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Présentée par :
Anthony LE VALANT
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PRODUCTION D’HYDROGENE
PAR VAPOREFORMAGE DU BIOETHANOL BRUT
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JURY
Rapporteurs
Marco DATURI Professeur, Université de Caen
Alain KIENNEMANN Professeur, Université Louis Pasteur de Strasbourg
Examinateurs
Etienne POITRAT Ingénieur, ADEME, Paris
Daniel DUPREZ Directeur de Recherche, CNRS, Université de Poitiers
Florence EPRON Chargée de Recherche, CNRS, Université de Poitiers
Nicolas BION Chargé de Recherche, CNRS, Université de Poitiers
Table des matières
Introduction générale 1
I) Contexte 3
I.1) Sources d’énergies épuisables et renouvelables 3
I.2) Conséquences 5
I.3) Solutions 7
II) « Secteurs d’activités », pile à combustible et autres applications 8
II.1) Consommation et émissions 8
II.2) Solution ? 10
II.3) La pile à combustible (PAC) et ses applications 10
III) L’hydrogène 13
III.1) Histoire et caractéristiques 13
III.2) Les modes de production de l’hydrogène 14
III.3) Modes de stockage 15
IV) Le vaporeformage de l’éthanol 17
IV.1) Le choix de l’éthanol en tant que « biocarburant » 17
IV.1.1) Caractéristiques 17
IV.1.2) Production 18
IV.2) Le vaporeformage de l’éthanol 19
IV.2.1) Aspects généraux 19
IV.2.2) Chemin réactionnel 20
IV.2.3) Les catalyseurs pour le vaporeformage de l’éthanol 21
IV.3) Activité des métaux 22
IV.3.1) Les métaux nobles 22
IV.3.2) Les métaux non nobles 23
IV.3.3) Les ajouts 24
IV.3.4) Les supports 24
Références Bibliographiques 30
I) Caractérisation 33
I.1) Diffraction des rayons X 33
I.2) Chimisorption de H2 34
I.2.1) Mesure de l'accessibilité métallique 34
I.2.2) Dispositif expérimental 34
I.2.3) Conditions opératoires 35
I.3) Mesure de la surface spécifique par la méthode BET 36
I.4) Réduction en température programmée (RTP) 37
I.5) Oxydation en température programmée (OTP) 37
I.6) Etude par spectroscopie infra-rouge 38
I.6.1) Description de l’appareillage 38
I.6.2) Mode opératoire 39
II) Mesures d’activité catalytique 39
II.1) Appareillage 39
II.2) Conditions opératoires 41
II.3) Analyse des produits de la réaction 41
II.3.1) Analyse de la phase gaz condensable et gaz secs 41
II.3.2) Détermination du coke et de la quantité d’eau 43
II.3.2.1) Détermination de la quantité de coke 43
II.3.2.2) Détermination de la quantité d’eau 43
II.4) Exploitation des résultats 44
I) Introduction 45
II) Etude thermodynamique 45
II.1) Thermodynamique de la réaction de vaporeformage de l’éthanol 45
II.2) Les produits intermédiaires 46
II.3) Le cas du coke 49
II.4) Influence des paramètres opératoires sur le vaporeformage de l’éthanol 51
II.4.1) Effet de la température 52
II.4.2) Effet du rapport R 54
II.4.3) Effet de la pression 55
II.4.4) Conclusion 55
III) Le catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 57
III.1) Préparation du catalyseur 58
III.1.1) Préparation du support 58
III.1.2) Imprégnation de la phase métallique 59
III.2) Caractérisation du catalyseur 60
III.2.1) Analyses élémentaires 60
III.2.2) Analyses structurales 61
III.2.2.1) Diffraction des rayons X (DRX) 61
III.2.2.2) Microscopie électronique 63
III.2.3) Propriétés acido-basiques 64
III.2.3.1) Groupements hydroxyles libres 64
III.2.3.2) Acidité par adsorption de la pyridine 65
III.2.3.3) Basicité par adsorption de CO2 68
III.2.3.4) Conclusion de l’étude IR 69
IV) Le vaporeformage de l’éthanol 69
IV.1) Effet de l’ajout de l’eau sur la décomposition thermique de l’éthanol 69
IV.2) Rôle du catalyseur 72
IV.3) La désactivation catalytique 77
IV.4) Conclusion 80
Références bibliographiques 83
I) Introduction 84
I.1) Consommation énergétique de la purification de l’éthanol par distillation 84
I.2) L’éthanol brut 85
II) Le vaporeformage du bioéthanol avec des impuretés modèles 87
II.1) Choix des impuretés 87
II.2) Conditions opératoires 88
II.3) Effet des impuretés acides et basiques 88
II.4) Effet d’autres types de fonctions 93
II.5) Le méthanol et les alcools lourds 97
II.6) Oxydation en température programmée 102
III) Conclusion 104
Références bibliographiques 106
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur 107
Annexes 156
Introduction générale
Introduction générale
Introduction générale
Dans le but de remplacer les carburants fossiles et de réduire les rejets polluants issus
des secteurs d’activité comme l’industrie, le résidentiel et les transports, de nombreux travaux
portent actuellement sur la recherche de modes de production d’énergie ayant moins
d’influence sur l’environnement. Dans cette optique, les piles à combustibles alimentées par
de l’hydrogène suscitent un vif intérêt, que ce soit pour la cogénération (pour les secteurs du
résidentiel et de l’industrie) ou pour la voiture électrique.
L’hydrogène pourrait être la clef de l'utilisation des énergies renouvelables en
permettant le stockage de cette énergie sous une forme chimique pour une utilisation
ultérieure. La combustion de l'hydrogène avec l'oxygène ne produit que de l'eau et fait donc
de l'hydrogène un vecteur énergétique.
Le vaporeformage est le procédé le plus développé et le moins coûteux pour la production
d’hydrogène à grande échelle. C’est un procédé pétrochimique de transformation des
hydrocarbures (gaz naturel ou naphtas) ou des composés hydrogénés par la vapeur d’eau.
Les alcools sont également utilisés comme composés hydrogénés dans la réaction de
vaporeformage. En particulier l’éthanol, beaucoup moins toxique que le méthanol est un
combustible de choix puisqu’il représente une agro-ressource pouvant être produite par
transformation de la biomasse (blé, betterave à sucre, paille…), ce qui en fait une source
d’énergie renouvelable. De plus, ses moyens de transport, stockage et de distribution sont
relativement simples. L’utilisation intensive de l’éthanol aurait donc un double impact, tout
d’abord économique (maintenance et création d’emploi dans le milieu rural et de l’industrie)
et environnemental.
1
Introduction générale
2
Chapitre I : Partie Bibliographique
Chapitre I : Partie bibliographique 3
I) Contexte 3
I.1) Sources d’énergies épuisables et renouvelables 3
I.2) Conséquences 5
I.3) Solutions 7
II) « Secteurs d’activités », pile à combustible et autres applications 8
II.1) Consommation et émissions 8
II.2) Solution ? 10
II.3) La pile à combustible (PAC) et ses applications 10
III) L’hydrogène 13
III.1) Histoire et caractéristiques 13
III.2) Les modes de production de l’hydrogène 14
III.3) Modes de stockage 15
IV) Le vaporeformage de l’éthanol 17
IV.1) Le choix de l’éthanol en tant que « biocarburant » 17
IV.1.1) Caractéristiques 17
IV.1.2) Production 18
IV.2) Le vaporeformage de l’éthanol 19
IV.2.1) Aspects généraux 19
IV.2.2) Chemin réactionnel 20
IV.2.3) Les catalyseurs pour le vaporeformage de l’éthanol 21
IV.3) Activité des métaux 22
IV.3.1) Les métaux nobles 22
IV.3.2) Les métaux non nobles 23
IV.3.3) Les ajouts 24
IV.3.4) Les supports 24
Références Bibliographiques 30
Chapitre I : Partie bibliographique
Partie bibliographique
I) Contexte
Les données discutées dans ce chapitre, proviennent de différentes sources datant pour
la plus récente de 2007. Les comparaisons s’effectueront sur des données comprises entre
2004 et 2006.
La demande mondiale en énergie primaire en 2004 représentait 11,2 Gtep (giga tonne
équivalent pétrole) contre 5,5 en 19711. Elle reposait à 80 % sur les trois grands combustibles
fossiles : le pétrole, le charbon et le gaz naturel. Le Tableau I.1 représente l’évolution de la
production en énergie primaire entre 1971 et 2004 et un scénario de référence pour
l’approvisionnement en énergie primaire dans le monde entre 2015 et 2030.
Tableau I.1: Scénario de référence pour l’approvisionnement en énergie primaire1,2,3
1971 1990 2004 2015 2030
% % % % %
Charbon 25 25 25 26 26
Pétrole 43,9 36 35 34 33
Gaz 16 19 21 21 23
Nucléaire 1 6 6 6 5
Hydraulique 2 2 2 2 2
Biomasse et
12 11 10 10 10
déchets
Autres
0,1 0,6 0,5 1 2
renouvelables
En 2004, la production de pétrole représentait 3,9 Gtep contre 2,7 pour le charbon et 2,3
pour le gaz naturel. Si l’on ajoute l’énergie nucléaire à ces trois ressources (0,7 Gtep), on
constate que la production d’énergie mondiale dépendait à 87 % de ressources non
renouvelables1.
La consommation énergétique ne peut que croître, pour deux raisons : l’une est
l’accroissement accéléré de la population qui devrait atteindre 10 milliards d’individus en
2050, l’autre réside dans le fait que les pays en développement ne peuvent élever leur niveau
3
Chapitre I : Partie bibliographique
de vie qu’en augmentant notablement leur consommation énergétique. Ce constat est
représenté sur la Figure I.1.
12
Population mondiale (Millards)
10
Haut
8
4 Moyen
Haut
2 Moyen
Bas
0
1850 1900 1950 2000 2050 2100 Bas
Année
Figure I.1 : Evolution de la consommation mondiale d’énergie depuis 1850 et projection jusqu’en 2100 selon
trois scénarios (hors énergies nouvelles)3. En insert, évolution de la population mondiale.
4
Chapitre I : Partie bibliographique
I.2) Conséquences
L’utilisation massive des énergies fossiles expose la planète à deux problèmes majeurs :
l’épuisement des réserves à long terme et l’accroissement de l’effet de serre à relativement
court terme.
Les ressources non renouvelables s’épuisent au fur et à mesure de leur exploitation. Le
pétrole est tout particulièrement touché par cet affaiblissement. Les experts les plus
pessimistes estiment à 40 ans les réserves en pétrole contre 70 ans pour le gaz naturel et 230
ans pour le charbon. Les dernières estimations des réserves mondiales en ressources non
renouvelables sont représentées dans le Tableau I.3.
Tableau I.3 : Ordre de grandeur des réserves énergétiques en milliards de tonnes équivalent pétrole (Gtep)4
Energies Réserves estimées en Gtep
Charbon(1) 346
Lignite (+ sous sol-bitumeux)(1) 155
Pétrole(1) 156,7
Gaz(1) 158,2
Bitumes (schistes + sables) + pétroles extra-lourds(2) 500
Hydrates de méthane(2) 2800 à 6900000(4)
Uranium ( en réacteurs à neutrons lents)(3) 39(5)
Uranium ( en réacteurs à neutrons rapides)(3) 1967(5)
Sources : (1) BP Statistical Review 2004 ; (2)CME 2001 Survey of energy resources ; (3)AEN, « Livre rouge 2001 » .
(4) Une faible part de ces réserves serait réellement récupérable, estimée à 180000 Gtep dans l’étude CME ; (5) 1 tonne d’uranium=10000tep
en réacteur à neutrons lents et 500000 tep en réacteurs à neutrons rapides.
5
Chapitre I : Partie bibliographique
Le taux de CO2 présent dans l’atmosphère est actuellement de 360 ppm. Il a augmenté
de 31 % depuis 1750. La production planétaire de CO2 anthropique représente 20 milliards de
tonnes à l’heure actuelle. Cet effet est d’autant plus prononcé que nous avons assisté à une
déforestation généralisée.
Ces constatations et les prévisions alarmantes pour les siècles à venir ont poussé les
autorités à réagir. Ainsi le sommet de la Terre de Rio de Janeiro (Juin 1992) a permis de
ratifier la convention cadre des Nations Unies ayant pour objectif la stabilisation des
émissions de gaz à effet de serre. En 1997, le sommet de Kyoto prolonge les engagements pris
6
Chapitre I : Partie bibliographique
5 ans auparavant. Les pays industrialisés décident une réduction moyenne de 5,2% de leurs
émissions de gaz à effet de serre pour la période 2008-2012. En 2007, la conférence de l’ONU
sur les changements climatiques à Bali évoque deux scénarios possibles : une réduction des
émissions de 10 à 30 % (par rapport à 1990) ou de 25 à 40 % pour les pays industrialisés d’ici
2020 et une réduction de 50 % d’ici 2050.
I.3) Solutions
7
Chapitre I : Partie bibliographique
II) « Secteurs d’activités », pile à combustible et autres applications
II.1) Consommation et émissions
14.5% Transport
Utilisation non
énergétique
Industrie
9.4%
Autres secteurs*
60.3%
15.8%
Figure I.2 : Répartition de la consommation mondiale de pétrole par secteur d’activité dans le monde en 2005
*: comprenant l'agriculture, service publique et commerciale, résidentiel et non spécifié5
Le secteur des transports représente une part importante des besoins mondiaux en pétrole
(60,3%), mais les autres secteurs ne sont pas à négliger.
Le pétrole est aujourd’hui irremplaçable dans les transports, dont il couvre 97% des besoins.
La mondialisation de l'économie et du commerce implique un important développement du
secteur des transports. On estime que les transports représentent actuellement 60,3 % (1860
Mtep) de la consommation de pétrole; cette proportion devrait passer à 65 % (3194 Mtep)
d'ici 20316. Autrement dit la consommation de pétrole pour le seul secteur des transports
devrait augmenter d'environ 71 % d'ici 2031.
8
Chapitre I : Partie bibliographique
22%
27% Industries de l'énergie
Transport
Bâtiments résidentiels et
commerciaux
Procédés industriels
Déforestation et suites
25% 17%
9%
Figure I.3 : Répartition des émissions de gaz à effet de serre par secteur d’activité dans le monde en 2004 (%)5
On remarque que l’essentiel des émissions de CO2 (74 %) provient des différents secteurs de
l’industrie, à savoir les industries de l’énergie, les procédés industriels et la déforestation.
Ceci est expliqué par le fait que les producteurs d’électricité, les raffineries et une partie des
moyens de transport, correspondent à ces secteurs. Par contre si l’on impute, à ces chiffres,
l’électricité aux secteurs qui la consomment, on observe une autre tendance comme le montre
la Figure I.4.
Industrie et construction
34%
Transport routier
Residentiel et divers
7%
18%
Figure I.4 : Répartition des émissions de gaz à effet de serre par secteur d’activité en 2004 (%) dans le monde, en
imputant l’électricité au secteur de consommation.7
9
Chapitre I : Partie bibliographique
On constate que le secteur de l’industrie reste encore très fort (34 %), mais celui-ci est rejoint
maintenant par le secteur résidentiel (le chauffage) (34 %). Le secteur des transports contribue
pour sa part à 25 % des émissions.
II.2) Solution ?
Le principe de la pile à combustible fut énoncé en 1839 par Sir William GROVE8,9,10.
Une pile à combustible permet de convertir directement de l'énergie chimique en énergie
électrique. Typiquement, une pile est composée de l’assemblage de cellules élémentaires, dont
le nombre dépend de la tension et du courant souhaités.
Chacune de ces cellules comprend un compartiment anodique alimenté en combustible et
un compartiment cathodique alimenté en comburant séparés par deux électrodes chargées en
catalyseur et un électrolyte intermédiaire assurant la liaison ionique. Depuis leur découverte,
d’énormes progrès scientifiques et technologiques ont été réalisés.
10
Chapitre I : Partie bibliographique
On compte actuellement 6 types de pile à combustible:
Par ailleurs, chaque pile a des exigences différentes en terme de combustibles. Leurs
caractéristiques sont résumées dans le Tableau I.5.
Niveau de
60-80°C 60-100°C 60-100°C 180-220°C 600-660°C 700-1000°C
température
Les piles à basse température (PAFC, PEMFC, AFC et DMFC) fonctionnent à des
températures inférieures à 250°C. Leur démarrage rapide, leur volume compact et leur faible
poids intéressent tout particulièrement le secteur des transports.
11
Chapitre I : Partie bibliographique
La pile PEMFC H2/O2 semble pour le moment la plus appropriée pour l’application
embarquée, car elle répond au mieux aux critères de température et de rapidité de
fonctionnement.
Le problème majeur quant à l’implantation de ce type de source d’énergie dans un véhicule est
son approvisionnement en hydrogène. Même si l’hydrogène présente de grandes qualités, le
stockage de ce gaz dans un véhicule reste une opération délicate pour les usagers.
Les véhicules fonctionnant à l'hydrogène ne rejettent que de l'eau; ce sont des véhicules "Zéro
Emission". Néanmoins on ne peut considérer la voiture seule, il faut aussi considérer la
fabrication du carburant. Comme pour les véhicules électriques, le réel impact sur
l’environnement du véhicule à pile à combustible est dépendant de l’origine de l’hydrogène.
La pile à combustible alimenté par l’hydrogène (PACH2) peut être utilisée pour diverses
applications autres que l’automobile. En effet, le secteur du transport, comme le montre la
Figure I.3, partage la responsabilité de l’augmentation des gaz à effet de serre avec les secteurs
de l’agriculture, du résidentiel-tertiaire, de l’industrie etc…
Les applications stationnaires (production décentralisée ou centralisée) de la PACH2
peuvent être nombreuses. Elles dépendent de plusieurs facteurs, tels que la puissance de la pile,
le type de pile à choisir (par exemple PEMFC ou SOFC), les types de clients possibles… Dans
les habitations, l’hydrogène peut être tout à la fois utilisé pour produire de la chaleur et
d’électricité (cogénération) qui sont compatibles aux besoins d’une maison : chauffage, eau
chaude, piscine ou réfrigération. Il peut permettre, de plus, d’alimenter en électricité les relais
isolés où il est difficile ou même coûteux d’installer des lignes électriques, comme les sites
montagneux et des îles. Il peut servir aux applications industrielles (électricité, vapeur, eau
chaude..) en passant par le secteur tertiaire pour les bâtiments administratifs, hôpitaux et enfin
aux applications de secours ou de sécurité servant à alimenter des systèmes sensibles.
A petite échelle, la PACH2 peut s’adapter aux appareils portables (téléphones,
ordinateurs…). Elle permettra de multiplier par 5 leur autonomie et sera rechargeable en un
instant et n’importe où.
Mais avant que l’hydrogène n’entre dans notre vie quotidienne, des progrès doivent être faits à
chaque étape de la filière : production, transport, stockage et utilisation.
12
Chapitre I : Partie bibliographique
III) L’hydrogène
III-1) Histoire et caractéristiques
*LIE: Concentration en volume d’un gaz, à partir de laquelle il peut être enflammé.
*LSE: Concentration maximale en volume d’un gaz, au dessus de laquelle il ne peut être enflammé
Europe Monde
Secteur industriel Consommation Consommation
% %
(milliards de Nm3) (milliards de Nm3)
Production d’ammoniac 30 46 250 50
Autres produits
15 23 65 13
chimiques
Raffinage 20 31 185 37
La production d’hydrogène représente aujourd’hui 500 milliards de Nm3, soit 6,5 EJ. Or
la demande mondiale en énergie est de 400 EJ. La production actuelle ne couvre donc que
14
Chapitre I : Partie bibliographique
1,5% de la demande. Il devient donc indispensable de développer des moyens de production
de l’hydrogène.
Pour produire de l’hydrogène, plusieurs possibilités sont étudiées, certaines sont déjà arrivées
à maturité technologique et d’autres sont encore au stade du développement :
* à partir de carburants fossiles :
- la décomposition thermique11
- le reformage catalytique12;
- le vapocraquage ;
- l’oxydation partielle13 ;
- le reformage autotherme.
* à partir de l’électrolyse de l’eau14,15 ou par décomposition thermodynamique4;
* à partir de la biomasse (gazéification, transformation biologique)4;
* à partir d’algues vertes ou de bactéries;
* à partir du nucléaire.
Les techniques de vaporeformage et d’oxydation partielle correspondent à près de 95% de la
production totale, seulement 2% d’hydrogène étant produits par électrolyse.
L’utilisation de carburants fossiles conduit à la formation d’un gaz riche en H2 et CO. Or une
pile à combustible tel que la PEMFC est très sensible au CO. Il est donc nécessaire
ultérieurement d’éliminer le maximum de CO (<10ppm) afin d’obtenir un H2 assez pur.
Pour pouvoir être utilisé dans les piles à combustible les technologies existantes pour purifier
l’hydrogène sont :
- l’oxydation de CO par l’eau (Water Gas Shift) ;
- la purification sur tamis moléculaire avec PSA (Presure Swing Absorber) ;
- la purification par méthanisation ;
- la purification par membranes métalliques (Pd, Pd-Ag).
- l’oxydation préférentielle de CO (CO-PROX)
15
Chapitre I : Partie bibliographique
et les conditions générales de stockage et de déstockage de l'hydrogène (efficacité, vitesse,
appareils annexes nécessaires..). A ceci s'ajoutent les critères déterminants de la sécurité et du
coût.
À ce jour, trois types de stockage sont envisageables :
• le stockage sous forme liquide.
Ce procédé permet de stocker l’hydrogène sous forme liquide à -253°C à des pressions
situées entre 1 et 10 bar (réservoir cryogénique). Ses avantages sont ses basses pressions, son
potentiel de réduction de poids et de plus ce procédé a été démontré sur un véhicule (BMW).
Mais ce procédé nécessite une énergie de liquéfaction élevée (30-40 % d’énergie perdue), de
plus il faut une isolation thermique constante et il se produit des pertes d’hydrogène par
évaporation (1 à 2% par jour).
• le stockage sous forme comprimée.
