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Développements internationaux

Pétrole et matières premières


L’offre se replierait dans un contexte
d’incertitudes sur la demande
Au quatrième trimestre 2018, le cours du Brent a Le cours du Brent a chuté tout au long
baissé de 8 % s’établissant à 69 $ le baril en du quatrième trimestre
moyenne. L’offre a certes ralenti et la demande a
accéléré, principalement du fait des pays Au quatrième trimestre 2018, le cours du Brent a
émergents, mais le marché physique est resté baissé, passant de plus de 85 $ début octobre
excédentaire. (sur fond de tensions entre les États-Unis et l’Iran)
D’ici mi-2019, le marché physique redeviendrait à moins de 55 $ fin décembre. Sa moyenne
déficitaire. La production des pays de l’OPEP trimestrielle s’est établie à 69 $ le baril de Brent
serait en nette baisse, comme prévu par le (graphique 1), en baisse de 8 % par rapport au
nouvel accord conclu début décembre. À troisième trimestre 2018 (75 $) mais en hausse
l’inverse, l’offre américaine continuerait de de 12 % par rapport au quatrième trimestre
croître. La demande mondiale ralentirait au 2017 (62 $). Jusqu’à l’horizon de la prévision,
premier trimestre 2019 puis rebondirait au le cours du Brent est figé par convention à 65 $
deuxième trimestre. Les stocks resteraient à des le baril.
niveaux relativement importants.
Jusqu’au deuxième trimestre 2019, l’hypothèse La demande évolue à son rythme
conventionnelle retenue est celle d’un cours du tendanciel
Brent stabilisé autour de 65 $. Cette prévision Au quatrième trimestre 2018, la demande
est soumise à plusieurs aléas. Du côté de l’offre mondiale a légèrement accéléré (en données
tout d’abord, le scénario table sur une baisse de corrigées des variations saisonnières ; graphique
la production des pays de l’OPEP, dans le 4). La demande des pays hors OCDE a accéléré,
respect des seuils décidés par l’accord. Si notamment en Inde, au Moyen-Orient et au Brésil.
celle-ci était moins conséquente ou si la reprise La demande des États-Unis et de l’Europe a
de la production américaine s’avérait plus faiblement ralenti. Enfin celle des pays asiatiques
intense que prévu, le déficit du marché physique dans l’OCDE a pesé sur la demande mondiale.
pourrait se réduire ou disparaître, diminuant la
pression à la hausse sur les cours. Du côté de la Au premier trimestre 2019, la demande mondiale
demande, le ralentissement de l’activité ralentirait un peu. Aux États-Unis, la perspective
économique mondiale reste d’ampleur encore d’un ralentissement de la croissance contribuerait
incertaine à ce stade. au repli de la demande américaine. La demande
Les prix des matières premières en euros au chinoise serait atone et celle des autres pays
quatrième trimestre 2018 sont quant à eux émergents ralentirait.
restés quasiment stables (+0,1 %).

1 - Prix du baril de Brent en dollars et en euros


unité monétaire / baril
130 130
125 En dollars 125
120 120
115 En euros 115
110 110
105 105
100 100
95 95
90 90
85 85
80 80
75 75
70 70
65 65
60 60
55 55
50 50
45 45
40 40
35 35
30 30
25 25
20 20
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Prévision au−delà du pointillé
Source : Commodity Research Bureau

