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COLLOQUE INTERDISCIPLINAIRE SUR LES MNM ET SLA 17 AVRIL 2015

LA SPHÈRE OROFACIALE EN DYSTROPHIE MYOTONIQUE PÉDIATRIQUE


CONFÉRENCE NO 28

INTRODUCTION

Les déficiences et les incapacités reliées à la sphère orofaciale en dystrophie myotonique (DM)
sont multiples. Mais on connait peu l’évolution naturelle de la maladie de ce point de vue.

Le positionnement et l’occlusion des dents, la béance inter labiale, l’architecture du crâne et de la


mâchoire sont influencés par la faiblesse et la croissance. Le recours au traitement orthodontique
n’a pas mis en évidence de succès convaincants à moyen et long terme puisque la progression de
la faiblesse ne réussit pas à maintenir la correction. Qui sont les meilleurs candidats et comment
les aider sans nuire?

Du point de vue fonctionnel, la faiblesse influence les habitudes de vie que ce soit au niveau de la
posture, de la parole, l’alimentation, la santé ou des relations sociales. Les exercices sont un
moyen privilégié d’intervention mais comment choisir les plus pertinents et évaluer leur impact?

1. L’ASPECT CRANIO FACIALE ET DENTAIRE DE LA DYSTROPHIE MYOTONIQUE DE STEINERT.

Dr Jeanne Nicole Faille, orthodontiste à la clinique cranmio faciale du CHU Ste Justine

Dr Jeanne-Nicole Faille est orthodontiste et œuvre à la clinique cranio-faciale du CHU Sainte-


Justine depuis le tout début, soit en 1993. Elle a développé une grande expertise auprès de la
clientèle présentant des anomalies cranio-faciales. Elle est une référence pour plusieurs
confrères et consœurs dans le milieu dentaire. Elle continue de travailler pour sa clientèle cranio-
faciale chaque jour en se battant pour que les patients aient accès aux soins bucco-dentaires et
qu'ils puissent bénéficier des meilleurs soins possibles.

Croissance cranio faciale et dentaire chez le sujet normal


Croissance cranio faciale et dentaire chez le sujet atteint de la maladie de Steinert
Forces déformantes
Forces correctrices
L’orthodontie : aider sans nuire
Le port d’un collet cervical : moyen en exploration, pas de données pour l’instant,
bénéfices escomptés

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2. PRODUCTION DE LA PAROLE CHEZ DES SUJETS ATTEINTS DE LA FORME JUVENILE ET CONGENITALE DE
DYSTROPHIE MYOTONIQUE DE TYPE 1 (DM1)

Lucie Ménard, professeure à UQAM et chercheure


Marie Belleavance Courtemanche étudiante à la maitrise en linguistique

Lucie Ménard est professeure titulaire au département de linguistique de l'UQAM, chercheure au


CHU Sainte Justine et adjointe à la direction de l'axe maladies musculo-squelettiques et
réadaptation du centre de recherche du CHU Sainte Justine tine. En charge du living lab Sainte
Justine qui a pour finalité de développer de nouvelles méthodes et outils de réadaptation
pédiatrique via des partenariats clinque-recherche-entreprises privées. Marie Belleavance
Courtemanche est étudiante à la maîtrise en linguistique de l'UQAM et travaille au Laboratoire de
phonétique de l'UQAM sous la direction de la professeure Lucie Ménard, Son intérêt de recherche
est la phonétique appliquée à l'orthophonie. 

La production de la parole requiert la participation de plusieurs muscles, qu’ils soient impliqués


dans les déplacements de la langue ou encore qu’ils permettent de projeter ou d’étirer les lèvres.
Or une maladie comme la DM1 entraîne une faiblesse musculaire ainsi qu’une difficulté à relâcher
les muscles après contraction, ce qui diminue l’intelligibilité de la parole. Comment évaluer avec
précision les effets de ces déficits sur les mouvements des lèvres, de la mâchoire et de la langue ?
Notre objectif est d’étudier les atteintes articulatoires de la sphère orofaciale responsables de la
diminution d’intelligibilité de la parole.

Neuf jeunes atteints de DM1 (ainsi que des participants sains appariés en âge) ont participé à une
tâche de production de parole lors de laquelle ils devaient nommer des images en différentes
conditions (débit rapide, parole claire,…). Les mouvements des lèvres, de la mâchoire et de la
langue étaient enregistrés à l’aide d’un système de capture de mouvement par caméra infrarouge
(Optotrak) et d’un échographe (voir Figure 1). Diverses analyses ont été menées afin de faire
ressortir les profils articulatoires et acoustiques reliés aux scores d’intelligibilité de la parole.