Ce procédé permet de stocker l’hydrogène sous forme gazeuse (dans des réservoirs en
composites) à des hautes pressions (jusqu’à 700 bar). Ce procédé possède différents avantages
comme la légèreté des réservoirs (lorsqu’ils sont en liner polymère), la rapidité de remplissage
et il n’a pas besoin de gestion thermique. Par contre, ses inconvénients sont le volume des
réservoirs, l’énergie de compression (10 % énergie perdue) et le coût (fibre de carbone) de ce
procédé.
• le stockage indirect :
Plusieurs procédés consistent à embarquer de l’hydrogène sous la forme de molécules ou
d’atomes liés à d’autres matériaux ou des molécules plus facilement transportables. Dans ce
domaine, plusieurs voies sont explorées : les hydrures métalliques (principaux inconvénients :
capacité massique, coût, autonomie…), les hydrures organiques, le procédé Hydrogen on
DemandTM et la production embarquée à partir d’un carburant.
Nous pouvons également noter les nanotubes de carbone (principe d’adsorption de gaz à la
surface d’un solide).
La production embarquée d’hydrogène par un carburant semble être une voie prometteuse.
Par contre il va falloir trouver un mode de production et une matière première adéquate.
16
Chapitre I : Partie bibliographique
IV) Le vaporeformage de l’éthanol
IV.1) Le choix de l’éthanol en tant que « biocarburant »
IV.1.1) Caractéristiques
17
Chapitre I : Partie bibliographique
IV.1.2) Production
Etats-Unis
24%
Brésil
42% Autres
34%
Les deux premiers producteurs que sont le Brésil et les Etats-Unis ont pour principal
débouché la carburation.
Aux USA et au Brésil, ce sont respectivement 85 % et 92 % de l’alcool produit qui sont
utilisés comme carburant. Dans l’Union Européenne, cette proportion n’est que de 18 %.
18
Chapitre I : Partie bibliographique
En France, l’origine betteravière est prépondérante (54% de la production). Cependant
le marché de la carburation ne concerne que 20% des débouchés, les débouchés traditionnels
étant les spiritueux (30%), cosmétiques (14%), la chimie, etc…
Malgré son rang de leader en Europe sur la filière éthanol, la France (9500 milliers hL) est
aujourd’hui dépassée par l’Espagne (4635 milliers hL), au niveau de la production d’alcool
pour la carburation.
Ce sont des réactions très endothermiques (∆rH(600°C) = 188 kJ.mol-1 pour CH4) qui
nécessitent de travailler à haute température. En revanche la haute pression n’est pas
thermodynamiquement favorable.
L’alcool choisi pour notre étude est l’éthanol, issu de la biomasse pour des raisons
écologiques, et parce qu’il est beaucoup moins toxique et moins volatil que le méthanol. De
plus, ses moyens de transport, stockage et de distribution sont relativement simples.
L’utilisation intensive de l’éthanol aurait donc un double impact, tout d’abord économique
(maintenance et création d’emploi dans le milieu rural et de l’industrie) et environnemental.
La réaction du vaporeformage de l’éthanol correspondant à la réaction 1 s’écrit alors :
19
Chapitre I : Partie bibliographique
IV.2.2) Chemin réactionnel
20
Chapitre I : Partie bibliographique
Il est à noter que l’acétaldéhyde est ensuite transformé très rapidement par décomposition en
CO et CH4 (réaction (10)).
CH3CHO → CO + CH4 (10)
Ensuite le CO et le CH4 vont réagir avec l’eau pour conduire à la formation d’hydrogène et de
CO2.
Cependant, le CO et le CO2 peuvent subir des réactions d’hydrogénation, entraînant la
formation de CH4, néfaste pour le rendement en H2, et de décomposition conduisant au coke
graphitique très stable qui va désactiver le catalyseur. Les réactions misent en jeu sont la
méthanisation du CO et du CO2 ((11) et (12)), la pyrolyse du CH4 (13) et la réaction de
Boudouard (14).
CO + 3H2 ↔ CH4 + H2O (11)
CO2 + 4H2 ↔ CH4 + 2H2O (12)
CH4 → 2H2 + C (13)
2CO → CO2 + C (14)
La réaction de vaporeformage peut être menée avec ou sans catalyseur. Cependant
l’utilisation d’un catalyseur permet d’abaisser la température et le temps de réaction. Ce point
est assez important puisque la diminution de la température permet de réaliser la réaction du
gaz (CO) à l’eau (Water gas Shift réaction 15) produisant CO2 et H2, ce qui est intéressant car
la pile à combustible a besoin d’un hydrogène exempt de CO (≤10 ppm). Ceci permet aussi de
réduire la formation de coke et de CH4 par les réactions 11 et 14 et d’augmenter le rendement
en hydrogène :
CO + H2O ↔ CO2 + H2 (15)
Il est nécessaire d’utiliser le catalyseur le plus approprié, permettant de favoriser les
réactions (3), (4), (6), (10) et (15), pour des conditions expérimentales données (température,
pression et rapport molaire (eau/éthanol) R).
Plusieurs travaux ont fait part du rôle du métal et du support lors de cette réaction40,41 . Il
a été montré que le processus de vaporeformage est bifonctionnel et qu’au cours de celui-ci,
l’alcool est activé principalement sur le métal alors que l’eau l’est sur le support.
La réaction de vaporeformage de l’éthanol a été étudiée au laboratoire par Auprêtre et coll33.
Selon ces auteurs, la réaction se décompose en 4 étapes :
21
Chapitre I : Partie bibliographique
H 2O
C 2H 5O H
(3 ) H 2, C O , C O 2, C H 4 …
(1 ) C xH yO z
OH OH (2 ) (4 )
M e ta l
S u p p o rt
Les performances des catalyseurs doivent être fonction des propriétés de leurs supports
(hydrophilicité, acido-basicité, mobilité de surface) mais aussi des propriétés de leurs métaux
(activation de l'éthanol, activation du CO, activité en déshydrogénation). Le choix du métal et
du support paraît essentiel pour formuler un système catalytique actif, sélectif et stable.
Les métaux nobles sont bien connus dans la littérature34,42,43 pour être hautement actifs en
hydrogénation et favoriser la rupture de liaison C-C. Leur comportement dépend du support
auxquel ils sont associés. Généralement les métaux nobles les plus étudiés sont le Rh, Ru, Pd et
Pt.
22
Chapitre I : Partie bibliographique
Des études comparatives ont montré que le Rh était le métal le plus actif pour la réaction
de vaporeformage de l’éthanol, en terme de rendement en hydrogène et de conversion
d’éthanol. En effet, Liguras et coll42 ont étudié la réaction de vaporeformage de l’éthanol en
présence de catalyseurs supportés sur γ-Al2O3, avec des teneurs en phase active (Rh, Ru, Pt et
Pd) comprises entre 0 et 5 % massique, à 600-850°C et R=3 (R=nombre de mole de H2O/
nombre de mole d’éthanol). Ils ont observé que le Rh était le métal le plus actif. En effet, ce
métal permet un meilleur reformage de l’acétaldéhyde et de l’éthylène, contrairement aux
autres métaux (Pt>Ru>Pd aucun effet), ce qui améliore la conversion d’éthanol et le rendement
en hydrogène et limite la formation de polymères entraînant la désactivation du catalyseur.
Frusteri et coll44 ont évalué le rôle des métaux nobles avec le Ni et le Co, supportés sur
du MgO. Il en est ressorti que le Rh permettait la meilleure conversion d’éthanol, et une
diminution de la formation de dépôt carboné (ce qui peut être aussi attribué au caractère
basique du support MgO). La désactivation observée en présence du Rh est attribuée en partie
au frittage du métal, ce qui est en accord avec Cavallaro43. En effet, cet auteur a constaté que,
malgré la haute activité du Rh en hydrogénation et sa tendance à diminuer le coke, la
désactivation par le frittage et le coke était présente.
Les travaux de Auprêtre et coll33,34 ont montré que les métaux des groupes 8-10 et plus
particulièrement le rhodium et le nickel présentaient des activités intéressantes pour la réaction
de vaporeformage de l’éthanol.
Un classement a été effectué en mesurant l’activité du métal lors de la réaction de
vaporeformage de l'éthanol (T = 700°C, R = 3, P = 1 bar):
Rh > Pd > Pt > Ru
Cet ordre corrobore celui donné par Breen et coll45 et Liguras et coll42 dans des conditions
opératoires similaires. Il apparaît donc que le rhodium est un métal très actif pour la
préparation d’hydrogène par ce procédé.
Les métaux nobles ne sont pas les seuls utilisés pour la réaction de vaporeformage de
l’éthanol. En effet, les métaux dits non nobles sont aussi étudiés, car ce sont les catalyseurs les
plus utilisés au niveau industriel, pour le vaporeformage des hydrocarbures et du CH4, car ils
sont beaucoup moins chers que les catalyseurs à base de métaux nobles.
De nombreuses études ont été effectuées sur le nickel, connu pour favoriser la rupture
de liaison C-C.
23
Chapitre I : Partie bibliographique
Frusteri et coll44 ont montré qu’un catalyseur de type Ni/MgO était plus sélectif en
hydrogène que Rh/MgO, mais en terme de stabilité et de conversion d’éthanol, le catalyseur
comprenant le métal noble était meilleur. En effet, ceci peut être expliqué par le fait que le
catalyseur à base de Ni subit d’une part un frittage de la phase active plus rapide et d’autre part
favorise la formation de nanotubes de carbone46 qui encapsulent le métal, entraînant une perte
de sites actifs. Ce phénomène est lié à la taille des particules de Ni et est indépendant de la
nature du support, comme l’ont observé Frusteri et coll46.
Le cobalt est un autre métal non noble beaucoup étudié dans la littérature. Haga et coll47
ont mis en évidence que le support jouait un rôle prépondérant sur les performances des
catalyseurs à base de Co. Ils ont observé de forts rendements en CH4 probablement dus à la
décomposition de l’éthanol ou/et à la transformation de l’acétaldéhyde en CH4 et CO.
Afin d’améliorer les phases actives des catalyseurs, il est possible de les lier à un ou
plusieurs autres métaux.
Frusteri et coll48 ont étudié l’ajout d’un dopant alcalin (Li, Na, K) sur le catalyseur de
type Ni/MgO pour la réaction de vaporeformage de l’éthanol. Ils ont constaté que Li et Na
améliorent la réduction de NiO mais affectent la dispersion du Ni. L’ajout de Li et K permet
d’accroître la stabilité du catalyseur principalement par la chute du frittage du Ni.
Kugai et coll49 ont observé que l’ajout de Ni sur Rh/CeO2 améliore la dispersion du Rh, ce qui
augmente l’activité catalytique.
Une étude de Marino et coll50 a montré qu’une association entre Ni et Cu permet d’augmenter
l’activité du catalyseur et la sélectivité en hydrogène. En effet, Cu favorise la déshydrogénation
de l’éthanol et la réaction de Water Gas Shift, entraînant par conséquent la chute de la
formation de coke par la réaction de Boudouard. Les mêmes constatations ont été faites avec
des catalyseurs de types Rh-Cu/support.
24
Chapitre I : Partie bibliographique
Avec un support acide, la réaction de déshydratation de l’éthanol en éthylène est
favorisée. Cet éthylène est ensuite adsorbé fortement sur le métal et polymérise, ce qui
désactive le catalyseur.
Di Cosimo et coll52 ont effectué une étude sur des oxydes mixtes du type Al2O3 et Mg-Al
hydrotalcite et ont proposé deux mécanismes pour la déshydratation de l’éthanol.
Le premier mécanisme met en jeu une réaction d’élimination de type E1 qui requiert des
sites basiques forts et des sites acides faibles de Lewis, comme le montre la Figure I.6.
Initialement, l’adsorption de la molécule d’éthanol et la rupture de liaison O-H
s’effectuent sur le couple base forte et acide faible pour donner un groupement éthoxy. Puis, le
proton le plus acide de l’intermédiaire éthoxy est attiré par le site basique, ce qui entraîne la
formation d’un carbanion par la rupture de liaison Cβ-Hβ qui est suivi par la formation
d’éthylène.
Figure I.6 : Mécanisme E1 pour la déshydratation de l’éthanol en C2H4 (A= Acide de Lewis, B=Base de
Brønsted)
Le second mécanisme met en jeu une élimination E2 (Figure I.7). Il s’effectue en une
seule étape impliquant des sites acides de Lewis et des sites basiques ayant la même force
d’équilibre. Aucun intermédiaire ionique n’est formé. Il est à noter que le site acide
responsable de l’attraction du groupement OH est nettement plus fort que celui participant au
mécanisme E1.
Figure I.7 : Mécanisme E2 pour la déshydratation de l’éthanol en C2H4 (A= Acide de Lewis, B=Base de
Brønsted)
25
Chapitre I : Partie bibliographique
La formation d’éthylène sur des supports comme Al2O3 est typiquement due à
l’élimination E2, alors que sur des oxydes MgO, la réaction d’élimination de type E1 est
invoquée.
Un support basique, quant à lui, va favoriser la déshydrogénation de l’éthanol en
acétaldéhyde, produit intermédiaire désiré. Di Cosimo52 a mis en évidence que la
déshydrogénation suivait le mécanisme représenté Figure I.8.
Figure I.8 : Mécanisme pour la déshydrogénation de l’éthanol en acétaldéhyde (A= Acide de Lewis,
B=Base de Brønsted)
Un support basique peut aussi entraîner la formation de cétone par les réactions de
déshydrogénation et d’aldol condensation53 (réaction 16), qui a pour conséquence de diminuer
le rendement global en H2 et de former des produits indésirables
Il est donc nécessaire de trouver un support ayant les propriétés acido-basiques qui
favorisent la réaction de déshydrogénation et inhibent la déshydratation et l’aldol condensation.
Une autre caractéristique importante du support est qu’il doit permettre une bonne mobilité des
groupements hydroxyles en surface vers le métal. En effet, cette étape est limitante pour la
réaction de vaporeformage de l’éthanol.
Divers supports ont déjà fait l’objet d’études pour la préparation de catalyseurs pour le
vaporeformage de l’éthanol : Al2O333,34,42,43,45,54, SiO255, MgO33,34,42, La2O356-58, ZnO51,59,
CeO249,60, Y2O358, MgAl2O433-35,60…
26
Chapitre I : Partie bibliographique
La silice, qui est un support neutre, n'est plus trop utilisée comme support de
catalyseurs de vaporeformage car elle devient trop instable à haute température et haute
pression. De plus, la mobilité des OH de surface sur ce support est très faible55.
Une étude de Fatsikosta et coll57 sur Ni/La2O3 a montré que ce catalyseur présentait de
très bonnes performances en terme d’activité, sélectivité et stabilité pour la réaction de
vaporeformage de l’éthanol. En effet, aucune déshydratation de l’éthanol n’a été détectée au
cours des tests réactionnels. Ces auteurs ont observé, avec ce type oxyde mixte, une
augmentation des quantités de CO2 et CH4 comparée aux supports de type Al2O3 et MgO, pour
des températures aux environs de 400°C. La formation de ces produits a été attribuée à la
réaction de Water Gas Shift et à la méthanisation du CO. Pour des hautes températures, ils ont
constaté l’augmentation de la sélectivité en H2 et la diminution de celles en CO2 et CH4. Ceci a
été attribué aux réactions de vaporeformage et/ou de reformage à sec de CH4.
De plus, ce type de catalyseur possède une très bonne stabilité à long terme, car la
formation de dépôt carboné est nettement diminuée. En effet, les espèces d’oxydes de lanthane,
qui entourent les particules de Ni, réagissent avec le CO pour former l’oxycarbonate de
lanthane La2O2CO3 qui va réagir avec le coke de surface, entraînant la formation de CO et le
nettoyage de la phase active.
Les oxydes mixtes à base de cérium (CexZr1-xO2) semblent tout indiqués pour être de
bons supports pour la réaction de vaporeformage de l'éthanol et ceci pour plusieurs raisons:
Ces oxydes montrent une très grande mobilité des espèces oxygénées de surface61, et ils
possèdent un caractère acido-basique intéressant. En effet, les oxydes contenant du cérium
présentent une acidité négligeable. Madier et coll62 ont également remarqué que l'activité
déshydrogénante des oxydes mixtes cérine-zircone est beaucoup plus élevée que sur les
oxydes simples (CeO2, ZrO2), ce qui est en accord avec Auprêtre et coll34. En effet, ces
auteurs ont étudié les effets de différents métaux (Rh, Pt, Ni, Cu …) et le rôle des supports (γ-
Al2O3, 12%CeO2-Al2O3, CeO2 et Ce0.63Z0.37O2) sur la réaction de vaporeformage de l’éthanol
pour des températures comprises entre 500 et 800°C, avec un rapport molaire eau/éthanol R=3
et P=1 bar. Ils en ont établi deux classements par ordre décroissant de l’activité pour le Rh et
le Ni à 600°C, soient :
Rh/Ce0.63Z0.37O2 > Rh/12%CeO2-Al2O3 > Rh/CeO2 > Rh/γ-Al2O3
et Ni/Ce0.63Z0.37O2 > Ni/ CeO2 > Ni/ 12%CeO2-Al2O3 > Ni/ γ-Al2O3.
27
Chapitre I : Partie bibliographique
Une étude de Frusteri et coll44 a évalué les performances catalytiques de MgO supportant
différents métaux. Ces auteurs ont constaté que l’association de ce support avec du Rh
permettait de diminuer le dépôt de coke, grâce aux propriétés basiques de MgO.
Freni et coll63 ont eux aussi examiné la réaction de vaporeformage de l’éthanol sur
Ni/MgO. Ils ont observé que ce catalyseur permettait une haute sélectivité en hydrogène et en
CO2. La méthanisation du CO et la décomposition de l'éthanol ont été considérablement
réduites. En plus, la formation de coke a été fortement diminuée grâce aux propriétés basiques
du support, qui ont modifié les propriétés électroniques de Ni.
De nombreuses études sur l’oxyde ZnO ont été effectuées. Casanovas et coll64 ont montré
que la codéposition de Pd et du Zn sur ZnO entraîne la formation d’un alliage PdZn qui
favorise la production de H2 et la réaction de déshydrogénation de l’éthanol. Yang et coll65 ont
constaté que Ni/ZnO possède la même sélectivité en H2 que Ni/La2O3. Llorca et coll66 ont
établi que l’amélioration de la conversion d’éthanol et des sélectivités en CO2 et H2, obtenue
avec ZnO, provenait de la transformation de l’éthanol (hydrogénation + adol condensation) en
acétone, du reformage de l’éthanol et de la réaction de water gas shift. Ceci est en accord avec
les résultats de Murthy et coll53, qui ont étudié la conversion de l’éthanol en acétone. Les
performances de ZnO dans la réaction de vaporeformage de l’éthanol proviennent des
caractéristiques basiques et redox de ce type d’oxyde.
Duprez et coll55 ont montré que l’alumine est un support hydrophile présentant une
mobilité d’OH tout à fait intéressante à partir de 400°C. C’est un très bon support de
vaporeformage des hydrocarbures à des températures n’excédant pas 400-500°C. Au-delà, les
ions métalliques (Rh3+, Ni2+) diffusent dans la matrice de l’alumine. Vers 700°C, la formation
d’aluminates, difficilement réductibles est mise en évidence. Ce phénomène conduit à la
désactivation irréversible des catalyseurs de vaporeformage à base de rhodium et de nickel.
Notons également qu’en présence d’eau, les métaux des groupes 8, 9 et 10 sont soumis à un
frittage important à haute température (T > 500°C). L’ajout de magnésium dans le support
permet d’améliorer les performances du catalyseur dans cette réaction par une diminution de
l’acidité de surface du support67. Morterra et coll68 ont effectué des mesures d’acidité et de
basicité sur MgAl2O4 par adsorption de pyridine, CO et CO2. Ils en ont conclu la présence de
groupements hydroxyles de surface, d’une acidité de Lewis ainsi que d’une basicité de surface
faibles.
Ces propriétés de surface sont principalement celles qui sont recherchées pour effectuer la
réaction de vaporeformage de l’éthanol.
28
Chapitre I : Partie bibliographique
A côté de ces propriétés acido-basiques, le support se doit, pour l’application visée, d’être
stable à haute température. La réaction de vaporeformage de l’éthanol est réalisée à des
températures proches de 700°C. Il est donc nécessaire que le métal supporté ne diffuse pas
dans la structure (encapsulation) ou à la surface du support (frittage), ce qui entraînerait une
diminution de l’accessibilité métallique.
Au laboratoire, Auprêtre et coll33-35,60 ont préparé des catalyseurs, en déposant des phases
actives (Rh et Ni) sur alumine modifié par ajout de magnésium. Les résultats obtenus avec le
support spinelle MgAl2O4 ont montré une forte limitation de la désactivation. Dans le cadre du
contrat ADEME (BIOPAC 1), ces auteurs ont obtenu un système catalytique actif, sélectif et
stable avec un catalyseur de type Rh/MgAl2O4/Al2O3 pour des hautes températures (700°C), à
R=3 et P=10 bar. C’est ce catalyseur qui servira de référence tout au long de la thèse.
29
Chapitre I : Partie bibliographique
Références bibliographiques
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30
Chapitre I : Partie bibliographique
29
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30
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F. Auprêtre, C. Descorme, D. Duprez, Top. Catal., 30 (2004), 487.
36
D.L.Trimm, Catal. Today, 37 (1997), 233.
37
M.M. Doheim, S.A. Hanafy, G.A. El-Shobaky, Materials Letters, 55 (2002), 304.
38
S. Cavallaro, Energy & Fuels, 14 (2000), 1195.
39
H. Idriss, E.G. Seebauer, J. Mol. Cat. A, 152 (2000), 201.
40
F. Auprêtre, C.Descorme, D.Duprez, Ann. Chim. Sci. Mat., 26 (2001), 93.
41
D. Duprez, P. Peirera, A. Miloudi, R. Maurel, J. Catal., 75 (1982), 151.
42
D.K. Liguras, D.I. Kondarides, X.E. Verykios, Appl. Catal. B, 43 (2003), 345.
43
S. Cavallaro, V. Chiodo, S. Freni, N. Mondello, F. Frusteri, Appl. Catal. A, 249 (2003),
119.
44
F. Frusteri, S. Freni, L. Spadaro, V. Chiodo, G. Bonura, S. Donato et al., Catal. Commun., 5
(2004), 611.
45
J.P. Breen, R. Burch, H.M. Coleman, Appl. Catal. B., 39 (2002), 65.
