Vous êtes sur la page 1sur 24

ui ne connaît King Kong, le gigantesque gorille ?

Seul survivant de son espèce, il voit débarquer


sur son île un équipage américain venu tourner un film
spectaculaire.
La vie de Kong bascule lorsque la jeune actrice Ann,
kidnappée par les habitants de l’île, lui est déposée
en offrande…

Une histoire devenue classique, revisitée avec


originalité par Fred Bernard, conteur hors pair,
et François Roca, peintre des grands espaces
et des villes grandioses.

18 C

9782226451538_KING_KONG_ROCA_COUV.indd 3 11/08/2020 08:59


Fred Bernard François Roca

Pour Melvil.
Et merci infiniment à monsieur Eddy
et sa « Dernière Séance ».
F. B.

D’après le scénario conçu par Edgar Wallace et Merian C. Cooper, novélisé et publié
par Grosset & Dunlap en 1932 et dont le film sortira en 1933 (© RKO motion picture KING
KONG is owned by Turner Broadcasting System, Inc.)
Une version de la novélisation traduite par Robert Latour a été publiée en 1976 par Albin Michel.

Pour la présente édition © 2020 Albin Michel Jeunesse — 22, rue Huyghens, 75014 Paris — www.albin-michel.fr — Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011 — Dépôt légal : second semestre 2020 — N° d’édition : 24013
ISBN-13 : 978-2-226- 45153-8 — Imprimé en Italie par L.E.G.O. Albin Michel Jeunesse
Baie des huîtr es

isère de misère… Quelle tristesse… « Rien ne m’a été laissé. Pas même ma com-
Quelle désolation… pagne. Pas même mes fils. Restent les oiseaux,
Je m’ennuie. J’ai faim. D’ennui et de faim, les humains et moi. Un miracle que je sois tou-
je crève. J’aimerais qu’on me remplisse le jours debout », s’étonnait chaque jour Kong.
ventre. Toujours des huîtres… Encore des « Et c’est grâce à eux… Ils ne m’aiment pas,
huîtres… » non !… Ils m’adorent et m’apportent des sacri-
fices ; ils me craignent, moi leur idole. Moi
Ainsi soupirait King Kong. Chaque jour. aussi, j’ai peur d’eux. Seul je reste, et innom-
Depuis des années et des années. brables ils sont. Je suis le Roi. L’Unique. Mais
eux gouvernent. Moi, je subis, j’enrage dans
« Plus que moi, ici. Moi et mon estomac qui ce territoire où ils m’enferment. »
couine et crie famine. Si je ne trouve pas autre
chose à manger, fou je vais devenir. En bête Sortant des eaux, Kong avalait comme des
furieuse, me transformer. » cacahuètes de pauvres noix tombées de coco-
tiers rachitiques, lorsqu’à l’horizon il aperçut
Cette île du Pacifique, de bonne taille com- une chose étrangère et terrifiante.
parée aux îlots perdus dans l’océan, avait Il connaissait les chétives pirogues à balancier
pourtant été généreuse. Kong, lui, était un des hommes, qu’à l’occasion il écrasait entre
géant issu d’une famille de géants, réduite ses doigts, mais n’avait jamais vu de navire.
à quelques membres, mais avec d’énormes Kong se réfugia derrière des rochers afin
appétits. Obligés de partager les richesses de d’épier ce qui approchait de son île. Il humait
cette terre avec d’autres tribus, moins gour- de loin. Le bateau apportait dans son sillage
mandes mais beaucoup plus nombreuses… une odeur inhabituelle. Un parfum nouveau,
Celles des humains. Qui, eux, exploitèrent mais qui lui rappelait malgré tout… Quoi
et accaparèrent tout. donc ? Le passé ? Un bonheur perdu ?

7
Ann

uelle île étrange, dit Ann. D’un côté, préparent une chaloupe sans tarder ! » Carl Denham, le réalisateur, était sans famille sanctuaire des temps préhistoriques abritant
elle semble si triste, déserte, dévas- Jack Driscoll était le second du capitaine et, et seule sa passion comptait pour lui. Il rêvait une faune extraordinaire.
tée… De l’autre, les montagnes et les collines dès le début du voyage, le premier à plaire à de tourner un film à succès sur cette « Île du Carl Denham avait rencontré Ann Darrow,
sont verdoyantes et éclatantes de beauté. De Ann Darrow. Il était à peine plus âgé qu’elle Crâne », inconnue des tracés de navigation. comédienne au chômage, errant dans New
quel côté allons-nous tourner votre fameux et ils avaient, pendant la traversée, beaucoup Une île dessinée à la main sur une vieille carte, York d’un théâtre à un autre, désœuvrée et
film, monsieur Denham ? parlé de leur vie difficile. L’Amérique subis- qu’il avait achetée à un vieillard miséreux, un affamée. Elle lui avait tapé dans l’œil et il lui
— Côté vert, ma chère Ann, en accord avec vos sait une grave crise économique, laissant certain O’Murphy, une nuit sans lune à la avait offert un dîner gargantuesque, puis le
yeux. C’est la montagne rocheuse en forme de quantité de familles dans le besoin, dans les taverne du Homard-Manchot. Ce capitaine rôle d’une « belle aventurière traversant une
crâne, là-haut, qui a donné son nom à cette île. rues et sur les routes. Ann et Jack étaient avait découvert l’île il y a fort longtemps. Il la nature indomptée et hantée par des bêtes
Prêt à accoster, capitaine Englehorn ? célibataires et tous deux avaient une vieille décrivit à Carl Denham comme splendide et féroces… ».
— Hé, Jack ! lança le capitaine. Que les hommes maman à nourrir. préservée ; il la compara à un paradis et à un Il ne pensait pas si bien dire.
À ter r e

