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mise au point

Les antiarthrosiques
symptomatiques
d’action lente (AASAL)
Slow acting drugs
X. Chevalier*, P. Richette**

L
a prise en charge de l’arthrose additionne des ments cités ci-dessus sont disponibles en France. La
moyens non médicamenteux à une prise en glucosamine a obtenu récemment une autorisation
charge pharmacologique. En l’absence de trai- européenne.
tement ayant véritablement montré une capacité
à ralentir la maladie arthrosique, les traitements
médicamenteux sont principalement ciblés sur la Études in vitro et in vivo
diminution de la douleur et l’amélioration de la chez l’animal
fonction. Les traitements médicamenteux sympto-
matiques de première intention dans la gonarthrose Des arguments solides fondés sur de nombreuses
et la coxarthrose sont le paracétamol et les AINS (1) études in vitro montrent un effet bénéfique de
tels qu’ils figurent dans les recommandations inter- cette classe thérapeutique. Schématiquement, les
nationales les plus récentes. D’autres médicaments AASAL ont montré in vitro leur capacité à la fois
oraux peuvent être utilisés dans la pathologie arthro- à augmenter l’expression de gènes codant pour
sique : ce sont les antiarthrosiques symptomatiques certaines protéines matricielles du cartilage et à
à action lente (AASAL), pour lesquels une modeste diminuer la dégradation de la matrice extracellulaire
efficacité symptomatique rémanente après un délai par des mécanismes divers.
d’action de plusieurs semaines a le plus souvent L’effet anabolique porte principalement sur la
été démontrée. En plus d’un effet symptomatique synthèse des protéoglycanes (PG) et a été en parti-
permettant une diminution de la douleur et une culier bien démontré avec les chondroïtines et la
amélioration de la fonction articulaire, cette classe glucosamine qui entre dans la composition des glyco-
thérapeutique revendique un effet structuromo- saminoglycanes du cartilage (figure 1) [2]. L’effet
dulateur. anabolique peut être le fait d’une augmentation de
la production de certains facteurs de croissance. Les
extraits de soja ainsi que la diacéréine augmentent
Les différentes molécules l’expression du TGFβ, qui est un puissant facteur
anabolique pour le chondrocyte (3).
Sont classés dans la catégorie des AASAL des médica- Les AASAL ont également démontré une activité anti-
ments de natures très différentes : les insaponifiables catabolique portant sur l’expression des cytokines
de soja et d’avocat (ISA) [Piasclédine®], la diacéréine pro-inflammatoires et des enzymes. Ainsi, la diacé-
(Art 50®, Zondar®), la chondroïtine sulfate (CS) réine diminue la sécrétion d’IL-1β et la production de
[Chondrosulf®, Structum®] et la glucosamine sulfate monoxyde d’azote induite par cette cytokine (4). Le
(GS) [Dona®]. Certains, comme la glucosamine et mécanisme d’action de la diacéréine passerait par
* Service de rhumatologie, hôpital quelques chondroïtines, ont le statut de nutriments une inhibition des facteurs de transcription induite
Henri-Mondor, Créteil. et sont en vente libre aux États-Unis. Nous mettrons par l’IL-1β (5). La glucosamine et les chondroïtines
** Fédération de rhumatologie, ­hôpital à part les acides hyaluroniques et la doxycycline, qui ont également démontré leur capacité à contrecarrer
Lariboisière, Paris.
ne font pas partie de cette revue. Tous les médica- les effets procataboliques de l’IL-1β (6).

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Points forts
»» Les antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) sont des traitements qui ont montré une efficacité
symptomatique supérieure au placebo dans des études contrôlées et randomisées concernant la gonarthrose ou la Mots-clés
coxarthrose.
Arthrose
»» Ils semblent capables de diminuer la douleur, d’améliorer la fonction articulaire et peut-être de diminuer la consom-
mation d’AINS. Antiarthrosiques
»» Cet effet antalgique est généralement différé après un délai de 1 à 2 mois et semble rémanent pendant les 4 à Chondroprotection
6 semaines qui suivent l’arrêt du traitement.
diacéréine
»» En dehors de la diacéréine , fréquemment responsable de diarrhées, ces molécules sont remarquablement bien tolé-
rées. Le rapport bénéfice/risque favorable de ces molécules a permis de les retenir dans différentes recommandations Chondroïtine sulfate
internationales portant sur la prise en charge de la gonarthrose et de la coxarthrose.
Glucosamine
»» En plus d’un effet symptomatique, plusieurs études suggèrent un effet modeste de protection vis-à-vis de la chon-
drolyse, dont la pertinence clinique reste à démontrer. Insaponifiable de soja