46
F. Frusteri, S. Freni, J. Power Sources, 173 (2007), 200.
47
F. Haga, T. Nakajima, H. Miya, S. Mishima, Catal. Lett., 48 (1997), 223.
48
F. Frusteri, S. Freni, V. Chiodo, L. Spadaro, O. Di Blasi, G. Bonura, S. Cavallaro, Appl.
Catal. A, 270 (2004), 1.
49
J. Kugai, V. Subramani, C. Song, M.H. Engelhard, Y.H. Chin, J. Catal., 238 (2006), 430.
50
F. Marino, G. Baronetti, M. Jobbagy, M. Laborde, Appl. Catal. A, 238 (2003), 41.
51
J. Llorca, P. Ramirez de la Piscina, J. Sales, N. Homs, Chem. Commun, (2001), 641.
52
J. I. Di Cosimo, V. K. Díez, M. Xu, E. Iglesia, C. R. Apesteguía, J. Catal., 178 (1998), 499.
53
R. S. Murthy, P. Patnaik, P. Sidheswaran, M. Jayamani, J.Catal., 108 (1988), 298.
54
F. Haga, T. Nakajima, K. Yamashita, S. Mishima, React. Kinet. Catal. Lett., 63 (1998),
253.
55
D. Duprez, Stud. Surf. Sci., 112 (1997), 13.
56
A.N. Fatsikostas, D.I. Kondarides, X.E. Verykios, Chem. Comm., 9 (2001), 851.
57
A.N. Fatsikostas, D.I. Kondarides, X.E. Verykios, Cat. Today, 75 (2002), 145.
58
J. Sun, X.P. Qiu, F. Wu, W.T. Zhu, Int. J. Hydrogen Energy, 30 (2005), 437.
31
Chapitre I : Partie bibliographique
59
J. Llorca, P. Ramirez De La Piscina, J-A. Dalmon, J. Sales, N. Homs, Appl. Catal. B, 43
(2003), 355.
60
F. Auprêtre, C. Descorme, D. Duprez, D. Casanave, D. Uzio, J. Catal., 233 (2005), 464.
61
Y. Madier, C. Descorme, A.M. LE Govic, D. Duprez, J. Phys. Chem. B, 103 (1999), 10999.
62
Y. Madier, Thèse de l'Université de Poitiers (1999).
63
S. Freni, S. Cavallaro, N. Mondello and L. Spadaro, F. Frusteri, J. Power Sources, 108
(2002), 53.
64
A. Casanovas, J. Llorca, N. Homs, J.L. Fierro, P.R. de la Piscina, J. Mol. Catal. A, 250
(2006), 44.
65
Y. Yang, J.X. Ma, F. Wu, Int. J. Hydrogen Energy, 31 (2006), 877.
66
J. Llorca, P.R. de la Piscina, J. Sales, N. Homes, Chem. Commun., 7 (2001), 641.
67
D. Duprez, M. Grand, Brevet d’Invention N° 78-07987
68
C. Morterra, G. Ghiotti, F. Boccuzi, S. Coluccia, J. Catal., 51 (1978), 299
32
Chapitre II : Partie expérimentale
Chapitre II : Partie expérimentale 33
I) Caractérisation 33
I.1) Diffraction des rayons X 33
I.2) Chimisorption de H2 34
I.2.1) Mesure de l'accessibilité métallique 34
I.2.2) Dispositif expérimental 34
I.2.3) Conditions opératoires 35
I.3) Mesure de la surface spécifique par la méthode BET 36
I.4) Réduction en température programmée (RTP) 37
I.5) Oxydation en température programmée (OTP) 37
I.6) Etude par spectroscopie infra-rouge 38
I.6.1) Description de l’appareillage 38
I.6.2) Mode opératoire 39
II) Mesures d’activité catalytique 39
II.1) Appareillage 39
II.2) Conditions opératoires 41
II.3) Analyse des produits de la réaction 41
II.3.1) Analyse de la phase gaz condensable et gaz secs 41
II.3.2) Détermination du coke et de la quantité d’eau 43
II.3.2.1) Détermination de la quantité de coke 43
II.3.2.2) Détermination de la quantité d’eau 43
II.4) Exploitation des résultats 44
Chapitre II : Partie expérimentale
Partie expérimentale
La préparation des catalyseurs sera détaillée dans les différents chapitres de la thèse.
Dans cette partie expérimentale nous décrirons succinctement les méthodes utilisées pour
caractériser les différents catalyseurs préparés puis plus en détail le montage expérimental mis
au point et utilisé pour déterminer les performances catalytiques en vaporeformage d’éthanol.
I) Caractérisation
I.1) Diffraction des rayons X
La structure cristalline des matériaux est étudiée par diffraction des rayons X (DRX). La
méthode consiste à envoyer un faisceau de rayons X monochromatique de longueur d'onde λ
sur un échantillon solide. Le faisceau est diffracté par les plans cristallins du matériau selon la
loi de Bragg : 2 × d hkl × sinθ = n × λ
où : dhkl : est la distance inter-réticulaire, en Å;
θ: est l'angle de Bragg, en radians;
λ: est la longueur d'onde du faisceau de rayons X, en Å;
n: est un nombre entier.
Seuls les échantillons bien cristallisés (présentant un ordre à longue distance) peuvent
être caractérisés par diffraction des rayons X.
La diffraction des rayons X est réalisée sur un diffractomètre de poudre Siemens D5005
équipé d'une anode en cuivre (λKα1 = 1,5406 Å). Un monochromateur arrière permet
d'éliminer la radiation Kβ. Dans notre cas, l'acquisition des données se fait pour un angle 2θ
compris entre 15 et 75° avec un pas de 0,04° et un temps d'acquisition de 6s. Une recherche
dans la base ICDD (International Center of Diffraction Data) permet ensuite d'identifier les
différentes phases cristallines présentes dans l'échantillon analysé.
33
Chapitre II : Partie expérimentale
I.2) Chimisorption de H2
I.2.1) Mesure de l'accessibilité métallique
V5
H2 CO T.C.D
V6
PQ
Ar He
Gaz vecteur
Four
V6 : vanne automatique six voies
R : réacteur
T.C.D. : catharomètre
PQ : colonne Porapak Q
5A : colonne tamis 5 Å
34
Chapitre II : Partie expérimentale
Pour les mesures qui suivent, les débits des gaz sont réglés à 30 mL min-1 pour l'argon
(gaz vecteur) et 12 mL min-1 pour l'hydrogène. Un pulse est injecté toutes les minutes. Le
volume de la boucle est de 0,250 mL (20,43 µmol d'atomes à 25°C, P = 1 bar). Le gaz injecté
traverse le lit catalytique avant de passer dans une colonne chromatographique (tamis 5A).
L'analyse est effectuée à l'aide d'un détecteur catharométrique (TCD) relié à un intégrateur.
Avant chaque test, le catalyseur est réduit à 675°C sous H2 (150mL/min) avec une
rampe de température de 10°C.min-1, suivit d’un dégazage sous azote pendant 1h.
L'échantillon d'environ 250 mg est réduit pendant 1 heure à 400°C sous flux
d'hydrogène (30 mL.min-1) puis dégazé pendant 3 heures sous flux d'argon (30 mL min-1) à la
même température. Après le prétraitement in situ, le réacteur est refroidi sous argon à
température ambiante avant les mesures de chimisorption.
La chimisorption sert à déterminer la fraction de métal du catalyseur se trouvant en
surface, c'est-à-dire le rapport entre le nombre d’atomes de métal accessible sur le nombre
total de métal de l’échantillon étudié.
Le principe est basé sur la chimisorption (adsorption forte entre la molécule et le métal) de
molécules sondes, à savoir de l’hydrogène pour les métaux nobles. L’équation de la réaction
est la suivante :
x
Ms + H2 → M sHx X =1 pour le Rh
2
La réaction est effectuée dans un réacteur pulsé et l’analyse est réalisée par
chromatographie gazeuse.
La mesure se fait par injection de pulses d’hydrogène jusqu’à saturation (HC1). On
dégaze ensuite pendant 10 min sous argon afin d’évacuer l’hydrogène réversiblement adsorbé,
puis on lance une deuxième série de pulses ce qui nous permet de mesurer la quantité
d’hydrogène réversiblement absorbé (HC2). La quantité d'hydrogène chimisorbé est obtenue
par différence entre HC1 et HC2 :
HC = HC1 - HC2
35
Chapitre II : Partie expérimentale
%D = (H c N t ) *100
Nt est le nombre total d’atomes de métal dans l’échantillon.
La surface spécifique des catalyseurs est mesurée par la méthode mise au point par
Brunauer-Emmet-Teller (B.E.T) en 1938. Le modèle est basé sur la théorie de Langmuir
(1916) qui suppose, quand une molécule de gaz rencontre un site d’adsorption libre, qu’elle se
condense et reste attachée pour un certain temps de séjour (τ) puis s’évapore. Le modèle
suppose que ces molécules adsorbées n’interagissent pas et que la surface se couvre
progressivement d’une monocouche. La vitesse d’adsorption est proportionnelle à la surface
libre et à la pression, alors que la vitesse de désorption est proportionnelle à la surface
couverte. Brunauer-Emmet-Teller généralisent la théorie de Langmuir à l’adsorption de
multicouches, en considérant les hypothèses suivantes :
- les constantes liées à l’évaporation - condensation sont identiques dans toutes les
couches adsorbées, exceptée la première ;
- la chaleur d'adsorption dans les couches (à l'exception de la première) est égale à la
chaleur de liquéfaction du gaz.
SBET = σ.vm.NA/V,
36
Chapitre II : Partie expérimentale
Ce modèle est le plus utilisé pour la mesure de l’aire spécifique et il est généralement
valable pour un domaine de pression relative (p/p0) compris entre 0,05 et 0,35 (dans ce
domaine l’adsorption de N2 est linéaire). En dehors de cet intervalle, le caractère hétérogène
de la surface à de faibles pressions relatives et les interactions horizontales entre les molécules
adsorbées lorsque la pression atteint des valeurs élevées ne peuvent plus être négligées
37
Chapitre II : Partie expérimentale
H2
ou
CO2
ou
CO
Figure II.2 : Schéma du montage d’adsorption de molécule sonde suivie par spectrométrie infra-rouge
38
Chapitre II : Partie expérimentale
Les catalyseurs sont testés dans un réacteur dynamique à lit fixe (L = 550 mm ; ∅int =
12,5 mm) fait d'acier réfractaire (TP 310 Z15CNS25) (Figure II.3). L'extrémité supérieure du
réacteur est équipée d'un puit thermométrique permettant de plonger le thermocouple au
centre du lit catalytique afin de mesurer la température au sein du catalyseur. Le chauffage
est assuré par un four à température contrôlée à 3 zones.
39
Chapitre II : Partie expérimentale
EVENT Thermocouple
TCD CP
H2 EVENT
G
FID Mélange
Analyse gaz réactionnel
condensables
Analyse Pompe
CP
gaz secs
GILSON 307
TCD+FID
N2
H2
Air
N2
Compteur à Condenseur O2
gaz
: Filtre : Carborundum G : Régulateur de pression
: Débitmètre volumique : Laine de silice CP : Capteur de pression
: Clapet : Lit catalytique : Enceinte thermostatée
L'alimentation de gaz (N2, H2, Air et O2) est assurée par quatre débitmètres massiques
(5850TR Brooks) équipés de filtres Nupro 7 µm et de clapets anti-retour Nupro. Le système
mis en place permet l'introduction des gaz dans le système pour des pressions comprises
entre 1 bar et 6 bar.
La charge réactionnelle de 1 L (eau de qualité "ultra-pure" + éthanol "Absolu" à
99,999%"( éthanol absolu VWR) avec un rapport molaire eau/éthanol R=4) est préparée puis
dégazée sous N2 avant chaque test catalytique. L'injection du mélange dans le circuit est
assurée par une pompe HPLC (Gilson modèle 307, tête de pompe 5 mL) permettant une
régulation automatique du débit d'injection. La charge est ensuite vaporisée en continu dès
son entrée dans l’enceinte thermostatée, qui est chauffée à 150°C.
40
Chapitre II : Partie expérimentale
Le lit catalytique est composé du catalyseur (0,25 g) dilué par du carborundum (la
masse du lit catalytique reste fixée à 3 g pour tous les tests) afin d'avoir une bonne répartition
radiale de la température dans le réacteur. Le remplissage du réacteur est réalisé comme
indiqué sur la Figure II.3.
Avant chaque réaction, les catalyseurs sont réduits "in situ" sous flux d'hydrogène (DH2
= 150 mL min-1) à 675°C pendant 4 heures (10°C.min-1) à pression atmosphérique. Les
catalyseurs sont ensuite dégazés sous azote (DN2 = 150 mL.min-1) à la température de début
de réaction.
Une fois la température de réaction (T=675°C) atteinte, le mélange réactionnel est
injecté (D=0,23 mL.min-1). Dès que le débit de gaz apparaît, le temps zéro et l'analyse des
gaz de réaction sont déclenchés, puis la pression de réaction est réglée (P=2 bar).
41
Chapitre II : Partie expérimentale
42
Chapitre II : Partie expérimentale
∑ χ .n sortie
X
Bc= introduite
2.nEtOH
- après la réaction, une oxydation (par température programmée) sous air à 675°C est réalisée.
Cette oxydation permet de déterminer la quantité de coke actuelle dans le réacteur après le test
de 24h et de boucler le bilan carbone. De plus cela permet de nettoyer toutes les lignes du
montage qui pourraient être cokées.
43
Chapitre II : Partie expérimentale
éthanol − D éthanol
D introduit sorti
X éthanol = × 100 , en %
D introduit
éthanol
44
Chapitre III : Etudes préliminaires
Chapitre III : Etudes préliminaires 45
I) Introduction 45
II) Etude thermodynamique 45
II.1) Thermodynamique de la réaction de vaporeformage de l’éthanol 45
II.2) Les produits intermédiaires 46
II.3) Le cas du coke 49
II.4) Influence des paramètres opératoires sur le vaporeformage de l’éthanol 51
II.4.1) Effet de la température 52
II.4.2) Effet du rapport R 54
II.4.3) Effet de la pression 55
II.4.4) Conclusion 55
III) Le catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 57
III.1) Préparation du catalyseur 58
III.1.1) Préparation du support 58
III.1.2) Imprégnation de la phase métallique 59
III.2) Caractérisation du catalyseur 60
III.2.1) Analyses élémentaires 60
III.2.2) Analyses structurales 61
III.2.2.1) Diffraction des rayons X (DRX) 61
III.2.2.2) Microscopie électronique 63
III.2.3) Propriétés acido-basiques 64
III.2.3.1) Groupements hydroxyles libres 64
III.2.3.2) Acidité par adsorption de la pyridine 65
III.2.3.3) Basicité par adsorption de CO2 68
III.2.3.4) Conclusion de l’étude IR 69
IV) Le vaporeformage de l’éthanol 69
IV.1) Effet de l’ajout de l’eau sur la décomposition thermique de l’éthanol 69
IV.2) Rôle du catalyseur 72
IV.3) La désactivation catalytique 77
IV.4) Conclusion 80
Références bibliographiques 83
Chapitre III : Etudes préliminaires
Etudes préliminaires
I) Introduction
Dans cette partie sera effectuée, dans un premier temps, une étude thermodynamique de
la réaction de vaporeformage de l’éthanol, afin d’examiner l’impact des différents paramètres
opératoires, tels que, la température, le rapport molaire R (nH2O/nEtOH) et la pression.
Dans un deuxième temps, nous effectuerons la caractérisation du catalyseur
Rh/MgAl2O4/Al2O3 afin de déterminer notamment ses propriétés physico-chimiques et acido-
basiques.
Pour finir, nous étudierons la réaction de vaporeformage de l’éthanol avec ou sans le
catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 afin d’établir un schéma des différentes étapes de la réaction
de vaporeformage de l’éthanol sur ce type de catalyseur dans des conditions données.
La Figure III.1 donne les évolutions des enthalpies de réaction (∆rH(T)) et des
enthalpies libres de réaction (∆rG(T)) en fonction de la température.
45
Chapitre III : Etudes préliminaires
300
∆rH
200
100
∆rH et ∆rG (kJ)
-100
∆rG
-200
-300
-400
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Température (°C)
46
Chapitre III : Etudes préliminaires
120
80
∆rH(2)
∆rG et ∆rH (kJ)
40
∆rH(3)
-40 ∆rG(2)
Ces deux réactions sont endothermiques. On observe que les réactions (2) et (3) sont
possibles à partir de 319°C et 88°C, respectivement. La réaction de déshydratation est la
réaction la plus favorisée dans le domaine de température 0-1000°C. Il est donc nécessaire
d’utiliser un catalyseur permettant de favoriser la cinétique de la déshydrogénation de
l’éthanol.
47
Chapitre III : Etudes préliminaires
0.45
R=0 R=1
0.40
R=2 R=3
Rendement en CH3CHO
0.35
R=4 R=5
(mol/molEtOHint)
0.25
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Température (°C)
Figure III.3 : Evolution du rendement en CH3CHO à l’équilibre en fonction de la température à différents
rapports R (P=1 bar avec 1 mol d’éthanol initialement introduite)
1.10
Rendement en C2H4 (mol/molEtOHint)
1.00
0.90
0.80
0.70
0.60
0.50
0.40 R=0 R=1
0.00
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Température (°C)
Figure III.4 : Evolution du rendement en C2H4 à l’équilibre en fonction de la température à différents rapports R
(P=1 bar avec 1 mol d’éthanol initialement introduite)
48
Chapitre III : Etudes préliminaires
Le coke est connu pour être l’élément le plus néfaste pour la réaction de vaporeformage
de l’éthanol. Il est responsable de l’empoisonnement des catalyseurs entraînant la chute de
l’activité catalytique. De nombreuses études thermodynamiques ont été effectuées sur sa
production dans cette réaction4-6. Lors de ces calculs, la forme graphitique du coke a été
choisie. Ces études ont mis en évidence quatre réactions possibles de formation de coke
graphitique :
CH4 → C + 2H2 Pyrolyse du méthane (4)
2CO → C + CO2 Réaction de Boudouard (5)
CO + H2 → C + H2O (6)
CO2 + 2H2 → C + 2H2O (7)
De plus, une étude expérimentale de Rostrup-Nielsen et coll7 ont montré que le coke observé
lors de la réaction de vaporeformage de l’éthanol provient préférentiellement de la
polymérisation de l’éthylène, que l’on peut représenter de façon simplifiée par l’équation (8).
49
Chapitre III : Etudes préliminaires
La Figure III.5 représente l’évolution des ∆rG de ces cinq réactions en fonction de la
température.
80
Réaction (4)
Réaction (5)
Réaction (6)
40 Réaction (7)
Réaction (8)
0
∆rG (kJ)
-40
-80
-120
-160
0 200 400 600 800 1000
Température (°C)
Figure III.5 : Evolution des ∆rG des réactions possibles pour la production de coke en fonction de la température
50
Chapitre III : Etudes préliminaires
1,6
Rendement en C(g) (mol/molEtOHint)
1,4
Calcul de notre étude
1,2
0,8
0,6
0,4
Calcul de Garcia
0,2
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Température (°C)
Figure III.6 : Evolution de la quantité de coke (C(g)) en fonction de la température
(P= 1bar et R=3 avec 1 mol d’éthanol introduit, (g) : graphitique)
On constate que le fait de prendre en compte la totalité des réactions de formation de
coke a une influence non négligeable sur l’évolution de la quantité de coke en fonction de la
température. En effet, pour notre calcul on constate du coke dans toute la gamme de
température, avec un maximum aux alentours de 550°C, alors que pour Garcia la production
de coke stoppe à partir de 300°C.
Nous avons donc décidé pour la suite de notre étude thermodynamique de prendre en
compte dans nos calculs la formation de coke de type graphitique provenant des réactions (4)
à (8).
Les calculs thermodynamiques qui vont suivre sont effectués en considérant un mélange
de EtOH, H2O, représentant les réactifs et de H2, CO, CO2, CH4, C2H4, C2H6, CH3CHO et C,
comme produits de réaction. Les courbes représentant l'évolution des rendements résultent
d'une minimisation de l'énergie libre de Gibbs à l'aide de la méthode des multiplicateurs
indéterminés de Lagrange.
51
Chapitre III : Etudes préliminaires
4,5
4
H2O
Rendement (mol/molEtOHint)
H2
3,5
CO
CO2
3
CH4
C
2,5
1,5
0,5
0
300 400 500 600 700 800 900 1000
Température (°C)
Figure III.7 : Evolution des rendements en produits à l’équilibre en fonction de la température (R=3, P=1 bar)
52
Chapitre III : Etudes préliminaires
150
100
50
∆rG (kJ)
-50
-150
0 200 400 600 800 1000
Température (°C)
Figure III.8 : Evolution des ∆rG des réactions de Water Gas Shift (9) et de vaporeformage de CH4 (10) en
fonction de la température
53
Chapitre III : Etudes préliminaires
9
H2O
8 H2
Rendement (mol/molEtOHint)
CO
7 CO2
CH4
6 C
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Rapport R
Figure III.9 : Evolution des rendements en produits à l’équilibre en fonction du rapport R (T=675°C, P=1 bar)
54
Chapitre III : Etudes préliminaires
4.5
4
Rendement (mol/molEtOHint)
3.5
2.5 H2O
H2
2 CO
CO2
1.5 CH4
C
1
0.5
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Pression (bar)
Figure III.10 : Evolution des rendements en produits à l’équilibre en fonction de la pression (T=675°C, R=4)
II.4.4) Conclusion
Pour conclure cette étude thermodynamique, le Tableau III.1 résume les évolutions des
rendements en produits de la réaction en fonction de la température, du rapport R et de la
pression totale.
55
Chapitre III : Etudes préliminaires
Tableau III.1 : Effet de la température, du rapport R et de la pression totale sur l’évolution des quantités molaires
des différents produits.
croît vers un
H2 optimum (840°C) croît décroît
puis décroît
croît vers un
CO2 optimum (650°C) croît stable
puis décroît
Ces tendances ont été confirmées expérimentalement et ont permis de déterminer des
conditions opératoires permettant d’observer la désactivation du catalyseur (XEtOH<<100%)
tout en restant dans les conditions favorables et viables industriellement pour le procédé de
vaporeformage de l’éthanol.
