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PERE DE FAMILLE.
C 0 z)
EN CINQ ACTES, ET EN PROSE,
AVEC UN DISCOURS
i
SUR LA POESIE DRAMATIQUE.
0~<'7<~t–
Horat.
decor naturis dandus g.
annis,
A SON ALTESSE SERÉNISSIME
MADAME LA PRINCESSE
D E
NASSAU SAARBRUCK.
MADAME,
En fbumettant le Perede
au jugement de VOTRE AJL-
TESSE SE'RE'NISSIME,
je ne me ims point diHimuté ce qu'l!
avoit à redouter. Femme éclai-
en
rée, mere tendre, quel eft le fenti-
que vous n'eu~iez exprimé
ment
plus de délicateSe que lui ?
avec
Quelle eft l'idée que vous n'euf-
fiez rendue d'une manière plus tou-
chante ? Cependant ma témérité ne
fe bornera pas, MADAME à vous
offrir un fi foibic hominage. Quel-
diAance qu'il y ait de l'ame
que
d'un poëte à celle d'une mere j'ose-
rai defcendre dans la vôtre y lire
fi je le fçais, & révéler quelques-
unes des pensées qui l'occupent.
Puisiez-vous les reconnoître & les
avouer.
nir,1 peut-ctre
A.'
me trouverai-Je un
jour moins au defrous de l'opinion
favorable dont elle m'honore.
Puiïle l'ébauche que je viens de
tracer de votre caraûcre & de vos
fentimens, encouragerd'autres fem-
mes à vous Imiter! Purent-elles
concevoir qu'elles paffent à mesure
que leurs enfans croient &: que
elles obtiennent les longues années
qu'elles ïe promettent, elles Hniront
par être elles-mêmes des enfans
ndes, qui redemanderont vain
en
une ~ndrejfîe quelles n'aurontpas
retienne.
Je ~uis ~vec un très-profond re~
P~,
MADAME,
DE VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME,
P~~O~VjV~C~.
Monteur D'ORBESSON, P~
Famille.
Monteur LECOMMANDEUR
D'AUVILE', Pere de
Famille.
GERMEUIL, M~~
de un du jF~/72J/
MonHeur L E B 0 N ~ï~/ï~
/72~ï
Mademolfelle CLAIRET~
~72~~ C~Z'
LA BRIE, ~jD~/?~
PHILIPPE~ Famille.
ï.
DESCHAMPS.
Ger..
772~
Autres DOMESTIQUES de la ~z.
Madame HEBERT,
Madame PAPILLON, M~~
la
Za Scène ~/2
Pere de Famille.
dans la ~2
LE
LE
PERE DE FAMILLE,
C 0 Af~ D
Z~
décorée de glaces,
C~ celle du Pere
/72~.
La nuit ~?~ avancée. 7/~?~~
/72~/ï.
A C TE PREMIER.
c .y~ I.
LE PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR, CECILE,
GERMEUIL.
Sur le devant de voit
Famille
pas
la tête baiffée,
~y~
I. Partie, A
Un peu fur le fond, vers c~2~~ qui ~?
à l'un des côtés de la Y~~ Comman-
6'y~ /z~~yo/2f une partie de ~'<?/~c.
Z~g C<?~2< un peu Z7/~J près
feu 6'?~
du ~?J /Z~7Z/7!f~/?
~/2~ /Z fauteuil, un livre à la //MJ/?. Il
en interrompt de teins en tems la /<?<?~~
pour ~/Z~/7Z~/2~ Cécile dans les
momens CM elle ~/? occupée ~yo/Z7~ 6'
où il /Z<? ~~f~ en être ~p~C~.
Le Co/72/72~/2~y~ <7~~Z7~
~/7'd lui. C~yo~PCO/Z ~?/2~ dans une
inquiétude qu'on remarque à fes /720M~-
mens.
CECILE.
~~t oncle, qu'avez-vous? Vous
<ivJL me paroiffez inquiet.
LE COMMANDEUR
(~z j-~7~ ~y~/z~).
Ce n'eit rien ma nièce. Ce n'eft rien.
( Les ~y~/zfy~ le point de finir, & le
C<9/72772~/2~ à C'<?/77~ )
Monneur, voudriez-vous bien donner?
( G~/7~<~7 T'tZ /C/2/ Z~ C~/?Z/7Z~/Z~y~~
~~C~j~
J
ce /7M/2/~M/- riPt7/n~nr
~ï~
~M/7Z~ en ~'c7~C. 6'd/77~ re-
~/Z~, ~CO/M/~<'z/ 6'
le Commandeur dit
au Laquais entre)
Des bougies.
( Cependant la ~~c?/-JC s'avance. Le
Cc/72/72~/2~f/ < /2~2~ ~/7~
t~Z~ ($' /20/72//?~/2~ leurs ~7 )
LE COMMANDEUR.
Six cinq.
GERMEUIL.
Il n'e~ pas malheureux.
LE COMMANDEUR.
Je couvre de l'une & je païle l'autre.
C É C I L E.
Et moi, mon cher oncle je
marque
fix points d'école. Six points d école
LE COMMANDEUR.
( <2 6'<?/77Z~7).
Monteur, vous avez la fureur de parler
~r le jeu.
CECILE.
Six points d~école
LE COMMANDEUR.
Cela me dirirait, & ceux qui regardent
Derrière moi m'inquiètent.
C É C I L E.
Six & quatre que j'avois, font dix.
LE COMMANDEUR
(~/OM/~ Germeuil ).
Monueur, ayez la bonté de vous pla-
ter autrement & vous me ferez plaifir.
rn r r
77.
C E ~V
LE PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR, CECILE,
GERMEUIL, LA BRIE.
LE PERE DE FAMILLE.
Tr~ St-ce pour leur bonheur, e~i-ce pour
-N–j le nôtre qu'ils font nés ? Hélas
ri l'un ni l'autre
( Brie 'ï~zf avec des ~<?M~~ en r/~c~
Z~z
où il ~/Z/f <S' /)9/Z/ ~/?~~ le /?0~~
de for tir, le Pere de Famille l'appelle)
La Brie q
LA BRIE.
Mon~eur~
(!)
t<E PERE DE
T~t7 FAMILLE~
( apres une petite /7~~ ) pendant laquelle il
a CC/2/2J/~ de <S'C/-O~ZC/I~/).
Où e~: mon fils ?
L A B R I E.
Il eft forti.
LE PERE DE FAMILLE.
A quelle heure ?
LA BRIE.
Monfieur je n'en fçais rien.
LE PERE DE FAMILLE
( encore ~/Z~~J/).
Et vous ne fçavez pas où il e~ aile ?
LA B R 1 E.
Non, Monfieur.
LE COMMANDEUR.
Le coquin n'a jamais rien fcû. Doubla
deux.
C É CI LE.
Mon cher Qncle~ vous n'êtes pas à
vo-
tre jeu.
LE COMMANDEUR.
( ironiquement &0 ~M/yMg/M~ )
Ma nièce fongez au votre.
LE?ERE DE FAMILLE
( La Brie /0~/<3M/~ en y~ /7/'<?/726/2<2y2f 6*
rêvant. )
Il vous a défendu de !e cuivre ?
LA B R I E.
( ~~7M~ ne entendre )
Monteur ?
LE COMMANDEUR.
Il ne répondra pas à cela. Terne.
LE PERE DE FAMILLE
( ~0~ ~/Z ~<3/?2<?/2~f 6' ~~<.2/?~ )
Y a-t-il long-iems que cela dure
LA BRIE
(y~72a/2~ encore de ne pas ~/2~/2~ ).
Monfieur ?
LE COMMANDEUR.
Ni à cela non plus. Terne encore. Les
doublets me poursuivent.
LE PERE DE FAMILLE.
Que cette nuit me paroit longue Ï
LE COMMANDEUR.
Qu'il en vienne encore un & j'ai per.-
du. Le voilà.
( G'72~/Z/)
Riez~ Monteur. Ne vous contraignez pas.
( Z~Z~* ~/? /C/?Z. Z~/7~ M<?/UC~/2/f.
Le C~72~/2~M~ Cécile <$' Gernzeuil ~~<
prochent du Pere de ~/7K'
~C~jV~
LE PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR, CECILE,
GERMEUIL.
LE PERE DE FAMILLE.
D Ans quelle inquiétude il me tient
JL~ Où e~-il ? Qu'exil devenu ?
LE COMMANDEUR.
Et qui fçait cela ? Mais vous vous
êtes affez tourmenté pour ce ~oir. Si
vous
m'en croyez, vous irez prendre du
repos.
LE PERE DE FAMILLE.
II n'en e~t plus pour moi.
LE COMMANDEUR.
Si vous l'avez perdu, c'e~
un peu vo-
tre faute & beaucoup celle de ma fceur.
C'ëtoit, Dieu lui pardonne,
une femme
unique pour gâter fes .enfans.
CECILE
C I L
Mon oncle.
(/)-
È
LE COMMANDEUR.
J'avois beau dire à tous les deux pre-
nez-y garde, vous les perdez.
C É C I L E.
Mon oncle.
LE COMMANDEUR.
Si vous en êtes fous à préfent qu'ils
<bnt jeunes, vous en ierez martyrs quand
ils feront grands.
C É C t L E.
Monneur le Commandeur.
LE COMMANDEUR.
Bon e~-ce qu'on m'écoute ici
LE PERE DE FAMILLE.
Il ne vient point
LE COMMANDEUR.
Il ne s'agit pas de foupirer, de gémir
mais de montrer ce que vous êtes. Le tems
de la peine eft arrivé. Si vous n'avez pu la
prévenir, voyons du moins fi vous fçaurez
{a apporter. Entre nous j'en doute.a.
( Z~ ~/Ï< /~)~M~
~O/Z/Zg heures ).
Mais voilà fix heures qui donnent.
Je me fens las J'ai des douleurs dans
I~s jambes comme fi ma goutte vouloit
me reprendre. Je ne vous fuis bon à rien.
Je vais m'envelopper de ma robe de
chambre, & me jetter dans un fauteuil.
Adieu mon frere Entendez-vous
LE PERE DE FAMILLE.
Adieu Monneur le Commandeur~
'II
LE COMMANDEUR.
( en s'en allant).
î.a Brie.
LA BRIE
(du ~Z~ )~
Moqueur.
LE COMMANDEUR.
Hciairez moi & quand mon neveu ~er~
rent;~y vous viendrez m'avertir.
C ~JV
LE PERE DE FAMILLE, CECILE,
GERMEUIL.
LE PERE DE FAMILLE
(~J s'être encore promené ~2~.)
M A fille c'eft malgré moi que vous
avez paffé la nuif.
CÉCILE.
Mon pere j'ai fait
ce que j'ai dû.
LE PERE DE FAMILLE.
Je vous fçais gré de
cette attention
mais je crains que
vous n'en foyez indif-
pofee. Allez vous repofer.
CÉCILE.
Mon pere, il eft tard. Si
vous me per-
mettiez de prendre à votre fanté l'intérêt
que vous avez la bonté de prendre à la
mienne.
LE PERE DE FAMILLE.
Je veux relier. Il faut
que je lui parle.
C É C I L E.
Mon frere n'e~ plus
un enfant.
LE PERE D E FAMILLK.
Et qui fçait tout le mal qu'a pu appor-
ter une nuit ?
CÉ CILE.
Mon pere
LE PERE DE FAMILLE.
Je l'attendrai. Il me verra.
( ~?~
~y~).
~/z~/7Z6/z~ mains fur les
(C~ 6'y~
m'aimez.
mais le Pere
~y~v/~
de Famille le retient <& lui )
Germeuil, demeurez.
C
LE PERE DE FAMILLE,
GERMEUIL.
( marche de cette Scene <?/? lente.)
Z~Z
LEPERE DE FA MILLE,
comme s'il ~o~ /~M/
Cécile).
-1
en /2f aller
C ~V
LE PERE DE FAMILLE y~
7~ ~~T~/2C~ vers l'endroit où il a entendu
marcher. Il écoute, 6' dit f/72~/2f
JE
n'entens plus rien.
Il Je ~/TO/7~y2~ un peu puis il dit
AHeyons-nous.
Il c~<?/c~ë du repos il /z~/z trouve roz/z~ 6*
il dit
Je ne fçaurois Quels preffentimens
s~élevent au fond de mon ame s'y fuc-
cedent & l'agitent 0 cœur trop
fenfible d'un pere ne peux-tu te calmer
un moment A l'heure qu'il eA, peut-
être il perd là fanté fa fortune
fes moeurs Que ~cais-je ? fa vie
fon honneur. le mien
T/y~ leve ~~M/jM~/M~/z~ <5'
Quelles idées me pourfuivent
S C E NE
LE PER E DE FAMILLE,
UN INCONNU.
Tandis que le Pere de ~z~
/?< entre un inconnu
erre accablé de
homme du ~~p~~
les
/o~en
~j cjc~y~~ ~z~~
C~K~
en
c/M.
~ZC~
peau <~ enfoncé fur les
LE PERE DE FAMILLE
qui le voit ~72~ lui, l'attend, l'arrête par
le ~y <& lui dit
Qui êtes-vous~ Où allez-vous ?
L'INCONNU
(/?OZ'/2f de
LE PERE DE FAMILLE.
/).
Qui êtes-vous ? Où aUez-yous ?
L'INCONNU
(point de /W~ ~/2~ ).
LE PERE DE FAMILLE
4~ lentement le C~~C~M de /~7/2CO/2/2M
/0/2/2<3~yc/2~Z' 6' J'~C/
Ciel C'eft lui C'e~ lui.
Mes fune~es prefIentimenS) les voilà donc
accomplis Ah
7//70~~ des accens ~K~~ il s'éloigne,
il revient. Il dit
Je veux lui parler.Je tremble de
l'entendre. Que vais-je ravoir
J'ai trop vécu. J'ai trop vécu.
S./ A L B i N
( MZ//CM~ ~/20M~).
Si j'ai jamais éprouvé votre bonté <t
dès mon enfance j'ai pu vous regarder
comme l'ami le plus tendre fi vous fûtes
le confident de toutes mes joies & de
toutes mes peines, ne m'abandonnez pas.
Confervez-moi Sophie que je vous doi-
ve ce que j'ai de plus cher au monde. Pro-
tégez-la. Elle va nous quitter, rien n'eft
plus certain. Voyez-la détournez-la
de fon projet. La vie de votre fils en
dépend. Si vous la voyez, je ~erai le
plus heureux de tous les enfans & vous
icrez le plus heureux de tous les peres.
LE PERE DE FAMILLE.
Dans quel égarement il eft tombé ? Qui
eâ-eHe, cette Sophie qui e~t-elle ?
S/t A L B 1~
( /C~T~ allant 6' ~/M/7~ avec <?/2f~CZ/M).
Elle eu; pauvre elle en; ignorée elle
habite un réduit obscur mais c'eA un an-
ge c'e~ un ange & ce réduit efi le Ciel.
Je n'en descendis jamais ians être meilleur.
( )
Je ne vois rien dans
~ancmr
ma vie duHpée &
tumultueuse à comparer aux heures in-
nocentes que j'y ai paffées. J'y voudrois
vivre & mourir, duHai-je être méconnu
méprise du re~te de la terre. Je croyois
avoir aimé. Je me trompois C'e~i à.
préfent que j'aime. ( en main
~y~/2~~). Oui. J'aime pour la pre-
miere fois.
LE PERE DE FAMILLE.
Vous vous jouez de mon indulgence
& de ma peine. Malheureux laiiïez-Ià
vos extravagances. Regardez vous &
répondez-moi ? Qu'eïi-ce que cet indigne
traveflifïement? Que m'annonce-t~il?
S.'t A L B i N.
Ah, mon pere c'eH: à cet habit
que je
dois mon bonheur, ma Sophie
ma vie.
LE PERE DE FAMILLE.
Comment ? parlez
S/ A L B ? N.
·
Il a fallu me rapprocher de fon état, il
a fallu lui dérober mon rang, devenir ïbn
égal. Ecoutez, écoutez.
LE PERE DE FAMILLE.
J'écoute & j'anens.
S/t ÂLBIN.
Près de cet a<)'Ic écarté qui la cache
aux yeux des hommes. Ce fut ma der-
Hiere renource.
LE PERE DE FAMILLE.
Eh bien?.
S/t ÀLBIN.
'A côté de ce réduit. Il y en avoit un
autre.
LE PERE DE FAMILLE,
Achevez.
S.t ALBIN.
Je le loue. J'y fais porter les meubles
qui conviennent à un indigent. Je m'y
loge, c~ je deviens fon voifin fous le nom
de Sergi & fous cet habit.
LE PERE DE FAMILLE.
Ah, je refpire Graces à Dieu, du
moins je ne vois plus en lui qu'un intente.
S/t ÂLBIN.
Jugez fi j'aimois Qu'il va m'en
Coûter cher Ah
LE PERE DE FAMILLE.
Revenez à vous &: fongez à mériter
par une entiere confiance le pardon de
votre conduite.
S/t ALBIN.
Mon père, vous fçaurez tout. Hélas, je
n'ai que ce moyen pour vous néchir
La première fois que je la vis,
ce fut à
l'Eglife. Elle étoit à genoux
aux pieds
des autels auprès d'une femme âgée
que
je pris d'abord pour ~a mère. Elle attachoic
tous les regards. Ah mon père quelle
modèle quels charmes Non, je ne
puis vous rendre l'impreHion qu'elle fit
fur moi. Quel trouble j'éprouvai Avec
quelle violence mon cœur palpita Ce
que je reffentis Ce que je devins
Depuis cet infant je
ne penfai, je ne rê-
vai qu'elle. Son image
me fuivit le jour
m obséda la nuit, m'agita
par-tout. J'en
perdis la gaieté, la fanté le
repos. Je ne
pus vivre fans chercher à la
retrouver.
J'allois par-tout où j'efpérois de la
revoir.
Je languiubis, je pérmbis,
vous le
vez lorsque je découvris que
cette fem-
meâgée qui laccompagnoit, fe nommoit
Madame Hébert, que Sophie l'appelloit
fa bonne & que reléguées toutes deux
à un quatrième étage elles y vivoient
d'une vie misérable. Vous avouerai-je
les efpérances que je conçûs alors, les of-
fres que je fis tous les projets que je
formai ? Que j'eus lieu d'en rougir, lorf~
que le Ciel m'eut infpiré de m'établir à
côté d'elle Ah, mon pere, il faut que
tout ce qui l'approche, devienne honnête
ou s'en éloigne. Vous ignorez ce que je
dois à Sophie, vous l'ignorez. Elle m'a
changé. Je ne fuis plus ce que j'étois.
Dès les premiers infians, je fentis les de-
firs honteux s'éteindre dans mon ame le
respect & l'admiration leur fuccéder. Sans
qu'elle m'eût arrêté contenu peut-être
même avant qu'elle eût levé les yeux fur
moi, je devins timide de jour en jour je
le devins davantage c~ bien-tôt il ne me
fut pas plus libre d'attenter à fa vertu qu'à
fa vie.
LE PERE DE FAMILLE.
Et que font ces femmes ? Quelles font
leurs reHburces ?
S/t ALBIN.
Ah fi vous connoi~ez la vie de ces
infortunéesï Imaginez que leur travail
commence a~ant le jour, 8c que fouvent
elles y paffent les nuits. La bonne file au
rouet. Une toile dure & groffiere cA en-
tre les doigts tendres & délicats de So-
phie, & les ble~e. Ses yeux, les plus
beaux yeux du monde, s'ufent à la lu-
miere d'une lampe. Elle vit fous un toît
entre quatre murs tout dépouillés. Une
table de bois deux chaifes de paille, un
grabat i voilà fes meubles. 0 Ciel
quand tu la formas, étoit-ce là le fort que
tu lui deftinois ?
LE PERE DE FAMILLE.
Et comment eûtes-vous accès ? Soyez
vrai.
S.t ALBIN.
Il eu: inoui tout ce qui s'y oppofoit
y
tout ce que je fis. Etabli auprès d'elles je
ne cherchai point d'abord à les voir mais
quand je les rencontrois en descendante
en montant, je les faluois avec respect.
Le loir quand je rentrois (car le jour on
me croyoit à mon travail ) j'allois dou-
cement frapper à leur porte, & je leur
demandois les petits fervices qu'on fë
rend entre voifins comme de l'eau du
feu, de la lumiere. Peu-à-peu elle fe fi-
fent à moi. Elles prirent de la confiance.
Je m'offris à les fervir dans des bagatelles.
Par exemple, elles n'aimoient
pas fortir à
la nuit, j'allois & je venois
pour elles.
LE PERE DE FAMILLE.
Que de mouvemens &- de ~bins Et à
quelle fin Ah fi les gens de bien
Continuez.
S.~ A L B i
Un jour j'entens frapper à
ma porte.
C'étoit la bonne. J'ouvre. Elle
entre fans
parler, s'aflied, & fe met àpleurer. Je
lui demande ce qu'elle Sergi,
a. me dit-
elle, ce n'e~t pas fur moi que je pleure.
Née dans la mifere j'y fuis faite mais
cette enfant me défole Qu'a-t-elle ?
Que vous eft-il arrivé?. Hélas répond
la bonne depuis huit jours
nous n'avons
plus d'ouvrage &~ & nous
nnn' femmes fur le
point de manquer de pain. Ciel m'écriai-
je, tenez, allez, courez. Après cela. je
me renfermai, & l'on ne me vit plus.
LE PERE DE FAMILLE.
J'èntens. Voilà le fruit des fentimens
qu'on leur infpire. Ils ne fervent qu'à les
rendre plus dangereux.
S. A L B 1 N.
On s'apperçut de ma retraite, & je
m'y attendois. La bonne Madame Hëberc
m'en fit des reproches. Je m'enhardis. Je
l'interrogeai fur leur fituation. Je peignis
la mienne comme il me plut. Je propofai
d'anocier notre indigence &: de l'alléger
en vivant en commun. On fit des difficul-
tés. J'infiftai, & Fon confentit à la fin.
Jugez de ma joie ? Hélas, elle a bien
peu
duré, & qui fçait combien ma peine du.
rera î
Hier j'arrivai à mon ordinaire. Sophie
étoit feule. Elle avoit les coudes appuyés
fur fa table, & la tête panchée fur fa main.
Son ouvrage étoit tombé à tes pieds. J'en"
(~0
J I
trai fans qu'elle m'entendît.
m'en Elle ~bupl-
roit. Des larmes s'échappoient d'entre fes
doigts, & couloient le long de fes bras.
Il y avoit déjà quelque tems que je la
trouvois triste. Pourquoi pleuroit-elle ?
Qu'eft-ce qui l'amigeoit ? Ce n'étoit plus
le befoin. Son travail & mes attentions
pourvoyoient à tout. Menacé du ~eul
malheur que je redoutois, je ne balançai
point. Je me jettai à fes genoux. Quelle
fut ~a furprife Sophie lui dis-je, vous
pleurez Qu'avez-vous ? Ne me celez pas
votre peine. Parlez-moi de grace par-
lez-moi. Elle fe taifoit. Ses larmes conti-
nuoient de couler. Ses yeux où la férénité
n'étoit plus, noyés dans les pleurs, ~e tour-
noient fur moi, s'en eioignoient, y re-
venoient. Elle difoit feulement pauvre
Sergi malheureufe Sophie Cependant
j'avois baiffé mon vidage fur fes genoux,
& je mou illois fon tablier de mes larmes.
Alors la bonne rentra. Je me leve. Je
cours à elle. Je l'interroge. Je reviens à
Sophie. Je la conjure. Elle s'obftine au
t:3';1
LE PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR en robe de c~a~~
~/Z bonnet de nuit.
H LE COMMANDEUR.
bien Monfieur d'OrbeHbn vous
JLj avez vû votre fils? De quoi s'agit-il ?
LE PERE DE FAMILLE.
Monfieur le Commandeur vous le
fçaurez. Entrons.
LE COMMANDEUR.
Un mot, s'il vous plaît. Voilà votre
~ils embarqué dans une aventure qui va
vous donner bien du chagrina n'eâ-ce
pas?
LE PpRE DE FAMILLF.
Mon frere
LE COMMANDEUR.
Afin qu'un jour vous n'en prétendiez
caufe d'ignorance je vous avertis que
votre chere fille & ce Germeuil que vous
gardez ici malgré moi,
1
r~ vous en préparent
de leur côté & s'il plaît à Dieu, ne
vous
en laiueront pas manquer.
LE PERE DE FAMILLE.
II'
Mon frere, ne m'accorderez-vous pas
un Infant de repos ?
LE COMMANDEUR.
Ils s'aiment 3 c'cA moi qui vous le dis~
LE PERE DE FAMILLE
( ~Mf~/2~).
Eh bien, je le voudrois.
( Z~ Pere de entraine le Comman-
deur hors de la Scène, tandis ~M~F~~ ).
LE COMMANDEUR.
Soyez content. D'abord ils ne peuvent
ni fe ~unrir, ni fe quitter. Ils fe brouil-
lent fans ce~Ic, & font toujours bien. Prêts.
à s'arracher les yeux fur des riens, ils ont
une ligue offenfive & défenfive envers
& contre tous. Qu'on s'avife de
remar-
quer en eux quelques-uns des défauts dont
~s fe reprennent
on y fera bien venu. c),
~pa
Hâtez-vous de les féparer c'eit moi qui
vous le dis.
LE PERE DE FAMILLE.
Allons, Monfieur le Commandeur
entrons. Entrons, Monfieur le Comman-
deur.
ACTE SECOND.
S C E NE
LE PERE DE FAMILLE, CECILE,
Mademoifelle CLAIRET, Monfieur LE
BON, UN PAYSAN, Madame PA-
PILLON Marchande à la toilette <zv~
une ~y~f 0~/Y~f LA BRIE, PHI-
LIPPE ~/72<?/?~7M<' qui vient fe préfenter,
Un Homme vêtu de noir qui a l'air d'un
pauvre ~0/2MM~ 6' qui /?.
Toutes ces ~zy!~ arrivent les unes après
les autres. Le payfan fe f~/2f~<?M~
corps Z?a/2C~ey~'yo/! bâton. Madame Pa-
~Z~O/Z dans un /r~Z/~ J~~M~
vifage avecfon'mouchoir fa fille de ~<?~-
~/?<~0~ COfC avec un petit
C~I~O/Z fous le ~/U~. A~3/7/ Le Bon ~/2
étalé yZ~T~~y~un C(Z/Z~ Z ~<9//Z-
~0~ e~l
vêtu de noir
me ~~M <?/? retiré â,~l'écczrt, ~7~
f/~C~Z/f dehoaf
dans un coin auprès 1 <z~j~/z~ Z~zZ'~
~49)
en 6* en /~7~.
~a~ La
l
/2f ~o~ c~
P~Z. E/ ~c7zo/Z
en un <i
fa W~ fur une
côté de cette f~. Le
M~7<;
C~~ c/? ~o~ ~M~~7
~a~
~C~ ~? ~~0/M
Celle de C<?~~
~<?/
LE PERE DE FAMILLE
Ah
( au ). 7~
c~ft vous qui venez enchérir n~
le bait de mon fermier-1de Limeuil. J'en
C/
fuis content. H eA exad. II des
a enfans.
Je ne ~is pas fâché qu'il Me
Papillon d'approcher).
CÉCILE
(~ Madame Papillon
M apportez, vous de belles chofes?
LE PERE DE FAMILLE
(~/?/Z Intendant ).
Eh bien. Monfieur le Bon,
qu'eft-cc
qu'il y a
M.~ PAPILLON.
(~a C~).
Mademoifëtle
vous allez voir.
· M.'Le BoN.
Ce débiteur dont le billet e~
échu de-
puis un mois, demande
encore à différer
ion payement.
LE PERE DE FAMILLE.
Les tems font durs
accordez lui le
délai qu'il demande. Rifquons
~m~plûtô~ue de le ruiner.une petitepet~te
P<z< que la Scène ~ic~<
V Madame
Papillon &fafille de boutique déployent
fur des fauteuils des Perfes, des Indiennes,
de Hollande 6'C. Cécile tout
C/Z~Zf~/ZC~~ regarde approuve
defapprouve fait mettre à part, 6'C. ).
