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Université Mouloud Mammeri Maths 3 (Section A & B) 2019/2020

Faculté du Génie de la Construction

Intégrales multiples

1 Intégrales simples
Z b
Rappelons que l’inégrale simple f (x)dx est le résultat d’une démarche en quatre étapes.
a
Etape 1 Découper [a, b] par les points a = x0 < x1 < x2 < . . . < xn = b.
Etape 2 Choisir pour chaque k un nombre quelconque wk dans le sous intervalle
[xk−1 , xk ]. X
Etape 3 Former la somme de Riemann f (wk )∆xk où ∆xk = xk − xk−1 .
k
Etape 4 Définir (si la limite existe)
Z b X
f (x)dx = lim f (wk )∆xk
a kdk→0
k

où kdk est le pas du découpage (le plus grand des ∆xk ).
La première partie du théorème suivant met en évidence
Rx le résultat remarquable que pour une
fonction continue quelconque f , G définie par G(x) = a f (t)dt en est une primitive. La deuxième
Rb
partie montre comment n’importe quelle primitive permet de calculer le nombre a f (t)dt.

Théorème 1

Supposons que f soit une fonction continue sur un intervalle fermé [a, b].
Partie 1 Si G est la fonction définie par
Z x
G(x) = f (t)dt
a

pour tout x dans [a, b], G est une primitive de f sur [a, b].
Partie II Si F est une primitive de f sur [a, b], alors
Z b
f (x)dx = F (b) − F (a).
a

1

Exemple 1 Calculer l’aire de la région située entre les courbes y = x2 et y = x.

Le dessin nous aide à écrire que


Z 1 √
Z 1
1
A = ( x − x2 )dx = (x 2 − x2 )dx
0 0
" 3
#1
3
x 2 x 1
= 3 − =
2
3 3
0

Exemple 2 Calculer l’aire de la région située entre les courbes y + x2 = 6 et y + 2x − 3 = 0.

Les courbes y = 6 − x2 et y = −2x + 3 se coupent en (-1,5) et (3, -3) et comme (6 − x2 ) −


(−2x + 3) ≥ 0 l’aire en question est donnée par
Z 3
A = [(6 − x2 ) − (−2x + 3)]dx
−1
Z 3
= (3 − x2 + 2x)dx
−1
3
x3

32
= 3x − + x2 = .
3 −1 3

Exemple 3 Calculer l’aire de la région R délimitée parles graphiques y − x − 6 = 0, y − x3 = 0


et 2y + x = 0.

Le déssin montre que la frontière inférieure se compose de deux graphiques différents ce qui
nécessite de décomposer R en deux régions R1 et R2 . Les aires A1 et A2 de R1 et R2 sont données
par
Z 0
1
A1 = [(6 + x) − (− x)]dx
−4 2
Z 0
3
= ( x + 6)dx = 12
−4 2

et
Z 2
A2 = [(x + 6) − x3 ]dx
0
2
x2 x4

= + 6x − = 10.
2 4 0

L’aire de la région R toute entière est alors A = A1 + A2 = 22.

2 Intégrales doubles
Une démarche en quatre étapes analogue à celle que nous venons de rappeler à propos de
Z b ZZ
f (x)dx permet de définir l’intégrale double f (x, y)dA d’une fonction de deux variables f
a R
définie sur une région du plan des xOy.

2
Soit f une fonction de deux variables définieRRsur une région R du plan des
(x, y). L’intégrale double de f sur R, notée R f (x, y)dxdy, est le résultat
d’une démarche en quatre étapes analogue à celle de l’intégrale simple.

Etape 1 Découper la région R en rectangles R1 , R2 , ..., Rn , appelés élèments


d’aires, qui se trouvent entiérement inclus dans R.
Etape 2 Choisir pour chaque k, (uk , vk )X dans Rk .
Etape 3 Former la somme de Riemann f (uk , vk )∆Ak où ∆Ak est l’aire de
k
Rk .
Etape 4 Définir (si la limite existe)
ZZ X
f (x, y)dA = lim f (uk , vk )∆Ak
R kdk→0
k

où kdk est le pas du découpage (la plus longue des diagonales des Rk ).