Les conditions opératoires choisies sont les suivantes :
P=2 bar, T=675°C, R=4 et PPH=19,5h-1.
56
Chapitre III : Etudes préliminaires
Les spinelles sont également notés A[B2]O4 où l’espèce entre crochets représente l’occupation
des sites octaèdriques. Fe3O4, Co3O4 et Mn3O4, sont des oxydes simples du bloc d ayant la
structure spinelle avec A=B.
Il existe également la structure spinelle inverse B[AB]O4 dans laquelle tous les cations
A2+ et la moitié des cations B3+ occupent des sites octaèdriques. L’autre moitié des cations B3+
se trouve dans les sites tétraèdriques.
Lors de la réaction de désalkylation du toluène, il a été montré que NiAl2O4 présente une bonne
activité. L’ajout de magnésium ou de nickel dans le support Al2O3 permet d’améliorer les
performances du catalyseur pour cette réaction par une diminution de l’acidité de surface du
support.
Morterra et coll9 ont effectué des mesures d’acidité et de basicité sur MgAl2O4 par
adsorption de pyridine, CO et CO2. Ils ont mis en évidence la présence de groupements
hydroxyles de surface, d’une acidité de Lewis ainsi que d’une basicité de surface faible. Ces
57
Chapitre III : Etudes préliminaires
propriétés de surface sont principalement celles qui sont recherchées pour effectuer la réaction
de vaporeformage de l’éthanol.
En plus des propriétés acido-basiques, le support se doit, pour l’application visée, d’être
stable à haute température. La réaction de vaporeformage de l’éthanol est réalisée à 675°C. Il
est donc nécessaire que le métal supporté ne diffuse pas dans la structure (enfouissement) ou à
la surface du support (frittage), ce qui entraînerait une diminution de l’accessibilité métallique.
Nous avons donc décidé de déposer une phase active de rhodium sur un support de type
MgAl2O4/Al2O3.
Les billes d'alumine sont préalablement lavées à l'eau permutée ou ultra-pure (18,2 MΩ)
puis séchées dans une étuve à 120°C pendant une nuit. Une quantité de précurseur de Mg
correspondant au rapport massique 5% est pesée, soit 0,94 g.
Le précurseur est alors dissous dans de l'eau Ultra-pure (10 mL).
La quantité correspondante d'alumine (2 g, lavée et séchée) est placée dans un récipient en
quartz. La solution de précurseur est alors ajoutée à l'alumine et complétée par de l'eau ultra-
pure afin de recouvrir complètement l'alumine.
On laisse imprégner 48 heures à température ambiante sous agitation. Puis le support est
placé à l’évaporateur rotatif (à 50°C) afin d'évaporer lentement la solution. Une fois la solution
évaporée, le récipient est placé dans une étuve à 120°C pendant une nuit.
Après le séchage, le récipient est placé dans un four à moufle afin d'effectuer les deux
traitements thermiques nécessaires à l'obtention du spinelle MgAl2O4. Les traitements se font
sous air.
58
Chapitre III : Etudes préliminaires
• 1er traitement:
- 2h00 à 400°C (rampe de 2°C.min-1)
- 3h00 à 600°C (rampe de 1°C.min-1)
- redescente à 50°C (10°C.min-1)
• 2ème traitement:
- chauffage jusqu'à 600°C à 5°C.min-1
- 4h00 à 900°C (monté à 2°C.min-1)
- 15h00 à 1000°C (monté à 1°C.min-1)
- redescente à température ambiante (10°C.min-1)
Par la suite, le support sera noté MgAl2O4/Al2O3.
Le dépôt de la phase métallique est réalisé par imprégnation voie humide du support à
température ambiente par la solution aqueuse du sel précurseur de rhodium dont les
caractéristiques sont présentées dans le Tableau III.3.
Une quantité de précurseur de rhodium correspondant au rapport massique (1%) est pesée
et dissoute dans de l'eau Ultra-pure, soit 0,062 g
La solution (10 mL) est ajoutée à la quantité du support correspondante (2 g).
On laisse imprégner 48 heures à température ambiante sous agitation. Puis le support est
ensuite placé à l’évaporateur rotatif (à 50°C) afin d'évaporer lentement la solution. Une fois la
solution évaporée, le récipient est placé dans une étuve à 120°C pendant une nuit.
Le catalyseur est ensuite calciné sous air, dans un réacteur à lit traversé, (30 mL.min-1) à 700°C
(2°C.min-1) pendant 4 heures.
59
Chapitre III : Etudes préliminaires
Le support de base (billes d’alumine), le support modifié par ajout de magnésium puis
traitement thermique (MgAl2O4/Al2O3) et le catalyseur obtenu après imprégnation de Rh puis
calcination ont été caractérisés par différentes techniques.
Les résultats des différentes caractérisations effectuées sont présentés dans le Tableau III.4.
MgAl2O4/Al2O3 84 - 4.6 -
60
Chapitre III : Etudes préliminaires
On observe un large pic aux alentours de 100°C, débutant à 50°C et se terminant à 180°C.
Le calcul du rapport H2/Rh correspondant à l’hydrogène consommé pendant la RTP par rapport
au Rh présent détermine l’état d’oxydation du Rh présent à la surface du catalyseur. Ce rapport
est de 1,41. De nombreuses études ont été effectuées sur la RTP de catalyseurs à base de Rh
supporté10,11 et ont montré qu’en général le Rh était oxydé sous la forme Rh2O3, soit un rapport
H2/Rh égal à 1,5. On peut donc admettre que l’espèce présente sur le catalyseur est Rh2O3 et
que la réduction peut être décrite par la réaction suivante :
Rh2O3 + 3H2 → 2Rh + 3H2O
61
Chapitre III : Etudes préliminaires
1800
1600 ○ Rh/MgAl2O4
○
○
1400 ○
○ ●
● ● ○
○ ● ● ●
Intensité (UA)
1200
○
1000 ○ MgAl2O4
○ ○
800 ● ○ ● ●
○ ● ● ○ ●
600
ж
400
Al2O3
200 ж жж ж ж
0
15 25 35 45 55 65 75
2-Theta (°)
62
Chapitre III : Etudes préliminaires
Suite aux analyses par diffraction des rayons X, une analyse morphologique du support
MgAl2O4/Al2O3 a été réalisée (Figure III.13). Le cliché MEB a été réalisé par détection des
électrons rétrodiffusés. Le système INCA 300 OXFORD Instruments constitué d'un détecteur
solide de fluorescence X en dispersion d'énergie (E.D.X.) permet d'analyser les éléments
chimiques de masse atomique supérieure à 5. Cette méthode représente, de façon qualitative,
la répartition d’éléments choisis dans l'échantillon analysé.
MgAl2O4
Al2O3
Sur la figure III.13, on distingue deux zones bien distinctes. La zone sombre, située le
plus près de la surface de la bille, correspond à une bande d’environ 200 µm d'épaisseur. La
zone plus claire, est représentative du coeur de la bille de support. Le mode d'observation
permet de contraster les variations chimiques.
Les plages les plus claires correspondent à des zones composées d'éléments chimiques
de masses atomiques plus élevées ou de densité globale plus importante. La diffraction des
rayons X ayant montré que le support était constitué de α-Al2O3 (d=3,97 g.cm-3) et de
MgAl2O4 (d=3,60 g.cm-3), on peut donc en déduire que le cœur de la bille (zone claire) est
riche en α-Al2O3 et la couronne (zone plus sombre) est riche en MgAl2O4.
63
Chapitre III : Etudes préliminaires
Malgré tout, l’étude menée par Auprêtre et coll1,13 a mis en évidence la migration du
magnésium dans l’ensemble de la bille d’alumine.
L’étude des groupements hydroxyles libres de surface par spectroscopie infrarouge est
très utilisée pour caractériser la surface de l’alumine.
Cette technique permet de voir le type et le caractère acido-basique des groupements
hydroxyles libres (OH) sur la surface du support. En effet, chaque type de groupement OH a
une fréquence de vibration (ν(OH)) qui lui est propre et qui permet de déterminer son acido-
basicité.
Les études de Tsyganenko et coll14,15 et Knözinger et coll16 ont permis d’établir un modèle sur
l’importance de la coordination de l’atome d’aluminium (AlIV tétraédriques ou AlVI
octaédrique) auquel est lié le groupement OH (type Ia, Ib, IIa, IIb et III) et d’établir une
relation entre ν(OH) et l’acidité du groupement OH (Tableau III.5).
Tableau III.5 : Schéma, type, fréquence de vibration νOH, acidité et basicité des groupements hydroxyles
suivant Tsyganenko et Knözinger
H H H H H
O O O O O
Schéma
Type de
groupement Ib Ia IIb IIa III
OH
VOH (cm-1) 3800-3785 3780-3760 3785 3735-3730 3710-3690
Charge -0.5 -0.25 0 0.25 0.5
Acidité -- - 0 + ++
Basicité ++ + 0 - --
64
Chapitre III : Etudes préliminaires
0.05 UA 3680
3728
3629
3770
γ-Al2O3
3789
3766
MgAl2O4/Al2O3
On observe, sur les deux spectres, les nombres d’onde de vibrations des groupements
hydroxyles à 3789 (type Ib), 3770 pour γ-Al2O3 et 3766 pour MgAl2O4/Al2O3 (type Ia), 3728
(type IIa) et 3680 cm-1 (type III). On constate une vibration ν(OH) à 3629 cm-1 pour l’alumine
γ, qui peut être attribuée à la liaison hydrogène du groupement OH17. On note également que γ-
Al2O3 possède plus de groupements OH acides de types IIa et III et que MgAl2O4/Al2O3
possède légèrement plus de groupement OH basiques de types Ia et Ib.
La pyridine est une molécule sonde très largement étudiée pour caractériser les propriétés
acides (nature des sites acides : Lewis et Brønsted)18. En analysant les fréquences de vibration
du cycle de la pyridine (ν19b, ν19a, ν8b et ν8a), on peut avoir des informations sur les espèces
absorbées à la surface d’un matériau. Sur l’alumine, il a été montré19 que pour la pyridine
coordinnée (PyL), les mode vibrations ν8a, permettent de caractériser la force des différents
sites présents à la surface (sites acides de Lewis fort, moyen et faible), correspondant à des
sites insaturés de coordination Al3+, généralement appelés CUS. De plus, le mode de vibration
65
Chapitre III : Etudes préliminaires
correspondant à la bande ν19b permet de quantifier les sites acides à l’aide de son coefficient
d’extinction molaire (εν19b = 1,5 cm.µmol-1) et de la décomposition des bandes ν8a.
Les différents modes de vibration de la pyridine suivant le mode d’adsorption à la surface
et leurs fréquences sont présentés dans le Tableau III.6.
Tableau III.6 : Attribution des bandes (cm-1) pour la pyridine suivant le mode d’adsorption à la surface
(A) (B) a b
0.1 UA
Nombre d'onde (cm-1)
1451
1623 1615
1577 1493
a
Figure III.15 : (A) Spectres IR de la pyridine et (B) : décomposition des bandes ν8a (pyridine évacuée à 200°C,
10 mbar à l’équilibre à 25°C sur Al2O3 :(a) et MgAl2O4/Al2O3 :(b))
66
Chapitre III : Etudes préliminaires
On constate que les deux spectres présentent le même profil. Quel que soit le support, les
bandes de vibration de la pyridine coordinée sur les sites acides de Lewis 1623 et 1615 (ν8a),
1577 (ν8b), 1493 (ν19a) et 1451 cm-1 (ν19b) sont observées. Par contre l’ajout de magnésium et le
traitement sur l’alumine pour donner MgAl2O4/Al2O3 semblent affecter l’intensité de ces
bandes.
Afin de comparer les deux supports entre eux, une décomposition des bandes ν8a, à 1623
et 1615 cm-1 (site acide de Lewis fort et moyen, respectivement), a été effectuée (cf Figure
III.15 (B)). Le massif ν8a a été décomposé avec une forme de bande de type 70%
Gaussien/30% Lorenzien avec une largeur à mi-hauteur de 7 ± 1 cm-1 et des nombres d’onde
compris entre 1628<ν8a<1618 et 1620<ν8a<1610 cm-1 pour les pics représentant les sites
acides de Lewis fort et moyen respectivement.
Les résultats obtenus sont représentés sur la figure III.16.
140
Motifs pleins: Al2O3
Motifs vides: MgAl2O4/Al2O3
120
Concentration (µmol/g)
80
60
40
0
0 100 200 300 400 500
Température (°C)
Figure III.16 : Evolution des concentrations en sites acides de Lewis forts et moyens sur Al2O3 et MgAl2O4/Al2O3
en fonction de la température de thermodésorption
Pour l’alumine, on observe une forte diminution des sites acides de Lewis moyens entre
50 et 300°C, puis à partir de 400°C, la pyridine n’est coordonnée que sur les sites acides de
Lewis forts. Les mêmes tendances sont visibles sur MgAl2O4/Al2O3, mais on observe que,
67
Chapitre III : Etudes préliminaires
La figure III.17 représente les spectres IR de CO2 adsorbé (10 mbar) et évacués sous vide
à 25°C des deux supports (activés à 500°C sous H2, puis évacués sous vide secondaire à la
même température), dans la région 1900-1150 cm-1.
1440
1654
1229
0.02 UA
Al2O3
MgAl2O4
On observe pour les deux supports la formation de bandes à 1654, 1440 et 1229 cm-1
attribuées aux espèces hydrogénocarbonates20 (HC). La bande à 1229 cm-1 correspond au mode
de vibration de déformation δOH, alors que les deux autres sont attribuées au mode de vibration
νCO d’après Morterra et coll21. De plus, la présence d’une bande vers 3610 cm-1 pour les deux
supports a été constatée. Elle correspond au mode de vibration d’élongation νOH des HC. Le
68
Chapitre III : Etudes préliminaires
spectre obtenu sur MgAl2O4/Al2O3 présente deux massifs vers 1600 cm-1 et 1350 cm-1 plus
intenses que sur l’alumine. Ils indiquent la présence de carbonates bidentés signe d’une basicité
du support MgAl2O4/Al2O3 légèrement supérieure.
Le but de cette étude va être de comprendre les différentes réactions qui se produisent
lors de la réaction de vaporeformage de l’éthanol avec ou sans catalyseur. Les informations
qui en ressortiront nous permettront d’établir un mécanisme réactionnel de la conversion de
l’éthanol et de mieux comprendre quels sont les phénomènes à l’origine de la désactivation du
catalyseur.
Avant de commencer l’étude catalytique il est important d’effectuer des tests dits
« blancs ». Ces tests vont permettre d’étudier la distribution des produits de la réaction en
absence du catalyseur avec ou sans eau et ainsi de mieux comprendre l’effet du catalyseur sur
la charge réactionnelle. Le Blanc1 correspond à la décomposition thermique de l’éthanol sans
eau et le Blanc2 à un rapport molaire eau/éthanol R de 4.
Les résultats obtenus sont donnés dans le Tableau III.7.
69
Chapitre III : Etudes préliminaires
En comparaison avec le test "Blanc 1", on observe pour le test "Blanc 2" une nette
diminution de la conversion en éthanol et une légère diminution du coke.
On constate que la quantité d'hydrogène diminue avec l'ajout de l'eau, contrairement à ce
qu’indique l'équilibre thermodynamique dans le Tableau III.7.
70
Chapitre III : Etudes préliminaires
La présence d’un catalyseur est donc nécessaire pour activer la molécule d’eau pour réagir
avec l’éthanol, CO et CH4.
71
Chapitre III : Etudes préliminaires
Le but de cette étude est de comparer les distributions des produits formés avec ou sans
catalyseur. Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau III.8.
Tableau III.8 : Evolution de la distribution des produits, de la conversion après 8 h de réaction (R=4, T=675°C,
P=2 bar et PPH(éthanol)=19.5 h-1)
Equilibre thermo 3,78 0,54 0,71 0,10 0,00 0,00 0.00 3,03 0,65 100
Blanc 2 (éthanol+eau) 0,55 0,30 0,00 0,28 0,11 0,04 0,08 4,37 0,26 66
Rh/MgAl2O4/Al2O3 2,35 0,57 0,34 0,30 0,07 0,04 0,03 3,12 0,07 78
72
Chapitre III : Etudes préliminaires
5 100
4,5 90
Rendement (mol/molEtOHint)
4 80
3,5 70
Conversion (%)
3 60
2,5 50
2 H2 CO 40
CO2 CH4
1,5 H2O C 30
XEtOH
1 20
0,5 10
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure III.18 : Evolution des produits et de la conversion de l’éthanol en présence du catalyseur lors de la
réaction de vaporeformage de l’éthanol
On observe, après une heure de réaction, que les rendements en H2 et CO2 diminuent en
fonction du temps de réaction parallèlement à l’augmentation de l’eau. Ceci est directement
lié à une désactivation du catalyseur comme le montre l’évolution de la conversion de
l’éthanol.
Afin de mieux comprendre et de visualiser les différentes réactions qui sont en compétition
lors de la réaction de vaporeformage de l’éthanol (avec ou sans catalyseur), un schéma
réactionnel simplifié a été établi (Figure III.19), dans le but de pouvoir quantifier la
contribution de chaque réaction à n’importe quelle étape du vaporeformage de l’éthanol en se
basant sur le bilan matière.
Dans la littérature, la conversion de l’éthanol par vaporeformage est décrite selon trois
réactions, la déshydrogénation, la déshydratation et la décomposition thermique de l’éthanol.
Cependant, il est bien connu que l’acétaldéhyde issu de la déshydrogénation de l’éthanol
(étape t1) subit une réaction de décarboxylation qui va donner un mélange équimolaire de CO
et CH4 (étape t2).
Si on considère que l’éthylène (étape t1) ne peut se transformer qu’en C2H6 ou en coke (étape
tf) par les réactions d’hydrogénation et de polymérisation, on peut admettre que les quantités
de CO et CH4 sont dépendantes uniquement de la réaction de déshydrogénation de l’éthanol.
73
Chapitre III : Etudes préliminaires
De plus l’étude effectuée par Auprêtre et coll1 sur l’effet de la PPH sur la réaction de
vaporeformage de l’éthanol avec le catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3, a permis de constater que
H2, CO et CH4 étaient les produits primaires de la réaction, alors que le CO2 était le produit
secondaire. De ce constat, on peut en déduire que la formation de CO2 provient uniquement
des réactions de l’eau avec le CO et/ou le CH4 (étape tf) par vaporeformage de CH4 et la
réaction de Water Gas Shift (étape tf).
L’ensemble des calculs qui vont suivre est effectué en considérant un mélange d’éthanol et de
H2O, représentant les réactifs (étape t0) et un mélange réactionnel d’éthanol, H2O, H2, CO,
CO2, CH4, C2H4, C2H6, CH3CHO et C correspondant produits de réaction obtenus
expérimentalement (étape tf).
t1 t2
CH3CHO + H2 + (R)H2O CH4 + CO+ H2 + (R)H2O
C2H4 + H2 ↔ C2H6
t1 C2H4 → 2C + 2H2
C2H4 + (R+1)H2O
Figure III.19 : Schéma réactionnel simplifié des différentes réactions possibles lors du vaporeformage de
l’éthanol (R : rapport molaire eau/éthanol, t0, t1, t2 et tf : étapes réactionnelles)
Une étude cinétique réalisée à l’université de Buenos-Aires (programme ECOS Sud) sur ce
même catalyseur, dans les mêmes conditions, mais à faible pression partielle en réactif, a
montré que sur ce catalyseur, la voie déshydrogénante était prépondérante.
De façon à déterminer la contribution des réactions de déshydrogénation et de déshydratation
sur le vaporeformage de l’éthanol, nous avons cherché à déterminer le rendement en
CH3CHO et C2H4 à l’étape t1. Pour ce faire, nous avons fait un bilan matière des produits
formés par chaque réaction à l’étape tf, dont les rendements sont donnés par les résultats
expérimentaux. Nous avons négligé la réaction de vaporeformage de l’éthylène car le calcul
74
Chapitre III : Etudes préliminaires
de la contribution de cette réaction a montré que cela ne modifiait pas les tendances (cf
Annexe 1).
Ainsi, le rendement en CH3CHO provenant de la réaction de déshydrogénation de l’éthanol
est donné par :
nCH 4t f nCOt f nCO2t f
nCH 3CHOt1 = + + + nCH 3CHOt f
2 2 2
et celui en C2H4 provenant de la réaction de déshydratation de l’éthanol par :
nCt f
nC2 H 4t1 = nC2 H 4t f + nC2 H 6t f +
2
De même, il est possible de calculer les rendements en H2, CO et CH4 provenant de la
décarboxylation de l’acétaldéhyde, et CO2 et H2 produits par les réactions de WGS et
vaporeformage du CH4 en réalisant les calculs suivants :
- Rendements en H2, CH4 et CO provenant de la réaction de décarboxylation de
l’acétaldéhyde :
nH 2t2 = nCH 4t2 = nCOt2 = nCH 3CHOt1 − nCH 3CHOt f .
75
Chapitre III : Etudes préliminaires
0.8
nCH3CHO
0.7 nC2H4
Rendement (mol/molEtOHint)
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
Equilibre thermo Blanc 2 avec catalyseur
Figure III.20 : Evolution des rendements en produits intermédiaires (étape t1) en fonction du test
La figure III.20 montre que la présence d’un catalyseur permet de diminuer le
rendement en produit de déshydratation par rapport à l’équilibre thermodynamique, alors que
le rendement en produit de déshydrogénation atteint pratiquement la valeur à l’équilibre. En
revanche, lors de la réaction à blanc, la production d’éthylène est peu touchée par rapport à la
valeur à l’équilibre thermodynamique contrairement à la production d’acétaldéhyde.
Si l’on regarde maintenant l’évolution du CO2 produit par les réactions de
vaporeformage de CH4 et de Water Gas Shift (Figure III.21), on constate que la présence d’un
catalyseur permet d’améliorer le rendement en CO2 produit par ces deux réactions (WGS et
vaporeformage du méthane) sans toutefois permettre d’atteindre les valeurs de l’équilibre
thermodynamique.
