Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ninon Grangé
2011/2 N° 22 | pages 31 à 50
ISBN 9782110087669
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-ldm-2011-2-page-31.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
Distribution électronique Cairn.info pour La Documentation française.
© La Documentation française. Tous droits réservés pour tous pays.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
collective de toute action individuelle. C’est bien plus à l’intérêt qu’aux passions que
la raison s’oppose. L’action terroriste n’est ni irrationnelle ni dépassionnée. Son analyse
contribue à une théorie des passions politiques. Motivations, croyances, désirs, sen-
timent d’indignation et d’injustice doivent être repensés dans cette perspective d’une 31
théorie des passions politiques non opposées à la raison. On en arrive à définir, plutôt
qu’une rationalité seulement logique ou efficace, pour le terrorisme en général, un
altruisme, déphasé par rapport à tous les standards connus de la morale et de la
politique, mais nullement paradoxal. Le rapport à la population, rapport social et
politique, entre refus, adhésion et participation, se décline alors à travers un nouveau
tableau des émotions politiques, de sorte qu’enfin le départ entre terrorisme et résis-
tance devient conceptuellement possible.
* Grangé N., « Le paradoxe du terrorisme. Pour une théorie des passions politiques », Les Champs de
Mars, no 22, automne 2011, La Documentation française, Paris, p. 31 à 50.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
L’objet « terrorisme » est un objet impossible : mot du pouvoir pour dis-
créditer un opposant (Guilhaumou, 1985), la trace en demeure soit dans
la condamnation morale, soit dans la justification comme résistance.
32
Outre l’usage problématique du mot, étudier le terrorisme revient à
tenter de combiner l’analyse du comportement individuel, la normativité
politique et le souci moral. L’ornière principale, source d’agacement à
la lecture d’analyses prétendument neutres plus proches de l’ignorance
volontaire, confond les trois perspectives. Déplacer légèrement le pro-
blème, soit par nécessité logique, soit faute de mieux, afin de sortir de
l’impasse à laquelle semble mener toute étude du terrorisme, consiste à
mettre l’accent premier, non pas sur la justification du terrorisme, mais
sur les raisons d’agir des terroristes, sur les rationalités à l’œuvre dans
l’événement, dans le phénomène terroriste. Par ce biais – car ce n’est pas
autre chose qu’un expédient méthodologique pour saisir au plus juste
l’essence du terrorisme – s’appréhende la définition des terrorismes et
de ce qui les anime.
Si l’angle philosophique a un sens, à côté des sciences politiques aux-
quelles est spontanément dévolue cette recherche, c’est celui d’amener
une dimension critique, raisonnée, nuancée pour un objet qui demeu-
rera singulièrement volatil. Tel est l’apport analytique des sciences
humaines par rapport aux études quantitatives dépendant de critères
qui, à moins de remonter à l’infini dans les justifications, se révèlent
postulats non démontrés. En l’occurrence, la philosophie est gage d’un
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
terrorisme islamiste, même si on en extrait les points communs comme
le nihilisme ou le messianisme (L’Heuillet, 2009). De même distinguer,
pour abandonner ensuite cette distinction, « terrorisme moral » et « ter-
rorisme aveugle » (Walzer, 1999 ; puis Walzer, 2004) revient à privilégier 33
le terrorisme islamiste actuel, posttraumatisme du 11 septembre 2001.
Ces constructions achoppent sur des objections faciles qui révèlent
une définition inexistante ou non cohérente. Factuellement la France
rencontre beaucoup plus d’événements, ou de risques, terroristes de
la part d’indépendantistes basques, corses ou de militants d’extrême
droite. Dans quelle catégorie les ranger ? Le messianisme, le nihilisme
font-ils partie des éléments constitutifs de ce terrorisme contestataire,
nationaliste ?
L’historicisation de la définition elle-même, loin d’être une méthode
éclairante, révèle le problème intrinsèque au phénomène terroriste :
l’objection singulière s’oppose immédiatement à la définition générale.
La théorie s’expose systématiquement à l’objection pragmatique de
« tel cas ». Avec le terrorisme, plus qu’avec n’importe quel autre objet, la
philosophie et les sciences humaines sont face au problème non résolu
du général et du particulier. Pour autant, la philosophie n’est pas la
seule discipline dans cette situation aporétique. L’incapacité juridique
à définir le terrorisme est un signe de l’impasse générale dans laquelle
nous plonge l’objet « terrorisme ». Datant des années 1970, les défini-
tions en droit international s’attachent pour l’essentiel aux aéronefs et
versent vite, dans un effet contre-productif, du détournement d’avion
Rationalité(s)
Les rationalités donc, une hypothèse de départ, une donnée préalable,
un réquisit nécessaire. Qu’entend-on ordinairement par ce terme si on
l’applique au terrorisme ? Intuitivement on traduit le terme « rationa-
lité », dans le champ qui nous occupe, par : 1) la logique suivie par les
terroristes, le rapport entre la revendication et les moyens violents
spectaculaires mis en œuvre pour la reconnaissance de la revendication.