Certains mécanismes d’action nouveaux se font In vivo, dans différents modèles d’arthrose expé- Keywords
jour. Ainsi, la glucosamine peut interférer avec les rimentale chez l’animal, la CS, la diacéréine et Osteoarthritis
mécanismes de peroxydation des protéines et des les ISA et, à un degré moindre, la glucosamine en
Slow acting drugs
lipides, ce qui pourrait diminuer la dégradation de intra-articulaire ont montré leur capacité à dimi-
molécules comme le collagène de type 2 (7). Les CS nuer la perte en protéoglycanes et l’extension des Diacerhein
augmentent ainsi la synthèse d’ATP et protègent les lésions histologiques d’arthrose (12, 13). De façon Chondroïtin sulfate
mitochondries contre des phénomènes de dépolari- plus originale, ces médicaments pourraient cibler Glucosamin
sation membranaire à l’origine de l’apoptose de la d’autres tissus comme l’os sous-chondral. C’est Soja and avocado extracts
cellule induite par le TNFα (8). ce que suggère une étude récente avec la GS, qui
Classiquement, ces molécules n’inhibent pas les montre un ralentissement du remodelage de l’os
voies de synthèse des différentes prostaglandines, sous-chondral dans un modèle d’arthrose induite
ce qui les différencie sur ce point des AINS. Pour par section du ligament croisé chez le lapin (14).
autant, il a été récemment montré que la GS pouvait L’interprétation de ces données in vivo chez l’animal
interférer spécifiquement (sans effet sur la cyclo- doit rester également prudente, car les modèles
oxygénase de type 1) avec la glycosylation de la expérimentaux d’arthrose chez l’animal diffèrent
COX-2 et sa dégradation par le protéasome, avec les uns des autres et la progression relativement
pour conséquence une diminution de production de rapide des lésions d’arthrose s’éloigne de celle qui
PGE2 (9). L’association des deux molécules pour- est observée chez l’homme.
rait avoir un effet additif. Ainsi, sur des explants de Il n’est donc pas inutile de rappeler qu’aucun des
cartilage bovin stimulés par l’IL-1β, l’association effets observés in vitro ou in vivo chez l’animal avec
glucosamine/chondroïtine entraîne une diminu- ces différents médicaments ne permet d’affirmer
tion significative de l’expression des facteurs pro- un effet symptomatique ou structural in vivo chez
inflammatoires (COX-2, PGE2, NF-kB, NO) et des l’homme.
enzymes telles que les agrécanases et la MMP-3 (10).
L’interprétation de ces études in vitro doit être très
prudente : les résultats peuvent en effet varier consi- Pharmacocinétique
dérablement selon le type de cellules, leur mode de
culture et la concentration du médicament testé. Il est important de vérifier que les concentrations
Ainsi, à des doses micromolaires, la glucosamine a obtenues in vivo chez l’homme sont compatibles
un effet globalement positif, alors qu’à des concen- avec les effets observés in vitro. Ces mesures ne
trations millimolaires, elle peut entraîner la mort sont pas toujours aisées et, en général, l’absorption
des chondrocytes par apoptose (11). intestinale de ces produits est médiocre. Ainsi, la
très faible absorption intestinale des glucosamines
(< 10 % de la dose ingérée) explique les taux sériques
Synthèse des PG : + 28-150 % bas après une dose charge, la Cmax à 2 heures étant
Glycosylation de 0,12 ± 0,06 mg/­dl après ingestion de 1 500 mg
GS : 10 μmol de GS chez le volontaire, ce qui représente moins
SP1 Expression gène agrécane de 2 % de la dose ingérée (15). Chez des volontaires
GLNt Synthèse des GAG sains (n = 12), après la prise orale de GS à la dose de
Effet Diminution de MMP-3 1 500 mg per os pendant 3 jours, le pic plasmatique
antiradicalaire et des agrécanases du NF-κB est multiplié par 30 et atteint la concentration de
Prévient l’effet de l’IL-1 30 mM (15).
Une étude récente portant sur 5 patients ayant une
GAG : glycosaminoglycanes ; SP1 : facteur de transcription ; GLNt :
glycuronyl-transférase ; PG : protéoglycane.
gonarthrose a montré que, après 14 jours de GS
(1 500 mg/­jour), les taux de glucosamine passent
Figure 1. Effet in vitro de GS. de 39 ng/­ml avant traitement à 1 400 ng/­ml après
le traitement (7,9 μM ± 3,9) dans le plasma, et de

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Les antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)