76
Chapitre III : Etudes préliminaires
0.7
nCO2(WGS)
nCO2(vapoCH4)
0.6
Rendement (mol/molEtOHint)
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
Equilibre thermo avec catalyseur
Figure III.21 : Evolution des rendements du CO2 et H2 provenant des réactions de Water Gas Shift et de
vaporeformage du méthane pour l’étape t3 en fonction du test
Le profil OTP permet de distinguer les différentes espèces de produits carbonés présentes sur
la surface du catalyseur après le test réactionnel. La Figure III.22 représente la quantité de
coke en mgC/gcata en fonction de la température d’oxydation pour un catalyseur ayant subi
8h de test catalytique de vaporeformage de l’éthanol.
77
Chapitre III : Etudes préliminaires
1,4
500
Quantité de coke (mgC/gcata)
1,2
663
1
0,8
0,6 330
375
0,4
0,2
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Température (°C)
On distingue quatre pics avec des maxima à 330, 375, 500 et 663°C. Ces températures
d’oxydation sont dépendantes de la nature du coke déposé à la surface du catalyseur.
Une étude de Duprez et coll22 a montré que le pic à 330°C est attribué au coke déposé
sur les centres métalliques de la phase active, alors que celui à 375°C correspond au coke
situé à l’interface métal-support. Le troisième pic (500°C), quant à lui, provient de l’espèce
carbonée déposée sur le support.
Li et coll23 et Liu et coll24 ont suggéré que le quatrième pic (663°C) correspondrait au
coke de type graphitique provenant de la décomposition thermique de l’éthanol.
78
Chapitre III : Etudes préliminaires
20,00 100
18,00
14,00
60
Débit (L/h)
12,00
10,00 40
8,00
20
6,00 Après régénération et activation
4,00
0
2,00
0,00 -20
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Temps de réaction (h)
Figure III.23 : Evolution du débit et de la conversion en éthanol avant et après le traitement de régénération
5,00
H2 CO CO2
4,50
CH4 H2O C
Rendement (mol/molEtOHint)
4,00
3,50
3,00
2,50
2,00
1,50
Après régénération et activation
1,00
0,50
0,00
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Temps de réaction (h)
Figure III.24 : Evolution des rendements en produits de réaction avant et après le traitement de régénération
79
Chapitre III : Etudes préliminaires
La Figure III.23 montre que le débit de gaz secs et la conversion de l’éthanol suivent la
même évolution. Cela est dû au fait que le débit de gaz sec est directement proportionnel à la
conversion (cf Annexe 3).
On constate qu’une fois le coke éliminé de la surface du catalyseur, l’activité catalytique
du catalyseur semble dans un premier temps atteindre les valeurs initiales. Puis au bout de
quelques heures la tendance du débit, de la conversion en éthanol et des autres produits de
réaction converge vers la désactivation observée au niveau du test n’ayant pas subi de
régénération, comme le montrent les droites en pointillés gris.
Cette tendance implique que le coke se reforme sur la surface du catalyseur, mais ce n’est pas
le seul responsable de la désactivation. En effet, il est connu que pour des températures
élevées en présence d’eau, le rhodium subit un frittage. Pour vérifier cela, nous avons effectué
une caractérisation de l’accessibilité métallique du catalyseur après le test de l’OTP. Les
résultats obtenus montrent que la dispersion initiale chute de 40 à 4 %. L’accessibilité
métallique du catalyseur est diminuée d’un facteur dix. Il y a donc bien frittage de la phase
métallique. Ce frittage peut également résulter de l’OTP, l’oxydation du coke étant fortement
exothermique. Cependant, une étude de microscopie par transmission électronique effectuée
par Freni25 sur des catalyseurs de type Rh/Al2O3, a montré que les tailles de particules de Rh
subissent une modification sous l’effet de la température de réaction, entraînant la chute de la
dispersion métallique. Ceci est en accord avec nos observations.
IV.4) Conclusion
80
Chapitre III : Etudes préliminaires
Déshydrogénation
CH3CHO + H2
Décomposition
CH3CH2OH thermique CH4 + CO + H2
+H2
C2H6
Déshydratation
C2H4 + H2O
2C + 2H2
Figure III.25 : Chemins possibles de la conversion de l’éthanol à T=675°C et P=2 bar en absence de catalyseur
(les flèches pointillées représentent les voies défavorisée en présence d’eau)
Déshydrogénation
CH3CHO + H2
+3H2O
CH4 + CO 6 H2 + 2CO2
CH3CH2OH
+H2
C2H6
Déshydratation
C2H4 + H2O
2C + 2H2
Figure III.26 : Chemins possibles de la conversion de l’éthanol lors de la réaction de vaporeformage en présence
du catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 à T= 675°C et P=2 bar (les flèches pointillées représentent les voies
défavorisées)
81
Chapitre III : Etudes préliminaires
82
Chapitre III : Etudes préliminaires
Références bibliographiques
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83
Chapitre IV : Impact des impuretés du
bioéthanol brut
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut 84
I) Introduction 84
I.1) Consommation énergétique de la purification de l’éthanol par distillation 84
I.2) L’éthanol brut 85
II) Le vaporeformage du bioéthanol avec des impuretés modèles 87
II.1) Choix des impuretés 87
II.2) Conditions opératoires 88
II.3) Effet des impuretés acides et basiques 88
II.4) Effet d’autres types de fonctions 93
II.5) Le méthanol et les alcools lourds 97
II.6) Oxydation en température programmée 102
III) Conclusion 104
Références bibliographiques 106
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
I) Introduction
84
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Energie Energie
thermique électrique
(MJ/hLEtOH) (MJ/hLEtOH)
Nettoyage de la matière première 2,2 7,2
Broyage, pressage (A=procédé réacteur
770 14,4
fermé)
Broyage, pressage (B=procédé réacteur
242 7,2
continu)
Fermentation 2.2 3,6
Distillation pour EtOH déshydraté
935 10,8
(C=procédé conventionnel)
Distillation pour EtOH déshydraté
550 14,4
(D=système multi pression)
Total
Consommation comprenant les procédés
1745
A+C
Consommation comprenant les procédés
828
B+D
Consommation énergétique du procédé C
54
(%)
Consommation énergétique du procédé D
68
(%)
Dans la littérature, le bioéthanol est décrit comme étant une solution constituée d’un
mélange d'eau et d'éthanol produit par la fermentation de la biomasse. En réalité cet alcool est
constitué de différents composants tel que l’eau, le méthanol, l’acétaldéhyde, les alcools
85
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Tableau IV.2 : Composition des différents alcools lourds présents dans du bioéthanol produit par fermentation de
diverses sources de biomasse (% volumique)3
86
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Dans le cadre du projet BIOPAC 1 (ADEME, IFP et le LACCO), une étude préliminaire
a montré l’effet négatif de l’utilisation de bioéthanol brut sur l’activité catalytique en réaction
de vaporeformage. Deux charges de puretés différentes d’éthanol (ex-betterave) ont pour cela
été analysées : l’éthanol brut, produit par la fermentation des substrats sucrés suivi d’une
étape de distillation, et l’éthanol surfin provenant de la rectification de l’alcool brut
(permettant d’enlever la majorité des produits volatils). L’ensemble des impuretés contenues
dans ces charges est répertorié dans le Tableau IV.3. Ces analyses ont mis en évidence que
l'éthanol brut contenait de nombreux sous-produits, comme des produits azotés à caractère
basique, des acides, des esters, des alcools supérieurs, de l’aldéhyde alors que les produits
soufrés sont en quantité négligeable (provenant des traitements des cultures et/ou des acides
aminés). Les résultats des tests catalytiques ont montré une nette désactivation du catalyseur
lors de l’emploi de la charge brute.
Tableau IV.3 : Composition des charges alcool surfin et alcool brut. Les analyses ont été réalisées par l’Union des
Groupements de Distillateurs d’Alcool (n.d : non détecté)
87
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
On confirme par ces analyses que les principales impuretés contenues dans le bioéthanol sont
les alcools lourds. En effet, ils représentent 87% des impuretés contenues dans une charge dite
alcool brut, les plus importants étant le propan-1-ol (27%) et le 3-méthylbutanol-1 (27%,
appelé aussi alcool isoamylique).
On note aussi la présence non négligeable d’esters, d’aldéhydes, d’acide acétique et de bases
azotées. Nous avons donc choisi d’étudier l’effet des impuretés acides et basiques, l’effet des
différentes fonctions (ester, aldéhyde, etc…) puis l’effet des alcools lourds.
88
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Les résultats obtenus sont représentés sur la Figure IV.1 et présentés dans le Tableau IV.4.
Tableau IV.4 : Evolution de la distribution des produits, de la conversion, après 8 h (R=4, T=675°C, P=2 bar et
PPH(éthanol)=19.5 h-1)
Distribution des produits (mol/molEtOHintroduit) XEtOH
Test
H2 CO CO2 CH4 C2H4 C2H6 CH3CHO H2O (%)
Sans impureté 2,35 0,57 0,34 0,30 0,07 0,04 0,03 3,07 78
Acide acétique 2,08 0,49 0,31 0,26 0,07 0,04 0,04 3,22 72
16
Diéthylamine
14
Sans impureté
Débit de gaz secs (L/h)
Acide acétique
12
10
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure IV.1 : Evolution du débit de gaz sec en fonction du temps de réaction pour chaque test
Si on exclut la première heure (liée à la mise en régime), on constate que le débit de gaz
secs du test avec la diéthylamine est supérieur à celui du test référence, qui ne contient pas
d’impureté. Cette observation peut être directement liée à la différence de conversion de
l’éthanol présentée dans le Tableau IV.4, soit 88 % contre 78 % pour le test référence. Cette
augmentation de la conversion par rapport au test référence a une conséquence directe sur les
rendements en H2, CO, CO2 et CH4, qui sont également plus élevés qu’avec le test ne
contenant pas d’impureté. Les rendements en produits intermédiaires tels que l'éthylène et
l'acétaldéhyde peuvent être considérés comme identiques en présence de la diéthylamine par
rapport au test référence, tout comme la quantité d’H2O. Les changements des rendements en
produits, en particulier dans le cas de l'hydrogène, peuvent être expliqués par le
89
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Tableau IV.5 : Evolution de la distribution des produits pour une conversion en éthanol de 88 %
((a) : 2 h, (b) : 8 h, (c) : 1 h, R=4, T=675°C, P=2 bar et PPH(éthanol)=19.5 h-1)
Diéthylamine
2,53 0,67 0,37 0,38 0,06 0,04 0,02 3,07 88
(b)
Acide acétique
2,37 0,63 0,31 0,30 0,09 0,05 0,02 3.26 88
(c)
Dans ce cas, les rendements en différents produits peuvent être considérés comme
identiques. Par conséquent, on peut en déduire que la diéthylamine ne modifie pas la réaction
de vaporeformage de l’éthanol, mais elle améliore la conversion de l’éthanol.
En présence d'acide acétique, le débit de gaz sec (Figure IV.1) est inférieur à celui
obtenu avec le test de référence (eau + éthanol). Ceci est dû à la diminution de la conversion
de l’éthanol observée. En conséquence, les rendements en hydrogène en autres produits
primaires sont fortement diminués, contrairement au rendement en H2O. Pour une conversion
de l’éthanol de 88 % (Tableau IV.5), les rendements en H2, CO, CO2 et CH4 sont inférieurs à
ceux observés pour les tests référence et diéthylamine, ce qui tend à montrer que la réaction
de déshydrogénation de l’éthanol est défavorisée en présence de l’acide acétique. Le
rendement en H2O est augmenté. De plus on constate une augmentation de C2H4, provenant
de la déshydratation de l’éthanol.
Pour les trois tests, la présence ou non d’impureté, qu’elle soit basique ou acide, n’a pas
d’influence sur la désactivation du catalyseur car les pentes des courbes d’évolution du débit
en fonction du temps (Figure IV.1) sont similaires. On peut donc imaginer que cette
désactivation provient du frittage de la phase métallique ou de la formation de coke.
90
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Tableau IV.6 : Evolution de la distribution des produits, de la conversion, après 2 h, (R=4, T=675C,
P=2 bar et VVH(impureté)=12830 h-1) nd= non déterminé
Distribution des produits (mol/molimpuretéintroduite) Ximpureté
Test
H2 CO CO2 CH4 C2H4 C2H6 C3H6 Butènes Butane C H2O (%)
Diéthylamine 1,48 0,19 0,03 0,68 0,35 0,44 0,03 0,00 0,00 nd nd nd
Acide acétique 0,13 0,15 0,18 0,16 0,02 0,00 0,00 0,00 0,00 0,69 4,73 68
Pour l’amine, les rendements en H2O et C et la conversion n’ont pas pu être déterminés
car l’amine provoque une saturation des pics du chromatographe empêchant toute analyse des
gaz condensables. On constate que la diéthylamine produit une grande quantité de H2, CH4,
C2H4 et C2H6 et très peu de CO2. La formation de C2H4 et de C3H6, précurseur de coke,
favorisera donc la désactivation du catalyseur. On peut donc en conclure que lors du
vaporeformage de l’éthanol en présence de la diéthylamine, la diéthylamine va s’adsorber
préférentiellement sur les sites acides du support (LAS fort), orientant l’adsorption de
l’éthanol vers les sites métalliques et basiques sans cependant éviter la formation de
précurseurs de coke qui seront produits à partir de la diéthylamine. Il en résultera une
désactivation similaire en présence ou non de la diéthylamine.
Ceci est confirmé par l’étude de Jain et coll5, qui a montré que l’ajout d’une molécule
basique, telle que la pyridine, jouait un rôle sur les réactions de déshydratation du n-propanol
et de l’isopropanol. En effet, ces auteurs ont constaté une compétition, entre la pyridine et les
deux alcools, sur les sites acides du catalyseur entraînant l’inhibition des formations
d’oléfines à partir des alcools.
Les sites responsables de la déshydratation de l’éthanol en C2H4 (LAS forts), étant
neutralisés, la voie déshydrogénante conduisant à la formation d’acétaldéhyde sera favorisée.
Cependant, même si l’on considère que la réaction de déshydratation de l’éthanol est
cinétiquement limitante, cette neutralisation des sites acides ne peut pas expliquer
l’amélioration de la conversion de l’éthanol observée en présence de la diéthylamine. L’effet
promoteur de l’amine pourrait être expliqué par une modification des propriétés électroniques
de la phase métallique résultant du transfert d’électron du doublet non liant de l’azote vers la
91
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
phase métallique, comme l’ont observé Boitaux et coll7 et Nohair et coll8, permettant une
amélioration du caractère déshydrogénant du métal.
En ce qui concerne l’acide acétique, on observe des rendements en H2, CO, CO2, CH4
très faibles et une formation importante de coke, le carbone étant le produit majoritaire
(Tableau IV.6). On note aussi des traces de C2H4. Ce coke peut être attribué à la formation
d’espèces acétate sur la phase métallique du rhodium, comme cela a été constaté dans diverses
études sur le vaporeformage de l’acide acétique à basse température9,10. En effet, ces acétates
se décomposent entraînant la production de H2, CO2 et l’adsorption de C sur la surface du
catalyseur, selon les réactions suivantes :
CH3COOH → (CH3CO2)ads + Hads
(CH3CO2)ads → (CH3)ads + CO2
(CH3)ads → Cads +3Hads
La formation de coke peut expliquer la chute d’activité lorsque l’on ajoute 1% d’acide
acétique au mélange référence. Or à isoconversion (88 %) les produits de la déshydrogénation
de l’éthanol sont défavorisés contrairement à ceux issus de la déshydratation comme le
prouve le rendement en eau (Tableau IV.5). Ceci tend à indiquer que la présence de cette
impureté acide entraîne un blocage des sites actifs pour la formation du produit intermédiaire
acétaldéhyde. Des résultats similaires ont été reportés dans la littérature. Ainsi, pour les
molécules acides telles que le phénol et l’acide acétique, Jain et coll5 ont montré que l’ajout
de ces molécules défavorisait la formation de l’éther en empêchant l’adsorption des molécules
d’alcools préférentiellement sur les site basiques, sites caractéristiques de la déshydrogénation
de l’éthanol en acétaldéhyde, lors de la réaction de déshydratation de l’éthanol.
On peut donc conclure que l’ajout d’acide acétique bloque des sites actifs pour la
déshydrogénation de l’éthanol et favorise la production de coke, d’où la désactivation du
catalyseur et la diminution de la conversion d’éthanol par rapport au test référence.
92
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Nom Fonction
Butanal Aldéhyde
Butan-1-ol Alcool
Diéthyléther Ether
Acétate d’éthyle Ester
Nous avons fait le choix d’incorporer la fonction éther dans notre étude, bien qu’elle ne soit
pas présente dans les impuretés du bioéthanol brut (cf Tableau IV.3). Le diéthyléther est
connu dans la littérature comme étant un des produits intermédiaires de la réaction de
vaporeformage de l’éthanol à basses températures et il est également utilisé comme
dénaturant de l’alcool.
Les résultats obtenus sont représentés Figure IV.2 et présentés Tableau IV.8.
Décomposition
0,55 0,30 0,00 0,28 0,11 0,04 0,08 4,37 66
thermique (a)
Sans impureté 2,35 0,57 0,34 0,3 0,07 0,04 0,03 3,07 78
Acétate d'éthyle 0,97 0,31 0,09 0,29 0,13 0,04 0,05 3,68 57
93
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
14
12
Débit de gaz secs (L/h)
10
4
Butanal Sans impureté
Butan-1-ol Diéthyléther
2
Acétate d'éthyle
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure IV.2 : Evolution du débit de gaz sec en fonction du temps de réaction pour chaque tests
La Figure IV.2 montre que l’ajout d’impuretés dans la charge eau+éthanol induit deux
effets sur la réaction. Le premier attribué au butanal entraîne une augmentation du débit de
gaz secs, alors que le second, correspondant aux autres fonctions, provoque une chute du
débit de gaz secs. On observe qu’après 2 h la vitesse de désactivation observée pendant les
cinq tests semble identique. Ceci peut être attribué au frittage de la phase métallique du
support ou à la formation de coke, comme l’ont observé Freni et coll11.
Les résultats du Tableau IV.8 montrent que l’ajout de butanal favorise la conversion de
l’éthanol (86 %) et permet d’augmenter les rendements en produits désirés tel que H2, CO,
CO2 et CH4, ce qui tend à montrer que la réaction de déshydrogénation de l’éthanol est
favorisée en présence d’un aldéhyde. Le rendement en H2O est, quant à lui, diminué ce qui
implique une meilleure activation de la molécule d’eau. Les résultats obtenus avec la fonction
aldéhyde sont très proches de ceux obtenus avec l’ajout de la diéthylamine (Tableau IV.4).
94
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
conversion de l’éthanol est nettement diminuée entraînant la chute des rendements en produits
désirés (H2, CO, CO2 et CH4) et une augmentation du rendement en H2O. Ceci peut résulter
d’une mauvaise activation de l’eau et/ou de la déshydratation de l’éthanol. Néanmoins, les
rendements en H2 et CO2 étant supérieurs à ceux obtenus par décomposition thermique, la
consommation de l’eau indique que le catalyseur n’est pas totalement désactivé, malgré
l’empoisonnement. Un classement de l’effet poison de ces impuretés sur l’activité catalytique
peut donc être établi selon l’ordre croissant suivant :
Butan-1-ol < Diéthyléther < Acétate d’éthyle
En ce qui concerne les rendements en produits intermédiaires, tels que l'éthylène et
l’acétaldéhyde, ils sont plus élevés que ceux obtenus avec le mélange éthanol + eau. Cela
prouve que la présence de ces impuretés affecte la cinétique de la réaction probablement par
la diminution du nombre de sites actifs, comme cela a été constaté avec l’acide acétique. En
outre, la présence d’une grande quantité d'éthylène peut favoriser la désactivation des
catalyseurs par formation de produits carbonés. Il est difficile de comparer les rendements des
produits obtenus en présence de ces diverses impuretés à ceux obtenus lors du test référence à
isoconversion, car le maximum de conversion obtenu avec ces impuretés est beaucoup plus
faible que celui obtenu avec le test de référence.
On constate que l’empoisonnement du catalyseur dépend de la nature de l’impureté qui lui est
associée. Afin de mieux comprendre le rôle de ces différents empoisonnements la réaction de
vaporeformage du butanal, du butanol, de l’éther et de l’ester a été étudiée. Ces tests ont été
réalisés avec un rapport eau/impureté de 4, T=675°C, P=2 bar et VVH (impureté)=12830 h-1.
Les résultats obtenus sont présentés dans le Tableau IV.9.
Tableau IV.9 : Evolution de la distribution des produits, de la conversion, après 2 h, (R=4, T=675°C, P=2 bar et
VVH(impureté)=12830 h-1)
95
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Les résultats montrent que le butanal produit majoritairement CO, CH4 et C2H4. Une
quantité non négligeable de coke est également produite. On peut émettre l’hypothèse que cet
aldéhyde est fortement adsorbé sur les sites acides de Lewis par son oxygène, en se basant sur
les travaux de Rasko et coll12, entraînant la formation des produits carbonés sur ces sites. Ceci
provoquerait la diminution de la quantité de ces sites acides de Lewis nécessaire à
l’adsorption de l’éthanol pour la réaction de déshydratation en éthylène, favorisant ainsi la
réaction de déshydrogénation. L’effet serait donc comparable à celui de la diéthylamine.
96
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
En ce qui concerne l’effet de l’acétate d’éthyle, il est connu que cet ester peut
s’hydrolyser pour conduire à de l’éthanol et de l’acide acétique14, même si ces produits n’ont
pas été identifiés lors du test du vaporeformage de l’acétate d’éthyle (Tableau IV.9). La
désactivation pourrait donc être liée à la formation de cet acide dont l’effet désactivant a
clairement été mis en évidence précédemment (Paragraphe IV.2). Toutefois, la désactivation
observée est beaucoup plus importante avec l’ester que celle qui avait été observée en
présence de la molécule acide. Il pourrait donc y avoir également une compétition
d’adsorption entre l’ester, l’alcool et/ou l’eau sur les sites actifs du catalyseur. En effet, il a été
rapporté dans la littérature que l’acétate d'éthyle est plus fortement adsorbé sur l'alumine que
l'éthanol14 et que cette plus grande adsorption conduit à une inhibition de l'oxydation de
l'éthanol.
L'éthanol brut préparé par fermentation est une solution aqueuse contenant divers
composants, tels que les alcools, qui représentent 87 % des composés autres que l’éthanol.
