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Georges MARCHAL et
Françouse CHRISTOPHE
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AVIS IMPORTANT
Cette rubrique est ouverte
à nos lecteurs aux conditions
suantes
1° Chaque lettre ne doit
contenir que trois questions (et
non truie séries de questions). Sous cette rubrique, le Camériste répond à TOUS ses correspondants
2° Toutes les réponses seront
publiées ci-dessous, eu pseu- pour Ms e sorties s de filou ; datai, Un grand patron, Le Pas- Pagel énumérés récemment b•S.
donyme (court) choisi. Nous d'où retards. Voila pourquoi tant sage de l'émis, Mammy, Foyer Nous ne publierons pas L'Oiseau
ne pouvons répondre directe- de films sortent d'abord hors perdu (ex-Tes es lm imbécile), La de Paradis ; mes regrets. — Nous
ment par lettre. Paris. — Oui, la plus grande salle Dante aux camélias, La Belle de ne fournissons pas de photos
3° Vu l'abondance des de. de cinéma d'Europe est le Gan- Cadix. d'artistes. Écrives aux artistes
' mont-Palace de Paris. Quant à par notre intermédiaire, si vus
o
mande., le délai de parution la plus luette... affaire de goût !
SOURIRE D'ÉTÉ. — Pola
Rémi, cheveux noirs, yeux verts, le désirez. — Renseignements suc
des réponses est actuellement Jeu Chaseller souvent donnés ici.
de trois mois environ. PIMPRENELLE. — Oui, 10,60.
4° Nous ne publions pas Magali de Vendredi et Magali WESTERN UNION. —
Vandel sont la même personne. —
FIDÈLE A DANY. — Lamy
. Ceux de nos lec- Parles tourne meme. Ses films ne assez de place pour fa ire
d'ed Gregory Peck n'a jamais divorcé.
viennent pas jusqu'à nous, voilà figurer ces interminables listes
teurs qui désirent écrire aux Son épouse, Greta Rice-Konen, d' s Oscars e et autres récom-
artistes (cinéma seulement) tout... — i.e film qu'il a tourné
est la première et la seule. — penses. Vous êtes san s pitié! —
avec Elizabeth Taylor est The
peuvent nous envoyer leurs François Périer était divorcé de L' Oscar • du meilleur, film
Light Fauteuils (inédit en France).
lettres en inscrivantsim- Jacqueline Porel lorsqu'il épousa américain est allé, cette année,
plement sur l'enveloppe le Marie Darnes. Mais elle contrer. 81 TU T'IMAGINES. — Écrivez au film Sous le plus grand ehapi.
tait son premier mariage. â Paulo Marguy une lettre séparée !eau du monde. Prix de la meilleure
nom de l'artiste (affranchir
pour lui demander une interview réalisation à John Ford, pour
à15 francs pour les artistes ADMIRATRICE DE a MON de Juliette Greco. — Nous trans-
FILM Vous me feriez plaisir
L'Homme ',offline.
résidant en France et à mettrons à Marion Brando votre
30 francs pour l'étranger). en admirant assez Mon Film lettre. affranchie à 3o francs. Il L. DE W..., CASABLANCA. —
Cette lettre affranchie, des- pour m'appeler par mon nom, est né le 9 avril 1924 à Omaha Pas de p.udo! Je suis obligé de
qui est k Camériste e... — (Nebraska, U. S. A.). Il mesure vous en fabriquer uu... —
tinée à l'artiste, doit nous Pour les films de Tony Curtis, 10,132, a les cheveux bruns et les l'impression de vous avoir déjà
MN envoyée sous une autre voyez réponse récente (n. 373, répondu au sujet de Rouletabille
yeux gris. Célibataire. — Rensei-
enveloppe à notre adresse, page z) à ROSE-MARIE POLKA, et Le Silence est d'or. — Nous
gnements sur Michel Auclair
affranchie à 15 francs. Nous et â bientôt ! donnés et redonnés récemment. avons publié (n. 64, épuisé) le
transmettons aussitôt (lettres LE POTINEUR. — Nous 6Ina de René Clair, Le Silence est
exclusivement). IVANHOÉ. — Richard Ander- d'or, avec Maurice Chevalier et
publierons Finettes de Paris, —
son (Philippe de Valmorin dans François Périer, dont la réalisa-
(Nous ne pouvons accepter Véronique a été réalisé en 1949: Scaramouche) est né en 1933 à tion date de 1'946. Est-ce Men
que le. timbres français et les Le Nuit s'achève, CO 1949 ; Les
Los Angeles. Il a tourné également de ce film que vous voulez parler ?
coupons - réponse interna- Clés du royaume, en 1944. —
Un Homme de ler et Riche, jeune Il me semble que non. — Clark
tionaux. — Quand il s'agit Voyez l'interview de Marie-France
et jolie. -- Scaramouche a été Gable est né à Cadiz (Ohio,
dans notre no 300.
d'artistes peu connus ou débu- réalisé en 1951. — Au deld du U. S. A.) le leè février soin. Che-
tant, prière de nous indiquer A. D. M. DE F. ARNOUL. — Missouri, en 1951. veux bruns, yeux bleus, l0,82.
dans quel film on le. a vus.) Ginette Leclerc (Geneviève Menu), Divorcé de Joséphine Dillon,
divorcée de Lucien Leclerc, puis
UNE FIDÈLE LECTRICE. —
puis de Rhea Langham, veuf de
James Stewart est né le 20 mai
LA LAVANDIÈRE. — Zsa-Zsa de Lucien Gallas, est née à Paris la regrettée Carole Lombard,
1908 â Indiana (Pensylvanie,
Gabor us le, cheveux blonds, les le 9 février mu. Cheveux aca- divorcé de Sylvia Ashley. Non
U. S. A.). Marié à Gloria Mac
veux marron et I11,111, I.
,6 jou, yeux noisette, 10,63. — remarié pour le moment. Derniers
Lean depuis 1949. Derniers films
Nicole Francis a tour. La
parus en France La Flache
Porteuse de pain, Les Joyeux
pèlerins, Bibi Fricolin, La Plus brisée, Malaya, Gare au percep.
tettr, Harvey, Winchester 73, Le
belle fille du monde, Plume a u
vent. — La jeune actrice qui l'orage Petlastique, Les Alia-
s, L'Homme d la carabine,
apparait aux côtés de Tino Rossi
Sous le plias grand chapiteau ils
dans Paris citante toujours est
inonde. — Cornet Wilde est né
Christine Carrère.
à New-York le 13 octobre 1915.
ÉLISABETH. — Le Fils de Divorcé de Patricia Knight ;
d'Artagnort dans le film italien remarié à Jean Wallace. Derniers
du méme nom est l'acteur italien filma parus en France Les Fils
Piero Palermini. Je n'ai aucun des mottîquelaires, Sons le plus
renseignement scie lui. gratta chapiteau du monde. —
TOUTOUNE. — La chanson Gérard Landry est né à Buenos.
que chante Marin Lanza au début Aires, de parents français, le
du Grand Caruso est, je crois, e5 octobre 1913. Marié successi-
Sur les grands /lots bleus, valse vement à Janine Darcey, à une
moo. jeu. anglaise, à Jacqueli. Porel
et à France Degand (son épouse
TCHICKIE. — Elvire Popesco actuelle). Dentiers films s Le
a les cheveux blonds, les yeux Désir et l'amour, Les Amants
Bart LANCASTER verts et mesure 10,69. de Tolède, La s Canaques blonde, Ingrid BERGMAN
A LORA CRAWFORD. — L'Étrange amazone, L'Esclave,
dans La Fille perd.. dans
Merci de votre gentille et inté-
Les Amants traqués ressante lettre. Vous voyez très Les Amants du Capricorne
LYNX BLEU.— Gérard Philipe
juste. — Mila Parnly a tourné: est né à Cannes le 4 décembre
PLOUM PLOUM. — Comment, Port d'attache, Monsieur des Lote- filins parus en France Tragique
11 existe une jeune fille qui ne sait toua. Il répond, en général. J'ai
dines, Le Lit d colonnes, Cavalier dit souvent ici comment procéder
décision, Pote plaire d sa belle,
pas que Tyrone Power, divorcé noir, La Belle et la Béla, Rêves La Clet sous la perle, L'Étoile
de notre compatriote A.abella, pour écrire aux artistes. Lisez
d'amour, Dentier >Hum Destins, à ce sujet l'avis souvent publié
solitaire, Au deld du Missouri.
est remarié à Linde Christian ? Mission à Tanger, Véronique. —
Il est né à Cincinnati (Ohio, en page 2, première colonne, TÈTE BLONDE. — Quand Mi
Claude Nient est né à Paris le dans ce numéro, justement.
U. S. A.) le 5 mai 5913. Liste de liras celle !dire, qui est terminé
sa février 1905. Il a tourné
.s films donnée et redonnée (et depuis mai dernier, a été tourné
Monsieur chasse, Les Amants de KALOUA, — Le pseudo à la
fort longue). — Distribution de dans un studio parisien. —
Vérone, Mitose Cingle. libertine, fin de la lettre, et écrit lisiblement,
Courrier diplomatie« (1950) Qu'appelez-vous une s figure
Justice est laite, Les petites Car- je vous prie... — Films de Debra
T y rone Power (Mike Kels), grosses ? Philippe Lemaire n'a
Patricia Real (Joas Ross), Ste- pas un visage minuscule, en effet.
phan Mac Nally (colonel Cagle), Mais il n'est pas leseul. Et
Hildegarde Neff (Janine), Karl depuis quand est-ce s affreux,
Malden (Envie), James Millican En 'outre, vous avez pu tomber
(Sam Carew). — Lorsque Tarzan sur une mauvaise photo... — En
était Johnny Weissmuller, il eut août, il a tourné La Rage au
pour partenaire, dans le rôle de corps, avec Françoise Arnoul,
Jase, klaureenO'Sullivan jusqu'en
TOUS LES MERCREDIS. 5, boul. de. Rollon., PARIS 10.). LE CAMÉRISTE.
r9.4z, puis Brenda Joyce. —
Affranchissez à 3o francs pour RIdacteur te chef Pierre HENRY
Tyrone Power. LECTRICE recherche les nu-
Abonnements, France et Colonies : méros 1 à rem de Mon Film, en
SIAM OF BONDAROY. —
Attendu que les exclusivités 1 an 780 fr. 6 mots 420 fr. bon état. Écrire à Met 10. Orise,
durent plus longtemps â Paris, Ceamr chlega gaga= : Pote 5497-59. chemin de la Dussaude, Libourne
Il y a embouteillage des salles (Gironde).

