,
mais être particulièrement doué pour la danse.
Les talents
Les talents représentent ce qu’un individu sait intuitivement faire
sans instruction particulière. La pratique demeure la seule façon
d’améliorer ses talents. Si un personnage tente de réaliser une action
qui implique un talent qu’il ne possède pas, il ne subit pas de pénalité
au groupement de dés de son attribut de base. Ces capacités sont si
instinctives que tout le monde peut s’y essayer.
Acuité
La vision féerique permet au personnage de sentir le Glamour sous
toutes ses formes. Il peut ainsi reconnaître la puissance des charmes
et des Domaines, identifier des changelins « endormis » et même
découvrir les discrets Prodigues et leur magie. L’Acuité se résume
souvent à une impression. La capacité appelée Gremayre est nécessaire
pour comprendre ce que le changelin perçoit.
Novice : le Glamour vous chatouille les sens.
Entraîné : vous sentez les lieux qui abritent les Domaines.
Compétent : vous pouvez reconnaître un changelin qui a
sombré dans l’Oubli.
Expert : les plus infimes traces de Glamour vous sautent
aux yeux.
Maître : le monde surnaturel s’étend devant vous.
Possédé par : chimères puissantes, médiums, changelins, Kinains,
certains spécialistes du paranormal.
Spécialités : charmes, serments, enchantement, Sentiers, magie cachée.
Athlétisme
Ce talent représente les capacités athlétiques de base du person-
nage, ainsi que son entraînement et sa forme physique. Il recouvre
l’escalade, la course, le saut, la natation, le lancer et les règles du
jeu. L’Athlétisme ne concerne pas les activités régies par d’autres
capacités, comme Bagarre ou Mêlée.
Novice : en primaire, on vous choisissait toujours en premier
dans l’équipe.
Entraîné : vous faisiez partie de l’équipe de foot du lycée.
Compétent : vous avez sans doute fait sport-étude.
Expert : vous pourriez être un entraîneur ou un athlète
professionnel.
Maître : vous avez un niveau olympique.
Possédé par : athlètes, gymnastes, sportifs, enfants, danseurs.
Spécialités : acrobatie, parkour, escalade, athlétisme, natation.
Bagarre
Ce talent regroupe toutes les formes de combat à mains nues. Un
personnage utilise ce trait lorsqu’il se retrouve dans une situation où
il doit se défendre bec et ongles, au sens propre du terme. Il jouera
donc des poings comme le lui a appris son expérience de la rue, ou
distribuera les coups de pied inlassablement répétés au dojo. La
Bagarre est toujours rapprochée, personnelle et désordonnée. Il faut
rester le dernier debout et être prêt à donner autant qu’à recevoir.
Novice : vous vous êtes battu une ou deux fois.
Entraîné : vous pourriez esquinter quelqu’un dans un bar.
Compétent : vous savez comment descendre rapidement
un adversaire.
Expert : les organisations de MMA essaient de vous recruter.
Maître : vos mains sont classées dans la catégorie des armes
mortelles.
Possédé par : videurs, flics, truands, pratiquant d’arts martiaux, soldats.
Spécialités : art martial spécifique, coups bas, lutte, boxe, aura de
guerrier.
Commandement
C’est le talent dont le personnage fait montre pour discipliner, inspirer
et rallier les autres à sa cause. Il ne manipule rien ni personne, c’est
son autorité naturelle que les gens décident de suivre. Il sait quoi
dire et quand le dire, quelles tâches déléguer et comment donner
l’exemple. Il est confiant, sûr de lui et déterminé.
Novice : vos amis se tournent vers vous pour des conseils.
Entraîné : quand vous identifiez un besoin, vous intervenez
et prenez les choses en main.
Compétent : vous pourriez diriger une grande entreprise.
Expert : vous pourriez devenir parlementaire ou occuper
une fonction nationale.
Maître : devenir un roi bien-aimé, c’est tout à fait dans vos
cordes.
Possédé par : officiers, cadres, noblesse, chefs de bande, politiciens.
Spécialités : ordre, militaire, discours, amical, dictatorial.
Empathie
Le personnage comprend les émotions et les sentiments des autres.
Il peut sympathiser avec les gens ou feindre la bienveillance afin de
les manipuler. Les individus particulièrement intuitifs sentent quand
on leur ment. Toutefois, il existe un revers à la médaille quand on
dispose d’une profonde empathie. Les émotions des autres peuvent
déteindre sur vos propres sentiments.
Novice : les gens viennent pleurer sur votre épaule.
Entraîné : vous pouvez débusquer les sentiments qu’on
essaie de cacher.
Compétent : vous devinez très facilement les motivations
des autres.
Expert : il est presque impossible de vous mentir.
Maître : vous connaissez l’humeur des gens avant eux.
Possédé par : psychologues, escrocs, travailleurs sociaux, acteurs,
meilleurs amis.
Spécialités : désirs, mensonges, émotions, motivations, affaires de cœur.
Expérience de la rue
Ce talent mesure à quel point le personnage est à l’aise dans le paysage
urbain. Il connaît les figures importantes et sait quoi dire pour se faire
accepter. Il peut se fondre dans le décor, récolter des informations ou
trouver quelques gros bras pour un boulot. Un changelin versé dans
Chapitre trois : création de personnage & traits
ces subtilités se révélera très utile quand il faudra négocier avec les
criminels, les gangs et les voyous qui n’apprécient pas les étrangers.
Novice : vous connaissez les dealers.
Entraîné : vous avez gagné un certain respect.
Compétent : vous pourriez former un gang.
Expert : vous avez vos entrées partout.
Maître : rien ne se passe sans que vous le sachiez.
Possédé par : SDF, reporters, flics de quartier, criminels, Bonnets
rouges.
Spécialités : recel, gangs, drogues, je connais un gars, informations.
Expression
L’Expression permet au personnage de transmettre son message à un
public à l’aide de n’importe quel support, que ce soit une conversation,
une chanson, une histoire ou un texto. Lorsqu’il s’exprime, les gens
s’arrêtent, l’écoutent et prennent bonne note de ce qu’il dit, car ses
mots ont de l’importance. Même s’il présente des faits erronés, il
est difficile de l’ignorer. Les formes de communication non verbale
relèvent du domaine de la Représentation.
Novice : vous avez participé à un slam.
Entraîné : vous appréciez le débat et pourriez animer une
équipe.
Compétent : les articles que vous soumettez au journal
local sont toujours publiés.
Expert : vous avez remporté des prix littéraires.
Maître : poète, politicien et auteur, le monde vous appar-
tient.
Possédé par : journalistes, poètes, agitateurs, blogueurs, courtisans.
Spécialités : discours inspirants, fiction, poésie, rhétorique, médias
sociaux.
Intimidation
Elle représente la capacité du personnage à mettre la pression sur
quelqu’un et à lui faire faire ce qu’il veut. Elle peut prendre de
nombreuses formes, de la menace subtile à la violence physique,
en passant par la seule force de la présence. Inutile de se montrer
cruel ou vicieux. Utilisée à bon escient et au moment opportun, on
l’appelle souvent « diplomatie ».
Novice : vos menaces fonctionnent quand on ne se rebiffe
pas.
Entraîné : vous ne baissez jamais les yeux le premier.
Compétent : votre présence met mal à l’aise.
Expert : votre air autoritaire fait s’écarter les passants.
Maître : vous pourriez faire réfléchir un Bonnet rouge.
Possédé par : brutes, mafieux, hommes d’affaires, officiers, nobles.
Spécialités : menaces voilées, jouer de son statut, violence physique,
chantage, regard qui tue.
Subterfuge
Le personnage sait comment cacher ses véritables intentions, ses
sentiments et comment faire transparaître ce qu’il veut. Grâce à sa
capacité à intriguer, tromper et tricher, il peut retourner les moti-
vations des autres contre eux. Un spécialiste dans le domaine peut
détourner l’attention et régler des problèmes sans se faire remarquer.
Novice : on vous prend rarement en train de mentir.
Entraîné : détourner l’attention vous vient naturellement.
Compétent : vous n’avez même pas besoin de mentir pour
cacher la vérité.
Expert : vos arnaques durent tant que ça vous arrange.
163
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Maître : personne ne pense à vous suspecter.
Possédé par : dragueurs, avocats, escrocs, espions, Pookas.
Spécialités : diversions, séduction, grosse arnaque, mensonges inno-
cents, je n’y suis pour rien.
Vigilance
La Vigilance indique la capacité du personnage à remarquer ce qui
se passe autour de lui, même lorsqu’il ne cherche pas consciemment
ou qu’il est distrait. Elle mesure le degré d’attention qu’il accorde
à son environnement tangible, c’est-à-dire tout ce qu’il peut voir,
toucher, goûter, entendre ou sentir. La Vigilance permet de remar-
quer les détails et les changements subtils qui se produisent dans
son entourage.
Novice : vous êtes alerte et plus attentif que la plupart des
gens.
Entraîné : vous êtes attentif et aux aguets.
Compétent : vous êtes très vigilant.
Expert : vous baissez rarement la garde.
Maître : rien n’échappe à votre regard d’aigle.
Possédé par : détectives, journalistes, agents de sécurité, chasseurs,
voleurs.
Spécialités : écoute, sens du danger, petits détails, nature, rues.
164 Changelin : le Songe
Talent amateur
Cette catégorie regroupe tout ce que l’on peut apprendre en autodi-
dacte. Il s’agit en général (mais pas toujours) d’un talent plus manuel
qu’intellectuel. Avant d’autoriser un talent amateur, le conteur doit
d’abord déterminer si une activité particulière correspond ou non à
une spécialité figurant déjà dans un autre talent (par exemple, fouiller
et écouter sont déjà des spécialités de Vigilance).
Novice : vous connaissez les bases.
Entraîné : vous avez de bonnes bases.
Compétent : les autres pratiquants vous trouvent plutôt
doué.
Expert : vous êtes au fait des nuances et des subtilités de
votre talent.
Maître : on vous contacte pour votre expertise dans le
domaine.
Possédé par : ceux qui vous contactent pour vos connaissances dans
le domaine.
Suggestions de talents amateurs : expression artistique, picoler,
voyance, négociation, style.
Les compétences
Les compétences s’acquièrent par l’instruction ou la pratique. Si
un personnage tente une action demandant une compétence qu’il
ne possède pas, la difficulté du jet augmente de +1. Quelqu’un
d’incompétent ne sera jamais aussi efficace qu’une personne qui
connaît les rudiments.
Animaux
Le personnage comprend le comportement des animaux et peut
travailler en étroite collaboration avec eux. Grâce à cette compétence,
il prévoit leurs réactions dans un certain nombre de situations, il sait
comment gagner la confiance d’une créature, éduquer un animal
domestique et même calmer une bête sauvage enragée.
Novice : un chat ou un chien vous laissera le caresser.
Entraîné : vous pouvez apprendre les bases de l’obéissance
à un animal.
Compétent : vous formez des animaux d’assistance.
Expert : vous avez décroché quelques prix dans des
concours d’agility.
Maître : les créatures sauvages vous comprennent et vous
suivent.
Possédé par : fermiers, soigneurs de zoo, vétérinaires, propriétaires
d’animaux de compagnie, survivalistes.
Spécialités : fauconnerie, fauves, dressage à l’attaque, créatures marines,
animaux de la ferme.
Armes à feu
Cette compétence se rapporte au fonctionnement général des pisto-
lets, à l’entretien de presque toutes les armes de poing et à la capacité
de tirer avec un large éventail de modèles, du discret Derringer à
l’Uzi. En revanche, Armes à feu ne recouvre pas l’artillerie lourde
ou les mortiers.
Novice : vous êtes déjà allé au stand de tir.
Entraîné : vous êtes inscrit au club de tir du coin.
Compétent : vous pourriez survivre à une fusillade.
Expert : vous remportez des concours de tir de précision.
Maître : calme et assuré, vous êtes un vrai tireur d’élite.
Possédé par : flics, criminels, chasseurs, miliciens, survivalistes.
Spécialités : dégainer le premier, armurerie, recharger rapidement,
pistolets, fusils.
Artisanats
Les Artisanats sont l’art de fabriquer ou de réparer des objets de
ses mains. On compte parmi eux la charpenterie, la mécanique, la
maçonnerie, la sculpture et la peinture. Les artisans chevronnés
sont capables de faire des objets qui conserveront leur valeur ou
leur beauté au fil du temps. Un changelin qui souhaite créer des
chimères doit posséder cette compétence. Le personnage doit choisir
une spécialité même s’il touche à différents domaines.
Novice : vous faites des objets fonctionnels.
Entraîné : vous avez un coup de patte qui se reconnaît.
Compétent : les gens veulent acheter vos créations.
Expert : vous avez écrit le livre de référence dans votre
domaine d’expertise.
Maître : votre virtuosité est presque sans égal.
Possédé par : artistes, mécaniciens, designers, Maison Dougal, Nockers.
Spécialités : ferronnerie, travail du cuir, sculpture, machinerie,
bricolage.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Conduite
Le personnage sait conduire les véhicules motorisés, mais cette
compétence ne s’applique pas à tous les véhicules. En effet, piloter
une Mustang de course ne vous prépare pas à contrôler la trajectoire
d’un super poids lourd. Le conteur est libre d’ajuster la difficulté
des jets en fonction du terrain et de la familiarité du personnage
avec l’engin qu’il conduit.
Novice : vous savez conduire avec une boîte automatique.
Entraîné : les virages ne vous font pas peur.
Compétent : vous pourriez être chauffeur ou routier.
Expert : en général, vous gagnez les courses auxquelles vous
participez.
Maître : vous êtes aussi à l’aise comme cascadeur que pilote
d’essai.
Possédé par : pilotes de course, chauffeurs, convoyeurs de drogue,
routiers, guerriers du dimanche.
Spécialités : tout-terrain, embouteillages, virages, grosses cylindrées,
grande vitesse.
Étiquette
Le personnage saisit les nuances d’un comportement adéquat autant
dans des fonctions sociales ordinaires qu’au sein des cours change-
lins. Cette compétence mesure ses bonnes manières et sa capacité
à tenir son rang dans la bonne société. Savoir aborder un sujet est
aussi important que la discussion en elle-même ; un personnage versé
dans l’art de l’Étiquette saura se faire entendre.
Novice : vous savez quand vous taire.
Entraîné : vous avez un costume pour les occasions officielles.
Compétent : vous ne vous trompez jamais de couvert à
table.
Expert : vous pouvez avoir l’oreille du duc.
Maître : un thé avec le Sluagh, un dîner chez le Troll et en
route pour le bal du Haut-Roi.
Possédé par : courtisans, diplomates, cadres, débutantes, Sidhes.
Spécialités : haute société, salles du conseil, kiths particuliers, Cours
seelies ou unseelies.
Furtivité
Cette compétence permet d’éviter d’être détecté, lorsque vous vous
cachez ou que vous vous déplacez discrètement. Rester dans l’ombre,
se fondre dans la foule, semer ses poursuivants et dissimuler des
gens ou des objets, relèvent tous de la Furtivité. On peut percer ces
manœuvres à jour avec un jet en opposition de Perception + Vigilance.
Novice : vous pouvez vous cacher dans le noir.
Entraîné : vous pouvez filer quelqu’un la nuit.
Compétent : vous semez les curieux dans la foule.
Expert : vous vous déplacez sans bruit sur un tapis de feuilles
mortes.
Maître : les Sluaghs vous envient votre talent pour dispa-
raître.
Possédé par : espions, assassins, journalistes, cambrioleurs, Sluaghs.
Spécialités : se cacher, filature, disparaître dans la foule, environne-
ments urbains, mouvements silencieux.
Larcin
Cette compétence concerne la connaissance des outils et des tech-
niques permettant de se livrer à des activités criminelles : faire les
poches, crocheter les serrures, faire des faux, démarrer un véhicule sans
les clés, forcer un coffre-fort et même quelques tours de passe-passe.
165
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Elle s’applique également à l’évasion ou à l’amélioration des systèmes
de sécurité. En revanche, les mécanismes internes des outils avancés
comme les caméras de vidéosurveillance et les alarmes électroniques
ont recours à la connaissance Technologie.
Novice : vous pouvez crocheter une serrure assez simple.
Entraîné : vous arnaquez les pigeons au bonneteau.
Compétent : la voiture était verrouillée ?
Expert : vos faux billets trompent même les banques.
Maître : ouvrir une salle des coffres sous l’eau, menotté et
entouré de requins ? Un jeu d’enfant.
Possédé par : cambrioleurs, consultants en sécurité, arnaqueurs,
prestidigitateurs, voleurs de voitures.
Spécialités : vol de portefeuilles, détourner l’attention, démarrer sans
clé, faussaire, passe-passe.
Mêlée
Cette compétence mesure l’habileté du personnage à se servir
d’armes blanches de toutes sortes, depuis la matraque et l’épée
jusqu’à l’arsenal des arts martiaux, comme le nunchaku et le tonfa.
Ces équipements peuvent paraître archaïques au regard des armes
à feu moderne. Pourtant, un simple pistolet fait rarement le poids
face au talent d’un changelin brandissant une épée magique.
Novice : vous connaissez la posture et savez comment tenir
votre arme.
Entraîné : vous avez remporté quelques combats.
Compétent : vous êtes inscrit dans un club d’escrime.
Expert : vous maintenez l’ordre à la cour du duc.
Maître : votre talent à l’épée est connu à travers tout le
royaume.
Possédé par : escrimeurs, pratiquants d’arts martiaux, assassins,
voyous, chevaliers.
Spécialités : désarmer, armes improvisées, riposter, rapière.
Représentation
La compétence de Représentation couvre un grand nombre de
domaines artistiques, tels que le chant, la danse, l’art du conte et la
musique. Au-delà de la simple virtuosité technique, elle symbolise
aussi la présence de l’artiste sur scène et la capacité de captiver son
auditoire. Le personnage connaît l’histoire de son art et peut puiser
dans un large répertoire. Le joueur doit choisir une spécialité de
Représentation.
Novice : vous participez à des bœufs, mais en tant qu’ama-
teur, les projecteurs vous rendent nerveux.
Entraîné : votre chaîne YouTube a ses aficionados.
Compétent : vous travaillez régulièrement et les maisons
de disque s’intéressent à vous.
Expert : célèbre dans la région, vous êtes sur le point de
percer.
Maître : vous figurerez parmi les classiques bien après votre
mort.
Possédé par : acteurs, musiciens, comédiens, mimes, Eshus.
Spécialités : danse, comédie, un instrument de musique, provoquer
des émotions, art du conte.
Survie
Cette compétence permet à un personnage de survivre dans des
environnements inconnus ou hostiles. Il sait comment traquer une
proie, trouver un abri, se déplacer sans risque et se défendre face
166 Changelin : le Songe
au danger. Note : certains environnements urbains sont encore plus
désolés qu’un désert.
Novice : vous pouvez camper la nuit.
Entraîné : vous pouvez distinguer les champignons mortels
des comestibles.
Compétent : vous vous acclimatez rapidement à n’importe
quel environnement.
Expert : vous pourriez survivre indéfiniment en pleine
nature.
Maître : vous ne manqueriez de rien même dans le Sahara.
Possédé par : explorateurs, gardes forestiers, survivalistes, soldats,
chasseurs.
Spécialités : recherche de nourriture, environnements spécifiques,
pistage, chasse, exploration urbaine.
Compétence professionnelle
Cette catégorie comprend tout ce que le conteur juge pouvoir être
une capacité enseignée et principalement active dans la nature.
Avant d’autoriser une compétence professionnelle, le conteur doit
d’abord déterminer si une activité particulière correspond ou non à
une spécialité figurant déjà dans une autre compétence (par exemple,
crochetage et vol de portefeuilles sont déjà des spécialités de Larcin).
Novice : vous êtes un débutant.
Entraîné : vous maîtrisez les bases.
Compétent : vous pourriez vivre de votre activité.
Expert : vous connaissez les aspects plus obscurs de votre
compétence.
Maître : vous faites autorité dans ce domaine.
Suggestions de compétences professionnelles : brassage, déguisement,
évasion, pièges.
Les connaissances
Les connaissances impliquent l’utilisation de l’esprit et s’acquièrent
par l’étude et la recherche, souvent au bout de nombreuses années
consacrées au sujet. Si un personnage ne possède aucun point dans
une connaissance, il ne peut pas tenter de faire un jet. Cependant,
des matières que l’on considère comme étant de notoriété publique
ne nécessitent pas de jet.
Droit
Cette connaissance comprend la maîtrise des statuts et des droits
légaux, de leur application et de la jurisprudence aussi bien parmi
les humains que parmi les Kithains. Si le personnage a des ennuis
avec la police, cette capacité lui permettra de se sortir de prison. S’il
contrarie le baron local, il en aura besoin pour se défendre contre
le système légal féerique qui se dresse contre lui.
Lycéen : vous savez quand plaider coupable ou non coupable,
et vous avez appris les lois de l’Escheat.
Étudiant : vous pourriez réussir l’examen du barreau.
Professeur : les gens veulent vous engager quand ils ont
des problèmes avec la justice.
Docteur : vous pourriez être juge à la Cour de cassation.
Savant : vous trouvez des failles même dans le serment le
plus hermétique ou la Geis la plus sibylline.
Possédé par : policiers, juges, législateurs, nobles, chevaliers.
Spécialités : protocole judiciaire, procédures policières, crimes, lois
des Kithains, l’Escheat.
Énigmes
Cette connaissance symbolise la capacité du personnage à résoudre
les problèmes logiques, les devinettes et les mystères. Il peut ainsi
créer ou percer des codes, utiliser des boîtes à secrets ou tenir tête à
un ennemi particulièrement retors. Le trait Énigmes est indispensable
pour localiser les Sentiers cachés, déchiffrer les rêves et les prophéties
et répondre aux questions des gardiens du Songe.
Lycéen : de temps en temps, vous aimez bien faire un petit
sudoku.
Étudiant : vous savez toujours qui est le coupable avant la
fin.
Professeur : vous trouvez plusieurs bonnes réponses à la
plupart des énigmes.
Docteur : vous découvrez infailliblement les secrets pour
ouvrir des Sentiers.
Savant : vous comprenez les plus grands secrets du Songe.
Possédé par : mystiques, enthousiastes du zen, détectives, onironautes,
adeptes de la Divination.
Spécialités : cryptographie, anciens mystères, énigmes, approche
originale, syllogisme.
Érudition
Cette connaissance recouvre les connaissances générales du person-
nage : littérature, histoire, philosophie, rhétorique et autres sciences
sociales et humaines. On considère qu’un personnage est générale-
ment bien éduqué dans toutes ces disciplines, mais il doit choisir
une spécialité en Érudition, même s’il ne possède pas le niveau 4
dans cette connaissance.
Lycéen : Marignan ? 1515, pourquoi ?
Étudiant : vous appréciez les débats d’idées sans prétention.
Professeur : vous avez publié quelques articles dans des
revues spécialisées.
Docteur : vous n’avez pas écrit l’ouvrage de référence en la
matière, vous en avez écrit toute une collection.
Savant : à l’heure actuelle, vous êtes l’un des experts incon-
testés dans votre domaine.
Possédé par : professeurs, historiens, blogueurs spécialisés, étudiants,
scientifiques.
Spécialités : linguistique, éthique, enseignement, Mérovingiens,
théorie musicale.
Gremayre
Cette connaissance couvre la compréhension que le personnage pos-
sède de la magie, du savoir et des traditions du Glamour. Il l’utilise
lorsqu’il crée un serment, tisse un enchantement, forge un trésor
et découvre l’histoire féerique. Le Gremayre est essentiel lorsqu’il
faut comprendre tout ce qui a un rapport avec le Songe, y compris
la magie mortelle et des Prodigues et les pratiques mystiques.
Lycéen : vous saisissez les fondamentaux de la magie fée-
rique, comme les serments.
Étudiant : vous êtes capable de différencier deux Arts
semblables quand on les utilise.
Professeur : vous possédez une compréhension profonde
des fluctuations du Glamour.
Docteur : vous connaissez des secrets perdus d’avant l’Écla-
tement.
Savant : vous comprenez les mécanismes intérieurs du
Songe.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Possédé par : ensorceleurs, adeptes occultes, érudits, adeptes du New
Age, diseuses de bonne aventure.
Spécialités : savoir féerique, enchantement, tarot, Prodigues, Glamour.
Informatique
Cette connaissance représente la capacité d’utiliser et de program-
mer des ordinateurs, ainsi que les outils portables (smartphones
et tablettes). Elle inclut aussi la maîtrise des forums internet, des
différents wikis et des bases de données dématérialisées. À haut
niveau, le personnage peut créer de faux sites internet et exploiter
les vulnérabilités des logiciels.
Lycéen : vous savez vous servir d’un écran tactile et d’une
souris.
Étudiant : vous utilisez sans mal un grand nombre de
logiciels.
Professeur : vous pouvez manipuler les lignes de commande
et développer des logiciels personnalisés.
Docteur : vous vivez confortablement en tant que consultant
informatique.
Savant : vous êtes sur le point de créer une interface qui
remplacera Google et Facebook.
Possédé par : hacktivistes, pirates informatiques, employés de bureau,
développeurs, support technique.
Spécialités : exploits Zero-Day, langages de programmation spécifiques,
recherches sur internet, administration de base de données, piratage
informatique.
Investigation
Le personnage a appris à faire attention aux détails. Cette connais-
sance indique sa capacité à analyser une scène de crime, trouver des
archives et suivre des pistes. Il peut reconnaître les indices pertinents
et les preuves dans une description de ce qui s’est vraiment passé.
L’Investigation s’ancre fermement dans les preuves et le raisonnement
séquentiel. Les syllogismes souvent utilisés dans les séries télévisées
policières sont tous régis par la connaissance Énigmes.
Lycéen : vous pouvez faire une recherche sur internet.
Étudiant : vous repérez les incohérences dans le récit d’un
témoin.
Professeur : vous feriez un bon détective privé.
Docteur : le FBI veut vous recruter.
Savant : même Sherlock Holmes est impressionné.
Possédé par : détectives, journalistes, mordus de mystères, agents
secrets, chevaliers.
Spécialités : médecine légale, recherches internet, recherches, filature,
psychologie criminelle.
Médecine
C’est l’étude du corps humain, de son fonctionnement et de la manière
de soigner les maux qui l’affligent. Cette connaissance recouvre
les procédures de premiers soins, le diagnostic et le traitement des
infirmités et des blessures, mais aussi les médicaments, légaux et
illégaux, et la posologie pour soulager comme pour porter préjudice.
Lycéen : vous connaissez les gestes de réanimation et pouvez
donner les premiers soins.
Étudiant : vous pourriez travailler comme ambulancier.
Professeur : vous gagneriez votre vie en tant que médecin
généraliste.
Docteur : la neurochirurgie est une routine pour vous.
167
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Savant : vous êtes un pionnier respecté dans votre domaine
médical.
Possédé par : docteurs, diététiciens, hypocondriaques, pharmaciens,
ambulanciers.
Spécialités : médecine d’urgence, pathologie, pharmacopée récréative,
neurologie, nutrition.
Politique
Le personnage comprend la structure politique actuelle, y compris les
gens ayant des responsabilités et la façon dont ils les ont obtenues.
Cette connaissance peut lui servir à naviguer dans les méandres de
la bureaucratie. Sa familiarité avec la politique kithain est essentielle
dans la structure des cours féeriques. En effet, « labyrinthique » est
un doux euphémisme pour décrire les systèmes du pouvoir féerique.
Lycéen : vous êtes un activiste qui savez comment rédiger
une pétition.
Étudiant : vous êtes capable de remplir une demande
d’informations.
Professeur : vous feriez un gestionnaire de campagne efficace.
Docteur : le duc s’en remet à vos conseils.
Savant : vous êtes un faiseur de rois et pourriez choisir le
prochain président.
Possédé par : politiciens, avocats, manifestants, courtisans, Sidhes.
Spécialités : assemblée, état, voisinage, Parlement des Songes, Cour
unseelie.
Sciences
Le personnage maîtrise les mathématiques et les connaissances de
base dans la plupart des sciences, comme la chimie, la biologie ou
l’astronomie. Il maîtrise la méthode scientifique et l’applique dans
sa vie quotidienne. Le joueur doit toujours choisir une spécialité
pour cette connaissance.
Lycéen : vous en maîtrisez les bases et pouvez fabriquer un
fumigène avec des produits ménagers.
Étudiant : vous comprenez les théories majeures de votre
domaine.
Professeur : vous pourriez enseigner les sciences au lycée.
Docteur : vous êtes un chercheur indispensable dans votre
domaine de recherche.
Savant : le comité du prix Nobel voudrait vous parler.
Possédé par : chercheurs, inventeurs, ingénieurs, enseignants,
techniciens.
Spécialités : expériences, théorie, mathématiques, géologie, théorie
de la relativité.
Technologie
Cette connaissance représente la familiarité du personnage avec le
matériel informatique, la robotique et les circuits imprimés. Il peut
fabriquer un ordinateur, réparer un téléphone portable, modifier
une console de jeu vidéo, voire désactiver un système de sécurité
électronique. Si l’appareil possède un processeur ou un circuit
imprimé, il dépend de la connaissance Technologie. La compétence
Artisanats régit les appareils mécaniques. Un personnage doit pos-
séder une spécialité.
Lycéen : vous êtes capable de faire des modifications ou
des réparations assez simples.
Étudiant : vous gagneriez votre vie comme technicien
informatique.
168 Changelin : le Songe
Professeur : vous créez de nouveaux équipements pour
répondre à vos besoins.
Docteur : rien ne vous est impossible avec un tournevis et
un fer à souder à la main.
Savant : vous inventez de nouvelles façons d’interagir avec
le monde.
Possédé par : ingénieurs, scientifiques, fabricants, amateurs d’élec-
tronique, Nockers.
Spécialités : télécommunications, ordinateurs, réparations d’urgence,
robots, sécurité.
Connaissance experte
Tout comme Talent amateur et Compétence professionnelle, il s’agit
d’une catégorie fourre-tout. Une connaissance experte comprend tout
ce qui, aux yeux du conteur, est principalement intellectuel ou mental
par nature, et doit être étudié. Avant d’autoriser une connaissance
experte, le conteur doit d’abord déterminer si ce champ d’expertise
ne figure pas déjà dans une autre connaissance existante (par exemple,
cosmologie et astrologie sont déjà des spécialités de Gremayre).
Lycéen : vous avez lu quelques ouvrages sur le sujet.
Étudiant : vous avez suivi quelques cours dans le domaine.
Professeur : vous avez sans doute une maîtrise sur le sujet.
Docteur : vous publiez régulièrement vos découvertes.
Savant : vous connaissez les mystérieux secrets de votre
domaine.
Suggestions de connaissances expertes : démolitions, finances, champs
de connaissance, théologie, médias.
Les historiques
Les historiques sont des avantages spéciaux dont le personnage
bénéficie grâce à son environnement, ainsi que son statut, ses posses-
sions, ses relations et ses influences. Lorsqu’il sélectionne ces traits,
le joueur doit toujours penser à la manière dont son protagoniste les
a obtenus. Comment est-elle devenue la gardienne de son Trésor ?
Qu’a-t-il fait pour mériter son Titre ?
Le personnage peut se servir de ses historiques pour obtenir des
informations, des objets ou des services. Si ces avantages se suffisent
à eux-mêmes la plupart du temps, il arrive parfois qu’on les associe
à un attribut. Par exemple, le joueur pourrait devoir faire un jet de
Manipulation + Mentor pour asseoir un statut dont il ne bénéficie
pas en temps normal dans la société des changelins ou encore un jet
de Charisme + Titre pour convaincre quelqu’un d’obéir à ses ordres.
Les historiques fluctuent au gré des événements qui se déroulent
dans la chronique. Ils s’améliorent ou diminuent, comme lorsqu’un
personnage gagne un nouveau Rêveur ou perd un objet chimérique.
En revanche, il est impossible de dépenser des points d’expérience
pour augmenter leur valeur. Certains de ces traits peuvent aussi être
mis en commun par les changelins d’une Bande. Pour plus d’infor-
mations sur le sujet, rendez-vous en page 171 à la section « Mise en
commun des historiques ».
Chimère
Cet historique regroupe aussi bien les objets que les compagnons
chimériques. Le joueur doit préciser à quelle catégorie il appartient
sur sa feuille de personnage, et il pourra accumuler jusqu’à cinq
points dans chacune d’entre elles. Pour plus d’informations sur les
objets chimériques, la création d’un compagnon selon les points
octroyés par l’historique et des exemples, reportez-vous au chapitre
sept : le Glamour.
Objets chimériques
Le voile d’un changelin, c’est-à-dire ses vêtements chimériques, se
forme pour l’habiller au moment de sa Chrysalide. Cet historique
représente tous les objets qu’il possède en dehors de celui-ci. L’utilité
et la puissance de ces possessions se quantifient par le score que le
joueur a décidé de leur attribuer. Chaque point représente un rang
reporté sur le tableau des seuils de réussite figurant dans le tableau
page 318, à la section « Créer des objets chimériques ».
Vous possédez un souvenir ou une conversation chimérique
(facture élémentaire).
Votre objet chimérique possède un avantage utile (facture
évoluée).
Vous possédez un objet chimérique assez puissant (facture
complexe).
Vous possédez un objet chimérique puissant (facture de
maître).
Vous possédez un objet chimérique fabuleux (facture
légendaire).
Compagnons chimériques
Les compagnons sont des chimères vivantes nées des rêves
inconscients ou sculptés dans la matière onirique brute, et aux-
quelles le changelin a insufflé la vie. Même si le personnage a pu
s’en faire des amies ou les avoir liées à lui, les chimères puissantes
ont des desseins qui leur sont propres et entrent parfois en conflit
avec celles du changelin. Plus le niveau de cet historique est élevé,
plus le joueur dispose de points pour créer son compagnon avec le
système détaillé en page 320.
Animal de compagnie chimérique simple (20 points).
Chimère semi-intelligente et capable de communiquer (25
points).
Chimère douée d’un langage intelligible et souvent dotée
d’un esprit indépendant (30 points).
Chimère extrêmement intelligente et souvent d’une grande
aide (40 points).
Chimère ancienne ou puissante, une légende à part entière
(60 points).
Contacts
Les Contacts sont des gens auxquels un personnage peut faire appel
s’il a besoin d’informations ou d’assistance. Ils peuvent se montrer
amicaux, mais ils n’offriront pas leur aide ou leurs connaissances
sans contrepartie ou service ultérieur. Le joueur devra décrire ses
Contacts majeurs dans une certaine mesure, et indiquer par exemple
leurs professions ou leurs sphères d’influence.
En plus de ses contacts principaux, le personnage possède un
certain nombre de contacts mineurs. S’il veut les joindre, son joueur
devra faire un jet de Manipulation ou Astuce + Contacts (difficulté
7), et chaque réussite obtenue lui permettra de parler à l’un d’entre
eux. Il peut les intimider, les corrompre ou s’arranger avec eux pour
obtenir ce qu’il veut.
Les personnages peuvent mettre cet historique en commun au
sein de leur Bande.
Un contact majeur.
Deux contacts majeurs.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Trois contacts majeurs.
Quatre contacts majeurs.
Cinq contacts majeurs.
Mentor
Quand on découvre une Chrysalide, les autres fées se précipitent afin
de protéger et d’instruire le nouveau changelin avant que la Banalité
ne l’emporte. Le lien entre un Mentor et un oisillon dure souvent
toute une vie, comme celui entre un parent et un enfant. Il peut
devenir un guide inestimable dans les méandres de la société des
Kithains, défendre son protégé et l’informer des éventuelles occasions
de progresser dans la hiérarchie. Certains Mentors attendent quelque
chose en échange, comme de l’aide pour accomplir de petites tâches
ou pour protéger le Domaine des déprédations des cauchemars.
Votre mentor est plein de bonne volonté, mais il ne sait pas
grand-chose d’important ou bien il n’a guère de relations.
Votre mentor est honnête, mais il ne connaît que quelques
informations ou quelques personnes notables.
Votre mentor connaît des secrets importants et des chan-
gelins bien introduits.
Votre mentor possède des connaissances extraordinaires
et bénéficie de l’oreille du duc.
Votre mentor connaît les secrets du Songe et peut obtenir
audience auprès du Haut-Roi.
Possessions
Quelle que soit leur taille, les Domaines sont une denrée extrême-
ment rare et précieuse dans la société féerique. Être le gardien de
l’un d’entre eux offre une réserve stable de Glamour, mais le rôle
donne un certain nombre d’obligations. Il faut l’entretenir tous les
ans afin de raviver son Brasier. Si son possesseur est un noble, les
roturiers progressistes peuvent voir son Domaine comme un symbole
de l’oppression et chercher à le libérer. S’il est roturier, les nobles
traditionalistes peuvent y voir un affront à l’ordre naturel et vouloir
rendre le lieu à ses légitimes propriétaires. Si son existence reste
secrète, les changelins qui en ont vent pourraient bien en concevoir
de la jalousie et chercher à se l’approprier.
Le score dans cet historique détermine la quantité de Glamour
que le Domaine produit ainsi que sa taille physique. Vous trouverez
plus d’informations sur les Domaines et des exemples au chapitre
sept : le Glamour. Les personnages peuvent mettre cet historique
en commun au sein de leur Bande.
Vous protégez l’étincelle d’un Domaine qui produit un
point de Glamour.
Vous prenez soin d’un petit Domaine qui produit deux
points de Glamour.
Vous êtes le gardien d’un Domaine de taille moyenne qui
produit trois points de Glamour.
Vous avez la responsabilité d’un grand Domaine qui produit
quatre points de Glamour.
Vous supervisez un immense Domaine qui produit cinq
points de Glamour.
Réminiscence
La vie actuelle d’un personnage en tant que changelin n’est pas la
première. Tous ceux qui ont choisi de suivre la Voie du Changelin
169
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
ont vécu d’innombrables existences. Un Sidhe d’Arcadie était une
fée immortelle qui a vécu une éternité, puis a échangé son âme avec
celle d’un mortel au moment où elle est arrivée dans le monde de
l’Automne. En général, les Brumes se chargent d’effacer entre deux
vies les souvenirs de l’esprit du changelin. Cependant, un person-
nage qui possède cet historique expérimente de temps en temps des
visions de son passé.
Quand il interagit avec des changelins, des créatures ou des lieux
du Songe, le joueur fait un jet d’Intelligence + Réminiscence pour
se rappeler certains détails sur le sujet. La difficulté de ce jet dépend
du degré de méconnaissance de l’information. Pour se rappeler un
détail de notoriété publique, la difficulté sera de 6, tandis que s’il
doit se souvenir de l’emplacement d’un Domaine perdu depuis
l’Éclatement, elle sera de 8. De plus, le joueur peut substituer son
niveau de Réminiscence à l’attribut utilisé pour une tâche ordinaire,
et le faire un nombre de fois égal à la valeur de son historique au
cours du scénario.
Vos souvenirs sont flous lorsqu’un événement les provoque.
Vous bénéficiez d’informations précises après un élément
évocateur.
Vous revivez des flash-back pertinents même sans élément
évocateur.
Vous vous souvenez d’informations remarquables, y compris
des événements majeurs.
Vous vous rappelez clairement de grands pans de votre
histoire, dont des vies entières.
Ressources
Les Ressources symbolisent les moyens financiers du personnage, sa
fortune et son revenu mensuel. Ces actifs peuvent être des liquidi-
tés, mais au fil de la progression de cet historique, ils perdent leur
caractère numéraire. Ce sont des actions, des obligations, des terres
ou des propriétés, et même des infrastructures criminelles. Bref, tout
ce que le personnage peut acheter ou vendre, même si cela lui prend
des semaines ou des mois. Ne pas choisir cet historique ne signifie
pas toujours que le personnage est démuni. Ses revenus passent
simplement tous dans la nourriture et les factures. Les joueurs
peuvent mettre des points en commun pour acquérir cet historique.
Suffisant. Vous pouvez louer une petite résidence, typique
de la classe moyenne, tant que vous faites attention.
Modéré. Vous appartenez à la classe moyenne et vous
pouvez vous payer de temps en temps une petite folie.
Confortable. Vous êtes un membre éminent de votre com-
munauté et bénéficiez d’une généreuse capacité d’emprunt.
Riche. Vous êtes plus riche que la majeure partie de votre
entourage. Vous utilisez rarement du liquide, et vous
préférez améliorer votre situation financière autrement
qu’avec des billets.
Fortuné. Vous faites partie du 1 %. Vos actifs sont nom-
breux, répartis dans le monde entier et parfois liés aux
finances des nations.
Rêveurs
Les changelins récoltent la majeure partie de leur Glamour en
inspirant des Rêveurs. Cet historique représente le nombre de per-
sonnes de qui il peut tirer ce Glamour. Cultiver un Rêveur s’avère
une expérience intime qui tisse des liens psychologiques par la
170 Changelin : le Songe
confiance ou la crainte. En général, le Rêveur accepte volontiers de
rendre service à son changelin, mais il ne se montre pas aussi loyal
ou efficace qu’un membre de sa Suite. Le joueur devra donner des
détails sur la façon dont son personnage l’inspire et la forme que
prend le Glamour qu’il récolte.
Du fait de ce lien unique, le changelin sait déjà comment inspi-
rer son Rêveur. Chaque point investi dans cet historique offre une
réussite automatique sur le jet initial de Perception + Acuité pour
commencer la Rêverie. Les changelins moins délicats bénéficient d’une
réserve de Rêveurs dans laquelle ils peuvent puiser pour leur Ravage.
Un Rêveur.
Deux Rêveurs.
Quatre Rêveurs.
Six Rêveurs.
Huit Rêveurs.
Suite
Cet historique comprend les Kinains, les humains Enchantés et les
vassaux sous les ordres d’un personnage. Ils le suivent par loyauté,
ou bien parce qu’ils sont contrôlés par la magie ou purement et
simplement manipulés. Ils obéiront au changelin au mieux de leurs
capacités, mais certains pourraient tout à fait le trahir si l’occasion se
présentait, surtout s’ils sont maltraités ou liés à lui contre leur volonté.
La Suite d’un personnage compte les membres hautement compé-
tents de sa garde d’honneur ou ses serviteurs personnels. Toutefois,
ils ne sont pas infaillibles, pas plus qu’ils ne constituent une chair à
canon anonyme taillable et corvéable à merci. Le joueur devra définir
chaque personnage qui en fait partie, avec ses forces et ses faiblesses,
et établir les circonstances de son arrivée à son service. Les joueurs
peuvent mettre des points en commun pour acquérir cet historique.
Une personne.
Deux personnes.
Quatre personnes.
Six personnes.
Dix personnes.
Titre
Grâce à un Titre, le personnage occupe un rang dans la société des
Kithains. Tous les changelins n’en ont pas, et rares sont ceux qui
parviennent à dépasser le statut d’écuyer. Le Titre en lui-même confère
peu de pouvoir tangible et la majorité des nobles ne possèdent pas de
domaines. Cependant, même un baron ou un duc sans terre détient
une influence sociable considérable. Les changelins sont bien plus
enclins à échanger des services avec les représentants de l’autorité,
que ce soit pour faire progresser leur propre position sociale, ou
encore parce que la plupart des titres, en particulier celui de cheva-
lier, s’obtiennent grâce à la compétence et la réussite personnelles.
Les Sidhes sont les plus nombreux à bénéficier de titres, mais
depuis le traité de Concorde, il n’est pas rare que les membres d’autres
kiths parviennent à atteindre certains rangs, en général écuyers
et chevaliers. Les roturiers introduits dans la noblesse gagnent le
Privilège et la Fragilité de la maison qui les accueille.
Écuyer, écuyère, gentilhomme ou gente dame.
Chevalier ou dame.
Baron ou baronne.
Comte ou comtesse.
Duc ou duchesse.
Trésors
Un Trésor est un objet courant imprégné de Glamour. De même que
les changelins, ces artefacts existent simultanément dans le royaume
de l’Automne et le monde chimérique. Ils possèdent des capacités
magiques correspondant au Glamour qu’on leur a insufflé. En géné-
ral, il s’agit d’un Art lié au Trésor, mais il arrive parfois qu’un tel
objet naisse spontanément d’une surcharge émotionnelle en relation
avec lui. Tant qu’un changelin possède un Trésor, il ne peut pas se
perdre à cause de la Banalité. Vous trouverez d’autres informations
sur les Trésors et leur création, ainsi que quelques exemples, dans
le chapitre sept : le Glamour.
Ordinaire, rang 1 d’un Art.
Peu ordinaire, rang 2 d’un Art.
Rare, rang 3 d’un Art.
Unique, rang 4 d’un Art.
Légendaire, rang 5 d’un Art.
Mise en commun
des historiques
Cette catégorie d’historiques correspond à des ressources partagées,
la propriété commune de la Bande. Ses membres peuvent souhaiter
mettre leurs Contacts, leurs Possessions, leurs Ressources ou leur
Suite en commun, dans le but d’obtenir des résultats supérieurs à
ceux qu’ils auraient décrochés à titre individuel. Tous les personnages
qui contribuent à la constitution de ces traits partagés, que ce soit
un ou cinq points, bénéficient d’un accès équivalent aux historiques
mis en commun.
Chapitre trois : création de personnage & traits
L’ancrage
Les joueurs doivent choisir un historique qui va devenir l’ancrage,
et expliquer et réunir toutes les « ressources » du groupe. Cet histo-
rique forme le noyau autour duquel gravitent les autres historiques
partagés par tous les joueurs. Aucun historique secondaire mis en
commun ne peut posséder une valeur supérieure à celle de l’ancrage.
Par exemple, les membres d’une Bande souhaitent constituer
ensemble une Maisonnée et profiter de tous les avantages qui l’ac-
compagnent. Ils décident donc que Possessions sera l’historique
d’ancrage. Les joueurs réunissent assez de points d’historique pour
acquérir 4 points dans ce trait, ce qui offre à leur groupe un grand
Domaine d’une puissance modérée. Ils décident ensuite qu’ils
doivent avoir une équipe aussi impressionnante et mettent donc
en commun un nombre équivalent de points dans leur Suite. Le
groupe ne peut pas investir 5 points dans cet historique, car leur
ancrage n’en compte que quatre.
La Bande profite de son Domaine jusqu’à l’attaque d’un Dauntain.
Les personnages parviennent à repousser l’assaut, mais pas à empê-
cher l’extinction partielle du Brasier. La valeur des Possessions du
groupe passe à 3 et comme il s’agit de l’ancrage, l’autre historique
partagé du groupe ne peut pas garder son niveau actuel. Il doit lui
aussi descendre à 3. Le conteur décide que le Domaine ne produit
plus assez de Glamour pour Enchanter tous ses occupants, et qu’une
partie des serviteurs doit s’en aller.
171
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Limites supérieures
Les historiques mis en commun permettent de dépasser la limite
habituelle de 5 points. Il n’existe pas vraiment de limite en ce qui
concerne les historiques partagés, mais les choses risquent d’échap-
per à tout contrôle si le conteur ne se montre pas prudent. C’est
pourquoi il devrait imposer une limite de 10 points sur l’historique
d’ancrage (et donc de tous les autres).
Le conteur devrait également prendre en considération l’aug-
mentation de ces historiques, et d’améliorer leur fiabilité plutôt
que leur niveau quantitatif. Par exemple, si la Bande possède un
Domaine à 8 points, quel intérêt de rivaliser avec la magnificence
de Tara Nar ? En revanche, il pourrait se révéler beaucoup plus
difficile à capturer. Vous équilibrez ainsi les attentes des joueurs et
les besoins de la chronique.
La Volonté
La Volonté mesure la détermination d’un personnage face à l’adversité
ou sa discipline face à la tentation. Lorsque des forces extérieures
menacent de le submerger ou qu’il est sur le point de perdre le
contrôle de lui-même, la Volonté lui permet de se préparer et de se
raccrocher à son récit personnel.
Sur la feuille de personnage, la Volonté permanente se note à
l’aide des ronds, et la Volonté temporaire à l’aide des carrés situés
juste en dessous. Quand le joueur dépense 1 point de Volonté,
il coche un point de la réserve temporaire (les carrés), et non du
niveau (les ronds). Le niveau de Volonté permanente constitue la
limite de la réserve temporaire du personnage. Si celui-ci dépense
tous ses points, il sera trop épuisé sur le plan physique et mental
pour continuer à se dépasser.
Niveaux de Volonté
Amorphe
Versatile
Incertain
Hésitant
Sûr
Confiant
Déterminé
Résolu
Volontaire
Inébranlable
Utiliser la Volonté
Voici quelques-unes de ses utilisations possibles.
Réussite automatique
Surpasser une contrainte
Chasser le Tumulte
Ignorer les blessures
Vous trouverez dans le chapitre six : systèmes et effets dramatiques
plus de détails sur l’utilisation de la Volonté.
Récupérer de la Volonté
Un personnage peut regagner de la Volonté s’il accomplit son Héritage
primaire ; le conteur peut lui accorder jusqu’à 5 points de Volonté
selon l’importance de l’exploit.
172 Changelin : le Songe
Il peut également regagner 1 point de Volonté après une bonne
nuit de sommeil ininterrompu passée à rêver. S’il est dérangé pendant
qu’il se repose, le conteur peut décider de ne pas le lui permettre.
Les personnages peuvent reconstituer toute leur réserve de
Volonté à la fin d’un scénario. Si l’histoire s’achève sur leur défaite
ou s’ils sont démoralisés, le conteur pourra limiter le nombre de
points regagnés, voire ne pas leur permettre du tout d’en récupérer.
Si un personnage a dépensé toute sa réserve de Volonté tempo-
raire, il peut sacrifier un point de Volonté permanente et obtenir un
nombre de points de Volonté temporaire égal à son nouveau score
permanent dans ce Tempérament.
Le Glamour
Le Glamour est de la matière onirique à l’état brut. La passion et
la tragédie, l’espoir et la peur, la joie et le chagrin, bref, tout ce qui
conduit une personne à ressentir des émotions intenses, s’extraire
de sa routine quotidienne et accomplir le potentiel qu’il renferme.
On le voit dans l’artiste qui abandonne une carrière assurée pour
réaliser son rêve. Il irradie de l’astronome qui œuvre à percer les
secrets de l’univers. Il se révèle dans le pratiquant sincère, inspiré à
apporter dans sa communauté la justice sociale.
Le trait de Glamour représente la relation entre le personnage
et les pierres angulaires du Songe. Plus son score permanent de
Glamour est élevé, plus il exerce de contrôle sur le monde chimé-
rique. À l’instar de la Volonté, le Glamour temporaire ne peut pas
dépasser le Glamour permanent.
Utiliser le Glamour
Voici quelques-unes de ses utilisations possibles.
Lancer les charmes
Invoquer le Wyrd
Enchanter un mortel
Sceller un Serment
Vous trouverez dans le chapitre six : systèmes et effets dramatiques
plus de détails sur l’utilisation du Glamour.
Engranger du Glamour
Les changelins disposent de plusieurs façons de récolter le Glamour,
on appelle ces différentes manières les cinq voies vers l’Épiphanie.
La Délectation : un changelin peut reconstituer son Glamour en
agissant conformément à sa nature. Les méthodes varient d’un
kith à l’autre.
La Rêverie : les changelins peuvent inspirer d’extraordinaires exploits
aux mortels. Le fruit du travail d’un Rêveur permet à celui qui l’a
inspiré de récolter du Glamour.
L’Extase : grâce à l’introspection, l’imagination et les grandes
épreuves, un changelin peut unir ses moitiés féerique et humaine
et s’inspirer lui-même, ce qui lui permettra de raviver ses réserves
de Glamour.
Le Ravage : le changelin attaque violemment l’esprit d’un mortel,
canalise sa propre Banalité et extrait de force tout le Glamour de
l’humain pour se l’approprier.
La Rhapsodie : interdite par les Kithains, le changelin peut insuffler
tant de Glamour à un mortel qu’il explose en un dernier jaillis-
sement de créativité, mais ne sera ensuite plus jamais capable de
créer quoi que ce soit.
 Parmi les sources de Glamour supplémentaires, citons l’écume
et le temps passé au cœur d’un Domaine. Vous trouverez
d’autres informations sur la façon d’engranger du Glamour et
les cinq voies vers l’Épiphanie dans le chapitre six : systèmes
et effets dramatiques.
Un changelin peut sacrifier un point de Glamour perma-
nent et obtenir un nombre de points de Glamour temporaire
égal à son nouveau score permanent dans ce Tempérament.

La Banalité
La Banalité symbolise le détachement, l’existence perdue dans
une spirale de répétition sans aucune aspiration et qui n’a plus
rien à perdre. Elle sature le monde, étouffe tous ses habitants.
On peut la voir dans celui qui s’échine au travail et cumule
trois emplois payés au salaire minimum, qui mange grâce aux
associations et qui pourtant n’arrive pas à boucler ses fins de
mois. Il est simplement trop occupé à survivre pour rêver.
La Banalité infecte aussi la cadre dans son entreprise depuis
moins d’un an, qu’on vire pour incompétence, mais qu’on a
remerciée avec un joli parachute doré de plusieurs dizaines
de millions. Sans envie de rêver ni de prendre des risques,
elle se contente d’errer sans but dans la vie.
Le trait mesure à quel point la Banalité a corrompu la
vision d’un personnage sur la vie, sa capacité à éprouver de la
passion ou à aspirer à autre chose que sa routine quotidienne.
Tout comme la Volonté et le Glamour, la Banalité a un score
permanent et une réserve temporaire, mais contrairement
aux deux autres Tempéraments, la première valeur ne limite
pas la seconde.

Effets de la Banalité
Une fois qu’elle s’est insinuée dans le changelin, la Banalité
étouffe lentement son étincelle de Glamour. Un jeune chan-
gelin qui a sombré dans l’Oubli peut se reconstruire une vie,
mais il ne pourra jamais se réaliser pleinement. Si l’Oubli l’a
emporté après qu’il a vécu toute une existence, ces signes seront
souvent interprétés comme une démence sénile.
Pour affecter quelque chose à l’aide de son Glamour, un
changelin doit surmonter la Banalité. S’il tente de lancer
un charme, d’Enchanter un mortel ou d’entreprendre une
action qui implique l’usage du Glamour, la Banalité de la
cible influence la difficulté du jet de dés. De la même manière,
un changelin peut utiliser sa propre Banalité pour annuler le
Glamour, ce qui pourra contrer les charmes qui le prennent
pour cible ou conjurer les Brumes pour échapper temporaire-
ment à la réalité chimérique. La description de cette action,
baptisée « Invoquer l’Automne », figure en page 271.

Engranger de la Banalité
L’humanité adoptée par le changelin est un bouclier imparfait
contre la Banalité. Certaines situations et des actions précises
peuvent déclencher un moment d’apathie et faire se désengager
sa part féerique. Et c’est tout ce dont la Banalité a besoin pour
s’insinuer dans son âme.
Quand un personnage se retrouve face à une amorce à
la Banalité, son joueur fait un jet de Glamour (difficulté 8),

Chapitre trois : création de personnage & traits 173

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

s’il le rate, le changelin gagne 1 point de Banalité. En cas d’échec
critique, il gagne également 1 point de Banalité pour chaque « 1 »
obtenu sur les dés (voir Les échecs critiques, page 245).
Pour les amorces sévères, la difficulté peut augmenter. Dans les
cas volontairement nuisibles, comme tuer un changelin à l’aide d’une
arme en fer froid, le conteur peut décider que le personnage subit
automatiquement des points de Banalité. S’il dépasse 10 points de
Banalité temporaire, tous les points s’effacent et il gagne un niveau
de Banalité.
Les amorces à la Banalité
Elles affectent pour la plupart tous les changelins. Cependant, son
état d’esprit, c’est-à-dire l’Aspect du personnage, le protège de cer-
taines amorces et lui en ouvre d’autres. Si un événement ne figure
pas dans la liste proposée, mais qu’il semble constituer une amorce,
le conteur décidera en dernier lieu si cette amorce survient. Tous
les changelins possèdent aussi une amorce unique qu’on appelle
l’Antipode et dont nous reparlerons sous peu.
Invoquer l’Automne pour résister à un charme ou à un effet
chimérique.
Ne pas réussir à surpasser la Banalité d’une cible au moment de
l’Enchanter (cela ne s’applique pas aux Gamins).
Détruire volontairement un Trésor ou n’importe quel autre artefact
féerique irremplaçable.
Tuer la part chimérique d’un changelin (les Vauriens sont immunisés
à cette amorce la plupart du temps).
Mettre un terme à la vie mortelle d’un changelin.
Tuer un Enchanté, un Rêveur mortel ou un Kinain.
Porter du fer froid.
Récolter le Glamour d’un humain par le Ravage ou la Rhapsodie.
Rompre un serment.
Gamins
Amorce : un Gamin risque la Banalité lorsqu’il écarte une idée nouvelle.
Immunité : rien ne peut empêcher un Gamin d’essayer de nouvelles
choses. Échouer à surmonter la Banalité ne l’affecte pas. Pour lui,
il vaut mieux tenter et échouer que ne rien faire du tout.
Vauriens
Amorce : un Vaurien invite la Banalité à s’installer lorsqu’il refuse
une occasion de partir à l’aventure.
Immunité : le conflit est inhérent à l’aventure. Tuer le double chimé-
rique d’un changelin et les chimères ne l’affecte pas tant que cela
sert sa dernière escapade.
Grincheux
Amorce : un Grincheux provoque la Banalité lorsqu’il ne parvient pas
à répondre aux besoins de quelqu’un ou de quelque chose qu’on
a placé sous sa responsabilité.
Immunité : il faut parfois supporter les choses désagréables. Passer
du temps dans l’entourage des gens ou à proximité de lieux très
touchés par la Banalité ne l’affecte pas, tant que cela est nécessaire
(cf. pages 267-269).
L’Antipode
Tous les changelins ont un Antipode, quelque chose qui entre en
conflit avec leur essence même. Chacun est profondément lié à l’in-
dividu et il n’en existe pas deux pareils. Rencontrer son Antipode
174 Changelin : le Songe
amorce chaque fois en lui la Banalité. Joueur et conteur devraient
aborder ensemble le sujet et déterminer celui qui conviendrait le
mieux au personnage. L’Antipode peut changer au moment où il
change d’Aspect. Vous trouverez dans le chapitre six d’autres infor-
mations sur les amorces et l’Antipode.
Effacer la Banalité
Un changelin peut repousser la Banalité grâce au Glamour. Quand
il gagne un point dans ce trait, il peut le dépenser pour effacer un
point de Banalité, mais il n’en a la possibilité qu’au moment où il
gagne ce point de Glamour.
Il lui est aussi possible de combattre la Banalité en se lançant
dans une Quête ardue et périlleuse.
Coup d’éclat : le changelin retrouve un élément vital pour le Songe.
Source d’inspiration : le personnage pousse un mortel vers de tels
sommets qu’il devient lui-même une source d’inspiration.
Appel du Songe : le changelin guide un mortel consumé par la
Banalité afin de lui faire toucher le Songe du doigt.
Le changelin doit prêter un serment pour entreprendre une Quête.
S’il y parvient, le joueur efface un niveau de Banalité et s’il échoue,
il en gagne un. Ces actions figurent en détail dans le chapitre six
(cf. page 271).
La santé
Les changelins sont des créatures de rêve et de chair. Si leur part
féerique est immortelle, ce n’est pas le cas pour leur moitié humaine.
Le personnage peut ignorer la plupart des sources de dégâts chimé-
riques, et si elles l’atteignent quand même, il s’en relèvera bien vite.
Les blessures ordinaires sont tout à fait différentes. Si sa part mortelle
subit des dégâts, ce qui n’égratignerait même pas sa part féerique
l’obligera à garder le lit pendant au moins une semaine.
La santé quantifie les blessures d’un personnage sur deux échelles
différentes, l’une pour sa Guise mortelle et l’autre pour son Visage
féerique. Chaque niveau de santé applique une pénalité, mais il ne
subira que la plus élevée des deux (chimérique ou ordinaire). Au fil des
blessures, sa capacité à agir diminue. Par exemple, un changelin qui
a subi une blessure légère enlève un dé à son groupement et avec une
infirmité, il en enlève cinq. S’il n’a plus de dés dans un groupement
particulier, il ne peut pas entreprendre cette action. Vous trouverez
plus d’informations sur la santé, la guérison et les sources de dégâts
dans le chapitre six : systèmes et effets dramatiques.
Contusion : (0) le personnage est légèrement contusionné et ne subit
aucune pénalité.
Blessure légère : (–1) la blessure est superficielle et n’entraîne aucune
limitation au déplacement.
Blessure moyenne : (–1) la blessure est un peu plus grave et les dépla-
cements plus difficiles.
Blessure grave : (–2) Le personnage est sérieusement atteint et ne peut
plus courir (mais il peut encore marcher).
Handicap : (–2) le personnage est salement touché et ne peut plus
que boitiller.
Infirmité : (–5) le personnage est très gravement blessé et ne peut
que se traîner au sol.
Invalidité : le personnage est inconscient et ne peut entreprendre
aucune action.
L’expérience
Au cours de la chronique, les personnages, un peu comme les joueurs
tout au long de leur vie, tirent des enseignements de leurs erreurs
et de leurs réussites. Partant, ils évoluent. Les changements sont
inévitables, en particulier pour les créatures versatiles et oniriques
que sont les fées.
Dans Changelin, les changements les plus importants d’un
personnage ne se voient pas sur sa feuille (ou si c’est le cas, ils ne
coûtent rien). Les personnages apprennent, aiment, souffrent et
(peut-être) l’emportent au fil d’une chronique. D’ailleurs, celle-ci
raconte l’histoire de ces bouleversements.
De plus, les personnages améliorent leurs compétences, magiques
ou classiques. Un système de récompense, appelé points d’expérience,
est utilisé pour simuler ces changements plus quantitatifs. Les points
d’expérience traduisent l’amélioration des caractéristiques d’un
changelin à mesure que le temps passe.
À la fin de chaque chapitre, le conteur distribue des points
d’expérience à tous les membres du groupe. Les joueurs notent alors
combien leur personnage en a gagné. Entre les scénarios (ou, si le
conteur l’autorise, entre les chapitres), les joueurs peuvent dépenser
leurs points d’expérience pour obtenir ou augmenter des traits.
Les points d’expérience peuvent être utilisés pour augmenter des
attributs, pour acquérir de nouvelles capacités ou améliorer celles qui
existent, pour approfondir des Arts et des Royaumes ou en apprendre
d’autres, ou pour développer la Volonté et le Glamour. Il est impos-
sible d’obtenir des historiques par le biais des points d’expérience,
seulement par l’interprétation. Par exemple, le personnage se fait
un nouvel ami, hérite d’un oncle d’Amérique ou dérobe un Trésor.
Le coût de tous ces changements varie beaucoup, comme le montre
le tableau qui figure en page 176.
Les points d’expérience se dépensent pour augmenter les traits
(du moins la plupart d’entre eux ; voir plus bas). Le tableau en marge
énumère les coûts des différentes progressions, et la plupart d’entre
elles sont basées sur le niveau actuel du trait multiplié par une cer-
taine valeur. Par exemple, si un joueur veut faire passer son Acuité
de 3 à 4, il devra investir 6 points d’expérience. Obtenir le premier
point dans un nouveau trait se paie par un coût fixe. Si le joueur
veut acquérir une nouvelle capacité que son personnage ne possède
pas encore, il s’acquittera de 3 points et ouvrira cette capacité à 1.
Le conteur est le seul arbitre en ce qui concerne le nombre
de points reçus par chaque personnage, ainsi que les traits qui
peuvent être augmentés. De la même manière, il devrait superviser
la dépense de ces points. Un joueur peut souhaiter investir dans des
caractéristiques qui ne reflètent honnêtement pas ce qu’il a appris au
cours du scénario ou de la chronique, auquel cas le conteur peut s’y
opposer. Par exemple, s’il n’a pas utilisé sa capacité Mêlée durant tout
le scénario, elle n’a pas pu s’améliorer, et donc le conteur ne devrait
pas lui permettre de l’augmenter. Remarquez que le personnage n’a
pas besoin d’utiliser un trait avec succès pour y investir des points
d’expérience. Nous apprenons tout autant de nos échecs que de nos
réussites, et les fées ne sont pas différentes.
En tant que conteur, essayez d’être équitable lors de la dépense
des points d’expérience, et ne donnez pas l’impression aux joueurs
qu’ils n’ont plus aucun contrôle sur le devenir de leurs personnages.
Demandez-leur ce que, d’après eux, leurs protagonistes ont appris
avant de distribuer les points, et utilisez en partie cet avis comme base
de votre décision. Ces limitations sont destinées à donner un peu
plus de réalisme. Si les changements sont complètement aléatoires,
Chapitre trois : création de personnage & traits
l’effet est manqué. Intégrez-les au cours des événements et faites en
sorte qu’ils reflètent ce qui vient de se passer.
Aucun trait ne peut être augmenté de plus d’un point à la fois
au cours d’un scénario. Les changements importants prennent du
temps, et le jeu doit tenir compte de cette limite.
Nouveaux traits
Améliorer des traits existants peut se faire assez facilement, tant que
le personnage utilise ou pratique la caractéristique en question. En
revanche, en apprendre d’autres est un peu plus difficile. Apprendre
une compétence, une connaissance, un Art ou un Royaume entière-
ment nouveau demande un minimum de formation et d’étude en plus
de la dépense des points d’expérience. Cet apprentissage est parfois
simple (quelques jours à s’entraîner avec un ami pour connaître les
bases de la Mêlée), parfois extrêmement difficile (une quête dans
le Songe proche pour découvrir les principes de l’Oniromancie),
mais il doit toujours être suivi. Disposer de l’historique Mentor
peut s’avérer utile, mais même un professeur ne peut enseigner que
ce qu’il connaît.
Conteurs, ne laissez pas les joueurs négliger cet aspect ! Acquérir
et être récompensé par de nouveaux savoirs peut ouvrir la porte à
d’incroyables aventures, surtout pour des traits plus ésotériques
comme les Arts.
Attribuer des points
d’expérience
L’attribution des points d’expérience est une épée à double tranchant.
Vous pouvez tout à fait ruiner votre chronique si vous en accordez
trop, mais aussi si vous vous montrez trop chiche. Si vous en don-
nez plus à certains joueurs qu’à d’autres, vous risquez de donner
l’impression de faire du favoritisme, tout comme vous risquez de
déséquilibrer le jeu. Toutefois, les personnages qui en font le plus,
qui prennent des risques et apprennent de leurs erreurs au lieu de se
laisser porter par les événements, méritent des points d’expérience
pour quantifier les changements qu’ils vivent. Les règles suivantes
doivent vous aider à éviter la plupart des écueils, mais vous êtes libre
de les expérimenter et de les affiner selon vos besoins.
À la fin d’un chapitre
À la fin de chaque séance de jeu, ou chapitre, vous devriez récom-
penser les personnages par 1 à 5 points d’expérience. Un point
est attribué d’office, simplement parce que personnage a vécu les
événements du chapitre. Nous apprenons malgré nous des folies des
autres autant que des nôtres.
Un point automatique : chaque joueur reçoit 1 point à la fin de
chaque chapitre.
Un point pour l’apprentissage : demandez au joueur ce que son
personnage a appris au cours des événements. Si vous êtes d’accord
avec sa réponse, donnez-lui 1 point d’expérience.
Un point pour l’interprétation : le joueur a bien interprété le rôle
de son personnage, pas seulement de façon distrayante, mais éga-
lement de manière appropriée. Le joueur a réagi comme l’aurait
fait son double ludique selon les circonstances. Une interprétation
véritablement inspirée peut mériter 2 points d’expérience.
Un point pour l’héroïsme : Changelin est un jeu sur l’héroïsme,
les idéaux auxquels on reste fidèle et les serments prêtés face à la
tentation ou pire, la Banalité. Les changelins prennent tous les
risques pour sauver des amis ou des Rêveurs du désastre ou de la
175
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 mort. Si le personnage se comporte en héros et parvient à s’en tirer,
il devrait être récompensé. Certains joueurs essaieront peut-être de
détourner cette idée. Ne les laissez pas faire. Il ne faut pas confondre Coûts en points d’expérience
la stupidité et les comportements suicidaires avec l’héroïsme. Trait Coût

À la fin du scenario Attribut niveau actuel x 4

Le conteur peut aussi attribuer des points supplémentaires à la fin Capacité niveau actuel x 2
d’un scénario, si les joueurs ont rempli leur part et que les person- Nouvelle capacité 3
nages ont relevé des défis conséquents. Ne donnez que quelques
points de cette façon, car il s’agit bien d’une « prime » pour un Art niveau actuel x 4
travail bien exécuté. Nouvel Art 7
Un point pour le succès : les personnages ont réussi tout ou partie
Royaume niveau actuel x 3
des objectifs qu’ils s’étaient fixés. Même les petites victoires se
récompensent si elles ont fait avancer le jeu. Nouveau Royaume 5
Un point pour le danger : les personnages ont survécu à de grandes Volonté niveau actuel x 2
difficultés et de graves dangers.
Un point pour la sagesse : le joueur, et donc son personnage, ont mis Glamour niveau actuel x 3
sur pied un plan brillant ou improvisé une stratégie qui a permis à
la troupe de survivre alors qu’elle aurait dû échouer.
D’autres points peuvent être distribués si le conteur le décide, ou s’il
veut que les personnages se développent plus rapidement.
Atouts et handicaps physiques
Les atouts Ambidextre (atout ; 1 point)
et les handicaps Vous êtes très habile de vos deux mains et pouvez utiliser votre main
non directrice sans pénalité. Vous êtes toujours soumis aux règles
Les atouts et les handicaps sont des caractéristiques qui ajoutent des actions multiples, mais vous ne subissez pas de pénalité à la
de la profondeur au personnage, et ainsi permettent aux joueurs difficulté si vous utilisez deux armes ou si vous êtes obligé de vous
de les personnaliser plus en détail et de leur attribuer de bons et servir de votre « mauvaise » main.
de mauvais côtés. Le conteur décide ou non de les autoriser avant
d’achever la création des personnages, car si certains d’entre eux As du volant (atout ; 1 point)
précisent les concepts et les règles qui s’appliquent à eux, d’autres Vous avez une affinité naturelle avec les véhicules motorisés. La
peuvent influencer toute une chronique. difficulté de tous les jets impliquant des manœuvres de conduite
Les atouts et les handicaps doivent s’acquérir pendant la phase risquées ou très compliquées à exécuter diminue de –2.
de création grâce aux points de bonus. Chaque atout a un coût,
tandis que chaque handicap dispose d’une valeur qui s’ajoute au Désarticulé (atout ; 1 point)
total de points de bonus du joueur. Celui-ci peut prendre autant Vous êtes étonnamment souple. La difficulté de tous les jets impli-
d’atouts qu’il le souhaite s’il en paie le coût, mais il lui est impossible quant la souplesse corporelle diminue de –2. Par exemple, vous êtes
de dépasser 7 points de handicaps. En effet, beaucoup d’entre eux capable de vous glisser à travers un espace minuscule.
risquent de désavantager tellement le personnage qu’il deviendra
difficile à jouer. S’il prend ces 7 points, il aura alors 22 points de Résistance aux poisons (atout ; 1 point)
bonus à dépenser à la création parmi les options présentées en Vous avez une résistance naturelle ou vous avez développé vos
page 144, ainsi que dans les atouts. défenses contre tous les types de poisons connus. La difficulté de
Les atouts et handicaps se répartissent en quatre catégories. La tous vos jets d’absorption contre les effets d’un poison ou d’une
catégorie physique comprend tout ce qui influence l’apparence et les toxine diminue de –3.
aptitudes physiques. La catégorie mentale regroupe les capacités et
les limites intellectuelles. La catégorie sociale influe sur les relations Sens aiguisé (atout ; 1 point)
et la réputation dont les changelins jouissent dans certains cercles L’un de vos sens est particulièrement fin, que ce soit l’ouïe, le toucher,
et dans différentes circonstances. La catégorie surnaturelle énumère l’odorat, la vue ou le goût. La difficulté des actions qui font appel à
les capacités paranormales des personnages. ce sens diminue de –2.
Nous encourageons vivement le conteur à passer en revue tous
les atouts et handicaps avant la phase de création, et de noter tous Visage amical (atout ; 1 point)
ceux qu’il souhaite interdire. Certains ne s’accorderont pas à toutes Votre visage inspire la confiance aux gens. L’effet ne disparaît pas
les chroniques ou à des personnages précis. Bien entendu, il pourra si vous expliquez l’erreur, et la difficulté de tous les jets sociaux
créer les siens et symboliser ainsi les éléments uniques du jeu, ajou- appropriés (par exemple, pour les premières impressions, mais pas
ter des restrictions sur ceux qui existent ou encore augmenter la pour l’intimidation) impliquant un inconnu diminue de –2. Cet
puissance (et le coût) de certains d’entre eux. atout ne fonctionne qu’à la première rencontre.

176 Changelin : le Songe


Offrir des atouts
et handicaps
Si les joueurs ne peuvent choisir leurs atouts et handicaps
qu’au cours de la création de leur personnage, n’hésitez pas
à récompenser une interprétation très réussie par l’un de
ces traits. Par exemple, alors que son duc blessé risque de
succomber sous le nombre, une Sidhe héroïque fait rem-
part de son corps et anéantit impitoyablement une bande
de Thallains maléfiques. Elle gagnera 1 à 4 points dans
l’atout social Faveur, en fonction du degré de la menace et
de l’importance du duc. De même, au cours de ce même
affrontement, l’Eshu frappé au visage avec une lame en fer
froid se retrouvera avec une cicatrice pour lui rappeler à
jamais ce qu’il en coûte de défendre son seigneur, et peut-
être aussi avec le handicap physique Mauvaise vue.
Les handicaps offrent aux joueurs de nouvelles occa-
sions d’interprétation. Accorder des points d’expérience
pour ôter du flanc une épine particulièrement douloureuse
convient tout à fait. Le conteur devrait garder à l’esprit
l’impact négatif qu’ils exercent sur un personnage, et faire
en sorte qu’un atout ou un avantage quelconque le remercie
en cours de jeu. Ce cycle karmique dans le décor d’une
chronique permet d’aboutir sur des arcs récompensant les
personnages. Ainsi, la tragédie qui les frappe un jour se
verra plus tard adoucie par une juste rétribution.
Bien entendu, le contraire est tout aussi vrai.
Beauté irréelle (atout ; 2 points)
Votre beauté, troublante de perfection, est bien supérieure à celle des
mortels normaux. Les gens se figent, sidérés devant votre physique
idéal, et pourtant étranger, tandis qu’un malaise inexplicable prend
inconsciemment le dessus. La difficulté de tous les jets visant à attirer
et conserver l’attention d’un changelin ou d’un Enchanté, ou bien
de le rallier à votre cause, diminue de –3. D’autres trouvent votre
beauté surnaturelle et à cause de ce sentiment, la difficulté des jets
effectués pour gagner leur confiance augmente de +1.
Nyctalope (atout ; 2 points)
La nuit aveugle bien des prunelles, mais pas les vôtres. Votre vision
s’ajuste automatiquement à la luminosité ambiante, quelle qu’elle
soit, et vous voyez aussi bien à midi qu’à minuit ou dans les ténèbres
absolues. Cette adaptation se fait spontanément, ce qui vous permet
de ne pas être aveuglé si vous vous trouvez dans l’obscurité et qu’on
allume une chandelle.
Orteils préhensiles (atout ; 2 points)
Vous pouvez accomplir avec vos pieds tous les gestes que vous faites
avec les mains (tirer avec une arme à feu, dessiner, jouer d’un ins-
trument, etc.). La bonne société voit d’un mauvais œil ce genre de
comportement, mais Sluaghs et Pookas se moquent bien de cette
attitude collet monté.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Peau de granit (atout ; 2 points)
Cet atout, très courant parmi les Trolls et les Bonnets rouges, est
assez littéral. Votre épiderme est recouvert d’une fine couche de
pierre très dure, qui le rend beaucoup plus résistant que la normale.
Vous avez quand même la fâcheuse tendance à semer derrière vous
de petits éclats dès que vous vous penchez ou que vous vous pliez.
Vous êtes en permanence protégé par l’équivalent d’une cotte de
mailles (cf. page 285). Si elle n’impose aucune pénalité à la Dextérité,
la difficulté de tous les jets effectués pour se déplacer sans faire de
bruit augmente de +1.
Tireur d’élite (atout ; 2 points)
Que ce soit à l’aide d’un pistolet, d’une flèche ou d’une fléchette,
vous atteignez votre cible avec une grande précision. Vous ne tenez
pas compte des modificateurs de difficulté lorsque vous visez un
point particulier. De plus, si vous ne visez pas, la difficulté de tous
vos jets diminue de –1.
Visage menaçant (atout ; 2 points)
Votre Visage féerique arbore quelque chose de dangereux. Des infa-
mies passées marquent votre apparence comme autant de blessures
ouvertes. D’un regard ou d’un geste, vous êtes capable de terrifier
un autre changelin et de l’obliger à vous obéir. La difficulté de tous
les jets effectués pour menacer ou contraindre les changelins et
les humains touchés par les fées diminue de –3. Toutes les autres
créatures vous trouvent dérangeant et la difficulté pour tenter de les
charmer augmente de +1.
Langue/queue préhensile
(atout ; 2 ou 4 points)
Voilà un trait qui s’avère bien utile, mais aussi potentiellement
repoussant.
Pour 2 points, vous pouvez utiliser votre langue comme un
membre de 60 cm de long, capable d’attraper et de tenir des objets.
Ce n’est pas l’arme la plus efficace qu’il soit et pourtant, vous pouvez
toujours la fourrer dans l’œil de votre adversaire ou vous en servir
pour lui donner une bonne claque bien écœurante. Une fois que
vous avez déployé votre langue, la communication verbale devient
incompréhensible.
Si vous voulez l’utiliser, vous devez faire un jet de Dextérité
+ Athlétisme (difficulté 7). En cas de succès, vous contrôlez totalement
ce membre supplémentaire pendant toute la durée de la scène. En
cas d’échec, vous ne parvenez pas à faire ce que vous aviez l’intention
de faire. En cas d’échec critique, elle pendra lamentablement devant
vous et le spectacle que vous offrirez sera vraiment peu ragoûtant.
Pour 4 points, vous avez une queue semblable à celle d’un singe.
Elle mesure 60 cm de long et peut accomplir des tâches manuelles
simples, comme pousser des boutons ou soulever des objets. Sa Force
est égale à la moitié de celle du changelin (arrondi au supérieur).
Elle peut tenir une arme et son score de Mêlée sera égal à la moitié
de celui du changelin (arrondi au supérieur).
Vous pouvez vous servir de cette queue préhensile avec autant
d’habileté que s’il s’agissait de n’importe quel autre membre.
Désirable (atout ; 3 points)
Vous attribuez votre capacité de séduction à votre apparence et
votre charme, mais la vérité est plus sombre. Vous possédez une
maîtrise dangereuse (et peut-être inconsciente) de vos phéromones.
177
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Votre sensualité attire les amants comme la flamme d’une chandelle
les papillons. Vous êtes le centre irrésistible de l’attention à toutes
les soirées. La difficulté de tous les jets pour lesquels l’attirance
sexuelle joue un rôle diminue de –3. Cet atout n’est d’aucune utilité
face à quelqu’un qui n’éprouve aucune espèce d’attirance pour le
personnage.

Équilibre parfait (atout ; 3 points)

Grâce à de longues heures d’entraînement ou à un talent inné, votre
sens de l’équilibre est aussi prodigieux que celui d’un artiste de cirque
ou d’un oiseau sur un fil. Vous ne tomberez probablement jamais de
votre vie. Vous pouvez trébucher, mais vous vous rattraperez toujours
avant de perdre complètement vos appuis. Cet atout s’applique pour
des actions comme marcher sur une corde raide, se déplacer sur la
glace et escalader une montagne. Toutes les difficultés impliquant
ce genre d’exploit diminuent de –3.

Résistance a la douleur
(atout ; 3 points)
Vous ressentez autant que les autres la douleur, mais elle ne vous
affecte pas de la même manière. Les légendes regorgent de héros
qui continuent de combattre, même après avoir reçu une blessure
mortelle, et ne s’écroulent qu’après avoir remporté la victoire. La
pénalité appliquée aux groupements à chaque niveau de santé dimi-
nue d’un seuil. Par exemple, un Troll légèrement blessé ne sera que
contusionné, et seule la mort l’empêchera d’agir.

Mémoire gustative (atout ; 4 points)

Cet atout, très répandu parmi les Bonnets rouges, vous permet de
vous souvenir du goût de tout ce que vous avez déjà eu l’occasion de
manger, et de l’identifier instantanément si vous en goûtez à nou-
veau. De plus, vous êtes capable de vous diriger vers la source la plus
proche de ce que vous avez goûté et que vous cherchez. Si vous avez
déjà croqué un petit morceau de quelque chose, vous disposez d’un
excellent moyen de retrouver ce repas. Des changelins imaginatifs
ont trouvé d’autres manières d’utiliser ce pouvoir, par exemple pour
remonter la piste des poisons.

Taille gigantesque (atout ; 4 points)

Sous votre Guise mortelle, vous êtes anormalement grand, au moins
2,10 m et 150 kg. Si l’on vous remarque sans peine dans la rue, vous
bénéficiez d’un niveau de santé « Contusion » supplémentaire, qui
s’ajoute à votre échelle de santé.

Bénédiction d’Atlas (atout ; 5 points)

Remarquable parmi les Trolls et considéré comme un véritable
miracle chez les autres kiths, cet atout augmente votre attribut de
Force et votre score potentiel maximum dans cette caractéristique
d’un point. Vous êtes à peine plus grand que vos contemporains,
mais vous semblez taillé dans le marbre. Si l’on venait à savoir que
vous avez été béni par Atlas, on attendrait de vous que vous vous
comportiez en héros ou l’on craindrait de voir naître un chef de guerre.

Allergie (handicap ; de 1 à 4 points)

Vous êtes allergique à une substance. Pour 1 point, elle provoque
de l’urticaire, des éternuements et des vertiges en cas de contact
prolongé avec elle. Pour 2 points, la zone atteinte enfle de manière
inconfortable et la difficulté de vos jets de dés, quels qu’ils soient,
augmente de +1. Pour 3 points, la réaction qu’elle déclenche vous

178 Changelin : le Songe

invalide fortement et cette difficulté augmente de +3. Si l’allergène
est très commun dans votre chronique, ce handicap rapporte 1
point de plus.
Un Bonnet rouge qui mange une chose à laquelle il est allergique
va au-devant de gros problèmes. Il doit faire un jet de Vigueur et s’il
le rate, il vomit tout le contenu de son estomac. En outre, chaque
fois qu’il voudra se livrer à une activité plus fatigante que la marche
pendant la demi-heure qui suit, il devra faire un jet de Volonté. En
cas d’échec, il sera à nouveau pris de violentes nausées.
Asthmatique (handicap ; 1 point)
Comme vous respirez difficilement, vous avez du mal à accomplir des
tâches fatigantes. Votre capacité pulmonaire est réduite et chaque
fois que vous faites un effort, vous devez faire un jet de Vigueur.
En cas d’échec, l’air vous manque, ce qui vous oblige à reprendre
votre souffle, et vous ne pouvez rien faire du tout au prochain tour.
Audition déficiente
(handicap ; 1, 2 ou 4 points)
Votre ouïe est médiocre. La difficulté de tous les jets faisant appel
à ce sens augmente de +2. Pour 1 point, ce défaut peut se corriger
par des appareils auditifs ou un implant cochléaire. Pour 2 points,
la déficience est trop importante pour être corrigée et pour 4 points,
vous êtes complètement sourd. Tous les jets basés sur l’ouïe échouent
automatiquement.
Dépendance (handicap ; de 1 à 3 points) Fragrance du bouc (handicap ; 4 points)
Vous êtes dépendant à une substance ou une expérience. Si cette
addiction peut se satisfaire d’un somnifère, mais que vous ne pou-
vez en obtenir une dose, vous pouvez faire un jet pour éviter que
les brumes de la fugue vous rongent et ne pas amorcer la Banalité.
Si l’addiction est liée à un stimulant, mais que vous ne pouvez en
obtenir une dose, le conteur peut choisir de vous infliger un point
de Cauchemar, voire un Déséquilibre. Pour 1 point, vous devez
satisfaire votre dépendance une fois par semaine, une fois par jour
pour 2 points, et une fois par heure pour 3 points.
Difformité (handicap ; de 1 à 3 points)
Vous êtes affligé d’une difformité qui met les autres mal à l’aise,
et il est facile de se souvenir de vous. Lorsque vous vous retrouvez
face à des gens qui jugent sur les apparences, la difficulté de tous
les jets sociaux augmente de +2. Votre trait d’Apparence ne peut
pas dépasser 2. Pour 3 points, choisissez un attribut physique ; la
difficulté de tous les jets de dés en relation avec lui augmente de +2,
car votre difformité affecte également votre mobilité.
Mauvaise vue
(handicap ; 1, 3 ou 6 points)
Votre vue est déficiente. La difficulté de tous les jets basés sur la
vision augmente de +2. Pour 1 point, ce défaut peut se corriger par
des lunettes ou des lentilles de contact. Pour 3 points, la déficience
est trop importante pour être corrigée et pour 6 points, vous êtes
aveugle. La difficulté de tous les jets basés sur la Dextérité augmente
de +2 et les jets de Perception uniquement basés sur la vue échouent
automatiquement.
Petite taille (handicap ; 1 point)
Vous êtes bien en dessous de la taille moyenne et vous trouvez que le
monde n’est pas fait pour des changelins comme vous. Vous subissez
Chapitre trois : création de personnage & traits
un malus de +2 sur tous les jets en relation avec la poursuite, et le
conteur doit s’assurer de prendre votre taille en compte, quelle que
soit la situation. Dans certaines circonstances, vous bénéficierez d’un
bonus pour vous dissimuler.
Tic (handicap ; 1 point)
Vous avez une sorte de mouvement répétitif en période de stress et
qui permet de vous reconnaître très facilement. Par exemple, vous
avez une toux nerveuse, vous vous tordez les mains en permanence,
vous faites craquer vos articulations, et ainsi de suite. Vous devez
dépenser 1 point de Volonté pour réfréner votre travers.
Trop humain (handicap ; 2 ou 5 points)
Votre part féerique a du mal à transparaître sur votre Guise mortelle.
Pour 2 points, tous les changelins vous regardent avec méfiance. La
difficulté de vos jets sociaux augmente de +2 lorsque vous entreprenez
une action qui prouve indubitablement votre nature féerique. Pour 5
points, vous perdez l’un des Héritages de votre kith et cette méfiance
se transforme en antipathie. Vous décidez lequel vous sacrifiez.
Boiteux (handicap ; 3 points)
Vos jambes sont endommagées et ne fonctionnent pas correctement.
La difficulté de tous les jets en relation avec le déplacement augmente
de +2. Un personnage ne peut pas choisir ce handicap s’il a déjà
sélectionné l’atout Désarticulé.
L’odeur musquée unique et épouvantable que dégage un bouc est
capable de faire pleurer n’importe qui, et vous exhalez à peu près
la même puanteur. Ce handicap n’est pas réservé aux Satyres, mais
il est très répandu parmi eux. Votre fumet n’incommode ni les
Satyres ni les Bonnets rouges. Toutefois, les autres kiths refuseront
de vous approcher, quelles que soient les circonstances. Cela réduit
vos chances de nouer des relations amoureuses, d’obtenir des titres
et même d’engager une simple conversation. La difficulté de tous les
jets sociaux effectués avec des créatures dotées d’un odorat augmente
de +3, sauf si ce sont des Satyres ou des Bonnets rouges.
Atouts et handicaps mentaux
Bon sens (atout ; 1 point)
Vous disposez d’un solide sens pratique et d’une sagesse du quotidien
certaine. Chaque fois que vous êtes sur le point de faire quelque
chose qui va à l’encontre du bon sens, le conteur peut vous mettre
en garde ou faire des suggestions quant aux implications de l’action.
C’est un atout très utile pour les joueurs débutants qui connaissent
peu le jeu.
Bosse de la mécanique (atout ; 1 point)
Vous êtes naturellement doué avec toutes sortes d’appareils méca-
niques, qu’ils soient ordinaires ou chimériques. La difficulté de
toutes vos actions visant à comprendre, réparer ou faire fonctionner
n’importe quel engin mécanique diminue de –2. Cet atout ne vous
est d’aucune utilité pour conduire un véhicule.
Calcul mental (atout ; 1 point)
Vous êtes un génie de l’arithmétique, ce qui vous avantage par exemple
dans les domaines de l’informatique ou des paris sportifs. La difficulté
de tous les jets qui font intervenir le calcul mental diminue de –2.
179
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Concentration (atout ; 1 point)
Les Nockers possèdent un talent mystérieux pour se couper du
monde, mais cet atout ne leur est pas réservé. Vous ne subissez
aucune pénalité engendrée par des distractions extérieures (comme
le bruit, un clignotement lumineux ou un Troll qui vous a suspendu
la tête en bas).
Dessein supérieur (atout ; 1 point)
Si tous les changelins ont une vision de leur voie, vous vous y impliquez
plus que les autres. Vous ne vous préoccupez pas des choses futiles,
car seul compte votre dessein supérieur. Vous faites parfois fi de
votre propre survie, mais peu importe. Cet objectif vous insuffle une
grande force. La difficulté de tous les jets relatifs à celui-ci diminue
de –2. Discutez-en avant avec le conteur.
Intérêts particuliers (atout ; 1 point)
Vous êtes spécialisé dans un domaine ou une niche obscure ou
magique, et possédez des connaissances encyclopédiques sur le
sujet. Choisissez un domaine rare de connaissances. La difficulté
de tous les jets mentaux en relation avec cette matière insolite
diminue de –2. Par exemple, vous pouvez avoir étudié une langue
morte, posséder un passe-temps exclusif à une culture, être versé
dans les noms démoniaques de la mythologie ou connaître la vie
d’une célébrité dans ses moindres détails.
Introspection (atout ; 1 point)
Vous méditez sur ce qui motive réellement vos actes. Cet exercice
quotidien vous permet aussi de deviner les motivations des autres.
Grâce à votre incroyable perspicacité, la difficulté de tous vos jets
basés sur la Perception diminue de –2 lorsque vous effectuez une
action contre quelqu’un qui appartient à la même Cour que vous.
Langue (atout ; 1 point)
Vous connaissez une langue en plus de votre langue maternelle.
Vous pouvez prendre cet atout plusieurs fois pour chaque langue
que vous voulez maîtriser.
Cœur fidèle (atout ; 2 points)
Toutes les fées ont conscience des liens que tissent les serments. En
ce qui vous concerne, cela relève presque du sacré. Lorsque vous vous
sentez submergé, penser à vos devoirs suffit à vous donner la force de
continuer. La difficulté des jets que vous effectuez pour remplir les
obligations d’un serment diminue de –3. De la même manière, le
conteur peut décider que votre sens du devoir parvient parfois à vous
immuniser temporairement à des effets surnaturels. Vous n’avez pas
besoin de dépenser de la Volonté sur des actions en relation avec le
parjure. Ces effets ne se cumulent pas avec ceux donnés par l’atout
Grand amour (cf. page 185), mais ils peuvent toutefois se combiner
dans l’interprétation du personnage.
Don pour les langues (atout ; 2 points)
Un changelin bourlingueur sait qu’il est utile de comprendre les
langues. La difficulté de n’importe quelle tâche en relation avec
l’étude des langues écrites ou parlées diminue de –3. De plus, chaque
fois que vous choisissez l’atout Langue, vous gagnez deux langages
au lieu d’un seul.
180 Changelin : le Songe
Mémoire eidétique (atout ; 2 points)
Vous vous souvenez parfaitement de tout ce que vous voyez et
entendez. Vous pouvez par exemple mémoriser des documents,
des photographies ou des conversations avec un minimum de
concentration. Si vous oubliez en tant que joueur une information
importante et que le conteur estime que votre personnage devrait
s’en souvenir, il vous la rappellera. Dans les situations de stress
comportant de nombreuses sources de distractions, vous devez faire
un jet de Perception + Vigilance (difficulté 6) pour être suffisamment
concentré et enregistrer ce que perçoivent vos sens.
Maître artisan (atout ; 3 points)
La difficulté de tous les jets effectués lorsque vous concevez, fabriquez
ou réparez quelque chose diminue de –2. De plus, il vous faut trois
réussites de moins sur les jets étendus entrepris dans le cadre de
projets importants ou complexes.
Volonté de fer (atout ; 3 points)
Vos détracteurs prétendent que vous êtes têtu comme une mule. En
réalité, c’est grâce à cette détermination et à cette obstination que vous
ne vous détournez jamais du but que vous vous êtes fixé. La difficulté
de toutes les tentatives qui visent à utiliser contre vous une magie
altérant l’esprit augmente de +3 (maximum 9). Cet atout n’affecte
pas les pouvoirs en rapport avec les émotions et les personnages
dont le score de Volonté est inférieur à 5 ne peuvent pas le choisir.
Instinct viscéral (atout ; 4 points)
Vous vous fiez énormément à vos instincts plus primaires, ce qui vous
offre la faculté d’agir avant de réfléchir. Vous ne savez peut-être pas
toujours pourquoi vous faites ce que vous faites, mais une fois que
vous y voyez plus clair, vous réalisez que vous avez fait le bon choix.
Cet atout annule les effets de la surprise et vous permet d’agir nor-
malement, bien que vous ne puissiez que vous défendre. Quand vous
n’êtes pas surpris, vous pouvez anticiper l’action de votre adversaire.
Touche-à-tout (atout ; 5 points)
Vous avez passé votre temps à voyager, à moins que vous n’ayez occupé
de nombreux métiers ou que vous appreniez vite. Quoi qu’il en
soit, vous êtes un puits de connaissances et de compétences variées.
Vous avez automatiquement un point dans tous les groupements de
compétences et de connaissance. Ce niveau est illusoire, et il sert à
simuler un large éventail de capacités. Si vous dépensez des points
d’expérience dans une compétence ou une connaissance que vous ne
possédez pas, vous devez quand même payer le coût du premier niveau.
La méthode Coué (atout ; 6 points)
Lorsque vous dépensez un point de Volonté avant de faire une
action, vous montrez une telle confiance dans vos capacités que vous
en tirez avantage sans perdre le point de Volonté temporaire, pour
peu que vous réussissiez le jet de dés. Cet atout vous évite aussi les
échecs critiques. Cependant, vous ne pouvez vous en servir que si
la difficulté est supérieure ou égale à 6.
Cauchemars (handicap ; 1 point)
Lorsque vous dormez, votre conscience touche une partie interdite
du Songe et vous faites d’abominables cauchemars. Des souvenirs
épars vous hantent quand vous êtes éveillé et au réveil, vous devez
faire un jet de Volonté (difficulté 7). En cas d’échec, la difficulté de
toutes vos actions augmente de +2 jusqu’à ce que vous puissiez
à nouveau dormir. En cas d’échec critique, vous croyez que vous
êtes prisonnier de vos cauchemars même une fois éveillé.

Impatient (handicap ; 1 point)

L’action surpasse toujours l’inaction et rester à ne rien faire, c’est
bon pour les Grincheux. Une fois par scénario, faites un jet de
Volonté (difficulté 5) si vous êtes obligé d’attendre au lieu d’agir.
En cas d’échec, vous insistez lourdement sur la nécessité d’inter-
venir, ce qui agacera sans doute votre Bande. S’ils ne suivent pas
vos conseils, vous foncerez probablement tête baissée, malgré tous
leurs efforts pour vous arrêter.

Amnésie (handicap ; 2 points)

Votre vie est une page vierge. Cependant, votre passé trouble
viendra un jour ou l’autre vous hanter, et le conteur n’est pas du
tout obligé de se montrer magnanime. Si vous le souhaitez, vous
pouvez laisser le conteur choisir jusqu’à 5 points de handicaps dont
vous ignorez la nature. Vous et votre personnage les découvrirez
peu à peu au fil de la chronique.

Coléreux (handicap ; 2 points)

Vous distribuez des coups à la moindre provocation à votre encontre
ou l’un de vos proches compagnons. Quand on vous incite à réagir
de la sorte, vous devez faire un jet de Volonté pour vous maîtriser
(difficulté à l’appréciation du conteur selon la gravité de l’insulte).

Cœur tendre (handicap ; 2 points)

Vous ne supportez pas de voir les autres souffrir. Vous vous oppo-
sez à toutes les situations infligeant une souffrance physique ou
émotionnelle à autrui, et vous quitterez les lieux si vous ratez un
jet de Volonté.

Curiosité (handicap ; 2 points)

Vous êtes un indécrottable curieux et ce défaut prend facilement
le pas sur votre bon sens. Pour résister à la tentation, faites un jet
de Volonté. Sa difficulté variera en fonction de la nature de cette
tentation ; 5 pour des choses simples (« Je me demande ce qu’il y a
dans cette armoire… ») et jusqu’à 9 pour des circonstances extrêmes
(« Mais comment se fait-il que de jeunes hommes disparaissent dans
le Domaine du baron ? Et si j’allais jeter un petit coup d’œil ? »).

Esprit du Wyld (handicap ; 2 points)

Vos pensées sont extrêmement chaotiques et imprévisibles. En
conséquence, vous avez du mal à vous concentrer sur quoi que ce
soit. Chaque fois que vous faites une action étendue, vous devez
faire un jet de Volonté (difficulté 4) après le deuxième jet de dés.

Phobie (handicap ; 2 ou 4 points)

Que ce soit la peur des clowns ou du noir, les changelins connaissent
toutes les phobies et elles sont capables de tétaniser même les plus
audacieux. Pour 2 points, vous faites un jet de Volonté (difficulté
déterminée par le conteur) dès que vous rencontrez l’objet de votre
crainte. En cas d’échec, vous devez vous en éloigner. Pour 4 points,
vous faites ce jet de Volonté à la seule mention de votre phobie.
Même en cas de réussite, la difficulté de toutes les tâches basées
sur la Dextérité augmente de +2 ; vous tremblerez sans pouvoir
vous en empêcher jusqu’à ce que vous vous sentiez en sécurité.

Chapitre trois : création de personnage & traits 181

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Vindicatif (handicap ; 2 points)
Vous avez un compte à régler avec quelqu’un et que vous en ayez
conscience ou pas, cette douce vengeance biaise tous les plans que
vous montez. Lorsque vous croisez l’objet de votre vindicte, vous ferez
votre possible pour obtenir réparation. Vous pouvez temporairement
résister à ce besoin en dépensant 1 point de Volonté.
Faible volonté (handicap : 3 points)
Vous êtes très sensible à la magie affectant l’esprit, à l’hypnose et à
l’intimidation. La difficulté pour résister aux capacités sociales comme
l’Intimidation ou le Commandement, ainsi qu’aux sorts affectant
l’esprit, augmente de +2. Votre Volonté ne peut jamais dépasser 4.
Flash-back (handicap ; 3 points)
Vous revivez parfois des événements du passé si la situation est difficile
ou que les circonstances ressemblent à celles qui ont provoqué le
traumatisme. Un stimulus positif ou négatif peut déclencher un tel
épisode. Revenir à un souvenir agréable ou heureux peut s’avérer
aussi dangereux ou distrayant que de se retrouver cerné par des hallu-
cinations démoniaques. Au cours du flash-back, vous ignorez ce qui
se passe autour de vous. Même les gens qui vous parlent feront partie
des personnes ou des objets de votre vision. Vous devez interpréter
ces flash-back ou les repousser en dépensant un point de Volonté.
Sauveur (handicap ; 3 points)
Vous croyez que la vie est un don sacré et vous ne prendrez pas la vie
de quelqu’un sauf dans les circonstances extrêmes. D’ailleurs, vous
ne laisserez personne le faire non plus. Tuer des animaux ne vous
pose aucun problème (si vous le faites pour les bonnes raisons), et
vous truciderez si nécessaire les créatures inhumaines pour protéger
autrui. Quelle que soit sa forme, la mort inutile vous révulse et vous
considérez que les meurtriers devraient être punis. Vous devez résister
à l’envie de soigner un blessé en votre présence, quel que soit son
camp, avec un jet de Volonté (difficulté 7).
Tête en l’air (handicap ; 3 points)
Même si vous n’oubliez pas les connaissances ou les compétences que
vous possédez, vous avez du mal à vous souvenir des choses comme les
noms ou les adresses, ou encore la dernière fois où vous avez récolté
du Glamour. Vous devez faire un jet d’Astuce pour vous rappeler
autre chose que votre nom et la localisation de votre Domaine. En
dernier ressort, vous pouvez aussi dépenser un point de Volonté. Il
est impossible de prendre ce handicap avec l’atout Concentration.
Culpabilité écrasante
(handicap ; 4 points)
Vous avez fait quelque chose d’atroce et la culpabilité vous ronge
chaque minute. Qu’il s’agisse d’un meurtre, d’une négligence ou de
la destruction de quelque chose qui vous était cher, vous avez commis
un crime et vous ne parvenez pas à vous le pardonner. Dans une
situation semblable à celle de votre crime, vous devez effectuer un
jet de Volonté (difficulté 8) pour garder votre calme. En cas d’échec,
vous vous effondrez pour le reste de la scène. La plupart des tâches
vous sont impossibles et la difficulté de tous vos jets augmente de
+3. Même en cas de réussite, votre corps réagit nerveusement ; la
difficulté de tous vos jets augmente de +1 tandis que vous tentez
de dissimuler votre culpabilité. Rares seront ceux à éprouver de la
sympathie à votre égard si l’on apprenait ce que vous avez fait.
182 Changelin : le Songe
Atouts et handicaps sociaux
Chef naturel (atout ; 1 point)
Vous possédez un certain magnétisme et les gens s’y soumettent
naturellement. La difficulté de toutes vos tentatives pour rallier en
quelques mots vos interlocuteurs diminue de –2. Votre score en
Charisme doit être supérieur ou égal à 3 pour pouvoir choisir cet atout.
Faveur (atout ; 1 à 6 points)
Humble oisillon ou comte d’un Domaine, quelqu’un vous doit
un service. L’importance de votre débiteur dépend du nombre de
points que vous y avez consacré. Cet atout ne représente qu’une
seule faveur (à moins que vous ne le choisissiez plusieurs fois) et
la façon dont vous allez l’utiliser est de la plus grande importance.
Selon son statut et d’autres facteurs, celui qui vous doit ce service
pourrait bien faire son possible pour « payer » rapidement sa dette.
Il pourrait aller jusqu’à créer des situations dans le seul but de vous
« secourir » et d’effacer ainsi l’ardoise.
Mécène bienveillant (atout ; 1 point)
Vous intriguez un changelin de plus haut rang que vous. Tant que la
raison de cette fascination demeure (votre apparence, un domaine
d’expertise ou la façon dont vous vous êtes comporté au sein du
Domaine), vous conservez son attention et il a un intérêt direct à
vous garder dans les parages. Cet atout devrait se jouer comme un
Mentor (1 point) dans un domaine précis. Cependant, contrairement
à l’historique, il n’implique pas de relation permanente.
On se connaît ? (atout ; 1 point)
Votre visage ou votre façon de vous comporter fait penser aux autres
qu’ils vous connaissent déjà. Peut-être ressemblez-vous à une personne
de leur enfance ou de leur émission de télé préférée. Lorsque vous
vous présentez lors de réunions sociales, vous parvenez toujours à
retenir l’attention de quelqu’un. On ne vous laisse jamais partir sans
vous avoir d’abord posé quelques questions curieuses.
Oreille attentive (atout ; 1 point)
Les Pookas savent y faire quand il s’agit de faire parler les gens.
Cependant, vous êtes un maître en la matière. Un mot par ci, un
geste par là et vous ouvrez les gens comme des huîtres, vous récoltez
leurs secrets comme autant de perles. Face à votre aptitude à écouter,
les autres vous dévoilent leurs sentiments, leurs problèmes et leurs
rêves secrets. Ils ne savent pas pourquoi ils vous racontent tout ça,
mais ils se sentent en général mieux après. La difficulté de tous les
jets visant à obtenir des informations des autres diminue de –2.
Présence rassurante (atout ; 1 point)
Très répandue parmi les Pookas, cette capacité permet de calmer
un animal ou un enfant, simplement à l’aide d’un mot ou d’un
regard. Vous dégagez quelque chose qui le rassure et lui procure un
sentiment de sécurité. Les chiens de garde et les animaux sauvages
ne vous attaquent jamais et quand vous êtes là, les bébés s’apaisent
et vous regardent, fascinés et émerveillés.
Protégé (atout ; 1 point)
Un changelin important vous a autrefois pris sous son aile et a parlé de
vous en termes élogieux à ses relations. D’autres peuvent être enclins
à vous considérer d’un œil favorable à force de recommandations.
Lorsque vous échangez avec ceux qui ont entendu du bien à votre
sujet, la difficulté de tous vos jets sociaux diminue de –2.
Ton meilleur avocat (atout ; 1 point)
Vous vous montrez particulièrement convaincant quand vous racon-
tez vos prétendus exploits. Lorsque vous racontez vos prouesses,
véridiques ou non, la difficulté de vos jets sociaux diminue de –2.
Enfant de la nature (atout ; 2 points)
Vous ne faites qu’un avec la nature et les animaux. Lorsque vous avez
affaire à des animaux dans leur environnement naturel, la difficulté
de vos jets diminue de –2, que ce soit pour les dresser, suivre leur
piste ou simplement les caresser. Cependant, les changelins devront
prendre garde à ne pas trop se fier à cet atout lorsqu’ils interagissent
avec des chimères. Certaines d’entre elles sont beaucoup plus intel-
ligentes qu’elles n’en ont l’air.
Réputation (atout ; 2 points)
Que ce soit grâce à vos actes ou à la réputation de votre mentor, vous
avez bonne presse parmi les changelins de votre Cour. La difficulté
de toutes les interactions sociales avec ses membres diminue de –2.
En revanche, les anarchistes en mal de coup d’éclat chercheront à
ternir votre belle réputation.
Sage (atout ; 2 points)
Les autres changelins viennent chercher vos conseils. Peut-être croient-
ils en votre sagesse, votre âge ou votre expérience, à moins qu’ils ne
Chapitre trois : création de personnage & traits
pensent que vous êtes capable d’une meilleure vision d’ensemble. La
plupart du temps, la confiance qu’on vous témoigne signifie qu’on vous
approchera d’abord pour discuter d’affaires sérieuses. Vous pouvez
vous servir de cet avantage pour donner des conseils avisés, ou pour
pousser vos interlocuteurs à prêter l’oreille à vos propres objectifs.
Savant ès autres (atout ; 2 points)
Vous avez consacré du temps à vous documenter sur un groupe précis
en dehors de votre kith et de votre Cour, et c’est même devenu votre
spécialité. Vous êtes au courant de quelques-unes de ses coutumes
ou stratégies, vous avez eu vent de ses objectifs à long terme, et
surtout vous savez comment tirer avantage de ce savoir. La difficulté
de tous les jets effectués en dehors d’une situation de combat et
qui concernent précisément votre sujet de prédilection diminue de
–2. En revanche, lorsque vous avez affaire à d’autres groupes, cette
difficulté augmente de +1, car vous êtes simplement trop passionné
par le sujet. Il est possible d’acquérir cet atout plusieurs fois pour
différents groupes.
Voix de rossignol (atout ; 2 points)
Les Satyres disent que votre voix pourrait charmer les pommes sur
les arbres. Vous avez l’oreille absolue et vous êtes capables de chanter
a cappella sans erreur ni fausse note. Même lorsque vous ne faites
que parler, votre voix séduit et attire les gens. La difficulté des jets
en rapport avec l’éloquence ou le chant diminue de –2.
183
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Étoile montante (atout ; 3 points)
Vous êtes l’un des individus les plus prometteurs du Domaine.
Tout le monde veut vous connaître et devenir votre ami. Même
les puissants vous cajolent dans l’espoir de plus hautes fonctions.
La difficulté de tous vos jets sociaux effectués contre les changelins
qui ne s’opposent pas activement à votre ascension diminue de –3.
Héritier du trône (atout ; 3 points)
Vous êtes en mesure de prouver de manière convaincante votre droit
de propriété ou votre titre sur une terre, des gens ou un héritage. Ce
rang vous permet d’influencer aisément vos pairs et vos subordon-
nés. Aussi, la difficulté de vos jets sociaux diminue de –2 lorsque
vous invoquez votre titre. Les nobles vous traitent sans doute avec
respect, tout comme la plupart des autres changelins s’en remettent
à vous. Vous ferez un gibier tout à fait acceptable pour l’enlèvement
ou le meurtre aux yeux de certains autres groupes, dont peut-être
des héritiers rivaux.
Menteur (atout ; 3 points)
Vous savez vous montrer convaincant et vous l’êtes parfois assez pour
avoir raison. Peut-être prétendez-vous pouvoir « sauter de là-haut »,
« réussir cette épreuve » ou « toucher cette cible ». Vous avez peut-être
une chance insolente, à moins que vous ne possédiez quelques talents
cachés. Lorsque vous réussissez à faire croire à votre compétence dans
une tâche avec un jet de Subterfuge + Manipulation, la difficulté du
jet qui vous servira à prouver vos prétentions diminue de –2.
Âme de la muse (atout ; 4 points)
Vous êtes une source d’inspiration pour tous les créateurs. Que
vous-même possédiez ou non un talent, les autres artistes trouvent
qu’il est plus facile de produire des chefs-d’œuvre lorsque vous êtes
dans les parages. Si vous êtes en présence d’un créateur et que vous
lui servez de modèle, lui prodiguez des conseils ou lui chantez une
chanson, la difficulté de ses jets pour réaliser ses projets diminue
de –3. Cette stimulation s’applique à des merveilles comme à des
œuvres destructrices, car vous les inspirez toutes.
Fidèle compagnon (atout ; 4 points)
Vous jouissez d’une réputation de compagnon fidèle, loyal et iné-
branlable toujours prêt à soutenir ses amis. Votre seule présence
dans une Bande ou un Cercle renforce la Volonté de ses membres
et leur permet de profiter d’un point de Volonté temporaire sup-
plémentaire par chapitre. Ils pourront toujours compter sur vous
quand il s’agira de risquer votre vie pour eux, comme seul sait le
faire un fidèle compagnon. Si vous veniez à vous plaindre de votre
sort, le bonus de Volonté que vous offrez disparaîtra jusqu’à ce que
vous risquiez à nouveau votre vie et votre réputation pour vos amis.
Ennemi (handicap ; de 1 à 5 points)
Vous vous êtes fait un ennemi (un individu ou un groupe) qui vous
veut du mal. La valeur de ce handicap détermine la puissance de
vos adversaires. Les plus intimidants (rois ou horreurs impossibles
issues du Songe) représenteraient un handicap à 5 points, tandis
qu’un ennemi de votre acabit vaudrait 1 point. Vous devez avant
tout décider de son identité et de la façon dont vous avez gagné
une telle inimitié.
184 Changelin : le Songe
Insubordination (handicap ; 1 point)
Obéir aux ordres de supérieurs que vous ne respectez pas vous irrite
prodigieusement. Lorsque ce genre de personne vous donne un ordre
ou vous demande quelque chose, faites un jet de Volonté (difficulté 5).
En cas d’échec, vous œuvrerez en secret contre sa requête.
Mentor dangereux (handicap ; 1 point)
Votre mentor a sombré dans le Tumulte ou commet des actes qui
pourraient provoquer un immense tollé. Toutes ses mauvaises actions
risquent de ternir votre réputation, et certaines de ses machinations
périlleuses pourraient même vous impliquer.
Sombre secret (handicap ; 1 point)
Vous avez un secret qui, s’il venait à être découvert, vous plongerait
dans un immense embarras et ferait de vous un paria parmi vos pairs.
Ce peut être n’importe quoi, depuis le meurtre d’un noble jusqu’à
l’appartenance secrète à la Cour des Ombres. Ce secret vous ronge
à chaque instant, mais il ne viendra vous hanter que de temps en
temps, car dans le cas contraire, il perdrait de son impact.
Grossier personnage
(handicap ; 2 points)
Presque tout le monde jure, mais votre talent en la matière ferait
rougir un Nocker. Votre bouche déverse un torrent incessant d’in-
sanités. Si les autres savent quand s’arrêter, vous vous contentez de
poursuivre. Ce handicap vous empêche d’occuper une fonction
respectable dans la société humaine et lorsque la politesse est de
mise, la difficulté de vos jets sociaux augmente de +2.
Intolérance (handicap ; 2 points)
Vous détestez quelque chose sans vraiment savoir pourquoi. Ce
peut être une classe de personne, une situation ou n’importe quoi
d’autre. La difficulté de tous vos jets de dés impliquant le sujet de
votre Intolérance (comme un conflit, échanger avec des inférieurs
ou devoir déjeuner avec un kith en particulier) augmente de +2.
Certaines aversions peuvent se révéler trop communes pour devenir
un handicap, et le conteur a le dernier mot sur le sujet.
Possessif (handicap ; 2 points)
Vous êtes obsédé par ce qui vous appartient et vous veillez jalousement
dessus. Vous devez faire un jet de Volonté (difficulté 7) lorsqu’on
tente d’utiliser votre équipement, qu’il s’agisse de votre voiture, de
votre épée, de vos vêtements ou de votre lit. En cas d’échec, vous
refusez avec véhémence qu’on touche à vos affaires et vous explosez
si l’on insiste. En cas d’échec critique, vous vous déchaînez sur-le-
champ avec violence sur la personne qui essaie de prendre ce qui
vous appartient.
Timide comme un soupir
(handicap ; 2 points)
À cause de votre timidité, vous ne vous sentez bien que parmi vos
proches. Auprès des autres, vous passez votre temps à remarquer
les détails qui vous différencient d’eux et par conséquent, vous êtes
mal à l’aise. Cette gêne se manifeste par de la maladresse (craindre
de casser les objets ou de blesser les gens), ou une certaine difficulté
à vous exprimer au cours d’échanges sociaux (être obligé de parler
sans filtre), etc. En jeu, la difficulté de tous vos jets sociaux augmente
de +2 quand vous n’êtes pas seulement entouré des changelins de
votre kith ou des membres de votre Bande.
Cible des recruteurs
(handicap ; 3 points)
Une organisation ennemie vous veut, et vous veut vraiment. Elle
ne ménage pas ses efforts pour vous recruter, de votre plein gré ou
pas, et ses agents se montrent en général aux moments les plus mal
choisis. Vos amis seront partagés et si l’un d’entre eux vous défend,
un autre se demandera ce que vous avez de si spécial pour avoir attiré
l’attention de ces malfaisants.
Couche avec l’ennemi
(handicap ; 3 points)
Vous avez une sorte de relation intime avec un membre d’une faction
opposée, et les vôtres ont des raisons de ne pas l’apprécier. Il s’agit
peut-être d’un amant, d’un ami ou d’un contact travaillant pour
l’autre bord, mais en dépit de la politique, vous gardez des liens
amicaux (ou plus qu’amicaux) avec votre supposé adversaire. Vos
supérieurs considéreraient cette relation comme une trahison et si
vous êtes découvert, la sanction sera très dure.
Indécis (handicap ; 3 points)
Lorsqu’une occasion se présente, vous savez que vous devez agir
rapidement ou risquer de la manquer. Pourtant, vous semblez ne
jamais pouvoir vous décider assez vite. Vous avez toujours besoin
d’un peu de temps pour lister toutes les options, examiner le pour
et le contre et déterminer la meilleure option. Vous devez faire un
jet de Volonté chaque fois que votre personnage doit arrêter une
décision. En cas d’échec, vous ne parvenez pas à trancher.
Noble déchu (handicap ; 3 points)
Vous déteniez autrefois un pouvoir presque absolu au sein d’un
Domaine, mais hélas, tout ceci appartient au passé. Peut-être avez-
vous abdiqué, à moins que votre ville ne soit tombée aux mains
d’une Cour rivale. Cela n’a plus guère d’importance. Ce qui en a
en revanche, c’est que votre remplaçant sait très bien quelle fonction
vous occupiez avant, et qu’il s’inquiète de votre éventuel retour. Si
le nouveau dirigeant voit une occasion de se débarrasser de vous, il
la saisira probablement.
Pupille (handicap ; 3 points)
Vous vous dévouez à la protection d’un mortel ou d’un Kinain, peut-
être un ami ou un membre de votre famille que vous avez connu avant
votre Chrysalide. Les pupilles ont le don de se retrouver mêlées aux
événements des scénarios et de vous mettre autant dans les ennuis
que dans les situations dangereuses. Décrivez ce personnage à votre
conteur avant le début de la chronique.
À l’essai (handicap ; 4 points)
Vous avez rejoint une faction ennemie et vous avez encore beaucoup
à prouver avant que l’on vous y accepte à part entière. Les autres
changelins vous traitent avec méfiance, voire avec hostilité, et votre
réputation ternira celle des gens que vous fréquentez régulièrement.
Traqué (handicap ; 4 ou 5 points)
Un chasseur de monstre fanatique est persuadé (peut-être à raison)
que vous êtes une abomination et vous poursuit. Tous ceux qui vous
fréquentent, mortels ou Kithains, risquent également de devenir ses
cibles. Pour 4 points, cet individu est un humain et pour 5 points,
c’est un autre genre de monstre, comme un vampire ou un loup-garou.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Atouts et handicaps
surnaturels
Éternité féerique (atout ; 1 point)
Après votre Chrysalide, vous avez fêté votre anniversaire, et puis
un autre, et puis encore un autre. Pourtant, étrangement, vous
ne semblez ni grandir ni vieillir. Vous êtes touché par un vestige
de l’immortalité dont bénéficiaient toutes les fées. Tant que votre
Visage féerique est actif, vous vieillissez dix fois moins vite qu’un
humain normal ou un changelin. Si votre Visage féerique venait à
être détruit pour toujours ou si vous vous rendiez à la Banalité, vous
recommenceriez à vieillir comme les autres.
Grand amour (atout ; 1 point)
Vous avez découvert, et peut-être perdu, le grand amour et ressenti
une véritable joie, même si elle s’est révélée douloureuse. Chaque
fois que vous souffrez, que vous êtes en danger ou que vous vous
sentez démoralisé, il vous suffit de penser à votre grand amour pour
trouver la force de persévérer. En jeu, ce sentiment vous permet de
réussir automatiquement n’importe quel jet de Volonté lorsque vous
tentez activement de protéger ou de vous rapprocher de votre grand
amour. De plus, le conteur peut décider que votre amour est assez
puissant pour vous protéger d’autres forces surnaturelles. Cependant,
il risque de devenir une entrave et avoir parfois besoin d’aide.
Médium (atout ; 2 points)
Vous possédez la capacité naturelle de sentir et d’entendre les fan-
tômes. Si vous ne pouvez pas les voir, vous pouvez en percevoir la
présence et parler avec eux. Si vous vous montrez assez persuasif ou
que vous parvenez à les amadouer, vous parvenez même à les attirer
à vous. Vous pouvez leur demander de l’aide, mais il y aura toujours
un prix à payer. La difficulté de tous vos jets impliquant les esprits
des morts diminue de –2.
Poète dans l’âme (atout ; 2 points)
Votre âme est véritablement inspirée et votre Glamour peut com-
battre les ravages de la Banalité. Une fois par scénario, vous pouvez
faire un jet de Volonté (difficulté égale à votre score permanent de
Banalité) pour éviter de gagner un point de Banalité temporaire.
Sens du danger (atout ; 2 points)
Vous possédez un sixième sens qui vous avertit de l’arrivée des ennuis.
Lorsque vous serez en danger, le conteur fera un jet secret opposé
à votre Perception + Vigilance ; la difficulté variera en fonction de
l’éloignement de ce péril. En cas de réussite, il vous dira que vous
avez un mauvais pressentiment. Des réussites multiples pourront
affiner cette sensation et vous donner une idée de la direction, de
la proximité ou de la nature de ce danger.
Chanceux (atout ; 3 points)
Vous êtes né chanceux ou bien est-ce simplement le Diable qui
veille sur les siens. Quoi qu’il en soit, vous pouvez refaire trois jets
de dés ratés par scénario, y compris d’éventuels échecs critiques.
Vous ne pouvez toutefois relancer les dés qu’une seule fois, même
si la deuxième tentative est un échec.
185
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Faveur animale (atout ; de 3 à 5 points) existence, vous étiez extrêmement compétent dans son utilisation,
Votre Visage féerique possède un trait animal mineur déterminé tant et si bien que vous pouvez invoquer une partie de cette connais-
sur la table ci-dessous. Lorsqu’il vous permet de porter une attaque sance dans cette vie. Choisissez un Art ; la difficulté pour vous en
spéciale, vous utilisez votre groupement de dés normal. servir diminue toujours de –2. Vous ne pouvez acquérir cet atout
qu’une fois.
Trait animal Coût Effet
de l’atout Légende vivante (atout ; 5 points)
Vision à 360° 3 Difficulté –2 lorsque vous cher- Vous êtes l’incarnation vivante d’un grand héros ou d’une grande
chez quelque chose ou quelqu’un. héroïne. Ce n’est pas forcément un personnage historique réel. Il
Difficulté +2 lorsqu’on cherche à peut être issu de la mythologie, ou encore être tiré d’une fiction
vous surprendre. plus contemporaine. Notez que vous êtes une incarnation, non sa
réincarnation. Vous personnifiez la légende et votre Visage féerique
Cuir épais 3 Difficulté –1 pour absorber des
correspond tout à fait à votre héritage. N’importe quel Kithain avec
dégâts.
une once de connaissance sur l’histoire originale vous reconnaîtra
Flagelle 3 Arme naturelle avec une allonge. sur-le-champ. Vous attirerez sans doute beaucoup d’attention de la
Dégâts 2C part des cultures parmi lesquelles est née cette légende. Lorsque les
Jambes 4 Presque impossible de trébucher. gens vous reconnaissent, la difficulté de vos jets sociaux diminue
supplémentaires Vitesse de course doublée. de –2. Une fois par chapitre, vous pouvez utiliser le score de votre
ancêtre dans un attribut ou une capacité. Le conteur peut décider
Pattes de mouche 4 Vos doigts se terminent par des que cet atout vous offre des connaissances, voire un accès, à certaines
crochets minuscules et solides chimères ou des Trésors en relation avec votre légende. À cause de
capables de supporter votre votre apparence et de vos souvenirs, vous risquez d’avoir du mal à
poids. Vous pouvez grimper ne pas vous faire remarquer dans la société ordinaire. Il est aussi
aux murs et vous accrocher au parfois difficile de répondre aux attentes des autres.
plafond tant que la surface peut
supporter votre poids. Régénération (atout ; 7 points)
Dard 4 Arme naturelle. Dégâts 1L. Para- Votre nature féerique est robuste. En conséquence, vous vous remettez
lyse vos adversaires pendant un beaucoup plus vite que les autres Kithains. Vous récupérez un niveau
tour s’ils ratent un jet de Vigueur de dégâts chimériques par tour que vous passez à vous reposer, et un
(difficulté 4). niveau de dégâts physiques par heure de repos. Dans un Domaine,
vous guérissez deux fois plus vite. Cet atout n’a aucun effet sur les
Morsure 5 Arme naturelle. Dégâts 3L, + 1L
blessures infligées par le fer froid.
venimeuse à chaque tour pendant 6 heures
(qui peuvent être absorbés).
Don du barde (handicap ; 1 point)
Étrangement, vous dites la vérité et ce que vous énoncez a tendance
Résistance au fer froid à se réaliser. Cela ne constitue pas un moyen de bénir ou de maudire
(atout ; 4 points) qui bon vous semble, pas plus qu’un effet que vous pouvez produire
consciemment. Au moins une fois par scénario, une vérité gênante
Le fer froid n’a aucun effet physique sur vous, même si une exposition fera jour dans votre esprit et vous échappera. Pour éviter de jouer
permanente au métal peut provoquer la Banalité. Voilà bien une les cassandres, vous devez dépenser un point de Volonté et subir
arme à double tranchant, car vous ne vous rendrez pas compte que un niveau de dégâts (contondants) qui représente l’effort que vous
vous êtes assis sur un banc en fer froid, ou que vous vous appuyez faites pour y résister.
contre un mur fait dans la même matière. Pour éviter de vous exposer
à ce dangereux élément, vous devez effectuer un jet de Perception Geis (handicap ; de 1à5 points)
+ Acuité (difficulté 7). Au début de la campagne, vous êtes placé sous l’influence d’une geis
(pluriel : gessi). Il s’agit probablement d’une Interdiction, ou bien
Sang du Loup (atout ; 4 points) d’une quête à long terme. Cela peut être une malédiction familiale,
Votre lien avec les Prodigues métamorphes est plus fort que celui un devoir dont vous avez hérité ou une obligation placée sur vous
que vous partagez avec vos congénères. En vous coule le sang des par un Art changelin. La difficulté de la geis détermine la sévérité
loups-garous et certains d’entre eux vous nomment Parentèle. La du handicap. Une limitation mineure, comme une Interdiction de
tribu dont vous êtes issu peut faire appel à vous pour accomplir faire du mal aux animaux, vaudrait 1 point. Des gessi plus sérieuses
certaines tâches pour elle, et vous aidera en retour si vous en avez rapporteront 3 points. Pour 5 points, cette geis gouverne toute votre
besoin. On vous demandera peut-être de prendre un partenaire vie. Par exemple, vous pourriez être tenu de venir en aide à tous les
parmi les loups-garous afin de renforcer votre lignée. gens que vous croisez et qui en ont besoin. Il revient au conteur de
déterminer la valeur exacte de la geis que vous choisissez.
Affinité avec un Art (atout ; 5 points)
Vous êtes capable de manipuler l’un de vos Arts avec plus d’efficacité
ou d’aisance que d’autres changelins. Au cours d’une précédente

186 Changelin : le Songe

Les yeux du changelin
(handicap ; 1 point)
Vert émeraude, violets ou jaunes, vos yeux ont une couleur surpre-
nante. Ils indiquent votre nature de changelin et les gens versés dans
les anciennes légendes vous reconnaîtront pour ce que vous êtes.
Maudit (handicap ; de 1 à 5 points)
Vous êtes victime d’une malédiction surnaturelle. Les effets et
l’omniprésence de celle-ci dépendent du nombre de points que
vous souhaitez en retirer. Vous trouverez ci-après quelques exemples.
Si vous révélez un secret qu’on vous a confié, votre trahison aura
des conséquences fâcheuses (1 pt). Vous bégayez de façon incontrô-
lable chaque fois que vous décrivez ce que vous avez vu ou entendu
(2 pts). Les outils se brisent ou ne fonctionnent pas entre vos mains
(3 pts). Ceux qui vous aiment ou vous admirent le plus deviendront
tôt ou tard vos ennemis (4 pts). Tout ce que vous construisez ou
accomplissez finira par s’écrouler (5 pts).
Serment (handicap ; de 1à5 points)
Votre vie dépend d’une chose que vous devez ou ne devez pas faire.
Vous pouvez y avoir été soumis depuis toujours, ou bien vous avez
prêté un serment sacré. Un témoin vous rappellera constamment vos
obligations. Si vous désobéissez, les conséquences seront dramatiques.
Vous pouvez aussi avoir prêté plusieurs serments qui peuvent entrer
Chapitre trois : création de personnage & traits
en conflit. La plupart des changelins gardent secrets ces interdits et ces
impératifs afin d’éviter que leurs ennemis ne s’en servent contre eux.
Le conteur devrait passer chaque serment en revue, lui assigner
une valeur et déterminer la sanction en cas de violation. Des circons-
tances aisément évitables, comme « ne jamais rompre le pain avec
un homme roux », vaudront 1 point. Des choses plus communes
ou difficiles, comme « arrêtez-vous et caressez tous les chats que
vous voyez » rapporteront 2 points. Les choix plus drastiques ou
dangereux, comme « ne vous retirez jamais d’un combat » valent au
moins 3 points. Les conséquences ont également un coût. Un échec
critique automatique sur le prochain charme important que vous
lancez vaudra 1 point, être malchanceux le reste de sa vie 2 points,
perdre tous ses amis et ses biens 3 points, mourir 4 points et perdre
son âme féerique 5 points.
Si vous rompez votre serment sans le faire exprès, vous pouvez
tenter de vous repentir pour le crime que vous avez commis et réparer
le mal que vous avez fait. Cependant, si vous le faites volontairement
et en toute connaissance de cause (et que vous y survivez), vous
devenez un parjure, l’une des épithètes les plus injurieuses parmi
les changelins.
Visage visible (handicap ; de 1 à 5 points)
Votre Visage féerique transparaît sur votre Guise mortelle, ce qui
vous signale aux gens ordinaires qui savent quoi chercher. Une légère
teinte bleutée sur la peau d’un Troll vaudra 1 point et les cornes
d’un Satyre rapporteront 5 points. Vous aurez sans doute du mal à
expliquer cette différence aux mortels.
187
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Aile (atout ; 4 points ou
handicap ; 2 points)
Vous avez des ailes magnifiques, qui peuvent ressembler à celles d’un
oiseau, d’une chauve-souris ou d’un papillon. Ces appendices chimé-
riques doivent être libres de toute entrave, sous peine d’augmenter de
+1 la difficulté des jets de Dextérité. Vous devrez peut-être expliquer
pourquoi vous avez aménagé des fentes dans tous vos manteaux.
Si vous avez choisi le handicap, vous êtes incapable de voler et s’il
s’agit de l’atout, vous pouvez le faire pendant de courtes périodes.
Reportez-vous à la section consacrée aux chimères inanimées en
page 55, où figurent les dangers qui existent lorsqu’on utilise ces
ailes sous les yeux des humains.
Bizarrerie (handicap ; 2 points)
Vous êtes tout à la fois inquiétant et fascinant pour les mortels. Aux
moments les moins opportuns, ils vous fixent du regard et se mettent
à vous parler dans l’espoir d’en apprendre plus à votre sujet. Pire,
des mortels moins fréquentables feront de vous la cible privilégiée
de leurs actions illégales.
Échos (handicap ; 2 à 5 points)
Votre lien au Songe est puissant et à cause de lui, vous êtes plus enclin
à croire les histoires qu’on raconte sur les faiblesses traditionnelles
des fées. Bien que ce soit un handicap, Échos produit souvent un
petit effet bénéfique. Les points dont vous bénéficiez par son intermé-
diaire représentent la force du lien que vous partagez avec le Songe,
et même avec l’Arcadie. Les effets de ce handicap se cumulent et un
personnage qui choisit d’y consacrer 5 points subira les conséquences
énoncées pour les handicaps compris entre 2 et 4 points.
Mineurs (2 points) : jeter du sel par-dessus son épaule pour attirer la
chance protège les mortels des pouvoirs féeriques. Il en va de même
pour le pain. Vos charmes ne peuvent pas affecter un mortel qui
procède ainsi pendant toute la durée de la scène. Les sortilèges ne
fonctionnent tout simplement pas et peuvent même se retourner
contre vous. Un mortel qui connaît votre nom complet peut vous
ordonner d’accomplir trois tâches, et vous devez vous y plier avant
de vous libérer de son influence. Cependant, vous avez simplement
besoin de suivre à la lettre sa requête, pas d’exaucer le désir sous-
jacent qu’elle exprime.
Modérés (3 points) : vous ne pouvez pas entrer dans une maison
sans y avoir été invité, à moins de rendre un petit service aux pro-
priétaires des lieux, mais cette invitation peut venir de n’importe
qui. Le fer froid présent dans une résidence vous interdira d’entrer
dans le bâtiment ; il en va de même pour les symboles religieux, qui
vous empêcheront en plus d’affecter physiquement ou par le biais
de la magie les mortels. Le son des cloches vous fait souffrir de la
même manière que le fer froid (pour l’instant, il ne provoque que
la douleur ; pour 4 points, vous engrangez un point de Banalité
pour chaque tour passé à endurer ce bruit).
Sérieux (4 points) : vous ne pouvez pas vous servir de vos Arts contre un
mortel qui possède un trèfle à quatre feuilles. Cependant, ceux que
vous ramassez porteront chance à coup sûr (impossible de faire un
échec critique) tant que leurs pétales resteront intacts. Cette bonne
fortune produira ses effets tant que la personne conservera le trèfle
sur lui. Un mortel qui porte son manteau à l’envers est invisible
à vos yeux. Vous ne pouvez pas franchir de l’eau courante, sauf si
vous empruntez un pont. Les symboles religieux vous repoussent
188 Changelin : le Songe
à présent, et vous obligent à fuir ceux qui les arborent. Si leur
ombre tombe sur vous, vous subissez des dégâts chimériques (un
niveau de santé par tour) là où cette ombre reste en contact avec
vous. Vous ne pouvez plus pénétrer sur un sol sacré sans subir de
blessures chimériques (un niveau de santé par tour), mais vous
pouvez absorber ces dégâts.
Extrêmes (5 points) : les champignons poussent en cercle, quel que
soit l’endroit où vous habitez, et même sur votre tapis. Les Brumes
ne dissimulent plus vos pouvoirs. De nombreuses personnes se
souviendront vous avoir vu utiliser votre Glamour en leur présence.
Les créatures chimériques sont souvent plus réelles pour vous que
pour les autres, et leurs attaques vous infligent de vraies blessures
permanentes. Au contraire, vos armes chimériques peuvent infliger
des dégâts à n’importe qui, y compris les mortels. Les gens vous
suivront sans doute si vous le demandez ; leur regard deviendra vide
et ils vous accompagneront même dans des situations dangereuses.
Si le conteur le décide, la difficulté pour lancer vos charmes peut
fortement diminuer, mais les personnes qui portent du fer froid ou
arborent des symboles religieux sont immunisées à tous vos Arts.
Vous devez effectuer un jet de Volonté (difficulté 7) pour pouvoir
pénétrer sur un sol sacré. Même si vous le réussissez, vous subissez
des dégâts physiques (un niveau de santé par tour) dès que vous
y posez le pied.
Allergie au fer froid
(handicap ; 3 à 5 points)
La plupart des Kithains ont mal lorsqu’ils entrent en contact avec
le fer froid, mais cette matière vous inflige des blessures. Vous avez
l’impression qu’il est chauffé à blanc lorsqu’il touche votre peau.
Vous subissez un niveau de dégâts chimériques par tour passé à son
contact. La version à 4 points inflige un niveau de dégâts physiques
par tranche de trois tours où vous restez en contact avec lui. Celle à
5 points vous inflige ces mêmes dégâts si vous vous trouvez à 30 cm
de distance et un niveau de dégâts aggravés à chaque tour quand
vous le touchez.
Brumes étiolées (handicap ; 3 points)
Les Brumes ne protègent pas du tout votre magie et vos capacités.
Si un mortel est témoin de vos actions, il n’oubliera pas les effets de
vos pouvoirs féeriques. Vous pouvez donc révéler par inadvertance
votre nature au monde des mortels et provoquer des conséquences
potentiellement désastreuses.
Hanté (handicap ; 3 points)
Un fantôme vous hante et vous seul (et les médiums) pouvez le voir et
l’entendre. Il vous déteste cordialement et s’amuse beaucoup à faire
de votre vie un enfer. Il dispose d’un certain nombre de pouvoirs
qu’il peut utiliser contre vous, sélectionnés par le conteur. Celui-ci
est libre de s’inspirer des Prodigues spectres (cf. page 352).
Aimant chimérique
(handicap ; 5 points)
Les chimères vous remarquent plus souvent que d’habitude. Dans
certains cas, c’est un avantage, mais avouons-le, cela vous cause
beaucoup plus de problèmes qu’autre chose. Les bêtes chimériques
déchaînées auront tendance à s’en prendre à vous avant d’attaquer
les autres. Les nervosae vous trouvent irrésistibles et tous les farfadets
passent leur temps à vous faire des blagues.
Malédiction du Sidhe
(handicap ; 5 points)
Les Sidhes vivent dans la terreur absolue de la Banalité, car elle prend
racine dans leur âme plus facilement que dans celle des membres
des autres kiths. Bien que vous ne soyez pas vous-même un Sidhe,
vous êtes sujet à la même faiblesse. Vous engrangez deux points de
Banalité au lieu d’un quand elle vous frappe. Les personnages sidhes
ne peuvent pas choisir ce handicap.
Sombre destin (handicap ; 5 points)
Vous êtes condamné à connaître une mort des plus tragiques. À la
fin, tous vos efforts, vos combats et vos rêves s’écrouleront. Quoi que
vous fassiez, vous ne pourrez y échapper. Plus angoissant encore, vous
avez des visions fugaces de ce qui vous attend et elles sont atroces.
Le malaise qu’elles provoquent vous oblige à dépenser de la Volonté
pour pouvoir le surmonter, et il revient après chaque nouvelle vision.
À un moment de la chronique, vous devrez faire face à ce terrible
destin. Même si vous ne pouvez rien faire pour l’empêcher, vous
pouvez quand même essayer d’atteindre un but avant qu’il ne frappe.
Chapitre trois : création de personnage & traits
Vampire psychique (handicap ; 5 points)
L’étincelle de vie se meurt en vous et ne peut se nourrir que de forces
extérieures. Les plantes et les insectes se flétrissent ou meurent en
votre présence alors que vous vous nourrissez de leurs énergies.
Les personnes que vous touchez plus d’une heure d’affilée subiront
un niveau de dégâts non aggravés tandis que vous siphonnez leur
essence vitale. Celles qui sont déjà blessées (y compris celles que vous
avez déjà amenées au niveau Contusion) ne guériront pas en votre
présence. Si vous ne nourrissez pas le vide qui vous habite au moins
une fois par jour, vous commencez à mourir. Le rythme auquel vous
subissez des blessures suit la courbe inverse d’une guérison naturelle.
Vous subissez un niveau de dégâts au bout d’un jour, un deuxième
après trois jours, un troisième après une semaine, un quatrième
au bout d’un mois et pour finir, une blessure tous les trois mois.
189
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Bon sang, je HAIS les anniversaires. J’ai beau ne jamais donner la date du mien, on finit
toujours par l’apprendre et par venir me chanter une chanson merdique. Ça me file la gerbe.
Je suis allée au Hard Times, histoire de voir si le pilote craquant de la semaine dernière y était.
Pas de bol, il est aux abonnés absents. Colbert et ses tarés de potes sidhes sont dans un coin
de la salle, mais j’ai rien à dire à ces débiles. Crétins de nobles, tout juste bons à se chier dessus.
C’est sûr, ceux-là font pas de pogo et ça m’étonnerait qu’ils fassent la teuf. C’est à se demander
quand (et SI) ça leur arrive de s’éclater. Ils sont nés avec un balai dans le cul ou quoi ? À tous les
coups, c’est ça.
Pas de groupe ce soir, juste de la merde en boîte. Pas étonnant que ce rade soit mort. Ça
craint. Faut que je m’en trouve un autre, y’a plus rien à tirer de celui-là. Mais quand même, je
dois reconnaître que le DJ est bon. Il a mis le nouvel album des Black Flag, celui avec le gars qui
défonce le miroir à coup de poing sur la jaquette. Je sais ce qu’il ressent. Dans le coin, les potes
de Colbert se couvrent les oreilles. Bien ! La chanson leur foutrait la trouille s’ils en comprenaient
les paroles. « Dépassez-vous ! » gueule le gars avec le miroir. Ouais, on va se dépasser !
Une vraie philosophie de vie, quoi.
Ce club est peut-être pas si pourri, finalement.

Livre Deux : le Vaurien

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre Quatre :
Arts &
Royaumes
« Je t’ai appris à te battre et à voler. Que pourrait-il y avoir de plus ? »
– J.-M. Barrie, Peter Pan et Wendy
E ntre les vagues chaotiques du Songe et le poids
écrasant de la Banalité, tous les changelins se
retrouvent pris entre deux feux, et voilà bien
une position périlleuse. Un pied dans chaque monde, les
Kithains canalisent le Glamour depuis le Songe jusque
dans le monde de l’Automne, et cela leur permet de déve-
lopper de puissantes capacités. Ils tissent cette énergie à
des fins merveilleuses et terrifiantes, donnent naissance
aux légendes des fées qui volent les souvenirs des mortels,
sautent par-dessus les montagnes et refaçonnent le monde
à l’image de leurs rêves oubliés.
Les Arts constituent l’ensemble de la magie féerique.
Apprendre un Art nécessite la maîtrise progressive
des talents. Par l’entremise du Glamour, ces derniers
permettront au changelin de modifier le chimérique et
l’ordinaire. Les Kithains doivent également consacrer du
temps à appréhender la façon dont leur pouvoir plie sa
cible à sa volonté et interagit avec elle. Les Arts décrivent
la magie féerique disponible pour le personnage, tandis
que les Royaumes déterminent leur étendue et leur
domaine d’influence.
Historiquement, l’apprentissage de certains d’entre
eux était limité ou interdit. Les deux Cours veillaient sur
les secrets de l’Hiver et de l’Été, mais quand de puissants
changelins passaient de l’une à l’autre, ils partageaient et
enseignaient les mystères de leur saison à leur nouvelle
famille. Nobles et aristocrates méprisaient souvent les Arts
« roturiers », comme la Chicanerie ou la Prestidigitation et
ils protégeaient jalousement la magie des Sidhes, tels que
la Désignation ou le Chronos. Si de nos jours, ce genre de
préjugés a toujours cours, on ne les fait plus strictement
appliquer. Les Kithains ne peuvent plus nier que tous les
changelins sont capables d’apprendre n’importe quel Art,
et ce quel que soit leur Cour, leur rang ou leur attitude.
Les charmes
Les changelins utilisent des charmes, qui canalisent le
Glamour et tissent son énergie pour en faire un Art. Ce
faisant, ils remanient le monde chimérique, et même le
monde physique, selon leur bon vouloir. Leur nature
féerique permet au Glamour de passer du Songe dans
l’Automne, tandis que leur degré de maîtrise dans un
Art indique quel genre de désordre ils sèment et quelle
magie ils créent.
Tous les charmes font appel à différentes choses : une
prédisposition précise pour un Art (représentée par le score
de l’Art utilisé), un ou plusieurs Royaumes (indiquant le
193
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
focus ou la cible de l’Art) et une Bêtise (voir plus loin). La maîtrise
des Royaumes d’un Kithain pose la limite à sa magie. Si la personne
ou la chose qu’il cible n’appartient pas à la zone d’influence de ses
Royaumes, il ne peut pas utiliser son Art sur elle lorsqu’il lance un
charme. Le Déchaînement (cf. page. 196) ignore cette limitation,
puisque le personnage déverse directement dans son Art un torrent
de Glamour.
Lorsque son protagoniste veut invoquer un charme, le joueur
décide du niveau d’Art qu’il mobilise. Il ajoute ensuite au moins
un Royaume que le personnage connaît, et qui détermine la cible
du pouvoir. Enfin, il dépense le Glamour, chimérique ou du Wyrd,
déterminé en fonction du charme qu’il lance. Si le changelin veut
affecter plusieurs catégories de cibles en même temps, il doit utiliser
simultanément plusieurs Royaumes, mais ce faisant, il augmente la
difficulté de son action.
Les types de charme
La description de chaque niveau d’Art précise si l’effet est chimérique,
du Wyrd ou choisi par le joueur dans l’une de ces catégories. Les
effets chimériques ne se manifestent pas dans le monde de l’Automne
et sont donc invisibles pour des yeux non Enchantés. Les charmes
du Wyrd existent en parts égales dans les deux mondes. Si un Art
peut invoquer l’un ou l’autre, le joueur choisit la nature de l’effet
et dépense la quantité de Glamour appropriée.
Coût d’un charme
en points de Glamour
Les charmes chimériques ne nécessitent aucune dépense de Glamour,
tandis que le joueur doit dépenser un point de Glamour pour les
charmes du Wyrd. Utiliser un Royaume ou un niveau de Royaume
que le personnage ne possède pas (cf. page 232) augmente le coût
total du charme d’un point de Glamour, et ce pour chaque Royaume
ainsi « filouté ». Le joueur doit s’acquitter du coût total du charme
avant de lancer les dés.
Groupement de dés d’un charme
Le joueur lance un nombre de dés égal au score du personnage dans
son Art, auquel il ajoute le score le plus bas dans le Royaume prin-
cipal utilisé (la Fée, l’Acteur, la Nature, l’Accessoire). Les Royaumes
modificateurs (la Scène et le Temps) changent l’étendue du charme
dans l’espace et dans le temps, mais ils n’altèrent pas le nombre de
dés dans le groupement. La difficulté de base de tous les charmes
est égale à 8, mais plusieurs facteurs viennent l’influencer (voir le
tableau ci-contre).
Le joueur doit distinguer dans son groupement un certain
nombre de dés (par exemple, de la même couleur), qui représentent
son score de Cauchemar. Une description complète de ce trait et de
ses effets figure en page 275.
Les Bêtises
Afin de canaliser plus facilement le Glamour vers le monde de
l’Automne, les changelins se servent des Bêtises, des actions et des
événements qui rappellent le monde ordinaire du Songe. Plus une
Bêtise est complexe et risquée, moins il est difficile pour le changelin
d’invoquer son Art à l’aide du charme. Un personnage peut faire
pratiquement n’importe quoi quand il pense à une Bêtise, mais la
plupart du temps, il devra volontairement se mettre en danger ou
prendre un risque, attirer l’attention sur lui, utiliser ou détruire
194 Changelin : le Songe
Difficulté du charme Modificateur
Banalité de la cible > 7 +1
Banalité présente à l’endroit actuel > 7 +1
Utiliser le Royaume de la Scène +1
Utiliser le Royaume du Temps +1
Cible un changelin avec un Titre plus important +1
sans son accord
Remplacer volontairement au moins 3 dés –1
du groupement par des dés de Cauchemar
Lancer le charme dans un Domaine –1
Lancer le charme sur un mortel Enchanté –1
ou un Kinain
Accompagner le charme d’une Bêtise –1 à –5
Utiliser le Royaume d’affinité du kith –1
quelque chose, synchroniser le charme avec un événement précis,
ou répéter la même chose un certain nombre de fois.
Faire une Bêtise ne signifie pas… faire une bêtise ou avoir un
comportement odieux. Il s’agit de briser l’emprise que la Banalité
possède sur la zone où l’on se trouve, juste assez pour faciliter l’em-
ploi de la magie. En conséquence, les Bêtises démonstratives ou
choquantes ont tendance à se montrer plus efficaces. Bien entendu,
si le changelin opte pour la subtilité ou la dignité, il lui faut tailler
sa Bêtise sur mesure. Les Sidhes sont passés maîtres dans l’art de
faire impression sans avoir l’air ridicule.
Après que le joueur a décrit ce que son personnage accomplit
pour sa Bêtise, le conteur détermine si celle-ci nécessite un jet de
dés avec un groupement séparé, et dans quelle mesure elle modifie
la difficulté du charme. D’ailleurs, rater le jet demandé pour une
Bêtise ne réduit pas forcément son impact sur la difficulté du sor-
tilège lui-même.
Le conteur devrait prendre quelques facteurs en compte quand
il décide de l’influence de la Bêtise sur la difficulté du charme.
À quel point la Bêtise est-elle risquée, combien de temps demande-
t-elle et jusqu’où le changelin s’y investit-il ?
S’il passe un tour à danser une valse, la difficulté diminuera de –1
dans la plupart des cas. En revanche, s’il exécute une danse complexe
et ritualisée tous les soirs à 11 h 11 précises pendant trois jours, elle
diminuera probablement de –4.
Quelle est l’efficacité de la Bêtise pour introduire les règles et la
réalité du Songe dans le monde ordinaire ?
Si un changelin casse une tasse dans le troquet où tout le monde est
au courant des manigances de la Bande, la difficulté peut diminuer de
–1. En revanche, s’il balance un verre de vin au milieu des convives
sidérés d’un restaurant chic, ce bonus pourrait passer à –2, voire –3
si le patron appelle la police.
Comment les autres joueurs réagissent-ils à sa description ?
S’ils éclatent de rire, s’étouffent ou se montrent impressionnés par
sa Bêtise, assurez-vous de récompenser le joueur pour ce grand
moment avec un petit bonus, et diminuer encore la difficulté du
charme de –1 ou de –2.
Exemple de bêtise Modificateur possible
Rot sonore –1
Monologue impromptu –1
S’incruster dans la photo d’un groupe –1
Jeter des cartes à jouer dans un chapeau –1
Brûler un billet de 5 € –1
S’enfoncer un hamburger tout entier dans la bouche –1
Lancer un charme au crépuscule ou à l’aube –1
Lancer le charme à 12 h 34 pile –1
Faire la même chose que sa cible en même temps (Bataille !) –1
Se couper le doigt pour utiliser son sang –1
Insulter un étranger –1
Déclencher une bagarre –2
Insulter un policier –2
Courir tout nu au milieu d’un campus bondé –2
Donner une représentation devant un public nombreux –2
Faire en sorte que les gens vous filment avec leurs portables –2
Détruire un objet onéreux –2
Synchroniser ses mouvements avec sa cible, ou son ou ses partenaires –2
Rejouer un extrait ou la scène d’un film en rapport avec la situation –2
Utiliser une épée de cérémonie au cours d’un rituel complexe –3
Être interviewé pendant le journal régional du soir –3
Montrer ses fesses sur les écrans géants d’un stade plein à craquer –3
Jongler avec des tronçonneuses –3
Se faire tatouer ou tatouer quelqu’un –3
Brûler un précieux souvenir –3
Traverser en courant une rue encombrée –3
Raconter un secret honteux à un amant –3
Jeter des milliers de billets dans la foule –4
Avoir sa photo en première page du journal –4
Réduire sa maison en cendres –4
Répéter un rituel complexe à heure fixe pendant trois jours –4
Lancer un charme au moment du passage de la comète de Halley –4
Jouer à la roulette russe –4
Prononcer un discours télévisé retransmis dans le monde entier –4
Être au centre d’une vidéo virale vue des millions de fois –4
Dessiner une moustache sur un tableau célèbre –5
Balancer une gemme inestimable dans l’océan –5
Tuer un fils le jour anniversaire de la mort de son père –5
Se mettre devant une voiture lancée à pleine vitesse –5
Faire un duel à armes réelles –5
Commander des troupes à la guerre –5
Faire du parachutisme sans parachute –5

Chapitre quatre : Arts & Royaumes 195

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Exemple : Rosita décrète que son Bonnet rouge tente d’échapper
aux gardes de la cour locale, et qu’elle va se servir de la Chicanerie
pour se cacher. La joueuse énonce donc que son personnage ouvre
sa braguette et se met à faire pipi, traçant par la même occasion une
rune complexe sur le sol devant lui. Une blague circule dans le groupe
depuis le début de la campagne sur sa fâcheuse manie d’uriner sur
les adversaires de la Bande, et tout le monde autour de la table se
met à rire. Le conteur décide donc d’accorder un bonus de –2 à la
difficulté du charme.
Plus tard au cours de la même partie, le personnage de Rosita lance
un charme du Périple et se met à sauter de toit en toit. Le conteur
demande à la joueuse de faire un jet de Dextérité + Athlétisme.
Quel que soit le résultat de ce jet, il décide que la Bêtise lui offre un
bonus de –3 à la difficulté du charme. En revanche, si elle le rate,
cela signifie que le Bonnet rouge a manqué le toit.
Les charmes, pas à pas
Première étape : choisir l’Art
Le joueur décide du niveau et de l’Art qu’il va utiliser.
Deuxième étape : sélectionner les Royaumes
Il détermine les Royaumes dont il a besoin pour utiliser l’Art
comme il l’entend, y compris les Royaumes modificateurs
(le Temps et la Scène).
Troisième étape : dépenser le Glamour
Le joueur dépense un point de Glamour pour un charme
du Wyrd, plus un point s’il utilise au moins deux Royaumes
ou s’il « filoute » un Royaume.
Quatrième étape : constituer le groupement
Il additionne son score dans l’Art dont il veut se servir et
celui dans le Royaume le moins développé (la Fée, l’Acteur,
la Nature, l’Accessoire) ; ce total constituera le nombre de
dés qu’il lancera. Le Temps et la Scène n’influent jamais sur
le groupement. Le joueur remplace autant de dés dans son
groupement qu’il n’a actuellement de points en Cauchemar,
sans toutefois dépasser le total du groupement.
Cinquième étape : la Bêtise
Le joueur décide si son personnage fait ou non une Bêtise,
puis s’il divise son groupement ou retarde le lancement du
charme après qu’il a terminé les actions nécessaires à la
résolution de la Bêtise.
Sixième étape : déterminer la difficulté
Le conteur détermine la difficulté (difficulté de base 8)
après avoir appliqué tous les modificateurs qu’il juge utiles.
Septième étape : lancer le charme
Le joueur lance les dés et consulte la section consacrée à
l’Art dont il s’est servi afin d’interpréter le résultat de son jet.
196 Changelin : le Songe
Les Bêtises comme actions
En général, le personnage doit passer au moins un tour à faire sa
Bêtise avant de pouvoir invoquer son charme. Le joueur peut décider
de diviser son groupement de dés (cf. page 243) et accomplir ces deux
actions différentes au cours du même tour (si la Bêtise peut se faire
en un seul tour). Il peut aussi attendre d’avoir terminé sa Bêtise, puis
utiliser son groupement complet pour lancer son charme.
Certaines Bêtises ne donnent un avantage au charme que si
l’action qui les accompagne réussit. Par exemple, Amaria l’Eshu saute
sur les marches du bâtiment dans lequel siège la Cour et commence
à chanter, attirant ainsi l’attention de tout le monde autour d’elle.
Le conteur demande à son joueur de faire un jet pour mesurer la
qualité de la représentation, mais il le rate. Les gens font semblant
de ne pas remarquer l’étrange femme qui chante toute seule, et la
Bêtise d’Amaria n’influera pas sur la difficulté de son charme, car
elle n’a pas attiré l’attention sur elle comme elle le voulait.
D’un autre côté, certaines Bêtises avantagent le charme, quel que
soit le résultat du jet de dés. Dans l’exemple précédent, le Bonnet
rouge de Rosita sautait d’un toit à l’autre. Si sa joueuse rate le jet
d’Athlétisme et que son personnage se blesse, elle bénéficiera tou-
jours du bonus que sa Bêtise lui offre sur la difficulté. Encore faut-il
que son changelin reste conscient après s’être écrasé sur le trottoir.
Le Déchaînement
Les changelins exécutent des charmes afin de canaliser le Glamour
à travers leurs Arts et obtenir des effets précis et intentionnels.
Cependant, tous peuvent invoquer leur magie par un autre biais,
plus dangereux. Apprendre un Art ouvre une nouvelle porte sur le
Songe et une fée peut se retrouver dans une situation assez désespérée
pour vouloir y mettre un grand coup de pied.
Le Glamour que l’on Déchaîne arrive depuis le Songe selon une
méthode propre à chaque kith. C’est la raison pour laquelle l’Art ainsi
utilisé reflète toujours la nature du changelin. Un Bonnet rouge qui
manipule le Périple de cette manière projettera violemment sa cible
dans les airs, ou bien l’enverra à toute vitesse à travers un monde
rempli de sang et de douleur et l’en fera sortir à plusieurs rues de
distance. Si un Eshu Déchaîne les Contrats, il enveloppera sa cible
des bruits et des odeurs d’un marché animé, tandis qu’il l’oblige à
accepter un service rendu par le changelin en échange d’un objet
qu’elle possède et qu’il recherche.
Le joueur choisit l’Art qu’il va Déchaîner et énonce l’intention de
son personnage en une phrase courte et simple (« Blesse cet homme »,
« Sauve mon ami », « Guéris la clairière »). Il dépense ensuite deux
points de Glamour et ajoute un point à son score de Cauchemar.
Il n’est alors plus limité par les Royaumes que son protagoniste
connaît. Un Déchaînement de Glamour peut affecter n’importe
quoi et la connaissance du lanceur dans ce domaine n’entre pas en
ligne de compte.
Le joueur lance ensuite un nombre de dés égal au score de
Glamour de son personnage, auquel il ajoute un nombre de dés égal
à son score de Cauchemar (difficulté 7). Cette règle fait exception
à celle habituellement en vigueur sur les traits additionnés aux
Tempéraments. En cas de succès, il doit comparer le nombre de
réussites obtenues à son score dans l’Art qu’il vient de Déchaîner
(voir plus bas).
Résultats du Déchaînement
Si le changelin obtient un échec critique, le Songe déferle à travers
lui sans aucune précaution jusqu’à ce que la Banalité réponde
avec violence à la brèche qui vient de s’ouvrir dans les Brumes.
Le personnage se retrouve alors affligé d’un Déséquilibre (mais il
ne diminue pas en conséquence son groupement de Cauchemar,
comme c’est d’habitude le cas), puis son Art se Déchaîne et sème
le chaos autour de lui pendant un tour. Au début du tour suivant,
la Banalité réplique et coupe le changelin de son accès au Songe. Il
subit une Amorce à la Banalité et ne peut plus dépenser de Glamour
ni utiliser ses Arts pour le reste de la scène.
S’il rate son jet, le personnage se révèle incapable de Déchaîner
son Glamour. La Banalité frappe et il ne peut plus utiliser l’Art qu’il
a tenté de Déchaîner pour le reste de la scène.
En cas de succès, et si le nombre de réussites obtenues est inférieur
ou égal à son score dans l’Art, il parvient à invoquer et à contrôler
le Songe. De plus, il invoque automatiquement le Wyrd pendant
un nombre de tours égal à son niveau de Glamour (le joueur peut
dépenser un point de Volonté pour que l’effet se prolonge jusqu’à
la fin de la scène), son Visage féerique se dévoile et le joueur raconte
les conséquences du Déchaînement.
En revanche, s’il obtient plus de réussites qu’il n’a de points
dans l’Art utilisé, son personnage perd le contrôle. Il accomplit
son intention, mais d’une manière détournée ou inattendue qui
ajoute des complications ou met tous les gens présents en danger.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Le personnage gagne un point de Cauchemar, le conteur narre l’effet
du Déchaînement et devrait ajouter une complication ou un conflit
au résultat. De plus, le changelin invoque automatiquement le Wyrd
pour le reste de la scène.
Les Arts
Tous les Arts présentés ci-dessous commencent avec une présen-
tation de leur nature et une description de la manière dont leur
Déchaînement se manifeste. Les pouvoirs des cinq niveaux ont un
nom, un bref exposé de leurs effets, le système de règles auxquelles
ils obéissent et le type de Glamour qu’ils utilisent (chimérique, Wyrd
ou l’un des deux au choix).
L’Augure
Voici l’Art de la divination, de la prédiction et de l’interaction avec
le Dán, la croyance féerique dans la destinée.
Les oracles changelins pensent que le Dán est un immense entre-
lacs des fils du destin et qu’il est trop vaste et complexe à démêler
pour la plupart des esprits. Tous les êtres vivants, qu’ils soient fées,
mortels ou Prodigues, sont pris dans cette grande tapisserie. Leurs
actions et leurs idéaux tournoient les uns à travers et autour des
autres afin de créer le grand motif que constitue le monde. Il arrive
parfois que les forces du Dán se manifestent sous la forme de signes,
197
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
de présages et d’augures, si tant est que le témoin possède le savoir,
l’instinct et la sagesse de les reconnaître pour ce qu’ils sont. L’Art
de l’Augure mesure ces qualités.
On l’associe aux Kithains réfléchis et contemplatifs. Les nobles
recherchent les maîtres de l’Augure comme devins et conseillers, tandis
que les roturiers révèrent la sagesse qu’ils offrent. Cet Art est en règle
générale l’apanage des ensorceleurs sidhes et des devins eshus, mais
on connaît bien son antique association avec les Satyres grincheux.
Déchaîner l’Augure
On considère souvent que ces Déchaînements figurent parmi les
phénomènes les plus dangereux dans le Songe, car ils mettent à
nu toute la tapisserie du Dán, ce qui est une chose périlleuse pour
n’importe quel devin. Ils révèlent le futur, pour le meilleur ou pour
le pire, et toujours plus que ce que l’oracle espérait apprendre, ce
qui complique du même coup sa propre destinée.
Bêtises de l’Augure
Elles ont tendance à impliquer des actes divinatoires, traditionnels
ou non. En voici quelques exemples : faire une lecture du tarot, boire
un bol de thé et lire dans les feuilles, briser un miroir et en exami-
ner les fragments, se livrer à la scapulomancie, manger un biscuit
chinois, hypnotiser un ami et le questionner sur l’avenir, interpréter
les nuages, prendre des hallucinogènes, s’asseoir dans une hutte à
sudation, secouer une boule magique 8, programmer un algorithme
aléatoire pour simuler une boule magique 8.
Présage
Un Eshu déclare que le vagabond est honnête, et celui-ci est le bien-
venu dans la cour de la région. Ailleurs, un autre oracle informe
sa dame que l’amour qu’elle poursuit n’éprouve pas la même chose
qu’elle, ce qui lui vaut d’être banni pour son honnêteté.
Grâce à ce charme rudimentaire, le changelin entraperçoit briè-
vement la trame du destin d’une personne, d’un lieu ou d’un objet.
Le Présage qu’il révèle est toujours flou et rarement en relation avec
des événements imminents. À ce niveau, le devin peut au mieux
capturer la destinée au sens large d’une chose.
Système : le Royaume sélectionné détermine le sujet du Présage. Le
charme est en général invoqué avec la Fée ou l’Acteur, mais il est
tout à fait possible de l’employer au sujet d’un lieu ou d’un objet.
Plus le joueur obtient de réussites sur son jet d’activation, plus les
Présages ont de chances de découvrir la vérité au sujet de sa cible…
Cette valeur importe d’ailleurs peu, car le sortilège lui-même est
toujours ouvert à une certaine interprétation.
Une réussite Le devin peut chercher un indice à propos d’un plan
imminent de la cible, ou de l’avenir proche d’un objet.
Deux Ou un indice sur son comportement apparent ou
réussites la Cour d’allégeance de la cible, ou bien si l’objet
apporte la bonne ou la mauvaise fortune.
Trois Ou un indice sur l’un des plans à long terme de la cible,
réussites ou bien l’endroit où l’objet se trouvera dans le futur.
Quatre Ou un indice sur la nature profonde ou l’Héritage de
réussites la cible, ou bien si l’objet est d’une grande importance.
Cinq Ou un indice sur l’un des secrets bien gardés de la
réussites cible, ou le moment décisif dans la destinée d’un objet.
198 Changelin : le Songe
Lancer plusieurs fois ce charme sur la même cible au cours du
même scénario coûte un point de Glamour supplémentaire,
cumulatif, alors que les fils de Dán s’emmêlent de plus en plus.
Type : chimérique.
La Mèche du devin
Un petit garçon conjure une boule de lumière chaude et murmure :
« Mon frère. Trouve mon frère. »
La boule s’élève dans l’air, flotte jusqu’à la fenêtre de sa chambre
et l’aventure commence.
Le devin gagne la capacité d’invoquer un fragment lumineux
en provenance du cœur du Songe, qui le guidera jusqu’à l’endroit
où il doit se rendre. Il peut murmurer dans la Mèche le nom ou la
description de l’objet, de la personne ou de l’endroit qu’il cherche.
Elle l’y conduira alors infailliblement en suivant les voies du Dán.
Système : le Royaume décide de ce que le changelin tente de trouver.
Plus son joueur obtient de réussites sur son jet d’activation, plus la
route que la Mèche empruntera pour s’y rendre sera directe et sûre.
Ce charme ne dure qu’une heure par niveau de Glamour de l’oracle.
Il ne peut servir qu’à chercher un seul objet par scénario, ce qui
limite énormément son efficacité à résoudre des quêtes légendaires.
Par un étrange caprice, le sortilège est totalement chimérique ; les
mortels qui disposent d’un score de Banalité peu élevé (6 ou moins)
sont parfois capables d’en saisir la lumière, surtout la nuit et dans
des lieux retirés.
Type : chimérique.
Mouchard
Très commode, ce charme permet au devin d’assister à des scènes
qui se déroulent loin de lui, à travers un objet ou un individu qu’il
a ensorcelé dans ce but. En général, tout ce qui se trouve dans les
environs immédiats du focus du Mouchard apparaît sur une surface
réfléchissante, choisie par le changelin. Toutefois, on sait que certains
Nockers utilisent de vieux écrans de télévision ou d’ordinateur pour
projeter les effets de leur sortilège. Une fois la connexion établie, le
personnage est en mesure d’utiliser n’importe quel charme basé sur
la perception à travers sa cible première.
Système : le Royaume utilisé détermine ce qui devient le focus du
sort. Consacrer une personne ou un objet à cet usage nécessite
une invocation rituelle qui peut s’improviser et diffère d’un devin
à l’autre. Cependant, son intention est assez évidente et il faut se
montrer excellent manipulateur pour pousser quelqu’un à devenir
la source du charme sans qu’il s’aperçoive de ce qui est en train de
se passer. La cible demeure le focus du sort pendant un nombre de
jours égal au nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation.
Le devin peut alors observer ce qui se déroule autour d’elle quand
il le souhaite, mais il doit y consacrer toute son attention.
Type : chimérique.
Prophétie
Le changelin plonge dans les profondeurs du Dán et de sa trame,
puis encourage les forces du destin et du Songe à lui révéler une voie
pour parvenir jusqu’à l’objet de son cœur. La Prophétie est célèbre
pour son manque de fiabilité et son incertitude, car le chemin qu’elle
dévoile est toujours parcellaire et nébuleux. En revanche, si on le
suit avec diligence, il conduira jusqu’à l’avenir que le personnage
recherche. Au lieu de fournir une liste d’instructions qui permet-
tront au changelin d’atteindre le but qu’il s’est fixé, le sortilège offre
pistes, indices, présage et visions propices à interprétation tout à fait
séduisants. Cependant, la Prophétie ne fait que promettre une route
prédestinée, et celle-ci n’est en aucun cas brève, facile ou sans mérite.
Plus l’avenir recherché par le biais de ce charme est important, plus
le chemin qui y conduit a tendance à se montrer ardu.
Système : le Royaume utilisé correspond à ce que le changelin recherche,
comme l’Acteur pour l’amour d’un mortel ou l’Accessoire pour un
héritage perdu. Si le changelin l’invoque pour une autre personne,
il devra ajouter un Royaume secondaire (en général, l’Acteur ou
la Fée). Le devin reçoit un nombre d’indices, d’indications ou de
présages égal au nombre de réussites obtenues sur son jet d’acti-
vation. Le charme ne permet qu’une seule tentative par scénario
pour découvrir un avenir ou une destinée par son intermédiaire.
Type : chimérique.
Feu de la destinée
Un oracle bénit un chevalier la veille de la bataille. Un Boggan
acquiert une aubaine le jour où il ouvre son nouveau commerce.
Une Selkie amère maudit le promoteur responsable de ce projet
immobilier sur sa crique préférée.
Grâce au plus puissant charme de l’Augure, le devin pose les mains
directement sur les fils qui constituent la grande tapisserie du Dán
et les tire selon sa volonté. Il peut ainsi accorder la bonne fortune à
sa cible ou la maudire par de mauvais présages. L’expression précise
de cette manipulation du destin est toujours difficile à prévoir, mais
les signes ne trompent pas.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui sera béni ou maudit.
Une personne bénéficiera d’une réussite automatique par réussite
obtenue sur le jet d’activation du Feu de la destinée, et ce au moment
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Conseil au conteur :
le Feu de la destinée
Ce charme ne se résume pas simplement à faire profiter
d’une poignée de réussites supplémentaires, ou à infliger un
cuisant échec critique. Il est le Glamour que le devin tisse
dans la tapisserie du destin lui-même ; il existe pour appuyer
les légendes qui narrent un impressionnant triomphe dans
les heures les plus sombres ou une terrible défaite alors
que la victoire semblait à portée de main. Les effets de
ce sortilège ne doivent pas se déclencher au hasard, mais
plutôt à l’instant le plus dramatique. Lorsque les joueurs
se penchent au-dessus de la table, que vous apercevez cette
petite goutte de sueur qui dégouline pendant qu’ils comp-
tabilisent les résultats d’un jet de dés et qu’ils commencent
à pousser jurons ou cris de joie… Alors abattez le Feu de la
destinée sur leurs têtes.
que le conteur jugera opportun pendant le scénario en cours. Si
elle est maudite, les réussites obtenues soustraient un nombre
équivalent de réussites sur un jet choisi par le conteur et effectué
à un moment critique, également au cours du même scénario. De
plus, on additionne ou on retranche une réussite automatique
(selon qu’il s’agit d’une bénédiction ou d’une malédiction) à tous
les jets effectués pour le reste de la scène pendant laquelle s’est
199
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 déclenché le Feu de la destinée. Les bénédictions et les malédic-
tions affectent les objets de la même manière. Toutefois, elles ont
tendance à se concentrer sur leurs utilisations ou sur les tentatives
visant à accomplir des actions capitales ou dans des lieux précis,
non à s’attacher à une personne en particulier. Ce sortilège peut
rester sur un objet indéfiniment, jusqu’à ce que la bonne occasion se
présente. Un objet ou un individu ne peut se trouver sous l’influence
de plusieurs Feux de la destinée en même temps. En revanche, un
changelin peut invoquer ce même charme pour « combattre » une
bénédiction ou une malédiction déjà en place, et ainsi annuler sur
le premier sortilège un nombre de réussites équivalent à celui qu’il
a obtenu lors de son invocation. Cependant, il devra dépenser un
point de Glamour pour tenter de le faire.
Type : chimérique.
L’Automne
Voici la magie de l’automne, de Samhain et de la lumière qui devient
ténèbres. L’Art de l’Automne figure parmi les plus anciennes formes
de magie encore pratiquées par les Kithains, et certains le considèrent
comme le plus redoutable des quatre Arts des saisons. Il ne possède
aucune des énergies ou des passions créatives du Printemps ou de
l’Été, pas plus que la dignité solennelle de l’Hiver. Au contraire,
c’est un art des ombres et de la décomposition, de la flétrissure,
de la mort que l’on n’a pas encore acceptée et du malheur qui doit
s’abattre sur ses victimes.
La majeure partie des Kithains considèrent l’Art de l’Automne
comme une magie noire particulièrement malsaine. Nombre d’entre
eux préféreraient croire que seuls les plus sombres cœurs unseelies
manipulent un tel Glamour. En vérité, il est depuis longtemps le
compagnon des Sluaghs des deux Cours, ainsi que d’un certain
nombre de Satyres grincheux et de Boggans unseelies.
Déchaîner l’Automne
Déchaîner la décomposition de l’Automne est la définition même
du dernier recours ou de la cruauté gratuite. Il se révèle utile pour
provoquer des pannes techniques massives ou affaiblir ses adver-
saires, et on en appelle souvent à lui au moyen d’ordres désespérés,
comme « Pourris » lancé sur un obstacle, « Flétris » mugi vers un
groupe d’adversaires ou « Tombe en ruines » proféré contre une
entreprise ou un système. La manifestation exacte de la pourriture
de l’Automne se révèle rarement prévisible. Les Eshus ne manquent
pas d’histoires qui parlent toutes de la même chose. Un changelin
invoque le malheur, le Déchaînement l’exauce bien au-delà de ce
qu’il souhaitait au départ, et il se déverse sur le monde.
Bêtises de l’Automne
Elles impliquent souvent les oripeaux de l’automne, des funérailles,
des récoltes et d’Halloween. En voici quelques exemples : écraser une
feuille morte, porter un masque effrayant, se déguiser en ce que l’on
n’est pas, éteindre une lanterne ou une chandelle, actionner rapide-
ment un interrupteur, pousser un gémissement plaintif, concevoir
et fabriquer un costume spécial, se voiler le visage, monter la garde
jusqu’au lever du soleil, ramasser un fruit mûr, reverser de l’hydromel
sur le sol, brûler son portefeuille et tout ce qu’il contient, se perdre
dans un endroit inconnu.
200 Changelin : le Songe
Ombres insidieuses
Le changelin ordonne aux ombres alentour de se plier à sa volonté.
Une Satyre convoquera l’ombre d’un partenaire réticent pour dan-
ser avec elle. Un Sluagh transformera les ombres nocturnes dans
la chambre d’une petite brute en ombres chinoises menaçantes.
Cet Art peut s’utiliser avec subtilité afin d’altérer ou de manipuler
légèrement les ombres, et donner à la scène un visage sinistre. Il
peut aussi servir pour leur ordonner de devenir d’immenses formes
malveillantes, totalement indépendantes des actions de ceux qui les
projettent. On peut même leur demander d’engloutir le changelin
(ou quelqu’un d’autre) et de le dissimuler à la vue de tous.
Système : le Royaume choisi détermine la personne ou l’objet qui
projette l’ombre dont joue le charme. Un usage discret de ce pou-
voir diminuera la difficulté de tous les jets d’Intimidation effectués
par le lanceur de –1 par réussite obtenue. Employé ouvertement,
il révèle la puissance magique du changelin aux autres Kithains et
terrifie les mortels (du moins jusqu’à ce que les Brumes effacent les
ténèbres monstrueuses qu’ils ont vues s’agiter en tous sens). Si l’on
s’en sert pour faire disparaître la cible dans son ombre, la difficulté
des jets de Furtivité qu’elle effectuera diminue de –1 par réussite
obtenue, tandis que la difficulté pour localiser un objet dissimulé
de la sorte augmente de +1 par réussite obtenue (maximum 9 dans
les deux cas).
Type : chimérique ou Wyrd selon l’évidence de son utilisation.
Les yeux de l’Automne
Le duc se penche pour scruter avec attention le vagabond devant
lui et ses yeux brûlent de la flamboyance de Samhain. Saisissant
fugacement la grande malédiction qui le suit pas à pas, il refuse son
hospitalité et le renvoie dans un vent de murmures.
Le Glamour de l’Automne imprègne les yeux du changelin et
celui-ci se met au diapason de la décomposition et de la mort. Il peut
alors sentir la maladie et l’infirmité dans les gens qui l’entourent,
repérer les fragilités et les points de rupture des objets ou encore
reconnaître la marque d’un malheur immense ou imminent.
Les yeux du personnage adoptent toujours une caractéristique
surnaturelle lorsqu’il invoque ce charme. Ses iris prennent la couleur
orangée des feuilles fraîchement tombées ou bien deviennent blancs
et se mettent à briller, auréolés d’une lueur fantomatique. Si tous
les autres éléments du charme sont chimériques, ce changement
peut se remarquer, même par des mortels observateurs (difficulté 8).
Système : le Royaume invoqué détermine ce que le personnage peut
examiner. S’il s’en sert sur une personne, il connaît son état de
santé général (et peut ainsi prononcer un diagnostic s’il possède la
capacité Médecine). Plus il obtient de réussites sur son jet de dés,
plus les informations seront détaillées. Il peut aussi percevoir un
point faible chez un adversaire, ce qui lui permettra d’ajouter un
dé de dégâts supplémentaire par réussite obtenue sur la prochaine
attaque qu’il lui portera. De la même manière, ce charme sert à
repérer les faiblesses dans la structure des objets. Si le sujet examiné
par les Yeux de l’Automne se trouve sous l’influence d’une malé-
diction quelconque, d’un affaiblissement magique ou d’un grand
malheur imminent (comme avec le handicap Sombre destin, décrit
en page 189) et que le changelin obtient au moins trois réussites
sur son jet, il en aura connaissance, tout comme il identifiera la
nature de cette malédiction ou de l’influence maléfique surnaturelle.
Type : chimérique.
 La pomme empoisonnée
Une jeune Bonnet rouge apporte une boîte de biscuits préparés par
sa mère à sa classe de CE2, un pour chaque élève. Elle en a un très
spécial pour le garçon qui lui jette des pierres après l’école, et elle
prend bien garde à le lui donner en main propre. Dans ce biscuit-là,
elle a insufflé toute sa peur et toute sa hargne.
Depuis des générations, ce charme terrible donne aux mortels
toutes les raisons du monde de craindre les présents et la colère du
peuple féerique. Le changelin concentre sa rage en une infusion
mortelle de Glamour dirigée contre quelque chose qui se trouve à
portée de main, et empoisonne sa cible.
Système : le Royaume invoqué détermine ce que le personnage peut
empoisonner. S’il s’en sert sur une personne, elle tombe foudroyée.
S’il lance son charme sur un objet, celui-ci devient toxique pour
le prochain individu qui l’utilisera de la manière décidée par le
conteur et selon sa nature. Une pomme devra être mangée, tandis
qu’un livre produira sans doute son enchantement sur celui qui le
lira. Ce charme inflige un nombre de dés de dégâts égal au nombre
de réussites obtenues sur le jet. La cible pourra résister de la même
manière qu’elle le ferait pour un poison (cf. page 291). Pour les
créatures surnaturelles, il s’agit d’un poison de troisième catégorie,
de cinquième catégorie pour les mortels.
Type : Wyrd.
La flétrissure
Un homme de main parvient à acculer un Satyre contre la porte
et tire une clé à molette de sa poche. Mais sa victime serre le poing
et y jette un regard noir, et ce faisant, lui dérobe cinquante ans.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Mélange des genres
Les conteurs qui connaissent Wraith : le Néant pourraient
se demander avec curiosité l’effet exact produit par les
Frissons dans le monde des fantômes. Si vous voulez uti-
liser les règles plus détaillées de cet univers, il transforme
sa cible en véritable phare au milieu des Terres d’Ombre
pour les revenants utilisant le pouvoir Perception de la vie.
Lorsqu’un fantôme récolte le Pathos d’une personne ou
d’un objet marqué par ce charme, il gagne un point de plus.
En présence du sujet hanté, on considère que le niveau du
Linceul est inférieur de 2 points à sa valeur normale. Enfin,
la difficulté de tous les Arcanoi visant directement la cible
affectée par le charme diminue de –2.
Soudain, la brute devient un vieillard, faible, chancelant, couvert
de taches brunes… et assez léger pour que le Satyre le fasse basculer
d’une seule main par-dessus la rambarde du balcon. La malédiction
se dissipe alors que l’homme tombe, mais tout se trouve à présent
entre les mains de la gravité.
D’un geste mauvais, le changelin vole à sa cible sa vitalité et ne
lui laisse que l’apparence de l’âge et du déclin.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui est flétri. Sur un
objet ordinaire, les effets de cet Art sont permanents. Dans d’autres
circonstances, le joueur devra répartir les réussites obtenues entre
201
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 la durée et la gravité de la flétrissure infligée. Chaque réussite fait
vieillir le sujet de dix ans, ou bien prolonge l’effet selon la durée
indiquée dans le tableau ci-dessous. Si la cible du charme est une
créature vivante, elle subit une pénalité de –1 à tous ses groupe-
ments physiques.
0 réussite Score de Glamour du changelin en tours.
1 réussite Une scène.
2 réussites Un jour.
3 réussites Score de Glamour du changelin en jours.
4 réussites Deux fois le score de Glamour du changelin en tours.
5 réussites Trois fois le score de Glamour du changelin en tours.
Lancer plusieurs fois ce charme n’a aucun effet supplémentaire,
sauf si le personnage obtient plus de réussites que lors de ses
précédentes invocations. Quelle que soit l’influence qu’elle peut
avoir sur son âge, la Flétrissure ne peut pas la faire mourir de
vieillesse sur-le-champ.
Type : Wyrd.
Frissons
Un Sluagh en proie à une sourde colère se glisse dans la salle de repos
des employés de la maison de retraite. La voilà, la veste de l’aide-
soignant un peu trop brusque avec sa mamie. Il glisse une poignée
de feuilles écrasées dans sa poche et ce faisant, suscite l’attention des
ombres des morts dans ce royaume de la vieillesse et du désespoir. Le
propriétaire de la veste ne trouvera bientôt plus beaucoup le repos.
Le changelin puise dans ses propres rêves de mort et de ténèbres,
puis les transmet à une cible. La personne ou l’objet ainsi maudit
devient un véritable aimant à fantômes et subit les attentions des
Morts sans repos pendant un certain temps.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui est hanté. Les effets
exacts de cette hantise peuvent varier du tout au tout selon le lieu,
l’objet ou la personne qui en est victime, la probabilité que les
fantômes s’y intéressent déjà et ainsi de suite. Au pire, des désastres
indépendants des règles peuvent survenir, comme des murs qui
se mettent soudain à saigner pendant une importante réunion
d’affaires. Pour faire simple, partez du principe que l’attention des
revenants peut infliger une pénalité de –1 aux actions qui requièrent
une intense concentration ou bien aux actions qui utilisent l’objet
affecté, ou encore hanter les rêves des personnages et les empêcher
de récupérer des points de Volonté pendant leur sommeil.
La hantise dure un nombre de jours égal au nombre de réussites
obtenues par le lanceur sur son jet, multiplié par le score perma-
nent de Glamour du changelin.
Type : chimérique.
La Chicanerie
Les pratiquants de la Chicanerie plient et tissent le Glamour tout en
sachant que les Brumes se manifesteront pour dissimuler leur magie
aux yeux du monde ordinaire. Les roturiers ont été les premiers à
les exploiter pour altérer la perception et les souvenirs, et ils ont
considéré l’Art qui en est né comme une petite rébellion contre les
forces qui limitent d’ordinaire leur pouvoir. On a longtemps consi-
déré que la Chicanerie n’était digne que des roturiers, sans doute
à cause de son origine. D’ailleurs, les changelins qui la connaissent
202 Changelin : le Songe
et l’utilisent sont toujours stigmatisés dans les cours dirigées par
d’anciens nobles.
Déchaîner la Chicanerie
Canalisée à travers le Glamour brut, la Chicanerie modifie les per-
ceptions, réécrit les souvenirs et transforme fantasmes et folies en
faits irréfutables. Lorsqu’un changelin Déchaîne cet Art, il peut par
exemple ordonner « Cache cette maison aux yeux de nos ennemis »,
« Fais que le monde oublie ce jour » ou bien « Ce qui a été trouvé
sera à nouveau perdu ».
Bêtises de la Chicanerie
Elles impliquent souvent la voix du lanceur, les déguisements et les
mensonges. En voici quelques exemples : insister pour que vos amis
vous donnent un autre nom pendant un jour, revêtir une blouse
blanche de médecin et soigner des patients, répéter trois fois un
secret devant une foule ou brûler une photographie.
Mirage
Subtile manipulation du Glamour, ce charme se révèle très utile
pour brouiller les perceptions, et il provoque des incompréhensions
et des erreurs. Un Pooka qui orchestre un enlèvement prendra la
même voix que la mère de sa cible au téléphone. Un Eshu traqué
par un chasseur dément entrera dans un marché et se perdra dans
la foule. Une Sidhe fauchée fera passer un billet de 5 euros pour un
billet de 50 et pourra ainsi manger le soir.
Système : tous ceux qui regarderont la cible sous l’influence d’un Mirage
interpréteront ce qu’ils voient ou entendent de la façon dont l’a
décidé le joueur. Toutefois, l’effet ne résiste pas à un examen poussé.
Le Royaume invoqué détermine ce que l’illusion modifie ou altère.
Chaque réussite obtenue sur le jet prolonge le subterfuge d’un tour.
Un personnage qui observe la cible pendant plus d’un tour peut
faire un jet de Perception + Occultisme (difficulté 8) pour percer
le charme à jour. Ce sortilège ne peut servir à créer des illusions
élaborées. Si la cible ne peut raisonnablement passer pour l’objet
original, elle est probablement trop complexe pour lui.
Mirage relève de la magie chimérique même lorsqu’on l’utilise sur
des cibles ordinaires, car ses effets sont subtils et ne résistent pas
à un examen approfondi.
Type : chimérique.
Voile
Là où Mirage fait passer une chose pour une autre aux yeux du
témoin, Voile se sert des Brumes pour faire instantanément oublier
sa cible. Un Kithain vêtu d’un habit de cour peut traverser une
foule de mortels sans se faire remarquer. Personne n’apercevra l’épée
finement ouvragée d’un Troll passée à sa ceinture alors qu’il entre
dans la banque. Les ennemis du changelin ne verront pas les nuages
menaçants s’amonceler dans le ciel au-dessus de leur maison. La cible
ne devient pas invisible, on n’y prête simplement pas attention. Le
personnage peut imaginer des applications malveillantes de ce charme
et faire en sorte qu’on ne remarque pas les voitures qui roulent dans
la rue ou les adversaires qui s’approchent avant qu’il ne soit trop tard.
Système : le Royaume invoqué détermine ce que tout le monde ignore,
mais il est possible d’en ajouter d’autres afin d’émettre des exceptions
à l’effet. Par exemple, le personnage pourrait utiliser la Fée et la
Nature et se dissimuler avec le Voile, mais permettre aux animaux
de le sentir. Le nombre de réussites détermine la durée du charme :
 Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Les changelins peuvent contrer l’enchantement s’ils réussissent un
jet en opposition de Perception + Acuité (difficulté 8). Cependant,
ils doivent activement chercher la cible du charme ou une chose
dissimulée. D’autres créatures surnaturelles ont aussi les mêmes
chances de percer l’illusion à jour si elles possèdent des sens
surnaturels ou une forme de perception mystique.
Type : chimérique ou Wyrd, selon la cible.
Logique onirique
Les liens incohérents et illogiques abondent dans le chaos du Songe
et les adeptes de la Chicanerie tirent parti de l’étrangeté de ce charme
pour brouiller les cartes et manipuler leur monde. Enveloppé par
le Glamour et les Brumes qui l’accompagnent, l’esprit de la cible
s’obscurcit. Désorientée, elle ne remet pas en question les affirmations
ou les ordres qui n’auraient d’habitude guère de sens pour elle. Les
espions eshus font passer des lettres et des paquets par des messagers
confus. Le soigneur du zoo dompte des animaux récemment arrivés
que personne d’autre que lui ne peut approcher sans risque.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible. Après avoir lancé
avec succès son charme, le changelin impose à sa ou ses victimes un
état d’esprit qui la plonge dans la confusion et la rend sensible à la
suggestion. La difficulté de toutes ses tâches mentales ou sociales
augmente de +3 pendant la durée du sort. La cible devient aussi
très influençable ; elle accomplit des actions et accepte des idées qui
n’auraient aucun sens pour elle ou qu’elle écarterait en temps normal.
Chaque fois que le personnage tente de manipuler ou de donner
un ordre à sa ou ses cibles, le joueur ou le conteur peut tenter d’y
résister grâce à un jet de Volonté (difficulté 8). Il devra obtenir
un nombre de réussites égal ou supérieur à celui obtenu par l’uti-
lisateur de cette magie. Si le changelin suggère un élément qui
choque leur conscience ou leur fait courir un danger mortel, les
joueurs ou les personnages affectés peuvent dépenser un point de
Volonté pour se libérer de cette influence. Le nombre de réussites
obtenues détermine la durée du charme :
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Type : chimérique.
Fugue
Les légendes et la mythologie présentent souvent des histoires
fantastiques, et souvent méritées, pendant lesquelles les fées volent
leurs souvenirs à des mortels. Le changelin se déplace sans se faire
percevoir par les sens ordinaires de la vue ou de l’ouïe et ce faisant,
enveloppe de Glamour la cible de son charme. En réaction, les
Brumes effacent celle-ci de tous les esprits pendant un certain temps.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
L’amant infidèle pourrait rentrer de vacances et réaliser que sa famille
ne le reconnaît plus, ou bien l’adversaire oublier de sortir son épée
au cours d’un duel.
Système : le Royaume invoqué détermine ce que tout le monde oublie,
il est possible d’en ajouter d’autres afin de créer des exceptions à
l’effet. Si un personnage utilise la Fugue afin qu’on l’oublie assez
longtemps pour lui permettre de s’échapper, il pourrait y associer la
Fée ou l’Acteur et ainsi faire en sorte que sa Bande se souvienne de
lui. Le nombre de réussites obtenues détermine la durée du charme :
Une réussite Une heure
Deux réussites Une scène
Trois réussites Un jour
Quatre réussites Une semaine
Cinq réussites Un mois
Les utilisateurs de la Fugue peuvent déclencher ses effets à n’im-
porte quel moment au cours de sa durée. À l’instar du Voile,
les changelins et les créatures surnaturelles peuvent résister à ce
sortilège s’ils ont une raison d’essayer de se souvenir du sujet.
Type : chimérique ou Wyrd.
Perdu dans les Brumes
Qu’y a-t-il de pire ? Ne pas pouvoir se fier à ses sens, devenir invisible
ou être oublié ? Les maîtres de la Chicanerie emploient l’ultime
manipulation des Brumes pour effacer l’identité de leur cible. Non
seulement celle-ci oublie qui elle est, mais de plus, le changelin peut
ajouter d’autres Royaumes pour lui faire croire qu’elle est d’une
nature tout à fait différente. Le rival d’un Nocker commence à se
comporter comme un chien pendant la présentation de sa dernière
invention. Le vampire qui terrorise la Bande du quartier se réveille
sans aucun souvenir de sa condition de mort-vivant, et se met à
paniquer lorsqu’il sort de chez lui et que le soleil lui brûle la peau.
Un Clurichaun fait croire à un mortel qu’il est un nuage d’orage et
crée ainsi une performance artistique instantanée.
Système : de la même manière que pour la Logique onirique, le Royaume
invoqué détermine la cible, mais le changelin peut ajouter des
Royaumes supplémentaires pour définir l’hallucination qu’il inflige.
S’il emploie la Scène ou le Temps, il peut adjoindre un autre endroit
ou une époque différente aux effets. Par exemple, la Scène permettra
que la cible conserve son identité, mais elle pensera se trouver en
prison. De la même manière, le Temps pourrait la transporter, du
moins dans son esprit, dans le passé ou dans un futur imaginaire.
Lorsque le personnage lance ce charme, le joueur de la cible devrait
faire un jet de Perception + Acuité (difficulté 9) pour déterminer
si elle est consciente de l’intrusion mentale dont elle est victime.
En cas de succès, elle peut résister chaque tour à ses effets si elle
réussit un jet de Volonté (difficulté 8), ou pour toute la scène si
elle dépense un point de Volonté. Le nombre de réussites obtenues
détermine la durée du charme :
Une réussite Une heure
Deux réussites Une scène
Trois réussites Un jour
Quatre réussites Une semaine
Cinq réussites Un mois
203
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Type : chimérique ou Wyrd.
Le Chronos
Cet Art était autrefois l’apanage des seules maisons nobles et des
Sidhes, mais à présent, les roturiers considèrent qu’ils ont tout à fait
le droit d’utiliser la magie temporelle. De nombreux Sidhes conti-
nuent de veiller jalousement sur elle et peuvent se montrer hostiles
s’ils voient quelqu’un d’autre s’en servir. Au départ, les étudiants du
Chronos manipulent entièrement la perception du temps, mais avec
assez de pratique (et de courage), ils peuvent apprendre à revivre un
moment précis ou à étendre un instant sur une éternité.
Déchaîner le Chronos
Le changelin déforme le temps autour de lui, ralentit ses adversaires,
regarde dans le passé ou le futur et dérègle la chronologie normale
des événements. En Déchaînant cette magie, il peut chercher à se
venger et empêcher une blessure de guérir (« Souffre pour l’éternité »),
faire perdre des jours de leur vie à ceux qui l’entourent et même
voyager dans un passé récent.
Bêtises du Chronos
La plupart du temps, elles dépendent de l’utilisation d’une confluence
ou d’une répétition quelconque. Elles se servent aussi souvent de
montres ou d’horloges, ou encore d’objets anciens ou tout neufs.
En voici quelques exemples : briser une pendule alors qu’elle sonne
minuit, répéter trois fois un poème, lancer le charme lorsque le soleil
éclipse la lune, reculer au ralenti ou chanter une chanson à l’envers.
Coup d’œil en arrière
Le changelin commence à étudier la magie du temps en apprenant
à regarder dans le passé. On a beau considérer ce charme comme
un usage rudimentaire du Chronos, il reste très utile. C’est la raison
pour laquelle on prise beaucoup les novices dans cet Art au sein des
Bandes ou des Domaines. Un Sidhe enquête sur la disparition de
son vassal et plonge dans le passé jusqu’au moment où on l’a vu
pour la dernière fois. Soupçonneux, un Troll examine la journée
de sa maîtresse et voit le rendez-vous galant auquel elle s’est rendue.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible de la vision, et le
nombre de réussites la période sur laquelle le changelin peut remon-
ter le temps. Le joueur peut préciser un moment ou un événement
sur lequel se concentrer, mais s’il se trouve en dehors de la fenêtre
temporelle que lui permet son jet de dés, le charme échoue.
Une réussite Jusqu’à une heure
Deux réussites Jusqu’à un jour
Trois réussites Jusqu’à une semaine
Quatre réussites Jusqu’à un mois
Cinq réussites Jusqu’à un an
Type : chimérique.
Cause et effet
Premier charme à jouer sur la distorsion temporelle, celui-ci bouscule
l’écoulement normal du temps pour sa cible. Le bruit d’un verre qui
se brise peut précéder sa chute sur le sol, ou un corps peut tomber
à terre avant que l’on n’entende le coup de feu.
204 Changelin : le Songe
Système : le Royaume invoqué détermine la cible et tout ce qui est en
mesure de la percevoir expérimente la distorsion. Toutefois, seule
une créature intelligente peut subir l’effet que le sortilège impose.
En effet, ce niveau de magie n’altère que la perception des témoins
situés autour de la cible, et non le cours du temps. Ce charme peut
provoquer une sérieuse confusion dans l’esprit de quiconque tente
de voir ou d’interagir avec elle. De plus, le sortilège infligera une
pénalité de trois dés à tous ceux qui en expérimentent les effets.
Les personnages qui connaissent l’Art du Chronos ou une magie
temporelle semblable peuvent effectuer une action. Le joueur fera
un jet d’Astuce + Gremayre (difficulté 8) pour en ignorer les effets
négatifs pendant toute la scène.
Le nombre de réussites obtenues détermine la durée du charme :
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Type : Wyrd.
Gravé dans le marbre
Les manipulations mineures apprises en introduction ont préparé le
Kithain à assimiler la manière d’en dompter le flot et de suspendre
son cours pour un moment. S’il lance ce charme sur une cible, il
empêchera les effets normaux de l’âge et du monde extérieur de
l’affecter. Cependant, il ne lui évitera pas les résultats d’une interac-
tion normale ou d’une destruction volontaire. Le temps n’a plus les
mêmes conséquences sur elle ; elle ne grandit plus, ne vieillit plus, ne
se détériore plus et parfois même ne progresse plus. La météo pour-
rait ne plus changer pendant des semaines, la nourriture demeurer
comestible indéfiniment. Le charme n’empêche pas les dégâts ou
l’usure intentionnels, ce qui signifie que même si une voiture n’a
jamais besoin d’entretien, elle subira bien des dommages au cours
d’un accident.
Un Boggan qui refuse de voir mourir son chien âgé l’empêchera
de vieillir. Un tortionnaire sidhe bien décidé à arracher des infor-
mations importantes à sa victime fera en sorte que ses blessures ne
guérissent pas. Un Troll arrêtera la construction d’un nouveau pont,
et ce malgré une équipe qui travaille tous les jours sur le chantier.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible, tandis que le
nombre de réussites indique la durée pendant laquelle celle-ci
reste en dehors du cours normal du temps. Si le personnage est
assez doué dans le Royaume de la Fée, il sera capable de prolonger
les effets d’autres charmes avec Gravé dans le marbre. Toutefois, il
revient au seul conteur de décider des interactions spécifiques que
ce sortilège pourrait avoir.
Une réussite Un jour
Deux réussites Une semaine
Trois réussites Un mois
Quatre réussites Un an
Cinq réussites Une décennie
Type : Wyrd.
 Déjà vu
Le changelin a appris à manipuler la perception du temps, puis à
en arrêter le cours autour de sa cible. À présent, il étudie la façon
de revivre un moment récent de son passé, et d’expérimenter à
nouveau le présent armé de la connaissance du futur. Comme le
temps continue de s’écouler, les ramifications des possibilités rendent
toute application à long terme de ce charme inefficace. Pourtant,
l’adepte du Chronos peut retourner quelques minutes en arrière.
S’il détient une puissance indéniable, il accepte aussi le risque de se
laisser submerger par les futurs possibles. Utiliser plusieurs fois le
Déjà vu au cours de la même scène devient de plus en plus difficile,
au fur et à mesure que les fils du destin s’emmêlent.
Un messager piskey revit les moments qui précèdent la scène où
elle se retrouve cernée par ses rivaux, ce qui lui permet d’éviter tous
les dangers. Le garde du corps troll voit son client se faire abattre puis
revit cet événement fatidique, et peut ainsi l’écarter de la trajectoire
et prendre la balle à sa place. Une Selkie mourante revit l’instant de
sa mort pour pouvoir embrasser une dernière fois son grand amour.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui retourne dans le temps,
bien que tous ceux qui sont soumis au charme sans être prévenus
seront désorientés et à juste titre perplexes. Même le lanceur et
d’autres maîtres de la magie temporelle doivent surmonter l’épui-
sement lié au déplacement temporel s’ils veulent modifier l’avenir.
Pendant le tour où le joueur jette son charme, la ou les cibles (y
compris le personnage) ne peuvent pas entreprendre d’action, car
elles orientent le cours actuel du temps.
Le joueur doit décrire les Bêtises que commet son personnage
pendant qu’il lance son charme, et le conteur diminuera la difficulté
en fonction de celles-ci. Une fois le sort activé, la difficulté de tous
les jets de la cible diminue de –3, et ce pendant un nombre de
tours égal au nombre de réussites obtenues sur le lancement du
charme. Chaque utilisation du Déjà vu augmente de +1 la difficulté
de son prochain emploi au cours de la même scène.
Type : Wyrd.
Dilatation temporelle
C’est de ce charme qu’est née la légende de Rip van Winkle. Il pousse
sa cible dans le futur et la décale du reste du monde. Elle vieillira et
subira normalement les effets du temps qui passe, mais le monde
autour d’elle changera à peine.
Serviable et généreux, un Troll fait rapidement mûrir quelques
fruits pour nourrir des enfants égarés. Furieux que sa Bande soit venue
en aide à son ennemi, un puissant Sluagh fait vieillir leur maison d’un
siècle et elle tombe en ruines sous leurs yeux. Grâce aux bons soins
d’un jardinier boggan, de jeunes pousses nouvellement plantées gran-
dissent et deviennent en un battement de cil des arbres majestueux.
Système : de la même manière que les charmes du Chronos précédents,
le Royaume invoqué détermine la ou les cibles, mais le nombre de
réussites indique la durée qu’il modifie. Le charme ne dure que
quelques instants, même s’il se passe des décennies pour le sujet.
Une réussite Jusqu’à une semaine
Deux réussites Jusqu’à un mois
Trois réussites Jusqu’à un an
Quatre réussites Jusqu’à une décennie
Cinq réussites Jusqu’à un siècle
Type : Wyrd.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Les Cieux
Voici l’Art antique et rarement déployé de commander au vent et
au tonnerre. Il était une fois, du moins selon les contes des Eshus,
les seigneurs des fées sur leurs chariots des vents. Ils chassaient la
foudre qu’ils forgeraient dans des lames de qualité et qu’ils tissaient
dans des atours scintillants. Ils invoquaient le vent du Septentrion
dans le creux de leur main et parlaient avec la voix de la tempête.
Les fées ont depuis longtemps perdu une puissance aussi colossale,
sauf dans les tréfonds de périlleux Déchaînements, mais ils gardent
encore aujourd’hui les rudiments de leur maîtrise passée sur les
forces célestes.
Cet Art est rare, apprécié par ses adeptes comme une alternative
plus raffinée à la magie ordinaire du Primordial ou du Périple. Il
est principalement pratiqué par les Trolls et d’après les rumeurs,
très prisé par les Ondins et les Selkies. Toutefois, certains Eshus
trouvent qu’il a du style et qu’il leur donne une touche d’élégance
un peu décoiffée.
Déchaîner les Cieux
Ce sont des affaires peu subtiles qui font intervenir tempêtes soudaines,
vents violents, coups de tonnerre retentissants, éclairs zébrant le ciel
et ravages électroniques. Les Déchaînements peuvent reconduire un
bateau au port (ou l’envoyer par le fond), ou bien paralyser les rues
d’une grande ville pendant une heure avec des pluies torrentielles
et des rafales emportant tout sur leur passage, ou endommager ou
détruire un bâtiment, ou encore griller un réseau électrique majeur.
Bêtises des Cieux
Elles se concentrent sur le son, l’électricité, le grand air et les anciennes
traditions. En voici quelques exemples : frapper dans ses mains au
milieu d’une pièce silencieuse, secouer une feuille d’aluminium, graver
une rune dans sa chair, dessiner des éclairs sur la cible de son charme,
couper l’alimentation d’un appareil électrique, faire tournoyer un
rhombe, se peindre en bleu, hurler vers le ciel, grimper sur un toit
en pleine tempête, retourner un parapluie, lécher les bornes d’une
pile, marteler un tambour, frapper la surface d’un bol d’eau du plat
de la main, prévoir le temps, traîner une manche à air derrière soi
jusqu’à ce qu’elle flotte, faire voler un cerf-volant, briser un appareil
électronique fragile, couper le disjoncteur dans une vieille maison.
Hurlevent
Un Eshu fait une entrée vraiment fracassante, cheveux au vent,
manteau claquant dans son sillage. Un Troll tient le haut d’un
escalier et projette une violente rafale sur ceux qui tentent de gravir
les marches pour venir l’affronter. Poussé par le vent lui-même, un
Boggan grassouillet court comme un athlète olympique.
Le changelin invoque un vent puissant et utilise sa force pour
accélérer ses déplacements ou celui de ses alliés, contrer ses adversaires
ou simplement souffler dans la direction qu’il souhaite.
Système : le Royaume invoqué détermine à qui le vent prête assistance
ou d’où il souffle. Si le Kithain l’utilise sur une personne, il peut
placer un puissant courant d’air dans son dos ; ainsi, il doublera sa
vitesse de déplacement par tranche de deux réussites obtenues sur
le jet d’activation du sortilège, ou bien il la divisera dans les mêmes
proportions si elle avance contre le vent. Ces vents se prolongent
pendant une durée égale à son score de Glamour en minutes. Si le
changelin cible un objet, il pourra le pousser à une vitesse égale à
son score de Glamour x 1,6 km/h, et ce pendant cinq minutes par
réussite obtenue sur le jet d’activation ; de plus, il dirigera le vent
205
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 dans la direction qu’il souhaite. Sinon, il peut utiliser un objet ou
une personne comme source d’un vent puissant. Ce dernier sortira
en rugissant dans toutes les directions, et il deviendra difficile
d’approcher la cible ainsi enchantée. Considérez que tous ceux
qui tenteront d’avancer vers elle le feront contre le vent, et que
l’effet durera une minute par point de Glamour du changelin qui
a lancé le charme. Enfin, s’il fait appel au Royaume de la Nature, le
personnage peut simplement faire souffler le vent dans la direction
qu’il souhaite. L’effet durera dix minutes, ou bien sa vitesse sera égale
à 16 km/h par réussite obtenue sur son jet d’activation. Le joueur
répartira ces réussites comme il l’entend en fonction de ses besoins.
Type : Wyrd.
Diablotins électriques
Un chef de service jure alors que le système informatique plante pour
la huitième fois de la journée. Impossible de travailler correctement.
Il pousse un soupir et renvoie tous ses collaborateurs chez eux pour
le reste de l’après-midi. Assise près de la fenêtre à admirer le beau
temps qu’il fait dehors, une Satyre sourit et quitte son bureau.
Ce charme invoque une troupe de diablotins qui sèment un
joyeux désordre dans les appareils électriques. Ces chimères mineures,
de minuscules créatures à la couleur jaune verdâtre, sont capables
de se cacher derrière n’importe quel objet, aussi petit soit-il, dès
qu’on les observe directement, et leur simple présence perturbe les
systèmes électroniques complexes. Un individu poursuivi par un
groupe de diablotins se trouvera dans l’impossibilité de gérer ce type
d’installations qui se rebiffent devant lui et refusent de fonctionner.
Type : chimérique.
206 Changelin : le Songe
Système : le Royaume invoqué détermine ce que les diablotins pour-
suivent et harcèlent. Grâce à la Fée et l’Acteur, ils perturbent l’élec-
tronique que la cible tente d’utiliser, ou près de laquelle elle passe
ne serait-ce que quelques minutes. La Nature et l’Accessoire servent
à lier ces créatures à des objets et des phénomènes et produisent
les mêmes résultats ; ils viseront un ordinateur et le détruiront
directement, créeront des pierres ou des manteaux « maudits » et
ainsi de suite, ce qui provoquera des catastrophes en chaîne dans
les systèmes électroniques à proximité d’eux.
La technologie ciblée par les diablotins subit bugs, plantages,
erreurs, coupures électriques, erreurs système et interruptions qui
la paralysent. Elle peut même attraper sans raison apparente des
virus informatiques tout aussi mystérieux que déconcertants, et
qui la rendent inutilisable. Plus le nombre de réussites est élevé,
plus ces créatures resteront longtemps dans les parages, en fonction
du tableau ci-dessous :
Une réussite Les diablotins rôdent pendant environ une scène.
Deux réussites Ils poursuivent la cible pendant un jour.
Trois réussites Ils restent pendant un nombre de jours égal au
score de Glamour du lanceur.
Quatre réussites Ils restent pendant un nombre de jours égal à deux
fois le score de Glamour du lanceur.
Cinq réussites Ils harcèlent la cible pendant un nombre de jours
égal à trois fois le score de Glamour du lanceur.
 Vitesse de l’ouragan
Cerné et clairement submergé par le nombre, le Troll grimace un
sourire. « Tu veux la lame du comte ? Alors, va chercher ! », crie-t-il
en lançant le Trésor ancestral par-delà l’horizon. Le devin du noble
sera certes capable de le retrouver, mais à en croire l’expression sur
leurs têtes, aucun des Bonnets rouges et des Satyres qui lui font face
ne possède ce genre de talent.
Le changelin invoque l’essence même du vent et l’insuffle à une
personne ou une chose. La cible gagne non seulement la célérité
du zéphyr, mais aussi son vaste point de vue, ce qui lui donnera des
réflexes et des réactions foudroyants. Les objets ne font plus qu’un
avec le vent et se transportent sur des distances formidables une fois
qu’on les a mis en mouvement.
Système : le Royaume utilisé détermine ce que le charme enchante.
Sur un objet, chaque réussite obtenue sur le jet d’activation diminue
de moitié la masse de ce dernier, et double la distance qu’il peut
parcourir quand il est lancé, poussé ou propulsé d’une manière
ou d’une autre. Sur une personne, son initiative augmente de +1
à chaque tour par réussite obtenue, et sa Dextérité augmente d’un
point par tranche de deux réussites obtenues. Ce charme dure un
nombre de tours égal au score de Glamour du changelin.
Type : Wyrd.
Suaire de la tempête
Un Troll frappe ses poings l’un contre l’autre et ils crépitent d’une
puissance mortelle. Un Sidhe lève son bouclier et l’électricité se met
soudain à ramper à sa surface. Un Clurichaun en fuite claque une
porte derrière lui et griffonne un vague éclair dessus avec son couteau
de poche ; quelques instants plus tard, il est récompensé de son idée
par les hurlements de ses poursuivants quand ils touchent le battant
et déclenchent une gerbe de douloureuses étincelles.
Le changelin appelle l’essence de la foudre sur la cible de ce
charme et la nimbe d’un halo électrique vacillant et destructeur.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible de l’aura crépitante.
Quiconque entre en contact avec cette barrière, que ce soit en tou-
chant l’objet ou la personne qui en bénéficie, ou en étant touché en
retour (ce qui peut nécessiter une attaque de Bagarre ou de Mêlée),
subit trois dés de dégâts contondants. Le Suaire de la tempête dure
un tour par réussite obtenue sur le jet d’activation. Le changelin
qui a lancé ce sortilège est toujours immunisé à ses effets, et peut
donc enchanter sans danger ses armes ou ses vêtements. Toutefois,
personne d’autre que lui n’en bénéficie.
Type : Wyrd.
Seigneur de la foudre
Un maître des Cieux commande aux flammes mêmes des nuées
et peut envoyer le tonnerre frapper ses ennemis. Ce charme ne
fonctionne normalement qu’en plein air, mais si le changelin s’est
enchanté avec le Suaire de la tempête, il peut invoquer le Seigneur
de la foudre et ses doigts projetteront des éclairs tant que le premier
sortilège sera actif.
Système : le Royaume utilisé détermine la cible de la foudre et le
jet d’activation du charme sert aussi de jet d’attaque. En cas de
succès, la magie inflige cinq dés de dégâts aggravés, plus un dé par
réussite au-delà de la première. La cible est également étourdie et
subit une pénalité de -2 dés à tous ses groupements jusqu’à la fin
du tour suivant.
Type : Wyrd.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Les Contrats
Les serments ont toujours revêtu une importance capitale aux yeux
des fées. Les légendes évoquent le temps jadis, quand la réalité s’in-
clinait devant les caprices des seigneurs d’Arcadie et que le Songe
servait d’arbitre lorsque deux magiciens féeriques éprouvaient leur
volonté. Dans ces époques débridées, les seuls rocs à résister étaient
les promesses que les Kithains se faisaient et les accords conclus et
scellés par du Glamour.
Si les serments jouent toujours un grand rôle dans la société
des changelins, les simples rituels codifiés d’aujourd’hui font pâle
figure comparés à l’Art des Contrats. Celui-ci donne aux Kithains
d’influence la force de sceller des serments de pouvoir, de châtier les
parjures et de lier par la puissance du Songe lui-même des parties,
volontaires ou non, dans des accords qu’elles sont tenues de respecter.
Les Contrats sont souvent pratiqués par les Nockers, les Eshus,
les Sidhes et certains Trolls. En général, les Boggans dédaignent cet
Art, car ils considèrent que si une simple poignée de main ne suffit
pas, alors l’individu concerné par un éventuel serment ne vaut ni
leur attention ni leurs efforts. Les Pookas et les Piskies préfèrent
quant à eux ne pas se lier du tout.
Déchaîner les Contrats
Ces Déchaînements sont inhabituels, car ils offrent au changelin
un grand pouvoir lui permettant d’exiger des choses au nom du
Songe. Ils se concentrent soit sur le déploiement de l’Art lui-même,
soit sur ceux qu’il a liés. Il vaut donc mieux les utiliser avec une
grande prudence, puisque le Songe ne prête guère attention à ce
qui ne relève pas de l’essentiel. Prenons par exemple un Sidhe en
quête d’un guerrier qui accepte d’accomplir une quête difficile.
Le noble peut exiger du Songe qu’il lui révèle le nom de celui qui
accepterait ce contrat, et le Déchaînement peut obtempérer… en lui
dévoilant celui d’un Bonnet rouge aussi grossier qu’intrépide. Les
Déchaînements dirigés sur des contrats existants sont plus répandus,
comme « Montre-moi les progrès de sire Caobahn sur notre affaire »,
ou bien « Amène ce parjure de Silas Miller à ma cour, tout de suite »,
ou encore le plus risqué « J’en appelle au Songe afin qu’il accélère
le dénouement favorable de cette affaire ».
Bêtises des Contrats
Elles tournent en général autour des rituels de liens ordinaires, des
démonstrations de sincérité ou de contrariété et de l’écriture. En
voici quelques exemples : rédiger un contrat officiel, préparer une
encre de grande qualité à partir de rien, mordre son pouce, cracher
dans la paume de sa main, embrasser quelqu’un sur les deux joues,
avaler le contenu d’un verre et lancer le récipient dans un feu, marcher
sur une bouteille, donner une bague à quelqu’un, écrire son nom
dans du ciment frais, griffonner son nom sur un mur très visible,
réciter trois fois le nom, le numéro de sécurité sociale et l’adresse
de sa cible, lire à haute voix les petites lignes sur une publicité ou
un contrat, signer de son sang, convaincre quelqu’un de se tatouer
votre nom sur le corps.
Affaire conclue
« Très bien, dit le duc en topant la main du Pooka. Si vous ramenez
le sorcier devant ma cour pour qu’il y soit jugé, je vous promets que
vous serez fait chevalier. » La chaude lueur du Glamour enveloppe
leurs mains et grave cette promesse sur le cœur du Songe.
207
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Ce charme puissant per-
met au changelin de se lier
par serment aux autres, ou
bien de consacrer les serments
dont il a été le témoin officiel. Le
Songe en personne châtie ceux qui
osent se parjurer et rompre les accords et
les contrats scellés par le Glamour.
Système : Affaire conclue est un charme peu
commun, en cela que les Royaumes modifient l’effet
premier au lieu de décider de la nature de sa cible. En
effet, la « cible principale » demeure toujours le contrat
lui-même.
Tant qu’il peut introduire au moins un Royaume,
le changelin pourra utiliser le charme pour s’engager
par contrat avec d’autres personnes. S’il ne possède
ni la Fée ni l’Acteur, il peut se servir de l’Accessoire
ou de la Nature et ajouter à l’accord un objet ou
un lieu qui sera le lien entre les différents partici-
pants. Officier à la conclusion d’un contrat entre
d’autres individus requiert de justifier des niveaux
adéquats dans les Royaumes concernés (valider un
contrat entre un Troll et un mortel nécessiterait la
Fée et l’Acteur). Toutefois, le changelin a toujours la
possibilité de tisser les liens avec l’Accessoire ou la Nature
s’il le souhaite.
Affaire conclue ne peut consacrer que des
accords formels entre le changelin et d’autres per-
sonnages, ou bien entre des personnages qui ont accepté
que celui-ci soit le témoin ou le rédacteur du contrat. Les
accords occasionnels (« Pas de problème, j’irai chercher le
chèque » ou « J’essaierai d’assister à ton petit match »)
ne constituent pas des cibles valables, car il lui faut
au minimum une promesse officielle.
Lorsque quelqu’un ne respecte pas un accord sanc-
tionné par Affaire conclue, il subit en général
un nombre d’échecs critiques automatiques
égal au nombre de réussites obtenues sur
le jet d’activation du charme. Le conteur
les utilisera aux moments qu’il jugera
les plus dramatiques et empreints de
poésie ironique. Si le serment a été
consacré autour d’un lieu
(avec le Royaume
de la Scène), l’en-
droit devient le
fléau du parjure.
Lorsqu’il s’y trou-
vera et qu’il fera
un jet de dés, tous
les 1, les 2 et les
3 soustrairont des
réussites et pourront
provoquer des échecs
critiques. L’effet durera
pendant un nombre de
scènes égal au nombre
de réussites obtenues sur le
jet d’activation du charme. Ces