Ces alcools se différencient par leur nombre d’atomes de carbone variant de 1 à 5.
Il est possible de classer les alcools en deux types de familles d’impuretés :
-les «alcools fortement hydrophiles » comme le méthanol, l’éthanol et le propanol dont la
solubilité est infinie ;
-les alcools à plus de trois carbones, dont la solubilité dans l’eau diminue avec le nombre
d’atomes de carbone.
Le méthanol est connu pour être très réactif en vaporeformage. On pourrait donc en
déduire que sa présence dans un alcool brut n’influe pas sur la réaction de vaporeformage de
l’éthanol. Pour les autres alcools, la longueur et/ou les ramifications de la chaîne carbonée
pourraient sans doute favoriser la formation d’oléfines par déshydratation entraînant la
désactivation du catalyseur.
Les alcools utilisés pour les différents tests sont présentés dans le Tableau IV.10.
97
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Les résultats obtenus lors du vaporeformage de l’éthanol en présence de ces impuretés sont
présentés dans le Tableau IV.11 et les Figures IV.3 et 4
98
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
14
10
4
MeOH Sans impureté
n-C3H7OH n-C4H9OH
2
n-C5H11OH
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure IV.3 : Evolution du débit de gaz sec en fonction du temps de réaction pour les tests avec les alcools
linéaires
14
12
Débit de gaz secs (L/h)
10
4
Sans impureté i-C3H7OH
2
i-C4H9OH i-C5H11OH
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure IV.4 : Evolution du débit de gaz sec en fonction du temps de réaction pour les tests avec les alcools
ramifiés
On constate que la distribution de gaz secs obtenue en présence du méthanol peut être
considérée comme identique à celle observée pour le test référence, à part le rendement en H2
99
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
qui est légèrement supérieur. Par conséquent, on peut en déduire que le méthanol ne modifie
pas la réaction de vaporeformage de l’éthanol, mais qu’il favorise la formation de H2, ce qui
peut être attribué au H2 produit par la réaction de vaporeformage du méthanol, selon la
réaction suivante15,16 :
CH3OH + H2O → CO2 + 3H2
Une étude de Takezawa et coll17 a montré que l’adsorption du méthanol se faisait
préférentiellement sur la phase métallique (pour les métaux du groupe VIII), entraînant la
formation du produit intermédiaire formaldéhyde, ce dernier se décomposant en H2 et CO.
Dans le cas des alcools linéaires et branchés, on constate une diminution des débits de
gaz secs liée à une baisse importante de la conversion. Néanmoins, les rendements en H2 et
CO2 sont supérieurs à ceux obtenus par décomposition thermique et l’eau est consommée, ce
qui indique que le catalyseur n’est pas totalement désactivé.
Les Figures IV.5 et IV.6 représentent l’évolution du rendement en H2 et de la
conversion de l’éthanol en fonction du nombre de carbones contenus dans ces alcools lourds.
2.5
Rendement en H2 (mol/molEtOHintroduit)
Sans impureté
n-C3H7OH
n-C4H9OH
1.5
n-C5H11OH
i-C3H7OH
1
i-C4H9OH
i-C5H11OH
0.5
Zone de la décomposition thermique pour 2 heures de test
0
0 1 2 3 4 5 6
Nombre de carbones dans l'impureté
Figure IV.5 : Evolution du rendement en H2 en fonction de la longueur de la chaîne carbonée des impuretés
alcool
100
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
100
90
Conversion de l'éthanol (%)
70 n-C4H9OH
i-C3H7OH
n-C5H11OH
60
50 i-C4H9OH
i-C5H11OH
40
30
20
10
0
0 1 2 3 4 5 6
Nombre de carbones dans l'impureté
Figure IV.6 : Evolution de la conversion de l’éthanol en fonctions de la longueur de la chaîne carbonée des
impuretés alcool
Afin de valider ces hypothèses, une étude a été réalisée sur la réaction de vaporeformage des
alcools linéaires et ramifiés. Ces tests ont été réalisés avec un rapport eau/impureté de 4,
T=675°C, P=2 bar et VVH (impureté)= 12830h-1. Les résultats obtenus sont présentés dans le
Tableau IV.12.
101
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Tableau V.12 : Evolution de la distribution des produits, de la conversion, après 2 h, (R=4, T=675°C, P=2 bar et
VVH (impureté)=12830 h-1)
Pour le même nombre d’atomes de carbone dans la molécule d’alcool, le rendement en alcène
correspondant est plus important dans le cas de l’alcool ramifié que dans celui du linéaire,
d’où l’effet désactivant plus important de ce type de molécule. L’ensemble des résultats
confirme bien que l’augmentation du nombre d’atomes de carbone et l’ajout de ramification
favorisent notamment la production d’alcènes précurseurs de coke responsable de la
désactivation.
L’empoisonnement par les alcools lourds pourrait être également le résultat d’une
compétition d’adsorption entre ces alcools, l’éthanol et l’eau. Une fois la molécule d’impureté
adsorbée, elle pourrait provoquer un encombrement stérique, limitant ainsi l’activation de
l’eau et l’éthanol. De plus, la mauvaise activation de la molécule d’eau pourrait résulter du
caractère lipophile de ces impuretés qui une fois adsorbées rendraient la surface du catalyseur
plus hydrophobe.
102
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
Butanal
Quantité de coke (mgC/gcata)
Acétate d'éthyle
Diéthyléther
Acide acétique
Diéthylamine
Sans impureté
Température (°C)
i-C5H11OH
i-C4H9OH
i-C3H7OH
n-C5H11OH
n-C4H9OH
n-C3H7OH
Méthanol
Sans impureté
Les résultats obtenus montrent que quelle que soit l’impureté présente dans la charge
réactionnelle (eau+éthanol), la production de coke est toujours observée. Il est difficile
103
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
d’établir une relation entre le dépôt carboné et la nature de l’impureté présente dans le
mélange eau+éthanol. De plus, les résultats obtenus tout au long de ce chapitre montrent des
conversions de l’éthanol variant de 88 à 53%, rendant impossible l’interprétation des résultats.
III) Conclusion
Dans ce travail, l'effet de diverses impuretés ajoutées au mélange référence eau/éthanol (R=4)
a été étudié.
Le choix des impuretés s’est porté sur celles présentes dans le bioéthanol brut, à savoir l'acide
acétique, la diéthylamine, différents types de molécules avec le même nombre d'atomes de
carbone, comme le butanol, le butanal, l'acétate d'éthyle, le diéthyléther (qui n’est pas présent
normalement dans le bioéthanol) et des alcools légers et lourds. Certaines impuretés jouent un
rôle promoteur et améliorent la conversion de l’éthanol et d’autres entraînent la chute de
l’activité catalytique (Tableau IV.13).
- Rendement en H2 +
Molécules
Molécules Molécule
ayant un effet
désactivantes sans effet
promoteur
104
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
désactivation peut être expliqué principalement en terme de blocage des sites par dépôt de
coke. Néanmoins un encombrement stérique lié à l’adsorption de certaines impuretés à la
surface du catalyseur pourrait également contribuer à la désactivation observée.
105
Chapitre IV : Impact des impuretés du bioéthanol brut
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106
Chapitre V : Modification de la formulation
du catalyseur
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur 107
Modification de la formulation du
catalyseur
I) Modification du support
107
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Pour la préparation de nos supports, nous avons employé différents précurseurs de terres
rares (RE) et l’alumine-γ, dont les caractéristiques sont présentées dans le Tableau V.1.
Support
Sel précurseur Provenance Notation
préparé
γ-Al2O3 Axens Al2O3 Al
Sc(NO3)3,6H2O Alpha Aesar Sc2O3/Al2O3 Sc-Al
Y(NO3)3,6H2O Alpha Aesar Y2O3/Al2O3 Y-Al
La(NO3)3,6H2O Alpha Aesar La2O3/Al2O3 La-Al
Er(NO3)3,6H2O Alpha Aesar Er2O3/Al2O3 Er-Al
Gd(NO3)3,6H2O Alpha Aesar Gd2O3/Al2O3 Gd-Al
108
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
I.2) Caractérisations
I.2.1) Propriétés physico-chimiques des catalyseurs
Les résultats obtenus avec l’analyse par ICP-OES montrent que la teneur massique en
terres rares diffère légèrement d'un catalyseur à l'autre indiquant que la composition chimique
n'est pas entièrement contrôlée lors de la synthèse des catalyseurs. Toutefois, quelle que soit
la terre rare utilisée, les surfaces BET des supports peuvent être considérées comme
identiques, les valeurs étant comprise entre 130 et 140 m2.g-1. Ces valeurs sont nettement
supérieures à celle obtenue pour Rh/MgAl2O4/Al2O3. Le traitement thermique à 900°C
entraîne une diminution de la surface de l’alumine de 200 à 130 m2.g-1, même en présence
d’un oxyde de terre rare. Par conséquent, on peut considérer que la présence de l'élément RE
n’améliore pas la stabilité de la surface du support tel que cela est rapporté dans la littérature
pour ce type de dopage1,2.
Les diffractogrammes des catalyseurs sont représentés sur la Figure V.1. Les profils des
catalyseurs Rh/Al et Rh/RE-Al sont très différents de celui du catalyseur de référence
Rh/MgAl2O4/Al2O3. On constate que la seule phase θ-Al2O3 est détectée sur Rh/Al et que
cette dernière n'est pas modifiée par l'ajout d'oxyde de terre rare. En effet, le changement de
phase de l’alumine γ à θ est dû au traitement thermique à 900°C, comme l’a constaté Zou3.
109
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Rh/MgAl2O4/Al2O3
ж ж ж
+ ж + + ж ж
+ + +
■ ○ ■
■
■ ■ ■
Intensité (UA)
Rh/Gd-Al
●
□ Rh/Er-Al
Rh/La-Al
▼
▲ Rh/Y-Al
▲ Rh/Sc-Al
Rh/Al
15 25 35 45 55 65 75
2-Theta (°)
Figure V.1 : Diffractogrammes DRX des catalyseurs; (■) : θ-Al2O3 ; () : Sc2O3 ; (▼) : Y2O3 ; (□) : La2O3 ;
() : Er2O3 ; (○) : Gd2O3, (+): MgAl2O4, (ж): α-Al2O3.
Les diffractrogrammes obtenus avec les terres rares présentent un début de ségrégation de la
phase additionnelle provenant de l’imprégnation de l’ajout de l’oxyde de terres rares à
l’alumine. Cependant, on observe que les pics caractéristiques des oxydes de terres rares ne
sont pas très bien définis, ce qui ne nous permet pas de mesurer l'influence de l’incorporation
des cations des terres rares dans la matrice de l’alumine. Dans la littérature, il est
généralement rapporté que plus le rayon ionique du cation est grand, plus le paramètre de
maille l’est aussi, ce qui se traduit par un déplacement des pics dans la région des 2-theta les
plus bas4. Dans notre cas, l'ajout de terres rares à l'alumine ne produit aucun changement
observable dans les diffractogrammes correspondants. On peut donc supposer que l’oxyde de
terre rare est dispersé à la surface de l’alumine et non incorporé dans la structure.
Enfin, aucune phase du rhodium n’est détectée sur l’ensemble des échantillons, sans doute
parce que la teneur en métal et la taille des particules métalliques sont trop petites pour
permettre leur détection. Le Tableau V.3 présente des accessibilités métalliques, mesurées par
chimisorption d’hydrogène, comprises entre 30 et 46%. Leurs valeurs couplées à celles des
teneurs métalliques indiquent donc que l’ajout de terres rares sur un catalyseur de type Rh/Al
n'a pas d'influence sur l'imprégnation de métal.
110
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
100°C
84°C
Rh/MgAl2O4/Al2O3
Signal TCD (UA)
Rh/Gd-Al
Rh/Er-Al
Rh/La-Al
Rh/Y-Al
90°C
Rh/Sc-Al
Rh/Al
111
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Cependant, Wang et coll10 ont suggéré que l’espèce RhO2 (avec H2/Rh=2) pouvait exister sur
des catalyseurs de type Rh/Al2O3.
La Figure IV.2 montre que le catalyseur Rh/Al présente un large pic ayant pour
maximum 90°C. L'aire de ce pic permet de déterminer un rapport H2/Rh de 1,6 (TableauIV.3),
qui correspond approximativement à la valeur de H2 nécessaire pour réduire l’espèce Rh2O3
en Rh métallique (H2/Rh=1,5). Dans le cas des catalyseurs contenant des oxydes de terres
rares, on observe des rapports H2/Rh dépassant celui déterminé pour Rh/Al, avec des valeurs
allant de 1,9 à 2,6 (cf tableau IV.3). Un rapport H2/Rh de 2,0 (comme pour Rh/La-Al, Rh/Er-
Al et Rh/Gd-Al) pourrait correspondre à l’espèce RhO2. Pour les échantillons dont le rapport
H2/Rh est supérieur à 2,0 (Rh/Sc-Al et Rh/Al-Y), la valeur de l'hydrogène consommé peut
s'expliquer par la réduction des cations (Sc3+ et Y3+) associés à la réduction des espèces
oxydes de rhodium. La possibilité de la réduction du support à l’interface métal-support a été
observée dans diverses études11,12.
De plus, il n'est pas à exclure que l’effet de la mobilité des atomes d'oxygène du support vers
la phase métallique peut également être à l'origine de l’augmentation du rapport H2/Rh
observée pour Rh/La-Al, Rh/Er-Al et Rh/Gd-Al. Selon cette hypothèse, l'adsorption
d'hydrogène correspondant au pic observé à 90°C est en accord avec la réduction de l’espèce
Rh2O3 en Rh métallique, l'excès de consommation H2 étant attribuée au support. Ceci
suggérant que les éléments de terres rares (Sc, Y, La, Er et Gd) n’ont pas d’impact sur l'état
d'oxydation du métal.
Afin de caractériser les propriétés acido-basiques des différents supports, ceux-ci ont été
caractérisés par infra-rouge, soit directement dans la région des vibrations des groupements
hydroxyles (OH), soit après adsorption de molécules sondes, à savoir la pyridine et le dioxyde
de carbone. Il est important de préciser que dans cette étude, le support alumine sans terre rare
(Al) a été soumis à un traitement thermique similaire à celui subi par les supports modifiés, à
savoir une calcination sous air à 900°C pendant 15 h. De ce fait, les propriétés acido-basiques
de ce support seront a priori différentes de celles observées dans le Chapitre III (Paragraphe
III.2.3) déterminées sur le support Al2O3 frais.
112
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Les différents supports ont été activés à 500°C sous H2 puis évacués sous vide
secondaire à la même température, avant de réaliser un spectre infrarouge à 25°C. La région
de vibration des groupements OH des différents supports est présentée sur la Figure V.3.
0,05 UA
3728
3680
3766
3790 3690 MgAl2O4/Al2O3
3772
3569
3775 Al
3680
3775 3718 Sc-Al
3765 Y-Al
La-Al
3772
3770
Er-Al
Gd-Al
113
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
On constate, pour les supports comportant une terre rare, une diminution des intensités des
bandes correspondant aux modes de vibration des groupements hydroxyles ν(OH), à
l’exception du Sc-Al qui possède une grande quantité de groupements hydroxyles de types II
et III. Ceci peut être expliqué par une moins bonne dispersion du scandium à la surface de
l’alumine comparé aux autres terres rares.
L'ajout des autres terres rares conduit principalement à la diminution des groupements OH
acides de types III de l’alumine, comme l’ont observé Can et coll15. Les valeurs des nombres
d’onde sont aussi affectées par l’ajout d’une terre rare. En effet, on observe pour le support
La-Al l’apparition d’une nouvelle bande à 3718 cm-1. Une étude de Tsyganenko et coll16 sur
l’oxyde de lanthane a montré que l'absorption des groupements OH était caractérisée par une
forte bande centrée à 3605 cm-1, attribué par Mekhemer17 aux groupements OH tridentés liés
aux cations La3+. De plus, cette bande était accompagnée de bandes moins intenses situées en
dessous de 3600 cm-1. Dans notre cas, la bande observée à 3718 cm-1 peut être liée à
l'influence de La3+ sur les groupements OH de l'alumine, mais pas aux groupements OH liés à
La3+, car aucune bande n’est détectée en dessous de 3600 cm-1.
Après activation à 500°C sous H2 et évacuation sous vide à la même température, la pyridine
a été adsorbée (2 mbar à l'équilibre) puis thermodésorbée sous vide de 50 à 500°C (par pas de
50°C). Les spectres IR de la pyridine après évacuation à 200°C sont représentés Figure V.4.
114
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
0,1 UA
1577
Al
1608
Sc-Al
1606
Y-Al
Er-Al
Gd-Al
La-Al
115
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
supports entre eux, une décomposition des bandes du massif ν8a a été effectuée. Nous avons
choisi une forme de bande de type 70% Gaussien/30% Lorenzien avec une largeur à mi-
hauteur de 7±1 cm-1 et des nombres d’onde compris entre 1628<ν8a<1618, 1623<ν8a<1613 et
1610<ν8a<1600 cm-1 pour les pics représentant les sites acides de Lewis forts, moyens et
faibles respectivement.
Cette décomposition permet d'obtenir sur la Figure V.5 la distribution de pyridine coordinnée
sur chaque type de LAS (µmol/g) en fonction du support.
100
Distribution de la concentration des
80
LAS (µmol/g)
60
40
20
0
Al Sc-A Y-Al Er-Al Gd-Al La-Al MgAl2O4
Figure V.5: Distribution de la concentration des LAS (µmol/g) pour les différents supports
On constate que l’alumine possède la plus grande quantité totale de LAS. L’ajout d’une terre
rare à Al2O3 permet de diminuer cette quantité de manière significative, tout comme la
formation du spinelle MgAl2O4. Cependant la concentration des LAS faibles (ν8a à environ
1602cm-1) dépend fortement de la terre rare qui lui est associée et suit le classement suivant :
Sc-Al>Y-Al>Er-Al>Gd-Al>La-Al.
Les supports Y-Al et Sc-Al possèdent les quantités de LAS forts et moyens les plus faibles.
Enfin, aucune bande à 1640 ou 1545 cm-1 (respectivement, ν8a et ν19b de la protonation (PyH+))
n’a été observée sur les spectres, montrant que les matériaux étudiés ne possèdent pas de sites
acides de BrØnsted assez forts pour protoner la pyridine adsorbée.
116
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Le CO2 est une molécule possédant des propriétés acides, ce qui permet de sonder la
basicité d’un support. Les principaux mécanismes d'adsorption de CO2 sur les différents types
de sites d'adsorption sur les oxydes métalliques ont été décrits par Auroux et coll20.
Après activation de l’échantillon à 500°C sous H2 puis évacuation sous vide à la même
température, le CO2 a été adsorbé à 25°C (10 mbar à l'équilibre). Les spectres IR de CO2
évacué à 25°C, dans la région de 1900-1150 cm-1, sont représentés sur la Figure V.6.
MgAl2O4/Al2O3
0,1 UA 1440
1654
1229
1649
1600 1448
1480
1333 1232
Gd-Al
Er-Al
La-Al
Y-Al
Sc-Al
Al
HC
OC
BC
1800 1700 1600 1500 1400 1300 1200
On constate que le support de type Al2O3 présente différents types d’espèces absorbées. Les
bandes à 1649, 1480, 1448 et 1232 cm-1 sont attribuées aux espèces hydrogénocarbonates
(désignées par HC sur la figure V.6)21. Les bandes situées à 1649, 1480 et 1448 cm-1 sont
117
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
attribuées au mode de vibration ν(CO), alors que celle observée à 1232 cm-1 correspond au
mode de déformation δ(OH)22. Ces espèces sont formées par l’adsorption du CO2 sur les
groupements OH basique de type I de Al2O3. Les bandes correspondant aux vibrations
d’élongation νOH des HC ont été observées aux alentours de 3610 cm-1. Morterra et coll22 ont
montré que les bandes aux environs de 1440 et 1480 cm-1 pouvaient être attribuées aux
espèces B1 et B2, respectivement. Ces espèces sont dépendantes de la quantité des
groupements OH présents sur la surface du support. En effet, Morterra a montré qu’une
alumine fortement hydroxylée était caractérisée par une bande B1 vers 1440 cm-1. Cette bande
B1 diminue en faveur d’une bande B2 située vers 1480 cm-1 au fur et à mesure de
l’élimination du groupement hydroxyles, quand les possibilités de liaisons hydrogène entre les
hydroxyles diminue. Ces auteurs ont également démontré que l’apparition de l’espèce B2
(1480 cm-1) s’effectuait au détriment des bandes des groupements OH basiques de type Ia et
d’une partie des OH acides de type III. Ceci est confirmé par les différences observées entre
les supports Al2O3 et MgAl2O4/Al2O3 représentées sur les Figures V.6 et V.3. MgAl2O4/Al2O3
présente uniquement la bande B1, en accord avec une bande de OH de type Ia de surface
importante ( à 3766 cm-1, Figure V.3) alors que l’alumine présente les deux types B1 et B2
d’hydrogénocarbonates associée à une bande vers 3772 cm-1 (Figure V.3) beaucoup moins
marquée. On peut donc supposer que le support MgAl2O4/Al2O3 est plus hydroxylé que le
support Al2O3 après le traitement sous H2 à 500°C auquel tous les échantillons ont été soumis
avant adsorption de CO2.
La deuxième espèce présente sur la surface de Al2O3 caractérisée par les massifs de bandes
1700-1850 cm-1 et 1150-1250 cm-1, est attribuée aux espèces carbonates organiques (OC pour
Organic-like Carbonate species)23.
Avec les supports dopés par une terre rare, on constate différents types d’espèces
carbonatées par rapport aux résultats obtenus sur l’alumine. L'intensité de la bande située à
1448 cm-1 est fortement diminuée, à l'exception du support Sc-Al. Ceci tend à prouver que,
l'ajout d'oxydes de terres rares à Al2O3 diminue la concentration des groupements hydroxyles
de surface, ce qui est en accord avec les résultats présentés sur la Figure V.3. En revanche,
l’intensité de la bande à 1649 cm-1 est moins diminuée, ce qui suggère que cette bande peut
également contenir la contribution d’autres espèces carbonates associées à l'alumine. Ces
espèces carbonates sont caractérisées par deux bandes situées aux environs de 1600 et 1333
cm-1 qui sont observées uniquement sur les supports dopés par les terres rares.
