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Royaume du Maroc ‫الوولكت الوغربيت‬

Ministère de l’Enseignement Supérieur


‫وزارة التعلين العالي‬
De la Recherche Scientifique et De la Formation
des Cadres ‫و البحث العلوي وتكوين األطر‬
UNIVERSITE HASSAN II DE CASABLANCA
Faculté des Sciences Juridiques ‫جاهعـت الحسـن الثانـي بالدار البيضاء‬
Economiques et Sociales
- Mohammedia - ‫كلي ــت العلــوم القانونيـ ــت واالقتصاديـت و االجتواعيـت‬
- ‫ الوحوديـت‬-

Les sociétés commerciales


en droit marocain
Les personnes morales représentent aujourd’hui les exploitations commerciales et industrielles les plus
importantes. Les besoins de l’économie moderne en moyens financier et humain ont favorisé la prolifération de
ce type de groupement. Aussi peut-on distinguer entre les personnes morales de droit privé et les personnes
morales de droit public.

I. Les personnes morales de droit privé

Etant l’aptitude de devenir sujet de droits et d’obligations, la personnalité est accordée à des groupements
et organisations qui poursuivent un objectif prévu par la loi. La société n’est en sens pas la seule structure
pouvant se prévaloir de la personnalité. D’autres groupements sont aussi concernés.
Quand il s’agit de faire le commerce, la société est la structure interpellée par excellence. Il s’agit alors
d’une société commerciale qui se base sur un acte d’association établi dans les formes prescrites par la loi. En
principe, la société est commerciale ou civile par son objet.
D’autres personnes morales interviennent dans la vie commerciale. Il s’agit des groupements d’intérêt
économique et des associations.

* Les sociétés commerciales


On peut faire la distinction entre trois groupes de sociétés : les sociétés de personnes, les sociétés de
capitaux et la société à responsabilité limitée dans la mesure où elle repose sur des règles puisées et du premier et
du second groupe. Le premier groupe comprend la société en nom collectif, la société en commandite simple et
la société en participation (commerciale par l’objet). Le deuxième groupe est représenté par la société anonyme
et la société en commandite par actions. Le dernier est représenté par la société à responsabilité limitée.

* Les associations
Les associations sont réglementées par le dahir du 15 novembre 1958, modifié et complété par le dahir du
10 avril 1973. Les associations reconnues d’utilité publique jouissent d’une capacité juridique élargie, en
particulier le droit de recevoir des dons et des legs et le droit d’acquérir à titre gratuit, entre vifs ou par testament,
et à titre onéreux.

* Les groupements d’intérêt économique


Le droit marocain n’a intégré cette structure juridique que par la loi n¨13-97 promulguée par le dahir du 5
février 1999. Différents éléments caractérisent les groupements d’intérêt économique :
- Ils sont formés uniquement avec des personnes morales
- Ils engagent en principe la responsabilité indéfinie et solidaire des membres
- Ils n’acquièrent la personnalité morale que par l’immatriculation au registre du commerce, sans que
l’immatriculation emporte présomption de leur commercialité.
Les groupements d’intérêt économique exercent soit une activité civile soit commerciale.

II. Les personnes morales de droit public


* L’Etat
De par la politique de privatisation, l’Etat se désengage de plus en plus des activités à caractère industriel
et commercial. Le maintien de certains services publics à caractère commercial (poste, électricité et eau…) a été
dicté par des raisons de ¨commodité et de sécurité¨.

* Communes, province, préfectures et régions


Les différentes collectivités publiques ont la possibilité d’exploiter en régie des services publics
industriels et commerciaux.

* Etablissements publics
Il s’agit des différents offices et établissements publics régionaux d’aménagement et de construction
(E.R.A.C.).

Chapitre I. Les sociétés en général

A. Le contrat de société

L’article 982 du dahir formant code des obligations et des contrats définit le contrat de société :« la société
est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les
deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».
La société est donc considérée comme un contrat soumis aux règles générales qui régissent les contrats.
Mais, ces conditions ne suffisent pas à elles seules pour donner naissance à la structure. ¨Le contrat de société est
soumis à un cadre juridiquement strict¨ 1. Aussi pour qu’il y ait société faut-il encore satisfaire à d’autres règles
spécifiques au contrat de société.

1. Règles communes à tous les contrats

La validité du contrat suppose l’existence des conditions de fond indispensables pour sa formation :
consentement des parties, capacité juridique, objet et cause.

a. Consentement
Pour la validité du contrat de société, le consentement des parties est indispensable. Celui-ci doit être réel
et sincère. De même ne doit-il pas être entaché d’un des vices du consentement, à savoir l’erreur (sur l’objet ou
la personne), le dol (manœuvres frauduleuses pouvant induire en erreur) et la violence (contrainte).

b. Capacité
Le contrat de société exige la capacité. Certaines personnes ne peuvent toutefois, en dépit de leur capacité,
constituer une société entre elles. Il en est ainsi du père et du fils soumis à la puissance paternelle, du tuteur et du
mineur jusqu’à la majorité de celui-ci, et entre le curateur d’un incapable ou l’administrateur d’une institution

1
P. Decroux, Les sociétés en droit marocain, 5 ème éd., 1988, La Porte, Rabat, p.57.
pieuse et la personne dont ils administrent les biens 2. La lecture fait néanmoins l’objet d’une controverse
doctrinale.

c. Objet
L’objet ou « objet social » est représenté par la nature ou le genre d’activité à exercer par la société. Il doit
être déterminé dans les statuts et avoir un but licite.

d. Cause
La cause du contrat est liée à la raison qui a poussé les parties à constituer la société. Il s’agit en fait du
motif sur la base duquel les personnes ont décidé de créer la structure.

2. Règles propres au contrat de société

De la lecture de l’article 982 du D.O.C.., on peut dégager quatre éléments caractéristiques du contrat de
société : pluralité d’associés, mise en commun d’apports, participation aux résultats de l’exploitation et la
volonté de collaborer.

a. Pluralité d’associés
L’article 982 du D.O.C. précise que le contrat est conclu entre deux ou plusieurs personnes. Il faut donc la
rencontre de deux ou plusieurs volontés pour la constitution d’une société. Deux exceptions ont toutefois été
prévues. La première est implicite et est contenue dans l’article 1061 du D.O.C. qui permet à un des associés de
continuer la société en cas de dissolution3. La seconde est une innovation de la loi n¨5-96 puisque l’article 44
dispose que « la société à responsabilité limitée est constituée par une ou plusieurs personnes qui ne supportent
les pertes qu’à concurrence de leurs apports… ».

b. Mise en commun d’apports


L’apport est le bien qu’un associé s’engage à mettre à la disposition de la société en vue d’une
exploitation commune. Tout associé doit faire un apport à la société. Il s’agit du bien ou la valeur qu’un associé
affecte à la société pour la constitution de son capital. L’article 982 du D.O.C. précise que l’apport peut être un
bien, un travail ou tous les deux . La nature ou le montant de l’apport peut dépendre de la nature de la société et
de l’intérêt que la personne porte à sa constitution. Aux termes de l’article 988 du D.O.C., « l’apport peut
consister en numéraire, en objets mobiliers ou immobiliers, en droits incorporels ; il peut aussi consister dans
l’industrie d’un associé ou même de tous ; entre musulmans, l’apport ne peut consister en denrées alimentaires ».
On peut donc faire la distinction entre trois catégories d’apports :
- L’apport en numéraires ou en espèces constitué par la somme d’argent que l’associé apporte pour
participer dans la société. L’associé est débiteur à la société à partir du moment où le contrat est conclu.
- L’apport en nature qui est l’apport de tout bien autre qu’une somme d’argent (bien meuble ou immeuble,
fonds de commerce, créance, brevet d’invention, licence d’exploitation…). L’apport peut à ce propos être réalisé

2
Article 984 d.o.c.
3
(voir également l’article 85 de la loi n¨5-96 concernant la société à responsabilité limités
de deux manières : soit par le transfert du droit de propriété des biens apportés, soit par la mise de ces biens à la
disposition effective de la société sans transfert du droit de propriété. L’apport en nature est exigé à la naissance
de la société.
- L’apport en industrie qui est l’apport d’un travail, d’une activité intellectuelle ou d’un savoir-faire. Ce
type d’apport a un caractère temporaire. Il cesse avec l’arrêt de l’activité de l’apporteur. L’apport en industrie
n’est pas possible dans certaines sociétés dans la mesure où les apports doivent être intégralement libérés à la
constitution.
La mise en commun de ces apports est à l’origine de la constitution du fonds commun des associés ou capital
social4.

c. Participation aux bénéfices et contribution aux pertes


L’élément implique deux choses : d’une part, le but de la société est la réalisation d’un bénéfice, d’autre
part, tous les associés se partagent les bénéfices et éventuellement les pertes. Si le but poursuivi est la réalisation
d’un profit, les pertes possibles constituent également une situation à prévoir. La part de chaque associé dans les
pertes et dans les bénéfices est déterminée en fonction de sa participation. L’article 1034 du D.O.C. considère
que toute clause qui attribue à un associé une part dans les bénéfices ou dans les pertes supérieures à la part
proportionnelle de son apport, est nulle et rend nul le contrat de société. Certaines exceptions à cette règle ont
néanmoins été prévues par les articles 1035 et 1036 du D.O.C.

d. La volonté de collaborer dans un esprit sociétaire (affection societatis)


Il s’agit de la volonté de collaborer à la réalisation de l’objectif déterminé à la naissance de la société. La
validité de toute société est subordonnée à l’existence de cet élément de nature psychologique qui pousse les
associés à collaborer pour la réussite du projet économique et la réalisation des objectifs escomptés.