208 Changelin : le Songe

 scènes ne sont « dépensées » qu’en présence du parjure ; en aucun
cas l’on ne peut attendre la fin d’une malédiction des Contrats,
à moins d’éviter totalement le lieu concerné. Si le serment a été
consacré autour d’un objet, c’est lui qui devient son fléau. Toutes
les tentatives effectuées par le parjure pour l’utiliser subissent la
même pénalité que celle infligée dans le cas d’un endroit. Toutes
les tentatives pour utiliser l’objet à l’encontre du parjure bénéficient
d’un nombre de dés de bonus égal au nombre de réussites obtenues
sur le jet d’activation du charme.
Type : chimérique.
La cloche du menteur
La Selkie lève la tête, soudain dévastée, et ne prête plus attention à la
discussion. Quelque part, à l’instant, son époux vient de la trahir et
elle le sait. Sans un mot, elle se lève et avant que ses amis ne puissent
lui demander ce qui ne va pas, elle est partie.
Le contrôle du changelin sur les Contrats s’améliore et ce faisant,
il devient de plus en plus sensible à la moindre infraction commise
aux accords qu’il a scellés par du Glamour. Il sait sur-le-champ quand
quelqu’un n’a pas respecté le contrat qu’il a consacré. Il ignore peut-
être où et pourquoi, mais il connaît l’identité du responsable et le
lieu du parjure. De plus, il devient plus facile pour lui d’utiliser les
Arts du Glamour pour traquer le coupable.
Système : cette modification d’Affaire conclue n’a pas besoin qu’on
l’invoque seule. Elle alerte son créateur des serments brisés. De
plus, la difficulté et le coût en points de Glamour des charmes qui
serviront à localiser ou à se rendre jusqu’à l’endroit où se trouve
le parjure diminuent de –1 pendant un nombre de jours égal au
score de Glamour du changelin, ou jusqu’à ce qu’il se trouve en
présence du coupable (selon l’événement qui survient le premier).
Les effets de La Cloche du menteur se produisent automatiquement
et de manière permanente.
Type : chimérique.
Châtiment
Après qu’on a refusé de lui accorder la récompense promise, la Sluagh
se retire chez elle. Puisque le chevalier sidhe n’a pas tiré sa lame pour
la protéger comme il l’avait juré, pourquoi serait-il encore capable de la
porter ? Elle fait montre d’une grande fourberie et invente un poison
qu’elle envoie vivre dans la poignée de l’épée préférée du parjure.
Le changelin sait lorsque quelqu’un a rompu un serment consacré
par ses soins, mais il peut aussi lui infliger la sanction qu’il estime
appropriée. Celle-ci s’ajoute aux pénalités habituelles en vigueur
pour la violation des Contrats.
Système : cette modification de la Cloche du menteur crée automati-
quement un pont entre le personnage et le parjure au moment où ce
dernier enfreint sa parole. En action réflexe, le changelin peut cibler
ce dernier et utiliser à cet instant contre lui n’importe lequel des
charmes qu’il connaît, comme s’il se tenait devant lui et même s’il
ne connaît pas les Royaumes de la Fée ou de l’Acteur. Il peut lancer
son charme par le biais du Royaume qu’il a utilisé pour consacrer
le serment, quel qu’il soit.
Type : chimérique.
Contrat informel
Ce redoutable enchantement offre au changelin de l’influence
même sur les accords les plus informels et lui permet de consacrer
les engagements pris à la légère (« T’inquiète, j’y serai »), les vaines
fanfaronnades (« Si ce Bonnet rouge met les pieds dans ce bar, je
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
le fouette ! Lui et toute sa Bande en même temps »), et même les
sarcasmes (« Oh, mais bien sûr que je soutiendrai de mon mieux le
duc Dray, très chers nobles »).
Système : ce charme modifie de manière permanente Affaire conclue.
Type : chimérique.
Paroles sacrées
Ce charme fantastique permet au changelin de tisser le Glamour dans
la toile du contrat, et de donner de grandes bénédictions à ceux qui
s’engagent. Le pouvoir de Paroles sacrées ne s’utilise que pour aider
à la conclusion du contrat, mais certains serments peuvent en effet
couvrir des champs très larges (« Je jure de protéger le duc de ma vie »).
Système : en plus de décider la puissance du serment, les réussites
obtenues sur le jet d’activation d’Affaire conclue peuvent servir à
acquérir des enchantements dans la liste disponible ci-dessous.
Dépenser des réussites dans ce sens ne diminue pas la gravité des
conséquences d’un serment brisé.
Faveur des Brumes (1 réussite par dé) : celui qui prête serment
bénéficie d’une réserve de dés supplémentaires dans laquelle il
lui est possible de puiser à chaque scène, et qu’il peut ajouter à
n’importe quel jet effectué pour faire respecter le contrat. Cette
réserve se reconstitue au début de chaque scène.
Volonté raffermie (1 réussite par point de Volonté) : celui qui
prête serment bénéficie d’une réserve de points de Volonté
supplémentaires, dans laquelle il lui est possible de puiser à
n’importe quel moment pour faire respecter le contrat. Cette
réserve se reconstitue au début de chaque scénario.
Gage de quête (1 réussite) : celui qui prête serment crée un pion,
un cachet ou un sceau que les participants peuvent montrer
pour prouver qu’ils obéissent aux termes du contrat qu’ils ont
conclu, quel qu’il soit. Ce gage est le plus souvent confié à des
chevaliers en quête, chargés d’honorer des contrats sur ordre
de nobles puissants. Les créatures du Songe reconnaissent et
comprennent instinctivement la signification de ces objets.
Lien de Glamour (2 réussites par point de Glamour) : celui qui
prête serment bénéficie d’une réserve de points de Glamour
supplémentaires dans laquelle il lui est possible de puiser à
n’importe quel moment pour faire respecter le contrat. Cette
réserve se reconstitue à l’aube (si le personnage est un Seelie)
ou au crépuscule (s’il est unseelie).
Inspiration d’Arcadie (2 réussites) : lorsque la situation semble
désespérée et qu’il apparaît que le contrat ne pourra pas être
honoré, celui qui a prêté serment peut en appeler à l’Inspiration
d’Arcadie afin de trouver une piste, découvrir un indice ou avoir
un éclair de génie, ce qui pourra l’amener à une solution. La
forme exacte de cette inspiration est laissée à l’appréciation du
conteur, et le personnage ne peut l’invoquer qu’une seule fois
par scénario.
Octroi (3 réussites) : celui qui a prêté serment bénéficie d’un
unique Octroi (cf. page 462), dont il profitera tant qu’il respecte
les termes du contrat.
Apologie (3 réussites) : au moment où il réussit à honorer le
contrat qu’il a conclu, celui qui a prêté serment perd 3 points
de Banalité. Un personnage ne peut bénéficier de cet enchan-
tement qu’une fois par scénario.
Type : chimérique.
209
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
La Désignation
Les noms contiennent du pouvoir. Rares sont ceux à être aussi
conscients de la puissance des titres que les Kithains. Lorsqu’on
découvre le Vrai nom d’un changelin, on détient une autorité sur
lui. Or les individus qui cherchent la compréhension mystique des
charmes de la Désignation sont capables de dévoiler des vérités
cachées, d’aiguiller les autres sur des voies dangereuses ou héroïques et
même d’altérer la nature d’un individu ou d’une chose en inscrivant
un nouveau nom dans le grand livre du Songe.
Déchaîner la Désignation
L’étude de cet Art commence par révéler ce qui est dissimulé, puis se
termine avec le pouvoir d’imposer sa volonté à travers de nouveaux
titres et une nouvelle essence. Lorsqu’on déchaîne la Désignation,
on octroie un pouvoir redoutable à la voix et au regard de celui
assez brave, ou stupide, pour l’invoquer avec du Glamour brut. En
effet, il peut déterrer des secrets ou des choses cachées, insuffler
une puissance temporaire au changelin ou refaçonner un détail de
la réalité selon ses désirs.
Bêtises de la Désignation
Les charmes de cet Art impliquent souvent un rituel précis, mais ils
peuvent aussi se concentrer sur des jeux de mots, des chansons ou
des textes. En voici quelques exemples : écrire un roman et en brûler
le seul exemplaire existant, prononcer trois fois le nom complet
de sa cible en sa présence, inscrire des runes de sang sur sa peau,
énumérer tous les os du corps, crier les noms des sept nains en sept
langues différentes.
Entre les lignes
Le discernement est la première leçon de la magie de la Désignation.
Le changelin ne peut comprendre le savoir intime caché dans les
Vrais noms tant qu’il ne comprend pas le véritable message contenu
dans ce qui est dit ou écrit. Ce charme à la puissance trompeuse
donne au Kithain la capacité de comprendre toutes les langues ou
de percer le sens réel de tout ce qu’il voit ou entend. Avant de s’aven-
turer à l’intérieur de la grotte, un Eshu déchiffrera l’antique mise en
garde contenue dans l’inscription à l’extérieur, laquelle mentionne
la malédiction d’un gardien. Un Clurichaun comprendra l’appel
à l’aide dans une langue qu’il n’a jamais entendue auparavant. Le
Sidhe ouvrira sans effort une boîte à secrets qui dissimule un indice
sur le lieu où se trouve son roi disparu.
Système : le Royaume invoqué indique la source du message.
L’Accessoire servira à lire un livre rédigé dans un code. L’Acteur
aidera le personnage à comprendre un interlocuteur qui s’exprime
dans une langue étrangère. La Nature lui permettra de saisir les
messages diffusés par le chant des oiseaux, et la Fée de déchiffrer les
énigmes posées par d’anciennes chimères. Le nombre de réussites
importe peu quand il s’agit de comprendre un message codé ou une
langue étrangère écrits. Cependant, chaque réussite ajoute un dé au
groupement des actions en opposition entreprises pour découvrir
la vérité ou percer à jour les mensonges durant la scène en cours.
Type : chimérique.
Sobriquet
Avant qu’un changelin ne possède le talent et le discernement
nécessaires pour découvrir les Vrais Noms, il apprend à résumer
brièvement les choses ou les gens. L’effet s’estompe avec le temps,
210 Changelin : le Songe
mais l’identité de sa cible se transforme et se plie pour se conformer
au surnom qu’il lui a donné. Tant que le charme reste actif, les gens
se forgent une opinion sur elle à travers le prisme du Sobriquet.
Une Nocker commence à surnommer sa belle-mère « le phaco-
chère » et la pauvre femme se met à grogner quand elle rit. Après
qu’un Sidhe arrogant lui a ravi sa petite amie, le Piskey délaissé affuble
son ex du surnom « échasses » et ses belles jambes fuselées, soudain
trop longues aux yeux des gens, deviennent un objet de moquerie.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible du Sobriquet.
Pendant toute la durée du charme, les gens (même les inconnus)
font référence à elle en utilisant ce surnom, et ce sans même en avoir
conscience. Un objet inanimé se conformera à l’esprit du nom qu’on
lui a donné. Une voiture appelée « tacot » ne démarre pas à tous
les coups et crachote quand elle roule. « Tire-pois », auparavant un
impressionnant revolver Magnum, tire des balles qui parviennent à
peine à entamer la peau. Surnommez une rue « Chemin du meurtre »
et soudain, le nombre de transactions illégales et d’incidents vio-
lents qui s’y produiront montera en flèche. Si le charme cible un
changelin, un mortel ou une créature intelligente, celui-ci ne peut
plus regagner de Volonté à moins de se comporter conformément
à l’esprit du Sobriquet. Le nombre de réussites détermine la durée
du sortilège, comme indiqué ci-dessous.
Une réussite Une scène
Deux réussites Un jour
Trois réussites Une semaine
Quatre réussites Un mois
Cinq réussites Un an
Type : Wyrd.
Donner le Nom
L’aptitude à discerner les Vrais Noms se trouve au cœur de la magie
de la Désignation. Une fois que le changelin est capable de détermi-
ner la nature du sujet, il bénéficie d’une profonde connaissance de
ce qu’il est, et gagne la capacité d’utiliser n’importe quel sortilège
contre lui sans rencontrer beaucoup de résistance. Le pouvoir dont
bénéficie le mystique sur quelqu’un peut à première vue sembler
bénéfique, mais les loyautés changent, les amis deviennent ennemis
et rien ne reste à jamais secret.
Système : le nombre de réussites requis pour découvrir le Vrai nom
d’une cible dépend de la complexité de celle-ci. Un morceau de
bois ne change pas tellement pendant qu’on recherche son nom
et il ne possède aucune volonté propre qui viendra compliquer le
charme. Trouver le Vrai nom d’un changelin, d’un Prodigue ou
d’une puissante chimère est une tout autre affaire. Il faudra sans
doute y consacrer beaucoup de temps et courir quelques dangers
pour y parvenir.
En général, les charmes de la Désignation requièrent une action
étendue. Cependant, chaque jet nécessite la présence immédiate
du sujet, un objet intime ou une information secrète à son sujet.
Le changelin doit obtenir un nombre de réussites égal à trois fois
la Volonté de sa cible.
Une fois son Vrai nom découvert, la difficulté de tous les charmes
et de toutes les actions en opposition dans lesquels la magie est
impliquée avec le sujet diminue de -5.
Type : Wyrd.
 Empreinte runique
Le changelin a appris à voir la véritable nature de tout ce qui l’entoure.
À présent, il maîtrise l’antique langue des runes et sait comment
s’en servir pour renforcer ses alliés ou affaiblir ses adversaires. Pour
invoquer l’Empreinte runique, il faut toujours utiliser l’écriture ou
un mouvement physique pour former la rune à proximité de la cible,
ou sur elle. Ensuite, le personnage est à même de modifier comme
il l’entend les attributs de base de celle-ci.
Le garde du corps de la Sidhe devient plus fort et plus rapide
quand il la protège. Le supérieur malveillant du Boggan pousse
quelques jurons bien sentis quand sa voiture de sport toute neuve
se met à tousser comme une vieille guimbarde sur l’avenue.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible du sortilège. Le
personnage entame une action étendue et son joueur doit dépenser
un point de Glamour chaque fois qu’il lance les dés pour ajouter
des réussites supplémentaires à son charme. Après avoir terminé
son incantation et tracé sa rune (même s’il se contente de le faire
en l’air ou dans la poussière), la cible voit ses attributs augmenter
ou diminuer. Le joueur répartit ses réussites comme il l’entend
pour déterminer l’impact et la durée de son charme.
Chaque réussite attribuée à la puissance du sort permet au joueur
d’ajouter ou de soustraire un point d’attribut à sa cible. Le nombre
de réussites déterminant la durée du sortilège est indiqué ci-dessous.
Une réussite Une minute
Deux réussites Une scène
Trois réussites Un jour
Quatre réussites Une semaine
Cinq réussites Un mois
Lorsqu’on s’en sert sur un objet ou une chose sans attributs, le
charme peut influencer ses fonctions ou ses capacités de base afin
de l’améliorer ou de l’affaiblir. Le conteur décide du nombre de
réussites nécessaire pour la modification souhaitée.
Type : Wyrd.
Nouvelle trame
Après avoir appris son Vrai nom, un maître dans la Désignation peut
le réécrire et changer l’essence même de son sujet. Un Seelie pourrait
devenir unseelie, les Héritages changer, etc. Il en va de même pour
les lieux : leur usage ou leur structure pourra être redéfini.
Un Satyre musicien transforme un fusil d’assaut en une Gibson
Les Paul. Égaré et en quête de réconfort, un Gamin sluagh invente
une nouvelle trame pour une station essence abandonnée et en
fait un cirque bouillonnant d’activité. Un Eshu cherche à venger le
meurtre de son frère et affuble le coupable d’une dangereuse addiction.
Système : si le Royaume invoqué détermine la nature de la cible
affectée, il faut en ajouter d’autres pour transformer physiquement
une chose en une autre (par exemple, la Nature et l’Accessoire
pour transformer un chat en arme à feu). Le joueur entreprend
une action étendue et doit dépenser un point de Glamour et un
point de Volonté chaque fois qu’il fait un jet de dés. Il répartit
ensuite les réussites obtenues entre l’importance du changement
et la durée du charme.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Une réussite Changement mineur : goûts ou habitudes ; sup-
prime ou remplace une addiction ; change le salon
d’un barbier en salon de coiffure.
Deux réussites Changement modéré : modifie les intérêts ou les
humeurs ; un tigre devient un lion ; un grand fan
de football se met à soutenir une autre équipe.
Trois réussites Changement majeur : nature ; intervertir les Cours ;
transformer une arme à feu en jouet ; transformer
une agence bancaire en garde-manger.
Quatre réussites Changement total : changer les Héritages ; aban-
donner sa foi ou adopter une religion ; transformer
un musée en bowling.
Cinq réussites Changement fondamental : le joueur peut redis-
tribuer les attributs sur la feuille de personnage ;
transformer un loup-garou en chiot ; changer une
épée en fleur.
Une réussite Un jour
Deux réussites Une semaine
Trois réussites Un mois
Quatre réussites Un an
Cinq réussites Permanent
Type : Wyrd.
L’Été
Plus particulièrement associé à la Cour seelie, l’Art de l’Été figure
parmi les plus célébrés des Kithains. Cette puissante magie saisonnière
dompte le feu, la passion, la chaleur des jours de désir et les nuits
peuplées de rêves. Nombre de changelins le considèrent comme un
outil inestimable pour nourrir le Glamour face au cœur cynique
du monde de l’Automne.
Si l’on considère peu ou prou que l’Été est une magie seelie, il
est en vérité précieux aux yeux des deux Cours, et pratiqué aussi
bien par les roturiers que par les nobles. En effet, les Unseelies ont
érigé la passion en devise et trouvent que cet Art leur convient excep-
tionnellement bien. De tous les Kithains, c’est parmi les Sidhes, les
Satyres et les Selkies qu’il est le plus populaire.
Déchaîner l’Été
Ses Déchaînements sont des manifestations tout autant d’émerveille-
ment que de puissance. Ils sont capables de déclencher des tempêtes
de chaleur ou d’emporter des communautés tout entières dans des
paroxysmes de passion débridée. Ces sentiments épuisants, souvent
brefs, échappent à tout contrôle. C’est la raison pour laquelle cer-
tains Kithains, et en particulier les Satyres, insistent pour déverser
des torrents de Glamour estival brut dans le monde de l’Automne,
simplement afin de favoriser son bien-être. Les autres se souviennent
de la violence et des cendres qui accompagnent cette magie grandiose,
et se montrent en général plus réticents à l’employer.
211
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Bêtises de l’été
Elles revêtent en général les atours de l’été, du jour et de la chaleur,
de la passion, de la liberté et de la joie. En voici quelques exemples :
déchirer de vieux devoirs scolaires, pousser des cris de joie, se lancer
dans une danse endiablée, grimper à un arbre, mâchonner un brin
d’herbe, repérer trois formes dans les nuages, allumer un feu, regarder
fixement le soleil ou une autre source de lumière vive, attraper une
luciole, sonner une cloche, sauter en bas d’une volée de marches,
peindre un paysage, faire une sieste dans une herbe assez haute pour
y disparaître, chanter une chanson ou prononcer son véritable nom
à travers les pales d’un ventilateur en marche.
Vole, papillon
Les gens qui passent près de la maison d’un vieux Grincheux
clurichaun ne se préoccupent soudain plus du tout de ce qui les
a amenés par ici, consumés par le regret et la tristesse. Une Satyre
s’entoure d’un nuage dansant de désir alors qu’elle se prépare à
passer la nuit en ville.
Ce charme conjure des petites taches dansantes de lumière
vive et colorée, constituées à partir de la matière du Songe. En plus
d’illuminer l’endroit où on les fait apparaître, les couleurs de Vole,
papillon palpitent doucement et entrent en subtile résonance avec
une émotion (choisie par le changelin) de tout spectateur. Si les
effets du sortilège demeurent invisibles aux créatures ordinaires,
certains mortels touchés par sa lumière réagissent tout de même à
cette résonance.
Système : le Royaume invoqué détermine autour de qui ou de quoi
les papillons de lumière se rassemblent. Pour le reste de la scène,
ils éclairent autant que la flamme d’une belle torche, du moins aux
yeux des créatures capables de voir les manifestations du Songe.
Plus important, tous ceux qui sont directement touchés par les
petites lueurs ou se tiennent dans ce halo ressentent les vibrations
subtiles d’un sentiment choisi par le changelin, comme la colère,
la mélancolie, le désir ou la joie. La difficulté des jets de dés qui
tirent avantage de cette résonance émotionnelle diminue de -1.
Type : chimérique.
Embraser
Une petite brute se met à trembler dans l’obscurité et le Sluagh
souffle cette tension en un cri de terreur. La blague d’une Pooka
ne déclenche qu’un vague ricanement, jusqu’à ce qu’elle insuffle
un peu de magie dans la réaction de son public ; la salle se remplit
alors d’irrépressibles éclats de rire. Dans un soupir de Glamour, le
changelin attise les flammes de la passion et les transforme en un
incendie qui ravage tout sur son passage.
Lorsqu’une personne tombe sous ce charme, l’émotion qu’elle
ressent, quelle qu’elle soit, prend des proportions dramatiques.
L’irritation devient ressentiment furieux, la colère explose en accès
de rage, la tristesse sombre dans des abîmes de chagrin, le bonheur
devient exultation et l’amour passion dévorante. Si le charme prend
un objet pour cible, les émotions qu’il inspire à ceux qui interagissent
avec lui s’enflamment tout autant.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible du charme. Sur une
créature vivante, ses effets durent un nombre de minutes égal au
nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation, et une heure
par réussite sur un objet.
Type : chimérique.
212 Changelin : le Songe
Désir charnel
Très apprécié des Ondins, des Satyres, des Clurichauns et de certaines
autres fées, ce charme incarne l’Art de créer émerveillement, fasci-
nation, et même désir, universels. La cible déploie un magnétisme
irrésistible. Lorsqu’une personne est ainsi enchantée, la moindre de
ses paroles devient enchanteresse, le plus insignifiant de ses gestes
captivant. Tous ceux qui contemplent un objet touché par ce charme
se mettent à le convoiter sur-le-champ.
Système : le Royaume définit ce qui fascine ou devient désirable. Ce
charme dure pendant une scène et sa magie affecte tous les indivi-
dus dont le score de Volonté est inférieur au nombre de réussites
obtenues sur le jet d’activation. Si la fascination qu’il projette est
puissante, elle ne contraindra pas quelqu’un à aller à l’encontre de sa
nature ou de ses Héritages. Par exemple, le charme seul ne poussera
pas un chevalier honorable à voler les bijoux de son seigneur, mais
pourrait se montrait plus efficace sur un serviteur moins idéaliste.
De plus, d’autres sortilèges, comme Embraser, sont susceptibles
d’œuvrer dans le même sens et d’appuyer ce désir suggéré.
Type : chimérique.
Bénédiction de Vesta
Dans une demeure, le foyer symbolise la sécurité et l’hospitalité.
Quand il emploie ce charme, un changelin crée le confort de la
maison dès qu’il peut mettre en place un abri ou allumer un feu.
Utile aux voyageurs et aux fugitifs, le Glamour du personnage agit
comme une sentinelle et en cas d’intrusion, délivre un avertissement
instinctif. De plus, quiconque est convié dans l’espace sanctifié se
sent reposé et régénéré.
Système : le Royaume invoqué détermine le centre de l’espace sécu-
risé. Pour que le charme fonctionne, le changelin doit établir une
sorte d’abri, de camp ou d’enclos qui définira la zone protégée. La
Bénédiction de Vesta reste active jusqu’au prochain lever du soleil,
ou bien jusqu’à ce que la cible du sortilège quitte l’espace délimité.
Tout ce qui se situe à proximité d’elle et que le changelin accueille
se place sous la protection du charme. Le personnage est conscient
si quelqu’un qu’il n’a pas invité s’approche de la cible du sort. Ses
invités peuvent reconstituer leurs réserves de Volonté et de Glamour.
Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
le nombre de points de Volonté et de Glamour que toutes les
personnes présentes au sein de l’espace protégé peuvent récupérer.
Pour ce faire, ils doivent y rester toute la nuit.
Une réussite Un point de Glamour
Deux réussites Un point de Volonté et un point de Glamour
Trois réussites Un point de Volonté et deux points de Glamour
Quatre réussites Cinq points de Glamour ou de Volonté quelle que
soit la combinaison
Cinq réussites Régénération de tout le Glamour et de toute la
Volonté
Type : Wyrd.
La lame de Beltaine
Le changelin fait un geste et soudain, l’empreinte corrompue laissée
par la Banalité jaillit en une gerbe destructrice de flammes rouges et
dorées. Autrefois, ce charme était la grande et brillante épée de l’Été
que les Kithains maniaient pour chasser les mortels et la marque de
l’ordinaire des Domaines cachés et des contrées féeriques secrètes.
Même à présent que la Banalité a submergé le monde de l’Automne,
le sortilège reste une arme puissante, mais sa chaleur féroce semble
terriblement inefficace pour éloigner l’Hiver.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible du charme. Si le
changelin parvient à activer la Lame de Beltaine, il lance des dés de
dégâts létaux (difficulté égale au score de Banalité de la cible). S’il
obtient au moins cinq réussites sur le jet d’activation, ces dégâts
deviennent aggravés et il élimine un point de Banalité par tranche
de deux réussites.
Type : Wyrd.
Le Flamboiement
L’âme de tous les changelins brûle de la puissance du Songe,
mais tous n’apprennent pas à dompter la flamme de la magie du
Flamboiement. Le feu consume, purifie, protège et fait renaître.
Qu’ils soient roturiers ou nobles, les Kithains des deux Cours et de
toutes les maisons respectent le pouvoir de la flamme et cherchent
à connaître ses secrets.
Déchaîner le Flamboiement
Déchaîner le Glamour à travers cet Art peut laver l’impureté ou faire
disparaître les illusions, provoquer des ravages terribles ou réparer
entièrement quelque chose. Le personnage peut invoquer l’Art afin
d’invoquer la protection d’un cercle de feu, immoler des fantômes
chargés de le distraire ou de le hanter, ou bien transformer sa sueur
et ses larmes en Glamour en fusion et enflammer tout ce qu’elles
touchent.
Bêtises du Flamboiement
Sans surprise, ces bêtises impliquent la plupart du temps le feu et
la destruction, mais aussi l’élimination des impuretés, la cuisine et
une vie nouvelle. En voici quelques exemples : brûler quelque chose
ou tout brûler, rendre comme neuf quelque chose de cassé, tenir
sa main au-dessus d’une allumette jusqu’à en attraper des cloques,
raconter une histoire autour d’un feu de camp, créer une sculpture
de verre puis la briser, marcher sur des braises, chanter une ballade
et la terminer juste au moment où le soleil se lève.
Attiser
Charme basique, mais éminemment utile, Attiser chauffe la cible du
Glamour afin de provoquer un inconfort en elle, mais pas pour la
blesser. Il peut ainsi cuire de la nourriture, aider à faire repartir un
feu, faire transpirer quelqu’un et lui donner une apparence fiévreuse,
ou encore chauffer une arme à feu pour que son contact brûle celui
qui veut s’en saisir. Fatigué du train-train scolaire, un Gamin pooka
reste à la maison avec une fièvre déclenchée par son Glamour. Une
Boggan s’assure de la victoire lors d’un concours culinaire en faisant
brûler le plat de son adversaire. Un Sidhe se sert du charme pour
distraire son rival au cours d’un conseil de guerre, et convaincre le
duc de poursuivre les négociations au lieu d’entamer les hostilités.
Système : le Royaume invoqué détermine la ou les cibles. Lorsqu’on
l’utilise sur une chose inanimée ou sans conscience, il revient au
conteur de décider les effets de la chaleur (les plantes peuvent se
flétrir, le métal devient dangereux à toucher, la nourriture cuit sans
source visible de chaleur). Lorsque ce sortilège vise une personne,
un animal ou une créature, la difficulté de tous ses jets provoqués
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
par la distraction ou l’inconfort de la chaleur augmente de +1. Le
nombre de réussites détermine le nombre de tours pendant lesquels
la cible demeure en surchauffe.
Type : Wyrd.
Illuminer
D’innombrables mythes mortels sur la création commencent par
une lumière divine déchirant les ténèbres. Les changelins adeptes
du Flamboiement détiennent le pouvoir au cœur de ces histoires.
Lorsqu’il canalise le Glamour dans ce charme, le Kithain crée une
lumière capable de dissiper l’obscurité, les illusions et les tromperies
mineures.
La Bande se détourne de la lueur qui les aveugle, mais lorsque
ses membres rouvrent les yeux, ils voient l’imposteur qui a rem-
placé leur mentor. Tous ceux qui entrent dans la maison du Piskey
doivent d’abord se tenir devant une pierre luisante qui dévoilera
leur véritable nature.
Système : le Royaume invoqué détermine la source de lumière. Le
rougeoiement du charme dévoile tout ce qui est caché ou dissimulé.
Lorsque sa lumière brille, les illusions surnaturelles, les déguisements
matériels et même la simple malhonnêteté deviennent plus faciles à
percer à jour. Dans des conditions normales, cette lumière ne s’étend
que sur un rayon de quelques dizaines de centimètres, mais si on
lui adjoint la Scène, et si le sortilège tire sa source du Wyrd, alors
tout le monde peut y voir clair. Une illusion ou un déguisement de
nature surnaturelle, et dont le niveau de puissance est inférieur au
nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation du charme, ne
résiste pas à un examen. Toutes les tentatives visant à mentir ou se
cacher dans la zone de la lumière magique subissent une pénalité
au groupement de dés égale au nombre de réussites obtenues. Les
effets du charme durent pendant une scène, mais le lanceur peut
y mettre un terme plus tôt.
Type : Wyrd ou chimérique.
Purifier
Nulle impureté ne supporte la chaleur quand elle est assez forte.
L’adepte du Flamboiement peut quant à lui utiliser le feu chimérique
pour incinérer les polluants, il ne provoquera aucun dégât et n’en-
dommagera pas sa cible. Ce charme rend l’eau potable et la nourriture
consommable, il peut éradiquer une infection ou neutraliser un
poison, et même soigner une maladie de manière temporaire. S’il
associe le Royaume de la Fée au charme, le changelin peut même
éliminer les malédictions et les effets des autres charmes.
Un traître tente d’empoisonner la Bande, mais il échoue à cause
du charme lancé par le Nocker. Dans sa forge, le Troll est capable de
raffiner et de densifier n’importe quel métal placé dans son creuset.
Le Clurichaun chante une chanson pleine d’espoir et parvient à
nettoyer la rivière de tous les polluants que l’usine voisine y a rejetés.
Système : le Royaume invoqué désigne ce que le charme peut nettoyer.
Il élimine ainsi toutes les impuretés des objets et des matières inani-
mées. Les effets produits sur les changelins, les mortels et les autres
créatures dépendent des circonstances. Le conteur décidera ce qui
entre dans la catégorie des impuretés (une malédiction provoquant
une hallucination peut être levée de manière temporaire, mais une
maladie naturelle affectant le corps ne régressera pas). Si le nombre
de réussites obtenues sur le jet d’activation contre la puissance du
poison, de la malédiction, de la maladie ou de l’effet néfaste est
inférieur à cette valeur, l’affliction reviendra à la scène suivante.
Type : Wyrd.
213
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Engloutir
Parfois, un changelin a juste besoin de mettre le feu à quelque chose.
Simple et puissant, ce charme immole sa cible et le lanceur peut choisir
si elle brûle ou si la gerbe de flammes magiques l’épargne. Une fois
que les flammes se sont étendues aux matières qui les entourent,
elles brûlent et se propagent comme un feu ordinaire, échappant au
contrôle du changelin (cf. Le feu, page 292).
Un Clurichaun fait s’embraser la pluie et brûler l’usine dans
laquelle il trimait avant sa Chrysalide. Inspiré par les superhéros,
un Gamin nimbe son corps de flammes pour effrayer la petite brute
du quartier. Les rumeurs à propos du grand justicier à la peau bleue
armé et à la hache auréolée de feu se répandent comme une traînée
de poudre.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui brûle ou s’entoure
de flammes. Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activa-
tion détermine l’intensité et la durée du feu, mais s’il se propage
à quelque chose, l’incendie ordinaire qui en résulte persistera et
s’étendra. De même, le nombre de tours pendant lesquels la cible
du charme brûle ou se retrouve entourée de flammes correspond
au nombre de réussites obtenues sur ce même jet. Si le sortilège sert
à la protéger, tout ce qui entrera en contact avec elle, en dehors du
lanceur ou de la cible, subira un dé de dégâts aggravés par tour où
le contact sera maintenu.
Type : Wyrd.
Chant du phénix
Le phénix brûle et devient cendres, puis renaît de la destruction des
flammes. Face à la perspective d’une totale annihilation, un maître
du Flamboiement pourra faire appel à ce charme pour offrir une
nouvelle vie à sa cible. Après avoir invoqué le Chant du phénix, si
le sujet de cette bénédiction meurt ou est détruit d’une manière ou
d’une autre, il deviendra cendres et renaîtra au bout d’une courte
période.
Système : le Royaume invoqué désigne ce qui reviendra si sa mort ou
sa destruction se produit pendant la scène en cours. Dès que la
cible de cette puissante magie subit des dégâts qui lui sont fatals
ou qui la mettent complètement hors d’usage, le Chant du phénix
commence et le sujet s’enflamme soudain. Le nombre de réussites
obtenues sur le jet d’activation détermine le temps pendant lequel
il restera inerte et en train de brûler ; passé cet intervalle, il renaîtra,
et son corps et son esprit seront pleinement régénérés. De plus, le
charme lui fait regagner tous ses niveaux de santé, l’intégralité de
sa réserve de Volonté et de Glamour, ainsi que toutes les ressources
ou les aspects qui lui sont propres.
Une réussite Brûle pendant un jour puis revient.
Deux réussites Brûle pendant une scène puis revient.
Trois réussites Brûle pendant une heure puis revient.
Quatre réussites Brûle pendant une minute puis revient.
Cinq réussites Brûle pendant un tour puis revient.
Type : Wyrd.
L’Hiver
Malgré leur longue absence du Songe, les changelins restent liés aux
quatre saisons. Chacune d’entre elles est pour eux à l’origine d’une
214 Changelin : le Songe
puissante magie, mais aucune n’est aussi inflexible et terrifiante que
celle de l’Hiver. Elle exploite la relation des fées avec les lacs gelés, les
nuits éternelles et les vents mordants. Ses charmes traitent du froid,
de la glace, de la peur et de la perte du désir. Beaucoup considèrent
l’Hiver comme un Art unseelie, mais n’importe quel changelin peut
apprendre ses sortilèges.
Déchaîner l’Hiver
Les Déchaînements de l’Hiver se manifestent dans une peur profonde
et instinctive (« Fais-les fuir »), dans la maîtrise de la glace ou du froid
(« Protège la Bande d’une armure de glace ») ou un cœur engourdi
(« Mets un terme à la fête »). Filtré par le seul kith du changelin,
le Glamour de l’Hiver incarne l’énergie de la saison : impitoyable,
insensible et éternelle.
Bêtises de l’Hiver
Elles impliquent souvent d’abandonner des possessions, de lancer les
charmes pendant certaines marées ou phases de la lune et d’affronter
le danger sans broncher. En voici quelques exemples : marcher droit
sur son ennemi et l’embrasser sans hésiter sur la joue, se baigner
tout nu dans une eau glacée sous une lune rouge, plonger sa main
dans l’eau gelée, repousser la personne qu’on aime ou boire un verre
d’une boisson glacée en entier sous les applaudissements de la foule.
Coup de froid
La première et la plus inoffensive application de l’Hiver permet au
changelin de diminuer de manière significative la température de
sa cible sur une courte période. Lorsqu’il s’en prend à une créature
vivante, le Frisson ne provoque ni blessure ni dégâts, mais les
plantes risquent de faner et les objets de se briser. Si le Kithain est
en mesure de voir le focus de son charme, il peut faire souffler un
froid intense et désagréable.
Un Boggan barman garde ses boissons bien fraîches malgré sa
machine à glaçons en panne. Jalouse et vindicative, une Sidhe délais-
sée tue toutes les plantes du jardin de son ancien amant. Obsédée
par l’idée de devenir une justicière, la Sluagh fait frémir le criminel
qu’elle pourchasse avant de frapper.
Système : le Royaume invoqué détermine la ou les cibles du charme.
Le changelin détient un contrôle suffisant sur le Glamour pour
rafraîchir agréablement une boisson, ou encore faire frissonner
quelqu’un alors qu’il essaie sans succès d’échapper au froid. Le
conteur décide de ses effets sur une chose inanimée ou dénuée
d’intelligence (les fleurs meurent, le métal devient dangereux au
contact, la pluie se transforme en grêle). Du fait de la distraction et
de l’inconfort que le charme engendre, la difficulté de tous les jets
effectués par un animal ou une créature à sang chaud augmente de
+1. Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
la durée pendant laquelle le froid persiste, comme indiqué dans le
tableau ci-dessous :
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Type : Wyrd.
 Cœur endurci
L’Hiver ne pleure pas le voyageur perdu et frigorifié dans la neige, pas
plus qu’il ne protège la proie traquée par les loups ou celle prisonnière
du piège d’un chasseur. Les adeptes de l’Hiver puisent dans le cœur
du froid, font taire les émotions et isolent la cible de leur charme de
toute tentative de manipulation et d’influence. Cette dernière n’est
plus capable de faire appel à sa passion et à sa volonté, et c’est un
lourd tribut à payer pour résister aux plus puissantes manipulations.
Affrontant un baron vicieux au sein de sa cour, un Troll reste de
marbre tandis qu’il ordonne à tous les autres sujets de s’agenouiller.
Un Boggan rend l’animal de compagnie du duc indifférent aux ordres
de son maître. Alors que le roi exige de lui qu’il exécute son propre
fils, le chevalier sidhe gèle toutes ses émotions pour être capable
d’abattre la hache sans hésiter.
Système : le Royaume invoqué décide de la cible, celle-ci n’éprouve
ensuite plus rien et résiste à toutes les manipulations ordinaires ainsi
qu’aux suggestions surnaturelles ou au contrôle des émotions. De
plus, elle ne peut pas dépenser de Volonté pendant toute la durée
du sortilège. Un joueur peut faire appel au Cœur endurci pour
empêcher un objet ou une cible inanimés d’obéir à une injonc-
tion comme Ordre. Cependant, les changelins s’en servent sur les
Kithains, les mortels, les Prodigues ou les chimères. Le nombre de
réussites obtenues sur le jet d’activation détermine la durée pendant
laquelle le froid persiste, comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Type : chimérique.
Terreur de la Longue Nuit
Le véritable hiver estompe la lumière et dévore la chaleur. Seuls et
glacés jusqu’aux os, même les plus vaillants ressentent une peur
existentielle profonde face aux ténèbres éternelles et froides.
Le chevalier sluagh contraint son rival à céder devant toute la
cour. Le charme d’un Pooka fait fuir ses complices et il peut seul
profiter de tout le butin. Un Nocker se faufile furtivement d’un
jardin à l’autre pour échapper à un Dauntain et renvoie les chiens
de garde du propriétaire trembler au fond de leur niche.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible, qui se fait submerger
par une peur intense. Celle-ci doit dépenser un point de Volonté
pour effectuer une action qui ne consiste pas à courir, se cacher ou se
recroqueviller. Cet effet dure tant que le charme est actif, c’est-à-dire
pour la scène en cours. Les changelins et les créatures surnaturelles
peuvent résister à la magie de l’Hiver s’ils dépensent un point de
Volonté et s’ils réussissent un jet de Volonté (difficulté 8), opposé
au nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation du sortilège.
Type : chimérique.
Sculpture
Après avoir appris à maîtriser les invocations du froid les plus simples,
le changelin fait appel à son Glamour pour conjurer de la glace, puis
la sculpte selon ses besoins. Cette création ne peut passer pour autre
chose que de la glace, et elle est extrêmement froide au toucher. La
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
sculpture ne fond pas, à moins d’être exposée à une chaleur ou une
flamme magique.
Affrontant l’homme qui a tué son frère, la Sluagh invoque de
la glace dans sa bouche et l’étouffe en quelques minutes. Attaqué
par surprise, un chevalier sidhe forme une armure et une épée pour
l’aider à combattre. Un Boggan a besoin d’un bel objet à donner à
la chimère en échange des informations qu’elle possède, et il crée
une sculpture de glace finement décorée de sa ville.
Système : le Royaume invoqué détermine ce que le changelin sculpte
grâce à son charme. Il emploiera l’Acteur pour représenter le visage
de l’adversaire de sa Bande, et l’Accessoire et la Scène pour une
maison. Grâce à la Nature, il créera un jardin gelé où abondent les
fleurs de glace. Une fois terminée, l’œuvre est extrêmement solide.
Selon sa taille et son échelle, l’objet du sortilège peut prendre
quelques minutes, voire quelques heures, pour apparaître. Cepen-
dant, le personnage sera capable de conjurer de la glace n’importe
où dans sa ligne de vue. Une fois la magie invoquée, celle-ci com-
mencera à prendre forme à une vitesse d’environ 30 cm³ par tour.
Le changelin n’a pas besoin de rester concentré sur son objectif
au-delà du tour pendant lequel il a lancé le charme.
Les applications du sortilège en combat sont en général grossières,
mais efficaces (une stalactite de glace affûtée en guise d’arme, des
bottes de glace improvisées pour s’ancrer au sol). Toutefois, s’il
dispose d’assez de temps et d’espace, le personnage peut créer des
décors d’une beauté à couper le souffle. Le résultat de la Sculpture
ne peut jamais se déplacer ou simuler la vie. Une statue de glace
ne s’animera jamais, pas plus qu’elle ne deviendra un golem. Les
objets et les accessoires créés à l’aide du charme fonctionnent
de la même manière que leurs modèles ordinaires, tant qu’ils ne
possèdent aucune partie en mouvement (une armure de glace
protège, mais il est impossible de conduire une voiture faite dans
ce matériau).
Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
la durée pendant laquelle le produit d’une Sculpture persiste avant
de commencer à fondre, comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Une heure
Quatre réussites Une scène
Cinq réussites Un jour
Type : Wyrd.
Stase
L’ultime charme de l’Hiver enseigne aux maîtres comment empri-
sonner une cible dans le givre magique pendant une longue période.
Elle restera pareille à elle-même, mais immobile et inconsciente (si
cette condition peut s’appliquer). Le focus placé dans une Stase ne
vieillit pas, ne se décompose pas, ne se brise pas et ne change pas.
Pendant toute la durée du sortilège, il reste suspendu dans le temps.
Pour briser ce givre, il faut une magie puissante, comme celle d’un
maître du Flamboiement ou du Printemps.
Un Bonnet rouge solitaire collectionne les mortels gelés et les garde
chez lui comme une famille. La duchesse enferme sa fille empoisonnée
dans un givre mystique, le temps pour elle de trouver un antidote.
Un Nocker place un dispositif chimérique complexe en stase afin de
le ramener jusqu’à son atelier et de travailler sur sa rétroconception.
215
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Système : le Royaume invoqué détermine la ou les cibles du charme.
Les changelins et les créatures surnaturelles peuvent résister à ses
effets s’ils dépensent un point de Volonté et réussissent un jet de
Vigueur (difficulté 9). Le sujet placé en Stase ne peut ni agir ni subir
de dégâts et il devient complètement inerte.
Les pouvoirs surnaturels ou la magie peuvent faire fondre le
givre qui le recouvre, mais la chaleur ou la force ordinaire ne
servent à rien. Un personnage qui tente de briser une Stase doit
réussir une action étendue et utiliser un pouvoir ou une capacité
approprié, déterminé par le conteur. De plus, il doit accumuler
cinq réussites pour chaque réussite obtenue sur le jet d’activation
original du charme.
Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
la durée de la Stase, comme indiqué dans le tableau ci-dessous.
Le changelin à l’origine du sortilège peut toutefois y mettre un
terme quand il le souhaite.
Une réussite Une scène
Deux réussites Un jour
Trois réussites Une semaine
Quatre réussites Un mois
Cinq réussites Un an
Type : Wyrd.
L’Ire du dragon
Les légendes racontent qu’un brave chevalier sidhe tua un dragon et
dévora son cœur encore fumant. D’autres disent qu’un roi féerique
se montra plus malin que le dragon et que celui-ci dut mettre sa
puissance au service d’Arcadie. Pour certains, c’est une grande beauté
qui séduisit le dragon, une grande beauté, quelques paroles pleines
de miel et des rêves emplis de passion. Les histoires changent, car
ainsi va le Songe, mais un point demeure. Il y a longtemps de cela,
un grand héros s’appropria une immense puissance guerrière, féroce
et considérable, et la mit à disposition des fées qui auraient assez de
courage et de force d’âme pour la plier à leur volonté.
L’Ire du dragon est un Art puissant consacré à la bataille et au
conflit, demeuré rare parmi les changelins au cours des longs siècles
de l’Interrègne. Sa pratique connut un immense regain avec le
retour des Sidhes d’Arcadie, et leurs nobles chevaliers n’ont jamais
renoncé à vouloir maîtriser le pouvoir de cette sorcellerie exigeante.
De nombreux Sidhes considèrent l’Ire du dragon comme un Art
exclusif, que seul un noble guerrier au dévouement sans bornes peut
maîtriser correctement. En réalité, il se pratique aussi parmi les kiths
roturiers, et plus fréquemment chez les Bonnets rouges et les Trolls.
À la grande (et souvent fatale) surprise de beaucoup, il est aussi très
populaire chez les Nockers, qui adorent insuffler sa puissance dans
des armes de leur invention.
Déchaîner l’Ire du dragon
Ses manifestations sont assez directes (en général « Protège-nous » ou
« Détruis-les ») et s’expriment toujours dans de vibrantes démonstra-
tions de Glamour sans entraves. Elles prennent souvent la forme de
murs de flammes, d’auras brûlantes attribuant une force titanesque,
de pluies de feu doré, voire de la brève apparition d’un vrai dragon
chimérique.
216 Changelin : le Songe
Bêtises de l’Ire du dragon
Elles associent action violente, audace et théâtralité, gestes nobles
et imagerie associée aux dragons. En voici quelques exemples : crier
un défi officiel, agiter une épée dans de grands moulinets drama-
tiques, tirer un coup de feu en l’air, allumer un cercle de flammes
et y entrer ou en sortir, sauter depuis une grande hauteur, lancer
une poignée d’argent à la cible du charme, citer Shakespeare, jeter le
gant, couvrir une arme de son sang, briser un meuble, abandonner
son arme, mettre le feu à un immeuble, envoyer une voiture dans
le fossé, mettre un genou à terre pendant que vous vous préparez à
la bataille, revêtir lentement son armure à la vue de vos adversaires
sans les lâcher des yeux.
Muscles brûlants
Un Troll rugit tandis qu’il soutient l’immeuble en train de s’écrou-
ler, ses muscles se mettent à luire de l’intérieur. Le feu danse sur
le tranchant de la hache mortelle d’un Bonnet rouge alors qu’elle
déchire l’armure de son adversaire comme du vulgaire papier. Un
Sidhe invoque un antique pouvoir et le concentre à un instant précis
en une seule flèche qui vient abattre le monstre.
Ce charme insuffle dans sa cible la puissance des héros de légende.
Il lui accorde une force phénoménale et un immense pouvoir de des-
truction. Les personnes douées de la vision féerique perçoivent une
légère aura dorée autour du sujet, celle-ci danse et ondoie comme un feu.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible de l’enchantement.
Le sortilège augmente le score de Force d’une créature vivante et s’il
s’agit d’un objet, toutes les attaques portées avec celui-ci infligent
des dés de dégâts supplémentaires. Les réussites obtenues sur le jet
d’activation du charme doivent être réparties entre son efficacité
et sa durée. Chaque réussite affectée à l’efficacité ajoute un point
de Force ou un dé de dégâts. Chaque réussite consacrée à la durée
prolonge ses effets d’un tour et si le personnage n’en a pas désigné,
le sortilège ne dure qu’un seul tour.
Type : chimérique.
Mystérieux anneaux
Une Sidhe danse sur le champ de bataille et abat ses adversaires sans
que rien, pas même le sang qu’elle répand, ne l’atteigne. Ce charme
offre à sa cible la grâce d’un serpent. Elle ondule, ses gestes deviennent
presque hypnotiques et elle peut aisément éviter les blessures. Même
un objet inanimé sur lequel on a lancé ce sortilège semble s’agiter
et se déplacer, esquivant ainsi les coups qu’on tente de lui porter.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible de la protection. La
difficulté de toutes les attaques dirigées contre elle augmente de +2
(maximum 9). Ce charme dure un nombre de tours égal au nombre
de réussites obtenues sur le jet d’activation. Il est inefficace contre
les attaques portées avec du fer froid.
Type : chimérique.
Écailles du dragon
Un couteau racle la peau d’un Troll, soudain devenue aussi dure que
la pierre. Un Nocker grimace un sourire tandis qu’il lance sa voiture
droit sur celle de l’usurier ; sa magie a rendu la carrosserie presque
indestructible et il croise les doigts pour que les améliorations qu’il
a faites sur l’airbag fonctionnent.
Le changelin insuffle à sa cible la résistance mystique d’un cuir
de dragon. Pour les personnes capables de percer les Brumes, elle
semble scintiller dans un nuage de chaleur et sa peau brille quand
la lumière la touche.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible de l’enchantement.
Ainsi protégée, la difficulté de tous les jets de dégâts effectués contre
elle augmente de +2 (maximum 9). Ce charme dure un nombre de
tours égal au nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation. Il
est inefficace contre les attaques portées avec du fer froid.
Type : chimérique.
Frappe du houx
Un Sidhe remue les feuilles tombées au sol avec son épée, les soulève
dans les airs et, dans un éclair d’émeraude crépitante, les projette
soudain contre son adversaire comme autant de projectiles d’acier.
Baptisé d’après la légendaire plante du guerrier, ce charme de pure
destruction adapte la manière dont il se manifeste à la nature du
changelin qui l’invoque. S’il prend toujours la forme d’une décharge
d’énergie surnaturelle, cette dernière peut ressembler à n’importe
quoi, comme une vague glacée de ténèbres qui flétrit tout ce qu’elle
touche, ou bien un éclair d’émeraude qui fait éclater ce qu’il frappe,
ou encore le souffle ardent d’un dragon.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible que l’enchantement
détruira. Son jet d’activation sert également de jet d’attaque et
la portée maximale du charme est égale à dix fois la Volonté du
changelin, exprimée en mètres. De plus, il inflige un nombre de
dés de dégâts létaux égal à la somme des valeurs suivantes : Volonté
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
+ Glamour + réussites supplémentaires obtenues sur le jet d’acti-
vation du sortilège.
Type : Wyrd.
Provoquer l’ire
D’un côté, Billy, 10 ans, faisait face à une petite brute deux classes
au-dessus de lui et une fois et demie plus grande que lui. Mais Billy
était aussi Sir William de Murfreesborough, Sidhe et chevalier au
service de la comtesse Denzel. Il regarda ses mains et découvrit
qu’elles luisaient de la puissance du passé.
Le changelin invoque en lui la sagesse des guerriers d’Arcadie,
innombrables et légendaires, et se lance dans une terrifiante danse
guerrière contre laquelle aucun ennemi ne peut espérer l’emporter.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible que le charme assistera.
Si le changelin le lance sur un objet, ses avantages se transfèrent à
celui qui porte cet objet en combat. Provoquer l’ire offre une réserve
de dés supplémentaires égale au nombre de réussites obtenues sur
le jet d’activation. Ceux-ci peuvent être répartis chaque tour comme
le sujet l’entend parmi ses groupements de combat (attaque, dégâts,
absorption et même jets d’activation d’autres charmes guerriers).
Cette réserve se régénère au début du tour, mais elle perd un dé
jusqu’à ce que le sortilège s’épuise de lui-même. Un même person-
nage ne peut Provoquer l’ire plus d’une fois par scène.
Type : chimérique.
217
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
La Métamorphose
La Métamorphose est l’Art féerique de la transformation. Elle est à la
source des légendes sur les méchants garçons changés en grenouille
et sur les fées en colère devenues de terribles dragons. À présent, ces
miracles si manifestes sont devenus épuisants et difficiles à réaliser à
mesure que le monde de l’Automne glisse vers l’Hiver. Les Kithains
ont néanmoins conservé presque toute leur maîtrise de cet Art
glorieux et chargé d’histoire.
Ou du moins est-ce le cas des kiths de roturiers. En effet, la
Métamorphose est une rareté dans les rangs des nobles. Nombreux
sont les Sidhes qui la considèrent comme une forme de magie vulgaire.
Il ne leur viendrait même pas à l’esprit de prendre l’apparence d’une
créature inférieure ou de souiller leur beauté de traits animaux, et ce
quelle que puisse être son utilité. Bien sûr, les Pookas, qui prétendent
avoir inventé et offert cet Art à tous les Kithains, figurent parmi ses
pratiquants les plus enthousiastes. On le trouve aussi fréquemment
parmi les Sluaghs, les Clurichauns et les Boggans.
Déchaîner la Métamorphose
Les changelins en ont gardé une telle maîtrise que les Déchaînements
de cet Art sont assez peu répandus. Il n’y a pas grand-chose qu’un maître
digne de ce nom ne puisse accomplir. La plupart des Déchaînements
servent donc à accéder à des pouvoirs supérieurs normalement inac-
cessibles au changelin ou bien à invoquer le Songe afin qu’il rende
ses jugements et la justice. Parmi les Déchaînements classiques de
la Métamorphose figure par exemple « Qu’il porte la nature de son
cœur afin que le monde entier en soit témoin ».
Bêtises de la Métamorphose
Elles incluent des symboles, des couleurs, des transformations, des
altérations et des énonciations animales. En voici quelques exemples :
imiter le cri d’un animal, brûler une plume, maudire quelqu’un,
vernir ses ongles, étaler de la cendre sur sa cible, mettre sa chemise
à l’envers et la remettre à l’endroit, prononcer trois fois le nom de
sa cible puis à nouveau trois fois à l’envers, attraper un chat, effrayer
une volée de pigeons, prétendre être un animal pendant toute une
scène, tailler une statuette dans un morceau de savon, peindre sa
cible puis la recouvrir à nouveau de peinture, abîmer un portrait,
enfiler un costume ridicule, se déshabiller entièrement.
Moineaux et rossignols
Un Vaurien sidhe change chaque jour de couleur de cheveux. Pensant
naïvement que cette ruse lui permettra d’approcher plus facilement
les fées de la région, un Clurichaun fraîchement arrivé à Honolulu
se donne l’allure d’un îlien. Un Pooka souriant prend l’apparence
d’un Troll, car c’est à ses yeux la meilleure manière de rouler un
jeune chevalier crédule.
Ce charme permet au changelin de modifier l’apparence originale
de sa cible et de changer l’un de ses traits principaux de manière
plausible. Par exemple, un homme se change en femme, des cheveux
roux deviennent bruns, une petite femme s’agrandit ou modifie sa
couleur de peau. Un Boggan ressemble à un Nocker, une modeste
table de bois compressé passera pour une pièce d’acajou, un chêne
devient un orme, le pelage d’un chat noir écaille de tortue, une voiture
se retrouve dotée d’une boîte automatique et un billet de cinq euros
a l’air d’un billet de cent. Seules limites à cette transformation, le
changelin ne peut altérer qu’une caractéristique physique discrète
de sa cible, et il doit la changer en une version raisonnablement
218 Changelin : le Songe
envisageable. Par exemple, une personne peut avoir la peau sombre
et non claire, mais pas verte (à l’exception de certains kiths). Une
table sera en teck et plus en chêne, mais certainement pas en uranium
appauvri. Une voiture de 2009 deviendra un modèle de 2014, mais
ne pourra jamais voler ni proposer de sièges éjectables.
Système : le Royaume choisi détermine la personne ou l’objet cible
de la transformation, et le nombre de réussites obtenues sur le jet
la durée du charme.
Une réussite Une scène
Deux réussites Un jour
Trois réussites Le score de Glamour du changelin en jours
Quatre réussites Un mois
Cinq réussites Un an et un jour
S’il le souhaite, le personnage peut toujours ajouter une condition
à la durée de la transformation qui, si elle survient, interrompra
le charme avant la fin de sa durée. Par exemple, « lorsque tu
reviendras avec l’anneau du duc », « lorsque tu prononceras mon
nom trois fois dans un miroir », ou même « lorsque tu regretteras
sincèrement ton crime » sont des conditions tout à fait valables.
Type : chimérique ou Wyrd.
Vers et géants
Ce charme légendaire peut servir à rétrécir ou agrandir sa cible. Ainsi,
une souris deviendra la monture d’un Pooka chevalier errant. Un
Boggan pourra se rétrécir pour fignoler minutieusement les détails
d’une chaussure, utiliser un couteau de table comme épée improvisée
ou punir les mortels grossiers en leur infligeant la véritable perspective
d’un ver de terre sur le monde de l’Automne.
Système : le Royaume invoqué détermine la personne ou l’objet
cible du changement de taille, et le nombre de réussites obtenues
l’étendue de l’altération.
Une réussite Rétrécit d’un quart de sa taille ou grandit de
la moitié.
Deux réussites Rétrécit de la moitié ou double sa taille normale.
Trois réussites Rétrécit de trois quarts ou multiplie sa taille
normale par 2,5.
Quatre réussites Rétrécit à 1/8e de sa taille ou triple sa taille
normale.
Cinq réussites Rétrécit à 1/16e de sa taille ou multiplie sa taille
normale par 3,5.
Contrairement à la plupart des charmes, les effets de Vers et
géants se cumulent quand on le lance plusieurs fois. Quelle que
soit l’altération finale, ce sortilège ne dure qu’une scène, même
si des Déchaînements ont réussi à allonger la durée des modifi-
cations produites.
Type : Wyrd.
Mille peaux
Un timide Pooka devient un lion majestueux. Un Sluagh irrité
pousse le Bonnet rouge qui le tourmente dans une vieille toile, et
à son plus grand étonnement, ce dernier se retrouve dans la peau
d’une araignée. Un Troll claque des mains et l’arme entre les doigts

du voleur se transforme en serpent. Ce charme puissant offre au
changelin la faculté de changer une personne ou un objet en un
animal. Les gens conservent leur intelligence et leurs instincts, mais
gagnent les traits physiques, les capacités, les limitations sensorielles et
les aptitudes spéciales de l’animal dans lequel ils ont été transformés.
Les objets bénéficient de l’intelligence « typique » d’un membre de
l’espèce pendant la durée du sort ; un lapin sera donc craintif, un
lion chassera, ainsi de suite. Les humains et les fées métamorphosés
conservent le langage, mais seuls ceux capables de percevoir la réalité
chimérique peuvent les comprendre.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui deviendra un ani-
mal. Le changelin doit répartir ses réussites entre l’étendue de la
métamorphose et sa durée. Celle-ci se répartit ainsi :
Aucune réussite Le score de Glamour du lanceur en tours.
Une réussite La scène.
Deux réussites Un jour.
Trois réussites Le score de Glamour du lanceur en jours.
Quatre réussites Deux fois le score de Glamour du lanceur en jours.
Cinq réussites Trois fois le score de Glamour du lanceur en jours.
Dans le même temps, plus le nombre de réussites allouées à sa
complexité est grand, plus la métamorphose est poussée.
Type : Wyrd.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Aucune réussite La cible ne peut être transformée qu’en une créature
à peu près de même taille, sans capacité extraor-
dinaire (vol, respiration aquatique, poison, sens
surhumains, etc.).
Une réussite La cible peut être transformée en une créature à
peu près de même taille, et profitera d’une seule
capacité extraordinaire.
Deux réussites La cible peut être transformée en une créature
d’une taille égale à la moitié de la sienne, ou une
fois et demie la sienne, et profitera d’une capacité
extraordinaire.
Trois réussites La cible peut être transformée en une créature
d’une taille égale à 20 % de la sienne, ou deux
fois la sienne, et profitera d’une capacité extraor-
dinaire. Elle peut aussi devenir une créature d’une
taille équivalente à la sienne avec deux capacités
exceptionnelles.
Quatre réussites Comme avec trois réussites, mais la cible peut
ignorer les limites imposées à la taille ou bien
disposer d’un nombre d’aptitudes spéciales illimité.
Cinq réussites La cible peut être transformée en n’importe quel
animal choisi par le changelin, de la mouche à
l’éléphant.
219
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Peau de bête
Ce sortilège pratique améliore la Métamorphose au point de permettre
des transformations partielles. Un mortel grossier peut se voir offrir
une tête de cochon, tandis qu’une noble monture peut obtenir les
ailes d’un cygne. Acculé, un roturier combattra son adversaire avec
les serres acérées ou les crocs venimeux qu’il se sera fait pousser.
Système : le Royaume invoqué détermine le récipiendaire des carac-
téristiques animales. L’Accessoire offre un véritable exercice créatif
lorsqu’on utilise ce charme. Si les boules de fourrure rocheuses
sont souvent d’une piètre utilité, les épées empoisonnées et les
vêtements parfumés au musc de putois figurent parmi ses utilisa-
tions les plus célèbres. Chaque réussite peut donner à sa cible une
caractéristique animale choisie par le changelin, ou bien allonger
la durée du charme selon le tableau suivant :
Aucune réussite Le score de Glamour du lanceur en tours.
Une réussite Une scène.
Deux réussites Un jour.
Trois réussites Le score de Glamour du lanceur en jours.
Quatre réussites Deux fois le score de Glamour du lanceur en
jours.
Cinq réussites Trois fois le score de Glamour du lanceur en jours.
Comme pour Moineaux et rossignols, le changelin peut décider
d’une condition qui interrompra le charme avant la fin de sa durée.
Type : Wyrd.
Triomphe chimérique
Acculé, le magicien sidhe enflamme sa canne et la jette au sol, où
elle se transforme en un puissant dragon, puis il profite du chaos
qui s’ensuit et s’échappe par une porte dérobée.
Ce charme fantastique permet au personnage de métamorphoser
sa cible en une créature de légende, ou même en une bête tout droit
surgie de son imagination s’il mélange des caractéristiques et des
natures tirées de différentes créatures. Dragons, manticores, griffons
ou encore le fabuleux kraken, tous peuvent être invoqués grâce au
Triomphe chimérique.
Système : comme il le fait pour Mille peaux, le Royaume invoqué
détermine la cible de la transformation. Chaque réussite permet
au changelin de lui offrir une aptitude fantastique. Par exemple, un
dragon pourra voler, aura une force extraordinaire, une résistance
hors du commun et un souffle ardent. En revanche, contrairement à
celui-ci, la durée du charme est toujours égale au score de Glamour
du lanceur, exprimée en minutes. Cependant, le personnage
pourra la « réinitialiser » chaque fois qu’il s’acquittera d’un point
de Glamour dans ce but.
Type : Wyrd.
L’Oniromancie
Séparés de l’Arcadie et en passe d’être purement et simplement
effacés du Songe, les changelins cherchent à renouer avec leur moitié
féerique à travers le Glamour dans les rêves. Chaque nuit, hommes
et bêtes franchissent les Brumes et viennent effleurer le Songe, et
ce même s’ils n’ont ni contrôle ni souvenir du périple qu’ils ont
effectué le matin suivant. Les étudiants de l’Oniromancie explorent
220 Changelin : le Songe
le lien forgé entre le sommeil et le monde des fées. Ils gagnent aussi
de redoutables pouvoirs à même de répandre le chaos du Songe
chez leurs victimes, ou qu’ils feront s’abattre sur le monde mortel.
Déchaîner l’Oniromancie
Cet Art est en relation avec le sommeil, les rêves et la confluence
entre le Songe, l’ordinaire et les esprits des habitants de tous ces
mondes. Lorsqu’on le Déchaîne, il peut dévoiler les espoirs ou les
cauchemars, expédier une Bande dans les rêves d’un géant endormi
ou donner vie au pire cauchemar de son adversaire.
Bêtises de l’Oniromancie
Elles impliquent en général des sophismes, les attributs du sommeil
et tout ce qui représente l’absurde et la nature métaphorique de la
logique des rêves. En voici quelques exemples : dessiner ce dont on
a peur et manger cette représentation, s’endormir à 12 h 34 tapantes,
s’allonger et fermer les yeux au milieu d’une forêt plongée dans la
pénombre ou brûler son lit.
Marche onirique
Après avoir appris le premier charme de l’Oniromancie, un changelin
peut lancer un pont entre le Songe et l’esprit d’un objet ou d’une
personne endormie qu’il connaît bien ou qu’il peut voir. Ainsi, cela
lui permettra d’entrer de plain-pied dans un rêve. Il plonge ensuite
dans les songes de sa cible et disparaît du monde ordinaire. Le sujet
peut ou non se rendre compte que le personnage est en fait bien plus
qu’un simple élément de son rêve. En revanche, il se souviendra de
ce à quoi il a rêvé lorsqu’il se réveillera.
La Marche onirique peut servir d’initiation aux Oniromanciens,
mais tous finissent par respecter son utilité et sa puissance lorsqu’ils
franchissent ce premier pas. Les changelins peuvent transmettre des
messages au dormeur ou chercher des révélations dans son esprit, ou
encore se cacher de leurs ennemis ou des curieux. Si le personnage
ne risque aucune blessure physique lorsqu’il se trouve dans le rêve,
il peut cependant subir des dégâts chimériques. À noter qu’il ne
se repose pas pendant l’utilisation de ce charme. Il aura donc sans
doute besoin de dormir quelques heures s’il passe la nuit dans les
songes de quelqu’un d’autre.
Alors qu’elle cherche désespérément à échapper à ses ravisseurs,
une Boggan se cache dans les rêves de son chat. Un Bonnet rouge
traque un mortel dans ses songes, le dérange dans son sommeil et
réunit des informations sur la meilleure manière de bouleverser sa vie.
Après s’être endormis dans un Domaine, les membres d’une Bande
partagent un rêve dans lequel ils planifient leur prochaine action.
Système : le charme peut servir à entrer dans le songe d’une
créature assoupie si le changelin connaît le Royaume correspondant.
Dans ce cas, l’Oniromancien n’emporte rien avec lui. Il réapparaîtra
à l’endroit où il a lancé son sortilège lorsqu’il décidera d’en ressortir,
ou bien quand le dormeur se réveillera. Un personnage doit pouvoir
voir sa cible la première fois qu’il utilise la Marche onirique sur elle.
Cependant, son joueur devra dépenser un point de Volonté afin
d’établir un lien, et cela permettra ensuite au changelin d’entrer à
nouveau dans ses rêves à n’importe quel moment dans le futur. La
cible se rappellera le songe quand elle s’éveillera. Ainsi, le charme est
une façon efficace de transmettre des messages et des avertissements.
Il faut d’abord réussir à lancer la Marche onirique avant d’utiliser
tous les autres charmes de l’Oniromancie.
Type : Wyrd.
 Artisanat onirique
Certains rêves continuent de flotter autour des gens même après qu’ils
se sont réveillés, et influencent l’humeur et le ton de leur journée. À
présent, l’Oniromancien ne se cantonne plus simplement à entrer
dans les songes de sa cible et à quelques interactions minimales. Il
exerce une forme de contrôle sur le paysage onirique et peut ainsi
créer de paisibles tableaux dans son esprit, ou encore infliger de
terribles frayeurs qui la hanteront le lendemain.
L’employée en lice pour la même promotion que le Sluagh sera
poursuivie par des cauchemars mettant en scène des échecs, et qui
continueront de la hanter la journée suivante alors qu’elle doit
rencontrer son chef. La veille de son départ pour l’université, une
Eshu entre dans le rêve de son fils pour partir à l’aventure avec lui
et s’assurer qu’il se sentira invincible une fois sur le campus.
Système : l’Artisanat onirique ne peut s’utiliser que comme un prolon-
gement de la Marche onirique une fois que le changelin est entré
dans l’esprit de sa cible. Il peut alors façonner ses rêves et utiliser
ce charme pour en créer certains aspects ; ces derniers serviront de
déclencheurs pour le sujet après son réveil s’ils ont été modelés avec
le Royaume approprié. L’Oniromancien décide si le songe inspire
ou terrifie, ce qui détermine l’impact de ces déclencheurs lorsque
le dormeur les rencontrera.
Si le rêve était positif et reposant, le sommeil fait regagner un point
de Volonté à la cible, ainsi que deux dés de bonus dans une scène
au cours de laquelle elle croisera l’amorce créée par l’Oniroman-
cien. A contrario, un cauchemar généré par l’Artisanat onirique
draine un point de Volonté et inflige une pénalité de deux dés à
sa victime pendant la scène correspondante. Les effets de l’amorce
se prolongent pendant un jour par réussite obtenue sur le jet de
lancement du charme.
Type : chimérique.
Portail onirique
Le personnage exploite la mince différence entre l’esprit plongé
dans un rêve et le Songe lui-même, et peut ainsi faire se chevaucher
les deux mondes et créer un portail. Le rêve du sujet devient un
relais à l’intérieur du Songe et relie l’endroit où se trouve le lanceur
à celui où dort la cible.
Un Piskey industrieux utilise des rêveurs pour se déplacer à travers
le monde, et ainsi échapper au décalage horaire et aux conversations
banales des autres voyageurs. Pour éviter les douaniers, le Nocker fait
transiter sa contrebande dans les songes et amène la marchandise
en toute sécurité à ses acheteurs du marché noir.
Système : le Portail onirique s’utilise toujours en conjonction avec
la Marche onirique. Si le Royaume impose ce que le lanceur peut
transporter à travers les rêves de sa cible, le nombre de réussites
obtenues limite la taille et le volume de ce qu’il peut emporter. Il
est possible de lancer le charme par le biais d’une action étendue,
ce qui offre l’occasion de cumuler des réussites supplémentaires ;
chaque jet au-delà du premier nécessite la dépense d’un point de
Glamour. Pour chaque réussite, l’Oniromancien déplacera une
masse ou un volume équivalent à un corps humain adulte.
Type : Wyrd.
Manifestation
Le changelin ordonne aux éléments d’un rêve de s’animer et ceux-ci
deviennent des chimères dans le monde réel. Il garde un certain
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
contrôle sur les chimères intelligentes après le réveil du dormeur,
mais sans le Glamour du lanceur, celles-ci s’évanouiront au fur et
à mesure que les souvenirs du rêve disparaîtront. En insufflant sa
volonté à la manifestation, l’Oniromancien peut même faire entrer
la chimère dans le monde ordinaire, mais elle disparaîtra encore
plus vite.
Agacé de la lâcheté de son apprenti, l’Oniromancien fait appa-
raître une créature dans les rêves de celui-ci afin de lui donner une
leçon précieuse, et peut-être fatale. Chaque nuit, le Nocker rêve qu’il
invente de fantastiques créations puis les oublie, jusqu’à ce qu’un
Oniromancien l’aide à donner corps à ses machines dans le monde
réel pour qu’il puisse les reproduire.
Système : le Royaume invoqué détermine ce que le changelin transfère
du monde onirique à la réalité chimérique. Dès que le charme s’ac-
complit, la cible disparaît du rêve et se matérialise dans le monde
éveillé. La chimère conserve la nature qu’elle possédait dans le songe,
bien que son pouvoir dépende du nombre de réussites obtenues
sur le jet d’activation du sortilège. L’Oniromancien connaît auto-
matiquement cette nature, mais plus la manifestation est puissante
et intelligente, moins il pourra la contrôler.
En temps normal, une chimère apparue grâce à la Manifestation
s’estompera et disparaîtra lorsque celui qui en a rêvé s’endormira
et recommencera à rêver. S’il veut qu’elle reste et agisse dans le
monde réel, le changelin doit lui insuffler un point de Glamour
par jour. Si le conteur le décide, une chimère que l’Oniromancien
a longtemps gardée active peut devenir permanente. En revanche,
cette créature n’éprouvera peut-être aucune loyauté envers son
créateur une fois ancrée dans la réalité.
Le lanceur peut aussi obliger la chimère à prendre corps dans le
monde ordinaire s’il est prêt à s’acquitter du coût plus élevé de
son action. Utilisé de la sorte, le charme est issu du Wyrd et le
joueur doit dépenser un point de Volonté, en plus du point de
Glamour nécessité par sa nature. La créature s’incarne alors pour
une scène et ne peut pas rester active avec du Glamour.
Le tableau ci-dessous décrit la puissance d’une chimère tout droit
sortie d’un rêve grâce à ce sortilège. La section consacrée aux
Chimères (cf. page 315) vous en propose une description complète.
Manifestation d’une chimère
Une réussite Une copie de la cible sans intelligence véritable
ni réel pouvoir, comme le Voile, d’une valeur de
5 points, inanimée et sans conscience.
Deux réussites Chimère mineure matérialisée, mais sans pouvoir
spécial ; équivaut à un objet manufacturé simple,
ou bien une chimère d’une valeur de 10 points qui
peut être animée, mais sera dénuée d’intelligence.
Trois réussites Chimère avancée, ou bien l’équivalent de 20
points de chimère, qui peut être animée et
consciente.
Quatre réussites Chimère complexe, ou bien l’équivalent de 30-35
points de chimère.
Cinq réussites Chimère de maître, ou bien l’équivalent de 40-50
points de chimère.
Type : chimérique ou Wyrd.
221
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Marionnette onirique
Certains adeptes de l’Oniromancie abandonnent la voie lorsque se
profile clairement le point culminant de leur formation. Un maître
ne se cantonne plus à la manipulation des rêves ou à leur intersection
avec le Songe, il peut à présent envahir l’esprit de sa cible et prendre
le contrôle de son corps pendant son sommeil.
L’ancien amant d’une Sidhe se réveillera en prison, accusé de
crimes graves. Jaloux de la santé et de la vitalité de sa jeunesse, un
Grincheux revit sa gloire passée dans le corps de son neveu.
Système : lorsque le changelin met en œuvre ce charme, il utilise le
même Royaume que celui qu’il a invoqué pour la Marche onirique.
Son joueur doit dépenser un point de Volonté s’il veut lancer le
sortilège sur une cible dont l’intelligence est au moins égale à celle
d’un humain. Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation
détermine la durée pendant laquelle il peut la maintenir endormie
et contrôler son corps. Celle-ci rêve qu’elle vit une version déformée
de ce qui lui arrive dans le monde réel.
Si la cible réussit un jet de Perception + Acuité (difficulté 8), elle
peut résister et commence à réaliser que quelqu’un s’est invité
dans ses songes. Elle doit ensuite faire un jet de Volonté (difficulté
8) opposé au nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation
du charme. Tant qu’il possède le corps de sa cible, le changelin
utilise ses attributs physiques (y compris son Apparence), mais
garde ses attributs sociaux et mentaux, ainsi que ses compétences.
L’Oniromancien peut se servir de ses Arts, mais il n’a pas accès
aux capacités ou aux pouvoirs spéciaux connus de sa victime. Il ne
peut utiliser la Marche onirique pour entrer dans les rêves d’une
autre personne alors qu’il se sert déjà de la Marionnette onirique.

Une réussite La cible se réveille après n’importe quel stimulus

conséquent, comme des bruits forts ou la douleur.
Deux réussites La cible se réveille après des dégâts contondants.
Trois réussites La cible se réveille après des dégâts létaux.
Quatre réussites La cible se réveille après des dégâts aggravés.
Cinq réussites La cible ne se réveille que si elle résiste aux effets
du charme ou lorsque le lanceur quitte son rêve.

Type : Wyrd.

Le Périple
Voici l’Art du voyage, du mouvement astucieux, du talent féerique
pour se déplacer aussi prestement qu’un rêve, et son antique magie
figure parmi les plus répandues chez les changelins. Apprécié tant
des éclaireurs que des vauriens, des messagers ou des voyageurs,
les roturiers s’en sont servis au cours de la guerre de l’Accord pour
échapper aux embuscades et à la progression des troupes sidhes. La
noblesse a quant à elle toujours estimé son efficacité, car elle permettait
de garder ouvertes les lignes de communication entre les Domaines.
Aussi commode soit-il, le Périple est quand même souvent consi-
déré comme un Art inférieur, une magie bonne pour les domestiques,
les éclaireurs et les roturiers, indigne des hauts nobles et des grandes
cours. Les Eshus sont les plus célèbres adeptes du Périple, mais il est
aussi fortement associé aux Pookas et aux Clurichauns.

222 Changelin : le Songe

Déchaîner le Périple
Voilà l’acte désespéré de ceux qui se sont irrémédiablement perdus
ou font face à une mort imminente. « Sors-nous de là » et « Sors-
les de là » sont de loin les ordres les plus courants que l’on donne
lorsque l’on fait déferler l’ancienne magie des routes et du voyage
dans le monde de l’Automne, suivis de près par « Amène-moi jusqu’à
mon objectif ». Ce dernier est rarement fiable et pousse le Kithain
dans les bras du Dán – le lieu où le personnage doit se rendre
pour progresser n’est pas toujours celui auquel on s’attendrait. Les
Déchaînements du Périple ont déjà servi dans le passé pour tenter
de forcer l’ouverture des Sentiers en sommeil, mais ils n’ont donné
que des résultats mitigés et temporaires. Quelques rares téméraires
ont utilisé cet Art pour tenter de se transporter jusqu’en Arcadie.
Certains ont rapporté que même le Glamour du monde de l’Automne
ne pouvait plus les conduire à sa source. D’autres ont purement et
simplement disparu dans les profondeurs du Songe, et l’on n’a plus
jamais entendu parler d’eux. Nul ne sait en réalité ce qu’il est advenu
d’eux ; on spécule encore sur leur sort.
Bêtises du Périple
En général, elles impliquent les concepts du mouvement, du voyage,
des actions d’éclat ou des manifestations ostentatoires. En voici
quelques exemples : frapper trois fois du pied, imiter un coureur,
peindre des flammes ou des éclairs sur un objet, courir ou sautiller
sur place, siffler fort et pointer du doigt sa destination, fredonner sa
chanson de voyage préférée, prendre une pincée de terre sur le bord
du chemin et la mettre dans sa poche, déchirer une carte obtenue
dans une station-service, jeter une clé souvent utilisée dans un endroit
où l’on ne peut aller la chercher, dessiner une carte, travailler sa
pointe de vitesse sur un parcours d’un kilomètre, appeler quelqu’un
qui se trouve là où l’on se rend et lui confier qu’on sera bientôt là.
Marelle
Une Pooka éclate de rire et franchit d’un bond une haute clôture,
semant ainsi ses poursuivants. Un méchant Bonnet rouge oblige
un chariot élévateur à se lancer contre le groupe de Trolls venus le
chercher pour l’amener devant leur seigneur.
Voici l’Art des sauts prodigieux, celui qui peut permettre au
changelin de sauter d’un coup et sans effort par-dessus de grands
bâtiments. La Marelle transporte sa cible vers le haut ou vers l’avant
selon le choix du lanceur. De plus, le Glamour insufflé dans le saut
l’assure que l’atterrissage se fera toujours en douceur, peu importe la
distance qu’elle a parcourue avant l’impact. Certains Pookas martèlent
que le charme était leur magie exclusive, volée par un escroc eshu
à une époque légendaire et partagée avec le reste des fées. Cela dit,
qui écoute encore ce que racontent les Pookas ?
Système : le Royaume choisi détermine ce qui est en mesure de
sauter. Les créatures vivantes gagnent la capacité de faire un bond
prodigieux, de leur propre volonté ou non. Les objets sautent dans
tous les sens et comme le lanceur l’entend ; quiconque entre en
contact avec l’un d’entre eux peut tenter d’arrêter sa course aléatoire
avec un jet de Force + Athlétisme (difficulté 7), opposé au nombre
de réussites obtenues par le changelin sur son jet d’activation.
Le résultat exact d’un éventuel échec sur cette action est laissé à
l’appréciation du conteur et dépend de la nature de l’objet. Des
vêtements s’élanceront vers le ciel pour se libérer et se déchireront
probablement. Si une voiture se met à sautiller, les conséquences
seront sans doute beaucoup plus graves.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Grâce à la Scène, plusieurs sujets peuvent se mettre à bondir,
plutôt que de permettre à des routes ou des bâtiments de se jeter
au hasard – on a toutefois assisté à ce genre de terrifiantes acroba-
ties après des Déchaînements du Périple. Le nombre de réussites
obtenues sur le jet d’activation quantifie la puissance du saut,
comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Une réussite Un saut en hauteur d’un étage ; un saut en longueur
de 10 mètres.
Deux réussites Un saut en hauteur de deux étages ; un saut en
longueur de 20 mètres.
Trois réussites Un saut en hauteur de cinq étages ; un saut en
longueur de 50 mètres.
Quatre réussites Un saut en hauteur de dix étages ; un saut en
longueur de 100 mètres.
Cinq réussites Le changelin peut sauter aussi loin que porte son
regard, même sur l’aile d’un avion qui passe ou
sur l’autre rive du puissant Mississippi.
Type : Wyrd.
Vif-argent
Vive comme la foudre, la cible de ce charme se déplace en un clin
d’œil. Elle laisse dans son sillage les traces du Glamour qu’elle vient
d’utiliser, comme des lignes de fuite, des éclairs grésillant ou tout
autre effet de décharge visible. Une Bande de Piskies se lance à la
poursuite d’une voiture transportant le Trésor qu’on vient de lui
dérober, leur course met le feu à l’asphalte de la route. Un cheva-
lier sidhe laisse exploser sa puissance en un tourbillon flou d’acier
étincelant et de magie crépitante.
Système : le Royaume invoqué détermine la nature de ce qui accélère,
mais il ne donne pas aux objets le pouvoir de se déplacer s’ils ne
sont pas déjà en mouvement. Chaque réussite obtenue sur le jet
d’activation accorde une action supplémentaire ou double la vitesse
de déplacement au prochain tour. Le joueur peut répartir comme
il l’entend les réussites entre actions supplémentaires et accroisse-
ment de la vitesse. Pour les objets lancés, ces réussites deviennent
des dés de bonus sur le jet de dégâts s’ils touchent une cible. Les
véhicules enchantés ne bénéficient pas d’action supplémentaire ;
ils accélèrent et profitent du même bonus aux dégâts qu’un objet
lancé s’ils touchent quelque chose.
Type : Wyrd.
Portail
Une Gamine pooka trace une porte à la craie sur le mur de sa chambre
et son dessin devient sa passerelle vers le monde. Un Gamin sluagh
crée une trappe sur le sol qui le conduit vers une cave scellée en
sous-sol, dont il a fait sa salle de jeu personnelle.
Voici l’Art d’entrer et de sortir quand et où le changelin le sou-
haite. Le Portail ouvre un passage assez grand pour permettre au
changelin de le franchir, et traverse n’importe quelle barrière jusqu’à
3 mètres d’épaisseur. Peu importe qu’il s’agisse d’un mur de briques,
d’une haie ou de la paroi d’un camion qui roule. Les portes ainsi
créées servent exclusivement au changelin qui a lancé le charme. Des
gens qui lui sont familiers peuvent tout à fait reconnaître sa magie
et l’identifier. Le Portail peut aussi servir à ouvrir des passages vers
le Songe (cf. page 308).
223
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Système : le Royaume invoqué détermine qui peut ouvrir le Portail
(l’Acteur ou la Fée) ou bien le matériau ou l’objet sur lequel elle
apparaît (l’Accessoire ou la Nature). Quiconque capable de percevoir
ce qui appartient au Songe peut emprunter les portes créées grâce
à l’Accessoire et à la Nature, tandis que seuls les individus ciblés au
moment où le sortilège est lancé sont autorisés à franchir les portes
de l’Acteur ou de la Fée. Ce passage existe pendant une minute par
réussite obtenue sur le jet d’activation.
Type : Wyrd.

Chevaucher le vent
Un Eshu arrive dans un Domaine juché sur un tapis volant (cliché
peut-être, mais néanmoins classe). Un Gamin pooka frappe le sol
du pied et s’élève dans les airs, échappant ainsi à la pression de la
cour de récréation. La plupart des changelins considèrent que cette
magie, dédiée au glorieux Art du Vol, a été échangée ou volée aux
inanimae ou à un esprit des vents du même genre. Les Nunnehis
quant à eux marmonnent que le charme était à l’origine le leur,
très chèrement appris auprès de la terrible bête appelée wendigo.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui obtient le pouvoir
de voler. Invoqué sur un objet, comme un tapis ou une voiture,
il permet à tous ceux qui montent à bord d’emprunter ce moyen
de locomotion. Le Glamour n’a que faire des questions de poids.
Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
la durée pendant laquelle le sujet peut voler, comme indiqué dans
le tableau ci-dessous :

Une réussite Le score de Glamour du changelin en tours.

Deux réussites Le score de Glamour du changelin en minutes.
Trois réussites Cinq minutes par point de Glamour permanent
du changelin.
Quatre réussites Trente minutes par point de Glamour permanent
du changelin.
Cinq réussites Une heure par point de Glamour permanent du
changelin.

Contrairement à la Marelle, Chevaucher le vent ne garantit pas un

atterrissage en douceur si la magie cesse alors que la personne ou
l’objet enchanté est encore dans les airs.
Type : Wyrd.

Lueur de l’éclair
Ce redoutable sortilège permet à son maître d’aller où bon lui semble,
et personne ne peut l’en empêcher. Grâce à ce tour extraordinaire,
les ensorceleurs s’évanouissent, les voleurs se gaussent de tous les
pièges, et tous peuvent disparaître et réapparaître où ils le souhaitent.
Toutefois, quelques mises en garde s’imposent. Tout d’abord, le
voyageur doit connaître, voir ou posséder une partie de l’endroit où
il veut aller. Enfin, Lueur de l’éclair ne peut transporter le changelin
qu’au sein du royaume dans lequel il se trouve au moment où il
invoque sa magie. Il ne pourra donc pas s’en servir pour aller du
monde de l’Automne au Songe ou vice versa ni passer d’une strate
à l’autre du Songe.
Système : le Royaume invoqué détermine qui gagne la capacité de se
téléporter. Un être vivant décidera du lieu où il veut se rendre ; le
charme ne peut servir à bannir d’autres créatures dans des prisons
secrètes ou des grottes sous-marines. Le lanceur choisira la destination

224 Changelin : le Songe

 d’un objet. Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation
détermine à quelle vitesse le sortilège prend effet et transporte sa
cible. La Lueur de l’éclair se déclenche après (5 – nombre de réus-
sites) tours ; si le personnage obtient au moins cinq réussites sur le
jet de dés, la téléportation est instantanée.
Type : Wyrd.
La Prestidigitation
Les mortels peuvent confondre certains charmes de la magie des fées
avec la prestidigitation ordinaire. Or les changelins versés dans cet
Art façonnent et sculptent le Glamour dans le but de manipuler le
monde qui les entoure. Populaire parmi les roturiers et les artistes,
la Prestidigitation figure parmi les Arts les plus anciens et les plus
célèbres des Kithains. Les nobles et les fortunés peuvent bien la
mépriser, mais lorsqu’on se bat pour survivre, on sait à quel point
un repas gratuit ou une fuite sans accrocs s’avère précieux.
Déchaîner la Prestidigitation
L’Art offre la maîtrise de l’escamotage et utilise le Glamour pour dépla-
cer et manipuler les objets matériels. S’il Déchaîne la Prestidigitation,
le personnage peut se retrouver au milieu d’un tourbillon d’objets
lancés par des mains invisibles, ou bien provoquer des scènes illusoires
grandioses ou terrifiantes impossibles à distinguer de la réalité, ou
encore faire tout à coup apparaître des copies d’un bien de valeur
dans les poches de tout le monde.
Bêtises de la Prestidigitation
Elles impliquent souvent des spectacles, des tours de passe-passe, le
vol ou le remplacement d’objets et la répétition d’actions. En voici
quelques exemples : faire sortir un lapin de l’oreille d’un enfant,
copier les gestes et les actions de quelqu’un d’autre, attraper un
couteau de lancer à pleine vitesse.
Piège
Ce charme, très utile pour échapper à un poursuivant ou mettre la
main sur un débiteur, ralentit ou immobilise sa cible. Les meubles
semblent se jeter en travers de son chemin, les ornières crèvent les
pneus et cassent les essieux de sa voiture, ou bien le sol se soulève
pour détourner des flots. Même sans aucune explication plausible
à l’apparition d’un obstacle, les vrilles du Glamour que le sortilège
crée font tomber, ralentissent et pèsent sur la cible.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible qu’il ralentira ou
arrêtera. Celle-ci se déplace à la moitié de sa vitesse normale. De plus,
la difficulté de toutes ses actions physiques augmente de +3 jusqu’à
la fin de la durée du charme. Le nombre de réussites obtenues sur
le jet d’activation détermine le nombre de tours pendant lesquels
la cible demeure entravée dans ses mouvements.
Type : chimérique ou Wyrd (selon la cible).
La sangsue
Ce charme offre au changelin une méthode rapide et facile quand il
s’agit de payer un repas ou de récupérer un nombre impressionnant
de clés, de téléphones portables ou d’objets qui lui font envie. S’il
réussit à activer son sortilège, celui-ci transfère instantanément un
objet inanimé que la cible possède au Kithain. Il peut apparaître
dans sa main, sa poche ou sa chaussette, en bref là où le personnage
le veut sur lui.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Système : le Royaume doit indiquer le possesseur, le contenant ou
l’endroit dans lequel l’objet se trouve actuellement. En revanche, tant
que le changelin sait que sa cible a l’objet, il n’a pas besoin de le voir
lorsqu’il lance le charme. Pour les lacets sur les nouvelles bottes d’un
Nocker, il devra en appeler au Royaume de la Fée, à celui de l’Acteur
pour la carte de crédit donnée à l’agent de sécurité, à l’Accessoire
pour la tasse à café préférée du comte rangée dans le placard, et à
la Nature pour récupérer le cerf-volant du Gamin coincé dans un
arbre. La sangsue ne sert à rien si l’objet est simplement laissé sans
surveillance, et qu’il n’a ni propriétaire, ni contenant, ni gardien.
Le changelin devra alors voler la babiole qu’il désire à l’ancienne.
La cible peut entreprendre une action en opposition et faire un
jet de Perception + Vigilance (difficulté 8) pour remarquer que
son bien a disparu.
Type : chimérique ou Wyrd (selon que l’objet convoité est purement
chimérique ou non).
Effigie
Manipuler le Glamour pour copier quelque chose est une opération
complexe et perfectionner son habileté en la matière demande du
temps et de la patience. Cependant, lorsque vous parvenez à maî-
triser cet Art, vous pouvez créer des répliques assez convaincantes
pour tromper un observateur, du moins pendant un certain temps.
Un Pooka cambrioleur peut créer une bonne copie du tableau qu’il
avait accepté de dérober et de vendre, s’il change d’avis et souhaite
finalement garder le fruit de son larcin pour sa collection. Le VRP
Bonnet rouge peut créer une copie du chien qu’il vient de manger
afin que sa famille ne remarque pas sa disparition avant qu’il s’en aille.
Les effigies d’une créature consciente, comme une personne
ou un animal, ne peuvent répéter qu’une seule action. Les objets
ont l’air tout à fait identiques à l’original, ce qui signifie que si un
livre est ouvert à une certaine page, sa copie sera ouverte à la même
page, mais que toutes les autres seront blanches. L’effigie possède
les mêmes propriétés que l’objet original, et elle a les mêmes capa-
cités dans le monde matériel. Le personnage pourrait (brièvement)
conduire la copie d’une voiture, tirer avec celle d’une arme à feu ou
grimper à celle d’un arbre. La nourriture créée avec une Effigie n’a
guère de goût ni aucune valeur nutritionnelle, mais elle peut sentir
délicieusement bon.
Système : le personnage invoque le Royaume approprié à ce qu’il
souhaite copier. De plus, il pourra créer son effigie n’importe où
dans sa ligne de vue. Le nombre de réussites détermine la durée
pendant laquelle celle-ci reste intacte. Si elle est détruite avant l’ex-
piration du charme, elle se dissout simplement ou s’évanouit dans
les airs alors que le Glamour ne peut plus en conserver la forme.
Une réussite Un tour
Deux réussites Une minute
Trois réussites Dix minutes
Quatre réussites Une heure
Cinq réussites Une scène
Type : chimérique ou Wyrd (selon l’objet copié).
225
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Artifice
Les magiciens mortels passent d’interminables heures à mettre au
point leurs tours complexes, afin de convaincre leur public qu’ils
sont capables de faire bouger et de contrôler des objets par le seul
pouvoir de leur esprit. Lorsqu’il lance Artifice, il ne faut qu’un
peu de Glamour au changelin pour déplacer et manipuler tout ce
qui se trouve dans sa ligne de vue, avec une précision et une force
considérables. Un chevalier sidhe arrête une flèche en plein vol, à
quelques centimètres de la poitrine de son seigneur. Le voiturier sluagh
fait dévaler à toute allure la rampe d’accès du parking au véhicule
conduit par un vampire. Un chirurgien bonnet rouge immobilise
son « patient » assez longtemps pour l’attacher avec des sangles de
contention. Le Nocker crochète la serrure de sa cellule sans outils.
Système : comme avec Effigie, le Royaume invoqué détermine la cible.
Le changelin peut concentrer son Glamour en un seul mouvement
brusque et puissant ; dans ce cas, le score de Force pris en compte
équivaudra au niveau de son Art, auquel on additionnera celui du
Royaume. S’il choisit de maintenir un contrôle prolongé, mais aussi
plus précis, cette même somme lui tiendra lieu de score de Dextérité.
Si le personnage souhaite exécuter une seule action puissante, il
ne peut contrôler sa cible que pendant un tour. Si cette action est
une attaque, le jet d’activation du charme sert de jet d’attaque.
S’il tente un geste précis, le nombre de réussites obtenues sur le
jet d’activation du charme détermine le nombre de tours pendant
lesquels il peut continuer à utiliser le sortilège sur la cible avant
d’avoir besoin de le lancer à nouveau.
Si le personnage s’en sert sur une cible animée, celle-ci peut résister
à ses effets avec un jet de Force + Athlétisme (difficulté 8) ou tout
autre groupement que le conteur estimera adapté.
Type : Wyrd
Fumée et miroirs
Les maîtres de la Prestidigitation dépassent les piètres copies ou les
manipulations temporaires et grâce à leur Glamour, ils sont capables
de conjurer des illusions durables et convaincantes. Un pont délabré
et brisé pourrait sembler assez solide pour permettre à une voiture de
l’emprunter. Le tueur à gages troll pourrait battre en retraite après
avoir vu la foule des amis en colère (et illusoires) du Satyre massée
derrière lui. Le personnage pourrait même créer de toutes pièces
une fête, avec son dîner, ses invités et sa musique.
Système : le changelin doit connaître tous les Royaumes nécessaires
à son illusion lorsqu’il la crée. Il lui faudrait connaître l’Acteur,
l’Accessoire et la Scène à des niveaux suffisants pour donner vie
à la fête évoquée plus haut. Les illusions ont l’air assez réelles,
mais elles ne possèdent aucun poids dans le monde ordinaire. Un
vampire assez courageux ou stupide pour se lancer à la poursuite
du personnage et le suivre à l’extérieur alors qu’il vient de conjurer
un soleil illusoire ne brûlera pas. En revanche, il risque de tomber
au milieu d’une rue qui lui semblait déserte, mais qui est en réalité
un périphérique aux heures de pointe.
Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation détermine
la durée du charme, mais le joueur peut décider d’exécuter ce
sortilège au cours d’une action étendue afin d’accumuler jusqu’à
cinq réussites. Chaque jet de dés supplémentaire ne lui coûte
qu’un point de Glamour de plus, et ce quel que soit le coût de
base du charme.
226 Changelin : le Songe
Une réussite Une minute
Deux réussites Une heure
Trois réussites Une scène
Quatre réussites Un jour
Cinq réussites Une semaine
Type : chimérique ou Wyrd (seuls ceux qui sont capables de percevoir
les chimères peuvent voir les illusions chimériques).
Le Primordial
Les fées sont au moins aussi vieilles que le monde lui-même et
elles ont toujours partagé une puissante affinité avec sa substance
élémentaire intrinsèque. Quelques légendes prétendent même qu’à
l’aube des temps, elles ont tissé les fondements primordiaux de la
réalité à partir de la brume des rêves inachevés. Quoi qu’il en soit,
les changelins modernes peuvent se souvenir d’une époque où ils
étaient les cousins des pierres et où ils cueillaient les murmures des
airs, où ils séduisaient les flammes et s’inclinaient avant d’embarquer
sur le dos de la Mer maternelle. Encore aujourd’hui, ils se rappellent
nombre des secrets qui leur permettent de dompter les éléments,
et le Primordial est l’un des Arts magiques parmi les plus utiles et
les plus répandus.
On reconnaît en général que les Kithains ont appris le Primordial
de leurs cousins les inanimae, et qu’il n’était qu’un modeste mar-
chepied vers une magie élémentaire bien plus puissante. Ces Arts
supérieurs se sont perdus au cours de la Séparation et le Primordial
est de nos jours largement associé aux changelins les plus « originels »,
comme les Boggans, les Bonnets rouges, les Eshus et les Piskies.
Cependant, de nombreux nobles sidhes s’essaient discrètement à
ses enchantements modestes, mais fort commodes.
Déchaîner le Primordial
Ces manifestations placent à nouveau entre les mains du changelin
l’ancienne et immense puissance des Arts élémentaires, même si ça
n’est que pour un instant. Tremblements de terre, tempêtes de feu,
arbres surgissant de la chaussée et atteignant leur taille adulte en un
clin d’œil… Telles sont les marques de fabrique des Déchaînements
du Primordial et il figure parmi les magies les plus puissantes et dan-
gereuses à libérer sur le monde, sans autre indication à lui donner
que « Arrête-les », « Aide-nous » ou encore « Ouvre un chemin ».
Bêtises du Primordial
Elles associent les accessoires de la nature ou des forces élémentaires
primaires. En voici quelques exemples : gratter une allumette ou
agiter un briquet autour de soi, casser un bâton, se préparer une
tisane d’écorce de saule blanc et la boire, recouvrir ses mains de
boue, porter un coquillage à son oreille et écouter le bruit de la mer,
s’arroser d’eau, tailler une statuette dans un morceau de bois, tracer
sa cible du doigt dans la poussière, courir à toute vitesse face à un
vent violent, répandre des feuilles fraîchement tombées sur sa tête,
cueillir une rose et en apprécier le parfum, sauter dans une flaque,
graver l’écorce d’un arbre à l’aide d’une pierre tranchante, fabriquer
une couronne d’épines et la porter.
 Murmure du saule
Dans les heures précédant l’aube, un Pooka s’approche à pas de
loup pour interroger les pierres qui pavent l’allée du duc venu
lui rendre visite dans la nuit. Alors qu’il mène l’enquête sur une
agression qui s’est déroulée dans le parc, un Boggan détective privé
questionne les arbres et découvre des intrigues bien plus sombres
qu’il ne l’avait envisagé.
Cette petite magie très utile donne au changelin le pouvoir de
parler au monde et d’entendre sa réponse. Le Murmure du saule
peut lui servir à converser avec une plante, un animal, un objet ou
une caractéristique naturelle, comme une pierre, une bague, une
lame ou une bête d’habitude incapable de s’exprimer.
Le charme a deux contraintes. Tout d’abord, le personnage
doit chuchoter et toutes les réponses qui lui parviennent sont des
murmures. Par conséquent, cette magie est inutile sur un circuit
automobile ou pendant un concert de rock. De plus, et malgré tous
ses efforts, il ne pourra jamais entendre la voix du fer froid.
Système : le Royaume sélectionné détermine ce que le changelin peut
évoquer avec le monde. L’Acteur et la Fée lui permettraient de
demander à un arbre si une certaine personne est passée par là et
ce qu’elle faisait. Avec l’Accessoire et la Nature, il pourra poser des
questions sur des objets ou des phénomènes naturels. Le personnage
peut poser une question par réussite obtenue sur le jet d’activation.
Type : chimérique.

Étrange matière première

Grâce à ce charme, le changelin peut conjurer les manifestations
des éléments de la terre, de l’eau, du bois, du feu ou de l’air, qui
apparaissent sous la forme la plus naturelle possible. Par exemple,
l’eau tombe du ciel en pluie ou sort de la terre en bouillonnant
comme une source. Les rochers surgissent du sol dans un gronde-
ment. Les plantes poussent à une vitesse surnaturelle. En revanche,
ces manifestations peuvent se dérouler dans des endroits tout à fait
surnaturels, comme une averse à l’intérieur d’un bâtiment ou des
branches fleuries sortant de la tête d’un professeur de mathématiques
en colère, tels de majestueux bois de cerf.
Système : le Royaume invoqué détermine le lieu où l’élément apparaît.
L’Acteur et la Fée pourraient déclencher une ondée sur quelqu’un,
permettre à des pierres de lester les poches du personnage ou y faire
pousser des plantes, ou même leur faire prendre feu (et infliger un
nombre de dés de dégâts égal au nombre de réussites obtenues).
La Nature permet simplement l’apparition des éléments dans le
monde naturel, tandis que l’Accessoire ferait hurler le vent par le
système d’air conditionné d’une vieille Buick, ou encore remplirait
le coffre de la voiture de terre fertile. Plus le nombre de réussites
est important, plus la manifestation de l’élément est grande. Une
seule réussite suffira à invoquer quelques fleurs, un verre d’eau, une
poignée de cailloux, ou assez de feu pour allumer une torche. Trois
réussites pourraient faire tomber la pluie pendant une demi-heure,
souffler un vent assez puissant pour soustraire deux dés à n’importe
quel déplacement contre lui, invoquer assez de flammes pour allu-
mer un feu de camp ou faire pousser un enchevêtrement de ronces
grimpantes. Avec cinq réussites, le personnage pourrait invoquer
des rochers assez gros pour renverser une voiture au moment où
ils surgissent du sol, conjurer un petit brasier, remplir la piscine du
jardin ou encore faire pousser un jeune arbre.
Type : Wyrd.

Chapitre quatre : Arts & Royaumes 227

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Bouclier de chêne
La peau d’un chevalier troll devient aussi dure que le granit de la
montagne. Un Bonnet rouge s’enfuit à travers des ronces, casse une
branche, la mâchonne et fait ainsi pousser une écorce par-dessus sa
veste et son pantalon, ce qui lui offre une plus grande protection. Ce
charme très commode octroie à sa cible un renfort élémentaire. En
dépit de son nom, cette enveloppe ne prend pas forcément l’apparence
d’une armure d’écorce ; elle peut rendre la peau d’une personne
aussi résistante que le marbre, ou bien permettre à la surface solide
d’une porte de gicler et de se reformer comme de l’eau quand on
la frappe, ou encore d’entourer la voiture des fuyards d’un bouclier
protecteur fait d’un vent puissant.
Système : le Royaume utilisé détermine ce que le charme renforce.
Chaque réussite obtenue sur le jet d’activation attribue à la cible
un niveau de Contusion supplémentaire, qui reste en place jusqu’à
ce qu’il soit épuisé ou jusqu’à la fin de la scène. Ces niveaux de
santé temporaires sont toujours les premiers à subir des dégâts et
au lieu de « conserver » ces dommages, ils disparaissent simplement.
On ne peut pas lancer plusieurs fois ce charme et en cumuler les
avantages ; invoquer une nouvelle fois Bouclier de chêne efface
toute protection déjà en place.
Type : Wyrd.
Forme de l’Ancien
« Eh, tu n’aurais pas dû venir ici, grogne le Bonnet rouge tandis qu’il
s’accroche une cigarette au bec et que des flammes déferlent sur tout
son corps. Maintenant, tu vas le regretter. »
Ce puissant sortilège offre au changelin la capacité d’insuffler
à une personne ou un objet l’essence même d’un élément, et de
transformer sa cible en une manifestation physique de pouvoir
élémentaire.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui est transformé. La
durée du charme, ainsi que celle pendant laquelle le sujet peut voler,
dépend du nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation.
Une réussite Le score de Glamour du changelin en tours.
Deux réussites Le score de Glamour du changelin en minutes.
Trois réussites Cinq minutes par point de Glamour.
Quatre réussites Trente minutes par point de Glamour.
Cinq réussites Une heure par point de Glamour.
Les cibles que l’on enchante avec l’air deviennent invisibles ; elles
peuvent aussi se déplacer volontairement dans les airs à la même
allure qu’elles marchent.
Enchantées par la terre, elles sont visiblement faites de pierre et
de terre ; elles peuvent absorber des dégâts létaux (difficulté 6) si
elles en étaient auparavant incapables, et bénéficient de trois dés
d’absorption supplémentaires. En revanche, elles sont très lourdes,
se déplacent à la moitié de leur vitesse habituelle, et la difficulté
de toutes leurs tentatives d’esquive augmente de +1.
Enchantées par l’eau, elles deviennent glissantes, insaisissables et
fluides, et bénéficient d’un dé supplémentaire en Dextérité. La
difficulté pour se faufiler dans des espaces confinés et des passages
étroits, ainsi que pour se libérer des objets (comme des menottes)
sous l’influence de ce charme, diminue de –2. Les créatures peuvent
survivre sous l’eau sans avoir besoin d’oxygène, et les livres ne
seront pas abîmés ou détruits par une immersion.
228 Changelin : le Songe
Enchantées par le bois, elles prennent racine à l’endroit où elles se
trouvent et il est impossible de les en déplacer, quelle que soit la
force déployée. Elles adoptent la souplesse du roseau dans le vent ;
la difficulté des jets basés sur la Dextérité et la Vigueur diminue de
–1. Elles récupèrent aussi lentement des dégâts qu’on leur inflige
(un niveau de dégâts contondants par minute, et un niveau de
dégâts létaux par tranche de cinq minutes).
Enchantées par le feu, elles prennent la forme de flammes sculp-
tées et infligent automatiquement un niveau de dégâts aggravés
par tour à tout ce qui entre en contact direct avec elles. Elles sont
elles-mêmes immunisées au feu pendant toute la durée de cette
transformation.
Type : Wyrd.
Danse des cinq rois
Un Eshu se fait une place à la cour grâce à de magnifiques décorations
d’eau et de flammes sculptées. Un Clurichaun dissimule son trésor
dans un vieil arbre robuste, et sa magie est la seule clé qui puisse
ouvrir ou fermer son tronc.
Grâce à ce charme puissant, le changelin devient le maître des cinq
éléments. Il ordonne, et les flammes, la terre et l’eau se précipitent
pour lui obéir. Il peut demander à n’importe quelle manifestation
élémentaire déjà présente d’attaquer, d’entraver, de piéger, de dégager
un chemin, ou simplement de se modifier selon son désir.
Système : le Royaume utilisé détermine ce que les éléments sont
capables d’accomplir. L’Acteur et la Fée peuvent leur ordonner
d’attaquer des individus (un niveau de dégâts contondants ou
létaux par réussite obtenue, en fonction de l’élément invoqué), les
entraver ou les gêner (la difficulté de la prochaine action augmente
de +1 par réussite obtenue). L’Accessoire et la Nature permettent
aux éléments de se refaçonner dans des formes correspondantes
au Royaume déployé ; ainsi, un arbre peut devenir un trône, des
flammes se transformer en impossibles fleurs brûlantes, et une pierre
servir de masse improvisée, mais bien équilibrée.
Type : Wyrd.
Le Printemps
Le Printemps incarne le vibrant optimisme, l’émerveillement et l’affi-
nité avec la nature des fées. Ses charmes canalisent le Glamour dans
la croissance, la vie nouvelle et la protection. Bien que les changelins
actuels préfèrent utiliser le Primordial, le Printemps conserve un
groupe de partisans dévoués, principalement au sein de la Cour seelie.
Déchaîner le Printemps
Ces Déchaînements créent un feuillage étouffant, purifient des
malédictions et de la mauvaise magie et réparent ce qui est cassé.
Canaliser le Glamour à travers l’Art du Printemps permettrait à un
changelin de couvrir un immeuble de végétaux, de lever pour un
temps la malédiction qui afflige sa Bande ou de guérir les blessures
mortelles de tous ceux qui l’entourent après une explosion.
Bêtises du Printemps
Elles impliquent souvent la nature, les animaux, les cercles et la
sexualité. En voici quelques exemples : ôter tous ses vêtements et
grimper à un arbre dans le bois de Vincennes, faire une sextape qui
devient virale sur Internet, raconter l’histoire des trois petits cochons
devant un public de cochons à la ferme pédagogique, courir trois
fois en cercle autour de son adversaire ou dire ce que vous éprouvez
vraiment à quelqu’un que vous aimez, mais qui ne ressent pas la
même chose que vous.
Éveil
Une nouvelle vie, une graine qui germe. Au cœur du Printemps se
trouvent la promesse des commencements et la fin de la dormance et
du sommeil. Le changelin entame son périple dans l’Art du Printemps
en apprenant à mettre un terme à l’hibernation et à encourager la
croissance. Il plante une graine de Glamour puis la regarde prendre
racine et éveiller le focus de son charme.
Un courtisan Sidhe s’assure que les récoltes de son seigneur
commencent à pousser à la saison. Une énorme chimère sommeille
dans le Songe proche, mais le Satyre doit la réveiller et la supplier
de l’aider. Après avoir regardé l’écrivain peiner pour coucher des
mots sur le papier, un Troll compatissant plante une graine dans
l’esprit de l’artiste, laquelle pourrait devenir la prochaine grande
saga de sa génération.
Système : l’Éveil insuffle une énergie nouvelle à la cible désignée par le
Royaume. Tout ce qui est en sommeil ou gelé reviendra ; tout ce qui
est nu ou vide abritera de nouveau l’étincelle de la vie. L’effet précis
dépend du Royaume invoqué et du contexte lorsque le charme est
lancé, mais la première fonction de celui-ci est de réveiller ce qui
est inerte. Le nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation
détermine la puissance du sortilège. Une réussite suffirait à faire
démarrer une vieille voiture en train de rouiller dans une cabane
abandonnée. Cinq réussites pourraient bien s’avérer nécessaires
pour contrer les effets d’une Stase (cf. L’Hiver, page 214).
Type : chimérique ou Wyrd (en fonction de la cible).
Retour de la verdure
Toutes les choses viennent de la terre et retourneront à la terre. Si
elle dispose d’assez de temps, la nature reprendra ses droits et avec
l’aide d’un peu de Glamour et de ce charme, le changelin pourrait
accélérer le processus. Le sortilège s’avère utile lorsqu’il faut démon-
trer sa puissance et distraire l’adversaire ; les plantes et le feuillage
qui recouvrent la cible continuent de pousser et de l’engloutir pour
le reste de la scène.
Un Satyre fait naître un jardin au milieu de son appartement
pour impressionner et enchanter un mortel. Réalisant qu’on le
suit, le duc fait pousser des plantes grimpantes et des arbres afin de
recouvrir et de neutraliser la voiture sur ses traces. Dans un étrange
coup de théâtre, le Sluagh invoque un bosquet d’arbres pour bloquer
les rayons du soleil et sauver le vampire surpris par le jour.
Système : le Royaume invoqué détermine le focus de ce charme, et
celui-ci se retrouve au centre d’une explosion de verdure. Même
sans aucune nature à proximité, racines, fleurs, arbres et grimpants
surgissent du sol ou de la cible elle-même, et se mettent à tout
recouvrir. Le feuillage persiste pendant une scène, après quoi il
commence à faner et à disparaître peu à peu.
Si le sortilège vise une machine ou un objet, ce dernier devient
inutilisable jusqu’à ce qu’on ôte les feuilles dans lesquelles il se
trouve. Une personne ou une créature prise dans le charme doit
lutter contre la végétation et faire tout ce qu’elle peut pour s’ar-
racher à l’emprise des plantes alors qu’elles poussent, sinon elle
risque d’y être engloutie. Une cible vivante ne peut ni bouger ni
entreprendre d’action physique significative tant qu’elle n’a pas
obtenu plus de réussites sur son jet de Force + Athlétisme que le
changelin sur son jet d’activation.
Type : Wyrd.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Source de vie
Dans la plupart des cultures et à travers toutes les époques, les
légendes abondent sur l’eau de la vie, une source mystique ou un
élixir capable de guérir les blessures ou d’accorder la vie éternelle.
Ce charme du Printemps n’inverse pas le cours du temps, pas plus
qu’il ne rend immortel, mais il insuffle à sa cible un Glamour qui
soigne quiconque se trouve à proximité ou en contact avec elle. Le
Clurichaun témoin du duel de ses deux amis se place entre eux et
les guérit de leurs blessures. Désespéré devant les pertes infligées
aux deux camps, un chevalier troll permet à la pluie de guérir les
blessés sur le champ de bataille. Dans l’espoir de réconforter ce
médecin désabusé, un Pooka en fait le récipiendaire de son charme
de guérison avant qu’il n’entame les visites à ses patients. Après une
embuscade, un Bonnet rouge offre la chair et le sang d’adversaires
vaincus à ses camarades blessés.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible qui devient source
de guérison pour tout ce qui l’entoure. Le simple fait de se trouver
à proximité d’elle soigne un niveau de dégâts contondants ou létaux
au cours de la scène, la toucher guérit le même nombre de dégâts
par tour. Consommer tout ou partie du focus permet de récupérer
tous les niveaux de dégâts contondants et létaux, et soigne aussi un
niveau de dégâts aggravés. Passer un long moment près de la Source
de vie peut aussi éliminer les infections, neutraliser les poisons et
réduire la gravité des maladies. Les effets curatifs de ce charme ne
font aucune différence entre amis et ennemis, et ils s’appliqueront
à tous ceux qui se trouvent à proximité de la cible. Le nombre de
réussites obtenues sur le jet d’activation détermine sa durée selon
le tableau ci-dessous :
Une réussite Une minute
Deux réussites Une heure
Trois réussites Une scène
Quatre réussites Un jour
Cinq réussites Une semaine
Par exemple, une Boggan lance ce charme sur le ragoût qu’elle est
en train de cuisiner en invoquant le Royaume de la Nature. Alors
que ses amis se bousculent sur le seuil de sa porte, encore dolents
des coups et des blessures qu’ils ont endurés au cours de leurs
dernières aventures, elle insiste pour qu’ils prennent le temps de
manger une assiette de ce plat qu’elle a préparé. Son joueur avait
obtenu trois réussites sur le jet initial du charme, ce qui signifie
que tous ceux qui en mangent pendant la scène récupéreront
tous les dégâts contondants et létaux qu’ils ont subis, ainsi qu’un
niveau de dégâts aggravés.
Type : Wyrd.
Cercle des fées
Les légendes humaines parlent de cercles de champignons, de
fleurs des champs ou de pierres, appelés cercles des fées. Ce sont
des endroits dangereux pour les mortels, car les fées qui vivent et
dansent là peuvent enlever ou maudire tous les intrus. Ces contes
recèlent une once de vérité. Le Cercle des fées permet au changelin
de créer une aire qui protège et dissimule ceux qui s’y réfugient aux
yeux des étrangers. Ceux-ci devront d’ailleurs faire face à de sérieuses
conséquences s’ils franchissent ses limites.
Une Gamine dispose ses jouets en cercle autour d’elle au centre
de sa chambre et regarde l’intrus passer devant elle, puis continuer
229
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
à fouiller la maison. Les coquillages en rond sur la plage restent à
leur place à marée haute et la Bande installée au milieu continue de
préparer sa prochaine action, bien en sécurité. La magicienne de la
cour maudit son époux à la suite de son emportement devant le roi
et l’afflige de furoncles brûlants ; le Satyre offre au malheureux un
bref répit dans son cercle des fées.
Système : la Bêtise de ce charme implique toujours un cercle tracé à
l’aide d’une substance naturelle et qui délimite la zone protégée. Le
Royaume invoqué détermine ce qui peut trouver refuge à l’intérieur.
Tout ce que le personnage autorise à y entrer (et qui correspond au
Royaume auquel il a fait appel) devient invisible depuis l’extérieur,
et protégé contre toute magie hostile.
Le Cercle des fées dure jusqu’à la prochaine aube, et le nombre de
réussites obtenues sur le jet d’activation détermine la puissance
de l’enchantement. La difficulté de toutes les tentatives visant à
détecter ou blesser ceux qui se trouvent à l’intérieur du cercle
augmente de +1 par réussite obtenue. De plus, ce même nombre
de réussites fixe la puissance de la malédiction qui s’abattra sur
quiconque en franchira les limites, et qui durera jusqu’à la pro-
chaine pleine lune.
Une réussite Malédiction mineure (éruption cutanée sur tout
le corps).
Deux réussites Malédiction significative (s’exprime dans un sabir
aléatoire de langues).
Trois réussites Malédiction sévère (sa main droite se contracte,
se raidit et devient inutilisable).
Quatre réussites Malédiction puissante (aveugle, ou bien sourd
et muet).
Cinq réussites Malédiction légendaire (incapable d’utiliser la
magie ou d’autres pouvoirs surnaturels).
Type : Wyrd.
Renouveau
Chaque année, le Printemps accomplit le miracle ultime. Il fait
dégeler la terre et ressuscite la vie dans un paysage mis à nu pour
un temps par l’hiver. Les maîtres de cet Art puisent dans le cycle de
la mort et de la renaissance pour rendre brièvement la vie à l’inerte
ou au trépassé. Pourtant, le cercle se referme vite, car le Glamour
n’insuffle à nouveau la vie que pour quelques précieux instants.
Le cœur brisé, ce roi revient tous les ans sur la tombe de son
épouse le jour de leur anniversaire de mariage pour rire et manger
avec elle, l’aimer et l’embrasser encore, avant que la mort ne l’em-
porte pour une autre année. Persuadées que la bataille est perdue,
les troupes du général troll se mettent à fuir quand soudain, elles
voient tous leurs frères tombés se relever et retourner au combat.
Un Piskey découvre un Trésor endormi et vidé de toute son énergie,
mais invoque le Renouveau du Printemps pour activer à nouveau
sa puissance.
Système : le joueur doit dépenser un point de Volonté en plus du
Glamour requis afin d’alimenter ce charme. Le personnage doit
quant à lui cibler une chose morte ou inerte qu’il peut identifier
(un squelette ou la structure d’un bâtiment suffirait, mais pas
le contenu d’une urne), puis faire appel au Royaume idoine. La
cible revient à la vie (si elle a un jour été vivante) ou se répare. Le
Renouveau ne crée pas une copie ou un revenant mort-vivant ; le
230 Changelin : le Songe
focus du sortilège se réveille temporairement et il est tout aussi plein
de vie qu’il l’était dans sa jeunesse. Le charme ne lui offre aucune
protection ou résistance spéciale aux dégâts ordinaires ou mystiques.
S’il meurt ou est détruit, il retourne à la tombe.
Chaque réussite sur le jet d’activation du charme fait revivre la
cible pour une scène. Quel que soit le nombre de réussites obte-
nues, la magie disparaîtra à la prochaine aube. Étant donné que
le Renouveau puise dans la plus ancienne magie des cycles, il est
impossible de lancer le sort plus d’une fois au cours du même
mois lunaire sur la même cible.
Type : Wyrd.
Le Souverain
Le Souverain contraint les autres à obéir, ou du moins à observer,
l’autorité de son porteur. Cet Art ancien, traditionnellement mani-
pulé par les seigneurs sidhes pour imposer la soumission à leurs sujets,
s’est répandu parmi les changelins lorsqu’ils sont restés prisonniers sur
Terre. À présent que l’aristocratie ne contrôle plus aussi strictement
cet apanage, les roturiers ont découvert qu’il conférait une autorité
significative même sans titre nobiliaire.
Les personnages qui emploient le Souverain peuvent tenter d’im-
poser leur volonté aux gens ou aux choses. En revanche, l’action se
révèle plus difficile sur ceux qui détiennent une position supérieure ou
un titre. De plus, elle pourrait provoquer des infractions à l’étiquette
qui engendreront elles-mêmes de sérieuses conséquences. La société
changelin observe et adhère toujours à une application stricte des
règles de la cour, du moins dans les domaines des ducs, des barons
et des rois. Tenter de lancer un charme du Souverain sur un kith
d’un rang supérieur pourrait valoir à son auteur la perte d’un titre,
un emprisonnement ou même l’exil.
Si un personnage essaie d’utiliser le Souverain sur un individu
d’un statut plus élevé, comme son chef ou un célèbre acteur de
cinéma, la difficulté de son charme augmente de +1. Le contexte et
l’environnement ont leur importance lorsqu’il s’agit de déterminer
le statut relatif. Par exemple, un Boggan renommé comme chef se
situerait tout en haut de la hiérarchie au sein de son restaurant. En
revanche, s’il paie la caution des membres de sa Bande et les fait
sortir de prison, cette influence ne lui sera d’aucune utilité (à moins
que le geôlier ne soit un fan de cuisine et qu’il le reconnaisse). De
plus, si un changelin dispose d’un Titre supérieur ou égal à celui
du personnage qui invoque le Souverain, il peut résister à ses effets
pendant la durée du charme en dépensant un point de Volonté.
Déchaîner le Souverain
La magie de cet Art exprime la supériorité, la majesté, le privilège et
la grâce. Ses Déchaînements peuvent transformer le personnage en
chef légitime (« C’est moi qui commande »), contraindre quelqu’un
d’agir en son nom (« Affrontez-vous pour ma bénédiction »), ou même
obliger des tiers présents à entreprendre une quête (« Retrouvez mon
enfant disparu ! »). Quand il s’affranchit d’un charme, le Souverain
submerge et frappe de stupeur, commande la soumission et inspire
la crainte.
Bêtises du Souverain
Elles impliquent des démonstrations grandioses et le centre de
l’attention, des parures et des attributs cérémoniels, ainsi que
l’exercice de l’autorité. En voici quelques exemples : entrer dans un
magasin et commencer à donner des ordres comme si vous en étiez
le propriétaire, aboyer comme un sergent instructeur sur le policier
qui vous interroge, revêtir méticuleusement atours et joyaux, se faire
tatouer de manière visible le symbole de sa maison.
Protocole
Parmi les Kithains, les règles de la bienséance sont souvent mysté-
rieuses et parfois impénétrables. Le premier charme enseigné aux
changelins qui apprennent le Souverain applique cette étiquette à
presque toutes les situations. Sous l’effet du Protocole, la cible se
retrouve liée par les usages de la cour et subit les conséquences d’une
éventuelle infraction, même involontaire, à ces règles.
Système : le Royaume invoqué détermine ce qui doit observer le
Protocole. Grâce à l’Acteur, un groupe de loups-garous restera
tranquille pendant une négociation diplomatique de territoire et
un changelin versé dans la Nature pourrait empêcher les animaux,
voire la météo, de perturber un événement. Une pénalité égale au
nombre de réussites obtenues sur le jet d’activation du charme
s’appliquera sur tous les groupements du responsable de l’infraction
au Protocole, et ce pendant toute la durée de la scène. Un changelin
dont le rang est supérieur à celui du personnage qui a invoqué le
charme peut dépenser un point de Volonté quand il le souhaite
pour en ignorer les effets.
Type : Wyrd.
Grandeur
Grâce à un simple charme, le changelin incarne la Grandeur inhé-
rente à tous les enfants d’Arcadie. Lorsqu’il parle, il attire l’attention
de ceux qui l’entourent et les empêche d’en venir aux mains. Les
personnages sous l’influence du sortilège le considèrent comme
un chef, un sauveur ou un souverain. Il ne possède peut-être pas
le port et la grâce attribués aux reines et aux rois d’autrefois, mais
la Grandeur constitue un substitut commode à ces qualités. Une
duchesse sidhe peut gagner l’attention du fiancé de sa sœur mortelle,
un boxeur bonnet rouge peut sembler si puissant que son adversaire
craindra de lever la main sur lui.
Système : le Royaume invoqué détermine la cible des effets de la
Grandeur. Une personne influencée par le charme recherchera
l’attention et l’approbation du changelin, ou bien évitera tout
conflit. Toutes les interactions sociales du personnage bénéficient
d’un nombre de réussites automatiques égal au nombre de réussites
obtenues sur le jet d’activation. Tous ceux affectés par le charme
doivent dépenser un point de Volonté chaque fois qu’ils souhaitent
contredire, aborder ou attaquer le changelin. Un changelin d’un
rang supérieur à celui du personnage qui a invoqué le charme
peut dépenser un point de Volonté pour en ignorer les effets. La
Grandeur dure pendant une scène, sauf si quelqu’un humilie le
lanceur ou l’emporte publiquement sur lui. Dans ce cas, elle se
dissipe sur-le-champ.
Type : Wyrd.
Liste des invités
L’usage de ce charme empêche quiconque ou quoi que ce soit d’entrer
dans un lieu, d’utiliser un objet ou d’interagir avec une personne
ou une chose sans la permission du lanceur. Celui-ci peut inclure
dans son charme un mot de passe, lequel peut être une phrase ou
une action, qui ajoutera le sujet à la « liste » et lui donnera accès au
focus du sortilège. Le Sluagh chef d’une société secrète restreindra
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
l’entrée de la cave où ses membres se réunissent une fois par mois.
Un Satyre jaloux et possessif empêchera tout le monde de parler à sa
petite amie sans sa permission. Le Troll chargé de garder le Domaine
ciblera son marteau de guerre préféré afin que personne ne puisse
le soulever ou le porter sans le mot de passe adéquat.
Système : le Royaume définit ce que le charme protège ou ce qu’il
interdit aux autres. La Nature et la Scène évitent aux randonneurs
de tomber sur la grotte où les Satyres vont se baigner tout nus, tandis
que l’Accessoire empêche qu’on dérobe la voiture préférée du noble
sidhe. Si la cible du sortilège est un changelin ou une autre créature
surnaturelle, elle peut effectuer une action en opposition pour y
résister et faire un jet de Volonté (difficulté 8). Si un changelin
d’un rang supérieur se retrouve désigné comme cible du charme
ou si le sort lui interdit quelque chose, il peut dépenser un point
de Volonté pour en ignorer les effets.
Le nombre de réussites détermine la durée du sort. Toutefois, si
la Liste des invités reste en vigueur pendant une année entière,
elle devient permanente jusqu’à ce que quelqu’un ou quelque
chose brise la protection.
Une réussite Une heure
Deux réussites Une scène
Trois réussites Un jour
Quatre réussites Une semaine
Cinq réussites Un mois
Type : Wyrd.
Ordre
Le titre et le statut suffisent souvent pour obliger les gens dans l’entou-
rage du changelin à faire ses quatre volontés. Mais lorsqu’il faut plus
que les attributs de la noblesse, l’Ordre rappelle immanquablement
à tous qui commande. Le personnage lance son sortilège puis donne
une directive simple à sa cible, qui doit y obéir. Cette dernière peut
y résister, mais la plupart n’en ont pas la volonté et deviennent les
serviteurs du Kithain, du moins pour un temps.
Un Bonnet rouge ordonne à une porte de se fermer et de rester
verrouillée, emprisonnant sa victime à l’intérieur de la pièce. Un
chevalier sidhe mande à son écuyer d’apporter une missive empoi-
sonnée à un rival. La Boggan en chasse ordonne à la pluie de cesser
alors qu’elle suit une piste à travers la forêt.
Système : la cible détermine le Royaume, que l’on peut invoquer sur
des objets inanimés et des créatures dénuées d’intelligence, ainsi
que sur des gens, des fées, des Prodigues et ainsi de suite. Après
que le changelin a énoncé à haute voix un ordre simple et direct, la
cible doit accomplir l’action. Tout ce qui choque sa conscience ou
qui provoquerait une mort immédiate déclenche un jet de Volonté
(difficulté 9). En cas de succès, elle y résistera, mais passera le tour
à se concentrer pour garder le contrôle d’elle-même.
Les changelins et les créatures surnaturelles peuvent dépenser
un point de Volonté afin de retarder pendant un tour les effets
du charme et ainsi continuer d’agir selon leur libre arbitre. Si le
lanceur était tué ou sombrait dans l’inconscience avant que sa
cible n’exécute son ordre, le pouvoir du charme s’évanouirait.
Type : Wyrd.
231
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Geis
Dans le folklore, les légendes sur des héros ou des scélérats bannis
ou exilés abondent. Les anciens habitants du Songe font de ces
histoires une réalité lorsqu’ils se rendent maîtres du Souverain. Une
Geis façonne le Glamour en un impératif équivalent à un serment
ou un contrat, mais sans la réciprocité qui est d’ordinaire de mise.
Le changelin place la cible sous le joug d’un ordre ou d’une inter-
diction, qu’il accompagne d’une malédiction si jamais elle échouait
à accomplir ce qu’il a décrété.
Un chevalier troll ordonne à sa mère d’abandonner la drogue
qui la tue à petit feu. Le roi sidhe endeuillé ordonne à son verger
et ses jardins de ne plus fleurir jusqu’à ce qu’il meure à son tour et
rejoigne la famille qu’il a perdue. Un prince sluagh commande aux
armes dans son râtelier de ne jamais verser le sang d’un membre
de sa famille.
Système : le Royaume invoqué détermine la ou les cibles et le maître
du Souverain doit prononcer la Geis à haute voix. Presque tout peut
prendre la forme d’une Geis, mais il existe deux restrictions qui,
si on les enfreint, dissipent le sort sans qu’il produise d’effet. Tout
d’abord, la Geis doit être physiquement réalisable. « Fais exploser
l’océan » ne fonctionnera pas, mais « Tue le léviathan au fond de
la mer » reste dans le domaine du possible pour peu qu’on dispose
d’assez de magie et de ressource. Ensuite, le décret ne peut obliger
la cible à s’infliger des blessures ou à commettre des violences sur
ses êtres chers. « Tue-toi » ou « Assassine ta famille » échouerait
immédiatement, mais « Venge la mort de notre père » s’appliquerait
même si la créature responsable du meurtre s’avérait tout à fait en
mesure de pulvériser aussi la cible de la Geis.
Une Geis lancée sur une cible inanimée ou dénuée d’intelligence
ne sera pas brisée ni ne s’accompagnera nécessairement d’une
malédiction. Elle restera active pendant la durée du charme, et
l’objet ou la chose obéit à l’ordre qu’on lui a donné. Lorsqu’un
changelin impose une Geis à un Kithain, une personne, un Pro-
digue, un animal et ainsi de suite, la malédiction peut s’abattre
sur sa cible si elle ne parvient pas à accomplir la quête.
Pour invoquer une Geis, le personnage doit dépenser des points de
Glamour et de Volonté supplémentaires afin de déterminer l’éten-
due du sortilège et la gravité de la malédiction qui l’accompagne.
Cette dépense s’ajoute au Glamour nécessaire au lancement du
charme. Le changelin peut concevoir la malédiction pour qu’elle
s’abatte d’un coup, ou produise peu à peu ses effets, sur sa cible.
3 points de Volonté ou Une Geis simple et une malédiction
de Glamour mineure (ne parle plus jusqu’au crépuscule
ou tu révéleras tous tes secrets).
5 points de Volonté ou Une Geis modérée et une malédiction
de Glamour significative (rapporte la Coupe du gobelin
ou tout ce que tu mangeras et boiras aura
un goût de pourriture pendant un an).
7 points de Volonté ou Une Geis difficile et une malédiction
de Glamour importante (quitte ta maison et ne reviens
jamais ou tu subiras la douleur du fer froid
à chaque pas).
10 points de Volonté ou Une Geis formidable et une malédiction
de Glamour puissante (n’adresse plus jamais la parole
à ton Grand amour ou tu seras l’instrument
de sa mort).
232 Changelin : le Songe
1 point permanent de Une Geis légendaire et une malédiction
Volonté ou de Glamour mortelle dans le meilleur des cas (va
chercher l’épée du roi David au plus
profond du Songe et ramène-la ou oublie
à jamais ta nature de Kithain).
Type : Wyrd.
Les Royaumes
Seuls, les Arts des Kithains sont puissants, mais inachevés. Ce sont
d’immenses tempêtes d’énergie potentielle qu’on ne peut dompter
ni diriger dans le monde. Ce n’est que grâce à l’adjonction des
Royaumes que les changelins sont capables de maîtriser l’antique
magie du Songe, ou de déployer autre chose que les miracles du
Glamour les plus innés.
Comme tout ce qui appartient au Songe, des légendes contradic-
toires abondent sur leurs origines. Les Sidhes évoquent les Tuatha
de Danaan qui auraient utilisé de puissants outils pour mettre en
place les éléments du monde de l’Automne et le Songe lui-même, et
nommé chacun d’entre eux. Nockers et Boggans parlent de contrats
astucieux conclus à l’aube du temps avec la substance du monde
même. Certains Eshus mentionnent des dieux lointains jouant aux
dés le contrôle de tel ou tel morceau de la réalité, comment certains
auraient donné autorité sur ces choses à leurs enfants bien-aimés,
et comment les enfants moins aimés les ont dérobées. Les Pookas
disent simplement que la magie ne peut jamais être que l’union entre
l’aspiration et l’expérience, c’est-à-dire ce que vous rêvez et ce que
vous connaissez ; selon eux, le Glamour et la vie même, ne servent
à rien sans les deux composants.
Voici le résultat pratique final : les Arts doivent toujours se com-
biner à un ou plusieurs Royaumes, qui décrivent ce que la magie
peut accomplir. En gros, la Fée et l’Acteur permettent aux charmes
d’améliorer, d’attaquer ou d’enchanter les gens (ou les choses assi-
milées à des gens, comme les chimères). L’Accessoire et la Nature
s’occupent principalement d’ensorceler les choses (et parfois les ani-
maux). Bien sûr, il existe des exceptions et des cas étranges, mais ces
règles s’appliquent aux cas généraux, et ces quatre Royaumes sont
ceux que tous les changelins utilisent avec plus ou moins de facilité.
Plus ésotériques, la Scène et le Temps ne s’emploient jamais seuls,
mais ils améliorent toujours les charmes ciblés sur la Fée, l’Acteur,
la Nature ou l’Accessoire.
Enfin, les mystiques changelins dévoués étendent leur maîtrise
des Royaumes par la pratique, l’imagination et la simple expérience
du vivant. Pour parvenir à mieux utiliser l’Acteur, il faut passer plus
de temps avec des gens, réfléchir à leur sujet, leur parler, les observer
et découvrir ce qui les fait réagir. Pour la maîtriser, la Nature requiert
qu’on passe du temps en extérieur, et ainsi de suite.
Les Royaumes disposent d’un score et plus il est élevé, plus le
changelin domine son sujet. S’il veut cibler un sujet précis, le person-
nage doit avoir acquis le ou les Royaumes correspondants jusqu’au
niveau qui le décrit le mieux. Cependant, s’il ne possède pas le score
nécessaire, tout n’est pas perdu. Il peut en appeler à l’imagination,
au Glamour, à l’inspiration et à la volonté pour contraindre la magie
à se plier quand même à ses ordres. Même s’ils n’ont pas investi
dans le Royaume dont ils ont besoin, les joueurs peuvent lancer un
charme et cibler un sujet précis ; ils doivent pour ce faire dépenser
un point de Glamour par Royaume « manquant ».
 Si l’on synthétise tout cela, les règles énoncent le résultat final
comme suit. Lorsqu’il lance un charme, le changelin lance un
nombre de dés égal à son score dans l’Art qu’il utilise, auquel il
ajoute le score du plus faible Royaume impliqué. Le Temps et la
Scène ne modifient jamais le groupement.
Prenons un exemple simple. Une Pooka qui souhaiterait utiliser
sur elle-même le charme du Vif argent devrait associer son Art avec
le niveau 1 de la Fée (Jovial roturier). Comme le personnage dispose
du niveau 3 du Périple et du niveau 4 de la Fée, son joueur ajoute
ces deux valeurs et lance 7 dés.
Maintenant, prenons un exemple plus complexe. Notre Pooka
veut utiliser le même charme afin de donner à toute sa Bande ainsi
qu’à son frère humain une vitesse formidable. Elle doit associer le
Périple avec la Fée (niveau 1 ; tous les membres de sa Bande sont des
roturiers), l’Acteur (niveau 1 ; parce que son frère compte comme un
Véritable ami) et la Scène (niveau 1 ; ils sont tous rassemblés dans
la même pièce). Elle dispose du niveau 3 du Périple, du niveau 4
de la Fée et du niveau 1 de l’Acteur, mais il lui manque la Scène.
Comme son score dans le Royaume de l’Acteur est le plus bas de ceux
qu’elle déploie, son joueur lance un groupement de 4 dés (Périple
+ Acteur) et doit dépenser un point de Glamour pour compenser
l’absence de la Scène.
L’Accessoire
Voici le Royaume qui règne sur les objets de toutes sortes, depuis les
couteaux de table jusqu’aux télescopes. Un Accessoire est un objet
manufacturé qui ne tombe pas sous l’influence de la Nature, ce qui
inclut les métaux raffinés, le plastique et les matériaux composites.
L’accessoire ne peut en aucun cas affecter les objets faits en fer froid.
Ornement vestimentaire
Le changelin peut cibler tout ce que l’on porte couramment ou qui,
au moment du lancement du charme, s’utilise comme vêtement ou
ornement corporel.
Exemples possibles : une robe, une chemise, des bijoux, des tatouages,
du maquillage, un petit cadenas porté en boucle d’oreille, le pos-
tiche du patron.
Outil fabriqué
Le Kithain peut à présent enchanter un objet qui ne fait pas appel
à l’électricité et qui ne possède pas de pièces mobiles.
Exemples possibles : un gourdin, un couteau, une épée, un pied-de-
biche, un tournevis, une scie, une table basse en verre, une tasse,
un matelas, une pièce porte-bonheur.
Dispositif mécanique
La maîtrise du personnage s’étend aux objets dotés de pièces mobiles,
tant qu’ils n’ont pas besoin de carburant ou d’alimentation électrique.
Exemples possibles : une arme à feu, une planche à roulettes, un
vélo, une porte, une serrure à combinaison, une figurine articulée,
une balançoire.
Machine complexe
À ce niveau, le changelin gagne la capacité d’ensorceler les machines
alimentées par un carburant ou l’électricité, et ce tant que l’objet
s’explique, s’utilise et se comprend facilement.
Exemples possibles : un grille-pain, une tronçonneuse, une voiture,
une presse d’imprimerie, un pistolet paralysant, un four, un télé-
phone, une lampe.
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Artefact magique
Lorsqu’il atteint la maîtrise de ce Royaume, le personnage découvre
les secrets du Glamour à l’œuvre sur les dispositifs les plus inextri-
cables, ceux dont le mécanisme ou la fonction est impénétrable, ou
qui dépendent d’une électronique délicate et complexe.
Exemples possibles : un appareil à rayons X, un téléviseur, une tablette,
un smartphone, un ordinateur.
L’Acteur
Ce Royaume octroie du pouvoir sur les gens du monde de l’Automne.
Il s’applique aux gens ordinaires, bien sûr, ainsi qu’aux Enchantés,
aux Kinains, aux mages et même aux Prodigues comme les vampires
et les loups-garous, mais pas aux Kithains ni à leurs frères et sœurs
féeriques.
Véritable ami
L’initiation première à ce Royaume accorde de l’influence sur un ami
ou un confident proche. Il s’agit de quelqu’un avec qui le changelin
a passé beaucoup de temps, dont il connaît les passe-temps et les
aspirations, et qui l’affectionne en retour et lui fait confiance.
Exemples possibles : amis, conjoint, frère, enfants, certains patients
d’un thérapeute.
Contact personnel
Le changelin peut à présent lancer ses charmes sur les gens qu’il
a personnellement rencontrés et avec qui il a échangé quelques
minutes, ainsi que ceux dont il connaît le nom. Autrefois, les gens se
montraient prudents quand ils donnaient leur nom à des étrangers,
car il devenait une chose très puissante entre des mains féeriques.
Mais le monde de l’Automne a pour l’essentiel oublié sa crainte des
fées et il est facile d’obtenir des noms.
Exemples possibles : supérieur hiérarchique, collègues de travail,
voisins, l’enfant qui s’en prend à vous à l’école, le barman dans
votre pub préféré.
Visage familier
Les adeptes de ce Royaume peuvent tisser leurs charmes contre tous
ceux qu’ils connaissent en fonction d’un contexte antérieur. Le
changelin peut à présent se passer du nom, mais il n’a pas besoin de
connaître sa cible plus que comme « le type du camion de glaces »,
« le flic qui m’a collé une amende la semaine dernière » ou « la mère
de Steph ».
Exemples possibles : les gens à la réunion des anciens du lycée, le
présentateur du journal régional, les clients réguliers de votre
pub préféré, un criminel dont on a parlé à la télé, le conducteur
du bus que vous prenez tous les matins, les gosses qui traînent au
coin de la rue.
Ennemi acharné
Chouchou des Bonnets rouges du monde entier, il permet au
changelin de tisser ses Arts contre tous ceux qui se sont déclarés ses
ennemis, même quand il ne les a jamais rencontrés. On entend par
ennemi toute personne qui tente de freiner, d’attaquer, de dénigrer,
de nuire, d’humilier ou de contrarier le changelin.
Exemples possibles : un vigile de l’endroit où vous vous êtes introduit,
un agresseur, un vampire qui vous attaque au club, le gamin qui
court vous cafarder à la maîtresse, le type qui considère que non
233
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 n’est pas une réponse, ce connard qui vient de vous faire une queue
de poisson et un doigt d’honneur sur la route.
Parfait étranger
Le changelin exerce à présent son pouvoir même sur des gens qu’il
ne connaît pas, tant qu’il a une vague idée de la cible de son charme.
Il ne peut toujours pas « tirer à l’aveuglette » avec un charme, et un
simple « quelle que soit la personne qui est entrée chez moi » ne
fonctionnera pas.
Exemples possibles : le type à l’arrêt de bus, la personne qui vient
de monter dans l’ascenseur avec vous, cette dame avec le grain de
beauté bizarre, l’homme en imperméable jaune, le gamin qui ouvre
la fenêtre du drive.
La Fée
Ce Royaume donne de l’influence sur les choses et les enfants du
Songe, à savoir les Kithains eux-mêmes et leurs singuliers cousins.
Ses sommets les plus rares permettent aussi de dominer les mystères
étranges et incompréhensibles du monde, car somme toute, les
mystères sont aussi des présents du Songe.
Note : ce Royaume est relatif, et présenté d’après le point de vue des
Kithains, les protagonistes par défaut de Changelin : le Songe.
Ils ne sont pourtant pas les seuls changelins dans le monde.
Manipulé par un Menehune d’Hawaï, son premier niveau affecte
les hana et les kiths de kokua « roturiers », tandis que le second
permet d’influencer les ali’i et les kiths kahuna « nobles ». Si une
Menehune veut utiliser son charme sur un Troll, un Sidhe ou un
Bonnet rouge, il lui faudra connaître le niveau trois de la Fée, car
les Kithains étrangers à Hawaï le sont aussi à la région du Songe
auquel elle appartient.
Jovial roturier
Les premiers sur qui un changelin apprend à exercer son pouvoir
sont les humbles roturiers du monde féerique.
Exemples possibles : presque tous les Kithains qui ne sont pas sidhes,
les Sidhes de l’Automne sans titre.
Arrogant noble
Plus expérimenté, le changelin peut à présent lancer ses charmes
sur la noblesse des Kithains, un fait qui ne dérange pas le moins
du monde les roturiers militants. Pourtant, il peut paraître difficile
de garder le moral quand le Songe lui-même semble accepter les
divisions de classe et de pouvoir. Ce niveau inclut aussi les membres
des kiths « roturiers » à qui l’on a accordé des titres.
Exemples possibles : Sidhes arcadiens, chevaliers trolls, Obas.
Multiple chimère
Maintenant qu’il a acquis une aisance certaine, le personnage apprend
enfin à utiliser ses sortilèges sur les chimères, y compris les créatures
chimériques et les objets totalement chimériques (mais à l’exclusion
du Voile d’un changelin, car selon d’étranges règles du Songe, on
considère que ses vêtements sont une partie de lui-même).
Exemples possibles : nervosa, votre ami imaginaire, la plupart des
engins de Nocker.
234 Changelin : le Songe
Discret Gallain
Puissant adepte, le personnage peut affecter ces fées singulières que
l’insondable volonté du Songe a séparées des Kithains. On compte
parmi elles les Nunnehis et les Menehunes, les Adhenes, les ina-
nimae, les Thallains et autres étranges habitants du Songe. On y
trouve aussi tous les êtres inexplicables, mais désincarnés, que les
changelins croisent à l’occasion, comme les esprits et les fantômes.
Exemples possibles : gobelins, kachinas, petits des eaux, hana, fan-
tômes, naraka, Hsien.
Sorcellerie du Glamour
Les maîtres de la Fée exercent leur magie directement sur les récep-
tacles de Glamour éveillé, comme des charmes, des Trésors, des
Domaines, l’écume, les Sentiers, et ainsi de suite.
Exemples possibles : Caliburn, un Sentier fermé, le Brasier d’un
Domaine.
La Nature
Ce Royaume couvre les éléments bruts et les forces impressionnantes
de la nature. Il se définit par une compréhension classique et globale,
plutôt que clinique, des phénomènes et des substances naturelles.
Essence élémentaire
Le changelin peut cibler les discrètes manifestations des quatre élé-
ments classiques (air, eau, feu, terre) qui doivent être assez directes
et inorganiques. Comme il est difficile de les quantifier quand elles
concernent l’air, celui-ci nécessite souvent l’ajout de la Scène.
Exemples possibles : une flaque, une grosse pierre, un feu de camp,
la terre d’une tombe, l’eau dans une baignoire.
Matériau brut
Le changelin peut affecter un matériau inerte et organique, comme
le bois, le papier, la corde, le chanvre, etc.
Exemples possibles : une étagère ou une clôture en bois, une feuille
de papier, un joint roulé à la main, la ligne de flottaison d’un petit
bateau, une tranche de viande.
Forêt verdoyante
À ce niveau d’initiation, les charmes du personnage peuvent cibler
les plantes vivantes.
Exemples possibles : un pot de fleurs, un cactus en pot, un chêne puis-
sant, une grosse vigne vierge, une pomme fraîche, un saule pleureur.
Animal sauvage
Les adeptes de la Nature exercent à présent leur influence sur les ani-
maux vivants, petits ou grands. Les gens métamorphosés en animaux
(eh, ça arrive) sont toujours gouvernés par le Royaume de leur forme
originelle (en général, l’Acteur ou, dans le cas des Pookas, la Fée).
Cette particularité s’applique également aux Prodigues comme les
loups-garous, qui prennent librement leur forme humaine ou bestiale.
Exemples possibles : votre chien, un chat errant, les tigres du zoo,
le corbeau perché sur votre toit, le poisson rouge unique témoin
d’un meurtre.
Phénomène naturel
La maîtrise la plus poussée de la Nature offre au changelin la capacité
de cibler directement les phénomènes naturels, comme les tendances
 météorologiques, les éruptions volcaniques et les tremblements de
terre.
Exemples possibles : un banc de brouillard, un nuage d’orage, une
bouche géothermique.

La Scène
Voici le premier des deux Royaumes modificateurs. Il ne peut pas
servir à ancrer seul un Art, mais il doit s’utiliser en conjonction
avec l’Acteur, la Fée, la Nature ou l’Accessoire. La Scène étend les
effets du Royaume qu’elle modifie afin d’inclure autant de cibles qui
semblent pertinentes au changelin et situées dans la zone décrite. Par
exemple, si la Scène est associée au niveau 3 de l’Acteur, un charme
agira sur tous les ennemis du changelin à l’endroit concerné. Avec
le niveau 4 de l’Accessoire, le changelin peut enchanter toutes les
voitures situées dans un parking.
Lorsqu’on utilise la Scène, la difficulté d’un charme augmente
de +1.

La chambre
Première influence de la Scène, la Chambre permet au changelin d’af-
fecter tous les sujets présents dans une petite zone fermée et discrète.
Exemples possibles : un salon, un placard, un garage, une chambre à
coucher, une remise de jardin.

La maison
Ce deuxième domaine inclut un petit bâtiment contigu, ce qui
donne au Kithain la capacité de lancer son charme sur tous les
sujets qui s’y trouvent.
Exemples possibles : un mobile home, une maison de plain-pied, une
vieille cabane dans les bois, un abri antiaérien.

La rue déserte
Les adeptes de la Scène peuvent à présent utiliser un charme sur une
rue ou une route entière qui s’étend aussi loin que porte le regard,
ainsi que sur tout ce qui se trouve dessus ou à proximité immédiate
(comme dans une rue adjacente ou le trottoir, mais pas l’intérieur
des bâtiments).
Exemples possibles : une route de campagne isolée, un pâté de maisons,
une rue de banlieue, un chemin de randonnée, une autoroute.

La clairière
Le personnage peut lancer son charme sur tous les sujets qui se
trouvent dans un lieu en extérieur, discret et facilement délimitée.
Tous ceux présents dans un bâtiment construit sur le site ne sont
pas affectés.
Exemples possibles : un parc, un lac, une forêt, une colline.

Le château
Les plus grands exploits de la Scène sont capables d’amplifier les effets
d’un charme et de cibler la totalité des sujets concernés, présents dans
une seule grande structure, ou bien dans un groupe de bâtiments
plus petits que l’on peut comprendre comme une seule entité.
Exemples possibles : un château, une tour de bureaux, un campus uni-
versitaire, le parc d’une entreprise, un centre commercial, un hôtel.

Chapitre quatre : Arts & Royaumes 235

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Le Temps
Voici le second des deux Royaumes modificateurs. Il ne peut pas
servir à ancrer seul un Art, mais il doit s’utiliser en conjonction avec
l’Acteur, la Fée, la Nature ou l’Accessoire. Le personnage manipule un
charme de différentes manières et envoie son Glamour à travers les
couloirs du temps, au fil de permutations de plus en plus complexes.
Lorsqu’on utilise le Temps, la difficulté d’un charme augmente
de +1.
Trois fois
La durée du charme est triplée.
Sables suspendus
L’effet du charme est retardé et s’activera à un moment choisi par le
joueur (établi quand il lancera le sort). Cette durée peut s’étendre
jusqu’à un an et un jour dans l’avenir.
Amorce fatidique
Au lieu de retarder le charme d’une certaine durée, le changelin
peut décider de le « suspendre » jusqu’à ce qu’un événement précis,
choisi par le joueur, survienne. Par exemple, « la prochaine fois
qu’un Kithain franchira le seuil de cette porte », « la prochaine fois
que Bill le Sluagh franchira le seuil de cette porte » ou « la prochaine
fois que la porte s’ouvrira ». Le personnage doit invoquer le ou les
Royaumes applicables à la cible de l’amorce.
Brillants échos
À la fin du charme, celui-ci se réactive automatiquement une deuxième
fois. Cette répétition s’applique aux effets du sortilège comme si le
joueur n’avait obtenu qu’une seule réussite sur son jet d’activation,
sans tenir aucun compte du nombre original de réussites. Si le sort
échoue la première fois, il en sera de même pour la deuxième.
Glorieux renouveau
Le charme devient saisonnier et se réactive après s’être mis en som-
meil. Le joueur décide des circonstances précises de son nouveau
déclenchement, mais elles doivent impliquer un repère marquant
(comme un équinoxe, une éclipse, un anniversaire, etc.). De plus, il
doit s’écouler un intervalle de temps beaucoup plus important que
la durée du charme entre ses deux activations.
Sept rêves prennent vie
Arts, Royaumes, Glamour, Déchaînements, et plus encore ! Peut-être
avez-vous l’impression d’avoir beaucoup à retenir, mais en réalité,
il suffit simplement de savoir ce que vous pouvez faire et d’utiliser
cette information pour obtenir ce que vous voulez. Évidemment, les
Arts constituent l’aspect le plus excitant de la capacité du changelin
à manipuler le Glamour. Il n’en reste pas moins utile d’apprendre à
réfléchir d’abord en fonction des Royaumes que vous pouvez mettre
en œuvre. En voici un exemple classique. Si l’Accessoire est tout ce
dont vous disposez, alors il vous faut apprendre à « filouter » afin
d’arriver au résultat escompté. Si vous ne le faites pas, vous inves-
tirez beaucoup de Glamour supplémentaire. Prêtez attention aux
objets qui vous entourent, pensez à la manière dont vous êtes en
mesure d’utiliser vos Arts contre eux. Un tueur vous pourchasse et
vous ne pouvez pas invoquer l’Acteur ? La belle affaire. Le tueur en
question porte des vêtements et rien ne vous empêche de les prendre
236 Changelin : le Songe
pour cible. Par conséquent, vous pouvez opter pour un Art qui vous
débarrassera de lui pour de bon.
Mais cessons de parler de généralités et voyons donc quelques-
unes de ces règles en action. Rien de mieux qu’un bon exemple pour
comprendre la façon dont les éléments s’imbriquent.
Le cochon et la Selkie
Tous les après-midi, Callie, la Selkie, passe devant un chantier en
allant à la plage. Ils sont en train de construire un nouvel hôtel,
désespérément trop proche de son petit coin isolé de paradis, et c’est
déjà une assez mauvaise nouvelle. Pire encore, un des ouvriers du
chantier la siffle tous les jours et devient chaque fois plus ignoble
et grossier. Aujourd’hui, il a franchi la palissade pour lui faire des
avances. Trop, c’est trop.
Callie dispose du niveau 3 de la Métamorphose et du niveau
3 de l’Acteur. Elle décide d’invoquer Moineaux et Rossignols, le
niveau 1 de son premier Art, histoire de donner une leçon au petit
vicelard, et le niveau 3 de l’Acteur, Visage familier, afin de le cibler
directement. La difficulté de base du charme est de 8.
Elle se lance dans une bêtise pour faciliter l’entrée de la magie
dans le monde de l’Automne. Adressant un sourire en coin à l’ou-
vrier et l’invite à parcourir un kilomètre dans ses chaussures… puis
entreprend de les ôter, avec le reste de ses vêtements, et les jette à
la tête de l’homme surpris (de toute façon, elle allait les bazarder à
la plage). Le conteur déclare que sa bêtise lui offre un bonus de –2,
car elle attire l’attention, s’avère un tantinet risquée et tout à fait
adaptée à une fée en passe de lancer une malédiction poétiquement
ironique. La difficulté finale du charme est donc de 6.
La joueuse de Callie dépense un point de Glamour, car son
personnage utilise Moineaux et Rossignols comme un charme du
Wyrd. Puis elle lance un total de six dés pour son groupement de
Métamorphose + Acteur. Elle obtient 2, 4, 6, 7, 7 et 9, soit quatre
réussites. L’ouvrier en bâtiment se métamorphose en femme et restera
ainsi pendant un mois.
La petite brute
Adam, un Gamin nocker, a eu maille à partir avec la petite brute de
sa classe, et il a une bonne raison de penser que le garçon est caché
quelque part le long du chemin qui le ramène de l’école jusqu’à
chez lui. Il file dans les toilettes au moment de la sortie des classes
et lance rapidement le charme Bouclier de chêne, afin de se donner
du courage au moment de rentrer. Adam dispose du niveau 3 du
Primordial et du niveau 2 de la Fée ; il n’a besoin que du premier
niveau de ce Royaume, Jovial roturier, pour se prendre lui-même pour
cible. Cependant, comme il veut s’assurer que son charme ne cesse
pas trop tôt, il y ajoute le niveau 1 du Temps, Trois fois, afin d’être
protégé pendant trois scènes. Adam n’ayant aucun point dans ce
Royaume, il devra s’acquitter d’un point de Glamour supplémentaire.
Pour commettre sa bêtise, il bouche tous les lavabos avec du
papier toilette, puis ouvre les robinets à fond pour faire déborder les
vasques, et s’arrose enfin avec l’eau de chaque robinet. Le conteur lui
accorde un bonus de –2 sur sa difficulté, car il risquerait des ennuis
si quelqu’un entrait et le prenait sur le fait. La difficulté de base du
charme est de 8, et elle passe à 9 parce qu’il y ajoute le Temps. À cette
valeur vient se soustraire le bonus accordé par la bêtise. La difficulté
finale du sortilège est donc égale à 7. Le joueur d’Adam dépense
deux points de Glamour parce que le charme appartient au Wyrd
et qu’il invoque un Royaume qu’il ne connaît pas, puis il lance un
total de cinq dés pour son groupement d’Acteur + Fée. Il obtient 5,
6, 7, 7 et 9, soit trois réussites. Le changelin bénéficie maintenant de
la grâce fluide de l’eau et gagne trois niveaux de santé temporaires.
L’arbre foudroyé
Dans le jardin de Jamilah al-Taberynn, la Pooka, se trouve un grand et
vieux chêne dans lequel elle adore jouer. Un jour, une grosse tempête
malmène durement le vieil arbre ; à présent, ses branches brisées
par le vent se sont affaissées et elle a peur que le chêne meure. Elle
consacre alors tout un samedi après-midi à le soigner. Elle allume le
barbecue et sacrifie la rédaction qu’elle a écrite pendant ses vacances
de printemps. Avant de la brûler page après page, elle raconte un
souvenir amusant qu’elle partage avec l’arbre : le temps passé avec
les amis, les histoires inventées au milieu de ses frondaisons, les jeux
entre ses racines quand elle était petite. Elle invente même quelques
histoires dans la plus pure tradition pooka. Le conteur lui accorde
un bonus de -4 pour sa bêtise, en récompense de sa créativité, de
l’après-midi entier qu’elle y a passé et du sacrifice d’une des choses
qui comptent le plus pour Jamilah (et une perte qui lui vaudra
sûrement des ennuis plus tard).
Elle invoque le niveau 3 du Printemps, à savoir la Source de vie,
auquel elle associe l’Essence élémentaire de la Nature, le niveau 1. Elle
cible son charme sur le feu, puis frotte les cendres sur l’arbre pour
le soigner. Grâce à sa bêtise, et parce que la Nature est le Royaume
d’affinité des Pooka, la difficulté finale du charme passe de 8 à 3.
Le joueur dépense un point de Glamour, puisqu’elle tente de lan-
cer un sortilège du Wyrd. Puis elle lance un total de sept dés pour son
groupement de Printemps + Nature, et obtient six impressionnantes
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
réussites. Le conteur estime que cela suffit grandement à soigner tous
les dégâts subis par l’arbre. Ses branches se redressent et ses feuilles
sont de nouveau bien vertes.
Une veste bien malchanceuse
Tombe Tom le Bonnet rouge a fait quelque chose de très vilain, ce
qui lui allait très bien. Cependant, le cousin humain du baron l’a
surpris, a pris une photo avec son téléphone et pense qu’il a barre
sur lui. Mais Tombe Tom a remarqué que l’imprudent portait tou-
jours la même veste et qu’il mettait son téléphone dans l’une de ses
poches. Il décide donc d’envoyer quelques diablotins s’occuper du
vêtement. Aucun téléphone ne reste à l’abri très longtemps avec ce
genre de créature dans les parages.
Le cousin vient de finir ses menaces de chantage. Tombe Tom
se met à sauter sur place, hurle et souffle et gonfle ses joues, ce que
l’autre prend pour une expression de colère, sans reconnaître la bêtise
commise pour attirer l’attention. Le conteur décide que cette dernière
n’est que mineure et lui accorde un bonus de –1. Heureusement
pour lui, le baron a enchanté son parent, ce qui lui confère un autre
bonus de –1. La difficulté finale est donc de 6. Comme le charme
est de nature chimérique, le joueur n’a pas besoin de dépenser de
Glamour. Tombe Tom dispose du niveau 4 des Cieux et du niveau
1 de l’Accessoire (c’est la raison pour laquelle il ne peut pas cibler
directement le téléphone, et qu’il ne voulait pas gaspiller son pré-
cieux Glamour pour prendre un raccourci jusqu’au niveau 5 de ce
Royaume). Son joueur lance donc cinq dés et parvient à obtenir deux
réussites. Les diablotins vont s’abattre sur toute l’électronique située
237
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
à proximité immédiate de la veste pendant un jour, et avec un peu
de chance, assez longtemps pour planter la mémoire du téléphone
et effacer les preuves du cousin trop curieux.
La brigade volante
Jase le Nocker est le chef d’une petite bande de motards constituée
de ses copains Enchantés. Alors qu’ils roulent la nuit sur une portion
d’autoroute déserte, un gros semi-remorque leur fait une queue de
poisson. Pire, le chauffeur a donné un gros coup de klaxon et leur
a fait la peur de leur vie. Jase a bien envie de lui faire une vacherie
bien flamboyante, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce et
de lui coller à son tour la trouille. Il va faire voler les motos de sa
bande ! Pour ce faire, il a besoin du niveau 4 du Périple, du niveau
4 de l’Accessoire et du niveau 3 de la Scène. Et ça tombe bien, parce
que c’est pile ce qu’il a.
Le gang s’arrête sur le parking d’un restaurant en bord de la route
et Jase leur demande de se ranger en cercle. Là, ils se synchronisent
tous pour immobiliser leurs bécanes et faire chauffer la gomme, ce
qui produit un énorme nuage de fumée. Puis ils se lancent dans un
bel ensemble à travers cette fumée.
Le conteur décide que cette bêtise vaut bien un bonus de –2 à
la difficulté du charme ; c’était tape-à-l’œil et bien voyant, et la moto
cible du sort était celle de ce poseur de Jase. De plus, l’Accessoire est
le Royaume d’affinité des Nockers, ce qui diminue encore la difficulté
de –1. Cependant, celle-ci augmente de +1 parce que le charme
ajoute la Scène afin d’inclure toutes les motos de la bande dans le
sortilège. À la fin, la difficulté est de 6. Le joueur de Jase dépense un
point de Glamour pour alimenter l’aspect du Wyrd de son charme,
puis il lance huit dés et obtient le nombre impressionnant de cinq
réussites. Comme le score de Glamour du changelin est égal à 4, le
238 Changelin : le Songe
gang rattrapera le chauffeur du poids lourd et passera quatre heures à
tourbillonner, beugler, klaxonner, brûler de la gomme et tourmenter
le malheureux avec créativité. Une sacrée soirée !
Les nouveaux vêtements
du conseil municipal
Un membre du conseil municipal tente en ce moment de réaménager
un quartier où se trouve la bibliothèque préférée de Tyrel le Sluagh.
Ce dernier sait que la ville ne dispose pas du budget nécessaire
pour déménager cet établissement et qu’il sera simplement fermé.
Le conseiller municipal doit faire un discours ce soir et Tyrel a bien
l’intention de rendre l’événement inoubliable. Il se gare devant la
maison de sa victime, sort un bloc-notes et dessine une carte de la
zone concernée par le réaménagement, puis il lance son charme
lorsque l’homme sort de chez lui. Il reprend ensuite sa voiture et
s’en va en souriant.
Tyrel a utilisé le niveau 5 du Périple, Lueur de l’éclair, en conjonc-
tion avec le niveau 1 de l’Accessoire et le niveau 2 du Temps. Il
compte faire disparaître les vêtements du politicien et les téléporter
au milieu de la bibliothèque, puis le planter tout nu en plein milieu
de son discours. Hélas, notre changelin ne connaît aucun des deux
Royaumes qui l’intéressent.
Le conteur juge que la bêtise lui vaut un bonus de –2 sur la diffi-
culté. De plus, même si Tyrel ne connaît pas l’Accessoire, il s’agit du
Royaume d’affinité des Sluaghs. Il bénéficie donc d’un autre bonus
de –1 à la difficulté. De plus, le Temps augmente cette même valeur
de +1, et le conteur décrète que le costume amidonné et bien repassé
du conseiller a accumulé au fil du temps un peu de sa Banalité. La
difficulté augmente encore de +1, pour une valeur définitive de 7.
 Le joueur de Tyrel dépense trois points de Glamour, un pour le
Wyrd du charme et deux pour les Royaumes absents. S’il dispose
du niveau 5 du Périple, il n’a hélas rien dans l’Accessoire. Il lance
donc 5 dés et obtient 2, 3, 6, 6, 9, soit une seule réussite. La foule
réunie pour écouter le discours du conseiller ce soir-là va avoir une
belle surprise.
Une fuite désespérée
Clarisse la Sidhe n’en mène pas large. Elle et ses amis sont tombés
dans l’embuscade tendue par un groupe d’anti-royalistes qui compte
des Bonnets rouges, des Nockers et un Troll très inamical armé d’un
tuyau en acier. Elle considère les différentes options qui s’offrent à
elle, et ni son niveau 4 de la Divination ni son niveau 1 du Périple
ne semble pouvoir les sortir du pétrin dans lequel elle se trouve
avec sa Bande. Poussée par le désespoir, elle choisit de Déchaîner
ce dernier Art et pousse un cri simple et sincère en direction du
Songe : « Sors-nous de là ! ». Pour le moment, Clarisse n’a pas de
dés de Cauchemar, ce qui est sur le point de changer puisque le
Chapitre quatre : Arts & Royaumes
Déchaînement lui en offre un sur-le-champ. Son score de Glamour
est égal à 3, ce qui signifie qu’elle dispose de 4 dés pour son action.
Elle dépense deux points de Glamour et lance les dés contre une
difficulté de 7. Elle obtient 5, 4 et 7 sur ses dés normaux, et un 10
sur son dé de Cauchemar. Au total, elle comptabilise deux réussites,
et son 10 lui fait gagner un nouveau dé de Cauchemar.
Ce pari désespéré marche… mais Clarisse a obtenu plus de
réussites sur son jet qu’elle n’a de points dans son Art du Périple ; le
Déchaînement lui échappe. Le conteur décide qu’un énorme coup
de vent s’échappe du Songe et emporte la Sidhe, ses amis et leurs
assaillants, puis les envoie voler à travers la ville et les éparpille dans
toutes les directions, sans qu’aucun ait la moindre idée de l’endroit
où se trouvent les autres. Elle se retrouve au milieu d’un salon,
son Visage féerique et son Voile visibles par toutes les personnes
présentes, et regarde la famille crier et paniquer autour d’elle. Son
joueur note encore un point de Cauchemar, gagné dans le sillage
des vagues furieuses du Glamour incontrôlé.
239
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre cinq :
Les règles
« La jeune fille baissa alors le menton et ouvrit doucement les yeux
en tournant la tête vers sa cachette. Il se dit qu’en effet, ils avaient
une forme d’amande, et remarqua qu’ils scintillaient d’une couleur
argentée… et que son regard plongeait droit dans le sien… »
— James Herbert, Once…

C hangelin est un monde riche d’histoires aussi

merveilleuses que terrifiantes. C’est aussi un jeu
avec ses propres règles, et celles-ci permettent aux
acteurs des histoires en question d’accomplir des actions
qui ont des chances raisonnables de réussir ou d’échouer.
plus détaillées et précises sont disponibles au fil des pages
de ce livre. Ne vous souciez pas d’en assimiler toutes leurs
versions d’un coup. Commencez par apprendre les bases
et le reste suivra naturellement.

Les règles en sont les piliers et l’essence. Elles offrent

diverses alternatives afin d’arbitrer ce qui est faisable et
ce qui ne l’est pas en fonction des événements qui se
déroulent dans le scénario et des capacités des personnages.
Dans Changelin, elles ne varient pas même lorsque les
personnages possèdent des niveaux de potentiel différents
ou que la complexité des tests change. Chaque joueur
lance le même type de dés. Un personnage peut avoir
de meilleures chances qu’un autre de réussir une tâche
précise ; celui qui l’incarne lancera donc un nombre de
dés plus important, ou bien la difficulté de son action
diminuera. Cependant, les règles restent les mêmes.
Ainsi, le conteur et les joueurs n’auront aucun mal à les
appliquer et profiteront d’un cadre de jeu homogène.
Ce chapitre aborde les principes de base, comme les
lancers de dés et les différents types d’actions, et propose
des exemples concrets de mise en situation. Des règles
La règle d’or
Les règles sont ce que vous en faites. Elles viennent après
les histoires que les joueurs créent, et Changelin n’a jamais
dérogé à ce principe depuis les vingt dernières années.
Coups du sort saupoudrant le tout d’un peu de Glamour
et d’excitation ou fondations pratiques plus Banales, mais
fonctionnelles, il vous revient de façonner le jeu comme
vous l’entendez. Que ce soit une chronique politique de
haut vol presque exempte de jet de dés ou une campagne
tactique de longue haleine dans laquelle chaque joueur
contrôle une Bande de changelins, si les règles présentées
dans ce livre vous gênent pour profiter pleinement du
jeu, changez-les. La profondeur de votre créativité et le
souffle de vos rêves sont vos seules limites.
Si vous avez envie de changer ou d’aller à l’encontre
d’un ou plusieurs points de règle édictés dans ce livre,

241

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

proposez vos modifications avant le début du jeu. Ce dernier est le
fruit d’une collaboration ; conteur et joueurs doivent donc déterminer
ensemble le cadre dans lequel ils veulent évoluer, ainsi que les règles
qu’ils souhaitent utiliser. L’objectif est d’associer les efforts de tous
afin de raconter l’histoire la plus fantastique possible.
Si à un moment de la chronique, votre troupe est en désaccord
sur les règles, faites une petite pause et discutez ensemble du pro-
blème. Le conteur arbitrera ces conflits et aura le dernier mot en
la matière. Il peut décider si les règles disponibles dans cet ouvrage
s’appliquent d’abord, ou bien s’il est possible de les soumettre à un
vote au sein du groupe, ou encore de trancher de la manière qui
lui convient. Souvenez-vous que le jeu existe pour que les joueurs
s’amusent. Empruntez donc la voie du divertissement maximal.
Lancer les dés
Changelin fait appel à des dés à 10 faces. Vous pouvez les trouver dans
la plupart des boutiques de jeux et sur des sites de vente à distance.
Il existe également quelques applications pour smartphones ou jeu
en ligne très utiles. Le conteur et les joueurs auront besoin d’un
certain nombre de dés et pourront éventuellement se les partager.
Comptez au moins une dizaine de dés pour débuter.
Vous lancez les dés lorsque le résultat d’une action est incer-
tain ou que le conteur pense que vous avez des chances d’échouer.
Des conditions particulières comme la pression, les blessures et la
résistance d’un adversaire influencent la difficulté d’une action. Les
forces et faiblesses de votre personnage affectent le nombre de dés que
vous lancez, et donc vos chances de succès. Tous ces concepts sont
expliqués en détail plus loin. Les dés sont là pour incarner le coup
de pouce de la chance ou du destin dans une situation qui nécessite
un jet, et ils affectent tout le monde de la même façon. Ainsi, chaque
242 Changelin : le Songe
joueur a l’occasion de réussir les actions de son personnage, tout
comme il peut échouer d’une manière intéressante.
Dernier détail important. Si les possibilités d’échec sont inexis-
tantes, le conteur devrait se demander si un jet est effectivement
nécessaire. Les dés peuvent offrir une certaine excitation, mais aussi
ralentir le déroulement du jeu. Faire fluctuer le rythme de l’histoire
est une excellente technique dans l’art du conte, et le conteur devrait
garder les jets de dés pour les situations intéressantes. Si plusieurs
issues intéressantes apparaissent, alors ils deviennent nécessaires. Peu
importe ce qu’il se passe pendant le voyage, si un événement envoie
les personnages d’un point A à un point B, il n’y a probablement
aucun besoin de faire intervenir le hasard. Ne lancez les dés que si
l’interprétation ou le consentement mutuel des joueurs ne résout
pas l’affaire. Servez-vous d’eux pour améliorer l’expérience du jeu
et non pour le diriger.
Recourez aux jets de dés dans les situations suivantes.
Le Cercle juré suit des indices et surmonte les épreuves qui
conduisent ses membres jusqu’à la bibliothèque secrète de la
Maison Balor. C’est dans les pages du plus ancien ouvrage qu’ils
trouveront la réponse à l’énigme du Thallain. De prime abord, cet
événement peut sembler tout à fait approprié pour un jet d’Astuce
+ Investigation, voire un jet étendu d’Intelligence + Érudition, mais
pas toujours. Pas besoin d’y recourir si la bibliothèque est le seul
endroit où les personnages sont à même de découvrir la réponse à
leurs questions. Si l’énigme est impossible à résoudre, le scénario
arrive dans une impasse. À la place, cette situation peut donner lieu
à interprétation, avec une petite narration pour décrire le temps qu’il
faudra aux changelins pour découvrir le livre qu’ils cherchent. Le
conteur pourrait également éviter cet écueil en faisant intervenir un
personnage intéressant, qu’ils auraient rencontré dans la bibliothèque.
Si les joueurs ont quand même envie de lancer leurs dés, récompensez

un grand nombre de réussites par des connaissances supplémentaires
sur un savoir interdit, et peut-être un ou deux artefacts.
Un groupe de Dauntains lance une attaque-surprise sur les
changelins. Ils sont équipés d’armes en fer froid. Ce genre de
situation requiert l’usage des dés afin de créer incertitude et ten-
sion. Les Dauntains pourraient se révéler bien plus puissants que
les personnages s’ils bénéficient d’un véritable élément de surprise,
ou plus faibles s’ils ont sous-estimé leurs adversaires. En revanche,
l’élément aléatoire introduit par les jets de dés ajoute un facteur
de risque et une touche dramatique à une situation conflictuelle.
Dans ce genre de cas, les changelins peuvent échouer, être blessés
et même mourir, tout comme ils peuvent démolir leurs opposants
si les dés sont avec eux.
Les changelins se lancent dans des négociations ardues avec
une chimère fantastique et dangereuse dont ils ignorent l’âge et la
puissance. Voilà un exemple qui pourrait certainement déboucher sur
une action étendue (cf. page 246), voire une action en opposition (cf.
page 247) si d’autres entités leur disputent les services de la chimère
ou si celle-ci n’aime tout bêtement pas les changelins. Dans ce cas,
les dés ne sont pas un simple outil permettant de mesurer le degré
de réussite des personnages, ils servent aussi à quantifier la durée
de ces négociations. Influencent-ils rapidement la créature ? Leurs
adversaires se montrent-ils efficaces pour gagner la chimère à leur
cause ? Dans de telles situations, l’interprétation devrait influencer
le résultat des jets de dés ; des arguments pertinents, une monnaie
d’échange astucieusement introduite ou des insultes grossières pour-
raient augmenter ou diminuer la difficulté des épreuves ultérieures
au sein de l’action.
Les actions
Les actions correspondent à tout ce qui peut produire une issue
intéressante dans le déroulement de l’histoire. Si une bête chimé-
rique poursuit un changelin, le simple fait de traverser la rue peut
devenir un peu plus périlleux. Si le personnage dissimule un lourd
secret au reste de sa Bande, il lui faudra faire de gros efforts pour ne
pas laisser échapper la vérité quand il discute à bâtons rompus avec
ses amis. S’il succombe à la Banalité, fréquenter d’autres changelins
pourrait incarner à ses yeux l’épreuve la plus difficile au monde.
Toutes ces situations sont des actions de différentes sortes. Une action
demande généralement un tour pour être réalisée. Vous trouverez
plus d’informations sur le découpage du temps de jeu en page 248.
Dans la plupart des cas, les paroles et les conversations ne
nécessitent aucun jet de dés. Cette liberté prise avec les règles du
jeu ne change que dans des situations où un personnage souhaite
se servir de capacités comme Expression ou Intimidation. Le jeu
place aussi peu de limitations que possible sur la communication
entre les joueurs et entre leurs protagonistes.
Il est très facile de tenter une action. Il suffit au joueur de dire
au conteur ce que son personnage compte faire et comment il s’y
prend. La plupart des actions sont assez simples pour réussir automa-
tiquement. En revanche, dès qu’apparaît la possibilité d’un échec ou
d’une conséquence intéressante à un succès plus ou moins éclatant,
vous devez lancer les dés pour en connaître l’issue.
Si vous n’avez besoin que d’une réussite pour accomplir une action,
il s’agit d’une action simple. Les actions qui nécessitent davantage
de réussites ou de plus longues périodes sont des actions étendues.
Vous trouverez plus d’informations sur ces dernières en page 246.
Les actions réflexe
Lorsque les personnages réagissent instinctivement, ils entreprennent
une action réflexe. Elle est automatique et se déroule normalement
pendant le tour, sans aucune pénalité.
Par exemple, absorber les dégâts infligés par une attaque (page 282)
est une action réflexe. Dépenser un point de Glamour ou de Volonté
prend moins d’une seconde, ne nécessite aucun jet de dés et peut
s’accomplir tandis que le personnage se concentre sur autre chose.
Toutefois, il existe un prérequis à une action réflexe. Le person-
nage doit être conscient (ou capable de faire un choix, dans le cas
de séquences oniriques ou d’autres déviations de la conscience).
Sauf indication contraire, un personnage peut accomplir autant
d’actions réflexe qu’il le désire et elles n’interfèrent en rien avec ce
qu’il souhaite faire durant le tour.
Les niveaux
Un personnage se définit par ses traits. Dans Changelin, ces caracté-
ristiques ont un score compris entre 1 et 5 et leur valeur symbolise
le nombre de « points » qu’il possède dans un trait donné. Un 1
représente le fait d’être à peine compétent et un 5 le sommet des
capacités humaines. Cependant, les changelins peuvent dépasser ce
maximum grâce à différentes aptitudes uniques aux Khitains. Pour
la plupart des gens, les caractéristiques vont de 1 à 3, et 2 représente
la moyenne humaine. Il est également possible d’avoir un zéro dans
l’une d’entre elles, ce qui correspond à une capacité jamais apprise
ou un handicap qui empêche toute utilisation de l’attribut concerné.
x Abyssal
Faible
Moyen
Bon
Exceptionnel
Extraordinaire
Les groupements de dés
Lorsque vous lancez les dés, vous jetez un dé pour chaque niveau
possédé dans la caractéristique appropriée. Comme l’acquis modi-
fie souvent l’inné, les dés attribués par une capacité s’ajoutent au
groupement se rapportant à l’action et produisent une combinaison
entre les dés d’un attribut et ceux d’une capacité. Par exemple, un
changelin qui voudrait mentir à sa Bande lancerait un groupement
égal à la somme de sa Manipulation et de son Subterfuge.
Un personnage se plonge dans ses livres d’ingénierie. Il tente
d’énumérer les matériaux dont il aura besoin pour construire le fan-
tastique engin volant qu’il compte offrir au baron sidhe. Le conteur
peut lui demander un jet d’Intelligence + Sciences, c’est-à-dire un
attribut et une capacité. Dans ce cas, le joueur prendra les trois dés
de son Intelligence, auxquels il ajoutera ses quatre dés en Sciences. Il
jette donc un total de sept dés pour déterminer la réussite ou l’échec
de son alter ego, qui veut savoir où et comment trouver les éléments
nécessaires à la fabrication de sa machine. Cette somme, le groupe-
ment de dés, correspond au nombre total de dés lancés pour une
seule action. La plupart du temps, le groupement de dés se calcule
pour une action à la fois, mais vous pouvez le diviser afin de réaliser
Chapitre cinq : les règles 243
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
plusieurs actions dans le tour. Vous trouverez plus d’informations à
ce sujet dans la section intitulée « Les actions multiples », plus loin.
Tous les jets ne nécessitent pas d’additionner une capacité et
un attribut. Par exemple, soulever un objet relève uniquement de
Difficultés
la Force, alors que résister à des cauchemars vivaces et récurrents Trois Routinier (faire cuire des pâtes en suivant les
repose uniquement sur la Volonté. instructions sur le paquet)
Un groupement de dés ne peut faire appel qu’à deux caracté-
Quatre Facile (remonter une piste de Glamour jusqu’à
ristiques. S’il implique un trait dont le niveau maximum est de 10
une chimère puissante)
(comme le Glamour, la Banalité et la Volonté), vous ne pouvez ajouter
aucune autre caractéristique à ce groupement. Il est impossible pour Cinq Simple (séduire un Satyre)
un humain (y compris un Enchanté) de réunir un groupement de Six Moyen (apprendre à un chien, mais pas à un
plus de 10 dés. Les changelins qui détiennent des Trésors et des Arts Pooka, à s’asseoir)
puissants peuvent découvrir que cette limitation ne s’applique pas à
eux. Hélas, il en va de même pour les autres créatures non humaines, Sept Ardu (suivre les règles de l’étiquette dans une
y compris les pires cauchemars vivants issus du Songe. cour étrangère)
Huit Difficile (convaincre un adversaire de se rendre
Les actions multiples pendant un combat)

Parfois, un personnage a besoin d’effectuer plus d’une action en un Neuf Extrêmement difficile (jongler avec des
tour. Par exemple, il peut essayer de forcer une serrure électronique tronçonneuses en marche)
dans un bureau très fréquenté sans attirer l’attention, ou bien esqui-
ver une attaque tout en assénant un coup de marteau au monstre Degrés de réussite
chimérique qui lui fait face. Dans de tels cas, il peut faire ses actions
normalement, bien qu’elles deviennent plus difficiles à mesure qu’il 1 réussite Marginale (rédiger un devoir d’histoire
doit diviser son attention entre elles. avec Wikipedia pour seule source)
Le joueur déclare le nombre total d’actions que son personnage 2 réussites Modérée (convaincre un chien de
entreprend dans un tour, puis détermine celle qui bénéficie du plus s’asseoir, même s’il ne restera pas assis
petit groupement de dés. Il peut ensuite répartir ces dés comme il longtemps)
l’entend entre toutes ses actions.
Exemple : le sénéchal sidhe est en train d’interroger votre personnage, 3 réussites Complète (éradiquer un nid de vermine
car on l’accuse de fomenter des troubles. Votre agitatrice eshu souhaite lui dans votre Domaine)
mentir et clamer son innocence. Comme elle n’a jamais fait confiance aux 4 réussites Exceptionnelle (jouer une pièce assez
motivations de celui-ci, elle déchiffre en même temps ses réactions face à ses bien pour obtenir quelques rappels)
réponses. Ces deux actions requièrent respectivement un jet de Manipulation
5 réussites Phénoménale (créer un chef-d’œuvre
+ Subterfuge (pour lequel elle bénéficie de six dés) et un jet de Perception
ou plus digne de louanges)
+ Empathie (pour lequel elle bénéficie de cinq dés). Le plus petit groupement
est égal à cinq dés et vous devrez donc diviser cinq dés entre les actions que
vous voulez accomplir : mentir effrontément au sénéchal et déchiffrer le
langage corporel de votre interlocuteur.
Le conteur peut décider que certaines combinaisons d’actions mais il s’agit d’une réussite marginale. Si vous en obtenez trois ou
très différentes impliquent une augmentation de la difficulté (voir plus, la réussite est complète.
plus bas) en plus du partage du groupement de dés. Séduire une Les tableaux ci-dessus vous donneront une bonne idée de la
vieille et vénérable Sluagh tout en ferraillant avec un rival nocker manière d’associer difficulté et degré de réussite.
constitue un vrai défi, et la difficulté devra être modifiée pour le La plupart des tâches ont une difficulté de base de 6. Si le conteur
refléter. Le conteur peut également décider qu’il est impossible de ou le point de règle vous demande de faire un jet sans donner une difficulté
diviser ses groupements au-delà d’un certain point. particulière, considérez qu’elle est égale à 6.
Le conteur arbitre seul la difficulté d’une action et il attribuera
Les difficultés un niveau de difficulté plus élevé s’il juge que l’action est plus ardue.
De la même manière, plus une tâche est facile et répétitive et plus sa
Quand un personnage est sur le point de faire quelque chose et difficulté sera basse. Le conteur peut même décréter qu’elle réussit
que son action nécessite un jet de dés pour déterminer sa réussite automatiquement si elle est d’une simplicité enfantine. Des actions
ou son échec, le conteur lui attribue une difficulté et annonce sa dont la difficulté est égale à 3 ou 4 sont assez faciles pour ne pas
décision. Une difficulté est toujours un nombre compris entre 2 nécessiter de jet de dés, sauf bien sûr si des conséquences intéres-
et 10 (généralement entre 3 et 9). Chaque fois qu’un dé donne un santes, en cas de réussite comme en cas d’échec, sautent aux yeux.
résultat égal ou supérieur à ce chiffre, vous obtenez une réussite. Par Montrez-vous prudent lorsque vous attribuez une difficulté de
exemple, si la difficulté d’une action est de 6 et que vous obtenez 10, car les statistiques ont tendance à punir les joueurs qui ont les
sur votre jet 3, 4, 5, 6 et 10, vous avez deux réussites. Vous n’avez groupements les plus importants. Comme il y a autant de chance
besoin que d’une réussite pour accomplir la plupart des actions, d’obtenir des 1 que des 10, ils ont autant de chances d’obtenir un
échec critique que de réussir l’action qu’ils ont entreprise (voir

244 Changelin : le Songe

« Les échecs critiques », plus bas). Une autre solution consiste à
attribuer une difficulté de 9, mais à soustraire des dés du groupe-
ment du joueur.
L’échec
Si vous n’obtenez aucune réussite sur un jet, votre personnage
échoue à son action. Le changelin ne parvient pas à impressionner
la comtesse. Impossible de comprendre les dernières paroles du
voyageur mourant. La bouteille s’écrase sur le trottoir plutôt que sur
le casque antiémeute du flic. Un échec est une fabuleuse occasion
d’interprétation et les meilleures péripéties naissent parfois d’erreurs,
de mésaventures et de cafouillages.
Exemple : votre personnage, un Sluagh, est en train de ramper dans
le système d’aération d’un grand laboratoire. Alors qu’il se glisse à travers
l’étroit conduit, il sent une plaque s’enfoncer sous son genou. Le conteur
vous demande de faire un jet de Dextérité + Furtivité (difficulté 7). Vous
lancez les dés et obtenez 2, 3, 3, 5, 6, soit aucune réussite. Il vous décrit
donc comment, alors qu’il change d’appui, le métal sous son genou émet un
« clang » sonore en reprenant sa forme et résonne à travers tout le conduit.
Heureusement, il ne s’est pas effondré dans le laboratoire au-dessus duquel
vous étiez en train de passer. En revanche, vous ignorez si des scientifiques
ou des gardes ont entendu le bruit.
Un échec ne devrait pas représenter un arrêt brutal au scénario,
mais plutôt un panel de possibilités offertes au joueur qui a raté son
action. Plutôt que de porter atteinte à l’intégrité physique du person-
nage, il devrait le mettre en danger ou rendre un choix plus difficile
à suivre. Si votre protagoniste ne parvient pas à séduire quelqu’un
dans un bar, il risque plus de se prendre un râteau qu’une tasse de
café brûlant dans la figure.
Les échecs critiques
Parfois, ce n’est simplement pas votre jour. Lorsqu’un dé donne
pour résultat « 1 », l’échec est si cuisant qu’il annule une réussite.
Prenez le dé affichant ce « 1 » et un autre dé sur lequel vous avez
obtenu une réussite, en commençant par la valeur la plus basse,
puis écartez-les. Ainsi, une action qui aurait dû être couronnée de
succès peut échouer à mesure que le nombre de réussites s’amenuise.
Si aucun des dés lancés n’affiche de réussite et que vous avez un
ou plusieurs « 1 », c’est un échec critique. Si vous avez obtenu au
moins une réussite, même si elle est annulée et qu’il reste des « 1 »,
l’action reste un simple échec.
Un échec critique est pire qu’un échec normal, c’est le malheur
assuré. Par exemple, un échec critique sur un jet de Droit en défen-
dant un client peut aboutir à une condamnation plus sévère que
celle qu’il aurait dû recevoir. Sur un jet de Survie, le traqueur peut
remonter sa propre piste pendant des heures. Sur un jet de Bagarre,
le personnage ne rate pas simplement son adversaire, il se casse la
main sur un mur et le combat se poursuit. Il appartient au conteur
de décider de la teneur exacte des conséquences.
Exemple : votre personnage observe à la dérobée une bande de gamins
après qu’on l’a avertie que l’un d’entre eux était un changelin « endormi ».
Alors qu’elle se concentre sur un jeune garçon, vous lancez un jet de Perception
+ Acuité (difficulté 6) et tentez de déterminer si cet exubérant individu est
en fait un changelin qui n’a pas encore vécu sa Chrysalide. Vous obtenez
1, 1, 4, 5 et 8. L’un des « 1 » annule votre réussite, mais le deuxième ne
transforme pas l’échec en échec critique. Votre changelin est incapable de
dire si l’enfant est ou non un Kithain.
Règle optionnelle :
la peur de l’échec
Il arrive parfois que les joueurs ratent un peu trop souvent
leurs jets de dés. Un échec critique pimente de temps en
temps le jeu, mais quand ils deviennent trop nombreux, ils
risquent de provoquer un malaise dans la troupe et de figer
l’intrigue en empêchant les joueurs de progresser.
Si vous trouvez que les échecs sont trop présents et
que vous souhaitez alléger le poids du système de jeu,
écartez la règle de l’annulation des réussites. Ainsi, les « 1 »
ne comptent comme des échecs critiques que lorsque le
joueur n’obtient aucune réussite sur son jet. Il pourra alors
dépenser un point de Volonté pour annuler cette possibilité.
Conscient du nombre important de personnes dans ce quartier, vous
décidez que votre personnage cache ses intentions, se fond dans la foule et
poursuit sa reconnaissance. Vous lancez un jet d’Apparence + Furtivité
(difficulté 5) afin de devenir un visage parmi tant d’autres, et vous obtenez
1, 2 et 4. Cette fois-ci, aucune réussite et un « 1 » ; vous voilà avec un échec
critique. Non seulement le personnage ne parvient pas à passer inaperçu,
mais en plus, elle attire l’attention d’un citoyen inquiet. Celui-ci lui attrape
le bras et l’accuse de regarder ces enfants un peu trop longtemps…
Les échecs critiques devraient produire de la créativité et faire
avancer l’histoire, même si c’est d’une manière inattendue. Ils
devraient rester assez spectaculaires pour provoquer des répercus-
sions sur le déroulement de votre scénario, et incarner le genre de
mésaventures et de coups du sort sur lesquels la Bande finira par
plaisanter ou se lamenter. Parfois, un échec critique s’abattra avec
la cruauté nécessaire pour représenter la puissance écrasante d’un
adversaire, ou la chance insolente d’un rival qui prendra les chan-
gelins à leur propre jeu.
Le lion blanc qui veille sur la reine Aeron de Pacifica a déchiqueté
le chevalier troll qui tentait d’amadouer ses chats caractériels. Alors
qu’il essayait de calmer ses animaux familiers, son échec critique
en a fait la risée de la cour. L’élève studieux et calme de l’érudite
nocker a humilié son mentor en échouant lamentablement à son
examen, et les Kithains chuchotent cette histoire aux quatre coins
de sa bibliothèque tandis qu’elle écume de rage. Une infirmière
spriggan a pris une simple intoxication alimentaire pour une tentative
d’empoisonnement, et provoqué l’implosion de la Cour unseelie de
la région. On la pourchasse à présent sans répit. Tous ces exemples
sont des échecs critiques qui ont abouti à de grandes mésaventures.
Ceux-ci devraient conduire à de nouvelles histoires périlleuses et
offrir des anecdotes palpitantes.
Les réussites automatiques
Parfois, il n’est pas nécessaire de lancer les dés, surtout pour une
action que votre personnage pourrait faire les yeux fermés, ou qui
n’apporte rien au déroulement de l’histoire. Tout ce qui favorise
le rythme du jeu et réduit les distractions est une bonne chose.
Changelin emploie un système simple de réussite automatique, qui
vous permet de ne pas lancer les dés pour des actions routinières.
Chapitre cinq : les règles 245
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Si le nombre de dés de votre groupement est égal ou supérieur
à la difficulté, votre personnage réussit automatiquement. Aucun
jet n’est nécessaire. En revanche, ce système ne fonctionne pas
dans des situations dynamiques ou tendues. De plus, cette réussite
automatique est toujours considérée comme marginale (une seule
réussite). Si votre personnage tente un tir acrobatique ou la création
d’un chef-d’œuvre, vous serez bien inspiré de lancer les dés afin
d’obtenir plus de réussites.
Lorsque les enjeux sont importants, vous pouvez également
dépenser un point de Volonté (cf. page 258), ce qui vous permet
d’obtenir une réussite automatique et réduit vos chances d’échec
critique. Vous ne pouvez le faire qu’une seule fois par tour et déclarer
cette dépense avant de lancer les dés.
Retenter une action
Un échec a tendance à se répéter. Si un personnage ne parvient pas
à démarrer une voiture dans un moment dramatique et haletant, la
tension alimentera sa prochaine tentative et avec elle, la précipitation
et les probabilités d’un autre échec. Dans un tel cas, le conteur peut
s’il le souhaite augmenter la difficulté de la seconde tentative de
+1. Si elle échoue à nouveau, la difficulté d’une troisième tentative
augmente de +2 par rapport à l’action initiale, et ainsi de suite.
La difficulté peut devenir si élevée que le personnage n’a aucune
chance de réussir.
Par exemple, cette situation peut survenir lorsqu’il faut crocheter
une serrure, résister lors d’un interrogatoire ou essayer de se souvenir
du texte d’une pièce de théâtre ou des paroles d’une chanson. Si vous
ne parvenez pas à faire tourner le barillet, à supporter la pression ou
à avoir un éclair de lucidité la première fois, il y a des chances que
vous n’y arriviez pas du tout.
N’utilisez pas cette règle si vous avez prévu que les personnages
essaient plusieurs fois avant de réussir, comme lorsqu’ils poursuivent
un ennemi, tentent de se montrer plus malins qu’un intrus ou
utilisent une arme à feu. Dans ces exemples, l’échec ne conduit pas
toujours à une frustration source de nouvel échec.
Exemple : votre personnage tente d’arbitrer une assemblée de
Traditionalistes, de Réformateurs et de Modernistes kithains, qui débattent
de l’état actuel de la noblesse. Les esprits s’échauffent et une Bonnet rouge
parmi les Modernistes se lance dans une violente diatribe. Vous lancez
pour votre personnage un jet d’Expression + Charisme (difficulté 7), car elle
essaie de se faire entendre et de calmer le reste des participants. Vous obtenez
2, 3, 5, 5, 6 et 6. Les nobles remarquent à peine votre échec ; certains se
mettent à se crier dessus et d’autres se saisissent de leurs armes. Comme
elle ne s’attendait pas à une telle escalade, la tension monte en elle et elle
tente à nouveau de calmer les dignitaires. La difficulté du jet d’Expression
+ Charisme augmente donc de +1 et passe à 8, vous lancez les dés et obtenez
1, 4, 7, 8, 8 et 10. Puisque vous avez obtenu un 1, vous écartez l’un des
8, mais il vous reste quand même encore 2 réussites. La foule se tait, mais
elle ne restera pas silencieuse très longtemps.
Les complications
Les règles précédentes devraient suffirent pour vous permettre de
jouer la plupart des scénarios. Toutefois, elles n’envisagent pas toutes
les situations. Par exemple, que se passe-t-il si un personnage tente
d’engager un Boggan sicilien unseelie dans un combat de l’esprit
à mort ? Ou s’il choisit de passer plusieurs jours dans une vieille
246 Changelin : le Songe
bibliothèque poussiéreuse afin de découvrir la vérité derrière ces
rumeurs de vampires féeriques ?
Les complications qui suivent sont destinées à ajouter un peu
de couleur, de réalisme et de suspense au jeu. Bien sûr, elles restent
optionnelles. Vous n’avez nul besoin de vous en souvenir si elles vous
semblent inutiles dans le cadre de votre chronique.
Les règles suivantes restent relativement simples et générales,
de manière à pouvoir décrire toutes sortes d’actions. Si vous voulez
des options précises pour diverses actions spécifiques, reportez-vous
au chapitre six.
Les actions étendues
Parfois, vous avez besoin de plus de temps pour accomplir une action,
et un tour ne suffit pas. Lorsqu’il vous faut plusieurs réussites pour
obtenir ne serait-ce qu’une réussite marginale, vous entreprenez une
action étendue. Par exemple, un Boggan passe toute une nuit dans
un bar à écouter un Satyre grincheux radoter sur son périple dans
le Songe profond, simplement pour saisir une ou deux informations
utiles parmi toutes ces paraboles sur la bravoure. Une Sidhe peut
tenter de rester de marbre pendant le rituel humiliant de sa maison,
car elle sait que si elle craque, elle aura échoué.
Lors d’une action étendue, vous lancez votre groupement tour
après tour en essayant d’accumuler suffisamment de réussites pour
parvenir à vos fins. Notre Boggan doit obtenir 10 réussites pour
séparer le bon grain de l’ivraie dans le discours du Satyre. Il finira
probablement par y arriver, mais plus il y passera de temps, plus son
interlocuteur partira loin dans des digressions, ou plus il risque de
récupérer le mauvais renseignement. Dans cet exemple, l’heure de
fermeture du bar limite le nombre de tours disponibles, et rend la
vitesse d’exécution de cette tâche d’une extrême importance. Dans
tous les cas, le conteur est seul juge de ce qui est une action étendue
et de ce qui ne l’est pas.
Si rien ne vient vous en empêcher, vous pouvez prendre autant de
tours que vous le désirez pour achever une action étendue. Cependant,
dans le cas d’un échec critique, toutes les réussites engrangées sont
perdues. Le Satyre en colère accuse le Boggan de ne pas boire ses
paroles, ce qui oblige ce dernier à reprendre depuis le début une
fois que son voisin s’est calmé. Le conteur peut estimer qu’il est
impossible de recommencer. Vous avez échoué, un point c’est tout.
Les actions étendues sont le meilleur moyen d’accomplir cer-
tains exploits, et les systèmes de règles décrits dans le chapitre six
les utilisent fréquemment. Or étant donné le nombre de jets de dés
demandés, elles doivent intervenir au bon moment et ne pas nuire
au rythme du jeu. Notez que l’intervalle des jets pour les actions
étendues n’est pas forcément le tour. Cela peut être n’importe quel
segment de temps de jeu déterminé par le conteur. Dans l’exemple
du rituel sidhe, celui-ci se prolonge pendant une semaine et implique
de résister à différentes pratiques magiques au cours de cette période.
De la même manière, il pourrait se terminer en une journée, voire
en une heure, si le conteur estime que c’est la meilleure option pour
sa chronique. Pour plus d’informations sur les intervalles de temps
et leur lien avec les règles du jeu, rendez-vous page 248.
Exemple : votre Sluagh s’échappe du laboratoire, emportant sur son
épaule l’héritier inconscient du baron. Tout se passe parfaitement bien
jusqu’à ce que l’alarme se déclenche, que les projecteurs s’allument et que le
bruit des bottes des agents de sécurité résonne dans tout l’immeuble. Vous
décidez que la meilleure chance qu’a votre personnage de s’échapper reste de
fuir dans les bois alentour avec son précieux fardeau, de trouver un endroit
sûr pour se cacher et d’y passer le reste de la nuit. Le conteur décrète que
pour parvenir à accomplir tout cela, vous devez obtenir 15 réussites sur
un jet étendu de Survie (difficulté 7). De plus, comme il est encore tôt
et que les gardes vont sans aucun doute passer l’endroit au peigne fin et
vous chercher toute la nuit, vous ne pouvez faire qu’un seul jet par heure
pendant les neuf prochaines heures.
Votre Sluagh possède 4 en Astuce et 2 en Survie, ce qui vous permet
de lancer six dés chaque heure de temps de jeu. Le premier jet est une
catastrophe, puisque vous obtenez un échec critique. Mais vous avez
quand même de la chance, car il intervient avant que vous ayez pu
accumuler des réussites. Votre changelin doit donc s’enfoncer plus loin
dans la forêt s’il ne veut pas être découvert (et selon les règles, vous devez
réussir un jet de Dextérité + Furtivité). Vous obtenez 4 réussites sur le
deuxième jet, ce qui est un net progrès. Le troisième jet fait grimper votre
total à 7 réussites, mais le quatrième est un échec. Vous savez qu’il vous
reste cinq tentatives pour obtenir les huit réussites qui vous manquent,
mais qu’il suffit d’un échec critique pour que les gardes tombent sur votre
planque. Votre Sluagh a vu l’intérieur du laboratoire, et il n’a aucune
envie d’y retourner.