Remarques
1. Quand l’intégrale double de f sur R existe, f est dite intégrale sur R. On démontre en analyse
approfondie qu’une condition suffisante à cela est la continuité de f sur R.
2. Le produit f (uk , vk )∆Ak est égal au volume du prisme infinitésimal de base ∆Ak et de hauteur
f (uk , vk ). La somme de tous ces prismes constitue une approximation du volumes V du solide
qui se trouve sous le graphique de z = f (x, y) et au dessus de R. Comme cette approximation
s’améliore à mesure que kd| s’approche de 0. Cela donne l’énoncé suivant.
Définition 1
Soit f une fonction de deux variables continues et positive pour tout (x, y)
d’une région R. Le volume V du solide qui se trouve sous le graphique de
z = f (x, y) et au dessus de R est
ZZ
V = f (x, y)dA.
R

Si, à l’inverse, f (x, y) ≤ 0 sur R, l’intégrale double de f sur R est l’opposé du


volume situé au dessus du graphique de f et sous la région de R.
Le théorème suivant énumère sans démonstration quelques propriétés des intégrales doubles
analogues à celles des intégrales simples.

Théorème 2
ZZ ZZ
(1) cf (x, y)dA = c cf (x, y)dA quel que soit c réel.
Z ZR R ZZ ZZ
(2) [f (x, y) + g(x, y)]dA = f (x, y)dA + g(x, y)dA.
R R R
(3) Si R est la réunion de deux régions R1 et R2 qui ne se chevauchent pas,
ZZ ZZ ZZ
f (x, y)dA = f (x, y)dA + f (x, y)dA
R R1 R2
ZZ
(4) Quand f (x, y) ≥ 0 sur tout R, f (x, y)dA ≥ 0.
R

Dans le cas le plus simple d’une fonction continue sur un rectangle fermé la définition suivante
simplifie les notations et le calcul des intégrales.

3
Définition 2
"Z #
Z b Z d Z b d
(1) f (x, y)dydx = f (x, y)dy dx
a c a c

"Z #
Z d Z b Z d b
(2) f (x, y)dxdy = f (x, y)dx dy
c a c a
Z 4 Z 2
Exemple 1 Calculer (2x + 6x2 y)dydx.
1 −1

La définition ci-dessus conduit aux calculs suivants :


Z 4Z 2 Z 4 Z 2 
(2x + 6x2 y)dydx = (2x + 6x2 y)dy dx
1 −1 1 −1
Z 4   2 2
y
= 2xy + 6x2 dx
1 2 −1
Z 4
= [(4x + 12x2 ) − (−2x + 3x2 )]dx
1
Z 4
= (6x + 9x2 )dx
1
= [3x2 + 3x3 ]41 = 234.
Z 2 Z 4
Exemple 2 Calculer (2x + 6x2 y)dxdy.
−1 1

La définition ci-dessus conduit aux calculs suivants :


Z 2Z 4 Z 2 Z 4 
2 2
(2x + 6x y)dydx = (2x + 6x y)dy dx
−1 1 −1 1
  2 Z 2  3  4
x x
= 2 +6 y dy
−1 2 3 1
Z 2
= [(16 + 128y) − (1 + 2y)]dy
−1
Z 2
= (126y + 15)dy
−1
= [63y 2 + 15y]2−1 = 234.
Le fait que la réponse des exemples 1 et 2 soit la même n’est pas dû au hasard. Les deux intégrales
itérées sont toujours égales lorsque f est continue. Il est donc légitime d’échanger l’ordre des deux
intégrations.

Une intégrale double itérée sur un domaine de type Rx ou Ry est définie de la façon suivante.

Définition 3

"Z #
Z b Z g2 (x) Z b g2 (x)
(1) f (x, y)dydx = f (x, y)dy dx
a g1 (x) a g1 (x)
"Z #
Z d Z h2 (y) Z d h2 (x)
(2) f (x, y)dxdy = f (x, y)dx dy
c h1 (y) c h1 (x)

4
Z 2 Z 2x
Exemple 3. Calculer (x3 + 4y)dydx.
0 x2

La définition 3(1) conduit aux calculs suivants :


Z 2 Z 2x  Z 2 2x
3
 3
(x + 4y)dy dx = (x y + 2y 2 ) x2 dx
0 x2 0
Z 2
= [(2x4 + 8x2 ) − (x5 + 2x4 )]dx
0
 
8 3 1 6 32
= x − x =
3 6 3

Z 3 Z y2
Exemple 4. Calculer 2y cos xdxdy.
π
1 6

y2
"Z #
Z 3 Z 3
y2
2y cos xdx dx = [sin x] π dy
π 6
1 6 1
Z 3
1
= 2y(sin y 2 − )dy
1 2
Z 3
= (2y sin y 2 − y)dy
1
 3
1
− cos y 2 − y 2
=
2 1
9 1
= (− cos 9 − ) − (− cos 1 − ) ' −2, 55.
2 2
RR
Le théorème suivant établit que le nombre R f (x, y)dA tel qu’il a été défini précédemment
peut être calculé par une intégrale itérée dans le cas où R est du type Rx ou Ry .