Le but est de contraindre les gouvernements et non pas d’exterminer un
ennemi. Très souvent l’injustice du moyen déteint sur les motivations,
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
rapidement classées, sous l’effet de la stupeur, dans l’illusoire (utopies
d’extrême gauche, celles de la Bande à Baader, de la Rote Armee Fraktion
en Allemagne, des Brigate Rosse en Italie) ou la folie (islamismes, toutes
34 les mouvances, du GSPC algérien à Al-Qaida en passant par les variantes
extrême-asiatiques). Donc quand se fait sentir une logique terroriste,
la tendance est de discréditer immédiatement la motivation ; 2) » ratio-
nalité » peut signifier les « raisons » de cet acte éminemment politique,
voire la cause au sens de cause défendue, d’où la confusion fréquente et
malheureuse avec la cause juste des traditions de la guerre juste 1 ; 3) au
pluriel « les rationalités » renverraient plutôt à la cohérence interne de
tel ou tel acte par rapport à ce qu’il est censé défendre. Cet aspect reste
un peu obscur et se différencie mal d’un simple « se positionner contre »
de manière violente.
Deux écueils s’offrent à cette définition, qui est plutôt une caractérisa-
tion, de la rationalité terroriste : la fonction instrumentale du terrorisme
n’apparaît jamais « pure » mais enchâssée dans un réseau de relations et
de significations politiques ; l’hypothèque de la morale, entre stratégie
1. Il faut entendre les traditions classiques issues de la lecture d’Augustin par Thomas d’Aquin, représentées
au xviie siècle par Grotius puis Pufendorf, mais aussi Gentili, et au xviiie siècle par Vattel.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
ni la rationalité des agents ni leur motivation intéressée » (Elster, 2007-
2008 : 506) ; c’est un premier principe. Le second principe guidant une
telle démarche négative nie que le calcul coût-bénéfice soit une donnée
invariante, autrement dit, un individu est prêt parfois à perdre beau- 35
coup plus que ce qu’il gagne, car il a de bonnes raisons pour le faire.
On peut entrer ainsi dans le domaine des valeurs, sans le faire avec un
préjugé moral. L’absence de neutralité linguistique du terme trouve une
résolution dans la recherche sur les valeurs de référence que tel ou tel
terroriste adopte en forme de rationalité.
L’ambition d’avoir une vue universelle du terrorisme implique la for-
mulation de réquisits préalables.
1) Nous avons collectivement renoncé aux catégories wébériennes de
la rationalité ;
2) Je ne suis pas la conception économique des motivations et de l’action
humaines ;
3) Le terrorisme est un mot qui comporte en lui condamnation morale,
ou au moins discrédit. Ce constat est en fait historiquement situé
aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi, comme nous le verrons ;
2. La stratégie de l’excuse consiste grossièrement à considérer le terrorisme comme l’arme du pauvre. L’explication
est contestable parce que non universelle, et contestée sociologiquement. Elle se heurte à l’objection immédiate
du milieu social et familial d’où sont issus bon nombre de kamikazes islamistes opérant aujourd’hui dans le
monde occidental : World Trade Center, métro de Londres, Israël, etc. Cf. Wieviorka, 1988.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
ce qui se passe dans le terrorisme en général.
Ainsi je ne cherche pas à expliquer – tâche des sciences sociales, de la
sociologie – le comportement de tel terroriste (historiquement situé),
36
mais je cherche à comprendre (enjeu philosophique) ce qui est à l’œuvre
(mécanismes politiques) dans le terrorisme (événement compris dans sa
généralité). Par mécanismes politiques, j’entends ce qui se joue dans, ce
qui fait sens, ce qui est mis en œuvre. Cette rationalité événementielle
est relative à une phénoménologie politique. C’est aussi une manière
d’éviter l’écueil des différents événements historiques terroristes non
homogènes, de s’inscrire dans une perspective de philosophie poli-
tique qui cherche à déceler les éléments de rationalité propres à tout
événement politique, de se rapporter à une théorie plus générale du
fonctionnement contemporain du politique. Concrètement les méca-
nismes politiques envisagent aussi bien une stratégie des acteurs que
3. Moralement, je distingue le terrorisme aveugle et la résistance que j’identifie au terrorisme ciblé. La question
devient alors : qui sont les ennemis en présence ? Du coup la notion de personnes « innocentes » se détache de
la définition du droit international et mériterait un développement complexe.
