Vous êtes sur la page 1sur 5

Conception des ouvrages géotechniques – Partie théorique (APGE) 2018/2019

Séance 8 (01/04/2019) – Conception des murs de soutènement

Exercice 1 – Evaluation des forces de poussée sur un mur de soutènement

Le but de cet exercice est d’évaluer la force de poussée s’exerçant à l’arrière d’un mur de soutènement
vertical de hauteur H retenant un terrain de comportement frottant ou cohérent.

1) Dans un premiers temps, le problème d’évaluation de la poussée est abordé à l’aide du modèle de
« Coin de Coulomb » qui consiste à imaginer que le mécanisme de poussée correspond au
glissement d’un volume triangulaire du sol à l’arrière du mur. On se place à l’état d’équilibre
limite du sol (mobilisation totale de la résistance au cisaillement du sol). Par application du
principe de l’action et de la réaction, la force de poussée exercée par le terrain à l’amorce du
glissement est l’opposé de celle appliquée par le mur sur le terrain. Le schéma ci-dessous pose
ainsi le bilan des forces s’exerçant sur le volume de sol concerné par le mécanisme de poussée.

L’angle α est un paramètre dont la valeur est recherchée de manière à minimiser la contribution
des forces résistantes (ce qui revient à recherche α telle que P soit maximale).

On désigne par γ le poids volumique du sol, φ son angle de frottement et c sa cohésion. On


considère le cas d’un terrain horizontal (β = 0) et un contact lisse (δ = 0).

1.1 Etablir l’expression de P en fonction de α.

1.2 Quelle est la valeur maximale de P dans le cas d’un sol purement frottant (c = 0) ? quel est
l’angle α correspondant ?

Séance 8 – Conception des murs de soutènements – Poussées Butées (F. Cuira) 1


Conception des ouvrages géotechniques – Partie théorique (APGE) 2018/2019

1.3 Quelle est la valeur maximale de P dans le cas d’un sol purement cohérent (φ = 0) ? quel
est l’angle α correspondant ?

1.4 Décrire comment le formalisme précédent peut être adapté pour évaluer la poussée passive
(butée) du sol ?

2) La mise en équation du modèle de Coulomb repose implicitement sur plusieurs hypothèses dont
celle d’un sol homogène permettant d’écrire le critère de Coulomb (τ = c + tan(φ) x σ’N) en tout
point de la surface de rupture. L’évaluation des forces de poussée peut être menée de façon
alternative par recours à la méthode cinématique du calcul à la rupture (Salençon, 1983). En
conservant l’hypothèse de « bloc rigide » implicitement introduite dans le modèle de Coulomb, on
peut admettre que le mécanisme de poussée correspond à un champ cinématique en translation
uniforme caractérisé par une vitesse fictive « v » formant un angle θ par rapport à l’horizontale
comme le montre la figure ci-dessous.

L’application de la méthode cinématique du calcul à la rupture permet de limiter l’exploration à


des mécanismes formant un angle φ par rapport au champ de vitesse « v » (soit un angle θ + φ par
rapport à l’horizontale. La force de Poussée P s’obtient ensuite en écrivant le bilan des puissances
(F.v) sur le volume de sol (projection selon v). On cherche θ telle que P soit maximale.

2.1 En écrivant le bilan des puissances des forces s’exerçant sur le volume de sol intéressé par
le mécanisme de poussée, démontrer que la force de poussée obéit à l’équation suivante :

cos(θ − δ). P(θ) = W. sinθ − c L cosφ

2.2 On considère le cas particulier d’un terrain horizontal (β = 0) bi-couche constitué d’une
couche de sables (φ = 30° et c = 0) surmontant une couche d’argiles (φ = 0 et c = 50 kPa).
Les deux couches ont la même épaisseur (h = H/2 = 5m) et le même poids volumique (γ =
20 kN/m3). Evaluer la force de poussée dans le cas d’un contact lisse (δ = 0). Comparer
avec le formalisme usuel basé sur les « coefficients » de poussée.

2.3 Décrire comment le formalisme précédent peut être adapté pour évaluer la butée du sol ?

Séance 8 – Conception des murs de soutènements – Poussées Butées (F. Cuira) 2


Conception des ouvrages géotechniques – Partie théorique (APGE) 2018/2019

Exercice 2 – Equilibre limite d’un mur poids

On cherche à concevoir un mur destiné à retenir un remblai sableux sur h = 6 m de hauteur. Le mur est
supposé de forme trapézoïdale comme le montre le schéma ci-dessous. Sa largeur en tête est fixée à
a = 0,5 m. On cherche à dimensionner la largeur de la base B permettant de justifier avec une sécurité
suffisante la stabilité du mur vis-à-vis des différents mécanismes de stabilité externe (locale).

On donne les caractéristiques du remblai et du sol d’assise :


- Remblai (tout venant) γ = 18 kN/m3 φ’ = 30° c’ = 0 kPa
- Sol d’assise (sable dense) γ = 20 kN/m3 φ’ = 35° c’ = 0 kPa

Le toit de la nappe est supposé coïncider avec la base du mur. La poussée est supposée horizontale
(contact lisse). La rugosité au contact mur/sol d’assise est prise égale à δi = 30°.