Figure 1 : Dispositif expérimental.


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Les caractéristiques acoustiques des phonèmes, ainsi que les mesures de forme et de position de
la langue, de même que de projection et d’étirement des lèvres, ont été étudiées. L’analyse
préliminaire révèle que les sujets DM1 n’utilisent pas les articulateurs d’une manière aussi optimale
que les contrôles. De façon générale, les mouvements linguaux sont moins affectés que les
mouvements labiaux. Des mouvements compensatoires entre les deux articulateurs sont
observés. Finalement, les DM1 montrent moins de différentiation acoustique et articulatoire entre
chacune des conditions de parole (rapide, claire,…) que leurs pairs contrôles. Ces données
viennent complémenter les évaluations cliniques en orthophonie et fourniront des données
précises sur l’évolution longitudinale de la parole chez ces sujets.

3. LA FONCTION ET READAPTATION DE LA SPHERE ORO-FACIALE

Jean-François Aubin-Fournier, physiothérapeute, CRME, MNM


Marie-Christine Clément, orthophoniste, CRME, MNM
Catherine Desautels, ergothérapeute, CRME, MNM

Jean-François Aubin-Fournier est physiothérapeute au Centre de réadaptation Marie-Enfant


depuis septembre 2009. Il a complété son baccalauréat en kinésiologie à l’université McGill en
2007 et sa maîtrise en physiothérapie à l’été 2009 à l’Université d’Ottawa. Depuis janvier 2010, il
travaille avec les jeunes ayant un diagnostic de maladies neuromusculaires.

Marie-Christine Clément est orthophoniste au Centre de réadaptation Marie-Enfant depuis janvier


2009. Elle a complété son baccalauréat et sa maîtrise en orthophonie à l’automne 2008 à
l’Université de Montréal. Depuis son arrivée au Centre de réadaptation Marie-Enfant, elle travaille
avec les jeunes ayant un diagnostic de maladies neuromusculaires, en plus de travailler aussi avec
la clientèle en neurotraumatologie. Elle prend part au projet de recherche sur la clientèle Steinert
depuis les débuts de celui-ci.

Catherine Desautels est ergothérapeute au Centre de réadaptation Marie-Enfant depuis novembre


2010. Elle a complété son baccalauréat en kinésiologie à l’Université de Montréal en 2005 et une
maîtrise en ergothérapie à l’automne 2010 à l’Université McGill. Depuis son arrivée au Centre de
réadaptation Marie-Enfant, elle travaille avec les jeunes ayant un diagnostic de maladies
neuromusculaires.

La clientèle DM : Apprenons à mieux la connaître

2 formes de la dystrophie myotonique de Steinert rencontrées chez la clientèle pédiatrique :


 Forme congénitale
 Forme infantile
En pédiatrie, 90% du temps, c’est la mère qui présente la maladie.

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Les manifestations de la forme infantile sont généralement moins sévères que pour la forme
congénitale.

Caractéristiques principales des jeunes atteints de DM :


 Hypotonie
 Faiblesse musculaire distale et axiale
 Myotonie aux mains
 Béance orale – malocclusion dentaire
 Altération posturale
 Limites cognitives

Plusieurs caractéristiques sont inter-reliées. Il est parfois difficile d’évaluer et d’ intervenir de


façon indépendante sur une seule caractéristique d’où l’importance du travail en
interdisciplinarité.

Importance du suivi longitudinal de cette clientèle pour suivre l’évolution de la maladie afin de
mieux cerner les étapes charnières d’intervention.

La DM : un défi pour les intervenants

Caractéristiques qui constituent un défi :


 Plusieurs facteurs cognitifs et comportementaux à considérer :
o Fréquence élevée de retard globaux de développement / déficience intellectuelle,
surtout chez la forme congénitale.
o Rigidité : défi dans le changement des habitudes et de la routine
o Difficulté d’activation
o Faible conscience des difficultés – absence de besoins nommés par le jeune.
Note : Le jeune s’est adapté graduellement à ses solutions, qu’elles soient bonnes ou
mauvaises
 La création d’une bonne relation client -thérapeute est essentielle pour amener le jeune à
se mobiliser et à participer activement au suivi.
 Il nécessaire de favoriser la motivation chez le jeune et chez le parent.