151 ng/­ml à 1 291 ng/­ml (7,2 μM ± 3,2) dans le liquide est de – 0,03 (IC95 : – 0,13-0,07), ce qui correspond
synovial (× 10) [16]. Ces concentrations circulantes à un gain de 0,6 mm sur une échelle visuelle analo-
sont compatibles avec celles qui sont utilisées in gique (EVA) de la douleur. Pour autant, ces 3 essais
vitro. correspondent à des études de chondroprotection
Le problème est encore plus complexe pour les menées au long cours où il est beaucoup plus diffi-
CS, où les molécules sont dépolymérisées dans la cile d’extraire l’effet symptomatique propre d’un
circulation sanguine. De plus, le dosage sérique AASAL (19).
des CS circulants peut être modifié par la libéra- L’administration séquentielle du traitement avec
tion de protéoglycanes des plaquettes. Entre 5 et la CS est également efficace, comme l’a montré un
10 % des CS ingérées sont absorbées. Le taux de essai randomisé dans la gonarthrose sur 1 an en
base varie seulement de 5 à 10 μg après absorp- double insu (18).
tion d’une dose unique et ce taux ne semble pas
influencé par une prise au long cours de 1 200 mg
de CS (17). Glucosamine sulfate
La rhéine est dosable dans le liquide synovial à la
concentration de 1 à 10 μM du taux plasmatique Les données publiées concernant l’efficacité de la
(prise biquotidienne de 50 mg pendant 1 mois). GS sont aussi sujettes à controverse. En effet, si
Au final, l’absorption de ces produits est médiocre, les résultats de deux méta-analyses suggèrent un
expliquant des concentrations circulantes basses. effet symptomatique de la glucosamine supérieur
Des concentrations micromolaires ont pu être détec- au placebo (taille de l’effet thérapeutique : 0,44),
tées dans le liquide synovial. Il reste à prouver que deux études récentes contrôlées contre placebo
ces produits atteignent le cartilage, qui est un tissu et non soutenues par l’industrie pharmaceutique
sans vascularisation. sont négatives (18). À l’instar de la remarque qui
a déjà été faite pour les études positives avec la
CS, il est possible que des biais méthodologiques
Efficacité symptomatique (notamment sur les études les plus anciennes)
aient majoré l’efficacité symptomatique de la GS.
Chondroïtine sulfate Sur les deux revues Cochrane consacrées au sujet
par les mêmes auteurs, la seconde montre un effet
Les deux chondroïtines sulfates disponibles en global positif sur la douleur (28 % d’amélioration)
France sont commercialisées sous les noms de Chon- et sur la fonction (21 % d’amélioration) supérieur
drosulf® et Structum®. La première est d’origine au placebo (20). Pour autant, seules les études
bovine tandis que la seconde est d’origine aviaire. soutenues par un industriel démontrent un effet
Deux méta-analyses ont évalué l’efficacité des chon- très positif, alors que les études indépendantes sont
droïtines dans la gonarthrose d’après les données négatives (résultat exprimé en différence moyenne
de 9 études publiées. Ces travaux ont conclu à la standardisée : tableau) [20].
supériorité de leur efficacité sur la douleur et sur Dans la gonarthrose, nous disposons de deux
la fonction par comparaison avec un traitement études récentes dont les résultats n’étaient pas
placebo (18). Dans la première méta-analyse, la intégrés dans la dernière revue Cochrane (20).
taille de l’effet thérapeutique du CS a été évaluée à La plus importante est l’étude GAIT, diligentée
0,78 (par définition, l’effet est de zéro s’il est équi- par le NIH, qui compare glucosamine hydro-
valent au placebo, modéré pour une valeur de 0,5 chloride (1 500 mg/­j our), chondroïtine sulfate
et important pour une valeur de 0,8) [18]. Il est (1 200 mg/­jour), l’association des deux, célécoxib
important de noter que plusieurs biais méthodologi- (200 mg/­j our) et placebo, sur des effectifs très
ques ont pu surestimer l’­efficacité de cette molécule importants et avec pour évaluation principale
dans ces premières études. Une méta-analyse plus à 6 mois le nombre de répondeurs WOMAC à
récente a réévalué l’effet symptomatique des CS 20 % (21). En intention de traiter (ITT), sur l’en-
mesuré à l’aune d’études bien conduites métho- semble de la population, seul le célécoxib paraît
dologiquement (19). Cette méta-analyse conduite supérieur au placebo (p = 0,008). Ni la glucosa-
à partir de 20 études jugées recevables conclut à mine, ni la chondroïtine, ni l’association des deux
un effet mitigé de ces molécules. L’effet taille (ET) ne se révèlent supérieures au placebo (figure 2). En
global des CS est de 0,43. Si on restreint l’analyse revanche, dans le sous-groupe des patients les plus
à 3 grands essais menés sur des effectifs larges, l’ET douloureux (22 % de l’effectif global), le célécoxib

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n’est pas supérieur au placebo, contrairement à Tableau. Chondroprotection et AASAL.