Les actions en opposition

Une difficulté chiffrée ne suffit pas pour représenter les conflits
entre plusieurs personnages. Par exemple, un Troll peut lutter avec
l’un de ses pairs et tenter de lui prouver sa puissance. Dans un tel
cas, il s’agit d’un jet en opposition : chaque personnage fait un jet
contre une difficulté (souvent déterminée par les caractéristiques
de l’adversaire), et celui qui obtient le plus de réussites l’emporte.
Vous ne conservez que les réussites qui dépassent celles
obtenues par votre adversaire. En d’autres termes, les réussites
de l’adversaire annulent les vôtres, tout comme les « 1 ». Si vous
obtenez quatre réussites et votre adversaire trois, il ne vous en
reste qu’une : une réussite marginale. De ce fait, il est difficile
d’obtenir un succès éclatant dans une action en opposition. Sur
une égalité, le personnage disposant de l’attribut le plus élevé
l’emporte. Si ce score est le même pour les deux participants,
comparez les capacités. Si celles-ci sont à nouveau égales, le conteur
peut leur faire lancer un seul dé et le résultat le plus haut gagne.
Il peut aussi décréter que les deux adversaires restent à égalité et
qu’aucun ne parvient à se détacher.
Certaines actions, comme un marathon ou la longue diatribe
prononcée devant une maison noble afin d’exposer la corruption
des Sidhes, peuvent être à la fois étendues et en opposition. Dans
ce cas, l’un des adversaires doit accumuler un certain nombre de
réussites pour gagner. Chaque tour, seules les réussites dépassant
le total de l’adversaire sont engrangées et le premier à atteindre
le total prédéfini l’emporte.
Exemple : votre personnage tente de dompter une bête chimérique
qu’elle a découverte au cours d’une récente incursion dans le Songe
proche. Son compagnon pooka tente lui aussi de gagner la confiance de
la créature, car il considère qu’il est le plus qualifié pour s’occuper de
ce genre d’entité. Au grand amusement du reste de la Bande, les deux
compères dégainent toutes les astuces qu’ils connaissent pour parvenir
à séduire la chimère.
Les joueurs interprètent leur première tentative, et il apparaît
clairement que la créature accompagnerait avec joie l’un ou l’autre
changelin, mais qu’elle hésite entre les deux. Ils se retrouvent dans une
impasse. Vous lancez le groupement de Manipulation (3) + Animaux
(2) de votre personnage, auquel s’oppose le groupement de Manipulation

Chapitre cinq : les règles 247

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

(4) + Animaux (4) du Pooka. Vous lancez cinq dés contre une difficulté de
4 (la Volonté de la chimère), tandis que le joueur du Pooka dispose de huit
dés contre la même difficulté. Vous obtenez deux réussites et votre adversaire
six, un chiffre impressionnant. Le Pooka l’a emporté, mais à quel point ?
Votre total se soustrait au sien, ce qui laisse quatre réussites en faveur du
Pooka : une réussite exceptionnelle. Non seulement la chimère se range de son
côté, mais en plus, elle l’auréole de lumière et le désigne comme vainqueur
incontesté de ce petit tête-à-tête.
Le travail d’équipe
Changelin est construit autour du travail d’équipe, des liens d’amitié,
des alliances et de la fidélité. Si la situation le permet (en général
pour une action étendue, comme négocier la paix entre Seelies et
Unseelies en guerre ou monter la garde au cours d’une longue réu-
nion interdite), les personnages peuvent travailler ensemble pour
accumuler les réussites. Si le conteur estime que le travail d’équipe
est possible pour la tâche en question et si c’est le cas, les joueurs
impliqués font des jets séparés pour leurs personnages, puis addi-
tionnent leurs réussites.
Le travail d’équipe est la meilleure solution pour faire face à une
multitude de problèmes (par exemple, abattre un Troll en colère,
exécuter un braquage complexe et aux multiples facettes, ou chanter en
parfaite harmonie pendant un concours face à une bande de Satyres
bruyants). Quand la situation exige finesse et subtilité, le conteur
peut décréter qu’il constitue plutôt un inconvénient. Souvenez-vous
que plus le nombre de dés lancés est élevé, plus les chances d’échecs
critiques augmentent et risquent de réduire à néant les efforts de
tous. Il vaut parfois mieux s’abstenir.
Le temps
Votre chronique n’a nul besoin de suivre chaque instant de la vie
d’un changelin. Une session peut se dérouler sur quatre semaines,
quatre jours ou encore quatre heures en jeu. Au cours des scènes
où se déroulent des actions, divisez le temps en tours afin d’offrir à
chaque participant une chance d’agir. La durée de ces tours s’adapte
aux besoins de la situation.
Pour aider à garder un sens au passage du temps, Changelin
utilise six unités de base pour décrire le temps de jeu.
Tour : le temps nécessaire pour effectuer une action assez simple.
Cela peut aller de trois secondes à trois minutes, selon le rythme
de la scène.
Scène : comme la division d’une pièce ou d’un film, la scène
est une courte période d’actions et d’interactions situées dans
un même lieu et pendant une durée limitée. Cela pourrait être
une attaque sur un Domaine unseelie ou une séance avec un
thérapeute. Il n’existe aucune limite sur le nombre de tours dans
une scène, et s’il faut parfois des jets de dés sur un conflit, ils sont
par exemple inutiles pour une simple conversation. D’ailleurs,
la durée d’un tour peut changer d’une scène à l’autre. Une
scène de combat peut être constituée de tours très courts, alors
qu’une poursuite haletante à travers la foule peut commencer
lentement, mais se terminer par une succession rapide de tours
brefs tandis que la proie réalise qu’elle est suivie et tente de
s’échapper.
Chapitre : une partie indépendante d’un scénario, en général
jouée en une seule fois. Le chapitre est constitué d’un certain
248 Changelin : le Songe
nombre de scènes reliées par des ellipses. En gros, l’équivalent
d’un chapitre de roman ou d’un acte d’une pièce de théâtre.
Scénario : une histoire complète, avec une introduction, une
action qui se développe, des rebondissements et un final. Certains
scénarios peuvent comporter de nombreux chapitres, d’autres
peuvent être achevés en une fois.
Chronique : une série de scénarios reliés par les personnages
eux-mêmes et leurs groupes (comme une Bande ou un Cercle
juré), avec éventuellement un thème général et une intrigue de
longue haleine.
Ellipse : le temps qui est décrit plutôt que joué au tour par
tour. Lorsque les personnages attendent, guérissent de leurs
blessures ou entreprennent une action qui ne nécessite pas de
déplacement, le conteur peut invoquer une ellipse, ce qui lui
permet de passer rapidement sur un intervalle de peu d’inté-
rêt. Bien utiliser l’ellipse participe grandement au rythme de
la chronique. Les joueurs peuvent réaliser des actions simples
et sans opposition durant cette période : « Avant de partir en
expédition vers les Plaines rouges, tu rends visite aux membres
de ta famille de Kinains pour leur dire que tu les aimes ». À l’in-
verse, une ellipse peut déboucher sur un nouveau scénario si
les joueurs décident de creuser un détail découvert au cours
de cet intervalle.
Exemples de jets
Le système de l’art du conte a pour premier objectif la flexibilité, il
en résulte un grand nombre de traits, en particulier parmi les capa-
cités. Vous associez des attributs et des capacités (sans compter les
historiques, le Glamour et la Banalité quand cela s’avère approprié)
pour provoquer un effet ou surmonter une épreuve et il revient au
conteur de décider quels traits entrent en action. N’hésitez pas à
faire une contre-proposition si vous pensez qu’un autre trait serait
plus adapté à une action précise. Servez-vous de votre personnage
de manière intéressante et variée et vous vous amuserez beaucoup
plus avec les ronds noircis sur votre feuille.
Les exemples suivants vous donnent quelques idées de ce qui
peut arriver durant une partie.
Vous vous retrouvez la nuit dans un lieu mal éclairé du Domaine,
et vous essayez de déterminer le meilleur itinéraire pour éviter
d’éventuelles embuscades. Faites un jet d’Astuce + Survie (dif-
ficulté 7).
Vous décidez d’utiliser l’obscurité pour éviter des agresseurs
potentiels au lieu de les affronter. Faites un jet de Dextérité
+ Furtivité (difficulté égale à la Perception + Vigilance du chef
de la bande).
Vous vous retrouvez coincé par un Bonnet rouge à l’air sévère
qui vous adresse un sourire cruel. Vous vous défiez du regard
et entamez une action étendue. Faites un jet en opposition de
Vigueur + Intimidation (difficulté 6). Chacune de vos réussites
annule une réussite parmi celles de votre adversaire, et le premier
à accumuler trois réussites gagne l’affrontement.
Vous tenez bon et tentez de convaincre votre agresseur que compte
tenu de votre réputation et de votre rang, il serait plus inspiré
de ne pas vous arrêter. Faites un jet de Charisme + Expression
(difficulté égale à la Volonté de votre adversaire).
Vous découvrez que l’armurerie est verrouillée. Sans réelles
compétences de cambrioleur, vous décidez d’enfoncer la porte
à l’endroit où devrait se trouver la serrure plutôt que de la
crocheter. Faites un jet de Force + Larcin (difficulté 8).
Vous êtes en train de fouiller l’atelier en désordre du Nocker
qui s’est absenté, à la recherche de ces balles en argent qu’il
s’est vanté de fabriquer devant vous. Faites un jet d’Astuce
+ Investigation (difficulté 7).
Une chimère joueuse s’échappe du placard que vous venez
d’ouvrir. Vous vous demandez si l’entité taquine est vraiment
intelligente, car si c’est le cas, elle pourrait bien avoir quelques
indices à vous révéler sur la cachette des balles en argent. Faites
un jet de Perception + Gremayre (difficulté 6) si vous lui parlez
dans sa langue, ou de Perception + Acuité (difficulté égale au
Glamour de la créature) si vous vous en remettez à la seule
observation.
La chimère vous guide jusqu’à l’un des trésors du Nocker, une
arme à feu magique à l’aspect franchement étrange qui vous
invite à travailler sur son mécanisme. Faites un jet d’Intelligence
+ Artisanats (difficulté 8).
La tentation d’essayer ce pistolet sur le champ de tir à l’arrière
de la boutique est trop forte. Vous décidez donc d’aller tirer
quelques balles avec elle. Faites un jet de Dextérité + Arme à
feu (difficulté 6). Si vous utilisez le mode automatique et que
vous obtenez trois réussites, vous avez touché la cible trois fois.
De même, vous pouvez prendre votre temps entre chaque tir
et lancer trois jets séparés.
Vous supposiez que le sac sur lequel vous avez fait feu était
rempli de grain ou de paille. Mais il se met soudain à hurler et
à présent, il saigne abondamment, ce qui vous donne envie de
vomir. Faites un jet de Vigueur (difficulté 5).
Vous sortez la victime que vous venez de tuer de la toile de jute
qui la recouvre, et sa tête vous dit quelque chose. Faites un jet
d’Intelligence + Politique (difficulté 6).
Quand vous réalisez, accablé, que vous avez trucidé le baron
du Domaine, ligoté comme un poulet, vous fuyez la scène du
crime. Vous tentez donc de mettre le plus de distance entre vous
et l’armurerie, surtout que les gangs du quartier ont entendu
les coups de feu. Faites un jet étendu de Vigueur + Athlétisme
(difficulté 7) par minute en jeu, afin de simuler une longue
course. Si vous parvenez à accumuler quinze réussites, vous
vous retrouvez très loin du bâtiment et de n’importe qui dans
le voisinage.
Hors d’haleine, vous jetez un œil par-dessus votre épaule,
histoire de vous assurer que personne ne vous court après, et
vous remarquez une forme iridescente au sommet de la colline
derrière vous. Faites un jet d’Astuce + Occultisme (difficulté 6).
Heureusement, la chimère avec laquelle vous avez fait ami-ami
ne vous veut aucun mal, mais elle semble alarmée par ce qui
vient de se passer à la boutique. Vous tentez de la calmer en
la cajolant gentiment. Faites un jet de Charisme + Animaux
(difficulté 5).
Vous revenez auprès de votre Cercle juré et tentez de convaincre
tout le monde que le baron est mort, sans révéler votre culpabi-
lité. Faites un jet de Manipulation + Subterfuge (difficulté égale
au plus haut groupement de Perception + Empathie).
Votre compagnon pooka ne croit aucun de vos bobards et vous
envoie un crochet dans la mâchoire en récompense de votre
stupidité. Faites un jet de Dextérité + Athlétisme (difficulté 6)
pour esquiver, opposé à la Dextérité + Bagarre (difficulté) du
Pooka.
Votre meilleur pote, un Eshu, pense que les lois du duc par-
donnent une mort non intentionnelle, mais vous n’êtes pas
d’accord avec son interprétation. Faites un jet de Charisme
+ Droit (difficulté 6) en opposition à celui du conteur qui
incarne votre ami, afin de déterminer si votre Cercle juré vous
soutient ; chacune de vos réussites soustrait une réussite au jet
de l’Eshu et vice versa.
Le sbire du duc, une Troll, défonce la porte de votre club tandis
que vous concluez. Elle exige qu’un représentant l’accompagne
sur le Sentier de son seigneur. Vous tentez de vous avancer crâ-
nement. Faites un jet d’Apparence + Commandement (difficulté
7) pour qu’elle vous prenne au sérieux, étant donné que vous
tremblez visiblement comme une feuille.
On vous jette sans ménagement au pied du duc, un Sidhe qui
vous ordonne froidement d’expliquer ce que vous faisiez dans
l’atelier du Nocker. Faites un jet d’Astuce + Étiquette (difficulté
6) pour vous rappeler sur-le-champ comment s’adresser correc-
tement à lui, alors que vous passez en revue vos précédentes
lectures.
Vous crachez le morceau sans hésiter et le duc vous écoute avec
attention lorsque soudain, un concert de hurlements terrifiants
se fait entendre sur le Sentier à l’extérieur du palais ducal et
vous rappelle les balles en argent que vous vouliez récupérer chez
l’armurier. Faites un jet de Perception + Gremayre (difficulté 8)
pour localiser d’un côté la Voie d’argent un peu plus loin sur ce
Sentier, et de l’autre les loups-garous qui suivent votre odeur.
À vous de décider si vous avez l’intention de conduire aussi le
duc en sécurité…
Chapitre cinq : les règles 249
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre Six :
systèmes & effets
dramatiques
« Contente-toi de me craindre et de m’adorer, fais ce que je dis et je serai ton esclave. »
– Jareth, le Roi Gobelin, Labyrinthe
N ous jouons tous à faire semblant, que ce soit avec
nous-mêmes ou avec les autres, et ce dernier
cas a l’avantage de proposer un objectif et une
direction créative unifiés. Lorsque des amis participent,
c’est génial ! Pourtant, quand autant d’esprits et de cœurs
racontent la même histoire, opinions et idées divergentes
surgissent à coup sûr et rendent le résultat quelque peu
incertain. C’est là que les règles interviennent. Si un
système résout ces questions, le jeu se déroule sans accroc
et un récit unique naît de ces nombreuses perspectives.
Vous trouverez au fil des pages suivantes un certain
nombre de règles qui vous permettront de décider et de
suivre des actions, des besoins et des dangers divers. Ce
chapitre vous offre une compréhension plus profonde du
cœur d’un changelin (y compris le Glamour et la Banalité),
ainsi que les menaces jumelles, et pourtant opposées, du
Tumulte et de l’Oubli. Nous y discutons aussi combat,
que ce soit dans sa version chimérique d’une bataille où
les étendards claquent au vent, ou bien dans celle, tout à
fait réelle et mortelle, d’une bagarre au couteau au fond
d’une sombre impasse. Nous évoquerons par la même
occasion les différentes manières de blesser et de guérir,
ainsi qu’une foule de situations dans lesquelles vos per-
sonnages peuvent se retrouver. Nous terminerons le tout
par un exemple de jeu afin de vous montrer comment
tous ces systèmes fonctionnent ensemble.
Systèmes
dramatiques
Les seules limites à vos actions résident dans votre imagi-
nation et les capacités de votre personnage. Durant une
partie, les personnages des joueurs comme ceux du conteur
peuvent tenter d’innombrables actions, aussi complexes
que diverses. Le conteur doit en organiser la succession
et en arbitrer le résultat, bon ou mauvais, pour tous.
Les systèmes dramatiques simplifient son travail en
lui fournissant les règles applicables à de nombreuses
actions courantes. Le conteur devrait, et il le fera sans
aucun doute, inventer ses propres systèmes dramatiques
pour les situations inédites. La liste qui suit n’est pas
exhaustive, mais elle constitue une base solide.
Les actions automatiques
Beaucoup d’actions entreprises par les personnages sont
automatiques, car elles sont tellement faciles qu’elles ne
requièrent aucun jet de dés. Par exemple, marcher, trottiner
ou courir réussissent toujours, à moins que des circons-
tances particulières ne se produisent. Cela peut être le cas
lors d’une poursuite, quand on veut traverser un terrain
accidenté sans tomber ou qu’on tente d’esquiver des tirs.
251
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Déplacement
Dans des circonstances normales, un personnage peut marcher,
trotter ou courir. En marchant, il peut se déplacer de 7 mètres par
tour. S’il trotte, il parcourt 11 + Dextérité mètres par tour, plus un
nombre de mètres égal à son score en Dextérité. S’il court, il franchit
18 + (3 x Dextérité) mètres par tour.
Il arrive parfois qu’un personnage souhaite rester hors de vue,
ou bien qu’il soit blessé et ne puisse plus se relever. Il doit parfois
évoluer dans un espace réduit, ce qui nécessite qu’il reste au niveau
du sol ou qu’il parvienne à se glisser à l’intérieur. Il n’a pas besoin
d’effectuer de jet s’il rampe, sauf si les circonstances l’exigent. Par
exemple, s’il doit faire très attention à ne pas faire de bruit ou à ne
pas toucher les parois d’un tunnel, il devra progresser lentement.
Tenter d’échapper à ses poursuivants peut aussi nécessiter un jet
de dés, tout comme courir dans une situation dangereuse (avancer
sur une fine couche de glace ou fuir un conflit). Dans ces cas, le
personnage aura aussi besoin de garder l’équilibre ou d’éviter que
d’autres ne le blessent. Le joueur devrait alors faire un jet de Dextérité
pour ne pas tomber ou utiliser l’Athlétisme pour réussir à se déplacer.
Passer
Cela se produit généralement au cours d’un combat ou lorsque des
actions nécessitent un jet de dés. Le personnage laisse agir celui qui
se trouve directement après lui dans l’ordre de l’initiative. Il peut
quand même effectuer son action à la fin du tour, ou encore choisir
d’interrompre un autre personnage plus loin dans l’ordre d’initiative,
à n’importe quel moment au cours du tour.
Dépenser du Glamour
et de la Volonte
Ces deux autres actions sont automatiques, car elles ne nécessitent
pas de jet de dés.
pour certains types d’escalade. S’il gèle ou s’il neige, la tâche peut
se révéler beaucoup plus ardue.
Difficulté Description
2 Facile : un arbre avec de nombreuses branches
4 Simple : une falaise ou un mur avec de nombreuses prises
6 Moyenne : un arbre avec des branches fines
8 Difficile : une surface avec peu de prises
10 Extrêmement difficile : un gratte-ciel de verre
Tours de force
La Force s’emploie souvent seule, sans y ajouter de capacité, car elle
se suffit en général à elle-même. Si le score du personnage est égal ou
supérieur à la difficulté de l’action qu’il tente d’accomplir, il réussit
automatiquement. Il n’aura besoin de faire un jet que si la difficulté
de la tâche est supérieure à son groupement de dés.
Dans ce cas, il s’appuie sur sa Volonté et non sur sa Force, et la
difficulté d’une telle action est généralement de 9. Des conditions
environnementales, la nature de l’objet ou les besoins du scénario
peuvent influencer cette valeur.
Chaque réussite obtenue sur le jet de Volonté permet au person-
nage de progresser d’une ligne sur le tableau ci-dessous, et le bonus
maximal ajouté à son attribut sera égal à 5. Ainsi, si sa Force est
égale à 4 et qu’il veut briser un tuyau de plomb de 10 centimètres
de diamètre (ou son équivalent), il devra obtenir quatre réussites
sur son jet.
Groupement Tour de force Poids
soulevé

Les actions physiques 1

2
Écraser une canette de bière
Briser une chaise en bois
20 kg
50 kg
Ces systèmes regroupent les actions faisant appel aux trois attributs
physiques (Force, Dextérité et Vigueur). 3 Enfoncer une porte en bois 125 kg
4 Briser une poutre de bois 200 kg
Combat 5 Enfoncer une porte coupe-feu 325 kg
Si un personnage décide de faire feu ou de porter une attaque phy-
métallique
sique, son joueur lance un nombre de dés égal à sa Dextérité + la
capacité de combat appropriée (Armes à feu, Mêlée ou Bagarre). 6 Lancer une moto 400 kg
Pour plus d’informations, reportez-vous à la section intitulée « Le 7 Renverser une petite voiture 450 kg
système de combat » à partir de la page 275.
8 Briser un tuyau de plomb 500 kg
Escalade de 10 cm de diamètre
Lorsque votre personnage escalade une surface (un arbre, un bâtiment 9 Traverser d’un coup de poing 600 kg
ou une pile de caisses), faites un jet de Dextérité + Athlétisme. La un mur en béton
difficulté de cette tâche dépend du type de surface, de sa hauteur
10 Éventrer un baril en acier 750 kg
et de son escarpement, et parfois des conditions météorologiques.
À moins que ce ne soit sur une très courte distance, escalader 11 Traverser d’un coup de poing 1 000 kg
est très souvent une action étendue ; chaque réussite obtenue sur le une plaque de 2,5 cm de métal
jet de dés permet au personnage de parcourir 1,5 mètre, et l’action 12 Briser un réverbère métallique 1 500 kg
étendue dure jusqu’à ce qu’il soit parvenu à accumuler suffisamment
de réussite pour atteindre la hauteur voulue. Si vous ratez le jet, votre 13 Lancer une voiture 2 000 kg
personnage ne progresse pas à ce tour. En cas d’échec critique, il 14 Lancer une camionnette 2 500 kg
tombe (ou glisse) et ne peut pas retenter son action si vous ne dépensez
pas un point de Volonté. Bien entendu, il peut se blesser si la chute 15 Lancer un camion 3 000 kg
est trop rude. Le tableau ci-dessous indique les difficultés possibles

252 Changelin : le Songe

Sauter
Effectuer un saut en hauteur, en longueur avec ou sans élan, nécessite
un jet de Force + Athlétisme.
En règle générale, la difficulté de cette action est de 3. Cependant,
les conditions météorologiques, les aires d’atterrissage étroites et
d’autres problèmes peuvent l’influencer, tout comme la forme adop-
tée par le changelin. Par exemple, un Pooka transformé en gazelle
diminuera probablement cette difficulté au minimum de –2. L’action
requiert un jet et le personnage réussit ou rate.
Le nombre de réussites nécessaires dépend de la distance à
franchir et si le saut est vertical ou horizontal. Le tableau ci-dessous
peut vous donner une idée de l’échelle.
Type de saut Nombre de mètres/réussite
Vertical (en hauteur) 1 Le conteur détermine le nombre de réussites qu’il devra accu-
Horizontal (en longueur) 2 muler pour parvenir à suivre sa cible jusqu’à sa destination. Après
Poursuite
Ce système permet de déterminer ce qu’il se passe lorsqu’un per-
sonnage en poursuit un autre. La cible commence avec un certain
nombre de réussites (deux par tour d’avance ou une par réussite
obtenue sur un jet de Dextérité + Athlétisme).
Le poursuivant doit parvenir à égaler ou dépasser cette valeur
pour la rattraper. Ce dernier peut décider de s’arrêter au milieu de
sa course afin d’ajuster un tir éventuel. Dans ce cas, il doit s’immo-
biliser ou ralentir considérablement l’allure pour viser, ce qui peut
lui faire perdre sa proie de vue. S’il parvient à la rattraper, il peut
tenter de l’agripper (cf. Agripper, page 277). Changer brutalement de
direction, tourner au coin d’une rue ou traverser une zone pourvue
de nombreuses cachettes potentielles peut ajouter de nouvelles com-
plications. Si la cible parvient à échapper à son poursuivant pendant
trois tours, celui-ci perd sa trace, mais à moins qu’elle n’emprunte
un véhicule pour quitter les lieux, il peut tenter de la retrouver.
Réparation
Dans les histoires, les choses semblent toujours tomber en panne
au mauvais moment. Les voitures calent en plein désert, les moyens
de communication se débrouillent pour ne plus fonctionner dans la
jungle ou loin de tout professionnel de la réparation. Les appareils
chimériques peuvent tout à fait se montrer têtus ou irascibles et
il faudra les persuader (ou les menacer) pour les faire à nouveau
fonctionner.
Lorsque l’équipement tombe en panne ou subit des dégâts, il
faut le réparer avant de pouvoir s’en resservir. La difficulté d’une
telle action est déterminée par la complexité du travail (cf. tableau),
et l’on procède à ces réparations grâce à un jet étendu de Dextérité
+ Artisanats ou Technologie (cf. « Les actions étendues », page 246).
Filature
Lorsqu’un personnage a besoin de suivre quelqu’un sans se faire
remarquer, il « file » sa cible. Il peut procéder à pied ou dans un
véhicule (même s’il ne conduit pas et demande à un chauffeur de
taxi de s’en charger, tant qu’il précise de la suivre avec attention
et sans être repéré). Le joueur fait un jet d’Astuce ou de Dextérité
+ Perception, ou de Perception + Conduite s’il se trouve à bord d’un
véhicule. La difficulté est généralement de 6, mais elle peut varier
en fonction de la densité de la foule, du mauvais temps ou selon
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Réparation Difficulté Nb de réussites
Réparation mécanique simple 4 3
Soudure 5 2
Panne électronique 5 5
Remplacer une pièce 6 10
Faire redémarrer une voiture 6 5
Réparation automobile difficile 7 10
Révision d’un système 8 20
Bug technique 9 2
que la cible est plus ou moins distraite. Chaque réussite permet au
personnage de poursuivre avec succès sa filature pendant un tour.
le premier échec, il la perd brièvement de vue, mais peut tenter de
reprendre la chasse au tour suivant. Un deuxième échec signifie qu’il
a perdu sa trace pour de bon. Il ne pourra pas la retrouver à moins
d’avoir une idée ingénieuse sur la façon de procéder (peut-être s’il
grimpe sur le toit d’un immeuble pour bénéficier d’une meilleure
vue ?). En cas d’échec critique, il perd sa trace et rencontre un nou-
veau problème, comme un affrontement entre bandes rivales, un
vampire affamé ou toute autre complication.
Si la cible observe les environs pour repérer un éventuel pour-
suivant, le conteur fait un jet de Perception + Vigilance (difficulté
égale à la Furtivité du personnage + 5 ; cette valeur peut varier en
fonction des mêmes modificateurs évoqués plus haut). Il s’agit d’une
action en opposition (cf. page 247).
Furtivité
Cette action sert au personnage qui doit se dissimuler dans les
ombres ou échapper à l’attention de quelqu’un (par exemple, s’il
essaie de passer un garde ou un adversaire). Le joueur fait un jet de
Dextérité + Furtivité (difficulté égale au groupement de Perception
+ Vigilance du garde ou de l’ennemi). Il peut « se faufiler » par une
entrée que personne ne surveille, mais le conteur peut demander
un jet pour déterminer s’il reste hors de vue et silencieux, car on
peut l’entendre et venir vérifier ce qu’il se passe. Si un individu
recherche activement des intrus, on peut le considérer comme un
garde ou un adversaire.
Pilotage
Dans certains cas, conduire une voiture, une moto ou un véhicule
motorisé nécessite une compétence particulière. Au cours d’une
poursuite, un Pooka fait trois tonneaux avant de retomber en
contrebas de la route sur ses quatre roues et sans dommage. Son
partenaire troll défie la mort alors que son camion fonce hors d’un
tunnel ravagé par une explosion. Grâce à la cascade, toutes ces
manœuvres deviennent possibles, et sont exécutées avec classe ! Le
tableau ci-dessous guidera le conteur lorsqu’il devra en déterminer
la difficulté. Les jets de dés ne servent pas à quantifier la vitesse
de la voiture, mais à savoir si le conducteur reste sur la route (et
réussit sa manœuvre). Les véhicules sont classés en fonction de leur
manœuvrabilité et de leur vitesse de sécurité maximale. Comme ils
peuvent se déplacer plus ou moins vite, les poursuites dépendent
du moyen de locomotion utilisé.
253
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Les personnages peuvent accomplir certaines actions pour rat- Véhicule Vitesse de Vitesse Manœuvrabilité
traper (ou semer) un autre véhicule. Tourner brusquement au coin croisière maximale
d’une rue, faire demi-tour, mettre sa voiture en travers de la route Camion 90 180 4-5
pour bloquer le passage ou changer soudain de file afin d’emprunter
une sortie sont toutes des actions qui requièrent une manœuvre. Si Autobus 90 160 3
un personnage entreprend l’une d’entre elles, son adversaire devra Semi-remorque 110 180 4
faire de même pour obtenir les mêmes résultats.
Le joueur fait un jet d’Astuce ou de Dextérité (il choisit le plus Berline 110 190 5
élevé) + Conduite, sans toutefois que son groupement dépasse l’indice Camionnette 90 190 6
de manœuvrabilité du véhicule. Chaque manœuvre dispose d’une
Compacte 110 210 6
difficulté de base (voir le tableau ci-contre). Le conteur décide de la
vitesse de sécurité maximale à laquelle elle peut être effectuée. Si le Compacte sport 160 220 7
personnage dépasse cette vitesse, la difficulté augmente de +1 par Coupé sport 180 240 8
tranche de 15 km/h au-dessus de cette valeur, ou il échoue sa tentative.
Vitesse de croisière : la vitesse de déplacement normale du véhicule. Sportive 180 260 9
Vitesse maximale : la vitesse maximale du véhicule. Formule 1 220 380 10
Manœuvrabilité : certains véhicules sont plus maniables que d’autres.
La manœuvrabilité indique le nombre maximum de dés dans le
groupement du personnage qui est aux commandes.

254 Changelin : le Songe

Les actions sociales
Ces systèmes regroupent les actions faisant intervenir les trois attributs
sociaux (Apparence, Manipulation, Charisme). Les actions sociales
se résolvent généralement par l’interprétation et l’interaction des
personnages entre eux. Après tout, elles sont au cœur du jeu de rôle
et offrent autant aux joueurs qu’au conteur la chance d’incarner
leurs protagonistes. Néanmoins, vous n’avez parfois pas le temps ou
la patience de composer un sonnet ou de jouer une longue épreuve.
Certains joueurs peuvent même s’ennuyer quand il n’y a pas assez
d’action et tous ne peuvent égaler le charisme ou le bagout de leur
personnage. Ces jets peuvent s’avérer utiles dans ces circonstances.
Étiquette de cour
Que l’on appartienne à la Cour seelie ou unseelie, les intrigues et les
subtilités de la société changelin peuvent nécessiter quelques expli-
cations. De la même manière, certains échanges avec les humains
se révèlent parfois déconcertants pour un personnage. Si le joueur
essaie de déterminer quels vêtements son personnage doit porter à
la cour ou lors d’un bal costumé, ou bien de mesurer à quel point
il se montre bon juge de ses pairs, un jet d’Étiquette peut l’aider à
naviguer dans des situations délicates qu’il ne saurait peut-être pas
gérer, mais qui ne poseraient aucun problème à son protagoniste.
Le joueur fait un jet de Perception + Étiquette (difficulté 6) afin
de saisir les nuances ou le sens caché des actions des autres. Avec un
jet de Manipulation + Étiquette (difficulté 7), le personnage pourrait
réussir à placer une insulte ou une pique bien sentie à un rival qui
se trouverait bien en peine pour répliquer. Cela peut parfois lui
permettre de porter une attaque décisive dont sa cible n’aura pas
conscience, ou qui l’embarrassera trop pour souhaiter y répondre.
Crédibilité
Si le personnage essaie de convaincre quelqu’un de la véracité
de ses dires, le conteur peut demander au joueur de faire un
jet de Manipulation + Empathie (difficulté égale à l’Intelligence
+ Subterfuge de l’interlocuteur), et prendre la situation en compte
pour appliquer d’éventuels bonus ou malus. Le personnage essaie-
t-il de convaincre un policier qu’il est bien celui qu’il prétend être ?
Témoigne-t-il au cours d’un procès ? Diminuez cette difficulté s’il dit
bien la vérité. L’honnêteté mobilise moins de signes comportementaux
et ne montre aucune des caractéristiques indiquant un mensonge.
Chaque réussite renforce le degré de crédibilité des propos.
Avec cinq réussites, l’interlocuteur est tout à fait convaincu. En cas
d’échec, il n’y croit pas et en cas d’échec critique, il prend (ou croit
l’avoir pris) le personnage en flagrant délit de mensonge.
Intimidation
Lorsque deux personnages se lancent dans un duel de volonté et
qu’aucun d’entre eux ne veut céder, utilisez ce système. Ils n’échangent
aucune parole et se contentent de se fixer l’un l’autre d’un air
menaçant ou moqueur. Les Sidhes prétendent être les maîtres de
cette technique, mais les Trolls offrent autant de résistance que leurs
adversaires et les Bonnets rouges en restent les experts incontestés.
Tous les participants font un jet en opposition de Charisme
+ Intimidation. Celui qui obtient le plus de réussites l’emporte et
le perdant détourne le regard. Un joueur peut dépenser un point de
Volonté à chaque tour pour ne pas concéder l’avantage ou perdre le
défi, et ce jusqu’à ce qu’il ait épuisé sa réserve.
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Il arrive parfois qu’un des adversaires, ou les deux, essaie de
pousser l’autre à abandonner, comme un Pooka qui ferait des gri-
maces à son vis-à-vis pour le faire éclater de rire. Le conteur peut alors
tenir compte des circonstances et demander un jet supplémentaire.
Baratin
Par ce biais, un personnage tente d’intimider ou de mystifier quelqu’un
et ainsi l’obliger à se soumettre. Le joueur fait généralement un jet
de Manipulation + Subterfuge, bien qu’il soit possible d’utiliser le
Charisme ou l’Apparence associés à l’Expression, l’Intimidation ou
une autre capacité que le conteur jugera appropriée. La difficulté de
cette action sera égale à la Volonté de la cible et en cas de succès,
celle-ci sera désorientée.
La victime peut faire un jet en opposition d’Astuce + Subterfuge.
Si le personnage utilisant le Baratin rate son jet, il bafouille et lui
laisse l’occasion de s’expliquer ou de baratiner à son tour. L’échange
peut se poursuivre jusqu’à ce que l’un des participants rate son jet ou
obtienne un échec critique. Plusieurs jets peuvent s’avérer nécessaires
pour vraiment plonger l’un ou l’autre dans la confusion. Si l’utili-
sateur obtient un échec critique, sa cible ne perd pas ses moyens,
mais se met en colère. De plus, il ne pourra plus jamais utiliser le
Baratin sur cet adversaire.
Interrogatoire
Les Sidhes, les Sluaghs et les Bonnets rouges excellent dans ce
domaine. En substance, il s’agit d’une forme de questionnement
intensif, non de torture. Bien sûr, l’associer à un peu d’Intimidation
fonctionne toujours.
Le joueur du personnage qui interroge fait un jet de Manipulation
+ Intimidation (difficulté égale à la Volonté de la cible). Le nombre
de réussites indique la quantité d’informations récupérées. En cas
d’échec, il n’apprend rien et en cas d’échec critique, sa cible ne lui est
plus d’aucune utilité. Elle s’est peut-être mentalement effondrée ou
a été victime d’une crise cardiaque, et ne peut donc plus parler. Elle
peut aussi se montrer tellement peu impressionnée par son interlo-
cuteur qu’elle est prête à subir n’importe quel traitement de sa part.
La cible peut faire un jet de Volonté en opposition pour ne pas
révéler quoi que ce soit, mais la plupart des spécialistes de l’interro-
gatoire savent que le temps joue pour eux.
Art oratoire
Le seigneur vient de remporter une longue bataille et a repris son
Domaine. À présent, il se tient face à ses sujets et doit rassurer
les roturiers sur son intention de régner avec équité. Bien sûr, le
joueur peut prononcer ce discours, mais il peut tout autant choisir
de lancer les dés afin de déterminer l’impact qu’il aura sur la foule.
Il devrait décrire ce que son personnage dit ou veut accomplir, et
donner quelques-uns des arguments qu’il utiliserait, voire une phrase
marquante qu’il aimerait prononcer (« La concorde ou la corde !
Nous n’avons pas le choix. »).
Le joueur fait un jet de Charisme + Commandement, contre
une difficulté déterminée en fonction de l’humeur ou de la bonne
volonté de la foule. Quelques détails peuvent l’influencer, comme
le point de vue impopulaire ou la réputation de l’orateur. De même,
son Apparence peut pousser les gens à l’écouter plus volontiers.
Le nombre de réussites mesure l’impression laissée par le dis-
cours sur le public, mais le joueur ne peut faire qu’un seul jet. S’il
le rate, les gens se contentent de l’ignorer, mais s’il obtient un échec
critique, il peut se faire huer, voire bombarder de légumes pourris.
255
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Si le discours est d’une importance cruciale au scénario et que
le joueur échoue lamentablement, le conteur peut l’autoriser à faire
un jet étendu afin d’accumuler le nombre de réussites qu’il aura
fixé. Prononcer une partie de cette allocution pourrait diminuer
sa difficulté. Le joueur d’un autre personnage peut devoir prendre
le relais et recommencer depuis le début, ou bien appuyer certains
arguments utilisés par le précédent orateur. Il peut aussi avoir besoin
d’employer d’autres capacités, comme Représentation, pour faire
un peu d’esbroufe et attirer l’attention de la foule. Conteurs, laissez
donc les personnages faire feu de tout bois !
Représentation
Ce système peut servir à mesurer la réaction du public face à la
représentation donnée par un personnage, quelle que soit sa forme
(comédie, musique, déclamation, numéro d’acrobate, danse de rue,
danse classique ou conte). Cette prestation peut se dérouler dans
une salle de spectacle, une boîte de nuit ou un bout de trottoir.
Le joueur fait un jet de Charisme + Expression (ou Subterfuge,
Étiquette ou tout autre trait en rapport avec la représentation). Le
conteur détermine la difficulté de l’action en fonction de la réceptivité
du public. Si celui-ci est dehors sous la pluie et que le personnage
essaie de chanter, elle peut être beaucoup plus élevée que si les gens
sont confortablement installés dans une salle et attendent d’être
divertis. Une seule réussite indique une prestation honnête qui
vaudra quelques applaudissements polis, cinq une représentation
stupéfiante dont on parlera pendant des années.
256 Changelin : le Songe
Les actions mentales
Les actions mentales peuvent se révéler utiles en plein cœur du
scénario et pendant les ellipses. Les exemples suivants serviront aux
personnages à la recherche d’indices, ou bien qui tentent de suivre le
raisonnement de quelqu’un, ou encore qui emploient leurs talents
pour gagner une plus grande compréhension des choses. Certaines
actions, comme la recherche, peuvent servir avant d’entreprendre
une quête, au cours d’une chasse ou après la réussite de l’action
principale. Lorsque les joueurs les utilisent, le conteur devrait les
encourager à décrire avec le plus de détails possible ce que leur
personnage est en train de faire.
Interprétation des rêves
Les Kithains croient que les songes leur révèlent beaucoup de choses
significatives. Conteur eshu tentant de parcourir ses rêves pour
retrouver une histoire oubliée ou guerrier sidhe essayant d’en savoir
un peu plus sur un dangereux ennemi, chacun espère découvrir une
vérité sur soi-même, une part de légende ou une réponse qui ne se
trouve nulle part ailleurs.
Même si les changelins sont des créatures du Songe, leurs rêves
abondent de références obscures et déroutantes, de paysages étranges
et de symboles mystérieux ou entremêlés. Ils ont d’autant plus de
mal à les interpréter, à les déchiffrer ou à en percer les mystères.
Pour cette action, le conteur doit créer une séquence onirique
évoquant quelque chose que le personnage tente d’apprendre.
Bien entendu, et du fait de la nature aléatoire et extravagante des rêves,
il devrait représenter un paysage étranger et quelque peu décousu dans
lequel se déroulent des événements et des conversations bizarres. Le
rêve peut être peuplé de créatures et de personnages mythologiques,
ainsi que de gens qu’il connaît. Ces habitants peuvent être simples ou
follement familiers, et pourtant agir de manière inhabituelle. Quel
qu’il soit, l’élément choisi doit parler aux problèmes du personnage.
Celui-ci peut utiliser l’interprétation des rêves pour tenter d’ex-
pliquer ce qu’il a vécu. Le joueur fait un jet de Perception + Énigmes
(difficulté 7). Chaque réussite obtenue permet au conteur de lui
expliquer un détail précis de son rêve ou de corriger une fausse idée
qu’il s’est faite. D’autres personnages peuvent à leur tour s’essayer
à une explication, mais la difficulté sera plus élevée, en fonction de
la connaissance qu’ils ont de leur camarade.
Un changelin qui connaît l’Art de l’Oniromancie peut s’en servir
en plus ou à la place de cette action.
Recherche
L’information est capitale dans n’importe quel jeu et le savoir peut
être rare. Lorsque les personnages ignorent un élément essentiel d’une
énigme, ils doivent se tourner vers la recherche pour le trouver. Ils
peuvent découvrir indices et connaissances au sein d’une foule de
lieux, comme les bibliothèques, les journaux et les archives numériques
pour ne citer qu’eux. Ils peuvent aussi rassembler ce dont ils ont
besoin à partir de ragots, d’histoires, de conversations avec des gens
dans la confidence ou des piliers de bar avinés. La liste est longue.
Ce qui importe, c’est de savoir ce que l’on cherche et de le chercher
dans les lieux adéquats, ou bien de poser les bonnes questions aux
gens qui savent. Les personnages disposant d’un score d’Intelligence
élevé peuvent favoriser les bibliothèques ou les musées, et ceux avec
une certaine Expérience de la rue fréquenteront les quartiers chauds,
les bars et les boîtes de nuit d’une ville. S’ils comptent sur un score
de Charisme respectable, ils préféreront les rencontres dans les
cours et les salles de bal de l’élite sociales et s’ils se montrent plus
pragmatiques, ils iront parler aux ouvriers ou aux artisans.
En creusant un peu, avec une interprétation astucieuse et de la
chance, le joueur peut faire un jet d’Intelligence + Expérience de
la rue, Étiquette, Investigation ou Subterfuge pour découvrir les
réponses à ses questions. La difficulté dépendra de l’opacité de l’in-
formation qu’il recherche, mais le conteur prendra aussi en compte
la façon dont il aura incarné son personnage ou le mal qu’il s’est
donné dans sa quête de vérité.
Le nombre de réussites détermine la moisson d’informations
récoltées. Avec une seule réussite, le personnage n’obtiendra que
des éléments de base alors qu’avec cinq, il aura découvert le pot aux
roses (ou du moins tous les renseignements dont sa source dispose).
Selon l’information recherchée, le conteur peut demander un jet
étendu et en révéler un peu plus à mesure que le joueur accumule
des réussites.
Si le personnage n’est pas satisfait ou si l’histoire n’a toujours pas
de sens, il peut continuer ses recherches, mais cela lui prend plus
de temps. Une heure suffit pour l’idée générale, mais trois heures
seront peut-être nécessaires pour creuser l’affaire. Une deuxième
tentative peut occuper toute la journée dans un lieu différent, et une
troisième nécessiter trois jours. Si plusieurs personnages œuvrent de
concert, la règle du travail d’équipe (cf. page 248) devrait s’appliquer.
Les recherches ne doivent pas nécessairement se dérouler au
cours d’une ellipse. Par exemple, le personnage peut découvrir un
indice qui le poussera à entreprendre cette action. Or le temps
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
passé à débusquer une information est proportionnel à son degré
de notoriété. Plus d’un archéologue a passé sa vie à répertorier
religieusement le moindre indice sur le Graal.
En ce qui concerne les renseignements les plus sibyllins, le conteur
peut permettre aux joueurs de faire plusieurs jets et d’accumuler les
réussites au fil du scénario. Dans ce cas, un échec peut signifier qu’ils
ne trouvent rien à l’endroit qu’ils explorent. Un échec critique pourra
quant à lui leur fournir de fausses informations qui les induiront
en erreur, ou des « faits » qu’ils finiront par devoir débrouiller avec
d’autres sources fiables.
Fouille
Cette action permet au personnage de rechercher quelque chose
dans une zone de taille réduite, comme une pièce, une alcôve ou une
grotte. Le joueur fait un jet de Perception + Investigation (difficulté
déterminée en fonction de la cachette). Chaque réussite obtenue
permet à son personnage de se rapprocher un peu plus de l’objet qu’il
tente de localiser (par exemple, la poignée d’une épée, ou bien une
preuve de l’endroit où un livre est resté posé un moment), l’aiguille
dans la bonne direction ou lui confirme que quelque chose se trouve
bien là où il fouille. Le joueur aura parfois besoin de faire un jet
étendu. Le conteur peut lui donner des indices ou des pistes qui lui
indiqueront où chercher si le personnage fait de son mieux, mais qu’il
n’y parvient pas simplement parce que son joueur ne cesse de rater
ses jets. Plus avantageux encore, s’il joue la fouille et utilise un petit
problème ou une énigme pour décrire ses actions et ses tentatives,
le conteur peut récompenser son implication en écartant le jet de
dés ou en diminuant la difficulté.
Traque
Les personnages peuvent être capables de suivre une piste laissée
par quelqu’un (ou quelque chose) qu’ils veulent trouver. Le joueur
fait un jet étendu de Perception + Survie (s’il se trouve en pleine
nature) ou Investigation (s’il est en ville). Certes, les trottoirs et les
rues conservent rarement des traces de passage, mais on peut remar-
quer d’autres signes, comme des gouttes de sang, des marques de
dérapage, des taches d’huile, des miettes de pain, des emballages de
chewing-gum ou des odeurs persistantes. La difficulté tient compte
des conditions météorologiques, du terrain exploré et du temps qui
s’est écoulé depuis que la cible de la traque est passée.
Le nombre de réussites nécessaires dépend de la fraîcheur de
la piste. En cas d’échec sur le jet étendu, le joueur peut à nouveau
essayer, mais la difficulté augmente de +1. Si elle passe au-dessus
de 10, il perd totalement la trace et dans ce cas, il doit trouver un
nouvel indice ou repartir depuis le début.
Les Tempéraments
Ces traits (la Volonté, le Glamour et la Banalité) définissent votre
personnage d’une manière unique. Le premier détermine sa force
mentale, le deuxième la puissance de son lien avec le Songe et toutes
ses facettes féeriques, et le troisième montre l’étendue de la souillure
que le monde ordinaire a laissée sur lui.
Les trois traits se distinguent des autres en ce qu’ils utilisent un
système de notation différencié de leurs scores, séparés en valeurs
permanentes et temporaires. Le premier, le score, représente le
potentiel total du personnage et s’expriment en niveaux. Le second,
qui symbolise son état actuel, se nomme la réserve et se mesure en
points. Ces derniers peuvent se gagner ou se perdre au fil du jeu sans
257
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
affecter le score général. Lorsqu’on fait un jet avec l’un de ces traits,
le groupement de dés est égal au niveau dans le Tempérament, et
non à celui de la réserve actuelle.
Lorsque vous créez un personnage, vous assignez une valeur à ses
scores de Tempérament. Ils sont déterminés en fonction de l’Aspect
et des points de bonus éventuels que vous avez dépensés pour eux.
Vous disposez d’autant de points de Volonté et de Glamour dans
votre réserve que vous avez de niveaux dans ce trait. Votre réserve de
Banalité est quant à elle vide. Le score et la réserve d’un Tempérament
peuvent fluctuer en jeu. Cependant, le score ne change que si des
événements très importants ont lieu et la réserve évolue beaucoup
plus souvent.
Convertir des points
Les personnages ne peuvent jamais disposer de plus de points dans
leur réserve temporaire qu’ils n’ont de points dans leur score per-
manent de Glamour ou de Volonté. Considérez que cette valeur est
un plafond au nombre de points total que les personnages peuvent
posséder dans ces deux traits. Cette règle ne s’applique pas à la
Banalité, car sa réserve peut monter jusqu’à 10.
Si le personnage a perdu ou dépensé toute sa réserve temporaire
de Glamour ou de Volonté, il peut décider de convertir un niveau
permanent en un nombre de points égal à son nouveau niveau dans
le trait. S’il dispose d’un score de 5 en Glamour et que sa réserve
tombe à 0, il peut convertir un niveau permanent en quatre points
temporaires et son nouveau niveau permanent de Glamour sera
égal à 4. C’est généralement peu efficace, car le coût d’évolution en
points d’expérience de ces deux Tempéraments est élevé. De plus,
reconstituer une partie de sa réserve temporaire se révèle assez facile
à faire en jeu. Toutefois, s’il s’agit d’une question de vie ou de mort,
le personnage n’a parfois guère le choix.
La Banalité fonctionne différemment. Si la réserve temporaire
du personnage dépasse 10 points, une rétroconversion s’opère.
Quand il gagne ce qui aurait dû être son onzième point, sa réserve
se vide et son score permanent de Banalité augmente d’un niveau.
Ce Tempérament ne peut jamais augmenter de plus d’un niveau à la
fois, et ce quel que soit le nombre de points temporaires gagnés au
moment où il franchit le cap des 10 points. Si son score de Banalité
est de 3 et sa réserve temporaire à 9, puis qu’il gagne trois points, sa
réserve se videra et son score de Banalité passera à 4.
La Volonté
La Volonté mesure le contrôle qu’un personnage exerce sur lui. Sa
détermination l’aidera à surmonter l’adversité. Si quelqu’un essaie
de le manipuler ou de l’inciter à faire quelque chose de tentant,
mais dangereux, la Volonté lui permettra de résister à la tentation,
de repousser les suggestions ou de faire fi de la coercition.
Utiliser la Volonté
Dépenser un point de Volonté offre une réussite automatique
unique sur un jet de dés. Vous ne pouvez dépenser ainsi qu’un
point par jet de dés, mais cela vous garantit une réussite (ce qui
réduit aussi les chances d’un échec critique). Le conteur peut
vous l’interdire dans certaines situations.
Le joueur peut dépenser un point de Volonté pour éviter une
réaction instinctive de son personnage, ce qui lui permettra de
258 Changelin : le Songe
Volonté Score
x Amorphe
Versatile
Timide
Craintif
Confiant
Certain
Déterminé
Résolu
Volontaire
Inébranlable
Indomptable
surmonter une phobie, de contrôler ses émotions ou de résister
pendant une courte période à des ordres ou des suggestions
qu’on lui impose (par exemple, assez longtemps pour réagir
à la situation dans laquelle il se trouve). Le joueur dépense
un point afin d’ignorer la pression et faire ce qu’il veut. Cet
affrontement peut se révéler interminable et difficile, mais tôt
ou tard, la Volonté du personnage finira par s’épuiser. Notez
qu’elle ne peut pas servir à contrer une compulsion magique.
Ce Tempérament peut parfois contenir ou contrôler les effets du
Tumulte. S’il dépense un point de Volonté, le changelin ignore
l’irrationalité et les perceptions étranges qui caractérisent cet
état. On n’en guérit pas de la sorte, mais cela peut contribuer à
diminuer ses effets et rendre au personnage une once de raison
pendant quelques minutes.
Récupérer de la Volonté
Seuls les points d’expérience permettent d’acquérir des points de
Volonté. D’un autre côté, la réserve de Volonté peut, elle, se recons-
tituer de différentes manières.
À la fin du scénario, tous les personnages récupèrent la totalité
de leur réserve de Volonté.
Après une bonne nuit de sommeil au cours de laquelle il a rêvé
paisiblement et sans être dérangé, le personnage se sent revi-
goré. Lorsque cela se produit, il regagne un point de Volonté.
Si l’on perturbe son repos (par de mauvais rêves ou un réveil
intempestif), le conteur peut décider qu’il ne regagne pas ce
point. À moins que cela ne fasse partie du scénario, il devrait
laisser ses personnages bien dormir. Dans le cas contraire, ils
auront du mal à récupérer la Volonté perdue.
Le conteur peut accorder des points de Volonté si le personnage
a atteint un but en relation avec le scénario ou une quête en
cours, ou bien quand il accomplit son Apanage primaire. Cette
récompense peut aller jusqu’à cinq points (selon l’importance
de la tâche).
Le Glamour
Voilà la matière onirique scintillante qui efface en un clin d’œil
l’incrédulité et la remplace par l’éblouissement et le merveilleux. Elle
offre les moyens de voir l’univers véritable, fantastique et extraordi-
naire, chatoyant derrière le fin rideau ordinaire qui se prétend être le
monde « réel ». Tout le monde est en mesure de créer du Glamour,
mais seules les fées peuvent lui donner corps et ainsi s’en servir.
À l’état brut, le Glamour prend la forme d’éclairs et de lueurs
vacillantes magnifiques, brillantes et multicolores, qui frôlent et
traversent autant les êtres vivants que les objets, se déplacent et
changent en permanence. Les changelins sont capables de percevoir
le Glamour, mais également de se baigner dans son flot et de le
manipuler pour créer des formes physiques et des effets magiques.
Cela signifie que lorsqu’ils s’en servent, ils se retrouvent enveloppés
avec la cible de leur charme dans les tentacules dansants de cette
énergie. Il est donc difficile de dissimuler cette utilisation aux yeux
des autres changelins.
Une fois insufflé dans un objet ou une entité, le Glamour devient
plus solide, et il garde pourtant une partie de son éclat éthéré qui le
rend visible. Quand on la manie, une épée chimérique laisse dans
son sillage des traînées colorées.
Utiliser le Glamour
Les personnages doivent conserver le Glamour pour continuer
d’être ce qu’ils sont, sinon ils succombent à la Banalité et oublient
leur part féerique. En plus de cet instinct de survie, les changelins
s’en servent pour contrôler différents aspects du Songe, y compris
le lancement des charmes et la création des chimères.
Ci-dessous quelques usages de cette essence si évanescente.
Vous devez dépenser un point de Glamour chaque fois que
votre personnage lance un charme tiré du Wyrd.
Le personnage peut dépenser du Glamour pour enchanter un
mortel de manière temporaire ou permanente (cf. l’appendice II).
Récolter du Glamour
Cette énergie est l’élément le plus caractéristique des changelins, et
elle leur permet de vivre et d’exister en tant que partie du Songe. Son
acquisition et sa conservation sont donc d’une importance capitale
et les fées reconstituent leur réserve de Glamour grâce à plusieurs
méthodes. Elles ne pourront gagner de niveaux permanents qu’en
de très rares occasions.
L’Épiphanie : un changelin peut s’approprier le Glamour des
mortels et de ses congénères par le biais des Épiphanies, qui se
déroulent pendant le Ravage, l’Extase, la Rêverie, la Délectation
et la Rhapsodie (cf. pages 260-264).
Le Sanctuaire : dormir dans un Domaine, à la lueur d’un
Brasier, permet au changelin de regagner un nombre de points
de Glamour égal au rang du Domaine. Si plusieurs personnages
tentent de faire la même chose, ce Glamour est réparti équita-
blement entre eux. Cependant, tous regagnent au moins un
point, peu importe le nombre de Kithains. Le changelin doit
rêver ; si quelque chose venait perturber ce sommeil, le conteur
peut décider de ne pas accorder de points. Vous trouverez plus
d’informations sur les Domaines dans le chapitre sept.
L’Écume : elle ne reconstitue pas la réserve de Glamour, mais le
personnage peut la dépenser à la place des points temporaires
qui s’y trouvent (cf. l’Écume, page 320).
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Le Déséquilibre : cocher une case de Volonté déséquilibrée
permet de récupérer un point de Glamour. Cf. page 275 pour
plus d’informations sur le Déséquilibre.
Perdre le Glamour
Les personnages dépensent leur Glamour quand ils alimentent leurs
charmes et des capacités spéciales. Un système optionnel permet au
conteur de demander la dépense de points de Glamour temporaires
afin de surmonter ou de compenser l’entrée dans un lieu particuliè-
rement Banal. Dans ce cas, il protège le changelin pendant une ou
deux scènes, jusqu’à ce qu’il puisse quitter les lieux.
Invoquer le Wyrd
Le monde de l’Automne rejette le Songe et ses enfants, mais ceux-ci
ne sont pas sans défense. Dans des situations désespérées, un chan-
gelin peut faire appel à toute sa magie et mettre en avant sa nature
féerique. S’il y parvient, le Songe étend une partie de sa puissance et
de sa protection sur son descendant, et lui permet ainsi de se mani-
fester totalement dans l’Automne. Invoquer le Wyrd fait apparaître
son Visage féerique et s’incarner toutes les chimères qu’il possède
(représentées par l’historique du même nom), et elles deviennent
alors capables d’interagir dans le monde ordinaire.
Pour ce faire, le joueur doit dépenser un point de Glamour et de
Volonté, puis faire un jet de Glamour contre une difficulté égale au
niveau de Banalité ambiant (cf. page 267) ou à celui du personnage,
en fonction du plus élevé des deux. En cas de succès, le personnage
invoque le Wyrd pour le reste de la scène et en cas d’échec, il amorce
la Banalité. En cas d’échec critique, il gagnera un point de Banalité
par « 1 » obtenu sur son jet de dés.
Le personnage peut également invoquer le Wyrd s’il Déchaîne
un Art. Cf. page 196 pour plus de détails sur la manière dont cela
fonctionne.
Invoquer le Wyrd provoque les effets suivants.
Le changelin obtient un plus grand contrôle sur sa destinée et
peut ainsi influencer les événements de son histoire. Si le résultat
d’un jet ne satisfait pas son joueur, celui-ci peut dépenser un
point de Glamour et relancer les dés. Il ne peut le faire qu’une
seule fois pour une action donnée, mais il choisit le résultat
qu’il souhaite.
Le Glamour imprègne toutes les actions du personnage, et peut
même améliorer les résultats au-delà de ses espérances. Ainsi, le
joueur relance tous les « 10 » obtenus sur un jet de dés (difficulté
égale à la précédente) et chaque réussite supplémentaire s’ajoute
au total de réussites déjà obtenues. Si d’autres « 10 » sortent,
ils comptent comme des réussites et se relancent à nouveau.
Le Voile et les chimères du personnage apparaissent et se maté-
rialisent aux yeux des créatures non Enchantées. Cela signifie
que son armure peut le protéger des balles et que son épée sera
capable de trancher des adversaires ordinaires.
Le changelin peut absorber des dégâts létaux quand il invoque
le Wyrd.
Même si tous les charmes deviennent du Wyrd, il n’est plus
nécessaire de dépenser un point de Glamour pour les lancer.
Une fois qu’il quitte cet état, les Brumes commencent à effacer la
mémoire des témoins présents (le processus est décrit en page 270).
259
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les cinq voies vers l’Épiphanie
Les changelins doivent posséder du Glamour pour entretenir leur
lien avec le Songe. Sans lui, ils s’égarent dans les Brumes ou pire,
ils perdent tout ce qui fait d’eux des fées et sombrent dans l’Oubli.
Ils doivent constamment en chercher et le trouvent par le biais de
mortels qui en ont ou qui possèdent la capacité de le créer. Dans
certains cas, les Kithains peuvent mobiliser leur part mortelle afin
de produire eux-mêmes leur Glamour, plutôt que de le prendre
chez les autres. On nomme Épiphanies les différentes méthodes pour
obtenir cette énergie.
Seelies et Unseelies reconnaissent l’existence de cinq voies qui
leur permettent d’atteindre l’Épiphanie, mais ils ont strictement
interdit l’usage de la Rhapsodie. Cependant, interdire quelque chose
ne suffit pas à effacer le savoir sur la manière de procéder, et certains
changelins s’y résolvent en cas de besoin ou simplement pour le coup
de fouet qu’elle procure.
Au cours d’une Épiphanie, le personnage expérimente une défer-
lante de sensations qui balaie tout sur son passage et le submerge
presque totalement, tandis qu’il se connecte pendant un instant au
cœur du Songe brut lui-même. Pour résumer, il s’agit d’un ravisse-
ment émotionnel, d’une extase orgasmique et de l’accomplissent de
tout ce que les fées sont, ont toujours été et seront toujours. Une
Épiphanie extrêmement intense peut même faire changer, du moins
de manière temporaire, l’affiliation du changelin à une Cour ou sa
personnalité profonde.
260 Changelin : le Songe
Les mortels capables de générer le Glamour sont généralement
des artistes ou des personnes qui possèdent des intuitions créatives
particulières. Qu’ils soient peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs,
architectes, scientifiques, innovateurs, chercheurs, chefs, ou même
un enfant qui rêve de délices fantastiques, ces gens spéciaux sont
en contact avec les songes. Les artistes ne sont pas tous capables
de toucher leurs propres rêves avec assez de force pour générer du
Glamour. Les changelins parcourent donc le monde à la recherche
de ceux qui ont ce pouvoir.
La Rêverie (la Voie de l’Inspiration)
Considérée comme la manière la plus noble de récolter le Glamour,
la Rêverie nécessite que le changelin passe du temps à cultiver un
Rêveur et à l’inspirer afin qu’il puise dans le Songe. Celui-ci crée
alors une œuvre remplie de Glamour. Les Kithains préfèrent cette
méthode parce qu’elle est durable. Le mortel peut ainsi continuer de
créer puisqu’on ne cesse de l’inspirer. La Rêverie est aussi bénéfique
à ce dernier, car elle récolte le Glamour lentement et ne se contente
pas de le lui arracher (cf. le Ravage et la Rhapsodie, plus loin).
Si les Seelies préfèrent cette façon de procéder, les Unseelies la
trouvent trop chronophage pour un résultat somme toute très limité.
Cela ne signifie pas qu’ils ne s’en servent pas, ou qu’elle n’est pas leur
voie favorite. Simplement, l’inspiration unseelie est parfois d’une
nature plus chaotique ou dérangeante. Les ténèbres représentées dans
les œuvres de Vincent van Gogh, Edgar Allan Poe, Jérôme Bosch,
Gérard de Nerval et Kurt Cobain, pour ne citer qu’eux, montrent
des éléments unseelies à l’œuvre.
 Les changelins qui élisent la Rêverie comme voie de prédilection
agissent souvent comme des muses ou des mécènes pour les mor-
tels qu’ils ont choisis. Ils doivent étudier et apprendre à connaître
leurs sujets. Ce savoir leur donne la clé qui leur permettra de com-
prendre ce qui les inspire, et la nature des paroles et des actions
qui favoriseront le mieux l’aboutissement de leur processus créatif.
Une relation durable est essentielle lorsqu’il s’agit d’aider le mortel
à accoucher d’une œuvre d’art plus puissante, et donc empreinte
de plus de Glamour. Plus la fée investit de temps et de créativité en
lui, plus l’art du Rêveur sera enchanteur et l’énergie magique qu’il
produira importante.
Nombre de ces relations se bâtissent sur l’amour, même si ce
procédé se révèle parfois risqué autant pour le changelin que pour
le Rêveur. L’amour sincère peut aboutir aux plus magnifiques célé-
brations de splendeur artistique et pourtant, ce sentiment risque de
tourner à l’obsession pour le Kithain au lieu de l’aider à se focaliser
sur son art. À l’inverse, si l’humeur ou les sentiments de ce dernier
changent, l’amour tournera peut-être à la colère ou à la jalousie, et
la Musardise tendre et productive d’autrefois virer à un Ravage ou
à une Rhapsodie suintant la haine et la revanche.
Une muse expérimente la Rêverie et récolte le Glamour en
s’exposant au résultat de la création du Rêveur. Celle-ci peut adopter
n’importe quelle forme, comme un poème, une chanson, un roman,
un tableau, une représentation de danse grandiose ou un glorieux
repas. Parfois, l’inspiration de la muse est si cruciale à l’œuvre, et le
travail si puissant, que le mécène récolte du Glamour chaque fois
que la création submerge un nouveau public.
Puis ce travail finit par se diluer à mesure qu’un nombre croissant
de gens y sont exposés. Par ce contact répété avec des mortels, il perd
sa capacité à produire plus de Glamour. Vous avez sans doute déjà
écouté une nouvelle chanson à la radio, que vous avez adorée pour
ensuite vous en écœurer à force de l’entendre. La représentation en
direct d’une nouvelle œuvre peut libérer une grande quantité de
Glamour, mais la majeure partie de celui-ci se perd s’il est distribué
à grande échelle par l’intermédiaire d’un CD ou d’un film. C’est
peut-être pour entretenir ce Glamour plus longtemps que les grandes
œuvres d’art sont retirées de la circulation et terminent dans des
collections privées. Cependant, ce type de restriction mine le principe
essentiel de l’inspiration. En effet, elle appartient à tout le monde
et ne devrait pas être mise en réserve. La perte de Glamour qui en
résulte signifie aussi que les Kithains doivent sans cesse inspirer leurs
mortels afin que leurs œuvres continuent de produire du Glamour.
Les Orées de la Musardise
Chacune des Muses de la Grèce antique présidait à un art en
particulier. Les changelins évoquent cette tradition, car ils ont une
spécialité à travers laquelle ils inspirent aux artistes de grandes
œuvres desquelles naît le Glamour. Celle-ci reflète la manière dont
le Kithain lui-même s’inspire dans la vie. Utilisez la table des Orées
de la Musardise pour en choisir une (cf. l’encadré sur cette page).
Chaque joueur peut élire une spécialité, qui deviendra son Orée
de la Musardise, au cours de la phase de création de personnage. Si
son protagoniste entre en jeu sans en avoir, il pourra la découvrir
en cours de chronique, mais il ne pourra en avoir qu’une seule à la
fois. Il peut décider de guider un Rêveur précis, comme un danseur,
un écrivain ou même un médecin, et lui faire atteindre les sommets
de son art.
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Système : pour engendrer du Glamour, le personnage doit savoir ce
qui inspire le Rêveur. Le joueur fait un jet de Perception + Acuité
(difficulté 8). Le nombre de réussites obtenues indique combien de
temps le personnage doit passer avec le Rêveur pour comprendre
ce qui le pousse à créer.
Table des Orées
de la Musardise
Inspirer la créativité : le personnage veut inspirer la
créativité chez tous ceux qui l’entourent, en particulier
les gens qui possèdent le potentiel des grands artistes. Il
peut tenter d’inspirer plusieurs artistes à la fois afin qu’ils
créent une œuvre d’art commune magistrale. Le changelin
inspirateur peut rassembler ceux qu’il fait travailler de
concert, surtout sur une vision partagée, et leur indiquer
la bonne direction.
Insuffler l’espoir : optimiste dans l’âme, le personnage
essaie de faire naître l’espoir chez les autres. Il peut aider
quelqu’un à se sortir d’une situation qui paraissait dé-
sespérée, ou bien trouver une solution inédite pour un
Rêveur qui a perdu toute espérance et toute confiance
en lui. Même dans des circonstances épouvantables, la
grandeur peut surgir lorsqu’on a abandonné tout espoir.
Inspirer l’amour : le personnage pense que l’amour per-
met de surmonter tous les problèmes. Il peut réunir deux
êtres qui s’aiment ou pousser un romantique découragé
à ouvrir encore une fois son cœur. Tant que le sujet
essaie et écoute les conseils du changelin, la musardise
fonctionne.
Insuffler le calme : le personnage croit que la plupart des
situations se résolvent en calmant l’esprit qui y réfléchit.
Il tente de garder le Rêveur tranquille et apaisé afin qu’il
mesure la portée de ses actes et cerne mieux ses problèmes.
De cette manière, il se détendra assez pour créer.
Inspirer la confiance : le changelin pense que le monde
peut s’améliorer si les gens ont mutuellement foi en eux,
se font plus confiance et s’impliquent dans des projets et
des intérêts communs.
Assister ceux dans le besoin : les gens ont parfois besoin
d’aide ou de conseils. Dépendants ou maltraités, il faut
les inspirer pour qu’ils abandonnent leur addiction ou
se reconstruisent, et Rêvent à nouveau.
Nourrir les rêves : le personnage encourage les autres à
rêver des choses qu’ils veulent accomplir, et les convainc
que s’ils l’espèrent assez fort, alors elles deviendront réalité.
261
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Réussite Temps passé
Une réussite Un mois
Deux réussites Deux semaines
Trois réussites Une semaine
Quatre réussites Un jour
Cinq réussites Connexion instantanée ; quelques heures
Une fois qu’il a compris son sujet, le changelin doit passer du
temps avec lui, de quelques heures à un mois. Plus il s’implique dans
la Musardise et passe de temps auprès de son sujet, plus le résultat
final sera remarquable.
Faites un jet de Manipulation + une capacité qui s’adapte bien
à la situation et au kith du personnage. (L’Empathie est le choix qui
s’impose, mais tous les Kithains ne s’identifient pas aux gens sur
le plan émotionnel ; ils peuvent décider de les inspirer à travers la
Représentation, le Commandement ou même l’Intimidation). La
difficulté est égale à 6. Le personnage récupère un nombre de points
de Glamour égal au nombre de réussites obtenues sur le jet. S’il s’est
montré particulièrement patient ou inspirant, le conteur peut choisir
de diminuer cette difficulté, ou bien accorder un ou deux points de
Glamour supplémentaires. En cas d’échec, le changelin doit passer
une autre semaine à étudier son sujet avant d’essayer à nouveau.
En cas d’échec critique, il en a trop demandé au Rêveur. Celui-ci
rejette totalement l’idée et se retrouve en panne d’inspiration. Si
cela devait se produire, il perd temporairement son besoin de créer.
Le conteur devrait lancer le jet d’attribut + capacité correspondant
(difficulté 6) pour le compte du Rêveur, puis comparer le résultat à
la table ci-dessus. Cela lui permettra de déterminer la durée pendant
laquelle il ne sera pas possible de l’inspirer. Le personnage qui tente
d’incarner la muse d’un Rêveur doit recommencer depuis le début.
Le changelin ne doit pas nécessairement agir en accord avec son
Orée de Musardise. Toutefois, s’il choisit de le faire et que son joueur
obtient finalement cinq réussites ou plus, le personnage gagne un
niveau de Glamour !
L’Extase (la voie de
l’Inspiration personnelle)
Les changelins possèdent une nature double, féerique et mortelle.
En laissant cette dernière prendre le pas et les inspirer (c’est-à-dire en
parvenant à l’Extase), ils peuvent ainsi toucher le Songe comme s’ils
étaient eux-mêmes des Rêveurs mortels. C’est parfois un processus
très long et laborieux, mais il peut produire des résultats stupéfiants.
L’Extase permet au personnage de se servir de sa propre imagina-
tion afin de récolter le Glamour. Pour y parvenir cependant, il doit
passer autant de temps à essayer de se connaître et comprendre les
deux faces de sa nature, qu’il ne le ferait pour comprendre et inspirer
un mortel. Les deux Cours considèrent qu’un changelin qui parvient
à l’Extase atteint un apogée dans lequel il fusionne ses deux natures
à la perfection. Il se connecte alors directement au Songe et vit un
instant brillant de clarté et de ravissement total.
S’il veut atteindre l’Extase, il doit faire une avancée capitale dans
le domaine artistique ou créatif. Il choisit un art ou un médium dans
lequel il excelle et parvient à une vision ou une idée inédite de celui-ci.
Utilisez la table du temps passé à musarder avec un mortel et
appliquez cette durée à la fée qui se lance dans l’Extase. Faites un
jet de Perception + Acuité (difficulté 8), comme pour un mortel. Il
indique que parfois, un projet nécessite un mois de réflexion et de
262 Changelin : le Songe
Les lieux de Rêverie
et d’Extase
Si quelqu’un se sert de la Rêverie dans un lieu précis (l’ap-
partement du Rêveur, une pièce privée dans une école de
danse, etc.), ou si un Kithain atteint l’Extase plusieurs fois
d’affilée au même endroit, cet emplacement se gorge de
Glamour et peut attirer d’autres Rêveurs, aboutissant parfois
à la naissance d’une colonie d’artistes. Il n’est pas vraiment
possible de dissimuler cette effusion de Glamour à l’Acuité
des Kithains. Les Unseelies considèrent généralement que
ces lieux sont des proies faciles et en font des terrains de
jeu où ils sont libres de Ravager avant de s’enfuir.
À cause de cette pratique, les nobles des deux Cours
peuvent, dans un effort de protection et de conservation
des Rêveurs, être amenés à déclarer qu’agir de la sorte dans
ces endroits est un crime qui sera sévèrement puni. Ils
peuvent même ériger des glyphes spéciaux insufflés de l’Art
des Contrats afin d’en interdire l’accès aux indésirables.
travail préparatoire alors que dans d’autres cas, une fulgurance peut
surgir presque instantanément.
Une fois ce temps écoulé, le joueur fait un jet d’attribut + capacité
correspondant. Sa difficulté sera égale à la Banalité – le Glamour du
personnage + 6. Le conteur peut ajuster cette valeur si le personnage
a vraiment consacré du temps et de l’énergie (et le joueur l’a très
bien incarné) à sa tentative.
Le nombre de réussites obtenues indique le nombre de points de
Glamour que le personnage récolte. Si le joueur obtient cinq réussites
ou plus, il gagne un niveau de Glamour et récupère toute sa réserve
temporaire ! Un échec critique brise la confiance que le changelin
possède en ses capacités et il gagne un point de Banalité. S’il veut
réessayer, il doit attendre au moins une semaine et recommencer le
processus depuis le début.
Le Ravage (la Voie du Voleur)
Pour un changelin, il est assez simple de s’approprier le Glamour
dans un mortel et de le lui arracher. Cela peut même s’avérer aussi
satisfaisant que n’importe quelle autre épiphanie, mais cette façon
de procéder souille l’individu qui s’y livre de l’angoisse spirituelle
de sa victime, car elle mêle sa douleur au Glamour qu’il dérobe. Ce
viol mental se nomme Ravage. En plus de la souffrance et du choc
que les mortels subissent, ils ne détiennent pas une quantité illimitée
de Glamour et ils ont besoin de temps pour relancer leur processus
créatif. Si le Glamour leur est volé, il leur faut plus de temps pour
s’en remettre. Les Seelies considèrent le Ravage comme inutile et
mauvais, tandis que les Unseelies y voient un outil de changement.
De plus, ajoutent-ils, le Glamour est gratuit et les Rêveurs peuvent
toujours en générer plus.
Or cela ne se vérifie pas toujours. Si l’on Ravage un mortel de
manière répétée, sa créativité peut s’éteindre. À l’évidence aussi, il
met plus de temps à s’en remettre. Pourtant, les Unseelies prétendent
que les Rêveurs sont de toute manière une ressource qui se renouvelle
d’elle-même et qu’il leur faut se nourrir pour garder le Songe vivant
au sein du monde ordinaire.
 Hélas, d’une façon assez ironique, les Kithains se servent de
leur propre Banalité quand ils se livrent au Ravage. Ils courent le
risque d’en emmagasiner encore plus alors qu’ils en submergent la
cible pour faire sortir le Glamour qu’elle renferme. Si le Ravageur
récolte ensuite l’énergie qu’il est venu chercher, il lui arrive également
d’emporter avec lui une once de Banalité.
Les victimes d’un Ravage ne peuvent rien créer ou représenter
d’original pendant au moins un jour par point de Glamour volé de
la sorte. Apathiques, ils restent assis sans rien faire, en proie à la
dépression et à l’épuisement. L’artiste peut lui aussi gagner un peu
de Banalité, ce qui l’empêchera en tout premier lieu d’accéder au
Songe qui lui permettait de créer, voire brisera ce lien pour toujours.
Un créateur vidé et déprimé peut complètement sombrer dans la
dépression, ou bien exploser dans un accès de frustration et de rage
et déchaîner la violence sur les autres.
Système : le Kithain doit établir une relation avec sa cible, mais
celle-ci n’a nul besoin d’être étroite ou sincère. Il doit connaître son
nom et quelques détails sur ses sources d’inspiration, c’est-à-dire ce
qui la pousse à vouloir créer. Le joueur lance un nombre de dés égal
à la Banalité de son personnage (difficulté 6) et en cas de succès, ce
dernier gagne un nombre de points de Glamour égal au nombre de
réussites obtenues. En cas d’échec, il n’en gagne aucun, mais ajoute
un point de Banalité. En cas d’échec critique, le Ravage provoque
un contrecoup, déchire sa psyché et il gagne un niveau de Banalité.
Les Orées de la Maraude
La plupart des Kithains qui Ravagent leur victime se servent d’une
simple agression psychique pour obtenir le Glamour. Quelques-uns
préfèrent des méthodes plus exotiques afin de provoquer encore plus
de souffrance et d’angoisse, et certains Unseelies y voient une forme
d’art. Les Orées de la Maraude peuvent se baser sur un traumatisme
émotionnel subi par le mortel au cours de sa vie. Il s’agit souvent
d’un moyen d’exercer une vengeance sur le monde en général, ou
cet individu en particulier.
On utilise ces Orées au cours des ellipses. Le joueur décrit la
forme que la Maraude prend (« J’envoie à l’enfant de terribles cau-
chemars et je tire mon Glamour de l’effroi qu’il ressent »), fait le jet
qui convient et inscrit le Glamour sur sa feuille. Il peut également
jouer une scène pleine d’émotion avant de faire son jet. Le système
est identique à celui de la Rêverie, à une exception près ; en effet, si
le joueur obtient cinq réussites ou plus, son personnage gagne un
niveau de Glamour. Il est impossible de se livrer à la Maraude si le
changelin ne suit pas une Orée.
La Délectation (la Voie du kith)
Chaque kith possède une manière de gagner du Glamour qui lui
est propre et qu’il tire de sa nature. Par exemple, les Délectations
des Bonnets rouges sont très différentes de celles des Boggans, et
ainsi de suite. Les diverses formes figurent au chapitre deux dans la
description des Kithains.
Un personnage peut se livrer à la Délectation une fois par scénario.
Il doit y consacrer au moins une scène et son joueur doit la décrire
en détail au conteur. Lorsqu’elle se termine, le changelin reconstitue
toute sa réserve de Glamour.
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Table des Orées
de la Maraude
Épuiser la créativité : le personnage se complaît à
exploiter les autres, se moque de ceux qui ont plus
de talent, voire les engage pour qu’ils créent en son
nom, mais dénigre leurs œuvres. L’art qui en résulte
est souillé, corrompu ou gâché. Il épuise le Rêveur, qui
se demande ensuite pourquoi il a perdu son temps.
Tuer l’espoir : le changelin essaie d’instiller le désespoir
dans le Rêveur. Il reste à ses côtés et le regarde sombrer,
refuse de l’aider et se moque même de ses efforts pour
rallumer la flamme de l’espérance qu’il a perdue. Il peut
même le contredire quand le mortel essaie d’améliorer
son existence en soulignant la futilité des actions qu’il
entreprend.
Tuer l’amour : le personnage empêche sa cible de
ressentir de l’amour, et il gagne en puissance quand
il empêche les autres de le trouver. Il a mis au point
plusieurs stratégies pour briser les couples, que ce soit
en séduisant l’un des partenaires ou en fabriquant des
mensonges et des « preuves » d’infidélité. Tant que les
tentatives de sa proie pour trouver l’amour se soldent
par un échec, la Maraude réussit.
Provoquer la colère : le personnage se targue de sa
propre maîtrise de soi, mais se délecte à précipiter
les autres dans la frustration et la colère. Il rabaisse
l’estime et le sang-froid qu’elle possède, puis la pousse
à des actes violents et autodestructeurs.
Briser la confiance : on a brisé la confiance du changelin
et il veut à présent infliger ce sentiment aux autres.
Il œuvre à semer la méfiance entre au moins deux
personnes. Sa victime finit par perdre confiance dans
tout le monde et par s’isoler de ses semblables.
Exploiter la dépendance : le personnage se targue d’être
tout à fait indépendant et tente d’obliger les autres à
devenir dépendants de lui. Ses cibles peuvent être des
enfants négligés, des fugueurs, des toxicomanes, ou
simplement des gens en grand besoin de son amour.
Une fois ses victimes bien « ferrées », il finit par s’en
aller et détruire toutes celles qui dépendent de lui.
Briser les illusions : le Kithain est blasé. L’innocence
l’écœure. Il peut abonder dans le sens des croyances de
sa victime, puis briser brutalement ses illusions et se
moquer de sa crédulité. Les Gamins peuvent prendre
d’autres enfants pour cible en leur créant des ennuis,
ou bien en leur révélant la vérité sur le père Noël ou
les cloches de Pâques.
263
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
La Rhapsodie
(la Voie de la Destruction)
Cette Épiphanie extrême est strictement interdite par les Kithains
et même les Unseelies la sanctionnent, car elle détruit un Rêveur.
Dans les faits, un changelin insuffle une telle quantité de Glamour
brut à un Rêveur qu’il vit un chant du cygne artistique et crée un
chef-d’œuvre, avant de se consumer pour toujours. La Rhapsodie ne
se contente pas de détruire la créativité du mortel, mais le trauma-
tisme engendré crée aussi un Automnal, voire un ennemi juré des
Kithains. Les victimes d’une telle Épiphanie meurent généralement
de maladies dues au stress, succombent d’épuisement, d’une maladie
chronique ou à la suite d’une dépression, et parfois se suicident.
La pièce qui en résulte est une immense source de Glamour,
qui libère son énergie magique lorsqu’elle est détruite. Et c’est bien
le pire, car si l’on ne conserve pas précieusement ce chef-d’œuvre,
le dernier grand accomplissement de l’artiste disparaîtra à jamais.
Système : un à cinq points de Glamour sont investis dans la cible,
ce qui peut permettre à une Bande de participer à la Rhapsodie
et d’en recevoir une part. Le conteur fait pour le mortel un jet de
Manipulation + Expression (ou tout autre jet qu’il estime appro-
prié ; difficulté 7) afin qu’il crée son ultime chef-d’œuvre, et ajoute
à son groupement un nombre de dés égal au nombre de points de
Glamour investis par le ou les changelins. Ainsi, il est possible de
lancer une Rhapsodie sur un individu sans talent ou sans formation,
mais les résultats ne sont pas à la hauteur de ceux qu’on obtiendrait
d’un véritable artiste. L’œuvre ainsi créée renferme deux points de
Glamour par réussite obtenue.
Une fois l’œuvre terminée, le personnage a besoin qu’on la lui
cède. Le Glamour qu’elle contient ne sera libéré qu’au moment de sa
destruction, et réparti entre tous les Kithains présents. Un changelin
peut ainsi constituer toute une collection de créations artistiques
chargées en énergie magique et qui n’attendent que d’être brûlées
pour que leur propriétaire puisse acquérir leur puissance.
Il faut noter que comme seuls les changelins présents tirent les
bénéfices de la Rhapsodie, il est raisonnable de penser qu’une fée
puisse convaincre quelques congénères de l’assister dans le processus,
puis de dérober le résultat à son seul profit. Cet acte est hautement
déshonorant, mais à qui donc les parties lésées pourraient-elles bien
aller se plaindre ? De toute manière, cette Épiphanie est interdite,
n’est-ce pas ?
Si le jet échoue, l’artiste ne finit jamais son œuvre. Lui insuffler
plus de Glamour ne fait que le plonger encore plus dans la confu-
sion, et il est incapable de créer (ou plutôt de finir de créer quoi
que ce soit) pendant un nombre de mois égal au nombre de points
de Glamour investi en lui.
En cas d’échec critique, les changelins reçoivent la monnaie
de leur pièce d’une manière terrible, mais l’artiste en souffre égale-
ment. Chaque « 1 » obtenu sur l’échec critique lui inflige un point
de Banalité et personne ne gagne de Glamour. Cela signifie que le
Kithain peut non seulement perdre du Glamour, mais aussi que sa
cible soit trop engoncée dans la Banalité pour rester liée au Songe.
Là encore, le Rêveur risque de ne plus jamais pouvoir créer et la fée
a détruit le don d’un mortel pour rien.
Les serments
Ces promesses solennelles se tiennent parmi les changelins, sont
soutenues par la puissance du Glamour et forment l’ossature de
leur société semi-féodale. Qu’ils unissent un lige et son vassal (une
264 Changelin : le Songe
coutume répandue au cours du Moyen-Âge mortel) ou reflètent un
code de l’honneur personnel, comme ceux que les Trolls prêtent
souvent, les serments permettent de resserrer les liens de la société
féerique en liant les parties entre elles. De plus, eux-mêmes donnent
une certaine tangibilité aux idées qu’ils soutiennent, sous la forme
de fils du Glamour.
Les serments créent un réseau de liens parmi les Kithains, et les
membres des deux Cours prennent ces engagements très au sérieux.
En effet, revenir sur sa parole et devenir un parjure figure parmi les
plus grands crimes commis à l’encontre de la société, pour les Seelies
comme pour les Unseelies.
Ils peuvent inféoder un groupe de changelins à un seigneur,
lier deux amis proches l’un à l’autre, ou réunir un groupe au sein
d’un Cercle juré. Quoi qu’il en soit, les liens qu’ils forment sont
sacrés et inviolables. Ceux qui brisent un serment finissent souvent
devant un tribunal et subissent un châtiment rapide. D’ailleurs, le
mot parjure condamne celui qui le porte à un sombre avenir chez
ses congénères. Quand il revient sur la parole qu’il a donnée dans
un serment, le coupable se retrouve souvent ostracisé par les autres.
Il peut arriver qu’un changelin doive sembler se parjurer pour
parvenir à tenir sa promesse, ce qui souligne la différence entre la
lettre et l’esprit du serment qu’il a prêté. Par exemple, quand un
Kithain n’obéit pas aux ordres d’un seigneur ensorcelé, fou ou
contraint, cette désobéissance peut garder intact l’esprit de son
serment. Dans ces cas-là, la société le condamnera peut-être, mais
le Songe lui-même justifiera et soutiendra les actes de l’individu qui
a honoré la signification, et non l’énoncé, du serment.
Prêter un serment
L’acte en lui-même peut inclure un protocole cérémoniel complexe,
comme des rituels de mariage ou de fiançailles élaborés, ou de simples
déclarations, comme la promesse formelle d’un changelin à un autre.
Sa structure ne comprend que quelques étapes.
Les parties engagées dans le serment doivent se réunir au même
endroit.
Elles doivent exécuter les mêmes gestes et prononcer les paroles
prévues.
Celui qui prête le serment, son gardien ou tous ceux qui sont
impliqués doivent en appeler au Songe et insuffler au moins
un point de Glamour pour activer la nature contraignante de
la promesse solennelle.
Comment bâtir un serment
La plupart des serments remontent à une époque antérieure à la
Séparation et ont résisté, avec quelques rares modifications, pendant
l’Interrègne et après la Résurgence. Le langage s’est souvent moder-
nisé, mais il a gardé sa formalité originelle. Ces dernières années,
les changelins ont essayé de formuler leurs propres serments afin
de représenter les personnalités individuelles et les circonstances,
comme un couple qui rédigerait ses vœux de mariage. Tant que les
révisions suivront les indications ci-dessous, le Songe honorera le
serment et le Glamour liera les parties jurées.
Énoncez le caractère principal du serment. « Je vous jure fidélité »
ou bien « Je promets d’accomplir ce qui suit » donne un aperçu
de ses grandes lignes.
Toutes les restrictions du serment doivent apparaître dans
ses mots. « Je vous jure fidélité, à moins que les liens du sang
ne m’en empêchent » permet à celui qui prête serment de
 garder quelques libertés quand il se retrouve en conflit avec
ses obligations familiales. Si ces avertissements n’y figurent
pas, alors il doit se conformer à l’énoncé de la promesse. Les
tisseurs sages ou rusés poussent parfois loin ces réserves, mais
si les implications de ce que « l’on doit faire à moins qu’on ne
le puisse pas » deviennent trop encombrantes, le serment ne
fonctionne tout simplement pas et il doit être reformulé avant
d’être à nouveau prêté.
Les images tirées du monde naturel (et donc par association,
le pouvoir de la nature en personne) insufflent leur force à un
serment. « Comme l’arbre s’enracine dans la terre », « Comme
la lune orchestre les marées » et « Comme la lumière du
soleil réchauffe tout ce qu’elle touche » ne sont que quelques
exemples de l’utilisation des comparaisons dans l’élaboration
d’un serment, et lui donne une certaine substance imaginative
et visuelle dans l’esprit des gens qui se lient.
La règle du trisser, ou triple déclaration, lui octroie un peu
plus de puissance. Selon de nombreuses, et parfois antiques,
traditions, et d’autres basées sur la superstition, répéter trois
fois la même chose ou l’énoncer de trois manières différentes
renforce l’influence du serment sur ceux qui le prêtent. Des
formulations telles que « Par le soleil, la lune et toutes les étoiles »
ou « Comme l’arbre a besoin d’eau, les fleurs ont besoin du
soleil et l’enfant a besoin d’amour » vous montrent comment
cette règle du trisser ajoute un présage à ce qui va suivre.
Les conséquences d’un éventuel parjure devraient apparaître
dans l’énoncé du serment lui-même. Par exemple, on peut dire
« Par le soleil, la lune et les étoiles, je vous dédie ma lame et si
je venais à manquer à ma parole, que ma main se paralyse et
que mon épée se brise quand je la tirerai ». Si celui qui prête
serment ne tient pas sa promesse, la punition s’abat sur lui.
Sa main perd la sensation du toucher et toutes les épées qu’il
dégainera se briseront quand il les utilisera.
Réparation et contrition
Un changelin qui rompt ses vœux et en subit le châtiment peut
encore changer le cours des événements s’il demande à prêter un
Acte de Contrition. Si son seigneur ou la partie lésée l’approuve, le
personnage peut reconnaître solennellement ses fautes et prendre
sur lui d’accomplir certaines actions pour compenser le préjudice. La
forme de la contrition, généralement décidée par le ou les offensés,
peut être symbolique ou sévère, selon la nature du serment rompu et
les conséquences de cette infraction. Les conditions peuvent varier.
Cela peut consister à excuser ou à embrasser la main ou l’arme de
l’offensé, jusqu’à accepter de sacrifier sa vie si nécessaire.
Pour de nombreux changelins, l’infamie intrinsèque au mot
parjure rend l’acte de Contrition aussi séduisant que l’eau en plein
désert. Cependant, certains rares individus tirent une fierté perverse
du titre et considèrent cette épithète comme un motif d’orgueil.
Même si le parjure appartient souvent à la Cour unseelie ou la
rejoint ensuite, les Seelies tombent tout aussi souvent dans les pièges
du parjure. Les deux Cours ont tendance à mépriser ceux qui ont
rompu la confiance qui les unissait.
Exemples de serments
Les règles relatives à l’accomplissement des serments suivants sont
énoncées après le texte du serment qu’elles concernent. Si certains
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
changelins peuvent le reformuler pour refléter plus exactement
leur sensibilité, l’essence devrait rester la même et le système décrit
toujours s’appliquer. Notez que ce ne sont pas les seuls serments qui
existent, et nous encourageons le conteur à en inventer de nouveaux
quand le contexte s’y prête. De plus, le Songe écarte la Fragilité des
Pookas, ce qui leur permet de prononcer avec sincérité les paroles
d’un serment.
Le serment de la Poignée de main
Sang pour sang, os pour os, vie pour vie, jusqu’à ce que plus personne ne
foule la terre sauf nous. Je place ma vie entre tes mains, mon sang dans tes
veines, mes os à la place des tiens. Épaule-moi bien comme je t’épaule, et je
te prêterai ma force. Brise ton lien et puissions-nous périr tous les deux. Par ce
serment de la poignée de main et des cœurs partagés, je te donne mon amitié.
Système : voilà l’un des serments parmi les plus sérieux pour un
changelin, et seul celui du mariage le surpasse. Cette promesse ne
se fait qu’entre individus qui ressentent entre eux un lien plus fort
que la simple amitié. Les personnes qui prêtent ce serment doivent
saisir à pleine main une lame à double tranchant quand ils en
prononcent les paroles, puis chaque joueur dépense un point de
Glamour pour insuffler sa puissance à leur engagement. Lorsque
leurs sangs se mélangent, le lien se tisse entre eux, il renforce et
affirme leur amitié. Lorsque la cérémonie s’achève, chaque partici-
pant dépense un point de Volonté. Si l’un d’entre eux venait à se
parjurer, ils perdraient chacun deux points de Volonté (notez que
leur vie ne s’achève pas vraiment ; un peu de leur Tempérament
s’évanouit en une perte symbolique de vitalité). Dans certains cercles
de changelins, briser un tel serment conduit à un suicide rituel,
mais cela n’arrive qu’en de rares occasions et seulement quand de
telles pratiques font partie de la tradition historique.
Le serment de Fidélité
Au nom du Songe, je vous jure fidélité, mon seigneur/ma dame [le nom de la
personne concernée est parfois ajouté ici]. Comme la lune règne sur la marée,
comme la pluie rafraîchit l’herbe et comme le soleil donne vie à toutes choses,
votre volonté deviendra mienne. Vous ordonnerez, j’obéirai. Vous demanderez
et je m’exécuterai. Puisse mon service toujours vous satisfaire et mes yeux
devenir aveugles si je venais à provoquer votre colère. Mon cœur, mon esprit,
mes mains sont vôtres jusqu’à ce que vous me libériez de ma promesse.
Système : les paroles précédentes constituent le serment de Fidélité
prêté lors des investitures, des adoubements et des Désignations.
Le joueur dépense un point de Volonté et le personnage adopte
une position de déférence tout au long de son serment. Il restera
ainsi le temps de recevoir une réponse. En général, celui qui prête
ce serment s’incline et met un genou à terre, à la manière habituelle
d’un chevalier lorsqu’il reçoit son titre. Une fois que le serment a
pris effet, toutes les difficultés visant à résister à n’importe quel type
de domination mentale diminuent de –2. Rompre sa promesse pro-
voque la perte de trois points de Volonté. Dans des cas extrêmes, le
Songe peut frapper le coupable de cécité pendant un an et un jour.
Le serment de l’Escheat
Au nom du Songe, je vous accepte, [nom du personnage], en tant que mon
vassal. Comme les pierres, les arbres et l’herbe appartiennent à la terre, vous
m’appartenez comme un membre de ma maison et de mon foyer. Je promets
de vous soutenir, de vous protéger et de veiller sur vous. Je jure d’honorer
votre service tel qu’il le mérite, de récompenser votre loyauté à sa juste valeur
et de vous assurer un refuge dans la détresse ou dans l’abondance. Et de
265
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 la lune à l’océan, ma volonté est vôtre. Par ces mots, je prête le serment de
l’Escheat envers vous.
Système : c’est ainsi qu’un dirigeant accepte solennellement qu’une
autre fée devienne son vassal. On le prononce généralement en
réponse au serment de Fidélité, mais il peut aussi servir à reconnaître
un changelin comme membre de la maison noble sans lui conférer
de titre. Une fois qu’il a énoncé ces paroles, le personnage perd
un point de Glamour et une pièce d’or chimérique sur laquelle est
frappé son visage apparaît dans sa main. Le serment devient effectif
lorsqu’il offre cette pièce à son vassal et que celui-ci l’accepte. Elle
restera en possession de ce dernier tant que le lige tiendra parole.
Briser cette promesse signifie que le changelin s’est écarté des tra-
ditions féeriques, et il subit un point de Banalité. Les personnes
liées au serment, même si elles ne le sont qu’à un vassal, bénéficient
d’un point de Volonté supplémentaire par semaine.

Le serment du Fardeau accepté

Pose ton fardeau et je m’en chargerai. La route sera longue, la nuit noire et
le péril grand, mais qu’importe. Je le porterai pour toi, ou je le partagerai
avec toi jusqu’à ce que toutes les routes arrivent à destination ou que tu
n’en aies plus besoin. Je ferai [la tâche est décrite ici], ou la route disparaîtra
sous mes pieds.
Système : à première vue, ce serment ressemble à une geis et promet
d’accomplir une certaine action, quelle que soit son importance.
Prêté envers quelqu’un, il assure que celui qui s’engage fera ce qu’il
a dit. Les deux parties gagnent chacune un point de Volonté, mais
si le serment est brisé, elles en perdent deux. Pour mettre en œuvre
la promesse, il faut dépenser un point de Glamour.

Le serment de la Tutelle
Comme le soleil veille sur la terre le jour, comme la lune et les étoiles la
protègent la nuit, par ma force, mon cœur et mon honneur tout entiers, je
te servirai. Tel est mon devoir et je n’abandonnerai jamais [énoncer l’objet
du serment], sous peine de voir les étoiles disparaître de mon ciel et hanter
pour toujours mon sommeil.
Système : cette puissante promesse lie celui qui la prononce à la
protection d’un objet, d’un lieu ou d’un individu de tout danger,
même au péril de sa vie. Redoutable, elle ne se prononce jamais à
la légère, et le Songe l’honore sans qu’il soit besoin de dépenser de
Glamour. Les changelins qui ne la respectent pas sont condamnés
à ne jamais dormir deux nuits d’affilée dans le même lit pendant
cent ans. Le Serment de la Tutelle est le plus souvent prêté par les
Trolls, mais il n’est pas exclusif à ce kith.

Le serment des Cœurs fidèles

Je te fais le présent de mon être et de tout ce qu’il signifie, mon cœur, mon
esprit et mon âme. Je l’offre librement. Prends-le librement, garde-moi à
jamais près de toi. Je jure que mon amour est sincère, devant toi et donc pour
toi. J’en fais serment. Puissent les gardiens de l’amour témoigner de cette
promesse et veiller sur ceux qui la tiennent. Puissions-nous rester fidèles l’un
envers l’autre et à jamais, et puisse le Songe ne jamais nous prendre en faute.
Système : la signification de ce serment est évidente. Deux personnes
amoureuses (parfois plus) prononcent ces paroles à l’unisson. Le
lien qui les unit prend la forme d’un rossignol chimérique venant se
percher sur leur épaule et visible des seuls participants à la cérémo-
nie. Ces derniers doivent tous investir un point de Glamour dans
le serment. S’il venait à être brisé, l’oiseau sur l’épaule du parjure
se tait sur-le-champ et apparaît aux yeux de tous en témoignage
de la trahison. Toutes les personnes affectées gagnent un point de

266 Changelin : le Songe

 Banalité. S’ils tiennent leur promesse, les amoureux gagnent un
point de Glamour supplémentaire pour chaque Extase à laquelle
ils participent ensemble. Ce serment tient lieu de vœux de mariage
et, après quelques changements, d’engagement pour les membres
d’un Cercle juré.
Le serment de la Longue route
Je jure que j’accomplirai [nom de la quête] sous peine de perdre mon foyer, que
j’accomplirai [nom de la quête] ou déposerai les armes, et que j’accomplirai
[nom de la quête] ou ne Rêverai plus. Je le jure devant la terre et le ciel, et
devant vous tous qui êtes témoins de mon serment.
Système : voilà le serment le plus puissant connu de toutes les fées de
ce côté du Songe. Il représente l’acceptation volontaire d’une quête
et requiert généralement que tous les participants versent un peu de
leur sang. Plusieurs personnes peuvent le prêter et il faut au moins
un témoin, mais la présence de trois témoins est préférable. Celui
ou ceux qui s’engagent reçoivent un point de Volonté et de Glamour
supplémentaires. Les conséquences d’un échec sont cuisantes. S’ils
sont simplement incapables d’accomplir la quête, tous perdent trois
points de Glamour et de Volonté. S’ils abandonnent en cours de
route, ils perdent toute leur réserve temporaire de Glamour et un
niveau de Volonté permanente, et gagnent deux points de Banalité.
Le serment de la Croisée des lames
Là où deux se tiennent, il ne peut en rester qu’un. Je jure inimitié envers
toi jusqu’à ce que le soleil se lève, brille et à jamais se couche. Puisse mon
cœur cesser de battre, ma main perdre sa force et mes yeux devenir à jamais
aveugles si je venais à te montrer la moindre considération. Puissent le Songe,
les étoiles et les os de la terre être mes témoins.
Système : ce serment, en général prêté par les Trolls et les Sidhes,
incarne une position extrême dans la danse des intrigues de cour. Il
accompagne souvent les querelles et les vengeances et peut s’appliquer
à toute une maison, une famille particulière ou un seul individu.
Le changelin qui le prête échange un point de Volonté contre un
point de Glamour et diminue de –2 la difficulté de n’importe quel
jet effectué contre son ennemi. S’il rompt son serment, il perd un
point de Volonté permanente. De plus, son visage se barre d’une
cicatrice qui semble avoir été faite par deux coups de rapière, et
qui le désigne comme parjure.
Si les deux parties désirent mettre un terme à ce serment, ils
doivent accepter d’accomplir ensemble une quête de contrition.
Elle demande souvent qu’ils prêtent le serment de la Longue route
lorsqu’ils l’entreprennent. La plupart des autres kiths l’évitent,
car ils estiment que se déclarer l’ennemi d’une personne ou d’un
groupe se révèle contre-productif pour la mise en place et l’exécu-
tion des plans préparés à l’encontre de cet adversaire.
La Banalité
La Banalité est le pendant du Glamour. Elle est froideur là où le
Glamour est chaleur, faim là où l’autre est abondance, apathie face
à l’espoir. Plus encore que du désespoir, elle incarne la vacuité, la
stase, le manque d’envie de considérer la vie comme autre chose
qu’une série de routines dénuées de sens. Même le chagrin et la perte
constituent des émotions, chargées de Glamour et d’inspiration. Ce
que la Banalité effleure frissonne et meurt, mais arbore toutes les
apparences de la vie. C’est l’apathie active, une envahissante force
de conformité qui a infesté le monde moderne.
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Banalité et
maladie mentale
Il est vrai que les individus faiblement touchés par la Banalité
risquent moins d’être diagnostiqués comme souffrant d’une
maladie ou d’un désordre d’ordre mental, simplement
parce qu’ils sont différents. Cependant, ce Tempérament
n’a aucune incidence sur la santé mentale. Les gens sont
sujets à ces affections à n’importe quel niveau de Banalité,
et elles ont peu ou pas d’incidence sur leur score. Ils sont
plus ou moins Banals, quel que soit le traitement apporté
à leur maladie.
Voilà bien un adversaire déjà terrible pour les mortels, car elle
draine la joie de leur vie. Elle les transforme parfois même en phares
ambulants de cette énergie, ce qui lui permet de se déchaîner sur le
Songe dès qu’elle en flaire la moindre parcelle. Pour les changelins,
elle est mille fois plus dangereuse. Le temps d’une vie radieuse et
exceptionnelle, le lent poison dérobe cette lumière et l’enferme der-
rière les Brumes, vide les Kithains de leur substance. Il ne leur reste
alors plus guère que l’équivalent des souvenirs de nos propres rêves
au réveil. D’autres, inconscients de l’existence du Songe, éprouvent
de la compassion à leur égard, pensent qu’ils sont séniles ou fous,
mais même cette pitié n’est d’aucun soulagement face à la véritable
tragédie qui a frappé cette pauvre âme.
Parlons chiffres
Comme la Banalité touche presque tout ce qui existe dans le Monde
des Ténèbres, tout se mesure donc selon un score de Banalité. Ce
dernier symbolise, sur une échelle de 1 à 10, jusqu’à quel point elle
a envahi le sujet. Plus la valeur est grande, plus l’apathie s’installe.
Elle mesure également la dangerosité de ces choses ou de ces indi-
vidus pour les changelins, ainsi que le caractère destructeur qu’ils
possèdent pour leur Glamour. Par exemple, un score de Banalité
élevé signifie que les Arts d’un Kithain peuvent littéralement glisser
sur quelqu’un. Selon les règles, la difficulté des charmes lancés sur
un sujet qui dispose d’une Banalité élevée (8-10) augmente de +1.
Le conteur devrait réfléchir au passé du personnage quand il
détermine son score de Banalité. A-t-on encouragé sa créativité
pendant son enfance ? Travaille-t-il dans un domaine où l’on appré-
cie les idées novatrices ? Combien de livres lit-il par an ? Essayez de
vous faire une idée de son état d’esprit, car c’est lui qui, finalement,
détermine à quel point cet individu est Banal.
Banalité 1-3
Rien dans le monde moderne n’est tout à fait exempt de l’influence
de la Banalité. En revanche, les Kithains chérissent les mortels dont
le score est aussi bas, car leurs esprits et leurs âmes sont restés purs.
Ils nomment ces individus des Rêveurs et les utilisent souvent
comme sources de Glamour. La société ne tient probablement pas
ces Rêveurs en très grande estime, à moins qu’ils soient assez riches
pour qu’on les qualifie d’« excentriques » et non de « cinglés », ou
bien qu’ils soient parvenus à tourner leur créativité débordante vers
267
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
un objectif populaire. Même si un Rêveur apprécie la fortune et
la célébrité, il ne crée pas pour les obtenir, mais parce qu’il le doit.
Banalité 4-5
Selon les critères de la société, ces individus sont toujours passion-
nément, voire follement, créatifs. Leurs contemporains les consi-
dèrent sans doute comme des idéalistes ou des gens peu fiables, et
ils ont parfois du mal à remplir les obligations quotidiennes qui
les empêchent régulièrement de poursuivre leurs projets créatifs.
Ils apprécient le genre de vie qui leur laisse le temps dont ils ont
besoin pour s’adonner à leurs passions. Ils sont tout à fait du genre
à peindre une parfaite représentation d’un ciel nocturne au plafond
de leur chambre « parce qu’ils en ont eu envie », ou à consacrer des
années à méticuleusement inventer la carte d’un monde imaginaire
fantastique. Ils ne sont peut-être pas de vrais Rêveurs, mais ils n’en
demeurent pas moins d’excellentes sources de Glamour et ils seront
bien plus enclins à comprendre les étranges activités des Kithains.
Banalité 6
Les gens qui vivent avec ce degré de Banalité font de leur mieux pour
résister aux exigences du monde qui les entoure, mais cèdent devant
l’inévitable. Ils prennent ce qui est supposé être « meilleur » au lieu de
ce qu’ils voulaient vraiment. S’ils ont la chance d’avoir un travail, ils
s’y accrochent. Ils font ce qu’ils ont à faire tant qu’ils le doivent, puis
se retirent du monde dès qu’ils en ont l’occasion. Ils ont des espoirs
et des rêves de réussir dans le domaine qu’ils aiment, mais la réalité
cruelle constitue la plupart du temps un obstacle insurmontable. Si
on les laisse tranquilles, ils produisent un peu de Glamour, mais ils
ne ressemblent guère aux véritables fontaines que sont les individus
à la Banalité moins prégnante qu’ils envient grandement.
Banalité 7
La bataille n’est peut-être pas terminée, mais la guerre semble perdue.
À ce niveau, un individu se sent défait. Il sait qu’il devrait écrire le
roman qui lui trotte dans la tête depuis des années, mais il préfère
rester avachi dans le canapé à regarder ces concours de cuisine parce
que c’est plus facile. Sa boîte de feutres haut de gamme reste sur un
coin du bureau à prendre la poussière. Les joueurs de sa guilde à
Skinner Box Online l’engueulent s’il ne fait pas au moins deux raids
par semaine avec eux. Ses rêves sont toujours là, à portée de vue,
mais ils ne sont plus à sa portée. Quand on subit une telle emprise
de la part de la Banalité, il faut un choc conséquent pour parvenir
à s’extirper de sa routine. Récolter du Glamour chez un tel individu
constitue un véritable défi.
Banalité 8
La Banalité ne se contente pas de saper les âmes, elle commence
à les contrôler. Elle n’a rien d’un marionnettiste fou et ricanant
alors qu’il fait danser les gens comme il l’entend. Elle considère
ce qu’elle a déjà accompli avant et pousse le raffinement plus loin.
Elle se saisit de la jalousie d’une âme plus libre, la déforme, la
transforme en antipathie. À ce stade, les mortels commencent à
devenir une menace pour les Kithains. Ils les obligent à toujours
rester sur leurs gardes sous peine de se voir submerger même par un
mot malheureux. Le mortel ne souhaite pas faire de mal, mais cela
ne fait aucune différence. Un commentaire virulent sur une œuvre
d’art de rue peut sembler inoffensif pour beaucoup de gens, mais
il plante la graine de la Banalité et enflamme l’écharde que tous les
changelins portent en eux.
268 Changelin : le Songe
Banalité 9-10
Ceux qui ont atteint ce seuil ne deviennent pas tous des Automnaux,
mais on peut pardonner aux changelins de ne pas voir la différence.
Ce niveau de Banalité est un nuage étouffant de désespoir, un vortex
de négativité dont on a l’impression de ne jamais pouvoir s’échapper.
La personne en son centre exsude la Banalité dans chaque parole
qu’elle prononce, chaque action qu’elle entreprend. Elle dédaigne
la créativité à tel point qu’elle leur semble mauvaise. Un psychiatre
lui prescrira un médicament pour soigner un trouble de l’attention.
Elle coupera les subventions allouées aux initiatives artistiques même
s’il existe un moyen de les épargner. Les couleurs vives du monde,
déjà atténuées à mesure que la Banalité progressait, deviennent une
palette malveillante et mourante tout en nuances de gris.
Ce sentier que les anges
craignent de fouler
Le frisson de la Banalité contamine non seulement les gens et les
objets, mais aussi les lieux et les bâtiments. Cependant, ces endroits
doivent être longtemps exposés à une pensée Banale, ce qui les rend
bien plus rares que les individus dotés d’un haut niveau de Banalité.
Il ne faut pourtant pas nier leur existence et ils représentent un
immense danger pour les changelins. Les structures Banales incarnent
la mémoire institutionnelle des organisations qui les occupent ou les
utilisent régulièrement. Celles qui se consacrent à imposer un point
de vue sur tous les autres sont souvent la cause de leur naissance.
Toutes les églises ne sont pas Banales. En revanche, si un prêcheur
véhément est à la tête d’une congrégation géante et soutient que tout
le monde, sauf ses paroissiens, est en route pour l’enfer, alors l’église
qu’il occupe le sera certainement. Les locaux d’une entreprise pros-
père dans le domaine de la créativité et à la hiérarchie flexible seront
probablement peu empreints de Banalité. Au contraire, des bureaux
anonymes et étriqués, où les employés s’attellent continuellement à
des tâches routinières sans aucun rapport avec leur vie personnelle,
pourraient tout à fait s’appeler le Tchernobyl de la Banalité. Rejeter
les idées novatrices, la créativité et l’imagination est la marque de
fabrique d’une organisation qui fera naître une structure Banale.
Le schéma intellectuel Banal nécessaire à la création d’un tel
bâtiment doit s’appliquer de manière omniprésente, permanente
et sur le long terme, et la structure devient dangereuse même en
l’absence des mortels. Certaines d’entre elles, comme celles men-
tionnées plus haut, font tout à fait l’affaire. Toutefois, le niveau
de Banalité présente dans la plupart des lieux fluctue, dépend
largement de l’humeur des gens qui l’utilisent à un moment précis,
et reflète la Banalité ambiante actuelle. Pendant la récréation, celui
d’une école diminuera alors que l’imagination des enfants en train
de s’amuser chasse son emprise. Revenez une demi-heure plus tard
et elle sera revenue en force, et la fantaisie des enfants écrasée sous
le poids des programmes scolaires, des contrôles continus et de la
peur d’une fermeture de classe. Malheur au changelin prisonnier
dans l’école le jour de l’interro ! Les lieux subiront sans nul doute
un pic vertigineux de Banalité.
Système : lorsque vous déterminez le score de Banalité d’une structure,
pensez à celui d’un membre lambda de l’organisation qui en a fait ce
qu’elle est. Ajoutez le nombre de personnes qui s’y trouvent, depuis
combien de temps ils l’occupent et vous aurez une assez bonne idée
du niveau où le bâtiment se trouve sur notre échelle. La difficulté
des charmes lancés dans une structure Banale augmente de +1.
 De plus, le changelin gagne un point de Banalité temporaire pour Détruire volontairement un Trésor ou tout autre artefact féerique
chaque scène au-delà de son score de Glamour qu’il passe à l’intérieur. irremplaçable.
Si des mortels passent régulièrement du temps dans un bâtiment Tuer le double chimérique d’un changelin (la plupart du temps,
qui possède un score de Banalité supérieur au leur, ils voient leur les Vauriens sont immunisés à cette amorce).
Tempérament augmenter peu à peu jusqu’à atteindre un équilibre Mettre un terme à la vie mortelle d’un changelin.
avec la structure. Ce gain se fait lentement, à raison d’un point par Tuer un Enchanté, un Rêveur mortel ou un Kinain.
mois et en supposant qu’ils y passent une partie significative de leur Porter du fer froid.
journée, comme avec un emploi à plein temps. S’ils y restent moins Briser un serment.
longtemps, cette progression peut ralentir, voire ne pas survenir,
selon ce que le conteur décide. De même, s’ils y sont enfermés L’Antithèse
ou contraints d’y passer tout leur temps, leur score de Banalité De plus, chaque changelin possède une amorce qui lui est propre,
augmentera bien plus vite que dans des conditions normales. une source de Banalité unique qui profane sa nature profonde.
Cette Antithèse est probablement liée d’une manière ou d’une autre
Engranger de la Banalité à son kith, mais cela n’est pas une obligation. Si les actions capables
de déclencher l’Antithèse sont nombreuses, le conteur et le joueur
Quand un changelin s’expose au monde moderne, la Banalité s’ins- devraient parvenir à s’accorder sur celles propres à chaque individu.
talle lentement dans son âme. C’est la conséquence inévitable d’une En voici quelques exemples :
existence dans sa forme actuelle, mais elle est de loin préférable à la interférer dans les jeux des enfants ;
destruction permanente de sa moitié féerique. On peut considérer briser un objet d’une grande beauté (ordinaire ou non) ;
les points de Banalité comme une contamination, un élément du porter un costume et une cravate sur sa Guise mortelle ;
monde extérieur qui s’accroche farouchement au changelin et affecte faire un compliment hypocrite à quelqu’un.
lentement son esprit. Lorsque sa réserve temporaire de Banalité
dépasse son score de Glamour, il commence à subir les effets des Si elle n’était que temporaire, la Banalité n’incarnerait pas la menace
Brumes et sa mémoire lui échappe par bribes. Si le personnage veut qu’elle représente aux yeux des Kithains. Cependant, comme cela
se rappeler quelque chose plus clairement que dans la table figurant figure en page 174, gagner plus de dix points de Banalité tem-
ci-dessous, son joueur devra faire un jet de Glamour (difficulté égale poraire fait augmenter le score permanent du personnage dans
à son score de Banalité). ce Tempérament. Se lancer dans de grandes quêtes représente la
Un changelin exposé à long terme à une concentration de Banalité seule manière d’effacer des niveaux de Banalité, car même si elles
extrême (par exemple, une personne ou un objet avec un score élevé sont épuisantes et ardues, peu communes et rarement couronnées
dans ce Tempérament) gagne un point de Banalité temporaire. Ce de succès, elles donnent à l’âme féerique assez de puissance pour
seuil est en général atteint après une scène au cours de laquelle s’est expulser l’une de ces échardes. L’espoir demeure, malgré tout. Vous
déroulée une interaction particulièrement inconfortable. La plupart trouverez plus de détails sur les Quêtes en page 271.
des changelins font naturellement de leur mieux pour éviter ce genre
de situation, mais rares sont les lieux en dehors du Songe où l’on
peut échapper à la Banalité. Enfin, le temps d’exposition nécessaire
pour gagner ces points est laissé à la seule appréciation du conteur,
mais il devrait dire assez clairement à quel moment ce seuil est sur Les Brumes
le point d’être franchi. Les Grincheux ne gagnent pas de point de Banalité Durée Effet
Banalité dans ces circonstances.
0 Une minute Parfait souvenir
Les amorces 1 Une heure Clarté
La Banalité est omniprésente, mais elle redouble parfois de force,
2 Six heures Mémoire parcellaire
cherche de manière agressive les points faibles dans l’âme d’un chan-
gelin et fait tout ce qu’elle peut pour s’imposer. Au lieu de s’insinuer 3 Douze heures Désorienté
au fil des points temporaires et d’une exposition ambiante, elle lance 4 Un jour Souvenirs incertains
une invasion immédiate et brutale sur sa moitié féerique. Ces accès
de Banalité se nomment amorces et tous les Kithains en souffrent. 5 Trois jours Souvenirs brumeux
Lorsqu’un personnage expérimente une amorce à la Banalité, son 6 Une semaine Flash-back précis
joueur fait un jet de Glamour (difficulté 8). En cas d’échec, son
7 Deux semaines Impressions lointaines
protagoniste gagne un point de Banalité et en cas d’échec critique,
un point par « 1 » obtenu sur les dés. Les amorces ci-dessous sont 8 Un mois Lambeaux de rêves
courantes parmi tous les changelins et représentent le conflit entre 9 Quatre mois Déni
leur nature et la Banalité même.
Invoquer l’Automne pour résister à un charme ou à un effet 10 N/A Amnésie totale
chimérique.
Ne pas réussir à surpasser la Banalité d’une cible pendant qu’on
l’enchante (ne s’applique pas aux Gamins).

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 269

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Les Brumes
Les changelins ont beau les maudire, les Brumes sont en réalité une
défense, mais une défense cruelle, contre la Banalité. Lorsqu’elles
s’étendent, les souvenirs s’effacent. Un moyen commode de dissimuler
le Glamour derrière un voile que même la Banalité ne peut percer.
La plupart du temps, elles permettent de cacher aux yeux des mortels
les preuves de la magie féerique, qui disparaît de leur esprit quelques
instants à peine après qu’ils ont été témoins de sa manifestation.
Bien que la Banalité ait entièrement corrompu la plupart des
mortels, les quelques individus assez chanceux pour ne pas être beau-
coup affectés se rappellent plus de choses que les autres. Cependant,
et à l’exception des gens qui disposent des scores de Banalité les
plus bas, les souvenirs qu’ils gardent conservent une étrange nature
onirique et ne leur semblent pas tout à fait réels.
Or les Brumes enveloppent aussi les changelins. Elles obscur-
cissent et même effacent leurs souvenirs alors que la Banalité déferle
en eux. Plus un personnage a de points de Banalité, plus elles
l’affecteront dans sa vie quotidienne. La présence d’autres Kithains
permet d’atténuer cet effet et leur compagnon se remémore plus
précisément des choses. Dans une scène où ils se trouvent à ses
côtés, consultez la table ci-dessous ; il se rappellera les événements
comme s’il se trouvait deux rangs en dessous de son niveau réel de
Banalité. En effet, ils servent d’ancre à ses souvenirs du Glamour
et du chimérique.
Plus son score de Banalité est élevé, plus il restera dans l’igno-
rance de sa véritable nature une fois son double chimérique tué.
Une fois ce laps de temps écoulé, il peut être à nouveau éveillé à sa
condition de changelin grâce à un don de Glamour. Un seul point
suffit à raviver son lien avec le Songe. Lorsqu’il se souvient de sa
nature, il en va de même pour tous les événements qui ont conduit
à sa mort chimérique. Les Brumes n’effacent pas sa mémoire comme
elles le font avec les mortels.
Effets sur les mortels
Les Brumes protègent les mortels du Glamour et les empêchent
d’exposer celui-ci à leur Banalité naturelle. Les effets précis varient
selon le niveau de Banalité de l’individu concerné.
Parfait souvenir : l’hypothétique mortel totalement vierge de Banalité
se rappellerait tout ce dont il a été témoin avec la précision brûlante
conférée par le Glamour. Il n’oubliera rien de ce qu’il a vu des mois,
voire des années auparavant. Les mortels Enchantés se trouvent à
ce niveau pendant toute la durée de leur Enchantement.
Clarté : le mortel se souvient de tout ce qui s’est déroulé, mais sans
la vivacité naturelle au Glamour. Des détails peuvent lui échapper,
comme pour n’importe quel souvenir ordinaire, mais il n’oubliera
sans doute pas en totalité l’incident.
Mémoire parcellaire : des fragments de l’événement dont il a été témoin
lui manquent et des détails lui échappent, comme un mot sur le
bout de la langue. En dehors de cela, il se rappelle bien les choses.
Désorienté : les souvenirs sont confus, étranges et peut-être qu’ils lui
provoquent des vertiges. Quelque chose lui est arrivé, et il le sait.
Il n’oubliera pas ce qui s’est passé, mais il aura beaucoup de mal à
dire ce qui s’est déroulé exactement.
Souvenirs incertains : le mortel se souvient de bribes et d’instants,
mais guère plus. Il peut douter que cela lui soit vraiment arrivé…
mais ces images doivent bien venir de quelque part.
Souvenirs brumeux : il ne subsiste dans son esprit que quelques
images fugaces de l’incident dont il a été témoin, comme l’odeur
270 Changelin : le Songe
des feuilles à l’automne, une vive flamme bleue ou le son d’un rire
étrange et de la musique. Ces impressions sensorielles ne le quittent
pas, mais il n’a aucun contexte dans lequel les placer. Sans preuve
physique, il les ramènera sans doute au rang d’une réaction bizarre
à la drogue ou à la nourriture, voire à un rêve très étrange et vivace.
Flash-back précis : la majeure partie des souvenirs de l’événement
s’effacent de son esprit, mais de temps en temps, quelque chose dans
l’environnement du mortel les ravive et ils peuvent refaire surface.
Par exemple, il peut se rendre sur un festival médiéval et le son de
la flûte de pan lui rappelle cette étrange femme rencontrée dans
un bar (mais ses cornes faisaient sûrement partie d’un costume).
Ça devait être pour Halloween ou un truc dans le genre, se dira-t-il.
Impressions lointaines : le mortel se rappelle à peine l’événement et
quand il ressurgit, il le considère comme un rêve. Il ne croira sans
doute pas avoir vécu les choses, mais des preuves physiques peuvent
l’agacer pour des raisons qu’il ignore.
Lambeaux de rêves : le souvenir n’est plus qu’un vague murmure. Il
écartera les preuves physiques de sa participation à l’expérience, et
y verra une réaction psychosomatique à un rêve qu’il ne parvient
pas à se rappeler, à moins qu’il ne croie à une sorte de canular.
Déni : il refuse activement de croire au peu dont il se souvient. Rien
de tel ne lui est arrivé. D’ailleurs, cela n’a pas pu se passer puisque
rien n’a de sens. Il écartera, voire ignorera les preuves physiques
et si quelqu’un évoque un souvenir plus précis, il se fâchera et
soutiendra qu’il ne débite que des mensonges.
Amnésie totale : le mortel ne se rappelle absolument rien du tout.
Effets sur les changelins
La Banalité affecte les changelins à court et long terme (avec son
niveau permanent et pour finir, l’Oubli). À mesure qu’il en accu-
mule une « charge » plus importante, elle commence à se frayer un
chemin dans son âme et affecte de manière subtile ses processus
cognitifs. Au départ, on la remarque à peine, mais plus il se plonge
dans le chaudron bouillonnant de la Banalité, plus il oblige les
Brumes à le protéger des dégâts qu’elle provoquerait en lui. À son
apogée, au moment où elle s’apprête à se cristalliser en une écharde
permanente dans l’âme du changelin, la Banalité peut lui dérober
son identité même. Les effets énumérés ci-dessous ne se cumulent
pas ; il faut plutôt les considérer comme des expressions différentes
des Brumes sur lui, qui s’expriment lorsque le nombre de points
de Banalité temporaires engrangés dépasse le score permanent de
Glamour du personnage.
Moments d’inattention : quand la contamination de son âme franchit
un certain seuil, le changelin se montre parfois étourdi. Il peut
oublier l’endroit où il a posé ses clés, sa harpe enchantée, l’adresse
mél d’une connaissance ou d’autres éléments du même genre. Rares
sont ceux à associer ces indices aux effets pervers de la Banalité.
On croit plus volontiers que c’est un signe de l’âge ou des vestiges
de la soirée arrosée de la veille.
Déconnexion : les Brumes enveloppent doucement les perceptions
du changelin, mais pas suffisamment pour que cela l’empêche de
vivre. Il peut être souvent surpris, ou de prime abord inconscient
de la présence d’un objet ou d’une personne (en général chimé-
rique, mais pas toujours) dans son environnement immédiat. Au
choix du conteur, la difficulté des jets de Vigilance du Kithain peut
augmenter de +1.
Confusion : les Brumes s’épaississent et alors que sa mémoire à court
terme commence à s’altérer, la distraction dont le personnage fait
preuve s’aggrave. Il aura du mal à garder des faits ou des chiffres en
 tête à moins de se concentrer sérieusement, et il peut à n’importe
quel moment oublier ce qu’il est en train de faire. Si le conteur le
décide, effectuer des tâches complexes peut nécessiter de sa part
un jet d’Intelligence + Énigmes (difficulté 7).
Détachement : tandis que la Banalité commence à engloutir le chan-
gelin, sa conscience de la réalité disparaît par intermittence, car les
Brumes l’obligent à se retirer pour sa propre sauvegarde. Les choses
appartenant au Glamour lui semblent un tout petit peu moins
réelles. En conséquence, les malus infligés par les dégâts chimériques
diminuent de -1. Cependant, cela peut le conduire à sous-estimer
son état physique actuel et à subir des blessures plus graves que
celles qu’il aurait subies s’il n’était pas ainsi affecté.
Absences : le changelin commence à perdre la notion du temps. Il
est victime d’absences et peut ne plus se rappeler les événements
qui ont eu lieu dans un intervalle compris entre cinq minutes et
une heure. Même s’il se comporte tout à fait normalement durant
cette période, ces pertes de mémoire immédiate peuvent le pertur-
ber. Le personnage subit un malus de +1 à tous ses jets d’Astuce
après avoir eu l’une de ces absences (qui se déroulent au choix du
conteur, mais ne devraient se produire au maximum que quelques
fois par chapitre).
Trous de mémoire : le Kithain ne souffre plus d’amnésie de courte
durée, mais il trouve à présent difficile de se rappeler de longues
périodes de sa vie. Il peut oublier à quoi ressemble sa voiture, ou
même qu’il a une voiture. De la même manière, il peut oublier le
nom, voire l’existence, d’un colocataire, d’un ami, d’un parent, voire
de sa dame ou de son seigneur lige. Le conteur devrait décider avec
le joueur des souvenirs que son personnage a perdus. Toutefois, ils
devraient être importants à ses yeux et constituer quelque chose
qu’il ne voudrait pas perdre. Cette perte de mémoire n’est pas per-
manente et s’il parvient à effacer des points de Banalité temporaire,
ils reviendront tout à fait intacts.
Amnésie : le changelin subit une perte totale de sa mémoire à long
terme. Sa personnalité et ses capacités ne changent pas, mais il
oublie en grande partie qui il est. Sa double nature de chair et de
Glamour provoquera sans aucun doute une grande confusion chez
lui, voire de l’inquiétude. S’il parvient à faire descendre sa Banalité
temporaire, son identité et ses souvenirs reviendront sans avoir
subi d’altérations.
Invoquer l’Automne
Au propre comme au figuré, les Brumes peuvent jouer le rôle d’un
bouclier. Si le Kithain invoque l’Automne de la même manière
qu’il invoque le Wyrd (cf. page 259), il peut nier l’effet de la réalité
chimérique qui l’affecte directement. Procéder de la sorte l’immunise
à tous les effets chimériques, y compris les charmes de cette nature,
mais ce faisant, il invite la Banalité à entrer.
Système : pour invoquer l’Automne, le joueur doit dépenser un point
de Volonté. Tous les effets qui possèdent une source chimérique et
devraient affecter le personnage ne le font pas pendant une action.
Quant au Wyrd, il produit ses effets normalement, car il influence
le monde de l’Automne. Le changelin perçoit le monde chimérique
pendant qu’il invoque l’Automne, mais il ne peut pas interagir avec
lui, car pour lui, il devient immatériel le temps de son invocation.
Cette action constitue toujours une amorce à la Banalité.
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Effacer la Banalité
Un changelin livre un combat contre la Banalité toute sa vie éveillée.
Il sait qu’à la fin, il devra le perdre et que son âme sera encore une fois
condamnée à s’endormir. Il sait qu’elle ira s’abriter dans sa coquille
mortelle jusqu’à ce qu’il disparaisse et qu’il puisse à nouveau renaître.
Les armes dont les Kithains disposent pour lutter contre la marée
montante de la Banalité sont rares et précieuses. En revanche, elles
leur permettent de s’accrocher à la moindre parcelle de Glamour qui
subsiste dans le monde. Grâce à elles, ils sont capables de résister.
Lorsque le changelin gagne un point de Glamour, il peut à la
place décider d’effacer un point de Banalité. Pour ce faire, il dépense
définitivement le point de Glamour dont il vient de bénéficier. Il
ne peut le faire qu’à ce moment-là.
Les quêtes
Les changelins peuvent empêcher la Banalité de pénétrer leur âme,
comme nous venons de le voir. Cependant, libérer une âme qui a
déjà ressenti son contact glacé nécessite des mesures plus radicales.
La seule manière de la réchauffer est d’entreprendre une quête en
résonance avec le Songe, de les lier ensemble avec un serment et de
remplir les termes de ce dernier. Cette action peut impliquer un
individu ou un groupe ; par exemple, les changelins d’une Bande
qui ont tous ensemble juré d’accomplir un objectif en bénéficieront
tous s’ils y parviennent. Cependant, ce n’est pas une décision qui
se prend à la légère, et l’on raconte autant les succès grandioses de
ces entreprises que leurs échecs plus sombres.
Les quêtes sont des actions narratives étendues à plusieurs facettes
et en tant que telles, elles ne se résolvent pas par un simple jet de
dés. Une quête devrait au moins se dérouler sur un chapitre de la
chronique. Les plus importantes conviennent à des Kithains qui
souffrent d’une plus grande emprise de la Banalité, et peuvent devenir
des scénarios à part entière. Il est essentiel de se rappeler que si ces
événements ont des règles, le Songe ne se satisfait pas de vulgaires
actions routinières. En effet, si la réussite ou l’échec repose sur le
but, le voyage est somme toute plus important que la destination.
Un changelin parti en quête donne de sa personne pour rapporter
plus de Glamour dans le monde, d’une manière ou d’une autre, ce
faisant, il réchauffe vraiment un peu son cœur.
La Prouesse
Voilà le premier type de quête qu’un Kithain peut entreprendre. Il
descend dans les contrées sauvages du Songe lointain et se lance à la
recherche d’une relique féerique majeure. Ce peut être un artefact,
une créature de grande importance ou même un Domaine situé très
à l’écart des Sentiers connus. Quel que soit l’objet de sa quête, il
doit s’en emparer et le ramener et s’il s’agit d’un lieu, le chemin qui
y conduit doit être dégagé et bien sécurisé. Cette aventure épique
résonne avec la nature profonde du Songe et les choses fantastiques
qui y résident. Elle est le plus souvent choisie par les changelins
qui redoutent tellement la Banalité du monde réel qu’ils préfèrent
l’éviter tout à fait.
Système : un changelin qui cherche à entrer dans une légende plus
importante doit d’abord en avoir connaissance, que ce soit à travers
un livre ou un conte dont les origines remontent avant la Séparation.
Une fois qu’il a appris son existence et que la passion commence
à brûler dans son cœur, il doit mettre sa nature à l’unisson de la
271
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 légende, ce qui requiert un jet de Glamour (difficulté égale au score
de Banalité du personnage). Après cela, il entre de plain-pied dans
cette histoire et ne pourra pas s’en arracher sans renier sa propre
nature d’une manière réellement terrible. S’il échoue ou s’il se
détourne de la quête, il gagne un niveau de Banalité. Pour réussir,
il doit par ses actions la modifier de manière significative, et le
conteur reste l’arbitre final en la matière. Lui seul décidera si les
efforts du personnage ont accompli cet exploit.
Le sujet d’une Prouesse doit incarner une puissante icône
des Fées, que ce soit un Domaine, une chimère ou un Trésor. Si
le joueur devait l’acquérir par le biais d’un historique, il vaudrait
entre 4 et 5 points.
Amphora a écouté les anciens lui raconter l’époque où, quand
ils n’étaient que des Vauriens, ils se sont aventurés dans le Songe
et se sont écartés des Sentiers battus. Ils ont aperçu des tours de
verre et d’or scintillantes et pensaient avoir trouvé un chemin
vers l’Arcadie perdue, mais lorsqu’ils s’en sont approchés, une
manticore sauvage a surgi et les a chassés ! Sentant l’emprise de
la Banalité étreindre son cœur, Amphora décide de se rendre
là-bas avec un groupe d’amis aventuriers et de tuer la manticore.
Trouver les tours dont les anciens ont parlé est un conte à part
entière, et il leur a fallu des semaines de voyage dans le Songe
lointain pour y parvenir, mais ils finissent par trouver la créature
et l’affronter ! Le combat est féroce et elle manque bien de perdre
plus d’un camarade dans cette bataille, mais ils parviennent à
triompher. Le château perdu de Galistrad n’est pas l’Arcadie et
même s’il n’est qu’un pâle reflet de sa radieuse beauté, il vaut
largement le prix qu’il a fallu payer pour le reprendre.
Nikolaï entendit pour la première fois parler de l’épée des Six
pas au cours des cérémonies consacrées à son jour du Nom.
On racontait inlassablement cette histoire dans le Domaine
où il s’était retrouvé après sa Chrysalide. L’arme magnifique,
capable d’emmener son porteur n’importe où, avait disparu
des centaines d’années auparavant dans le Songe. Les années
passant, la Banalité grignotait lentement l’âme de Nikolaï, mais
il n’avait jamais tout à fait oublié cette fameuse épée. Un jour,
alors qu’il racontait cette histoire à un tout jeune Gamin, il
décida d’ajouter une page à la légende et conclut son récit par
un « Et je m’en vais la retrouver ! ». Et c’est ce qu’il fit, après
un long voyage dans le Songe. Il échangea ses cheveux à un
ogre chauve contre le couteau qu’il portait à sa ceinture, et il
l’utilisa pour abattre un puissant chêne au sommet duquel un
roc féroce avait fait son nid. Il y récupéra un œuf, celui-ci finit
par éclore et donna naissance à un immense et splendide oiseau,
assez grand pour qu’il puisse le chevaucher. Il libéra l’oisillon
lorsqu’il trouva l’épée et l’arracha à la falaise où on l’avait plantée
des siècles auparavant. « Inutile de garder enchaîné un esprit
libre », pensa-t-il. Le reflet sur sa lame lui montra ses amis les
plus chers, puis les amis de ses amis, puis leurs amis, et ainsi
six fois de suite. À qui allait-il montrer son nouveau trésor en
premier ?
C’était censé être facile. Virgilius avait juste entendu parler de la
Pendule de chêne et de son balancier en or. En revanche, rien du
tout sur les ronces, les épineux et les bêtes qui se dressaient entre
lui et sa proie ! Pendant un moment, il s’est accroché. Après tout,
il pouvait sentir dans son âme cette chose l’appeler, et ce genre
d’appel est difficile à ignorer. Mais lorsque ses camarades sont
tombés, quand la faim est arrivée et que l’espoir s’est évanoui,
il ne lui restait plus rien d’autre à faire que de laisser tomber.
272 Changelin : le Songe
Le fardeau de cette quête pesait trop lourd, même contre la
promesse de libérer son âme de la poigne terrible de la Banalité,
et des Brumes toujours plus envahissantes qui obscurcissaient
son esprit et sa vue. Il n’est plus tout à fait sûr de rêver ou de
veiller. D’ailleurs, il n’est plus sûr de son nom non plus. Au
fond de son cœur, tout ce qu’il sait, c’est qu’il a échoué, mais
même la raison de cet échec lui file entre les doigts.
L’Inspiration
Voilà le deuxième type de quête qu’un changelin peut entreprendre,
et dans laquelle il élit un mortel comme objectif. Il doit porter ce
mortel au pinacle de sa créativité et pour ce faire, il emploiera tous
les moyens nécessaires et lui insufflera tant de Glamour qu’il brillera
comme un phare dans la nuit. Cela n’a rien d’une Rhapsodie, loin de
là ! Le Kithain doit guider avec attention son pupille et s’assurer que
la folle pulsion qu’il lui a instillée ne détruise pas son esprit, sinon
la quête échouera. Il doit à la place faire en sorte que le manteau de
Glamour dont il l’a couvert déclenche une série d’événements qui, à
leur tour, conduiront d’autres mortels tout au bord du gouffre… mais
pas plus loin. Il procède ainsi afin de créer une source de Glamour si
irrésistible qu’elle en devient contagieuse, sans toutefois lui attribuer
une puissance qui la rendrait mortelle.
Système : un changelin qui espère étendre l’ascendant du Songe
parmi les mortels doit d’abord trouver un ou plusieurs individus
capables d’influencer les autres. Somme toute, l’échelle n’a guère
d’importance. Le PDG d’une société de marketing disposant d’un
contrôle créatif est une cible tout aussi valable qu’un barman bien
connu ou un comique. Tout ce qui compte, c’est qu’ils aient des
contacts fréquents avec un groupe de personnes et qu’ils soient en
position de les inspirer d’une manière ou d’une autre. Entreprendre
cette quête est un acte de volonté éclairée. Une fois que le changelin
a trouvé son sujet, il doit se consacrer à inspirer le mortel avec un
jet de Volonté (difficulté égale à la Banalité de sa cible ; en ce qui
concerne cette quête, difficulté 6 minimum). En cas de succès, il se
lie à lui et lui promet de rendre sa vie plus imaginative et lumineuse.
Ensuite, le joueur fait un jet de Perception + Acuité (difficulté 8)
pour déterminer le temps qu’il lui faudra pour comprendre ce qui
le pousse à créer (cf. la Musardise, page 261 pour plus de détails).
Si la situation et les compétences du mortel se prêtent à l’Orée de
la Musardise du changelin, divisez le temps requis par deux. Pour
que le personnage puisse inspirer sa cible, son joueur doit faire un
jet de Manipulation + Empathie (difficulté 6), comme s’il Musardait
normalement. Cependant, s’il ne laisse pas tranquille le Glamour
qu’elle renferme, il ne pourra pas progresser dans sa quête. Pour
chaque unité de temps, le joueur fait un seul jet de dés. Son objectif
final consiste à faire grimper la réserve temporaire de Glamour du
mortel afin qu’elle dépasse son score de Banalité permanent. À ce
moment-là, il s’écoulera dans le monde réel à travers son œuvre et
inspirera les autres. Chaque point de Glamour ainsi libéré représente
un mortel inspiré. Si le joueur veut effacer un niveau de Banalité,
le Glamour répandu doit inspirer un nombre de mortels égal au
niveau de Banalité du changelin.
Henrietta est une mère célibataire qui cumule deux emplois
afin de nourrir ses deux enfants. Elle n’a déjà guère de temps
à se consacrer, et elle en a encore moins pour le roman qu’elle
essaie d’écrire depuis cinq ans. Quant à sa sœur Anastasia, avec
qui elle s’est brouillée, elle abrite l’âme d’une duchesse sidhe.
Elles ont beau ne pas s’être parlé depuis des années, la noble
dame ressent toujours le lien qu’elle partage avec sa sœur. Elle
l’observe de loin et se souvient de l’époque avant sa Chrysalide,
quand elle était encore une enfant et que Henrietta avait des
milliers d’histoires merveilleuses, débordantes de magie et
d’aventures, à lui raconter. Revenir dans sa vie s’avère assez
simple, la sœur prodigue rentre à la maison. Ainsi, elle peut
guider l’intervention de Dame Fortune et lui demander un
petit coup de pouce. Pendant qu’elle l’aide à la maison et s’oc-
cupe des enfants, Henrietta a enfin la chance de se poser et de
s’atteler à l’écriture de son livre. Son roman terminé, le succès
enflamme le monde. Bientôt, la toile regorge d’illustrations, de
fictions, de séries imaginées par ses fans, et plus encore, tous
consacrés aux histoires que Henrietta racontait à sa petite sœur.
Le déferlement de Glamour insuffle à nouveau la jeunesse en
Anastasia, sans parler du bien qu’il fait à son aînée.
Tabitha est si maligne et charismatique qu’elle parvient à dissi-
muler aux yeux de tous, derrière des histoires amusantes et un
sourire, l’influence lente, insidieuse et régulière de la Banalité sur
son âme. On pourrait penser que l’inspiration vient facilement à
notre Eshu, mais ses moitiés mortelle et féerique ne s’accordent
plus et elle s’est éloignée de l’humanité. Elle remue pourtant ciel
et terre pour en cacher les signes les plus évidents. Des épaules
trop larges, un menton trop carré, un rire un peu trop fort et
ainsi de suite. Lorsque Tabitha se penche sur son problème et
cherche un moyen de repousser la Banalité qui vaille la peine
d’être raconté, elle se sent plus à l’aise de le faire de très loin.
Heureusement, même cette époque Banale dispose de l’outil
parfait pour elle ! Un compte Tumblr plus tard, elle rejoint une
communauté en plein essor (et facilement excitée). Un compte
Twitter, et voilà que ses phrases font mouche et se répandent
comme une traînée de poudre à travers la ville, puis à travers
le monde ! Elle n’a pas lancé ce mouvement, mais elle en fait
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
partie, depuis chez elle, et tisse les faits afin de leur donner une
résonance à même de motiver ses camarades pour entreprendre
de véritables actions. En retour, cet élan inspire les autres. Et
tout ça sans quitter l’abri de son appartement !
Thaddeus traîne ses guêtres par ici depuis déjà un bon moment.
Un vrai Grincheux grincheux, ravi de s’accrocher à ce qu’il
possède. Pourtant, la Banalité le ronge toujours et il passe de
plus en plus de temps à se demander ce qu’il se passera une fois
qu’il aura sombré dans l’Oubli. Mais un jour, il entend parler
d’un Satyre fou à moitié emporté par le Tumulte, décrivant
une méthode pour purger quelqu’un de sa Banalité. Comment
peut-on lui reprocher de vouloir profiter encore un peu de la
vie ? Il avait tout préparé. Il a fait remarquer une amie écrivaine,
particulièrement inspirée. Il lui a obtenu un emploi dans un
studio de cinéma. Et maintenant, que le Glamour coule à flots !
Ça aurait pu marcher, si son amie n’avait été choisie par un
producteur douloureusement Banal. S’il ne la chargeait pas
d’écrire des films grand public tout à fait stériles et inintéressants.
À présent, l’étincelle de créativité de cette écrivaine s’éteint à
une vitesse affolante et Thaddeus sent le frisson de l’hiver le
grignoter lentement.
Le Songe
Et pour finir, voici le troisième genre de quête qu’un changelin
peut entreprendre. Il se consacre à arracher un mortel entièrement
consumé par la Banalité des tréfonds glacés dans lesquels il a plongé,
et lui montre une nouvelle fois la beauté et la joie du Songe. Il ne
faut pas prendre cette description au pied de la lettre, bien sûr, ou
du moins, cela n’est pas nécessaire. Il est tout à fait acceptable d’en-
visager comme objectif d’insuffler assez d’inspiration et de joie dans
la vie de quelqu’un pour déclencher des changements significatifs.
273
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Attention, toutefois, car si l’étreinte de la Banalité est trop forte
sur la malheureuse âme, elle n’aura guère de mal à transformer
les espoirs du changelin en haine brûlante de la Féerie. Plus d’un
Automnal est né de ce genre de quête, voilà un remède qui peut se
révéler pire que le mal, et plus douloureux encore que le niveau de
Banalité qu’un échec inflige.
La quête du Songe est possiblement la plus difficile de toutes,
mais elle est aussi la plus gratifiante. Le changelin voit l’influence
de la Banalité relâcher l’emprise qu’elle possède sur lui et en plus,
il libère un mortel, ou du moins il le libère autant qu’il le peut, de
l’étreinte permanente de cette redoutable force. Nombreux sont ceux
qui considéreraient cela comme une réussite à part entière. Pour
entreprendre cette quête, le changelin doit pendant un moment
communier avec sa propre Banalité et l’utiliser pour se lier à celle du
mortel. En joignant leurs deux Banalités, il lie aussi leurs destins. S’il
parvient à inspirer cette âme perdue, il partagera cette inspiration
et perdra un niveau de Banalité. S’il échoue, l’apathie du mortel le
sature et il gagne un niveau de Banalité.
Système : un mortel dont le score de Banalité est égal à 9 constitue une
cible parfaite pour cette quête. En effet, même s’il est sur le point
de se faire complètement dominer par l’apathie qui s’insinue dans
son cœur, il existe encore une étincelle d’espoir. Pour se mettre au
diapason de cette Banalité, le changelin doit faire un jet de Banalité
opposé à celui du mortel (difficulté égale à son score de Glamour
permanent). En cas de succès, il est parvenu à fusionner leurs
deux Banalités et jusqu’à la fin de sa quête, la Banalité de sa cible
ne peut plus l’affecter. En cas d’échec, le Tempérament du mortel
s’est déchaîné contre la source de Glamour qu’il a perçue, et le
changelin gagne un niveau de Banalité. S’il veut faire décroître cette
valeur chez sa cible, le personnage doit provoquer un changement
conséquent dans sa vie, car la plupart des mortels qui disposent
d’un score aussi élevé possèdent généralement un trait spécifique qui
génère cette Banalité. Par exemple, le Kithain doit persuader celui
sur qui il a jeté son dévolu de démissionner de ce poste, ou bien de
laisser l’amertume de son divorce s’en aller, et ainsi de suite. Bien
que la cause de ce Tempérament chez le mortel soit assez évidente,
il revient au conteur de déterminer cette tâche.
Quand Mira s’est trop assagie, elle est devenue Vaurien et,
submergée par l’envie de voyager et d’agir, elle fait ce qu’elle
n’aurait jamais pensé faire. Elle rentre chez elle. Au début, son
père n’est pas du tout ravi de la voir débarquer. Amer et furieux
après l’échec de son mariage, et avec une fille qui ne suivait pas
le chemin qu’il avait tracé pour elle, il l’a jetée dehors avant
même qu’elle ait terminé le lycée. Ces deux-là ne se sont plus
parlé depuis. Mira découvre un esprit tellement aveuglé par la
bigoterie et la Banalité qu’elle peut au début à peine supporter
de se trouver dans la même pièce que lui. Mais plutôt crever
que de l’abandonner à ce triste sort ! Et d’un coup, quelque
chose change en elle après qu’elle s’est fait cette promesse. Si
vivre avec lui est toujours aussi difficile, cela n’est plus vraiment
dangereux, bien que leurs disputes montent toujours aussi vite
dans les aigus. Un jour, elle trouve dans le courrier une relance
pour une facture impayée et plusieurs lettres de recouvrement.
Elle identifie alors le facteur de stress original qui a poussé son
père dans cette spirale infernale. Son travail à mi-temps dans
la grosse boîte du coin ne lui rapporte rien, il n’a aucun espoir
de payer un jour ses dettes et il est sur le point de perdre sa
maison. Pourtant, après un pari astucieux et quelques heures
passées en compagnie de ses vieux outils de ferronnerie, le
274 Changelin : le Songe
résultat surprend. Il s’est fait plus d’argent en une journée
passée à vendre ses bijoux en métal de récupération sur un
petit marché artisanal qu’en deux mois dans son boulot pourri.
Cela lui prendra probablement plusieurs années, mais il finira
par s’extraire peu à peu de sa coquille de Banalité, attiré par la
perspective d’une certaine stabilité financière. Sans s’en rendre
compte, il crée de l’art par pur plaisir. Il n’est sans doute pas
parfait, c’est toujours un vieux râleur aigri qui préférerait que
sa fille s’installe avec un homme, au lieu de fréquenter cette
espèce de harpie de la ville. Or pour la première fois dans la
vie de sa fille, il ne le lui dit pas en face.
Ash n’avait jamais rien désiré d’autre qu’une vie insouciante, et
peut-être quelques andouilles faciles à faire tourner en bourrique
avec quelques blagues (inoffensives, jure-t-il). Plusieurs fois, il a
bien failli être emporté par le Tumulte, et repoussé si violemment
la Banalité du monde qu’il a presque tout perdu. Sa Bande fait
donc en sorte de lui imposer un temps d’interaction minimum
avec les mortels. Cependant, après tant d’années passées dans
les Domaines et le Songe, le monde ne l’a pas attendu ! Son
meilleur ami Nolan, qui ne l’a pas vu depuis vingt ans, a depuis
longtemps oublié les interminables et si délicieuses heures
perdues dans la salle de jeux d’arcades, devant Burn Legend.
Alors quand Ash le retrouve, débarque et sonne à sa porte, un
sac rempli de chips, de sandwiches et de soda à la main, Nolan
manque de s’évanouir dès qu’il l’aperçoit. Il est dans un triste
état et s’échine dans un boulot où il gagne à peine de quoi
survivre pour 60 heures par semaine. Pour la première fois
de sa vie, Ash prend les choses au sérieux et jure de sortir son
pote de ce puits de Banalité. Trouver un moyen d’y parvenir
lui prend un peu plus de temps qu’il ne l’aurait cru, et une
fois que Nolan s’est habitué au fait que son ami d’enfance est
toujours en vie et toujours un enfant… D’ailleurs, c’est toute
une histoire, en vérité, et la version de Ash inclut bien un
enlèvement par des extraterrestres, quelques vaisseaux-sondes
et la métamorphose… Enfin, bref ! Quoi qu’il en soit, les deux
amis finissent par jouer à Burn Legend EX comme des fous
sur sa vieille console poussiéreuse. Raviver la passion de Nolan
pour les jeux vidéo était tout à fait accidentel, mais c’était pile
ce qu’il fallait. Même sans les encouragements de son ami, il
ne lui faut pas longtemps pour passer tout son temps libre à
jouer de la manette, reprendre ses vieux réflexes et maîtriser de
nouveaux systèmes. Lorsqu’il finit dans les huit premiers d’un
tournoi régional, il redouble d’efforts et son nom est bientôt
sur toutes les lèvres de la communauté des joueurs. Ash peut
sentir les vagues de Glamour qu’il libère lorsqu’il prend part à
une compétition, et qui se renforcent un peu plus chaque fois.
Étrangement, il se sent bien mieux dans le monde mortel qu’au
cours de toutes ces années passées dans le Songe.
Autrefois, la prose d’Enoch transpirait littéralement le Glamour.
Pendant des années, Adriana l’a suivi. Elle s’est nourrie de ce
Glamour et jouait les muses quand il le fallait, et quand rien ni
personne d’autre n’attirait son attention. Aujourd’hui, Enoch a
vendu ses droits pour une adaptation de son œuvre en bande
dessinée et il est allé s’installer dans une grande propriété en
périphérie de la ville, soi-disant pour travailler dans un environ-
nement plus calme et propice à la concentration. Mais il s’est
retrouvé victime d’un syndrome de la page blanche si puissant
qu’il peut à peine poser sa plume sur une feuille de papier.
Lorsque Adriana le retrouve, c’est le choc. La maison irradie
 la Banalité de son précédent propriétaire, et cette Banalité a
infecté l’écrivain ! L’homme a été son aimant à Glamour, et
l’a parfois aussi un peu entretenue, et elle refuse de le laisser
dans cet état. D’autant qu’elle devrait s’en trouver un autre !
Mais elle décide d’inspirer Enoch de son mieux et de le sortir
autant que possible de sa maison corrompue par la Banalité.
Cependant, la tâche s’avère de plus en plus difficile à mesure
qu’il s’enfonce dans ses habitudes. Il a pratiquement oublié
toutes les merveilles du Glamour que la jeune femme lui avait
dévoilées par le passé, et il la considère désormais comme une fan
parmi tant d’autres. Et d’un genre particulièrement ennuyeux.
Tandis qu’elle lui ment, le flatte et tente de le persuader de se
remettre à l’écriture, il lui ment à son tour et la convainc qu’il
s’implique très profondément dans l’écriture de cette adaptation
en BD. Il lui raconte que ce sera tout à fait original, un volume
complémentaire à ses romans et cela semble la satisfaire, jusqu’à
la parution du premier numéro. La chose n’est rien d’autre
qu’une répétition sans saveur et immature du roman, qui a
remplacé la magie de sa prose par des illustrations banales et
ennuyeuses. Il refuse d’ouvrir sa porte et après un bon quart
d’heure à écouter le téléphone sonner dans le vide, quelque
chose se brise en Adriana. C’est peut-être son cœur, mais elle
se sent trop engourdie pour le dire.
Le Cauchemar
En plus des trois Tempéraments déjà présents sur la feuille, le joueur
doit également garder une trace du niveau de Cauchemar de son
personnage. Ce trait représente la façon dont le Songe l’attire vers
sa part de folie inhumaine, et la perte de contrôle et de perspective
qu’il incarne sert de signal d’alarme pour le changelin qui se laisse
emporter sur la voie du Tumulte. Lorsque le joueur fait un jet de
Glamour ou lance un charme, il remplace dans son groupement
un nombre de dés égal à son score de Cauchemar, sans toutefois
dépasser son nombre maximal de dés dans le groupement original.
Exemple : un Troll utilise un charme et son joueur lance six dés
qui équivalent à la somme de son Art de la Prestidigitation et de
son Royaume de la Fée. À l’heure actuelle, le score de Cauchemar
du personnage est égal à 8, ce qui signifie que le joueur remplace
tous les dés de son groupement par des dés de Cauchemar, d’une
couleur différente. Il ne lance pas huit dés, car son groupement ori-
ginal n’en compte que six. Les dés de Cauchemar qui interviennent
en remplacement de dés normaux n’augmentent jamais le nombre
total de dés disponibles dans un groupement, sauf si le personnage
Déchaîne un Art (cf. Le Déchaînement, page 196).
Sur la feuille de personnage, ce trait apparaît sous la Volonté et ne
compte qu’une réserve de 0 à 10. Le joueur note les points de gauche
à droite, et coche une case lorsqu’il fait un échec critique sur un jet de
Glamour ou de charme (ajoute un point de Cauchemar), Déchaîne
un Art (ajoute un point de Cauchemar avant le Déchaînement), et
obtient des « 10 » sur ses dés de Cauchemar (un point par « 10 »
obtenu de la sorte).
Le joueur peut faire diminuer de –1 la difficulté d’un jet de
charme s’il décide de remplacer trois dés dans son groupement par
un dé de Cauchemar. Pour pouvoir le faire, il doit disposer de trois
dés à remplacer. Il n’augmente pas la réserve de Cauchemar de son
personnage après ce jet de dés (sauf bien sûr s’il obtient des « 10 »).
Les dés de Cauchemar fonctionnent comme des dés normaux
pour le jet. En revanche, lorsqu’ils font « 10 », le joueur ajoute tout
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
de suite un autre point de Cauchemar à sa réserve. Le personnage
peut ainsi cocher plusieurs points au cours d’un seul jet, mais son
score ne dépassera jamais 10.
Le Déséquilibre
Lorsque le score de Cauchemar d’un personnage atteint 10, son
joueur efface tous les points de cette réserve de sa feuille, et ils se
transforment en un Déséquilibre. Pour ce faire, il doit entourer le
point de Volonté le plus à droite (sous son dernier niveau de Volonté,
de la droite vers la gauche). Ce point de Volonté joue toujours son
rôle, sauf lorsque le personnage subit une Orée du Tumulte (cf.
page 294) en dépensant le point de Volonté en question. Si tous
les points de Volonté du personnage sont en Déséquilibre, il est
emporté par le Tumulte. Obtenir un Déséquilibre lui fait également
regagner un point de Glamour.
Le système de combat
Quand on est un changelin veinard, la vie demeure pour l’essentiel
une succession de merveilles, de magie et de joie. Cependant, les
Dauntains tentent de détruire leur magie et les monstrueux Thallains
essaient régulièrement de semer souffrance et destruction dans leur
sillage. Pour vaincre ces ennemis, ou parfois simplement pour laver
leur honneur souillé par un congénère, les Kithains doivent combattre.
Dans Changelin : le Songe, le combat tente de retranscrire l’as-
pect dramatique et excitant du conflit, sans toutefois amoindrir les
risques mortels qu’il génère. En revanche, il convient de rappeler
que, comme toutes les autres facettes d’une chronique de Changelin,
le combat se doit d’être amusant. Si vous voulez laisser l’action se
dérouler et vos joueurs accomplir des exploits héroïques et audacieux,
règles détaillées et tableaux interminables doivent se faire discrets.
Se prendre le bec sur les mécaniques du jeu, ou encore passer dix
minutes à feuilleter ce livre au beau milieu d’un combat, va largement
saper l’intérêt d’une formidable scène d’action. Si les règles soufflent
la vedette au panache, qui admirera les personnages risquant leur
vie pour leurs alliés ou leurs convictions en montrant à tous leur
vaillance et leur talent ? Les règles qui suivent sont conçues pour
contribuer au plaisir du jeu, mais n’oubliez jamais que l’amusement
doit toujours prendre le pas sur la mécanique.
Le combat se divise en une série de tours d’action, qui durent
trois secondes et se divisent en quatre phases : l’initiative, l’attaque,
la défense et la résolution. Pour commencer, tous les personnages
impliqués lancent un jet d’initiative afin de déterminer à quel moment
ils agissent, puis ils font un jet d’attaque et voient quel coup porte
et qui est touché. Ensuite, tous ceux qui le souhaitent font un jet
de défense pour tenter d’éviter l’attaque qui les cible. Enfin, les
personnages concernés font un jet qui de dégâts, qui d’absorption
afin de connaître l’étendue des éventuelles blessures. Si chaque scène
de combat est différente, l’affrontement en lui-même se divise en
deux catégories principales.
Le corps à corps : il recouvre les combats à mains nues (Dextérité
+ Bagarre, avec les poings, les griffes ou les pieds) ou bien avec des
armes de mêlée (Dextérité + Mêlée, de la joute à cheval pour l’hon-
neur et la gloire, au coup de tuyau en plomb asséné par un Troll
sur la tête d’un Automnal). Les adversaires doivent être à distance
de contact (environ un mètre) pour engager un combat sans arme.
Au cours d’une mêlée, pendant laquelle des armes sont utilisées,
ils doivent se situer entre un et deux mètres les uns des autres.
275
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le combat à distance : arcs élégants ou fusils à pompe, ce type de
combat nécessite l’usage d’armes de tir (les deux font appel à la
Dextérité + Armes à feu), mais concerne aussi les simples pierres
que l’on jette. Pour engager un combat à distance, les adversaires
doivent normalement pouvoir se voir et se tenir dans la portée
maximale de leurs armes respectives.
Première étape : l’initiative
Quelle que soit l’action d’un personnage en combat, le moment où
elle se déroule joue souvent un rôle important. Le Pooka plongera-t-il
derrière une voiture garée là avant que le Sidhe en colère décoche sa
flèche ? Le Troll héroïque abattra-t-il son épée sur le Ténébreux avant
qu’il déchaîne une monstrueuse attaque contre son ami ?
La première étape de cette phase organise le tour et donne l’ordre
dans lequel agiront les personnages des joueurs et du conteur impli-
qués dans la scène de combat. Tout le monde lance un dé et ajoute
son résultat à son score d’initiative (la somme de sa Dextérité + Astuce).
C’est à ce moment que les éventuelles pénalités de blessures sont
soustraites à ce total. Plus le chiffre obtenu est grand, plus le joueur
agira tôt dans le tour. Le personnage avec le résultat le plus élevé
agit en premier, suivi par les autres dans l’ordre décroissant. Si deux
personnages obtiennent le même total, celui qui a le score d’initiative
le plus haut agit le premier. Si les scores d’initiative sont aussi égaux,
alors ils agissent simultanément. Lorsque le conteur doit gérer de
nombreux personnages au cours de la scène, ou simplement s’il ne
veut pas prendre en compte différentes valeurs d’initiative, il peut
choisir de faire un seul jet d’initiative pour tous ses personnages. Les
joueurs et les conteurs qui souhaitent mettre un peu plus l’accent
sur les capacités de leurs protagonistes et minimiser l’influence du
hasard peuvent calculer l’initiative en ajoutant simplement 6 à leur
score d’initiative.
Au cours de cette phase, tous les personnages annoncent les
actions qu’ils comptent entreprendre pendant le tour, dans l’ordre
inverse d’initiative, permettant ainsi aux plus rapides d’agir en
fonction des actions des plus lents. C’est aussi à cet instant que vous
spécifiez les actions multiples éventuelles et la dépense de points de
Volonté. Vous choisissez librement l’action que vous pouvez effec-
tuer en un tour, que ce soit lancer un charme, fouiller une poche,
charger quelqu’un et le frapper avec votre épée large, ou encore vous
entasser dans une voiture et vous enfuir à toute vitesse. Vous pouvez
également décider de retarder l’action de votre personnage et de
réagir aux choix des autres personnages. Si tout le monde retarde
son action, le tour s’écoule sans que rien ne se passe.
Les complications de l’initiative
Plusieurs exceptions peuvent venir influencer l’ordre d’initiative. Si
vous décidez de retarder votre action, la manœuvre de votre person-
nage peut avoir lieu à n’importe quel moment dans le tour. Il agira
alors n’importe quand après son rang dans l’ordre d’initiative, même
pour interrompre l’action d’un personnage plus lent. S’il intervient
en même temps que quelqu’un d’autre, celui qui a le score d’initiative
le plus élevé agit en premier. Il en va de même si deux personnages
retardent leur action et décident d’agir au même moment. Vous
pouvez également annuler l’action prévue pour effectuer une action
défensive, que le personnage peut entreprendre à n’importe quel
moment tant qu’il lui reste une action à effectuer dans le tour (cf.
« Annuler une action »). Enfin, les actions supplémentaires octroyées
276 Changelin : le Songe
par les charmes ou la division des groupements se déroulent à la fin
du tour, et encore une fois dans l’ordre d’initiative.
Deuxième étape : l’attaque
En plus des charmes, d’autres capacités surnaturelles ou de moyens
d’attaque indirects, les personnages agressent physiquement leurs
adversaires de diverses manières. Sauf indication contraire, la diffi-
culté de la plupart des attaques est égale à 6. Vous trouverez plus de
détails sur les difficultés dans la description individuelle des armes
et des manœuvres de combat. Parmi les attaques physiques figurent
les options suivantes.
Les personnages utilisent leur groupement de Dextérité + Bagarre
quand ils frappent au corps à corps avec leurs poings, leurs pieds
ou leurs griffes, ou qu’ils effectuent une attaque de contact
quelconque.
Ils utilisent leur groupement de Dextérité + Mêlée pour une
attaque de corps à corps portée avec une arme de mêlée, comme
une épée, une hache ou un tuyau.
Ils utilisent leur groupement de Dextérité + Armes à feu pour
une attaque à distance utilisant des armes à feu, des arcs ou
des arbalètes.
Ils utilisent leur groupement de Dextérité + Athlétisme pour
une attaque à distance mettant en œuvre des projectiles, comme
des pierres, des boomerangs ou des couteaux de lancer.
Les manœuvres de combat
Au cours d’un combat, les personnages ne sont pas cantonnés à
une simple attaque et ils bénéficient d’un large choix d’options.
Ces manœuvres donnent une atmosphère plus dramatique, et une
touche souvent plus efficace, à un affrontement. Sauf indication
contraire, elles demandent une action pour être entreprises.
Manœuvres générales
Les manœuvres suivantes peuvent se déployer avec toutes les formes
d’attaque et de défense.
Annuler une action : tant que votre personnage n’a pas encore agi
dans le tour, vous pouvez abandonner l’action annoncée pendant
la phase d’initiative et la remplacer par une action défensive. Une
action peut être annulée pour une parade, un blocage ou une
esquive. Un jet réussi de Volonté (difficulté 6) ou la dépense de 1
point de Volonté est nécessaire pour annuler une action et la rem-
placer par une manœuvre défensive, car cette décision demande
un effort. Dans ce cas précis, la dépense du point de Volonté se
fait au moment de l’annulation de l’action, et n’a donc pas besoin
d’être annoncée au préalable. De même, le jet de Volonté est une
action réflexe qui ne compte pas dans les actions du tour de votre
personnage (cf. « Les manœuvres défensives » pour une description
de la parade, du blocage et de l’esquive). S’il rate son jet de Volonté,
il doit exécuter l’action qu’il avait annoncée à l’origine à moins de
dépenser 1 point de Volonté.
Embuscade : une embuscade consiste à surprendre son adversaire
pour frapper vite et fort en premier, et ainsi l’empêcher de se
défendre. Il s’agit d’une action en opposition, impliquant la
Dextérité + Furtivité de l’attaquant contre la Perception + Vigilance
de la cible. Si l’attaquant obtient plus de réussites, il a droit à une
attaque gratuite contre la cible. Celle-ci ne peut absolument pas
se défendre (à moins d’être sous l’influence d’un charme actif ou

Caractéristiques
des manœuvres de combat
Quelle que soit leur nature, et à quelques exceptions près,
les manœuvres de combat se présentent toutes de la même
manière.
Caractéristiques : la combinaison de caractéristiques utilisée
pour l’action. Si votre personnage ne possède pas de
point dans la capacité demandée, il se contente alors
de son attribut.
Précision : les dés rajoutés au jet pour toucher l’adversaire.
Une précision de « +3 » ajoute trois dés au groupement
de dés de cette attaque. Cette caractéristique ne s’ap-
plique que pour les armes à distance.
Difficulté : certaines manœuvres ont une difficulté fixe (qui
est en général de 6), toujours exprimée comme (X).
Pour d’autres, un modificateur s’applique et est noté
« +X ». Un « +2 » signifie que la difficulté de l’attaque,
si elle était de 6, passe à 8.
Dégâts : le groupement de dés de dégâts utilisé.
d’un autre moyen surnaturel) ni annuler d’action dans ce but. De
plus, l’attaquant peut ajouter les réussites supplémentaires du jet
en opposition à son groupement de dés d’attaque. En cas d’égalité,
l’attaquant frappe toujours le premier, mais la cible peut faire une
manœuvre défensive. Si le défenseur obtient plus de réussites,
il détecte l’embuscade, et les deux camps font un jet d’initiative
normal. Une cible déjà engagée en combat ne peut être la victime
d’une embuscade.
Attaque de flanc et de dos : un personnage attaquant une cible de
flanc gagne +1 dé d’attaque supplémentaire. En attaquant de dos,
il gagne +2 dés.
Déplacement : un personnage peut se déplacer de la moitié de sa
distance de course (cf. « Déplacements », page 252) et entreprendre
une autre action dans le même tour. Se déplacer au-delà de cette
distance en un tour constitue une action automatique. D’autres
manœuvres comme sauter ou faire une roulade peuvent être consi-
dérées comme des actions à part, selon leur complexité.
Viser : viser un point précis augmente la difficulté, mais permet
d’éviter une armure ou un couvert, d’augmenter les dégâts infligés
ou d’accomplir d’audacieuses prouesses, comme ajuster son tir
et désarmer un adversaire. Le conteur doit envisager les résultats
particuliers en plus d’une difficulté accrue et des simples dégâts
supplémentaires, selon l’attaque et la cible. Le personnage peut
viser aussi bien au corps à corps qu’à distance.
Taille Dé de
de la cible Difficulté dégâts Exemple
Moyenne +1 Pas de bras, mallette
modification
Petite +2 +1 main, tête, dague
Précise +3 +2 œil, coeur, serrure
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Combat à deux armes : s’il est assez compétent, ou audacieux, pour
s’y essayer, un personnage peut tenter d’agir avec deux armes qui
s’y prêtent en même temps. Tirer avec deux pistolets, attaquer avec
une épée courte et une dague, voire avec deux épées courtes, tout
cela reste dans le domaine du possible, ce qui n’est pas le cas avec
deux fusils ou deux épées larges (sauf si l’utilisateur s’est débrouillé
pour avoir quatre bras). Exécutée au cours du même tour, cette
manœuvre est une action multiple et obéit de ce fait aux mécaniques
habituelles. Le joueur résout chaque attaque indépendamment
l’une de l’autre, et la difficulté du jet effectué avec sa main non
directrice augmente de +1. Cette pénalité ne s’applique pas si le
personnage est ambidextre.
Les manoeuvres de corps à corps
Lorsqu’ils sont engagés dans un combat rapproché, les personnages
peuvent effectuer toutes les manœuvres décrites ci-dessous.
Adversaires multiples : un personnage se battant contre plusieurs
adversaires en corps à corps subit un modificateur à la difficulté
de ses attaques et défenses ; il est de +1 par adversaire au-delà du
premier, jusqu’à un maximum de +4. Par exemple, s’il affronte
trois adversaires au cours du même tour, la difficulté de tous ses
jets d’attaque et de défense augmentera de +2.
Agripper : avec un jet d’attaque réussi, l’attaquant saisit son adversaire
et tente de l’écraser contre lui. Au premier tour, l’attaquant inflige
des dégâts contondants en utilisant sa Force. Les tours suivants,
les combattants agissent dans leur ordre d’initiative. Un combat-
tant peut infliger automatiquement des dégâts dépendants de sa
Force ou tenter d’échapper à l’empoignade. Aucune autre action
n’est possible jusqu’à ce que l’un des adversaires se libère. Pour
s’échapper, il faut réussir un jet en opposition de Force + Bagarre.
Si le personnage qui veut s’échapper obtient plus de réussites, il est
libre ; sinon, l’empoignade se poursuit le tour suivant.
Caractéristiques : Force + Bagarre Difficulté : 6
Dégâts : Force/C
Aveugler : envoyer de la terre au visage de son adversaire, voilà ce
qu’on appelle un coup bas. Pourtant, il faut parfois y recourir
pour gagner. Jeter du sable ou de la poussière, ou bien se servir
d’une bombe de laque peut tout à fait aveugler temporairement
l’ennemi. Si la manœuvre est exécutée avec succès, la cible ne voit
plus pendant un tour par réussite obtenue sur le jet de dés. De
plus, elle perd deux dés sur tous ses groupements pendant la même
durée. Enfoncer ses doigts dans les orbites ou le griffer au niveau
des yeux se révèle tout aussi efficace. C’est une attaque ciblée qui
peut également infliger un ou plusieurs niveaux de dégâts létaux,
en plus de la cécité temporaire.
Caractéristiques : Dextérité + Subterfuge Difficulté : 9
Dégâts : spéciaux
Balayage : l’attaquant tente de déséquilibrer et faire tomber son
adversaire. S’il utilise ses jambes, le joueur fait un jet de Dextérité
+ Bagarre, ou Mêlée si le personnage se sert d’une arme au moins
aussi longue que son avant-bras. Cette attaque n’inflige aucun dégât ;
si elle porte, la cible tombe automatiquement au sol.
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre (ou Mêlée) Difficulté : 8
Dégâts : aucun
Coup avec une arme : la forme d’attaque la plus basique portée avec
une arme. Le personnage frappe son adversaire avec une épée, une
hache ou un gourdin. La difficulté du jet et les dégâts ne changent pas.
Caractéristiques : Dextérité + Mêlée Difficulté : 6
277
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Dégâts : dégâts de l’arme
Coup de crosse : l’attaquant frappe sa cible au visage ou sur la tête
avec une arme, un mug, un pied de biche ou tout autre objet dur
et de petite taille. Le coup inflige des dégâts létaux et peut étourdir
l’adversaire (cf. « Sonné », page 283) pendant un tour s’il rate un
jet de Vigueur (difficulté 8). En cas d’échec critique, celui-ci sera
étourdi pendant deux tours.
Caractéristiques : Dextérité + Mêlée Difficulté : 7
Dégâts : Force +2/L
Coup de griffes : cette attaque n’est possible que pour les personnages
ou les monstres disposant de griffes. Elle inflige des dégâts létaux
ou aggravés.
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre Difficulté : 6
Dégâts : Force + 1/L
Coup de pied : portée avec un seul pied ou les deux, cette manœuvre
est puissante, mais moins précise, et elle inflige généralement des
dégâts contondants. La difficulté du jet d’attaque et de dégâts aug-
mente de +1. Si l’agresseur porte des bottes ferrées ou encore dotées
de pointes ou de griffes, les dégâts deviennent létaux. Un coup de
pied particulièrement impressionnant et difficile à exécuter peut
augmenter la difficulté et les dégâts de +2 au lieu de +1.
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre Difficulté : (+1) 7
Dégâts : Force +1/C
Coup de poing : le personnage met son poing dans la figure de son
adversaire. La difficulté et les dégâts restent inchangés.
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre ou Mêlée Difficulté : 6
Dégâts : Force/C
Coup puissant : l’attaquant mobilise tout l’impact de son corps et
porte un coup de poing à son adversaire. Un coup puissant ne
peut pas faire partie d’une attaque multiple, mais s’il touche sa
cible, celle-ci est repoussée d’environ un mètre en arrière. Si elle
veut résister à cet effet, elle doit faire un jet de Force (difficulté 8)
et en cas d’échec critique, elle tombe au sol.
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre Difficulté : 7
Dégâts : Force +2/C
Couper le tendon : un combattant peu scrupuleux armé d’une lame
peut viser les chevilles ou les poignets de son adversaire et tenter de
trancher les tendons de l’articulation. S’il y parvient, cette manœuvre
infligera une blessure incapacitante à sa cible. Si l’attaque a porté sur
une jambe, le membre est inutilisable jusqu’à ce qu’il guérisse, et la
cible ne pourra pas se déplacer au-delà de deux mètres par tour. De
plus, la difficulté de tous ses jets pour éviter de tomber augmente
de +2. Si le personnage a visé un bras, son adversaire ne peut plus
s’en servir et laisse tomber ce qu’il tenait en main.
Caractéristiques : Dextérité + Mêlée Difficulté : 9
Dégâts : dégâts de l’arme + blessure incapacitante
Désarmement : le personnage frappe l’arme de son adversaire et tente
de la lui arracher des mains ou de la lui faire lâcher. La difficulté
de son jet d’attaque augmente de +1, sans autre modificateur. Si le
nombre de réussites obtenues dépasse le score en Force de sa cible,
celle-ci ne subit aucun dégât, mais elle est désarmée. S’il est inférieur,
elle subit un niveau de dégâts létaux ou contondants (selon l’arme
utilisée), mais elle conserve son arme. Un échec critique signifie en
général que l’attaquant perd lui-même son arme. Il est possible de
tenter un désarmement à mains nues, mais la manœuvre est plus
difficile à exécuter (Dextérité + Bagarre, difficulté +2).
Caractéristiques : Dextérité + Mêlée Difficulté : +1 (+2 à mains nues)
Dégâts : aucun, ou bien 1L ou 1C

278 Changelin : le Songe

Enchevêtrement : le personnage enroule son arme autour d’un membre
de sa cible. Un bras ainsi immobilisé ne peut plus accomplir d’action
et une jambe l’empêche de se déplacer au-delà de deux mètres par
tour. Une fois son adversaire enchevêtré, il peut tenter de le faire
tomber. Les deux combattants font alors un jet opposé de Force
(difficulté 6). L’attaquant ajoute à son groupement un nombre de
dés égal au nombre de réussites obtenues sur son jet d’attaque
initial. S’il l’emporte, il fait tomber sa cible et dans le cas contraire,
celle-ci reste debout. Si elle veut se libérer d’un enchevêtrement,
elle doit faire un jet de Dextérité + Athlétisme contre la Dextérité
+ Mêlée de son adversaire (difficulté 6 pour chacun). Faire tomber
quelqu’un, résister à cet effet, se libérer d’un enchevêtrement ou
empêcher sa cible de le faire sont des actions. Seules les armes lon-
gues et flexibles, comme les chaînes ou les fouets, peuvent porter
ce genre d’attaque.
Caractéristiques : Dextérité + Mêlée Difficulté : +1
Dégâts : aucun
Immobilisation : cette attaque n’inflige pas de dégât, car elle est destinée
à maîtriser sa cible. Sur un jet réussi, l’attaquant immobilise son
adversaire (cf. « Immobilisation », page 283) jusqu’à la prochaine
action de celle-ci. À ce moment, les deux combattants font un
jet en opposition de Force + Bagarre. La cible reste immobilisée
(incapable de faire une autre action) jusqu’à ce qu’elle obtienne
plus de réussites que l’attaquant. Elle ne peut tenter de s’échapper
qu’une fois par action. Son adversaire ne peut rien faire en dehors
de maintenir sa prise, mais s’il parvient à l’immobiliser assez long-
temps, il sera plus facile de lui passer les menottes, de la droguer
ou de lui porter des coups.
Caractéristiques : Force + Bagarre Difficulté : 6
Dégâts : aucun
Luxation : cette attaque particulièrement cruelle et difficile à réaliser
est employée par les adversaires et les monstres très vicieux. Le
personnage plie une articulation à l’inverse de son sens naturel,
et ce faisant tente de briser ou de déboîter l’os. S’il y parvient, le
membre est inutilisable jusqu’à ce qu’il guérisse et la cible subit les
dégâts indiqués. Si l’attaque a porté sur une jambe, elle ne pourra
pas se déplacer au-delà de deux mètres par tour. De plus, la difficulté
de tous ses jets pour éviter de tomber augmente de +2.
Caractéristiques : Force + Bagarre Difficulté : 9
Dégâts : Force/L + blessure incapacitante
Projection : le personnage tente d’utiliser son propre corps comme
une arme et se jette sur son adversaire. Il doit se trouver au moins à
deux mètres de lui pour pouvoir accélérer, et il lui est aussi possible
de le projeter au sol. Cette manœuvre inflige normalement des
dégâts contondants, à moins que l’attaquant ne soit revêtu d’une
armure à pointes ou représente un danger s’il est percuté. Dans ce
cas, les dégâts deviennent létaux. Une fois l’attaque portée, les deux
adversaires doivent faire un jet de Dextérité + Athlétisme (difficulté
6 pour l’assaillant, et 6 + le nombre de réussites de l’assaillant pour
la cible). En cas d’échec, l’individu est projeté au sol (cf. page 283).
Caractéristiques : Dextérité + Bagarre Difficulté : 9
Dégâts : Force/C
Le combat à cheval
Pour nombre de changelins, s’en aller guerroyer sur le dos d’un
fidèle destrier est l’image même de la noblesse et de la puissance.
En pratique, il faut beaucoup d’espace, de temps et d’argent pour
entretenir un vrai cheval. De plus, quand on caracole armuré de pied
en cap en agitant une arme, on attire souvent l’attention des gens
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
Chevaux et chevaux
de guerre
Les traits suivants s’appliquent à un cheval de selle ordinaire.
Attributs : Force 5, Dextérité 2, Vigueur 4, Perception 3,
Intelligence 2, Astuce 2
Capacités : Athlétisme 3, Bagarre 1, Empathie 2, Vigilance 3
Volonté : 2
Niveaux de santé : OK, OK, OK, OK, –1, –3, –3, –3,–5,
–5, Invalidité
Niveau de protection : 1 (5 dés d’encaissement au total)
Attaques : coup de sabot ou piétinement (6 dés ; conton-
dants) ; morsure (3 dés ; létaux)
Déplacement : les chevaux se déplacent environ deux
fois plus vite que les humains et ils ont trois allures.
S’ils marchent au pas, ils parcourent 12 mètres par
tour, 25 mètres par tour s’ils vont au trot, et 40 + (5
x Dextérité) s’ils galopent.
Types de chevaux
Cheval de guerre léger : Dextérité, Bagarre et Volonté 3.
Cheval de guerre lourd : Vigueur 5, Bagarre et Volonté 3.
Cheval de guerre féerique : Dextérité et Volonté 4,
Intelligence et Bagarre 3. Déplacement : au pas, 15
mètres par tour, 30 + Dextérité mètres par tour au
trot, et 50 + (6 x Dextérité) au galop. Ces créatures
sont toujours chimériques.
et de la police. Les chevaux chimériques sont plus faciles à sortir,
mais la Banalité les bannit aussi plus aisément lorsqu’un mortel
aperçoit le cavalier qui « flotte » trois pieds au-dessus du sol. Plus
prosaïquement, le groupement d’un combattant à cheval ne peut
excéder sa Dextérité + Équitation ; un piètre cavalier se montrera
donc tout aussi piètre adversaire juché sur un palefroi. Cette limite
s’applique au combat au corps à corps et à distance, ainsi qu’aux
manœuvres défensives.
À moins que la monture ne soit un cheval de guerre entraîné, elle
risque de se dérober, de ruer ou tout simplement de s’enfuir si elle
se retrouve entourée de sons bruyants (comme ceux d’un combat)
ou si elle est blessée. Même dans ce cas, le cavalier doit effectuer
une action réflexe pour en garder le contrôle (difficulté 6 pour les
grands bruits ou les lumières intenses et soudaines ; difficulté 7 si
le cheval est blessé). En cas d’échec, la monture tente de fuir et en
cas d’échec critique, elle désarçonne son cavalier. Celui-ci subit deux
dés de dégâts contondants s’il était au trot, et trois s’il était au galop.
Les races de chevaux de guerre existent toujours, mais dénicher un
spécimen entraîné est particulièrement malaisé et en général, il faut
l’entraîner soi-même.
Quelle que soit leur nature, les chevaux peuvent se révéler très
utiles en combat rapproché. Une monture formée à cela peut attaquer
la cible de son cavalier, ou bien engager quelqu’un d’autre en corps
à corps alors que ce dernier tire sur une cible différente. En combat
279
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
rapproché, l’attaquant peut aussi tirer parti de l’élan du cheval pour
augmenter les dommages qu’il inflige (+2 dés de dégâts au trot et +4
dés au galop). De plus, il n’aura pas besoin d’action s’il se déplace
à la moitié de la vitesse de galop de sa monture, ce qui lui permet
d’engager ou de quitter le combat très rapidement.
Nombre de limites et d’avantages du combat monté s’appliquent
lorsque l’attaquant est juché sur une moto, en particulier s’il s’agit d’un
véhicule tout terrain. Dans ce cas, les groupements du conducteur
ne dépasseront pas sa Dextérité + Conduite. Il profitera également
des dés de dégâts supplémentaires en combat rapproché. Cependant,
à moins qu’elles ne soient remarquablement enchantées, les motos
n’engageront pas d’adversaire de leur propre chef. Cf. la section
consacrée au « Pilotage » (page 253) pour plus de détails.
Les manœuvres de combat à distance
Tirer avec un arc ou une arme à feu à l’abri d’un mur n’est peut-être
pas aussi héroïque que de charger sabre au clair en première ligne. En
revanche, c’est beaucoup moins risqué et souvent tout aussi efficace.
Ajuster : s’il prend son temps pour ajuster sa cible avec précision,
l’attaquant obtient de meilleures chances de l’atteindre. Il ajoute
+1 dé à son groupement pour un tir unique pour chaque tour passé
à viser. Une lunette ajoute +2 dés supplémentaires au premier tour
de visée, pour un total de 3 dés. Le bonus maximal donné par cette
manœuvre est égal au score de Perception du personnage (+2 dés
pour la lunette), qui doit également avoir la compétence Armes à
feu à 1. Le tireur ne doit rien faire d’autre que de se concentrer et
viser durant ce temps. De plus, il est impossible d’ajuster une cible
qui se déplace plus vite qu’en marchant.
Arrosage : les armes automatiques peuvent saturer de plomb une zone
entière. Comme pour le tir automatique, l’arrosage ajoute 10 dés
au jet d’attaque, +2 à la difficulté, requiert un chargeur au moins
à moitié plein et vide ce dernier. Une surface d’un maximum de 3
mètres peut être couverte avec cette manœuvre. L’attaquant partage
équitablement les réussites obtenues entre toutes les cibles dans la
zone arrosée (les réussites assignées à chaque individu s’ajoutent
également aux jets de dégâts). Si une seule cible est dans la zone
d’effet, elle encaisse seulement la moitié des réussites. L’attaquant
assigne ensuite les réussites supplémentaires comme il l’entend.
S’il y a moins de réussites que de cibles, le conteur décide qui a
échappé à la rafale. Esquiver un arrosage se fait contre une difficulté
augmentée de +1.
Caractéristiques : Dextérité + Arme à feu Difficulté : +2
Précision : +10 Dégâts : selon l’arme
Recharger : cette manœuvre s’exécute en une action complète, et
peut faire partie d’une action multiple sans pénalité. De plus, elle
est automatique et ne nécessite aucun jet de dés.
Tir automatique : l’attaquant vide le chargeur de son arme en une
seule attaque sur une même cible. Cette manœuvre n’est possible
qu’avec une arme automatique et si le chargeur est au minimum à
moitié plein. Le personnage fait un seul jet et ajoute +10 dés à son
groupement. Toutefois, l’énorme recul augmente la difficulté de +2.
Un tireur utilisant le tir automatique ne peut pas viser une partie
précise du corps ; de plus, il doit recharger, car il tombe à court
de munitions juste après cette manœuvre. Les réussites s’ajoutent
au jet de dégâts, lesquels sont très élevés du fait des nombreuses
réussites supplémentaires.
Caractéristiques : Dextérité + Arme à feu Difficulté : +2
Précision : +10 Dégâts : selon l’arme
280 Changelin : le Songe
Rafale de trois balles : de nombreuses armes automatiques disposent
d’une option permettant de tirer de courtes rafales de trois balles.
Dans ce cas, l’attaquant obtient +2 dés supplémentaires à son
unique jet d’attaque, et utilise trois cartouches de son chargeur.
Le plus grand recul majore la difficulté de +1.
Caractéristiques : Dextérité + Arme à feu Difficulté : +1
Précision : +2 Dégâts : selon l’arme
Armes de jet : certaines armes sont conçues pour pouvoir être lancées,
et n’importe qui est capable de jeter une pierre ou une bouteille.
On considère que ces attaques sont faites avec des armes à distance,
mais que leur portée est bien inférieure et que le personnage ne peut
rien faire d’autre, pas plus qu’il ne peut Ajuster son tir. Les armes
qui ne sont pas conçues pour être lancées augmentent de +1 (voire
+2 pour les objets peu maniables) la difficulté du jet d’attaque. La
difficulté de base est de 6 aussi bien à distance normale qu’à bout
portant (cf. Portée, ci-dessous).
Caractéristiques : Dextérité + Athlétisme Difficulté : 6 ou plus
Précision : +0 Dégâts : selon l’arme
Les complications du combat à distance
Couvert : mettre une barrière solide entre elles et vous demeure, de
loin, la meilleure manière de conserver votre intégrité physique quand
les balles ou les flèches pleuvent. Le couvert augmente la difficulté
d’un attaquant pour toucher sa cible (et également la capacité de
la cible à riposter). Les modificateurs de difficulté selon le type de
couvert sont donnés plus bas. Plus un personnage est à l’abri, plus
il est difficile de l’atteindre et s’il est totalement à couvert, aucune
attaque ne pourra le toucher. Cependant, seuls les lâches, ainsi
que ceux qui ne combattent pas ou sont clairement surpassés, se
contentent de rester à couvert. S’ils veulent riposter, ils devront
quitter au moins en partie leur abri et sortir leur visage et une main.
Cela signifie aussi qu’ils ne pourront agir aussi efficacement que
d’autres, moins soucieux de leur sécurité personnelle.
Modificateur
Modificateur
Type de couvert (attaquant
(cible à couvert)
à couvert)
Léger (couché au sol) +1 +0
Bon (derrière un mur) +2 +1
Supérieur (seules la tête +3 +2
et la main dépassent)
Déplacement : lorsqu’on tire avec une arme à feu ou un arc, il faut
rester relativement immobile si l’on veut se montrer efficace. Hélas,
cela fait aussi du tireur une cible idéale. Tirer en même temps qu’on
se déplace devient plus difficile, mais cela reste plus sûr. La difficulté
des groupements d’attaque à distance du personnage augmente de
+1, tout comme celle des attaques à distance qui le ciblent.
Portée : le tableau des armes de tir (cf. page 287) indique la portée
moyenne de chaque arme. Jusqu’à cette distance, le tir s’effectue
contre une difficulté de 6. La portée maximale est le double de
cette valeur et la difficulté passe à 8. On considère que les tirs sur
une cible située dans les 2 mètres sont à bout portant, avec une
difficulté de 4. Cependant, comme spécifié auparavant, les attaques
portées avec des armes de jet ont une difficulté de 6 à bout portant
et à moyenne portée.

Météo ou terrain difficile
Les affrontements en terrain découvert et en plein jour
sont déjà assez compliqués et dangereux. Imaginez donc
un combat dans une rue balayée par un vent glacial ou à
l’intérieur d’un entrepôt en flammes ! Si les personnages se
battent en terrain difficile ou dans des conditions météo-
rologiques compliquées, comme par une pluie battante ou
au beau milieu d’une épaisse fumée, sur un sol recouvert
de glace ou jonché de pierres tranchantes, ou encore sur le
sable brûlant et instable d’une dune, la difficulté de tous
leurs jets de combat peut augmenter de +1 à +3, en fonction
des conditions plus ou moins extrêmes et désagréables.
Combattre dans la fumée avec de l’eau jusqu’aux genoux
ou sur du sable peut modifier cette difficulté de +1. Si vous
y ajoutez des températures extrêmes, une pluie torrentielle
ou un violent courant, cette valeur peut s’envoler. Des
conditions encore plus épouvantables peuvent constituer des
menaces à part entière ; pour plus de détails, reportez-vous
à la section intitulée « Les sources de dégâts » (page 291).
Troisième étape : la défense
Lors d’un combat, les personnages qui ne sont pas surpris ou immo-
bilisés peuvent tenter d’échapper au pire. Or lorsqu’ils se concentrent
sur leur attaque ou d’autres actions, leur capacité de défense se
retrouve considérablement amoindrie, comparée à ce qu’elle serait
s’ils ne s’occupaient que d’éviter de se faire toucher. Vous disposez
de quatre options quand vous décidez de vous défendre. Vous pou-
vez déclarer au début du tour que votre personnage se défendra, ou
bien diviser vos actions entre une défense et une ou plusieurs autres
actions, ou encore retarder votre action et choisir si vous attaquez
ou défendez, ou enfin annuler l’action que vous aviez choisie et la
remplacer par une défense.
Le joueur choisit entre trois types de manœuvres défensives
différentes : le blocage, l’esquive et la parade. Elles lui offrent une
chance d’éviter presque n’importe quelle attaque, mais elles ont
chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Quoi qu’il en soit,
elles utilisent le même système.
L’action défensive est un jet en opposition contre le jet d’attaque
de l’adversaire. Si l’attaquant obtient moins de réussites, il rate et
le personnage a pu éviter ou dévier l’attaque. S’il en obtient plus, il
touche, mais seule la différence entre son total de réussites et celui du
défenseur s’ajoute aux dés de dégâts. Ainsi, même si la manœuvre n’a
pas empêché l’attaque de porter, elle en a sans doute certainement
réduit l’efficacité. Sauf indication contraire, tous les jets de défense
ont une difficulté de 6.
Les manœuvres défensives
Blocage : vous effectuez un jet de Dextérité + Bagarre et votre person-
nage utilise son corps, généralement les bras, pour bloquer un coup.
Cette manœuvre ne fonctionne que contre des attaques qui infligent
des dégâts contondants. En dehors d’être une très mauvaise idée,
bloquer une épée avec son cubitus ne fait que changer l’endroit où
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
ladite épée vous atteindra. S’il porte une armure, votre personnage
sera en mesure de se défendre contre les dégâts létaux et aggravés.
Cette manœuvre ne peut pas s’employer contre des armes à feu.
Si vous décidez de bloquer une flèche, un carreau d’arbalète ou un
projectile, la difficulté de votre action augmentera de +2.
Esquive : que le personnage se fende d’une gracieuse pirouette ou
s’aplatisse au sol en croisant les doigts pour qu’on le manque, cette
manœuvre revient peu ou prou à s’écarter de la trajectoire d’un
coup. Avec un jet de Dextérité + Athlétisme, il peut se défendre
contre tous les types d’attaques, mais il lui faut assez d’espace pour
cela. Face à un projectile, la plus efficace des esquives consiste à se
mettre à couvert (cf. « Couvert », page 280). La difficulté du jet pour
esquiver un projectile est de 6, de 8 pour une flèche ou un carreau
d’arbalète et de 9 pour un tir d’arme à feu. Elle passe à 10 pour les
tirs de fusil à pompe ou de pistolet automatique, ou encore pour
un arrosage ou une rafale de trois balles.
Parade : un personnage utilise l’arme qu’il tient en main pour blo-
quer ou détourner une attaque de mêlée ou de contact. La parade
s’effectue avec un jet de Dextérité + Mêlée, mais elle est inutile
contre les armes à feu. La difficulté de cette manœuvre augmente
de +2 pour les attaques à distance portées avec un arc, une arbalète
ou un projectile. Toutefois, la lame d’un individu assez doué sera
capable de détourner, voire de couper, une flèche. Lorsqu’il pare
une attaque à mains nues, le défenseur peut blesser son adversaire.
Sans surprise, parer un coup de poing avec une masse ou une épée
se révèle douloureux. Si le défenseur obtient plus de réussites sur
son jet que l’attaquant, le joueur effectuera un jet de dégâts réflexe ;
son groupement sera égal aux dégâts de base de l’arme, auxquels il
ajoutera les réussites excédentaires. Il s’agit d’une attaque rebond
qui ne nécessite pas la dépense d’une action supplémentaire.
Défense normale et défense désespérée : le personnage peut effectuer
des blocages, des esquives et des parades au sein d’une action multi-
ple. Il peut ainsi utiliser son épée pour attaquer puis parer, ou bien
tirer avec son pistolet et plonger ensuite à couvert. Cette tactique
lui permet d’attaquer et de défendre, mais à l’évidence pas aussi
efficacement que si votre alter ego ne faisait qu’une seule de ces deux
actions. Quand vous décidez de seulement vous défendre pendant
un tour, vous effectuez une défense désespérée et pouvez ainsi faire
face à plusieurs attaques. Vous n’utilisez pas les règles normales des
actions multiples. À la place, vous faites le premier jet de défense
de votre personnage sans pénalité. Vous soustrayez un dé à chaque
action défensive suivante, jusqu’à ce qu’il n’ait plus de dés à retirer
à son groupement ou que les attaques qui le ciblent se tarissent.
Il subit cependant les pénalités qui s’appliquent face à plusieurs
adversaires (cf. « Adversaires multiples », page 277).
Quatrième étape :
résolution et dégâts
Une fois que tous les personnages ont déterminé si leurs attaques
touchaient ou rataient leurs cibles, ils doivent à présent quantifier
les dégâts qu’ils ont infligés ou subis. La résolution de cette phase ne
devrait pas simplement se résumer à une petite phrase du conteur
ou d’un joueur disant qu’il vient d’infliger trois niveaux de dégâts
létaux à son adversaire. Cela devrait devenir un élément de l’histoire
et du rôle, comme « Ta flèche a transpercé la cuisse de la monture
infernale qui trébuche et laisse échapper un horrible cri perçant »,
ou bien « le Troll en colère t’assène un coup de son énorme poing
281
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
calleux et malgré ton haubert de mailles, tu sens tes côtes craquer
sous l’impact ». Si vous alliez la narration aux règles, le jeu devient
beaucoup plus passionnant pour toute la troupe.
Lancer les dés de dégâts est un processus relativement
simple. Toutes les armes, que ce soit un poing ou un fusil
d’assaut, ont une valeur de dégâts de base. Le personnage
lance un groupement égal à cette valeur, et il ajoute 1 dé par
réussite obtenue sur son jet d’attaque au-delà de la première.
S’il tire une flèche et obtient quatre réussites, il lancera 3
dés de plus pour les dégâts. Il est important de connaître la
nature des dégâts que l’arme inflige (contondants, létaux ou, à
de rares occasions, aggravés). Les dégâts de base et leur catégorie,
ainsi que la portée des armes s’il y a lieu figurent dans les tableaux
des armes de mêlée (cf. page 286) et des armes de tir (cf. page 287).
Les jets de dégâts ont une difficulté de 6 et chaque réussite inflige la
perte d’un niveau de santé à la cible, en fonction du type de dégâts
concerné. Trois réussites sur un coup de poing infligent trois
niveaux de dégâts contondants, et deux réussites sur un
coup d’épée large infligeront deux niveaux de dégâts
létaux. Seules deux options, le succès ou l’échec,
sont envisageables sur un jet de dégâts. Il est donc
impossible de faire un échec critique.