ttirés par des fumées s’élevant de la « Inutile de parler du film, ces sauvages ne
plus belle anse de l’île, le capitaine vont pas au cinéma », murmura Carl.
Englehorn, Ann, Carl, Jack, des matelots *
fusils à l’épaule, ainsi qu’Aka, leur jeune Quand ils entrèrent dans le village, Ann fut
guide maori, posaient pied à terre, sous enchantée de voir les femmes et les enfants
des nuées d’oiseaux de mer. Tout à coup un si souriants, plus rassurants que les guerriers
groupe d’hommes bardés de lances et d’arcs, de la plage. Toutefois, ils ne semblaient pas
coiffés de plumes de toutes tailles traversa le heureux.
couvert des arbres et s’avança vers eux sur la Sans doute pressés d’en finir, les habitants
plage. Le plus grand et le plus fort avait l’air de l’île escortèrent les étrangers dans la forêt
d’être le chef. Niapat était son nom. près d’une source d’eau douce ; ils les aidèrent
« J’espère que ce ne sont pas des peintures de à cueillir des fruits et à sortir des racines
guerre… », murmura Ann à Jack. comestibles de la terre. Carl demandait à
Jack lui prit la main. Elle la serra fort. Aka : « Réclame donc deux ou trois de ces
Aka, leur guide, entama la discussion avec petits cochons noirs au chef… », quand Jack
aplomb face à ce chef impressionnant. Il tra- remarqua ce haut mur. Invisible de la mer
duisait les paroles de Carl : ils venaient de et de la plage, et qui semblait couper l’île en
loin, en amis. Ils ne resteraient pas sur leur deux.
île. Ils repartiraient très bientôt. Ils avaient « Derrière, King Kong », dit Aka, répétant la
juste besoin d’eau. D’un peu de nourriture réponse de Niapat. Et personne ne chercha
pour continuer leur voyage. à comprendre.

10
L’enlèvement

ur le bateau, la discussion battait son On ne retrouva que quelques plumes sur le bras de grands guerriers qui, d’un bon pas, dans la forêt. Arrivèrent en sueur et trem-
plein. Carl n’avait repéré aucune bête sol de sa cabine, puis sur le pont du navire, suivaient Niapat en direction du village. blants au pied de l’immense muraille. Ils
particulière pendant la cueillette et il d’où Aka pointait du doigt une pirogue « Chaloupe ! Fusils ! Jack, Carl, à vos pisto- stoppèrent net en entendant la population
était déçu. En fin de compte, d’autres îles touchant terre. Devant sa longue-vue, le lets ! Pas une seconde à perdre ! » s’égosilla rassemblée en son sommet avec le chef
connues, pas si lointaines, auraient très capitaine écarquilla les yeux sur Ann bâil- le capitaine. Niapat face au soleil levant, qui scandait :
bien pu convenir pour son film. Le capi- lonnée et ligotée, se débattant dans les Il ne fallut pas le leur dire deux fois. « KING KONG ! KING KONG !
taine Englehorn se méfiait des hommes de Et c’est en courant péniblement dans le KING KONG !… »
la tribu, bien plus nombreux que l’équipage sable épais qu’ils remontèrent la plage.
au complet. Jack détestait la façon dont Traversèrent le village désert. Pénétrèrent
le chef Niapat avait lorgné Ann. Quant à
Ann, elle voulait qu’on donne des médica-
ments aux enfants malingres et souffrants.
Il serait temps d’en reparler après une nuit
de sommeil.
*
Peu avant l’aube, un cri déchira le voile
étoilé de la nuit. Le capitaine, Carl, Jack
et tous les autres se levèrent d’un bond.
Ann avait disparu !
L’of f ra nde

uand le capitaine ordonna qu’on esca- noir au milieu d’autres rochers noirs –, Kong
lade les passerelles de bambou, Jack était hypnotisé par la jeune femme. Envoûté
était déjà engagé sur une des échelles comme par son parfum. Il soupira : « Que faire ?…
une araignée le long de son fil. Tant d’hommes encore… Ceux de l’île, plus
Terrifiés, tous découvrirent Ann inerte, atta- ceux du bateau. Combien en tout ? Unis sont-
chée à un poteau sur une estrade construite ils ? Et la femme du bateau… Que faire ? Que
de l’autre côté du mur. Des fruits, des racines, faire ?… »
des volailles et des porcelets emplissaient
des paniers tressés et des plateaux de bois Habituellement, King Kong dévalait la col-
à ses pieds. Comme des offrandes. Le pay- line dès qu’il entendait prononcer son nom.
sage devant elle était vide et désolé, parsemé Il dévorait simplement les offrandes en trois
d’arbres morts ou rabougris. Il contrastait ou quatre bouchées. Et repartait dans ses
avec la forêt luxuriante qu’ils venaient de montagnes saccagées.
traverser. *
Pistolet au poing, Jack voulait à tout prix Une étincelle dans l’esprit de Carl : les gens
s’élancer vers Ann, quitte à dégringoler la d’ici se protégeaient de quelque chose de
paroi de la muraille, mais Carl et le capitaine gigantesque avec ce mur colossal. D’un côté
le retenaient fermement. le jardin d’Éden préservé où les hommes
* vivaient prisonniers d’eux-mêmes. De
Équipage et indigènes n’étaient pas les seuls l’autre, un enfer ruiné par on ne sait qui ou
à observer Ann évanouie et ligotée à son on ne sait quoi.
poteau. Aucune étincelle dans la tête de Jack : un
« KING KONG ! KING KONG ! brasier de frayeur pour Ann. Et de fureur à
KING KONG !… » l’attention de Denham, du capitaine et des
hommes qui l’empêchaient d’agir.
Pétrifié, allongé derrière une colline dénu- « KING KONG ! KING KONG !
dée – son crâne faisant comme un gros rocher KING KONG !… »

