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Motivations
L'apprentissage de la PNL s'inscrit dans mon cheminement de recherche d'efficacité dans la relation d'aide.
Pendant mes études de Psychologie à l'université l'accent était essentiellement mis sur la psychanalyse et
donc la cure psychanalytique. Quelques années de divan m'ont démontré que le freudisme avait un solide
corpus théorique mais que l'efficacité pouvait être améliorée. La Gestalt-thérapie de groupe m'a permis de
faire un grand bond en avant dans mon mieux-être mais en tant que formateur en institution ou entreprise,
l'utilisation des outils gestaltistes m'est apparue très vite périlleuse. Après une initiation à la thérapie
familiale, au psychodrame de Moreno et à l'analyse transactionnelle, je cherchais un outil qui puisse être
utilisé en formation et en relation d'aide.
Sur un plan plus conceptuel, je dirais que mon premier champ d'exploration a été l'intellectuel par la
psychanalyse, puis l'affectif en plongeant dans la Gestalt et enfin je découvre le cognitif. Ce cheminement a
du sens, en effet la première étape a été insuffisante puisqu'elle renforçait des défenses, l'affectif m'a permis
de devenir à nouveau vivant mais mon expérience et ma pratique me faisaient soupçonner la puissance du
mental donc du cognitif.
Diplômé de l'Ecole Parisienne de Gestalt et en cours de validation du diplôme de Maître Praticien en PNL,
je ne pouvais éviter la confrontation de ces deux disciplines, ni dans un but de hiérarchisation, ni dans un
but d'intégration; mais par un effet de contraste, mieux savoir quand utiliser l'une et l'autre.
Enfin, en tant que psychothérapeute, je poursuis toujours le rêve de la "thérapie brève" et il m'a semblé que
l'étude plus approfondie de la PNL me donnerait encore plus d'efficacité dans ma pratique.
Résumé
Cette étude vise à démontrer l'approche spécifique de deux disciplines de la relation d'aide:
la Programmation Neuro Linguistique (PNL) et la Gestalt-Thérapie.
Il s'agit de démontrer que chacune ne peut être réduite à ses outils mais que chacune relève d'une conception
de l'homme.
L'Ètude comparative mettra en évidence que certains leviers de changement sont similaires et qu'ils
prouvent que la Gestalt et la PNL ont des origines communes ou au moins ont essayé l'une et l'autre de
rendre plus efficiente la relation d'aide; l'anti-modèle du changement étant la cure psychanalytique longue et
coûteuse.
Mais l'objet de leur étude et de leur action les rend bien différentes. La PNL est une démarche cognitivo
comportementale, alors que la Gestalt-Thérapie est centrée sur ce qui se passe à la frontière entre organisme
et environnement.
Introduction
La personne qui a besoin de se faire aider psychologiquement, a maintenant un grand choix de " chapelles"
psychothérapeutiques: Psychanalyse, Gestalt, Programmation Neuro Linguistique, Analyse
Transactionnelle, Rebirth, Analyse psycho dynamique, Thérapie Familiale, etc...
Ce mémoire a pour but de comparer deux approches dans la relation d'aide: la Programmation Neuro
Linguistique et la Gestalt-Thérapie.
Nous entendons par relation d'aide: la démarche d'un client demandant à un thérapeute la résolution d'un
problème psychique ou relationnel ou l'aide dans la gestion de sa problématique. Cette intervention
s'inscrivant dans un cadre. Connaissant les deux disciplines, pratiquant la relation d'aide en cabinet de
psychothérapie et formateur-consultant dans le champ de la communication, nous avons voulu les mettre en
regard, non pas pour en comparer les performances mais pour renforcer leurs spécificités.
Dans un premier temps nous étudierons leur filiation, dans un deuxième temps nous montrerons comment
elles constituent des disciplines à part entière, puis la place qu'elles accordent à la relation thérapeutique et
enfin nous tenterons de montrer ce qui les rend semblables et différentes.
Filiation
Comme dans beaucoup de découvertes, il n'y a pas de génération spontanée. Les historiens de la
psychanalyse ont largement montré que les découvertes de Freud n'auraient vraisemblablement pas pu se
faire plus tôt, elles ont bénéficié de courants de pensée contemporains. La Gestalt et la PNL n'échappent pas
à la règle.