Absorber les dégâts

Parfois, les personnages sont capables d’igno-
rer les effets néfastes d’une attaque, car ils
absorbent les dégâts qu’elle inflige. Sans armure,
les changelins ne peuvent absorber que les
dégâts contondants, ainsi que les dégâts létaux
s’ils sont d’origine chimérique. S’il porte
une armure, le combattant pourra faire
de même avec les dégâts aggravés et les
dégâts létaux ordinaires. Pour ce faire, il
utilisera son niveau de protection comme
groupement d’absorption total. Quel que
soit le type de dégâts, le défenseur lancera
ce groupement de dés s’il veut faire un jet
d’absorption. Il sera égal à sa Vigueur + le
niveau de protection de l’armure qu’il
porte pour les dégâts contondants et
létaux chimériques. Pour les dégâts
létaux ordinaires et tous les dégâts
aggravés, ce groupement est égal au
seul niveau de protection de l’armure. À l’instar
du jet de dégâts, la difficulté est toujours de 6 et
un échec critique est impossible. Chaque réussite Armures et boucliers
obtenue soustrait un niveau de dégâts. Il s’agit d’une action réflexe, L’armure protège son porteur des dégâts et peut prendre n’importe
donc gratuite. quelle apparence, d’une veste en cuir usée à la rutilante armure de
Exemple : un gobelin malveillant donne un coup de poing à Roberta plates sidhe. Quel que soit leur degré de solidité et d’élégance, toutes
la Trollesse et lui inflige trois niveaux de dégâts contondants. Avant qu’ils les armures ajoutent des dés sur le groupement d’absorption du per-
ne produisent leur effet, le joueur de notre changelin lance un nombre de dés sonnage. Cependant, même la plus légère d’entre elles l’encombrera
égal à sa Vigueur (4), auquel il ajoute le niveau de protection de la veste de quelque peu et infligera une pénalité à ses groupements de Dextérité.
motard qu’elle porte (1), soit un total de 5 dés, et obtient deux réussites. Au De même, l’armure n’est pas conçue pour être portée tout le temps.
lieu des trois niveaux de dégâts initiaux, Roberta n’en subit plus qu’un, ce On ne peut pas dormir avec, elle n’est guère confortable à table ou
qui n’amoindrit en rien ses capacités alors qu’elle se prépare à poignarder le pour faire un tour en ville. Elle demeure assez remarquable pour
gobelin. S’il l’avait attaquée avec une hache physique, elle n’aurait pu lancer que les gens s’aperçoivent de sa présence, sans compter le temps qu’il
qu’un dé pour absorber les dégâts, correspondant au niveau de protection faut pour la mettre ou l’enlever.
de sa veste de motard.

282 Changelin : le Songe


Résultats spéciaux :
aveugle, projeté,
immobilisation ou sonné
En combat, on suppose que les personnages bénéficient d’une
certaine liberté de mouvement et de perception. Si tel n’est
pas le cas, ils subissent des pénalités spécifiques. Il leur est
possible de se servir de différentes manœuvres de combat
afin de provoquer ces complications chez leurs adversaires.
Aveugle : si un personnage est aveuglé ou se bat dans le
noir complet, alors il ne peut pas effectuer d’attaque
à distance ou de manœuvres défensives. De plus,
la difficulté de toutes ses autres actions physiques
augmente de +2.
Projeté : si une attaque ou les circonstances provoquent la
chute du personnage, il doit consacrer une action à se
remettre debout. S’il en est incapable pour une raison
ou pour une autre, on considère qu’il est partiellement
immobilisé jusqu’à ce qu’il se relève.
Immobilisation : lorsque le personnage est attaché, paralysé
ou incapable de se déplacer librement, la difficulté des
jets d’attaque qui le cibleront diminue de –2 s’il peut
encore bouger un peu. S’il est totalement immobile,
toutes les attaques toucheront automatiquement.
Sonné : après le jet d’absorption, si le personnage subit sur
une seule attaque un nombre de niveaux de dégâts égal
ou supérieur à sa Vigueur, il est sonné jusqu’à la fin du
prochain tour. Il ne pourra qu’essayer de se remettre
des effets du coup qu’il vient de recevoir. La difficulté
des jets d’attaque qui le ciblent diminue de –2.
Boucliers : le porteur d’un bouclier interpose cet imposant objet entre
son corps et les attaques qui le ciblent. Grâce à lui, la difficulté de
ces actions en combat au corps à corps augmente de +1 ou +2, selon
sa taille (l’agresseur doit éviter de frapper le bouclier plutôt que de
se concentrer sur sa cible). Son porteur peut aussi s’en servir pour
parer autant les attaques de corps à corps que celles à distance,
auquel cas il fait son jet de parade contre une difficulté de 6 (et non
de 8 habituellement). De plus, s’il réussit un jet de parade (là aussi
contre une difficulté de 6), il peut utiliser le niveau de protection
de son bouclier (cf. « Les boucliers », page 285) face aux armes à
feu. Il faut réussir une manœuvre de parade pour pouvoir parer ou
bénéficier de l’armure offerte par le bouclier, mais face à une arme
à feu, il s’agit d’un jet simple et non en opposition. Le personnage
essaie simplement de placer le bouclier entre lui et les balles.
Toutefois, la médaille a son revers et il ressemble beaucoup à
celui de l’armure. Les boucliers sont gros, pas du tout discrets et
lourds. Plus encore qu’avec une armure, les gens commenceront à
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
vous regarder très bizarrement si vous vous promenez avec un écu.
Vous trouverez plus d’informations sur les armures et les boucliers
dans le tableau des armes et des armures, dans la section regroupant
les tables relatives au système de combat (page 285).
Un Kithain amateur de cape et d’épée peut aussi manier une
cape ou un long manteau en guise de bouclier. Pour ce faire, il ne
doit pas porter ce vêtement, mais le tenir en main et s’en servir
pour parer. Il bénéficie ainsi de tous les avantages liés au bouclier.
En revanche, un ou deux coups de lame auront tôt fait de réduire
cette protection éphémère en lambeaux.
Récapitulatif du combat
Première étape : initiative
Avant toute chose, faites un jet d’initiative (ou ajoutez 6 au
score d’initiative). Chacun annonce ses actions en commen-
çant par le moins rapide et en finissant par le plus rapide. Le
personnage avec la plus haute initiative agit en premier. Les
actions peuvent être retardées jusqu’à un moment ultérieur
dans l’ordre d’initiative.
Annoncez les actions multiples, réduisez les groupements de
dés en conséquence. Annoncez l’utilisation de charmes et la
dépense de points de Volonté.
Deuxième étape : attaque
Pour le corps à corps sans arme, utilisez Dextérité + Bagarre.
Pour le corps à corps avec arme, utilisez Dextérité + Mêlée.
Pour les attaques à distance, utilisez Dextérité + Armes à feu
(armes de tir, arcs et arbalètes) ou Dextérité + Athlétisme (toutes
les armes de jet).
Troisième étape : défense
Un personnage peut associer une action défensive à une autre
action dans le cadre d’une action multiple, ou bien n’effectuer
qu’une défense désespérée. Dans ce cas, s’il fait face à plusieurs
adversaires, il soustrait 1 dé à son groupement de défense après
chaque attaque dont il a été la cible.
Un personnage peut annuler une action pour tenter une action
défensive (parade, esquive, blocage) à n’importe quel moment
avant la résolution de son action, s’il réussit un jet de Volonté
(difficulté 6) ou s’il dépense 1 point de Volonté.
Quatrième étape :
résolution & dégats
Déterminez les dégâts des attaques (selon le type de l’arme ou
de la manœuvre), ajoutez les dés supplémentaires obtenus grâce
aux réussites du jet d’attaque.
La cible peut tenter d’absorber les dégâts si elle le peut. Les
Kithains, comme les mortels, ne peuvent absorber les dégâts
létaux s’ils ne portent pas d’armure, à moins qu’ils ne soient
chimériques. Dans ce cas, on considère que ce sont des dégâts
contondants. Chaque réussite soustrait un niveau de dégâts à
l’attaque.
283
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Tableau des manœuvres de corps à corps

Manœuvre Caractéristique Difficulté Dégâts Note

Agripper Force + Bagarre (6) Force/C (I)
Aveugler Dextérité + Subterfuge (9) Spéciaux (A)
Balayage Dextérité + Bagarre/Mêlée (8) 0
Coup avec une arme Dextérité + Mêlée (6) Dégâts de l’arme/C ou L
Coup de crosse Dextérité + Mêlée (7) Force + 2/C (S)
Coup de pied Dextérité + Bagarre (7) Force + 1/C (S)
Coup de poing Dextérité + Bagarre 6 Force/C
Coup puissant Dextérité + Bagarre (7) Force + 2/C (P)
Couper le tendon Dextérité + Mêlée (9) Dégâts de l’arme/L (S)
Désarmement Dextérité + Mêlée +1/+2 Aucun ou 1L/C (S)
Enchevêtrement Dextérité + Mêlée +1 Aucun (S)
Étreinte Force + Bagarre (6) Force/C (T, I)
Griffe Dextérité + Bagarre (6) Force + 1/L
Immobilisation Force + Bagarre (6) Aucun (T, I)
Luxation Force + Bagarre (9) Force/L (S)
Projection Dextérité + Bagarre (7) Force/C (P)
Notes :
(A) : la manœuvre aveugle temporairement la cible.
(T) : la manœuvre se poursuit sur plusieurs tours.
(I) : la manœuvre immobilise partiellement la cible.
(P) : la manœuvre projette sa cible.
(S) : la manœuvre inflige des dégâts ou des effets spéciaux.

Tableau des manœuvres de combat à distance

Manœuvre Caractéristique Précision Difficulté Dégâts Note

Ajuster Dextérité + Armes à feu N/A N/A (T)
Armes de jet Dextérité + Athlétisme +0 6 Dégâts de l’arme
Arroser Dextérité + Armes à feu +10 +2 Spécial
Rafale de Dextérité + Armes à feu +2 +1 Dégâts de l’arme
trois balles
Tir automatique Dextérité + Armes à feu +10 +2 Spécial
Notes :
(T) : la manœuvre se poursuit sur plusieurs tours.

284 Changelin : le Songe

 Table des manœuvres défensives Boucliers
Manœuvre Trait Difficulté Niveau de protection/
Bouclier Pénalité
Blocage Dextérité + Bagarre (6) Difficulté

Esquive Dextérité + Athlétisme (6) Cape 1/+1 0

Parade Dextérité + Mêlée (6) Couvercle de 3/+1 0

poubelle
Note : Bouclier de bois 2/+2 –1
Les manœuvres défensives diminuent le nombre de réussites obte-
nues par l’adversaire sur son jet d’attaque. La difficulté des trois Bouclier de métal 4/+2 –2
manœuvres augmente de +2 lorsqu’elles sont effectuées contre des Bouclier antiémeute 5/+2 –1
attaques à distance (arcs, arbalètes ou armes de jet).
Notes :
Armures et boucliers Les vêtements renforcés sont doublés d’une fine couche de kevlar ou
d’un rembourrage quelconque.
Selon son accoutrement ou ses accessoires, un personnage portant La veste de moto est un vêtement de protection épais et pratique qui
ouvertement armure et bouclier peut apparaître comme un dangereux passe généralement tout à fait inaperçu.
criminel, un figurant de film ou un inquiétant excentrique. Conteur, La veste de kevlar discrète est une armure légère qu’on peut aisément
vous savez ce qu’il vous reste à faire. dissimuler sous une veste normale ou même un épais chandail.
L’armure de GN est un élément de costume moderne.
La maille féerique est une magnifique cotte de mailles légère, souple,
Niveau de
Armure Pénalité très résistante et toujours chimérique.
protection
La veste de kevlar, épaisse et visible, se porte au-dessus des vêtements.
Vêtements épais 1 0 La cotte de mailles est une armure d’anneaux de métal idéale pour
Blouson de moto 1 –1 la bataille et plus épaisse qu’une armure de GN.
L’armure antiémeute est une armure lourde de maintien de l’ordre.
Veste en kevlar discrète 2 0 L’armure de plates sidhe est une élégante création chimérique forgée
Cache-poussière 2 –2 par de talentueux artisans kithains.
L’armure de combat militaire est un équipement moderne complet
Cotte de mailles de GN 2 –1
que seuls les soldats peuvent se procurer.
Veste en kevlar 3 –1 L’armure complète est une armure de chevalier articulée onéreuse et
Cotte de mailles 3 –2 difficile à obtenir.

Maille féerique
Cuirasse d’acier
3
3
0
–2
Tableaux des armes
Les armes présentées ci-dessous peuvent toutes apparaître dans une
Gilet pare-balles 4 –2
campagne de Changelin. Cependant, le conteur n’est nullement obligé
Tenue antiémeute 4 –2 d’autoriser les personnages à se procurer des mitrailleuses, des fusils
Armure de plates sidhe 5 –1 d’assaut militaires ou des équipements dont la possession est illégale
pour les civils dans la plupart des pays du monde. D’ailleurs, selon
Armure de combat militaire 5 –2 la nation dans laquelle la chronique se déroule, la possession ou le
Armure de plates complète 5 –3 port de majeure partie de ces armes peut tout à fait être interdit.

Dissimuler des armes

Arborer ostensiblement une arme en public attire une grande attention, en particulier dans des bâtiments publics ou des zones
urbaines denses. Pouvoir la dissimuler quand on ne s’en sert pas est souvent d’une aide précieuse, surtout quand la police s’obstine
à ne pas comprendre qu’on doive se protéger de monstres noirs cauchemardesques ou d’un rival sidhe. Toutes les armes ont un
indice de dissimulation. P = peut être dissimulée dans une poche ; V = peut être dissimulée sous une veste ; I = peut être dissimulée
sous un imperméable ; N = impossible à dissimuler.

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 285

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Tableau des armes de mêlée

Arme Difficulté Dégâts/Type Dissimulation Note

Haches
Hachette 6 Force + 2/L V
Hache 7 Force + 3/L N
Grande hache 7 Force + 6/L N (L)
Arme d’hast 7 Force + 3/L N (2M)
Épées
Stylet 4 Force + 1/L P (P)
Couteau 4 Force + 1/L P
Épée courte 5 Force + 2/L V
Épée 6 Force + 2/L I
Épée bâtarde 6 Force + 3/L I (2)
Épée à deux mains 5 Force + 6/L N (L)
Armes contondantes
Matraque 5 Force + 1/C I
Batte de baseball 5 Force + 2/C I (2)
Pied-de-biche 6 Force + 1/L V
Bâton 6 Force + 1/C N (2)
Bâton ferré 7 Force + 3/L N (L, FF)
Masse 6 Force + 2/L N
Nunchaku 7 Force + 2/C I (D)
Gourdin à pointes 6 Force + 2/L I
Grand gourdin à pointes 7 Force + 4/L N (L)
Armes de contact
Lorsqu’on attaque avec une arme de contact, on utilise toujours le groupement de Dextérité + Bagarre
Matraque plombée 4 Force + 1/C P
Poing américain 6 Force/L P
Gantelet à pointes 6 Force + 1/L V
Armes improvisées & inhabituelles
Tesson de bouteille 6 Force + 1/L P (F)
Chaîne 5 Force/C V (E)
Tronçonneuse 8 Force + 7/L N (R)
Chaise 7 Force + 2/C N
Table 8 Force + 3/C N (L)
Fouet 6 Force/L V (E)

Notes :
Difficulté : la difficulté normale avec laquelle l’arme s’utilise.
Dégâts : le nombre de dés de dégâts lancés lorsqu’on emploie cette arme.
Type : C = Contondants ; L = Létaux
Dissimulation : P = poche ; V = veste ; I = imperméable ; N = N/A
+ : n’importe quelle grande épée maniée à une ou deux mains, y compris
les épées larges et les katanas.
(F) : fragile ; se brise après trois utilisations.
(FF) : fer froid ; cette arme est faite en fer froid.
(D) : défensive ; l’utilisateur gagne +1 dé sur ses manœuvres de blocage
ou de désarmement.
(E) : enchevêtrement ; peut s’utiliser pour immobiliser le bras d’un
adversaire si difficulté +1.
(P) : perforante ; cette arme ignore jusqu’à deux points d’armure.
(R) : risqué ; l’utilisateur se blesse sur un échec critique.
(2) : +1 dé de dégâts si l’arme est maniée avec deux mains.
(2M) : arme à deux mains, difficulté +2 si elle est maniée à une main.
(L) : arme lourde à deux mains ; Force 3 minimum et impossible à manier
à une seule main.

286 Changelin : le Songe

 Tableau des armes de tir

Arme Dégâts Portée Cadence Chargeur Dissimulation Note

Pistolets
Revolver léger 4 12 3 6 P
SW M640 (.38 Spécial)
Revolver lourd 6 35 2 6 V
Colt Anaconda (.44 Magnum)
Pistolet semi-automatique léger 4 20 4 17 +1 P
Glock 17 (9 mm)
Pistolet semi-automatique lourd 5 30 3 7 +1 V
Colt automatique (.45)
Fusils (T)
Carabine 8 200 1 5 +1 N
Remington M-700 (30,06)
Pistolet-mitrailleur léger 4 25 3 30 +1 V (A)
Ingram Mac-10 (9 mm)
Pistolet-mitrailleur lourd 4 50 3 30 +1 I (A)
HK-MP 5 (9 mm)
Fusil d’assaut 7 150 3 42 +1 N (A)
AK-47 (7,62 x 39 mm)
Fusil à pompe, canon scié 8 10 2 2 V
Winchester modèle 24 double canon (12 pouces)
Fusil à pompe 8 20 1 5 +1 I
Ithaca M-37 (12 pouces)
Fusil à pompe semi-automatique 8 25 3 6 +1 I
Arcs (AA)
Arc court 4 60 1 1 N (2M)
Arc de chasse 5 100 1 1 N (2M)
Arc long 5 120 1 1 N (2M)
Arc sidhe 6 150 1 1 N (C, 2M)
Pistolet arbalète 4 60 1 1 N
Arbalète 5 90 1 1 N (2M)
Arbalète lourde 6 100 1 1 N (2M)
Armes de tir spéciales (N)
Taser 5 5 1 1 P
Bombe lacrymogène 3 3 1 5 P

Notes :
(A) : automatique ; cette arme peut tirer en rafale, en rafale de trois balles et arroser une zone.
(AA) : une action automatique pour encocher la flèche et bander un arc ; deux actions automatiques pour recharger une arbalète ; quatre
actions automatiques pour recharger une arbalète lourde.
(C) : chimérique ; cette arme est toujours chimérique.
(N) : non létale ; cette arme inflige toujours des dégâts contondants ; aucun dé de dégâts supplémentaire obtenu par les réussites.
La bombe lacrymogène soustrait également deux dés aux groupements de la cible pendant un tour par réussite.
(2M) : il faut deux mains pour manier cette arme.

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 287

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 à son score d’initiative de 6, lui donne une initiative définitive de
13. Le conteur obtient quant à lui un 5, fait de même et le Thallain
Longueur de l’arme agira donc à 10 dans le tour.
(règle optionnelle) Elle décide de charger et de l’attaquer, mais ignore que son
adversaire est ambidextre et tient un Colt .45 (un pistolet lourd semi-
Si un Nocker armé d’un couteau affronte un Sidhe et son automatique) dans son autre main. La distance entre elle et le Thallain
épée longue, il a un net désavantage, car son arme est plus est suffisante pour effectuer sa manœuvre sans qu’elle ait besoin de
courte. Si l’arme d’un personnage est significativement diviser ses actions. Le joueur décide donc que sa monture s’élancera
plus petite que celle de son adversaire, il soustrait 1 dé à à la moitié de sa vitesse de déplacement maximale (ce qui lui permet
son groupement d’attaque. Cette règle ne s’applique qu’en toujours d’accomplir une autre action) au cours de ce tour et prévoit
combat rapproché. La taille d’un arc ou d’un fusil n’a aucune de retarder son initiative si jamais un événement inattendu se produit.
importance, sauf quand il faut le cacher. Soudain, l’arpenteur nocturne lève son arme à feu et tire. Grâce
à son score d’initiative élevé, Amphora peut agir la première ; elle
dépense un point de glamour pour Invoquer le Wyrd et activer la
protection de son armure. Au même moment, elle lève son bouclier
Les armes de jet pour se protéger des balles. La créature dispose de la capacité Armes
Un personnage utilisera son groupement de Dextérité + Athlétisme à feu à 3 et de la même valeur en Dextérité, et le conteur constitue
pour se servir de ces armes. Celles-ci ont toutes une portée de 10 mètres. donc un groupement de 6 dés. Comme notre changelin est à portée
normale, le jet se fait contre une difficulté de 6, le Thallain fait un
joli tir et obtient trois réussites. De son côté, Amphora a un grou-
Arme Difficulté Dégâts/Type Dissimulation
pement de 7 dés (Dextérité 3 et Mêlée 4) et son action a elle aussi la
Couteau 6 Force/L P même difficulté. Son joueur obtient également trois réussites ; son
Hachette 6 Force + 1/L V personnage parvient à interposer son bouclier et bénéficie donc de
la protection qu’il offre.
Shuriken 7 3/L P Elle n’est pas encore à portée d’attaque et n’a pas frappé l’ar-
Lance 6 Force + 1/L N penteur nocturne. Elle ne peut que tenter d’absorber les dégâts. Le
conteur lance les dés correspondants, à savoir 7 dés de dégâts létaux
Caillou 5 Force/C variable
(5 pour l’arme et 2 pour les réussites supplémentaires sur son jet
Pierre 5 Force + 3/C N d’attaque), et obtient quatre réussites. Cela signifie que le Thallain
infligerait quatre niveaux de santé, une blessure grave. Amphora a
Difficultés des armes de jet trois points d’armure grâce à sa cotte de mailles féerique, qui peut à
Cette valeur dépend de la distance à laquelle la cible se trouve et présent absorber des dégâts non chimériques puisqu’elle a dépensé
non de l’arme elle-même. du Glamour pour Invoquer le Wyrd. Elle ajoute à cela les deux points
donnés par son bouclier. Comme le charme qu’elle a lancé lui permet
Difficultés des pistolets, des arcs et des arbalètes de traiter les dégâts infligés par les balles comme s’ils étaient d’origine
chimérique, elle peut ajouter son score de 2 en Vigueur à son total.
Portée Difficulté
Elle obtient donc un groupement de 7 dés et fait son jet contre une
Bout portant (jusqu’à 2 mètres) 4 difficulté de 6. Son joueur obtient trois réussites et soustrait donc trois
Normal 6 niveaux au nombre de réussites total obtenues par son adversaire ; le
personnage ne subit plus qu’un niveau de dégâts chimériques létaux
Longue (portée normale x 2) 8 au lieu des quatre initiaux. Une balle lui entaille le flanc, mais elle
est toujours là. Le joueur doit aussi faire un jet réflexe d’Équitation,
Difficultés des armes de jet car les détonations se sont produites près de sa monture. Amphora
dispose de deux points dans sa compétence et d’un score de 3 en
Portée Difficulté
Dextérité ; en conséquence, il lance un groupement de 5 dés contre
Bout portant (jusqu’à 2 mètres) 6 une difficulté de 6. Il n’obtient qu’une seule réussite, mais cela suffit
Normal 6 à son personnage pour garder le contrôle de son cheval.
Passons au tour suivant. Amphora et l’arpenteur nocturne
Longue (portée normale x 2) 8 agissent toujours à la même initiative (13 et 10 respectivement).
Elle a l’intention de charger son adversaire et de le frapper avec son
Exemple de combat épée, tandis que son cheval lui assènera un coup de pied. Le conteur
décide que le Thallain va effectuer une action multiple, et tentera
Amphora est à la lutte avec un arpenteur nocturne, une énorme et d’esquiver et de tirer à nouveau sur elle. Son score d’Athlétisme est
imposante brute armée d’un gourdin hérissé de pointes. Fort heu- de 4, mais comme il n’a que 3 en Armes à feu, son groupement ne
reusement, notre changelin porte une cotte de mailles féerique et compte que 6 dés, et non 7. Puisqu’il considère que sa meilleure
se protège avec un bouclier de fortune, le couvercle d’une poubelle chance de survie est de se débarrasser rapidement de son adversaire,
qu’elle a récupéré non loin. De plus, elle peut compter sur son épée il répartit équitablement ses dés entre ses deux actions et dispose à
large chimérique et son fidèle destrier féerique. Au début du combat, présent de 3 dés pour son attaque et autant pour sa défense.
le joueur d’Amphora lance son dé d’initiative et fait 7, ce qui, ajouté

288 Changelin : le Songe

 Amphora agit la première et le conteur décrète que sa monture
devrait utiliser ce même score d’initiative. Elle abat son arme au
moment où elle passe à côté de l’arpenteur nocturne, tandis que
le cheval lui envoie un coup de sabot. Son joueur lance donc 6 dés
(Dextérité + Mêlée) et obtient trois réussites. Le cheval de guerre
lance lui 7 dés (Dextérité 4 + Bagarre 3) et obtient aussi trois réussites.
Comme le Thallain a choisi de faire une action multiple, il doit
déterminer l’attaque contre laquelle il se défend, et choisit l’épée. Il
devrait normalement lancer 3 dés pour son esquive, mais il affronte
deux adversaires, la changelin et son destrier. Parce qu’il se trouve
dans cette situation, il subit une pénalité et doit soustraire 1 dé de ses
deux groupements, ce qui ne lui laisse que 2 dés pour son esquive.
Le conteur n’obtient qu’une réussite.
Une fois cette réussite déduite du résultat de son attaque, il reste
deux réussites pour Amphora et trois pour son cheval. Le joueur
lance alors 9 dés de dégâts létaux pour son alter ego (3 en Force, 3
dés de l’épée large, 1 dé pour la réussite supplémentaire et 2 dés pour
avoir chargé sa cible au trot), et obtient six réussites. C’est au tour du
cheval de guerre, pour lequel il lance 7 dés de dégâts contondants (5
du coup de pied et 2 pour les réussites supplémentaires) et obtient
quatre réussites. L’arpenteur nocturne ne porte pas d’armure, mais
comme le cheval et l’épée sont chimériques, le conteur peut toujours
tenter d’absorber les dégâts des deux attaques. La créature a 3 en
Vigueur et obtient deux réussites contre l’épée large ; l’arme infligera
quatre niveaux de dégâts chimériques et létaux au lieu de six. Contre
Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques
le cheval en revanche, le conteur n’obtient qu’une seule réussite sur
le jet d’absorption des dégâts contondants et le Thallain perd trois
niveaux de santé. Les dégâts infligés par l’épée et le cheval sont tous
d’origine chimérique, et de ce fait s’additionnent. Après avoir essuyé
quatre niveaux de dégâts létaux et trois niveaux de dégâts contondants,
l’arpenteur nocturne, gravement blessé par la lame de son adversaire,
tombe en invalidité. Amphora (et sa monture) ont gagné.
Juste quand elle est sur le point de se féliciter de cette victoire,
elle aperçoit les deux très gros, et très dangereux, chiens infernaux
avec lesquels le Thallain faisait équipe en train de charger dans sa
direction. Elle n’a aucune arme à distance et elle est déjà blessée.
La sagesse lui conseille d’opter pour la discrétion, et elle décide de
s’enfuir. Bien qu’elle pense que sa monture est plus rapide que les
deux molosses, elle préfère s’en assurer et donne un petit coup de
pouce à son destrier en lançant Vif-argent, le charme du Périple.
Elle doit utiliser la Fée pour affecter son cheval et heureusement, elle
dispose du niveau trois dans ce Royaume, ce qui suffit. Elle compte
aussi trois points dans le Périple, ce qui lui donne un groupement
final de 6 dés en Art + Royaume.
Les molosses infernaux semblent devoir courir encore au moins
deux tours avant de l’atteindre, et le joueur d’Amphora décide de faire
une Bêtise. Son personnage siffle très fort et tend son doigt dans la
direction qu’a pris son cheval. Ce tour mineur réduit la difficulté du
charme, qui passe de 8 à 7. Au tour suivant, les bêtes sont presque
sur elle. Son joueur dépense un point de Glamour (car Vif-argent est
289
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
un charme du Wyrd) et lance 6 dés (difficulté 7), puis consacre les
deux réussites obtenues à accroître le déplacement de sa monture.
Ce faisant, il multiplie par quatre la vitesse, déjà impressionnante,
du cheval de guerre ; celle-ci passe de 74 à 296 mètres par tour. À la
fin de son tour, Amphora jette un coup d’œil par-dessus son épaule.
Elle constate que les deux molosses sont restés loin derrière elle et
paraissent confus alors qu’elle vient littéralement de se volatiliser.
Elle pense fermement s’être échappée et poursuit sa route sur le dos
de son fidèle destrier.
La santé
Deux formes de dégâts affectent principalement les changelins sur
le plan physique. Les dégâts contondants guérissent assez vite et
sont infligés par des impacts, comme les coups de poing, les armes
contondantes, les chutes et ainsi de suite. Les dégâts létaux sont,
comme leur nom l’indique, beaucoup plus sérieux et sont infligés
par les armes tranchantes, les armes à feu, les explosions et tout
ce qui peut s’avérer fatal, même à petite dose. Quand le total de
dégâts contondants subis par un personnage dépasse les niveaux de
santé qui lui restent, ils sont cumulatifs et deviennent létaux. Plus il
cochera de cases sur son tableau de santé, plus il subira de pénalités
de blessures, car la douleur affectera ses efforts.
Pénalités des blessures
Contusion 0 nombre de niveaux de santé perdus sur la feuille de personnage dans
Blessure légère -1
Blessure moyenne -1
Blessure grave -2
Handicap -2
Infirmité -4
Invalidité Incapable d’agir
Cependant, les changelins existent sur deux plans, l’un chimé-
rique et l’autre physique. Ils sont tous les deux réels, et l’on peut les
blesser de diverses manières. En revanche, les conséquences de ces
dommages sont différentes. Les dégâts chimériques peuvent dispa-
raître rapidement, comme un rêve, tandis que les dégâts infligés au
corps l’affectent un certain temps et guérissent selon un processus
naturel, à moins de prendre des mesures énergiques pour les soigner.
Les deux catégories de dégâts s’expriment simultanément pour le
changelin, ce qui signifie que s’il subit des pénalités de l’une, de l’autre
ou de toutes, la plus élevée s’appliquera. Les dégâts chimériques et
physiques doivent être reportés dans deux tableaux séparés, sauf
exceptions détaillées plus loin. Ils guérissent plus ou moins vite,
mais le font en même temps. Toutefois, quelle que soit sa nature,
le niveau de dégâts le plus important se soigne toujours en premier
avant de passer à celui immédiatement après. Par exemple, si un
changelin a subi deux niveaux de dégâts chimériques létaux et trois
niveaux de dégâts physiques contondants, il commencera à guérir
du niveau chimérique Contusion en douze heures et de son niveau
physique Blessé en un jour.
290 Changelin : le Songe
Les dégâts chimériques
Dans le Songe, les dangers capables d’infliger ce genre de dégâts sont
légion. Les griffes et les crocs d’une immense bête chimérique, la lame
forgée par la lune ou tout ce qu’on peut invoquer feront l’affaire. Ces
dégâts affectent uniquement le Visage féerique du changelin et pas sa
Guise mortelle. En conséquence, les individus qui ne perçoivent pas
la réalité chimérique ne les voient pas. Ces blessures sont en général
beaucoup plus théâtrales que réelles, et elles ont souvent l’air bien
plus sérieuses qu’elles ne le devraient. Conteurs, soyez imaginatifs
dans vos descriptions.
Lorsqu’un changelin subit des dégâts d’une attaque chimérique,
vous devez reporter le nombre de niveaux de santé perdus sur la
feuille de personnage dans la deuxième colonne du tableau de santé.
Ils se récupèrent à un rythme plus rapide et si le Kithain se trouve
dans un Domaine ou une Clairière, ces temps de récupération sont
diminués de moitié. S’il est dans le Songe, il guérira d’un niveau
de santé tous les quarts d’heure, et ce quelle que soit la gravité de
son état. S’il tombe en Invalidité en dehors du Songe, il doit être
conduit dans un Domaine, une Clairière ou auprès d’une puissante
source de Glamour pour s’en remettre.
Les dégâts physiques
Ils sont le fruit d’actions ou de combats dans le monde de l’Automne.
Accident de voiture, bagarre de rue ou coup de feu, le monde ordi-
naire est en vérité un endroit très dangereux. Lorsque les dégâts
subis proviennent d’une source physique, vous devez reporter le
la première colonne du tableau de santé. Ces dommages guérissent
au rythme habituel, à moins qu’on ne conduise le Kithain dans
un Domaine, une Clairière ou auprès d’une puissante source de
Glamour. Dans ce cas, ils seront soignés à la même vitesse que des
dégâts chimériques dans le monde ordinaire. S’il tombe au niveau
Handicap ou plus bas et reste dans le monde de l’Automne, il devra
recevoir un traitement médical approprié pour guérir.
Les dégâts aggravés
Certaines sources de dégâts chimériques ou physiques infligent des
blessures bien pires que d’autres. On compte parmi elles le feu,
la plupart des attaques portées par des Prodigues (y compris leurs
crocs et leurs griffes), l’acide, les déchets toxiques et, bien entendu,
le fer froid (voir plus loin). Cochez la case correspondance avec un
astérisque pour indiquer les dégâts aggravés. Peu importe que le
changelin soit transporté dans un Domaine ou une Clairière, sa
vitesse de guérison sera réduite de moitié (minimum un jour par
niveau de santé). Même dans le Songe, les dégâts aggravés ne se
soignent qu’au rythme d’un niveau de santé toutes les douze heures.
Le fer froid
Antithèse du Glamour, Banalité sous forme d’objet, sa seule présence
peut parvenir à affaiblir un changelin et son contact suffira à le brûler.
Certains considèrent le fer froid comme la manifestation physique
de la Séparation. Les blessures qu’il inflige affectent aussi bien le
Visage féerique que la Guise mortelle, elles s’infectent presque tout
de suite et épuisent le Glamour dans l’âme du changelin. Les armes
forgées dans ce métal provoquent simultanément des dégâts aggravés
aux deux aspects du personnage, qui perd un point de Glamour par
niveau de dégâts subis. Par exemple, un Kithain à qui une dague en
fer froid inflige trois niveaux de dégâts subira trois niveaux de dégâts
aggravés chimériques et physiques, et perdra trois points de Glamour.
 Ce matériau est différent de ce que la plupart des gens d’au- La mort chimérique
jourd’hui considèrent comme du fer. L’acier inoxydable et la fonte Elle se produit lorsque le personnage subit plus de dégâts létaux
utilisés pour fabriquer des armes ne produisent pas les mêmes effets ou aggravés qu’il n’a de niveaux de santé chimériques. Il s’évanouit
sur les changelins. Seul le minerai de fer chauffé sur une flamme de sur-le-champ et lorsqu’il reprend conscience, il souffre du passage des
charbon peut donner du fer froid. C’est la substance qu’on appelle Brumes. Tous les souvenirs de sa vie féerique lui sont inaccessibles.
communément de nos jours le fer forgé. Ce métal noir peut se Au mieux se rappellera-t-il d’eux comme d’un rêve, voire d’un cau-
façonner dans presque n’importe quelle forme, y compris en arme. chemar. Sa nature féerique peut lui revenir après un certain temps,
Les armes de grande taille, comme les épées, sont fragiles et peu en fonction de son score de Banalité (cf. « Les Brumes », page 270),
maniables, et leur tranchant est médiocre. La difficulté des jets de après qu’on lui aura insufflé du Glamour. Les victimes d’une mort
combat effectués avec elles augmente de +1 ou +2 et en cas d’échec chimérique alors qu’elles sont dans le Songe sont expulsées de ce
critique, l’arme se brise. Des objets plus petits ne subissent pas cette royaume ; elles se réveillent dans le monde de l’Automne sans se
pénalité, et les armes les plus courantes faites en fer froid sont donc rappeler comment elles sont arrivées là.
entre autres des dagues ou des pointes de flèche. Lors d’une mort chimérique, les flammes vacillantes du Glamour
Forger une arme en fer froid est illégal dans presque tous les qui l’accompagnent attirent la Banalité comme un aimant. Le trait
royaumes, et le simple fait d’en posséder une est aussi considéré Banalité du personnage qui la subit augmente d’un nombre de points
comme un crime. Bien entendu, cela ne signifie pas que de tels égal à la moitié de son score, arrondi au supérieur.
objets n’existent pas. Ils sont d’habitude fabriqués par des forgerons
humains qui n’ont absolument aucune idée de l’usage qu’on fera La mort Banale
de cette « arme de démonstration ». On charge parfois des mages Elle se produit lorsque le personnage subit plus de dégâts mortels ou
de leur réalisation, et certains d’entre eux sont capables de leur aggravés qu’il n’a de niveaux de santé physiques. Son corps humain
donner la solidité de l’acier. On raconte que la soif d’une lame en est tué et son âme féerique s’en échappe pour renaître plus tard.
fer froid trempée dans le sang d’un changelin ne fait que croître, et Lorsqu’elle survient dans le Songe, la mort Banale est une étrange
l’objet ne provoque donc plus le malaise que sa présence engendre et inquiétante expérience. L’âme féerique s’échappe du corps, puis
généralement chez les Kithains. Ces armes ne sont guère plus que se matérialise en une sorte de semi-monument vivant de ce qu’elle
des légendes urbaines, mais même les plus extravagantes d’entre était autrefois, et les souvenirs de sa vie lui échappent lentement. Les
elles possèdent souvent une once de vérité. âmes des roturiers ou des Sidhes de l’Automne retournent tout de
suite vers le monde physique et disparaissent lorsqu’elles franchissent
Guérison des dégâts physiques les frontières du Songe. Celles des Sidhes d’Arcadie s’aventurent
Niveau Contondant Létal dans ce royaume et laissent loin derrière elles le Sentier d’argent.
Contusion Une heure Un jour Quoi qu’il en soit, elles défient quiconque cherche à les suivre très
longtemps, incapables de résister à l’appel de leur vie prochaine.
Blessure légère Une heure Trois jours
Blessure moyenne Une heure Une semaine La mort féerique
La plus tragique de toutes se produit lorsqu’on porte le coup fatal
Blessure grave Une heure Un mois avec une arme en fer froid. Cela provoque la perte irrémédiable
Handicap Trois heures Deux mois de l’âme féerique, qui ne renaîtra jamais dans un corps mortel. Le
rêve qu’elle incarne disparaît à jamais. Il n’existe pas pire crime que
Infirmité Six heures Trois mois
celui-là parmi les Kithains, et si tant est qu’ils survivent à la colère
Invalidité Douze heures Cinq mois de leurs congénères, tous ceux qui l’ont commis sont presque una-
nimement des objets de méfiance et de mépris. On surnomme ces
Guérison des dégâts chimériques individus les « fratricides ».
Niveau Contondant Létal
Contusion 30 minutes Six heures Les sources de dégâts
Blessure légère 30 minutes Douze heures Au sein du Songe comme dans le monde de l’Automne, les change-
Blessure moyenne Une heure Un jour lins doivent se protéger d’un grand nombre de dangers. La Banalité
menace leur Visage féerique et cette fragile coquille mortelle qui n’est
Blessure grave Une heure Trois jours pas plus résistante que celle d’un humain quelconque. Aucune de
Handicap Une heure Cinq jours ces menaces ne s’écarte aisément.
Infirmité Trois heures Une semaine
Maladie & poison
Invalidité Six heures Trois semaines Les maladies peuvent être d’origine physique ou chimérique, et si
la science médicale moderne peut guérir nombre des fléaux qui
La mort décimaient autrefois les populations, les individus ou les structures
Banals rendent parfois difficiles l’accès à ces soins pour les change-
Les changelins récupèrent vite des blessures quand ils sont bien lins. Heureusement, la plupart des Domaines comptent au moins
soignés, mais ils n’en demeurent pas moins mortels. Toutefois, leur une personne formée à la médecine, qui est de plus habituée aux
nature duale complique la donne, car ils peuvent mourir de bien maladies originaires du Songe. Les Kithains mal en point sont donc
des façons et certaines d’entre elles ne sont pas définitives. entre de bonnes mains.

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 291

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Lorsqu’un changelin est exposé à une affliction, son joueur doit
faire un jet de Vigueur. La difficulté, fixée par le conteur, représente la
virulence de la maladie en question et les circonstances dans lesquelles
il l’a attrapée. Par exemple, contre une maladie transmise par les voies
aériennes, un personnage qui se couvre correctement la bouche et le
nez a peu de chance d’être contaminé. S’il rate son jet, il contracte
la maladie. Un simple rhume n’imposerait probablement qu’une
petite pénalité sur ses actions, à moins que son système immunitaire
ne soit affaibli. Cependant, des maladies plus graves infligent des
niveaux de dégâts contondants dont il faut guérir normalement, et
qui représentent le temps nécessaire pour débarrasser son organisme
des germes responsables. Des maladies dangereuses infligent des
dégâts létaux, ce afin de simuler des symptômes inquiétants comme
du liquide dans les poumons ou un organe défaillant.
De la même manière, les poisons peuvent être de nature chimé-
rique ou physique, mais ils ne sont pas infectieux. En revanche, il
faut les introduire dans l’organisme de manière active ou accidentelle
pour affecter le changelin. Certaines toxines peuvent produire leurs
effets par simple contact, tandis que d’autres nécessitent d’être ingérés
ou injectés. La bonne vieille lame enduite de poison est une menace
bien plus courante dans la réalité chimérique, mais n’est pas étrangère
au monde de l’Automne. Le joueur d’un personnage exposé à un
poison doit faire un jet de Vigueur pour résister à ses effets.
Maladies et toxines sont classées selon leur degré de virulence,
qui détermine la difficulté pour leur résister. Les drogues n’infligent
leurs dégâts qu’une seule fois, sauf dans le cas des plus puissantes,
et en une seule fois. Quant aux maladies, elles infligent un dé de
dégâts sur de longues périodes, allant de plusieurs jours à plusieurs
semaines, et même plusieurs mois dans le cas des affections à long
terme comme le cancer.
Un changelin peut se remettre des effets d’un poison ou d’une
maladie chimérique en Invoquant l’Automne (cf. page 271), et nier
ainsi leur existence. Contrairement à ses autres usages, cela dure
une scène et le personnage peut comme d’habitude interagir avec
la réalité chimérique.
Toxicité des poisons
Virulence Difficulté Maladie
Un 6 Rhume (C)
Deux 7 Varicelle (C), Intoxication alimentaire (C),
staphylocoque doré résistant à la méticilline (L)
Trois 7 Grippe (C), début de cancer (L), pneumonie (L)
Quatre 8 VIH (L), lèpre (L), cancer avancé (L)
Cinq 8 Grippe sévère (C/L), Choléra (C), cancer en
phase terminale (L)
Six 9 Peste bubonique (L), anthrax (L)
Sept 9/ T3* Ebola (L)
* il est impossible d’esquiver les nuages de gaz toxiques ou les maladies transmises par voies aériennes. Un équipement ou
des Arts de protection doivent être déployés pour éviter leurs effets.
292 Changelin : le Songe
Chute et impact
La chute en elle-même n’est pas fatale. En revanche, l’arrêt brutal qui
la conclut l’est. Le personnage subit un dé de dégâts contondants
pour chaque tranche de 3 mètres de chute verticale. Au-delà de 30
mètres, les dégâts deviennent létaux, mais cessent de se cumuler
puisque le corps est arrivé à sa vélocité maximale. Si le changelin
atterrit sur une surface accidentée, comme des rochers coupants, les
dommages passent à la catégorie supérieure, les dégâts contondants
se transforment donc en dégâts létaux, et les dégâts létaux en dégâts
aggravés. Il est impossible d’absorber les dégâts d’une chute.
Les chutes sont tout aussi dangereuses dans le Songe, mais contrai-
rement au monde physique, les changelins dans cette position précaire
peuvent faire quelque chose pour éviter de s’écraser. Si le personnage
est capable d’attraper ou de tenir des objets pendant sa chute, ou s’il
parvient à atterrir sur quelque chose qui pourrait raisonnablement
amortir sa chute, il divise par deux les dégâts qu’il aurait dû subir
et transforme les dégâts létaux en dégâts contondants. Quoi qu’il
en soit, il pourra les absorber. Les dégâts de la chute peuvent aussi
symboliser des impacts, comme rentrer dans des objets immobiles ou
se faire percuter par une voiture. En général, un individu subit un dé
de dégâts contondants pour chaque tranche de 3 mètres parcourus
avant l’impact. Deux objets (ou deux personnes) qui se télescopent
à grande vitesse ajoutent leurs dégâts en un seul groupement, qui
s’applique ensuite à chacun d’entre eux. Les changelins peuvent
absorber les impacts chimériques, mais pas physiques. Cependant,
la protection de l’armure s’applique toujours.
Le feu
Souvent présent sur les plans chimériques ou physiques, cet élément
est un adversaire dangereux pour n’importe quel changelin, car il
enflamme, persiste et consume jusqu’à l’os. Le feu peut tuer de
nombreuses manières, depuis l’inhalation de fumée jusqu’au choc
brutal et aux infections qui se déclenchent ensuite. Les brûlures elles-
mêmes sont un péril toutefois plus immédiat, car elles provoquent
une douleur abominable et détériorent l’épiderme. Le feu inflige
toujours un à trois niveaux de dégâts aggravés par tour, qu’ils soient
physiques ou chimériques.
& des maladies
Poison ou drogue
Alcool, cannabis (C)
Méthamphétamine (C), méthanol (L)
Eau non potable (C), gaz lacrymogène
(nuage* ; C), belladone (L)
Salmonelle (C), ammoniaque (L)
Javel (L), rejets industriels (L)
Acides puissants (L)
Gaz sarin (L), cyanure (L)
 Si le personnage est directement exposé aux flammes, son
joueur doit faire un jet de Vigueur. Sa difficulté varie en fonction
de leur intensité, et les dégâts selon leur étendue. Reportez-vous
au tableau relatif aux dégâts du feu, ci-dessous. En cas de succès,
le changelin est sans doute un peu roussi, mais il n’a pas vrai-
ment souffert. En cas d’échec, le feu l’a blessé et en cas d’échec
critique, les conséquences sont sévères. Il peut avoir été aveuglé
par sa lumière, ou bien subir une brûlure au troisième degré, ou
n’importe quel effet qui sied à l’histoire, en fonction des desiderata
du conteur. Le personnage doit faire un jet à chaque tour quand
il est directement exposé au feu.

Dégâts du feu
Taille du feu Niveau de santé/tour
Torche ; une partie du corps brûlée Un
Feu de joie ; la moitié du corps Deux
brûlée
Incendie ; corps Trois
englouti par les flammes

Difficulté Intensité des flammes

du jet d’absorption
3 Bougie (brûlures au premier degré)
5 Feu de camp (brûlures au deuxième
degré)
7 Bec Bunsen (brûlures au troisième degré)
8 Feu ou arc électrique
9 Feu chimique
10 Métal en fusion ou lave
Suffocation & noyade
En temps normal, les changelins peuvent retenir leur souffle
pendant un laps de temps en lien avec leur Vigueur.

Vigueur Temps
1 30 secondes
2 Une minute
3 Deux minutes
4 Cinq minutes
5 Huit minutes
Au-delà de ce temps, un personnage peut retenir sa respiration
pendant 30 secondes supplémentaires s’il dépense un point de
Volonté, et ce tant qu’il en a la possibilité. Ensuite, s’il ne parvient
pas à trouver de l’air, il commence à suffoquer. On ne peut ni
résister ni absorber les dégâts de suffocation, pas plus qu’on ne
fait de jet pour les déterminer. À la place, il subit chaque tour un
niveau de dégâts contondants. Si le conteur le décide, l’eau ou les
gaz particulièrement caustiques peuvent infliger des dégâts létaux.
Si le personnage tombe en Invalidité à la suite d’une suffocation,
il meurt au tour suivant.
Un changelin peut Invoquer l’Automne pour ignorer un danger
chimérique de cette nature pendant une scène.

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 293

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Électrocution
L’électricité n’est pas une énergie inconnue dans le monde chimérique,
mais elle prend en général la forme d’un éclair ou d’une étrange
machine bricolée par un Nocker et qui foudroie tout ce qui se trouve
à proximité. Pour la plupart, les objets qu’elle devrait alimenter se
servent plutôt de la vapeur, de l’eau, du vent ou du Glamour. Bien
entendu, dans le monde de l’Automne, elle est bien plus courante.
Lorsqu’un courant électrique les traverse, les muscles se crispent
douloureusement. Le premier réflexe est souvent d’éloigner ce qui
a pu entrer en contact avec lui. Toutefois, s’il est assez puissant, il
provoquera une tétanie si forte qu’il devient impossible de se retirer.
C’est ce qu’on appelle le seuil de non-lâcher. La plupart des chocs
électriques puissants peuvent provoquer des arcs ou des explosions
électriques, capables de projeter la victime en arrière de la source,
mais aussi d’infliger de graves lésions. Comme la majorité d’entre
elles sont provoquées par un arc thermique, reportez-vous au tableau
des dégâts du feu (cf. page 293).
Les blessures par électrocution vont des brûlures superficielles
aux fractures osseuses et à la défaillance des organes, la plus fré-
quente étant la fibrillation cardiaque. Il est impossible d’absorber
les dégâts par électrochoc, qui infligent la perte de niveaux de santé
plutôt que des dés de dégâts. Si le conteur le permet, les armures
non conductrices peuvent réduire l’ampleur de ces derniers si elles
protègent raisonnablement le point de contact avec le courant.
Reportez-vous au tableau des dangers électriques pour déterminer
l’importance des lésions.
Chocs électriques
Source Niveau de santé/tour
Prise de courant Deux
Clôture électrique Quatre
Boîte de raccordement Six
Troisième rail Huit
Le Tumulte
Les changelins craignent la Banalité, mais ils redoutent le Tumulte.
Parmi les Kithains, la tradition décrit cette affliction comme une
folie provoquée par une surexposition au Songe. Passer une longue
période dans un lieu particulièrement Banal ou dans lequel rien ne
rappelle sa nature féerique au personnage conduit à l’Oubli. S’il sature
de Glamour sa Guise mortelle au-delà de ce qu’elle peut supporter,
il est emporté par le Tumulte. Le chemin qui y conduit est jalonné
d’une multitude de signes et d’avertissements, les Seuils du Tumulte,
alors que le monde chimérique envahit les sens du changelin et gêne
ses interactions avec le royaume de l’Automne.
Dans cet état, c’est comme s’il était prisonnier d’un rêve. À mesure
que le Tumulte l’emporte, les sens du changelin sont dominés par
le Songe alors que l’instant d’avant, il était lucide et maître de lui.
Le Songe proche, et parfois le Songe lointain, se superpose à ses
perceptions. Il peut voir des chimères, des Sentiers ou des créatures
qui peuplaient d’anciens cauchemars, mais il ne comprend pas que
tout cela se trouve à des mondes de distance.
Plus il se rapproche du point de non-retour et plus il attire de
chaos et de Glamour. Les chimères se rassemblent autour de lui
294 Changelin : le Songe
comme des vautours autour d’un mourant, et attendent de voir s’il
fera à jamais partie de leur monde. Une fois qu’il s’est aventuré loin
sur cette voie, il commence à transformer les chimères près de lui
en matière onirique pure. Les chimères animées peuvent changer
de forme ou adopter des traits plus menaçants. Les objets chimé-
riques deviennent des tourbillons d’énergie chaotique. Le Songe
proche autour d’un Kithain au bord du Tumulte se transforme en
environnement imprévisible et dangereux.
La voie vers le Songe éternel
Au cours d’une chronique de Changelin, la réserve de Cauchemar
et le Déséquilibre des points de Volonté (cf. page 275) indiquent
le chemin vers le Tumulte. Les Seuils du Tumulte symbolisent
l’intrusion du Songe dans la Guise mortelle du personnage, et
la gravité correspond en général à l’étendue de son Déséquilibre.
Lorsqu’il dépense un point de Volonté Déséquilibré, il souffre d’un
Seuil du Tumulte pendant un nombre de scènes égal au nombre de
Déséquilibres qui l’affectent.
Les seuils du Tumulte
Il revient au conteur de choisir l’un de ces seuils dès que le joueur
dépense un point de Volonté marqué par un Déséquilibre, et il est
libre d’en créer des nouveaux s’il l’estime approprié. Chaque seuil
comporte un élément narratif, un changement dans la manière dont
le changelin perçoit le monde mortel et l’impact mécanique qu’il aura
en cours de jeu. Le conteur peut adapter ou modifier la narration
ou les règles de l’un d’entre eux afin de mieux correspondre à la
situation actuelle et au personnage.
Murmures et visions : le Songe s’insinue dans les perceptions
physiques du changelin. Il voit, entend et même sent le Songe
profond pendant quelques instants, avant que le monde mortel
ne revienne prendre le dessus. La difficulté de tous les jets basés
sur la Perception augmente de +1 par point de Déséquilibre
indiqué sur sa feuille.
Réminiscences oniriques : une pensée commence à se former
et soudain, une autre vient percuter l’esprit du personnage.
Les réflexions d’un Bonnet rouge peuvent être perturbées
par le souvenir de son dernier repas, tandis qu’un Sidhe peut
s’égarer dans des visions d’une cour ancienne. La difficulté de
tous les jets basés sur l’Intelligence augmente de +1 par point
de Déséquilibre indiqué sur sa feuille.
Étrange comme le Wyrd : le chaos décousu du Songe remplace
l’attitude ou le caractère du personnage. Son discours devient
bizarre, ou bien le regard qu’il pose sur les gens se fait trop
intense. Les gens sont mal à l’aise en sa présence et considèrent
qu’il est un peu trop étrange. La difficulté de tous les jets basés
sur le Charisme augmente de +1 par point de Déséquilibre
indiqué sur sa feuille.
Peu fiable : quelque chose dans la façon dont le personnage
s’exprime dérange son auditoire. Peut-être perçoivent-ils dans sa
voix les marmonnements des rois déments, ou bien les énigmes
magiques des créatures bizarres. Ses paroles sont empreintes des
promesses brisées du Songe et l’on a tôt fait de ne pas leur faire
confiance. La difficulté de tous les jets basés sur la Manipulation
augmente de +1 par point de Déséquilibre indiqué sur sa feuille.
Lourde atmosphère : l’air autour du personnage semble
s’épaissir, ralentir ses gestes et rendre maladroit même le plus
 agile des Kithains. La difficulté de tous les jets basés sur la
Dextérité augmente de +1 par point de Déséquilibre indiqué
sur sa feuille.
Rêves instables : le monde chimérique autour du changelin
devient chaotique et malveillant. Toutes les chimères à proximité
se transforment ; le conteur devrait redistribuer les points dont
ces créatures disposent dans des traits déterminés de manière
temporaire. De plus, elles se mettent à représenter les peurs
et les anxiétés du personnage, lui deviennent hostiles et l’at-
taquent, ou tentent le de gêner (ses compagnons chimériques
inclus dans l’historique sont immunisés à cet effet, bien qu’ils
puissent agir de façon étrange).
Ôter la laisse : le Kithain perd le contrôle sur sa magie fée-
rique qui devient instable, et la finesse requise pour lancer les
charmes s’évertue à lui échapper. Pendant toute la durée du
seuil du Tumulte, il ne peut plus lancer de charme et ne peut
que Déchaîner ses Arts.
Fidèle à lui-même : soutenue par le Glamour qui a envahi son
aspect, la moitié changelin de sa nature prend le pas sur le
reste. Le personnage exagère les traits singuliers de son kith
et devient de plus en plus enclin à ignorer tout ce qui ne fait
pas partie du Songe. Il Invoque le Wyrd sur-le-champ et son
joueur doit ajouter deux points de Cauchemar. Le Visage
féerique s’efface après la scène actuelle, mais le personnage
continue de mettre l’accent sur sa nature féerique jusqu’à la
fin du Déséquilibre.
Se noyer dans le Glamour : les vagues du Songe enflent déme-
surément au sein du changelin et l’emplissent de Glamour, qui
finit par jaillir de lui de manière imprévisible. Il reconstitue
immédiatement toute sa réserve de Glamour. Pendant toute la
durée du Déséquilibre, le personnage fonctionne de la même
manière qu’un Domaine quand d’autres veulent récupérer des
points de Glamour. Changelins et chimères peuvent aisément
le sentir et le rechercheront activement pour se régénérer. Les
créatures ou les Kithains malveillants pourraient bien décider
de l’emporter et d’en faire leur source de Glamour personnelle.
Chaque fois qu’il dépense des points de Glamour au cours du
seuil du Tumulte, il gagne aussi un point de Cauchemar.

Soigner le Déséquilibre et le Tumulte

Ce qui offre un répit temporaire au Déséquilibre ne guérit en aucun
cas la blessure psychique. Les changelins peuvent Invoquer l’Au-
tomne et ignorer pour une scène les effets d’un seuil du Tumulte.
Cependant, si le personnage veut soigner un Déséquilibre, il doit
consacrer son Glamour et son énergie créatrice à quelque chose
de significatif. Au lieu de récupérer des points de Glamour, il
peut choisir de supprimer un Déséquilibre s’il vit avec succès une
Épiphanie, quelle qu’elle soit.
Le Tumulte est une tout autre affaire. Lorsque tous les points de
Volonté du personnage se sont Déséquilibrés, il est emporté par le
Tumulte. On ne lui connaît aucun remède et la plupart des Kithains
qui y succombent s’aventurent dans le Songe et disparaissent pour
toujours (ou du moins on ne les reconnaît plus), ou bien ils sont
emprisonnés et gavés de médicaments qui les abrutissent, mais ne
les guérissent pas. Des légendes persistent sur des quêtes ou des
trésors capables de ramener un changelin de cette folie, mais ceux
qui ont vécu ces histoires ne les racontent jamais.

Chapitre Six : Systèmes & effets dramatiques 295

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Livre Trois :
le grincheux
 Ca fait de deja si longtemps ?
Je me rappelle le jour de mes huit
ans, les images dans l’air et les fleurs
sur l’arbre. Je me souviens de Buck et
de Jasmine, et d’une bande de Satyres
d e fonc
foncee s jusqu’au trognon qui
chantaient « Joyeux anniversaire »
tel un hymne adresse
adresse a un dieu
oubliee. Les anniversaires me rendent
oubli
nostalgique. En particulier ceux
d’April.
Ma fille a huit ans
aujourd’hui, ce me meme jour ou
ou
l’on m’a donne
donne mon Nom en 1969.
Je n’aime pas penser au temps
qui s’est ecoul
coulee depuis, mes
yeux se brouillent et cela
ne servirait a rien qu’April
voie sa memere pleurer le jour
de leur anniversaire commun.
Alors j’afficherai mon visage le
plus brave et ce soir, quand Ryk
et Amber passeront avec leur van, je
ferai comme si je ne les entendais pas emmener
ma fille dans les bois afin que le Songe continue
de vivre. Elle est comme moi. Nous avons de la
chance. Beaucoup ne peuvent pas en dire autant.
Lorsqu’ils partiront, j’aurai mon ga gateau et mes amis
autour de moi. Et si je pleure un peu quand nous
chanterons la chanson, eh bien c’est la vie. Vous
savez, cette vieille che
chevre est encore pleine
de vie, et je ne suis pas assez fatigue
fatiguee pour
cesser de penser aux fleurs, me
meme si le vent
qui souffle est froid.
Ouais, j’aime toujours les anniversaires.
Ils nous disent que nous sommes toujours
bien vivants.

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Chapitre Sept :
le Glamour
« Mais, monsieur, cela veut-il vraiment dire que d’autres mondes pourraient exister, ici,
partout, au coin de la rue, juste comme ça ? », demanda Peter.
— C. S. Lewis, Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique
L e Glamour est le sang du Songe, il circule entre
lui et le monde de l’Automne et cet échange est
essentiel pour repousser la Banalité. Il représente
bien plus qu’une énergie métaphysique, car c’est encore
lui qui élève les fondations d’un monde au-dessus de
l’ordinaire. Ce chapitre explore les différents aspects du
Glamour que sont les Sentiers, les Domaines, les chimères,
les Trésors et les Royaumes du Songe lui-même.
Le Songe
L’intensité de nos émotions, de nos rêves et de nos cauche-
mars conserve sa pureté immaculée jusqu’à ce que l’esprit
s’enlise dans les expériences de la vie courante. Avec le
temps, les souvenirs merveilleux s’effacent et s’altèrent,
jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des bribes empreintes
de nostalgie. Les humains oublient, mais pas le Songe.
Qu’est-ce que le Songe ?
Le Songe est le Glamour. Son existence reflète les plus
grandes aspirations et les pires craintes de l’humanité. Tous
les enfants naissent avec le don de devenir un véritable
Rêveur, un individu capable d’entrer en contact avec le
Songe et de croire qu’il existe autre chose que ce qu’il a
sous les yeux. Mais il possède un petit truc en plus. Il est
animé par la motivation et la passion de créer et d’inspi-
rer les autres, de repousser les forces oppressantes de la
Banalité qui les entoure. Le Songe puise dans l’esprit de
ces Rêveurs et alimente ainsi la véritable magie qui coule
dans les veines des Kithains. N’importe qui peut rêver, quel
que soit son âge. En revanche, seuls les Rêveurs peuvent
nourrir le Glamour présent dans le monde ordinaire.
Tous les autres songes, bons ou mauvais, se mêlent à
cette énergie en un maelstrom d’émotions incontrôlées
et finissent par générer des lieux où naissent de nouveaux
rêves aussi instables que dangereux.
Le Songe est bien plus qu’une force métaphysique
nécessaire à la vie et à la magie des Kithains qui s’érige
en défense face au Long Hiver qui se dessine. C’est aussi
un plan d’existence complètement différent, constitué de
royaumes féeriques depuis longtemps perdus, où chimères
et bêtes disparues côtoient des changelins qui sont partis
ou se sont échappés du monde réel.
La manière la plus simple de représenter le Songe
est de dessiner trois strates autour du monde ; chacune
d’entre elles constitue un plan différent. À leur tour, ces
plans se divisent en d’innombrables Sphères du Songe
299
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Le pied-de-biche
de Versailles
La légende de cet objet en fer froid raconte une effroyable
histoire sur la folie et ses conséquences extrêmes. Vers la
fin de la Première Guerre mondiale, un Dauntain français
pensait pouvoir débarrasser le monde du Songe proche et
des « démons » qui avaient détruit sa vie. On ignore par
quels moyens il parvint à faire entrer le pied-de-biche au
sein du Songe, mais toujours est-il que ces deux forces se
heurtèrent violemment. La région entière, et toutes les
fées qui s’y trouvaient, furent détruites en même temps
que d’immenses étendues du monde réel. Si le Songe
proche commença à se régénérer, il fallut la survenance de
la Résurgence pour le guérir tout à fait. L’incident lui laissa
quand même de profondes cicatrices. Nul ne sait si l’objet
résista à l’explosion et, le cas échéant, ce qu’il advint de lui.
qui englobent paysages, nations, Domaines, propriétés, ou parfois
simplement la mystérieuse maison d’une sorcière qui attend qu’on
l’explore. Emprunter les Sentiers (cf. page 307) demeure la seule
façon de se déplacer entre ces sphères. Cependant, plus on voyage
loin entre les plans et plus ces routes deviennent rares et instables.
Les Kithains appellent ces différentes strates le Songe proche, le
Songe lointain et le Songe profond.
Si pendant près de six siècles, le Songe et ses contrées demeurèrent
tout à fait hors de portée des changelins, la Résurgence changea la
donne. À présent, ce lieu ne demande qu’à s’ouvrir à l’exploration
et la redécouverte. Malgré des dangers très réels, le désir de s’y aven-
turer s’enracine profondément dans la culture des Kithains. Là-bas
se trouvent toujours d’antiques royaumes, des Domaines perdus, des
trésors oubliés et des connaissances mythiques. Quelque part aux
confins les plus lointains du Songe profond se dressent les portes
de l’Arcadie, qui attendent qu’on les retrouve.
Le plan lui-même constitue la plus grande menace à la survie
d’un Kithain. Sa nature même fait du Songe l’antithèse à la Banalité
présente sur le plan ordinaire. Quand un changelin entre dans
certaines régions du Songe, il est soumis à un lent processus de
purification qui finit par provoquer un déséquilibre dans sa relation
avec la Banalité et le Glamour. Tous les changelins le savent, mais
beaucoup n’en tiennent pas compte. Le Songe fait ressurgir en eux
la plus puissante nature féerique et leur procure un sentiment de
libération de leur coquille mortelle.
Règles relatives
au Songe
Y entrer altère la nature des personnages changelins, améliore leurs
pouvoirs magiques et renforce leur nature féerique. De ce fait, le
système de jeu qui les régit change en fonction du plan où ils se
trouvent. Passer d’un plan à l’autre remplace les modifications pré-
cédentes ; quand le Kithain pénètre sur une autre strate du Songe,
peu importe la distance qui le sépare du monde de l’Automne, les
règles relatives à celle-ci sont les seules à s’appliquer.
300 Changelin : le Songe
Le Songe, le temps et le voyage
Comparé au monde de l’Automne, le temps s’écoule différemment
dans le Songe, mais on ne peut pas simplement se contenter de dire
qu’une minute ici équivaut à une heure là-bas. Le temps passe avec
fluidité et à un rythme qui lui est propre. Il est possible d’emprunter
un Sentier en Amérique du Nord, d’entreprendre un voyage qui
semblera durer des décennies et d’émerger du Songe quelque part
en Scandinavie à peine quelques minutes après être parti de son
point d’origine.
L’histoire fourmille de contes et de légendes évoquant des mortels
disparus pendant des dizaines d’années, puis réapparus sans avoir
pris une ride (ou disparus à peine quelques instants et revenus bien
plus vieux).
Système de purification de la Banalité
Une fois que les changelins franchissent le Vallon des Brumes (cf.
« Le Songe lointain »), le Glamour purifié du Songe commence à
débarrasser le visiteur du fardeau que la vie ordinaire fait peser sur
ses épaules. Si le processus finit par amener la réserve de Banalité
à 0, tous les changements qu’il apporte au score de Banalité du
personnage ne s’appliquent que pendant la durée de son séjour
dans le Songe lointain et le Songe profond. Toutefois, cette valeur
ne peut jamais descendre en dessous de 1 même dans ces conditions
idylliques. Peu importe l’énergie qu’ils consacrent à lui échapper, les
changelins restent liés à leur enveloppe mortelle.
La réserve de Banalité du personnage décroît d’un point par jour
jusqu’à tomber à 0, après quoi un niveau de Banalité se fractionne
en 10 points au bout d’une semaine, si tant est qu’il demeure actif
dans le Songe (par exemple, s’il se lance dans une quête, interagit
avec les habitants du plan ou part en exploration). Au bout de ce
laps de temps, il recommence à perdre un point de Banalité par jour.
Ainsi, même les créatures les plus engoncées dans le Tempérament
peuvent finir par entrer dans le Songe profond, si bien sûr elles
parviennent à survivre aux défis et aux impressions innombrables
du monde chimérique.
Une fois qu’un personnage quitte le Songe lointain, son score
de Banalité revient au niveau qui était le sien au moment où il est
entré. Seuls les Trésors légendaires et les quêtes (cf. page 271) sont
capables d’effacer définitivement des niveaux de Banalité.
Le Songe proche
Les règles suivantes s’appliquent lors d’un séjour dans le Songe proche.
Lancer des charmes se révèle plus aisé dans ce monde. La
difficulté de base (cf. page 194) descend à 7.
Tout ce qui est chimérique devient solide et tout à fait tangible,
y compris les compagnons chimériques, le Voile et le Visage
féerique des changelins.
Le Songe ne fait aucune distinction entre les dégâts (et la mort)
chimériques et la mort physique. Un changelin qui meurt là-bas
meurt pour de bon et son âme s’en va se réincarner (ou bien,
dans le cas des Sidhes de l’Arcadie, s’embarque pour une des-
tination inconnue). S’il possède une ancre dans le monde de
l’Automne, son corps tombe dans le coma et finit par mourir.
Un Kithain emporté par le Tumulte pendant qu’il voyage sur
un Sentier rejoint les Onus, des fées qui défendent ce chemin
contre de futurs visiteurs.
Les mortels qui entrent physiquement dans le Songe obéissent
à ses lois. Si elle survient dans ce monde, la mort devient un

problème majeur, car la Banalité enfermée dans son corps peut
s’en échapper et provoquer des dégâts. Face à cette menace,
le Songe réagit et renvoie le cadavre au hasard vers l’une des
destinations des Sentiers de Balor.
Aveuglement empathique
Cette Fragilité remplace le Fardeau de la Banalité des Sidhes
d’Arcadie.
Les Sidhes se prétendent l’incarnation ultime des rêves
de gouvernement. De ce fait, il leur est extrêmement difficile
d’échanger avec tous les roturiers. Cela ne s’applique pas
aux autres Sidhes, qu’ils soient arcadiens ou automnaux.
Cependant, lorsqu’ils s’engagent dans des échanges sociaux
avec des personnages sans Titre (ou son équivalent), la
difficulté de tous leurs jets sociaux augmente de +3 dans
le Songe proche. Cette pénalité passe à +6 dans le Songe
lointain, ils supportent à peine la présence des roturiers, et
tous leurs échanges avec eux se font par personne interpo-
sée. D’ailleurs, quand ils se trouvent dans cette région du
Songe, ils demeurent fermement persuadés que le simple
fait d’entendre leur voix est une récompense en soi pour
n’importe qui, et non une expérience ordinaire.
Le Songe lointain
Quand il y pénètre, un changelin vit une deuxième Chrysalide. Les
souvenirs oubliés de ses incarnations précédentes envahissent son
esprit. Son corps et ses vêtements se transforment et prennent un
style plus en adéquation avec le rêve représenté par son kith. Sa
Cour et ses Apanages influencent aussi son apparence physique.
Exemple : les Boggans rapetissent et leurs vêtements prennent
un aspect plus simple et une couleur unie. Un Unseelie qui a vécu
toute sa vie dans la violence gagnera des crocs acérés, tandis qu’un
changelin au cœur bon arborera un nez plus rond pour accentuer
sa nature débonnaire.
Joueurs, s’agissant de détails importants, discutez de ces chan-
gements avec votre conteur.
Règles génerales
Toutes les règles appliquées dans le Songe proche restent en
vigueur. Les modifications induites par ce changement de plan
prennent le pas sur les anciennes règles.
Tous les charmes lancés dans le Songe lointain appartiennent
automatiquement au Wyrd. De plus, ils ne nécessitent plus de
dépenser des points de Glamour, même si les joueurs peuvent
décider de le faire quand même pour obtenir des effets supplé-
mentaires. Leur difficulté de base passe à 6.
Chapitre sept : le glamour 301
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Ajoutez un dé au groupement du personnage quand il Déchaîne
sa magie.
Le Songe commence à purifier le changelin de sa Banalité.
Celui-ci régénère sa réserve de Glamour à raison d’un point par
heure. Le conteur peut décider que la nourriture et la boisson
font récupérer des points supplémentaires.
Héritages
Flair : le personnage bénéficie d’un jet de dés supplémentaire
sur lequel il ne peut pas faire d’échec critique. La difficulté des
aspects spécifiques d’une capacité diminue de –2, et celle de
ses applications circonstancielles de –3.
Magie : les Héritages magiques ne nécessitent plus de Glamour
pour fonctionner. La difficulté de n’importe quel jet de dés dimi-
nue de –3. Si le fait d’être vu limite l’activation d’un Héritage,
il est à présent possible de l’utiliser devant des témoins sans
effet néfaste.
Grâces : augmentez l’attribut de l’Héritage, le score de Volonté
ou le nombre de niveaux de santé de +2. Si le bonus dépend
d’un autre facteur, discutez avec le conteur de ce que pourrait
impliquer l’équivalent de l’effet (par exemple, le temps et les
façons de récupérer des points de Volonté).
Fragilités
Compulsions : le personnage ressent un besoin de plus en plus
pressant d’arborer le défaut qui l’afflige. Doublez tous les coûts
en points de Volonté ; de plus, toutes les difficultés pour éviter
ses effets augmentent de +4.
Malédictions : doublez les effets subis par le personnage si la
Fragilité s’applique à un trait. Augmentez la gravité de la malé-
diction, ce qui limitera un peu plus la capacité d’interaction
du personnage avec le monde. La Fragilité se manifeste plus
fortement (par exemple, le joueur d’un Sluagh devra dépenser
un point de Volonté pour communiquer verbalement).
Inaptitudes : multipliez par trois tous les intervalles de temps ;
de plus, la difficulté de tous les jets liés à la Fragilité augmente
de +4.
Le Songe profond
L’esprit du visiteur est envahi par les souvenirs de ses vies antérieures,
mais contrairement à ce qui se passe dans le Songe lointain, ils y
restent. Pendant toute la durée de son séjour, toutes les créatures
chimériques bénéficient de l’historique Réminiscence au niveau
5, et elles se souviennent de tout avec une lucidité dont elles ne
bénéficient pas dans le monde de l’Automne.
Atteindre les plus lointains confins du Songe, à part l’Arcadie
elle-même, change à nouveau l’apparence du personnage, qui devient
l’incarnation même de ce qu’il représente. Les Trolls se transforment
en géants imposants et les Sidhes irradient toute la beauté et la
colère que le Songe peut rassembler. Rappelez-vous bien que dans
ce Royaume, les changelins redeviennent les entités quasi divines
qu’ils étaient avant la Séparation. Lorsque vous modifiez l’Héritage et
la Fragilité d’un personnage, prenez cette donnée en considération.
Joueurs, discutez de ces changements avec votre conteur.
302 Changelin : le Songe
Règles génerales
Toutes les règles appliquées dans le Songe proche et lointain
restent en vigueur. Les modifications induites par ce changement
de plan prennent le pas sur les anciennes règles.
Les mortels Enchantés et les Prodigues ne peuvent pas entrer ici.
Ils sont renvoyés sur-le-champ vers le Sentier du Songe lointain
le plus proche.
Invoquer normalement un charme devient un processus chao-
tique qui s’apparente à un Déchaînement. Appliquez les règles
relatives à cette forme de magie sur le lancement du charme
et comparez le nombre de réussites obtenues au total de l’Art
+ Royaume du personnage. Au lieu de faciliter les choses, les
Bêtises se chargent de ramener un semblant d’ordre dans la
magie féerique, et diminuent le nombre de réussites obtenues à
la fin. Les charmes et les Déchaînements ne nécessitent aucune
dépense de Glamour.
Lorsque le changelin Déchaîne sa magie, le joueur ajoute 3 dés
à son groupement.
Le Glamour abonde dans le Songe profond. Le personnage
récupère un point de sa réserve temporaire par heure, mais
aussi en absorbant de la nourriture féerique si le conteur le
décide. Les mortels Enchantés qui se sustentent commencent
à oublier leurs vies ordinaires et leurs responsabilités.
Ajoutez un niveau au Glamour du personnage quand il se
trouve dans le Songe profond.
Héritages
Flair : le personnage bénéficie d’un jet de dés supplémentaire
sur lequel il ne peut pas faire d’échec critique. La difficulté
des aspects spécifiques d’une capacité diminue de –4, et ses
applications circonstancielles réussissent automatiquement
(nombre de réussites obtenues égal au score dans la capacité).
Magie : les Héritages magiques n’ont plus besoin de Volonté
ou de Glamour pour fonctionner. La difficulté de n’importe
quel jet de dés est égale à un tiers de sa valeur habituelle. Les
Héritages fonctionnent en présence de témoins. Si le bonus
déclenche un effet basé sur une capacité, comme le pouvoir
du Sluagh de percer à jour les illusions, plus aucun jet de dés
n’est nécessaire.
Grâces : augmentez l’attribut de l’Héritage, le score de Volonté
ou le nombre de niveaux de santé de +4. Si le bonus dépend
d’un autre facteur, discutez avec le conteur de ce que pourrait
impliquer l’équivalent de l’effet (par exemple, le temps et les
façons de récupérer des points de Volonté).
Fragilités
Compulsions : les compulsions d’une fée prennent des propor-
tions délirantes et elle ne peut plus dépenser de Volonté pour
résister à leurs effets.
Malédictions : la Fragilité du personnage se manifeste pleine-
ment. Les Sluaghs ne peuvent plus du tout communiquer par
la parole, les Trolls meurent s’ils rompent leurs serments et la
moindre éraflure à sa pelisse laisse des cicatrices indélébiles sur
l’âme d’un Selkie.
Inaptitudes : triplez la durée des effets basés sur le temps. De
plus, les jets de dés basés sur la fragilité ratent automatiquement.
 Les Brumes du Néant
Les différents niveaux de Glamour et de Banalité intrinsèques à
chacun affectent directement les Brumes. Plus son Glamour est élevé,
moins elles influencent la cible, tandis qu’une Banalité importante
indique une emprise plus conséquente des choses ordinaires.
Glamour 10 : le Songe œuvre activement et autant que possible à la
protection et à la survie du changelin.
Glamour 9 : le personnage souffre d’une légère désorientation lorsqu’il
se trouve dans le Songe.

Entrer dans le Songe

Glamour 8 : en dépit des souvenirs de ses vies antérieures qui le
submergent, le changelin est probablement dérouté par ces visions.
Niveau : soustrayez le score de Banalité du personnage à son Glamour 7 : il revit des fragments de ses vies passées. Certaines
Glamour pour déterminer le niveau d’entrée. Exemple : le score choses et des visages lui semblent familiers et cette impression est
de Glamour de Lindolen est égal à 8, mais sa Banalité est de dérangeante.
4. Cela signifie qu’elle correspond à la ligne « Glamour 4 » du Glamour 6 : même s’il se souvient de bribes de son passé, il n’y croit
tableau. En revanche, le seigneur Marco qui dispose d’un score pas. Les événements dont il se rappelle jouent très peu sur son
de 3 en Glamour, mais de 5 en Banalité, se retrouve sur la ligne état d’esprit, et confronté à une situation, il peut réagir avec une
« Banalité 2 ». certaine nonchalance.
Brumes : voir notes. Glamour 5 : beaucoup de choses dans le Songe semblent familières
Laps de temps : la durée pendant laquelle les Brumes affectent au personnage. Les images du passé tentent de refaire surface, en
le personnage après qu’il est entré dans le Songe. vain. Un frisson glacé lui court souvent le long du dos sans qu’il
sache pourquoi.
Niveau Effet des Brumes Laps de temps
Glamour 4 : il ne garde que de vagues images en mémoire, qu’il ne
Glamour 10 Aucun Instantané peut rattacher à aucun souvenir cohérent.
Glamour 9 Souvenirs clairs Instantané Glamour 3 : le changelin contemple son environnement, mais demeure
inconscient des nombreux changements que le Songe impose sur
Glamour 8 Légèrement désorienté 1 tour
sa manière de penser et d’agir.
Glamour 7 Légèrement désorienté 2 tours Glamour 2 : le Songe est un endroit fascinant, mais il ne lui offre
Glamour 6 Désorienté 3 tours aucun souvenir de ses vies passées.
Glamour 1 : le Songe est un lieu débordant de nouvelles merveilles
Glamour 5 Déjà Vu 1 scène à explorer. Des visions et des sons distraient souvent le changelin.
Glamour 4 Mémoire parcellaire 1 jour La plupart des mortels Enchantés se situent à ce niveau lorsqu’ils
entrent dans le Songe.
Glamour 3 Désorienté 1 semaine
Glamour 0 : ce personnage est vraiment inconscient de l’existence du
Glamour 2 Étourdi 1 mois Songe même s’il est en train d’y évoluer. Après une courte période,
Glamour 1 Stupéfait Permanent les souvenirs du plan ordinaire s’évanouissent et il finit par ne plus
se rappeler ce qu’il ressent lorsqu’il fait la queue au magasin ou
Glamour 0 Paralysé Permanent
quand il travaille au bureau.
Banalité 1 Inquiet* Permanent Banalité 1 : le personnage accepte l’existence de quelque chose au-delà
Banalité 2 Amer* Permanent des apparences ordinaires, mais il évite d’en parler, car il redoute
la réaction des gens face à lui ou à son état d’esprit.
Banalité 3 Effrayé* Permanent Banalité 2 : la peur l’étreint et son instinct de conservation prend le
Banalité 4 En colère* Permanent dessus bien qu’il soit incapable d’en comprendre les raisons. Il réagit
de manière hostile envers tous ceux qui l’approchent.
Banalité 5 Fou de rage* Permanent
Banalité 3 : il éprouve de la confusion face aux paysages et aux habi-
Banalité 6 Déni* Permanent tants étranges qui peuplent les lieux. Tout ce qui se trouve dans
Banalité 7 Ennemi des fées+* Permanent le Songe l’effraie.
Banalité 4 : la confusion tourne à la haine. La plupart des gens dont
Banalité 8 Dément+* Permanent l’âme est marquée par ce niveau de Banalité considèrent toutes
Banalité 9 Catatonique+* Permanent les expériences comme des objets de détestation et ils sont bien
Banalité 9 Interdit Permanent
déterminés à traquer ce qu’ils perçoivent comme les démons cachés
du monde.
* Ces individus ne peuvent entrer dans le Songe qu’avec l’aide Banalité 5 : incapable de supporter ce qu’il voit, le personnage s’en
d’un enchantement. Les Prodigues peuvent entrer par des moyens prend violemment à tout ce qui passe à sa portée. De plus, il lutte
alternatifs, mais ils sont désorientés par ce qu’ils voient. contre son esprit et sa compréhension de l’ordinaire.
+ Le Songe remarque plus particulièrement ces individus et les Banalité 6 : il refuse fermement de croire ce qu’il voit et il est persuadé
attaque s’ils agissent de quelque manière préjudiciable que ce soit. d’avoir perdu la raison.

Chapitre sept : le glamour 303

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Banalité 7 : le concept du Songe le submerge et il ne peut rien faire Glamour 10 : le personnage se rappelle tout, mais lorsque la Banalité
à part fixer le vide, égaré dans ses pensées et sa contemplation. revient, les souvenirs commencent à s’effacer.
Banalité 8 : rien autour de lui ne fait plus sens. Il attaque tout ce qui Glamour 9 : il se souvient de la plupart des événements qui se sont
l’entoure afin de pouvoir retourner dans son monde. produits pendant qu’il était dans le Songe.
Banalité 9 : il sombre dans l’inconscience plutôt que de devoir affronter Glamour 8 : des souvenirs précis qui finissent par s’estomper ou se
le monde qui s’offre à ses yeux. mélanger.
Banalité 10 : ce personnage ne peut pas entrer dans le Songe. Sa seule Glamour 7 : des souvenirs précis qu’il finit par réfuter et qui prennent
présence est une insulte à son encontre. l’apparence d’un rêve.
Glamour 6 : le personnage oublie les détails les plus précis. Ses vies
Quitter le Songe antérieures commencent à s’effacer et seuls les événements les plus
marquants demeurent.
 iveau : calculez-le de la même manière que pour y entrer.
N Glamour 5 : les souvenirs importants disparaissent et il ne se rappelle
 rumes : voir notes.
B que de détails lointains. Il considère que tout ce qui s’est passé dans
Laps de temps : la durée au bout de laquelle les souvenirs les le Songe n’est guère plus qu’un rêve.
plus précis du Songe commencent à disparaître. Glamour 4 : les liens passés que le Songe avait fait remonter à la surface
deviennent hors de propos, même les événements et les révélations
les plus importants semblent insignifiants.
Niveau Effet des Brumes Laps de temps
Glamour 3 : même s’il considère que tout ce qui lui est arrivé est
Glamour 10 Aucun Aucun vrai, les souvenirs qu’il en a sont trop vagues pour qu’il puisse les
Glamour 9 Souvenirs clairs Aucun raconter à qui que ce soit.
Glamour 2 : c’était un rêve charmant ou un épouvantable cauchemar.
Glamour 8 Léger 1 semaine Rien de plus.
Glamour 7 Léger 3 jours Glamour 1 : Absence. C’est fou comme le temps passe vite ! Qu’a-t-il
fait ? Il ne se souvient de rien de ce qui s’est déroulé dans le Songe,
Glamour 6 Substantiel 1 jour
en dehors des gens qui l’accompagnaient.
Glamour 5 Légers souvenirs 1 scène Glamour 0 : amnésie totale. Le temps a passé et le personnage ne par-
Glamour 4 Rêves 1 tour vient pas à s’expliquer ce qu’il a fait ou vécu. Il ignore complètement
si quelque chose d’inhabituel s’est passé et il est convaincu que tout
Glamour 3 Rêves Instantané va bien. Sans doute une sale grippe, c’est pour ça qu’il était absent.
Glamour 2 Rêves lointains 1 mois Banalité 1 : il y a des trous dans son emploi du temps. Il se demande
s’il ne souffre pas d’une sorte de trouble mental qui a provoqué
Glamour 1 Aperçu Permanent
cette amnésie.
Glamour 0 Aucun souvenir Permanent Banalité 2 : sa mémoire est une page blanche, mais avec une aide
Banalité 1 Incrédulité Permanent psychologique appropriée, il pourrait faire ressurgir des images
dérangeantes s’il se concentre assez fort.
Banalité 2 Confusion Permanent Banalité 3+ : aux yeux du personnage, le concept de Songe est ridicule.
Banalité 3+ Amnésie Permanent Pourtant, il fait des rêves vivaces ou vit des flash-back intenses sur
des événements qui se sont déroulés pendant son séjour.

Le Songe proche
Ce monde tire son nom de sa proximité avec le Royaume de l’Au-
tomne. Il crée des représentations déformées de grandes villes,
ou offre la contrepartie d’une Propriété ou d’un Domaine dans
le Songe. En fait, depuis la Résurgence, il est devenu assez facile
d’entrer dans le Songe proche en empruntant la porte d’entrée d’un
Domaine dans le monde ordinaire et d’émerger là-bas par sa porte
de derrière. Cependant, si tous ne sont pas reliés au Songe de la
sorte, ils bénéficient d’un accès à un Sentier que l’on peut ouvrir
en respectant la bonne marche à suivre.
Une fois à l’intérieur, la Voie d’argent scintille vivement sous
les yeux de ceux qui l’empruntent, et elle ne s’efface que lorsqu’ils
s’approchent des confins du Songe lointain. Dans le Songe proche,
le temps s’écoule à peu près à la même vitesse que dans le monde
réel, mais du fait de l’absence de Banalité, il devient plus aisé de se
déplacer grâce aux Arts du voyage et au Déchaînement.
Les couleurs sont plus vives, les sons s’intensifient, les odeurs
deviennent entêtantes et même les émotions s’accentuent. De la
même manière, l’amour inspire et tourne la tête plus volontiers, la
peur fait trembler jusqu’aux os et courir des frissons glacés le long de
l’échine. Parfois, des souvenirs anciens de vies passées ressurgissent,
mais disparaissent aussi vite qu’ils sont venus et ne laissent derrière
eux que des réminiscences émotionnelles qui touchent le Kithain.
L’un des mystères du Songe proche réside dans ses effets sur
les mortels comateux ou profondément endormis qui apparaissent
parfois sous la forme d’ombres vivantes dans les Royaumes oni-
riques ou sur les Sentiers. S’ils demeurent incapables d’affecter

304 Changelin : le Songe

quoi que ce soit, ils sont à même de discuter avec les chimères et
les fées, et de ce fait d’apprendre l’existence du monde chimérique.
Après leur réveil, ils ne se souviennent (en général) de rien, mais
ils parviennent néanmoins à conserver les émotions relatives à une
fantastique découverte.

Les Fir-chlis
La proximité du monde de l’Automne induit parfois de puissants
changements sur le Songe proche. Pour les Kithains, cela prend
l’apparence de vagues et d’ondulations capables de transformer
l’environnement, mais aussi les destinations et la nature des Sentiers.
Ils nomment ce phénomène les Fir-chlis et s’ils sont eux-mêmes
immunisés à leurs effets, leur existence rend les déplacements dans
le Songe plus dangereux et excitants à la fois. Les Propriétés se
sont révélées assez résistantes face à eux, sans doute à cause de la
présence permanente des changelins. En revanche, leur mobilier et
leur aspect extérieur se modifient constamment, même si ce n’est
pas de manière drastique.
Il faudrait souligner que ces mutations ne constituent pas
simplement une source de terribles effets. Depuis la Résurgence,
les changelins ont redécouvert grâce à ces changements constants
quelques Domaines perdus dans le Songe proche. Pour les érudits,
c’est exceptionnel, car aucun Sentier ne les relie au monde ordinaire
et ils ne possèdent pas d’ancre pour les stabiliser durablement. Malgré
tout, les Brasiers y flamboient avec force et les lieux protègent leurs
habitants des effets de transformation provoqués par les Fir-chlis.
Plus étrange encore, au cours de leur séjour dans ces Domaines, les
Kithains cessent de se purifier de la Banalité.

Exemple de lieu : les mers du Songe

Les vastes océans du Songe proche enfouissent leurs secrets au plus
profond des abysses. Des créatures anciennes y dorment et attendent
patiemment leur heure pour émerger. Les mers du Songe sont le reflet
des nombreux rêves nautiques faits au fil des ans. Les explorateurs
empruntent en bateau des Sentiers aquatiques, partent explorer
des îles mystiques et empruntent d’antiques portails menant à des
régions du Songe encore plus lointaines. Leur lien avec l’eau permet
aux Selkies d’affirmer que ces mers se montrent parfois impitoyables
et regorgent d’éventualités.

Le Songe lointain
Voici le deuxième plan du Songe, un royaume où se reflètent des
mythes, des rêves et des idées vieux de centaines, voire de milliers
d’années. Certains endroits sont même plus anciens que la Séparation
et bien qu’ils restent rares, les Kithains connaissent leur existence.

Exemple : l’effet Fir-chlis

La clairière, empreinte d’une beauté sereine sous le soleil,
se change immédiatement en une forêt sombre aux arbres
déformés. Le chant des légendaires sirènes invite les voyageurs
à les rejoindre dans leur jardin d’ombres. Si un changelin
obtempère, il se retrouve à la merci de la traque que les
Thallains mènent sur les descendants des Tuatha de Danaan
ou les chimères sauvages.

Chapitre sept : le glamour 305

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Ils savent aussi qu’ils contiennent de très nombreuses réponses sur
ce qui s’est déroulé au cours de ces événements catastrophiques.
Ces lieux secrets ont survécu parce que le Songe lointain ne possède
pas la syntonie que le Songe proche partage avec le plan ordinaire.
Les Sentiers de la Voie d’argent demeurent le plus sûr moyen de
se déplacer. Cependant, à cause du lourd tribut que la Séparation
a imposé au Songe, la plupart de ces voies de communication sont
faibles et de ce fait, l’influence de leur sort de protection prend fin
à mi-chemin. La présence des Fir-chlis empêche les changelins de
cartographier le Songe lointain, car les mutations modifient en
permanence les points de passage entre Royaumes. Les voyageurs
ne disposent donc d’aucune carte fiable pour naviguer là-bas. Cela
dit, quelques Sentiers stables existent bien et emmènent ceux qui
les empruntent vers le célèbre Vallon des Brumes.
Il faut traverse ce lieu pour parvenir jusqu’au Songe lointain, car il
relie les deux strates du Songe (bien qu’il fasse en fait partie de celui-ci).
Vaste étendue de forêts noyées dans le brouillard, de lacs paisibles et
de petites communautés agricoles, il était avant la Résurgence l’une
des rares régions réellement stables du Songe qui rappelaient aux
Kithains la beauté de l’Arcadie et la sérénité qu’elle instillait dans
leurs âmes. Nombre d’entre eux y construisirent des ateliers, des
tavernes et des auberges. Elle devint une destination populaire parmi
les changelins et les chimères intelligentes venues en touriste pour
échapper quelque temps à l’ordinaire. Hélas, les visites répétées des
habitants de l’Automne ont suscité une réaction effrayée de la région
face à leur Banalité. Des chimères et des fées plus sombres et vicieuses
contrôlent à présent certaines parties du Royaume.
Étant donné le risque réel d’être emporté par le Tumulte, seuls
les chimères et les changelins les plus puissants sont à même de
s’établir définitivement dans le Songe lointain. En fait, certains
Kithains considèrent le lieu un peu comme une sorte de maison de
retraite, dans laquelle ils s’installent quand, après avoir été témoins
de toute la gloire du Songe, ils ne supportent plus de revenir sur
Terre. Ils retournent brièvement dans l’Automne pour faire leurs
adieux et régler leurs affaires, puis déménagent là-bas afin de finir
leur vie, victimes du Tumulte ou de la mort. Peu importe qui décide
d’y vivre, il laissera d’une manière ou d’une autre son empreinte
dans le paysage chimérique, et il attirera souvent un grand nombre
de chimères intelligentes qui viendront vivre avec lui. Construire
une maison s’avère souvent un peu plus facile que dans le Songe
proche, grâce à l’abondance de matière onirique et la puissance
insufflée par le plan à la magie.
Cela se produit rarement, mais il est possible de se retrouver à son
insu dans le Songe lointain. Cela arrive lorsqu’une bête mythique,
comme un dragon ou un roc, visite le Songe proche et se saisit d’un
Kithain avant de rentrer chez lui avec sa proie. Une autre manière,
plus inattendue, est due à la nature changeante des Fir-chlis, qui
modifie la destination d’un point d’entrée vers un autre endroit
dans le Vallon des Brumes. Une fois que les voyageurs en émergent,
ils sont entrés de plain-pied dans les royaumes du Songe lointain.
Du fait de son éloignement avec le monde mortel, l’environ-
nement de cette strate semble encore plus vivant et pur que celui
du Songe proche. Les nuances de gris n’existent pour ainsi dire
pas, et ce qui est une brise légère à un endroit devient ailleurs une
tempête hurlante capable d’arracher la chair des os. De même, les
montagnes sont plus hautes et plus grandioses et l’eau des rivières,
pure et limpide, contient des traces de Glamour.
Les rencontres sont extrêmement étranges, car l’éloignement
du monde de l’Automne empêche en grande partie de suivre une
306 Changelin : le Songe
quelconque logique. On ne résout jamais les énigmes par de simples
solutions mathématiques, dans lesquelles ajouter deux nombres
donnerait au total un troisième. Au lieu de cela, la bonne réponse
réside peut-être plus dans une réaction ou une émotion que dans
une phrase articulée. Cette logique toujours changeante ne facilite
pas la tâche des utilisateurs du Gremayre quand ils cherchent à ana-
lyser une situation, et la difficulté de tous ces jets augmente de +2.
Pour pénétrer dans le Songe lointain, les voyageurs doivent
franchir l’une des treize portes magiques protégées par des pièges,
des créatures, des énigmes, et même les souvenirs chimériques
d’anciens chevaliers sidhes qui ont reçu comme instruction de
repousser les roturiers. Il y a tout juste quinze ans de cela, il existait
une quatorzième porte, mais l’endroit semble s’être effondré et avoir
disparu au cours de l’Évanescence. Les lieux pourraient bien cacher
des indices qui expliqueraient ce qu’il s’est passé, pour peu bien sûr
qu’on découvre un Sentier qui y conduise.
Exemple de lieu :
le laboratoire d’Halostian
Parmi les Kithains, des légendes entourent l’existence d’un diplomate,
alchimiste et stratège célèbre nommé Halostian qui aurait vécu à
l’époque de la guerre des Arbres. Ses connaissances jouèrent un rôle
crucial dans la défaite du Sombre Songe et s’il disparut plus tard
sans laisser de traces, son laboratoire existe toujours, quelque part
dans le Songe lointain. Néanmoins, parvenir jusqu’à lui n’est pas
chose aisée, car il faut pour cela quitter la Voie d’argent, s’aventurer
sur la maudite Route du Crépuscule et traverser les Marais blafards.
On entre ensuite dans un Domaine qui appartenait autrefois à
Halostian. Ce qu’on sait moins au sujet du personnage, c’est qu’il
dressait ses ennemis les uns contre les autres et s’impliquait rarement
en personne dans les actions. Son Domaine regorge de pièges et de
poisons capables d’altérer l’esprit. Nombre d’aventuriers sont morts
aux mains de leurs amis en tentant de pénétrer dans ce laboratoire
inexploré.
Le Songe profond
Entrer ici s’avère bien plus complexe que de triompher des épreuves
que les portes magiques réservent. Si un voyageur est marqué par la
Banalité (6+), le Songe le rejette et le traite comme une infection, ce
qui provoque de sa part une sorte de réponse immunitaire. Il envoie
alors ses défenses chimériques éliminer les intrus. Il est physiquement
impossible pour de telles créatures d’y mettre un pied et même si un
explorateur n’était pas aussi empreint de Banalité, il doit d’abord
parcourir une Voie d’argent et passer avec succès l’épreuve finale
au Seuil des Brumes. Tel est le nom du dernier obstacle bloquant
l’accès à un royaume de rêves purs, où les paysages et les lieux se
transforment en permanence. Jadis, le Songe profond était le royaume
périphérique d’Arcadie, mais au cours de la Séparation, ce plan est
devenu le chaos qu’il est aujourd’hui. Les rêves y sont si intenses
qu’il est impossible de les contrôler ou de les diriger. Même ceux
qui entrent ici par l’une des Voies de Balor se retrouvent sur cette
bordure du Songe profond.
Le Seuil des Brumes est un grand nuage qui marque la frontière
entre ces deux strates. Extrêmement épais, il varie d’une trentaine
de centimètres en certains endroits à plus d’un kilomètre et demi
sur d’autres. Les roturiers prétendent qu’ils ont fui l’Arcadie pour
échapper au conflit qui oppose les Sidhes, et ils ont au fil des siècles
fondé des villes et des hameaux le long de cette ligne. La plupart
d’entre eux sont en proie au Tumulte. L’agglomération la plus peu-
plée, la grande ville de Fin Bheara, porte le nom du colon boggan
qui l’a fondée. Toutes sortes de Kithains et de chimères y vivent, et
on y trouve même des Sidhes restés à l’extérieur lorsque les portes
se sont refermées au cours de la Séparation.
La cité respecte la tradition de la gouvernance partagée. Une
reine sidhe à la chevelure sombre l’administre la moitié de l’année,
et Fin Bheara en personne dirige pendant l’autre moitié. De la même
manière, Seelies et Unseelies se mêlent et les cours respectent d’an-
tiques coutumes que les changelins restés dans le monde ordinaire
ont depuis longtemps oubliées. Comme les deux camps suivent les
anciennes règles, les vieux conflits sont toujours aussi vivaces et
la politique est un jeu mortel dans une cité somme toute paisible.
Beaucoup d’aventuriers choisissent Fin Bheara comme point de
départ quand ils entreprennent la quête qui consiste à entrer dans
le Seuil des Brumes, car elle est une source proche de secours, de
vivres et d’équipement. Une fois qu’ils ont pénétré la barrière, les
chances de retrouver son chemin pour en ressortir sont maigres.
Une seule solution s’offre aux téméraires : marcher jusqu’à ce qu’ils
meurent ou parviennent à en émerger de l’autre côté. La nature des
épreuves que réserve cette frontière varie, mais elles exposent souvent
les changelins à leurs faiblesses les plus ordinaires et les obligent à
surmonter les difficultés en s’en remettant aux rêves desquels ils sont
nés. Il n’est pas rare de devoir résoudre des énigmes aux réponses
si simples qu’elles en deviennent improbables. Les personnages qui
y réfléchissent de trop se retrouvent paralysés à force d’ajouter des
niveaux de complexité. La plupart de ces épreuves connaissent une
fin tragique et la seule manière d’y échapper consiste à accepter ce
destin, ou bien à tenter de le changer en contournant les événements,
tel un légendaire farceur féerique. Les tribulations et les défis que
les voyageurs surmontent importent peu. Une fois ressortis du Seuil
des Brumes, ils sont assez forts pour faire face aux obstacles qui se
dresseront face à eux dans le Songe profond.
Dans ce Royaume, tout est possible. Les Khitains combattent
sans cesse d’anciens séides des ténèbres. L’Atlantide se dresse au
fond de la mer la plus profonde et la plus sombre qu’on puisse
imaginer. Des chansons et des légendes depuis longtemps oubliées
y résonnent toujours et vivent à travers lui. Il est le lieu le plus pur
et le plus primaire que les Khitains connaissent. Des couleurs aux
impressions, tout atteint un paroxysme et les émotions déjà fortes,
comme l’amour, peuvent s’achever dans l’horreur si une relation se
termine. Les Royaumes du cauchemar sont vraiment épouvantables
et seuls les changelins les plus vaillants oseraient affronter les menaces
qui s’y tapissent. Ici, même la Voie d’argent n’est plus qu’un souvenir,
car elle est inutile. Le Songe profond utilise son propre Glamour
pour entretenir les routes. Le Royaume reste en vie grâce aux mortels
qui croient du fond de leur cœur dans les vieilles légendes, et à ceux
qui n’oublient les géants et les monstres que lorsqu’ils sont éveillés.
Ainsi, il se renouvelle en permanence au cours d’un cycle infini, et
bien que les lieux changent souvent de place, la majorité d’entre
eux existent pour l’éternité.
Exemple de lieu :
les ruines du Premier Empire
Bien avant que l’Âge des Fées ne s’achève, une île immense flottait
au-dessus de la Haute Cour d’Arcadie et servait de retraite et de lieu
de réunion diplomatique pour les fées de la nature. De gigantesques
chaînes de montagnes abritaient les enfants de la pierre. Grâce à
son réseau de cavernes exquisément sculptées et l’air qui y circulait
sans cesse, l’endroit était plongé dans une mélodie perpétuelle et
tranquille. On trouvait sur cette île tous les paysages, lacs de magma,
petits volcans, rivières tumultueuses, ruisseaux gazouillants et forêts
luxuriantes.
On ignore ce qu’il est advenu d’elle dans le Songe profond, mais
les fées de l’Automne tombent parfois sur des poèmes, des appels à
l’aide dans une langue ancienne ou même des cartes rudimentaires
qui donnent toutes des pistes et des indications pour la découvrir.
De nos jours, les chimères de cauchemar échappées de leurs prisons
dans les montagnes, maraudent la contrée et attendent les signes
du retour de leur maître, le Grand Ténébreux. Les souvenirs des
créateurs de la magnifique musique submergent les lieux dans une
éternelle mélodie d’effroi, et instillent dans les spectateurs la tristesse
des morts passées et à venir.
Les Sentiers
Que sont donc les Sentiers, à part des pistes auxquelles on donne un
autre nom ? Ils sont les chemins que les changelins empruntent pour
se déplacer vers, et à l’intérieur, du Songe. Ils reflètent l’essence même
d’un voyage. Ce sont les routes prises dans l’Iliade, on y contemple
les images des enquêtes menées par des personnages de fiction,
comme Hercule Poirot ou lord Peter Wimsey, sur des meurtres et des
mystères. Elles sont les manifestations des événements historiques
qui continuent de fasciner l’humanité.
Les Sentiers existaient déjà au cours de l’Âge mythique, et c’est
pourtant la Séparation qui a démontré leur véritable importance. À
cette époque, l’incrédulité et la stagnation généralisées provoquèrent
des dégâts durables aux fondations du Songe. Elles enfermèrent
des voyageurs dans des cauchemars, libérèrent d’anciennes malé-
dictions sur ces chemins. Elles emprisonnèrent même des fées sur
des routes jalonnées de pièges infectés par la Banalité. Alors que le
Songe continuait d’expurger la « maladie » de son sein, parcourir
les quelques Sentiers encore reliés au monde de l’Automne devenait
simplement trop dangereux.
La Renaissance engendra assez de Glamour pour commencer à
stabiliser ceux qui existaient, et cette énergie continua de s’accumuler
au cours des siècles suivants. Vers la fin du XVIIIe siècle, les Kithains
entreprirent à nouveau la construction de Domaines dans le Songe
proche. Au milieu du XIXe siècle, quelques Sentiers vers le Songe
lointain et profond réapparurent, qui conduisaient vers de nouveaux
Royaumes nés de la Révolution industrielle et des œuvres d’auteurs
comme Jane Austen et Jules Verne.
La Résurgence permit d’explorer à nouveau en profondeur les
trois strates du Songe. Avec le majestueux déploiement des Sentiers
arcadiens, des Royaumes et des chemins depuis longtemps perdus
retrouvèrent toute leur splendeur passée. À cette époque et partout
dans le monde, les changelins sentirent la reconnexion du monde
de l’Automne à ces routes grâce au flot croissant de Glamour.
Cependant, du fait de l’accumulation de la Banalité ici-bas, aucun
Sentier conduisant en Arcadie ne reste stable assez longtemps pour
qu’on puisse s’y rendre.
Contrôle des Sentiers
Les stratèges militaires savent bien qu’une préparation réussie passe
par la maîtrise des routes. Au sein du Songe, les fées s’y exercent pour
protéger les deux mondes du Grand Ténébreux, mais aussi afin de
prévenir les coups d’états et d’empêcher les opposants d’avoir accès
Chapitre sept : le glamour 307
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
à leurs Domaines. En habitant les zones du Songe qui longent et
terminent les Sentiers, les Kithains s’assurent de leur contrôle. De
plus, leurs artisans ont l’occasion d’installer des ateliers que leur simple
existence dans le monde chimérique rend plus puissants. Après les
attaques menées par les Sombres fées et les chimères monstrueuses
dans le sillage de l’Évanescence, les membres des deux Cours ont
bien saisi l’importance cruciale que revêtait la protection des Sentiers.
Ouvrir des portails
Pour pouvoir accéder à un Sentier, il faut localiser ou créer un por-
tail entre les deux mondes. Les Kithains disposant d’une profonde
affinité avec le Songe, comme les Eshus ou les Sidhes d’Arcadie,
bénéficient d’un dé supplémentaire quand ils effectuent un jet en
rapport avec ces actions.
Le Périple
En associant le pouvoir Portail (Périple ) et le Royaume des Fées
(Sorcellerie du Glamour, ), il est possible de créer des portails
temporaires et de déboucher sur un Sentier déterminé au hasard
dans le Songe proche. Cependant, le joueur peut décider de lancer
ce charme en action étendue et d’assigner un type de Sentier de base
à son portail (Voie d’argent, Voie de Balor ou Route du Crépuscule).
Il devra pour ce faire accumuler cinq réussites sur son jet.
Déchainer le Périple
Déchaîner cet Art permet de créer des fissures temporaires entre les
mondes, et le changelin doit ordonner au Songe de les faire appa-
raître. En plus des éventuelles conséquences habituelles d’un échec
critique, ce genre d’incident magique puissant génère au moins un
Portail spontané quelque part autour du lanceur.
Convaincre le Songe de permettre le Déchaînement nécessite de
faire d’un Portail existant le point central de cette utilisation magique.
On évite ainsi les obligations d’apaisement liées aux chemins que
le personnage ne connaît pas ou qu’il ne peut pas remplir. En cas
d’échec critique, le portail est détruit, ou bien sa destination change
de manière permanente, ou encore il s’ouvre sur un royaume prison
et libère un autre Thallain ou un Ténébreux.
Oniromancie
Les esprits endormis se connectent inconsciemment au Songe. À
moins d’être rongés par la Banalité, tous les mortels peuvent ainsi
apercevoir ce monde perdu. Le pouvoir Portail onirique (Oniromancie
) fournit tous les outils nécessaires pour ancrer un esprit dans
le Songe. Les Kithains passés maîtres dans le Royaume de la Fée
peuvent tout simplement éviter d’utiliser un Portail et apparaître
sur un Sentier au hasard, emmenant automatiquement leurs com-
pagnons (grâce au Royaume de la Scène). Pour emporter un mortel
dans le Songe, le personnage devra adjoindre le niveau de l’Acteur
qui s’impose. En revanche, et quelle que soit la nature des voyageurs,
ce processus ne conduit jamais les corps physiques de l’autre côté
de la barrière (à moins d’avoir Invoqué le Wyrd sur cette cible avant
d’utiliser le charme sur elle).
Les esprits mortels retournent dans leur corps après huit heures
de sommeil. Au cours de ce laps de temps, il sera impossible de les
réveiller dans le monde de l’Automne. Mourir dans le Songe inflige
de graves dégâts cérébraux à l’enveloppe charnelle, ou bien plonge
le mortel dans un coma dont il risque de ne jamais émerger.
308 Changelin : le Songe
Leur lien avec le Songe permet aux âmes chimériques de se
manifester comme si elles avaient franchi un portail physique. Grâce
à leur nature chimérique, certaines créatures peuvent y rester autant
qu’elles le souhaitent, mais pour quitter ce monde, elles doivent
emprunter un portail ou quelqu’un doit invoquer un Portail onirique,
ou encore Déchaîner l’Oniromancie. Si le corps physique meurt
alors que le Kithain est dans le Songe, il se perd automatiquement
et ne peut plus retourner dans le monde de l’Automne. Dans ce
cas, appliquez les règles relatives à la mort chimérique (cf. page 291)
puisque leur corps reste là-bas.
Déchaîner l’Oniromancie
Lorsqu’on invoque cet Art, la barrière entre l’esprit de la cible et
le Songe s’affaiblit. Si elle est éveillée, elle s’endort sur-le-champ, ce
qui permet au changelin de se Déchaîner sur elle. En cas d’échec
critique, la frontière entre les plans s’efface et donne au lieu une
aura cauchemardesque, ce qui attire les chimères du cauchemar
cherchant à s’échapper vers le monde ordinaire.
Pour convaincre le Songe de lui obéir, le lanceur doit déjà se
trouver sur ce plan. Cette action crée des Sentiers temporaires
conduisant aux esprits de Rêveurs précis, dans lesquels le changelin
peut ordonner un Déchaînement ou emprunter un Portail onirique
afin de sortir. En cas d’échec critique sur ce jet, le Sentier qui se crée
conduit à un lieu périlleux dans le Songe, ou même à l’esprit d’une
dangereuse fée (un Thallain, voire un Dauntain) qui contrôle son
propre Royaume onirique. Cela crée également un Portail spontané
caché (Perception + Acuité pour le localiser, difficulté 9), tout près
de la forme physique du lanceur dans le monde de l’Automne.
Portails existants
Ce passage reste connecté au même Sentier, peu importe la fréquence
à laquelle on l’emprunte. Tous les Domaines habités en possèdent
au moins un qui conduit dans le Songe proche, et il n’est pas rare
d’en trouver au sein des lieux baignant dans le Glamour. Tous les
portails possèdent un trait en commun : il faut remplir certaines
conditions pour les ouvrir. Certains le font après qu’on a déclamé
un poème devant eux ou qu’on les a tapotés en rythme. D’autres
demandent de résoudre des énigmes complexes ou ne s’ouvrent qu’à
un moment précis de l’année. En général, plus un Sentier s’enfonce
loin dans le Songe, plus les conditions d’ouverture de son Portail sont
complexes et ésotériques. S’il conduit vers le Songe proche, il suffit
d’accomplir des tâches simples, comme frapper sa surface un certain
nombre de fois, résoudre des énigmes aisées ou jouer du début à la
fin une chanson précise sur un instrument de musique. S’il conduit
vers le Songe lointain, il ne s’ouvrira qu’à quelques occasions dans
l’année, ou bien il demandera à celui qui veut s’en servir de résoudre
les énigmes difficiles ou abstraites qu’il fera apparaître à sa surface.
Il peut même exiger qu’on sacrifie un Trésor (d’une valeur allant
jusqu’à 2 points). Les conditions d’ouverture des portes menant vers
le Songe profond sont encore plus drastiques. Elles peuvent s’ouvrir
uniquement à une certaine date, demander à ce qu’on répande du
sang ou qu’on sacrifie une chimère intelligente, ou encore d’exécuter
une série de tâches complexes au cours de son activation.
Les portails spontanés
Les Kithains les redoutent, car ils attirent souvent une attention
dont on se passerait volontiers sur le monde caché. Les fées s’en
servaient autrefois pour attirer sans effort les mortels dans leurs
Domaines, mais de nos jours, les gens qui disparaissent font la une
des journaux et déclenchent des enquêtes. Ce tapage médiatique
et ces rapports attirent à leur tour les Dauntains, qui savent quoi
chercher quand il s’agit de localiser leurs cibles.
Seules les créatures douées de la vision féerique (l’Acuité) sont
capables de voir les portails spontanés. Ils apparaissent parfois sous
la forme de vortex tourbillonnants, de discrets sentiers forestiers ou
de miroirs. Chaque fois que quelqu’un les emprunte, ils commencent
à se réaligner (un processus qui prend quelques minutes) afin de
modifier leur connexion vers un nouveau Sentier.
Il est possible de fermer les portails spontanés en Déchaînant
l’Oniromancie ou le Périple et ainsi commander au Songe de refer-
mer le passage. Cela ne dure cependant pas (bien qu’ajouter l’Art du
Temps permette d’allonger la durée). Un processus extrême implique
de faire entrer la Banalité dans les parages de ce portail, mais à la
fin, l’âme féerique souffre autant que le passage, et ce faisant gagne
de la Banalité avant d’avoir accompli cette tâche.
Créer des Sentiers
Les chroniques mettant le Songe en scène prévoient que les person-
nages empruntent des Sentiers pour voyager. Cette section donne aux
conteurs quelques conseils pour créer leurs propres routes oniriques.
Première étape : la nature
Déterminez quelles expériences le voyage dans le Songe va offrir
aux joueurs. Son objectif est-il de mettre à l’épreuve les liens de la
Bande, de retrouver des connaissances ou des Trésors perdus ou de
reconquérir un Sentier aux mains des Sombres fées ?
Deuxieme étape :
choisir le portail et la destination
Si vous utilisez un portail existant, penchez-vous sur la nature du
Sentier auquel il donne accès afin de définir le passage qu’il faut
ouvrir. Prenez également en compte sa localisation. Un Sentier
dans un cimetière s’ouvrira d’une manière très différente d’un
autre situé au fond des eaux cristallines d’un lagon. Dans un lieu
saturé du Glamour produit par des expériences positives, le portail
ne conduira probablement pas vers un épouvantable Sentier du
cauchemar. Bien entendu, cela ne signifie pas que le chemin qu’il
fait emprunter n’en deviendra pas un plus tard. Après tout, les jolis
rêves peuvent virer au cauchemar en un clin d’œil. Prenez aussi en
compte sa destination et la manière dont elle influence la dernière
partie du voyage.
Troisiemeétape :
apparence, contrôle et épreuves
S’ils sont sous le coup d’antiques malédictions, les Sentiers peuvent
être sombres et encombrés de branches tordues et de fourrés luisants.
Ceux que l’on évoque dans d’anciens contes magnifiques ressemblent
à une traînée de poussière scintillant sous la lumière du soleil ou de
la lune. Les variations sont infinies, et l’on compte autant de petites
pistes sylvestres que d’immenses paysages. Dans le Songe proche,
les saisons et les jours sacrés les affectent également et laissent des
traces de leur apparence.
La créature qui contrôle le Sentier influence aussi beaucoup
son aspect. S’il appartient à un Boggan, il apparaîtra comme un
chemin régulièrement pavé où flottent de forts effluves de tabac,
mais ses pierres pourraient aussi être constituées de sang coagulé et
l’air transporter une odeur prégnante de chair grillée. Imaginez les
créatures et les gens qui habitent le long de la route et la manière
dont ils l’influencent.
Enfin, déterminez les obstacles que les voyageurs devront sur-
monter au cours de leur périple entre les différentes destinations.
Duels chevaleresques ou voies vers l’honneur et la gloire appartenant
à un Sidhe ? Sur un Sentier de cauchemar, demandera-t-on aux per-
sonnages de faire une autopsie (ou de pratiquer la vivisection) afin
de découvrir la solution à une terrible énigme ? Les possibilités sont
infinies. En fait, la nature même de cette route peut constituer un
défi à part entière. Et si la Bande avait besoin d’ailes, d’un véhicule
chimérique, d’un navire ou d’autres moyens de locomotion inhabi-
tuels pour emprunter le Sentier ?
Les trois routes
Les Sentiers se répartissent en trois catégories : la Voie d’argent, les
Voies de Balor et le Crépuscule.
La Voie d’argent
Du début à la fin, elle déroule son ruban lumineux à travers le
Songe. C’est l’effet visible d’une ancienne interdiction lancée par
les Tuatha de Danaan pendant la guerre des Arbres, afin de protéger
leurs troupes et leurs alliés des séides du Grand Ténébreux. Les
Ténébreux, les Thallains et les chimères et les bêtes touchées par
les ténèbres (cf. le chapitre neuf pour une présentation détaillée de
ces créatures) ou la corruption des Fomorii ne peuvent emprunter
ces Sentiers sans souffrir mille morts. Les seuls Ténébreux préservés
de ces effets néfastes sont les Moirae et les Keremet, restés neutres
au cours du conflit.
Les changelins et les alliés des Tuatha peuvent ignorer cette
interdiction et permettre à ces bannis d’emprunter la Voie d’argent
pendant un court moment. Cette action coûte un point de Glamour et
dure le temps d’un seul déplacement sur un seul Sentier. Si la sombre
fée (ou la chimère) quitte la voie principale, la protection disparaît.
Effets du Bannissement d’argent, applicables aux Ténébreux et
aux Thallains :
perdez un point de Glamour par tour. Une fois cette réserve
épuisée, perdez les niveaux de santé au même rythme. La pureté
de la Voie d’argent consume l’âme des cauchemars ;
dépensez un point de Glamour supplémentaire pour porter
des attaques sur des individus protégés, ou toutes les actions
de combat subissent une pénalité de –2 dés.
Les Voies de Balor
Plus anciennes encore que la Voie d’argent, ces routes à sens unique
ont servi aux Sombres fées au cours du Tessarakonta. Elles se répar-
tissent en trois catégories en fonction de l’endroit où elles ressortent.
Les Noires Voies de Balor : elles traversent tous les plans et il
est même parfois possible de pénétrer sur l’une d’entre elles
directement depuis le monde de l’Automne. On les emprunte
presque exclusivement pour voyager jusque dans les Terres
d’ombre, le territoire des morts. On raconte que les Keremets
s’en servent pour guider les âmes des humains dont les corps
ont été usurpés par des Sidhes.
Les Vertes Voies de Balor : au cours de la guerre des Arbres,
les Fomorii ont utilisé ces routes pour s’approvisionner. Elles
naviguent pratiquement toutes entre le Royaume de l’Automne
et le Songe proche ou lointain. Quelques-unes conduisent
les voyageurs depuis le Songe vers les Mondes mystiques (ou
« Umbra »), qui abritent les Prodigues comme les loups-garous
et d’autres esprits.
Chapitre sept : le glamour 309
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Les Voies d’or de Balor : les plus rares de toutes, elles n’existent
que dans les régions les plus sombres du Songe profond.
Certains Ténébreux pensent qu’elles conduisent vers les
Fomorii, les Tuatha de Danaan ou une divinité plus vieille
que la Séparation. Personne n’en est jamais revenu.

Les Sentiers du Crépuscule

N’importe qui peut emprunter les Sentiers du Crépuscule en toute
impunité. Ils appartenaient autrefois à l’un des deux camps qui se
sont affrontés au cours de la guerre des Arbres, et ont été restaurés
à la suite des ravages provoqués sur le Songe par la Séparation et
l’Éclatement. C’est la raison pour laquelle les portails qui mènent
vers eux sont très strictement gardés. Cependant, grâce à quelques
pots-de-vin et une prudente discrétion, les Sombres fées sont
parvenues à les utiliser pour entrer dans le monde de l’Automne.
La Maison Balor contrôle la plupart des portails du Crépuscule,
mais on ignore encore pour le moment ses intentions au sujet de
leurs Sentiers.

Exemples de Sentiers
Utilisez les trois exemples suivants tels quels, ou comme base pour
développer des voies adaptées à votre chronique.

La Route de l’Éventreur
La Maison Balor contrôle l’un des Sentiers du Crépuscule les
plus sinistres de l’histoire de Londres, né de la légende de Jack
l’Éventreur. Son point d’entrée se situe dans un mur au fond
d’une allée du West End ; il s’ouvre si l’on étale une fiole de sang
humain à sa surface et qu’on énonce le texte de la première lettre
envoyée par le tueur à Scotland Yard. Quand il se dévoile, du
sang chimérique se met à couler en abondance sur la brique et
dessine une ouverture. Celle-ci conduit sur un chemin brumeux
pavé de pierres éclaboussées de rouge. L’air résonne des coups de
sifflet de la police, des murmures de la foule et, de-ci de-là, de cris
d’accusation. L’odeur métallique du sang couvre toutes les autres.
Les chimères de cauchemar tapies le long du Sentier ont la
ferme intention d’éviscérer leurs adversaires. Parmi les obstacles
que le chemin dresse devant ceux qui l’empruntent, il faut affronter
trois chimères emprisonnées (deux d’entre elles sont des tueuses
et la troisième est innocente, mais toutes soutiennent avoir été
injustement enfermées). S’ils ouvrent l’une des portes après les
avoir interrogées, les voyageurs continueront tranquillement leur
chemin ou devront affronter un ennemi brutal et puissant. Au bout
du Sentier se dresse une forteresse de Thallains, où les Sombres
fées mènent des rituels afin de localiser et de libérer leurs maîtres.

L’autoroute digitale de McSwiggan

À la fin de la dernière décennie, Lord McSwiggan, un noble de la
Maison Dougal, créa un portail qui reliait le monde de l’Automne
au Songe par une autoroute digitale. Pourtant, un détail la rend
proprement extraordinaire. Le portail en lui-même se trouve sur
le vieil ordinateur de son créateur, ce qui rend de fait ce Sentier
portable. De la même manière que l’information dématérialisée se
transporte en un clin d’œil, cette idée folle permet d’aller partout
avec le portail sous le bras.
Parmi les dangers sur la route, citons les ordinateurs utilisés
pour programmer des blocages digitaux là où le chemin est libre,
ou bien les nervosae virales et les chimères monstrueuses nées du

310 Changelin : le Songe

dark web qu’il faut affronter. Le Sentier se termine par un Domaine
entier débordant d’informations que les Kithains un peu troubles
du monde de l’Automne préféreraient voir disparaître. La nature
de sa destination pousse McSwiggan à voyager en permanence pour
échapper aux fées qui voudraient le tuer et détruire son portail. Seuls
les membres de sa Bande savent comment emprunter cette autoroute,
et les convaincre de partager ce renseignement n’est pas chose aisée.
Les Pistes scintillantes
Les Kithains qui vivent sur le bord de la mer évoquent les légendes
des Pistes scintillantes. Le Sentier dont on parle ressemble à un vaste
réseau de cavernes reliant les fées à d’innombrables Voies d’argent,
qui conduisent à d’antiques forteresses, d’anciens laboratoires et
même des prisons oubliées.
Si pour le moment, ces Sentiers restent toujours perdus, les chan-
gelins ont redécouvert des indices sur l’endroit où serait dissimulée
la grande chambre du réseau. Cependant, ouvrir le portail est une
opération complexe. Celui qui procède doit diriger la lumière de
la lune tout au fond de l’eau, et celle-ci doit frapper un trio de très
anciennes statues représentant de nobles ondins et selkies. Il faut
de plus répandre le sang d’un ondin (cf. page 451). Néanmoins, si
toutes les conditions venaient à être remplies, un chemin s’ouvrirait
au milieu de l’endroit où se dressent les statues. Hélas, quiconque
découvrirait le réseau tout entier n’aurait absolument aucune idée
de ce qu’il reste de ces Sentiers légendaires ni de ce qu’il y trouvera.
Les Domaines
Autrefois, la Féerie s’étendait partout. Les mondes de la chair, de
l’esprit et du rêve se mêlaient librement et les Domaines des fées
étaient nombreux et bien visibles. Les rêves de l’humanité évoluèrent,
imités par les Domaines, jusqu’à ce que les forêts enchantées et
les campements itinérants deviennent des villes féeriques et des
châteaux tentaculaires. Au cours de la Séparation, la plupart de ces
endroits disparurent, chassés dans le Songe par la Banalité, ou si
bien enveloppés des Brumes que même les changelins oublièrent
leur localisation.
Les lieux sacrés les plus résistants de la Féerie survécurent, mais
douloureusement amputés d’une grande partie de leur puissance.
Pendant les heures sombres de l’Interrègne, les changelins se
blottissaient autour des brandons vacillants des puissants Brasiers
d’autrefois. Nombre de Domaines tombèrent tout à fait au cours
de cette période, noyés sous les vagues dévastatrices de l’incrédulité
et de l’exil. Les rares à avoir survécu constituaient les seuls havres
pour des fées vulnérables au fer froid et à la Banalité, jusqu’à ce que
l’on achève de mettre en place la Voie du changelin.
De manière assez ironique, les plus puissants Domaines d’au-
jourd’hui étaient les plus faibles avant l’Éclatement. Cette maigre
force leur permit-elle de supporter les bouleversements du monde ?
La Banalité consacra-t-elle la majeure partie de son pouvoir à abolir
les dolmens des rois et les citadelles des conquérants, sans toucher
aux plus petites sources de Glamour ? À moins que l’étincelle de
superstition mortelle encore présente n’ait suffi à les nourrir ?
Il est impossible de connaître la réponse à ces questions, mais la
plupart des changelins se moquent bien de savoir pourquoi quelques
Domaines sont parvenus à survivre alors que la majeure partie a dis-
paru. Ils leur sont tout simplement reconnaissants d’y être parvenus.
Vivre le Songe :
la nature des Domaines
Bâtis autour des sources jaillissant du Songe dans le monde ordinaire,
les Domaines sont les fondations, le cœur et l’âme de la société des
changelins. Pour ses membres, ils représentent le lieu où ils s’échangent
des objets chimériques, se lancent dans des quêtes, apprennent des
ragots, participent à des événements sociaux et remplissent des
fonctions à la Cour. Plus simplement, c’est là qu’ils traînent avec
leurs amis, protégés des ravages du monde de l’Automne.
Si presque tous les changelins voient leur Domaine local comme
un foyer loin de leur foyer, rares sont ceux à y résider à plein temps.
En effet, cela a des inconvénients majeurs. Le temps ne s’y écoule
pas toujours au même rythme ; une seule nuit ou plusieurs jours
passés dans le Domaine n’affectent peut-être pas le changelin, mais
au-delà d’une semaine, il risque d’être emporté par le Tumulte à
mesure qu’il se détache du monde de l’Automne.
Appartenance
Un changelin peut obtenir un Domaine de quatre manières dif-
férentes. Il peut le créer de ses mains, en hériter de quelqu’un, le
découvrir par hasard ou le voler à un autre. Peu importe la façon
dont il l’acquiert, il doit prêter un Serment et jurer de le protéger,
puis y investir un nombre de points de Glamour égal au niveau du
Domaine. Si celui-ci venait à être détruit, son possesseur gagnerait
un nombre de points de Banalité égal à cette même valeur. S’il en
était aussi le créateur, il récupère les points de Glamour qu’il y avait
investis.
Les maîtres d’un Domaine se voient accorder certains privilèges
et responsabilités, que le Songe fait mystiquement respecter.
La récolte : seuls le propriétaire d’un Domaine ou une personne
à laquelle il a accordé sa permission expresse peuvent récolter
le Glamour produit par le Brasier.
L’hospitalité : en accord avec les vieilles lois de l’hospitalité, le
maître doit offrir le gîte et le couvert pour une nuit à quiconque
le lui demande. Il n’a aucune obligation d’offrir l’accès à son
Brasier, pas plus qu’il n’est tenu de garder ces invités au-delà
d’une nuit.
Le sanctuaire : le Domaine d’un changelin est son château et
il peut s’attendre à y voir régner une certaine sécurité. Tant
qu’il s’y trouve, il bénéficie d’un nombre de dés supplémen-
taires égal au niveau du Domaine, et ce sur n’importe quel jet
défensif effectué contre des attaques physiques ou magiques
(par exemple, esquive, parade, blocage ou contre). De plus, il
gagne un nombre de dés d’absorption supplémentaires égal à
la moitié du niveau de son Domaine.
Le mandat : dans son Domaine, la parole du seigneur a force
de loi. Il peut tout à fait être inféodé à un seigneur de plus
haut rang ou à un autre Domaine, mais dans les limites de
son propre territoire, c’est lui qui fixe les règles. Enfreindre
l’une d’entre elles inflige sur n’importe quelle action entreprise
à l’intérieur du Domaine une pénalité au jet de dés égale au
niveau du Domaine, jusqu’à ce que le possesseur pardonne
l’offense commise.
Le passage : le seigneur est également le gardien d’une porte entre
les mondes et en tant que tel, il est responsable de l’entretien
des Sentiers et des Raths. Rien ne l’oblige à accorder un droit
Chapitre sept : le glamour 311
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 de passage à travers son Domaine, mais rares sont ceux à le
refuser aux changelins engagés dans une quête héroïque.
Le retour des rois
Lorsque la Résurgence ramena les Sidhes du Songe, ils
s’échouèrent dans un monde qui avait changé. Leurs anciens
vassaux roturiers étaient à présent les seigneurs et maîtres
de leurs forteresses et de leurs manoirs.
La réaction des Sidhes fut malheureuse, et prévisible.
Grâce à des Trésors qu’on pensait disparus depuis
longtemps, ils contraignirent leurs vassaux à répondre à
des défis officiels et à mettre en jeu la souveraineté de leurs
Domaines. La plupart des roturiers n’étaient absolument
pas préparés et les nobles les surclassèrent aisément. Les
lieux changèrent de mains sur le plan légal et mystique.
Cette pratique n’a plus guère cours depuis ces deux
dernières décennies, officiellement parce que les Sidhes
se sont acclimatés aux changements qui s’étaient produits
pendant leur absence. Malgré cela, ils n’ont pas rendu la
plupart des Domaines qu’ils se sont réappropriés, et ceux
retournés dans le giron des roturiers sont tombés dans
l’escarcelle de kiths anoblis.
Les Sidhes n’ont pas repris tous les domaines et bien
entendu, certains roturiers expliquent cela différemment.
Les maîtres des Domaines se sont fait surprendre une fois
et on leur a arraché les droits légitimes qu’ils possédaient.
Certaines factions ont passé les cinquante dernières années
à s’assurer que cela n’arriverait plus jamais.
Récolter le Glamour
Le propriétaire d’un Domaine peut récolter le Glamour du Domaine
en dormant et en rêvant dans la lueur du Brasier. Lorsqu’il s’éveille,
il gagne un nombre de points de Glamour égal au rang du Domaine,
dans la limite de son score de Glamour. Il peut également décider
d’accorder cette faveur à un autre changelin et lui permettre de
récolter cette énergie.
Si le Domaine appartient à un Cercle juré, le Glamour qu’il
produit est réparti équitablement entre ses membres s’ils dorment
dans la lueur du Brasier. Peu importe son score, tous ses membres
reçoivent au moins un point de Glamour.
Piller le Glamour
Il est possible de récolter le Glamour d’un Brasier, et ce même sans
être le seigneur du Domaine ou en avoir reçu l’autorisation. Cette
pratique, le Pillage, est illégale dans la plupart des Domaines, quelle
que soit la Cour à laquelle appartient le dirigeant, et les sanctions
s’abattent généralement vite et dru. Les Pillards les plus courants
sont bien souvent les propriétaires eux-mêmes qui ne savent guère
se contenter de leur récolte journalière.
Système : le Pillard se tient près du Brasier, puise dans sa Banalité et
l’y envoie pour en extraire de force le Glamour. Le joueur lance un
nombre de dés égal à la Banalité de son personnage (difficulté 7).
Le nombre de réussites obtenues détermine le nombre de points
312 Changelin : le Songe
de Glamour arrachés au Brasier, même si cette valeur dépasse le
niveau du Domaine.
Pour chaque tranche de deux réussites obtenues au-dessus du
niveau du Domaine, le Brasier devient instable et le Domaine
perd un niveau. Celui-ci reviendra au rythme d’un niveau par
saison (si la récolte a lieu une fois par jour) ou par mois (si on
laisse le Brasier récupérer).
Les Clairières
Ce ne sont en général guère plus qu’une source parvenue à se frayer
naturellement un chemin à travers la barrière, et elles sont aussi
précieuses que rares dans le monde moderne. Leur apparence varie
grandement. Elles peuvent ressembler à des sources de haute mon-
tagne, à une prairie inondée de soleil ou à une minuscule trouée au
fond d’un bois drapé de brumes.
Les Clairières ne possèdent pas de Brasier, et leur puissance est
centrée autour d’une pierre sacrée (caillou poli par l’eau de la rivière,
gemme brute et scintillante dégringolée le long de la montagne ou
pierre dressée entourée de fleurs). Si elle venait à être retirée ou
détruite, la Clairière perdrait sa magie et disparaîtrait dans le néant.
Contrairement aux Domaines artificiels, une seule personne peut
récolter le Glamour de la pierre sacrée. Peu importe le nombre de
personnes qui dormiront dans la Clairière. Seule celle qui s’endormira
et rêvera la première bénéficiera de ses largesses.
La plupart de ces lieux connus aux Amériques sont aux mains
des Nunnehi, malgré maintes tentatives des fées européennes pour
en prendre le contrôle au cours de l’histoire.
Les Vallons : localisées dans les prés et les champs.
Les Creux : présents dans les régions forestières.
Les Nids d’aigle : situés dans les hautes régions montagneuses.
Les Souterrains : cachés dans des réseaux de grottes et les
cavernes.
Les Grottes : sous l’eau ou au fond des lagons, et souvent
contrôlées par les Ondins ou les Nuhenni aquatiques.
Les Îles : situées sur de petites îles, souvent améliorés en manoirs
ou forteresses. L’exemple le plus célèbre est Avalon, l’île légen-
daire sur laquelle le roi Arthur Pendragon est enterré et dont
on a prédit qu’il reviendrait si jamais la Bretagne se trouvait en
grand danger.
Les Cercles : les plus petites des Clairières, à peine plus grandes
qu’un Rath, et souvent constituées d’un simple cercle de cham-
pignons dans un champ.
Les Domaines
Au cours des Âges Mythiques, les Domaines étaient aussi vastes et
variés que les rêves mortels. Les châteaux surgissaient des nuages.
Des forêts d’épines et d’os menaçantes poussaient autour d’une
tour transperçant le ciel, et des grottes sous-marines abritaient une
multitude de poissons colorés et de fées aquatiques. La plupart des
Domaines légendaires possédaient plusieurs Raths (des portes entre
le Songe et le monde de l’Automne qui permettaient de passer de
l’un à l’autre), ils reliaient les Sentiers aux Domaines oniriques et
le Glamour presque intarissable qu’ils généraient rassasiait la fée
la plus vorace.
Le monde a changé depuis cette époque. Les Domaines actuels
sont plus structurés et se répartissent en différents archétypes qui
offrent une meilleure stabilité face aux ravages de la Banalité.
Le Foyer
Il prend souvent l’apparence d’une auberge, d’un café ou d’un bar à
l’écart des mortels curieux, et la plupart du temps, il est tenu par un
roturier. Les Foyers modernes rappellent les Brasiers mourants de
l’Interrègne et accueillent tous les changelins qui veulent faire une
pause et boire un verre au chaud et en sécurité. Quelle que soit leur
puissance, ils sont, sans exception, considérés comme sacro-saints,
encore plus que n’importe quel autre Domaine, et toutes les fées les
défendront jusqu’à la mort.
Les Forteresses
Siège du pouvoir central des seigneurs féeriques et des nobles, ces
Domaines largement fortifiés peuvent tout à fait soutenir un siège.
La majorité des Forteresses se sont évanouies après la fuite des Sidhes
vers l’Arcadie, perdues dans le Songe ou les Brumes. La Résurgence
en a ramené une bonne partie en même temps que les maisons
nobles, et ceux-là mêmes qui les avaient abandonnées en ont repris
le contrôle au moment de leur retour. Les roturiers ont cependant
réussi à escamoter quelques-unes d’entre elles avant que les Sidhes
aient pu les récupérer.
Les Hameaux
Les Hameaux, autrefois les Domaines les plus courants, couvrent des
quartiers urbains ou des villages en zone rurale peuplés en majorité
de fées, mais aujourd’hui, ils sont devenus extrêmement rares. Ils
possèdent une caractéristique qui les rend tout à fait uniques. En effet,
il s’agit de la seule forme de Domaine moderne dotée de plusieurs
Brasiers de différentes puissances répartis au sein de la communauté
afin de préserver son intégrité face à la Banalité. Qu’il soit à la tête
d’un petit village perdu dans la campagne ou d’une communauté
artistique installée en ville, le représentant d’un Hameau porte
toujours le titre de Bourgmestre. À l’heure actuelle, il ne subsiste
qu’une poignée d’entre eux et la majeure partie se trouve entre les
mains de Sidhes ou de roturiers anoblis.
Les Manoirs
Un peu plus étendus que les Forteresses, mais pas aussi sûrs que les
Hameaux, les Manoirs sont de minuscules communautés fondées
autour d’un bâtiment central abritant le Brasier. Après les Foyers, ils
sont la forme de Domaine la plus répandue et presque totalement
sous la coupe des Sidhes et de roturiers anoblis.
Les Foirails
Dans les environnements urbains, de nombreux Domaines s’étiolent
sous le poids écrasant de la Banalité et pourtant, les Foirails prospèrent
là où d’autres disparaissent. Presque tous situés dans de grandes villes,
leurs Raths se dissimulent dans les ruelles ou derrière les panneaux
« Réservé au personnel » des entreprises humaines. Animés de jour
comme de nuit, les changelins vont acheter, vendre et échanger les
objets chimériques autant que les offres d’emploi.
Les Propriétés
Ces Domaines se consacrent à la culture et à la production de récoltes
et d’animaux chimériques divers. Du fait de leur nature, les Propriétés
existent à peine dans le monde ordinaire et sont presque complè-
tement implantées dans le Songe proche. En général exploitées par
les roturiers, elles dépendent toutefois presque toujours d’un autre
Domaine pour le commerce et la défense. Les Propriétés peuvent
Chapitre sept : le glamour 313
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
avoir une activité spécifique et se concentrer sur une seule ressource,
ou bien généraliste et produire une plus grande variété de biens.
Les Ateliers
Ils bénéficient d’une présence physique presque totale dans le
monde de l’Automne, et d’une simple empreinte dans le Songe. Les
nobles peuvent en posséder, mais les employés et les gestionnaires
sont presque toujours des roturiers (généralement des Nockers ou
des Boggans). C’est dans les Ateliers qu’on forge l’acier chimérique,
qu’on tisse le Voile et qu’on brasse la bière. Le Glamour récolté sert
peu pour un usage personnel, et on l’investit plutôt dans la création
des Trésors et d’autres objets féeriques.
Autres lieux sacrés
Les Domaines des Égarés : au cours de la Séparation, certaines
fées ont choisi de ne pas retourner en Arcadie et de quitter le
monde ordinaire. Elles se sont barricadées à l’intérieur de leurs
Domaines et sont restées isolées au cours de l’Évanescence. La
Résurgence a fait revenir ces terres perdues, mais les siècles
écoulés ont eu un impact certain. Ces lieux chaotiques et
étranges, puissants et sauvages, peuvent provoquer le Tumulte
chez les imprudents qui y pénètrent.
Les Domaines des Nunnehi : les fées européennes se méprennent
souvent sur leur nature. Ces espaces sacrés, plus spirituels que
chimériques, sont intimement façonnés par les rêves culturels
propres à la tribu qui s’en occupe. L’appendice I (cf. page 392)
détaille largement la Nation nunnehi et ses huttes.
Création d’un Domaine
Avec l’Hiver qui s’avance, créer un Domaine n’est pas chose aisée.
Lorsqu’on part de rien, il faut souvent accomplir plusieurs quêtes
héroïques afin de localiser les ressources et rassembler les matériaux
nécessaires. Cette méthode est certes la plus difficile, mais elle offre
sans conteste les plus grandes récompenses.
Dans une chronique, retrouver un Domaine perdu peut deman-
der tout un chapitre. En revanche, en créer un de bout en bout
occupera tout un scénario. De nombreux obstacles se dressent face
aux individus à la recherche d’un nouveau Domaine, mais la tâche
devient moins intimidante lorsqu’un Cercle juré peut mettre ses
ressources en commun pour y parvenir.
Première étape : la Source
Ce sont des lieux où le Songe s’écoule dans le monde de l’Automne
et crée une bulle sous la peau de l’ordinaire. Les Sources libres de
toute influence sont excessivement rares à l’époque moderne, car
les changelins, les mages ou les métamorphes se sont attribué la
plupart d’entre elles.
Quand elles jaillissent dans les villes, elles franchissent les fron-
tières du Songe dans des endroits riches en émotions, en créativité
et en rêves. La maison voisine d’un auteur de fantasy à succès ou
la scène en plein air d’un parc public pourraient s’avérer parfaites
pour cela.
Deuxième étape : le Rath
Le futur possesseur du Domaine doit parvenir à transpercer la peau
du monde. Pour ce faire, il combine un Portail (Périple ) et la
314 Changelin : le Songe
Sorcellerie du Glamour (Royaume de la Fée ) pour créer un
Rath. S’il ne maîtrise pas ces deux composantes au niveau idoine, il
peut les remplacer par un Trésor qui contient ces pouvoirs, ou bien
convaincre une chimère intelligente disposant de la Fable Traverser
le Songe d’ouvrir le Rath pour lui.
Troisième étape : le Brasier
Créer un nouveau Brasier est un processus long et difficile. Il faut
rassembler un Glamour en résonance récolté parmi des Rêveurs
dont les songes reflètent la nature du Domaine que le changelin
souhaite construire. Il peut également glaner l’Écume des chimères
vivant dans la région où il compte le bâtir. Puis il investit peu à peu
cette énergie dans un feu ordinaire et une fois que les flammes ont
dévoré assez de Glamour (sept fois le niveau voulu pour le Brasier),
ce dernier se met à brûler. Si le feu s’éteint avant la fin du rituel, le
changelin doit recommencer depuis le début avec un nouveau feu
et d’autres Rêveurs.
Une autre méthode consiste à transporter une torche allumée
aux flammes d’un autre Brasier et de s’en servir pour faire naître le
sien. Si cela peut paraître plus simple et plus rapide, ponctionner une
graine de Brasier dans un Domaine entraîne un certain nombre de
complications, la plus sérieuse étant que le procédé affaiblit d’un rang
le Brasier parent jusqu’à ce que le nouveau Domaine soit terminé.
La plupart des possesseurs se montrent au mieux méfiants et au
pire hostiles quand on leur présente une telle requête. Toutefois, ils
peuvent y consentir en échange d’une faveur ou l’offrir en récompense
(et bien entendu, le changelin peut essayer de dérober la graine).
Quatrième étape : le Glamour
L’étape la plus simple, investir son propre Glamour dans le Brasier,
est aussi celle que les changelins ont le plus de mal à accomplir.
Malgré un soutien de façade au caractère sanctuaire des Domaines
et le besoin d’espaces sacrés plus nombreux, beaucoup rechignent
à s’affaiblir de manière permanente dans le but de créer plus de
Domaines. D’autres méthodes pour investir le Glamour peuvent
diminuer l’impact de la fondation d’un Domaine sur un individu.
Les Cercles jurés ou les Bandes peuvent se répartir le fardeau et
contribuer chacun à hauteur d’au moins un niveau de Glamour,
et ce jusqu’à ce que le rang prévu soit atteint.
Le possesseur peut sacrifier des compagnons chimériques aux
flammes. Si cette pratique est largement tombée en désuétude,
elle rappelle d’anciens rituels sacrificiels magiques dédiés à la
fertilité. Si elle est volontaire, une chimère diminue le coût
investi en Glamour d’une valeur égale à son niveau + 1, et ce
sans conséquence fâcheuse pour le personnage. Reportez-vous
en page 315 pour déterminer le niveau d’une chimère. Si elle
ne l’est pas, cet acte diminue le coût nécessaire d’une valeur
égale à son niveau –1.
Le changelin peut détruire un ou plusieurs Trésors (de 1 à 5
points) pour alléger le coût personnel. Cette méthode, la plus
risquée, engrange la Banalité (cf. page 269), car elle provoque
sur-le-champ un jet de stabilité (groupement égal au niveau
du Domaine ; difficulté égale à la Banalité permanente du
personnage). En cas de réussite, l’investissement en Glamour
diminue d’une valeur égale au niveau du Trésor. En cas d’échec,
la Source devient inutilisable pendant un an et un jour, et le
possesseur doit recommencer depuis le début. En cas d’échec
critique, il subit un nombre de dés de dégâts létaux égal au
niveau du Domaine, qu’il ne peut pas absorber.
 Peu importe la méthode utilisée. Le possesseur doit toujours
investir au moins un niveau de Glamour personnel pour ancrer
le Brasier.
Cinquième étape : le Domaine
L’étape finale de la création d’un Domaine consiste à lui donner
une apparence physique dans le Songe et dans le monde mortel,
à savoir la forme des structures artificielles présentes et la manière
dont il est aménagé. Ce processus se révèle aussi simple ou complexe
que son possesseur le souhaite, mais il ne se termine jamais tout
à fait. Il se poursuit au fil du temps, en effet, entretenir les traits
caractéristiques d’un Domaine alimente le Glamour et l’encourage
à circuler librement et sans heurts.
Le personnage peut utiliser des Arts pour façonner les divers
aspects du Songe. Toutefois, s’il veut rendre ces effets permanents,
il devra dépenser du Glamour (1 point par niveau dans l’Art), en
plus du coût intrinsèque au charme.
Exemples de Domaines
Minuscules clairières au milieu des bois ou châteaux grandioses
et complexes s’étendant sur d’immenses surfaces, les Domaines se
présentent sous n’importe quelle forme.
Le cénote
Possessions (Grotte)
Les Mayas pensaient que les cénotes, des dolines circulaires remplies
d’une eau cristalline que l’on trouve un peu partout sur la péninsule
du Yucatán, étaient des portails vers l’au-delà. Ils croyaient que les
offrandes sacrificielles passaient à travers elles et parvenaient aux
dieux, et nombre de ces puits sont jonchés d’objets personnels et
de vieux ossements. Certains puits plus grands, comme le cénote
sacré de Chichén Itzá, sont célèbres, mais la plupart ne contiennent
qu’une once de pouvoir et ils se cachent dans des falaises et au fond
des forêts. Le foyer du Domaine se trouve en général tout au fond
du puits.
Chez Molly
Possessions (Foyer)
Ce petit pub irlandais dans le centre de Boston est protégé par un
Trésor. Grâce à la cloche accrochée au-dessus de la porte, l’attention
des mortels se détourne du bâtiment où il se trouve. L’atmosphère y
est accueillante, le Brasier brûle dans l’âtre et une pinte de la bière
maison vous attend au bar. Une porte à l’arrière conduit directement
dans le Songe et les chambres à l’étage offrent pour une nuit leur
hospitalité aux voyageurs fatigués.
Whitehall Keep
Possessions (Manoir)
Ce Domaine accordé au baron de Vellumton dans le royaume des
Saules est le centre du pouvoir du baron Arawn et de la baronne
Ellawyn. Dans le monde ordinaire, il ressemble à une élégante bâtisse
de style victorien transformé en chambres d’hôte. Dans le Songe, ce
manoir tentaculaire correspond bien au statut de ses propriétaires.
Tous les étés, la baronnie accueille un festival de reconstitution
médiévale, où mortels et changelins peuvent librement se côtoyer.
Shimmer Alley
Possessions (Foirail)
Entre les rues animées du royaume des Roses, Shimmer Alley est un
lieu très dynamique. Le Domaine, un marché permanent installé dans
le Songe, possède de nombreuses entrées dans les rues adjacentes et
les boutiques en retrait partout dans Londres. Il propose une multi-
tude de denrées exotiques venues des quatre coins du Songe. Dans
ce territoire neutre, il est même possible de croiser des Gallains ou
des Hsien parcourant les étals ou à la recherche de quelque rareté.
Tara Nar
Possessions (Forteresse)
La Forteresse des Songes est le siège du pouvoir et la résidence
principale du Haut Roi David Ardry. Situé au nord de l’état de New
York, cet imposant et splendide château de style français bénéficie
de la protection géographique des montagnes Catskill et de celle,
plus pragmatique, des Chevaliers de la Branche Rouge. Les murailles
reflètent la météo changeante et sont couvertes de motifs rappelant le
soleil, le vent et la pluie, peints sur la pierre translucide. Des jardins
tracés au cordeau et une lice de tournoi entourent le palais, tandis
qu’on trouve dans les bâtiments annexes écuries, étables et chenils.
Les chimères
Le Songe est un lieu empli de merveilles chimériques, et chaque
parcelle qui le constitue jaillit de l’imagination collective et des rêves
que l’humanité a faits depuis des milliers d’années. Qu’importe
l’endroit du plan où un changelin atterrit, il peut être sûr que le
caillou le plus insignifiant de la plus haute montagne est né de l’esprit
d’un Rêveur. Le mot « chimère » décrit collectivement tout ce qui
appartient au Songe ou à l’un de ses Royaumes, depuis les nuages
dans le ciel (et le ciel lui-même) jusqu’aux arbres et aux pierres, aux
lapins et aux jaseroques s’ébattant dans les prés. Dire que les chimères
sont une composante intrinsèque de toutes les régions connues du
Songe revient à définir le carbone comme un élément essentiel de
toute forme de vie sur Terre.
En revanche, ce qui constitue une chimère demeure une énigme.
Nombre de fées ont étudié la matière onirique, mais en dehors de
ses propriétés les plus basiques, elle échappe à toute qualification.
Les changelins ne sont même pas certains que les chimères soient
réelles. Les fées et les Enchantés sont capables de les percevoir à travers
leurs cinq sens, mais en dehors de circonstances précises, elles ne
peuvent pas affecter le monde qui les entoure.
La matière qui les constitue est à mi-chemin entre le Glamour
et la Banalité. Grossière et pourtant élégante, capable de garder une
forme tout en étant malléable, elle peut modifier ses propriétés afin
d’imiter la chair, l’herbe, les feuilles, la fourrure, le souffle, la roche,
l’eau, la terre, la glace, le feu, les écailles d’un dragon. En bref, tout
ce dont une personne peut rêver.
Les chimères se répartissent en catégories assez vagues selon
qu’elles sont accessoires ou rêvées, animées ou inanimées, et enfin
douées de conscience ou dénuées d’intelligence. Des combinaisons
entre ces catégories existent-elles ? Le Songe n’offre hélas aucune
règle gravée dans le marbre à ce sujet. Un arbre n’est peut-être qu’un
arbre (accessoire, inanimé et dénué d’intelligence), mais il peut tout
autant être un Ent (rêvé, doué de conscience et animé).
Chapitre sept : le glamour 315
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Accessoires ou rêvées
Le Songe est un lieu qui change en permanence. La majeure partie
des objets et des créatures chimériques vivent une existence pour le
moins fugace et éphémère. On les rêve pour quelques secondes avant
qu’ils ne s’évaporent comme de la fumée. C’est ce qu’on appelle des
chimères accessoires ; ce sont les plus courantes dans le monde physique,
nées des rêvasseries et des pensées vagabondes. Les mortels ne les
voient pas et elles succombent très vite aux ravages de la Banalité,
surtout si elles sont chassées du lieu où elles sont apparues.
A contrario, les chimères rêvées, jaillies des esprits changelins et
mortels, sont les plus répandues dans le Songe. Plus résistantes que
les premières, elles peuvent survivre indéfiniment après que la rêverie
qui les a vues naître s’est terminée.
Inanimées et animées
Les chimères inanimées sont les fondations du Songe. Elles peuvent
tout à fait se résumer à une pierre ou devenir aussi complexes que
la soie d’araignée. Rêves d’étoffe, de métaux et de bijoux précieux,
surgis des songes individuels ou des rêves collectifs de l’humanité,
elles sont parfois aussi les produits de créatures chimériques. Par
exemple, les araignées chimériques produisent une soie que l’on
peut récolter et utiliser comme un matériau brut.
Les chimères inanimées peuvent apparaître à moitié formées et
malléables, ou comme des objets d’art finis. Pratiquement toutes les
œuvres, belles ou importantes, dans le monde de l’Automne ont une
contrepartie dans le monde chimérique. Dans le Paris du royaume de
Neustrie, les magnifiques tours de Notre-Dame s’élancent haut dans
le ciel. Plus au sud, dans le Songe de l’Empire hellénique, l’Acropole
scintille comme au premier jour sous le soleil de Méditerranée. En
revanche, les chimères inanimées complètement formées ne sont pas
toutes permanentes. En général, seuls les lieux de grande créativité,
ou ceux qui incarnent les espoirs et les rêves d’un peuple, gardent
leur reflet dans le Songe. Une crêperie peut posséder une contrepartie
chimérique, mais elle sera grossière, impermanente et se modifiera
chaque fois qu’un client passera sa porte.
D’un autre côté, les chimères animées ont presque toujours une
forme finie lorsqu’elles apparaissent. Bien qu’elles ne soient pas
nécessairement conscientes, il s’avère difficile de les différencier des
chimères dotées d’une véritable intelligence. Comme les chimères
inanimées, on peut les récolter pour en tirer du Glamour ou des
matières premières.
Dénuées d’intelligence
ou douées de conscience
Les premières ont l’air de penser et de vivre, mais le sphinx le plus
brillant ou le chasseur le plus rusé n’est guère plus qu’un ensemble
d’instincts préordonnés et de comportements programmés.
Si les chimères douées de conscience ne sont pas toujours animées,
elles sont vivantes dans tous les sens du terme. Elles possèdent une
conscience, une intelligence et une volonté propres, et se montrent
tout à fait capables de prendre des décisions.
316 Changelin : le Songe
Façonner la matière
onirique
Les changelins réellement doués sont capables de créer des chefs-
d’œuvre époustouflants de beauté. Pour donner corps à leurs rêves
dans la réalité, ils n’ont guère besoin d’autre chose que d’un peu de
matière onirique brute et de leur volonté. Il fut un temps où tous
les changelins pouvaient faire de même. Ils dessinaient des armes
incroyables, créaient des vêtements et cuisinaient des aliments
simplement à partir de l’air autour d’eux, d’une pensée fugace et
d’un simple geste de la main. Tous possèdent encore ce potentiel.
Pourtant, manipuler les rêves est un talent qui devient de plus en
plus difficile à maîtriser dans le monde de l’Automne, et les quelques
individus qui l’apprennent découvrent qu’ils préfèrent l’Art raffiné
de l’Oniromancie à un effort brut de leur volonté. Au lieu de créer
et de renvoyer dans le néant leurs atours selon leur bon vouloir,
les changelins fabriquent d’une manière un peu plus permanente
la plupart de leurs accessoires et des objets dont ils se servent au
quotidien. Et pour cela, ils refaçonnent les chimères inanimées avec
des techniques d’artisanat mortelles.
Les chimères forgées
Créées par les Nockers et d’autres artisans talentueux, les chimères
forgées appartiennent à une catégorie qui leur est propre. À l’instar
des objets chimériques, elles sont fabriquées à partir de matériaux
réunis dans le Songe et assemblés dans des laboratoires, des ateliers
et des garages. Serviteurs mécaniques et robots, montures et ani-
maux de compagnie sont assez courants dans les zones urbaines
plus importantes, surtout depuis ces dernières années et le retour
en grâce du steampunk parmi les mortels.
Donner vie à ces chimères est un exploit plus ardu. Même
s’ils comprennent que leurs rêves ont un pouvoir et peuvent être
façonnés, les changelins possédant la concentration, la motivation
ou la puissance brute nécessaire pour rêver une chimère qui puisse
répondre à des besoins précis, sont étonnamment assez rares. Il est
moins difficile de débusquer l’une de ces créatures et de la convaincre,
de la contraindre ou de la forcer à entrer dans une coquille forgée.
Cependant, cette méthode comporte ses risques et ses conséquences.
La plupart des artisans forgeant des chimères se contentent de leur
donner un semblant de vie, et non une vie propre. Or si ces créatures
sont en général dénuées d’intelligence, elles peuvent agir de manière
étonnamment intelligente. Les gardiens se montrent parfois d’une
agilité stupéfiante avec une lame, les chasseurs déploient un instinct
qui rivalise avec celui d’un pisteur accompli et un majordome tiendra
une conversation tout à fait cohérente. Cependant, ce ne sont au
mieux que des illusions. Les chimères forgées dénuées d’intelligence
se comportent selon les souhaits de leurs créateurs et se contentent
de remplir le rôle pour lequel elles ont été créées.
Si elles peuvent naître sans pensées ni volonté propres, ces créa-
tures sont capables de développer spontanément une conscience.
Cet événement, rare dans le passé, est devenu plus répandu avec
les avancées technologies mortelles en matière de véritable intelli-
gence artificielle. Les gens se prennent aujourd’hui à craindre (ou à
attendre impatiemment) le jour où robots et ordinateurs acquerront
cette conscience.
Le Voile
Voilà l’exemple le plus courant de chimère fabriquée. Ces vêtements
féeriques sont taillés dans leurs équivalents chimériques de l’étoffe, du
cuir et du métal ordinaire. Une industrie de la mode, très semblable à
celle de la couture et du design mortel, prospère sur les Foirails et les
communautés de changelins. Elle n’a pas encore atteint les sommets
frénétiques de la Fashion Week internationale et pourtant, certains
Domaines organisent des concours et des marchés de créateur pour
permettre à leurs artisans de promouvoir des collections uniques.
Au cours de sa Chrysalide, un changelin crée souvent par instinct
son premier Voile. Dans ce puissant jaillissement initial de Glamour,
la fée manipule inconsciemment la matière brute du Songe pour
se vêtir selon son kith et son statut. On appelle cette tenue le Voile
rêvé, et sa qualité est généralement meilleure que la matière fabriquée
par les artisans. Le Voile rêvé est toujours personnel et attaché à son
créateur, et même si le changelin le remplace par un autre, ces atours
demeurent toujours à sa portée s’il désire le prendre.
Le Voile ne donne aucun talent particulier ou capacité spéciale à
son porteur. En revanche, certains d’entre eux produisent des effets
visuels, ou bien possèdent des enchantements mineurs intrinsèques
au matériau utilisé pour les tisser. Une cape faite dans le souffle d’un
dragon des glaces gèlera l’air autour d’elle. Une robe cousue dans
la soie d’une araignée du feu géante peut se consumer et dévoiler
une autre tenue portée en dessous. Un bouclier en Pur-argent ne
perdra jamais son lustre et une armure en écailles de dragon offrira
une protection mineure contre les éléments.
Les armes
La plupart du temps, les armes chimériques ont une composante
du monde réel, à partir duquel on tisse l’aspect chimérique. Les
mortels ne perçoivent que l’apparence ordinaire, contrairement
aux changelins, aux mortels Enchantés et aux créatures du Songe,
capables de voir les deux. Un chevalier troll tirera son épée large
et combattra un démon déchaîné au milieu des Champs-Élysées,
mais les témoins dénués de féerie ne verront qu’un homme en
train de ferrailler avec un bâton ou une canne. D’autres armes sont
complètement chimériques, fabriquées dans l’acier, la pierre ou le
bois récoltés dans des nodes situés dans le Songe.
Les dégâts infligés par ces deux types d’armes chimériques sont
eux aussi de nature chimérique. Un changelin ou un Enchanté aura
sans doute l’impression que sa chair a été coupée, son dos écrasé
ou sa tête fendue. En revanche, l’arme n’aura fait que trancher le
Glamour de la victime et blesser son Visage féerique (ou le Glamour
emprunté), permettant ainsi à la Banalité de s’engouffrer en elle.
Si un changelin peut être « tué » à l’aide d’une arme chimérique,
il ne meurt pas vraiment. Il se réveillera sans avoir conscience de sa
moitié féerique, et incapable de percevoir le Songe, quelle que soit sa
forme, tant qu’on ne lui aura pas à nouveau insufflé du Glamour. Les
armes féeriques sont un outil essentiel dans la société des Kithains,
car tuer « pour de vrai » l’un de ses membres provoque une Banalité
écrasante. La mort chimérique, gênante mais brève, demeure aux
yeux des changelins une conclusion acceptable aux duels d’honneur,
aux batailles ou aux punitions.
Créer des objets chimériques
Fabriquer un objet chimérique fonctionne de la même manière que
pour sa contrepartie ordinaire. La création d’un vase suivra le même
processus de base. Les deux objets requièrent un tour de potier et
quelques compétences techniques. La différence réside dans les maté-
riaux utilisés. On ira chercher la glaise sur les rives du cours d’eau
qui se trouve au-delà de la Porte d’argent pour le vase chimérique,
tandis qu’on se contentera d’un morceau d’argile acheté dans un
magasin de loisirs créatifs pour l’objet ordinaire.
Matériaux
Avant de se lancer dans son projet, l’artisan doit d’abord réunir
les matériaux dont il aura besoin. Les armes nécessitent de l’acier
chimérique, tandis que le château d’un roi dans le Songe devra être
construit avec des pierres extraites d’un Royaume onirique, et du
bois coupé dans une forêt enchantée. Et peut-être faudra-t-il ramasser
les baies d’un buisson précis dans une Clairière à l’extérieur de la
ville pour une bière artisanale.
Si l’artisan n’a pas le temps ou l’envie de s’en charger, d’autres
options s’offrent à lui. Les plus grands Domaines ont des spécialistes
à demeure, et une économie florissante où l’on peut vendre ou
se procurer des matières premières. Les Foyers ou les Forteresses,
et surtout les Foirails, plus importants proposent à la vente des
chimères inanimées exotiques. Enfin, l’artisan peut décider d’engager
d’autres changelins afin qu’ils s’aventurent dans le Songe et aillent
lui chercher ses composantes. Il court cependant le risque que ses
employés lui ramènent des matériaux de mauvaise qualité, ou bien
qui ne correspondent pas à ses besoins.
Préparation
Les gens expérimentés peuvent passer cette étape, mais elle garde
quand même son utilité pour des projets uniques. Un maître for-
geron n’a nul besoin de dessiner un nouveau modèle chaque fois
qu’il fabrique une épée longue. Cependant, il en va tout autrement
lorsqu’il s’agit de créer une lame pour un seigneur de la Maison
Gwydion qui désire faire de cette arme unique sa griffe.
Le joueur de l’artisan fait un jet d’Intelligence + Artisanats (ou
Sciences, ou bien une autre capacité que le conteur juge plus adaptée ;
difficulté 6). Chaque jet représente une journée entière de travail,
soit au moins huit heures. La difficulté du jet d’Artisanats suivant
diminue de –1 par tranche de cinq réussites obtenues.
Fabrication
Difficulté : l’étendue du projet détermine à quel point il est
difficile de le terminer. Cette valeur ne peut jamais descendre
en dessous de 3, et si elle peut dépasser 10, cela signifiera que la
tâche est impossible à accomplir pour n’importe quel changelin.
Difficulté
de base
6 Fabrication simple : objets de tous les jours, fonctionnels
et quelconques
7 Fabrication de base : armes, boucliers, outils sans fioritures
8 Fabrication avancée : armure complète, armes uniques,
maisons, outils spécialisés
9 Fabrication complexe : machinerie, engins de siège,
montures mécaniques
10+ Travail de maître : châteaux, armes légendaires, aéronefs
Chapitre sept : le glamour 317
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Modificateurs : un grand nombre de choses, y compris l’expertise, Chaque jet représente une semaine de travail. Le nombre de
les recherches préparatoires et les outils spécialisés, peuvent réussites obtenues s’accumule jusqu’à atteindre le total fixé par le
augmenter ou diminuer le niveau de difficulté du projet. Il conteur. En cas d’échec, l’équipe n’accomplit aucun progrès cette
n’existe aucune limite au nombre de modificateurs positifs semaine-là, mais rien de néfaste ne se produit. En cas d’échec critique,
ou négatifs qui peuvent affecter cette valeur, mais la difficulté plusieurs effets sont possibles.
du jet de création ne peut jamais descendre en dessous de 3. Un outil se brise et met le chantier en pause jusqu’à ce que
l’artisan puisse en fabriquer un ou en achète un autre.
Des matières premières importantes sont détruites, ce qui oblige
Modificateur
l’équipe à s’arrêter jusqu’à ce qu’on puisse les remplacer.
–1 à –3 Recherches rigoureuses ou plans Une tranche de travaux déjà achevée est endommagée ; le
–2 Royaume du Songe nombre total de réussites déjà obtenues diminue d’une valeur
égale au score de Banalité du changelin.
–2 Outils spécialisés et espace de travail dédié Le maître d’œuvre se blesse ou blesse l’un de ses assistants ; le
–1 Dans un Domaine ou dans le Songe proche personnage subit des pénalités de blessures qui se soustraient
à son groupement de dés.
–1 Zone de faible Banalité (1–4)
Le conteur détermine une autre conséquence appropriée à ses
–1 A déjà conduit des projets identiques par le passé yeux.

La nature des chimères

–1 Outils de base
+1 Outils ou espace de travail mal adaptés
+1 Zone de Banalité moyenne (5–8) Les chimères ont de nombreuses utilités pour les changelins. On les
chasse pour le Glamour et l’Écume, on les dresse pour accomplir
+2 Outils brisés, espace de travail inadapté des tâches. La société des Kithains est féodale et reproduit au plus
+3 Aucun outil, matériaux non adaptés près la structure médiévale. Écuries, chenils et volières accueillent
chevaux chimériques, meutes féeriques et rapaces de chasse pour le
+3 Zone de Banalité extrême (9–10)
plus grand plaisir de la noblesse. Les chimères dénuées d’intelligence
+3 Nouveau projet sans préparation ne sont pas des membres actifs des Cours seelie ou unseelie, car cela
+4 Aucun outil ni matériau implique de faire un choix informé dont elles sont tout simplement
incapables. En revanche, leur instinct les pousse à graviter autour
Seuil : plusieurs facteurs déterminent le nombre de réussites néces- des changelins et des Domaines qui appartiennent à la Cour cor-
saires, y compris l’importance et la complexité du projet fini. respondant le mieux à leur personnalité et à leur comportement.
Le conteur décide seul de cette valeur selon le projet. Pour survivre, les chimères ont besoin de Glamour. Même si
elles ne consomment ni plante ni chair pour se nourrir de cette
énergie, elles suivent en général ce que les changelins et les non-fées
Réussite
attendent inconsciemment d’elles. Un chat absorbera son Glamour
1–5 Fabrication simple en mangeant des souris chimériques, et un cheval se nourrira du
6–10 Fabrication de base grain cultivé dans le Songe.
Certaines chimères font fi de ces conventions et empruntent
11–15 Fabrication avancée leur attitude aux légendes et au folklore humains. Un chat unseelie
16–25 Fabrication complexe peut tout à fait manger les mêmes souris que son congénère seelie,
mais pourquoi le ferait-il quand il peut se nourrir du souffle d’un
26+ Travail de maître
bébé endormi ?
Groupement de dés : en général, le groupement de Dextérité
+ Artisanats du personnage, auquel on applique d’éventuelles La naissance chimérique
spécialités. Cependant, certaines choses peuvent ajouter des Une chimère est tissée dans la matière onirique brute, et elle peut
dés. Par exemple, l’artisan augmentera son groupement d’un prendre forme de différentes manières.
nombre de dés égal au nombre d’aides compétents qui l’assistent. La Chrysalide : certaines chimères naissent de la première explo-
Toutefois, il existe une limite quant au nombre de personnes sion de Glamour brut et libre qui accompagne la Chrysalide
pouvant intervenir, car il arrive toujours un moment où ces d’un changelin. Quelques-unes d’entre elles sont accessoires
petites mains supplémentaires deviennent une gêne. et disparaissent après un bref instant. Nombre d’entre elles
Sur des projets de moindre importance (armes, outils, objets forment les premiers compagnons chimériques qu’un changelin
domestiques, etc.), on ne peut faire appel qu’à un seul assistant peut avoir dans sa vie.
(qui offre un bonus de +1). Les projets d’importance moyenne Les émotions : elles peuvent naître lorsqu’un changelin subit une
(petits bâtiments et engins de siège de petite taille) mobilisent période de forte pression, d’émotion extrême ou de créativité
jusqu’à cinq personnes, soit un total de 5 dés supplémentaires. débridée. Elles constituent un corollaire à son état mental et
Les grands projets (Domaines, gros véhicules, manoirs) peuvent émotionnel. Le Songe réagit au potentiel créatif brut enfoui
faire appel à un nombre d’assistants égal à la Dextérité + Arti- dans chaque âme féerique et y répond par l’apparition d’une
sanats du maître d’œuvre. chimère.

318 Changelin : le Songe

 Le Tumulte : la folie qui accompagne le personnage emporté
par le Tumulte engendre souvent des créatures imprévisibles
et dangereuses. Elles s’attachent à leur créateur et restent
bien après la fin de cet épisode.
Les Prodigues : nombreux sont les Prodigues à renfermer
un haut niveau de Banalité, mais d’autres ne se révèlent
pas aussi toxiques. Lorsqu’ils se servent de leurs dons et
de leurs capacités uniques pour interagir avec le Songe,
les individus avec une Banalité peu élevée peuvent donner
naissance à des chimères accessoires ou rêvées associées
à leur nature. Par exemple, un vampire engendrera une
nocnitsa (cf. page 357) assoiffée de sang et les métamorphes
créeront des chimères sauvages de la même espèce animale
(cf. page 348) qu’eux.
L’humanité : les chimères naissent-elles des légendes
humaines, ou bien les légendes s’inspirent-elles d’elles ? Le
débat est ouvert. Bien qu’une grande majorité de gens ne
le sachent pas, les humains font partie d’un inconscient
collectif, et cet esprit unifié peut influencer et façonner le
Songe afin de produire des chimères aussi monstrueuses
et terribles que magnifiques.
Les Rêveurs : les mortels dont le score de Banalité est bas
(1 – 4) sont rares et précieux, car ils créent pendant leurs
rêveries nocturnes du Glamour et agissent sur le Songe. Ces
Rêveurs font naître des chimères à un rythme prodigieux.
Même si elles sont souvent accessoires, un nombre non
négligeable de chimères rêvées peuple le Songe autour du
lieu où ces individus habitent.
Les Domaines : les Domaines modernes sont des refuges
pour ces créatures et les attirent en nombre. S’ils sont riches
en Glamour sauvage et périlleux, comme les Domaines
des Égarés, ils peuvent spontanément donner naissance
à de nouvelles chimères, souvent dangereuses, et offrir un
abri sûr à celles qui existent déjà.
Les chimères : beaucoup de ces créatures peuvent engendrer
d’autres chimères du même type qu’elles. Elles imitent donc
le cycle de vie de leurs doubles du monde de l’Automne,
comme c’est le cas pour les chimères sauvages. Par exemple,
les chimères forgées douées de conscience se lancent aussi
dans l’assemblage d’autres chimères mécaniques.

