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ABSTRACT – This paper is devoted to the geotechnical design of shallow foundations of stem
gravity walls with the method of partial factors of safety. First, the different approaches allowed
by Eurocode 7 for ultimate limit state (ULS) are compared. The results obtained by ULS
approach 2 are then compared for bearing resistance to those given by a serviceability state
(SLS) design where a safety factor equal to 2,5 has been applied. Finally, a comparison is
made with the results obtained with the traditional French practice.
1. Introduction
127
l’approche des Eurocodes et, en particulier, l’adoption des coefficients partiels recommandés
par l’Eurocode 7 (prEN 1997-1, 2002) qui traite de la justification des ouvrages géotechniques.
L’objet de cet article est de comparer, pour un type d’ouvrage particulier (les murs de
soutènements), les largeurs de fondations découlant des différentes approches de calcul aux
ELU permises par l’Eurocode 7 et, pour l’une d’entre elles - l’approche de calcul 2 - de
confronter les résultats qu’elle donne avec les géométries couramment retenues actuellement
en France.
2. Hypothèses d’études
Il importe de préciser dans un premier temps le cadre de l'étude effectuée et les règles et
hypothèses adoptées pour déterminer les largeurs optimales de fondation.
128
2.2. Capacité portante
2.3 Glissement
L'intensité et la direction des actions de poussée dues ou transmises par les sols ont été
calculées sur la base des hypothèses simplificatrices suivantes (voir fig. 1 pour les notations) :
• les poussées s'exercent sur un plan fictif vertical, passant par l'arête du talon ;
129
• l'inclinaison δp des actions de poussée par rapport à l'horizontale est égale à 2 ϕr/3 ;
• le coefficient de poussée Kq (surcharge) est égal au coefficient de poussée Ka (des terres);
• la valeur du coefficient Ka se calcule par la formule analytique de Poncelet (avec λ = 0°)
cos 2 (ϕr − λ )
Ka = 2
(6)
sin (ϕr + δp ). sin (ϕr − β )
cos (λ + δp ). 1 +
cos λ + δp . cos (β − λ )
Dans cette étude des actions permanentes (W m, W s, Ps) et variables (Pq) ont été considérées
et deux combinaisons fondamentales d’actions ont été retenues. Dans la première (notée C1),
on considère que le poids des matériaux présente un caractère défavorable vis-à-vis de la
stabilité étudiée. Dans la seconde (notée C2), on considère que le poids des matériaux
présente un caractère favorable vis-à-vis de la stabilité étudiée. Le tableau II précise les
coefficients partiels appliqués aux différentes actions pour chacune des deux combinaisons.
Tableau II Coefficients partiels pris en compte sur les actions pour les
états limites ultimes (ELU) et les états limites de service (ELS).
Actions Combinaison C1 Combinaison C2
W s : Poids du remblai sur le talon γGmax γGmin
W m : Poids du mur γGmax γGmin
Ps : Poussée des terres γGmax γGmax
Pq : Poussée de la surcharge γQmax γQmax
130
Tableau III Coefficients de sécurité associées aux états limites
ultimes , situations durables et transitoires (prEN 1997-1, 2002)
131
Enfin signalons qu’un coefficient de modèle γRd égal à 1 a été retenu pour les modèles de
calcul de capacité portante (voir ci-dessus 2.2).
4. Étude paramétrique
On présente dans cette partie, les résultats obtenus pour deux murs en T renversé. Le premier
(noté A) est un mur de hauteur H = 5 m, fondé à une profondeur D = 0,6 m, qui soutient un
remblai horizontal (β = 0 degrés) d’angle de frottement interne ϕr égal à 30 degrés, supportant
une surcharge uniforme de 10 kPa. Le second - noté F) est un mur de hauteur H = 10 m, fondé
à une profondeur D = 1,2 m, qui soutient un remblai sans surcharge (q = 0) de même
caractéristique que le premier mais taluté à β = 24 degrés. Dans les deux cas, la largeur
optimale de la fondation a été déterminée en considérant une largeur de patin b égale à 0,2 B
et des plots de longueur L égale à 6 mètres, et en faisant varier les caractéristiques de rupture
(selon le cas ϕ, ou ple*) du sol support.
4.1. Capacité portante ELU selon les trois approches de calcul de l’Eurocode 7
Les figures 2 et 3 montrent les largeurs optimales de fondation découlant des trois approches
de calcul admises par l’Eurocode 7 lorsqu’on applique les coefficients partiels de sécurité
proposés dans l’ Annexe A du document (tableaux III et IV).
Comme on peut le voir, les trois approches de calcul conduisent à des largeurs de semelles
différentes vis-à-vis des risques de rupture du sol support. On notera que, pour le mur A, de 5
m de hauteur, l’approche 1 (jeu 1.2) est la plus pessimiste. On s’aperçoit également que, pour
le mur F, de 10 m de hauteur, il n’est pas possible de justifier, avec les approches 1 et 3, des
fondations de largeur inférieure à la hauteur du mur. Des dispositions constructives (inclinaison
de la base de la semelle, par exemple) sont donc dans ce cas nécessaires.