Avant la seconde guerre mondiale, Freud a apporté aux Etats-Unis une nouvelle façon d'aborder et de
soigner le comportement humain. Après la guerre, le pragmatisme et la créativité américains ont exporté
vers le vieux continent une longue série de méthodes visant à réduire la souffrance humaine.
On peut situer la conception de la Gestalt en 1942 par Fritz PERLS, psychanalyste juif d'origine allemande
mais son acte de naissance et son baptême officiels sont datés de 1951, année de la parution à New York du
livre-clé: "Gestalt-thérapie", écrit avec Laura Perls et Paul Goodman. Mais cette nouvelle démarche n'est
connue que de quelques initiés.
Dans les années 60-70 un lieu en Californie devient le creuset de beaucoup de courants, l'Institut Esalen,
symbole du vaste mouvement de "contre-culture" de 1968. Perls y officie et devient vite célèbre.
Au début des années 70, John GRINDER, linguiste, et Richard BANDLER, mathématicien se rencontrent.
Ils sont aussi tous les deux docteurs en psychologie et s'attellent à un projet ambitieux: créer pour la
psychothérapie un modèle opérationnel. Ils décident alors d'aller observer les thérapeutes les plus
performants, les "magiciens de la thérapie": Fritz Perls (Gestalt-thérapie), Virginia Satir (thérapie familiale),
Milton Erikson (hypnothérapie). A partir de ces observations, ils modélisent ce qui est efficace dans la
pratique de ces maîtres; l'originalité étant de s'intéresser à ce qui se passe et non pas à ce que dit l'auteur sur
ce qu'il fait. La Programmation Neuro Linguistique était née.
On pourrait donc dire que la PNL est la fille de la Gestalt . En fait cette dernière est issue aussi de plusieurs
influences et Serge Ginger, un des "importateurs" de la Gestalt en France nous rappelle qu'il n'y a pas de
génération spontanée: " Il conviendrait maintenant, en bonne logique cartésienne, de présenter les autres
fondements de la Gestalt-thérapie et notamment la psychanalyse de Freud, et de ses successeurs et
dissidents mais aussi l'expressionnisme de Friedlaendler, le holisme de Smuts, la sémantique générale de
Korzybski, le transcendantalisme d'Emerson, et bien sûr, le psychodrame de Moreno, mais aussi des
méthodes voisines qui l'ont influencée, telles que la psychosynthèse d'Assagioli, le rêve-éveillé de Desoille,
la thérapie centrée sur le client de Rogers, l'analyse transactionnelle de Berne, la dynamique des groupes de
Lewin, les groupes de rencontre de Schutz, ainsi que la végétothérapie de Reich, la bioénergie de Lowen, la
prise de conscience sensorielle de Charlotte Selver, le rolfing d'Ida Rolf, ainsi que l'anarchisme de Proudhon
ou de Kropotkine, la scientologie ou la dianétique de Rubbard, le judaisme, le taoisme, le zen..."
Bandler et Grinder ont toujours affirmé haut et fort que la PNL était issue, entre autres, de la Gestalt. Mais
nous avons voulu montrer qu'en fait les deux spécialités étaient issues de la même mouvance de la
psychologie humaniste qui a fleuri aux USA dans les années 70.
En fait les deux mouvements visent à se démarquer du déterminisme freudien et sont soucieux d'efficacité,
même si les résultats font oublier l'absence de corpus théorique.
Développement psycho-affectif
Il n'existe pas de théorie structurée et cohérente sur la psychogenèse. Ce n'est d'ailleurs pas le souci des
promoteurs de la PNL; le pragmatisme est plus important que le corpus théorique.
Le normal et le pathologique
Pour la PNL, les troubles seraient générés par la représentation que s'est fait l'individu d'une expérience. Son
modèle du monde peut générer des comportements inadaptés. La névrose viendrait donc de la trop grande
prégnance de la carte où les mécanismes habituels de feed-back seraient inopérants. Des croyances
limitantes peuvent également maintenir le modèle du monde du sujet et créer une motivation et une vision
pour l'encourager à développer les comportements qui reflètent cette vision.