La mort chimérique
En dépit de leur nature étrange, et souvent incompréhensible,
les chimères, comme n’importe quelle autre créature, peuvent
subir des blessures et même mourir. Si l’une d’entre elles perd
tous ses niveaux de santé, le conteur fait un jet de Volonté
(difficulté 7). Une seule réussite suffit ; dans ce cas, la créature
a montré assez de volonté pour conserver son intégrité et elle
devient intangible (comme avec Forme onirique). Au fil du
temps, elle guérit de ses blessures et redevient tangible. Sans
consistance, elle est immunisée aux attaques physiques (y compris
celles portées par des armes chimériques), mais le Glamour des
Arts offensifs et des Trésors continue de l’affecter. En général,
les chimères intangibles et blessées fuient leurs agresseurs, et
un niveau de dégâts suffit à les détruire quand elles sont dans
cet état. Si cela se déroule dans le Songe, son corps réapparaît
et les changelins sont à même d’en récolter l’Écume et les
composantes d’artisanat (cuir de dragon, plaques de chitine,
ossements, ivoire, etc.). Le Songe réclame alors son enveloppe

Chapitre sept : le glamour 319

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

physique et à mesure qu’il se décompose, la matière onirique est
réutilisée et sert de nourriture aux végétaux, aux insectes et aux
différents charognards du plan.
Si la chimère est détruite en dehors du Songe, il est beaucoup
plus difficile de récupérer des parties utiles sur son cadavre. Si la
Banalité du lieu est supérieure au score de Glamour de la créature,
elle se dissout en quelques secondes et rien ne peut être récolté. Ce
n’est que lorsque tous les scores de Banalité (dont celui de l’endroit,
des témoins et des passants) sont inférieurs à celui de la chimère qu’il
est possible de disposer de son corps. Même ainsi, il vaut mieux que
les changelins se décident vite, car la dépouille ne subsiste pas très
longtemps en dehors du Songe.
Créer des compagnons
chimériques
De la même manière que les objets, l’historique Chimère (cf. page 168)
représente les compagnons chimériques, où l’on explique comment
on les conçoit avec des points de chimère. Peluches craquantes, robots
mécaniques ou nuages colorés intelligents tourbillonnant en formes
abstraites, ces créatures prennent toutes sortes de formes. Toutes
les chimères possèdent six types de traits de base : les attributs, les
capacités, le Glamour, la Volonté, les niveaux de santé et les Fables.
En général, les chimères du Songe comptent de 15 à 35 points.
Certaines d’entre elles, en particulier quand elles viennent des
Royaumes oniriques, sont beaucoup plus puissantes et alignent
entre 45 à 60 points. Les chimères véritablement légendaires venues
du Songe profond peuvent dépasser les 100 points et posséder de
nombreuses Fables uniques.
Règle optionnelle :
récolter l’écume
L’Écume est un genre particulier de chimère, qui se présente
sous un aspect solide et ressemble à n’importe quel objet
de petite taille. Galets de rivière, petites pierres précieuses,
plumes, perles, feuilles colorées, pétales de fleur, morceaux
d’écorce, écailles et touffes de fourrure sont des formes assez
courantes. Toutefois, tout ce qu’une personne peut tenir
dans son poing fermé est acceptable.
Un morceau d’Écume équivaut à un point de
Glamour, et sert souvent de monnaie d’échange dans la
société des Kithains. Si le conteur le permet, les joueurs
peuvent utiliser l’Écume pour alimenter les charmes, les
enchantements, l’artisanat et d’autres effets nécessitant la
dépense de points de Glamour.
Système : pour récolter l’Écume sur une chimère morte, le
personnage doit faire appel à son propre Glamour afin
d’invoquer celui qui est présent dans le cadavre. Son
joueur fait un jet de Glamour (difficulté 7) par tour et
le nombre de réussites obtenues indique la quantité
d’Écume récoltée. Plusieurs personnages peuvent récol-
ter de l’Écume en même temps sur une chimère. Le corps
pourra délivrer un nombre maximal de points d’Écume
égal à cinq fois son score permanent de Glamour.
320 Changelin : le Songe
Les attributs
Elles ont les mêmes neuf attributs que tous les habitants du Monde
des Ténèbres, mais contrairement à la plupart d’entre eux, elles
n’en ont pas toujours besoin, pas plus qu’elles ne doivent dépenser
un certain nombre de points dans chaque catégorie. Les créatures
chimériques ne commencent pas avec la base d’un point dans leurs
attributs.
Coût : un point de chimère permet d’acquérir trois points d’attributs,
répartis comme on l’entend.
Attributs physiques : la plupart des chimères naissent à partir du
Glamour brut qui leur donne une vague forme physique. Quelques-
unes, surtout si elles possèdent la Fable Forme onirique, se maté-
rialisent avec du Glamour raffiné, et elles n’ont pas forcément de
corps tangible. Si elles en ont un, elles auront un score en Force,
en Dextérité et en Vigueur.
Si une attaque la disperse (mais ne la détruit pas), elle récupère ses
attributs physiques au rythme d’un point par attribut et par semaine.
Attributs mentaux : quelle que soit leur forme, presque toutes les
chimères sont dotées d’un score en Perception et en Astuce, mais
toutes n’ont pas forcément un score d’Intelligence. Si elles semblent
l’être, elles ne peuvent pas apprendre de nouvelles compétences
ou prendre des décisions indépendantes de leur comportement
programmé à l’origine.
Attributs sociaux : les chimères n’ont pas besoin d’avoir des attributs
sociaux. En effet, nombre d’entre elles n’ont qu’une « programma-
tion » comportementale limitée et n’interagissent ni entre elles
ni avec les changelins. En revanche, les chimères conscientes, en
particulier celles qui ont adopté une forme humanoïde ou anthro-
pomorphe, possèdent des scores en Charisme, en Manipulation
et en Apparence.
Les capacités
Les chimères surgissent des rêves mortels et kithains. En conséquence,
elles peuvent user de n’importe quelle capacité disponible pour les
changelins ou les autres habitants du Monde des Ténèbres. Si l’on
peut rêver que quelqu’un fait quelque chose, alors une chimère en a
aussi l’occasion. Les capacités chimériques peuvent dépasser 5, mais
ne vont en général pas au-delà du maximum humain. Cependant, il
est possible que les chimères légendaires du Songe profond disposent
de compétences surhumaines.
Coût : un point de chimère permet d’acquérir trois points de capacité,
répartis comme on l’entend.
Le Glamour
En tant qu’enfants du Songe, toutes les chimères ont un score
de Glamour, car sans ce Tempérament, elles cesseraient d’exister.
Tout comme les changelins, ce trait se divise en réserve temporaire
et caractéristique permanente, et le score d’une créature moyenne
varie entre 5 et 8, tandis que les individus anciens du Songe profond
possèdent une puissance presque illimitée.
Les chimères récupèrent un point de Glamour par heure, mais
elles ne peuvent le faire en dehors du Songe que si elles disposent
de la Fable Vol de Glamour.
La Volonté
Qu’elles soient conscientes ou non, c’est ce trait qui donne sa consis-
tance à la matière onirique qui les compose. La plupart des chimères
disposent d’un score de base de 1 en Volonté, et celui des créatures
douées d’intelligence est souvent plus élevé afin de représenter leur
conscience et leur esprit. Ce tempérament alimente certaines Fables.
Les chimères récupèrent un point de Volonté par jour.
Coût : un point de chimère permet d’acquérir un point de Volonté.
Les niveaux de santé
À de rares exceptions près, les chimères ont une présence physique
dans le Songe et en conséquence, on peut les attaquer, leur infliger
des dégâts et même les « tuer ». Si un duel avec des armes chimé-
riques peut se terminer par l’expulsion d’un changelin de sa Guise
mortelle, une créature chimérique se dissipera ou sombrera tout à
fait dans l’Oubli. Si les pénalités de blessures chimériques équivalent
généralement aux sept premiers niveaux de santé du changelin, il
ne s’agit que d’une vague ligne directrice. Beaucoup de chimères
disposent d’échelles de santé différentes, et certaines ne subissent
même aucun malus jusqu’à ce qu’on les détruise complètement.
Coût : un point de chimère permet d’acquérir deux niveaux de santé.
Le nombre de niveaux de santé d’une créature ne peut dépasser un
nombre total égal à cinq fois sa Vigueur.
Attaques
Toutes les chimères sous une forme physique peuvent attaquer à l’aide
de leurs armes naturelles (poings, crocs, griffes, cornes, etc.). Elles
utilisent leur groupement de Dextérité + Bagarre et infligent une base
de Force + 1 dés de dégâts chimériques. Certaines chimères manient
aussi des armes chimériques ou possèdent des attaques spéciales,
comme le venin. Celles-ci ne peuvent affecter des cibles ordinaires
si la créature ne dispose pas des Fables Enchantement ou Wyrd.
Résumé des coûts de création chimérique
Attribut : 1 point de chimère pour 3 points d’attribut
Capacité : 1 point de chimère pour 3 points de capacité
Glamour : 1 point de chimère pour 1 point de Glamour
Volonté : 1 point de chimère pour 1 point de Volonté
Niveau 1 point de chimère pour 2 niveaux de santé
de santé :
Fable : Variable
Les Fables
Les chimères peuvent faire usage de toutes sortes de pouvoirs
étranges et uniques, les Fables, qu’elles alimentent avec du Glamour.
Certaines d’entre elles, très puissantes, nécessitent aussi une dépense
de Volonté pour fonctionner. Toutes les chimères ne disposent pas
de ces capacités, mais il est rare qu’une créature du Songe n’en ait
pas au moins une. La liste des Fables suivantes n’est qu’un inventaire
partiel de ces pouvoirs mystérieux, car ils peuvent varier à l’infini.
Armement : la chimère produit une attaque physique, de corps
à corps ou à distance (par exemple, épées, griffes, cornes et
lances). L’arme qui apparaît inflige des dégâts de base égaux à
la Force + 1 de la chimère, mais ils peuvent être plus importants
si elle possède une version plus puissante de la Fable.
Coût en points de chimère : 2 points de chimère (base), +1 dé
de dégâts par tranche de 2 points chimériques supplémentaires.
Coût d’utilisation : aucun.
Armure : la forme physique de la chimère bénéficie d’une
protection supplémentaire, qui peut prendre de multiples
formes (exosquelette chitineux, cuir ou fourrure épais, écailles
de dragon, plaques de métal, etc.).
Coût en points de chimère : 1 par point d’Armure.
Coût d’utilisation : aucun.
Cacher : cette Fable offre l’invisibilité à la chimère et lui permet
de se dissimuler de n’importe quelle créature du Songe, ou
ordinaire s’il est associé au pouvoir du Wyrd. Le joueur fait un
jet de Perception + Acuité (difficulté égale au score de Glamour
de la chimère) si son personnage veut la localiser quand elle est
cachée. Il lui suffit d’obtenir une réussite pour déterminer la
zone dans laquelle elle se trouve. Avec trois réussites, il saura
exactement où elle est. La chimère reste invisible aux sens
ordinaires du changelin.
Certaines peuvent aussi dissimuler des objets ou des créatures
à la vue des autres. Cette version améliorée fonctionne de la
même manière que la première.
Coût en points de chimère : 5 (personnel), 7 (soi-même et
d’autres).
Coût d’utilisation : 1 par créature ou objet affecté.
Collet : la créature peut immobiliser physiquement sa cible. Les
chimères-araignées tissent une toile, d’autres projettent une
substance adhésive, d’autres encore font apparaître une corde
ou un filet. La chimère peut même se montrer assez puissante
pour liquéfier le sol sous les pieds de sa victime et le solidifier
à nouveau, enfermant ainsi ses jambes dans la roche ou la
terre. Pour ce faire, elle doit faire un jet d’attaque ou préparer
le terrain. Ce piège est considéré comme ayant un score de 2
en Force et sa valeur d’armure est égale à 2 par tranche de 3
points de Glamour de la créature. Si son score de Glamour
est inférieur ou égal à 3, la Force et la valeur d’armure de son
Collet seront de 1.
Coût en points de chimère : 2
Coût d’utilisation : variable. 1 point suffit à immobiliser une
cible dont la taille est inférieure ou égale à celle d’un humain.
Il en faudra 5 pour affecter un éléphant et 10 pour un dragon.
Dégâts aggravés : les attaques de la créature infligent des dégâts
chimériques aggravés. Il est possible d’associer cette Fable au
Wyrd pour modifier leur nature et infliger des dégâts aggravés
ordinaires.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : aucun.
Détaler : la chimère se déplace à la vitesse de l’éclair. Chaque
point de Glamour dépensé lui confère une action supplémentaire
pour le tour. Le nombre de points de Glamour total dépensés
de la sorte ne peut excéder son score de Glamour.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 1 point de Glamour par action
supplémentaire.
Embrumer : l’esprit de la cible est plongé dans la confusion et
elle a du mal à effectuer des actions. Le conteur fait un jet de
Glamour pour la chimère (difficulté égale à la Volonté de sa
cible). La victime perd un dé par réussite obtenue sur tous ses
groupements. L’effet dure une minute par réussite, ou jusqu’à
ce que la créature s’éloigne de sa cible.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 1
Enchantement : cette Fable permet à la chimère d’interagir et
d’affecter tout ce qui n’est pas féerique. Si elle l’utilise pour
attaquer un humain, les dégâts qu’elle inflige demeurent
Chapitre sept : le glamour 321
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 chimériques et sa cible oublie rapidement la rencontre (cf. le
tableau relatif aux Brumes, page 269). Si elle veut infliger des
dégâts physiques, elle doit associer le pouvoir du Wyrd à son
Enchantement.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 1 point de Glamour par tour, ou bien 1
point par heure dans un Domaine ou dans le Songe.
Forme onirique : la chimère n’a pas de forme physique, mais
elle est constituée de Glamour pur et raffiné. Elle est immunisée
aux attaques normales, mais les Trésors ou les Arts peuvent
lui infliger des dégâts. Elle reste cependant visible, à moins
d’invoquer la Fable Cacher. Les attributs physiques lui sont
inutiles, mais elle peut toujours acquérir des niveaux de santé.
Une chimère sous Forme onirique substitue la Vigueur à son
score de Glamour afin de déterminer les restrictions relatives
aux niveaux de santé.
Une fois acquise, cette Fable est permanente, mais elle rend la
chimère particulièrement vulnérable à la Banalité. Si elle est
exposée à une source de Banalité extrême, comme un Automnal,
le conteur fait sur-le-champ un jet de Glamour pour la créature
(difficulté égale au score de Banalité de la source). En cas de
succès, elle conserve sa Forme onirique (mais fuira probablement
les lieux). En cas d’échec, la chimère est contrainte de prendre
une forme physique pour la durée de la scène et dispose d’un
score de 2 dans ses attributs physiques. Sur un échec critique, la
Banalité lui ôte son pouvoir de manière permanente. Le joueur
de la chimère reçoit alors cinq points chimériques à distribuer
parmi les attributs physiques.
Coût en points de chimère : 5
Coût d’utilisation : aucun.
Gober : la créature avale sa victime tout rond. Si elle obtient
cinq réussites sur son jet d’attaque, elle ouvre grand sa mâchoire
ou engloutit sa cible dans son corps, et l’avale. Elle inflige des
dégâts contondants automatiques égaux à sa Vigueur + 1 par tour.
Certaines chimères ne gardent pas leurs cibles assez longtemps
pour se repaître de la terreur et de la panique qu’elles éprouvent
avant de les recracher. D’autres se contentent de les dévorer et
de digérer leur souper en paix. Le personnage peut tenter de
se libérer de l’étreinte ou de l’estomac de la chimère avec un
jet en opposition (cf. les règles relatives à la lutte, page 277).
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 2
Guérison : la créature soigne ses blessures ou celles de quelqu’un
d’autre. Elle peut même guérir des blessures non chimériques
si elle possède la Fable Wyrd.
Coût en points de chimère : 5
Coût d’utilisation : 1 point par niveau de santé restauré.
Métamorphose : il existe deux versions de cette Fable. Avec
la première, la chimère peut modifier sa taille, sa couleur, sa
beauté ou sa monstruosité physique, ou encore l’emplacement
de traits physiques (par exemple, déplacer ses yeux vers l’arrière
de sa tête). Ce pouvoir est plus cosmétique qu’autre chose, il
ne lui permet pas de changer sa forme de base et ne donne que
des avantages limités (comme une Force plus élevée du fait de
l’augmentation de la taille, ou une vision à 360° après avoir
déplacé ses yeux).
La deuxième version permet à la créature d’adopter une forme
complètement nouvelle, de changer tout à fait d’aspect et de
redistribuer tous ses points de création chimériques (moins le
322 Changelin : le Songe
coût du pouvoir). La Métamorphose n’est pas exclusive et une
chimère peut apprendre les deux niveaux du pouvoir ; elle devra
toutefois s’acquitter du coût de la deuxième version chaque fois
qu’elle voudra adopter une forme différente. Rares sont celles
à posséder plus d’une forme de remplacement.
Coût en points de chimère : 4 (modifications cosmétiques), 7
par forme de remplacement.
Coût d’utilisation : 1 point par métamorphose.
Pacte du Glamour : cette Fable permet à une chimère de se
protéger afin d’empêcher qu’on la détruise, qu’on la refaçonne,
qu’on la sacrifie ou qu’on l’emprisonne dans un Trésor contre
sa volonté. Si on tente d’enfermer une créature disposant de
ce pouvoir dans un Trésor et qu’elle ne le veut pas, la difficulté
des jets de fabrication effectués par l’artisan augmente de +2.
Elle conservera ses scores de Glamour et de Volonté, ainsi que
ses attributs mentaux, bien que sa nouvelle forme lui imposera
ses autres traits. Certains changelins pensent que les Trésors et
les objets créés avec le Pacte du Glamour sont maudits, car ils
disposent d’une volonté propre et peuvent ne pas se comporter
comme leur possesseur le souhaite.
Coût en points de chimère : 5
Coût d’utilisation : 1 niveau de Glamour permanent.
Peur : la cible de la chimère s’enfuit en hurlant de terreur ou
se fige, paralysée d’horreur. Cris à glacer le sang, domination
mentale, apparence physique abominable et aura naturelle de
terreur constituent des méthodes habituelles pour manifester
cette Fable. La peur dure un nombre de tours égal au score
permanent de Glamour de la chimère. La victime doit faire un
jet de Volonté (difficulté 6) et en cas de succès, elle diminuera
la durée de l’effet d’un tour par réussite obtenue.
Coût en points de chimère : 2
Coût d’utilisation : 1
Possession : grâce à cette Fable, la chimère peut posséder une
créature intelligente du Songe. Elle doit cependant la toucher
pour utiliser son pouvoir. Le conteur fait un jet de Glamour
(difficulté égale à la Volonté de la cible), opposé à la Volonté
de la cible (difficulté égale au Glamour de la chimère).
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : aucun.
Pourrissement : la victime montre les symptômes d’une mala-
die précise (cf. « Maladie & poison », page 291) qui progresse
au rythme décidé par le conteur. Cependant, la plupart des
affections se développent bien plus vite que leur équivalent
ordinaire. Le joueur peut annuler les effets de ce pouvoir s’il
réussit un jet de Vigueur (difficulté 8). Toutefois, le personnage
doit être conscient de la présence de la chimère pour y résister.
Cette Fable peut être acquise plusieurs fois afin de symboliser
une nouvelle maladie que la créature pourra infliger à ses cibles.
Coût en points de chimère : 3 (virulence du poison 1-3), 5
(virulence du poison 4-5) ou 7 (virulence du poison 6-7).
Coût d’utilisation : 1 (virulence du poison 1-3), 2 (virulence
du poison 4-5), ou 3 (virulence du poison 6-7).
Sentir la Banalité : la créature peut dire avec exactitude le niveau
de Banalité présent dans une personne, un lieu ou une chose.
Cette capacité est très recherchée, surtout par les changelins
urbains chez leurs compagnons chimériques, car il est utile de
connaître à l’avance l’arrivée des Automnaux et d’obtenir une
évaluation des lieux où ils comptent utiliser leurs Arts ou une
magie féerique quelconque.
 Coût en points de chimère : 2
Coût d’utilisation : 1 point de Volonté pour une scène.
Traverser le Songe : la chimère peut se déplacer entre le Songe
et le monde de l’Automne, mais elle doit emprunter les Sentiers
bien établis et les Raths. D’ailleurs, certains d’entre eux ne sont
peut-être connus (ou accessibles) que des chimères.
Coût en points de chimère : 5
Coût d’utilisation : 1
Venin : la chimère porte une attaque physique et délivre une
dose d’un puissant poison à sa victime. Morsures, griffes,
dards et projections de salive sont des vecteurs courants parmi
les chimères animales, tandis que les créatures humanoïdes
se serviront de flèches et de fléchettes empoisonnées. La
victime subit les dégâts de l’attaque, puis doit réussir un jet
de Vigueur (difficulté 8) pour éviter les effets néfastes. Parmi
les plus répandus, citons la paralysie (une minute par point
de Glamour dépensé), la douleur (une minute par point de
Glamour dépensé ; le malus de blessure subi par la victime
correspondra au niveau de blessure directement supérieur à
son état actuel), et à des hallucinations auditives ou visuelles
(une minute par point de Glamour dépensé). De plus, le venin
peut ajouter des dégâts directs à l’attaque initiale (un niveau de
santé par point de Glamour dépensé, en plus de ceux consacrés
aux effets d’affaiblissement).
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : variable.
Vol : la chimère se déplace en volant à une vitesse de 8 mètres
par tour et par point de Dextérité. Les changelins se montrent
très friands des créatures dotées de ce pouvoir, car ils les utilisent
comme montures, ou bien comme composantes pour fabriquer
des balais, des tapis ou des ballons volants, ou d’autres moyens
de transport aérien.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 1 par heure de vol.
Vol de Glamour : la chimère peut directement dérober le
Glamour d’une autre créature du Songe. Le joueur fait un jet
de Volonté (difficulté égale au Glamour de la cible). Le nombre
de réussites obtenues indique le nombre de points de Glamour
qu’elle aura volé dans sa réserve temporaire.
Coût en points de chimère : 3
Coût d’utilisation : 1 point de Volonté.
Wyrd : la chimère peut choisir de devenir tangible, et ainsi être
capable d’affecter et d’être affectée par le monde de l’Automne.
Ce pouvoir est l’une des Fables les plus rares, car les créatures qui
se frottent trop souvent à l’ordinaire sont rongées par la Banalité.
Coût en points de chimère : 7
Coût d’utilisation : 1 point de Volonté pour la scène.
Les Trésors
Les Trésors font de leurs possesseurs des héros. On narre les légendes
et l’on chante les odes des changelins qui ont arpenté des chemins
périlleux pour trouver de tels objets, ou sont morts en tentant de le
faire. Pour la Trollesse qui l’a fabriqué, le marteau qu’elle brandit
et qui invoque les séismes est le parfait Trésor. Le chatoyant gilet
immaculé découvert par le chevalier sidhe frappe tous ceux qu’il
croise de stupeur, car sa magie offre à celui qui le revêt le magné-
tisme de Don Juan. Les Trésors font et défont les changelins, ou
du moins font grandir leurs légendes parmi les Kithains.
Les plus grands Trésors
Ce bijou que vous n’avez porté qu’une seule fois. Les pe-
tits soldats avec lesquels vous jouiez enfant. L’exemplaire
poussiéreux de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur qu’on vous
a donné quand vous avez quitté l’école. L’un de ces objets,
ou tous, peuvent jouer le rôle d’un Trésor. Tenir entre leurs
mains un objet précieux est particulièrement évocateur
pour vos joueurs. Lorsque vous préparez votre chronique,
pensez aux petites babioles colorées sans grande valeur qui
vous appartiennent, réfléchissez à en faire des Trésors que
les changelins pourront découvrir, vendre ou voler pendant
l’histoire. Donner un vrai objet, au lieu de simplement le
décrire, permet au joueur de tirer ses propres conclusions.
Ces artefacts merveilleux se forgent avec la matière onirique, ou
grâce à des objets ordinaires améliorés par les maîtres artisans. Les
cours tiennent en haute estime les gens capables de transformer le
médiocre en sublime. Les Trésors martiaux sont autant considérés
que les magnifiques créations sociales. Certains artisans travaillent
exclusivement avec des matériaux ou des objets précis, tandis que
d’autres, plus touche-à-tout, se plaisent à utiliser leurs talents sur
un large éventail d’articles et de babioles. Créer un Trésor relève
tout autant du travail manuel que des dons magiques. Certains y
parviendront grâce à la volonté, la concentration et la dextérité, et
d’autres façonneront la substance brute de la magie.
Quelque part dans le Songe, un Foirail appelé le Grand Bazar
voyage et offre aux changelins le plus formidable coffre aux trésors
qui ait jamais existé. Cette corne d’abondance n’est jamais avare de
rareté et d’exotisme.
Les Trésors ouvragés
Nombre de changelins supposent qu’il faut des dons particuliers et
un dévouement absolu pour faire naître les objets fantastiques des
mythes et des légendes. Ils seraient sans doute stupéfaits d’apprendre
que pour l’essentiel, forger Caliburn n’est en rien différent d’une
épée longue ordinaire. Le secret réside dans les matériaux et il suffit
de réunir les éléments idoines pour fabriquer un Trésor. Bien sûr,
« suffire » est une expression toute relative, puisque obtenir un seul
d’entre eux pourrait occuper une troupe pendant des scénarios entiers.
Exemple : sir William Southborough ap Ailil, un forgeron sidhe, souhaite
créer Caliburn, l’épée du Roi de Jadis et d’Après perdue depuis longtemps dans
les brumes de l’histoire et de la Banalité. Après des recherches approfondies,
il détermine la liste des matériaux dont il aura besoin pour accomplir cet
exploit. L’alliage de l’acier et d’un lingot de métal pris sur la Porte d’argent,
le Brasier de la Forteresse des Songes pour sa forge, et le sang du cœur d’un
vieux dragon caché dans les Royaumes du Cauchemar pour tremper la lame.
Une fois qu’il a réuni ces éléments, il ne lui reste plus qu’à forger, ce qu’il
sait très bien faire, et à obtenir le nombre de réussites nécessaires.
Fabriquer ces artefacts pourrait se révéler presque impossible, un
exploit incroyablement difficile à accomplir et pourtant à portée des
personnages. Les joueurs qui envisagent de lancer leur protagoniste
dans cette aventure doivent travailler de concert avec le conteur. Il
leur faudra un peu plus que l’envie de fabriquer des Trésors puissants
Chapitre sept : le glamour 323
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
et mortels pour y parvenir, à commencer par des matériaux uniques.
Ils devront aussi déterminer les capacités spéciales de l’objet (s’il
en possède) une fois terminé. Le conteur peut sinon transformer
l’acquisition des composantes nécessaires en quêtes révélatrices
indépendantes, et garder le secret sur le véritable pouvoir de l’artefact
jusqu’à ce que sa fabrication soit achevée.
Système : pour la phase de création, il faut réunir un nombre d’élé-
ments mystiques égal au niveau du Trésor dans l’Art qu’on va y
insuffler. Un artisan qui voudrait fabriquer une trompette capable
de transformer son auditeur en animal devra donc rassembler trois
éléments, afin que l’objet montre le niveau 3 de la Métamorphose.
Le temps passé à réunir les composantes impliquées dans la création
d’un tel objet améliore son Glamour naturel. Cela signifie que
l’artisan lui-même n’a pas besoin de posséder l’Art utilisé lors de
la création de l’artefact. Le Trésor révélera le pouvoir qu’on veut lui
insuffler une fois les matériaux en place et après un jet d’Artisanats
réussi (cf. « Fabrication », page 317).
Chaque utilisation de l’Art d’un Trésor qu’on a forgé requiert le jet
associé avec le niveau d’Art, lorsque le pouvoir en mentionne un.
Trésors insufflés
Tous les kiths possèdent le talent pour insuffler le Songe dans un
objet, mais rares sont ceux qui acceptent de faire ce sacrifice. Ces
Trésors ne restent presque jamais entre les mains de leur créateur.
Leurs pouvoirs sont une extension de la puissance de ce dernier,
et ils se retrouvent souvent en possession de ses alliés ou des êtres
qui lui sont chers.
Pour créer un tel objet, un changelin doit trouver une chose
ordinaire qui a eu un impact significatif sur l’inspiration ou la créa-
tivité. La guitare d’un célèbre musicien, la bombe de peinture d’un
artiste de rue, et même l’arme d’un tueur en série peuvent tout à
fait convenir. Après tout, la créativité est partout.
Le créateur doit étudier l’objet, faire des recherches à son sujet
et méditer sur lui, puis offrir une quantité importante de Glamour
au futur Trésor. Sur une période pouvant s’étendre sur plusieurs
jours, le changelin abandonne une partie de son être chimérique et
insuffle à l’objet la matière du rêve pur.
Système : un objet ordinaire devient le sujet d’un jet étendu d’In-
telligence + Gremayre, à raison d’un jet par heure. Si un objet est
particulièrement Banal avant de recevoir le Glamour, le conteur
décide seul si la difficulté de cette action augmente. Le nombre
de réussites requis varie en fonction du niveau dans l’Art insufflé
au Trésor, à raison de cinq réussites et d’un point de Glamour
temporaire par niveau de puissance de l’objet.
L’artisan doit connaître l’Art qu’il veut insuffler au Trésor au
niveau qu’il compte lui attribuer. Chaque fois qu’il active cet Art,
il lui en coûte un point de Glamour. De plus, il doit effectuer le
jet de dés correspondant au niveau d’Art et dépenser le Glamour
associé au pouvoir.
Exemple : Herrero est un Satyre qui collectionne les éditions de roman rares.
Il se procure un premier jet des « Aventures de Tom Sawyer », un manuscrit
rédigé de la main de Mark Twain en personne et dédicacé par lui à sa
grand-mère. Le Satyre souhaite insuffler au livre de la magie chimérique
et offrir en héritage à ses propres descendants le Trésor qu’il a créé. Il lit le
roman du début à la fin, en étudie chaque mot, suit du doigt tous les frois-
sements du papier et imagine ce qu’on a dû ressentir à tenir cet ouvrage si
rare et si précieux alors qu’il venait d’être achevé. Il compare son exemplaire
324 Changelin : le Songe
à la dernière version imprimée, note les différences de formulation et les
changements dans le fil de l’intrigue. Herrero médite ensuite sur le livre.
Tandis que ces recherches se déroulent, son joueur fait un jet d’Intelligence
+ Gremayre (sept dés) et il a l’intention d’insuffler au Trésor deux points
de l’Art du Primordial. Il obtient 3, 3, 6, 7, 7, 9, 9, soit cinq réussites.
Pour réussir à créer son artefact, le Satyre a besoin de réunir dix réussites. Il
dépense un point de Glamour pour enfermer les cinq qu’il a déjà obtenues
dans le livre, et son joueur ne pourra pas refaire de jet avant qu’il ne se soit
écoulé une heure de temps en jeu. Son personnage peut faire une pause et
se lancer dans une aventure avec ses compagnons. Il sera toujours temps
pour lui de revenir plus tard sur son projet.
La puissance des Trésors
Pour l’essentiel, les Trésors renferment le pouvoir des Arts magiques
des changelins. Cependant, la réalité chimérique est naturellement
chaotique et poétique, et les rêves et les cauchemars dans ces artefacts
se révèlent tout aussi imprévisibles et merveilleux que n’importe
quelle autre expérience vécue dans le Songe.
Ces artefacts contiennent un effet basé sur l’Art qu’on leur a
assigné et le niveau acquis par le créateur, mais ne nécessitent aucun
Royaume pour être utilisés. De plus, ils existent autant dans le monde
de l’Automne que dans sa contrepartie chimérique. Plus on les uti-
lise et plus les légendes qui l’entourent grandissent et s’attachent à
un objet précis. Les Trésors nouvellement créés ne renferment que
l’Art que le changelin y a insufflé, tandis que les reliques légendaires
transmettent également les capacités des souvenirs associés à leur
fable. Le joueur devra discuter des pouvoirs supplémentaires associés
à ce statut.
Exemple : le Parchemin du gobelin est un Trésor d’une valeur de 1 point
auquel on a insufflé le pouvoir Entre les lignes, le premier niveau de l’Art de
la Désignation. Si l’on copie un texte codé depuis une autre source sur son
papier, l’artefact retranscrit son contenu en un message intelligible. Comme
il s’agit d’un Trésor nouvellement créé, c’est son seul pouvoir.
L’Épée de feu de Behn’ir est un antique Trésor d’une valeur de 4 points,
capable de projeter un jet de flammes élémentaires qui désintègre les objets
solides qu’il atteint. On y a instillé Frappe du houx, le niveau 4 de l’Ire
du dragon, ce qui ne lui fait gagner que les avantages de ce charme. Une
légende raconte qu’au cours d’un lointain passé, l’arme a abattu toute une
armée de vampires. Son statut légendaire lui confère la capacité d’infliger
des dégâts aggravés à tous les morts-vivants, mais des dégâts normaux aux
humains et aux changelins.
Le coût de l’historique correspondant au Trésor est égal au nombre
de niveaux d’Art qu’il contient.
Les changelins peuvent à n’importe quel moment faire un don de
Glamour à un Trésor. La quantité maximale de Glamour qu’un
tel objet peut contenir varie en fonction de la signification de ce
dernier et de son impact créatif, mais il est rare qu’il renferme plus
de 10 points. Si son Art possède un coût d’activation, il puisera
dans sa réserve de Glamour avant de faire appel à celle du changelin.
Les changelins ne créent presque jamais de Trésor pour les détruire
ensuite, et s’en servir de source de magie en cas de besoin. Agir de
la sorte a toujours un prix, car dégrader un tel artefact constitue
une amorce à la Banalité. La quantité de Glamour contenue dans
l’objet équivaut à son niveau dans l’historique Trésors (cf. page 171).
Certains Trésors confèrent des bonus ou des effets sur des jets
de dés, d’autres nécessitent que son propriétaire fasse un jet pour
l’utiliser ou l’activer. Par exemple, une épée magique qui permet à son
porteur d’attaquer à la vitesse de l’éclair (grâce au pouvoir Vif-argent
de l’Art du Périple) peut nécessiter un jet pour se déclencher, et chaque
réussite obtenue offrira une attaque supplémentaire portée avec cette
lame. Autre possibilité, le joueur peut simplement devoir dépenser
un point de Glamour, mais son personnage bénéficiera toujours du
même nombre d’attaques supplémentaires. Dans le premier cas, le
jet d’activation de l’épée devrait être une action instantanée, de la
même manière que le charme. Dans le deuxième, la dépense d’un
point de Glamour est une action réflexe.
Le groupement de dés à réunir pour l’activation varie également.
Si le personnage utilise le Trésor pour sa fonction habituelle (par
exemple, un stylo qui ne produit sa magie que lorsque son utilisateur
écrit une lettre), alors le groupement normal pour cette action sert à
activer le Trésor (avec notre stylo, sans doute un jet de Manipulation
+ Expression). Si l’effet est purement magique (une perle qui permet
au changelin de voir tous ceux sur qui il se concentre), le groupement
du personnage pourra correspondre au score de Glamour ou au total
de son Intelligence + Gremayre.
Le fourreau d’Excalibur
(Printemps ) l’Art des Cieux, Seigneur de la foudre (cf. page 207), ce qui permet
On dit qu’une arme tirée du fourreau d’Excalibur ne peut jamais se
briser en combat, mais la véritable capacité de ce Trésor réside dans
son pouvoir de guérison. Chef-d’œuvre d’artisanat, il est fabriqué
avec le bois du saule sacré d’une ménade, l’airain de l’âtre sacrifi-
ciel de la Maison Balor et le cuir de la Bête glatissante, et on lui a
instillé le niveau 3 de l’Art du Printemps, Source de vie. Tant que le
fourreau est en sa possession, personne ne peut répandre le sang du
personnage et il ignore tous les dégâts létaux et aggravés. De plus,
il ne peut jamais tomber en deçà du niveau Blessure moyenne. Les
autres types de dégâts qui ne feraient pas saigner (comme les dégâts
contondants, le feu, le froid ou la noyade) produisent normalement
leurs effets. C’est d’ailleurs ce qu’a hélas découvert la dernière per-
sonne qui l’a eue en sa possession quand elle s’est noyée dans un
lac gelé, emportant le fourreau avec elle.
Le marteau de Vulcain
(Contrats )
Il revêtit toute son importance lorsqu’une guerre entre Trolls et
ogres éclata et que les kiths des deux Cours se disputèrent la pro-
priété de ce célèbre Trésor. Enchanté avec le pouvoir Paroles sacrées
(cf. page 209) de l’Art des Contrats appliqué à la forge, le marteau
insuffle dans le métal qu’il frappe la magie d’un Serment lorsqu’on
l’active. Ce Serment, prêté lorsque quelqu’un prend possession de
l’arme ainsi forgée, lie pour toujours celle-ci à son porteur. Grâce à
son statut légendaire, il augmente la force du métal quand il frappe
sa cible. Les armes conçues avec le marteau de Vulcain n’ont jamais
besoin d’être affûtées. De plus, elles infligent un niveau de dégâts
supplémentaire en combat par réussite obtenue sur le jet d’activa-
tion. Les armures forgées avec ce Trésor offrent quant à elles un dé
d’absorption supplémentaire par réussite obtenue.
Pistolet de foudre (Cieux )
Ces armes ressemblent aux antiques pistolets de duel ou à quelque
accessoire directement tiré de Flash Gordon, mais cela ne diminue
en rien leur valeur. Elles sont capables d’invoquer le niveau 5 de
à leur barillet de tirer des éclairs. Ces pistolets nouvellement créés
ne renferment que le pouvoir de l’Art lui-même.
Chaque point de Glamour investi en plus de celui nécessaire à
l’activation du Trésor lui donne cinq charges. Sans ce supplément,
l’arme ne fonctionne pas. Elle peut tirer une fois par tour et ne
contiendra jamais plus de dix charges.
Difficulté : 6
Dégâts : 5
Dissimulation : V
Chapitre sept : le glamour 325
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Chapitre Huit :
l’art du conte
« Écrivez donc votre histoire comme il faut qu’elle le soit. Faites-le avec
honnêteté, racontez-la du mieux que vous pouvez. Je doute qu’il existe
d’autres règles. Du moins des règles qui importent. »
– Neil Gaiman
L’ art de raconter des histoires dans un groupe
peut à première vue sembler intimidant, mais
heureusement, il devient vite une seconde
nature avec un peu de préparation et de pratique. Ce
chapitre aborde certaines bases que chaque conteur se
doit de connaître, comme construire une toile de fond et
créer des personnages, ou équilibrer et terminer des scéna-
rios. Il offre également quelques conseils sur la meilleure
façon de gérer les problèmes courants, tels que résoudre
des conflits entre joueurs ou planifier les sessions de jeu.
Planter le décor
Conteurs, avant de vous lancer dans le moindre travail
de préparation, vous allez devoir déterminer quel genre
de chronique vous allez mener. Les deux configurations
les plus courantes sont la chronique tissée autour de
l’intrigue et celle tissée autour des personnages.
Autour de l’intrigue
Tout est dans le nom. Le conteur a déjà l’idée d’une
histoire qui, selon lui, pourrait intéresser les joueurs. Par
exemple, il peut souhaiter raconter une sorte de roman
noir policier et y ajouter des rebondissements propres à
Changelin. Dans sa chronique, les personnages devront
résoudre quelques mystères et révéler au grand jour les
activités d’un réseau de corruption implanté au cœur
de la cour locale.
Parmi les avantages d’une chronique tissée autour
de l’intrigue, citons l’élément principal. Au commence-
ment, le conteur a une idée précise de l’histoire qu’il va
développer ; il lui est donc facile de s’assurer que tous
les protagonistes s’intègrent au cadre qui se construit. Il
peut créer à l’avance des personnages pour ses joueurs,
ou simplement guider le processus de création et faire en
sorte que les rôles épousent les thèmes et les éléments
fondateurs de la chronique. En fin de compte, il obtien-
dra des personnages taillés sur mesure et parfaitement
adaptés à l’univers. De plus, les joueurs savent ce qu’ils
vont affronter, ou du moins ont-ils une bonne idée du
thème abordé et de l’ambiance qui régnera, ce qui leur
permettra de s’y préparer.
Cependant, aussi importante soit l’intrigue, le conteur
ne doit pas oublier que la chronique est un processus
collaboratif. Il faut que les joueurs puissent aussi mettre
327
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
leur grain de sel dans la genèse de leurs personnages, et dans la
chronique dans son ensemble. En sa qualité de chef d’orchestre, il
doit aussi accepter que sa troupe puisse entraîner les événements
dans une tout autre direction que celle qu’il avait prévue. Après tout,
s’il ne laisse pas quelque liberté à son groupe, le jeu tiendra plus du
monologue de conteur qu’autre chose. Bien entendu, il est tout à
fait acceptable de donner de temps en temps un petit coup de pouce.
En revanche, les cantonner à une seule ligne narrative dans un récit
prédéterminé va à l’encontre des intentions de Changelin : le Songe.
Autour des personnages
Dans ce genre de chronique, les joueurs créent leur personnage avant
toute chose, puis collaborent avec le conteur sur la construction du
décor. Ce dernier bâtit ensuite ses scénarios autour de ces protago-
nistes. Cette association peut aboutir à un mélange intéressant de
personnages qui n’auraient au départ pas nécessairement eu d’atomes
crochus. Pourtant, à l’instar des héros improbables d’innombrables
légendes, ils finissent par s’unir face à l’adversité et faire front com-
mun… ou se déchirer.
Un grand avantage de ces chroniques réside dans l’engagement
des joueurs depuis le tout début, car elles donnent tout bonnement
naissance aux individus les plus intéressants à incarner. S’ils sont
impliqués dans la construction des personnages et de l’univers dans
lequel ils vont évoluer, les joueurs se sentiront beaucoup plus et tout
de suite investis. En effet, ils prennent une part active à la définition
du cadre et du jeu dès les prémisses de la chronique. Bien entendu,
leurs points de départ et d’arrivée sont parfois sensiblement différents,
mais ils gardent la main sur ce qu’ils en attendent.
Création
de personnages
L’un des aspects les plus importants de l’interprétation d’un prota-
goniste, le processus de création de personnages, est souvent négligé.
Si chacun connaît les règles et les valeurs qui y sont associées, il ne
faudrait pas perdre de vue la dimension sociale de cette phase. Après
tout, ces gens vont devenir les protagonistes d’une histoire que le
groupe va explorer pendant de nombreuses heures !
Création groupée
Si cela est possible, tous les membres de la troupe devraient créer
ensemble leurs personnages. Dans l’idéal, le conteur reste disponible
pour répondre aux questions des joueurs et ajouter si besoin des élé-
ments. Peu importe que les rôles ne soient pas complètement définis
ou que l’on se préoccupe plus tard de scores et de nombres. Travailler
sur les concepts, les relations et les détails de l’environnement avec
le reste du groupe représente une expérience créative inestimable.
Cela permet de profiter d’un retour rapide et d’une certaine facilité
dans l’établissement des liens entre personnages, tout en bâtissant
une équipe somme toute plus solide.
Créer ensemble les personnages s’avère utile même si ce sont de
parfaits étrangers au début de la chronique. En effet, les joueurs sont
toujours capables de forger des liens et de faire des suggestions, et
peu importe que ces éléments apparaissent plus tard en jeu. Deux
individus peuvent tout à fait ne pas se connaître. En revanche, si
au cours de la discussion, les joueurs en viennent à construire une
328 Changelin : le Songe
expérience passée commune, celle-ci permettra de comprendre en
grande partie les raisons qui les poussent à collaborer pendant la
chronique.
Bien entendu, il est parfois tout simplement impossible que tout
le monde puisse se réunir autour d’une même table pour créer les
personnages. Pas de problème ! Cependant, le conteur doit autant
que faire se peut impliquer les joueurs absents par mail, par télé-
phone ou vidéoconférence. Ainsi, ils ne se sentiront pas exclus du
processus commun. Après tout, personne n’a envie d’être la pièce
rapportée au milieu d’un groupe soudé.
S’approprier ses défauts
L’un des meilleurs conseils que nous puissions vous donner, c’est
bien de ne pas tenter d’atteindre la perfection. Ce genre de person-
nage n’a rien à perdre, il ne fait jamais d’erreur et excelle dans tout
ce qu’il accomplit. Il est souvent facile de se placer sur la défensive,
c’est-à-dire de considérer l’histoire comme un adversaire et de
construire un protagoniste capable de se sortir de tous les écueils
sans une égratignure. Pourtant, si vous parvenez à résister à cette
envie, vous pourriez en être grandement récompensé. Faire étalage
d’aptitudes exceptionnelles peut aboutir à de bonnes histoires, mais
c’est également le cas lorsqu’on affronte ses fêlures. Le personnage
est alors contraint de faire face à des situations dans lesquelles la
réussite reste très incertaine, et il doit puiser dans ses ultimes réserves
pour regarder sans faillir ses pires cauchemars.
Cela ne signifie pas pour autant que vous devez en faire un bel-
lâtre prétentieux. Il n’a pas besoin non plus de devenir un dépressif
chronique affublé de deux mains gauches. Son histoire personnelle
ne tirera pas nécessairement les larmes d’une pierre. Cela peut être
amusant, mais cela ne correspond pas à l’idée. Un personnage qui
s’appropriera ses défauts possédera une ou deux faiblesses caracté-
ristiques, des particularités qui le rendront vulnérable et intéressant.
Ces imperfections ne sont pas forcément innées, même si elles le
peuvent tout à fait. Il pourrait bien risquer des problèmes simplement
en restant chez lui. Tant que ce problème dresse un obstacle sérieux
ou une menace potentielle, n’importe quelle faiblesse fera l’affaire.
Prenons un exemple. Une escrimeuse hors pair pourrait avoir une
vie de famille chaotique, et une fratrie toujours en délicatesse avec la
justice. Que fera-t-elle le jour où sa dame requerra sa présence lors
d’un duel crucial, mais que son jeune frère aura au même moment
besoin d’elle pour payer sa caution et le sortir de prison après ses
derniers démêlés avec la police ? Accomplira-t-elle son devoir et se
fâchera-t-elle avec les siens, ou choisira-t-elle de sacrifier sa réputation
au profit de sa relation avec ses frères et sœurs ? Sa famille a beau être
un énorme boulet à traîner, elle reste quand même sa famille. Si elle
lui tourne le dos, quels éléments cela révélera-t-il sur sa personnalité ?
Existe-t-il une troisième voie, ou devra-t-elle se couper de sa première
moitié pour plaire à la deuxième ?
En vérité, si la création d’un personnage se concentre beaucoup
sur les forces, il s’avère toujours utile de réfléchir aux erreurs qu’il peut
commettre. Est-il affligé d’un défaut tragique, comme une jalousie
dévorante, ou l’argent lui file-t-il simplement entre les doigts ? Se
disperse-t-il à travers des engagements trop nombreux, pour finir par
en annuler certains et par conséquent décevoir les gens ? Même les
choses en apparence insignifiantes, comme arriver systématiquement
en retard ou parler avant de réfléchir, peuvent devenir des habitudes
marquantes, voire dramatiques, tout au long d’une chronique.
 Essayez de ne pas choisir des problèmes qui n’en sont pas vrai-
ment. Un panier percé qui vit presque tout le temps dans le Songe
et dépense peu n’est pas réellement gêné. De la même manière, si
un personnage est supposé avoir un faible pour les jolis minois, mais
qu’il ne court après aucun second rôle un tant soit peu séduisant, il
ne commettra aucune erreur intéressante découlant de son « défaut ».
Vous devez imaginer dans quel guêpier votre personnage se fourre
habituellement, et souvent tout seul, puis mettre le conteur au
courant afin qu’il puisse l’utiliser dans le courant du jeu.
Certains joueurs pourraient considérer l’idée d’introduire
des écueils dans leur personnage contre-productive. Après tout,
s’ils veulent se débrouiller correctement au fil de la chronique, il
peut paraître étrange de souligner des faiblesses que le conteur va
exploiter. Or il est utile de leur rappeler qu’il ne s’agit pas d’éviter les
« pièges » que le conteur va leur tendre. Il s’agit de jouer ses défauts
afin de vivre le personnage tel qu’ils l’ont conçu. De plus, si vous
leur demandez d’énumérer quelques-uns de leurs personnages de
roman ou de série préférés, vous trouverez une kyrielle de défauts,
de mauvaises habitudes et d’exemples qui prouveront comment des
individus imparfaits engendrent des personnalités captivantes que
nous apprécions.
Pour finir, doter son double ludique de faiblesses autant que de
forces en fait un personnage plus équilibré et crédible. Un héros n’a
pas besoin d’incarner un idéal pour accomplir des exploits. Il prend
une dimension plus humaine, ce qui permet au joueur de s’identifier
plus facilement à lui, de plonger plus profondément dans son rôle
et d’en donner une interprétation plus juste.
Tisser des liens
Au cours de la phase de création, une autre bonne idée consiste à
s’assurer que tous les personnages ont des liens avec au moins un
autre membre du groupe. Cela vient parfois naturellement, comme
lorsque les joueurs décident de faire déjà partie d’une organisation
quelconque, comme une Bande ou un groupe de rock. À d’autres
occasions, il se révèle plus difficile de déterminer ce que des per-
sonnages pourraient avoir en commun. C’est dans ces moments-là
que certaines techniques interviennent. Elles aident les joueurs à
comprendre comment leurs protagonistes ont pu constituer un
groupe. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des nombreuses
possibilités qui s’offrent à vous pour tisser des relations qui unissent
les personnages. N’hésitez pas si besoin à les modifier ou à en ajouter
d’autres pour les faire correspondre au style de jeu de votre troupe.
à ma gauche
Voilà une technique simple, mais efficace. Les joueurs se placent
autour d’une table et parlent à tour de rôle d’une relation que leur
personnage pourrait entretenir avec celui de gauche. Frères de sang
à la vie à la mort ou simples voisins de palier, elle peut se rapporter
à n’importe quoi, mais doit entériner un élément sur lequel les deux
joueurs s’accordent. Une fois le lien tissé, on passe au suivant jusqu’à
ce que tout le monde ait répondu. Si vous souhaitez établir d’autres
relations, répétez simplement le procédé avec le joueur de droite.
Sur la sellette
Dans ce cas, un joueur s’assoit face au reste du groupe et devient le
centre de l’attention. Il doit présenter son personnage et partager
autant d’informations à son sujet qu’il le souhaite, puis lancer la
discussion avec ses camarades. Comment ils se sont croisés par le
passé, ce qu’ils pensent de lui ou d’elle, pourquoi ils pourraient se
retrouver dans le même groupe, et ainsi de suite. Quand tous ont
terminé, le joueur suivant prend sa place jusqu’à ce que tout le monde
ait eu la chance de s’exprimer. Mais n’oubliez pas de prendre des
notes dans le feu de l’action !
Choisis une carte
Avec cette méthode, les joueurs forment des paires et tirent une seule
lame de tarot pour leur duo. Ils utilisent ensuite la symbolique qui
est associée à la carte pour définir ce qui unit leurs personnages. Si
par exemple, le duo tire l’arcane de la Mort, cela pourrait vouloir
dire qu’une relation a autrefois lié les deux personnages (amoureuse,
commerciale, politique, etc.), mais qu’elle s’est terminée. Cela pourrait
aussi signifier que cette même relation avortée les réunit, comme
des changelins au sein d’une famille recomposée après un mariage
qui s’est achevé par un divorce.
Droit au cœur
Pour cet exercice, les joueurs tracent un petit tableau au centre
duquel ils placent leur personnage. Il dispose ensuite les autres
personnages autour de lui. Rien de compliqué, un nom dans une
case fera l’affaire. Chacun présente ensuite son double et donne les
informations connues des membres du groupe (même si ce n’est que
son apparence). Après cette présentation, tous les joueurs tracent
sur leur tableau une flèche vers ce personnage et notent ce que leur
protagoniste ressent à son sujet. S’ils se connaissent, l’autre joueur
peut aussi partager l’attitude ou le comportement passé de son
personnage à son égard.
Les ossements ont parlé
En matière de relations, même les meilleurs peuvent sécher. C’est
ici que le hasard peut aider à libérer l’inspiration. Si deux joueurs
semblent ne pas trouver un moyen de relier leurs personnages, l’un
d’entre eux peut lancer un dé et consulter le tableau ci-dessous.
À noter que le résultat du jet est toujours ouvert à interprétation.
« Famille » peut vouloir dire que le personnage sort avec le frère d’un
autre plutôt que d’indiquer que les deux partagent un lien de parenté.
Résultat Relation
1 École
2 Travail
3 Famille
4 Amour
5 Rivalité
6 Chrysalide
7 Politique
8 Loisirs
9 Danger partagé
10 Mystère commun
Conflits entre personnages
Il arrive parfois que les joueurs veuillent créer des personnages qui
ne s’entendent pas du tout, comme dans un groupe qui réunit un
Sidhe royaliste hautain et un révolutionnaire roturier enragé. Pour
Chapitre huit : l’art du conte 329
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Le code
de la feuille de perso
Aux yeux des conteurs, une feuille de personnage est plus ou
moins un message codé qui lui révèle le genre de situation
qu’un joueur veut rencontrer. S’il a placé beaucoup de points
dans les attributs physiques et les capacités de combat, il veut
à l’évidence se mesurer à des adversaires. S’il a d’excellentes
connaissances, il meurt d’envie de s’en servir pour résoudre
des mystères, et ainsi de suite. D’ailleurs, ce qui y manque
est tout aussi parlant que ce qui y figure, et montre quel
genre de défi le personnage aura du mal à relever. Si un
conteur a un jour besoin de quelques scènes sur le pouce,
il lui suffit de jeter un simple coup d’œil sur les feuilles de
personnage du groupe et de réfléchir aux meilleures façons
de relier leurs forces et leurs faiblesses.
le conteur, trouver des raisons pour que le groupe reste soudé peut
représenter un écueil insurmontable. Toutefois, il ne le sera pas tant
que ça si les joueurs impliqués sont prêts à travailler ensemble (et ce
même si leurs personnages sont en désaccord).
En la matière, les exemples de personnages de fiction qui ne
peuvent au départ pas se supporter, puis finissent par devenir des
amis proches après moult épreuves et aventures, abondent. Ce modèle
peut lancer une fantastique série d’interprétations mémorables,
car ce sont les joueurs qui rapprochent leurs protagonistes au fil du
temps, et ce même si les personnages ne peuvent même pas imaginer
un tel dénouement lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois.
Il faut aussi se souvenir que les conflits apportent une certaine
tension et sèment la discorde dans un groupe, ce qui peut devenir
un élément très amusant à interpréter, mais seulement si cela reste
entre les personnages. Les joueurs qui incarnent deux antagonistes
doivent veiller à toujours garder ces querelles au niveau du jeu et à
ne jamais rien prendre personnellement. S’ils en sont capables, leurs
embrouilles et leurs constantes prises de bec ne font qu’ajouter une
note de théâtralité à l’aventure. Elles peuvent même mener à des
scènes captivantes au fil de la chronique.
Enfin, les joueurs de héros en conflit devraient garder à l’esprit
qu’à moins que les autres membres de leur groupe aient exprimé
leur accord sur d’éventuelles vacheries entre personnages, leurs
dissensions ne devraient pas conduire à l’éclatement de leur noyau.
Elles ne devraient servir qu’à ajouter de la couleur et de la tension
dramatique. Après tout, si la discorde peut favoriser l’atmosphère,
faire capoter le jeu à cause d’une mésentente insurmontable entre
personnages peut engendrer de la frustration chez les autres et dans
la vie réelle.
Bâtir un univers
Les personnages n’existent pas dans un espace vide. En conséquence,
le choix d’un décor dans lequel les faire évoluer exerce un impact
majeur sur de nombreux éléments essentiels de la chronique. Par
exemple, un scénario qui se déroule dans une petite ville de province
au début des années 60 sera très différent d’un autre, prévu dans la
sous-culture punk de la Londres contemporaine. De même, aucun
330 Changelin : le Songe
n’aura de point commun avec une aventure dans un Domaine perché
au sommet d’une montagne isolée en Alaska.
Certains conteurs souhaitent parfois gérer de A à Z ce processus
de mise en place du décor. Ainsi, ils sont à même de tailler sur mesure
tous les lieux et les personnages et de répondre précisément aux
besoins de leur chronique. Cependant, et à moins que cette absence
s’avère vraiment nécessaire, l’idée de faire intervenir les joueurs
dans la conception du cadre de campagne reste bonne. D’une part,
procéder de la sorte soulage le conteur d’une partie d’un processus
complexe. D’autre part, participer à cette élaboration permet aux
joueurs de se sentir tout de suite investis, de la même manière que
pour la mise en place d’une histoire centrée autour des personnages,
évoquée plus haut.
L’une des approches les plus faciles de la création d’un décor
consiste à partir d’une notion très basique sur le lieu où se déroule
la chronique, comme « une ville » ou « quelque part dans la nature ».
Le conteur peut souhaiter garder le contrôle sur cet aspect, comme
en précisant le nom de la ville ou la région dans laquelle se déroule
l’action s’il veut aiguiller les choses dans une certaine direction. Il
peut aussi offrir ce choix à ses joueurs. Par exemple, il peut considérer
qu’un environnement urbain reste le meilleur cadre pour l’histoire
qu’il a en tête, mais comme il n’a pas d’idée arrêtée sur le nom de la
ville, il laisse les joueurs décider de ce détail et se garde assez d’espace
pour personnaliser le lieu qu’ils ont choisi.
Si tous ne sont pas familiers avec l’environnement pour lequel il
a opté, il est toujours intéressant de partager quelques informations
basiques (photos, cartes, un peu d’histoire), ce qui leur permettra
de se faire une idée rapide du cadre et de visualiser les lieux dans
lesquels ils vont évoluer. Si l’univers est en majeure partie ou totale-
ment fictif, mieux vaut s’assurer que tout le monde est en mesure de
s’en faire une bonne représentation mentale. Nul besoin de passer
des heures à créer une histoire détaillée ; il suffit de commencer avec
assez de détails pour saisir l’atmosphère et l’apparence des environs.
Faire quelques comparaisons avec un lieu existant aide aussi à cette
compréhension, comme montrer le panorama urbain d’une ville ou
des repères géographiques marquants d’une autre. Pour résumer,
ancrez votre cadre au moins un peu dans la réalité.
Sollicitez vos joueurs et demandez-leur de suggérer des endroits
intéressants. Voilà une autre bonne manière d’impliquer le groupe
dans le processus de création. Une fois les bases jetées et l’idée
générale arrêtée, faites un tour de table afin que chacun d’entre eux
propose un lieu qui pourrait apparaître en cours de jeu. L’endroit
peut s’inspirer de leur histoire personnelle, telle que la maison ou
l’école d’un des personnages, ou bien appartenir à un cadre plus
large, comme une particularité géographique locale ou un troquet.
Les personnages peuvent même ne pas avoir encore connaissance
de son existence, mais pour le joueur, le coin semble sympathique à
explorer (par exemple, une mystérieuse maison en périphérie de la
ville ou une clairière étrange dans la forêt). Cet exercice est souvent
à l’origine d’une abondante moisson d’amorces de scénario et de
liens entre personnages, sans compter l’aide précieuse qu’il apporte
dès le début pour étoffer le décor de vos intrigues.
Les seconds rôles que les héros croiseront au cours de leurs
aventures sont un autre élément important dans la création du cadre.
Le conteur peut déjà en avoir quelques-uns en tête, et un tour de
table apportera là aussi son lot de suggestions et de profils inédits.
De la même manière que pour les lieux marquants, cet échange vous
permettra de peupler rapidement et avec efficacité les lieux d’une
foule de gens variés et fascinants, sans compter les personnalités
 Les environnements
romancés
Ces lieux sont basés sur un ou plusieurs endroits qui existent
dans la réalité, mais constituent dans le même temps une
entité fictive distincte, comme la cité hybride de San Francisco
dans le film Big Hero 6. Le principal avantage de ce choix
consiste à pouvoir intégrer des éléments familiers du monde
réel et à permettre une large personnalisation romancée. Le
conteur peut s’inspirer d’un lieu existant et garder tous les
éléments qui lui plaisent (cartes, géographie, événements
historiques, atmosphère générale). Dans le même temps, il
ajoutera, ôtera ou altérera tout ce qu’il souhaite pour que
l’endroit corresponde à son histoire. Il obtiendra ainsi un
résultat aussi familier qu’étranger… et une parfaite façon
de représenter le Monde des Ténèbres.
Exemple : Pierre fait jouer un groupe d’amis et comme
tous connaissent bien Philadelphie et sa région, il choisit
le côté pratique et opte pour un environnement familier
à chacun. Cependant, il veut également s’approprier
l’endroit et changer certains éléments du décor afin de
mieux le faire coller à sa chronique. Il décide de créer une
version romancée de Philadelphie, qu’il appelle Liberty
City. La majeure partie de son histoire ne change pas, de
son rôle dans la guerre d’indépendance aux événements
contemporains. Il modifie cependant un peu le paysage
urbain et y ajoute d’immenses tours qui abritent les sièges
sociaux de plusieurs entreprises. Il informe les joueurs que
l’endroit connaît un grand développement dans le secteur
des hautes technologies, ce qui a revitalisé le centre-ville.
Il lui vient une autre idée, et il révèle également aux
joueurs que Liberty City abrite un certain nombre de
grands cimetières remplis de mausolées richement décorés,
dans le style de ceux qu’on trouve à La Nouvelle-Orléans.
Lorsqu’on lui demande pourquoi, il a un petit sourire et
se contente de répondre qu’ils le découvriront bien assez
tôt. La ville avec laquelle ils étaient familiers prend soudain
un tour beaucoup plus sinistre et menaçant, et c’est tout
à fait l’idée que Pierre avait en tête.

toutes prêtes sur lesquelles le conteur pourra s’appuyer quand il

en aura besoin.
Le dernier point, et non des moindres, à aborder consiste à
déterminer si les joueurs forment la seule Bande en ville ou s’ils
ne sont qu’une fraction d’une population féerique plus large. S’ils
sont les seuls changelins de la région, le style de jeu sera très intime,
mais il limitera certains éléments du cadre, comme la politique et
les adversaires des Kithains, ainsi que la possibilité d’utiliser des
personnages secondaires pour illustrer certains éléments propres à
Changelin (le Tumulte et l’Oubli, entre autres). Cela vaut également
la peine de leur demander s’ils savent vraiment ce qu’ils sont ou s’ils
peinent à rassembler seuls les pièces du puzzle. Il est aussi utile de
déterminer s’ils sont au courant de l’éventuelle présence de Prodigues
dans les environs, que ce soit des fantômes familiers des Sluaghs ou
des créatures nocturnes encore plus étranges.

Chapitre huit : l’art du conte 331

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Temps de jeu
Les personnages sont créés et le décor est planté. Il est temps à présent
de s’atteler à raconter ensemble les histoires. Qu’il s’agisse d’une
session d’un soir, d’un scénario s’étalant sur une demi-douzaine de
parties ou d’une chronique qui occupera toute une année, certaines
unités de mesure communes s’utilisent pour aider les joueurs et les
conteurs à garder une trace du temps qui s’écoule et à organiser les
scénarios. Le chapitre cinq a présenté un certain nombre de ces
termes, mais il nous faut maintenant discuter de la manière de s’en
servir comme éléments d’un récit.
Les scènes
En général, chaque session de jeu comprend au moins deux scènes,
qui déroulent des séquences dramatiques centrées sur une action
ou un événement précis. Par définition assez élastiques, elles n’ont
pas vraiment de limite de temps ou de lieu. La plupart du temps
cependant, une scène résout une action importante, révèle des infor-
mations utiles ou introduit un nouveau problème dans l’histoire.
Prenons l’exemple d’une nuit de festival. La session de jeu peut
commencer par une scène au cours de laquelle les personnages
échangent pendant qu’ils se préparent pour la fête. Elle se poursuit
avec une deuxième scène où ils se mêlent à la foule et entendent
de-ci de-là quelques ragots, puis enchaîne sur une scène de combat
lorsque de turbulents changelins entrent en conflit avec le groupe.
Même si le lieu n’a pas changé entre la deuxième et la troisième
scène, le cœur de l’action a lui certainement évolué, ce qui mérite
qu’on les considère comme des scènes indépendantes.
Pendant la phase de préparation d’un chapitre de sa chronique,
le conteur devrait si possible faire en sorte d’offrir à chaque per-
sonnage l’occasion de briller pendant au moins une scène. S’il ne
le fait pas, le joueur écarté peut se sentir inutile et un peu frustré.
Que ce soit en laissant le héros faire étalage de ses compétences ou
de ses pouvoirs, ou simplement en prévoyant que tous les joueurs
pourront profiter d’une séquence d’interprétation personnelle, il faut
néanmoins s’assurer que tout le monde se retrouve à un moment
sous le feu des projecteurs.
Varier la longueur des scènes est aussi un bon outil. L’action peut
parfois se dérouler pendant une série de scènes courtes et rapides
qui ne durent que quelques minutes, ce qui est tout à fait acceptable.
Une scène peut aussi s’étirer sur une heure si les personnages s’y
plongent entièrement, et cela ne pose là non plus aucun problème.
En revanche, ainsi que nous l’avons déjà dit, les scènes vraiment
longues ont parfois besoin d’être organisées selon les sujets ou les
événements. Modifier le rythme et la longueur peut participer au
caractère imprévisible du jeu, et éviter un sentiment de stagnation.
Les chapitres
On dénomme chapitre les sessions de jeu individuelles, car il est
souvent utile de les considérer comme les chapitres d’un livre. En
conséquence des scènes qui se produisent dans ce chapitre, le fil
continue de se dérouler et l’histoire avance. Les chapitres incluent
aussi généralement un ou plusieurs moments dramatiques, au cours
desquels des éléments majeurs du scénario entrent en jeu d’une
manière importante. Ces mêmes éléments se résolvent ou bien se
développent, ce qui leur permet de continuer à occuper une place
dans la trame.
332 Changelin : le Songe
Aperçus des chapitres
Sans dévoiler les détails ou les surprises prévus dans son
intrigue, le conteur peut trouver utile de donner un aperçu
du contenu d’un prochain chapitre. Va-t-il mettre en scène
beaucoup d’action ou d’aventures, et un grand nombre de
combats et de courses-poursuites ? Sera-t-il plutôt orienté sur
une rencontre sociale, avec son lot d’interactions et d’in-
terprétations fouillées ? À moins qu’il ne se concentre plus
sur le mystère et le travail d’enquête et ne lance les joueurs
dans une grande collecte d’informations et la résolution
d’énigmes ? Certains conteurs peuvent même prévoir un
« teaser » quand ils décrivent des scènes ou des images à venir,
et ainsi éviter au soufflet de retomber entre deux séances.
Parfois, le chapitre peut raconter une histoire courte et indépen-
dante du reste, c’est-à-dire une intrigue introduite, examinée et résolue
en une seule session. De temps en temps, ce genre de découpage est
utile, car il permet en particulier de souffler entre deux arcs narratifs
plus longs. Toutefois, utilisé trop souvent, il donne à la chronique
un rythme saccadé et épisodique, et les chapitres semblent perdre
leur fil conducteur. Manié avec précaution, il offrira un point de
vue différent sur les événements apparus plus tôt, et une chance de
deviner ce qui pourrait se produire par la suite.
D’autres chapitres peuvent se terminer sur une mise en haleine,
c’est-à-dire au beau milieu d’un moment passionnant. Cette technique
a pour but de faire monter la pression et l’enthousiasme jusqu’à la
prochaine session. Par exemple, les personnages peuvent passer tout
un chapitre à tenter de découvrir l’identité d’un de leurs ennemis
acharnés. L’action culmine jusqu’au moment où ce génie du mal se
retourne et qu’ils découvrent le visage du mentor de l’un d’entre eux…
et avant que le personnage concerné ne puisse réagir, le conteur met
un terme à la session. Bien sûr, ces mises en haleine sont parfaites
pour que les joueurs conservent tout leur intérêt et leur envie de
participer. Il faut toutefois se rappeler que même si un chapitre se
termine ainsi, il devrait contenir des moments dramatiques définis
et des dénouements propres. Dans le cas contraire, il peut laisser
l’impression de n’avoir pas accompli grand-chose en dehors de cette
fin haletante.
Les scénarios
Lorsqu’une intrigue requiert plusieurs chapitres pour être résolue,
elle devient un scénario. Beaucoup de séries télévisées utilisent ce
modèle. Elles mettent en scène de longs arcs narratifs qui s’étoffent
au fil de quelques épisodes, voire de toute une saison. Chaque épi-
sode possède évidemment sa propre résolution dramatique, mais
ils racontent dans leur ensemble une histoire plus vaste et plus
importante que toutes les parties qui la constituent.
Un scénario simplement structuré en trois chapitres pourrait
donner ceci. Dans le premier, un être cher disparaît ; les personnages
se lancent aussitôt dans l’enquête et finissent par découvrir un réseau
d’enlèvement de Rêveurs. Au cours du deuxième, nos héros infiltrent
le réseau, libèrent un certain nombre de prisonniers et apprennent
l’identité de l’infâme noble à sa tête. Pendant le troisième, ils se
rendent dans son antre et s’engagent dans la confrontation finale,
pour le meilleur et pour le pire. Une structure certes simple, mais
qui n’en demeure pas moins efficace.
Les types de scénario et les manières de les raconter sont légion,
mais quelques variations intéressantes valent la peine qu’on s’y
attarde. Le modèle classique du western, The Hero’s Journey (Le
Périple du héros), a été popularisé par Joseph Campbell, spécialiste
de la mythologie. Il raconte l’histoire d’une humble héroïne issue
de circonstances improbables, de son ascension alors qu’elle affronte
moult dangers et combat des adversaires redoutables, elle finit par
exploiter tout son potentiel afin d’abattre un ennemi qui l’a aupa-
ravant tenue plusieurs fois en échec. Son architecture archétypale
fonctionne assez bien si on l’utilise comme socle à une chronique, et
ce tant que le conteur répartit le rôle du héros parmi tous les membres
du groupe. Il ne doit en effet pas être dévolu à un seul personnage
tandis que les autres servent de ressort comique ou de faire-valoir.
Les intrigues secondaires
Comme son nom l’indique, une intrigue secondaire est un arc
narratif de moindre importance qui se déroule en marge de
l’intrigue principale, mais qui n’est pas forcément essentielle
à la conclusion de celle-ci. La plupart du temps, l’intrigue
secondaire se cantonne à un, voire deux personnages, car si
elle les impliquait tous, elle perdrait son caractère accessoire.
Parmi les exemples classiques figurent les histoires d’amour
entre deux personnages, ou bien entre un personnage et
un des seconds rôles, ou encore des éléments de l’histoire
mortelle d’un personnage indépendants du cours du scénario
(travail, école, famille, etc.). Certaines intrigues secondaires
peuvent se résoudre en un ou deux chapitres, et d’autres se
prolonger sur un scénario, voire une chronique.
Un bref scénario n’offre peut-être pas assez de place
pour ce genre de rebondissements, mais dans une chronique
plus longue, ils offrent de fantastiques occasions pour
étoffer un personnage et donner une certaine perspective
sur l’ensemble des éléments du scénario principal. Les
intrigues secondaires constituent également une bonne
manière d’explorer certains aspects du personnage auxquels
le joueur s’intéresse, ou bien certaines facettes du cadre du
scénario trop éloignées pour qu’on y consacre du temps
pendant un chapitre normal. Les joueurs peuvent aussi
fouiller les intrigues secondaires sans craindre de faire
dérailler l’histoire principale.
Ces éléments n’ont même pas besoin d’occuper du
temps pendant un chapitre. Si le conteur et le joueur sont
d’accord, ils peuvent les résoudre par une simple conver-
sation ou un échange de messages au cours des ellipses,
parfois par la seule interprétation et peu ou pas de jet
de dés. En règle générale, l’idée de donner une intrigue
secondaire à chaque scénario et pour chaque joueur dans
une chronique plus longue est intéressante. Cela offrira
au joueur l’occasion d’explorer d’autres aspects de son
personnage qui ne seraient pas pertinents ou qu’il aurait
laissé de côté dans l’arc narratif principal.
Bien entendu, le périple du héros n’est pas le seul modèle de
conception d’une chronique. Une autre forme convaincante est
le style de Rashômon, qui tire son nom du célèbre film d’Akira
Kurosawa et qui raconte la même histoire en adoptant le point de
vue de différents témoins. Par exemple, les joueurs peuvent incarner
pendant un chapitre leurs personnages habituels et dans le deuxième
volet, ils endossent le rôle des adversaires qui œuvrent contre eux.
Dans le troisième, ils deviennent des détectives mortels et tentent
de découvrir ce qui se trame derrière les étranges événements qui
se déroulent dans leur ville alors que les deux groupes s’affrontent.
Si ce style de scénario peut se révéler exigeant au niveau logistique,
permettre aux joueurs de voir les événements à travers les différents
prismes des participants vaut bien qu’on se donne un peu de mal.
Quel que soit le style choisi, il faut se souvenir d’une chose. Si
les conteurs peuvent s’inspirer d’un grand nombre de sources (livres,
films, télévision, bandes dessinées, jeux vidéo, musique et tout le
reste), certaines réalités doivent s’ajuster au jeu de rôle sur table
comparé à la plupart des formes de narration. Plus important encore,
comme nous l’avons mentionné dans la description du périple du
héros, beaucoup d’histoires classiques se concentrent principalement
sur un seul protagoniste, un « élu », ce qui ne se transpose pas très
bien dans un outil ludique où chaque personnage devrait avoir une
importance égale dans toute l’histoire. Par exemple, adapter pour
une chronique un scénario de film qui ne met en scène qu’une seule
héroïne nécessiterait de modifier des éléments narratifs et des rôles
différents. Il faudrait ensuite les répartir équitablement entre plusieurs
personnages afin que tout le monde devienne le cœur de l’histoire.
Les chroniques
On appelle chronique un jeu qui se poursuit sur un ou plusieurs scéna-
rios. En général, elle implique un seul groupe de personnages-joueurs,
bien que des troupes plus importantes ou plus ambitieuses puissent
mettre en scène plusieurs équipes de personnages au cours d’une
même chronique. Parmi les nombreux autres, l’avantage majeur à
mener une chronique réside dans la capacité offerte au groupe de
construire une fiction réellement captivante et bien développée.
Comme il dispose de plusieurs chapitres, et parfois même de plu-
sieurs scénarios, le conteur peut prendre le temps de créer un récit
complexe et nuancé qui se déroule au rythme de son choix. Ainsi,
il ne se sentira pas obligé de tout plier précipitamment en un ou
deux chapitres.
On peut comparer la préparation d’une chronique au long cours
à l’écriture d’une trilogie de romans ou la construction d’une fran-
chise de films. Chacune des histoires qui y figurent équivaut à un
livre ou un épisode ; elle devrait raconter une histoire qui se suffit à
elle-même, mais elle peut aussi s’intégrer à une conclusion générale
supérieure à la somme des épisodes individuels. L’une des manières
de faire est d’introduire un adversaire récurrent tout simplement
trop puissant pour être affronté directement par les personnages,
du moins au début. Par la suite, les joueurs vivront de multiples
scénarios pendant lesquels ils exploreront les différentes voies qui
s’offrent à eux pour vaincre cet ennemi acharné, et où il leur faudra
survivre à ses actions de plus en plus dangereuses à mesure qu’ils
deviennent une véritable menace.
Le cycle de Tolkien, Le Seigneur des anneaux, est un bon exemple
de cette structure. Chaque tome raconte une histoire qui se suffit à
elle-même, mais ensemble, ils bâtissent une conclusion épique rassem-
blant tous les livres et conduisant à la victoire contre un adversaire
Chapitre huit : l’art du conte 333
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
qui semblait invincible. Un autre exemple concret de conception
serait celui des différentes « phases » de l’univers Marvel. Tous les
films racontent une histoire indépendante, mais tissent également
une trame dans laquelle des éléments communs s’imbriquent afin
de préparer un apogée final. La série télévisée The Wire présente un
autre modèle. Le conteur devrait la considérer comme une chronique
explorant le crime dans une ville moderne, dont chaque saison
constitue un scénario et illustre un quartier différent.
À l’instar des scénarios, les structures des chroniques varient. Par
exemple, on compte le style « anthologie », où un élément demeure
inchangé dans tous les scénarios alors que le reste se bouleverse. Cet
élément peut être aussi vague qu’un thème, comme les scénarios
qui se basent tous sur la notion de « rien ne se perd, tout se trans-
forme ». Il peut également être plus précis, comme une chronique
dans laquelle chaque histoire se base sur une époque différente dans
l’histoire d’un seul Domaine. Les joueurs font des personnages dif-
férents pour chaque scénario d’une chronique d’anthologie, même
s’ils ont parfois des liens entre eux, comme les descendants d’une
génération précédente, la faction adverse issue d’un autre scénario,
et ainsi de suite.
Les éléments
du scénario
Lorsque vous concevez une chronique, vous devez aussi construire
de bons personnages et identifier sa structure sous-jacente (scènes,
chapitres, scénarios, etc.). Cependant, ce ne sont pas les seuls
facteurs impliqués. Les éléments suivants vous permettent de déter-
miner la forme des événements que vous allez raconter dans votre
chronique, et vous devez donc les considérer avec attention avant
de commencer à jouer.
L’échelle
Pour faire simple, l’échelle est liée à la largeur de la chronique, c’est-
à-dire le nombre de personnes et de lieux qu’elle comprendra. Un
jeu à petite échelle peut se concentrer sur une seule Bande dans
une agglomération modeste, avec un nombre relativement restreint
de personnages secondaires et peu de déplacement en dehors de la
ville (et peut-être le Songe proche de la région). D’autres personnes
et d’autres lieux peuvent être mentionnés, voire gérés au cours de
brefs interludes, mais l’action reste généralement centrée sur la ville.
A contrario, un jeu à plus grande échelle offre bien plus de per-
sonnages ou de lieux, peut-être les deux. Une chronique consacrée
à une Bande de Kithains rock stars en tournée dans tout le pays
pourrait décrire plusieurs dizaines d’endroits différents au fil des
déplacements des personnages d’une ville à l’autre. Un thriller
politique pourrait presque garder une unité de lieu, mais développer
des dizaines de personnages secondaires à mesure que les joueurs
se fraient un chemin au milieu d’une toile complexe d’intrigues et
d’alliances perpétuellement changeantes.
La différence principale dans la gestion de l’échelle réside dans la
quantité de préparation nécessaire. Un jeu à grande échelle deman-
dera plus de préparation, et de bonnes archives pour s’assurer que
les lieux notables sont bien répertoriés et que l’on n’oublie aucun
nom important. Bien entendu, les joueurs peuvent prendre des
notes de leur côté une fois qu’une information est entrée en jeu.
Or en général, un jeu à grande échelle demandera une bonne dose
334 Changelin : le Songe
de préparation afin de donner vie à des éléments aussi différents de
manière saisissante et distincte.
En revanche, un jeu à plus petite échelle requiert moins de
préparation, mais exige que les quelques éléments qu’il comporte
gagnent en profondeur pour éviter que les joueurs ne tombent sur
des ruptures et des angles morts. Si toute l’action se déroule dans
une seule petite ville, il n’est pas nécessaire de dresser un plan de
toutes les maisons et les rues. Cependant, les joueurs s’intéresse-
ront sans doute de plus près aux gens qui habitent là et aux lieux
emblématiques. Il vaut donc mieux s’assurer que les endroits clés
sont bien décrits et ainsi éviter les problèmes.
La portée
Si l’échelle détermine le nombre de personnages et de lieux, la portée
s’intéresse à l’étendue des actions qui se déroulent en jeu et au type
de conséquences qu’un éventuel échec des personnages provoquera.
Une chronique avec une grande portée peut mettre en scène des
scénarios où l’avenir de villes, de nations, et même de mondes est en
jeu. Dans le cas contraire, ces conséquences peuvent n’affecter que la
ville dans laquelle les personnages vivent, voire leur seule existence.
Comme avec l’échelle, il n’y a rien de mal à contenir les événe-
ments au seul plan personnel. En fait, si votre troupe sauve le monde
tous les quatre matins, les joueurs s’habitueront vite à ce niveau de
danger. Varier la portée des différents scénarios vous permet donc
de donner du contraste, ainsi qu’une occasion de souffler aux
joueurs, ce qui leur permettra d’apprécier les problèmes à leur juste
valeur quelle que soit leur taille. En effet, il est très possible qu’au fil
d’une chronique, les scénarios ne portent pas à conséquence de la
même manière, car beaucoup commencent avec des événements de
moindre importance puis montent en puissance vers une conclusion
plus percutante.
Par exemple, la chronique peut débuter par le scénario de la
résolution d’un seul enlèvement, qui entraînera une autre histoire
centrée sur le démantèlement d’un réseau de ravisseurs entier, pour
s’achever sur un épisode au cours duquel les personnages traqueront
jusque dans son antre le cerveau maléfique ravagé par le Tumulte
de toute l’affaire, loin dans les profondeurs du Songe. Ce qui a
commencé comme une petite histoire personnelle a lentement pris
de l’importance et s’est finalement étendu sur plusieurs mondes,
conséquence naturelle d’une portée de plus en plus vaste au cours
de la chronique.
De la même manière que pour d’autres éléments du scénario,
lorsque vous bâtissez une chronique, discuter d’une éventuelle
limite supérieure à la portée du jeu peut se révéler utile. Si certains
joueurs s’attendent à beaucoup d’histoires personnelles relatives à la
vie quotidienne de leur personnage quand d’autres voudraient bien
courir le monde et sauver des villes entières tombées dans les griffes
d’odieux adversaires, vous allez devoir gérer une certaine rupture et
de la frustration au sein de la troupe.
Les enjeux
Si la portée et l’échelle sont des concepts nécessaires, les enjeux gardent
les joueurs investis et permettent aux événements dramatiques du
jeu de toucher juste sur le plan émotionnel. Pour faire simple, ils
représentent ce qui est en danger dans un scénario et par conséquent,
ce qui motive les personnages à s’impliquer. Déterminer ces enjeux
est important, tout simplement parce que nombre de scénarios
lancent les personnages dans des combats, les font enquêter sur des
événements mystérieux, voyager dans des endroits dangereux ou
enfreindre la loi (féerique ou humaine). Personne ne fait ce genre
de chose sans raison valable !
Mettre des vies en danger est l’un des enjeux les plus courants
dans le jeu de rôles. Ce genre d’ennui survient lorsque les personnages
doivent vaincre un ennemi avant qu’il ne les trucide, ou l’empêcher
de tuer des innocents. Bien sûr, quand des vies sont dans la balance,
la situation peut devenir particulièrement dramatique. Or il est facile
de tomber dans le piège d’en faire les enjeux les plus courants. En
effet, comme lorsque la portée des événements est trop grande, les
ficelles qu’on utilise trop souvent deviennent moins efficaces, si ce
n’est tout à fait ennuyeuses.
Souvenez-vous de ces dessins animés de superhéros, dans les-
quels les acolytes se faisaient toujours capturer et menacer par un
terrible danger. Rappelez-vous qu’au bout d’un moment, l’enfant
que vous étiez n’en avait plus grand-chose à faire et tournait même
cela en dérision. Voilà le danger quand on utilise les mêmes enjeux.
Heureusement, il est assez facile d’éviter ce piège si vous les « réini-
tialisez » de temps en temps en faisant varier cette importance dans
un sens ou dans l’autre.
Par exemple, les personnages viennent de vaincre un dangereux
Thallain au cours d’une bataille éprouvante en périphérie de la ville.
Ils retournent chez eux et découvrent que leur vie se retrouve toute
chamboulée, car ils ont dû abandonner travail, école et obligations
familiales pour combattre cette menace surnaturelle. De prime abord,
cela peut paraître étrange de juxtaposer ces deux perspectives, mais
là encore, fracasser du Thallain ne paie pas le loyer. Les petits amis
ont tendance à se sentir blessés quand on annule trois rendez-vous
d’affilée. Pire, ils ne goberont pas votre « C’est à cause des monstres »,
même si vous êtes tout à fait sincère.
Le thème
Un thème est une idée récurrente qui apparaît au cours de la chronique
et qui s’exprime en général par une phrase courte comme « l’amour
est précieux » ou « le pouvoir corrompt tout ». Certains thèmes sont
d’ordre moral, mais ce n’est en rien un prérequis. En effet, on peut
les explorer sous des angles nombreux et différents sans obtenir
d’interprétation « correcte », et les présenter comme une matière à
réflexion plus que comme une question à laquelle il faut répondre.
Lorsque vous concevez une chronique, le choix du thème central
vous aide à déterminer le genre d’histoire que vous raconterez. Par
exemple, « Le pouvoir corrompt tout » poussera naturellement vers
l’intrigue et la politique, tandis que « la vengeance résout tous les
problèmes » suggère des histoires très violentes et agressives.
Les thèmes se révèlent aussi utiles, car ils permettent au conteur
de maintenir sa ligne directrice alors que le scénario ou la chronique
se déroule. Ils lui donnent une idée centrale vers laquelle il peut
revenir s’il ne sait pas exactement quoi faire ensuite ni dans quelle
direction orienter un coup de théâtre imprévu. Par exemple, si le
thème d’une chronique est « Le pouvoir corrompt tout » et que les
personnages abattent son méchant plus tôt que prévu, le conteur peut
s’appuyer sur lui et s’en inspirer pour lancer un nouveau scénario ;
à la suite de ce succès, un allié du groupe prend la grosse tête et se
révèle encore pire que l’adversaire original.
Ce sont des outils pratiques, mais il vaut mieux les manier
aussi précautionneusement que possible. Prendre un grand coup
sur la tête avec un gourdin « moral » ôte à ce même gourdin une
Franchir le seuil
Quelles sont les limites que les différents joueurs posent
dans les jeux qu’ils pratiquent ? Voilà une question qui
amènera une discussion intéressante avec votre groupe.
Par exemple, certains n’ont rien contre un peu de sang et
de boyaux, alors que cela en dégoûte d’autres. De la même
manière, l’un peut refuser que les violences conjugales
ou sexuelles apparaissent dans la chronique. Mieux vaut
l’apprendre trop tôt que trop tard ! Parfois, un individu ne
verra aucun inconvénient à bousculer un peu sa zone de
confort, alors que son voisin préfère les choses un peu plus
légères. Déterminer qui aime quoi et où sont les limites de
chacun demeure une bonne façon d’éviter de douloureuses
incompréhensions ultérieures.
Rappelez-vous que l’objectif des seuils n’est pas
« d’aseptiser » le jeu, mais de faire en sorte que tout le
monde autour de la table se sente bien et s’amuse. Et si
quelqu’un éprouve quand même de l’inconfort, sa nature
reste acceptable, comme quand on sursaute pendant un
film d’horreur ou qu’on se ronge les ongles en écoutant
une histoire d’épouvante. Ce malaise ne doit pas venir
perturber le joueur qui l’éprouve sur le plan personnel. La
différence est parfois subtile, mais elle demeure importante.
grande partie de son pouvoir. Heureusement, il est possible d’éviter
cela en injectant le thème choisi à plus ou moins petite dose. Par
exemple, dans une chronique où « Le pouvoir corrompt tout », le
conteur pourrait inclure un nouveau développement dans lequel
un politicien de la région est mêlé à un scandale de corruption en
toile de fond de la chronique. Si cela n’exerce alors aucun impact
direct sur le jeu, le thème s’en trouve souligné subtilement, mais
d’une manière insistante.
L’atmosphère
Si le thème représente une idée ou un message récurrent au cours
du jeu, l’atmosphère est un sentiment tenace, un filtre émotionnel
qui colore l’environnement et les actions de la chronique. Si la
« tension monte » dans un scénario, les personnages affronteront
sans cesse des situations dans lesquelles des problèmes sérieux et des
sentiments puissants rôdent sous une surface en apparence calme.
Une chronique teintée d’« espoir doux-amer » inclura probablement
des résolutions conflictuelles et des sacrifices difficiles.
Il est important de comprendre qu’installer une atmosphère
dans un scénario (ou une chronique) ne signifie pas que toutes les
personnes croisées par les joueurs vont obligatoirement exprimer
cette émotion. En effet, le contraste s’avère nécessaire pour faire
sentir l’importance de cette atmosphère, et ainsi éviter l’impression
de monotonie émotionnelle. Même dans une partie où la « tension
monte », il devrait y avoir des moments de soulagement, sinon cet
élément prend un caractère ordinaire et perd son mordant.
Pour évoquer efficacement une atmosphère en jeu, il faut s’as-
surer que les sentiments et les émotions associés affleurent toujours
à la surface. Considérez qu’il s’agit d’un « état par défaut » de la
chronique, du point de vue affectif. Si les événements peuvent
Chapitre huit : l’art du conte 335
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
l’éloigner un temps, la chronique finira par y revenir, car c’est sa
tonalité émotionnelle naturelle.

Les antagonistes
Dans toutes les histoires, les héros ont besoin d’opposition. Si
aucun ennemi ne se dresse en travers de leur route, ils obtiennent
simplement ce qu’ils veulent. Dans quelle mesure cela peut-il bien
divertir ? Une chronique entière peut s’appuyer sur un adversaire
mémorable et il est donc nécessaire de consacrer du temps à créer ces
méchants comme ils le méritent. Lorsqu’ils constituent une véritable
menace, vous devez aller au-delà de la feuille et des groupements de
dés. Il vous faut plonger dans leurs têtes et comprendre avant tout
pourquoi ils œuvrent contre les personnages.
Pour commencer, tous les antagonistes devraient avoir des objec-
tifs clairs, même si les membres de la troupe ne les saisissent pas tout
de suite, ainsi que des plans raisonnables pour les atteindre (enfin,
du moins raisonnables à leurs yeux). Selon l’individu, les méthodes
employées peuvent inclure la force brute, de fourbes manipulations,
des pouvoirs magiques ou d’autres stratagèmes, mais ces manigances
devraient toujours jouer sur leurs forces. Après tout, ils veulent
réussir et à l’instar des personnages, cela signifie qu’ils se servent de
leurs meilleurs atouts pour y parvenir.
Bien entendu, il est intéressant de glisser quelques points faibles
aussi bien dans les adversaires que dans leurs complots, que des
joueurs astucieux seront capables de découvrir et d’exploiter à leur
avantage. Ces défaillances peuvent répondre à n’importe quel critère,
d’une allergie ou une fragilité physique à un défaut de personnalité
qui permet aux personnages de prendre l’avantage. Un antagoniste
peut aussi avoir des sentiments pour quelqu’un et se retrouver dans
l’impossibilité de poursuivre sur sa lancée si ses plans le mettent en
danger. Il peut aussi être enclin à des accès de rage ou à prendre de
mauvaises décisions si on le raille en public. De la même manière
que les désavantages des héros les rendent plus intéressants, ceux
des antagonistes leur donnent une épaisseur qui les différencie des
simples méchants.
En effet, même s’il est tentant de transformer ces personnages en
boules de vice, souvenez-vous que tous les « méchants » ont besoin
d’une raison pour faire ce qu’ils font. Quels sont leurs enjeux ? Par
exemple, une bête chimérique en maraude peut simplement avoir
faim et être en quête de nourriture. Le Dauntain principal dans un
lycée peut briser les espoirs des Rêveurs parce qu’il est poussé par
un désir sincère, mais déformé, de les « protéger » des incertitudes
qui règnent dans les professions créatives. Ces raisons ne rendent
pas ces adversaires moins redoutables, mais elles en font des figures
auxquelles on peut plus facilement s’identifier. Elles ouvrent aussi
de nouvelles pistes pour éliminer ces menaces sans pour autant se
jeter sur les armes et foncer dans le tas. Certains peuvent se trouver
du côté des « gentils », mais faire partie de l’autre camp. Ils peuvent
même être des amis ou des alliés qui n’apprécient pas le groupe
dont ils font partie, et qui pourtant pensent ne pas avoir le choix.
Les conteurs devraient aussi examiner les enjeux de leurs
méchants avec autant de soin que ceux des personnages. Ils déter-
minent jusqu’où ils sont prêts à aller pour atteindre leurs objectifs
et quand ils battront probablement en retraite et resserreront les
rangs (ou se rendront). L’adolescent tyrannique ira-t-il vraiment
jusqu’à tuer, ou mourir, pour qu’on désigne sa petite amie comme
reine du bal de promo ? Sera-t-il plus enclin à laisser tomber après
que les personnages lui auront mis la honte devant tout le monde ?

336 Changelin : le Songe


Si l’on garde à l’esprit que la plupart des adversaires ne sont pas des
silhouettes de jeux vidéo qui se contentent de combattre avant de
se faire détruire, des solutions alternatives peuvent s’envisager pour
remporter la victoire. Les fanatiques prêts à mourir pour leur cause
n’en deviennent alors que plus rares et infiniment plus terrifiants.
Une bonne manière d’introduire des scénarios aux choix moraux
et éthiques complexes consiste à créer des adversaires qui ne sont pas
« mauvais », mais œuvrent simplement contre les personnages sur
un malentendu. Dans ce cas, leur élimination ne devient ni bonne
ni souhaitable. Même face à des ennemis vraiment détestables, il
arrive que la solution de confrontation la plus directe ne soit tout
bonnement pas viable. Le groupe devra alors réfléchir aux différentes
solutions qui s’offrent à lui sans pour autant balancer des coups de
poing ou des charmes jusqu’à ce que victoire s’ensuive.
La mort des Rêves
Les changelins ont deux manières de « disparaître » qui
leur sont propres et qui méritent qu’on s’y attarde. Ils
peuvent sombrer dans l’Oubli du fait de la Banalité, ou
encore s’abandonner au Tumulte à cause d’une exposition
prolongée au Glamour. Comme ce sont des fins tragiques
et perturbantes au possible pour un personnage, le conteur
devrait en discuter avec le joueur si son protagoniste prend
l’un de ces deux chemins, et voir s’il accepte un destin aussi
funeste ou s’il préfère le retirer du jeu avant d’atteindre le
point de non-retour.
Un changelin qui sombre dans l’Oubli est un événe-
ment particulièrement tragique, en ce que leur part de
magie et de merveilleux s’éteint pour toujours (du moins
dans cette vie). Un personnage Oublié ne profite même pas
d’une apothéose glorieuse, il s’estompe dans la normalité,
oublie ses amis kithains et leurs aventures chimériques et
devient un visage parmi tant d’autres dans la foule. C’est
une conclusion puissante à l’histoire d’un personnage,
mais elle peut se révéler tout simplement trop tragique
pour certains joueurs qui n’arriveront pas à l’envisager
pour leur double ludique bien-aimé. Ils souhaiteront au
mieux que la chose ne se produise pas « à l’écran » au cours
de la chronique.
En revanche, un personnage qui succombe au Tumulte
se révèle atroce, mais d’une tout autre manière. Drapé dans
un cauchemar chimérique de celui qu’il était auparavant,
il devient moins un individu qu’une légende urbaine, une
sorte d’histoire que les Kithains racontent pour effrayer
leurs enfants. Même un individu « bienveillant » en proie
au Tumulte est une créature dangereuse, car elle a perdu
toute notion d’empathie ou de moralité mortelle. Elle
peut les feindre, du moins suffisamment pour tromper une
cible qui ne se méfierait pas, mais elle ne les ressent pas
du tout. Devenir ce genre de personne, traquée et crainte
par les autres changelins, voire un ennemi à part entière,
n’est peut-être pas le destin qu’on est prêt à accepter pour
son personnage.
L’apogée
Contrairement à beaucoup d’autres formes de jeux, les jeux de rôle
n’ont pas de fin prédéterminée. Cela ne signifie pas pour autant que
les histoires individuelles doivent se prolonger indéfiniment. Si les
chroniques peuvent s’étirer sur de nombreuses années, le conteur
ne doit pas perdre de vue la manière dont chaque scénario va se
terminer. Il doit lui amener une fin adéquate afin que les joueurs y
trouvent une résolution qui leur paraîtra satisfaisante.
Ce conseil peut sembler contradictoire, mais en fait, il faut évi-
ter que l’action stagne ou piétine quand elle s’étire sur de longues
périodes. Face à un scénario qui ne se résout jamais, les joueurs
finissent par avoir du mal à s’impliquer, car il va à l’encontre de
tous les autres genres. Il est toujours difficile de mettre un terme
à une histoire ou une chronique qu’on adore. Cependant, il vaut
bien mieux trouver une fin acceptable plutôt que de rallonger la
sauce jusqu’à ce que le groupe se lasse ou que l’intérêt s’essouffle.
Il est aussi intéressant de remarquer qu’une résolution satisfai-
sante est en lien avec le sentiment des joueurs. À leurs yeux, cette
conclusion, quelle qu’elle soit, correspond à leur investissement. Cela
ne signifie pas qu’ils doivent triompher de toutes les adversités et
dénouer la moindre intrigue qui se présente. En fait, les meilleures
fins sont parfois les plus tragiques. De Hamlet à L’Empire contre-attaque
et The Last of Us, les fictions ne manquent pas quand on cherche à
prouver qu’un destin terrible ou des héros vaincus sont tout aussi
satisfaisants pour les spectateurs. De plus, ils soulèvent encore plus
de questions et ouvrent parfois la voie à des suites qui en exploreront
les conséquences.
Au fil des événements, le conteur serait bien inspiré de vérifier
de temps en temps auprès des joueurs leur sentiment sur la fin qu’ils
entrevoient ou sur les mystères qu’ils aimeraient voir éclaircis. S’il
n’est en rien obligé de modifier ce qu’il avait prévu pour répondre à
leurs souhaits, vérifier les aspirations de son groupe reste une bonne
idée. Si tout le monde espère une fin tragique et que le conteur a
prévu une conclusion heureuse, les joueurs pourraient se sentir
un peu floués. S’il sait à quoi s’attendre, cela lui permettra de faire
quelques changements pour satisfaire tout le monde autour de la
table, et ainsi améliorer l’expérience générale.
De la même manière, si un joueur pense à changer de personnage
et à en créer un nouveau, le conteur peut se servir de ces informations
afin d’offrir au futur retraité une porte de sortie plaisante et conclure
les arcs narratifs qui lui sont liés. Discutez avec lui du départ de son
protagoniste et assurez-vous des mystères ou des intrigues qu’il voudrait
vraiment résoudre avant de commencer une autre histoire. Peut-être
ne pourrez-vous pas tout couvrir. Cependant, si vous disposez de
suffisamment de temps pour vous retourner, vous aurez sans doute
l’occasion de répondre à une bonne partie de ses attentes.
Techniques avancées
de l’Art du conte
Vous trouverez ci-dessous un bref échantillonnage de techniques
disponibles pour le conteur. Elles peuvent se révéler un peu délicates
à mettre en œuvre et requérir une réflexion et une préparation
supplémentaires. Toutefois, elles offrent des expériences uniques et
des perspectives intéressantes quand on accepte de s’y essayer. En
aucun cas exhaustive, cette liste devrait, du moins nous l’espérons,
permettre d’inventer des histoires peu conventionnelles et de garder
les joueurs sur les dents.
Chapitre huit : l’art du conte 337
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Au cœur de l’action
Grâce à cette technique, le conteur ouvre un scénario au beau milieu
d’une séquence d’action ou d’une situation dramatique. Ainsi, il
capture sur-le-champ l’attention des joueurs et lance les événements
d’une manière palpitante. Cependant, il est important de donner
aux joueurs assez d’informations pour qu’ils comprennent au moins
un peu ce qui se passe. Si vous ne le faites pas, l’action risque de
devenir confuse et de perdre l’impulsion que vous aviez l’intention
de lui donner.
Flash-back/Changement de plan
Le flash-back consiste à revenir momentanément en arrière pour
voir se dérouler des événements passés ou bien, dans le cas d’un
changement de plan, qui surviennent ailleurs au même moment.
Cette technique vise à éclairer un peu plus la situation actuelle.
Certaines de ces scènes peuvent être purement narratives et le conteur
se contente de décrire les choses. D’autres, plus interactives, per-
mettent aux joueurs d’endosser pour un temps les rôles d’individus
du passé. (Cependant, si ce schéma se complique trop, il devient
un récit enchâssé, décrit ci-dessous.) À moins d’être découvertes en
jeu, les informations révélées au cours de ces scènes sont connues
seulement des joueurs, et non des personnages. Le conteur ne les
partage que pour faire monter la tension.
Le récit enchâssé
Grâce à cette technique, également appelée histoire dans l’histoire,
on raconte un ou plusieurs événements au sein d’un cadre principal
qui servent à faire avancer l’action première. Les autres histoires
mettent généralement un coup de projecteur sur l’ambiance ou le
thème de la trame principale. Par exemple, alors que les personnages
explorent une vieille et mystérieuse demeure, ils tombent sur le
journal de son premier propriétaire, un changelin mort dans des
circonstances obscures cent ans auparavant. Utilisant ce journal
comme cadre, le conteur reviendra un siècle en arrière et donnera de
nouveaux personnages à ses joueurs. Pendant un ou deux chapitres,
ils revivront les scènes clés qui y sont décrites afin de comprendre
ce qu’il est advenu. Peut-être s’agit-il même des vies précédentes de
leurs protagonistes, ce qui ajoutera un peu de piment s’ils découvrent
que l’un d’entre eux est en fait l’assassin…
La narration douteuse
Cette technique est sans doute la plus difficile à mettre en place,
mais bien exécutée, elle produit des effets fantastiques. La narration
douteuse se concentre sur un ou plusieurs personnages, à qui l’on
donne des descriptions qui ne correspondent pas à la « réalité » telle
que l’univers du jeu la conçoit. Bien entendu, les personnages qui
sombrent dans la folie ou s’abandonnent au Tumulte font d’excellents
sujets. On peut aussi l’utiliser pour créer toutes sortes d’expériences
oniriques et autres. Le film Un homme d’exception est un bon exemple
de l’application de cette technique ; on apprend à la fin que de nom-
breux événements, et même des protagonistes, n’existaient que dans
l’esprit du personnage principal. Étant donné que la nature du jeu est
très orientée sur le groupe, le filtre des informations incertaines peut
s’avérer difficile à mettre en place sans semer la confusion parmi les
joueurs. Nous conseillons donc au conteur de révéler à son groupe
le caractère douteux de la perspective, sans forcément le dévoiler à
leurs personnages. Il peut aussi garder le secret pour le sujet (mais
laisser le reste du groupe participer pour lui venir en aide) ou pour
sa troupe (et ne partager l’information qu’avec le sujet).
338 Changelin : le Songe
Introduire la Chrysalide
Faire jouer la Chrysalide en prélude est un excellent moyen
de présenter l’univers aux joueurs qui débutent à Changelin.
Leurs personnages sont aussi ignorants qu’eux du monde
des fées, ce qui leur permet de poser des questions et d’ap-
prendre sur les deux plans. Cette façon de procéder peut
soulager l’anxiété de certains nouveaux joueurs, tout comme
elle peut leur faire comprendre ce que signifie exactement
quitter pour la première fois une vie ordinaire et entrer dans
le monde chimérique, dans toute sa gloire.
Le prélude
Avant de présenter le personnage d’un joueur au reste du groupe et
à la chronique proprement dite, beaucoup de conteurs aiment bien
faire jouer une courte introduction au nouveau venu, le prélude.
Celui-ci peut consister en une seule scène ou durer toute une session.
Il se déroule souvent en tête à tête avec le joueur concerné, mais
il n’est pas impossible qu’il se fasse en présence de tout le reste du
groupe. Certains conteurs aiment mener des scènes individuelles
qui finissent par réunir tous les membres du groupe et intégrer les
personnages dans la vie des autres un peu plus naturellement que le
classique « Vous êtes tous assis à la même table de ce bar ».
Quelle que soit la façon dont vous procédez, les sessions du
prélude proposent des éléments précieux à n’importe quelle chro-
nique. Pensez-y comme une « accroche » au scénario, la scène qui,
dans le même temps, retient l’attention du public et lui présente le
personnage principal. Un bon prélude offre au protagoniste l’occa-
sion de prendre ses marques et de montrer un peu sa nature, tout
comme il ouvre la voie aux accroches scénaristiques et aux éléments
de l’intrigue qui referont surface ultérieurement. De plus, il permet
au conteur de s’assurer que les personnages ont une raison de rester
ensemble et que, même s’ils ne se font pas tout à fait confiance, ce
manque de confiance ne les empêchera pas de travailler côte à côte.
Un prélude collectif rend sans doute les choses plus faciles à gérer,
mais des sessions individuelles peuvent fonctionner si elles sont
suffisamment préparées en amont.
Conter le prélude
Il s’avère souvent utile pour le conteur de considérer le prélude
comme une manière de poser les « bases » de la vie d’un personnage,
et ce avant que la chronique vienne la chambouler. Après tout, il est
beaucoup plus difficile que ces événements semblent extraordinaires,
sauf si le joueur a une première idée de l’« ordinaire ». En conséquence,
utiliser le prélude pour donner un sens à la « normalité » rend les
faits spectaculaires et inhabituels qui se produisent ultérieurement
bien plus impressionnants.
Bien sûr, il ne faut pas confondre « normal » et « ennuyeux ».
Même si le prélude va se concentrer sur la Chrysalide et la transition
qui accompagne le passage d’une vie mortelle à une existence de
Kithain, rien ne vous oblige à passer une heure en jeu à remplir des
papiers et vivre un calvaire administratif avant de lancer l’action !
Décrivez plutôt une certaine normalité afin que le joueur saisisse
ce qui constitue la vie de son personnage avant que la chronique
ne bouscule tout.
Les préludes fournissent un cadre idéal pour donner aux joueurs
un aperçu des thèmes et des atmosphères dominants dans la chro-
nique. Par exemple, si elle aborde « la fragilité de l’espoir », le conteur
peut, au lieu de piétiner sans subtilité tous les rêves du personnage,
insérer dans le décor du prélude la manière dont certains espoirs se
brisent, comme entendre un couple parler de la saisie de sa maison
pendant qu’il attend à la banque. De tels moments permettent
d’introduire le thème sans mettre en avant la vie du personnage,
mais il sera assez remarquable pour avoir un impact.
Les préludes font aussi d’excellentes occasions d’employer des
techniques narratives avancées, en particulier la préfiguration. Si
le conteur a quelques idées sur les personnages ou les événements
qu’il souhaite introduire dans le futur, semer des indices et y faire
référence rendent la survenue ultérieure de ces éléments plus frap-
pante. En effet, ils ne surgissent pas de nulle part, mais ils trouvent
leur origine au tout début de la chronique.
Jouer le prélude
Vu par le joueur, le prélude propose un temps précieux au cours
duquel il pourra s’essayer à un rôle et tenter de comprendre son
point de vue, donner une « voix » à son interprétation, et peaufiner
les différentes facettes du personnage. Cela se vérifie surtout si cette
session se déroule en tête-à-tête. Vous êtes libre d’expérimenter et de
trouver ce qui convient le mieux à votre protagoniste. Ne vous en
faites pas si cette vision des choses évolue au cours du prélude, car
cela fait partie de son processus naturel. Envisagez-le sous l’angle de
l’épisode pilote d’une série télévisée, dans lequel les portraits sont
souvent différents des personnages présentés au cours de la saison
qu’il ouvre.
C’est aussi l’occasion idéale pour travailler avec le conteur à
déterminer le décor et les éléments de l’histoire personnelle de votre
personnage que vous souhaitez voir intervenir en jeu. De la même
manière que celui-ci annonce les intrigues qui surviendront plus
tard, un joueur peut se servir du prélude pour suggérer les accroches
et les rebondissements qu’il veut faire apparaître dans l’avenir. Ils
apparaissent parfois spontanément en réponse aux événements
qui se déroulent dans le prélude, après que les personnages ou les
anecdotes ont ouvert une autre voie.
Par exemple, le conteur peut décider de démarrer le prélude alors
que le personnage est chez lui avec son mari, et commencer par une
scène de la vie courante. Cependant, le joueur décrète soudain qu’il
veut voir sa relation perturbée, et il a conscience que cela risque de
la mettre vraiment en danger plus tard au cours de la chronique.
Après un moment de réflexion, le conteur lance une scène pendant
laquelle les deux hommes s’accrochent pour une histoire d’argent
après ce qui aurait dû être un moment de détente lors d’un dîner
en tête-à-tête. Le joueur embraye et le prélude continue, avec d’éven-
tuelles répercussions.
Mener la partie
Simple session indépendante ou chronique au long cours, le conteur
peut rencontrer un certain nombre de problèmes pour lesquels il
aura besoin de conseils afin de garder le cap.
Décrivez !
Il s’agit sans doute du conseil le plus élémentaire et il bénéficiera
autant aux joueurs qu’au conteur, mais il reste toujours bon de
le rappeler. Si les jeux de rôle fonctionnent grâce au pouvoir de
l’imagination, cette imagination travaille encore mieux quand on
l’alimente. Les descriptions constituent cette énergie vitale. Plus elles
sont nombreuses, plus la scène est vivante et plus les joueurs peuvent
s’y investir. Plus il est facile de s’y plonger et plus elle sera capable de
les inspirer et de les pousser à la vivre au maximum.
Nous encourageons aussi les joueurs à décrire lorsqu’ils parlent
de leurs personnages et des actions qu’ils entreprennent. « J’esquive
son coup et je lui mets un coup d’épée » suffit. « Dans un grand éclat
de rire, je fais un pas de côté et m’écarte de sa trajectoire maladroite,
puis j’abats ma lame pour lui trancher l’arrière de la cuisse » est
beaucoup plus vivant et distrayant. Bien entendu, toutes les actions
ne nécessitent pas un tel luxe de détail, et les descriptions doivent
correspondre aux règles quand celles-ci s’appliquent. « Je plonge mon
arme dans son cœur et l’abandonne gisant au sol, le souffle coupé » ne
correspond tout simplement pas à une attaque qui inflige un niveau
de dégâts à un adversaire en pleine forme. Cependant, rappelez-vous
ce conseil pour que le jeu reste enthousiasmant.
Si certains conteurs et joueurs sont naturellement doués pour
les descriptions, d’autres doivent y consacrer un peu de temps et de
travail. Pas de problème ! Une bonne façon de s’habituer à l’exercice
consiste à inclure autant que faire se peut des détails sensoriels en
plus des informations auditives et visuelles. Introduisez aussi les
odeurs, les goûts et les textures. Si la vue et l’ouïe sont importantes,
mettre en scène les autres sens rendent les choses plus physiques et
proches, ce qu’elles ne font pas. Prenez l’exemple suivant :
Vous entrez dans l’épicerie. L’endroit est trop frais et trop éclairé
comparé à la nuit chaude du dehors. Les haut-parleurs fatigués crachotent
une mauvaise musique pop ; ça sent la vieille poussière et la cire à parquet
fraîche. Un employé solitaire et un hot-dog tout aussi seul semblent être les
uniques occupants de la place.
La description n’est pas longue, mais elle parvient tout de même
à toucher les cinq sens : la vue (éclairé), l’ouïe (musique), l’odorat
(poussière et cire à parquet), le toucher (frais) et même le goût (hot-
dog). Même si les joueurs ne passent que quelques minutes dans ce
lieu, il leur semblera plus réel et intéressant que le lapidaire « Vous
entrez dans une épicerie de nuit ordinaire ».
Bien entendu, décrire ne signifie pas forcément dégainer son
dictionnaire et se fendre d’une demi-heure de présentation chaque
fois que votre groupe croise quelqu’un. Peu importe les mots uti-
lisés tant qu’ils donnent aux joueurs une image intéressante qu’ils
peuvent se représenter. Un dessin griffonné sur un coin de table
peut se révéler tout aussi évocateur, d’autant qu’il ne vous faudra
pas autant de temps pour le partager :
L’employé, un homme d’âge moyen au teint blafard, porte des lunettes
aux verres épais. Il jette un coup d’œil quand la porte s’ouvre, mais ne semble
pas vraiment vous voir et il replonge derechef dans son vieux livre de poche.
Cette description est assez succincte, puisqu’elle ne fournit aucun
détail sur la taille, le poids, la couleur des cheveux ou les vêtements.
Dans le même temps, elle capture quelques informations nécessaires
aux joueurs pour décider de la manière dont ils veulent interagir avec
lui. Dans l’ensemble, même ce tout petit inventaire rend l’homme
plus réel et mémorable qu’un simple « Le type derrière la caisse a
l’air de s’ennuyer ferme ».
Chapitre huit : l’art du conte 339
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Évidemment, certaines techniques de description plus évoluées
sont aussi à la disposition des conteurs qui veulent s’essayer à des
variations intéressantes. Par exemple, rien ne dit qu’une description
ne peut pas exprimer une opinion ou inclure une atmosphère ou une
ambiance qui ne se base pas strictement sur des détails sensoriels, tant
que cela participe à créer une impression encore plus détaillée de la
scène. Poursuivons avec l’épicerie. Sa description pourrait préciser :
Ce bourdonnement que vous entendez pourrait bien être un désespoir
silencieux… ou simplement le bruit des néons du plafond.
La phrase apporte une touche d’humour à la scène, ainsi qu’une
impression de monotonie et de routine morne que les changelins ont
tendance à remarquer, ne serait-ce que parce qu’elle annonce une
possible Banalité. Ce n’est pas tout à fait une information sensorielle,
mais elle ajoute quelque chose à l’impression générale. Ces ajouts
peuvent aussi servir à renforcer le thème et l’atmosphère, mais ils
doivent rester rares et légers.
Une autre technique avancée populaire consiste à partager avec
les joueurs des détails que les personnages ne connaissent pas encore.
Certains groupes évitent cette approche, car ils considèrent que
cela leur gâche la surprise ou qu’ils ont du mal à faire la distinction
entre ce qu’ils savent et les informations que leurs protagonistes
possèdent. Cependant, elle peut efficacement créer une certaine
tension dramatique. Regardez comment la scène de l’épicerie change
si on termine par ce petit détail à la fin de la description :
Pendant ce temps, une voiture se gare tous feux éteints dans la ruelle
derrière. Un Bonnet rouge à l’air de chien battu se tourne vers son comparse
et tandis qu’il s’enfonce une cagoule de ski sur la tête, il lui grogne :
« Mets ton masque, idiot ! Et cette fois, tu ne flingues personne ! »
Tout à coup, une banale visite à l’épicerie est sur le point de mal
tourner. À présent que les personnages naviguent dans les allées
et choisissent boissons et biscuits à grignoter pour leur petite fête,
les joueurs commencent à se tendre. Ils savent que dans quelques
minutes, des types armés vont surgir et changer leur soirée du tout
au tout. Et plus cela traîne, plus la pression monte…
Prendre en compte
l’intérêt des joueurs
Nous l’avons déjà évoqué dans la section consacrée à la création de
personnages. Les feuilles des protagonistes de vos joueurs sont plus
ou moins un message codé dans lequel chacun d’entre eux vous révèle
ce qu’il souhaite voir figurer dans votre chronique. Un joueur qui
crée un maître d’armes veut participer à des combats armés. Celui
qui vous présente un génie scientifique veut utiliser sa perspicacité
pour résoudre des problèmes et participer à des découvertes capitales
stupéfiantes. C’est chaque fois la même chose. Cependant, déchiffrer
et comprendre les désirs des joueurs ne se limite pas à la feuille de
leurs personnages. Vous devez aussi garder une trace des intérêts
qu’ils manifestent pendant la partie.
Les sessions de jeu constituent un intervalle de temps très limité
au cours duquel tout le monde se concentre sur une chose bien pré-
cise. En tant que conteur, vous devez remarquer les sujets qui attirent
le plus l’attention des joueurs pendant un chapitre. Il est toujours
plus facile de les impliquer et de les amuser si le scénario épouse
leurs envies, plutôt que d’essayer de les arracher à quelque chose
qu’ils aiment pour les lancer sur un autre sujet qui ne les intéresse
pas autant. S’ils étaient « supposés » parler au videur pendant une
scène dans une boîte de nuit, mais qu’ils s’amusent plus à parler au
barman, alors ce dernier détiendra sans doute les informations dont
340 Changelin : le Songe
ils ont besoin. À moins que le videur ne leur communique des détails
utiles sur le mystère qu’ils tentent d’éclaircir à l’heure actuelle, et
que le barman ne devienne plus tard un contact régulier du groupe
(et, qui sait, peut-être qu’un de ses membres le trouvera séduisant).
Cela ne signifie pas pour autant que vous devez satisfaire tous les
caprices de vos joueurs aux dépens d’une préparation minutieuse
ou d’une attention constante. Nous soulignons simplement qu’en
général, c’est une bonne idée de prendre note des éléments scéna-
ristiques que votre troupe apprécie et de les mettre en scène dès que
vous en avez l’occasion. Si vous procédez de la sorte, les joueurs se
sentiront intimement liés à l’univers de votre histoire et vous les
récompenserez ouvertement de leur intérêt et de leur participation,
ce qui constitue une puissante motivation.
Préparation, prise de notes
& archives
Certains conteurs basent une grande partie de leur travail sur des
notes de campagne détaillées, une foule de cartes prêtes à l’emploi
et une analyse fouillée des différents personnages secondaires pour
chaque session. D’autres préfèrent plus de liberté ; ils s’appuient sur
une idée directrice pour la séance de jeu et improvisent à mesure
que les joueurs progressent. D’ailleurs, il est vrai que cette capacité
d’improvisation constitue une grande partie de l’art du conte. Les
joueurs et les scénarios sont célèbres pour leur fâcheuse tendance
à emprunter soudainement des chemins de traverse. Cependant,
tout bon spécialiste du genre vous confirmera que, de manière
assez surprenante, une bonne improvisation exige beaucoup de
préparation. Tous les conteurs, quel que soit leur style, peuvent tirer
avantage de ce conseil.
Avant le début de la session, le maître de cérémonie devrait
consacrer un peu de temps à essayer d’anticiper la direction que va
prendre le scénario. Il ne doit pas seulement réfléchir à l’évidence,
mais aussi à des alternatives que les joueurs peuvent explorer. Que
se passe-t-il s’ils parviennent à devenir des acteurs majeurs de la
scène écologique ? Ou bien s’ils se trompent sur l’identité du tueur
au cours de la première scène et décident de le confronter directe-
ment, sans passer par la case enquête ? Bien sûr, il est impossible, et
inutile, d’essayer de parer à toutes les éventualités. Toutefois, prévoir
quelques portes de sortie alternatives peut faire la différence entre
une histoire qui continue malgré tout à avancer, et un scénario qui
s’arrête brutalement à cause d’une décision inattendue.
De la même manière, tenir à jour des archives de la chronique à
mesure de son développement est une excellente idée, surtout si le
groupe ne peut pas se réunir régulièrement. L’histoire aura beau se
révéler palpitante et les joueurs se plonger dans l’intrigue, il faudra
à un moment se reporter à une relation établie dans le passé ou
une sinistre compagnie croisée il y a déjà un bon moment. Et à ce
moment-là, tout le monde autour de la table se regardera sans se
souvenir du nom en question.
C’est alors que les notes prises par les joueurs et le conteur
s’avéreront pratiques. Elles ne sont pas nécessairement complexes,
quoi qu’elles puissent se révéler très utiles si elles sont rédigées avec
soin et force détails. Il suffit souvent de coucher un nom ou quelques
informations pertinentes sur le papier. Si cet exercice ralentit le rythme
de la partie, le conteur peut envisager de demander l’assistance d’un
joueur, voire de confier la tâche à un scribe. Au moins un joueur s’y
attelle déjà de son plein gré, et il est donc facile de lui accorder une
petite gratification pour le travail qu’il accomplit dans l’intérêt général.

Groupements
de dés instantanés
Les seconds rôles n’ont pas tous besoin d’une feuille de
personnage complète. Si en tant que conteur, vous avez
besoin de déterminer à l’improviste le groupement d’un
individu lambda, utilisez les formules suivantes. Sans for-
mation, une personne moyenne lance deux dés, et quatre
avec un entraînement classique. Un individu talentueux
ou expérimenté lance six dés, un expert spécialisé huit et
un maître dix. Ajoutez ou soustrayez un dé s’il se trouve
dans une situation qu’il connaît très bien ou avec laquelle
il n’est pas du tout familier. Et voilà, vous obtenez votre
groupement instantané. Évidemment, ces valeurs peuvent
s’ajuster, en particulier avec des facteurs comme la magie,
mais dans l’ensemble, elles devraient vous permettre de
générer des groupements de personnages secondaires ra-
pides et équitables, et ce même dans les situations les plus
impromptues ou inattendues.
Pour finir, abstenez-vous de lire de longues portions de notes aux
joueurs, surtout au cours d’une scène supposée interactive, comme
une conversation ou une poursuite. Sans un minimum d’emballage,
cette lecture peut donner un tour mécanique à l’action et rappeler à
la troupe qu’elle joue à un jeu, alors que tous devraient se consacrer
à l’histoire. Bien entendu, rien ne vous empêche de lire de temps
en temps une courte description pour planter le décor d’une scène,
surtout si vous avez du mal à improviser ce genre de chose. Dans
l’ensemble cependant, les notes vous serviront plus à vous rafraîchir
la mémoire ou comme pense-bête que comme base d’un monologue.
Retourner les questions
Parfois, même le meilleur et le mieux préparé des conteurs se retrouve
dans une situation qu’il n’avait pas prévue. En la matière, les joueurs
se montrent sans cesse créatifs, ce qui signifie qu’ils entreprennent
des actions ou posent des questions que vous ne pouvez pas antici-
per. Pour gérer ce genre de contexte, une technique étonnamment
simple consiste à retourner l’action ou la question vers le joueur et
à lui demander ce qui devrait selon lui se passer. Ce faisant, vous
l’impliquez tout de suite et obtenez aussi des informations utiles
sur lesquelles vous appuyer tandis que vous réfléchissez à quoi faire
devant ce rebondissement inattendu.
Par exemple, supposons qu’un conteur a préparé la résolution
d’un meurtre pour sa troupe et qu’au cours de l’enquête, l’un des
membres de la troupe se met à soupçonner l’un des personnages
secondaires, puis à le suivre alors qu’il était censé n’être qu’un
inoffensif spectateur. Le conteur n’a pas anticipé cette situation,
mais c’est un plan d’action tout à fait plausible. Alors lorsque le
joueur décrète qu’il le suit jusque chez lui et demande où il habite,
le conteur peut lui répondre qu’il l’ignore et lui demander à son
tour où il pense que son suspect peut bien vivre.
Le joueur s’interrompt, réfléchit quelques instants, puis dit :
« Il a l’air de quelqu’un qui habite un appartement modeste, mais
débordant d’objets. Le voisinage n’est pas le meilleur, mais pas le
pire non plus. » Le conteur aime bien cette idée, mais il ajoute que
l’homme en question semble recevoir beaucoup de paquets dans sa
boîte aux lettres. C’est peut-être un acheteur en ligne compulsif ou
un collectionneur invétéré. Après ce bref échange, ce qui aurait pu
aboutir à un cul-de-sac embarrassant s’est transformé en scène inté-
ressante. Même si le conteur n’a pas l’intention de l’impliquer plus
avant dans son intrigue, il peut en faire un personnage remarquable
à utiliser dans de futurs scénarios. À moins que sa présence sur les
lieux ne doive rien au hasard…
Retourner les questions de la sorte, ou les adresser à toute la
troupe si le joueur concerné sèche, peut sembler de prime abord
un peu intimidant, surtout si les joueurs sont plus habitués à un
style de jeu où le conteur est le seul arbitre de la fiction. Cependant,
bien maniée, cette astuce engendre de grands moments collaboratifs
entre les joueurs et le conteur. Elle peut également se révéler d’une
aide précieuse si ce dernier se retrouve soudain face à une « sortie
de script » et a besoin d’idées pour gérer cet imprévu de manière à
intéresser aussi les joueurs.
Partager les feux
de la rampe
Ce conseil s’adresse autant aux joueurs qu’aux conteurs. Souvenez-
vous que tout le monde autour de la table est venu pour s’amuser
et raconter l’histoire ensemble. Par conséquent, chacun doit avoir
l’occasion de briller et, dans l’idéal, de se retrouver sous les projecteurs
au moins une fois par chapitre. Si cela peut parfois s’avérer impossible
du fait de la taille du groupe et de la longueur des sessions de jeu,
nous conseillons toutefois vivement au conteur de noter quand un
joueur fait « partie du décor » depuis déjà un moment, et de trouver
une façon de mettre son personnage un peu plus en avant.
Il est aussi important de savoir que les joueurs qui monopolisent
le devant de la scène le font rarement en toute conscience. La plupart
du temps, il ne s’agit ni de vanité ni d’égoïsme ; ils sont plutôt plongés
dans l’action et apprécient l’histoire. Lorsque vous avez affaire à un
participant qui semble accaparer la couverture, gérez les choses en
douceur et laissez-lui le bénéfice du doute. En général, une approche
décontractée facilite grandement le travail d’équipe.
Gérer les comportements
problématiques
Cette expression décrit les actions qui perturbent le plaisir du jeu
des autres, des joueurs comme du conteur. Les exemples sont nom-
breux, comme un vif échange sur l’interprétation des règles ou une
attention plus importante à son smartphone qu’au reste. La manière
de gérer ces situations reste simple. Le conteur devrait prendre les
joueurs impliqués à part et leur signifier le comportement qui pose
problème, puis déterminer un moyen de résoudre ce souci afin que
tout le monde profite à nouveau du jeu.
Dans l’idéal, ces conversations devraient avoir lieu pendant une
pause au cours de la session de jeu ou bien entre les chapitres. Ainsi,
chacun gardera son calme et personne n’aura l’impression d’être mis
à l’index pendant la partie. Cependant, un joueur extrêmement per-
turbateur peut nécessiter une intervention immédiate. En tant que
conteur, vous ne devriez jamais hésiter à discuter avec les membres
de votre troupe qui, à vos yeux, posent problème. En effet, il y a
de fortes chances que les autres joueurs aient aussi remarqué que
quelque chose ne va pas.
Chapitre huit : l’art du conte 341
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Avant de faire tomber quelqu’un des nues, il convient de
reconnaître que la plupart des gens qui se comportent de manière
dérangeante n’en ont même pas conscience. Ils jouent simplement
d’une manière qui les amuse sans se rendre compte du mal qu’ils
provoquent. En général, en parler avec eux est plus constructif que
de faire pleuvoir réprimandes et sanctions. Cet échange devrait
se limiter à leur faire comprendre que leur conduite génère des
problèmes et à chercher avec eux des solutions pour éviter que cela
ne se reproduise.
Par exemple, les disputes sur les points de règle se résument
souvent à des sentiments sur l’équité du jeu, ou à la frustration
d’un joueur qui comptait voir le système fonctionner dans un sens
et qui se rend compte qu’il n’en est rien. L’inattention résulte d’une
impression de mise à l’écart de la part d’un joueur, ce qui le pousse à
ne pas s’impliquer dans les événements. Les ruptures d’atmosphère,
comme lorsque des joueurs plaisantent constamment pendant des
scènes émouvantes, peuvent souligner leur malaise devant le contenu
en question. Quoi qu’il en soit, mieux vaut découvrir les raisons
d’un tel comportement plutôt que de supposer le pire d’un joueur
ou de ses intentions.
Autre détail important, même les bons joueurs (et les bons
conteurs) peuvent se laisser prendre par une scène et voir les fortes
émotions qu’ils ont éprouvées en jeu déborder dans des discussions
de la vie réelle. Par exemple, un joueur amer peut entamer une dis-
pute avec le conteur à propos de la mort de son personnage, ou bien
deux joueurs s’affronter en dehors de la partie pour un désaccord
entre leurs protagonistes. Lorsque la situation se présente, mieux
vaut décréter une pause, laisser les protagonistes se calmer et en
profiter pour rappeler à tout le monde que ce n’est qu’un jeu qu’il
convient de ne pas trop prendre au sérieux. Si la situation se répète
régulièrement, c’est sans doute une bonne occasion pour s’asseoir,
parler avec le groupe de ce qui se passe et en profiter pour vérifier
que ces difficultés ne sont pas dues à des problèmes plus profonds.
Même si cela reste rare, il arrive parfois qu’un joueur sache par-
faitement ce qu’il fait et s’amuse beaucoup à semer la discorde. C’est
malheureux, mais cela se produit. Ce comportement peut infliger de
graves dégâts à une chronique si l’on ne s’en préoccupe pas tout de
suite. Ces « trolls » n’ont rien à faire dans une partie et ils doivent
rapidement quitter la troupe, à moins de faire sincèrement amende
honorable et de changer tout de suite de comportement. Conteurs,
ne vous sentez jamais coupable de refuser ce genre de fauteurs de
troubles à votre table. Vous avez aussi tout à fait le droit d’annuler
de manière rétroactive toutes les actions dommageables accomplies
par leur personnage quand ils ont fait dérailler l’histoire et contrarié
les autres joueurs. Le reste de la troupe vous remerciera de l’avoir
soutenu et d’avoir préservé son plaisir ludique.
N’effacer ni les victoires
ni les défaites
Un conteur peut facilement adopter un état d’esprit de compétition
et vouloir « vaincre » les joueurs. Il peut se sentir tenté de leur souffler
les victoires qu’ils ont légitimement remportées. Quand il s’agit de
faire tourner les choses au vinaigre, rien n’est plus expéditif que de
sanctionner les joueurs pour leur astuce (ou leur chance insolente).
Si la troupe expose un plan rusé capable de venir à bout d’un
adversaire plus facilement que ne l’avait prévu le conteur, si un
jet de dés lève d’un coup le voile sur un épais mystère ou efface
impitoyablement un obstacle supposé être majeur pour les joueurs,
342 Changelin : le Songe
alors concédez-leur la victoire. Ils l’ont bien méritée et devraient par
conséquent pouvoir en profiter. Après tout, le sac à malices d’un
conteur déborde de problèmes et d’ennemis. Dans ce cas, quel intérêt
d’annuler les actions des joueurs simplement pour préserver les plans
déjà en place, sans autre raison que l’arbitraire ?
De la même manière, si le groupe échoue, ne lui en épargnez
pas les conséquences, sous peine de faire rapidement disparaître
toute signification au danger. Pour autant, inutile de leur mettre
par tous les moyens le nez dans la tourbe (d’un côté ou de l’autre de
l’écran, jubiler du malheur des autres est une mauvaise habitude).
Il suffit de résister à la tentation d’adoucir les sanctions qu’on leur
inflige, de revenir sur leurs actions ou d’annuler peu ou prou les
conséquences de leurs échecs (ou de leurs décisions mal avisées). Si
les joueurs éprouvent des difficultés à surmonter leur amertume,
mieux vaut faire une pause et en parler plutôt qu’alléger la peine
infligée dans l’histoire.
Pour autant, les victoires peuvent finalement prendre un caractère
mitigé et des pertes se révéler moins difficiles qu’il n’y paraissait au
premier abord. Ces moments devraient toujours s’appuyer sur les
événements du scénario et non provenir de modifications apportées
à la dernière minute.
La logistique,
encore et toujours
Comparé à la gestion des joueurs problématiques ou à l’art de la
description, il est facile de négliger les détails d’intendance que sont
les friandises, l’accueil des joueurs et la planification des sessions de
la campagne. Pourtant, ils sont aussi vitaux à la réussite d’une chro-
nique. Accueillir chez soi une soirée de jeu peut se révéler difficile,
surtout lorsque la troupe est nombreuse, sans parler de nourrir tout
ce petit monde quand il se réunit autour de la table. Considérant
tout cela, il est astucieux de répartir si possible les tâches et quoi
qu’il en soit, veillez toujours à ce que votre hôte puisse compter sur
l’aide de chacun quand il faudra nettoyer avant et après la partie.
Le même précepte s’applique aux joueurs qui doivent se déplacer.
Alterner le covoiturage et partager les frais de déplacement constitue
un bon moyen de satisfaire tout le monde.
Il en va de même pour la nourriture et les boissons consommées
pendant la soirée. À moins que chacun n’amène son repas, assurez-vous
que cette tâche n’incombe pas trop lourdement à l’un ou l’autre des
joueurs. Que tout le monde participe aux frais d’un dîner commun,
apporte un plat différent pour la soirée ou s’occupe à tour de rôle du
repas ne suffit pas. Il faut s’assurer que la répartition est équitable,
que tous les régimes alimentaires sont respectés et les éventuelles
allergies prises en compte, et que personne n’ait l’impression qu’on
lui impose la corvée de gérer cet aspect pour tous les joueurs. Des
propositions plus légères et plus saines, comme des fruits et des noix
accompagnés de jus ou de thé, peuvent se révéler très efficaces pour
garder l’esprit vif et l’énergie nécessaire à la résolution du chapitre.
Faire coïncider les agendas peut constituer une vraie source de
conflit dans un groupe, et il convient d’avoir une franche discussion
avant toute chose sur le rythme du jeu, si une session peut quand
même se dérouler en l’absence d’un ou plusieurs joueurs, si le
conteur peut incarner les personnages en cas d’indisponibilité, si l’on
peut mettre en place des alternatives en cas d’absence d’un joueur
régulier, et ainsi de suite, c’est parfois une vraie gageure de trouver
une date qui convienne à quatre ou cinq personnes différentes, de
vérifier qu’elles auront quelques heures à consacrer à une session et
qu’elles pourront se rendre là où la soirée a lieu. Alors, imaginez de La table applaudit l’idée et se tourne vers Pierre, le conteur, pour entendre
répéter la même gymnastique deux ou trois fois par mois. sa décision. Celui-ci sait que le Déchaînement qu’on vient de lui proposer
Les joueurs qui ont de grosses contraintes d’emploi du temps ne correspond pas tout à fait à la description d’un Bonnet rouge, et que ces
devraient se montrer raisonnables quant à la possibilité pour le enfants sont censés avoir été digérés depuis belle lurette, sans aucun espoir de
reste du groupe de jouer en leur absence. De la même manière, le sauver quoi que ce soit. En même temps, Mike a raison de souligner que le
conteur devrait faire en sorte d’éviter que ces personnages soient à froid et la faim correspondent bien à ce kith. De plus, les glaces et le sauvetage
la traîne en matière d’expérience ou d’implication dans l’histoire. des enfants collent parfaitement au personnage de Mr Sweets. Déchaîner
S’il n’y veille pas, le joueur risque de considérer qu’il est inutile un Art ne sert normalement pas à cela, mais dans ce cas, cela semble bien.
pour lui de revenir. Pierre réfléchit encore avant d’accorder cette requête inhabituelle, et
il demande à Mike s’il estime qu’augmenter un peu la difficulté du jet de
La règle d’or dés est équitable, au regard du caractère inhabituellement spécifique du
Déchaînement. Le joueur acquiesce et il se prépare à faire un jet difficile aux
Conteurs, s’il n’y avait qu’un seul conseil à retenir parmi tous ceux enjeux importants. Les autres se rapprochent de la table et se penchent pour
que nous venons de donner, le voici : voir les dés rouler. Le destin de leur groupe et celui des enfants en danger sont
Si les règles vous empêchent de raconter une grande histoire, oubliez-les dans la balance. Ce qui aurait pu se résumer à un simple « Non » si le conteur
toujours au profit de l’histoire. avait suivi les règles du jeu, est devenu un moment extrêmement palpitant,
Bien sûr, elles sont importantes, car sans elles, il est difficile de car le conteur a privilégié l’esprit de l’histoire à la sécheresse du système.
résoudre les conflits et d’autres incertitudes d’une manière équitable
et prévisible. Le moins que l’on puisse dire, c’est que modifier sans
cesse des règles ou des éléments de l’univers peut provoquer une
certaine frustration chez les joueurs. En effet, ils comptent sur eux
pour comprendre l’histoire et déterminer comment interagir avec
elle. Cela dit, ne perdez jamais de vue que cet ouvrage n’est qu’un
guide, pas un gardien. Il devrait inspirer et non limiter l’imagination.
Si cela peut vous aider, considérez les règles dans un livre de jeu
de rôle comme la partition d’un groupe de jazz. Il faut que tous les
musiciens en disposent pour savoir ce qu’ils jouent, quand et com-
ment le jouer et suivent la même portée à mesure que le morceau se
déroule. Cependant, le groupe est parfois dans une disposition telle
que ce qui est écrit sur la partition ne fonctionne pas. Il est alors
temps de sortir des clous et d’improviser, de jouer selon l’humeur du
moment et de se faire un petit bœuf. C’est la même chose lorsque
vous sentez que vous devez faire passer l’histoire avant les règles.
Dans ce cas, si vous changez les règles ou des éléments de l’univers
de la sorte, vous n’avez besoin que de deux conseils essentiels. Le
premier impose que ces modifications doivent toujours se faire de
manière équitable et cohérente. Par exemple, changer les règles pour
coller aux besoins des joueurs ne pose aucun problème, mais cela
ne doit pas se faire au profit d’un seul d’entre eux et au détriment
des autres, pas plus que ces modifications ne doivent s’appliquer
différemment dans une même situation. Le deuxième stipule qu’il
faut annoncer clairement ces évolutions afin que tout le monde sache
ce qui change et pourquoi, et de préférence à l’avance pour que les
joueurs puissent poser des questions et en discuter. Si un conteur
suit ces indications, il devrait pouvoir équilibrer le besoin d’avoir
des règles sur lesquelles appuyer le jeu, et la nécessité ponctuelle
de plier ou de changer ces dernières pour raconter la meilleure
histoire possible.
Après tout, beaucoup de grands scénarios de jeu de rôle ont, à
un moment ou à un autre, jeté les règles aux orties. Rares sont les
gens qui se rappellent avec émotion les bonnes histoires qu’on a dû
mettre en suspend pour appliquer correctement les règles.
Exemple : le groupe affronte enfin le redoutable monstre chimérique qui
dévore depuis un certain temps les enfants du quartier. Le personnage de
Mike, Mr Sweets, est l’heureux propriétaire d’un camion de glaces et un
Bonnet rouge. Son joueur veut lui faire Déchaîner l’Art de l’Hiver, afin de
lancer une tempête de crème glacée sur la vorace créature. Il explique qu’il
espère que la bête se gavera de sucreries jusqu’à s’en rendre malade, et qu’elle
vomira les enfants mangés avant.

Chapitre huit : l’art du conte 343

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Chapitre Neuf :
cauchemars
& choses
plus étranges
« Je suis le mort qui prend le mors aux dents.
Je suis le vent qui vous glace le sang.
Moi, je me glisse comme une ombre noire
Et je transforme vos rêves en cauchemars »
– L’Étrange Noël de Monsieur Jack

L es changelins parcourent deux mondes, mais ils ne

sont seuls dans aucun d’entre eux. Les menaces
et les périls sont légion, quel que soit le lieu où
ils se trouvent. Chimères sauvages et horreurs cauche-
mardesques rôdent dans le Songe proche. Sombres fées
et anciens adversaires mènent la charge depuis le Songe
profond et les Royaumes du Cauchemar. Le Monde
des Ténèbres n’est pas plus sûr. Il regorge de mortels
destructeurs de Glamour, de vampires assoiffés de sang,
de loups-garous brutaux, de mages capables de plier la
réalité à leur volonté, et de cousins encore plus étranges.
Toutes les créatures ne sont pas un péril imminent pour
les Kithains, mais certains mortels et Prodigues sont si
engoncés dans la Banalité que leur simple présence peut
infliger des blessures à un changelin.
Ce chapitre présente un large éventail d’archétypes
pour les chimères, les mortels, les fées, ainsi que des alliés,
des contacts et des menaces surnaturels. Vous pourrez
tout à loisir sélectionner parmi eux les seconds rôles qui
peupleront votre campagne.
Les Prodigues
Certaines races de fée oublient leur véritable nature et
c’est elles que l’on appelle collectivement les Prodigues.
Qu’ils soient féeriques dans tous les sens du terme ou
non, il existe des changelins qui souhaitent ramener ces
cousins dans leur giron, tandis que d’autres préféreraient
les éviter, voire les détruire.
La Banalité qui s’étendit sur le monde dans le sillage
de la Séparation perturba les relations des Kithains avec
ces créatures, alors même que la survie prenait le pas sur
les jeux politiques. Les pactes se firent plus froids quand
les mages entreprirent d’exploiter le Songe. Les sectes de
vampires aspirèrent à mener des expériences sur le sang
des changelins. Et les loups-garous, ces partenaires au
mieux caractériels, s’abattirent sur leurs alliés féeriques peu
fiables en représailles d’injustices, réelles ou imaginaires.
Les changelins peuvent difficilement nier leur part
de responsabilité dans l’affaiblissement de ces amitiés.
Dans un monde de plus en plus oppresseur, ils ont sou-
vent tendu une main hésitante vers leurs compagnons

345

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

d’infortune, griffus ou poilus. Ils rencontrent tout aussi souvent
l’hostilité de ces anciens ennemis. Mais qui pourrait les en blâmer
quand on sait à quel point l’humeur des fées peut être inégale ?
L’histoire abonde pourtant en anecdotes racontant comment les
changelins et les créatures surnaturelles ont défié les traditions.
Malgré tout, ils sont parvenus à mettre de côté leurs différences et
ont communiqué, échangé des informations et même combattu les
uns aux côtés des autres.

Les vampires
Les érudits féeriques prétendent que les vampires descendent d’un
Bonnet rouge envieux de son frère. Il aurait placé ses mâchoires
autour de la tête de celui-ci et les aurait brutalement refermées, le
tuant dans un accès de jalousie. Cette légende a ses aficionados, au
grand dam de ces mêmes Bonnets rouges. S’ils ne vont pas jusqu’à
répondre par la violence à ces rumeurs, ils ne se privent pas pour
donner leur version de l’histoire aux colporteurs de ragots. La fée
jalouse en question se nommait Lilith et elle appartenait à un autre
kith, disparu depuis. Oui, elle se comportait un peu comme eux,
mais c’était une Thallain. À cause de ses actions criminelles, une
malédiction s’est abattue sur toute sa lignée et les Tuatha de Danaan
leur ont interdit à jamais l’accès au Songe.
Une autre histoire, populaire parmi les roturiers, contredit ces
deux versions. Elle raconte qu’une branche de Sidhes, désespérant
d’atteindre l’immortalité, est devenue vampire en dévorant la vie
de créatures plus vibrantes qu’eux. Ce comportement parasite est
typique de ce kith, disent-ils.
Les Kithains ne présentent pas une seule opinion au sujet des
vampires. La plupart supposent que du fait de leur immortalité, ils
étaient autrefois des fées, mais qu’ils sont devenus les jouets de la
Banalité. Les maisonnées vampiriques varient en force, mais elles
manipulent toutes une forme corrompue du Songe. La noblesse
devrait pousser les changelins à rejeter ces créatures, mais plus d’un
Sidhe se languit de retrouver l’immortalité. En échange de sombres
faveurs, Kithains et vampires prêtent parfois de dangereux serments

De stupéfiants pouvoirs
Pour remplacer les disciplines, les dons et les pouvoirs
uniques des entités du Monde des Ténèbres, ce chapitre
propose d’adapter les Arts des changelins aux Prodigues
sans imposer de les lier à un Royaume. Dans certains cas,
cette exception en fait des créatures très puissantes. Le
conteur peut décider qu’ils n’appliquent les effets de leurs
Arts qu’à des individus, et non à des groupes, ou encore
qu’ils n’ont accès qu’à certains charmes et pas à d’autres,
lesquels deviennent incongrus quand on les associe à la
nature du Prodigue en question.
Si vous disposez des éditions 20e anniversaire de
Vampire : la Mascarade, Loup-garou : l’Apocalypse, Mage :
l’Ascension ou Wraith : le Néant, vous pouvez utiliser le
système de jeu y figurant en lieu et place de ceux présentés
ici. Gardez toutefois à l’esprit qu’ils ne prennent nullement
en compte le Glamour, la Banalité ou d’autres traits spé-
cifiques à Changelin.

346 Changelin : le Songe

dont l’objet est justement cette immortalité. Ces pactes finissent
rarement bien.
Les Kithains connaissent l’existence d’un conflit idéologique
entre vampires de différentes allégeances, mais en dehors de connaître
les quartiers à ne pas fréquenter la nuit, ils s’y intéressent rarement.
Les Cours seelie et unseelie ont toutes deux proclamé qu’il fallait
impérativement éviter les groupes appelés Tremere et Kiasyd, car
ils capturent régulièrement des changelins pour se livrer à des expé-
riences et ils détruisent souvent leurs sujets pendant le processus.
La majeure partie des vampires n’ont aucune idée de l’existence
des fées. Ceux qui sont au courant se montrent souvent obsédés par
l’idée, contre nature, de goûter leur sang.
Pouvoirs et faiblesses
Les vampires sont effectivement immortels et ils ne vieillissent
pas. Les « anciens » se montrent en général plus rusés et puis-
sants, et tiennent souvent la dragée haute aux plus formidables
changelins. Cependant, ils perdent le contact avec la culture et
la technologie modernes à mesure qu’ils avancent en âge.
Ils sont plongés dans l’inconscience par les armes mortelles
(une fois toutes les cases de leur échelle de santé cochées avec
des dégâts létaux) et quand on leur enfonce un pieu dans le
cœur.
Ils subissent un niveau de blessures aggravées pour chaque tour
où ils sont exposés à la lumière du soleil, au feu ou à la foi d’un
véritable fidèle. Seule l’accumulation de dégâts aggravés détruit
un vampire.
La plupart des vampires possèdent des scores de Banalité modé-
rés, bien que les Unseelies s’empoisonnent souvent au contact
de l’aura de ces habitants de la nuit. Certaines de ces fées
prétendent même que les vampires n’exsudent pas la Banalité,
mais qu’ils s’entourent d’un Glamour sinistre et exotique qui
leur est propre.
Ces créatures ne possèdent aucun Glamour. Elles trouvent
l’énergie nécessaire à leur existence en dérobant la vie d’autres
êtres vivants et absorbent pour ce faire leur sang. Elles possèdent
une réserve de sang, identique à une réserve de Glamour, qu’elles
reconstituent avec du fluide humain (un point par demi-litre ; la
plupart des entités de taille humaines contiennent 10 points de
sang, et meurent en général après en avoir perdu la moitié). Si un
vampire épuise sa réserve de sang, il tombe dans l’inconscience.
Les vampires qui absorbent du sang de changelin souffrent
d’hallucinations intenses.
Nouveau-né Toréador
Bien connu pour son goût, son engagement et enfin sa corruption
des arts, le clan Toréador entretient une relation compliquée avec les
fées. Même si la majorité de ses membres ne sait rien du Songe, ils
ressentent une irrésistible attirance pour elles, probablement parce
qu’elles rayonnent de vitalité.
En général, les changelins ont à faire avec eux lorsqu’ils sont
encore (relativement, dirons-nous) jeunes. Ils possèdent des dons de
perception qui leur permettent de les voir, et les Kithains deviennent
alors un objet de curiosité. Le clan rassemble toutes sortes de muses
et de talents créatifs, et il est donc rare qu’un Toréador reste fixé
sur ses relations avec les fées au-delà de l’intérêt initial. Ceux qui
approfondissent le sujet se retrouvent accrochés à elle comme une
sangsue à une veine battante, et les Toréadors plus vieux se focalisent
de plus en plus sur les perspectives offertes par le Songe.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Attributs : Force 2, Dextérité 3, Vigueur 2 ; Charisme 3, Manipulation 4,
Apparence 3 ; Perception 3, Intelligence 2, Astuce 4
Capacités : Athlétisme 2, Empathie 1, Expérience de la rue 2, Expression
3, Intimidation 2, Subterfuge 3, Vigilance 3 ; Armes à feu 1, Étiquette
2, Furtivité 2, Mêlée 2, Représentation 4 ; Occultisme 1
Réserve de sang (Glamour) : 10
Banalité : 3
Volonté : 5
Arts équivalents : Augure 2, Souverain 2.
Équipement : vêtements à la mode, arme dissimulée.
Ancilla Kiasyd
Les étranges et réservés Kiasyds sont les parents des Kithains d’une
manière indéniable, et néanmoins déplaisante. À l’époque de la
Séparation, un vampire suivit une cure alchimique composée de sang
de changelin et d’autres liquides, plus bizarres. Ses raisons demeurent
un mystère. Certains pensent qu’il fut trompé par des fées unseelies
et des mages. D’autres racontent qu’après avoir conduit un rituel
gourmand en Glamour et en sang, il captura et draina des Sidhes
et des Eshus de leurs fluides. Quelle que soit l’origine, les Kiasyds
en furent le résultat.
Leurs habitudes alimentaires diffèrent de celles des autres
vampires. On ne sait pas s’il s’agit d’une habitude ou d’un besoin
physique, mais en tout cas, ils ne se nourrissent que sous la lumière
de la lune et ne tirent leur subsistance que de « purs vaisseaux », ou
bien après avoir écorché leurs victimes, car selon eux, la Banalité et
la crasse contaminent la peau physique. On conseille aux Gamins
de se tenir bien loin de cette lignée de vampires. En effet, les chan-
gelins qui restent trop longtemps en leur compagnie ont tendance
à disparaître.
Les Kiasyds arborent un Visage féerique et perçoivent tout autant
le Songe que les Kithains. Ce sont des créatures étrangement dif-
formes, et leur corps physique passe perpétuellement de la non-vie
vampirique au Glamour féerique. Ils restent en général à l’écart, et
beaucoup de changelins donneraient cher pour explorer les immenses
bibliothèques qu’ils constituent. Ils prétendent connaître les origines
et les destins des fées, mais ne livrent ce genre d’informations qu’en
échange de nouvelles connaissances, ou bien de la réponse à une
énigme. Ils adorent les casse-têtes et les jeux de l’esprit.
Attributs : Force 4, Dextérité 3, Vigueur 4 ; Charisme 2, Manipulation 5,
Apparence 1 ; Perception 4, Intelligence 5, Astuce 4
Capacités : Acuité 3, Athlétisme 2, Bagarre 1, Empathie 1, Expérience
de la rue 1, Expression 2, Intimidation 3, Subterfuge 3, Vigilance 3 ;
Étiquette 4, Furtivité 2, Mêlée 1 ; Énigmes 5, Érudition 3,
Gremayre 1, Investigation 3, Occultisme 4
Réserve de sang (Glamour) : 15
Banalité : 6
Volonté : 7
Arts équivalents : Automne 4, Chicanerie 4, Ire du dragon 2,
Souverain 5
Équipement : haut de forme, queue-de-pie, canne, un Trésor sous la
forme d’un livre.
Ancien Ravnos
Les Ravnos qui connaissent les Kithains connaissent aussi, et appré-
cient, la menace que leurs pouvoirs vampiriques constituent pour
les changelins. Ces vampires arrachent des chimères incontrôlables
aux tréfonds les plus noirs du Songe. Ils ne sombrent jamais dans
le Tumulte et peuvent aisément fabriquer des armes à partir du
347
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Songe, qui infligeront des dégâts chimériques aux Kithains et aux
Enchantés. Contrairement aux autres caïnites, les Ravnos n’hésiteront
pas à faire une parenthèse dans leurs activités afin de s’en prendre
aux changelins, et de s’approprier Domaines et Trésors féeriques.
Les raisons derrière cette agressivité ont disparu dans les brumes
du temps, mais une légende bien connue raconte qu’un ancien Eshu
humilia les Ravnos dans un concours de contes. En représailles, ils
lui volèrent sa vie, son âme, ses Arts, et se lancèrent dans une chasse
aux fées qui se poursuit encore aujourd’hui. En réalité, ces vampires
ne se livrent guère à ce genre d’activité, à moins qu’une victime ne
passe par là. Il est probable qu’un Ravnos qui emprunterait un Sentier
prendrait le temps de corrompre le site, simplement parce qu’il s’y
trouve. De même, s’il espionne un Troll esseulé, il se fendra d’une
petite attaque sournoise pour l’humilier. L’occasion fait le larron,
mais en dehors de cela, ce clan ne s’en prend pas activement aux
changelins. Ses membres éprouvent plutôt une haine aveugle à leur
encontre, laquelle ressurgit dès que Ravnos et Kithains se retrouvent
au même endroit.
Attributs : Force 6, Dextérité 3, Vigueur 6 ; Charisme 1, Manipulation 5,
Apparence 4 ; Perception 4, Intelligence 4, Astuce 5
Capacités : Acuité 5, Athlétisme 4, Bagarre 4, Expérience de la rue 1,
Expression 3, Intimidation 6, Subterfuge 4, Vigilance 3 ; Animaux 3,
Artisanats 3, Étiquette 1, Furtivité 3, Mêlée 2 ; Énigmes 2,
Érudition 2, Gremayre 3, Occultisme 4
Réserve de sang (Glamour) : 20
Banalité : 8
Volonté : 9
Arts équivalents : Chicanerie 4, Ire du dragon 3, Oniromancie 3,
Prestidigitation 5, Primordial 4
Héritage équivalent : Faut que ça fonctionne (cf. page 97).
Équipement : vêtements déchirés, épée en fer froid, morceaux de
fées en trophées.
Les loups-garous
Si les Pookas disent vrai, les métamorphes sont les cousins des fées, et
la perte la plus tragique du Songe. Les Tuatha de Danaan décrétèrent
que toutes les créatures devaient trouver une forme et la garder, afin
de mieux se connaître. Les changelins suivirent ce commandement,
mais les métamorphes se rebiffèrent. En effet, plusieurs formes bes-
tiales leur étaient nécessaires pour vaincre l’Obscurité qui s’avançait.
Leur désobéissance les condamna à l’exil des Royaumes féeriques,
et ils poursuivirent seuls le combat.
En dépit de cette vieille légende, les changelins éprouvent un
peu plus d’affection pour les loups-garous que pour la plupart des
autres Prodigues. Ils partageaient autrefois les mêmes Clairières et
les mêmes lieux de pouvoir, et certains rêvent de voir revenir cette
époque bénie. Les Kithains inviteront leur parentèle métamorphe à
parcourir les Voies d’argent et en échange, ceux-ci leur présenteront
des totems et des esprits fantastiques. Les changelins mettent leurs
amitiés changeantes sur le compte du caractère de leurs cousins,
tandis que ces derniers leur reprochent la lâcheté dont ils ont fait
preuve et leur fuite au moment de la Séparation. Ils se disputent,
se rejettent mutuellement la faute et se battent pour des broutilles
aussi souvent qu’ils participent ensemble à des banquets légendaires,
vivent en harmonie et se montrent un respect réciproque. Ces amitiés
tumultueuses sont l’essence célébrée des légendes.
Depuis la Résurgence, les fées entrent en contact avec les tribus
de loups-garous appelées Fianna et Uktena, et les Change-formes
348 Changelin : le Songe
Kitsune et Nuwisha, et elles sont reçues à bras ouverts. L’atmosphère
n’est pas aussi détendue avec les Fils de Fenris. Ceux-ci abattent
les Sidhes à vue à cause d’un obscur serment de sang prêté voilà
plus d’un millier d’années, et dont ils rabâchent inlassablement le
plus petit détail. Les Danseurs de la Spirale Noire et les Cochons-
Crânes corrompus concluent parfois quelques accords avec la Cour
d’Ombre, mais leurs objectifs de destruction totale font reculer
même les Unseelies.
Pouvoirs et faiblesses
Les loups-garous peuvent adopter la forme des loups et des
humains, et prendre également des formes hybrides. La plus
terrifiante de toutes est leur forme guerrière « Crinos », une
machine à tuer à tête de loup de près de trois mètres de haut.
Les humains qui en sont témoins sombrent dans une amnésie
hystérique, tandis que leur esprit tente de comprendre ce qu’ils
viennent de voir. En crinos, tous leurs attributs physiques
doublent, et ils doivent dépenser un point de Glamour pour
se métamorphoser.
Ils peuvent attaquer plusieurs fois par tour et bénéficient souvent
de deux à six actions au cours d’un même tour.
Ils guérissent à une vitesse incroyable et régénèrent chaque tour
un niveau de santé. Seuls l’argent, le feu, ou bien les crocs et
les griffes d’autres créatures, comme les Bonnets rouges et les
vampires, les blessent durablement. Leur Vigueur normale leur
permet d’absorber tous les dégâts qu’on leur inflige, mais ils
sont incapables d’absorber les blessures des armes en argent.
Les loups-garous alimentent leurs pouvoirs grâce à la Gnose,
qui mesure leur énergie spirituelle. Ils récupèrent cette Gnose
par de longues méditations, des pactes avec les esprits et la
proximité des sources de Glamour. En tant que créatures du
changement et de la nature, la Banalité est plus faible en eux
que dans la plupart des gens.
Ils entrent dans le monde spirituel et voyagent entre ses
Royaumes s’ils dépensent un point de Glamour et traversent
une surface réfléchissante (y compris l’eau). Leurs mystiques
peuvent apparemment se rendre jusqu’en Arcadie, mais toute
tentative d’emmener des changelins avec eux se soldent par
un désastre. En effet, les Voies d’argent disparaissent et les fées
sombrent dans un Royaume épouvantable et trompeur appelé
Malfeas. Une rumeur très répandue au sein de la Cour unseelie
affirme que c’est dans Malfeas que se trouve l’Arcadie.
Créatures pleines de rage, les loups-garous sont prompts à des
accès de colère destructeurs qui peuvent durer des heures. Faites
un jet de Volonté (difficulté 7) afin que l’un d’entre eux résiste
à cette frénésie lorsqu’on le provoque. Faites un jet de Volonté
(difficulté 8) pour qu’il en sorte avant qu’il ait détruit l’objet
de sa colère ou que celui-ci ait disparu de sa vue.
Fils de Fenris adolescent
Les Fils de Fenris détruiront sans vergogne les Sidhes lorsqu’ils en
croisent, et mutileront tous ceux qu’ils trouveront en leur compa-
gnie. C’est la raison pour laquelle les changelins les évitent autant
que faire se peut, à moins qu’ils n’affrontent un ennemi commun
appartenant à la noblesse. Les Pookas ne peuvent résister à l’envie
de faire des blagues à ces loups-garous toujours maussades, mais ils
se rendent vite compte qu’ils n’ont guère le sens de l’humour.
La haine des Fils pour les Sidhes est née d’un incident qui s’est
déroulé bien avant l’Éclatement, lorsque fées et métamorphes ne
 faisaient qu’un. Une troupe de nobles perdit ses chevaux dans
les montagnes et avait grand besoin de coursiers. L’un d’entre
eux aperçut un loup-garou en grande conversation avec un
roturier ; les deux échangeaient grondements, hurlements et
autres marques de langage corporel choquantes. Il réalisa que
la créature ferait une monture parfaire pour ce terrain difficile.
Il réunit son ost et ensemble, ils soumirent le loup-garou et
sa meute. La geis qu’ils placèrent sur eux les obligea à rester
de bons chiens obéissants pendant un millénaire. Depuis
l’expiration du sort, les Fils se sont montrés hostiles envers
les fées et trucident les Sidhes sans discuter.
Un rite de passage courant pour les jeunes de cette tribu
consiste à tuer l’une de ces fées prétentieuses. Toutefois, leurs
anciens les préviennent de ne pas endommager les lieux où
le Glamour est puissant, et si possible pas les changelins des
autres kiths. En dépit de leur fureur, les Fils n’en restent
pas moins des loups-garous inquiets d’améliorer la santé du
monde. Hélas, lorsque ces créatures se laissent emporter par
la rage, il s’avère souvent impossible de les retenir.
En forme crinos et lupine, les membres de la tribu appa-
raissent sous les traits d’énormes bêtes grises couvertes de
cicatrices, de tatouages et de brûlures rituelles imprimées au
fer rouge dans leur chair.
Attributs (forme humaine) : Force 5, Dextérité 3, Vigueur 4 ;
Charisme 2, Manipulation 2, Apparence 3 ; Perception 4,
Intelligence 2, Astuce 3
Capacités : Acuité 1, Athlétisme 4, Bagarre 3, Intimidation 3,
Vigilance 3 ; Animaux 3, Artisanats 1, Furtivité 3, Mêlée 1,
Survie 3 ; Énigmes 1, Investigation 1, Occultisme 1
Gnose (Glamour) : 6
Banalité : 3
Volonté : 3
Arts équivalents : Chicanerie 1, Ire du dragon 3, Périple 2,
Primordial 2
Équipement : équipement de combat, couteau de chasse.

Vétéran Danseur
de la Spirale noire
Pour les Danseurs, les changelins sont un curieux produit
de ce qu’ils nomment le Kaos. Nombre d’entre eux sont des
psychopathes enragés et couverts de squames, qui arrachent
le cœur encore battant des Kithains pour le simple plaisir de
goûter un mets frais et intéressant. Mais dans la tribu, certains
voient les fées autrement.
Une alliance entre les Danseurs et les fées resta en vigueur
pendant des générations, inconnue de tous en dehors des
anciens de la tribu et des changelins les plus ignobles. Ce
Serment prêté avant la Résurgence engageait les loups-garous
à prêter aux Unseelies leurs talents pour fomenter la guerre
et le pourrissement, en échange d’une assistance permanente
pour voler et spolier les Domaines, les Trésors et Sentiers
appartenant aux Seelies. C’était un arrangement mutuelle-
ment avantageux, mais les Danseurs d’aujourd’hui foulent
tout au pied et volent, violent et assassinent sans se soucier
des anciennes promesses.
Lorsqu’ils sont sous leur forme crinos et lupine, ces créa-
tures ont un corps et une tête difformes, une fourrure pelée
et des flammes vertes brûlent dans leurs yeux. Ils n’ont pas
vraiment meilleure allure sous leur forme humaine et ont

Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges 349

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041


toujours l’air fortement consanguins ou porteurs de nombreuses
mutations.
Attributs (forme humaine) : Force 5, Dextérité 4, Vigueur 6 ;
Charisme 3, Manipulation 2, Apparence 3 ; Perception 4,
Intelligence 3, Astuce 4
Capacités : Acuité 1, Athlétisme 2, Bagarre 4, Commandement 1,
Expression 1, Intimidation 3, Vigilance 3 ; Animaux 3, Armes
à feu 2, Artisanats 2, Furtivité 3, Mêlée 3, Survie 4 ; Énigmes 2,
Érudition 1, Gremayre 1, Investigation 2, Médecine 1, Occultisme 3
Gnose (Glamour) : 7
Banalité : 4
Volonté : 5
Arts équivalents : Chicanerie 2, Flamboiement 3, Ire du dragon 4,
Périple 2, Primordial 3
Équipement : vêtements déchirés aux coutures, attaché-case contenant
toutes sortes d’instruments violents.
Ancien Fianna
Le sang des Fiannas s’est mêlé à celui des changelins. On raconte
que les loups-garous et les enfants kithains (ou du moins les Kinains)
sont nés des mêmes parents. Les bardes de cette tribu sont reçus
avec tous les honneurs dans les Domaines féeriques, et l’inverse est
également vrai aux assemblées fiannas. De tous les Prodigues, ces
loups-garous seront les plus enclins à protéger les fées ; ils se porte-
ront garants d’eux face aux Fils de Fenris et garderont leurs lieux
de pouvoir des mages voraces.
Les Sidhes se souviennent d’une époque où les Fiannas se ran-
gèrent de leur côté au cours d’une longue guerre contre les roturiers.
Étrangement, dans les souvenirs bien différents de ces derniers, les
loups-garous avaient fait montre d’impartialité. Quoi qu’il ait bien pu
se passer, les Sidhes accueillent volontiers les Fiannas, tandis que les
roturiers les considèrent avec bienveillance. Les anciens de la tribu se
montrent ardents défenseurs du retour à une alliance formelle entre
fées et métamorphes, et défient ouvertement l’antique décision des
Tuatha de Danaan. Les deux camps considèrent les Fomorii et leurs
rejetons comme la plus grande menace au Songe. Cette proposition a
le don de déclencher un enthousiasme débordant chez les Kithains.
Beaucoup sauteraient sur l’occasion si les loups-garous n’avaient pas
autant d’ennemis acharnés. L’unité parmi les changelins n’est pas
assez puissante pour pouvoir tous les combattre.
Sous leur forme crinos et lupine, la plupart des Fiannas arborent
une fourrure rousse luisante et lorsqu’ils hurlent, leur voix est si
mélodieuse qu’elle pourrait faire se pâmer un Satyre.
Attributs (forme humaine) : Force 5, Dextérité 4, Vigueur 5 ;
Charisme 5, Manipulation 3, Apparence 3 ; Perception 5,
Intelligence 3, Astuce 4
Capacités : Acuité 2, Athlétisme 4, Bagarre 5, Commandement 4,
Expérience de la rue 2, , Expression 3, Intimidation 4, Subterfuge 4,
Vigilance 4 ; Animaux 4, Armes à feu 2, Artisanats 2, Furtivité 3,
Mêlée 5, Représentation 3, Survie 5 ; Énigmes 3, Érudition 1,
Gremayre 2, Investigation 2, Médecine 1, Occultisme 4
Gnose (Glamour) : 9
Banalité : 5
Volonté : 7
Arts équivalents : Augure 2, Chicanerie 3, Ire du dragon 4, Périple 4,
Primordial 4
Héritage équivalent : Don de Pan (cf. page 103).
Équipement : klaive (arme en argent), Trésor sous forme de bijoux
cérémoniels, collection de contes.
350 Changelin : le Songe
Les mages
Les relations entre fées et mages sont turbulentes. Pour les premières,
ces « Éveillés » sont de talentueux Rêveurs aux dons très semblables
aux Arts des changelins. Ils incarnent les éléments de la création :
le changement (le feu, ou les Maraudeurs), la stase (la pierre, ou les
Technocrates), la décomposition (l’eau, ou les Nephandi) et l’équi-
libre (l’air, ou les Traditions, les corporations et les solitaires). Tout
ceci fait des mages des compagnons aussi puissants que dangereux.
Les fées rencontrèrent d’abord les mages comme des mortels
capables de former de nouveaux Rêves. L’expression de leur volonté
leur permet d’altérer la réalité basée sur les perceptions, les attentes,
les espoirs et les peurs. Aucun autre Prodigue ne partage de tels
liens avec le Songe. Les mages se nomment fièrement « Éveillés »,
mais les Kithains envisagent les choses un peu différemment. Ces
individus vivent dans une sorte d’état somnambule, s’Éveillent aux
possibilités de la vie, mais Rêvent avec assez de clarté pour engendrer
de nouvelles réalités. Les meilleurs d’entre eux incarnent des sources
de Glamour et les pires, des abîmes de Banalité. Les mages fascinent
les fées et l’attraction semble réciproque.
Nombre de Kithains œuvrent main dans la main avec eux,
en particulier ceux qui se nomment Hermétiques, Extatiques et
Parlesonges ; ensemble, ils font rempart contre l’envahissante Banalité
et d’autres adversaires surnaturels. Certains mettent leurs ressources
en commun et partagent les énergies mystiques des Domaines.
Les mages spécialisés dans la calcification et le contrôle sont les
plus nombreux. Ils fossilisent les rêves et le merveilleux, et répandent
librement la Banalité où qu’ils aillent. D’autres Éveillés recherchent
de plus en plus désespérément des sources nouvelles et vierges de
puissance, afin de combattre leurs cousins plus immobiles. Hélas
pour les fées, les Domaines figurent parmi ces sources. Beaucoup de
mages drainent le Glamour et le conservent pour leur propre usage.
Certains Kithains pensent qu’il est important de soutenir leurs alliés
mages, mais ces derniers se montrent avides et ne cessent de ponc-
tionner l’énergie des rêves que lorsqu’il n’en reste que des bribes.
Pouvoirs et faiblesses
Le conteur peut assigner un ensemble d’Arts au mage afin de
représenter la diversité et la puissance de son répertoire, et
permettre à ceux-ci d’affecter plusieurs individus. Un jeune
magicien pourrait répartir cinq points parmi eux, un individu
expérimenté au moins dix, et un puissant sorcier plus de vingt.
En général, ces Prodigues commencent sans entraînement ni
discipline, mais développent grâce à l’étude et à la pratique un
éventail de pouvoirs inégalés.
Ce sont des êtres fragiles, aussi prompts que n’importe quel
mortel à une mort rapide et ignoble. Ils peuvent tenter d’absorber
les dégâts contondants, mais pas les dégâts létaux ou aggravés
sans l’aide d’une armure conjurée quelconque. Il leur faut du
temps pour guérir de leurs blessures, à moins d’employer un
sort aux vertus curatives.
Le Paradoxe est aux mages ce que la Banalité est aux fées. Puisque
la raison règne à présent sur le monde, les usages vulgaires et
flagrants de la magie risquent de blesser le magicien. Un échec
critique sur un effet magique évident (comme le vol, un éclair,
la métamorphose, des rayons laser projetés par les yeux du
personnage) provoque des événements désastreux. Les mages
sous l’influence d’un contrecoup du Paradoxe voient leurs sorts
se retourner contre eux, leur corps se dégrader ou des trous
 noirs se former près d’eux, oblitérant l’anomalie. Les mages
modernes restent donc discrets quand ils se servent de leurs
pouvoirs, les travestissent de technologies ou les font passer
pour des coïncidences. Les changelins peuvent percevoir la
magie vulgaire sans risquer le Paradoxe, ce qui n’est pas le cas
des mortels. Le bon vieux temps du balai de sorcière est terminé,
au grand dam des Gamins.
Les mages ont accès à une énergie appelée Quintessence, qu’ils
reconstituent en s’exposant à des lieux magiques ou des Trésors
renfermant du Glamour. Lorsqu’ils se servent des Arts équiva-
lents, ils dépensent de la Quintessence et ne puisent pas dans
une réserve de Glamour temporaire. De plus, manipuler la magie
demande une bonne dose de volonté, et le Tempérament de ses
pratiquants est souvent compris entre 6 et 10. Le conteur devra
faire un jet de Volonté (difficulté 6) chaque fois qu’ils veulent
utiliser un Art pour altérer la réalité.
Banalité, conviction et façonner l’Art
Quand une créature est capable d’imposer sa volonté à la réalité et
d’en modifier les fondements, sa nature oscille sans surprise entre
deux antithèses. De fait, elle peut tout autant être une fontaine
jaillissante de Glamour ou une source de Banalité ambulante. La
diversité des mages est vaste, et leurs opinions et leurs objectifs plus
encore. Nous exposons ci-dessous les différentes factions et philoso-
phies qu’on trouve parmi eux.
Entièrement emportés par le Tumulte, les Maraudeurs s’enivrent
du Songe. Ces tourbillons de magie chaotique invoquent des
pouvoirs aussi imprévisibles qu’un Pooka sous méthamphéta-
mine. Une tempête de Glamour évolue en permanence autour
de lui, tandis que leur Banalité est pratiquement inexistante.
Les mystiques sont les champions des anciennes traditions, à
l’époque où la magie était puissante et la relation qu’elle entre-
tenait avec les fées pour ainsi dire familiale. À moitié Enchanté,
un magus mystique possède une Banalité très basse, un Glamour
abondant et sa magie incarne la véritable puissance des Arts,
dans tout ce qu’elle a de merveilleux.
Les vrais fidèles prétendent tirer leurs pouvoirs des démons,
des élémentaires ou des dieux. Leurs sorts invoquent souvent
bénédictions, imprécations, maîtrise des éléments et une magie
néfaste destinée à punir ceux qui s’opposent à leurs dogmes.
Un véritable croyant voit les êtres de la Féerie comme des ser-
viteurs des forces impies ou indignes. Un changelin scintille de
Glamour, mais les convictions du mage souillent cette énergie
et peuvent affecter quiconque puise à cette source.
Les cyniques d’aujourd’hui donnent une idée de ce que cette
époque peut réserver à tous les mages. La plupart d’entre eux
croient au progrès scientifique, mais ils s’abaisseraient rarement
à admettre une quelconque idée mystique, qu’elle concerne
ou non les fées. Ils manipulent des ordinateurs, des machines,
et parfois des fétiches magiques et des Trésors pour canaliser
leurs Arts. Un cynique se montre tout à fait capable de garder
les yeux ouverts sur le grand spectre magique et dans ce cas,
son Glamour est aussi rafraîchissant qu’un torrent glacé. En
attendant, ce torrent est toxique pour les fées, car il se révèle
chargé en Banalité et celle-ci atteint des niveaux moyens à élevés.
Les Technocrates savent que la magie n’est qu’une science
inexplorée. Ils s’aventurent vers les sommets merveilleux et
les abysses terrifiants de la physique et de la chimie, et en
reviennent avec de la cybernétique, des armes de destruction
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
massive et d’autres outils de haute technologie. Ces mages
sont profondément banals et dangereux à l’extrême. Rares
sont ces individus à croire dans l’existence des changelins et
ceux qui savent veulent les effacer de la surface de la Terre,
car ils incarnent les anciennes traditions. Les Technocrates ne
possèdent aucun Glamour ; vecteurs de Banalité pure, ils sont
capables de consumer un Kithain de l’intérieur.
Adepte Sahajiya
Le Culte de l’Extase a commencé à échanger avec les fées au cours
des années qui ont suivi la Résurgence. Depuis, leurs liens se sont
renforcés. Mages et changelins se sont découvert des points com-
muns en matière d’exploration et de découverte. Eshus et Satyres
en particulier éprouvent une grande admiration pour ce groupe.
Les Extatiques adorent s’essayer à de nouveaux domaines et leurs
passions sont très versatiles. Ils ne rechignent pas à se frotter à leurs
peurs, et ils sont passés maîtres dans l’art de surmonter tout ce qui
pourrait constituer un obstacle à leur développement personnel.
Ils ne possèdent pas vraiment d’organisation formelle et pourtant,
les Sahajiya (comme ils se nomment souvent) apprécient les liens
entre mentors et disciples comme les serments d’amitié. C’est la
raison pour laquelle les Trolls respectent cette Tradition de mages
et le respect qu’ils montrent pour les promesses.
Les Sahajiya ne s’intéressent pas aux anciennes traditions. C’est
la raison pour laquelle un bon nombre d’entre eux accompagnent
leurs amis changelins dans leur recherche de nouvelles sources de
Glamour. Que ce soit par la fabrication de Trésors innovants, la
création de Domaines ou les voyages pionniers aux plus lointains
confins du Songe, les Extatiques se montrent ravis à l’idée de guider
leur Tradition et les changelins vers un nouvel âge.
Attributs : Force 2, Dextérité 4, Vigueur 3 ; Perception 4, Intelligence 3,
Astuce 4 ; Charisme 3, Manipulation 2, Apparence 3
Capacités : Acuité 4, Athlétisme 3, Empathie 3, Expérience de la rue 2,
Expression 3, Vigilance 2 ; Artisanats 4, Conduite 2, Étiquette 2,
Furtivité 4, Mêlée 2, Représentation 3, Survie 2 ; Énigmes 3,
Érudition 1, Folklore 1, Gremayre 3, Médecine 1, Occultisme 5
Quintessence (Glamour) : 15
Banalité : 3
Volonté : 6
Arts équivalents : Augure 1, Chronos 2, Oniromancie 2, Primordial 2
Équipement : vêtements confortables, outils et matériaux de joaillerie,
couteau dissimulé, drogues illicites.
Maître akashite
Les changelins ne savent pas trop que faire des adeptes de l’Akashayana
Sangha. De tous les mages, la Fraternité akashite est sans doute la
plus en phase avec le Songe (qui figure parmi d’autres plans d’exis-
tence). En revanche, leur propension au calme de la méditation et
de l’étude offre un contraste saisissant avec leurs accès inattendus de
violence, et cela a tendance à rendre les Kithains nerveux. Les Boggans
soulignent que les Akashites font ce qu’ils appellent « des amis peu
fiables », car ils peuvent tout autant appeler à la paix qu’à la guerre.
Les Kithains contestent le désir de la Fraternité de placer des
temples, des ashrams et des dojos dans des lieux emplis de Glamour.
Si les Akashayana présentent en général poliment leurs requêtes aux
fées (quand ils s’en donnent la peine), celles-ci deviennent vite des
exigences. Les deux groupes s’allient toujours face à une menace plus
grande, mais le calme ne fait que précéder brièvement la tempête.
351
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Leurs maîtres, les sifu, sont de dangereux combattants, célèbres
pour les nombreux coups bas qu’ils n’hésitent pas à placer quand il
s’agit de vaincre les champions des Domaines. Les fées ont d’ailleurs
sous-estimé la Fraternité à plusieurs reprises et cette attitude a conduit
à l’annexion de leurs Domaines, à la grande honte de la Cour seelie.
Attributs : Force 4, Dextérité 4, Vigueur 3 ; Charisme 2, Manipulation 4,
Apparence 2 ; Perception 2, Intelligence 3, Astuce 4
Capacités : Acuité 2, Athlétisme 5, Bagarre 4, Expérience de la rue 4,
Expression 4, Intimidation 4, Vigilance 3 ; Artisanats 2, Étiquette 1,
Furtivité 5, Mêlée 4, Représentation 2, Survie 3 ; Énigmes 4,
Érudition 4, Gremayre 1, Médecine 3, Occultisme 5
Quintessence (Glamour) : 20
Banalité : 5
Volonté : 8
Arts équivalents : Augure 1, Chicanerie 3, Métamorphose 2,
Prestidigitation 2, Primordial 4, Souverain 4
Équipement : robe de moine, bâton.
Bête curieuse cybernétique
de la Technocratie
Aucun Prodigue ne repousse et n’horrifie autant les Seelies et les
Unseelies que l’Union technocratique. Par son désir de contrôle
et de prévisibilité, elle représente tout ce qui ne va pas dans le
monde, l’avancée de la Banalité et le cancer que celle-ci incarne. La
Technocratie ignore complètement les fées. Il est heureusement rare
que ses membres prennent les changelins en chasse, et la plupart
d’entre eux ne croient même pas à leur existence.
Mais hélas pour les fées, l’Union découvre parfois des anomalies
qui ont grand besoin d’être expurgées, à savoir des Prodigues qui ne
sont pas eux-mêmes Technocrates. Si elle se montre curieuse, elle
enverra ses Ingénieurs du Vide augmentés sur une simple mission
d’enquête, ce qui donnera au changelin chanceux le temps de fuir
la zone. Si au contraire, elle pense que l’anomalie en question
représente une menace suffisamment sérieuse à ce qu’elle nomme
« réalité du Consensus », alors elle chargera ses mages améliorés par
la cybernétique de la neutraliser, et ne prendra pas la peine d’envoyer
un coup de semonce.
Les changelins n’ont aucun atome crochu avec la Technocratie.
L’union de toutes les cours en réponse à une agression constituera
la seule chose décente que ces mages apporteront au Songe.
Attributs : Force 5, Dextérité 4, Vigueur 6 ; Charisme 2, Manipulation 4,
Apparence 1 ; Perception 4, Intelligence 2, Astuce 2
Capacités : Athlétisme 4, Bagarre 3, Empathie 2, Expérience de la
rue 2, Intimidation 5, Subterfuge 1, Vigilance 5 ; Armes à feu 5,
Conduite 4, Furtivité 3, Mêlée 5, Survie 3 ; Droit 3, Énigmes 3,
Érudition 2, Informatique 5, Investigation 4, Médecine 2,
Occultisme 4, Politique 3, Sciences 3
Quintessence (Glamour) : 30
Banalité : 10
Volonté : 9
Arts équivalents : Chicanerie 5, Périple 3, Prestidigitation 4,
Primordial 4, Souverain 5
Équipement : lunettes noires (avec vision infrarouge), costumes
noirs, imperméable, pistolet automatique lourd, oreillette, insigne,
squelette renforcé amélioré par la cybernétique (Armure 4), détecteur
d’activité paranormale, implants cybernétiques.
352 Changelin : le Songe
Les fantômes
Les Sluaghs expliquent comment un mortel qui meurt sans avoir
mis toutes ses affaires en ordre risque de revenir sous la forme d’un
Prodigue. Ils considéraient autrefois les fantômes comme une forme
de chimère de la passion en décomposition, alors que de nos jours,
certains croient à peine à ces rumeurs. La passion d’un fantôme va
au-delà de celle d’un simple mortel ; la langueur du trépassé le définit
et le renforce. Au lieu de se décomposer, il devient une chimère dont
l’acharnement n’a pas d’égal.
La réalité qui enferme la plupart des fantômes se nomme les
Terres d’Ombre, et c’est un Royaume créé par leurs rêves de vie et
de ce qui aurait pu être. Cela ne signifie pas qu’ils sont incapables
d’interférer avec les Royaumes des vivants. Les fées les croisent en
général par accident, lorsqu’elles interagissent avec leurs Entraves ou
leurs Passions. Les Entraves s’incarnent dans des objets physiques
d’une grande importance pour le fantôme, comme le couteau qui
l’a tué ou la voiture qu’il a amoureusement restaurée pendant des
années. Les Passions sont les émotions qui le guident et font de lui
autre chose qu’un simple esprit immobile hantant un lieu. Le regret
de ne pas voir sa fille décrocher son diplôme ou la haine pour la
société qui l’a renvoyé sont des exemples de sentiments puissants
qui pousseront le fantôme à agir. Si le changelin intervient dans
quelque chose qui revêt de l’importance à ses yeux, il peut s’attendre
à une petite visite de la part d’un esprit potentiellement furieux, ou
reconnaissant s’il a empêché la destruction d’une Entrave ou d’une
source de Passion.
Comme pour n’importe quel autre Prodigue, raisonner un
fantôme que l’on rencontre est possible. Les Sluaghs évoquent tou-
tefois sa composition chimérique. À l’instar de la société féerique
partagée entre Seelies et Unseelies, ces créatures possèdent en elles
deux facettes, l’une rationnelle et l’autre sournoise qui cherchent à
prendre le contrôle. Il s’avère parfois difficile de déterminer quand
l’Ombre, la part d’obscurité du fantôme, prend le pas. Elle méprise
la vitalité présente dans les changelins et prendra un malin plaisir à
orchestrer la chute des Kithains qui l’auront offensée. Les fantômes
contrôlés par l’Ombre videront entièrement une fée de son Glamour.
Pouvoirs et faiblesses
À quelques exceptions près, les fantômes sont complètement
invisibles et intangibles. Les Sluaghs peuvent les voir, mais les
autres changelins ont du mal à les percevoir. À moins qu’il ne
choisisse de se matérialiser dans le monde réel, il est impossible
de toucher physiquement le spectre. Un contact effectué avec
une force raisonnable dans la zone où il se « trouve » lui inflige
un niveau de dégâts contondants, et perturbe son état physique
pendant un nombre de tours égal à la Vigueur du fantôme.
Pendant ce laps de temps, seuls les autres fantômes peuvent lui
infliger des dégâts supplémentaires. La créature peut sans diffi-
culté passer à travers les portes, les murs et les objets physiques.
Les Entraves (des objets dans le monde réel) retiennent les
fantômes à leur semi-existence. Détruire l’une d’entre elles
provoque un énorme impact sur eux et leur inflige une immense
douleur. Ils ne ménageront pas leurs efforts pour protéger leurs
Entraves. Aiguillonnés par les Ombres, les fantômes désespérés
pourraient se résoudre à la violence, ou pire, s’ils pensent qu’une
menace pèse sur ces objets.
Un fantôme possède des sens plus aiguisés qu’un mortel. Il peut
détecter les auras des vivants et les changelins lui apparaissent
 comme des créatures incroyablement vibrantes. Ces perceptions
sont en généralement si fines qu’il est capable de lire la plaque
d’immatriculation d’une voiture fonçant à toute vitesse.
Par l’intermédiaire d’un pouvoir appelé Requiem, la psalmodie
des fantômes surnommés Chanteurs insuffle une émotion
brute dans un changelin, qui se transforme parfois en Glamour.
Beaucoup de changelins prennent cette catégorie de spectres
pour des banshees.
Les Marchands de sable sont des fantômes qui possèdent la
capacité de récolter la créativité, de modifier les rêves et même
d’emporter des âmes endormies dans une reconstitution oni-
rique spectaculaire à part entière. Quand l’un d’entre eux prend
un changelin pour cible, son joueur doit faire un jet de Volonté
(difficulté 8). S’il le rate, son personnage perdra un point de
Glamour par nuit que le fantôme passera à s’intéresser à lui.
De son côté, le conteur doit faire un jet de Volonté (difficulté
6) pour celui qui s’aventurerait dans les songes d’un changelin
et s’il le rate, le spectre restera prisonnier du rêve jusqu’à ce que
le dormeur se réveille.
Les fantômes appelés Usuriers peuvent drainer, ou régénérer,
le Glamour quand ils touchent une cible… ce qui, comme on
pourrait s’y attendre, conduit à toutes sortes de complications.
Les fantômes se nourrissent d’émotions, ce qui leur permet de
reconstituer la réserve de Pathos qui alimente leurs pouvoirs
magiques à la place du Glamour. En général, les émotions
positives influencent la personnalité du Prodigue, tandis que
les sentiments négatifs puissants renforcent son côté obscur,
ou Ombre. Créatures de passions et de souvenirs, les fantômes
renferment très peu de Banalité. Les Sluaghs pensent que les
spectres et les hantises rendent le monde plus accueillant qu’il
ne le serait pour eux s’ils n’étaient pas là.
Certains fantômes, les Ressuscités, peuvent retourner dans leur
corps, s’extraire de leur tombe et terroriser les vivants. Très rares
et extrêmement dangereux, ils existent pourtant dans le monde
physique. Si un changelin devient le gardien des Entraves d’un
Ressuscité, celui-ci le servira comme la fée l’entend.
Les fantômes consumés par leurs Ombres sont appelés Spectres.
Il est parfois impossible de les distinguer des fantômes nor-
maux, tandis que certains d’entre eux sont de pures créatures
maléfiques.
Héraut lémure
Au sein des Terres d’Ombre agitées par la tempête, un passage rapide
et sûr est rare. Quand un fantôme est capable de naviguer à travers
les dangers du monde souterrain et de se faire accompagner par
d’autres, il fait très certainement partie de la guilde des Hérauts.
Il est rare que les changelins pénètrent dans les Terres d’Ombres.
En revanche, contrariez le mauvais Thallain ou un nécromancien
irrité et cela vous arrivera sans doute. Quand un Kithain se retrouve
transporté dans le monde des morts, il lui faut trouver un Héraut
pour le guider vers une sortie sûre. Comme tous les passeurs, il
demandera quelque chose en paiement de son service de gardien.
Mais croyez-nous, n’importe quel prix vaut mieux qu’un séjour
forcé dans les cauchemardesques Terres d’Ombres, là où les morts
se nourrissent de Glamour.
Du fait de leur grande connaissance de la géographie, les fan-
tômes récemment décédés (les lémures) espionnent souvent les
autres Prodigues à travers le voile qui sépare les morts des vivants. Ils
effectuent des reconnaissances avant de communiquer à leurs alliés
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
les informations qu’ils ont glanées sur l’objet de leur surveillance.
Ces fantômes utilisent le savoir qu’ils ont acquis pour obtenir des
services en faveur de leurs Entraves restées dans le monde des vivants.
Attributs : Force 2, Dextérité 3, Vigueur 5 ; Charisme 2, Manipulation 3,
Apparence 3 ; Perception 3, Intelligence 3, Astuce 2
Capacités : Athlétisme 4, Commandement 2, Expérience de la rue 2,
Intimidation 2, Subterfuge 2, Vigilance 4 ; Conduite 3, Étiquette 2,
Furtivité 3, Représentation 3, Survie 4 ; Énigmes 3, Investigation 2,
Occultisme 2
Pathos (Glamour) : 6
Banalité : 4
Volonté : 5
Arts équivalents : Automne 1, Chicanerie 2, Périple 4
Spectre meurtrier
Un Spectre naît quand l’Ombre dévore définitivement son fantôme.
Rares sont les entités plus terrifiantes que celle-ci dans, ou en dehors,
des Terres d’Ombre. Malfaisants, affamés, mais rarement contrô-
lables, les Spectres se servent de la facette cruelle et amère de l’âme
du fantôme qu’ils étaient avant, et mettent ces compétences et ces
désirs au service d’objectifs sinistres.
Aucun fantôme n’est plus à même qu’un Spectre de cibler les
changelins. Il se délecte de toutes formes de vie et fortifie en les
dévorant l’entropie qui le guide. Les fées, et la source inégalée et
débordante de vie qui les constitue, représentent donc un mets
particulièrement appétissant pour lui. Les Spectres quittent parfois
les Terres d’Ombre lorsqu’ils détectent l’aura d’un changelin, et
possèdent les mortels, les Enchantés ou les Kinains. Ils se fraient
un chemin dans le corps et l’esprit de la créature qu’ils ont envahie,
puis la poussent peu à peu à se retourner contre ses semblables. Cet
hôte leur servira alors de cheval de Troie pour affaiblir la fée jusqu’à
ce qu’ils puissent dévorer le Glamour de sa source inconsciente.
Les Spectres attaquent parfois les changelins dans leur ensemble.
Ils orchestrent des attaques par le biais d’organisations, de groupes,
voire de Domaines entiers, inconscients de leurs manipulations,
simplement pour introduire une once de Néant dans ces sources de
Glamour. Paradoxalement, et en dépit du mépris qu’ils affichent pour
ce Tempérament, les Spectres renferment une grande quantité de
Glamour, qui est dû aux Passions brutes qui les animent. À l’inverse
des autres Prodigues, ils consument leur réserve de Glamour aussi
vite qu’ils le peuvent avant d’en dévorer encore plus.
Attributs : Force 4, Dextérité 5, Vigueur 5 ; Charisme 2, Manipulation 4,
Apparence 1 ; Perception 4, Intelligence 2, Astuce 5
Capacités : Acuité 2, Athlétisme 3, Bagarre 4, Empathie 1, Expérience
de la rue 2, Expression 3, Intimidation 2, Subterfuge 5, Vigilance 2 ;
Conduite 3, Étiquette 1, Furtivité 4, Représentation 3, Survie 4 ;
Énigmes 3, Érudition 1, Investigation 2, Occultisme 4, Politique 1,
Sciences 2
Pathos (Glamour) : 9
Banalité : 7
Volonté : 5
Arts équivalents : Automne 4, Chicanerie 2, Flamboiement 4, Hiver 3,
Ire du dragon 2, Primordial 2, Souverain 3
Marchand de sable
depuis longtemps disparu
Le plus grand danger que les changelins courent dans le pays des
morts est aussi leur meilleur allié potentiel. Les Marchands de sable
font partie d’une guilde de fantômes capables d’influencer les rêves
353
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
d’entités situées en dehors des Terres d’Ombre. Ils se concentrent
principalement sur les mortels, mais il leur arrive de cibler les
Prodigues et, bien sûr, les fées.
C’est une chose de hanter une maison, c’en est une toute autre
de hanter le subconscient de quelqu’un. Du fait de la distance qui
les sépare de leurs victimes, les Marchands de sable sont immunisés
à toute tentative de dissiper leur présence. L’un d’eux peut tout à fait
s’asseoir au pied du lit d’un Kithain endormi. Cependant, lorsque
celui-ci se réveillera, l’esprit embrouillé et apathique, le fantôme sera
parti depuis longtemps, emportant avec lui l’énergie volée dans ses
rêves. Les changelins craignent ces Prodigues pour cette raison précise.
Et c’est aussi pourquoi certaines fées considèrent les Marchands
de sable comme les meilleurs alliés qu’elles aient jamais eus. En effet,
ils sont capables de planter les graines des songes aussi facilement
qu’ils peuvent débarrasser un esprit de tous ses cauchemars. Certains
Sluaghs se sont proposés pour représenter leur Cour et déterminer
si les fantômes donneraient un certain crédit à leur offre d’alliance.
Attributs : Force 4, Dextérité 5, Vigueur 5 ; Charisme 3, Manipulation 5,
Apparence 2 ; Perception 5, Intelligence 3, Astuce 3
Capacités : Acuité 3, Athlétisme 3, Bagarre 2, Commandement 4,
Empathie 4, Expérience de la rue 1, Expression 1, Intimidation 3,
Subterfuge 3, Vigilance 3 ; Étiquette 2, Furtivité 4, Mêlée 2 ; Droit 2,
Énigmes 5, Érudition 2, Investigation 2, Occultisme 4, Sciences 2
Pathos (Glamour) : 10
Banalité : 3
Volonté : 8
Arts équivalents : Augure 3, Automne 4, Chicanerie 3,
Oniromancie 5, Périple 4, Prestidigitation 4
354 Changelin : le Songe
Les cousins oubliés
Perdus dans les bibliothèques eshus les plus poussiéreuses, dissimu-
lés dans des sanctuaires, enfermés dans les coffres verrouillés des
châteaux des Maisons Balor et Fiona, des ouvrages détaillent les
Prodigues qu’on pensait depuis longtemps disparus dans les limbes
du temps et des marées. Les changelins actuellement au courant de
leur existence même sont très peu nombreux, et encore plus rares
sont ceux qui reconnaîtront leur lien, quel qu’il soit, avec les fées.
Pourtant, d’intrépides érudits se rappellent les légendes des momies
s’associant aux Eshus pour explorer les merveilles du Sahara, et celles
des démons invoqués par les Unseelies au cours de l’Âge mythique
grâce à des Arts sympathiques.
Les momies
Les archives des Eshus prétendent que les momies étaient autrefois
des mortels Enchantés qui fusionnèrent avec la réalité chimérique
du Songe. Ces créatures prêtèrent des Serments auprès de grands et
nobles Arcadiens, et prirent fait et cause pour leurs dieux féeriques à
travers des pactes scellés par le corps et par l’esprit. Leur enveloppe
charnelle ne pourrirait jamais et leur esprit ne partirait pas tandis
qu’ils seraient au service de leurs maîtres et veilleraient à l’équilibre
entre les royaumes de l’ordinaire et du sublime.
De nos jours, il ne reste guère d’Immortels et l’on a accordé en
récompense une place en Arcadie à la majorité d’entre eux, pour les
millénaires passés à servir. Ceux qui sont encore présents tentent
toujours aussi fermement de maintenir l’équilibre qu’ils nomment
Ma’at.
 Les Sidhes au courant de l’existence des momies rejettent leurs
origines égyptiennes communément acceptées. Les Immortels durent
adopter les croyances mortelles pour conserver l’équilibre avec leurs
pouvoirs chimériques. Les nobles accordent un grand respect à des
serviteurs aussi loyaux, et certains membres de la Cour seelie ont
tenté de les retrouver pour obtenir leur soutien, avec un succès mitigé.
Les momies sont pour le moins amusées par les théories des
changelins les concernant. Cependant, cela ne signifie pas qu’elles
les contredisent. La vivacité des fées les réchauffe et les ragaillardit
dans un monde en permanence au bord de la catastrophe.
En tant que Prodigues bénéficiant de la vie éternelle et capables de
donner la vie aux autres, les momies possèdent assez de Glamour
pour rivaliser avec n’importe quel archimage. Lorsqu’elles sont
actives, leur niveau de Banalité se situe rarement au-dessus de
5. Quand elles sont au repos et comme elles deviennent des
cadavres passifs, le score de ce Tempérament augmente de 5
niveaux, quel que soit celui qu’elles avaient précédemment.
Étant donné l’importance qu’elles accordent à l’équilibre, les
momies actives tentent d’atteindre le juste milieu dans ce trait.
Détruire une momie est impossible. Si tous ses niveaux de santé
ont subi des dégâts létaux, elle commence à les régénérer au
rythme d’un niveau par heure. S’il s’agit de dégâts aggravés, et
même si son corps est désintégré, elle se reformera en 24 heures
près de ou à l’endroit où elle est tombée. Si les substances phy-
siques sont absentes ou inappropriées pour reconstituer son
enveloppe charnelle, elle est capable de s’insuffler de la matière
chimérique pour retrouver son intégrité physique.
Les momies peuvent s’affaiblir en sacrifiant leur énergie vitale (le
Glamour) et ainsi guérir les autres. Un point de leur Glamour
fait récupérer un niveau de santé à un individu. La nuit ou s’il
se cache, le Prodigue régénère sa réserve au rythme d’un point
par heure, et un point par minute s’il s’expose à la lumière du
soleil.
Tous les jours à midi, les momies choisissent trois Arts qu’elles
maîtriseront au niveau 5. Contrairement à la plupart des
Prodigues, elles sont capables d’affecter plusieurs cibles à la fois.
Les démons
La Maison Balor affirme que ses membres sont des experts en matière
de démons et d’entités démoniaques, et qu’elle est responsable
d’avoir conjuré et asservi plusieurs de ces créatures au cours de leurs
guerres contre les Cours Fomorii. Selon elle, les démons seraient
d’anciennes fées venues d’une époque où l’Hiver ne s’étendait pas
sur le monde, mais que leur temps a passé, qu’on les exila dans un
labyrinthe du Songe profond, et qu’on ne les autoriserait à en sortir
qu’en cas de situation désespérée.
De nos jours, les démons apparaissent à une fréquence plus
grande, et très alarmante. Les Sidhes de la Maison Balor expliquent
que l’Hiver approche à nouveau et qu’il sera bientôt temps de faire
appel aux démons, mais cette perspective les perturbe. En effet, ils
savent que leurs relations étaient autrefois celles du maître et de
l’esclave. Les démons forment des cultes, vident leurs adorateurs
de leur Glamour, tentent de briser les murs de leur prison et ne
montrent aucune intention d’accepter à nouveau la servitude. Plus
d’une rencontre entre l’un de ces Prodigues et un Unseelie a tourné
à l’horreur pour le changelin.
De leur côté, les démons considèrent que les fées sont effecti-
vement aussi anciennes qu’elles le disent, mais ils ne reconnaissent
ni lien familial ni autorité sidhe. Ils s’amusent beaucoup à inciter
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
les changelins à prêter un Serment afin de s’assurer de leur aide,
puis ils leur demandent seulement de rejoindre leur culte et d’en
devenir un membre important. La vénération dont ils sont l’objet
leur offre une puissance accrue et dans le cas des changelins, elle
prend la forme de Glamour et de Trésors qu’ils sont contraints de
sacrifier à leurs maîtres infernaux.
Le score de Glamour des démons varie en fonction de la taille
et de la composition de leur culte. Ils n’en ont aucun besoin
pour vivre, mais il leur en faut pour manipuler leurs Arts et
imposer leur volonté surnaturelle à leurs adorateurs. Les démons
qui comptent des Prodigues parmi leurs fidèles figurent parmi
les plus puissants et protègent leurs investissements avec dili-
gence. La Banalité démoniaque est élevée quand ils prennent
forme, car ils s’en servent pour déguiser leur véritable influence
surnaturelle.
Les démons possèdent le corps des mortels et parfois des
Enchantés, mais la Vigueur de leur réceptacle ne leur permet
d’absorber que les dégâts contondants. Ils peuvent récupérer
des niveaux de santé grâce au sacrifice d’autres personnes.
Les mortels qui ne font pas partie de leur culte ne leur font
récupérer qu’un seul niveau de santé, mais celui des Prodigues
et des changelins leur permet d’en regagner trois, et le sacrifice
volontaire de leurs adorateurs les guérit totalement. Si la forme
mortelle d’un démon meurt, il apparaît sous sa forme véritable
et bénéficie alors des mêmes pouvoirs de régénération qu’un
loup-garou.
Lorsqu’un démon possède un individu, il oblitère l’âme de son
hôte. Ces créatures ne peuvent pas posséder les changelins ou les
Prodigues et s’ils quittent le corps qui les abrite, cette coquille
vide s’effondre, sans vie.
Lorsqu’il se trouve dans le corps de son hôte, un démon dispose
de 10 à 20 points dans les Arts suivants : Augure, Automne,
Chicanerie, Ire du dragon, Prestidigitation, Primordial et
Souverain. En dehors d’un corps, il gagne de 10 à 20 points
supplémentaires à répartir entre le Chronos, les Cieux, la
Désignation, le Flamboiement, l’Hiver, l’Oniromancie et le
Périple qu’il perd une fois revenu dans un hôte.
Un démon sous sa véritable apparence est une entité primor-
diale, et mêle souvent les traits d’un ange onirique et d’un
fiélon cauchemardesque. Ses attributs physiques et son niveau
de Glamour doublent, faisant de lui un véritable phare pour
tous les chasseurs, les Technocrates et les individus désireux
de l’éradiquer. Il lui est possible de se cacher physiquement
des mortels (même si sa présence corrompt peu à peu l’envi-
ronnement), mais les Prodigues et les changelins sentiront sa
présence. Sous sa véritable forme, il peut entrer dans le Songe
en empruntant un Sentier, ou bien en passant par les Terres
d’Ombre si le voile entre la vie et la mort est particulièrement
faible à cet endroit.
Les chimères
de cauchemar
Pour beaucoup de Seelies, le Songe est un lieu magique et merveil-
leux peuplé de créatures fantastiques, avec lesquelles on peut se
lier d’amitié et que l’on peut apprivoiser. Les chatons se prélassent
devant les Brasiers, on trouve des chevaux féeriques dans les écuries
et les laboratoires des Nockers produisent d’incroyables créatures
355
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
steampunk toutes revêtues de cuivre et pleines de mécanismes
cliquetants. Même les Unseelies, avec leurs rêves plus sombres,
oublient que des choses bien pires que leurs automates agressifs et
leurs matous dérobeurs de souffle y rôdent.
Les cauchemars sont aussi courants, et en général plus puissants,
que les rêveries diurnes. Pour chaque lapin pelucheux et chaque
volée d’oiseaux chanteurs, un monstre affamé et efflanqué, la gueule
écumante et les yeux luisants, attend tapi quelque part. Des bêtes
sauvages et de terrifiantes menaces chassent dans le Cauchemar. Elles
franchissent les frontières du Songe semble-t-il en toute impunité,
puis traquent les rêves mortels et le Glamour des Kithains pour
satisfaire leurs appétits. Certaines chimères de cauchemar sont
d’antiques craintes, vestiges des souvenirs les plus lointains de la
mémoire collective civilisée. D’autres sont si inédites et étranges
qu’il faut encore confirmer leur existence.
Même si, au fil des siècles, l’on a déjà rangé ces créatures sombres
et hostiles en catégories très diverses, elles se répartissent de nos
jours en quatre grands groupes : les chimères sauvages, les nervosae,
les nocnitsas et les légendes urbaines.
Les chimères sauvages
Elles se présentent sous deux formes différentes. Certaines sont nées
chimères et surgissent telles quelles des songes des Rêveurs pour
hanter les Sentiers et les Clairières du Songe proche. Beaucoup sont
orphelines, des animaux familiers et des compagnons qui apparte-
naient à quelqu’un. Par malchance ou malveillance, elles se sont
retrouvées séparées de leurs maîtres kithains et obligées de survivre
seules. La plupart des chimères sauvages sont la contrepartie onirique
d’animaux sauvages ordinaires (lapins, chats, loups, chevaux, etc.).
Les individus assez chanceux, ou malchanceux, pour les apercevoir
remarquent leurs traits étranges, inquiétants et ensorcelants qui
les désignent comme différents. D’ailleurs, nombre d’entre eux ont
inspiré les contes sur des animaux démoniaques que l’on trouve
dans les mythologies du monde entier.
Les chats féeriques
Si certains d’entre eux sont des chimères du Songe, la plupart des
chats féeriques que l’on croise le long des Sentiers ont perdu leur
maître et ont dû se débrouiller seuls face à la folie du Songe. Toutes
les fenêtres ouvertes, les portes entrebâillées et les murs troués
représentent autant d’occasions de s’échapper. Un chaton perd son
enfant sidhe, le greffier bien-aimé d’un Boggan ne revient pas de sa
promenade nocturne. Un chat d’intérieur chouchouté s’égare sur
les Sentiers pendant le voyage de son Eshu entre deux Domaines.
Les chats féeriques sont d’apparence très diverse. Certains ont tout
du chat ordinaire, mais si l’on y regarde de plus près, on remarquera
leurs très longues griffes et leurs yeux étrangement luisants. D’autres
possèdent des pelages aux couleurs fantastiques et des traits exagérés
qui restent longtemps après que le chat a disparu. Un changelin
pourra à de très rares occasions rencontrer un cait sith, d’énormes
félins noirs faits de magie chaotique venus du Songe profond.
Attributs : Force 1, Dextérité 4, Vigueur 3 ; Perception 3, Intelligence 2,
Astuce 2
Capacités : Acuité 1, Athlétisme 4, Bagarre 2, Empathie 1, Vigilance 2 ;
Furtivité 3, Survie 2
Niveaux de santé : OK, OK, OK, –5, Invalidité
Rede : Cacher.
Glamour : 4 Volonté : 1
356 Changelin : le Songe
Armure : 0 (3 dés d’encaissement au total).
Attaques : Griffe (3 dés de dégâts létaux) ; morsure (3 dés de dégâts
létaux).
Cù Sìth
Également appelé cŵn annwn, chiens noirs, chiens infernaux et chiens
sidhes, les cù sìth sont les hérauts du destin et les chiens de la Chasse
sauvage. La nuit de Samhain, on les libère afin qu’ils pourchassent
leur proie ; ils harcèlent mortels et changelins et poussent les uns
dans un Enchantement, les autres dans le Tumulte. Lorsque le soleil
se lève, ils s’évanouissent dans les airs sans laisser aucune trace de
leur passage.
Les cù sìth sont d’énormes chiens aux allures de mastiffs très
musclés. Ils possèdent une épaisse fourrure de couleur noire, verte
ou blanche, des yeux luisants et des crocs acérés. Les empreintes de
leurs pattes brûlent la roche, mais ne marquent ni l’herbe ni la terre
et leurs hurlements pétrifient de terreur les cœurs les plus vaillants.
Créatures territoriales, elles défendent leur tanière avec autant de
férocité que les tombes des rois.
Attributs : Force 5, Dextérité 3, Vigueur 5 ; Perception 3, Intelligence 2,
Astuce 3
Capacités : Acuité 2, Athlétisme 3, Bagarre 3, Empathie 2, Intimidation
(inspirer la terreur) 4, Vigilance 3 ; Survie (pister à l’odeur) 4
Niveaux de santé : OK, OK, OK, –1, –1, –2, –2, –5, Invalidité
Redes : Armure (x3), Enchantement, Peur.
Glamour : 5 Volonté : 1
Armure : 3 (8 dés d’encaissement au total).
Attaque : morsure (6 dés de dégâts létaux).
Monture infernale
Quand le diable chevauche, il est juché sur une monture infernale.
On nomme également ces montures licornes noires, chargeurs
de Diomède, juments de la nuit ou chevaux démons, et elles ont
hanté les rêves de l’humanité pendant des millénaires. Les maîtres
de la Raed féerique, ou Chasse sauvage, montent des chevaux noirs
comme le charbon capables de voler l’âme d’une personne. Les
Quatre Cavaliers apportent l’apocalypse sur des montures surna-
turelles. Même le cavalier sans tête de Sleepy Hollow est en selle sur
une monture démoniaque aux sabots incandescents et aux yeux
rouges comme la braise.
On ne rencontre des individus sauvages qu’en de très rares et
très exceptionnelles occasions dans le Songe proche, même quand
les explorateurs se montrent assez courageux pour s’aventurer près
des Sentiers du Cauchemar. Certaines nuits de l’année, lorsque les
frontières entre les mondes se font moins présentes, les montures
démoniaques peuvent apparaître aux mortels et donner ainsi nais-
sance à des légendes de juments mangeuses de chair, d’étalons ailés,
de licornes et de chevaux à la crinière enflammée.
Attributs : Force 7, Dextérité 5, Vigueur 6 ; Perception 4, Intelligence 4,
Astuce 4
Capacités : Acuité (Sentiers) 4, Athlétisme (course) 4, Bagarre (coups
de pied) 5, Empathie 3, Intimidation (menaces silencieuses) 5,
Vigilance 4 ; Survie (pister) 4
Niveaux de santé : OK, OK, OK, OK, OK, OK. –1, –1, –2, –2, –2,
–2, Invalidité
Redes : Armure (x5), Collet, Peur, Vol, Traverser le Songe, Wyrd.
Glamour : 8 Volonté : 3
Armure : 5 (11 dés d’encaissement au total).
Attaque : coup de sabot (8 dés de dégâts létaux).
Les nervosae
Contrairement aux autres chimères sauvages, les nervosae préfèrent
hanter le Songe urbain. Elles parcourent discrètement les allées jon-
chées de détritus et se glissent dans les couloirs sombres des bâtiments
abandonnés. Elles vivent aux limites de la vision mortelle, ombres
furtives qui s’évanouissent dans le néant lorsqu’on se tourne pour
les regarder. Pour la plupart, elles ne constituent pas une grande
menace, mais elles n’en restent pas moins les plus imprévisibles
de toutes les chimères. En effet, elles sont nées des frustrations et
de la paranoïa des millions de mortels et de fées entassés dans des
villes surpeuplées.
Les pestes
D’apparence vaguement humanoïde, flétries et chétives, ces créa-
tures sont engendrées par des rêves uniques induits par la fièvre
et les cauchemars du délire. On les rencontre la plupart du temps
dans des lieux consacrés à la maladie, comme les hôpitaux, les
cliniques, les maisons de retraite et les centres de recherches. Les
pestes naissent autant qu’elles se nourrissent de la souffrance des
victimes présentes là-bas, et il en existe de nombreuses espèces. Ces
dernières décennies, elles sont apparues au cours des épidémies de
grippe, de rougeole, de choléra et de SIDA, des foyers d’infection
de staphylocoque doré, du virus Ebola ou de tularémie, et d’autres
maladies encore, débilitantes ou mortelles.
Les pestes se nourrissent sur les populations qui vivent dans
la crainte des épidémies. Elles transmettent aux Rêveurs particu-
lièrement apeurés l’équivalent chimérique de la maladie qu’elles
incarnent. En temps normal, une de leurs cibles ne montre aucun
des symptômes physiques, mais elle ressent les frissons, les nausées, les
douleurs et les autres signes de la maladie. La popularité grandissante
des sites d’autodiagnostic a grandement facilité leurs recherches de
victimes, et beaucoup d’hypocondriaques sont en fait hantés par
ces chimères virulentes.
À de rares occasions, de puissants individus naissent pendant des
épidémies affectant de très larges territoires. Appelées pestilences,
elles transmettent non seulement la manifestation chimérique de
la maladie, mais également sa version physique.
Attributs : Force 1, Dextérité 3, Vigueur 3 ; Perception 3, Intelligence 2,
Astuce 3
Capacités : Acuité 2, Vigilance 2 ; Furtivité 3 ; Médecine 2
Niveaux de santé : OK, OK, –1, –1, –2, –5, Invalidité
Rede : Pourrissement.
Glamour : 6 Volonté : 3
Armure : 3.
Attaque : aucune.
Itération 42
Forgé par un Nocker unseelie paranoïaque dans le duché du Sceau
d’or, Itération 42 devait incarner la première ligne de défense du
laboratoire chimérique de son créateur. Ce golem pouvait patrouiller
les lieux, identifier les menaces éventuelles et prévenir les incursions
des rivaux jaloux du changelin. Mais le processus ne se déroula pas
comme prévu. Itération 42 développa spontanément une conscience,
échappa au contrôle de son inventeur et disparut dans le système
d’assainissement labyrinthique et cauchemardesque du royaume.
On ne l’a jamais retrouvé, mais des rumeurs continuent d’évoquer
son existence. Quand ils reviennent, les spéléologues urbains partis
en quête de Trésors et de matériaux chimériques dans les égouts
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
racontent parfois qu’ils ont vu des lumières étranges et entendu de
mystérieux bruits métalliques, loin dans les tunnels et les canaux.
Certains Domaines souterrains ont également rapporté des vols
occasionnels de provisions, d’Écume et de matériaux chimériques.
Itération 42 préfère qu’on l’appelle « Phil ». Son repaire, dans les
égouts de Manhattan, est peu à peu devenu une forge fonctionnelle
et un dépôt mécanique. Il a également amélioré son corps, au départ
une carcasse grossière aux aptitudes basiques. À présent, c’est une
armure d’acier chimérique étincelante dotée d’un formidable arse-
nal récupéré de-ci de-là. Imprévisible et aussi paranoïaque que son
créateur, il peut pourtant se montrer sociable. Il estime rapidement
le degré de menace potentiel de n’importe quelle Bande qui s’intro-
duit dans son domaine, et s’en occupe de la manière qu’il estime
appropriée. Ceux qu’il laisse en vie peuvent tout à fait se retrouver
soulagés des Trésors ou des objets chimériques qu’ils possédaient.
Phil est non seulement un adversaire sérieux, mais il emploie
aussi des chimères mineures pour protéger plus efficacement les
environs de son antre. Des alligators des égouts et des golems plus
petits patrouillent ses frontières, des pièges jalonnent les murs et le
sol menant à son laboratoire. Et bien qu’on le soupçonne d’être la
seule chimère intelligente des lieux, on se demande quand même
où sont passées les Itérations 1 à 41.
Attributs : Force 3, Dextérité 5, Vigueur 6 ; Charisme 3, Manipulation 2,
Apparence 1 ; Perception 3, Intelligence 4, Astuce 3
Capacités : Acuité 3, Bagarre 2, Intimidation (menaces) 4, Vigilance 3 ;
Armes à feu (canon de bras) 4, Artisanats 2, Larcin 3, Mêlée
(lames) 4 ; Connaissance (chimères) 4, Énigmes 2, Informatique 2
Niveaux de santé : OK, OK, OK, –1, –1, –1, –2, –2, –2, –5, Invalidité
Redes : Armure (x5), Vol, Réparation (équivalent de Guérison),
Détaler, Armement (+3).
Glamour : 8 Volonté : 4
Armure : 5 (11 dés d’encaissement au total).
Attaques : canon de bras (cf. « Pistolet de foudre », page 325 ; 8 dés de
dégâts létaux), Bras épée (par le pouvoir Armement ; 7 dés de dégâts
létaux), coup de poing (4 dés de dégâts contondants).
Les nocnitsas
Voici les monstres qui hantent la mémoire collective de l’humanité,
les yeux luisants dans les ténèbres et les grandes bêtes de légende.
Même les plus braves chevaliers hésitent à les engager au combat,
car ce sont les chimères les plus dangereuses et diverses qui soient.
Terreurs silencieuses
Depuis toujours, on raconte autour du feu des légendes à propos
d’insectes géants. Aux quatre coins du monde, ces histoires passent
de génération en génération, souvenirs des temps où d’énormes
araignées et des guêpes mortelles surgissaient des forêts obscures et
de sombres grottes. Les humains ordinaires sont même capables de
percevoir leur présence invisible. Les picotements imaginaires qu’ils
ressentent et leur font irrésistiblement penser à des pattes d’insectes
sont souvent le fait de ces créatures rampant sur leur peau.
On étudie les insectes et les araignées chimériques depuis l’ar-
rivée des fées sur Terre, tant et si bien que la plupart des changelins
peuvent les identifier à leur couleur et aux marques qu’ils portent.
Presque toutes les espèces de terreurs silencieuses se révèlent hostiles,
vicieuses et venimeuses. Leur venin, injecté par un dard ou des crocs
aigus, peut affaiblir ou tuer. Elles sont au mieux difficiles à tuer, et
357
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
les blessures ne leur font souvent rien jusqu’à ce qu’on achève de
les découper en menus morceaux.
Les changelins avisés restent loin d’elles. La soie d’araignée
chimérique est très demandée pour le Voile dans lequel on tisse les
vêtements des nobles. Toutefois, artisans, guérisseurs et Sluaghs paient
des sommes rondelettes pour leur venin et leurs ailes iridescentes,
les yeux des arachnides, les dards de guêpe, la carapace de scorpion
et d’autres composantes utiles à leurs arts respectifs.
Attributs : Force 3, Dextérité 4, Vigueur 3 ; Perception 3, Intelligence 2,
Astuce 3
Capacités : Acuité 1, Athlétisme 3, Bagarre 3, Vigilance 2 ; Furtivité 3
Niveaux de santé : OK, OK, OK, OK, OK, OK, Invalidité.
Redes : Collet, Venin.
Glamour : 4 Volonté : 1
Armure : 0 (3 dés d’absorption au total).
Attaque : morsure (4 dés de dégâts létaux).
Les cryptides
Les histoires à propos d’animaux étranges rôdant juste à la limite
des découvertes scientifiques ont toujours abondé dans l’histoire
humaine. Même si les preuves de leur existence sont anecdotiques,
les légendes de monstres lacustres, de lapins à ramure et de chiens-
lézards tueurs de chèvres suffisent à alimenter une industrie touris-
tique prospère là où elles sont apparues.
Les cryptides chimériques se portent très bien dans ces lieux et
passent souvent du Songe au monde ordinaire pour se régaler des
espoirs, des rêves et des peurs que les vacanciers mortels éprouvent.
Dans de nombreux cas, elles partagent l’environnement et les ter-
ritoires de leurs contreparties réelles, même si les mortels qui les
croisent sont bien incapables de faire la différence.
Nessie et sa famille peuplent les lacs, les rivières et les eaux côtières
de bien des pays, tandis que les jackalopes et autres wolpertingers
galopent à travers champs et forêts. Hélas, toutes les cryptides chimé-
riques ne sont pas aussi amicales. Aux Amériques, le chupacabra
vampirise le sang du bétail, des reptiles mortels comme des serpents
géants et des dinosaures hantent les forêts tropicales, et des vers
venimeux creusent leurs galeries loin dans le désert de Gobi.
Beaucoup de cryptides vivent à l’écart d’un contact humain
régulier, mais la rumeur voyage vite et les histoires qu’elle transporte
vont loin. Même les Rêveurs qui ne quittent jamais le confort de
leur vie citadine sont tout à fait capables d’imaginer des vélocirap-
tors embusqués dans la forêt amazonienne ou des primates bipèdes
cachés dans les bois.
Attributs : Force 5, Dextérité 6, Vigueur 6 ; Perception 4, Intelligence 4,
Astuce 5
Capacités : Acuité 3, Athlétisme 3, Bagarre (armes naturelles) 4,
Vigilance 3 ; Furtivité (environnement) 4, Survie (environnement) 4
Niveaux de santé : OK, OK, –1, –1, –2, –2, –2, –5, Invalidité.
Redes : Armure (x1), Enchantement, Gober, Cacher, Wyrd.
Glamour : 8 Volonté : 6
Armure : 1 (7 dés d’absorption au total).
Attaque : attaque naturelle (6 dés de dégâts létaux).
Les légendes urbaines
Ces dernières années, on a aperçu dans le Songe des chimères inédites
et étranges. Le débat fait rage entre Kithains spécialistes du folklore
sur l’origine de ces créatures bizarres. La plupart pensent que l’avè-
nement de la pop culture, dont se nourrissaient avec enthousiasme
358 Changelin : le Songe
Rêveurs et changelins, est responsable de ces apparitions tout droit
surgies de sites internet louches ou de films d’horreur.
Les légendes urbaines sont presque aussi variées que les nocnitsas,
et presque aussi imprévisibles que les nervosae. Elles se manifestent
sous la forme d’alligators dans les égouts, d’esprits frappeurs ravageant
les maisons familiales ou de n’importe quelle autre créature entre les
deux. Leur histoire relativement récente les rend dangereuses. Les
nobles éloignés de la mortalité ne comprennent souvent pas comment
gérer un Slenderman ou les jouets d’enfant meurtriers. Les roturiers
nerveux plus versés dans l’époque contemporaine croisent souvent
la route de ces créatures sans vraiment réaliser que leur adversaire
est bien plus sérieux qu’une petite histoire effrayante.
Mannequins
Omniprésents dans le monde, les mannequins font tellement partie
du paysage qu’on leur prête très peu attention. Ils s’alignent dans la
devanture des magasins de vêtements ; leurs corps lisses et sans visage
exposent les dernières tendances de la mode à tous les passants. Les
poupées chinoises décorent les étagères des magasins de jouets haut
de gamme, leurs yeux de verre vides et sans expression contemplent
parents et enfants. Les statues abondent dans les parcs et les cime-
tières, éternellement figées dans la même posture. Les épouvantails
suspendus à leurs poteaux se balancent dans le vent. Les animaux
en peluche, inoffensifs et adorables, s’empilent sur les lits et le sol
des crèches et des salles de jeux.
Ils restent immobiles jusqu’à ce qu’on ne les regarde plus. Ensuite,
il est trop tard.
Les mannequins sont rarement plus que des créatures à moitié
conscientes. Ils obéissent à un mystérieux instinct qui leur commande
de chasser et d’attaquer avec toutes les armes à leur portée. Ils ont
l’air de vouloir tuer et pourtant, cela arrive rarement. Ils semblent
plutôt se nourrir du Glamour produit par les vagues de terreur qu’ils
provoquent chez leurs victimes. La plupart des rencontres avec un
mannequin laissent sa cible avec une phobie des poupées, des ours,
des épouvantails ou des clowns.
Attributs : Force 2, Dextérité 3, Vigueur 2 ; Perception 3, Intelligence 2,
Astuce 3
Capacités : Acuité 1, Bagarre 2, Empathie 2, Vigilance 2 ; Mêlée 2
Niveaux de santé : OK, OK, –1, –1, –2, –5, Invalidité.
Redes : Peur, Vol de Glamour.
Glamour : 5 Volonté : 3
Armure : 0 (2 dés d’absorption au total).
Attaques : coup de poing (3 dés de dégâts contondants), arme
improvisée (+1 dé de dégâts létaux).
Étrangers
Parmi toutes les chimères du Cauchemar qui hantent le Songe, celles-ci
sont les plus faciles à comprendre, mais aussi les plus effrayantes à
rencontrer. Immensément puissantes, elles naissent et se nourrissent
des rêves désagréables que font les mordus de film d’horreur, les
conteurs des feux de camp et les Kithains à l’imagination débordante.
Les étrangers peuvent adopter n’importe quelle forme humanoïde,
mais ils se répartissent en général selon cinq archétypes spécifiques.
Les Monstres implacables sont des machines mortelles, terrifiantes
et déterminées auxquelles il s’avère difficile d’échapper et qu’il est
presque impossible de tuer. Les Hommes souriants apparaissent
presque toujours comme des ombres sinistres et l’on ne voit d’eux
qu’un sourire grimaçant et des griffes étincelantes. Les Hurleurs,
silhouettes blafardes aux traits distendus, poussent des cris inhumains
et se jettent sur leurs victimes à travers des miroirs brisés et depuis
des coins sombres. Dissimulées dans l’ombre de leurs cibles, les
Ombres délivrées deviennent invisibles et il est presque impossible de
leur échapper. Les Hérauts sont les plus rares et les plus inoffensifs.
Ces étranges silhouettes vêtues de noir n’attaquent jamais, mais se
matérialisent quelque part dans les environs peu avant la survenue
d’une importante catastrophe.
Attributs : Force 5, Dextérité 6, Vigueur 7 ; Perception 6, Intelligence 6,
Astuce 6
Capacités : Acuité 3, Athlétisme 3, Bagarre 3, Intimidation 3,
Vigilance 3 ; Furtivité (surprise) 4, Mêlée 3
Niveaux de santé : OK, OK, OK, OK, –1, –1, –1, –1, –2, –2, –2,
–5, Invalidité.
Redes : Dégâts aggravés, Armure (x5), Embrumer, Peur, Cacher,
Armement (+3), Wyrd.
Glamour : 8 Volonté : 6
Armure : 5 (12 dés d’absorption au total).
Attaques : coup de poing (6 dés de dégâts contondants), arme de
Cauchemar (9 dés de dégâts aggravés).
Les Dauntains
De toutes les horreurs nées du Songe, les Dauntains figurent parmi
les plus effrayantes. Un changelin peut craindre les ravages d’une
chimère déchaînée, la discorde fomentée par la Cour d’Ombre ou
la ruine sociale répandue par les Thallains. Ceux-là sont par essence
des terreurs mortelles. La peur des Dauntains est un sentiment qui
étreint directement l’âme.
Ils incarnent ce qui ne devrait pas être mais existe d’une façon
ou d’une autre. La plupart des changelins croient que lorsqu’ils
meurent, ils renaissent à nouveau, purifiés de leurs anciens péchés
et de leurs vieux échecs dans une Chrysalide toute neuve. Voilà
bien une histoire réconfortante. Hélas, elle n’est pas toujours vraie.
Certaines fées s’éveillent mal. Parfois, la Chrysalide déforme et
déchire, marque douloureusement l’âme féerique et brise l’esprit
humain. Parfois, cette âme était abîmée bien avant sa réincarnation,
et elle a emporté ses cicatrices et ses fractures à travers le cycle des
renaissances. Irrémédiablement blessée, le Songe aurait dû la détruire,
mais il l’a recrachée dans le monde, incomplète et démente.
Les sacrifiés d’Arcadie
Ces prédateurs naissent des traumatismes et des souffrances. Leur
Chrysalide est toujours abominablement douloureuse. Chaque
Dauntain, quel que soit son kith, porte la marque indélébile de sa
Malédiction. Intimement liée à son Glamour, ce symbole apparaît
sous la forme d’une brûlure quelque part sur le corps de la créature.
Tiré d’un antique langage (peut-être l’Arcadien, ou une autre langue
plus ancienne), il la désigne selon ses péchés.
Le Songe ne laisse pas les changelins identifiés comme des
Dauntains s’échapper facilement. Ceux-ci portent leur Marque sur
chaque parcelle de leur enveloppe mortelle, et renaissent avec le poids
des péchés de leurs existences passées. Tous les Dauntains savent
qu’ils sont incomplets, que leur âme a été endommagée et brisée
sans espoir d’être un jour guérie, mais cela ne les empêche nullement
d’essayer de se réparer eux-mêmes. Au fil des nombreux siècles, ils
ont mis au point des méthodes pour apaiser la douleur et soulager
la folie. Certains espèrent encore apprendre les secrets du Songe qui
leur permettront de régénérer leur âme et d’effacer leur Marque.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
La Marque du Cadavre
La maladie infecte aussi le Songe et celui-ci peut la transmettre aux fées.
Certaines d’entre elles se lancent même délibérément à la recherche
de ces royaumes des épidémies et tentent de déclencher des pandé-
mies afin d’expurger les faibles de leur société. Les Typhoïdes sont des
vecteurs de maladies, infectés par un mal débilitant qui chaque jour
solidifie la moitié de leur Glamour temporaire et le sème en morceaux
d’Écume gangrenés. Si une créature du Songe entre en contact avec
cette matière, elle s’infecte et souffre des mêmes symptômes.
La Marque de l’Oublié
Les fées qui ont fui vers l’Arcadie ne l’ont pas toutes fait en pas-
sant par la Porte d’Argent. Certains étaient des criminels ou des
prisonniers de guerre, délibérément abandonnés aux tourments
d’une semi-existence dans le Songe hostile. Ces fées restèrent là,
incapables de mourir et de renaître. Elles n’ont pu s’échapper que
lorsque les Sentiers se sont rouverts, encore couturées des cicatrices
de leur enfermement. Les Égarés souffrent de terribles cauchemars et
peuvent ne regagner de Glamour qu’auprès d’un Rêveur qui subit
lui aussi des cauchemars.
La Marque de l’Iconoclaste
Le désespoir est le fléau de l’espérance. Il durcit les âmes vulnérables
et s’installe comme un cancer, vole les rêves agréables et ne laisse
derrière lui que des cauchemars désolés. Parfois, ce désespoir devient
rage et haine. Les Nihilistes sont aiguillonnés par un profond désir de
mettre un terme à toute chose, que ce soit les Domaines, les Kithains
et même le Songe. Ils doivent chaque jour détruire une chose du
Songe, qu’il s’agisse d’un simple Trésor ou bien de la population
entière d’un Domaine. S’ils ne le font pas, ils subissent un nombre
de dés de malus égal à leur score permanent de Glamour sur toutes
les actions sans rapport avec leur mission.
La Marque de la Liche
Les âmes qui ont fait commerce avec les plus sombres pouvoirs fée-
riques portent cette marque : elle désigne leur volonté d’embrasser les
Cauchemars dans leur quête de puissance. Ces Dauntains portent le
fardeau des pactes conclus avec le diable et la création des rêves les plus
destructeurs. Les Sorciers sont liés à des phylactères qui apparaissent
au cours de leur Chrysalide. Si cet objet tombe entre les mains d’un
autre, le Dauntain à qui il appartient deviendra son esclave et devra
faire un jet de Volonté. Il devra obtenir un nombre de réussites égal
à son score de Glamour afin de résister à n’importe quel ordre, même
autodestructeur, que lui donnerait son nouveau maître.
La Marque du Judas
Elle désigne les Apostats comme des parjures et des traîtres. Peu
importe leurs histoires enjôleuses et leur personnalité charismatique.
Le Songe connaît leur méchanceté et les rejette pour cela. Les chimères
les attaquent instinctivement et ils ne peuvent se réfugier en aucun
des endroits que le Songe effleure. Ils ne récupèrent pas de Glamour
quand ils ne font pas appel au Ravage, et même ainsi, ils ne peuvent
récupérer que la moitié des points normalement obtenus, à moins
que le nombre de réussites de leur jet de dés ne dépasse le score de
Glamour de l’Apostat qui l’effectue.
La Marque de l’Impie
La magie antique laisse des cicatrices sur certaines âmes. Cent ans
de sommeil, un sortilège emprisonnant sa victime dans un arbre ou
359
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
sous la forme d’un animal, un enchantement qui oblige quelqu’un à
accomplir des tâches impossibles, une malédiction qui ôte à sa cible
tout ce à quoi elle tient le plus. Autant de malheurs qui peuvent
affecter les changelins comme les mortels. Les Anathèmes ont peut-
être eux-mêmes été la victime de quelqu’un, à moins qu’ils n’aient
violé un lieu sacré. La dure condamnation qui les a frappés en
conséquence flotte toujours autour d’eux. Quand ils se retrouvent
face à un objet ou un événement associé à leur malédiction, leur
Glamour se retourne contre eux. Le score de Tempérament du
personnage se soustrait à tous ses groupements, et ce tant qu’il se
trouve en présence de cette amorce.
Créer un Dauntain
Cette étape n’est guère différente de la création de personnage habi-
tuelle dans Changelin. Après tout, les Dauntains sont des Kithains à
part entière, ils sont simplement souillés et brisés. Ils disposent de leurs
Arts, de leurs Royaumes, de leurs capacités et de leurs historiques.
Ils lancent des charmes, obtiennent des Trésors, gagnent et perdent
de la Banalité et du Glamour de la même manière.
Les Dauntains peuvent appartenir à n’importe quel kith dispo-
nible pour les joueurs, avec leurs Héritages et leurs Fragilités. La
Marque ne modifie en rien celui-ci et un personnage peut arborer
n’importe laquelle d’entre elles. Il convient toutefois de se limiter aux
kiths habituels ; les Dauntains issus des Gallains, des Thallains, des
Hsien ou des Adhenes existent peut-être, mais ils sont si rares qu’on
n’en entend jamais parler. Leur nature les place en dehors du système
des Cours de la société des Kithains. Leur appartenance aux Seelies
ou aux Unseelies n’est qu’une façade. C’est leur personnalité, et non
leur affiliation, qui dicte leur Apanage primaire. Cependant, ils sont
unseelies dans leur immense majorité. Quelques-uns parviennent
quand même à se raccrocher fermement à leur Apanage seelie.
Nouvel Art : la Ruine
À l’image de la fée qui le manipule, l’Art de la Ruine est incomplet.
Des légendes à moitié oubliées parlent d’un temps où ses maîtres
pouvaient secouer les fondations des forteresses, décimer des armées
et fendre les chaînes de montagnes. Mais cette époque est depuis
longtemps révolue. Ce qu’il en reste se résume à des charmes par-
cellaires aussi blessés que les Dauntains eux-mêmes.
La majeure partie de son efficacité et de sa souplesse s’est perdue
depuis l’Éclatement. En conséquence, la Ruine n’a guère d’emprise
sur les Royaumes de la Nature et de l’Accessoire, et son usage de
l’Acteur se limite aux Prodigues, aux Kithains, à la Parentèle fée-
rique, aux Enchantés et aux Rêveurs. En revanche, elle garde toute
sa puissance sur la Fée et la Scène.
Sauf indication contraire, tous les charmes de la Ruine sont
uniquement chimériques, car elle a perdu presque toute sa capacité
à influer sur le Wyrd.
Déchaîner la Ruine
Dans son incarnation présente, elle est l’Art de détruire le Glamour
et les créatures du Songe. Les Dauntains Déchaînent la Ruine à
travers du Glamour brut afin d’accélérer la décomposition, de créer
des Cauchemars, de corrompre le Glamour et d’infliger des blessures
chimériques à leurs adversaires. Les légendes abondent sur des paroles
présageant la destruction, comme « un mal sur vos deux maisons »,
« ne soit pas » et « que cela se brise ».
360 Changelin : le Songe
Bêtises de la Ruine
Elles représentent généralement la destruction, la corruption et
l’érosion des rêves, de l’imagination et de la créativité. Citons par
exemple le fait de déchirer un journal onirique, d’arracher les ailes
d’une pixie, de briser un vase en cent morceaux, de répandre de
l’acide sur une peinture ou de dire à un enfant que le père Noël
n’existe pas.
Infuser le fer froid
Voilà la raison pour laquelle nombre de changelins pensent que les
Dauntains sont les champions de la Banalité. Il donne à une personne
ou à un objet les propriétés du fer froid et améliore la puissance des
attaques physiques ou chimériques. Le lanceur peut également s’en
servir sur lui-même pour se protéger des attaques portées avec du
fer froid. La plupart des Dauntains apprennent au moins ce niveau
dans l’Art, et les Nihilistes sont les plus doués pour manipuler sa
magie. Le charme nécessite que le changelin touche sa cible.
La Bêtise doit inclure un morceau de métal gris ou d’argent
afin de symboliser le fer froid. Le charme est capable d’affecter tous
les Royaumes, contrairement aux limitations habituelles de l’Art.
Système : le Dauntain détermine le Royaume lorsqu’il choisit ce qu’il
tente d’infuser. Une pierre dépend de la Nature, mais une épée de
l’Accessoire ou de la Fée en fonction de sa nature. Si l’arme qu’il
améliore est chimérique, elle sera détruite lorsque les effets du
charme cesseront.
Chaque réussite obtenue sur le jet ajoute un dé de dégâts sur
une arme, ou un dé d’absorption si on s’en sert pour se défendre
contre les effets du fer froid. Les Dauntains peuvent également
utiliser le sort pour infliger des dégâts directement à une fée
ou à une chimère. Toutefois, pour ce faire, il doit obtenir plus
de réussites que sa cible n’en aura obtenu sur un jet opposé de
Glamour. Chaque réussite obtenue sur le jet de dégâts infligera
un niveau de dégâts à la victime, ainsi que les points de Banalité
temporaire qu’elle aurait subis si elle avait été frappée avec du
fer froid. L’utilisation de ce charme comme une attaque directe
constitue une amorce à la Banalité.
Le sortilège dure un tour et les effets de plusieurs invocations ne
se cumulent pas. Il n’affecte pas non plus les objets en fer froid.
Type : chimérique ou du Wyrd.
Empoisonner la source
Ce charme cible une source de Glamour et rend son énergie dange-
reuse pour toutes les créatures du Songe qui voudraient le récolter. Il
ajoute des cauchemars aux rêves et les entremêle jusqu’à ce qu’on ne
puisse plus les distinguer. Quiconque tente de récolter le Glamour
produit gagne à la place un dé de Cauchemar.
Il faut se trouver à courte portée de la source ciblée pour pouvoir
mobiliser cette magie. Sa Bêtise doit inclure d’y jeter quelque chose
de toxique ou de dangereux afin de représenter la souillure que le
lanceur introduit dans le Glamour. Les feuilles de belladone et de
ciguë, le sang d’un Thallain ou d’un Adhene et le venin d’un serpent
sont fréquemment utilisés.
Système : le lanceur identifie une source de Glamour. La plupart du
temps, il s’agit d’un Brasier ou d’un Rêveur, mais n’importe quel
générateur de Glamour fera l’affaire. Il ajoute ensuite à son charme
les Royaumes de l’Acteur ou de la Fée, puis divise le nombre de
réussites obtenues sur son jet entre les effets et la durée, c’est-à-dire
le nombre de dés de Cauchemar gagnés par la victime et le temps
 pendant lequel cette pollution affectera la source. Par exemple, Le Songe est certes résistant, mais il lui faut du temps pour gué-
un Dauntain qui obtient quatre réussites pourra empoisonner un rir. Les légendes évoquent des cités rasées jusqu’au sol et de terres
Brasier pendant une heure et infliger trois dés de Cauchemar à tous riches rendues stériles jusqu’à la septième génération. Cependant,
ceux qui récoltent son Glamour. Il peut aussi choisir d’empoisonner si le charme a jamais eu ce pouvoir, il est à présent perdu. Avec le
le Braiser pendant une journée et infliger un dé de Cauchemar à temps, les chimères se reforment et les Brasiers se rallument, mais
ses utilisateurs. c’est une bien maigre consolation pour tous ceux qui dépendent
Les effets de ce charme se cumulent et augmentent le groupement d’eux pour leur survie à court terme.
que le lanceur peut répartir entre les effets et la durée. La Bêtise doit inclure un bris d’objet symbolique, et le lanceur
doit l’obtenir de sa cible. Par exemple, il devra récupérer un verre
Une réussite Une heure, un dé
dans la taverne du Domaine, la branche d’un arbre dans une Clairière
Deux réussites Une scène, deux dés sauvage ou une facture dans la poubelle d’un Rêveur.
Trois réussites Un jour, trois dés Système : le lanceur désigne une personne, un lieu ou un objet généra-
teur de Glamour. Les Brasiers des Domaines sont les plus courants,
Quatre réussites Une semaine, quatre dés mais toutes les cibles peuvent convenir, comme les pierres de foyers
Cinq réussites Un mois, cinq dés des Clairières sylvestres, les chimères, certains Trésors et les Rêveurs.
Le Dauntain doit obtenir plus de réussites sur son jet que le score
Type : chimérique. permanent de sa cible pour détruire le Glamour. Ainsi, s’il obtient
plus de réussites sur l’utilisation de son charme que le niveau
Saler la terre d’historique de sa cible +1, il pourra influencer les Rêveurs de
Tourmenter sa proie ne suffit parfois pas. Vous devez aussi lui interdire la victime et annuler tout le Glamour qu’ils génèrent. Il pourra
les choses qui lui donnent la vie. Le sortilège détruit une source de étouffer le Brasier d’un Domaine de niveau 5 avec au moins six
Glamour et la fait si bien disparaître que l’endroit où elle se trouve réussites sur son jet d’activation. Les réussites obtenues au-delà
dans le Songe devient un lieu désolé. Cet ulcère blesse toutes les du minimum requis indiquent la durée de ses effets.
créatures chimériques qui l’aperçoivent et provoque des accès de
désespoir et de chagrin.

Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges 361

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Une réussite Un jour
Deux réussites Une semaine
Trois réussites Deux semaines
Quatre réussites Un mois
Cinq réussites Une saison
Les effets du charme ne se cumulent pas, mais une fois que la
source de Glamour s’est reformée, elle peut de nouveau être ciblée.
La Terre salée régénère au rythme d’un point par niveau de durée
sans assistance. Le Brasier d’un Domaine de niveau 4 maudit avec
cinq réussites supplémentaires récupérera donc un point par saison.
Certains Trésors, Arts et capacités comme la Fable Guérison (cf.
page 322) peuvent accélérer le processus.
Type : chimérique.
Rompre le Serment
Rompre un Serment qu’il a prêté est bien l’un des traumatismes les
plus atroces qu’un changelin puisse subir. Le Songe ne plaisante pas
à ce sujet et punit très sévèrement les coupables. Ce charme peut
appliquer sa vengeance même si la cible n’a enfreint aucune règle.
La Bêtise doit inclure un objet représentant le Serment à rompre.
Par exemple, un anneau de Claddagh conviendra pour le Serment
de la poignée de main, ou la figurine d’un chevalier pour le Serment
de fidélité.
Système : le nombre de réussites détermine la durée des effets du
charme sur sa cible. Si la rupture du Serment produit différents
degrés de conséquence, ce sont toujours les moins dommageables
qui s’appliquent. Le lanceur peut dépenser un point de Glamour
par degré de conséquence pour obtenir des résultats plus graves
bien que procéder ainsi provoque un jet de Banalité.
Une réussite Un tour
Deux réussites Une scène
Trois réussites Un jour
Quatre réussites Une semaine
Cinq réussites Un mois
Si le lanceur cible un Serment déjà actif, ce dernier n’est pas
vraiment rompu. Le charme induit le Songe en erreur à son
sujet. Bien qu’ils puissent potentiellement durer dans le temps,
les effets ne sont que temporaires et lorsque le sortilège expire, la
cible retrouve son état normal.
Type : chimérique.
Brûler l’effigie
Ce charme permet au Dauntain de transférer tous les effets négatifs
qui l’affligent sur sa cible, y compris les handicaps, les maladies, les
blessures et les dégâts chimériques. Il ne peut toutefois pas choisir
ceux qu’il lui fait passer, car le sortilège ne fait aucune différence.
Tous s’en vont ou le sort échoue. La seule exception à cette règle
concerne la Fragilité propre au kith, qui demeure avec le lanceur.
Brûler l’effigie sert le plus souvent à contourner les effets de la
Marque que le Dauntain porte. Le stigmate physique reste sur son
corps, mais ses conséquences s’appliquent à la victime. Un Égaré
sidhe profitera d’une vraie nuit de repos pour la première fois depuis
des années, tandis que son adversaire clurichaun, qui a hérité des
cauchemars qui le hantent, hurlera de terreur dans son sommeil.
362 Changelin : le Songe
Un Apostat eshu pourra à nouveau emprunter les Sentiers sans
craindre les attaques des chimères, tandis que le Pooka qu’il a ciblé
devra affronter ses amis chimériques à fourrure.
Même si ce sortilège ne permet pas de se débarrasser pour de bon
des conséquences de la Marque, beaucoup de Dauntains deviennent
dépendants de son utilisation. La plupart laissent dans leur sillage
un flot de victimes traumatisées, car ils sont en recherche perpétuelle
de nouvelles proies.
La Bêtise doit inclure une chose de nature intime appartenant à
la cible, comme de la salive, des cheveux, de la peau, des Trésors, des
objets enchantés avec son Glamour et des compagnons chimériques.
Cela permet au personnage de tisser un lien sympathique avec elle. Il
doit aussi utiliser du sang, de la salive et des cheveux qui lui appar-
tiennent puis les ajouter dans une poupée grossière confectionnée
avec du bois, de l’argile ou de l’herbe. Ainsi, il pourra établir une
connexion entre son corps et son âme, et ceux de sa cible.
Système : le lanceur choisit sa cible grâce au Royaume de la Fée ou
de l’Acteur. Celle-ci doit être une créature intelligente, car le sorti-
lège ne peut pas affecter les Domaines, les Trésors et les créatures
chimériques artificielles.
Pour que le charme produise ses effets, le Dauntain doit surpasser le
score naturel de Glamour de sa cible. Les réussites obtenues au-delà
du seuil indiquent la durée de ces effets sur elle. Le sort n’affecte
pas les créatures intelligentes dépourvues de ce Tempérament.
Une réussite Une heure
Deux réussites Un jour
Trois réussites Une semaine
Quatre réussites Un mois
Cinq réussites Un an et un jour
Les effets de plusieurs charmes se cumulent, mais toutes les réus-
sites obtenues au-dessus de cinq ne peuvent pas étendre la durée
au-delà d’un an et un jour. De plus, la victime ne peut pas être
à nouveau la cible de ce sort au cours de ce laps de temps, que
ce soit de la part du premier changelin ou de la part d’un autre.
Exemples de Dauntain
Issus de tous les milieux, ces personnages subissent des tragédies
uniques qu’ils revivent à chaque existence.
Erik Mikelson, le chevalier brisé
Jadis, le Chevalier brisé servait un seigneur d’Arcadie, commandait
ses soldats et partait en guerre sur un simple mot de lui. Son armée
perdit et il fut fait prisonnier par le rival de son seigneur. Il perdit le
compte des jours passés, enchaîné à parcourir le Songe alors que les
Sentiers se fermaient les uns après les autres. Son ravisseur franchit
les portes de l’Arcadie avant qu’elles ne se referment, accompagné de
la plupart de ses proches. Le Chevalier resta en arrière et se retrouva
à la merci du Songe à présent étrange et sauvage. Il se passa une
éternité avant qu’il ne puisse se libérer.
Lorsque les Sentiers se rouvrirent, il renaquit sous le nom d’Erik
Mikelson. Il vécut sa Chrysalide comme une agonie, assailli par des
visions et des clameurs qui brisèrent son esprit, vidèrent son âme et
ne lui laissèrent qu’une inextinguible soif de vengeance. Il se souvient
de sa captivité dans ses cauchemars et le baiser glacé de l’acier chasse
les brumes dans lesquelles son esprit est plongé. Il ne parvient pas
à se rappeler le nom de celui qui l’a capturé, pas plus que celui de
son ancien seigneur. Cependant, il sait qu’il les reconnaîtra quand
il croisera à nouveau leur route.
Kith maudit : Sidhe perdu.
Apanages : Misérable/Paladin
Héritages : Beauté surnaturelle, Port altier.
Fragilité : Le fardeau de la Banalité.
Attributs : Force 4, Dextérité 4, Vigueur 4 ; Charisme 3, Manipulation 1,
Apparence 2 ; Perception 3, Intelligence 3, Astuce 4
Suggestions de capacités : Athlétisme 2, Bagarre 2, Commandement 3,
Vigilance 2 ; Étiquette 3, Mêlée (épée) 4
Historiques : Trésor 2 (épée), Trésor 3 (armure), Réminiscence 1.
Arts : Périple 2, Primordial 2, Ruine 1, Souverain 1.
Royaumes : Accessoire 2, Acteur 2, Fée 3.
Glamour : 6 Volonté : 6 Banalité : 5
Équipement : tenue de voyage fatiguée, Voile déchiré, expression
hantée.
Shadow
Shadow a toujours été un enfant chétif. Atteint d’un DICS (déficit
immunitaire combiné sévère) diagnostiqué dès ses quatre ans, il
est devenu le souffre-douleur des autres enfants du quartier qui le
surnommait « le garçon-bulle » dès qu’il se portait assez bien pour
s’aventurer à l’extérieur. Il comprit pourquoi au moment de sa
Chrysalide. Son âme portait une maladie du Songe qui affaiblissait
son système immunitaire et le rendait vulnérable aux infections.
Après sa Chrysalide, des changelins du Domaine local le trouvèrent
et s’unirent pour le chasser de la région. Quel que fût le lieu, l’accueil
qu’on lui réservait était toujours hostile. Shadow décida de rendre
aux Kithains la monnaie de leur pièce.
Il excelle quand il s’agit de se glisser discrètement dans les
Domaines et de répandre sa maladie parmi les changelins. Il aime
aussi empoisonner les Brasiers et tourmenter les Rêveurs du lieu où
il se trouve. Il a derrière lui toute une vie de frustration et de rage, et
le rejet des Kithains lui a donné une réserve inépuisable de victimes
à meurtrir et à contaminer.
Kith maudit : Pooka typhoïde.
Apanages : Caricature/Troubadour.
Héritages : Métamorphe, Confident.
Fragilité : Mensonges.
Attributs : Force 2, Dextérité 3, Vigueur 2 ; Charisme 3, Manipulation 3,
Apparence 3 ; Perception 3, Intelligence 4, Astuce 4
Suggestions de capacités : Acuité 2, Athlétisme 3, Empathie 2,
Expérience de la rue 2, Subterfuge 3, Vigilance 2 ; Furtivité 3,
Larcin 3, Mêlée 2, Représentation 2
Historiques : Chimère 3 (maladie), Ressource 2 (pickpocket).
Arts : Chicanerie 2, Prestidigitation 2, Augure 1, Ruine 1,
Royaumes : Accessoire 3, Acteur 2, Fée 2.
Glamour : 5 Volonté : 6 Banalité : 5
Équipement : jeu de cartes, outils de crochetage, besace remplie de
vêtements de voyage.
Les hérauts
de l’Automne
Le monde de l’Automne ne se montre pas tendre avec ses rêveurs, et
la poigne écrasante de la réalité dure et froide est parfois bien trop
lourde à porter pour une seule âme. Les mortels ordinaires sont
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
victimes de la Banalité à une fréquence de plus en plus grande. Ils
traversent péniblement la vie, le cœur lourd et l’esprit embrumé,
inconscients d’être les outils qui propagent la Banalité et accélèrent
le frisson de l’Hiver.
Les Automnaux
Ce ne sont pas de simples mortels affligés d’une Banalité extrême.
Même le banlieusard le plus ennuyeux possède toujours une petite
étincelle au fond de son âme, les derniers éclats de rêves que son
boulot de gratte-papier, les transports en commun et la tasse de
café du bureau n’ont pas détruits. Les Automnaux vont plus loin et
embrassent l’ordinaire de tout leur cœur. Ils sont si impliqués dans
la normalité et la médiocrité qu’ils sont devenus des avatars mineurs
de la Banalité et la répandent où qu’ils aillent.
Malgré leur nature, ce sont des prédateurs inconscients du Songe.
Les Brumes étouffent tellement leur esprit qu’ils ne voient jamais
le Songe, et ne savent donc jamais les ravages qu’ils commettent
sur les mondes cachés qui les entourent. La plupart des effets du
Wyrd échouent complètement ou sont très amoindris par la simple
proximité d’un Automnal. Même s’ils pouvaient voir les royaumes
féeriques, ces gens seraient incapables de les comprendre. Leur esprit
est si ancré dans leurs routines et leurs rituels de normalité qu’ils
rejettent d’emblée toute preuve du contraire.
Cependant, leur aspect le plus dangereux ne réside pas dans leur
présence corruptrice. Les Automnaux se consacrent aussi à s’assurer
que tout le monde autour d’eux suit leurs normes abrutissantes
d’acceptabilité. Un réceptionniste avec un score de Banalité de 9
peut rentrer après une journée de travail administratif et de coups de
fil, s’avaler un dîner passé au micro-ondes et regarder une émission
de télé-réalité jusqu’au moment de dormir, cela ne fera pas de lui
un Automnal. S’il avale ce dîner puis saute sur son clavier et poste
sur les réseaux sociaux des commentaires incendiaires dans le fil
d’actualité d’un artiste, ou critique les choix de vie de ses amis sous
couvert de « j’essaie juste de t’aider » avant d’aller dormir, alors il
devient un Automnal.
Les Stigmates
Les Automnaux sont incapables de produire la moindre magie. En
revanche, ils possèdent une aptitude innée et instinctive pour manier
leur Banalité comme une arme. Les changelins appellent l’ensemble
de ces « pouvoirs » des Stigmates.
Exemples de Stigmates
Doute persistant : les critiques du personnage sont si acerbes
que les effets d’un simple échange avec lui peuvent se faire
sentir longtemps après que la conversation s’est terminée. Il
peut montrer une inquiétude sincère pour la carrière de sa
cible, ou bien mépriser durement ses choix de vie. Quelle que
soit la manière dont il exprime son opinion, les paroles qu’il
prononce peuvent marquer à jamais l’esprit de sa victime et
miner sa confiance par le doute et l’incertitude.
Système : le conteur fait un jet de Manipulation + Empathie pour
l’Automnal, opposé à la Volonté du personnage. S’il l’emporte
sur sa résistance, il sème le doute chez sa cible et affecte son
estime personnelle. S’il utilise cette capacité sur un Rêveur,
chaque réussite obtenue au-delà du minimum requis diminue
de 1 point la quantité de Glamour qu’il produit (minimum 0).
363
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Sur un Kinain ou un Kithain, elle provoque sur-le-champ un jet
de Banalité. Le nombre de réussites supplémentaires obtenues
par l’Automnal importe peu, car sa cible féerique ne gagnera
jamais qu’un seul point de Banalité temporaire.
Lorsqu’il fait appel à ce Stigmate, le personnage gagne aussi un
point de Banalité temporaire.
Effacement : les Automnaux les plus dangereux peuvent
endommager ou détruire toute trace de Glamour d’une source
simplement en se trouvant près d’elle. Toucher des œuvres d’art
et des Trésors suffit à le drainer du Glamour qu’ils contiennent.
Une promenade dans le voisinage d’une Clairière ou d’un
Sentier peut brûler l’herbe et faire faner les fleurs. Cette capacité
s’utilise rarement de manière offensive, mais elle agit plutôt
instinctivement à la présence du Glamour autour de l’Automnal.
Système : le conteur fait un jet de Banalité (difficulté 7) pour
l’Automnal. Si la cible est un objet ou un lieu, il n’y a pas de jet
en opposition. S’il s’agit d’une personne, elle peut résister grâce
à son Glamour permanent. Chaque réussite obtenue draine
un point de Glamour temporaire de la cible et ajoute un point
de Banalité temporaire à la réserve de Banalité de l’Automnal.
Gourd : certains Automnaux se révèlent tellement inintéressants
et insipides que le simple fait de converser avec eux tue toute
émotion et plonge leurs victimes dans l’apathie et l’ennui.
Rêveurs et changelins en ressortent vidés de toute énergie et
déconnectés du monde qui les entoure. Les plus malins essaient
d’esquiver ces échanges tout de suite. D’autres ne sont pas
aussi chanceux et risquent de se retrouver pris au piège assez
longtemps pour courir un danger. Cet effet dure rarement plus
de quelques heures, mais les dégâts qu’il provoque peuvent se
manifester pendant des jours, voire des semaines.
Système : l’Automnal engage la conversation avec sa cible et pour
chaque minute qu’il passe à lui parler, le conteur fait un jet de
Banalité opposé au Glamour de l’interlocuteur. Il drainera alors
un point de Volonté temporaire par réussite obtenue. Une fois
ce trait épuisé, la cible gagne à la place un point de Banalité
temporaire par réussite obtenue.
Railler : les Automnaux n’ont pas seulement le pouvoir de
détruire le Glamour par leur simple présence, mais ils peuvent
également éroder la créativité et miner la confiance en soi. La
mauvaise parole prononcée au bon moment peut détruire la
joie qu’une personne éprouve à poursuivre ses rêves, que ce
soit en écrivant une chanson, en sculptant une statue ou en
préparant un exposé scientifique. Peu importe que l’Automnal
pense que ses critiques sont utiles à sa victime. Quelles que
soient ses intentions, celle-ci souffre tout autant.
Système : le conteur fait un jet de Charisme ou Manipulation
+ Empathie ou Intimidation, opposé à la Volonté de la cible.
Pour chaque réussite obtenue au-delà du total de la victime,
son joueur soustrait une réussite sur le travail qu’elle est en
train d’accomplir. Cette capacité ne peut servir qu’une seule
fois par projet, et seulement au cours de ses séances de création.
L’Automnal gagne un point de Banalité chaque fois qu’il l’utilise.
Rationalisation : l’une des plus grandes forces des Automnaux
réside dans leur capacité à rationaliser les événements les plus
fantastiques et à les rabaisser au rang de mirages, de jeux d’ombre
ou de tours de passe-passe. Pour ce faire, le personnage n’a pas
besoin de se concentrer ; en effet, son incrédulité face au mer-
veilleux est si profondément ancrée qu’il rationalise dès qu’il
est confronté à une chose qu’il ne s’explique pas. Que ce soit
364 Changelin : le Songe
un charme lancé sous ses yeux ou une chimère visible pour les
gens ordinaires, il trouvera toujours un moyen de faire entrer
l’événement dans les paramètres de sa perspective étriquée et
logique.
Système : cette capacité est utilisée face aux charmes des Kithains.
Le conteur fait un jet de Banalité pour l’Automnal (difficulté
égale au Glamour du changelin). Chaque réussite obtenue
soustrait une réussite sur le jet d’activation du charme, car
celui-ci doit lutter contre l’incrédulité du témoin. Ce jet peut
survenir plusieurs fois par scène, mais une seule fois par charme.
Ce Stigmate peut aussi servir contre la Fable Wyrd des
chimères (cf. page 323). Le conteur fait un jet de Banalité avec
le Tempérament de l’Automnal (difficulté égale au score de
Glamour de la chimère). Chaque réussite inflige un niveau de
dégâts aggravés à la chimère et si elle est détruite par l’incrédulité
de son adversaire, celui-ci gagne un point de Banalité.
Thérapie d’aversion : la meilleure volonté d’un Automnal peut
provoquer des dégâts irréversibles sur un enfant changelin. Qu’il
cherche à régler le problème par lui-même ou avec l’aide d’un
thérapeute professionnel, il tentera de convaincre sa cible de
renoncer à ses hallucinations en instillant en elle la peur de
l’imaginaire.
Système : l’Automnal et sa cible font un jet de Volonté étendu
opposé, et doivent atteindre un nombre de réussites égal à 10.
Chaque jet de dés représente cinq minutes de thérapie. Si le
premier l’emporte, il inflige à sa victime le handicap Phobie
(2 points ; cf. page 182) centré sur un aspect du Songe. Ces
exemples doivent être précis, comme « les gens animaux »,
« les elfes », un certain lieu ou même « les amis imaginaires ».
Les effets sont au départ temporaires et disparaissent au bout
d’une semaine, mais les Automnaux s’arrêtent rarement à une
seule séance. Chaque fois qu’ils réussissent à remporter cette
opposition, la phobie se fait plus pesante et devient un handicap
à 4 points (20 réussites). L’Automnal gagne quant à lui 1 point
de Banalité chaque fois qu’il se sert de cette capacité.
Si la phobie s’installait de manière permanente, le joueur du
changelin devrait recevoir un nombre de points d’expérience
appropriés en récompense, ainsi que le handicap adéquat (cf.
« Offrir des atouts et des handicaps », page 177).
Exemple d’Automnal :
le critique de théâtre
Il n’a pas réussi à devenir acteur, réalisateur ou dramaturge. Il utilise
son master en arts et en création pour critiquer les productions
de la région et laisse son amertume alimenter ses articles. Chacun
d’entre eux étrille indifféremment les acteurs, les producteurs, les
metteurs en scène et les équipes techniques, et souligne joliment et
en détail les nombreux (et souvent imaginaires) défauts de l’œuvre.
Attributs : Force 2, Dextérité 2, Vigueur 3 ; Charisme 3, Manipulation 4,
Apparence 2 ; Perception 2, Intelligence 3, Astuce 3
Suggestions de capacités : Empathie 3, Expression (critiques) 4,
Intimidation (démolition cinglante) 4, Vigilance 2
Historiques : Abonnés* 3, Alliés 2, Influence (théâtre) 3, Ressource 3
* Cet historique ne figure pas dans la liste des traits disponibles ; il
équivaut aux Suivants, appliqué aux réseaux sociaux.
Volonté : 6 Banalité : 9
Équipement : smartphone, ordinateur portable, carte de presse, copie
de l’article du lendemain.
 Les bastions de l’Automne
L’avènement d’internet et des réseaux sociaux est l’une des meilleures
et des pires choses qui aient pu arriver aux changelins. Certes, ils
communiquent les uns avec les autres bien plus facilement qu’au-
paravant, mais leurs ennemis en profitent aussi. Ils s’organisent et
ancrent leur présence corrosive à une vitesse alarmante. Au cours des
dix dernières années, plusieurs groupes sont apparus qui dominent
à présent le monde numérique.
Pratiquement tous les lieux où ces organisations se trouvent
affichent une Banalité effrayante, et le simple fait de les approcher
constitue un danger pour les changelins comme pour les chimères.
Hélas, nombre de Kithains et de Kinains sont emmenés de force
dans les bâtiments, les camps et les groupes de paroles par leurs
familles bien intentionnées, mais horriblement mal avisées. Ils se
retrouvent alors à la merci de la Banalité qui y règne.

La Fondation Bellérophon
Il s’agit du premier institut consacré à l’étude et au traitement
du trouble obsessionnel invasif du paracosme, identifié par le
Dr Stark parmi un certain nombre de ses jeunes patients. Son
premier cas en 1992 concernait une petite fille du nom de Sarah
Shaunnessy. Il diagnostiqua d’abord chez elle un profond délire
qu’il traita en associant une thérapie par électrochoc et de fortes
doses de neuroleptiques. On le chargea de soigner plusieurs
autres patients et il perfectionna ses thérapies jusqu’en 1999, date
à laquelle il publia dans une revue scientifique et identifiait la
nouvelle maladie. Cet article lança sa carrière et en fit le principal
expert de son traitement.
En 2004, après plusieurs années de conférences, de nombreux
articles dans de prestigieuses revues médicales et trois livres, Stark
fit de son cabinet, alors appelé Institut d’évaluations psychiatriques
Stark, la fondation Bellérophon, une organisation à but non lucratif.
Au cours des dix années qui suivirent, elle se développa bien au-delà
de son premier établissement de Savannah, en Géorgie. On ouvrit
six instituts de plus aux États-Unis et trois en Europe sous l’égide
de la fondation.
Stark est lui-même presque à la retraite, mais il participe toujours
à des conférences universitaires, continue de se faire inviter sur les
plateaux de télé-réalité et publie de temps en temps une version mise
à jour de son manuel intitulé Chimère : les dangers de l’imagination.
La fondation est à présent dirigée par le Dr Sarah Shaunessy, sa
première patiente, qui a suivi les traces de son mentor et est devenue
une psychiatre spécialisée dans le TOIP.

Le Conclave des racines

et des feuilles
Créée sous le soleil de Californie par une actrice de série C, cette
organisation compte aujourd’hui plusieurs chapitres partout en
Amérique du Nord. Ce réseau à but très lucratif de soutien pour
les parents d’enfants atteints de TOIP opte pour une approche
centrée sur un retour à la nature, et visant à débarrasser les enfants
des « toxines » qui selon eux provoquent ce syndrome. Des bro-
chures encouragent leurs recrues à changer radicalement de régime
alimentaire, à préférer les traitements homéopathiques à tous les
médicaments modernes, et à suivre des techniques de méditation
approuvées par le Conclave.
Le CRF vend les livres de Stark, les DVD de la fondation
Bellérophon et toutes sortes de produits estampillés CRF sur leur

Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges 365

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

site internet, comme des vêtements, des bijoux et des compléments
alimentaires (parmi beaucoup, beaucoup d’autres choses). Le plus
populaire d’entre eux demeure un cours par correspondance afin
de devenir un consultant CRF officiel de quartier.
Le trouble obsessionnel
invasif du paracosme
Il va sans dire qu’il s’agit d’un diagnostic tout à fait fantaisiste.
Inventée par le Dr Anton Stark au milieu des années 90 dans
le but de rationaliser les capacités naturelles des Kithains,
des Kinains et des Enchantés, cette classification n’a jamais
rien fait d’autre depuis sa théorisation que d’infliger des
souffrances aux mortels et aux changelins. La plupart des
enfants diagnostiqués avec le TOIP ne souffrent de rien de
plus qu’une imagination débordante ou de la capacité de
voir le Songe. Plusieurs études menées depuis la parution
initiale de Stark ont complètement réfuté l’existence d’une
telle maladie. Certaines suggèrent qu’il s’agit de l’association
de plusieurs troubles, mais la plupart s’accordent pour dire
que les enfants ont de l’imagination, ce qui n’est en rien
préjudiciable. Aucun outil de diagnostic psychiatrique ne
reconnaît la validité du TOIP.
Malgré ces réfutations, la fondation Bellérophon sévit
toujours dans les coulisses et elle n’est que la dernière
d’une longue lignée de médecins escrocs. Ces charlatans
tirent profit de la crainte des parents inquiets pour se
faire de l’argent et imposer une vision draconienne de la
« normalité ». Quelques thérapeutes et chercheurs tentent
en toute honnêteté d’aider ces « enfants à problèmes », et
ils seraient absolument horrifiés s’ils réalisaient les dégâts
qu’ils provoquent en réalité.
Les communautés
du Renouveau par la foi
« Chasser les fées par la prière ». C’est ainsi que les changelins ont
ironiquement surnommés ces camps d’été. Les communautés du
Renouveau sont dirigées par la Première église de Honeycutt, à la
tête de qui se trouve le révérend Allan Honeycutt, un très véhément
télévangéliste affilié à l’American Christian Telenetwork (Téléréseau
chrétien américain, ou ACT). L’ACT patronne le temps d’antenne
apocalyptique de Honeycutt tous les dimanches matin sur un certain
nombre de chaînes câblées à vocation religieuse.
Le Renouveau dans la foi possède de grandes propriétés terriennes
dans plusieurs états. Il offre le « salut face au diable et un retour
vers Dieu ». Dans ces camps, une journée habituelle comprend des
heures de travail manuel inutile, la prière et un groupe de confes-
sion obligatoire. Ces camps ne sont pas officiellement affiliés à la
Fondation Bellérophon, mais les patients qui se montrent résistants
à ses traitements se retrouvent expédiés vers l’un d’entre eux pour
une « séance de thérapie alternative ».
La localisation de certains de ces camps est connue des changelins
qui habitent près d’eux. Ils y organisent des raids irréguliers pour
libérer Rêveurs, Kinains et Kithains prisonniers de leurs griffes.
366 Changelin : le Songe
Et choses plus étranges
Le chaos du Songe et l’érosion du monde de l’Automne donnent
souvent naissance à des menaces inédites et bizarres qui ne devraient
pas exister, mais qui pourtant sont bien réelles. Par exemple, on
trouve parmi elles d’anciens changelins rendus fous par des souve-
nirs parcellaires, des chimères rongées par la Banalité et des Trésors
forgés dans le fer froid.
Les Oubliés
Toutes les fées connaissent la fin à laquelle ils sont désespérément
voués. Peu importe la force de l’étincelle, la combativité de l’esprit.
La Banalité triomphe toujours. Qu’elles y parviennent par un
Estompement naturel ou l’Oubli surnaturel, les Brumes peuvent
emporter même un changelin. La plupart d’entre eux ne se rappellent
rien de leurs vies de Kithains. Ils émergent de ce qu’il leur semble
être un long rêve et retournent à la vie normale et quelconque de
n’importe quel autre mortel.
Cependant, certains gardent assez de souvenirs du Songe pour
qu’il leur fasse perdre la raison. Même s’ils ont toutes les apparences
de la normalité, ils saisissent des images fugaces au coin de l’œil, ils
voient des reflets dans les miroirs, ils sentent des choses les frôler
qui ne sont pas là. Voilà les paranoïaques, les théoriciens du com-
plot, les ermites reclus dans les bois. On leur diagnostique souvent
à tort une maladie mentale, mais les Oubliés ne sont pas fous. Ce
sont des amnésiques qui voient des choses familières partout, mais
demeurent incapables de les nommer.
Les Kithains font de leur mieux pour les éviter quand ils les
reconnaissent. La présence d’une fée provoque parfois des accès de
chagrin, de rage ou de confusion en eux, ce qui peut les conduire
à des comportements dangereux. Ils trouvent aussi ces malheureux
dérangeants, rappel inconfortable du destin inévitable qui les
attend tous.
Le chasseur d’extraterrestres
« Tu penses que tous ces gens qui racontent qu’ils ont été enlevés se trompent ?
Alors, laisse-moi te raconter mon histoire, gamin. Ça va te stupéfier. »
Tout comme Rip van Winkle, le chasseur d’extraterrestre s’est réveillé
dans les collines en périphérie de sa ville, sans se rappeler comment
il était arrivé jusque-là ni ce qu’il y faisait. De retour chez lui, il réa-
lisa que vingt années s’étaient écoulées, alors que dans son esprit
il était sorti du lycée l’année précédente. À certains moments, il se
souvenait d’éclairs de lumière, de silhouettes étranges et inhumaines
et de paysages fantastiques, mais tout se mélangeait dans sa tête. Il
passe à présent ses journées dans les bois et les champs alentours à
la recherche de signes de vie extraterrestre, et ses nuits à podcaster
des théories du complot ou à discuter sur des forums avec des chas-
seurs d’OVNI, des gens persuadés depuis longtemps de l’existence
des petits hommes verts, et d’autres qui ont vu Independance Day
une fois de trop.
Attributs : Force 2, Dextérité 3, Vigueur 3 ; Charisme 3, Manipulation 2,
Apparence 2 ; Perception 3, Intelligence 3, Astuce 3
Suggestions de capacités : Acuité 1, Athlétisme 2, Expression 3,
Vigilance 3 ; Informatique 3, Occultisme (extraterrestres) 4,
Science 2, Technologie 2
Historiques : Abonnés* 4, Alliés 2, Influence (paranormal) 2,
Réminiscence 1, Ressources 2
* Cet historique ne figure pas dans la liste des traits disponibles ; il
équivaut aux Suivants, appliqué aux réseaux sociaux.
Volonté : 5 Banalité : 6
Équipement : équipement de chasseur d’OVNI, ordinateur portable,
mobile home en périphérie de la ville.
Enchanter les Oubliés
Un Kithain éprouvera parfois de la peine pour un Oublié et
tentera de l’Enchanter. Hélas, cela produit des conséquences
catastrophiques. L’âme du personnage, brisée et mutilée, a
perdu une moitié d’elle-même et se déchaîne sur le Glamour
du changelin.
Celui-ci perd un point de Glamour pour chaque tour
au cours duquel l’Oublié maintient un contact physique
avec lui, tandis que le trou noir où siégeait auparavant la
fée aspire sa magie. L’Oublié ne peut mettre en réserve ou
utiliser ce Glamour qui se dissipe en éphémère.
S’il parvient à vider le personnage de toute sa réserve,
l’effet cesse, mais le Kithain se retrouve affublé du handicap
Cauchemars (cf. page 181) pendant un nombre de jours
égal au nombre de points de Glamour perdus.
Les dévoreurs de rêves
ou chimères de fer froid
Les Kithains ne sont pas les seuls habitants du Songe infestés par
la Banalité au point de l’incarner. Les chimères peuvent elles aussi
gagner un score dans ce Tempérament. Les changelins qui croisent
leur route se réfèrent aux chimères Banales sous le vocable collectif
de dévoreur de rêves ou, plus rarement, de chimères de fer froid. Elles
sont une contradiction vivante, à la fois créatures du Glamour et
enfant de la Banalité, et possèdent un appétit féroce associé à la
ruse du prédateur.
Certaines s’extraient des faibles rêves des Automnaux et par-
viennent par miracle à conserver assez de puissance pour ne pas
se dissiper en éphémère une fois le songe achevé. Plus souvent,
ce sont les compagnons de changelins ayant sombré dans l’Oubli
et infectés à cette occasion par la Banalité. Ces chimères se maté-
rialisent très rarement au cours de la Chrysalide corrompue d’un
Dauntain, engendrées par la douleur et l’horreur que leur inflige
ce rejet initial du Songe.
La plupart des dévoreurs de rêves sont impossibles à distinguer
des chimères ordinaires jusqu’à ce qu’ils attaquent, ce qui les rend
particulièrement dangereux. Ils hantent les lieux où les Kithains
ont vécu de grandes souffrances (citons parmi les plus courants
les lieux des Oublis, d’anciens champs de bataille, des Domaines
endommagés et des Sentiers du Cauchemar). Toutefois, leur besoin
de Glamour les pousse à chasser presque partout où l’on trouve des
Kithains et des chimères.
Ces créatures ne sont pas plus puissantes que leurs contreparties
normales. Elles sont parvenues à survivre à leur contamination
initiale, mais la Banalité sape constamment leur force et prend de
l’ampleur tandis qu’elles Dévastent les enfants du Glamour jusqu’à
les consumer. La plupart des dévoreurs de rêves ne survivent guère
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
plus que quelques heures, voire quelques jours. Les Kithains passeront
sans doute toute leur vie sans jamais en croiser un seul. Cependant,
des rumeurs insistantes mentionnent l’existence de vieux spécimens
dans les tréfonds du Songe qui maintiennent l’équilibre entre la
Banalité et le Glamour. Ils surgiraient au hasard et se gorgeraient de
l’essence de cibles riches en Glamour avant de disparaître à nouveau
dans leur tanière.
Les Trésors de la Banalité
Les objets chimériques sont les outils les plus rares de la panoplie de
l’Hiver et leur puissance est tout aussi considérable. On sait peu de
choses sur leur création, bien qu’on suspecte fortement bon nombre
d’entre eux d’apparaître au cours de la Chrysalide d’un Dauntain
particulièrement tourmenté. Certains adeptes du folklore kithain
se spécialisent dans l’étude du phénomène souvent imprévisible des
chimères Banales. Ils pensent que les Dauntains nockers apprennent
à utiliser leur Héritage pour transformer le fer froid en Trésors.
Bien que l’on prétende que d’autres existent, seuls deux de ces
objets sont connus des changelins. On n’a aperçu ni la Croix du
moine ni l’Épée grise depuis des décennies, ce qui n’a pas empêché
le Haut Roi d’offrir une prime importante pour les lui rapporter. Si
une personne ou un Cercle juré réussissait à localiser l’un d’entre
eux et à le mettre à l’abri, David offrirait comme il l’a promis une
récompense royale pour leur destruction totale.
La Croix du moine
Venue tout droit du Moyen-Âge sombre, cette grande croix d’or est
suspendue à une cordelette tissée. Si elle a autrefois servi de symbole
de la foi et de protection, son histoire est profondément ancrée dans
la destruction des changelins et la dissolution de la magie féerique.
Imprégnée de la Banalité née d’Oublis répétés, c’est à présent un
objet corrupteur dévorant le Glamour du malheureux qui la porte
autour de son cou.
Chimères et Banalité
Les dévoreurs de rêves se créent selon le processus de créa-
tion chimérique habituel (cf. page 320), mais contrairement
aux chimères normales, ils possèdent un score de Banalité.
Malgré tout, ce sont des créatures du Songe qui ne peuvent
se servir de ce Tempérament pour se défendre, car cette
action nécessite de ne pas croire activement en elles. Agir
de la sorte la détruirait, ce qui reviendrait à enfreindre leur
objectif de survie.
Les dévoreurs de rêves gagnent et perdent de la Banalité
comme les Kithains (cf. page 269) et sombrent dans l’Oubli
lorsque leur score de Banalité atteint 10.
Les plus puissants d’entre eux manipulent des Redes
uniques capables d’imiter les Stigmates des Automnaux et
peuvent se servir de leur Banalité pour attaquer. Toutefois,
ces aptitudes ne sont pas innées pour tous et elles doivent
être acquises de manière indépendante. Il leur en coûtera
5 points chimériques par Rede.
367
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Entre les mains d’un Oublié, c’est une arme puissante. Elle se lie
au vide métaphysique où siégeait auparavant la fée et devient instable
en présence de la magie des Kithains. Si son possesseur se trouve
près d’un Déchaînement, la Croix du moine explose. Elle inflige un
nombre de dés de dégâts létaux égal au score de Banalité permanente
de l’Oublié, et ce à toutes les créatures du Songe situées dans un rayon
de 45 mètres. De plus, elle annule tous les effets de magie féerique
pendant une scène. Les changelins sont contraints d’arborer leur
Visage féerique, les chimères se dissolvent sur-le-champ, les Trésors
se vident de leur Glamour, les Sentiers se ferment temporairement
et les Brasiers sont réduits à l’état de braises tout juste rougeoyantes.
Cela a souvent comme conséquence de tuer l’Oublié, ce qu’on
peut considérer comme un geste de compassion. La croix reste quant
à elle intacte et peut à nouveau servir.
L’Épée grise
À l’évidence chimérique, cette arme n’a ni personnalité ni décoration,
et elle ressemble à une épée large tout à fait quelconque dotée d’une
garde simple et d’une lame plate sans signe distinctif. Son histoire
est au mieux trouble. On suppose qu’un seigneur unseelie l’aurait
forgée afin de faire sombrer un rival Seelie dans l’Oubli, mais il est
impossible de lier un nom à la création de l’épée. On a rapporté
qu’un Dauntain chasseur de Sidhes était en sa possession voilà vingt
ans, mais c’est le seul fait connu et certain à son sujet.
Chaque fois qu’elle touche une cible, elle lui inflige un point de
Banalité, en plus de ses dégâts normaux (For +3 L). Cette Banalité
temporaire s’efface au rythme d’un point par jour si le changelin
survit à la rencontre. Cependant, elle peut pousser sa victime à oublier
sa nature et si elle parvient à l’atteindre assez souvent pour que son
Tempérament passe à 10, elle peut la faire sombrer définitivement
dans l’Oubli.
Les Thallains
Même les créatures des mythes et des légendes racontent des his-
toires de fantôme. Elles évoquent une espèce de fée que l’on n’a
pas aperçue depuis les Âges mythiques, difforme et terrifiante et
qui pourtant ressemble d’une manière étrange et inquiétante aux
Kithains. Quand les enfants des Tuatha provoquaient la peur, la
colère et le chagrin chez les mortels pour les inspirer, les arracher
à leur fatuité et emplir le monde de Glamour, ces croquemitaines
terrorisaient et détruisaient sans considération aucune pour le monde
des Rêveurs. Ce sont les ogres qui tuent et dévorent quiconque passe
leurs ponts, les diablotins sur l’aile de l’avion sabotant le réacteur,
la femme vêtue de blanc sur le bord de la route qui assassine l’in-
fortuné conducteur désireux de la rapprocher de sa destination.
Au crépuscule de l’Évanescence, les Kithains ont découvert que ces
histoires d’épouvante étaient bien trop réelles.
Les créatures qu’elles mentionnent, les Thallains, habitaient
le Songe bien avant les Kithains ou même les Tuatha de Danaan.
Avant l’avènement de l’humanité, aucune fée moderne n’aurait pu
reconnaître les Royaumes mythiques. Le Songe était un monde
primordial pétri de sauvagerie brute et de bas instincts. Personne
ici n’avait jamais entendu parler d’idéaux supérieurs. D’ailleurs,
ils n’existaient même pas. La vie était courte et brutale. Chasser,
manger, s’accoupler et survivre, par tous les moyens, tel était le
pinacle de l’aspiration.
368 Changelin : le Songe
Les Fomorii émergèrent de ces rêves antiques et accouchèrent
eux-mêmes des Thallains, progéniture à leur image destinées à hériter
de leur Songe naissant. Ceux-ci, en bons serviteurs, nourrissaient
l’existence viscérale de leurs maîtres. Ils faisaient main basse sur les
meilleures proies et ne laissant à tous les autres qu’une chasse difficile.
Partout où ils passaient, ils prenaient tout ce qu’ils pouvaient et ne
laissaient qu’une faim dévorante dans leur sillage. Ils provoquaient
un désir insatiable et poussaient les passions à un paroxysme délirant.
Ils faisaient s’abattre la mort au hasard et réduisaient la vie en pièces
inutiles. Et les Thallains aimaient accomplir leur devoir.
Pourtant, toute chose doit se terminer et il en alla de même
pour la domination des Fomorii. Pendant des éons, des créatures
à peine bestiales évoluèrent et s’éteignirent jusqu’à ce qu’enfin une
étincelle tremblotante jaillît dans une espèce autrement insignifiante.
Les humains ne voulaient pas simplement survivre, ils prospéraient
et essaimaient aux quatre coins du monde grâce à leurs capacités
uniques à aimer, rire, s’emporter, pleurer et craindre pour les autres.
De nouveaux habitants du Songe, les Tuatha de Danaan, emboî-
tèrent le pas de l’humanité. Ils attisèrent les flammes de leurs braises
créatives partout où ils voyageaient de conserve.
Alors que les humains, les Tuatha et leurs enfants les Kithains
se hissaient vers la suprématie, la puissance des Fomorii se tarissait.
Le Songe se mit à changer inexorablement à mesure que leurs rêves
de domination s’éteignaient doucement. Désireux de protéger la
trame même de la réalité telle qu’ils la connaissaient, Fomorii et
Thallains partirent en guerre contre les Tuatha et les Kithains. On
appela ce conflit le Tessarakonta, la guerre des Arbres. Les pertes
furent colossales des deux côtés, mais une à une, les cours Fomorii
tombèrent jusqu’à ce que la victoire des Tuatha fût totale et que leurs
adversaires fussent emprisonnés pour l’éternité. Les Thallains et leurs
alliés Ténébreux furent enfermés dans les Royaumes du Cauchemar
et leur retour interdit par le Bannissement d’argent.
Les âges passèrent, les Tuatha de Danaan quittèrent le monde
pour des royaumes inconnus et les Kithains oublièrent peu à peu
leur lien avec l’humanité, jusqu’à ce que la Banalité et l’Éclatement
séparent la Terre du Songe. Le désastre pour les Kithains se révéla
impossible à quantifier. En revanche, il incarna pour les Thallains
l’occasion qu’ils attendaient. Enfin, le Songe des Tuatha laissait échap-
per le monde. Sans les Kithains pour l’entretenir, le Bannissement
d’argent commença à faiblir.
Avec la peste noire commença une succession d’horreurs dans
l’histoire humaine. Celles-ci insufflèrent assez de Sombre Glamour
aux antiques Sentiers Fomorii pour que les Thallains puissent briè-
vement faire fi de l’interdiction qui les frappait, et revenir par petits
groupes dans le monde. La conquête des Amériques et les maladies
qui ravagèrent les Amérindiens, la traite des esclaves en Afrique, le
commerce de l’opium en Chine, la Révolution française… Chaque
fois que l’humanité sombrait dans le désespoir, quelques Thallains
parvenaient à revenir sur Terre. Ils appelèrent ces événements les
Tarraroms.
Les tranchées et l’utilisation des armes chimiques, l’Holocauste,
la paranoïa de la Guerre froide, l’épuration ethnique, la peur
existentielle liée à l’armement nucléaire et l’absolue futilité de la
guerre du Vietnam… Tout au long du XXe siècle, la fréquence des
Tarraroms explosa. Lorsque la mission Apollo se posa sur la Lune et
déclencha la Résurgence, les Sentiers Fomorii s’étaient rechargés et les
Thallains se sentaient à nouveau prêts à en découdre avec les Sidhes
revenant dans le monde de l’Automne. Les Tarraroms continuèrent
à un rythme effréné et connurent un apogée à l’aube du XXIe siècle.
 Ce que les Kithains appellent l’Évanescence, les mortels le nom-
ment 11 septembre. En ce jour de 2001, une organisation terroriste
mena la plus grande attaque étrangère sur le sol américain, au cœur
même d’une nation qui se pensait jusque-là invulnérable aux inva-
sions. Elle fit des milliers de victimes et le visage du monde changea
en l’espace d’une nuit. À travers la planète, on restreignit les voyages,
les pouvoirs de la police augmentèrent considérablement. On mit en
place des programmes de surveillance étendue et des nations entières
basculèrent. Tout cela au nom de la sécurité. Les derniers vestiges
du Bannissement d’argent qui interdisaient aux Thallains de revenir
se consumèrent sous l’assaut du Sombre Glamour. Les enfants des
Fomorii se déversèrent sur Terre et leurs effectifs rivalisèrent avec
ceux des Sidhes au cours de la Résurgence.
Aujourd’hui, ils se servent de leur nouvelle liberté pour subvertir
ou détruire la Concorde et d’autres sociétés de changelins dans le
monde de l’Automne. Certains œuvrent par l’intermédiaire de la
Cour d’Ombre, ils corrompent les Unseelies imprudents et alimentent
l’animosité entre les nobles et les roturiers. D’autres travaillent en
indépendants et attaquent directement les institutions des Kithains
et les sources de Glamour. D’autres encore se délectent de la violence
et de l’atrocité pure et simple. Ces individus stupides ne dérangent
absolument pas les chefs des Thallains regroupés au sein la Cour
Noire, ainsi nommée en l’honneur de leurs anciens maîtres. Même
eux font avancer la cause du Songe Fomorii. Ils se languissent du jour
où l’humanité sera éradiquée, celui où les Fomorii seront à nouveau
libres et rendront le monde à sa brutalité originelle.
Créer un monstre
La création d’un personnage thallain est semblable à celle d’un
Kithain. Ces créatures possèdent les mêmes attributs, capacités et
historiques, elles disposent d’un score de Volonté, de Glamour et de
Banalité. Elles utilisent les mêmes Arts et les mêmes Royaumes. La
différence réside dans leur Aspect et leurs Apanages. Vous trouverez
dans le chapitre trois de plus amples informations sur la création
de personnage.
Les Aspects
Ils sont au nombre de trois. Tout comme pour les Kithains, ils
représentent leur perspective et leur approche des interactions avec
le monde qui les entoure. En général, un Thallain passe du Gamin
au Vaurien, puis au Grincheux, même si des exceptions peuvent se
produire. Il peut en changer dès que son point de vue sur le monde
change, de la même manière que les changelins, et utilise les critères
et les règles applicables à ces derniers lorsque cela survient.
Gamin : le Perturbé
Kithain ou Thallain, le Gamin voit le monde comme un univers
nouveau et inexploré, mais contrairement aux changelins, le Perturbé
craint l’inconnu. Il évite avec soin tout ce qu’il n’a jamais rencontré
auparavant et s’il ne peut l’éviter, il le détruira pour que son monde
demeure confortable et familier. Il se montre confus et se met en
colère lorsque quelque chose ne se déroule pas comme prévu, et fait
souvent usage de violence dans ces cas-là.
Amorce : un Perturbé invite la Banalité lorsqu’il se lance dans de
nouvelles expériences, ou bien s’il passe beaucoup de temps dans
un lieu inconnu quand il n’est pas motivé par son Héritage.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Immunité : si quelque chose ne lui plaît pas, alors elle ne mérite pas
d’exister. Détruire de l’Écume, un objet chimérique ou un Trésor
ne constitue jamais une amorce à la Banalité.
Vaurien : le Rôdeur
Kithain ou Thallain, le Vaurien quitte le confort de sa maison pour
s’aventurer dans le monde. Or contrairement aux changelins en quête
de célébrité, de gloire et d’aventure, le Rôdeur cherche des façons
de satisfaire ses bas Instincts et de se gorger de Sombre Glamour. Il
arpente les rues en quête d’une occasion de se faire plaisir ou d’une
proie sur laquelle se nourrir. Il veut apaiser cette faim et commet
pour ce faire des actes inimaginables pour un Kithain.
Amorce : un Rôdeur invite la Banalité lorsqu’il ne saisit pas une
occasion de satisfaire son Désir ou de récolter du Sombre Glamour.
Immunité : se livrer au Ravage ou à la Rhapsodie ne constitue jamais
une amorce à la Banalité. De plus, tant qu’il satisfait son Désir, le
Thallain peut passer du temps près des sources élevées de Banalité
sans en être affecté.
Grincheux : l’Harpagon
Les Grincheux kithains et les Harpagons thallains offrent tous deux
leur protection, mais contrairement aux changelins qui éduquent
la nouvelle génération ou sauvegardent des lieux et des ressources
pour leurs successeurs, les Harpagons veillent jalousement sur ce
qui leur appartient. Ils ont travaillé dur, ils ont combattu et ils ont
versé leur sang pour leur butin. Personne d’autre ne mérite ce qu’ils
ont amassé. Malheur à celui qui se dresse entre eux et ce qu’ils
prétendent leur appartenir.
Amorce : un Harpagon invite la Banalité lorsqu’il perd ce qu’il consi-
dère comme étant à lui.
Immunité : un Harpagon sait qu’il ne faut jamais tolérer les intrus.
Tuer un mortel, une chimère ou un changelin qui a violé sa pro-
priété sans permission ne constitue jamais une amorce à la Banalité.
Les Apanages du Cauchemar
Les rêves primordiaux des Fomorii possèdent leurs propres arché-
types, de véritables cauchemars pour les pensées et les émotions
supérieures de l’humanité. Les Thallains incarnent des songes de
faim, d’instincts et de désirs primaires, et leurs Apanages reflètent cet
état de fait. À leur grande surprise, ils se sont retrouvés dans la peau
d’un mortel lorsqu’ils sont revenus dans le monde de l’Automne, ce
qui prouve que d’une manière ou d’une autre, le rituel de la Voie
du changelin les a inclus avec les Kithains. Les plus grands érudits
changelins sont bien en peine d’expliquer comment une telle chose
a bien pu se produire, mais ses implications sont dérangeantes.
Ce petit morceau d’humanité corrompt les Thallains avec un
éclat du Songe des Tuatha. Tout comme leurs cousins, ils arborent
deux Apanages, l’un thallain et l’autre kithain. Le premier deviendra
toujours leur Apanage primaire et l’autre (en général unseelie, mais
pas toujours) sera secondaire. Ils possèdent des Désirs et des Nefas
en lieu et place des Quêtes et des Interdits. Satisfaire son Désir per-
met au Thallain de récupérer jusqu’à cinq points de Volonté selon
l’ampleur de l’exploit. Les Nefas constituent des tabous qu’ils ne
doivent jamais enfreindre sauf si un Apanage secondaire le justifie.
Contrairement aux Kithains, les Thallains ne peuvent jamais inter-
vertir l’ordre de leurs Apanages.
369
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
L’Alpha
Chef incontesté, l’Alpha exige de sa meute une obéissance totale.
Ses ordres sont absolus et il se sert toujours le premier sur le butin.
Ses subordonnés dépendent de ses moindres caprices et agir autre-
ment serait stupide. Sa domination est si entière qu’il fait ce qu’il
veut à qui il veut et quand il le veut. La moindre remise en cause
de son autorité provoque une réaction rapide et brutale. Personne
ne défie l’Alpha.
Désir : regagnez de la Volonté dès que vous démontrez votre supériorité.
Nefas : n’acceptez jamais aucun ordre.
La Brute
Fort comme un bœuf, solide comme le granit, la Brute est la réalité
physique incarnée. Un problème ? Cogne. Toujours un problème ?
Cogne plus fort. Elle déteste les gens qui se contentent de s’asseoir
autour d’une table pour parler du problème en question. Elle
considère que c’est un signe de crainte et de faiblesse. S’ils n’étaient
pas aussi trouillards, ils se contenteraient de sortir et de l’affronter.
Peut-être devrait-elle faire sur eux une démonstration de la bonne
approche, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus aussi faibles.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous atteignez votre objectif
par la puissance physique brute.
Nefas : ne tolérez jamais une longue préparation ou une discussion
oiseuse.
Le Charlatan
L’approche directe n’est pas toujours la meilleure. C’est parfois la
route la mieux surveillée et la plus dangereuse qu’on puisse emprunter.
Le Charlatan préfère aborder tous ses problèmes par la bande au
lieu de foncer bille en tête. Un bon mot par ici, une démonstration
pittoresque par là, et les gens ne peuvent s’empêcher de tourner
leur attention vers l’endroit où l’action se déroule. Ils se montrent
bien trop distraits pour remarquer la main sur leur portefeuille ou
le stylet qui s’enfonce entre leurs épaules.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous accomplissez votre objectif
grâce à la distraction et la feinte.
Nefas : n’affrontez jamais directement une situation pour atteindre
vos buts.
Le Dévoreur
Incarnation de la gloutonnerie, le Dévoreur doit se nourrir en per-
manence et plus la nourriture est fraîche, meilleure elle est. Pour
lui, cuisiner la viande revient à lui dérober son goût et sa force. La
graisse, les fluides, le sang, voilà bien ce qui en fait un mets délicat.
Rien ne peut égaler l’exquisité de la chair crue arrachée à même
une dépouille. Les repas d’un Dévoreur sont encore plus délicieux
lorsqu’il les tue lui-même, mais il ne rechigne pas à voler la proie
d’un autre quand il a faim.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous consommez de la chair crue.
Nefas : ne laissez jamais passer une occasion de vous nourrir.
Le Gardien
Dès que les gens se rassemblent, ils se répartissent naturellement en
groupes aux idées semblables. Le Gardien sait que dans un monde
dangereux et instable, ces associations offrent la sécurité et la force
indispensables à la survie. Les étrangers sont trompeurs. Sans une
attention de tous les instants, ils s’infiltrent et diluent la pureté de
sa faction. Il a conscience que si on leur laisse ne serait-ce qu’un
370 Changelin : le Songe
pouce de latitude, ces étrangers sépareront son groupe. Le Gardien
ne peut pas le permettre, et il défend sa meute de tous ceux qui ne
lui appartiennent pas.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous parvenez à empêcher
quelqu’un qui ne vous ressemble pas de rejoindre votre groupe.
Nefas : ne faites jamais confiance à un étranger.
L’Imitateur
Ce maître du déguisement a consacré des années à aiguiser ses
talents naturels et il peut ressembler à tout et n’importe quoi. Que
ce soit pour le frisson de s’introduire dans des lieux où il ne devrait
pas être ou pour une simple question de survie, cela n’entre pas en
ligne de compte. Il peut traverser une foule sans se faire remarquer.
Invisible depuis son poste d’observation, l’Imitateur apprend les
innombrables secrets dont il va tirer avantage.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous imitez quelque chose.
Nefas : ne révélez jamais à personne votre véritable nature.
Le Judas
Tout comme son légendaire homonyme, le Judas symbolise la tra-
hison. Il est capable de s’attirer les bonnes grâces de n’importe qui.
Il se présentera sous son jour le plus inoffensif ou vulnérable pour
obtenir la sympathie de sa cible. Il feindra l’amitié ou prétendra
être un allié afin de s’approcher de sa proie. Peu importe la manière
dont il s’y prendra, celle-ci ne le verra jamais venir jusqu’à ce que le
poignard se fiche fermement dans son dos et que le Judas obtienne
ce qu’il cherchait depuis le début.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous parvenez à vos fins par
la trahison.
Nefas : ne révélez jamais vos véritables intentions tant que vous n’avez
pas remporté la victoire.
L’Oméga
Dernier dans la file, dans le rang et dans la vie, l’Oméga est toujours
un épigone et jamais un chef. Il existe pour suivre le groupe et rece-
voir des ordres. C’est son derrière qu’on botte, c’est lui que toutes
les plaisanteries prennent pour cible. Trop apeuré pour se défendre
ou répliquer seul, il ne pourra jamais échapper au cycle des abus. Il
suivra n’importe quelle consigne, il accomplira toutes les tâches si
cela lui vaut un seul mot gentil de la part de ses supérieurs.
Désir : regagnez de la Volonté lorsqu’un chef vous félicite.
Nefas : n’agissez jamais seul.
Le Parasite
Tout le monde a besoin de manger et d’avoir un toit au-dessus de sa
tête, mais l’acquisition de ces produits de première nécessité mobilise
des efforts considérables. Bien trop considérables pour le Parasite.
Lui se contente de se servir chez celui qui l’arrange. Il peut se lier
d’amitié avec des gens ou jouer un handicap pour les convaincre
de lui en donner juste un tout petit peu plus. Une fois qu’il les a
essorés, il les abandonne et s’en va trouver un nouvel hôte. Comme
son nom l’indique, il aspire l’énergie de tous ceux qui se trouvent
autour de lui.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous récoltez les bénéfices du
travail d’un autre.
Nefas : n’aidez jamais quelqu’un sans attendre d’en tirer un avantage
personnel.
Le Serpent
Tel le tentateur originel du jardin d’Éden, le discours du Serpent est
onctueux. Maître dans l’art de la manipulation, il convainc n’im-
porte qui d’écarter ses intérêts essentiels pour satisfaire ses désirs à
lui. Il se glisse dans la vie des gens et murmure à leur oreille. D’un
mot, il peut briser les amitiés, dresser des frères l’un contre l’autre
et séparer des amants. Le Serpent aura beau prétendre le contraire,
il n’a que faire de ceux qu’il manipule au-delà de leur obéissance.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous retournez quelqu’un
contre vos adversaires.
Nefas : ne vous préoccupez jamais de personne en dehors de vous-même.
Le Stratège
Il regarde et apprend tout ce qu’il peut sur son adversaire avant
même d’envisager le moindre mouvement. Froid et calculateur, il
étudie sa cible sous toutes les coutures, ses habitudes, ses tactiques
et ses vulnérabilités. Une fois qu’il a acquis toutes les connaissances
dont il a besoin, il attend patiemment le bon moment pour frapper
et lorsqu’il se décide enfin à attaquer, il s’exécute avec précision et
de manière décisive, sans une once d’hésitation, d’émotion ou de
précipitation, et sans jamais donner à ses ennemis l’occasion de
contre-attaquer.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous surmontez un défi en
étudiant attentivement votre adversaire.
Nefas : n’agissez jamais sous le coup d’une impulsion ou d’une émotion.
La Terreur
La peur est un sentiment irrationnel qui conduit à l’incohérence et à
la perte de contrôle. Les peureux se montrent dociles, obéissants et
bien trop désespérés pour se défendre ou se sauver. Voilà le bouclier
et l’arme la plus efficace de la Terreur. Selon ses besoins, il peut la
manier tel un scalpel pour sculpter un individu paranoïaque ou tel
un missile pour aiguillonner une foule paniquée. Cerise sur le gâteau,
elle empêche quiconque d’examiner d’un peu trop près ses affaires.
Comme la Terreur connaît intimement la puissance de ce sentiment
viscéral, il évite à tout prix de l’affronter lui-même.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous terrifiez complètement
quelqu’un.
Nefas : n’affrontez jamais vos propres peurs.
Le Tourmenteur
Il ressemble beaucoup à un chat qui joue avec une souris et pour lui,
rien n’est plus beau que la souffrance de ses victimes, en particulier
quand elles sont sans défense. Sa proie est sa toile, sa sueur et son
sang sa gouache, et ses cris sa symphonie. Il la poursuivra sas relâche
ou lui infligera simplement la douleur, mais il ne cessera que lorsqu’il
la contemplera gisante à ses pieds, morte ou brisée, sans plus rien à
offrir à son Tourmenteur.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous torturez les faibles, les
vulnérables ou ceux qui ne se doutent de rien.
Nefas : ne montrez aucune pitié pour les faibles.
La Veuve noire
Séductrice, attirante, irrésistible. La Veuve noire est tout cela, et
tellement plus encore. Elle est aussi mortellement dangereuse. Pour
elle, le sexe n’est ni une distraction ni l’expression de l’amour. C’est
un outil, souvent d’une incroyable efficacité. Peu lui chaut de blesser
quelqu’un quand elle le manipule. Elle utilise et se débarrasse de
ses partenaires à l’instant où elle obtient ce qu’elle veut vraiment
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
et s’il faut les éliminer pour éviter des problèmes ultérieurs, elle se
chargera de la sale besogne.
Désir : regagnez de la Volonté lorsque vous atteignez un objectif grâce
à votre capacité de séduction.
Nefas : ne manquez jamais une occasion sexuelle. Ne vous attachez
jamais à un amant.
Les kiths des Thallains
Vous trouverez ci-dessous dix-neuf kiths de Thallains, qui pour certains
correspondent à leurs cousins seelies et unseelies et qui, pour d’autres,
sont exclusifs aux cauchemars ambulants. Leur description fournit
assez d’informations et de systèmes de jeu au conteur pour qu’il s’en
serve comme adversaires. Cependant, si votre troupe penche vers un
style de jeu plus sombre, rien ne vous empêche de leur permettre
d’incarner un Thallain dans une chronique de Changelin.
Les Aithus
Tous les conteurs du monde tirent une grande fierté de leur travail
et les Aithus ne sont pas différents. Ils sont tout aussi obsédés que
les Eshus par les histoires, mais les approchent d’un point de vue
plus basique. Ils se montrent grossiers dans leur narration, que ce
soit dans la forme ou sur le sujet. Ils ont un humour potache et au
lieu d’utiliser leurs contes pour divertir et éduquer, ils préfèrent s’en
servir pour captiver les mortels et par la suite abuser d’eux comme
ils l’entendent. Les Aithus préfèrent la compagnie des gens qui leur
ressemblent, mais s’ils n’en ont pas sous la main, ils chercheront des
gens aux centres d’intérêt similaires.
Les escrocs, les arnaqueurs et les gens qui préfèrent vivre en marge
de la légalité font des cibles tout à fait acceptables pour entrer au
service d’un Aithu. S’ils se montrent serviables, les autres Thallains
seront tout aussi enclins à profiter de leur compagnie.
Les Aithus choisissent d’éviter les responsabilités. Ils iront très
loin pour garder leur petit confort tout en s’assurant d’en faire le
moins possible, y compris de manier leur voix et leurs histoires
hypnotiques afin de captiver de grands groupes de mortels juste
assez longtemps pour les dévaliser sans qu’ils se rendent compte de
rien. S’ils sont d’humeur plus malveillante, ils peuvent décider de
créer des chimères pour accompagner leurs contes et les utiliser pour
semer la peur et le malaise dans leur auditoire.
Apparence
Généralement grands et musculeux, quoique d’une maigreur mala-
dive, ils possèdent des traits rappelant une ascendance africaine
ou moyen-orientale, mais comptent toutes les origines dans leurs
effectifs. Lorsqu’ils adoptent leur Visage féerique, leur sourire un
peu trop large dissimule des dents pointues.
Legs
Envoûter : la voix enchanteresse d’un Aithu peut ensorceler son audi-
teur. Lorsqu’il raconte une histoire, le conteur dépense un point
de Glamour et fait un jet de Manipulation + Expression, opposé
à la Volonté de la cible. Elle est hantée par des visions tirées du
récit pendant un nombre d’heures égal au nombre de réussites du
Thallain. Même si ces visions ne font pas véritablement de mal,
elles sont souvent une source de grande détresse mentale et peuvent
augmenter la difficulté des jets de Perception, ou bien empêcher la
371
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 victime de dormir. Le conteur détermine seul les effets additionnels
du pouvoir. Les Eshus et les Obas sont immunisés à ce Leg.
Visage touchant : l’Aithu peut modifier son apparence et devenir
une vieille bique sympathique ou un jeune et charmant amant. Le
conteur dépense un point de Glamour puis fait un jet d’Apparence
+ Subterfuge (difficulté 7), après quoi le changement dure une heure
par réussite obtenue. Percer l’illusion requiert un jet de Perception
+ Acuité et si le joueur obtient plus de réussites que le Thallain, son
personnage ne se laisse pas berner par le déguisement.
Vulnérabilité
Fasciné : les Aithus adorent écouter des histoires autant qu’ils aiment
en raconter. Ils se laissent encore plus facilement ensorceler que les
mortels. Pour ne pas se laisser aller à en écouter une, le personnage
doit fréquemment interrompre le narrateur, changer de sujet ou
tenter de quitter la conversation. S’il se laisse prendre au jeu, le
conteur pourra offrir un jeton à échanger contre une faveur. Si ce
jeton est perdu, il en va de même pour le service qu’il représente.
Les histoires des autres Aithus ne produisent pas le même effet sur
leurs frères, mais ils se les racontent toujours à cor et à cri quand
ils se réunissent.
Les Bestioles
Yeux brillants, dents qui grincent, écailles luisantes et os rongés,
telles sont les signatures des Bestioles. Ces méchantes créatures
survivent de la peur qu’elles inspirent, les changelins ou les fées
seelies les attaquent souvent à vue… si tant est bien sûr qu’ils puissent
reconnaître que ce sont des Thallains. Même leur Visage féerique
n’est guère différent de celui d’un changelin, car seuls leurs légers
traits bestiaux les désignent comme inhumains.
Cousins cauchemardesques des Pookas, les Bestioles partagent
leur affinité avec les animaux et leurs capacités de métamorphe.
Comme eux, ils peuvent adopter une forme animale secondaire,
mais ils ne sont pas limités aux créatures que l’on trouve dans le
monde de l’Automne. Ils peuvent être plus ou moins liés à des
amphibiens, des reptiles ou des mammifères existants, mais au final,
la forme animale d’une Bestiole est repoussante et difforme. Elle
peut arborer des pattes supplémentaires, des piquants ou secréter
un fluide dégoûtant par divers orifice. Cependant, chacun de ses
aspects, fonctionnels ou esthétiques, est tout simplement fait pour
terrifier tous ceux qui la contemplent.
Les changelins seelies n’ont absolument aucune affection pour ces
abominables créatures. Comme elles n’ont que faire de qui ou de ce
qu’elles tortureront par jeu, nombre de Kithains considèrent qu’ils
ont le devoir solennel de débarrasser le monde de leur présence dès
qu’ils en repèrent une. Et si les Unseelies se montrent plus enclins
à supporter leur présence, ils n’éprouvent pas vraiment d’amour
pour elles. Les mortels qui contemplent la forme monstrueuse
d’une Bestiole fuient, rendus fous par la vision impossible que cette
créature offre. Lorsque les Brumes s’étendent, on pense la plupart
du temps qu’il s’agissait de l’attaque d’un gros animal sauvage, peut-
être enragé. Le souvenir de cette véritable apparence ne revient que
dans les cauchemars.
L’appel de la Chasse, la force qui les oblige à se dévoiler, demeure
la seule manière de déterminer que l’on a affaire à une Bestiole et
non à un Pooka unseelie. Une nuit par mois, de grands groupes de
ces Thallains prennent leur forme animale, sèment le chaos dans le
372 Changelin : le Songe
monde de l’Automne, et tourmentent villes et gens selon leur bon
vouloir. Hélas pour leurs victimes, ces plaisanteries sont toujours
dangereuses et se révèlent souvent fatales. Ils ne reprennent leur
forme mortelle que lorsqu’ils estiment avoir semé assez de désordre
et de destruction.
Apparence
Il est difficile pour les Bestioles de faire tout à fait taire la sauvagerie
de leur vraie nature. Ils ont une mise plus négligée ; des vêtements
froissés, des cheveux en bataille et des yeux toujours un peu trop
écarquillés constituent quelques-uns de ces indices révélateurs.
Même en prenant ces facteurs en compte, quand il ne Chasse pas,
ce Thallain peut aisément se faire passer pour un Pooka unseelie.
En revanche, sa forme « animale » est un condensé de folie pure et
de cauchemars.
Legs
Clémence de Gaïa : quand elle a pris son Visage féerique, l’apparence
et les agissements d’une Bestiole s’effacent sous l’influence des
Brumes dans l’heure qui suit.
Forme de la Bestiole : de la même manière que les Pooka, lorsque
personne ne le regarde et qu’il dépense un point de Glamour, le
personnage peut se transformer et adopter sa vraie forme. Reprendre
sa Guise mortelle ne lui coûte rien, mais il doit également procéder
sans témoin.
Vulnérabilité
La Chasse : une fois par mois, une force irrésistible appelle toutes les
Bestioles à montrer leur vraie nature et à céder à leurs inclinations
et leurs tendances cruelles. Si le Thallain ne peut absolument pas
révéler cette facette, il peut tenter de ne pas y participer. Le conteur
fait un jet de Volonté (difficulté 9) et en cas de succès, le personnage
ne se joint pas à la chasse. En revanche, il se montre remarquable-
ment plus agressif pendant le reste de la nuit.
Les Bodachs
Voici le monstre caché sous le lit, qui la nuit tend ses doigts glacés et
osseux pour attraper les chevilles imprudentes, qui siffle et murmure
des paroles inintelligibles. Les Bodachs sont particulièrement doués
quand il s’agit de tourmenter les enfants, et ils préfèrent par-dessus
tout pincer les bébés. Les plus audacieux s’installent dans les garde-
ries, les crèches et les lieux où les petits se rassemblent pour accéder
plus facilement à leurs proies.
À l’instar de leurs lointains cousins Clurichauns, ce sont des fées
domestiques liées aux populations mortelles. Elles se glissent dans
les maisons à travers les conduits de cheminée et les caves ouvertes,
se tapissent dans les sous-sols humides et sous les meubles jusqu’à
ce que les habitants humains aillent se coucher. Elles sont ensuite
libres de rôder où bon leur semble.
Un Bodach est un croquemitaine aux gestes souples, qui sait
tout à fait comment procéder pour terrifier le plus un enfant. Il se
régale des cris des jeunes Rêveurs sensibles et n’a aucun problème à
les Dévaster jusqu’à plus soif. Il tue rarement ses victimes et préfère
les garder en vie pour s’en nourrir à nouveau plus tard. Certains
hantent les hôpitaux et se glissent derrière le matériel médical et
les lits des services pédiatriques pour débusquer les enfants les plus
malades et les plus faibles.
Apparence
Créatures rabougries, ridées comme une vieille pomme et sans genre
identifiable, elles ont toujours des cheveux blancs, fins et clairsemés,
des épaules voûtées et une expression aigrie et, quel que soit leur
aspect, elles dépassent rarement le mètre cinquante. Leur Visage
féerique arbore des joues creusées, des membres osseux, des oreilles
pointues et un regard impitoyable. Elles se déplacent pourtant plus
vite que leur apparence ne le suggère et peuvent courir à quatre
pattes comme des araignées.
Legs
Intuition : dans une situation sociale ou lorsqu’il tente de récolter du
Glamour, un Bodach sait d’instinct ce qu’il convient de faire pour
terrifier au mieux sa victime. Le conteur fait un jet de Charisme
+ Empathie (difficulté égale à la Volonté de la cible) et le Thallain
saisit aussitôt ce qui fait réagir la cible. En cas de succès, la difficulté
de son jet de Ravage diminue de –2.
Sans os : tant qu’il dispose d’un trou dans lequel se glisser, un Bodach
peut aller n’importe où. Même s’ils préfèrent les conduits de
cheminée, on sait qu’ils sont déjà entrés dans des maisons par des
trous de souris, des conduits d’aération et même les canalisations
des toilettes. De plus, il est impossible de les agripper ou de les
retenir pendant plus d’un tour, car cette capacité naturelle les libère
rapidement d’une prise.
Vulnérabilité
Exposition mortelle : les Bodachs sont aussi fragiles qu’ils en ont l’air et
ils perdent deux niveaux sur leur échelle de santé. En conséquence,
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
ils dépendent de leur capacité à ne pas se faire remarquer quand
ils veulent récolter du Glamour. En effet, si on les apercevait, ils
risqueraient de sérieuses blessures ou même la mort. Les maisons
avec un chat sont les plus sûres, car ces animaux peuvent les voir.
Ils auront beau choisir leur cachette avec le plus grand soin, les
chats les débusqueront toujours et les feront fuir.
Les Boggarts
Ils sont comme les rats. Si vous en voyez un, vous pouvez être sûr
qu’une centaine de plus se cache dans les tunnels et sous les planchers.
Il est rare de tomber sur un individu isolé, puisqu’ils se montrent
le plus efficaces quand ils sont en meute de deux à six. Cependant,
ne les prenez pas pour des fées attentionnées et compatissantes. Les
Boggarts ne se soucient que d’argent, de malveillance et de leurs
frères Boggarts (en général dans cet ordre).
Quand ils se regroupent, ils s’organisent en castes strictement
hiérarchisées, avec l’Administration au sommet et la Main d’œuvre
en bas. En revanche, la politique au sein de cette société est une chose
chaotique et en perpétuel mouvement. Un étranger y verra une sorte
de labyrinthe byzantin jalonné de médisances, de coups bas et de mises
à l’index. Les Boggarts peuvent quant à eux suivre instinctivement le
courant et ils savent toujours qui commande et qui a été rétrogradé.
Les parfaits mercenaires du Songe, rien n’arrête ces Thallains du
moment qu’on les paie, et ils n’ont même pas besoin d’être qualifiés
pour le boulot. Ils n’éprouvent guère d’empathie pour qui que ce soit
en dehors des membres de leur garenne, n’ont absolument aucune
sympathie pour les humains et se délectent d’accomplir les tâches
impliquant de blesser, de mutiler et de tuer des mortels.
373
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Apparence
Le Boggart ordinaire ne se distingue pratiquement pas d’un Boggan.
Certes, ses oreilles sont un peu plus longues, ou bien la lueur dans
ses yeux est un peu plus malicieuse, mais on ne différenciera pas
les deux kiths d’un simple coup d’œil et même leur Guise mortelle
est normale. Quand il se laisse aller à sa soif d’argent, son Visage
féerique devient plus sombre et ses traits se déforment. Ses oreilles se
redressent et s’affinent, ses dents se font plus acérées, sa peau prend
une teinte rougeaude et il peut même arborer une queue fourchue.
Legs
Esprit de meute : ces Thallains reconnaissent l’odeur des leurs. Un
Boggart sait d’instinct où habitent au moins deux de ses congénères
et il peut les convaincre sans trop de mal de semer la pagaille avec
lui (Intelligence + Politique, difficulté 7). Sur un jet de Perception
+ Acuité, ils sont également capables de renifler les Boggans seelies
et unseelies, et ils le font souvent pour les tourmenter ou les inciter
à faire tout le travail à leur place.
Malice industrieuse : comme leurs cousins kithains, les Boggarts
peuvent accomplir n’importe quelle tâche physique en un tiers du
temps requis. La plupart choisissent un domaine de prédilection,
ce qui diminue de –1 la difficulté de tous les jets en lien avec leur
spécialité. Ils n’ont que faire du bien-être de tous ceux qui ne sont
pas membres de leur kith et plus ils sont nombreux, plus leur travail
devient bâclé et dangereux. Une meute de Boggarts œuvrant de
concert écrasera sa proie dans la boue tant qu’elle pourra en tirer
un quelconque profit.
Vulnérabilité
Cupidité de la pie : le manque total d’empathie d’un Boggart envers
les autres se manifeste dans son besoin obsessionnel de babioles
brillantes. Lorsqu’il se retrouve près d’un objet laissé sans surveil-
lance et qui a attiré son attention, il ne peut pas s’empêcher de le
voler, et peu importe l’attachement de son propriétaire ou sa valeur
monétaire. Les tanières de ces Thallains sont remplies de clés, de
photographies encadrées et de plaques commémoratives dérobées
à leurs pigeons involontaires.
Les Bogies
Ces choses qui sifflent dans le noir et qu’on aperçoit seulement du
coin de l’œil peuvent aller se rhabiller, elles ne vaudront jamais un
Bogie. Pour ces lointains parents des Sluaghs, l’humanité n’est qu’une
perte de temps et ils n’ont donc guère de respect pour leur enveloppe
mortelle. En partie à cause de leur manque d’intérêt pour l’apparence
et l’hygiène, ils fréquentent des lieux où les sans domicile fixe sont
plus nombreux. Ils remplissent ainsi un double objectif, à savoir se
fondre dans la masse et profiter d’une source de nourriture infinie
à même de satisfaire leurs repoussantes habitudes alimentaires.
Chacun a ses préférences, mais tous les Bogies, sans exception,
adorent un organe ou un fluide corporel humain en particulier. Ils
tueront avec joie pour obtenir ce mets délicat et s’ils ne peuvent
le consommer régulièrement, ils s’étiolent. S’ils se satisfont bon
gré mal gré de petites quantités pendant une courte période, ils
doivent s’en remplir le ventre au moins une fois par semaine ou
par quinzaine. Dans le cas contraire, leur faim ne fait que grandir
et les pousse à l’imprudence quand ils se mettent en quête d’un
repas digne de ce nom.
374 Changelin : le Songe
Ils n’ont pas besoin de murmurer, mais beaucoup choisissent de le
faire pour se fondre plus efficacement parmi les Sluaghs de l’endroit.
Apparence
Ces créatures blafardes et difformes ont souvent une peau flasque et
des cheveux raides et gras. Leurs corps squelettiques ou grotesque-
ment bouffis arborent une impressionnante collection de furoncles
et de pustules divers et variés. Leur Visage féerique est tout aussi
abominable. Ces choses tordues et bossues se recroquevillent en
présence de la lumière, comme si elle pesait lourdement sur elles.
Elles s’expriment d’une voix haletante et sifflante. Dans l’obscurité,
leurs yeux s’élargissent et la pupille se dilate jusqu’à les occuper
presque entièrement. On entend des cliquetis et des gazouillements
étranges quand elles parlent et leurs branchies frangées palpitent
quand elles respirent.
Legs
Haine du Tisseur : s’ils décident de dépenser un point de Glamour, les
Bogies peuvent devenir invisibles pour les appareils technologiques
pendant une heure. Les caméras vidéo ne montrent rien de plus
qu’une image figée, les systèmes de sécurité tombent en panne, les
lumières vives vacillent et les radios crachotent, laissant le Thallain
vaquer tranquillement à ses occupations.
Rejeton des ténèbres : les Bogies possèdent la capacité d’expulser de
leur corps une obscurité méphitique, en général en vomissant. Ils
procèdent ainsi quand ils cherchent à protéger leur fuite ou à mas-
quer des activités impulsives et les vrilles de ténèbres frémissantes
dissimuleront leurs actions. Ils peuvent utiliser ce pouvoir une fois
par jour. La difficulté pour voir à travers ces ténèbres augmente de +2.
Vulnérabilité
Malédiction du Tisseur : à l’inverse de leurs cousins changelins,
les Bogies ne possèdent pas leur capacité à se déformer et à se
contorsionner ; ils se retrouvent bel et bien ligotés quand on les
attache. Cette contention est douloureuse et leur inflige un niveau
de dégâts contondants par heure. Emprisonner l’un d’entre eux
dans un espace restreint lui infligera un niveau de dégâts létaux par
jour. S’ils sont pris au piège ou enfermés, ils hurlent et poussent
d’abominables cris stridents. Afin d’empêcher cette éventualité, la
plupart d’entre eux s’assurent d’avoir une voie de repli rapide s’ils
se retrouvent en intérieur.
Les Épouvantes
Difficile d’imaginer quelque chose de plus repoussant qu’un Bonnet
rouge unseelie et pourtant, leurs parents thallains, les Épouvantes,
font très bien l’affaire. Méthodiques et précis, ils planifient leurs
attaques avec un souci méticuleux du détail et de la moindre
variable prévisible. À l’inverse des Bonnets rouges, ils sont froids et
rationnels. Ils préfèrent se glisser dans un lieu sous le couvert des
ténèbres, prendre ce qu’ils sont venus chercher et repartir sans que
personne ne se soit douté de leur présence.
Les Épouvantes savent que leurs activités attirent une attention
dont elles ne veulent pas et de ce fait ne restent jamais très longtemps
au même endroit. Elles constituent des équipages de trois à sept
individus et voyagent de ville en ville en empruntant les Sentiers et
les autoroutes mortelles, avec dans leurs bagages tout l’attirail du
parfait chasseur. Quand elles se déplacent, elles ne se montrent guère
exigeantes en matière de nourriture et sélectionnent des proies de
tous les milieux.
Les rares qui s’installent quelque part sont souvent solitaires et
extrêmement territoriales. Leurs victimes, SDF, prostituées, drogués
et autres vagabonds, ne manqueront pas à la société. Elles ne tolèrent
que brièvement les Épouvantes itinérantes et les chassent de chez
elles après un ou deux jours.
Ces Thallains tiennent aussi le marché noir de la vente d’organes.
Les changelins unseelies refuseront de l’admettre, mais la fabrication
d’un Trésor et l’élevage des chimères requièrent de temps en temps le
cœur encore battant d’un Rêveur aux cheveux blancs né un jour de
pleine lune… et les Épouvantes peuvent parfaitement vous le procurer.
Apparence
Grands et minces, ces Thallains ont des doigts fins, des ongles
coupants comme des rasoirs et une peau blanche comme la craie
ou d’un gris laiteux. Sous leur Guise mortelle, ils sont tout à fait
ordinaires et sans aucun trait distinctif. Ils tirent une grande fierté
de leur capacité à disparaître parmi les populations mortelles. Leur
Visage féerique ne présente que quelques indices de leur parenté
avec les Bonnets rouges, laquelle se manifeste dans une cravate
rouge, ou bien un mouchoir de la même couleur glissé dans une
poche. Plus l’individu est vieux et plus il devient squelettique. Les
Gamins ressembleront à de minces Bonnets rouges, mais on peut
très distinctement voir la peau des Vauriens et Grincheux s’étirer
sur leur crâne et leurs mains.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Legs
Brumes malveillantes : le Songe offre aux Épouvantes l’anonymat,
peu importe les atrocités ou l’évidence de leurs actions. Les victimes
mortelles sont totalement incapables de dire comment elles ont été
blessées ni ce qui est arrivé à leur rein. Elles se réveillent paniquées
et savent que quelque chose de terrible s’est déroulé, mais elles
ne se rappellent aucun détail. Même les fées sont affectées par les
Brumes et elles doivent réussir un jet d’Intelligence + Acuité pour
se rappeler l’attaque dont elles ont été la cible.
Doigté du chirurgien : même s’ils se servent de ce don à des fins
malveillantes, les Épouvantes sont capables de plonger les scalpels
qui leur servent de serres dans une personne avec la confiance et
la sûreté d’un neurochirurgien chevronné. Leurs dissections se
font rapidement et avec précision, ce qui leur permet de récupérer
reins, cœurs et poumons sans les endommager. Leurs attaques à
mains nues bénéficient d’un bonus de précision de +2 et infligent
toujours des dégâts létaux.
Vulnérabilité
Le silence de la chair : les Épouvantes doivent consommer une chair
riche en Glamour au moins une fois par semaine. Pour chaque jour
au-delà de la première semaine où elles ne mangent pas le cœur,
le foie ou la partie interne d’un Rêveur ou d’un changelin, elles
deviennent de plus en plus sensibles au bruit et aux sons. Quelle
que soit leur source, les sons plus forts qu’un murmure leur infligent
+1 dé cumulatif de dégâts contondants. Cette pénalité disparaît si
l’Épouvante a pu faire un repas correct.
375
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Gobelins
Fabricants d’outils et fouilleurs de poubelles accomplis, les Gobelins
cannibalisent les machines mortelles et les appareils des Nockers,
et ils se servent des pièces détachées qu’ils récupèrent dans leurs
inventions corrompues. Ils se fichent pas mal de l’art dans un projet
et adorent faire exploser des choses et blesser les clients imprudents.
Certains d’entre eux gardent un décompte de leurs victimes et attri-
buent des points en fonction de la quantité de dégâts collatéraux
infligés alentours, des hémorragies de leurs victimes et du nombre
de morceaux amputés.
Les Gobelins se spécialisent dans la fabrication d’armes, mais
à peu de choses près, tout ce qu’ils assemblent peut se ranger dans
la catégorie des armes. Ils font aussi montre d’un grand esprit de
compétition. Chaque collectif organise des défilés saisonniers au
cours desquels ils présentent leurs inventions les plus novatrices et
mortelles selon des thèmes comme « la cuillère la plus dangereuse »
ou « petit outillage et carnage digne de ce nom ».
Malgré leur nature insouciante et opportuniste, ils éprouvent une
grande fierté dans la qualité de leur travail (surtout s’ils sont les seuls
à voir la qualité en question), et ils se sentent extrêmement blessés si
on les critique. Un nombre non négligeable de Domaines, et même
de petites villes, sont partis en fumée sous les assauts frénétiques
d’une Fashion Week de Gobelins, impatients de prouver qu’ils
sont dignes de figurer en haut du classement des plus destructeurs.
Apparence
Sous leur Guise mortelle, les Gobelins sont pâles, minces et l’on devine
à leur peau qu’elle n’a pas dû voir la lumière du jour depuis un bon
moment. Ils se moquent de leur apparence et n’ont que faire de leur
chevelure en bataille, des vêtements qu’ils ont portés ces trois jours
et de leurs mains pleines de graisse. Lorsqu’ils adoptent leur Visage
féerique, ce sont de véritables boules de vice, des prédateurs rapides
et vifs d’esprit, à la peau verte ou brune et aux oreilles pointues.
Legs
L’Instinct du diablotin : à l’inverse des Nockers, les Gobelins ne
réparent rien qu’ils n’ont construit de leurs propres mains. Toutefois,
ils sont passés maîtres dans l’art de transformer un échec en
catastrophe. S’ils dépensent un point de Glamour et touchent un
appareil mécanique ou électronique, ils peuvent provoquer une
défaillance qui aura des conséquences extrêmement dangereuses.
Pagaille : véritables professionnels du désastre, leur talent se manifeste
dans leur capacité à assembler rapidement des appareils mécaniques
à même de semer le désordre le plus total. Comme le Songe peut
dissimuler ces dispositifs, les mortels pensent donc qu’il ne s’agit
de rien d’autre qu’un jouet. Cependant, celui-ci provoque de vraies
blessures quand il est utilisé. Il ne dure guère et finit souvent par
exploser, infligeant un nombre de dés de dégâts létaux automatiques
égal au Glamour de son créateur à tous ceux qui se trouvent à
proximité. Ces Thallains se regroupent fréquemment pour créer
d’énormes machines et peuvent tout à fait transformer une voiture
Tesla en un rayon de la mort Tesla.
Vulnérabilité
Irrésistible vacherie : les Nockers ont peut-être un langage ordurier et
une patience très limitée, mais les Gobelins donnent une définition
bien supérieure à la mauvaise humeur. Pour peu qu’il se sente vexé,
376 Changelin : le Songe
le Thallain se déchaînera sur la cible la plus proche et lui fera les
pires blagues jusqu’à ce que son ego soit apaisé. Cela risque de
bouleverser des projets communs pendant des jours.
Les Guenaudes
nocturnes
Les gens se réveillent parfois en pleine nuit, incapables de bouger,
mais tout à fait conscients et terrifiés par la présence maléfique
qu’ils perçoivent dans leur chambre. La science a rationalisé ce
phénomène et lui a donné le nom de paralysie du sommeil, un
état dans lequel le cerveau immobilise le corps afin que le dormeur
n’agisse pas pendant qu’il rêve. La science se trompe. C’est le fait
de la Guenaude nocturne.
On les connaît à travers le monde et dans de nombreuses cultures.
Ce sont des démons, des sorcières, des incubes ou des fantômes
malveillants. Cependant, les Guenaudes ne sont rien de tout cela.
Ces fées malveillantes sont aussi vieilles que les cultures humaines
et si ceux qui en ont aperçu se comptent sur les doigts d’une main,
nombreux sont ceux à porter les stigmates d’une telle rencontre.
Elles se glissent dans les chambres en pleine nuit, s’assoient sur la
poitrine des gens endormis et les pincent ou les grattent jusqu’à ce
qu’ils se réveillent. Elles demeurent invisibles et terrifiantes dans
l’obscurité de la pièce. Les plus violentes laissent des marques bien
visibles sur leurs victimes et les étouffent jusqu’à ce qu’elles sombrent
dans l’inconscience, ou bien les tirent en partie hors de leur lit avant
de quitter les lieux.
Apparence
Pâles et androgynes, les Guenaudes nocturnes ont des corps allongés
pouvant arborer toutes les nuances de gris et des traits déformés.
Leurs énormes yeux noirs leur offrent une parfaite nyctalopie. Sous
leur Guise mortelle, elles ont une apparence maladive, des yeux
globuleux et un corps décharné. Toutefois, on les voit rarement sous
une forme humaine, car elles préfèrent s’enterrer pendant les heures
les plus claires du jour et ne sortir de leur cachette qu’à la nuit noire.
Si elles sortent en pleine journée, elles s’enveloppent de la tête aux
pieds dans d’épais vêtements noirs capables de bloquer les rayons du
soleil. Si elles ne le faisaient pas, elles seraient réduites en cendres.
Legs
D’ombre en ombre : malgré leur pâleur, les Guenaudes nocturnes
se fondent parfaitement dans les ombres d’une pièce plongée dans
l’obscurité, ce qui leur permet d’approcher leur cible endormie. Si
elles dépensent un point de Glamour, elles peuvent s’envelopper
dans les ténèbres et se rendre invisibles aux yeux des gens. De plus,
si elles dépensent trois points de Glamour, elles peuvent emprunter
les ombres pour retourner dans leur repaire. Cette capacité ne
fonctionne que pour cet usage et ne les emmène nulle part ailleurs.
Toucher paralysant : ces Thallains possèdent le pouvoir d’immobiliser
leurs victimes endormies afin qu’elles ne bougent pas lorsqu’elles se
réveillent. Leurs ongles sécrètent une toxine qui empêche la cible de
se débattre et évite qu’elle ne puisse blesser la Guenaude nocturne.
La paralysie dure un nombre de tours égal au score de Glamour du
Thallain, mais le personnage peut y résister si son joueur réussit
un jet de Volonté (difficulté égale au score permanent de Glamour
de son adversaire).
Vulnérabilité
Photophobie : si les Guenaudes nocturnes agissent dans l’obscurité,
c’est parce que même une petite lueur peut les aveugler et brûler
leur peau. Chaque minute passée dans une lumière plus puissante
que le clair de lune inflige au Thallain un niveau de dégâts aggravés
qu’il lui est impossible d’absorber. Quand elles sont blessées, les
Guenaudes combattent rarement leur adversaire et préfèrent fuir
grâce à leur pouvoir D’ombre en ombre. Une fois qu’elles ont fini de
lécher leurs plaies (elles récupèrent un niveau de santé par période
de 24 heures passées dans le noir total), elles sont libres de traquer
leur agresseur et de se venger de lui.
Les Hargneux
Ivrognes odieux, camés sans remords, prédateurs dépravés et brutes
violentes. Les pires défauts des Satyres prennent vie et s’agglomèrent
en un seul paquet écœurant, le Hargneux. Certes, les passions
guident la vie de ces individus, mais ils les portent toujours à de
telles extrémités que même des Satyres unseelies se détourneraient.
D’ailleurs de loin, on les confond souvent avec leurs cousins chan-
gelins. Quand on se rapproche, le fumet qu’ils dégagent indique à
lui seul leur vraie nature, car leur puanteur repousserait même un
ogre en furie.
Un Hargneux a beaucoup de mal à dissimuler très longtemps
sa marque maléfique, et comme les siens ne se préoccupent guère
de discrétion, on les découvre vite s’ils restent plus de quelques
jours dans les endroits fréquentés par les changelins. Les Satyres,
immunisés aux défenses les plus puissantes des membres de ce kith,
sont les mieux armés pour s’occuper de leurs cousins thallains. Ils
éprouvent une haine particulière pour eux et le plus sympathique
Satyre seelie démembrera sans sourciller un Hargneux importun
s’il en a l’occasion.
Ces Thallains se déplacent souvent en petites bandes avec leurs
frères. Si les vices et les addictions sont uniques à un individu, les
membres d’un même tragos partagent souvent des dépravations sem-
blables. Ils prennent un plaisir particulier à les infliger à quiconque
se révèle assez poissard pour croiser leur route.
Apparence
Ils peuvent leur ressembler de loin, mais les Hargneux n’ont pas
grand-chose en commun avec leurs parents satyres. Ils se fichent de
leur hygiène personnelle. Leur fourrure et leurs cheveux emmêlés
huileux arborent différents fluides corporels inavouables, sans
compter les restes du festin de la semaine dernière.
Sous leur Guise mortelle, ce sont de petits enfants crasseux ou
des adultes négligés. Leur chevelure n’a pas vu une brosse depuis un
moment, ils ont la peau grasse et les ongles des mains parfaitement
dégoûtants. Les plus vieux Hargneux arborent une croûte de crasse
vieille de plusieurs mois, voire de plusieurs années.
Legs
Délire de la ménade : les Satyres peuvent inspirer la fête à leurs com-
pagnons, tandis que les Hargneux instillent aux autres la frénésie.
Les mortels qui passent plus de quelques minutes dans leur entou-
rage font un jet de Volonté (difficulté égale au score permanent de
Glamour du Thallain) et s’ils le ratent, ils succombent à celle-ci
et se laissent aller à leurs désirs les plus sombres et inavouables.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Le Délire de la ménade est particulièrement puissant et même un
changelin n’est pas immunisé à ses effets. Son joueur doit faire un
jet par heure, et non après quelques minutes.
Puanteur de la harpie : le musc secrété par la peau d’un Hargneux
possède une odeur si forte et âcre qu’il constitue une formidable
défense naturelle. Le joueur qui décide d’attaquer le Thallain fait
un jet de Vigueur pour son personnage (difficulté égale au score
permanent de Glamour du Thallain). En cas d’échec, les groupe-
ments de l’attaquant perdent un nombre de dés égal au score de
Glamour du Hargneux. En cas d’échec critique, la puanteur le
submerge, il se met à vomir et ne peut ni attaquer ni se défendre.
Étrangement, cette odeur n’affecte pas les Satyres.
Vulnérabilité
Péché mignon : quel que soit leur vice ou leur obsession, il est presque
impossible aux Hargneux d’y résister lorsqu’ils ont l’occasion de s’y
adonner et d’ailleurs, rares sont ceux qui tentent de le faire. Qu’il
s’agisse de nourriture, de sexe, de drogue ou de terreur (ou bien
d’un mélange atrocement vil des quatre), le Thallain a tout autant
de mal à s’arrêter (jet de Volonté, difficulté 9).
Les Huaka’i Po
Certaines nuits, mieux vaut rester derrière des portes bien verrouillées.
Et lorsque le vent amène le son des tambours, le chant d’une coque
et la puanteur de la marée et de la mort, on sait que c’est l’une de
ces nuits. Les Huaka’i Po sont en marche et trancheront tout et tous
ceux qui se trouveront sur leur passage. Incarnation des ténèbres,
ces guerriers rendent hommage aux Fomorii et espèrent bénéficier
en retour de leur faveur.
Plus souvent connus sous le nom des marcheurs nocturnes,
les Huaka’i Po viennent de l’archipel d’Hawaï et si quelques-uns
ont bien émigré ailleurs, ce sont dans leur ensemble des créatures
grégaires. Ils préfèrent la compagnie de leurs congénères, mais
sauront se contenter de celle des Bestioles si aucun autre Huaka’i
Po ne se trouve dans les environs. En effet, le besoin de chasser de
ces Thallains est très semblable à leur marche et quand les deux se
produisent au même moment, que Dieu vienne en aide à celui qui
a le malheur de croiser leur route.
Le lieu où ils se rendent et ce qu’ils font exactement demeure un
secret bien gardé, mais certaines nuits, tous les Huaka’i Po d’un lieu
se rassemblent vers le coucher du soleil. Une fois la nuit tombée, ils
forment les rangs et entament leur marche, torche en main. Ceux qui
n’en portent pas battent les tambours et donnent l’allure du voyage.
Interrompre leur progression est non seulement dangereux, mais
quasi impossible. Les tambours et les conques sont autant une partie
du rituel qu’un avertissement de se tenir en dehors de leur chemin.
Cette marche commence juste avant l’aube et s’achève lorsque le
soleil se lève à l’endroit où elle a commencé.
Au quotidien, ces Thallains font preuve d’une certaine agressivité
et montrent des tendances à la violence. Ceux qui ont choisi des
carrières professionnelles encourageant cette habitude, comme le
catch ou la lutte, rencontrent un certain succès, mais pour la plu-
part, ils se contentent de sortir et de déclencher des bagarres. Les
marcheurs nocturnes sont comme des poissons dans l’eau quand
on en vient aux mains, mais la manière dont ils en profitent finit
par déranger même le chef le plus batailleur.
377
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Apparence
Ils ont souvent une peau et des cheveux sombres, et sont d’ascendance
polynésienne. Ils préfèrent les objets et les vêtements pratiques au
clinquant. Leur Voile adopte presque toujours la forme d’une armure
et inclut systématiquement un casque qui dissimule entièrement leur
visage. Sous cet accoutrement, leur Visage féerique est musculeux,
couturé de cicatrices et couvert de tatouages.
Legs
Les Élus : les Fomorii empruntent des voies mystérieuses pour parvenir
à leurs fins, mais ils semblent récompenser ces disciples dévoués.
Une fois par scène, un marcheur nocturne peut ajouter une réussite
supplémentaire à n’importe quel jet de dés.
Redoutable : lorsqu’il est en marche, le Huaka’i Po bénéficie d’un
bonus de +1 dé sur tous les jets physiques effectués contre des
créatures qui ne sont pas des Thallains. Les pontes de la Cour
d’Ombre peuvent prêter un Serment en échange de leur protection,
mais en dehors de cette exception, quiconque regarde un marcheur
nocturne déclenche une réponse violente.
Vulnérabilité
Appel du Fomorii : tout a un prix, et être l’élu des Fomorii ne fait
pas exception à la règle. Ces Thallains adoptent en général des
habitudes plus frustes et vulgaires et ils ont du mal à se fondre dans
la masse, en particulier dans les zones urbaines.
378 Changelin : le Songe
Les Kelpies
Les Kelpies se sentent plus à l’aise près des lacs et des rivières. Comme
leurs cousins les Selkies, ils peuvent adopter une forme animale et
préfèrent les chevaux aux phoques. Au départ, ces créatures semblent
gentilles et attentionnées et elles sont plutôt douées dans les jeux de
la séduction. Sous cette apparence sympathique cependant, ce sont
des êtres malfaisants et sans cœur.
Ils aiment les étendues d’eau en partie parce qu’ils ont tendance
à y noyer leurs victimes. Ils utilisent leur charme pour les convaincre
de venir nager avec eux, puis les entraînent vers des eaux de plus en
plus profondes avant de les attirer vers le fond. Ils peuvent aussi se
servir de leur forme équine pour arriver à leurs fins, et incitent les
passants imprudents à les chevaucher puis retournent vers l’eau et
les entraînent avec eux tandis qu’ils plongent sous la surface.
Créatures solitaires, elles préfèrent rester dans leur coin. Si
elles sont trop nombreuses dans une petite région, elles risquent
d’être découvertes. Elles cohabitent assez paisiblement avec d’autres
Thallains aquatiques, mais méprisent la présence des changelins et
évitent leurs cousins Selkies comme la peste. En effet, ces derniers
peuvent facilement repérer leur véritable nature. Si un Kelpie s’est
approprié un lac, les Selkies refuseront d’y mettre un pied, car ils
sentent d’instinct la corruption de sa présence.
Apparence
Les Kelpies semblent toujours sortir de la douche ou de la mer, et
portent l’eau en eux. Cependant, à la différence de leurs cousins
changelins, ils portent aussi la marque des créatures venues des
profondeurs. Leurs yeux sont un peu trop grands, leurs lèvres fines
et ils ont peut-être les mains et les pieds légèrement palmés. Sous
leur Visage féerique, ils arborent des branchies palpitantes et sont
quelque peu bioluminescents. Sous leur forme équine, ils ont l’air
de chevaux ordinaires sur terre, mais une fois dans l’eau, une queue
de poisson vient remplacer leurs postérieurs.
Legs
Forme équine : le Kelpie peut décider de dépenser un point de Glamour
et de reprendre sa forme naturelle, qui peut être n’importe quelle
race de cheval ou de poney, et de la garder indéfiniment. Reprendre
sa Guise mortelle ne lui coûte rien.
Magnétisme surnaturel : quelle que soit sa forme, le Kelpie est presque
toujours irrésistiblement séduisant. Pour utiliser ce pouvoir, le
conteur fait un jet de Charisme + Empathie auquel la cible résiste
par un jet de Volonté. S’il l’emporte, la cible monte sur le Thallain
(ou l’accompagne), et celui-ci peut alors l’entraîner sous l’eau et
commencer à la noyer (cf. page 293). Après un tour passé sous la
surface, la victime reconnaîtra la tentative malveillante et pourra
commencer à se défendre.
Vulnérabilité
Harnachement : s’ils sont capturés, ils peuvent être contraints de
servir un maître. Le Thallain doit être bridé, sous sa forme équine
ou humaine, avec un équipement enchanté. De simples bijoux
fonctionnent sur la forme mortelle, mais le cheval demandera un
harnachement complet. Le Kelpie gardera la forme sous laquelle il
est lié jusqu’à ce que son maître le relâche.
Les Mandragores
Thallains malveillants des forêts, les Mandragores ont de lointains
liens de parenté avec les Ghille dhu. Contrairement à leurs infor-
tunés cousins gallains, elles prospèrent depuis la Séparation. On
les trouve partout dans le monde de l’Automne, dans les marais et
les marécages, les forêts tempérées et les jungles tropicales qu’elles
se sont arrogées, transformant des arbres inoffensifs en monstres
mangeurs d’hommes.
Comme les Ghille dhu, les Mandragores sont liées à un cycle
des saisons dans lequel elles évoluent tout au long de leur vie. Sous
son aspect du Printemps, c’est une créature élancée et affamée en
quête d’un arbre à investir et à transformer. Une fois qu’elle en a
repéré un qui lui convient, elle passe une semaine dans une chrysa-
lide et au cours de cette période, son Glamour se met au diapason
de celui de l’arbre. À la fin de la semaine, celui-ci adopte des traits
dangereux. Selon la personnalité et les goûts du Thallain, on verra
par exemple des lianes de lierre étrangleur hérissées d’épines et à
demi intelligentes, ou bien des insectes chimériques, ou encore de
profondes fosses qui sont en réalité des plantes carnivores à pièges,
très semblables à la sarracénie.
Chasseuses passives, les Mandragores préfèrent les opportunités
à la traque. Superprédatrices et reines de l’embuscade, elles installent
leurs pièges et attendent que les proies s’aventurent à leur portée.
Même si elles préfèrent de loin la pleine nature, loin des habitations
humaines (et donc loin de tout ce qui pourrait endommager leur
arbre), on sait que certaines se sont installées dans les arbres des
parcs urbains et les bosquets en ville.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Apparence
Semblables aux Ghille dhu, les Mandragores ont une peau verte et
leur Visage féerique est souvent orné de fleurs, de brins d’herbe, de
mousse et de lierre (dans des versions vénéneuses et dangereuses).
Leur corps change selon les saisons, mince et solide au printemps
plutôt que rebondi et chérubin, grassouillet et rassasié en été, ou
buriné et tordu en automne.
Legs
Fantasme et Festin : une Mandragore peut dépenser un point de
Glamour de sa réserve, puis poser un appât dans les lianes de son
arbre. La vigne et les sarracénies émettent alors une odeur délicate
pour attirer les abeilles et les animaux. Elle peut aussi projeter des
images séduisantes dans les fluides qui remplissent les corolles
des plantes carnivores et ainsi capturer des humains imprudents.
Leurs pièges sont parfois assez grands pour attraper une créature
humanoïde. Celle qui serait assez malchanceuse pour y tomber sera
ensuite lentement digérée vivante. Une fois la victime entièrement
mangée, le Thallain régénère tous les points de Glamour et de
Volonté dépensés.
Infestation : une Mandragore trouve un arbre, devient intangible
et entre dans le tronc, puis le possède. Si elle investit un niveau
de Glamour en lui, elle peut transformer cet arbre en Domaine
personnel, même s’il n’a ni Brasier ni Foyer, où elle sera à l’abri de
toute atteinte et où elle pourra regagner un point de Glamour par
semaine grâce aux processus naturels du végétal.
Vulnérabilité
Malédiction de Mère Nature : les Mandragores sont beaucoup plus
fragiles que la plupart des enfants du Songe et pour supporter la
flétrissure de la Banalité, elles doivent se lier à un arbre. Si celui-ci
venait à être endommagé, le Thallain qui l’habite subirait un nombre
de points de Banalité égal aux dégâts infligés à l’arbre. Si ce dernier
est détruit, il gagne également un niveau de Banalité.
Les Merrows
Lorsque l’humanité rêve des beautés de la mer, elle songe aux sirènes.
Et lorsque ces rêves deviennent des cauchemars, alors les Merrows
naissent et viennent s’en nourrir. Ils prétendent être les rêves du
grand Dagon, qui créa le premier œuf de Merrow avec l’écume des
vagues et une bouchée de ciel.
Créatures rusées et intelligentes, leur société violente et bestiale
repose avant toute chose sur la survie dans les profondeurs froides et
impitoyables des océans. Leurs colonies s’organisent dans les épaves
de navires et d’avions. Les Merrows sont rares, car ils se reproduisent
seuls. Pour cela, ils se servent des corps encore chauds des marins,
plongeurs et autres nageurs noyés, dans lesquels ils pondent les
œufs de la prochaine génération. Ceux qui n’éclosent pas servent
de premier repas aux alevins à peine nés.
Leurs habitats aquatiques sont très variés et on trouve des
Merrows aussi bien sous les tropiques que dans les abysses des fosses
sous-marines. Ils ne s’aventurent guère en dehors de leur territoire
et se montrent extrêmement hostiles envers les intrus. Ils n’ont aussi
aucun scrupule à entraîner des mortels malchanceux ou d’autres
fées sous les flots. Certains tirent même un grand plaisir à voler le
dernier soupir de leur victime, laissant l’humain se débattre dans
l’affreuse étreinte qui précède la noyade.
379
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Apparence
Même sous leur Guise mortelle, les Merrows semblent à peine
humains ; ils ont une peau pâle et visqueuse et une allure étrange
qui dérangent les gens autour d’eux. Lorsqu’ils adoptent leur Visage
féerique, certains sont étonnamment beaux, mais la plupart restent
de monstrueux cauchemars tout droit sortis des profondeurs. Ils
ne tirent jamais leur forme animale des baleines ou des poissons,
et ont plus l’air d’agglomérats de torse semi-humains et de traits
propres aux mollusques, aux céphalopodes et aux arthropodes, le
tout emballé dans une peau translucide et muni de doigts palmés.
Legs
Cauchemar abyssal : les Ondins incarnent la beauté des océans et les
Merrows leur monstruosité. Leur aspect bizarre est un tel mélange
de traits humains et surnaturels que quiconque aperçoit l’un d’entre
eux pour la première fois doit faire un jet de Volonté (difficulté
égale au score de Glamour du Merrow). En cas d’échec, le choc et
l’horreur figeront le témoin pendant un tour, et c’est généralement
tout ce qu’il faut à la créature pour disposer de sa victime.
Don de Dagon : tout comme les Ondins, les Merrows bénéficient des
pouvoirs spéciaux que leur donne leur Apsara (cf. page 452). Certains
sont dotés d’épines et de dards, d’autres se fient à la force brute. Le
dard des méduses inflige une douleur atroce pendant des jours à ses
victimes, tandis que les calmars disposent de plusieurs tentacules
étrangleurs. Les anguilles envoient des décharges électriques et les
lottes s’appuient sur leur bioluminescence afin de tromper leurs
proies. Les Merrows bénéficient également d’un bonus de +1 sur
leur attribut de Force ou de Dextérité.
Vulnérabilité
La Froideur : de la même manière que leurs cousins Kithains, les
Merrows souffrent d’horribles effets secondaires quand la Banalité
les touche. Leur aptitude à respirer sous l’eau diminue à mesure
que leur score permanent augmente, jusqu’à ce qu’il reste seul,
perdu au milieu de l’océan. En général, ces malchanceux se noient
et servent d’hôtes à la génération suivante.
Les Ogres
Immenses, patauds et dangereux, les ogres sont pour la plupart
impossibles à distinguer physiquement des Trolls. Toutefois, ils sont
dépourvus du moindre honneur et ils n’ont aucun espoir de racheter
leurs fautes, même s’ils le voulaient. Ce sont de petites brutes, pures
et dures, qui ne respectent que la force, la cruauté et la méchanceté.
Ils se montrent moins tatillons que les autres sur la provenance
de leur viande et il leur arrive de se faire un petit en-cas au milieu
d’une bagarre en arrachant un morceau à leur adversaire. Ils se
fichent totalement des ronds de jambe et ne comprennent pas les
subtilités de la politique. Ils s’affrontent entre eux pour savoir qui
commande et ils font la même chose avec ceux qui ne sont pas des
Ogres et qui pensent pouvoir leur donner des ordres.
Cependant, tous les Ogres ne sont pas stupides et dépourvus
de la moindre capacité d’observation. Certains, les Ettins, sont des
esprits carrément brillants, dotés de la ruse du prédateur et tout à
fait à même de poser des pièges et de dresser des embuscades. Ils se
hissent généralement jusqu’à des postes à responsabilité dans leur
kith et se montrent difficiles à duper. N’oubliez pas que la puissance
brute soutient leur esprit acéré, alors si vous avez l’intention de
380 Changelin : le Songe
trahir un Ettin, nous vous conseillons de planifier très à l’avance
votre retraite précipitée.
Créatures solitaires plus par nécessité que par nature, la force,
la brutalité et l’agressivité dont elles font preuve ont conduit à leur
déclin, tandis que les fées du monde entier les ont traquées jusqu’à
une quasi-extinction. Les quelques Ogres qui restent dans le monde
de l’Automne se retrouvent souvent dans l’entourage des membres
de la Cour d’Ombre, où l’on emploie efficacement leurs talents de
traqueurs et d’encaisseurs de la mafia.
Apparence
Sous leur Guise mortelle, les Ogres se sentent à l’aise dans les segments
violents de la société, et préfèrent rejoindre les rangs des gangs et des
clubs de motards hors-la-loi. En bonnes petites terreurs des bacs à
sable, leurs Gamins règnent sur les cours de récréation. Quand leurs
Vauriens et leurs Grincheux débraillés ouvrent la bouche, c’est pour
déverser un flot d’injures et ils se montrent aussi prompts à la colère
qu’à distribuer des coups de poing. Sous leur Visage féerique, ils sont
presque identiques aux Trolls et gagnent trente bons centimètres et
une cinquantaine de kilos de muscles.
Legs
La Force des chênes : tout comme les Trolls, les Ogres sont plus forts
qu’ils n’en ont l’air et entrent en jeu avec deux points de plus dans
leur attribut de Force, même s’ils dépassent la limite habituelle de
5. De plus, ils ne peuvent jamais faire d’échec critique sur les jets
impliquant ce trait, et ils reçoivent un nombre de dés supplémen-
taires égal à leur score de Glamour sur les attaques visant à agripper
ou à étreindre leur adversaire.
Le Nez sait : les Ogres sont passés maîtres dans l’art de distinguer
les Thallains des autres à la seule odeur. Ils peuvent même faire la
différence entre un Unseelie et un Seelie du même kith. De plus,
s’ils obtiennent ne serait-ce qu’une seule réussite sur un jet de
Perception + Acuité (difficulté 6), ils sont capables de sentir l’état
émotionnel général de quelqu’un et, malgré leur champ d’interac-
tion sociale limité, d’en tirer avantage (la difficulté de leurs jets de
dés diminue de –1).
Vulnérabilité
Malin comme un caillou : l’intellect n’est pas leur qualité première
et un Ogre doté d’un score de 3 en Intelligence serait une sorte
de génie pour ses semblables. En conséquence, ils deviennent
facilement confus et la difficulté de tous les jets visant à détecter
la tromperie, les embuscades ou les subtilités sociales, comme le
sarcasme, augmente de +2.
Les Pleureuses
Virage serré propice aux accidents de voiture, pont ou falaise mau-
dits, arbre « du pendu »… Tous partagent le même point commun :
ils sont habités par une Pleureuse. Ces créatures perpétuent de
diverses légendes tragiques et contraignent les faibles à infléchir leur
route juste assez pour succomber dans des accidents mortels. Elles
se moquent bien des vies qu’elles prennent, seule leur importe la
légende qui continuera de vivre grâce à cela.
Ces Thallains ne peuvent s’empêcher de faire vivre les histoires
plus sombres et recourent à toutes les notions de malédictions et de
hantises. La plupart préfèrent des méthodes et des légendes rapides
et généralement fatales, d’autres apprécient les mises en scène
complexes et théâtrales. Chaque Pleureuse trouve sa vocation puis se
met au travail ; celles qui excellent à perpétuer leur légende apprécient
la peur qu’elles sèment, mais encore plus les imbéciles qui se sentent
obligés de vérifier sa véracité. Ces courageux réalisent souvent bien
trop tard qu’il vaut mieux ne pas tenter le diable.
Pour qu’une légende prenne vraiment vie, elle doit respecter un
certain nombre de règles que les Pleureuses se chargent de protéger.
De cette manière, elles s’assurent de choisir seulement les bons can-
didats. Si l’une se fait passer pour un auto-stoppeur fou qui ne s’en
prend qu’aux femmes compatissantes, alors elle n’attaquera jamais
les hommes. Une autre ne répondra qu’à ceux qui l’appellent dans
un miroir au moment où sonnent les douze coups de minuit. Une
autre encore se mettra en quête de victime uniquement sous une
pluie battante. Toutes les règles devront sans exception être suivies
pour que le Thallain réponde à l’invocation.
Apparence
Ces choses pitoyables arborent l’air de chien battu de l’éternel mal-
chanceux. Leurs grands yeux sont emplis de tristesse, elles ont un
air inquiet évident et le plus gai de leurs sourires demeure mélanco-
lique. Quand elles adoptent leur Visage féerique, elles sont tordues
et difformes, souvent couturées de cicatrices, elles paraissent avoir
subi de graves sévices, leurs os ont trop d’articulations et il émane
d’elles, une aura douloureusement désespérée.
Legs
Légendes vivantes : une Pleureuse peut obliger quelqu’un à accomplir
une série précise de circonstances si elle réussit un jet de Manipulation
+ Empathie, opposé à la Volonté de sa cible. Le nombre de réussites
obtenues conditionne la précision avec laquelle cette dernière
agira. De plus, elle ne peut jamais faire d’échec critique sur un jet
de Manipulation.
Visage fantomatique : le conteur dépense un point de Glamour,
puis la créature prend une apparence spectrale et translucide. Elle
apparaît toujours comme la victime de l’accident qu’elle préfère.
La Pleureuse peut rester ainsi pendant trente minutes par point
de Glamour dépensé dans ce sens. Sous cette forme, rien ne peut
la blesser, à l’exception du fer froid.
Vulnérabilité
Habitudes : l’obsession de la Pleureuse à rejouer sans fin d’horribles
incidents est primordiale dans son existence. Si on l’empêcher de
le faire, elle deviendra obnubilée par cette idée et ne pourra se
concentrer sur rien d’autre tant qu’elle ne pourra pas s’y livrer.
Prévenir les actions nuisibles d’une créature de cette espèce peut
se révéler aussi simple que de poser une barrière au bord d’une
falaise, ou encore aussi compliqué que de fermer définitivement
une portion de route propice aux accidents.
Les Rôdeurs
Ce kith n’est certes pas le plus important en nombre, mais il est de
loin le plus versatile. On connaît les Rôdeurs sous de nombreux noms
à travers le monde. Monstres des marais divers et variés, Bigfoot sur
la côte pacifique, almas d’Asie centrale, yéti dans l’Himalaya, yowie
de la brousse australienne, tikoloshe des terres zouloues, barmanou
du Moyen-Orient et le hibagon du Japon ne sont que quelques-unes
des légendes qu’ils ont inspirées.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
On ne trouve guère les Rôdeurs en dehors des régions sauvages,
car ils préfèrent les lieux solitaires loin des curieux. Mais la société
des changelins et le monde de l’Automne empiètent un peu plus
chaque année sur leur territoire, et les rencontres deviennent iné-
vitables. On les aperçoit parfois le jour, mais ce sont des créatures
essentiellement nocturnes qui préfèrent la discrétion des ténèbres
pour dérober de la nourriture, explorer les constructions humaines
ou emporter d’imprudentes victimes qu’on ne revoit plus jamais.
Ils ne montrent pas d’intelligence particulière, mais ils sont rusés
et dotés d’instincts développés, ce qui en fait une véritable menace
pour n’importe quel intrus sur leur territoire. Ils ne se préoccupent
pas vraiment de maquiller les lieux de leurs crimes en autre chose.
Les attaques de gros animaux sur des campements en pleine nature,
sur les occupants de cabanes d’affût et les promeneurs des sentiers
de randonnées sont en fait l’œuvre des Rôdeurs.
Apparence
Ce sont des créatures immenses et robustes, puissamment charpen-
tées, qui mesurent près de trois mètres de haut. Sous leur Visage
féerique, elles arborent des pieds à la tête un pelage ou une fourrure
qui va du brun au gris ou au blanc selon leur environnement, de
grands yeux, de longs bras, des narines largement ouvertes et une
bouche pleine de dents très solides. Sous leur Guise mortelle, les
Rôdeurs sont des individus négligés et nus, couverts de tiques, de
feuilles et de boue. Quel que soit l’aspect qu’ils adoptent, ils ont
des mains et des pieds très grands pourvus d’ongles jaunes et épais.
Leurs deux gros orteils s’écartent vers l’extérieur à la manière de
pouces préhensiles, et au lieu de marcher comme des bipèdes, ils se
déplacent à grandes enjambées en traînant les pieds.
Legs
Foulée naturelle : les Rôdeurs se sentent tout à fait à l’aise dans leur
environnement naturel. Quand ils s’y trouvent, ils bénéficient d’un
nombre de réussites automatiques égal à leur score de Glamour sur
leurs jets d’Athlétisme, de Furtivité et de Survie. De plus, ils doublent
leur vitesse de déplacement au sein de leur environnement aussi
bien dans le Songe que dans le monde de l’Automne.
Omnivore : ils ne sont pas très difficiles quand il s’agit de manger,
et ils peuvent avaler tout ce qui rentre dans leur bouche. Bâtons,
batteries au lithium, lampes à pétrole, petites chimères et morceaux
de corps broyés font très bien l’affaire.
Vulnérabilité
Indices involontaires : s’ils sont les maîtres de leurs bois, ils laissent
toujours des preuves de leur passage, que ce soit une touffe de four-
rure accrochée à une branche, une belle empreinte de pied dans la
boue ou la neige, des petits arbres brisés et de l’herbe couchée, ou
bien les reliefs de leur dernier repas. Ils sont peut-être invisibles et
inaudibles, mais on les suit immanquablement à la trace.
Les Sevartals
Ils possèdent la grâce et le port altier des chefs naturels, se déplacent
avec élégance et semblent toujours en savoir plus que tout le monde.
Leurs yeux voient au-delà de ceux des mortels ou des changelins,
mais même leur plus aimable sourire se teinte d’une touche de mal-
veillance. Ces sombres miroirs des Sidhes se considèrent comme la
crème des Thallains et voient tous les autres, qu’ils soient Thallains
381
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
ou changelins, comme de simples pions et sous-fifres qu’il convient
de gouverner.
Les Sevartals arborent un air surnaturel qui attire aisément les
gens à eux et dégage le chemin conduisant de l’adoration à la sou-
mission. Exposés pendant une période prolongée à leur présence,
les esprits autour d’eux s’épuisent et deviennent au fil du temps
des automates à leur service. Quand on cherche à différencier un
Sidhe d’un Sevartal, on s’intéresse à la manière dont ils traitent les
gens qui les entourent. Pour le premier, ses sujets sont toujours des
personnes, tandis que le second ne voit en eux que des outils pour
atteindre un objectif et se montre incapable d’éprouver de l’empathie.
Ces Thallains apprécient la compagnie des autres kiths, chan-
gelins ou autres, et pensent que tout le monde peut s’avérer utile
d’une façon ou d’une autre, que ce soit comme appât, comme bouc
émissaire ou comme pigeon. Ils sont très friands des Spriggans et
essaient autant que faire se peut d’en avoir quelques-uns à leur ser-
vice. Leur capacité surnaturelle pour identifier les changelins encore
endormis fonctionne à tous les âges de la vie, et ils l’utilisent sur
tous les enfants volés que les Spriggans ramènent. Une fois qu’ils
en ont trouvé un, les Sevartals l’enchantent et forcent la survenue
de la Chrysalide et de la Danse onirique, les plient à leurs besoins
et prennent le pas sur la nature de Kithain du changelin. Ceux
qui les déçoivent ou que leurs yeux critiques estiment indignes
sont abandonnés sans remords, peu importe s’ils sont capables de
s’occuper d’eux. Les Brumes et le Songe prennent ces individus en
pitié et œuvrent à effacer la transformation en Sevartal à laquelle
on les a contraints. Cependant, la victime préférera dorénavant
toujours la Cour unseelie.
382 Changelin : le Songe
Apparence
Ces individus pâles et minces ont de longs membres et se mani-
festent pleinement sous le clair de lune. Quand ils arborent leur
Visage féerique, leurs oreilles s’allongent en fines pointes, ils ont
des yeux opalescents et leur peau semble toujours luire doucement
dans la lumière de la lune. Leur voix est douce et musicale, même
lorsqu’ils prononcent les paroles les plus abominables, et leurs gestes
demeurent emplis de grâce même quand ils manient le fouet ou
combattent au cœur de la mêlée.
Legs
Héritage forcé : s’il enchante un changelin qui ne s’est pas encore
éveillé, celui-ci « naîtra » sevartal. S’il parvient à échapper à son
mentor, il retrouvera son kith d’origine, mais tendra toujours vers
la Cour unseelie.
Présence charismatique : à la création de personnage, le conteur peut
donner au Sevartal un point supplémentaire dans n’importe quel
attribut social. Le Thallain ne pourra jamais faire d’échec critique
sur les jets effectués avec cet attribut.
Vulnérabilité
Distant : si un changelin s’est retrouvé auparavant au service d’un
Sevartal, il bénéficie d’une réussite automatique sur n’importe quel
jet mental ou social effectué contre son ancien maître. Pour ces
Thallains, il est impossible qu’on puisse se montrer plus rusé qu’eux.
Les Spriggans
Paresseux, méchants et cupides, les Spriggans aiment beaucoup jouer
des tours cruels à d’infortunés mortels et devenir les compagnons
des pires Bonnets rouges unseelies. Ces fainéants ne bougent une
oreille qu’à la perspective d’accomplir une action épouvantable ou
de veiller sur un trésor. Ils volent tout ce qui a un tant soit peu de
valeur et qui passe à portée de leurs doigts crasseux, et ils veillent
jalousement sur leurs possessions.
Les Piskies abhorrent leurs cousins thallains et les évitent à tout
prix, car ils ne veulent absolument pas être associés à leur nature
malveillante et leurs manières implacables. Même le plus unseelie des
Piskies les fuit, et les membres de ce kith évitent ouvertement les lieux
qu’ils savent fréquentés par ces individus pendant leurs voyages. Si les
changelins unseelies peuvent trouver une utilité à leurs services, leur
hygiène médiocre leur fait vite perdre patience. D’autres Thallains sont
plus accueillants, ne serait-ce que parce que les Spriggans excellent
quand on leur confie la garde de choses importantes.
Les Sevartals en particulier cherchent à les employer et ils sont
les seuls parmi tous les kiths à encourager leur pire habitude : l’en-
lèvement d’enfant. Malgré les risques induits par cette activité, les
Spriggans n’ont aucun problème à la pratiquer et ils s’y livrent assez
fréquemment. Quelle que soit leur appartenance, les changelins
feront cause commune pour retrouver n’importe quel enfant disparu,
surtout s’ils savent qu’un Spriggan était dans les parages, et leur
détermination décuple quand cet enfant est aussi un changelin. La
plupart de leurs victimes sont retrouvées en une poignée d’heures,
terrifiées, avec quelques plaies et bosses. Cependant, les rares fois
où l’enfant ne revient pas, le ravisseur a tout intérêt à disparaître
pendant un moment, ou à s’assurer la meilleure protection qu’il
puisse trouver. La perte d’un enfant changelin lancera à coup sûr
une chasse à l’homme et dans ces cas-là, la chance se montre moins
efficace qu’un garde du corps.
Apparence
Nomades sales et débraillés, ils ont des cheveux gris et ternes, emmêlés
au point de faire des bourres, leurs yeux perçants repèrent tout ce qui
a de la valeur et en garde la trace dans un coin de leur tête en vue
d’une future acquisition. Leur peau est sombre, gercée et burinée. Les
vêtements qu’ils superposent sont généralement crasseux et déchirés
et on peut souvent les sentir avant de les apercevoir.
Legs
Don du ladre : même s’ils ramassent tout ce qui traîne, les Spriggans
ont un petit objet d’utilité pratique qu’ils préfèrent à tous les
autres. Si le conteur réussit un jet d’Astuce + Acuité (difficulté 6),
le Thallain peut appeler celui-ci pour s’en servir sur-le-champ et le
garder pendant un nombre de tours égal au nombre de réussites
obtenues sur le jet.
Invoquer la tempête : si le conteur réussit un jet de Manipulation
+ Acuité (difficulté 9), le Spriggan peut conjurer une tempête à
l’endroit où il se trouve. Plus il obtiendra de réussites et plus elle
sera puissante. Avec une réussite, il invoquera une légère averse,
mais un ouragan de faible catégorie avec cinq réussites.
Vulnérabilité
Ravisseurs : les Spriggans ont la sale habitude d’enlever les enfants.
Ceux-ci sont rarement blessés, car les Thallains sont plus intéressés
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
par la terreur que cet événement engendre chez leurs parents qu’autre
chose. Ils les abandonnent généralement peu après, mais on évoque
parfois des disparitions définitives.
Les Usurpateurs
Ces cauchemars nés du folklore et des traditions amérindiens figurent
parmi les plus viles créatures qui existent. Ils tirent leur puissance
d’actes véritablement abominables, et ce n’est qu’en les accomplissant
qu’ils deviendront eux-mêmes. Attirés par les pires travers, comme
le meurtre, le cannibalisme ou l’inceste, ils abandonnent la majeure
partie de leur humanité quand ils tombent sous leur influence.
Solitaires et nocturnes, on détermine facilement qu’ils ne sont pas
humains, même les mortels y parviennent. Les changelins ne seront
peut-être pas capables de mettre le doigt sur leur véritable nature,
mais ils se rendront vite compte qu’elles ne sont pas amicales. Même
les autres Thallains n’apprécient que peu des individus qui ne font
guère d’effort pour dissimuler ce qu’ils sont en réalité.
Lorsqu’ils délaissent leur humanité en échange de pouvoir,
les Usurpateurs apprennent à créer des fétiches. Après avoir tué
un animal, ils peuvent enchanter l’un de ses morceaux et l’utiliser
comme focus pour adopter sa forme. Ils en ont toujours une qu’ils
préfèrent aux autres, généralement celle d’un superprédateur qui
peut aisément dominer les humains et les animaux.
Lorsqu’il n’est pas sous sa forme animale, ces fétiches peuvent
être perdus, volés ou détruits de la même manière qu’un objet
ordinaire. Cependant, seul un autre Usurpateur pourra les activer
et utiliser leur pouvoir. Pour cette raison, ce sont souvent des ermites
et ils veillent jalousement sur ceux qu’ils possèdent. Ils peuvent en
posséder autant qu’ils le souhaitent, mais ne peuvent en transporter
qu’un petit nombre à la fois. Ils pourront les échanger autant qu’ils
le veulent, si bien sûr ils ont envie de les récupérer.
Apparence
Les Usurpateurs sont les plus nombreux parmi les individus d’origine
amérindienne. Ce sont généralement des hommes velus, aux yeux
hagards et à l’allure maladive, presque famélique. Pour peu qu’ils aient
une musculature, elle est trop mince sous la peau et cette dernière
semble avoir été trop tendue sur leur corps. Lorsqu’ils adoptent leur
Visage féerique, leurs yeux brillent d’une lueur rouge et les fétiches
qu’ils portent leur insufflent quelques traits des animaux auxquels
ils appartenaient. Grâce à cela, leur apparence est plus fluide que
celle de la plupart des autres Thallains.
Legs
Fétiche : après avoir tué un animal, l’Usurpateur peut en prélever une
partie, comme une plume, une griffe, ou bien un bout de peau ou
de fourrure, et l’enchanter pour en faire un fétiche qu’il pourra
ensuite activer en dépensant un point de Glamour. Il adoptera
alors la forme de l’animal en question et la gardera jusqu’au lever
du soleil. Le nombre de fétiches qu’il peut transporter est égal à
son score permanent de Glamour.
Inhumain : après avoir créé son premier fétiche, le Thallain gagne un
point supplémentaire dans tous ses attributs physiques.
Vulnérabilité
Dépendant : s’il ne porte aucun de ses fétiches sur lui, il n’a plus
accès à ses Legs.
383
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Ténébreux
La Séparation s’accompagna de la partition entre le monde de
l’Automne et le Songe, et de la naissance des changelins. Or chaque
action entraîne une réaction égale et opposée. Si certaines fées choi-
sirent de rester sur Terre et de se dissimuler dans la chair mortelle
pour repousser les forces de la Banalité, d’autres en furent coupées
et restèrent prisonnières du Songe, baignant dans l’abondance du
Glamour, au milieu de paysages et d’idées en constante évolution.
Parmi celles qui disparurent de tous les royaumes mortels figurent
les Ténébreux, qu’on appelle communément les Hôtes. En consé-
quence du conflit entre les Fomorii et les Tuatha de Danaan, on leur
défendit l’entrée dans le monde éveillé. Les Tuatha promulguèrent le
Bannissement d’argent et leur interdirent de fouler la Voie d’argent.
Cependant, alors que des poches de Sombre Glamour commençaient
à couler dans le monde de l’Automne, elles leur offrirent les moyens
de revenir parmi les mortels.
Descendants directs des Fomorii et des Tuatha de Danaan,
ces créatures sont presque immortelles. Même si elles ne vivent
pas vraiment pour toujours, leur existence peut s’étaler sur des
siècles avant qu’elles ne s’incarnent sous une nouvelle forme. Elles
semblent humanoïdes, mais n’ont pas grand-chose en commun
avec les mortels, ou même avec les changelins. Leur esprit et leurs
motivations demeurent insondables même pour les héritiers des
fées. Bien que les Ténébreux soient nés de concepts mortels, ils ne
connaissent pas grand-chose aux royaumes mortels. Pour certains
d’entre eux, le monde de l’Automne est une inépuisable source de
mystère, tandis que d’autres se soucient comme d’une guigne du
monde Banal au-delà du Songe.
Leur héritage unique ne soumet pas les Hôtes aux mêmes règles
que les autres fées. Ils n’obéissent ni aux Aspects ni aux Cours, et ils
se moquent bien de la manière dont ceux-ci répartissent les inférieurs
du monde mortel. De la même manière que les changelins ont des
kiths, les Hôtes appartiennent à des familles générales, les Adhenes,
qui déterminent leurs pouvoirs et leurs tendances.
En lieu et place des Aspects et des Cours pour dicter leurs actions
et leur attitude, ces Adhenes se répartissent en trois groupes d’in-
fluence. Ces divisions métaphysiques, les Ariá, organisent la person-
nalité d’un Ténébreux et fonctionnent selon un système à plusieurs
niveaux. L’Ariá primaire se trouve souvent aux commandes et possède
le plus grand ascendant sur le personnage. Les Ariá secondaire et
tertiaire viennent ensuite dans l’ordre décroissant d’influence. Tout
comme les Aspects, l’Ariá dominante peut varier selon qu’un Hôte
se retrouve dans des situations inédites. Cependant, alors que les
changelin n’ont aucun Aspect « par défaut », le Ténébreux possède
toujours une Ariá qu’il préfère aux autres. Un événement peut se
produire et changer l’Ariá qui est la sienne à cet instant, mais sa
favorite reprendra toujours ses droits au fil du temps.
S’ils ne tiennent pas compte des Cours seelie et unseelie, les
concepts de bien et de mal ne leur sont pas étrangers, mais ils peuvent
se révéler beaucoup plus nébuleux. Beaucoup de changelins les ran-
geraient pêle-mêle et une bonne fois pour toutes dans la catégorie
des Unseelies. Cependant, cela occulte une grande partie de leurs
tendances plus traditionnellement associées aux Seelies. Les Hôtes
n’ont pour la plupart aucun problème à associer les idéaux des deux
Cours. Lancés à la poursuite d’un amour qui les consume entière-
ment, les Aonides peuvent faire d’horribles choses, très unseelies.
384 Changelin : le Songe
On considère les Fir-bholg comme des êtres sages et honorables,
des traits typiquement associés à la Cour seelie, et pourtant, ils
récupèrent leur Glamour en sacrifiant les autres sans s’interroger
ni éprouver de remords. Ils ne font partie d’aucune Cour, et de ce
fait rien n’empêche les Hôtes de s’allier avec les membres de l’une
ou l’autre. Si les Ténébreux montrent pour beaucoup au moins
quelques tendances ou associations unseelies, ils n’apprécient guère
la Cour d’Ombre et ses membres.
On pense qu’un grand nombre d’Adhenes sont originaires d’un
pays ou issus d’une culture, où les esprits humains se concentraient
plus précisément sur les concepts qui les rendent uniques. On accepte
l’idée que les Acheri viennent du folklore indien, on considère que les
Fir-bholgs viennent d’Irlande et que les Moires sont les plus célèbres
oracles du monde gréco-romain. Cela ne signifie pas qu’ils existent
ou n’ont existé que dans ces régions du monde de l’Automne, mais
simplement que ces cultures ont donné naissance aux rêves et aux
idées qui les ont façonnés. Ils y sont peut-être plus nombreux, mais
cela ne les empêche pas d’être présents ailleurs, et cela se vérifie. Ils
se sentent moins attirés par les coutumes et les lieux que par des
Rêveurs spécifiques, et ils ne prêtent guère attention aux frontières
géographiques ou aux nationalités. À cause de leur propension à
graviter autour d’individus plutôt que dans des strates de la société,
les Adhenes portent plusieurs noms selon les cultures humaines dont
ils sont issus. Les Hôtes qui les constituent acceptent ce régionalisme,
mais on leur donne des noms légèrement plus neutres parmi les
autres fées ou les changelins.
Les rumeurs ne manquent pas sur la résilience des Hôtes après
la Séparation. Puisqu’ils sont si nombreux à se retrouver enfermés
dans le Songe, sans contact avec les mortels, ne devraient-ils pas
devenir des légendes ? Il est possible que la réponse à cette question
se trouve dans une espèce d’Hôtes appelée les Évanescents, qui se
sont cachés hors du Songe ou en ont été exclus quand les Sentiers
et les Voies se sont brutalement coupés. Au cours du dernier
grand conflit entre Fomorii et Tuatha de Danaan, des éruptions de
Sombre Glamour ont ramené certains d’entre eux dans le monde
de l’Automne et parmi ces Évanescents se trouvaient les Aonides,
les Keremets et les Moires.
Croyances et gouvernement
En dépit de leur mépris des humains, l’esprit des Ténébreux fonc-
tionne à peu près de la même manière que le leur, leurs idées reflètent
celles du monde de l’Automne. Du fait de la nature du Songe, les
concepts supprimés ou relégués dans le royaume de l’imagination
figurent parmi les plus répandus parmi les Hôtes. Certes, un nombre
vertigineux de pensées différentes existent parmi les Adhenes et
pourtant, le Songe est assez grand pour que des groupes obéissant
à plusieurs systèmes de gouvernement occupent leur propre espace
sans se gêner.
Dans le monde fluide et fracturé du Songe, chaque famille
d’Hôtes possède un endroit qui lui appartient. Ces lieux sont à
l’image de leurs valeurs et peuvent grandement varier. Certains de
leurs membres suivent toujours les codes et les hiérarchies féodales,
tandis que d’autres ont adopté des styles de gouvernements plus
modernes. D’étranges adaptations du communisme, de la démo-
cratie et même de la théocratie se sont mises en place au sein de
poches isolées un peu partout dans les vastes étendues du Songe.
Ailleurs, on préfère les sociétés tribales et quand ces organisations se
montrent trop restrictives, alors l’anarchie règne. Si quelques idées
plus comparables peuvent cohabiter ou partager le même territoire,
d’autres, plus disparates, existent de manière indépendante ou
aggravent les conflits entre groupes voisins.
Bien sûr, les fées ou les humains ne se contentent pas d’une forme
de gouvernement pour guider leur vie. En matière de spiritualité,
de religion ou de puissance supérieures, les Hôtes possèdent eux
aussi leurs points de vue, comme ils en ont sur la société. Certains
choisissent des fois monothéistes ou des concepts d’introspection,
mais une majorité penche vers des croyances païennes ou polythéistes.
Beaucoup vénèrent de grands panthéons où l’on retrouve les êtres
les plus puissants du Songe, dont des chimères légendaires, quelques
Fomorii et même une poignée de Tuatha de Danaan.
Quels que soient les systèmes sociaux ou religieux qu’ils suivent,
les Hôtes se montrent rarement irrespectueux envers eux. La
ferveur avec laquelle certains suivent leurs chefs ou leurs divinités
est même supérieure à la dévotion affichée par les humains les
plus radicaux. Elle peut même devenir une force motrice dans
leur longue vie. Cela se vérifie en particulier pour les serviteurs
des Apolliae, qui suivent les maîtres qu’ils ont choisis avec un zèle
que les plus fanatiques envieraient. Cependant, ils ne constituent
pas les seuls Ariás qui se consacrent pleinement à la vénération ou
deviennent les adeptes d’une doctrine. La dévotion des Araminae
et des Dioniae n’a rien à leur envier, surtout quand ils se trouvent
un but en résonance avec leurs désirs, qu’ils soient d’une nature
intellectuelle ou plus primaire.
Les Hôtes et le monde
de l’Automne
Prisonniers du Songe et protégés de l’influence directe de la Banalité,
les Hôtes n’ont jamais été contraints d’adopter la Voie du changelin
et de subir son rituel. Ils n’éprouvent guère d’affection pour ceux qui
ont choisi de le faire, et les considèrent comme des êtres inférieurs
et méprisables. Créatures plus spirituelles, elles possèdent les mêmes
attributs (Force, Intelligence, Apparence, etc.), mais ne disposent
d’aucun accès naturel au royaume mortel. Malgré tout, les Hôtes
prennent souvent des formes humaines, ce qui est en partie dû à la
manière dont les esprits humains les conçoivent, et ils ont des corps
bien tangibles au sein du Songe.
Ceux qui choisissent de pénétrer dans le monde de l’Automne
le font de deux façons différentes. Ils prennent forme physique ou
possèdent temporairement un Rêveur. Ce dernier procédé leur
confère une certaine protection face à la Banalité, bien que partager
une enveloppe mortelle se révèle inconfortable pour la plupart des
Hôtes, et tout à fait intolérable pour d’autres. Parmi eux, les Fir-bholgs
et les Fuaths ne supportent pas d’être enfermés dans la chair des
humains. Cette possession se prolonge autant que l’Hôte le souhaite
et en général, il se retire bien longtemps avant de risquer le même
destin qu’un changelin et de sombrer dans l’Oubli.
Se manifester dans une forme physique qui lui est propre se
révèle plus confortable, mais rien ne le protège de la Banalité. S’il
décide quand même de le faire, il brûle d’une flamme vive et brève,
et se voit contraint de retourner dans le Songe sous peine de mou-
rir. Prendre une forme physique lui coûte un point de Glamour
par jour, mais cela ne lui permet pas de régénérer passivement sa
réserve temporaire. Brasiers et écume ne lui sont donc guère utiles,
et il ne pourra reconstituer son Glamour qu’à travers l’interaction
directe avec des Rêveurs. Un Hôte victime de la Banalité sous cette
forme subit un niveau de dégâts létaux (chimériques et réels) par
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
jour jusqu’à ce qu’il retourne dans le Songe, après quoi il récupérera
de ses blessures au même rythme.
Création d’un Hôte
La création de personnage d’un Ténébreux est semblable à celle d’un
Kithain. Ils possèdent des attributs, des capacités et des historiques
similaires, tout comme ils manient les mêmes Arts et invoquent les
mêmes Royaumes. En revanche, ils ne disposent d’aucun score de
Banalité (ils en sont protégés grâce à leurs méthodes d’entrée dans
le monde de l’Automne).
Selon les règles, la différence principale entre un Hôte et un
Kithain se situe dans leurs Aspects et leurs Apanages. Pour plus
d’informations sur la création de personnage, reportez-vous au
chapitre trois.
L’Ariá
Les Hôtes se plient à l’Ariá, un trio de comportements et de formes
unique à chaque Adhene. Ce sont des états d’esprit complexes et
subtils, tout à fait étrangers et mystérieux pour les changelins. Ils
s’associent plus profondément aux opinions et à l’état émotionnel
du personnage, et à sa relation avec le Songe lui-même. Les Ariá
constituent moins des philosophies opposées, comme les Cours
seelie et unseelie, que des choix personnels de l’Hôte.
De la même manière que les changelins préfèrent une Cour à
l’autre, une Ariá domine toujours chez un Ténébreux. Les deux
autres jouent des rôles mineurs dans sa vie, mais si les circonstances
évoluent, elles peuvent pendant un temps passer au premier plan
de sa personnalité. Le changement d’une Ariá se produit après un
événement émotionnel particulièrement intense, que ce soit une
tragédie, une épiphanie ou un éveil spirituel. Les effets de cette
modification sont relativement mineurs, puisqu’elle n’entraîne
pas les lourdes conséquences auxquelles un changelin doit faire
face lorsqu’il bascule d’une Cour ou d’un Aspect à l’autre. Elle
altère la manière dont l’Hôte réagit au monde qui l’entoure, non le
contraire. Sans répercussions, il est donc plus fluide et versatile dans
sa façon de percevoir et de réagir à son environnement. Sans le filtre
de l’humanité, il est plus facile pour lui d’évoluer en permanence.
D’une certaine manière, cela reflète le monde auquel il est habitué,
puisque le Songe est somme toute mystérieux et se métamorphose
souvent pour refléter les rêves les plus courants.
Selon son Adhene, l’apparence d’un Ténébreux peut changer du
tout au tout ou ne pas varier d’un iota lorsqu’il bascule d’un Ariá
à un autre. Par exemple, un Aonide reste plus ou moins le même
et une Moire adoptera la forme de la jeune fille, de la mère et de la
vieille femme, puisqu’elle représente les trois divinités du Destin.
Étant donné que les Ariás symbolisent bien plus que de simples
changements cosmétiques dans la vie d’un Hôte, les trois facettes
de sa personnalité s’associent à un Apanage, tout comme ceux d’un
changelin sont liés aux Cours. L’Ariá primaire et sa contrepartie
représentent donc les prismes les plus authentiques à travers lesquels
il perçoit le monde. L’Ariá secondaire, assez proche de la surface, est
capable d’influencer son comportement ; elle ne prendra pas le pas
sur le trait dominant, mais peut en théorie prendre le pas sur lui.
Un Ténébreux lui fait confiance, même si ce n’est pas sa préférée.
L’Ariá tertiaire ne s’exprime guère plus fort qu’un murmure au fond
de son esprit, et elle n’exerce peu ou prou aucune influence sur le
personnage qui peut souvent ignorer cette petite voix. Les rares
385
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
fois où cette Ariá, la plus difficile à exprimer, parvient à devenir la
facette dominante, elle provoque un changement profond dans sa
vie et sa personnalité.
Même si les Hôtes sont plus instables que les changelins, les
mortels et même les Thallains, ils passent très fréquemment de son
Ariá primaire à son Ariá secondaire. Ces deux voix, et les Apanages
qui leur sont associés, constituent les aspects les plus importants de
sa personnalité. La troisième rencontre beaucoup plus de difficulté
pour s’imposer, car sa façon de voir le monde est quelque peu étrange.
Si elle venait à ressurgir, une nette modification interviendrait dans
l’Hôte concerné. Malgré le caractère exceptionnel d’un tel événement,
l’Ariá tertiaire joue tout de même un rôle important dans d’autres
domaines et lorsque le personnage plonge dans les rêves des autres,
il « s’éveille » et devient plus actif.
Vous trouverez les Apanages seelies et unseelies en pages 156-160,
et les Apanages cauchemardesques en pages 369-371. Le conteur
devrait sélectionner l’un d’entre eux pour représenter les Ariás de
chaque Ténébreux.
Vous trouverez ci-dessous une description de chacune d’entre elles.
Les Dioniae
Les instincts les plus primaires sont le principal centre d’intérêt des
Dioniae. Les Ténébreux obéissant à cette Ariá se montrent souvent
agressifs et ne se préoccupent que d’objectifs à court terme. Chasser
pour se nourrir, trouver un partenaire ou dénicher une source de
Glamour constituent leurs priorités. Ils ne s’intéressent guère aux
conséquences des actions irréfléchies qu’ils entreprendront pour
atteindre leurs buts et obtenir ce qu’ils désirent. Ils s’inquiètent
rarement pour les gens autour d’eux et quand ils le font, ce n’est
qu’après s’être gorgés de tout ce qu’ils étaient venus chercher.
Certes, ces instincts de survie ne sont pas une mauvaise chose
en soi. Cependant, ils peuvent se révéler rapidement destructeurs si
on ne leur pose pas des limites. Les Hôtes dominés par ce Dioniae
n’ont que faire de ces conventions si ordinaires, comme l’étiquette.
D’ailleurs, ils n’ont aucun scrupule à exprimer des préoccupations
ou des pensées qui choqueraient et consterneraient jusqu’à une
compagnie à la politesse approximative. Dans le même ordre d’idée,
agir selon leurs désirs les plus bas ne les bouleverse pas plus que ça,
même quand les autres trouveraient le moment ou le lieu (ou les
deux) inapproprié(s).
Glamour de départ : 4
Volonté de départ : 2
L’Araminae
Équilibriste de l’assouvissement des désirs, voilà la plus pragmatique
et sensée des Ariás. Les Hôtes dominés par l’Araminae figurent
parmi les Ténébreux les plus rationnels. Cet état d’esprit offre une
perspective équilibrée entre les pulsions du Dioniae et les idéaux
intellectuels de l’Apolliae. Bien qu’il soit toujours influencé par l’un
de ces besoins, c’est lui qui a le plus la tête sur les épaules quand il
s’agit d’atteindre ses objectifs.
Lorsque le Ténébreux impose l’ordre au chaos qui règne dans
son esprit, il se rapproche au plus près de la condition humaine. En
surface, les individus qui parcourent cette voie ne semblent pas se
distinguer des mortels. Toutefois, les désirs de ces créatures en fin de
compte tout à fait inhumaines ne sont jamais très loin. L’Araminae
ne les éloigne pas vraiment de leurs pulsions, il se contente de les
masquer avec soin derrière une réflexion articulée et une patience
inhabituelle. Il endosse plus le rôle d’une force directrice qu’autre
386 Changelin : le Songe
chose, car il est tout aussi égoïste que le Dioniae ou l’Apolliae. Il
adopte simplement plus volontiers des moyens détournés.
Glamour de départ : 3
Volonté de départ : 3
L’Apolliae
Si le Dioniae s’inquiète d’abord de satisfaire ses désirs primaires,
l’Apolliae se consacre à accomplir un objectif supérieur. L’individu
gouverné par cette Ariá tente de créer l’ordre dans le chaos, déve-
loppe un code moral strict et lui obéit à la lettre, même si cela va à
l’encontre de ses intérêts. Ces Hôtes pensent qu’ils doivent suivre une
vocation et préfèrent satisfaire l’âme plutôt que le corps. L’instinct
qui les pousse à trouver un idéal joue un rôle moteur dans leur vie
et guide chacune de leurs décisions. S’améliorer constitue en géné-
ral un but noble. En revanche, ce qui répond exactement à ce but
dépend largement de celui qui détermine sa nature.
Si l’Apolliae fonctionne comme une sorte de conscience limi-
tée, il représente plus un ensemble de règles strictes auxquelles le
Ténébreux obéit. Rien n’empêche l’usage récréatif de la violence
ou l’incendie rituel d’y figurer. L’éthique est un point de vue très
personnel et les filtres adéquats peuvent tout à fait rendre les actes
les plus abominables parfaitement acceptables. Pour ces Ténébreux,
tout se résume à une question de point de vue et de justification,
établis par leur inébranlable, bien que tortueux, sens moral.
Glamour de départ : 2
Volonté de départ : 4
Les Adhenes
Vous trouverez ci-dessous la description des sept Adhenes, équivalents
ténébreux des kiths. Nous y avons inclus une brève présentation de
la manière dont l’Hôte considère et use des trois Ariás, ainsi que de
leurs Héritages et de leurs Fragilités respectives.
Les Acheris
Une nouvelle vie jaillit des cendres… mais il a bien fallu que quelqu’un
se charge d’abord d’obtenir ces cendres. Les Acheri considèrent
qu’ils perpétuent le cycle de la vie ; ils sont une force extérieure
chargée d’éliminer les faibles et de laisser les forts l’emporter. Pour
ce faire, ils sont passés maîtres dans tous les arts de la maladie et de
la tentation, et ils exercent librement leurs talents parmi les autres
et eux-mêmes. Si on les questionne sur l’éthique ou la morale de
leurs actions, ils arguent que la mort n’est qu’une étape du cycle de
la vie et que ce dernier est une chose nécessaire pour que le monde
continue de tourner.
Ariá
Les Acheris ont l’air presque tout à fait humain et passent pour un
membre de la culture, quelle qu’elle soit, qui les a imaginés. Leur
Voile, riche et décadent ou pauvre et loqueteux, tend souvent vers
les extrêmes. Ils possèdent une ombre anormalement sombre et
froide dans leurs trois Ariás, et ce trait distinctif se vérifie, dans une
moindre mesure, dans le monde réel.
Dioniae : leur aura de corruption transporte la maladie et la tentation
où qu’ils aillent. Les symptômes physiques et spirituels sont subtils
 et la plupart des malades n’identifient pas l’Acheri comme la source
des pulsions qu’ils ressentent lorsque l’un d’entre eux se trouve dans
les parages. Pour eux, leurs bas instincts semblent simplement plus
près de la surface. La maladie prolifère quand l’un de ces Ténébreux
s’attarde quelque part.
Araminae : cette Ariá amplifie le malaise qu’il exsude et le prouve dans
son apparence maladive. Sa peau prend un aspect flasque et une
teinte cireuse ; elle arbore des signes malsains, comme des éruptions
cutanées et des ulcères suintants, ou des ampoules et des furoncles
qui éclatent fréquemment. Il semble en très mauvaise santé et de
ce fait, perd un point en Apparence.
Apolliae : l’ombre de l’Acheri le recouvre tout entier et ne laisse
apercevoir que des yeux rougeoyants ou blancs. Il écarte tous les
autres désirs pour se consacrer uniquement à la profession qu’il
s’est choisie (déterminée par son Héritage dominant).
Affinité : l’Acteur ou la Fée.
Héritages
Incitation : l’Acheri corrompt non seulement le corps, mais aussi
l’esprit. Dès qu’il tente de persuader quelqu’un de s’écarter d’un
chemin vertueux, il gagne +1 dé sur ses groupements de Charisme
et de Manipulation (+2 si c’est un Dioniae).
Nervosa pestiférée : maître des maladies, l’Acheri commande aux
chimères qu’on appelle les nervosae pestiférée (cf. page 357). Il
envoie son ombre infecter avec une maladie chimérique virulente
un nombre de victimes égal au nombre de points de Glamour
dépensé dans ce but.
Fragilités
Addiction : les Acheris se laissent facilement tenter par les vices ; tous
sans exception ont une dépendance. Dès que l’un d’eux se retrouve
face à son vice, le conteur fait un jet de Volonté (difficulté 7, –2 si
c’est un Apolliae) et en cas d’échec, le Ténébreux doit immédiate-
ment le satisfaire.
Le Bannissement écarlate : les Acheris se gardent bien de dire qu’ils ne
peuvent utiliser leurs Legs sur les gens qui portent principalement
des habits ou des accessoires rouges. Tous les coups sont permis
pour le reste, mais il leur est impossible de tenter ou d’infecter
quiconque arbore cette sainte couleur.
Les Aonides
Intimement familiers des coutumes du monde de l’Automne, on les
connaît mieux comme des muses et ils prétendent être à l’origine de
la créativité et des émotions dans leur ensemble. Ce sont souvent des
artistes à part entière, des êtres magnifiques qui s’attachent aisément à
toutes sortes d’artistes. Ils dispensent leurs idées sous n’importe quelle
forme, de la critique prudente à de brusques instants de lucidité.
S’ils se prennent de passion pour un Rêveur en particulier, ils n’ont
aucun scrupule à prendre une forme humaine afin de rester avec lui.
Cependant, si d’aventure les deux se séparaient, ils abandonneraient
l’infortuné mortel dans un vide créatif dont il ne pourrait s’extraire
qu’une fois qu’il aurait surmonté la perte de son amour et de son
inspiration.
Ariá
Sans doute les Hôtes les plus humains, les Aonides n’ont pas
d’apparence prédéfinie. Ils sont toujours beaux et peuvent arborer
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
n’importe quelle stature, couleur de peau, de cheveux et d’yeux.
Quoi qu’ils fassent, leur grâce et leur élégance transparaissent dans
leurs moindres gestes, et même leur plus grande modestie peut
enflammer toutes les passions.
Dioniae : ces muses brûlent de goûter à la pureté des sensations et
elles se laisseront aller à toutes les extrémités pour elles, que ce
soit le plaisir, le désespoir ou la rage. À cause de la profondeur des
émotions ressenties, beaucoup basculeront vers cet Ariá si on les
abandonne.
Araminae : même les arts ont besoin d’un chef d’orchestre pour les
organiser et l’on trouve des agents, des galeristes et des mécènes parmi
les Araminae. Cette Ariá est un répit bienvenu dans les tourbillons
des deux autres et il peut servir de refuge pour les muses blessées
ou épuisées, le temps pour elles de lécher leurs plaies.
Apolliae : ils poursuivent des formes supérieures d’art et d’émotion, et
écartent ces choses, comme le désir et l’art créé pour le seul profit.
Le grand amour et les projets passionnés sont leur domaine ; ils les
inspirent et les récompensent généreusement.
Affinité : l’Acteur ou l’Accessoire.
Héritages
Dévastation d’Adonis : les Aonides sont des experts dans l’art de
tirer du Glamour de n’importe qui, pas seulement de ceux qu’ils
inspirent. S’il réussit à séduire sa cible, le Ténébreux peut lui voler
cette énergie à travers une démonstration passionnée, que ce soit
un baiser plein d’ardeur ou une étreinte brûlante. Le conteur fait
un jet de Manipulation + Subterfuge, opposé à la Volonté de la
cible et en cas de succès, l’Aonide gagne un point de Glamour
temporaire par réussite obtenue.
Grâce de Calliope : même lorsqu’elles n’essaient pas, les muses sont
des influences délicieuses et charmantes. Tous ces Ténébreux
ajoutent 2 points à leur score de Charisme ou d’Apparence, même
si ce bonus porte l’attribut au-delà de 5. Ils ne peuvent jamais faire
d’échec critique sur un jet d’Expression ou de Représentation. Ils
échappent même au Bannissement d’argent.
Fragilités
Folie d’Arachné : ces Ténébreux ne parviennent pas à comprendre qu’il
puisse exister des êtres plus créatifs qu’eux, et ils pensent être les
plus doués de tous, qu’ils soient Automnaux ou fées. Si l’un d’entre
eux entend parler d’un talent supérieur au sien, il se met en quête
de l’artiste et le défie au cours d’une compétition. S’il perd, l’in-
fortuné vainqueur (et généralement le public) subissent les foudres
du Ténébreux pendant des années. La revanche devient son seul
objectif et prend même le pas sur l’inspiration de nouveaux talents.
Les Fir-bholgs
Chaînon manquant entre les Fomorii et les Tuatha de Danaan, ils
étaient autrefois de légitimes souverains. Depuis la Séparation et la
mise en place du Bannissement d’argent, ils sont tombés en disgrâce
et attendent impatiemment de pouvoir reprendre leur ancien statut.
Ils se considèrent comme les plus grands de tous les Adhenes et
méprisent autant les changelins que les humains, même s’ils envient
la connaissance du monde de l’Automne que leurs cousins à demi
mortels détiennent. Malgré leur nature primitive, nombre d’entre
eux suivent un code de l’honneur sévère, même s’il ne s’applique
qu’aux autres Fir-bholgs.
387
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Ariá
Ces personnages saisissants, grands et bien découpés, arborent des
bois imposants. Ils en sont d’ailleurs très fiers et se montrent plus
primitifs dans leur vêture. Ils préfèrent ne pas porter d’habits et
lorsqu’ils doivent quand même se couvrir, ils choisissent de simples
parures de fourrure.
Dioniae : ces Fir-bholgs primitifs portent des bois acérés et pointus.
Ils adorent exiger des sacrifices et prendront tout ce qu’ils veulent
sans se soucier de la manière dont cela affecte les autres. Les lois
et les coutumes qui ne sont pas les leurs n’ont guère d’importance,
ils les écartent jusqu’à ce que quelqu’un les oblige à les respecter.
Araminae : équilibre entre le sauvage et la civilisation, ils choisissent
leurs mots avec soin et adoptent une attitude plus royale. Leurs
bois sont plus grands sous cette Ariá, et ils démontrent la patience
et la prévoyance nécessaires à poursuivre leurs plans et atteindre
leurs objectifs.
Apolliae : abandonnant leurs aspects primitifs, les Apolliae s’inté-
ressent plus aux coutumes de la société et aux méthodes mises en
œuvre pour créer des choses. Les actions que leur kith et eux ont
entreprises restent ancrées dans leur esprit, continuent de hanter
leurs souvenirs et les plongent parfois dans des abîmes de culpabilité.
Affinité : la Fée ou la Nature.
Héritages
Souffle du Fir-chlis : le Songe réagit mystérieusement face aux Fir-
bholgs. Même s’ils ne sont pas eux-mêmes des êtres chaotiques, ils
apportent le chaos où qu’ils aillent. S’il dépense un point de Glamour,
le Ténébreux peut tenter de contrôler cet effet et de manipuler le
monde qui l’entoure. Le conteur fait un jet de Glamour (difficulté
8) pour lui ; le nombre de réussites obtenues détermine l’ampleur, la
durée et l’intensité des effets qui se produisent pendant une minute
par réussite. Le contrôle qu’il exerce dessus est au mieux minimal et
il ne peut pas toujours faire exactement ce qu’il prévoyait de faire.
Fragilités
Faim d’Eochaid : les Fir-bholgs ont des goûts particuliers et primitifs.
Ils doivent souvent se repaître de leur mets préféré, que ce soit de
la viande crue, de l’écorce ou de l’eau de pluie. Après une semaine
sans cette nourriture, ils perdent un point de Vigueur par jour et
lorsque cet attribut tombe à 1, ils perdent des niveaux de santé au
même rythme.
Sacrifice : il leur faut un sacrifice pour régénérer leur Glamour. Sans
un adepte pour leur faire des offrandes, la difficulté de toutes les
tentatives visant à reconstituer leur réserve temporaire augmente
de +3. Recevoir un sacrifice suspend l’effet de cette Fragilité pen-
dant une semaine. Les objets d’une grande valeur personnelle,
ainsi que les animaux et les humains, conviennent tout à fait. Les
sacrifices supplémentaires ne diminuent pas la difficulté au-delà,
mais réduisent le temps durant lequel elle s’applique. Cependant,
la durée pendant laquelle le Fir-bholg peut récolter le Glamour sans
pénalité ne peut jamais excéder sept jours.
Les Fuaths
Quelque part entre les Pookas et les Satyres, ces Hôtes partagent les
traits animaux des premiers, mais ne peuvent se métamorphoser, et
comme les seconds, ils possèdent une caractéristique animale per-
manente. Ils ne respectent guère la civilisation et, avec les Fir-bholgs,
ce sont les moins humains de tous les Ténébreux. Les femmes sont
388 Changelin : le Songe
de féroces guerrières, mais plus enclines à travailler de concert et
à défendre qu’à conquérir. Les hommes sont plus solitaires, mais
non moins redoutables.
Ariá
Les Fuaths possèdent un trait animal qui ne change jamais, en général
la partie inférieure de leur corps ou, plus rarement, leur tête. Cette
division humain/animal apparaît non seulement dans leur physique,
mais aussi dans leur esprit. Beaucoup disent que cette différence
marque plus profondément la personnalité que la physiologie.
Dioniae : sur cette Ariá règnent les instincts primaires du Fuath et ses
traits animaux, même s’il peut les dissimuler sous des vêtements,
sont visibles. L’intellect humain ne fait que teinter les pulsions ani-
males qui guident sa vie. C’est dans cet état d’esprit qu’il embrasse
ses émotions et ses désirs le plus étroitement et qu’il se laisse plus
volontiers dominer par eux.
Araminae : la forme la plus « humaine » des Fuaths est aussi l’Ariá que
l’Adhene préfère le moins. Ses traits animaux sont notablement
absents et l’Araminae domine aussi la plupart de ses instincts pri-
maires. C’est la raison pour laquelle la plupart de ces Ténébreux s’y
sentent prisonniers, coupés de leur nature plus sauvage. Cependant,
leurs manières trahissent en général certaines tendances bestiales.
Apolliae : heureux équilibre entre l’humain et l’animal, l’Apolliae
réconcilie son apparence et ses désirs animaux avec la raison et la
retenue humaines. Capable d’embrasser sa double nature, le Fuath
garde ses traits naturels et se sent plus à l’aise que ses frères lorsqu’il
participe à des événements sociaux sophistiqués.
Affinité : la Nature ou la Fée.
Héritages
Enfant de la nature : profondément connectés à la nature, les Fuaths
partagent un lien puissant avec toutes sortes d’animaux et de
chimères. Les bêtes et les chimères sauvages n’attaqueront jamais
l’un d’entre eux de leur plein gré, à moins d’avoir d’abord été
agressées. De plus, un dresseur qui tente d’ordonner à un animal
d’attaquer doit réussir un jet de Manipulation + Acuité (difficulté
égale à la Volonté du Fuath).
Nature animale : les Fuaths partagent certaines capacités avec les
animaux auxquels ils sont apparentés. Ils peuvent parcourir (25
+ Dextérité x 3) mètres par tours dans leur environnement de pré-
dilection, et ajoutent un point à leur score de Vigueur. Prédateurs
par nature, ils arborent aussi des traits comme des serres, des
cornes ou des crocs qui leur permettent d’infliger Force + 1 dés
de dégâts aggravés.
Fragilités
Folie de la ménade : sa nature animale pousse le Fuath à des accès
de violence et des périodes de démence. Dans des situations de vie
ou de mort, il sombrera dans une transe de folie sanglante. Hélas,
si on le pousse trop loin, il aura du mal à distinguer les amis des
ennemis et continuera d’attaquer jusqu’à ce qu’il tombe en Invalidité
ou qu’il se rende compte que ses adversaires ont fui ou été vaincus.
Le conteur fait un jet de Volonté (difficulté 8) chaque tour après
le premier pour que le Ténébreux résiste à cette frénésie ou en
sorte, ou bien un jet de Perception + Empathie (même difficulté)
pour déterminer si sa cible est un allié ou non. Même en proie à
la Folie de la ménade, les Fuaths n’attaquent jamais les membres
de leur Adhene.
Les Keremets
Si la majeure partie des Hôtes sont nés du Songe et n’ont jamais
connu le monde de l’Automne, l’histoire des Keremets est plus tra-
gique. Ces Enchantés, Rêveurs ou Kinains pour la plupart, furent
emportés dans le Songe au cours des derniers instants de leur vie.
Volés à leur destin légitime dans l’au-delà, ils se sont changés en
créatures spectrales et passent leur misérable et longue existence à
errer sans but ni désir précis.
Passionnés de leur vivant, les Keremets découvrent à leur réveil
que leurs émotions sont étouffées jusqu’à ne presque plus exister.
Beaucoup se jettent à corps perdu dans la recherche d’une manière
de ressentir à nouveau. Lorsqu’ils se rendent compte de la futilité
de cette quête, ils réalisent aussi que même s’ils n’ont pas vraiment
envie de continuer, ils possèdent une volonté surnaturelle de survivre
et peu importe s’ils n’ont aucune raison d’avancer.
Ariá
Nombre de Keremets s’habillent de guenilles ou portent simplement
leurs vêtements jusqu’à ce qu’ils tombent en lambeaux. Leur Voile,
tout aussi déchiré et en haillons, ressemble aux habits qu’ils mettaient
lorsqu’ils respiraient encore.
Dioniae : certains trouvent ici refuge dans les émotions les plus proches
de la surface, et pour d’autres, l’expérience est une véritable torture.
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
Les Dioniae sont tout à fait pareils à ce qu’ils étaient de leur vivant,
et leurs Fragilités sont moins lourdes à porter (les fardeaux des Pactes
ne s’appliquent pas et les malus de Mélancolie diminuent de –1).
Araminae : ces Keremets sont les mieux armés pour faire face aux
difficultés de la vie quotidienne, mais leur apparence est notablement
étrange. Qu’ils soient ou non capables de se faire passer pour un
humain en vie, ils semblent extrêmement émaciés ou bien com-
plètement bouffis et leurs yeux enfoncés dans les orbites brillent
de couleurs jaune, verte ou bleue surnaturelles.
Apolliae : voilà bien une Ariá cadavérique. Ces Ténébreux sont
animés du seul devoir qu’ils se sont donné et leurs Pactes sont des
sujets d’obsession. Ils ont des yeux profondément enfoncés noirs et
huileux et dégagent une puanteur de décomposition. Les effets de
la Mélancolie s’aggravent avec cette apparence dérangeante (toutes
les difficultés augmentent de +1).
Affinité : l’Acteur ou l’Accessoire.
Héritages
La Voie des Ombres : les Keremets ne sont pas soumises au
Bannissement d’argent et peuvent toujours emprunter les Sentiers.
En tant que créatures de la mort, elles peuvent parfois trouver leur
chemin vers l’Outremonde, et ainsi observer les morts et interagir
avec eux.
389
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Volonté de vivre : les Keremets sont immunisées à toutes les maladies
chimériques, à part les plus rares, et n’ont aucun besoin de manger
ou de respirer. Tant qu’elles possèdent au moins trois points de
Volonté, on considère qu’elles bénéficient de l’atout Volonté de
fer (cf. page 180). Elles peuvent aussi diminuer les pénalités de
blessures de -1 par tranche de deux points de Volonté non dépensés
(arrondi au supérieur).
Fragilités
Mélancolie : les Keremets ont du mal à expérimenter une émotion
autre que la simple tristesse. La difficulté de tous leurs jets sociaux
augmente de +1, celle des jets d’Empathie de +2. Le Ravage demeure
la manière la plus viable pour elles de récolter du Glamour, mais
un échec critique inverse le processus, siphonne le Glamour du
Ténébreux dans sa cible et plonge ce dernier dans la Rhapsodie.
Pacte de Dagda : ce Serment, unique aux Keremets, prend le pas sur
tous les autres Serments ou promesses que le personnage aurait
faits. Le Ténébreux doit accomplir ce sur quoi il s’est engagé aussi
pleinement et vite que possible. S’il ne respecte pas ce contrat,
le besoin de racheter sa faute surpasse sa Volonté de vivre. Les
Serments normaux ne portent pas ce fardeau, mais la plupart des
Hôtes savent comment demander un tel Pacte.
Les Moires
Tout comme les Aonides, les Moires se sentent tout à fait complètes
auprès d’un Rêveur. À l’origine appelées Oracles et considérées
comme des pourvoyeuses de connaissances et des sources de conseils
pour les mortels, elles aimaient partager leurs prophéties et regarder
comment ceux qu’elles avaient éclairés réagissaient.
Avec le temps, les Oracles disparurent de leurs rêves collectifs et
pourtant, leur obsession pour le Destin demeura plus puissante que
jamais. Les humains désireux de savoir quels autres chemins passés
et futurs s’offraient à eux, ou poussés par des pulsions de punition
et de vengeance, en appelèrent aux Moires. Attirées par certains
Rêveurs, elles s’agrippent à un individu et instillent dans son esprit
aspirations et idéaux de grandeur, le défendent farouchement de
toutes les menaces qui pourraient se présenter et lui offrent aide et
conseils lorsqu’il doit déterminer quelle voie emprunter ou éviter.
Ariá
Accompagnant leurs Ariás, les Aspects tirent leur origine de l’as-
sociation des Moires avec les Nornes. Au cours de la création d’un
Ténébreux de cet Adhene, le conteur doit assigner l’une des repré-
sentations physiques (jeune fille, mère et vieillarde) à chacun d’entre
eux, de la même manière qu’il décidera des Héritages.
Dioniae (les Érinyes) : ces Moires incarnent les Furies de l’antiquité et
sont liées au châtiment et à la vengeance. Quand elles apparaissent,
elles ont le regard brûlant, des crocs acérés et parfois des cornes.
Les créatures intelligentes ne se mettront pas en travers de leur
chemin, ou bien leur donneront ce qu’elles veulent.
Araminae (les Caprices) : représentations des chemins inconnus ou
des désirs secrets, auréolées de lumières vaporeuses et dansantes,
elles se consacrent aux élans et aux rêves des mortels. Ravies de se
comporter en guides, ces Moires aiguillent leurs protégés sur des
voies qu’elles estiment intéressantes.
390 Changelin : le Songe
Apolliae (les Oracles) : visage originel des Moires, les Oracles appa-
raissent généralement vêtus de robes blanches et voilées, ou les yeux
bandés. Dans cet état d’esprit, elles se montrent plus bienveillantes
et apportent chance et bonne fortune aux mortels qu’elles visitent.
Affinité : l’Acteur ou la Fée.
Héritages
Fata : le Songe protège ces Ténébreux des menaces éventuelles lorsqu’ils
empruntent la Voie d’argent, et il punit sur-le-champ toute tentative
visant à tourmenter ou gêner les Moires dans leurs périples. La gra-
vité de la punition est proportionnelle à celle du crime. Détourner
l’une d’entre elles de sa mission alors qu’elle se trouve au service
des Nornes peut valoir une malédiction mineure (cf. page 230). La
capturer ou la tuer engendrera des conséquences bien plus graves.
Perception de l’aura : autour d’un individu papillonnent des étincelles
de son Destin. Si elle dépense un point de Glamour, une Moire peut
prédire des indices utiles à partir de ces images. Si elle utilise cet
Héritage pour tenter de deviner son propre avenir, la difficulté de
son action augmente de +3. Lorsqu’elle examine un sujet, le conteur
fait un jet de Glamour (difficulté 8) et accède à une information par
réussite obtenue. La Moire décide si elle lui communique ou non
ces renseignements. Si elle fait appel à un charme de la Divination,
elle ajoute un dé à son groupement.
Fragilités
Superstition : les Moires sont particulièrement sensibles à la supers-
tition humaine et doivent éviter « le mauvais œil », sous peine
d’être poursuivies par des Cauchemars. Cela va des plus petites
coïncidences (croiser un chat noir) jusqu’aux actions délibérées
(briser volontairement un miroir). La malédiction durera jusqu’à ce
qu’elle puisse se racheter ou renverser cette malchance. La violation
d’une Geis, d’un Bannissement ou d’un Serment ajoute un dé
supplémentaire à la gravité de la sanction. Une Moire contrainte
d’enfreindre l’une de ces promesses aura deux fois moins de mal à
réparer sa faute, tandis que celui qui l’a obligée à se parjurer peut
subir une malédiction équivalente à celle du Legs Fata.
Les Narakas
Adhene unique parmi les Hôtes, les Narakas se sentent plus fortement
attirées par le monde de l’Automne que tous les autres. Si la plupart
des Ténébreux sont restés dans le Songe et que les Évanescents se
sont cachés ailleurs, les Narakas ont négocié une immunité au
Bannissement d’argent et la possibilité de continuer à emprunter
les Sentiers contre leur mémoire culturelle collective. Elles sont
plus enclines que n’importe quel Hôte à s’aventurer dans le monde
mortel en quête du savoir qu’elles ont sacrifié et se montrent dans
l’ensemble curieuses et lunatiques.
La nature d’une Naraka est un étrange mélange d’enfantin et de
mortel. Elle peut se montrer tout aussi prompte à l’émerveillement
face à certaines choses, comme la musique et l’art, qu’à de violents
accès de rage, et elle ne se soucie pas le moins du monde des éven-
tuelles répercussions à leur exploration. Filles de Kali, la déesse de la
destruction, tourmentées par leurs origines, elles méprisent l’ordre
et les règles, mais dans le même temps cherchent une explication
à ce qu’elles sont. Elles n’appartiennent ni à la société féerique ni
au monde des mortels et leur quête de réponses se révèle tout aussi
magique que terriblement frustrante.
Ariá
Silhouettes sombres et élégantes aux cheveux clairs et aux yeux
luisants rouges ou blancs, les Narakas sont effrayantes et violentes.
Elles s’ornent de sceaux en sanskrit lorsqu’elles partent en guerre et
la couleur de leur peau varie du brun foncé au violet profond selon
leur Ariá du moment.
Dioniae (Aditi) : dépourvues d’honneur et de compassion, les
Narakas dans leur « forme onirique » sont de redoutables guerrières.
Primitives et lunatiques, elles se laissent facilement emporter par
la violence.
Araminae (Prajapati) : voici l’Ariá qui symbolise la forme « mortelle »
et les Narakas apprécient l’équilibre de l’Araminae. Elles sont sujettes
à des accès de dépression dans leur quête de leurs origines, mais
c’est aussi dans cet état d’esprit qu’elles éprouvent le plus de joie
et de passion.
Apolliae (Brihaspati) : le « Songe vivant » est calme, calculateur et sans
émotion. Nombre de Narakas préfèrent cet état plus tranquille et
sous son influence, elles ne montreront jamais d’émotion à moins
d’y être contraintes par un charme ou un pouvoir qui implante
des sentiments.
Affinité : l’Acteur ou la Fée.
Héritages
Colère de Kali Ma : les Narakas peuvent utiliser ce pouvoir pour
projeter un souffle de flammes brûlantes. Le joueur fait un jet de
Glamour (difficulté 7). Chaque réussite obtenue inflige un niveau
de dégâts létaux sur un mètre de rayon. Cet Héritage engendre la
dépense d’un point de Glamour. De plus, le Ténébreux bénéficie
Chapitre neuf : cauchemars & choses plus étranges
d’une immunité partielle au feu ; les dégâts qu’il subit deviennent
toujours des dégâts contondants et la difficulté de son jet d’encais-
sement diminue de -1.
Les bras de Ravana : le conteur fait un jet de Glamour (difficulté 7) et
dépense un point de Glamour. Le Ténébreux fait alors apparaître
un nombre de bras supplémentaires égal au nombre de réussites
obtenues sur le jet. Il les utilisera pour se battre ou intimider son
adversaire. De plus, il bénéficie d’un dé de plus sur ses jets de Mêlée
ou de Bagarre, ou bien peut effectuer une action physique supplé-
mentaire, et ce pour chaque paire de bras qu’il possède (arrondi
au supérieur). Ces effets durent un tour par réussite obtenue sur le
jet ou jusqu’à ce que le Naraka les fasse cesser, selon ce qui arrive
en premier.
Fragilités
Malédiction de Shiva : si elles sont en présence d’un ou de plusieurs
musiciens en train de jouer ou de chanter, les Narakas sont obligées
de danser. Le conteur peut faire un jet de Volonté (difficulté égale
au groupement de Charisme + Expression du musicien) pour résis-
ter à ce besoin ou dépenser un point de Volonté temporaire pour
ignorer les effets de cette Fragilité. Généralement, si la situation ne
présente aucun danger, elles se contentent de danser.
Possession sélective : limités par la Geis et la coutume, ces Ténébreux
ne peuvent posséder que les personnes de confession hindouiste, et
ce quelle que soit la méthode utilisée pour en prendre le contrôle. De
plus, leur naissance particulière les empêche de choisir l’historique
Réminiscence à la création de personnage.
391
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Appendice I :
les Gallains
« La joie qui illumine notre vie prend sa source dans les expériences inédites
qui la jalonnent. Rien n’est donc plus ravissant que de contempler un
horizon sans cesse changeant, et de voir se lever chaque matin un soleil
nouveau autant que différent. »
– Christopher McCandless
L es fées sont présentes depuis que les humains
ont commencé à rêver. Certains pensent même
qu’elles, ou du moins des êtres qui leur res-
semblent, existaient même bien avant. On les retrouve
partout dans le monde et beaucoup sont des personnages
familiers des histoires et des contes occidentaux. Nous
connaissons bien le Pooka capricieux, le Bonnet rouge
malveillant, le sensuel Satyre et le Sidhe hautain. Pourtant,
bien d’autres créatures du Songe, cachées ou étrangères
aux Kithains, existent et l’on ne sait pas grand-chose de
leurs coutumes et de leurs traditions. On les appelle les
Gallains et autrefois, ce terme se rapportait à tout ce qui
appartenait au Songe, mais dont on ignorait tout, tout
ce qui participait du Songe, mais demeurait un mystère.
Il regroupe aujourd’hui ces fées qui, par choix ou par
hasard, sont moins connues de leurs cousins Kithains,
celles qui habitent des terres lointaines ou se cachent
dans des lieux secrets ou inaccessibles.
Les changelins d’Europe se placent au centre de l’uni-
vers féerique, mais en vérité, ils ne représentent qu’une
fraction de celui-ci. En effet, les Gallains ayant surgi ailleurs
392
des rêves humains sont légion. Ils en connaissent au moins
quelques-uns, comme les Nunnehis des Amériques, les
Menehunes d’Hawaï et les Hsien d’Extrême-Orient. En
revanche, certaines autres créatures du Songe préfèrent
se faire plus discrètes et se cachent dans les lieux les plus
reculés du monde.
Les Kithains entretiennent des relations avec quelques-
unes de ces fées et au cours des siècles, des alliances se
sont nouées, des traités ont été rompus. Ces changements
reflètent souvent ceux du monde humain. Alors que la
technologie et la globalisation rétrécissent la planète, les
contacts avec les Gallains se font plus fréquents. Les diver-
gences de perception du monde et du Songe exacerbent
souvent les difficultés à comprendre une chose à la fois
si semblable à soi et dans le même temps si différente.
Cependant, tandis que les humains poursuivent la
conquête de leur monde et se mêlent à d’autres cultures
dans d’autres contrées, les contacts permanents avec les
Gallains deviennent inévitables. Les Kithains doivent
donc apprendre à vivre aux côtés d’entités qui n’étaient
autrefois que de lointaines histoires.
Les Nunnehis
Ce nom vient d’un mot cherokee signifiant « ceux qui
vivent partout » et au fil du temps, il est devenu celui par
lequel se désigne tout le peuple féerique des Amériques.
Avant l’Éclatement, ce continent comptait des dizaines,
et peut-être même des centaines, d’espèces différentes de
fées. Toutefois, depuis la séparation brutale avec le Songe
ou, comme l’appellent les Nunnehis, les Grands Terrains
de chasse, beaucoup d’entre elles ont à jamais disparu.
Ce sont des fées au même titre que leurs cousins chan-
gelins d’Europe, avec lesquels elles partagent beaucoup de
points communs, mais qui présentent également nombre
de différences. Elles ne récoltent pas de Glamour, mais
« glanent la Guérison ». Elles ne se nomment pas Kithains,
mais Nation nunnehi, et leurs Domaines sont des Huttes.
Nul ne sait de quelle manière ils ont appris la Voie
du changelin. En revanche, on sait qu’ils sont entrés en
contact avec les fées européennes lorsque les Vikings ont
posé le pied en Amérique au Xe siècle, et beaucoup pensent
que les fées nordiques et germaniques qui accompagnaient
ces premiers colons leur ont transmis ses secrets. D’autres
prétendent qu’ils ont découvert seuls ce processus et que
les fées du continent ont trouvé des mortels aux grandes
capacités spirituelles avec lesquels elles se sont liées. Quoi
qu’il en soit, les Nunnehis ont survécu à l’Éclatement,
mais la perte de leur lien avec les Grands Terrains de
chasse les a contraints à inventer d’autres manières de
glaner la Guérison dans la nature.
Certains d’entre eux espèrent toujours découvrir un
moyen de renouer avec le monde spirituel, mais pour
l’instant, leurs recherches demeurent vaines. Parmi les
Nunnehis et les Kithains, on suppose que la perte de si
nombreuses tribus et l’érosion des croyances mortelles
ont provoqué la destruction de leur terre natale.
Les Nunnehis sont intimement liées aux tribus
mortelles. Ils naissent toujours d’humains d’ascendance
amérindienne, et la plupart du temps de ceux qui vivent
encore parmi elles. Ils continuent d’exister aux limites de
cette société, et ce même si la plupart des Amérindiens
eux-mêmes les ont oubliés.
Histoire
Voilà bien une longue succession de carnage et de tris-
tesse. Depuis l’apparition des premiers Européens, bien
avant Christophe Colomb, les Nations nunnehis ont dû
faire face à un certain nombre de déplacements et d’in-
vasions, alors qu’avant l’arrivée des Blancs, ils vivaient
en harmonie avec les tribus amérindiennes. Malgré leur
grande diversité née des différences de croyances, les
Familles Nunnehis avaient de nombreux points communs.
Beaucoup étaient invisibles ou avaient le pouvoir de le
devenir. Certaines pouvaient changer de taille et ainsi, la
fée Clochette devenait un géant. On pense que la plupart
d’entre elles étaient capables d’accorder des faveurs ou de
faire s’abattre des malédictions. Grâce à leurs liens étroits
avec le monde de la nature et des esprits, quelques-uns
devenaient les chamanes de leurs tribus, et les canaux vers
des entités supérieures ou les morts. Les tribus laissaient
des offrandes pour apaiser leurs frères spirituels, leur
demandaient conseil et redoutaient leur vengeance si on
les insultait ou si on les mettait en colère. En retour, les
Nations nunnehis veillaient sur leurs « frères de chair »,
leur prêtaient assistance quand ils en avaient besoin et leur
apprenaient la magie de la guérison et de la croissance.
Les premières fées européennes à débarquer furent
les Trolls et les Nockers, et même quelques Sidhes qui
accompagnèrent les Vikings venus s’établir sur les côtes
d’Amérique du Nord. Beaucoup parmi elles fuyaient la
marée de Banalité qui balayait le vieux continent à partir
de la fin du XIIe siècle. Les relations, pour la plupart cor-
diales, se conclurent par des traités et des accords entre
les deux peuples.
Cependant, les Kithains ne tardèrent pas à débarquer
en force et ils s’établirent où cela leur chantait, sans trop
se soucier de leurs cousins amérindiens. À l’instar des
humains qui allaient arriver dans le Nouveau Monde,
ils supposèrent avec arrogance que leur culture était
supérieure et leurs traditions plus évoluées. Certains
Kithains capturèrent même des Nunnehis et les retinrent
prisonniers ou les réduisirent en esclavage, afin de leur
« enseigner » les valeurs européennes et les manières « civi-
lisées ». Les relations se détériorèrent rapidement et les
Nunnehis commencèrent à riposter face aux usurpateurs
qui s’appropriaient leurs terres, attaquant les voyageurs
et rasant les Domaines kithains.
La colonisation européenne
L’arrivée des colons apporta de nouvelles vagues de
Kithains et le destin des Nations nunnehis refléta étroi-
tement celui des tribus mortelles. Les fées étrangères
aimaient les magnifiques paysages, mais elles ne par-
venaient pas à en récolter le Glamour à la manière des
Nunnehis. Involontairement, elles abattaient souvent
des bosquets de vieux arbres, construisaient des barrages
sur les rivières et cultivaient des champs là où avant, les
Nunnehis dansaient et glanaient la Guérison. Des guerres
éclatèrent aussi parmi les fées amérindiennes, à mesure
que l’avancée des Blancs les repoussait vers d’autres
393
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Les mondes des Nunnehis
Les Nunnehis croient en l’existence de trois « mondes » qui
forment toute la création : le monde d’En Haut, le Royaume
du Milieu et le monde d’En Bas.
Le premier constitue le royaume des esprits. Les
Grands Terrains de chasse, les royaumes nunnehis au sein
de l’Arcadie, leur sont inaccessibles. Cependant, ils peuvent
toujours pénétrer dans le monde d’En Haut, l’Umbra des
créatures de la nuit que sont par exemple les loups-garous
et les mages, pour interagir avec les esprits. Les différentes
Familles échangent avec lui à différents degrés. Certaines,
comme les Surems et les Kachinas, y passent beaucoup de
temps, y conduisent des rituels et parlent avec les esprits.
D’autres, comme les Géants de pierre et les Tunghat,
s’ancrent plus dans le Royaume du Milieu.
Le Royaume du Milieu représente le royaume physique.
La plupart des humains y passent toute leur vie, inconscients
de l’existence des différents mondes qui les entourent.
Le monde d’En Bas est celui des morts. Même s’ils
connaissent tous son existence, rares sont les Nunnehis
à entretenir des relations directes avec lui. On pense que
dans un passé très lointain, les Nanehis s’y rendaient afin
de guider les esprits mortels récemment trépassés et ainsi
leur éviter de devenir des fantômes affamés. Cette faculté
se perdit au moment où disparaissait leur lien avec les
Grands Terrains de chasse.
territoires et les contraignait à s’affronter pour des ressources vitales.
Au cours de la Guerre d’indépendance, nombre d’Amérindiens
prirent le parti des puissances européennes et non des Américains,
dans l’espoir que les Blancs leur rendraient leurs terres en échange
de leur aide. Les Nunnehis combattirent aux côtés de leurs frères et
sœurs mortels et partagèrent leur destin. Après la défaite anglaise, ils
furent sévèrement châtiés, ainsi que tous ceux qui s’étaient associés
à eux. Beaucoup furent tués sans autre forme de procès ou réduits
en esclavage, et on arracha leurs terres à ceux qui restaient.
Les atrocités perpétrées contre les tribus amérindiennes et les
Nunnehis se poursuivirent tandis que les Européens progressaient
vers l’ouest. Des tribus entières furent décimées par la maladie ou
déplacées de leurs terres natales. Beaucoup de fées, autrefois paci-
fiques, répondirent par la colère et l’hostilité, et partirent en guerre
contre les Kithains et leurs parents humains. D’autres se retirèrent
au plus profond de la nature dans l’espoir d’éviter toute intrusion
européenne. D’autres enfin accompagnèrent les tribus mortelles
dans leur exil.
Aujourd’hui encore, certains Nunnehis poursuivent inlassable-
ment ce combat contre les usurpateurs qui ont volé leurs terres.
Autrefois, tout le monde pouvait profiter de leurs Clairières et ils
les utilisaient comme cercles de danse et lieux de réunion. Elles sont
à présent reconverties en Domaines kithains, quand on n’y a pas
construit des centres commerciaux et des immeubles de bureaux.
Jusqu’à une époque récente, nombre de Nunnehis avaient gardé des
habitudes nomades et se déplaçaient au fil des saisons. Le monde
a changé depuis l’arrivée des mortels et des fées européens, et les a
394 Changelin : le Songe
contraints à s’adapter. Avant, ils vivaient en pleine nature et étaient
à bien des égards beaucoup plus proches des inanimae. Maintenant,
ils vivent parmi les mortels et s’y cachent de la même manière que
les Kithains.
Depuis un siècle, leurs effectifs déclinent à mesure que les tribus
mortelles s’étiolent et continuent de se détourner des vieilles croyances
et des coutumes ancestrales. Au cours des dernières décennies, on
a assisté à une résurgence de la fierté amérindienne et à un regain
d’intérêt pour les anciennes traditions. Ce retour de la foi a fait
renaître l’espoir. Les Nunnehis ne sont plus morts ou mourants,
leur peuple a supporté un long hiver et le printemps revient pour lui.
Le retour des Sidhes
La réapparition des nobles a un peu plus compliqué les choses. Leur
retour, et la récupération des terres qu’ils considéraient comme leurs
fiefs, ne s’est pas contenté de faire éclater la guerre de l’Accord. Il
est aussi devenu un appel aux armes pour les Nations nunnehis.
Certains se sont à nouveau retrouvés sur le chemin de l’exil devant
cette arrivée massive d’étrangers qui présumaient encore une fois
de leur supériorité. Beaucoup combattirent aux côtés des roturiers,
persuadés qu’une fois la victoire acquise, ces Kithains reconnaîtraient
leurs droits. D’autres restèrent en dehors du conflit, considérant que
cela ne les regardait en rien si des roturiers trucidaient des nobles.
Quelques-uns se rappelèrent l’époque où des nobles avaient signé
des traités et proclamé leurs liens d’amitié, et ils se rangèrent du
côté des Sidhes. Ce choix s’est révélé le plus judicieux et certaines
Nations profitent aujourd’hui de traités qui garantissent leurs droits,
signés par les nobles qui ont récupéré des fiefs grâce à l’appui de
leurs alliés nunnehis.
Bien entendu, tout a un prix. Le renouveau de fierté parmi
les mortels amérindiens a exalté les Nations. Là où ils se seraient
auparavant contentés de s’allier face à une inéluctable destruction
finale, ce renouveau culturel leur a rendu leur orgueil et ils n’ont
pas l’intention de pardonner les vieilles injustices. Cependant, les
querelles intestines engendrées par la guerre de l’Accord ont fait
ressurgir les anciennes rancœurs entre tribus. Par conséquent, alors
même que les Nunnehis sont redevenus puissants, les disputes qui
les opposent les affaiblissent.
Les tribus
Les Nunnehis sont nés des rêves, des croyances et des espoirs des
tribus amérindiennes, et la plupart viennent au monde parmi celles
qui existent encore. Quand ils se réincarnent ailleurs, ils sont souvent
perdus et ne s’éveillent jamais à leur véritable pouvoir, et lorsqu’ils
le font quand même, ils ne comprennent rien à leur nature.
Autrefois, les Nunnehis ne se reconnaissaient que dans une seule
tribu, mais au fil du temps, ils ont fini par s’associer aux groupes
présents dans la même région avec lesquels ils partagent des origines
semblables.
Comme la tribu est primordiale dans le rôle de ce changelin
au sein de la société, nous présentons ici les notions historiques
les plus simples se rapportant aux nombreuses tribus humaines
des Amériques.
La Confédération iroquoise
Elle comptait cinq nations, liées par une langue, des coutumes et
des lois communes, et qui vivaient dans ce qui allait devenir l’état de
New York. Le territoire se divisait en cinq républiques démocratiques
gouvernées par un conseil élu. Les matrones de la tribu proposaient
les candidats parmi lesquels on désignait les chefs, qui ne pouvaient
agir qu’avec l’assentiment de toutes les femmes en âge de procréer. Les
femmes détenaient la majeure partie du pouvoir au sein des Nations
iroquoise, car elles étaient garantes de la transmission matrilinéaire
et parce qu’elles se chargeaient de la majeure partie des tâches de la
communauté, de l’éducation des enfants aux travaux agricoles. Les
hommes partaient souvent pour de longues expéditions de chasse.
Mohawks, Oneidas, Onondagas, Cayugas et Sénécas constituaient
la Ligue des cinq Nations, qui s’agrandit lorsqu’elle s’allia avec les
Tuscaroras. Les Iroquois devinrent les tribus amérindiennes les plus
puissantes du Nord-est lorsqu’elles se rangèrent du côté des envahis-
seurs européens, ce qui leur permit de conserver leurs terres et de
protéger leur culture plus longtemps que beaucoup d’autres. Hélas,
ils prirent le parti des Britanniques au cours de la guerre d’Indépen-
dance et ne s’en tirèrent pas aussi bien après la victoire américaine.
Quelques Nunnehis cayugas vivent toujours à Taughannock
Falls, un de leurs lieux de puissance magique. Ils attendent en vain
le retour de leur peuple, à présent parqué dans une réserve au nord-
est de l’Oklahoma. Des six tribus d’origine, seuls les Sénécas et les
Mohawks sont toujours présents en nombre dans la région.
La Confédération wabanaki
Le « peuple de l’aube » compte cinq tribus, les Abénaquis, les
Malécites, les Passamaquoddys, les Pentagouets et les Micmacs, qui
se sont à l’origine regroupées pour se défendre des agressions iro-
quoises. Chaque tribu garda son propre gouvernement, mais toutes
parlaient l’Algonquin et collaboraient dans des domaines comme la
diplomatie, la guerre et le commerce.
Experts dans l’utilisation du canoë, grands pêcheurs et trappeurs,
les alliés wabanaki vivaient dans des wigwams recouverts d’écorce
de bouleau. La cérémonie du calumet, ou calumet de la paix, se
tenait quand on voulait faire cesser les guerres, arbitrer les conflits
et établir la paix. Les vêtements en peau de castor, tannée et assou-
plie avec soin, étaient très populaires au sein de la confédération, et
souvent échangés avec les alliés français. Les Malécites étaient connus
pour leurs talents de chanteurs et de danseurs, et pour leurs fêtes
recherchées. Quant aux Pentagouets, ils étaient célèbres pour leurs
artisanats de perles et de plumes, et réputés pour leur tranquillité et
leur hospitalité. Même si la confédération s’est officiellement dissoute
en 1862, les cinq tribus sont restées jusqu’à aujourd’hui de proches
alliés et vivent en majorité sur des réserves dans l’état du Maine.
Le Sud-est
Dans cette partie du continent, les tribus Cherokees, Chactas,
Chicachas et Creeks étaient des bâtisseurs de tertres et des chasseurs-
cueilleurs, qui se convertirent ensuite à l’agriculture. Les Séminoles,
une branche des Creeks, finirent par s’installer dans la péninsule de
Floride. Chasseurs et fermiers, ils vivaient dans des villes d’hiver et
d’été et avaient mis en place une forme de gouvernement complexe
articulé autour d’un chef ou d’un conseil municipal. Les décisions se
prenaient d’un commun accord, et les guerriers comme les anciens
(des hommes et des femmes très appréciés par la tribu) avaient une
voix au conseil.
Les femmes jouaient un rôle primordial dans la vie tribale. Dans
cette société matrilinéaire et matrilocale, elles détenaient la propriété,
éduquaient les enfants et accompagnaient parfois les hommes à
la guerre en tant que chroniqueuses ou bien pour les inspirer par
des chants. Les conflits entre tribus étaient monnaie courante, et
servaient en général à capturer des esclaves et à affirmer son statut.
En temps de paix, les combattants passaient le plus clair de leur
temps à se préparer à la guerre et à participer à des jeux de balle,
qui leur servaient d’entraînement. Ces jeux prirent plus tard une
grande importance culturelle parmi les tribus.
Les Cherokees habitaient différentes régions des deux Carolines,
du Tennessee et de la Géorgie, et les Chactas le sud du Mississippi
et certaines parties de l’Alabama et de la Louisiane. Les Chicachas
occupaient quant à eux le nord du Mississippi. Les Creeks s’étaient
établis au sud de la Géorgie et en Alabama et lorsque la branche
des Séminoles est partie s’installer en Floride, ses membres se sont
adaptés à son climat semi-tropical.
Le Sud-ouest
Parmi ces tribus figurent les Apaches, les Hopis, les Navajos et
les Zuñis. Pour la plupart communautés agricoles sédentaires qui
se sont adaptées aux dures conditions du désert, elles ont donné
naissance au rituel de la danse de la pluie et aux kivas. Ces pièces
circulaires semi-enterrées, creusées directement dans le sol, servaient
généralement d’abri et d’entrepôt, et elles constituaient parfois des
lieux sacrés dans lesquels les anciens se retiraient pour prier au cours
d’importantes cérémonies. L’échelle qui montait depuis l’intérieur
jusqu’au plafond symbolisait la vie surgissant de la Terre mère.
Peuple nomade, les Apaches tiraient leur substance de la chasse
du gibier et de la cueillette de plantes sauvages. Ils vivaient dans
des abris de branchages, les wickiups, et plantaient parfois du maïs
et des courges. Ils portaient des vêtements en peau de daim et lais-
saient leurs cheveux libres, simplement retenus par un bandeau sur
le front. Les hommes portaient de longs pagnes, des cuissardes et
des mocassins de cuir souples. On compte aujourd’hui treize tribus
apaches réparties sur trois états (cinq en Arizona, cinq au Nouveau-
Mexique et trois en Oklahoma).
Peuple pacifique composé d’excellents fermiers, les Hopis ont
la réputation de pouvoir faire pousser leurs récoltes dans les sables
stériles du désert. Historiquement, les femmes de la tribu façonnaient
des poteries et faisaient de la vannerie, tandis que les hommes se
chargeaient du tissage et de la chasse. Ils vivaient dans des pueblos
en briques crues à plusieurs étages ; un seul de ces bâtiments pouvait
accueillir des dizaines d’habitations et abriter tout un clan étendu. À
l’heure actuelle, la majeure partie des Hopis vivent dans une réserve
au nord-ouest de l’Arizona, là où leurs ancêtres ont vécu pendant
des milliers d’années.
Les Navajos se donnent le nom de Dineh. Originaires du nord-
ouest du Canada, c’était des chasseurs-cueilleurs bien avant de
rencontrer les tribus des Pueblos, de qui ils ont appris la culture du
maïs, de la courge et des haricots. Les Espagnols leur ont quant à
eux transmis le travail de l’argent. Les femmes portent encore leurs
costumes traditionnels colorés, et se parent de colliers d’argent et
de turquoise. Ils vivaient dans des hogans, des dômes de rondins
recouverts de boue et pourvus d’un trou de cheminée au sommet.
Les Navajos constituent aujourd’hui la deuxième plus grande tribu
amérindienne d’Amérique du Nord, et vivent pour la majorité
d’entre eux en Arizona.
Les Pagagos et les Pimas sont des tribus très proches qu’on pense
descendantes des Hohokans, un peuple préhistorique à l’origine d’un
système complexe de canaux d’irrigation. Les deux vivent à l’heure
actuelle en Arizona, excellant dans l’agriculture, et leurs femmes
tissent de superbes paniers.
Appendice I : les gallains 395
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Les Zuni figurèrent parmi les premiers habitants des pueblos
à souffrir de l’avidité des Espagnols. Les explorateurs prirent les
murs jaunes de leurs maisons d’argile pour de l’or, et rapportèrent
au vice-roi la découverte des « sept cités légendaires de Cibola, aux
rues pavées d’or ». Coronado et ses aventuriers armés envahirent la
région à la recherche de l’or évoqué. Les Zuni s’enfuirent au sommet
d’une mesa inaccessible, où ils construisirent un unique village
défensif et où ils vivent toujours.
Parmi les autres tribus du Sud-ouest, citons les Mojave, les Tewas,
les Tiwas et les Yumas.
L’Ouest
Les tribus de l’Ouest vivent dans le Montana, en Oregon, dans
l’état de Washington, au Colorado, en Californie et dans l’Utah.
Elles ont des cultures diverses, mais ne figurent généralement pas
parmi les tribus des Plaines ou celles qui vivaient le long de la côte
nord-ouest du Pacifique.
Les Têtes-Plates, une tribu salish du Montana, adoptèrent la
culture des Amérindiens des Plaines avec l’arrivée du cheval et firent
le commerce des bisons et des peaux de castor. Ces mêmes tribus
des Plaines leur donnèrent ce nom inhabituel pour les distinguer
des autres tribus salishs, qui modifiaient l’avant de leur tête afin de
lui donner un aspect pointu.
Les Miwoks, une tribu du centre de la Californie, cueillaient des
noix, pêchaient et chassaient le daim et le lapin. Culture riche et
prospère avant la Ruée vers l’or, elle a aujourd’hui presque disparu.
Originaires du sud-ouest de l’Oregon, on se souvient surtout
des Modocs pour la résistance féroce qu’ils ont déployée face à leur
déplacement forcé sur des réserves. Après de nombreux massacres,
une partie de la tribu a été envoyée en Oklahoma et le reste est
demeuré en Oregon.
Les Nez-Percés portaient des ornements faits à partir d’un
coquillage, le dentalium de l’île de Vancouver, accrochés à travers la
cloison nasale. Peuple semi-nomade, ils étaient célèbres pour leurs
talents de négociants, leur bravoure et leur générosité, tout comme
la délicatesse de leurs vanneries et l’élevage du cheval Appaloosa.
Injustement chassés de leurs terres, ils vivent à présent en Idaho.
Enfin, les Utes du Colorado et de la partie occidentale de
l’Utah partageaient de nombreux traits culturels avec les tribus des
Plaines plus au nord. De nos jours, ils élèvent du bétail et vivent
sur des réserves.
Le Nord et le Nord-Ouest Pacifique
Les tribus amérindiennes de cette région habitent sur la côte ou
vivent dans les terres septentrionales glacées. Elles tirent toutes leur
subsistance de la pêche et de la chasse et doivent affronter les hivers
froids et rigoureux du nord du continent.
Les Aléoutes et, plus couramment, les Inuits sont appelés Eskimos,
« ceux qui mangent leur nourriture crue ». Cette tribu réside en
majorité sur les îles Aléoutiennes et ses membres font montre d’un
talent admirable pour la chasse et l’exploitation des ressources de
la mer à bord de leurs kayaks en peau. Ils ont beaucoup souffert
aux mains des commerçants russes venus sur l’archipel au milieu du
XVIIIe siècle. Les Inuits chassent le gros gibier et vivent en grande
partie du phoque, du morse, du caribou et de l’ours polaire. Ils uti-
lisent toujours les igloos. Sur terre, ils se servent de traîneaux tirés
par des chiens et sur l’eau, de kayaks et d’umiaks. On les trouve à
travers l’Arctique, l’Alaska et le nord du Canada.
396 Changelin : le Songe
Les Chinooks vivent dans l’état de Washington et leur dialecte
commercial devint la langue commune à tout le Nord-ouest. Les mots
potlatch et hooch (gnôle) en sont par exemple tirés. Les incursions des
compagnies de commerce européennes brisèrent leur monopole en
introduisant des maladies qui décimèrent la tribu.
Les Haïdas vivent sur les Haida Gwaii (anciennement îles de la
reine Charlotte) près des côtes de la Colombie britannique. Autre
fois chasseurs de baleines et de loutres de mer, ils se déplaçaient
sur d’immenses canoës creusés dans d’énormes troncs de cèdre. Ils
étaient célèbres pour leurs masques, leurs totems et les sculptures qui
décoraient leurs maisons de bois. Les contacts avec les Européens se
révélèrent particulièrement dévastateurs pour la tribu, qui succomba
victime de la variole et des maladies vénériennes. Les Kwakiutls,
sur l’île voisine de Vancouver, étaient tout aussi connus pour leurs
totems de bois et leurs sculptures, surtout les proues de leurs mas-
sifs canoës. Les Tsimshains, dont la culture s’apparente à celle des
Haïdas et des Kwakiutls, sont des artistes sculpteurs et tissent les
couvertures chilkat. Originaires de Colombie britannique, ils sont
partis s’installer en Alaska en 1884, après qu’un pasteur de l’Église
anglicane les a persuadés de quitter les lieux.
Les Lummis sont une tribu salish du nord-ouest de l’état de
Washington. Ils vivent principalement du saumon, et nombre de
leurs cérémonies tournent autour de ce poisson et de la pêche. Ils
organisaient tous les ans des combats rituels avec les Haïdas dans le
but de capturer des esclaves. La tribu honore toujours ces rencontres
par une commémoration guerrière annuelle, au cours de laquelle
ont lieu des courses de canoë et des danses.
Les Campements
Les Campements sont l’équivalent nunnehi des Cours des Kithains.
Les concepts seelie et unseelie ne signifient rien pour les fées amé-
rindiennes, et elles appartiennent plutôt à l’Hiver (le Rocher), l’Été
(le Cornouiller) ou la Mi-saison (le Laurier).
Si les changelins d’Europe dissimulent souvent le lieu où se tient
leur Cour, en particulier s’ils sont unseelies, les Nunnehis arborent
leur appartenance au vu et au su de tous, et souvent d’une manière
assez littérale. En effet, on reconnaîtra aisément le Campement
d’un individu à sa vêture, à ses accessoires et à son comportement.
Un Nunnehi de l’Hiver portera les teintes sombres de la guerre
ou du deuil, peindra sur son visage des couleurs et des symboles
relatifs au tort qu’on lui a fait et ne sourira guère, pas plus qu’il ne se
montrera amical, sauf peut-être envers un autre membre de l’Hiver.
Pour les fées amérindiennes, s’habiller et se comporter de la sorte
est un avertissement sans frais adressé à tous ceux qui oseraient les
provoquer. Un Nunnehi de l’Été adoptera des couleurs chaudes
et vives. Il choisira également des motifs gais et accueillants pour
ses peintures faciales et corporelles, afin de réjouir les gens qui se
trouvent en sa présence. Ses expressions et son attitude seront tou-
jours amicales et pleines d’entrain.
Tout comme les Kithains changent de Cour, les Nunnehis
peuvent passer d’un Campement à l’autre. Ce processus se révèle
en général lent et il leur faut toujours passer par la Mi-saison avant
d’adopter une nouvelle saison. La nature destructrice d’un Nunnehi
de l’Hiver se dissipe peu à peu dans des farces inoffensives, à moins
qu’il ne se retire du monde avant que l’Été ne s’empare une fois de
plus de lui. De la même manière, un Nunnehi de l’Été commencera
à jouer quelques plaisanteries mineures, ou se repliera sur lui-même
à mesure que sa nature compatissante laissera doucement la place à
l’Hiver. Le changement est généralement progressif et délibéré, mais
il se déroule parfois d’un coup en réponse à un bouleversement irré-
sistible, comme la mort d’un ami proche ou un coup terrible porté
par un adversaire. Dans ces circonstances, la fée peut instantanément
passer de l’Été à l’Hiver. L’inverse est aussi tout à fait possible pour
peu que la situation s’y prête, comme lors d’une guérison ou d’une
réconciliation dramatique, mais cela se produit rarement. Dans tous
les cas, le conteur devrait toujours savoir sous l’emblème de quel
Campement le Nunnehi se trouve à un moment donné.
Les gens de l’Hiver se montrent souvent dévorés par la haine et
la colère, et ils cherchent à se venger de ceux qui leur ont fait du tort
ou de leurs alliés. Certaines fées choisissent cette saison de manière
permanente, mais la plupart rejoignent ce Campement sur le coup
de la colère, à un moment où ils se sentent victimes d’une injustice
ou d’un affront puis, lorsque les torts ont été réparés, ils retournent
à l’Été. La plupart du temps, le changement se déroule dans la plus
stricte intimité et le Nunnehi suit un rituel. Il peut se purifier dans
une rivière ou se retirer dans une hutte à sudation afin d’entraîner
cette évolution. Les individus qui adoptent le Campement de l’Hiver
d’une manière plus permanente quittent l’influence de l’Été pendant
au moins une partie de l’année, à moins qu’ils ne s’endurcissent au
point de perdre leur moitié féerique. Un trop plein de haine, pendant
une trop longue période, peut conduire à la Banalité.
Les gens de l’Été sont d’un tempérament plus paisible. Ils
endossent souvent des rôles de chefs, de guérisseurs et de chamanes,
et viennent beaucoup en aide aux mortels en détresse ou dans le
besoin. Ils préfèrent la négociation et les résolutions pacifiques à la
violence et à la guerre. En dépit, ou peut-être à cause, de leur carac-
tère plus tempéré, ils n’éprouvent pas la crainte et la méfiance dont
les Seelies font preuve envers les Unseelies. Chaque Campement
comprend que l’autre est nécessaire et leurs membres œuvrent sou-
vent de concert, tirant parti de leur pouvoir et de leurs dons pour
résoudre ensemble les problèmes. Cela ne signifie pas pour autant
que toutes les rencontres ou les assemblées se déroulent sans heurts.
Ils ont parfois des idées très différentes sur la manière de régler un
problème, et cela peut aller jusqu’à l’affrontement. Cependant, ils se
comprennent et s’acceptent mutuellement, une attitude qui n’existe
pas entre les Cours des Kithains.
Le peuple de la Mi-saison se retrouve dans une phase de transition
et reste rarement dans un Campement très longtemps. Contrairement
à l’Été et à l’Hiver, un personnage ne peut pas commencer le jeu dans
cet état d’esprit, et l’on choisit plutôt le moment où il va y entrer. Il
existe deux facettes parmi les Nunnehis de la Mi-saison, le Roublard
et le Veilleur. Le premier, très actif et impliqué en société, se mêle
à ses semblables et joue de petites farces dès qu’il en a l’occasion.
Une fée qui passe de l’Été à l’Hiver devient souvent un Roublard
et ses plaisanteries prennent un tour plus sombre et dangereux à
mesure qu’elle se rapproche de l’Hiver. Quand elle quitte l’Hiver
pour rejoindre le Campement de l’Été, elle choisit fréquemment le
Veilleur, qui lui permettra de se retirer peu ou prou de la vie sociale
afin de penser, de réfléchir et d’observer. L’inverse est également
vrai et l’on peut facilement devenir un Veilleur avant de rejoindre
l’Hiver, ou un Roublard sur le chemin de l’Été.
Les kiths
Comme les Kithains, les Nunnehis se répartissent en différents
kiths incarnant les légendes des tribus. Ces familles gardent des
liens puissants avec leur tribu d’origine et naissent toujours de ses
descendants, en général sur des réserves ou dans des régions qui
comptent une large population d’Amérindiens. Cependant, on sait
qu’un Nunnehi peut vivre sa Chrysalide loin des terres dévolues à
son peuple et il peut arriver, quoique rarement, que des Kithains
recueillent l’un d’entre eux.
Les descriptions des différents kiths se présentent de la même
manière que celles du chapitre deux, et incluent l’apparence, le
style de vie, le Royaume d’affinité, les Héritages et la Fragilité de
chacun d’entre eux.
Les Canotilis
Les légendes à propos des Canotilis (parfois appelés Canotinas)
abondent parmi les Lakotas et d’autres tribus du Midwest. Elles
racontent que ces esprits de la forêt se montraient serviables et
offraient chance et dextérité aux chasseurs. On disait d’eux qu’ils
intervenaient dans la récolte des fruits poussant sur les arbres et
des noix, et faisaient tomber les meilleurs des plus hautes branches.
Selon d’autres histoires, ces farceurs de la forêt égaraient les voyageurs
ou effrayaient le gibier. Les talentueux facteurs d’arcs et de flèches
sculptaient souvent des miniatures de ces armes qu’ils offraient aux
Canotilis pour les apaiser ou les remercier.
De nos jours, ces créatures ont gardé leurs habitudes et elles
utilisent souvent leur discrétion naturelle afin de pousser le gibier
vers les chasseurs qu’elles préfèrent. Cependant, elles demeurent très
solitaires et les gens perdus dans une forêt protégée par un Canotili
risquent de passer une sale journée. Si celui-ci repère la présence
d’un intrus indésirable, il utilisera ses charmes pour le détourner
de sa route ou lui faire tomber des noix, des branches et des vieux
nids d’écureuil sur la tête. Heureusement, la plupart des mortels ne
se montrent pas assez furtifs pour surprendre un Canotili et évitent
ainsi de devenir la cible de la Fragilité du kith.
Ces fées élisent domicile dans les forêts et les prairies de tout
le Midwest. De toutes les Familles de Nunnehis, ils se montrent
parmi les moins aptes à se faire à la vie moderne et la plupart d’entre
eux choisissent de vivre aussi loin que possible de toute présence
humaine. Ceux qui décident néanmoins de partager le même espace
préfèrent les endroits regorgeant d’arbres et de verdure. On les trouve
rarement dans les villes.
Les Canotilis ressemblent à des Indiens des Plaines ou des Grands
lacs de petite taille, avec des traits allongés et des mains et des pieds
presque préhensiles. Particularité la plus marquante, leurs yeux
luisent dans l’obscurité. Ils tirent une grande fierté du maintien de
leurs traditions, et leurs vêtements, leurs accessoires et leurs armes
sont toujours richement décorés.
Affinité : l’Accessoire.
Héritages
Camouflage : les Canotilis font preuve d’un talent inné pour se fondre
dans tout environnement naturel. Lorsqu’ils se trouvent en pleine
nature et restent rigoureusement immobiles, ils peuvent changer de
couleur (et avec eux les objets qu’ils portent ou qu’ils transportent)
et adopter celles du décor qui les entoure. Cette capacité ne fonc-
tionne pas lorsque le Nunnehi se trouve en intérieur ou entouré
dans une structure faite de la main de l’homme.
Lorsqu’il utilise son Héritage, le personnage bénéficie d’une réussite
automatique sur tous ses jets de Furtivité.
Amélioration physique : le Canotili entre en jeu avec un point de
plus en Force ou en Dextérité.
Appendice I : les gallains 397
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Fragilité
Terreur : lorsqu’il est surpris ou qu’il sursaute, le Canotili exsude une
puissante phéromone qui provoque la panique parmi tous ceux qui
n’appartiennent pas à son kith, y compris les autres Nunnehis et
les changelins. Ceux qu’il affecte fuient, en proie à la terreur, ou
frappent aveuglément l’objet de leur peur. S’ils pouvaient contrô-
ler cette capacité, elle deviendrait une arme redoutable, mais elle
provoque plus souvent la fuite de leurs alliés, ou pousse parfois ces
derniers à les agresser accidentellement.
Quand on surprend le Canotili, les individus situés dans un rayon
de 3 mètres qui n’appartiennent pas à son kith doivent faire un
jet de Volonté (difficulté 8). S’ils le ratent, ils fuient, en proie à
la terreur. Toutefois, ils peuvent dépenser un point de Volonté
pour surmonter cet effet. S’ils n’obtiennent qu’une seule réussite,
le groupe affecté par ce pouvoir attaque le personnage. Avec au
moins deux réussites, il peut agir normalement.
« Je n’ai pas recherché ta compagnie. Montre-moi pourquoi tu es digne
de mon temps. »
Les Géants de pierre
Chez les Iroquois et les Sénécas, les légendes sur les géants de pierre
dépeignent de terribles ennemis cannibales, semant le désordre et
la destruction partout sur leur passage. Pourtant, d’autres contes
mentionnent de gentils géants qui se lient de temps en temps
d’amitié avec un valeureux guerrier et combattent à ses côtés tous
ses adversaires, parfois jusqu’à la mort.
398 Changelin : le Songe
Manger et se battre, voilà les vraies passions des Géants de
pierre. Leur amitié est difficile à gagner, mais une fois acquise, ils
ne la reprennent jamais et ils se montrent férocement loyaux. Les
changelins d’aujourd’hui exercent des métiers qui leur permettent
de faire usage de leur puissance physique, comme ouvriers dans le
bâtiment, boxeurs professionnels et même gardes du corps. Ils sont
issus d’une société matrilinéaire où les femmes sont formées à des
postes de commandement, et ce dès qu’on les découvre. Les hommes
occupent eux aussi des postes importants, mais la détermination et
l’inflexible ténacité des femmes de la Famille restent sans égal parmi
les Nunnehis. Ils se montrent très directs et ne parlent que lorsqu’ils
ont quelque chose d’important à dire, préférant agir plutôt que de
se lancer dans des conversations oiseuses.
Les jeunes Géants de pierre peuvent se montrer joueurs et adorent
utiliser l’environnement nature et leur apparence, très proche des
rochers, pour effrayer ou plonger dans la confusion randonneurs
et explorateurs. Leur énorme appétit de nourriture et de violence
est rarement satisfait. Même les changelins sous l’empire de l’Été ne
crachent jamais sur une bagarre, tandis que les adeptes de l’Hiver
peuvent devenir de véritables bouchers. Les anciens sont les plus
sédentaires, ils passent la majeure partie de leur temps en placide
contemplation, et il leur arrive de rester immobiles pendant des
jours. En revanche, malheur à celui qui provoque l’un d’entre eux,
car il peut se révéler un adversaire vraiment redoutable.
Les Géants de pierre apparaissent le plus souvent parmi les
tribus du Nord-est, Iroquois, Mohawks et Sénécas. Ils vivent géné-
ralement avec leurs familles mortelles, la plupart du temps sur
des réserves quoique certains préfèrent la noble solitude
des montagnes.
Immenses et musculeux, ils ressemblent beaucoup
aux Trolls, protégés de pied en cap par une armure
de silex. Leurs cheveux, hérissés d’épis en bataille,
font penser à des stalactites et leurs
yeux sont deux puits d’un noir
d’encre. Lorsqu’ils s’asseyent
ou se roulent en boule, on
peut facilement les prendre
pour de gros rochers. Ils sont
souvent armés de hachettes de silex
ou de massues.
Affinité : la Nature.
Héritages
Manteau de silex : la peau de ces
changelins, composée de roche,
les protège des blessures. Ils
sont complètement immunisés
aux effets de toutes les armes
en pierre et possèdent un
niveau de santé Contusion
supplémentaire.
Puissance : tous les Géants de
pierre ajoutent un point à leur
Force, même si ce bonus porte
l’attribut au-delà de 5. De plus,
ils ne font jamais d’échec cri-
tique sur leurs jets de Bagarre
ou d’Intimidation.
Fragilité
Fureur : si d’aventure on remettait en cause la vaillance ou la force
physique du personnage, son joueur devrait dépenser sur-le-champ
un point de Volonté ; s’il ne le faisait pas, son personnage passerait
sous l’influence de l’Hiver. Une fois ce changement acté, il est
impossible de revenir en arrière. Si l’offenseur s’excuse ou tente de
s’enfuir, le Géant de pierre le poursuivra jusqu’à ce qu’il puisse lui
asséner au moins un coup. Tant qu’il ne pourra pas satisfaire sa
Fureur, il ne pensera à rien d’autre et pourchassera impitoyablement
le responsable. Une fois le coup porté, il peut à nouveau reprendre
son aspect de l’Été.
« Bienvenue, ami. Battons-nous, puis festoyons ! »
Les Inuas
Les tribus amérindiennes les plus septentrionales, Inuits et Aléoutes,
pensaient que toutes les choses, animées ou non, renfermaient un
esprit. Les Inuas étaient les intermédiaires et les guides qui permet-
taient à leurs chamanes de communiquer avec ces mêmes esprits.
Ils servaient également de gardiens des traditions et s’assuraient que
personne dans la communauté n’enfreigne les interdits en place.
Ces Nunnehis passent la majeure partie de leur vie à étudier les
secrets plus intimes des esprits et à parcourir les voies du monde d’En
Haut. Ils sont réputés pour être les plus sages et les plus érudits de
tous les Nunnehis. Lorsqu’ils interagissent avec les chamanes mortels,
ils préfèrent dissimuler leur véritable nature en adoptant des formes
animales. La plupart du temps, ils prennent l’apparence d’un renard,
d’un caribou, d’un phoque, d’un corbeau, d’un morse et d’un ours
polaire. Ce sont les versions miniatures de ces magnifiques créatures,
ce qui leur permet de pénétrer aisément dans la demeure ou le lieu
de pouvoir d’un chamane.
Les Inuas vivent en communauté, souvent à proximité ou en
marge du campement d’une tribu humaine. Ils se considèrent comme
les protecteurs des villages alentour.
Dotés d’un large visage et de cheveux noirs, ils ressemblent beau-
coup aux membres de leurs tribus humaines et arborent les mêmes
vêtements traditionnels qu’elles. Pour la plupart, ils continuent de
suivre la coutume consistant à insérer des implants taillés dans de
l’ivoire, de l’os ou d’autres matériaux résistants sous la lèvre inférieure,
et ainsi orner leur menton. Les autres Nunnehis les ont surnommés
« les Percés ». Lorsqu’ils servent de conseiller spirituel, ils adoptent
la forme d’un animal important pour leur tribu.
Affinité : la Fée.
Héritages
Instiller l’amulette : les Inuas sont capables d’insuffler un pouvoir de
n’importe quel Art dans une amulette. Quiconque la porte peut
activer le charme et s’en servir quand il le souhaite, mais il ne pourra
le faire qu’une seule fois. Le Royaume associé à l’Art doit également
se déterminer au moment de la création. Une fois utilisé, la magie se
dissipe et le personnage doit fabriquer une autre amulette. Pour ce
faire, l’Inuas doit réussir à lancer le charme et y investir un niveau
de Guérison, qui revient lorsque le pouvoir a servi.
Métamorphose : les Inuas peuvent se transformer en un animal de la
région dont ils sont originaires, quel qu’il soit. Le joueur en choisit
un à la création de personnage, puis pourra en sélectionner d’autres
s’il y consacre de l’expérience. Chaque forme coûte un nombre de
points d’expérience égal à cinq fois le nombre actuel de formes
qu’il possède. Ainsi, la deuxième forme coûtera cinq points, la
troisième dix et ainsi de suite.
Fragilité
Sensibilité : les Inuas sont particulièrement vulnérables aux polluants
et aux toxines chimiques artificielles. Lorsque l’un d’entre eux se
trouve à proximité de ce genre de substance (environ 5 mètres), il
perd un dé sur tous ses groupements, deux s’il entre en contact
avec elle (ce qui inclut de se retrouver dans une nappe de brouillard
pollué ou de nager dans des eaux souillées).
« Je porte tes mots aux esprits et t’offre ce présent. »
Les Kachinas
Les tribus du Sud-ouest, en particulier les Hopis et les Zuñis, attri-
buent à des créatures nommées kachinas la connaissance des rituels
et des coutumes nécessaires à la survie en pleine nature et parmi les
esprits. Les adeptes de leur culte revêtent des costumes richement
décorés et accomplissent des danses tout au long de l’année, afin
de les honorer et de demander leur aide. Des poupées richement
ornées servent à enseigner aux enfants comment différencier les
kachinas entre eux.
Les Kachinas sont des représentants vivants des chants et des
danses hopis et zuñis. Ils forment la Nation la plus spirituelle des
Nunnehis et consacrent la majorité de leur vie aux rites et aux céré-
monies. À leurs yeux, chaque rituel tisse un lien entre les royaumes
spirituel et mortel. Lorsque ces liens seront suffisamment nombreux,
alors les deux mondes seront une nouvelle fois réunis et les Sentiers
vers les Grands Terrains de chasse se rouvriront.
La plupart des Kachinas vivent parmi les humains dans les régions
désertiques du sud-ouest de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, dans
des réserves et même en ville. Ils dissimulent aussi aux yeux des
mortels des pueblos enchantés. Leur vie est régie par une foule de
rituels et ce sont les gardiens méticuleux des anciennes traditions,
qu’elles soient vestimentaires ou coutumières, et qu’ils font connaître
dans des pow-wow à travers tout le pays.
Ces fées ont une taille et une carrure normales mais, quel que soit
leur âge, elles possèdent quelque chose qui fait penser à une poupée.
Leurs yeux ronds et noirs ressemblent à des boutons, et leur visage
lisse arbore des traits exagérés. Ils portent des tenues traditionnelles
aussi bien sous leur Guise mortelle que leur Visage féerique.
Affinité : la Nature.
Héritages
Prière d’abondance : même dans les environnements les plus arides,
les Kachinas sont capables de convaincre les plantes de pousser et
la pluie de tomber. Le joueur fait un jet d’Astuce + Gremayre (diffi-
culté 7) et plus il obtient de réussites, plus la récolte est abondante.
Forme de nuée : ces Nunnehis sont capables de se transformer en
petits nuages vaporeux de fumée, ce qui leur confère une immunité
à toute forme de dégâts, mais ils se montrent incapables d’affecter
quoi que ce soit autour d’eux. S’ils peuvent contrôler leur direc-
tion et même flotter dans les airs, ils restent à la merci du moindre
courant d’air. La transformation nécessite la dépense d’un point
de Guérison, et elle ne durera qu’un nombre de minutes égal au
score du personnage dans ce trait.
Appendice I : les gallains 399
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Fragilité
Un seul but : les Kachinas sont très friands de spécialisation et se
consacrent à une de leurs capacités au détriment des autres. Le
personnage doit en choisir une parmi les suivantes : Artisanats,
Étiquette, Commandement, Représentation ou Survie. Il gagne
un dé de plus sur tous les jets effectués avec elle, mais perd un dé
sur toutes les autres.
« Nos rituels honorent nos ancêtres et nous rapprochent de notre demeure. »
Les May-may-gwya-shis
Les Abnakis racontent des histoires ancestrales sur les espiègles may-
may-gwya-shis cachés parmi les rochers de la côte ou derrière des
chutes d’eau solitaires. Célèbres voleurs de poissons, ils menaient
des pillages audacieux sur les filets et même les lieux de fumage des
villages voisins. Une fois leur larcin accompli, ils disparaissaient dans
la paroi rocheuse d’une falaise ou d’une corniche.
À l’heure actuelle, ils suivent toujours leurs antiques traditions.
Ils tirent grand plaisir à pêcher, à naviguer et à nager, et passent sou-
vent la majeure partie de leur temps à aiguiser ces talents. À l’instar
de leurs parents mortels, leur société est patrilinéaire, bien qu’ils
adoptent peu à peu un style de vie moins axé sur le genre. Dans le
Royaume du Milieu, ils gagnent leur vie comme pêcheurs, artistes
(sculpteurs ou peintres) ou encore guides en canoë et en radeau.
Les individus plus jeunes sont enclins à faire des farces, et surtout à
voler du poisson, aux mortels comme aux autres Nunnehis, même
s’ils ne dédaignent pas de se servir de leurs pouvoirs pour remplir
les filets de leurs alliés des deux bords quand le besoin se fait sentir.
Les anciens se montrent plus sereins et vivent des existences moins
agitées. Ils consacrent souvent une grande partie de leur temps aux
arts, comme la peinture sur pierre et la sculpture.
Les May-may-gwya-shis se retrouvent parmi les tribus qui consti-
tuaient autrefois la Confédération abnaki, parmi lesquels figurent
Abnakis, Malécites, Pentagouètes et d’autres peuples apparentés.
Bien que les mortels qui en font partie sont à présent confinés sur
des réserves dans le Maine, ces fées peuvent se manifester dans
des campements à travers toutes leurs terres ancestrales. Ils vivent
parmi les mortels n’importe où dans la Confédération abnaki, mais
préfèrent demeurer près de grands rochers sur les rives des cours
d’eau ou les côtes rocheuses.
Même sous leur forme mortelle, ils sont généralement petits et
agiles. Tous portent de longs cheveux qui flottent au vent et leur
tombent devant le visage, ce qui leur vaut le surnom de « face velue ».
Ils arborent sur le corps et les membres une fine fourrure rappelant
celle de la loutre, et s’habillent dans le style traditionnel de la tribu
de langue algonquine dans laquelle ils sont nés.
Affinité : la Scène.
Héritages
La porte dans le rocher : les May-may-gwya-shis entretiennent une
étroite relation avec la pierre et ils possèdent le pouvoir de passer
à travers n’importe quelle formation rocheuse naturelle. Lorsque
le personnage veut franchir ce genre de barrière, son joueur doit
faire un jet de Vigueur + Athlétisme (difficulté 7). Le Nunnehi peut
arriver jusqu’à une caverne qui se trouve à l’intérieur ou carrément
de l’autre côté. Cependant, il ne pourra pas demeurer au sein de la
roche solide et devra en émerger, quelque part dans un rayon d’une
douzaine de pas. Il peut aussi se servir de cette capacité pour passer
400 Changelin : le Songe
le bras à travers un affleurement rocheux et attraper une chose qui
se trouve au-delà. S’il dépense un point de Guérison, il peut faire
traverser la roche à un petit véhicule, comme un canoë ou une moto.
Les objets qu’il transporte, tout comme la personne qu’il porte
ou qu’il emmène sur son moyen de locomotion, passent avec lui.
L’appel des nageurs : ces fées ont le pouvoir de faire venir le poisson à
un endroit ou dans un cours d’eau précis. Elles utilisent cet Héritage
pour augmenter la quantité de nourriture disponible pour les tribus
mortelles de la région ou pour se faire un petit plaisir et satisfaire leur
goût obsessionnel pour cet aliment. Chaque réussite obtenue sur un
jet de Manipulation + Animaux (difficulté 6) apporte l’équivalent
d’un filet rempli de poissons originaires des lieux. Plus le nombre
de réussites est élevé, plus la pêche est abondante.
Fragilité
Faible volonté : les May-may-gwya-shis raffolent tellement du poisson et
des fruits de mer qu’ils ont beaucoup de mal à contrôler leur appétit
sur le sujet. Leurs adversaires peuvent exploiter cette faiblesse en
laissant des cachettes pleines de poisson frais et de palourdes, une
gourmandise à laquelle ils ne peuvent résister. Lorsqu’un Nunnehi
se retrouve devant un stock de poisson sans surveillance ou qu’on
l’invite à partager un repas de fruits de mer, résister à la tentation
constitue pour lui une amorce à la Banalité.
« La roche est aussi solide qu’elle le veut ou que tu le crains. Accompagne-
moi si tu l’oses. »
Les Nanehis
Les Cherokees chantent toujours les chansons et racontent encore les
histoires sur les si serviables Nanehis, « le peuple qui habite partout ».
Ces fées entretiennent des relations particulièrement étroites avec
leurs parents mortels et, par extension, avec tous les Amérindiens.
Elles se détournent souvent de leur chemin pour aider les humains
en détresse, Ainsi, elles décident parfois de remettre les promeneurs
égarés dans la forêt sur le bon sentier ou encore d’assister les malades
et les blessés, surtout lorsqu’ils se retrouvent dans des lieux isolés.
Leur obligeance et leur générosité sont si célèbres que leur nom est à
l’origine de celui des fées du Nouveau Monde, les Nations nunnehis.
La tradition revêt une importance particulière pour les Nanehis. À
leurs yeux, les coutumes et les chants de leurs ancêtres mortels, ainsi
que ceux que leur ont enseignés les esprits des Grands Terrains de
chasse, sont précieux. Ils tirent une grande fierté de la préservation
des chansons, des histoires et des danses des gens qui les ont précé-
dés. Ils conduisent souvent leurs bien-aimés mortels jusque dans les
demeures et les Huttes (les Domaines) dont ils ont la charge dans la
nature et ils partagent avec eux les merveilles de leur monde secret.
Les Nanehis vivent fréquemment près de leur parentèle humaine,
mais presque jamais en ville. Ils préfèrent les petites bourgades et les
villages proches de la nature. Ils passent moins de la moitié de leur
temps chez eux et se déplacent sur des festivals et des événements
culturels à travers tout le pays.
Tout comme les Sidhes, les Nanehis s’inquiètent beaucoup de
leur physique et prennent une apparence idéalisée des membres
de leurs tribus mortelles. Ils arborent une peau parfaite et presque
luisante, des cheveux sombres et brillants, un regard profond très
expressif et leur visage possède une beauté frappante. Ils portent
généralement les vêtements traditionnels de leur tribu.
Affinité : la Fée.
Héritages
Façonner le corps : ces fées sont capables de modifier leur taille et
leur apparence physique. Elles peuvent ainsi devenir très petites
(environ 60 centimètres) ou très grandes (bien plus de 2,10 mètres),
paraître plus ou moins âgées et altérer leurs traits. Elles peuvent
augmenter ou diminuer d’un point leur score d’Apparence. Si Elles
réussissent un jet d’Apparence + Subterfuge (difficulté 7), elles
arrivent à copier le visage d’une autre personne et à se faire passer
pour elle, si tant est que leur capacité de varier leur physionomie
suffise à lui ressembler.
Forme parfaite : les Nanehis sont des artistes accomplis et ils ajoutent
un dé à tous les jets relatifs à une représentation (raconter des
histoires, chanter, jouer d’un instrument, danser et ainsi de suite).
Ils bénéficient également d’une réussite automatique si cette
représentation met en scène des chants, des danses ou des contes
amérindiens traditionnels.
Fragilité
Le visage dans l’eau : leur vanité innée réfrène les Nanehis. Si l’on
altère involontairement leur apparence (de la boue sur le visage,
des cheveux salis ou une défiguration quelconque), tous leurs jets
de dés subissent une pénalité de –1 dé.
« J’ai appris une nouvelle chanson en Caroline du Nord, au festival
Kituwah. Laisse-moi te la chanter et ensuite, tu me raconteras l’une de
tes histoires. »
un Serment sacré, qui obligerait tous leurs descendants à endosser
le manteau des justiciers de la nature.
Les Nümüzo’hos d’aujourd’hui ne sont pas cannibales et pas
systématiquement des instruments de destruction. Au contraire, ils se
mêlent souvent beaucoup de politique tribale. Leur puissance et leur
énergie se sont tournées vers la défense des droits des Amérindiens et
la sauvegarde de l’environnement, ainsi que pour l’amélioration des
conditions de vie dans les réserves. Ils éprouvent un grand respect
pour les traditions des tribus mortelles. Sous l’influence de l’Hiver,
ils sont connus pour se déchaîner contre les gens qui manquent de
respect et nuisent aux peuples amérindiens, et pour avoir rejoint
certains groupes plus violents de protection de l’environnement
ou des droits des tribus. Même le plus calme d’entre eux aura du
mal à rester de marbre face à la destruction flagrante de la nature
par les humains.
Les Nümüzo’hos vivent parmi les communautés amérindiennes
des montagnes. Ils préfèrent les maisons de pierres et passent la
majeure partie de leur temps libre à façonner des outils et des armes
en pierre taillée. Ils se distraient avec un jeu de balle, qui utilise lui
aussi des cailloux.
Sous leur forme physique, ce sont des individus particulièrement
grands et musculeux, revêtus d’une tenue traditionnelle propre à
leur tribu natale. Leurs yeux brillent d’une lueur surnaturelle et ils
sont toujours affligés d’une malformation, quelle qu’elle soit.
Affinité : la Nature.