l’­association CS + GS (79 % de répondeurs contre Produit Résultats Commentaires
54 % dans le groupe placebo ; p = 0,002) [21].
La conclusion principale de cette étude est de Diacéréine 500 coxarthroses, 3 ans 47 % de perdus de vue
Dougados M (25) ITT : pas de différence ; pNS
montrer que, dans la gonarthrose modérée, ni la PP : 0,18 versus 0,23 mm (p < 0,04)
glucosamine, ni la chondroïtine, ni l’association des Groupe avec progression rapide > 0,5 mm :
deux ne paraissent efficaces. L’effet placebo dans 47 % verum versus 62 % placebo (p < 0,05)
cette étude est remarquablement élevé (près de 60 % Glucosamine sulfate 200 gonarthroses, 3 ans 33 % de perdus de vue
de répondeurs) et pourrait en partie s’expliquer par Reginster JY (29) ITT : – 0,19 placebo versus + 0,02 mm verum Pas de Schuss
le recrutement de patients ayant des gonarthroses (p < 0,005)
peu évoluées et assez peu douloureuses. Glucosamine sulfate 200 gonarthroses, 3 ans 35 % (GS) et 46 % (P)
À l’inverse, l’étude européenne menée par Herrero- Pavelka K (30) ITT : – 0,19 versus + 0,02 mm (p < 0,005) de perdus de vue
Beaumont (22) aboutit au résultat inverse. Cette Groupe avec progression rapide > 0,5 mm :
étude a comparé la GS (1 500 mg), le paracétamol 22 % placebo versus 5 % verum (p < 0,005)
(3 g) et un placebo. À 6 mois, l’évolution du score de Dérivés avocat-soja 163 coxarthroses, 2 ans Effet positif uniquement
Lequesne (critère principal) montre une réponse à la Maheu E (28) Sous-groupe de patients interligne < 2,5 mm dans le sous-groupe
fois du paracétamol (– 2,7) et de la GS (– 3,1) signi- 0,43 mm verum versus 0,86 mm de 30 patients
placebo (p < 0,05)
ficativement supérieure à celle du placebo (– 1,9).
De plus, dans cette étude, la consommation d’ibu- Chondroïtine 800 300 gonarthroses, 2 ans 75 patients interligne
profène (médicament de recours autorisé) s’avère Étude Zurich (31) Interligne au point le plus pincé au départ < 1 mm
0,045 versus – 0,07 mm (p = 0,05)
moins importante dans le groupe GS (22). Pincement moyen
Les études avec la CS ou la GS ayant utilisé un AINS 0,00 mm verum versus – 0,14 mm placebo
comme comparateur sont trop peu nombreuses pour (p = 0,04)
conclure à une efficacité supérieure ou égale. Chondroïtine 800 300 gonarthroses, 2 ans 30 % de sorties d’étude
Il est intéressant de constater que l’efficacité de ces Étude STOPP (32) Pincement moyen :
différentes molécules a été rarement évaluée pour 0,10 mm versus – 0,24 mm (p = 0,002)
d’autres localisations arthrosiques. Un essai rando- Groupe avec progression rapide (> 0,25 mm)
21 % verum versus 31 % placebo
misé contre placebo a porté sur la GS (1 500 mg)
dans la coxarthrose (222 patients) sur une période
de 2 ans ; la GS ne fait pas mieux que le placebo sur
les différentes composantes du WOMAC douleur et Placebo
fonction, quels que soient les temps d’­observation : 3, 80 Glucosamine
Chondroïtine sulfate *
12 et 24 mois (23). L’analyse en sous-groupe montre Glucosamine + chondroïtine sulfate
cependant une tendance dans les groupes avec une 70 Célécoxib
gonarthrose associée et chez les patients les plus
douloureux, différence cependant non significative 60
Pourcentage WOMAC 20 %

sur le plan statistique (23).


L’étude de Rovetta et al. (cité dans 18) a comparé 50
sur 2 ans l’efficacité symptomatique du chondroïtine
40
sulfate + naproxène versus naproxène seul dans l’arth-
rose érosive des doigts. Le résultat est favorable à la CS,
30
mais le faible nombre de patients et une méthodologie
imparfaite limitent les conclusions de ce travail. 20
La particularité de ces résultats est que l’efficacité
symptomatique de ces deux molécules apparaît 10
entre 1,5 mois et 3 mois après le début du traite-
ment et persiste au moins 3 mois après l’arrêt du 0
traitement. S4 S24
* p < 0,08
◆◆ Diacéréine GH : glucosamine hypochloride ; CS : chondroïtine sulfate.
L’efficacité de ce dérivé d’anthraquinone dans la
gonarthrose a été comparée à l’effet d’un placebo Figure 2. Étude GAIT (D’après Clegg ACR 2005 : abstract 622).
dans trois études randomisées bien conduites.