14
La r encontr e

I NG K O NG ! K I NG K O NG ! se liquéfiaient. « K I NG KONG ! K I NG
KING KONG ! » KONG ! KING KONG !… »
Soudain Kong se décida. Il se redressa len-
tement. Se déplia, monumental au-dessus de La litanie reprit de plus belle lorsque Kong
la colline ! Son ombre arriva jusqu’aux pieds s’approcha du corps inanimé d’Ann. Il se
de la pauvre Ann. Niapat leva les bras au ciel. pencha doucement sur elle. Voici le moment
Aussitôt, les voix des villageois se turent. Les qu’elle choisit pour ouvrir les yeux. Les villa-
hommes blancs cachés derrière leur barrière geoises, lorsqu’elles lui étaient sacrifiées, hur-
de palmes et de bambou devinrent plus pâles laient et gigotaient comme des furies. Ann ne
encore. Silence total. dit mot, ne bougea même pas, tandis qu’éma-
C’était une évidence pour Carl à présent : des nait d’elle cette délicate odeur qui ensorcelait
singes géants comme celui-là avaient anéanti Kong. Il défit ses liens. Sans la brusquer. Il la
la végétation de cette île magnifique vantée souleva doucement dans sa main. Et repar-
par O’Murphy. tit, délaissant les autres offrandes. Il n’avait
d’attention que pour Ann. Pour ses cheveux
Kong s’avançait lentement parmi les arbres blonds, son parfum et son regard vert.
morts. Méfiant. Se souvenant des picote- Il n’avait jamais, jamais, jamais ressenti ça.
ments désagréables que pouvaient lui causer Dès qu’il l’avait sentie au loin, Ann était deve-
les lances et les flèches des hommes. BOUM. nue son obsession, et à présent, son bien le
BOUM. BOUM… À chaque pas, le sol trem- plus précieux.
blait. La muraille tressaillait. Les hommes « Que ressent cette créature ? » s’interrogeait
noirs frissonnaient. Les hommes blancs Kong.

17
La désolation

uel âge peut bien avoir ce singe extraor- – Ils n’ont pas l’air si féroces. Il y a plein de
dinaire ? Depuis quelle époque vit-il bateaux sur l’Hudson River qui pourraient
ici ? » Ann, qui s’interrogeait, était affolée les emmener là-bas. » Ann n’avait jamais été
bien sûr. Mais chez cette jeune femme de froussarde et avait toujours réponse à tout.
dix-neuf ans, la part d’enfance qui n’avait « Voilà le problème… », soupirait souvent
peur de rien désirait faire confiance à cette son père. Il était parti à la guerre et n’était
immense peluche. S’il avait voulu la tuer, il pas revenu. Puis Ann avait grandi auprès
l’aurait déjà fait. d’une mère triste qui répétait sans cesse :
Kong, surpris par le flegme de sa captive, se « Misère… Misère de misère ! »
sentait apaisé comme jamais. *
Ann connaissait et aimait les grands singes Réuni à bord en catastrophe, l’équipage orga-
pour les avoir observés de près, des heures nisa rapidement l’expédition pour sauver
durant, avec son père au zoo de New York. Ann des mains du monstre. Cette fois, tous
Leur regard et leurs attitudes, leur enferme- les matelots s’armèrent. Carl prit son revol-
ment la bouleversaient, enfant. ver, sa caméra et toutes ses bobines de film
« Papa, ouvre leur cage, s’il te plaît, qu’ils vierge. Il jubilait intérieurement. Désormais,
puissent rentrer chez eux. il avait le sujet de son film : « La Belle et la
Jack en voulait à Carl d’avoir laissé faire les Avait-elle été assommée, droguée ? Et il s’éton-
– Enfin, Ann ! Ces animaux sont dange- Bête ». Un carton assuré au box-office !
indigènes. Il se posait aussi mille questions : nait : pourquoi n’y avait-il pas de vieux dans
reux ! Et comment feraient-ils pour gagner Ils emportèrent également tous les bocaux
pourquoi Ann ne criait-elle pas ? S’était-elle le village, ni de jeunes enfants, alors que les
l’Afrique depuis Manhattan ? de chloroforme.
évanouie pendant son enlèvement ? couples étaient dans la pleine force de l’âge ?
Paradis per du