Les Nümüzo’hos
Les mythes des tribus de l’ouest mentionnent de redoutables
géants qui terrorisent les intrus sur leurs terres. On raconte
que ce sont des cannibales et l’on craint leurs sautes d’hu-
meur destructrices et cruelles, mais
on les respecte également pour
leur force et on les honore,
car ils rappellent que les
pouvoirs détruisent autant
qu’ils créent. Ces contes se
réfèrent aux Nümuzo’hos,
qui portent le nom d’un
héros amérindien, le
géant qui enseigna aux
humains la manière de
façonner des outils avant
de disparaître.
Les légendes, comme
b e a u c o u p d ’ a u t re s
choses en relation avec elles,
mélangent vérité et fiction.
Avant que les chemins qui
conduisaient aux Grands
Terrains de chasse ne se
ferment, cette Famille
de Nunnehis avait eu
des visions sur la dévas-
tation que les mortels
infligeraient au monde
naturel. Leur colère face
à la perspective de ces futures
catastrophes les poussa à prêter

401

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Héritages
Taille extraordinaire : les Nümüzo’hos bénéficient de 2 points sup-
plémentaires à dépenser dans leur Force et leur Vigueur (+2 sur
l’un des deux, ou bien +1 à chacun d’entre eux), et ce même si le
bonus porte ce ou ces attributs au-delà de 5. De plus, ils ne peuvent
jamais faire d’échec critique sur un jet d’Athlétisme.
Éveiller les éléments : une fois par mois lunaire, ces Nunnehis sont
capables de provoquer de violentes perturbations dans le monde
naturel et ainsi déclencher tempêtes, avalanches et même séismes
mineurs dans un rayon de 7,5 km autour d’eux. Le personnage
doit dépenser un point de Volonté et de Guérison pour invoquer
cet Héritage.
Fragilité
Défiguré : ces fées souffrant d’une terrible défiguration, leur score
d’Apparence ne peut jamais dépasser 1.
« Ne nous reproche pas nos colères. Adresse plutôt tes reproches à ceux
qui font tant de mal à la terre. »
Les Petits de l’eau
Très connus des Shoshones, des Washoes, des Nez-Percés et des Paiutes
du Nord, les Petits de l’eau ont la redoutable réputation d’enlever
des enfants et de noyer leurs victimes lorsqu’elles s’aventurent près
des eaux qu’ils habitent. La plupart des gens pensent que ce sont
des hommes de la tribu, protecteurs de l’eau, et souvent juges, jury
et exécuteurs lorsqu’il faut châtier les bourreaux enfants.
Ces fées ne supportent pas qu’on leur fasse du mal. D’ailleurs,
elles ne tardent jamais à mettre à l’abri ceux qu’elles estiment être en
souffrance, ou victimes de négligence ou d’abus. Elles les conduisent
ensuite chez elles, loin des yeux des mortels, et les élèvent comme
si c’était les leurs. Elles sont également promptes à se venger des
individus qui ont l’audace de polluer ou de piller les eaux, elles les
entraînent sous la surface afin que les coupables y trouvent la mort
qu’ils méritent.
Contrairement aux autres Nunnehis, les Petits de l’eau choisissent
souvent des compagnons en dehors des tribus amérindiennes. En
conséquence, nombre d’entre eux naissent de parents qui n’en font
pas partie ou n’ont qu’une lointaine ascendance. Ils vivent aussi plus
souvent en ville, loin des réserves. On les croise comme travailleurs
sociaux, dans des refuges ou au sein des services de protection de
l’enfance. Ils ont tendance à beaucoup s’impliquer dans la vie des
gamins dont ils ont la charge, et deviennent des familles d’accueil
ou adoptent des enfants dans le besoin.
Les Petits de l’eau sont en général androgynes, avec de longs
cheveux flottant librement sur leurs épaules, des yeux argentés, des
mains et des pieds palmés.
Affinité : la Nature.
Héritages
Bulles d’air : ces fées tirent directement l’oxygène de l’eau. Elles uti-
lisent ce pouvoir pour respirer sous la surface et peuvent le donner
à un autre tant qu’ils maintiennent un contact.
Force de la vague : lorsqu’ils cherchent à se venger d’un affront (pol-
luer l’eau ou faire du mal à un enfant), la Force des Petits de l’eau
augmente de 2 points. Cela leur sert généralement à entraîner le
responsable sous l’eau jusqu’à ce qu’il se noie. Si la personne est en
fait innocente du crime dont le changelin la pense coupable, cette
402 Changelin : le Songe
capacité ne se manifeste pas, ce qui constitue la preuve irréfutable
qu’il l’a mal jugée.
Fragilité
Dépendance à l’eau : un Petit de l’eau doit s’immerger toutes
les 48 heures, faute de quoi il commence à mourir. Chaque jour
passé hors de l’eau au-delà de ce temps lui fait perdre un point
d’attribut (au choix du joueur) et si l’un d’entre eux tombe à 0,
la fée ne peut plus bouger. Si elle passe encore 24 heures sans
pouvoir se plonger dans l’eau, elle meurt.
« Viens, mon enfant. Allons danser sous les eaux. »
Les Pu’gwis
Voici sans doute les Nunnehis au destin le plus tragique, affublés
d’une forme physique véritablement hideuse et répugnante, leur cœur
déborde pourtant d’amour. Les légendes racontent qu’ils étaient
autrefois les plus beaux des Nunnehis, mais qu’ils se vantaient tant
de leur apparence resplendissante que les esprits ont jugé nécessaire
de les punir.
Ceux qu’on appelle aussi les Bukwus vivent dans les forêts
impénétrables du Nord-ouest et du Grand Nord. Contrairement
aux autres fées qui continuent souvent de vivre avec leur famille
mortelle, ces changelins quittent presque toujours leur foyer après
leur Chrysalide. Heureusement, la plupart des Pu’gwis ne se méta-
morphosent que tardivement, vers la fin de leur adolescence ou au
début de la vingtaine. Pourtant, ils sont très nombreux à mourir
dans la nature ou à sombrer dans le Tumulte.
Ces fées vivent des existences solitaires, mais s’obstinent à chercher
l’âme sœur, quelqu’un avec qui partager leur vie et leur amour. Les
membres de leur propre tribu les craignent, car ils pensent qu’ils
attirent les gens dans la forêt pour les tuer et les manger. S’il est
vrai qu’ils les attirent bien dans les bois, ce n’est que pour tenter de
gagner leur cœur. De manière ironique, les Pu’gwis possèdent des
voix magnifiques et ils peuvent chanter si délicieusement que les
mortels, et d’autres créatures, ne peuvent résister à leur musique et
sont même séduits pour un instant.
Leurs traits repoussants en ont fait des reclus et pourtant, cette
malédiction leur confère une empathie naturelle envers ceux qui
possèdent moins que les autres. Quand on apprend à les connaître et
à respecter leurs croyances, on découvre des amis fidèles et loyaux. Ils
sont si incompris et détestés pour leur apparence qu’ils s’accrochent
à quiconque leur donne une chance de se montrer sous leur vrai jour
sans supposer le pire à leur égard. Ces protecteurs des bois tentent
de préserver les habitats naturels des animaux de la forêt et de les
protéger des bûcherons et de la destruction.
Les Pu’gwis ressemblent à des cadavres humains. Leur chair
grisâtre paraît desséchée et ce qui reste de peau s’étire difficilement
sur leurs os. Leur nez se résume à un trou pourrissant au milieu du
visage et leurs lèvres retroussées dévoilent des dents jaunies et cassées.
Leurs yeux remplis de pus coulent en permanence et semblent se
décomposer dans leurs orbites.
Affinité : l’Acteur.
Héritages
Chant envoûtant : cette puissante mélopée possède un effet hypnotique
sur tous ceux qui l’entendent, et les pousse à en chercher la source.
Le joueur doit faire un jet de Charisme + Représentation (difficulté
7) opposé à la Volonté de la cible (difficulté 7). S’il l’emporte, celle-ci
 est contrainte de trouver le Pu’gwis et de rester en sa présence
sans entreprendre aucune action, ce jusqu’à ce que le sortilège se
brise. Une fois devant lui, elle pourra refaire un jet de Volonté par
minute pour dissiper cet effet. Si le changelin devient violent ou si
quelqu’un attaque sa cible, la magie cesse sur-le-champ.
Chant de l’oubli : ce pouvoir permet au Pu’gwis d’effacer tous les
souvenirs que les témoins auront de lui. Il sert souvent sur les
humains qu’il effraie et leur permet de retourner à la civilisation,
mais il fonctionne sur tous ceux que le personnage souhaite affecter.
Le joueur fait un jet de Charisme + Représentation (difficulté 7),
auquel la cible résistera avec un jet de Volonté (même difficulté).
Fragilité
Décomposition : l’Apparence de tous les Pu’gwis est égale à 0 sous leur
Visage féerique (et 1 sous leur Guise mortelle), et ne peut jamais
augmenter. De plus, leur score de Force ne peut jamais dépasser 2.
« Je t’en prie, reste et parlons un peu. Je chérirais même quelques minutes
en ta compagnie. »
Les Surems
Les légendes yaquis parlent d’un « petit peuple » discret et serviable
qui apportait la paix dès qu’ils arrivaient. Ils sont aujourd’hui connus
comme les pacificateurs des Nunnehis. Certains considèrent leurs
actions comme traîtresses, car ils ne se sont pas activement opposés
aux changelins européens et ont au contraire conseillé la paix.
Interlocuteurs attentifs, ils détestent les bruits forts comme les
discours agités et s’opposent à toute forme de violence. Cette passivité
passe parfois pour de la faiblesse, mais elle leur vient de l’assurance
qu’ils éprouvent pour leur santé spirituelle et la justesse de leur vision.
Peuple de l’Été dans leur immense majorité, ils considèrent ceux qui
ont sombré dans le Campement de l’Hiver comme des fous. Cela
ne signifie nullement qu’ils n’ont jamais combattu. Ils prétendent
avoir averti les tribus de l’arrivée des Blancs. Leurs liens étroits avec
les esprits leur offrirent une chance de partir au moment où les der-
nières routes vers les Grands Terrains de chasse se refermaient, mais
beaucoup choisirent de rester et de lutter contre les envahisseurs.
Cependant, ce fut leur dernier combat et il coûta cher à la Famille
et aux tribus. Aussi décidèrent-ils de ne jamais plus se battre.
Les Surems habitent généralement dans les états de l’Arizona et
du Nevada, au sud de la Californie et au nord-ouest du Mexique.
Contrairement aux autres Nunnehis, la majorité d’entre eux vit
et travaille aux côtés des tribus humaines, et ce sont des membres
parfaitement intégrés de leur communauté.
Solidement bâtis, ils dépassent rarement le mètre cinquante. Leur
visage rond et charmant arbore en général une expression sereine.
Ils s’habillent selon les coutumes des Yaquis.
Affinité : l’Acteur.
Héritages
Sérénité : les Surems peuvent dégager une puissante impression de
sérénité autour d’eux. Lorsqu’ils se servent volontairement de leur
influence apaisante, quiconque se trouve à proximité doit faire un
jet de Volonté (difficulté 8) pour s’exprimer avec colère ou entre-
prendre une action violente.
Gentillesse : en cas de succès sur un jet de Charisme, quel qu’il soit,
les changelins bénéficient d’une réussite supplémentaire. De plus,
ils ne font jamais d’échec critique sur leurs jets d’Empathie et de
Commandement.
Fragilité
Plus de poignards, mais des charrues : leur dévotion au pacifisme
et à la résolution paisible des conflits est si profondément ancrée
en lui que se résoudre à utiliser la violence ou parler avec dureté
constitue une amorce à la Banalité. La difficulté de toutes les actions
violentes augmente de +1.
« Venez, mes amis. Asseyons-nous ensemble et fumons. Apaisons-nous. »
Les Tunghats
Ces Nunnehis aux allures de gobelins, familiers des tribus des régions
des Plaines, des plateaux et du bassin, sont les maîtres des animaux
et leurs messagers avec les humains. On organisait autrefois des
cérémonies avant la chasse pour avertir les Tunghats ; ils pouvaient
alors choisir les bêtes qu’il fallait abattre en premier lieu afin d’as-
surer la survie de leurs « cousins » humains. Aujourd’hui, de telles
cérémonies se font rares, mais les changelins veillent toujours sur
les animaux, châtient les chasseurs irrespectueux ou gaspilleurs, et
viennent parfois en aide à ceux qui honorent les anciennes tradi-
tions. Tribus et chasseurs se montrent pour la plupart incapables de
reconnaître leur rôle dans le cycle naturel, et les Tunghats éprouvent
une amertume grandissante face à cette attitude. Certains pressent
toute la Famille de se soulever et d’attaquer les villes et les entre-
prises qui empiètent sur les espaces naturels à la tête de leurs amis
bestiaux. Au contraire, d’autres cherchent à travailler de concert
avec les tribus et les encouragent à endosser un rôle plus actif dans
la protection animale.
Comme les Pookas, tous les Tunghats partagent un lien parti-
culier avec un type d’animal précis. Chacun d’entre eux participe à
une cérémonie particulière, à l’issue de laquelle le premier animal
sauvage qu’il croisera sera celui avec lequel il se liera. Parmi les plus
courants figurent les daims, les lapins, les antilopes d’Amérique, les
coyotes, les oiseaux, les renards et les ours.
Les Tunghats vivaient traditionnellement dans des tipis d’herbe
tressée, sur le territoire de leur compagnon animal. Aujourd’hui
toutefois, on les trouve dans des cabanes ou des caravanes installées
en pleine nature et parfois même en ville, mais cela reste rare. Ils se
montrent très grégaires et lorsqu’ils partagent le même compagnon
animal, certains peuvent fonder des communautés très soudées et
s’y installer. Dans des régions où la vie sauvage abonde, des Tunghats
aux compagnons différents peuvent tout à fait vivre ensemble.
De petite taille, ces fées ont une peau verte et des cheveux, des
ongles et des dents d’un vert plus sombre. Associée à leur grande
et large bouche aux crocs acérés, cela leur donne une apparence
quelque peu « gobeline ». Ils s’habillent de vert et portent des ponchos
d’herbe tissée dont ils se servent parfois pour s’abriter ou se cacher.
Affinité : la Nature.
Héritages
Illusion bestiale : un Tunghat peut créer une illusion qui lui donne
l’apparence de l’animal avec lequel il est lié. Ce mirage est toujours
quelque peu imparfait ; les marques sur le pelage peuvent ne pas
correspondre, la couleur semble légèrement étrange, ou bien il sera
trop grand ou trop petit.
Le personnage utilise ce pouvoir à volonté, percer à jour son
déguisement requiert un jet de Perception + Vigilance pour les
mortels, ou Acuité pour les changelins (difficulté 8 à chaque fois).
Une seule réussite suffit pour remarquer un détail troublant dans
l’illusion, deux pour voir la véritable apparence du Tunghat.
Appendice I : les gallains 403
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Appel du troupeau : la fée convoque des membres de l’espèce avec aux envahisseurs involontaires de leurs terres. Le danger ou la gravité
laquelle elle partage un lien et qui se trouvent dans un rayon de ces farces varient en fonction du Campement du Nunnehi, ou
d’une demi-journée de voyage du lieu où elle est. Elle peut ensuite selon l’importance de l’offense. On sait aussi qu’ils se portent à la
requérir leur aide, et même demander aux vieux et aux malades rescousse des enfants humains perdus ou maltraités, et les invitent
de se sacrifier pour elle. parfois à vivre en leur compagnie comme Enchantés.
Les animaux répondent toujours aux appels. Cependant, le joueur Les Yunwi Amai’yine’hi prennent toujours une apparence
doit réussir un jet de Manipulation + Empathie (difficulté 7) pour plus ou moins enfantine. Ils sont minces et nerveux, et dans leurs
que son personnage parvienne à les convaincre de lui prêter grands yeux se reflète l’eau qu’ils aiment tant. Leurs longs cheveux
assistance. Le conteur décide du nombre de réussites nécessaires flottent sur leurs épaules et selon l’animal avec lequel ils partagent
en fonction de la nature de la tâche à accomplir. Une seule suffit une affinité, ils portent une fine fourrure, des écailles presque invi-
pour que l’animal apporte un message, mais exiger son sacrifice sibles ou des plumes douces et duveteuses. À l’instar des Pookas et
en demandera cinq. des Selkies, ils partagent un lien avec le monde animal et peuvent
se métamorphoser en créatures aquatiques ou amphibiennes. Ils
Fragilité arborent des traits caractéristiques de leur animal fétiche, comme
Esprit animal : plus le Tunghat maintient son Illusion animale, plus des mains et des pieds palmés pour les grenouilles, des moustaches
il a de chance de s’y perdre et de croire qu’il en est un lui-même. pour les loutres et des plumes pour les oiseaux d’eau. Ils préfèrent les
Le joueur doit faire un jet de Volonté (difficulté 7) pour chaque vêtements amérindiens traditionnels, qu’ils portent d’une manière
heure après la première qu’il passe protégé par son Héritage. En facile à enlever ou qui n’entrave pas leurs mouvements dans l’eau.
cas d’échec, il se retrouve enfermé dans l’illusion et commence à Affinité : la Nature.
se comporter comme un membre normal de cette espèce. Il devra
refaire le jet toutes les heures. En cas d’échec critique, il est prisonnier Héritages
de cette forme et ne pourra pas s’en échapper sans aide extérieure. Forme du nageur : ce pouvoir est identique à l’Héritage Métamorphose
« Nous sommes toujours les gardiens de nos frères et sœurs animaux… du Pooka (cf. page 101), à la différence que le Yunwi Amai’yine’hi
mais comme eux, les humains à la poursuite du progrès nous ont oubliés. » se transforme en créature aquatique (castor, loutre, poisson, poule
d’eau, etc.).
Les Yunwi Amai’yine’hi Agiter les eaux : s’il réussit un jet de Manipulation + Gremayre et
qu’il dépense un point de Guérison, le personnage peut calmer des
Des légendes cherokees évoquent le « peuple de l’eau » qui habite les eaux turbulentes ou transformer une rivière placide en un torrent
rivières et les lacs à travers tout le sud-ouest du pays. Les pêcheurs
priaient ces fées pour qu’elles les aident à remplir leurs filets et des
histoires racontent comment ces créatures sauvaient les gens de la
noyade.
Les Yunwi Amai’yine’hi vivent dans des cavernes que l’on
ne peut atteindre qu’en empruntant
des passages submergés, comme des
rivières souterraines, des entrées à
la base des cascades et des grottes
sous-marines conduisant à d’autres,
à l’air libre. Ils ont beaucoup
souffert du développement du
tourisme et de l’empiétement
de la civilisation. En effet, la
construction de nombreuses
retenues d’eau afin de créer des
bases nautiques de loisirs ou des
barrages électriques a provoqué la
destruction de beaucoup de leurs
demeures et de leurs Domaines.
Si leurs relations avec les tribus
mortelles sont cordiales, les Yunwi
Amai’yine’hi n’ont aucune affection
pour tous ceux qui ne leur appar-
tiennent pas.
Ils éprouvent une grande peine
et une profonde colère devant leurs
bien-aimées rivières, domptées et
gouvernées par les envahisseurs
blancs. Ils parviennent à la cana-
liser dans des tours qu’ils jouent

404 Changelin : le Songe

 écumant et déchaîné. L’effet recherché détermine le nombre de
réussites à obtenir. Créer un tourbillon périlleux dans un cours
d’eau tranquille nécessiterait trois réussites, tandis qu’immobiliser
le cours de cette même rivière n’en demanderait qu’une.
Fragilité
Dépendance à l’eau : les Yunwi Amai’yine’hi, comme leurs cousins
Petits de l’eau, doivent entièrement s’immerger toutes les 48 heures,
sinon ils commencent à dépérir. Pour chaque jour passé hors de
l’eau au-delà de cette période, ils perdent un point de Guérison.
Si leur score tombe à 0, ils perdent leur Visage féerique et oublient
qu’ils sont des Nunnehis. Après 24 heures supplémentaires, ils
sombrent à jamais dans l’Oubli. Se plonger tout entier dans de
l’eau (même une baignoire) annule cet effet et régénère tous les
points de Guérison. Cependant, cela ne s’applique pas à un Yunwi
Amai’yine’hi définitivement emporté par l’Oubli.
« Viens avec moi, petit. Le monde est dangereux et il t’a fait beaucoup
de mal. Nous allons te protéger. »
Les Yunwi Tsunsdi
Les Cherokees et les tribus du Sud-est éprouvent un grand respect
pour le « Petit peuple », ces auxiliaires et agents invisibles du monde
des esprits. Ils sont aussi célèbres pour être des farceurs, et les gardiens
et les juges du comportement des mortels.
Tout comme les Boggans, les Yunwi Tsunsdi sont de talentueux
artisans qui participent souvent à des pow-wow et se rendent sur les
marchés pour vendre leur production. D’une nature très grégaire, et
bien qu’ils préfèrent vivre très loin des grandes villes, il n’est pas rare
qu’ils aillent là où réside un grand nombre de mortels. Ils aiment
tout particulièrement les gens qui vivent loin de toute civilisation et
ils s’attacheront souvent à des familles qui suivent ce mode de vie.
Auprès d’elles, ils endosseront de leur propre chef le rôle d’assistants
invisibles, répareront ce qui en a besoin dans la maison, bricoleront
les clôtures, refixeront les gouttières, déposeront des tranches de
pain frais ou des vêtements tout juste reprisés.
Le Petit peuple habite dans les communautés amérindiennes
du sud-est américain et en Oklahoma, où leurs tribus ancestrales
ont été transférées de force dans les années 1830. Ils pratiquent les
artisanats traditionnels, comme le travail des perles, le tissage et la
poterie. Industrieux, mais discrets, ils adorent aider les autres sans
qu’ils le sachent.
En général minces et gracieux, les Yunwi Tsunsdi sont d’une
extrême beauté. Ils revêtent les habits traditionnels des tribus du
sud-est ou affectionnent les tenues modernes avec quelques touches
indiennes.
Affinité : l’Accessoire.
Héritages
Hors de vue : le Petit peuple se montre très doué quand il s’agit de
ne pas se faire remarquer, surtout des mortels. Ils ne peuvent pas
devenir invisibles, mais bénéficient de deux dés supplémentaires
sur tous les jets liés à la Furtivité. Même en cas d’échec, ils peuvent
dépenser un point de Volonté et pousser les mortels à regarder
ailleurs, ce qui leur offre une nouvelle occasion de se cacher.
Dextérité manuelle : travailleurs manuels très doués, la difficulté de
tous leurs jets d’Artisanats diminue de –1. De plus, ils ne peuvent
jamais faire d’échec critique sur cette capacité.
Fragilité
Flammes de la colère : ils s’offensent facilement si l’on manque de
respect à l’aide qu’ils apportent ou s’ils se font insulter par les gens
qu’ils ont décidé d’aider. Si l’on rejette ou qu’on traite grossière-
ment un Yunwi Tsunsdi, son joueur doit faire un jet de Volonté
(difficulté 9) et s’il le rate, le personnage devra se venger d’une
manière ou d’une autre. Il peut faire du mortel le dindon de la
farce ou la victime d’une série d’accidents. Il ne coopérera pas avec
celui qui l’a offensé pendant toute une lune, à moins que celui-ci
ne fasse amende honorable et ne répare l’affront avec une offrande
de nourriture ou un cadeau en signe d’excuse.
« Si nous nous entraidions tous, le monde serait bien plus gai. »
Les Apanages
Les personnages nunnehis doivent opter pour un Apanage de
l’Été et un autre de l’Hiver, mais un seul dominera à un moment
donné et ils devront suivre l’Apanage correspondant à la saison du
Campement qu’ils ont choisi.
Une Vision et un Tabou suivent la description de chaque arché-
type. La première présente la manière dont le personnage regagne de
la Volonté, tandis que le deuxième sert de guide pour l’interprétation
et n’entraîne aucune conséquence en jeu. Cependant, si un joueur
s’obstinait à ignorer le Tabou de son protagoniste, le conteur pour-
rait décider de lui imposer des pénalités, comme ne pas récupérer
de point de Volonté lorsqu’il remplit les conditions de sa Vision.
Les Apanages de l’éte
Ce sont les plus proches des Apanages seelies. Un Nunnehi de ce
Campement aura un comportement plus calme et bienveillant.
L’Artisan
Vous possédez un grand talent pour fabriquer et créer des objets utiles.
Vous considérez que vous pouvez modeler et façonner le monde qui
vous entoure en une chose nouvelle. Une souche d’arbre devient
une chaise, un tas de déchets se transforme en outil commode ou
en sculpture. Vous vous épanouissez dans l’acte de création et vous
sentez inutile et insatisfait lorsque vous ne le faites pas. Vous vous
inspirez de la fourmi et du castor, qui passent leur vie à bâtir des
structures qui leur survivront.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous vous servez de vos
compétences pour créer quelque chose de pratique ou de durable.
Tabou : ne restez jamais oisif et ne vous comportez jamais comme si
la situation ne pouvait pas s’améliorer par le biais de la main et
de la volonté.
Création de personnage
Créer un Nunnehi se déroule de la même manière que
pour un Kithain. Seules différences, il reçoit un point de
Guérison supplémentaire à la création de personnage et
dispose d’autres historiques, décrits en page 408, parmi
lesquels choisir.
Appendice I : les gallains 405
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le Chasseur
Vous pensez que la vie est une chasse perpétuelle menée pour la
nourriture, la connaissance et le sens de la vie. Vous êtes un soutien
accompli qui utilise ses compétences et son savoir pour traquer sa
proie et atteindre ses objectifs. Vous obéissez à la loi du chasseur
et ne perdez jamais de temps ou d’énergie sur un gibier qui n’en
vaut pas la peine. Vous vous inspirez du lion des montagnes ou du
faucon et ne prélevez que ce dont vous avez besoin pour survivre.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous terminez une
« chasse » victorieuse, qu’elle concerne de la nourriture ou une
chose moins tangible.
Tabou : ne vous placez jamais volontairement dans la position de la proie.
Le Chef
Vous êtes un dirigeant né, destiné à guider ceux qui vous écoutent.
Vous apercevez clairement le chemin le plus sage à suivre et trouvez
le juste équilibre entre un risque acceptable et des décisions impru-
dentes. Vous vous inspirer de l’aigle et du loup, tous deux chefs
dans le monde animal.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous parvenez à convaincre
les autres de suivre l’action que vous préconisez, ou lorsque vous
exercez votre rôle de chef d’une façon significative.
Tabou : ne suivez jamais aveuglément les décisions de quelqu’un d’autre.
Le Conteur
Vous rassemblez les légendes et les histoires, puis vous appuyez sur
elles afin de vivre votre vie et guider les autres dans leurs entreprises.
Vous considérez que tout fait partie d’une immense saga avec un
début, un milieu et, parfois, une fin. Votre façon de percevoir l’univers
vous protège de temps en temps des dures réalités du monde, mais
elle vous donne aussi des fulgurances et des perspectives uniques
dont les autres ne bénéficient pas. Vous vous inspirez de la terre,
dont les pierres renferment l’histoire du monde.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous apprenez une
nouvelle histoire ou vous servez d’un conte pour venir en aide à
vos compagnons.
Tabou : ne gardez pas votre savoir pour vous seul.
L’Éclaireur
Explorateur dans l’âme, vous pensez que votre devoir consiste à
plonger dans l’inconnu et à partager vos découvertes. Vous ressentez
de l’exaltation face à ses dangers, mais vous savez aussi qu’il vaut
parfois mieux demeurer un observateur discret. Vous vous inspirez
du serpent et du renard qui se fient au silence et à la rapidité pour
survivre.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous explorez de nouveaux
territoires ou ramenez des informations importantes.
Tabou : ne laissez jamais passer une occasion de découvrir quelque
chose avant tout le monde.
L’Esprit guide
Vous êtes un chamane de cœur, même si vous ne l’êtes pas officielle-
ment, et vous sentez le monde des esprits qui existe tout autour de
nous. De la naissance à la mort et au-delà, la vie est un long voyage
mystique, et il vous revient de guider ceux qui en ont besoin tout au
long du chemin. Vous empruntez souvent les Sentiers des esprits,
en quête de réponses pour les autres et pour vous-même. Vous vous
inspirez du vent qui voyage librement entre les mondes d’En Haut,
du Milieu et d’En Bas.
406 Changelin : le Songe
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous terminez une
quête ou quand vous donnez l’impulsion nécessaire à l’évolution
spirituelle de quelqu’un.
Tabou : n’ignorez jamais les messages en provenance du monde des
esprits et n’insultez jamais volontairement un esprit.
Le Fermier
Vous plantez les graines et attendez patiemment qu’elles germent et
portent leurs fruits. Vous savez que les choses prennent du temps
et vous essayez de suivre les rythmes de la nature. Vous prenez soin
de vos amis comme vous le feriez pour un semis, et vous savez que
tout grandit et change, y compris les gens. Vous vous inspirez du
maïs dans les champs et vous reconnaissez que chacun fait partie du
grand cycle de la croissance et de la décomposition.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous voyez une action
se dérouler du début à la fin ou que vous parvenez à encourager
l’évolution d’une autre.
Tabou : ne commencez jamais ce que vous ne pouvez pas terminer.
Le Guérisseur
Vous faites preuve d’intuition face à la douleur et à la maladie qui
affligent les gens, vous savez quoi faire pour soulager leurs souffrances.
Votre compréhension des blessures de l’esprit est profonde et vous
pensez que l’on gagne plus à soigner son ennemi qu’à lui faire du
mal. Cependant, vous savez qu’il faut parfois prendre des mesures
radicales et que dans certains cas, il est nécessaire de cautériser les
plaies pour qu’elles guérissent. Vous vous inspirez de l’ourse qui
prend soin de ses petits et fait preuve de force et de tolérance.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous soignez une blessure
du corps ou de l’esprit.
Tabou : n’ignorez jamais la douleur des autres.
Le Guerrier
La vie est une bataille qu’il faut gagner et vous êtes toujours prêt à
vous battre pour ce qui a de l’importance à vos yeux. Vous respectez
par-dessus tout la force et le courage, mais vous reconnaissez aussi
qu’il est sage de reconnaître quand attaquer et quand se défendre.
Quand les autres chercheront votre protection, vous ne leur ferez pas
défaut. Vous vous inspirez du blaireau, dont la ténacité au combat
est légendaire.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous ressortez vainqueur
d’un combat singulier ou encore lorsque votre talent infléchit de
manière significative le cours d’une bataille.
Tabou : ne battez jamais en retraite au cours d’un combat équitable.
Ne laissez pas la peur vous gagner.
Le Sage
Le monde est rempli de sagesse et vous pouvez toujours apprendre
quelque chose de la moindre créature que vous rencontrez. Vous êtes
un penseur et un enseignant, et si parfois on vous accuse de paresse,
vous savez que l’on apprend beaucoup en restant assis sans bouger,
à écouter les rythmes du monde. D’autres viennent vous voir pour
que vous les guidiez et les conseilliez, et vous êtes toujours heureux
de partager votre savoir avec eux.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque quelqu’un suit vos conseils
et en tire un avantage.
Tabou : ne refusez jamais de répondre quand on vous demande
honnêtement un avis ou un conseil.
Les Apanages de l’Hiver
Ce sont les plus proches des Apanages unseelies. Souvent, un Nunnehi
de ce Campement éprouvera de la colère et se montrera violent.
Le Bouffon
Le monde n’est rien de plus qu’une farce cruelle. Il n’y a pas d’ob-
jectif, pas de sens caché, et vous adorez vous moquer des gens qui
s’accrochent à de fausses croyances sur un soi-disant but supérieur.
Vous passez la majeure partie de votre temps à vouloir vous amuser
et vous divertir, puisqu’il est inutile de se sacrifier ou de travailler
dur. Vous vous inspirez de l’éphémère, dont la courte vie déborde
d’une activité frénétique et somme toute vide de sens.
Vision : vous regagnez de la Volonté chaque fois que vous montrez à
quelqu’un l’inutilité d’une action ou d’un objectif.
Tabou : ne prenez jamais rien ni personne au sérieux.
Le Cannibale
Vous êtes une bête vorace, consumée par une faim éternelle que vous
ne pouvez satisfaire. Vos besoins et vos désirs passent avant tout le
reste et vous ferez tout pour les satisfaire. Rien n’est assez ignoble
ou haineux pour vous empêcher d’apaiser la faim et les envies qui
vous dévorent. Vous vous inspirez du poisson qui se nourrit de ses
propres alevins.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous raflez la part du lion
sur le butin ou les bénéfices aux dépens des autres.
Tabou : ne vous contenez jamais, ne vous restreignez jamais.
Le Collectionneur
Vous voulez tout et vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour
l’obtenir. Vous amassez d’immenses quantités de ce qui, selon vous,
vous manque le plus (nourriture, richesses, disciples, Guérison), et
l’idée d’en perdre la moindre parcelle vous insupporte. Vous vous
inspirez de l’écureuil qui passe ses journées à récolter de la nourriture
pour les temps de disette.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque votre instinct de thésau-
risation paie, surtout si vous avez en abondance une chose dont
les autres sont contraints de se passer.
Tabou : ne partagez jamais volontairement un peu de ce que vous
gardez en réserve.
Le Fauteur de troubles
Vous semez le désordre partout où vous allez. Vous n’êtes heureux
que quand vous sapez activement les efforts des autres ou que vous
propagez la mésentente. Vous vous inspirez du geai bleu, que la
nature querelleuse rend détestable parmi les oiseaux.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous transformez une
situation paisible en chaos, ou que vous provoquez des dissensions
parmi des gens qui s’entendaient bien auparavant.
Tabou : ne passez jamais à côté d’une occasion de vous mêler de ce
qui ne vous regarde pas.
Le Gâcheur
Vous prenez plaisir à donner l’impression aux autres qu’ils n’ont rien
accompli, ou encore à ruiner leurs plans. Humiliations, mensonges
et quolibets constituent vos armes favorites, et vous n’hésitez pas à
mettre en pause vos activités pour rabaisser ce que les gens ont fait,
surtout quand cela menace vos propres réussites. Vous vous inspirez
du feu qui détruit ce qui ne peut lui résister.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous vous donnez le beau
rôle aux dépens d’un autre.
Tabou : ne reconnaissez jamais les réalisations d’autrui.
La Langue fourchue
Vous dites rarement toute la vérité, car vous avez appris que l’hon-
nêteté en paroles comme en actes est souvent la mauvaise voie. Vous
savez que les gens sont plus heureux quand vous leur dites ce qu’ils
veulent entendre plutôt que la vérité. Vous êtes toujours prompt à
faire des promesses et tout aussi prompt à les rompre lorsqu’elles
deviennent gênantes. Vous vous inspirez du serpent qui peut s’échap-
per de l’étreinte la plus solide.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous mentez de manière
convaincante à quelqu’un afin qu’il se sente mieux, ou pour en tirer
vous-même avantage.
Tabou : ne dites jamais la vérité quand un mensonge ou une demi-vérité
sert mieux vos intérêts.
Le Paria
Vous avez tourné le dos aux gens, à la société et vous parcourez à
présent votre propre chemin. Vous ne devez rien à personne, pas plus
que vous ne permettez à quiconque de vous devoir quelque chose.
Vous pouvez coopérer avec les autres pendant un certain temps, mais
uniquement pour survivre, non pour le bien de tous. Vous vous ins-
pirez du loup solitaire, rejeté par sa meute et qui préfère exister seul.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous prouvez que vous
n’avez besoin de personne pour survivre.
Tabou : ne tissez jamais de liens ou de relations durables avec des
personnes ou des groupes.
Le Pillard
Vous prenez ce que vous voulez et n’éprouvez aucun regret. Vous
appréciez une bonne bagarre, mais uniquement si les chances sont de
votre côté et que la victoire vous est acquise. Après tout, les faibles et
les sans défense sont vos proies, alors pourquoi vous fatiguer quand
vous pouvez voler ce que vous voulez ? Vous vous inspirez de la pie
qui prend tout ce qui accroche son regard.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous obtenez quelque
chose sans l’avoir gagné, ou que vous menez pillage avec succès.
Tabou : ne perdez jamais votre temps en efforts « honnêtes ».
Le Sorcier
Vous convoitez de noirs secrets et des savoirs interdits. Vous mettez
volontiers en œuvre votre connaissance du monde d’En Bas pour
conclure des pactes avec les mauvais esprits. Ainsi vous œuvrez dans
l’intérêt de vos objectifs et faites grandir votre pouvoir. Vous vous
inspirez de la chouette qui commande aux puissances des ténèbres
et du silence.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous vous servez de
vos compétences ou de vos Arts pour accroître votre influence
personnelle.
Tabou : ne faites jamais rien pour qui que ce soit sans exiger un prix
en échange.
Le Voleur de scalp
D’une manière ou d’une autre, on vous a fait du tort et vous cherchez
à exercer votre terrible vengeance sur tous ceux que vous estimez
responsables. Vous avez l’intention de le faire avec une telle férocité
qu’elle marquera à jamais celui qui vous a nui. Vous cherchez aussi à
Appendice I : les gallains 407
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
faire main basse sur un trophée tangible de votre victoire, un rappel
permanent de vos actions. Vous vous inspirez du lynx qui joue avec
ses victimes avant de les tuer.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous blessez quelqu’un
qui vous a fait du tort, ou quand vous rapportez la preuve physique
que vous avez atteint votre but.
Tabou : ne manquez jamais de vous vanter de vos victoires.
Les Apanages de la Mi-saison
Ces Apanages sont exclusifs aux Nations nunnehis. Une fée qui
change de Saison passe souvent quelque temps sur l’une de ces voies.
L’Escroc
Vous jouez le rôle du clown, du bouffon ou de l’idiot, mais toujours
à dessein. Vous taquinez et faites marcher les gens afin d’abattre les
barrières, de dissiper les illusions et de dégonfler l’ego des individus
qui ont une trop haute opinion d’eux-mêmes. Vous vous inspirez du
corbeau et du coyote, les farceurs du royaume de la nature.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous empêchez quelqu’un
de se prendre trop au sérieux ou quand vous tournez des circons-
tances solennelles en farce.
Tabou : ne manquez jamais de souligner le comique d’une situation,
quelle que soit sa gravité.
Le Gardien
Vous restez à l’écart de la société et ne parlez qu’à vos amis et vos
alliés les plus proches. Vous ne vous impliquez pas. Vous vous
contentez d’observer les mouvements, les rythmes du monde qui
vous entoure et de glaner ses secrets. Et l’on apprend énormément
lorsqu’on regarde en silence. Vous vous inspirez des forêts du monde,
toujours présentes et conscientes de ce qui se passe autour d’elles,
mais qu’on ne remarque jamais vraiment.
Vision : vous regagnez de la Volonté lorsque vous évitez le conflit ou
une éventuelle implication, ou quand vous apprenez quelque chose
d’important en observant discrètement.
Tabou : ne vous engagez jamais directement dans un affrontement.
Les historiques
Un personnage Nunnehi peut choisir n’importe quel historique
disponible pour les Kithains. Cependant, un Titre n’aurait aucun
sens, à moins qu’il n’ait été élevé parmi ses cousins européens. Dans
ce cas, le conteur peut décider d’interdire certains historiques aux
fées amérindiennes.
Cercle
Vous faites partie d’un groupe de mortels étroitement liés qui vous
tient en très haute estime. Ils peuvent ou non être au courant de
votre nature féerique, mais quoi qu’il en soit, vous représentez à
leurs yeux une autorité (chef, chamane, sainte personne ou sage).
Ils se posent en alliés et en protecteurs. En retour, vous leur offrez
vos avis, vos conseils et parfois même votre aide directe. Bien qu’ils
suivent généralement vos indications, ils ne se trouvent pas sous
votre contrôle total. Si vous les maltraitiez ou que vous abusiez de
leur confiance, ils pourraient tout à fait se retourner contre vous.
Les membres d’un Cercle sont des individus avec des personna-
lités, des forces et des faiblesses. Un érudit peut avoir le vertige et
un grand guerrier des problèmes d’agressivité. Le conteur peut, dès
408 Changelin : le Songe
le début, fournir une description complète de chacun d’entre eux,
ou attendre que le scénario requière plus de détails.
Deux membres.
Quatre membres.
Huit membres.
Seize membres.
Trente-deux membres.
Esprit compagnon
Vous partagez un lien particulier avec un esprit qui adopte la forme
d’un animal ou d’une petite créature reflétant généralement sa nature.
Il vous suivra dès que vous pénétrerez sur le plan spirituel (le monde
d’En Haut) et pourra même vous servir de guide ou d’éclaireur.
L’esprit compagnon est également capable de mettre en réserve le
surplus de vos points de Guérison et de Volonté.
Cet esprit très mineur n’est présent que dans le monde
d’En Haut et ne peut se manifester dans celui du Milieu
(le Royaume mortel). Bien qu’il puisse toujours sentir
votre présence, il est incapable de voir ce qui se déroule en
dehors de chez lui et il ne sait donc pas souvent ce qui se
passe ailleurs. Vous ne pouvez lui parler qu’en invoquant
un charme précis ou si vous vous trouvez tous les deux
sur le plan des esprits. Il peut conserver deux points sup-
plémentaires de Guérison ou de Volonté (choisissez l’un
d’entre eux) pour votre compte.
Votre compagnon est un esprit relativement mineur doté
de quelques pouvoirs. Comme pour la version à un point,
vous ne pouvez lui parler que s’il se trouve à portée de
vue sur le plan spirituel. Il peut conserver quatre points
supplémentaires de Guérison ou de Volonté (choisissez
l’un d’entre eux) pour votre compte.
Votre compagnon possède une certaine importance dans
le monde d’En Haut. Il n’existe que là-bas, mais le lien
que vous partagez est assez fort pour que vous puissiez lui
parler à voix haute lorsqu’il est près de vous. En revanche,
vous seul pouvez entendre ses murmures.
Votre compagnon est un esprit très important que les
chamanes humains connaissent même peut-être. Vous
pouvez lui parler par la pensée tant qu’il se trouve près de
vous et voir par ses yeux comme s’ils étaient les vôtres. Il
peut conserver six points supplémentaires de Guérison
ou de Volonté (n’importe quelle combinaison des deux)
pour votre compte. Il sait toujours où vous vous trouvez,
il peut passer vous voir n’importe quand, et il peut même
prendre une forme matérielle dans le Royaume du Milieu
pendant de courtes périodes.
Votre compagnon est un élément majeur du monde des
esprits, comme le héraut de l’Oiseau-tonnerre ou un
avatar mineur de la Jeune fille du maïs bleu. Vous pouvez
communiquer par la pensée, quelle que soit la distance qui
vous sépare, et vous savez toujours où chacun d’entre vous
se trouve. Vous partagez vos cinq sens, et même des Arts et
d’autres capacités spéciales. Il peut conserver huit points
supplémentaires de Guérison ou de Volonté (n’importe
quelle combinaison) pour votre compte. Il peut prendre
une forme physique dans le Royaume du Milieu si l’un
d’entre vous le souhaite, et rester jusqu’à ce que vous lui
demandiez de partir ou jusqu’à ce qu’il soit banni.
Totem
Cet historique représente votre lien avec l’esprit d’une plante, d’un
rocher ou d’une étendue d’eau. Comme il est nécessaire pour entrer
dans le monde des esprits, la plupart des Nunnehis le possèdent au
moins au premier niveau. Ceux qui n’ont aucun point en Totem
sont incapables de s’y rendre, à moins d’accompagner un Nunnehi
qui en est doté.
Les esprits totems confèrent également certains bonus sur les traits
et les avantages. Le nombre de points investis dans cet historique
reflète la puissance du Totem et l’importance des bonus accordés (cf.
les sections intitulées « Totems » et « Entrer dans le monde des esprits »
pour plus d’informations sur la manière d’utiliser cet historique).
Un petit Totem.
Un Totem de puissance mineure.
Un Totem relativement puissant.
Un Totem très puissant.
Un Totem extrêmement puissant.
Visions
Vous êtes capable d’entrer dans les Grands Terrains de chasse
par la psalmodie et la méditation. À travers ces visions, vous vous
connectez à vos incarnations passées et parfois à d’autres Nunnehis
ou Amérindiens.
Lorsque le personnage cherche à apprendre un élément du passé,
le joueur lance un nombre de dés égal à son historique Visions
(difficulté 6) ; le nombre de réussites obtenues détermine la clarté
et le bénéfice qu’il pourra tirer de sa vision.
La méthode d’utilisation des Visions diffère pour chaque
Nunnehi, mais elle implique toujours un rituel, quel qu’il soit, et
sa durée est au moins égale à une minute par niveau dans l’histo-
rique. Le conteur peut aussi décider que ce pouvoir se déclenche
automatiquement si cela sert le scénario. D’autres personnes peuvent
être autorisées à participer au rituel, et donc partager la vision qui
en résultera, mais la difficulté du jet augmente de +1 pour chaque
individu supplémentaire. Une vision peut parfois permettre au
Nunnehi de voir, ou même d’interagir, avec des gens d’autrefois, mais
cela ne peut jamais affecter le passé de quelque manière que ce soit.
Vos visions sont au mieux brumeuses et vous avez des
éclairs flous du passé qui peuvent même se révéler erronés.
Vos visions sont plus claires et généralement exactes, elles
durent parfois plusieurs secondes.
Vous pouvez glaner des connaissances et des histoires utiles
de vos visions, lesquelles se prolongent parfois pendant
une minute.
Vos visions peuvent durer plusieurs minutes et dévoiler
des informations importantes. Les événements passés dont
vous êtes témoin apparaissent d’une clarté remarquable.
Vos visions peuvent devenir de véritables quêtes au cours
desquelles vous serez capable de poser des questions aux
gens ou aux esprits du passé. L’expérience peut durer une
heure, parfois davantage.
Les totems
Les Nunnehis partagent des liens étroits avec le monde des esprits
et beaucoup d’entre eux possèdent un esprit totem. Le conteur est
tout à fait libre de créer ses totems, tout comme il est libre d’autoriser
ses joueurs à faire de même. Les Nunnehis peuvent aussi choisir
dans la liste des totems propres aux Menehunes fournie plus loin
dans ce chapitre.
Bouleau
Coût en points d’historique : 2
On peut croiser Bouleau sous des climats froids, elle pousse en
abondance dans le nord et le nord-ouest de l’Amérique et du Canada.
Son écorce blanche recouvre l’ossature des canoës et fournit une
huile aux importantes vertus médicinales. Bouleau est grande et
majestueuse, fière de sa beauté et de sa grâce.
Traits : Bouleau offre à ses enfants nunnehis un point de plus en
Charisme et un autre en Guérison.
Tabou : Bouleau demande à ses enfants de protéger ses forêts de la
surexploitation.
Cornouiller
Coût en points d’historique : 3
Cornouiller fleurit presque tout le long de la côte est de l’Amérique
du Nord, depuis l’Ontario jusqu’au golfe du Mexique. Elle possède
un bois dur apprécié dans la fabrication de toutes sortes d’outils,
et son écorce renferme de nombreuses propriétés médicinales. Au
printemps, sa première floraison indique aux fermiers qu’il est temps
de commencer les semailles. Gaie et serviable, elle peut toutefois se
montrer vaniteuse puisqu’elle sait que ses fleurs roses et blanches
en font l’un des arbres les plus charmants.
Traits : Cornouiller accorde à ses enfants un point de plus en Charisme
et deux points en Guérison.
Tabou : ses enfants ne doivent jamais se défigurer (elle interdit tous
les tatouages et les perçages).
Eau vive
Coût en points d’historique : 1
Qu’on l’entende dans un ruisseau babillant ou un fleuve agité, le rire
d’Eau vive traverse les forêts et annonce de loin sa présence. D’une
nature changeante, tour à tour joueuse et menaçante, elle incarne le
symbole du défi personnel et l’esprit libre de la nature indomptée.
Traits : Eau vive bénit ses enfants d’un point de plus en Athlétisme et
en Survie, ainsi qu’un point de Dextérité supplémentaire lorsqu’ils
se trouvent dans ou sur des eaux qui coulent avec rapidité.
Tabou : elle leur demande de ne jamais polluer les eaux.
Épilobe
Coût en points d’historique : 2
Remarquable pour ses floraisons bleues saisissantes, Épilobe prospère
sur des terres habituellement inhospitalières, comme celles qui ont
été ravagées par des incendies ou bouleversées par des excavations.
Elle s’installe aussi dans le sol fertile des Rocheuses et dans les hau-
teurs des Appalaches. Elle symbolise le pouvoir que la vie végétale
possède pour se renouveler, et restaurer la luxuriance et la beauté
des lieux détruits par les humains ou la nature. Tenace et robuste,
elle respecte ces mêmes qualités chez les autres. Les tribus amérin-
diennes comptent sur Épilobe pour se nourrir, car elles mangent
ses pousses, accommodent ses tiges en soupes et font des infusions
avec ses feuilles. Ses racines et ses feuilles possèdent également une
grande valeur médicinale.
Traits : Épilobe accorde à ses enfants un point de plus en Vigueur
et en Guérison.
Tabou : elle demande à ses enfants de respecter les lieux naturels
et de contribuer à leur régénération dès qu’ils en ont l’occasion.
Appendice I : les gallains 409
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Granit
Coût en points d’historique : 3
Granit forme la majeure partie de l’épine dorsale du continent amé-
ricain. On peut le croiser loin sous les Appalaches, ou encore dans
les arêtes rocheuses exposées aux éléments dans d’autres régions.
Il semble dur et inébranlable, mais il incarne aussi la stabilité et le
stoïcisme.
Traits : Granit offre à ses enfants un point de plus en Force et deux
points supplémentaires en Intimidation.
Tabou : il exige d’eux qu’ils ne concèdent jamais la victoire au cours
d’une épreuve de force ou d’endurance.
Grès
Coût en points d’historique : 2
On peut trouver Grès près des sources d’eau douce et salée, ainsi
que dans les régions arides comme les déserts. Les Navajos broient
ses pierres colorées pour en faire un sable fin et l’utilisent dans les
magnifiques et complexes peintures qu’ils réalisent pour nombre de
leurs cérémonies. On dit que les morceaux de cette pierre arborant
des trous creusés naturellement par l’eau sont sacrés. Grès est forte
et souple à la fois, elle participe volontiers aux affaires courantes et
spirituelles de ceux qui la respectent.
Traits : ses enfants reçoivent un point supplémentaire en Manipulation
et en Occultisme.
Tabou : Grès demande à ses enfants d’étudier les anciens rituels de
leurs tribus mortelles.
Maïs
Coût en points d’historique : 3
Maïs est une culture essentielle à de nombreuses tribus amérindiennes
et une proche alliée de Jeune fille du maïs bleu, l’un des esprits les
plus importants du monde d’En Haut. Parmi les totems, elle fait
figure d’exception, car on ne peut pratiquement la trouver que sous
sa forme cultivée. Cependant, les esprits de Maïs ne sont en général
présents que dans les champs entretenus par les tribus. En plus de
son rôle d’aliment de base, on saupoudre souvent du maïs broyé sur
les possessions sacrées d’une famille pour nourrir les esprits. Maïs
est majestueuse et soucieuse des cérémonies, pourtant elle éprouve
un profond désir de pourvoir aux besoins de ceux qui l’honorent
et de les protéger.
Traits : les Nunnehis qui choisissent Maïs comme totem gagnent un
point en Astuce, en Artisanats et en Empathie.
Tabou : un enfant de Maïs doit pendre un épi de maïs quelque part
là où il habite, et garder en permanence quelques grains de cette
céréale sur lui.
Peuplier
Coût en points d’historique : 5
Peuplier pousse dans la prairie américaine et atteint une hauteur
comprise entre 25 et 30 mètres. Elle croît extrêmement vite et fournit
une ombre accueillante sous le soleil écrasant dans la plaine. Jadis,
Peuplier apprit aux Sioux comment construire leurs tipis. Plus tard,
les colons européens utilisèrent son bois pour bâtir leurs maisons.
Plus important encore, elle constitue le mât qu’on dresse au centre
du village pour la rigoureuse Danse du soleil, l’une des cérémonies
fondamentales de plusieurs tribus amérindiennes, dont les Sioux
et les Crows. Peuplier figure parmi les arbres les plus liés aux esprits
et se considère comme la protectrice de la terre.
410 Changelin : le Songe
Traits : Peuplier offre à ses enfants deux points en Gremayre et deux
points en Artisanats (sculpture sur bois). De plus, les Nunnehis qui
parviennent à terminer l’épuisante Danse du soleil bénéficient d’un
point de plus en Vigueur pendant un an. Ils peuvent accomplir cette
cérémonie l’année suivante pour profiter à nouveau de ce bonus.
Tabou : Peuplier demande à ses enfants de se montrer économes
dans leur usage du bois, et de remplacer autant que faire se peut
les arbres qu’ils coupent par de jeunes plants. Elle exige aussi
qu’ils ne manquent jamais d’honorer les esprits lorsqu’ils récoltent
n’importe quelle plante.
Saguaro
Coût en points d’historique : 2
Saguaro prospère dans l’aridité des déserts du sud-ouest, il domine
autant les autres formes de vie végétale que le paysage. Ses membres
hérissés d’épines se dressent haut dans le ciel et forment un lien
entre celui-ci et la terre. Les Tohono O’odham d’Arizona utilisent
son fruit rouge vif, de la taille d’une prune, pour confectionner une
liqueur sirupeuse qu’ils consomment au cours de leurs cérémonies
dédiées aux chants et aux danses de la pluie. Saguaro est fier et
résistant, il constitue la preuve que même le désert stérile est capable
d’abriter la vie.
Traits : les Nunnehis qui s’allient à Saguaro bénéficient d’un point
de plus en Vigueur et en Survie.
Tabou : Saguaro demande à ses enfants de conserver l’eau et de
s’opposer à tous ceux qui polluent ou gâchent les sources d’eau.
Sapin
Coût en points d’historique : 2
Sapin porte de nombreux noms, parmi lesquels épicéa, sapin de
Fraser et sapin baumier. Quelle que soit sa forme, c’est une survi-
vante. Sapin peut supporter les climats froids et le sol rocheux si peu
accueillant pour les autres essences d’arbres. Conifère, elle bénéficie
d’un feuillage persistant et les cônes qu’elle produit ne donnent pas
seulement naissance à de nouveaux sapins, ils nourrissent également
beaucoup de créatures de la forêt.
Traits : Sapin octroie un point en Vigueur et en Survie à ses enfants.
Tabou : elle exige que jamais ils ne coupent de sapin et qu’ils n’utilisent
que du bois mort.
Tabac
Coût en points d’historique : 4
Presque toutes les tribus natives d’Amérique considèrent Tabac
comme l’une de leurs plantes les plus sacrées. Narcotique léger, il
tisse des liens entre les mondes d’En Haut et du Milieu. Les colons
blancs qui ont « découvert » et commercialisé Tabac comme drogue
douce et addictive ont ignoré ses qualités spirituelles, ils ont poussé
ses consommateurs à abuser de ses autres caractéristiques, poten-
tiellement nocives. Comme Maïs, les esprits de Tabac évitent les
grandes fermes de production, mais visitent par contre les régions
où l’on en cultive soigneusement de petites quantités pour un usage
cérémoniel. Tabac s’offre librement comme intermédiaire vers le
royaume des esprits.
Traits : Tabac offre à ses enfants un point de plus en Perception et
en Gremayre.
Tabou : il leur demande de respecter l’objectif originel de son usage et
de limiter sa consommation à des occasions cérémonielles.
Les Menehunes
Voici les fées des îles Hawaï et par bien des côtés, elles sont plus
proches des Nunnehis que des Kithains. Comme eux, elles se
retrouvent séparées du Songe à un degré plus important que pour
les changelins occidentaux, elles possèdent des esprits totems et
peuvent voyager jusqu’au monde des esprits. Incapables de récolter
le Glamour des rêves mortels, elles doivent s’en remettre celui dis-
ponible dans la nature.
Histoire
Les Menehunes sont présents sur l’archipel d’Hawaï depuis que les
humains s’y sont installés, entre le VIe et le VIIIe siècle de notre ère.
On pense que les premiers colons étaient des Polynésiens venus des
îles Marquises et que les Tahitiens les ont ensuite conquis autour
de l’An Mil.
Leurs légendes racontent que des créatures vivaient déjà sur les
îles avant l’arrivée des Polynésiens et des Menehunes qui les accom-
pagnaient. Les histoires relatives à ces esprits sont rares dans l’histoire
préhumaine de l’archipel et on ne les évoque pas dans les mythes
hawaïens. Les Menehunes croient qu’ils avaient déjà presque disparu
lorsque les mortels ont atteint ces côtes. Quoi qu’il en soit, s’ils ont
laissé des indices et des traces de leur existence, ils ont aujourd’hui
complètement disparu. Qui étaient ces êtres ? La légende parle de l’île
de Mu qui, comme l’Atlantide, aurait sombré sous les flots bien avant
qu’on ne commence à constituer des archives historiques. Étaient-
ils les descendants des rescapés de Mu ou bien ceux d’une autre
civilisation perdue ? Si les Menehunes connaissent la vérité, ils n’en
disent mot. Autour du feu, on raconte que la majeure partie de leur
culture, et peut-être même leur nom, viendrait de ces esprits depuis
longtemps disparus. Les Menehunes actuels prétendent qu’ils sont
Hawaïens et pourtant, ils remercient et acceptent le caractère sacré
de leurs prédécesseurs, à savoir un Songe plus ancien et plus primal.
Peu après l’arrivée des Tahitiens, un kahuna appelé Pa’ao instaura
la tradition du kapu, l’ensemble des rituels et les tabous qui allaient
imprégner la culture hawaïenne pendant les siècles suivants. Le
nouveau système des castes, divisant la société en rôles hiérarchiques
stricts, en faisait partie : le ali’i (le chef), le kahuna (le prêtre), le
maka’ainana (le roturier) et le kauwa (le paria). On ignore si les
Menehunes ont adopté cette répartition des mortels ou si Pa’ao la
leur a révélée. Quoi qu’il en soit, ils s’y accrochent encore aujourd’hui.
Transgresser un kapu était par tradition punissable de mort,
mais on offrait une chance au coupable. Il pouvait fuir jusqu’à un
pu’uhonua, un lieu de refuge sacré, avant que ses poursuivants lui
mettent la main dessus. Une fois là-bas, il se plaçait sous la pro-
tection des kahunas et ceux-ci tuaient quiconque pénétrait sur le
pu’uhonua, car les intrus brisaient à leur tour un tabou. Au bout de
quelques jours, on permettait au responsable de quitter les lieux et
on le traitait comme si rien ne s’était passé. À l’heure actuelle, étant
donné l’effondrement des effectifs menehunes, les kahunas imposent
rarement la mort en guise de châtiment si l’on enfreint un tabou.
Cependant, lorsque cette condamnation s’applique quand même,
il est toujours possible de fuir jusqu’à un pu’uhonua.
Une nouvelle dynastie royale arriva au pouvoir avec Pa’ao et son
premier souverain se nommait Pili. Cette lignée se poursuivit jusqu’à
Kamehameha qui allait unir tout l’archipel sous sa seule autorité.
En effet, les îles avaient auparavant chacune leur roi et se faisaient
parfois mutuellement la guerre.
La vie à Hawaï était plus ou moins paradisiaque. Les Menehunes
échangeaient souvent avec les humains et partageaient l’abondance de
la nature. Ils les faisaient bénéficier de leurs dons magiques, assuraient
de bonnes récoltes et soignaient de temps en temps les malades ou
les blessés. En retour, les mortels leur offraient de la nourriture ou
des objets artisanaux. Les jeux occupaient une place importante
dans la culture hawaïenne, et le surf, les cerfs-volants et la danse
constituaient des passe-temps courants. Les humains organisaient
souvent des danses hula afin de célébrer leurs légendes sacrées, et on
tenait des lu’aus (banquets) pour fêter toutes sortes d’événements.
La gentillesse et l’hospitalité étaient essentielles dans la vie, car elles
faisaient par du aloha, un esprit d’amour profondément ancré dans
la culture hawaïenne.
L’Éclatement
Cet événement n’a pas affecté les Menehunes de la même manière
que leurs cousins d’Europe. L’archipel d’Hawaï ne connaissait ni la
peste noire ni l’Inquisition, pas plus que les guerres et les conflits
qui avaient ravagé ce continent au XIVe siècle. La Banalité l’épargna
donc alors qu’elle frappait pratiquement tout le reste du monde. Les
portails et les Sentiers restèrent ouverts plus longtemps et même
lorsqu’ils commencèrent à se refermer, les Menehunes ne le remar-
quèrent pas. La vie sur les îles incarnait tout ce qu’ils désiraient et
ils s’étaient éloignés depuis déjà bien longtemps de la politique de
l’Arcadie. Même lorsque les Selkies arrivèrent et leur apprirent que
les portes du Songe étaient closes, beaucoup ne les crurent pas.
Qui pouvait bien vouloir rentrer en Arcadie alors que les rêves ici
débordaient de vie et d’amour ? Puis le capitaine Cook débarqua
et tout changea lorsqu’on échangea le premier clou de fer avec un
mortel îlien sur Kaua’i.
L’arrivée de Cook
Il découvrit les îles Hawaï un peu par accident alors qu’il cherchait
un passage entre les océans Atlantique et Pacifique. Il aborda l’île
de Kaua’i et y trouva des gens très serviables et amicaux. Après avoir
fait un peu de troc pour obtenir des vivres, il repartit dans sa quête
du passage du nord-ouest. La plupart des objets qu’il échangea,
couteaux, clous et outils, étaient en fer. Les Menehunes sentirent
le changement apporté dans leur paradis à mesure que le désir des
Hawaïens pour ce merveilleux métal grandissait.
Un an plus tard, Cook et son équipage revinrent sans être parvenus
à trouver ce fameux passage. Il arriva cette fois-ci sur l’île principale
de l’archipel, Hawaï, où il fut accueilli comme un dieu. Sa deuxième
visite, et la tragédie qui en résulta, constitue le fond d’un féroce débat
qui, encore aujourd’hui, agite les cercles anthropologiques. Peut-être
était-ce une coïncidence, mais le capitaine réapparut sur l’île principale
de l’archipel, dans la baie de Kealakekua, au moment du Makahiki,
le festival des récoltes consacré à Lono. Selon une légende locale,
le grand dieu avait quitté l’île très longtemps auparavant, et juré de
revenir un jour. Quand ils aperçurent le magnifique navire de Cook
au large, les Hawaïens furent persuadés que leur dieu était revenu
juste à temps pour son festival. Les Menehunes, méfiants, tentèrent
d’avertir les humains, mais ceux-ci étaient trop enthousiasmés par
cet événement tant attendu qui se réalisait enfin.
Après des mois dans l’Arctique, l’équipage de Cook était plus
que disposé à profiter du paradis des îliens. Malgré les ordres de leur
Appendice I : les gallains 411
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Le kapu
De la même manière que les fées occidentales se raccrochent
à un passé médiéval européen, les Menehunes considèrent
le système du kapu sacré, car il possède à leurs yeux une
profonde signification magique. Briser un tabou apporte le
malheur non seulement sur celui qui l’enfreint, mais aussi
sur tout le monde.
Les kahunas appliquent certains interdits, tandis que
les dieux se chargent de certains autres. Même si celui qui
brise un tabou ne subit pas de sanction immédiate, elle
tombera quoiqu’il advienne et affecte souvent aussi bien
le coupable que son entourage. Enfreindre une loi de Pele
provoquera sa colère et si elle ne frappe pas sur-le-champ,
elle finira de toute façon par le faire.
Le kahuna sait toujours lorsqu’un Menehune, un
humain ou une autre fée a brisé un tabou. L’esprit lui
murmure quel châtiment appliquer et une fois qu’il a
parlé, ses paroles ont force de loi.
Système : le conteur décide seul de la punition décré-
tée par les esprits sur le coupable. Le kahuna peut tenter
de l’alléger, ou bien de l’aggraver s’il estime qu’elle n’est
pas assez lourde. Pour ce faire, il doit dépenser entre un
et trois points de Glamour (au choix du conteur, selon le
changement qu’il souhaite effectuer) et faire un jet d’Acuité
(difficulté 7). Il devra obtenir un nombre de réussites égal
au nombre de points de Glamour qu’il lui fallait dépenser.
capitaine, ils partagèrent la couche de nombreuses femmes et leur
transmirent des maladies vénériennes. Ils reçurent de l’amour et de
la joie, et malgré eux offrirent en retour la mort et la maladie. Au
milieu du XIXe siècle, il restait à peine 1/6e de la population indigène.
Son navire avitaillé et le moral de son équipage à nouveau au beau
fixe, Cook reprit la mer pour rentrer. Hélas, le grand mât se brisa
et le contraignit à retourner sur Hawaï. Les îliens ne se montrèrent
guère enchantés de voir revenir un Lono en disgrâce vaincu par la
mer. Ils lui avaient donné tant de nourriture et de ressources que
son prompt retour, et ses nouvelles exigences de largesses, ne leur
semblèrent pas justes. Les Menehunes observèrent les événements
de loin et se mirent à craindre le pire.
Les Hawaïens convoitaient le fer que les marins avaient amené
avec eux, ils en voulaient encore plus. Irrités du retour de leur dieu,
ils se sentirent fondés à en dérober dès qu’ils en eurent l’occasion,
ce qui déclencha un affrontement entre eux et les Européens. L’un
d’entre eux frappa Cook et le fit tomber. Tandis qu’il gémissait sur
le sable, ils se rendirent compte que l’homme qu’ils avaient pris pour
un dieu n’en était pas un. Plusieurs d’entre eux se jetèrent sur lui et
le tuèrent à coups de gourdin.
La réponse de l’équipage fut rapide et brutale. Les marins rasèrent
des villages et abattirent de nombreux îliens. Les chefs acceptèrent
finalement de rendre la dépouille du capitaine. Ses ossements avaient
été répartis parmi les chefs, comme c’était la coutume pour tous
les puissants personnages, car on pensait que les os renfermaient
beaucoup de mana. Une fois le corps récupéré, l’équipage sous le
choc rembarqua et le bateau repartit.
412 Changelin : le Songe
Après leur découverte, le visage de l’archipel changea à jamais. Le
fer était arrivé sur le paradis des Menehunes, et avec lui l’incrédulité
face aux dieux. Voir Cook à terre, alors qu’on le pensait le grand
Lono, se répercuta parmi les Hawaïens et les Menehunes sentirent
les premiers frissons de la Banalité.
Le roi Kamehameha
Jeune guerrier à l’époque de l’arrivée de Cook, Kamehameha rêvait
d’unifier tout l’archipel en un seul royaume. Son ambition lui fut bien
utile et il se hissa rapidement au pouvoir. Devenu chef, il lança une
campagne militaire sur les autres îles et, à l’aide des canons apportés
par les Occidentaux et obtenus par le biais du capitaine, il vainquit
le dernier de ses adversaires au cours de la bataille d’O’ahu en 1795.
Cet exploit lui valut le nom de « Kamehameha le Grand » et en
effet, il accomplit de grandes choses. Monarque avisé, il vénérait les
dieux, respectait leurs cérémonies et s’assurait que les autres fassent
de même. Son règne fut pacifique et sur son île, les gens jouissaient
de sa protection sur toutes ses routes. Sa révérence envers les dieux
s’étendait aux Menehunes qui se rendirent souvent à sa cour. Bien
qu’ils s’étaient montrés très inquiets au cours des guerres et que
le fer avait infligé une mort atroce à beaucoup d’entre eux, ils lui
pardonnèrent ses fautes et firent de leur mieux pour le conseiller.
Kamehameha forma son fils à prendre sa succession, mais Liholiho
n’était pas fait du même bois que son père. Ses échecs et sa faiblesse
entraînèrent la destruction des fondements de sa société, les kapu,
et faillirent conduire à l’éradication des Menehunes.
Briser un tabou
Liholiho était un faible qui ne partageait pas les convictions de son
père ni sa foi dans les dieux. Il refusait aussi d’écouter les conseils
des Menehunes. L’un des plus anciens tabous du kapu stipulait que
femmes et hommes ne pouvaient manger ensemble. Agacée par ce
système, l’épouse favorite de Kamehameha, Ka’ahumanu, se ligua
avec une autre de ses épouses afin de lui prouver qu’aucun désastre
n’allait survenir si l’on enfreignait ce tabou. Elles invitèrent Liholiho
à partager un repas et il accepta.
Il ne se passa rien. Les dieux n’exercèrent aucune vengeance
et lorsque les gens le constatèrent, quelque chose se brisa en eux.
D’abord, leur grand dieu Lono s’était révélé faux et à présent, les
tabous n’avaient aucun pouvoir. L’île sombra dans un chaos furieux
à mesure que l’on abattait et qu’on détruisait les idoles sacrées. Les
mortels massacrèrent nombre de Menehunes, qu’ils considéraient
comme des alliés des dieux. La vie n’avait plus aucun sens et les
croyances d’autrefois étaient mortes.
Missionnaires et baleiniers
Pour les baleiniers de Nouvelle-Angleterre, Hawaï représentait l’escale
sublime et reposante sur la route vers leurs lieux de chasse dans le
Pacifique. Leurs compatriotes missionnaires protestants considéraient
leurs bateaux comme de parfaits moyens de transport pour apporter
la bonne parole aux Hawaïens. Ils cherchaient à leur inculquer les
valeurs d’abstinence et de stoïcisme fondamentales de leur pensée,
tandis que les baleiniers ne voulaient que prendre du bon temps.
Les Menehunes tentèrent de chasser ces prosélytes des îles, mais
ceux-ci arrivèrent avec des présents qui leur attirèrent vite les faveurs
des îliens. Une petite guerre pour gagner les cœurs et les esprits des
gens d’Hawaï s’ensuivit, entre les missionnaires qui souhaitaient les
convertir au christianisme et les chasseurs qui désiraient boire toute
la nuit avec les femmes de l’archipel.
 Les prêtres finirent par gagner. En 1823, la reine Keopuolani
se fit baptiser sur son lit de mort et nombre de ses compatriotes lui
emboîtèrent le pas. On raconte que pour chaque Hawaïen qui se
faisait baptiser, un Menehune mourait, disparaissant à jamais des
îles. Ce qui est sûr, c’est que leurs effectifs s’effondrèrent au cours
de cette période.
L’appel des esprits
Quand un Hawaïen tournait le dos aux dieux et aux Menehunes,
lorsqu’une idole sacrée était détruite, une fée mourait, incapable de
survivre à la froide vague de l’incrédulité. Dès qu’ils dévoilaient leur
véritable nature aux pêcheurs et aux artisans de l’archipel, leurs amis,
ils avaient autant de chance de rencontrer la peur, voire la haine et
l’hostilité, que l’amour. Les missionnaires convainquirent bien des
gens que ces changelins étaient des démons œuvrant dans l’ombre
pour dérober leurs âmes.
Tandis que, l’un après l’autre, les Menehunes s’étiolaient et
périssaient, les chefs appelèrent les survivants à se retirer dans des
lieux plus secrets et moins peuplés. Ils se rendirent compte, trop
tard, que les Selkies leur avaient dit la vérité. Tous les portails et les
Sentiers vers l’Arcadie s’étaient refermés, ils se retrouvaient seuls et
perdus dans le monde de l’Automne, condamnés à bientôt disparaître
pour toujours. Leurs ultimes représentants, réfugiés à Moe’uhane,
le village des rêves, passaient leur temps à chanter d’antiques com-
plaintes, à sculpter des idoles et à tenter de repousser de leur mieux
leur inéluctable destin.
Les Menehumes appelèrent les anciens esprits de l’île à la res-
cousse. Leur magie ne traitait pas directement avec ces vestiges des
vieux songes, mais ils pouvaient toujours discuter de temps en temps
avec eux. Désespérés, ils les invoquèrent afin qu’ils se protègent
mutuellement, et les esprits répondirent, bien conscients que beau-
coup d’entre eux s’endormaient à mesure que la muraille entre leur
monde et celui des mortels s’épaississait, renforcée par l’arrivée des
Européens. Ils apprirent la voie du Pacte à leurs serviteurs, grâce à
laquelle une entité pouvait unir son âme à un esprit et en faire son
totem. Ces totems offrirent leur lien au monde spirituel tandis que
les Menehunes juraient de respecter leurs lois. Le Pacte les protégea
en partie de la Banalité et leur fit gagner un temps précieux, mais
il ne suffisait pas. S’ils étaient parvenus à ralentir le processus, leur
déclin se poursuivait et ils disparaissaient peu à peu.
Un improbable sauveur
Le salut arriva d’une manière très inattendue. Parmi les baleiniers
en visite dans les îles se trouvait un matelot, et Nocker, du nom de
Jack Doggins. Il adorait la mer et avait trouvé dans les équipages
superstitieux une excellente source de Glamour, en particulier les
nuits de pleine lune quand les bouches ivres de rhum déversaient
moult chansons de marins. L’excitation qu’ils ressentaient pendant
une chasse à la baleine était extatique.
Jack tomba sur un Menehune solitaire pendant une promenade
nocturne le long des plages de Kaua’i, alors qu’il admirait la luxu-
riance et la beauté du paysage après des mois passés en mer. Il fut
choqué et stupéfait de se retrouver en présence d’une véritable fée, des
créatures qu’il pensait depuis longtemps disparues. Comment avait-
elle pu survivre ? Il le bombarda d’une bonne douzaine de questions
avant que l’inconnu ne se rende compte qu’il se trouvait en présence
d’un membre de son espèce. L’autre s’émerveilla de la manière dont
son congénère avait pu survivre au contact des humains si Banals
au cours de ses longs périples en bateau. Ils marchèrent ensemble
Les dieux
Les anciens Hawaïens vénéraient bien des dieux et des
déesses, mais seule une poignée d’entre eux demeure honorée
par les Menehunes et quelques irréductibles traditionalistes.
La nature exacte de ces divinités reste inconnue, mais elles
continuent pourtant d’exercer une grande influence sur la
culture et les croyances des changelins de l’archipel. Peut-
être représentent-ils ce qu’il est advenu de ses mystérieux
premiers habitants, ou bien une autre espèce de fée, plus
puissante, ou même des êtres chimériques. Quels que soient
leur véritable nature ou leurs buts, il vaut mieux se montrer
prudent en présence de ces entités omnipotentes.
Pele : la déesse des volcans est célèbre pour sa passion, sa
jalousie et son caractère capricieux. Elle voyage à travers
le monde sous de nombreux déguisements, et le plus
connu d’entre eux celui d’une vieille femme errant
le long de la route ou crapahutant sur des champs
de lave froide. Il vaut mieux se montrer aimable avec
elle, sous peine de tenter d’échapper à un flot de lave
ou à un nuage de gaz sulfureux.
Kamapua’a : le dieu cochon des îles incarne le pouvoir
masculin débridé en proie à des émotions ingouver-
nables, dans tout ce qu’il a de destructeur. Kamapua’a
est bien connu pour provoquer d’immenses dégâts
dans les champs et les forêts qu’il décide de ravager.
Les cochons sont vitaux pour les Menehunes, comme
ils l’étaient déjà pour les premiers Hawaïens, non
seulement comme source de nourriture, mais aussi
pour leur rôle cérémoniel. Un porc rôti est au centre
de tout festin sacré et la chasse au cochon constitue
une activité tout aussi sacrée qui permet de régénérer
le Mana (Glamour).
sur la plage pendant des heures, partagèrent des histoires et alors
que l’aube pointait à l’est, Jack accepta l’invitation de rencontrer
les chefs du village des Menehunes.
Le Nocker passa bien des mois parmi eux et leur apprit tout
ce qu’il savait des Kithains, s’échappant de temps en temps pour
passer la nuit dans l’une des villes humaines de la côté et ainsi
récolter un peu de Glamour. Les Menehunes lui parlèrent de leur
situation désespérée et il reconnut sur-le-champ la flétrissure de la
Banalité, ainsi que les effets qu’elle produisait sur eux. En échange
de leur hospitalité, Jack leur enseigna la Voie du changelin, le rituel
qui permettait de prendre forme humaine et de renaître au fil des
générations dans des corps mortels pour se préserver de la Banalité.
Nul ne sait comment il le leur apprit, mais toujours est-il que les
Menehunes le vénèrent encore aujourd’hui pour ce présent et qu’ils
lui ont dressé et dédié un temple, ou heiau. On murmure que sa
consécration fut précédée d’un sacrifice humain et qu’il est lié au
rituel unissant les Menehunes à leur forme humaine. On ne revit
plus jamais Jack Doggins et certains pensent que ses os reposent sous
les fondations du heiau qu’on a bâti pour l’honorer.
Appendice I : les gallains 413
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Menehunes aujourd’hui
Bien que leurs effectifs se soient effondrés, les Menehunes continuent
de vivre, et prospèrent même sur l’archipel. Si beaucoup d’entre eux
ont choisi de vivre dans le village secret de Moe’uhane, quelques-uns
demeurent parmi les mortels et les Kithains qui peuplent les îles.
Certains ont même quitté Hawaï et sont partis explorer le vaste
monde. Il est très rare qu’un Menehune vienne au monde dans une
famille humaine qui n’y habite pas, mais lorsque cela se produit,
il naît presque toujours d’un couple ayant des ancêtres hawaïens.
Ils pêchent toujours dans les océans et leurs étangs sacrés, tout
comme ils chassent encore dans la forêt. De nos jours, ils endossent
souvent des rôles de pêcheurs et de chasseurs puisqu’ils sont à pré-
sent des changelins. Les Ali’i font partie du gouvernement hawaïen
et œuvrent au rétablissement des coutumes et des traditions dès
qu’ils en ont l’occasion. Les Hanas travaillent dans les champs, font
tourner les moulins à sucre et fabriquent même des objets d’artisanat
qu’ils vendent à des touristes humains. Les Kahunas s’associent à
des agences mortelles afin de restaurer des sites et des heiau anciens
à l’abandon depuis des générations. Les Kokuas endossent souvent
l’uniforme des gardes forestiers, participent à des projets visant à
protéger la nature et tiennent les curieux éloignés des lieux les plus
sacrés. D’autres, parmi les plus aventureux, rejoignent même les rangs
de l’armée pour voir le monde. Certains anciens craignent que ce
mélange avec la société humaine ne conduise un jour à la mort de
leur culture et de leur mode de vie, tandis que d’autres y voient leur
seule chance de survie et la meilleure façon de préserver leur héritage.
Moe’uhane, le village du Songe
C’est là, au pied du mont Wai’ale’, que vivent la majeure partie des
Menehunes qui peuplent les îles Hawaï, au-delà des marais de Alka’i
qui agissent comme une barrière naturelle contre les intrusions acci-
dentelles. Plusieurs des gardes forestiers du lieu sont des Enchantés
qui protègent le village et empêchent qu’on ne le découvre.
Moe’uhane est bâti au bord d’un magnifique lagon alimenté par
une grande cascade. Alentour, les Menehunes cultivent le taro, un
tubercule violet en forme de pomme de terre et qui, une fois cuit et
transformé en bouillie nutritive appelée poi, constitue leur nourriture
de base. Le village lui-même, construit dans un style traditionnel,
regroupe des huttes de paille et un heiau sur lequel veillent des
idoles de bois sculpté chargées de le protéger des mauvais esprits.
Les fées ramassent des fleurs dans les parcs voisins et s’en servent
pour décorer leurs maisons et faire des colliers, les leis, qu’ils portent
lors des lu’aus et d’autres cérémonies religieuses.
Un humain est parfois conduit jusqu’au village afin de participer
à l’une de leurs célébrations. En général musicien ou artisan, il est
toujours d’origine hawaïenne, connaît parfaitement les coutumes et
parle couramment la langue de l’archipel. Enchanté pour l’occasion,
il se réveillera le lendemain matin sur une plage et ne conservera
que des souvenirs brumeux de sa nuit à Moe’uhane. Pourtant,
cette expérience garde les histoires des Menehunes vivaces parmi
les îliens natifs.
Création de personnage
Ce processus est identique à la création d’un personnage Kithain,
mais il inclut quelques changements dont il faut avertir les joueurs
et les conteurs. Comme pour les Nunnehis, les Menehunes entrent
en jeu avec un point de Mana supplémentaire et ils choisissent leurs
414 Changelin : le Songe
historiques dans une autre liste. De plus, ils remplacent leurs Apanages
par un Campement et leur kith par une vocation.
Campement
Le Campement d’un Menehune remplace la dynamique Seelie/
Unseelie de la société changelin traditionnelle. Les fées choisissent
entre le Festin et la Guerre. Le premier représente la nature agraire
pacifique du dieu Lono et d’autres divinités de la fertilité et de la
terre. Le deuxième arbore un aspect bien plus violent associé à Ku,
le dieu de toutes les facettes de la guerre.
Comme avec les Cours, les Menehunes peuvent passer d’un
Campement à l’autre et le font souvent. En revanche, contraire-
ment aux Nunnehis, ils n’ont pas besoin d’opérer une transition
avant de changer d’affiliation. Cependant, la plupart restent dans
le Campement du Festin au cours des mois du Makahiki.
Les Apanages
Comme tous les autres changelins, les Menehunes possèdent deux
Apanages, l’un reflétant sa part de Festin et l’autre sa part de Guerre.
Utilisez ceux décrits dans la section consacrée aux Nunnehis ; l’Été
correspondra au Festin et l’Hiver à la Guerre.
Vocation
Dans un certain sens, les Menehunes appartiennent tous au même
kith et ils se ressemblent pour la plupart. Les vêtements et les parures
qu’ils portent constituent donc la manière la plus aisée de les diffé-
rencier. Ils obéissent à une répartition sociale très stricte en fonction
de leur naissance. Un Menehune ne peut pas choisir sa vocation, car
on considère que les dieux la lui ont attribuée et qu’il est impossible
d’en changer. La majorité l’accepte simplement et en conséquence,
ils ne sont pas victimes de l’agitation sociale qui a généré le schisme
entre nobles et roturiers parmi les fées occidentales.
Ali’i et Kahunas forment la caste des nobles, tandis que les Hanas
et les Kokuas font partie des roturiers.
Les Ali’i
Ils partagent nombre de points communs avec les Sidhes, mais
contrairement à ces derniers, ils ne laissent pas leur autorité naturelle
leur monter à la tête. Les Ali’i sont tous les descendants de l’une des
lignées royales menehunes.
Jadis, chaque village dépendait d’un chef tandis qu’aujourd’hui,
il ne reste plus qu’un seul chef. Tous les Ali’i se placent donc en
dessous de lui dans la hiérarchie. Depuis quelques années, les
naissances d’individus répondant à cette vocation se font de plus
en plus rares. Cette baisse ne s’explique pas puisqu’ils sont devenus
des changelins de la même manière que les gens du commun. Ils se
tiennent généralement à l’écart des roturiers, mais cette ségrégation
résulte plus du souci de maintenir leur pureté magique que d’un
sentiment de supériorité ou de dédain.
Les Ali’i portent en eux le Mana des Menehunes. Ils occupent
la place des Brasiers dans la société des Kithains et mettent le Mana
en réserve pour les temps difficiles.
Ils sont le beau peuple des Menehunes et en cela, ressemblent
aux Sidhes. Leur peau parfaite prend des teintes allant du doré à
l’acajou foncé. Leurs épais cheveux sombres ont un lustre caracté-
ristique et leur large sourire accueillant dévoile de belles dents d’un
blanc éclatant.
Affinité : la Fée.

Le Makahiki
Le festival des récoltes dure quatre mois lunaires, et com-
mence aux alentours d’octobre-novembre pour se terminer
en février-mars. Il célèbre la générosité de la terre au cours
d’un grand nombre de réjouissances et de rites religieux.
Autrefois, le peuple prenait une pause dans leurs travaux et
se livrait à des arts et aux loisirs, et l’on interdisait la guerre
pendant cette période.
Le festival est dans certains lieux toujours respecté,
dans une forme toutefois édulcorée.
Héritages
Beauté surnaturelle : selon l’Héritage des Sidhes d’Arcadie (cf.
page 107).
Vaisseau du Glamour : les Ali’is peuvent conserver quatre fois leur
score de Mana dans une réserve de points temporaires (un person-
nage doté d’un Mana de 6 aura donc 24 points supplémentaires
en réserve). Celle-ci n’est alimentée que lorsqu’une fée décide d’en
investir dans un Ali’i, et uniquement lors de la fête annuelle du
Makahiki. Tous les Menehunes qui participent au festival peuvent
dépenser leur Mana et l’insuffler dans l’Ali’i qu’ils ont choisi, et
celui-ci le conservera pour un usage ultérieur. Il ne peut pas s’en
servir à titre personnel. Cependant, d’autres Menehunes peuvent
puiser dans sa réserve pour alimenter leurs charmes ou pour un
autre usage, et la disponibilité de ce Mana n’est pas exclusive aux
changelins qui l’ont investi. L’Ali’i doit donner sa permission à celui
qui veut l’utiliser, lequel doit se trouver dans un rayon de 15 mètres.
Fragilités
Sacro-saint : sans Brasier pour éclairer leurs Domaines, il revient à
un Ali’i et au Mana qu’il a emmagasiné de guider les Menehunes
dans les périodes difficiles. Cette confiance sacrée se révèle assez
fragile. Si la Banalité touchait un jour l’un d’entre eux, la majeure
partie de sa réserve magique serait détruite (cinq points de Mana
temporaires par point de Banalité temporaire gagné).
Marcher sur l’ombre d’un Ali’i est tabou et à chaque fois qu’on
brise l’interdit, le personnage perd un point de Mana temporaire
(d’abord celui qu’il conserve, puis le sien). De plus, chaque fois
qu’un chef de village appartenant à cette caste passe devant un
roturier, un membre de sa suite souffle dans une conque et si
celui-ci ne s’incline pas devant lui, il perd aussi un point de Mana
temporaire. S’il n’est pas chef, les roturiers n’ont pas à s’incliner,
mais ils doivent reconnaître la présence de l’Ali’i de façon formelle.
Un signe de tête ou des salutations suffisent. Ce tabou ne s’ap-
plique pas aux personnes qui ne sont pas des Menehunes, alors
que celui de piétiner l’ombre reste en vigueur.
« Tu oses te présenter ainsi devant moi ? Tu viens de terres lointaines et
tes manières sont étranges, mais cela n’excuse pas ta grossièreté. Incline-toi
sur-le-champ, puis nous discuterons. »
Les Kahunas
Intermédiaires entre les esprits et les Menehunes, les Kahunas sont
les mystiques gardiens du savoir et les bâtisseurs des temples. Ils com-
munient avec ces entités afin de déterminer le meilleur emplacement
avant de dresser les heiaus et lisent les présages qu’ils leur livrent.
Ils appliquent le kapu, la doctrine des interdits qui régit la société
des Menehunes. Ils peuvent modifier ces tabous si leurs divinations
confirment que les esprits les autorisent à le faire. Toutefois, il arrive
que ces derniers en exigent de nouveaux. Ces ajouts et ces modifi-
cations n’interviennent que si une majorité de Kahunas s’accorde.
Si quelqu’un enfreint un interdit, on consulte l’un d’entre eux
pour connaître la meilleure manière d’apaiser les esprits. Par le passé,
ceux-ci exigeaient souvent la mort du contrevenant, mais du fait de
l’effondrement de leurs effectifs, cette sanction est devenue rare.
Les Kahunas se spécialisent souvent dans un domaine d’éru-
dition précis, comme l’astronomie, la géologie, l’herboristerie ou
l’agriculture. Ils partagent ces connaissances avec leurs pairs et s’en
servent pour le bien de tout le village.
Ils recherchent des lieux sacrés qui apparaissent spontanément
en pleine nature. Une fois qu’ils en ont trouvé un, ils y observent et
y écoutent les signes de la volonté divine. Ceux-ci peuvent adopter de
nombreuses formes, comme une branche d’arbre en fleurs, le vent
dans les palmes ou même le grondement lointain d’un volcan. Un
Kahuna est toujours sur le qui-vive quand il s’agit de débusquer les
présages qui l’entourent.
Ils ne montrent pas d’apparence commune. Peu importe qu’ils
soient grands ou petits, minces ou trapus, ce sont leurs yeux qui tra-
hissent leur vraie nature, car ils brillent la nuit de la lueur des étoiles.
Ils portent généralement des tenues et des parures de cérémonie.
Affinité : la Nature.
Héritages
Briser les tabous : s’il dépense un point de Mana, un Kahuna peut
enfreindre un interdit sans que cela prête à conséquence. Cependant,
il doit se montrer respectueux quand il s’y livre et ne peut le faire
qu’une fois au cours du mois lunaire.
Langue des esprits : les Kahunas comprennent le langage des esprits
et peuvent parler avec eux. Les autres Menehunes ne peuvent
communiquer qu’avec leur totem.
Fragilité
Présages : ce don d’entendre les esprits a un prix. Parfois, le personnage
est incapable de faire taire leurs voix, et il entre dans une sorte de
transe tandis qu’il tente de saisir un présage parmi les doux murmures
autour de lui. Le conteur peut invoquer cet effet une fois par partie.
« Les esprits ont parlé. Tu as brisé un tabou. Tu dois te rendre dans le
ventre de Pele pour l’apaiser. »
Appendice I : les gallains 415
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Hanas
Bâtisseurs et artisans de Menehunes, ils ont construit nombre des
plateformes, des fossés et des temples célèbres éparpillés à travers
l’archipel, et comptent aussi beaucoup de fermiers et de pêcheurs.
Les Hanas constituent la majorité des effectifs féeriques d’Hawaï.
La plupart d’entre eux préfèrent travailler ensemble dès qu’ils
en ont l’occasion, et ils sont toujours plongés dans un projet ou un
autre. Un groupe peut œuvrer à la construction d’un bâtiment,
tandis qu’un de leurs artistes chantera pour distraire les ouvriers
au cours de leur journée de labeur.
Le village menehune vit sur une culture de subsistance et les Hanas
doivent constamment veiller à ce que ses habitants aient de quoi man-
ger, s’habiller et se divertir. Ils passent aussi une grande partie de leur
temps parmi les humains à leur rappeler discrètement les anciennes
traditions. Ils seront presque toujours présents lors des festivals et des
rassemblements mortels célébrant la culture ancestrale hawaïenne.
Les Hanas sont le cœur des Menehunes. Sans eux, il n’y aurait
pas de nourriture dans leur assiette, pas de vêtements sur le dos des
chefs, des prêtres et des guerriers. Pourquoi régner sur un village
vide ? Pour qui se battre ? Hélas, les autres vocations oublient souvent
ce détail et les Hanas le leur rappellent patiemment, en général par
un mot aimable, mais parfois avec des farces. Démonter la hutte du
grand Kahuna pendant qu’il dort n’est pas tabou, pas plus que de
servir un fruit amer à l’Ali’i chef du village.
On les croisera probablement dès qu’un artisanat interviendra.
Ils tailleront des pirogues sur la plage, ramasseront des fleurs pour
les leis, récolteront le taro dans les champs, assembleront une broche
pour rôtir un cochon, ou se livreront à une activité quelconque
dévolue à un roturier hawaïen. Très sociables, ils travaillent bien avec
les autres Menehunes, à l’exception des Kokuas dont ils se méfient.
À l’instar de leurs cousins Boggans, les Hanas sont petits et
rondouillards. Leurs paumes rugueuses portent les cals de longues
journées de labeur ou de travail manuel. Ils portent souvent les
tenues traditionnelles des mortels hawaïens de jadis.
Affinité : l’Accessoire.
Héritages
Travail artisanal : lorsqu’un groupe de Hanas œuvre de concert, il peut
dresser en une nuit n’importe quelle structure traditionnelle. De
plus, un Hana n’aura besoin que de la moitié du temps nécessaire
pour créer n’importe quel objet. Cependant, les mortels ne doivent
pas le voir s’il veut utiliser cet Héritage.
Chanson : le chant d’un Hana réchauffe, soutient et éclaire tous ceux
qui l’entendent. Une fois par chapitre, le joueur peut faire un jet de
Charisme + Expression (difficulté 7) et s’il le réussit, la chanson du per-
sonnage fera regagner un point de Volonté aux éventuels spectateurs.
Fragilité
Abandon : si, pour une raison ou pour une autre, un Hana ne peut
terminer une tâche dans le temps qu’il s’est imparti, il doit la laisser
inachevée et ne plus jamais y revenir. S’il le faisait quand même,
il enfreindrait un tabou et gagnerait un point de Banalité. Si un
autre Hana s’attelle à finir ce travail, son joueur doit faire un jet
de Mana (difficulté 7) et s’il le rate, écoper d’un point de Banalité.
« Nous sommes les producteurs, les créateurs et les pêcheurs. Nous veillons
à la force des Kokuas, nous permettons aux Ali’is de gouverner et aux
Kahunas de regarder les étoiles. Sans nous, rien n’existerait. »
416 Changelin : le Songe
Les Kokuas
Les guerriers des Menehunes se chargent de défendre leur peuple
de tous ses ennemis. Autrefois, ces derniers étaient souvent les
Menehunes des autres villages, mais aujourd’hui, ils se dressent
face aux incursions des humains, des fées occidentales et d’autres
adversaires surnaturels. C’est une mission difficile, dangereuse, et
parfois monotone quand ils passent des heures, voire des jours à
observer les campeurs et les randonneurs humains afin qu’ils ne
s’aventurent pas trop près des sites sacrés. On pourrait penser que
tous les Kokuas appartiennent au Campement de la Guerre, mais
cela ne se vérifie pas nécessairement. En effet, nombre d’entre eux
se considèrent plus comme des protecteurs et des gardiens que des
guerriers.
Lorsqu’ils ne sont pas en service, les Kokuas s’amusent tout aussi
intensément. Ils se lancent souvent dans des simulacres de bataille
ou dans l’escalade de volcans abrupts. Le surf est un passe-temps
populaire et de nos jours, ils se mêlent beaucoup aux mortels sur
les plages de l’archipel et affrontent les vagues les plus dangereuses.
Les Kokuas appartiennent à plusieurs petites sociétés portant
généralement le nom d’un animal ou d’un phénomène naturel
sur lequel le groupe se calque, comme le requin (le plus grand et
le plus populaire), la vague, la lave, la tortue de mer ou la tempête.
Chaque congrégation obéit à un chef, la plupart du temps son
meilleur athlète, et possède des responsabilités propres, comme
éclaireurs, patrouilles ou gardes. Toutes répondent présent lorsque
les Menehunes partent en guerre. Il n’est pas rare que ces groupes
s’affrontent, souvent pendant des simulacres de combat. Il arrive
que les Ali’is le défendent, mais les Kokuas ignorent largement cet
ordre et le font en secret. Participer à un combat interdit revient à
enfreindre un tabou.
Ce sont des individus en bonne forme physique, bien décou-
pés et musclés, et souvent couverts de tatouages rituels. Beaucoup
portent les cicatrices des nombreuses batailles qu’ils ont livrées, et
les hommes comme les femmes préfèrent des vêtements amples qui
mettent leur corps en valeur.
Les Kokuas ont un faible pour la massue, même si les guerriers
les plus honorés (en particulier ceux qui ont adopté le requin)
manient fréquemment des épées en dents de requin. Ces armes
infligent Force + 2 dés de dégâts létaux et on leur insuffle parfois
des effets chimériques.
Affinité : l’Acteur.
Héritages
Agile : plus rapides et plus vifs que les autres Menehunes, les Kokuas
entrent tous en jeu avec un point de plus en Dextérité.
Preste : en une nuit, ils peuvent franchir de grandes distances à une
vitesse incroyable. Tant qu’un humain non Enchanté ou une autre
créature Banale ne l’observe pas, un Kokua peut parcourir 320
kilomètres à pied ou en bateau.
Fragilité
Cruel : les Kokuas rencontrent de grandes difficultés à maîtriser leurs
émotions et lorsqu’ils combattent, il leur arrive de ne pas pouvoir
contrôler leur colère. Ils deviennent alors cruels et impitoyables,
tuant leurs ennemis au lieu de les capturer, parfois de manière
atroce. Lorsque son protagoniste entre dans un combat, le joueur
fait un jet de Volonté (difficulté 7) et s’il le rate, le personnage se
 battra avec brutalité jusqu’à ce que tous ses ennemis gisent sans
vie, pas simplement en invalidité.
« Personne ne franchit nos frontières sans que nous le sachions. Et
personne ne s’en va sans notre permission. »
Les Aumakuas (totems)
Les Menehunes ont tissé des liens étroits avec les esprits des plantes
et des minéraux qui résident sur les îles Hawaï, et cette relation leur
permet d’entrer dans le monde spirituel. Les totems décrits ci-dessous
devraient inspirer les conteurs dans leur propre processus de création
des esprits totémiques. Les Menehunes peuvent aussi choisir parmi
certains totems nunnehis, y compris Granit et Eau vive.
Cascade
Coût en points d’historique : 1
Lorsqu’elle rugit et se jette du haut de la falaise, rien ne peut entraver
sa force phénoménale.
Traits : Cascade offre à ses enfants un point supplémentaire en Force
et en Athlétisme.
Interdit : elle leur demande d’être perpétuellement en mouvement,
de ne jamais s’arrêter s’ils le peuvent et de toujours mener à bien
les tâches qu’ils entreprennent.
Lave
Coût en points d’historique : 4
Quand elle s’écoule, Lave est la création du monde. Lorsqu’elle
monte du plancher océanique, les îles et toutes les masses terrestres
se forment grâce à elle. Un jour, sa substance deviendra la roche
solide de la terre, mais pour l’instant, Lave est fluide et mobile, et
c’est peut-être le seul totem rocheux qui comprend la notion de
déplacement. Elle est chaude, et pourtant lente et délibérée dans
ses actions. Elle enseigne la force à travers la patience.
Traits : elle confère à ses enfants le fantastique pouvoir de se trans-
former en lave en fusion. Le Menehune doit dépenser un point de
Mana par tour où il conserve cette forme, et celle-ci lui permet de
couler dans de petits espaces et d’étroites fissures. Cependant, sa
température brûlante met le feu à toutes les matières inflammables
avec lesquelles elle entre en contact.
Interdit : Lave exige de ses enfants qu’ils avancent sans cesse et ne
battent jamais en retraite.
Appendice I : les gallains 417
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Mokihana
Coût en points d’historique : 1
Le mokihana est un arbre magnifique qui dégage un parfum d’anis,
et ses baies servent à la confection des colliers de fleurs traditionnels
hawaïens, les leis. Elle enseigne que rien ne sert d’avoir peur de la
nature et que l’accepter tout entière remplit de joie.
Traits : les Menehunes gagnent un point de plus en Apparence et
en Étiquette.
Interdit : Mokihana demande à ses enfants de protéger les arbres dès
qu’ils en ont l’occasion.
Requin
Coût en points d’historique : 3
Voici le chasseur parfait, vicieux et impitoyable envers sa proie.
Primal, il n’a pas changé depuis des millénaires.
Traits : Requin offre à ses enfants un point de plus en Force et deux
points en Bagarre. Cependant, ils perdent un point de Charisme.
Interdit : il requiert d’eux qu’ils défendent les mers et détruisent ce
qui, mortels ou autre, leur fait du mal.
Tortue de mer
Coût en points d’historique : 3
Protégées par leur solide carapace, les tortues de mer parcourent les
mers. Elles peuvent nager pendant des jours et ne craignent pas grand-
chose, en dehors des prédateurs les plus gros et les plus dangereux.
Traits : Tortue de mer offre à ses enfants un point de plus en Vigueur
et deux points en Survie.
Interdit : elle exige d’eux qu’ils protègent les plages et les créatures qui y
élisent domicile, et qu’ils punissent tous ceux qui les endommagent.
Glamour et Banalité
Les Menehunes se rapportent au Glamour sous le nom de Mana,
l’énergie vitale qui s’écoule à travers toutes les choses, tandis que les
Nunnehis l’appellent Guérison. Ils ne récoltent pas le Glamour de
la même manière que les Kithains, car ils tirent ce Mana ou cette
Guérison de la nature. En raison de leurs liens étroits avec elle,
Nunnehis et Menehunes entrent en jeu avec un point de plus dans
ce Tempérament. Ils se révèlent aussi beaucoup plus sensibles aux
ravages de la Banalité. Lorsqu’ils se trouvent dans un lieu dont le
score de Banalité est égal ou supérieur à 7 (cf. « Le Goulet », page 420),
la difficulté de leurs actions pour Enchanter les autres augmente de
+1. De plus, chaque nuit passée dans un endroit dont le score de
Banalité est égal ou supérieur à 8 leur fait gagner un point de Banalité.
Par souci de clarté, nous ferons référence au Mana ou à la
Guérison sous le terme de Glamour. Pour la même raison, nous
regrouperons sous le même vocable de tribus féeriques les Nunnehis
et les Menehunes, car ils utilisent les mêmes règles. Notre propos
n’est pas de les rabaisser, seulement de ne pas compliquer le texte.
Glaner la Guérison
Depuis que les tribus féeriques ont été coupées du Songe, elles ne
peuvent plus récolter le Glamour par le biais de la créativité humaine,
mais elles le tirent directement de la nature. Le Campement sous
lequel se trouve le personnage détermine la manière dont il procède.
Les gens du Festin et de l’Été le tirent de lieux naturels, comme les
arbres, les formations rocheuses, les volcans et les cascades. Les gens
418 Changelin : le Songe
de la Guerre et de l’Hiver récoltent le Glamour quand ils chassent,
pêchent et tuent des animaux et des poissons. Toutes les tribus
féeriques peuvent en obtenir d’une source d’eau pure. De plus, les
Ali’i sont capable d’en tirer des ossements ou des dépouilles de chefs
ou de personnes importantes (ce qui pourrait inclure les acteurs de
cinéma, les célébrités et les politiciens). Les os continuent de produire
du Glamour tant qu’on les conserve selon les rituels adéquats, et
tant que les mortels ne les voient pas ni ne les touchent.
Les Menehunes et les Nunnehis peuvent récolter le Glamour de
trois manières différentes : la Cueillette, le Pillage et la Bénédiction.
La Cueillette
Lente et soigneuse, cette méthode équivaut à la Rêverie. La Cueillette
ne peut se dérouler que dans des lieux à la beauté naturelle. Par
exemple, une clairière dans la forêt, un champ de fleurs, un vieux
chêne ou un ruisseau coulant gaiement incarnent tous des endroits
propices à la Cueillette. Ceux que la main de l’homme a modifiés,
comme les serres, les jardins cultivés et les fermes à sapin ne produi-
ront pas de Glamour. Si l’on s’en donne la peine, il est possible de
trouver quelques sources dans les villes. Une petite rivière serpentant
à travers le bourg pourrait bien avoir une mare secrète, ou bien un
arbre vénérable se cacher au fin fond d’un parc boisé.
Système : une fois que la fée est parvenue à localiser une source de
Glamour validée par le conteur, elle doit passer au moins une
heure en contact avec celle-ci. Elle peut ainsi rester assise contre le
tronc d’un arbre, passer ses mains sur les corolles des fleurs dans
un champ, se baigner au pied d’une cascade, ou encore s’allonger
et rester immobile et silencieuse au fond d’une caverne. Le joueur
fait ensuite un jet d’Astuce + Acuité (difficulté 7) et son personnage
gagnera un point de Glamour par réussite obtenue. La Cueillette
ne peut se faire qu’une fois par jour et seulement une fois par
phase lunaire auprès de la même source (soit au maximum quatre
fois par mois).
Le Glamour ainsi récolté plaît aux esprits et offre des avantages
supplémentaires lorsqu’on l’utilise de manière positive. Nous
invitons le joueur à le noter différemment, et il bénéficiera d’une
réussite supplémentaire lorsqu’il s’en servira pour alimenter des
charmes de protection, de guérison ou de chance.
Le Pillage
De la même manière, l’équivalent du Ravage pour les fées tribales
implique d’arracher le Glamour à une source naturelle. Le Pillage
est bien plus rapide et facile, mais le personnage qui s’y livre risque
d’accroître sa Banalité. Comme pour la Cueillette, il faut d’abord
localiser une source naturelle et vierge.
Système : une fois ceci fait, la fée passe une minute à se concentrer,
puis fait un jet de Banalité (difficulté 6). Le nombre de réussites
obtenues indique le nombre de points de Glamour qu’elle parvient
à récupérer. Cependant, elle doit passer une minute par point volé
de la sorte. Irriter les esprits a un prix, et le personnage subit un
point de Banalité temporaire pour chaque « 1 » obtenu sur le jet
de dés. Piller une même source ne peut se faire qu’une fois par an.
On considère que le Glamour ainsi récolté est sombre et dangereux.
Pour refléter ce fait, le conteur peut décider qu’un effet néfaste
se manifestera la prochaine fois que la fée s’en servira. Il peut se
révéler simplement atmosphérique (un changement de temps
soudain) ou provoquer un effet mineur (un charme de guérison
laisserait par exemple une vilaine cicatrice).
La Bénédiction
Un membre d’une tribu féerique peut, grâce à des offrandes rituelles
et la méditation, entrer dans le monde des esprits et se voir accor-
der une Bénédiction de Glamour par son totem. Ce processus est
l’équivalent nunnehi et menehune de l’Extase, car il représente un
engagement profond et personnel.
Système : le personnage doit d’abord suivre un rituel de purification.
Nul besoin de jet de dés, mais le conteur doit approuver les détails
de la cérémonie, qui se prolonge généralement au moins une journée
entière. Une fois purifiée, la fée tente d’appeler son esprit totem en
lui consacrant une chanson, une histoire, une danse, une peinture
de sable, une sculpture sur bois ou toute autre œuvre artistique.
L’esprit répond presque toujours à cet appel et aucun jet de dés n’est
requis. Lorsqu’il apparaît, le joueur constitue un groupement avec
l’attribut et la capacité qui semblent les plus appropriés au présent
fait à l’esprit (difficulté 7). Le nombre de réussites détermine le
nombre de points de Glamour directement donnés par le totem,
et si le personnage parvient à obtenir cinq réussites, il gagne un
niveau de Glamour. En cas d’échec critique, l’esprit fuit et la fée
gagne deux points de Banalité temporaires. En outre, elle ne pourra
pas tenter une nouvelle Bénédiction avant le prochain changement
de saison. De plus, elle pourra ressentir le besoin d’accomplir une
cérémonie afin de se purifier de la souillure qui a pu offenser son
totem, quelle qu’elle soit. S’il se sent d’humeur généreuse et que
le rituel s’est révélé suffisamment complexe, le conteur peut déci-
der d’effacer un point de Banalité temporaire, voire les deux. Les
Bénédictions ne peuvent s’accomplir qu’une fois au changement
de saison (soit quatre fois par an).
Modificateurs de capacité
Le monde des esprits
Tous les Nunnehis et les Menehunes ont un lien avec le monde des
Esprits, ou monde d’En Haut. Certains érudits kithains prétendent
que celui-ci n’est rien de plus qu’une partie du Songe, tandis que
d’autres pensent qu’il est tout à fait différent. Ce lien avec la réalité
des esprits confère à ces personnages certaines capacités innées, des
Héritages pour l’essentiel, partagées par toutes les tribus féeriques,
même si chaque Famille possède différents degrés de maîtrise pour
ces pouvoirs. Pour les familiers de Loup-garou : l’Apocalypse ou de
Mage : l’Ascension, le monde d’En Haut correspond en tout point
à l’Umbra.
Vision du monde
Cette capacité permet aux tribus féeriques de percevoir les esprits
des gens et des morts, des plantes et des animaux, des objets et
des lieux. Le changelin voit la véritable nature de la personne, de
l’endroit ou de la chose qu’il regarde. Il peut dire qu’un humain
est possédé, que c’est un vampire, un loup-garou, il peut dire si un
objet est maudit ou s’il s’agit de l’entrave d’un fantôme en colère.
Il peut également déterminer la quantité de Glamour intrinsèque
à un lieu ou la puissance générale d’un esprit.
Pour que le personnage puisse percevoir les esprits dans la
zone, son joueur doit faire un jet de Perception + Acuité (difficulté
7). Toucher l’objet ou la personne en question, ou bien posséder
un ustensile qui lui appartenait, lui facilitera la tâche (diminuer la
difficulté de –1). Parmi d’autres exemples, citons le fait de connaître
le vrai nom de quelqu’un, de tenir en main l’une de ses possessions,
ou encore d’établir un vrai contact physique avec la chose ou le lieu
que la fée examine.

spirituelle selon le kith Langage des esprits

Kith Modificateur à la difficulté Voici le moyen par lequel les tribus féeriques communiquent avec les
esprits. Le changelin peut échanger avec n’importe quel esprit qu’il
Ali’i –1
est capable de percevoir, mais à moins que celui-ci n’ait décidé de
Canotili 0 se dévoiler, il devra d’abord réussir à utiliser le pouvoir Vision des
Géants de pierre +2 esprits. S’il y parvient, il pourra le questionner sur les événements qui
se sont déroulés dans la région, les personnes avec lesquelles il s’est
Hana 0 trouvé en contact ou tout ce qui lui semble important. Les esprits
Inuas –2 n’ont aucune connaissance du futur, mais ils possèdent souvent celle
du passé. Pouvoir communiquer avec l’un d’entre eux ne signifie pas
Kachinas –2 nécessairement qu’il fera ce que le changelin lui demande.
Kahuna –2 Pour parvenir à communiquer avec lui, la fée doit faire un jet de
Charisme + Étiquette (difficulté 7). Le nombre de réussites obtenues
Kokua +2
détermine jusqu’à quel point l’esprit acceptera de répondre aux
May-may-gwya-shi 0 questions qui lui seront posées.
Nanehi 0
Marche spirituelle
Nümüzo’ho +1 Toutes les tribus féeriques possèdent la capacité de « se décaler »
Petits de l’eau +1 dans le royaume des esprits (l’Umbra), et voyager là-bas donne de
nombreux avantages. Certains rituels des Nunnehis et des Menehunes
Pu’gwis 0
ne peuvent s’accomplir que dans ce royaume. La Banalité y est en
Surems –1 général très basse et ne se manifeste vraiment que dans les zones où
Tunghat 0 le niveau du Goulet est extrêmement élevé.
D’antiques Sentiers existent dans le royaume des esprits, d’anciens
Yunwi Amai’yine’hi +1 domaines de puissance féerique remontant bien avant la fermeture
Yunwi Tsunsdi 0 des portes de l’Arcadie. Nombre d’entre eux demeurent encore vides
et les changelins ne s’y sont pas rendus depuis des siècles. Parfois,
certains membres des tribus féeriques recherchent ces lieux afin d’y

Appendice I : les gallains 419

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

accomplir des rituels, d’y récolter le Glamour ou même d’expurger
la Banalité. Cependant, les voyages se révèlent souvent semés d’em-
bûches et de périls, car beaucoup de mauvais esprits, et même de
dangereuses chimères, veillent jalousement sur eux.
Pour entreprendre une Marche des esprits, le changelin doit
maîtriser au moins un niveau dans l’Art du Périple et se trouver en
présence de son totem, ou du moins porter une partie de lui sur sa
personne. Citons par exemple un morceau de fourrure, une dent ou
un ossement de l’animal totem. Un fragment d’os d’ours taillé en
forme d’ours vaut mieux qu’un simple os, mais se trouver en présence
d’un animal vivant ou d’un site naturel se révélera plus efficace.
Chaque fois que le personnage souhaite entrer dans le monde des
esprits, son joueur doit faire un jet d’Astuce + Gremayre (difficulté
égale au niveau du Goulet dans la région ; cf. « Le Goulet », plus bas).
La fée peut se faire accompagner par d’autres changelins, et même
des mortels. Elle ou l’un de ses compagnons changelins doit dépenser
un point de Glamour pour chaque congénère emmené (deux pour
les mortels). Tous ceux qui se décalent doivent se tenir par la main.
Pendant qu’il se trouve dans le royaume des esprits, le personnage
est tout à fait invisible pour les gens qui se trouvent dans le monde
physique, à moins que l’un d’entre eux ne possède une quelconque
capacité pour voir les esprits. Il peut y « jeter un coup d’œil » s’il
Histoire
Autrefois, le monde ne faisait qu’un avec le Vénérable Céleste Auguste
de Jade, une entité incarnant la perfection sacrée de l’unité. Cet
Âge de la Perfection se ternit à peine lorsque cette figure demanda
au monde de se diviser et de devenir multitude. Ce dernier se
contempla et dit qu’il était beau. L’Âge de la Beauté se termina
quand de petites erreurs dans la conception du Vénérable Céleste
s’aggravèrent et se séparèrent de la volonté divine du Ciel. Ainsi
naquirent les Rois Yama et l’Auguste de Jade éleva les Wan Xian, les
Dix milles Immortels, au rang de dieux, puis les envoya veiller sur
l’humanité. Afin de protéger la nature, il créa les Hsien, ou Shinma.
Ces dieux mineurs, représentants du Ciel sur la Terre, répondaient
aux prières des arbres, des rochers et de l’eau de la même manière
qu’ils le faisaient avec celles des mortels. L’Âge des Légendes n’était
certes pas parfait, mais il était grandiose.
Pourtant, cette graine d’imperfection grandit encore et les Rois
Yama corrompirent jusqu’aux Wan Xian, semèrent la discorde entre
eux et les regardèrent se dresser les uns contre les autres. Furieux

Le Goulet
fait un jet de Glamour opposé au niveau du Goulet à l’endroit où
il se trouve.
Cette barrière invisible sépare notre monde de celui des es-
Réussite Temps prits. Elle est en un sens liée à la Banalité, car elle a tendance
à s’épaissir à certains endroits habités par des mortels, et à
Échec critique « Pris »
s’amincir dans les lieux naturels et sauvages. Plus le Goulet
0 Échec : attendre une heure avant d’essayer à est puissant, plus il est difficile d’entrer dans le monde des
nouveau esprits à partir de ce point précis.
1 Cinq minutes Zone Goulet type
2 Une minute Prison/certains laboratoires 9
3 Dix secondes scientifiques
4+ Instantané Centre-ville 8
Bourgade 7
« Pris » signifie que la fée se retrouve suspendue entre deux
Paysage rural 6
mondes. Elle est invisible dans le monde physique, mais peut devenir
une proie facile pour les mauvais esprits qui parcourent les lieux. Étendues sauvages et isolées 5
Elle ne peut pas bouger, à moins que quelqu’un ne puisse entrer à Domaine type 4
son tour dans le monde des esprits et lui venir en aide. Après une
heure, elle peut à nouveau faire un autre jet, mais s’il échoue, elle Modificateur Difficulté
sera prisonnière et ne pourra pas en ressortir sans assistance. Matériaux impurs : eau toxique ou +3
corrompue, ossements d’animaux tués

Les Hsien
d’une manière impropre
Matériau seul : un bout de fourrure +2
ou d’os, un éclat de granit, une fiole
Loin des cours des Kithains, du Songe et des merveilles chimériques d’eau venue de l’océan
auxquelles ils se dévouent corps et âme, des mortels font d’autres Matériau travaillé : ossement taillé +1
rêves. Point de chevaliers et de ducs, d’amour courtois et d’hono- dans la forme du totem
rables batailles. En revanche, des chiens viverrins, des chats joueurs
Totem le plus pur : une source -1 à -3
qui en savent plus qu’ils n’en ont l’air, des rois-singes renversant
de montagne vierge et pure, un
jusqu’aux piliers du paradis. Ces mortels rêvent des petits dieux
magnifique spécimen d’animal totem
des Mille choses, tandis que ces petits dieux-là ne rêvent que d’une
chose : parcourir une fois de plus le chemin entre le Ciel et la Terre.

420 Changelin : le Songe

de voir sa bureaucratie se retourner contre elle-même, le Vénérable
Céleste Auguste de Jade chassa les Shinma et ferma la route entre le
Ciel et la Terre. À jamais exilés ici-bas, ceux-ci endurèrent l’Âge de
la Magnifique tristesse qui s’acheva à son tour quand la corruption
et l’obscurité envahirent le monde.
Nous vivons aujourd’hui dans l’Âge de la Tribulation, une
époque de ténèbres et de folie, la onzième heure avant le début du
Sixième âge. Que deviendront ensuite les Shinma ? Cette nouvelle
ère sera-t-elle l’Âge de la Joie, au cours duquel on leur permettra
d’entrer à nouveau au paradis ? À moins qu’elle ne devienne l’Âge des
Chagrins, dans lequel l’espoir s’éteindra et les Shinma, abandonnés
à leur sort, seront condamnés à pourrir dans un monde mourant ?
Le Cinquième Âge serait-il notre dernière chance de salut ? Même
si beaucoup l’affirment, les Hsien ne peuvent pas le savoir, car seul
le Vénérable Céleste Auguste de Jade est en mesure de dire ce qu’il
adviendra.
Les Shinma dans le Cinquième âge
Autrefois, les Hsien marchaient fièrement et leur forme était un
signe de leur parenté et de leur autorité divine. À présent, chassés
par la volonté de l’Auguste de Jade, ils n’ont d’autre recours que de
se cacher des ennemis qui les traquent pour le chi pur constituant
leur corps. Afin de se protéger, ils subissent le rituel du kun shou, au
cours duquel ils cherchent une âme mortelle sur le point de trépasser.
Ils prennent alors discrètement sa place et s’abritent dans la chair qui
les dissimulera aux yeux de leurs adversaires. Cependant, ils perdent
une grande partie de leurs souvenirs et en vérité, c’est un lourd tribut
à payer, car comme les Hsien espèrent atteindre l’illumination par la
contemplation des Dix mille choses, chaque vie perdue et regagnée
signifie qu’ils doivent de nouveau arpenter ce chemin.
Autrefois, les Hsien ne servaient qu’une seule Cour, celle du Ciel,
mais aujourd’hui, ils doivent créer les leurs, car le Ciel reste souvent
silencieux. Comme pour la politique mortelle, incompréhensions
et désaccords sont légion et les Cours peuvent s’affronter pour un
millier de raisons. Aux yeux des Shinma, elles représentent tout
à la fois un refuge, une fraternité, un maître et un juge. Chaque
Cour possède un code de conduite qu’elle applique en son sein, et
pas nécessairement à la perfection. Bien entendu, à moins que cela
ne déclenche la colère d’une autre, les cours ne se gênent pas pour
rendre la « justice » à l’encontre des individus qui n’en sont pas
membres, et parfois même cette perspective ne suffit pas à arrêter
leur main. En conséquence, la plupart des Hsien appartiennent à
l’une d’entre elles, et même s’ils ne rendent qu’un hommage de
façade à ses idéaux et à ses principes, ils y sont beaucoup plus en
sécurité que s’ils se trouvaient à l’extérieur de leur cadre. Après tout,
il existe des choses bien pires que des rivaux qui prétendent avoir
l’oreille du Ciel.
Le souffle de vie
Les Hsien sont différents des fées, ces étranges visiteurs venus de
l’ouest et qui se prétendent leurs cousins pour des raisons qu’ils
ne comprennent pas tout à fait. Ce ne sont pas des créatures de
matière onirique oubliées, mais les fonctionnaires d’un grandiose
ordre céleste, de petites divinités faites de pur Chi qui transmettent
et guident son flot à travers le monde afin de répondre aux prières
des mortels comme des bêtes. L’énergie qui les constitue leur
confère des pouvoirs et grâce à leur harmonie avec le Chi naturel
du monde, ils sont capables d’accomplir de grands miracles, dans
Glossaire
Les Hsien utilisent nombre de termes peu familiers. Certains,
comme le Yugen, sont des synonymes évidents au Glamour,
tandis que d’autres sont moins manifestes.
Hirayanu : les roturiers shinma prennent la forme des
animaux.
Hotei : le masque humain que les Hsien adoptent pour
dissimuler leur véritable nature, équivalent à la Guise
mortelle.
Hsien-tsu : Shinma occupant le corps d’un enfant
mourant, élevé comme un humain et qui doit donc
faire face à tous les liens et toutes les obligations que
cela lui confère. Il reste généralement inconscient de
sa vraie nature jusqu’à l’âge adulte.
Hsien-jin : Shinma occupant le corps d’un adulte
mourant et qui est tout à fait conscient de sa nature
au moment de sa réincarnation.
I Chih : expression discrète de l’alchimie élémentaire
des Hsien, le Wu Tan.
Kamuii : noblesse shinma dont la nature correspond
à l’un des cinq éléments (bois, feu, terre, métal et eau).
Kun Shou : le processus de réincarnation que les Hsien
utilisent pour prendre possession du corps d’une per-
sonne mourante, et dans lequel ils se glissent quand
l’âme mortelle quitte ce monde.
Kwannon-jin : l’une des différentes espèces de Shinma,
correspondant au kith.
Shen : une créature surnaturelle, y compris le Hsien
lui-même, ainsi que les Kuei-jin, les hengeyokai et
d’autres habitants du Monde des Ténèbres.
Wani : la véritable apparence du Hsien, qui change en
fonction de son kwannon-jin.
lesquels ils insufflent l’énergie élémentaire de leur art merveilleux
de l’alchimie, le Wu tan.
Le Chi
Toutes les choses sont faites de Chi, la dualité du yin et du yang, la
lumière et l’obscurité, la quiétude et l’énergie, qui se complètent sans
s’opposer. Le même principe régit la vie des Shinma, qui existent
en tant que créatures de Chi pur dans leur forme originale, mais se
dissimulent dans des corps mortels. Leur nature en fait des cibles
tentantes pour la multitude de créatures se nourrissant de cette
énergie, et si l’une d’entre elles venait à dévorer un Hsien, celui-ci
serait détruit et ne pourrait jamais plus se réincarner grâce au rituel
du Kun shou.
Les Hsien peuvent sacrifier un point de leur Chi pour obtenir
un point de Yugen. Toutefois, procéder de la sorte leur inflige un
Appendice I : les gallains 421
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
niveau de dégâts aggravés par point utilisé de la sorte, qui ne se
régénérera que lorsque la blessure guérira.
Le Yugen
Cette énergie tout à fait différente, ineffable et brillante, naît des
prières des mortels. Prises individuellement, les suppliques sont trop
insignifiantes pour que le Yugen qu’elles confèrent puisse s’utiliser. En
revanche, les célébrations, les festivals et les cérémonies religieuses en
génèrent de copieuses quantités que les Shinma absorbent. Séparés
du Chi céleste infini, il constitue leur seule source de subsistance
et de puissance.
Créer un personnage
Hsien
Cette phase ne se déroule pas de la même manière que pour un
Kithain. Comme nous aborderons à peine les traits qui ne changent
pas, nous vous invitons à consulter la section consacrée à la création
d’un changelin en page 140.
Les Cours des Hsien
Sans surprise, le vide laissé par l’expulsion des Shinma du Ciel a vu
apparaître de nombreux prétendants. Certains disaient poursuivre
la volonté de l’Auguste de Jade, tandis que d’autres affichaient osten-
siblement des désirs et des motivations matériels. Si certains Hsien
servent vie après vie la même Cour, la vérité est un peu différente
et chaque individu change subtilement au fil de ses réincarnations.
Même si vous œuvrez longtemps pour l’une d’elles, rien ne vous
prédispose à continuer cette tradition lors de votre prochaine vie.
On considère que la majeure partie des Cours suivantes forme
le courant dominant, ou tout du moins qu’elles ne sont pas fonda-
mentalement corrompues (bien qu’il y en ait pour discuter jusqu’à
cette affirmation !).
Les Li Shen : les Traditionalistes
La Cour des Li Shen se divise en cinq bureaucraties en fonction
des éléments, et soutient fortement l’éthique et les valeurs
confucéennes. Ils mettent moins l’accent sur l’illumination
que sur l’ordre, duquel découlera naturellement la première
(et donc, selon eux, une fin à leur exil).
Les Xian Mo : les Silencieux
Cette société mystique suit le Tao te Hsien et cherche l’illumi-
nation dans l’espoir qu’un jour, ils puissent être en mesure de
revenir en arrière et d’annuler leur exil dans le Royaume du
Milieu. Ils ne possèdent pas une organisation très formelle, mais
leur savoir est immense, si tant est que vous puissiez trouver
l’ancien qui possède ces connaissances et le convaincre de les
partager.
Les Yü : les Classicistes
Les Yü ont adopté les coutumes des anciens souverains et divisé
le Royaume du Milieu en dix « provinces » sur lesquelles ils
règnent ; ils cherchent à contrôler autant les Nids des dragons
que les structures politiques mortelles. Si certains d’entre eux
ne sont guère plus que des chefs mafieux, le pouvoir demeure ce
qu’il est et vous seriez malavisé d’irriter les Yü, lesquels se font
la guerre entre eux aussi souvent qu’ils la font aux étrangers.
Les Xian Mun : les Terrestres
La Société immortelle représente moins une Cour qu’un mode de
vie. Elle compte les Shinma ayant tourné le dos à leurs origines
422 Changelin : le Songe
et qui veulent vivre totalement leur existence actuelle. D’ailleurs,
ils copient souvent les organisations mortelles et ne cherchent
qu’à se débarrasser de leurs obligations et de leurs encombrants
devoirs. L’immense majorité de leurs semblables les considère
comme des déchets débauchés de corps humains, mais leurs
liens avec la société mortelle et leurs ressources éclipsent tous
ceux de n’importe quelle autre Cour, y compris les Yü.
Les Wu Hsien : les Paysans
Ce terme fourre-tout désigne les Hsien qui, comme tant d’autres
mortels, continuent de vivre à la campagne, souvent à l’endroit
qui les a vus naître (ou parfois renaître). Les villages comptant
un grand nombre d’habitants ne peuvent tous se targuer de
compter un Shinma. Cependant, s’il s’en trouve un, celui-ci
saura probablement tout sur la région, et il entretiendra des liens
étroits avec ses voisins Hsien au moins par souci de sécurité.
Les Tu Shen : les Ambassadeurs du Ciel
La plupart considèrent les dieux de l’Harmonie à peine mieux
qu’un groupe de sybarites qui feraient honte même aux Xian
Mun. Or la folie des Tu Shen suit une méthode. En effet, ils
espèrent créer un Âge de la Joie et montrent donc l’exemple en
faisant tout leur possible pour rendre la vie idéale. Contrairement
aux Xian Mun, leur passion et leurs fêtes s’ancrent profondé-
ment dans la foi et ils se consacrent pleinement à semer cette
joie sur leur passage, peu importe que ce soit lors d’un simple
dîner de famille ou pendant une nuit de beuverie entre amis.
Les Shu Shen : les Dieux profanes
Ces Hsien dédaignent – non, méprisent ! – l’idée de l’équilibre
et vont au bout des comportements extrêmes, et rarement bien-
veillants. Nombre d’entre eux se trouvent attirés dans l’orbite
de shen puissants, en particulier les Kuei-jin. Si un groupe de
Shinma souffre la comparaison avec les changelins unseelies,
ce sont bien les Shu Shen.
Le Lotus jaune
Cette société secrète poursuit un but caché et fomente le mécon-
tentement, voire la rébellion, contre les autres Cours en général,
et les Li Sehn en particulier. Cependant, ils « censurent » (doux
euphémisme pour « faire un exemple ») aussi les Hsien qu’ils
trouvent trop insouciants dans l’usage de leur Wani. Leur raison
d’agir ainsi demeure aussi mystérieuse que leur appartenance.
Les Cours Mu : les Cours des Grands démons
Les Hsien qui ont tourné le dos au Ciel et se sont vendus aux
Rois Yama lors du Quatrième Âge ont rejoint les Daityas, qui
n’ont pas tardé à trahir les Rois Yama, ou bien les Kura Sau,
qui les servent toujours. Ces deux groupes œuvrent pour la
survenue du Sixième Âge, mais pour des raisons différentes.
Apanages du yin et du yang
Si plusieurs Cours, et plus particulièrement les Shu Shen, semblent
correspondre à la répartition des changelins entre Seelies et Unseelies,
il n’existe en fait aucune séparation de la sorte dans la société shinma.
Les Hsien se rangent derrière le Yin ou le Yang et pour couronner
le tout, ces deux éléments ne concordent pas exactement avec les
descriptions des cours changelins.
Les Apanages du Yin sont les suivants : l’Hermite, l’Orchidée,
l’Amuseur, le Saint, l’Écuyer, le Fataliste, la Canaille, le Hors-la-loi,
l’Énigme, le Meneur, le Scélérat et le Misérable.
Les Apanages du Yang sont les suivants : l’Artisan, l’Esthète, le
Paladin, le Régent, le Sage, le Troubadour, le Voyageur, la Bête, le
Plaisantin, la Caricature, la Pandore, le Paon et le Sauvage.
 Ces aspects de la personnalité d’un Hsien n’entrent pas en
conflit, mais se complètent, car ils constituent tous deux une part
de son âme et de son caractère. Lorsque son Chi yin est supérieur
à son Chi yang, ce premier Apanage domine et vice versa. Quand il
est à l’équilibre, il peut exprimer ses deux aspects et passer de l’un
à l’autre après quelques instants de méditation.
Quête : l’Apanage dominant détermine la manière dont le Hsien
regagne de la Volonté.
Interdit : enfreindre l’Interdit en vigueur perturbe le flot du chi qui
s’écoule dans son corps et par conséquent dans son environnement.
Cela se révèle de très mauvais augure et reflète la cause profonde de
l’exil du Shinma. Les ennuis ne tarderont sans doute pas.
Le rang
Bien que la bureaucratie céleste ne reconnaisse plus les Shinma, le
concept de rang persiste toujours parmi eux, car il est ancré au plus
profond de leur être. Le rang représente une estimation grossière
de la puissance d’un individu, à savoir la quantité de Chi qu’il a
assimilée et incorporée à sa forme. Les Hsien de rang inférieur
obéissent souvent à des congénères plus haut placés, surtout au sein
d’une même Cour, et ce sans tenir compte de l’opinion qu’ils ont
sur cette soi-disant supériorité.
Le rang est égal à la somme des scores de Chi du personnage.
Il détermine également son Yugen maximal, qui équivaut à deux
fois son rang. La compétence Shentao peut servir à estimer le rang
d’un autre Hsien.
Les traits
Les Shinma utilisent plusieurs capacités nouvelles ou différentes. Le
Commandement devient un talent plutôt qu’une compétence, le
Shentao remplace l’Acuité et l’Occultisme le Gremayre. Les points
se répartissent entre attributs et capacités de la manière habituelle.
Les avantages : Fortunes,
Malédictions & historiques
Les Hsien ne possèdent pas les deux Tempéraments du Glamour et
de la Banalité propres aux changelins. En effet, ils ne se réincarnent
pas pour survivre dans un monde vidé de toute imagination, mais
parce que leurs véritables formes se révèlent trop tentantes pour
leurs adversaires.
Ils disposent de Fortunes et de Malédictions en fonction de leur
kith, ce qui leur confère des bonus et des défis selon leurs natures.
La Wani d’un Hsien possède également des capacités uniques qui
lui sont associées, y compris celle d’utiliser le Masque de Shintai.
Plusieurs historiques de Changelin n’ont pas la même signification
pour les Shinma. Possessions, Réminiscences, Titre et Trésor sont
redéfinis, tandis que les nouveaux historiques Talisman de jade et
Pakua sont présentés dans le cadre de ces changements, plus loin
dans cette section.
Le personnage bénéficie de cinq points d’historique à répartir.
Le Wu tan
L’alchimie sacrée des Hsien se nomme Wu tan et se répartit en cinq
arts élémentaires : le Di tan (la terre), le Hou tan (le feu), le Lin tan
(le bois), le Tieh tan (le métal) et le Shui tan (l’eau). De plus, une
sixième alchimie, le Nei tan, représente l’alchimie daoïste interne.
Le personnage commence avec un point dans l’Alchimie corres-
pondant à sa Fortune (Bois, Feu, Terre, Métal ou Eau). Le joueur
répartit ensuite trois points supplémentaires dans celle-ci, ou comme
il l’entend dans d’autres Alchimies. Cependant, aucune Alchimie
ne peut dépasser un score de 3 et il est impossible de placer des
points dans le Nei tan. En revanche, il sera possible d’y investir des
points de bonus.
Les Tempéraments
Ces traits représentent deux forces en équilibre l’une face à l’autre
et reflètent la nature d’un Hsien.
Chi du Yin et Chi du Yang
Les valeurs du Chi d’un personnage se situent entre 1 et 5 et
symbolisent sa réserve interne dans ces énergies. Le Chi dominant
conditionne l’Apanage ascendant, mais il se révèle aussi essentiel pour
le Wu tan. En effet, un Chi élevé démontre une plus grande facilité
dans la manipulation de l’alchimie élémentaire. Le Kwannon-jin
détermine les valeurs de Chi de départ :
Kith Yin Yang
Chu Jung, Nyan 1 3
Suijen, Heng Po 3 1
Komuko, Hanumen 2 2
Chu-ih-yu, Tanuki 2 1*
Hou-chi, Fu-hsi 1 2*
*Le Hsien peut placer comme il le souhaite un point en Yin ou en Yang.
Le Tao
Le Tao représente la capacité du personnage à internaliser l’équilibre
entre ses deux énergies, et ce n’est pas un Tempérament acquis. Il
est toujours égal à la moyenne entre le Yin et le Yang.
Le masque de Shintai
Les Hsien ont la capacité d’adopter pour un instant la forme
effroyable de leur gloire passée. Cette apparence terrifie la
plupart des mortels et peut même plonger les shen dans un
bref moment de stupeur et d’horreur.
Système : le Hsien dépense autant de points de Yugen qu’il
veut en investir dans son Masque de Shintai. Toutes
les créatures qui l’aperçoivent doivent faire un jet de
Volonté (difficulté 7, 6 pour les autres shen, 5 pour les
Hsien) et obtenir autant de réussites que de points de
Yugen dépensés par le personnage. En cas d’échec, elles
fuient, en proie à la panique, ou tombent à genoux et
supplient qu’on les épargne. L’effet dure un tour, plus
un tour par réussite que n’a pas obtenue la cible sur
le total déterminé par les points de Yugen dépensés.
Si la rencontre se déroule dans un Nid des dragons,
il faudra obtenir deux réussites pour chaque point de
Yugen dépensé et non une seule.
Appendice I : les gallains 423
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Le Yugen leurs congénères, ainsi que les nids et les lignes des dragons, et de
Ce Chi particulier est produit par le respect montré par les mortels détecter ceux qui les traquent. Le Shentao peut servir à évaluer les
et les célébrations qu’ils organisent. En général, il se rassemble dans changelins, mais la difficulté initiale augmente de +2. Les Kithains
des nids de dragon et peut même s’absorber directement au cours subissent la même difficulté lorsqu’ils tentent d’estimer la puissance
des festivals ou d’autres cérémonies religieuses. Le niveau de Yugen d’un Hsien grâce à leur Acuité.
maximal d’un Hsien est égal au double de ses valeurs additionnées Novice : lorsque vous vous réveillez après avoir dormi sur
de Yin et de Yang, et il est possible d’utiliser un Talisman de jade une ligne des dragons, vous en ressentez les effets.
pour en mettre en réserve. Entraîné : vous n’avez aucun mal à localiser les Nids des
dragons ou le Vrai jade.
La Volonté Compétent : qu’ils le veuillent ou non, vous pouvez repérer
Tous les personnages entrent en jeu avec un score de 4 en Volonté. de manière fiable les autres Hsien.
Expert : vous aimez bien observer les gens et deviner lesquels
Atouts, handicaps sont des mortels et lesquels n’en sont très probablement
pas.
et points de bonus Maître : rien ne vous échappe.
Beaucoup d’atouts et de handicaps n’ont aucun sens pour les Shinma, Possédé par : Hsien, autres shen, mortels très attentifs.
car ils ont de nombreux points de divergence avec les Kithains. Beauté Spécialités : Nids des dragons, lignes des dragons, Hsien, Hengeyokai,
irréelle, Allergie au fer, Aimant chimérique, Éternité féerique, Poète Luei-jin, Shih, Chi’n Ta, Vrai jade, fantômes, esprits, démons.
dans l’âme, Brumes étiolées, Handicap chimérique, Bénédiction de
l’Aspect, Visage visible et Malédiction du Sidhe ne sont pas appropriés
pour les personnages Hsien.
Les historiques
Comme les Hsien ne sont pas des créatures du Glamour, ils ne
peuvent pas choisir les historiques Chimère ou Rêveurs. D’autres
Points de bonus historiques présentés ici décrivent des concepts proches, et pourtant
Trait Coût différents, de ceux que les Kithains utilisent. Ils possèdent donc
un nom qui leur est propre afin de les différencier, et ce même s’ils
Capacités 2 remplissent le même rôle dans le scénario.
Attributs 5
Historiques 1
Trésor faste (Trésor)
Ces objets, créés par de puissants Hsien, canalisent un I Chih précis.
Chi 4 Cela leur permet de ne produire que l’effet en question, mais l’utili-
Atouts Variable sateur n’a pas besoin de comprendre le I Chih, ou même l’Alchimie,
qu’ils renferment pour s’en servir. Toutefois, il faut insuffler un peu
Volonté 1 de Yugen à la plupart d’entre eux pour les faire fonctionner. Chaque
Wu tan 5 point investi dans l’historique confère à l’objet un I Chih de ce
niveau, ou bien un effet de cohorte du niveau inférieur.
Points d’expérience Nid des dragons (Domaine)
Trait Coût Ces confluences de lignes des dragons sont des sites d’une grande
Attributs Score actuel x 4 puissance capables de générer du Yugen de manière naturelle (un
point par jour et par point investi dans l’historique). Beaucoup de
Nouvelle capacité 3 Nids des dragons sont en fait ouverts au public et abritent des sanc-
Capacité Score actuel x 2 tuaires ou des temples visités par la population mortelle. Cependant,
les Hsien qui les contrôlent veillent jalousement sur eux.
Volonté Score actuel x 2 Posséder un Nid des dragons est une entreprise dangereuse, car
Wu tan Score actuel x 5 ils ont la même valeur pour presque tous les shen. Même les Hsien
ne reculeront devant rien pour s’en approprier un. Les Cours s’af-
Nouveau Wu tan 6
frontent régulièrement pour eux et si votre personnage fait partie de
Chi Score actuel x 3 l’une d’entre elles, il sera responsable de sa protection en son nom.

Nouveaux traits Talisman de jade

Les Hsien utilisent les traits suivants qui, pour certains, remplacent
ceux qui ne s’appliquent pas à eux et, pour d’autres, donnent des
dimensions supplémentaires applicables aux changelins.
Shentao
Le Shentao ressemble beaucoup à l’Acuité qu’il remplace et représente
le sens inné de la magie commun aux Shinma. Il leur permet de sentir
Le Vrai jade est une matière que l’on a éveillée grâce au Wu tan ou
à une autre méthode, tous les shens le convoitent. Aux yeux des
Hsien, sa valeur est encore plus grande, car il possède le pouvoir de
conserver du Yugen (un nombre de points égal au niveau investi dans
l’historique). Le personnage peut puiser dans cette réserve tant qu’il
porte un morceau de Vrai jade quelque part sur lui. Il peut également
sacrifier des points de cet historique pour créer sur-le-champ un point
de Yugen, qui ne reviendra pas dans l’objet. Le jade se ternit et se

424 Changelin : le Songe

craquelle légèrement, et si tous les points investis dans le talisman
sont ainsi dépensés, il tombe en poussière.
Pakua
En général, un pakua est un petit miroir entouré des huit trigrammes
du I Ching qui a pour objectif de protéger de la malchance ou
des attentions indésirables des forces maléfiques. Pour les Hsien,
le terme se rapporte à une capacité surnaturelle permettant de se
cacher parmi les mortels. À l’instar des Brumes, le Pakua couvre les
traces du personnage lorsqu’il est contraint d’employer ses pouvoirs.
Sans cela, les gens se souviendraient certainement que le barman du
quartier s’est tout à coup transformé en un félin cauchemardesque
et qu’il soufflait et feulait de manière terrifiante.
Un point investi dans cet historique augmente de +2 la difficulté
des tentatives visant à reconnaître la nature du Hsien. Chaque point
investi au-delà du premier nécessite une réussite supplémentaire
pour le localiser. Les Shinma ne subissent pas l’aggravation de cette
difficulté imposée par le Pakua. Toutefois, ils doivent obtenir les
réussites requises sur le jet de Shentao.
Influence (Titre)
Les Hsien ne se réfèrent pas au système des vassaux, mais les Cours
disposent d’une hiérarchie distincte. Les subordonnés obéissent à
leurs supérieurs qui sont en retour responsables de leur bien-être et
de leur conduite. En pratique, les choses sont un peu différentes.
Cependant, il n’existe aucun système d’héritage et la « noblesse »
des membres situés tout en haut de l’échelle sera le résultat de leurs
actions (ou, plus souvent, de leurs relations).
L’historique Influence confère une position au sein d’une cour,
ainsi qu’une importance et une autorité proportionnelles au nombre
de points que le joueur y a investis. Les Cours des Yü et des Li
Shen se montrent les plus soucieuses de titres ronflants, et d’autres
(en particulier les Xian Mun) leur accordent moins d’importance.
Cependant, les Hsien savent qui compte et qui ne compte pas, même
sans titre grandiloquent accolé à son nom.
Rudimentaire : un quartier dans une ville, ou un grand
village.
Mineure : une ville, ou le quartier d’une grande cité.
Utile : une petite cité, le quartier d’une cité plus étendue,
ou bien plusieurs communautés de communes en milieu
rural.
Important : une cité immense (comme Tokyo ou Pékin),
ou bien plusieurs départements ou de petites régions
administratives.
Incroyable : une province ou une région administrative
majeure (comme toute l’Île-de-France ou la région PACA).
Les Kwannon-jin :
Hirayanu & Kamuii
Les Hirayanu étaient autrefois les dieux les moins puissants dans la
hiérarchie céleste. Ils adoptaient la forme des animaux et exécutaient
les ordres que l’Auguste de jade donnait pour la nature. Aujourd’hui,
coupés de leurs anciens maîtres, les Hirayanu se sont adaptés à la
société mortelle et ont taillé leurs niches. Nous présenterons en pre-
mier les kiths qui les constituent, à savoir les Fu hsi, les Hanumen,
les Heng po, les Nyan et les Tanukis.
Jadis, les Kamuii servaient d’intermédiaires entre les Hirayanu et
les dieux plus importants de la bureaucratie céleste, et ils guidaient
leurs cousins inférieurs dans leurs travaux. Chassés en même temps
qu’eux, ils doivent à présent affronter les caprices sans cesse changeants
de la nature mortelle, si souvent en conflit avec la pureté élémentaire
qu’ils expriment. La description des Kamuii commence à partir de
la page 428 et inclut les Chu-ih-yu, les Chu jung, les Hou-chi, les
Komuko et les Sui-jen.
Les Fu hsi
Indécrottables curieux, le peuple serpentin est renommé pour sa
sagesse, sa réflexion et le temps qu’il consacre aux questions de grande
importance. Trop de temps, en vérité. Une question à laquelle il ne
peut répondre facilement exige toute l’attention d’un Fu hsi, il en
oublie même de manger et de dormir et ses amis doivent le sortir
de cette transe régulièrement. Ces Hsien font très attention à leurs
manières et adorent partager leur sapience, ce qui les place plus
souvent qu’à leur tour dans le rôle de consultant, voire de chef, de
toute une communauté.
Apparence : leur Hotei leur octroie des gestes fluides et prudents, mais
ils sont capables d’agir avec une grande célérité s’il le faut. Si leur
forme ophidienne peut rappeler n’importe quel serpent asiatique,
ils sont cependant tous venimeux. Dans leur aspect Wani, ils sont
pourvus d’une longue queue épaisse qui remplace leurs jambes et
soutient un torse et une tête humains. Sous cette forme ou une
autre, nombre d’entre eux préfèrent les ongles et les cheveux longs.
Le Masque de Shintai fait d’un Fu hsi une terrifiante bête légendaire,
protégée par de solides écailles. Ses crochets suintent d’un venin
abondant qui crépite et éclabousse le sol.
Style de vie : on peut trouver les Fu hsi n’importe où, mais surtout
près des humains à qui ils servent depuis toujours de conseillers
matrimoniaux. Contrairement à de nombreux Shinma, ils restent
souvent monogames. Si vous cherchez à tirer l’un d’entre eux de
sa confortable routine, mitraillez-le de questions auxquelles il faut
répondre. En attendant, il s’occupera l’esprit avec des casse-têtes
et des énigmes.
Fortune : le Bois.
Chance : les Fu hsi ajoutent deux dés sur n’importe quel jet impliquant
les casse-têtes, les messages codés ou les énigmes.
Malédiction : érudits et prudents, ils ont souvent beaucoup de mal
à rester succincts. Ils doivent faire un jet de Volonté (difficulté 8)
pour formuler leurs déclarations de manière directe, sans discussion
interminable ni digression sur des sujets voisins.
Pouvoirs du Wani : les écailles d’un Fu hsi sont solides et lui offrent
2 points d’Armure naturelle. De plus, lorsqu’il mord, il inflige Force
+2 dés de dégâts létaux et s’il atteint sa cible et qu’il le souhaite, il
peut lui injecter un venin paralysant dont la virulence sera égale à la
valeur de son Chi dominant. Ce dernier détermine aussi les effets
de celle-ci. Avec un Chi yin, la victime devient froide et humide au
toucher, et on peut facilement penser qu’elle est morte. Avec un
Chi yang, elle se met soudain à trembler et à transpirer, et montre
une grande anxiété. Dans tous les cas, elle sera complètement sans
défense pendant une heure.
Appendice I : les gallains 425
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Hanumen
Les légendes sur des singes rois bousculant la nature même de l’univers,
et mieux encore, s’en tirant à bon compte, ne manquent pas. Les
Hanumen se contentent de sourire, de hocher la tête et de prétendre
que ce temps est depuis bien longtemps révolu, tout en escamotant
soigneusement le portefeuille dans votre poche. S’ils existent plus
pour mettre la patience des autres à rude épreuve qu’autre chose,
ils ont réussi à acquérir une place unique dans la société shinma. La
zone grise qu’ils occupent entre Hirayanu et Kamuii force bien plus
le respect des deux castes que ce que leur statut implique.
Apparence : sous le Hotei, leur apparence varie grandement et
l’on peut aussi bien croiser le mendiant le plus miséreux que le cadre
d’élite. Cependant, ils auront toujours de longs doigts qui semblent
un peu trop se tendre vers des choses qu’ils
ne devraient pas toucher. Leur forme
animale est en général celle des
426 Changelin : le Songe
petits singes d’Asie, macaque et gibbon étant les plus courantes. Leur
Wani associe les deux et on pourrait facilement les confondre avec
un primate inhabituellement grand, abstraction faite des vêtements
qu’ils portent, de la station debout qu’ils adoptent et des insultes
savoureuses qu’ils lancent. En revanche, lorsqu’ils arborent le Masque
de Shintai, ils se rapprochent plus d’un énorme babouin enragé
montrant les crocs, prêt à déchirer tout ce qu’il pourra attraper.
Style de vie : un Hanumen peut se sentir à l’aise n’importe où et dans
n’importe quelle tâche, et il se sent chez lui dans la ville et le pays
qu’il habite, mais il paraît toujours un peu agité. S’il s’implique dans
la politique des Shinma, il est à coup sûr une force de changement,
car le chaos semble le suivre à la trace. Il n’a guère de considération
pour le statut des autres et ne respectera que celui qui le mérite…
enfin, seulement s’il en a envie.
Fortune : la Terre.
Chance : de toute évidence, ils semblent motivés pour se mêler des
affaires des autres. Il est donc heureux qu’ils se montrent parti-
culièrement doués pour se sortir des ennuis. S’il réussit un jet de
Charisme + Empathie (difficulté 6), un Hanumen parviendra à
calmer les enragés, à apaiser les furieux et à échapper à ce qui serait
très probablement une correction bien méritée.
Malédiction : ces maîtres du bon mot semblent rarement réfléchir
avant de parler. En conséquence, la difficulté de tous leurs jets
d’Étiquette augmente de +2.
Pouvoirs du Wani : les Hanumen bénéficient d’un bonus de +2 dés
sur tous leurs jets d’Athlétisme effectués dans le but de sauter et
d’escalader, ainsi que sur tous leurs jets de Larcin.
Les Heng Po
Ils nagent dans le fleuve de la vie et ne font surface
pour jeter un coup d’œil au monde qui les entoure
que lorsque cela les arrange, puis retourne aux eaux qui
les nourrissent. On les considère souvent comme peu
fiables et imprévisibles, mais aussi comme une source de
grand savoir et d’immense sagesse. Distraits, désorganisés
et fous de décoration, les Heng po sont l’essence même du
collectionneur invétéré et ils gardent leurs trésors à portée de
main, quoique bien à l’abri des regards.
Apparence : dans leur Hotei, ils arborent
un corps fin et racé, mais un nez
souvent large et plat. Leurs mains
et leurs yeux sont légèrement plus
grands que d’habitude. Sous leur forme
animale, ils ressemblent à une carpe ou
à un gros poisson. Dans leur Wani,
ils ont des écailles iridescentes qui
luisent et recouvrent tout leur corps,
à l’exception de leur visage. Les
Heng po de sexe masculin portent
de longues moustaches dont ils
sont particulièrement fiers. Le
Masque de Shintai en fait des
créatures effrayantes venues tout
droit des profondeurs, massives,
visqueuses et dotées d’une gueule
pleine de crocs qui semble capable de gober
un homme tout entier.
Style de vie : ils vivent presque toujours sur ou près de l’eau. Le long
de la côte méridionale de la Chine, les gens habitent encore beau-
coup dans de petits bateaux, surtout parmi le peuple Tanka, et les
Heng po s’y sentent très à l’aise. Même les individus qui n’ont pas
d’accès rapide à la mer se recentrent sur une communauté, ce qui
leur offre une place idéale pour entendre (et colporter) les ragots.
Fortune : l’Eau.
Chance : les Heng po sont très doués lorsqu’il s’agit de retrouver des
objets perdus, ils bénéficient de deux dés de bonus sur tous les jets
effectués dans ce but.
Malédiction : ils ont beaucoup de mal à céder une chose de leur
vaste collection à laquelle ils accordent une véritable importance.
Le joueur doit dépenser un point de Volonté pour que son per-
sonnage y parvienne.
Pouvoirs du Wani : les Heng po respirent sans problème sous l’eau.
De plus, ils ne subissent aucun malus sur leurs jets de Perception
lorsqu’ils se trouvent dans des eaux boueuses ou dans l’obscurité,
que ce soit sous terre ou à l’air libre. Leurs écailles leur confèrent
deux points d’Armure naturelle.
Les Nyan
Ces créatures sont à l’origine des légendes sur des esprits et des démons
félins dans toute l’Asie, et elles peuvent adopter l’une ou l’autre de
ces apparences selon leur seule humeur du moment. Capricieux et
égoïstes, les Nyan se livrent souvent à des excès et les autres Shinma
considèrent qu’ils sont fainéants et incapables de la plus petite once
de discipline. Ils n’ont pas forcément tort, mais ce faisant, ignorent
la puissance de ce kith à leurs risques et périls. En effet, ces chats
sont bien plus malins qu’ils n’en ont l’air. Ils sont même un peu
trop malins. Un Nyan préfère obtenir ce qu’il veut de la manière
dont il le veut, et il est suffisamment bien armé pour s’en assurer.
Apparence : ces Hsien sont en général soignés, en bonne forme
physique et dotés d’un corps souple et agile. S’ils le peuvent, ils
gardent leurs ongles longs et prennent grand soin de leurs dents et
de leurs cheveux. Sous leur forme animale, ce sont de petits félins
domestiques ou sauvages, légèrement plus grands que les individus
ordinaires de l’espèce. Leur Wani est un mélange des deux, avec
des oreilles abîmées, une gueule pleine de crocs acérés et des griffes
prudemment rétractées jusqu’à ce qu’ils en aient besoin. Lorsqu’il
arbore son Masque de Shintai, le Nyan devient un terrifiant prédateur
surgi des profondeurs primales de la légende, une bête séduisante
aux longues griffes sur le point de bondir sur l’infortuné témoin.
Style de vie : les Nyan préfèrent qu’on prenne soin d’eux, d’une
manière ou d’une autre, et s’accrochent donc souvent aux autres.
Selon leurs préférences, ils adopteront une forme féline ou humaine,
même s’ils trouvent qu’un pouce opposable constitue un avantage
trop appréciable pour s’en passer. Le plus souvent, un Nyan né à la
campagne ira s’installer en ville, où les occasions de faire des autres
ce qu’il veut seront plus nombreuses, et où il aura plus de chance
de s’évanouir dans la foule s’il tire trop sur la corde.
Fortune : le Feu.
Chance : bénis d’un don pour les mots et la joie, ces Hsien reçoivent
deux dés de bonus lorsqu’ils doivent faire un jet associé à une
première impression.
Malédiction : ils n’aiment guère s’ennuyer et bien entendu, le travail
et les devoirs comptent parmi ces pensums. Si quelque chose attire
leur attention pendant qu’ils accomplissent une tâche fastidieuse ou
inintéressante, le joueur doit faire un jet de Volonté (difficulté 8).
En cas d’échec, son personnage laisse tout tomber pour suivre
ses envies.
Pouvoirs du Wani : sous cette forme, les Nyan possèdent des griffes
acérées qui infligent Force + 1 dé de dégâts létaux. De plus, ses
jets de Perception et de Dextérité bénéficient d’un dé de bonus.
Les Tanukis
Les Occidentaux confondent souvent les chiens viverrins d’Asie
avec des blaireaux ou des ratons laveurs, et même s’ils occupent
la même niche écologique, ils constituent une espèce distincte et
unique. Leurs cousins spirituels, les Tanukis, ne sont guère dispo-
sés à laisser quiconque l’oublier. Ils aiment le conflit et les farces,
et il est parfois difficile de s’entendre avec eux. Cependant, si on
commence à bousculer leurs amis et que la violence devient une
probabilité, personne n’est plus enclin qu’eux à voler à leur secours.
Contrairement aux Hanumen, leurs complices préférés, les Tanukis
peuvent critiquer et supporter qu’on fasse de même avec eux, et ils
font preuve d’une loyauté inébranlable. Vous ne serez jamais aussi
en sécurité que sur le territoire d’un Tanuki, si tant est bien sûr que
vous y soyez le bienvenu.
Apparence : dans leur Hotei, les Tanukis sont souvent petits, trapus
et costauds, et dotés d’une couche de graisse réservée aux longs
mois d’hiver, du moins selon eux. Sous leur forme animale, ces
grands chiens viverrins ont une épaisse fourrure brune et des
rayures distinctives plus claires. Leur Wani est un mélange de ces
deux aspects, dans lequel ils deviennent une boule de muscles
recouverte de fourrure qui ne dépasse pas le mètre cinquante.
Quand ils arborent le Masque de Shintai, ils ressemblent plus à un
glouton tout en crocs, en griffes et en poils, et prêt à déchiqueter
ce qui passe à sa portée, qu’à un chien viverrin.
Style de vie : volontiers casaniers, les Tanukis préfèrent rester sur leur
territoire que voyager vers des contrées inconnues. Ils ont toujours
vécu comme des paysans et beaucoup le sont encore, mais à mesure
que les villes s’étendaient, ils ont dû s’acclimater à la jungle du quo-
tidien de la société moderne. S’ils ne se montrent pas aussi doués
que les Tanukis des légendes dans l’art de la métamorphose, les
plus studieux d’entre eux maîtrisent souvent les premiers niveaux
du Nei tan, ne serait-ce que pour améliorer leurs chances de jouer
des tours pendables.
Fortune : le Métal.
Chance : les Tanukis sont capables de se rendre surnaturellement
fiables. Si le joueur dépense un point de Yugen, les paroles de son
personnage semblent incarner la plus pure vérité, même s’il prononce
un mensonge éhonté (par exemple, convaincre sa cible malchanceuse
que c’est vraiment le jour idéal pour prendre un bain de soleil
alors qu’il est tombé trente bons centimètres de neige). Avec le jet
de dés approprié, d’autres capacités surnaturelles peuvent venir à
bout de ce pouvoir de suggestion, et même les mortels se rendront
vite compte qu’on les a roulés dans la farine. Cependant, le peu
de temps que le Tanuki aura gagné se sera souvent révélé suffisant.
Malédiction : il est tout à fait impossible de faire changer un Tanuki
d’avis. Une fois qu’il a pris sa décision, le joueur doit faire un jet de
Volonté (difficulté 8) pour que son personnage modifie ses plans.
Pouvoir du Wani : le dernier recours d’un Tanuki dans une bagarre
est une forme plus robuste, et beaucoup plus dangereuse, que
toutes les autres. Il bénéficie d’un dé de plus en Vigueur, ses griffes
infligent Force + 1 dé de dégâts létaux, et sa morsure Force + 1 dé
de dégâts létaux.
Appendice I : les gallains 427
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Chu-ih-yu
À l’heure de rendre justice, on voit souvent arriver les Chu-ih-yu. D’un
courage inébranlable, ils se consacrent tout entiers à la vengeance et
ne laissent rien ni personne s’interposer quand on applique la loi du
Talion. S’ils ne sont guère avisés, ils demeurent célèbres pour leur
impartialité et on fait souvent appel à eux pour arbitrer les conflits.
Une fois la décision prise, malheur à celui qui ne la respecte pas !
Apparence : toujours grands et autoritaires, ils se remarquent même
dans leur Hotei. Lorsqu’ils adoptent leur forme Wani, leur peau
devient un métal argenté et garde pourtant toute sa souplesse. Ils
arborent des traits anguleux qui semblent plus taillés à la serpe
que sculptés. Leurs cheveux sont blancs et ils les portent presque
toujours longs, leurs yeux brillent avec force. Quand ils revêtent leur
Masque de Shintai, ils deviennent décharnés, presque squelettiques,
mais pas moins terrifiants. Leur sourire dévoile des dents d’acier
et, tandis qu’ils se penchent vers le malheureux à qui ils ont choisi
de montrer ce visage, se fige en un rictus furieux.
Style de vie : les Chu-ih-yu gravitent autour des positions d’autorité,
surtout dans le milieu de la police et du système judiciaire au sens
large. Cependant, ils peuvent décider de travailler en dehors du
cadre légal, surtout s’ils considèrent que le gouvernement local ou
national se montre injuste. Quoi qu’il en soit, ils font des tueurs
à gages spectaculaires (et assez dangereux). Beaucoup d’entre eux
fréquentent les Cours des traditionalistes Li Shen et servent au
sein du ministère de Métal.
Fortune : le Métal.
Chance : aucun mensonge n’échappe à un Chu-ih-yu, car il peut le
sentir dans le vent. Même si l’on travestissait la vérité avec habileté,
il bénéficiera toujours un bonus de +2 sur tous les jets visant à
détecter les mensonges.
Malédiction : de même, un Chu-ih-yu est incapable de mentir en
toute connaissance de cause, à moins que son joueur ne dépense
un point de Volonté.
Pouvoirs du Wani : aucun métal inférieur ne peut entamer leur chair
sacrée et dure comme l’acier. Le Hsien absorbe automatiquement
un nombre de niveaux de dégâts égal à sa Vigueur, pour peu qu’ils
soient infligés par une source faite de métal (y compris les épées
et les balles).
Les Chu jung
Plein d’entrain et vifs d’esprit, les Chu jung vont de l’avant et
agissent avec passion, car la flamme donne la lumière et la chaleur.
Contrairement aux Chu-ih-yu légistes, ils accordent un certain respect
au texte de la loi, mais feront preuve de souplesse avec son esprit.
En fait, ils éprouvent un grand plaisir à le faire, ce qui les place à
l’avant-garde du changement au sein des Cours shinma, du moins
tant qu’ils ne se laissent aller ni aux mauvais traitements ni aux
insultes. Le feu peut aussi brûler ; la férocité de leur tempérament
et la vitesse à laquelle elle les saisit sont légendaires parmi les Hsien.
Apparence : le Hotei des Chu jung brûle avec assez de force pour
que tous ceux qui les entourent sentent la chaleur qu’ils dégagent.
Lorsqu’ils revêtent leur Wani, leur peau s’assombrit et prend une
magnifique teinte rouge, de la vapeur s’élève de leur corps et des
flammes dansent dans leurs yeux. Sous cette forme, ils préfèrent les
vêtements amples et la couleur or. Quand ils arborent le Masque de
Shintai, le feu s’échappe par tous les pores de leur peau et leur regard
flamboie si fort qu’il pourrait presque aveugler les gens à sa portée.
428 Changelin : le Songe
Style de vie : les Chu jung occupent souvent des postes qui leur per-
mettront de garder un œil sur ceux qui les entourent, et surtout de
fouiner dans leurs affaires. Plus que n’importe quel autre Kamuii,
ils conserveront sans doute des liens étroits avec le monde humain.
Les pompiers mortels figurent parmi leurs préférés et ils feront tout
ce qui est en leur pouvoir pour les protéger.
Fortune : le Feu.
Chance : personnification de la flamme, les Chu jung s’opposent
naturellement aux ténèbres et la difficulté de tous leurs jets de
Perception, ainsi que des jets impliquant l’intuition et les conclu-
sions logiques, diminue de –2.
Malédiction : les insultes et les défis allument la fournaise dans le cœur
d’un Chu jung. Le personnage ne peut laisser passer les insultes
sans que son joueur dépense un point de Volonté.
Pouvoirs du Wani : lorsqu’ils endossent leur Wani, ils embrassent la
flamme qui les entoure et absorbent automatiquement un nombre
de niveaux de dégâts dus au feu égal à leur Vigueur. De plus, ceux-ci
deviennent des dégâts létaux et non aggravés.
Les Hou-chi
Ces esprits des bois calmes et contemplatifs habitent dans leurs
clairières, leurs forêts, leurs jardins et leurs fermes. Ils en connaissent
chaque arbre, chaque buisson, chaque brin d’herbe et en prennent
soin tour à tour. Malheur à celui, shen ou mortel, qui menace ce qu’un
Hou-chi protège, car la colère de la nature est terrible et les amis de
ce Hsien nombreux. La forêt se retournera contre les intrus, le lierre
étranglera les malfaisants et les branches fouetteront les importuns.
Apparence : dans leur Hotei, ils ont fréquemment les yeux d’un vert
profond et chez les anciens, ces iris peuvent même selon la saison
virer au marron. Quand ils prennent leur Wani, ils sont grands et
gracieux, ils ont de longs membres et une peau vert émeraude ou
brune. Lorsqu’ils arborent le Masque de Shinai, leur taille semble
doubler, leurs bras et leurs jambes prennent une longueur terrifiante
et dans leur voix tonne la colère.
Style de vie : ils se sentent si mal en ville et dans les zones très déve-
loppées que la plupart d’entre eux évitent ces lieux et leur préfèrent
une vie entourée par la nature. Certains ont élu domicile dans
des parcs urbains ou des ceintures vertes, mais ils apprécient bien
plus les paysages naturels aux imitations des mortels. Les Hou-chi
militent souvent activement pour des causes environnementales, et
ils s’opposent aux plans de développement qui menacent le monde
naturel. Peu leur importe que ces aménagements améliorent la vie
des humains sur place.
Fortune : le Bois.
Chance : un Hou-chi est en harmonie avec le cycle de la vie et de la
mort, il peut ainsi soulager les souffrances de tous ceux qu’il touche.
S’il dépense un point de Yugen, sa présence immédiate peut apaiser
la douleur d’un être vivant et lui permettre d’ignorer un nombre
de pénalités de blessures égal à son Chi yin pour la scène.
Malédiction : comme ils sont intimement liés au monde naturel,
l’absence de formes de vie affaiblit le Hsien. S’il ne peut se reposer
toutes les nuits sur une terre en bonne santé, la difficulté de toutes
ses actions physiques augmente de +1, et ce jusqu’à ce qu’il soit en
mesure de le faire.
Pouvoirs du Wani : comme l’essence élémentaire du bois coule en
lui, le Hou-chi souffre moins de son contact. Il absorbe automati-
quement un nombre de niveaux de dégâts égal à sa Vigueur s’ils
sont infligés par une arme ou un objet en bois, y compris les flèches
 (même si leur pointe est en pierre ou en acier). Aucun venin ni
poison naturel ne peut lui faire de mal. Les Suijen
Les Suijen incarnent le plus profond principe du Yin. Ils assimilent

Les Komuko et s’approprient tout ce qui les entoure, tel un tourbillon avalant les
épaves à la surface de la mer. Toujours conscients de leur environ-
On vénère ces amoureux de la tradition et de la stabilité, plus nement, aussi bien physique que social, rares sont les secrets qui
encore que les autres Kamuii, pour leur sérénité et leur lien avec leur échappent. Pour cette raison, certains se méfient d’eux. En
les Dix mille choses. Cependant, du fait de leur nature intimement effet, les Suijen n’ont que faire des loyautés insignifiantes, réservent
ancrée et solide, il est parfois difficile de s’identifier à eux. On prend leur confiance à leurs amis les plus proches et leur montrent une
beaucoup de gants, et de distance, avec eux, et ils font de même. La fidélité sans bornes.
compréhension d’un Komuko du monde qui l’entoure est idéale et
n’a guère de sens pratique, et ses conseils suivront le même
état d’esprit.
Apparence : même sous leur aspect Hotei, ces Hsien
possèdent en eux un peu de la solidité de la terre. Ils sont en
général trapus et larges d’épaules, mais rarement gros. Sous leur
forme Wani, leur peau durcit jusqu’à atteindre la densité de la pierre
elle-même, et le calme et la sérénité qui les caractérisent touchent le
monde qui les entoure, apaisent les eaux turbulentes et calment les
vents féroces. Lorsqu’ils arborent le Masque de Shintai, ils semblent
dominer tous les autres et devenir une immense statue de pierre
ciselée qui se meut malgré toute sa masse.
Style de vie : les Komuko s’impliquent souvent beaucoup dans la
politique des cours shinma, car ils aiment tout ce qui apporte
ordre et stabilité. Ils gravitent naturellement autour de ces rôles
dans le monde des mortels et autant que faire se peut, ils essaient
d’instiller un peu de la vertu accordée par le Ciel au métier
qu’ils ont choisi.
Fortune : la Terre.
Chance : grâce à leur harmonie avec la terre, ils font preuve d’une
plus grande compréhension des Dix mille choses que les autres
Shinma. Leur intuition leur confère deux dés supplémentaires sur
tous leurs jets de Shentao.
Malédiction : détachés et distraits par le monde supérieur, la difficulté
de tous leurs jets d’Empathie augmente de +2, à moins que leur
sujet ne soit un Hanumen.
Pouvoirs du Wani : la terre ne peut blesser les Komuko. Ils absorbent
automatiquement un nombre de niveaux de dégâts égal à leur
Vigueur s’ils sont infligés par une source dérivée de la terre, y
compris les pierres et les dégâts dus aux chutes.