3. Conditions de forme et de publicité


L’écrit est indispensable pour le contrat de société. Il est considéré comme une condition de forme
indirecte pour la naissance de la société. L’acte écrit prend la forme de statuts. Ceux-ci peuvent être sous la
forme d’un acte notarié ou d’un acte sous seing privé. L’exigence des statuts consacre une dérogation au principe
de la liberté de la preuve en droit commercial. La publicité a été prévue principalement pour informer les tiers.
Elle se fait de deux manières :
- Un exemplaire de l’acte constitutif doit être déposé au secrétariat-greffe du tribunal du lieu où est situé le
siège social de la société. L’acte permet également de procéder à l’immatriculation au registre du commerce.
- La publication d’un extrait des statuts dans un journal d’annonces légales et au bulletin officiel.

B. Personnalité morale et typologie des sociétés

1. Attribution et manifestation de la personnalité morale

a. Attribution de la personnalité morale

4
Article 992 d.o.c.
La personnalité morale est l’aptitude à devenir sujet de droits et d’obligations. Réservée à l’origine aux
personnes physiques, cette faculté a été étendue à des groupements et organisations dont l’importance dans la vie
sociale et commerciale n’est certes plus à démontrer. La société en nom collectif, la société en commandite
simple la société en commandite par actions et la société à responsabilité limitée ne jouissent de la personnalité
morale qu’à compter de leur immatriculation au registre du commerce 5. Il en est de même de la société
anonyme6. La personnalité morale n’est donc pas une conséquence automatique de la constitution de la société.
Elle est subordonnée à une formalité prévue par la loi, à savoir l’immatriculation.
La personnalité morale permet aux personnes concernées par la naissance de la société d’agir dans un
cadre organisé avec un fonctionnement dont les particularités diffèrent selon la forme de la structure. Elle permet
également de créer une entité indépendante par rapport à ses membres.

b. Manifestation de la personnalité morale


De par la naissance de la personnalité, la société peut se prévaloir d’un nom, d’un patrimoine, d’un
domicile et d’une nationalité.
- Nom : la société est désignée par un nom qui est soit la « raison sociale », soit la «dénomination
sociale ». Comme pour les personnes physiques, le nom de la société lui permet de se distinguer par rapport à
d’autres structures. Pour éviter tout risque de confusion, il est protégé par l’inscription au registre central. Les
associés doivent consulter les services du registre central pour se procurer un certificat négatif qui prouve la non
utilisation du même nom par une autre société.
La structure du nom commerciale diffère selon le type de sociétés. Les sociétés en nom collectif et les
sociétés en commandite simple sont désignées par une « raison sociale » composée du nom d’un ou de plusieurs
associés suivi des indications « et Cie ». La personne de l’associé joue à ce niveau un rôle important.
Les sociétés à responsabilité limitée, les sociétés anonymes et les sociétés en commandite par actions sont
désignées par une dénomination sociale. Le nom des ces sociétés est souvent lié à l’objet et son changement ne
peut intervenir que dans les conditions de modification des statuts.
- Domicile : il s’agit du lieu où a été fixé le siège social de la société. Comme pour le nom, les statuts
doivent indiquer le siège. C’est en fait le lieu de localisation de la société. Il permet de désigner le tribunal
compétent.
- Nationalité : à l’image des personnes physiques, la société est juridiquement rattachée à un Etat. Mais,
c’est un lien d’une nature différente. Les similitudes ne sont pas toujours certaines. La société ne jouit pas des
mêmes droits que ceux conférés aux individus. Elle n’assume pas non plus les mêmes obligations.
Le rattachement d’une société à un Etat est indispensable à différents niveaux. Il permet de déterminer la
loi applicable à la société et de définir son statut juridique, l’aptitude de la société pour jouir des droits attachés à
la qualité de national et de déterminer l’Etat pouvant exercer la protection diplomatique.
- Patrimoine de la société : il s’agit de l’ensemble des biens de la société. Ils ont été apportés par les
associés lors de la constitution. La société peut également acquérir des biens pendant l’exercice de l’activité.
L’indépendance de l’actif de la société doit s’apprécier à deux niveaux :

5
Article 2 de la loi n¨5-96.
6
Article 7 de la loi n¨17-95.
* Le patrimoine social de la société est distinct des patrimoines des associés. Ce qui implique différentes
conséquences : 1. le bien apporté par l’associé sort de son patrimoine pour intégrer celui de la société. L’associé
récupère en contrepartie des parts sociales ou des actions. 2. le patrimoine social est le gage des seuls créanciers
sociaux. Dans les sociétés de personnes, les créanciers sociaux ont également un droit de gage sur le patrimoine
de chacun des associés puisqu’ils sont personnellement, indéfiniment et solidairement responsables. 3. La faillite
ou la liquidation frappe la société elle-même, indépendamment des associés, sauf cas des sociétés de personnes.
* Le patrimoine social est géré d’une façon autonome par la société. La société a pleine capacité pour
accomplir les actes qui intègrent son objet. Elle gère, administre et dispose de son patrimoine. Elle agira par
l’intermédiaire de ses organes ou représentants légaux.

2. Typologie des sociétés

Le jeu des classifications permet de dégager différentes formes de sociétés. La diversification de l’activité
commerciale a, au fil du temps, imposé la création de nouvelles structures. Ce qui a permis à certains de
constater qu’« il y a presque autant de formes de sociétés que de sortes de fromage, surtout si au jeu juridique se
mêle le jeu fiscal ». L’on présentera deux grandes catégories en raison de l’intérêt de la distinction sur le plan
juridique.

a. Sociétés civiles et sociétés commerciales


Les sociétés sont soit civiles, soit commerciales. L’objet de l’activité détermine la nature de la structure.
Celles dont l’objet repose sur l’exercice habituel d’actes de commerce sont réputées commerciales, à l’image du
commerçant personnes physique. Certaines sociétés ont néanmoins été considérées comme commerciales sans
prendre en considération l’objet de l’activité. Il s’agit des sociétés commerciales par la forme : la société en nom
collectif, la société à responsabilité limitée, les sociétés en commandite et la société anonyme.
Les sociétés civiles n’ont ni une forme réputée commerciale, ni un objet reposant sur une activité
commerciale. «Dans la vie des affaires et l’activité économique, les sociétés civiles sont, globalement, d’une
importance beaucoup moindre que les sociétés commerciales ». La nature de la société, civile ou commerciale,
est à l’origine de certaines conséquences légales :
- A la différence de la structure commerciale, la société civile n’est soumise à aucune publicité.
- Les sociétés civiles ne sont pas soumises, à la constitution, aux formalités de dépôt des apports en
numéraire et de publicité (publication au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales).
- Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise ne concernent que les sociétés commerciales.
Aux termes de l’article 560 du code de commerce, « les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise
sont applicables à tout commerçant, à tout artisan et à toute société commerciale… ».

b. Sociétés de personnes et sociétés de capitaux


Dans les sociétés de personnes, la personne de l’associé est déterminante pour la constitution de la société.
On s’associe avec des personnes qu’on connaît (c’est le cas particulièrement de la société en nom collectif et la
société en commandite simple, et dans une moindre mesure la société à responsabilité limitée).
Dans les sociétés de capitaux, la personne de l’associé importe peu. L’adhésion est plutôt motivée par le
désir de mettre en commun des moyens pour la réalisation de bénéfices (en particulier la société anonyme).
Dans les sociétés commerciales, l’étendue de la responsabilité des personnes est déterminée en fonction
de la nature de la structure. Certaines se caractérisent par le principe de la responsabilité indéfinie et illimitée de
chaque membre au passif social, avec donc la possibilité de poursuivre l’associé sur ses biens personnels pour
s’acquitter d’une dette sociale. C’est le cas notamment de la société en nom collectif.
Les sociétés à responsabilité limitée repose, quant à elle, sur le principe que chaque associé n’engage que
ses apports en garantie des dettes sociales. L’associé n’est donc tenu responsable qu’à concurrence de ses
apports. C’est le cas de la société anonyme et de la société à responsabilité limitée.