4. Je m’écarte de l’individualisme méthodologique, des théories du choix rationnel, insuffisantes pour pro-
curer une explication générale, mais aussi du structuralisme et du holisme. Cela induit aussi que l’on écarte
les évolutionnismes. Faire le choix d’une méthode pour étudier la rationalité du phénomène terroriste revient
donc à ne pas faire le choix d’une méthode, en tout cas d’une méthode centrée uniquement sur l’individu.
Philosophiquement et strictement parlant, cela n’a rien pour nous étonner : la compréhension philosophique
s’appuie sur tel et tel élément qui a été mis en lumière par d’autres méthodes à caractère scientifique ; la philo-
sophie n’a ici de prétention qu’herméneutique. À l’inverse aucune méthode monographique n’est générale au
point de mener à la vérité du terrorisme.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
2009 : 540), une pratique secrète et efficace pour faire taire pendant la
guerre d’Algérie (Branche, 2001), j’en passe, toutes formes légales ou
pseudo-légales du terrorisme étatique.
37
Ce qui distingue les deux sens, ici, du mot terrorisme, c’est, au-delà de
la légalité et de l’illégalité, l’assignation aux individus terroristes d’une
passion politique dont l’État est a priori dépourvu. Ce n’est donc pas un
hasard si on se trouve substituer au préjugé moral une interrogation
moraliste (Elster, 2009).
Écartons rapidement l’opposition entre rationalité et folie des terro-
ristes. Adopter le confort facile considérant un acte terroriste comme
privé de sens, et le terroriste comme sous le coup d’une pathologie
indéterminée, relève de l’ignorance volontaire et va à l’encontre de toutes
les études existantes.
C’est bien davantage une signification monstrueuse de l’acte qui se
révèle dans une conduite rationalisée, passionnée et sans émotion 5.
C’est évidemment la rationalité du mal qui est ici questionnée (au sens
de Arendt, 1998) et qui nous place d’emblée à l’opposé d’une compré-
5. Je glose la barbarie en monstruosité qui fait appel à d’autres origines et d’autres connotations. Il me semble
que l’incompréhension que nous pouvons ressentir devant un acte terroriste est mieux traduite par la monstruo-
sité, l’étrangeté absolue, que par la barbarie qui, opposée à la civilisation, a d’autres attaches anthropologiques
et fait politiquement référence à une cruauté de guerre. Toute proportion gardée, c’est bien sur la question
de la rationalité à l’œuvre dans la Solution finale qui pose la question de la monstruosité ou non des nazis.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
grande qu’elle n’est en réalité : un maximum d’effets possibles au moindre
coût, ce qui est valable pour tous les types de terrorisme, minoritaire
ou étatique, conséquentiel ou substantiel. C’est dans la radicalité de la
38
réponse politique que réside la monstruosité du terrorisme, et non dans
une hypothétique et oxymorique « rationalité folle ». Le terrorisme obéit
à un principe d’économie entre les moyens et les fins 7. Enfin, utiliser
la monstruosité pour élucider la rationalité terroriste ne fait pas autre
chose qu’isoler l’explication sur l’individu seul, comme délié de tout le
réseau social d’appartenance et de toute signification politique au plan
mondial. Le gain d’une telle analyse se situe donc au niveau psycholo-
gique et comportemental, et actualise les théories des passions. C’est
une avancée réelle que d’envisager désormais « le caractère radicalement
subjectif de la rationalité » (Elster, 2007-2008 : 510). La théorie classique
des passions permet de dégager ce qui appartient à la raison interne
d’une action et ce qui relève d’une raison externe.
Sont donc acquises l’absence de séparation entre raison et passion et
l’existence de passions politiques ; on redécouvre que le politique est
6. Jon Elster reproche aux théories du choix rationnel de négliger totalement le désintéressement, de le nier
dans le champ de l’action humaine (Elster, 2009).