2,5
B optimale (m)
2,5 Modèle ϕ 2
2 Sol frottant
1,5 Approche 1.1
1,5
Approche 1.1
1 Approche 1.2 1 Approche 1.2
0,5 Approche 2 Approche 2
0,5
0 Approche 3 Approche 3
20 25 30 35 40 45 0
0 1000 2000 3000
ϕ (°)
ple (kPa)
La figure 4 confronte les résultats issus de la justification à l’état limite ultime de glissement.
Elle montre que les trois approches de calcul permises par l’Eurocode 7 conduisent à des
largeurs de semelles très différentes, l’approche 2 étant celle qui donne les largeurs de
fondation les plus petites et l’approche 1 celle qui conduit aux largeurs de fondation les plus
grandes.
132
Capacité portante Capacité portante
8 Mur F - H = 10 m 8 Mur F - H = 10 m
7 7
6 6
B optimale (m)
B optimale (m)
5 5
Modèle ϕ
4 Modèle pressio
4
Sol frottant Sable B
3 Approche 1.1 3 Approche 1.1
2 Approche 1.2 2 Approche 1.2
Approche 2 Approche 2
1 1
Approche 3 Approche 3
0 0
20 25 30 35 40 45 50 0 2000 4000 6000
ϕ (°) ple (kPa)
glissement glissement
3,5 Mur A - H = 5 m Mur F - H = 10 m
8
Modèle ϕ
3 7
Sol frottant
2,5 6
B optimale (m)
B optimale (m)
2 5
4 Modèle ϕ
1,5
Approche 1.1 Sol frottant
3 Approche 1.1
1 Approche 1.2
2 Approche 1.2
0,5 Approche 2
1 Approche 2
Approche 3
0 Approche 3
0
20 25 30 35 40 45 20 25 30 35 40 45 50 55
ϕ (°) ϕ (°)
Sur la figure 5, on confronte, pour le mur A et pour le mur F, respectivement, les largeurs
optimales de fondation découlant, tant de l’état limite ultime de capacité portante, que de l’état
limite ultime de glissement, pour les modèles de calcul « ϕ ».
Comme on peut le voir, pour les deux murs étudiés, l’état limite ultime de capacité portante
du sol support est dimensionnant. On notera également que pour avoir des largeurs de
fondations égale à la moitié de la hauteur du mur, le sol d’assise du mur doit avoir un angle de
frottement interne ϕ minimal de 32 degrés dans le cas du mur A, et de 42 degrés, dans le cas
du mur F.
133
Portance et glissement Portance et glissement
3,5 Mur A - H = 5 m 8 Mur F - H = 10 m
3 7
6
2,5
B optimale (m)
B optimale (m)
5
2
4 Modèle ϕ
1,5 Modèle ϕ 3 Sol frottant
1 Sol frottant 2
Portance
Portance 1
0,5
Glisse me nt Glisse me nt
0 0
20 25 30 35 40 45 20 25 30 35 40 45 50
ϕ (°) ϕ (°)
Figure 5 – Mur A - Stabilité vis-à-vis des ELU - Approche 2 - Largeurs optimales de fondation
0,3 0,3
e/B
e/B
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
1 2 3 4 3 4 5 6 7 8
Β (m) Β (m)
134
Portance - ELU & ELS Portance - ELU & ELS
3,5 Mur A - H = 5 m 3,5 Mur A - H = 5 m
3 3
B optimale (m)
2,5
B optimale (m)
2,5
2 2
6 6
B optimale (m)
B optimale (m)
5 5
Modèle ϕ 4
4 Modèle pressio
Sol frottant 3 Sable B
3
ELU 2 ELU
2
ELS
1 ELS
1
0 0
20 25 30 35 40 45 50 0 2000 4000 6000
ϕ (°) ple (kPa)
La figure 9 donne, pour les deux murs étudiés, l’évolution de l’excentricité de la résultante des
actions, en fonction de la largeur de la fondation. Elle montre que, pour que la résultante
demeure dans le tiers central du plan inférieur de la fondation (e/B < 0,166), la largeur de celle-
ci ne peut être inférieure à 2,2 m pour le mur A, et inférieure à 5,5 m pour le mur F.
135
Excentricité des charges Excentricité des charges
0,5 Mur A - H = 5 m 0,5 Mur F - H = 10 m
0,3 0,3
e/B
e/B
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
1 2 3 4 5 3 4 5 6 7 8
Β (m) Β (m)
C’est pour cette raison qu’il avait été demandé à cinq bureaux d’études de dimensionner les
fondations de murs types selon leur méthode habituelle. Les résultats obtenus (Gigan, 1996 ;
Saramito, 1996) sont donnés dans le tableau VI.