M/LE BoN.
Les ouvriers qui travailloient à votre
maifon d'Or~gny font venus.
LE PERE DE FAMILLE.
Faites leur compte.
M/ L E BON.
Cela peut aller au-delà des fonds.
LE PERE DE FAMILLE.
Faites toûjours. Leurs besoins font plus
prenans que les miens & il vaut mieux
(~).
que je fois gêné qu'eux.
/C~ avec
lui 6'
C~
( 7c~ il apperçoit le pauvre.honteux. 7/~
dit bas )
7/ ~ZC~ vers
(Af~ C~J~<6'
dame Papillon.
y~ ~o/zf). M.' LE B O N.
Ce volim qui a formé des prétentions
fur votre terre, s'en dëhïieroit peut-être,
LE PEH.E DE FAMILLE.
Je ne me iaiHerai pas dépouiller. Je
ne facriMerai point les intérêts de
mes en-
fans à l'homme avide & injure. Tout
ce
que je puis, c'e~i de céder, fi l'on veut,
ce que la pourfuite de ce. procès Ç.S pourra
me coûter. Voyez.
( Monfieur le Bon fort).
LE PtRE DE FAMLLLE
( le rappelle lui dit)
A-propos, Monfieur le Bon. Souve-
nez vous de ces gens de province. Je
viens d'apprendre qu'ils ont envoyé ici
un de leurs encans tâchez de me le dé-
couvrir.
( <i la F/7~ ~Mi
J OCC~70Ma ~ï).
Vous n'êtes plus à mon fervice. Vous
connoiniez le dérèglement de mon fils.'
Vous m'avez menti. On ne ment pas chez
moi.
CÉCILE
( ~/M~C~/Z~).
Mon pere.
LE PEKE DE FAMILLE:
Nous fommes bien étranges. Nous les
aviHubns. Nous en fanons de malhonnê-
tes gens &: lorfque nous les trouvons
tels nous avons l'injustice de
nous en
plaindre.
(~j~).
Je vous laine votre habit, 8c je
vous
accorde un mois de vos gages. Allez.
(~ /~7~).
EA-ce vous dont
on vient de me parlera
PHILIPPE.
Oui, Monteur.
1
LE PERE DE FAMILLE.
Vous avez entendu pourquoi je le
ren-
voye. Souvenez-vous-en. Aliez~ &:ne
MIez entrer perfonne.
c
LE PERE DE FAMILLE,
CECILE.
LE PERE DE FAMILLE.
jYt A fille
avez-vous rcnëchir
C E'C I L E.
Oui mon pere.
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'avez-vous résolu ?
C E'C I L E.
De faire en tout votre volonté.
LE PERE DE FAMILLE.
Je m'attendols à cette réponfe.
CECIL'E.
Si cependant il m'étoit permis de choi-
fir un état.
LE PERE DE FAMILLE
Quel eft celui que vous préféreriez ?..<
Vous hë~iez. Parlez, ma nlle.
CE'CI LE.
Je préférerois la retraite.
LE PERE DE FAMILLE.
Que voulez-vous dire ? Un couvent ?
C E'CI E.
L
Oui mon pere. Je ne vois que cet ade
contre les peines que je crains.
LE PERE DE FAMILLE.
Vous craignez des peines, & vous ne
penfez pas à celles que vous me cauferiez ?
Vous m'abandonneriez? Vous quitteriez
la maifon de votre pere, pour un cloître
la fociété de votre oncle, de votre frere
& la mienne pour la fervitude ? Non
ma fille cela ne fera point. Je refpecie
la vocation religieufe mais ce n'efi
pas
la vôtre. La Nature en vous accordant
les qualités foetales, ne vous devina point
à l'inutilité. Cécile vous (bupirez.
Ah fi ce deffein te venoit de quelque
caulè fecrete tu ne fçais pas le fort que
tu te préparerois. Tu n'as pas entendu les
gémiffemens des infortunées dont tu irois
augmenter le nombre. Ils percent la nuit
c~ le filence de leurs prions. CeU alors,
mon enfant, que les larmes coulent ame-
tes & fans témoin,
f~n & quee les couches fo.
litaires en font arrofées Madernoifelle,
ne me parlez jamais de couvent. Je
'n'aurai point donné la vie à un enfant; je
ne l'aurai point élevé je n'aurai point tra.
vaille fans relâche à anurer fon bonheur,
pour le laiffer defcendre tout vif dans un
tombeau c~ avec lui mes efpérances &
celles de la Société trompées. Et qui la
repeuplera de citoyens vertueux fi les
femmes les plus dignes d'être des
mères
de famille s'y refufent ?
CÉCILE.
Je vous ai dit, mon pere, que je ferois
en tout votre volonté.
LE PERE DE FAMILLE
Ne me parlez donc jamais de couvent.
CÉCILE.
Mais j'ofe efpérer que vous ne contrain-
drez pas votre fille à changer d'état, &
que du-moins il lui fera permis de paffer
des jours tranquilles & libres à côté de
vous.
~49;
LE PERE DE DE FAMILLE.
Si je ne confidérois
que moi, je pour~
rois approuver ce parti. Mais je dois
ouvrir les yeux fur un tems où je vous
ne ferai
plus Cécile la Nature fes vûes
a
&- fi vous regardez bien
vous verrez
ia vengeance fur tous
ceux qui les ont
trompées les hommes punis du cëlibac
par le vice les femmes par le mépris &:
par l'ennui. Vous connoiffez les diffé-
rens états dites-moi en e~-il un plus
triAe & moins confidéré
que celui d'une
fille âgée ? Mon enfant, pafle
trente ans
on fuppofe quelque défaut de corps
d'efprit à celle qui n'a ou
trouvé perfonne
qui fût tenté de fupporter
avec elle les
peines de la vie. Que cela foit
l'âge avance les charmes pailent ou non,>
les
hommes s'éloignent, la mauvaife
humeur
prend on perd fes
parens, fes connoir.
fances, fes amis. Une fille Surannée
plus autour d'elle
na
que des indirférens qui
la négligent,
ou des ames intéreffées qui
comptent fes jours. Elle le fent; elle s'en
p..<'
afflige elle vit ~ansvqu'on
J
la confole &:
meurt fans qu'on la pleure.
CÉCILE.
Cela e~ vrai. Mais eH-il
un état fans
peine 3 & le mariage n a-t-il pas les fien.
nés?
LE PERE D E FAMILLE.
Qui le ~aiï. mieux que moi ? Vous
l'apprenez
état que
les
la Nature
jours. Mais c'e~
impose. Ceil la
me
un
cation de tout ce qui refpire. Ma fille,vo-
celui qui compte fur
un bonheur fans me'
lange, ne connoîtni la vie de l'homme,
ni
les deneins du Ciel fur lui. Si le mariage
expofe à des peines cruelles, c'ell
aumia
fource des plaifirs les plus doux.
Où font
les exemples de l'intérêt
pur & ~ncere
de la tendreffe réelle, de la connancc
in-
time, des fecc.urs continus, des fatisfac-
nons réciproques, des chagrins
des foupirs entendus des larmespartages, 1
confon- J
dues, ~i ce n'e~ dans le mariage?
Qu'cfr-
ce que rhommc de bien préfère à fa fem-
me? Qu y-a-t-il
au monde qu'un pere
aime plus que fon enfant ?.. 0
lien ~acre
des époux, je penfe à vous,
mon ame
s'échauffe &: s'élève 0 noms tendres
de fils &: de fille je ne vous prononçai
jamais fans treilaillir fans être touché 1
Rien n'e~t plus doux à mon oreille rien
n'en: plus intérenant à mon
cœur.
cile, rappellez-vous la vie de votre
Cé-
mere
en eit-il une plus douce que celle-d'une
femme qui a employé fa journée à
rem-
plir les devoirs d'époufe attentive, de
mère tendre, de maitrene compatiffan-
te ?.. Quel fujet de rénéxions délicieufes
elle emporte en fon cœur) le foir, quand
elle fe retire 1
C É C I L E.
Oui, mon pere. Mais où font les fem-
mes comme elle & les époux comme
3
~ous?
LE PERE DE FAMILLE.
Il en ei~ mon enfant; & il
ne tiendroit
qu'à toi d'avoir le fort qu'elle
eut.
CÉCILE
S'il fuffifoit de regarder autour de foi
d'écouter fa raifon & fon cœur.
LE PERE DE FAMILLE.
Cécile vous baiffez les yeux. Vous
tremblez. Vous craignez de parler
Mon enfant, laiffe-moi lire dans ton ame.
Tu ne peux avoir de fecret pour ton pere;
& fi j'avois perdu ta confiance c'eA en
moi que j'en chercherois la raifon Tu
pleures.
C É C I L E.
Votre bonté m'afflige. Si vous pouviez
me traiter plus févérement.
LE PERE DE FAMILLE.
L'auriez-vous mérité ? Votre
cœur vous
feroit-il un reproche ?
CÉCILE.
Non mon pere.
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'avez-vous donc?
CÉCILE.
Rien.
LE PERE DE FAMILLE
Vous me trompez, ma fille.
1
CÉCI LE.
Je fuis accablée de
votre tendreté
Je voudrois y répondre.
LE PERE DE FAMILLE.
Cécile, auriez vous distingué quel-
qu'un ? Aimeriez-vous?
CÉCILE.
Que je ferois à plaindre
LE PERE DE FAMILLE.
Dites. Dis mon enfant. Si tu ne me ~up~
po~es pas une ievérité que je ne connus
jamais tu n'auras pas une réferve dépla-
cée. Vous n'êtes plus un enfant. Com-
ment blamerois-je en vous un fentiment
que je fis naître dans le cœur de votre
mere? 0 vous qui tenez fa place dans ma
maison &; qui mee la représentez imitez-
la dans la tranchée qu'elle eut avec celui
qui lui avoit donné la vie & qui voulut
fon bonheur & le mien Cécile, vous
ne me répondez rien ?
C É C I L E.
Le fort de mon frere me fait trembler.
~4;
rr FAMILLE.
LE PERE DE 1
~c~~v~
LE PERE DE FAMILLE,
CECILE, PHILIPPE.
PHILIPPE.
T~/T On~eur', H y a là deux femmes qui
J.vi. demandent à vous parler.
LE PERE DE FAMILLE.
Faites entrer.
( C~7~ retire. ~z~
dit ~7?~~).
Cécile1
CÉCILE.
Mon pere.
"1
LE PERE DE
V~ f FAMILLE;
Vous ne m'aimez donc plus ?
(Les femmes annoncées <?/Zf/~7Zf
fort avec fon ~O~OZ' ZMJ~~).
C 7
LE PERE DE FAMILLE, SOPHIE,
~)
M.~ HEBERT.
LE PERE DE FAMILLE
( <cd~~f Sophie dit d'un ton
<~
T L ne m'a point trompé. Quels char-
mes Quelle modèle! Quelle dou-
ceur' Ah'!
M.~ H É B E R T.
Monfieur nous
nous rendons à vos
ordres.
LE PERE DE FAMILLE.
C'en: vous, Mademoifelle qui vous
appellez Sophie ?
S 0 P H 1 E
(~M~Z~ WK~'1.
Oui, Monfieur.
LE PERE DE FAMILLE
(~ Madame Hébert).
Madame, j'aurois un mot à dire à Ma-
demoifelle. J'en ai entendu parler & je
m'y intéreffe.
( Madame Hébert fe /).
(~72~f~ /2~y). S 0 P H 1 E
Ma bonne?
LE PERE DE FAMILLE.
Mon enfant remettez- vous. Je ne
vous dirai rien qui puiHe vous faire de la
peine.
S 0 P H 1 E.
Hélas!
( Madame TT~/r j~~y~ ~y~
~y~ elle tire fon oMy/ <s' travaille).
LE PERE DE FAMILLE
( conduit Sophie a M/Z~ C~~Z/~ 6' /~y~
côté de /~z).
D'où êtes-vous, Mademoiselle ?
S o P H l E.
Je fuis d'une petite ville de province.
LE. PERE DE FAMILLE.
Ya t il long-tems que vous êtes à
Paris?
S 0 P H E.
1
Pas long-tems, & plût
au Ciel que je
< n'y fuflë jamais venue
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'y faites-vous?
S O P H I E.
7 gagne
ma vie par mon travail.
LE PERE DE FAMILLE.
Vous êtes bien jeune.
S 0 P H i E.
J'en aurai plus long-tems à fouffrir.
LE PERE DE FAMILLE.
Avez-vous Monfieur
votre père ?
S 0 p H i E.
Non Monueur.
LE PERE DE FAMILLE.
Et votre mère ?
S 0 P H 1 E.
Le Ciel me l'a confervée. Mais
elle a
eu tant de chagrins fa ïanté eft fi chan-
celante, &amuerefi grande
LE PERE DE FAMILLE.
Votre mere eft donc bien pauvre ?
S o p H i E.
Bien pauvre. Avec cela, H n'en eA
point au monde dont j'aimaue mieux être
la fille.
LE PERE DE FAMILLE.
Je vous loue de ce fentiment
vous pa-
roiuez bien née. Et qu'étoit votre pere
S o p H i E.
Mon pere fut un homme de bien. H
n'entendit jamais Je malheureux, fans
en
avoir pitié. Il n'abandonna pas fes amis
dans la peine & il devint
pauvre. Il eut
beaucoup d'enfans de ma mère
nous de-
meurâmes tous fans reffource à fa mort.
Fërois bien jeune alors. Je
me fbuviens à
peine de ravoir vû. Ma mère fut obligée
de me prendre entre fes bras, & de m'é-
lever à ia hauteur de fon lit
pour l'em-
braner & recevoir fa bënëdiaion. Je
pleurois. Hélas je ne fëntois
pas tout ce
que je perdois .1
g LE PERE DE FAMILLE.
Elle me touche. Et qu'efi-ce qui vous
a fait quitter la maifon de vos parens 8c
votre pays?
SOPHIE.
Je fuis venue ici avec un de mes frères
? implorer l'amfiance d'un parent, qui a été
R bien dur envers nous. Il m'avoit vue au-
ë trefois en province. Il paroiffoit avoir pris
g de l'afïedion pour moi, & ma
mere avoit
g efpérë qu'il s'en reuouviendroit. Mais il
a
fermé fa porte à mon frere, &L il m'a fait
h dire de n'en pas approcher.
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'eA devenu votre frère ?
B SOPHIE.
II s'efi mis au Service du Roi. Et moi
je fuis re~ée avec la perfonne
que vous
voyez, & qui a la bonté de me regarder
comme ton enfant.
LE PERE DE FAMILLE.
Elle ne paroît pas fort aifee.
S0 p H i E.
Elle partage avec moi
ce qu'elle a.
LE PERE DE FAMILLE.
Et vous n'avez plus entendu parler de
ce parent ?
S O P E.
H I
Pardonnez-moi, Monfieur. J'en ai reçu
quelques fecours. Mais de quoi cela fert-il
à ma mere 1
LE PERE DE FAMILLE.
Votre mere vous a donc oubliée ?
S 0 P H 1 E. S
Ma mere avoit fait un dernier enbrt
pour nous envoyer à Paris. Hélas, elle ai-
tendoit de ce voyage un fuccès plus heu-
reux. Sans cela, auroit-elle pû fe réfoudre
à m'éloigner d'elle ? Depuis elle n'a plus
t
~û comment me faire revenir. Elle me
mande cependant qu'on doit me repren- S
dre & me ramener dans peu. Il faut que ~e
quelqu'un s'en foit chargé par pitié. Ho, ~fi
nous fommes bien à plaindre
LE PERE DE FAMILLE.
Et vous ne connoîtriez ici perfonne qui
pût vous recourir?
SOPHIE.
Perfonne.
LE PERE DE FAMILLE.
J Et vous travaillez pour vivre
SopHiE.
Oui Monteur.
LE PERE DE FAMILLE.
Et vous vivez feules ?
S O P H I E.
Seules.
LE PERE DE FAMILLE.
Mais qu'eA-ce qu'un jeune homme
dont on m'a parlé, qui s'appelle Sergi, &
qui demeure à côté de vous ?
M.~ H É B E R T
( ~~C vivacité quittant fon ~Z~/),
Ah Monfieur, c'eA le garçon le plus
honnête
SOPHIE.
C'eft un malheureux qui
gagne fon
~` pain
comme nous & qui a uni fa mifere
M à la nôtre.
LE PERE DE FAMILLE.
Eit-ce là tout ce que
vous en ï~avez ?
S o p H i E.
Oui, Monfieur.
(64
LE PERE DT~E
C FAMILLE.
Eh bien Mademoifelle ce malheu-
reux-là.
0 p H i E.
S
Vous le connoiHez ?
LE PERE DE FAMILLE.
Si je le connois c'e~t mon fils.
S 0 P H 1 E.
Votre fils
M.~HÉB ERT.
(en /72~~ ~7M).
Sergi
LE PERE DE FAMILLES
Oui~ Mademoifelle.
SOPHIE.
Ah, Sergi, vous m'avez trompée 1
LE PERE DE FAMILLE.
Fille auHi vertueufe que belle, connoif-
fez le danger que vous
avez couru.
S0 p H i E.
Sergi eA votre fils
LE PERE DE FAMILLE.
Il vous eïtime, vous aime mais fa
3
paffion
panion prépareroit votre malheur & le
~en fi vous la nourriniez,
So p H i E.
Pourquoi fuis-je venue dans cette ville ?
Que ne m'en fuis je allée lorfque
mon
cœur me le difoit t
LE PERE DE FAMILLE.
Il en eft tems encore. Il ~aut aller
re-
trouver une mere qui vous rappelle, &
à qui votre féjour ici doit caufer la plus
grande inquiétude. Sophie,
vous le vou-
lez ?
SOPHIE.
Ah, ma mere, que vous dirai-je ?
LE PEkE DE FAMILLE
·
1 ( Madame
Madame, vous reconduirez
~~).
cet enfant,
j'aurai foin que vous
ne regrettiez pas
ht peine que
(A~~<? 7~
vous aurez prife.
LE PERE DE FAMILLE
Mais,
(~/Z/2~~ a
Sophie,
~~).
fi je
vous rends à votre
mère, ce~ à vous à me rendre mon fils.
1 Partie.
1. D
'<w~.<i~1,
E
p.
1~
C'e~ à vous à lui1 apprendre
#'
ce que l'on
doit à fes parens vous le fçavez fi bien.
S O PI E.
H
Ah Sergi pourquoi.
LE PERE DE FAMILLE.
Quelque honnêteté qu'il ait mis dans
fes vues, vous l'en ferez rougir. Vous lui
annoncerez votre départ, & vous lui or [
donnerez de finir ma douleur & le trouble S
de fa famille.
S 0 P H 1 E.
Ma bonne.
M.~ HÉBERT.
Mon enfant.
S O P H I E
(en s'appu .yant fur elle).
Je me fens mourir
M.~ H É B E R T.
Monteur nous allons nous retirer. &
attendre vos ordres.
S 0 P H i E.
Pauvre Sergi! Malheureuse Sophie!
Elle fort ~p~~y~~ M~7z<? ~~).
S C E NE
LE PERE DE FAMILLE~.
O Loix cruels
du mondeï 0
préjugés
II y a déjà fi
peu de
femmes pour un homme qui penfe &
qui
fënt. Pourquoi faut-il que le choix
en foit
encore fi limite 1 Mais mon fils ne
tardera pas à venir. Secouons, s'il ~e
peut, de mon ame rimpreHion que cet
enfant y a faite. Lui repréfenterai j e
comme il me convient, ce qu'il me doit,
ce qu'il fë doit à lui-même, fi mon cœury
eït d'accord avec le ~en?
jV C
LE PERE DE FAMILLE,
S.~ A L B 1 N.
S~. A L B 1 N
( en <$' avec ~~c~).
ivi. On père.
( Z<? 7~ Famille fi promene<5'
ille fe & garae lè
~2C~).
S/ ALBIN
( ~2~/2~ ~/Z ~/2~p/).
Mon pere.
LE PERE DE FAMILLE
(J'Zf~ <$' d'un tonférieux).
Mon ~!s vous n'êtes pas rentré en
vous-même, fi la raifon n'a pas recouvré
fes droits fur vous, ne venez
pas aggraver
vos torts & mon chagrin.
S.~ ALBIN.
Vous m'en voyez pénétré. J'approche
de vous en tremblant. Je ferai
tran-
quille & raifonnable Oui, je le fe-
rai. Je me le fuis promis. >
(Le Pere de Famille continue de fepromener),
S/ A L B 1 N
( s'approchant avec timidité lui dtt ~M
voix ~~6 (~ ~72~/2~).
Vous l'avez vue ?
LE PERE DE FAMILLE.
Oui, je l'ai vûe. Elle e~ belle & je
la crois fage. Mais qu'en prétendez-vous
w -i i
faire? Un amusement r Je ne le fbunriro~
pas. Votre femme? Elle ne vous convient
pas.
S.'t ALB IN
( M~ CC/a/M ).
Elle eft belle, elle eft fage & elle ne
me convient pas Quelle efc donc la fem"
me qui me convient ?
L& PERE DE FAMILLE.
Celle qui par fon éducation fa nait.
(ance, fon état & <a fortune peut affûret
votre bonheur & fatisfaire à mes e<pe*
rances.
S.t A L B 1 1~
Ainn le mariage ~era pour moi un Ïien
d'intérêt & d'ambition ? Mon pere vous
~'avez qu'un fils ne le facrifiez pas à des
vues qui remplirent le monde d'époux
Malheureux. Il me faut une compagne
honnête & fenfible qui m'apprenne à
Supporter les peines de la vie, 6c non une
femme riche & titrée qui les accroiffe.
Ah fouhaitez-moi la mort & que le Ciel
me raccorde plûtôt qu'une femme comme
j'en vois
LE PERE DE FAMILLE.
Je ne vous en propofe aucune mais g
je ne permettrai jamais que vous foyez à $
celle à laquelle vous vous êtes follement I.
attaché. Je pourrois u~er de mon autorité
&: vous dire Saint-Albin, cela me dé-
plaît cela ne fera pas n'y penfez plus.
Mais je ne vous ai jamais rien demandé
fans vous en montrer la raifon. J'ai voulu
m'obéifïanf,
que vous m'approuvamezen
& je vais avoir la même condefcendance.
Modérez-vous, & écoutez-moi.
Mon fils il y aura bien-tôt vingt ans
premierés larmes
que je vous arrofai des
que vous m'ayez fait répandre. Mon cceur g
s'épanouit en voyant en vous un ami que )!
la Nature me donnoit. Je vous reçus entre
vous
mes bras, du fein de votre mere &
devant vers le Ciel & mêlant ma voix E
à vos cris~ je dis à Dieu ô Dieu qui m'a-
vez accordé cet enfant, fi je manque aux
ibins que vous m'impofez en ce jour, ou
s'il ne doit pas y répondre, ne regardez
point à la joie de fa mère; reprenez-le.
(7i )
Voilà le vœu que
7U6~je fis fur vous & fur
moi. Il m'a toûjours été préfent. Je ne
vo~s ai point abandonné au foin du mer-
cenaire. Je vous ai appris moi même à
par!er, à penfer, à fentir. A mefure que
vous avanciez en âge, j'ai étudié vos pen-
chans j'ai formé fur eux le plan de votre
éducation &: je l'ai fuivi fans relâche.
Combien je me fuis donné de peines pour
vous en épargner ? J'ai réglé votre fort à
venir fur vos talens & fur vos goûts. Je
n'ai rien négligé pour que vous paruffiez
avec diAincHon. Et lorfque je touche au
moment de recueillir le fruit de ma fblli-
citude lorfque je me félicite d'avoir un
fils qui répond à fa naiffance qui le deftine
aux meilleurs partis, & à fes qualités per-
fonnelles qui l'appellent aux grands em<
plois, une pafuon infënfée la fantaine
d'un infant aura tout détruit; & je verrai
fes plus belles années perdues fon état
manqué &: mon attente trompée & j'y
confentirai ? Vous l'êtes-vous promis ?
S.*ALBIN.
TUT T
Que je fuis malheureux
LE PERE DE FAMILLE.
Vous avez un oncle qui vous aime
qui vous devine une fortune confiera-
Se
,1
ble un pere qui
vous a confacré fa vie, & J
qui cherche à vous marquer en tout fa
ten-
drene un nom, des
parens des amis, les
prétentions les plus flateufes & les mieux
bondées, & vous êtes malheureux? Que
vous faut-il encore ?
Ctt AA L B I N.
0. S
Sophie, le cœur de Sophie, & l'aveu
de mon pere.
LE PERE DE FAMILLE. J!
Qu'ofez-vous me propofer ? De
parla,
t
ger votre folie & le blâme général qu'elle N
encourroit ? Quel exemple à donner
aux
peres & aux enrans ? Moi, j'autoriferois
par une fbibleue honteuse le déibrdre de
la ïbciété la contuuon du fang &: des
rangs, la dcgradation des ramilles
S.t A L B 1 N.
Que je fuis malheureux Si je n'ai pas
celle que j'aime, un jour il faudra
que je
fois à celle que je n'aimerai
pas. Car je
n'aimerai jamais que Sophie. Sans ceffe
j'en comparerai une autre avec elle. Cette
autre fera malheureufe je le ferai aufu
vous le verrez & vous en périrez de re-
gret.
LE PERE DE FAMILLE.
J'aurai fait mon devoir, & malheur à
vous fi vous manquez au vôtre.
S' A L s i N.
Mon pere ne m'ôtez
pas Sophie.
LE PERE DE FAMILLE.
Ceffez de me la demander.
S/t A L B i N.
Cent fois vous m'avez dit qu'une ~ëm-
me honnête étoit la faveur la plus grande
que le Ciel pût accorder. Je l'ai
trouvée
& c'en: vous qui voulez m'en priver
Mon
père, ne me l'ôtez pas. A préfent qu'elle
fçait qui je tuis~
que ne doit-elle pas at-
tendre de moi ? S/ A!bin fera-t-il
moins
généreux que Sergi ? Ne
me rotez pas.
Ce~t elle qui a rappelle la
vertu dans mon
cœur. Elle feule peut ['v cconferver.
eut Fy
LE PERE DE FAMILLE.
C'e~-à-dife, que fon exemple fera
ce
que le mien n'a pû faire.
S/t ALBIN.
Vous êtes mon pere &
vous comman-
dez. Elle fera ma femme & c'e~t autre1
un
empire.
LE PERE DE FAMILLE.
Quelle différence d'un
amant à un
époux1 D'une femme à une maîtreHe
Homme fans expérience,
tu ne fçais pas
cela.
S/t A L B 1 N.
J'efpere l'ignorer toûjours.
,i,'
LE Pl~LE DE FAMILLE.
Y a-t-il un amant qui voye fa maîtreHe
avec d autres yeux, & qui parle autre- S
ment ?
S.t ALBIN.
Vous avez vû Sophie Si je la quitte
pour un rang des dignités, des e~péran-
ces, des préj ugés je ne méritai pas de la
connoître. Mon pere mépriseriez-vous
afïez votre fils pour le croire ?
LE PERE DE FAMILLE.
Elle ne s'eA point avilie en cédant à
votre paffion. Imitez-la.
B S~t ALB I N.-
Je m'avilirois en devenant fon époux P
LE PERE DE FAMILLE.
B Interrogez le monde.
JJ S.'t A L B 1 N.
g Dans les chofes indinerentes je pren-
drai le monde comme il eft mais quand
B il s'agira du bonheur ou du malheur de ma
Et 0
vie du choix d'une compagne.
LE PERE DE FAMILLE.
Vous ne changerez pas fes idées. Con-
formez-vous y donc.
?:
S S.* A L B 1 N.
Ils auront tout renverse tout gâté
y
fubordonné la nature à leurs misérables
conventions, & j'y Souscrirai ?
LE PERE DE FAMILLE.
Ou vous en ferez méprifé.
S.t A L B 1 N.
Je les fuirai.
LE PERE DE FAMÎLLË.
'Leur mépris vous fuivra & cette fem*
me que vous aurez entraînée ne fera pas
moins à plaindre que vous. Vous l'ai<-
mez ?