7. On pourrait m’objecter que les attentats suicides coûtent « cher » en kamikazes. Or le principe d’un tel
terrorisme est fondé sur la solidarité essentielle qui se joue entre l’individu et la société dont il est membre, la
conviction qu’un martyr remplacera l’autre, ce qui fait fonds sur l’idée partagée que la vie des Palestiniens, des
adolescents iraniens ou des Tigres tamouls vaut moins qu’une autre.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
fait de la territorialisation (terrorismes allemands et italiens dans les
années 1970, mais aussi terrorisme irlandais, arménien, palestinien)
ou de la déterritorialisation (terrorisme palestinien des années 1970,
11 septembre 2001 et nébuleuse Al-Qaida) de l’espace politique pour 39
les terroristes. On a fait davantage que renverser la perspective qui
taxait rapidement de folie ou de monstruosité ce qui n’est pas com-
pris. Conjuguer une théorie des passions avec le souci constant de tenir
compte de l’intérêt, ou plus exactement d’une motivation désintéressée,
conduit à réinscrire l’acte terroriste dans un réseau collectif de signifi-
cations, de perceptions politiques 8. C’est à tort que la rationalité d’une
action n’est rapportée qu’au bien privé, manière simplificatrice de consi-
dérer la motivation. Le paradoxe du terrorisme est qu’il agit contre le
peuple, pour le peuple (Grangé, 2011), il choisit ses membres pour cible
(« coupable » ou « innocente ») et agit pour le « bien » d’une communauté 9.
Le terroriste pense défendre un « bien commun », même si la définition
de ce « bien commun » est sujette à polémique 10. L’intérêt terroriste est
8. C’est le seul moment, à propos des kamikazes japonais, où les analyses d’Elster portent explicitement sur
le terrorisme, même si l’exemple est implicite à plusieurs moments de sa réflexion (Elster, 2009 : 217-242).
Cf. aussi, sans grande avancée par rapport à sa théorie de l’irrationalité et du désintéressement, Elster, 2006b.
9. Cela est vrai du terrorisme déterritorialisé comme celui d’Al-Qaida : si la communauté d’appartenance est
la communauté des musulmans, le but politique est bien de combattre les oppresseurs au nom des opprimés.
Normalement la « communauté », au bout du compte, est le monde global, pour les anarchistes russes comme
pour les terroristes islamistes de différentes obédiences. Je me place au-delà de la rhétorique mise en œuvre
de part et d’autre.
10. Il est à distinguer essentiellement de « l’intérêt bien entendu » selon Tocqueville (cf. Elster, 2006a : 20).
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
anticiper le passage à l’acte nécessite la compréhension préalable de la
vision du monde portée par les terroristes.
40 C’est alors l’irrationalité qui est mise en avant par le paradoxe de l’effi-
cacité : l’effet publicitaire et métonymique de la force est bien là, mais
dévalué par l’irrationalité que révélerait le choix d’un tel moyen, inef-
ficace parce que efficace 11… La question de l’irrationalité devient celle
de l’altruisme déphasé par rapport à tous les principes et standards de
la morale politique. C’est pourquoi aussi il serait déplacé de se référer à
une morale de l’utilitarisme classique. On ne peut comprendre l’action
terroriste qu’en termes d’efficacité (à condition de n’y pas voir un simple
rapport entre moyens et fins), non pas dans le sens des théories du
choix rationnel qui ne tiennent pas suffisamment compte, ou qui ne
les intègrent pas, des conditions et motivations collectives, mais bien
dans celui de la morale utilitariste. L’argument utilitariste, si peut être
employée une expression aussi rapide, entraîne pourtant une cécité
partielle en confondant le bien poursuivi par les terroristes et l’idée du
« bien commun ». Cela alimente ce qui est perçu comme un paradoxe, au
même titre que le célèbre « paradoxe du vote », qui ignore l’aspect alter
11. Gérard Chaliand ne confond pas, de ce point de vue, terrorisme et guérilla. C’est un abus du terrorisme, et
du contre-terrorisme, que d’user du vocabulaire de la guerre et de la cause juste (cf. Chaliand, 1987 et Chaliand,
1994 ; Grangé, 2009).
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
politiques qui ont un sens et qui expriment des désirs irrationnels au
sens d’incohérents. Le paradoxe du terrorisme, si tant est qu’il en soit un,
dirait : « je veux être inefficace (minoritaire) pour être efficace (pour ter-
roriser) ». Conservons au moins que le terrorisme peut être appréhendé 41
comme une action contradictoire : pour le peuple et contre le peuple 14.
Plutôt qu’à une simple « rationalité terroriste », nous avons affaire à une
passion terroriste de l’altruisme, qui n’est pas à l’opposé d’un compor-
tement rationnel. Paradoxe moral, contradiction logique peut-être 15,
cet altruisme n’est pleinement condamnable que parce que / lorsqu’il
est ultraminoritaire. Distinguer un terroriste d’un résistant par essence
n’a plus aucun sens, du moins dans ce registre (pour celui de la guerre,
c’est bien différent, puisque le terrorisme est un moyen uniquement), la
limite entre le combattant algérien et la Bande à Baader ne repose pas
12. Elster montre que ce ne sont pas des paradoxes mais des incompris, ce qui l’amène à conclure que les
théories du choix rationnel ne peuvent en aucun cas constituer une théorie générale.