cœur battant, à la fois fascinée par Sur ce qui avait dû être des vergers, des troncs
Kong et inquiète de son comporte- noirs et morts sortaient de terre. Dans un
ment, Ann respirait à grand-peine, dans la nuage de poussière, il les écrasait, captivé
main qui la retenait. Elle savait que Jack et par ce qu’il tenait dans sa main. Émerveillé
les autres allaient tout faire pour la retrouver qu’une aussi gracile créature lui tombât ainsi
et la sauver. Kong foulait un vaste cimetière. du ciel. « Oh, ne t’inquiète pas ! Je ne te man-
D’innombrables sépultures, recouvertes gerai pas. Si belle tu es, si bon tu sens. Cer-
de pierres. Côte à côte. Serrées. Certains taines fleurs qui poussaient là autrefois, tu
grandes. D’autres très petites. me rappelles. Ces fleurs que ma compagne
aimait tant… »
« Qu’imagine cette femme ? s’interrogeait Ils passaient à présent devant les débris de
King Kong. Que j’ai tué tous ces gens… D’in- canaux d’irrigation et de grands bassins assé-
gurgiter ces huîtres plates, je me contente ! chés qui avaient alimenté en eau des cultures
En horreur, j’ai ces huîtres ! Comme j’ai hor- considérables. Plus loin, Ann vit des mines et
reur, leurs offrandes humaines, d’avaler. » des carrières abandonnées ; elles avaient été
creusées partout sur les hauteurs, ravageant
Sur les collines alentour, à perte de vue, la végétation.
s’étendaient d’anciennes cultures en ter- Plus loin encore, King Kong enjamba une
rasses. Des terres aujourd’hui stériles. imposante cité en ruine qui avait dû accueillir
Brûlées. une population nombreuse.

21
La chasse

uand les matelots, lourdement chargés, Ann frissonna et Kong esquissa un léger sou-
atteignirent le cimetière, avec ses dif- rire. « Ramenez-moi, s’il vous plaît, murmura
férentes tombes, Aka constata : « Ils tuent Ann. Je connais vos cousins du zoo. Je vous
leurs vieux et leurs bébés. » comprends, vous savez… »
L’équipage fut horrifié mais Aka savait que Kong déposa Ann sur la plage, puis il s’en-
dans ces îles du Grand Océan, trop petites fonça dans l’eau. Il y disparut et Ann en pro-
pour nourrir la population, on tuait des fita pour se mettre à courir, courir dans la
enfants à la naissance pour n’en garder qu’un direction opposée. Dans son dos, elle enten-
seul et on poussait les vieux à s’enfoncer dit une grosse vague. Une ombre ruisselante
dans la mer. En cas de famine, on pouvait la rattrapa et une main haute comme un mur
même, pour ne pas tous mourir, manger les s’abattit devant elle.
plus faibles. Le peuple d’ici avait dû suppor-
ter de terribles calamités compte tenu du Désespérée, la jeune femme se laissa tomber
nombre de tombes. Ceux du village étaient dans le sable. Kong avait de grosses huîtres
ses derniers descendants. La file progressait en mains ; il les ouvrit en un clin d’œil. En
lentement à travers d’étranges paysages fan- goba quelques-unes. Et offrit la dernière à sa
tomatiques. belle en l’ouvrant comme un écrin.
« Avancez plus vite ! Songez à Ann ! » criait Ébahie, Ann tendit la main. Grosse et noire
Jack. comme une prune, la perle de l’huître couvrait
* sa paume tout entière ! King Kong regarda la
Kong longea un temps la côte. Ann recon- jeune femme satisfaite glisser la perle dans
naissait la grande montagne en forme de sa poche. Elle arracha une partie du mol-
crâne où, au sommet, tournoyaient de lon- lusque et l’engloutit avec appétit, devant le
gues silhouettes d’oiseaux noirs. Rien de grand singe intrigué. Elle commenta : « À
rassurant. King Kong remarqua le sentiment New York ces trucs-là coûtent une fortune,
d’Ann et, avec son gros index, lui effleura les vous savez ? Merci, Kong. Jamais je n’en ai
cheveux et la nuque. mangé d’aussi délicieuses… »

22 23
La montagne du c râ ne

ka en tête, la petite troupe gravissait des vergure ! ajouta-t-il en se précipitant sur sa


reliefs accidentés en direction du crâne. caméra.
En sueur, sur les nerfs, Jack scrutait les cimes – Vous êtes complètement fou ! Il emporte
qui le surplombaient. Il espérait de tout son un matelot ! »
cœur apercevoir une petite femme blonde pri- De son fusil, Jack pointait le reptile volant
sonnière des mains d’un gigantesque singe ! malgré le marin hurlant dans ses griffes…
Une scène inimaginable qui était pourtant BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM !
la cauchemardesque réalité qu’ils étaient en *
train de vivre. En haut de la montagne rocheuse, Ann sur-
sauta. Kong resserra sa prise.
Jack accusa : « Vous saviez pour Kong, n’est-ce « Ils viennent me sauver ! Lâchez-moi, s’il
pas ?! vous plaît… », implora-t-elle.
– Pas du tout… soupira péniblement Carl Le singe dévorait tendrement la jeune femme
dans un effort pour escalader une faille de des yeux. Puis il lui montra une large cavité du
la falaise. rocher où s’entassaient de précieuses perles
– Mais vous parliez d’animaux extraordi- de nacre.
naires ? « Partir, je ne te laisserai pas. Je n’ai plus que
– C’est ce que disait le capitaine O’Murphy toi. Et les perles qui appartenaient à ma com-
quand il m’a vendu sa carte, oui. Des animaux pagne. Mourir, je préfère, que te rendre à ces
antédiluviens. Je ne pense pas qu’il savait hommes. Mauvais sont les hommes, tu ne le
pour le singe… » sais pas. Seul, je suis. »
« Vous devez penser que tous les hommes sont
Soudain, un cri suraigu retentit. Un souffle nocifs ? Certains le sont, mais pas Jack. Jack
colossal balaya la colonne d’hommes, empor- est bon ; je vais lui expliquer et il nous sortira
tant l’un d’eux ! de là. Je le sais. »
« Un pté… Un ptérosaure !!! s’exclama Carl, Le singe et la femme se dévisageaient. Sans
fou de joie. Près de quinze mètres d’en- se parler, ils se comprenaient.

