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Nouvelles de l’hémicycle

Bernadette VERGNAUD
Députée européenne

Session plénière à Strasbourg du 5 au 8 juillet 2010


N°68

Bilan de la présidence espagnole de l’Union


José Luis Zapatero a dressé devant les députés le bilan de la présidence espagnole qui s’est
achevée le 30 juin 2010. Cette période s’est déroulée, dans le contexte de début d’application
du traité de Lisbonne et de crise de la dette souveraine d’états de l’Union dont la Grèce a été
la principale victime. La présidence a posé les jalons d’une politique économique commune et
d’un cadre pour la régulation financière. Elle a conclu avec les Etats-Unis l’accord SWIFT
pour lutter contre le terrorisme et a négocié les modalités de fonctionnement du Service
européen d’action extérieure (SEAE) (ministère des affaires étrangères de l’Union) prévu
dans le nouveau traité. La Belgique a succédé à l’Espagne et préside l’Union jusqu’au 31
décembre 2010. Elle a présenté aux parlementaires 6 priorités : relancer la croissance,
renforcer notre modèle social, protéger l'environnement, gérer les défis liés à l'immigration,
l'asile et le terrorisme et mettre en place le Service européen d'action extérieure.

Je félicite l’équipe dirigée par José-Luis Zapatero pour les résultats remarquables obtenus
dans cette période marquée par la crise. Elle a organisé et mené avec professionnalisme,
détermination et vision européenne ce semestre de présidence en intégrant parfaitement le
nouveau cadre institutionnel. Durant ces six derniers mois, j’ai à plusieurs reprises, dans mes
domaines d’expertise parlementaire (marché intérieur, protection des consommateurs,
services publics, santé) conduit des missions en Espagne où le travail avec les ministres, les
parlementaires et les hauts fonctionnaires espagnols a été très fructueux.

Service diplomatique européen

Dans une résolution, le Parlement a validé un accord informel avec le Conseil sur le
fonctionnement du service européen d’action extérieure (SEAE) et le rôle de la haute
représentante (HR), Catherine Ashton. Cette dernière, vice-présidente de la Commission,
préside également le conseil des ministres des affaires étrangères. Afin de délimiter le contour
des pouvoirs du SEAE sur les sujets de coopération et de développement, il a été convenu que
les choix politiques en ces matières seraient élaborés conjointement par le SEAE et les
services du commissaire au développement avant d’être soumis au collège des commissaires.
En revanche, les aspects budgétaires des politiques de développement et de voisinage
resteront de la compétence exclusive des services de la Commission et des commissaires
concernés.

Le 1er janvier 2011, 1625 personnes travailleront pour le SEAE qui aura son siège à Bruxelles
et sera composé d'une administration centrale et de 136 délégations (ambassades de l’UE dans
le monde). La déclaration sur l'organisation de base du SEAE prévoit qu'il y aura une
structure chargée des questions de droits de l'homme au niveau central ainsi que localement
dans chacune des délégations. Avant de prendre leurs fonctions, les représentants spéciaux de
l'UE et les chefs de délégations dans les pays et organisations que le Parlement juge
"stratégiques" se présenteront pour une audition informelle devant la commission des affaires
étrangères. La HR consultera également le Parlement sur les principales options en matière de
PESC (politique étrangère et de sécurité commune) et les députés assumant des rôles
institutionnels auront accès à des documents confidentiels.

Les députés encouragent une véritable réforme de la surveillance financière


À une large majorité des voix, les eurodéputés ont envoyé, un message fort aux États
membres en leur indiquant que la seule option pour parvenir à une surveillance financière
efficace doit se fonder sur une réforme en profondeur du système actuel. Tout d’abord, les
parlementaires demandent la création de 3 autorités européennes de surveillance (AES) dotées
de vrais pouvoirs et chargées de contrôler, respectivement, les pratiques des banques, des
marchés financiers et des compagnies d'assurances. Les AES seraient en mesure de prendre
des décisions à l'encontre d'établissements financiers (banque, assurance) ayant des pratiques
malsaines dès lors que l’autorité nationale de contrôle n’y serait pas parvenue. Elles auraient
également un pouvoir de règlement des différends entre les autorités des Etats-membres de
l’UE. Les députés encouragent la mise en place d'un fonds de stabilité des banques, des
assurances et des marchés financiers en renforçant le mécanisme européen des systèmes
nationaux de garantie des dépôts auquel contribueraient les AES. Enfin, pour une saine
gouvernance du système, les 3 autorités pourraient temporairement interdire ou restreindre
certains types d'activités financières.

Limiter les bonus des banquiers


Les député(e)s ont adopté massivement la limitation des bonus des banquiers et une plus
grande corrélation de leur rémunération aux résultats pluriannuels de leur entreprise.
Les indemnités de départ à la retraite des dirigeants des banques seront maintenant liées aux
résultats obtenus et non fixés de manière discrétionnaire. Lorsque les banques bénéficieront
d’aides des pouvoirs publics, elles seront soumises à des mesures spéciales et à des
restrictions sur le montant des bonus accordés afin de les obliger à donner la priorité au
renforcement de leur assise financière et aux prêts à l’économie réelle. Après l’accord du
Conseil qui devrait être obtenu d’ici quelques semaines, ces nouvelles règles s’appliqueront à
partir de 2011.