118
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Lavalley et coll23 ont montré que l’ion carbonate de symétrie D3h présente une bande
active liée à la vibration antisymétrique ν3(OCO) vers 1415 cm-1. A l'état adsorbé, à cause de
la perte de symétrie, les espèces carbonates présentent généralement deux bandes υ3(OCO) de
chaque côté de la bande caractéristique de l’ion carbonate libre. Il a été montré que l’écart
entre ces deux bandes, ∆ν3, permet de caractériser la structure de l'espèce formée, soit 100,
300 et 400 cm-1 pour les espèces carbonates monodentés, bidentés et pontés,
respectivement23,24.
En conséquence, l’écart entre les composants à 1600 cm-1 et 1333 cm-1, 267 cm-1
permet d’attribuer ces bandes à une espèce carbonate bidentée qui est en interaction avec des
sites basiques moyens, comme ceux associés aux cations des terres rares25-27. Ces espèces sont
les plus abondantes sur le support La-Al.
En raison de la complexité des spectres IR représentés sur la Figure V.6, due à la
superposition des bandes caractéristiques des différentes espèces de carbonate absorbées sur
les différents supports, il n'est pas possible d'évaluer quantitativement la variation de chaque
type d'espèce. Pour ces raisons, l’aire totale des bandes IR a été déterminée pour chaque
support après désorption de CO2 à différentes températures afin de quantifier la basicité totale
des supports (la Figure V.7).
120
Al
Er-Al
100 Sc-Al
Y-Al
La-Al
Gd-Al
80
MgAl2O4
Aire (UA)
60
40
20
0
30 60 90 120 150 180 210
Température (°C)
Figure V.7: Aire totale des bandes IR en fonction de la température de désorption du CO2
119
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Quel que soit le support, on observe une diminution linéaire de l’aire totale des bandes
IR en fonction de la température. Toutefois, quelle que soit la température le support de type
La-Al présente une quantité totale nettement supérieure à celle des autres supports. Cette
étude permet d'établir un classement de basicité des supports, soit:
La-Al >Y-Al >Sc-Al > Er-Al >Gd-Al > Al > MgAl2O4/Al2O3
Bouarad et coll28 ont montré que la basicité des supports de type La2O3-SiO2 augmentait
fortement avec la teneur en La2O3. Dans notre travail, la teneur en terres rares introduite dans
le support varie entre 5,6 et 6,9% en poids (Tableau V.3), selon l’ordre suivant: Y≈Gd<La
<Sc<Er. Ce classement ne correspond pas à l'augmentation de la basicité observée Figure V.7.
Il semblerait donc que la basicité des supports étudiés dépend plus de la nature et/ou de la
dispersion des terres rares que de leur teneur, pour le domaine de teneurs étudiées.
Les différentes études suivies par spectrométrie FTIR, ont permis de constater que
l’ajout d’une terre rare à l’alumine permettait la création d’un nouveau LAS (faible) réduisant
l’acidité de ce support, et parallèlement une augmentation du caractère basique.
Ces supports possèdent les propriétés acido-basiques recherchées pour la réaction de
vaporeformage de l’éthanol. En effet, plus le nombre de sites acides forts du support sera
limité, plus la réaction de déshydratation en éthylène connu pour son aptitude à désactiver les
catalyseurs devrait être défavorisée au profit de la réaction de déshydrogénation de l’éthanol
en acétaldéhyde. De plus ces supports présentent l’avantage, par rapport à MgAl2O4/Al2O3,
d’avoir une surface BET importante (130-140 m2.g-1 au lieu de 84 m2.g-1).
120
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Tableau V.4: Evolution de la distribution des produits, de la conversion après 8 h de réaction (R=4, T=675°C,
P=2 bar et PPH(éthanol)=19.5 h-1)
Equilibre
3,77 0,54 0,71 0,10 0,00 0,00 0,00 3,03 0,65 -
thermodynamique
Sans catalyseura 0,55 0,30 0,00 0,28 0,11 0,04 0,08 4,37 0,26 66,0
Rh/MgAl2O4/Al2O3 2,35 0,57 0,34 0,30 0,07 0,04 0,03 3,12 0,07 78,0
Rh/Al 3,07 0,83 0,48 0,47 0,03 0,03 0,01 2,77 0,06 97,6
Rh/Sc-Al 3,30 0,71 0,63 0,53 0,01 0,02 0,01 2,56 0,05 99,4
Rh/Y-Al 3,43 0,67 0,65 0,50 0,01 0,01 0,01 2,50 0,10 98,7
Rh/La-Al 3,34 0,62 0,69 0,54 0,01 0,01 0,01 2,50 0,08 98,6
Rh/Er-Al 3,09 0,69 0,59 0,57 0,02 0,02 0,01 2,64 0,05 98,7
Rh/Gd-Al 3,29 0,67 0,66 0,54 0,01 0,02 0,00 2,54 0,05 98,7
16
14
Débit de gaz secs (L/h)
12
10
Rh/Al
8
Rh/Y-Al
Rh/Sc-Al
6
Rh/La-Al
Rh/Er-Al
4
Rh/Gd-Al
2 Rh/MgAl2O4/Al2O3
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure V.8 : Evolution du débit de gaz secs en fonction du temps de test réactionnel
121
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Pour les catalyseurs Rh/Al et Rh/RE-Al, on constate une nette augmentation de la conversion
de l’éthanol (97,6%) et des rendements en H2, CO2, CO et CH4 par rapport au catalyseur
Rh/MgAl2O4/Al2O3. On observe également une meilleure activation de la molécule d’eau. Les
quantités de C2H4, C2H6 et CH3CHO subissent une nette diminution. Les moins bonnes
performances du catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 peuvent être expliquées par sa plus faible
surface spécifique qui défavorise l’activation de l’eau et donc le vaporeformage de l’éthanol
et des produits intermédiaires.
Les résultats présentés dans le Tableau V.4 montrent qu'il n'y a pas une grande
différence dans les valeurs des rendements en coke entre les catalyseurs modifiés, Rh/Al2O3 et
le catalyseur référence (Rh/MgAl2O4/Al2O3).
L’amélioration de la conversion de l’éthanol suit la tendance suivante :
Rh/Sc-Al>Rh/Y-Al≈Rh/Er-Al≈Rd/Gd-Al>Rh/La-Al>Rh/Al> Rh/MgAl2O4/Al2O3.
Pour les catalyseurs modifiés par une terre rare, les rendements en CH4 restent relativement
constants quel que soit le catalyseur modifié, mais sont légèrement au dessus de celui observé
pour Rh/Al. Toutefois, quel que soit le catalyseur utilisé, le rendement en CH4 est plus élevé
que la valeur donnée à l'équilibre thermodynamique. Ce résultat suggère que CH4 peut être un
produit primaire, provenant de la décarboxylation de l’acétaldéhyde, comme cela a déjà été
démontré dans une étude de Birot et coll29 même si le méthane peut être également un produit
secondaire résultant de la méthanisation de CO. Ces catalyseurs ne semblent donc pas très
actifs pour le reformage du CH4. Par contre, les produits tels que H2, H2O, CO, et CO2 sont
touchés par l'ajout de dopant. En effet, le rendement en eau est plus faible sur les catalyseurs
modifiés indiquant que l’eau subit une meilleure activation et on note une diminution des
rendements en CO et une augmentation en H2 et CO2. Ceci peut être expliqué par la réaction
de Water Gas Shift. En effet, il est bien connu dans la littérature30-33, que la cérine seule ou
combinée avec un oxyde métallique (avec ou sans métal de transition) favorise, à basse
température de réaction, l’activité de la réaction de Water Gas Shift. L'augmentation de
l'activité, liée à la cérine, peut être expliquée par la réductibilité relativement élevé des ions
cérium, la grande capacité de stockage et une grande mobilité des oxygènes de cet oxyde. Une
122
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
amélioration de l'activité a également été observée avec d'autres REOx sur la réaction de
Water Gas Shift30 et la réaction inverse de Water Gas Shift, mais avec un effet moins
prononcé pour cette dernière réaction.
Si l’on regarde maintenant l’évolution du CO2 produit par les réactions de
vaporeformage de CH4 et la réaction de Water Gas Shift pour chaque catalyseur (Figure V.9),
on constate que le catalyseur Rh/Al possède la meilleure activité en vaporeformage de CH4.
En revanche, l’ajout d’une terre rare entraîne une amélioration de l’activité en Water Gas
Shift.
0,35
0,25
0,15
0,05
catalyseur
Rh/Al
Rh/Sc-Al
Rh/Y-Al
Rh/La-Al
Rh/Er-Al
Rh/Gd-Al
Rh/MgAl2O4
-0,05
Sans
Figure V.9 : Evolution des rendements en CO2 résultant des réactions de vaporeformage du CH4 et du
Water Gas Shift en fonction du catalyseur
Cependant, selon la nature de la terre rare ajoutée au catalyseur, les réactions de Water Gaz
Shift et de vaporeformage de CH4 évoluent de façon différente. Le rendement en CO2
provenant du WGS peut être classé de la manière suivante selon le support :
MgAl2O4/Al2O3<Al<Sc≈Er<Y<Gd<La
Panagiotopoulou et coll34,35 ont réalisé deux études sur la réaction de Water Gas Shift à
250°C. L’étude, portant sur une série de catalyseurs de type Pt/MOx-CeO2 (avec M = Ca, La,
Mg, Zn, Zr, Yb, Y, Gd), a permis de constater que l’activité des catalyseurs pour cette
réaction dépendait fortement de la nature des dopants employés, variant selon l'ordre
Yb>Gd>Zr>Mg>La>CeO2 seule>Ca>Y>Zn. Ces auteurs ont testé les catalyseurs de type
123
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Pt/MOx-Al2O3, et ont observé que leur activité pour la réaction WGS variait en fonction de la
nature de l’ajout M dans MOx, ce qui leur a permis d’établir le classement suivant :
Ce>Co>Ti>Ho>Nd≈Cu >Gd≈La≈Eu≈Y≈Zr>Ni>Sm>Tm>V>Er>Fe>Cr≈Mn>Al2O3
Ceci semble être en accord avec les résultats obtenus dans notre étude
Les résultats présentés dans le Tableau V.4 indiquent que Rh/Y-Al présente la
consommation d’eau et le rendement en H2 les plus importants comme le rappellent les deux
tendances ci-dessous.
- Rendement en H2O :
Rh/MgAl2O4/Al2O3>Rh/Al>Rh/Er-Al>Rh/Sc-Al>Rh/Gd-Al>Rh/La-Al≈Rh/Y-Al
- Rendement en H2 :
Rh/Y-Al>Rh/La-Al>Rh/Sc-Al>Rh/Gd-Al> Rh/Er-Al>Rh/Al>Rh/MgAl2O4/Al2O3
Les supports pour le vaporeformage de l’éthanol doivent faciliter une bonne mobilité
des groupements hydroxyles afin de faire réagir l’éthanol absorbé avec l’eau. Si l’on admet
que plus l’eau est consommée (meilleure activation), plus la mobilité des OH à la surface du
catalyseur qui lui est associée augmente, on peut donc supposer que le catalyseur Rh/Y-Al est
celui qui favorise le plus cette mobilité.
De plus, il est connu que la réaction de vaporeformage de l’éthanol est favorisée lorsque
le catalyseur utilisé possède des propriétés acido-basiques adaptées. Ainsi donc, le rendement
en H2 peut être corrélé avec l’évolution des propriétés acides (LAS forts, Figure V.5), et des
propriétés basiques (aire totale des bandes IR des espèces carbonatées, Figure V.7) comme
illustré par les Figures V.10 et V.11.
124
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
4,00
3,00
2,50 Al
Sc-Al
2,00 Y-Al
Er-Al
1,50
Gd-Al
La-Al
1,00
MgAl2O4
0,50
0,00
0 5 10 15 20 25 30
Sites acides forts de Lewis (µmol/g)
4,00
Rendement en H2 (mol/molEtOHint)
3,50
3,00
2,50 Al
Sc-Al
2,00
Y-Al
1,50 Er-Al
Gd-Al
1,00 La-Al
MgAl2O4
0,50
0,00
0 10 20 30 40 50
Aire totale des bandes IR des espèces carbonatées (UA)
125
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Le support MgAl2O4/Al2O3 ne suit pas la tendance observée pour les supports RE-Al, ce
qui peut être expliqué par le fait que pour ce support, non seulement les propriétés acido-
basiques varient, mais aussi sa surface BET (84 m2.g-1), qui est bien inférieure à celle de
l’alumine dopée ou non par les terres rares (130-140 m2.g-1). Cette faible surface BET peut
être à l’origine des moins bonnes performances de ce catalyseur comparées aux autres.
On constate, excepté pour Rh/MgAl2O4/Al2O3, que le rendement en H2 diminue quand la
concentration en sites acides de Lewis forts augmente. La production d’hydrogène suit
également l’évolution, sauf pour La-Al et Rh/MgAl2O4/Al2O3, du caractère basique. Ces
résultats montrent bien l’importance des propriétés acido-basiques des supports sur le
rendement en hydrogène.
En conclusion, les tests réactionnels ont permis de constater que l’ajout d’une terre rare
sur le catalyseur Rh/Al améliore la conversion de l’éthanol, les rendements en hydrogène et
CO2, ce qui peut être lié à une meilleure activation de l’eau. De plus, l’ajout de la terre rare
favorise la réaction de Water Gas Shift. Ceci est directement lié aux propriétés acido-basiques
des supports modifiés.
I.4.2) Caractérisation des catalyseurs après test réactionnel par oxydation en température
programmée (OTP)
Les oxydations en température programmée (OTP) ont été réalisées afin d'identifier les
espèces carbonées déposées au cours de la réaction de vaporeformage de l’éthanol à la surface
des différents catalyseurs pendant huit heures de réaction (Figure V.12).
126
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
7
I II III IV
6
Quantité de coke (mgC/gcata)
Rh/MgAl2O4/Al2O3
5
4 Rh/Er-Al
Rh/Gd-Al
3
Rh/La-Al
2 Rh/Y-Al
Rh/Sc-Al
1
Rh/Al
0
200 300 400 500 600 700 800
Température (°C)
Figure V.12 : Profil OTP des différents catalyseurs après 8 heures de test réactionnel
Les profils OTP présentés sur la Figure V.12, révèlent que la proportion de chaque type
de carbone (I, II, III, IV) est modifiée par la nature du catalyseur. Les pics (II) et (III) sont
présents sur tous les catalyseurs, mais la température d'oxydation de ces espèces est très
sensible à la nature des terres rares. L’espèce (IV), qui correspond à l'oxydation du carbone
graphitique fortement observé sur Rh/MgAl2O4/Al2O3 et Rh/Al2O3, est présente en faible
quantités sur Rh/Er-AL et Rh/Gd-Al mais pas sur les trois autres supports. La Figure V.13
présente les contributions des espèces carbonées en fonction du catalyseur qui lui est associé.
127
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
40
30
III IV
25
20
15
10
0
Rh/Al
Rh/Sc-Al
Rh/Y-Al
Rh/La-Al
Rh/Gd-Al
Rh/Er-Al
Rh/MgAl2O4
Figure V.13 : Evolution de la quantité de coke, en fonction du type et des catalyseurs après 8 heures de test
réactionnel
On constate que les catalyseurs, Rh/Sc-Al, Rh/La-Al et Rh/Y-Al, les plus performants
lors des tests réactionnels, discutés dans le Paragraphe I.4.1, ne possèdent pas de coke stable
(IV) et forment majoritairement du coke (I) et (II), caractéristique du coke situé sur les centres
métalliques et à l’interface métal-support. L’espèce carbonée (I) est connue pour être la plus
facile à éliminer. La production de coke provient de la formation du C2H4 produit de la
déshydratation de l’éthanol, qui est fortement dépendant des sites acides du support. On peut
admettre qu’une fois le support recouvert de coke (II) et (III), la formation de coke (IV), issue
de la décomposition thermique de l’éthanol est favorisée.
Pour chaque formulation, nous avons reporté sur la figure V.14 la quantité de coke (II),
(III) et (IV) en fonction de la concentration de LAS forts déterminée à partir des spectres de
pyridine adsorbée (Figure V.5).
128
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
35,00
(mgC/gcata) 25,00
20,00
15,00 Rh/Al
Rh/Sc-Al
Rh/Y-Al
10,00
Rh/Er-Al
Rh/Gd-Al
5,00 Rh/La-Al
Rh/MgAl2O4
0,00
0 10 20 30 40 50 60
Concentration des LAS forts (µmol/g)
Figure V.14 : Evolution de la quantité de coke (types II + III + IV) en fonction de la concentration des
LAS forts
Il apparaît clairement que la formation de coke de types (II), (III) et (IV) est fortement
favorisée par la présence de LAS forts pour les catalyseurs Rh/REOx-Al2O3 et Rh/ Al2O3. La
réaction de déshydratation de l’éthanol étant favorisée sur ces mêmes sites, la réaction C2H4
→ coke semble évidente.
On constate que Rh/MgAl2O4/Al2O3 a une fois encore un comportement singulier. En effet, ce
catalyseur présente une faible surface spécifique, l’accumulation de coke thermique a lieu
plus rapidement. Ceci est en accord avec la désactivation observée sur la Figure V.8.
I.5) Conclusion
Dans cette étude, les catalyseurs de type Rh/REOx-Al2O3 (REOx = La, Sc, Y, Er, Gd)
ont été caractérisés par différentes méthodes.
Les différentes études suivies par spectroscopie FTIR, ont permis de constater que l’ajout
d’une terre rare à l’alumine permettait de réduire le comportement acide de ce support avec la
129
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Une oxydation en température programmée sur les différents catalyseurs après réaction
a permis de déterminer l’effet de l’ajout et la nature d’une terre rare sur les différents types
d’espèces carbonées présentes sur les surfaces des catalyseurs et de déterminer un lien directe
entre l’acidité du support et la formation de coke types (II), (III) et (IV).
130
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Le dépôt des phases métalliques est réalisé par coimprégnation par voie humide du
support Y-Al à partir des solutions aqueuses des sels précurseurs de rhodium et de M dont les
caractéristiques sont présentées dans le Tableau V.5. Après imprégnation et séchage, le
catalyseur est calciné sous air.
Une quantité de précurseur de rhodium (0,062 g) et de M (par exemple, 1,10 g pour Ni)
correspondant au rapport massique 1 % (pour Rh) et 1 ou 10 % pour les métaux nobles et le
métal de transition respectivement est pesée et dissoute dans de l'eau Ultra-pure (10 mL).
La solution est ajoutée à la quantité du support (2 g) correspondant. On laisse imprégner 48
heures à température ambiante sous agitation. Puis le support est placé à l’évaporateur rotatif (à
50°C) afin d'évaporer lentement la solution. Une fois la solution évaporée, le récipient est placé
dans une étuve à 120°C pendant une nuit.
Le catalyseur est ensuite calciné sous air, dans un réacteur à lit traversé, (30 mL.min-1) à 700°C
(2°C.min-1) pendant 4 heures.
Les différents catalyseurs obtenus sont présentés dans le Tableau V.6.
131
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Rh/Y-Al 3,53 0,70 0,72 0,55 0,01 0,01 0,01 2,22 97,2
RhPt/Y-Al 3,53 0,69 0,77 0,57 0,02 0,02 0,01 2,04 93,4
RhPd/Y-Al 3,64 0,79 0,69 0,49 0,01 0,02 0,01 2,24 98,6
RhNi/Y-Al 3,84 0,75 0,76 0,46 0,01 0,01 0,01 2,10 98,2
132
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
20
18
16
Débit de gaz secs (L/h)
14
12
4 RhNi/Y-Al
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure V.15 : Evolution du débit de gaz secs en fonction du temps de test réactionnel
Quelle que soit la nature du catalyseur, les débits de gaz secs de chaque test suivent la même
évolution. On constate que l’ajout d’une impureté améliore le débit.
Pour le catalyseur référence Rh/Y-Al, on observe que l’ajout d’une impureté dans la charge
réactionnelle n’a pas le même effet que celui observé dans le chapitre IV pour le catalyseur
Rh/MgAl2O4/Al2O3. En effet, le catalyseur Rh/Y-Al ne subit pas d’empoisonnement. Sa
conversion est légèrement diminuée (97,2 %) mais on constate une augmentation du
rendement en H2, CO, CO2 et CH4. Il y a également plus d’eau consommée. On peut donc en
déduire que ce type de catalyseur permet de vaporeformer l’impureté.
Comparé à Rh/Y-Al, l’utilisation du catalyseur RhPt/Y-Al entraîne une diminution de la
conversion de l’éthanol (93,4 %). On observe une augmentation du rendement en CO2 et CH4
et des produits en C2 provenant des réactions de déshydrogénation et de déshydratation de
l’éthanol. L’eau subit une meilleure activation et le rendement en H2 est identique au
catalyseur monométallique.
Avec la présence du palladium, on constate une amélioration de la conversion de
l’éthanol et une augmentation du rendement en H2 et CO. Les quantités de CO2 et CH4
diminuent alors que la valeur de l’eau est stable.
133
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
0.8
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
Rh/Y-Al Rh/Y-Al RhPt/Y-Al RhPd/Y-Al RhNi/Y-Al
(sans
impureté)
Figure V.16 : Evolution du rendement en CO2 provenant des réactions de Water Gas Shift et de vaporeformage
du méthane
L’ajout de platine permet d’améliorer la réaction de Water Gas Shift alors que les autres
métaux (Pd et Ni) favorisent principalement la réaction de vaporeformage du méthane, d’où
les meilleurs rendements en H2 observés pour les tests réactionnels.
Il ressort de ces différents tests que les deux catalyseurs les plus actifs pour la production de
H2 sont RhNi/Y-Al et RhPd/Y-Al. Afin de choisir le catalyseur le plus adapté pour la réaction
de vaporeformage du bioéthanol brut, il est nécessaire de caractériser le coke présent à la
surface de ces matériaux après huit heures de réaction.