Théorème 3

(1) Soit R une région du type Rx . Si f est continue sur R, alors


ZZ Z b Z g2 (x)
f (x, y)dA = f (x, y)dydx
R a g1 (x)

(2) Soit R une région du type Ry . Si f est continue sur R, alors


ZZ Z d Z h2 (x)
f (x, y)dA = f (x, y)dxdy
R c h1 (x)

Remarque. Une région R qui serait de forme plus compliquée devrait d’abord être subdivisée
en sous-régions de type Rx ou Ry sur chacune desquelles l’intégrale double pourrait être calculée
par une intégrale itérée. Les différentes valeurs obtenues sont alors à additionner.

RR Exemple 5. Soit R la région du plan xOy délimitée par les graphes y = x2 et y = 2x. Calculer
3 y
R
(x + 4 )dA en regardant d’abord R comme (i) une région de type Rx puis comme (ii) une
région de type Ry .

(i) Le dessin ci-dessous montre la région R, qui est à la fois de type Rx et Ry . Ainsi, suivant le

5
théorème précédent 3(1),
ZZ Z 2 Z 2x
(x3 + y 4 )dA = (x3 + 4y)dydx
R 0 x2
Z 2 Z 2x 
3
= (x + 4y)dy dx
0 x2
Z 2  3 2x
= x y + 2y 2 x2 dx
0
Z 2
= [(2x4 + 8x2 ) − (x5 + 2x4 )]dx
0
 
8 3 1 6 32
= x − x =
3 6 3

(ii) Regardons maintenant R comme une région de type Ry dont l’équation des frontières s’obtient
en résolvant les équations données par rapport à x
1 √
x= y et x= y pour 0 ≤ y ≤ 4.
2
Suivant le théorème précèdent 3(2),

ZZ Z 4 Z y
3 4
(x + y )dA = (x3 + 4y)dxdy
y
R 0 2
"Z √ #
Z 4 y
3
= (x + 4y)dx dy
y
0 2

4 √y
x4
Z 
= + 4xy dy
0 4 y
2
4
y4
Z
1 3 32
= [( y 2 + 4y 2 ) − ( + 2y 2 )]dy =
0 4 64 3

√ √
Exemple 6. Soit R la région délimitée par les graphiques des équations RR y = x, y = 3x − 18
et y = 0. En supposant que f soit une fonction continue sur R, exprimer R f (x, y)dA sous forme
d’intégrales itérées selon (i) le théorème 3 (1) et (ii) le théorème 3 (2).

(i) Sous le point de vue du théorème 3(1) il est nécessaire de découper R en deux régions R1
et R2 . Ce sont des régions de types Rx et donc
ZZ ZZ ZZ
f (x, y)dA = f (x, y)dA + f (x, y)dA
R R1 R2
√ √
Z 6 Z x Z 9 Z x
= f (x, y)dydx + √
f (x, y)dydx
0 0 6 3x−18

(ii) Sous le point de vue du théorème 3(2) résolvons chacune des équations par rapport à x, ce qui
donne
y 2 + 18 1
x = y 2 et x = = y 2 + 6 pour 0 ≤ y ≤ 3.
3 3
La région étant une région de type Ry , une seule intégrale itérée suffit :
y2
ZZ Z 3 Z 3 +6
f (x, y)dA = f (x, y)dxdy
R 0 y2

6
Remarque. Les exemples 5 et 6 montrent que certaines intégrales peuvent être calculées tant par
le thm 3(1) que par le thm 3(2). Le choix de l’ordre d’intégration dxdy ou dydx dépend essentiel-
lement de la fonction f et la région R. Comme il peut arriver que certaines intégrales itérées soient
particulièrement difficile sinon impossible à calculer, on peut essayer d’échanger l’ordre des deux
intégrations en espérant que l’intégrale itérée de l’autre ordre soit plus facile à calculer. L’exemple
suivant illustre ce problème.
Z 4 Z 2
Exemple 7 Calculer √
y cos x5 dxdy après avoir échangé l’ordre des intégrations.
0 y

L’ordre dxdy de l’intégrale proposée correspond à une région de type Ry . Mais R est aussi une
région de type Rx . Dès lors, par le thm 3(1) et 3(2),