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MISE AU PoINt
Les antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)

La première étude (sur 16 semaines) comparant était d’évaluer par chondrométrie les effets structu-
3 doses (50, 100 et 150 mg) est positive seulement romodulateurs des ISA versus placebo dans la coxar-
pour la dose de 100 mg sur la douleur, tandis que throse. Les données sur l’efficacité symptomatique
la seconde ne met pas en évidence de supériorité à 1 an de traitement n’ont pas mis en évidence de
d’effet de la diacéréine (100 mg/j) sur la douleur et différence significative entre le groupe patients et
sur la fonction, par comparaison à un placebo après le groupe placebo pour l’index algofonctionnel, la
1 an de traitement (18). La plus récente est une étude douleur ou la consommation d’AINS (18).
randomisée contre placebo dans la gonarthrose, qui
montre un effet positif à 3 mois, avec un effet réma-
nent de la diacéréine , qui continue à être bénéfique Résumé
2 mois après l’arrêt du traitement (24).
De façon identique, deux études d’efficacité ont été Dans des études contrôlées avec randomisation,
menées dans la coxarthrose. La première montre une toutes ces molécules ont montré une efficacité
efficacité supérieure de la diacéréine à 8 semaines symptomatique dans la gonarthrose ou la coxar-
par comparaison avec placebo (18). En revanche, la throse à des degrés divers, le plus souvent modérée,
seconde étude ne met en évidence aucune différence mais supérieure à un traitement placebo. Cet effet
significative d’efficacité sur les symptômes (douleur antalgique ne survient généralement qu’après un
et fonction) entre la diacéréine et un placebo après délai de latence de 4 à 8 semaines et est rémanent
3 ans de traitement (25). pendant les 4 à 6 semaines qui suivent l’arrêt du trai-
Au final, les données récentes d’une revue Cochrane tement. Pour autant, dans les études au long cours,
réunissant 7 études concluent à l’efficacité de la il est difficile de dégager un effet symptomatique qui
diacéréine , avec une différence pondérée à la leur soit propre. Les AASAL permettent une épargne
moyenne de – 5 mm (IC95 : – 9,7-0,57) sur une EVA de la consommation en AINS et en antalgiques.
douleur et un gain de 0,29 (IC95 : 0,87-0,28) sur le Leur tolérance est dans l’ensemble remarquable,
score de Lequesne (54). Au sein de la classe des en dehors de diarrhées pour la diacéréine (25 à 50 %
AASAL, la diacéréine est le seul médicament qui des patients). Il faut donc retenir que ces produits ont
pose un réél problème de tolérance, en raison de certainement une efficacité réelle, quoique variable,
diarrhées qui obligent parfois à arrêter le traitement : et qu’il convient de ne pas les arrêter avant 1,5 mois
42 % des patients ont présenté une diarrhée contre à 2 mois de traitement, ce qui correspond au délai
13 % dans le groupe placebo (26). nécessaire à leur action.

Abonnez- ◆ Insaponifiables de soja et d’avocat


Il est aussi important de noter que les résultats
obtenus avec une molécule sur une localisation

vous Ils sont composés d’extraits d’insaponifiables de soja


et d’avocat (ISA) dans les proportions respectives
arthrosique (genou ou hanche, par exemple) ne
permettent pas de préjuger d’une efficacité sur une

en ligne ! de deux tiers et un tiers. On retiendra trois études


contrôlées contre placebo permettant d’évaluer leur
autre articulation, en particulier pour l’arthrose digi-
tale ou rachidienne.
efficacité dans la coxarthrose ou la gonarthrose. Dans
la première, l’effet symptomatique et d’épargne en
Bulletin AINS des insaponifiables chez des patients ayant une AASAL
d’abonnement arthrose du genou ou de la hanche a été étudié. En fin et structuromodulation
disponible d’étude, les ISA ont permis une réduction significa-
tive de la prise d’AINS et de l’index algo-fonctionnel La structuromodulation est définie comme la capa-
page 55 de Lequesne (18). La deuxième étude a comparé cité d’un traitement à retarder, à stabiliser, à prévenir,
l’effet de la prise d’ISA pendant 6 mois à l’effet voire à réparer des lésions arthrosiques chez l’homme.
du placebo dans la gonarthrose et la coxarthrose. La grande majorité des essais cliniques de structuro-
www.edimark.fr Les ISA ont été plus efficaces que le placebo dès le modulation a été menée avec les AASAL [18].
deuxième mois pour l’amélioration fonctionnelle La mesure de la vitesse du pincement de l’interligne
et la réduction de la douleur. Il est intéressant de articulaire sur des radiographies standard successives
noter que le bénéfice clinique des ISA s’est maintenu en charge est actuellement la méthode de référence
2 mois après l’arrêt du traitement (18). pour le suivi structural de la gonarthrose et de la
Ces résultats encourageants n’ont en revanche pas coxarthrose. C’est ce que confirme une étude rétros-
été reproduits dans la dernière et la plus importante pective récente ayant étudié a posteriori la reproduc-
étude randomisée en double insu. Le but de ce travail tibilité de la lecture des clichés en utilisant différents