134
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
5
I II III IV RhPt/Y-Al
4.5
Quantité de coke (mgC/gcata)
3.5 RhPd/Y-Al
2.5 RhNi/Y-Al
1.5 Rh/Y-Al
0
200 300 400 500 600 700
Température (°C)
Figure V.17 : Profil OTP des différents catalyseurs après 8 heures de test réactionnel
135
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
I II
20
III IV
15
10
0
Rh/Y-Al Rh/Y-Al RhNi/Y-Al RhPd/Y-Al RhPt/Y-Al
(Sans
impureté)
Figure V.18 : Evolution du rendement en coke, en fonction du type et des catalyseurs après 8 heures de test
réactionnel
La Figure V.19 représente le rendement en H2 en fonction de la quantité de coke de type (II),
(III) et (IV) obtenue expérimentalement (Figure V.19). On constate que la présence de coke
défavorise fortement le rendement en H2. En effet, les catalyseurs RhNi/Y-Al et RhPd/Y-Al
qui sont les plus actifs dans la réaction de vaporeformage de l’éthanol (avec 1 % de n-
C4H9OH) avec le meilleur rendement en H2 présentent les plus faibles quantités de coke.
136
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
3,9
3,65
3,6
3,55
3,5
3,45
3,4
0 2 4 6 8 10 12 14
Quantité de coke (II), (III), et (IV) (mgC/gcata)
Figure V.19 : Evolution du rendement en H2 en fonction de la quantité de coke (II, III et IV) produite sur les
différents catalyseurs après 8 heures de test réactionnel
Il est nécessaire pour la suite de cette étude de choisir le catalyseur le plus actif, sélectif et
stable pour la réaction de vaporeformage de l’éthanol. Le catalyseur RhNi/Y-Al est celui que
nous avons par conséquent retenu pour la suite de l’étude.
Les résultats obtenus avec RhNi/Y-Al seront comparés avec les catalyseurs Ni/Y-Al et
Rh/Y-Al préparés dans les même conditions afin d’observer l’influence de l’ajout de nickel et
déterminer les éventuels effets de synergie induits par la présence des 2 métaux. Les
caractéristiques des catalyseurs sont présentées dans le Tableau V.8.
137
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Teneur métallique
surface (% massique) HC*
Catalyseurs BET (µmol.
(m² g-1) Rh Ni g-1)
138
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Intensité (UA)
RhNi/Y-Al
Ni/Y-Al
Rh/Y-Al
15 25 35 45 55 65 75
2-Theta (°)
On constate que les diffractogrammes présentent beaucoup de similitudes entre eux. En effet,
on retrouve les pics caractéristiques du catalyseur Rh/Y-Al discutées dans le paragraphe I.3.1.
On note tout de même que la présence de nickel sur le catalyseur entraîne une augmentation
de l’intensité du groupement de pics situé entre 25 et 40°, sans doute due à une amorphisation
du matériau. Mais aucune phase de NiAl2O4 ou de Ni n’est détectée.
139
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Rh/Y-Al
Signal TCD (UA)
D
A
C
B
RhNi/Y-Al D
C
B
Ni/Y-Al
Le profil RTP de Rh/Y-Al présente un pic (A) à 90°C attribué au rhodium comme cela a été
décrit dans le paragraphe I.3.1. Pour RhNi/Y-Al, on observe le pic du rhodium (A) vers
112°C et trois autres pics de consommation de H2 (B, C et D). Ces trois pics sont aussi
observés sur le profil RTP de Ni/Y-Al. Des études ont permis d’attribuer ces différents
pics36,37. Les pics (B) et (C) situés vers 350°C et 475°C correspondent à NiO et le (D) vers
850°C à la structure spinelle NiAl2O4. Il est à noter que cette structure n’a pas été détectée en
DRX indiquant que NiAl2O4 n’a pas été cristallisé dans nos conditions de préparation.
En considérant que le nickel oxydé est totalement sous la forme Ni2+, il est possible de
déterminer la quantité de Ni présent sous forme NiO et NiAl2O4 qui a réagi lors de la
réduction, à l’aide des réactions suivantes :
NiO + H2 → Ni + H2O pour les pics (B) et (C)
NiAl2O4 + H2 → Ni + H2O + Al2O3 pour le pic (D)
Les résultats obtenus pour les différents rapports H2/Ni sont présentés dans le Tableau V.9.
140
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Tableau V.9 : Consommation d’hydrogène, rapport molaire (H2/(Rh ou Ni) et quantité de Ni transformé lors de
la RTP
Rapport molaire
H2 consommé en RTP Quantité de Ni
H2/(Rh ou Ni)
Catalyseurs (µmol g-1) transformé (%)
RTP
pic pics pic pic pics Pic Pics
NiO NiAl2O4
(A) (B+C) (D) (A) (B+C) (D) (B+C+D)
Rh/Y-Al 198 - - 2,2 - - - - -
RhNi/Y-Al 170 453 673 2,1 0,44 0,65 1,09 40 60
Ni/Y-Al - 381 569 - 0,47 0,70 1,17 40 60
Si l’on additionne les rapports H2/Ni de chaque espèce comprenant le Ni, on constate que la
valeur obtenue, quel que soit le catalyseur, est proche de 1. Ceci confirme que le nickel a
totalement réagi lors de la réduction. On observe que le nickel est majoritairement détecté
sous la forme spinelle NiAl2O4 (60%). Cette structure est connue pour empêcher la diffusion
du rhodium dans l’alumine. On observe que le pic (A), pour RhNi/Y-Al, se réduit à une
température plus importante que le catalyseur Rh/Y-Al indiquant une meilleure dipersion du
Rh pour le catalyseur contenant du nickel. Ceci est en accord avec les valeurs d’H2
chimisorbé présentées dans le Tableau V.8.
141
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Tableau V.10 : Attribution des bandes pour le CO suivant le mode d’adsorption avec le Rh et le Ni
Coordination du
Métal Bandes (cm-1)
CO
+
Rh -(CO)2 2100 et 2030
Rh Rh0-CO 2070
(Rh0)2-CO 1860
Ni2+-CO 2180
Ni δ+-CO 2082
Ni Ni0-CO 2060-2040
Ni(CO)4 2057
(Ni0)2-CO 1950-1940
Les différents catalyseurs (RhNi/Y-Al, Ni/Y-Al et Rh/Y-Al) ont été activés à plusieurs
températures (350, 500 et 650°C) sous H2 (150 mL/min, pendant 1h) puis évacués sous vide
secondaire à la même température. Les spectres de différence présentés sur la Figures V.22
ont été enregistrés après adsorption de 8 µmol de CO à 25°C dans la région 2150-1750 cm-1.
2064 2038
2064 2064
2099 Rh/Y-Al 2056
2038
0,01 UA 0,01 UA 0,02 UA
RhNi/Y-Al
2101
1870
1870
2101 1872
Ni/Y-Al
2050 2050
2080 1940 1940
2150 2100 2050 2000 1950 1900 1850 1800 2150 2100 2050 2000 1950 1900 1850 1800 2150 2100 2050 2000 1950 1900 1850 1800
Figure V.22 : Spectres IR après introduction de CO à 25°C (8 µmol). Les catalyseurs ont été préalablement
réduits à différentes températures (Tr)
Quelle que soit la température de réduction, on constate que le spectre IR du CO
adsorbé sur Ni/Y-Al présente une très faible intensité par rapport aux spectres des autres
catalyseurs. A Tr=350°C, pour Ni/Y-Al, on constate une bande aux alentours de 2080 cm-1
attribuée à Ni δ+-CO. La bande caractéristique de Ni2+-CO a aussi été observée, indiquant que
142
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
le Ni n’est pas réduit à cette température. Ceci est en accord avec les résultats de RTP discutés
précédemment. L’augmentation de la température de réduction, et donc la réduction du nickel
entraîne l’apparition des espèces adsorbées sur le Ni réduit. En effet, on observe un massif
aux alentours de 2050 cm-1 pouvant contenir les deux espèces Ni0-CO et Ni(CO)4 et un autre
massif vers 1940 cm-1 attribué à (Ni0)2-CO.
En ce qui concerne le catalyseur bimétallique, RhNi/Y-Al, les principales bandes de
vibrations présentant les intensités les plus importantes sont attribuables au Rh avec
cependant un épaulement vers 1940 cm-1, observé sur les spectres des catalyseurs réduit à Tr
supérieure ou égale à 500°C, correspondant à (Ni0)2-CO. Sur les catalyseurs contenant du Rh
(seul ou avec Ni), les bandes de vibrations correspondant au Rh sont situées à 2100, 2064,
2038 et 1872 cm-1. L’intensité de ces différentes bandes varie en fonction de la température de
réduction du catalyseur et de la présence ou non de Ni. Les bandes vers 2100 et 2038 cm-1
sont caractéritiques des gem-bicarbonyles adsorbés sur Rh+. Il est reporté dans la littérature
que la présence d’espèces Rh+ résulte de l’oxydation du Rh métallique en présence de CO et
implique les groupements hydroxyles du support, selon la réaction41 :
2Rh + 4CO + 2AlOH → H2 + 2Al-O-Rh(CO)2.
Ce phénomène peut être expliqué par l’énergie de liaison Rh-CO (185 kJ) qui est supérieure à
celle de Rh-Rh (44,5 kJ). D’après le spectre de CO sur le catalyseur Rh/Y-Al, on constate que
l’intensité des bandes correspondant à Rh+-(CO)2 diminue lorsque la température de réduction
augmente, ce qui peut être aisément expliqué par le fait que la quantité d’hydroxyles de
surface diminue lorsque la température de prétraitement augmente.
Par ailleurs, la présence de Ni (catalyseur RhNi/Y-Al) diminue la quantité de Rh+-(CO)2,
quelle que soit la température de prétraitement. On peut donc supposer que le Ni stabilise le
Rh et/ou permet de diminuer l’acidité de surface nécessaire pour la réaction décrite
précédemment.
143
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
144
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
20,00
18,00
16,00
Débit de gaz secs (L/h)
14,00
12,00
Ethanol brut
10,00 Avec 1% de i-C4H9OH
8,00
6,00
4,00
2,00
0,00
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (h)
Figure V.23 : Evolution du débit de gaz secs en fonction du temps de test réactionnel
Quel que soit le test, les débits de gaz secs sont identiques et montrent une très bonne
stabilité aux cours des huit heures de réaction.
Si l’on regarde maintenant l’évolution des produits présents dans le mélange
réactionnel, on observe des résultats très similaires. Dans un cas comme dans l’autre, les
différentes impuretés présentes dans le mélange eau+éthanol n’ont pas d’effet néfaste sur la
réaction de vaporeformage.
Les tests présentés dans ce manuscrit ont été effectués dans les conditions
expérimentales favorisant la désactivation du catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3. Les résultats
obtenus avec le catalyseur RhNi/Y-Al ont permis de confirmer la bonne stabilité et sélectivité
de ce catalyseur en présence ou non d’impuretés dans ces conditions expérimentales
(T=675°C, P=2 bar et R=4). Afin d’étudier la stabilité et la sélectivité de ce catalyseur sur des
longues durées, des tests à différentes températures avec un temps de réaction de 24 h ont été
145
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
réalisés. Les résultats obtenus au cours de ces différents tests sont présentés dans les Tableau
V.13 et Figure V.24
Tableau V.13: Evolution de la distribution des produits, de la conversion, après 24 h de réaction
(valeurs en italiques : équilibre thermodynamique, R=4, T=675-725°C, P=2 bar et PPH(éthanol)=19,5 h-1)
20
18
16
Débit de gaz secs (L/h)
14
12
10 675°C
700°C
8
725°C
6
0
0 4 8 12 16 20 24
Temps (h)
Figure V.24 : Evolution du débit de la phase gaz secs en fonction du temps de test réactionnel
A 675°C même si le catalyseur semble être stable, pendant les huit premières heures sous
flux, l’expérience sur vingt quatre heures montre une désactivation non négligeable.
L’augmentation de la température permet d’améliorer le débit des gaz secs et la stabilité du
catalyseur.
La conversion de l’éthanol est améliorée pour les tests effectués à 700 et 725°C (99,8 et 99,7
%, respectivement). On constate que l’augmentation du rendement en H2 et CO suit
l’évolution de la température contrairement aux produits CO2 et CH4. L’eau est largement
activée et les produits C2 sont détectés à l’état de trace.
146
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
0,8
nCO2(WGS) nCO2(vapoCH4)
0,7
Rendement (mol/molEtOHint)
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
675°C 700°C 725°C
-0,1
Figure V.25 : Evolution du rendement en CO2 provenant des réactions de Water Gas Shift et de vaporeformage
de l’éthanol en fonction du test
Les oxydations en température programmée (OTP) ont été réalisées afin d'identifier les
espèces carbonées déposées au cours de la réaction de vaporeformage du bioéthanol brut à la
surface du catalyseur après vingt quatre heures de réaction à différentes températures. La
Figure IV.26 représente la réponse de CO2 au cours d’OTP .
147
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
3
I II III IV
Quantité de coke (mgC/gcata)
725°C
2.5
1.5 700°C
675°C
0.5
0
200 300 400 500 600 700
Température (°C)
Figure V.26 : Profil OTP des différents catalyseurs après 24 heures de test réactionnel
On observe que la température de réaction affecte le profil OTP. En effet, on constate pour
T=675°C les quatre pics (I, II, III et IV) caractéristiques du coke sur le métal, l’interface
métal-support, le support et le coke graphitique. L’augmentation de la température de réaction
permet de diminuer la formation de coke. A 725°C on ne retrouve quasiment plus de coke
graphitique ce qui explique la bonne stabilité observée dans ces conditions (Figure V.24). De
plus, la quantité de coke (II), (III) et (IV) est fortement diminuée lorsque la température
augmente entraînant une meilleure activité catalytique pour la production de H2 comme le
représente la Figure V.27.
148
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
Rendement en H2 (mol/molEtOHint) 5
4,5 675°C
700°C
4 725°C
3,5
2,5
1,5
0,5
0
0 2 4 6 8 10
Quantité de coke (II), (III) et (IV) (mgC/gcata)
Figure V.27 : Evolution du rendement en H2 en fonction du rendement en coke (II, III et IV) et des catalyseurs
après 8 heures de test réactionnel
II.8) Conclusion
Dans cette étude, les catalyseurs de type RhM/Y-Al (M=Pt, Pd et Ni) ont été testés sur
le vaporeformage de l’éthanol avec 1% de i-C4H9OH. Il en est ressorti que le catalyseur de
type RhNi/Y-Al possédait les performances recherchées pour la réaction de vaporeformage de
l’éthanol. En effet, ce catalyseur permet d’augmenter fortement le rendement en H2 (favorisé
par la réaction de vaporeformage du méthane) et de réduire de manière significative la
production de coke à sa surface sans subir l’empoisonnement par l’impureté. Ceci peut être
attribué aux propriétés acido-basiques du support Y-Al, comme cela a été démontré dans la
première partie de cette étude. De plus, l’ajout de la deuxième phase métallique (Ni) permet
de stabiliser le rhodium par la formation de la spinelle NiAl2O4 empêchant la diffusion du Rh
dans le cœur du support.
Les tests en vaporeformage de l’éthanol brut ont démontré que ce catalyseur possédait une
forte stabilité et une bonne sélectivité dans nos conditions opératoires (T=675°C, P=2 bar,
R=4 et PPH=19,5 h-1) après 8 heures de réaction.
De plus, les performances catalytiques ont été évaluées à différentes températures de réaction
pour une période de 24 heures. Les résultats ont montré que la stabilité et la sélectivité en H2
149
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
150
Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
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Chapitre V : Modification de la formulation du catalyseur
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152
Conclusion générale et perspective
Conclusion générale et perspectives
Dans un premier temps, une étude thermodynamique a été effectuée afin de mieux
comprendre l’influence des paramètres opératoires (la température, le rapport R et la pression)
sur la réaction de vaporeformage de l’éthanol. Ceci nous a permis de déterminer des
conditions expérimentales permettant d’observer la désactivation du catalyseur
(XEtOH<<100%) tout en restant dans les conditions utilisables industriellement pour le
procédé de vaporeformage de l’éthanol, soient :
P=2 bar, T=675°C, R=4 et PPH=19,5 h-1.
Les tests réactionnels nous ont permis de comprendre les différentes réactions se
produisant lors du vaporeformage de l’éthanol avec ou sans catalyseur. L’ajout d’eau en
absence de catalyseur modifie la distribution des produits de la réaction de décomposition
thermique de l’éthanol, sans toutefois favoriser le vaporeformage. En présence de
Rh/MgAl2O4/Al2O3, une importante augmentation des rendements en H2 et CO2 a été
observée lors du vaporeformage de l’éthanol. Le catalyseur permet de favoriser la réaction de
déshydrogénation au dépend de la déshydratation de l’éthanol et d’activer la molécule d’eau.
L’acétaldéhyde ainsi formé se décompose en CO et CH4 qui vont réagir avec l’eau par
l’intermédiaire des réactions de Water Gas Shift et de vaporeformage du méthane, permettant
la production de H2 et CO2.
L’évolution du débit de gaz secs au cours du temps de réaction a permis d’observer une
désactivation du catalyseur. Cette désactivation a été attribuée à deux phénomènes : le
premier est la formation de coke à la surface du catalyseur provenant de la polymérisation de
C2H4 ; le deuxième correspond au frittage de la phase métallique entraînant une chute
drastique de l’accessibilité métallique.
153
Conclusion générale et perspectives
A la suite de ce travail une étude a été réalisée sur l'effet de différentes impuretés du
bioéthanol brut (acide acétique, diéthylamine, ester, aldéhydes, alcools lourds…) sur le
vaporeformage d’un mélange modèle (éthanol +1 % de l’impureté choisie) en présence de
Rh/MgAl2O4/Al2O3. Il a été montré que selon la nature de ces impuretés, elles peuvent jouer
un rôle promoteur ou entraîner la chute de l’activité catalytique. Ainsi, il a été démontré que
l'ajout de diéthylamine et de butanal augmente la conversion de l'éthanol et bloque les sites
acides responsables de la polymérisation de l’éthylène. Le méthanol n’a, quant à lui, aucun
effet sur la réaction. En présence des autres impuretés, une forte désactivation du catalyseur
avec une diminution de la conversion de l'éthanol, directement liée à la longueur de la chaîne
carbonée ou l’ajout d’une ramification, a été observée. En conséquence, la désactivation
pouvait être expliquée principalement en termes de blocage des sites actifs par dépôt de coke.
154
Conclusion générale et perspectives
De plus, les performances catalytiques ont été évaluées à différentes températures de réaction
(675°C, 700°C et 725°C) pendant 24 heures. Les résultats obtenus ont montré que la stabilité
et la sélectivité en H2 de ce catalyseur augmentaient avec l’évolution de la température.
155
Annexes
Annexes : Annexe 1
Réactions utilisées :
Formules utilisées :
1 = nCH 3CHOt1 + nC2 H 4t1 + nCH 3CH 2OHt f
d’où
nCH 4t f nCOt f nCO2t f nCO2 (vapoC2 H 4 )
nCH 3CHOt1 = + + + nCH 3CHOt f −
2 2 2 2
nCH 4t2 = nCOt2 = nCH 3CHOt1 − nCH 3CHOt f .
si l’on considère
A= proportion de CO2 provenant du WGS et du vaporeformage du CH4
156
Annexes : Annexe 1
d’où
nCH 4t f nCOt f AnCO2t f
nCH 3CHOt1 = + + + nCH 3CHOt f
2 2 2
nCt f (1 − A)nCO2t f
nC2 H 4t1 = nC2 H 4t f + nC2 H 6t f + +
2 2
Soit A=0,90
0,30 0,57 0,90 *0,34
nCH 3CHOt1 = + + + 0, 03 = 0, 618 mol/molEtOHintroduit
2 2 2
0, 07 (1 − 0.90) * 0,34
nC2 H 4t1 = 0, 07 + 0, 04 + + = 0,164 mol/molEtOHintroduit
2 2
nCH 4t2 = nCOt2 = 0, 618 − 0, 03 = 0,588 mol/molEtOHintroduit
157
Annexes : Annexe 1
158
Annexes : Annexe 2
Réactions utilisées :
Formules utilisées :
nCH 4t f nCOt f nCO2t f
nCH 3CHOt1 = + + + nCH 3CHOt f
2 2 2
nCt f
nC2 H 4t1 = nC2 H 4t f + nC2 H 6t f +
2
nCH 4t2 = nCOt2 = nCH 3CHOt1 − nCH 3CHOt f .
159
Annexes : Annexe 2
160
Annexes : Annexe 3
T et P: température et pression du gaz lors de la mesure de débit; NH2, NCO2, NCO et NCH4, les
débits molaires de gaz produits.
Soient τ1, τ2, et τ3 les taux de conversions partiels de l'éthanol par chacune des réactions (1),
(2) et (3). On a :
τ = τ1 + τ2 + τ3
NH2 = NE (6τ1 + 4τ2 - 2τ3)
NCO2 = NE × 2τ1
NCO = NE × 2τ2
NCH4 = NE × 2τ3
Soient S1, S2 et S3 les sélectivités de chacune des réactions (1), (2) et (3), on a :
τ1 = S1 τ ; τ2 = S2 τ et τ3 = S3 τ
D’où
RT
FG = N E (8S1 τ + 6S 2 τ)
P
Si ces sélectivités sont constantes (même proportion de H2, CO, CO2 et CH4 dans les gaz en
cours de réaction):
RT
FG = N E τ (8S1 + 6S 2 ) = Kτ
P
Le débit de gaz est donc proportionnel à τ
161
Ce travail concerne l'étude de la production d'hydrogène par vaporeformage catalytique du
bioéthanol brut pour mettre en évidence l’effet des impuretés de l’alcool brut sur les
performances catalytiques. Les performances du catalyseur Rh/MgAl2O4/Al2O3 en
vaporeformage de l'éthanol en présence ou non de différentes impuretés ont été évaluées. La
nature de l’impureté joue un rôle promoteur ou entraîne la chute de l’activité catalytique.
L’effet promoteur peut être expliqué par un blocage des sites responsables de la formation de
C2H4 tandis que la désactivation semble au dépôt de coke. Par la suite les travaux ont porté
sur l’amélioration de la formulation, et un catalyseur (RhNi/Y-Al) actif, sélectif et stable pour
la production d’hydrogène à partir du bioéthanol brut a été mis au point. L’incorporation
d’un oxyde de terre rare à l’alumine et l’ajout d’une deuxième phase métallique a permis
d’améliorer les propriétés acido-basiques du support, permettant de limiter la production de
coke lors du vaporeformage du bioéthanol brut.