2
MS MM!
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Avant de rejoindre le directeur général de la Simoun,

D
ANS l'une des plus jolies villas de Marly-le-Roi, Didier
Guéret sortait sa voiture du garage, tandis que sa Didier voulait savoir si sa femme dormait encore.
sœur ainée, déjà habillée et prête à partir, en dépit de — Madame vient de sonner pour le petit déjeuner, annonça
l'heure matinale, faisait à la bonne un tas de recom- Anna.
mandations. — Très bien, passez-la-moi.
Clémence Guéret était une excellentepersonned'une cinquan- Rapidement, mais avec une profonde sollicitude, Guéret
taine d'années. Mince,les gestes vifs, elle amusait par son esprit demanda à Alberte si elle avait passé une bonne nuit, et com-
caustique, mais toujours bienveillant. Abrégeant ses instruc- ment elle se sentait. Bien sûr, il aurait aimé l'embrasser avant
tions à Anna, la jeune domestique, elle monta aux c8tés de de partir, mais il craignait toujours de la réveiller en ouvrant la
Didier, qui s'impatientait au volant. porte de sa chambre. Le temps était frais ce matin, elle devait
Didier Guéret n'avait que trente-cinq ans, mais ses solides bien se couvrir pour descendre dans le jardin. A regret, et après
qualités lui valaient depuis plusieurs années une position quelques mots tendres, Guéret raccrocha et passa chez
enviable aux usines d'automobiles Simoun. Il était mainte- Lanzel.
nant directeur commercial et jouissait auprès des patrons Ce dernier exposa d'emblée ses préoccupations. Leur agent
comme des ouvriers d'une grande popularité. Intelligent belge faisait des siennes; il fallait le joindre de toute urgence
généreux, travailleur, Guéret n'avait qu'un seul défaut: la et l'amener à renouveler son contrat avec la Simoun,
colère. Pour masquer ce La perspective de ce
trait de caractère, il déplacement contraria
devait sans cesse se visiblement Didier :
dominer. — J'étais à Bruxelles
Une demi-heure plus LES AMOURS FINISSENT A L'AUBE il y a quinze jours, et
tard, la voiture stoppa tout allait bien!
à la porte de Saint- Réalisation d'Henri CALEF. — Oui, mais, depuis,
Scénario original et adaptation de Marcel RIVET.
Cloud, devant un lycée Van Goffin est allé faire
de jeunes filles où Clé- INTERPRÉTATION .. un tour à Munich.
mence était professeur. Didier Guéret Georges MARCHAL. — Et alors ?
Ayant déposé sa sœur, Aliter. Françoise CHRISTOPHE. — Il a visité les usi-
Leone Fauter Nicole COURCEL.
Didier poursuivit son Clémence Guéret Suzanne DEHELLY. nes Kurlom. Pendant
chemin et rangea bien- Commissaire Lon* >cotiez CASTELOT. trois jours, il n'a pas
tôt son auto dans la >hes René BLANCARD. quitté le vieux Kurlom.
Lacent Louia SEIGNI21.
cour de l'usine. Il gagna Yen Corso Jacquet MOREL. Ce n'était sûrement pas
rapidement son bureau D. Dufour Olivier HUSSENOT. pour essayer de lui ven-
et décrocha le téléphone «Lalo le Paul AULIS. dre une de nos voitures.
Anna Annie NOEL.
pour appeler Marly, Charlotte Micheline CARY. — Il était d'accord
malgré l'avertissement Production FILMS VENDONS d'Adolphe Osso. sur les conditions du
que lui donnait sa secré- Récit de Marcel DASST. nouveau contrat
taire : — Mais il ne nous
— M. Lanzel vous de- l'a pas retourné et il
mande de toute urgence. fait traîner les choses
3
3".
Laissant Alberte en compagnie de ses parents, Didier avait
pris le train pour Bruxelles. Van Goffin l'attendait sur le quai
de la gare. C'était un homme corpulent, d'aspect un peu vul-
gaire.
Les deux hommes montèrent dans la voiture du Belge. Cinq
minutes plus tard, ils pénétraient dans un restaurant-bar
réputé : Le Saint-Antoine. Insensiblement, la conversation
s'aiguillait sur le sujet qui leur tenait à coeur : le métier.
Van Goffin argumentait sur la faveur grandissante des
voitures américaines et sur le terrain perdu, en Belgique, par les
marques françaises.
— Aussi vous proposez-vous de pousser la voiture alle-
mande! s'exclama brutalement Guéret. Inutile de nier, nous
savons que vous êtes allé en Allemagne la semaine dernière.
Fritz Kurlom vous a fait des propositions, et vous êtes prêt à
les accepter. Seulement, vous le regretterez quand nous sorti-
rons notre nouveau modèle... ajouta vivement Guéret en
étalant syr la table les plans d'une voiture qui allait faire sensa-
tion sur le marché. Il en détailla complaisamment tous les
avantages, carrosserie de grand luxe, grande vitesse en palier
et consommation réduite, qui mettait le kilomètre Simoun àun
prix inférieur à celui des voitures de même cylindrée.
Le coup avait porté. Van Goffin, craignant de passer à côté
de la belle affaire, prenait un ton conciliant. Du côté alle-
mand, rien n'était fait. La discussion se prolongea pendant une
bonne partie du déjeuner, mais, en quittant la table, Guéret
rangea dans sa serviette le contrat signé. Grâce à son habileté,
le meilleur représentant belge restait à la Simoun.
Le soir, Didier et en longueur exprès. Van Goffin est le Tandis que Guéret menait brillamment ses négociations,
Alberte se retrou• meilleur vendeur belge, nous ne pou- M.,Platz, la patronne du Saint- Antoine, prenait à partie sa
vèrent avec joie.1 vons pas courir le risque de le voir caissière, qui venait encore d'arriver en retard. C'était une jeune
_passer chez un de nos concurrents. femme de vingt-trois ans, qui subissait les récriminations avec
Voyez-le et traitez, vous avez carte une moue dédaigneuse. Leone Fassler, jeune et jolie, avait
blanche. de nombreux succès masculins, et M.,Platz lui reprochait
Lorsque, sa journée de travail terminée, Didier repassa au aigrement de ne pas être sérieuse. Léone se moquait des obser-
lycée pour reprendre Clémence, il était encore sur le coup de la vations; intelligente et rusée, elle connaissait trop bien les
contrariété du voyage à Bruxelles. Ce déplacement tombait petites combines de la maison pour craindre de perdre sa place.
mal; d'abord, cette absence imprévue contrarierait Alberte. Des deux femmes, c'était plutôt à M.,Platz de trembler, au
Justement, les parents de la jeune femme arrivaient d'Amboise cas où sa caissière en viendrait à bavarder inconsidérément.
pour un court séjour dans la capitale. Il aurait l'air de fuir les Tandis que Van Coffin s'attardait à régler l'addition, Guéret
réunions de famille prévues. Et puis Didier répugnait de plus s'approcha de la caisse pour acheter des cigarettes. Il resta
en plus à s'éloigner de chez lui, depuis qu'il savait qu'une impassible, cependant que Léone Fassler le regardait intensé-
crise cardiaque pouvait à tout instant terrasser son épouse. ment, et sortit en compagnie de son représentant belge. Mais
Cette cruelle menace giclait la vie de ce couple d'amoureux. le même soir, vers onze heures, Didier se fit discrètement
Clémence ne remarqua pas tout d'abord la mine renfrognée conduire eh taxi jusqu'aux abords du restaurant et donna au
de son frère. Elle était elle-même préoccupée par l'approche des chauffeur l'ordre d'attendre.
examens et l'insuffisance notoire de plusieurs candidates au L'établissement était vide. Gaston, le barman, troquait sa
bachot. a puis elle devait s'arrêter pour quelques courses: veste blanche contre son veston. A la caisse, Léone fermait les
tiroirs après y avoir rangé les registres, les notes et tous les
notamment pour acheter du cordon de tirage pour les rideaux
de la salle à manger et de l'acide sulfurique pour déboucher papiers de service.
l'évier. Tandis que le barman éteignait les lumières et fermait les
Dissimulant son impatience, Didier s'arrêta devant une grilles, la jeune femme sortit et se dirigea vers le taxi.
droguerie; pendant qu'il attendait, un vendeur de journaux — Je m'excuse de t'avoir fait attendre si longtemps, dit-
passa, hurlant à plein gosier le dernier fait.divers : elle en s'asseyant près de Guéret, cependant que la voiture
— Lisez l'affaire de la Malle Sanglante de Nancy Der- démarrait.
niers détails Léone Fassler occupait un petit appartement modeste, mais
Guéret n'était pas spécialement friand de ce genre de lecture, coquet, presque élégant. Elle y avait déjà reçu Guéret. Cette
mais il avait l'habitude d'acheter un journal du soir. Il prit fois encore, il venait de passer la nuit dans ce lit où, seule
donc un exemplaire et le parcourut en attendant sa soeur. maintenant, elle s'étirait voluptueusement tout en observant
Sur quatre colonnes, et avec photos à l'appui, un envpyé son amant qui achevait de s'habiller. Il se hâtait, car il devait
spécial relatait la macabre découverte faite en gare de Nancy,. se rendre à la gare et, pour rien au mon-
Il s'agissait du cadavre dépecé d'une femme enfermé dans une de, il n'aurait voulu manquer son train.
malle déposée à la consigne. L'enquête s'avérait difficile, car la — Quand reviendras-tut interrogea Didier avait in-
police ne parvenait pas à identifier la victime. Cette situation, la jeune femme. vit Van Dullin
si elle se prolongeait, assurerait l'impunité au coupable... Didier eut un geste vague. Il se refusait au restaurant.
Clémence reparut et Didier s'em-
pressa de démarrer. Tandis qu'elle
épiloguait sur les innombrables tâches
qui incombent à une femme désireuse
de tenir dignement son intérieur,
Guéret fonçait vers Marly. Il déposa
sa soeur et ses colis devant la porte
de service, puis pilota sa voiture en
direction du garage. Comme il en
refermait la porte, une forme fémi-
nine se jeta dans ses bras.
Les époux échangèrent un long
baiser, puis, comme Alberte avait du
mal à reprendre son souffle, Didier la
gronda tendrement : courir n'était
pas raisonnable!
— La journée loin de toi m'a paru
si longue... soupira la jeune femme.
— Et à moi donc ! appuya sincère-
ment Didier.
Ils s'entendaient merveilleusement
et, depuis cinq ans qu'ils étaient
mariés, jamais le moindre nuage
n'avait assombri leur bonheur.