Le normal et le pathologique
La Gestalt se refuse à toute nosographie, même si un courant québécois exploite le DSM et même si la
formation fait une place à la psychopathologie dite traditionnelle.
Pour la Gestalt, les troubles viennent d'une réponse donnée, à un moment donné, à une situation menaçante
qui a constitué un mécanisme de survie. Mais comme la satisfaction du besoin du moment n'a pas été
obtenue, les gestaltistes parlent de "gestalt inachevée " qui va s'imposer au sujet pour trouver sa résolution.
La névrose serait donc la perte de l'ajustement créateur pour des raisons liées à l'expérience de l'individu.
SYSTEMES THERAPEUTIQUES
La position du thérapeute
En Gestalt-Thérapie on annonce la couleur en parlant de thérapeute ou d'animateur (celui qui donne de
l'âme). Le thérapeute fait partie du champ, il est donc dans la relation, il va être un levier indispensable.
Perls s'est démarqué de Freud, en s'impliquant dans la relation, il n'est plus le thérapeute placé hors du
champ de perception du client. Serge Ginger parle d'implication authentique et contrôlée.
En PNL on parle d'intervention et de programmeur. Ce dernier ne fait pas partie du champ, il n'est qu'un
"technicien" chargé de diriger le client; soucieux de la technique et du respect de la consigne, il ne peut donc
pas interférer par sa personnalité ou son fonctionnement psychique sur le travail cognitif du sujet.
Transfert et contre transfert
Laplanche et Pontalis définissent ainsi le transfert: "il désigne en psychanalyse le processus par lequel les
dÈésirs inconscients s'actualisent sur certains objets dans le cadre d'un certain type de relation établie avec
eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique. Il s'agit là de la répétition de prototypes
infantiles, vécue avec un sentiment d'actualité ". Le contre-transfert étant les sentiments hostiles ou
affectueux de l'analyste vis-à-vis de son patient.
Les Gestaltistes ne veulent pas prendre à leur compte ces notions psychanalytiques, même s'ils ne contestent
pas la réalité de ce mécanisme psychologique à l'oeuvre dans toute relation psychothérapeutique. Ce qu'ils
ne veulent pas c'est utiliser le transfert comme levier de changement. Ils préfèrent la notion de projection, de
la part du client sur le thérapeute et inversement. D'ailleurs une des principales fonction de la supervision
des gestalt-thérapeutes c'est justement de prendre conscience de leurs projections sur leurs clients.
La PNL n'envisage pas, à notre connaissance, ces phénomènes non-conscients. Elle parle seulement de
l'importance d'établir le rapport: "Le Rapport est une relation de confiance et de coopération dans un climat
de sécurité et d'acceptation mutuelles " . Il y a bien sûr une attitude de base, l'acceptation inconditionnelle de
l'autre, mais le rapport s'appuie sur des techniques externes à l'animateur: la calibration, la synchronisation,
le test par la conduite.
De même la 2ème position perceptuelle qui relèverait de la position empathique rogérienne, ne prend pas en
compte une possible interférence du psychisme du programmeur sur la psyché du client.
Influence
La PNL revendique la recherche de l'influence, c'est ce qui a généré en partie les accusations de technique
manipulatoire. Un outil est particulièrement reconnu comme influent: la synchronisation qui peut porter sur
la posture, la respiration, le langage ou encore mieux les méta-programmes.
La Gestalt-Thérapie est plus ambigüe: "Trop souvent le thérapeute refuse d'admettre le pouvoir de son
influence sur les autres et n'accepte pas la responsabilité de son comportement ". Le thérapeute se veut plus
un maïeuticien, celui qui aide à accoucher, celui qui permet de faire éclore ce qui était déjà chez l'individu.
Son grand souci est également de ne pas avoir de projet sur son client, il ne veut pas l'influencer dans ses
choix.