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MISE AU PoINt

scores radiologiques sur plus de 1 700 clichés tirés caractère méthodologiquement contestable de
d’essais et de suivis de cohortes (27). Les auteurs cette analyse a posteriori limite l’interprétation
montrent que la reproductibilité de la lecture la plus de ces résultats. Ce travail pilote devra donc être
performante est la mesure au compas du pincement complété par une étude portant sur des coxarth-
de l’interligne, plutôt que les critères de Kellgren roses de diverses sévérités structurales définies avant
et Lawrence ou les critères OARSI. La sensibilité au l’inclusion.
changement la plus performante est celle qui utilise
le cliché en schuss. ◆ La diacéréine
La lente évolutivité de l’arthrose (pincement annuel L’étude ECHODIAH (25) a comparé la diacéréine
de 0,2 à 0,4 mm pour la coxarthrose et de 0,06 à au placebo chez 507 patients souffrant de coxar-
0,14 mm pour la gonarthrose) et la nécessité de throse dans un essai randomisé en double aveugle,
reproductibilité et de sensibilité au changement de la sur une durée de 3 ans. L’évaluation a porté sur
mesure de l’interligne posent un double problème : la mesure digitalisée de l’interligne articulaire.
celui de la technique de réalisation du cliché radio- L’analyse en ITT sur la population globale n’a pas
graphique d’une part, et celui de la mesure de montré de différence significative d’évolution du
l’interligne articulaire d’autre part, qui peut se faire pincement annuel de l’interligne dans le groupe
manuellement ou après digitalisation des films. Cette traité par comparaison avec le groupe placebo (25).
mesure de l’interligne est entachée de beaucoup de En revanche, l’analyse des compléteurs a mis en
limites qui ne font pas l’objet de cette revue. Pour évidence une différence significative intergroupe
la gonarthrose, cette mesure varie en effet selon en faveur de la diacéréine (– 0,23 ± 0,23 mm dans
l’incidence retenue, le degré d’extension du genou le groupe placebo, – 0,18 ± 0,25 mm dans le groupe
qui peut varier avec la douleur, l’importance d’une Art 50® ; p = 0,042). De plus, le pourcentage de
éventuelle exclusion du ménisque, l’utilisation de patients ayant présenté durant l’étude une diminu-
la fluoroscopie, etc. Ainsi, un mauvais alignement tion certaine de la hauteur de l’interligne (plus de
des plateaux vertébraux sur le cliché de face des 0,5 mm, c’est-à-dire supérieure à l’erreur de mesure
genoux est une cause classique d’erreur de la mesure comptée pour deux écarts types de la reproductibi-
de l’interligne articulaire. Il apparaît actuellement lité intra-observateur) est plus faible dans le groupe
qu’aucune technique de mesure n’est complètement diacéréine par comparaison avec le groupe placebo
satisfaisante pour les études de structuromodulation (50,7 % versus 60,4 % ; p = 0,036). Ces résultats
dans la gonarthrose. doivent être interprétés en tenant compte du grand
nombre de sorties d’étude (n = 238, soit 47 %), en
partie dû aux effets digestifs indésirables de la Abonnez-
Résultat des études chez l’homme
◆ Les ISA
diacéréine .
En revanche, une étude comparant à 1 an l’effet vous
Une étude prospective contrôlée en double aveugle
a mesuré la diminution de hauteur de l’interligne
structural respectif de la diacéréine, un acide hyalu-
ronique et un placebo dans la gonarthrose s’est en ligne !
articulaire par chondrométrie manuelle après révélée négative (18).
2 ans d’évolution sur 163 coxarthroses sympto-
matiques (28). Pour 108 des patients initialement ◆ La glucosamine sulfate Bulletin
inclus (55 patients sous Piasclédine® et 53 sous La GS a fait l’objet de deux études de structuromo- d’abonnement
placebo), on dispose d’une radiographie réalisée dulation dans la gonarthrose. La première étude disponible
après 2 ans de traitement. L’étude sur l’effectif global randomisée et contrôlée contre placebo a inclus
n’a pas mis en évidence de diminution significative 106 patients dans chaque groupe (29). La gluco-
page 55
du pincement de l’interligne dans le groupe traité. samine a été administrée à la dose de 1,5 g/jour.
En revanche, une différence significative apparaît L’évaluation du pincement de l’interligne à 3 ans
lors de l’analyse du sous-groupe de patients ayant a été faite à la fois par analyse digitalisée (hauteur
www.edimark.fr
un interligne à l’inclusion inférieur à 2,45 mm : le moyenne de l’interligne) et manuellement (hauteur
pincement est deux fois plus faible chez les patients de l’interligne au point le plus pincé) sur des clichés
ayant pris les ISA (– 0,43 ± 0,51 mm) par compa- en extension des deux genoux. La perte de hauteur
raison avec le groupe placebo (– 0,86 ± 0,62 mm ; moyenne de l’interligne est de 0,31 mm (IC 95 :
p = 0,01). Ce résultat suggère que la Piasclédine® – 0,48 - – 0,13) à 3 ans dans le groupe placebo et
peut avoir un effet structuromodulateur sur les de 0,06 mm (IC95 : – 0,22-0,09) dans le groupe GS
seules coxarthroses sévères (28). Cependant, le (p = 0,043 en ITT) [61].