Chapitre II. Les structures sociétaires

A. La société anonyme

Structure symbolique des sociétés de capitaux, elle est régie par le dahir n¨1-96-124 du 30 août 1996
portant promulgation de la loi n¨17-95. La loi sur la société anonyme a été publiée au bulletin officiel le 17
octobre 1996. La société est commerciale par la forme.
Etant une société de capitaux, les actionnaires disparaissent en principe derrière les capitaux qu’ils mettent
à la disposition de la société. Peu importe la personne de l’apporteur dans la mesure où l’existence et le
fonctionnement de la société se rattachent plutôt au capital. La personne s’efface derrière les capitaux apportés
comme participation. Aussi est-il qu’aucune capacité particulière n’est requise des actionnaires. Ceux-ci
n’acquièrent pas la qualité de commerçant. Un mineur peut donc devenir actionnaire par l’intermédiaire de son
représentant légal. De même, le risque que supportent les actionnaires sont limités à leurs apports. Ils ne
supportent les pertes sociales qu’à concurrence de leur mise.

1. Constitution de la société anonyme

La constitution de la société anonyme peut revêtir deux formes : avec appel public à l’épargne ou sans
appel public à l’épargne.
La constitution avec appel public à l’épargne est plus rare en raison de la lourdeur des opérations. Elle suppose la
réunion d’actionnaires nombreux et l’intervention de plusieurs personnes, et exige du temps puisque la procédure
peut être assez longue. A la lecture de l’article 9 de la loi n¨17-95, sont réputées faire publiquement appel à
l’épargne :
- les sociétés dont les titres sont inscrits à la cote de la bourse des valeurs.
- les sociétés qui, pour le placement des titres qu’elles émettent, ont recours soit à des banques, soit à des
établissements financiers ou sociétés de bourse, soit à des procédés de publicité quelconques, soit au
démarchage.
- les sociétés dont le nombre d’actionnaires dépasse 100.
Pour éviter les confusions, l’article 10 a apporté une précision en stipulant que la publicité prescrite par
les lois et les règlements ne constitue pas par elle-même un appel public à l’épargne. Le capital social pour la
constitution d’une société anonyme avec appel public à l’épargne ne peut être inférieur à trois millions de
dirhams.
Une procédure simplifiée a été prévue pour la société anonyme sans appel public à l’épargne. En plus des
règles communes aux sociétés, les fondateurs doivent se conformer aux conditions spécifiques à la société
anonyme.
L’établissement des statuts est la première formalité à accomplir en vue de la constitution d’une société
anonyme. C’est sur la base de ce document que les souscripteurs pourront s’engager en connaissance de cause. A
ce propos, les techniciens semblent préférer des statuts réduits pour éviter des modifications successives à
chaque changement législatif ou réglementaire. Les statuts doivent être établis par écrit et contenir certaines
mentions prévues par la loi7. L’acte de constitution peut être établi soit sous forme notariée, soit sous seing privé.
Dans ce dernier cas, il est dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un exemplaire au siège
social et à l’exécution des formalités requises.

a. Conditions de constitution
- Nombre d’actionnaires : la loi a fixé le nombre d’associés pour la constitution de la société anonyme à
un minimum de cinq personnes. Ils ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports. Au cas où des
actions auraient été attribuées en copropriété à plusieurs personnes, le nombre de ces derniers n’est pas pris en
considération pour le vote dans les assemblées générales. On considère qu’il s’agit d’un seul actionnaire. Un
représentant commun doit être désigné pour l’exercice des droits d’actionnaire 8. La même situation peut se
présenter s’agissant des héritiers. Ceux-ci sont comptés pour un seul actionnaire tant que les actions demeurent
indivises.
- Durée : elle ne peut excéder 99ans, et court à dater de l’immatriculation. L’article 3 de la loi n¨17-95 a
néanmoins prévu la possibilité d’une ou plusieurs prorogation, sans que chaque prorogation puisse excéder
99ans.
- Siège social : il constitue le domicile légal de la société. Il ne s’agit pas forcément du lieu d’exploitation.
Les sociétés anonymes dont le siège social est situé au Maroc sont soumises à la législation marocaine. La
désignation du siège social permet de déterminer les tribunaux compétents (compétence territoriale), et le lieu où
devront être effectuées les formalités légales de publicité. Aussi est-il que pour les tiers, le siège statutaire ne leur
est pas opposable par la société si son siège réel est situé en un autre lieu 9.
- Objet social : la société anonyme est commerciale par sa forme, peu importe son objet. L’article premier
de la loi n¨17-95 précise que « la société anonyme est une société commerciale à raison de sa forme et quel que
soit son objet… ». L’objet social doit être licite et respecter les prescriptions légales.
- Capital : il est fixé à trois cent mille dirhams au minimum si la société ne fait pas publiquement appel à
l’épargne, et trois millions de dirhams dans le cas contraire.

7
Voir les articles 2 et 12 de la loi n¨17-95.
8
Article 252, idem.
9
Article 5, dernier alinéa, idem.
Le capital doit être intégralement souscrit. Les apports peuvent être de différentes natures. Ils doivent
avoir une valeur actuelle appréciable en espèces, et constituer un élément d’actif réalisable pouvant être inscrit à
l’actif du bilan de la société.
La loi exige une libération des apports en numéraire du quart au moins de leur valeur nominale lors de la
souscription. La libération du surplus peut intervenir en une ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder
trois ans à compter de l’immatriculation de la société au registre du commerce.
Les actions représentatives d’apports en nature sont libérés intégralement lors de leur émission.
« L’identité des apporteurs en nature et l’évaluation de l’apport effectué par chacun d’eux et le nombre d’actions
remises en contrepartie de l’apport » sont indiqués dans les statuts. Les actions de la société ne donnent toutefois
pas nécessairement à leurs propriétaires des droits égaux dans la distribution des bénéfices au cours de la vie
sociale, ou la répartition de l’actif disponible en cas de liquidation. L’on distingue à ce niveau entre les actions
ordinaires et les actions privilégiées ou de priorité.
Les fondateurs désignent un ou plusieurs commissaires aux apports pour procéder à l’évaluation des
apports en nature. Ceux-ci sont désignés parmi les personnes habilitées à exercer les fonctions de commissaires
aux comptes. Certaines personnes ne peuvent être désignées en raison des incompatibilités prévues par la loi
(art.161). Il en est ainsi par exemple des fondateurs, des apporteurs en nature, des administrateurs, des
bénéficiaires d’avantages particuliers….
Le rapport du ou des commissaires aux apports décrit chacun des apports, indique le mode d’évaluation
adopté et pourquoi il a été retenu, affirme que la valeur des apports correspond au moins à la valeur nominale des
actions à émettre. Il est par la suite déposé au siège social et au greffe et tenu à la disposition des actionnaires
cinq jours au moins avant la signature des statuts. Si la société fait publiquement appel à l’épargne, le rapport est
déposé avec les statuts.
Les fonds provenant des souscriptions en numéraire sont déposés au nom de la société en formation, dans
un délai de huit jours, dans un compte bancaire bloqué, avec la liste des souscripteurs et l’indication des sommes
versées par chacun d’eux. Le retrait des fonds est effectué par le mandataire du conseil d’administration ou du
directoire contre remise du certificat du greffier du tribunal attestant l’immatriculation de la société au registre
du commerce.

b. Formalités de constitution
Après l’approbation des statuts, il convient de les faire enregistrer dans un délai d’un mois à compter de la
date de l’acte constitutif. La constitution de la société fait l’objet d’une publicité au bulletin officiel et dans un
journal d’annonces légales indiquant notamment le numéro d’immatriculation au registre du commerce.