La suggestion
Pierre JANET la définit comme la "provocation d'une impulsion à la place d'une réalisation réfléchie" Pour
Edmond Marc: "Elle découle de l'attente du patient que le thérapeute le guérisse; c'est cette attente magique
qui lie le patient au thérapeute et fonde sa suggestibilité" .. Les études sur l'effet placebo en médecine ont
démontré l'importance de la suggestion.
La PNL et la Gestalt ne l'envisagent pas, à notre avis, pour des raisons conjoncturelles. La dérive sectaire,
les scandales médiatisés des gourous, les valeurs individualistes prônées dans notre société font que les
thérapeutes ne veulent pas envisager ce paramètre en jeu dans le changement.
Et pourtant on ne peut ignorer que Anthony Robbins ou Grinder ont plus de chances de provoquer le
changement que votre serviteur, à déroulement de protocole identique !...
En guise de conclusion de ce chapitre, nous pourrions reprocher à la PNL de ne pas prendre en compte,
qu'au delà et à travers le rapport il se passe quelque chose d'autre entre un programmeur et son client. Deux
faits nous ont rappelé à cette réalité. Lors de la formation de praticien et de maître praticien, nous avons pu
observer comment certains protocoles étaient plus efficaces avec certains programmeurs et moins avec
d'autres, bien que le déroulement des protocoles soient rigoureux et identiques. D'autre part beaucoup ont pu
constater la difficulté d'appliquer les techniques PNL sur un conjoint !
C'est peut-être le cas d'autres organismes de formation à la PNL, mais nous nous devons de mentionner la
démarche intéressante du Dôjô : les programmeurs doivent assister à des séances de supervision où les
subtilités de la relation thérapeutique sont analysées.
DIFFERENCES OU COMPLEMENTARITE ?
Nous pourrions faire comme Bandler et Grinder à leurs débuts et essayer de découvrir s'il n'y a pas des
leviers du changement identiques, au-delà de la différence des pratiques.
Leviers du changement
l'importance de la relation thérapeutique
Pour Edmond Marc, il n'y aurait pas de frontières entre les disciplines techniciennes et les autres
relationnelles: "certains mettent d'avantage l'accent sur le rôle technique et stratégique du praticien
(comme la psychanalyse, les thérapies comportementales et systémiques, la PNL...), alors que d'autres
mettent au premier plan le facteur relationnel (Jung, la psychologie existentielle, Rogers...).
Mais à mon sens, il ne peut s'agir que de polarité et d'accent, car aucun thérapeute n'intervient sans
s'appuyer sur un certain cadre théorique et sans avoir une certaine stratégie thérapeutique; et en même
temps, aucune technique ne peut être mise en oeuvre sans une certaine qualité humaine (d'ouverture,
de compréhension et de tact)
D'autre part de nombreuses études outre-Atlantique (Marziali et Alexander, 1991, Horvath et
Symonds, 1991, Saunders et Howard, 1989, Talley, Strupp et Morey, 1990 ) ont montré que la qualité
de la relation thérapeutique était la plus grande variable prédictrice du succès d'une psychothérapie,
plus que le choix de la technique. Carl Rogers l'exprimait déjà: "La rencontre chaleureuse, subjective
et humaine de deux personnes est plus efficace pour amener un changement que ne peut l'être le
système technique le plus perfection
mettre à l'extérieur ce qui est interne
Le modèle des parties (PNL), la "hot seat" (GT) vont permettre de séparer et de rendre formel ce qui
est confus et envahissant.
reprendre contact avec le corps
La calibration, l'ancrage, les submodalités (PNL), l'awareness, la mobilisation corporelle, le toucher
(GT) permettent à l'individu de recontacter la composante physique de son expérience et favorisent le
processus d'intégration.
prendre conscience de ses filtres, croyances (PNL), résistances (GT)
Dans les deux cas le cognitif va être sollicité pour dÈmonter les mécanismes de la névrose et ainsi
permettre au sujet de savoir sur quoi il peut porter ses efforts; il quitte une attitude d'impuissance pour
celle de projet.
mieux communiquer
Pour Jane Turner, du Dôjô, un des objectifs de la relation d'aide c'est que la personne soit sujet de son
verbe. Pour la Gestalt aussi le " je" doit remplacer le "on". Quand l'individu est sujet de son désir, il
peut communiquer avec autrui, il n'est plus dans la projection ou dans l'introjection.
expérimenter pour donner plus de choix
En Gestalt la "mise en action" (enactment) va mettre en scène ou symboliser un sentiment, une
relation, une situation avec le support d'un objet ou d'un partenaire. Les travaux de Moreno sur le
psychodrame ont mis en évidence la fonction d'anticipation du jeu de rôle; c'est une ouverture du
champ des possibles.