4
toujours à préciser. Ses rencontres avec Léone n'étaient pour
lui 'qu'une aventure sans importance. Il ne cherchait d'ailleurs
pasà la leurrer à ce sujet.
Jusqu'alors, la caissière du Saint-Antoine avait paru se
satisfaire de ce procédé. Mais, ce matin, elle se montrait
différente. Une soudaine curiosité lui venait au sujet de ce
Didier dont elle ignorait même le nom.
Elle prétendit en avoir assez du Saint-Antoine et de Bru-
xelles. Du travail à Paris, voilà ce qu'il lui fallait. Didier avait
certainement assez de relations pour l'aider à se caser...
A contre-cœur, Guéret griffonna un nom et une adresse sur
un bout de papier, puis il repartit en se promettant intérieure-
ment de ne plus aj mais rencontrer cette jeune personne. Elle
ne l'intéressait pas suffisamment pour l'inciter à courir le
moindre risque. Rien ne devait troubler la paix d'Alberte.

Le train roulait à toute vitesse vers Paris. Installé dans son


compartiment, Guéret revoyait le dossier Van Coffin, tandis
qu'un couple, assis en face de lui, épiloguait sur l'affaire de la
malle sanglante de Nancy, toujours à l'ordre du jour. L'en-
quête de la police piétinait, l'identité de la victime n'ayant
toujours pas été établie. Pleine d'entrain, Alberte voulut abso- Au matin,
— En somme, l'assassin peut dormir tranquille, conclut le Jument danser, Comme son mari hésitait, Didier se pré.
voyageur, cependant que sa compagne acquiesçait. Il a réussi elle s'accrocha à lui et l'obligea à tour- para à partir.
un crime parfaitI noyer ils avaient tant aimé cette valse...
A l'usine, Lanzel félicita chaudement son directeur com- Alors il la prit dans ses bras et, doucement,
mercial. Et il lui annonça que, pour le remercier, la maison il glissa en cadence. Ils se grisaient tous deux à cette évocation
lui confiait l'organisation du salon de Genève. Guéret n'avait du passé, quand Alberte chancela et perdit connaissance...
qu'à préparer son projet, Lanzel se faisait fort de le faire Le docteur, appelé d'urgence au chevet de la malade,parvint
approuver par le Conseil d'Administration. à la ranimer et il la rassura de son mieux, tout en lui recom-
Deux mois passèrent dans la fièvre des préparatifs. Tandis mandant la prudence.
que Didier conférait avec les dessinateurs, choisissait des Pour Didier, qui ne se dissimulait pas la gravité de cette
affiches, préparait son stand d'exposition, Clémence réorgani- crise, l'alerte était rude. Il raccompagna le Dr Dufour et,
sait leur appartement parisien et s'y réinstallait avec le jeune d'une voix bouleversée par l'émotion, il le supplia de lui dire
ménage. La villa de Marly ne se rouvrirait qu'aux beaux jours. la vérité.
Pour la société Simoun, le salon de Genève avait d'autant Le médecin eut un geste vague :
plus d'importance qu'on y allait présenter les nouveaux modèles — Votre femme peut vivre six mois... un an... dix ans...
fabriqués par l'usine. Elle peut également mourir d'un instant à l'autre. Ce que je
Malgré ses préoccupations professionnelles, Didier ne négli- puis vous affirmer, c'est que sa vie dépend de vous, et de vous
geait pas Alberte, confinée à la maison pour un long hiver. Il seul... Il y a longtemps que la médecine l'a abandonnée ; vous
avait commandé un ravissant collier, qu'il lui offrirait pour êtes son miracle quotidien. Elle se raccroche à vous comme la
l'anniversaire de leur mariage. dernière feuille d'un arbre se raccroche désespérément au
Ce soir-là, quand il rentra à la maison, Clémence s'était dernier rayon de soleil, lorsque vient l'hiver...
éc vée. Elle avait veillé à ce qu'Anna dressàt dans la salle à Et le docteur conclut :
manger un souper d'amoureux. Les yeux brillants de joie, - Quand vous vous sentez irritable surmené, fatigué, ner-
Alberte guettait l'arrivée de son mari. Elle l'entraîna au salon veux, c'est qu'à votre insu elle a puisé en vous une partie de
et lui offrit son cadeau, tandis que Didier tendait l'écrin d'un des vos propres forces qui lui permettent de demeurer en vie... Je
meilleurs joailliers parisiens. n'ai pas besoin de vous dire que cette dernière crise est la plus
A la vue du bijou, Alberte poussa un cri d'admiration. Puis grave de toutes. Je vous le répète très sérieusement : pas de
elle voulut que Didier lui-même fiait le collier autour de son fatigues, pas d'émotions, pas de contrariétés. Le moindre choc
cou. Elle portait, pour la circonstance, une jolierobedécolletée, peut déclencher une nouvelle crise, et cette fois...
et le scintillement des diamants sur sa peau claire ajoutait S'étant composé un visage, Didier retourna au chevet
encore à sa maladive beauté. d'Alberte, exsangue et épuisée, mais qui lui souriait.
Bouleversés de tendresse, Didier et Alberte évoquèrent leur — Depuis deux ans, je ne te donne que des soucis, mon
rencontre fortuite au Touquet, leur sympathie réciproque et ce pauvre chéri.., murmura-t-elle avec une profonde tendresse.
grand amour qui en était né. Pour Alberte la vie avait commen- Être malade juste la veille de ton départ, c'est trop bête...
cé à cette époque ; rien de ce qui précédait ne comptait. Un peu trop vite, Didier annonça à sa femme qu'il ne parti-
A la fin du repas, ils allumèrent les cinq bougies du gitteau rait pas, il ne voulait pas rester trois semaines loin d'elle. Alors
d'anniversaire et les soufflèrent ensemble, en formulant Alberte s'agita. Pour prendre une décision aussi grave, il
secrètement le vœu de préserver longtemps leur bonheur, fallait qu'elle fût en danger. Le docteur, qui lui promettait la
menacé par la maladie d'Alberte. guérison, la trompait...
Didier emplit deux coupes de cham- Guéret eut beau protester, affirmer, il dut, pour rassurer
Léon. étale cals- pagne et mit en sourdine un disque, Alberte, revenir sur sa décision de demeurer à Paris.
Bière au restaurant qui était le grand succès musical Écrasé de soucis, le cœur déchiré, Guéret venait de conférer
Saint-Antoine a, de l'année de leurs fiançailles. une dernière fois avec Lanzel, et il se disposait à prendre la
route quand un camion de livraison
accrocha sa voiture dans la cour même
de l'usine.
Un flot de colère envahit Didier et
il s'en fallut de peu qu'il ne se colletat
• avec le chauffeur maladroit. Pour
comble de malchance, il pleuvait à
torrents, et son phare avant droit
était démoli. Ce contretemps oblige-
rait Guéret à rouler à petite allure ; peu
importait, après tout : l'essentiel était
qu'il atteignît Genève avant dix
heures du matin, pour l'ouverture
du salon.
Comme il sortait de l'usine, Didier
dut freiner brusquement : une femme
s'avancait sur la chaussée au-devant
de sa voiture. Elle avait surgi d'une
encoignure de porte, où elle se tenait
à l'abri c'était Léone Fassler...
Avant que Guéret fût revenu de sa
stupeur, Léone ouvrait la portière et
s'installait à ses c8tés.
— Il y a longtemps que je t'attends,
5
disait Guéret ou rien, c'était exactement la même chose,
Elle ne le croyait pas. Depuis leur première rencontre, il
mentait constamment. Pourquoi avait-il attendu ce jour pour
avouer qu'il était marié ? Pourquoi fallait-il que ce soit juste
au moment où elle lui annonçait son état qu'il révélait son
union avec une malade ?... Cela sentait terriblement l'excuse
inventée au dernier instant, pour se dérober à ses obliga-
tions...
Même si Didier disait la vérité cette fois, Léone exigeait
davantage. Elle ne se laisserait duper ni par des paroles ni
par des serments; elle exigeait des actes.
D'un air déterminé, elle déclara qu'elle allait contrôler les
affirmations de son amant.
— Je sais où tu habites, je vais voir ta femme.
— Tu es folle 1— protesta violemment Guéret. Tu ne feras
Pas ça?
-- Pourquoi pas? riposta Léone, l'air mauvais.
Épouvanté, Didier pria, supplia, mais il se heurtait à une
femme déchainée, incapable de pitié.
Alors la raison de Guéret s'égara. Il voulut empêcher Léone
de sortit, elle se débattit, proférant des menaces. Fou de colère,
Didier la saisit à la gorge :
— Te tairas-tu, à la fin 2... clama-t-il violemment. Je te dis
qu'il ne faut pas que tu la voies; ma femme mourrait... tu la
tuerais I... Promets-moi que tu ne lui diras rien, jure-moi que
tu ne parleras pas...
— Veux-tu m'aider à observa-t-elle, comme si la chose Prenant conscience de son geste brutal, Guéret licha brus-
trouver un emploi à eût été naturelle. Tu vois, je suis quement Léone, qui s'abattit mollement sur le tapis, comme un
Paris 7 demanda Lion.. trempée... Tu te demandes com- pantin désarticulé. Hébété, Didier se pencha sur elle, essaya
ment je t'ai retrouvé, en dépit du de la ranimer, mais il comprit bientôt que tout était inutile.
faux nom et de la fausse adresse Il fallait faire quelque chose... Le premier geste de Guéret
que tu m'avais donnés ? Heureusement, le barman du Saint- fut de décrocher le téléphone pour appeler le commissariat de
Antoine s'est débrouillé... Il a eu le renseignement par Marly. A cet instant, son cerveau se remit à fonctionner et il
M. Van Goffin. pensa à Alberte, qu'il devait à tout prix protéger. Didier rac-
— Pourquoi es-tu venue ?... Qu'est-ce que tu veux ? crocha sans parler, cependant qu'il reprenait son sang-froid et
— Il fallait absolument que je te parle... coordonnait ses idées : dissimuler son crime, faire disparaitre
— C'est si urgent que ça ? le cadavre, gagner Genève en temps voulu.
— C'est grave... Tu pars en voyage ? ajouta Léone en Sur la cheminée, la pendule était recouverte de journaux.
remarquant les valises sur la banquette arrière. Didier posa son regard sur une manchette, qui lui remémora
— Explique-toi l.. s'exclama Guéret d'un ton impatient. une histoire vieille de trois mois, et toujours sans solution :
Léone se refusa à parler ailleurs que dans un endroit tran- « L'affaire de la malle de Nancy est au point mort. »
quille. Pour en finir, Didier décida de l'emmener à Marly. Sa Il pensa au grand panier d'osier entreposé dans son
villa inhabitée lui parut discrète à souhait. garage et prit une rapide décision.
Il faisait nuit noire lorsque Guéret et Léone pénétrèrent dans Il s'agissait tout d'abord de rendre
la maison glaciale. En traversant le vestibule faiblement le cadavre méconnaissable. Grelce à la Didier offrait à
éclairé, la jeune femme glissa son parapluie dans un égouttoir bouteille d'acide sulfurique trouvée dans • Albert* un ra-
en grès, placé à cet effet près du portemanteau ; puis, à la suite le placard de la cuisine, il défigura vissant collier.
de Didier, elle entra dans le salon, singu-
lièrement hostile avec ses sièges recou-
verts de vieilles tentures et son lustre
emmailloté de gaze. Clémence ne man-
quait jamais, la saison finie, de transfor-
mer l'accueillante demeure en un abri
de fantômes...
Bien qu'assez peu impressionnable,
Léone ne put réprimer un frisson. D'un
geste rapide, Guéret découvrait deux
sièges et invitait sa visiteuse à parler.
Alors Léone Fassler annonça qu'elle
attendait un enfant. Un enfant de Didier,
conçu lors de son dernier voyage à Bru-
xelles. Ce n'était pas de l'argent qu'elle
venait quémander. Dieu merci, elle avait
toujours su gagner sa vie toute seule;
mais le bébé devait porter le nom de
son père. En d'autres termes, Léone
Fassler demandait à Guéret de divorcer
et de l'épouser.
Didier protesta véhémentement, tenant
la chose pour impossible .
— As-tu des enfants ? interrogea la
jeune femme.
— Non.
— Alors 1_ Rien ne t'empêche de
faire ton devoir.
— Je ne veux pas I clama Guéret,
hors de lui.
Il essaya d'apitoyer Léone sur Alberte
très malade, qu'une émotion pouvait
tuer. Elle l'interrompit avec un ricane-
ment ironique : les hommes ont décidé-
ment beaucoup d'imagination quand il
s'agit de se dérober.
— Je te répète que tu ne manqueras
de rien I promit Didier, en se déclarant
prêt à faire tout au monde pour réparer
les torts qu'il pouvait avoir vis-à-vis de
Léone. Je ne te demande qu'une chose :
que ma femme n'en sache rien.
Léone avait écouté en silence; elle
était impassible, inaccessible : ce que