Pour la prise en charge, il est important de :


 Suivre les intérêts.
 Rendre les objectifs/moyens fonctionnels et concrets pour le jeune.
 Choisir le bon moment d’intervention (« timing »).

Posture
Le contexte des cliniques oro-faciales a permis de commencer à faire une prise de photo posturale
systématique. Ces photos sont prises pour tenter d’objectiver davantage les changements de
posture. Jusqu’à maintenant, les observations se basent sur ce que l’on peut observer sur les
photos. Un logiciel permettant de calculer des angles et des distances à partir de repères
anatomiques identifiés pourrait éventuellement permettre d’objectiver davantage les observations.
Avec le temps, cela pourrait permettre la construction d’une base de données permettant de voir si
des tendances sont présentes chez cette clientèle. Si des tendances sont identifiées et se
confirment, cela pourrait éventuellement permettre de déceler les clients plus à risque de
développer des déviations posturales dans le futur et travailler davantage en prévention.
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D’autres mesures sont prises lors des évaluations. Les points ou des déficiences sont plus souvent
décelés chez cette clientèle ont été ciblées :
 La force des abdominaux et des fléchisseurs du cou
 «screening» pour scoliose (recherche et mesure de la gibbosité en flexion antérieure)
 mesure de souplesse aux chevilles a été récemment ajoutée.
La banque de donnée est encore petite et nous manquons donc d’informations pour tirer des
conclusions plus fermes.
Nous avons tout de même identifié, à partir des évaluations faites jusqu’à maintenant, des
tendances à surveiller :
 Faiblesse des fléchisseurs du cou entraînent une posture antérieure de la tête
 Faiblesses des abdominaux entraînent une hyperlordose lombaire et/ou une flexion
antérieure du tronc.
 Limitations de souplesse au niveau des chevilles pendant l’enfance pourrait accentuer le
risque de déviations posturales plus tard dans l’adolescence.
 Le maintien d’une bonne souplesse aux membres inférieurs aiderait à limiter les impacts
sur la posture générale
 Une tendance à utiliser les structures passives (ex hyperextension des genoux) pour
limiter l’effort musculaire ne va pas nécessairement s’accentuer avec le temps.
Travail postural :
Malgré problématique d’opposition et de déficience intellectuelle souvent présente chez cette
clientèle, un travail de thérapie posturale est possible. L’approche en rééducation posturale globale
(RPG) est particulièrement utilisée. Le travail avec une approche RPG nous a permis de voir chez
certains jeunes une bonification du renforcement des abdominaux et des fléchisseurs du cou.
Nous avons attribué cela à l’optimisation de l’alignement des différents segments.

Pour ceux qui développent une scoliose, le corset peut également être employé. Comme les
faiblesses sont souvent plus importantes en distal, ils arrivent généralement à fonctionner assez
bien avec un corset dans leur quotidien.

Par contre, le port inconstant des orthèses, le manque d’assuidité aux exercices et à la thérapie
restent des obstacles à surmonter dans la prise en charge des problèmes posturaux.

Santé corporelle
Difficultés au niveau:
 Capacité à se moucher : tendance à s’essuyer plutôt que souffler. Risque d’infections plus
élevés lors d’un rhume…
 Brossage de dents: caries et cie. Séquence de brossage de dents peut être difficile à intégrer
dans la routine (brossage incomplet). Risque plus élevé de caries. Difficulté marquée à utiliser
la soie dentaire. Aliments collent au palais et dans les sulcus : risque d’étouffements si
brossage mal complété.

Ont un impact sur la dysphagie, la santé… et la socialisation!

Alimentation
Les faiblesses et déformations ont un impact direct sur la prise des repas et sur les capacités de
croquer, de mastiquer et déglutir.
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Quand la faiblesse des joues et des lèvres est présente, plusieurs observations sont faites :
 Écoulement salivaire pendant les repas,
 Capacité à croquer à l’avant,
 Mastication relativement efficace (ou écrase aliments avec la langue au palais),
 Cumulation d’aliments dans les sulcus,
 Prise d’un liquide avec la paille difficile,
 Mange avec la bouche ouverte
Quand on observe une faiblesse de la langue, la latéralisation des aliments pour mastication est
plus difficile, le jeune a tendance à écraser les aliments sur le palais.

La longueur des repas et un des principaux problèmes rapportés par les parents. La durée en
moyenne est deux fois plus longue que pour la population générale (1h). La fatigue limite la prise
complète des repas. Le jeune est souvent isolé pour mieux se concentrer sur son repas. Donc, les
repas sont plus longs, isolés et incomplets.
On observe aussi une « Sélectivité alimentaire » en lien avec la DM : la faiblesse vient limiter les
choix d’aliments, le jeune préfère souvent les solides mous, afin de pouvoir les mastiquer plus
efficacement ou les écraser avec la langue sur les dents antérieures ou le palais.