δa = 0
Remblai h=7m
γ = 18 kN/m3 γb = 24
φ = 30° kN/m3

δi = 30°

1) Evaluer la force de poussée s’exerçant à l’arrière du mur. Quelle est la largeur B de la base du
mur permettant de garantir la stabilité au glissement avec une sécurité de 1,50 ?

2) Vérifier le taux de décompression du sol à la base du mur. Conclure.

3) Vérifier la capacité portante du sol d’assise tenant compte des effets d’inclinaison et
d’excentrement. On se référera à l’annexe A. Commenter.

4) La stabilité au glissement est-elle assurée dans le cas d’une remontée exceptionnelle de la


nappe au niveau du toit du remblai ? Quelle est largeur B permettant d’assurer l’équilibre
limite au glissement vis-à-vis d’une telle situation ?

Séance 8 – Conception des murs de soutènements – Poussées Butées (F. Cuira) 3


Conception des ouvrages géotechniques – Partie théorique (APGE) 2018/2019

Exercice 3 – Vérification de la stabilité d’un mur de soutènement en « T »

L’objectif de l’exercice est de vérifier le dimensionnement du mur en « T » présenté sur la figure ci-
après.

1) Une partie des propriétés du sol support a été perdue. Les données disponibles concernent son poids
volumique sec d qui est égal à 13,5 kN/m3. En supposant que le poids volumique des grains s de ce
sol vaut 27 kN/m3 et en considérant que la nappe est affleurante, il s’agit de déterminer :
- l’indice des vides du sol e,
- le poids volumique  du sol,
- la teneur en eau w du sol.

2) Il est prévu de compacter le sol mis en remblai à une teneur en eau de 12 % pour un poids
volumique sec d de 18.5 kN/m3. Déterminer, à partir de ces données, et en supposant que le poids
volumique des grains s de ce sol vaut 27 kN/m3 :
- l’indice des vides du remblai e,
- le poids volumique  du remblai,
- le degré de saturation Sr du remblai.

3) L’objectif de cette question est de vérifier le dimensionnement du mur schématisé sur la figure ci-
dessous.
Pour les questions a, b, c et d, les résultats peuvent être présentés dans le tableau suivant. Les calculs
sont à réaliser par ailleurs.

q=10 kPa
lv=0.15 m

Fs
hv
Fq h=3 m

Fa
lp=0.5 m lt=1 m

ls=0.3 m

Fp Fv Ft
ep
ev

et=es
em

Propriétés du sol support : Propriétés du remblai :


c=15 kPa, =21°, pl=1 MPa c=0 kPa, =30°

Séance 8 – Conception des murs de soutènements – Poussées Butées (F. Cuira) 4


Conception des ouvrages géotechniques – Partie théorique (APGE) 2018/2019

Fp Ft Fv Fs Fa Fq
Forces
ep et ev es ea eq
Excentrements
Mp Mt Mv Ms Ma Mq
Moments

a/ Calculer les forces Fp, Fv, Ft et Fs (respectivement les poids du patin, du voile, du talon et du bloc de
sol situé au-dessus du talon).
b/ Calculer les excentrements ep, ev, et et es (respectivement les excentrements par rapport au centre de
la semelle em du patin, du voile, du talon et du bloc de sol situé au-dessus du talon).
c/ Calculer les moments Mp, Mv, Mt et Ms (respectivement les moments du patin, du voile, du talon et
du bloc de sol situé au-dessus du talon).
d/ Calculer les efforts de poussée Fa et Fq dus au terrain et la surcharge q (le coefficient de poussée est
estimé par la méthode de Rankine). Calculer les excentrements ea et eq ainsi que les moments Ma et Mq
par rapport à la base de la semelle.
e/ Calculer le moment global M ainsi que l’excentrement global eg du chargement. En déduire la
surface de semelle comprimée et le pourcentage de semelle comprimée. Calculer l’inclinaison  du
chargement.
f/ Vérifier le critère de poinçonnement à l’ELS en considérant un coefficient de forme kp égal à 0,8.
On néglige le terme q’0. Le terme réducteur dû à l’inclinaison est évalué en considérant le sol de
fondation cohérent.
g/ Vérifier le critère de glissement.

Annexe A – Coefficients de portance pour l’application de la méthode « c-φ »

- Coefficients Nc, Nγ, Nq, pour une semelle filante sous charge verticale centrée

φ' (°) Nc Nγ Nq
0 5,14 0,00 1,00
5 6,49 0,10 1,57
10 8,34 0,52 2,47
15 11,0 1,58 3,94
20 14,8 3,93 6,40
25 20,7 9,01 10,7
30 30,1 20,1 18,4
35 46,1 45,2 33,3
40 75,3 106,1 64,2
45 133,9 267,7 134,9

- Coefficients réducteurs liés à l’inclinaison (δ) de la charge par rapport à la verticale (approche
de Meyerhof)
δ 2δ
i = 1− i =i = 1−
φ′ π

Séance 8 – Conception des murs de soutènements – Poussées Butées (F. Cuira) 5

Vous aimerez peut-être aussi