6
demande s'il nous apprendra quelque
chose...
C'était accorder un trop maigre crédit
au médecin légiste. Ce dernier précisa que
la date du crime pouvait se situer trois
semaines environ avant la découverte
de la malle. La victime avait été étran-
glée presque comme par accident, une
membrane très sensible ayant été atteinte.
En tout cas, il ne s'agissait point d'un
coup brutal. Elle paraissait agée de vingt
à vingt-cinq ans; ses mains soignées
indiquaient qu'elle ne fournissait pas un
travail manuel; elle semblait bien tour-
née, coquette. Enfin, elle était enceinte
de plus de deux mois.
Dans le bureau du chef de la Brigade
Criminelle, l'équipe du commissaire Lotte
était réunie au grand complet. Un jeu de
photos circulait de mains en mains. Celles
de la malle et celles de la victime, dont le
visage boursouflé était rongé par l'acide
et méconnaissable.
Ayant relevé dans les annuaires des
professions et du téléphone la liste des
marchands de bagages et de cordages,

Les époux fêtaient Léone, puis, ayant arraché toutes


leurs cinq années les marques de ses vêtements, il
d• mari a g e. enferma le pau'vre corps anonyme
dans la malle d'osier. Pour ficeler
celle-ci, Didier arracha le cordon de
tirage des doubles rideaux. Ensuite il amena la voiture devant
le porche et hissa son macabre colis sur le porte-bagages
arrière.
Il était maintenant onze heures. Ayant refermé la villa,
Guéret reprit la route de la capitale. Sous des rafales de pluie,
il gagna le parc des Buttes-Chaumont et engagea son auto sur
le pont qui domine le lac. Comme il l'avait espéré, les lieux
étaient déserts. Didier dénoua rapidement les sangles qui rete-
naient la malle sur son support et, s'arc-boutant contre la
balustrade, il fit basculer le cercueil d'osier dans l'eau suffi-
samment profonde en cet endroit. Il y eut un bruit sourd, puis
un bouillonnement à la surface du lac tandis que la malle
s'enfonçait dans la vase. Bientôt après, les rides de l'eau
s'effacèrent et tout reprit son aspect normal.
Maintenant, Didier brûlait la grand'route. Un panneau
routier indiquait : a Genève so6 kilomètres » En dépit de
l'unique phare, le voyageur appuyait sur l'accélérateur. Il
devait regagner les trois heures perdues depuis son départ de
l'usine pour se constituer un alibi si besoin était.
La pluie tombait toujours. Le rythme régulier et monotone
de l'essuie-glace obsédait Guéret. Traversant une nappe de
brume, il crut voir devant lui une silhouette de femme, et son
cœur se glaça de terreur : serait-il désormais hanté par la les enquêteurs commencèrent à I — Je no te donne que
continuelle présence de Léone dans son esprit ? travers la ville un travail de recher- des soucie, murmura
Il arriva en Suisse épuisé, hagard; sa barbe avait poussé au ches épuisant, monotone, Mais tristement Alberta.
cours de cette nuit infernale et soulignait ses traits tirés. Sa méthodique.
pàleur, enfin, lui composait un masque étrange... Il s'agissait, si possible, de trou-
Quand il eut fait sa toilette et bu un café brûlant, le direc- ver la personne ayant vendu la malle ou les cordons de tirage
teur commercial de la société Simoun se crut prêt à affronter utilisés par l'assassin, afin de parvenir à identifier ce dernier.
son personnel, arrivé la veille. L'apercevant, sa secrétaire Tous ces efforts furent vains.
s'avança, souriante. Elle avait des renseignements à lui deman- Jaltex et son assistant Carlier essuyaient de leur côté un
der, des explications à lui fournir. Mais Didier ne l'entendait échec. Au bureau des a personnes disparues », aucune des
point, ou plutôt il ne parvenait pas à fixer sa pensée. Et ce femmes recherchées par ce service ne correspondait au signa-
lui fut un supplice que de devoir serrer des mains, saluer des lement de l'inconnue de la malle des Buttes-Chaumont.
clients, examiner le stand, discuter des dispositions à prendre. L'assassin marquait des points.
Ce Didier prétexta un malaise pour ne pas dîner. Jaltex se rendit aux laboratoires de l'identité judiciaire, où
Arrivé dans sa chambre, il s'affaissa sur son lit et sombra des spécialistes achevaient leurs observations.
dans un sommeil agité, entrecoupé de cauchemars. Puis il se Les vêtements de Léone Fessier, fripés et maculés par leur
réveilla et se décida à ôter ses vêtements fripés. Mais, quand il séjour prolongé dans l'eau, se trouvaient étalés sur une table.
fut étendu entre les draps, il ne parvint pas à se rendormir. Les ourlets et les coutures du manteau et de la robe, patiem-
Les jours se succédaient sans apporter d'apaisement au ment défaits, ne fournissaient aucune indication. Seul le
meurtrier de Léone. Il lui venait par moments une folle envie manteau avait porté une griffe de couturière, mais elle était
de regagner Paris, de rejoindre Alberte si désemparée par son arrachée, et la doublure avait suivi, le long de l'encolure.
absence. Puis il lui semblait que plus jamais il n'oserait fran- Évidemment, l'assassin était pressé...
chir la frontière et se retrouver sur les lieux du drame. Rien ne ressortait de ce minutieux examen, rien, sinon un
bout de papier qui semblait avoir échappé à la fureur destruc-
a•• tive du meurtrier parce qu'il avait glissé entre le tissu et la
doublure de la veste, par la poche décousue.
Pendant que Guéret passait par ces alternatives, une nou- Jaltex saisit une loupe et se pencha attentivement sur le
velle sensationnelle éclatait: on venait de découvrir une malle grimoire illisible. L'encre, délavée par l'eau, s'étalait en
contenant un cadavre dans le lac des Buttes-Chaumont. auréoles autour de ce qui paraissait avoir été des chiffres,
L'appareil policier se mit aussitôt en mouvement. Le com- Un chimiste saisit avec des pinces cet
missaire Lotte et son adjoint Jaltex envoyèrent le corps unique indice à ne pas négliger. Il le plongea
l'Institut médico-légal, aux fins d'autopsie, cependant que les dans plusieurs bains successifs, et l'on put