2. Administration et direction de la société anonyme

Les fondateurs dune société anonyme ont le choix entre deux formules pour l’administration de la
structure : la direction avec conseil d’administration et président-directeur général et l’administration avec
directoire et conseil de surveillance.

a. Conseil d’administration et président


* Le conseil d’administration
Organe collégial, le conseil d’administration est composé de trois membres au moins et au plus de douze.
Le nombre maximum est de quinze lorsque la société est cotée à la bourse des valeurs. En cas de fusion, le
nombre des membres du conseil peut être dépassé jusqu’à concurrence du nombre total des administrateurs en
fonction depuis plus de six mois dans les sociétés fusionnées.
- Nomination des administrateurs : les administrateurs sont nommés par l’assemblée générale ordinaire.
Les premiers administrateurs sont nommés par les statuts ou dans un acte séparé faisant corps avec lesdits
statuts. Ils sont soumis aux conditions de capacité et aux règles générales d’incompatibilité prévues par les lois
en vigueur ou par les statuts. Une personne morale peut être nommée administrateur au même titre qu’une
personne physique, sauf disposition contraire des statuts. Elle doit, en cas de nomination, désigner un
représentant permanent qui sera soumis aux mêmes conditions et responsabilité que l’administrateur personne
physique. Le représentant répond des mêmes responsabilités civile et pénale que s’il était administrateur en son
propre nom, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale qu’il représente 10.
- Qualité d’actionnaire : « chaque administrateur doit être propriétaire d’un nombre d’actions de la société,
déterminé par les statuts… ». Si au jour de sa nomination, l’administrateur n’est pas propriétaire du nombre
d’actions exigé ou si, pendant la durée du mandat, il cesse d’en être propriétaire, il est réputé démissionnaire de
plein droit s’il n’a pas régularisé sa situation dans un délai de trois mois.
- Durée des fonctions : la durée des fonctions des administrateurs est déterminée par les statuts sans
pouvoir excéder six ans en cas de nomination par l’assemblée générale, et trois ans en cas de nomination par les
statuts. Les administrateurs sont rééligibles sauf stipulation contraire des statuts. Outre l’arrivée du terme de leur
mandat, d’autres évènements peuvent en écourter la durée : dissolution ou transformation de la société, décès de
l’administrateur ou limite d’âge.
L’administrateur peut démissionner sans avoir à se justifier. Sa démission ne doit toutefois pas intervenir
dans l’intention de nuire à la société. De même, la loi précise que les administrateurs « …peuvent être révoqués à
tout moment par l’assemblée générale ordinaire, sans même que cette révocation soit mise à l’ordre du jour »
(art.48).Le salarié qui a accédé au conseil d’administration ne perd pas le bénéfice de son contrat de travail après
révocation en tant qu’administrateur.

** Fonctions et pouvoirs du conseil d’administration


Le conseil d’administration ne délibère valablement qu’en présence de la moitié au moins de ses
membres. Sauf clause contraire des statuts, un administrateur peut donner mandat à un autre administrateur pour
le représenter à une séance du conseil. Celui-ci se réunit aussi souvent que l’intérêt de la société l’exige.
La loi réserve des attributions spéciales au conseil d’administration. Il est investi de pouvoirs assez
étendus qui lui permettent d’agir en toutes circonstances au nom de la société. Son intervention est néanmoins
limitée par l’objet social de la société. Les dispositions des statuts limitant les pouvoirs du conseil
d’administration sont inopposables aux tiers.
Le conseil d’administration autorise les cautions, avals et garanties accordées par la société. Il peut, dans
la limite d’un montant qu’il fixe, autoriser le président à donner des cautions, avals et garanties au nom de la

10
Article 42, al.1, idem.
société. La durée de ces autorisations ne peut dépasser un an, sans prendre en considération la durée des
engagements cautionnés, avalisés ou garantis.
Une réunion du conseil est obligatoire pour l’examen des comptes annuels, l’adoption du rapport de
gestion à présenter aux actionnaires. A la clôture de chaque exercice, il dresse un inventaire de l’actif et du passif
social existant à cette date, et établit les états de synthèse annuels, conformément à la législation en vigueur.
Le conseil d’administration convoque les assemblées d’actionnaires, fixe leur ordre du jour et arrête les
termes des résolutions à leur soumettre. Il peut également décider du transfert du siège social dans la même
préfecture ou province. Cette décision doit toutefois être ratifiée par la plus prochaine assemblée général
extraordinaire.

*** Président et directeurs généraux


- Fonctions et pouvoirs du président : le président assume sous sa responsabilité la direction générale de la
société. Il représente également la société dans ses rapports avec les tiers.
Le conseil d’administration élit en son sein, aux conditions de quorum et de majorité, un président, qui est
nécessairement une personne physique. Il faut donc être administrateur, et partant actionnaire pour occuper le
poste de président.
Le président est nommé pour une durée qui ne peut excéder celle de son mandat d’administrateur. Il est
rééligible. Le conseil d’administration peut le révoquer à tout moment. Dans les rapports avec les tiers, la société
est engagée même par les actes du président qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins de prouver que le tiers
s’est engagé en connaissance de cause, ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances.
- Directeurs généraux : sur proposition du président, le conseil d’administration peut désigner un ou
plusieurs personnes physiques pour assister le président. Il donne mandat à ces personnes à titre de directeurs
généraux. Le conseil détermine leur rémunération. Lorsqu’un directeur général est administrateur, la durée de ses
fonctions ne peut excéder celle de son mandat. L’étendue des pouvoirs des directeurs généraux est déterminée, à
l’égard de la société par le conseil sur proposition du président. Dans les relations avec les tiers, ils disposent des
mêmes pouvoirs que le président.

b. Directoire et conseil de surveillance


*Directoire
- Nomination : le directoire est composé de cinq membres au plus, sept si les actions de la société sont
admises à la cote de la bourse des valeurs. Dans les sociétés anonymes dont le capital est inférieur à un million
cinq cent mille dirhams, les fonctions attribuées au directoire peuvent être exercées par une seule personne.
Les membres du directoire sont nommés par le conseil de surveillance. Si un siège est vacant, le conseil
doit le pourvoir dans un délai de deux mois. La durée du mandat est fixée par les statuts, dans les limites
comprises entre deux et six ans.
- Fonctions et pouvoir : le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. Il les exerce dans la limité de l’objet social, et sous réserve de ceux attribués
par la loi au conseil de surveillance et aux assemblées d’actionnaires. Le président du directoire, ou le cas
échéant, le directeur général unique, représente la société dans ses rapports avec les tiers. Les statuts peuvent
toutefois habiliter le conseil de surveillance à attribuer le même pouvoir de représentation à un ou plusieurs
autres membres du directoire.

** Conseil de surveillance
- Composition : le conseil de surveillance est composé de trois membres au moins et de douze au plus. Le
nombre des membres peut atteindre quinze lorsque les actions sont inscrites à la bourse des valeurs. La loi a
institué pour les membres du conseil des règles analogues à celles prévues pour les membres du conseil
d’administration en ce qui concerne la qualité d’actionnaire et le nombre d’actions dont il doivent être
propriétaires, la nomination, la durée des fonctions, la révocation et les représentants permanents des personnes
morales.
- Fonctions : le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion de la société par le
directoire. Il assure sa mission en opérant les vérifications qu’il juge opportune, et en recevant du directoire des
rapports périodiques.
Les statuts peuvent subordonner certaines opérations à une autorisation préalable du conseil. Il en va ainsi
de la cession d’immeubles par nature, la cession totale ou partielle de participations, la constitution de sûretés et
les cautions, avals et garanties, sauf si la société exploite un établissement bancaire ou financier. Le conseil fixe
un montant pour chaque opération.

c. Assemblées d’actionnaires
Les assemblées d’actionnaires se tiennent pendant la vie sociale de la société. Les titulaires d’une même
catégorie d’actions sont représentés dans les assemblées spéciales, alors que les assemblées générales, ordinaires
et extraordinaires, représentent l’ensemble des actionnaires.
L’assemblée générale extraordinaire est seule habilitée à modifier les statuts. Toute clause contraire est
réputée non écrite. Elle ne peut toutefois augmenter les engagements des actionnaires, si ce n’est de leur propre
consentement, ni changer la nationalité de la société. Les décisions modificatives des statuts doivent être prises
dans le respect des droits politiques (droit de vote), pécuniaires (droit ou vocation à la répartition des bénéfices et
au partage du boni de liquidation) et patrimoniaux (droit de cession des actions) des actionnaires.
L’assemblée ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent au moins,
sur première convocation, la moitié, et sur deuxième convocation, le quart des actions ayant le droit de vote. A
défaut de ce dernier quorum, la tenue de la deuxième assemblée peut être prorogée à une date postérieure de
deux mois au plus par rapport à celle pour laquelle elle a été convoquée.
L’assemblée générale ordinaire prend toutes les décisions autres que celles réservées par la loi à
l’assemblée générale extraordinaire. Ce décisions se rapportent, notamment, à l’approbation des comptes
annuels, à la désignation des membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance et à la
nomination des commissaires aux comptes. Elle ne délibère valablement sur première convocation que si les
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins le quart des actions ayant le droit de vote. Sur deuxième
convocation, aucun quorum n’est requis.