En PNL, le générateur de comportements nouveaux, les injonctions "comme si"vont permettre au sujet
d'élargir son expérience et ses représentations.
revisiter le passé
Tout évènement du passé est ce qu'il est mais il est possible d'en changer la représentation, la
signification, les croyances associées. La PNL peut utiliser ici le recadrage et la GT le monodrame.
se sentir responsable
La GT et la PNL sont, comme tout le courant de psychologie humaniste, en rupture avec le
déterminisme freudien. Le passé est ce qu'il est, par contre mon présent et mon avenir sont de ma
responsabilité. Les deux disciplines ont foi dans les capacités de changement et d'évolution des
individus; elles font référence à la célèbre phrase de Sartre: "L'important n'est pas ce qu'on a fait de
moi mais ce que je fais moi-même de ce qu'on a fait de moi".
Identification
D'après Bernard Hévin du Dôjô: "En fait tout reposerait sur l'identification. Le changement c'est la capacité
à m'identifier à un moi qui est capable de... "Et c'est l'autre, en l'occurence le thérapeute, qui va autoriser de
nouvelles identifications. "Qu'il y ait donc une perception sociale de soi-même, sans laquelle l'ego ne saurait
naître, cela semble donc hors de doute. Le "pour soi"se présente comme une réalité, une création psycho-
sociale. L'individu n'est "pour lui" qu'en fonction d'une image de soi et de structures intériorisées répondant
à des mécanismes divers d'identification" . Le jeu de rôle montre bien comment les individus ont une palette
comportementale insoupçonnée mais l'identification est plus difficile car elle nécessite un travail
d'incorporation. Et c'est là que des phénomènes complexes, liés surtout à la relation thérapeutique vont
autoriser ou pas ces nouvelles identifications: permission, suggestion, transfert,...
En conclusion ce qui pourrait rapprocher les deux disciplines de notre étude, nous pourrions dire
"Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse! ". André Moreau évoque ce qui est à l'oeuvre dans toute
psychothérapie: "...leur efficacité vient probablement de ce qui leur est commun, notamment les points
suivants:
* l'attention portée par le patient au processus par l'intermédiaire de ses organes sensoriels: sentir au
niveau des muscles, ou de la peau, écouter, regarder ce qui se trouve autour de lui, ou regarder dans
les yeux du thérapeute.
* la croyance du thérapeute dans sa méthode, qui fait partie de son contre-transfert.
* la croyance du patient dans la valeur du thérapeute, qui fait partie de son transfert.
* l'abandon aux sensations, (lâcher prise).
* l'écoute réciproque, tant de la part du soignant que du soigné.
* l'expression libre, verbale ou corporelle.
* la prise de conscience et l'intégration plus harmonieuse du passé dramatique (souvenirs, fantasmes,
peurs) dans le présent apaisé et apaisant".
Après avoir exploré ce qui semblait rapprocher les deux spécialités, place maintenant à ce qui constitue
leurs spécificités.
Topique de l'objet
Où se situe l'objet qui fonde la démarche?
La PNL est une démarche cognitivo-comportementale, c'est-à-dire qu'elle s'intéresse à l'intra psychique,
essentiellement les représentations, les états internes et processus mentaux. Son action va donc porter
principalement sur cette instance.
La Gestalt Thérapie s'intéresse principalement à la frontière-contact, à ce qui se passe entre organisme
environnement, pour elle l'activité psychique n'est que le reflet de ce qui se passe à la frontière de l'individu.
C'est pourquoi son art va s'exercer dans la relation thérapeutique, le maître mot étant le cycle du contact.