services de l'identité judiciaire passaient au crible les vête- bientôt lire un nom, Saint-Antoine, et une
ments de la victime. série de chiffres superposés, se terminant par
Lotte manquait de confiance : une addition.
— Le cadavre est dans un tel état, grogna-t-il que je me — Vous aimez les devinettes, celle-là devrait
En passant par le
studio, naturellement ;
mais je Crois que Peter
:4 LES AMOURS
Van Eyck attache plus
d'importance à la mu-
sique qu'a sa vedette.

UN I
r 1.2,I,r
II-1EZ

— Vous êtes alle-


mand naturalisé am& du studio à
ricain ?
— Je me 'préparais
à faire une carrière normale, comme tout le monde, et des études
humanistes. Mes parents m'engageaient à faire valoir les domaines
qu'ils _possèdent en Prusse. Mni, je ne 'rêvais que de musique...
-- On sait que vous êtes un admirateur fervent de J.-S. Bach.
— ei mené la grande bataille pour le piano.
— Quand avez-vous quitté l'Allemagne ?
— • n 1932. L'ambiance, en Allemagne, me déplaisait. J'avais
dix-huit ans. Paris fut mon quartier général jusgli en 1936... A cette
époque, j'ai r,joint l'Amérique, oh j'ai collaboré aux compositions
musicales d'Irving Berlin.
Un soir, à Hollywood, en 1943, chez un ami, je rencontrai un
personnage qui parlait d'un bouquin tiré à plus d'un million
d'exemplaires. Dans l'histoire, il y avait un type d'homme
auquel je répondais, parait-il. De nombreux essais avaient été
faitsar des acteurs divers. « Essayez., me conseilla-t-on. Je
répondis «Pourquoi pas ?... s Les essais furent concluants. Le
succès de ce film Nuit sans
lune, fut formidable! Je signai, Peter Van EYCK
e lui,?
o ugans
aeen rrerrrt:
.,0«
trLes Cinq Surgis du Désert,
Adresse sncannue. Puis je reçus
cette fameuse invitation du
Président...
— Quelle invitation ? deman-
dai-je.
— Une invitation très polie,
explique Peter Van Eyck en
Ida LUPINO s'amusant de ma nalveté une
(Photo Worm. Brom.) invitation, signée du Président, à
me rendre dans l'armée !
— Hélas I...
— Encore une fois, je me suis
préparé à faire comme tout le
monde. Je me suis fait inscrire
à une école spéciale. J'ai été
nommé officier et je suis parti
pour l'Europe.
— Votes n'avez jamais eu la
nostalgie de votre pays d'oriine?
— fait la guerre ici. Je ne
suis retourné en Allemagne qu'à
la fin. J'ai été nommé dans un
Gene TIERNEY cadre du gouvernement mili-
(Phots 20th Contury-Fos) taire. J'y ai fait mon devoir
jusqu'en 1948—
. Les trots premières années
qui ont suivi la guerre, Berlin
m'a énormément intéressé.
Cette ville, que j'adore, resur-
gissait de set ruines presque
miraculeusement. Ramassé sur
sa douleur, Berlin récupérait les
vieilles poutres, les pierres noir-
cies, les fils de fer et, de cette ré-
cupération, renaissait le cinéma,
la radio, la presse.
J'aime l'esprit et l'indépen-
dance des Berlinois, continue
Peter Van Eyck, qui ne renie
pas le pays.. de son enfance ;
leur humour très spécial me ravit.
— Et vous Courez le monde !
— C'est vrai' I soupire l'acteur,
qui avoue: en ai assez d'être
vagabond. hlais, en 1948, pour
ne pas être gratte-papier, une fois
Ôté l'uniforme, que fallait-il faire?
- - Partir !
Je rentrai en
Californie, où j'avais
été naturalisé.

an EYCK

_ Qu'en dit votre
famille t
Tout à fait
d'accord. Ils sont tous
là-bas, sauf une soeur,
française, qui, elle
ausi, désirait courir le
a salle de bains minuomm onde et regarder ce
q ui s'y passe.
ALLO, PARIS!
— Revenu à Paris, une firme allemande me téléphona : u Voulez-
. vous tourner un film ?» J'ai dit s Pourquoi pas ?...» Ce film a eu un
grand succès et j'en ai joué cinq autres milieux ans, en Allemagne.
Mais ils étaient tous médiocres, Je me suis dit : « Je perds mon temps...
»Que faire ?... Ici, je suis payé in, car en Allemagne on paietrêsbien lés
acteurs ; il y avait longtemps que j'avais quitté Hollywood. Je ne vou.
lais pas y revenir pour taire des démarches.
— Et alors ?
— Je me demandais sans cesse « Où aller, maintenant ? fait-
. on des films bien ?... » A Paris et à Rome. Paris me tentait. Je suis
arrivé ici sans le sou, mais heureux de me retrouver en France, et
je suis tombé sur un engagement dans Au cœur de lu Casbah, puis
dans Le Salaire de la Peur.
— Vous ne parlez que du travail... Vous avez zin Coeur, pourtant I
- Je me suis marié deux
fois. La première fois avec une
Ni Dieu, Ni Diable Américaine. La. seconde, avec
une marquise... Ma femme est
Hollywood ; d'ailleurs, nous
désirons nous fixer en Amérique.
— Votre métier impose
votre amour de cruelles sépa-
rations.
— Je m'ennuie de ma femme,
avoue ce grand garpn au
visage énergique, mais qui me fait
cette réflexion attendrissante
« Pourquoi les gens restent-ils
s si tard dans les cafés ? On est si Marcha VICKERS
n bien dans son lit I (Photo W Bes..1
— Fiez-vous à •ces grands
diables qui ont l'air de vouloir
broyer tout le monde I... répon-
is-j. Ce sont les plus senti-
mentaux... Comment est-elle,
votre lemme ?
— Blonde... J'en ai assez de
( me balader. Je vais m'établir
nP là-bas, murmure-t-il.
Je scrute, à neuf heures du
soir, le visage que Peter Van
Eyck a soigneusement déma- Eleanor PARKER
quillé. Il sort du studio. Il est (Photo Werner Broc.)
visiblement éreinté.
— Ah 1 vivement ma salle de
bains I...
des étages,
Peserrfe
er n'arrête
ltttgt
une porte
— Un concert, un concert !
s'écrie-t-il. Je vous dis que l'on
joue du Bach, Mi I... Il y a donc
des musiciens dans cette maison?
— Ce n'est que la radio I
Peser Van Eyck adore la
musique, vénère la propreté,
aspire à la tranquillité.
— Votre femme est-elle eu.
quette ?
— Non IdQuant à moi, M porte
ce veston e velours dans tous
les pays à Munich, à Rome, à
Hollywood, à Paris...
Confidence recueillie
par
Paule CORDAY-MARGU,

le grand Magazine du Coeur


De. histoires vécues sensibles et vraies.
Des romans à suivre passionnants.
Trois content-photos enchanteurs.
Dei conseils judicieux.
Une page de mode élégante, pratique!
b..,, entendu LE COURRIER DU COEUR d'AUX PeRRODON.