d. Commissaires aux comptes


Il doit être désigné dans chaque société anonyme un ou plusieurs commissaires aux comptes. Ceux-ci sont
chargés d’éclairer et d’aider les actionnaires, et de leur permettre de se prononcer sur les comptes sociaux en
connaissance de cause. Les sociétés anonymes faisant appel public à l’épargne, les sociétés de banque, de crédit,
d’investissement, d’assurance, de capitalisation et d’épargne sot tenues de désigner au moins deux commissaires
aux comptes.
La loi n¨17-95 sur les sociétés anonymes investit le commissaire aux comptes d’une mission d’intérêt
général de contrôle et de surveillance au profit non seulement des actionnaires, mais aussi de toutes les
personnes qui ont à apprécier la situation financière de la société.
Les premiers commissaires sont nommés dans les statuts, ou par acte séparé faisant corps avec les statuts.
Au cours de la vie sociale, il revient à l’assemblée générale ordinaire de procéder à la désignation des
commissaires aux comptes.
Les fonctions de commissaire aux comptes sont réservées aux personnes inscrites au tableau de l’ordre des
experts-comptables. En vertu de l’article 161 de la loi n¨17-95, certaines personnes sont exclues de ces fonctions.
L’article 163 précise la durée des fonctions du commissaire. L’article 164 a prévu le cas d’une récusation en
justice des commissaires aux comptes désignés par l’assemblée.

3. Dissolution de la société anonyme

La dissolution de la société anonyme est régie par les articles de 356 à 360. Les causes de la dissolution
sont générales (communes à toutes les sociétés) ou spécifiques (ne concernent que la société anonyme).
- Causes générales : arrivée du terme (sauf prorogation, réalisation ou extinction de l’objet social,
liquidation judiciaire, application d’une clause statutaire (ex. retrait ou décès du principal actionnaire), décision
judiciaire.
- Causes spécifiques à la société anonyme : le nombre d’actionnaires est demeuré inférieur au minimum
légal de cinq actionnaires depuis plus d’un an, la situation nette est restée inférieur au quart du capital social, le
capital social a été maintenu depuis plus d’un an à un montant inférieur au minimum légal.
C’est l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui décide de la dissolution anticipée de la
société. La décision de dissolution doit être publiée dans un journal d’annonces légales et au bulletin officiel,
déposée au greffe du tribunal et inscrite au registre du commerce.

B. La société en commandite par actions

En vertu de l’article 31, alinéa 3 de la loi n¨5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite
simple, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation, les
règles applicables à la société en commandité simple et les dispositions de la loi n¨17-95 relative aux sociétés
anonymes , à l’exception de celles qui concernent leur administration et leur direction, sont applicables aux
sociétés en commandite par actions, à condition qu’elles ne soient pas incompatibles avec les dispositions
spécifiques prévues pour les sociétés en commandite par actions.

1. Constitution de la société en commandite par actions


- Associés : la constitution d’une société en commandite par actions exige la présence de deux catégories
d’associés. Il s’agit, d’une part, des commandités qui sont commerçants, solidairement et indéfiniment
responsables des dettes sociales, et d’autre part, des commanditaires qui n’ont pas la qualité de commerçant mais
celles d’actionnaires. Ceux-ci ne supportent les pertes sociales qu’à concurrence de leurs apports.
Le nombre d’associés dans une société en commandite par actions ne peut être inférieur à quatre. Il doit y
avoir au moins un commandité et trois commanditaires. Le commandité assure les fonctions de gérant, alors que
les commanditaires forment le conseil de surveillance. L’alinéa 2 de l’article 33de la loi n¨5-96 précise à ce
niveau qu’à « peine de nullité, un associé commandité ne peut être membre du conseil de surveillance. Les
membres ayant la qualité de commandités ne peuvent participer à la désignation des membres de ce conseil ».
- Dénomination sociale : la société est désignée par une dénomination sociale qui peut comporter le nom
d’un ou de plusieurs commandités. La dénomination doit être précédée ou suivie de la mention « société en
commandite par actions ». Le nom d’un commanditaire peut également figurer dans la dénomination sociale.
Dans ce cas, la personne concernée sera assimilée à un commandité et devient responsable solidairement et
indéfiniment des dettes sociales.
- Capital social : le même montant exigé pour la société anonyme a été prévu pour la société en
commandite par actions. Le montant minimum légal du capital social doit être égal à trois millions de dirhams si
la société fait appel public à l’épargne, et 300.000 dirhams dans le cas contraire.
- Apports : ils sont effectués en numéraire ou en nature, ceux en industrie sont interdits. Les commissaires
aux apports désignés par les fondateurs procèdent, sous leur responsabilité, à l’évaluation des apports en nature.
- Publicité de la constitution : les premiers gérants procèdent aux formalités de publicité selon les règles à
suivre par les fondateurs d’une société anonyme11.

2. Fonctionnement de la S.C.A

a. La gérance
Les premiers gérants sont désignés dans les statuts par les fondateurs. Seuls les commandités sont
habilités à désigner les premiers gérants parmi les associés ou non associés.
Au cours de la vie sociale de la société, le ou les gérants sont nommés par l’assemblée générale ordinaire des
actionnaires, avec accord unanime des commandités. Les statuts peuvent prévoir d’autres modalités. Les
commanditaires ne peuvent donc imposer un gérant aux commandités.
La rémunération du gérant doit être prévue dans les statuts. L’article 36 de la loi n¨5-96 précise que
« toute autre rémunération que celle prévue aux statuts ne peut être allouée au gérant que par l’assemblée
générale ordinaire des actionnaires. Elle ne peut l’être qu’avec l’accord des commandités donné, à l’unanimité,
sauf clause statutaire contraire ».
La durée des fonctions est fixée soit dans les statuts, soit dans le procès-verbal de l’assemblée ayant nommé le
gérant.

11
Article 32, al.1. de la loi n¨5-96 : dépôt au greffe du tribunal des statuts, de la déclaration de souscription et de
versement, du rapport du ou des commissaires aux apports…, demande d’immatriculation au registre du
commerce, insertion d’un avis dans un journal d’annonces légales et au Bulletin officiel.
La révocation ainsi que les conditions de démission du gérant sont fixés dans les statuts. Le gérant est
également révocable par le tribunal, pour cause légitime, à la demande de tout associé ou de la société, toute
clause contraire étant réputée non écrite12.
Dans les relations avec les tiers, la société est engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas de
l’objet social, à moins qu’elle prouve que le tiers s’était engagé en connaissance de cause, c’est-à-dire qu’il
savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances. Les clauses
statutaires qui auraient pour objectif de limiter les pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers. De même,
l’opposition formée par un gérant aux actes d’un autre gérant est sans effet à l’égard des tiers, à moins qu’il ne
soit établi qu’il en ont eu connaissance.
A l’égard des associés, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance
au nom de la société, sous réserve de l’autorisation préalable à obtenir des associés pour toute convention entre
le gérant et la société, et pour l’exercice d’une activité similaire à celle de la société 13.

b. Le conseil de surveillance
A la lecture de l’article 33 de la loi n¨5-96, il ressort que le conseil de surveillance est composé de trois
commanditaires au moins, nommés par l’assemblée générale ordinaire des commanditaires selon les conditions
prévues par les statuts. Un commandité ne peut, à peine de nullité, faire partie de ce conseil ni participer à la
désignation de ses membres. A défaut de dispositions contenues dans les statuts, les règles concernant la
désignation et la durée du mandat des administrateurs de sociétés anonymes sont applicables 14.
Le conseil de surveillance assume le contrôle permanent de la gestion de la société15. En ce sens, il
présente à l’assemblée générale ordinaire annuelle des actionnaires un rapport dans lequel il porte notamment un
jugement sur la gestion de la société. Il peut également, par le biais du rapport, relever les irrégularités et les
inexactitudes dans les états de synthèse de l’exercice.
La rémunération est prévue dans les statuts. A défaut de précision statutaire, il revient à l’assemblée
générale ordinaire des commanditaires d’allouer une rémunération globale aux membres du conseil. A ce niveau,
l’accord unanime des commandités est indispensable.
En principe, les membres du conseil de surveillance n’encourent aucune responsabilité pouvant survenir à
l’occasion d’un acte de gestion et de ses résultats. Leur responsabilité civile peut néanmoins être engagée si, en
ayant eu connaissance de ces actes, les membres du conseil ne les ont pas révélés à l’assemblée générale des
actionnaires16. Pour les sanctions pénales, l’article 118 précise que « les sanctions pénales de la loi n¨17-95
relative aux sociétés anonymes sont applicables aux sociétés en commandite par actions. Les sanctions propres
aux présidents, administrateurs, directeurs généraux ou membres du directoire des sociétés anonymes
s’appliquent aux gérants des sociétés en commandite par actions en ce qui concerne leurs compétences».

