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UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES


ECONOMIQUES ET SOCIALES – FES -

PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX

SEMESTRE 3

Professeurs : DEBBAGH Bouchra


MAGDOUD Amina

SUPPORT DU COURS N°4

Année universitaire 2020/2021

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B) Peut –on parler de cycles économiques ?

- Quels sont les facteurs qui commandent ces cycles ? Les comprendre et les analyser
permet- il d’éviter les crises et les problèmes économiques ? (c’est l’objectif des modèles
de croissance que l’on va voir dans le second chapitre).

Au XIXème siècle et au début du XXème, les économistes s’intéressent beaucoup aux cycles
économiques, car l’économie est rythmée à cette époque, de façon perceptible par une
alternance assez régulière de phases d’expansion et de phases de ralentissement ponctuées par
des crises qui reviennent à intervalle assez régulier. « Les cycles économiques sont des
fluctuations plus ou moins régulières, de fréquences relativement périodiques et d'amplitude
plus ou moins fixes de l'activité économique ».

- Analyse de Shumpeter :
L’économiste autrichien Joseph Schumpeter dans « Business cycles » (Les cycles des affaires
- 1939) a abouti à une classification des cycles. Il prétend que 3 cycles se superposent et
expliquent pour l'essentiel l'évolution de la conjoncture : les cycles courts (Kitchin), les cycles
moyens (Juglar), les cycles longs dits cycles Kondratiev :

● Les cycles courts mineurs, dits aussi cycles de Kitchin, du nom du statisticien Joseph
Kitchin, durent 3 à 4 ans (environ 40 mois). Ils sont dus aux variations des stocks des
entreprises. En période de croissance, les entreprises augmentent leur production pour
répondre à la demande mais elles constituent aussi des stocks. En période de récession, elles
réduisent leur production et déstockent, ce qui accentue le ralentissement de l'activité.

● Les cycles moyens, également appelés cycles des affaires ou cycles Juglar, ont été mis en
évidence par l'économiste français Clément Juglar. Essentiellement liés aux variations de
l’investissement, ils ont une durée de sept à huit ans et comportent quatre phases : expansion,
crise, récession et/ou dépression et reprise.

● Les cycles longs ou cycles Kondratiev, d'une périodicité de 40 à 60 ans « les vagues
longues de la conjoncture » présentent une phase ascendante (phase A) pendant laquelle les
prix, la production, et l'emploi augmentent et une phase descendante (phase B) pendant
laquelle ces indicateurs baissent.
A LT, l’économie connait des rythmes cycliques qui font alterner croissance et dépression.
Kondratiev va mettre en relation ces cycles avec des phénomènes parallèles : selon lui
l’explication est à rechercher du coté des cycles de réinvestissement. La relance des
investissements industriels et l’apparition de nouvelles formes de consommation vont
soutenir la croissance économique

● Schumpeter va réutiliser les cycles Kondratiev et les expliquer à partir des grandes
« vagues » d’innovation qu’il a observé pendant les trois premières révolutions industrielles.

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Joseph Schumpeter avait remarqué dès 1912 que la conjoncture économique des pays
développés était en relation étroite avec l’innovation (théorie de l’évolution économique).
Schumpeter constate alors que l’activité économique semble soumise à des cycles
d’expansion et de reprise. Il en déduit une théorie dans laquelle ces sont les innovations qui
gouvernent le cycle.
Aussi, il intègre les cycles Kondratiev à ses théories de l’évolution économique en mettant en
relation les phases de croissance (A) des cycles longs avec les processus d’innovation.

Schumpeter va identifier ainsi 3 cycles Kondratief dans l’histoire économique du 18ème s au


20ème s:
• 1er cycle (1780-1842): innovations dans le secteur textile et la sidérurgie
• 2ème cycle (1842-1897): machine à vapeur, transport, chemin de fer.
• 3ème cycle (1897 aux années 30):électricité; chimie, automobile, pétrole.
Tous ces cycles comportent une phase ascendante, un maximum et ensuite une phase
descendante

Une vague d’innovation comprend des innovations majeures ou radicales (la machine à
vapeur, l’électricité ou l’ordinateur) sur laquelle se greffe des innovations mineures (la photo
numérique, l’autocuiseur, le téléphone portable…), le tout formant des « grappes
d’innovations ».
Pour Schumpeter, chaque cycle s'explique par l'introduction d'innovations majeures (machine
à vapeur, automobile....) qui apparaissent par « grappes » entraînant dans un premier temps
une phase d'expansion. Une fois ces innovations diffusées dans l’ensemble de l’économie,
leur effet dynamique s’épuise et on entre dans une phase de ralentissement prolongé jusqu’à
ce que de nouvelles innovations provoquent le phénomène de « destruction créatrice » et la
reprise de la croissance.

Les innovations vont contribuer à un dynamisme industriel, à l’orientation vers une


production de masse qui s’appuie sur des gains rapides de productivité, à l’élargissement de la
consommation favorisée par l’émergence des classes moyennes (demande interne) et au
renforcement du commerce international (demande externe).

Cycle des innovations de procédés et cycles Kondratiev

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Schumpeter considérait que ces cycles étaient liés entre eux et que leur superposition
provoquait les crises les plus graves (un Kondratiev était égal à 6 Juglar et à 12 Kitchin).