4 2 x2

Z Z ZZ Z Z
2 5
y y cos x dxdy = f (x, y)dA = 2y cos x5 dxdy
0 R 0 0
2 x2 2
y2 x4
Z  Z
= cos x5 dx = cos x5 dx
0 2 0 0 4
2
x4
Z
1
= cos x5 dx
10 0 4
Z 2
1
= (5x4 ) cos x5 dx
10 0
1  2 1
= sin x5 0 = sin 32 ' 0, 055.
10 10

3 Aires et volumes
RR
On a vu que R f (x, y)dA mesure le volume RR qui se trouve sous le solide z = f (x, y) et au
dessus de R. On a aussi la possibilité d’utiliser R dA pour calculer simplement l’aire du domaine
R. Il suffit pour cela de prendre f (x, y) = 1. Ainsi l’aire A d’une région R de type Rx est donnée
par
ZZ Z b Z g2 (x)
f (x, y)dA = 1dydx
R a g1 (x)
Z b Z b
g (x)
= [y]g21 (x) dx = [g1 (x) − g2 (x)]dx
a a

Exemple 1 Calculer l’aire A de la région du plan des xy délimitée par les graphiques de 2y =
16 − x2 et x + 2y = 4.

La figure ci-dessous montre, si onsidère R comme une région de type Rx , que la frontière inférieure
2
est y = x − 21 et la frontière supérieure y = 8 − x2 . Donc
2
Z 4 Z 8− x2 Z 4 2
8− x
A = dydx = [y]2− x2 dx
2
−3 2− x
2 −3
Z 4  2
 
 x x
= 8−
− 2− dx
−3 2 2
4
x3 x2
 
343
= 6x − + =
6 4 −3 12

Le calcul d’aire d’une région R de type Ry conduit à intégrer par rapport à x puis par rapport à

7
y. Ainsi
ZZ Z d Z h2 (y)
f (x, y)dA = 1dxdy
R c h1 (y)
Z d Z d
h (y)
= [x]h21 (y) dy = [h1 (y) − h2 (y)]dy
c c

Exemple 2 Calculer l’aire A de la région du plan des xy délimitée par les graphiques de x = y 3 ,
x + y = 2 et y = 0.
La région est présentée dans la figure ci-dessous. Ainsi, si on considère R comme une région de
type Rx ,
Z 1 Z 2−y Z 1
2−y
A = dxdy = [x]y3 dy
0 y3 0
1 1
y2 y4
Z 
5
= (2 − y − y 3 )dy = 2y − − =
0 2 4 0 4

Exemple 3 Calculer le volume V de la région qui, dans l’octant des coordonnées positives, est
délimitée par le paraboloide z = x2 + y 2 + 1 et le plan 2x + y = 2.

La région est située sous le paraboloı̈de et au dessus d’une région triangulaire du plan des (x, y)
délimitée par les axes et la droite y = 2 − 2x (voir figure ci-dessous).
Suivant la définition avec f (x, y) = x2 + y 2 + 1,
ZZ
A= (x2 + y 2 + 1)dA.
R

Si dA représente l’aire d’une tranche infinitésimale du découpage, il peut être remplacé par dydx
et
(x2 + y 2 + 1)dydx
représente le volume de la tranche infinitésimale. Le volume total recherché est donc la somme de
tous ces volumes c’est-à-dire
Z 1 Z 2−2x  Z 1 2−2x
1
A = (x2 + y 2 + 1)dy dx = x2 y + + y dx
0 0 0 3 0
Z 1
−14 10 14
= ( + − 5x2 + x)dx
0 3 3 3
 1
7 10 3 2 14 11
= − + x − 5x + x = .
6 3 3 0 6

Remarque. Ce volume aurait pu être calculé en intégrant d’abord par rapport à x, auquel cas
Z 2 Z (2−y)/2
l’intégrale itérée s’écrirait A = (x2 + y 2 + 1)dxdy.
0 0

Exemple 4 Calculer le volume V de la région, qui dans l’octant des coordonnées positives, est
délimitée par les cylindres x2 + y 2 = 9 et y 2 + z 2 = 9.
p
Le solide en question se trouve sous le graphique de z = 9 − y 2 . Selon la définition 2,
ZZ p
V = 9 − y 2 dA.
R

Comme dans l’exemple précèdent le volume V est donné par

8
Z 3 Z √9−y2 p
V = 9 − y 2 dxdy
0 0
Z 3 √ 2
p 9−y
= 9− y2 [x]0 dy
0
Z 3
= (9 − y 2 )dy
0
 3
1
= 9y − y 3 = 18.
3 0

Remarque. La forme en quart de cercle de la région d’intégration aurait permis une intégrale
itérée dont la première intégration aurait été en y, mais les calculs dans cet ordre se seraient avérés
beaucoup plus compliqués.