c. Les assemblées d’associés

12
Article 32, alinéa 3 et 4 de la loi n¨5-96.
13
Article 35, alinéa 1 de la loi n¨5-96.
14
La durée du mandat est déterminée dans les statuts, sans pouvoir excéder trois ans en cas de nomination par les
statuts, ou six ans en cas de nomination par les assemblées ordinaires ou extraordinaires à l’occasion d’une
fusion ou scission.
15
Article 37 de la loi n¨5-96.
16
Article 42, idem.
Chaque catégorie d’associés est représentée au sein d’une assemblée : commandités ou commanditaires.
Un commanditaire ne peut donc assister à une assemblée de commandités s’il n’est lui-même commandité. Il en
est de même pour les commandités qui ne peuvent assister à une assemblée générale des actionnaires
commanditaires où cette qualité est exigée.
La loi ne précise pas les modalités de consultation des commandités. Dans la mesure où les commandités
sont assimilés aux associés dans une société en nom collectif, les règles prévues pour celle-ci s’appliquent. La
modification des statuts n’est possible que moyennant l’accord unanime des commandités, sauf si les statuts ont
prévu d’autres dispositions.
Les assemblées générales ordinaires ou extraordinaires des commanditaires sont convoquées, réunies et
délibèrent selon les règles applicables aux assemblées d’actionnaires des sociétés anonymes.
Les règles applicables à la transformation de la société en commandite par actions ont été prévues par
l’article 43. La transformation en société anonyme ou en société à responsabilité limitée est décidée par
l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires, avec l’accord des deux tiers des associés commandités, à
moins que les statuts ne fixent un autre quorum.

d. Les commissaires aux comptes


Il revient à l’assemblée générale ordinaire des actionnaires de désigner un ou plusieurs commissaires aux
comptes. Les modalités de désignation ainsi que la mission des commissaires aux comptes obéissent aux mêmes
règles prévues pour la société anonyme. Les dispositions de la loi n¨17-95 sur les sociétés anonymes relatives
aux conditions de nomination, aux pouvoirs, aux obligations à la responsabilité, à la récusation ou la révocation
et la rémunération sont applicables aux sociétés en commandité par actions, sous réserve des règles propres à
celle-ci17.

C. La société en nom collectif

Elle se présente comme la société dont les associés ont tous la qualité de commerçant et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Elle est commerciale par la forme.
La société en nom collectif constitue le type même de la société de personnes. Chaque associé est choisi
en considération de sa personne. Généralement, les associés sont peu nombreux et se font mutuellement
confiance. La responsabilité des associés dans une société en nom collectif est lourde dans la mesure où elle
illimitée et solidaire. Le créancier social, après mise en demeure de la société, peut réclamer le paiement de sa
créance exigible à l’un quelconque des associés.

1. Constitution de la société en nom collectif

a. conditions de fond
- Associés : les associés sont au moins au nombre de deux. A la différence de la société à responsabilité
limitée, aucun maximum n’est fixé. Les associés ont tous la qualité de commerçant. Ils doivent avoir la capacité

17
Article 13, idem
exigée pour exercer une activité commerciale. Cette forme de société est donc interdite aux mineurs, majeurs
incapables, aux personnes soumises à une interdiction, une déchéance ou une incompatibilité.
- Dénomination sociale : il s’agit du nom qui permet à la société de se distinguer en tant que groupement
d’individus cherchant à réaliser un objectif commun. Le nom d’un ou plusieurs associés peut être incorporé à la
dénomination. Il doit néanmoins être précédé ou suivie de la mention « société en nom collectif ».
- Capital social : la loi n’exige aucun capital minimum, étant donné que les associés sont responsables
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Aucune règle contraignante n’est exigée en la matière.
Les apports peuvent être effectués en numéraire ou en nature. Les associés fixent librement dans les
statuts les modalités d’appel des fonds en vue de la libération des apports en numéraire. La société est constituée
dès la signature des statuts par tous les associés. Elle jouit de la personnalité morale à compter de la date de son
immatriculation au registre du commerce. L’écran constitué par la personnalité n’est toutefois pas assez opaque
pour supprimer la responsabilité pécuniaire personnelle des associés.
La cession des parts, même entre associés, n’est possible qu’avec le consentement unanime des associés.
C’est une règle d’ordre public. La cession doit être constatée par écrit, à peine de nullité.

b. conditions de publicité
Les statuts doivent être établis par écrit, sous forme authentique ou sous seing privé. Les formalités de
publicité sont réalisées à la diligence et sous la responsabilité des représentants légaux de la société. A peine de
nullité, les statuts doivent être datés et indiquer certaines mentions prévues par l’article 5 de la loi n¨5-96. Une
copie de l’acte constitutif de la S.N.C. doit être déposée au secrétariat greffe du tribunal du lieu où la société a
son siège. De même, un extrait de l’acte est inscrit sur le registre du commerce. Il est également publié au
bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales.

2. Fonctionnement de la S.N.C.

a. Gérance
* Nomination des gérants
En principe, tous les associés sont gérants. L’article 6 de la loi n¨5-96 précise néanmoins qu’il est possible
de désigner un ou plusieurs gérants, associés ou non, dans les statuts. Le gérant peut être une personne physique.
Les gérants sont désignés, conformément aux clauses statutaires, soit à l’unanimité, soit à la majorité des
associés. La loi ne limite pas le nombre des gérants, ni celui des mandats d’un même gérant. Les statuts peuvent
également prévoir que la gérance fera l’objet d’une désignation par un acte ultérieur.
Les fonctions du gérant prennent en principe fin par l’arrivée du terme fixé au moment de sa nomination.
Le gérant peut toutefois librement démissionner. Si le gérant est statutaire, sa démission suppose l’agrément
unanime des autres associés. Si la démission est sans juste motif, elle peut ouvrir un droit, au bénéfice de la
société, à des dommages-intérêts.
Les modalités de révocation d’un gérant sont liées au mode de sa désignation. Si le gérant, choisi parmi
les associés, est statutaire, la révocation ne peut se décider qu’à l’unanimité des autres associés. Si le gérant,
choisi parmi les associés, n’est pas statutaire, la révocation s’effectue dans les conditions prévues par les statuts
ou, à défaut, par une décision des autres associés, gérants ou non, prise à l’unanimité. Si le gérant n’est pas
associé, sa révocation est possible dans les conditions prévues par les statuts, ou à défaut, par une décision des
associés prise à la majorité. La révocation ne met pas fin au contrat de travail dont bénéficierait le gérant non
associé révoqué. Si le gérant est révoqué sans motif légitime, il est en droit de réclamer des dommages-intérêts.

** Pouvoirs des gérants


Le gérant peut, en principe, faire tous actes de gestion dans l’intérêt de la société. A l’égard des tiers, le
gérant engage la société par les actes entrant dans l’objet social. Il en est de même pour chacun des gérants, en
cas de pluralité des gérants. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs du gérant sont inopposables aux tiers. A
l’égard des associés, les pouvoirs du gérant sont déterminés dans les statuts.

b. Les assemblées d’associés


La réunion de l’assemblée intervient à propos de décisions sur des points qui excèdent les pouvoirs des
gérants. Une réunion est obligatoire dans deux cas : pour l’approbation des comptes annuels et quand la demande
est faite par un associé. Dans les autres cas, les statuts fixent librement les modes et les modalités de consultation
des associés. Il revient au gérant de convoquer la réunion de l’assemblée. De même, le droit de chaque associé
de demander la réunion de l’assemblée est une mesure d’ordre public à laquelle les statuts ne peuvent déroger.
En principe, chaque associé dispose d’une seule voix, à moins que les statuts ne prévoient autre chose. Sauf
stipulation contraire des statuts, les décisions sont prises à l’unanimité.

c. Le commissaire aux comptes


Les sociétés en nom collectif dont le chiffre d’affaires à la clôture de l’exercice social, dépasse le montant
de cinquante millions de dirhams sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes. La désignation
est facultative si la société ne dépasse pas ce montant.

3. Dissolution de la société en nom collectif


La société en nom collectif est soumise aux causes de dissolution communes à toutes les sociétés (arrivée
du terme, extinction de l’objet social…). En tant que société de personnes par excellence, elle est également
dissoute pour des causes afférentes à cette particularité.
Le décès d’un associé met fin à la S.N.C., sauf stipulation contraire des statuts qui peuvent prévoir la
continuation de la société avec les héritiers ou seulement avec les associés survivants. L’héritier sera donc
créancier de la société à concurrence de la valeur des droits sociaux de son auteur. La société devra dans ce cas
se transformer, dans le délai d’un an à compter de la date du décès, en société en commandite et le mineur
devient commanditaire. A défaut, elle est dissoute, sauf si le mineur atteint la majorité dans ce délai.
La société est également dissoute s’il est prononcé à l’égard d’un associé un jugement de liquidation
judiciaire, ou une mesure d’interdiction d’exercer une profession commerciale, ou une mesure d’incapacité, sauf
si sa continuation a été prévue par les statuts ou si les associés la décident à l’unanimité.