Ainsi, la crise de 1929, retournement d’un cycle de Kondratiev et d’un cycle de Juglar, fut la
crise la plus profonde connue. Après une période d’expansion sans précédent, la crise éclate
aux Etats-Unis (krach boursier, crise bancaire, crise économique) et se répand en occident.
Les productions baissent de 30 à 40%, le taux de chômage atteint 27% de la population active
aux USA. La dépression est accentuée par le recours au protectionnisme et par des politiques
déflationnistes. Pour sortir de la crise, le capitalisme devra être totalement modifié après la
guerre (développement de l’Etat Providence).

La période des Trente glorieuses, a pu faire croire à la disparition des cycles. L’économie
des pays développés étant de plus en plus tertiaire, elle serait moins soumise aux cycles
industriels des stocks, des investissements et des innovations. Pourtant, avec la succession des
crises financières de 1987 (Krach des marchés financiers), de 1994 (Crise mexicaine), de
1997 (Crise des économies asiatiques), de 2001 (Krach boursier) et de 2008 (Crise des
« subprimes »), l’idée du retour des cycles est devenu un sujet d’étude pour les économistes.
Cependant, les cycles économiques seraient plus liés aux crises financières.

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Chapitre II- Croissance et développement: enjeu de controverses théoriques

I- LES MODELES DE CROISSANCE : saisir les facteurs susceptibles d’expliquer les causes et

les conséquences de la croissance.

◄ Adam Smith (1776, Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des
Nations), met en évidence le rôle de la division du travail (surplus, marché, gains de
productivité ) comme facteur de croissance. Cette division du travail se trouve renforcée par
la participation du pays au commerce international (théorie des avantages absolus).
L’optimisme de Smith apparaît à travers les traits d’une croissance illimitée (elle dure tant que
l’on peut étendre la division du travail et le marché).

Adam Smith, en décrivant la division technique du travail dans une manufacture d'épingles,
va souligner l'effet positif de la division technique du travail sur les gains de productivité. En
divisant la fabrication d’une épingle en 18 opérations, on obtient une augmentation
considérable de la productivité pour trois raisons :
- l’effet d'apprentissage (le « learning by doing » : apprendre en pratiquant) : en répétant
sans cesse les mêmes gestes, les salariés acquièrent de l'habilité. Ils réalisent le produit en
moins de temps ;
- La réduction des temps morts (la « porosité du travail ») : en se spécialisant, les
travailleurs réduisent les temps de fabrication qu’ils perdaient entre deux opérations
(changement d'outils, déplacements). Le travail devient ainsi plus « intense » ;
- La mécanisation : la simplicité des opérations permet d'inventer des machines simples
qui aideront le travailleur à être plus rapide. La parcellisation rend le travail mécanisable.

- La division du travail se trouve renforcée par la participation du pays au commerce


international (théorie des avantages absolus).
- L’optimisme de Smith apparaît à travers les traits d’une croissance illimitée (elle dure tant
que l’on peut étendre la division du travail et le marché).
- Les innovations organisationnelles qui affinent la division technique du travail, c’est-à-dire
la spécialisation des salariés dans des tâches particulières, accroît la productivité.

◄ Robert Malthus (1798, Essai sur le principe de population) : la croissance est


limitée en raison de la démographie galopante.
- Il attribue la misère en Angleterre au décalage entre deux lois : la loi de progression
arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique de la population. La
sortie de cet état passe par la mortalité, la baisse de la natalité et le célibat.

◄ Ricardo considère que la croissance est limitée par la loi des rendements
décroissants.
La valeur ajoutée se répartit entre trois agents :
les propriétaires fonciers (rente foncière), salariés (salaire de subsistance) et le
capitaliste (profit).
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Le profit des capitalistes est résiduel, c’est-à-dire qu’il intervient une fois le salaire et la rente
foncière payés. Lorsque la population s’accroît, il convient d’augmenter la production
agricole, or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins productives.
Le coût de production va donc s’élever, entraînant la hausse des salaires et de la rente
foncière. Les profits vont se réduire jusqu’au moment où les capitalistes ne seront plus incités
à investir.
- L’économie atteint la situation d’état stationnaire.
Afin de retarder cette situation, Ricardo préconise d’augmenter les gains de productivité dans
l’agriculture grâce au progrès technique et de s’ouvrir au commerce international (théorie des
avantages comparatifs).

◄ Marx considère que la croissance est limitée dans le mode de production capitaliste en
raison de la baisse tendancielle des taux de profit. En effet, la recherche d’une plus-value
toujours plus importante (notamment grâce à des salaires bas, que Marx appelle, Minimum de
Subsistance) et la concurrence entre capitalistes devraient provoquer une paupérisation des
ouvriers et un blocage dans le développement du système capitaliste (crise).

◄ Schumpeter fait du progrès technique la clé du changement :


« L’impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est
imprimée par les nouveaux objets de la consommation, les nouvelles méthodes de production
et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle - tous
éléments créés par l’initiative capitaliste ». Le progrès industriel est porté par des innovateurs

L’analyse de Schumpeter est intéressante car elle ne repose pas seulement sur le progrès
technique, sur l’évolution des connaissances ou les grandes inventions (avec le cycle des
révolutions industrielles successives). Schumpeter y ajoute un héro – le chef d’entreprise qui
prend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de produire….
La « destruction – créatrice » laissera certains derrière elle, cependant elle finira par être
bénéfique pour tous. Le système tout entier produira plus de richesse

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