du vrai.du beau...du rêve...


vous amuser, dit Jaltex en remettant sa trou-
vaille à son patron.
(Sean. Le commissaire réfléchit pendant quelques
deu, instants, puis déclara
F.g• — On dirait une facture ou un relevé de
compte...
— Oui, mais se rapportant à quoi et appartenant à qui t...
— Toute la question est là/ soupira le commissaire Lotte en
plaçant le bout de papier sous le sous-verre de son bureau, afin
de l'avoir toujours présent devant lui.

ett
Bien que trois semaines se fussent écoulées depuis la terrible
crise qui avait failli l'emporter, l'état de santé d'Alberte ne
s'améliorait que très lentement.
Elle se levait pour aller du lit à la chaise longue, n'ayant
pour toute distraction que les bavardages d'Anna, la petite
bonne, et la compagnie de.Clémence,:dès que celle-ci pouvait
se libérer de ses élèves.
Clémence était l'infirmière la plus compréhensive et la plus
attentive que l'on pût souhaiter, Elle savait plaisanter quand il
fallait, ou se taire si le visage de la malade trahissait une
fatigue soudaine. Alors elle préparait rapidement le tonique qui
convenait, remontait l'oreiller, tirait les rideaux pour épar-
gner à la jeune femme la lumière trop brutale et quittait la
pièce à pas feutrés, suivie par le regard tendrement recon-
naissant d'Alberte.
Ce jour-là, Clémence rentrait de faire des courses et bavar-
dait tout en préparant le goûter qu'elle allait prendre avec sa
jeune belle-saur. Après de longues heures de solitude et de
silence, Alberte, sauf aux mauvais jours, aimait écouter
l'excellente femme qui la distrayait en lui rapportant le petits
potins du quartier.
Clémence parla tout d'abord de ses élèves, la grande préoc- importance plus grande qu'il n'en avait — Je vals être
cupation de sa vie après Didier et Alberte. Puis des fiançailles réellement. mère...annonça
de la fille de la crémière, de la maladie du gamin de la concierge La jeune femme secoua mélancolique- enfin I. done.
et du déménagement des vieux époux du troisième, obligés, en ment la tête :
raison de leur difficile situation de petits rentiers, d'échanger — Tu te trompes, Clémence : cela aussi
leur appartement contre un modeste deux pièces dans un quar- a une très grande importance... et le malheur de beaucoup
tier déshérité de banlieue. de couples désunis provient souvent de ça... Tu comprends
— Tu oublies quelque chose... prétendit Alberte, comme pourquoi j'ai le droit d'être inquiète...
Clémence ne voyait rien à ajouter. La bonne interrompit la conversation : deux messieurs
— 'Moi ?... Mais non, je t'ai tout dit... Tout ce que je savais. désiraient parler à M. Guéret.
Par la bonne, la malade avait appris que le jeune ménage Clémence se rendit dans le living-room, où effectivement
du sixième divorçait. Le mari était parti avec une autre deux inconnus attendaient. C'étaient- des inspecteurs de
femme... Évidemment, Clémence préférait taire ce sujet et la police judiciaire.
feindre l'ignorance.
Alberte profita de cette occasion pour se confier à sa belle st*.
sœur. Depuis qu'elle avait failli mourir, elle réfléchissait beau-
coup. Elle pensait constamment à Didier, qu'elle adorait et qui Une foule assez dense emplissait le hall de l'exposition du
l'aimait tant ; mais il menait une vie d'homme actif et bien Salon de l'Automobile de la ville de Genève. Les curieux
portant. Ne se lasserait-il pas de sa femme toujours malade et allaient d'un stand à l'autre, admirant les différents modèles
qui ne pouvait plus être pour lui une épouse au sens complet exposés.
du mot ?... Malgré la torture qu'elle éprouvait en imaginant Un groupe d'acheteurs et de représentants d'automobiles
que son mari pourrait un jour la tromperavec uneautrefemme, entourait le directeur commercial de la Simoun. Les exclama-
Alberte était bien obligée d'admettre cette éventualité. Et, ' fions s'entre-croisaient, et Didier avait toutes les peines du
dans ce cas, elle ne pourrait en vouloir à Didier. monde à répondre correctement. Sa pensée était ailleurs.
Clémence s'insurgea vivement contre Van Goffin, arrivé de la veille, ne put s'empêcher d'en faire
cette idée. Selon elle, le bonheur d'un l'observation. Il s'inquiéta de savoir si, par hasard, Guéret
Didier amena ménage ne reposait pas exclusivement serait souffrant.
Léone dans sa sur le plan purement physique, et il ne Celui-ci prétendit se sentir parfaitement bien, mais il
villa déserte. fallait pas attribuer au désir charnel une s'avoua excédé par toutes les questions oiseuses que les
curieux lui posaient. Pour changer de sujet de conversation, le
Belge parla de Bruxelles; incidemment, il mentionna le départ
de la caissière du restaurant Saint-Antoine:
— Elle a levé le pied et elle a disparu... Faire la noce quelque
part avec un beau garçon, probablement I conclut Van Goffin
avec un gros rire, qui s'arrêta net pour faire place à une excla-
mation de surprise.
En effet, sans rime ni raison, Guéret tournait les talons,
écartait les gens qui lui barraient le passage et quittait rapide-
ment le hall d'exposition.
— Qu'est-ce qui lui prend, tout à coup ? balbutia le repré-
sentant belge, interloqué.
Didier n'avait pu supporter ce rappel de sa victime. Depuis
des jours, il s'effœrit vainement d'oublier son crime. Et il
songeait avec angoisse que, demain, l'exposition finissait. Il
'faudrait regagner Paris, retrouver Alberte et Clémence,
l'usine, les familiers. Comment se comporterait-il devant
eux? Tous ces gens n'allaient-ils pas découvrir combien il
était différent de l'autre Didier, celui d'avant ?
Il redoutait surtout la perspicacité de Clémence... Si elle
allait se douter de quelque chose ?
Lorsqu'il rentra à l'hôtel, Guéret s'arrêta devant la pile des
journaux amoncelés sur la table. Une fois de plus, il lespar-
courut fébrilement, de celui qui relatait la découverte de la
malle dans le lac des Buttes-Chaumont jusqu'à celui du jour.
Au début, l'affaire occupait plusieurs colonnes en première
page, puis l'intérêt journalistique décroissait.
o L'enquête marque le pas, la malle garde son secret »,
annonçait-on finalement en quelques lignes, au bas de la Ce bout de cordon de tirage qui traînait, Didier l'avait
quatrième page. coupé après avoir ficelé la malle. Il s'était servi de ces ciseaux,
Guéret se persuada que toutes ses craintes étaient vaines et abandonnés sur la console.
qu'il pouvait regagner sans crainte la capitale. Quand ils eurent fait longuement le tour de la maison,
Pourtant, une sourde angoisse étreignit le voyageur quand l'inspecteur Sennac déclara qu'il ne restait plus qu'à visiter le
il aborda son quartier. Mais l'accueil de son garagiste, parfaite- garage.
ment normal, puis celui de son marchand de journaux lui D'une voix blanche, Guéret observa que cela lui paraissait
rendirent sa maîtrise habituelle. C'était sottise de penser que superflu, le garage ne contenant rien de valeur. Mais Sennac
quelqu'un pouvait le soupçonner. était tatillon et ne faisait jamais son travail à moitié. Il
Dès qu'elle entendit la clé dans la serrure, Alberte, qui entraina le petit groupe à sa suite et pénétra le premier dans le
guettait depuis des heures, se précipita dans l'entrée pour se garage, où traînaient seulement quelques outils de jardinier.
jeter dans les bras de Didier. — C'est curieux, souligna pensivement Clémence, j'ai
— Si tu savais combien'tu m'as manqué... balbutiait-elle en l'impression qu'il manque quelque chose...
embrassant longuement son mari. Elle réfléchit, puis s'exclama brusquement :
Clémence, à son tour, paraissait ; une expression curieuse — La malle!... Ils ont emporté le grand panier d'osier !
traversa son regard : elle trouvait son frère maigri, fatigué : Et elle en fournit une minutieuse description.
— Tu as bien mauvaise mine 1... Tu n'es pas malade, au — Ce vol n'a rien d'étonnant, dit l'un des inspecteurs. Les
moins ? cambrioleurs ont dû utiliser la malle pour transporter des
— Ce n'est rien; un peu de grippe... J'ai pris froid en objets volés.
voiture. L'enquête était terminée. Les policiers se retirèrent, décla-
— Tu me rassures! s'exclama Clémence, qui se reprochait rant que Guéret serait avisé si les malfaiteurs étaient arrêtés.
déjà d'avoir alarmé Alberte. Si tu étais arrivé dix minutes plus Tandis que Didier se hâtait vers sa voiture, prétextant un
petit réglage à effectuer avant de regagner
Paris, Clémence fermait soigneusement portes et
fenêtres.
Elle s'en allait quand son attention fut attirée,
dans l'entrée par un parapluie de femme.
Elle crut qu'il était à Alberte, alors que
c'était en réalité celui de Léone. Triomphalement,
elle le prit avec elle :
— Voilà au moins quelque chose que les
voleurs n'auront pas emporté! dit-elle à Didier.
Toute ragaillardie par le retour de son mari à
Paris. Alberte avait quitté la chaise longue et
bavardait à la cuisine avec Anna, occupée au
repassage.
L'attention de la bonne se porta sur un mou-
choir de femme sur lequel subsistaient des taches,
en dépit d'un lavage soigneux. Elle le montra à
Alberte, qui fut intriguée non par les taches, mais
par le mouchoir différent des siens. A qui pou-
vait-il appartenir 1...
Ellese posait cette question, lorsque l'ascenseur
s'arrêta sur le palier. Didier et sa soeur rentraient.
— Regarde, clama joyeusement Clémence,
j'ai retrouvé ton parapluie à Marly!
Alberte eut un haut-le-corps :
— Ce parapluie ne m'appartient pas I...
Laisse-nous, Clémence, ajouta vivement la jeune