Antiterrorisme : un accord sur le transfert de données bancaires aux Etats-


Unis
Le Parlement a approuvé la nouvelle version de l'accord antiterroriste sur les transferts de
données bancaires vers les Etats-Unis. Les députés avaient rejeté l'accord précédent il y a
quatre mois, mais ont depuis négocié certains gardes fous et obtenu que l'Union travaille dès
le second semestre de cette année sur un système permettant d'éviter, à terme, tout transfert de
données non triées vers les Etats-Unis. Le texte devrait entrer en vigueur le 1er août pour une
durée de 5 ans et sera renouvelable année par année. Point clé pour l'accord donné par le
Parlement européen, l'élimination, à terme, des transferts de données "en vrac": les députés
ont obtenu que des travaux débutent dans les douze mois sur la mise en place d'un équivalent
européen au "Terrorism Finance Tracking Programme" (TFTP) nord-américain, qui mettrait
fin aux transferts de données bancaires non individualisées. L'Europe aurait en effet une
structure permettant d'analyser les données sur son sol et ne transmettrait alors que les
informations relatives à une piste terroriste précise.

Europol aura la capacité de bloquer les transferts de données vers les Etats-Unis: l'Agence
basée à La Haye devra vérifier que chaque requête formulée par le Trésor américain est
justifiée au regard de la lutte antiterroriste et que le volume de données demandé est aussi
étroit que possible. En outre, la nouvelle version de l'accord prévoit que l'utilisation des
données par les Américains, qui doit être exclusivement à caractère antiterroriste, soit
supervisée par un groupe de contrôleurs indépendants, incluant un représentant de
l'UE désigné par la Commission européenne et le Parlement européen. Cette personne aura la
possibilité avant toute utilisation de données d’examiner les motifs et pièces justifiant la
requête et de bloquer les recherches qu'elle estimera illégitimes. Le texte indique que les
données extraites ne pourront être conservées que pendant la durée des procédures et
investigations spécifiques pour lesquelles elles sont utilisées. Chaque année, le Trésor
américain devra faire le bilan des données non extraites, c'est à dire non individualisées, qui
ne seront plus utiles à des fins antiterroristes, et les effacer.

De nouvelles restrictions pour les émissions industrielles


La directive sur les émissions industrielles vise à améliorer la santé et la protection de
l'environnement. Sur tout le territoire de l’UE, elle concerne 52 000 installations
industrielles et agricoles très polluantes allant des raffineries aux fermes porcines. A partir de
2016, les nouvelles normes d’émission (d’oxyde d’azote, de dioxyde de soufre et de particules
de poussières) s’appliqueront à toutes les structures industrielles. Les centrales
électriques bénéficieront d’une période transitoire d’adaptation : elles auront jusqu’en 2020
pour se conformer au nouveau règlement ou jusqu’en 2023 pour mettre fin à l’exploitation des
installations les plus anciennes. Toutes les centrales construites à partir de 2012 devront
respecter les nouvelles normes.

Bannir totalement le bois illégal du marché européen

Les Député(e)s ont largement approuvé une législation sur le bannissement du bois illégal sur
marché européen. En cas de fraude, les Etats membres auront la responsabilité d’appliquer des
sanctions (amendes, condamnations pénales). Pour assurer la traçabilité, chaque opérateur tout
au long de la chaîne d’approvisionnement devra déclarer à qui il a acheté le bois et à qui il l’a
vendu. La déforestation illégale a des effets dévastateurs : elle contribue à 20% des émissions
de gaz à effet de serre, détruit la biodiversité, dégrade les sols, détériore les conditions de vie
des peuples dépendants de la forêt…

Le Parlement demande l’interdiction des aliments issus d'animaux clonés


Face au vide juridique existant et aux incertitudes sanitaires concernant les aliments (lait,
viande) issus d’animaux clonés, les députés ont réclamé par vote une nouvelle législation qui
interdise expressément les aliments provenant de ce type d’animaux et de leur progéniture,
ainsi qu’un moratoire sur leur vente. Ils ont également voté pour la prorogation de
l’interdiction des denrées alimentaires modifiées par des nanotechnologies, tant que les
risques sur la santé humaine ne seront pas écartés.
Des droits renforcés pour les passagers des bateaux
La nouvelle réglementation permettra aux voyageurs en cas d’annulation ou de retard
supérieur à 90 minutes de bénéficier d’un réacheminement (afin d’atteindre au plus tôt leur
destination) ou de se faire rembourser le billet (en cas de renonciation au voyage et de retour
au port d’embarcation). Toutefois, ces nouvelles dispositions ne s’appliqueront pas en cas de
retard dû à des conditions météorologiques exceptionnelles. Les passagers auront droit à une
indemnisation équivalant à 25% du prix du billet dans les cas suivants :

- voyage dont la durée prévue est d'au maximum 4 heures, avec retard à l'arrivée d'au moins
une heure ;
- voyage dont la durée prévue est comprise entre 4 et 8 heures, avec retard à l'arrivée d'au
moins deux heures ;
- voyage dont la durée prévue est comprise entre 8 et 24 heures, avec retard à l'arrivée d'au
moins trois heures ;
- voyage dont la durée prévue dépasse 24 heures, avec retard à l'arrivée d'au moins six heures.

Si le retard enregistré est plus de deux fois supérieur à ces durées, les passagers auront droit à
une compensation équivalant à 50 % du prix du billet.

De plus, lorsqu'à la suite d'un retard, les passagers sont contraints d'attendre une nuit avant
d'achever leur voyage, l'opérateur devra leur rembourser les frais d'hôtel.
Les personnes handicapées devront bénéficier d’une assistance gratuite pour l’embarquement
et aucun refus d’accès au bateau ne pourra leur être opposé dès lors qu’elles auront averti la
compagnie de leur handicap au moment de la réservation.
Cette législation se rapproche ainsi de celle pour les voyages en avion, ce qui rendra plus
lisible les différentes clauses des contrats des voyagistes.

Bon repos d’été à tous !

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