Thérapie ou Développement personnel
Un adage dit que "la thérapie c'est ce qui rend moins malheureux, le développement personnel c'est ce qui
rend plus heureux ". On peut dire que la thérapie répond à un appel d'un individu encombré par une
souffrance, une blessure, une répétition de scénarios qui l'empêchent de vivre sa vie en tant que sujet de
désir et en relation; le développement personnel est une demande de plus: plus d'autonomie, plus de
confiance en soi, plus à l'aise avec le corps, plus de créativité, plus de communication véritable, plus de
sens...
La PNL ne serait-elle que du développement personnel, sans avoir jamais eu l'ambition d'être une thérapie?
En effet Jane TURNER nous rappelle que: "Au début de la PNL, avant même qu'elle ne soit baptisée ainsi,
Bandler et Grinder proposaient que la PNL ne fut pas une psychothérapie en tant que telle, mais un modèle
de l'expérience humaine permettant la mise à jour et le transfert de compétences". Il est vrai qu’à notre
connaissance il y a peu de thérapeutes qui disent n'utiliser que la PNL dans leur pratique. Les PNListes se
rencontrent plutôt dans la formation, le conseil, le coaching. Alors existe-t-il une thérapie PNL ?
Une autre question survient immédiatement: existe-t-il des thérapies brèves? Pour l'Ecole de Palo Alto, c'est
possible puisqu'elle propose des thérapies en 10 séances. Pour Jane Turner: "la notion de thérapie brève est
inexacte, on devrait dire thérapie limitée à un nombre de séances. Tout est dans l'objectif, et en fait la
définition de l'objectif peut prendre plusieurs séances"
La Gestalt affiche son statut de thérapie mais a abandonné le concept de thérapie brève. Par rapport à la cure
psychanalytique classique, la Gestalt apporte des résultats rapidement mais un vrai travail sur la structure
demandera un an ou deux.
Utilisation du passé
La Gestalt se dit une thérapie de l'ici et maintenant donc à la différence de la psychanalyse, le passé et
l'enfance ne sont pas pris en compte a priori. Mais l'expérience démontre que l'ici et le maintenant renvoie
souvent à un ailleurs et pas maintenant. Les "gestalts inachevées" sont bien des incursions du passé dans le
présent. Pour achever ce qui a été entravé la Gestalt va privilégier l'abréaction émotionnelle. L'émotion
enfin exprimée ne va plus " empoisonner" le sujet et ne va plus le maintenir dans une compulsion de
répétition.
Pour la PNL, le passé est "revisité" en injectant des ressources qui ont manqué à l'époque. Et comme le
cerveau ne fait pas la différence entre ce qu'il y a dans le souvenir et ce qui s'est passé en réalité, la
représentation de l'évènement traumatisant change et n'encombre plus le sujet. Pour Jane Turner: "Une
croyance imprimée dans la petite enfance n'est pas au même niveau que la permission que je voudrais
accorder à l'adulte. Il faut d'abord retourner à l'évènement ancien et l'aider à se donner une permission à ce
moment là de son histoire " .
Même Serge Ginger, le célèbre gestaltiste, en convient: "Le système limbique permet donc l'intégration de
notre passé et, le cas échéant, le ré-enregistrement éventuel d'expériences réparatrices de re-programmation
(utilisées en thérapie comportementale et en PNL)"
Emotion ou représentation
La Gestalt distingue bien le cognitif de l'affectif, elle se méfie d'ailleurs du cognitif car il est souvent
assimilé à une défense: l'intellectualisation."Retrouvez vos émotions !" tel pourrait être le slogan de la
Gestalt. Les émotions deviennent des alliées puisque souvent elles n'ont pas pu s'exprimer et ont ainsi
généré des résistances, sources de la névrose. L'expression des émotions et des affects devient l'outil
privilégié, ce qui favorise la caricature: "Il y a en Gestalt-thérapie, une sorte de norme d'expression des
émotions. On en est arrivé, dans les groupes de Gestalt-thérapie, à s'embrasser, gesticuler, crier, frapper des
coussins, sans que cela soit le moins du monde thérapeutique, simplement pour obéir à cette norme en
dehors de laquelle on n'est pas gestaltiste ".