S.~t A L B i
Si je l'aime!
LE PERE DE FAMILLE.
Ecoutez, & tremblez fur le fort que
vous lui préparez. Un jour viendra que
vous Sentirez toute la valeur des facrifices
que vous lui aurez faits. Vous vous trou-
verez feul avec elle fans état fans for-
tune, fans connderation $ l'ennui & le
chagrin vous faifiront. Vous la haïrez 3
vous l'accablerez de reproches. Sa pa-
tience & fa douceur achèveront de vous
aigrir vous la haïrez davantage vous
haïrez les enfans qu'elle vous aura don-
nés & vous la ferez mourir de douleur.
S/ A L B ]t N.
Moi!
LE PERE DE AMILLE.
Vous.
s. t A L B 1 N.'
Jamais jamais.
LE PERE D E FAMILLE.
La pamon voit tout éternel, mais la
nature humaine veut que tout finiffe.
S/t ALBIN.
Je ceîïerois d'aimer Sophie 1 Si j'en
étois capable j'ignorerois, je crois fi je
vous aime.
LE PERE DE FAMILLE.
Voulez-vous le ravoir & me le prou-
ver ? Faites ce que je
vous demande.
S.*t ALBIN.
Je le voudrois en vain. Je ne puis. Je
fuis entraîné. Mon
pere je ne puis.
LE PERE DE FAMILLE.
In(cn(ë vous voulez être pere ? En
connoiflez-vous les devoirs ? Si vous les
connoiuez, permettriez-vous à votre fils
ce que vous attendez de moi
S/t AL B I N.
Ah fi j'ofois répondre.
LE PERE DE FAMILLE.
Répondez.
LBIN.
S.'t A T
Vous me le permettez~
LE PEKEDEFAMILLE.
Je vous l'ordonne.
S.'t ALBIN.
Lorsque vous avez voulu
ma mere;
lorfque toute la famille fe fouleva l'
contre
vous; lorfque mon grand-papa vous
pella enfant ingrat, & ap-
que vous 1 appel-
lâtes au -fond de
votre ame pere cruel
qui de vous deux avoit raifbn? Ma
étoit vertueufe & belle mere
Sophie.
comme
elle étolt &ns fortune Sophie
comme
Tous l'aimiez comme j'aime Sophie. Sou~
frites vous qu'on
vous l'arrachât? mon
pere & n'ai-je pas un cœur auffi ?
LE PEKE DE FAMILLE. ?
J'avois des renburces,
votre mere F
avoit de la nal~lance.
SC.t ALBIN.
Ai L B I N
?
!jr'j
Chimère.
LE P~~B DE FAMILLE.
à
S.'t Artin
ALBIN.
Des refiburces ? l'amour Findigence
m'en fourniront.
LE PERE DE FAMILLE.
Craignez les maux qui vous attendent.
S/t ALBIN.
Ne la point avoir, e~ le feul
que je re<
doute.
LE PERE DE FAMILLE.
Craignez de perdre ma tendreHe.
S-t AL BI N.
Je la recouvrerai.
LE PERE DE FAMILLE.
Qui vous l'a dit?
S/t A L B I N.
Vous verrez couler les pleurs de So-
phie j'embrafferai
vos genoux;
fans vous tendront leurs bras mes en-
innocens,
& vous ne les repouHerez
pas.
LE PERE DE FAMILLE.
11 me connoît trop bien
(~ petite paufe il prend l'air
ton le ~p/~y~
Mon fils je vois que je vous parle
en
8o)
que la raifon n'a plus d'accès auprès
vain
1
C J? 7.
LE PERE DE FAMILLE, S.~ ALBIN,
LE COMMANDEUR.
( Le Commandeur
entre. ~f-ï
étoit aux genoux ~y~/2~~ leve <5'
qui
le Pere de Famille ~/2jyo/ïyaM~
la tête ~2~~yM/ mains
homme <). comme un
(en
LE COMMANDEUR
le /MM~/zf ~z~ ~~r~<
mene fans écouter ).
T Iens. Regarde. Vois dans quel état
tu
A le mets. Je lui avois prédit que tu
le ferois mourir de douleur, &
tu vérifies
ma prédi~ion.
( Pendant que le Commandeur parle le Pere
Famille fe /<?~ 6' s'en
~o/c a ~'y~<' ).
va. ~zf-
LE PERE DE FAMILLE
( en retournant vers fon ~j ).
Où allez-vous? Ecoutez
votre oncle.
C jV A
6.~ ALBIN, LE COMMANDEUR.
S/ÂLBIN.
T~Arlez donc Monneur je vous
y
JL écoute Si c'eA un malheur que
de l'aimer, il eft arrivé & je n'y fçais
plus de remede Si on me la refufe
qu'on m'apprenne à Foublier L'ou-
blier Qui? Elle? Moi ? Je le pour.
rois ? Je le voudrois ? Que la malédiction
de mon pere s'accompliffe fur moi ja-
mais j'en ai la penfée
LE COMMANDEUR.
Qu'eft-ce qu'on te demande ? De laif-
fer là une créature que tu n'aurois jamais
dû regarder qu'en panant qui eft &n&
bien fans parens, fans aveu qui vient 1
de je ne fçais où, qui appartient à je ne
fçais qui & qui vit je ne fçais comment. s
On a de ces filles-là. Il y a des fous qui fe v~
ruinent pour elles mais épouser ï épou-
fer1. 't
S.tÂLBIN
( avec MC~/ïC~).
Monfieur le Commandeur.
LE COMMANDEUR.
Elle te plaît? Eh bien, garde-la. Je
t'aime autant cène-là qu'une autre. Mais
îanïe-nous efpérer la fin de
cette intrigue~
quand il en'fera tems.
S/ÂLBIN
(~?z/-).
LE COMMANDEUR..
Où vas-tu ?
S.' A L B i N.
Jo m'en vais.
LE COMMANDEUR.
( en ~T~/M).
As-tu oublié que je te parle
au nom de
ton père ?
S~ALBIN.
Eh bien, Monfieur dites. Déchirez-
moi déféfpérez-moi. Je n'ai qu'un
mot
à répondre. Sophie fera
ma femme.
LE COMMANDEUR.
Ta femme ?
S/ALBINT:
Oui~ ma femme.
LE COMMANDEUR.
Une fille de rienï
S.' A L B I N.
Qui m'a appris à méprifer tout qui
ce
vous enchaîne & vous avilit.
LE COMMANDEUR. 1
N'as-tu point de honte ?
S-t ALBIN.
De la honte ?
LE COMMANDEUR.
Toi, fils de Monfieur d'Orbeffon!
ne.
veu du Commandeur d'Auviié
S.t ALBIN.
Moi, fils de Monfieur d'Orbefïbn, &
votre neveu.
LE COMMANDEUR.
Voilà donc les fruits de cette éducation
merveilleufe dont ton pere étoit ~i vain? 1$
Le voilà ce modele de tous les jeunes
gens de la Cour & de la Ville Mais
tu te crois riche peut-être p
f S/ALBIN.
Non.
o LE COMMANDEUR.
Scais'tu ce qui te revient du bien de ta
mere
S/ÂLBIN.
Je n'y ai jamais penfé &: je ne veux
pas le fçavoir.
LE COMMANDEUR.
Ecoute. C'étoit la plus jeune de ~xr
enfans que nous étions, & cela dans
une
province où l'on ne donne rien aux filles.
Ton pere qui ne fut pas plus fenfé
que
toi, s'en entêta & la prit. Mille écus de
rente à partager avec ta <œur. C'e~ quin-
ze cents francs pour chacun voilà toute.
votre fortune.
S.'ALBIN.
J'ai quinze cents livres de rente
LE COMMANDEUR.
Tant qu'elles peuvent s'étendre.
S/ALBIN.
Ah, Sophie, vous n'habiterez plus fous
un toit Vous ne fentircz plus les atteinte&
:88~
de la mifere. J'aiLouin
quinze cents livres de
rente
LE COMMANDEUR.
j'
Mais tu peux en attendre vingt-cinq
mille de ton père &: prefque le double
de moi. S/ Albin, on fait des folies, mais
0~ n'en fait pas de plus cheres.
S.~ A L B I N.
Et que m'importe la richeffe fi je n'ai
pas celle avec qui je la voudrois partner?
LE COMMANDEUR.
ïnfen~!-le
S.' A L B 1 N.
Je fçais. C'en: ainn qu'on appelle
ceux
qui préfèrent à tout une femme jeune
vertueufe & belle, & je fais gloire d'être
à la tête de ces fous-là.
LE COMMANDEUR. &
Tu cours à ton malheur.
S ALBIN.
S/ A L B 1 N.
Je mangeois du pain, je bûvois de l'eau t
à côté d'elle, & j'étais heureux.
LECOMMANDEUR,
Tu cours à ton malheur,
S/ALBIN:
J'ai quinze cents livres de rente. .1
LE COMMANDEUR.
Que feras-tu ?
S.t A L B 1 N.
Elle fera nourrie logée vêtue ~c
nous vivrons. 111
LE COMMANDEUR.
Comme des gueux.
S.t A L B I N.
Soit.
1. LE COMMANDEUR.
Cela aura pere, mere freres foeurs~
& tu ëpouferas tout cela.
S.~ A L B i N.
J'y fuis réfblu.
LE COMMANDEUR.
Je t'attens aux enfans.
S.~ÂLBIN.
Alors je pl'adrefïerai à toutes les ames
fenfibles. On me verra. On verra la com.
pagne de mon infortune. Je dirai mon
nom, 6( je trouverai du fecours.
LE ~OMMA~DEUR. 1
Tu connois bien les hommes. 1
S.' ALBIl~.
Vous les croyez méchans.
LE COMMANDEUR. 1
Et j'ai tort.
~S.~ÂLBIN. 1
Tort ou raifon; il me refera deux ap-
puis avec lesquels je peux défier l'univers,
l'amour qui fait entreprendre, & la fierté
qui fçait fupporter On n'entend tant S
de plaintes dans le monde,
que parce que S
le pauvre eïi fans courage. &
que le
riche eA fans humanité S
LE COMMANDEUR. S
J'entens. Eh bien aye-Ia, ta So-
phie. Foule aux pieds la volonté de ton S
père, les loix de la décence, les bienféan- E
ces de ton état. Ruine-toi. Avilis-toi. Rou- &
le-toi dans la fange. Je ne m'y oppofe plus. g
Tu fervir~ d'exemple à
tous les cnrans qui
ferment roreille à la voix de la raifon qui
fe précipitent dans des engagement hon-
teux qui a~igent leurs parens & qui
9'~
tr~m- Tu l'auras ta So~
deshonorent leur nom.
phie, puifque tu l'as voulu mais tu n'au-
ras pas de pain à lui donner ni à fes en"
fans qui viendront en demander à ma
porte.
S.t A L B i N.
C'eSt ce que vous craignez.
LE COMMANDEUR.
Ne fuis-je pas bien à plaindre ?. Je
me fuis privé de tout pendant quarante
ans. J'aurois pû me marier, & je me fuis
refufé cette confolation. J'ai perdu de vue
les miens pour m'attacher à ceux-ci. M'en
voilà bien récompense Que dira-t-on
dans le monde ? Voilà qui fera fait je
n'oferai plus me montrer. Ou fi je parois
quelque part & que l'on demande qui
eft cette vieille Croix qui a l'air fi cha-
grin ? on répondra tout bas c'eft le Com-
mandeur d'Auvilé. L'oncle de ce jeune
fou qui a époufé Oui. EnSuite on
fe parlera à l'oreille. On
me regardera. La
honte & le dépit me faifiront. Je me le-
verai. Je prendrai ma canne & je m'en
Mat. Non i-J_.i
( 9~)
je voudrois pour tout ce
que je poffede lorfque tu graviffois le
long des murs du Fort S/ Philippe,
que
quelqu'Anglois, d'un bon coup de bayon-
nette, t'eût envoyé dans le rbïle, & que
tu y furies demeuré enfeveli avec les au-
tres. Du-moins on auroit dit c'en: dom-
mage c'étoit un fujet; & j'aurois pû fol-
Hciter une grace du Roi
pour rétabliae-
ment de ta ~œur. Non, il eft inoui qu'il
y ait jamais eu un pareil mariage dans une
famille.
S/ A L B 1 N.
Ce fera le premier.
r. LE COMMANDEUR.
Et je le fouffrirai?
S/ A L B 1 N.
S il
vous plaît.
LE COMMANDEUR.
Tu le crois ?
S/ A L B 1 N.
Apurement.
Afl'ûrément.
LE COMMANDEUR.
Allons, nous verrons.
S. ALBIN.
Tout e~i vû~
C .y.
SAINT-ALBIN, SOPHIE,
M.~ HEBERT.
(Tandis que ~f~z/z continue comme
étoit 6'/Z ~/2~ J~2~
6'/7~Zf dans les intervalles du ~O~O/O-
gue de Albin.
S/ALBIN
(après M~ ~7/-0/7ZM~~ 6'f).
O Ui, tout eA vu Ils ont conjuré
contre moi. Je le fens
S O P H I E
( d'un /0/Z~~jc <S' plaintif).
On le veut. Allons, ma bonne.
S/ALBIN.
C'e~: pour la premiere fois
que mon
pere eft d'accord avec cet oncle cruel.
S O P H I E
( en ~~M/z~ ).
Ah quel moment
M.~ HÉ B E R T
Il eft vrai mon enfant.
S 0 PPHI
H I E.
Mon cceur fe trouble.
S-' BI N.
AL
Ne perdons point de tems. Il faut Fal~
1
ier
1er trouver.
S 0 P H I E. 1
Sergi. 1
SOPHIE E
(M/Z/Z/M). 1
Non, vous ne l'êtes pas. (~~ re-
tourne vers Madame Hébert). Que je fuis
malheureuse Je voudrois être morte. Ah,
ma bonne A quoi me fuis.-je engagée
Que vais-je lui apprendre ? Que
va-t-il
devenir ? Ayez pitié de moi. Dites-lui.
1.
S.t ALBIN.
Sophie, ne craignez rien. Sergi
aimoit S.t Albin vous
vous adore, & vous
paHionnë. le
voyez l'homme le plus vrai & l'amant
plus
S O PT) HU I E
(foupire /?~/Ï~7M/M )
Hélas
S.t AL B I N.
Croyez que Sergi ne peut vivre,
ne
veut vivre que pour vous.
S O PE. H I
Je le crois, mais à quoi cela iert-il?
S.t ÂLBIN.
Dites un mot.
1 S O P H I E.
Quel mot ?
S.t ALBIN.
Que vous m'aimez. Sophie m'aimez-
vous ?
SOPHIE
( y~~T~ ~2~C/7!Zf)
Ah fi je ne vous aimois pas1
S.~ L B i N.
A
Donnez-moi donc votre main. Rece-
vez la mienne, &: le ferment que je fais
ici à la face du Ciel 6c de
cette honnête
femme qui nous a fervi de
mere, de n'ê-
tre jamais qu'à vous.
'$<!)
OOPHIE.
D u T
Hélas, vous ~avez qu'une
nUe bien
née ne reçoit & ne fait de fermens qu'aux
pieds des autels. Et moi
ce n'eft pas
que vous y conduirez. Ah, Sergi
C eft à-présent
r
que je fens la di~ance qui
nous répare.
S-t,A L B 1 N
(~~c~o~~).
Sophie & vous auni ?
S 0 p H 1 E.
Abandonnez-moi à
ma devinée,
rendez le repos à
un pere qui vous aime.
S.'A L B 1 N.
Ce n'e~ pas
vous qui partez. CeA lui.
le le reconnois cet homme dur
& cruel.
S 0 P H 1 E. t
II ne FeA point. Il
vous aime.
S.'ALBIN.
IImamaudif.Um'achanë.IInelui
refloit plus qu'à fe fervir de
m'arracher la vie. vous pour
S 0 P HI E.
1
Vivez~Sergi.
S.' A L B 1 N.
Jurez donc que vous ferez à
moi ~a!~
gré lui.
S
0 P H 1 E. v
Moi,Sergi?Ravirunn!sà~bnpere~
J'entrerois dans
une famille qui me re~
jette
S.* A L B
i N.
Et que vous importe
mon père. mon
oncle, ma fœur, & toute
ma famille, fi
vous m'aimez ?
S 0 P H I E.
Vous avez une fœur ?
S.~ÂLBIN.
Oui Sophie.
0 P H I E.
S
Qu'elle eft heureufe!
S/ A L B 1 N.
Vous me déféfpérez.
S o p n i E.
J'obéis à vos
parens. Puîné le Ci$I
vous accorder un jour une époufe qui
foit digne de
vous, ce qui vous aime au-
tant que Sophie I
o/ALBIN.
Et vous le Souhaitez ?
SOPHIE~
Je le dois.
S/ ÂLBIN.
Malheur à qui vous a connue, & qui
peut être heureux fans vous
S O P H I E.
Vous le ferez. Vous jouirez de
toutes
les bënëdiâions promifes
aux enfans qui
re~peaeront la volonté de leurs
parens.
J'emporterai celles de votre
pere. Je re.
tournerai feule à ma mifere &
vous
vous rcCbuviendrez de moi.
S.t A L B I N.
Je mourrai de douleur, &
vous l'aurez
voulu.
( en la regardant ~?<7~).
Sophie.
SOPHIE.
Je reCens toute la peine
que je vous
caufe.
S.* ALBIN
( en la regardant encore).
Sophie
SOPHIE
(~ Madame Hébert en fanglotant).
0 ma bonne que fes larmes me font
de mal Sergi n'opprimez pas
mon
ame ~bible. J'en ai aiïez de ma dou-
leur.
(~~ c~~<? ~A: ~y~ mains).
Adieu, Sergi.
S.' A L B I
Vous m'abandonnez ?
S 0 p H i E.
Je n'oublierai point ce que vous avez
fait pour moi. Vous m'avez vraiment ai-
mée. Ce n'eft pas en defcendant de votre
état, c'eâ en refpec~ant mon malheur &
mon indigence que vous l'avez montré.
Je me rappellerai Souvent ce lieu où je
vous ai connu. Ah~ Sergi
S.tt A L B I N.
Vous voulez que je meure.
S 0 p H E. i
C'efimoi, c'eA moi qui fuis à plaindre.
S.~ A L B 1 N.
Sophie o4 allez-vous ?
~100)
SOPHIE.
P tï T
(~).
S0 P H 1 E.
Pourquoi vous ai-je connu Ah
S/t A L B 1 N.
Non, non. Je ne le puis. Mada.
me Hébert, retenez. la Ayez pitié de
nous.
M.~ HÉBERT.
Pauvre Sergi
S.'t A L B 1 N
( ~/?~).
Vous ne vous étoignerez J'i-
pas
rai. Je vous fuivrai. Sophie
arrê-
tez Ce n'en: ni par vous ni
par moi
que je vous conjure Vous avez résolu
mon malheur & le vôtre. C'eft au nom
(ioiy
~–––––
~paren~rue~S;ievousp~ .,1.,
Aimez vos
bliez- moi.
parens. Obë~ez-Jcur.
e
S-t
Ou. ~u
4~f;–~ J~,
A
L 'B I N
(qui
-f en la rete·
ecrie en retc-.
( a ~~7~ m;~ ).
Ma honnc,
venez, venez. Arrachez-
~<
i~cidici.
S.'ALBIN
(~j~ relevant).
P
I
(~ 7/ ~~to~Vou.;econd~~
te.. Oui vous i'y conduit.
I~
-<). f e
S C E N E X.
S.~ ALBIN, CECILE~
GERMEUIL.
(Pendant ~M~?~/M C~f~/ï~ Cécile
6* (~<<).
GERMEUIL
(j~/rcM/z~r~~o/ï~ 6' regardant f~/M~
~z~z~ ~c~)
L E voilà, !e malheureux Il eft acca-
blé, & il ignore que dan~ ce ma~
ment. Que je le plains! MademoMeUe~
parlez~lui.
CECILE.
S.< Albin.
~ï~
(qui ne les
<~v~
S/t A
mais
LBI~
enterd
leur criefans les regarder):
Qui que vous ~byez, allez retrouver
les barbares qui vous envoyent. Retirez-
vous.
C E C 1 L F.
Mon frere, c'ejft moi c'e~ Cécile qui
cot~oît votre peine, qui vienc à vous.
('03)
~'03;
S~. AA L B I N
(~M/ dans la ~<~M~ ):
Retirez-vous.
CE CI LE.
Je m'en irai fi je vous afflige.
S/t ALBIN~.
Vous m'affligez.
Cécile s'en va rappelle
d'une voixfoible & ~~M/d).
Cécile.
'< `<
CECILE
(~ rapprochantt ~yc/ï~~).
Mon frere.
S.~t AL
/).
B 1 N
( /?~/M/ïfpar la ~M clzanger de fi..
~~0~ ~M
Elle m'aimoit. Ils
me l'ont ôtëe. EUe
me fuit.
Plût
~A au Ciel L
~).
GERMEUIL
lui-méme).
S.tt At.BIN~
J'ai tout perdu Ah
CECILE.
II vous refte
une fœur un ami.
104)
S/t ALBIN
A T 1
(~ t~C M~C~).
Cue~Germeuil?
CECILE
Le voilà.
S/t ALBIN
(~/?~2~ ~0/72~ ~Z'J-
~).' z7
C
S.~ALBIN, GERMEUIL.
(~2~
O Ui.
S/ALBIN
<$'
C'e~ le ~ëu!
~).
parti qui me
re~e. & jy ~is réfbtu Gcr<
Meuil, personne ne nous entend ?
GERMEUIL.
Qu'avez-vous à me dire ?
S.'t A L B 1 N.
J'aime Sophie ~en fuis aime. Vous ai-
mez Cécile, &r Cécile vous aime.
GERMEUIL.
Moi Votre ïceur
S.t ALBIN.
Vous, majeur. Mais lamemeper~cu~
tion qu'on me-fait, vous attend; & ~i vousr
avez du courage, nous irons Sophie Cé-~
cile vous & moi chercher le bonheur loin
de ceux qui nous entourent & nous tyran-
nifent.
GERMEUIL.
Qu'ai-je entendu ? Il ne me man-
quoit plus que cette confidence Qu'o-
fez-vous entreprendre, &: que me confei~
lez-vous ? C'eA ain~ que je reconnoïtrois
les bienfaits dont votre pere m'a comblé
depuis que je respire ? Pour prix de fa ten-
dreffe je remplirois fon ame de douleur
& je renverrois au tombeau en maudiffant
le. jour qu'il me reçut chez lui ?
S/t ALBIN.
Vous avez des fcrupules n'en parlons
plus.
GERMEUIL.
L'action que vous me propofez &
celle que vous avez réfolue font deux
crimes
( avec ~~c~).
S.~ Albinabandonnez votre projet.
Vous avez encoutu la diigrace de
votre
père & vo~ al-1 la e
fur'
le bfâme public
~Q~~
pou~.te des
P~rez.Q~~e~~c~
vous
Joi~ dé~ërer celle
peines vous
ou.
'<< j
t
t ALBIKT.
S.<
Si je ne pem Compter fur votre fècours
épargnez-moi
vos con~s.
')
CERMEUfL. jj
Vous vous perdez. N
S.'ALBI~
pj~ou~~
~e~brtene~jetfë.
GERMEUIL. JN
f ~~i-jedouleur
à votre N
apportera fa Dere
votre oncle.? Oncle cruel! Neveu
C A~
GERMEUIL~
T E Sort m'en veut-il affez Le voilà ré-
folu d'enlever fa maïtreuë & il igno-
re qu'au même infant fon oncle travaille
à la faire enfermer Je deviens coup-
fur-coup leur confident & leur compli-
ce. Quelle utuation eA la mienne! Je
ne puis ni parler, ni me taire ni agir,
ni cener. Si l'on me Soupçonne feule-
ment d'avoir fervi l'oncle, je fuis un
traître aux yeux du neveu, & je
me des..
honore dans l'efprit de fon En-
pere
core fi je pouvois m'ouvrir à celui-ci.
Mais ils ont exigé le fecret Y man-
qMr, je ne le puis ni ne le
Voila ce que le Commandeur
dois.
a vu lor~
qu'il s'eA adreflë à moi, à moi qu'il dé-
teUe, pour l'exécution de l'ordre injure
S~~En~e
tune & &
~ne
~"<- fa nieee,
prenant <à~.
nièce, deux appas eauxquels'
pas qu'on un
4e m'embarquer dans
complot qui me
&
;)
fon but eft
auMu~ il
~S~
la
ifs' en félicite Si îon chofe faite,
neveu le pré vient,
Il fe croira joué
furieux. Il éclatera. il fera
Mais Cécile 1-çait
mon innocence. Eh
de la
~e qui <ë <bu)evera
le' cri
~n-'
On n'entendra qu-etfe,&,e
moins pour fauteur d'un r~
n'en
u~
Dans quels embarras
i~ ont
prefi-J'
le neveu itidiferétion parmé-
par l'oncle
Et toi. pauvre innocente
dont les intérêts
ne touchent perronne
deux hommes violens1
qui ont égaiement rë<b)u
ta ruine
M~neT~r"
L"n m'attend
nou~h~r~P-–––
pour fa eon~.er,
nous d'abord de h ietire de
En&Ke. Nous cachet
verrons.
.~M~~<-0/h/
ACTE TROISIEME.
S c
GE RMEUIL, CECILE.
GERMEUIL
( d'un ton /~p/zf )
i~j[ADEMOISELLE.
CÉCILE.
Laiflez-moi.
GERMEUIL.
Mademoifelle.
CÉCILE.
Qu'oïez-vous me demander? Je fece<
vrois la maîtreHë de mon frere chez moi
chez moi dans mon appartement dans
la maifon de mon pere Lain'ez-moi,
vous
dis-je je ne veux
pas vous entendre.
GERMEUIL.
C'e~ le feul an!e qui lui rcïie~ & le feul
q't'eHe pui~Ie accepter.
CÉCILE.
Non non non.
GERME UIL.
Je ne vous demande qu'un Mant
je puiSIc regarder que
autour de moi, me re
connoîire.
CÉCILE.
Non non. Une inconnue
GERMEUIL.
Une inibrtunëe, à qui
vous
riez refufer de la commisération ne pour-
vous la
voyiez.
CECILE.
Que diroit mon pere ?
GERMEUIL.
Le respectai-je moins
que vous ? Crain<
drois-je moins de l'offenfer
CÉCILE.
Et le Commandeur?
GER ME U 1 L.
C'eA un homme fans principes.
CECILE.
Il en a comme tous fes pareils, quand
il s'agit d'accufer & de noircir.
GERMEUIL.
H dira que je l'ai joue
ou votre frere
(e croira trahi. Je
ne me jufHn~raijama!s..<
Mais qu'cit-ce que cela vous importe?
CE'CILE.
Vous êtes la caufe de toutes mes pei-
nes.
GERMEUIL.
Dans cette conjoncture difficile c'c~
votre îrere, c'cA votre oncle que je vous
prie de considérer épargnez-leur à cha-
cun une affion odieufe.
CÉCILE.
La ma!treHe de mon frere Une incon;.
nue Non, Monfieur mon cœur me
dit que cela eA mal, & il ne m'a jamais
trompée. Ne m'en parlez plus. Je trern~
ble qu'on ne nous écoute.
G E R M E U 1 L.
Ne craignez rien. Votre pere eft tout
à fa douleur. Le Commandeur & votre
trere à leurs projets. Les gens font écar-
tés. J'ai preuenti votre répugnance.
CÉCILE.
Qu'avex'vous rait ?
-X
GERMEUIL.
r
Le moment m'a
paru favorable, je
lai introduite ici. Elle eA. La
y
-Kenvoyez-ia, Mademoiselle. voilà
CECILE.
Germeuil qu'avez, vous fait ?
C~ 77.
GERMEUIL, CECILE, SOPHIE,
Mademoifelle I
(~~
(So ~< C L A
comme
voit ,point. Elle
R E T.
n entend
GERMEUIL
( /*<~e&
l'appelle. ).
Mademoi&He, Mademoi&IIe.
1
S 0 P H t,
SOPHIB.
PHI!