Mars 2019 123


Développements internationaux
Au deuxième trimestre 2019, la demande temporairement de sanctions américaines :
mondiale rebondirait un peu, sous l’effet d’une Turquie, Inde, Chine, Taïwan, Japon, Corée du
croissance américaine légèrement plus soutenue Sud, Italie et Grèce. Les membres de l’OPEP
qu’au premier trimestre. avaient décidé d’augmenter leur production,
officiellement pour compenser les futures pertes de
Au total en 2019, la demande augmenterait d’un production de l’Iran ainsi que celles du Venezuela.
million de barils par jour (Mbpj) en acquis à l’issue Cependant, face à la baisse des prix, les pays de
du premier semestre, après +1,4 Mbpj en 2018 et l’OPEP (et ceux hors OPEP engagés par l’accord
+0,9 Mbpj en 2017. de Vienne) ont décidé début décembre de réduire
L’offre se replierait début 2019 à nouveau leur production dès janvier 2019 et
pour 6 mois.
Au quatrième trimestre 2018, l’offre mondiale a
légèrement augmenté de 0,4 Mbpj en données Au quatrième trimestre, la production au Venezuela
corrigées des variations saisonnières a continué de chuter. La production iranienne s’est
(graphique 2), essentiellement du fait de la de nouveau réduite, avec la mise en place des
hausse de la production américaine et de celle sanctions pétrolières en novembre. Les productions
des pays de l’OPEP. libyenne et nigériane ont augmenté. L’Irak a
continué de produire au-dessus du seuil prévu par
En mai 2018, les États-Unis ont annoncé la mise l’accord initial. L’Arabie Saoudite et la Russie, bien
en place de nouvelles sanctions économiques qu’engagées par l’accord de l’OPEP, ont également
contre l’Iran. Une première vague de sanctions a augmenté leur production au-delà des seuils
pris effet en août ; la deuxième vague s’applique prévus. Aux États-Unis, la production a de nouveau
depuis début novembre et vise plus augmenté au quatrième trimestre mais le nombre
particulièrement les secteurs pétrolier et gazier. Un de forages de nouveaux puits reste relativement
petit nombre de pays a été exempté stable depuis mai 2018 (graphique 3).
2 - Principaux contributeurs à la variations de l’offre mondiale en pétrole

données CVS en millions de barils par jour


2,5 2,5
Offre totale
2,0 Biocarburants 2,0
Hors OCDE
1,5 Amérique (OCDE) 1,5
Europe (OCDE)
1,0 OPEP 1,0

0,5 0,5

0,0 0,0

−0,5 −0,5

−1,0 −1,0

−1,5 −1,5

−2,0 −2,0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Prévision au−delà du pointillé
Source : AIE, Insee
3 - Production et forages aux Etats-Unis
en millions de barils par jour nombre de foreuses
12 1800
Production non−conventionnelle
11 Production conventionnelle 1650
10 Rig count (−>) 1500
9 1350
8 1200
7 1050
6 900
5 750
4 600
3 450
2 300
1 150
0 0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Source : AIE, Baker Hughes
Rig count : nombre de foreuses en activité

124 Note de conjoncture


Développements internationaux
Au premier trimestre 2019, la production de Les stocks se sont reconstitués
l’OPEP serait à nouveau en baisse, à la suite de Les stocks de pétrole brut aux États-Unis ont de
l'engagement de réduction décidé début nouveau augmenté, à 449 millions de barils en
décembre. La production du Nigeria se réduirait. février, niveau supérieur à celui de décembre
La production irakienne resterait stable mais 2017 et très au-dessus de la moyenne de
supérieure au seuil de production convenu. La 2011-2014 (+32 %). Les pressions haussières
production iranienne pâtirait des sanctions et serait sur les cours seraient donc freinées par ces
en baisse continue. La production au Venezuela réserves commerciales encore élevées.
chuterait encore. L’Arabie Saoudite baisserait sa
production davantage que prévu par l’accord. Les prix des matières premières
Selon l’AIE, la Russie baisserait aussi sa augmentent légèrement
production, tandis que la production américaine
Au quatrième trimestre 2018, les prix de
(au premier chef celle des États-Unis) serait stable.
l’ensemble des matières premières exprimés en
Au deuxième trimestre 2019, la production de euros sont restés quasiment stables (+0,1 % ;
l’OPEP baisserait et celle des États-Unis repartirait graphique 5). Les cours des céréales ont augmenté
à la hausse. L’offre mondiale serait ainsi quasiment au quatrième trimestre (+3,3 %) tout comme ceux
stable par rapport au premier trimestre. du minerai de fer et des débris d’acier (+7,4 %).
Les prix des matières premières agricoles
Au total, la production mondiale baisserait à (–10,9 %) et des fibres textiles (–6,8 %) ont chuté
l’horizon de la prévision. Comme la demande et ceux des matières premières industrielles se sont
continuerait d'augmenter, le marché redeviendrait repliés (–1,3 %). n
déficitaire jusqu’à mi-2019 (graphique 4).

4 - Marché mondial du pétrole


données CVS
102 102
offre
100 demande 100

98 98

96 96

94 94

92 92

90 90

88 88

86 86

84 84
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Prévision au−delà du pointillé
Source : AIE, Insee

5 - Indices des prix matières premières en euros


240 240
Ensemble (hors énergie)
220 Matières agricoles 220
− dont Céréales
200 Matières industrielles 200
− dont Métaux ferreux
Fibres textiles
180 180

160 160

140 140

120 120

100 100

80 80

60 60
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Source : HWWI

Mars 2019 125

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