25
Ann cria en vain à Jack :
« Arrêtez ! Ne montez pas !
Il ne me fera aucun mal. »
La traversée

es étoiles, des étoiles, des mil- de ramener King Kong assommé ?


liers et des milliers d’étoiles… Ce monstre allait-il seulement sur-
Oh, si mal à la tête, j’ai ! Toutes ces vivre à la traversée dans cet état ?
étoiles… », gémissait King Kong avant
de replonger dans un sommeil dou- La nuit, Ann écoutait la respiration de
loureux. Kong, régulière comme une énorme
A nn s’accrochait au bastingage vague très douce qui se retire sur le
sous la lune. À la barre, le capitaine sable chaud, puis revient. Se retire.
Englehorn hurlait ses ordres : « Tout le Puis revient. Lentement. Sereine-
monde à son poste ! En avant toute ! » ment. Et durant toutes les nuits du
Jack se lamentait dans sa cabine, il voyage du retour, cette vague avait
venait de se disputer avec Ann. Il calmé les angoisses de la jeune femme
l’avait pourtant sauvée ! Était-ce sa et l’avait bercée comme jamais elle
faute à lui, si Carl Denham avait décidé n’avait été bercée.

29
New York

ncore ces étoiles ?! Des centaines de « Les horribles volatiles ! Des dizaines, ils
milliers d’étoiles ! Partout, toujours… étaient ! » Kong tentait de remuer ses bras, en
Mort, je suis ? » vain. « Ces oiseaux, je déteste ! Cet homme,
Pour Kong, allongé sur l’herbe d’un stade je hais ! Je me souviens… Prendre ma chère
vide, entravé tel Gulliver par de lourdes créature sur la falaise, ces sales volatiles vou-
chaînes, les étoiles des nuits à bord ressem- laient. L’équilibre, ils m’ont fait perdre…
blaient à ces buildings illuminés de New York Je me souviens… les hommes qui s’appro-
qui le dominaient à présent. chaient. J’étais sonné… Sur le nez, qu’ont-ils
* mis ? Et la femme, où est-elle ?… »
« Le show est prêt mais je ne veux pas un
seul journaliste ici, ni personne d’autre avant Si King Kong ne pouvait pas bouger à cause
l’ouverture demain. Vous m’entendez ?! Les de ses entraves, il pouvait ouvrir ses narines
annonces ont été lancées : “Le roi Kong est pour tenter de recueillir ne serait-ce qu’une
dans la ville !” Tout le monde voudra le voir ! molécule du parfum d’Ann.
Et à moi la fortune et la gloire ! Ah, ah, ah ! » Des odeurs d’herbe, de pollens, de gaz des
Le rire de Carl Denham résonna dans les gra- voitures, de graisse des tramways, de pous-
dins du stade. Kong reconnut immédiatement sière des routes et des chauffages, de hot-dogs
cette voix. Dans un effort pour se redresser, atteignaient King Kong. Mais tout était indis-
il fit tinter ses chaînes. tinct, car depuis que les ptérosaures avaient
« Vas-y mon vieux, réveille-toi ! C’est pas de la provoqué sa chute au pied de la falaise où il
chaîne à éléphants, mais de paquebot ! Du très s’était assommé, les hommes n’avaient cessé
solide ! In-ca-ssable ! » lança Carl en quittant de lui asperger le visage avec du chloroforme.
le directeur du stade, pas très rassuré pour Durant toute la traversée et jusqu’ici, anes-
autant… thésiant son corps et son esprit, abîmant son
Kong grogna, effrayant les passants dans les odorat. Kong se sentait perdu. Triste. Et très
rues adjacentes au stade. en colère.

30
Les r etr ouvailles

es amoureux marchaient lentement sur « On ne vous laissera pas entrer, Jack, c’est
le trottoir, sous les réverbères allumés. inutile. Qu’Ann se réserve pour le spectacle
Jack tenait tendrement Ann par les épaules : de demain, ajouta-t-il, cynique. Mais dites-
« Tu es bien certaine de vouloir le revoir ? Tu lui qu’il s’est bien réveillé… Il est en pleine
n’as signé aucun contrat pour ça. Tu n’es pas forme ! »
obligée de participer au show de Denham, *
ma chérie. Un subtil mélange de rose de Damas, de tubé-
– Cette mascarade, tu veux dire ! Je me reuse et de miel d’été. Un soupçon de jasmin
fiche complètement de ce pauvre Carl. Je et de fraise sauvage. « C’est elle ! » King Kong
suis inquiète pour Kong, voilà tout ! Depuis serra les dents et les poings de toutes ses
notre départ de l’île, il dort artificiellement forces. Il n’était plus en colère, il était en
sans rien manger. Il va se réveiller à New pleine furie. Il sentait Ann, mais aussi Carl
York, Jack ! New York ! Songe à ce que tu as et Jack. Il rugit comme mille lions, faisant
ressenti sur son île au pied du mur. Il va pani- vibrer le stade du premier au dernier rang.
quer sans moi ! Il faut que je sois là ! Et je ferai
tout pour le ramener là-bas. Ou bien sur une Des vigiles et des policiers interdisaient l’en-
autre île inhabitée, le capitaine Englehorn trée à la jeune femme tandis que l’animal,
dit que… » derrière la façade, tirait sur ses chaînes avec
Le couple tomba nez à nez avec Carl Denham toute son énergie. La présence d’Ann, toute
s’engouffrant dans une belle voiture avec proche, décupla ses forces. Il hurla encore.
chauffeur. Fou de rage, il tremblait de tous ses membres
« Ann, ma chère Ann ! lança Carl Denham. et gonflait ses muscles encore et encore et
C’est trop tôt pour approcher notre grand encore quand cédèrent une à une les chaînes
champion ! » qui le maintenaient prisonnier.
Ann ne répondit pas et passa son chemin. K L A NG ! K L I NK ! K A-K L A NK !
Jack prit la main que Carl lui tendait. KLING ! KLONK !