Faiblesse péri-orale et malocclusion entraînent des difficultés à croquer. On observe que certains
jeunes s’aident de la main ou de la tête pour croquer en antérieur. Le jeune va souvent croquer
avec ses pré-molaires, briser l’aliment avec sa main. La malocclusion rend difficile la mastication et
la capacité de manger la bouche fermée (principal irritant des parents au niveau des repas). Il
s’ensuit des difficultés au niveau social en lien avec la parole et l’alimentation.

Mouvements de la langue et alimentation


Vidéo pour démontrer les mouvements de la langue chez un sujet avec DM et un sujet sans DM.
Les mouvements de la langue sont diminués par rapport au sujet sans DM. Donc, avec la faiblesse
des muscles de la langue :
 latéralisation de la langue moins efficace
 changement du patron de mastication (écrase aliments avec la langue plutôt que les molaires)
 capacité de déglutition diminuée : avale en plusieurs bolus, plus petits.

Parole
Clientèle qui présente une hypotonie au niveau des lèvres (incompétence labiale), de la langue et
du voile du palais (incompétence vélopharyngée).

Impact sur les différents paramètres de la parole


 Respiration: Faible support respiratoire
 Articulation : Phonèmes bilabiaux (p, b, m) souvent transformés ( t, d, n). Mollesse
articulatoire de façon générale.
 Résonance : Hypernasalité et frictions/émissions nasales.
 Voix : Faible intensité. Qualité de la voix variable : voix parfois rauque et/ou mouillée
et/ou éteinte.
 Débit : Débit de parole souvent rapide.
 Fluidité : Types de disfluidités pouvant être relevées : Blocages, répétitions de
syllabes/mots, etc. Peut s’apparenter à un bégaiement.
 Prosodie : Monotone.

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Langage
Clientèle qui présente souvent un retard langagier en bas âge (souvent inscrit à l’intérieur d’un
retard global de développement, surtout dans la forme congénitale).
 Difficultés réceptives souvent relevées:
o Attention limitée
o Peuvent avoir une bonne mémoire associée avec rigidité (force à exploiter)
o Difficultés de compréhension sans support visuel ou exemples concrets.
o Difficultés de compréhension si beaucoup d’informations à traiter
 Difficultés expressives souvent relevées:
o Retard sur le plan phonologique en bas âge
o Difficultés morphosyntaxiques (erreurs dans la formulation de phrases)
o Pauvre vocabulaire
o Difficultés au niveau de la régie de l’échange (peu de contact visuel, ne tiennent
pas compte du contexte ou de l’interlocuteur, ne tiennent pas compte du savoir
partagé)
o Difficultés discursives.

Difficultés de parole + difficultés de langage = Bris de communication fréquents

 Souvent difficile d’identifier et d’isoler un seul paramètre de la communication à l’origine des


bris de communication.
 Difficulté de la clientèle DM à prendre conscience des bris de communication. Impact sur
l’ensemble des relations sociales.

Comment les aider?


 Plusieurs aspects à travailler.
 Importance de partir des besoins de la famille.
 Ont parfois besoin d’être éclairés.

Des amis, on en veut nous aussi !


Avoir des amis, besoin le plus souvent exprimé par le jeune et, surtout, leur famille :
 Améliorer les relations sociales (amis)
 Améliorer les habiletés de communication

L’impact des difficultés observées se répercutent tant sur les plans de la posture, de la
santé corporelle, de l’alimentation, de la communication sur les relations sociales.

Moyens d’intervention à privilégier auprès d’une clientèle pédiatrique

Pour améliorer l’intelligibilité de la parole


 Exercices de perception auditive (ex : sons oraux vs sons nasaux, débit lent vs rapide)
 Exercices d’articulation, de voix, de résonance, de prosodie
 Encourager l’utilisation de stratégie de communication
o Exagérer articulation
o Parler lentement : Souvent conseil ayant le plus d’impact, mais peu fait de façon
spontanée.
o Parler fort en se tenant droit
o Regarder la personne qui parle
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 Moyens chirurgicaux (ex : lambeau pharyngé) peu utilisés compte tenu des risques
respiratoires à long terme
 .Aides techniques à la communication souvent refusées compte tenu de :
o Complexité d’utilisation
o Intelligibilité de la parole avec interlocuteurs familiers