~ui eA-ce qui m appelle r
GERMEUIL.
C'eA moi, Mademoiselle, c'efi moL
S 0 P H 1 E.
Qui êtes-vous? Où êtes. vous? Qui
que vous foyez, fecourez-moi. (auvez~
nioi..
GERMEUIL
~),
( va la prendre par la lui
(~
r
Venez. mon enfant Par ici.
SOPHIE
<&
Je ne puis. La force m'abandonne.
Je fuccombe
CÉCILE.
0
Ciel! (~ 6'~2<~7) Appeliez.
Eh non, n'appeliez pas
SOPHIE,
( J~~ ~/772~ <~ comme ~j délire de
la ù~2C~ ).
Les cruels Que leur
(~ regarde autour d'elle
ai-je ~t ?
~f~
marques de l'efroi).
CE&MEUIL,
Raturez-vous. Je fuis l'ami de S/ AI.
bin, & Mademoifelle eA fa foeur.
SOPHIE
( ~p~ un moment ~/M?yzc~).
Mad~moifëlle que vous dirai je
Voyez ma peine. Elle e~: au-deHus de
mes forces. Je fuis à vos pieds & i!
faut que j'y meure ou que je vous doive
tout. Je fuis une infortunée qui cher-
che un afile C'eft devant votre oncle
& votre frere que je fuis. Votre oncle
que je ne connois pa6, & que je n'ai ja-
mais offenfé votre frere Ah, ce n'eft
pas de lui que j'attendois mon chagrin
Que vais-je devenir fi vous m'aban-
cbnncz ? Ils accompliront fur moi
leurs deffeins. Secourez-moi. Sauvez-
moi. Sauvez-moi d'eux. Sauvez-moi
de moi-même. Ils ne fçavent pas ce
que peut ofer celle qui craint le deshon-
neur, & qu'on réduit à la nécenitë de haïr
la vie Je n'ai pas cherché mon mal.
heur & je n'ai rien à me reprocher
tvrn~c de
Je travaillois j'avois nu pain~}e
1 vivais
tranquille. Les jours de ia douleur fbnc
venus. Ce font les vôtres qui les ont ame.
nés fur moi, & je pleurerai toute
ma vie
parce qu'ils m'ont connue.
CÉCILE.
Qu'elle me peine j0b que ceux qui
peuvent la tourmenter~ tb~t méchans
( Ici ~f~cc~
de Cécile.
/c/2
~w~~r dans le coeur
d'un
~z7~ côté de <S' ccZ~-M
continue).
S 0 P H I E.
J'ai une mere qui m'aime. Comment
reparoitrois.je devant eHe
felle, confervez une fille à fa
?.
Mademoi-
rnere je
vous en conjure par la vôtre, fi vous l'a-
vez encore. Qu'a~d je la quittai, elle
dit Anges du Ciel,
prenez cette enfant
fous votre garde 1 & conduiiez-la. Si
vous
fermez votre cœue à la pitié, le Ciel n'au-
ra point entendu fa priere & elle en mour-
ra de douleur. Tendez la main à celle
qu'on opprime afin qu'elle
vous béniue
toute fa vie. Je ne peux rien mais il
eA un Etre qui peut tout,& devant lequel
les œuvres de la commifération ne font
pas perdues. Mademoifelle.
Cécile J~P~/TOC~ d'elle, lui tend les
).
mains
Levez-vous.
G ERMEUIL
(à C~).
Vos yeux fe rempliffent de larmes. Son
malheur vous a touchée.
C Éc iLE
( a (~~2~/).
Qu'avez.vous fait!
S 0 P HI E.
Dieu foit loué tous les cœurs ne (ont
pas endurcis.
E'CIL E.
C
Je connois le mien. Je ne voulois ni
vous voir ni vous entendre Enfant
aimable & malheureux comment vous
e
nommez-vous ?
S 0p H i E.
Sophie.
CÉCILE
( en /~7ï~ï/ïf).
Sophie, venez.
(~ K~ main
GERMEUIL
aux genoux de Cécile,
~Z/~Ï~M~).
lui prencf
CÉCILE.
Que me demandez-vous encore? Ne
~).
~P~<~ qu'elle ~/7Ï~
G~RMEUIL
~<
fais* je pas tout ce que vous voulez?
( C~~ s'avance ~/y le fond du fallon avec
(~yc relevant ).
Imprudent Qu'allais-je lui dire ?
MJ" CLAIRET.
J'entens, Mademoifelle. Reposez vous
fur moi.
C E 7
GERMEUIL, CECILE.
CÉCILE
(après un moment'defilence, avec chagrin).
M E voilà, graces à vous, à la merci
-LvJL de mes gens.
GE Il M E U 1 L.
Je ne vous ai demandé qu'un infant
pour lui trouver un a<i!e. Quel mérite y
àuroit'il à faire le bien s'il n'y avoit au..
cun inconvénient ?
C É C I L E.
Que les hommes font dangereux Pour
fon bonheur on ne
peut les tenir trop
loin. Homme, éteignez-vous de moi.
Vous vous en allez je crois ?
GERMEUIL.
Je vous obéïs.
C É CILE.
Fort bien. Après m'avoir mife dans Ja
pofition la plus cruelle il ne vous re&:
:"9
plus qu~à m'y laiiïer.
ier. r Allez
r Monteur
allez.
GERMEUIL.
Que je fuis malheureux!
CECILE.
Vous vous plaignez, je Croîs ?
GERMEUIL.
Je ne fais rien qui ne vous déplaue.
I L E.
C É C
Vous m'impatientez. Songez que je
fuis dans un trouble qui ne me laiffera rien
prévoir, rien prévenir. Comment oserai-
je lever les yeux devant mon père ? S'il
s'apper~oitde mon embarras & qu'il m'in-
terroge, je ne mentirai pas. Sçavez-vous
qu'il ne faut qu'un mot inconndérë pour
éclairer un homme tel que le Comman-
deur ? Et mon frère ?.. Je redoute d'a-
vance le Spectacle de fa douleur. Que va-
t-il devenir lorfqu'il ne retrouvera plus
Sophie ? Monfieur, ne me quittez pas
1
un moment, fi vous ne voulez pas que
tout fe découvre. Mais on vient. Allez.
ReAez Non, retirez vous. Ciel
¡
S C E NE
CECILE, LE COMMANDEUR,
LE COMMANDEUR
(afa ~M/K~).
~Ecile~
te voilà feule.
CÉCILE
(~~ voix altérée).
Oui, mon cher oncle. C~ a~z
mon
goût.
0 M MAN D E U .a~
LE COMMANDEUR.
LEe
le te croyois avec Fami.
CE CI LE.
Qui, Fami ?
LE COMMANDEUR.
Eh Germeuil.
C É C I L E.
Il vient de fortin
LE COMMANDEUR.
Que te dtfbit'n Que lui difois-tu ?
CÉCILE.
Des chofes dëplai~antes~
çomme c~
~coutume.
I!
LE COMMANDEUR.
Je ne vous conçois pas. Vous
ne pou"
vez vous accorder un moment. Cela me
fâche. Il a de l'efprit, des talens des
con-
nouïsnces, des moeurs dont je fais grand
cas. Point de fortune à la vérité, mais de
la naiffance. Je régime & je lui ai
con-
cilié de penfer à toi.
CÉCILE.
Qu'appellez-vous penfer à moi ?
LE COMMANDEUR.
e
Cela s'entend. Tu n'as
pas rëïblu de
feAer fille apparemment ?
CÉCILE.
Pardonnez-moi, Monteur. C'eAmon
projet.
LE COMMANI)EUR.
COMMANDEUR.
Cécile veux-tu que je te parle à cœur
ouvert? Je fuis entierement détaché de
ton frere. C~efi une âme dure,un esprit in-
traitable & il vient
encore tout-à-l'heurç
d'en ufer avec moi d'une maniere
indigne,
que je ne lui pardonnerai de ma vie.
J! peut à-préïeni
courir tant qu'il voudra~
après la créature dont il s'eA eHtetë je
ne m'en foucie plus. On fe lauë à la fin
d'être bon. Toute ma tendreté s'eil
retirée fur toi, ma chere nièce. Si
tu
voulois un peu ton bonheur, celui de
ton
père & le mien
CÉCILE.
Vous devez le ~uppoier.
LE COMMANDEUR.
Mais tu ne me demandes
pas ce qu'il
~audroit faire ?
CÉCILE~
Vous ne me le laulërez pas ignorer.
LE COMMANDEUR.
Tu as raison. Eh bien, il faudroit te
rapprocher de Germeuil. C'eït mariage
un
auquel tu penfes bien que ton
pere ne
consentira pas fans la derniere répugnan.
ce. Mais je parlerai. Je leverai les obfh.
cles. Si tu veux j'en fais mon affaire.
CE CILE.
Vous me con~ciHcriez de penfer à quel-
qu'un qui ne feroit pas du choix de
mon
père ?
LE COMMANDEUR:
Il n'efi pas riche. Tout tient à cela.
Mais, je te l'ai dit, ton frere ne m'eft plus
rien, & je vous affûrerai tout mon bien.
Cécile cela vaut la peine d'y réfléchir.
CÉCILE.
Moi, que je dépouille mon frere!
LE COMMANDEUR.
Qu'appelles-tu dépouiller? Je ne vous
dois rien. Ma fortune eft à moi, & elle
me coûte aiïex pour en difpofer à mon
gré.
gré*
CÉCILE.
Mon oncle, je n'examinerai point jus-
qu'où les parens font les maîtres de leur
fortune, & s'ils peuvent fans injufUce la
tranfporter où il leur plaît. Je fçais que
je ne pourrois accepter la vôtre fans hon-
te & c'en eft afÏez pour moi.
LE COMMANDEUR.
Et tu crois que S.t Albin en feroit au-
tant pour là fœur ?
CÉCILE.
le connois mon frère; 6e s'il étoitici~
nous n'aurions tous les deux qu'une voix.
LE COMMANDEUR.
Et que me diriez-vous ?
CÉCILE.
Monfieur le Commandeur,
~z pas je fuis vraie. ne me preC
LE COMMANDEUR.
Tant mieux. Parle. J'aime
la venté.
Tu dis ?
CÉCILE.
Que c'c~ une inhumanité fans
ple que d'avoir exem.
en province des parens
plongés dans l'indigence
recoure à que mon pere
votre In~u, & que vous fruffrez
d'une fortune qui leur
appartient, & dont
ils un befoin f grand que nous
Ions, ni mon frere ni moi, ne vou.
d'un bien
faudroit reflituer à ceux à qui les loixqu'it
de
la nature & de la Société l'ont
deviné.
LE COMMANDEUR.
Eh bien, vous l'aurez
ne ni l'un ni fau.
tre. Je vou~ abandonnerai tous. Je tordrai
d'une maifon où
tout va au-rebours du fens
commun où rien n'égale l'infolence des
enfaris 6e n'eA l'imbécillité du maître.
<!
S C E N E
CECILE, LE COMMANDEUR
LE PERE DE FAMILLE,
S.~ ALBIN.
Pere de Famille
entre le premier. Son
fils le fuit ).
( S/t A L B 1 N
défolé,
M/CMC). toute
iLHes
n'y f ont plus On ne ~ait ce
(tl6)
qu eues font devenues.
y~tm~c Elles ont di~
paru.
LE COMMANDEUR
(~~).
Bon. Mon ordre e~ exécute.
S.*ALBIN.
Mon pere écoutez la priere d'un
fils
défefpcre. Rendez-lui Sophie.
II eft im.
poHIbie qu'il vive fans elle. Vous
faites le
bonheur de tout
ce qui vous environne.
Votre fils fera-t-il le feul
que
rendu malheureux ?.. Elle n'y vous ayez
eft plus.
Elles ont difparu Que rerai-je ?.~
Quelle fera ma vie ? <
LE COMMANDEUR
(<Z/7<~).
Il a fait diligence.
S.' A L B 1 N.
Mon pere.
LE PERE DE FAMILLE.
Je n'ai aucune
part à leur abfence. Je
vous l'ai déjà dit. Croyez-moi.
( C~z Pere de
proment
lentement, la l'air cha.
6' j~~
~Af /?yo~.
S.' A L B ï
Sophie où êtes-vous? Qu'êtes-vou~
devenue ?.. Ah.
CÉCILE
( à part ).
Voilà ce que j'avois prévu.
LE COMMANDEUR
(à part).
Confommons notre ouvrage. AHons.
(~M~~ ~/2 ton CC/f~/2f).
Saint-Albin.
S~ ALBIN.
Monneur, laiffez-moi. Je ne me repens
que trop de vous avoir écouté. Je la
fuivois Je l'aurois Héchie. Et je l'ai
perdue
LE COMMANDEUR.
Samt-Albin.
S/t A L B 1 N.
Laiffez-moi.
LE COMMANDEUR.
J'ai caufé ta peine; & j'en fuis aNigé.
f.~)
S~ÂLBIN.
T n v
Que je fuis malheureux!
LE COMMANDEUR:
Germeuil me Favoit bien dit.
Mais auN
qui pouvoit imàginèr
imaginer que pour niie
une fille
il
comme y en a tant, tu tomberois dansi
l'état où je revois?
S.' AjL~i~
( avec ~/y~~).
Que dites-vous de Germeuil?
LE COMMANDEUR~
Je dis Rien
S/ A ~L B 1 N.
Tout me manqueroit-il
le malheur qui en un jour 3 &
me pourrit m'auroit-ii en-
core ôté mon ami ?. < Monneur le Corn.
mandeur, achevez.
LE COMMANDEUR.
Germeuil & moi.Je noie te ia-
vouer. Tu ne nous le pardonneras ia.
mais. la-i
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'ave~-vous fait ? Seroit.il
poHibIe ?.
Mon frère, expliquez, vous.
LE
LF.
1 t
LE GOMMANDË~R~
Cécile
( avec ~)
vous vous troublez.
S.t A L B 1 N.
S.~AjLBiN.
Majeur!
Ma fœur
(~ ~c~ ~).
LE PERE DE FAMILLE
LE COMMANDEUR 4
(~/ï niéce).
Puisque tu te tais, & qu'il faut
que je 1
parle.
(~ ~/Zf-ï).
Ta maîtrefle.
S/ALBIN. 1
Sophie
LE COMMANDEUR.
Eu; renfermée. 1
ALBIN.
S.'t A L B 1 N.
®
It'1
Grand Dieu
n,~
1s \-J-~
LE COMMANDEUR.
J'ai obtenu la lettre de
cachet.Et
Germeuils'efi chargé dureté.
LE PERE DE FAMILLE.
Germeuil
S.
S.'ÂLBIN.
ALBI N.
Lui:
CÉCILE.
Mon frere il n'en eïi rien.
S~t ALBIN.
Sophie. ceceAGermeuil!
(7/~ renverfefur ~/z~7,
avec toutes les
~~M~ ~~p~).
LE PERE DE FAMILLE
(tl~ Co/M/TM/2~).
Et que vous a fait
cette infortunée,,
pour ajoûter à fon malheur la perte de
l'honneur &- de la liberté? Quels
droits
avez-vous ujr el!e?
LE COMMANDEUR.
La.maifbn eft honnête.
S/ A L B 1 N.
Je la vois Je vois fes larmes. J'en-
tens fes cris, & je ne meurs pas.
( au C<?~ï/7!~y2~).
Barbare, appellez votre indigne com-
plice. Venez tous les deux par pitié, ar-
rachez-moi la vie Sophie Mon
pere fecourez-moi. Sauvez-moi de mon
déféfpoir.
(7/y~y~M entre les bras <~yo/z~c).
LE PERE DE FAMILLE.
Calmez-vous, malheureux.
S/t A L B 1 N
(<?/ïf/~ les ~yc/Z~7C/ 6' ~'M/Ï fC/Ï.P~ÏZ/!fy
& douloureux).
Germeuil!
Germeuil Lui! Lui
Lui Lui.!
LE
COMMANDEUR.
\j~rËfmeuit, où allez-vous?
S.*t A L BI N 1
( ~zc~ 6' lui crie a~c~r~).
lui
Traître, où e~ elle ? Rends la moi,
te prépares à défendre ta vie.
LE PERE DE FAMILLE
(courant
Mon Hj~
~ï).
CÉCILE.
Mon frere. Arrêtez. Je me meurs.
( ~e ~0/72~ ~/2~ ~/z~Mf~z/).
1
LE COMMANDEUR
( au Pere de ~Z/72Z~')
Y prend-elle intéréc? Qu'en dites-vous?
:'?!
J~y
LE PERE DE
T~ t7 FAMILLE.
Germeuil retirez-vous.
GERMEUIL.
Monfieur, permettez que je re~e.
S/ALBIN.
Que t'a fait Sophie? Que t'ai je fait
pour me trahir ?
LE PERE DE FAMILLE
( toujours à Germeuil)
Vous avez commis une action odieufe.
S/ALB1 N.
1 Si ma ~ceur t'eA chère fi tu la voulois,
ne valoit-il pas mieux ? Je te l'avoir
propofé Mais c'eft par une trahison
qu'il te convenoit de l'obtenir. Hom-
me vil, tu t'es trompé Tu ne connois
ni Cécile, ni mon pere., ni ce Comman-
deur qui t'a dégrade, &: qui jouit mainte-
de ta confusion Tu ne répons
1 nant
rien. Tu te tais.
GERMEUIL
1 ( ~T~C ~~M~ 6* ~/77M~ ).
Je vous écoute 8c je vois qu'on ôte
ici l'eltime en un moment à celui qui a
pane toute ~a vie à la mériter. J'attendois
autre cho~ë.
LE PERE DE FAMIL.LE.
N'ajoutez pas la fau~eté à la perndie~
Retirez-vo~s.
GERMEUIL~
Je ne fuis ni faux ni perâde~
S.~ A L B 1 N.
Quelle infolente intrépidité!
LE COMMANDEUR.
Mon ami, il n'e~ plus tems de diiEmu~ 1
il tient.
fortune & ma niéce. C'eA notre traite
S~ AL B N I
1
1
(<~M Co~Z~~TZ~~).
LE PERE DE FAMILLE,
LE COMMANDEUR.
LE COMMANDEUR.
V Ous avez entendu ?
LE PERE DE FAMILLE.
Oui, mon frere.
LE COMMANDEUR.
1 Sçavez-vous où il va ?
LE PERE DE FAMILLE.
Je le fçais.
LE COM MANDEUR.
Et vous ne l'arrêtez pas ?
LE PERE DE FAMILLE.
Non.
LE COMMANDEUR.
Et s'il vient à retrouver cette nMe ?
LE PERE DE FAMILLE.
1
Je compte beaucoup fur elle. C'cfi un
enfant; mais c'eft un enfant bien né~ &
dans cette circonfhnce elle fera plus que
vous & moi.
LE COMMANDEUR:
MMANI)EIUR.'
Bien imaginé .1
1
LE PERE DE FAMILLE.
Mon fils n'en-
pas dans un moment o~
la raifon puiue quelque chofe
fur lui.
LE COMMANDEUR.
Donc il n'a qu'à fe perdre ? J'enrage.
Et vous êtes
un père de famille ? Vous ?
LE PERE DE FAMILLE.
Pourriez-vous m'apprendre
iaire? ce qu'il faut
LEeCOMMANDEUR.
LE 0 M MAN D E U R.
Ce qu'il faut ~ire?'Efre le
maître chez
foi fe montrer homme
d'abord, & père
après s'ils !e méritent.
LE PERE DE FAMILLE.
Et contre qui, s'il
vous plaît, faM-ii
que j'agine
LE COMMANDEUR.
Contre qui ? Belle queftion
ï Contre
tous. Contre ce Germeuil qui nourrit
votre fils dans ~bn
extravagance, qui cher.
che à faire entrer
une créature dans la ~a-
mille, pour s'en ouvrir la
porte à lui~m~
~e, que je cha~fcrm<
chaûerois de~na ma~on:
Contre une fille qui devient de jour en jour
plus infolente qui me manque à moi, qui
vous manquera bien-tôt à vous & que
j'enrermerois dans un couvent. Contre
un
fils qui a perdu tout Sentiment d'honneur,
t
qui va nous couvrir dé ridicule & de hon-
te, & à qui jerendrois la vie dure; qu'il
ne feroit pas tenté plus long- tems de (e
(bu~raire à mon autorité. Pour la vieille
qui l'a attiré chez elle, oc la jeune dont il
a la tête tournée il y a beaux jours que
j'aurois fait fauter tout cela. C'eA par où
j'aurois commencé & à votre place je
rougirois qu'un autre s'en fût avifé le pre-
mier Mais il faudroit de la fermeté
& nous n'en avons point.
LE PERE DE FAMILLE.
Je vous entens. C'e~-â-dire que je
châtierai de ma manbn un homme que j'y
ai reçu au fortir du berceau à qui j'ai 1er-
vi de pere qui s'eit attaché à mes intérêts
depuis qu'il fe connoît qui aura perdu
~es plus belles années auprès de moi~ qui
n'aura plus de reSburce je l'abandonna
~c à qui il raut que mon amitié fbit funetle
elle ne lui devient pas utile; & cela, ~but
prétexte qu'il donne de mauvais. confëij
à mon fils, dont il a défapprouvé les pro.
jets qu'il fert une créature que peut-être
il n'a jamais vue; ou plutôt parce qu'il ni
pas voulu ~tre l'inhument de fa perte.
J'enfermerai ma fille dans un couvent}
je chargerai fa conduite ou fon caractère
de foupçons defavantageux je nëtrira!
moi-même fa réputation 8cce!a, parce
3
qu'elle aura quelquefois, ufé de reprefailles
avec Monneur le Commandeur; qu'irri.
tée par fon humeur chagrine, elle fera ~br.
tie de fon caractère, &: qu'illuifera ëchap.
pé un mot peu mefuré.
Je me rendrai odieux à mon fils; j'é-
teindrai dans fon âme les fentimens qu'il
me doit j'acheverai d'enflammer fon ca-
rac~ere impétueux, & de le
porter à quel.
qu'éclat qui le deshonore dans le monde
tout en y entrant & cela parce qu'il a
rencontré une infortunée qui a des charme? 1
Se de la vertu & que par un mouvement
de jeuneffe qui marque au fond la bonté
de fba naturel il a pris un attachement
qui m'afflige.
N'avez-vous pas honte de vos conseils
Vous qui devriez être le protecteur de
mes enfans auprès de moi, c'eA vous qui
les accufez vous leur cherchez des
torts;
vous exagérez ceux qu'ils ont, & vous
feriez fâché de ne leur en pas trouver.
LE COMMANDEUR.
C'eA un chagrin que j'ai rarement.
LE PERE DE FAMILLE.
Et ces femmes contre lefquelles vous
obtenez une lettre de cachet ?
LE COMMANDEUR.
11 ne
vous reftoit plus que d'en prendre
auïH la défenfe. Allez allez.
LE PERE DE FAMILLE.
J'ai tort. Il y a des chofes qu'il ne faut
pas vouloir vous faire fentir, mon frere.
Mais cette affaire me touchoit d'àflez prés;
Ce me <emb!e, pour-3--r
que vom damnaiËM
m'en dire un mot.
LE COMMANDEUR.
C'eA moi qui ai
tort, &:
& vous avez to~
toà,
jours raifon
LE PERE DE FAMILLE.
Non, Moteur le Commandeur,
vous
ne rerez de moi, ni ““ pere injure &
truel, m un homme ingrat & malfaifant.
~e ne commettrai
point une violence,
parce qu'efte Ctt de mon intëret je i
renoncerai point à mes espérances, ne
qu'il eâ fu~enu des pbfiacles parce
qui les ë~
gnent < & je ne ferai point
un défert de
ma maison parce qu'it s'y pa<!e dès cho
fes qui me déplaifent
comme à vous.
LE COMMANDEUR~
Voilà qui e(t expliqué. Eh
bien eon.
fervez votre chere nUe
aimez-bien votre
cher fils iain-ez paix les
en créatures qui
le perdent cela eft
trop tage pour qu'on
~y oppofe. Mais
pour votre Germeuil,
!e vou! avertis que nous ne
pouvons plus
~at 1
-loger lui& moi fous «M même
ffm< un toît. Yi
n'y a point de milieu. H taut~l
K<ïA
hors
d'ici aujourd'hui ou
que j'en forte de~
main.
LE PERE DE FAMILLE.
Monteur le Commandeur,
vous êtes
le maître.
LE COMMA~DEU~. l
Je m'en doutois. Vous feriez
enchanté
que je m'en at!ane n'e~-ce pas ? Mais
jé
refterai oui je referai;
i ne fut-ce qu~
pour vous remettre &us nez fbtti<
fes de vous en faire honte. Je &isvos
curieux
de voir ce
que tout ceci deviendra. °
ACTE QUATRIEME.
1.
SAÎNT-A L BIN
(7/~f/ic~z~~).
qr' 0 uT eA éclairci. Le traître eC
A démarque. Malheur à lui Malheur
à lui! C'eft lui qui a
emmené Sophie. U
~aut.qu'il përiHë
par mes mains.
(~7~~).
Philippe.
S CENE
SAINT-ALBIN, PHILIPPE.
JM.On~eur.
(
PHi L 1 P P E.
PHILIPPE.
S.~
donnant une
en
Portez cela.
~1
ALBIN
~~).
PHILippE.
A qui, Monfieur?
S/ALBiN.
~T n~~
A Germeuil. Je l'attire hoM dM.
Je lui plonge mon épée dans
le fein. Je
lui arrache l'aveu de fon crime
& le fe-
cret de fa retraite, & je cours partout
conduira où
me l'efpoir de la retrouver
( 7/ apperfoit ~z~
Tu n'es pas allé,
revenu r
PHiLIPp~
Monucur.
tS. A L B i
Eh bien ?
PHILIPPE.
Ny a t il rien là dedans dont Mon-
heur votre
pere ~bit Bchë ?
S/ ALBÏN.
Marchez.
-y 7/7.
C B
S.~ A L B ï
Malheur à toi~ s'il
te re~e de ten<
drefïcf.. Je
C'
a T
pleure. Tu pleureras bien
tôtau~L
CÉCILE
(a~C <S* d'une voix tremblante ).
Vous avez un deffein.
S~ALBIN.
Par pitié pour vous-même,
ne m'inter-
''og~x pas.
CÉCILE.
Vous me haïuezi.
S/ A LB i N.
le vous plains.
CECILE.
4
Vous attendez
mon pere.
S/ALBIN.
~e le fuis. Je ~is toute la terre.
CÉCILE.
Je le vois. Vous' voulez perdre Ger-
meuil. Vous voulez me perdre. Eh
bien, perdez-nous Dites à
mon père.
S.' AL B 1 N. ws
le n'ai plus rien à lui dire. lirait tout.
CÉcin~
'Ah Ciel!
1
SCENE
C EJV
SAINT.ALBÏN, CECILE
(~/<
LE PERE DE FAMILLE.
~M~<
</7?/77<?~~).
LE PERE DE FAMILLE.
nr' U me fuis & je ne peux t'abandon-
ner Je nai pius de 6!s,
re~e :oû}oufs
te
un père S~AIbin,p~ur.
quoi me fuyez-vous~ Je ne viens pas
vous aSiger davantage & expofer mon
autocttc. à de nouveaux mépris.Mon
~Is, mon ami tu
ne veux pas que ~e
meure de chagrin.. ~ous hommes feuis.
Voici ton pere. Voilà ~ceur. Elle
ta p!.eu<
re, & mes larmes attendent les tiennes
pour s y mêler. Que ce moment ~ra.
doux,'n tu veux!
Vous avez perdu ceue
que vous aimiez,
& vous iavez perdue
par la perud~e d~u~
~omme qui
vous cA cher.
f~)
S.~A.Lp.tN
AL B )J
(~ au Ciel
Ah!
LE PERE DE FAMILLE,
Triomphez de vous &- de lui. Domptez
une païHon qui vous dégrade. Montrez-
vous digne de moi. Saint-AIbia ren.
( ~~f- j~~j
dez-moi mon nls.