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Les antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)

La deuxième étude a été menée par Pavelka et de 0,25 mm sur la période des 2 ans. La différence
al. (30). Elle a inclus 202 patients randomisés est là encore significative, avec seulement 21 % de
en un groupe placebo et un groupe traité par GS progresseurs dans le groupe chondroïtine contre 31 %
(1,5 g/­j pendant 3 ans). La chondrométrie a été dans le groupe placebo (p < 0,005). En utilisant ce
réalisée manuellement au site le plus pincé sur un seuil de 0,25 mm, comme défini dans le protocole,
cliché conventionnel en extension complète. Après le nombre de patients à traiter pour obtenir l’événe-
3 ans d’évolution, le groupe traité a un interligne ment (NNT) est de 10, avec un intervalle de confiance
plus épais qu’à l’inclusion : + 0,04 mm (IC95 : – 0,06- entre 6 et 33. Cette étude a été analysée à nouveau
0,14), alors que le groupe placebo présente une dimi- à partir des données individuelles des patients et
nution de l’interligne articulaire de 0,19 mm (IC95 : montre les mêmes résultats favorables. Enfin, il est
– 0,29 - – 0,09 ; p = 0,001 en ITT). Le nombre de intéressant de souligner qu’au cours de la première
sorties d’étude dans chaque groupe est important, année de suivi, il existe un effet symptomatique des
proche de 40 % (30). CS comparativement avec celui du placebo.
Les résultats de ces deux études concluant à un effet
structuromodulateur de la GS sont cependant diffici- ◆◆ Glucosamine et chondroïtine : l’essai GAIT
lement interprétables compte tenu des limites précé- Les résultats de l’essai GAIT en ce qui concerne
demment discutées de la technique radiographique l’évolution structurale viennent d’être publiés
utilisée (cliché conventionnel en charge). (622 patients analysés) [33]. La progression moyenne
À l’inverse, Rozendaal (23), dans une étude récente dans le groupe placebo est de 0,16 mm en 2 ans,
randomisée contre placebo ne montre aucun effet chon- soit 0,08 mm sur une année. À 2 ans d’évolution,
droprotecteur de la GS à 2 ans dans la coxarthrose. il n’y a aucune différence en termes de pincement
moyen de l’interligne entre les groupes traités (CS,
◆◆ La chondroïtine sulfate GS, association des deux, célécoxib) et le groupe
Les premières études réalisées sur de petits effec- placebo. Pour autant et quoique non significative, la
tifs avec une méthodologie critiquable ne sont pas progression la plus lente est observée dans le groupe
recevables (18). glucosamine : 0,013 mm en 2 ans (33). Il y a une
On dispose maintenant de deux études robustes de tendance à une moindre progression et donc à un
structuromodulation dans la gonarthrose menées sur effet traitement pour la GS et les CS chez les patients
2 ans. La seule à avoir été publiée est l’étude Zurich ayant au départ un stade 2 dans la classification de
portant sur des patients souffrant de gonarthrose Kellgren et Lawrence.
symptomatique de stade 4, ayant comparé les CS
(800 mg/­jour) à un placebo (31). L’analyse en ITT
porte sur 300 des 341 patients sélectionnés. À 2 ans, Limites actuelles des études
la progression radiologique du pincement de l’inter­ de structuromodulation
ligne est de 0,14 mm ± 0,61 mm dans le groupe
placebo et de 0 mm ± 0,53 mm dans le groupe CS Aux difficultés métrologiques rencontrées dans les
(différence significative ; p = 0,04). Dans cette étude, études de structuromodulation s’ajoute le problème
il n’y a pas d’effet sur les symptômes de la CS. de l’interprétation clinique des observations faites.
La seconde étude (étude STOPP) est publiée seule- En effet, quel bénéfice clinique un patient peut-il tirer
ment sous forme de résumé (32). Elle a comparé les d’une épargne radiologique de quelques dixièmes de
CS (800 mg) à un placebo sur 300 patients répartis millimètre de hauteur d’interligne après 3 ans de
par groupes suivis pendant 2 ans (30 % de sorties prise médicamenteuse ? Cela va-t-il améliorer à long
d’étude). L’évolution du pincement de l’interligne terme sa fonction, retarder sensiblement ou éviter
est moindre dans le groupe traité par CS à 24 mois : la mise en place d’une prothèse ? Cette question a
0,10 mm ± 0,003 mm versus 0,24 mm ± 0,003 mm été soulevée à partir des études de chondroprotec-
dans le groupe placebo (analyse en ITT ; p = 0,0002). tion avec la diacéréine dans la coxarthrose et avec
L’analyse du pincement aux visites intermédiaires la glucosamine dans la gonarthrose. Dans l’étude
montre que la perte du cartilage est progressive dans ECHODIAH, 256 patients ont été revus 5 ans après la
le groupe placebo, alors qu’elle est stabilisée dès le fin de l’essai (qui a duré 3 ans). Dans le sous-groupe
12e mois avec une courbe en plateau pour le groupe des compléteurs, il n’y a pas de différence à 8 ans
chondroïtine sulfate. Les auteurs ont également entre le groupe traité et le groupe placebo : 40 %
analysé le pourcentage de patients dits “progres- des patients ont bénéficié d’une prothèse totale de
seurs”, définis a priori comme ceux qui perdaient plus hanche dans le groupe diacéréine contre 43 % dans