Pour les PNListes il y a différence entre émotion appropriée et expression de l'émotion. Il ne faut pas
confondre la réaction physiologique d'emblée qui est souvent programmée génétiquement et qui est un
réflexe de survie et l'expression de l'émotion. Il ne s'agit donc pas de rechercher la décharge émotionnelle
mais de rechercher l'attribut fonctionnel qui est en jeu et d'explorer s'il y a satisfaction ou non-satisfaction de
nos critères. "Les émotions, comme les autres éléments de l'expérience subjective, possèdent une structure
que nous pouvons modèliser et changer si nécessaire".
Conclusion
Au terme de cette étude et au vu des similitudes, nous pourrions être tenté d'adhérer au courant dit
d'intégration qui cherche tous les points communs de beaucoup de disciplines, pour en créer une seule qui
ferait la synthèse. Pour Jane Turner:"Je ne crois pas beaucoup à l'intégration des différents modèles, je
crains un nivellement, une banalisation. Des modèles différents ne s'accumulent pas mais s'enrichissent "..
C'est un peu comme certains thérapeutes qui disent "faire une cuisine avec les outils de l'AT, de la PNL, de
la Gestalt et du Training autogène,... ! ". Nous avons essayé de montrer qu'une discipline ne pouvait pas être
réduite à des techniques ou des outils. Chaque discipline s'inscrit dans une conception de l'être humain, dans
une philosophie.
L'objet même de la Gestalt centré sur la frontière organisme -environnement et celui de la PNL centré sur
les représentations montrent bien qu'il s'agit de deux approches spécifiques.
Doit-on par conséquent choisir entre une identité de Gestaltiste ou de PNListe, même si on a suivi les deux
cursus de formation? Il ne s'agit pas de faire un choix de vie mais un choix d'indication dans la pratique de
psychothérapeute. S'agit-il d'un client qui manque de..., qui voudrait plus de..., qui a un problème
contextualisé? La démarche PNL semble ici indiquée. S'agit-il d'un client qui somatise ou de quelqu'un
blessé par la vie? La Gestalt-thérapie va sûrement l'aider à rompre ce scénario de répétition.
Il s'agit pour le thérapeute de savoir toujours où il en est, pour que sa pratique ait un sens.
Alors fromage ou dessert? Pourquoi pas: fromage et dessert! Mais il ne viendrait à l'idée d'aucun
gastronome de mettre dans la même assiette les deux mets. Même s'ils sont tous les deux des aliments, un
tel mélange n'a pas de sens. Quand je déguste ce Roquefort accompagné de pain beurré et de vin de
Bordeaux, mes papilles captent le salé et la force de ce mets et mon mental revoit ces célèbres caves
fromagères visitées quelques années auparavant. Quand arrive ensuite cette mousse au chocolat faite
maison, c'est un autre plaisir et d'autres élaborations !!
Bibliographie
R. BANDLER "Les secrets de la communication" Ed Le Jour Montréal 1982
Richard BANDLER "Un cerveau pour changer" InterEditions Paris 1990
Alain CAYROL "Derrière la Magie" Ed InterEditions Paris 1984
Catherine CUDICIO " Maîtriser l'art de la PNL" Ed d'Organisation" Paris 1988
Serge & Anne GINGER "La Gestalt" Ed HG Paris 1990 p.
J-Claude FILLOUX "La personnalité " Ed PUF Paris 1980
Ed. FINN "Stratégies de communication" Ed de Mortagne Ottawa 1989
Jay HALEY "Un thérapeute hors du commun: Erickson"Ed EPI Paris 1984
Edmond MARC "Processus de changement en thérapie" Ed Retz Paris 1987
André MOREAU "Effet placebo en psychothérapie" Revue SFG Paris n°10
Marie PETIT "La Gestalt thérapie de l'ici et maintenant" Ed ESF Paris 1984
Henri PIERON "Vocabulaire de la Psychologie" Ed PUF Paris 1979
Anthony ROBBINS "Pouvoir illimité"Ed R. Laffont Paris 1989
Josiane de SAINT PAUL "L'Esprit de la Magie" Ed InterEditions Paris 1995