13. Elster ne le dit pas, son analyse n’est pas politique. Cependant, cf. les exemples politiques dans Elster,
2006a : 25.
14. On peut comprendre ainsi les terroristes comme très « modernes », en ce sens qu’ils révéleraient la contra-
diction inhérente au politique qui « vise » les civils, au fondement de la légitimité conférée à ce même politique.
Outre que ce serait confondre le politique et l’exécutif, cela reste à démontrer. Il est toutefois certain que le
terrorisme s’emploie à dévoiler ces prétendues contradictions.
15. Je renvoie au problème des terroristes résistants en France pendant la Seconde Guerre mondiale, dont les
actes étaient suivis par une répression aveugle de la part de l’occupant qui exécutait des otages. Le dilemme de
l’altruisme qui s’offrait aux terroristes est le suivant : sont-ils responsables des exécutions d’otages innocents ?
La question se complique si l’on imagine qu’ils ignorent les répressions (cf. Pavone, 1992 ; Portelli, 1998).
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
capacité de réponse, de révolte, de réaction. Aussi emploie-t-on générale-
ment le terme de terreur pour qualifier la politique d’un gouvernement.
C’est l’usage politique de la peur pour paralyser les masses qui fait se
42 rejoindre, dans la pratique de la terreur, un État comme celui de 1793
et des groupes illégaux terroristes. Mais la pratique de la terreur n’est
pas, par définition, réservée à un usage intraétatique. En insistant sur la
notion de paralysie des masses par la peur, on a pu parler de terreur pour
les bombardements de Londres, de Dresde, de Hiroshima et Nagasaki.
À mon sens, il faut reprendre la notion de terreur pour mieux comprendre
le terrorisme et ne pas rabattre par paresse linguistique la terreur sur
l’action de l’exécutif. L’analyse qu’en fait Sophie Wahnich à propos de
1789-1793 devrait nous inviter à plus de circonspection quant au can-
tonnement de la terreur au gouvernement. En tant qu’historienne,
elle sépare cependant nettement Terreur et terrorisme contemporain
(Wahnich, 2003) 17. Pour ce qui concerne les acteurs, elle montre que
le gouvernement révolutionnaire et les masses révolutionnaires sont
deux parties prenantes de la Terreur, que ce n’est pas là une décision
unilatérale du gouvernement pour asseoir son pouvoir et imposer sa
vision de la révolution. Sophie Wahnich parle d’une « dynamique d’éco-
16. Je ne rentre pas dans le détail d’une analyse qui reconnaîtrait dans les Assassins ou les Zélotes les précurseurs
des mouvements terroristes. Le mot se confond bien avec la chose ou, autrement dit, l’analyse du « terrorisme »
nous conserve définitivement prisonniers du langage.
17. Il n’est pas certain que l’essai, dans ses conclusions, satisfasse totalement à cette précaution de départ…
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
Ce que je retiens de cette thèse, sans doute historiquement contestable,
c’est qu’elle s’attarde sur les rapports entre la population et ses représen-
tants, qu’elle fait place aux émotions politiques non opposées à la raison, 43
et que, en étudiant ces rapports de représentation, de solidarité entre
les masses et l’exécutif-législatif, elle met l’accent sur la participation à
la terreur 18, sur une sorte de double-retournement de la peur.
Telle est l’injonction faite au chercheur : reconstituer pour le terrorisme
une théorie des passions, voire des émotions, politiques dans la relation
directe entre gouvernants et gouvernés, dans la représentation. Cette
théorisation a été faite pour la seule notion de terreur, sous l’angle de
la peur essentiellement (Sofsky, 1995 ; 1998 ; 2002 ; Traverso, 2007),
mais à seule fin d’expliciter d’autres phénomènes politiques (terreur
d’État, constitution de l’État, totalitarismes…) et non pour éclairer ce
que nous nommons aujourd’hui terrorisme, notion désormais orpheline
de son concept d’origine.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
Analyser la participation populaire
et la temporalité politique
On comprend une partie de la difficulté propre à l’objet terrorisme,
44 impossible à extraire d’une ambiguïté essentielle qui confond l’usage
du mot et le concept. À ce stade, le brouillage des catégories de pensée –
morale et stratégie – est dépassé par le passage par la philosophie et par
l’ouverture à la practicité de telles élaborations. Seulement maintenant
peut être défendu moralement le droit de résistance par des moyens ter-
roristes (contre un occupant, envahisseur, la limite avec l’« oppresseur »
étant à fonder) et peuvent être mis en œuvre les moyens d’empêcher le
terrorisme non représentatif (on peut ainsi distinguer le terrorisme du
FLN et celui du FLNC, celui de l’IRA et celui de l’ETA postfranquisme).