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le groupe placebo (33). À l’inverse, dans l’étude sur la plus, les différences constatées comparativement
glucosamine à 8 ans de suivi (130 patients revus dans à un placebo sont si faibles qu’elles sont soit non
chaque groupe), il y a deux fois plus de prothèses significatives, soit non pertinentes cliniquement.
du genou dans le groupe placebo (14 %) que dans
le groupe glucosamine (6 %) [34].
Par ailleurs, il n’a pas pu être montré de corrélation Quand et comment
entre l’effet structural et symptomatique, sauf dans prescrire un AASAL ?
l’étude STOPP (32). Cette dissociation structuro-
symptomatique, qui pourrait en partie s’expliquer Les modalités optimales de prescription des AASAL
par des différences de méthodologie selon le type sont mal définies. Compte tenu de leur délai d’action,
d’étude (structurale ou symptomatique), étonne il n’est pas concevable de les prescrire dans le but
néanmoins et laisse penser que les effets structu- d’obtenir une antalgie rapide. Il faut donc les destiner
raux observés sont trop modestes pour avoir un de préférence aux patients sous antalgiques ± AINS
retentissement clinique. De plus, il faut insister et nécessitant une thérapeutique symptomatique
sur les limites du suivi de la chondrolyse et de prolongée ou itérative.
la dégradation anatomique par la seule mesure En l’absence d’étude comparative des différentes
radiologique de l’interligne articulaire. C’est la molécules, il est préférable de guider le choix de
raison pour laquelle un critère clinique d’efficacité l’AASAL selon sa tolérance et les preuves fournies
de structuromodulation comme le recours à la de son efficacité pour une localisation arthrosique
prothèse apparaît comme beaucoup plus pertinent définie. Dans ce cas, la prescription initiale doit être
mais est déjà limité par les différences de prise en proposée sur une durée suffisamment longue – au
charge sociale selon les pays et par les différences moins 1 à 2 mois – pour apprécier son efficacité,
d’­indication d’un chirurgien à l’autre. Pour éviter cet laquelle sera jugée sur la diminution de la douleur,
écueil, l’utilisation d’un index composite de décision l’amélioration du handicap fonctionnel et éventuel-
de pose prothétique est une solution intéressante, lement la réduction de la prise d’antalgiques et/­ou
mais aucun de ceux disponibles n’est validé dans d’AINS, ce qui nécessite d’ailleurs un recueil minu-
cette indication. tieux de ces données à chaque consultation.
Enfin, d’autres outils de mesure semblent très La durée de la prescription d’un AASAL n’est pas
prometteurs. C’est le cas des marqueurs biologiques codifiée. Il faut attendre plusieurs mois avant de
de l’arthrose et en particulier ceux qui reflètent le déterminer si ce traitement est efficace ou non. Dans
turn-over (synthèse et dégradation) du collagène de le premier cas, certains préconisent d’espacer la
type II, qui pourraient être prédictifs de la détério- prise de manière à réaliser des cures séquentielles :
ration structurale dans la gonarthrose. C’est aussi aucune étude n’a cependant validé cette pratique.
le cas de l’IRM, dont l’intérêt est de visualiser et de Dans le cas où la prise prolongée d’un AASAL a été
permettre des mesures quantitatives du cartilage ; tenue en échec, il semble pragmatique d’opter pour
elle semble pouvoir détecter des défects cartilagi- une rotation des AASAL.
neux au genou avec une précision proche de celle de Enfin, il est important de noter qu’aucun travail ne
l’arthroscopie. Cependant, les difficultés de repro- vient justifier l’association des différents AASAL
ductibilité de ses mesures et les données actuelles entre eux.
divergentes concernant sa sensibilité au changement
limitent actuellement en partie son utilisation dans
les études de structuromodulation. Conclusion
Les AASAL font partie intégrante des recomman-
Résumé dations internationales, dont les plus récentes sont
celles de l’OARSI (3). Cette recommandation tient
Il n’existe à ce jour aucun AASAL ayant clairement pleinement compte du rapport bénéfice/risque de
prouvé un effet structuromodulateur dans l’arthrose. cette classe thérapeutique. Il est important de souli-
Les essais thérapeutiques ayant comme critère prin- gner que, si l’effet antalgique semble modeste, il
cipal d’évaluation le pincement articulaire sont rares doit être mesuré à l’aune d’un effet placebo, qui,
et de qualité méthodologique parfois critiquable. De dans l’arthrose, est souvent majeur.

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Les antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL)

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