Hypothèses de calcul
B (m)
MUR * †
β ϕr ϕ
††
H b q ple*
Min Max
(m) (°) (kPa) (°) (MPa) (°)
A 5 0,2 B 0 10 30 1 35 2,2 2,5
B 5 0,2 B 24 0 30 1 35 2,3 2,8
C 5 0,3 B 0 10 30 1 35 2,2 2,7
D 5 0,3 B 24 0 30 1 35 2,2 3,0
E 10 0,2 B 0 10 30 1,5 35 4,4 5
F 10 0,2 B 24 0 30 1,5 35 5,2 5,9
les cas A et F sont les cas étudiés plus haut en faisant varier ϕ’ et ple*
*
†
utilisé pour la justification vis-à-vis de l’état limite de capacité portante
††
utilisé pour la justification vis-à-vis de l’état limite de glissement
Ces résultats sont considérés, dans cet article, comme représentatifs des pratiques
traditionnelles françaises pour concevoir les fondations des murs en T.
Ont été regroupées dans le tableau VII, pour les murs A et F et les hypothèses géotechniques
de calculs figurant dans le tableau VI, les largeurs optimales découlant des différentes
approches de calcul permises par l’Eurocode 7 pour vérifier les ELU de capacité portante et les
largeurs découlant de la justification aux ELS de mobilisation du sol lorsqu’on adopte un
coefficient global de résistance γRv de 2,5.
Dans ce tableau figurent également les largeurs de semelles minimales et maximales
déterminées par les bureaux d’études français, ainsi que les largeurs tirées des abaques de
pré-dimensionnement du dossier pilote MUR 73 du SETRA.
Les valeurs consignées dans ce tableau montrent que, pour le mur A de 5 m de hauteur, les
largeurs de fondations obtenues sont toutes comprises entre H/2 et H/2,5, quelle que soit la
méthode de vérification retenue.
Elles montrent également que, pour le mur F de 10 mètres de hauteur, retenant un remblai
incliné (β = 0,8 ϕr), l’Eurocode 7 conduit à des dimensions nettement plus grandes que les
136
dimensions « traditionnelles » (ces écarts proviennent pour l’essentiel de la prise en compte
partielle, dans les errements traditionnels, de la réduction de la capacité portante liée à
l’excentricité et à l’inclinaison des charges sur la semelle).
Tableau VII – Etats limites de capacité portante (ELU) et de mobilisation du sol (ELS) -
Confrontation des largeurs de fondation obtenues à partir de différentes procédures
Eurocode 7 - ELU Bureaux d’études ††
MUR ELS MUR 73
Appr 1 † Appr 2 Appr 3 Min Max
A 2,5 m 2,2 m 2,1 m 1,9 m 2,2 m 2,5 m 2,2 m
F > 9,0 m 7,85 m > 9,0 m 6,75 m 5,2 m 5,9 m 7,9 m
†
le plus défavorable des jeux 1.1 et 1.2
††
en admettant une pression admissible du sol support égale à ple*/3
6. Conclusions
Bien que cette étude soit limitée à quelques cas particuliers, il en ressort plusieurs
enseignements pour le calcul selon la méthode des coefficients partiels de sécurité, des
fondations des murs de soutènement - et des fondations superficielles en général - établies sur
des sols purement frottants. Ces enseignements sont les suivants :
• la justification des états limites ultimes de capacité portante et de glissement selon
l’approche de calcul 2 de l’Eurocode 7 conduit à des largeurs de fondation raisonnables
lorsqu’on utilise les valeurs les coefficients partiels de sécurité recommandées dans l’annexe A
du document et les modèles de résistance (ϕ et pressiomètre) traditionnels ;
• l’état limite ultime de capacité portante est le plus souvent dimensionnant, lorsque
l’inclinaison ou l’excentricité de la résultante des charges est importante ;
• la justification de l’état limite de service de mobilisation du sol conduit à des largeurs de
fondations proches de celles découlant de l’approche de calcul 2 selon l’Eurocode 7, lorsqu’on
adopte 2,5 comme coefficient de sécurité « global » vis-à-vis de la portance ;
• la justification de l’état limite ultime de renversement à partir d’un critère d’excentricité
maximale e/B égal à 0,33 est en général moins pénalisante que la justification de l’état limite
de service de décompression du sol avec la règle du tiers central (e/B ≤ 1/6).
7. Références
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Norme NF P 94-074, (1994), Sols : Reconnaissance et essais - Essais à l'appareil triaxial de
révolution - Appareillage - Préparation des éprouvettes - Essais (UU) non consolidé non
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drainé - Essai (CU + u) consolidé non drainé avec mesure de pression interstitielle - Essai
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Ménard – Partie 1 : Essai sans cycle, AFNOR, 42 p.
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Territoire, de l’Équipement, du logement et du Tourisme, Direction des Routes et de la
Circulation Routière
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