Appendice I : les gallains 429

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

Apparence : beaucoup ont les yeux verts et la plupart portent leurs
cheveux longs et libres. Dans leur Wani, leur peau devient bleue et
se couvre de délicates écailles, des ouïes se forment le long de leur
cou et une membrane apparaît entre leurs doigts et leurs orteils.
Lorsqu’ils arborent le Masque de Shintai, ils incarnent les terreurs
venues de la mer, des titans monstrueux qui emporteront sans
aucun doute tous ceux qui les offensent dans les abysses saumâtres.
Style de vie : les Suijen se montrent souvent formels et polis, mais très
réservés. Néanmoins, ils s’impliquent dans les affaires des mortels
pour mieux écouter la conversation qui les a attirés là. En matière
de politique shinma, ils ont à peu près le même objectif. Comme
ils sont chargés de veiller sur les plans d’eau et les mortels qui y
vivent et y travaillent, on les trouve presque tout le temps dans leur
voisinage immédiat.
Fortune : l’Eau.
Chance : les Suijen tirent leur puissance de la nature élémentaire de
l’eau et de ce fait, ils ne peuvent jamais faire d’échec critique sur
leurs jets d’Athlétisme, ou lorsqu’il s’agit de se libérer des liens qui
les retiennent. S’il dépense un point de Yugen, un personnage peut
même se glisser dans des vides qui seraient d’ordinaire inaccessibles,
mais il ne pourra pas s’échapper ainsi d’un espace étanche.
Malédiction : aussi sûrement que la marée arrive et s’en va, la mer
abandonne ce qu’elle veut. Les Suijen doivent dire sur-le-champ ce
qu’ils pensent et ne peuvent pas répondre de manière malhonnête
(ou même avec tact) à une question directe. S’il souhaite tenir sa
langue, son joueur doit dépenser un point de Volonté.
Pouvoirs du Wani : ces Hsien ne peuvent pas se noyer et leur eau
bien-aimée ne peut pas leur faire de mal. Ils ne subissent aucun
malus dû à la présence de cet élément, que ce soit sous sa surface
ou dans la plus terrible des tempêtes.
Le Wu tan
La sorcellerie élémentaire des Shinma possède de nombreux points
communs avec la magie des Chi’n Ta. Un plus grand talent s’accom-
pagne d’une puissance et d’un contrôle encore plus grands, et de
champs d’études répartis entre écoles élémentaires. Le Wu tan n’a
rien d’un savoir aride, il est le souffle même de la vie des Shinma,
le pouvoir élémentaire qui coule dans leurs veines et remplace leur
sang, mis en mouvement en sympathie avec le monde qui les entoure
par la force infiniment inspirante du Yugen, l’énergie créée par le
respect et la vénération des mortels. Tous les Shinma possèdent ce
pouvoir à demi oublié venu de leurs vies passées. Comme un rêve
au sein d’un autre rêve, ils trébuchent à l’aveuglette dans ce qui était
autrefois inné et aussi clair que la lune au-dessus de la mer étale.
On ne doit pas l’enseigner, bien qu’un ancien puisse certainement
apprendre quelques trucs à un débutant !
Yin & Yang
Ces énergies ne s’opposent pas, pas plus qu’elles ne s’excluent mutuel-
lement ni ne sont inébranlables dans leur singularité. Dans les recoins
les plus obscurs du Yin, la graine du Yang patiente toujours. La source
la plus brillante et la plus vivace du Yang dissimule toujours en son
cœur une perle immobile de Yin. Ces deux énergies s’entremêlent
et créent tout le reste et comme tous les Shinma se composent de
ces deux Chi, leurs âmes doivent donc aussi tout inclure.
Énergie de l’obscurité, de la décomposition et du froid, le Yin
est passif, humide, défensif et négatif. Associé aux femmes et aux
430 Changelin : le Songe
morts des deux genres, il n’est pas maléfique. C’est un aspect naturel
du monde.
Énergie de la lumière, de la chaleur et de la croissance, le Yang
est positif, sec et offensif. Associé aux hommes, il n’est pas bon. La
flamme brûle sans faire de distinction et la lumière du soleil aveugle
ceux qui la regardent.
Les éléments
De la même manière, les cinq éléments reconnus par les Hsien ne
sont pas des substances isolées, mais se complètent plutôt mutuel-
lement dans un cycle progressif, et celui-ci les unit à travers toute la
création. Le bois nourrit le feu et ensemble, ils se transforment en
cendres, ou en terre. Cette dernière génère le minerai qui devient
métal, et dans lequel, à son tour, résonne l’eau. Chacun d’entre eux
peut être dur et inflexible, ou un liquide coulant sans heurt. Puis
l’eau nourrit le bois, et le cycle recommence.
Les éléments n’existent pas seulement en tant qu’expressions
physiques de ce cycle, mais aussi à l’intérieur des âmes humaines.
Selon les Shinma, elles renferment cinq aspects alignés chacun sur
un élément, et qui gouvernent la pensée, l’émotion et le comporte-
ment. La magie alchimique leur permet d’influencer le monde qui
les entoure, et leur permet aussi de faire la même chose sur les âmes.
L’âme Bois donne à une personne ses émotions, ses passions, ses
espoirs et ses rêves. Elle est liée à l’Apparence et à la Force.
L’âme Feu contrôle les concepts des convenances et de la conduite.
Elle est le plus étroitement liée au Charisme et à l’Astuce.
L’âme Terre donne naissance à la sagesse, l’intuition et la com-
préhension, et l’Intelligence la représente le mieux.
L’âme Métal alimente le sens de la justice et l’honnêteté de
quelqu’un, et s’associe à la Dextérité et à la Perception.
L’âme Eau représente la foi (aussi bien dans les autres que dans
l’univers au sens large), la confiance et la fidélité. Ses attributs prin-
cipaux sont la Manipulation et la Vigueur.
L’Art du Wu tan
Créer un effet grâce au Wu tan est un acte de volonté et de concen-
tration du Chi singulier, représenté par un groupement de dés.
Celui-ci associe le niveau du I Chih utilisé à l’attribut concerné et à
la valeur du Chi qui lui correspond (Yin ou Yang selon sa nature).
Certains effets sont purement centrés dans l’un de ces deux Chi, et
doivent utiliser la valeur de cette énergie. Comme elle demande une
concentration totale, une action du Wu tan ne peut se combiner
à une autre action.
La difficulté de tous les jets de Wu tan est égale à 10, moins la
valeur du Chi utilisé dans l’effet. Par exemple, si le Chi Yang d’un
personnage est de 3, la difficulté des jets basés sur le Yang sera égale à 7.
Par défaut, les effets de Wu tan se limitent au Hsien qui les
produit ou aux choses qu’il touche directement. Cependant, les
modificateurs listés plus loin lui permettent d’étendre son sort
au-delà et de changer sa nature. Pour les utiliser, le joueur doit
allouer au jet qu’il cherche à influencer un nombre de dés issus de
son groupement initial qui sera égal au niveau du modificateur. Les
dés restants représentent alors son groupement final et il ne lance
que ceux-là. Il attribue ensuite les réussites obtenues au-delà de la
première aux modificateurs s’il souhaite amplifier ou étendre l’effet.

La question de l’âme
en cinq parties
Ce concept shinma décrit un tout unique simultanément
divisé en cinq parties. À leurs yeux, toutes les âmes se
comportent ainsi, et peu importe la manière dont d’autres
cosmologies voient ou interagissent avec elles. La sorcellerie
hsien n’est pas moins efficace sur le touriste 100 % améri-
cain que sur le paysan qui cultive son riz, né et élevé dans
le village le plus rural et le plus traditionnel de toute l’Asie.
Les modificateurs
Grâce aux modificateurs suivants, le Hsien altère l’étendue des effets
du Wu tan et les renforce, augmente leur porté ou leur durée, et
ainsi de suite. Contrairement aux Royaumes des Kithains, il n’a pas
besoin d’acheter ces modificateurs, car les Shinma y ont tous accès.
L’Abondance contrôle le nombre de personnes ou d’objets que
le personnage peut manipuler par le biais de son Wu tan. Sans
elle, il ne pourra affecter que lui-même ! Le premier dé affectera
une autre personne et les suivants augmentent ce nombre (cf.
la table des modificateurs, page 437).
La Circonstance lui permet de mettre en place les conditions
qui déclencheront ou annuleront son effet. Le premier dé lui
permet d’énoncer un déclencheur ordinaire, un groupe auquel
l’appliquer ou une large division (par exemple, les hommes ou
les femmes, le jour ou la nuit, et ainsi de suite). Avec deux dés,
il pourra rétrécir le champ d’application (par exemple, l’heure
à laquelle l’effet se produira), ou le limiter à un certain groupe
(comme des représentants officiellement élus). Avec trois dés,
il précisera la condition nécessaire pour coller parfaitement à
l’effet qu’il veut obtenir, à savoir le moment le plus opportun
et les individus précis qu’il veut cibler.
La Continuité étend la durée de l’effet (d’un tour avec un dé,
ou encore des années, voire des décennies, si le personnage en
dépense beaucoup plus). Reportez-vous à la table des modifi-
cateurs, page 437 pour plus de détails.
Le Domaine étend la portée d’un effet, car sans lui, le Hsien
doit toucher sa cible. Avec un dé, il peut affecter quiconque se
trouve dans une pièce ou, de manière générale, plus ou moins
à portée de main. Avec deux dés, il produira son effet sur un
petit bâtiment, ou bien une personne qu’il sera en mesure
de toucher s’il l’atteint en un tour. Avec trois dés, il affectera
quelqu’un ou quelque chose dans un grand bâtiment, comme
un gratte-ciel ou tout un village. Avec quatre dés, il agira à
travers toute une ville. S’il consacre un nombre de dés plus
grand, il pourra étendre son influence à travers des provinces
entières, voire toute l’Asie s’il fournit un effort herculéen (et
avec la permission du conteur).
Le Degré associe la capacité d’altération et les dommages
potentiels. Après tout, que sont les dommages, sinon un
changement violent et non désiré ? En conséquence, chaque dé
peut ajouter un dé de dégâts à un effet mis en place pour faire
du mal à quelqu’un. S’il sert à altérer plutôt qu’à simplement
détruire, l’échelle change. Un dé suffit à altérer les émotions
d’une personne ou provoquer des changements mineurs, comme
l’éclosion d’une fleur. En bref, quelque chose qui pourrait
arriver selon toute probabilité sans l’intervention du Hsien.
Deux dés influenceront de profondes passions ou effectueront
des modifications importantes, mais toujours plausibles, sur
le monde. Par exemple, une graine tout juste plantée pourrait
germer et devenir jeune pousse en quelques secondes. Trois
dés altéreront la perception elle-même ou transformeront un
carré de pelouse en champ de fleurs. Avec quatre dés, le person-
nage pourra modeler la psyché comme de l’argile et produire
des changements vraiment spectaculaires. L’herbe de notre
exemple ne devient pas un simple champ de fleurs, mais un
arbre adulte. Allouer des dés supplémentaires à l’intéressé lui
permettra d’effectuer de magnifiques transformations, dignes
du Ciel lui-même, défiant la description de simples mortels.
À ce degré de contrôle, le Hsien peut même détruire les âmes
élémentaires, mais un tel blasphème provoquera certainement
la colère du Ciel.
La Magnitude permet au Hsien d’influencer des parts de
plus en plus grandes du monde. Sans elle, son sortilège ne
pourrait concerner qu’une cible à peu près de la même taille
qu’un humain. Avec le premier dé, il atteint des objets plus
gros, comme des arbres, des rochers ou des véhicules. Avec le
deuxième, il sera en mesure d’agir sur des routes, des rues, des
fleuves ou des bâtiments. Au-delà, la zone d’influence s’étend
proportionnellement, d’abord à des bois, des rivières ou des
champs entiers, ensuite à toute une montagne, et enfin à des
chaînes de montagnes, de vastes forêts, puis enfin aux limites
de l’horizon. Il ne faut pas confondre Magnitude et Domaine ;
en effet, ce dernier gouverne la distance entre le personnage
et le centre de son miracle alchimique, tandis que la première
concerne la taille de ce même miracle (son « empreinte », par
opposition à sa « foulée »).
Les Cohortes élémentaires
Chaque type d’Alchimie élémentaire est un tout à part entière. En
revanche, à l’instar des éléments qu’elles représentent, elles font aussi
partie d’un cycle plus grand. Grâce à cela, il est possible de combiner
les Alchimies afin de créer un effet unifié. Par exemple, on pourra
transformer l’eau en métal, extraire le métal de la pierre sans avoir
besoin d’une forge, ou encore créer de la lave en fusion à partir de
rien du tout. Ces passages sont les plus aisés lorsque les éléments se
nourrissent naturellement les uns des autres (le bois en feu, le feu
en terre et ainsi de suite). A contrario, passer de la terre à l’eau, ou
bien du métal au feu se révèle bien plus difficile. Lorsqu’on associe
plusieurs Alchimies en un seul effet, on crée une Cohorte et il en
coûtera au Hsien un point de Yugen par Alchimie en plus de ce qui
est nécessaire à l’effet. Si la Cohorte associe des éléments générateurs
d’un cycle constructif (par exemple, bois-feu ou feu-terre-métal), le
joueur s’acquittera d’un point de Yugen de moins. De même, si le
cycle est en opposition, la difficulté du jet de Wu tan augmente de
+1. Bien sûr, manipuler les cinq Alchimies en même temps donne
naissance à une Cohorte constructive, mais son coût est très élevé.
Le conteur aura le dernier mot sur les éléments mis en œuvre dans
un effet donné.
Appendice I : les gallains 431
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
La contre-magie
Toute chose doit avoir une fin et il en va de même pour la magie, y
compris celle des Shinma. Parfois, cette magie doit se terminer plus
tôt que prévu, surtout dans ces temps chaotiques où il arrive que
des Hsien s’affrontent. En conséquence, la contre-magie consiste à
opposer un Wu tan à un autre. Il existe deux moyens de procéder.
Lorsqu’un personnage lutte contre un effet en train d’être créé,
il doit équilibrer le Chi de son adversaire pour l’annuler, et donc se
servir du Chi opposé. Le joueur dépense un point de Yugen et lance
un groupement égal au Chi utilisé pour stabiliser l’effet. Les réussites
obtenues sur ce jet annuleront autant de réussites obtenues sur le jet
de Wu tan de la cible. Un Hsien ne peut tenter de s’opposer à un
effet précis qu’une seule fois. Plusieurs personnages peuvent requérir
l’aide de ses amis pour l’aider dans cette tâche. Ainsi, beaucoup de
Shinma plus faibles seront capables de venir à bout d’un seul autre,
plus puissant. Cependant, il convient de prendre des précautions,
car si l’effet bascule et que les personnages obtiennent un grand
nombre de réussites sur leur usage de la contre-magie, il peut facile-
ment échapper au contrôle de ses créateurs, et d’une manière que
personne n’avait prévu.
Toutefois, lorsque l’on tente de détruire un effet persistant, on
préfère faire appel au Chi Yin, car il représente la décomposition
et la dissolution. Utiliser des Alchimies contraires le déstabilisera
et le fera s’effondrer. Or si l’effet existe déjà et qu’il est tissé dans
la trame de la création, il faut patiemment en ôter la moindre par-
celle. Chaque réussite obtenue sur le jet de contre-magie annule un
niveau de modificateur mis en place sur l’Alchimie initiale, et donc
un dé alloué à l’effet par le lanceur. Ce processus altère sur-le-champ
l’influence de cette Alchimie, qui se contracte brutalement. Inutile
de l’éliminer totalement ; parfois, il suffit de réduire sa portée pour
lui ôter toute efficacité. Cependant, la substance de l’effet existera
Éléments opposés
Feu
Bois
Le Bois s’oppose à la Terre.
Le Feu s’oppose au Métal.
La Terre s’oppose à l’Eau.
L’Eau s’oppose au Feu.
Le Métal s’oppose
Eau
432 Changelin : le Songe
toujours et son créateur pourra la réactiver en faisant à nouveau
appel au Wu tan.
Les Rituels
Les Rituels étendent la création des effets de Wu tan dans des actions
plus longues et complexes. Ce procédé possède ses désavantages, et
le plus important d’entre eux réside dans le temps nécessaire à la
préparation et la conduite du Rituel en question. Leur complexité
les rend également plus malaisés, ce qui augmente de +1 la difficulté
du jet si le Rituel se déroule sur un site favorable, et de +2 dans le cas
contraire. Les dés mis en réserve pour les modificateurs doivent le
rester pour tous les jets. On ne peut utiliser les effets d’une Fortune
pendant un Rituel qu’une seule fois, ce qui signifie que si le joueur
a fait appel à l’une d’entre elles au cours d’un jet, il ne pourra pas
l’invoquer à nouveau. S’il n’a besoin de dépenser le Yugen nécessaire
pour l’Alchimie qu’une fois, il pourra quand même investir un point
de plus pour lier ensemble tous les éléments du Rituel. N’importe
quel participant peut faire don de ce Yugen.
Chaque jet devrait symboliser une unité de temps comprise entre
vingt minutes et une heure. Un seul Hsien endosse le rôle de maître
du rite, tous les autres Shinma qui y participent ajoutent un dé à son
groupement par jet qu’il devra effectuer. Il est impossible d’ajouter
ainsi plus de quatre dés, 5 étant le nombre de participants le plus
favorable pour un Rituel puisqu’il reflète la répartition élémentaire
de la création.
Les réussites obtenues se cumulent, et voilà bien l’avantage majeur
du Rituel. Ainsi, les effets à portée du Hsien seront plus importants.
Cependant, il ne peut durer que le temps nécessaire au maître des
rites pour effectuer un nombre de jets de dés égal au Chi (Yin ou
Yang) qu’il utilisera. Au-delà, l’Alchimie devient trop puissante pour
qu’il puisse la contrôler.
Terre
au Bois.
Métal
Les Fortunes
Elles ajoutent des dés de Fortune sur les jets auxquels elles s’appliquent,
car l’équilibre naturel des éléments aide le Hsien à manipuler sa
magie. Ces dés ne se lancent pas, ils s’attribuent aux modificateurs
et permettent ainsi au joueur de ne pas amputer son groupement.
Certaines Fortunes se contrôlent, d’autres non. En conséquence,
des moments ou des lieux sont plus propitiatoires que d’autres pour
les intentions du personnage.
La couleur : elle s’applique si le lanceur porte la bonne couleur et
pourvu qu’elle soit visible, et non cachée de quelque manière que
ce soit. Si la cible porte la même couleur, la Fortune ajoute deux
dés. Le Feu est associé au rouge, le Bois au vert, la Terre au jaune,
le Métal au blanc et l’Eau au noir.
La direction : s’il se trouve à l’endroit adéquat, le poids du monde
n’affecte pas les efforts du Hsien. Il doit se tenir à une distance
remarquable de sa cible pour pouvoir bénéficier des avantages de
cette Fortune. Le Feu est associé au sud, le Bois à l’est, la Terre au
centre (c’est-à-dire près de la cible), le Métal à l’ouest et l’Eau au nord.
Les zhi zaji : ces « papiers pliés » sont des représentations des gens ou
des objets et servaient dans certains lieux de sacrifices. Fabriquer
une effigie de papier de la cible sur laquelle le Hsien souhaite utiliser
sa magie donne une puissance supplémentaire à cette dernière.
Les festivals : le lanceur doit participer lui-même à un festival pour
invoquer le bénéfice de cette Fortune et dans le Royaume du Milieu,
les occasions ne manquent pas. Les plus importants ont lieu à chaque
pleine lune. Les festivals confèrent toujours trois dés de Fortune.
Les Fortunes des Kwannon-Jin : chacun d’entre eux entre en résonance
avec un élément précis, et bénéficie donc de cette Fortune lorsqu’on
invoque un I Chih associé à cet élément. Si la cible est du même
kith que le lanceur, il confère deux dés de Fortune supplémentaires.
Les Mu-jen : ces poupées de bois sont sculptées dans du bois d’abrasin
ou de paulownia, puis habillées à l’identique de la cible qu’elles
représentent, tissant ainsi un lien puissant à travers lequel la magie
du Hsien peut s’écouler. Cependant, chaque poupée ne peut servir
qu’une fois.
La poésie : n’importe quel style formel de poésie permet d’invoquer
cette Fortune. Toutefois, chaque I Chih doit avoir son propre poème,
et on doit chaque année en composer un nouveau, en général au
moment du festival du Nouvel An.
La saison : certaines saisons sont plus favorables à des éléments,
puisque la magie élémentaire suit son chemin naturel au fil de
l’année. Le Feu est associé à l’été, le Bois au printemps, le Métal
à l’automne et l’Eau à l’hiver. Les saisons donnent deux dés de
Fortune supplémentaires.
Le sens : le lanceur et sa cible doivent vivre en même temps une
expérience sensorielle identique afin de pouvoir invoquer cette
Fortune. Le Feu est associé à la vue, le Bois au toucher, la Terre à
l’odorat, le Métal à l’ouïe et l’Eau au goût.
Le Wani : tous les Hsien entrent en résonance avec la magie des élé-
ments. Ainsi, le personnage reçoit deux dés de Fortune lorsqu’il
est dans sa forme Wani et que son joueur fait un jet de I Chih.
Le I Chih
Chaque école d’alchimie est divisée en cinq niveaux ascendants,
depuis la compréhension la plus élémentaire aux grandioses altéra-
tions de la trame du monde. On nomme I Chih, ou « justes juge-
ments », ces étapes nécessaires dans la connaissance et la capacité.
Ces pouvoirs sont nés d’un décret sacré permettant aux Shinma
d’accomplir l’œuvre du Ciel et de répondre aux prières des mortels.
À présent coupés de lui, ces pouvoirs semblent leur appartenir et
ils ont l’air d’en faire ce que bon leur semble. Si l’on décrit les I
Chih en fonction d’effets spécifiques et d’exemples précis, il n’existe
aucune limite aux effets qu’ils peuvent créer, sauf lorsqu’il s’agit de
progresser dans la sagacité élémentaire, de l’imagination du Hsien qui
emploie cette magie et, bien entendu, de l’approbation du conteur.
Les I Chih sont des interprétations universelles des Dix mille
choses et en tant que telles, les exemples donnés pour illustrer une
description de chacun d’entre eux ne sont que cela, à savoir de simples
exemples des multiples merveilles que le Hsien peut invoquer avec
l’étude et la concentration adéquates.
La langue prodigue
La première leçon de l’alchimie élémentaire enseigne la manière
de parler aux esprits du monde dans la langue des éléments qu’ils
représentent. Tels sont le premier devoir et le privilège regagnés
à chaque renaissance par le Shinma. Grâce à ce pouvoir, il parle
aux rochers, aux rivières, aux animaux et même aux gens dont il
ne connaît pas naturellement la langue (même si le discours est
toujours mystérieux et que son origine est clairement magique, son
interlocuteur le comprend parfaitement).
Communier avec les éléments : le Hsien peut s’adresser directement
aux éléments et converser avec des flaques d’eau, des pierres ou
des arbres. Les esprits de la plupart des choses sont des créatures
silencieuses et apathiques qu’il faut éveiller, et c’est en partie ce
qu’accomplit la dépense de Yugen. La plupart ne percevront qu’en
partie le monde qui les entoure. Par exemple, une pierre est aveugle,
mais une flaque d’eau peut savoir ce qui s’est reflété à sa surface. Si
le personnage se sert de la Magnitude, il approfondira et élargira
le lien ; ainsi, des informations fiables auront plus de chance de
ressortir de la conversation.
Lire l’âme élémentaire : en appelant les éléments constitutifs de
l’âme, le Hsien peut se lier un bref instant à celle-ci et en deviner
la nature. Par exemple, il déterminera si elle est juste en examinant
son âme de Métal, et donc si la personne associée avec elle est en
train de mentir.
Parler avec Jimu-Tenno : les Hsien sont eux-mêmes des esprits, même
s’ils ont été séparés de ce qu’ils étaient auparavant. Pourtant, ils
conservent le pouvoir de parler à leurs semblables, à savoir les esprits
élémentaires du monde du Yang qui réussissent parfois à se glisser
dans le Royaume du Milieu.
Parler aux mortels : les Hsien étaient chargés de superviser le monde
naturel. Cependant, les humains y ont aussi un rôle à jouer, et il
semble devenir de plus en plus important au fil du temps qui passe
(mais rarement à l’avantage du monde naturel). Les humains sont
faits à partir de la même matière élémentaire et portent les mêmes
âmes que les bêtes, les plantes et les pierres. En conséquence, le
Shinma peut grâce à l’alchimie s’adresser à n’importe lequel d’entre
eux et se faire comprendre. Parler aux mortels est toujours un effet
du Yang, tandis que s’adresser aux morts est un effet du Yin. Ce I
Chih fonctionne quel que soit l’élément utilisé pour l’alimenter,
à moins que l’âme élémentaire correspondante du sujet n’ait été
sérieusement endommagée ou bien détruite. Dans ce cas, ne pas
comprendre le Hsien est bien le cadet de ses soucis.
Appendice I : les gallains 433
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Attiser les éléments ;
etouffer les éléments
Les Shinma se sont vus autrefois attribuer l’autorité sur les esprits
du Royaume du Milieu et du monde du Yang, afin de mieux les
ordonner selon la vision du Ciel. Même à présent qu’ils en ont été
chassés, cette autorité demeure et un jeune Hsien parviendra souvent
à amadouer les éléments pour s’en faire obéir, ne serait-ce qu’un
peu. Ainsi, il enflammera ou étouffera le Chi élémentaire présent
en eux, mais aussi en lui.
Affaiblir/nourrir l’âme élémentaire : sa faculté à ordonner aux élé-
ments lui donne le pouvoir de commander à l’énergie élémentaire,
et d’attiser (grâce au Yang) ou d’étouffer (grâce au Yin) les passions
et les comportements associés à un élément précis.
Améliorer/affaiblir les attributs élémentaires : de la même manière, le
Hsien peut se servir de son autorité pour altérer les attributs associés
à ces éléments. Il pourra ainsi les augmenter ou les diminuer d’un
point par tranche de deux dés alloués au Degré. Par exemple, il
lui faudra trois dés pour faire passer le score d’un attribut de 1 à
0. Comme précédemment, le Yin affaiblira ces valeurs et le Yang
les améliorera.
Atours des éléments
Tandis que sa compréhension s’améliore, le Hsien apprend à contrôler
sa propre forme élémentaire. Il devient capable d’altérer son corps
et sait que les différences entre celui-ci et le monde qui l’entoure
sont négligeables. Ce I Chih ne peut cibler d’autres individus que
lui ; tous ses effets doivent affecter le Hsien ou un objet inanimé. De
plus, à mesure qu’il approfondit ses connaissances sur les éléments,
ses aptitudes et son pouvoir au sein de la Bureaucratie céleste gran-
dissent. Grâce au troisième degré dans une Alchimie, le personnage
peut à présent exercer son autorité sur les esprits élémentaires du
Royaume du Milieu.
Exorciser un esprit élémentaire : le Shinma peut disperser, mais non
détruire, un esprit élémentaire. Pour ce faire, il devra allouer un dé
au Degré par tranche de 10 points de Chi que sa cible renferme.
Si celle-ci a franchi le Goulet et qu’elle s’est déjà manifestée, la sor-
cellerie devient beaucoup plus difficile ; il devra alors consacrer un
dé par tranche de 5 points de Chi. Cet effet relève toujours du Yin.
Conjurer un esprit élémentaire : le Hsien conjure un esprit des élé-
ments à travers le Goulet. Pour cela, il doit allouer au Degré un dé
par tranche de 10 points de Chi dans sa cible, plus un par niveau
du Goulet présent sur les lieux. Les esprits n’apprécient guère de
se faire appeler à la légère, et demandent généralement de se faire
payer avant d’exécuter la requête du personnage. Cet effet relève
toujours du Yang.
Conjurer le Bateau Dragon : ce pouvoir ne peut s’utiliser qu’au sein
des Nids des dragons, ces lieux où l’énergie spirituelle du monde
s’insinue dans le monde matériel du Royaume du Milieu. Ainsi,
le Shinma est capable de se déplacer rapidement de l’un à l’autre
et il doit consacrer au Degré un dé par tranche de 160 kilomètres.
Cependant, les Nids doivent être reliés par les lignes des dragons
pour que ce I Chih fonctionne et il faut posséder une petite figurine
de jade représentant ce bateau. Le Hsien conjure un élémentaire à
travers le Goulet et conclut un accord équivalent à celui qu’il doit
obtenir lorsqu’il Conjure les esprits élémentaires. En cas d’échec
critique, la figurine de jade se brise et souille le Nid, qui ne sera
purgé de cette pollution qu’après une journée passée en rituels. Les
gardiens des lieux risquent de ne pas vraiment apprécier.
434 Changelin : le Songe
L’objet étreint : le Hsien intègre en lui une petite portion d’un élément
(au maximum le double de sa propre masse). L’esprit de l’objet
fusionne avec le sien et il est ainsi impossible de le découvrir. Les
effets de Cohorte doivent servir à dissimuler un objet constitué de
plusieurs éléments, comme du liquide refermé dans un contenant
métallique (Eau et Métal) ou une torche enflammée (Bois et Feu).
Les voies des éléments : le personnage fusionne avec un élément, ne
fait plus qu’un avec lui et peut donc se déplacer librement en lui, à
partir du moment où il dirige l’effet avec le Domaine. La Continuité
lui permet de rester au sein de la substance dans laquelle il s’est
fondu. En revanche, s’il ne la quitte pas avant la fin du sortilège,
l’élément l’expulse violemment et il subit deux niveaux de dégâts
aggravés. La difficulté de tous les jets de Perception effectués pour
distinguer le monde à l’extérieur de celle-ci augmente de +2. Le
Hsien ne peut pas utiliser le I Chih lorsqu’il se trouve à l’intérieur,
car son Chi est toujours actif. Tous les objets autres que des vête-
ments doivent être étreints avant le voyage, sinon ils ne passeront
pas à travers l’élément.
Forme/Poing élémentaire : en incorporant l’élément en lui, le Shinma
est capable de résister plus efficacement à ses ravages et d’augmenter
ses capacités de combattant. Les dés alloués au Degré doivent être
répartis entre ces deux talents, ou bien consacrés à un seul d’entre
eux. Il est possible de former des combinaisons (par exemple, la
forme du Bois avec le poing de Feu) tant qu’elles alimentent le cycle
de progression. Ce pouvoir requiert un effet de Cohorte.
Bois : le personnage peut ajouter des dés d’absorption contre des
attaques portées par le Bois, ou bien diminuer la difficulté des jets
de résistance contre les venins ou les poisons, ou encore faire pousser
d’épaisses épines sur ses mains et sur ses pieds qui lui permettront
d’infliger des dégâts létaux à mains nues.
Feu : le personnage peut ajouter des dés d’absorption contre les attaques
portées par le Feu, mais elles infligeront quand même des dégâts
aggravés. De plus, il peut faire surgir des flammes quand il frappe
et y engloutir son adversaire. Les dés alloués au Degré au cours du
I Chih originel doivent être répartis entre l’intensité et la taille de
la flamme qu’il souhaite créer.
Terre : le personnage peut ajouter des dés d’absorption contre les
attaques portées par la pierre ou la Terre, ou bien réduire les
difficultés associées à de mauvaises conditions météorologiques.
Il peut également durcir de manière surnaturelle ses poings et ses
pieds. Ainsi, il portera des coups à travers ou dans des substances
dangereuses sans subir d’effet néfaste. De plus, les dés alloués au
Degré au cours du I Chih originel ajouteront un nombre équivalent
de dés de dégâts à son groupement de dégâts contondants.
Métal : le personnage ajoute des dés d’absorption contre les attaques
portées par le métal, et pare à mains nues les coups portés par les
lames. S’il dispose de la puissance nécessaire, il peut même devenir
invulnérable aux balles. Ses mains et ses pieds, des instruments
affûtés avec soin, possèdent la solidité de l’acier. Ils peuvent cibler
avec précision les points faibles des armures et passer à travers. De
plus, les dés alloués au Degré au cours du I Chih originel feront
perdre un nombre équivalent de dés d’armure aux jets d’absorption
de son adversaire.
Eau : désormais, le personnage ne peut plus se noyer et il échappera
facilement aux liens ou aux prises. La difficulté des jets concernés
diminuera d’une valeur égale au nombre de dés alloués au Degré
au cours du I Chih originel. Ses poings poussent l’essence même
de l’Eau dans ses adversaires et les font se noyer même dans le
plus aride des déserts. Les victimes doivent faire un jet de Vigueur
 + Athlétisme (difficulté égale au Yin du Hsien, plus les dés alloués à
l’effet) pour tousser et recracher cette eau. En cas d’échec, les règles
de la section « Suffocation & noyade » (page 293) s’appliquent et
elles s’évanouiront.
Éveiller les éléments
Le Shinma n’a plus besoin de cajoler les éléments pour qu’ils accom-
plissent ce qu’il demande ni de travailler leur matière à l’aide de ses
mains nues. À présent, sa seule volonté leur ordonne et les contrôle,
et ses œuvres sont une merveille de précision. De plus, sa meilleure
compréhension du Wu tan lui permet d’employer les Atours des
éléments contre d’autres personnes.
Éveiller le Vrai jade : en liant un bref instant son Chi avec celui qui
sommeille dans le jade, le Hsien peut éveiller cette pierre et créer du
Vrai jade, une puissante substance mystique très recherchée parmi
les Shinma. Éveiller le jade à un Chi particulier nécessite un jet de
Yin ou de Yang, tandis que pour l’équilibrer, il faut effectuer un jet
pour chaque Chi. Quel que soit l’aspect, le personnage éveillera un
point de Chi dans le jade par tranche de deux dés alloués au Degré.
Main élémentaire : le Hsien est capable de déplacer et de façonner
les éléments eux-mêmes, et les affecter par le biais d’une sorte de
télékinésie martiale. Grâce à ce pouvoir, les possibilités d’action
sont nombreuses. Par exemple, le personnage peut animer des
arbres ou sculpter la pierre pour en faire la caricature féroce de
quelqu’un. La technique, sans doute la plus simple, de cet arsenal
consiste à attaquer son adversaire avec l’élément en question. Si
leur forme peut varier (jets d’eau sous haute pression, grandes lan-
gues de flamme, rochers arrachés au sol), ces attaques sont toutes
représentées par le jet de I Chih et les réussites allouées au Degré
traduisent les dés de dégâts.
Conjurer un élément : le Hsien possède une telle compréhension des
éléments qu’il peut les créer ex nihilo ou du moins, semble-t-il le
faire. Après tout, l’équilibre gouverne toutes les choses et l’élément
doit venir de quelque part. Bien entendu, si le personnage ne peut
pas contrôler cette origine, il peut en contrôler l’expression.
Trône de jade
Le Shinma unit tout son savoir sur les éléments et représente le
grand cycle. Il peut librement les transmuter, échanger ou altérer
ses propriétés à volonté, et ce même entre différents éléments s’il se
sert d’un effet de Cohorte. Sa maîtrise est évidente, les esprits de la
hiérarchie céleste reconnaissent son autorité, ou du moins à quel
point il serait stupide de le mettre en colère, car s’ils désobéissaient,
il pourrait les obliger à accomplir la tâche qu’il souhaite leur confier.
Autorité : le personnage peut contraindre les esprits à obéir à ses
ordres. Ceux-ci doivent être assez simples pour qu’il les commu-
nique en une seule phrase, et ils ne doivent pas demander à l’esprit
concerné plus d’un mois lunaire de service. De plus, le Hsien ne
peut donner cet ordre qu’une fois par an ; au-delà, l’esprit peut
en appeler à l’arbitrage de la Bureaucratie céleste. Cette dernière
sera, selon toute probabilité et pour rester poli, contrariée par les
actions du changelin. La contrainte nécessite la dépense d’un point
de Yugen, en plus de celui utilisé pour invoquer ce I Chih, ainsi
qu’un nombre de points de Yugen supplémentaires égal au Chi de
l’esprit divisé par 10 (arrondi à l’inférieur).
Transmutation : le personnage est capable d’intervertir les qualités
d’un élément entre ses diverses expressions. Par exemple, la flamme
d’une allumette deviendra aussi intense que celle d’une torche s’il
alloue un dé au Degré, mais il devra en investir beaucoup plus s’il
veut lui donner la puissance de celle d’un chalumeau. Grâce aux
effets de Cohorte, il pourra échanger les propriétés des différents
éléments entre leurs expressions, comme créer un feu qui soit aussi
résistant que le diamant. Gelé en une forme unique, il infligera
néanmoins de terribles brûlures. Un véritable maître des éléments
peut même transformer l’expression d’un élément en l’expression
d’un autre. Ainsi, il pourra transformer le bois en or ou l’eau en
flamme. Cependant, il devra connaître chaque Alchimie au niveau
5 pour être en mesure de manipuler la plus rigoureuse des magies.
Le Nei tan
Avec les talents naturels des Shinma, une sixième école d’alchimie
existe et elle se concentre sur la personne et l’âme plutôt que sur le
monde autour du changelin. Ce recueil de techniques se rapproche
plus de la sorcellerie daoïste qu’autre chose, et elle doit s’enseigner
ou se découvrir par le biais de séances intensives de méditation et
d’entraînement. Le Nei tan s’apparente au concept daoïste de l’univers
et considère que le soi est un microcosme du tout. Cependant, les
Hsien inversent le processus et étudient le monde pour comprendre
le soi. Ainsi espèrent-ils obtenir une fois de plus la bénédiction de
l’Auguste de jade. Les avantages conférés par la maîtrise du Nei tan
semblent certainement pointer dans cette direction ; après tout, un
maître peut traverser le monde Yang à volonté de la même manière
que le faisaient autrefois les Hsien. Pourtant, l’exil demeure impla-
cable et résolu. Même si cela conduit jusqu’à l’illumination, bien
penser ne suffit pas si l’on n’agit pas bien, et les Shinma peinent à
déterminer ce qui leur permettra de rentrer chez eux.
Système : si le Nei tan se base sur le contrôle du flux de Chi et la
combinaison du Yin et du Yang, il n’est nullement associé à un
attribut, une capacité ou un trait. Comme la pratique du Nei tan
s’appuie sur l’équilibre interne de ces deux énergies, le groupement
de dés mobilisé pour une action qui l’invoque correspond au score
de Tao du personnage (c’est-à-dire la moyenne de ses attributs de
Chi), auquel on ajoute un autre trait (attribut, capacité ou même
historique). Il revient au seul conteur de le déterminer en fonction de
la description faite par le joueur de l’action qu’il tente d’accomplir.
Il n’y a pas qu’une seule voie, il n’y a que la Voie.
Si les attributs de Chi du personnage étaient en déséquilibre, il
aurait du mal, voire ne pourrait pas du tout, employer des niveaux
élevés de Nei tan. Ainsi, il perdrait l’accès à un niveau de Nei tan par
point d’écart entre ses attributs de Chi, en partant du cinquième
niveau. Par exemple, si un Shinma dispose de 4 en Yin et de 2 en
Yang, il ne pourra utiliser que les trois premiers niveaux du Nei
tan, et ce même s’il a déjà appris les deux derniers.
Les modificateurs fonctionnent normalement quand on les
applique à cette Alchimie, ce qui n’est pas le cas des Fortunes
basées sur les aspects élémentaires.
T’ai su, le Grand Primordial
Le Chi se condense et prend forme physique pour créer le monde
tel que nous le connaissons. De la même manière, nombre de Hsien
inversent cet effet et obtiennent un contrôle total sur l’expression de
leur corps. À son niveau le plus primaire, il copie les capacités que
certains moines mortels acquièrent grâce à un entraînement intensif.
Ainsi, il peut contrôler son rythme cardiaque, sa respiration et même
sa température corporelle avec une grande précision. Cependant,
comme il est un être de pur Chi, son ascendant est encore supérieur
Appendice I : les gallains 435
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
et il est capable d’altérer sa forme de manière temporaire, voire
permanente, par sa seule volonté.
Métamorphose : ce pouvoir est tellement apprécié des Tanukis pour
son utilité quand ils commettent leurs farces que la légende en a fait
l’une de leurs capacités naturelles. Ils ne sont pourtant pas les seuls
Shinma à lui accorder de l’importance. Altérer un trait physique (la
couleur des yeux ou des cheveux, le sexe, et ainsi de suite) ne coûte
qu’un dé. Contrairement à d’autres effets, il peut devenir permanent
si le personnage consacre 10 dés au modificateur de Continuité.
La fortune (et les Fortunes !) doit sourire à l’audacieux, mais cela
peut se faire. Effectuer des changements plus importants, comme
devenir un arbre, une pierre ou tout autre objet inanimé, en nécessite
trois. Quand on le touche, le Hsien arbore les qualités de ce qu’il
est devenu, mais si on le frappe alors qu’il s’est métamorphosé en
pierre, il cédera facilement et la transformation prendra sans doute
fin ; pour conserver son apparence, il devra faire un jet de Volonté
(difficulté 8). Adopter la forme d’une autre espèce se révèle assez
difficile et nécessite cinq réussites pour y parvenir. Le personnage
pourra sans doute respirer sous l’eau comme un poisson ou voler
comme un oiseau, mais il ne saura peut-être pas instinctivement
comment procéder. De plus, ses attributs ne changent pas et il aura
beau s’être changé en un énorme ours furieux, il ne deviendra
pas pour autant la machine à tuer vicieuse qu’il espérait. À moins
d’améliorer ses attributs grâce au Wu tan, il sera sans doute plus
faible qu’un ours normal.
Visage des trépassés : le Hsien peut puiser au plus profond de son Yin
et prendre non seulement l’apparence, mais aussi la nature d’un
cadavre. L’effet demeure en place tant qu’il le souhaite. Il est tout
à fait mort, à tous les points de vue. Il ne perçoit pas, et ne peut
percevoir, ce qui se passe autour de lui ; sa conscience la plus intime
est confortablement installée dans un puits de Chi Yin et, comme
le Yang, attend de jaillir. Si dans l’intervalle son corps est dérangé,
blessé ou même détruit, il en ressentira les effets à l’expiration du
pouvoir, ce qui pourrait tout à fait le tuer réellement.
T’ai I, le Grand Changement
Comprendre ce niveau de Nei tan est un écho à la naissance de la
réalité. Ce pouvoir permet au personnage de réinterpréter sa relation
avec le monde qui l’entoure, et donc de se réinterpréter lui-même.
Ce faisant, il cherche une place intemporelle de laquelle il pourra
percevoir les Dix mille Choses.
L’Axe du temps : le Hsien se tient à l’écart du temps et suit la bonne
action qui lui permettra d’atteindre son but. Le temps nécessaire
à n’importe quelle action étendue diminue de moitié pour chaque
dé alloué à la Continuité (minimum un tour).
L’éternelle Veille : le Shinma sort tout à fait du cours du temps, le laisse
s’écouler sans lui et peut ainsi entrer en hibernation. Ce pouvoir
s’utilise souvent en conjonction avec un effet de Métamorphose ;
le personnage se change en objet inanimé inintéressant afin de
mieux éviter l’attention. Lorsqu’il entre dans cet état, tous les effets
placés sur lui sont suspendus (et ce quelle que soit la valeur de la
Continuité) et restent en place après la fin de ce pouvoir. Pour le
Hsien, le temps passe en un clin d’œil. Pour le Ciel qui ne supporte
pas les tire-au-flanc, celui qui dort pendant les âges fait un usage
bien déplorable de son illumination.
T’ai Chi, le Grand Mât
Pour percevoir le centre de la réalité, il faut se tenir sur l’axe des Dix
mille Choses. Elles sont le levier placé sur le parfait point d’appui,
436 Changelin : le Songe
et ainsi sont capables de soulever le monde, c’est-à-dire de déplacer
le Chi qui le constitue. Yin et Yang sont insignifiants aux yeux du
Hsien qui atteint ce niveau d’illumination, ou plutôt ils ne forment
plus qu’un seul et même tout et le changelin peut les échanger à loisir.
Transmuter les valeurs du Chi : le Hsien peut modifier son Chi interne,
mettre le Yin à la place du Yang et vice versa. Il les convertira sur
une base d’un point pour un point et devra allouer un dé à chacun
d’entre eux. Si la plupart des pratiquants du Nei tan l’utilisent
pour maintenir au mieux l’équilibre de leurs énergies, quelques
rares individus bousculent volontairement celui-ci afin de changer
d’un coup d’Apanage, sans passer par la méditation. L’écoulement
du Chi altéré se poursuit pendant une scène, à moins qu’une de
ces valeurs ne soit portée au-delà de 5, auquel cas il ne persiste que
pendant un tour. Le monde ne peut tolérer pendant longtemps
un tel déséquilibre.
Transmuter le cours du Chi : toutes les choses appartiennent au Yin et
au Yang, mais l’un surpasse souvent l’autre, car l’équilibre se révèle
rare et difficile à conserver. Le Hsien peut altérer cet équilibre et
submerger une flamme de Yin pour l’éteindre, ou bien faire instanta-
nément bouillir de l’eau en lui insufflant du Yang. Cependant, toutes
les choses ont un équilibre supérieur. Yin et Yang doivent venir de
quelque part et finalement s’équilibrer. Des effets plus bizarres les
uns que les autres, largement hors de portée du Shinma, peuvent
naître de ce pouvoir. Par exemple, il pourra noyer un cadavre sous
le Yang le fera se lever et marcher, ou bien geler une flamme grâce
à un soudain jaillissement de Yin et la transformer en une étrange
écharde de verre scintillante.
Yu t’un, le Chaos
Même au sein du chaos, l’ordre existe. Dans ce cas, ce dernier est
représenté par le Hsien qui a atteint ce niveau exalté de maîtrise de
soi. La tempête peut s’abattre sur lui, il restera serein et complète-
ment sec, car il évite les gouttes de pluie. Ses ennemis auront beau
le cerner de tous côtés, il se trouvera toujours là où ils ne sont pas.
Cette conscience s’étend au niveau microscopique, et jusqu’au plus
profond de la chance elle-même.
Altérer la probabilité : le Hsien a accepté la chance et ce faisant, il est
rapidement devenu son ami. En conséquence, il peut subtilement
influencer la probabilité en sa présence, rendre certain l’improbable
et l’acquis impossible. Les jeux de hasard sont ses jouets, les géné-
rateurs aléatoires de nombres sortiront avec application la valeur
qu’il souhaite, et ainsi de suite.
L’Œil du typhon : la meilleure attaque consiste dans la simple défense.
Le Hsien a adopté la posture du centre ; depuis cet instant, ses
adversaires ont beaucoup plus de mal à le toucher et ils paient
cher chaque coup qu’ils lui portent. La difficulté des attaques qui
le ciblent augmente de +1 et si elles parviennent à le toucher, le
personnage peut contre-attaquer avant même la phase de résolution
des dégâts. Si sa riposte parvient à neutraliser son opposant, il ne
subit pas les dégâts que l’attaque aurait dû lui infliger. Cependant,
s’il attaque normalement, cet effet cesse sur-le-champ.
Wu Chi, l’Illimité
Avec la totale maîtrise de soi-même vient l’effacement de toutes les
limites, y compris celle de la chair et de l’esprit. Le Hsien manifeste
une clé de jade qui n’a aucun véritable pouvoir, mais représente un
symbole de sa compréhension et de sa conscience. Aucune porte ne
lui est fermée et il peut traverser le monde spirituel aussi aisément
qu’il se déplace dans le monde matériel. Son exil n’est pas fini, car
le Ciel chasse l’impudent qui ose s’approcher de ses portes, mais
beaucoup considèrent que c’est un premier pas important pour
regagner leur place légitime dans l’Ordre céleste.
Déverrouiller les portes : le Hsien peut créer un portail vers n’im-
porte quel royaume spirituel, y compris les mondes du Yin et du
Yang et les sanctuaires spirituels. Pour traverser complètement le
Goulet, il doit allouer au Degré un nombre de dés égal au niveau
du Goulet local.
Interdire la voie : le personnage draine le Chi d’un lieu, l’utilise
pour renforcer le Goulet, et ainsi place un peu plus le monde du
Yang hors de portée des autres. Le niveau du Goulet de l’endroit
augmente de +1 par tranche de deux dés alloués à cet effet, et ce
jusqu’au prochain lever du soleil. Il reviendra alors à son niveau
normal, à moins que le Hsien ne l’ait prolongé grâce à la Continuité.
Les modificateurs
Modificateur Effet par réussite dépensée
Abondance 1 autre personne/2-5 personnes/
5-25/26-100/101-1 000
Circonstance Courante/Exceptionnelle/Unique
Continuité Tour/ Scène/ Deux heures/ Un jour/
Semaine/ Mois/Année
Domaine Pièce/ Bâtiment/ Village/ Ville/ Province
Effet Dés de dégâts ou bien changements mineurs/
basiques/importants/majeurs/spectaculaires
Magnitude Main/ Personne/ Voie/ Espace/ Étendue/
Vue/ Horizon
Les inanimae
Au cours de l’Âge mythique, toutes les choses rêvaient. Les cascades
pouvaient parler, les montagnes s’ouvraient pour abriter les premiers
humains des Fomorii, les vents apportaient le son et le feu riait en
consumant ce qu’il désirait. Même si la Séparation et l’Éclatement les
affaiblirent, ces âmes féeriques élémentaires qu’on appelle inanimae
ne quittèrent jamais le monde de l’Automne. Le Songe les envoya
dans des lieux de repos naturel, où elles dormirent jusqu’à ce que
des événements surviennent dans leur voisinage et les réveillent.
Les Sculptés (des inanimae liées à des objets façonnés par
l’homme) s’éveillèrent lentement de leur sommeil au cours de la
Révolution industrielle, alors que leurs foyers d’origine se consumaient
pour alimenter les fours des usines, ou bien étaient transformés en
objets et en babioles. Beaucoup d’entre eux se disent victimes d’une
guerre perdue d’avance face à l’humanité, et habitent à présent dans
des objets manufacturés, et même des jouets et des mannequins.
Avec le Glamour de la Résurgence, les Enfants des Clairières (des
inanimae liées aux phénomènes naturels sauvages) revinrent à leur
tour dans le monde de l’Automne. Conscients que les Sculptés étaient
bien plus nombreux qu’eux, ils décidèrent de maintenir en vigueur
le traité conclu à la fin de la guerre de la Fabrication.
Les Kithains les appellent souvent fées de la nature, ou encore
les Sessiles. Les contacts avec eux restèrent cependant sporadiques
jusqu’à l’Évanescence, lorsque les cauchemars et les séides du Grand
ténébreux se mirent de nouveau à arpenter les paysages du Songe et
du monde de l’Automne. Les inanimae redoutent que les changelins
trouvent leurs Ancres et dévorent le Glamour qu’elles contiennent,
du fait du nombre de plus en plus faible de Brasiers. Cependant,
elles savent qu’ils doivent trouver un terrain d’entente autant pour
empêcher le retour des Fomorii que pour éviter le Long Hiver.
Les Ancres
Domaines personnels et âmes féeriques, les ancres sont essentielles
aux inanimae pour demeurer dans le monde de l’Automne. S’ils
réussissent un jet de Perception + Acuité (difficulté 7, 5 si l’inanima
est éveillée), les personnages dotés de cette capacité sont capables de
repérer la lueur dorée qui les nimbe. Les Sessiles sentent les dégâts
infligés à leur Ancre, mais le lien qu’ils entretiennent avec elle ne
leur fera pas subir de blessures.
Points centraux entre le monde de l’Automne et le Songe, les
Ancres existent simultanément dans le Songe proche et l’Automne.
Elles constituent aussi une entrée vers un Sentier relié au Lent
empire de l’inanima, dans le Songe profond. À l’intérieur d’une
Ancre se trouve une demeure attendant la fée qui lui est liée. Celles
des Enfants des Clairières sont chichement meublées, tandis que
celles des Sculptés adoptent souvent le style populaire au moment
où l’inanima s’est attachée au lieu. Par exemple, le chêne qui sert
d’Ancre à un Kubera est un arbre dans les deux mondes, mais dans
le Songe proche, il arbore des fenêtres et une porte d’entrée, et
compte plusieurs pièces disséminées à l’intérieur.
Dans le Songe, comme la taille ne dépend pas du volume, un
arbre peut tout à fait contenir autant d’espace qu’un grand palais
dans le monde de l’Automne. Tout dépend du type d’Ancre et de
l’inanima. Si l’on y convie des invités directement depuis le monde
réel, le groupe ou l’inanima qui l’habite doit s’acquitter d’un point
de Glamour par personne, ce qui n’est pas nécessaire si l’on y accède
depuis le Songe. Si un mortel voit l’inanima entrer dans son Ancre,
celle-ci subit sur-le-champ une amorce à la Banalité.
Lorsqu’une Ancre est détruite, celle qui l’habitait doit vite trouver
une nouvelle demeure avec laquelle se lier, car si elle n’y parvient pas,
elle sombrera rapidement dans l’Oubli. Si cela se produit pendant
qu’elle est Encoquillée, elle bénéficie d’un peu plus de temps et perd
un point de Glamour par jour, mais un point par heure jusqu’à
sombrer dans l’Oubli si elle n’était pas protégée par sa Coquille.
Pour se lier avec une nouvelle Ancre, la fée doit protéger un
nouveau lieu. Son joueur fait un jet de Glamour (difficulté 7, 8 si
elle change de Cour) afin de déterminer si l’Ancre accepte l’âme,
puis dépense un niveau de Volonté pour rendre le lien permanent.
La Cour
Contrairement aux Kithains qui décident de leur allégeance selon
leurs Apanages, les inanimae appartiennent de facto à la Cour définis-
sant leur Ancre. Il leur est possible d’en changer, mais cela implique
de détruire l’ancienne et si le personnage le fait intentionnellement,
son action provoquera une amorce à la Banalité.
Les Enfants des Clairières
Ces fées ont gardé leur Ancre originelle sous une forme ou sous une
autre, ou bien ont déniché une habitation appropriée restée vierge
de tout contact avec les humains. Quelle que soit sa localisation, la
présence de cette Ancre sur le plan ordinaire est si forte qu’elle se
reflète naturellement dans le Songe proche. Nombre d’Enfants des
Appendice I : les gallains 437
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Clairières considèrent qu’ils incarnent la quintessence de la culture
féerique et qu’ils n’ont besoin ni de chair ni de forme mortelle.
Cette opinion leur complique un petit peu plus la tâche quand il
leur faut interagir avec l’humanité. Comme la Cour à laquelle ils
appartiennent colore aussi leur personnalité, ils font en général
montre d’un comportement direct et primaire.
Ces personnages entrent en jeu avec un point de bonus dans
leur Écharde d’affinité.
Lexique
Ancre : objet physique ou fragment de nature liant l’âme
féerique au monde de l’Automne. Ce Domaine indivi-
duel possède une présence permanente dans le Songe
proche. Le type d’Ancre détermine la cour à laquelle
l’inanima appartient.
Coquille : Guise mortelle adoptée par l’inanima afin d’inte-
ragir avec les mortels et les changelins dans le Royaume
de l’Automne. Les Coquilles existent dans un cycle
perpétuel de mort et de renaissance, et vieillissent
beaucoup quand on les utilise. Également appelées
Façade ou Façade de chair.
Encoquillé : inanima dans sa Coquille.
Enfant des Clairières : inanima dont l’Ancre reste dans
son état naturel.
Écharde : magie des inanimae qu’on ne peut que Déchaîner.
Forme onirique : le Visage féerique, la véritable apparence
d’une inanima. À moins d’invoquer le Wyrd ou d’entrer
dans une Coquille, l’inanima ne peut pas interagir avec
le monde de l’Automne ou les Kithains.
Guerre de la Fabrication, la : long conflit qui a opposé une
coalition formée par des Solimondes et des Sculptés,
et le reste des quatre Lents Empires. L’Éclatement
s’est produit à la fin de la guerre, mais pas avant que
l’empire des Flammes n’ait été vaincu et occupé par les
autres. Un accord, semblable à l’Escheat des Kithains,
a été conclu à l’époque entre les Enfants des Clairières
et les Sculptés.
Lents Empires : terres natales des phyla situées dans le
Songe profond, et auxquelles on peut accéder depuis
le Songe proche. Aucun Portail présent dans le monde
de l’Automne ne mène jusqu’à ces Royaumes.
Phylum (plur. : Phyla) : le kith d’une inanima.
Sculpté : inanima dont l’Ancre a été créée par des mortels.
Somnolence (ou le Long Assoupissement) : long sommeil
induit pour se purifier de la Banalité. Les Sculptés en
sont lentement sortis vers le milieu du XIXe siècle,
mais les Enfants des Clairières ne sont revenus qu’en
1969 avec la Résurgence.
438 Changelin : le Songe
De la Clairière
à l’étagère
Si une Ancre est déplacée de son lieu d’origine, la difficulté
de toutes les actions de l’inanima qui l’occupe augmente de
+2, à cause de la distraction et de l’inconfort que ce change-
ment provoque. Une fois que le façonnage commence, faites
un jet de Somnolence (page 44), puis un jet de Glamour
(difficulté 8) si elle reste éveillée. En cas de réussite, un lien
se forge entre la nouvelle Ancre et le phylum. Un échec
indique que la fée sombre dans l’Oubli.
Les Sculptés
Être Sculpté. Voilà bien le cauchemar des Enfants des Clairières,
et beaucoup prétendent que l’humanité a corrompu ces inanimae.
Pire, elles s’évertuent à leur demander de s’intéresser aux hommes,
ce qui ne fait rien pour apaiser les rumeurs. De plus, en dépit de la
trêve qui a mis fin à la guerre de la Fabrication, les autres inanimae
ne font pas confiance aux Sculptés. Il est vrai que ces derniers com-
prennent mieux les humains que leurs frères des Clairières, mais
ils n’arrivent jamais à s’accorder sur ce qu’être mortel signifie. Cela
ne change rien au fait qu’ils pensent le savoir. Ils imitent donc la vie
humaine de leur mieux.
Afin de créer une façade de vie mortelle, les Sculptés œuvrent
souvent aux côtés des humains lorsqu’ils sont Encoquillés. Certains
tentent même d’entretenir des relations sur le long terme, mais elles
finissent par n’apporter que chagrin et douleur. Beaucoup sont
persuadés que la seule façon de contrer les effets du Long Hiver
consiste à devenir un Sculpté.
Ces personnages entrent en jeu avec un point dans l’historique
Coquille.
La Coquille
Aussi vitale pour les inanimae que le corps humain l’est pour les
Kithains, la Coquille constitue le seul rempart aux effets dévastateurs
de la Banalité sur les âmes féeriques. La Banalité la fait vieillir. La
première fois qu’on la porte, elle ressemble à un humain préadoles-
cent en bonne condition physique. Au fil des semaines, elle vieillit
d’autant d’années. De plus, chaque point de Banalité lui inflige
trois années supplémentaires. Une fois devenue vieillarde, elle se
décompose jusqu’à ce que le personnage se constitue une nouvelle
façade et renaisse à la jeunesse tandis que le cycle recommence.
L’apparence du corps dépend du phylum et du score du person-
nage dans l’historique Coquille (cf. page 444). Celle-ci doit pouvoir
supporter l’examen des perceptions mortelles, sous peine d’invoquer
la Banalité à mesure que les Brumes rationalisent la rencontre.
Lorsqu’une inanima se trouve parmi les mortels, son joueur doit
faire un jet de Manipulation + Coquille contre une difficulté égale
au score de Banalité présent le plus élevé. Le joueur ne doit faire
ce jet qu’une fois par scène, à moins qu’un événement ne vienne
changer de manière significative, comme l’apparition d’un Automnal.
En cas d’échec, il gagne un point de Banalité et sa Coquille vieillit.
En cas d’échec critique, il gagne deux points de Banalité et un dé
de Cauchemar.
Le Glamour
Tant que l’inanima possède une Ancre, elle peut, à quelques excep-
tions près, dépenser et engranger du Glamour de la même manière
qu’un Kithain. Sans son Ancre, elle ne peut récupérer de Glamour
qu’à travers la Moisson ou en utilisant de l’écume.
La Récolte
Une inanima doit reprendre sa forme véritable et se lier d’une manière
ou d’une autre à la trame des éléments de son Empire. Ce contact
doit rester ininterrompu pendant une heure avant que le joueur
fasse son jet. Les Enfants des Clairières doivent toujours utiliser des
éléments purs, tandis que les Sculptés sont capables de se servir de
ceux présents dans les villes et les zones habitées.
Une fois ce laps de temps écoulé, le joueur fait un jet de Perception
+ Acuité (difficulté en fonction de la Banalité du personnage et du
lieu). Le nombre de réussites obtenues détermine le nombre de points
de Glamour maximum que le personnage peut récolter en une fois.
Lieu Difficulté
Ancre Banalité + 0
Substance presque identique Banalité + 1
(la même que l’Ancre, mais pas l’Ancre)
Substance vaguement identique (même Empire) Banalité + 3
Objet inanimé (Empire différent) Banalité + 4
La Moisson
Parfois, le temps est la clé. Beaucoup d’inanimae s’en remettent à
la Moisson après avoir perdu leur Ancre. Cela leur permet de lutter
contre la Banalité et de ne pas sombrer trop vite dans l’Oubli pen-
dant qu’elles cherchent une nouvelle demeure. D’autres possèdent
un mauvais penchant et aiment Moissonner par-dessus tout. Pour ce
faire, l’inanima se connecte directement au monde de l’Automne et,
par la seule force de sa volonté, arrache de son essence le précieux
Glamour.
Système : le personnage doit avant tout reprendre sa vraie forme. Une
fois qu’il commence à arracher le Glamour des éléments, le joueur
fait un jet de Banalité (difficulté 9). Chaque réussite obtenue lui
donne un point de Glamour, mais souille également son âme et
lui fait gagner un dé de Cauchemar.
La Musardise
Il arrive qu’un artiste ressente un élan de créativité extrême lorsqu’il
se trouve à proximité d’une Ancre. Lorsque cela se produit, une ina-
nima peut le toucher et captiver ses sens, ce qui lui permet de tisser
un lien réellement inspirant entre son Ancre et l’artiste.
Système : lorsque le mortel approche de l’Ancre, le Phylum peut l’attirer
avec des Échardes, ou bien en dépensant des points de Glamour qui
donneront à son Ancre l’aura de tranquillité et d’inspiration que
sa cible recherche. Une fois que l’artiste y est revenu plusieurs fois,
l’inanima peut tenter de faire naître une Rêverie et elle utilisera le
même système que les changelins (cf. page 260).
Le Tumulte
Tout comme les changelins, les inanimae courent le risque d’être
emportés par le Tumulte, et ce même si elles sont plus proches du
Le Songe
Lorsque le personnage voyage dans le Songe lointain et pro-
fond, appliquez les changements décrits dans le chapitre sept
sur l’Héritage et la Fragilité, le Glamour et le Déchaînement.
Souvenez-vous que lorsque le Phylum revient dans son
Empire, cela implique d’entrer dans un Royaume isolé du
Songe profond en empruntant des Sentiers extrêmement
rares qui ne sont pas reliés à des Ancres.
Songe que leurs parents liés à la chair. Pour plus d’informations sur
cet événement, reportez-vous en page 294.
La Somnolence
Lorsque le score de Banalité d’une inanima dépasse son score de
Glamour, elle risque de plonger dans la Somnolence. Pour certaines,
c’est une bonne chose, car elle les purifie et régénère leur esprit avant
de les laisser s’éveiller à nouveau.
L’Éclatement est la seule force extérieure qui a provoqué cet
état. Le Songe les a envoyées en hibernation dans des Ancres et les
a ainsi protégées des ravages de la Banalité. La Somnolence a alors
duré jusqu’au milieu du XIXe siècle pour celles qui sont devenues des
Sculptés et des Mannequins. Les Enfants des Clairières sont restés
endormis jusqu’à ce que le Glamour déversé par la Résurgence les
tire de leurs rêves.
Système : le joueur fait un jet de Glamour (difficulté égale à la Banalité
du personnage + 2). En cas d’échec, l’inanima est renvoyée dans son
Ancre et sombre dans un profond sommeil qui durera un nombre
d’années égal au nombre de niveaux de Banalité excédant son score
de Glamour. Une fois cette période écoulée, son score de Banalité
revient à une valeur inférieure de deux niveaux à son score de
Glamour, et tous les points de Banalité temporaires disparaissent.
En cas d’échec critique, ou si la Banalité du personnage atteint 10,
l’inanima sombre dans l’Oubli.
Les Phyla
Les inanimae modernes se rassemblent au sein de kiths auxquels
elles font référence sous le nom de phylum, et qui se répartissent en
fonction de la matière qu’elles choisissent d’habiter. Chaque phylum
rejoint l’un des Lents Empires œuvrant en dehors de l’entendement
kithain et humain, et qui se révèlent aussi essentiels pour les inanimae
que le monde de l’Automne pour les changelins.
Les Lents Empires
Même s’il existe de nombreux domaines de moindre importance
parmi les inanimae, les Lents Empires auxquels elles appartiennent
les répartissent dans différentes catégories reflétant dans leurs aspects
cette nature profonde.
L’Empire des Poupées (les Mannequins) : pour la plupart, des
images gravées, moulées et façonnées d’une manière ou d’une
autre par l’homme.
L’Empire des Flammes (les Solimondes) : énergie ambiante,
éclair, incendie de causes naturelles.
Appendice I : les gallains 439
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 L’Empire des Graines (les Kuberas) : vie végétale.
L’Empire des Cieux (les Parosèmes) : gaz, perturbations clima-
tiques, nuages, brumes et odeurs.
L’Empire des Pierres (les Glomes) : solides denses, rochers à
l’état brut et naturel, métaux.
L’Empire des Larmes (les Ondines) : liquides, cours d’eau,
étendues d’eau stagnante et courante.
L’Empire des Lueurs (les Mannequins) : inanimae revenues du
Songe au cours des trente dernières années, et dont l’Ancre est
liée à la lumière artificielle, comme les émissions de télévision,
les communications informatiques et les films.
Les Glomes
Le Lourd Peuple
Ne me déçois pas, changelin ! Les pierres se souviennent de tes promesses !
Les philosophes-généraux des inanimae font montre d’une patience
d’ange. En revanche, mettez-les en colère et ils feront s’abattre sur vous
tout le poids de la montagne. Admiré des Trolls pour son honneur et son
dévouement, ce phylum était le fer de lance contre l’Empire solimond
au cours de la guerre de la Fabrication. Dans le sillage de l’Évanescence,
les tambours résonnent à travers tous les Lents Empires et les appellent
encore une fois, leur demandent d’endosser leurs anciens devoirs et
de commander les troupes face aux ténèbres. Il leur a fallu près d’une
décennie pour sortir de leurs vieilles bibliothèques poussiéreuses et
de leurs missions diplomatiques, mais à présent, les généraux prêtent
enfin attention à la menace posée par le Grand Ténébreux et ses séides.
Les Glomes aiment rassembler les connaissances et à leurs yeux, le
savoir est aussi important que l’honneur personnel. Malgré le conflit
entre les Enfants des Clairières et les Sculptés, les tensions se sont
largement apaisées depuis le début du nouveau millénaire, ce qui
leur a laissé l’occasion de se regrouper et de créer la seule collection
inanima d’histoire mortelle. Les autres phyla se moquent de leur
passion pour la préservation du passé, mais les Glomes savent que le
chemin qui conduit au futur émergera de la compréhension de celui-ci.
Ancres : les Enfants des Clairières peuvent choisir leurs Ancres entre
autres parmi les formations rocheuses naturelles et le minerai brut.
Quant aux Sculptés, ils peuvent sélectionner les leurs dans les bâti-
ments, l’art abstrait créé à partir de pierre, et jusque dans les objets
fabriqués à l’aide de métal (à l’exception du fer froid, bien entendu).
Coquilles : les Façades des Glomes reflètent souvent leur affinité brute
et naturelle pour les éléments apparentés à la pierre. Ils optent en
conséquence pour des corps dotés d’une masse musculaire ou
graisseuse importante et leur apparence semble ciselée dans le
marbre. Les Enfants des Clairières ont une couleur de peau foncée
et terreuse et des corps aux formes abruptes.
Style de vie : pour le Lourd Peuple, poursuivre sa passion du savoir
perdu est une chose importante qui les détourne souvent de leurs
autres devoirs. À l’image de la progression géologique des masses
terrestres, les Glomes sont lents et autoritaires. Peu importe la
situation, ils envisagent toutes les issues possibles avant de se
décider sur la marche à suivre. Ils aiment cultiver leurs relations
au sein des Cours des changelins et des autres Lents Empires, et
se servent parfois de gemmes et de minerais précieux pour inciter
leurs interlocuteurs à dévoiler leurs secrets ou pour s’assurer de leur
loyauté (même si ces inanimae méprisent secrètement les individus
peu honorables).
440 Changelin : le Songe
Déchaînement : la magie des Pierres résonne du bruit des rochers
dégringolant à flanc de montagne ou de la rumeur des failles
rocheuses frottant l’une contre l’autre. Secousses et fissures se
propagent autour du personnage (vers la cible éventuelle du sort).
Écharde : Petros.
Héritages
Force de la pierre : les Glomes bénéficient de deux niveaux
Contusion supplémentaires. Ils gagnent également deux points
de Force, même si ce bonus porte l’attribut au-delà de 5.
Mémoire eidétique : comme l’atout du même nom (cf. page 180).
Fragilité
Poids de la pierre : les apparences sont parfois trompeuses.
Quel que soit le choix du joueur pour son personnage, son
corps sera toujours extrêmement lourd. Le conteur décide de
la masse exacte du Glome, mais il n’est pas rare qu’elle soit
supérieure à 227 kg.
Glamour : 6 ; Volonté : 5 ; Banalité : 4.
Les Kuberas
Les dryades, les Nymphes
Tu me dois ta réussite. Il est temps de t’acquitter de ta dette.
Les Kuberas sont hautains, joyeux et toujours à la poursuite de l’as-
pect exquis et coûteux de la vie matérielle. Beaucoup les considèrent
comme les Sidhes de la société inanima. Bien qu’ils se voient comme
les membres de la royauté féerique, ils savent que leur position
unique au sein des phyla en fait les agents indispensables dans la
quête d’informations sur les mortels, les changelins et les sombres
fées du Royaume de l’Automne.
Ils sont experts dans l’art de prendre des graines, aussi bien d’un
point de vue métaphorique que physique, de les faire germer et d’en
tirer des résultats remarquables. En temps de guerre, cela les a conduits
à des postes de stratèges, d’assassins et d’espions. Aujourd’hui, ils
dirigent des établissements de jeux, jouent en bourse et courent après
tout ce qui leur offre le confort qu’ils désirent. Dans l’éventualité d’un
conflit possible avec le Grand Ténébreux, les Kuberas fourbissent
leurs armes et utilisent ce talent pour engranger des faveurs.
Ancres : les Enfants des Clairières choisissent leurs Ancres dans de
vieux bosquets, un très grand arbre ou encore dans des champs
de fleurs et de plantes diverses. Les Sculptés s’enorgueillissent de
revendiquer comme leurs des cannes de marche en bois richement
décorées, ou des buissons taillés dans des formes complexes par de
talentueux jardiniers.
Coquilles : les Kuberas préfèrent les tenues gracieuses et érotiques,
mais certains aiment les formes pulpeuses et les ventres rebondis
qui leur rappellent la fertilité de la vie, les festins et la renaissance.
Leurs cheveux arborent assez souvent des teintes brunes avec de
légers reflets verts.
Style de vie : ils se montrent obsédés par la richesse. S’ils ne peuvent
vivre parmi les mortels dans le luxe et l’excès, alors l’existence
qu’ils mènent dans le Lent Empire et l’Ancre leur offre assez de
distraction pour les satisfaire pendant une brève période (surtout
s’ils emmènent avec eux des jouets humains). Cependant, ils n’ont
pas la même définition de la valeur que les autres. À leurs yeux,
une chose est précieuse si elle est immédiatement disponible et
 agréable. Les autres phyla considèrent que ce sont des individus
superficiels, mais en toute honnêteté, les Kuberas sont les plus
sensuels parmi les inanimae.
Déchaînement : lorsqu’ils se Déchaînent, leur magie emplit l’air du
parfum de l’herbe fraîchement coupée. Les plantes croissent plus
vite et de manière significative, la végétation se renouvelle et l’endroit
bruisse du vent dans les feuillages.
Écharde : Verdage.
Héritages
Esprit de la fertilité : les Kuberas sont capables d’accroître la
fertilité ou la productivité de n’importe quelle entreprise, qu’il
s’agisse de faire des enfants, de cultiver la terre ou d’augmenter
ses gains boursiers. Il faut toutefois qu’ils n’en soient pas les
premiers bénéficiaires. Tout ce qu’ils touchent se change en or,
parfois littéralement, et peu importe que ce soit des graines, des
tickets de loterie, des comptes bancaires, de la nourriture crue,
de la terre ou des organes. Lorsque son personnage utilise cet
Héritage, le joueur fait un jet de Glamour (difficulté 7), plus il
obtient de réussites, plus l’effet s’avère prononcé.
La lueur : comme l’atout Désirable (cf. page 178).
Fragilité
Un phare dans la nuit : les Kuberas adorent se tenir sous les
feux des projecteurs et de ce fait, les Brumes ont plus de mal à
les dissimuler au monde de l’Automne. Quand ils accomplissent
une action qui demande l’attention des Brumes, le score de
Banalité des témoins se situe deux niveaux plus bas (cf. tableau
page 269).
Glamour : 6 ; Volonté : 3 ; Banalité : 3.
Les Ondines
les bourreaux des cœurs,
les Néréides
Quelle place occupons-nous dans le monde ? En avons-nous même une ?
Ces créatures d’une timidité fascinante se dissimulent derrière
une toile de mensonges et de fuites. Elles passent leur temps à se
cacher au vu et au su de tous. Elles parlent de tout, mais jamais
d’elles-mêmes. Elles vivent derrière des masques tout en étudiant le
monde, afin de comprendre les humains et de trouver des réponses
à des dilemmes philosophiques de première importance, comme la
nature des âmes mortelles.
Les autres fées se demandent parfois pourquoi les Ondines
foulent tout simplement la terre. Certains prétendent qu’elles ont
commis une mauvaise action et que la mer les a chassées. D’autres
disent qu’elles ont sacrifié leur âme pour que les phyla saisissent
mieux l’humanité. Quoi qu’il en soit, elles arpentent la terre, à jamais
bannies de l’océan, et se rappellent en permanence ce qu’elles étaient
autrefois et ce qu’elles ne pourront plus jamais redevenir tout à fait.
Leurs vies se trouvent profondément plongées dans un chagrin
personnel et une quête éternelle. De ce fait, ce sont des âmes bonnes
et non vengeresses. Lorsqu’elles le peuvent, les Ondines acceptent
Appendice I : les gallains 441
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
des rôles de médiateurs et de négociateurs. L’échelle du conflit, qu’il
s’agisse d’une guerre ou des tensions dans le quartier, importe peu.
Ancres : les membres des deux Cours se lient à des étendues d’eau,
qu’elles soient ou non gelées. Les Enfants des Clairières habitent
les eaux naturelles, comme les rivières et les lacs de montagne,
tandis que les Sculptés élisent domicile dans des réservoirs et des
retenues d’eau.
Coquilles : ce sont des copies presque parfaites de véritables humains.
Un regard éternellement triste et une apparence famélique consti-
tuent leurs seuls traits distinctifs.
Style de vie : les Ondines préfèrent la compagnie de leurs frères et sœurs
par-dessus celle des autres. Malgré cela, leur curiosité les pousse à
parcourir le monde afin de mieux comprendre l’humanité, et elles
s’efforcent d’y parvenir en choisissant des métiers émotionnellement
épuisants, ou bien en cherchant des gens qui ont besoin de leur aide.
Déchaînement : l’eau jaillit du sol et coule sous les pieds du lanceur,
tandis que l’air se remplit les cris des mourants luttant contre la
mer déchaînée. La magie n’a besoin d’aucun masque et l’on dit
qu’elle reflète le cœur véritable de celui qui l’emploie.
Écharde : Aquis.
Héritages
Forme aqueuse : la forme de l’Ondine est agile comme l’eau.
Cet Héritage suit les mêmes règles que celui des Sluaghs,
Tortillements (cf. page 111), mais il peut aussi bien s’appliquer
en combat pour rendre la Coquille invulnérable aux dégâts
physiques. Dans ce dernier cas, le personnage devra dépenser
un point de Glamour par tour pour en bénéficier. Lorsque la
Forme aqueuse est active, l’Ondine ne peut pas porter d’attaque
physique, mais elle peut faire usage de sa magie.
Poète dans l’âme : comme l’atout du même nom (cf. page 185).
Fragilité
Blessures : les Ondines n’étaient pas faites pour marcher sur la
terre, c’est pourquoi chacune d’entre elles porte un stigmate.
Toutes sont affligées d’un handicap permanent et souvent
lancinant, comme un membre douloureux, un asthme sévère,
des blessures ouvertes qui ne guériront pas, une grosse quantité
de tissus cicatriciels, et ainsi de suite. Le joueur peut s’inspirer
des handicaps physiques figurant au chapitre trois, ou suggérer
tout ce qui lui passe par la tête, même si son idée reste soumise
à l’approbation du conteur.
Glamour : 6 ; Volonté : 3 ; Banalité : 4.
Les Parosèmes
Les farfadets, les sylphides, les sylphars
Nos voyages sont à l’image de nos vies, infinis et palpitants !
Avec le temps, les vieilles blessures finissent par guérir, comme l’ont
prouvé les autres phyla depuis la Résurgence. Or dans la communauté
des Parosèmes, le gouffre entre Sculptés et Enfants des Clairières ne
s’est pas refermé. Cependant, même si les tensions demeurent fortes,
les Cours savent qu’elles ont mieux à faire que de s’affronter dans
un monde pollué par l’humanité quand des portes vers d’antiques
cauchemars restent béantes. Dans un effort sincère pour apaiser les
esprits, les six plus anciens membres des deux Cours se rencontrent
chaque année dans la demeure du légendaire et très respecté Mach,
dans l’Empire des Cieux. Tout le monde salue les efforts des gens
442 Changelin : le Songe
impliqués, mais dans l’ensemble, la majorité ignore ou ne suit pas
les décrets qu’ils promulguent.
Historiquement, les Parosèmes vivaient sans se préoccuper du
reste, apportant des messages, jouant les éclaireurs (et des tours aux
humains en compagnie des Pookas). S’ils rêvent encore de ces jours
passés, ils savent que leur Empire risque l’annihilation si des mortels
ou des fées corrompus et souillés continuent de polluer les ressources
naturelles, surtout dans le monde de l’Automne.
Ancres : ces inanimae vivent là où le vent les porte. Les Enfants des
Clairières s’attachent aux brises spontanées, tandis que les Sculptés
recherchent des objets qui brassent l’air, comme les appareils à air
conditionné, les instruments de musique à vent ou les charpentes.
Coquilles : la Façade d’un Parosème est toujours mince, légère et d’une
grâce extrême. Il a toujours des cheveux soyeux et magnifiques,
qui flottent librement au vent dans n’importe quelle circonstance.
Style de vie : par bien des côtés, ces inanimae partagent la bougeotte
des Eshus. Elles voyagent à travers le monde et se lancent dans
des quêtes personnelles, afin de s’assurer que l’Empire des Cieux
l’emportera sur l’influence destructrice que l’humanité exerce sur
l’air. Rester au même endroit, ne serait-ce qu’un an, les rend agités
et déprimés, ce qui les empêche en grande partie de nouer de vraies
relations durables à l’extérieur de leur phylum.
Déchaînement : la magie des Parosèmes crée du mouvement dans le
vent et en fait varier la force selon l’état d’esprit. Pendant un très
bref instant, tout ce qui est présent lévite, y compris le lanceur, et
leur fait éprouver la sensation de liberté que le vol offre.
Écharde : Stratus.
Héritages
Coquilles vaporeuses : le personnage dépense un point de
Glamour et sa Coquille se dissout en vapeur, ce qui lui permet
de se glisser automatiquement à travers les fissures et les espaces
étroits. Les attaques physiques non magiques ne peuvent l’at-
teindre lorsqu’il se trouve sous cette forme. Ce pouvoir coûte
un point de Glamour par tour au-delà du premier.
Vol : un Parosème vole même Encoquillé. Pour ce faire, il
dépense un point de Glamour par scène (ou heure) et peut
ainsi se déplacer cinq fois plus vite que sa vitesse de course (cf.
page 252). Cependant, accomplir des actions chimériques en
présence de témoins qui ne sont pas Enchantés (cf. page 54)
lui fait courir les mêmes risques.
Fragilité
Moulin à paroles : ces inanimae meurent d’envie de commu-
niquer et elles ont beaucoup de mal à résister à cette pulsion,
quelle que soit sa forme. Elles passent leur temps à parler de
tout et de rien, même en combat. On aura beau leur fermer la
bouche, leur besoin les pousse à émettre d’autres sons, comme
taper des pieds. Leurs jets de Discrétion subissent un malus de
–2.
Glamour : 5 ; Volonté : 3 ; Banalité : 2.
Les Solimondes
les Salamandres
Lorsque nos corps s’enchevêtraient en une passion flamboyante, mon amour
pour toi était sans pareil. Je regrette que les flammes t’aient consumé.
Aucune inanima n’est plus passionnée, vibrante, impulsive et
exubérante que les Solimondes. Leur cœur brûle avec la force des
flammes primales et cherche sans relâche de nouvelles sources pour
entretenir ce feu. Les autres phyla connaissent les romances entre
leurs cousins et les mortels qui ont jalonné l’histoire, et le prix que
l’Empire a payé après avoir enseigné la maîtrise du feu aux hommes
et déclenché la guerre de la Fabrication. Les inanimae sont légion
à les voir comme des traîtres, et pourtant tous reconnaissent qu’ils
étaient les plus nobles d’entre eux.
La parole d’un Solimonde est sacrée et il l’honorera quoi qu’il
lui en coûte. Les Empires permettent à l’heure actuelle de voyager à
travers la Flamme, mais le royaume reste sous occupation et contrôle
étrangers. La Cour de l’Ombre et d’autres organisations sinistres
recrutent les Solimondes en marge de la société inanima en leur
promettant de restaurer leur gloire passée en paiement des services
qu’ils leur rendront.
Ancres : ils élisent domicile dans la chaleur et la lumière. Les quelques
Enfants des Clairières vivent dans des braseros, des régions où la
lave abonde et, en de rares occasions, veillent sur les Brasiers des
Domaines. Parmi les Ancres des Sculptés, citons les cuisinières à
gaz, les lance-flammes et les projecteurs.
Coquilles : elles sont généralement très athlétiques, comme pour les
nageurs et les gymnastes olympiques, et leurs cheveux flottent au
vent ou se dressent telles des piques sur leur tête. Si leur beauté
physique est à elle seule séduisante, elles arborent toujours une aura
de vitalité et de dynamisme.
Style de vie : ils vivent comme si demain n’existait pas. Ils ne savent
que trop bien à quel point il peut être facile de souffler leur flamme,
que ce soit par la guerre ou le chagrin. Les relations sont brèves,
extrêmement intenses et ils se jettent au combat avec une passion
incendiaire. De nos jours, ils vivent des existences solitaires et sans
foyer, toujours en quête personnelle. Nombre d’entre eux ont rejoint
les Cours kithains en qualité de chevaliers, de gardes du corps, de
messagers et de consorts sidhes.
Déchaînement : quelle que soit la magie qu’il manipule, le corps d’un
Solimonde vibre d’une aura séduisante qui attire les gens comme
la flamme attire les papillons de nuit. Il brûle telle la braise, irradie
d’une chaleur puissante, de la fumée s’élève de ses narines et de sa
bouche et ses cheveux dansent comme s’ils étaient un feu vivant.
Écharde : Pyros.
Héritages
Âmes brûlantes : s’il dépense un point de Glamour, un
Solimonde peut projeter un jet de flammes. Même s’il s’agit d’un
effet chimérique, celui-ci peut invoquer le Wyrd (cf. page 259)
et le manifester dans le monde de l’Automne. Le joueur doit
faire un jet de Perception + Armes à feu s’il souhaite attaquer
par le biais de cet Héritage.
Les Solimondes (et leurs Coquilles) sont immunisés aux effets
du feu ordinaire.
Opiniâtre : comme l’Héritage des Trolls (cf. page 113), mais
sans l’immunité aux échecs critiques.
Fragilité
Foncièrement honnête : cette faiblesse a les mêmes effets que Le
poids du Devoir, la Fragilité des Trolls (cf. page 113). Cependant,
au lieu de perdre sa force et sa vitalité, le Solimonde perd le
bénéfice de son Héritage Opiniâtre. De plus, leur feu n’inflige
plus que la moitié de ses dégâts normaux. Le personnage ne
pourra mentir que si son joueur réussit un jet de Volonté
(difficulté 8).
Glamour : 6 ; Volonté : 3 ; Banalité : 4.
Les Mannequins
les Jouets, les Poupées
Regarde-nous de haut si tu veux. Au moins nous sentons-nous à l’aise dans
nos corps.
Plus nombreux que tous les autres phyla, les Mannequins agissent
au sein des communautés humaines comme des infiltrés qui, dans
certains cas, travaillent même aux côtés des mortels. Malgré l’ani-
mosité générale, la plupart d’entre eux fournissent aux Glomes des
informations sur l’histoire humaine et ils ont un pied dans un autre
Empire (même s’il n’est que mineur).
Avec autant de membres à travers le monde entier, les rumeurs
parmi les Kithains et les Lents Empires vont bon train. Elles évoquent
une conspiration visant à utiliser leur lien avec l’humanité pour
prendre le contrôle du Glamour, et par là même le pouvoir dans
les deux mondes. Cependant, si un tel complot existait, il n’est pas
encore apparu. Personne ne connaît vraiment les objectifs et les
motivations des Mannequins, mais ils peuvent compter sur leur
Empire des Poupées.
Ancres : beaucoup d’entre eux choisissent des jouets anciens et de vieux
objets à l’apparence humaine. Toutefois, leur nature est toujours
assez étrange pour que les humains remarquent inconsciemment
leurs Ancres. Les Enfants des Clairières ne sont qu’une poignée et
ils demeurent Ancrés à des lieux auxquels les phénomènes géolo-
giques ont donné un corps ou un visage humain.
Coquilles : les Mannequins se fondent en général assez bien parmi les
humains. Les modèles typiques sont plus grands, et ils ont pour la
plupart des traits anguleux élégamment inexpressifs. Il faut aussi
dire que la majorité d’entre eux adoptent des Coquilles qui les
font passer pour des mannequins ordinaires. Inconsciemment, les
humains les remarquent, mais cela ne leur inflige pas de Banalité.
Les mortels trouveront plutôt le nouveau professeur de l’école un
peu bizarre, ou le propriétaire de la boutique de mode qui vient
d’ouvrir un poil excentrique.
Style de vie : contrairement aux autres inanimae, les Mannequins ne
redoutent pas le monde de l’Automne. Ils veulent en expérimenter
toutes les facettes et vivre une vie à l’image de celle des mortels
créateurs de Glamour. Ils explorent le monde et font preuve d’une
insatiable curiosité, ce qui leur permet d’apprendre à mesure qu’ils
évoluent dans la vie. L’Évanescence leur a instillé un sentiment de
crainte et à cause d’elle, ils font de leur mieux pour contrecarrer
les plans des sombres fées.
Déchaînement : dans un monde d’objets et de machines, leur
Déchaînement se remarque réellement, car il donne pour un bref
instant vie à l’inanimé. Autour d’eux, les voitures ouvrent leur
capot comme des bouches, les cannes se déplacent toutes seules et
les téléphones composent les numéros qu’ils ont décidés.
Écharde : aucune.
Héritages
Le fil du rasoir : créatures vivant dans les ombres entre inanimae
et Kithains, les Mannequins occupent une place particulière,
ce qui leur confère la faculté de manipuler les Arts change-
lins, même s’ils doivent pour ce faire acquérir les Royaumes.
Appendice I : les gallains 443
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Cependant, cette dualité les empêche d’atteindre le niveau 5
dans les Échardes ou les Arts.
Imitation : les Mannequins vivent depuis plus longtemps que
tous les autres phyla parmi les mortels. Ainsi, ils bénéficient
de deux dés supplémentaires sur leurs jets d’Encoquillement
lorsqu’ils veulent éviter que ces derniers ne les découvrent.
Fragilité
Âme étrangère : vivre dans le monde de l’Automne signifie que
les Mannequins s’exposent à la Banalité, et ce malgré l’apparte-
nance de leur âme au Songe. Cette Fragilité produit les mêmes
effets que celle des Sidhes d’Arcadie, le Fardeau de la Banalité
(cf. page 107).
Glamour : 6 ; Volonté : 4 ; Banalité : 6.
Création de personnage
Lorsque vous créez une inanima, suivez le processus normal détaillé
en page 140, et prenez en compte les changements suivants :
Coûts en points de bonus
Un niveau dans une Écharde 5 points
Un point dans un attribut 4 points
Un point de Glamour 3 points
Un point dans une capacité ou 2 points
en Volonté
Un point d’historique 1 point
Les atouts & les handicaps
Les personnages inanimae peuvent choisir n’importe quel atout
ou handicap disponible pour les Kithains (cf. le chapitre trois), à
l’exception des traits suivants :
Atouts
Physique : Taille gigantesque (les Glomes sont considérés comme
des Trolls) ; Surnaturel : Faveur animale (Sculptés uniquement),
Éternité féerique (aucun phylum).
Handicaps
Physique : Asthmatique (Ondines exclues) ; Social : Noble déchu
(aucun phylum) ; Surnaturel : Visage visible (aucun phylum), Ailé
(Sculpté seulement).
Magie saisonnière (atout à 5 points,
interdit aux Sculptés et aux Mannequins)
Votre âme est tellement liée à l’une des quatre saisons (de l’hémisphère
nord dans le Royaume de l’Automne) que cette période de l’année
se reflète dans la qualité chimérique de votre Ancre. Cette affinité
vous confère une certaine intuition pour les Arts des Kithains qui
lui sont affiliés. Cet atout permet au personnage d’obtenir des points
dans un Art saisonnier (Printemps, Été, Automne ou Hiver), ainsi
que la capacité d’ouvrir des Royaumes. Les coûts d’acquisition de ces
niveaux sont les mêmes que pour les changelins et l’inanima utilisera
les règles habituelles relatives aux charmes. Cet atout, extrêmement
rare, attirera immanquablement l’attention sur l’Ancre et le person-
nage. On ne peut choisir la Magie saisonnière qu’une seule fois.
444 Changelin : le Songe
Pollué/Défiguré
(handicap ; 1 à 3 points)
Votre Ancre a été endommagée de manière permanente, que ce soit
de manière indirecte par la pollution (pluie acide, rejets industriels,
brouillard de pollution, etc.), ou bien directe par l’action humaine
(entailles dans l’écorce, fissures infligées par un burin dans la roche).
Cela vous affecte et vous rend malade et faible. Chaque point de
handicap vous enlève un dé d’absorption et augmente de +1 la
difficulté de vos jets sociaux avec des membres de votre phylum.
Les historiques
Les joueurs doivent réfléchir au choix des historiques de leur inanima
avec encore plus de soin que lors de la création d’un Kithain. Nombre
d’entre eux nécessitent du temps et des efforts lorsqu’on veut les
développer, et à moins que le personnage n’interagisse régulièrement
avec des changelins et des mortels, évitez les historiques suivants :
Contacts, Rêveurs, Influence, Ressources et Titre.
Toutes les inanimae gagnent un point dans l’historique
Possessions afin de refléter le Glamour qu’elles regagnent quand elles
se trouvent dans leur Ancre. S’il est possible d’augmenter ce score,
il n’affectera que le nombre de points de Glamour qu’elle pourra
regagner, et c’est tout.
Nouvel historique : Coquille
Cet historique mesure le talent de l’inanima dans la création de ses
Coquilles. Sans lui, le personnage apparaît sous une forme semblable
à sa Forme onirique, et il sera facilement victime des effets de la
Banalité face à l’incrédulité des humains en sa présence.
Changements très mineurs (couleur de peau, forme
humaine)
Changements mineurs (cheveux plus humains, traits du
visage moins vagues)
Apparence humaine (passe pour un humain lors d’un
examen de routine)
Presque parfait (semble humain pour presque tout le
monde, sauf examen très détaillé)
Indétectable (nécessite des techniques de diagnostic avan-
cées pour savoir que ce n’est pas un humain).
Points d’expérience
Les coûts de développement des inanimae sont les mêmes que pour
les changelins (considérez que les Échardes équivalent aux Arts). Les
personnages peuvent acquérir une Écharde secondaire tant qu’elle ne
s’oppose pas directement à la nature de leur magie primaire. Cette
deuxième affinité coûte 14 points d’expérience.
Écharde Opposé
Aquis Pyros
Petros Stratus
Pyros Aquis
Stratus Petros
Verdage Stratus
Les Échardes
Les inanimae manipulent des Échardes plutôt que des Arts.
Contrairement à la magie des Kithains, que l’on peut parfois ordonner
et structurer grâce aux charmes, il n’est possible que de les Déchaîner.
Tous les personnages entrent en jeu avec quatre points à répartir
entre les différentes Échardes comme le joueur l’entend, plus un
point gratuit dans son Écharde d’affinité (les Mannequins ne com-
mencent donc qu’avec quatre points, car ils n’ont aucune Affinité).
Quand le personnage apprend une Écharde particulière, il sait ce
que cela signifie d’appartenir à cet Empire et il devient capable d’en
tirer un bénéfice. Le premier niveau lui confère alors un avantage
lié à cette Écharde. À l’instar des Arts, cette magie comporte cinq
niveaux qui indiquent un plus grand contrôle et un chaos moindre
lorsqu’on impose sa volonté à travers le Glamour.
Au sein du monde de l’Automne, les effets sont chimériques et
ne deviennent du Wyrd que lorsque le lanceur invoque ce dernier.
La magie des Mannequins
Seul ce phylum dispose de l’état d’esprit nécessaire pour mettre la
magie en ordre, et cela leur confère un accès aux Arts changelins.
Cependant, les Mannequins doivent aussi acquérir les Royaumes pour
les utiliser. Les Arts et les Royaumes leur coûtent le même nombre
de points de bonus et de points d’expérience qu’aux personnages
changelins. De plus, une fois que le joueur a acquis un niveau dans
un Art, son protagoniste devient également capable de le Déchaîner
à la manière des Kithains.
L’Aquis
L’eau, c’est la vie. Elle est nécessaire aux mortels, aux animaux et
aux plantes. Elle divise et unifie, et sa forme change sans cesse pour
épouser ce qu’elle contient. À travers l’Aquis, les inanimae peuvent
insuffler l’espoir et chasser le doute ou bien évoquer la peine liée à
la disparition en mer d’un être cher. Les larmes qu’elles créent grâce
à ce sort peuvent soigner et blesser en noyant leurs victimes. L’Aquis
leur permet aussi de briser les illusions, de dissiper les mirages et
d’exposer la vérité nue aux yeux de tous. Grâce aux reflets dans
l’eau, elles voient le passé et les événements éloignés dans l’espace
se déroulent sous leurs yeux. L’Aquis contrôle les eaux, les élève,
les divise, les gèle, les fait fondre, les évapore même. Il se dresse en
défense pour repousser les ennemis et les maintenir au sol, cache
les déplacements dans ses brumes. Dans le Songe profond, il soigne
les blessures aggravées et apaise les émotions attisées par le Pyros.
Écharde opposée : Pyros.
Le Petros
Le Petros apporte la vigueur, la résistance, la durabilité et la force que
l’on trouve dans les rochers et la terre elle-même. Grâce à ses seules
mains nues, le lanceur peut en quelques heures sculpter la pierre
pour en faire une statue grandeur nature. Il est capable de modifier
l’essence du sol ou de la roche, voire de transmuter les minéraux
(mais jamais en fer). En combat, l’Écharde améliore la Force et ajoute
des niveaux de santé (un niveau Contusion par réussite obtenue
sur le jet de Déchaînement ; utilisez cette échelle pour mesurer tout
ce qui se rapporte à l’augmentation des traits). Le Petros crée des
armures à partir des minéraux et change la masse et la forme de la
terre ; il peut lui demander de jaillir du sol pour faire des murailles.
Avantages des échardes
Aquis : apprendre l’Aquis donne la capacité de respirer
sous l’eau.
Petros : apprendre le Petros permet d’escalader n’im-
porte quelle surface rocheuse avec la plus grande
aisance ; la difficulté de ces actions diminue de –4.
Pyros : apprendre le Pyros permet au personnage d’al-
lumer un petit feu de camp d’un simple claquement
de doigts.
Stratus : apprendre le Stratus offre la capacité de
prédire le temps grâce à un jet de Perception + Acuité
(difficulté 5) ; la difficulté de tous les jets d’Athlétisme
du personnage diminue de –1.
Verdage : apprendre le Verdage permet sur-le-champ
d’identifier toutes les plantes ; de plus, le personnage
bénéficie d’une certaine connaissance de son envi-
ronnement immédiat s’il réussit un jet de Perception
+ Verdage (difficulté 6). Bien entendu, le nombre de
réussites reflétera la quantité des informations aux-
quelles il aura accès.
Il relie son utilisateur au temps passé et lui permet d’avoir accès à des
connaissances et des renseignements depuis longtemps disparus, ce
qui pourra l’aider dans des situations délicates actuelles. Les Glomes
manipulent souvent cette Écharde pour faire respecter Serments
et Contrats, les lier à la solidité de la pierre et les faire appliquer
par le Songe. Si le Petros est incapable de créer d’autres émotions,
il peut inspirer la dévotion aux autres, ce qui en fait la magie des
chefs par excellence.
Écharde opposée : Stratus.
Le Pyros
Le feu brûle, telle est sa nature. Lorsqu’il le fait sans contrôle, il
génère une intensité, une lumière et une chaleur extrêmes. Le Pyros
révèle les mensonges pour ce qu’ils sont et dévoile la tromperie et le
subterfuge. Il projette la lumière sur les ombres de la vie. Il crée le
feu, le contrôle et le redirige, mais n’étouffe jamais ses flammes parce
qu’il doit brûler. Il engloutit les poings et entoure les mains nues
pour qu’elles infligent des dégâts létaux. Il augmente le Glamour
présent dans les Trésors et change les dégâts qu’ils infligent en
dégâts aggravés. Les flammes se dressent pour défendre leur porteur,
aveugler ses adversaires et rendre les cibles qu’ils veulent atteindre
plus difficiles à toucher, il peut aussi faciliter sa fuite s’il est repéré.
L’intensité du feu brûle dans le cœur de tout ce qui vit (et même
dans certains Prodigues morts-vivants) et le Pyros élève la haine et
l’amour jusqu’à de tels sommets qu’ils finissent par consumer la
cible, instillant la paranoïa et la peur d’être rejeté. Il ne s’occupe
jamais des zones grises et porte toujours les effets jusqu’à l’extrême,
à moins qu’il ne provoque une torpeur totale, comme si la flamme
au fond de l’âme vacillait et mourait.
Écharde opposée : Aquis.
Appendice I : les gallains 445
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Ancres & échardes
Si un sort est lancé à proximité de son Ancre, le personnage
gagne des niveaux d’Écharde temporaires supplémentaires
afin d’empêcher le chaos pendant un Déchaînement.
Cependant, le jet ne doit être ni un échec ni un échec critique.
Portée Nombre de réussites
Dans les 30 mètres 1 Déchaîner son élément afin de créer le focus du portail
Dans les 15 mètres 2 ou pour ouvrir en grand le passage entre le monde de
En contact ou à l’intérieur 3 de créer des Portails sauvages et de semer le chaos dans
Le Stratus
Voilà l’essence de l’air. Brise tranquille ou tempête déchaînée,
sombres nuées ou cieux dégagés, douces pluies ou orages, tous ces
phénomènes relèvent du domaine de cette magie. Dans le même
temps, le vent emporte aussi les messages jusqu’à leurs destinataires,
ou à des oreilles indiscrètes. Les murmures destinés à quelqu’un
gagnent en force, comme s’ils sortaient d’un haut-parleur, et les cris
sont vite étouffés lorsque l’air refuse de propager leurs ondes sonores.
Se déplacer peut devenir une expérience lente ou d’une rapidité
extrême, selon que le phylum qui Déchaîne cette Écharde applique
ses effets lorsque ses alliés attaquent leurs ennemis. Le Stratus crée
aussi des illusions temporaires, amadoue les ombres pour qu’elles
dissimulent les gestes, détournent l’attention et permettent à son
utilisateur de rester caché. Et s’il peut provoquer l’ouverture de
Portails sauvages si les choses tournent mal, il permet aussi de se
téléporter sur de courtes distances (comme au sein d’une ville ou
d’un gratte-ciel).
Écharde opposée : Petros.
Le Verdage
Il implique le contrôle de la nature vivante, depuis les plantes
jusqu’aux animaux, et même aux objets faits à partir de matériaux
naturels (sans traitements chimiques, etc.). Grâce à cette Écharde,
le personnage crée et soigne des poisons naturels, localise les traces
de sa cible, nettoie un terrain envahi par les ronces et prédit l’avenir
en regardant les fils du destin comme s’ils étaient les racines de la
vie. Le Verdage conjure la vie sauvage comme les chimères nées à
son image et permet de communiquer avec elles en instillant une
certaine familiarité entre son utilisateur et sa cible. De plus, il crée
des plantes, rend le sol fertile ou stérile, encourage la croissance et
fait fleurir la végétation. Néanmoins, malgré sa capacité à animer les
plantes, il ne peut créer l’intelligence. L’Écharde permet également
au lanceur de créer des objets à partir des ressources naturelles dont
il dispose, car il les visualise dans son esprit, et de transmuter une
substance organique en une autre.
Écharde opposée : Stratus.
446 Changelin : le Songe
Portail
L’inanima peut Déchaîner ses Échardes afin d’ouvrir un
portail dans le Songe proche comme si elle invoquait le
niveau 4 du Voyage (Portail), et ce tant qu’elle a accès à
quelque chose en relation avec la nature de la magie utilisée
(par exemple, une petite flaque d’eau pour l’Aquis ou un
grand arbre pour le Verdage). Bien entendu, elle peut aussi
l’Automne et le Songe. Ce faisant cependant, elle risque
son sillage. Utilisez les règles relatives au Périple décrites
en page 222 quand il s’agira de déterminer les échecs et les
échecs critiques éventuels.
Les autres kiths
Les treize kiths présentés dans le chapitre deux ne sont pas, tant
s’en faut, les seuls qui existent. Ils sont tout simplement les plus
courants en Concorde. Vous trouverez ci-dessous certaines autres
familles de fées du Monde des Ténèbres. Sauf indication contraire,
elles suivent les mêmes règles pour la création de personnage et les
autres systèmes de jeu que les Kithains.
Les Ghille dhu
Les saisons passent et avec elles changent les Ghille dhu. Esprits de
la verdure et de la nature, ces créatures autrefois prospères voyaient
leurs pouvoirs changer au fil de l’année. Nés au printemps, ils deve-
naient forts en été, puis âgés et sages en automne pour finalement
enseigner leur savoir en hiver, mourir et revenir jeune pousse la
saison suivante. Tel était la vie des Ghille dhu.
La Séparation bouleversa tout cela, interrompit leur cycle naturel,
les fit vieillir prématurément ou renaître déjà adultes. La folie emporta
bon nombre d’entre eux, lesquels préférèrent le suicide à une existence
de souffrance et de torture. Quelques individus désespérés suivirent
les roturiers après l’Éclatement et adoptèrent la Voie du changelin
dans l’espoir de renouer leur lien avec la nature et le Songe. Ce choix
ne sauva qu’une poignée d’entre eux, et pour un prix exorbitant.
Lorsqu’ils rencontrent la Banalité, elle les envoie tourbillonner d’un
Aspect à un autre, du Printemps à l’Été, puis à l’Automne, jusqu’à
ce que leur courte vie s’achève dans l’Hiver et la mort.
Ces fées au destin tragique ont accepté leur bref passage sur cette
terre comme une occasion de lier à nouveau le Songe au monde
naturel. Leur corps change à mesure qu’ils avancent en âge et leur
peau verte et fraîche devient vieille écorce burinée à la fin de leur vie.
Affinité : la Nature
Délectation : les Ghille dhu régénèrent leur Glamour quand ils par-
courent seuls la forêt ou lorsqu’ils s’occupent d’arbres et de plantes.
Déchaînement : la magie de ces fées invoque la mousse, les fleurs
et l’herbe qui poussent même dans le béton ou le plastique. Ces
plantes se flétrissent et fanent dès que le Déchaînement s’achève,
 mais le parfum du pollen ou la puanteur de la pourriture (selon la
nature du sortilège) continue de flotter dans l’air.
Héritages
Le don de Mère Nature : tout comme les Nunnehis, tous les Ghille
dhu peuvent récolter leur Glamour dans la nature (cf. page 418),
et ce quel que soit leur Aspect.
Tourner la roue : une fois par scénario, le joueur peut relancer un
jet de dés sans avoir besoin de dépenser quoi que ce soit pour le
faire. Seul les Ghille dhu du Printemps possèdent cet Héritage.
Rose et chêne : les Ghille dhu de l’Été sont les seuls à bénéficier de
cet Héritage. Ils gagnent un point en Apparence et en Force afin de
représenter leur beauté et leur puissance, même si ce bonus porte
l’attribut au-delà de 5.
La sagesse des âges : une fois par cycle lunaire, un vieux Ghille dhu
peut utiliser son lien avec le Songe et ses cycles naturels, et méditer
sur une question en relation avec les fées. Pour ce faire, il doit trouver
un lieu dans la nature, dépenser un point de Volonté et poser sa
question. La difficulté pour obtenir une réponse à des questions
fermées est de 7, et toute complexité supplémentaire se traduira
par une augmentation de cette dernière valeur, déterminée par
le conteur. En cas d’échec critique, le personnage ne pourra plus
obtenir de réponse sur ce sujet précis. La difficulté augmente de
+1 chaque fois qu’il pose une question. Malheur à celui qui tente
de pousser sa chance un peu trop loin. Seuls les Ghille dhu de
l’Automne bénéficient de cet Héritage.
Fragilité
Le baiser de la mort : les Ghille dhu vieillissent prématurément et
à cause du poids écrasant de la Banalité, ils passent très vite d’un
Aspect à un autre. Chaque fois que le personnage gagne un niveau
dans ce Tempérament, son joueur doit faire un jet de Glamour
(difficulté égale au niveau de Banalité actuel de son protagoniste),
s’il le rate, il passe à l’Aspect suivant. Une fois franchi l’Automne,
son corps meurt.
« Je viens de naître et je vais bientôt mourir. Je peux sentir ce monde
agoniser tout autour de moi, mais tu en es incapable ! »
Appendice I : les gallains 447
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Les Guenaudes
des rivières
Partout dans le monde, les légendes parlent de cours d’eau dans
lesquels les enfants, les animaux, et même des adultes, tombent et
disparaissent, noyés en un clin d’œil. Au cœur de ces histoires se
trouve la Guenaude des rivières, une fée hideuse qu’on a longtemps
considérée comme une parente des Bonnets rouges. Ces créatures
aquatiques vivent dans des cours d’eau rapides, où elles entraînent
et noient des proies peu méfiantes. Férocement territoriales, elles
ne tolèrent aucun intrus chez elles et trucident avec joie les curieux
assez stupides ou méchants pour tomber entre leurs griffes.
Les Guenaudes des rivières sont épouvantablement laides, gorgées
d’eau et boursouflées, ou bien flasques et filiformes. Bien qu’elles
semblent tout à fait terribles, il existe une manière on ne peut plus
simple d’éviter de s’y frotter. Il suffit de les laisser tranquilles. Leur
apparence fera fuir la plupart des gens, mais elles ont mis au point
des illusions qui leur permettent d’interagir avec le monde mortel.
Sous les traits d’un bel individu, elles peuvent s’éloigner un certain
temps de chez elles, sans dépasser toutefois une semaine. Elles doivent
ensuite retourner dans les profondeurs.
Dans l’ensemble, elles veulent qu’on les laisse en paix dans
leurs rivières. De vieilles histoires racontent que les Guenaudes
des rivières sont les esprits des cours d’eau, à présent domptés et
métamorphosés par des intérêts humains. Mais peu importe l’idée
qu’un mortel peut se faire d’un cours d’eau, elles incarnent les côtés
les plus sombres de la nature.
448 Changelin : le Songe
Affinité : la Nature.
Délectation : tout comme leurs parents Bonnets rouges, les Guenaudes
des rivières peuvent récupérer du Glamour en étranglant des humains
et en donnant libre cours à leur terrible faim. Elles peuvent aussi y
parvenir en nageant la nuit et en plongeant loin sous les eaux noires.
Déchaînement : lorsqu’elle Déchaîne sa magie, ses victimes sentent le
goût de l’eau saumâtre ou les poissons qui frétillent sur leur peau,
ou bien le monde qui les entoure apparaît distordu, comme s’ils
le regardaient depuis le fond d’une mare.
Héritages
Vorace : cf. l’Héritage des Bonnets rouges du même nom (page 91).
Dans les abysses : une Guenaude peut rester et respirer indéfiniment
sous l’eau.
Fragilité
Liée à la rivière : la Guenaude peut quitter sa rivière et se servir de
charmes afin de dissimuler son apparence et d’évoluer parmi les
fées et les mortels. Cependant, elle ne doit pas s’en éloigner plus
d’une semaine. Passé ce laps de temps, elle doit y retourner et s’y
immerger sur-le-champ. Si elle ne le fait pas, elle s’étiolera et subira
un niveau de dégâts aggravés par jour passé hors de ses eaux (elle
ne pourra pas en guérir si elle n’est pas dans sa rivière).
« Tu es venu ici pour me demander quelque chose, sans hommage, sans
présent. Approche un peu plus près, pétale, et je te donnerai ma réponse. »
Les Korreds
Gardiens du savoir et de la tradition parmi les Kithains, les Korreds
veillent sur des secrets qu’il ne faut pas révéler, mais qu’on ne doit
jamais oublier. Maîtres sophistes, ils choisissent leurs mots avec soin
et ainsi, les mystères sur lesquels ils veillent jalousement conservent
leur caractère sibyllin. Maîtres des rituels, ils s’assurent que les
anciennes coutumes renforçant le Songe continuent d’être observées.
Pour la majorité des Kithains, les Korreds s’isolent au sommet
d’une tour et ne s’entourent que d’étagères remplies d’ouvrages
poussiéreux. Rien ne saurait être plus faux. Ces fées pensent que
la connaissance est essentielle à la survie et elles savent que l’Écla-
tement a infligé beaucoup plus de dégâts à leur histoire et à leur
culture qu’on ne le pense. Persuadées que le passé renferme la clé
qui empêchera l’arrivée de l’Interminable Hiver, elles recherchent
courageusement la moindre parcelle d’information qui pourrait
aider à préserver le Songe.
Petits et râblés, les Korreds ont de longues oreilles poilues, arborent
sur leurs vêtements les tons rappelant la terre, et décorent leurs
cheveux et leurs barbes épais de tresses et de perles. Dans la société
mortelle, ils adoptent des rôles d’avocats, de juges et d’historiens.
Affinité : la Fée.
Délectation : aux yeux d’un Korred, rien ne renferme plus de Glamour
que les secrets et les rituels. N’importe quelle entreprise qui tou-
chera à l’un ou l’autre de ces domaines constituera pour eux une
Délectation. Par exemple, ils pourront retrouver des connaissances
depuis longtemps perdues ou aider quelqu’un à maîtriser l’étiquette
propre à un dîner officiel.
Déchaînement : il frappe avec le poids des ans et porte avec lui la
promesse d’indicibles secrets et de savoir infini. Quiconque est le
témoin du Déchaînement d’un Korred aura l’impression d’une
épiphanie grandiose et imminente, et pourtant inaccessible.
Les Morganes
Autrefois, les marins affrontaient les vagues sur de petits esquifs de
bois et savaient pertinemment qu’ils risquaient de ne jamais rentrer.
La mer les appelait, sa beauté et ses mystères demeuraient irrésistibles.
Les Morganes sont nées des rêves de ceux qui regardaient l’océan
avec envie et voulaient à tout prix savoir ce qui se cachait au-delà de
l’horizon ou dans les noires profondeurs.
Les humains oublièrent le respect qu’ils avaient pour cet océan
et corrompirent ce qu’ils chérissaient autrefois. Le plastique étouffe
ou affame les créatures marines, l’acidification des eaux ravage de
grandes étendues et y tue toute forme de vie. Leur habitat est en péril
et les Morganes tentent de ramener la révérence que les habitants
des terres éprouvaient pour la mer. Les Seelies essaient de réveiller
le sens du merveilleux, tandis que les Unseelies rappellent aux gens
que si l’océan meurt, la terre ne tardera pas à le suivre.
Également appelées sirènes, ces créatures agiles et gracieuses
incarnent la sensualité et le désir. Leur peau chatoie du bleu au
vert émeraude et leurs yeux, deux grands orbes sombres, arborent
une pupille fendue. Elles exercent souvent des professions grâce
auxquelles elles jettent un pont entre les gens et l’océan, comme
plongeuses, océanographes ou biologistes marins.
Affinité : l’Acteur.
Délectation : les Morganes trouvent le Glamour dans des activités qui
inspirent émerveillement et admiration et unissent les humains à
la mer. Par exemple, elles peuvent plonger sur un magnifique récif

Héritages
Testament : le Songe confie l’un de ses plus grands mystères au moment
de la Chrysalide du Korred. Ce peut être la cachette d’une antique
et puissante relique ou bien la clé qui permettra d’entrer dans un
Domaine autrefois siège du pouvoir des Hauts Rois de jadis. Ce
peut même être le secret qui permettra de rouvrir le Portail d’argent.
Quoi qu’il en soit, sa révélation secouera le fondement de la société
des Kithains. De plus une fois par scène impliquant des lieux ou
des créatures du Songe, le joueur peut faire un jet d’Intelligence
+ Gremayre (difficulté 8) pour son personnage et vérifier s’il connaît
des secrets en relation avec la situation qu’il est en train de vivre.
Équilibre : la quête du savoir d’un Korred le rend intimement conscient
des dangers du Songe à un degré bien supérieur à tous les autres
Kithains. En conséquence, il peut déterminer quand il commence
à favoriser le Glamour aux dépens de sa moitié ordinaire. Une fois
par scénario, son joueur pourra dépenser un point de Volonté afin
d’annuler un Déséquilibre.

Fragilité
Vérité : en sa qualité de gardien des secrets et des traditions du Songe,
un Korred a l’interdiction formelle d’altérer l’un d’entre eux. Il ne
peut jamais mentir en toute connaissance de cause. Il peut choisir
de ne pas offrir d’information ou de formuler une déclaration de
manière trompeuse, mais tout ce qu’il dit doit être vrai.
« Ah, mais ce n’était que votre hypothèse ! Si vous aviez prêté un tant soit
peu attention, vous auriez su qu’en réalité, ce n’était pas ce que je disais. »

Appendice I : les gallains 449

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 de corail multicolore, simplement équipé d’un masque et d’un
tuba, ou faire passionnément l’amour sur la plage, entourées par
le fracas des vagues.
Déchaînement : il est empreint de l’odeur de l’eau salée, des cris des
goélands et de la texture du sable. Selon l’intention de la Morgane,
son Déchaînement peut envelopper sa cible dans un brouillard
marin ou l’écraser comme une lame de fond.

Héritages
Enfant de la mer : dans l’océan, une Morgane est chez elle. Une
fois plongées dans l’eau, ses jambes fusionnent et deviennent une
queue, semblable à celle d’un Ondin. La difficulté de tous ses jets
liés à la Dextérité diminue de –2. De plus, la pression de l’eau ne
la gêne aucunement et elle peut retenir sa respiration pendant cinq
minutes par point de Vigueur. Une Morgane peut respirer les eaux
du Songe aussi facilement que l’air.
Chant de la mer : le chant d’une sirène est une mélodie captivante et
envoûtante. Il est aussi inévitable que le bruit des vagues sur la plage,
et aussi apaisant que le vent qui chantonne entre les planches d’un
ponton. Si un humain se trouve dans un rayon égal à 50 mètres par
point possédé par la Morgane dans son attribut de Manipulation
et qu’il entend la chanson, il doit faire un jet de Volonté (difficulté
7) En cas d’échec, il devient docile et cherche à trouver la source
de la chanson. Cet effet dure jusqu’à ce que le personnage se taise
ou que le mortel soit menacé ou blessé.

Fragilité
Liée à la mer : si elle passe trop de temps loin de l’océan, une Morgane
commencera à se dessécher et à dépérir. Elle perd un point de
Glamour par jour si elle ne passe pas au moins une heure immergée
dans l’eau salée.
« Entends-tu l’océan chanter ? Si tu suis sa mélodie, il te dévoilera des
paysages que tu n’aurais jamais imaginés. »
Les Obas
Les terres ancestrales des Eshus cachent un secret rarement connu
des fées qui n’appartiennent pas à ce kith. Ce dernier possède un
organe de gouvernement assez différent pour qu’on le considère
comme un kith à part entière. Ces dirigeants puissants et éclairés, les
Obas, centre de la vie eshu, sont liés à l’essence de la terre ancestrale
par leurs pouvoirs. Ils incarnent le cœur indomptable de la tribu,
la lignée pure descendante des orishas en personne à laquelle on
a confié le devoir sacré de protéger les terres et l’unité tribale des
Eshus. Ces chefs s’aventurent peu en dehors de chez eux, ce qui
explique pourquoi la plupart des fées de Concorde ne savent pas
grand-chose à leur sujet, exception faite des légendes mentionnant
leur existence. Selon les Eshus pourtant, ils constituent une part
essentielle de leur histoire vivante.
Seuls leurs yeux, éclaboussés d’or ou d’argent brillant, diffé-
rencient les Obas des Eshus. Ils possèdent un port aussi altier que
celui des Sidhes et même s’ils naissent moins aujourd’hui parmi la
noblesse, celle-ci transparaît, quelle que soit leur origine mortelle.
Depuis leurs terres natales, ils transmettent leurs édits à l’ensemble
des Eshus, dissimulés dans les mots des histoires portés aux quatre
coins du monde.
Affinité : la Scène.
Délectation : tout comme les Eshus, les Obas se Délectent de l’art
du conte et du voyage. Leur statut de noble implique aussi qu’ils
regagnent du Glamour lorsqu’ils accomplissent leurs devoirs de
seigneur.
Déchaînement : lorsqu’ils Déchaînent leurs charmes, on entend les
clochettes tintinnabuler et l’écho des psalmodies et des chants, on
perçoit dans l’air le souvenir de la fragrance des épices. Des fils de
lumière dorée peuvent pendant un instant relier l’Oba à la cible
de son sortilège, ils représentent sa place dans la grande trame de
l’histoire.
Héritages
Manteau des Orishas : révélé au cours d’une cérémonie secrète de
couronnement, cet Héritage lie l’Oba à ses terres et à son peuple,
et le désigne comme un chef. De plus, il lui donne un pouvoir
identique à l’Héritage sidhe Beauté surnaturelle (cf. page 109). En
contrepartie, le personnage ne peut se lier qu’à des terres situées
en Afrique, en Inde ou au Moyen-Orient.
Les Obas ne peuvent jamais faire d’échec critique sur leurs jets
d’Empathie ou de Commandement.
L’Art du conte : cet Héritage, identique à celui des Eshus, donne
cependant un poids considérable à leurs histoires parmi les membres
de leur kith. Ceux-ci identifient facilement les leçons qu’elles
donnent, mais ils s’efforcent de les garder secrètes, tout comme
l’existence de leurs chefs.
Fragilité
La terre qui m’a vu naître : les Obas sont directement liés à la terre
qu’ils gouvernent. Une fois que l’un d’entre eux endosse le Manteau

450 Changelin : le Songe

 des Orishas, il ne peut plus quitter son pays ou le Songe proche qui
lui est rattaché sans tomber malade et s’étioler. Les Obas ne quittent
pas volontiers leurs terres, même pour entrer dans le Songe. Un
personnage ne pourra le faire qu’une fois par cycle lunaire. Ensuite,
il commencera à perdre un niveau de santé par jour d’absence.
Les dégâts ne se soigneront qu’une fois qu’il sera rentré chez lui.
À cause de la distraction que cette Fragilité engendre, la difficulté
de tous les jets des Obas augmente de +1 lorsqu’ils se trouvent en
dehors de leur territoire.
« Les Orishas nous ont parlé pendant des générations. Nous dirigeons
notre peuple par le conte, ce lien direct avec le vent et le ciel et la terre
jusqu’à leurs oreilles. À présent, nous sommes un cycle. »
Les Ondins
Dans les mers du monde vit un kith tout à fait coupé de ses frères
terrestres, à tel point que nombre de fées ne croient simplement pas
en son existence. Les Ondins vivent au plus profond des océans,
séparés des autres changelins et du monde mortel par l’obscurité des
eaux. Fort étranges, les Ondins se considèrent comme les véritables
enfants des Tuatha des Danaan, préservés de tout contact avec le
monde mortel. Ils ne se reproduisent pas avec les humains et fuient
les interactions avec eux. Cette ségrégation est le résultat du toucher
presque fatal de la Froideur (la Banalité) sur eux. En effet, elle arrache
leur Glamour jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus respirer sous l’eau.
La vie des Ondins est radicalement différente de celle des fées
terrestres. Tout petits, on emmène les jeunes (les Néréides) dans des
grottes pour y rencontrer un esprit poisson appelé Apsara, envoyé à
eux par l’esprit créateur, Vatea. Ils se lient alors à lui et bénéficient
des aspects de leur nouvelle moitié. L’Apsara influence aussi leur
personnalité et la place qu’ils occuperont dans la société en tant
que membres de la Maison Lorelei (les protecteurs), de la Maison
Mélusine (les érudits) ou de la Maison Syrinx (la noblesse).
Tous les Ondins possèdent une beauté étrange et mystérieuse.
Lorsqu’ils marchent sur la terre, leur queue se sépare en deux et
devient deux jambes humaines et écailleuses. Ils sont grands, mus-
culeux et presque complètement chauves. Ils sont aussi différents les
uns des autres que les poissons avec lesquels ils se liens et pourtant,
tous partagent la même dévotion pour le plaisir, la sensualité et la
protection de l’océan qui est leur demeure.
Affinité : la Nature.
Délectation : les Ondins regagnent du Glamour lorsqu’ils batifolent
sous les vagues avec leurs semblables, mais aussi quand ils narguent
et poussent les marins humains à plonger dans l’eau.
Déchaînement : la mer en personne répond lorsqu’un Ondin Déchaîne
sa magie. Les écailles colorées des poissons et des créatures marines
scintillent, tandis que les nuages s’amoncellent et que les vagues
roulent.
Appendice I : les gallains 451
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Héritages Affinité : la Scène.
L’Apsara de Vatea : les Ondins se lient très jeunes à une créature Délectation : les Wichtels récoltent leur Glamour dans le travail solide
marine, un esprit poisson qu’ils appellent leur Apsara. Ils gagnent et tangible. Ils se Délectent quand ils viennent de terminer une
alors les pouvoirs de la créature en question, et bénéficient d’un tâche physique qui leur a couvert les mains de crasse ou de boue,
point supplémentaire dans l’attribut correspondant aux capacités comme construire un puits, atteindre un quota de production dans
que l’esprit leur confère. Par exemple, un thon pourra offrir un une mine ou aménager un jardin.
point de plus en Dextérité ou en Force, et une rascasse un point Déchaînement : leur magie libère la puissance de la Terre elle-même
de plus en Apparence. Ce bonus peut porter l’attribut concerné et quand elle se Déchaîne, elle devient aussi implacable que la mon-
au-delà du maximum habituel de 5, mais il revient au conteur de tagne. Elle laisse l’odeur de l’humus et de la sueur, et une texture
désigner celui qui sera influencé par l’Apsara et d’énumérer les grossière et rugueuse. Elle s’accompagne parfois de glissements de
capacités gagnées par le personnage grâce à lui. terrain, de tremblements de terre, voire de coulées de lave.
Branchies : un Ondin peur respirer sous l’eau, que ce soit à travers
des branchies, ou encore un évent et des narines, en fonction de
son Apsara. Les personnages dotés d’un évent peuvent en moyenne
rester six heures sous l’eau avant de refaire surface pour respirer.
Beauté de l’océan : tous les Ondins sont beaux et séduisants. Ils
bénéficient d’un point de plus en Apparence, même si cela porte
l’attribut au-delà du maximum habituel de 5, et il leur est impossible
de faire un échec critique sur un jet lié à cet attribut.

Fragilité
La Froideur : la Banalité est, littéralement, synonyme de mort pour
les Ondins. À mesure qu’un personnage engrange de la Banalité
et perd son Glamour, il devient de plus en plus difficile de respirer
sous l’eau. Une fois que son Glamour est épuisé, il ne le peut plus
et se noiera sous l’eau. S’il survit, il se retrouvera nu au milieu de
l’océan et n’aura nulle part où aller.
Hors d’atteinte : puisqu’ils se sont séparés de la société mortelle,
les personnages Ondins ne peuvent acquérir les capacités Armes
à feu, Conduite, Expérience de la rue ou Informatique lors de la
phase de création que par la dépense de points de bonus (et avec
une sérieuse explication).
« Tu as corrompu la terre, pollué la mer. À présent, tu viens dans notre
royaume. Viens, que je te montre ce qui se trouve là-dessous. »

Les Wichtels
Les mineurs et les ouvriers sont le socle d’une communauté. Ils
accomplissent les tâches qui doivent être achevées, même les plus
déplaisantes. Ils s’aventurent dans l’obscurité et le danger en quête
des ressources dont la société dépend, abattent un travail périlleux
et épuisant sans attendre ni gloire ni fortune. Ils le font parce que
cela doit être fait. Les Wichtels incarnent cette philosophie.
Leurs personnalités se révèlent aussi rugueuses que les pierres
qu’ils manipulent. Solides et fiables pour leurs amis, ils se montrent
prompts à la colère et n’hésiteront pas à trancher dans le vif tous
ceux qui se trouvent du mauvais côté. Leur patience est presque
inexistante quand on parle d’intrigues frivoles et des subtilités de
la cour. Les Wichtels préfèrent passer leur temps libre dans des bars
bruyants où ils peuvent évacuer la pression avec des gens qui parlent
sans fard et comprennent la valeur d’un dur labeur.
Ils sont généralement petits, nerveux et solidement musclés.
Ils sont réputés pour leurs talents de mineur, une profession aussi
recherchée qu’avant grâce à la technologie moderne et son besoin
de lithium et de minerais rares. Les Wichtels travaillent aussi dans
la construction ou sont des syndicalistes convaincus. Leurs liens
étroits avec la classe ouvrière en font des interlocuteurs parfaits pour
résoudre les problèmes de sécurité et obtenir de meilleures conditions
de travail, pour les mineurs autant que pour les autres ouvriers.

452 Changelin : le Songe

Héritages
Sourcier : mineur dans l’âme, un Wichtel peut immédiatement per-
cevoir où la Terre cache ses secrets. S’il réussit un jet de Perception
+ Acuité (difficulté 6), il peut déterminer avec exactitude l’endroit où
il faut creuser pour trouver un trésor naturel, comme des gemmes
ou des métaux précieux, du pétrole, du charbon, du gaz naturel,
de l’eau où tout ce qu’il pourrait désirer.
Industrieux : l’expression « travailler dur » résume l’essence même
d’un Wichtel et rien n’est trop épuisant pour lui. Il gagne un point
supplémentaire en Vigueur, même si cela porte l’attribut au-delà du
score maximum habituel de 5. De plus, il ne peut pas faire d’échec
critique sur les jets impliquant un travail manuel.
Fragilité
Revanchard : impossible pour lui de laisser passer le plus petit affront.
S’il considère qu’on lui a fait du tort ou qu’on le traite injustement,
il ne pense plus qu’à ça et éprouve beaucoup de difficulté à penser
à autre chose qu’à l’objet de sa colère. Jusqu’à ce que l’offenseur
ait réparé l’affront à la hauteur de l’insulte, ou qu’il ait fait d’une
manière ou d’une autre amende honorable, la difficulté de tous
les jets du Wichtel augmente de +2, à l’exception de ceux qu’il fait
pour se venger de sa cible.
« Ces fumiers pleins aux as ont empoisonné notre eau et maintenant, ils
veulent nous vendre de quoi boire ? Mais qu’ils aillent au diable ! Si nous
creusons un puits ici, nous n’aurons pas besoin d’eux. »
Les Wolpertingers
Le Songe les connaît, mais la société des Kithains vient de les
découvrir. Jusqu’à la Résurgence, ils étaient une race de chimères
née des rêves de créatures mystérieuses et inconnues, cachées dans
la nature inaccessible et sauvage. Venu à l’origine d’Allemagne, leur
mythe s’est répandu dans le monde entier, a adopté de nombreux
noms différents, comme le jackalope aux États-Unis ou le skaver
en Suède. À cause de leur propension à nicher dans les Domaines
et à éteindre les Brasiers, les Kithains les considéraient comme des
nuisibles et les chassaient.
Le Glamour de la Résurgence a tellement fortifié leurs rêves qu’ils
sont devenus un kith à part entière. Certains Wolpertingers pensent
qu’un grand sacrifice a également eu lieu, mais ils ont beau essayer,
ils ne se rappellent aucun détail. À présent, ils tentent de trouver leur
place dans le monde. Cette tâche devient plus complexe, car autant
que faire se peut, ils font en sorte de ne pas rester trop longtemps
au même endroit, de peur de nuire aux Domaines de la région.
Créatures hybrides, ils ont généralement les postérieurs d’un
lapin, les ailes d’un faucon et les bois d’un élan. Cependant, on
connaît d’autres combinaisons d’animaux. Ils préfèrent des profes-
sions qui les laissent au contact de la nature, comme biologistes,
écologistes ou gardes forestiers.
Affinité : la Nature.
Délectation : aux yeux des humains, la nature garde l’allure d’un
fruit défendu. Une fois en sécurité loin du regard inquisiteur de la
civilisation, les gens ont tendance à se laisser aller à des compor-
tements qui se révéleraient trop embarrassants face au reste de la
société. Chanter autour d’un feu de camp ou marcher tout nu sous
la lueur de la lune en fait partie. Voilà le genre d’actions pleines de
Glamour que les Wolpertingers peuvent exploiter s’ils parviennent
à convaincre un humain d’y participer.
Déchaînement : il contient toujours l’essence du monde naturel.
Le parfum des fleurs fraîchement écloses ou le fumet d’un putois
en colère peuvent y poindre, à moins que des milliers de plantes
grimpantes ne viennent s’agripper à la cible du Wolpertinger
pour l’étrangler, ou bien qu’une rivière impétueuse ne déborde et
n’inonde ses berges.
Héritages
Pâture vorace : quand ils étaient des chimères, la compétition pour
le Glamour était féroce. Ces créatures ont donc mis au point une
méthode afin d’en assimiler autant que possible. Lorsqu’ils tirent
un point de Glamour d’un Domaine, il en obtient un de plus.
Vigilance de la proie : avant d’être Kithains, les Wolpertingers étaient
des proies que l’on chassait pour leur Glamour. Pour survivre, ils ont
dû développer une intuition exacerbée. Toutes les tentatives visant
à les approcher furtivement ou à les surprendre par des moyens
ordinaires échouent automatiquement. De plus, la difficulté pour
percer la duperie magique diminue de –2.
Fragilité
Insatiable appétit : ce qui était autrefois un mécanisme de survie est
à présent un handicap. Un Wolpertinger prend le Glamour d’un
Domaine plus vite que son Brasier ne peut le régénérer. Pour chaque
semaine qu’il passe dans un Domaine, le score de celui-ci diminue
de 1. S’il s’en va avant qu’il ne tombe à 0, le Brasier reconstitue le
Glamour du lieu au rythme d’un point par semaine.
« Comment était la vie avant ? Par bien des côtés, elle était plus facile.
Déjà, je n’avais pas à me soucier des conséquences si je m’installais
quelque part. »
Appendice I : les gallains 453
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 Appendice II :
les Enchantés
« Il n’y a pas de temps pour la monotonie. Il y a du temps pour le travail.
Et le temps de l’amour. Cela ne laisse aucun autre moment. »
— Coco Chanel
L es changelins ont soif de merveilles et d’expériences.
Ils s’y plongent pour le frisson et les sensations
qu’elles procurent, la meilleure compréhension de
soi qu’elles apportent et les exploits qu’elles dévoilent.
Pourtant, nombre d’entre eux s’abandonnent aux bras
de la Banalité sans se lancer autant qu’ils le pourraient
dans l’aventure. Nul besoin pour une chronique de se
dérouler ainsi. Les chapitres précédents ont présenté une
grande variété d’options pour vos parties de Changelin.
Cet appendice vous en propose plus encore.
Les Kinains et les Enchantés présentent des défis
inédits, aussi bien pour les joueurs que pour les conteurs.
Les premiers sont les parents par le sang des changelins
et à ce titre, ils occupent une place fragile et importante,
car ils sont voués à prolonger leurs lignées et à vivre la
gloire et les dangers associés au Songe. Les humains assez
chanceux pour entrer dans le Songe deviennent des
Enchantés, parfois pour quelques instants et parfois pour
le reste de leur vie. Ces parents pauvres de la famille des
fées dansent sur la corde raide, vulnérables aux périls et
aux forces féeriques malveillantes. Dans cet appendice,
joueurs et conteurs trouveront des options pour les
incarner ainsi que les systèmes qui les régissent.
454
Les Kinains
et les Enchantés
Dans le Monde des Ténèbres, les changelins ne sont pas
les seules créatures à parcourir la frontière entre rêve et
réalité, entre Glamour et Banalité, entre ce qui pourrait
être et ce qui est. Les bienheureux mortels détenteurs
d’une once du Songe ont toujours accompagné leurs
cousins plus ouvertement féeriques. Parfois, ces derniers
endossent le rôle d’intendants des Kithains et traversent
à leurs côtés des époques impitoyables, où les rêves sont
broyés et l’imagination un luxe. Parfois, le souffre-douleur
de la cour est un mortel Enchanté, que l’on tourne en
ridicule parce qu’il n’est qu’un humain et qu’il ne peut
accomplir que quelques tours de passe-passe. A contra-
rio, certains changelins considèrent les Kinains comme
des égaux. Quelle que soit leur position dans la société
féerique, ceux-ci ont toujours été présents.
Les légendes racontent comment la magie des fées
passe de génération en génération. Ces histoires de
familles, de présents ou de parties d’un pacte ou d’un
marché sont presque aussi anciennes que celles qui ont
engendré le Songe et ses habitants. En réalité, deux sortes
de créatures se cachent derrière le récit : les enfants des
vrais changelins, et les mortels Enchantés capables de
manipuler seuls une petite partie des pouvoirs féeriques.
On appelle Kinains les enfants assez chanceux pour
hériter d’un peu de la magie de leurs parents. Cette
puissance pénètre leur âme tout entière et ainsi, ils ne
redoutent jamais que les Brumes emportent avec elles ces
éclats de Glamour ni le souvenir des amis et de la famille
qu’ils ont dans le Songe. Il est tellement plus facile de se
perdre là-bas lorsqu’on vit dans le monde ordinaire. Être
un Kinain confère plusieurs avantages. Le personnage
hérite de quelques traits mineurs du kith auquel son
parent appartient, ce qui permet de l’identifier en tant
que tel, et il possède également un petit talent dans un
Art précis. La fille d’un Sidhe n’aura peut-être pas la
beauté surnaturelle de son père, mais elle peut tout de
même arborer un port aristocratique. D’un autre côté, le
fils d’un Satyre sera sans doute aussi poilu qu’on pourrait
s’y attendre. En revanche, rien ne l’empêche de préférer
passer ses nuits tout seul devant sa console de jeux, au
lieu de faire la bringue et de goûter à tous les excès. À
l’instar de nombreux aspects du Songe, le sang féerique
est capricieux et imprévisible.
Les Enchantés sont très exactement cela, à savoir des
mortels bénis d’une once de magie féerique. En plus de
leur permettre de voir le Songe et d’interagir avec lui,
cet enchantement leur confère un pouvoir magique (qui
ressemble un peu aux Héritages d’un changelin), mais il
comporte un risque. Même s’il n’avait aucune intention
de s’impliquer dans le monde des fées, un mortel aura
du mal à ignorer celui-ci une fois marqué par le Glamour.
Ancré dans la réalité, nul besoin pour lui de redouter que
le Tumulte l’emporte. Cependant, tout comme la Parentèle
féerique ne redoute pas de sombrer dans l’Oubli, le prix
de cet avantage est très élevé. Cet enracinement dans
ce qui représente pour lui « le monde réel » en fait une
source facile de Banalité. Certes, le Glamour qui coule
dans ses veines le rend moins dangereux qu’un mortel
ordinaire. Or un changelin sur le point de se perdre dans
les Brumes ferait bien de se tenir loin des Kinains qui
ignorent encore les périls inhérents à la Banalité.
La population des changelins s’organise souvent en
une société de classes, et les Kinains et les Enchantés sont
les grands perdants. Les Kithains n’ont pas tout à fait la
même opinion sur les premiers, car après tout, c’est la
famille, mais ils ne jouissent pas du même statut. Aux yeux
de certains, ce sont des touristes en visite dans le Songe,
des prétendants à un pouvoir qu’ils n’ont aucune chance
de comprendre ou de maîtriser. D’autres reconnaissent
qu’ils appartiennent bien au Songe, au même titre que
les Kithains, et qu’ils jouent un rôle majeur dans la survie
du Glamour face au Long Hiver qui s’avance. Toutefois,
la première opinion prévaut bien trop souvent, surtout
parmi la noblesse.
À propos des Kinains
Malgré le nom qu’on leur donne d’habitude, la génétique
de la « Parentèle féerique » n’a rien à voir dans l’héritage
magique transmis par un changelin à ses enfants. Même
si le plus brillant biologiste du monde comprenait parfai-
tement les mystères du surnaturel et examinait « l’ADN
changelin », il ne trouverait aucun gène du Glamour. En
effet, rien ne prédispose un enfant à y être sensible ou à
développer un lien avec le Songe.
Bien sûr, n’importe quel parent changelin serait sou-
lagé d’apprendre que son enfant fait partie du monde des
fées. Cependant, impossible de s’assurer qu’il sera Kithain
ou Kinain. La geste de Gwenhwyfar ap Eiluned raconte
comment la reine du Royaume des Fleurs se lança dans
une grande quête pour découvrir le moyen de donner
à sa fille à naître une once du Songe sans l’Enchanter.
L’histoire est devenue légende, comme tous les grands
contes de fées. Hélas, personne ne sait si la reine a réussi
cet exploit et trouvé une méthode infaillible pour engen-
drer un changelin, ou même un Kinain.
Que ce soit par leur apparence ou leur comportement,
les enfants kinains se reconnaissent souvent avant de
manifester un lien avec le Songe. S’ils portent le Glamour
de leur parent, ils possèdent aussi toujours un trait de
son kith. Par exemple, un fils aura l’apparence typique,
quoique moins prononcée, du kith de sa mère et il ne le
devra guère à la biologie humaine. Une fille peut montrer
des traits de personnalité caractéristiques au kith de son
père, et un troisième dégager une impression d’autorité,
irradier un sentiment d’intimidation ou faire preuve d’un
manque de respect flagrant. La manière dont ces traits se
manifestent importe peu, puisqu’un Kinain ne possède
pas de Visage féerique. Son apparence dans le Songe est
identique à celle qu’il a dans le monde ordinaire. Cela
génère parfois des situations étranges, au cours desquelles
un enfant n’a aucune ressemblance avec son parent fée
dans le monde de l’Automne, mais devient son portrait
craché quand on le regarde à travers des yeux chimériques.
La magie du Songe est forte en eux, si forte qu’ils ne
peuvent sombrer dans l’Oubli. Les Brumes ne viennent
jamais effacer leurs souvenirs. La Banalité ne menace
jamais le fruit de l’union entre l’ordinaire et le Songe.
Comme nombre d’autres rêves, cette bénédiction peut
devenir malédiction. Conte après conte, la même histoire
revient. Impuissante, une Kinain contemple sa mère,
devenue l’ombre d’elle-même et à jamais perdue pour le
455
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
monde auquel sa fille appartient toujours, sombrer lentement dans
l’Oubli. Certes, le lien entre un Kinain et le Songe ne peut jamais se
rompre. Cependant, si tous les changelins qu’il connaît disparaissent
dans les Brumes, il pourrait se retrouver coupé de la magie dans sa
famille, et connaître à son tour une sorte d’Oubli.
Les Kinains, passés et présents
Dans les contes de fées et le folklore, des humains disparaissent
souvent avec un mystérieux étranger à l’allure surnaturelle pour une
nuit passionnée. Ces histoires suggèrent que les Kinains sont un
heureux accident. Les premiers voyageurs venus du Songe profond
et arrivés sur Terre ne se doutaient pas le moins du monde que
leurs amours avec des mortels donneraient un fruit différent des
autres. Les changelins furent d’abord hésitants quant à l’attitude
à adopter face à leur progéniture féerique. Beaucoup de Kinains
périrent simplement parce que leurs parents avaient tenté de les
ramener avec eux en Arcadie. Ceux-ci finirent par comprendre les
« lois » qui régentaient leur existence et déterminèrent leur rôle, et
donc leur place, au sein de la société féerique. Ces enfants seraient
les médiateurs, les intermédiaires entre les choses trop banales pour
être supportées et les fées, les rêves devenus réalité et tout aussi
fragiles que les changelins d’aujourd’hui.
L’homme primitif avait pour habitude de considérer que toutes les
manifestations du surnaturel émanaient d’une divinité. Qui pouvait
bien les contredire ? Avant l’Éclatement, les fées étaient des dieux
et des déesses dans le monde ordinaire. Leurs enfants, détenteurs
d’une once de leur pouvoir, inspirèrent les demi-dieux, les héros
et sans doute quelques anges et démons. En résumé, c’était le bon
temps pour un Kinain.
Puis la Banalité s’empara du monde et refusa de le lâcher. Les
Kinains, immunisés à ses effets à long terme, devinrent de fidèles
vassaux des changelins. Comme les Domaines s’étaient en grande
partie coupés de la société mortelle pour se protéger, ils jouèrent le
rôle nécessaire d’intermédiaires entre les fées et l’humanité.
On en resta là pendant des siècles, jusqu’à ce que la Résurgence
ouvre à nouveau les portes de l’Arcadie et laisse revenir les Sidhes,
changeant à jamais le visage de la société des Kithains. Les nobles
attendaient qu’ils se cantonnent à leur servilité passée et montrent le
respect qu’ils devaient à leurs « supérieurs ». En revanche, les Kinains,
comme les kiths restés sur Terre, avaient assisté à l’émergence des
sociétés égalitaires et aux luttes pour les droits de tous. Ils n’avaient
aucun intérêt à prêter allégeance aux nobles récemment revenus,
d’autant que la plupart d’entre eux n’avaient aucun lien de parenté
avec les Sidhes (exception faite de la progéniture égarée d’un réfugié
de la Maison Scathach). La guerre de l’Accord demeura un conflit
entre changelins, mais les Kinains servirent parfois d’éclaireurs, de
messagers, et même de combattants dans les situations désespérées.
Une fois la guerre terminée, le Songe tenta de s’en remettre et les
nobles reprirent leurs titres et leurs territoires… mais les Kinains
n’occupent aucune place précise dans la société des changelins.
À bien des égards, leur situation est meilleure qu’elle ne l’a été
depuis longtemps. Certains Domaines conservent une attitude
semblable à celle de leurs parents abusifs. D’autres s’en tiennent
à la tradition et les Kinains restent l’interface entre les aspects les
plus banals de la vie et les changelins qui risquent de sombrer dans
l’Oubli. D’autres encore jugent simplement la Parentèle féerique en
fonction des mérites individuels. La manière dont ils seront traités
456 Changelin : le Songe
par les seigneurs des Fées, capricieux et trop souvent cruels, variera
en fonction de leur utilité pour leur famille, leur Bande et leur Cour.
De la conception à la petite enfance
À l’instar de leurs parents changelins, les Kinains possèdent une
biologie humaine tout à fait normale. Comme toujours, l’âme reste
le réceptacle du secret de la magie. Peu de temps après sa naissance,
l’enfant attire à lui un peu du Glamour de ses géniteurs et plante
ainsi la graine d’un potentiel surnaturel qui ne demande qu’à éclore
ou qui, au contraire, se fanera.
Tout cela suppose qu’un seul de ses parents est un Kithain. Peu
importe qu’il s’agisse de son père ou de sa mère (tant qu’au moins
l’un d’entre eux est une fée). Prévoir l’arrivée d’un Kinain est tout
bonnement impossible, et comme si ce n’était déjà pas assez com-
pliqué, ce potentiel peut sauter une ou plusieurs générations. On
ne s’explique simplement pas pourquoi certains enfants sont des
Kinains et d’autres pas, en dehors bien sûr des caprices du Songe.
Une fois que la magie s’installe, la source de Glamour jaillit,
l’héritage du nouveau-né s’affirme et l’on reconnaît immédiatement sa
nature. Avec le don, l’enfant perçoit le monde sous ses deux facettes,
ordinaire et chimérique. Les problèmes commencent dès qu’il se met
à pleurer devant des créatures du Cauchemar ou à courir après une
chimère. Si le parent changelin est toujours là et qu’Enchanter le
deuxième parent est difficile ou impossible, les cinq ou six années
suivantes tiennent du parcours du combattant. Le Kithain passera
son temps à persuader son conjoint que le petit trésor possède tout
simplement une imagination très fertile et qu’il n’a pas du tout
besoin d’un docteur.
Dans le monde ordinaire, le tabou qui pèse sur le recours à un
traitement psychiatrique joue pour une fois en faveur de quelqu’un.
Ce préjugé absurde, responsable d’innombrables vies gâchées, fournit
au parent d’un Kinain l’excuse rêvée pour éviter thérapie et médica-
ments. Ce jeu de cache-cache durera jusqu’à ce que l’enfant soit en
âge de comprendre ce qu’il peut et ne peut pas dire aux gens sur ce
qu’il perçoit, et pourquoi il est si important de le faire. Hélas, seul
lui assimilera, ou pas, l’utilité de cette explication.
Parentèle dauntain ?
Malheureusement, être un Dauntain n’empêche personne
d’avoir une descendance kinain. La Marque a beau ne pas
se transmettre, le malheur déteste quand même être seul.
Les individus particulièrement tordus ne reculeront devant
rien pour entraîner avec eux un enfant détenteur de la
moindre étincelle féerique.
Les Kithains considèrent cette attitude avec autant, et
peut-être plus, de dégoût et de terreur que n’importe quel
individu ordinaire. Certains Domaines vont jusqu’à enle-
ver l’enfant et tentent de réparer au mieux les dégâts. S’ils
possèdent des liens assez forts avec le monde de l’Automne,
d’autres contacteront simplement les autorités locales. Après
tout, les abus restent ce qu’ils sont et pour peu qu’on se
serve des bons charmes, cela suffira à faire placer l’enfant
dans une famille d’accueil de Kinains, voire de changelins.
Mais dans ce cas, que faire lorsque le parent Dauntain se
présente à la porte ?
 Les couples de changelins, ou constitués d’un Kithain et d’un
Enchanté, ont bien moins de problèmes. Les deux parents sont
capables de percevoir le Songe et de travailler de concert pour éviter
que les gens ne regardent leur progéniture d’un air bizarre.
L’enfance
Lorsque le petit Kinain entre à l’école, on lui aura martelé la néces-
sité du secret assez fort pour que son esprit l’assimile. Il n’interagira
donc pas avec ce que ses professeurs et ses camarades ordinaires se
montrent incapables de percevoir. Beaucoup d’enfants kinains,
comme leurs parents au même âge, se retirent dans le Songe et
évitent la réalité de l’Automne pour profiter des merveilles invisibles
aux yeux des mortels.
Malgré le souhait de certains Domaines conservateurs, les chan-
gelins fraîchement émergés de leur Chrysalide sont souvent attirés
vers les Kinains de leur âge. Trouver une personne ancrée à la fois
dans l’ancien et leur nouveau monde est une vraie bénédiction, et
ils la refusent rarement. Les amitiés qui naissent de ces liens durent
souvent toute une vie. C’est aussi probablement le premier contact
de l’enfant avec le monde des fées sans ses parents. L’expérience peut
se révéler tout aussi bonne que mauvaise et la plupart du temps, les
congénères du Kithain nouvellement réincarné et les parents du
Kinain voient d’un bon œil ces affections.
C’est aussi pendant l’enfance que le Kinain commence à tester
son petit panel de charmes. Étant donné ses restrictions en matière
de magie féerique (cf. page 461), ses expériences ne vont jamais bien
loin. De plus, du fait de la maigre réserve de Glamour dont il dispose,
et qui se reconstitue lentement, il est rapidement dépassé par ses
pairs. Bien entendu, la majeure partie de cet enseignement se fait
par l’intermédiaire du parent féerique, mais il arrive que le jeune
Kinain cherche un autre tuteur afin d’améliorer ses connaissances
sur le Glamour et les différentes manières de le tisser.
Adolescence et jeune adulte
Lorsque le Kinain devient adolescent, les limites posées par son
humanité deviennent plus évidentes. Le temps passé dans le Songe
peut ralentir son vieillissement, mais les dangers et le chaos qui y
règnent l’empêchent d’en tirer pleinement avantage, contrairement
aux Kithains qui peuvent arrêter totalement ce processus. Une jeune
fille qui s’est liée d’amitié avec un petit Pooka à l’école primaire
pourrait devenir adolescente alors que pour lui, il ne s’est écoulé
que la moitié du temps. Les Kinains se retrouvent souvent à jouer les
« baby-sitters » pour leurs amis jusqu’à ce le temps passé en dehors
du Songe les rattrape. Un écart d’âge, même minime, là où il n’en
existait pas avant, peut mettre ces amitiés à rude épreuve. C’est à
ce moment-là qu’afin de protéger le Gamin, les Kithains plus âgés
interviennent et remercient généralement le Kinain de sa loyauté
envers les Fées. Celui-ci peut se voir accorder un privilège, sous la
forme de faveurs ou de services qui seraient en temps normal hors
de portée de tous les mortels. Cette manière de procéder est courante
lorsque les choses deviennent tendues. On récompense les amitiés
les plus solides, ou les amis des Kithains riches, puissants ou même
nobles, par des vêtements et des babioles renfermant du Glamour.
Les plus précieux se portent sur d’élégantes tenues ordinaires, en
accessoires à la mode ou bien dans des appareils électroniques der-
nier cri, et se révèlent donc utiles dans les deux mondes auxquels le
Kinain appartient. Ces cadeaux sont rares, tout comme l’adolescent
de 16 ans qui reste ami avec celui qui en a encore 13 alors qu’ils
sont nés le même jour.
Les amitiés avec des changelins qui ont (plus ou moins) vieilli
normalement sont plus stables. Les Kithains amis d’un Kinain peuvent
se rendre compte des lacunes magiques de leur copain mortel, et
pourtant ces frustrations deviennent rarement un problème. De plus,
son immunité aux Brumes compense n’importe quelle limite imposée
par les charmes. Pour une Bande d’adolescents, celui qui, au nom
du groupe, se charge de l’aspect exceptionnellement ordinaire des
choses devient presque aussi précieux qu’un adulte qui accepterait
de leur acheter des bières.
Il est facile de généraliser et de décréter que la relation qu’un
Kinain entretient avec ses parents est aussi tendue que celles des
autres adolescents. Mais ajoutez le Songe et vous multipliez cette
difficulté de manière exponentielle. Un parent emporté par le Tumulte
aura du mal à s’occuper de sa fille. D’un autre côté, un adulte qui a
sombré dans l’Oubli pose un danger sérieux pour son adolescent,
car en tant que nouveau mortel, il peut ressentir douloureusement la
distance qui s’est instaurée entre eux. Gérer un parent mortel est déjà
compliqué, mais même les conflits les plus déchirants ne briseront
jamais le lien qui existe entre un changelin et son enfant kinain. S’il
venait à se rompre, la peine pourrait devenir atroce, intraduisible
par de simples paroles : c’est exactement ce qu’il se passe lorsque la
Banalité emporte le parent. La difficulté d’avoir deux parents kithains
apparaît ici au grand jour. Le Kinain pourrait faire son deuil avec
celui encore à ses côtés ou rester là, à regarder son père et sa mère
s’en aller sans rien pouvoir y faire. En conséquence, l’adolescent
fugue souvent et passe autant de temps que possible avec ses amis
kithains. La plupart des habitants du Songe sont très sensibles à ces
tragédies et ils épaulent volontiers le pauvre « orphelin » jusqu’à ce
qu’il puisse accepter ce qui s’est passé.
Même si le jeune Kinain parvient à éviter ces situations épou-
vantables, il doit, en plus des méandres propres au monde du Songe,
faire face à tous les problèmes inhérents à l’entrée dans l’âge adulte.
Il oubliera souvent pendant un temps l’une ou l’autre facette, mais
cette fuite n’est pas très saine. Famille et amis feront de leur mieux
pour l’aider à rester ancré dans les deux mondes et lui montrer le
bon côté des choses.
Âge adulte et vieillesse
À mesure qu’il avance dans la vie, les relations qu’un Kinain entre-
tient avec ses parents féeriques changent. Quand ils vieillissent, ces
derniers ont besoin de toucher le Songe plus souvent, car la Banalité
s’infiltre de plus en plus profondément dans leur âme. Bien sûr,
les Kinains sont immunisés à cette lente décomposition, mais un
contact trop fréquent avec la Féerie leur fait courir un grand danger.
S’il est resté dans un Domaine la majeure partie de sa vie, il peut
endosser des responsabilités trop Banales pour les Kithains, et ainsi
se charger des tâches ordinaires relatives à la gestion d’une propriété.
Si certains changelins sont capables de supporter l’administratif
abrutissant des déclarations de patrimoine et des assemblées de
propriétaires, la plupart préfèrent déléguer ces pensums à un fils ou
une fille kinain. Bien entendu, les nobles commandent, mais même
eux ne voient pas d’objection à céder certains prés carrés à des gens
bien mieux armés qu’eux en la matière. Aucun roi, changelin ou
mortel, ne fait sa déclaration fiscale.
Trouver un équilibre entre les mondes ordinaire et féerique
devient plus délicat lorsque cela implique un boulot, une maison,
des amis et une famille. Enfant, seule l’école pesait sur les épaules du
petit Kinain. Puis les devoirs l’ont retenu encore un peu plus tandis
qu’il entrait dans l’adolescence. Adulte, il a une carrière à gérer,
Appendice II : les Enchantés 457
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
 une vie sociale à mener, une famille dont il faut s’occuper, et tous
les aspects d’une vie ordinaire. Et pourtant, l’étincelle de Glamour
que sa mère lui a transmise ne s’éteint pas et même si elle devient
simple braise, elle ne disparaîtra jamais. L’équilibre est plus difficile
à trouver pour un Kinain adulte que pour n’importe quel autre dans
le monde des fées. D’une certaine manière, il s’y est préparé toute sa
vie. Appartenir tout entier aux deux mondes se situe aux antipodes
de sa famille changelin.

Les Kinains en tant

que personnages
Ce sont les ponts qui relient la société des humains et celle des change-
lins. Un Domaine de taille respectable compte deux ou trois Kinains
« de garde » au cas où des situations trop Banales pour des changelins
se présenteraient. En règle générale, on attend d’eux qu’ils placent
leurs « supérieurs » changelins au centre de leurs préoccupations et
qu’ils volent sans hésiter au secours du Domaine. À moins d’être
le rejeton d’un parent noble, le Kinain n’a pas son mot à dire. En
cas d’urgence, on peut mettre de l’eau dans son vin et les roturiers
comprendront sans doute qu’il ne suffit parfois pas de claquer des
doigts pour obtenir l’aide nécessaire. En revanche, malheur à celui
qui serait incapable de répondre à l’appel de sa Reine parce qu’il
doit enchaîner un deuxième service ce soir-là au boulot. À l’heure
actuelle toutefois, même les nobles saisissent assez les impératifs de la
vie ordinaire pour comprendre la situation d’un Kinain. Cependant,
certains Sidhes ont l’impression que le simple fait de reconnaître les
problèmes des non-fées, comme le travail et l’école, revient à accepter
la Banalité. De ce fait, ils refusent de céder à moins que cela ne sape
leur propre autorité. Les Kinains (et même les Kithains) qui vivent
dans ce genre de Domaine doivent faire des choix difficiles.
Les traditionalistes considèrent souvent les Kinains comme
intrinsèquement inférieurs. Cette opinion engendre des situations
terribles. Un noble aux opinions arrêtées sur l’usage des charmes
peut interdire le moindre apprentissage magique à un Kinain,
même avec ses capacités très limitées. Les raisons qui motivent une
telle décision vont de la politique (un fort sentiment sur qui est et
n’est pas une fée) à l’arbitraire (son mépris personnel des Kinains).
Là encore, les enfants de la noblesse échappent souvent à ces lois.
Cependant, même les nobles traditionalistes partisans de la ligne
dure sont forcés de l’admettre. La présence d’un Kinain au sein d’un
Domaine est un choix judicieux. Traiter avec le monde de l’Automne
implique d’affronter la Banalité. Il est donc bien plus sûr de confier
cette tâche à quelqu’un pour qui cela ne constitue pas un problème,
plutôt que de risquer la vie de ses plus chers alliés. Mis à part les
avantages inhérents à la chose, la Parentèle féerique accompagne les
changelins en aventure pour la même raison que tous ceux liés au
Songe, à savoir l’amusement que cela procure, l’excitation que l’on
ressent et l’imagination que l’on garde vivace dans un monde qui
veut l’écraser. Quand on doit choisir entre rester assis à la maison
devant la télé ou aller trucider un dragon avec un Troll pour la reine
elfe, la question ne se pose pas très longtemps. Au-delà des raisons
égoïstes de chacun, une Bande offre son amitié, des compagnons et
une famille.
En la matière, les Kinains ont de la chance. Partager le monde
dans lequel ils vivent avec leur famille de sang est une expérience rare
parmi les changelins, alors que leurs enfants n’auront pas à se soucier
de la chose. La jalousie, pure et simple, est sans doute l’une des seules
raisons logiques qui justifient les préjugés des Kithains envers leur

458 Changelin : le Songe

Parentèle féerique. Pour une vaste majorité d’entre eux, quels que
soient leur kith, leur maison ou leur Cour, la plus extraordinaire
partie de leur vie doit rester un secret pour ceux à qui ils tiennent le
plus (hormis l’Enchantement, qui engendre ses propres problèmes).
Un Kinain et ses parents n’ont pas à s’en inquiéter. Il ne devra pas
mentir lorsqu’on lui demandera ce qu’il a fait après l’école, ou de
quoi ses amis ont l’air. Un changelin dont l’enfant est un Kinain
ne devra pas esquiver les questions gênantes ni servir ad nauseam
des excuses pleines de Banalité quand on lui demande où il se rend.
L’avantage de grandir dans un environnement dont les fées et
le Songe sont partie intégrante ne s’applique à l’évidence pas si le
Kinain en question n’a pas au moins un parent changelin. L’adoption,
le mariage ou la simple Banalité accomplissant son odieux travail
peuvent chacun créer de telles situations.
Ces orphelins sont plus ou moins traités comme des changelins
sortis très jeunes de leur Chrysalide. Sans la compréhension innée
de ce qu’ils voient ou vivent, ils se montrent plus difficiles à ramener
dans le giron de la Féerie que les changelins qui se réveillent d’un
sommeil métaphysique avec une vague idée de leur nature et de ce
qui leur arrive.
La stratégie habituelle consiste à introduire lentement le Kinain
orphelin au surnaturel. On créera de brèves rencontres dont l’im-
portance ira croissant et qui lui permettront de tirer ses propres
conclusions. La transition est même plus facile si un membre du
Domaine de la région se lie d’amitié avec lui et devient une sorte
de guide ou de mentor. On lie ce choix à son héritage pour obtenir
un effet maximal. On poussera l’enfant d’un Troll vers des bêtes
chimériques de plus en plus puissantes. Une Bande plus jeune
demandera conseil et direction au fils d’un Sidhe, puis ses membres
lui dévoileront peu à peu leur vraie nature. La fille d’un Pooka se
verra jouer des tours inoffensifs, mais à l’évidence magiques, jusqu’à
ce qu’elle retourne la politesse à ses nouveaux amis. Cela peut mal
tourner si la personnalité du Kinain diverge largement de son héri-
tage, mais cela se révèle généralement au moins en partie efficace.
En cas d’urgence, on peut jeter toute subtilité aux orties. Un
Domaine rival courtise le Kinain ? Les forces de l’Hiver conspirent
pour étouffer la braise du Songe qui couve en lui avant que les
Kithains ne puissent allumer un feu ? Dans ce cas, mieux vaut faire
feu de tout bois au lieu d’opter pour la prudence. Alors, qu’il le
veuille ou non, l’orphelin est brutalement plongé dans le monde
des fées. L’inconvénient relatif à cette approche saute aux yeux, bien
qu’il soit possible d’aplanir plus tard les problèmes qu’il crée, ou de
les ignorer carrément si les changelins sont assez cruels pour cela.
Les Kinains
en tant qu’adversaires
Il n’y a pas que les changelins et les mortels qui peuvent rejeter le
Songe. Les Kinains sont tout aussi capables que leurs parents de se
détourner de leur héritage ou de se montrer Banals à l’extrême et
d’obtenir les mêmes résultats. Ils sont donc également présents parmi
les Dauntains et les Automnaux. Peu importe le camp dans lequel ils
se trouvent, le danger qu’ils représentent n’en est pas moins grand.
Les Dauntains ne peuvent pas corrompre l’âme d’un Kinain
et en faire une chose pitoyable qu’ils possèdent. Son esprit est une
tout autre affaire. Celui que la Parentèle sert est en général l’un de
ses parents ou un membre de la famille proche. Cependant, on sait
que certains individus particulièrement malveillants sont parvenus
à constituer des cultes, et que ceux-ci peuvent mener à bien leurs
plans concernant le Songe.
Les Kinains de l’Automne sont simplement ce qu’ils ont l’air
d’être, à savoir des Automnaux qui ont du sang féerique. Que le
Songe s’incarne dans un individu à sa naissance ne l’empêche pas du
tout de devenir ennuyeux au possible. Une personne affreusement
sérieuse ou ordinaire constitue toujours un problème, mais le plus
triste dans tout cela, c’est qu’elle ne possède la plupart du temps
pas un brin de malice. Pour elle, imagination et émerveillement
riment avec perte de temps, et elle doit se consacrer à ce qui est
« réel ». En ce qui le concerne, un Kinain de l’Automne agit tout à
fait normalement. Il peut même se laisser piéger par la propagande
du groupe Bellérophon et tenter de se faire soigner pour un TOIP
ou pire, surprendre sa famille de changelins avec une « interven-
tion » organisée par ses nouveaux amis de la fondation. Même s’il
ne se montre aucunement proactif dans son soutien à la Banalité,
il irradie cette énergie autant que le Glamour. Le constater peut se
révéler un vrai déchirement pour les gens qu’il aime, mais sa seule
présence constitue un danger. Il vaut mieux ne jamais conduire ce
genre d’individu à proximité d’un Domaine ni le présenter aux amis
féeriques de sa famille proche. Si cette dernière accepte volontiers de
risquer la Banalité pour le bien de ses membres, les autres changelins
ne partageront peut-être pas cet avis, en particulier dans la noblesse.
Les Kinains de l’Hiver sont les plus dangereux, encore plus que les
Kithains qu’ils imitent. Voilà bien le pire scénario pour la Parentèle :
l’un des leurs contemple avec horreur le Songe, les Kithains et les
siens, et rejette le tout en bloc. Ces fontaines laissent échapper les
aspects les plus banals du monde de l’Automne et grâce au don
qui leur permet de reconstituer leur réserve de Glamour, ils ne se
consument ni ne sombrent jamais dans l’Oubli. Ils sont bien sûr
l’une des plus grandes menaces au Songe et une fois que l’on sait
qu’un Kinain a été emporté par l’Hiver, les plus grands rivaux sont
capables de conclure une trêve le temps d’abattre un plus grave danger.
Règles relatives aux Kinains
Les mécaniques de jeu suivantes s’appliquent à la création et à
l’interprétation des personnages kinains.
Régénération du Glamour
Les Kinains sont, corps et âme, la fusion d’une fée et d’un humain.
Cela ne leur confère aucune capacité de récolter le Glamour, mais ils
bénéficient d’un pouvoir remarquable qui leur permet de reconstituer
une petite réserve de Glamour par le biais de leurs émotions. Tous
les Kinains peuvent conserver un maximum de deux points dans
ce Tempérament et régénérer un point par chapitre jusqu’à cette
limite. Les changelins peuvent les Ravager comme ils le feraient avec
n’importe quel mortel.
Hoirie
En lieu et place d’un kith, les Kinains ont une Hoirie qui leur vient
de leur parent féerique et grâce à laquelle ils tirent leur pouvoir
féerique. Si les deux parents sont des changelins, celle qu’il arbore
variera. Cependant, l’une d’entre elles occupera toujours le devant
de la scène et tout indice de la magie de l’autre parent est purement
cosmétique. Parfois, le trait dominant se remarque vite dans l’aspect
physique du Kinain même si, comme il se doit, il est atténué. Un
demi-Nocker ne ressemble pas à un demi-Troll, et ainsi de suite. Il
peut également arriver que l’enfant ne montre aucun signe évident
de son Hoirie, mais que celle-ci se manifeste dans sa personnalité.
Un petit garçon ou une petite fille qui semble tout à fait normal se
Appendice II : les Enchantés 459
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
fascinera pour assembler ou casser les choses, ou pour donner des
ordres à tout le monde. Dans ce cas, l’Hoirie est claire.
Héritages
Lorsqu’il crée son personnage, le joueur d’un Kinain choisit l’un
des deux Héritages propres au kith de son parent ou, si le conteur
l’autorise, il en crée un nouveau. En règle générale, la Parentèle
ne peut pas utiliser les Héritages magiques les plus manifestes (cf.
page 116) ; par conséquent, l’enfant d’un Pooka sera sans doute
plus un Confident qu’un Métamorphe. Cela dit, le conteur garde le
dernier mot sur la véritable nature magique d’un Kinain, et conserve
de ce fait une certaine latitude. La fille d’une Selkie capable de se
transformer en phoque lorsqu’elle revêt la pelisse de sa mère ferait
un personnage intéressant. Pourtant, cet Héritage est bien plus
ouvertement magique que l’autre.
Apanages
Les Kinains bénéficient aussi des Apanages du kith de leur parent,
mais ne les hiérarchisent pas selon la dualité Seelie/Unseelie. En effet,
leur appartenance aux deux cours est au mieux symbolique. L’un
d’entre eux gouvernera leur vie et le deuxième ne transparaîtra que
sous une pression extrême ou alors les deux Apanages s’alterneront.
Un personnage plein d’entrain et enthousiaste pourrait sombrer
dans la paranoïa, simplement en fonction de l’Apanage dominant.
Les Quêtes sont présentes toutes les deux, mais seul l’Interdit de
l’Apanage du moment s’applique. Les Kinains peuvent aussi choisir
deux Apanages seelies ou deux unseelies, car la différence est pour
eux négligeable.
Arts et Royaumes
Un enfant des Fées peut manipuler les Arts et les Royaumes qu’un
Kithain accepte de lui enseigner. Cependant, son potentiel est limité
par la présence plus ou moins forte de la Féerie en lui. Le nombre
d’Arts dépend de la puissance du lien qu’il entretient avec le Songe
(cf. l’historique Sang féerique, page 461). De plus, la très petite
réserve de Glamour dont il dispose limite un peu plus son usage de
la magie. À la création, le Kinain peut dépenser un point dans un
Art, mais contrairement aux Kithains, il peut apprendre n’importe
quel Royaume. De plus, il reçoit un point supplémentaire dans le
Royaume d’affinité de son parent changelin, ainsi qu’un point dans
un autre Royaume au choix du joueur (qui peut décider de l’investir
dans ce dernier).
Banalité
Un Kinain ne sera jamais affecté par la Banalité, même s’il possède
le Tempérament. Celui-ci ne représente que la manière dont il réagit
aux changelins et il n’a aucun effet sur le personnage lui-même. Que
son score soit élevé ou non, il sera traité pareillement à un mortel.
Le score de Banalité de départ d’un Kinain est de 3 et il évoluera
en cours de jeu comme celui de n’importe quel autre personnage.
Historiques
Les historiques Rêveurs, Possessions, Réminiscence, Suite et Titre
leur sont indisponibles. Tous les autres, décrits au chapitre trois,
peuvent être choisis (même si rares seront les changelins à confier
un Trésor ou une chimère d’une grande puissance à un Kinain). Les
personnages peuvent aussi opter pour un historique appelé Sang
féerique et qui leur est spécifique.
460 Changelin : le Songe
À propos des Enchantés
Le monde dans lequel vivent les Kithains et leurs parents est bien
solitaire, et ils doivent cacher la vérité sur leur existence à leurs amis
et aux mortels qui leur sont chers. Les Kinains sont au mieux peu
courants et bien trop souvent, un changelin ne peut se tourner que
vers ses semblables pour partager les aventures magiques dans les-
quelles il se lance, la vraie puissance du Songe, sa foi et le Glamour.
Cela pourrait suffire, mais pour de nombreux Kithains, ça n’est
pas le cas. Leur famille et leurs amis leur manquent, et ils veulent
partager les merveilles du Songe avec eux.
C’est là que l’Enchantement intervient. Les changelins ont une
longue tradition, bien documentée, d’emporter les mortels dans
leur monde et que ce soit par amour, par nécessité ou simplement
par ennui, leurs raisons pour se comporter ainsi ne manquent pas.
Pour faciliter ce passage et ouvrir les yeux d’un mortel au Songe, les
Kithains connaissent deux méthodes.
La première, l’Enchantement éphémère, est assez simple. On
insuffle à la personne assez de Glamour pour lui permettre de sur-
monter la Banalité qui pèse sur son âme, et elle est ensuite libre de
voir le monde tel que les changelins le perçoivent. Elle conservera
cette capacité jusqu’à épuisement du Glamour qu’elle a reçu et
qui s’évanouit au fil du temps (un point par jour). À la fin de cette
période, l’Enchanté revient au monde ordinaire, et il pense que les
aventures et les révélations qu’il a vécues n’étaient qu’un rêve (ou un
mauvais délire après un séjour dans les paradis artificiels, selon ce
qu’il s’est passé). Si le changelin dispose du Glamour nécessaire, il
peut ré-Enchanter sa cible, mais cela devient vite onéreux pour lui.
Heureusement, il existe une autre option, le rituel de la Dissipation
des Brumes.
Plusieurs changelins doivent mettre leur Glamour en commun
et l’insuffler au mortel, ce qui lui conférera la capacité permanente
de percevoir et d’interagir avec la Féerie, comme s’il était lui-même
un changelin. Au contraire de l’Enchantement éphémère, il se pro-
longe tant qu’il reste un peu de Glamour dans son corps, et celui-ci
ne s’évanouit pas au fil du temps à moins que le personnage ne le
dépense (ou que quelqu’un le lui vole).
Cependant, le rituel est ardu. Il faut dépenser une grande quantité
de Glamour pour ouvrir des yeux ordinaires à la magie du Songe. Les
Bandes travaillent souvent de concert pour réunir l’énergie nécessaire
et transformer un mortel en Enchanté. Bien sûr, ces individus ne
font pas partie de la Féerie, ils n’en sont que de simples visiteurs.
Ils ne possèdent aucun statut dans les Domaines, leurs actions sont
généralement restreintes et ils ne bénéficient souvent que du respect
des changelins qui ont consacré leurs efforts à leur Enchantement.
Quoi qu’il en soit, le mortel a ouvert les yeux. Jusqu’à ce que
les Brumes l’enveloppent, il profite d’une compréhension brute
et innée des choses dont il est témoin. Il sait qu’elles sont réelles,
et non le fruit de son imagination ou le symptôme d’une maladie
mentale quelconque. Il contemple le Songe et il connaît sa nature,
parce qu’il était dans sa tête depuis toujours.
Cela ne signifie pas que c’est une relation à sens unique. Les
mortels Enchantés profitent des Octrois qui découlent de leurs
Bienfaiteurs. Ils peuvent posséder plus de Glamour que n’importe
quelle autre entité féerique, mais le prix à payer est terrible. S’ils
venaient à tout dépenser, les Brumes les emporteraient dans un
claquement de Banalité, et ce vacarme résonnerait au plus profond
des changelins qui ont nourri son Enchantement de leur Glamour.

Sang féerique
Tous les Kinains possèdent cet historique, même avec un
score nul. Il détermine la puissance du lien qui unit le
personnage aux fées, et celle de la magie féerique qu’il peut
manipuler. En d’autres termes, il fixe le nombre d’Arts qu’il
sera en mesure d’apprendre, mais il ne lui confère pas d’Arts
supplémentaires. Pour ce faire, il devra dépenser des points
d’expériences (cf. page 176). Il convient de noter que cet
historique ne limite nullement le niveau qu’un Kinain peut
atteindre dans un Art ; s’il ne dépense pas de point dans ce
trait, il n’aura accès qu’à un seul Art, mais il pourra tout à
fait acquérir ses cinq niveaux.
— Peut apprendre un seul Art.
Peut apprendre deux Arts.
Peut apprendre trois Arts.
Peut apprendre quatre Arts.
Peut apprendre cinq Arts.
Peut apprendre six Arts.
Interpréter un Enchanté
Sans réel pouvoir au sein des cours féeriques, les chroniques axées sur
les intrigues politiques risquent de ne pas avoir grand intérêt pour
ces personnages. En revanche, les scénarios tournés vers l’aventure,
les voyages et la protection des Domaines contre les menaces Banales
et chimériques offrent tout l’espace qu’ils méritent.
Pour une troupe, le principal avantage à compter un Enchanté
réside dans le point de vue humain qu’il peut apporter. Même les
Kinains ne sont pas tout à fait humains, et une opinion mortelle
exempte de Banalité peut constituer la clé à de nombreux problèmes
qui semblent insolubles pour les esprits plus étrangers des changelins
et de leur famille.
Les Enchantés en tant que
personnages du conteur
Ces adversaires possèdent un potentiel important. Les changelins
dévorés par la rancune et prêts à brûler le Glamour nécessaire peuvent
créer de la chair à canon Enchantée qui sèmera le désordre dans la
vie de la Bande ou attaquera simplement les Kithains dans la réalité
ordinaire pour les éradiquer une bonne fois pour toutes. C’est la
raison pour laquelle les Bienfaiteurs dauntains sont exceptionnels.
Il est aussi possible que l’Enchanté essaie de prolonger la magie qui
l’habite, mais continue d’utiliser ses Arts, et qu’il traque les changelins
pour leur écume ou leurs Trésors.
Les personnages Kithains pourraient songer à Enchanter un
Automnal afin de lui ouvrir les yeux et de lui faire découvrir les
merveilles du Songe. Cela est faisable d’un point de vue technique,
même pour quelqu’un tellement enraciné dans la Banalité qu’il
irradie la mort des rêves sans même y penser. Cependant, cet exploit
légendaire est dangereux au possible et il faudrait mobiliser des
quantités phénoménales de Glamour pour y parvenir. Mais une
telle réussite infligerait un coup sévère à l’Hiver qui s’avance. Pensez
donc ! L’incarnation du trépas de l’imagination, contemplant les yeux
grand ouverts les possibilités infinies qui s’offrent à elle et sa capacité
à rêver ravivée comme au premier jour. Un ancien Automnal qui
aurait rallié le camp des fées pourrait jouer un rôle clé pour éviter la
fin du monde. Et l’on raconterait au moins une magnifique histoire !
Règles relatives
aux Enchantés
Les mécaniques de jeu suivantes s’appliquent à la création et à l’in-
terprétation des Enchantés, et à la manière d’utiliser leur étrange
altération de la magie féerique.
Enchantements éphémères
Parfois, passer quelques jours dans la Féerie est tout ce dont un
mortel a besoin. Enchanter un membre de sa famille pour lui faire
comprendre que trucider un dragon est plus important que sa fête
prénatale, offrir à un allié un tour d’essai avant de l’Enchanter de
manière permanente, ou simplement emmener un ami en aventure
pour le week-end… Toutes les interactions entre fées et mortels ne
doivent pas durer une vie entière. Un séjour temporaire suffit et pour
ce faire, il faut dépenser une quantité de Glamour supérieure au score
de Banalité du sujet. Tous les points au-delà de cette valeur demeurent
en lui, mais s’effacent au lever du soleil et au rythme d’un point par
jour. Cela signifie que si un changelin souhaite Enchanter sa tante
(Banalité 4), il devra dépenser au moins 4 points de Glamour, ce
qui amènera sa parente parmi les fées jusqu’à la prochaine aube. S’il
dépense 5 points de Glamour, elle profitera de son Enchantement
une journée de plus (à moins que, pour une raison ou pour une
autre, elle ne dépense ce dernier point, auquel cas la magie s’évanouit
à la fin de la scène). Les mortels peuvent être Enchantés tant que
quelqu’un veut dépenser le Glamour nécessaire à la transformation.
Lorsqu’il est sous l’influence d’un Enchantement éphémère,
l’humain ne bénéficie d’aucun Octroi. Il peut dépenser ce précieux
Glamour pour activer des Trésors si un changelin généreux est prêt
à lui en confier un.
En dehors de leur manière d’aborder le Glamour et les Octrois,
les personnages Enchantés de manière éphémère suivent les mêmes
règles que ceux qui ont subi le rituel de la Dissipation des Brumes.
Enchantement durable
Ce rituel n’est pas à prendre à la légère. Il mobilise une énorme
dépense de Glamour et épuise physiquement les participants qui
emmènent le mortel dans le Songe. Il faut d’abord conduire celui-ci
jusqu’à un Brasier, puis les changelins organisant la cérémonie doivent
lui insuffler 20 points de Glamour par un moyen qu’ils estiment
convenir (offrir un cadeau, verser le sang, accorder un titre et ainsi
de suite). Du fait de cette quantité massive d’énergie, le rituel s’ac-
complit souvent avec le soutien de toute une Bande. Cependant,
quel que soit le nombre de participants, un changelin en particulier
doit investir au moins un point de Glamour de plus que les autres
et un point de Volonté. À ce moment-là, le joueur du Bienfaiteur
fait un jet de Vigueur + Gremayre (difficulté égale à 3 + le score de
Banalité du mortel). Le rituel réussit tant qu’il obtient au moins
une réussite ; le mortel est alors capable de voir et d’interagir avec
les choses du Songe. En cas d’échec, le Glamour investi est perdu
et tout le monde, mortel compris, gagne un niveau de Banalité.
Appendice II : les Enchantés 461
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Glamour
La magie octroie 6 points de Glamour, mais pas de niveau dans le
Tempérament. Si le personnage les dépense dans l’activation des
Octrois, il est définitivement perdu. Une fois qu’il n’a plus de points
de Glamour, il est Désenchanté et ne pourra plus jamais l’être, même
temporairement.
Apanages
Les mortels Enchantés disposent de deux Apanages, choisis comme
le joueur l’entend parmi ceux disponibles pour les Seelies et les
Unseelies, puisque son personnage n’a aucun lien avec les Cours.
Ainsi, il pourra opter pour deux Apanages d’une même Cour ou
pour un Apanage de chacune d’elles.
Banalité
On peut ramener ces simples visiteurs du Songe à la vie ordinaire
bien trop facilement. Chaque point de Banalité acquis après son
Enchantement fait perdre au mortel un point de Glamour. Un
niveau de Banalité effacera deux points de Glamour.
Les Désenchantés
Quand un mortel Enchanté grâce à la Dissipation des Brumes perd
son dernier point de Glamour, son retour dans le monde ordinaire
est violent et douloureux. La perte soudaine de la magie laisse une
cicatrice métaphysique sur son âme et lui inflige un niveau de Banalité.
Pire encore, le joueur du Bienfaiteur doit faire un jet de Vigueur
+ Gremayre (difficulté égale à son propre niveau de Banalité) pour
éviter de subir lui aussi un niveau de Banalité.
Une fois Désenchanté, le mortel est à jamais perdu pour le
Songe et ne pourra plus jamais être Enchanté, même de manière
temporaire. Il n’éprouvera pas nécessairement de la rancœur envers
son Bienfaiteur ou le Songe. Il ne se souvient pas, un point c’est
tout. Les Brumes l’enveloppent, il rationalise les expériences qu’il
a vécues parmi les Kithains et tout au long de sa vie, il fera des
rêves imprécis à propos de quelque chose qu’il a perdu, mais dont
il n’arrive pas à se souvenir le nom.
Les Octrois
Le rituel de la Dissipation des Brumes insuffle au mortel Enchanté
une magie féerique qui ne correspond pas tout à fait au paradigme
changelin habituel Art + Royaume. Ces tours, les Octrois, reflètent
la personnalité du Bienfaiteur autant que celle de l’Enchanté, et
s’utilisent de deux manières différentes. Ils produisent un effet passif,
comme une plus grande force ou une beauté surnaturelle. Ils peuvent
aussi s’accompagner de la dépense d’un point de Glamour et l’effet
devient actif, ce qui confère un pouvoir supplémentaire à l’Octroi,
comme pour un exploit physique indéniablement surhumain ou bien
une apparence parfaite et à la puissance de séduction surnaturelle.
Les mortels sous l’influence d’un Enchantement éphémère ne
bénéficient d’aucun Octroi, car la magie qu’ils ont reçue est trop
fragile et brève. Vous trouverez ci-dessous une liste d’Octrois qui
peuvent se manifester parmi les Enchantés.
462 Changelin : le Songe
Appel à l’aide : l’Enchanté peut appeler son Bienfaiteur au
secours, et peu importe où il se trouve. Si le mortel prononce
son nom féerique à haute voix, le changelin sait immédiatement
qui a besoin de son aide et où il se trouve. S’il dépense un point
de Glamour, le Bienfaiteur peut passer à travers le Songe et
apparaître à ses côtés.
Juste à temps : le personnage ne se rendort jamais et ne manque
pas une journée de travail, il ne se trompe jamais en prenant
ses rendez-vous et arrive en boutique au moment où l’on vient
de recevoir ce qu’il avait l’intention d’acheter. S’il dépense un
point de Glamour, il ne s’agit plus d’un heureux hasard, mais
d’un minutage impossible selon les critères mortels. Une place
se libère à la toute dernière minute sur le vol qu’il veut prendre
à un prix promotionnel. Pris dans un énorme embouteillage,
il se débrouille quand même pour arriver à l’heure.
Bricoleur : l’Enchanté fait preuve d’une intuition surnaturelle
avec les machines et les travaux manuels. La difficulté de tous
ses jets d’Artisanats diminue de –2 et s’il dépense un point de
Glamour, on considère que la prochaine action basée sur cette
capacité qu’il réussit aura obtenu cinq réussites supplémentaires.
Terreur : le mortel peut irradier une terreur pure. La difficulté
de tous ses jets d’Intimidation diminue de –2, mais ce pouvoir
va au-delà du simple regard noir lancé à son interlocuteur.
Lorsqu’il active cet Octroi sur un individu précis, celui-ci est
frappé de la peur la plus totale, comme s’il voyait son pire
cauchemar se réaliser. S’il rate un jet de Volonté (difficulté 7),
il restera paralysé pendant un tour.
Langage animal : le personnage parle avec les animaux. Quel
que soit son degré d’intelligence, il transmettra les informations
selon ses capacités (les chiens ne décriront pas les gens avec des
nuances faciales subtiles, mais ils n’ont pas leur pareil quand
il s’agit de remarquer des odeurs). S’il dépense un point de
Glamour et réussit un jet de Manipulation + Animaux (diffi-
culté 6), il peut leur donner des ordres. L’animal tentera de lui
obéir au mieux de ses aptitudes, mais il n’entreprendra aucune
action qui pourrait le blesser. L’effet dure une scène, après quoi
il revient à son état normal.
Puissance stupéfiante : l’Enchanté invoque la magie de son
Bienfaiteur et fait montre d’une force exceptionnelle. Son attri-
but augmente d’un point (même s’il dépasse le maximum de 5).
S’il dépense un point de Glamour, il peut accomplir un exploit
physique digne d’Hercule ou des Amazones. On considère que
la prochaine action basée sur la Force qu’il réussit aura obtenu
cinq réussites supplémentaires (ce qui inclut les dégâts pendant
une bagarre).
Grâce aristocratique : cet Octroi incarne la bénédiction féerique
traditionnelle et confère au mortel une beauté, une séduction
et un charme auxquels il est difficile de résister. Au moment
d’acquérir le pouvoir, choisissez un attribut social ; il augmente de
deux points (même s’il dépasse le maximum de 5). S’il dépense
un point de Glamour, sa grâce et sa beauté rivalisent même avec
celles des Sidhes. On considère que la prochaine action sociale
qu’il réussit aura obtenu cinq réussites supplémentaires.
C’est la vérité : le mortel énonce un fait, quel qu’il soit, comme
« Deux et deux font quatre » ou « On a empoisonné mon père ! ».
Tant qu’il pense que ce qu’il dit est vrai en fonction de ce qu’il
en sait, cet Octroi persuade tout le monde de la véracité de son
discours (ou du moins convainc tout le monde que le personnage
pense qu’il s’agit de la vérité, ce qui peut s’avérer tout aussi utile
puisqu’il n’oblige pas à croire des mensonges grossiers). S’il
dépense un point de Glamour, le mortel prononce une vérité
qu’il ignorait ; le conteur indiquera au joueur ce qu’il doit dire.
Aura apaisante : l’Enchanté peut en appeler à la raison pour cal-
mer une conversation houleuse, une amère dispute ou même un
combat. Pendant un bref instant, tous les protagonistes s’arrêtent,
se calment et examinent la situation. Il est possible de résister
à cet effet en réussissant un jet de Volonté (difficulté 7). Après
cette pause, les gens affectés par l’Octroi peuvent en revenir aux
mains, mais ils disposeront d’une meilleure compréhension de
ce qu’il est en train de se passer. Si le joueur dépense un point
de Glamour et fait un jet de Vigueur + Gremayre (difficulté
égale au score de Banalité du personnage), le mortel pourra
guérir des blessures ordinaires ou chimériques, à raison d’un
niveau de dégâts contondants par réussite obtenue.
Appendice II : les Enchantés 463
Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041
Index
A
Absorber les dégâts 282
Atouts mentaux
Atouts sociaux
Atouts surnaturels
179
182
185
Actions 243 Attaque 276
Actions automatiques 251 Attributs 142
Actions en opposition 247 Attributs mentaux 161
Actions étendues 246 Attributs physiques 160
Actions multiples 244 Attributs sociaux 161
Actions mentales 256 Automnaux 363
Actions physiques 252 Stigmates 363
Actions sociales 255 Avantages 143

B
Retenter une action 246
Adhenes 386
Acheris 386
Aonides 387 Banalité 44, 144, 173, 267
Fir-bholg s 387 Bande 62, 155
Fuaths 388 Bêtises 194
Keremets 389 Brumes 46, 270, 303

C
Moires 390
Narakas 390
Antipose 145
Apanages 148, 156 Capacités 142
Armes de mêlée 286 Compétences 165
Armes de jet 288 Connaissances 166
Armes de tir 287 Talents 162
Armures et boucliers 282, 285 Cauchemar 275
Arts 143, 149, 197 Charmes 193
Augure 197 Chimères 315
Automne 200 Chimères accessoires ou rêvées 316
Chicanerie 202 Chimères animées 55, 316
Chronos 204 Chimères de cauchemar 355
Cieux 205 Chimères forgées 316
Contrats 207 Chimères inanimées 54, 316
Désignation 210 Chimères sauvages 356
Été 211 Créer des compagnons chimériques 320
Flamboiement 213 Nervosae 357
Hiver 214 Nocnitsas 357
Ire du dragon 216 Chrysalide 42
Métamorphose 218 Clairières 51, 312
Oniromancie 220 Combat à cheval 279
Périple 222 Complications 246
Prestidigitation 225 Cour des Ombres 61
Primordial 226 Cours 56

D
Printemps 228
Ruine 360
Souverain 230
Aspects 48, 83, 148 Dauntains 359
Gamin 84 Créer un Dauntain 360
Grincheux 86 Déchaînement 196
Vaurien 85 Défense 281
Atouts 145, 176 Dégâts 281, 290
Atouts physiques 176 Chute et impact 292

464 Changelin : le songe

 Dégâts aggravés 290 Guise mortelle 47

H
Dégâts chimériques 290
Dégâts physiques 290
Électrocution 294
Fer froid 290 Handicaps 145, 176
Feu 292 Handicaps physiques 176
Maladie et poison 291 Handicaps mentaux 179
Suffocation et noyade 293 Handicaps sociaux 182
Délectation 263 Handicaps surnaturels 185
Difficultés 244 Hérauts de l’Automne 363
Domaines 51, 311, 312 Héritages 115
Ateliers 313 Historiques 143, 149, 168, 424, 444
Création d’un Domaine 314 Ancrage 171
Foirails 313 Cercle 408
Forteresses 313 Chimère 168
Foyer 313 Coquille 444
Hameaux 313 Contacts 169
Manoirs 313 Esprit compagnon 408
Propriétés 313 Mentor 169

E
Mise en commun des historiques 171
Possessions 169
Réminiscence 169
Échec critiques 245 Ressources 170
Enchantés 454 Rêveurs 170
Épiphanie 260 Sang féerique 461
Escheat 63 Suite 170
Expérience 175, 424, 444 Titre 170
Extase 262 Totem 409

F
Trésors 171
Hsien 420
Créer un personnage Hsien 422
Fer froid 290 Chu ju ng 428
Fosterage 43 Chu-ih-yu 428

G
Fu hsi 425
Hanumen 426
Heng Po 426
Gallains 392 Hirayanu 425
Nunnehis 393 Hou-chi 428
Canotilis 397 I Chih 433
Géants de pierre 398 Kamuii 425
Inuas 399 Komuko 429
Kachinas 399 Kwannon-jin 425
May-may-gwya-shis 400 Nei tan 435
Nanehis 400 Nyan 427
Nümüzo’hos 401 Suijen 429
Petits de l’eau 402 Tanukis 427
Pu’gwis 402 Wu tan 423, 430

I
Surems 403
Tunghats 403
Yunwi Amai’yine’hi 404
Yunwi Tsunsdi 405 Inanimae 437
Apanages 405 Ancres 437
Glamour 44, 144, 172, 259, 439 Coquille 438
Goulet 420 Cour 437
Groupements de dés 243 Création d’inanimae 444
Guérison 291 Échardes 445

Index 465

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Glamour 439 Maison Balor 122
Glomes 440 Maison Beaumayn 123
Kuberas 440 Maison Daireann 125
Mannequins 443 Maison Danaan 126
Ondines 441 Maison Dougal 127
Parosèmes 442 Maison Eiluned 129
Petros 445 Maison Fiona 130
Phyla 439 Maison Gwydion 131
Pyros 445 Maison Leanhaun 132
Solimondes 442 Maison Liam 134
Somnolence 439 Maison Scathach 135
Stratus 446 Maison Varich 136
Tumulte 439 Manœuvres de combat 276
Verdage 446 Manœuvres de combat à distance 280, 284
Initiative 276 Manœuvres de corps à corps 277, 284
Inspiration 272 Manœuvres défensives 281, 285
Invoquer l’Automne 271 Manœuvres générales 276
Invoquer le Wyrd 259 Menehunes 411

K
Ali’i 414
Hanas 416
Kahunas 415
Kinains 454 Kokuas 416
Kiths 49, 87, 149 Monde des esprits 419
Boggans 88 Mort 291
Bonnets rouges 90 Musardine 261

O
Clurichauns 92
Eshus 94
Nockers 96
Piskies 98 Oubli 45
Pookas 100 Orée 145
Satyres 102 Orées de la Musardise 261
Selkies 104 Orées de la Maraude 263
Sidhes (Arcadiens) 106 Oubliés 366

P
Sidhes (Automne) 108
Sluaghs 110
Trolls 112
Kiths (autres) 446 Points de bonus 144, 424
Ghille dhu 446 Portails 308
Guenaudes des rivières 448 Prodigues 345
Korreds 449 Démons 355
Morganes 449 Fantômes 352
Obas 450 Loups-garous 348
Ondins 451 Mages 350
Wichtels 452 Momies 354
Wolpertingers 453 Vampires 346

L
Prouesses 271

Lige 63 Q
M
Quêtes 271

Maisonnées
Maisons nobles
62
50, 119, 149
R
Rhapsodie 264
Maison Aesin 120 Ravage 262
Maison Ailil 121 Réussites automatiques 245

466 Changelin : le songe

Rêverie 260 Empire de l’Oiseau de Feu 79
Royaumes 143, 150 Empire des Hellènes 79
Accessoire 233 Empire du Caucase 79
Acteur 233 Fiefs du Paradis étincelant 72
Fée 234 Hibernie 73
Nature 234 Highlands 75
Scène 235 Ibérie 76
Temps 236 Île de Luxuriance 72
Royaume de Concorde 64 Île des Flocons 78
Albion 73 Ligue de Bavière 77
Alliance de Poméranie 78 Neustrie 76
An Cridhe 75 Pays des Mangroves et des Cypres 70
Aotearoa 81 Principauté de Clwyd 75
Aquitaine 76 Principauté de Dyfed 76
Archipels des Orcades et des Shetlands 75 Principauté de Glamorgan 76
Baronnie royale de Muirwood 70 Principauté de Gwent 76
Bella Tierra 72 Principauté de Gwynedd 75
Calédonie 74 Principauté du Powys 75
Califat des Cèdres 79 Protectorat d’Elbe 77
Commonwealth de Frontière d’Espérance 66 Province de Venise 78
Comté de Calme-Selk 71 République d’Opulence 72
Comté de Fort-Chêne 71 Royaume d’Alba 74
Confédération Galicienne 77 Royaume d’Aragon 77
Conseil des Monts Blancs 78 Royaume d’Hispaniola 72
Contrée de l’Éternel Hiver 81 Royaume de Castille 77
Duché d’Abondance 71 Royaume de Cymru 75
Duché d’étain 66 Royaume de Dalarna 79
Duché d’Or 81 Royaume de Dalriada 74
Duché de Bayeux 76 Royaume de l’Ulster 74
Duché de Bourgogne 76 Royaume de la Bruyère 73
Duché de Cuivre 69 Royaume de León 77
Duché de Finvarr 71 Royaume de Navarre 77
Duché de la Cote Prime 70 Royaume de Nubie 80
Duché de la Porte d’Or 70 Royaume de Pacifica 70
Duché de la Rivière sinueuse 81 Royaume des Brumes 73
Duché de la Trille Blanche 71 Royaume des Fils d’Or 77
Duché de Palmetto 67 Royaume des Fleurs 77
Duché de Turquoise 69 Royaume des Hautes Herbes 68
Duché des Appalaches 67 Royaume des Hespérides 65
Duché des Brises Marines 70 Royaume des Roses 73
Duché des Closeries 66 Royaume des Sables Blancs 70
Duché des érables 66 Royaume des Saules 66
Duché des Herbes Bleues 67 Royaume des Trois Collines 75
Duché des Maints Fleuves 71 Royaume du Connaught 73
Duché des Marronniers 68 Royaume du Glacial Septentrion 71
Duché des Mers de Saphir 76 Royaume du Jutland 79
Duché des Montagnes Bleues 81 Royaume du Leinster 73
Duché des Quatre Vents 68 Royaume du Munster 73
Duché des Tulipes 77 Royaume du Serpent à Plumes 72
Duché du Bon Vin 70 Royaume du Soleil Ardent 68
Duché du Cœur des Saules 66 Royaume franc de Colombie-Britannique 72
Duché du Cornouiller 68 Sultanat de Hedjaz 79
Duché du Cygne 81 Tara Nar 65
Duché du Sceau d’Or 66 Terre des Sources 72
Duché du Soleil et du Sable 70 Terre du Rêve Errant 80
Duché du Triangle 67 Terre du Saxifrage pourpre 72

Index 467

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 Terre du Serpent Arc-en-ciel 81 Épouvantes 374
Terres des Antiques Contes 80 Gobelins 376
Trossachs 75 Guenaudes nocturnes 376
Tuath de Chronos 75 Hargneux 377
Tuath de Fer 74 Huaka’i Po 377
Tuath de la Rosée 74 Kelpies 378
Tuath des Ombres 74 Mandragores 379
Union de Saxe-Thuringe 77 Merrows 379

S
Ogres 380
Pleureuses 380
Rôdeurs 381
Santé 174, 290 Sevartals 381
Seelie 58 Spriggans 383
Sentiers 52, 307 Usurpateurs 383
Serments 264 Totems 409
Songe lointain 54, 301, 305 Travail d’équipe 248
Songe proche 53, 300, 304 Trésors 323
Songe profond 54, 302, 306 Tumulte 294

U
Spécialités 145

T Unseelie 60

V
Tempéraments 257
Temps 248
Ténébreux 284
Thallains 368 Vassal 63
Apanages du Cauchemar 369 Visage féerique 47
Aithus 371 Volonté 144, 172, 258

W
Bestioles 372
Bodachs 372
Boggarts 373
Bogies 374 Wyrd 259

468 Changelin : le songe

Nom : Cour : Aspect :
Joueur : Apanages : Kith :
Chronique : Maison : Bande :

attributs
Physiques Sociaux Mentaux
Force Charisme Perception
Dextérité Manipulation Intelligence
Vigueur Apparence Astuce

capacités
Talents Compétences Connaissances
Acuité Animaux Droit
Athlétisme Armes à feu Énigmes
Bagarre Artisanats Érudition
Commandement Conduite Gremayre
Empathie Étiquette Informatique
Expérience de la rue Furtivité Investigation
Expression Larcin Médecine
Intimidation Mêlée Politique
Subterfuge Représentation Sciences
Vigilance Survie Technologie

avantages
historiques arts royaumes
Accessoire
Acteur
Fée
Nature
Scène
Temps
autres traits glamour santé
héritages/fragilité Réelle Chimérique

Contusion
Blessure légère –1
volonté Blessure moyenne –1
Blessure grave –2
Handicap –2
cauchemar Infirmité –5
antipode Invalidité
Orée de Musardise/Maraude
expérience banalité

Photocopie autorisée pour un usage personnel.

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041

 histoire du personnage
Nom mortel :________________________________
Nom féerique :______________________________
Âge mortel :_________________________________
profession mortelle (si besoin) :_______________
___________________________________________
___________________________________________
description
mortel :____________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
chimères / compagnons / trésors : ___________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
changelin :__­­_______________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________
___________________________________________

personnalité
Manies : __________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
motivations & objectifs :____________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
identité
mortel :_____________________________________ changelin :__­­________________________________
____________________________________________ ___________________________________________
____________________________________________ ___________________________________________
____________________________________________ ___________________________________________
____________________________________________ ___________________________________________
____________________________________________ ___________________________________________

équipement
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________

cercle juré autres notes

____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________________________
 Ni tout à fait fées
Les portes d’Arcadie, le paradis originel, se sont refermées. Il ne reste plus que votre monde éphémère. Sans
aucune conscience de notre vraie nature, l’humanité nous écrase sous son talon de Banalité. La joie et le rire
ont disparu, seul le Songe demeure. Nous sommes des changelins, les oubliés, ni tout à fait fées ni tout à fait
mortels. Ultimes représentants de notre espèce sur Terre, nous nous sommes taillé un royaume invisible.
Nous nous cachons partout, juste sous votre nez, et pourtant vous ne nous avez jamais vus, car notre puissant
Glamour nous protège. Nous existons dans un monde concret de faux semblants, où les choses « imaginaires
» peuvent tuer et où les « prétendus » monstres sont bien réels.

Ni tout à fait mortels

Les Kithains sont les héritiers du royaume secret des fées sur Terre. Pour autant, ces créatures en partie
surnaturelles se voient contraintes d’adopter des formes mortelles pour survivre à l’incrédulité du monde
devant la magie. Ils doivent s’efforcer d’empêcher l’arrivée de l’Hiver et faire naître un éternel Printemps.
S’ils échouent, la Banalité consumera tout et le Songe sera à jamais perdu.

Dans Changelin : le Songe, édition 20e anniversaire, vous trouverez :

• Tous les kiths des éditions précédentes, dont les Selkies, les Clurichauns et les Piskies.
• Une présentation détaillée de l’univers de Changelin, ainsi que l’histoire actualisée de Concorde et le
destin du Haut Roi David.
• Les règles mises à jour de l’édition 20e anniversaire, y compris un système de magie revu, corrigé et
étendu !

C20-01 55€
ISBN : 978-2-37255-224-0

9 782372 552240 >

www.arkhane-asylum.fr

Jean Maliet - j.maliet59@gmail.com - 20230406/1161/339191/431041