4 Intégrales doubles en coordonnées polaires


RR
Une démarche similaire à celle utilisée pour définir l’intégrale double R f (x, y)dA sur région
R en coodonnées cartésiennes permet de définir une intégrale double de f sur une région R décrite
en coordonnées polaires.

Définition 1

On appelle élément d’aire en coordonnées polaires, la figure ci dessous en un,


la région comprise entre deux arcs de cercles centrés à l’origine, de rayons r1
et r2 , et deux rayons polaires. Si ∆θ désigne la mesure en radians de l’angle
intercépté par les deux rayons et ∆ = r2 − r1 , l’aire ∆A de l’élément d’aire en
cordonnées polaires est
1 1
∆A = r22 ∆ − r12 ∆θ.
2 2
Cette formule peut aussi s’écrire

∆A = r̄∆r∆A

où r̄ est le rayon moyen (r1 + r2 )/2.


Considérons maintenant une région comme celle de la figure ci-dessous, délimitée par deux
rayons qui font des angles positifs α et β avec l’axe polaire et les graphiques des deux équations
polaires r = g1 (θ) et r = g2 (θ) où il est supposé que g1 (θ) ≤ g2 (θ) pour α ≤ β.
L’ensemble de tous les éléments d’aires R1 , R2 , ..., Rn entiérement inclus dans R constitue un
découpage polaire intérieur d de R. Le pas kdk est la longueur de la plus longue des diagonales
des Rk . Choisissons, pour chaque k, (rk , θk ) dans Rk tel que rk soit le rayon moyen ; on alors

∆Ak = rk ∆rk ∆θk .

On démontre le résultat suivant dans l’hypothèse où f est une fonction continue des variables
polaires r et θ.

Théorème 5

9
X ZZ Z β Z g2 (θ)
lim f (rk , θk )rk ∆rk ∆θk = f (r, θ)dA f (r, θ)rdrdθ.
kdk→0 R α g1 (θ)
k

Exemple 1 Calculer l’aire de la région R située à l’extérieur dur cercle r = a et à l’intérieur


du cercle r = 2a sin θ.

La figure ci-dessous montre la région R délimitée par la frontière inférieure r = a et la frontière


extérieure r = 2a sin θ où π6 ≤ θ ≤ 5 π6 . Avec f (r, θ) = 1, le théorème 5 donne
ZZ Z 5π
6
Z 2a sin θ
A= dA = rdrdθ.
π
R 6 a

La symétrie de la région par rapport à l’axe des ordonnées autorise à écrire

π
ZZ Z 2
Z 2a sin θ
A = dA = 2 rdrdθ
π
R 6 a
Z π Z π
2 1 2
= [ r2 ]2a sin θ
= (4a2 sin2 θ − a2 )dθ
π
6
2 a π
6
π π
1 − cos 2θ
Z 2
Z 2
2
= a (4 − 1)dθ = a2 (1 − cos 2θ)dθ
π
6
2 π
6

π π π 3
= a2 [θ − sin 2θ] π2 = a2 [( − 0) − ( − )]

6 2 2 2
π 3
= a2 ( + ).
3 2

Exemple 2 Calculer l’aire d’une boucle de la lemniscale r2 = a2 sin 2θ avec a > 0.

La figure ci-dessous montre la région de la lemniscale donnée par r = 0 jusqu’à la frontière


r2 = a2 sin 2θ où 0 ≤ θ π2 . Avec f (r, θ), le théorème 4 donne

π

ZZ Z 2
Z a sin θ
A = dA = 2 rdrdθ
R 0 0
π Z π

Z
1 2 1 2 2 2
= [ r2 ]a0 sin θ dθ = (a sin θ)dθ
0 2 2 0
1 π 1 1
= − a2 [cos 2θ]02 = − a2 (−1 − 1) = a2 .
4 4 2

5 Autres repères : théorèmes de changement de variables


En dimension un le changement de variable x = x(u) où dx = x0 (u)du fait intervenir la dérivée
x0 . En dimension 2 il n’est donc pas surprenant que les dérivées partielles jouent un rôle et doivent
rendre compte du changement d’echelle. La quantité qui traduit ce changement d’echelle est le
déterminant du jacobien J.