On voit vou-
/)
droit ~a~e
qu'il ne le peut pas. ~0/2 ~<?~ mé-
~M, en
Dieu! !M-ceaM qu'on accueille un
père! Il seloigne<de moi. Enfant in-
grat, enfant dénature! Eh où irez-vous
que je ne vous ~ive ?.. Partout je
fuivrai. Partout je vous redemanderai vous
nls.. mon
( ~~z~
~/zf avec
his. Rens-moi mon fils
~)
<5'~ pere le
rens.moi mon
( ~2 s'appuyer contre le
M/Ï~.f M<~M MC~~t~~ ~M~~
<W!MM~)
)
Il ne me répond rien. Ma voiy ~a~~ve
plus }u<qu'à ~bn
ccçur. Une pa~ôn infea.
~ee Fa (ermé. Elle tc~t d~tr~
a îi
eA de-
venu Aupide & (e~oce.
( 7~ y~d dans un ~a~~M~ )
0 pere malheureux Le Ciel m'a frap-
pé. Il me punit dans
cet objet de ma foi-
blefïe. J'en mourrai. Crue~ en~s,
c'eA mon fbuhait. c'eA le vôtre.
C Ë C Ï JL E
(J~<?C~f
Ahï Ah
~<~).
LE PERE DE FAMÏLLE.
Con~blez~vous. Vous verrez pas
!ong-tems ne
mon chagrin. Je me retire-
rai. J'irai dans quelque endroit ignore
attendre la nn d'une vie qui
vous pefe.
C JE c lLE
(~C <S'7Z~
yo/ï~~).
Si vous quittez vos enfans,
lez-vous qu'ils deviennent ? que vou-
C'!4)
LE PEUEF- DE i TT
FAMILLEr,
( après <Kt moment <& filence ).
Céc:!e, j'avois des vûes fur
vous
Germeui! Je difois
en vous regardant
tous les deux, voilà celui qui fera le bon.
heur de ma fille. elle relevera
la TamU)e
de mon ami.
CÉCILE
(/M/).
Qu'ai-je entendu f
S.~ ALBIN.
(~ retournant ~~C~~A).
~auroitëpouëM~eurpjerappet.
teroismon~rerel Lui!
LE PERE
DE FAMILLE.
~11
Tout m'accablera
pluspenïër. n'y faut
l -1. #
C JVJ?
S.T ALBIN, CECILE, LE PERE
DE FAMILLE, GERMEUIL.
E
JL~
tous.
S/t ALBIN.
voilà, le voUà. Sortez, Portez
C É C I L E.
( en courant aM-~<2f C~ï~/).
G€rmeuil/arrêtez. N'approchez pas.
Arrêtez.
LE PERE D'E FAMILLE
( M~~a/!f~/ï~yz?~ milieu du
6' /ï~za~f ~o~ /~y~ ).
S~ Albin mon fils.
( Cependant ~M~ J~ZC~ d'une ~7?~<
c~<M~ 6' tranquille).
( avant que de fortir, détourne la
6'y~~TM Germeuil)
8
CÉCILE.
Suis-je aHez malheureuse
( Zd~~c ~cT~M~ wï~, 6'~ rencontre
~yo/ <C Co/K~M/Ï-
deur qui 7~<?/ )
CjE' ~v~
YI.
CECILE, GERMEUÏL, LE
PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR.
LE PERE DE FAMILLE.
T~~ On frère, dans un moment je fuis
-Lv-'L à vous.
LE COMMANDEUR.
C'e~-à.dire, que vous ne voulez
pas
de moi dans celui-ci. Serviteur.
C ~JV
CECILE, GERMEUIL, LE PERE
9
DE FAMÏLLJË.
L E P E R E D E FA M 1 L L &
è (~Ccf/72~~)~
T A division & te trouble ~bht dans ma
~mai(bn, c'e~ vo~ q~ ~s cau~z.
~erm~~nl, Cm$ a~~o~~t. Je
!M vou&
reprocher po~t c~ q~e ya~ pouf
vous. Vous ie voudriez peut-être, j~ais
après la connance que je vous ai maf-
quée, aujourd'hui, je ne daterai pas de
plus loin; je m'attendais à autre chofe de
votre part. Mon fils médite un rapt;
il vous le conne~ & vous me le lainez
ignorer. Le Commandeurforme un autre
projet odieux il vous le confie & vous
me le laiûëz ignorer.
GERMEUIL.
Ils l'avoient exigé.
LE PERE DE FAMILLE.
Avez-vous dû le promettre ? Ce-
pendant cette fille difparoit & vous êtes
convaincu de l'avoir emmenée. Qu'eu:-
elle devenue ? Que faut-il que j'au-
gure de votre Silence r.. Mais je ne vous
prcue pas de répondre. Il y a dans cette
conduite une obfcurité qu'il ne me con-
vient pas de percer. Quoi qu'il en foit je
m'intéreue à cette fille, & je veux qu'elle
1 ~e retrouve.
Cécile, je ne compte plus fur la con-
folation que j'e~pérois trouver parmi vous.
1
Je prcilcns les chagrins qui. attendent ma
vie!ÏÏd!e
e
:)
& je veux
7~tt~ vous
< épargner h
douleur d'en être témoins. Je n'ai rien
në<
g!igé, je crois, pour votre bonheur, &
j'apprendrai avec joie que enfans font
mes
heureux.
( C~f~ C2?~
CECILE, GERMEUIL.
triflement fa
un fauteuil,
~MJ),
6-
E
J
GERMEUIt.
vois votre inquiétude~ & j'attens
vos reproches..4
CECILE.
Je fuisdë~pérëe. Mon~efeea
veut à votre vie.
GERMEUIL.
Son dë6 ne lignine rien. Il fe
croit o~-
fenfé mais je fuis innocent &:
tranquille..
CÉCILE.
Pourquoi vous ai-je crû Que n'ai-je
'Cuivi mon prefïentimcnt
Vous ave?
entendu mon pere. 1
n i ICERMEUIL.
Votre pere eA un homme juf~& je
n'en crains rien.
CÉ CILE.
Il vous aimoit. H vous e~imoit.
GERMEUIL.
S'il eut ces fentimens, je les
recou~
vrerai.
CECILE.
Vousauriez fait le bonheur de fa nHe.
Cécile eût relevé la famille de fon ami.
GERMEUIL.
Ciel il eft poSbIe 1
CÉCILE
( elle-même ).
Je n'oïbis lui ouvrir
mon cceur. dé.
~b!é qu'il étoit de la pamon de
mon frè-
re, je craignois d'ajoûter à fa peine.
Pouvois-je penfer que malgré l'oppofi-
?..
tion, la haine du Commandeur Ah,
Germeuil C'eA à
vous qu'il me dellinoir.
GERMEUIL. <
Et vous m'aimiez Ah Mais j'ai
fait ce
que je devois Quelles qu'ea
foient les luîtes, je ne me repentirai point
du paru que j'ai pris. MademôMetle
il faut que vous cachiez tout~
C t'ci LE.
Qu'exil encore artivé
G E R M Ë U î L*
Cette femme
C É C I L E.
Qui ?
GERMEUIL.
Cette bonne de Sophie.
C É cj L E.
Eh bien ?
G E R M E U Ï
EA aHife à la porte de la màKbn. Les
gens font a(ïemblës autour d'elle. Elit
demande à entrer ) à parler.
CÉCILE
(~ levant C~C~C~
~OM/0rM/').
Ah Dieu je cours.
GERMEUIL.
Où?
CÉCILE
CÉCILE.
Me jetter aux pieds de-
mon père.
GERMEUIL.
Arrêtez. Songez.
CIL Et
CE
Non Monfieur.
GERMEUIL*
Ecoutez.moi.
C Éc ï L E.
Je n'écoute plus.
GERMEUIL.
CëdIe.Mademoifei!e.~
C É C I L E.
Que voulez-vous de moi ?
GERMEUIL.
J'ai pds mes mefures. On retient
~mme. Elle n'entrera
cette
pas & quand on
l'introduiroit, fi
on ne la conduit pas au
Commandeur, que dira-t-elle
aux autres
qu'ils ignorent ?
CÉCILE.
Non, Monneur, je ne
veux pa$ être
expofée davantage. Mon fçaura tout.
Mon père :<~ bon~ il
pere
verra mon inno.
7~ D
cence; il connaîtra le momde votre con-
duite, & j'obtiendrai mon pardon & le
vôtre.
GERMEUIL.
Et cette infortunée à qui vous avez
accordé un afyle ? Après l'avoir reçûe,
en difpoferez-vous fans la conâdter r
C É CILE.
Mon père eA bon.
GERMEUIL.
Volîà votre frère.
C IX.
CECILE, G ERMEUIL,
S.T ALBIN.
( ~'az/zf-j/ï entre à pas ~f~ il a /~y
~0/7!~ 6'~a~MC~~ la tête bras
croifés, 6' chapeau renfoncé fur les
~M~).
CÉCILE
k
(~~f~ entre Germeuil 6' 6'j~~c)
SAint-Albin!
GermeuiU
1 f
S~
i6))
ALBIN
LT
(~ 6'TM~~).
Je vous croyois feul.
CECILE.
Germeuil, ceA votre ami c'eA mon
irere.
(7/ ~7).
GERMEUIL.
Mademoifë!Je,jeneroub!ieraipas.
S.'ALBIN
( ~a/!f dans un ~~f~
Sortez ou fe~ez; je
ne vous quitte
plus.
CÉCILE
1
1
In~!
réfolu ?
(~~z/ïf-).
Ingrat !Q~
Vous ne fçavez
S/ALBIN.
pas
Je n'en fçais
que trop
CÉCILE.
Vous vous trompez.
S~t ALBIN
(<z/M).
LaiHez-moi.
ii' Lauïez-nous
164)
(~* J'~r~~ TTMCM~ en portant la main
Germeuil
à fon épée).
Germeuil.
(G<CÉCILE
/C~7!Mf).
(y~ tournant en face ~?~~ lui c~)
0 Dieai Arrêtez. Apprenez.
<
Sophie
S/ A L B I N.
Eh bien Sophie ?
CÉCILE.
Que vais-je lui dire ?
S.t ALBIN.
Qu'en a-t-il fait? Parlez. Parlez.
C p C I L E.
Ce qu'il en a fait ?.. Il l'a dérobée à vos
fureurs. Il Fa dérobée aux pourfuites du
Commandeur. Il l'a conduite ici. Il a
fallu la recevoir. Elle eft ici, & elle y
eii malgré moi.
( ~/Z~7~0M/Ïf 6* ~~M~ ).
Allez maintenant courez lui enfoncer
votre épée dans le fein.
('~)
1 S.' A LTU
A B 1 N.
T
0 Ciel puis je le croire! Sophie eâ
ici! ..Etc'eAtuir.. C'eAvous?.. Ah
ma Jtœur! Ah mon ami Je fuis un mal.
heureux. Je fuis un infenfé.
GERMEUIL.
Vous êtes un amant.
S/t A L B i N.
Cécile, Germeuil, je vous dois tout.
Me pardonnerez-vous ? Oui, vous
êtes ju~es vous aimez auffi vous vous
mettrez à ma place & vous me pardon-
nerez. Mais elle a ~çu mon projet elle
pleure, elle fe déféfpére elle me mépri-
fe, elle me hait. Cécile, voulez-vous
vous venger ? voulez vous m'accabler
fous le poids de mes torts ? Mettez le
1.
comble à vos bontés. Que je la
voye.
Que je la voye un inflant.
CÉCILE.
1 Qu'ofez-vous me demander ?
1
S.t ÂLBl N.
Ma fueur, il faut que je la
g voye. II le~
1 ~ant.
C ÉCILE.
T\penfëz~vous ?
GERM EU IL.
Il ne fera raifonnable qu'à ce prix.
S.t ALBIN.
Cécile.
CÉCILE.
Et mon père ? Et le Commandeur ?
S.t A L B I N.
Et que m'importe ?.. Il faut que je la
voye y & j'y cours.
GERMEUIL.
Arrêtez. 4
CÉCILE.
Germeuil.
GERMEUIL.
Mademoifelle il faut appeller.
CÉCILE.
0 la cruelle vie
( G'772~7yc/ïF<?~rappeller 6' ~/z~ avec
~~Z~/720Z/d~ Clairet. Cécile J~ZC~
).
S.t ALBIN
( /M~ main en P~/J/Zf~ 6'
avec tranfport. ~/< f~o~/yM
J7~
(~7ÏCM< 6' lui dit en
Je vais la revoir
ret
/7a/) y<~
CÉCILE
( ~/&f ay~
Clairet
~a~
continue ~a~
à A~o~~
6' d'un ton
c~~yz/2 )
Conduifez-la. Prenez bien garde.
GE R M E U 1 L.
Ne perdez pas de vûe le Commandeur.
S/ ALBIN.
Je vais revoir Sophie
( 7/ J~~a/2C~~ en écoutant du côté où Sophie
doit ~f/'C/ 6' dit )
J'entens fes pas. Elle approche
Je tremble Je friffonne Il Semble
que mon cœur veuille s'échapper de moi,
& qu'il craigne d'aller au-devant d'elle.
Je n'oferai lever les yeux. Je ne pour-
rai jamais lui parler.
j~ S C E N E
CECILE, GERMEUIL, SAINT.
ALBIN, SOPHIE,
CLAIRET dans l'anti-chambre, â
,fée de la salle.
SOPHIE
( co~
jetter entre ~j
~()L AdemoifeIIe.
S/ A L B i N
Sophie.
(~yï~).
Cécile tient Sophie entre fes
~<C~/2~r<~).
GERMEUIL
( appelle ).
Mademoiselle Clairet,
M,~ CLAIRET
Jy fuis,
(~ ~~j-).
C é c i i. E
(<? Sophie ).
(
Ne craignez rien. Ra~rex-vous< A~
prez.-vous,
~ye~-vous,
(~~ J~ Cécile 6' w
6' ~Mf-
~?~ l'air
CM
Germeuil a
ils demeurent
entre Sophie
férieux
6' ~y< quelquefoisf~/M~/M
Cécile, qui de fon côté montre du ~a~ZJï
6' tems en tems de /MZ~~<~ ).
S/ A L B 1 N
( <z Sophie, qui a baiffés & le main-
f~y~~).
C'eA vous. C'eA vous. Je vous recou-
vre Sophie 0 Ciel quelle ~ëvë<
rite Quel Silence Sophie ne me re-
fufez pas un regard. J'ai tant ~buNert.
Dites un mot à cet infortune.
SOP HIE
(fans le regarder).
Le méritez-vous?
S.' ALB 1 N.
Demandez-leur.
S 0 p H i E.
Qu'eft-ce qu'on m'apprendra? N'en
fçais-je pas aHëz ? Oii fuis-je ? Que fais-
je ici ? Qui cit-ce qui m'y conduite '?,
a
Qui m'y redent?. Monteur~ qù'ave~ 1
vous réfolu de moi?
S.~ALBIN.
De vous aimer, de vous pofféder, d'd.
tre à vous malgré toute la terre malgré
vous.
`
S 0 P H 1 E.
Vous me montrez bien le mépris qu'on
fait des malheureux. On les compte pour
rien. On fe croit tout permis avec eux.
Mais, Monteur, j'ai des parens auui.
S/ A L B 1 N.
4
Je les connoîtrai. J'irai. J'embraiferai
leurs genoux ôc c'eA d'eux que je vous
obtiendrai.
S 0 p H i E.
Ne réopérez pas. Ils font pauvres, mais
ils ont de l'honneur. Monfieur, rendez-
moi à mes parens. Rendez-moi à moi"J
même. Renvoyez-moi.
S/ A L B i N.
Demandez plûtôt ma vie. Elle e~ tS
tous.
S
\.<*7
0 P H 1 E.
0 Dieu que vais-je devenir
( a Cécile, à Germeuil d'un ton ~~o~
y~?~~).
Monfieur Mademoiselle.
( 6* /<' retournant y~ ~M~Z/Z).
MonHeur, renvoyez-moi. Renvoyez-
moi. Homme cruel, faut-il tomber à
vos pieds ? M'y voilà.
( Z~y~~ aux ~~f ~~f-z~ ).
S/ A L B 1 N
tombe a~JC/Ï~~ 6* ~f)
Vous, à mes pieds C'e~t à moi à me
jetter, à mourir aux vôtres.
SOPHIE'
( ~y~).
Vous êtes fans pitié. Oui, vous êtes
fans pitië Vil ravmeur que t'ai je
fait ? Quel droit as-tu fur moi ?.. Je veux
rêter ?.
m'en aller. Qui eft-ce qui ofera m'ar-
Vous m'aimez ?.. Vous m'a-
vez aimée ?.. Vous ?
S.t A L B i N.
Qu'ils le difent.
3PHIE.
S 0 P H 1 K.
Vous avez réfolu ma perte.Oui
vous l'avez réfblue, & vous l'acheve.
rez.
(
Ah, Sergi
ce mot avec douleur, elle fe
aller dans un fauteuil; elle détourne fon
S.' pleurer).
S.t A L B 1 N.
Vous détournez vos yeux de moi
Vous pleurez. Ah j'ai mérite la mort.
Malheureux que je fuis Qu'ai-je voulu
Qu'aie dit? Qu'ai-je ofe? Qu'ai-je fait?
SOPHIE
(~ <?~72~/7Z~).
Pauvre Sophie, à quoi le Ciel t'a ré-
servée La mifere m'arrache d'entre
les bras d'une mere J'arrive ici avec
un de mes freres Nous y venions
chercher de la commisération &
nous
n'y rencontrons que le mépris & la du-
reté Parce que nous fommes pauvres,
on nous méconnoît, on nous repouilc.
Mon frere me laine Je reite feule
Une bonne femme voit ma jeuneHe &
prend pitié de mon abandon. Mals
une
étoile qui veut que je fois malheureufe
conduit cet homme-là fur mes
pas, &'
Fattache à ma perte. J'aurai beau pleu-
rer.
purent.
Ils veulent me perdre, & ils
me
Si ce n'efi celui-ci,
ce fera
fon oncle ( ~7~ ~~). Eh que me
veut cet oncle ?. Pourquoi me pourfuit-
il auni ?.. Eïi'ce moi qui ai appeHé fon
neveu ?.. Le voilà. Qu'il parle. Qu'il
s'accufe lui-même. Homme trompeur,
homme ennemi de mon repos, parlez.
S.' A L B 1 N.
Mon coeur efi innocent. Sophie,
ayez
pitié demoi. Pardonnez-moi.
S 0 P H 1 E.
Qui s'en feroit mené ?.. Il paroinbit
tendre & ~1 bon Je le croyois doux.
S/ÂLBIN.
Sophie, pardonnez-moi.
S 0 P H 1 E.
Que je vous pardonne
S.tt A L B 1 N.
Sophie.
( Il veut lui prendre la ).
SOPHIE.
Retirez-vous. Je
ne vous aime plus. Je
ne vous e~ime plus. Non.
S.' A L B I N.
0 Dieu que vais-je devenir! Ma
~oeur Germeuil parlez parlez p<hr
moi. 3
Sophie pardonnez-moi.
S o p H i E.
Non.
Cécile 6* Germeuil ~~yoc~f).
CÉCILE.
Mon enfant.
GERMEUIL.
C'eït un homme qui
4
vous adore.
S o p H i E.
Eh bien, qu'il me le
prouve. Qu'il me
défende contre fon oncle qu'il
me rende
à mes parens; qu'il
me renvoyé & je lui
pardonne.
JVjE'CJP
GERMEUIL, CECILE, S.T ALBIN
SOPHIE, Mademoifelle CLAIRET.
M."= CLAIRET
(~ Cécile).
MAdemoifelIe,
jyjLAdemoifeHe~ vient;convient.
on vient on vient.
GERMEUIL.
Sortons tous.
Cécile remet Sophie entre les mains de ~x-
demoifelle Clairet. T~zf tous de la
y~~ par diférens côtés
S c 7,
1..
LE COMMANDEUR Madame HE.
1..
BERT, DESCHAMPS.
r
(Le Commandeur
<S' Z~j-
M.~ HÉBERT
~).
entre brufquement. Mada-
J J t: j
~CE~~ JT//7:
LE COMMANDEUR~.
L A mait~Ie de mon i~veu dans Fap-
JL' partement de ma nièce Q~elte
découverte Je me .<tp~:OM bien que
les vakts étoient méJ~H. dedans.
On alloit. On venoh. <Q~ ~ë ~aifbit (k$
~s.pn &,partoitba$. Tantôt on
me ~vp~y ~n~t on m~vitoit. I! y a
là une f~mme-de-chancre qui
ne me
quitte non p~M que mo~ p~ob~e. Voi~
donc !a cau& de tous ces mouyemens
auxquels je n'entendois nen. Comman-
deur, cela doit vous apprendre à ne ja-
mais rien négliger. Il y a toujours quelque
chofe à ravoir où l'on fait du bruit. S'ils
1 empéchoient
cette vieille d'entrer, ils en
avoient de bonnes raifons. Les coquins
Le hafard m'a conduit là bien à
propos.
('~)
Maintenant voyons, rwi< examinons
~Y ce qui
nous re~e à ~airc. D'abord marcher
lourdement, &. ne point troubler leur (e-
curitc Et fi nous allions droit au bon-
homme ~Non. A quoi cela fërviroit-
il ?.. D'Auvilé, il faut montrer ici ce que
tu ~çais. Mais j'ai ma lettre de cachet
11~ me font rendue La voici. Oui.
La voici. Que je fuis fortuné Pour
cette foiselle me Servira; Dans un mo-
ment je tombe <ur eux. Je me ïains de la
(irëàturc. Je chaCe le coquin qui a tramé
tout ceci. Je romps à la ibis deux ma-
riages. Ma nièce, ma prude méce s'en
reubu viendra je l'espère Et le bon-
honime j'aurai mon tour avec lui. Je
me venge du père, du nls, de là rMIe, de
fon ami Q Commandeur quelle jour-
née pour toi
~M<!f~C~~~C~.
ACTE CINQUIEME.
S CE NE I.
CECILE M~M~ CLAIRET.
CÉCILE.
TE meurs d'inquiétude de crainte
J Defchamps a-t-il reparu ?
M.~ CLAIRET.
Non~ Mademoifelle.
C É C I L E.
Où peut-il être allé ?
M.~ C L A t R E T.
Je n'ai pu le fçavoir.
CÉCILE.
Que s'eft-il paffé ?
M.~ CLAIRET.
D'abord il s'eA fait beaucoup de mou-
vement ce de bruit. Je ne fçais combien
ils étoient. Ils alloient & venoient. Tout-
à-coup le mouvement & le bruit ont celle.
Alors je me fuis avancée fur la pointe des
pieds & j'ai écouté de toutes
mes oreil.
les mais il ne nié parvenoit
que des mots
<&ns fuite. J'ai feulement entendu Monteur
le Commandeur, qui crioit d'un ton
me.
vacant un Comminairc.
C Ë'c i L E.
Quelqu'un l'auroit-il appercûe ?
` M. CLAIRET.
JNon~ Madetnoiiëi!e.
CÉCILE.
Defchamps auroit-il parlé ? `
M.~ CLAIRET.
C'e~ autre chofe. II cA parti comme
un ëclair.
CÉCILE.
Et m~n onde ?
M.~ CLAIRET.
Je l'ai vû. î! ge~iculolt. Il fe parloit
lui-même, îl avoit tous les ngnes de
cette
gayeté méchante que vous lui connouïez.
CÉCILE.
C É CIL
Oû eM ? 1
M.~CLAÏRET.
II eft forti ~eut &~ à pied.
C E C ï L E.
Allez. Courez. Attendez le retour
de mon oncle. Ne le perdez
pas de vûe.
Ilfaut trouver Defchamps. It faut fça-
(M~~M<?
pelle
C~
voir ce qu'il a dit.
~) C~~
Si-tôt que Germeuil fera rentré, dites-
lui que je fuis ici.
C JV
1 CECILE, SAÎNT.ALBIN.
1
CÉCILE.
1 U en fuis-je réduite Ah~ Cer~-
~meuiï Le trouble me fuit. Tout
1 femble me menacer. Tout m'enraye.
1 ( ~Mf-yz c/M~ 6' Cécile a~M /tM)
1
Mon frere Defchamps a difpar~. On
1
ne fçait ni ce qu'il a dit, ni ce qu'i! eft de~
venu. Le Commandeurc~ forti en ~ecret~
[i84)
ce feul. Il fe forme un orage. Je le vois
~eunc
le le fens. Je ne veux pas l'attendre.
S.~ALBIN.
Après ce que vous avez fait
pour moi,
!n'abandonnerez-vous ?
CE'C.I I,E.
J'ai mal fait. J'ai mal fait. Cet enfant
ne veut plus re~er il faut la laitier aller.
Mon pere a vû mes allarmes. Plongé dans
la peine, & délaiffé par fes enfans,
que
voulez-vous qu'il penfè finon que la bon.
te de quelque action indifcrete leur fait
éviter fa préfence, & négliger fa dou-
leur?,. Il faut s'en rapprocher, Germeuil
eft perdu dans fb~efprit, Germeuil qu'il
avoit réfblu Mon frere vous êtes gé-
néreux n'expot~z pas plus long'tems
vo.
tre ami, votre fœur, la tranquillité & les
ours de mon père.
S.~t A i, B ï N.
Non, il eft dit que je n'aurai pas
un
infant de repos. 1
('<!)
CIL CÉCILE.
C JVE
CECILE, S.T ALBIN GERMEUIL,
Mi~M~ CLAIRET.
M.~ C L A 1 R E T
(yc ~M/y~ ~~o/ leur c~) f
v Oici le Commandeur.
GERMEUIL.
Il faut nous retirer.
('M)
CÉCILE.
S CENE ~7,
CECILE feule.
(Elle va, Elle vient. EUe ~f)
J E
ne ~ais que devenir.
( Elle fe tourne vers ~Z~Z~~
<$' crie).
GeymeuU Saint-Albin. mon 0
père, que vous répondrai-je Que di-
rai-je à mon onde?. Mais le voici.
Aneyons-nous. Prenons mon ouvrage.
Cela me difpenfera du moins de le re.
garder.
Le Cc/7277M~~<?/Zf/ CCC~ $'
y<x/~<? les yeux )..
C ~2? 7.
CECILE, LE COMMANDEUR.
LE COMMANDEUR
(~ r~?d~ regarde vers le fond & ~f)
M A niéce tu as-là une femme-de-
chambre bien alerte On ne
fçauroit faire un pas fans la rencontrer.
Mais te voilà toi, bien r'éveufe & bien
délaiffée 11 me femble
que tout com-
mence à & raSeoir ici.
CÉCILE
( c/z ~<a~f ).
Oui < je crois.
que. Ah
(~M <5'~0~2/~).
L p C Q M M A N D E U R
S C E NE ~777:
LE COMMANDEUR~
T Nquiéte je te confeille de l'être. Tù
ne fçais pas ce qui t'attend. Tu auras
beau pleurer, gémir foupirer il faudra'
fë féparer de l'ami Germeuil Un ou
deux ans de couvent feulement. Mais
j'ai fait une bévue. Le nom de cette Clairet
eût été fort bien fur ma lettre de cachet,
& il n'en auroit pas coûté davantage.
Mais le bonhomme ne vient point. 16
n'ai plus rien à faire, & je commence à
m'ennuyer.
( Il T-T!~ 6* appercèvant le
Famille qui il lui dit )
Arrivez donc bonhomme arrivez
donc*
c A-
LE COMMANDEUR LE PERE
DE FAMILLE.
ILE PERE DE FAMILLE.
E T
qu'avez-vous de fi pre~ à
me dire?
LE COMMANDEUR
Vous rane~avoir. Mais
attendez
un moment.
(//
<s- dit à
/My~M~CM~MM).
Mademoifelle
approchez.. Ne
ïêne: pas. Vous entendrez mieux. vous
LE PERE DE FAMILLE.
Qu'eA-ce qu'ily a ? A qui
parlez-vous?
LE COMMANDEUR.
Je par!e à la femme de-chambre
de
votre fille qui nous écoute.
LE PERE DE FAMmB.
1 LE COMMANDEUR..
Chez vous.. Oui, chez vous. Et qui
croyez-vous q~i l'y ait introduite
LE PE~E DE FAMILL~E.