D. La société en commandite simple


Aux termes de l’article 21 de la loi n¨5-96, les dispositions relatives aux sociétés en nom collectif sont
applicables aux sociétés en commandite simple, sous réserve des dispositions spécifiques prévues pour ces
dernières.
La société en commandite simple est également constituée de deux catégories d’associés : les
commandités et les commanditaires. Chaque commandité a la qualité de commerçant. Il est responsable
solidairement et indéfiniment des dettes sociales.
Les commanditaires n’ont pas la qualité de commerçant. Ils ne répondent des dettes sociales qu’à
concurrence du montant de l’apport.
Les statuts de la société en commandité simple doivent mentionner, d’une part, la part du montant ou de la
valeur de l’apport de chaque associé dans le capital social, et d’autre part, la part globale des associés
commandités et la part de chaque associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et le boni de
liquidation18.
Les formalité de publicité sont accomplies selon une procédure identique à celle prévue pour les sociétés
en nom collectif.

1. La gérance

L’article 25 de la loi n¨5-96 interdit au commanditaire de faire tout acte de gestion qui engagerait la
société à l’égard des tiers. En cas de violation de cette disposition ,l’associé commanditaire est tenu
solidairement avec les associés commandités des dettes et engagement de la société qui résultent des actes
prohibés.
La gestion de la société en commandite simple est organisée comme dans la société en nom collectif :
gérant commandité ou non associé, mêmes conditions pour la désignation, la rémunération, la récusation, la
démission, les pouvoirs et les obligations….

2. Les assemblées d’associés

Les assemblées se réunissent obligatoirement pour l’approbation des comptes. Une réunion peut être
demandée soit par un commandité, soit par le quart en nombre et en capital des commandités. Les statuts
peuvent prévoir d’autres modalités de réunion des assemblées.
Les décisions concernant la modification des statuts ne sont prises qu’avec l’accord de tous les
commandités et la majorité en nombre et en capital des commanditaires. La clause qui aurait pour conséquence
d’exiger une majorité plus stricte est réputée non écrite. L’article 28 précise que les associés ne peuvent changer
la nationalité de la société.
Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement de tous les associés. Les statuts peuvent
toutefois stipuler que les parts des associés commanditaires sont librement cessibles entre associés, que les parts
des associés commanditaires peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société, et qu’un associé commandité

18
Article 23, idem.
peut céder une partie de ses parts à un commanditaire ou à un tiers étranger à la société avec le consentement de
tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires 19.

3. Dissolution de la société

La société continue malgré le décès d’un commanditaire. Le décès d’un commandité entraîne en principe
la dissolution de la société. Toutefois, les statuts peuvent prévoir la continuation avec un nouveau commandité
ou avec les héritiers du commandité décédé. Dans ce dernier cas, l’héritier majeur devient commandité et les
héritiers mineurs non émancipés deviennent commanditaires. En la présence d’un seul commandité, si les statuts
stipulent la continuation de la société seulement avec les héritiers, le délai d’un an à compter de la date du décès
a été prévu pour la transformation de la société si aucun des héritiers mineurs non émancipés n’a atteint la
majorité.
La société est également dissoute lorsqu’un commandité est frappé par un jugement de redressement ou
de liquidation judiciaire, par une interdiction d’exercer une profession commerciale, ou par une incapacité. Les
statuts peuvent toutefois stipuler la continuation de la société, s’il existe un ou plusieurs autres associés
commandités. A défaut de stipulation, les associés peuvent décider la continuation à la majorité requise pour la
modification des statuts. Dans ce cas, la valeur des droits sociaux à rembourser à l’associé qui perd cette qualité
est déterminée, à dire d’expert par ordonnance du président du tribunal statuant en référé, toute clause contraire
étant réputée non écrite20.

E. La société en participation

Aux termes de l’article 2, alinéa 2 de la loi n¨5-96 : « …Sont commerciales les sociétés en participation
dont l’objet est commerciale ». A la différence des autres types de sociétés, la société en participation est
commerciale par son objet. Sauf décision contraire des associés, lorsque la société en participation est
commerciale, les rapports entre associés sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif.
La société en participation est constituée avec au moins deux associés. Elle n’existe que dans les rapports
entre associés et elle n’est pas destinée à être connue des tiers. Aucun montant minimum légal pour le capital
social n’est exigé. Les associés conviennent librement de l’objet social, de leurs droits et obligations respectifs et
des conditions de fonctionnement de la société, sous réserve des dispositions impératives contenues notamment
dans les articles 982, 985, 986, 988 et 1003 du dahir formant code des obligations et contrats 21.
Chaque associé conserve la propriété de son apport, sauf clause contraire ou si les associés décident de
mettre en indivision certains apports. Les biens que les associés acquièrent en emploi ou en réemploi de deniers
indivis pendant la durée de la société sont réputés indivis. L’article 91, al.2, précise à ce propos qu’aucun ne peut
demander le partage des biens indivis avant la dissolution de la société, sauf clause contraire.
Dans les rapports avec les tiers, chaque associé agit en son nom personnel. Il est engagé à titre individuel
même lorsqu’il révèle les noms des autres associés sans leur accord. La situation se présente autrement si les

19
Article 27, idem.
20
Article 30, idem
21
Article 89, alinéa 1, idem.
participants agissent en qualité d’associés. Dans ce cas, ils sont tenus à l’égard des tiers comme des associés en
nom collectif.
La dissolution d’une société en participation obéit aux causes générales de dissolution. Outre ces causes
générales, tout associé peut demander, lorsque la durée de la société est indéterminée, à tout moment, la
dissolution de la société. Cette demande est faite au moyen d’une notification adressée par l’un des associés aux
autres associés, pourvu que cette notification soit faite de bonne foi et ne le soit pas à contretemps22.

F. La société à responsabilité limitée

La société à responsabilité limitée est régie par la loi n¨5-96 du 13 février 1997). Elle s ‘apparente à la fois
aux sociétés de capitaux et aux sociétés de personnes. C’est un type hybride qui puise ses règles tantôt des
sociétés de capitaux, tantôt des sociétés de personnes. C’est un outil idéal pour l’exploitation des petites et
moyennes entreprises. Elle est d’un maniement plus ais é que les sociétés anonymes.
La S.A.R.L. se caractérise, comme les sociétés de personnes, par le caractère personnel des associés. Elle
est généralement constituée par un petit nombre d’associés qui se connaissent et se font confiance. De même , la
cession des parts sociales obéit à un régime qui limite la liberté des personnes en la matière.
La parenté de la S.A.R.L. avec les sociétés de capitaux apparaît à différents niveaux :
- Les associés n’acquièrent pas la qualité de commerçant
- Les associés ne sont tenus du passif social qu’à concurrence de leurs apports
- Les évènements qui affectent la situation juridique personnelle d’un associé (décès, déchéance…) n’ont
pas une incidence directe sur le fonctionnement de la société

1. Constitution de la S.A.R.L.

a. Conditions de fond
- Associés : si en principe deux personnes sont indispensables pour constituer une société, la société à
responsabilité limitée peut n’en comporter qu’un « associé unique » (société à responsabilité limitée à associé
unique). C’est la seule exception prévue à la règle de la pluralité d’associés. Dans l’autre sens, la S.A.R.L. ne
peut dépasser cinquante. Au-delà de ce nombre, elle doit se transformer en société anonyme. Elle a un délai de
deux ans pour procéder à la transformation. Etant donné que l’entrée dans la société ne confère pas la qualité de
commerçant, il n’est donc pas nécessaire que les associés aient la capacité de faire des actes de commerce.
- Objet social : le principe est celui de la liberté. Commerciale par sa forme, la S.A.R.L. peut constituer un
cadre pour l’exercice de n’importe quelle activité économique, à condition qu’elle soit licite et non contraire à
l’ordre public et aux bonnes mœurs. Certaines activités ne peuvent toutefois s’exercer dans le cadre de ce type de
société. Il s’agit des sociétés de banque, de crédit, d’investissement, d’assurance, de capitalisation et d’épargne.
- Capital social : le capital social a été fixé à un minimum de cent mille dirhams. Il est exigé à la
constitution. Si le capital devient inférieur à ce montant au cours de la vie sociale, la société dispose d’un délai
d’un an soit pour l’augmenter, soit pour se transformer en société d’une autre forme. A défaut de régularisation,