Théorème 4

10
Par le changement de variables x = x(u, v) et y = y(u, v), on fait correspondre
au domaine D du plan (x, y) le domaine R du plan (u, v) ; J étant le jacobien
de la transformation, on a alors
ZZ ZZ
f (x, y)dxdy = f (x(u, v), y(u, v))dudv
D R

∂x ∂x

avec J = ∂u ∂v .

∂y ∂y
∂u ∂v

Exemple 1 Calculer ZZ
e(x−y)/(x+y) dxdy,
R

où R est la région trapézoı̈dale du plan x0y de sommets (0, 1), (0, 2), (2, 0) et (1, 0).

Les facteurs x − y et x + y dans l’exposant e suggèrent la subtitution suivante

u = x − y, v = y + x.

La figure (1) montre la région R trapézoı̈dale du plan x0y dont les côtés appartiennent aux droites

x = 0, x + y = 2, y = 0, x + y = 1.

Par subtitution de x = 21 (−u + v) et y = 12 (u + v), les courbes correspondantes du plan u0v sont
respectivement
v = u, v = 2, v = −u, v = 1.
Ces droites forment un trapèze (S) dessiné dans la figure (2). En appliquant le thm (4) relatif
auxchangement de variables on obtient,
ZZ ZZ
1
e(x−y)/(x+y) dxdy = eu/v dudv
R S 2
1 2 v u/v
Z Z
= e dudv
2 1 −v
1 2 u/v v 1 2
Z Z
= [ve ]−v dv = v(e − e−1 )dv
2 1 2 1
1 1 3
= (e − e−1 )[ v 2 ]21 = (e − e−1 ).
2 2 4
2 2
Exemple 2 Calculer R e−(x +y ) dxdy où la région R est le quart d’anneau de la figure ci-
RR

dessous.

La substitution polaire
x = r cos θ, y = r sin θ
détermine une transformation du plan des rθ en plan x0y dont le jacobien

∂(x, y) cos θ − sin θ
=
∂(r, θ) sin θ r cos θ

L’intégrale pourrait être calculé Exemple 2 Déterminer l’aire du cercle C = {(x, y) ∈ R2 /x2 +y 2 =
1}.

11
ZZ
Selon la définition 4 l’aire A de C donnée par A = dxdy. En passant des coordonnées
C
cartésiennes (x, y) aux cordonnées polaires (r, θ) avec, x = r cos θ et y = sin θ, r > 0 et θ ∈ [0, 2π],
l’aire A devient
ZZ Z 1 Z 2π
A= dxdy = |J|drdθ
C 0 0

où le déterminant du jacobien est donné par



∂x ∂x
∂r ∂θ cos θ −r sin θ

= r cos2 θ + r sin2 θ = r.

J = ∂y ∂y = sin θ r cos θ

∂r ∂θ

D’où
Z 1 Z 2π
A= rdrdθ = π
0 0

x2 y2
Exemple 3 Déterminer l’aire de l’ellipse D = {(x, y) ∈ R2 | 2 + 2 = 1}.
a b
ZZ
Selon la définition 4 l’aire I de D est donnée par I = dxdy. En passant des coordonnées
D
cartésiennes (x, y) au cordonnées polaires (r, θ) avec, x = ar cos θ et y = br sin θ, r > 0 et θ ∈
[0, 2π], l’aire I s’écrit
ZZ Z 1 Z 2π
I= dxdy = |J|drdθ
D 0 0

où le déterminant du jacobien est donné par



∂x ∂x
a cos θ −ra sin θ

∂r ∂θ = r cos2 θ + r sin2 θ = abr.

J = ∂y ∂y =
b sin θ rb cos θ
∂r ∂θ

D’où
Z 1 Z 2π
A= abrdrdθ = πab
0 0

6 Intégrales triples
Les intégrales triples d’une fonction de trois variables x, y et z peuvent être définies par une
démarche en quatre étapes analogues à celle développée pour les fonctions de deux variables. Le
cas le plus simple est celui où f est une fonction continue sur une région parallélipipédique Q de
R3 définie par
Q = {(x, y, z) ∈ R3 ; a ≤ x ≤ b, c ≤ y ≤ d, m ≤ z ≤ n}.