33
Apocalypse Kong

es vigiles, les policiers, Ann, Jack, Carl, jusqu’à son visage et la contempla. « Allons-
le chauffeur, les passants, les automobi- nous-en, Kong ! »
listes, les commerçants devant leur porte, les Cela semblait facile. Pas de grande muraille,
New-Yorkais à leurs fenêtres, les mendiants ici. Mais pour aller où ? Les policiers éberlués
par terre, tous frissonnèrent et tous levèrent n’osaient plus utiliser leurs armes depuis que
la tête vers le ciel en entendant le bruit de ton- le singe tenait la jeune femme dans son poing.
nerre de la bête. Tous virent briller et voler « Droit devant, Kong ! Allons ! »
les chaînes dans la nuit, au-dessus du stade ; Kong ramassa la plus grosse chaîne qu’il
elles brisèrent vitres, rambardes et balcons trouva. Il commença à la faire tournoyer
d’immeubles, qui tombèrent avec fracas dans au-dessus de sa tête, explosant tout ce qui
les rues et sur les voies des tramways, provo- l’entourait dans l’avenue. Mais les éclats ris-
quant des catastrophes. Puis, le silence long, quaient de blesser Ann : « Arrêtez, Kong !
lourd figea la ville. Lâchez ça ! »
C’est alors que la foudre s’abattit sur elle. Il avançait d’un bon pas au milieu des voitures
King Kong sauta d’un bond hors du stade qui zigzaguaient en klaxonnant. L’une d’elles
en hurlant, s’égosillant comme cinq cents le poursuivait comme elle pouvait, avec à
diables, vrillant les tympans, crachant sur son bord Carl Denham et Jack à la place du
tous ceux qui s’enfuyaient ou restaient téta- chauffeur.
nisés à sa vue. Kong était si soulagé d’avoir retrouvé Ann.
« KOOONG ! » « Ne vous réjouissez pas trop vite, Kong,
Après l’avoir sentie, il aperçut enfin Ann l’implorait-elle.
criant dans la cohue. Il se pencha aussitôt – Tu n’as pas encore gagné, Kong ! hurlait
pour la cueillir. Jack tenta de la retenir. Inu- Denham.
tile… Kong prit délicatement Ann, la porta – Pose-la, Kong ! Je t’en supplie ! » criait Jack.

34
Festi n de r oi

colère de Kong était passée, il sem- Bien au chaud contre le cuir de la main de
blait calme à présent, malgré la Kong, elle aurait aimé trouver une solution
panique, les cris, les sirènes, les bruits de mais était incapable de réfléchir. Kong avan-
tôle froissée et les coups de feu. çait, semblait lui faire confiance, ce qui la
Une chaîne à la main, Ann dans l’autre. Il désespérait.
prenait enfin le temps de détailler ce qui L’improbable duo passa devant des terrasses
l’entourait. où d’autres couples en fourrure dégustaient
« C’est une ville, Kong. Un grand, grand des huîtres. Kong fit la grimace. « C’est un
village comme vous êtes un grand, grand mets très prisé des riches, mon cher ! » s’ex-
singe. Les gens vivent là, entassés. Certains clama Ann. À leur passage, les terrasses se
sont heureux et y trouvent leur compte. Il vidèrent en une seconde.
faut qu’on sorte de la ville… Mais d’abord, Au bout de l’avenue, Central Park apparut.
il faut que vous mangiez. » « Mangez, Kong. Il faut que vous repreniez
Kong toisait les nombreux mendiants et les des forces. Nous trouverons une solution… »
familles qui dormaient sur les trottoirs avec « De vous avoir, je suis tellement heureux,
leurs enfants. Ils étaient maigres. Ils étaient pensait Kong. Aucune raison de retrouver
sales. mon île, plus rien là-bas. Délicieux, sont les
« J’étais comme eux, confessa Ann, avant arbres ici. »
que Denham ne me propose de partir et de
travailler avec lui… » Kong était indifférent à tout ce qui n’était
Tous étaient ahuris devant cette apparition pas vert et tendre ; pourtant, au sol et dans
monstrueuse. les airs, les militaires s’organisaient pour
À l’instar de Kong, Ann était dans un état le tuer. Ann le savait et sentait monter la
second. Elle se sentait comme sur une grande panique en elle. Seul Denham devait rêver
roue, là-haut. La même griserie mêlée à une de reprendre Kong vivant. « Il faut y aller,
terreur sourde. Kong ! Vite ! Dépêchez-vous ! »