Concomitamment dans deux registres différents, tels ceux de l’organiste,
et grâce à des prémisses logiques, on peut espérer aboutir à une conclu-
sion morale, parce qu’on n’a pas séparé au préalable morale et politique.
Je peux déduire, dans l’esprit toujours de « décompartimenter », deux
principes pratiques d’analyse de « tel et tel » terrorismes, afin d’achever
le mouvement qui, du dépassement du « tel ou tel » particulier vers la
généralité de la théorie, se reconcrétise dans la pratique de la recherche
(appliquée ?) : ces deux principes sont le degré de participation de la
population et la temporalité politique de l’événement terroriste.
Dans la mesure où est prise en compte l’interrelation société/groupe
minoritaire de référence/ individu terroriste, la première préoccupation
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
de réaction). Se fait jour une relation triangulaire qui doit prendre en
compte des abstractions comme le tiers neutre, le spectateur moral,
le témoin de l’humiliation, etc. La position scientifique est difficile à
45
tenir, puisqu’il faut croiser ces deux perspectives : la rationalité propre
à l’action terroriste et les émotions politiques qui traversent tous les
acteurs. La population est le support de plusieurs approches, étant
à la fois milieu pour les terroristes, ennemie, soutien, cible, etc. En
outre, elle est concrètement fragmentée dès lors qu’elle est en proie à
des actions terroristes. Dans ma perspective, la population peut être à
la fois productrice de décisions de gouvernance (soutien au régime) et
passivement soutien des revendications mises au jour par l’acte terro-
riste. Donc une population est forcément divisée à plusieurs niveaux
par le terrorisme. C’est peut-être un effet fondamental qu’il faudrait
étudier et qui conduit à différentes strates de conscience de la population
(adhésion aux revendications, refus de la violence terroriste, soutien
tacite aux terroristes, soutien actif aux terroristes, refus des moyens
19. Il faudrait alors relativiser la référence religieuse de certains terrorismes. La religion peut être une motiva-
tion particulière ; pour autant, mise en relation avec les composantes sociales, elle devient une croyance au sens
d’Elster, c’est-à-dire un adjuvant aux autres croyances (politiques), une « ressource plutôt qu’une motivation »
(Elster, 2009 : 524). On peut voir la simulation des motivations d’un kamikaze japonais dans le cours corres-
pondant d’Elster (Elster, 2007-2008).
20. Cependant la population palestinienne, qui soutient le terrorisme dans sa grande majorité, en subit aussi
le contrecoup, elle est cible conséquente de représailles. Le découplage est souvent arbitraire.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
teur d’une idéologie égoïste. On peut alors mieux faire, par exemple, le
départ entre 1) le terrorisme de l’IRA : même si la population d’Irlande
du Nord est profondément hostile à « l’occupant » anglais, l’IRA n’a pas
46 fédéré les soutiens (faciles à évaluer par des sondages, mais difficiles à
mesurer dans les sentiments politiques) ; 2) le terrorisme d’Al-Qaida :
les attentats du 11 septembre 2001 n’ont pas fédéré l’Orient contre
l’Occident, même si la désignation de l’ennemi était directe et visait tous
les Occidentaux dans l’attaque. Les raisons sont multiples : le monde
arabe, dont Al-Qaida se faisait la représentante, tout en se reconnais-
sant dans certaines revendications des terroristes, n’a pas soutenu les
valeurs dont ceux-ci se réclamaient ; 3) la résistance française pendant
la Seconde Guerre mondiale (arme du pauvre mais soutien tacite de la
population contre un occupant). Et ainsi de suite.
Il s’agirait donc d’identifier le rapport dual ou triangulaire engagé dans
un événement terroriste pour déterminer la contradiction ou la non-
contradiction de l’action terroriste, avec pour conséquence que c’est le
rapport dual qui pose problème à la démocratie.
Dans une théorie des passions qui s’attacherait au terrorisme, la ques-
tion du rapport entre action individuelle, marginale, au coût très bas
par rapport au gain fantasmatique, réel et politique, et participation
21. C’est à ce moment de l’argumentaire que les points communs entre guérilla et terrorisme sont les plus
marqués.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
estime raisonnablement probable, la réalisation que l’on tente d’inflé-
chir par son action (espérance de réalisation, prévisibilité, probabilité) ?