Germeuil ?
LE COMMANDEUR.
Et celîe qui Fa reçue ?
LE PERE DE FAMILLE.
M<M-i rrere, arrêtez. Cécile. ma
~!c.
C'97)
1 LE COMMANDEUR.
Oui, Cécile oui votre fille a reçu
chez elle la maîtreife de fon frere. Cela
eft honnête qu'en pendez-vous?
LE PERE DE FAMILLE.
Ah!
LE COMMANDEUR.
Ce Germeuil reconnoit d'une
ëtranM
maniere les obligations qu'il
vous a.
LE PERE DE FAMILLE.
Ah Cécile, Cécile Où font
les prin-
cipes que vous infpirés
a votre mere
LE COMMANDEUR.
La maïtreue de
votre fils, chez vous,
dans l'appartement de
votre fille Jusez.
jugez. °
LE PERE DE FAMILLE.
Ah Germeuil Ah mon fils
fuis malheureux
Que ie
LE COMMANDEUR.
Si vo~s l'étes
Reiidez-vous juïHce.
c~ par votre faute.
LEPEKE DE FAMILLE.
Je perds tout en un moment mon 61s
ma fille un ami.
LE COMMANDEUR.
C'eA votre faute.
LE PERE DE FAMILLE.
Il ne me re~c qu'un frere cruel, qui <c
plaît à aggraver fur moi la douleur.
Homme cruel, éloignez-vous. Faites-moi
venir mes enfans. Je veux voir mes en
fans.
LE COMMANDEUR.
Vos enfans ? Vos enfans ont bien mieux
à faire que d'écouter vos lamentations. La
maitrefïe de votre fils à côté de lui.
dans l'appartement de votre nlle <
Croyez-vous qu'ils s'ennuient ?
LE PERE DE FAMILLE.
Frere barbare arrêtez. Mais non, 1
achevez de m'auamner.
LE COMMANDEUR.
Puisque vous n'avez pas voulu que }e 1
prévinue votre peine il faut que vous eo
buviez toute l'amertume. 1
L E PFKE DE FAMri.LE.
0 mes espérances perdues î
LE COMMANDEUR.
Vous avez taiHe croître leurs défaut
avec eux & s'il arrivoit qu'on vous les-
montrât, vous avez détourné la vue. Vous.,
leur avez appris vous-même à mëprj~ef
votre autorité. Ils ont tout ofc~ parce
qu'ils le pouvoient impunément..
LE PERE DE FAMILLE.
Quel fera le reïte de ma vie Qui adou-
cira les peines de
mes dernieres années ?
Qui me comblera?
LE COMMANDEUR.
Quand je vous difbis veillez fur
fille, votre fils fe dérange,
votre
vous avez chez.
vous un coquin i j'étois un homme dur
méchant, importun.
1
LE Pl:~E DE FAMULF.
J'en mourrai. J'en mourrai. Et qui cher-
cherai-je autour de moi. Ah Ah
1 (J7~p~~). .“
1 LE COMMANDEUR.
Vous avez nëgrigë mes confeils. Vous
1
(100)
en avez ri. Pleurez,
ez, pleurez
ple< maintenant.
LE PERE DE FAMILLE.
J'aurai eu des enfans. J'aurai vécu mal.
heureux, & je mourrai feul. Que m'au'
ra-t-il fervi d'avoir été pere? Ah
LE COMMANDEUR.
Pleurez.
LE PEKE DE FA MI LLE.
Homme cruel, épargnez-moi. A cha-
que mot qui fort de votre bouche je fens
une fecouffe qui tire mon ame & qui la
déchire. Mais npn mes enfans ne font
pas tombés dans les égaremens que vous
leur reprochez. Ils font innocens. Je ne
croirai point qu'ils fe foient avilis, qu'ils
m'ayent oublié jufques-là. S.Albin
Cécile Germeuil Où font-ils?
S'ils peuvent vivre fans moi, je ne peux
vivre fans eux. J'ai voulu les quitter.
Moi, les quitter Qu'ils viennent.
Qu'ils viennent tous fe jetter à mes pieds.
LE COMMANDEUR.
Homme pusillanime, n'avez-vous point
de honte ?
LE PERE DE Pt
ne FAMILLE.
Qu'ils viennent. Qu'ils s'accufënt.
Qu'ils fe repentent.
LE COMMANDEUR.
Non je voudrois qu'ils tuCent cachés
quelque part, & qu'ils vous entendirent.
LE PERE DE FAMILLE.
Et qu'entendraient ils qu'ils ne ca-
chent ?
LE COMMANDEUR.
Et dont ils n'abufent.
LE PEBLE DE FAMILLE.
Il faut que je les voie &
que je leur par-
donne, ou que je les haïae.
1 LE COMMANDEUR-
Eh bien voyez les. Pardonnez leur.
1 Aimez-les, oc qu'ils Soient à jamais votre
1
tourment & votre honte. Je m'en irai fi
1 loin que je n'entendrai parler ni d'eux
ni de vous.
S C Jv~
LE COMMANDEUR, LE. PERE
DE FAMILLE, Madame HEBERT,
Monfieur LE BON, DESCHAMPS.
LE COMMANDEUR
f Emme
(appercevant Madame ).
maudite î (~ & Z~/c~)~
toi, coquin que fais-tu ici?
M~ HÉBERT, M'LEBON(S'DESCHAMPS
n~
( au Co/y!/7:<Mr\.
Monfieur.
LE COMMANDEUR.
(~Af~).
Que venez-vous chercher? Retournez.
vous-en. Je fçais ce que je vous ai pro-
mis, & je vous tiendrai parole.
M.~ H É B E R T.
Monfieur. Vous voyez ma joie.
Sophie.
LE COMMANDEUR~
Allez vous dis-je.
M/ LE B o N.
Monfieur, Monfieur, écoutez-la.
M.~ HÉBERT.
Ma Sophie. mon enfant. n~ pa$
ce qu'on penfe Monfieur le Bon..
parlez. je ne puis.
LE COMMANDEUR
(a Monfieur le Bon).
EA-ce que vous ne connoiCez pas ces
femmes-là, & les contes qu'elles fçavent
faire Monfieur le Bon, à votre âge
vous donnez là-dedans
M.~ HÉBERT
( Pare de ~/72~
au ).
Monfieur elle eft chez vous<.
LE PERE DE FAMILLE
( à /?arf ~bM/OM/6~!c/!f).
!1 eH donc vrai .1,
M~ HÉBERT.
Je ne demande pas qu'on m'en croie.
Qu'on la rafïë venir.
LE COMMANDEUR.
Ce iera quelque parente de ce Ger-
l'.
meuil, qui n'aura pas de fouliers à mettre
à fes pieds.
(Ici on entend ~M-zj du du ~M'-
~M~ des c~ con, fus ).
JLt PERE DE FAMILLE
Tentens do bruit.
LE COMMANDEUR.
Ce n'e~ rien.
CECILE
( au-dedans ).
PMjppe, PhiHppe appeliez mon per<
LE PEKE DE FAMILLE.
CM la voix de ma fille.
M~ HÉBERT
( <ÏM ~r~ 7~/7M' ).
Monteur faites venir mon en~nt.
S.'t A L B 1 N
(a~Z~).
N'approchez pas. Sur
prochez pas.
votre vie~ n'
( ~<).
M.~ HEBERT ~M' LE BON
Monfieur, accoures.
LE COMMANDEUR
(
Ce n'e& nen
au ).
vous dis-je.
1 S C A
LE COMMANDEUR, LE PERt
D E F A M 1 L L E, M.- HEBERT,
M/ LE PON, DESCHAMPS~
M.~ CLAIRET.
j
1
M. CLAIRET
( ~ay~~ aM ~?M/~).
TT~Es épées, un exempta des gardes.
.L~ MonHeur, accourez fi vous ne
voulez pas qu'il arrive malheur.
C JV~ <S-
LE PERE DE FAMILLE, LE
COMMANDEUR, M.~ HEBERT,
M/LE BON, DESCHAMPS, M~
CLAIRET~ CECILE, SOPHIE,
SAINT-ALBm, GERMEUiL, UN
EXEMPT, PHILIPPE, ~~S~
ques. T~tcM <&: maifon.
(C~~ C<y-
meuil & ~Z~Pg ~M/M ~< ~~M~. <
a l'épée tirée & C~Tt~M~~ /'C~7M).
CÉCILE
rtT t
(Mf/~ en criant
M On
pere.
S 0 P H 1 Ë
en courant vers le Pere de ~Ï/M~
C~~)
Monteur.
LE COMMANDEUR
( a l'Exempt en criant).
Monfieur l'Exempt, faites
votre de.
voir.
~f
SOPHIE 6'AM~ HEBERT
( ~~< au 7~ ~~&, <g. le
premiere, ~MM~).
Monteur.
S/AjLBIN.
( to4jours retenu par 6'<7M~ )
Auparavant il faut m'ôter la vie. Ger.
itneuil lauïez-moi.
w
(a/<
LE COMMANDEUR
( en criant).
Arrêtez.
Madame HÉBERT 6'
M.r LE BoN
(en criant au Commandeur 6' en même M/W
que ~az/M-ï ).
Regardez-la.
S O P HE, I
( ~r~a/ï~ au Co/yz~ay~~).
Monfieur.
LE COMMANDEUR
1 (~ r~o~~ j~c/?~~a~.
Ah:
.M(M~ HEBERT M'. LE BON.
Oui~ Monfieur, c'eA elle. C'eA votre
niéce.
S.t ALBIN, CÉCILE, G ERMEUH
M.~ CLAIRE T.
Sophie, la niéce du Commandeur
S 0 p H E
( M~M/ <ï ~o~ Co/y?~a/)
Mon cher oncle.
LE COMMANDEUR
(~72~).
Que faites-vous ici ?
So P H 1 E
(~M~M~).
Ne me perdez
pas.
LE COMMANDEUR.
Que ne reAiez-vou~ dans votre
pro.
vince ? Pourquoi n'y
pas retourner, quand
je vous l'ai fait dire ?
SOPHIE.
Mon cher oncle, )e m'en irai. Je m'en
retournerai. Ne me perdez pas.
LE PERE DE FAMILLE.
Venez, mon enfant. Levez-vous.
M.
~9
--7
)
M.~ H É BR Ep R T.
.Ah Sophie
SOPHIE.
Ah, ma bonne
M.~ HÉBERT.
Je vous embraHe.
SO P HI E
( M /72~M ~/y~ ).
Je vous revois.
CÉCILE
( ~j~y<M aux pieds pere ).
Mon pere ne condamnez
pas votre
fille fans l'entendre. Malgré
les apparen-
ces, Cécile neA point coupable. Elle n'a
pû ni délibérer, ni vous conter.
LE PERE DE FAMILLE
( ~/z air un peu févére mais touché
Ma fille, vous êtes tombée dans
grande imprudence. une
CÉCILE.
Mon pere.
LE PERE DE FAMILLE
( avec ~<~
).
Levez-vous.
S~ ALBÏN.
Mon pere vous pleurez.
LE PERE DE FAMILLE.
C'eA fur vous, c'eft fur votre fœur.
Mes enfans pourquoi m'avez-vous né-
gligé ? Voyez vous n'avez pû vous éloi-
gner de moi fans vous égarer.
S.t A L B 1 N 6* CÉCILE
( en lui baifant les /M~z/zj ).
Ah, mon pere 1
( C~zf Commandeur
Cû/2/0/2~).
LE PERE DE FAMILLE
( <~?/ ~~0~ ~~C~~ /<2/77Ï< prend un air
<f~MM~~ & dit au Co/72/7!Z~ )
Monfieur le Commandeur vous avez
oublié que vous étiez chez moi.
L'EX EMPT.
E~-ce que Monfieur n'eA pas le maître
de la maifon ?
LE PERE DE FAMILLE
( /7~f ).
C'eft ce que vous auriez dû fçavoir,
avant que d~y enwr. Allez Moa&uf.`
Altez,b Moerieur
je réponds de tout.
(Z~~pf~)~
S.
S/t ALBIN.
ALBïN.
Mon pere.
LE PE RE DE FAMÎLLE
(avec /r<~).
je).
Je t'entens.
(~Z~/2f
Mon oncle.
S.t ALBIN
SOPHIE~
au C~
au Commandeur, y~ détourne ~~).
Ne repou~ez pas l'enfant de
(~/z~ la/).
LE COMMANDEUR
arrangement,
que moi
qui a tout dulipc, &: qui
vous a réduits
dans i'étai où
vous êtes.
S 0 P H i E.
Je me fouviens lorfque j'étois enfant:
alors vous daigniez
me caréner. Vous di.
j5ez que je vous étois chère. Si je
vous
aiHige aujourd'hui, je m'en irai, je m'en
retournerai. J'irai retrouver ma mere ma
pauvre mere qui avoit mis toutes fes
espérances en vous.
S.* A L B I N
Mon oncle.
LE COMMANDEUR.
Je ne veux ni vous voir, ni vous en-
tendre.
LEPERE DEFAMILLE,S/ALBIN,
M/LE BON,
( ~Z ~72~/2f autour de ~z).
Mon frere Monfieur le Comman-
deur. Mon oncle.
LE PERE DE FAMILLE.
C'e~i votre niéce.
LE COMMANDEUR.
Qu'e~-elle venue faire ici ?
LE PERE DE FAMILLE
C'en: votre fang.
LE COMMANDEUR.
J'en ïuis auez récite.
LE
<)
PEREJpE
t~- FAMILLE.
C
Ils portent votre
nom.
LE COMMANDEUR.
C'eA ce qui
me déïble.
LE PERE DE FAMILLE
(~M~7M~
Voyez~aO~ntJes
fuSent vains? parens qui n'en
LE COMMANDEUR
Elle n a rien je
vous en avertis-
S/ ALBïN. wv
Elle a tout.
LE PERE
DE FAMïLLE.
(~).
Ils s'aiment.
LE COMMANDEUR
Vous la voulez
pour votre nl!e
LE PERE DC FAMILLE.
Ils s aiment.
r
L~ COMMANDEUR
(à Sailll-AI6in).
r Tu la veux
pour ta ~mme~
S.<ALBIN.
~je la
la veuxj
(~4)
LE COMMANDEUR.
M l~f A 1
Aye-la j'y conféns auûi-bien je n'y
confentirois' pas qu'il n'en feroit ni plus ni
moins. <
(cMjP~y~).
Mais c'e~: à une condition.
S.t A L B l N
( ~<?z?~).
Ah, Sophie nous ne ferons plus fé.
parés.
LE PEtLE DE FAMILLE.
Mon frere grace' entière. Point de
condition.
LE COMMANDEUR.
Non. Il faut que vous me faniez ju~icc
de votre fille & de cet homme-là.
S.'ALBIN.
JuAice Et de quoi ? Qu'ont-ils fait?
Mon pete~ c'efi à vous-même que j'en
appelle.
LE PERE DE FAMILLE~
Cécile penfe & fent. Elle a l'ame dé-
licate. Elle fe dira ce qu'elle a dû me pa-
roître pendant un infant. Je n~oûterat
rien à fon propre reproche.
Germeuil. je- vous pardonne. Mon
eAime & mon amitié
vous feront confer.
vées mes bienfaits vous fuivront
3 mais. par-
tout
(6~~? ~?~ 6. C~
regarde ~).
LE COMMANDEUR.
Encore pafïë.
M.~ C L A I R E T.
Mon tour va venir. Allons
préparer
nos paquets.
( Elle fort).
S.~ALBINT
(a~/07!).
Mon pere écoutez-moi. Germemf;
demeurez. C'eâ lui qui
vous a confërvé
votre fils. Sans lui vous n'en auriez plus.
Qu'allois je devenir r.. CM
lui qui m'a
conïervé Sophie. Menacée
par moi,
menacée par mon oncle, c'eA Germeuil,
c'eft ma fœur, qui ront fauvée
Ils
n'avoient qu'un infiant.Elle a'avoit
qu'un
<<yte. Ils l'ont dérobée à ma violence~
Lei punirez-vous de ma faute?. Cécile.
venez. Il faut néchir le meilleur des pères.
( 7/ a/M~c~y~r aux pieds ~~yz
J~ avec elle ).
LE PERE DE FAMILLE.
g'
relevant).
Mes enfans Mes enfans Cécile
vous aimez Germeui! ?
LE COMMANDEUR.
Et ne vous en ai-je
pas averti?
CÉCILE.
Mon pere pardonnez-moi.
LE PERE DE FAMILLE.
Pourquoi me l'avoir celé? Mes enfans,
vous ne connoiûëz pas votre
Germeuil approchez. Vos réferves
pere
m'ont
a~igé mais je
vous ai regardé de tout
tems comme mon Second fils. Je
avois deAiné ma fille. Quelle foit
vous
la plus
avec
vous heureufe des femmes.
LE COMMANDEUR.
Fort bien. Voilà le comble. J'ai
river de loin cette vu ar<
extravagance; mais il
étoit dit qu'eUe fe feroit malgré
moi, &
Dieu merci, la voilà faite.
Soyons tous
~ien joyeux;
nous ne nous reverrons plus.
t t~PERE DE FAMILLE.
LE
Vous vous trompez Monfieur le Co~
mandeur.
S/ÂLBINt
L B I N~81
Mon oncle.
LE COMMANDEUR.
Retire-toi. Je voue à ta ~ceur la haine
la mieux conditionnée; & toi,
tu aurou
cent enfans que je n'en nommerai pas un.
Adieu.
(Z~).
LE PEKE DE FAMILLE.
Allons mes enfans. Voyons qui de
nous fçaura le mieux réparer les peines
qu'il a cauices.
S.t A L B i N.
Mon pere, ma fœur, mon ami, je
vous
ai tous a~igés. Mais voyez-la &
accu.
~ëz-moi, fi vous pouvez.
LE PERE DE FAMILLE.
Allons, mes enfans. Monteur le Bon,
amenez mes pupilles. Madame Hébert,
j'aurai foin de vous. Soyons tous heureux.
(~ ~o~p~).
Ma fille votre bonheur fera déformais
~occupation la plus douce de mon nl~
Apprenez-lui à votre tour à calmer les
emportemens d'un caractère trop violent.
Qu'il fçache qu'on ne peut être heureux,
quand on abandonne fon fort à fes paf-
fions. Que votre ~buminion,
votre dou-
ceur, votre patience toutes les vertus
que vous nous avez montrées en ce jour,
foient à jamais le modele de fa conduite
& l'objet de fa plus tendre eilime
S/ ALBIN
(a~c T~czfe).
Ah oui, mon papa.
LE PERE DE FAMILLE
1 ( C<?/77MM/).
1
Mon fils mon cher fils Qu'il
me tar-
doit de vous appeller de
ce nom.
( Ici Cécile la main de fon pere).
Vous ferez des jours heureux à
ma fille.
J'efpere que vous n'en pafferez
avec elle
aucun qui ne le fbit. Je ferai fi je puis,
le bonheur de tous. Sophie, il faut
ap-
peller ici votre mere
vos freres. Mes en-
fans, vous allez faire
aux pieds des autels
le ferment de
vous aimer toûjours. Vous
ne fçauriez en avoir trop de témoins.
Approchez mes enfans. Venez Ger~
meuit. Venez, Sophie.
(Il M/~ quatre enfans, 6' ~~)
Une belle femme un homme de bien,
font les deux êtres les plus touchans
de la
nature. Donnez deux fois en un même
jour, ce ~pe~acle aux hommes. Mes
enfans que le Ciel
vous bëninc, comme
je vous bénis!
pour
Le jour qui
~).
(7~/2~. mains fur eux, & ils s'inclinent
vous unira, fera le jour )e
plus iolemnel de
votre vie. Puiue-t.H être
auni le plus fortune Allons,
fans. mes en-
~Oh qu'il e~ cruel.
(~
d~tre pere
conduit fes
qu'il eft doux
Pere de Famille
'OÊSIE DRAMATIQUE.
a
MON
AMI MONSIEUR GRIMM.
S 0MM
ÎRË. À
6~
Ï.y\~
De
Z~
~R~M~rz~
Z~ l hab~tnd ~M. 7)~
<
dcs ptupl~s. Des limites dt
~0~
les autres du tuns.
.y~?~M~w~~M. pg
genres:
litEs du poëte
en ce ~w<. o~M. ~~o~.
~~y~M
M~ CO~M ~0~~ ~~MSC
un peuple corrompu. De ~Myc~~
Généreux. Pe rAoM~.
Le ~ug6,
~o~ <Faux.
~o~ ~<
ouvrage dramatique. De la nature
J:~
e~
Ses
avantages. ~~M~.
<<M~~M/M.
IV. ~'r~ ~AM M 2~3~ ~jy~~
~Mf~.
Drame. Du Drame ~c~
V.
mort de
~~A~JM~.MJM~Z~~r~y~~
~y/
Socrate,
“
JW~~
Z~
co~~o~ Le Drame
pourquoi.
la-fois. ~M~Andrienne
tontimorumenos. 0~
Père de F~m~îe. Inconvénient des incidens
deux intri,ues 4-
6-Eau~
De
général.
4'
guer. ~~v
mains
mais les M~~ ftant donnis, les difcours
uns. Il y «~
ordonnées.
bien
que
~<
M~. Z~
/<M~M~O~M.
<WM~; <&<
3.
~< z~z~
VIII. 7~
~~< ~~M. ~'AnAote
J~~
~j /'< d'un
~'Morace
M~~<.
~'Ar~ote.
Boileau.
M~~o~
~MW~
Z~MM. Faire la
6- ta ~~M~/C~ la
~<f
par des chofes MNMM~. Z~
<&
~ï<-< <yc~ les M/t~~y~r les autres. O~~o~.
~o~. Du Pere de Famille. De l'Ami fincere
.de GoMont. Du Fils Nature!.
aux cr~
~<~ Fils Naturel. De ~K~. la /M.
~c M~
K~f/ </r«~<M~o< ~M
~M anciens. De la
~P~CMM~ traduits,
d'Homere.
y~
Xh ~z~rÂRjFr.
J~M-/7/w~ <w
~r~~y~
/or~?M
~wr dans
~M MM~W~~ K~ ~ZM
~~r <& Z~re ~phigénie en Taunde 6' de
B~haan!cu$. JL<<~ Ils r~~a~~t /Mc~-
~r~.
~H~y~M~Té~nce.De /M
Pere de Fa mille
aMao/~
/e ~t~
~KM. M~ ~a~ <Mcrc~-
~7~ ~<M.
~cw. A<M~< <~
6* ceUx
~pe~ateur
o~~
art
2~w w<~ ~~fM
~M 6*
4~?~M/
M~. MoHcre
du P~~
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o-
~o~zrz~ Q~M
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X!I. Z)~
~? ~/t~ Co/M~c. jP~j Tr.?~ y~.
MM/O~ ? 0~
du ~O~~r 0~ CM! Il /orfC dc
/<W
AO~~
C~ /Mf ~~0~ C<M/ï
~P~&~M yM'~Mf
6'
A~ MMK~M. Z)~ ~<f~M. <.c.
co~ ~<-w/
Zc <WMr~ M
M~f~ ~M~ ~~j
~/a<
7/
droit ~~y~
y~
MTï </n!~ r~
au ro~ï~ Il
~M~ ~~o~
~~r ~07!
~)~ ~Myo~
Mtfantrope de Molière des
/~j/
Adctphes de Térence. Z?~7M co~r~?~
~~j <S. plus ~M~.
Il a ~aM~ dans la Tr~<{~<. Cor-
aellle Plaute, Molière Térence citEs. Le co/z-
<r<t/?< ~y~Mt/K~M des images < /<y< yM< me
c'
plaife. Ce que Exemples tirés ~'Homère,
Lucrece, d'Horace, ~'Anacréon, Catulle,
~'m~oire naturelle, rE(prit. D'un tableau du
Pouffin. Du co~?< par la vertu. Du eo~r~
par le vice. Co~fr~ rM/. Contrafle feint. Les an.
<'M7M n'ont pas connu le C0/ï~r~/?<. 106
~c~
quand
XVI. DES
il entre. Z.< ~b~yo/t~~M~,
d'après /«~M<!MM
de ceux qu'il aborde. Oublier le talent de /w.
Z?C/~M< des modernes danslequelfont «M~ tombés
les anciens. Des fcènes pantomimes. Des ~7!~
~rA~. Des y~~M ~~Mo~~M
~M~j. ~M~M ~~M. ~y~
Du
De
~<M
My~
XVII.
~2w~. ~<
Du
6- M
r«rM
TON.
Po~.
C~~
y~~
<
CMy<M.
~p~
difcours M p~
Combien
/M~ De
confondrelepoîte
<& /M
yMt. Z~~Mce d'un ~~< ~M~yc~ Z~M~-
Corneille <S.~ Racine co~
Da la ~M~/M.
tes
L'Eunuque cité.
/o~M
~<~M~. Z~M
Z~
Dialogue de Moliere. Les Femmes Sçavan-
/<: Tartufe cités. Du ~/o~ Térence.
~r~
Des Daves.
~<. <MC~M des ~J~ g
z)~co~<~7~
DM
xvnr.
Mc~. Des ~<M De
~~<~c~. Des ~a'~ y~
y~~M~W. De la Co/Kc~ ~M~ un état ~o~Mrc~
que. Inconvénient. De la
Pp~ P~M eAjM
peuple efclave €' avili. ~M ~au~ ~o~~
Des ~0! anciennes. De la nature propre <t /<t
~~a/ï~
~o~. Des tems qui ~/z~o/ï<:<'yxf la
~<o~M. TérenMCi~.
Po~M. JPM ~M. De l'art
de l'incertitude du goût.
J~~&~r les ~MM~
C!~<
ï
XIX. 7~ f.~ Z~~cûA~rTC~. ~p~7<
/<~c/M tel qu'il De la peintura
Deux /M ne ~M~<~f <i-M/< montrer <!W
un égal <ïy~/ïM~. Du Drame ï
Chine. Z~M~
y~</M~
~P<re de Faaulie
à (~~)!
leur jO~OMM M~<
~~C nos /<W~. 1
.A MONSIEUR GRIMM.
Horat.
valet,
u`~:
6ypus venez à moi d~ûn a~r
Mndra~ ~an~impatience
quitë, ~e le ~msamene.tp~ou~
~pptecië mojLou~vrag~
~S'U exiAe
un
~t~~t-
que Ie.tcms <Se~
genre ,~eAdi~ci~4~
trodu~t r
troduit:Poutre ° b
introduire un nouveau. Celui-ci e~-i~
~autre pr~ug~~ bien.tpt,ou.i~a~
gtnequelesdeurgenre~~pt~~ntvo~
~ns&: retouchent.
Zenon niqitla,.rë~ëdu.mouveme~
~pur.toute rëpon~, ~n adversaire
m~
~marcher &: quan~H.nauroit fait
hpite~ ii eue toujours
~p~du. que
Jaieiïayë.dedo~~Fdans jF~ .A~
ndée d'an drame qui tût entre la
comédie & la tragédie.
Le J~<! 7~~ que je promis alors
&: que des di~ràc~ions continuelles ont
tetardé. eH: entre le genre (érieux du ~f
~< 8e la comédie.
Et H jamais j'en ai le loiur 8c le'cou-
~e Je ne déïefpëre pas de composer
M drame qui fc place entre le genre ~e-
në~i~ la tragédie.
Qtfon reconnoiHe à ces ouvrages quel.
q~e mérite ou qu'on ne leur en ac'
~orde aucun ~~sn~en démontreront pas
ïnoins que rinterva~e que j'appercevoM
~tre les deux genres établis n'étoit pas
chimérique.
"Voici donc le ~éme dramatique dans
Youte ton étendue. TLà Comédie gaie qui
a pour objet le ridicule Se le vice. La
-Comédie (érieu~e qui a ~ur objet la vertu
les devoirs de Thomme. La Tragédie
qui auroit pour objet nos malheurs démet
tiques. La Tragédie qui a pour objet les
catastrophes publiques &: les malheurs des
grands.
7
Mais qui e&-ce:auin<
qui 1
nous peindra ~brte~
ment les devoirs des hommes? Quelles
feront les qualités du Poëte qui fe
propo-
fera cette tâche ?