37
L’attaque

rop tard. Les automitrailleuses débou- « Non, Kong ! Pas par ici ! Pas là-haut ! »
chaient des avenues. Elles ralentirent Sourd aux suppliques de la jeune femme,
devant King Kong, affairé à manger, et Kong s’appliquait à grimper sur le gratte-
commencèrent à tirer. ciel le plus haut de New York. Une main sur
Kong fit à nouveau tournoyer la longue une fenêtre, un pied sur une autre, l’énorme
chaîne dans les airs et frappa fort et juste. singe l’escaladait plus facilement qu’un
Un instant plus tard, tout était dévasté. enfant une cage à écureuil. Il était déjà très
Écoutant son instinct de survie, Kong haut quand l’armée se rassembla au pied de
cherchait une issue. Sur son île, quand l’édifice, entourée d’une foule de curieux
les ptérosaures l’attaquaient, il se réfu- qui accourait, minuscule, bruyante mais à
giait sur la montagne du Crâne. Quand peine audible pour Kong.
des véhicules pétaradant le rattrapèrent Après avoir forcé les barrages de la police,
à nouveau, il prit la direction de l’Empire Jack pénétrait dans le hall d’entrée et se
State Building sans hésiter, l’immeuble le jetait sur les ascenseurs qui vomissaient
plus imposant de la ville. ses occupants terrorisés.

39
La chute

ans le ciel, des petits points vibrion- « Pitié ! » suppliait Ann. « Arrêtez ! Arrêtez,
nant comme des moustiques arrivaient s’il vous plaît, laissez-le… »
à grande vitesse sur Kong. Puis le vrombis- Le grand singe croisa une dernière fois le
sement grandissant fit place au vacarme des regard de la jeune femme avant de basculer
mitrailleuses. Face aux aéroplanes tournant dans le vide.
autour de lui, Kong pensa immédiatement Vert, gris, bleu. Vert, gris, bleu. Vert, gris,
aux ptérosaures de son île. Les pilotes, dis- bleu… Il tournoyait silencieusement dans
cernant Ann dans la main du gorille géant, les airs. Sous son nez, sa grosse main où était
cessèrent le feu. Kong déposa doucement encore accroché le merveilleux parfum de
Ann sur un parapet à ses pieds tandis qu’elle celle qui l’avait rendu fou et si heureux. Le cri
hurlait : « Non, Kong ! Noooon ! Tiens-moi ! d’Ann accompagna longuement Kong dans
Garde-moi, je t’en supplie ! » sa chute vertigineuse. Vert, gris, bleu. Vert,
Mais Kong se redressa pour faire tournoyer à bleu, gris. Bleu, gris, vert. Gris, vert comme
nouveau sa chaîne. Les avions s’en donnèrent les yeux d’Ann… puis rouge.
à cœur joie. Tirant, tirant, tirant encore, Et tout fut fini.
encore et encore, vidant leurs chargeurs sur *
cette cible trop facile. Rechargeant entre « Jack… », murmura Ann.
deux passages, ils faisaient plier la bête, len- « Ann… », rassura Jack.
tement mais sûrement. Un avion fut touché « Quel gâchis… », lâcha Denham. « La belle a
par la chaîne et alla s’écraser sur le toit d’un tué la bête », ajouta-t-il devant la dépouille de
immeuble. Puis un second. Mais d’autres Kong, tandis qu’au sommet du building, Jack
arrivèrent et continuèrent le travail… pressait enfin Ann dans ses bras.

40
É PI L OGUE

nn devint riche et célèbre sans jouer prairie, ils vécurent très heureux.
dans le moindre film, sans donner Mais elle n’en resta pas là…
la moindre interview, grâce à cet événe- Avec Jack, elle monta une, puis deux,
ment dramatique… Et grâce à un second puis trois expéditions afin d’étudier les
voyage à l’Île du Crâne. Accompagnée cousins de Kong, les gorilles d’Afrique
de Jack et du fidèle capitaine Englehorn, de l’Ouest décrits alors comme de dan-
elle repéra facilement la petite grotte où gereux monstres. Elle publia ses obser-
Kong avait entreposé toutes les perles vations et tourna des films afin de les
des grandes huîtres qu’il détestait tant. montrer sous leur vrai jour, des superbes
Fortune faite, Ann et Jack se retirèrent créatures herbivores et pacifiques, des
dans une ferme luxueuse et isolée. Si familles tranquilles ne connaissant
parfois la jeune femme semblait triste qu’un ennemi : l’espèce humaine ! Mais
et fixait longuement la mer verte de la ceci est une autre histoire…