La traduction politique de l’escompte est réductrice, qui tend à faire
47
correspondre l’escompte et la stratégie des probabilités exclusivement,
et qui l’assigne au rapport entre moyens et fins. Or il semble que le
terrorisme soit un faux rapport moyens/fins, tout au moins peut-on
dire que la rationalité au sens de stratégie, de calcul, dissimule d’autres
raisons et ne se réduit pas à une rationalité de l’efficacité. Elster cite
Tocqueville, « l’intérêt bien entendu » et les « conséquences lointaines de
l’action » (Elster, 2006a) 23.
La temporalité ainsi définie combine une manière de ressentir le présent
politico-social et ce qui est attendu du futur, c’est-à-dire ce qui modèle
l’action pour modeler le futur.
On devine les conclusions à la fois morales et politiques que l’on peut
tirer de l’analyse conjuguée, au sein d’une théorie des passions poli-
tiques, de la temporalité politique et du degré de participation de la
population. Moralement se pose la question de ce qu’on a le droit de
22. Inutile de préciser l’abondante littérature sur la démocratie états-unienne mise à mal par l’adoption du
Patriot Act, la création du camp de Guantanamo, les protocoles secrets de règlement de la torture, etc.
23. Elster fait un diagnostic pour le politique en général, non pour le terrorisme, qu’il aborde ailleurs, notamment
à propos des motivations désintéressées des kamikazes. Le politique correspond à un « taux d’escompte du futur
élevé [et] repose sur des croyances bien fondées » (Elster, 2006a : 16). « Ainsi caractérisé l’intérêt bien entendu
est un amalgame d’éléments objectifs et subjectifs » (Elster, 2006a : 20), manière de fonder le « bon » altruisme.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
rorisme à la conceptualisation, trop proche ou trop éloigné d’événements
ou de phénomènes que nous connaissons mieux ou dont nous sommes
plus familiers. Le mot, aujourd’hui, nous empêche de pousser plus loin
48 les tentatives d’éclaircissement, et il est improbable d’espérer inventer
un autre vocabulaire pour venir remplacer l’élaboration conceptuelle.
L’action à l’aveugle du terrorisme est encore rétive aux élucidations.
Néanmoins, la remise en situation politique, et non pas sociale, de
l’événement terroriste permet des réajustements, des précisions, des
élargissements aux mécanismes politiques, qui sont dignes d’intérêt
et qui ont le mérite de prendre en compte tous les éléments, toutes les
perceptions, tous les engagements qui constituent la cité, c’est-à-dire
les raisons et les passions qui font la vie politique.
Ninon Grangé,
Université Paris VIII – Saint-Denis
24. Elster le préconise à propos des attentats-suicide : l’action étant désintéressée, ce serait se fourvoyer que
de rechercher des motivations improbables d’amour-propre (Elster, 2009 : 217-242).
Bibliographie
Andréani Gilles, s. d., « La guerre contre le terrorisme : le piège des mots »,
<www.diplomatie.gouv.fr/fr>.
Arendt Hannah, 1998, Eichmann à Jérusalem, trad. A. Guérin, Folio, « Histoire »,
Paris [1963].
Balibar Étienne, 2002, « Le Hobbes de Schmitt, le Schmitt de Hobbes », préface
à Carl Schmitt, Le Léviathan dans la doctrine de l’État de Thomas Hobbes, trad.
D. Trierweiler, Seuil, Paris [1938].
Boudon Raymond, 2002, « Théorie du choix rationnel ou individualisme métho-
dologique ? », Sociologies et Sociétés, vol. 34, no 1, Presses de l’université de
Montréal, p. 9-34.
Branche Raphaëlle, 2001, La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie. 1954-
1962, Gallimard, Paris.
Chaliand Gérard, 1987, Terrorisme et Guérillas, Complexe, Paris [1985].
Chaliand Gérard, 1994, Stratégies de guérilla, Payot, Paris.
Elster Jon, 1986, Le Laboureur et ses enfants. Deux essais sur les limites de la
rationalité, trad. A. Gerschenfeld, Minuit, Paris [1983].
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
Elster Jon, 2006a, Raison et Raisons, Collège de France/Fayard, Paris.
Elster Jon, 2006b, « Motivations and Beliefs in Suicide Missions », in
D. Gambetta (dir.), Making Sense of Suicide Missions, Oxford University Press, 49
Oxford, p. 233-258.