Qu'il foit philofophe, qu'il ait descendu
en lui même, qu'il y ait vu la nature hu.
maine, qu'il foit profondément inAruit
des états de la Société qu'il
en con-
noifle bien les fonctions & le poids les
inconvéniens & les avantages.
«Mais comment renfermer dans les
bornes étroites d'un drame tout
ce qui
appartient à la condition d'un homme
Où eu: l'intrigue qui puiffe embraHer
» cet objet ? On fera dans ce genre de ces
» pieces que nous appelions à tiroir des
fcènes épifodiques fuccéderont à des fcè-
nés épifodiques & découfues ou tout
au plus liées par une petite intrigue qui
ferpentera entr'elles: mais plus d'unité
» peu d'action, point d'intérêt. Chaque
fcène réunira les deux points fi recomr
» mandés par Horace mais il n'y aura
.~pbmt d'ensemble &r le tout fera fans
~jconufience & fans énergie
Si les conditions des hommes nous four.
niffent des pieces telles par exemple
que
-tes j~c~~de Moliere, c'e~ déjà quel.
que chofe mais je crois qu'on en peut tirer
un meii~ur parti. Les obligations & les
inconvéniens d'un état ne font pas tous
de la même importance. Il me femble
qu'on peut s'attacher aux principaux
en
faire la ba~e de fon ouvrage & jetter le
Le7~
étoit la plus fûre & la plus aifée.
a cinquante-troisScè-
nes. La premiere a écé écrite la premiere,
la derniere a été écrite la derniere & fans
un enchaînement de circonstances fingu-
lieres qui m'ont rendu la vie pénible & le
travail rebutant, cette occupationn'eût été
pour moi qu'un amufemenc de quelques fe-
maines. Mais comment fe métamorphofer
en différens caractères, lorfque le chagrin
nous attache à nous-mêmes ? Comment
s'oublier, lorfque l'ennui nous rappelle à
notre exigence ? Comment échauner,
éclairer les autres, lorfque la 'lampe de
l'enthounafme eft éteinte & que la flam-
me du génie ne luit plus fur le rront
Que d'eilbrts n'a-t-on pas fait pour
m'étourFcr en nainant? Après la perfécu-
~cution du Fils naturel, croyez-vous, ô mon
"ami, que je duffe être tenté de-m'occuper
du Pere Le voila cependant.
Vous avez exigé que achevai
cet ou-
vrage, & je n'ai pû vous refufer cette ~a-
lisiaaion. En revanche, permettez moi
de dire un mot de ce Fils
chamment perïëcuté.
/z~ mé-
Charles Goldoni a écrit en italien
unè
comédie ou plûtôt une farce en trois
ac-
tes, qu'il a intitulée, l'z'~zc~. C'en-un
1'
tiffu des caractères de F~' 1 vrai & de
de Moliere. La ca~tte & Je vol
font & la moitié des fcènes fe panent
y
dans la maison d'un
pere avare.
Je lainai-Ià toute cette portion de l'in-
trigue car je n'ai dans le /z~ m
avare, ni pere ni vol, ni caffette.
Je crus que l'on pouvoit faire quelque
chofe de Supportable de fautre portion, &:
je m'en emparai comme d'un bien qui m'eût
trouver
mauvais &: l'on n'a voit point imaginé
parmi nous d acculer Molière ou CornctUe
c~)
de plagiat pour avoirtvntf emprunté tacite-
ment l'idée de quelque piece ou d'un au-
teur italien, ou du théatre efpagnol.
Quoi qu'il en foit de cette portion d'u-
ne farce en trois ades~ j'en fis la comédie
du Fils naturel en cinq & mon deuein n'é-
tant pas de donner cet ouvrage au théa-
tre, j'y joignis quelques idées que j'avois
fur la Poëtique la Munque la Déclama-
tion~ & la Pantomime & je formai du
tout une efpece de Roman que j'intitulai le
Fils naturel ou Les épreuves de la ~~M,
avec rhiAoire véritable de la piece.
Sans la fuppofition que l'avanture du
'Fils naturel étoit réelle que devenoient
l'illufion de ce roman & toutes les obferva-
tions répandues dans les entretiens fur la
différence qu'il y a entre un fait vrai & un
fait imaginé, des perfonnages réels & des
perfonnages nctifs, des difcours tenus &
des difcours fuppofés en un mot toute la
Poétique où la vérité eft mife fans ceffe
en parallele avec la ndion ?
Mais comparons un peu plus rigoureu-
fement l'TK vrai du poëte italien avec le
Fils naturel.
Quelles font les parties principalesd'un
drame ? L'intrigue, les caractères & les
détails.
La nainance illégitime de Dorval e~ la
bafe du Fils naturel. Sans cette circonfran-'
ce la fuite de fon pere aux lues refle fans
fondement. Dorval ne peut ignorer qu'il
a une (œur & qu'il vit à côté d'elle. Il
n'en deviendra pas amoureux. II ne fer<t
plus le rival de fon ami. II faut
que Dor-
val foit riche & fon pere n'aura plus
au-
cune raifon de l'enrichir. Que fignifie la
crairne qu'il a de s'ouvrir à Constance? La
fcène d'André n'a plus lieu. Plus de pere
qui revienne des Mes qui foit pris dans la
traverse, & qui dénoue. Plus d'intrigue.
Plus de piece.
Or y a-t-il dans r~zc~ aucune de
ces chofes fans lefquelles le Fils naturel ne
pcutfubn~er? Aucune. Voilà pour l'in-
trigue.
Venons aux caractères. Y a-t-il un amant
\1
violent tel que Oairvitle~ Non. Y a-t-iï
une fille ingénue telle que RofaHe; Non.
Y a-t-il une femme qui ait l'ame & l'élé-
vation des fentimens de Con~ance. Non.
Y a.t il un homme du caractère Nombre c~
farouche de Dorval: Non. Il n'y donc
a
dans ~77~ ~z/' aucun de mes caractères ?
Aucun ~s en excepter André. Païïbns
aux détails.
Dois je au poëte étranger une feule
idée qu'on puifle citer ? Pas une.
Qu'dt-ce que ~a picce?Une farce. En:-
ce une farce que le jF~/2~? Je ne le
crois pas.
Je puis donc avancer
Que celui qui dit que le genre dans le-
quel j'ai écrit le T~ naturel eft le même
que le genre dans lequel Goldoni a écrit
l'T~ vrai dit un mensonge.
Que celui qui dit que mes caractères &
ceux de Goldoni ont la moindre renem-
blance, dit un menfonge.
Que celui qui dit qu'il y a dans les dé-
tails un mot important qu'on ait transporte
d~ r~tz vrai dans !e
menfonge.
72~ dit u~
`
Quecelui qui dit que la conduite du
Fils naturel ne ~i~ere point de celle de
F~M y/u~ dit un mensonge.
Cet auteur a écrit une foixantaine de
Pièces. Si quelqu'un (ë fent porté à
ce
genre de travail, je l'invite à choifir pa~-
mi celles qui relent, & à
en compofer
un ouvrage qui puiffe nous plaire.
Je voudrois bien qu'on eût
une dou~.
Mine de pareils larcins à
me reprocher;
& je ne fçais fi le Pere de Famille
aura
gagné quelque chofe à m'appartenir
en
enner.
Au re~ puisqu'on n'a pas dédaigné
de m'adreffer les mêmes reproches
que
certaines gens faifoient autrefois à Téren-
ce, je renverrai mes cenfeurs aux prolo~
gues de ce poëte. Qu'ils les lifent, pendant
que je m'occuperai dans mes heures de dé~
iauement à écrire quelque piece nouveue.
Comme mes vues font droites &:
pures, je
r
me confierai facilement de leur mëchan~
i
«ceté~ fi )e puis rëumr encore à attende
Jes honnêtes gens.
La nature m'a donné le goût de la fim.
plicité, & je tâche de ~.perfectionner
par
la levure des Anciens. Voilà
mon fecret.
Celui qui liroit Homere avec un
peu de
génie, y découvriroit bien plus durement
h fource où je puife.
0
mon ami, que la fimplicité eft be!!e
Que nous avons mal fait de nous en cloi~
gner:
Voulez-vous entendre
ce que la dou-
leur inspire à un pere qui vient de perdre.
~bn n!s r Ecoutez Priam.
~0~W~~ mes amis; ~MO/
yof~ confolation
les ya~~
~o~M~ 7~
~~Z.
rai cet homme f~~
G/~M
~y~ P~~
oui
il ~? du
~y~
Priam aux genoux d'Achille.
votre pere;
~M~ 6' nous
fons tous les deux fous le poids des ~7!~
Hélas! peut-être ~?-z7~ ~~j des
M/M~M~ fans avoir côté de lui /?<?~~
à
éloigner le
/KMa~
Mais ~'z7 entendu dire
fon < que vous yz~y
~~y/~ /~fa/ÏCC 6'~ la joie
jours dans l'attente du.
mo-
ment où il reverra
~CWC de yM~ /~y~
~Ï/a/M~ 6'~y~M comme fi je les avois /~F
perdus. De cinquante que je CO/7M7fOM au-
fc~y moi lorfque les C~c~ font arrivés
il ne m'en/~0~yï qui pût nous défendre,
6' il vient ~/?~a/' vos mains, 'fOus les
murs de cette ville ~M~MC~/0/! corps s
mes ~J /<~ Dieux
vous votre ~C 6' pitié de
moi. ~O~ où j'en fuis réduit. Fut-il
~/tAfMBa/<?~ Un homme plus
à plaindre ? J~yM~ à T~JM~~ 6'~ baife
vos mains teintes du fang de mon fils.
Ainfi parla Priam le fils de Pé!e6
fentit au fouvenir de fon pere la pitié
s'émouvoir au fond de fon coeur. Il releva
le vieillard & le repouflant doucement,.
il rëcarta de lui.
Qu'eA-ce qu'il y a là-dedans ? Poinc
d'efprit y mais des chofes d'une vérité fi
grande qu'on ~c periuaderoit prefque
qu'on les auroit trouvées comme Homere.
Pour nous, qui connoiHbns un peu la dif<
acuité & le mérite d'être fimple H~bn&
ces morceaux lifons-les bien puis pre~
)
nous tous nos papiers & 0-tles jettons au reuJ
1
1' /z~
~VûA? ~/?
perpetua una dormienda.
Z~~ mî bafia mille.
Et l'auteur de lor~
qu'après la peinture d'un-jeune anima!
tranquille habitant des forêts qu'un bruit
fubit &- nouveau a rempli d'effroi
oppo-
fant le délicat & le Sublime il ajoute
mais fi le bruit efl
ture
pas ~M~y~
calme, z/
~j
nimal /~CO/Ï/!OZf ~/ZCC ordinaire de la
z7~
paifible retraite.
Et l'auteur de FE~,
6'
l'a-
na-
lorfque confon-
à
môi7~ &
C~2~/2f une
Elles
~7~~ ~/2~
mes ennemis.
Il y a un paysage du Pou~
où l'on voit
de' jeunes hcrgcres qui dansent
au Con du
chalumeau & à Fécart tombeau
un avec
.cet.te iaïcnption Je vivois
Le pre~ige de Ayle dont
il s'agit tient quelquefois à
un mot qui
détourne ma
vue du ~jet principal, & qui
me montre de côté, comme dans le
sage du Pou~n, l'efpace, le pay-
tems, la vie,
la, mort, ou quelqu'autre idée grande
&:
méïancolique, jettée
tout au-travers des
images de la gaieté.
Voilà les ~!s contrafles qui
me plai-
dent. Au retle il
y en a de trois fortes en-
tre .es cara~cies. Un contraite de vertu
& un centrale de vice. Si un personnage
eft avare, un autre
peut contra~er avec
lui ou par l'économie,
ou par la prodiga-
('~)
lité & le contrat de< vice ou de ~edu
peut être réel ou feint. Je ne connois
au~
cun exemple de ce dernier: il eA vrai q~
je connois peu le théatre. Il
me femble
que dans la comédie gaie, il feroit effet
~lez agréable; mais un
une fois feulement.
Ce caraâere fera ufé dès la
première piece.
raimerois bien à voir
un homme qui ne
fût pas, mais qui aSeBât d'être
d'un ca-
ra~ere oppofé à un
autre. Ce caraBere
feroit original,
pour neuf, je n'en fçais
rien.
Concluons qu'il n'y qu'une raifon
a
contrafter les caractères & qu'il pour
plufieurs pour les y en a
montrer différens.
Mais qu'on iife les Poëtiques
on n'y
trouvera pas un mot de ces contrafles. H
me parole donc qu'iî en e~ de cdte loi
comme de beaucoup d'autres qu'elle
été faite d'après quelque nrnduction a
de
génie où l'on
aura remarqué un grand
effet du contrat & qu'on
aura dit: le
contrarie fait bien ici, donc
bien faire fans contrarie. Voilà on ne peut
la logique
<dé la plupart de ceux qui ont ofe~ donner
des bornes à un art dans lequel ils ne fe
font jamais exercés. C'eA auffi celle des
Critiques fans expérience qui nous jugent
d'après ces autorités.
Je ne fçais, mon ami, fi l'étude de la
Philofophie ne me rappellera pas à elle &
fi le 7~y~~ eft ou n'eft pas mon der.
nier drame mais je fuis sûr de n'introdui.
re le contra~e des caractères dans aucun.
Lorfque rc~quiue eft faite & remplie,
& que les caractèresfont arrêtés, .on pane
à la divifion de l'action.
Les actes font les parties du drame. Les
Scènes font les parties de Facie.
L'acte efi une portion de l'aétion totale
d'un drame. Il en renferme un ou plusieurs
incidens.
Après avoir donné l'avantage aux pie-
ces fimples fur les pieces compofées il
feroit bien fingulier que je prérerane un
ade rempli d'incidens à un ade qui n'en
auroit qu'un.
On a voulu que les principaux perfon-
nages fe montraient ou tuÛent nommés
dans le premier ade je ne (çais trop
pour-
quoi. H y a telle action dramatique où il
ne faudroit faire ni l'un ni l'autre.
On a voulu qu'un même perfonnage ne
rentrât pas fur la (cène plufieurs fois dans
un
même ade &: pourquoi l'a-t-on voulu ?
Si ce qu'il vient dire, il ne l'a pu quand il
étoit fur la (cène fi ce qui le ramene s'e(t
paiïë pendant fon absence s'il laine fur
a
la (cène celui qu'il y cherche fi celui-ci
y
dren effet ou fi n'y étant pas, il ne le
fçait pas ailleurs fi le moment le deman-
de fi fon retour ajoute à l'intérêt
en un
mot s'il reparoît dans l'action comme il
nous arrive tous les jours dans la (bciëtc
alors qu'il revienne je fuis tout prêt à le
revoir &: à l'écouter. Le Critique citera
fes auteurs tant qu'il voudra le Spectateur
fera de mon avis.
On exige que les ades foient à-peu-près
de la même longueur: il feroit bien plus
fenfé de demander que la durée en fût pro-
portionnée à l'étendue de l'aSion qu'ils
embradent.
1-
Un acte Mra toujours trop long, s'il eft
~Mde d'action & chargé de difcours; Sri!
fera toujours a~ez court, fi les discours 8c
les incidens dérobent au Spectateur fa du.
fée. Ne diroit-on pas qu'on écoute un dra.
me, la montre à la main ? Il s'agit de fentir,
& toi tu comptes les pages & les lignes.
Le premier ac~e de F/f~M~ n'a que
deux ~céMes & un petit monologue & le
dernier ac~e en a dix. Ils font l'un & l'au-
re également courts, parce que le fpec-
tateur n'a langui nidans l'un ni dans l'autre.
Le premier ade d'un drame en eft peut.
être la portion la plus difficile. 11 faut qu'il
entame, qu'il marche quelquefois qu'il
expofe & toujours qu'il lie.
Si ce qu'on appelle une expofition n'e~
pas amené par un incident important, ou
s'il n'en eu: pas fuivi Fac~e fera froid.
Voyez la di~erence du premier ade de
i'ï~~yt/ï~ ou de l'Eunuque & du pre-
mier acte de l'Heycire.
On appelle Entracte la durée qui fépare
un acte du fuivant. Cette durée eft varia-
blé mais puifque l'action ne s'arrête point,'
il faut que lorfque le mouvement ce~e fur-
la fcène il continue derriere. Point de re-
pos, point de fufpenfion. Si les perfonna-
ges reparoiffoient, & que l'avion ne fût
pas plus avancée que quand ils ont difpa.
ru, ils fe feroient tous repofés ou ils au-
roient été di~raits par des occupations
étrangères deux Supportions contraires
nnon à la vérité du-moins à l'intérêt.
Le poëte aura rempli fa tâche s'il m'a
laiffé dans Fattente de quelque grand évé-
nement, & fi l'action qui doit remplir fon
entracte, excite ma curio&é fortifie
FimpreHion que j'ai préconçue. Car il ne
s'agit pas d'élever dans mon ame dnïérens
mouvemens, mais d'y confërver celui qui y
regne & de l'accroître fans ccSe. C'e~un
dard qu'il faut enfoncer depuis la pointe
jusqu'à fon autre extrémité effet qu'on
~t*
"ht1A",1.3 ~oin~
nn:n.. ,:J'une
<-t
uns pièce comptic<ucc~
à-moins que tous les incidens rapportés à
un feul perfonnage ne fondent fur lui ne
l'atterent & ne l'écrasent. Alors ce per-
~bnna~e eft vraimènt dans la ~tuatioh dra<
matique. H eA gémiHant c~ paffif: c'eft
lui qui parle & ce font les autres qui agi(L
Sent.
Il fe paife toujours dans Fentra~e, 8c
couvent il furvient dans le courant de la
piece,des incidens que le poëte dérobe aux
Spectateurs, &: qui fuppofent dans l'inté-
rieur de la maifon des entretiens entre fes
perfonnages. Je ne demanderai pas qu'il
s'occupe de ces Scènes & qu'il les rende
avec le même foin que fi je devois les en-
tendre. Mais s'il en ~ai(bit une efquiffe
elle acheveroit de le remplir de fon fujet
& de fes caraderes & communiquée à
ladeur, elle le fbutiendroit dans l'efprit de
fon rôle & dans la chaleur de fon action.
C'eit un furcroît de travail que je me ~uis
quelquefois donné.
Ainfi lorfque le Commandeur pervers
va trouver Germeuil pour le perdre en
l'embarquant dans leprojet d'enfermer So-
phie, il me femble que je le vois arriver
d'une démarche compofée avec un vifa-
ge hypocrite & radouci, & que je lui en.
tens dire d'un ton insinuant Se patelin:
Z~ Co~fM~~rz?~
6'<?/yz~<' cherchois.
C~~M~C~7Z.
Moi Monfieur le Commandeur?
LE COMM~~VZ)~
Toi-même.
C~ 2:M~ Ï7~ Z.
Cela vous
LE COMMANDEUR.
7y efl vrai mais un homme tel que (7cr<
~M~ ~C~~<?/- fOf ou tard. J'ai
C~ ton e~~C~ /72~ /P< tous
/M~~C~ rendus à /72~~
C6wz~ je y72~/zf~ quelquefois j~z~yg
cette ~2
~/Z~M/ me fuis demandé à quoi tenoit
qui éloignoit deux honnêtes ~72~
i duroit entre nous
/Z de /M-
f/y~I~ ~CO~ /7/7~ ?~7f/7C ~<.
L~
venu fur le C~7~ te ~/7'~ ~ÛM~'<?~ ~~<
oui te ~7~~ ~/7~/Z~~ ~M T~M~- que
/?0~y<~0~ amis ?,
·
~f /<
~Mf~~
C~~M~<77Z.
veux
J! M~ t/
Monfieur? ~t~y
ZE ~OMM~AT~FC~
Germeuil, quand je hais je hais bien.
CjE~M~7Z.
Je leffais.
LE COMMANDEUR.
Quandj'aime c'ejl de /7!~C~ <S' tu
vas en y~
Ici, le Commandeur lai~e apperce-
voir à Germeuil que les vues qu'il peut
avoir fur fa niece, ne lut font pas cachées
il les approuve, & s'offre à le fervir.
Tu recherches ma /2Z~ tu n'en conviendras
pas je te C0/2/2û~. Mais pour te rendre de
bons <~C~ ~Z!' auprès de fon pe-
7~ .K
_e ton. av~u u' tu me
~e
//U~j- ~Z~~7~/2~a tems.
Germeuil connoîc trop bien le Com-
mandeur pour fe tromper à fes offres. Il
ne doute point que ce préambule obli-
geant n'annonce quelque fcélëratene & il
dit au Commandeur.
GERMEUI L.
G-~M~yf~.
~T/~M~ ~oy2/~M/' ~/KW<M~
J~M~ &
Z~ COM7~~7/.P2?y~~
Z~~C/ cr~ ~JM~~y<s
&
C~AMJ?y7Z~
C~~J~
Z~ COMM~A~Z?~
~<M ~<~?~
~/Ï~ ~0/ï & à /7!~ ~M7!
<Sj&jri.
/~yMM~c/
T~o/ï~
~~OT-fa~CZ.
~o~jMr~
Cj?~~f~c/
~O/ï~
(''4)
LE CojtfM~~z~yj:.
1
C~ qui ~f/M
~M~~&~
f~~
A
n'en efl rien.
~EA~f~y/Z..
J~ Monfieur.
Z~ Coj~M~JV~
~f /ïC~ï~ aucun Mf~ C~M~f~
~~Jt3f~~7Z.
~Ï~
Z~ Cc~M~~JO~y~
<P~~7!
C~E~/Z,
vous /\M dit.
Z~~ Co~Jtf~JVZ?~
Et fi je ~0/CM <& ~~yM~r~
~My terminer
~MM~ ~~fMj
moment ~~f f~
(?~C~.
~?~ Co~
~2~M~.
/M~y~ M~
~f~y~
y~ ~7~~ <i-~<yp~
Ïï~)
LE COMMANDEUR.
~f me garderois ~~C/~f
<?~~JM~N77Z.
Si vous
C~ 6'
~~J~<M~
LE CoMJMT~A'~F~jR.
qui empêcheroit ?
~FjR~f~~Zf.
GERMELRIL.
J~?-C~ qu'on vous devine
Le Commandeur lui révéle fon projet.
Germeuil voit tout d'un coup le danger
de cette confidence il en eâ troublé. H
cherche mais inutilement, à ramener le
Commandeur. Il fe récrie fur l'inhumanité
qu'il y a à perfécuter une innocente. Out
eA la commisération ? la ju~ice ?.. La com-
~M0/! Il s'agit c~ 6' /<:y~
tice ~/? ~~M~ des créatures qui 7!<
dans le monde que pour égarer les ~/ï/a/M 6'
~c~M~M/<f/2j Et votre neveu ?
Il en aura d'abord quelque chagrin mais unt
autre fantaifie effacera celle-là. Dans deux
jours il y!~ paroîtra jp/Kj 6' nous lui aurons
rendu un fervice important Et ces ordres
qui dirent des citoyens, croyez-vous
y
~c~
~~z~
toi
~/ï~
cour à
jamais.
à
pour S.~ Albin.
mais
7Z~~ Germeuil
les Monfieur.
6'72~<'c~Un lettre de cachet
eft
Antiphon dans 1'
le caractère auquel
M~ on les oppofera. Telle
Pernelle dans le 7~,
Antiphon court
après Chërëa qui s'étoit charge d'arranger
un couper: il le rencontre avec fon habit
&
d'Eunuque
au fortir de chez la courtna-
ne, appellant un ami dans le fein de qui
il ~m~~
t! ~ju~ .u~c
*.<<j- Luurc jat joie ïcélératc
dont fon ame e~t remplie. Antiphon
eÏt
amené là fort naturellement & fort ~n~.
pos. Pane cette fcène on ne le revoit
plus.
La renburce de
ces perfonnages nous
eft d'autant plus nëcenaire,
que privés des
chœurs qui repréfentoient le
peuple dans
les drames anciens,
nos pièces renfermée!
dans iMtérieur de
nos habitations man-
quent, pour ainfi dire, d'un fond fur le-
quel les figures foient projettées.
II y a dans le drame, ainfi
monde un ton
que dans le
propre à chaque carade-
re.~baMe de l'amena méchanceté
traeaniere, & la bonhomie,
dinaire le ton bourgeois ont pour l'or.
& commun.
Il y a de la différence
entre la plaifan-
terie de théatre &iap!aifantene
de <bcie.
?. Celle-ci feroit trop faible fur la fcénp,
& n'y feroitaucun effet. L'autre <ëroittrop
dure dans le monde, &
elle oa-en<eroit.
Le Cynifme fi odieux, fi incommode
dans
Société, e~ excellent fur la fcène.
-Autre chofe eit ia vérité
en Poéue, au-
tre chofe en Philofophie. Pour être
le philofophe doit conformer vrai
fon discours
à la nature des objets ie
poëte à la nature
de fes caractères.
Peindre d'après la paffion &
l'intérêt.
voilà fon talent. t
Dé-là à chaque infant la néccmtê de
fouler aux pieds les chofes les plus faintes,
& de préconifer des avions atroces.
Il n'y a rien-de facré pour le poëte,
pas
même la vertu, qu'il couvrira de ridicule,
-fi la perfonne & le
moment l'exigent. Il
n'en: ni impie, lorfqu'il
tourne fes regards
indignes vers le ciel, & qu'il interpelle les
Dieux dans fa fureur; ni religieux, lorf-
qu'il fë prou-erne au pied de leurs autels,
& qu'il leur adreffe une humble priere.
Il a introduit un méchant r Mais
ce me.
chant vous eA odieux fes grandes quali-
tés s'il en a, ne vous ont point ébloui
~ur fes vices
vous ne l'avez point vu,
vous ne l'avez point entendu fans en fré-
mir d'horreur, & vous êtes ~brti concer-
né fur fon fort.
Pourquoi chercher l'auteur dans fes
per-
tonnages r Qu'a de
Mon ami ne
~7.
ne pas fait.
~jP~/ïf M~
F~ 7VE ~JF
OMZ~~ n'en ~M~~?~f
Z.
f~
Z~MZ.
~o~ ne yMMjyo/Tï/yM.encore ~/7!<f.
~?~y!
Nous ne /?OMJ'~7M~encore ~C/~y
quelle réponfe à~ f~M<ï~?~/
y.
Si pavois un fils qui ne fentU: point ici
de liaifon j'aimerois mieux qu'il ne fût
pas né. Oui, j'aurois plus d'averfion pour
lui que pour Barnevel aHamn de fon oncle.
Et toute la fcène du délire de Phédre.
Et tout l'épifode de Clémentine.
Entre les pâmons, celles qu'on ~mu!e-'
roit le plus facilement, font auffi les plus
faciles à peindre. La grandeur d'ame e&
de ce nombre elle comporte par-tout je
ae fçais quoi de faux & d'outré. En guin-
dant fon ame à la hauteur de celle de Ca-
ton on trouve un mot fublime. Mais le
poëte qui a fait dire à Phèdre
Dieux que ne fuis je l'ombre des
yo/~
Quand pourrai au travers d'une /2<?~
~OZ~
Suivre de /M/! char fuyant ~/2~ car-
~~f
~~M/lf f~ ~J f/j D~
j~<* ce ~~ï~ ~M~/CC dont Z/fyc/M C~a/
}e ne croirai jamais que ce ~bit une Sui-
vante quf parle.
Tërence eA unique, ~ur-tout dans <es
fëcics. C'eA une onde pure & transparente
qui coule toujours également, &: qui ne
prend de viteCe &: de murmure
que ce
qu'elle en reçoit de la pente & du
tcrrein.
Point d'écrit, nul étalage de Sentiment
aucune fentence qui ait l'air épigramma-
tique, jamais de ces dënnitions qui
broient placées que dans Nicole n~
la
Rochefoucauld. Lorsqu'il généralifeou
une
maxime c'eA d'une maniere ~mpte &
populaire vous croiriez
que c'eA un pro-
verbe reçu qu'ii a cité rien qui
ne tien-
ne au fujet. Aujourd'hui que nous Som-
mes devenus diaertateurs, combien de
Scènes de Térence que
nous appellerions
vuides ?