Moyens d’intervention communs pour l’intelligibilité de la parole et l’alimentation


 Renforcement – Maintien musculaire : exercices de stimulation et d’étirement pour la sphère
péri-orale (ex : chewytube/aliments coriaces, fermeture labiale)

Pour améliorer l’alimentation


 Adaptation d’ustensiles (manche grossi, cuillère trouée, etc.)
 Posture assise optimale et adaptée au besoin (dos et pieds en appui pour favoriser stabilité et
endurance)
 Favoriser environnement sans distraction pour les repas
 Recommandations textures et aliments à éviter.
 Time timer ou autre application pour stimuler l’activation (minuterie)

Pour améliorer l’hygiène corporelle et buccale


 Pictogrammes
 Tableau de renforcement

Pour améliorer la posture :


 Contrôles réguliers, surtout dans les pics de croissance et si historique de
rétractions/déformations
 Étirements à reprendre à la maison pour préserver la souplesse
 Port d’orthèses aux membres inférieurs pour assurer un alignement optimal des pieds et
des chevilles
 Thérapie posturale au besoin

Généralisation dans les milieux des moyens d’intervention


 Travail en partenariat avec la famille, milieu de garde, milieu scolaire, partenaires (ex : CRDI)
est essentiel.
 Implication d’une éducatrice pour aller au domicile et rendre applicable les diverses
recommandations auprès de la famille.

Dans l’avenir
Poursuite du projet en cours pour collecte de données longitudinales
Validation de nos outils / mesures :
 Photos (prise de vue)
 Utilisation d’un dynamomètre pour mesurer la force labiale
 Chewy tube  outil « Mastica » à venir
 Questionnaire alimentation
 Intégration des données obtenues (mesures quantitatives) obtenues par Lucie Ménard et
Marie Bellavance)
 Maintien de la participation et de l’intérêt de la clientèle pour le projet
 Suivre l’impact de nos interventions en fonction, entre autres, de l’implication de la famille,
milieux de vie, partenaires.
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4. LES ADULTES ATTEINTS DE DM

Nicole Arsenault, MOA orthophoniste


Clinique des maladies neuromusculaires du programme des maladies évolutives
Centre de réadaptation Lucie Bruneau

Nicole Arsenault est orthophoniste au CRLB depuis presque 22 ans. Elle a fait son baccalauréat et
sa maîtrise à l’École d’orthophonie de la Faculté de médecine de l’université de Montréal. Elle a
de plus un baccalauréat en psychologie et un certificat en gérontologie de l’Université de Montréal.
Elle a toujours travaillé auprès de personnes atteintes de maladies dégénératives. Elle est
orthophoniste à la clinique MNM du programme des maladies évolutives du CRLB.

Particularités des adultes ayant la dystrophie myotonique de Steinert au plan oro-facial

• Mêmes observations qu’en pédiatrie : hypotonie, faiblesse musculaire, atrophie musculaire,


myotonie (défaut de relâchement musculaire), malocclusion dentaire, palais ogival.
• Variabilité et sévérité selon les individus et selon les formes congénitale, juvénile ou adulte.

3 paramètres les plus atteints souvent observés chez l’adulte de forme congénitale ou de
forme infantile

L’accélération du débit (1) créant une détérioration de l’articulation (2)


• Observé chez la majorité des adultes de forme congénitale et de forme infantile.
• Impacts bien démontrés par les données de Mme Lucie Ménard, chercheure et linguiste.

L’hypernasalité (3)
• Diminution de l’intelligibilité de la parole en raison des pertes d’air par les voies nasales.
• Ce défaut d’occlusion vélo-pharyngée, due à une faiblesse du voile du palais s’accompagne
parfois de régurgitations nasales d’aliments ou de liquides durant les repas.
• Sévérité variable : hypernasalité plus accentuée dans la forme congénitale.

La dysarthrie flasque est décrite dans la maladie de Steinert par tous les grands auteurs en
dysarthrie, ainsi que la dysphagie oro-pharyngée.
• Une hypothèse de dysarthrie mixte (flasque et hypokinétique) est probable.