Si {Qk } constitue un découpage de Q, kdk le pas de ce découpage correspondant à la longueur de


la plus longue des diagonales des Qk , le volume ∆Vk de Qk est

∆Vk = ∆xk ∆yk ∆zk

où ∆xk , ∆yk et ∆zk désignent ses dimensions.

Définition 1

12
Une somme de Riemann de f relative à ce découpage d est
X
f (uk , vk , wk )∆Vk
k

où (uk , vk , wk ) est un point arbitraire de Qk .


ZZZ X
f (x, y, z)dV = lim f (uk , vk , wk )∆Vk .
Q kdk→0
k

à condition que la limite existe.

Il est établit si Q est une région comme celle de la figure ci-dessous


ZZZ Z n Z d Z b
f (x, y, z)dV = f (x, y, z)dxdydz.
Q m c a

Remarque. On peut démontrer que cet ordre n’a pas d’importance quand le domaine d’intégration
Q a la forme parallélipédique décrite précèdemment.
ZZZ
Exemple 1 Calculer (xy 2 + yz 3 )dV où
Q

Q = {(x, y, z) : −1 ≤ x ≤ 1, 3 ≤ y ≤ 4, 0 ≤ z ≤ 2}.

Des six intégrales itérées possibles, calculons celle-ci :


Z 4Z 1 Z 2 Z 4Z 1 Z 2 
2 3 2 3
(xy + yz )dzdxdy = (xy + yz )dz dxdy
3 −1 0 3 −1 0
4 1 2
z4
Z  Z
= xy 2 z + y dz dxdy
3 −1 4 0
Z 3Z 1
= (2xy 2 + 4y)dxdy
4 −1
4 1
x2
Z 
= 2( )y 2 + 4yx dy
3 2 −1
Z 4  2
(y + 4y) − (y 2 − 4y) dy

=
3
4 3
y2
Z 
= 8ydy = 8 = 28
3 2 4

Supposons maintenant que Q soit la région de R3 définie par

Q = {(x, y, z) : (x, y) dans R et k1 (x, y) ≤ z ≤ k2 (x, y)}

Si f est continue sur tout Q, on peut démontrer l’égalité suivante.

Théorème 1

ZZZ Z Z "Z k2 (x,y)


#
f (x, y, z)dV = f (x, y, z)dz dA
Q R k1 (x,y)

13
Pour une région R de type Rx
ZZZ Z b Z g2 (x) Z k2 (x,y)
f (x, y, z)dV = f (x, y, z)dzdydx.
Q a g1 (x) k1 (x,y)

Pour une région R est de type Ry


ZZZ Z b Z h2 (y) Z k2 (x,y)
f (x, y, z)dV = f (x, y, z)dzdxdy.
Q a h1 (y) k1 (x,y)

ZZZ
Exemple 2 Quelles bornes d’intégration faut-il mettre pour calculer f (x, y, z)dV où Q
Q
est la région du premier octant délimité par les plans de coordonnées, le paraboloide z = 2+x2 + 41 y 2
et le cylindre x2 + y 2 = 1.
La région Q se trouve, comme on peut le voir sur la figure ci-dessous, sous le paraboloı̈de
et au dessus
√ du plan xOy. La région R du plan x0y est délimitée par les axes et le graphique
de y = 1 − x2 . La figure met en évidence une colonne qui illustre la première sommation sur
des éléments ∆zk ∆yj ∆xi dans la direction de l’axe des z. Puisque cette colonne s’étend du plan
x0y jusqu’au paraboloı̈de, la borne inférieure en la variable z est z = 0 et la borne supérieure
z = 2 + x2 + 41 y 2 . Les deux intégrations suivantes portes sur la région R du plan x0y. Les bornes
d’intégrations sont donc

Z 1 Z 1−x2 Z 2+x2 +(1/4)y 2
f (x, y, z)dzdydx.
0 0 0
RRR
Dans le cas particulier où f (x, y, z) = 1 sur la région Q, l’intégrale triple devient Q
dV et sa
valeur n’est autre que le volume de Q. Ainsi le volume de V de la région Q de l’exemple 2, telle
qu’il apparaı̂t dans la figure précédente, est donné par

Z 1 Z 1−x2 Z 2+x2 +(1/4)y 2
dzdydx.
0 0 0

Remarque. Ce volume peut être calculé par une intégrale double mais le calculer par une intégrale
triple nous a permis de manipuler des limites de triples sommes en vue d’être capable plus tard
de résoudre de cette manière des problèmes qui eux ne peuvent pas être résolus autrement.