Les policiers; Net, tu aurais ren-


inspectaient la ; contré les deux mes-
sinistre malle.; sieurs qui sont
venus te demander.
Cela fait la deu-
xième fois en trois jours.
Guéret s'efforça de conserver son calme.
— Quels messieurs ?
— Des policiers. C'est pour Marly; je
n'ai pas voulu te l'écrire pour t'éviter une
contrariété, mais flgure-toi que...
Didier n'entendait plus rien. Depuis
que le mot « policiers s était sorti de la
bouche de sa sœur, il avait l'impression
que le sol se dérobait sous ses pieds. Fort
heureusement, il ne laissa rien paraître
de son malaise et, petit à petit, il retrouva
son sang-froid, tandis que Clémence don-
nait les détails du cambriolage de leur
maison d'été.
La présence du propriétaire était requise
à l'enquête pour dresser la liste des objets
manquants. Didier se rendit donc à Marly
avec sa soeur, plus qualifiée que lui, déclara-
t-il, en ce qui concernait l'argenterie et
les objets ménagers.
Il dut se faire violence pour pénétrer
sur les lieux de son crime. Fort heureuse-
ment, les exclamations indignées de
Clémence devant la maison mise à sac
accaparaient l'attention générale. Il y
avait là des policiers occupés à leur travail habituel : ils femme sur un ton bien différent de sa gen- Lotte et Janzel
relevaient des empreintes, photographiaient les lieux exami- tillesse coutumière. J'ai à parler à Didier, sa perdaient en
naient chaque pièce. Dès que sa belle-sœur fut dans sa cham- eonlec eeeee .
Tandis qu'un inspecteur enregistrait les observations de bre, Alberte attaqua brutalement son
Clémence, Guéret se tenait à l'écart, avec l'expression ennuyée mari :
d'un monsieur qui subit une corvée. — A quelle femme appartient ce parapluie ?... Le mien a un
Nul ne pouvait imaginer qu'il revoyait Léone, se carrant manche courbé, et celui-ci est de forme droite...
dans le fauteuil qu'il lui désignait. Voilà l'endroit où son corps Le visage de Didier se décomposa. Il comprenait, mais ne
s'était affaissé... pouvait donner aucune explication. Torturé par la pensée que
1I
révéler. Mais, au moment de parler, il se.
cabra ; il lui paraissait impossible de faire
partager son terrible secret, même par cette
sœur si profondément dévouée.

Il ne fallut pas longtemps à la police pour


retrouver certains des objets volés à Marly
chez un receleur et le faire parler.
Un jour qu'Alberte était seule dans
l'appartement, vers trois heures de l'après-
midi, un jeune inspecteur vint lui annoncer
la nouvelle. La bande au grand complet était
sous les verrous depuis la veille. On deman-
dait à M. Guéret de venir à la Police Judi-
ciaire, le lendemain matin.
Alberte demanda si, par hasard, il n'y
aurait pas une femme parmi les voleurs. La
réponse affirmative de son interlocuteur la
remplit de joie. Saisissant le fameux para-
pluie, elle le tendit à l'inspecteur :
— Mon mari a beau dire que c'est moi qui
me suis trompée en changeant le mien avec
celui-là, moi je dis que non. C'est sûrement
un des bandits qui l'a porté à la villa... Rendez-
le de ma part à sa propriétaire...
Le policier se retira et se promit de tirer cette
histoire de parapluie au clair.

—Tu comprends pour- le parapluie de Léone pouvait Apparemment très calme, Guéret entrait dans le bureau où
quoi je suis inquiète... devenir une preuve contre lui, il l'inspecteur Sennac interrogeait Lulu, le chef de la bande de
Alberta. se voyait, avant tout, dans l'obli- cambrioleurs. Lulu reconnaissait ses méfaits, mais il se refu-
gation de calmer les soupçons sait à admettre le vol d'une malle dans la villa Guéret.
d'Alberte. Avec beaucoup d'habi- — Allons, Lulu, ne fais pas l'idiot I bougonna l'inspecteur.
leté, il sema le doute dans son esprit : elle avait certaine- Dis-nous ce que tu as fait de cette malle.
ment dû échanger elle-même ce parapluie dans un magasin, — Parole d'homme, inspecteur, on ne l'a même pas vue,
chez le coiffeur, ou chez la couturière... on ne sait pas comment elle est faite.
Les paroles de Guérit étaient empreintes d'une telle logique — Menteur!... Et pour transporter ce que vous avez volé à
que la jeune femme en fut ébranlée. Mais, brusquement, elle M. Guéret, vous vous êtes servi de quoi ?
pensa au mouchoir, qu'elle tenait encore à la main : — Des couvertures qu'on a pris dans les chambres.
Et ça ? s'exclama-t-elle en le brandissant sous le nez de Guéret était pressé de s'en aller, surtout depuis qu'il
Didier. Je l'ai aussi ramassé dans un magasin ? avait découvert la présence du parapluie de Léone parmi les
Cette fois, Guéret ne savait point. objets volés et étalés sur une grande table.
— D'où vient-il ?... — Écoutez, dit-il à l'Inspecteur, cette malle n'a pas de
La question de son mari mit Alberte hors d'elle. valeur ; le reste étant presque entièrement retrouvé, je n'en
— C'est justement ce que j'attends que tu me dises! lança- demande pas plus... Excusez-moi, mais je suis déjà terrible-
t-elle d'un ton furieux. ment en retard, il faut que je parte.
La colère de Didier se déchaina brusquement. Il oubliait Pendant que Didier parlait, Jaltex était entré fortuitement
qu'il fallait éviter le moindre choc, la plus petite émotion à sa dans la pièce.
femme malade... Ce n'était plus qu'un homme traqué qui Toujours aux aguets, il dressa l'oreille :
défend sa propre peau et qui se débat. — Qu'est-ce que c'est que cette histoire de malle 1...
— J'en ai assez!...hurla-t-il. J'en ai assez, tu entends, On le mit au courant, et Lulu, que Jaltex connaissait bien,
qu'on m'espionne, qu'on me questionne! Je veux qu'on me protesta à nouveau de son innocence. Puis il ajouta, grand
laisse en paix! seigneur :
La stupeur clouait Alberte sur place. Elle ne reconnaissait — Écoutez, monsieur Jaltex, parole d'homme, on n'est
pas son mari et le regardait avec incrédulité. pas dans le coup pour la malle. Mais si ça peut vous rendre
Clémence reparut, parfaitement calme et feignant d'ignorer service, d'accord. Après tout, une malle de plus ou de moins...
la querelle dont elle n'avait pas perdu un mot. Elle se dirigeait Le policier savait juger et il était maintenant certain de la
vers la cuisine. Comme elle passait près de sa belle-soeur, avec sincérité du cambrioleur. 'Soudain, une idée lui vint. Prenant
beaucoup de naturel, elle tendit la main et prit l'objet de la amicalement Guéret par le bras,
discorde : il l'entraîna avec lui.
— Mon mouchoir I... Où l'as-tu trouvé! Ça fait huit jours Ils marchèrent le long d'une Devant Didier et Clé-
que je le cherche. interminable succession de cou- mente, les policiers
Alberte ouvrit la bouche, écarquilla les yeux, resta confon- loirs et pénétrèrent dans un enquêtaient à la villa.
due. Déjà elle était à nouveau seule
avec son mari.
Avec un pauvre sourire, elle demanda
tendrement pardon à Didier :
— Tu vois si ça peut être bête, une
femme jalouse...

Depuis son retour de Suisse, Didier


se comportait de si étrange façon que
sa soeur saisit la première occasion de
provoquer des confidences. Sans doute y
avait-il dans sa vie une femme qui le
tourmentait... Elle était prête à l'aider,
car elle comprenait et excusait ses fai-
blesses. L'essentiel était qu'Alberte ne
sache pas.
Bien entendu, le mouchoir n'apparte-
nait pas à Clémence. Son frère l'avait
certainement ramené à la maison par
inadvertance...
Il y avait dans la voix de Clémence
tant de tendresse maternelle que Guéret,
bouleversé, fut sur le point de tout lui