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Article 91, alinéa 1, idem.
tout intéressé pourrait demander en justice sa dissolution, deux mois après avoir mis les représentants légaux de
la société en demeure de régulariser la situation.
- Les parts sociales : le capital de la société est réparti en parts sociales égales, le montant nominal ne peut
être inférieur à cent dirhams. La cession des parts sociales est libre entre les associés, sauf clause contraire des
statuts. Elles sont également librement transmissibles par voie de succession, entre conjoints et parents alliés
jusqu’au deuxième degré. Le consentement des associés n’est donc pas requis. Seules la qualité d’associé,
d’héritier et le rang de filiation sont exigés.
Dans certains cas, la cession est toutefois soumise au consentement des associés. Les parts sociales ne
peuvent être cédées à des tiers qu’avec le consentement de la majorité des associés représentant au moins les
trois quart des parts sociales. Toute clause contraire est nulle.
Enfin, les statuts peuvent, par une clause d’agrément, limiter la cessibilité des parts sociales, entre
associés, ou en cas de transmission par voie de succession, ou entre conjoints, parents et alliés jusqu’au
deuxième degré inclusivement. Les statuts déterminent les modalités de cette limitation, dans le respect de la
procédure prévue à l’article 58.
- Apports : les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés et intégralement libérées.
Les apports peuvent être en numéraire, en nature et exceptionnellement en industrie. Ceux en nature sont évalués
sous la responsabilité d’un commissaire aux comptes. Leur évaluation doit obligatoirement figurer dans les
statuts. Le rapport d’évaluation sera annexé aux statuts. Les associés peuvent toutefois décider à l’unanimité que
le recours à un commissaire aux apports ne sera pas obligatoire si la valeur d’aucun apport en nature n’excède
cent mille dirhams, et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature non soumis à l’évaluation d’un
commissaire aux apports n’excède la moitié du capital (art. 53).
La loi permet exceptionnellement des apports en industrie. Quatre conditions sont exigées :
* la S.A.R.L. doit concerner l’exploitation d’un fonds de commerce
* le fonds de commerce ou l’entreprise artisanale doit faire partie des apports en nature
* l’apporteur en nature du fonds peut seul faire un apport en industrie
* l’activité principale apportée est liée à la réalisation de l’objet social de la société

b. Conditions de forme
Les statuts doivent être rédigés par écrit, acte notarié ou sous seing privé. Ils doivent, à peine de nullité de
la société, être datés et indiquer certaines mentions prévues par l’article 50 de la loi 5-96.
Les formalités de publicité de la constitution sont accomplies à la diligence et sous la responsabilité des
représentants légaux de la société. Deux copies ou deux exemplaires des statuts doivent être déposés, dans les
trente jours de la constitution, au greffe du tribunal du lieu du siège social, et un extrait publié dans un journal
d’annonces légales et au bulletin officiel. Les représentants légaux sont également tenus de procéder à
l’immatriculation de la société au registre du commerce.

2. Fonctionnement de la société

a. La gérance
* Statut du gérant
Il peut être désigné un ou plusieurs gérants soit parmi les associés, soit parmi les tiers, à condition que ce
soit des personnes physiques. Les gérants sont nommés dans les statuts ou par un acte postérieur, par les associés
représentant au moins les trois quart du capital social. Toute clause exigent une majorité plus élevée est réputée
non écrite. La loi ne limite pas le nombre de gérants, ni celui des mandats d’un même gérant.
Le gérant cesse normalement d’exercer ses fonctions au terme de son mandat, sauf révocation ou
démission. Le gérant peut être révoqué à tout moment par les associés représentant les trois quarts des parts
sociales. Il s’agit d’une disposition d’ordre public. La révocation non fondée sur des causes légitimes peut être à
l’origine de dommages-intérêts en faveur du gérant révoqué. Il en est de même pour la démission. Le gérant est
certes libre de démissionner, mais celle-ci ne doit pas intervenir dans le but de porter préjudice à la société.

** Pouvoirs du gérant
Dans les rapports avec les associés, les pouvoirs du gérant sont précisés dans les statuts, qui peuvent
subordonner certains actes à une autorisation de l’ensemble des associés. En cas de pluralité de gérants, les
statuts pourraient prévoir une répartition des tâches et des pouvoirs. Chaque associé peut effectuer tout acte de
gestion dans l’intérêt de la société en cas de silence des statuts.
Dans les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance dans l’intérêt de la société, sous réserve des pouvoirs que la loi attribue expressément aux associés.
Les limitations des pouvoirs du gérant sont réputées inopposables aux tiers. La société serait engagée même par
les actes du gérant qui excéderaient les limites de l’objet social, à moins d’établir la mauvaise foi du tiers. En cas
de pluralité de gérants, il est possible à un gérant de s’opposer aux actes d’un autre, mais son opposition serait
sans effet à l’égard des tiers, à moins qu’il ne soit établi qu’ils ont en eu connaissance. Le gérant opposant sera
mieux inspiré en notifiant aux tiers et aux autres associés, par lettre recommandée, son opposition à l’acte
projeté.

b. Assemblées d’associés
Les décisions sont prises en assemblés générale. La consultation écrite à propos de certaines décisions est
possible si elle est prévue par les statuts. Le gérant convoque l’assemblée. Le droit de certains associés de
demander au gérant la réunion d’une assemblée est d’ordre public. Chaque associé a droit de participer aux
décisions et dispose d’un nombre de voix égal à celui des parts sociales qu’il possède.
Le commissaire aux comptes, s’il en existe, peut également convoquer l’assemblée. Dans la pratique, le
commissaire aux comptes demande, par lettre recommandés avec accusé de réception, au gérant de convoquer
l’assemblée, et ce n’est qu’en cas d’inaction du gérant que le commissaire procède à la convocation.
Bien que la loi ne le précise pas, tout associé, après avoir vainement demandé au gérant de convoquer
l’assemblée, devrait pouvoir demander au président du tribunal, statuant en référé, la désignation d’un
mandataire chargé de convoquer l’assemblée et de fixer l’ordre du jour.

c. Le commissaire aux comptes


La désignation d’un commissaire aux comptes est obligatoire dans les S.A.R.L. dont le chiffre d’affaires,
à la clôture d’un exercice social, dépasse le montant de cinquante millions de dirhams, hors taxes. Il est toutefois
possible, pour un ou plusieurs associés représentant au moins le quart du capital, de demander au président du
tribunal de désigner un commissaire aux comptes même si ce montant n’a pas été atteint.

3. Dissolution de la société à responsabilité limitée

Les causes générales de dissolution d’une société sont applicables à la S.A.R.L. (arrivée du terme,
extinction de l’objet social…). La S.A.R.L. peut être dissoute si, à l’expiration du délai légal spécifié, la situation
n’a pas été régularisée dans les cas suivants : le nombre d’associés est supérieur à cinquante, le capital demeure
inférieur à cent milles dirhams, la situation nette demeure inférieur au quart du capital social.
La société n’est pas dissoute en cas de modification du statut personnel des associés. Sauf stipulation
contraire des statuts, la liquidation judiciaire, l’interdiction de gérer ou une mesure d’incapacité prononcée à
l’égard de l’un des associés n’empêchent pas la continuation de la société.
La décision de dissolution est soumise aux formalités de publicité par dépôt (au greffe) et par publication
(dans un journal d’annonces l égales et au bulletin officiel) dans les trente jours à dater de ladite décision.

Les sociétés commerciales

I. Les personnes morales de droit privé


II. Les personnes morales de droit public

Chapitre I. Les sociétés en général


A. Le contrat de société
1. Règles communes à tous les contrats
2. Règles propres au contrat de société
3. Conditions de forme et de publicité
B. Personnalité morale et typologie des sociétés
1. Attribution et manifestation de la personnalité morale
2. Typologie des sociétés

Chapitre II. Les structures sociétaires


A. La société anonyme
1. Constitution de la société anonyme
2. Administration et direction de la société anonyme
3. Dissolution de la société anonyme
B. La société en commandite par actions
1. Constitution de la société en commandite par actions
2. Fonctionnement de la S.C.A
C. La société en nom collectif
1. Constitution de la société en nom collectif
2. Fonctionnement de la S.N.C.
3. Dissolution de la société en nom collectif
D. La société en commandite simple
1. La gérance
2. Les assemblées d’associés
3. Dissolution de la société
E. La société en participation
F. La société à responsabilité limitée
1. Constitution de la S.A.R.L.
2. Fonctionnement de la société
3. Dissolution de la société à responsabilité limitée

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