Exemple 3 Calculer le volume du solide borné par le cylindre y = x2 et par les plans y + z = 4
et z = 0.

Ce solide est présenté dans la figure ci-dessous. La colonne illustre la première sommation
parallèle à l’axe des z de z = 0 à z = 4 − y. La figure montre aussi la région R du plan x0y ainsi
qu’un rectangle témoin de la première des deux intégrations sur R par rapport à y. Le théorème
1 avec f (x, y, z) = 1 mène aux calculs suivants :
Z 2 Z 4 Z 4−y Z 2 Z 4 h i
V = dzdydx = z]4−y
0 dydx
−2 x2 0 −2 x2
Z 2 Z 4 Z 2
1
= [4y − y 2 ]4x2 dx
(4 − y)dydx =
−2 −2x2 2
Z 2  2
1 4 1
= = (8 − 4x2 + x4 )dx = 8x − x3 + x5
−2 2 3 10 −2
256
=
15

14
Dans l’ordre dxdy pour l’intégrale double, le rectangle de la figure aurait été horizontal et la
formule de V Z 4 Z √y Z 4−y
V = √
dzdxdy.
0 − y 0

Quand la première intégration de l’intégrale itérée qui calcule une intégrale triple est en y, c’est
que le domaine d’intégration
Q = {(x, y, z) : a ≤ x ≤ b, h1 (x) ≤ z ≤ h2 (x), k1 (x, z) ≤ y ≤ k2 (x, z)}
où h1 et h2 sont des fonctions continues sur [a, b] et k1 et k2 des fonctions qui ont des dérivées
partielles premières continues sur la région R du plan xOz. Le domaine d’intégration Q est donc
compris entre les graphiques de y = k1 (x, z) et y = k2 (x, z). La projection R de Q sur le plan x0z
est une région du type Rx .

Théorème 2

ZZZ Z b Z h2 (x) Z k2 (x,z)


f (x, y, z)dV = f (x, y, z)dydzdx.
Q a h1 (x) k1 (x,z)

Exemple 4 Calculer le volume de la région Q délimitée par les graphiques de z = 3x2 ,


z = 4 − x2 , y = 0 et z + y = 6.

La région Q, représentée dans la figure ci-dessous est borné inférieurement par par le cylindre
z = 4 − x2 ett supérieurement par le cylindre z = 3x2 , et terminé à gauche par le plan x0z et à
droite par le plan z + y = 6. La région R du plan x0z est présenté dans l’autre figure. Le théorème
donne
ZZZ Z 1 Z 4−x2 Z 6−z Z 1 Z 4−x2
6−z
V = dV = dydzdx = [y]0 dzdx
Q −1 3x2 0 −1 3x2
Z 1 Z 4−x 2
1  4−x2
Z
1
= (6 − z)dzdx = 6z − z 2 dx
−1 3x2 −1 2 3x2
Z 1
304
= (16 − 20x2 + 4x4 )dx = .
−1 15

Remarque. Un autre ordre dans l’intégrale double inférieure aurait mené à la somme de plu-
sieurs intégrales triples. (Voyez-vous pourquoi ?)

Enfin, si Q est une région comme celle de la figure qui suit où les fonctions p1 et p2 ont des
dérivées partielles premières continures sur une région convenable de R du plan des yz, alors
ZZZ Z Z "Z p2 (y,z) #
f (x, y, z)dV = dx dA.
Q R p1 (y,z)

Dans l’intégrale itérée finale, dA sera remplaçé par dydz ou dzdy.

Exemple 5 À l’exemple 3, nous avons calculé le volume du solide borné par le cylindre y = x2
et les plans y + z = 4 et z = 0. Etablir pour ce même volume une intégrale triple itérée dont la
première intégration soit par rapport à x.

Le solide est à nouveau présenté dans la figure ci-dessous. Une première intégration par rapport
à x correspond à l’empillement des éléments de volumes en une colonne parallèle à l’axe des x,

15
√ √
depuis le graphique de x = − x jusqu’à celui de x = x. Le solide Q se projette dans le plan
yOz suivant un triangle formé par les axes et la droite y + z = 4 (voir la deuxième fig).
Si la deuxième intégration est par rapport à y comme le laisse penser la colonne horizontale de la
première figure, alors
Z 4 Z 4−z Z √y
V = √
dxdydz.
0 O − y

Sinon, la deuxième intégration ne peut être que par rapport à z et dans ce cas

Z 4 Z 4−y Z y
V = √
dxdzdy.
0 O − y

16

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