12
— Ma malle!... Où était-elle ?
— C'est bien la vôtre, n'est-ce pas, vous
ne faites pas erreur ?
— Comment voulez-vous que je me
trompe ? rétorqua la visiteuse en énumérant
les petites particularités qui lui eussent fait re-
connaître sa malle entre mille. Mais la voilà
dans un état... Où l'avez-vous trouvée ?
— Dans le lac des Buttes-Chaumont.
— Dans le lac des Buttes Chaumont
répéta Clémence, fort surprise. Et que faisait- •
elle là dedans, mon Dieu ?
— Elle renfermait le cadavre d'une femme
assassinée.
Clémence eut une sorte de frisson, mélange
de dégoût et de peur. Puis, brusquement, une
expression perplexe, presque anxieuse, envahit
son visage. La voix mal assurée, elle demanda
d'un ton rempli d'appréhension :
— L'assassin a-t-il été arrêté ?
— Pas encore.
— Vous le connaissez ?
Après un léger silence, Jaltex acquiesça :
— Je crois.
Et il raccompagna Clémence jusqu'au hall,
puis se rendit chez son chef.
En dépit de l'heure tardive, l'interroga-
toire de Didier se poursuivait sans relâche.
A vingt heures, on l'autorisa cependant à télé-
phoner chez lui. Il eut Clemenceau bout du fil
— Préviens Alberte de ne pas m'attendre
Didier fut mis en bureau où la malle trônait en bonne pour dîner, je rentrerai peut-être tard.
présence de la place. Ce laconique message confirmait l'horrible certitude de
malle tragique. — Est-ce la vôtre ? Clémence. Elle le sentait, l'étau se resserrait inexorablement
— Non, prétendait Guéret, impéné- autour de son frère...
trable, cependant que son interlocu- Les questions, posées alternativement par Lotte et Jetiez, se
teur, le surveillant du coin de l'oeil, insistait : succédaient sans arrêt. Mais avec une présence d'esprit admi-
— Vous êtes sûr ?... Évidemment, elle est un peu abîmée... rable, Didier faisait face.
Nous l'avons repêchée dans le lac des Buttes-Chaumont. Vous Oui, il connaissait Léone Fassler de vue; ils étaient quelque-
avez lu ça dans les journaux ? fois sortis ensemble, mais elle n'était pas sa maîtresse. Bien
Avec un geste 'vague, Didier affirma à nouveau que le entendu, il ignorait qu'elle attendait un enfant. Pourquoi lui
funèbre panier d'osier ne lui appartenait pas. Puis il se retira, eût-elle fait ce genre de confidence ? D'ailleurs, il n'avait pas
cependant que Jaltex, pensif, se dirigeait vers le bureau du revu Léone Fassler depuis leur dernière rencontre à Bruxelles.
commissaire Lotte. Ce dernier, très excité, venait de découvrir Il ignorait tout de son voyage à Paris.
que les chiffres additionnés sur le papier de lafemme assassinée — Jamais Léone Fassler n'est venue à Marly, affirma fou-
devaient se rapporter à une livraison. gueusement Didier. Elle ignorait que j'y possède une propriété.
Regardez, Jaltex, tous les chiffres de cette addition sont A propos de la malle, je n'ai pas menti; je ne l'ai pas reconnue,
des multiples de douze. Et ce sont lesunitésqui sont multipliées ce qui est tout différent. C'est ma soeur qui s'occupe duménage,
par o,80; par les douzaines. C'est donc bien d'une facture et ce panier boueux ne ressemble guère à la malle d'osier verni
qu'il s'agit. que je voyais dans mon garage. Quant au cordon de tirage que
— Vous avez certainement raison. mais qu'est-ce qui se vous identifiez à celui de ma villa, il ressemble àtousles cordons
vend ou s'achète o,8o pièce ?... A peu près rien. de tirage!
— En France, c'est vrai, reconnut le commissaire, mais en — Il n'y a que cinq cent six kilomètres de Paris à Genève,
Suisse, en Belgique... et d'après vos déclarations, vous avez couvert la route en
C'était là un trait de lumière. Quelques minutes plus tard, douze heures, quarante-cinq de moyenne, c'est vraiment faible
la Police judiciaire s'informait auprès de ses collègues de pour un voiture comme la vôtre! Vous aviez largement le
Bruxelles et de Genève des disparitions féminines des mois temps de tuer Léone Fassler avant de partir.
précédents. — Ce n'est pas moi qui ai tué Léone Fassler; je n'avais
Une intelligente déduction du commissaire Lotte donnait aucune raison... Il a plu sans arrêt depuis mon 'départ de
enfin la clé du problème. Une femme répondant au signale- Paris. J'ai dû conduire doucement, d'autant plus que j'avais
ment de la victime des Buttes-Chaumont avait travaillé au eu un accrochage en sortant de l'usine et que mon phare droit
Saint- Antoine, restaurant de Bruxelles. Le cadavre anonyme ne donnait plus.
fut rapidement identifié comme étant celui de Ltone Fessier. — Vous pouvez prouver ce que vous dites ?
— Le garage de Genève qui a effectué la réparation confir-
• te mera, ainsi que le chauffeur du camion qui m'a embouti...
D'ailleurs, j'ai la note dans mon bureau.
Alberte était soucieuse, inquiète. Depuis que son mari avait Toutes ces réponses, Guéret les faisait d'instinct, sans réflé-
fait ce séjour à Genève, il se montrait irritable, coléreux. A chir, sans presque s'en rendre compte. Depuis des semaines il
l'instant, il venait de faire une scène épouvantable au sujet de retournait dans sa tête les problèmes
ce parapluie qu'elle avait donné au policier. que lui posaient maintenant ses inter
L'innocente ne pouvait se douter qu'à la même heure locuteurs, et il avait à son insu em- Les policiers har-
Jaltex s'efforçait de prouver, à Bruxelles, que le parapluie magasiné les justifications nécessaires. celaient Didier
appartenait à Léone Fessier. Mais Léone, farouchement Il y eut un long silence, puis le de q u e st I o n s...
indépendante et solitaire, ne laissait aucune amie assez intime
pour pouvoir donner à l'inspecteur les précisions qu'il sou-
haitait.
Au restaurant Saint-Antoine, chacun se tenait sur ses
gardes et se montrait circonspect. Seul le barman se montra
un peu plus loquace. Il raconta comment il avait vu, un soir,
l'ami de M. Van Goffin emmener la caissière en taxi.
Jaltex regagna Paris, mécontent : il rapportait de son
enquête la certitude de la culpabilité de Guéret, mais aucune
preuve.
Toujours sous le prétexte du cambriolage de la villa, Guéret
fut à nouveau convoqué à la Police Judiciaire. Selon un pro-
cédé éprouvé, on le fit attendre longtemps dans le couloir avant
de l'introduire chez le commissaire Lotte.
Pendant ce temps, Jaltex ramenait Clémence de son lycée
et l'introduisait dansle bureau contenant le trop fameux panier
d'osier. Avant qu'il ait posé une question, M!!0 Guéret s'excla-
mait :
commissaire fit conduire Guéret dans la pièce — Rassure- toi, Didier... dans la cuisine, le living-room, personne.
voisine. Il voulait se concerter avec Jaltex. Alberte n'a rien su... Restait la chambre d'Alberte... Un rai de lumière
— Ce qu'il dit a l'air de tenir... filtrait. Guéret entra et vit tout d'abord sa soeur
— Suffisamment pour qu'un juge d'ins- assise près du lit. Elle était vêtue de noir, et
truction refuse de l'inculper, acquiesça Jaltex. son visage revêtait une exceptionnelle gravité. Alors il porta
— L'explication sur la longueur de son voyage à Genève les yeux sur la forme rigide étendue dans la solennelle immo-
est bonne, s'il n'a pas menti... Téléphone; à la météo. bilité de la mort... Alberte reposait, presque souriante.
Celle-ci confirma la violente pluie signalée par Guéret, la — Elle est partie sans s'en apercevoir... murmura la soeur
nuit de son départ pour la Suisse. aînée, dont l'attitude exprimait une infinie compassion. Le
Il était vingt-trois heures quarante cinq. docteur était venu la voir et lui avait promis qu'au printemps
— Je vais le relâcher, décida le commissaire. vous pourriez reprendre tous deux la vie de jadis... Elle ne se
— Faites comme vous voulez... je suis sûr que c'est lui qui tenait pas de joie...
a fait le coup, et pourtant nous n'arrivons pas à l'épingler... Tandis que Clémence, d'une voix très douce, donnait ces
Avouez tout de même que c'est rageant! déchirantes explications, Didier ne pouvait détacher son regard
— Du calme, Jaltex. Ce n'est pas la première fois que pareille du visage d'Alberte. Pour lui, tout s'effondrait.
chose se produit. Cela nous est déjà arrivé de connaître l'iden- — Rassure-toi, poursuivit l'excellente femme, qui compre-
tité d'un criminel sans parvenir à établir sa culpabilité... Mais nait l'ultime souci de son frère, elle n'a rien su...
patience! Tôt ou tard, le bonhomme oublie un détail, commet Cette assurance donna à Didier une impression de soulage-
une gaffe, et le voilà dans le sac!... Le temps et la patience ment, Il lui était doux de penser que, jusqu'à la fin, Alberte
sont les deux meilleurs alliés de la police: Croyez-moi, Guéret avait conservé de son mari l'image qu'elle s'en était toujours
ne nous échappera pas. faite. Il en éprouva une sorte d'apaisement.
Aussitôt libre, Didier se hâta de rentrer chez lui. Comme Une dernière fois, il baisa longuement le front de son épouse,
toujours il n'avait qu'une pensée : Alberte. Mais, quand il puis il alla au téléphone :
referma la porte d'entrée, il. eut une pénible impression de — Police judiciaire?... Voulez-vous me passer le
silence et de vide. Après un instant d'hésitation, il se dirigea bureau du commissaire Lotte... ajouta Guéret d'une voix
vers la chambre de sa soeur. Il entr'ouvrit la porte et appela déterminée. •
doucement : Maintenant qu'il n'avait plus Alberte à protéger et à
— Clémence... défendre, Guéret pouvait dire la vérité...
S'avançant jusqu'au milieu de la pièce, Didier constata que
le dessus de lit n'était même pas défait. Dans la salle de bain, FIN

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