Elster Jon, 2007-2008, cours au Collège de France, « L’irrationalité », disponible
sous format pdf, <www.college-de-France.fr>, paru en 2010, L’Irrationalité.
Traité critique de l’homme économique II, Seuil, Paris.
Elster Jon, 2008, « Le tirage au sort, plus juste que le choix rationnel », entretien
avec La Vie des idées.fr, 2 juillet, <www.laviedesidees.fr/Le-tirage-au-sort-
plus-juste-que.html>.
Elster Jon, 2009, Le Désintéressement. Traité critique de l’homme économique I,
Seuil, Paris.
Feldman Allan, 1991, Formations of Violence. The Narrative of the Body and
Political Terror in Northern Ireland, University of Chicago Press, Chicago.
Garapon Antoine, 2002, Des crimes qu’on ne peut ni punir ni pardonner. Pour une
justice internationale, Odile Jacob, Paris.
Grangé Ninon, 2009, De la guerre civile, Armand Colin, Paris.
Grangé Ninon, 2012, à paraître, « Le terrorisme, fiction d’un état de guerre ?
Une tentative de définition », Cahiers critiques de philosophie, no 11, Hermann,
Paris [ENM, inédit].
Guilhaumou Jacques, 1985, « La Terreur à l’ordre du jour (juillet 1793-mars
1794) », in Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), Klincksieck,
Paris, fasc. 1, p. 127-160.
Gupta Dipak K., 2008, Understanding Terrorism and Political Violence. The Life
Cycle of Birth, Growth, Transformation and Demise, Routledge, Londres.
Jünger Ernst, 2008, Journaux de guerre. 1939-1948, Gallimard, « Pléiade », Paris.
Keegan John, 2009, La Deuxième Guerre mondiale, Tempus, Paris, 1990 [1989].
La Bruyère, 1990, Caractères, Classiques Garnier, Paris.
Laqueur Walter, 1979, Le Terrorisme, trad. P. Verdun, PUF, Paris [1977].
L’Heuillet Hélène, 2009, Aux sources du terrorisme, Fayard, Paris.
Loraux Nicole, 2005, La Cité divisée, Payot, Paris [1997].
Neyrat Frédéric, 2009, Le Terrorisme. La Tentation de l’abîme, Larousse,
« Philosopher », Paris.
Pavone Claudio, 1992, « Resistenza oggi : problema storiografico e problema
civile », Rivista di storia contemporanea, 42, 3, p. 456-480.
Portelli Alessandro, 1998, L’ordine è già stato eseguito, Roma, Le Fosse Ardeatine,
la memoria, Donzelli, Rome.
Schmitt Carl, 1990, « Légalité et légitimité », trad. W. Gueydan de Roussel
[1932], in Du politique, « légalité et légitimité » et autres essais, Pardès, Paris.
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
© La Documentation française | Téléchargé le 14/02/2021 sur www.cairn.info via EHESS (IP: 91.166.54.167)
Sofsky Wolfgang, 1995, L’Âge de la terreur : les camps de concentration, Calmann-
Lévy, Paris [1993].
Sofsky Wolfgang, 1998, Traité de la violence, Gallimard, Paris [1996].
50 Sofsky Wolfgang, 2002, L’Ère de l’épouvante. Folie meurtrière, terreur, guerre,
Gallimard, Paris.
Spinoza Baruch, 1934, Éthique III, définition des affects, déf. XX, trad.
Ch. Appuhn, Garnier, Paris.
Spinoza Baruch, 1999, Traité théologico-politique. Œuvres III, trad. J. Lagrée et
P.-F. Moreau, PUF, « Épiméthée », Paris.
Spinoza Baruch, 2003, Traité politique, trad. Ch. Appuhn, GF-Flammarion,
Paris [1966, Garnier, Paris].
Traverso Enzo, 2007, À feu et à sang. De la guerre civile européenne. 1914-1945,
Stock, Paris.
Wahnich Sophie, 2003, La Liberté ou la mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme,
La Fabrique, Paris.
Walzer Michael, 1999, Guerres justes et injustes, trad. S. Chambon et A. Wicke,
Belin, Paris [1977].
Walzer Michael, 2004, De la guerre et du terrorisme, trad. C. Fort, Bayard, Paris.
Wieviorka Annette, 2006, Le Procès de Nuremberg, Liana Levi, « Piccolo », Paris
[1995].
Wieviorka Michel, 1988, Sociétés et Terrorisme, Fayard, Paris.
Wieviorka Michel, 1995, Face au terrorisme, Liana Levi, Paris.