FI N
F r e d B e r n a r d est né en Bourgogne. Passionné F r a n ç o i s R o c a est né à Lyon. Il poursuit des Chez albin michel, de Fred Bernard & François Roca
par la nature, il serait sans doute devenu vétérinaire études à l’école Olivier-de-Serres, puis à Lyon, à l’école
La Reine des fourmis a disparu (1996) Cheval vêtu (2005)
ou explorateur s’il n’avait pas été reçu au concours des Émile-Cohl. Diplômé en 1993, il rejoint l’armée pen-
(Prix Jérôme Main 1996, Prix Sorcières 1997, Uma, la petite déesse (2006)
Beaux-Arts de Beaune. Puis il suit les cours de l’école dant dix mois, affecté à la météo de l’aviation. Après Prix Alphonse Daudet-Fontvieille, Rex et moi (2007, 2014)
Émile-Cohl à Lyon où il fait la connaissance, en 1991, quoi, François se consacre un temps à la peinture, puis Goncourt jeunesse (1997) Soleil noir (2008)
de son ami et futur collaborateur François Roca. Il exclusivement à l’illustration. Il illustre notamment Le Secret des nuages (1997) Le Pompier de Lilliputia (2009)
vit un an en Angleterre, fait des petits boulots et réa- les textes de son complice Fred Bernard, avec qui il Le Jardin de Max et Gardénia (1998) (Prix des Incorruptibles 2011, prix Nénuphar 2014)
Cosmos (1999) — épuisé Anouketh (2011)
lise des centaines de croquis. En 1996, il publie ses construit un univers imaginaire renouvelé à chaque
Ushi (2000) La Fille du Samouraï (2012)
premiers albums jeunesse : il écrit et illustre Mon ami album. Cette association « plume-pinceau » lui permet de
Jeanne et le Mokélé (2001) Rose et l’automate de l’opéra (2013)
crocodile chez Albin Michel Jeunesse, dessine Warf, visiter des thèmes rarement abordés. Un album marque (Prix Alphonse Daudet-Fontvieille, Anya et Tigre Blanc (2015)
le pirate avec P. H. Turin au Seuil Jeunesse, et écrit un tournant dans leur collaboration : Jésus Betz, qui rem- Goncourt jeunesse 2002) Le Fantôme du cirque d’hiver (2016)
La Reine des fourmis a disparu , mis en images par porte les prix Baobab 2001 et Goncourt jeunesse 2002. La Comédie des ogres (2002) La Malédiction de l’Anneau d’or (2017)
François Roca et publié chez Albin Michel Jeunesse, Ce qui leur permet de raconter plus librement des his- (Prix Chrétien de Troyes 2003) Et aussi,

album qui remporte plusieurs prix (Goncourt jeunesse toires destinées aux grands : L’Homme-Bonsaï , L’In- L’Homme-Bonsaï (2003) Fred Bernard & François Roca - Créateurs d’aventures (2016)

1997, prix Sorcières 1996, prix Jérôme Main). Il réalise dien de la tour Eiffel… Dans l’architecture des villes
L’Arche de Nino avec son ami Nino Ferrer, et à comp- comme dans les paysages sauvages, François aime don- De Fred Bernard De François Roca
ter de 1996 il publie un ou deux albums par an avec ner la vie à des personnages proches de ceux qui le Mon ami crocodile (1996) Solinké du grand fleuve
François. Les écrivains voyageurs, J. Conrad, H. Mel- faisaient rêver enfant. Il réalise aussi des couvertures On nous a coupé les ailes (1996, 2015) — Texte d’Anne Jonas
(2014) — Illustrations d’Émile Bravo Diotime et les lions (2002) – Texte d’Henry Bauchau
ville, J. London, E. Hemingway, R. Gary, ont donné de romans et de magazines. Héritier des peintres qu’il
Monsieur Moisange 21 Éléphants sur le pont de Brooklyn
à Fred Bernard le goût de la lecture et de l’écriture. En admire, il leur rend hommage et les cite par des clins
(2015) — Illustrations de Gwendal Le Bec — épuisé (2006, 2015) — Texte d’April Jones Prince
utilisant ses souvenirs, ses rencontres, ses voyages, d’œil ou des transpositions qui permettent des ponts Le Grand Match Mohamed Ali, champion du monde
il imagine des personnages attachants, souvent des entre artistes (E. Fromentin, E. Hopper, F. Reming- (2015) — Illustrations de Jean-François Martin (2008, 2015) — Texte de Jonah Winter

jeunes filles inspirantes et combattives et des histoires ton, J. W. Waterhouse, N. C. Wyeth, Vermeer, L. A. Le jour où les animaux ont choisi leurs couleurs L’Incroyable Exploit d’Élinor
(2018) — Illustrations de Lisa Zordan (2011) — Texte de Tami Lewis Brown — épuisé
singulières qui n’intéressent pas seulement les enfants. Tadema, D. Cornwell, J.-L. Gérôme…). Des références
Carnet d’un voyageur immobile Après la tempête
En 2001, de retour d’Afrique, il se lance dans la bande littéraires, télévisuelles et cinématographiques nour-
dans un petit jardin (2020) (2011) — Texte de Charlotte Moundlic — épuisé
dessinée avec la série « Une aventure de Jeanne Picqui- rissent également ses œuvres où les lumières et les Calamity Jane (2018)
gny », puis publie des « Chroniques » de la vigne, de la clairs-obscurs excellent. Ses œuvres de peintre sont Blanche-Neige (2019) — Texte de Charlotte Moundlic
fruitière… Illustrateur (depuis peu pour la collection régulièrement exposées en galerie.
« Le Petit Voleur d’ombres » de Marc Lévy), infatigable
Des mêmes auteurs, aux Éditions du Seuil
conteur et curieux, Fred adore essayer tous les types
d’écrits et joue de ses modèles pour mieux les réinventer. Le Train jaune (1998) • Monsieur Cloud (1999) — épuisé • Jésus Betz (2001)(Prix Baobab de l’album 2001,
Prix Alphonse Daudet-Fontvieille, Goncourt jeunesse 2002) • L’Indien de la tour Eiffel (2004)

Vous aimerez peut-être aussi