Explications :
• La présence de fréquentes accélérations subites du débit de la parole avec intelligibilité
très réduite ne correspond pas à la définition d’une dysarthrie flasque où on retrouve
plutôt un débit variable, mais sans accélération de la vitesse. Ces accélérations du débit
sont donc atypiques d’une dysarthrie flasque.
• Effet positif de l’appareil de rétroaction auditive sur l’intelligibilité de la parole expérimenté
depuis plus de 3 ans contredit également une atteinte uniquement flasque puisque, en
principe, l’appareil n’est pas efficace et n’est pas recommandé pour une dysarthrie
flasque.
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• Les ganglions de la base jouent un rôle dans l’organisation temporelle de la parole. Une
atteinte des noyaux gris centraux donne une dysarthrie hypokinétique. Y aurait-il un lien
entre les fréquentes accélérations subites du débit de la parole et la moins bonne
irrigation des ganglions de la base (noyaux gris centraux) rapportée par Meola & al.
(1999) ?

4 Pistes d’intervention

1) La thérapie traditionnelle en orthophonie et les exercices orthophoniques pour améliorer


les paramètres de la voix/parole et de la mastication/déglutition qui sont problématiques. La
thérapie est préconisée. Elle peut être complémentaire à l’approche compensatoire.
L’approche compensatoire (outils) n’est toutefois pas indiquée pour tous.

Il existe des liens étroits entre la rééducation de la voix et de la parole et celle des différentes
phases de la déglutition.

En général, les adultes s’impliquent bien dans la thérapie.

2) L’utilisation de l’appareil de rétroaction auditive différée pour améliorer le débit et


l’articulation

L’appareil rend la parole de vitesse normale et stable dans le temps.


• Conséquemment : meilleure amplitude des mouvements, meilleure précision
articulatoire, amélioration de la résonance orale, meilleure élévation du voile du palais,
meilleure volume vocal car la personne a le temps d’inspirer plus souvent.
• L’intelligibilité de la parole est augmentée de façon importante.
• Appareil recommandé depuis plus de 3 ans.
• Agents payeurs : PMATCOM, MELS, employeur.
• Applications pour téléphones intelligents (pour Android ou pour Apple); parfois gratuit, les
applications changent rapidement. Recommandation : ajustements du délai et du volume
par l’orthophoniste. Conseil : toujours tester la qualité de l’application avant de la
recommander.
• Approche de rééducation orthophonique et approche compensatoire peuvent se
compléter.

3) Élévateur vélo-palatin pour améliorer la résonance de la parole dans les cas


d’hypernasalité sévère :

• Élévateur vélo-palatin: jamais essayé dans la forme congénitale ou la forme infantile.


• Déjà essayé avec succès à une occasion avec un usager ayant la forme adulte et ayant
une dentition corrigée.
• Cette prothèse donne une résonance de la parole plus adéquate et une meilleure
pression d’air intra-buccale pour produire les sons oraux.
• Augmentation de l’intelligibilité de la parole et diminution des régurgitations nasales
d’aliments ou de liquides durant les repas.
• Il serait intéressant de vérifier si le port de la prothèse durant le repas facilite la phase
pharyngée de la déglutition, en créant une meilleure pression d’air pour une meilleure
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propulsion pharyngée des aliments. Il n’y a pas d’informations à ce niveau dans la
littérature.
• Prothèse recommandée pour compenser l’hypernasalité sévère et non rééducable par
une thérapie traditionnelle dans le cas de dysarthrie flasque.
• Critères d’exclusion connus : réflexe de nausée présent, dentition inadéquate.
• Il reste à voir si une telle prothèse est possible dans les cas de palais ogival.
• Si l’élévateur vélo-palatin s’avère impossible pour compenser l’hypernasalité sévère, il
serait intéressant de tester les obturateurs nasals.
• Élévateur vélo-palatin fabriqué par un prostodontiste.
• Agents payeurs pour l’élévateur vélo-palatin : PMATCOM et assurances privées.

4) Amplificateur de voix pour améliorer le faible volume vocal dans les cas de dysphonie
hypofonctionnelle modérée ou sévère :

• Déjà essayé chez quelques adultes ayant la forme adulte de la maladie.


• La dysphonie est présente dans la forme infantile et la forme congénitale mais semble
plus marquée dans la forme adulte.
• Agents payeurs : PMATCOM, MELS, employeur.

CONCLUSION

Sans aucun doute nous vous avons démontré l’aspect complexe de sphère oro faciale et l’impact
significatif dans toutes les habitudes de vie. L’intervention auprès des jeunes demeure un défi car
elle requiert la mobilisation des jeunes et de leur famille pour une longue période. Nous sommes
en train de bâtir la connaissance sur les meilleures pratiques. Nous espérons que cette
sensibilisation va permettre d’unir nos efforts pour aider la clientèle sans nuire.

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