J'ai !û & re!û ce poëte avec attention
jamais de fcène fupernue, ni rien de fu-
perflu dans les fcëi)es. Je
ne connois que
la première du fecond ac~e de l'ï~~
qu'on pourroit peut-être attaquer. Le
ca-
pitaine Thraïbn a fait prêtent à ia
cour-
tifane Thaïs d'une jeune fille. C'e~ le
pa-
rafite Gnathon qui doit ia pre~nter. Che-
min faifant avec elle, Hs'amufe à débiter
au ~peûateur un éloge tres-agréabte de fa
yy _0 –
('~)
~ffMt.r là le lieu ? Que
pfO&iSo~. Mais étoit-ce
python attende fur la fcène la jeune
%lle qu'il s'eA chargé de conduire &:
qu'il fe dife, à tui'méme tout ce qu'il vou.
~ra }'y consens.
T~ence na s'~mbarfafÏe gueres de lier
jtës~cènes. Il IsiRe le théâtre vuidejusqu'à
trois ~bis de &!te, & cela ne me déplaît
pa~ ~ur~tùut dans les derniers actes.
Ces personnages qui ~e Succèdent &
qui ne jettent ~'un mot en paNant, me~
~nt~<Raginer un grand trouble.
Des &ènes courtes rapides i~blëes,
les unes pantomimes les autres parlées,
ptod~roient, ce me tëmble encore plus
dMet dans la ~gédie. Au commence-
ment d'une pi~co je craindrois ïeulement
qu'elles ne cbn~aCent trop de vîte~e à rac~
tion &: ne cau~aS~t de robicurit~.
Phts un (u~eie~. complique~ plus 1~
dialogue, en eA facile. La multitude des
Mcidans don~ep~ur chaque ~cene un ob<
jet di'Serent &dëterminë; au lieu que fi
ht piece e& ~mpte, & qu'un feul incident
~cumule à plusieurs Scènes ~1 reâe pou~r
chacune je ne i~ai~quoi de vague qui emr
barraHc un auteur ordinaire: mais c'e~ o~
fe montre l'homme de génie.
Plus les fils qui lient la fcène an <u)et,
feront déliés plus le poète aura de peine.
Donnez une de ces icènes indéterminé
à raire à cent personnes, cha<?u~ la rera à
fa manière “ cependant il n'y en a. qu'une
bonne.
Des leSeurs ordinaires e~Ument le ta-
lent d'un poëte par les morceaux qui 1~
ancrent le plus. C~A au di(cours d'up
rac~ieux à fes conjurés; c'eA à une~ recon-
noiSance qu'ils fe recrient, ~tais qu~i~
terrogent le poète fur (on propre ouvra-
ge, & ils verront qu'Hs ont la~~ pa~~
félicite..
fans l'avoir apper~u l'endroit do~~ H
t'
que la renource
d'un cas particulier. Voyez quelle diffé-
~t ~t~ tt Cim~ut 0~ icuct
r<anr~ rt/~ttf Au
Marines que Vernet a peintes d'idée &
en[re les
celles qu'il a copiées. Le peintre de théâ-
tre e~t borné aux circonstances qui fer-
vent à rilluiion, Les accidens qui s'y
op-
1
interdits. Il n'usera de
poferoient lui fontt~nt
ceux qui embelliroient fans nuire, qu'a-
vec Sobriété. Ils auront toujours l'incon-
vénient de diftraire.
Voilà les raifons pour lesquelles la plus
belle décoration de théatre ne fera jamais
qu'un tableau du fecond ordre.
Dans le genre lyrique le poëme eft
fait pour le muficien comme la décora-
tion l'eA pour le poète ainfi le poëme ne
fera point auS parfait que fi le poëte eût
été libre.
Avez-vous un iallon à rcpréfenter ? Que
foit celuid'un homme de goût. Point de
ce
magots. Peu de dorure. Des meubles fim-
pies à-moins que le fujet n'exige expref-
fément le contraire.
Le Me gâte tout. Le fpe~acle de la
richeue n'eft pas beau. La richeffe a trop
de caprices elle peut éblouir l'œil mais
non toucher l'âme. Sous un vêtement fur-
chargé de dorure je ne vois jamais qu'un
homme riche, oc c'efi un homme que je
wr
1 i J
Perche. Celui quia eft frappé des
diamans
qui déparent une belle femme,
n'eu: pas
digne de voir
une belle femme.
La comédie
veut être jouée en desha.
~e. Il ne faut être fur la fcène ni ptusap-
preten.ptu~égt.géquechexfb!,
Si c'eft ppur le ïpeaateur
vous vous
'Mne! en habits a~eurs que
vous, n'avM point
de goût &
vous oubliez que le tpe~a.
teur n eft rien pour vou$.
P~ les genres font fëri.ux, ptus il faut
de févérité dans
les vêtemens.
Qfefie ~i&ntblance'qa'au
Ome aa<on tumu)tueu(e, moment
des hommes
a~t eu le tems de & parer, comme dans
un jour de reprë(entation ou de fête
Dans quelles dépenfes
nos comédies
Pe tetont-ik palettes
pour la nepréfenta-
.-<
tion de r0~~
Keieurena-t-A-~
ne
c~, combien
~tt< t.~ute pour oter à cet
ouvrage une partiede fon eget ? En vérité
n y a que des en&M,
comme on en voit
arrêter ébahis d9ntn9Sfues, Jor&u'enes
(ont bigarrées de tapiueries,
à qui le iuxc
des vêtemens de théatre punie plaire. 0
Athéniens vous êtes des enfans
De belles draperies amples, d'une
cou-
leur révère, voilà ce qu'il falloit, &
non
tout votre clinquant & toute votre brode-
rie. Interrogez encore la Peinture ià-dcf-
Tus. Y a-t-ii parmi
nous un artnie aïïez
goth pour vou~ montrer fur la toile au~t
maufïades & aufli brillans que nous
vous
avons vûs fur la fcène ?
Acteurs, fi vous voulez apprendre à
vous habiller; fi vous voulez perdre !c
faux goût du Me, &
vous rapprocher
de la implicite qui conviendroit fi fbrc
aux grands e~ets, à votre fortune, &: à
vos mœurs fréquentez nos galleries.
~· venoit jamais en tantaihe d'eiiayer
S'i!
1
r
Un paradoxe dont peu de perfonnes
fentiront le vrai, & qui révoltera les
au-
tres (mais Gué vous importe à vous &
t
moi ? Premierement dire la vérité voilà
notre devife) c'e~t que dans les pieces
italiennes nos comédiens italiens jouent
avec plus de liberté que nos comédiens
('!<!)
François ils font moins de cas du fpec~a-
teur. Il y a cent momens où il en eft
tout-à-fait oublié. On trouve dans leur
action je ne fçais quoi d'original & d'ai-
fé qui me plaît & qui plairoit à
tout le
monde fans les innpides difcours &-
l'intrigue abfurde qui le déngurent. A-
travers leur folie je vois des gens en
gaieté qui cherchent à s'amuser, & qui
s'abandonnent à
toute la fougue de leur
imagination & j'aime mieux
cette
yvreffe, que le roide, le pefant, & Fem-
pefë.
« Mais ils Improvifient le rôle qu'ils
rbnt ne leur a point été didé
Je m'en apperçois bien.
« Et fi vous voulez les voir aum mefu-
» rës, autH companes, & plus froids que
~d'autres, donnez-leur une piece écrite
J'avoue qtt'Hs ne font plus eux mais
qui les en empêche? Les chofes qu'ils
ont
apprifes ne leur font elles pas aum inti-
mes à la quatrieme repréfentation,
que
s'ils les avoient imaginées ?
w
« Non. L'impromptua un caractère que
la chofe préparée ne prendra jamais
Je le veux. Néanmoins ce qui fur-tout
les SymmétriSe les empefe & les en~
y
gourdit, c'eSt qu'ils jouent d'imitation;
qu'ils ont un autre théatre & d'autre~
auteurs en vue. Que font ils donc ? Ils
s'arrangent en rond ils arrivent à pas
comptés & meSurés ils quêtent des ap-
plaudiSIemens ils fortent de l'action ils
s'adreffent au parterre ils lui parlent, & ils
deviennent mauffades & faux.
Une obfervation que j'ai faite, c'e& que
nos inupides perfonnages fubalternes de-
meurent plus communément dans leur
humble rôle, que les principaux perfon-
nages. La raifon ce me femble c'eSt qu'ils
font contenus par la présenced'un autre qui
les commande c'eA à cet autre qu'ils s'a-
dreSïent c'eSt-Ià que toute leur a~Ion e~
tournée. Et tout iroit aSIez bien, fi la choSe
en impofoit aux premiers rôles, comme la
dépendance en impofe aux rôles Subal-
ternes.
ÏI y a bien de la pédanterie dans notre
poétique il y en a beaucoup dans nos
comportions dramatiques: comment n'y
en auroit-il pas dans la représentation ?
Cette pédanterie qui eft par tout ail-
leurs fi contraire au caractère facile de la
nation, arrêtera long-tems encore les pro-
grès de la pantomime,partie fi importante
de l'Art dramatique.
J'ai dit que la pantomime eft une por-
tion du drame que l'auteur s'en doit oc-
cuper férieufement que fi elle ne lui eft
pas familiere & présente il ne ~aura ni
commencer, ni conduire ni terminer fa
fcène avec quelque vérité & que le ge~e
doit s'écrire fouvent à la place du difcours.
J'ajoûte qu'il y a des fcènes entieres où
:1 eR innmmcnt plus naturel aux person-
nages de fe mouvoir que de parler & je
vais le prouver.
II n'y a rien de ce qui pane dans le mon"
de qui ne puiffe avoir lieu fur la fcène. Je
fuppofe donc que deux hommes incertains
s'ils ont à être mécontens ou fatisfaits 1'uo
de l'autre, en attendent un troifieme qui
les in~ruifë: que diront-ils jufqu'à ce que
ce troifieme foit arrivé ? Rien.JIs iront, ils
viendront, ils montreront de l'impatience;
m?is ils ~e tairont. Ils n'auront garde de fe
tenir des propos dont ils pourroient avoir
à fe repentir. Voilà le cas d'une fcène toute
ou prefque toute pantomime & combien
n'y en a-t-il pas d'autres ?
Pamphile fe trouve fur la fcène avec
Chremès & Simon. Chremès prend tout ce
que fon fils lui dit pour les impoAures d'un
jeune libertin qui a des fottifes à excufer.
Son fils lui demande à produire un té-
moin. Chremès preffé par fon fils & par
Simon, confent à écouter ce témoin. Pam-
phile va le chercher Simon & Chrê-
mes fêlent. Je demande ce qu'ils font pen-
dant que Pamphile eft chez Glycérion,
qu'il parle à Criton, qu'il l'in~ruit, qu'il
lui explique ce qu'il en attend & qu'il le
détermine à venir c~ à parler à Chremès
fon pere ? Il faut ou les fuppofer immobiles
& muets ou imaginer que Simon conti-
nue i
d'entretenir Chremès que Chremet
la tête baiffée & le menton appuyé fur fa
main l'écoute tantôt avec patience, tan-
tôt avec colere & qu'il fe pafïe entr'eux
une fcène toute pantomime.
Mais cet exemple n'eft pas le feu! qu'il
y ait dans ce poëte. Que fait ailleurs un
des vieillards fur la fcène tandis que l'au-
tre va dire à fon fils que fon pere fçait tout)
le deshérite &: donne fon bien à fa fille ?
Si Térence avoit eu l'attention d'écrire
la pantomime, nous n'aurions là-deSus au-
cune incertitude. Mais qu'importe qu'il
l'ait écrite ou non, puisqu'il faut fi peu de
.fens pour la fuppofer ici ? Il n'en eA pas
toujours de même. Qui eft ce qui l'eût
imaginée dans l'Avare ? Harpagon eft aL-
ternativement tri~e c~ gai, ~elon que Fro<
~ine lui parle de fon indigence ou de la
tendreffe de Marianne. Là le dialogue e~:
institué entre le difcours & le ge~e.
Il faut écrire la pantomime toutes les
fois qu'elle fait tableau qu'elle donne de
l'énergie ou de la clarté au difcours qu'elle
1~
lie le dialogue qu'elle caracténfë qu*e!îe
confifte dans un jeu délicat qui ne fe de-
vine pas qu'elle tient iiéu de réponfë &
prefque toujours au commencement des
fcènes.
Elle eft tellement eHentieIIe, que de
deux pieces compofées l'une eu égard à
la pantomime, & l'autre fans cela la fac-
ture fera fi diverfe que celle où la pan-
tomime aura été confidérée comme partie
du drame, ne fe jouera pas fans pantomi-
me, & que celle où la pantomime aura été
négligée, ne fe pourra paniomimer. On
ne Fôtera point dans la représentation au
poëme qui l'aura &- on ne la donnera
point au poëme qui ne l'aura pas. C'eH:
elle qui fixera la longueur des Scènes, &
qui colorera tout le drame.
Moliere n'a pas dédaigné de récrire
c'eA tout dire.
Mais quand Moliere ne Feût pas écrite~
un autre auroit-il eu tort d'y penfer ? 0
Critiques, cervelles étroites, hommes de
peu de ~ens, jusqu'à quand ne jugerez-vous
t!en en <b!-meme, & n'approuverezou ne
désapprouverez vous que d'après ce qui
e~?
Combien d'endroits'où Plaute Arifto-
phane & Térence ont embarrane les plus
habiles interprètes, pour n'avoir pas indi-
que le mouvement de la fcène ? Térence
commence ainfi les « Storax.
~E~chinus n'eft pas rentré cette nuit. »
Qu'eA-ce que cela ngnine ? Micion par-
le-t-il à Storax ? Non. H n'y a point
de Storax fur la fcène dans ce moment.
Ce perfonnage n'e~ pas même de la pie-
ce. Qu'eA-ce donc que cela ~gnine ? Le
voici. Storax eA un des valets d'~E~chi-
nus. Micion l'appelle & Storax ne ré-
pondant point, il en conclut qu'~chinus
n'e~: pas rentré. Un mot de pantomime
auroit éclairci cet endroit.
C'e~i la peinture des mouvemens
qu:
charme fur- tout dans les romans domef-
tiques. Voyez avec quelle complaifance
l'auteur de ~<z~~ de C'a/z~/o/z, & de
s'y arrête ? Voyez quelle force
quel fens Jf
& quel pathétique
1
elle donne
à fon discours ? Je vois le perfonnage foit
qu'il parle, foit qu'il fe taife, je le vois
& fon adion m'anede plus que fes pa-
roles.
Si un poëte a mis fur la fcène Orerre &
Pilade fe difputant la mort, & qu'il ait
réfervé pour ce moment l'approche des
Euménides dans quel effroi ne me jette-
ra-t-il pas, fi les idées d'Orefle fe trou-
blent peu-à-peu, à- mefure qu'il ranbnne
avec fon ami fi fes yeux s'égarent s'il
cherche autour de lui s'il s'arrête s'il
continue de parler s'il s'arrête encore fi
le defordre de fon action & de ion dii-
cours s'accroît fi les Furies s'emparent de
lui & le tourmentent s'il fuccombe fous la
violence du tourment s'il en eft renverse
par terre fi Pilade le reieve l'appuie, &
lui enuic de la main le vilage 8~ la bou-
che fi le malheureux fils de CIyfemncf-
tre reu'e un moment dans un crat d'atome
c~ de mort; n entr'ouvrant eniu~e '<°s pau-
pieres & femblable à un homme qui re-
~ient d une léthargie profonde, tentant les
bras de fon ami qui le foutiennent & qui
le présent, il lui dit en penchant la tête
de fon côté & d'une voix éteinte: Pilade,
~/?-~ à toi de mourir? Quel effet
cette pan-
tomime ne produira-t-elle pas ? Y a.t-it
quelque difcours au monde qui m'anede
autant que Fac~on de Pilade relevant
Ore~e abattu & lui effuyant de fa main le
vifage &: la bouche? Séparez ici la
panto-
mime du difcours & vous tuerez l'un &
l'autre. Le poëte qui aura imaginé
cette
~céne, aura fur-tout montré du génie
en
réservant pour ce moment les fureurs d'O-
re~e. L'argument qu'0reu:e tire de fa fi-
tuation, e~i fans réponfe.
Mais il me prend envie de
vous efquif.
~er les derniers initans de la vie d<~ Socra-
te. C'en: une fuite de tableaux qui prouve-
ront plus en ~V~Uf !n r~t1<
~t~t<~tmAtt~~ ~K~
tout ce que je pourrois ajouter. Je me con-
formerai prefque entierement à rHin:oire.
Quel canevas pour un poète!
Ses difciples n'en avoient point la pi-
né qu'on éprouve auprès d'un ami qu'on
afMe au lit de la mort. Cet homme leur
paroiffoit heureux. S'ils étoient touchés,
c'étoit d'un fentiment extraordinaire mêlé
de la douceur qui naiffoit de fes difcours,
& de la peine qui nainbit de la penfée qu'ils
alloient le perdre.
Lorfqu'ils entrerent, on venoit de le de<
lier. Xantippe étoit affife auprès de lui,
tenant un de fes enfans entre fes bras.
Le philofophe dit peu de chofes à fa
femme mais combien de chofes touchan-
tes un homme fage qui ne fait aucun cas
de la vie, n'avoit-il pas à dire fur fon-en-
fant ?
Les philofophes entrèrent. A peine Xan-
tippe les apperçut-elle qu'elle fe mît à
fe déféfpérer 8c à crier, comme c'e~t la
coutume des femmes en ces occanons
~CC/ vos amis vous partent a~/OM/
la ~/2~yo~. C~/?/7~ ~/7Z~
/7CM/-
~j- ~/72~
fois que ~d 6' <7~
~OMJ ~0~ votre ~2~.
Socrate ~c tournant du côté de Criion
lui dit Mon ami faites conduire c~yt-
me c~ elle. Et cela s'exécuta.
On entraîne Xantippe mais elle s'é-
lance du côté de Socrate lui tend les bras,
l'appelle, ~ë meurtrit le vifage de fes mains,
& remplit la prifon de fes cris.
Cependant Socrate dit encore un mot
fur ren~nt qu'on emporte.
Alors le philosophe prenant un vifage
ferein s'amed fur <bn lit & pliant la jam-
be d'où l'on avoit ôtc la chaîne, & la
frottant doucement, il dit
Que le 6* la ~~f touchent
prés Si Efope y avoit penfé, la belle fable-
qu'il en <<9~y~Z~ Z~~f~/2~/2J ont <?/<
donné que je m'en ~f~ ) je ~Z vais.. o
Z)~ Evénus ~M~72~z~ s'il ~/?y~
Ce mot engage la fcène fur l'immort~
lité de rame.
Tentera cette icène qui l'otera. Pour
moi, )e me hâte vers mon objet. Si vous
avez vû expirer un pere au milieu de fes
enfans telle fut la fin de Socrate au milieu
des philofophes qui l'environnoicnt.
Lorsqu'il eut achevéhevé de parler il Ce ht
un moment de filenc e & Criton lui dit
CRI T ON.
OM~O~J a /ZOM~ ordonner?
o c- r
De vous rendre femblables aux z~~M~*
~Mfa~2~ qu'il vous fera ~70' <S' leur
<ï~
~/Z~Ï /~?<?.
C 7T O N.
~/7~J votre ~0/'f comment MM~ vous
~M~ difpofe de ~OM~
o c r F.
Criton, tout comme il vous plaira ~vc~
me r~roM~
Puis regardant les philofophes en fou-
riant, il ajouta:
J'aurai ~M~H/'<! )~ ~M~ ~<7ï~~
à notre ami ~?z/c/' Socrate
pouille.
Q_
Le ~ateUne des Onze entra dans ce mo~
ment & s'approcha de lui fans parler.
Socrate lui dit
SOCRATE.
Que. ~0~7-~w.y?
LE SATELLITE.
~Z~~Z/- de la Af~?~
SO CRATE.
QM~?~ /72~M~. Mon ami ~r-
~o/ /7~ ~c, y~
efl bi-oy' &
<s' Ic
p~/2-2~.
LE 5'~T~zz zr~
(en ~e détournant & pleurant).
Z~ autres 772J
~~M~2~~ C~CZ me
~/Z~.
C 7T O N.
Z~ y~7 c/zc<3/~ y~ ~o/z~/2~.
0 C T JP.
c~
Ceux qui C~
~c~ je
tout à
T'z~~ <S' crois y gagner.
Alors l'efclave qui portoit la coupe en-
~ra. Socrate la reçut & lui dit
o c 7? r
J~O/?2/7M de ~Z<?/Z ~~6 faut-il
~r y<?~j cela
~7~
~t/~
Z' C Z <4 ~JE'.
Fo~, 6' vous c'/r/72~;2~~ /Z//JM~~ ce que
~y~/MZ'<'? vos jambes J'<?/<2~
( '<~
~oc~~r~.
:A~rj i
faut.
n'en avons broyé que ce
TV~M~
o c r F.
Zfy~f. Nous ~r<?~ ~M-~<wM leur
M/Z~
Et tenant la coupe d'une main, & tour-
liant fes regards vers le cie! il dit
0 Z~M~ qui ~7~{ ) /M~C-
C0~ un heureux ~0)~
Après il garda le Silence & but.
Jufques -là fes amis avoient eu la force
de contenir leur douleur mais lor~qu'it
approcha la coupe de fes levres ils n'en
furent plus les- maîtres.
Les uns s'enveloppèrent de leur man-
teau. Criton s'étoit levé & il erroit dans
la prifon en pouvant des cris. D'autres im-
mobiles & droits regardoientSocrate dans
un morne nience, ~c des larmes couloient
le long de leurs joues. Apollodore s'étoit
~nis fur les pieds du lit le dos tourné à
Socrate & !abouche
bouche penchée
p< fur ~M
mains, il étouffoit fes Sanglots.
Cependant Socrate Ce promenoit, com~
me l'efclave le lui avoit enjoint; & en fe
promenant,. il s'adreiïbit à chacun d'eux
&: les confoloit.
c~
7'0/2J' Si vous vous a~/2/OMJ /Z~
CAZ/C/Z
je ~7J-.
.C/
lui dit, & ce furent fes dernieres
au Dieu de
paroles
t
J~~f me CO/ÏO~OM/
7IOM
comme je me con-
g
Comment Fin~rument rendra -1 il
une
ju~e harmonie, s'il eft désaccorde? I~i.
tes-vous des notions exa~es des chofes
comparez votre conduite avec vos de-
voirs rendez-vous homme de bien &
ne croyez pas que ce travail & ce tems
6 bien employés pour l'homme foient
perdus pour l'auteur. Il réjaillira de la
~ec~ion morale
per-
itansr.
fi je le crée d'après des élémens
Et ces élémens con~ans où
con-
font ils ?
mais comment les ranembler
?.
Dans la nature
?. Soit
La chofe
eA difficile; mais cA-ene impoffible ?
Quand je ne pourrois e~përer de
me for-
mer un modèle accompli ~erois je dif-
penfé d'eHayer r
donc
Non. Egayons
Mais fi le modele de beauté
quel les anciens Sculpteurs au.
dans la fuite tous leurs
rapportèrent
ouvrages, leur
coûta tant d'observations, d'études &
de
peines à quoi m'engageai je
le faut pourtant,
?. Il
ou s'entendre tou-
jours appeller Arifle le philofophe
&
rougir.
Dans cet endroit AriAe fit
une ïecon-
~e paufe un peu plus longue que la pre-
miere, après laquelle il continua.
Je vois du premier coup.d'œil que
l'homme idéal que je cherche étant un
compose comme moi, les anciens Sculp-
teurs en déterminant les proportions qui
leur ont paru les plus belles ont fait une
partie de mon modèle Oui. Prenons
cette ~atue & animons la Don-
nons-lui les organes les plus parfaits que
l'homme puiffe avoir. Douons-la de tou-
tes les qualités qu'il eft donné à un mortel
de poHeder & notre modèle idéal fera
fait. Sans doute. Mais quelle étude
Quel travail! Combien de connoiuanccs
phynques, naturelles & morales à acquérir
Je ne connois aucune tcience aucun art
dans lequel il ne me fallût être profondé-
ment verfé Aum aurois-je le modele
idéal de toute vériré, de toute bont6, &~ de
toute beauté Mais ce modele général
idéal eH: impomble à former à moins que
les dieux ne m'accordent leur intelligence
& ne me promettent leur éternité. Me
voilà donc retombé dans les Incertitude~
d'o~ je me propofois de fortir.
Ari~e triAc & penfif s'arrêta encore
dans cet endroit.
Mais pourquoi, reprit-il après
un mo<
ment de utencc~ n'imiterai-je
pas auS les
Sculpteurs ? Ils fe font fait un modèle
pro-
pre à leur état, & j'ai Ïe mien Que
Fhotnme de lettres ~ë faire un modele idéal
de l'homme de lettres le plus accompli,
& que ce foit par la bouche de cet hom~i
ine qu'il juge les productions des autres oc
les uennes. Que le philbfbphe fuive le
même plan. Tout ce qui femblera bon
& beau à ce modèle, le fera. Tout qui
ce
lui Semblera faux, mauvais oc di~brme
le fera Voila l'organe de fes déci-
il
dons Le modèle idéal fera d'autant
plus grand & plus févére qu'on étendra
davantage fes connoln~nces. 11 n'y a
perfonne & il ne peut y avoir perfonne
qui juge également bien en tout, du vrai,
du bon & du beau. Non & fi l'on entend1.
par un homme de goût celui qui porte
en
·'7)J
en lui-même le modele généràl idéal de
toute perfection c'eA une chimere.
Mais de ce modele idéal qui eft
propre
à mon état de philofophe, puisqu'on
veut
m'appeller ainn; quel ufage ferai-je,
quand je l'aurai ? Le même
que les Pein-
tres & les Sculpteurs ont fait de celui
qu'ils avoient. Je le modifierai, ~lon les
circon~ances. Voilà la feconde étude à
laquelle il t~dra qu~ je me livre.
L'étude cource l'homme de lettres.
L'exercice affermit la démarche & relevé
la tête du foldat. L'habitude de
porter des
fardeaux aSaiÛe les reins du crocheteur.
La femme groue renverse fa tête
en-ar-
riere. L'homme bouu difpofe fes membres
autrement que l'homme droit. Voilà les
observations qui, multipliées à l'infini
forment le Aatuaire & lui
apprennent à
altérer, tbrtiner, affoiblir déngurer&:
réduire fon modele idéal, de l'état de
na.
turc, à tel autre étdt qu'il lui plaît.
Ceit l'étude des panions, des
mœurs
des caractères, des ufages, qui
appren-
yy D.
t~4?
dra au peintre de l'homme
Fhomr à altérer ~bn
modele, & à le réduire de l'état d'homme
à celui d'homme bon ou méchant tran-
quille ou colère.
C'eft ain~i que d'un feul fimulacre il
émanera une variée infinie de repréfen-
tations différentes qui couvriront la fcène
& la toile. EA-ce un poète ? EA-ce un
poète qui compofe ? Compofe t il une
fatyre ou un hymne ? Si c~A une ia~ vre,
il aura l'oeil farouche, la tête .~rbncée9
entre les épaules, la bouche fermée les
dents ferrées, la respiration contrainte
& étouffée c'e& un furieux. EA-ce un
hymne? il aura la tête élevée la bouche
~ntr'ou verte, les yeux tournés vers le ciel,
l'air du tranfport & de l'extafe la respira.
tion haletante: c'cR un enthou~a~e. Et la
joie de ces deux hommes, après le Succès,
n'aura-t-elle pas des caractères différens ?
Après cet entretien avec lui-même,
Aruîe conçut qu'il avoit encore beaucoup
à apprendre. Il rentra chez lui. Il s'y ren-
ferma pendant une quinzaine d'années. Il
\'y~ 1
fe livra à FHiAoire, à la Philosophie à la
Morale, aux Sciences & aux Arts& il
fut à cinquante-cinq ans homme de bien,
homme inftruit homme de goût grand
auteur, & Critique excellent.