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SOURCE : http://www.juriafrica.com/articles/8/l-immunite-d-execution-des-personnes-
morales-de-droit-public-et-ses-applications-jurisprudentielles-en-droit-ohada.html
En effet, le préambule du Traité OHADA indique qu’il est essentiel que le droit
OHADA « soit appliqué avec diligence, dans les conditions propres à garantir la sécurité
juridique des activités économiques, afin de favoriser l’essor de celles-ci et d’encourager
l’investissement «. L’on peut déduire de ces dispositions la volonté du législateur
communautaire d’interpeller le juge en vue de donner à l’immunité d’exécution un contenu
compatible à la fois avec les missions de service public de la personne morale et la nécessité
de sécuriser les activités économiques.
L’arrêt de la CCJA est de ce point de vue un recul par rapport à la finalité même de
l’OHADA, tout comme la solution extensive de l’immunité d’exécution des personnes
morales de droit public est en déphasage avec l’évolution du droit comparé français qui
restreint la portée de cette immunité lorsque la saisie est pratiquée sur des biens affectés à une
activité industrielle ou commerciale, celle-ci relevant des règles du droit privé.
En effet, dans une affaire République Islamique d’Iran et OIATE contre Société
FRAMATONE et autres, la Cour de Cassation française a décidé le 20 mars 1989 que «si
l’immunité d’exécution dont jouit l’État étranger et ses Départements ministériels est de
principe, elle peut toutefois être exceptionnellement écartée notamment lorsque le bien saisi a
été affecté à l’activité économique ou commerciale relevant du droit privé qui donne lieu à la
demande en justice, même si cette affectation n’a pas été prévue par une clause expresse du
contrat, la juridiction saisie pouvant rechercher par tous moyens si cette affectation existe»1.
Ce revirement jurisprudentiel est suffisamment révélateur de la remise en cause de
l’absolutisme de l’immunité d’exécution. La Haute Juridiction refuse d’appliquer dans
l’absolu, l’immunité d’exécution lorsque le bien intéressé par la saisie est affecté à une
activité commerciale.
En suivant ce raisonnement, la CCJA devrait donc veiller à ce que la personne morale de droit
public n’invoque point l’immunité d’exécution dans le seul intérêt de se soustraire à ses
engagements pris dans le cadre d’une activité commerciale relevant purement du droit privé.
Il s’agit de donner à l’immunité d’exécution des personnes morales de droit public, un
contenu restreint aux seules missions de service public qui caractérisent l’activité publique
des personnes bénéficiaires. Autrement dit, lorsqu’une personne morale de droit public
bénéficiaire de l’immunité d’exécution sort du cadre de l’activité publique qui la justifie, le
juge devrait en restreindre la portée.